1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 arguer d’avoir donné à l’Europe et au monde une «  culture nationale » bien caractérisée ; ni même d’avoir été la mère de grande
2 l, du même coup, une assez bonne définition de la culture  ! ⁂ Pour qu’il y ait culture en général — au sens occidental et moder
3 nne définition de la culture ! ⁂ Pour qu’il y ait culture en général — au sens occidental et moderne du terme —, il faut une va
4 mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’une culture , cohérente et vivante, de la culture. Il faut donc à la fois l’Un et
5 parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture . Il faut donc à la fois l’Un et le Divers, une très riche diversité s
6 a chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant «  culture nationale », intermédiaire entre l’Europe et nos cités. Je bute ici s
7 rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Pour que cela soit vrai, il faudrait tout d’abor
8 rai, il faudrait tout d’abord que le concept de «  culture nationale » corresponde à des réalités culturelles. Or il ne correspo
9 e qu’il y aurait en Europe un certain nombre de «  cultures nationales » bien distinctes et autonomes dont l’addition constituera
10 tes et autonomes dont l’addition constituerait la culture européenne est une pure et simple illusion d’optique scolaire. Elle s
11 me brume au soleil à la lumière de l’Histoire. La culture européenne n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition d
12 ’a jamais été et ne sera jamais une addition de «  cultures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et
13 nt ans d’existence : il faut bien admettre que la culture s’était constituée avant elles et sans elles ! Je me contenterai, pou
14 lément important et typiquement européen de notre culture . Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe :
15 ute depuis un siècle environ, en l’existence de «  cultures nationales » ? C’est avant tout le fait de la langue qui l’entretient
16 dit que les Suisses romands se rattachent à la «  culture française », on ne pense guère qu’à la langue française. Mais celle-c
17 ons. De même, l’allemand ne saurait définir une «  culture nationale » étant la langue maternelle de populations qui vivent dans
18 us. La langue ne saurait à elle seule définir une culture  : elle n’est guère qu’un des éléments de la culture en général, si es
19 lture : elle n’est guère qu’un des éléments de la culture en général, si essentiel soit-il. Tous les autres éléments : la relig
20 Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacun des 24 États-nations qui ont découpé et longtemps
21 réservés mieux que les autres de l’illusion des «  cultures nationales », fût-ce du seul fait de la composition linguistique si v
22 ue que l’École nous donne depuis cent ans de la «  culture française », bien que nous parlions à peu près la même langue, je tro
23 peu près la même langue, je trouve ceci : 1° la culture , dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen
24 jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments naturels ou historiques, q
25 s ; par sa langue, au domaine français, et par sa culture , aux sources variées de l’Europe antique, médiévale et moderne. Autan
26 ésité à puiser aux sources les plus variées de la culture européenne, germanique et anglo-saxonne autant que française, sans s’
27 x relais de paresse que représentent ailleurs les cultures soi-disant « nationales ». Et n’est-ce pas à ce caractère « immédiate
28 , cette espèce de critère privilégié du niveau de culture d’un peuple, qu’elle fut au temps de l’Europe classique puis romantiq
29 que les Suisses peuvent apporter de meilleur à la culture , je réponds donc sans hésiter que c’est surtout leur sens fédéraliste
30 voisins. Cet apport très typiquement suisse à la culture européenne revêt une importance particulière dans le monde de cette d
31 tout enfiévré par les virus nationalistes que la culture du dernier siècle et notre crise totalitaire ont propagés. L’apport s
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
32 comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture . Auteur de 24 ouvrages qui ont été traduits en 12 langues. »
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
33 isses sont tard venus dans le développement de la culture occidentale ; ils n’y entrent en fait et d’une manière distincte qu’a
34 sure peut-on dire que cet apport des Suisses à la culture représente une contribution de la Suisse en tant qu’entité ou système
35 ion particulière est très conforme au génie de la culture occidentale, car celle-ci a toujours été faite par des foyers locaux,
36 i l’on veut distinguer les éléments sinon d’une «  culture suisse » — qui ne saurait exister — du moins d’une attitude d’esprit
37 emples. La souveraineté des cantons en matière de culture et d’éducation explique et justifie l’existence de sept universités,
38 s et les plus concrètes de savoir que le terme de culture n’est pas un synonyme de superflu ? b. Rougemont Denis de, « Appor
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
39 me semble-t-il, une assez bonne définition de la culture  ! II Avec ces quelques précisions de doctrine — qui paraîtraient
40 dire sur les rapports entre le fédéralisme et la culture , et sur les problèmes que nous pose la vie culturelle de la Suisse ro
41 s principes du fédéralisme en les appliquant à la culture . Pour qu’il y ait culture en général — au sens occidental du terme, t
42 en les appliquant à la culture. Pour qu’il y ait culture en général — au sens occidental du terme, très différent de l’asiatiq
43 mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’une culture , cohérente et vivante, de la culture. Il faut donc à la fois l’Un et
44 parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture . Il faut donc à la fois l’Un et le Divers, une très riche diversité s
45 la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant culture nationale, intermédiaire entre l’Europe et nos cités. Ici, je me perm
46 contre le concept aussi néfaste qu’invétéré de «  culture nationale ». On nous répète depuis un siècle que les Suisses, selon l
47 rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Pour que cela soit vrai, il faudrait tout d’abor
48 rai, il faudrait tout d’abord que le concept de «  culture nationale » corresponde à des réalités culturelles. Or il ne correspo
49 e qu’il y aurait en Europe un certain nombre de «  cultures nationales » bien distinctes et autonomes dont l’ensemble constituera
50 tes et autonomes dont l’ensemble constituerait la culture européenne est une pure et simple illusion d’optique scolaire. Elle s
51 me brume au soleil à la lumière de l’Histoire. La culture européenne n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition d
52 ’a jamais été et ne sera jamais une addition de «  cultures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et
53 nt ans d’existence : il faut bien admettre que la culture s’était constituée avant elles et sans elles ! Je me contenterai, pou
54 lément important et typiquement européen de notre culture . Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe :
55 ute depuis un siècle environ, en l’existence de «  cultures nationales » ? C’est avant tout le fait de la langue qui l’entretient
56 dit que les Suisses romands se rattachent à la «  culture française », on ne pense guère qu’à la langue française. Mais celle-c
57 ons. De même, l’allemand ne saurait définir une «  culture nationale » étant la langue maternelle de populations qui vivent dans
58 us. La langue ne saurait à elle seule définir une culture  : elle n’est guère qu’un des éléments de la culture en général. Or to
59 lture : elle n’est guère qu’un des éléments de la culture en général. Or tous les autres éléments : la religion, la philosophie
60 Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacune des vingt-quatre nations qui ont découpé leur Ét
61 réservés mieux que les autres de l’illusion des «  cultures nationales », du seul fait de la composition linguistique si variée d
62 ’État français nous donne depuis cent ans de la «  culture française », bien que nous parlions à peu près la même langue, je tro
63 à peu près la même langue, je trouve ceci : 1° la culture , dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen
64 amais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments naturels ou historiques, q
65 -mêmes, j’entends : pour illustrer, au plan de la culture , nos raisons d’être, pour légitimer notre accent particulier, pour no
66 ensive n’est pas une attitude de créateurs, et la culture est d’abord création, avant d’être héritage, ou enseignement. Si nous
67 ivre en symbiose permanente avec l’ensemble de la culture européenne. Nos meilleurs auteurs (pour ne prendre que cet exemple, l
68 ésité à puiser aux sources les plus variées de la culture européenne, germanique et anglo-saxonne autant que française, sans s’
69 x relais de paresse que représentent ailleurs les cultures soi-disant « nationales ». Et n’est-ce pas à ce caractère « immédiate
70 Suisses romands peuvent apporter de meilleur à la culture , je réponds donc sans hésiter que c’est surtout leur sens fédéraliste
71 voisins. Cet apport très typiquement suisse à la culture européenne revêt une importance particulière dans le monde de cette d
72 tout enfiévré par les virus nationalistes que la culture du dernier siècle et notre crise totalitaire ont propagés. L’apport s
73 e sens étant lié, nous l’avons vu, au génie de la culture en Europe, la question qui se pose maintenant est de savoir comment n
74 e, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture est faite par des passions individuelles et par de petits groupes qui
75 endre plus économiques ou plus rentables. Mais la culture vivante vit d’imprudence, et prospère dans le gaspillage des forces e
76 qui mérite aujourd’hui d’inquiéter les amis de la culture , et c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notre vitalité
77 ’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la culture en mendiante, de refuser de la faire participer à une prospérité écon
78 sources dans les mêmes attitudes de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera pas l’un sans l’autre. c. Rougemont Deni
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
79 À propos de la culture européenne (avril 1963)d e J’ai lu avec un étonnement croissant le
80 judaïque, chrétien et arabe, à la formation de la culture européenne, d’autre part réduiraient l’Europe à l’anticommunisme, mêm
81 onc à « l’effort vain et absurde de présenter une culture européenne unitaire » ; il nierait que l’Europe soit « la patrie des
82 Vingt-huit siècles d’Europe , ou le Dialogue des cultures ou Les Chances de l’Europe , etc.), ils partageront notre stupeur.
83 hènes ils sont les éléments fondamentaux de notre culture , à nous opposer ma propre définition de l’Europe comme « patrie des c
84 vôtre. d. Rougemont Denis de, « À propos de la culture européenne », L’Europe en formation, Nice, avril 1963, p. 20. e. Int
85 vante : « À la suite de l’article : “Y a-t-il une culture européenne ?” publié dans notre numéro de décembre, nous avons reçu l
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
86 . La richesse de l’Europe et l’essence même de sa culture seraient perdues si l’on tentait d’unifier le continent, de tout y mé
87 -Unis et en Suisse). Les éléments fondamentaux de culture commune étant par ailleurs assez forts pour assurer spontanément la c
88 tique commune des Européens dans le domaine de la culture . Débattue et décidée par le Conseil des recherches et de l’enseigneme
89 la fédération. C’est en matière d’éducation et de culture , notamment, que les États conservent les plus larges compétences. La
7 1963, Articles divers (1963-1969). Une interview de Denis de Rougemont : l’écrivain nous parle des centres culturels internationaux (16 novembre 1963)
90 lièrement à cœur. Lors de votre conférence : « La culture occidentale et les civilisations extraeuropéennes », vous avez mentio
91 es ouvrages doivent constituer une synthèse de la culture propre à chaque pays ou continent. Notre civilisation technique est d
92 elle en danger les valeurs fondamentales de notre culture  ? Cela dépend de la manière dont nous nous serons préparés. Toute la
8 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
93 nucléaires ou CERN, la Fondation européenne de la culture , et une série d’initiatives groupant des instituts universitaires, de
94 riens, sociologues, économistes, spécialistes des cultures d’outre-mer, etc. La première « chaire européenne » a été créée en 19
95 en 1963. Une nouvelle conférence européenne de la culture , sur le thème « L’Europe et le monde » doit se tenir à Bâle (fin sept
96 eprésentants de l’industrie, et quelquefois de la culture , croient distinguer dans les projets d’Europe unie « une politique d’
9 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
97 Elle exclut, par définition, la possibilité d’une culture nationale et uniforme, d’un marché national des lettres et des arts,
98 à des ensembles bien plus vastes que la Suisse : culture germanique ou culture latine, tradition réformée ou romaine, ouvrant
99 plus vastes que la Suisse : culture germanique ou culture latine, tradition réformée ou romaine, ouvrant des horizons continent
100 nité européenne, pas de relais national pour leur culture . C’est ce qu’a très bien vu Lucien Febvre, excellent historien frança
101 école particulière, mais il suppose un climat de culture d’une densité probablement très supérieure à celle qu’on pourrait mes
102 s d’un très grand pays. Or, dans le domaine de la culture , la densité vaut souvent la grandeur. On compte en Suisse une univers
103 sée par une mode étrangère. Cette condition de la culture en Suisse, cette nécessité de s’unir précisément parce qu’on entend r
10 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
104 e les communautés nationales, et enfin, entre les cultures différentes. La technique peut-elle contribuer à établir et enrichir
105 favorise ou non l’équilibre entre les différentes cultures qui se partagent aujourd’hui la planète, je viens de vous donner une
106 e Henry Ford. Ce rêveur incurable, bricoleur sans culture ni génie, était obsédé par l’idée de construire une « locomotive rout
11 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
107 nez mon cas : Français de langue, Européen par la culture mais du canton de Neuchâtel par la naissance et la tradition familial
12 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
108 e circonstance. Sa phrase finale au congrès de la culture (Lausanne, 1949) fait le lendemain l’affiche des journaux : « Oui, Me
109 e » organisé par le Congrès pour la liberté de la culture , dont Salvador de Madariaga est l’un des présidents d’honneur. Il a f
13 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
110 e, plus sûrement que par ceux qui attaquent notre culture démocratique au nom des idéaux qu’elle seule leur enseigna. 21. Cf
111 Notes pour un “Petit Livre rouge” », Éducation et Culture , Strasbourg, été 1967, p. 10-12.
14 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
112 ralisé des cerveaux ! Je crois que la santé de la culture a toujours consisté dans ses échanges, dans son régime de circulation
113 e vous dis que les échanges, c’est la santé de la culture , je pense aussi aux universités. La plus célèbre des anciennes univer
114 xportation des cerveaux en Suisse ? Comment notre culture s’est-elle faite ? D’abord par la conquête romaine, qui nous a apport
115 pourquoi, lors de la Conférence européenne de la culture à Lausanne en 1949, nous avons proposé la création d’un grand laborat
116 e recherche scientifique de tout l’ensemble d’une culture . Ça peut marcher pendant quelque temps, quelques années, mais à la lo
117 otamment aux Américains qui nous le demandent. La culture , c’est un tout, c’est un ensemble dont toutes les parties sont en int
15 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
118 ermé, complet, suffisant en lui-même tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts mai
119 voulait tout faire coïncider dans le même cadre : culture , ethnie, religion, existence économique, loyauté envers le Prince maî
120 les dimensions, cité locale, idéologie nationale, culture continentale, religion universelle, domiciles multiples, associations
16 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
121 e manifestaient dans chacun de ces domaines de la culture . En sciences, la recherche nucléaire et les moyens de prévenir l’exod
17 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
122 s, qu’il fallait un troisième volet, qui était la culture … Alors, j’ai créé ce centre à Genève, très petit, avec très peu de mo
123 vait être un lieu de rencontre pour les hommes de culture qui voulaient l’union de l’Europe, un lieu, un foyer de recherche, un
124 la fondation de ces centres, est-ce que l’idée de culture , la notion de culture a évolué ? Oui, je crois que nous sommes arrivé
125 ntres, est-ce que l’idée de culture, la notion de culture a évolué ? Oui, je crois que nous sommes arrivés tout de même à comba
126 — qui présentaient l’Europe comme une addition de cultures nationales. Nous avons à peu près renversé cela, en montrant, comme T
127 ait de son côté, qu’il n’y a pas d’histoire de la culture concevable, intelligible, en dehors d’une unité de civilisation — qui