1
La Suisse ne saurait se targuer d’avoir donné
à
l’Europe et au monde une « culture nationale » bien caractérisée ; ni
2
rt des Suisses en ces domaines, de la Renaissance
à
nos jours, ait été globalement inférieur à celui de toute autre régio
3
ssance à nos jours, ait été globalement inférieur
à
celui de toute autre région de dimensions à peu près analogues. (Le c
4
itue le véritable apport de la Suisse comme telle
à
l’Europe. Pratique restée longtemps sans nom et sans doctrine — ou du
5
e. Ce n’est guère qu’au xixe siècle qu’on se mit
à
parler de fédéralisme. Encore la chose était-elle entendue de manière
6
une telle pratique est mal connue ou mal comprise
à
l’extérieur, et notamment chez nos voisins français, épris de logique
7
est le « vrai » sens du mot fédéralisme, recourt
à
son Littré, où il trouve ceci : Fédéralisme s.m. Néologisme. Systèm
8
me dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’
à
la différence de tous les autres systèmes politiques ou philosophique
9
s politiques ou philosophiques, il ne cherche pas
à
les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par les moyens de la
10
philosophiques, il ne cherche pas à les résoudre,
à
les neutraliser ou à les effacer par les moyens de la logique ou de l
11
cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou
à
les effacer par les moyens de la logique ou de la force, car il a pou
12
ctions, les oppositions, les tensions, et cherche
à
les composer au sein d’un organisme vivant, n’allons pas croire que l
13
pportunisme lâche, qui tolère tout et ne s’oppose
à
rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances très puissante
14
s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait
à
deux tendances très puissantes dans le monde occidental moderne : le
15
t la complexité du réel, il la respecte, il croit
à
ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre part, le fé
16
vre en autarcie, refermés sur eux-mêmes, hostiles
à
toute coopération, voir à tout échange avec le monde extérieur. Car l
17
sur eux-mêmes, hostiles à toute coopération, voir
à
tout échange avec le monde extérieur. Car le fédéralisme, s’il aime l
18
homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas
à
mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui se noie. D
19
me qui se noie. De même, le fédéralisme n’est pas
à
mi-chemin entre la centralisation oppressive et l’esprit de clocher,
20
centralisation oppressive et l’esprit de clocher,
à
mi-chemin entre la dictature et l’anarchie. Il est sur un autre plan
21
ésente la seule attitude rigoureusement contraire
à
celle que les deux autres ont en commun ! On aurait bien tort, en eff
22
relève de la même mentalité que le totalitarisme,
à
l’échelle nationale. Il traduit le même manque d’imagination, de vita
23
réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas
à
reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autre part la légit
24
mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit
à
une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistr
25
, centraliste, jacobine, qui est réduction forcée
à
l’uniforme, — dans tous les sens du mot. Ces images, qui sont autant
26
es images, qui sont autant d’évidences, suffisent
à
définir le fédéralisme, art de composer en un ensemble animé des dive
27
des diversités vivantes, et fonctionnant chacune
à
sa manière. La plupart des impasses dans lesquelles se fourvoie l’org
28
. Je n’en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse
à
laquelle risquent d’aboutir les négociations entre la Suisse et l’Eur
29
souveraineté globale, qui ne laisserait jouer qu’
à
regret, et à titre de concession, la diversité des fonctions national
30
ctions nationales ; d’autre part, on se cramponne
à
une souveraineté nationale qui a peur de se laisser englober dans un
31
pose ici le principe : que l’Europe unie apprenne
à
respecter la diversité des petites nations qui la composent, sinon el
32
le monde ; et qu’en même temps la Suisse apprenne
à
respecter, dans le cadre d’une Europe fédérée, les règles que chacun
33
es Suisses, l’unité de base, d’origine et de but,
à
laquelle nous nous référons implicitement dans toutes nos œuvres, le
34
éritable unité culturelle, organique et complète,
à
laquelle nous pouvons nous rattacher directement, nous qui n’avons pa
35
es, selon la langue qu’ils parlent, se rattachent
à
l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Po
36
a langue qu’ils parlent, se rattachent à l’une ou
à
l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Pour que cela
37
e le concept de « culture nationale » corresponde
à
des réalités culturelles. Or il ne correspond qu’à des prétentions na
38
des réalités culturelles. Or il ne correspond qu’
à
des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en Europe un certai
39
axe commercial de la Renaissance, reliant Venise
à
Bruges. Une nouvelle école s’épanouit dans les Flandres. Elle influen
40
sieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront
à
leur tour la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L
41
la musique occidentale, en imposant leurs œuvres
à
Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes
42
s œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit
à
peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies, notons-le, traverse
43
uand on dit que les Suisses romands se rattachent
à
la « culture française », on ne pense guère qu’à la langue française.
44
à la « culture française », on ne pense guère qu’
à
la langue française. Mais celle-ci n’est pas une propriété de la nati
45
as une propriété de la nation française actuelle,
à
l’ensemble de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de Franç
46
olence aux réalités linguistiques pour les amener
à
coïncider approximativement avec les frontières d’une de nos nations
47
modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait
à
elle seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des éléments
48
s, et ne sont, de toute évidence, pas réductibles
à
des cadres nationaux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » peut donc dir
49
ies reçu ? » peut donc dire la culture européenne
à
chacun des 24 États-nations qui ont découpé et longtemps déchiré le c
50
réalités nationales, mais se rattache directement
à
l’ensemble culturel européen : elle est « immédiate à l’Europe », com
51
ensemble culturel européen : elle est « immédiate
à
l’Europe », comme les villes libres au Moyen Âge et nos trois cantons
52
ois cantons primitifs furent déclarés « immédiats
à
l’Empire », Reichs unmittelbar, et c’était là une garantie de liberté
53
ines cités ou certaines régions parviennent alors
à
se différencier, à s’individualiser sur cet arrière-fond commun. Si j
54
ines régions parviennent alors à se différencier,
à
s’individualiser sur cet arrière-fond commun. Si je cherche pourquoi
55
1° la culture, dans nos cantons, n’est pas liée
à
l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la cultu
56
ouci moral et notre méfiance pour les cérémonies,
à
moins que son adoption n’ait résulté de notre tempérament particulier
57
civiques, économiques et sociales, il se rattache
à
sa commune, à son canton, à la Confédération ; par son allégeance rel
58
omiques et sociales, il se rattache à sa commune,
à
son canton, à la Confédération ; par son allégeance religieuse, à la
59
iales, il se rattache à sa commune, à son canton,
à
la Confédération ; par son allégeance religieuse, à la Réforme ou à l
60
la Confédération ; par son allégeance religieuse,
à
la Réforme ou à l’Église catholique, qui sont mondiales ; par sa lang
61
; par son allégeance religieuse, à la Réforme ou
à
l’Église catholique, qui sont mondiales ; par sa langue, au domaine f
62
libre de se choisir, j’entends de se faire homme
à
sa manière, et non point à celle de l’État. D’où la densité culturell
63
ends de se faire homme à sa manière, et non point
à
celle de l’État. D’où la densité culturelle de ce petit coin de pays,
64
et techniques. Densité sans nul doute supérieure
à
celle d’une tranche quelconque d’un million et demi d’habitants, pris
65
l est vrai que ce régime peut conduire moralement
à
la médiocrité dorée, politiquement au neutralisme de l’autruche, et d
66
lisme de l’autruche, et dans le domaine culturel,
à
préférer les moyennes rassurantes aux œuvres fortes. Offrant un jeu d
67
ffrant un jeu de petites et de grandes dimensions
à
composer diversement, il satisfait trop facilement, dit-on, ceux qui
68
té avant tout. Ce phénomène n’est pas particulier
à
la Suisse, mais peut-être les Suisses moyens trouvent-ils dans les st
69
e de leur paix. On voit mal ce qu’ils gagneraient
à
échanger cette paix — que l’on jalouse un peu tout en la couvrant de
70
t d’idéologies, et qui aboutissent périodiquement
à
faire tuer quelques millions d’hommes au nom de principes réputés imm
71
ais que les générations suivantes récusent… Quant
à
ceux qui assument leurs plus grandes dimensions, il faut admettre qu’
72
rent, ils s’y sentiront vite chez eux, sans avoir
à
renier leur clocher. Définition de la liberté fédéraliste. Nos meille
73
e cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié
à
la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’archit
74
old. Européens en ce sens qu’ils n’ont pas hésité
à
puiser aux sources les plus variées de la culture européenne, germani
75
nglo-saxonne autant que française, sans s’arrêter
à
ces barrages ou à ces faux relais de paresse que représentent ailleur
76
t que française, sans s’arrêter à ces barrages ou
à
ces faux relais de paresse que représentent ailleurs les cultures soi
77
ltures soi-disant « nationales ». Et n’est-ce pas
à
ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaît le plus vi
78
empérament ? Certains citeront alors C. F. Ramuz,
à
titre d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler qu
79
soin de rappeler que ce grand artiste s’est formé
à
l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis des romancier
80
rtiste s’est formé à l’école de Paris, mais aussi
à
l’école de Cézanne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il
81
Nobel par million d’habitants d’un pays, de 1901
à
1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume
82
6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03
À
la question de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur
83
r ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur
à
la culture, je réponds donc sans hésiter que c’est surtout leur sens
84
z nos voisins. Cet apport très typiquement suisse
à
la culture européenne revêt une importance particulière dans le monde
85
La Nationalité des prix Nobel de sciences de 1901
à
1960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, 1961. a. Rougemo
86
plans et projets d’union européenne du Moyen Âge
à
nos jours (1963)j k Au seuil des activités d’enseignement que cet
87
qui s’ouvre. Permettez-moi donc, avant d’en venir
à
l’objet particulier de mon cours, de consacrer quelques moments à cet
88
ulier de mon cours, de consacrer quelques moments
à
cette introduction plus générale. S’il paraît opportun d’entreprendre
89
d’élargir partout où cela se peut, et donc aussi
à
Genève, des études européennes, c’est parce que la question de l’unio
90
a question de l’union de l’Europe se trouve posée
à
cette génération, et parce qu’elle met en jeu bien autre chose que de
91
de cet Institut, sans doute la principale, tient
à
la conjoncture présente, aux circonstances de notre temps. Ce fait dé
92
nq autres instituts d’études européennes qui sont
à
l’œuvre, depuis plusieurs années, dans d’autres villes du continent.
93
e sous nos yeux, ces instituts tiennent cependant
à
garder, par rapport au déroulement des faits et à l’action politique
94
à garder, par rapport au déroulement des faits et
à
l’action politique militante, la distance nécessaire à la réflexion c
95
ction politique militante, la distance nécessaire
à
la réflexion critique et à la recherche objective. Certes, la questio
96
la distance nécessaire à la réflexion critique et
à
la recherche objective. Certes, la question européenne n’est pas une
97
s une question académique ! Elle n’appartient pas
à
un passé qu’il suffirait de décrire et d’interpréter, mais à un aveni
98
qu’il suffirait de décrire et d’interpréter, mais
à
un avenir auquel nous sommes tous vitalement intéressés, et qu’il s’a
99
u’il s’agit de préparer. Elle est moins un acquis
à
transmettre qu’un problème à résoudre. Est-ce à dire qu’il faille en
100
est moins un acquis à transmettre qu’un problème
à
résoudre. Est-ce à dire qu’il faille en laisser le soin au seul réali
101
s à transmettre qu’un problème à résoudre. Est-ce
à
dire qu’il faille en laisser le soin au seul réalisme des hommes d’Ét
102
attendent encore d’être étudiés objectivement, un
à
un, et aussi d’être envisagés dans l’ensemble de leurs interconnectio
103
s recherches, il importe de rappeler tout d’abord
à
grands traits dans quels termes elle se pose, et qui l’a posée. Le mo
104
oupes de nations récentes et plus instables, sont
à
la recherche de quelque union encore mal définie, mais qui a déjà for
105
ance générale qui se dessine dans les années 1945
à
1950 va donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’h
106
950 va donc aux grandes unités politiques, de 200
à
600 millions d’hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’avenir des
107
et moyens désormais — c’est-à-dire comptant de 3
à
50 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de
108
de ses ruines sans aide extérieure ; ni d’assurer
à
lui seul sa défense et sa prospérité économique ; ni de poursuivre un
109
onctions et les devoirs qui vont bientôt incomber
à
l’Occident au plan mondial, tels que l’aide aux pays sous-développés,
110
Russes et de la charité des Américains » ? C’est
à
ce moment que naît, ou renaît en Europe le vieux rêve d’union du Cont
111
ilitants — pour la plupart issus de la résistance
à
l’hitlérisme, même en Allemagne et en Italie — et qui bientôt formero
112
Monnet et son équipe du Plan français se mettent
à
l’œuvre en silence, loin des congrès et des associations de militants
113
Paul-Henri Spaak, enfin, plus tard et contre eux
à
l’en croire, mais en fait dans le même sens final qui est celui d’une
114
ines. Créer une union économique, même restreinte
à
quelques pays pour commencer, c’est virtuellement modifier les condit
115
n politique se trouve donc posé, inéluctablement,
à
tous nos pays, ne fût-ce que par la seule existence du Marché commun.
116
y débouche en pleine clarté. Au contraire, c’est
à
ce niveau que la discussion générale du problème dans la presse, les
117
États-Unis d’Europe, comme si ces termes étaient,
à
toutes fins utiles et grosso modo, synonymes. Cet état de confusion g
118
tiques, qu’il faudra bien donner un jour prochain
à
la question européenne. En vue de cerner et de choisir au mieux l’obj
119
actuels ne joueraient plus qu’un rôle comparable
à
celui des départements dans une République une et indivisible, ce qu
120
e République une et indivisible, ce qui amènerait
à
les redécouper en circonscriptions administratives moins inégales par
121
s, car chacun voit que l’unification de l’Europe,
à
supposer qu’elle soit praticable, ne serait conforme ni aux données h
122
ni aux données actuelles et concrètes du problème
à
résoudre. Il importe toutefois de la mentionner, ne fût-ce qu’à titre
123
osent l’esprit européen, je veux dire la tendance
à
l’unité abstraite, l’esprit de géométrie d’un planificateur supposé c
124
rie d’un planificateur supposé capable de modeler
à
son gré la société. Dans les discussions sur la question européenne,
125
l titre de repoussoir, disons même d’épouvantail.
À
l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui ne serait organisée
126
as impropre en l’occurrence, car, ainsi qu’a tenu
à
le préciser le général de Gaulle lui-même (conférence de presse de ma
127
at soit bien celui que l’on croit ? Pour répondre
à
cette question, il conviendrait d’examiner, après Léon Duguit, Preuss
128
droit, et d’autre part, si elle correspond encore
à
des réalités tangibles, à des droits et à des devoirs que les États p
129
elle correspond encore à des réalités tangibles,
à
des droits et à des devoirs que les États puissent réellement exercer
130
encore à des réalités tangibles, à des droits et
à
des devoirs que les États puissent réellement exercer, comme faire la
131
llement exercer, comme faire la guerre ou la paix
à
leur guise, assurer seuls leur défense, leur prospérité, leurs libert
132
éjà cédé le pas, en fait plus encore qu’en droit,
à
la notion d’interdépendance. Mais l’objet de pareilles études risquer
133
risquerait d’être par trop transitoire, trop lié
à
une actualité mouvante, susceptible de déboucher plus ou moins rapide
134
ais ils joueraient un rôle plus ou moins analogue
à
celui des cantons suisses, dont l’autonomie se voit assurée par la fo
135
e un quatrième type, la solution qui consisterait
à
étendre au plan politique les règles et méthodes de l’intégration déj
136
e. La déclaration des chefs d’État des Six, faite
à
Bonn le 18 juillet 1961, parle, il est vrai, de « donner forme à la v
137
illet 1961, parle, il est vrai, de « donner forme
à
la volonté d’union politique déjà implicite dans les traités qui ont
138
riser très brièvement. Mais rien ne nous autorise
à
juger que le fédéralisme, déjà pratiqué quasi journellement dans les
139
contestablement. Elle paraît aussi la plus propre
à
rallier ou à faire converger un jour ou l’autre les partisans de l’Eu
140
nt. Elle paraît aussi la plus propre à rallier ou
à
faire converger un jour ou l’autre les partisans de l’Europe des État
141
ution fédéraliste est évidemment la plus conforme
à
l’expérience de la vie politique et civique du pays où nous sommes, e
142
et dont je suis, pays que l’on a souvent appelé,
à
tort ou à raison, une préfigure de l’Europe unie. Enfin, raisons immé
143
e suis, pays que l’on a souvent appelé, à tort ou
à
raison, une préfigure de l’Europe unie. Enfin, raisons immédiates et
144
s les trois été amenés par nos précédents travaux
à
étudier certains aspects du problème fédéraliste, aspects complémenta
145
des et la méthode interdisciplinaire qui s’impose
à
nous. Car le fédéralisme n’est pas une doctrine toute faite, un dogme
146
l aux divers stades d’une intégration progressive
à
l’échelle européenne. Problème préfédéraliste, à parler rigoureusemen
147
à l’échelle européenne. Problème préfédéraliste,
à
parler rigoureusement, mais préalable nécessaire, et d’ailleurs d’int
148
dans quelle mesure ces structures tendent ou non
à
se rapprocher des formes fédéralistes. Il rejoindra de la sorte les é
149
projets et plans d’union européenne, du Moyen Âge
à
nos jours. Parallèlement aux cours et aux travaux de séminaire, nous
150
e logique que l’on puisse déduire dans l’abstrait
à
partir d’une définition simple et de quelques principes axiomatiques.
151
le définir d’entrée de jeu serait donc s’exposer
à
trahir méthodiquement sa nature même. Voilà sans doute pourquoi ce so
152
s adversaires qui éprouvent le moins de scrupules
à
en donner des caractérisations brèves et simples. Et voilà pourquoi l
153
les. Et voilà pourquoi les dictionnaires échouent
à
le définir en tant que méthode, et pas seulement comme un système pol
154
litique. La plupart nous renvoient de fédéralisme
à
fédératif et à fédération, voire à confédération indifféremment, sans
155
part nous renvoient de fédéralisme à fédératif et
à
fédération, voire à confédération indifféremment, sans qu’aucun conte
156
de fédéralisme à fédératif et à fédération, voire
à
confédération indifféremment, sans qu’aucun contenu ne puisse être sa
157
93, on accusa les girondins de vouloir substituer
à
l’unité nationale le fédéralisme, c’est-à-dire une association des dé
158
932, généralise la méthode fédéraliste et l’étend
à
toutes les structures intersociales, qu’elles soient ou non étatiques
159
étatiques ; l’équipe de l’Ordre nouveau, de 1932
à
1939, avec Arnaud Dandieu, Robert Aron, Alexandre Marc et moi-même, p
160
Montreux (1947) suivi par le Congrès de l’Europe,
à
La Haye, en 1948, d’où sont issues les premières réalisations europée
161
nier en date des très nombreux ouvrages consacrés
à
notre question après la Seconde Guerre mondiale — c’est le Fédéralism
162
dans les écrits des précurseurs de l’Europe unie,
à
partir du xive siècle, et en remontant peu à peu vers notre époque,
163
d’une tradition fédéraliste de l’Europe ; quitte
à
déduire, finalement, de cette enquête, quelques critères permanents,
164
es décrire —, soit qu’ils s’opposent expressément
à
« ce qui allait de soi » du vivant de leurs auteurs, et dont ils anno
165
Vous pressentez qu’il y aura, là-dessus, beaucoup
à
dire. L’échec historique de ces projets et de ceux qui les suivront a
166
ceux qui les suivront au cours des siècles jusqu’
à
nous, est certes significatif, et j’en examinerai les causes. Dans ce
167
éralisme, terme inventé par Rousseau, prétend-il,
à
l’occasion de sa critique des utopies de l’abbé de Saint-Pierre, enco
168
gie des grands desseins européens que nous aurons
à
établir, au moins autant qu’un constat déprimant d’échecs pratiques e
169
me d’union fédérale européenne adressé par Briand
à
la Société des Nations en 1930, la galerie des auteurs de plans que n
170
plans et projets d’union européenne du Moyen Âge
à
nos jours », Bastions de Genève, Genève, 1963, p. 61-72. k. L’auteur
171
ar cette note : « Denis de Rougemont : né en 1906
à
Neuchâtel. Études de lettres et de philosophie. Éditeur à Paris dès 1
172
tel. Études de lettres et de philosophie. Éditeur
à
Paris dès 1931. Lecteur à l’Université de Francfort 1935-1936. Cours
173
de philosophie. Éditeur à Paris dès 1931. Lecteur
à
l’Université de Francfort 1935-1936. Cours à l’École libre des hautes
174
teur à l’Université de Francfort 1935-1936. Cours
à
l’École libre des hautes études de New York de 1941 à 1946. Fonde en
175
École libre des hautes études de New York de 1941
à
1946. Fonde en 1948 le Centre européen de la culture à Genève, qu’il
176
6. Fonde en 1948 le Centre européen de la culture
à
Genève, qu’il dirige encore aujourd’hui. Dès 1951, président du comit
177
Apport
à
la civilisation occidentale (janvier 1963)b Les Suisses sont tard
178
se, et l’architecte Fontana. Mais de cette époque
à
nos jours, la densité de création intellectuelle et artistique dans l
179
’actuelle Confédération est sans doute supérieure
à
celle de toute autre région prise au hasard dans les pays voisins, et
180
d dans les pays voisins, et qui serait comparable
à
la Suisse par l’étendue et la population. (On excepte, bien entendu,
181
le mesure peut-on dire que cet apport des Suisses
à
la culture représente une contribution de la Suisse en tant qu’entité
182
u’entité ou système de valeurs spécifique ? C’est
à
ces deux questions que je vais tenter de répondre. ⁂ La Suisse n’exis
183
, la confession, la langue. Elle dépendait ainsi,
à
des titres divers, de plusieurs grands ensembles culturels, religieux
184
u’une ville, Bâle ou Genève) mais ils ne trouvent
à
se réaliser qu’au sein d’une entité beaucoup plus vaste, impériale, p
185
ou réformée, germanique, italienne ou française —
à
une échelle européenne. Toutes nos gloires sont européennes, non seul
186
disait Lucien Fèbvre. Mais quand ils réussissent
à
se dégager de leur canton, alors pas de milieu, ils atteignent à l’un
187
leur canton, alors pas de milieu, ils atteignent
à
l’universel… Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle
188
é, c’était ce qu’on nommait alors « l’immédiateté
à
l’Empire » (Reichsunmittelbarkeit). Il en va de même dans le domaine
189
ne culturel. Nous sommes, nous Suisses, immédiats
à
l’Europe, condamnés à l’Europe, dirais-je, quand nous sortons de notr
190
es, nous Suisses, immédiats à l’Europe, condamnés
à
l’Europe, dirais-je, quand nous sortons de notre commune originelle.
191
ières politiques ; et par des traditions communes
à
tous nos peuples, la grecque, la romaine, la chrétienne, bien antérie
192
ole. La multiplicité des foyers créateurs fournit
à
la Suisse ses meilleures chances, et c’est elle qui, dans le cas de l
193
le qui, dans le cas de la Suisse — compartimentée
à
l’extrême, mais liée par tout un réseau d’échanges spirituels avec se
194
du phénomène exceptionnel que je constatais tout
à
l’heure. Genève, avec Calvin et Théodore de Bèze, Bâle, avec Érasme e
195
t aux cours de Russie et de Prusse, ou professent
à
Groningue et à Londres. Jean de Müller, « historien des Suisses », ma
196
Russie et de Prusse, ou professent à Groningue et
à
Londres. Jean de Müller, « historien des Suisses », mais également au
197
t le xixe siècle. Cinquante ans plus tard, c’est
à
Bâle que s’allume un nouveau foyer : Bachofen inaugure par son Matria
198
reconnaître que la Suisse n’a rien de comparable
à
la musique flamande de la Renaissance, à la peinture hollandaise ou v
199
mparable à la musique flamande de la Renaissance,
à
la peinture hollandaise ou vénitienne du xviiie siècle, et qu’elle s
200
ècle, et qu’elle s’est conformée par anticipation
à
cette règle devenue évidente à partir du xixe siècle : point de gran
201
e par anticipation à cette règle devenue évidente
à
partir du xixe siècle : point de grand art dans les petits pays. Un
202
s démesurées d’un Carl Spitteler ne suffisent pas
à
compenser des siècles de médiocrité dans nos productions versifiées.
203
élicieux ou extravagants, et leurs succès se font
à
Paris, Londres et Berlin. Un tableau de Paul Klee, une sculpture d’Al
204
et Gertrude du fameux pédagogue Pestalozzi, voire
à
certains égards les récits d’un réalisme stylisé de C. F. Ramuz, se d
205
éer quelque chose, tout se passe comme s’il avait
à
se faire pardonner son ambition ou son génie individuel en démontrant
206
Suisse. Mais s’il a le goût de la grandeur, c’est
à
Rome qu’il ira terminer l’énorme dôme de Saint-Pierre comme Maderno e
207
les Suisses qui ont excellé furent presque tous,
à
des titres divers, hommes utiles, au sens le plus noble, et penseurs
208
ndant, une série de grands noms ne représente pas
à
elle seule tout l’apport culturel d’un pays, de même qu’un prestigieu
209
e même qu’un prestigieux état-major ne suffit pas
à
renseigner sur la valeur d’un combat d’une armée et sur la volonté de
210
ou de la nature. Les plus grandes cités — de 150
à
500 000 habitants — entretiennent chacune un ou deux orchestres, un o
211
ure sont parmi les plus belles du monde, Reinhart
à
Winterthour et Hahnloser à Berne tenant la tête. Les bureaux d’étude
212
les du monde, Reinhart à Winterthour et Hahnloser
à
Berne tenant la tête. Les bureaux d’étude des grandes firmes industri
213
eaux sont dirigés par des prix Nobel. Soulignons,
à
ce propos, que la Suisse, avec 11 prix Nobel pour les sciences, se pl
214
emier rang mondial, et de très loin, relativement
à
sa population (Hollande : 9 prix Nobel pour une population double ; F
215
bel pour une population neuf fois plus grande). ⁂
À
l’heure de l’Europe unie, la Suisse semble donc en mesure de tenir un
216
era la matière grise. Elle le doit sans nul doute
à
ses structures très concrètement fédéralistes depuis des siècles. Il
217
nt dans le même sens. La Suisse se doit de réagir
à
temps en soutenant plus « matériellement » que jusqu’ici les valeurs
218
de superflu ? b. Rougemont Denis de, « Apport
à
la civilisation occidentale », Associations internationales, Bruxelle
219
me dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’
à
la différence de tous les autres systèmes politiques ou philosophique
220
s politiques ou philosophiques, il ne cherche pas
à
les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par les moyens de la
221
philosophiques, il ne cherche pas à les résoudre,
à
les neutraliser ou à les effacer par les moyens de la logique ou de l
222
cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou
à
les effacer par les moyens de la logique ou de la force, car il a pou
223
ctions, les oppositions, les tensions, et cherche
à
les composer au sein d’un organisme vivant, n’allez pas croire que le
224
opportunisme lâche qui tolère tout et ne s’oppose
à
rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances très puissante
225
s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait
à
deux tendances très puissantes dans le monde occidental moderne : le
226
t la complexité du réel, il la respecte, il croit
à
ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre part, le fé
227
vre en autarcie, refermés sur eux-mêmes, hostiles
à
toute coopération, voire à tout échange avec le monde extérieur. Car
228
ur eux-mêmes, hostiles à toute coopération, voire
à
tout échange avec le monde extérieur. Car le fédéralisme, s’il aime l
229
homme qui boit de l’eau et qui se lave, n’est pas
à
mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui se noie. D
230
me qui se noie. De même, le fédéralisme n’est pas
à
mi-chemin entre la centralisation oppressive et l’esprit de clocher,
231
centralisation oppressive et l’esprit de clocher,
à
mi-chemin entre la dictature et l’anarchie. Il est sur un autre plan
232
ésente la seule attitude rigoureusement contraire
à
celle que les deux autres ont en commun ! On aurait bien tort, en eff
233
relève de la même mentalité que le totalitarisme
à
l’échelle nationale. Il traduit le même manque d’imagination, de vita
234
réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas
à
reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autre part la légit
235
mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit
à
une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistr
236
unification totalitaire, qui est réduction forcée
à
l’uniforme. Ces images, qui sont autant d’évidences, suffisent à défi
237
es images, qui sont autant d’évidences, suffisent
à
définir le fédéralisme, art de composer en un ensemble animé des dive
238
des diversités vivantes, et fonctionnant chacune
à
sa manière. La plupart des impasses dans lesquelles se fourvoie l’org
239
. Je n’en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse
à
laquelle risquent bien d’aboutir les négociations entre la Suisse et
240
ctions nationales ; d’autre part, on se cramponne
à
une souveraineté nationale qui a peur de se laisser englober dans un
241
propose le principe : que l’Europe unie apprenne
à
respecter la diversité des petites nations qui la composent, sinon el
242
le monde ; et qu’en même temps la Suisse apprenne
à
respecter dans le cadre d’une Europe fédérée, les règles que chacun d
243
i paraîtraient bien théoriques et bien abstraites
à
un public français, mais je parle après tout à des citoyens suisses,
244
es à un public français, mais je parle après tout
à
des citoyens suisses, qui n’auront éprouvé aucune peine à me traduire
245
toyens suisses, qui n’auront éprouvé aucune peine
à
me traduire en termes d’expérience politique très concrète —, tout es
246
, tout est dit en principe de ce que nous aurions
à
dire sur les rapports entre le fédéralisme et la culture, et sur les
247
er les principes du fédéralisme en les appliquant
à
la culture. Pour qu’il y ait culture en général — au sens occidental
248
es romands, l’unité de base, d’origine et de but,
à
laquelle nous nous référons implicitement dans toutes nos œuvres, le
249
éritable unité culturelle, organique et complète,
à
laquelle nous pouvons nous rattacher directement, nous qui n’avons pa
250
es, selon la langue qu’ils parlent, se rattachent
à
l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Po
251
a langue qu’ils parlent, se rattachent à l’une ou
à
l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Pour que cela
252
e le concept de « culture nationale » corresponde
à
des réalités culturelles. Or il ne correspond qu’à des prétentions na
253
des réalités culturelles. Or il ne correspond qu’
à
des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en Europe un certai
254
axe commercial de la Renaissance, reliant Venise
à
Bruges. Une école nouvelle s’épanouit alors dans les Flandres. Elle i
255
sieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront
à
leur tour la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L
256
la musique occidentale, en imposant leurs œuvres
à
Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes
257
s œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit
à
peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies, notons-le, traverse
258
uand on dit que les Suisses romands se rattachent
à
la « culture française », on ne pense guère qu’à la langue française.
259
à la « culture française », on ne pense guère qu’
à
la langue française. Mais celle-ci n’est pas une propriété de la nati
260
as une propriété de la nation française actuelle,
à
l’ensemble de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de Franç
261
olence aux réalités linguistiques pour les amener
à
coïncider approximativement avec les frontières d’une de nos nations
262
modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait
à
elle seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des éléments
263
s, et ne sont, de toute évidence, pas réductibles
à
des cadres nationaux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » peut donc dir
264
ies reçu ? » peut donc dire la culture européenne
à
chacune des vingt-quatre nations qui ont découpé leur État dans le co
265
es, donc politiques, mais se rattache directement
à
l’ensemble culturel européen : elle est « immédiate à l’Europe », com
266
ensemble culturel européen : elle est « immédiate
à
l’Europe », comme les villes libres au Moyen Âge et nos trois cantons
267
ois cantons primitifs furent déclarés « immédiats
à
l’Empire », Reichs unmittelbar, et c’était là une garantie de liberté
268
certaines cités ou certaines régions parviennent
à
se différencier, à s’individualiser sur cet arrière-fond commun. Si
269
certaines régions parviennent à se différencier,
à
s’individualiser sur cet arrière-fond commun. Si je cherche pourquoi
270
: 1° la culture, dans nos cantons, n’est pas liée
à
l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la cult
271
uci moral et notre méfiance pour les cérémonies —
à
moins que son adoption n’ait résulté de notre tempérament particulier
272
devons-nous faire maintenant pour rester fidèles
à
nous-mêmes, j’entends : pour illustrer, au plan de la culture, nos ra
273
oute confiance, curiosité, et ouverture d’esprit,
à
vivre en symbiose permanente avec l’ensemble de la culture européenne
274
e cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié
à
la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’archit
275
old. Européens en ce sens qu’ils n’ont pas hésité
à
puiser aux sources les plus variées de la culture européenne, germani
276
nglo-saxonne autant que française, sans s’arrêter
à
ces barrages ou à ces faux relais de paresse que représentent ailleur
277
t que française, sans s’arrêter à ces barrages ou
à
ces faux relais de paresse que représentent ailleurs les cultures soi
278
ltures soi-disant « nationales ». Et n’est-ce pas
à
ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaît le plus vi
279
u de tempérament ? Certains citeront alors Ramuz,
à
titre d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler qu
280
soin de rappeler que ce grand artiste s’est formé
à
l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis des romancier
281
rtiste s’est formé à l’école de Paris, mais aussi
à
l’école de Cézanne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il
282
e de certaines limitations de son œuvre. IV
À
la question de savoir ce que les Suisses romands peuvent apporter de
283
les Suisses romands peuvent apporter de meilleur
à
la culture, je réponds donc sans hésiter que c’est surtout leur sens
284
z nos voisins. Cet apport très typiquement suisse
à
la culture européenne revêt une importance particulière dans le monde
285
esprit d’administration. L’esprit de clocher tend
à
confondre l’amour fédéraliste de la diversité avec la sauvegarde orga
286
. Il voudrait que chacune de nos cités se suffise
à
elle-même dans tous les domaines : université, radio, publications, e
287
a n’est pas possible, en plus d’un cas, il pousse
à
préférer des solutions médiocres, mais « bien de chez nous », aux ava
288
’elles sont trop petites pour que s’y développent
à
foison des écoles de peintres, des galeries d’exposition, des troupes
289
rands marchands de l’époque. Il est trop clair qu’
à
l’absence de cette passion créatrice et de ce sens du mécénat, nul co
290
ité pour peu qu’elles aient été un jour inscrites
à
quelque budget d’État, et sous prétexte de répartition géographique é
291
e en mendiante, de refuser de la faire participer
à
une prospérité économique sans précédent. Nos raisons d’être et de re
292
otre numéro de décembre. Je me demandais au début
à
quels « Européens » l’auteur s’en prenait, qui d’une part refuseraien
293
onnaître les apports judaïque, chrétien et arabe,
à
la formation de la culture européenne, d’autre part réduiraient l’Eur
294
ure européenne, d’autre part réduiraient l’Europe
à
l’anticommunisme, même pas philosophique mais « géographique ». N’aya
295
graphique ». N’ayant jamais connu d’« Européens »
à
ce point illettrés et fanatiques, j’attendais avec curiosité des préc
296
osité des précisions, des noms. On nous les donne
à
la deuxième colonne : c’est le Centre européen de la culture et ses p
297
e » de l’altitude visée. Le CEC se livrerait donc
à
« l’effort vain et absurde de présenter une culture européenne unitai
298
Si vos lecteurs prennent la peine de se reporter
à
l’une quelconque des publications du CEC (l’un de nos 52 bulletins ,
299
blications du CEC (l’un de nos 52 bulletins , ou
à
Vingt-huit siècles d’Europe , ou le Dialogue des cultures ou Les
300
« vicie » ses travaux. Quelle est donc sa méthode
à
lui ? Elle consiste à lire « unitaire » là où nous disons « pluralist
301
Quelle est donc sa méthode à lui ? Elle consiste
à
lire « unitaire » là où nous disons « pluraliste » ; à lire « caractè
302
e « unitaire » là où nous disons « pluraliste » ;
à
lire « caractère unifiant » là où nous écrivons « trait distinctif »,
303
fiant » là où nous écrivons « trait distinctif »,
à
déplorer que nous éliminions le judaïsme ou le christianisme, quand n
304
sont les éléments fondamentaux de notre culture,
à
nous opposer ma propre définition de l’Europe comme « patrie des cont
305
ref, la méthode critique de votre auteur consiste
à
lire à rebours tous nos écrits, et non pas à les interpréter d’une ma
306
iste à lire à rebours tous nos écrits, et non pas
à
les interpréter d’une manière qui pourrait prêter à discussion, mais
307
les interpréter d’une manière qui pourrait prêter
à
discussion, mais à les falsifier radicalement. Qu’il y ait une tradit
308
ne manière qui pourrait prêter à discussion, mais
à
les falsifier radicalement. Qu’il y ait une tradition « européenne »
309
uelles sont les traditions qui doivent collaborer
à
notre « Europe en formation », et à la vôtre. d. Rougemont Denis d
310
nt collaborer à notre « Europe en formation », et
à
la vôtre. d. Rougemont Denis de, « À propos de la culture européen
311
il en est deux qui me paraissent les plus propres
à
motiver chez l’homme soucieux de la chose publique la conception d’un
312
issance et le besoin de liberté. Le premier porte
à
vouloir des régimes unitaires, centralisés, soumis à des lois simples
313
ouloir des régimes unitaires, centralisés, soumis
à
des lois simples et mécaniques, réglant tout le détail de l’existence
314
t le détail de l’existence : régimes totalitaires
à
la limite. Le second porte à désirer des régimes pluralistes, arrangé
315
régimes totalitaires à la limite. Le second porte
à
désirer des régimes pluralistes, arrangés comme ils viennent, ménagea
316
doit se transmettre instantanément de Paris jusqu’
à
toutes les extrémités du territoire national, Anarcharsis Clootz, l’«
317
très bien l’utopie unitaire, que la technique met
à
portée de nos mains. En chemin vers l’autre limite ou utopie, celle d
318
r Lénine lorsqu’il était en Suisse), l’anarchisme
à
la Bakounine et les brèves flambées du communisme anabaptiste ou de l
319
l’autre des deux tendances n’a jamais été isolée
à
l’état pur et portée dans la réalité à son comble ou à sa perfection
320
été isolée à l’état pur et portée dans la réalité
à
son comble ou à sa perfection (nulle société ne saurait y survivre) e
321
tat pur et portée dans la réalité à son comble ou
à
sa perfection (nulle société ne saurait y survivre) et elles coexiste
322
rt de préférence aux mathématiques, le pluraliste
à
la biologie ; l’un se préoccupe des cadres à imposer, l’autre des for
323
iste à la biologie ; l’un se préoccupe des cadres
à
imposer, l’autre des forces vives à faire jouer ; l’un se soucie d’ab
324
pe des cadres à imposer, l’autre des forces vives
à
faire jouer ; l’un se soucie d’abord de la stabilité, l’autre plutôt
325
ses propres responsabilités, et donc d’actualiser
à
son échelle sa volonté de puissance personnelle. Parmi les hommes que
326
hommes que le souci de la chose publique conduit
à
prendre part à l’élaboration des plans d’avenir européen, je vois deu
327
souci de la chose publique conduit à prendre part
à
l’élaboration des plans d’avenir européen, je vois deux types intermé
328
hnique ou scientifique), et une méfiance affichée
à
l’endroit des motifs passionnels qui prédéterminent visiblement les o
329
idée de liberté se trouvant obscurément assimilée
à
celle d’atteinte aux droits acquis, fussent-ils les souverainetés tra
330
s et de plans, et de leurs critiques : elle reste
à
écrire, on le voit. Il m’importait seulement de situer ma position, c
331
e L’attitude fédéraliste est celle qui conduit
à
imaginer (pour mieux la vouloir) une Europe qui serait unie par des l
332
de nos pères. En revanche, elle apparaît conforme
à
la logique déduite des sciences physiques, et biologiques dans cette
333
it, le projet d’une Europe fédérale est antérieur
à
ces deux stades récents de notre aventure intellectuelle, et il en de
334
eure indépendant. (Le premier ne suffit pas mieux
à
le réfuter, que le second à le fonder en principe.) Car il est vérita
335
r ne suffit pas mieux à le réfuter, que le second
à
le fonder en principe.) Car il est véritablement la projection au pla
336
l’Union européenne des fédéralistes, qui se tint
à
Montreux en 1947, j’avais tenté de situer à grands traits cette idée
337
tint à Montreux en 1947, j’avais tenté de situer
à
grands traits cette idée de l’homo europaeus dans la conjoncture poli
338
ble du projet, je me vois ramené, inévitablement,
à
son point de départ, qui est l’homme de notre Europe, redéfini dans l
339
plique une certaine idée de l’homme, et contribue
à
promouvoir un certain type d’humanité, qu’on le veuille ou non, qu’on
340
sociales ne sont rien, si elles n’aboutissent pas
à
rendre chaque individu plus libre dans l’exercice de sa vocation. L’h
341
ité ; entre ces deux amours : celui qu’il se doit
à
lui-même et celui qu’il doit à son prochain — indissolubles. Cet hom
342
elui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il doit
à
son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tension, le
343
politiques, et sont en retour favorisés par eux.
À
l’homme considéré comme pur individu, libre mais non engagé, correspo
344
le désordre, lequel prépare toujours la tyrannie.
À
l’homme considéré comme soldat politique, totalement engagé mais non
345
n libre, correspond le régime totalitaire. Enfin,
à
l’homme considéré comme personne, à la fois libre et engagé, et vivan
346
ons de l’humanité complète. La personne n’est pas
à
mi-chemin entre la peste et le choléra, elle représente la santé civi
347
homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas
à
mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie. Et, de
348
pes qui les instituaient avaient constamment obéi
à
certains principes directeurs ou réflexes quasi instinctifs, que l’on
349
etiendra ici ceux qui paraissent les plus faciles
à
transposer dans l’actualité immédiate, à l’échelle des nations europé
350
faciles à transposer dans l’actualité immédiate,
à
l’échelle des nations européennes. Premier principe. Une fédération
351
ître qu’au prix du renoncement formel et vigilant
à
toute idée d’hégémonie organisatrice, exercée par l’une des nations c
352
itions qui se forment contre lui ne survivent pas
à
sa défaite. L’hégémonie ni sa menace ne sont principes fédérateurs, m
353
x besoins réels d’une communauté en puissance, et
à
des solutions qui figurent l’optimum entre les maxima contradictoires
354
es autres se sont ligués contre lui, l’ont obligé
à
rentrer dans le rang, et l’union fédérale a marqué un progrès. Lors d
355
lliance séparée » des catholiques, assez analogue
à
la « Sécession » des États sudistes de l’Amérique), les vainqueurs n’
356
égalité de droits. Et de cet acte de renoncement
à
l’hégémonie conquise, a résulté la Constitution de 1848, base de notr
357
ens impérialistes. Ceux-ci ne peuvent conduire qu’
à
l’unification forcée, caricature de l’union véritable. Deuxième prin
358
Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement
à
tout esprit de système idéologique ou technocratique. Ce que je viens
359
t pas mettre en ordre d’après un plan géométrique
à
partir d’un centre ou d’un axe ; fédérer, c’est tout simplement arran
360
té ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’
à
ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. P
361
plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’
à
ses yeux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait auss
362
mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit
à
une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistr
363
, centraliste, jacobine, qui est réduction forcée
à
l’uniforme, — dans tous les sens du mot. Prenons une autre image. Cha
364
les autres. Si les nations de l’Europe arrivaient
à
se concevoir dans un rôle analogue, elles comprendraient que leur har
365
ussi que dans une fédération elles n’auraient pas
à
se mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert, chacune selo
366
s n’auraient pas à se mélanger, mais au contraire
à
fonctionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne serait pas u
367
it mise au défi de donner le meilleur d’elle-même
à
sa manière et selon son génie. Après tout, le poumon n’a pas à « tolé
368
et selon son génie. Après tout, le poumon n’a pas
à
« tolérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’être un vrai
369
le, et, dans cette mesure même, il aidera le cœur
à
être un bon cœur. Cinquième principe. Le fédéralisme repose sur l’am
370
rement un ou plusieurs de ces groupes, tendraient
à
réduire leur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs de ses dim
371
réalités d’un trait de plume, de tirer des plans
à
la règle, dans un bureau, et de forcer ensuite leur exécution en écra
372
ar définition, puisqu’elles consistent simplement
à
supprimer les diversités, par incapacité de les composer en un tout o
373
moyen des personnes et des groupes, et non point
à
partir d’un centre ou par le moyen des gouvernements. Nous voyons la
374
lises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une
à
l’autre, et là ce sont des professions qui s’organisent. Et surtout,
375
des gouvernements nationaux (Congrès de l’Europe
à
La Haye en 1948, et ses suites) et qui, par le détour de l’opinion pu
376
es ou idéologiques, amèneront quelques parlements
à
soutenir des projets fédéraux, c’est-à-dire supranationaux. On ne voi
377
n ne se crée pas contre une menace extérieure, ni
à
des fins impérialistes, mais au contraire : pour l’avantage et la sur
378
reprise des croisades, ni les Turcs devant Vienne
à
deux reprises, ni les Soviets nous pressant à l’Est et nous minant à
379
nne à deux reprises, ni les Soviets nous pressant
à
l’Est et nous minant à l’intérieur par les partis qu’ils commandaient
380
les Soviets nous pressant à l’Est et nous minant
à
l’intérieur par les partis qu’ils commandaient chez nous, n’ont réuss
381
artis qu’ils commandaient chez nous, n’ont réussi
à
provoquer la fédération de nos craintes et de nos forces de défense.
382
ncurrence nationaliste : elles n’ont contribué qu’
à
notre division, et presque à notre ruine à deux reprises. En revanche
383
s n’ont contribué qu’à notre division, et presque
à
notre ruine à deux reprises. En revanche, les treize États américains
384
bué qu’à notre division, et presque à notre ruine
à
deux reprises. En revanche, les treize États américains en 1783, et l
385
relles ménagées par l’union virtuelle, ont réussi
à
provoquer la formation d’institutions fédératives durables. Les consé
386
nations européennes dans une situation comparable
à
bien des égards à celle des cantons suisses au lendemain de la guerre
387
s dans une situation comparable à bien des égards
à
celle des cantons suisses au lendemain de la guerre du Sonderbund, et
388
’idée fédéraliste est simple, mais non pas simple
à
définir en quelques mots, en une formule. C’est qu’elle est d’un type
389
régime fédéraliste. L’oublier serait se condamner
à
retomber sans cesse dans un malentendu fondamental, que l’exemple de
390
uns et les autres ont tort, parce qu’ils n’ont qu’
à
moitié raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni dans la seule
391
ur un » signifie l’aide que l’union doit apporter
à
chaque région et à chaque personne. Il est infiniment probable que,
392
aide que l’union doit apporter à chaque région et
à
chaque personne. Il est infiniment probable que, sur le plan europée
393
voir se dessiner deux tendances toutes semblables
à
celles que je viens de signaler pour la Suisse. Nous aurons des fédér
394
Nous aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’
à
faire l’union et à la renforcer, et nous aurons des fédéralistes préo
395
déralistes qui ne penseront qu’à faire l’union et
à
la renforcer, et nous aurons des fédéralistes préoccupés avant tout d
396
n compromis conclu par gain de paix, quelque part
à
mi-chemin entre les buts visés, qui sont l’établissement de l’union g
397
rticuliers. Car cela ne conduirait en pratique qu’
à
une union trop faible mais bientôt accusée d’oppression par ses membr
398
bientôt accusée d’oppression par ses membres, et
à
des droits trop limités mais taxés d’abusifs par le centre. La saine
399
le centre. La saine méthode fédéraliste consiste
à
distinguer dans tous les ordres, à chaque niveau, de cas en cas, ce q
400
liste consiste à distinguer dans tous les ordres,
à
chaque niveau, de cas en cas, ce qui doit être carrément centralisé p
401
régimes d’éducation, liés dans chacun de nos pays
à
des langues, des coutumes, des traditions religieuses, des conditions
402
t, coordonnant les efforts et veillant au surplus
à
leur financement fédéral.) Ceci posé, il va sans dire que dans certa
403
de la méthode indiquée ci-dessus, et qui consiste
à
distinguer dans tous les domaines de la vie publique, au fur et à mes
404
tre part, ce qu’il reste indispensable de laisser
à
la libre initiative des États ou régions, des groupes et des individu
405
ouvons définir le fédéralisme comme l’application
à
la chose publique d’une méthode générale de travail et de création, q
406
par la personne et assimilées par la communauté.
À
chaque conquête nouvelle effectuée, correspond une organisation de la
407
it être fait par elle ; et s’ils ne savent mettre
à
profit les libertés ainsi conquises, à la fois physiques et psychique
408
e mécanisme quel qu’il soit — de la machine-outil
à
l’État, du plan de travail d’un écrivain au plan de production d’un p
409
ctifs et aux lois — n’est en fin de compte, comme
à
l’origine, qu’un auxiliaire de la vie créatrice, un moyen ordonné à s
410
auxiliaire de la vie créatrice, un moyen ordonné
à
sa fin. De même, il serait néfaste et faux de considérer la centrali
411
es pour elles, mais dont la bonne exécution ouvre
à
chacun de leurs citoyens des moyens de mieux vivre sa vie propre, et
412
de déplacement, donc de contacts ou d’éloignement
à
volonté, et par suite d’élargissement de la conscience ; faculté accr
413
té ? Subordonner sans trêve les mécanismes utiles
à
des buts créateurs, l’organisation à la vie, l’uniforme au diversifié
414
ismes utiles à des buts créateurs, l’organisation
à
la vie, l’uniforme au diversifié, le collectif au personnel, tel est
415
ue. Ayant défini de la sorte la santé de l’Europe
à
construire, je ne perdrai pas de temps à rappeler les maladies qui la
416
l’Europe à construire, je ne perdrai pas de temps
à
rappeler les maladies qui la menacent en permanence. La tyrannie de l
417
n’existait pas : j’ai dit plus haut que ce sont,
à
la racine, les maladies de la personne elle-même. Car la personne ser
418
ar la personne sera toujours tentée soit de céder
à
la pesanteur naturelle, aux routines, aux machines qu’elle s’est cons
419
ne part ; condition prolétarienne, travail humain
à
la chaîne, aliénation des libertés essentielles et disciplines totali
420
essentielles et disciplines totalitaires imposées
à
la révolte individuelle, d’autre part, résultent d’une seule et même
421
e l’organisation du continent, pour les décennies
à
venir ? Et de quels mécanismes l’Europe a-t-elle besoin pour atteindr
422
cer de mieux en mieux leur vocation particulière,
à
leur degré de réalité et d’action, soit dans la vie privée (qui relèv
423
, groupes, régions, capable donc : a) d’organiser
à
l’intérieur du continent les services libérant personnes et groupes d
424
roupes des tâches mécanisables ; b) de manifester
à
l’échelle mondiale la vocation générale des Européens, c’est-à-dire d
425
le des Européens, c’est-à-dire de donner une Voix
à
l’ensemble historique et culturel qu’est l’Europe. Tout le problème e
426
ner, subordonner, articuler ces moyens collectifs
à
ces buts personnels (les plus immédiats à l’universel). Il s’agit don
427
lectifs à ces buts personnels (les plus immédiats
à
l’universel). Il s’agit donc : — d’une part, à l’intérieur, d’éviter
428
ts à l’universel). Il s’agit donc : — d’une part,
à
l’intérieur, d’éviter que les indépendances personnelles et locales s
429
une organisation fédérative de l’Europe se ramène
à
la recherche d’un optimum pratique entre les maxima possiblement cont
430
art du possible » pourrait encore servir d’excuse
à
la paresse d’esprit d’une classe politicienne qui n’a pas su prévoir
431
ent y conduire. Nous allons essayer de la décrire
à
grands traits, en nous plaçant en imagination dans la période de 1975
432
la traverse, infiniment plus riche en expériences
à
vivre, en aventures, en découvertes de soi-même et des autres hommes.
433
même et des autres hommes. Du rocher de Gibraltar
à
la steppe monotone, des lacs de l’Écosse aux îles grecques, de la Fin
434
acs de l’Écosse aux îles grecques, de la Finlande
à
la Sicile, tout s’ouvre aux ambitions ou aux rêves d’un jeune homme.
435
n européenne circulent du nord au sud et de l’est
à
l’ouest sans passeports ni visas, sans visites de douanes, sans embou
436
sas, sans visites de douanes, sans embouteillages
à
Menton, sans contrôles aux aérodromes, sans avoir à changer de monnai
437
Menton, sans contrôles aux aérodromes, sans avoir
à
changer de monnaies en y perdant à chaque guichet, sans rien déclarer
438
es, sans avoir à changer de monnaies en y perdant
à
chaque guichet, sans rien déclarer à personne. Des milliards d’heures
439
en y perdant à chaque guichet, sans rien déclarer
à
personne. Des milliards d’heures de vie active ou de loisirs sont ain
440
vacances. Ils sont chez eux partout, du Cap Nord
à
Stamboul, comme c’était le cas naguère du Provençal à Paris, du Saint
441
amboul, comme c’était le cas naguère du Provençal
à
Paris, du Saint-Gallois à Genève, du Sicilien en Lombardie. Ils disen
442
as naguère du Provençal à Paris, du Saint-Gallois
à
Genève, du Sicilien en Lombardie. Ils disent « nous » en parlant de n
443
nt de n’importe quel autre peuple. Ils apprennent
à
considérer les gloires et les hontes du passé de chaque pays européen
444
ie, ils produisent un passeport européen, délivré
à
leur lieu d’origine. Chacun peut s’établir où il le veut, sur tout le
445
ration, soit pour y travailler, soit pour y vivre
à
sa manière. (Les seules restrictions occasionnelles à ce droit fondam
446
manière. (Les seules restrictions occasionnelles
à
ce droit fondamental découlent des plans d’aménagement locaux, urbain
447
s, harmonisés dans le cadre fédéral. On cherchera
à
éviter les congestions locales et les goulots d’étranglement, dans le
448
déracinement général ; ces ouvertures plus vastes
à
l’esprit d’aventure, qui sera toujours le fait d’une minorité, n’empê
449
t il peut y exercer ses droits civiques. Le droit
à
une patrie locale est garanti par la Constitution fédérale, et survei
450
ux, régionaux, ou nationaux. Le droit fondamental
à
une patrie locale entraîne que les communautés constituées, régions a
451
ne conservent ou n’introduisent rien au contraire
à
la Constitution fédérale et à la Charte des droits de la personne. (L
452
t rien au contraire à la Constitution fédérale et
à
la Charte des droits de la personne. (Les libertés de culte, d’expres
453
mandait Churchill dès 1948 au Congrès de l’Europe
à
La Haye6). Le fait que leur fédération ait désormais, en tant que tel
454
es citoyens d’un de nos petits États ne sont plus
à
la merci de la politique d’un de nos grands États, les entraînant dan
455
péenne a solennellement déclaré qu’elle renonçait
à
la guerre comme moyen politique. Pour sa police interne et pour garan
456
ation, tous les autres se portent automatiquement
à
sa défense, selon les plans de l’état-major européen, qui dépend du p
457
erait atteinte au droit fondamental des personnes
à
se grouper en communautés diversifiées : droit à l’autonomie ; tandis
458
à se grouper en communautés diversifiées : droit
à
l’autonomie ; tandis que la seconde solution porterait atteinte au dr
459
de manifester la vocation générale des Européens
à
l’échelle mondiale : droit à l’Union. L’Europe fédérée se présente, e
460
nérale des Européens à l’échelle mondiale : droit
à
l’Union. L’Europe fédérée se présente, en conséquence, comme un grand
461
présentait aux environs de 1963, lorsqu’on se mit
à
envisager les divers modes possibles d’une union politique, et à supp
462
divers modes possibles d’une union politique, et
à
supputer les conséquences probables qu’entraînerait une fédération.
463
qu’on l’obtienne jamais, donc qu’on arrive jamais
à
une fédération ? Ainsi posé, le problème est insoluble. D’une part no
464
pte, exigent que les États renoncent expressément
à
cette souveraineté théorique. Or, on ne saurait attendre une nuit du
465
personnes libres et responsables, et il est tout
à
fait inconcevable qu’ils puissent agir sous le coup d’un enthousiasme
466
e faire, il est sans doute dangereux de s’épuiser
à
combattre des souverainetés en grande partie inexistantes, et qu’on n
467
ait que renforcer temporairement en les obligeant
à
se défendre au nom sacré de l’indépendance d’un pays. Pour sortir de
468
s. Pour sortir de l’impasse, on pourrait recourir
à
un précédent historique qui me paraît tout à fait indiqué en la matiè
469
urir à un précédent historique qui me paraît tout
à
fait indiqué en la matière : La Constitution fédérale de la Suisse (1
470
ercle. Loin d’exiger des cantons une renonciation
à
leur souveraineté, elle la garantit expressément, en même temps qu’el
471
des cantons, ces articles ont résolu le problème
à
la satisfaction générale depuis cent-quinze ans. On peut les qualifie
472
humiliante indique clairement ce qu’il nous reste
à
faire : — une Constitution fédérale, afin que l’Europe recouvre, au t
473
s, l’indépendance de décision qui échappe en fait
à
ses nations. b) Libération des dynamismes régionaux Un second
474
problème fondamental semble bien devoir se poser
à
l’Europe une fois fédérée. Peu le pressentent ou s’en inquiètent, aux
475
aginer. En admettant que l’union fédérale étende
à
l’ensemble du continent et aux îles britanniques le régime qui est en
476
ntières nationales seront dévalorisées — réduites
à
d’invisibles limites administratives et d’état civil, comme c’est le
477
prendra forme. Des reliefs nouveaux, comparables
à
des soulèvements de terrain révélant un jeu de forces profondes, modè
478
u’il y aura de « métropoles » prouvant leur droit
à
une autonomie de fait. C’est ici que l’exemple de la Suisse cesse de
479
moins transposable tel quel du régime des cantons
à
celui des États. Car les cantons correspondent à peu près à des régio
480
s États. Car les cantons correspondent à peu près
à
des régions à la fois naturelles et culturelles — linguistiques, reli
481
ntière « nationale », se sont trouvées amalgamées
à
des États de traditions bien différentes8. ⁂ Reprenons maintenant la
482
ription de l’Europe fédérée de 1980. On y assiste
à
des regroupements qui ne tiennent plus compte des frontières national
483
re européen. Ils requièrent des solutions neuves,
à
la recherche desquelles concourent économistes, démographes, sociolog
484
ue fédérale de production et de distribution tend
à
prévoir et régulariser les mouvements démographiques, et les incidenc
485
continent, et les échanges toujours plus intenses
à
l’échelle mondiale. Ce processus dans lequel la fédération joue un rô
486
fédérale. Plusieurs États conservent cependant,
à
l’intérieur et à l’extérieur de la fédération, des ambassades et cons
487
de tous ordres, tout cela contribue non seulement
à
empêcher le retour des chocs destructeurs entre États-nations rigides
488
ns rigides, à l’intérieur de l’Europe, mais aussi
à
la rendre incapable d’exercer une politique agressive. Un tel ensembl
489
éenne a solennellement proclamé qu’elle renonçait
à
la guerre comme moyen d’imposer sa politique commune. Le problème des
490
commune. Le problème des États neutres, adhérant
à
la fédération, se trouve ainsi résolu, leur neutralité n’ayant plus l
491
eur neutralité n’ayant plus lieu de s’affirmer ni
à
l’intérieur, ni à l’extérieur. Quant à savoir si l’Europe fédérée est
492
yant plus lieu de s’affirmer ni à l’intérieur, ni
à
l’extérieur. Quant à savoir si l’Europe fédérée est elle-même neutre,
493
ffirmer ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Quant
à
savoir si l’Europe fédérée est elle-même neutre, la question se ramèn
494
dérée est elle-même neutre, la question se ramène
à
celle des alliances qu’elle peut être amenée à conclure avec d’autres
495
ne à celle des alliances qu’elle peut être amenée
à
conclure avec d’autres États ou fédérations. Si elle accepte de lier
496
ou fédérations. Si elle accepte de lier son sort
à
un État ou à un groupe d’États qui s’interdit comme elle tout recours
497
ns. Si elle accepte de lier son sort à un État ou
à
un groupe d’États qui s’interdit comme elle tout recours à la guerre,
498
pe d’États qui s’interdit comme elle tout recours
à
la guerre, elle reste neutre en théorie, et fidèle à l’esprit de sa C
499
a guerre, elle reste neutre en théorie, et fidèle
à
l’esprit de sa Constitution ainsi étendu à l’alliance ; mais elle peu
500
fidèle à l’esprit de sa Constitution ainsi étendu
à
l’alliance ; mais elle peut être entraînée dans une guerre qu’un tier
501
ntraînée dans une guerre qu’un tiers parti ferait
à
l’allié, comme s’il la faisait à l’un de ses membres. Une disposition
502
ers parti ferait à l’allié, comme s’il la faisait
à
l’un de ses membres. Une disposition de ce genre présente le double a
503
sance qui maintiendrait son « droit » de recourir
à
la guerre. Dans le domaine économique, les attributions du pouvoir fé
504
duction, de répartition intérieure, et d’échanges
à
l’échelle mondiale. Elle soutient et harmonise les plans d’aménageme
505
ur les transports, les postes, les grands travaux
à
l’échelle continentale (autoroutes, canaux, centrales d’énergie atomi
506
lturel, les attributions fédérales sont définies,
à
l’intérieur par l’ampleur des investissements requis, à l’extérieur p
507
térieur par l’ampleur des investissements requis,
à
l’extérieur par la nécessité de représenter l’ensemble européen. À la
508
la nécessité de représenter l’ensemble européen.
À
la politique des grands travaux continentaux correspond une politique
509
ne politique des « grandes recherches » : le CERN
à
Genève, dès 1959, « l’Opération Perdrix blanche » dans le cercle arct
510
des États membres, chaque fois que les problèmes
à
traiter ou les conflits à résoudre dépassent les capacités nationales
511
fois que les problèmes à traiter ou les conflits
à
résoudre dépassent les capacités nationales, concernent l’ensemble eu
512
et dans le monde communiste. « Voix de l’Europe »
à
la RTV, etc.) Enfin, le pouvoir fédéral garantit l’ordre intérieur, l
513
ure où ces droits et devoirs ne sont pas délégués
à
la fédération. C’est en matière d’éducation et de culture, notamment,
514
vant d’un État voisin. L’Europe tend de la sorte
à
se transformer de fédération des États « anciens » (nés d’ailleurs, p
515
ats et des autonomies régionales, mesures propres
à
faire respecter la Constitution fédérale, révision de celle-ci, garan
516
par une Charte ou Statut de la personne, annexée
à
la Constitution ; des cas de trahison ou de révolte concernant la féd
517
itué au centre du Continent ; il doit être facile
à
défendre, en temps de troubles, mais d’accès facile en temps de paix
518
., il doit accepter de demeurer, en tant qu’État,
à
l’écart des luttes politiques qui se jouent à l’échelle du continent.
519
at, à l’écart des luttes politiques qui se jouent
à
l’échelle du continent. Ces conditions idéales se trouvent réunies pa
520
mée suisse. Des dispositions spéciales (analogues
à
celles en vigueur à Washington, D.C. : on sait que les citoyens du di
521
ositions spéciales (analogues à celles en vigueur
à
Washington, D.C. : on sait que les citoyens du district fédéral améri
522
ues d’avant-garde, crée une conjoncture favorable
à
la prise au sérieux des solutions fédéralistes. 2. Le régime fédérali
523
de fond en comble au xxe siècle ; ce qui incline
à
penser que les réussites suisse et nord-américaine ont une valeur pro
524
nt trouver dans un régime fédéraliste la garantie
à
des droits qu’ils ont longtemps revendiqués contre les cléricalismes
525
es de la physique et de la biologie non seulement
à
des armes encore plus puissantes et beaucoup plus maniables que la bo
526
eaucoup plus maniables que la bombe H, mais aussi
à
des procédés de manipulation du psychisme collectif et de conditionne
527
t en mesure d’user et d’abuser), pousse également
à
concevoir la nécessité vitale d’une tendance à déconcentrer et à dist
528
nt à concevoir la nécessité vitale d’une tendance
à
déconcentrer et à distribuer le pouvoir, afin de l’empêcher par tout
529
nécessité vitale d’une tendance à déconcentrer et
à
distribuer le pouvoir, afin de l’empêcher par tout un jeu de contrôle
530
, contraindra les partisans d’une Europe unitaire
à
se replier sur des solutions praticables, qui se trouveront être fédé
531
ité, sinon par choix délibéré des deux partis. 6.
À
« gauche », les traditions proudhoniennes et anarcho-syndicalistes jo
532
assive, faute de modèles ou de maquettes proposés
à
la critique ou à l’enthousiasme. 8. L’existence du Marché commun est
533
modèles ou de maquettes proposés à la critique ou
à
l’enthousiasme. 8. L’existence du Marché commun est un facteur irréve
534
l’évolution vers l’union. Les polémiques engagées
à
son sujet obligent un grand nombre d’esprits, dans nos divers pays, p
535
its, dans nos divers pays, professions et partis,
à
supputer les conséquences des principales méthodes d’union possibles
536
t le besoin d’une « union plus étroite », et tend
à
prendre un sens précis et spécifique, tel que nous l’avons défini plu
537
énage des possibilités plus favorables que jamais
à
une action fédéraliste. Mais il faut, pour les réaliser, un élément c
538
esquisse d’une union fédérale, nous n’avons eu qu’
à
nous laisser guider par deux séries de déductions inévitables, et qui
539
exige l’aide de l’Europe et n’en oppose pas moins
à
son passé mal vu les promesses incertaines d’un communisme ouvertemen
540
partis extrêmes de l’Occident, armés de la Bombe.
À
ces motifs d’union, spirituels d’une part, historiques ou conjoncture
541
onalistes survivants, certains calculs d’intérêts
à
courts termes, mais surtout l’ignorance ou mieux : la non-vision du B
542
des jeux de von Neumann et Morgenstern, appliquée
à
la stratégie, à l’économie, à la politique. 4. Cette organisation un
543
Neumann et Morgenstern, appliquée à la stratégie,
à
l’économie, à la politique. 4. Cette organisation uniforme et centra
544
genstern, appliquée à la stratégie, à l’économie,
à
la politique. 4. Cette organisation uniforme et centralisée pouvant
545
on de la revue L’Ordre nouveau (publiée de 1932
à
1937) qui s’inspirait de ces idées. 6. « The task before us, at this
546
holique et historiquement autonome, mais rattaché
à
la masse protestante et alémanique du canton de Berne. Un mouvement s
547
ine, par exemple. 9. Jusqu’au 3 avril 1961, date
à
laquelle un amendement à la Constitution a autorisé les citoyens du D
548
qu’au 3 avril 1961, date à laquelle un amendement
à
la Constitution a autorisé les citoyens du District of Columbia à pre
549
n a autorisé les citoyens du District of Columbia
à
prendre part à l’élection présidentielle. f. Rougemont Denis de, «
550
s citoyens du District of Columbia à prendre part
à
l’élection présidentielle. f. Rougemont Denis de, « Orientations ve
551
s et complexes. Les unes sont liées au progrès et
à
l’évolution de la psychologie moderne. L’émancipation de la femme, so
552
s. La recherche du bonheur individuel prime aussi
à
l’heure actuelle et très nettement, la stabilité sociale : les rois d
553
ses-là, causes aggravantes mais secondaires liées
à
une évolution irréversible de l’Occident, il y a une cause essentiell
554
nscient. Le mariage, en formant un obstacle idéal
à
l’amour (avec un autre naturellement), favorise cet amour-passion qui
555
. Pour la première fois, l’amour profane emprunte
à
l’amour sacré son vocabulaire. L’amour devient lui aussi une sorte de
556
e étant trop difficile, les cathares se bornaient
à
médire du mariage et à louer des formes d’amour plus ou moins platoni
557
les cathares se bornaient à médire du mariage et
à
louer des formes d’amour plus ou moins platoniques ! Les troubadours
558
ion ne s’approfondit et ne dégage ses énergies qu’
à
la mesure des résistances qu’elle rencontre. Et c’est l’Europe cathol
559
i devait offrir les résistances les plus durables
à
l’épanouissement de l’amour courtois né sur les bords de la Méditerra
560
ées, la retenue imposée aux instincts, qui permet
à
l’attrait naturel de s’exalter, de devenir une passion. Et c’est le r
561
t un nouveau type de femme « idéale » est proposé
à
l’admiration des foules, disqualifiant automatiquement l’épouse, si e
562
utomatiquement l’épouse, si elle ne ressemble pas
à
la star. Ne peut-on quand même supposer que l’homme parvienne à se fi
563
peut-on quand même supposer que l’homme parvienne
à
se fixer sur un type, rencontre un jour son Iseut ? Admettons ! Il re
564
s commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie
à
renouveler l’obstacle et le combat et voici les « ruses » d’une passi
565
ci les « ruses » d’une passion débile qui cherche
à
s’entretenir : jalousie désirée, provoquée, favorisée, non plus chez
566
tterie est alors un peu simple — mais on en vient
à
désirer que l’être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le
567
core moins celle de votre couple. On arrive alors
à
cette conclusion : choisir un mari (ou une femme) pour toute la vie,
568
c’est parier. Et il serait beaucoup plus conforme
à
l’essence du mariage d’enseigner aux jeunes gens que leur choix — mêm
569
ours d’une sorte d’arbitraire dont ils s’engagent
à
assumer les suites heureuses ou non. La fidélité, alors, n’est plus u
570
nt être considéré comme une œuvre qu’on construit
à
deux et dont on tâche de faire une œuvre d’art. Cette fidélité-là, ce
571
ndu avec le sien. Cette fidélité résistera-t-elle
à
la passion, si elle la rencontre ? Un homme ne peut à la fois croire
572
? Un homme ne peut à la fois croire au mariage —
à
la volonté — et à la passion — à la fatalité. On aime croire à une «
573
t à la fois croire au mariage — à la volonté — et
à
la passion — à la fatalité. On aime croire à une « fatalité » — l’ali
574
ire au mariage — à la volonté — et à la passion —
à
la fatalité. On aime croire à une « fatalité » — l’alibi de la culpab
575
— et à la passion — à la fatalité. On aime croire
à
une « fatalité » — l’alibi de la culpabilité — mais de combien de com
576
c’est elle aussi qui le défie, l’anime, l’oblige
à
redevenir un choix vital et non pas une routine subie : la passion c’
577
essentielles bien que contradictoires. Ceci fait,
à
chacun de choisir et de prendre ses risques ! Condamner la passion en
578
intes qu’elle semble condamnée faute d’adversaire
à
sa taille) et nous irons tout droit vers une société sans surprise ni
579
d’aujourd’hui — les Derniers Mohicans de l’amour.
À
moins que cet ennui ne recrée alors la soif de quelque chose qui soit
580
les femmes ont tant de difficultés, actuellement,
à
réussir leur vie conjugale. En effet, tout le mal vient d’un monstrue
581
mal vient d’un monstrueux contresens qui consiste
à
fonder le mariage sur la passion, son ennemie intime. Or, si la passi
582
rdu pour qui veut comprendre ? Nous avons demandé
à
Denis de Rougemont de répondre à ces questions qui sont dans le cœur
583
us avons demandé à Denis de Rougemont de répondre
à
ces questions qui sont dans le cœur de toutes les femmes. »
584
ques questions qui nous tenaient particulièrement
à
cœur. Lors de votre conférence : « La culture occidentale et les civi
585
llement de tels centres ? Nous nous sommes réunis
à
Genève, il y a trois ans pour discuter de ce problème dans le cadre d
586
e dans le cadre du Centre européen de la culture.
À
cette réunion, il a été décidé de former de tels centres, un peu part
587
unisie, pour le Maghreb arabe. Un autre se trouve
à
Madras, au sud de l’Inde, présidé par le Maharajah de Mysore. Un Cent
588
Maharajah de Mysore. Un Centre vient de se créer
à
Lagos, capitale du Nigéria, et l’on projette d’en créer deux autres,
589
ia, et l’on projette d’en créer deux autres, l’un
à
Dakar, pour les populations francophones, l’autre à Beyrouth, pour le
590
Dakar, pour les populations francophones, l’autre
à
Beyrouth, pour le Proche-Orient. Comment fonctionnent ces centres ? N
591
de grouper les centres existants, ainsi que ceux
à
créer par la suite, en une fédération ayant pour siège Genève. Nous e
592
pour siège Genève. Nous encourageons les centres
à
publier des ouvrages de base, traduits en plusieurs langues. Ces ouvr
593
vent constituer une synthèse de la culture propre
à
chaque pays ou continent. Notre civilisation technique est de plus en
594
pas tout seul. Il y a tout un travail d’éducation
à
effectuer. Sous ce rapport, il est intéressant de mentionner l’essor
595
ntretien a pris fin. Denis de Rougemont s’apprête
à
dédicacer quelques-uns de ses livres, parmi lesquels un ouvrage publi
596
Rousseau que « tous les États de l’Europe courent
à
leur ruine » faute d’un principe d’union, et que si leurs divisions p
597
ivisions persistent, l’avenir appartiendra « soit
à
la Russie soit à l’Amérique ». Germaine de Staël est suisse dans la m
598
nt, l’avenir appartiendra « soit à la Russie soit
à
l’Amérique ». Germaine de Staël est suisse dans la mesure où elle ouv
599
ives européennes, soit par son action personnelle
à
Coppet, où les meilleurs esprits de nos diverses nations se lient d’a
600
péen préfigure le régime qui triomphera, en 1848,
à
l’échelle suisse : « La variété, c’est de l’organisation : l’uniformi
601
une base et une finalité expressément européenne
à
la neutralité de la Suisse indépendante. Et tandis que se forment dan
602
ionalistes et coloniales, seule la Suisse réussit
à
unir ses cantons selon la maxime impériale, fédéraliste, européenne,
603
. Proudhon s’est peut-être souvenu de son passage
à
Neuchâtel (où il fut un temps typographe) en écrivant son grand livre
604
ntemporains, J. C. Bluntschli, célèbre professeur
à
Heidelberg, s’est inspiré directement de l’expérience fédéraliste sui
605
nismes de notre vie confédérale : il n’hésite pas
à
les proposer en modèle pour l’édification de l’Europe. Selon lui, la
606
thentiquement fédéraliste, qui lui paraît destiné
à
assurer un jour la paix en Europe. « Si cet idéal de l’avenir se réal
607
en 1875, la nationalité suisse devra s’incorporer
à
la communauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n’aura pas vé
608
s plus fécondes dont les constituants de l’Europe
à
venir puissent tenir compte. Au xxe siècle, c’est encore en Suisse,
609
ncontre internationale au lendemain de la guerre.
À
Hertenstein, en septembre 1946, des militants issus de la Résistance
610
n, rédigent une déclaration qui va servir de base
à
la création de l’Union européenne des fédéralistes. Celle-ci, qui gro
611
lus de 100 000 membres, tient son premier congrès
à
Montreux, en septembre 1947. Cette date peut être considérée comme le
612
ont le discours appelant les peuples du continent
à
former « une sorte de lien fédéral » a été prononcé à Zurich un an pl
613
rmer « une sorte de lien fédéral » a été prononcé
à
Zurich un an plus tôt. Cette idée aussitôt adoptée par les leaders de
614
aussitôt adoptée par les leaders de l’UEF conduit
à
la convocation du Congrès de l’Europe, qui se tient à La Haye au mois
615
convocation du Congrès de l’Europe, qui se tient
à
La Haye au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouvement européen, q
616
entre européen de la culture, celui-ci s’organise
à
Genève et convoque aussitôt une grande conférence qui se tient à Laus
617
voque aussitôt une grande conférence qui se tient
à
Lausanne, au mois de décembre 1949. De la conférence de Lausanne et d
618
a conférence de Lausanne et de l’action du Centre
à
Genève, jusqu’à ce jour, vont naître successivement le Laboratoire eu
619
Lausanne et de l’action du Centre à Genève, jusqu’
à
ce jour, vont naître successivement le Laboratoire européen de recher
620
r le thème « L’Europe et le monde » doit se tenir
à
Bâle (fin septembre 1964) sous le haut patronage du Conseil fédéral.
621
in au congrès de Montreux, du congrès de Montreux
à
celui de La Haye, puis à Strasbourg, d’où l’on débouche sur l’ensembl
622
, du congrès de Montreux à celui de La Haye, puis
à
Strasbourg, d’où l’on débouche sur l’ensemble complexe, en plein mouv
623
ujet du « pool charbon-acier », comme on appelait
à
l’époque la CECA : 1° qu’il n’était pas réalisable, 2° qu’il serait n
624
un peu gênante de rappeler que le premier passage
à
la frontière franco-allemande d’un train de charbon libre de droits d
625
téré (ou faut-il dire traditionnel ?) qui tendait
à
paralyser non seulement toute initiative de la Suisse, mais aussi l’i
626
rdive aux yeux du reste de l’Europe. Notre entrée
à
l’OECE fut accueillie avec méfiance par la presse moyenne de la Suiss
627
itique étrangère de la Confédération »15. Adhérer
à
l’union européenne serait contraire à cette neutralité. La Suisse rec
628
15. Adhérer à l’union européenne serait contraire
à
cette neutralité. La Suisse recevrait des ordres d’un pouvoir extérie
629
que la Suisse prenne la moindre initiative visant
à
l’union européenne au plan politique. Elle ne pourrait qu’y perdre so
630
guments constitutionnels. — Si la Suisse adhérait
à
une union supranationale, le pouvoir fédéral serait amené à promulgue
631
n supranationale, le pouvoir fédéral serait amené
à
promulguer des décisions qui sont actuellement du ressort des cantons
632
s directives « européennes ». Ce serait contraire
à
notre Constitution. Ce serait même la fin de notre fédéralisme et de
633
lisme et de la démocratie directe, n’hésitent pas
à
déclarer de nombreux politiciens et journalistes. Arguments économiq
634
en réussi jusqu’ici sans subordonner son économie
à
celle d’un groupe de nations européennes. Elle tient à garder libres
635
le d’un groupe de nations européennes. Elle tient
à
garder libres ses échanges avec le monde au-delà de l’Europe. En s’as
636
urope unie « une politique d’unification qui vise
à
mêler les peuples d’Europe pour éliminer peu à peu les caractéristiqu
637
peuples de l’Europe. Si notre neutralité s’oppose
à
l’union, il faut en réviser les termes, comme d’ailleurs la Suisse l’
638
onstances politiques intérieures l’ont contrainte
à
se retirer du jeu des puissances militaires. La neutralité n’a jamais
639
« prolongement politique » — pour rester neutres
à
tout prix — serait « illusoire » (F. Wahlen, président de la Confédér
640
nue en partie fictive. La Suisse doit donc tendre
à
participer « sans réserve et de plein droit » à l’édification de l’Eu
641
e à participer « sans réserve et de plein droit »
à
l’édification de l’Europe unie. Sinon, l’Europe qui se fera sans elle
642
s nous aurons perdu le droit de nous en plaindre.
À
quoi l’on pourrait ajouter : 1° que s’il est vrai que notre neutralit
643
nuerait très fortement les chances de leur retour
à
l’avenir ; 2° que la neutralité suisse, en s’absolutisant jusqu’à dev
644
que la neutralité suisse, en s’absolutisant jusqu’
à
devenir tabou — traître est celui qui ose la discuter — a changé de n
645
ces garantirent en 1815. Si elle en vient un jour
à
s’opposer aux intérêts de l’Europe entière, on s’apercevra qu’elle a
646
anthropiques pourraient être opposées sincèrement
à
cette thèse de simple bon sens. Arguments constitutionnels. — Le pro
647
ne manière magistrale que l’adhésion de la Suisse
à
une organisation européenne telle que la CEE ne serait pas incompatib
648
itution actuelle. Si, dit-il, la Suisse se refuse
à
entrer sans réserve dans le Marché commun, elle ne saurait justifier
649
te du monde. De nos exportations, deux tiers vont
à
l’Europe. Il est vrai que notre balance commerciale reste déficitaire
650
il faut avouer que ces chiffres ne suffisent pas
à
justifier notre refus de participer au Marché commun, et encore moins
651
arché commun, et encore moins notre participation
à
l’AELE ! La Suisse est si peu indépendante de l’Europe que l’immigrat
652
immigration de main-d’œuvre européenne nécessaire
à
l’expansion de notre économie a dû passer de 90 000 personnes en 1950
653
résolution farouche, que nous pourrons faire face
à
une Europe unie, — j’entends unie sans nous et malgré nous. Argument
654
ra-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est
à
nous de faire valoir dans les conseils qui élaborent l’Europe future
655
« mêler les peuples d’Europe ». Je rappelais tout
à
l’heure qu’il y a aujourd’hui plus de 800 000 travailleurs étrangers
656
s de laquelle le délégué du Vorort n’est pas tout
à
fait étranger. Si M. Homberger croit vraiment que le mélange des peup
657
ouvement d’union européenne. De nos jours encore,
à
l’étranger, le nom de la Suisse évoque des vaches et des vachers, des
658
polis qui menace de couvrir le Plateau, de Genève
à
Romanshorn, avant la fin du siècle, quand la population aura doublé.
659
ou non dans le Marché commun n’y changera rien. (
À
moins que notre isolement n’entraîne un retour à la misère naturelle
660
(À moins que notre isolement n’entraîne un retour
à
la misère naturelle du pays ?) Bref, ce n’est pas la Suisse de Morgar
661
econde moitié du xxe siècle. Refuser de coopérer
à
l’édification de l’Europe unie, sous prétexte de sauvegarder des « ca
662
moyen de sauver la Suisse réelle. Ou c’est courir
à
l’aventure certaine, au nom d’une prudence aveugle, et sous le prétex
663
t notre peuple n’est pas disposé plus qu’un autre
à
payer le prix exorbitant. ⁂ Tels étant les termes du débat que l’idée
664
voire peu suisse. Mais je sens deux autres motifs
à
cette espèce d’embarras. Ceux qui se réclament très haut de nos tradi
665
hances d’être écoutés s’ils proposent de renoncer
à
la neutralité : c’est devenu, dans la Suisse moderne, un crime de lès
666
i voudraient que la Suisse renonce sans condition
à
toute idée de neutralité. Mon idéal très clair — mon utopie — est que
667
r — mon utopie — est que la Suisse adhère un jour
à
une union européenne de type expressément fédéraliste, qui renoncerai
668
de type expressément fédéraliste, qui renoncerait
à
la guerre comme moyen politique. Une telle Europe reprendrait à son c
669
mme moyen politique. Une telle Europe reprendrait
à
son compte ce qui demeure valable et même indispensable dans la neutr
670
Il s’agit de savoir et de dire ce que nous avons
à
donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’Europe est en droit
671
ce que nous avons à donner, et non pas seulement
à
sauver ; ce que l’Europe est en droit d’attendre d’une Suisse qui fai
672
que cette fameuse neutralité, — nécessité subie,
à
l’origine et dont nous fîmes peu à peu vertu à partir du xixe siècle
673
e, à l’origine et dont nous fîmes peu à peu vertu
à
partir du xixe siècle ; nous avons réussi notre fédéralisme ! Contra
674
ralisme ! Contrairement à la neutralité, il tient
à
l’essence même de notre État. C’est notre création majeure. Il nous o
675
de la Suisse moderne, laquelle ne saurait croire
à
la seule force comme accoucheuse des sociétés, et gardera toujours un
676
gardera toujours un œil sur la neutralité étendue
à
l’Europe. Aux deux solutions en présence, à l’échelle du continent :
677
endue à l’Europe. Aux deux solutions en présence,
à
l’échelle du continent : sacrifier les patries à l’union, ou sacrifie
678
à l’échelle du continent : sacrifier les patries
à
l’union, ou sacrifier l’union aux égoïsmes qu’on déguise en patriotis
679
qui ennuie et pratique négative, quand nous avons
à
proposer une expérience passionnante, remarquablement positive et tel
680
, remarquablement positive et tellement opportune
à
l’échelle mondiale ? Pourquoi cette timidité ? L’histoire n’est pas f
681
défense, mais parce que nous avons quelque chose
à
donner. Je veux le croire avec Victor Hugo : La Suisse dans l’histoi
682
ralité suisse, 1946, p. 9 : L’auteur n’hésite pas
à
parler « d’introversion politique » (p. 7) à propos de l’attitude de
683
e 25 novembre 1962. M. Miéville précise : « Quant
à
la neutralité, son rôle a été nul dans la création de la Confédératio
684
sent mutuellement. L’un voudra se faire connaître
à
Zurich, puis à Munich, Vienne et Berlin, et l’autre d’abord à Paris.
685
nt. L’un voudra se faire connaître à Zurich, puis
à
Munich, Vienne et Berlin, et l’autre d’abord à Paris. Tous deux fort
686
is à Munich, Vienne et Berlin, et l’autre d’abord
à
Paris. Tous deux fort attachés à leurs institutions, tous deux bien c
687
l’autre d’abord à Paris. Tous deux fort attachés
à
leurs institutions, tous deux bien contents d’être suisses, ils ne se
688
jamais et n’entendront parler l’un de l’autre qu’
à
l’occasion de leurs éventuels succès… à l’étranger ! D’autre part, le
689
’autre qu’à l’occasion de leurs éventuels succès…
à
l’étranger ! D’autre part, les vertus civiques sans lesquelles une so
690
ts, cette turbulence intellectuelle indispensable
à
l’essor d’une carrière prestigieuse ou d’une école qui impose un styl
691
leur personnalité, la Suisse se verrait condamnée
à
ne produire que des œuvres moyennes ou d’intérêt purement local et fo
692
chacun de ses petits États prétendait se suffire
à
soi-même. Mais fédérés politiquement pour leur bonheur et leur sécuri
693
gardent le privilège de participer de plein droit
à
des ensembles bien plus vastes que la Suisse : culture germanique ou
694
dit-il de la Suisse. « Mais quand ils réussissent
à
se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’
695
eur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent
à
l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, de Goeschenen,
696
l’Europe. » C’est ainsi que les Suisses ont donné
à
l’Europe plusieurs des plus grands noms du xxe siècle : Ferdinand de
697
rock. Ce palmarès plus qu’honorable ne suffit pas
à
définir un style ni une école particulière, mais il suppose un climat
698
ulture d’une densité probablement très supérieure
à
celle qu’on pourrait mesurer dans n’importe quelle tranche de cinq à
699
ait mesurer dans n’importe quelle tranche de cinq
à
six millions d’habitants d’un très grand pays. Or, dans le domaine de
700
sité pour 750 000 habitants, contre une pour deux
à
trois millions dans les autres pays d’Europe. Faut-il mettre ces chif
701
iences par million d’habitants d’un pays, de 1901
à
1961 — et qui atteint le maximum de 2,62 pour la Suisse, l’indice du
702
’en nourrir, au lieu de s’y laisser dissoudre une
à
une. La santé des arts et des lettres, dans nos cantons, est donc lié
703
, qui n’est pas l’esprit de clocher, ni l’abandon
à
l’uniformité imposée par une mode étrangère. Cette condition de la cu
704
Ils y verront peut-être une préfigure de l’Europe
à
venir, cherchant l’union de ses peuples au bénéfice de leurs fécondes
705
amer m’occupait entièrement le cœur, je trouvais
à
l’armée ce que d’autres vont demander à une retraite conventuelle. Ce
706
trouvais à l’armée ce que d’autres vont demander
à
une retraite conventuelle. Cette circonstance peut expliquer pourquoi
707
ous fera tous crever avec ses manies », disait-on
à
mi-voix quand passait le colonel, toujours suivi d’un grand chien bla
708
amion ou en train et que ces marches ne servaient
à
rien… Pour ma part, j’observais que le colonel prenait grand soin de
709
s déprimées par l’époque, et pourtant nécessaires
à
l’homme complet. Quoi qu’il en soit d’ailleurs de sa philosophie, j’a
710
e croire qu’en imposant cette épreuve « inutile »
à
notre école, il poursuivait un but précis. Il voulait nous laisser le
711
ons que devait illustrer l’entreprise. Au départ,
à
cinq heures du matin, dans la cour froide de la caserne de Fribourg,
712
ous marchions sur une route asphaltée, — une file
à
gauche, une file à droite — notre vieux colonel en tête, maigre silho
713
ne route asphaltée, — une file à gauche, une file
à
droite — notre vieux colonel en tête, maigre silhouette aux jambes de
714
infimes et insensibles au départ, qui se révèlent
à
longueur de marche, causant d’abord une légère irritation, puis une b
715
itation, puis une blessure, et forçant finalement
à
l’abandon de la course, si l’on n’y a pas pris garde au premier signe
716
maintenant vers le lac Noir. Une auberge blanche
à
toit rouge, dans un jardin au bord de l’eau, marquait la fin de la pr
717
on part pour une marche de cinq heures, on se met
à
traîner les pieds après la troisième heure, et les dernières sont dur
718
nières sont dures. Mais si le corps s’est disposé
à
fournir un effort de trente-trois heures, les cinq premières n’étant
719
inairement insoupçonnées par celui qui se bornait
à
de courtes visées. Elles étaient là, ces forces, à portée de la main
720
de courtes visées. Elles étaient là, ces forces,
à
portée de la main mais endormies, laissant vaquer aux petits travaux
721
c ce matin-là comme si l’appel du but avait suffi
à
nous donner les moyens d’y répondre. Et je ne dis pas que l’entraînem
722
nions de couvrir une étape de 25 kilomètres. Mais
à
son tour, cet entraînement n’avait été reçu et surmonté qu’en vue de
723
’hui, repassant ces souvenirs, je me laisse aller
à
comparer notre première étape à la Jeunesse. Car la vraie force d’un
724
e me laisse aller à comparer notre première étape
à
la Jeunesse. Car la vraie force d’un homme jeune ne vient-elle pas de
725
vision. Beaucoup choisissent alors de se réduire
à
des objectifs accessibles. Et aussitôt, les forces en réserve — à l’a
726
accessibles. Et aussitôt, les forces en réserve —
à
l’arrière, mais pour l’avenir — marquent un temps d’hésitation : c’es
727
les, et c’est vieillir. Il faudrait au contraire,
à
ce point, oser voir plus grand et plus loin ; d’où peut naître une se
728
animale ! Nous gravissions maintenant les flancs
à
l’herbe rase d’une montagne en forme de lion couché. Je me souviens d
729
e mètres plus bas, pour la remonter ensuite jusqu’
à
son origine, se dressait la paroi des Alpes. La descente paraît au no
730
ait largement les croupes des alpages, et donnait
à
ce haut désert sa réalité la plus dure, ses dimensions les moins trom
731
riété de ses plans lumineux virant très lentement
à
mesure que nous descendions, occupaient constamment nos regards. Notr
732
rds. Notre marche en était comme allégée, réduite
à
si peu de chose tout au bas du spectacle… Nous découvrîmes dans la di
733
s couronnant un grand cirque d’éboulis rutilants.
À
notre vue, ou peut-être à nos cris, on eût dit qu’une vague électriqu
734
ue d’éboulis rutilants. À notre vue, ou peut-être
à
nos cris, on eût dit qu’une vague électrique parcourait le troupeau d
735
ur place comme une houle, puis se mit tout entier
à
courir, par grands bonds et zigzags nerveux entre les blocs ; soudain
736
s ; soudain s’arrêta pour brouter ; puis repartit
à
angle droit, au petit trot, et coula derrière une crête. La peur et l
737
ait… Si l’on nous avait dit : « Plus qu’une heure
à
marcher », je pense que la plupart auraient flanché pendant cette éta
738
par quatre, puis de se mettre au pas de manœuvre
à
l’entrée de la rue principale. Tout dormait. La saison d’été avait pr
739
e vais éternuer, et je ne puis pas. Je me prépare
à
soulever une caisse très lourde, et elle est vide. Le savant qui pour
740
it l’expérience du Néant… Dans tous les ordres et
à
tous les degrés, la déception de l’effort, de l’élan, du désir, est u
741
l’élan, du désir, est une épreuve plus difficile
à
surmonter, parfois, que l’obstacle lui-même, si grand soit-il. À la L
742
rfois, que l’obstacle lui-même, si grand soit-il.
À
la Lenk, cette nuit-là, j’eus un accès de fièvre qui me tint éveillé
743
ur de commander la classe et je dus faire l’appel
à
sept heures du matin, au garde à vous, sur le quai de la gare — je ne
744
us faire l’appel à sept heures du matin, au garde
à
vous, sur le quai de la gare — je ne sais si j’eusse évité cette débâ
745
le moment où l’élan s’est déjà ramassé. Apprendre
à
réussir, ou à marcher, n’est encore qu’une moitié de l’art de vivre.
746
’élan s’est déjà ramassé. Apprendre à réussir, ou
à
marcher, n’est encore qu’une moitié de l’art de vivre. Mais apprendre
747
e qu’une moitié de l’art de vivre. Mais apprendre
à
ne pas réussir jusqu’au bout, à s’arrêter ou à subir l’arrêt, voilà l
748
e. Mais apprendre à ne pas réussir jusqu’au bout,
à
s’arrêter ou à subir l’arrêt, voilà l’autre moitié, non moins féconde
749
re à ne pas réussir jusqu’au bout, à s’arrêter ou
à
subir l’arrêt, voilà l’autre moitié, non moins féconde. Car dans le m
750
en somme la durée même de l’Histoire. Et malheur
à
celui qui n’est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui
751
est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur
à
celui qui exigerait de réussir pour persévérer, après n’avoir entrepr
752
précision suivante : « Extrait de l’introduction
à
un essai philosophique inédit : La Morale du But . »
753
r la terre ? On le penserait devant ces tableaux,
à
cause du sentiment de libération que procurent leurs déserts à ravir,
754
ntiment de libération que procurent leurs déserts
à
ravir, comme si l’étonnement et l’angoisse, en fin de compte, pouvaie
755
rent sans doute dans mon souvenir visuel, ajoutés
à
des verts bien drus, des jaunes blonds et certains noirs assez féroce
756
es jaunes blonds et certains noirs assez féroces,
à
la Braque. Et cette curieuse bipartition de mainte toile par un éclai
757
éonique. Une prudence élémentaire m’incitera donc
à
ne point vous parler de la technique elle-même mais seulement de son
758
lisation. Disons, symboliquement, que l’éclairage
à
l’électricité étant donné, je m’interroge sur ses avantages et ses dé
759
veaux ou justes. Faute de quoi, je me vois réduit
à
poser quelques grandes questions des plus naïves, et qui ne portent p
760
de machines, de turbines ou même de canons, jusqu’
à
ces toutes dernières décennies, et n’y auraient pas songé d’elles-mêm
761
ns la psyché occidentale ? J’ai tenté de répondre
à
ces questions dans un livre intitulé L’Aventure occidentale de l’hom
762
e occidentale de l’homme , et je me suis vu amené
à
établir une chaîne continue sinon de causes et d’effets, du moins d’a
763
es recherches plutôt que d’autres, recherches qui
à
leur tour devaient conduire à certaines découvertes plutôt qu’à d’aut
764
res, recherches qui à leur tour devaient conduire
à
certaines découvertes plutôt qu’à d’autres, — chaîne continue qui va
765
vaient conduire à certaines découvertes plutôt qu’
à
d’autres, — chaîne continue qui va des grands conciles des ive et ve
766
les, comme ceux de Nicée et de Chalcédoine, jusqu’
à
la bombe atomique. Voilà qui peut surprendre, mais qui est en somme t
767
e de Maya que tout l’effort spirituel doit tendre
à
dissiper, comme le veulent les religions brahmanique et bouddhiste. L
768
de la servitude de la corruption… pour avoir part
à
la liberté de l’Esprit. » Il y a là un programme grandiose d’action s
769
mme grandiose d’action sur le cosmos, qui s’offre
à
l’homme en tant que spirituel, précisément. Programme grandiose, prat
770
cience possible et qui va donner bonne conscience
à
la recherche appliquée non plus à l’esprit seul, absolu et impersonne
771
onne conscience à la recherche appliquée non plus
à
l’esprit seul, absolu et impersonnel, comme en Inde, ou aux esprits s
772
comme dans la magie africaine, mais aux corps et
à
la matière et à toute la Nature naturée — Nature à laquelle il ne s’a
773
agie africaine, mais aux corps et à la matière et
à
toute la Nature naturée — Nature à laquelle il ne s’agit plus de se c
774
la matière et à toute la Nature naturée — Nature
à
laquelle il ne s’agit plus de se conformer, mais qu’il faut au contra
775
chrétienne d’un Dieu incarné, qui appelle l’homme
à
la liberté dans sa condition concrète et non dans l’évasion mystique,
776
c’est-à-dire avec des explosions de passions tout
à
fait naturelles et païennes, plutôt qu’avec les développements de la
777
des menuisiers. Cet artisanat primitif correspond
à
la guerre entre communes et fiefs. Avec le canon puis le fusil appara
778
puis le fusil apparaissent les guerres de peuple
à
peuple, puis de nation à nation. Ce type d’armement s’accroît quantit
779
nt les guerres de peuple à peuple, puis de nation
à
nation. Ce type d’armement s’accroît quantitativement avec la premièr
780
la première révolution industrielle, qui aboutit
à
la Materialschlacht de Verdun. La fin de la guerre de 14-18 voit inte
781
isée au service des États, a dû se borner en fait
à
chercher des ripostes à l’emploi de ces armes, et non pas les moyens
782
s, a dû se borner en fait à chercher des ripostes
à
l’emploi de ces armes, et non pas les moyens de les éliminer ou de le
783
coup bloqué ce processus d’interaction conduisant
à
des destructions toujours plus étendues. La bombe A, puis la bombe H,
784
les ont rendu leur emploi pratiquement impossible
à
grande échelle, depuis près d’une vingtaine d’années. L’immense utili
785
une sorte de point mort de la guerre, qui permet
à
la paix de durer tant bien que mal, et c’est ce que l’on a baptisé l’
786
dre sur ce terme de peur. Je pense bien moins ici
à
la peur des masses et des individus dont on parle tant, peur d’une es
787
ace atomique qu’aux États-Unis, il y a trois ans,
à
une époque où toute la presse parlait de la construction d’abris anti
788
s peuples qui s’opposerait — on ne sait comment —
à
un conflit atomique, que sur une crainte bien raisonnée, basée sur de
789
mystifie les passions politiques. C’est donc bien
à
la technique, en dernière analyse, que nous devons ce blocage de la g
790
atomiques ne seraient guère utilisables de nation
à
nation, en Europe : nous sommes trop près les uns des autres, et celu
791
armes d’une puissance folle nous laissent en fait
à
la merci d’une saute de vent. Mais si l’on peut admettre que la techn
792
s si l’on peut admettre que la technique a réussi
à
pacifier l’Europe en désarmant et jugulant pratiquement ses passions
793
e dans le reste du monde ? Ici, le tableau change
à
vue. C’est la technique née en Europe, dans le contexte spirituel et
794
ontexte spirituel et culturel que j’évoquais tout
à
l’heure, qui a mis en relation les divers continents et qui a révélé
795
en relation les divers continents et qui a révélé
à
leurs peuples l’existence d’autres civilisations, à certains égards p
796
leurs peuples l’existence d’autres civilisations,
à
certains égards plus développées, en tout cas plus prospères. C’est l
797
eur sort précaire et notre sort prospère s’impose
à
eux et suscite leur envie, leur jalousie. Ils prennent conscience d’u
798
ande nation ayant la bombe les regroupe et se met
à
leur tête. Que peut faire l’Occident, pour éviter ce désastre qui ser
799
ifs de nos capitaux réunis arriveraient peut-être
à
couvrir au maximum un sixième de la demande actuelle du tiers-monde,
800
tte demande aura au moins doublé d’ici vingt ans.
À
supposer même que notre science découvre les moyens de créer des alim
801
tirés de l’air et de l’eau, et qu’elle réussisse
à
nourrir des dizaines de milliards d’humains, ceux-ci seront obligés d
802
d’énormes problèmes, qu’une conférence prochaine,
à
Bâle, sur le thème « L’Europe et le monde », essaiera de poser claire
803
lairement, sinon de résoudre.) Je suis donc amené
à
formuler la thèse suivante : la technique, en principe, n’est pas plu
804
tout pas trop vite », écrivait une mère angoissée
à
son fils aviateur en 1915.) Mais de cette Première Guerre mondiale so
805
éalisation par Fermi et Oppenheimer qui a mis fin
à
cette guerre le 5 août 1945, à Hiroshima. Voilà donc la technique exo
806
imer qui a mis fin à cette guerre le 5 août 1945,
à
Hiroshima. Voilà donc la technique exonérée historiquement, et de la
807
re fauteuse de guerre. Par rapport à la guerre et
à
la paix, la technique n’est pas un facteur indifférent, mais bien amb
808
encore la vraie paix. Celle-ci ne peut naître qu’
à
la faveur d’un équilibre qui ne soit pas celui de la terreur, mais de
809
es différentes. La technique peut-elle contribuer
à
établir et enrichir cet équilibre ? Ou au contraire, comme on a tenda
810
équilibre ? Ou au contraire, comme on a tendance
à
le croire dans nos élites humanistes, serait-elle un facteur de déshu
811
, domestiquées, mécanisées, canalisées du berceau
à
la tombe, et soumises aux seules lois de la production de série, cond
812
estion de savoir si la technique favorise ou tend
à
détruire l’équilibre entre l’homme et la Nature, ma réponse est égale
813
nsisté dès les origines les plus reculées non pas
à
inventer des gadgets, mais à transformer la Nature pour la mettre au
814
lus reculées non pas à inventer des gadgets, mais
à
transformer la Nature pour la mettre au service de l’homme et de ses
815
tuplant la force de nos bras, et reculant presque
à
l’infini cosmique et microscopique les limites de perception de nos s
816
synthétiques, aux anesthésiques et antibiotiques,
à
la victoire sur la distance géographique et à la vision instantanée d
817
es, à la victoire sur la distance géographique et
à
la vision instantanée de tout ce qui arrive d’important sur la terre.
818
la terre. Déjà nous vivons dans un cadre plus qu’
à
moitié artificiel. J’ai habité quelques années à New York dans un pay
819
’à moitié artificiel. J’ai habité quelques années
à
New York dans un paysage urbain d’une grande complexité, où la Nature
820
vrai dans une époque où Paris, grâce aux trains,
à
l’auto, à l’avion, se vide à moitié sur les plages pendant l’été. Et
821
une époque où Paris, grâce aux trains, à l’auto,
à
l’avion, se vide à moitié sur les plages pendant l’été. Et je mets en
822
s, grâce aux trains, à l’auto, à l’avion, se vide
à
moitié sur les plages pendant l’été. Et je mets en fait que la jeunes
823
cle signifiait fumée noire, murs noircis, travail
à
la chaîne et ouvriers esclaves de la machine ; elle peut et doit sign
824
ombe atomique, ou si un jour, prochain peut-être,
à
la suite d’une erreur fatale commise au Pentagone ou au Kremlin, voir
825
fatale commise au Pentagone ou au Kremlin, voire
à
l’Élysée, la bombe nous anéantira… Ces questions sont très populaires
826
ulement dans notre presse et chez les publicistes
à
grand tirage, mais chez les écrivains et philosophes les plus sérieux
827
e sur une illusion enfantine : celle qui consiste
à
battre la table à laquelle on s’est heurté. La technique n’est pas un
828
enfantine : celle qui consiste à battre la table
à
laquelle on s’est heurté. La technique n’est pas une puissance indépe
829
eul l’homme peut l’être, quand il se laisse aller
à
ses instincts abâtardis ou quand il se laisse dominer par ses propres
830
’histoire des grandes inventions, de celle du feu
à
celle de la fusée spatiale, n’est pas l’histoire de « besoins » qui a
831
à-dire un véhicule rapide qui ne fût pas astreint
à
suivre la loi rigide des « voies ferrées » et ses horaires, mais pût
832
« voies ferrées » et ses horaires, mais pût aller
à
l’aventure : phantasme typique de l’adolescence. Le jeune Ford le réa
833
s après que l’Allemand Otto eut inventé le moteur
à
explosion interne. On n’ignore pas d’ailleurs que des dizaines d’ingé
834
tte invention n’était certes pas la mieux adaptée
à
ses fins, ni la mieux calculée pour répondre à des besoins pratiques,
835
ée à ses fins, ni la mieux calculée pour répondre
à
des besoins pratiques, utilitaires : on le voit bien aujourd’hui, dan
836
gon, je lis, je dors, je mange et je puis méditer
à
loisir. À mon volant, rien de pareil : tout ce que je peux lire, ce s
837
s, je dors, je mange et je puis méditer à loisir.
À
mon volant, rien de pareil : tout ce que je peux lire, ce sont des ch
838
ur l’homme et sur la société. Tout ce que j’avais
à
vous dire aujourd’hui se résume en propositions d’une extrême simplic
839
oduit le danger atomique ou voudrait nous réduire
à
l’état de robots, elle ne mérite en vérité ni cet excès d’honneur ni
840
le de procédés ingénieux et utilitaires, destinés
à
nous faciliter la vie, mais voilà que tout d’un coup, par une inexpli
841
jours, obsédée d’efficacité immédiate et rentable
à
court terme, pour la défense militaire, l’économie, l’hygiène ou le s
842
is aussi des techniques chimiques et biologiques)
à
nous interroger sur le meilleur usage des pouvoirs inouïs qui sont de
843
non, c’est la technique elle-même qui nous oblige
à
reconsidérer d’une manière tout à fait concrète la question des vraie
844
qui nous oblige à reconsidérer d’une manière tout
à
fait concrète la question des vraies fins de notre vie et de la vraie
845
ient que certaines apparences, mais qui suffisent
à
remplir les hôtels. Pourtant la Suisse est autre chose, qu’on ne voit
846
les Suisses n’ont rien inventé à part la pendule
à
coucou mais c’est chez eux que l’on trouve la plus forte densité de p
847
re de cette galaxie de génies qui va de Paracelse
à
C. G. Jung, en passant par Euler, les Bernouilli, Rousseau, Burckhard
848
ut dire mieux, sur ce continent ? Il n’empêche qu’
à
Paris, à Londres ou à Berlin, on se moque un peu des Suisses et on le
849
ieux, sur ce continent ? Il n’empêche qu’à Paris,
à
Londres ou à Berlin, on se moque un peu des Suisses et on les jalouse
850
continent ? Il n’empêche qu’à Paris, à Londres ou
à
Berlin, on se moque un peu des Suisses et on les jalouse un peu, comm
851
du premier vers au second, c’est passer du cliché
à
l’utopie, et de la patrie d’un Guillaume Tell qui n’exista jamais que
852
llaume Tell qui n’exista jamais que dans le mythe
à
une Europe fédérée qui par malheur n’existe encore que dans l’espoir.
853
simplement les gens les plus heureux de la Terre.
À
la question : « D’une manière générale, diriez-vous que vous êtes trè
854
très heureux, ce qui ne laisse guère de place qu’
à
1 % de révoltés ou de désespérés. Ce phénomène mérite la plus grande
855
lieu du xx e siècle, un peuple à peu près unanime
à
s’estimer et à se dire heureux. Mais de quoi se compose son bonheur ?
856
ècle, un peuple à peu près unanime à s’estimer et
à
se dire heureux. Mais de quoi se compose son bonheur ? Et ses recette
857
té impériale, qui signifiait le droit de se régir
à
leur manière, sans dépendre des comtes voisins. À cette première alli
858
à leur manière, sans dépendre des comtes voisins.
À
cette première alliance — un traité en due forme qui ne fut certes pa
859
ière des « ligues suisses ». Elle aboutit en 1815
à
une espèce de confédération insuffisante. Privée de tout pouvoir supr
860
tés. Et ses vingt-deux petits États n’ont délégué
à
un pouvoir central une certaine part de leur indépendance que pour mi
861
lus obligatoirement protestant parce qu’on est né
à
Genève ou dans le canton de Berne, ni catholique parce que lucernois
862
surplus près de Genève, où je dirige un institut
à
vocation internationale, ma liberté résulte et se nourrit de ces appa
863
Un jodleur d’Appenzell avec son disque de laiton
à
l’oreille, sa piété catholique, son patois médiéval, s’il rencontrait
864
principes et ses complexes, ils n’auraient guère
à
se dire et pas de langage commun. Mais ils savent bien qu’ils font pa
865
e vivre chacun selon son style et de se gouverner
à
sa façon. Cela suffit, c’est l’essentiel, le reste est idéologie. Ave
866
idéologie. Avec tout cela, je crois avoir plus qu’
à
moitié répondu à la seconde question, celle de savoir si les recettes
867
out cela, je crois avoir plus qu’à moitié répondu
à
la seconde question, celle de savoir si les recettes du bonheur suiss
868
i les recettes du bonheur suisse sont applicables
à
l’échelle de l’Europe. En effet, si le problème européen est d’accord
869
, pauvres ou riches, petits ou grands, bref, tout
à
fait semblables par leur variété même aux vingt-deux petits États sui
870
raison sérieuse qui empêcherait qu’on l’applique
à
l’échelle continentale. On me dira : la Suisse est petite, l’Europe e
871
s sont grandes. Comment oseriez-vous les comparer
à
l’un de vos aimables cantons ? Eh bien, je n’ai pas ce courage, ou ce
872
te témérité. Je n’essaie pas d’égaler le médiocre
à
l’auguste. Je ne compare que des rapports et constate qu’entre la Fra
873
la Belgique ou l’Irlande, le rapport est analogue
à
celui qui existe entre les cantons de Zurich et de Zoug ou de Glaris.
874
armoniser les relations entre des cantons inégaux
à
tant d’égards, pourrait rendre les mêmes services dans le cas de nati
875
fédérée. En 1848, il fallait deux ou trois jours
à
un député de Genève ou des Grisons pour se rendre à la Diète fédérale
876
un député de Genève ou des Grisons pour se rendre
à
la Diète fédérale de Berne, et autant pour obtenir des instructions d
877
En 1965, un député de Stockholm ou d’Athènes est
à
quelques heures de Bruxelles ou de Strasbourg, et à portée de voix de
878
quelques heures de Bruxelles ou de Strasbourg, et
à
portée de voix de ses ministres. Oui, la Suisse est la seule maquette
879
et prospectif : vous verrez que tout y correspond
à
quelque chose qui pourrait très bien être l’avenir commun de nos nati
880
6)t Palais du Trocadéro (vers 1934 ?). — Face
à
une salle en plein tumulte où les Croix-de-Feu se bagarraient et hurl
881
de calme, et soudain un homme assez petit bondir
à
la tribune, tournant à droite et à gauche un profil agressif et spiri
882
n homme assez petit bondir à la tribune, tournant
à
droite et à gauche un profil agressif et spirituel, cravate rouge en
883
z petit bondir à la tribune, tournant à droite et
à
gauche un profil agressif et spirituel, cravate rouge en bataille, in
884
amusait beaucoup. « C’est l’ambassadeur d’Espagne
à
Paris », me dit Robert de Traz, qui m’avait amené sur la scène où une
885
enchée, errait entre les rangs, cherchant un sens
à
tout cela.) De Traz me présenta à l’orateur quand nous sortîmes, tand
886
erchant un sens à tout cela.) De Traz me présenta
à
l’orateur quand nous sortîmes, tandis qu’on se battait encore du part
887
is la liberté de ton du représentant de l’Espagne
à
Paris. — Eh bien, fit-il, je trouve qu’un ambassadeur, ça doit savoir
888
euler le monde ! Et nous allâmes prendre un verre
à
son hôtel. Une dame survint : « — Excellence, vous avez été superbe !
889
ia. L’accès de l’instruction devrait être réservé
à
ceux-là seuls qui prouveraient qu’ils ne peuvent pas vivre sans elle.
890
ministre de l’Éducation. Le Cabinet n’a pas tardé
à
démissionner pour se reformer deux jours plus tard avec les mêmes sau
891
’Europe, de ce qu’il faut faire pour son union. ⁂
À
Royaumont, le 4 avril 1948, au terme d’une des dernières réunions con
892
au terme d’une des dernières réunions consacrées
à
la préparation du Congrès de l’Europe (qui allait se tenir à La Haye
893
ation du Congrès de l’Europe (qui allait se tenir
à
La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait à qui offrir la présidence
894
tenir à La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait
à
qui offrir la présidence de la section culturelle dont j’étais le rap
895
aga. Il se peut que dans mon esprit se soit opéré
à
ce moment-là une complexe synthèse instantanée des souvenirs de mes d
896
nols et aussi de la Sacred Giraffe. Pour présider
à
une affaire qui mettait en jeu des composantes aussi désespérément hé
897
ticulière et qui leur méritait un traitement tout
à
fait exceptionnel, il ne fallait ni un doctrinaire ni un journaliste,
898
d’un militant, un historien mais qui ait été mêlé
à
la vie politique, un idéaliste non exempt de cynisme pour avoir fréqu
899
qui eût un peu le sens du paradoxe… Je me bornai
à
faire état de ses titres d’ancien ministre et de professeur à Oxford,
900
de ses titres d’ancien ministre et de professeur
à
Oxford, et l’on me chargea de prendre contact. À ma lettre, il répond
901
à Oxford, et l’on me chargea de prendre contact.
À
ma lettre, il répondit vite : « Je vous consacrerai volontiers un tem
902
d’intellectuels (écrivains, artistes et savants)
à
militer par un peu plus qu’une signature au bas d’un manifeste, Don S
903
imer, sinon l’action la mieux conçue va somnoler.
À
Paris, dans ce rez-de-chaussée de l’avenue d’Iéna, où siégera souvent
904
tre européen de la culture et le Collège d’Europe
à
Bruges), on ne s’ennuie pas, parce que le président nous donne l’impr
905
porter un chapeau ! » Bien peu d’hommes ont donné
à
la cause de l’Europe, cause commune s’il en fût, un temps qui du même
906
en fût, un temps qui du même coup devait manquer
à
ce qu’on nomme leur œuvre personnelle, et de ceux-là, nul ne l’a fait
907
spagnol, comme on ne l’est plus. Je l’ai entendu,
à
Bombay, prétendre que l’Espagne, c’est l’Inde de l’Europe, ou que l’I
908
e, ou que l’Inde est l’Espagne de l’Asie. C’était
à
se demander si l’on pouvait encore distinguer un Maharati ou un Gujer
909
mophone ! » Quelques années plus tard, nous voici
à
Paris, salle Pleyel, avec William Faulkner, Wystan Auden et André Mal
910
c William Faulkner, Wystan Auden et André Malraux
à
la table des orateurs, que je préside, tandis qu’une quarantaine d’éc
911
, c’est-à-dire de gauche, n’aime pas qu’on touche
à
sa Révolution, qu’on lui rappelle qu’une révolution violente, après t
912
ingt ans ce meeting de la salle Pleyel fasse écho
à
mes souvenirs de celui du Trocadéro, mais dans un registre plus grave
913
ave : le combatif ambassadeur et l’orateur habile
à
syncoper le pathétique et l’espièglerie polémique ne se laissaient pa
914
s oublier, mais ce qui désormais donnait autorité
à
la pensée de Madariaga, ce n’était pas le rang, le brillant, le brio,
915
rrière d’opposant exilé, un sort inverse est échu
à
notre ami. Et parce qu’il en a maîtrisé les périls et surmonté l’amer
916
chat sera fait au même compte. Lorsqu’il ouvrit
à
Vienne en 1927 le premier congrès du mouvement paneuropéen, le comte
917
unauté des intérêts devait paver le chemin menant
à
la Communauté politique ». Il marquait ainsi le passage de l’Idée à l
918
litique ». Il marquait ainsi le passage de l’Idée
à
l’Action européennes, en continuité historique, et il inaugurait la s
919
ean Monnet. En septembre 1930, la France présente
à
la SDN un Memorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale
920
là pour la première fois : il est donc dû non pas
à
un politicien et encore moins à un économiste, mais à un grand poète,
921
t donc dû non pas à un politicien et encore moins
à
un économiste, mais à un grand poète, Saint-John Perse — qui sera pri
922
politicien et encore moins à un économiste, mais
à
un grand poète, Saint-John Perse — qui sera prix Nobel — pseudonyme d
923
, Rome, Westminster, Lausanne, Bruxelles, de 1947
à
1950, proclamant la nécessité d’une union que les uns veulent sérieus
924
érale, mais que les autres entendent bien limiter
à
des accords opportunistes, donc révocables, entre États jalousement s
925
nom, que va-t-il se passer ? Des mesures propres
à
« favoriser » (faute de vouloir la créer) une « union plus étroite »
926
ériodiques par des chefs de gouvernements décidés
à
poursuivre coûte que coûte la politique d’hégémonie de leur pays (ou
927
roclament cette union nécessaire et même urgente.
À
ce mystère, ou plutôt ce scandale, je propose une explication telleme
928
le que c’est elle qui va choquer. Je suis parvenu
à
la conviction que les hommes d’État les mieux intentionnés, les minis
929
ande majorité des politologues et des économistes
à
leur suite ont pris le problème à l’envers : soucieux de s’appuyer su
930
des économistes à leur suite ont pris le problème
à
l’envers : soucieux de s’appuyer sur le réel, ils ont voulu partir de
931
évidemment, « qu’elles ne sont pas encore prêtes
à
s’unir ». Or, il est clair — il devrait être clair — qu’en tant qu’Ét
932
ts souverains les nations ne seront jamais prêtes
à
s’unir ! Il appartient à leur être même d’État, à leur définition mêm
933
ne seront jamais prêtes à s’unir ! Il appartient
à
leur être même d’État, à leur définition même de nations souveraines
934
à s’unir ! Il appartient à leur être même d’État,
à
leur définition même de nations souveraines de refuser l’union, de se
935
t : ce n’est jamais qu’une concession douloureuse
à
la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul,
936
faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles
à
l’union ; il faut opérer sur un autre plan que celui-là, précisément,
937
soluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné
à
devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner
938
e 6 millions. Ce qui donnerait, par exemple, huit
à
neuf régions pour la France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois
939
l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze
à
vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour essayer de faire sentir le conc
940
emple vécu. Il y a quelques années, je fus invité
à
un colloque qui allait se tenir à Aix-en-Provence sur le thème suivan
941
, je fus invité à un colloque qui allait se tenir
à
Aix-en-Provence sur le thème suivant : création d’une « métropole rég
942
senter dans le colloque l’idée européenne. Invité
à
parler tout au début, j’improvisai donc sur le thème que voici : Il
943
e voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’
à
l’âge des intégrations continentales, vous vous préoccupiez d’abord d
944
de nos États-nations, les régions vont se mettre
à
vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-nations les ma
945
n seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’
à
la surface les gens parlaient allemand d’un côté, français de l’autre
946
et fréquentes que possible. Elles seront amenées
à
se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réa
947
es désormais réduites au rôle mineur et invisible
à
l’œil nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses : sim
948
oi, des plus inattendus : c’est qu’elles venaient
à
la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs du colloque
949
logues et chez les Six, qui dès 1961 réunissaient
à
Bruxelles un important groupe de travail sur ce problème, mais encore
950
t le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme
à
base régionale : j’entends la République française une et indivisible
951
est dire que l’éditeur estime qu’il peut répondre
à
la curiosité d’un grand public. Certes, on n’en est encore qu’au stad
952
pris la mesure des perspectives qu’il nous invite
à
explorer, notamment politiques et institutionnelles. Des réalisations
953
politiques et institutionnelles. Des réalisations
à
ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal
954
ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt
à
trente ans, en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jour
955
que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’
à
l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard.
956
ale et publique en Grèce. Elle donna même son nom
à
cette forme d’activité : la politique ! De même que la polis — avec s
957
torités collégiales — s’opposa durant des siècles
à
la monarchie autoritaire et belliqueuse — créant ainsi la première ci
958
ophiques, ne doivent pas nous apprendre seulement
à
nous méfier de toute espèce d’hégémonie, ou impérialisme quand il s’a
959
quand il s’agit d’unir l’Europe, mais plus encore
à
nous méfier de la formule nationale elle-même dont, après tout, l’imp
960
les vraies ambitions. Nous n’en sommes encore qu’
à
l’aube de la formation des régions, qui seront les éléments de l’Euro
961
des régions, qui seront les éléments de l’Europe
à
venir, mais déjà nous touchons au crépuscule de la période des États-
962
Renan pouvait s’écrier dans un discours célèbre,
à
la Sorbonne20 : Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Ell
963
ment, les remplacera. On n’en continue pas moins
à
nous répéter que les nations sont « encore » les seules réalités. Et
964
aire, ou au contraire, elle leur sert de prétexte
à
refuser encore, ici ou là, les mesures nécessaires d’union. Pourtant
965
u moins, cette fédération de régions « immédiates
à
l’Europe » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiate
966
s communes libres médiévales étaient « immédiates
à
l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-elle fondée sur
967
r des autonomies régionales, voilà qui nous donne
à
penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe unie, es
968
ociaux, partis, presse, mass médias, elle réussit
à
former des citoyens puis à les informer. Comment former des citoyens
969
s médias, elle réussit à former des citoyens puis
à
les informer. Comment former des citoyens et un civisme européens tan
970
le vicieux pour ceux-là seuls qui ne demandent qu’
à
croire qu’ils y sont enfermés. Au-delà des impasses logiques, le dési
971
cité. Le désir d’habiter une ville, d’y circuler
à
l’aise et en sécurité, d’y échanger des propos et des produits et de
972
anger des propos et des produits et de participer
à
son gouvernement, le désir d’être citoyen pousse à construire la vill
973
son gouvernement, le désir d’être citoyen pousse
à
construire la ville, qui à son tour formera des traditions civiques,
974
d’être citoyen pousse à construire la ville, qui
à
son tour formera des traditions civiques, et le besoin d’en changer.
975
1 généralement insuffisante (parfois inexistante)
à
l’échelon national, et souvent négative par rapport à l’Europe. Dans
976
ue tous nos pays, l’enseignement civique se borne
à
décrire les institutions politiques prévues par la constitution. C’es
977
rien des problèmes vivants et réels qui se posent
à
la cité et à l’État, et que le citoyen devra trancher quand il votera
978
lèmes vivants et réels qui se posent à la cité et
à
l’État, et que le citoyen devra trancher quand il votera. La plus
979
l. Un remède pire que le mal serait de substituer
à
l’heure d’ennui civique national une heure d’ennui civique européen,
980
stante, et d’institutions fragmentaires, limitées
à
une partie seulement du seul domaine économique, dans un tiers ou un
981
s pays. Dans l’un des derniers ouvrages consacrés
à
la question européenne, Europa zwischen Idéologie und Verwirklichung,
982
amer que la seule préparation valable au civisme (
à
tous les degrés) consiste dans la connaissance des problèmes réels de
983
té, dans l’apprentissage des moyens de participer
à
la vie de la cité, et dans l’éveil du désir d’y tenir son rôle de cit
984
n d’insister sur la nécessité de faire l’Europe —
à
l’étude des réalités déterminantes de la vie de nos pays et de l’exis
985
n : c’est aussi la plus efficace. Les réalités
à
enseigner Liste abrégée des réalités à enseigner (décrire, définir
986
éalités à enseigner Liste abrégée des réalités
à
enseigner (décrire, définir, illustrer) : a) Les éléments de communau
987
de régions supranationaux, de conventions passées
à
l’échelle mondiale ; c) Problèmes sociaux, démographiques et culturel
988
ns le monde décolonisé, et conditions nécessaires
à
son exercice ; e) Idéaux directeurs (religieux, humanistes, sociaux,
989
les âges, antérieurs, postérieurs, ou supérieurs
à
nos diversités nationales. Il convient d’écarter résolument la soluti
990
solument la solution de facilité qui consisterait
à
préconiser l’utilisation d’une heure hebdomadaire de « réalités europ
991
mes sont déjà trop chargés. L’ennui qui s’attache
à
l’instruction civique nationale contaminerait très vite sa version eu
992
, il serait absurde d’essayer de substituer l’une
à
l’autre : car l’Europe se fera au-delà des nations mais pas contre el
993
es civiques de la communauté européenne, et cela,
à
la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de se présenter dans chaq
994
oupes forcément restreints d’éducateurs, capables
à
leur tour d’agir sur leurs collègues. C’est l’objectif précis et immé
995
ire que l’Europe attend son « petit livre rouge »
à
distribuer aux dizaines de millions d’écoliers de nos pays ? Oui, mai
996
outes faites, uniformément optimistes et propres
à
stériliser toute tentative de réflexion ou de création personnelle. J
997
; encore sont-ils de pure rhétorique et destinés
à
supprimer plutôt qu’à poser la question24. Voici en revanche notre pa
998
pure rhétorique et destinés à supprimer plutôt qu’
à
poser la question24. Voici en revanche notre pari d’européistes : not
999
mont : Je voudrais apporter une légère correction
à
ce qu’a dit M. Mach tout à l’heure, à savoir qu’il était le seul cher
1000
une légère correction à ce qu’a dit M. Mach tout
à
l’heure, à savoir qu’il était le seul chercheur autour de cette table
1001
correction à ce qu’a dit M. Mach tout à l’heure,
à
savoir qu’il était le seul chercheur autour de cette table. Je me con
1002
moi aussi comme un chercheur et je le serai jusqu’
à
la fin de mes jours. Simplement, je ne suis pas un chercheur scientif
1003
xclusif. Pourquoi ? Parce qu’ils sont très utiles
à
l’économie, au commerce, à l’industrie, au PNB, produit national brut
1004
u’ils sont très utiles à l’économie, au commerce,
à
l’industrie, au PNB, produit national brut. Je voudrais qu’on fasse a
1005
e petite place — comme l’a demandé M. Lalive tout
à
l’heure — aux chercheurs non purement scientifiques. C’est en tant qu
1006
ions et d’exportations, entre lesquels on cherche
à
établir une certaine balance, balance des paiements, balance commerci
1007
e, Hermann Hesse. En revanche, la Suisse a envoyé
à
l’étranger, où ils ont reçu le prix Nobel, deux chercheurs, peut-être
1008
ois, qui étaient nés suisses. Je ne suis pas tout
à
fait sûr de Charles Édouard Guillaume, mentionné dans beaucoup de dic
1009
ne Gilson nous expliquant, au Congrès de l’Europe
à
La Haye, qu’une certaine année, au milieu du xiie siècle, il n’y ava
1010
ne année, au milieu du xiie siècle, il n’y avait
à
la Sorbonne pas un seul professeur français. Les grands maîtres d’alo
1011
res d’alors — ce devait être dans les années 1250
à
1260, je ne me rappelle plus exactement — s’appelaient Thomas d’Aquin
1012
en même temps, il y eut Érasme, Hollandais exilé
à
Bâle, qui a fait l’humanisme et qui a fait Bâle. Beaucoup plus près d
1013
us, on peut citer Nietzsche, qui a été professeur
à
Bâle lui aussi et qui a beaucoup vécu en Suisse, en Engadine. On peut
1014
peut citer les prix Nobel que je vous disais tout
à
l’heure, qui sont venus de l’étranger. On pourrait allonger facilemen
1015
ition d’architectes suisses exportés qui a abouti
à
Le Corbusier, plus près de nous. Parmi les ingénieurs, vous avez des
1016
c essayer de trouver des critères pour déterminer
à
quel moment ce que j’appelle des échanges — et qui est la santé même
1017
je propose. Une analyse nationaliste consisterait
à
dire — à dire sans analyse d’ailleurs : je veux tout pour ma nation,
1018
e. Une analyse nationaliste consisterait à dire —
à
dire sans analyse d’ailleurs : je veux tout pour ma nation, qu’elle s
1019
est celui que j’appelle fédéraliste, qui consiste
à
répartir les tâches d’après leur nature et d’après les grandeurs, les
1020
que le village n’a pas les dimensions nécessaires
à
l’université. Mais prenez maintenant cette université qui est bien à
1021
s prenez maintenant cette université qui est bien
à
la taille du canton (l’activité et la communauté étant de tailles cor
1022
communauté étant de tailles correspondantes) : si
à
ce moment-là, une grande puissance quelconque vient acheter tout le c
1023
un studium — professeurs et étudiants ensemble —
à
tel point que, à Bologne, on dût faire des lois terribles contre les
1024
fesseurs et étudiants ensemble — à tel point que,
à
Bologne, on dût faire des lois terribles contre les « voleurs d’unive
1025
l et bien d’un « exode des cerveaux ». Je reviens
à
deux des exemples que je vous ai cités tout à l’heure. Celui de Blais
1026
ens à deux des exemples que je vous ai cités tout
à
l’heure. Celui de Blaise Cendrars d’abord. Blaise Cendrars est né à L
1027
e Blaise Cendrars d’abord. Blaise Cendrars est né
à
La Chaux-de-Fonds, mais il était originaire d’un petit village de l’O
1028
e Sigriswil. Si Blaise Cendrars n’était pas parti
à
17 ans pour le vaste monde, qu’est-ce qui se serait passé ? Croyez-vo
1029
perdu un cerveau ? Pas du tout ! Il serait resté
à
La Chaux-de-Fonds et nous n’en aurions rien su ; il aurait continué à
1030
et nous n’en aurions rien su ; il aurait continué
à
s’appeler Fritz Sauser. Mais il est parti dans le vaste monde qui en
1031
e qui en a fait Blaise Cendrars, puis il est allé
à
Paris qui en a fait un grand écrivain et c’est seulement quand nous a
1032
i a fait ces immenses ponts, le Washington Bridge
à
New York, qui a plus d’un kilomètre, et le Golden Gate à San Francisc
1033
ork, qui a plus d’un kilomètre, et le Golden Gate
à
San Francisco qui a 2750 mètres de long : qu’eût-il fait, ce malheure
1034
a un cas particulier, qui a déjà été évoqué tout
à
l’heure par M. Renold. C’est celui du CERN. Un chercheur suisse va tr
1035
i, lors de la Conférence européenne de la culture
à
Lausanne en 1949, nous avons proposé la création d’un grand laboratoi
1036
rche pure) qu’il y avait dans la science atomique
à
ce moment-là. Vous voyez de quoi je veux parler… De sorte que l’on pe
1037
quoi je veux parler… De sorte que l’on peut dire
à
un pays comme la Suisse par exemple, mais aussi à un pays comme la Fr
1038
à un pays comme la Suisse par exemple, mais aussi
à
un pays comme la France : si vous voulez garder, en partie tout au mo
1039
CERN est le prototype. Quant aux Suisses qui vont
à
l’Unesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on ne peut pas dire no
1040
là des notions qui se recouvrent. Avant de passer
à
la discussion générale, je voudrais poser une dernière question à M.
1041
générale, je voudrais poser une dernière question
à
M. de Rougemont. Vous avez parlé de l’exode dont une part est un écha
1042
isation ou de structure qui incite les chercheurs
à
aller ailleurs ? M. de Rougemont : Votre question revient à savoir qu
1043
lleurs ? M. de Rougemont : Votre question revient
à
savoir que faire pour empêcher cet échange à sens unique que l’on app
1044
ient à savoir que faire pour empêcher cet échange
à
sens unique que l’on appelle exode par rapport à une certaine communa
1045
une certaine conjoncture. Il y a un premier choix
à
faire : je suis personnellement contre toute mesure négative, contre
1046
re négative, contre tout barrage qui consisterait
à
empêcher les gens de s’en aller, ou bien qui consisterait à les rache
1047
les gens de s’en aller, ou bien qui consisterait
à
les racheter un peu plus cher que ce que le concurrent offre. C’est u
1048
ux, c’est-à-dire en créant des pôles d’attraction
à
l’endroit d’où les gens s’en vont. Donc, pas par des barrages, pas d’
1049
ellectuelles sur certains points. On a parlé tout
à
l’heure de Schwerpunkte. Par exemple, à Genève, nous disposons d’un c
1050
arlé tout à l’heure de Schwerpunkte. Par exemple,
à
Genève, nous disposons d’un certain nombre de points forts : les étud
1051
éer un climat intellectuel, c’est aussi difficile
à
faire et à définir qu’une œuvre d’art, parce que c’en est une ! Une œ
1052
at intellectuel, c’est aussi difficile à faire et
à
définir qu’une œuvre d’art, parce que c’en est une ! Une œuvre d’art,
1053
hercheurs scientifiques dont parlait M. Mach tout
à
l’heure. Je peux très bien imaginer qu’un physicien, ou un médecin, o
1054
icien, ou un médecin, ou un dentiste, soit retenu
à
Genève, même s’il y est moins payé qu’ailleurs, parce qu’il n’est pas
1055
rable pour intéresser l’ensemble de la population
à
certains problèmes assez difficiles — comme ceux dont nous parlons ce
1056
faire encore plus en faisant davantage confiance
à
la partie la plus éveillée, la plus curieuse du public. On se base so
1057
, la plus curieuse du public. On se base souvent,
à
la radio et à la télévision, sur des enquêtes rapides relatives à l’i
1058
euse du public. On se base souvent, à la radio et
à
la télévision, sur des enquêtes rapides relatives à l’intérêt que les
1059
la télévision, sur des enquêtes rapides relatives
à
l’intérêt que les gens ont ou n’ont pas pour certaines émissions, et
1060
nt l’héroïsme, pendant deux ou trois ans, d’aller
à
contre-courant. Je crois que ce serait payant assez vite. Il y aurait
1061
ce serait payant assez vite. Il y aurait beaucoup
à
dire là-dessus, mais je ne vais pas allonger trop. Je voudrais dire e
1062
ons, comme l’édition par exemple, pour contribuer
à
cette création intellectuelle. À condition que l’Université ne soit p
1063
pour contribuer à cette création intellectuelle.
À
condition que l’Université ne soit pas uniquement la juxtaposition de
1064
lle juxtaposées, sans lien organique et sans rien
à
se dire entre elles. Il faudrait que l’Université devienne ou redevie
1065
Sartre. Contestation, c’est un terme qui est lié
à
l’Université depuis sa création, au xiie siècle. Voilà une chose qu’
1066
hode d’enseignement, de recherche, de discussion,
à
la Sorbonne par exemple, c’était la méthode introduite par Abélard qu
1067
un « studium » — la discussion, souvent violente,
à
laquelle tout le monde participait sur le même plan — simplement le p
1068
vous voulez, pour prendre un autre mot qui a été
à
la mode lui aussi. Ces notions-là ont repris une vie très intense dep
1069
ées, comme vous l’avez vu. D’abord aux États-Unis
à
Berkeley, ensuite ça a fait une traînée dans toute l’Europe, de Varso
1070
fait une traînée dans toute l’Europe, de Varsovie
à
Madrid, de Berlin à Belgrade ces jours-ci, à Paris bien entendu, et m
1071
s toute l’Europe, de Varsovie à Madrid, de Berlin
à
Belgrade ces jours-ci, à Paris bien entendu, et même un tout petit pe
1072
ovie à Madrid, de Berlin à Belgrade ces jours-ci,
à
Paris bien entendu, et même un tout petit peu à Genève, ai-je entendu
1073
, à Paris bien entendu, et même un tout petit peu
à
Genève, ai-je entendu dire. Moi, je trouve cela admirable et merveill
1074
te qu’on ne s’en tienne pas là. Car l’Université,
à
mon sens, a été, doit redevenir et doit rester le lieu par excellence
1075
t : Je voudrais répondre quelques mots très brefs
à
ce qui m’a été dit autour de cette table. Tout d’abord, M. Renold. Je
1076
it revenir une autre année. L’Europe doit ajouter
à
tout le reste un certain sens de la vie, une certaine saveur, ce qui
1077
même sujet des États-Unis, M. Lalive disait tout
à
l’heure : Je n’ai pas vu de génies américains qui viennent en Europe
1078
rlé de mon optimisme béat. Je ne vois pas du tout
à
quel moment j’ai pu tomber dans ce penchant vicieux. J’ai proposé une
1079
échanges qui sont normaux et bénéfiques, tendent
à
devenir un exode qui est une perte, qui est défavorable. Cette méthod
1080
serait un danger un peu américain, qu’il y aurait
à
isoler complètement votre recherche scientifique de tout l’ensemble d
1081
ment européenne, si vous voulez, mais je persiste
à
penser que c’est cela que nous devons au monde, et notamment aux Amér
1082
é, sans tête, comment pourrait-elle donc répondre
à
l’appel pathétique du célèbre homme d’État ? Un appel ne pouvait suff
1083
élèbre homme d’État ? Un appel ne pouvait suffire
à
la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hu
1084
ntes, comme celle d’André Malraux le mois dernier
à
un journal suisse : Les nations sont redevenues le phénomène fondame
1085
es jours plus tard, interrogé par des jeunes gens
à
la radio, répond : Faire l’Europe est la seule chose véritablement i
1086
tre temps.26 Mais qui ne voit que ceci s’oppose
à
cela, dramatiquement, — que cette « réalité fondamentale du siècle »
1087
a nation, est précisément celle qui fait obstacle
à
cette « seule chose véritablement importante de notre temps » ? Qui n
1088
ps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste
à
le proclamer avec fierté. Il ne consiste pas non plus à les nier, mai
1089
roclamer avec fierté. Il ne consiste pas non plus
à
les nier, mais bien à faire en sorte qu’elles cessent d’être réelles.
1090
Il ne consiste pas non plus à les nier, mais bien
à
faire en sorte qu’elles cessent d’être réelles. Que les nations soien
1091
nations soient encore bien réelles et très fortes
à
quelques égards, l’impossibilité d’unir l’Europe le démontre avec une
1092
t en même temps mal adaptées (pour dire le moins)
à
l’évolution de notre société, la preuve incontestable en est fournie
1093
siècle si elle n’est pas surmontée et remplacée
à
temps. La grande force de l’État-nation, c’est que les hommes et les
1094
Monarchie, appel désespéré, et qui restera vain,
à
l’Empire condamné et bafoué. Les cinq siècles suivants verront se ren
1095
aite, peut-être folle, qui entend faire coïncider
à
tout prix dans les mêmes limites imposées du territoire hérité ou con
1096
s scolaires, politique et industrie, et les régir
à
partir d’un centre unique de décision, par le moyen de bureaux où se
1097
sacré, intangible dans nos esprits, qui résistent
à
l’idée qu’il pourrait n’être après tout qu’une forme transitoire, com
1098
u nom duquel les maîtres de l’État peuvent mettre
à
mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu
1099
du xxe siècle des nations. Et il faut souligner
à
ce propos une constatation des plus paradoxales : c’est que, si tous
1100
ns unitaires ont été et sont des empires manqués,
à
commencer par celui de Napoléon, les seuls empires réussis de notre t
1101
op grands. Ils sont trop petits si on les regarde
à
l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en juge par leur inc
1102
ur incapacité d’animer leurs régions, et d’offrir
à
leurs citoyens une participation réelle à la vie politique. Le problè
1103
’offrir à leurs citoyens une participation réelle
à
la vie politique. Le problème du petit État dans le monde des grands
1104
trois seuls vrais grands. Ils sont trop petits «
à
l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique e
1105
its « à l’échelle des moyens techniques modernes,
à
la mesure de l’Amérique et de la Russie aujourd’hui, de la Chine dema
1106
ur répondre au « défi américain » — cela n’a plus
à
être démontré28 — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’
1107
ui dominent notre monde, et surtout pour résister
à
la satellisation politique ou économique. Mais en même temps, les Éta
1108
urs devoirs civiques, et participer effectivement
à
la vie de la cité ; donc trop grands pour être encore de vraies commu
1109
ant la crise présente de l’État-nation, le régime
à
prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont trop petits, l
1110
’État-nation, le régime à prescrire paraît facile
à
formuler : Parce qu’ils sont trop petits, les États-nations devraient
1111
op petits, les États-nations devraient se fédérer
à
l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands, ils devrai
1112
ls sont trop grands, ils devraient se fédéraliser
à
l’intérieur. Facile à formuler, mais presque impossible à appliquer p
1113
ls devraient se fédéraliser à l’intérieur. Facile
à
formuler, mais presque impossible à appliquer par nos États-nations,
1114
rieur. Facile à formuler, mais presque impossible
à
appliquer par nos États-nations, dirait-on. En effet, l’existence des
1115
ineté absolue, dont ils refusent de rien déléguer
à
une autorité supranationale, fédérale, et alors ils seront fatalement
1116
ale, et alors ils seront fatalement satellisés un
à
un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-
1117
de résister tous ensemble, et alors ils renoncent
à
leur souveraineté absolue au profit d’une fédération qui les protège.
1118
té ou bêtise que les États-nations sont impropres
à
l’union. Leurs relations normales sont de rivalité non de coopération
1119
, lorsqu’au congrès de la première Internationale
à
Genève, en 1867, il avait dénoncé l’impossibilité de constituer les É
1120
ons étatistes. Le problème de l’union de l’Europe
à
partir des États-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’il
1121
de ses données29, il va falloir ou bien renoncer
à
l’union et alors il n’y aura plus de problème, ou bien modifier les d
1122
données mêmes du problème, c’est-à-dire chercher
à
fonder l’union sur autre chose que les États-nations. Renoncer à réso
1123
n sur autre chose que les États-nations. Renoncer
à
résoudre le problème de l’union, c’est faire, en somme, ce que l’on f
1124
llement, c’est-à-dire laisser nos États continuer
à
prétendre à une indépendance de moins en moins croyable, et qui se bo
1125
st-à-dire laisser nos États continuer à prétendre
à
une indépendance de moins en moins croyable, et qui se borne en fait
1126
moins en moins croyable, et qui se borne en fait
à
la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépendances les plus pr
1127
ation, accepter l’idée de renoncer éventuellement
à
cette formule périmée, en faire autant avec la notion sacro-sainte de
1128
t : ce n’est jamais qu’une concession douloureuse
à
la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul,
1129
faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles
à
l’union ; opérer sur un autre plan que celui-là, précisément, où le p
1130
soluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné
à
devenir demain la vraie réalité de notre société, et je vais désigner
1131
dynamique d’un pays d’une population minimum d’un
à
deux millions et maximum de six millions. Ce qui donnerait, par exemp
1132
l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze
à
vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour tenter de faire sentir le concr
1133
emple vécu. Il y a quelques années, je fus invité
à
un colloque qui allait se tenir à Aix-en-Provence sur le thème suivan
1134
, je fus invité à un colloque qui allait se tenir
à
Aix-en-Provence sur le thème suivant : création d’une « métropole rég
1135
senter dans le colloque l’idée européenne. Invité
à
parler tout au début, j’improvisais donc sur le thème que voici : Il
1136
e voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’
à
l’âge de l’union des nations et des intégrations continentales, vous
1137
de nos États-nations, les régions vont se mettre
à
vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-nations les ma
1138
n seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’
à
la surface les gens parlaient allemand d’un côté, français de l’autre
1139
et fréquentes que possible. Elles seront amenées
à
se grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réa
1140
es désormais réduites au rôle mineur et invisible
à
l’œil nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses : sim
1141
moi des plus inattendus : c’est qu’elles venaient
à
la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs du colloque
1142
ogues, et chez les Six, qui dès 1961 réunissaient
à
Bruxelles un important colloque sur ce problème32, mais encore dans l
1143
t le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme
à
base régionale : j’entends la République française une et indivisible
1144
t une bonne centaine d’études substantielles dues
à
des professeurs de sociologie, à des politologues, à des économistes,
1145
stantielles dues à des professeurs de sociologie,
à
des politologues, à des économistes, à des juristes, mais aussi à des
1146
es professeurs de sociologie, à des politologues,
à
des économistes, à des juristes, mais aussi à des responsables du Pla
1147
ociologie, à des politologues, à des économistes,
à
des juristes, mais aussi à des responsables du Plan, à des hommes pol
1148
es, à des économistes, à des juristes, mais aussi
à
des responsables du Plan, à des hommes politiques comme Mendès-France
1149
juristes, mais aussi à des responsables du Plan,
à
des hommes politiques comme Mendès-France, Pleven, Debré. Parmi les t
1150
exécutifs, législatifs et judiciaires comparables
à
ceux qui existent, par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les
1151
français délégueront partie de leur souveraineté
à
l’État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale n
1152
» Le dépérissement régional n’est pas particulier
à
la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la conscience de la crise
1153
ues excités de la région ne l’impressionnent pas.
À
quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir e
1154
nd elle n’est pas toute négative, ne consiste pas
à
dire non, ou à consentir un abandon. Ainsi, elle permet aux États de
1155
as toute négative, ne consiste pas à dire non, ou
à
consentir un abandon. Ainsi, elle permet aux États de procéder à leur
1156
abandon. Ainsi, elle permet aux États de procéder
à
leur désarmement tarifaire, de renoncer aux droits de douane, ou au c
1157
uane, ou au contraire elle leur sert de prétextes
à
refuser, ici ou là, les mesures nécessaires à l’union. Mais elle ne p
1158
tes à refuser, ici ou là, les mesures nécessaires
à
l’union. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de
1159
emagne qui a obligé les gouvernements de ces pays
à
étudier très sérieusement le problème de la régionalisation du territ
1160
plus négligées par la capitale, et cela a conduit
à
envisager la possibilité révolutionnaire de régions chevauchant des f
1161
u moins, cette fédération de régions « immédiates
à
l’Europe » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiate
1162
s communes libres médiévales étaient « immédiates
à
l’Empire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-elle fondée sur
1163
r des autonomies régionales, voilà qui nous donne
à
penser que la révolution régionaliste, condition de l’Europe unie, es
1164
pris la mesure des perspectives qu’il nous invite
à
explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations à ce niveau n
1165
er, notamment institutionnelles. Des réalisations
à
ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal
1166
ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt
à
trente ans, en admettant que tout se passe bien plus vite de nos jour
1167
que tout se passe bien plus vite de nos jours qu’
à
l’aube grecque de notre Histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard.
1168
ale et publique en Grèce. Elle donna même son nom
à
cette forme d’activité : la politique ! De même que la polis — avec s
1169
ion civique intense — s’opposa durant des siècles
à
la monarchie autoritaire et belliqueuse — créant ainsi la première ci
1170
se partager le monde. Nous n’en sommes encore qu’
à
la petite aube de la formation des régions en tant qu’éléments de bas
1171
en tant qu’éléments de base de l’Europe fédérale
à
venir, mais en revanche nous touchons déjà au crépuscule de la périod
1172
al. Bien sûr, un coup d’œil sur l’histoire suffit
à
réfuter cette croyance. Bien sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernes
1173
nest Renan s’était écrié dans un discours célèbre
à
la Sorbonne : Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles
1174
rits d’abord, par la révolution la plus difficile
à
accomplir, celle des catégories de pensée dans lesquelles ont vécu to
1175
tégories de pensée non seulement invétérées jusqu’
à
se confondre avec une sorte d’instinct, non seulement chargées d’hist
1176
ue dont je vous disais qu’elle s’était substituée
à
la foi chrétienne dans l’esprit des masses. Je voudrais vous donner q
1177
première approximation, les limites correspondent
à
celles des aires d’influence de son ou de ses agglomérations principa
1178
exagère leur taille, les régions tendent ou bien
à
se confondre avec les unités nationales ou bien à perdre leur signifi
1179
à se confondre avec les unités nationales ou bien
à
perdre leur signification comme unités fonctionnelles. Si on les pren
1180
rritoriale considérée, de sorte que celle-ci tend
à
se confondre avec la simple unité locale. Mais entre ces limites supé
1181
tivés, celle qui a donc été dominée pendant douze
à
quinze millénaires par les notions de terre sacrée, de bornes sacrées
1182
x” diraient les scientifiques : “il faut chercher
à
être aussi indispensables aux autres que les autres nous sont indispe
1183
une grande notion que les régions nous amèneront
à
mettre en lumière, c’est celle de la pluralité des allégeances soit d
1184
ilité de se rattacher et de donner son allégeance
à
des ensembles différents par la nature et par les dimensions, cité lo
1185
otalitaires, nous est très familier en Suisse… Et
à
ce propos, je voudrais terminer par quelques remarques sur le rôle sp
1186
ous cessions d’opposer un refus quasi automatique
à
toutes les propositions d’union un peu hardies, sous le double prétex
1187
z de cette politique fondée en fait sur la morale
à
courte vue qu’illustre l’anecdote du patriarche vaudois : il réunit s
1188
et il leur dit : « Le secret de ma réussite tient
à
ce que j’ai fondé ma vie sur deux principes : Méfiance ! Méfiance ! »
1189
de la paysannerie, et qui d’ailleurs a contribué
à
la réduire un peu partout au sort d’assistée de l’État. Face au proje
1190
États que nous avons toujours voulu défendre, et
à
raison. Tout ce qui s’est fait de grand dans notre monde, s’est fait
1191
ucoup de domaines bien définis : car les régions,
à
la différence des États, sont faites pour s’unir et pour coopérer, co
1192
ines de nos villes et leur hinterland en venaient
à
nouer des liens économiques et sociaux avec les pays voisins, à s’int
1193
ens économiques et sociaux avec les pays voisins,
à
s’intégrer dans des régions polynationales, ce ne serait pas encore «
1194
é et de sa vocation, car ces deux choses existent
à
un autre niveau, du moins je l’espère. Belle raison d’être nationale
1195
qui dépendrait des seuls douaniers et qui serait
à
la merci d’un accord tarifaire ! Si Genève, par exemple, supprimait s
1196
er les Suisses de toutes les régions de continuer
à
se rattacher politiquement à l’idéal fédéraliste — s’ils y tiennent v
1197
régions de continuer à se rattacher politiquement
à
l’idéal fédéraliste — s’ils y tiennent vraiment — et de maintenir leu
1198
ransposition pure et simple de notre fédéralisme,
à
l’échelle du continent. Car ce fédéralisme date un peu : c’est un féd
1199
lution de chaque problème selon ses dimensions et
à
son niveau. Et à cet égard, les sociologues français — la France, une
1200
’élaborer une théorie qui me paraît mieux adaptée
à
notre société industrielle et mobile. Mais le fédéralisme est aussi u
1201
ute ce que les Suisses peuvent donner de meilleur
à
l’Europe qui se fait : non pas seulement une grande idée qui est capa
1202
le Europe […] qui pourrait admettre de bonne foi,
à
moins d’être un imbécile, qu’une seule d’entre elles consentira jamai
1203
ile, qu’une seule d’entre elles consentira jamais
à
remettre une part de ses pouvoirs à une autorité supranationale ? »,
1204
entira jamais à remettre une part de ses pouvoirs
à
une autorité supranationale ? », écrivait François Mauriac, dans le F
1205
onde, 30 novembre 1967, sur la métropole du Nord,
à
l’occasion de l’ouverture de l’autoroute Paris-Lille. 34. « Qu’est-c
1206
e ? (mai 1968)y 1. Il y a vingt ans, se tenait
à
La Haye le « Congrès de l’Europe ». Quel est le souvenir le plus marq
1207
acun dans son secteur et très souvent en groupes,
à
Paris et à Londres surtout, puis, pendant la semaine précédant le con
1208
on secteur et très souvent en groupes, à Paris et
à
Londres surtout, puis, pendant la semaine précédant le congrès à La H
1209
ut, puis, pendant la semaine précédant le congrès
à
La Haye même, où les séances du Comité de coordination des six mouvem
1210
ue ovation, mais je me revois sur une photo prise
à
ce moment, entre Retinger et Dautry, encadrant le grand homme qui ess
1211
omme qui essuie une larme : ma déception commence
à
ce triomphe verbal. D’autres diront les apports politiques, sociaux,
1212
personne n’a parlé, et dont je fus alors le seul
à
ressentir, non sans colère ni douleur, la vraie portée. Lorsque Dunca
1213
Retinger, organisateurs du congrès, étaient venus
à
Ferney demander mon concours, j’avais posé clairement mes conditions
1214
réambule constituerait un Message aux Européens
à
faire approuver par acclamations » et formerait la conclusion du cong
1215
pendant deux mois, mis au point une dernière fois
à
la veille même du congrès, le Message avait été imprimé au haut d’u
1216
Message aux Européens ne pourrait être présenté
à
la séance finale, parce qu’il contenait cette petite phrase : « Nous
1217
dont ils affirmaient savoir qu’ils s’opposeraient
à
mon Message à cause de la phrase sur la défense. Par chance, un jou
1218
listes, Français en tête, quitteraient le congrès
à
grand bruit si on m’empêchait de lire le Message . Paul van Zeeland,
1219
e volatilisé au secrétariat de la presse38. C’est
à
ce moment précis que les maîtres du congrès retirèrent la parole au p
1220
rent la parole au peuple européen, pour la donner
à
des ministres, qui en ont fait l’usage que l’on sait. 2. Ne vous semb
1221
nourri l’espoir que le Conseil de l’Europe — créé
à
la suite du congrès de La Haye — conduirait progressivement à l’unifi
1222
u congrès de La Haye — conduirait progressivement
à
l’unification politique de l’Europe. Cet espoir, ils l’ont reporté en
1223
ssé d’un centimètre depuis que Churchill (en 1946
à
Zurich) parlait de son urgence dramatique. La preuve est faite de la
1224
faite de la foncière hostilité des États-nations
à
toute forme d’union réelle (fédérale) et de leur radicale incapacité
1225
ale) et de leur radicale incapacité non seulement
à
la vouloir mais à l’accepter. Cramponnés aux mythes de la souverainet
1226
dicale incapacité non seulement à la vouloir mais
à
l’accepter. Cramponnés aux mythes de la souveraineté absolue et de l’
1227
États-nations n’ont plus d’autres pouvoirs réels,
à
l’échelle de l’Europe et du monde, que négatifs. Ils peuvent encore s
1228
leur prospérité économique, et pour jouer un rôle
à
l’échelle mondiale ; trop grands pour animer toutes les parties de le
1229
rties de leur territoire, et surtout pour ménager
à
chaque individu la possibilité d’une participation réelle à la vie ci
1230
ndividu la possibilité d’une participation réelle
à
la vie civique, — les États-nations ne feront rien pour nous unir. Il
1231
union sur le respect inconditionnel des obstacles
à
toute union. 4. Le Mouvement européen — créé lui aussi au lendemain d
1232
ques non conformistes libéraux ou socialistes, et
à
l’action de quelques militants fédéralistes, fortement minoritaires d
1233
ce, des politiciens « réalistes » et pragmatistes
à
l’anglo-saxonne qui n’ont cessé de répéter, bien avant de Gaulle, que
1234
us les voyons naître et nous allons nous employer
à
ménager, favoriser, puis imposer leur existence. Bâtir sur autre chos
1235
passait pas pour fédéraliste, ait été le premier
à
préconiser cette tactique d’appel direct au « peuple européen » comme
1236
re. 39. J’employais cette formule dans mes cours
à
Genève et Zurich au début de 1967, c’est-à-dire au moment où devaient
1237
tres fédéralistes l’aient inventée pour leur part
à
la même époque ; la diachronie impose parfois des prises de conscienc
1238
De l’Aar
à
l’Europe (1969)ah I Les plus anciennes pensées philosophiques
1239
identale, celles d’Héraclite l’Obscur, qui florit
à
Éphèse au vie siècle avant notre ère, sont nées de la considération
1240
autres sont les eaux qui s’écoulent, et les âmes
à
partir des liquides s’en vont en vapeurs… La mort pour les âmes est d
1241
indéfini et ce qui dure en résistant précisément
à
la durée ; ce qui est posé et sa métamorphose ; le Même et l’Autre vu
1242
es des grands arbres enserrant la terre lourde et
à
leurs branches divergeant librement dans le ciel. Ils embrassent les
1243
ar eux la terre des Suisses est liée sans relâche
à
l’océan du Nord, où va le Rhin, et à trois mers du sud, où vont le Rh
1244
sans relâche à l’océan du Nord, où va le Rhin, et
à
trois mers du sud, où vont le Rhône, l’Inn danubienne et les deux moi
1245
rs répondent aux graines, le système scientifique
à
l’éclair de voyance d’un génie, et l’œuvre d’art à l’émotion. Les fl
1246
l’éclair de voyance d’un génie, et l’œuvre d’art
à
l’émotion. Les fleuves nés du cœur granitique de la Suisse nous quit
1247
l est une rivière qui d’un large mouvement du sud
à
l’ouest, puis à l’est, ramasse toutes les autres rivières du Plateau
1248
e qui d’un large mouvement du sud à l’ouest, puis
à
l’est, ramasse toutes les autres rivières du Plateau suisse et les dé
1249
ngue des rivières qui coulent en Suisse d’un bout
à
l’autre (280 kilomètres, c’est la longueur exacte du Méandre !), mais
1250
tous les lacs entièrement suisses, du lac de Joux
à
l’ouest, à travers ceux de Neuchâtel, Morat et Bienne, au lac de Wall
1251
Neuchâtel, Morat et Bienne, au lac de Wallenstadt
à
l’est, à travers le lac de Zurich, tandis que la Reuss lui amène les
1252
isolés ou par paires. V Ainsi de sa source,
à
quelques kilomètres de celle du Rhône, jusqu’à son confluent avec le
1253
e, à quelques kilomètres de celle du Rhône, jusqu’
à
son confluent avec le Rhin, l’Aar draine tous nos lacs dans l’espace
1254
ologique ! Le Hasli doit peut-être, comme Schwyz,
à
quelque fort ancienne immigration suédoise ses grands hommes blonds.
1255
lutôt vers le monde rhodanien, et du Pays de Vaud
à
l’Argovie, contrées assujetties pendant des siècles. Berne si bien no
1256
la Révolution, c’est elle qui va donner naissance
à
plusieurs des mentors de la Suisse nouvelle et de son régime radical.
1257
jadis route commerciale des Romains, d’Aventicum
à
Vindonissa, puis route des vins du Pays de Vaud et route du sel de la
1258
g du syndicalisme paysan, cependant que de Sienne
à
Baden les grandes usines blanches et transparentes dans la verdure cr
1259
jadis prirent leur élan vers d’autres continents
à
découvrir et les futurs marchés mondiaux. VI Et maintenant, com
1260
l’histoire comme dans le cours physique de l’Aar.
À
cause des fleuves, qui sont un phénomène tellement typique de cette «
1261
européen qui ne soit d’abord d’un pays. D’un pays
à
nul autre pareil et pourtant fraternel au voisin, accueillant à ce qu
1262
reil et pourtant fraternel au voisin, accueillant
à
ce qui diffère. Ouvert et fermé à la fois. Fidèle à soi mais dans le
1263
ce qui diffère. Ouvert et fermé à la fois. Fidèle
à
soi mais dans le mouvement — comme un fleuve. Aucun pays ne m’apparaî
1264
ns des eaux, des routes, autant de voies ouvertes
à
l’imagination vers les plaines du continent et les quatre points card
1265
uropéenne. ah. Rougemont Denis de, « De l’Aar
à
l’Europe », L’Aar, Genève, Éditions générales, 1969, p. 93-97.
1266
À
la fontaine Castalie (1969)ag juillet 1962. Ce n’est pas pour alle
1267
Pas question de s’y préparer ni de rien combiner
à
l’avance : la découverte de l’itinéraire exige en vérité son inventio
1268
eau, comme un trait. Passons le village, laissons
à
gauche l’enceinte sacrée et les temples, allons jusqu’au pied des roc
1269
aedriades — la Rousse devant nous, la Flamboyante
à
droite. Tout en haut, dans le bleu, deux milans planent. Soudain l’un
1270
et dorées sur un ciel mat griffé de pins légers.
À
leur pied, dans l’obscure fraîcheur, voici « les eaux saintes et sobr
1271
lie. Une façade immense et tranchée en plein roc.
À
mi-hauteur elle est creusée de larges niches irrégulières et peu prof
1272
e creusée dans la pierre calcaire ; elle débouche
à
gauche dans une vaste pièce d’eau rectangulaire. (Au-delà, un escalie
1273
, je suis entré dans le rocher, je me suis avancé
à
tâtons jusqu’au fond de la fente étroite et haute, doucement modelée
1274
devant… Une autre résistance obscurément s’oppose
à
l’idée même d’une « prise de vue ». Quelque sourd interdit règne ici.
1275
Le mot crime… Deux crimes obscurément sont liés
à
l’attrait de ces lieux. Là sur la gauche, à une centaine de pas, dan
1276
liés à l’attrait de ces lieux. Là sur la gauche,
à
une centaine de pas, dans la gorge où conduit ce très lourd escalier,
1277
imposant la loi du soleil, qui est celle du Père,
à
ce lieu dont le nom reste l’Ombre. Mais ici même, près de la fontaine
1278
va prendre la route de Thèbes — celle que rejoint
à
droite ce bref sentier — vers le carrefour fatal où il tuera le Père.
1279
r — vers le carrefour fatal où il tuera le Père.
À
la fontaine Castalie, c’est le combat fondamental qui s’est livré. Le
1280
l qui s’est livré. Le drame originel s’accomplit,
à
jamais suspendu dans l’instant de stupeur qui vient après l’acte trag
1281
hauteurs, dans la proximité aimable des colonnes
à
demi rénovées — en blanc les parties neuves reliant les blocs d’ancie
1282
is touristes silencieux… Tout paraît naturel mais
à
tel point que parfois une arrière-pensée se meut dans l’ombre : est-c
1283
crochée juste au-dessous du tournant de la route,
à
deux-cents pas de la fontaine. Pain gris, fromage de chèvre, énormes
1284
vie siècle av. J.-C. ag. Rougemont Denis de, «
À
la fontaine Castalie », Écriture, Lausanne, 1969, p. 7-12.
1285
moins ouverte contre le contrat étatique (inégal
à
leurs yeux) que jadis ou naguère leur imposa l’élément formateur ou h
1286
Il est trop petit pour assurer ce qu’on persiste
à
nommer son indépendance et sa souveraineté absolue : car nul pays de
1287
de colonialisme. Il est certain que la prétention
à
une politique indépendante, au plein sens du terme, ne saurait être s
1288
au plein sens du terme, ne saurait être soutenue
à
la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtout les USA, s’ils accepta
1289
rdépendance universelle dans tous les ordres tend
à
réduire l’indépendance d’un État à une certaine liberté dans le choix
1290
es ordres tend à réduire l’indépendance d’un État
à
une certaine liberté dans le choix de ses dépendances, à un certain j
1291
ertaine liberté dans le choix de ses dépendances,
à
un certain jeu dans l’aménagement de ses réseaux de relations plus ou
1292
en crise permanente. 855 votes en quelques années
à
la Chambre italienne sur le règlement du statut des régions autonomes
1293
de projets officiels ou révolutionnaires tendant
à
régionaliser l’Hexagone. Succès spectaculaires, aux dernières électio
1294
ue et catalane sourde, mais profonde. Plasticages
à
Saint-Brieuc, dans le Tyrol du Sud, à Louvain et dans le Jura bernois
1295
Plasticages à Saint-Brieuc, dans le Tyrol du Sud,
à
Louvain et dans le Jura bernois. Mais en même temps, multiplication d
1296
mesures professionnelles et industrielles tendant
à
dévaloriser les frontières… À tous les coups, c’est donc l’État-natio
1297
dustrielles tendant à dévaloriser les frontières…
À
tous les coups, c’est donc l’État-nation qui perd. Il ne correspond p
1298
ndre que de grands espaces économiques constitués
à
la mesure des possibilités et des besoins de l’ère scientifico-techni
1299
e xixe siècle, nous renvoient l’un comme l’autre
à
des formules de type fédéraliste. À la question que je me posais sur
1300
comme l’autre à des formules de type fédéraliste.
À
la question que je me posais sur la prophétie proudhonienne, voici do
1301
vois pas de terme du langage politique qui prête
à
pires malentendus ! Un Français cultivé qui demande à son Littré le s
1302
res malentendus ! Un Français cultivé qui demande
à
son Littré le sens du mot fédéralisme trouve ceci : « Fédéralisme : s
1303
Français cultivé et qui a coutume de se reporter
à
son Littré quand il veut savoir ce qu’un mot signifie, la cause est j
1304
semble n’avoir été préconisé que par des traîtres
à
la République… Il est vrai que mon Littré date de 1865 : « fédéralism
1305
us sur le sujet auraient dû suffire, semble-t-il,
à
clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationa
1306
uropéen et nos situations nationales nous amènent
à
utiliser quotidiennement. Mais pas du tout : le malheur congénital du
1307
d’un congrès européen qu’une journée fût réservée
à
des travaux sur le fédéralisme. Le représentant du Conseil de l’Europ
1308
isme. Le représentant du Conseil de l’Europe tint
à
déclarer aussitôt que le terme de fédéralisme étant tabou à Strasbour
1309
aussitôt que le terme de fédéralisme étant tabou
à
Strasbourg, il se verrait obligé de quitter le comité si l’on adoptai
1310
ire très exactement le contraire de ce qu’il est.
À
l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à une attitude de
1311
inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup
à
une attitude de suspicion envers tout pouvoir central et à la défense
1312
itude de suspicion envers tout pouvoir central et
à
la défense ombrageuse des autonomies locales ou régionales. C’est ain
1313
nt proposer quelques définitions, puis les relier
à
des situations contemporaines choisies dans les domaines les plus var
1314
l’un des termes, ni dans la subordination de l’un
à
l’autre, mais seulement dans une création qui englobe, satisfasse et
1315
au sens le plus large du terme. Avant de chercher
à
quel type d’homme correspond une telle politique, et quel type d’homm
1316
ion. Mais l’Occident, dès l’aube grecque, cherche
à
maintenir les deux termes non pas en équilibre neutre, mais bien en t
1317
ouvons dans le christianisme des grands conciles.
À
Nicée, puis à Chalcédoine, plusieurs centaines d’évêques et de docteu
1318
christianisme des grands conciles. À Nicée, puis
à
Chalcédoine, plusieurs centaines d’évêques et de docteurs se mettent
1319
straction faite de la foi que l’on accorde ou non
à
la substance de ces énoncés, je retiens que leurs formes et structure
1320
spéculations sur le cercle et leurs applications
à
l’astronomie, ou par Hegel dans sa dialectique ternaire et ses applic
1321
ense d’abord, bien sûr, aux esprits dialectiques,
à
Pascal, Kierkegaard ou Nietzsche, et aux doctrinaires politiques comm
1322
. ⁂ Notre modèle de pensée fédéraliste ainsi posé
à
la clé de l’histoire européenne, il reste à repérer les principaux do
1323
posé à la clé de l’histoire européenne, il reste
à
repérer les principaux domaines de la réalité moderne où l’on retrouv
1324
es structures typiques d’un problème fédéraliste.
À
la base de notre analyse, plaçons une conception de l’homme analogue
1325
relatifs aux trois Personnes divines, et surtout
à
la deuxième, va nous servir de module. La personne humaine, c’est l’h
1326
par cette vocation même dont l’exercice le relie
à
la communauté, cet homme se constitue dans la dialectique des contrai
1327
des contraires. Et ce caractère va se transmettre
à
tous les groupes qu’il formera avec d’autres hommes, ses semblables.
1328
hommes, ses semblables. Ces groupes devront être
à
leur tour à la fois autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un n’
1329
ves l’une de l’autre quoique indispensables l’une
à
l’autre : la spécialisation et la culture générale. 2° Les problèmes
1330
ie civique et politique, tout le problème revient
à
concilier les besoins contraires, mais vitaux d’autonomie locale et d
1331
grands espaces communs, de participation efficace
à
la vie d’un groupe concret et d’horizons ouverts, d’adhésion à des co
1332
groupe concret et d’horizons ouverts, d’adhésion
à
des communautés plus vastes et de cadres qui rassurent, d’enracinemen
1333
veut à la fois son autonomie et sa participation
à
un plus grand ensemble, en association. 4° Enfin, le problème général
1334
eux que nous venons d’évoquer, puisqu’il consiste
à
concilier des confessions distinctes dans l’unité de l’Église, c’est-
1335
ntale ou mondiale, selon les cas), il ne reste qu’
à
désigner le niveau de compétence où seront prises les décisions relat
1336
mpétence où seront prises les décisions relatives
à
cette tâche. Il peut y avoir d’ailleurs plusieurs niveaux de décision
1337
chiffre élevé des suicides. L’homme des ensembles
à
bon marché, trop serré avec d’autres chez soi, et qui voudrait être e
1338
et qui voudrait être enfin seul, sort et se mêle
à
la foule anonyme… Mais c’est une mauvaise solitude, née de l’absence
1339
s’ils n’étaient pas là. La solution consisterait
à
recréer les conditions de communauté, et tout d’abord certaines dimen
1340
architecturales : des unités d’habitation de 5000
à
25 000 habitants, dotées non seulement d’espaces verts, mais de rues
1341
a possibilité physique et morale de participation
à
la vie communale dépend de tels aménagements. Les dimensions, d’aille
1342
ransforme en acrobatie toute participation réelle
à
la recherche et compromet toute l’efficacité de l’enseignement. Remèd
1343
travaux interdisciplinaires, l’analyse conduisant
à
souhaiter, comme module, de petits groupes ou unités de base de douze
1344
ule, de petits groupes ou unités de base de douze
à
quinze étudiants autour d’un enseignant (c’étaient les dimensions d’u
1345
cesse évaluer à nouveau les dimensions des tâches
à
entreprendre, répartir en conséquence les pouvoirs de décision, opére
1346
pérer les concentrations de forces proportionnées
à
la puissance que l’on veut obtenir et en même temps multiplier les pe
1347
ce double dynamisme créateur d’unions plus vastes
à
proportion de tâches nouvelles, mais aussi de communautés plus petite
1348
s yeux, en Europe, plus d’une centaine de régions
à
métropole destinées à devenir, à plus ou moins long terme, les unités
1349
s d’une centaine de régions à métropole destinées
à
devenir, à plus ou moins long terme, les unités de base de la future
1350
taine de régions à métropole destinées à devenir,
à
plus ou moins long terme, les unités de base de la future fédération
1351
orme institutionnelle dénommée État ne suffit pas
à
qualifier et moins encore à épuiser » … Et il ajoutait : Le fédérali
1352
ée État ne suffit pas à qualifier et moins encore
à
épuiser » … Et il ajoutait : Le fédéralisme est autre chose qu’une s
1353
les ordinateurs ».] Je voudrais d’abord répondre
à
la question sur confédération ou fédération. Je crois que toute l’his
1354
sont des formules transitoires qui sont destinées
à
se défaire assez rapidement si elles ne passent pas à la fédération e
1355
défaire assez rapidement si elles ne passent pas
à
la fédération et qu’en général les pays qui aujourd’hui s’appellent c
1356
ibilité d’intervenir souvent. Je n’irai pas jusqu’
à
demander, comme Aristote, que les communes ne soient pas plus vastes
1357
ans l’esprit, si l’on veut donner un contenu réel
à
la notion de civisme. Il y a interaction de l’institution et du civis
1358
ales — de l’unité de base de participation. Quant
à
savoir si le mouvement vers les régions aboutirait à une dissociation
1359
avoir si le mouvement vers les régions aboutirait
à
une dissociation de la Suisse, on me pose souvent la question. Il fau
1360
Rhin et Mulhouse en France, le pays de Bade jusqu’
à
Fribourg en Allemagne. Cette regio est une unité essentiellement écon
1361
région linguistique. On peut très bien continuer
à
y parler, comme en Suisse, plusieurs langues, bien que l’allemand y s
1362
Les dimensions des diverses régions correspondant
à
ces divers niveaux ne seront pas nécessairement les mêmes, elles ne s
1363
omme l’exige la tradition unitaire laquelle veut,
à
tout prix, imposer les mêmes frontières à des réalités qui n’ont rien
1364
e veut, à tout prix, imposer les mêmes frontières
à
des réalités qui n’ont rien en commun, totalement hétérogènes, comme
1365
la langue qu’on parle, et qui aboutit par exemple
à
la division de la région Ruhr-Moselle, qui est d’un seul tenant au po
1366
it d’un côté ou de l’autre d’une frontière tracée
à
la surface. Ce genre d’absurdité se révèle intenable et nous oblige à
1367
re d’absurdité se révèle intenable et nous oblige
à
chercher autre chose du côté des régions. Il est certain que le systè
1368
truction des autoroutes. Le plan général est fait
à
Berne, mais chaque tracé doit être discuté avec les cantons, qui sont
1369
r exemple. La question s’est posée de la priorité
à
établir dans le tracé de ces routes : il y avait 48 paramètres, dont
1370
La lecture des Nourritures terrestres… » [réponse
à
un questionnaire sur l’influence d’André Gide] (printemps 1969)ac ad
1371
69)ac ad La lecture des Nourritures terrestres
à
16 ans m’a fait jouer du violon comme jamais, mais ce n’était pas ass
1372
ré jusqu’au soir dans l’euphorie — et suis rentré
à
la maison pour le dîner. Si j’avais rencontré Gide, en ce temps-là, j
1373
isés autour de la moyenne barométrique « variable
à
beau » (affection et réserve réciproques). Sa pensée n’a pour moi rie
1374
pis pour nous. Mais non : « le temps ne fait rien
à
l’affaire », l’actualité pas davantage, et son absence n’ôte ou n’ajo
1375
davantage, et son absence n’ôte ou n’ajoute rien
à
la valeur d’une œuvre pour qui sait la comprendre. (Pour les autres,
1376
age d’un ordre neuf — seule valable contestation,
à
mes yeux, du désordre établi. ac. Rougemont Denis de, « La lecture
1377
des critiques : cette phraséologie d’époque prête
à
sourire, mais elle a fait pleurer, elle nous émeut encore, et surtout
1378
onnelle du phénomène de la guerre devait conduire
à
une innovation proprement révolutionnaire, envers et contre tous les
1379
lisme. Aristide Briand avait coutume de prononcer
à
la Chambre française des discours qui défiaient la syntaxe et qu’il f
1380
Journal officiel. C’est qu’il pensait — et disait
à
ses proches — qu’il ne doit rien rester d’un bon discours, sauf la lo
1381
sein il consacre à peu près un tiers de son écrit
à
la chronique de faits d’armes dont il n’a pas été le témoin, et qui a
1382
ement » blessés ou tués, il se range sans réserve
à
leurs catégories. C’est le style qu’elles attendent, et après tout c’
1383
lle du narrateur : le cliché vient de faire place
à
la chose vue. Et du coup cela devient effroyable. On croirait lire un
1384
lent. La figure noire de mouches qui s’attachent
à
leurs plaies, ceux-ci portent de tous côtés des regards éperdus qui n
1385
ge où les vers se sont mis ; plusieurs frémissent
à
la pensée d’être rongés par ces vers, qu’ils croient voir sortir de l
1386
qui écrit pour les mourants des lettres d’adieux
à
leurs familles. Peu à peu, les femmes du lieu « voyant que je ne fais
1387
t mon exemple en témoignant la même bienveillance
à
tous ces hommes d’origines si diverses, et qui leur sont tous égaleme
1388
de cette formidable et auguste tragédie » laisse
à
Dunant le sentiment de sa grande insuffisance devant le désastre de l
1389
appé soudain d’une amère et invincible tristesse,
à
la vue d’un simple incident, d’un détail inattendu, qui va plus direc
1390
t, d’un détail inattendu, qui va plus directement
à
l’âme, et qui ébranle les fibres les plus sensibles de notre être. H
1391
s visions de l’enfer de Castiglione, il se décide
à
rassembler ses souvenirs, trois ans plus tard, et il se borne à suggé
1392
es souvenirs, trois ans plus tard, et il se borne
à
suggérer, dans une note, que si ces pages pouvaient faire naître, ou
1393
ou développer et presser la question des secours
à
donner aux militaires blessés en temps de guerre… et si elles pouvaie
1394
vengeur esprit critique : pas un mot de reproche
à
quiconque dans ce livre ! On ne saurait être plus prudent, plus modér
1395
s commerce du Souvenir, la Croix-Rouge est fondée
à
Genève. Et certes, il n’eût pas pu la fonder seul, sans Gustave Moyni
1396
jeune bourgeois suisse, 31 ans, se résignera donc
à
l’attendre à Castiglione. On sait la suite, mais dans son livre, il s
1397
is suisse, 31 ans, se résignera donc à l’attendre
à
Castiglione. On sait la suite, mais dans son livre, il se borne à écr
1398
n sait la suite, mais dans son livre, il se borne
à
écrire cette seule phrase qui est sans doute l’une des plus saugrenue
1399
histoire : Simple touriste, entièrement étranger
à
cette grande lutte, j’eus le rare privilège par un concours de circon
1400
ister aux scènes émouvantes que je me suis décidé
à
retracer. Ce n’est pas du tout Fabrice à Waterloo dans la Chartreuse
1401
décidé à retracer. Ce n’est pas du tout Fabrice
à
Waterloo dans la Chartreuse de Parme, mais plutôt un parfait gentlema
1402
vention de Genève est signée par douze États qui,
à
leur tour, fondent des sociétés nationales de secours en cas de guerr
1403
et de famine. Un jour, on lui a demandé de parler
à
Plymouth : il ne peut arriver au bout de son discours, il est trop af
1404
aim. Quand ses chaussettes sont trouées, il teint
à
l’encre ses talons. En 1887, une espèce de vagabond sans bagage échou
1405
ur de la Croix-Rouge vit encore ! » Il va le voir
à
l’hôpital de Heiden, chambre 12, réussit à le faire parler, et publie
1406
e voir à l’hôpital de Heiden, chambre 12, réussit
à
le faire parler, et publie sur lui un article qui, bientôt reproduit
1407
cernent le prix de Moscou, « pour services rendus
à
l’humanité souffrante ». Le pape lui écrit de sa main. Et c’est enfin
1408
oire de votre prétendue civilisation sera employé
à
son service… Les combattants sont prêts pour de nouveaux combats, rés
1409
ants sont prêts pour de nouveaux combats, résolus
à
y engager le reste de l’Europe avec eux — peut-être le monde entier…
1410
llante mais trompeuse civilisation pour retourner
à
la barbarie — la barbarie scientifique !… Le résumé reste ceci : du s
1411
ique que je ne saurais croire toute inconsciente,
à
« attirer l’attention » sur un sujet précis, à partir duquel on pourr
1412
e, à « attirer l’attention » sur un sujet précis,
à
partir duquel on pourrait « avancer de quelques pas » : l’organisatio
1413
urs de la guerre » qui est son intention déclarée
à
toutes fins d’efficacité, c’est encore une manière d’admettre, avec l
1414
serait une guerre sans « horreurs » ?) J’avoue qu’
à
ma première lecture du Souvenir, j’avais achoppé sur ce point. Mais l
1415
pouvait pas encore avouer, ni peut-être s’avouer
à
lui-même, alors qu’il écrivait le début d’Un Souvenir. Son vrai disco
1416
? Un code de la guerre serait une chose odieuse
à
l’époque de civilisation où nous vivons, parce qu’il semblerait légit
1417
autres conclusions que la nécessité de s’en tenir
à
« quelques conventions diplomatiques spéciales, traitant chacune une
1418
itables… Assez de raisonnements captieux tendant
à
démontrer le contraire des évidences, afin de justifier à tout prix d
1419
rer le contraire des évidences, afin de justifier
à
tout prix des instincts que la raison et la religion répriment : Pou
1420
uerre est la suprême éducatrice du genre humain !
À
cet antique adage de la sagesse commune à toutes les civilisations in
1421
umain ! À cet antique adage de la sagesse commune
à
toutes les civilisations indo-européennes, adoratrices de la force à
1422
sations indo-européennes, adoratrices de la force
à
quoi le Christ a opposé l’amour, Dunant répond encore dans le même fr
1423
que Dunant, écarté de l’action, n’ayant plus rien
à
espérer ni à ménager, s’abandonnerait au zèle amer du censeur des tem
1424
carté de l’action, n’ayant plus rien à espérer ni
à
ménager, s’abandonnerait au zèle amer du censeur des temps nouveaux e
1425
s croissent en étendue comme en puissance de mort
à
proportion des sacrifices financiers et des efforts de développement
1426
efforts de développement technique qu’on consacre
à
les préparer. Mais il y a plus. Réaliste est celui qui, non content d
1427
dénoncé le mal qui est dans le monde, s’en prend
à
ses principes qui sont dans l’homme, et sur lesquels nous pouvons exe
1428
les procédés nés de la Révolution, qui ont permis
à
l’État (de droite, à gauche) d’aboutir à l’alignement des réflexes me
1429
a Révolution, qui ont permis à l’État (de droite,
à
gauche) d’aboutir à l’alignement des réflexes mentaux et physiques, d
1430
t permis à l’État (de droite, à gauche) d’aboutir
à
l’alignement des réflexes mentaux et physiques, des espoirs et des pe
1431
es espoirs et des peurs, et des curiosités, bref,
à
ce que Dunant nomme très exactement : encaserner l’esprit humain. Que
1432
able école d’immoralité politique. » On y apprend
à
ne voir « rien de plus beau, rien de plus grand, rien de plus noble q
1433
. « Si, en s’unissant, elle se mettait résolument
à
l’œuvre pour blâmer sévèrement la guerre, au lieu d’être l’influence
1434
colonialisme : il pousse les nations de l’Europe
à
envahir des pays inoffensifs (Afrique, Asie) pour les asservir, pour
1435
u plus de soixante ans pour que l’Europe commence
à
le soupçonner…)45 Enfin la science et la technique nationalisées :
1436
bon gré mal gré (d’où guerres mondiales) et jetés
à
une forme de barbarie nouvelle : « la barbarie scientifique ». En eff
1437
est pas que le genre humain se soit plus appliqué
à
perfectionner que celle dont le but est le meurtre en grand de nos se
1438
r, directeur de l’Institut Henry-Dunant, destinée
à
un ouvrage collectif consacré aux lauréats du prix Nobel de la paix (
1439
quel il témoigne d’un respect, des plus insolites
à
l’époque, pour les « indigènes » et pour la civilisation arabe. Cette
1440
onstances très diverses, je n’arrive plus du tout
à
retrouver quand j’ai rencontré pour la première fois Hans Oprecht. Av
1441
ur la première fois Hans Oprecht. Avant la guerre
à
Zurich, avec Silone ? Peut-être bien, puisque la Büchergilde Gutenber
1442
intellectuel en chômage . Aux débuts de la guerre
à
Berne ? Mais je fondais la Ligue du Gothard avec Theo Spoerri en mai
1443
cht fondait l’automne suivant un mouvement rival (
à
ce qu’il m’apprit beaucoup plus tard), quoiqu’également résistant. Ce
1444
cun sait que Hans Oprecht a été l’un des premiers
à
utiliser cette forme moderne du cabinet de travail étiré sur plusieur
1445
e CEC ne pouvait mieux faire que de s’en remettre
à
l’expérience et à l’initiative de celui des membres de son comité qui
1446
ieux faire que de s’en remettre à l’expérience et
à
l’initiative de celui des membres de son comité qui avait le mieux dé
1447
ergilde Gutenberg, laquelle avait donné naissance
à
la Guilde du Livre, à Lausanne. Ce fut autour de ce noyau que se cons
1448
uelle avait donné naissance à la Guilde du Livre,
à
Lausanne. Ce fut autour de ce noyau que se constitua rapidement la Co
1449
evait grouper au cours des années suivantes jusqu’
à
neuf guildes totalisant plusieurs centaines de milliers de lecteurs,
1450
en sept pays. Elle créa un Prix européen destiné
à
lancer de jeunes auteurs sur le plan international — idée reprise plu
1451
la formule guildienne… Et surtout, elle contribua
à
régulariser les relations des dirigeants des guildes entre eux d’abor
1452
ux d’abord, puis entre eux et les éditeurs. Quant
à
leurs relations avec le vrai public, les chiffres que je viens de cit
1453
de ces malheureux ne savent pas ce qu’ils doivent
à
l’initiateur de la Büchergilde Gutenberg ! Mais nous, au Centre europ
1454
e cette occasion d’avouer tout ce que nous devons
à
l’un des Suisses les plus remarquables et les plus originaux qui soie
1455
pour une aventure éducative ou culturelle, ouvert
à
toute l’Europe et parfait citoyen. ae. Rougemont Denis de, « Toujo
1456
ont dilapidées. Le problème n’est pas particulier
à
Ferney-Voltaire. Ce qui me frappe, c’est l’extrême laideur de tout ce
1457
e, une église, des cafés… C’est ce qui a été fait
à
Meyrin et Meyrin est vivant à cause de cette place où les gens se voi
1458
logements seront construits dans les cinq années
à
venir ? Il est heureux qu’une enquête telle que la vôtre le révèle, c
1459
être modifiée. Il faut rendre les gens attentifs
à
l’importance du cadre dans lequel ils vivent. Cela est plus important
1460
discussion ne risque-t-elle pas de faire obstacle
à
tous les projets ? Je ne suis pas partisan d’une stagnation complète.
1461
e. Il faut éduquer les gens, les rendre sensibles
à
la beauté. C’est un immense problème d’éducation qui doit se traiter
1462
mmunauté, et non pas dans des casernes accrochées
à
de vieux villages que cela détruit. Un grand espoir : « la régiona
1463
ra, sur des régions plus petites, plus homogènes,
à
créer un style. Mais n’y aurait-il pas un grand bouleversement, dans
1464
nq-cent-soixante-quinze logements en construction
à
Ferney, plus de deux-mille-cinq-cents, soit en projet, soit en cours
1465
Les résistances mentales
à
l’Europe des régions (avril 1969)ak I. Les objections courantes
1466
ns et non sur les États-nations47, j’ai été amené
à
relever et à classer les objections les plus fréquentes à l’entrepris
1467
les États-nations47, j’ai été amené à relever et
à
classer les objections les plus fréquentes à l’entreprise qui fait l’
1468
r et à classer les objections les plus fréquentes
à
l’entreprise qui fait l’objet de la présente publication. Je note d’a
1469
s manuels scolaires, des curiosités par la presse
à
grand tirage et ses agences officieuses, des émotions par l’éloquence
1470
extrapolation du passé ou du présent, sont toutes
à
la merci d’une équation nouvelle, d’une action aujourd’hui encore imp
1471
n veut, il n’est pas très intéressant de chercher
à
deviner ce qui sera : « l’objectivité scientifique » dissimulant une
1472
r au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur
à
cette dernière date sans la moindre mesure de transition. (Suppressio
1473
çois Mauriac), tandis que les régions sont encore
à
naître. Les gens n’en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils préf
1474
autonomes. Ils préfèrent mendier des subventions
à
Paris. Voyez les Bretons, qui votent gaulliste. Les conflits entre le
1475
une entité économique viable. Et qui parle breton
à
Rennes ? Les ethnies et les économies ne coïncident presque jamais.
1476
e un homme de cette seconde moitié du xxe siècle
à
concevoir une Europe des régions, proviennent du « modèle » que l’Éco
1477
ion, c’est-à-dire de l’ensemble des hommes vivant
à
l’intérieur d’un territoire délimité par les hasards des guerres et l
1478
tuelles et physiques, culturelles et économiques)
à
une seule et unique surface géographique déclarée « sol sacré de la p
1479
itoire » d’un chien fournit le modèle) correspond
à
quelque chose de fondamental chez l’homme néolithique (nomade fixé au
1480
ntal chez l’homme néolithique (nomade fixé au sol
à
partir du Xe millénaire avant notre ère). Au cours des siècles de l’h
1481
ne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte
à
ces concentrations forcées, c’est leur préparation, leur conduite et
1482
ens. Aujourd’hui, cette même réduction correspond
à
la seconde nature de l’homme alphabétisé, caractérisé par l’hypertrop
1483
évoque le modèle même de toute explication propre
à
convaincre le pire des imbéciles dans ce monde-là. Aux yeux de cet ho
1484
ossibilités pratiques de participation du citoyen
à
la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentielle
1485
d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait
à
aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de structure du p
1486
fédéraliste, mais de la dissociation inévitable,
à
plus ou moins brève échéance, des grands États-nations européens. (C’
1487
t, qui cherche en tout et avant tout la réduction
à
la rassurante unité, ou au moins à l’uniformité ? C’est un problème d
1488
t la réduction à la rassurante unité, ou au moins
à
l’uniformité ? C’est un problème d’éducation ou de recyclage qui va n
1489
commençons tout de suite. Il nous faut apprendre
à
penser par problèmes et non par nations. Devant un problème donné (ur
1490
ersité, par exemple), il nous faut apprendre : 1°
à
déterminer les éléments de base ou modules praticables en ce domaine
1491
es) et les moyens requis pour les constituer ; 2°
à
chercher le niveau de décision correspondant aux dimensions de la tâc
1492
régional, national, continental ou mondial) ; 3°
à
admettre une pluralité d’appartenance ou d’allégeances, conforme à la
1493
uralité d’appartenance ou d’allégeances, conforme
à
la pluralité des activités humaines, aux dimensions variées des tâche
1494
suis neuchâtelois de naissance et de tradition :
à
ce canton va donc mon allégeance patriotique. Neuchâtel fait partie d
1495
e près par les hasards de l’histoire, je crierais
à
la dictature totalitaire, c’est-à-dire que je crierais à l’assassin,
1496
ctature totalitaire, c’est-à-dire que je crierais
à
l’assassin, au gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’
1497
iques de mise au pas d’une nation. Et de Napoléon
à
tout État-nation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est
1498
humaines et qu’il les serve, au lieu de prétendre
à
les régir en souverain. Je demande la division du phénomène État en a
1499
omène État en autant de foyers, et sa répartition
à
autant de niveaux, qu’il y a de fonctions diverses dans l’humanité et
1500
les attributions de l’État (autorité centrale) «
à
un simple rôle d’initiative générale, de garantie mutuelle et de surv
1501
iser, de partager. Seulement, Proudhon s’en tient
à
un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géographiques
1502
ou unités de base économiques (ou culturelles) et
à
leurs structures propres : les uns et les autres se chevauchent, se r
1503
facile de visualiser l’appartenance d’un élément
à
deux ensembles (dans mon cas : « Suisse » et « francophonie »), mais
1504
Suisse » et « francophonie »), mais si l’on passe
à
trois ou quatre ensembles, c’est difficile ; au-delà, irréalisable. E
1505
icile ; au-delà, irréalisable. Et pourtant facile
à
comprendre, dans le concret de l’existence. Prenons l’exemple le plus
1506
s, habitant cette région économique, de continuer
à
se rattacher politiquement à l’une des trois nations dont la Regio es
1507
omique, de continuer à se rattacher politiquement
à
l’une des trois nations dont la Regio est le carrefour ou l’intersect
1508
ion50. La résistance qu’opposent certains esprits
à
concevoir cette liberté (ou variété) d’appartenance démontre une défi
1509
cation démocratique. (« Ce qui n’est pas prescrit
à
tous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’est pas sérieux
1510
entretenir des visées politiques, ou laisser cela
à
des organes diversifiés fédérant des régions politiques, ou ethniques
1511
serait facile de multiplier ce type de problèmes
à
résoudre au niveau communal, régional, national-fédéral et continenta
1512
difficilement superposables, presque impossibles
à
dessiner… Mais après tout chacun de nous sait très bien à quelles soc
1513
er… Mais après tout chacun de nous sait très bien
à
quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paro
1514
ène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense
à
autre chose qu’à la France… 49. P.-J. Proudhon, Du principe fédérati
1515
xe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’
à
la France… 49. P.-J. Proudhon, Du principe fédératif, Paris, 1863, p
1516
. Rougemont Denis de, « Les résistances mentales
à
l’Europe des régions », L’Europe en formation, Nice, avril 1969, p. 3
1517
Le mariage est
à
réinventer (14 avril 1969)al am Le remariage, ce n’est pas seuleme
1518
Elle n° 1215) : les hommes se marient en moyenne
à
25 ans la première fois et à 41 ans la deuxième, les femmes à 22 ans
1519
e marient en moyenne à 25 ans la première fois et
à
41 ans la deuxième, les femmes à 22 ans et à 38 ans. À 41 ans et à 38
1520
première fois et à 41 ans la deuxième, les femmes
à
22 ans et à 38 ans. À 41 ans et à 38 ans, on a généralement quelques
1521
s et à 41 ans la deuxième, les femmes à 22 ans et
à
38 ans. À 41 ans et à 38 ans, on a généralement quelques souvenirs, q
1522
ans la deuxième, les femmes à 22 ans et à 38 ans.
À
41 ans et à 38 ans, on a généralement quelques souvenirs, quelques ch
1523
ème, les femmes à 22 ans et à 38 ans. À 41 ans et
à
38 ans, on a généralement quelques souvenirs, quelques cheveux blancs
1524
de Roméo et Juliette, mais on espère bien arriver
à
Philémon et Baucis. On en est encore très loin : pour beaucoup de fem
1525
mour physique tels qu’on ne les soupçonnait guère
à
20 ans, tels qu’on espère les connaître longtemps. Amours, délices et
1526
lème de notre époque qui a été aussi son problème
à
lui ; Denis de Rougemont n’est pas seulement l’écrivain qui a le mieu
1527
conjoints. Il y a la mobilité actuelle succédant
à
la stabilité d’autrefois. Mobilité non seulement géographique mais so
1528
croissante et on admet avoir d’autres aspirations
à
40 ans qu’à 20 ans. D’où la multiplication des déséquilibres dans un
1529
t on admet avoir d’autres aspirations à 40 ans qu’
à
20 ans. D’où la multiplication des déséquilibres dans un couple — le
1530
oi ? L’une des grandes difficultés du sujet tient
à
ce qu’il n’existe pas de littérature romanesque sur le second mariage
1531
ent aux acteurs — les conjoints — et ce qui tient
à
la situation en soi, qu’est le deuxième mariage. Faute de matériel, j
1532
ème mariage. Faute de matériel, je me vois réduit
à
ma propre expérience et à celle des couples remariés que je connais.
1533
riel, je me vois réduit à ma propre expérience et
à
celle des couples remariés que je connais. La première fois, on épo
1534
chances de l’être : il y a des écueils inhérents
à
un premier mariage qui ne le sont plus à un second. Comme dit mon bea
1535
nhérents à un premier mariage qui ne le sont plus
à
un second. Comme dit mon beau-père, le Dr Répond, qui est psychanalys
1536
n ne connaît pas ses complexes, ils nous dirigent
à
notre insu, à notre corps défendant et c’est en quoi ils sont gênants
1537
as ses complexes, ils nous dirigent à notre insu,
à
notre corps défendant et c’est en quoi ils sont gênants, voire danger
1538
e femme aimée, parce que l’inconscient l’assimile
à
la mère interdite… Ces fixations amoureuses dues à des motifs inconsc
1539
la mère interdite… Ces fixations amoureuses dues
à
des motifs inconscients ont bien des chances de correspondre à la réa
1540
inconscients ont bien des chances de correspondre
à
la réalité des êtres et de leur vie à deux ! On tombe amoureux d’une
1541
orrespondre à la réalité des êtres et de leur vie
à
deux ! On tombe amoureux d’une image sans le savoir. Et l’on se trouv
1542
d’échec qui soient plus spécifiquement attachées
à
telle classe d’âge ? Oui, l’immaturité des conjoints, souvent accompa
1543
re-pied de leurs conseils. Ce qui conduit souvent
à
un mariage « d’attitude » : on veut prouver aux autres — et à soi-mêm
1544
« d’attitude » : on veut prouver aux autres — et
à
soi-même qu’on sait ce qu’on veut et qu’on n’a besoin de personne. Mo
1545
ntiments, plus on s’entête et plus on se dépêche.
À
20 ans, il est classique de se marier en claquant la porte. Mais la c
1546
objectif : si l’un des deux est marié, il n’a qu’
à
divorcer et tout s’arrange. Aussi n’est-ce pas la morale sociale qui
1547
s — parents, entourage — on est donc moins poussé
à
braver leur opinion, à faire un mariage « d’attitude ». On est plus c
1548
— on est donc moins poussé à braver leur opinion,
à
faire un mariage « d’attitude ». On est plus conscient et on ne se jo
1549
de la durée, on accorde une plus grande attention
à
la compatibilité des caractères, aux éléments durables et indispensab
1550
ractères, aux éléments durables et indispensables
à
la durée du mariage. Attention, ne vous remariez pas pour vous ven
1551
er N’y a-t-il pas des causes d’échec spéciales
à
un deuxième mariage ? Oui, il y en a deux, qui tiennent, elles aussi,
1552
? Oui, il y en a deux, qui tiennent, elles aussi,
à
ses motivations. La peur de la solitude, la peur de rester « en caraf
1553
ude, la peur de rester « en carafe » peut pousser
à
un remariage précipité. Et aussi le désir de prendre une revanche, de
1554
guer ce qui tient aux « acteurs » et ce qui tient
à
la situation. Ce qui tient aux acteurs ce sont les difficultés inévit
1555
raintes matérielles, professionnelles, etc. Quant
à
la difficulté de la situation elle tient en une phrase ou un fait évi
1556
lui-même que l’on choisit, non pas comme prétexte
à
s’exalter ou comme objet de contemplation, mais comme une existence i
1557
mais comme une existence incomparable et autonome
à
laquelle on voudrait participer : voilà la plus profonde tendresse. L
1558
général de meilleures chances, faut-il en arriver
à
le prôner systématiquement ? Je pense que des solutions « préventives
1559
rait tout d’abord dédramatiser tout ce qui touche
à
l’amour, au mariage, au divorce. À la surestimation de la passion, is
1560
ce qui touche à l’amour, au mariage, au divorce.
À
la surestimation de la passion, issue du mythe de Tristan, et de tout
1561
e que pour la première fois, grâce à ce savant et
à
ses recherches « scientifiques », on osait parler du sexe ! Aujourd’h
1562
qui concerne l’amour, beaucoup de gens continuent
à
croire que l’analyser l’amoindrit. Une passion « inexplicable » paraî
1563
une réforme de la mentalité. On va souvent jusqu’
à
la réforme des mœurs lorsqu’on envisage le « mariage à l’essai ». Qu’
1564
réforme des mœurs lorsqu’on envisage le « mariage
à
l’essai ». Qu’en pensez-vous ? Je suis pour tout ce qui peut aider le
1565
us ? Je suis pour tout ce qui peut aider les gens
à
prendre conscience du sérieux, de la beauté, mais aussi de la difficu
1566
au premier accrochage sérieux et ça n’incite pas
à
l’effort, à la tolérance, l’amour difficile. Il manque le pacte. L’en
1567
accrochage sérieux et ça n’incite pas à l’effort,
à
la tolérance, l’amour difficile. Il manque le pacte. L’engagement tot
1568
que le pacte. L’engagement total. Je ne crois pas
à
la valeur magique du « oui » solennel mais bien à la valeur psycholog
1569
à la valeur magique du « oui » solennel mais bien
à
la valeur psychologique de protection qu’il y a dans la décision « po
1570
imposait des marches d’entraînement et j’ai fait
à
cette occasion une découverte qui a joué un rôle important dans ma vi
1571
d’heure. Quand nous pensions que nous aurions 20
à
30 km à couvrir, nous commencions à être fatigués au bout de 10 à 12
1572
. Quand nous pensions que nous aurions 20 à 30 km
à
couvrir, nous commencions à être fatigués au bout de 10 à 12 kilomètr
1573
us aurions 20 à 30 km à couvrir, nous commencions
à
être fatigués au bout de 10 à 12 kilomètres. Mais quand nous avons su
1574
r, nous commencions à être fatigués au bout de 10
à
12 kilomètres. Mais quand nous avons su que cette fois-ci c’était sér
1575
est l’épreuve privilégiée qui seule donne un sens
à
la vie, quand ils comprendront que la passion n’est jamais une raison
1576
sentiments, donc ont fait faire d’énormes progrès
à
la conscience collective. Mais ne prenez pas le virus comme base de l
1577
re « modernisé » ? Le mariage ne peut renoncer ni
à
la durée ni à la fidélité. Un mariage c’est une œuvre d’art, une cons
1578
» ? Le mariage ne peut renoncer ni à la durée ni
à
la fidélité. Un mariage c’est une œuvre d’art, une construction à deu
1579
n mariage c’est une œuvre d’art, une construction
à
deux et comme toute création il a ses difficultés. Il faut sans cesse
1580
re. De même le mariage exige que l’on se consacre
à
l’autre avec continuité ! C’est le contraire du « coup de foudre » av
1581
fidélité c’est bien autre chose que de se borner
à
ne pas tromper sa femme : c’est une œuvre d’art exigeante et qui tent
1582
st l’ennui. En somme, lorsqu’un homme pourra dire
à
une femme : « Je suis sage de toi », le mariage sera sauvé ! Qui l’os
1583
Rougemont Denis de, « [Entretien] Le mariage est
à
réinventer », Elle, Paris, 14 avril 1969, p. 29, 32, 34, 37, 39, 43-4
1584
i l’ont lu sont mieux armés pour réussir leur vie
à
deux —, vous explique comment les problèmes du deuxième mariage éclai
1585
ux et enthousiaste était venu entendre jeudi soir
à
l’Université McGill. Le sujet de cette conférence, qui était placée s
1586
Mais l’œuvre de M. de Rougemont ne se réduit pas
à
un seul titre : elle ne gravite pas uniquement autour de ce seul thèm
1587
l’ensemble de son œuvre, on décerne aujourd’hui,
à
M. de Rougemont le Prix Schumann pour ses services rendus à la cause
1588
ugemont le Prix Schumann pour ses services rendus
à
la cause de l’unification de l’Europe. Ce prix, qui lui sera décerné
1589
ope. Ce prix, qui lui sera décerné officiellement
à
Bonn en février prochain, nous rappelle utilement cette autre thèse c
1590
, nous rappelle utilement cette autre thèse chère
à
M de Rougemont : celle du fédéralisme. Il l’a non seulement défendue
1591
re, qu’il a fondé et qu’il dirige depuis 1949. Si
à
ses nombreux titres on ajoutait celui qu’il s’apprête à recevoir aux
1592
nombreux titres on ajoutait celui qu’il s’apprête
à
recevoir aux États-Unis, après son séjour au Canada, je veux parler d
1593
ofité de cette première visite de M. de Rougemont
à
Montréal pour essayer de cerner un peu mieux, d’un peu plus près, ce
1594
personnage énigmatique. D’entrée de jeu, il tient
à
nous mettre en garde. Ce que je voudrais bien marquer, nous dit-il, c
1595
mariage, du couple et mes théories fédéralistes.
À
quoi je lui ai répondu que rien n’était plus facile. Car pour moi, le
1596
c’est-à-dire du système d’aménagement qui permet
à
des natures diverses de vivre ensemble, de coexister en tension, sans
1597
e coexister en tension, sans se subordonner l’une
à
l’autre, sans se mélanger, en restant donc parfaitement distincte. Il
1598
ais sans confusion et sans subordination de l’une
à
l’autre, et que de plus, leur union, loin d’évacuer les différences,
1599
s mélangeant, ou encore en les subordonnant l’une
à
l’autre. Il faut, au contraire, œuvrer avec ces deux réalités. C’est
1600
aphie de M. de Rougemont. La première nous ramène
à
1932. Denis de Rougemont a, alors, 26 ans. Il habite Paris. C’est là
1601
ans. Il habite Paris. C’est là qu’il participera
à
la naissance de trois revues : L’Ordre nouveau , au côté d’Arnaud Da
1602
, 1932 marque aussi la naissance du personnalisme
à
laquelle il devait participer. C’était la réponse à « la spoliation d
1603
laquelle il devait participer. C’était la réponse
à
« la spoliation de l’identité profonde de l’homme ». Il publiera d’ai
1604
st à la fois ce qui distingue l’homme et le relie
à
la communauté où il exerce. Ce qui l’amena — avant Sartre, ce qu’on i
1605
na — avant Sartre, ce qu’on ignore généralement —
à
parler de l’« engagement » de l’écrivain. Car ce qu’il appelle engage
1606
ment de l’individu. Mais cet engagement, tient-il
à
nous faire remarquer, n’implique pas qu’on s’inscrive dans un parti o
1607
estation étudiante qui sévit aujourd’hui de Paris
à
Tokyo n’est-elle pas une contestation personnaliste ? M. de Rougemont
1608
tion personnaliste ? M. de Rougemont n’hésite pas
à
répondre par l’affirmative : C’est, en effet, nous dit-il une contest
1609
tions, on retrouve plusieurs de celles qui furent
à
la base du mouvement personnaliste. Ce que nous appelions en 1932 la
1610
nous faire croire qu’il y avait de grandes causes
à
défendre et nous ne voyions pas du tout lesquelles à ce moment-là. Ce
1611
éfendre et nous ne voyions pas du tout lesquelles
à
ce moment-là. Cette crise existentielle dont nous avions été les témo
1612
éclata pour la première fois parmi les étudiants
à
Berkeley, M. de Rougemont l’avait déjà vécue. Il désire néanmoins app
1613
déceler dans la contestation qui s’est développée
à
Paris, à Berlin, et ailleurs quelque chose que je crois extrêmement d
1614
ans la contestation qui s’est développée à Paris,
à
Berlin, et ailleurs quelque chose que je crois extrêmement dangereux,
1615
mement dangereux, et qui ne ressemble pas du tout
à
notre réaction personnaliste et communautaire. Elle ressemble plus so
1616
ste et communautaire. Elle ressemble plus souvent
à
la réaction des jeunes fascistes italiens et nazis qui ne respectaien
1617
l’Université et refuse de dire ce qu’il y mettra
à
la place. C’est de la démagogie facile et extrêmement dangereuse. Car
1618
Il s’agissait alors de substituer un nouvel ordre
à
ce que nous appelions le désordre établi. La contestation véritable,
1619
parfois trop loin, même s’il y a trop de drogues
à
l’appui. C’est une réaction vitale de leur part contre ce monde qui e
1620
êmes de la passion. Car, finalement, si on arrive
à
supprimer tous les problèmes individuels on aboutira à un monde où la
1621
primer tous les problèmes individuels on aboutira
à
un monde où la passion, la tentation de la passion n’aura plus aucun
1622
assemblements comme celui qui a eu lieu récemment
à
Bethel, près de New York, sont la démonstration éclatante de ce besoi
1623
e n’ose construire, M. de Rougemont s’est employé
à
la définir et à en propager l’idée de par le monde. Car 1946 marque c
1624
re, M. de Rougemont s’est employé à la définir et
à
en propager l’idée de par le monde. Car 1946 marque cet autre tournan
1625
sa nationalité, il était neutre. Nous sommes ici
à
patauger, pouvons-nous lire dans son Journal des deux mondes , parce
1626
apable de fonder la paix, puisque l’autre aboutit
à
la guerre. Le fédéralisme L’idée fédéraliste s’était donc impo
1627
de l’Europe. Et depuis, il travaille sans relâche
à
la cause du fédéralisme. Il ne nous cache d’ailleurs pas qu’il désira
1628
ue je préconise et qui n’est que la transposition
à
une échelle géante de la Confédération helvétique. Je ne souhaite ni
1629
e ne souhaite ni une agglomération d’États soumis
à
un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des États, mais une as
1630
oi, est tout autre chose. Il consiste précisément
à
maintenir ces deux éléments en apparence contradictoires : l’union et
1631
arce que la vraie cité où l’homme peut participer
à
la vie publique, c’est quelque chose de beaucoup plus petit. En d’aut
1632
la commune, par la recréation de communauté de 5
à
20 mille habitants qu’on appelle, en urbanisme moderne, des unités d’
1633
faut aller jusqu’au niveau mondial. Mais revenons
à
l’Europe. Là-bas, il est bien certain qu’on n’arrivera jamais à unir
1634
-bas, il est bien certain qu’on n’arrivera jamais
à
unir ces États-nations. Il faut donc, nous répète M. de Rougemont, qu
1635
s, et ce n’est seulement qu’alors, qu’on arrivera
à
fédérer l’Europe, car ces régions n’auront aucune peine à s’entendre.
1636
r l’Europe, car ces régions n’auront aucune peine
à
s’entendre. On arriverait ainsi à construire une Europe unie, faite d
1637
nt aucune peine à s’entendre. On arriverait ainsi
à
construire une Europe unie, faite de régions, mais qui seraient décou
1638
e soit utopique, M de Rougemont serait le premier
à
l’admettre. Mais « contre les risques qui se lèvent, l’esprit de risq
1639
n ? Je m’y suis toujours placé depuis ma jeunesse
à
Paris quand nous fondions les revues personnalistes Esprit et L’Or
1640
ça, mais comme la substitution d’un ordre nouveau
à
ce que nous appelions le « désordre établi ». Désordre par rapport à
1641
x premiers chapitres de mon premier livre, publié
à
Paris en 1934… Est-ce que le mot et la chose « engagement » ont encor
1642
n jugement, pour se livrer, pieds et poings liés,
à
un parti, à condition qu’il soit de gauche d’étiquette. Pour moi — en
1643
pour se livrer, pieds et poings liés, à un parti,
à
condition qu’il soit de gauche d’étiquette. Pour moi — enfin, pour no
1644
ité de l’union qui, dans mon esprit, est destinée
à
garantir ces autonomies. Si vous voulez : il y a deux manières de con
1645
oir la vie politique et la vie publique. Une vise
à
la puissance collective ou d’un homme, l’autre vise à la liberté et à
1646
puissance collective ou d’un homme, l’autre vise
à
la liberté et à la libération maximales des hommes, des personnes. Je
1647
ctive ou d’un homme, l’autre vise à la liberté et
à
la libération maximales des hommes, des personnes. Je suis contre l’É
1648
on dans sa formule xixe siècle, qui ne visait qu’
à
la puissance collective, et qui aboutit aux guerres que l’on sait. […
1649
ue l’on sait. […] Souveraineté nationale groupant
à
l’intérieur d’une frontière unique imposée à toutes espèces de réalit
1650
pant à l’intérieur d’une frontière unique imposée
à
toutes espèces de réalités humaines — que ce soit des réalités religi
1651
vous avez fondé, je pense, et que vous présidez,
à
Genève ? J’ai créé ce Centre en 1949-1950 comme la contrepartie, sur
1652
péenne, des efforts économiques qui étaient faits
à
Luxembourg par Jean Monnet, et des efforts politiques qui étaient fai
1653
ques qui étaient faits par le Conseil de l’Europe
à
Strasbourg. Il nous semblait à tous, d’ailleurs, qu’il fallait un tro
1654
onseil de l’Europe à Strasbourg. Il nous semblait
à
tous, d’ailleurs, qu’il fallait un troisième volet, qui était la cult
1655
qui était la culture… Alors, j’ai créé ce centre
à
Genève, très petit, avec très peu de moyens parce que les gouvernemen
1656
gent. Enfin, j’ai, par des tours de force, réussi
à
créer ce Centre et à le maintenir. Qui devait être un lieu de rencont
1657
r des tours de force, réussi à créer ce Centre et
à
le maintenir. Qui devait être un lieu de rencontre pour les hommes de
1658
’agences nucléaires de six pays, qui a donné lieu
à
la création du CERN — le Centre européen de recherche nucléaire, le p
1659
us les réunissons. Ceci avec un tout petit staff,
à
Genève, auquel nous avons finalement ajouté, après de nombreuses anné
1660
vons créé un Institut universitaire — qui est lié
à
une université — qui se consacre à des études d’intérêt largement eur
1661
— qui est lié à une université — qui se consacre
à
des études d’intérêt largement européen : économiques, politiques, cu
1662
ui, je crois que nous sommes arrivés tout de même
à
combattre avec pas mal de succès cette idée folle des manuels de notr
1663
nne. Ma passion fondamentale : trouver un sens
à
la vie Vous êtes probablement dans le monde l’un des grands exégèt
1664
e expérience de votre vie personnelle vous a voué
à
accorder autant d’attention à l’amour ? Je vous dirais qu’au fond, ma
1665
onnelle vous a voué à accorder autant d’attention
à
l’amour ? Je vous dirais qu’au fond, ma passion fondamentale, c’est d
1666
ma passion fondamentale, c’est de trouver un sens
à
la vie. Trouver un sens, c’est aussi trouver un principe de cohérence
1667
ntes — l’autonomie et l’union — et chacune portée
à
son maximum, chacune aidant l’autre à exister. Eh bien, le mariage, c
1668
cune portée à son maximum, chacune aidant l’autre
à
exister. Eh bien, le mariage, c’est exactement la même chose entre un
1669
de des institutions religieuses — ce qui est tout
à
fait autre chose, n’est-ce pas ? Les cadres étatiques de la religion
1670
ut ça, sont en pleine crise — je n’irai pas jusqu’
à
dire débandade, mais on n’en est pas loin. […] Comme je le disais d’a
1671
d’ailleurs dans un livre écrit pendant la guerre
à
New York, La Part du diable , nous allons vers le règne de l’ennui m
1672
réativité humaine, la responsabilité personnelle,
à
ce que j’appelais le pouvoir de « décréation » du diable. Je suis en
1673
ynamique qui dit que tout ensemble de forces tend
à
une certaine dégradation de l’énergie, par exemple, l’énergie lumineu
1674
une forme d’organisation de l’énergie inférieure
à
la précédente. Alors contre ça, il faut lutter par ce qu’on appelle e
1675
, c’est une espèce de symbole de tout ce qui tend
à
détendre les énergies humaines, n’est-ce pas ?, à unifier, à uniformi
1676
à détendre les énergies humaines, n’est-ce pas ?,
à
unifier, à uniformiser, à égaliser, et toujours au profit du degré le
1677
les énergies humaines, n’est-ce pas ?, à unifier,
à
uniformiser, à égaliser, et toujours au profit du degré le plus bas d
1678
maines, n’est-ce pas ?, à unifier, à uniformiser,
à
égaliser, et toujours au profit du degré le plus bas d’organisation,
1679
duits par la note suivante : « Parce qu’il est né
à
Neuchâtel (Suisse) en 1906, Denis de Rougemont a maintenant passé la
1680
t-à-dire qu’il a deux fois l’âge où l’on commence
à
être suspect pour les jeunes. Et pourtant !… À l’entendre parler de p
1681
ce à être suspect pour les jeunes. Et pourtant !…
À
l’entendre parler de personnalisme, mouvement auquel il est associé a
1682
vingtaine qui se lance, avec toute sa génération,
à
la recherche d’un humanisme socialiste de type marxiste ou chrétien.
1683
umanisme socialiste de type marxiste ou chrétien.
À
l’entendre approfondir la conclusion de sa conférence du 25 septembre
1684
ir la conclusion de sa conférence du 25 septembre
à
l’Université McGill, on sent que la place qu’il accorde, par exemple,
1685
elles n’est pas qu’un clin d’œil poli ou cajoleur
à
la jeunesse. Qu’il ne se gêne cependant pas de critiquer quand il en