1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 s de régime politique, pendant des siècles. C’est ce système, ou pour mieux dire, cette pratique séculaire de l’union dans
2 du moins, sans doctrine trop clairement formulée. Ce n’est guère qu’au xixe siècle qu’on se mit à parler de fédéralisme.
3 est Littré qui perd la face. Essayons d’expliquer ce qui peut l’être, en cette affaire où le sens concret du bien public a
4 tés avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local, ce chauvinisme cantonal (on l’appelle chez nous K
5 de s’ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local, ce chauvinisme cantonal (on l’appelle chez nous Kantönligeist) relève de
6 ge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des verts, par exemple, dans l’u
7 rs mille échanges d’une infinie complexité. Voilà ce que j’appelle une harmonie fédéraliste. Le totalitaire, lui, trouve p
8 cace de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemp
9 et dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable
10 et sans elles ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul exemple : celui de la musique, élément important et
11 de création, des maîtres, et non pas des nations. Ce que l’on nomme parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’un mu
12 es de l’illusion des « cultures nationales », fût- ce du seul fait de la composition linguistique si variée de leur État. N
13 nifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce fut le cas des provinces françaises. 3° nous sommes de vieilles répub
14 ettre. D’où résulte qu’un Suisse romand — et tout ce que je viens d’en dire vaut aussi, mutatis mutandis, pour le Suisse a
15 à celle de l’État. D’où la densité culturelle de ce petit coin de pays, — éducation, lettres et arts, sciences et techniq
16 grandes nations voisines. Qu’on m’entende bien : ce n’est pas un éloge de la petitesse en soi que je fais ici, ni des pet
17 ue et permet de les composer. Et il est vrai que ce régime peut conduire moralement à la médiocrité dorée, politiquement
18 , et méritent sans doute, la sécurité avant tout. Ce phénomène n’est pas particulier à la Suisse, mais peut-être les Suiss
19 relle et civique, comme de leur paix. On voit mal ce qu’ils gagneraient à échanger cette paix — que l’on jalouse un peu to
20 Albert Cingria, Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils n’ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de
21 les cultures soi-disant « nationales ». Et n’est- ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaît le p
22 ures soi-disant « nationales ». Et n’est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaît le plus vite
23 ue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de
24 9. Russie et URSS 0,03 À la question de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds
25 ’excellents ou même de grands esprits qui avaient ce sens, trop rare chez nos voisins. Cet apport très typiquement suisse
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
26 cture présente, aux circonstances de notre temps. Ce fait détermine le caractère particulier de notre Institut, comme d’ai
27 quis à transmettre qu’un problème à résoudre. Est- ce à dire qu’il faille en laisser le soin au seul réalisme des hommes d’
28 é tout, représente autre chose et un peu plus que ce qu’elle est dans sa réalité physique, qui est à peine 4 % des terres
29 usses et de la charité des Américains » ? C’est à ce moment que naît, ou renaît en Europe le vieux rêve d’union du Contine
30 s des hommes politiques se proposent pour diriger ce mouvement naissant, qui a peut-être le vent de l’histoire en poupe. I
31 s suivis par la majorité de leurs collègues. Mais ce sont, notons-le, les plus illustres de l’époque : Churchill, De Gaspe
32 nc posé, inéluctablement, à tous nos pays, ne fût- ce que par la seule existence du Marché commun. Telle est donc la questi
33 débouche en pleine clarté. Au contraire, c’est à ce niveau que la discussion générale du problème dans la presse, les par
34 r­tements dans une République une et indivisible, ce qui amènerait à les redécouper en circonscriptions administratives mo
35 re. Il importe toutefois de la mentionner, ne fût- ce qu’à titre de limite, de conséquence extrême, inaccessible, qui marqu
36 e, cette utopie joue un rôle non négligeable, fût- ce au seul titre de repoussoir, disons même d’épouvantail. À l’autre ext
37 ent si, et dans quelle mesure, « les choses étant ce qu’elles sont », la notion d’indépendance n’a pas déjà cédé le pas, e
38 pourraient permettre d’opérer un jour ou l’autre ce passage de l’économique au politique. Ni cette déclaration, ni le tra
39 onomique pourrait être la préfigure, ou l’amorce. Ce régime serait-il interétatique, super étatique, ou extraétatique, pou
40 te comme thème central de nos études, au cours de ce premier semestre tout au moins, sont de nature assez diverse. Raisons
41 dans lesquelles et grâce auxquelles se développe ce contenu économique, et il montrera dans quelle mesure ces structures
42 l’expression, soit dans l’application. Toutefois, ce procédé classique serait trompeur dans le cas particulier, car il se
43 quement sa nature même. Voilà sans doute pourquoi ce sont ses adversaires qui éprouvent le moins de scrupules à en donner
44 que l’esprit français, qui passe pour cartésien. Ce sont pourtant deux juristes britanniques, Sir Ivor Jennings et C. M.
45 nri Brugmans qui s’inspire de ses travaux, rénove ce que j’ai nommé « l’attitude fédéraliste ». Plusieurs des membres de c
46 ’attitude fédéraliste ». Plusieurs des membres de ce groupe, dispersé dès 1939, se retrouvent pour déclencher, après la Se
47 oncrète, et moins encore de résultats. Cependant, ce n’est pas une histoire des échecs de l’idée européenne, ni des déchet
48 temps, soit qu’ils les reflètent fidèlement — et ce sera une occasion de les décrire —, soit qu’ils s’opposent expresséme
49 écrire —, soit qu’ils s’opposent expressément à «  ce qui allait de soi » du vivant de leurs auteurs, et dont ils annoncent
50 significatif, et j’en examinerai les causes. Dans ce contexte, il s’agira de repérer la nature des obstacles traditionnels
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
51 politiques dépassant largement les frontières de ce que l’on nommait les ligues suisses. Les plus grands esprits et les m
52 eur tête, du seul empereur. Leur liberté, c’était ce qu’on nommait alors « l’immédiateté à l’Empire » (Reichsunmittelbarke
53 té de résistance qui l’appuie dans la population. Ce qu’il est important de savoir sur l’armée suisse, c’est que chacun de
54 ux sont dirigés par des prix Nobel. Soulignons, à ce propos, que la Suisse, avec 11 prix Nobel pour les sciences, se place
55 plus grave pour elle que pour ses grands voisins. Ce n’est pas du projet d’union européenne que provient cette menace de n
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
56 tés avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local relève de la même mentalité que le totalitarisme à
57 ge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des verts, par exemple, dans l’u
58 nt mille échanges d’une infinie complexité. Voilà ce que j’appelle une harmonie fédéraliste. Le totalitaire, lui, trouve p
59 cace de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemp
60 ique très concrète —, tout est dit en principe de ce que nous aurions à dire sur les rapports entre le fédéralisme et la c
61 et dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable
62 et sans elles ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul exemple : celui de la musique, élément important et
63 de création, des maîtres, et non pas des nations. Ce que l’on nomme parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’un mu
64 ations qui ont découpé leur État dans le corps de ce continent. III Or il se trouve que les Suisses sont, ou devraie
65 nifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce fut le cas des provinces françaises ; 3° nous sommes de vieilles répu
66 Albert Cingria, Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils n’ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de
67 les cultures soi-disant « nationales ». Et n’est- ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaît le p
68 ures soi-disant « nationales ». Et n’est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaît le plus vite
69 ue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de
70 ns de son œuvre. IV À la question de savoir ce que les Suisses romands peuvent apporter de meilleur à la culture, je
71 ’excellents ou même de grands esprits qui avaient ce sens, trop rare chez nos voisins. Cet apport très typiquement suisse
72 que de la Suisse étant le sens du fédéralisme, et ce sens étant lié, nous l’avons vu, au génie de la culture en Europe, la
73 ditionnelle et autarcique, inutile d’insister sur ce point. Mais c’est une autre erreur, inverse de la première, qui ne ce
74 e réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux e
75 s, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique.
76 r qu’à l’absence de cette passion créatrice et de ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier
77 oyons encore, en Suisse romande, aux antipodes de ce climat d’excitation intellectuelle et artistique. Nos habitudes utili
78 prétexte de répartition géographique équitable — ce qui n’est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme —
79 eprésenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
80 aphique ». N’ayant jamais connu d’« Européens » à ce point illettrés et fanatiques, j’attendais avec curiosité des précisi
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
81 a vision d’un avenir politique au sens large : et ce sont le besoin de puissance et le besoin de liberté. Le premier porte
82 elle nos sciences et nos logiques ne seraient pas ce qu’elles sont, ou n’auraient pas eu lieu. Lors du premier congrès de
83 ponsabilité vis-à-vis de la communauté. Car, dans ce cas, nous serions restés chez nous. Mais nous ne serions pas ici non
84 . J’ajouterai une remarque encore, pour compléter ce schéma trop rapide, mais qui me paraît indispensable, il ne faut pas
85 a projection de la première au plan politique, en ce sens précis que les éléments antagonistes qui trouvent leur compositi
86 rité sociale. L’histoire suisse illustre à l’envi ce processus de création fédéraliste par négation de toute hégémonie. C
87 esprit de système idéologique ou technocratique. Ce que je viens de dire au sujet de l’impérialisme ou de l’hégémonie d’u
88 e organique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce n’est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique à partir d’un c
89 jectera que le totalitarisme, lui aussi, supprime ce problème : mais c’est en supprimant les minorités qui le posaient. Il
90 ge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des verts, par exemple, dans l’u
91 cace de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemp
92 onctionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne serait pas une simple question de tolérance, vertu négative et qui
93 ut, le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’être un vrai poumon, d’être aussi poumon q
94 de forcer ensuite leur exécution en écrasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase
95 écrasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité d’un peupl
96 résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité d’un peuple. Une politique fédé
97 c’est une parenté culturelle qui s’affirme. Ici, ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une à l’aut
98 ons voisines qui s’ouvrent l’une à l’autre, et là ce sont des professions qui s’organisent. Et surtout, ce sont des person
99 ont des professions qui s’organisent. Et surtout, ce sont des personnes, des groupes, des écoles, qui créent peu à peu des
100 ossature et le système des vaisseaux sanguins de ce qui deviendra un jour le corps de l’Europe unie. Au-dessous et au-des
101 ines des équipes en présence. C’est pourtant bien ce qu’avait tenté de faire la SDN, qui en est morte, et ce qu’a tenté à
102 avait tenté de faire la SDN, qui en est morte, et ce qu’a tenté à nouveau l’ONU, que cela empêche de vivre. La fédération
103 a Suisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus
104 tions créatrices. On ne saurait trop insister sur ce double mouvement qui caractérise la pensée fédéraliste, sur cette int
105 iser ici et de le souligner —, cette coexistence, ce dialogue, cette tension ne doivent pas être imaginés sous la forme né
106 tous les ordres, à chaque niveau, de cas en cas, ce qui doit être carrément centralisé pour bien fonctionner, et ce qui d
107 re carrément centralisé pour bien fonctionner, et ce qui doit rester pleinement autonome pour bien vivre. Deux cas extrême
108 e pour bien vivre. Deux cas extrêmes illustreront ce point : celui des transports, et celui de l’éducation. Il est facile
109 au fur et à mesure de leur évolution, d’une part ce qu’il devient avantageux pour chacun de confier au pouvoir fédéral ;
110 cun de confier au pouvoir fédéral ; d’autre part, ce qu’il reste indispensable de laisser à la libre initiative des États
111 de se dégager de ses « fatalités » natives… N’est- ce point là ce que l’homme européen, depuis des siècles, appelle sa libe
112 r de ses « fatalités » natives… N’est-ce point là ce que l’homme européen, depuis des siècles, appelle sa liberté ? Subord
113 du monde n’existait pas : j’ai dit plus haut que ce sont, à la racine, les maladies de la personne elle-même. Car la pers
114 anière. (Les seules restrictions occasionnelles à ce droit fondamental découlent des plans d’aménagement locaux, urbains o
115 ndre ses produits partout, sans taxes, et acheter ce qui se fait partout, au même prix et en francs européens. Ce marché c
116 ait partout, au même prix et en francs européens. Ce marché commun de 400 millions de producteurs et de consommateurs est
117 également au droit de déterminer leur destin, sur ce plan aussi. (Et l’on verra que ce droit joue en faveur de la paix.) L
118 eur destin, sur ce plan aussi. (Et l’on verra que ce droit joue en faveur de la paix.) La vocation culturelle, sociale, éc
119 t de la construction de l’Europe. Ouvrons donc en ce point une parenthèse, et, faisant retour en arrière, examinons la sit
120 e saurait attendre une nuit du 4 août des États : ce ne sont pas des personnes libres et responsables, et il est tout à fa
121 onté unanime des peuples et des États confédérés. Ce qui est bien loin d’être le cas des souverainetés soi-disant « absolu
122 aussi dangereuse qu’humiliante indique clairement ce qu’il nous reste à faire : — une Constitution fédérale, afin que l’Eu
123 nges toujours plus intenses à l’échelle mondiale. Ce processus dans lequel la fédération joue un rôle d’intermédiaire et d
124 faisait à l’un de ses membres. Une disposition de ce genre présente le double avantage de rassurer le tiers parti quant à
125 ou réorganisés de fond en comble au xxe siècle ; ce qui incline à penser que les réussites suisse et nord-américaine ont
126 r certain qu’elle jouera, elle aussi — si peu que ce soit — en faveur d’un régime fédéraliste. 5. La résistance des espri
127 n élément catalyseur : une vision non utopique de ce que peut être l’Europe fédérée. ⁂ VII. La vraie « relance » de l’E
128 t nécessaire. Si l’Europe n’est pas encore faite, ce n’est pas que ces obstacles soient bien forts — ils n’ont guère plus
129 peu hardis. Ils donnent l’impression de mal voir ce qu’ils disent qu’il faudrait vouloir. Ils hésitent, ils discutent, il
130 énergies nécessaires pour qu’on le rejoigne. Dans ce sens, voir l’avenir, c’est aussi le créer. J’ai tenté d’éclairer notr
131 d’importance. Mon regard trop souvent n’a vu que ce qu’il cherchait, ce qui était dans mon esprit et non dans la réalité.
132 egard trop souvent n’a vu que ce qu’il cherchait, ce qui était dans mon esprit et non dans la réalité. Cet essai n’a donc
7 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
133 a », l’amour courtois chanté par les troubadours. Ce sont eux qui ont apporté le langage nécessaire aux aspirations de l’â
134 an comme supérieur aux autres. Or il n’use pas de ce droit et livre Iseut au roi Marc. Quand Tristan et Iseut, chassés de
135 nventées par Tristan qu’imposées par l’extérieur. Ce roman de Tristan dont le succès prodigieux révèle notre préférence po
136 le, c’est le mythe européen de l’adultère. Qu’est- ce qu’un mythe ? Un mythe c’est une histoire simple et frappante résuman
137 que donné : la société courtoise du xiie siècle. Ce groupe est dissous depuis longtemps. Pourtant ses lois sont encore le
138 du mariage n’est rien de moins que le conflit de ce mythe et de la morale chrétienne, donc de deux traditions religieuses
139 lement. Qu’elle divorce, il l’épouse ! Avec elle, ce sera la vraie vie, l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi.
140 c elle, ce sera la vraie vie, l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi. Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’e
141 âche de faire une œuvre d’art. Cette fidélité-là, ce n’est pas seulement de ne pas tromper (ce qui serait une preuve d’ind
142 ité-là, ce n’est pas seulement de ne pas tromper ( ce qui serait une preuve d’indigence et non d’amour). C’est vouloir le b
143 r). C’est vouloir le bien de l’autre et agir pour ce bien. L’amour de Tristan et d’Iseut, et la passion, c’est l’angoisse
144 le, comme le mariage, et non pas une erreur, mais ce serait aussi vouloir supprimer l’un des pôles de notre tension créatr
145 s problèmes, des déceptions, des inquiétudes… Est- ce inévitable ? Non, affirme Denis de Rougemont dans L’Amour et l’Occid
8 1963, Articles divers (1963-1969). Une interview de Denis de Rougemont : l’écrivain nous parle des centres culturels internationaux (16 novembre 1963)
146 éunis à Genève, il y a trois ans pour discuter de ce problème dans le cadre du Centre européen de la culture. À cette réun
147 y a tout un travail d’éducation à effectuer. Sous ce rapport, il est intéressant de mentionner l’essor remarquable de l’éd
148 ions de ces petits livres ont été vendus en 1960, ce qui représente une moyenne d’un million par jour ! L’entretien a pris
9 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
149 ntinent, des voix suisses vont s’élever au nom de ce principe, pour rappeler que la paix, la prospérité et les libertés de
150 degré un caractère très international », et c’est ce type d’union pluraliste, antiunitaire, authentiquement fédéraliste, q
151 politique de l’Europe… Impossible d’omettre, dans ce bref historique, les aspects culturels du mouvement et le rôle qu’y j
152 usanne et de l’action du Centre à Genève, jusqu’à ce jour, vont naître successivement le Laboratoire européen de recherche
153 se idéale, réputée « microcosme de l’Europe », et ce sont quelques Suisses entreprenants qui l’ont permis. Qu’a fait, pend
154 ntreprenants qui l’ont permis. Qu’a fait, pendant ce même temps, la Suisse légale ? Et que pensaient les Suisses moyens ?
155 ue je citais : « Si cela se fait, par impossible, ce sera néfaste pour la Suisse » ? ⁂ Quatre groupes d’arguments sont inv
156 uniformisés selon des directives « européennes ». Ce serait contraire à notre Constitution. Ce serait même la fin de notre
157 nnes ». Ce serait contraire à notre Constitution. Ce serait même la fin de notre fédéralisme et de la démocratie directe,
158 , et rester neutre entre l’Europe et ses ennemis, ce serait vouloir rester neutre entre nos ennemis, et nous-mêmes. On ne
159 dans le Marché commun, elle ne saurait justifier ce refus par des motifs juridiques et des prétextes tirés de la « démocr
160 — La Suisse est située au cœur du Marché commun. Ce n’est évidemment pas avec le reste du monde (sans cesse invoqué par l
161 dre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas avec des longues piques, des crampons de fer aux pieds et u
162 erait 7 millions en France, 8 en Allemagne.) Mais ce n’est pas le Marché commun qui les amène. C’est l’expansion de l’indu
163 est un. Mais il y a plus. Les traits typiques de ce pays ont changé avec les époques, et surtout par l’effet de la techni
164 un retour à la misère naturelle du pays ?) Bref, ce n’est pas la Suisse de Morgarten, de Marignan, ou du xviiie siècle,
165 -être mieux ainsi. Mais notre peuple comprend mal ce qui est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux qui r
166 itique. Une telle Europe reprendrait à son compte ce qui demeure valable et même indispensable dans la neutralité d’une fé
167 térêts particuliers de la Suisse. Je diffère dans ce domaine de la majorité. Certes, je crois qu’une Europe fédérée sauver
168 l’ensemble européen. Mais quand j’aurais tort sur ce point, un autre aspect non moins important du problème resterait posé
169 une raison d’être. Il s’agit de savoir et de dire ce que nous avons à donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’Eur
170 s avons à donner, et non pas seulement à sauver ; ce que l’Europe est en droit d’attendre d’une Suisse qui fait partie de
171 auté et qui en est bénéficiaire, et pas seulement ce que nous attendons et surtout redoutons de l’action des autres. Situé
172 bien par ceux qui créent des positions nouvelles. Ce que l’Europe et le monde attendent de nous, ce n’est pas l’exposé las
173 s. Ce que l’Europe et le monde attendent de nous, ce n’est pas l’exposé lassant des raisons de notre « réserve » devant to
174 sant des raisons de notre « réserve » devant tout ce que d’autres proposent, mais c’est un plan d’union qui nous convienne
10 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
175 culturels bien distincts ! Et chacun veut rester ce qu’il est, mais ils n’en vivent pas moins en harmonie, égaux en droit
176 aventure créatrice, ni qui entretiennent le mieux ce climat passionné de polémiques et d’engouements, cette turbulence int
177 , pas de relais national pour leur culture. C’est ce qu’a très bien vu Lucien Febvre, excellent historien français contemp
178 fflin. Sans oublier le grand clown que fut Grock. Ce palmarès plus qu’honorable ne suffit pas à définir un style ni une éc
179 soi-même, ou le devenir de mieux en mieux, voilà ce qui me paraît digne de retenir l’attention des visiteurs de la sectio
11 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
180 cupait entièrement le cœur, je trouvais à l’armée ce que d’autres vont demander à une retraite conventuelle. Cette circons
181 lace d’armes, où il était de mise de ne pas aimer ce chef. Un jour, à peine entré dans notre salle de cours, il nous posa
182 ours, il nous posa cette question simple : Qu’est- ce que l’énergie ? Et après nous avoir laissé patauger quelques moments
183 s et qu’il s’agit de réveiller. » Puis il sortit. Ce n’était pas une définition, c’était plus grave : nous comprîmes tous
184 e fut de 70 kilomètres, une semaine plus tard. Et ce n’était qu’une préparation pour la « grande course » finale : 150 kil
185 faire de sa « Grande course » un mythe, avec tout ce que le mythe comporte d’effrayant et de contraignant. Nous étions pré
186 es rochers ; l’aube se lèverait sur le Valais, et ce serait la dernière étape, une longue dégringolade de deux-mille mètre
187 ites énergies vite épuisées. Tout se passait donc ce matin-là comme si l’appel du but avait suffi à nous donner les moyens
188 vraie force d’un homme jeune ne vient-elle pas de ce qu’il imagine un très long temps de marche devant lui, et certains ob
189 te se préparent pour une course de fond et, c’est ce qui définit, biologiquement et moralement, l’état de jeunesse. Rester
190 s, et c’est vieillir. Il faudrait au contraire, à ce point, oser voir plus grand et plus loin ; d’où peut naître une secon
191 it plutôt subie… Comme elle l’était avec bonheur, ce matin-là, avec quelle plénitude animale ! Nous gravissions maintenant
192 it derrière nous sous une brume d’un bleu sombre. Ce premier tiers de l’aventure nous avait simplement assurés de la maîtr
193 t largement les croupes des alpages, et donnait à ce haut désert sa réalité la plus dure, ses dimensions les moins trompeu
194 ur à celui qui n’est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui qui exigerait de réussir pour persévérer, après
12 1964, Articles divers (1963-1969). Le sentier perdu (1964)
195 anité disparaît de la peinture de Nora Auric. Est- ce qu’il y a trop de gens sur la terre ? On le penserait devant ces tabl
196 ne sait s’il est vu de sous l’eau ou d’un nuage : ce seraient à peu près les mêmes rapports de lumières diffuses et d’ombr
197 es glauques, hauteurs baignées de vapeurs denses. Ce n’est pas un monde inhumain, car il est féminin, sans aucun doute pos
198 il est féminin, sans aucun doute possible. Ne fût- ce que par ces roses un peu gris que je me rappelle, qui s’exagèrent san
13 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
199 ent de son rôle dans notre société, et non pas de ce que j’en sais, mais plutôt de ce que j’en puis faire comme usager moy
200 é, et non pas de ce que j’en sais, mais plutôt de ce que j’en puis faire comme usager moyen et homme qui réfléchit sur cet
201 se fonde sur le dogme de l’Incarnation. Or qu’est- ce que l’Incarnation, sinon Dieu lui-même, l’Esprit pur, qui choisit de
202 la vie spirituelle en Occident ? Et de fait, que ce soit la technique occidentale qui ait favorisé les guerres, ou l’inve
203 ntale qui ait favorisé les guerres, ou l’inverse, ce que l’on observe à coup sûr, c’est un parallélisme ou une interaction
204 rres de peuple à peuple, puis de nation à nation. Ce type d’armement s’accroît quantitativement avec la première révolutio
205 raiment résulté du progrès de la technique, ou si ce n’est pas plutôt la technique qui a bénéficié des commandes militaire
206 entées par nos sciences ait tout d’un coup bloqué ce processus d’interaction conduisant à des destructions toujours plus é
207 et à la paix de durer tant bien que mal, et c’est ce que l’on a baptisé l’équilibre de la terreur. La prodigieuse réussite
208 agesse des nations. Encore faut-il s’entendre sur ce terme de peur. Je pense bien moins ici à la peur des masses et des in
209 a technique, en dernière analyse, que nous devons ce blocage de la guerre en Europe et au sein du plus grand Occident. Sur
210 gent nos machines, mais ils ne voient pas, hélas, ce qui les a rendues possibles. Ils croient qu’ils pourraient acheter ce
211 leur tête. Que peut faire l’Occident, pour éviter ce désastre qui serait bien pire que tout ce que nous faisait redouter l
212 éviter ce désastre qui serait bien pire que tout ce que nous faisait redouter la guerre froide au temps de Staline ? Il s
213 c que notre technique, qui a créé sans le vouloir ce problème gigantesque, branché sur des passions fondamentales comme la
214 t culturel peut seule permettre de la surmonter. ( Ce sont là d’énormes problèmes, qu’une conférence prochaine, à Bâle, sur
215 it aux armées des moyens de faire la guerre, mais ce n’est pas elle qui cause les guerres, ce sont au contraire les passio
216 re, mais ce n’est pas elle qui cause les guerres, ce sont au contraire les passions, qui utilisent la technique comme inst
217 s rapidement le bulldozer et l’avion de ligne. Et ce n’est pas la maîtrise de l’énergie nucléaire, dont les principes et l
218 Ceci dit, reconnaissons que la guerre bloquée, ce n’est pas encore la vraie paix. Celle-ci ne peut naître qu’à la faveu
219 e géographique et à la vision instantanée de tout ce qui arrive d’important sur la terre. Déjà nous vivons dans un cadre p
220 carme révoltant ? C’était vrai au xixe siècle et ce l’est encore en partie pour le prolétariat des villes industrielles.
221 cit détaillé dans l’autobiographie de Henry Ford. Ce rêveur incurable, bricoleur sans culture ni génie, était obsédé par l
222 evenu l’esclave de sa voiture, et c’est vrai dans ce sens que l’homme moyen croit qu’il ne pourrait plus se passer de cet
223 ter à loisir. À mon volant, rien de pareil : tout ce que je peux lire, ce sont des chiffres, des ordres de police routière
224 olant, rien de pareil : tout ce que je peux lire, ce sont des chiffres, des ordres de police routière ; si je mange, ce n’
225 res, des ordres de police routière ; si je mange, ce n’est guère qu’un sandwich, si je rêvasse un klaxon me réveille bruta
226 de ses effets sur l’homme et sur la société. Tout ce que j’avais à vous dire aujourd’hui se résume en propositions d’une e
227 e vie et de la vraie nature de l’homme. Ne serait- ce pas là, peut-être, son plus grand miracle ? q. Rougemont Denis de
228 niversité de Lausanne, lors du congrès mondial de ce groupement, le 18 septembre, en l’aula de l’EPUL. »
14 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
229 arche tout de même — il faut en croire ses yeux —  ce ne peut être qu’en vertu de certains secrets d’usage plusieurs fois s
230 mais elle a le régime le plus stable de l’Europe. Ce pays le plus pauvre en matières premières — il n’a guère que l’eau de
231 icie et de population égales peut dire mieux, sur ce continent ? Il n’empêche qu’à Paris, à Londres ou à Berlin, on se moq
232 ux, 51 % plutôt heureux, et 6 % pas très heureux, ce qui ne laisse guère de place qu’à 1 % de révoltés ou de désespérés. C
233 e de place qu’à 1 % de révoltés ou de désespérés. Ce phénomène mérite la plus grande attention. Voici, au cœur même de l’E
234 avaient soumises, entre les Alpes et le Jura. Et ce fut la période patricienne et guerrière des « ligues suisses ». Elle
235 un de vos aimables cantons ? Eh bien, je n’ai pas ce courage, ou cette témérité. Je n’essaie pas d’égaler le médiocre à l’
236 s de l’uniformité. Pensez-y, quand vous traversez ce pays aux vingt-deux souverainetés bien unies, regardez-le d’un œil eu
15 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
237 « — Excellence, vous avez été superbe ! Ah ! que ce doit être beau de pouvoir ainsi faire le Bien ! — Non Madame, faire l
238 ’est l’affaire du Bon Dieu. Et de lui seul ! Tout ce que l’on peut demander d’un homme, c’est qu’il fasse le moins de mal
239 e, c’est qu’il fasse le moins de mal possible. » ( Ce que je trouvai, par-devers moi, fort calviniste.) ⁂ New York, mars 1
240 tout de même pas défendre les instituteurs, n’est- ce pas ? Car ils sont… indéfendables ! » Une jeune fille lui demande de
241 ité. — Oh ! cela, c’est de vous, chère amie. Tout ce que j’ai dit, c’est que si Dieu était conçu comme féminin, nous refus
242 n humaine. Nous avons aussi parlé de l’Europe, de ce qu’il faut faire pour son union. ⁂ À Royaumont, le 4 avril 1948, au t
243 a. Il se peut que dans mon esprit se soit opéré à ce moment-là une complexe synthèse instantanée des souvenirs de mes deux
244 ou va le savoir — on prépare plusieurs thèses sur ce sujet — fut l’occasion pour notre ami de voler au temps qui se déroba
245 manifeste, Don Salvador se vit contraint de créer ce temps qui lui manquait pour présider congrès et comités en chaîne. Ce
246 quait pour présider congrès et comités en chaîne. Ce qu’il fit, avec autant de soins formels et de fermeté dans l’approche
247 x : « Oui, Messieurs, si l’Europe doit périr, que ce soit au moins une injustice ! » Mais les grandes heures captées par l
248 action la mieux conçue va somnoler. À Paris, dans ce rez-de-chaussée de l’avenue d’Iéna, où siégera souvent, après La Haye
249 n fût, un temps qui du même coup devait manquer à ce qu’on nomme leur œuvre personnelle, et de ceux-là, nul ne l’a fait av
250 iaga est l’un des présidents d’honneur. Il a fait ce jour-là l’un de ses plus beaux discours, sur le thème de la liberté t
251 tique et sociale. Et j’ai aimé qu’après vingt ans ce meeting de la salle Pleyel fasse écho à mes souvenirs de celui du Tro
252 erie polémique ne se laissaient pas oublier, mais ce qui désormais donnait autorité à la pensée de Madariaga, ce n’était p
253 ormais donnait autorité à la pensée de Madariaga, ce n’était pas le rang, le brillant, le brio, c’était l’engagement de to
254 iment engagé et vraiment libéral à la fois, n’est- ce pas là son plus beau paradoxe ? t. Rougemont Denis de, « Un libéra
16 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
255 président du Conseil, Alexis Léger, qui a rédigé ce document historique, préfiguration parfois fort précise non seulement
256 i les inspire : les nazis vont apprendre au monde ce que veut dire le mot nation, au sens total et absolu. C’est dans la R
257 ra « faite » dès le 1er juillet de l’an prochain. Ce sera le moment pour l’opinion publique de découvrir que le problème d
258 eule sérieuse pour leurs grands-pères. C’est tout ce qu’on peut prévoir selon nos analystes, professeurs et commentateurs
259 clament cette union nécessaire et même urgente. À ce mystère, ou plutôt ce scandale, je propose une explication tellement
260 cessaire et même urgente. À ce mystère, ou plutôt ce scandale, je propose une explication tellement simple que c’est elle
261 posée par Churchill en juin 1940) autrement dit : ce n’est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on s
262 oblème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, e
263 a société stato-nationaliste et industrielle. Sur ce continuum sans ordre ni structure d’anarchie arbitrairement quadrillé
264 tenant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins
265 urd’hui, ni les « States » de l’Amérique du Nord. Ce sont vraiment des créations de notre temps, des organismes en train d
266 mais au contraire par la force de rayonnement de ce qu’on appelle une « métropole », c’est-à-dire une grande ville ou un
267 n minimum de 2 millions et maximum de 6 millions. Ce qui donnerait, par exemple, huit à neuf régions pour la France, une d
268 nt à Bruxelles un important groupe de travail sur ce problème, mais encore dans les milieux dirigeants du pays le plus cen
269 énomène région et des motifs de son apparition en ce moment précis de notre histoire et de l’évolution de notre société oc
270 litiques et institutionnelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’
271 es régions et les doter d’institutions autonomes, ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt à trente ans, en admet
272 ns au crépuscule de la période des États-nations. Ce qui empêche la plupart des hommes d’aujourd’hui de le voir, ou d’en c
273 liens concrets en dépit des nations. Presque tout ce qui coopère, se fédère ou s’unit en Europe, qu’il s’agisse de savants
274 « Idées », Paris, Gallimard, 1967. 20. « Qu’est- ce qu’une nation ? », Paris, 1882. u. Rougemont Denis de, « Au-delà de
17 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
275 eureux, car si elle passionnait, les choses étant ce qu’elles sont, ce serait inévitablement au bénéfice du chauvinisme na
276 e passionnait, les choses étant ce qu’elles sont, ce serait inévitablement au bénéfice du chauvinisme national. Un remède
277 st faite au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’on pouvait de leur autonomie, précisément : sans l’union, cette au
278 n’aboutira, ou ne prendra vraiment le départ. Est- ce dire que l’Europe attend son « petit livre rouge » à distribuer aux d
279 es de millions d’écoliers de nos pays ? Oui, mais ce sera le livre des questions réelles éveillant le sens critique et le
280 ais il fera voir que l’Europe serait détruite par ce qui tue l’esprit critique, déprime le goût de la liberté, étouffe le
281 2. 23. Voir numéro 3 de cette revue. 24. « Tout ce que nous faisons est au service du peuple, de quel défaut ne pourrion
18 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
282 nt : Je voudrais apporter une légère correction à ce qu’a dit M. Mach tout à l’heure, à savoir qu’il était le seul cherche
283 st en tant que tel que je suis désireux d’élargir ce débat. Au risque de vous scandaliser, je vais m’inscrire en faveur d’
284 ls ? Je vous donnerai tout de suite un exemple de ce qu’on peut entendre par là. J’ai eu la curiosité de regarder quelle é
285 enu américain et l’autre italien. Vous voyez par ce petit exemple qu’une certaine balance des échanges intellectuels peut
286 t favorable. (D’ailleurs, si elle ne l’était pas, ce serait le même prix !) Quand je vous dis que les échanges, c’est la s
287 professeur français. Les grands maîtres d’alors — ce devait être dans les années 1250 à 1260, je ne me rappelle plus exact
288 n Suisse ? Il y a d’abord eu le service étranger. Ce n’était pas exactement une exportation de cerveaux, mais sur la masse
289 qu’il y a un moment où cette exportation devient ce que nous avons appelé l’exode des cerveaux. M. de Rougemont : Oui, et
290 rouver des critères pour déterminer à quel moment ce que j’appelle des échanges — et qui est la santé même — devient un ex
291 mmunauté étant de tailles correspondantes) : si à ce moment-là, une grande puissance quelconque vient acheter tout le corp
292 it pas parti à 17 ans pour le vaste monde, qu’est- ce qui se serait passé ? Croyez-vous que La Chaux-de-Fonds se serait pla
293 cisco qui a 2750 mètres de long : qu’eût-il fait, ce malheureux, s’il était resté en Suisse ? Il n’aurait pas trouvé assez
294 au CERN : nous ne pouvons pas parler d’exode dans ce cas-là. Pourquoi ? Parce que la recherche atomique n’est pas aux dime
295 he pure) qu’il y avait dans la science atomique à ce moment-là. Vous voyez de quoi je veux parler… De sorte que l’on peut
296 Nordmann : J’aimerais faire remarquer que, entre ce qui a été dit sur une politique d’option, et ce qui vient d’être dit
297 e ce qui a été dit sur une politique d’option, et ce qui vient d’être dit sur une politique de dimension, il est facile de
298 il est facile de retrouver des éléments d’unité. Ce sont là des notions qui se recouvrent. Avant de passer à la discussio
299 consisterait à les racheter un peu plus cher que ce que le concurrent offre. C’est un moyen d’essayer de pallier les effe
300 pôles et des climats intellectuels qui attirent. Ce n’est pas uniquement une question financière. Naturellement, la quest
301 llent ailleurs plutôt que de crever de faim. Mais ce préalable étant acquis, comment renverser le flux, c’est-à-dire comme
302 œuvre d’art, il faut la faire, comme dit l’autre, ce n’est pas le tout de la décrire. Tout ce que je puis proposer ici, ce
303 l’autre, ce n’est pas le tout de la décrire. Tout ce que je puis proposer ici, ce sont quelques conditions qui me paraisse
304 de la décrire. Tout ce que je puis proposer ici, ce sont quelques conditions qui me paraissent requises pour qu’il y ait
305 et la télévision pourraient faire énormément dans ce sens. Elles font déjà beaucoup ; elles ont fait ces dernières années
306 s assez difficiles — comme ceux dont nous parlons ce soir, par exemple. Elles pourraient peut-être faire encore plus en fa
307 trois ans, d’aller à contre-courant. Je crois que ce serait payant assez vite. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais
308 és dans la création de ces pôles d’attraction, de ce climat intellectuel. Il me semble que l’Université est mieux placée q
309 sujets abordés. Et je vous prierai de croire que ce n’était pas toujours des sujets purement techniques ou de grammaire.
310 s options. Une contestation qui ne se fasse pas — ce sera mon dernier mot — en dehors de l’Université et contre elle, mais
311 s de notre société, dont je refuse absolument que ce soit simplement l’industrie qui les fixe. […] M. de Rougemont : Je
312 : Je voudrais répondre quelques mots très brefs à ce qui m’a été dit autour de cette table. Tout d’abord, M. Renold. Je cr
313 antité de sujets importants comme nous le faisons ce soir, en parlant d’œuvre d’art. Simplement, c’est une manière de simp
314 n financement + une organisation, ça c’est croire ce que croient les Américains. Eh bien, j’estime que l’Europe se doit d’
315 ’Europe se doit d’apporter quelque chose de plus. Ce plus, c’est ce que j’appelle « œuvre d’art », faute de pouvoir traite
316 d’apporter quelque chose de plus. Ce plus, c’est ce que j’appelle « œuvre d’art », faute de pouvoir traiter cet immense s
317 e un certain sens de la vie, une certaine saveur, ce qui fait que, moi, je suis rentré en Europe, par exemple. Ce n’est pa
318 que, moi, je suis rentré en Europe, par exemple. Ce n’est pas du tout que j’aie été racheté par l’État de Genève (n’est-c
319 que j’aie été racheté par l’État de Genève (n’est- ce pas M. Lalive ?) je n’ai pas été rapatrié. M. Lalive : Ah ! vous me
320 live : Vous n’en avez pas cité. M. de Rougemont : Ce n’est pas tellement étonnant, vu que l’effort culturel des Américains
321 luence américaine. Il y en a tout de même, ne fût- ce que le jazz. Nous avons pris aux États-Unis beaucoup de choses très i
322 tution, le bicaméralisme, importé des États-Unis. Ce qu’a dit M. Mach m’a paru un peu curieux. Il a parlé de mon optimisme
323 ois pas du tout à quel moment j’ai pu tomber dans ce penchant vicieux. J’ai proposé une méthode d’analyse des situations p
324 crois que vous avez parfaitement raison dans tout ce que vous avez dit sur votre domaine de recherche scientifique. J’avai
325 J’avais pris soin de le dire en commençant. Dans ce domaine, je ne conteste rien du tout. Mais je vous signale le danger,
326 quelque temps, quelques années, mais à la longue ce n’est pas payant, même pour la recherche scientifique. Je défends ici
19 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
327 uer les États-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit, il faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vingt-
328 avait prévu, mais bien le siècle des nations, est- ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce qu’on dit cela comme on dirait de
329 nations, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien est- ce qu’on dit cela comme on dirait de telle année : — C’était l’année de
330 « Le Roy de France est empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’un domaine de moyenne grandeur
331 opération sur l’or ! (si l’on veut bien me passer ce léger anachronisme). Cet exemple de rejet de toutes les instances uni
332 recognoscentes selon la formule du xive siècle. Ce spectacle, qui est celui de la naissance des nations, remplit d’effro
333 un parti qui s’en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins et des « démocraties » plébiscitaires et tota
334 et au xxe siècle, dans le reste du monde. Qu’est- ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C’est le résultat
335 ueux, si l’on y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, intan
336 e religion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le c
337 n, et comme ce n’est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le culte de la patrie étatisée, seul Absol
338 de l’État peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation cent
339 u xxe siècle des nations. Et il faut souligner à ce propos une constatation des plus paradoxales : c’est que, si tous les
340 atalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de rés
341 au profit d’une fédération qui les protège. C’est ce second parti qu’ont adopté en 1848 nos vingt-cinq petits États suisse
342 f qui les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons défini l’ambition profonde et co
343 re le problème de l’union, c’est faire, en somme, ce que l’on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer
344 son application majeure : Développons en commun ce qui est neuf. Laissons de côté les héritages du passé dont l’unificat
345 osée par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce n’est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on s
346 oblème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, e
347 a société stato-nationaliste et industrielle. Sur ce continuum, sans ordre ni structure, d’anarchie arbitrairement quadril
348 tenant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins
349 urd’hui, ni les « States » de l’Amérique du Nord. Ce sont vraiment des créations de notre temps, des organismes en train d
350 mais au contraire par la force de rayonnement de ce qu’on appelle une « métropole », grande ville ou complexe de villes m
351 d’un à deux millions et maximum de six millions. Ce qui donnerait, par exemple, neuf régions pour la France, une dizaine
352 éunissaient à Bruxelles un important colloque sur ce problème32, mais encore dans les milieux dirigeants du pays le plus c
353 uche et les régions, Paris et le désert français ( ce fut le début), et enfin la Révolution régionaliste. Au-delà de ce con
354 , et enfin la Révolution régionaliste. Au-delà de ce considérable effort de recherche scientifique et de renouvellement de
355 ure qui, de proche en proche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités qui expliquent que le Marché commun ait cru devoi
356 égionalisation du territoire. On s’est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la structure de l’État un
357 énomène région et des motifs de son apparition en ce moment précis de notre histoire et de l’évolution de notre société oc
358 , notamment institutionnelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’
359 et finalement les doter d’institutions autonomes, ce sera la tâche au moins d’une génération, vingt à trente ans, en admet
360 jà au crépuscule de la période des États-nations. Ce qui empêche la plupart des hommes d’aujourd’hui de le voir, ou d’en c
361 de nos jours… Et cette succession qu’il annonce, ce remplacement des États-nations par la fédération, cela ne se fera poi
362 une part de subjectivité dans l’appréciation. En ce qui concerne l’emplacement exact des limites, une certaine indétermin
363 alitaires, nous est très familier en Suisse… Et à ce propos, je voudrais terminer par quelques remarques sur le rôle spéci
364 édération basée sur les régions, on me répond que ce serait pire encore, et que la Confédération dans ce cas serait « diss
365 serait pire encore, et que la Confédération dans ce cas serait « dissociée ». Je réponds qu’il est temps, qu’il est grand
366 il leur dit : « Le secret de ma réussite tient à ce que j’ai fondé ma vie sur deux principes : Méfiance ! Méfiance ! » Po
367 , je voudrais que nous disions : Travaillons dans ce sens, car c’est celui de nos traditions fédéralistes. Les régions de
368 avons toujours voulu défendre, et à raison. Tout ce qui s’est fait de grand dans notre monde, s’est fait par les petits ;
369 hypothèse de travail régionaliste : on verra bien ce qu’elle donne pour nous, quand nous aurons aidé au succès de l’entrep
370 ns, à s’intégrer dans des régions polynationales, ce ne serait pas encore « la fin de la Confédération », la perte de son
371 notre fédéralisme, à l’échelle du continent. Car ce fédéralisme date un peu : c’est un fédéralisme d’États plus que de fo
372 us fédéraliste, qui les fait dépasser en pratique ce qu’il y a de périmé en doctrine dans la Constitution de 1848. Voilà s
373 ne dans la Constitution de 1848. Voilà sans doute ce que les Suisses peuvent donner de meilleur à l’Europe qui se fait : n
374 verture de l’autoroute Paris-Lille. 34. « Qu’est- ce qu’une nation ? », Paris, 1882. 35. Commission de la CEE, Documents
20 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
375 ovation, mais je me revois sur une photo prise à ce moment, entre Retinger et Dautry, encadrant le grand homme qui essuie
376 me qui essuie une larme : ma déception commence à ce triomphe verbal. D’autres diront les apports politiques, sociaux, éco
377 politiques, sociaux, économiques et culturels de ce congrès sans précédent : je ne voudrais évoquer ici qu’un incident de
378 amations » et formerait la conclusion du congrès. Ce succès était dû en grande partie aux efforts de Joseph Retinger, qui
379 volatilisé au secrétariat de la presse38. C’est à ce moment précis que les maîtres du congrès retirèrent la parole au peup
380 La Haye, pour les notables contre les militants. Ce qu’il a initié dans le domaine économique et mis sur pied dans le dom
381 taires dans les conseils directeurs du Mouvement. Ce qu’il a proclamé avec une si louable mesure, et, il faut bien le reco
382 péter, bien avant de Gaulle, que les choses étant ce qu’elles sont, il convenait d’adapter les exigences de l’union aux in
383 ethnoéconomiques. Et bâtir l’Europe des régions, ce sera tenir enfin les engagements de La Haye. 37. Il est remarquable
21 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
384 et, où il trouvait son embouchure dans l’Égée. En ce temps-là, temps des cités et de l’Ionie, patrie de nos idées, les réf
385 moins de l’économie, mais de la contemplation de ce qui coule, résiste, brûle ou s’évapore, c’est-à-dire des quatre éléme
386 lit des contraires : naissance de la dialectique. Ce discours méandrique nous dit aussi qu’un fleuve est à la fois mouveme
387 jours fuyant et qui fascine, figure originelle de ce qui change sans relâche dans un trajet presque immuable, qu’il faudra
388 ée et de l’immobilité, et la loi unique qui règle ce mouvement. Et s’illustrent ici les deux sens et la profonde ambiguït
389 e ambiguïté du mot durée : il désigne à la fois «  ce qui ne change pas » et l’écoulement du temps irréversible ; le deveni
390 nt du temps irréversible ; le devenir indéfini et ce qui dure en résistant précisément à la durée ; ce qui est posé et sa
391 ce qui dure en résistant précisément à la durée ; ce qui est posé et sa métamorphose ; le Même et l’Autre vus ensemble, gé
392 is l’aurore des temps, bien avant l’homme ! — que ce réseau de fleuves et de rivières qui a si profondément découpé, dente
393 ssif aux flancs duquel elle prend ses sources, et ce district de forteresses médiévales édifiées sur un camp romain autour
394 s de la Suisse nouvelle et de son régime radical. Ce cours de l’Aar d’ouest en est qui fut jadis route commerciale des Rom
395 authenticité européenne. VII Car l’Europe, ce n’est pas un produit synthétique, ni une substance philosophique, ni
396 C’est l’accord des tons purs de nos diversités. Ce qui est européen n’est pas d’abord ce qui est international, ce qui e
397 iversités. Ce qui est européen n’est pas d’abord ce qui est international, ce qui est le même partout, dans chacun de nos
398 opéen n’est pas d’abord ce qui est international, ce qui est le même partout, dans chacun de nos pays, indifférent au lieu
399 lieu et sans accent ; mais bien, et au contraire, ce qui est différent, s’affirme singulier et manifeste une vocation inco
400 il et pourtant fraternel au voisin, accueillant à ce qui diffère. Ouvert et fermé à la fois. Fidèle à soi mais dans le mou
22 1969, Articles divers (1963-1969). À la fontaine Castalie (1969)
401 À la fontaine Castalie (1969)ag juillet 1962. Ce n’est pas pour aller quelque part mais pour être-en-voyage, absolumen
402 sombrit, s’agrandit en même temps devant nous, et ce changement de dimensions s’éprouve comme l’approche d’un vertige, mai
403 les parois monumentales. Cet espace est pourtant ce que l’on voudrait « prendre », mais aucun objectif ne pourra l’enregi
404 du mythe dans l’espace du rêve, et pour entendre ce qu’on voit ici. Épiant le lent progrès de la réminiscence. Le mot cr
405 , à une centaine de pas, dans la gorge où conduit ce très lourd escalier, dévalant des hauteurs vers le fond du ravin, le
406 posant la loi du soleil, qui est celle du Père, à ce lieu dont le nom reste l’Ombre. Mais ici même, près de la fontaine, o
407 e la route de Thèbes — celle que rejoint à droite ce bref sentier — vers le carrefour fatal où il tuera le Père. À la fon
408 ois une arrière-pensée se meut dans l’ombre : est- ce bien ainsi ? n’est-ce que cela ? n’y a-t-il Personne ? Ces grands bui
409 se meut dans l’ombre : est-ce bien ainsi ? n’est- ce que cela ? n’y a-t-il Personne ? Ces grands buissons, ces murets de p
23 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
410 part vers un fédéralisme régional. La victime de ce double mouvement contradictoire, c’est en effet l’État-nation, tel qu
411 tit et trop grand. Il est trop petit pour assurer ce qu’on persiste à nommer son indépendance et sa souveraineté absolue :
412 ne vois guère d’État-nation de type unitaire que ce double mouvement de convergence mondiale et de diversification locale
413 ératifs que dans les nations unitaires : en URSS, ce sont les autonomies régionales et les diversités religieuses et polit
414 cte de la méthode fédéraliste rétablirait bientôt ce double mouvement de diastole et de systole, vers des autonomies plus
415 de se reporter à son Littré quand il veut savoir ce qu’un mot signifie, la cause est jugée. Il s’agit d’un système qui es
416 ptait ma proposition. Je compris par la suite que ce haut fonctionnaire tenait le fédéralisme pour un système d’unificatio
417 res, c’est-à-dire très exactement le contraire de ce qu’il est. À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à un
418 belge, et grand Européen, écrivait récemment : «  Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-m
419 t récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son s
420 gardiens jaloux des traditions helvètes, que sera- ce ailleurs ? Le fédéralisme n’étant ni ceci, ni cela, mais la coexisten
421 l’union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle et s’il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne
422 oblèmes et des solutions ainsi définies constitue ce que je nommerai la politique fédéraliste, au sens le plus large du te
423 ons. Voilà qui est proprement occidental : devant ce même problème de l’un et du divers, les métaphysiques orientales pren
424 siques ou physiques, esthétiques ou politiques. «  Ce qui s’oppose coopère et de la lutte des contraires procède la plus be
425 ontraires mais également valables, voilà je crois ce qui définit l’apport original et spécifique de la pensée occidentale 
426 constitue dans la dialectique des contraires. Et ce caractère va se transmettre à tous les groupes qu’il formera avec d’a
427 e fédéraliste d’une situation part du concret, en ce sens que d’abord elle considère la nature d’une tâche ou d’une foncti
428 és enfin rendu possible par la technique moderne. Ce débat n’est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique d
429 rt, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral,
430 s fédéral, qui peut résoudre une fois pour toutes ce conflit permanent. Il y faut une méthode vivante, celle que j’ai dite
431 viques, intellectuelles et affectives. C’est dans ce double dynamisme créateur d’unions plus vastes à proportion de tâches
432 a cité, des relations publiques en général. C’est ce qu’avait bien vu le regretté Pierre Duclos, lorsqu’il relevait que « 
433 ns sont celles d’un peuple de 50 millions, qu’est- ce qu’il se produit ? On vote, de temps en temps, sur de grandes options
434 quelque part, le premier remède c’est d’appliquer ce critère des dimensions — communales ou régionales — de l’unité de bas
435 e souvent la question. Il faudrait s’entendre sur ce qu’on appelle région. Je ne m’étendrai pas sur cette question complex
436 es que l’on a, en parlant de régions, viennent de ce qu’on s’imagine une région comme un petit État-nation. C’est autre ch
437 u de l’autre d’une frontière tracée à la surface. Ce genre d’absurdité se révèle intenable et nous oblige à chercher autre
24 1969, Articles divers (1963-1969). « La lecture des Nourritures terrestres… » [réponse à un questionnaire sur l’influence d’André Gide] (printemps 1969)
438 6 ans m’a fait jouer du violon comme jamais, mais ce n’était pas assez, je suis sorti, sur mon vélo j’ai foncé vers le lac
439 ison pour le dîner. Si j’avais rencontré Gide, en ce temps-là, je me serais sans doute évanoui d’émotion. Dix ans plus tar
25 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
440 ir de Solférino, son résultat fut la Croix-Rouge. Ce très curieux récit s’ouvre sur un rappel de l’ordre de bataille des a
441 nie, une intention de souligner le contraste avec ce que l’on va lire dans le reste du livre, comme pour nous faire compre
442 t qu’on la vante, et maintenant je vais vous dire ce qu’elle est, telle que je l’ai vue… Car voici que le récit quittant l
443 ure. Il n’y a presque plus d’adjectifs. Mais seul ce changement de ton trahit l’entrée sur la scène réelle du narrateur :
444 pie, en un mot, si la préoccupation et l’étude de ce sujet si important devaient, en le faisant avancer de quelques pas, a
445 ritique : pas un mot de reproche à quiconque dans ce livre ! On ne saurait être plus prudent, plus modéré : il n’est quest
446 Djemila », qu’il a fondée. Mais d’autres soucis, ce jour-là, retiennent l’empereur. Notre jeune bourgeois suisse, 31 ans,
447 nes émouvantes que je me suis décidé à retracer. Ce n’est pas du tout Fabrice à Waterloo dans la Chartreuse de Parme, mai
448 le 30 octobre 1910 — tout près de la vraie fin de ce xixe siècle qui a commencé au soir de Waterloo et qui va se terminer
449 crivait : « Ah ! la guerre n’est pas morte ! Tout ce qui fait la gloire de votre prétendue civilisation sera employé à son
450 Europe avec eux — peut-être le monde entier… Dans ce conflit, bon gré mal gré, seront entraînés la plupart des peuples civ
451 n des secours aux blessés en temps de guerre. Sur ce seul point, dans ce secteur strictement défini de l’immense phénomène
452 essés en temps de guerre. Sur ce seul point, dans ce secteur strictement défini de l’immense phénomène de la guerre, un su
453 première lecture du Souvenir, j’avais achoppé sur ce point. Mais la mise au jour des cahiers de Heiden, dont une quinzaine
454 eiden, dont une quinzaine d’extraits enrichissent ce volume, révèle enfin, sans la moindre équivoque, la pensée la plus au
455 i légitime ni fatale est nettement impliquée dans ce même passage : Certains, comme J. de Maistre, ont nommé la guerre « 
456 uerie après leur avoir enseigné dans leur enfance ce commandement péremptoire : — Tu ne tueras point ! Nos nations se pr
457 ent, que des utopies traditionnelles intéressées… Ce qu’on désigne sous le nom de « bravoure » s’allie très bien quelquefo
458 Un Souvenir et de ses prudences tactiques. Serait- ce que Dunant, écarté de l’action, n’ayant plus rien à espérer ni à ména
459 espoirs et des peurs, et des curiosités, bref, à ce que Dunant nomme très exactement : encaserner l’esprit humain. Quelqu
460 humain. Quelques brèves citations pour illustrer ce schéma dont je découvre, avec une sorte d’étonnement reconnaissant, q
461 ’ils décorent du nom de politique coloniale ». Or ce n’est pas la vraie civilisation qu’on apporte aux peuples asservis :
462 sservis : c’est l’opium, le rhum, et les armes, «  ce qui ruine et ce qui détruit, au moral comme au physique… Cette civili
463 l’opium, le rhum, et les armes, « ce qui ruine et ce qui détruit, au moral comme au physique… Cette civilisation, en fonda
464 système si vis pacem tout en exaltant le Progrès, ce sont eux qui nageaient dans l’utopie : au moment où Dunant disparaît,
26 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
465 t fondait l’automne suivant un mouvement rival (à ce qu’il m’apprit beaucoup plus tard), quoiqu’également résistant. Ce qu
466 beaucoup plus tard), quoiqu’également résistant. Ce qui est certain, c’est que les premiers efforts d’union de l’Europe,
467 evrait être la suivante : « Développons en commun ce qui est neuf ». Laissons de côté les héritages du passé dont l’unific
468 donné naissance à la Guilde du Livre, à Lausanne. Ce fut autour de ce noyau que se constitua rapidement la Communauté euro
469 la Guilde du Livre, à Lausanne. Ce fut autour de ce noyau que se constitua rapidement la Communauté européenne des guilde
470 mance. La plupart de ces malheureux ne savent pas ce qu’ils doivent à l’initiateur de la Büchergilde Gutenberg ! Mais nous
471 oici bien heureux de cette occasion d’avouer tout ce que nous devons à l’un des Suisses les plus remarquables et les plus
27 1969, Articles divers (1963-1969). « Il faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)
472 t : « N’habitez pas les villes » et peut-être est- ce pour cela que vous êtes venu vous installer dans le pays de Gex. Que
473 on que subit notre région ? J’adore cette maison, ce village… mais toutes les belles régions de France sont dilapidées. Le
474 problème n’est pas particulier à Ferney-Voltaire. Ce qui me frappe, c’est l’extrême laideur de tout ce que l’on construit,
475 Ce qui me frappe, c’est l’extrême laideur de tout ce que l’on construit, une laideur irréversible. En Hollande, dans le Su
476 lage avec une place, une église, des cafés… C’est ce qui a été fait à Meyrin et Meyrin est vivant à cause de cette place o
477 ufs d’or car on n’a pas pensé que l’on détruisait ce qui faisait l’attrait du pays. On a l’impression que le seul souci qu
478 ite parce que cela coûte moins cher... Pourquoi ce secret jaloux ? Savez-vous que dans le pays de Gex, plus de deux-m
479 e l’objet d’un débat public. La vraie démocratie, ce serait que les gens puissent discuter des projets car c’est leur vie
28 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
480 veau et créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qu
481 n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objectivité scientifique » dissimulant une démission c
482 aux régions fédérées. Cela prendra des décennies. Ce qui est urgent, c’est le prix du lait et le taux d’accroissement de l
483 ussion, une série de propositions axiomatiques de ce genre : — L’État doit être unique et indivisible. — De son siège dans
484 des guerres et les calculs des arpenteurs. — Tout ce qui relève du domaine public (économie, politique, enseignement, fisc
485 rme absolu de toute histoire d’un peuple digne de ce nom. Ayant « fait son unité » (comme on fait sa puberté), il devient
486 ère). Au cours des siècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres qui ont servi de prétexte à ces concentrations forcé
487 crite par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. L’expression « Faut-il vous faire un dessin ? » évoque le
488 on propre à convaincre le pire des imbéciles dans ce monde-là. Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous, p
489 participation du citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’el
490 aient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du
491 des grands États-nations européens. (C’est un peu ce que l’on voit se dessiner — encore un terme visuel ! — avec l’essai d
492 d’un chef, roi, dictateur ou État républicain. Or ce pouvoir paraît mieux assuré, de nos jours, par les petits États que p
493 er les éléments de base ou modules praticables en ce domaine (unité d’habitation, commune, région, groupe de recherches) e
494 uis neuchâtelois de naissance et de tradition : à ce canton va donc mon allégeance patriotique. Neuchâtel fait partie de l
495 geance culturelle. Mais je suis aussi protestant, ce qui représente une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’étais c
496 stant, ce qui représente une allégeance mondiale ( ce serait pareil si j’étais communiste, ou catholique, évidemment). Et j
497 ation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société,
498 s ; — je veux dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribue
499 ouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires diff
500 r entre organes ou fonctionnaires différents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision.49
501 paration des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé
502 dhon, ni de décentraliser ni de déconcentrer (est- ce différent ?), ni de déléguer les pouvoirs de l’autorité centrale. Mai
503 s spécifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition
504 icience ou un retard d’éducation démocratique. («  Ce qui n’est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix pos
505 e et l’urbanisme : il serait facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau communal, régional, national-f
29 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
506 réinventer (14 avril 1969)al am Le remariage, ce n’est pas seulement « le triomphe de l’espérance sur l’expérience »,
507 de « raison », de consolation. Le second mariage, ce n’est pas la session de repêchage, c’est la saison des amours vraies,
508 Rougemont a accepté de faire pour vous le tour de ce problème de notre époque qui a été aussi son problème à lui ; Denis d
509 orce plus fréquent mais aussi du progrès médical. Ce qu’on nomme « l’espérance de vie » ayant doublé, cela double aussi le
510  ? L’une des grandes difficultés du sujet tient à ce qu’il n’existe pas de littérature romanesque sur le second mariage et
511 des enfants, etc. Il faut aussi savoir distinguer ce qui tient aux acteurs — les conjoints — et ce qui tient à la situatio
512 uer ce qui tient aux acteurs — les conjoints — et ce qui tient à la situation en soi, qu’est le deuxième mariage. Faute de
513 uxième mariage soit plus heureux que le premier ? Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’il a beaucoup plus de chance
514 age, on épouse ses complexes. Or, contrairement à ce que fait croire le langage courant, avec des phrases comme « Je suis
515 , cette façon de balayer l’expérience des autres, ce refus de tenir compte des données de fait : goûts, situation, milieu
516 en réussi ? On pense que le seul moyen de réussir ce qu’ils ont raté c’est de prendre le contre-pied de leurs conseils. Ce
517 ’est de prendre le contre-pied de leurs conseils. Ce qui conduit souvent à un mariage « d’attitude » : on veut prouver aux
518 eut prouver aux autres — et à soi-même qu’on sait ce qu’on veut et qu’on n’a besoin de personne. Moins on est sûr de la du
519 n’a qu’à divorcer et tout s’arrange. Aussi n’est- ce pas la morale sociale qui détruit la passion, mais le manque d’obstac
520 s miens mais c’est plus fort que moi, il arrivera ce qu’il arrivera, ce n’est pas ma faute. » La fatalité, c’est l’alibi.
521 plus fort que moi, il arrivera ce qu’il arrivera, ce n’est pas ma faute. » La fatalité, c’est l’alibi. Et il est nécessair
522 depuis des siècles, nous vivons sous l’emprise de ce mythe dégénéré en romans, opéras, puis films, chansonnettes, etc. Ce
523 n romans, opéras, puis films, chansonnettes, etc. Ce n’est donc pas une invention récente. Or la crise du mariage n’a pas
524 éfi téméraire et dérisoire du passionné. Tout ça, ce sont les défauts possibles et même courants d’un premier mariage. Ces
525 on se remarie trois fois, quatre fois, cinq fois, ce sont les cas désespérés. Mais le cas intéressant, et heureusement le
526 ie — ni aux parents. On a compris que l’essentiel ce sont les caractères, qui ne changent jamais (« on ne peut pas changer
527 st remarié ? C’est ici qu’il s’agit de distinguer ce qui tient aux « acteurs » et ce qui tient à la situation. Ce qui tien
528 git de distinguer ce qui tient aux « acteurs » et ce qui tient à la situation. Ce qui tient aux acteurs ce sont les diffic
529 t aux « acteurs » et ce qui tient à la situation. Ce qui tient aux acteurs ce sont les difficultés inévitables de la vie e
530 ui tient à la situation. Ce qui tient aux acteurs ce sont les difficultés inévitables de la vie en commun, les heurts, les
531 qui sera ressenti plus ou moins douloureusement : ce n’est plus la première fois. Cette deuxième fois n’a davantage de cha
532 de plus » et ça ne peut être la passion. Quel est ce « quelque chose » sans lequel les caractères, les goûts, les aspirati
533 ur est agent de personnalisation par excellence : ce qu’il a su voir c’est l’irremplaçable, l’unique, ce que chaque être p
534 qu’il a su voir c’est l’irremplaçable, l’unique, ce que chaque être peut devenir s’il y est appelé. C’est son mystère, qu
535 ables. Il faudrait tout d’abord dédramatiser tout ce qui touche à l’amour, au mariage, au divorce. À la surestimation de l
536 te impression « qu’il expliquait tout », vient de ce que pour la première fois, grâce à ce savant et à ses recherches « sc
537 », vient de ce que pour la première fois, grâce à ce savant et à ses recherches « scientifiques », on osait parler du sexe
538 urd’hui on parle du sexe — d’abondance — mais, en ce qui concerne l’amour, beaucoup de gens continuent à croire que l’anal
539 l’essai ». Qu’en pensez-vous ? Je suis pour tout ce qui peut aider les gens à prendre conscience du sérieux, de la beauté
540 a sortie du numéro 1, le premier numéro officiel. Ce type d’expérience se répand de plus en plus dans le milieu étudiant.
541 être reconnu par les autres comme un vrai couple, ce qui est un ciment — et surtout l’idée que ça doit durer toujours. « A
542 suivi. Donc le mariage-maquette donne une idée de ce qu’est le mariage, mais ne peut guère, faute de pacte, remplacer le p
543 s eux-mêmes ternes et ennuyeux). Car enfin qu’est- ce qu’un premier mariage ? La confrontation de la passion ou plutôt, soy
544 me base de la santé, ne fondez pas le mariage sur ce qui vit de sa crise et l’entretient ! Et le mariage lui-même, pensez-
545 le il doit sans cesse lutter contre le doute (est- ce que ça vaut vraiment la peine ?), la paresse (c’est bon, je vais tout
546 eurs tableaux à la fois, de tout saccager lorsque ce qu’il fait paraît trop éloigné de ce qu’il voudrait faire. De même le
547 ager lorsque ce qu’il fait paraît trop éloigné de ce qu’il voudrait faire. De même le mariage exige que l’on se consacre à
548 philosophe, l’auteur de L’Amour et l’Occident — ce livre est un chef-d’œuvre de lucidité et ceux qui l’ont lu sont mieux
30 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
549 ues. Aujourd’hui, on le trouve en livre de poche. Ce livre, célèbre de par le monde devait avoir de nombreux prolongements
550 le monde devait avoir de nombreux prolongements. Ce sera, au fil des ans, Doctrine fabuleuse, Personne du drame [sic] et
551 titre : elle ne gravite pas uniquement autour de ce seul thème de l’amour-passion. La célébrité d’un ouvrage a malencontr
552 s rendus à la cause de l’unification de l’Europe. Ce prix, qui lui sera décerné officiellement à Bonn en février prochain,
553 sayer de cerner un peu mieux, d’un peu plus près, ce personnage énigmatique. D’entrée de jeu, il tient à nous mettre en ga
554 D’entrée de jeu, il tient à nous mettre en garde. Ce que je voudrais bien marquer, nous dit-il, c’est que pour moi il n’y
555 té des thèmes, il y a continuité de pensée. C’est ce que nous explique M. de Rougemont. Mon ami Jacques de Bourbon-Busset
556 C’est là, nous fait-il remarquer, le fondement de ce que j’appellerai ma philosophie. Une philosophie qui s’est lentement
557 avant tout acte. Ainsi, la vocation est à la fois ce qui distingue l’homme et le relie à la communauté où il exerce. Ce qu
558 l’homme et le relie à la communauté où il exerce. Ce qui l’amena — avant Sartre, ce qu’on ignore généralement — à parler d
559 auté où il exerce. Ce qui l’amena — avant Sartre, ce qu’on ignore généralement — à parler de l’« engagement » de l’écrivai
560 — à parler de l’« engagement » de l’écrivain. Car ce qu’il appelle engagement ce n’est rien moins que de tirer les conclus
561  » de l’écrivain. Car ce qu’il appelle engagement ce n’est rien moins que de tirer les conclusions pour la cité de ce qu’i
562 oins que de tirer les conclusions pour la cité de ce qu’il appelle la personne, puisque celle-ci est définie par son acte.
563 e dans un parti ou qu’on accepte la discipline de ce parti. C’est réaliser ce que l’on croit le plus intimement, que ce so
564 accepte la discipline de ce parti. C’est réaliser ce que l’on croit le plus intimement, que ce soit d’un point de vue reli
565 éaliser ce que l’on croit le plus intimement, que ce soit d’un point de vue religieux, politique ou philosophique. La c
566 qui furent à la base du mouvement personnaliste. Ce que nous appelions en 1932 la révolution personnaliste et communautai
567 as aussi grave que celle qui prévaut aujourd’hui. Ce qui nous avait alors alerté et réveillé c’était l’exemple du nazisme
568 endre et nous ne voyions pas du tout lesquelles à ce moment-là. Cette crise existentielle dont nous avions été les témoins
569 t casser et après on verra bien, moi j’ai déjà vu ce qui va se passer : c’est la police qui arrive. Je ne suis donc pas du
570 la destruction de l’Université et refuse de dire ce qu’il y mettra à la place. C’est de la démagogie facile et extrêmemen
571 u nom d’autre chose. Je n’ai pas du tout varié en ce qui concerne la définition de la révolution que nous avions en 1932.
572 s’agissait alors de substituer un nouvel ordre à ce que nous appelions le désordre établi. La contestation véritable, c’e
573 e le désordre établi au nom d’un ordre plus réel. Ce qui paraît être, pour beaucoup de jeunes contestataires, une concepti
574 ui. C’est une réaction vitale de leur part contre ce monde qui est en train de ruiner les bases mêmes de la passion. Car,
575 s de New York, sont la démonstration éclatante de ce besoin qui existe d’une nouvelle communauté, d’un principe de communa
576 ces États se dissolvent en régions, et alors, et ce n’est seulement qu’alors, qu’on arrivera à fédérer l’Europe, car ces
577 dit M. de Rougemont, il vous faudra séparer tout ce qui peut être séparé, ou comme disait Proudhon, « ne rien laisser dan
31 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
578 Comment faire une communauté humaine ? Serait- ce vous insulter ou simplifier par trop que de dire que vous vous placez
579 , mais comme la substitution d’un ordre nouveau à ce que nous appelions le « désordre établi ». Désordre par rapport à l’h
580 e la communauté est en train de se défaire, n’est- ce pas : la grande crise du xxe siècle, c’est la dissolution du sens de
581 sens de la communauté humaine. Alors, c’est dans ce sens que, je pense, il nous faut retrouver les formules d’une communa
582 tion humaine : Comment faire une communauté ? Est- ce dans ce sens-là que vous êtes passé — ou peut-on dire que vous êtes p
583 aine : Comment faire une communauté ? Est-ce dans ce sens-là que vous êtes passé — ou peut-on dire que vous êtes passé — d
584 s livres. C’est la formule de l’engagement, n’est- ce pas, que j’ai lancée en France en 1933, et qui forme les deux premier
585 de mon premier livre, publié à Paris en 1934… Est- ce que le mot et la chose « engagement » ont encore aujourd’hui une sign
586 ntiellement manifester au niveau de la communauté ce qu’on croyait le plus intimement, c’est-à-dire l’être même de la pers
587 que le Canada a un régime politique fédéral ? Est- ce que vous avez étudié le fédéralisme canadien ? Un peu. Mais je suis d
588 posée à toutes espèces de réalités humaines — que ce soit des réalités religieuses, politiques, monétaires, économiques, d
589 es, économiques, d’état civil, commerciales, tout ce que vous voulez — on met tout ça dans une même frontière, ce qui est
590 voulez — on met tout ça dans une même frontière, ce qui est démentiel, n’est-ce pas ? C’est une absurdité totale, qu’on a
591 s une même frontière, ce qui est démentiel, n’est- ce pas ? C’est une absurdité totale, qu’on a voulu nous faire avaler pen
592 comme une forme possible de gouvernement. Qu’est- ce que le Centre européen de la culture, que vous avez fondé, je pense,
593 pense, et que vous présidez, à Genève ? J’ai créé ce Centre en 1949-1950 comme la contrepartie, sur le plan de l’unificati
594 ème volet, qui était la culture… Alors, j’ai créé ce centre à Genève, très petit, avec très peu de moyens parce que les go
595 fin, j’ai, par des tours de force, réussi à créer ce Centre et à le maintenir. Qui devait être un lieu de rencontre pour l
596 entre universitaire d’enseignement. Pour utiliser ce capital d’informations européennes, d’expériences européennes, nous a
597 turelles. Depuis la fondation de ces centres, est- ce que l’idée de culture, la notion de culture a évolué ? Oui, je crois
598 de notre jeunesse — des manuels scolaires, n’est- ce pas ? — qui présentaient l’Europe comme une addition de cultures nati
599 age, c’est le banc d’essai du fédéralisme. Qu’est- ce que le fédéralisme ? C’est faire coexister ensemble des natures diffé
600 y a une débandade des institutions religieuses — ce qui est tout à fait autre chose, n’est-ce pas ? Les cadres étatiques
601 euses — ce qui est tout à fait autre chose, n’est- ce pas ? Les cadres étatiques de la religion sont en crise, comme l’État
602 En consultant justement la traduction anglaise de ce livre, j’ai vu que vous insistez beaucoup sur l’opposition Dieu et di
603 notamment une sortie contre la psychanalyse. Est- ce que… Non, pas du tout. Je suis très intéressé par la psychanalyse et
604 ativité humaine, la responsabilité personnelle, à ce que j’appelais le pouvoir de « décréation » du diable. Je suis en tra
605 s en train de préparer une cinquième réédition de ce livre en Amérique, pour laquelle on m’a demandé une postface que j’ai
606 u fond, l’augmentation de l’entropie — vous voyez ce que je veux dire ? — la dégradation de l’énergie. L’entropie c’est la
607 a précédente. Alors contre ça, il faut lutter par ce qu’on appelle en science la néguentropie. Et par la récréation de foy
608 i, le diable, c’est une espèce de symbole de tout ce qui tend à détendre les énergies humaines, n’est-ce pas ?, à unifier,
609 qui tend à détendre les énergies humaines, n’est- ce pas ?, à unifier, à uniformiser, à égaliser, et toujours au profit du
610 és. Et grâce à ça, on maintient l’humanité, n’est- ce pas ? L’humanité ne progresse que par les meilleurs, et ne dure que p