1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 La Suisse ne saurait se targuer d’avoir donné à l’ Europe et au monde une « culture nationale » bien caractérisée ; ni même d’a
2 le véritable apport de la Suisse comme telle à l’ Europe . Pratique restée longtemps sans nom et sans doctrine — ou du moins, s
3 t d’aboutir les négociations entre la Suisse et l’ Europe , représentée pour l’instant par le Marché commun. D’une part, on affi
4 édéraliste ? J’en propose ici le principe : que l’ Europe unie apprenne à respecter la diversité des petites nations qui la com
5 Suisse apprenne à respecter, dans le cadre d’une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans le cadre d
6 nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’ Europe entière. L’Europe est la seule et véritable unité culturelle, organiq
7 ntaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’ Europe est la seule et véritable unité culturelle, organique et complète, à
8 sant « culture nationale », intermédiaire entre l’ Europe et nos cités. Je bute ici sur un concept aussi néfaste qu’invétéré, e
9 prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en Europe un certain nombre de « cultures nationales » bien distinctes et auton
10 utonomes dont l’addition constituerait la culture européenne est une pure et simple illusion d’optique scolaire. Elle se dissipe c
11 au soleil à la lumière de l’Histoire. La culture européenne n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « culture
12 ltures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépendamment des nations q
13 pendamment des nations qui divisent aujourd’hui l’ Europe , et dont la plupart n’ont même pas cent ans d’existence : il faut bie
14 i de la musique, élément important et typiquement européen de notre culture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la mu
15 randes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe  : elle naît et se constitue entre les xiie et xive siècles dans un
16 xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Ba
17 que tu n’aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacun des 24 États-nations qui ont découpé et longtemps déchiré le
18 ais se rattache directement à l’ensemble culturel européen  : elle est « immédiate à l’Europe », comme les villes libres au Moyen
19 mble culturel européen : elle est « immédiate à l’ Europe  », comme les villes libres au Moyen Âge et nos trois cantons primitif
20 çais, et par sa culture, aux sources variées de l’ Europe antique, médiévale et moderne. Autant de réalités ou d’entités qui n’
21 ’architecte ou le musicien) ont été nos meilleurs Européens  : Rousseau, Constant, Mme de Staël dans le passé, et de nos jours, Ro
22 raz, Charles-Albert Cingria, Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils n’ont pas hésité à puiser aux sources les plus vari
23 puiser aux sources les plus variées de la culture européenne , germanique et anglo-saxonne autant que française, sans s’arrêter à c
24 ». Et n’est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen  » que l’on reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses ro
25 de culture d’un peuple, qu’elle fut au temps de l’ Europe classique puis romantique. Les sciences ont pris sa place, à cet égar
26 . Cet apport très typiquement suisse à la culture européenne revêt une importance particulière dans le monde de cette deuxième moi
27 siècle. Il symbolise et préfigure l’apport de l’ Europe au tiers-monde, tout enfiévré par les virus nationalistes que la cult
28 aujourd’hui, se confond donc avec l’apport d’une Europe rajeunie, découvrant le fédéralisme, sa morale et sa philosophie, et
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
29 ts fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)j k Au seuil des activités d’enseig
30 cela se peut, et donc aussi à Genève, des études européennes , c’est parce que la question de l’union de l’Europe se trouve posée à
31 nnes, c’est parce que la question de l’union de l’ Europe se trouve posée à cette génération, et parce qu’elle met en jeu bien
32 des quelque vingt-cinq autres instituts d’études européennes qui sont à l’œuvre, depuis plusieurs années, dans d’autres villes du
33 et à la recherche objective. Certes, la question européenne n’est pas une question académique ! Elle n’appartient pas à un passé
34 pport à ces notions de l’homme qui ont fait que l’ Europe , malgré tout, représente autre chose et un peu plus que ce qu’elle es
35 des terres émergées de la planète. Cette question européenne constituant l’objet central de notre enseignement et de nos recherche
36 n’est en mesure, non plus, de parler au nom de l’ Europe . Qui pourrait assumer, dans ces conditions, les fonctions et les devo
37 ys isolé ? Que peut encore signifier l’expression Europe , sinon un ensemble de pays qui vivent, comme le dit alors P.-H. Spaak
38 ains » ? C’est à ce moment que naît, ou renaît en Europe le vieux rêve d’union du Continent. Et cela commence, comme toujours,
39 e et en Italie — et qui bientôt formeront l’Union européenne des fédéralistes et le Mouvement européen. Les économistes, de leur c
40 Union européenne des fédéralistes et le Mouvement européen . Les économistes, de leur côté, supputent et calculent l’avenir imméd
41 is déclare au congrès de La Haye, en 1948, qu’une Europe unie serait en mesure de doubler sa production et son niveau de vie.
42 fait dans le même sens final qui est celui d’une Europe autonome rendue forte par son union, de Gaulle lui-même. Les première
43 ent modifier les conditions politiques de toute l’ Europe . Le problème de l’union politique se trouve donc posé, inéluctablemen
44 ence du Marché commun. Telle est donc la question européenne . Formulée tout d’abord par des intellectuels et des utopistes mal éco
45 faudra bien donner un jour prochain à la question européenne . En vue de cerner et de choisir au mieux l’objet de nos études dans u
46 aient nos États. On peut concevoir idéalement une Europe unitaire, unifiée sur le modèle élargi aux dimensions continentales d
47 t l’exemple typique est la France. Dans une telle Europe , nos États actuels ne joueraient plus qu’un rôle comparable à celui d
48 es utiles, car chacun voit que l’unification de l’ Europe , à supposer qu’elle soit praticable, ne serait conforme ni aux donnée
49 tendances contradictoires qui composent l’esprit européen , je veux dire la tendance à l’unité abstraite, l’esprit de géométrie
50 la société. Dans les discussions sur la question européenne , cette utopie joue un rôle non négligeable, fût-ce au seul titre de r
51 vantail. À l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui ne serait organisée que par un système d’alliances entre États so
52 it, la solution préconisée par les tenants de « l’ Europe des patries », belle expression hélas impropre en l’occurrence, car,
53 e de mai 1962), elle ne désigne en réalité qu’une Europe des États. Dans une telle Europe, nos États-nations actuels resteraie
54 n réalité qu’une Europe des États. Dans une telle Europe , nos États-nations actuels resteraient pleinement souverains — dans l
55 s 1945, et qui ont posé, précisément, la question européenne . Elle supposerait en tout cas un retrait, éventuellement impraticable
56 uverains, c’est la solution fédéraliste. Dans une Europe fédérée, les États ne seraient pas effacés ou dissouts, ils ne seraie
57 dans les traités qui ont institué les Communautés européennes  », mais elle ne suggère pas les voies et moyens qui pourraient permet
58 e converger un jour ou l’autre les partisans de l’ Europe des États et ceux des États-Unis d’Europe, ceux qui insistent avant t
59 nt appelé, à tort ou à raison, une préfigure de l’ Europe unie. Enfin, raisons immédiates et personnelles. Il se trouve que mes
60 tutions supra- ou plurinationales fonctionnant en Europe , la CECA, le Marché commun, l’AELE, etc. Il étudiera donc des exemple
61 stades d’une intégration progressive à l’échelle européenne . Problème préfédéraliste, à parler rigoureusement, mais préalable néc
62 el ouvrage qu’il publie ces jours-ci : Dimensions européennes de la science politique. Enfin, je me propose, pour ma part, d’aborde
63 ts fédéralistes dans les projets et plans d’union européenne , du Moyen Âge à nos jours. Parallèlement aux cours et aux travaux de
64 ectives d’une solution fédéraliste de la question européenne . Le groupe doit se réunir pour la première fois dans quelques semaine
65 grès de Montreux (1947) suivi par le Congrès de l’ Europe , à La Haye, en 1948, d’où sont issues les premières réalisations euro
66 1948, d’où sont issues les premières réalisations européennes , le Conseil de l’Europe notamment. Citons enfin les deux tomes d’Étud
67 r rechercher dans les écrits des précurseurs de l’ Europe unie, à partir du xive siècle, et en remontant peu à peu vers notre
68 ue, les éléments d’une tradition fédéraliste de l’ Europe  ; quitte à déduire, finalement, de cette enquête, quelques critères p
69 t, ce n’est pas une histoire des échecs de l’idée européenne , ni des déchets de la pensée fédéraliste, ni des curiosa de l’esprit
70 deux grandes origines antinomiques de la question européenne , l’empire et les nations. Dante écrit son traité au moment où le Sain
71 les étymologies vivantes du vocabulaire politique européen de la plupart de ses termes de base, tels que : unité, union, unifica
72 s, tandis qu’elle se réalisait enfin, mais hors d’ Europe , dans la Constitution américaine. Nous montrerons aussi dans quelle m
73 Crucé, qui propose une série de « grands travaux européens  » ; comment elles se développent dans les plans de Bentham et de Sain
74 donc une sorte de généalogie des grands desseins européens que nous aurons à établir, au moins autant qu’un constat déprimant d’
75 m sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne adressé par Briand à la Société des Nations en 1930, la galerie des a
76 u cœur des débats idéologiques et politiques de l’ Europe actuelle. J’inscris donc sur son seuil : nostra res agitur ! 10. Je
77 aris 1960. Voir aussi mes « Orientations vers une Europe fédérale », Fururibles, n° 56, Paris, 1963. 11. Cité dans Le Fédéral
78 ts fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours », Bastions de Genève, Genève, 1963, p. 61-7
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
79 — qui fait son entrée résolue sur la grande scène européenne  : ses capitaines sont le réformateur Zwingli, le peintre-poète Manuel
80 ermanique, italienne ou française — à une échelle européenne . Toutes nos gloires sont européennes, non seulement par leur rayonnem
81 à une échelle européenne. Toutes nos gloires sont européennes , non seulement par leur rayonnement (comme le furent celle d’un Racin
82 s un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’ Europe . Ainsi, le stade national est sauté. J’oserai dire que je vois là, p
83 ulturel. Nous sommes, nous Suisses, immédiats à l’ Europe , condamnés à l’Europe, dirais-je, quand nous sortons de notre commune
84 nous Suisses, immédiats à l’Europe, condamnés à l’ Europe , dirais-je, quand nous sortons de notre commune originelle. Cette sit
85 li, sont les trois premiers foyers de rayonnement européen des ligues. Aussitôt prolifèrent autour d’eux les bases de lancement
86 fend avec éloquence un plan d’union fédérale de l’ Europe , et modifie plus que nul autre la sensibilité occidentale. De Zurich
87 lus, et de Zurich tôt après, d’où rayonnent sur l’ Europe entière et l’Amérique l’Institut Rousseau des Claparède, Bovet et Jea
88 uns avec les autres qu’avec les grands ensembles européens , peut-on déceler des caractères communs et spécifiquement suisses dan
89 n complète de nos gloires ayant atteint le niveau européen , ou même mondial, dessinerait un profil caractéristique par ses dépre
90 cette courbe mouvementée ? Certes, tous les pays européens n’ont pas leur Mozart, leur Rembrandt, leur Baudelaire ou leur Descar
91 pulation neuf fois plus grande). ⁂ À l’heure de l’ Europe unie, la Suisse semble donc en mesure de tenir une place plus qu’hono
92 es grands voisins. Ce n’est pas du projet d’union européenne que provient cette menace de nivellement, mais plutôt d’un certain ma
93 elles dont elle dispose. N’est-elle pas le pays d’ Europe qui a les raisons les plus fortes et les plus concrètes de savoir que
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
94 n d’aboutir les négociations entre la Suisse et l’ Europe , représentée pour l’instant par le Marché commun. D’une part, on affi
95 éraliste ? Je vous en propose le principe : que l’ Europe unie apprenne à respecter la diversité des petites nations qui la com
96 a Suisse apprenne à respecter dans le cadre d’une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans le cadre d
97 nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’ Europe entière. L’Europe est la seule et véritable unité culturelle, organiq
98 ntaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’ Europe est la seule et véritable unité culturelle, organique et complète, à
99 i-disant culture nationale, intermédiaire entre l’ Europe et nos cités. Ici, je me permettrai de rompre une lance contre le con
100 prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en Europe un certain nombre de « cultures nationales » bien distinctes et auton
101 utonomes dont l’ensemble constituerait la culture européenne est une pure et simple illusion d’optique scolaire. Elle se dissipe c
102 au soleil à la lumière de l’Histoire. La culture européenne n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « culture
103 ltures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépendamment des nations q
104 pendamment des nations qui divisent aujourd’hui l’ Europe , et dont la plupart n’ont même pas cent ans d’existence : il faut bie
105 i de la musique, élément important et typiquement européen de notre culture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la mu
106 randes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe  : elle naît et se constitue au xiiie siècle dans un certain nombre d
107 xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Ba
108 que tu n’aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacune des vingt-quatre nations qui ont découpé leur État dans le
109 ais se rattache directement à l’ensemble culturel européen  : elle est « immédiate à l’Europe », comme les villes libres au Moyen
110 mble culturel européen : elle est « immédiate à l’ Europe  », comme les villes libres au Moyen Âge et nos trois cantons primitif
111 symbiose permanente avec l’ensemble de la culture européenne . Nos meilleurs auteurs (pour ne prendre que cet exemple, le plus déli
112 ’architecte ou le musicien) ont été nos meilleurs Européens  : Rousseau, Constant, Mme de Staël dans le passé, et de nos jours, pa
113 raz, Charles-Albert Cingria, Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils n’ont pas hésité à puiser aux sources les plus vari
114 puiser aux sources les plus variées de la culture européenne , germanique et anglo-saxonne autant que française, sans s’arrêter à c
115 ». Et n’est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen  » que l’on reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses ro
116 . Cet apport très typiquement suisse à la culture européenne revêt une importance particulière dans le monde de cette deuxième moi
117 siècle. Il symbolise et préfigure l’apport de l’ Europe au tiers-monde, tout enfiévré par les virus nationalistes que la cult
118 t lié, nous l’avons vu, au génie de la culture en Europe , la question qui se pose maintenant est de savoir comment nous sauron
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
119 À propos de la culture européenne (avril 1963)d e J’ai lu avec un étonnement croissant le petit arti
120 o de décembre. Je me demandais au début à quels «  Européens  » l’auteur s’en prenait, qui d’une part refuseraient de reconnaître l
121 , chrétien et arabe, à la formation de la culture européenne , d’autre part réduiraient l’Europe à l’anticommunisme, même pas philo
122 la culture européenne, d’autre part réduiraient l’ Europe à l’anticommunisme, même pas philosophique mais « géographique ». N’a
123 e mais « géographique ». N’ayant jamais connu d’«  Européens  » à ce point illettrés et fanatiques, j’attendais avec curiosité des
124 l’effort vain et absurde de présenter une culture européenne unitaire » ; il nierait que l’Europe soit « la patrie des contradicti
125 culture européenne unitaire » ; il nierait que l’ Europe soit « la patrie des contradictions » ; et il pratiquerait le « natio
126 de nos 52 bulletins , ou à Vingt-huit siècles d’ Europe , ou le Dialogue des cultures ou Les Chances de l’Europe , etc.),
127 u le Dialogue des cultures ou Les Chances de l’ Europe , etc.), ils partageront notre stupeur. M. Chiti-Batelli accuse le CE
128 culture, à nous opposer ma propre définition de l’ Europe comme « patrie des contradictions », etc. Bref, la méthode critique d
129 lsifier radicalement. Qu’il y ait une tradition «  européenne  » du fascisme et de ses procédés, comme le rappelle votre auteur — no
130 enfreude — c’est indéniable. Il y a eu de tout en Europe , de la sottise aussi, autant qu’ailleurs. La seule question qu’on se
131 t les traditions qui doivent collaborer à notre «  Europe en formation », et à la vôtre. d. Rougemont Denis de, « À propos d
132 d. Rougemont Denis de, « À propos de la culture européenne  », L’Europe en formation, Nice, avril 1963, p. 20. e. Introduit par
133 enis de, « À propos de la culture européenne », L’ Europe en formation, Nice, avril 1963, p. 20. e. Introduit par la note suiv
134 « À la suite de l’article : “Y a-t-il une culture européenne  ?” publié dans notre numéro de décembre, nous avons reçu la lettre su
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
135 Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)f I. La puissance ou la liberté ? L’uni
136 I. La puissance ou la liberté ? L’union de l’ Europe ne pourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est pas de vo
137 les passions fondamentales les mieux partagées en Europe , il en est deux qui me paraissent les plus propres à motiver chez l’h
138 , ne furent jamais atteintes dans l’histoire de l’ Europe . Mais en chemin vers la première, nous trouvons le règne de Louis XIV
139 aurait y survivre) et elles coexistent en nous. L’ Européen normal vit quelque part entre les deux extrémités, et ainsi tient de
140 à prendre part à l’élaboration des plans d’avenir européen , je vois deux types intermédiaires, entre ceux que l’on vient de cara
141 des considérations qui suivent sur l’avenir d’une Europe unie. ⁂ II. L’attitude fédéraliste L’attitude fédéraliste est c
142 ui conduit à imaginer (pour mieux la vouloir) une Europe qui serait unie par des liens proprement fédéraux. Cette Europe fédér
143 ait unie par des liens proprement fédéraux. Cette Europe fédérale ne serait donc : — ni totalement unifiée autour d’un centre
144 tié du xxe siècle. Mais en fait, le projet d’une Europe fédérale est antérieur à ces deux stades récents de notre aventure in
145 de l’homme dans la cité qui est constitutive de l’ Europe , et sans laquelle nos sciences et nos logiques ne seraient pas ce qu’
146 t pas eu lieu. Lors du premier congrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui se tint à Montreux en 1947, j’avais tenté de si
147 oncture politique d’où allait naître le Mouvement européen . S’agissant de reprendre ici la description de l’ensemble du projet,
148 , à son point de départ, qui est l’homme de notre Europe , redéfini dans les catégories concrètes du présent. Toute politique
149 ns l’actualité immédiate, à l’échelle des nations européennes . Premier principe. Une fédération ne peut naître qu’au prix du renon
150 t d’ailleurs partagée par certains hommes d’États européens — selon laquelle une fédération ne peut être que l’œuvre d’un tout-pu
151 er, dans leurs tentatives pour faire l’unité de l’ Europe , sont des avertissements utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’o
152 vegarder leurs qualités propres. La richesse de l’ Europe et l’essence même de sa culture seraient perdues si l’on tentait d’un
153 tout y mélanger, et d’obtenir une sorte de nation européenne où Latins et Germains, Slaves et Anglo-Saxons, Scandinaves et Grecs,
154 autre image. Chacune des nations qui composent l’ Europe y représente une fonction propre, irremplaçable, comme celle d’un org
155 armonie avec tous les autres. Si les nations de l’ Europe arrivaient à se concevoir dans un rôle analogue, elles comprendraient
156 oyen des gouvernements. Nous voyons la fédération européenne se composer lentement, un peu partout, et de toutes sortes de manière
157 ui créent peu à peu des réseaux variés d’échanges européens . Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela qui paraît si dispersé
158 anguins de ce qui deviendra un jour le corps de l’ Europe unie. Au-dessous et au-dessus des gouvernements, l’Europe des réalité
159 nie. Au-dessous et au-dessus des gouvernements, l’ Europe des réalités humaines est beaucoup plus près de s’organiser qu’il ne
160 u l’ONU, que cela empêche de vivre. La fédération européenne ne saurait être l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intér
161 dehors des gouvernements nationaux (Congrès de l’ Europe à La Haye en 1948, et ses suites) et qui, par le détour de l’opinion
162 endue. Et quant aux entreprises impérialistes des Européens — les colonies —, elles sont restées le fait des États en concurrence
163 élires de conquête n’ont jamais rien construit en Europe . Seules, les prises de conscience dramatiques de l’incapacité de subs
164 la dernière guerre mondiale ont placé les nations européennes dans une situation comparable à bien des égards à celle des cantons s
165 nne. Il est infiniment probable que, sur le plan européen , nous allons voir se dessiner deux tendances toutes semblables à cell
166 il n’est pas moins évident que l’ensemble fédéral européen bénéficiera de la vitalité culturelle de chacun de ses membres : or c
167 iété même conditionne la puissance créatrice de l’ Europe . Il convient donc d’attribuer aux régions une totale autonomie en mat
168 re moitié du xxe siècle, la plupart des penseurs européens , pris d’angoisse devant l’essor technique, ont popularisé l’idée que
169 l est clair que la machine a été inventée par les Européens pour les libérer du travail qui pouvait être fait par elle ; et s’ils
170 lités » natives… N’est-ce point là ce que l’homme européen , depuis des siècles, appelle sa liberté ? Subordonner sans trêve les
171 politique. Ayant défini de la sorte la santé de l’ Europe à construire, je ne perdrai pas de temps à rappeler les maladies qui
172 x moyens Quels sont alors les buts que l’homme européen peut et doit projeter au plan de la politique et de l’organisation du
173 les décennies à venir ? Et de quels mécanismes l’ Europe a-t-elle besoin pour atteindre ces buts, ou pour s’en rapprocher ?
174 es, des communes, des régions, et finalement de l’ Europe entière, pour exercer de mieux en mieux leur vocation particulière, à
175 ter à l’échelle mondiale la vocation générale des Européens , c’est-à-dire de donner une Voix à l’ensemble historique et culturel
176 Voix à l’ensemble historique et culturel qu’est l’ Europe . Tout le problème est d’ordonner, subordonner, articuler ces moyens c
177 é, le problème d’une organisation fédérative de l’ Europe se ramène à la recherche d’un optimum pratique entre les maxima possi
178 hnique occidentale. La nécessité d’une union de l’ Europe n’étant pas ici discutée mais admise, il faut chercher à voir mainten
179 période de 1975-1980. ⁂ V. Vue générale d’une Europe fédérée Buts Le préambule de l’Acte constituant la fédération
180 Le préambule de l’Acte constituant la fédération européenne déclare que l’union de ses peuples a pour fins, d’une part, d’assurer
181 la vocation et les intérêts propres de l’ensemble européen . Comment ces grands principes abstraits se traduisent-ils, aux yeux d
182 ncipes abstraits se traduisent-ils, aux yeux de l’ Européen vivant en 1980 ? Tout d’abord, par un sentiment de grand espace ouve
183 s États-Unis, la Russie soviétique ou la Chine, l’ Europe est tellement plus variée qu’elle est en fait, si on la traverse, inf
184 itoyens de tous les pays membres de la fédération européenne circulent du nord au sud et de l’est à l’ouest sans passeports ni vis
185 nt ainsi gagnées chaque année, par des millions d’ Européens en déplacement professionnel ou en vacances. Ils sont chez eux partou
186 les gloires et les hontes du passé de chaque pays européen comme les leurs, et l’avenir de l’ensemble européen comme leur avenir
187 ropéen comme les leurs, et l’avenir de l’ensemble européen comme leur avenir. Leur horizon, leur projet d’existence n’est plus b
188 les, et donc mondiales. S’ils veulent sortir de l’ Europe , vers l’Afrique ou l’Asie, les Amériques ou la Russie, ils produisent
189 ériques ou la Russie, ils produisent un passeport européen , délivré à leur lieu d’origine. Chacun peut s’établir où il le veut,
190 ce qui se fait partout, au même prix et en francs européens . Ce marché commun de 400 millions de producteurs et de consommateurs
191 e loin le plus riche et le plus varié du monde. L’ Europe a donc cessé de se sentir écrasée entre les « deux grands » : elle es
192 r et même mieux qu’avant. Car chaque citoyen de l’ Europe relève d’un pays d’origine, d’une communauté définie où il a (ou pren
193 Statut de la Personne. Pour devenir citoyen de l’ Europe , il faut et il suffit que l’on devienne d’abord citoyen de l’un des p
194 peuples peuvent enfin faire entendre la Voix de l’ Europe (comme le demandait Churchill dès 1948 au Congrès de l’Europe à La Ha
195 e le demandait Churchill dès 1948 au Congrès de l’ Europe à La Haye6). Le fait que leur fédération ait désormais, en tant que t
196 e, sociale, économique et politique de l’ensemble européen s’exprime désormais par des décisions fédérales, qui traduisent la co
197 nce et la volonté de la majorité des États et des Européens responsables de leur État. La fédération européenne a solennellement
198 uropéens responsables de leur État. La fédération européenne a solennellement déclaré qu’elle renonçait à la guerre comme moyen po
199 ent à sa défense, selon les plans de l’état-major européen , qui dépend du pouvoir fédéral. Moyens, ou institutions Les ins
200 l. Moyens, ou institutions Les institutions européennes ont pour raison d’être et principe formateur d’exprimer et de garanti
201 de garantir les libertés fondamentales de l’homme européen . Il en résulte immédiatement que l’organisation politique de l’Europe
202 e immédiatement que l’organisation politique de l’ Europe ne saurait être l’État-nation unifié, ni un système d’alliances bi- o
203 autre part de manifester la vocation générale des Européens à l’échelle mondiale : droit à l’Union. L’Europe fédérée se présente,
204 ropéens à l’échelle mondiale : droit à l’Union. L’ Europe fédérée se présente, en conséquence, comme un grand espace composé d’
205 qui se posaient au départ de la construction de l’ Europe . Ouvrons donc en ce point une parenthèse, et, faisant retour en arriè
206 il est vain de fonder l’espoir d’une construction européenne sur un geste qu’aucun grand État n’est en mesure de faire, il est san
207 obtempéré. Or, ces puissances n’étaient pas même européennes , et sans l’appui de l’une aucun pays d’Europe ne peut se défendre con
208 uropéennes, et sans l’appui de l’une aucun pays d’ Europe ne peut se défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe n’est donc vr
209 ne peut se défendre contre l’autre. Aucun pays d’ Europe n’est donc vraiment souverain au sens classique ; mais il y a plus :
210 ’est autonome et ne pourra plus l’être tant que l’ Europe entière ne le sera pas. Leur souveraineté relative, pour autant qu’el
211 à faire : — une Constitution fédérale, afin que l’ Europe recouvre, au temps des grands empires, l’indépendance de décision qui
212 blème fondamental semble bien devoir se poser à l’ Europe une fois fédérée. Peu le pressentent ou s’en inquiètent, aux environs
213 vélant un jeu de forces profondes, modèleront une Europe réelle bien différente de celle de nos cartes politiques actuelles, a
214 coutumes7 ; tandis que les États centralisés de l’ Europe , hérités du dernier siècle ont poursuivi le dessein systématique d’ef
215 ntes8. ⁂ Reprenons maintenant la description de l’ Europe fédérée de 1980. On y assiste à des regroupements qui ne tiennent plu
216 , selon des conjonctures historiques dépassées, l’ Europe fédérale est en train de devenir une constellation de foyers, ou de «
217 ou amène, se voient à juste titre privilégiées. L’ Europe noire du charbon, des corons, des banlieues ouvrières et des mines se
218 problèmes très ardus d’aménagement du territoire européen . Ils requièrent des solutions neuves, à la recherche desquelles conco
219 on qui assure la représentation diplomatique de l’ Europe entière, pour toutes les matières prévues par la Constitution fédéral
220 es universitaires, voyages, etc.) La défense de l’ Europe est assurée par des forces armées aux ordres du pouvoir fédéral, qui
221 s entre États-nations rigides, à l’intérieur de l’ Europe , mais aussi à la rendre incapable d’exercer une politique agressive.
222 a seule permis le rapprochement des peuples de l’ Europe .) C’est pourquoi la fédération européenne a solennellement proclamé q
223 euples de l’Europe.) C’est pourquoi la fédération européenne a solennellement proclamé qu’elle renonçait à la guerre comme moyen d
224 ’intérieur, ni à l’extérieur. Quant à savoir si l’ Europe fédérée est elle-même neutre, la question se ramène à celle des allia
225 ses propres tendances agressives. En revanche, l’ Europe fédérée ne saurait conclure une alliance militaire avec aucune puissa
226 érieur par la nécessité de représenter l’ensemble européen . À la politique des grands travaux continentaux correspond une politi
227 au sein d’une même civilisation technique née en Europe mais rapidement adoptée par tous les pays du monde, ont montré la néc
228 t montré la nécessité d’une politique commune des Européens dans le domaine de la culture. Débattue et décidée par le Conseil des
229 entée dans le monde par des Relations culturelles européennes , agissant concurremment avec les missions des États membres, chaque f
230 t les capacités nationales, concernent l’ensemble européen et ses intérêts généraux. (Exemples : création d’Instituts européens
231 térêts généraux. (Exemples : création d’Instituts européens dans le tiers-monde. Formation européenne des aides techniques. Relat
232 nstituts européens dans le tiers-monde. Formation européenne des aides techniques. Relations publiques de l’Europe dans le « monde
233 ne des aides techniques. Relations publiques de l’ Europe dans le « monde de Bandung » et dans le monde communiste. « Voix de l
234 andung » et dans le monde communiste. « Voix de l’ Europe  » à la RTV, etc.) Enfin, le pouvoir fédéral garantit l’ordre intérieu
235 entités comparables relevant d’un État voisin. L’ Europe tend de la sorte à se transformer de fédération des États « anciens »
236 islatives : La double nécessité d’assurer l’union européenne et l’autonomie des communautés fédérées implique une dualité correspo
237 édérale se compose donc d’une Chambre des députés européens et d’un Sénat européen, la première représentant les peuples, le seco
238 d’une Chambre des députés européens et d’un Sénat européen , la première représentant les peuples, le second, les États et les co
239 nt aussi différenciées que celles qui existent en Europe , ne saurait être gouverné que par un Collège où s’équilibrent les div
240 sités en évolution permanente. Le Conseil fédéral européen , composé d’une douzaine de ministres, représente le chef de l’État eu
241 uzaine de ministres, représente le chef de l’État européen . Il gère collégialement les affaires fédérales. Ses membres sont élus
242 membres sont élus pour trois ans par l’Assemblée européenne et sont rééligibles. On ne peut choisir plus d’un membre dans le même
243 Il porte le titre de président de la fédération d’ Europe . Le Conseil fédéral est assisté de commissions exécutives spécialisée
244 il n’y en a d’ailleurs plus d’assez vaste, dans l’ Europe de 1980. Le District fédéral doit être situé au centre du Continent ;
245 e des valeurs et réalités d’intérêt commun pour l’ Europe . De même qu’au xiie siècle les premiers cantons avaient reçu « l’imm
246 éfendre le col du Gothard au nom de la communauté européenne du Saint-Empire, de même la Confédération suisse se voit dotée d’un s
247 d’immédiateté fédérale », en devenant le District européen . Les autorités de la fédération ont leur siège dans ses villes princi
248 des affaires suisses dans les affaires fédérales européennes . La Suisse, qui n’inquiète personne, se trouve ainsi confirmée dans s
249 est une forme de pensée politique spécifiquement européenne qui prend ses sources dans la théologie chrétienne et dans la philoso
250 processus de décision des Communautés économiques européennes . La rencontre de cette vieille tradition, rénovée au xixe siècle, de
251 ux qui disent redouter « l’américanisation » de l’ Europe ou sa « bolchevisation », contraindra les partisans d’une Europe unit
252 bolchevisation », contraindra les partisans d’une Europe unitaire à se replier sur des solutions praticables, qui se trouveron
253 ux « privilèges ») et en faveur d’une unification européenne . Là encore, la résultante des forces antagonistes pointe vers des sol
254 s. La nécessité et les promesses d’une union de l’ Europe sont admises par plus de 80 % des Européens, quoique d’une manière va
255 ion de l’Europe sont admises par plus de 80 % des Européens , quoique d’une manière vague et généralement passive, faute de modèle
256 passions partisanes ou nationales. « Fédérer les Européens  » cesse pour beaucoup d’être une expression vague désignant simplemen
257 r : une vision non utopique de ce que peut être l’ Europe fédérée. ⁂ VII. La vraie « relance » de l’Europe Pour tracer ce
258 rope fédérée. ⁂ VII. La vraie « relance » de l’ Europe Pour tracer cette esquisse d’une union fédérale, nous n’avons eu q
259  ; pression du tiers-monde, qui exige l’aide de l’ Europe et n’en oppose pas moins à son passé mal vu les promesses incertaines
260 cessité, à cet égard, d’une politique commune des Européens  ; désuétude des souverainetés nationales absolues, tout juste capable
261 la non-vision du But possible et nécessaire. Si l’ Europe n’est pas encore faite, ce n’est pas que ces obstacles soient bien fo
262 accuser de sabotage ceux qui demandent : « Quelle Europe voulez-vous ? Qu’on nous la montre ! » Ces discussions préliminaires
263 terme de l’étude : voilà le But. Cette « relance européenne  » dans les esprits paraît la seule immédiatement réalisable. Elle peu
264 aliste », discours prononcé au congrès de l’Union européenne des fédéralistes, Montreux 1947. Publié dans L’Europe en jeu . (Édit
265 e des fédéralistes, Montreux 1947. Publié dans L’ Europe en jeu . (Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1948). 3. Dépassemen
266 e us, at this congress, is… to raise the voice of Europe as a united home… » (Cf., mon Europe en jeu , p. 126). 7. Une seule
267 he voice of Europe as a united home… » (Cf., mon Europe en jeu , p. 126). 7. Une seule exception notable en Suisse : le Jura
268 f. Rougemont Denis de, « Orientations vers une Europe fédérale », Bulletin SEDEIS-Futuribles, Paris, 10 mai 1963, p. 5-34.
7 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
269 ure des résistances qu’elle rencontre. Et c’est l’ Europe catholique et nordique qui devait offrir les résistances les plus dur
270 ur le malheur, l’amour impossible, c’est le mythe européen de l’adultère. Qu’est-ce qu’un mythe ? Un mythe c’est une histoire si
271 ntime. Or, si la passion a fait son apparition en Europe bien avant le café et la pomme de terre — au xiie siècle — elle n’en
8 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
272 L’idée européenne en Suisse (1964)l Avant le Pacte secret de 1291, la bataille de Mo
273 et même de sa neutralité « dans les intérêts de l’ Europe entière ». Si les Ligues suisses se détachent peu à peu du Saint-Empi
274 hent peu à peu du Saint-Empire, de cette première Europe dont elles sont nées, c’est parce que l’Empire lui-même se dénature,
275 r que la paix, la prospérité et les libertés de l’ Europe ne seront rétablies que par cette union-là. C’est comme « citoyen de
276 aux de Hollande, et de la « Ligue helvétique ». L’ Europe unie qu’il appelle de ses vœux ne serait nullement unifiée par un des
277 par une idéologie, elle devrait être en somme une Europe des cités (ou des communes), formée de très petits États « où tous le
278 ordination au corps de la république ». C’est une Europe intégralement fédéraliste qu’il préconise, et son module (élément typ
279 sse dans la mesure où elle ouvre des perspectives européennes , soit par son action personnelle à Coppet, où les meilleurs esprits d
280 r Napoléon, — hélas trop tard. Et son fédéralisme européen préfigure le régime qui triomphera, en 1848, à l’échelle suisse : « L
281 rois donne une base et une finalité expressément européenne à la neutralité de la Suisse indépendante. Et tandis que se forment d
282 ante. Et tandis que se forment dans le reste de l’ Europe des nations unitaires sur le modèle français, promises aux guerres na
283 s cantons selon la maxime impériale, fédéraliste, européenne , de l’union dans la diversité. C’est en Suisse que Mazzini publie en
284 n 1836 le manifeste et les journaux de la « Jeune Europe  », et que le général Garibaldi préside un Congrès de la paix par l’un
285 ribaldi préside un Congrès de la paix par l’unité européenne , auquel Hugo envoie un message enflammé (Genève, 1864). Proudhon s’es
286 rédigeant son Organisation d’une société d’États européens (1879). Auteur du Code civil de son canton natal, Zurich, Bluntschli
287 à les proposer en modèle pour l’édification de l’ Europe . Selon lui, la « nationalité suisse possède au plus haut degré un car
288 i lui paraît destiné à assurer un jour la paix en Europe . « Si cet idéal de l’avenir se réalise un jour, écrit-il en 1875, la
289 e devra s’incorporer à la communauté de la Grande Europe . De cette façon, elle n’aura pas vécu en vain ni sans gloire14. » Pra
290 iquement ignoré de nos jours par les fédéralistes européens , le projet très précis du juriste zurichois reste une des hypothèses
291 vail les plus fécondes dont les constituants de l’ Europe à venir puissent tenir compte. Au xxe siècle, c’est encore en Suisse
292 ue le premier mouvement de militants fédéralistes européens voit le jour : l’Europa-Union ; et c’est lui qui convoque la première
293 on qui va servir de base à la création de l’Union européenne des fédéralistes. Celle-ci, qui groupe rapidement une vingtaine de mo
294 ée comme le point de départ de l’action politique européenne . En effet, c’est au cours du congrès de Montreux que germe l’idée de
295 ue germe l’idée de réunir des états généraux de l’ Europe sous la présidence de Churchill, — dont le discours appelant les peup
296 de l’UEF conduit à la convocation du Congrès de l’ Europe , qui se tient à La Haye au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouve
297 au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouvement européen , qui propose et obtient en neuf mois la création du Conseil de l’Euro
298 réplique des Sept de l’AELE, essor de l’économie européenne , discussion généralisée sur les formes que devra prendre l’union poli
299 s formes que devra prendre l’union politique de l’ Europe … Impossible d’omettre, dans ce bref historique, les aspects culturels
300 e jour, vont naître successivement le Laboratoire européen de recherches nucléaires ou CERN, la Fondation européenne de la cultu
301 en de recherches nucléaires ou CERN, la Fondation européenne de la culture, et une série d’initiatives groupant des instituts univ
302 s cultures d’outre-mer, etc. La première « chaire européenne  » a été créée en 1957 par l’Université de Lausanne et un centre de re
303 s. Genève a suivi en ouvrant un Institut d’études européennes en 1963. Une nouvelle conférence européenne de la culture, sur le thè
304 udes européennes en 1963. Une nouvelle conférence européenne de la culture, sur le thème « L’Europe et le monde » doit se tenir à
305 érence européenne de la culture, sur le thème « L’ Europe et le monde » doit se tenir à Bâle (fin septembre 1964) sous le haut
306 e haut patronage du Conseil fédéral. Ainsi l’idée européenne semble avoir trouvé parmi nous un climat favorable et un terrain fert
307 , et Gonzague de Reynold auteur de Formation de l’ Europe , méritent une place de choix dans toute anthologie de l’idée européen
308 ne place de choix dans toute anthologie de l’idée européenne . C’est en Suisse que le fondateur du mouvement paneuropéen, le comte
309 st en Suisse que Churchill choisit de parler de l’ Europe , et que la même année 1946, les premières Rencontres internationales
310 nationales de Genève prennent pour thème l’Esprit européen . Et j’ai marqué la filiation — trop mal connue — qui va de Hertenstei
311 ble complexe, en plein mouvement, du grand projet européen . Mais tout cela, c’est la Suisse idéale, réputée « microcosme de l’Eu
312 c’est la Suisse idéale, réputée « microcosme de l’ Europe  », et ce sont quelques Suisses entreprenants qui l’ont permis. Qu’a f
313 l’est peut-être plus encore, s’agissant de l’idée européenne . Le scepticisme dominait, et comme on tient pour « réaliste » en poli
314 artis pris de la majorité, le projet d’union de l’ Europe passait généralement pour chimérique. « Fumeux idéalisme ! Subversion
315 de ceux qui faisaient notre opinion. L’union de l’ Europe s’avérait bel et bien réalisable, puisqu’elle devenait réalité, mais
316 erts, quoique trop tardive aux yeux du reste de l’ Europe . Notre entrée à l’OECE fut accueillie avec méfiance par la presse moy
317 angère de la Confédération »15. Adhérer à l’union européenne serait contraire à cette neutralité. La Suisse recevrait des ordres d
318 sse prenne la moindre initiative visant à l’union européenne au plan politique. Elle ne pourrait qu’y perdre son prestige internat
319 devraient être uniformisés selon des directives «  européennes  ». Ce serait contraire à notre Constitution. Ce serait même la fin de
320 onner son économie à celle d’un groupe de nations européennes . Elle tient à garder libres ses échanges avec le monde au-delà de l’E
321 er libres ses échanges avec le monde au-delà de l’ Europe . En s’associant au Marché commun, par exemple, elle perdrait de nombr
322 la culture, croient distinguer dans les projets d’ Europe unie « une politique d’unification qui vise à mêler les peuples d’Eur
323 ique d’unification qui vise à mêler les peuples d’ Europe pour éliminer peu à peu les caractéristiques nationales et les rempla
324 ques nationales et les remplacer par un sentiment européen  », ainsi que le déclarait le 3 mai 1962 M. Homberger, délégué du Voro
325 t les partisans de l’entrée de la Suisse dans une Europe unie ou fédérée. Arguments politiques. — La neutralité suisse a été
326 té suisse a été garantie « dans les intérêts de l’ Europe entière ». Or c’est l’union qui est aujourd’hui dans l’intérêt de tou
327 jourd’hui dans l’intérêt de tous les peuples de l’ Europe . Si notre neutralité s’oppose à l’union, il faut en réviser les terme
328 réserve et de plein droit » à l’édification de l’ Europe unie. Sinon, l’Europe qui se fera sans elle, risque bien de se faire
329 roit » à l’édification de l’Europe unie. Sinon, l’ Europe qui se fera sans elle, risque bien de se faire contre elle, — c’est-à
330 interventions de la Croix-Rouge lors des conflits européens et celles de la diplomatie suisse lors de la guerre d’Algérie, l’exis
331 se lors de la guerre d’Algérie, l’existence d’une Europe unie eût peut-être été capable, elle, de prévenir ces crises, et elle
332 le en vient un jour à s’opposer aux intérêts de l’ Europe entière, on s’apercevra qu’elle a perdu ses bases contractuelles. Déc
333 de rester neutre, même en cas de conflit entre l’ Europe d’une part, et l’URSS ou la Chine de l’autre, c’est d’abord opérer un
334 et c’est absurde : car la Suisse fait partie de l’ Europe , qu’elle le veuille ou non, et rester neutre entre l’Europe et ses en
335 ’elle le veuille ou non, et rester neutre entre l’ Europe et ses ennemis, ce serait vouloir rester neutre entre nos ennemis, et
336 le que l’adhésion de la Suisse à une organisation européenne telle que la CEE ne serait pas incompatible avec la Constitution actu
337 u monde. De nos exportations, deux tiers vont à l’ Europe . Il est vrai que notre balance commerciale reste déficitaire avec l’E
338 otre balance commerciale reste déficitaire avec l’ Europe (de 447 millions), tandis qu’elle est bénéficiaire (de 51 millions) a
339 à l’AELE ! La Suisse est si peu indépendante de l’ Europe que l’immigration de main-d’œuvre européenne nécessaire à l’expansion
340 nte de l’Europe que l’immigration de main-d’œuvre européenne nécessaire à l’expansion de notre économie a dû passer de 90 000 pers
341 tion farouche, que nous pourrons faire face à une Europe unie, — j’entends unie sans nous et malgré nous. Arguments tradition
342 Arguments traditionalistes. — Il est clair qu’une Europe « une et indivisible » serait une catastrophe pour la Suisse. Mais pe
343 se, en réalité. Il est clair, en revanche, qu’une Europe fédérée, donc respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s
344 de faire valoir dans les conseils qui élaborent l’ Europe future les avantages de la formule fédéraliste. Prétendre en conserve
345 . Il n’est pas vrai, d’ailleurs, que l’union de l’ Europe menace d’effacer nos « caractéristiques nationales ». L’union de la S
346 d’unification » de vouloir « mêler les peuples d’ Europe  ». Je rappelais tout à l’heure qu’il y a aujourd’hui plus de 800 000
347 été créée que l’on sache par le mouvement d’union européenne . De nos jours encore, à l’étranger, le nom de la Suisse évoque des va
348 siècle. Refuser de coopérer à l’édification de l’ Europe unie, sous prétexte de sauvegarder des « caractéristiques » déjà perd
349 tant. ⁂ Tels étant les termes du débat que l’idée européenne suscite chez nous — et l’on sait dans quel camp j’ai toujours milité
350 agit d’intérêts ; et quant aux enthousiastes de l’ Europe , ils savent qu’ils n’ont aucune espèce de chances d’être écoutés s’il
351 accord, pour ma part, ni avec ceux qui refusent l’ Europe au nom de notre neutralité, ni avec ceux (beaucoup plus rares d’aille
352 ie — est que la Suisse adhère un jour à une union européenne de type expressément fédéraliste, qui renoncerait à la guerre comme m
353 rait à la guerre comme moyen politique. Une telle Europe reprendrait à son compte ce qui demeure valable et même indispensable
354 istes ne l’exigeons pas. Tout le débat sur l’idée européenne paraît tourner chez nous autour de la défense des intérêts particulie
355 e domaine de la majorité. Certes, je crois qu’une Europe fédérée sauverait seule à long terme nos chères diversités et nos int
356 er durablement notre salut de celui de l’ensemble européen . Mais quand j’aurais tort sur ce point, un autre aspect non moins imp
357 posé hic et nunc : celui de notre responsabilité européenne et même mondiale en tant que Suisses, et comme État qui entend garder
358 donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’ Europe est en droit d’attendre d’une Suisse qui fait partie de sa communauté
359 s au cœur géographique et historique du continent européen , nous avons réussi beaucoup mieux que cette fameuse neutralité, — néc
360 era toujours un œil sur la neutralité étendue à l’ Europe . Aux deux solutions en présence, à l’échelle du continent : sacrifier
361 mais surtout parce que c’est la meilleure pour l’ Europe . Or, si la Suisse ne la propose pas, qui le fera ? Notre fédéralisme
362 ceux qui créent des positions nouvelles. Ce que l’ Europe et le monde attendent de nous, ce n’est pas l’exposé lassant des rais
363 et neutralité », conférence au congrès de l’Union européenne des fédéralistes de Suisse, le 25 novembre 1962. M. Miéville précise 
364 notre Confédération ? 17. Résolution de l’Union européenne suisse, Baden, 25 novembre 1962. 18. Cf. Paul Guggenheim, Organisati
365 juristes, 1963. l. Rougemont Denis de, « L’idée européenne en Suisse », Aspects du devenir helvétique, Berne, Nouvelle Société h
9 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
366 t compartiment où ils sont nés et la grande unité européenne , pas de relais national pour leur culture. C’est ce qu’a très bien vu
367 s un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’ Europe . » C’est ainsi que les Suisses ont donné à l’Europe plusieurs des plu
368 rope. » C’est ainsi que les Suisses ont donné à l’ Europe plusieurs des plus grands noms du xxe siècle : Ferdinand de Saussure
369 pour deux à trois millions dans les autres pays d’ Europe . Faut-il mettre ces chiffres en relation avec l’indice Nobel — qui in
370 vie ». Ils y verront peut-être une préfigure de l’ Europe à venir, cherchant l’union de ses peuples au bénéfice de leurs fécond
10 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
371 epuis le xviie siècle — ait été la création de l’ Europe seule — et, par la suite, de ses filiales américaine et russe — alors
372 occidental ? Que signifie l’effort technique des Européens , et quelles sont ses racines profondes dans la psyché occidentale ? J
373 omme très simple : la religion prépondérante de l’ Europe se fonde sur le dogme de l’Incarnation. Or qu’est-ce que l’Incarnatio
374 enfin réunies de l’apparition de la technique en Europe  : effort plus ascétique que magique, et plus rigoureux qu’hédoniste,
375 alyse, que nous devons ce blocage de la guerre en Europe et au sein du plus grand Occident. Sur notre continent, la technique
376 seraient guère utilisables de nation à nation, en Europe  : nous sommes trop près les uns des autres, et celui qui en lancerait
377 t admettre que la technique a réussi à pacifier l’ Europe en désarmant et jugulant pratiquement ses passions nationalistes, sou
378 e tableau change à vue. C’est la technique née en Europe , dans le contexte spirituel et culturel que j’évoquais tout à l’heure
379 ne conférence prochaine, à Bâle, sur le thème « L’ Europe et le monde », essaiera de poser clairement, sinon de résoudre.) Je s
380 élites culturelles du tiers-monde autant que de l’ Europe , et j’entends d’une Europe agissant comme un tout et non plus comme u
381 -monde autant que de l’Europe, et j’entends d’une Europe agissant comme un tout et non plus comme un concert discordant de nat
382 montagnes et les plages de plusieurs régions de l’ Europe que ses ancêtres en redingote, qui ne parlaient que de politique. Un
11 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
383 La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)s Robustes, bien glacées, aux couleurs fr
384 t cela, mais elle a le régime le plus stable de l’ Europe . Ce pays le plus pauvre en matières premières — il n’a guère que l’ea
385 Tell qui n’exista jamais que dans le mythe à une Europe fédérée qui par malheur n’existe encore que dans l’espoir. Entre les
386 Deux sondages d’opinion, dans plusieurs pays de l’ Europe et aux États-Unis, ont révélé que les Suisses sont tout simplement le
387 a plus grande attention. Voici, au cœur même de l’ Europe et en plein milieu du xx e siècle, un peuple à peu près unanime à s’e
388 u Saint-Empire. Il fallait le garder libre pour l’ Europe , contre tous les seigneurs locaux, dont les Habsbourg, qui essayaient
389 comparable. Prenez mon cas : Français de langue, Européen par la culture mais du canton de Neuchâtel par la naissance et la tra
390 de ces nationalismes qui ont risqué de faire de l’ Europe au xx e siècle un fouillis d’autarcies barbelées et de camps de conce
391 bonheur suisse sont applicables à l’échelle de l’ Europe . En effet, si le problème européen est d’accorder quelque vingt-deux
392 à l’échelle de l’Europe. En effet, si le problème européen est d’accorder quelque vingt-deux pays parlant des langues différente
393 ontinentale. On me dira : la Suisse est petite, l’ Europe est vaste et quelques-unes de ses nations sont grandes. Comment oseri
394 ou de celui d’un colosse. Notez d’ailleurs que l’ Europe actuelle est pratiquement plus petite que ne l’était la Suisse quand
395 la Suisse est la seule maquette vivante de cette Europe fédérée dont rêvent tous les amis de la paix et tous les ennemis de l
396 ux souverainetés bien unies, regardez-le d’un œil européen et prospectif : vous verrez que tout y correspond à quelque chose qui
397 ougemont Denis de, « La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur », Revue des voyages, Genève, automne 1965, p. 57-59.
12 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
398 toute action humaine. Nous avons aussi parlé de l’ Europe , de ce qu’il faut faire pour son union. ⁂ À Royaumont, le 4 avril 194
399 nions consacrées à la préparation du Congrès de l’ Europe (qui allait se tenir à La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait à qu
400 mps) quelques pages qui ne vieilliront plus sur l’ Europe des paysages, des fleuves, des villes, des âmes. ⁂ Engagé désormais d
401 n l’affiche des journaux : « Oui, Messieurs, si l’ Europe doit périr, que ce soit au moins une injustice ! » Mais les grandes h
402 après La Haye, la section culturelle du Mouvement européen (et de là sortiront le Centre européen de la culture et le Collège d’
403 le Centre européen de la culture et le Collège d’ Europe à Bruges), on ne s’ennuie pas, parce que le président nous donne l’im
404 u ! » Bien peu d’hommes ont donné à la cause de l’ Europe , cause commune s’il en fût, un temps qui du même coup devait manquer
405 entre européen de la culture. ⁂ Mais avant d’être Européen , et après, et pendant, et pour toujours, Don Salvador est Espagnol, c
13 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
406 ne. En même temps, il proposait aux hommes d’État européens un plan d’union selon lequel « la communauté des intérêts devait pave
407 Il marquait ainsi le passage de l’Idée à l’Action européennes , en continuité historique, et il inaugurait la stratégie qui serait v
408 m sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne . C’est Aristide Briand convaincu par Coudenhove, qui a lancé le proje
409 ière fois dans l’histoire, les gouvernements de l’ Europe sont requis de se prononcer publiquement sur une proposition d’union.
410 onstitueront les nombreux groupes de fédéralistes européens qui dès la guerre finie vont se réunir avec des politiciens et des éc
411  : la grande presse a pris l’habitude d’appeler «  Europe  » le Plan prudemment mis au point d’union douanière (même pas économi
412 pays seulement sur les vingt-cinq qui composent l’ Europe . Cette « Europe » partiellement sectorielle (tarifaire) sera « faite 
413 ur les vingt-cinq qui composent l’Europe. Cette «  Europe  » partiellement sectorielle (tarifaire) sera « faite » dès le 1er jui
414 — à peine croyable — de tout projet de fédération européenne digne du nom, que va-t-il se passer ? Des mesures propres à « favoris
415 tions du passé. La jeunesse se demande pourquoi l’ Europe n’est pas encore unie, depuis vingt ans que nos gouvernements proclam
416 r et absorber les voisins. Si donc on veut unir l’ Europe , il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il fau
417 d’aujourd’hui s’occupent avec plus de passion en Europe . C’est qu’en effet il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que
418 j’étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne . Invité à parler tout au début, j’improvisai donc sur le thème que vo
419 absurdité manifeste, et plusieurs autres. Dans l’ Europe fédérée de demain, libérée de la tyrannie de l’État-nation, les régio
420 t sur ces régions, Messieurs, que nous bâtirons l’ Europe , non sur les cadres en bonne partie vidés des vieilles nations. Ces
421 lliqueuse — créant ainsi la première civilisation européenne — de même la région va s’opposer aux empires centralistes et monopoli
422 le sont parfois devenus pour le dur malheur de l’ Europe , sous Napoléon, sous Hitler. Ces « terribles simplificateurs », pour
423 termes de Jacob Burckhardt, ont tenté d’unifier l’ Europe par la seule force militaire et policière de leur nation ou de leur p
424 gémonie, ou impérialisme quand il s’agit d’unir l’ Europe , mais plus encore à nous méfier de la formule nationale elle-même don
425 rmation des régions, qui seront les éléments de l’ Europe à venir, mais déjà nous touchons au crépuscule de la période des État
426 es ont commencé, elles finiront. La confédération européenne , probablement, les remplacera. On n’en continue pas moins à nous rép
427 u là, les mesures nécessaires d’union. Pourtant l’ Europe se fait par mille réseaux d’ententes et de fusions industrielles, d’a
428 esque tout ce qui coopère, se fédère ou s’unit en Europe , qu’il s’agisse de savants, de festivals de musique, d’Églises, de fi
429 te sera faite et du même coup, la fédération de l’ Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution ex
430 n exige bien plus de temps que les pionniers de l’ Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des prem
431 ins, cette fédération de régions « immédiates à l’ Europe  » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Emp
432 emblée annuelle des préfets de la République : L’ Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans
433 un beau matin… vers 1985. La région dans le cadre européen , est une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le dépar
434 er que la révolution régionaliste, condition de l’ Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer et que ne peu
14 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
435 Le civisme européen  : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)v Les dictatures t
436 former. Comment former des citoyens et un civisme européens tant qu’il n’y a pas de Cité européenne ? Inversement, comment fonder
437 un civisme européens tant qu’il n’y a pas de Cité européenne  ? Inversement, comment fonder une Cité européenne, l’Europe unie, tan
438 européenne ? Inversement, comment fonder une Cité européenne , l’Europe unie, tant qu’il n’y a pas de civisme européen ? Cercle vic
439 nversement, comment fonder une Cité européenne, l’ Europe unie, tant qu’il n’y a pas de civisme européen ? Cercle vicieux pour
440 e, l’Europe unie, tant qu’il n’y a pas de civisme européen  ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne demandent qu’à croire qu’i
441 os pays le désir d’habiter demain une grande Cité européenne  : s’ils la veulent, ils la bâtiront. Ni spontanée, ni fatale L’u
442 tiront. Ni spontanée, ni fatale L’union de l’ Europe ne se fera pas toute seule par un processus mécanique, ou parce qu’el
443 r mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’ Europe sans faire des Européens. Mais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducati
444 st dire qu’on ne fera pas l’Europe sans faire des Européens . Mais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducation ? Or il faut bien avou
445 ne les caractères et les esprits, ne fait pas des Européens . Quand elle fait quelque chose au niveau du civisme, elle ne fait en
446 lon national, et souvent négative par rapport à l’ Europe . Dans presque tous nos pays, l’enseignement civique se borne à décrir
447 ’ennui civique national une heure d’ennui civique européen , qui aurait le défaut supplémentaire de parler d’une communauté encor
448 ’un des derniers ouvrages consacrés à la question européenne , Europa zwischen Idéologie und Verwirklichung, du prof. Karl Schmid22
449 iers ouvrages consacrés à la question européenne, Europa zwischen Idéologie und Verwirklichung, du prof. Karl Schmid22 je lis
450 llemands, Italiens ou Français l’intégration de l’ Europe apparaisse comme une matière scolaire… Le peu d’institutions européen
451 comme une matière scolaire… Le peu d’institutions européennes au sujet desquelles il serait bon de savoir quelque chose, ne compte
452 auté sociale effective : commune, région, nation, Europe …) Les problèmes vivants et réels de l’Europe, telle qu’elle est aujou
453 ion, Europe…) Les problèmes vivants et réels de l’ Europe , telle qu’elle est aujourd’hui désunie et telle qu’elle pourrait être
454 nul besoin d’insister sur la nécessité de faire l’ Europe — à l’étude des réalités déterminantes de la vie de nos pays et de l’
455 vie de nos pays et de l’existence sociale dans l’ Europe de la seconde moitié du xxe siècle. Quand on a vu de quoi la vie de
456 du xxe siècle. Quand on a vu de quoi la vie de l’ Europe est faite, on voit aussi sans discussion possible, sans adjurations p
457 s pathétiques, sans propagande, qu’il faut unir l’ Europe pour la sauver mais aussi pour servir le Monde. La connaissance des r
458 et les facteurs de différenciation qui font de l’ Europe dans l’histoire une unité caractérisée par sa diversité : Ou encore :
459 a patrie locale, de la région, de la nation, de l’ Europe unie, ou de communautés électives (non natives) universelles par défi
460 les par définition ou ambition ; d) Fonction de l’ Europe dans le monde décolonisé, et conditions nécessaires à son exercice ;
461 humanistes, sociaux, scientifiques) de l’humanité européenne à travers les âges, antérieurs, postérieurs, ou supérieurs à nos dive
462 tilisation d’une heure hebdomadaire de « réalités européennes  » (Europakunde) dans l’enseignement secondaire. Les programmes sont d
463 ique nationale contaminerait très vite sa version européenne . Et d’ailleurs, il serait absurde d’essayer de substituer l’une à l’a
464 e d’essayer de substituer l’une à l’autre : car l’ Europe se fera au-delà des nations mais pas contre elles, ni sans elles. (La
465 alités et aux problèmes civiques de la communauté européenne , et cela, à la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de se présent
466 ur ait été lui-même sensibilisé aux réalités de l’ Europe encore désunie, aux problèmes et aux possibilités de son union procha
467 es éducateurs et de leur formation. L’avenir de l’ Europe unie va se jouer dans les écoles normales. En attendant que celles-ci
468 s-ci prennent conscience de leurs responsabilités européennes , et pour les y pousser, il importe d’agir sans délai sur des groupes
469 is et immédiat de la Campagne d’éducation civique européenne  : de multiplier l’effort de formation des formateurs. Je le dis tout
470 econdaire de nos pays, les bases mêmes de l’union européenne se déroberont sous les pas des hommes politiques et des économistes.
471 tiques et des économistes. Car avant de « faire l’ Europe  », il faut « faire de l’Europe ». Et cela se passera d’abord dans les
472 avant de « faire l’Europe », il faut « faire de l’ Europe  ». Et cela se passera d’abord dans les esprits : sans « révolution cu
473 ne prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’ Europe attend son « petit livre rouge » à distribuer aux dizaines de million
474 ation ! Il ne dira jamais : « Right or wrong, our Europe  ! » mais il fera voir que l’Europe serait détruite par ce qui tue l’e
475 or wrong, our Europe ! » mais il fera voir que l’ Europe serait détruite par ce qui tue l’esprit critique, déprime le goût de
476 f. Enquête sur l’état de l’instruction civique en Europe , Bulletin du Centre européen de la culture, 1964 (épuisé), et Civisme
477 a culture, 1964 (épuisé), et Civisme et éducation européenne , collection « L’Éducation en Europe » II. 2. 22. Artemis Verlag, Zur
478 éducation européenne, collection « L’Éducation en Europe  » II. 2. 22. Artemis Verlag, Zurich 1966, p. 152. 23. Voir numéro 3
479 aplanir ? » v. Rougemont Denis de, « Le civisme européen  : Notes pour un “Petit Livre rouge” », Éducation et Culture, Strasbou
15 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
480 r Étienne Gilson nous expliquant, au Congrès de l’ Europe à La Haye, qu’une certaine année, au milieu du xiie siècle, il n’y a
481 me la Suisse, ni d’ailleurs d’aucun de nos pays d’ Europe  : elle est de dimensions continentales. C’est pourquoi, lors de la Co
482 tinentales. C’est pourquoi, lors de la Conférence européenne de la culture à Lausanne en 1949, nous avons proposé la création d’un
483 avons proposé la création d’un grand laboratoire européen de recherche nucléaire. C’est un message du Prince Louis de Broglie q
484 te, via l’Unesco, de manière à pouvoir retenir en Europe un certain nombre de savants qu’il était important de garder pour la
485 par tous les moyens la création d’une fédération européenne qui permettra de multiplier les organismes dont le CERN est le protot
486 keley, ensuite ça a fait une traînée dans toute l’ Europe , de Varsovie à Madrid, de Berlin à Belgrade ces jours-ci, à Paris bie
487 e croient les Américains. Eh bien, j’estime que l’ Europe se doit d’apporter quelque chose de plus. Ce plus, c’est ce que j’app
488 sur lequel il faudrait revenir une autre année. L’ Europe doit ajouter à tout le reste un certain sens de la vie, une certaine
489 e saveur, ce qui fait que, moi, je suis rentré en Europe , par exemple. Ce n’est pas du tout que j’aie été racheté par l’État d
490 Américains qui disent qu’ils voudraient vivre en Europe . Ils vous expliqueront cela très bien. Sur le même sujet des États-Un
491 n’ai pas vu de génies américains qui viennent en Europe en échange de nos Félix Bloch, Agassiz, Ammann et tout cela. M. Lali
492 fique. Je défends ici une conception profondément européenne , si vous voulez, mais je persiste à penser que c’est cela que nous de
16 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
493 e ce soit, il faut commencer maintenant… Debout l’ Europe  ! » Il y a vingt-et-un ans de cela. L’Europe n’est toujours pas debou
494 ut l’Europe ! » Il y a vingt-et-un ans de cela. L’ Europe n’est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment p
495 ppel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes
496 par des jeunes gens à la radio, répond : Faire l’ Europe est la seule chose véritablement importante de notre temps.26 Mais
497 mportante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’ Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c’est parce que les na
498 ortes à quelques égards, l’impossibilité d’unir l’ Europe le démontre avec une évidence presque écrasante. Que les nations soie
499 d’une forme d’association qui a dominé et animé l’ Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècl
500 du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’ Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée et remplacée à temps. La g
501 exandre, puis de Rome et de Byzance, et enfin, en Europe , empire de Charlemagne, puis Saint-Empire. Il faudrait montrer que le
502 dèle de l’État-nation, bientôt imité dans toute l’ Europe monarchique autant que républicaine, et au xxe siècle, dans le reste
503 ppelais au début de cet exposé, nos États-nations européens en plus de vingt ans n’ont pas fait un seul pas effectif en direction
504 es nations étatistes. Le problème de l’union de l’ Europe à partir des États-nations paraissant insoluble en théorie autant qu’
505 e en place progressive de structures fédérales en Europe , Louis Armand formulait récemment une règle d’or qui trouve ici son a
506 iner et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’ Europe , il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il fau
507 es sociologues s’occupent avec plus de passion en Europe . C’est qu’en effet, il s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que
508 j’étais censé représenter dans le colloque l’idée européenne . Invité à parler tout au début, j’improvisais donc sur le thème que v
509 absurdité manifeste, et plusieurs autres. Dans l’ Europe de demain, libérée de la tyrannie des frontières d’état civil imposée
510 t sur ces régions, Messieurs, que nous bâtirons l’ Europe , non sur les cadres en bonne partie vidés des vieilles nations. Ces
511 s et les congrès sur la régionalisation des États européens . Le concept de région a pris une place considérable non seulement dan
512 tionale ne peut être menée que dans le cadre de l’ Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe uni
513 uelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français sera assurée par l’État féd
514 le sera faite, et du même coup la fédération de l’ Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution ex
515 n exige bien plus de temps que les pionniers de l’ Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des prem
516 ins, cette fédération de régions « immédiates à l’ Europe  » — comme les communes libres médiévales étaient « immédiates à l’Emp
517 réunissant tous les préfets de la République : L’ Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans
518 un beau matin… vers 1985. La région dans le cadre européen , est une unité géographique beaucoup plus opérationnelle que le dépar
519 er que la révolution régionaliste, condition de l’ Europe unie, est bien plus avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, n
520 lliqueuse — créant ainsi la première civilisation européenne — de même la région va s’opposer aux faux comme aux vrais empires cen
521 tion des régions en tant qu’éléments de base de l’ Europe fédérale à venir, mais en revanche nous touchons déjà au crépuscule d
522 les finiront. Et il ajoutait : La confédération européenne , probablement, les remplacera.34 Mais tout le monde n’a pas lu Rena
523 ntenir leur association. Nous sommes le seul pays européen qui n’ait jamais été tenté de devenir un État-nation unitaire, d’unif
524 -t-il, notre responsabilité propre vis-à-vis de l’ Europe . Je ne crois pas que nous ayons mission de préconiser urbi et orbi la
525 ce que les Suisses peuvent donner de meilleur à l’ Europe qui se fait : non pas seulement une grande idée qui est capable d’ouv
526 e d’ouvrir les voies de l’avenir politique pour l’ Europe et le monde, mais mieux que cela : un exemple vécu. 25. Gazette l
527 d il s’agit de nations comme celles de la vieille Europe […] qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile, q
17 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
528 Vingt ans après La Haye : où en est l’ Europe  ? (mai 1968)y 1. Il y a vingt ans, se tenait à La Haye le « Congrè
529 vingt ans, se tenait à La Haye le « Congrès de l’ Europe  ». Quel est le souvenir le plus marquant que vous conservez de cette
530 que vous conservez de cette grande manifestation européenne  ? Alternances d’euphorie et de frustration, dans une longue insomnie
531 les buts communs des mouvements pour l’union de l’ Europe . Ces conditions acceptées en principe, je me mis au travail. J’obtins
532 jusqu’ici préambule constituerait un Message aux Européens à faire approuver par acclamations » et formerait la conclusion du c
533 et doit devenir le manifeste de tout le Mouvement européen . […] Nous devons tenter de réunir des millions de signatures d’Europé
534 ons tenter de réunir des millions de signatures d’ Européens , et de créer de la sorte un puissant mouvement populaire… Cela ne man
535 le document, qui circulerait ensuite dans toute l’ Europe pour récolter les millions de signatures prévues par Retinger et deve
536 et devenir l’instrument d’une puissante campagne européenne . Or, le 11 mai, en fin d’après-midi, tandis que se terminait dans la
537 journaliste). Ils m’apprirent que le Message aux Européens ne pourrait être présenté à la séance finale, parce qu’il contenait
538 maîtres du congrès retirèrent la parole au peuple européen , pour la donner à des ministres, qui en ont fait l’usage que l’on sai
539 Conseil de l’Europe, ni surtout, les Communautés européennes , la fédération européenne apparaissait plus accessible qu’aujourd’hui
540 rtout, les Communautés européennes, la fédération européenne apparaissait plus accessible qu’aujourd’hui ? Nous imaginions une Eur
541 s accessible qu’aujourd’hui ? Nous imaginions une Europe constituée par les « forces vives » de tous nos peuples, c’est-à-dire
542 » de tous nos peuples, c’est-à-dire par le peuple européen . Nous sous-estimions la force de persistance (inertie, vested interes
543 sted interests) des États-nations. Pour réussir l’ Europe du peuple européen, il eût fallu : 1) lancer une campagne populaire d
544 es États-nations. Pour réussir l’Europe du peuple européen , il eût fallu : 1) lancer une campagne populaire de très grande enver
545 mps nouveaux — celle des régions…). 3. Certains «  européens  » (mais non les fédéralistes) ont nourri l’espoir que le Conseil de l
546 it progressivement à l’unification politique de l’ Europe . Cet espoir, ils l’ont reporté ensuite sur les Communautés européenne
547 ir, ils l’ont reporté ensuite sur les Communautés européennes . Après l’expérience de ces dernières années, pensez-vous aujourd’hui
548 utés peuvent constituer l’amorce d’une fédération européenne  ? Estimez-vous que l’on puisse encore compter sur les gouvernements n
549 er sur les gouvernements nationaux pour « faire l’ Europe  » ? L’union politique de l’Europe n’a pas progressé d’un centimètre d
550 pour « faire l’Europe » ? L’union politique de l’ Europe n’a pas progressé d’un centimètre depuis que Churchill (en 1946 à Zur
551 nt plus d’autres pouvoirs réels, à l’échelle de l’ Europe et du monde, que négatifs. Ils peuvent encore soit refuser les mesure
552 nnel des obstacles à toute union. 4. Le Mouvement européen — créé lui aussi au lendemain du congrès de La Haye — a-t-il tenu ses
553 s son avenir ? Comment voir l’avenir du Mouvement européen quand on ne voit même plus son présent ? Son impuissance avérée tient
554 nces de mai 1948, comment jugez-vous la situation européenne actuelle ? Si l’on entend par espérance l’attente fervente mais plus
555 âtir sur les régions ethnoéconomiques. Et bâtir l’ Europe des régions, ce sera tenir enfin les engagements de La Haye. 37. Il
556 coniser cette tactique d’appel direct au « peuple européen  » comme dira plus tard Altiero Spinelli. 38. J’en ai récupéré plus t
557 de leur côté Jean Buchmann, qui la publie dans L’ Europe en formation d’octobre 1967, et Robert Lafont, qui l’utilise dans Rév
558 Denis de, « Vingt ans après La Haye : où en est l’ Europe  ? », L’Europe en formation, Nice, mai 1968, p. 14-16.
559 ngt ans après La Haye : où en est l’Europe ? », L’ Europe en formation, Nice, mai 1968, p. 14-16.
18 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
560 De l’Aar à l’ Europe (1969)ah I Les plus anciennes pensées philosophiques de notre
561 sentences d’Héraclite me proposent une idée de l’ Europe , telle qu’on l’a quelquefois définie par ses vertus paradoxales d’inn
562 créateur. III Rien de plus spécifique de l’ Europe — depuis l’aurore des temps, bien avant l’homme ! — que ce réseau de
563 de Japhet. Les fleuves ont dessiné le visage de l’ Europe , ses vallées, ses verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on n
564 ls n’irriguent. Mais les fleuves et rivières de l’ Europe sont pareils aux artères ou aux nerfs dans un corps, aux racines des
565 ulation continuelle qui crée le visage d’un pays. Europe sans déserts et sans steppes, jardin du monde, fille des fleuves !
566 IV Rien de plus fluvial que la Suisse. Si l’ Europe est la terre des ports, où les fleuves ont formé plus de baies favora
567 riginent au massif du Gothard, château d’eau de l’ Europe . Par eux la terre des Suisses est liée sans relâche à l’océan du Nord
568 in. Ces bassins prolongent la Suisse dans toute l’ Europe germanique et latine : du sommet du Gothard, écrivait le chevalier de
569 space et le temps du continent de notre destin. L’ Europe est partout dans l’histoire comme dans le cours physique de l’Aar. À
570 occidentale de l’Asie », ainsi que l’on nommait l’ Europe dans les traités de géographie, au xviiie siècle déjà. À cause de l’
571 ne, qui fait du massif du Gothard le lieu le plus européen du continent. Et nos libertés en sont nées, comme en naissent les fle
572 —, elle me paraît illustrative d’une authenticité européenne . VII Car l’Europe, ce n’est pas un produit synthétique, ni une
573 ve d’une authenticité européenne. VII Car l’ Europe , ce n’est pas un produit synthétique, ni une substance philosophique,
574 cord des tons purs de nos diversités. Ce qui est européen n’est pas d’abord ce qui est international, ce qui est le même partou
575 une vocation incomparable. Il n’y a pas d’accent européen , mais l’Europe est partout où une langue est parlée, écrite et chanté
576 omparable. Il n’y a pas d’accent européen, mais l’ Europe est partout où une langue est parlée, écrite et chantée librement par
577 nauté d’hommes libres. Rien n’est authentiquement européen qui ne soit d’abord d’un pays. D’un pays à nul autre pareil et pourta
578 pays ne m’apparaît alors d’une plus forte densité européenne que la Suisse : autour de son cœur, quatre langues et autant d’accent
579 —, l’Aar gothique et qu’on retrouve dans toute l’ Europe , mais ici tirant après soi un r qui roule comme les pierres charriées
580 riées par les torrents alpestres. Ainsi l’Aar est européenne . ah. Rougemont Denis de, « De l’Aar à l’Europe », L’Aar, Genève,
581 éenne. ah. Rougemont Denis de, « De l’Aar à l’ Europe  », L’Aar, Genève, Éditions générales, 1969, p. 93-97.
19 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
582 e : la France, bientôt imitée par presque toute l’ Europe — et au xxe siècle, par une centaine de nations nouvelles. Centralis
583 namismes contraires du xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’ont laissé,
584 t sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défe
585 Mais en même temps, multiplication des jumelages européens entre communes de ces mêmes régions, créations d’organismes de coopér
586 isser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer du propre exemple de la féd
587 semble-t-il, à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nationales nous amènent à utiliser quotidiennement.
588 ées, je suggérai au comité directeur d’un congrès européen qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme. Le repr
589 ainsi qu’un illustre homme d’État belge, et grand Européen , écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pa
590 tes » ! Pareils malentendus, s’ils sont le fait d’ Européens professionnels ou de gardiens jaloux des traditions helvètes, que ser
591 ire congénital. Or s’il est vrai que l’union de l’ Europe est l’entreprise capitale de ce siècle et s’il est vraisemblable que
592 toujours menacé, qui dénote la santé de la pensée européenne , sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte
593 sée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne , il reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où
594 que sont en train de se former sous nos yeux, en Europe , plus d’une centaine de régions à métropole destinées à devenir, à pl
595 oritaire. Il faut s’orienter vers une vision de l’ Europe de demain correspondant aux réalités diverses qui sont des réalités t
20 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
596 isie victorienne, et des grandes dames de toute l’ Europe qui croient aux mâles vertus des officiers bien nés ? Louant leurs fr
597 uveaux combats, résolus à y engager le reste de l’ Europe avec eux — peut-être le monde entier… Dans ce conflit, bon gré mal gr
598 naires et autres institutions en plusieurs pays d’ Europe , une indéniable école d’immoralité politique. » On y apprend à ne voi
599 e et le colonialisme : il pousse les nations de l’ Europe à envahir des pays inoffensifs (Afrique, Asie) pour les asservir, pou
600 té ». (Il a fallu plus de soixante ans pour que l’ Europe commence à le soupçonner…)45 Enfin la science et la technique natio
601 jeunes hommes, tant de richesses et la puissance européenne , et les adorateurs de la force pêle-mêle avec les défenseurs de la ju
21 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
602 tain, c’est que les premiers efforts d’union de l’ Europe , au lendemain de la guerre, nous donnèrent d’innombrables occasions d
603 kilomètres — mais aussi dans diverses capitales d’ Europe ou autres villes de congrès, et surtout dans les groupes de travail o
604 on en concurrence (résultante : notre association européenne , qui groupe aujourd’hui les trente-deux plus grands festivals europée
605 aujourd’hui les trente-deux plus grands festivals européens ). Dans l’édition, la création et l’essor des guildes du livre, alors
606 iers de lecteurs, en sept pays. Elle créa un Prix européen destiné à lancer de jeunes auteurs sur le plan international — idée r
607 même littéraires, par ceux des grands éditeurs d’ Europe qui, dès le début, s’étaient montrés les plus intolérants à l’égard d
608 que les guildes ont au moins triplé le nombre des Européens contaminés par le goût de la lecture et victimes de son accoutumance.
609 venture éducative ou culturelle, ouvert à toute l’ Europe et parfait citoyen. ae. Rougemont Denis de, « Toujours disponible 
22 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
610 Les résistances mentales à l’ Europe des régions (avril 1969)ak I. Les objections courantes Depuis
611 t — je préconisais une organisation fédérale de l’ Europe basée sur les régions et non sur les États-nations47, j’ai été amené
612 s’il n’était déjà pas assez difficile de faire l’ Europe avec les Six, et d’ajouter les Sept aux Six ! Vous risquez de tout sa
613 N’est-il pas justement trop difficile de faire l’ Europe politique sur la base des États-nations ? Pour quelles raisons ne l’a
614 b) Le seul projet de fédération qui ait réussi en Europe , la Suisse, a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, d
615 entre nos nations. Voulez-vous donc balkaniser l’ Europe  ? (Ces étourderies et boutades ne sont guère passibles d’une réfutat
616 ectuelle qui caractérise la plupart des projets d’ Europe fédérale, dès qu’on aborde le problème de leur structure politique. C
617 tte seconde moitié du xxe siècle à concevoir une Europe des régions, proviennent du « modèle » que l’École (aux trois degrés)
618 ou moins brève échéance, des grands États-nations européens . (C’est un peu ce que l’on voit se dessiner — encore un terme visuel 
619 Je suis aussi écrivain français : la francophonie européenne , c’est-à-dire les deux tiers de la France actuelle, la Wallonie, le V
620 ons restreintes, enfin fédération de fédérations ( Europe ). Il faut aller plus loin. 1° Les pouvoirs politiques peuvent très b
621 de vache ibérique… 47. « Orientations vers une Europe fédérale », Bulletin SEDEIS-Futuribles, n° 853, 10 mai 1963, p. 5-34.
622 ougemont Denis de, « Les résistances mentales à l’ Europe des régions », L’Europe en formation, Nice, avril 1969, p. 3-6.
623 résistances mentales à l’Europe des régions », L’ Europe en formation, Nice, avril 1969, p. 3-6.
23 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
624 du promoteur infatigable de l’idée fédéraliste en Europe , en faveur de laquelle il n’a cessé de militer depuis la fin de la gu
625 services rendus à la cause de l’unification de l’ Europe . Ce prix, qui lui sera décerné officiellement à Bonn en février proch
626 Après six ans d’exil en Amérique, il retourne en Europe , une Europe en paix certes, mais qu’il faut reconstruire. Cette guerr
627 ns d’exil en Amérique, il retourne en Europe, une Europe en paix certes, mais qu’il faut reconstruire. Cette guerre qui vient
628 mme la seule solution valable pour la survie de l’ Europe . Et depuis, il travaille sans relâche à la cause du fédéralisme. Il n
629 able, il en est de même pour chaque nation dans l’ Europe fédérée que je préconise et qui n’est que la transposition à une éche
630 soumis à un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des États, mais une association de républiques autonomes, libres de l
631 aller jusqu’au niveau mondial. Mais revenons à l’ Europe . Là-bas, il est bien certain qu’on n’arrivera jamais à unir ces États
632 st seulement qu’alors, qu’on arrivera à fédérer l’ Europe , car ces régions n’auront aucune peine à s’entendre. On arriverait ai
633 s’entendre. On arriverait ainsi à construire une Europe unie, faite de régions, mais qui seraient découpées différemment suiv
634 istrait séparément. Il y aurait ainsi, une Agence européenne des universités, une autre pour le charbon et l’acier, et ainsi de su
24 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
635 , qui est devenu ensuite le mouvement fédéraliste européen — et nous définissions la révolution pas du tout comme le grand chamb
636 . Mais je suis devenu, presque, le théoricien, en Europe , du fédéralisme — je prépare un grand ouvrage qui s’appellera Théorie
637 mme la contrepartie, sur le plan de l’unification européenne , des efforts économiques qui étaient faits à Luxembourg par Jean Monn
638 les hommes de culture qui voulaient l’union de l’ Europe , un lieu, un foyer de recherche, un foyer de création d’institutions
639 de recherche, un foyer de création d’institutions européennes . Nous avons créé toutes sortes de choses absolument hétéroclites, d’a
640 t les possibilités d’y répondre : une Association européenne des festivals de musique ; une Campagne européenne d’éducation civiqu
641 uropéenne des festivals de musique ; une Campagne européenne d’éducation civique au niveau secondaire, avec l’appui des ministères
642 des ministères de l’Éducation de plusieurs pays d’ Europe  ; une réunion des directeurs d’agences nucléaires de six pays, qui a
643 ui a donné lieu à la création du CERN — le Centre européen de recherche nucléaire, le plus grand laboratoire européen, qui a per
644 de recherche nucléaire, le plus grand laboratoire européen , qui a permis de garder en Europe nos physiciens qui, autrement, sera
645 d laboratoire européen, qui a permis de garder en Europe nos physiciens qui, autrement, seraient tous partis en Amérique — exo
646 choses. Toutes les fois que nous voyons un besoin européen , une possibilité d’y répondre, et un certain nombre de gens qui ont e
647 ignement. Pour utiliser ce capital d’informations européennes , d’expériences européennes, nous avons créé un Institut universitaire
648 capital d’informations européennes, d’expériences européennes , nous avons créé un Institut universitaire — qui est lié à une univer
649 qui se consacre à des études d’intérêt largement européen  : économiques, politiques, culturelles. Depuis la fondation de ces ce
650 ls scolaires, n’est-ce pas ? — qui présentaient l’ Europe comme une addition de cultures nationales. Nous avons à peu près renv
651 ors d’une unité de civilisation — qui est l’unité européenne . Ma passion fondamentale : trouver un sens à la vie Vous êtes p