1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 Le fédéralisme suisse (1963)a La Suisse ne saurait se targuer d’avoir donné à l’Europe e
2 Le fédéralisme suisse (1963)a La Suisse ne saurait se targuer d’avoir donné à l’Europe et au monde une « cult
3 de sa terre natale. Il n’y eut jamais de peinture suisse , au sens où l’on a pu parler d’une peinture vénitienne ou hollandaise
4 einture vénitienne ou hollandaise ; ni de musique suisse , comme on parle d’une musique flamande ou allemande ; ni de poésie, o
5 de ; ni de poésie, ou de dramaturgie, ou de roman suisses , comme il y eut un lyrisme languedocien, un théâtre élisabéthain, un
6 thain, un roman russe. Non point que l’apport des Suisses en ces domaines, de la Renaissance à nos jours, ait été globalement i
7 ou le grand-duché de Weimar. C’est que l’ensemble suisse n’a jamais été défini par autre chose que par un système d’alliances,
8 éservées, qui constitue le véritable apport de la Suisse comme telle à l’Europe. Pratique restée longtemps sans nom et sans do
9  : fédéraliste égale sauvage, ou traître. Pour un Suisse , c’est Littré qui perd la face. Essayons d’expliquer ce qui peut l’êt
10 elle risquent d’aboutir les négociations entre la Suisse et l’Europe, représentée pour l’instant par le Marché commun. D’une p
11 sa mission dans le monde ; et qu’en même temps la Suisse apprenne à respecter, dans le cadre d’une Europe fédérée, les règles
12 té essentielle. Quelle est donc, pour nous autres Suisses , l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous nous référons
13 éraliste. On nous répète depuis un siècle que les Suisses , selon la langue qu’ils parlent, se rattachent à l’une ou à l’autre d
14 la langue qui l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se rattachent à la « culture française », on ne pense guère q
15 rps de notre continent. ⁂ Or il se trouve que les Suisses sont, ou devraient être, préservés mieux que les autres de l’illusion
16 ond commun. Si je cherche pourquoi et en quoi les Suisses romands, par exemple, se différencient des Français, ou en tout cas d
17 e ou ne voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un Suisse romand — et tout ce que je viens d’en dire vaut aussi, mutatis mutand
18 voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un Suisse romand — et tout ce que je viens d’en dire vaut aussi, mutatis mutandis, pou
19 s d’en dire vaut aussi, mutatis mutandis, pour le Suisse alémanique par rapport à l’Allemagne — dépend de plusieurs entités in
20 et d’ordres divers, les unes plus petites que la Suisse et les autres beaucoup plus vastes. Par ses allégeances civiques, éco
21 ant tout. Ce phénomène n’est pas particulier à la Suisse , mais peut-être les Suisses moyens trouvent-ils dans les structures f
22 t pas particulier à la Suisse, mais peut-être les Suisses moyens trouvent-ils dans les structures fédérales de leur pays une pr
23 n reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses romands, si profondes qu’aient été leurs différences de doctrine, d’e
24 s ont pris sa place, à cet égard. Or quel rang la Suisse y tient-elle ? « L’indice Nobel » peut nous l’apprendre : il donne le
25 à 1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. A
26 t URSS 0,03 À la question de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds donc sans hésit
27 are chez nos voisins. Cet apport très typiquement suisse à la culture européenne revêt une importance particulière dans le mon
28 et notre crise totalitaire ont propagés. L’apport suisse , aujourd’hui, se confond donc avec l’apport d’une Europe rajeunie, dé
29 , 1961. a. Rougemont Denis de, « Le fédéralisme suisse  », La Suisse face à l’avenir : interrogation d’un petit pays, Berne,
30 Rougemont Denis de, « Le fédéralisme suisse », La Suisse face à l’avenir : interrogation d’un petit pays, Berne, Nouvelle Soci
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
31 n rôle plus ou moins analogue à celui des cantons suisses , dont l’autonomie se voit assurée par la force même de leur union. La
32 tant de républiques distinctes, comme les cantons suisses … Cette calomnie propagée par les montagnards excita le peuple de Pari
33 t être vérifié le plus exactement dans l’histoire suisse ). Le mot n’a été connu qu’au moment où la chose était niée par un pui
34 ionnaire comme Saint-Simon ou d’un solide juriste suisse comme Bluntschli, et finalement d’un autre grand poète, Saint-John Pe
35 Comme l’ont montré en premier lieu des historiens suisses tels que Karl Meyer puis E. Gagliardi, notamment. j. Rougemont Deni
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
36 a civilisation occidentale (janvier 1963)b Les Suisses sont tard venus dans le développement de la culture occidentale ; ils
37 ne : au xvie siècle. Mais c’est alors un « carré suisse  » — cette formation guerrière qui dominait sur les champs de bataille
38 s les pays voisins, et qui serait comparable à la Suisse par l’étendue et la population. (On excepte, bien entendu, Londres et
39 ans quelle mesure peut-on dire que cet apport des Suisses à la culture représente une contribution de la Suisse en tant qu’enti
40 es à la culture représente une contribution de la Suisse en tant qu’entité ou système de valeurs spécifique ? C’est à ces deux
41 ux questions que je vais tenter de répondre. ⁂ La Suisse n’existe que depuis cent-quinze ans sous la forme d’un État fédéral e
42 les frontières de ce que l’on nommait les ligues suisses . Les plus grands esprits et les meilleurs artistes suisses sont d’abo
43 Les plus grands esprits et les meilleurs artistes suisses sont d’abord d’un canton déterminé (qui n’est parfois qu’une ville, B
44 niversel… Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il s’appelle Burckhardt ou, dans un autre dom
45 isément, l’un des grands privilèges culturels des Suisses  : quelle que soit leur petite patrie locale, s’ils la dépassent, c’es
46 arfois, pour les déterminer. Les premiers cantons suisses reçurent leurs libertés non des suzerains de la région, mais, par-des
47 même dans le domaine culturel. Nous sommes, nous Suisses , immédiats à l’Europe, condamnés à l’Europe, dirais-je, quand nous so
48 La multiplicité des foyers créateurs fournit à la Suisse ses meilleures chances, et c’est elle qui, dans le cas de la Suisse —
49 res chances, et c’est elle qui, dans le cas de la Suisse — compartimentée à l’extrême, mais liée par tout un réseau d’échanges
50 ente et exerce son art, puis revient enseigner en Suisse dans les dernières années de sa vie. Les Bernouilli et Léonard Euler,
51 gue et à Londres. Jean de Müller, « historien des Suisses  », mais également auteur de la célèbre Vue générale du genre humain,
52 urich au début du xviiie siècle, rayonne l’école suisse du doyen Bodmer puis des Idylles de Salomon Gessner et des spéculatio
53 ession protestante. ⁂ Mais s’il reste vrai que la Suisse n’est pas une nation comme les autres, n’ayant été pendant des siècle
54 déceler des caractères communs et spécifiquement suisses dans cette succession chronologique très serrée de puissants émetteur
55 cartes. Mais force est bien de reconnaître que la Suisse n’a rien de comparable à la musique flamande de la Renaissance, à la
56 Cendrars : l’amateur non prévenu n’y verra pas la Suisse , comme il voit à coup sûr l’Espagne dans les œuvres de Picasso, le gh
57 eut distinguer les éléments sinon d’une « culture suisse  » — qui ne saurait exister — du moins d’une attitude d’esprit commune
58 es naissent du travail humain, bien concerté : la Suisse est née de coopératives forestières exploitant le passage du Gothard,
59 itale obligation de solidarité pratique. Quand un Suisse entreprend de créer quelque chose, tout se passe comme s’il avait à s
60 ourir son aventure loin de son pays. L’architecte suisse par exemple — et nous en avons d’excellents — doit voir plutôt petit,
61 t petit, fonctionnel et très sobre, s’il reste en Suisse . Mais s’il a le goût de la grandeur, c’est à Rome qu’il ira terminer
62 e vallée du Jura neuchâtelois. Voilà pourquoi les Suisses qui ont excellé furent presque tous, à des titres divers, hommes util
63 matrice. Et c’est en cela qu’ils sont typiquement suisses . ⁂ Cependant, une série de grands noms ne représente pas à elle seule
64 ion. Ce qu’il est important de savoir sur l’armée suisse , c’est que chacun de ses soldats garde son fusil et son équipement mi
65 r des prix Nobel. Soulignons, à ce propos, que la Suisse , avec 11 prix Nobel pour les sciences, se place au premier rang mondi
66 is plus grande). ⁂ À l’heure de l’Europe unie, la Suisse semble donc en mesure de tenir une place plus qu’honorable dans une c
67 erritoire, agira totalement dans le même sens. La Suisse se doit de réagir à temps en soutenant plus « matériellement » que ju
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
68 risquent bien d’aboutir les négociations entre la Suisse et l’Europe, représentée pour l’instant par le Marché commun. D’une p
69 sa mission dans le monde ; et qu’en même temps la Suisse apprenne à respecter dans le cadre d’une Europe fédérée, les règles q
70 français, mais je parle après tout à des citoyens suisses , qui n’auront éprouvé aucune peine à me traduire en termes d’expérien
71 té essentielle. Quelle est donc, pour nous autres Suisses romands, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous nous r
72 ionale ». On nous répète depuis un siècle que les Suisses , selon la langue qu’ils parlent, se rattachent à l’une ou à l’autre d
73 la langue qui l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se rattachent à la « culture française », on ne pense guère q
74 e ce continent. III Or il se trouve que les Suisses sont, ou devraient être, préservés mieux que les autres de l’illusion
75 nd commun. Si je cherche pourquoi et en quoi les Suisses romands se différencient des Français, ou en tout cas de l’image conv
76 n reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses romands, si profondes qu’aient été leurs différences de doctrine, d’e
77 uvre. IV À la question de savoir ce que les Suisses romands peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds donc sa
78 are chez nos voisins. Cet apport très typiquement suisse à la culture européenne revêt une importance particulière dans le mon
79 talitaire ont propagés. L’apport spécifique de la Suisse étant le sens du fédéralisme, et ce sens étant lié, nous l’avons vu,
80 er que le Marché commun représenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui m
81 e sans précédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vo
82 t notre temps », Cahiers de l’Alliance culturelle romande , Genève, mars 1963, p. 15-19.
5 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
83 des soviets (conçue par Lénine lorsqu’il était en Suisse ), l’anarchisme à la Bakounine et les brèves flambées du communisme an
84 de fédérations politiques — les États-Unis et la Suisse . Bien que ces régimes se soient formés d’une manière empirique, tout
85 ividuelle et de la solidarité sociale. L’histoire suisse illustre à l’envi ce processus de création fédéraliste par négation d
86 e notre État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse ne verra jamais sans méfiance certains « grands » s’arroger l’initiat
87 mble ne se manifeste guère au plan municipal. En Suisse , le respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’é
88 culturelle, où l’on voit la Suisse romande et la Suisse italienne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre de leurs habi
89 onnent de l’extrême complication des institutions suisses , de cette espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rou
90 c les réalités humaines et naturelles du pays. La Suisse est formée d’une multitude de groupes et d’organismes politiques, adm
91 semblée de gouverneurs des cinquante États, ni la Suisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces
92 ats américains en 1783, et les vingt-deux cantons suisses en 1848, ont compris qu’isolés ils tombaient, mais qu’unis ils pouvai
93 comparable à bien des égards à celle des cantons suisses au lendemain de la guerre du Sonderbund, et notamment devant le doubl
94 du fondamental, que l’exemple de la vie politique suisse illustre très clairement. En effet, les mots fédération et fédéralism
95 compris de deux manières très différentes par les Suisses alémaniques et par les Suisses romands. En allemand, confédération se
96 ifférentes par les Suisses alémaniques et par les Suisses romands. En allemand, confédération se dit Bund, qui signifie union,
97 blables à celles que je viens de signaler pour la Suisse . Nous aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’à faire l’union et
98 ignement (comme c’est le cas aux États-Unis et en Suisse ). Les éléments fondamentaux de culture commune étant par ailleurs ass
99 éfensives organisées selon le système des milices suisses , mobilisables en quelques heures dans le cadre local. En cas d’attaqu
100 ué en la matière : La Constitution fédérale de la Suisse (1848) semble avoir résolu la quadrature du cercle. Loin d’exiger des
101 s peuples des vingt-deux cantons souverains de la Suisse , unis par la présente alliance… forment dans leur ensemble la Confédé
102 ance… forment dans leur ensemble la Confédération suisse . Article 3. — Les cantons sont souverains en tant que leur souveraine
103 de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse , et pourtant elle garantit la souveraineté de ses membres ! Souverain
104 unie. Voyons cela d’un peu plus près. Les cantons suisses n’ont plus le droit de faire la guerre, ni d’entretenir leur propre a
105 ’état civil, comme c’est le cas entre les cantons suisses depuis 1848 — d’autant mieux se manifesteront les réalités régionales
106 autonomie de fait. C’est ici que l’exemple de la Suisse cesse de nous servir de modèle, du moins transposable tel quel du rég
107 Ces conditions idéales se trouvent réunies par la Suisse , d’ailleurs gardienne traditionnelle des valeurs et réalités d’intérê
108 opéenne du Saint-Empire, de même la Confédération suisse se voit dotée d’un statut spécial, d’une sorte « d’immédiateté fédéra
109 Elles sont placées sous la protection de l’armée suisse . Des dispositions spéciales (analogues à celles en vigueur à Washingt
110 iennent toute ingérence particulière des affaires suisses dans les affaires fédérales européennes. La Suisse, qui n’inquiète pe
111 isses dans les affaires fédérales européennes. La Suisse , qui n’inquiète personne, se trouve ainsi confirmée dans son statut t
112 ion politique qui a fait ses preuves notamment en Suisse et aux États-Unis et qui est pratiquée aujourd’hui dans les processus
113 iècle ; ce qui incline à penser que les réussites suisse et nord-américaine ont une valeur probante pour les « réalistes », si
114 même privées. Les chemins de fer sont fédéraux en Suisse , privés aux USA, où ils sont d’ailleurs en pleine crise. L’aviation a
115 jeu , p. 126). 7. Une seule exception notable en Suisse  : le Jura bernois, de langue française, de confession catholique et h
6 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
116 L’idée européenne en Suisse (1964)l Avant le Pacte secret de 1291, la bataille de Morgarten et
117 te public de Brunnen en 1315, il n’y avait pas de Suisse , ni sur les cartes, ni dans les chartes. Le nom même était inconnu. L
118 i dans les chartes. Le nom même était inconnu. La Suisse s’est formée peu à peu, du xive au xvie siècle, dans le Saint-Empir
119 les intérêts de l’Europe entière ». Si les Ligues suisses se détachent peu à peu du Saint-Empire, de cette première Europe dont
120 guerres font rage sur tout le continent, des voix suisses vont s’élever au nom de ce principe, pour rappeler que la paix, la pr
121 Russie soit à l’Amérique ». Germaine de Staël est suisse dans la mesure où elle ouvre des perspectives européennes, soit par s
122 re le régime qui triomphera, en 1848, à l’échelle suisse  : « La variété, c’est de l’organisation : l’uniformité, c’est du méca
123 ité expressément européenne à la neutralité de la Suisse indépendante. Et tandis que se forment dans le reste de l’Europe des
124 aux guerres nationalistes et coloniales, seule la Suisse réussit à unir ses cantons selon la maxime impériale, fédéraliste, eu
125 uropéenne, de l’union dans la diversité. C’est en Suisse que Mazzini publie en 1836 le manifeste et les journaux de la « Jeune
126 t inspiré directement de l’expérience fédéraliste suisse en rédigeant son Organisation d’une société d’États européens (1879).
127 fication de l’Europe. Selon lui, la « nationalité suisse possède au plus haut degré un caractère très international », et c’es
128 réalise un jour, écrit-il en 1875, la nationalité suisse devra s’incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette faço
129 ent tenir compte. Au xxe siècle, c’est encore en Suisse , dans les années 1930, que le premier mouvement de militants fédérali
130 s toute anthologie de l’idée européenne. C’est en Suisse que le fondateur du mouvement paneuropéen, le comte Coudenhove-Kalerg
131 e-Kalergi, établit son quartier général. C’est en Suisse que Churchill choisit de parler de l’Europe, et que la même année 194
132 u grand projet européen. Mais tout cela, c’est la Suisse idéale, réputée « microcosme de l’Europe », et ce sont quelques Suiss
133 e « microcosme de l’Europe », et ce sont quelques Suisses entreprenants qui l’ont permis. Qu’a fait, pendant ce même temps, la
134 ’ont permis. Qu’a fait, pendant ce même temps, la Suisse légale ? Et que pensaient les Suisses moyens ? ⁂ Des lendemains de la
135 me temps, la Suisse légale ? Et que pensaient les Suisses moyens ? ⁂ Des lendemains de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux env
136 t pas réalisable, 2° qu’il serait néfaste pour la Suisse , à cause de ses incidences sur nos transports, notamment. Je me vis d
137 à paralyser non seulement toute initiative de la Suisse , mais aussi l’imagination et la faculté de prévision de ceux qui fais
138 ueillie avec méfiance par la presse moyenne de la Suisse allemande : elle relevait en effet des affaires « étrangères », plutô
139 se fait, par impossible, ce sera néfaste pour la Suisse  » ? ⁂ Quatre groupes d’arguments sont invoqués par les partisans de l
140 uropéenne serait contraire à cette neutralité. La Suisse recevrait des ordres d’un pouvoir extérieur, et c’en serait fait du «
141 Algérie, etc.). Il n’est donc pas question que la Suisse prenne la moindre initiative visant à l’union européenne au plan poli
142 ternational. Arguments constitutionnels. — Si la Suisse adhérait à une union supranationale, le pouvoir fédéral serait amené
143 ens et journalistes. Arguments économiques. — La Suisse a très bien réussi jusqu’ici sans subordonner son économie à celle d’
144 i 1962 M. Homberger, délégué du Vorort de l’Union suisse pour l’industrie et le commerce. ⁂ Résumons maintenant les arguments
145 rses qu’invoquent les partisans de l’entrée de la Suisse dans une Europe unie ou fédérée. Arguments politiques. — La neutrali
146 u fédérée. Arguments politiques. — La neutralité suisse a été garantie « dans les intérêts de l’Europe entière ». Or c’est l’
147 l faut en réviser les termes, comme d’ailleurs la Suisse l’a fait maintes fois, depuis qu’au xvie siècle ses circonstances po
148 Cette dernière est devenue en partie fictive. La Suisse doit donc tendre à participer « sans réserve et de plein droit » à l’
149 des conflits européens et celles de la diplomatie suisse lors de la guerre d’Algérie, l’existence d’une Europe unie eût peut-ê
150 de leur retour à l’avenir ; 2° que la neutralité suisse , en s’absolutisant jusqu’à devenir tabou — traître est celui qui ose
151 bases contractuelles. Déclarer par exemple que la Suisse se devrait de rester neutre, même en cas de conflit entre l’Europe d’
152 présent de neutralité, et c’est absurde : car la Suisse fait partie de l’Europe, qu’elle le veuille ou non, et rester neutre
153 tré d’une manière magistrale que l’adhésion de la Suisse à une organisation européenne telle que la CEE ne serait pas incompat
154 ble avec la Constitution actuelle. Si, dit-il, la Suisse se refuse à entrer sans réserve dans le Marché commun, elle ne saurai
155 arguments précédent. Arguments économiques. — La Suisse est située au cœur du Marché commun. Ce n’est évidemment pas avec le
156 et encore moins notre participation à l’AELE ! La Suisse est si peu indépendante de l’Europe que l’immigration de main-d’œuvre
157 affirment pas moins que s’il le faut un jour, la Suisse fara da se et saura bien se défendre ? Nous ne sommes plus au défilé
158 e et indivisible » serait une catastrophe pour la Suisse . Mais personne ne la préconise, en réalité. Il est clair, en revanche
159 accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suisse . Mais se fera-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous d
160 os « caractéristiques nationales ». L’union de la Suisse , depuis 1848, n’a pas effacé nos caractéristiques cantonales. Et il e
161 moins bizarre qu’un porte-parole des industriels suisses accuse la « politique d’unification » de vouloir « mêler les peuples
162 urd’hui plus de 800 000 travailleurs étrangers en Suisse  : Italiens, Espagnols, Grecs et Turcs. (Cela ferait 7 millions en Fra
163 n qui les amène. C’est l’expansion de l’industrie suisse , aux destinées de laquelle le délégué du Vorort n’est pas tout à fait
164 a le devoir de freiner l’expansion de l’industrie suisse , cause directe du « mal » en question, si c’en est un. Mais il y a pl
165 . De nos jours encore, à l’étranger, le nom de la Suisse évoque des vaches et des vachers, des fromages, des yodleurs et de gr
166 st plus une depuis longtemps. Vers 1900 déjà, les Suisses vivant de l’agriculture ne représentaient plus qu’un tiers de la popu
167 contact vivant avec les traditions de l’ancienne Suisse , déjà rendu bien rare et difficile pour les habitants de nos grandes
168 cle, quand la population aura doublé. Mais que la Suisse entre ou non dans le Marché commun n’y changera rien. (À moins que no
169 qu’il s’agit de sauver aujourd’hui, mais bien la Suisse réelle de la seconde moitié du xxe siècle. Refuser de coopérer à l’é
170 m d’un mythe passéiste le seul moyen de sauver la Suisse réelle. Ou c’est courir à l’aventure certaine, au nom d’une prudence
171 ui risquerait de paraître peu réaliste, voire peu suisse . Mais je sens deux autres motifs à cette espèce d’embarras. Ceux qui
172 renoncer à la neutralité : c’est devenu, dans la Suisse moderne, un crime de lèse-majesté. Personne n’ose donc crier trop for
173 coup plus rares d’ailleurs) qui voudraient que la Suisse renonce sans condition à toute idée de neutralité. Mon idéal très cla
174 é. Mon idéal très clair — mon utopie — est que la Suisse adhère un jour à une union européenne de type expressément fédéralist
175 our de la défense des intérêts particuliers de la Suisse . Je diffère dans ce domaine de la majorité. Certes, je crois qu’une E
176 nsabilité européenne et même mondiale en tant que Suisses , et comme État qui entend garder une raison d’être. Il s’agit de savo
177 r ; ce que l’Europe est en droit d’attendre d’une Suisse qui fait partie de sa communauté et qui en est bénéficiaire, et pas s
178 is bien, dans l’esprit qui est devenu celui de la Suisse moderne, laquelle ne saurait croire à la seule force comme accoucheus
179 on aux égoïsmes qu’on déguise en patriotismes, la Suisse peut et doit opposer la solution fédéraliste, qui maintient les patri
180 e que c’est la meilleure pour l’Europe. Or, si la Suisse ne la propose pas, qui le fera ? Notre fédéralisme est peu connu, ou
181 éralisme est peu connu, ou très mal connu hors de Suisse  ; notre neutralité n’y est que trop connue. Pourquoi parler toujours
182 pendance des pays et les échanges intensifiés, la Suisse doit enfin déclarer une attitude constructive, au-delà du philanthrop
183 donner. Je veux le croire avec Victor Hugo : La Suisse dans l’histoire aura le dernier mot. Mais encore faut-il qu’elle le
184 ät. 15. Edgar Bonjour, Histoire de la neutralité suisse , 1946, p. 9 : L’auteur n’hésite pas à parler « d’introversion politiq
185 n politique » (p. 7) à propos de l’attitude de la Suisse pendant « l’époque de l’impérialisme », au cours de laquelle la neutr
186 mpérialisme », au cours de laquelle la neutralité suisse s’est définie comme état d’esprit. 16. « Indépendance de la Suisse e
187 ie comme état d’esprit. 16. « Indépendance de la Suisse et neutralité », conférence au congrès de l’Union européenne des fédé
188 congrès de l’Union européenne des fédéralistes de Suisse , le 25 novembre 1962. M. Miéville précise : « Quant à la neutralité,
189 édération ? 17. Résolution de l’Union européenne suisse , Baden, 25 novembre 1962. 18. Cf. Paul Guggenheim, Organisations éco
190 supranationales, indépendance et neutralité de la Suisse , Bâle, Société suisse des juristes, 1963. l. Rougemont Denis de, « 
191 endance et neutralité de la Suisse, Bâle, Société suisse des juristes, 1963. l. Rougemont Denis de, « L’idée européenne en S
192 . l. Rougemont Denis de, « L’idée européenne en Suisse  », Aspects du devenir helvétique, Berne, Nouvelle Société helvétique,
7 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
193 Les arts dans la vie en Suisse (1964)n La plus belle œuvre d’art des Suisses est d’avoir fédéré l
194 n Suisse (1964)n La plus belle œuvre d’art des Suisses est d’avoir fédéré librement leurs vingt-deux États souverains, si ja
195 eurs institutions, tous deux bien contents d’être suisses , ils ne se rencontreront sans doute jamais et n’entendront parler l’u
196 de compartiments jaloux de leur personnalité, la Suisse se verrait condamnée à ne produire que des œuvres moyennes ou d’intér
197 ein droit à des ensembles bien plus vastes que la Suisse  : culture germanique ou culture latine, tradition réformée ou romaine
198 rain : « Pays de gens moyens, oui », dit-il de la Suisse . « Mais quand ils réussissent à se dégager de leur canton — alors, pa
199 grandeur. Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël. Il s’appelle
200 . Son canton — ou l’Europe. » C’est ainsi que les Suisses ont donné à l’Europe plusieurs des plus grands noms du xxe siècle :
201 tout cela ? Eh bien, ils peuvent se prévaloir en Suisse d’un Arthur Honegger pour la musique, d’un Spitteler et d’un Ramuz po
202 la densité vaut souvent la grandeur. On compte en Suisse une université pour 750 000 habitants, contre une pour deux à trois m
203 1961 — et qui atteint le maximum de 2,62 pour la Suisse , l’indice du Danemark, deuxième sur la liste, étant de 1,43, celui de
204 bénéficient de grands avantages culturels, et la Suisse est une grappe de pays minuscules… Mais les trop petites dimensions o
205 mode étrangère. Cette condition de la culture en Suisse , cette nécessité de s’unir précisément parce qu’on entend rester soi-
206 n. Rougemont Denis de, « Les arts dans la vie en Suisse  », Les Arts dans la vie, Lausanne, Nouvelle Société helvétique, 1964,
8 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
207 )o p De la marche J’étais alors revenu en Suisse , où je subissais l’entraînement intensif d’une école d’officiers ; et
9 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
208 La Suisse , maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)s Robustes, bie
209 les cartes postales par millions déferlent de la Suisse sur le monde, répandant une image très sincère du pays où l’art du to
210 t qu’il est bien aussi grand que la France… Cette Suisse des Alpes et des lacs, des quatre langues, des horlogers, des pédagog
211 s qui suffisent à remplir les hôtels. Pourtant la Suisse est autre chose, qu’on ne voit pas sur les cartes postales. On croit
212 et conditions de vie plus ou moins uniformes. La Suisse n’a rien de tout cela, mais elle a le régime le plus stable de l’Euro
213 e paysans seulement. Orson Welles prétend que les Suisses n’ont rien inventé à part la pendule à coucou mais c’est chez eux que
214 is, à Londres ou à Berlin, on se moque un peu des Suisses et on les jalouse un peu, comme si chaque Suisse bénéficiait du secre
215 Suisses et on les jalouse un peu, comme si chaque Suisse bénéficiait du secret des banques mais sentait les vertus agricoles…
216 es banques mais sentait les vertus agricoles… Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement disait Victor Hugo, il y a cent a
217 nt ans. Mais il a dit aussi, une autre fois : La Suisse , dans l’histoire, aura le dernier mot. Passer du premier vers au sec
218 ue dans l’espoir. Entre les deux, où est la vraie Suisse  ? Deux sondages d’opinion, dans plusieurs pays de l’Europe et aux Éta
219 de l’Europe et aux États-Unis, ont révélé que les Suisses sont tout simplement les gens les plus heureux de la Terre. À la ques
220 lles applicables ailleurs ? Le premier secret des Suisses , c’est la coopération. Non par idéalisme ou par philanthropie, mais p
221 ysans démocrates contre un despote autrichien, la Suisse a commencé par une alliance conclue entre les chefs de trois « commun
222 la période patricienne et guerrière des « ligues suisses  ». Elle aboutit en 1815 à une espèce de confédération insuffisante. P
223 eurs existences distinctes. On dit souvent que la Suisse illustre la formule de « l’union dans la diversité ». C’est mieux que
224 r l’un après l’autre. Ainsi, le vrai secret de la Suisse n’est pas du tout celui des banques mais celui du fédéralisme, celui
225 son parti. Il n’en fut pas toujours ainsi, et les Suisses ont connu pendant des siècles de furieuses guerres civiles dites de r
226 nomène occidental au sens le plus large du terme, Suisse par le passeport et les obligations militaires, habitant au surplus p
227 amps de concentration. Troisième secret du régime suisse  : toutes ces communautés de nature ou librement instituées, tantôt ju
228 ils savent bien qu’ils font partie de cette même Suisse dont les institutions communes leur garantissent un droit fondamental
229 stion, celle de savoir si les recettes du bonheur suisse sont applicables à l’échelle de l’Europe. En effet, si le problème eu
230 par leur variété même aux vingt-deux petits États suisses , je ne vois et ne puis imaginer une autre solution que l’helvétique.
231 pplique à l’échelle continentale. On me dira : la Suisse est petite, l’Europe est vaste et quelques-unes de ses nations sont g
232 le est pratiquement plus petite que ne l’était la Suisse quand elle s’est fédérée. En 1848, il fallait deux ou trois jours à u
233 rg, et à portée de voix de ses ministres. Oui, la Suisse est la seule maquette vivante de cette Europe fédérée dont rêvent tou
234 s en serez convaincu, essayez d’en convaincre les Suisses … s. Rougemont Denis de, « La Suisse, maquette pour une Europe du b
235 incre les Suisses… s. Rougemont Denis de, « La Suisse , maquette pour une Europe du bonheur », Revue des voyages, Genève, au
10 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
236 « Länder » allemands, trop grands, ni les cantons suisses trop petits, ni les nationalités de la Double-Monarchie d’antan ou de
237 nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses  : simples commodités pour le cadastre, l’état civil et la gendarmerie
11 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
238 nations mais pas contre elles, ni sans elles. (La Suisse s’est faite au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’on pouvait
12 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
239 rder quelle était la composition du groupe des 14 Suisses — de passeport ou de naissance — qui ont reçu le prix Nobel, depuis 1
240 901, date où il fut créé. Il y a 6 chercheurs nés Suisses et qui le sont restés, et 5 non Suisses de naissance, mais naturalisé
241 heurs nés Suisses et qui le sont restés, et 5 non Suisses de naissance, mais naturalisés et qui ont reçu le prix une fois deven
242 uralisés et qui ont reçu le prix une fois devenus suisses et après des travaux poursuivis en Suisse. Parmi eux, Einstein et Pau
243 evenus suisses et après des travaux poursuivis en Suisse . Parmi eux, Einstein et Pauli, ou en littérature, Hermann Hesse. En r
244 ou en littérature, Hermann Hesse. En revanche, la Suisse a envoyé à l’étranger, où ils ont reçu le prix Nobel, deux chercheurs
245 deux chercheurs, peut-être trois, qui étaient nés suisses . Je ne suis pas tout à fait sûr de Charles Édouard Guillaume, mention
246 uabe. Maintenant, pour nous en tenir aux exemples suisses , qu’y a-t-il eu comme importation et exportation des cerveaux en Suis
247 comme importation et exportation des cerveaux en Suisse  ? Comment notre culture s’est-elle faite ? D’abord par la conquête ro
248 omban et Gall qui ont apporté le christianisme en Suisse . Ensuite, il y a eu un exode de cerveaux picards, sous la forme de Ca
249 esseur à Bâle lui aussi et qui a beaucoup vécu en Suisse , en Engadine. On peut citer Stravinsky, qui a créé en Suisse la meill
250 Engadine. On peut citer Stravinsky, qui a créé en Suisse la meilleure œuvre musicale « de chez nous », L’Histoire du soldat. O
251 liste. Du côté exportation, qu’avons-nous fait en Suisse  ? Il y a d’abord eu le service étranger. Ce n’était pas exactement un
252 izaines de milliers, les centaines de milliers de Suisses qui ont été dans les armées étrangères, il y eut des centaines de gén
253 re rire : la célèbre plaisanterie sur les amiraux suisses , c’était vrai. Le créateur de la flotte russe et son premier grand am
254 , était l’amiral Eberlé, qui venait tout droit de Suisse allemande. Dans le domaine des mathématiques, vous savez que les Suis
255 le domaine des mathématiques, vous savez que les Suisses ont été de grands exportateurs. Les Bernoulli de Bâle, Leonhard Euler
256 iences naturelles aux États-Unis. Les architectes suisses — voilà un grand chapitre de l’exportation suisse. Tous les grands ar
257 uisses — voilà un grand chapitre de l’exportation suisse . Tous les grands architectes de la Renaissance qui ont fait la Rome b
258 ana, ont fondé une grande tradition d’architectes suisses exportés qui a abouti à Le Corbusier, plus près de nous. Parmi les in
259 exemple, qui, ne pouvant pas faire de voitures en Suisse , a été les faire en Amérique avec le succès que vous savez. L’ingénie
260 exercer leur activité ailleurs. Prenez un village suisse quelconque ; si un de ses enfants devient professeur d’université, on
261 ise Cendrars que nous avons découvert qu’il était suisse  ! De même l’ingénieur Ammann, qui a fait ces immenses ponts, le Washi
262 u’eût-il fait, ce malheureux, s’il était resté en Suisse  ? Il n’aurait pas trouvé assez de place pour ses ponts, simplement. N
263 par M. Renold. C’est celui du CERN. Un chercheur suisse va travailler au CERN : nous ne pouvons pas parler d’exode dans ce ca
264 mique n’est pas aux dimensions d’un pays comme la Suisse , ni d’ailleurs d’aucun de nos pays d’Europe : elle est de dimensions
265 r… De sorte que l’on peut dire à un pays comme la Suisse par exemple, mais aussi à un pays comme la France : si vous voulez ga
266 ganismes dont le CERN est le prototype. Quant aux Suisses qui vont à l’Unesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on ne peut
267 s’agit là d’une perte, d’un exode. Simplement, la Suisse prend sa part de ses obligations internationales ; car après tout, el
268 terrain. D’ailleurs, nous ne pouvons pas dire en Suisse que nous soyons complètement indemnes de toute influence américaine.
269 -Unis beaucoup de choses très importantes pour la Suisse . Nous avons pris une partie de notre Constitution, le bicaméralisme,
13 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
270 elle d’André Malraux le mois dernier à un journal suisse  : Les nations sont redevenues le phénomène fondamental du siècle. L’
271 qu’ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisses et bien leur en a pris. Mais comme je le rappelais au début de cet ex
272 « Länder » allemands, trop grands, ni les cantons suisses , trop petits, ni les nationalités de la Double-Monarchie d’antan ou d
273 nu que jouent les délimitations entre les cantons suisses  : simples commodités pour le cadastre, l’état civil et la gendarmerie
274 t surtout totalitaires, nous est très familier en Suisse … Et à ce propos, je voudrais terminer par quelques remarques sur le r
275 r quelques remarques sur le rôle spécifique de la Suisse dans la révolution régionaliste qui vient, et qui verra, en cas de su
276 qu’il est question d’une entrée éventuelle de la Suisse dans le Marché commun, j’entends répéter qu’elle y perdrait sa souver
277 que cela lui ferait perdre son caractère de cité suisse plus que ne le font sa population étrangère et les institutions inter
278 dissociée » économiquement, rien n’empêcherait la Suisse de cultiver sa vocation particulière, qui est d’ordre politique et cu
279 itique et culturel, rien ne pourrait empêcher les Suisses de toutes les régions de continuer à se rattacher politiquement à l’i
280 Constitution de 1848. Voilà sans doute ce que les Suisses peuvent donner de meilleur à l’Europe qui se fait : non pas seulement
14 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
281 es fleuves ! IV Rien de plus fluvial que la Suisse . Si l’Europe est la terre des ports, où les fleuves ont formé plus de
282 comptent ensemble les plus grands continents, la Suisse est la terre des sources. Cinq bassins fluviaux s’originent au massif
283 , château d’eau de l’Europe. Par eux la terre des Suisses est liée sans relâche à l’océan du Nord, où va le Rhin, et à trois me
284 e et Pô, par le Tessin. Ces bassins prolongent la Suisse dans toute l’Europe germanique et latine : du sommet du Gothard, écri
285 motion. Les fleuves nés du cœur granitique de la Suisse nous quittent après avoir formé deux grandes nappes de tous les bleus
286 st, ramasse toutes les autres rivières du Plateau suisse et les déverse d’un seul geste dans le Rhin, vers l’Atlantique. Elle
287 lement la plus longue des rivières qui coulent en Suisse d’un bout à l’autre (280 kilomètres, c’est la longueur exacte du Méan
288 re !), mais elle draine tous les lacs entièrement suisses , du lac de Joux à l’ouest, à travers ceux de Neuchâtel, Morat et Bien
289 s le temps, tous les moments les plus typiquement suisses de notre histoire : les voici disposés tout au long de son cours dans
290 l’ouest. Berne est la seule cité de la communauté suisse qui ait été carrément impérialiste, étendant ses pouvoirs par la forc
291 va donner naissance à plusieurs des mentors de la Suisse nouvelle et de son régime radical. Ce cours de l’Aar d’ouest en est q
292 seul faisceau nos arguments sur les fleuves et la Suisse pour les faire déboucher sur l’espace et le temps du continent de not
293 ers. Et parce qu’enfin la rivière Aar est la plus suisse de toutes, et seulement suisse : à cause de cela, mieux que toute aut
294 re Aar est la plus suisse de toutes, et seulement suisse  : à cause de cela, mieux que toute autre — Rhône ou Rhin, Danube ou A
295 alors d’une plus forte densité européenne que la Suisse  : autour de son cœur, quatre langues et autant d’accents que de vallé
296 tinent et les quatre points cardinaux. Et rien en Suisse n’est suisse avec plus de robustesse que cette rivière germano-celte
297 quatre points cardinaux. Et rien en Suisse n’est suisse avec plus de robustesse que cette rivière germano-celte romanisée qui
15 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
298 re soviétique, du Nigéria, ou de la Confédération suisse . Car la double exigence antinomique de la convergence et de la divers
299 égions fédérées qui s’érige en État unitaire ; en Suisse , c’est le régime fédératif lui-même qui se voit invoqué (non sans par
300 er du propre exemple de la fédération des cantons suisses  ! Il est certain que dans ces trois cas, c’est moins le fédéralisme q
301 ie trouvera son salut. » Plus étonnant encore, en Suisse même, il y a quelques années, on put entendre le recteur d’une de nos
302 et Jean Fourastié, demandant d’abord si le modèle suisse est si facilement transposable aux régions françaises ; ensuite, de r
303 n’ont pas voulu dire leur nom. C’est le cas de la Suisse , qui présente toutes les notes de la fédération absolument classique
304 qu’au bout. Vous avez dit que le sens civique, en Suisse , pouvait seul permettre le fédéralisme. Je retournerai la proposition
305 osition et dirai que, s’il y a un sens civique en Suisse , c’est dû précisément au système fédéraliste, c’est-à-dire aux dimens
306 s les régions aboutirait à une dissociation de la Suisse , on me pose souvent la question. Il faudrait s’entendre sur ce qu’on
307 chevauche trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse , le Haut-Rhin et Mulhouse en France, le pays de Bade jusqu’à Fribourg
308 On peut très bien continuer à y parler, comme en Suisse , plusieurs langues, bien que l’allemand y soit majoritaire. Il faut s
309 e peux vous citer un exemple tiré de l’expérience suisse . Il s’est agi, il y a cinq ou six ans, de décider de la priorité pour
16 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
310 -là, retiennent l’empereur. Notre jeune bourgeois suisse , 31 ans, se résignera donc à l’attendre à Castiglione. On sait la sui
17 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
311 ions de rencontres, non seulement dans les trains suisses — car chacun sait que Hans Oprecht a été l’un des premiers à utiliser
312 asion d’avouer tout ce que nous devons à l’un des Suisses les plus remarquables et les plus originaux qui soient : l’un des rar
18 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
313 projet de fédération qui ait réussi en Europe, la Suisse , a été conçu, formé et accouché en neuf mois exactement, du 17 févrie
314 elopper ici : qu’il suffise d’évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéralisme va plus loin, et conçoit d’autres
315 triotique. Neuchâtel fait partie de la fédération suisse  ; mon passeport et mon allégeance nationale sont donc suisses. Je sui
316 n passeport et mon allégeance nationale sont donc suisses . Je suis aussi écrivain français : la francophonie européenne, c’est-
317 e d’un élément à deux ensembles (dans mon cas : «  Suisse  » et « francophonie »), mais si l’on passe à trois ou quatre ensemble
318 ’étend sur trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse , le Haut-Rhin en France, et Land badois en République fédérale d’Alle
19 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
319 est faite, attestée par le sang, que la solution suisse et fédérale est seule capable de fonder la paix, puisque l’autre abou
20 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
320 note suivante : « Parce qu’il est né à Neuchâtel ( Suisse ) en 1906, Denis de Rougemont a maintenant passé la soixantaine, c’est