1 Le fédéralisme suisse ( 1963 )a La Suisse ne saurait se targuer d’avoir donné à l’Europe et au m

2 suisse (1963)a La Suisse ne saurait se targuer d’ avoir donné à l’Europe et au monde une « culture nationale » bien cara

3 « culture nationale » bien caractérisée ; ni même d’ avoir été la mère de grandes écoles d’art, de littérature ou de pensée

4 » bien caractérisée ; ni même d’avoir été la mère de grandes écoles d’art, de littérature ou de pensée, marquant leur temp

5 e ; ni même d’avoir été la mère de grandes écoles d’ art, de littérature ou de pensée, marquant leur temps ou propageant un

6 même d’avoir été la mère de grandes écoles d’art, de littérature ou de pensée, marquant leur temps ou propageant un style

7 a mère de grandes écoles d’art, de littérature ou de pensée, marquant leur temps ou propageant un style doté du nom de sa

8 ant leur temps ou propageant un style doté du nom de sa terre natale. Il n’y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’o

9 doté du nom de sa terre natale. Il n’y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’on a pu parler d’une peinture vénitienn

10 s de peinture suisse, au sens où l’on a pu parler d’ une peinture vénitienne ou hollandaise ; ni de musique suisse, comme o

11 ler d’une peinture vénitienne ou hollandaise ; ni de musique suisse, comme on parle d’une musique flamande ou allemande ;

12 ollandaise ; ni de musique suisse, comme on parle d’ une musique flamande ou allemande ; ni de poésie, ou de dramaturgie, o

13 on parle d’une musique flamande ou allemande ; ni de poésie, ou de dramaturgie, ou de roman suisses, comme il y eut un lyr

14 musique flamande ou allemande ; ni de poésie, ou de dramaturgie, ou de roman suisses, comme il y eut un lyrisme languedoc

15 u allemande ; ni de poésie, ou de dramaturgie, ou de roman suisses, comme il y eut un lyrisme languedocien, un théâtre éli

16 n point que l’apport des Suisses en ces domaines, de la Renaissance à nos jours, ait été globalement inférieur à celui de

17 nos jours, ait été globalement inférieur à celui de toute autre région de dimensions à peu près analogues. (Le contraire

18 obalement inférieur à celui de toute autre région de dimensions à peu près analogues. (Le contraire me paraît probable.) M

19 is cet apport ne fut jamais typique et spécifique d’ une unité bien évidente, à la fois culturelle et politique, comme le f

20 omme le furent la Sérénissime, les états généraux de Hollande, l’Angleterre de la première Élisabeth, la France de Louis X

21 ime, les états généraux de Hollande, l’Angleterre de la première Élisabeth, la France de Louis XIV, le Portugal manuélin,

22 ouis XIV, le Portugal manuélin, ou le grand-duché de Weimar. C’est que l’ensemble suisse n’a jamais été défini par autre c

23 ais été défini par autre chose que par un système d’ alliances, embrassant de multiples unités locales — vallées, cités, pr

24 chose que par un système d’alliances, embrassant de multiples unités locales — vallées, cités, principautés et république

25 bliques — dont on sait la diversité non seulement de langue, de confession et de coutumes, mais de régime politique, penda

26 ont on sait la diversité non seulement de langue, de confession et de coutumes, mais de régime politique, pendant des sièc

27 versité non seulement de langue, de confession et de coutumes, mais de régime politique, pendant des siècles. C’est ce sys

28 ent de langue, de confession et de coutumes, mais de régime politique, pendant des siècles. C’est ce système, ou pour mieu

29 ème, ou pour mieux dire, cette pratique séculaire de l’union dans les diversités jalousement préservées, qui constitue le

30 ent préservées, qui constitue le véritable apport de la Suisse comme telle à l’Europe. Pratique restée longtemps sans nom

31 st guère qu’au xixe siècle qu’on se mit à parler de fédéralisme. Encore la chose était-elle entendue de manière assez dif

32 fédéralisme. Encore la chose était-elle entendue de manière assez différente par les Alémaniques et les Romands. Pour les

33 les seconds, fédéralisme signifie surtout volonté de maintenir les autonomies locales et cantonales, contre les empiètemen

34 es locales et cantonales, contre les empiètements de l’autorité centrale. Rien d’étonnant si une telle pratique est mal co

35 tre les empiètements de l’autorité centrale. Rien d’ étonnant si une telle pratique est mal connue ou mal comprise à l’exté

36 ur, et notamment chez nos voisins français, épris de logique, disent-ils, et centralisateurs. Un Français cultivé et qui s

37 dant la révolution, projet attribué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédératio

38 ibué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédération de petits États. « Aux jacobi

39 ale et de transformer la France en une fédération de petits États. « Aux jacobins, on agita gravement la question du fédér

40 avement la question du fédéralisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. » Thiers, Histoire de la révolution, ch

41 fureurs contre les girondins. » Thiers, Histoire de la révolution, chap. I. Pour un Français, la cause est entendue : fé

42 ndins. » Thiers, Histoire de la révolution, chap.  I . Pour un Français, la cause est entendue : fédéraliste égale sauvage

43 n Suisse, c’est Littré qui perd la face. Essayons d’ expliquer ce qui peut l’être, en cette affaire où le sens concret du b

44 niques et intéressantes, le fédéralisme est plein de contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il

45 ntes, le fédéralisme est plein de contradictions, d’ oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contra

46 sme est plein de contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu

47 et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’à la différence de tous les autres systèmes p

48 t fait de contradictions, mais qu’à la différence de tous les autres systèmes politiques ou philosophiques, il ne cherche

49 à les neutraliser ou à les effacer par les moyens de la logique ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les fai

50 ou à les effacer par les moyens de la logique ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble

51 e ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’elles sont. Mais parce qu’il acce

52 ons pas croire que le fédéralisme soit une espèce d’ éclectisme universel ou d’opportunisme lâche, qui tolère tout et ne s’

53 ralisme soit une espèce d’éclectisme universel ou d’ opportunisme lâche, qui tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédérali

54 ’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances très puissantes dans le monde occidental moderne : le centr

55 ’uniformité imposée par un centre, qu’il s’agisse d’ une capitale ou d’un parti, d’un pouvoir clérical ou politique. Il est

56 e par un centre, qu’il s’agisse d’une capitale ou d’ un parti, d’un pouvoir clérical ou politique. Il est donc le contraire

57 tre, qu’il s’agisse d’une capitale ou d’un parti, d’ un pouvoir clérical ou politique. Il est donc le contraire absolu de t

58 cal ou politique. Il est donc le contraire absolu de tout régime totalitaire, de tout ordre géométrique simpliste, et par-

59 c le contraire absolu de tout régime totalitaire, de tout ordre géométrique simpliste, et par-là même tyrannique. (« La ty

60 ’autre part, le fédéralisme refuse avec non moins de fermeté l’esprit de clocher, les particularismes régionaux ou locaux

61 ralisme refuse avec non moins de fermeté l’esprit de clocher, les particularismes régionaux ou locaux qui prétendraient vi

62 régionales, aime aussi leur santé, qui est celle de l’ensemble. C’est pourquoi il veut leur union, leur entraide, et même

63 dans certains cas bien définis, la mise en commun de leurs ressources. Voulant donc le contraire de l’uniformité imposée p

64 un de leurs ressources. Voulant donc le contraire de l’uniformité imposée par un centre, mais aussi le contraire des parti

65 le fédéralisme représenterait-il alors une sorte de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé n’est

66 erait-il alors une sorte de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé n’est pas un moyen terme entre la

67 e entre la peste et le choléra. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt d

68 ve n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme n’est pas à mi-

69 in entre la centralisation oppressive et l’esprit de clocher, à mi-chemin entre la dictature et l’anarchie. Il est sur un

70 e et l’anarchie. Il est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui n’en sont peut-être qu’une seule. Il représente la seule

71 attitude rigoureusement contraire à celle que les deux autres ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de s’imaginer q

72 es ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de s’imaginer que la volonté de centralisation totale d’une nation, et l

73 bien tort, en effet, de s’imaginer que la volonté de centralisation totale d’une nation, et la volonté de la fragmenter en

74 ’imaginer que la volonté de centralisation totale d’ une nation, et la volonté de la fragmenter en petites cellules locales

75 centralisation totale d’une nation, et la volonté de la fragmenter en petites cellules locales jalousement closes, manifes

76 cellules locales jalousement closes, manifestent deux tendances incompatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui n’admet

77 closes, manifestent deux tendances incompatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui n’admettent aucune diversité polit

78 même état d’esprit que ceux qui n’admettent rien d’ autre que leur manière de vivre locale, définie par la majorité locale

79 eux qui n’admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie par la majorité locale, traitent tout le reste

80 ie par la majorité locale, traitent tout le reste d’ étranger, donc d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier

81 é locale, traitent tout le reste d’étranger, donc d’ impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier par traités avec

82 d’étranger, donc d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux

83 donc d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce

84 pérer, de se lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local, ce chauvinisme cantonal

85 nal (on l’appelle chez nous Kantönligeist) relève de la même mentalité que le totalitarisme, à l’échelle nationale. Il tra

86 à l’échelle nationale. Il traduit le même manque d’ imagination, de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’espri

87 tionale. Il traduit le même manque d’imagination, de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’esprit et d’amour du

88 raduit le même manque d’imagination, de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’esprit et d’amour du réel. Mais l

89 magination, de vitalité, de sens des proportions, d’ ouverture d’esprit et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne

90 de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’ esprit et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas

91 de sens des proportions, d’ouverture d’esprit et d’ amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas à reconnaît

92 e borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autre part la légitimité des autonomies locales. Elle exig

93 îtrise du divers, comme tout art. Elle est un art de la composition, qui requiert à la fois et en même temps la vivacité d

94 ntrastes et leur harmonisation. Prenons l’exemple d’ une œuvre picturale : il n’y aurait pas d’harmonie possible dans un ta

95 exemple d’une œuvre picturale : il n’y aurait pas d’ harmonie possible dans un tableau sans contrastes de couleurs, et sans

96 harmonie possible dans un tableau sans contrastes de couleurs, et sans nuances complexes ; de même que sans une vision d’e

97 s nuances complexes ; de même que sans une vision d’ ensemble, celle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il n’y aurai

98 s ; de même que sans une vision d’ensemble, celle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il n’y aurait pas de contraste

99 te, hors de l’unité du tableau, il n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la simple juxtapos

100 s tons, il n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien mis en ordre dans leur boîte. Pour que

101 l n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien mis en ordre dans leur boîte. Pour que la qualit

102 dans leur boîte. Pour que la qualité particulière d’ un rouge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit

103 avec des verts, par exemple, dans l’unité globale d’ une œuvre au sein de laquelle s’opèrent alors mille échanges d’une inf

104 e d’une œuvre au sein de laquelle s’opèrent alors mille échanges d’une infinie complexité. Voilà ce que j’appelle une harmoni

105 u sein de laquelle s’opèrent alors mille échanges d’ une infinie complexité. Voilà ce que j’appelle une harmonie fédéralist

106 litaire, lui, trouve plus simple et plus efficace de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce

107 toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistre mémoire. Et

108 e de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistre mémoire. Et voilà toute la différence entre l’harmonie fédér

109 tous les sens du mot. Ces images, qui sont autant d’ évidences, suffisent à définir le fédéralisme, art de composer en un e

110 vidences, suffisent à définir le fédéralisme, art de composer en un ensemble animé des diversités vivantes, et fonctionnan

111 u’un seul exemple : l’impasse à laquelle risquent d’ aboutir les négociations entre la Suisse et l’Europe, représentée pour

112 cramponne à une souveraineté nationale qui a peur de se laisser englober dans un plus grand corps. Les uns sont tentés d’o

113 ber dans un plus grand corps. Les uns sont tentés d’ oublier que la santé d’un corps exige le souple jeu d’organes bien dif

114 corps. Les uns sont tentés d’oublier que la santé d’ un corps exige le souple jeu d’organes bien différenciés ; et les autr

115 blier que la santé d’un corps exige le souple jeu d’ organes bien différenciés ; et les autres sont tentés d’oublier qu’un

116 nes bien différenciés ; et les autres sont tentés d’ oublier qu’un organe bien différencié ne saurait vivre isolé du corps.

117 mps la Suisse apprenne à respecter, dans le cadre d’ une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans

118 cadre d’une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans le cadre de la Confédération, sinon elle tra

119 s que chacun de ses cantons observe dans le cadre de la Confédération, sinon elle trahira sa raison d’être. Mais le fédéra

120 de la Confédération, sinon elle trahira sa raison d’ être. Mais le fédéralisme n’est pas seulement un mode d’organisation p

121 . Mais le fédéralisme n’est pas seulement un mode d’ organisation politique, le seul « régime de coexistence » digne du nom

122 n mode d’organisation politique, le seul « régime de coexistence » digne du nom. C’est aussi, et c’est même avant tout, un

123 ’est aussi, et c’est même avant tout, une méthode de composition des valeurs diversifiées, — et voilà, me semble-t-il, du

124 le-t-il, du même coup, une assez bonne définition de la culture ! ⁂ Pour qu’il y ait culture en général — au sens occident

125 e —, il faut une variété aussi riche que possible de créations humaines, un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d

126 e possible de créations humaines, un foisonnement d’ œuvres, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de

127 de créations humaines, un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines

128 s humaines, un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles,

129 , un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d’ expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et

130 s, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et il faut quelque chose qui

131 , de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et il faut quelque chose qui lie toutes c

132 expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’ écoles, etc. — et il faut quelque chose qui lie toutes ces œuvres vari

133 mmune mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’ une culture, cohérente et vivante, de la culture. Il faut donc à la fo

134 rions parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture. Il faut donc à la fois l’Un et le Divers, une très riche

135 une très riche diversité se détachant sur un fond d’ unité essentielle. Quelle est donc, pour nous autres Suisses, l’unité

136 uelle est donc, pour nous autres Suisses, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous nous référons implicitemen

137 donc, pour nous autres Suisses, l’unité de base, d’ origine et de but, à laquelle nous nous référons implicitement dans to

138 ous autres Suisses, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous nous référons implicitement dans toutes nos œuvr

139 nous qui n’avons pas eu la chance, ou le malheur, d’ avoir une soi-disant « culture nationale », intermédiaire entre l’Euro

140 s parlent, se rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Pour que cela soit vrai, il fau

141 oit vrai, il faudrait tout d’abord que le concept de « culture nationale » corresponde à des réalités culturelles. Or il n

142 L’idée qu’il y aurait en Europe un certain nombre de « cultures nationales » bien distinctes et autonomes dont l’addition

143 ulture européenne est une pure et simple illusion d’ optique scolaire. Elle se dissipe comme brume au soleil à la lumière d

144 as, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui o

145 tion de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépenda

146 e tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépendamment des nations qui divisent aujourd’hui l’Europe

147 d’hui l’Europe, et dont la plupart n’ont même pas cent ans d’existence : il faut bien admettre que la culture s’était consti

148 urope, et dont la plupart n’ont même pas cent ans d’ existence : il faut bien admettre que la culture s’était constituée av

149 les ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’ un seul exemple : celui de la musique, élément important et typiquemen

150 our illustrer ce point, d’un seul exemple : celui de la musique, élément important et typiquement européen de notre cultur

151 usique, élément important et typiquement européen de notre culture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musiq

152 lture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe : elle naît et se constitue entre les xiie et x

153 les xiie et xive siècles dans un certain nombre de cités du Nord et du Centre de la péninsule italienne, en Provence, pu

154 s un certain nombre de cités du Nord et du Centre de la péninsule italienne, en Provence, puis en Île-de-France. Des cités

155 cités flamandes, le long du grand axe commercial de la Renaissance, reliant Venise à Bruges. Une nouvelle école s’épanoui

156 ogne, et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreuses découvertes. Plus tard, les Allemands (comme Schütz) v

157 italiens. Bach copie avec application des œuvres de Vivaldi. Au xixe siècle, le centre de gravité de la musique européen

158 des œuvres de Vivaldi. Au xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniq

159 de Vivaldi. Au xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovr

160 s maîtres allemands que les premiers compositeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début du xx

161 emands que les premiers compositeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début du xxe siècle, pl

162 le, en imposant leurs œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies,

163 e, traversent avec une glorieuse indifférence des dizaines de nos frontières nationales actuelles. Elles relient des cités, des

164 sent avec une glorieuse indifférence des dizaines de nos frontières nationales actuelles. Elles relient des cités, des foy

165 es actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas des nations. Ce que l’on nomme parf

166 me parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’ un musicien ou d’un peintre, c’est simplement l’école locale dans laqu

167 nt la Renaissance, la « nation » d’un musicien ou d’ un peintre, c’est simplement l’école locale dans laquelle il s’est for

168 ment l’école locale dans laquelle il s’est formé. D’ où vient alors cette illusion d’optique dont je parlais, cette croyanc

169 e il s’est formé. D’où vient alors cette illusion d’ optique dont je parlais, cette croyance si rarement mise en doute depu

170 en doute depuis un siècle environ, en l’existence de « cultures nationales » ? C’est avant tout le fait de la langue qui l

171  cultures nationales » ? C’est avant tout le fait de la langue qui l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se r

172 française. Mais celle-ci n’est pas une propriété de la nation française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle ne fut im

173 été de la nation française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 15

174 de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’aujourd’hui s

175 fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’aujourd’hui sept ou huit langues dif

176 çois Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’ aujourd’hui sept ou huit langues différentes : l’allemand, le flamand,

177 parle encore dans la France d’aujourd’hui sept ou huit langues différentes : l’allemand, le flamand, le breton, le basque, l

178 — hier — l’arabe. Et l’on parle le français dans quatre autres nations. De même, l’allemand ne saurait définir une « culture

179 « culture nationale » étant la langue maternelle de populations qui vivent dans sept ou huit nations différentes. Il faut

180 maternelle de populations qui vivent dans sept ou huit nations différentes. Il faut donc commencer par faire violence aux ré

181 à coïncider approximativement avec les frontières d’ une de nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à

182 cider approximativement avec les frontières d’une de nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à elle s

183 une culture : elle n’est guère qu’un des éléments de la culture en général, si essentiel soit-il. Tous les autres éléments

184 nt indépendants des langues modernes, et ne sont, de toute évidence, pas réductibles à des cadres nationaux. « Qu’as-tu qu

185 peut donc dire la culture européenne à chacun des 24 États-nations qui ont découpé et longtemps déchiré le corps de notre

186 ons qui ont découpé et longtemps déchiré le corps de notre continent. ⁂ Or il se trouve que les Suisses sont, ou devraient

187 ou devraient être, préservés mieux que les autres de l’illusion des « cultures nationales », fût-ce du seul fait de la com

188 des « cultures nationales », fût-ce du seul fait de la composition linguistique si variée de leur État. Nous sommes en me

189 eul fait de la composition linguistique si variée de leur État. Nous sommes en mesure de savoir mieux que les autres que l

190 que si variée de leur État. Nous sommes en mesure de savoir mieux que les autres que la vie culturelle de nos régions et d

191 savoir mieux que les autres que la vie culturelle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, mai

192 es autres que la vie culturelle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, mais se rattache dire

193 elle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, mais se rattache directement à l’ensemble cultur

194 pe », comme les villes libres au Moyen Âge et nos trois cantons primitifs furent déclarés « immédiats à l’Empire », Reichs un

195 », Reichs unmittelbar, et c’était là une garantie de liberté contre les princes de l’époque, — nous dirions aujourd’hui :

196 ait là une garantie de liberté contre les princes de l’époque, — nous dirions aujourd’hui : contre les États-nations. La v

197 ui : contre les États-nations. La véritable unité de base étant de la sorte identifiée, la question qui se pose est de sav

198 s États-nations. La véritable unité de base étant de la sorte identifiée, la question qui se pose est de savoir comment ce

199 la sorte identifiée, la question qui se pose est de savoir comment certaines cités ou certaines régions parviennent alors

200 le, se différencient des Français, ou en tout cas de l’image convenue que l’École nous donne depuis cent ans de la « cultu

201 de l’image convenue que l’École nous donne depuis cent ans de la « culture française », bien que nous parlions à peu près la

202 e convenue que l’École nous donne depuis cent ans de la « culture française », bien que nous parlions à peu près la même l

203 ions à peu près la même langue, je trouve ceci : 1° la culture, dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et n’a jamais é

204 ’est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la culture vit chez nous dans de petits compa

205 à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments natu

206 t n’a jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments naturels ou his

207 sance de l’État. 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments naturels ou historiques, qui n’ont jamais été un

208 al, comme ce fut le cas des provinces françaises. 3° nous sommes de vieilles républiques — même Neuchâtel, en dépit de ses

209 t le cas des provinces françaises. 3° nous sommes de vieilles républiques — même Neuchâtel, en dépit de ses princes — fond

210 s — fondées sur une large autonomie des communes. 4° le protestantisme est majoritaire en Suisse romande ; il a déterminé

211 érémonies, à moins que son adoption n’ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela revient au même. 5° nous ne

212 mpérament particulier, mais cela revient au même. 5° nous ne sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous somme

213 n’en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. D’ où résulte qu’un Suisse romand — et tout ce que je viens d’en dire vau

214 lte qu’un Suisse romand — et tout ce que je viens d’ en dire vaut aussi, mutatis mutandis, pour le Suisse alémanique par ra

215 sse alémanique par rapport à l’Allemagne — dépend de plusieurs entités indépendantes et d’ordres divers, les unes plus pet

216 ne — dépend de plusieurs entités indépendantes et d’ ordres divers, les unes plus petites que la Suisse et les autres beauc

217 français, et par sa culture, aux sources variées de l’Europe antique, médiévale et moderne. Autant de réalités ou d’entit

218 de l’Europe antique, médiévale et moderne. Autant de réalités ou d’entités qui n’ont pas les mêmes frontières, qui ne se c

219 ique, médiévale et moderne. Autant de réalités ou d’ entités qui n’ont pas les mêmes frontières, qui ne se couvrent que trè

220 partiellement, et qui permettent un grand nombre de combinaisons originales. On ne saurait être moins conforme aux devise

221 rer » sous Hitler). On ne saurait être plus libre de se choisir, j’entends de se faire homme à sa manière, et non point à

222 saurait être plus libre de se choisir, j’entends de se faire homme à sa manière, et non point à celle de l’État. D’où la

223 se faire homme à sa manière, et non point à celle de l’État. D’où la densité culturelle de ce petit coin de pays, — éducat

224 mme à sa manière, et non point à celle de l’État. D’ où la densité culturelle de ce petit coin de pays, — éducation, lettre

225 int à celle de l’État. D’où la densité culturelle de ce petit coin de pays, — éducation, lettres et arts, sciences et tech

226 État. D’où la densité culturelle de ce petit coin de pays, — éducation, lettres et arts, sciences et techniques. Densité s

227 niques. Densité sans nul doute supérieure à celle d’ une tranche quelconque d’un million et demi d’habitants, prise au hasa

228 doute supérieure à celle d’une tranche quelconque d’ un million et demi d’habitants, prise au hasard dans l’une des grandes

229 supérieure à celle d’une tranche quelconque d’un million et demi d’habitants, prise au hasard dans l’une des grandes nations v

230 lle d’une tranche quelconque d’un million et demi d’ habitants, prise au hasard dans l’une des grandes nations voisines. Qu

231 nes. Qu’on m’entende bien : ce n’est pas un éloge de la petitesse en soi que je fais ici, ni des petites dimensions matéri

232 is au contraire de la pluralité des dimensions et de la variété des allégeances possibles, les unes locales ou régionales,

233  telles que le fédéralisme les implique et permet de les composer. Et il est vrai que ce régime peut conduire moralement

234 la médiocrité dorée, politiquement au neutralisme de l’autruche, et dans le domaine culturel, à préférer les moyennes rass

235 nes rassurantes aux œuvres fortes. Offrant un jeu de petites et de grandes dimensions à composer diversement, il satisfait

236 s aux œuvres fortes. Offrant un jeu de petites et de grandes dimensions à composer diversement, il satisfait trop facileme

237 ait trop facilement, dit-on, ceux qui choisissent de s’installer dans les petites. Mais la plupart des hommes veulent, et

238 moyens trouvent-ils dans les structures fédérales de leur pays une protection plus efficace de leur vie culturelle et civi

239 dérales de leur pays une protection plus efficace de leur vie culturelle et civique, comme de leur paix. On voit mal ce qu

240 efficace de leur vie culturelle et civique, comme de leur paix. On voit mal ce qu’ils gagneraient à échanger cette paix —

241 aix — que l’on jalouse un peu tout en la couvrant de sarcasmes — contre les régimes prestigieux, épris de grandeur et d’id

242 sarcasmes — contre les régimes prestigieux, épris de grandeur et d’idéologies, et qui aboutissent périodiquement à faire t

243 tre les régimes prestigieux, épris de grandeur et d’ idéologies, et qui aboutissent périodiquement à faire tuer quelques mi

244 aboutissent périodiquement à faire tuer quelques millions d’hommes au nom de principes réputés immortels, mais que les générati

245 ent périodiquement à faire tuer quelques millions d’ hommes au nom de principes réputés immortels, mais que les générations

246 qu’un régime fédéraliste et pluraliste leur ouvre de belles perspectives : qu’ils y entrent et qu’ils les explorent, ils s

247 eux, sans avoir à renier leur clocher. Définition de la liberté fédéraliste. Nos meilleurs auteurs (pour ne prendre que ce

248 isqu’il est lié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) ont été nos me

249 ousseau, Constant, Mme de Staël dans le passé, et de nos jours, Robert de Traz, Charles-Albert Cingria, Gonzague de Reynol

250 pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture européenne, germanique et anglo-saxonne autant que françai

251 ans s’arrêter à ces barrages ou à ces faux relais de paresse que représentent ailleurs les cultures soi-disant « nationale

252 l’on reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses romands, si profondes qu’aient été leurs différences de doctr

253 ands, si profondes qu’aient été leurs différences de doctrine, d’esthétique ou de tempérament ? Certains citeront alors C.

254 ondes qu’aient été leurs différences de doctrine, d’ esthétique ou de tempérament ? Certains citeront alors C. F. Ramuz, à

255 té leurs différences de doctrine, d’esthétique ou de tempérament ? Certains citeront alors C. F. Ramuz, à titre d’argument

256 tique ou de tempérament ? Certains citeront alors C. F. Ramuz, à titre d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de

257 nt ? Certains citeront alors C. F. Ramuz, à titre d’ argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler que ce gran

258 d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Paris, mais au

259 ppeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis des romanciers russes, e

260 st formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il se voulait

261 ole de Cézanne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il se voulait un pur Vaudois, séparatiste (car c’était là le

262 is, séparatiste (car c’était là le véritable sens de son fédéralisme étroit). Cette erreur l’a peut-être soutenu, en tant

263 e il arrive ; elle n’en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. Mais la littérature n’est plus,

264 ut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. Mais la littérature n’est plus, de nos jours, cette espèc

265 ns de son œuvre. Mais la littérature n’est plus, de nos jours, cette espèce de critère privilégié du niveau de culture d’

266 ittérature n’est plus, de nos jours, cette espèce de critère privilégié du niveau de culture d’un peuple, qu’elle fut au t

267 urs, cette espèce de critère privilégié du niveau de culture d’un peuple, qu’elle fut au temps de l’Europe classique puis

268 espèce de critère privilégié du niveau de culture d’ un peuple, qu’elle fut au temps de l’Europe classique puis romantique.

269 obel » peut nous l’apprendre : il donne le nombre de prix Nobel par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici u

270 ’apprendre : il donne le nombre de prix Nobel par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 :

271 re : il donne le nombre de prix Nobel par million d’ habitants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 :

272 e le nombre de prix Nobel par million d’habitants d’ un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suis

273 de prix Nobel par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7.

274 prix Nobel par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royau

275 obel par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0

276 901 à 1960. Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41

277 . Voici un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autric

278 ci un extrait du tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche

279 u tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,

280 au1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40

281 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,

282 uisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15

283 Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,1

284 -Uni 0,67 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13

285 2. Danemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne

286 nemark 1,43 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,7

287 3 8. États-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie

288 ats-Unis 0,41 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et U

289 1 3. Autriche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À

290 triche 1,19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la ques

291 19 9. France 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la question de sav

292 nce 0,40 4. Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la question de savoir ce

293 Pays-Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la question de savoir ce que les Suisses

294 -Bas 1,15 5. Suède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la question de savoir ce que les Suisses peu

295 ède 1,13 6. Allemagne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la question de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de mei

296 gne 0,71 19. Russie et URSS 0,03 À la question de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur à la culture,

297 ion de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds donc sans hésiter que c’est surtout

298 de génies du premier ordre, tels que Rousseau ou C. G. Jung, Léonard Euler ou Ferdinand de Saussure, mais beaucoup d’exce

299 ard Euler ou Ferdinand de Saussure, mais beaucoup d’ excellents ou même de grands esprits qui avaient ce sens, trop rare ch

300 d de Saussure, mais beaucoup d’excellents ou même de grands esprits qui avaient ce sens, trop rare chez nos voisins. Cet a

301 e revêt une importance particulière dans le monde de cette deuxième moitié du xxe siècle. Il symbolise et préfigure l’app

302 u xxe siècle. Il symbolise et préfigure l’apport de l’Europe au tiers-monde, tout enfiévré par les virus nationalistes qu

303 uisse, aujourd’hui, se confond donc avec l’apport d’ une Europe rajeunie, découvrant le fédéralisme, sa morale et sa philos

304 phie, et surtout ses recettes pratiques, — celles de la paix. 1. Léo Moulin, La Nationalité des prix Nobel de sciences d

305 ut ses recettes pratiques, — celles de la paix. 1. Léo Moulin, La Nationalité des prix Nobel de sciences de 1901 à 1960,

306 x. 1. Léo Moulin, La Nationalité des prix Nobel de sciences de 1901 à 1960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris,

307 Moulin, La Nationalité des prix Nobel de sciences de 1901 à 1960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, 1961. a.

308 lin, La Nationalité des prix Nobel de sciences de 1901 à 1960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, 1961. a. Rouge

309 Nationalité des prix Nobel de sciences de 1901 à 1960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, 1961. a. Rougemont Den

310 e sciences de 1901 à 1960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, 1961. a. Rougemont Denis de, « Le fédéralisme su

311 960, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, 1961. a. Rougemont Denis de, « Le fédéralisme suisse », La Suisse face à

312 de sociologie, Paris, 1961. a. Rougemont Denis de , « Le fédéralisme suisse », La Suisse face à l’avenir : interrogation

313 isse », La Suisse face à l’avenir : interrogation d’ un petit pays, Berne, Nouvelle Société helvétique, 1963, p. 66-75.

314 n petit pays, Berne, Nouvelle Société helvétique, 1963, p. 66-75.

315 Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’ union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)j k Au seuil des ac

316 jets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours ( 1963 )j k Au seuil des activités d’enseignement que cet Institut commenc

317 e à nos jours (1963)j k Au seuil des activités d’ enseignement que cet Institut commence aujourd’hui, après une longue p

318 ut commence aujourd’hui, après une longue période de recherches, d’expériences pratiques et de publications dans le cadre

319 ourd’hui, après une longue période de recherches, d’ expériences pratiques et de publications dans le cadre du Centre europ

320 période de recherches, d’expériences pratiques et de publications dans le cadre du Centre européen de la culture, il ne se

321 de la culture, il ne sera sans doute pas inutile de situer notre projet, d’en préciser les coordonnées, et d’exposer ensu

322 ra sans doute pas inutile de situer notre projet, d’ en préciser les coordonnées, et d’exposer ensuite le thème général de

323 r notre projet, d’en préciser les coordonnées, et d’ exposer ensuite le thème général de nos travaux pendant le semestre qu

324 oordonnées, et d’exposer ensuite le thème général de nos travaux pendant le semestre qui s’ouvre. Permettez-moi donc, avan

325 e semestre qui s’ouvre. Permettez-moi donc, avant d’ en venir à l’objet particulier de mon cours, de consacrer quelques mom

326 -moi donc, avant d’en venir à l’objet particulier de mon cours, de consacrer quelques moments à cette introduction plus gé

327 nt d’en venir à l’objet particulier de mon cours, de consacrer quelques moments à cette introduction plus générale. S’il p

328 introduction plus générale. S’il paraît opportun d’ entreprendre aujourd’hui, ou plutôt de poursuivre et d’élargir partout

329 ît opportun d’entreprendre aujourd’hui, ou plutôt de poursuivre et d’élargir partout où cela se peut, et donc aussi à Genè

330 reprendre aujourd’hui, ou plutôt de poursuivre et d’ élargir partout où cela se peut, et donc aussi à Genève, des études eu

331 s études européennes, c’est parce que la question de l’union de l’Europe se trouve posée à cette génération, et parce qu’e

332 ropéennes, c’est parce que la question de l’union de l’Europe se trouve posée à cette génération, et parce qu’elle met en

333 e que des intérêts matériels. Il serait donc vain de se dissimuler que l’une des raisons d’être de cet Institut, sans dout

334 donc vain de se dissimuler que l’une des raisons d’ être de cet Institut, sans doute la principale, tient à la conjoncture

335 ain de se dissimuler que l’une des raisons d’être de cet Institut, sans doute la principale, tient à la conjoncture présen

336 ient à la conjoncture présente, aux circonstances de notre temps. Ce fait détermine le caractère particulier de notre Inst

337 temps. Ce fait détermine le caractère particulier de notre Institut, comme d’ailleurs des quelque vingt-cinq autres instit

338 r de notre Institut, comme d’ailleurs des quelque vingt-cinq autres instituts d’études européennes qui sont à l’œuvre, depuis plus

339 ’ailleurs des quelque vingt-cinq autres instituts d’ études européennes qui sont à l’œuvre, depuis plusieurs années, dans d

340 ntinent. Très près de l’actualité, en raison même de leur objet, qui se compose, se définit et se modifie sous nos yeux, c

341 Elle n’appartient pas à un passé qu’il suffirait de décrire et d’interpréter, mais à un avenir auquel nous sommes tous vi

342 ient pas à un passé qu’il suffirait de décrire et d’ interpréter, mais à un avenir auquel nous sommes tous vitalement intér

343 ommes tous vitalement intéressés, et qu’il s’agit de préparer. Elle est moins un acquis à transmettre qu’un problème à rés

344 premier chef, elle implique en réalité, quantité de problèmes moraux, juridiques, historiques, philosophiques, dont il fa

345 ut bien reconnaître que beaucoup attendent encore d’ être étudiés objectivement, un à un, et aussi d’être envisagés dans l’

346 e d’être étudiés objectivement, un à un, et aussi d’ être envisagés dans l’ensemble de leurs interconnections et par rappor

347 n à un, et aussi d’être envisagés dans l’ensemble de leurs interconnections et par rapport à ces notions de l’homme qui on

348 urs interconnections et par rapport à ces notions de l’homme qui ont fait que l’Europe, malgré tout, représente autre chos

349 lle est dans sa réalité physique, qui est à peine 4  % des terres émergées de la planète. Cette question européenne consti

350 physique, qui est à peine 4 % des terres émergées de la planète. Cette question européenne constituant l’objet central de

351 e question européenne constituant l’objet central de notre enseignement et de nos recherches, il importe de rappeler tout

352 stituant l’objet central de notre enseignement et de nos recherches, il importe de rappeler tout d’abord à grands traits d

353 tre enseignement et de nos recherches, il importe de rappeler tout d’abord à grands traits dans quels termes elle se pose,

354 mes elle se pose, et qui l’a posée. Le monde issu de la Seconde Guerre mondiale a vu surgir, en lieu et place de la prépon

355 sunis et rivaux, une constellation toute nouvelle de grands ensembles fortement unifiés, comme les États-Unis, la Russie e

356 ’Inde et l’Insulinde, tandis que d’autres groupes de nations récentes et plus instables, sont à la recherche de quelque un

357 s récentes et plus instables, sont à la recherche de quelque union encore mal définie, mais qui a déjà force de mythe, en

358 e union encore mal définie, mais qui a déjà force de mythe, en Afrique noire et dans le monde arabe. La tendance générale

359 tendance générale qui se dessine dans les années 1945 à 1950 va donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d

360 ce générale qui se dessine dans les années 1945 à 1950 va donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’hommes

361 945 à 1950 va donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’aven

362 à 1950 va donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’avenir d

363 0 va donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’avenir des Éta

364 donc aux grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’avenir des États de l’E

365 grandes unités politiques, de 200 à 600 millions d’ hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’avenir des États de l’Euro

366 etits et moyens désormais — c’est-à-dire comptant de 3 à 50 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever

367 ts et moyens désormais — c’est-à-dire comptant de 3 à 50 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever d

368 t moyens désormais — c’est-à-dire comptant de 3 à 50 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses

369 oyens désormais — c’est-à-dire comptant de 3 à 50 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses ruines s

370 ormais — c’est-à-dire comptant de 3 à 50 millions d’ habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses ruines sans

371 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses ruines sans aide extérieure ; ni d’assurer à lui se

372 bitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses ruines sans aide extérieure ; ni d’assurer à lui seul sa défense

373 e relever de ses ruines sans aide extérieure ; ni d’ assurer à lui seul sa défense et sa prospérité économique ; ni de pour

374 seul sa défense et sa prospérité économique ; ni de poursuivre une politique étrangère autonome. Que deviennent, dans ces

375 ère autonome. Que deviennent, dans ces conditions de fait, leur souveraineté et même leur indépendance, au sens classique

376 neté et même leur indépendance, au sens classique de ces expressions ? Aucun de nos pays n’est en mesure, non plus, de par

377 nce, au sens classique de ces expressions ? Aucun de nos pays n’est en mesure, non plus, de parler au nom de l’Europe. Qui

378 ns ? Aucun de nos pays n’est en mesure, non plus, de parler au nom de l’Europe. Qui pourrait assumer, dans ces conditions,

379 us-développés, ou l’intervention effective en cas de crise internationale, ou en cas d’agression contre un pays isolé ? Qu

380 fective en cas de crise internationale, ou en cas d’ agression contre un pays isolé ? Que peut encore signifier l’expressio

381 signifier l’expression Europe, sinon un ensemble de pays qui vivent, comme le dit alors P.-H. Spaak, « dans la peur des R

382 t alors P.-H. Spaak, « dans la peur des Russes et de la charité des Américains » ? C’est à ce moment que naît, ou renaît e

383 oment que naît, ou renaît en Europe le vieux rêve d’ union du Continent. Et cela commence, comme toujours, par des manifest

384 cela commence, comme toujours, par des manifestes d’ intellectuels, des écrits de visionnaires, des groupuscules de militan

385 s, par des manifestes d’intellectuels, des écrits de visionnaires, des groupuscules de militants — pour la plupart issus d

386 els, des écrits de visionnaires, des groupuscules de militants — pour la plupart issus de la résistance à l’hitlérisme, mê

387 groupuscules de militants — pour la plupart issus de la résistance à l’hitlérisme, même en Allemagne et en Italie — et qui

388 listes et le Mouvement européen. Les économistes, de leur côté, supputent et calculent l’avenir immédiat. Le professeur Ma

389 . Le professeur Maurice Allais déclare au congrès de La Haye, en 1948, qu’une Europe unie serait en mesure de doubler sa p

390 Maurice Allais déclare au congrès de La Haye, en 1948, qu’une Europe unie serait en mesure de doubler sa production et son n

391 aye, en 1948, qu’une Europe unie serait en mesure de doubler sa production et son niveau de vie. Jean Monnet et son équipe

392 en silence, loin des congrès et des associations de militants qui leur ont préparé la voie dans les esprits. Puis des hom

393 er ce mouvement naissant, qui a peut-être le vent de l’histoire en poupe. Ils ne sont pas nombreux d’abord, ils ne sont pa

394 x d’abord, ils ne sont pas suivis par la majorité de leurs collègues. Mais ce sont, notons-le, les plus illustres de l’épo

395 gues. Mais ce sont, notons-le, les plus illustres de l’époque : Churchill, De Gasperi, Léon Blum, Paul Reynaud, Robert Sch

396 s-le, les plus illustres de l’époque : Churchill, De Gasperi, Léon Blum, Paul Reynaud, Robert Schuman, Adenauer, Paul-Henr

397 ais en fait dans le même sens final qui est celui d’ une Europe autonome rendue forte par son union, de Gaulle lui-même. Le

398 ent comme on sait au domaine économique, CECA dès 1953, Marché commun et Euratom dès 1959. Les États, les services ministérie

399 ique, CECA dès 1953, Marché commun et Euratom dès 1959. Les États, les services ministériels et les parlements ne se croient

400 s parlements ne se croient pas encore en mesure «  d’ aller plus loin ». Mais dans notre civilisation moderne, une transform

401 vilisation moderne, une transformation économique de quelque envergure ne saurait être limitée au domaine purement économi

402 it naguère. D’une part, le social est inséparable de l’économique, d’autre part, l’économie commande les armements, surtou

403 onc aussi étroitement qu’elle dépend par ailleurs de l’opinion, des idéologies nationales et des doctrines. Créer une unio

404 virtuellement modifier les conditions politiques de toute l’Europe. Le problème de l’union politique se trouve donc posé,

405 ditions politiques de toute l’Europe. Le problème de l’union politique se trouve donc posé, inéluctablement, à tous nos pa

406 in sur le plan politique. Mais il serait excessif de dire qu’elle y débouche en pleine clarté. Au contraire, c’est à ce ni

407 ès et les déclarations des hommes d’État témoigne de la plus grande confusion. Si l’on examine son vocabulaire, on s’aperç

408 il utilise à peu près au petit bonheur les termes d’ union et d’unification, d’intégration et de fédération, d’union « plus

409 à peu près au petit bonheur les termes d’union et d’ unification, d’intégration et de fédération, d’union « plus étroite »

410 etit bonheur les termes d’union et d’unification, d’ intégration et de fédération, d’union « plus étroite » (plus étroite q

411 termes d’union et d’unification, d’intégration et de fédération, d’union « plus étroite » (plus étroite que quoi, on ne le

412 et d’unification, d’intégration et de fédération, d’ union « plus étroite » (plus étroite que quoi, on ne le dit pas) et de

413 te » (plus étroite que quoi, on ne le dit pas) et de communauté, de supranationalité et de super-État, ou encore d’États-U

414 ite que quoi, on ne le dit pas) et de communauté, de supranationalité et de super-État, ou encore d’États-Unis d’Europe, c

415 dit pas) et de communauté, de supranationalité et de super-État, ou encore d’États-Unis d’Europe, comme si ces termes étai

416 , de supranationalité et de super-État, ou encore d’ États-Unis d’Europe, comme si ces termes étaient, à toutes fins utiles

417 s fins utiles et grosso modo, synonymes. Cet état de confusion générale et d’aimable anarchie sémantique, traduit non seul

418 odo, synonymes. Cet état de confusion générale et d’ aimable anarchie sémantique, traduit non seulement l’ignorance courant

419 nce courante des problèmes ou l’inévitable manque d’ information de l’opinion, mais peut-être surtout, et c’est plus grave,

420 es problèmes ou l’inévitable manque d’information de l’opinion, mais peut-être surtout, et c’est plus grave, l’absence d’u

421 peut-être surtout, et c’est plus grave, l’absence d’ une vision claire et convaincante des solutions proprement politiques,

422 ain à la question européenne. En vue de cerner et de choisir au mieux l’objet de nos études dans un champ aussi vaste, ess

423 . En vue de cerner et de choisir au mieux l’objet de nos études dans un champ aussi vaste, essayons donc de définir les qu

424 s études dans un champ aussi vaste, essayons donc de définir les quelques types principaux de solutions théoriquement imag

425 ons donc de définir les quelques types principaux de solutions théoriquement imaginables ou pratiquement en question de no

426 riquement imaginables ou pratiquement en question de nos jours. Je n’en vois guère que trois, qui se distinguent nettement

427 en question de nos jours. Je n’en vois guère que trois , qui se distinguent nettement par le rôle qu’y joueraient nos États.

428 sur le modèle élargi aux dimensions continentales de nos États-nations centralisés, dont l’exemple typique est la France.

429 le défendue par personne, et n’offre pas un champ d’ études utiles, car chacun voit que l’unification de l’Europe, à suppos

430 ’études utiles, car chacun voit que l’unification de l’Europe, à supposer qu’elle soit praticable, ne serait conforme ni a

431 ètes du problème à résoudre. Il importe toutefois de la mentionner, ne fût-ce qu’à titre de limite, de conséquence extrême

432 de la mentionner, ne fût-ce qu’à titre de limite, de conséquence extrême, inaccessible, qui marquerait le triomphe exclusi

433 inaccessible, qui marquerait le triomphe exclusif d’ une seule des tendances contradictoires qui composent l’esprit europée

434 ux dire la tendance à l’unité abstraite, l’esprit de géométrie d’un planificateur supposé capable de modeler à son gré la

435 ndance à l’unité abstraite, l’esprit de géométrie d’ un planificateur supposé capable de modeler à son gré la société. Dans

436 t de géométrie d’un planificateur supposé capable de modeler à son gré la société. Dans les discussions sur la question eu

437 oue un rôle non négligeable, fût-ce au seul titre de repoussoir, disons même d’épouvantail. À l’autre extrême, on peut con

438 , fût-ce au seul titre de repoussoir, disons même d’ épouvantail. À l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui ne se

439 Europe qui ne serait organisée que par un système d’ alliances entre États souverains. C’est, de fait, la solution préconis

440 ystème d’alliances entre États souverains. C’est, de fait, la solution préconisée par les tenants de « l’Europe des patrie

441 , de fait, la solution préconisée par les tenants de « l’Europe des patries », belle expression hélas impropre en l’occurr

442 général de Gaulle lui-même (conférence de presse de mai 1962), elle ne désigne en réalité qu’une Europe des États. Dans u

443 l de Gaulle lui-même (conférence de presse de mai 1962 ), elle ne désigne en réalité qu’une Europe des États. Dans une telle

444 nces mêmes. Cette solution pose un certain nombre de problèmes qui pourraient et devraient faire l’objet de recherches, do

445 oblèmes qui pourraient et devraient faire l’objet de recherches, dont je suggère seulement quelques têtes de chapitre. On

446 herches, dont je suggère seulement quelques têtes de chapitre. On peut se demander d’abord si cette solution apparemment d

447 se demander d’abord si cette solution apparemment de statu quo, répond d’une manière adéquate aux nouveaux besoins d’union

448 i cette solution apparemment de statu quo, répond d’ une manière adéquate aux nouveaux besoins d’union apparus depuis 1945,

449 épond d’une manière adéquate aux nouveaux besoins d’ union apparus depuis 1945, et qui ont posé, précisément, la question e

450 quate aux nouveaux besoins d’union apparus depuis 1945, et qui ont posé, précisément, la question européenne. Elle supposerai

451 D’autre part, elle se fonde sur une certaine idée de la souveraineté des États, considérés comme seule réalité tangible, o

452 ? Pour répondre à cette question, il conviendrait d’ examiner, après Léon Duguit, Preuss, Lapradelle, Chabod et tant d’autr

453 s, Lapradelle, Chabod et tant d’autres, la notion de souveraineté sans limites, constituée pendant la période absolutiste,

454 « les choses étant ce qu’elles sont », la notion d’ indépendance n’a pas déjà cédé le pas, en fait plus encore qu’en droit

455 pas, en fait plus encore qu’en droit, à la notion d’ interdépendance. Mais l’objet de pareilles études risquerait d’être pa

456 roit, à la notion d’interdépendance. Mais l’objet de pareilles études risquerait d’être par trop transitoire, trop lié à u

457 ance. Mais l’objet de pareilles études risquerait d’ être par trop transitoire, trop lié à une actualité mouvante, suscepti

458 e, trop lié à une actualité mouvante, susceptible de déboucher plus ou moins rapidement sur une problématique plus vaste e

459 e solution concevable, essentiellement différente de celle de l’unification et de celle des alliances entre souverains, c’

460 n concevable, essentiellement différente de celle de l’unification et de celle des alliances entre souverains, c’est la so

461 iellement différente de celle de l’unification et de celle des alliances entre souverains, c’est la solution fédéraliste.

462 seraient pas non plus maintenus dans une fiction de souveraineté absolue, mais ils joueraient un rôle plus ou moins analo

463 ont l’autonomie se voit assurée par la force même de leur union. La fédération garantirait leur souveraineté — dans les do

464 xerçant collectivement dans d’autres domaines où, de toute façon, elle ne peut plus guère s’exercer individuellement. Conv

465 lus guère s’exercer individuellement. Convient-il de considérer comme un quatrième type, la solution qui consisterait à ét

466 étendre au plan politique les règles et méthodes de l’intégration déjà réalisée au plan économique par le Marché commun ?

467 ? Voilà qui paraît difficile. En effet, le traité de Rome n’évoque aucune solution de cet ordre. La déclaration des chefs

468 effet, le traité de Rome n’évoque aucune solution de cet ordre. La déclaration des chefs d’État des Six, faite à Bonn le 1

469 de cet ordre. La déclaration des chefs d’État des Six , faite à Bonn le 18 juillet 1961, parle, il est vrai, de « donner for

470 aration des chefs d’État des Six, faite à Bonn le 18 juillet 1961, parle, il est vrai, de « donner forme à la volonté d’un

471 chefs d’État des Six, faite à Bonn le 18 juillet 1961, parle, il est vrai, de « donner forme à la volonté d’union politique

472 te à Bonn le 18 juillet 1961, parle, il est vrai, de « donner forme à la volonté d’union politique déjà implicite dans les

473 arle, il est vrai, de « donner forme à la volonté d’ union politique déjà implicite dans les traités qui ont institué les C

474 pas les voies et moyens qui pourraient permettre d’ opérer un jour ou l’autre ce passage de l’économique au politique. Ni

475 permettre d’opérer un jour ou l’autre ce passage de l’économique au politique. Ni cette déclaration, ni le traité lui-mêm

476 éclaration, ni le traité lui-même, ne fournissent d’ indications sur le type de régime politique dont l’intégration économi

477 ui-même, ne fournissent d’indications sur le type de régime politique dont l’intégration économique pourrait être la préfi

478 par Georges Scelle ? On ne sait. Et cela dépendra de la prédominance finale d’un des trois types de solutions que je viens

479 sait. Et cela dépendra de la prédominance finale d’ un des trois types de solutions que je viens de caractériser très briè

480 cela dépendra de la prédominance finale d’un des trois types de solutions que je viens de caractériser très brièvement. Mais

481 ra de la prédominance finale d’un des trois types de solutions que je viens de caractériser très brièvement. Mais rien ne

482 à pratiqué quasi journellement dans les processus de décision des Communautés économiques, serait celle des trois solution

483 ion des Communautés économiques, serait celle des trois solutions qui aurait le moins de chances dans cette compétition. ⁂ Le

484 ait celle des trois solutions qui aurait le moins de chances dans cette compétition. ⁂ Les raisons qui nous ont fait reten

485 tenir la solution fédéraliste comme thème central de nos études, au cours de ce premier semestre tout au moins, sont de na

486 cours de ce premier semestre tout au moins, sont de nature assez diverse. Raisons générales, d’abord. La solution fédéral

487 solution fédéraliste paraît la mieux susceptible de répondre à la fois aux besoins nouveaux d’union, et aux besoins tradi

488 ptible de répondre à la fois aux besoins nouveaux d’ union, et aux besoins traditionnels d’autonomie de nos peuples, besoin

489 ns nouveaux d’union, et aux besoins traditionnels d’ autonomie de nos peuples, besoins qui semblent contradictoires, mais q

490 d’union, et aux besoins traditionnels d’autonomie de nos peuples, besoins qui semblent contradictoires, mais qui sont là,

491 faire converger un jour ou l’autre les partisans de l’Europe des États et ceux des États-Unis d’Europe, ceux qui insisten

492 pe, ceux qui insistent avant tout sur l’autonomie de leur pays, et ceux qui insistent avant tout sur l’unité du continent.

493 te est évidemment la plus conforme à l’expérience de la vie politique et civique du pays où nous sommes, et dont je suis,

494 souvent appelé, à tort ou à raison, une préfigure de l’Europe unie. Enfin, raisons immédiates et personnelles. Il se trouv

495 ient nos tempéraments, nos origines et nos champs d’ intérêts particuliers, avons tous les trois été amenés par nos précéde

496 os champs d’intérêts particuliers, avons tous les trois été amenés par nos précédents travaux à étudier certains aspects du p

497 ujet, bien sûr, mais qui permettent tout au moins de l’approcher de manières variées, avec les moyens du bord, dans un esp

498 mais qui permettent tout au moins de l’approcher de manières variées, avec les moyens du bord, dans un esprit commun. Or

499 monie préétablie entre le fédéralisme comme objet d’ études et la méthode interdisciplinaire qui s’impose à nous. Car le fé

500 octrine toute faite, un dogme auquel il s’agirait de plier les réalités, mais une méthode générale d’aménagement des chose

501 de plier les réalités, mais une méthode générale d’ aménagement des choses humaines, méthode d’allure pragmatique qui ne s

502 nérale d’aménagement des choses humaines, méthode d’ allure pragmatique qui ne se comprend et ne s’explique bien que par so

503 insi que M. Henri Schwamm, en économiste qui suit de très près l’évolution et les répercussions de l’intégration, abordera

504 uit de très près l’évolution et les répercussions de l’intégration, abordera le problème de la manière la plus concrète pa

505 ercussions de l’intégration, abordera le problème de la manière la plus concrète par une comparaison des marchés avant et

506 l’AELE, etc. Il étudiera donc des exemples précis d’ évolution des structures du stade national aux divers stades d’une int

507 es structures du stade national aux divers stades d’ une intégration progressive à l’échelle européenne. Problème préfédéra

508 usement, mais préalable nécessaire, et d’ailleurs d’ intérêt suffisant en soi. M. Dusan Sidjanski de son côté, décrira les

509 rs d’intérêt suffisant en soi. M. Dusan Sidjanski de son côté, décrira les structures institutionnelles dans lesquelles et

510 rapprocher des formes fédéralistes. Il rejoindra de la sorte les études de méthode et d’évaluation des tendances politiqu

511 fédéralistes. Il rejoindra de la sorte les études de méthode et d’évaluation des tendances politiques vers l’intégration,

512 Il rejoindra de la sorte les études de méthode et d’ évaluation des tendances politiques vers l’intégration, réunies dans l

513 u’il publie ces jours-ci : Dimensions européennes de la science politique. Enfin, je me propose, pour ma part, d’aborder l

514 ce politique. Enfin, je me propose, pour ma part, d’ aborder le problème sur le plan de l’histoire des idées, en traitant d

515 , pour ma part, d’aborder le problème sur le plan de l’histoire des idées, en traitant des aspects fédéralistes dans les p

516 es aspects fédéralistes dans les projets et plans d’ union européenne, du Moyen Âge à nos jours. Parallèlement aux cours e

517 os jours. Parallèlement aux cours et aux travaux de séminaire, nous avons convoqué un groupe d’une vingtaine de juristes,

518 avaux de séminaire, nous avons convoqué un groupe d’ une vingtaine de juristes, philosophes, historiens, économistes, théor

519 re, nous avons convoqué un groupe d’une vingtaine de juristes, philosophes, historiens, économistes, théoriciens et pratic

520 istoriens, économistes, théoriciens et praticiens de l’intégration, pour étudier les perspectives d’une solution fédéralis

521 s de l’intégration, pour étudier les perspectives d’ une solution fédéraliste de la question européenne. Le groupe doit se

522 udier les perspectives d’une solution fédéraliste de la question européenne. Le groupe doit se réunir pour la première foi

523 e des travaux intéressants, auront la possibilité d’ y participer. Voilà donc le programme initial de notre petit Institut.

524 é d’y participer. Voilà donc le programme initial de notre petit Institut. Moyens modestes, longues visées, tâche qui dépa

525 ent nos forces actuelles mais qu’il semble urgent d’ entreprendre là où on le peut, dans l’esprit du proverbe chinois qui d

526 t : « Mieux vaut allumer une petite chandelle que de maudire l’obscurité ! » ⁂ Ces quelques propos d’introduction générale

527 de maudire l’obscurité ! » ⁂ Ces quelques propos d’ introduction générale ne me laissent pas beaucoup de temps pour introd

528 oup de temps pour introduire le sujet particulier de mon cours, mais je souhaite qu’ils aient permis déjà d’en pressentir

529 cours, mais je souhaite qu’ils aient permis déjà d’ en pressentir les intentions. Il pourrait sembler logique de commencer

530 entir les intentions. Il pourrait sembler logique de commencer par définir le fédéralisme avant d’en étudier les exemples,

531 que de commencer par définir le fédéralisme avant d’ en étudier les exemples, soit dans l’expression, soit dans l’applicati

532 que l’on puisse déduire dans l’abstrait à partir d’ une définition simple et de quelques principes axiomatiques. On l’a mê

533 ns l’abstrait à partir d’une définition simple et de quelques principes axiomatiques. On l’a même décrit comme l’antisystè

534 ui s’en déclarent les adeptes, c’est une attitude de pensée et une méthode de conduite, plus qu’une doctrine ou une notion

535 ptes, c’est une attitude de pensée et une méthode de conduite, plus qu’une doctrine ou une notion juridique ; une expérien

536 es simples et aux structures géométriques. Tenter de le définir d’entrée de jeu serait donc s’exposer à trahir méthodiquem

537 aux structures géométriques. Tenter de le définir d’ entrée de jeu serait donc s’exposer à trahir méthodiquement sa nature

538 tures géométriques. Tenter de le définir d’entrée de jeu serait donc s’exposer à trahir méthodiquement sa nature même. Voi

539 oi ce sont ses adversaires qui éprouvent le moins de scrupules à en donner des caractérisations brèves et simples. Et voil

540 e un système politique. La plupart nous renvoient de fédéralisme à fédératif et à fédération, voire à confédération indiff

541 lisent carrément le terme. Ainsi, le dictionnaire de Littré, dans sa 1re édition qui date de 1863 : Fédéralisme, s.m. Né

542 terme. Ainsi, le dictionnaire de Littré, dans sa 1re édition qui date de 1863 : Fédéralisme, s.m. Néologisme. Système, d

543 tionnaire de Littré, dans sa 1re édition qui date de 1863 : Fédéralisme, s.m. Néologisme. Système, doctrine du gouvernem

544 nnaire de Littré, dans sa 1re édition qui date de 1863  : Fédéralisme, s.m. Néologisme. Système, doctrine du gouvernement f

545 dant la révolution, projet attribué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédératio

546 ibué aux girondins de rompre l’unité nationale et de transformer la France en une fédération de petits États. Vingt-et-un

547 ale et de transformer la France en une fédération de petits États. Vingt-et-un ans plus tard, le dictionnaire historique

548 t-et-un ans plus tard, le dictionnaire historique de Grégoire récidive, et je cite : Fédéralisme. En 1792 et 1793, on ac

549 Grégoire récidive, et je cite : Fédéralisme. En 1792 et 1793, on accusa les girondins de vouloir substituer à l’unité nati

550 récidive, et je cite : Fédéralisme. En 1792 et 1793, on accusa les girondins de vouloir substituer à l’unité nationale le

551 ralisme. En 1792 et 1793, on accusa les girondins de vouloir substituer à l’unité nationale le fédéralisme, c’est-à-dire u

552 ciation des départements qui eussent formé autant de républiques distinctes, comme les cantons suisses… Cette calomnie pro

553 nie propagée par les montagnards excita le peuple de Paris contre les girondins… Les dictionnaires anglais renvoient, eux

554 nçais, qui passe pour cartésien. Ce sont pourtant deux juristes britanniques, Sir Ivor Jennings et C. M. Young, qui définiss

555 deux juristes britanniques, Sir Ivor Jennings et C. M. Young, qui définissent ainsi la structure fédérale : « Une forme d

556 nissent ainsi la structure fédérale : « Une forme de gouvernement extravagante et inefficace, justifiable là seulement où

557 ustifiable là seulement où une forme plus stricte d’ organisation est pratiquement impraticable (practically impracticable)

558 tiquement impraticable (practically impracticable) 11  ». Quant aux partisans du fédéralisme comme méthode ou attitude, et d

559 quelques titres doivent être cités d’emblée. Les 85 articles écrits par Jay, Hamilton et Madison pour défendre la Constit

560 re la Constitution fédérale américaine rédigée en 1787, composent l’énorme volume intitulé The Federalist (dont une traductio

561 deralist (dont une traduction française a paru en 1957 ). En France, c’est l’œuvre posthume de Proudhon, Du Principe fédérati

562 paru en 1957). En France, c’est l’œuvre posthume de Proudhon, Du Principe fédératif, qui, en 1863 (l’année même où Littré

563 thume de Proudhon, Du Principe fédératif, qui, en 1863 (l’année même où Littré publie l’article que je viens de citer) inaug

564 conservateur subversif malgré lui, qui publie en 1879 Der Föderalismus. Puis des savants français entreprennent une série d

565 Puis des savants français entreprennent une série de mises au point systéma­tiques : Le Fur publie en 1896 son ouvrage int

566 mises au point systéma­tiques : Le Fur publie en 1896 son ouvrage intitulé État fédératif et Confédération d’États (distinc

567 ouvrage intitulé État fédératif et Confédération d’ États (distinction classique, mais que les dictionnaires déjà cités et

568 tionnaires déjà cités et contemporains continuent d’ ignorer sereinement) ; Georges Scelle, dans son Précis du droit des ge

569 s Scelle, dans son Précis du droit des gens, tome I , paru en 1932, généralise la méthode fédéraliste et l’étend à toutes

570 ans son Précis du droit des gens, tome I, paru en 1932, généralise la méthode fédéraliste et l’étend à toutes les structures

571 ales, qu’elles soient ou non étatiques ; l’équipe de l’Ordre nouveau, de 1932 à 1939, avec Arnaud Dandieu, Robert Aron, Al

572 t ou non étatiques ; l’équipe de l’Ordre nouveau, de 1932 à 1939, avec Arnaud Dandieu, Robert Aron, Alexandre Marc et moi-

573 u non étatiques ; l’équipe de l’Ordre nouveau, de 1932 à 1939, avec Arnaud Dandieu, Robert Aron, Alexandre Marc et moi-même,

574 tatiques ; l’équipe de l’Ordre nouveau, de 1932 à 1939, avec Arnaud Dandieu, Robert Aron, Alexandre Marc et moi-même, puis He

575 rc et moi-même, puis Henri Brugmans qui s’inspire de ses travaux, rénove ce que j’ai nommé « l’attitude fédéraliste ». Plu

576 « l’attitude fédéraliste ». Plusieurs des membres de ce groupe, dispersé dès 1939, se retrouvent pour déclencher, après la

577 Plusieurs des membres de ce groupe, dispersé dès 1939, se retrouvent pour déclencher, après la Seconde Guerre mondiale, le m

578 rre mondiale, le mouvement qui aboutit au congrès de Montreux (1947) suivi par le Congrès de l’Europe, à La Haye, en 1948,

579 le mouvement qui aboutit au congrès de Montreux ( 1947 ) suivi par le Congrès de l’Europe, à La Haye, en 1948, d’où sont issu

580 u congrès de Montreux (1947) suivi par le Congrès de l’Europe, à La Haye, en 1948, d’où sont issues les premières réalisat

581 ) suivi par le Congrès de l’Europe, à La Haye, en 1948, d’où sont issues les premières réalisations européennes, le Conseil d

582 i par le Congrès de l’Europe, à La Haye, en 1948, d’ où sont issues les premières réalisations européennes, le Conseil de l

583 e Conseil de l’Europe notamment. Citons enfin les deux tomes d’Études sur le fédéralisme, composés par une trentaine de prof

584 e l’Europe notamment. Citons enfin les deux tomes d’ Études sur le fédéralisme, composés par une trentaine de professeurs a

585 es sur le fédéralisme, composés par une trentaine de professeurs américains sous la direction de Robert Bowie et de Carl F

586 taine de professeurs américains sous la direction de Robert Bowie et de Carl Friedrich, et récemment traduits en français.

587 s américains sous la direction de Robert Bowie et de Carl Friedrich, et récemment traduits en français. Dans le dernier en

588 , par Henri Brugmans et Pierre Duclos — le second de ces auteurs écrit ceci : Tout démontre que, quel que soit son avenir

589 ridique ou politique : il est un des grands types d’ aménagement du rapport politique, et peut-être plus encore, un des gra

590 e, et peut-être plus encore, un des grands styles de vie et de civilisation, capable, au même titre que le libéralisme, le

591 -être plus encore, un des grands styles de vie et de civilisation, capable, au même titre que le libéralisme, le socialism

592 e le libéralisme, le socialisme ou la démocratie, d’ alimenter la pensée des sociétés. Ainsi donc, entre le fédéralisme co

593 sme considéré par l’esprit jacobin comme trahison de l’unité nationale sacro-sainte, le fédéralisme considéré simplement c

594 le fédéralisme considéré simplement comme système d’ association d’États, et le fédéralisme considéré par la nouvelle école

595 considéré simplement comme système d’association d’ États, et le fédéralisme considéré par la nouvelle école que décrit Pi

596 e décrit Pierre Duclos comme un des grands styles de vie et de civilisation, vous voyez que la discussion est très ouverte

597 ierre Duclos comme un des grands styles de vie et de civilisation, vous voyez que la discussion est très ouverte… J’ai don

598 ès ouverte… J’ai donc estimé qu’au lieu de partir d’ une définition pseudo-scientifique, ou secrètement partisane, ou entac

599 ientifique, ou secrètement partisane, ou entachée d’ abstraction, il était plus honnête et enseignant d’aller rechercher da

600 ’abstraction, il était plus honnête et enseignant d’ aller rechercher dans les écrits des précurseurs de l’Europe unie, à p

601 ’aller rechercher dans les écrits des précurseurs de l’Europe unie, à partir du xive siècle, et en remontant peu à peu ve

602 montant peu à peu vers notre époque, les éléments d’ une tradition fédéraliste de l’Europe ; quitte à déduire, finalement,

603 époque, les éléments d’une tradition fédéraliste de l’Europe ; quitte à déduire, finalement, de cette enquête, quelques c

604 liste de l’Europe ; quitte à déduire, finalement, de cette enquête, quelques critères permanents, voire même, si possible,

605 ces plans sont restés peu connus, voire inconnus de leurs contemporains. Aucun d’entre eux, avant celui de Coudenhove-Kal

606 urs contemporains. Aucun d’entre eux, avant celui de Coudenhove-Kalergi, publié en 1923, n’a entraîné d’action politique c

607 eux, avant celui de Coudenhove-Kalergi, publié en 1923, n’a entraîné d’action politique concrète, et moins encore de résultat

608 Coudenhove-Kalergi, publié en 1923, n’a entraîné d’ action politique concrète, et moins encore de résultats. Cependant, ce

609 aîné d’action politique concrète, et moins encore de résultats. Cependant, ce n’est pas une histoire des échecs de l’idée

610 . Cependant, ce n’est pas une histoire des échecs de l’idée européenne, ni des déchets de la pensée fédéraliste, ni des cu

611 e des échecs de l’idée européenne, ni des déchets de la pensée fédéraliste, ni des curiosa de l’esprit occidental que je m

612 déchets de la pensée fédéraliste, ni des curiosa de l’esprit occidental que je me propose de retracer et qui mérite de re

613 curiosa de l’esprit occidental que je me propose de retracer et qui mérite de retenir l’attention des étudiants. Ces plan

614 ental que je me propose de retracer et qui mérite de retenir l’attention des étudiants. Ces plans et projets constituent a

615 tudiants. Ces plans et projets constituent autant de prises sur leur époque, autant de documents paléontologiques sur les

616 stituent autant de prises sur leur époque, autant de documents paléontologiques sur les conceptions et croyances régnantes

617 es reflètent fidèlement — et ce sera une occasion de les décrire —, soit qu’ils s’opposent expressément à « ce qui allait

618 nticipent le dépassement. Ainsi, la considération d’ un traité de Dante (le De Monarchia, qui date de 1308) et d’un plan co

619 dépassement. Ainsi, la considération d’un traité de Dante (le De Monarchia, qui date de 1308) et d’un plan confédéral de

620 Ainsi, la considération d’un traité de Dante (le De Monarchia, qui date de 1308) et d’un plan confédéral de Pierre Dubois

621 n d’un traité de Dante (le De Monarchia, qui date de 1308) et d’un plan confédéral de Pierre Dubois (le De Recuperatione T

622 ’un traité de Dante (le De Monarchia, qui date de 1308 ) et d’un plan confédéral de Pierre Dubois (le De Recuperatione Terre

623 é de Dante (le De Monarchia, qui date de 1308) et d’ un plan confédéral de Pierre Dubois (le De Recuperatione Terre Sancte,

624 archia, qui date de 1308) et d’un plan confédéral de Pierre Dubois (le De Recuperatione Terre Sancte, qui date de 1306), n

625 308) et d’un plan confédéral de Pierre Dubois (le De Recuperatione Terre Sancte, qui date de 1306), nous permettront d’ana

626 ubois (le De Recuperatione Terre Sancte, qui date de 1306), nous permettront d’analyser les deux grandes origines antinomi

627 is (le De Recuperatione Terre Sancte, qui date de 1306 ), nous permettront d’analyser les deux grandes origines antinomiques

628 Terre Sancte, qui date de 1306), nous permettront d’ analyser les deux grandes origines antinomiques de la question europée

629 ui date de 1306), nous permettront d’analyser les deux grandes origines antinomiques de la question européenne, l’empire et

630 d’analyser les deux grandes origines antinomiques de la question européenne, l’empire et les nations. Dante écrit son trai

631 son traité au moment où le Saint-Empire, principe d’ unité, est en crise, en décadence. Pierre Dubois, avocat de Philippe l

632 est en crise, en décadence. Pierre Dubois, avocat de Philippe le Bel, propose son plan d’union au moment où la première na

633 bois, avocat de Philippe le Bel, propose son plan d’ union au moment où la première nation se constitue, menaçant la double

634 ère nation se constitue, menaçant la double unité de l’empire et de la papauté. Et je relève que ces deux ouvrages sont pr

635 onstitue, menaçant la double unité de l’empire et de la papauté. Et je relève que ces deux ouvrages sont pratiquement cont

636 e l’empire et de la papauté. Et je relève que ces deux ouvrages sont pratiquement contemporains de la naissance de notre con

637 ces deux ouvrages sont pratiquement contemporains de la naissance de notre confédération, qui résulte, elle, du mouvement

638 s sont pratiquement contemporains de la naissance de notre confédération, qui résulte, elle, du mouvement des communes12,

639 du mouvement des communes12, troisième composante de l’époque. Vous pressentez qu’il y aura, là-dessus, beaucoup à dire. L

640 a, là-dessus, beaucoup à dire. L’échec historique de ces projets et de ceux qui les suivront au cours des siècles jusqu’à

641 coup à dire. L’échec historique de ces projets et de ceux qui les suivront au cours des siècles jusqu’à nous, est certes s

642 aminerai les causes. Dans ce contexte, il s’agira de repérer la nature des obstacles traditionnels de l’union, et d’essaye

643 de repérer la nature des obstacles traditionnels de l’union, et d’essayer de mieux voir, de la sorte, pourquoi certains d

644 nature des obstacles traditionnels de l’union, et d’ essayer de mieux voir, de la sorte, pourquoi certains de ces obstacles

645 obstacles traditionnels de l’union, et d’essayer de mieux voir, de la sorte, pourquoi certains de ces obstacles sont en t

646 itionnels de l’union, et d’essayer de mieux voir, de la sorte, pourquoi certains de ces obstacles sont en train de céder a

647 yer de mieux voir, de la sorte, pourquoi certains de ces obstacles sont en train de céder aujourd’hui. Mais il n’est pas m

648 er aujourd’hui. Mais il n’est pas moins important de rechercher dans ces plans avortés les étymologies vivantes du vocabul

649 logies vivantes du vocabulaire politique européen de la plupart de ses termes de base, tels que : unité, union, unificatio

650 re politique européen de la plupart de ses termes de base, tels que : unité, union, unification, ou encore nation, souvera

651 me inventé par Rousseau, prétend-il, à l’occasion de sa critique des utopies de l’abbé de Saint-Pierre, encore que Proudho

652 étend-il, à l’occasion de sa critique des utopies de l’abbé de Saint-Pierre, encore que Proudhon, cent ans plus tard, reve

653 s de l’abbé de Saint-Pierre, encore que Proudhon, cent ans plus tard, revendique également cette paternité. À cet égard, no

654 e paternité. À cet égard, nous aurons l’occasion d’ illustrer fréquemment un phénomène curieux : la pratique du fédéralism

655 ne curieux : la pratique du fédéralisme a précédé de plusieurs siècles sa théorie (ceci peut être vérifié le plus exacteme

656 ins, tandis qu’elle se réalisait enfin, mais hors d’ Europe, dans la Constitution américaine. Nous montrerons aussi dans qu

657 oine parisien Émeric Crucé, qui propose une série de « grands travaux européens » ; comment elles se développent dans les

658 s » ; comment elles se développent dans les plans de Bentham et de Saint-Simon ; enfin comment elles aboutissent aux réali

659 elles se développent dans les plans de Bentham et de Saint-Simon ; enfin comment elles aboutissent aux réalisations que l’

660 l’on sait dans notre temps. C’est donc une sorte de généalogie des grands desseins européens que nous aurons à établir, a

661 établir, au moins autant qu’un constat déprimant d’ échecs pratiques et de déchets idéologiques. Qu’il s’agisse au début d

662 ant qu’un constat déprimant d’échecs pratiques et de déchets idéologiques. Qu’il s’agisse au début du plus grand poète du

663 re déchu qu’était le duc de Sully, ou du créateur d’ un grand État qu’était William Penn, puis d’un économiste visionnaire

664 ateur d’un grand État qu’était William Penn, puis d’ un économiste visionnaire comme Saint-Simon ou d’un solide juriste sui

665 d’un économiste visionnaire comme Saint-Simon ou d’ un solide juriste suisse comme Bluntschli, et finalement d’un autre gr

666 de juriste suisse comme Bluntschli, et finalement d’ un autre grand poète, Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Léger,

667 alement d’un autre grand poète, Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Léger, qui rédige le Mémorandum sur l’organisatio

668 éger, qui rédige le Mémorandum sur l’organisation d’ un régime d’union fédérale européenne adressé par Briand à la Société

669 dige le Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’ union fédérale européenne adressé par Briand à la Société des Nations

670 ne adressé par Briand à la Société des Nations en 1930, la galerie des auteurs de plans que nous allons parcourir n’est pas s

671 ciété des Nations en 1930, la galerie des auteurs de plans que nous allons parcourir n’est pas seulement pittoresque : ell

672 uit au cœur des débats idéologiques et politiques de l’Europe actuelle. J’inscris donc sur son seuil : nostra res agitur !

673 nscris donc sur son seuil : nostra res agitur ! 10. Jean Maze, L’Anti-Système, Fayard, Paris 1960. Voir aussi mes « Orien

674  ! 10. Jean Maze, L’Anti-Système, Fayard, Paris 1960. Voir aussi mes « Orientations vers une Europe fédérale », Fururibles,

675 ations vers une Europe fédérale », Fururibles, n°  56, Paris, 1963. 11. Cité dans Le Fédéralisme contemporain, par H. Brugm

676 une Europe fédérale », Fururibles, n° 56, Paris, 1963. 11. Cité dans Le Fédéralisme contemporain, par H. Brugmans et Pierre

677 rope fédérale », Fururibles, n° 56, Paris, 1963. 11. Cité dans Le Fédéralisme contemporain, par H. Brugmans et Pierre Ducl

678 r H. Brugmans et Pierre Duclos, Sijthoff, Leyden, 1963. 12. Comme l’ont montré en premier lieu des historiens suisses tels q

679 ugmans et Pierre Duclos, Sijthoff, Leyden, 1963. 12. Comme l’ont montré en premier lieu des historiens suisses tels que Ka

680 uis E. Gagliardi, notamment. j. Rougemont Denis de , « Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne

681 « Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’ union européenne du Moyen Âge à nos jours », Bastions de Genève, Genèv

682 n européenne du Moyen Âge à nos jours », Bastions de Genève, Genève, 1963, p. 61-72. k. L’auteur est présenté par cette n

683 en Âge à nos jours », Bastions de Genève, Genève, 1963, p. 61-72. k. L’auteur est présenté par cette note : « Denis de Rouge

684 nté par cette note : « Denis de Rougemont : né en 1906 à Neuchâtel. Études de lettres et de philosophie. Éditeur à Paris dès

685 nis de Rougemont : né en 1906 à Neuchâtel. Études de lettres et de philosophie. Éditeur à Paris dès 1931. Lecteur à l’Univ

686 nt : né en 1906 à Neuchâtel. Études de lettres et de philosophie. Éditeur à Paris dès 1931. Lecteur à l’Université de Fran

687 de lettres et de philosophie. Éditeur à Paris dès 1931. Lecteur à l’Université de Francfort 1935-1936. Cours à l’École libre

688 Éditeur à Paris dès 1931. Lecteur à l’Université de Francfort 1935-1936. Cours à l’École libre des hautes études de New Y

689 ris dès 1931. Lecteur à l’Université de Francfort 1935-1936. Cours à l’École libre des hautes études de New York de 1941 à 1946. F

690 935-1936. Cours à l’École libre des hautes études de New York de 1941 à 1946. Fonde en 1948 le Centre européen de la cultu

691 urs à l’École libre des hautes études de New York de 1941 à 1946. Fonde en 1948 le Centre européen de la culture à Genève,

692 à l’École libre des hautes études de New York de 1941 à 1946. Fonde en 1948 le Centre européen de la culture à Genève, qu’i

693 ole libre des hautes études de New York de 1941 à 1946. Fonde en 1948 le Centre européen de la culture à Genève, qu’il dirige

694 autes études de New York de 1941 à 1946. Fonde en 1948 le Centre européen de la culture à Genève, qu’il dirige encore aujour

695 re à Genève, qu’il dirige encore aujourd’hui. Dès 1951, président du comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture

696 ent du comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture. Auteur de 24 ouvrages qui ont été traduits en 12 langues.

697 du Congrès pour la liberté de la culture. Auteur de 24 ouvrages qui ont été traduits en 12 langues. »

698 Congrès pour la liberté de la culture. Auteur de 24 ouvrages qui ont été traduits en 12 langues. »

699 re. Auteur de 24 ouvrages qui ont été traduits en 12 langues. »

700 Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963 )b Les Suisses sont tard venus dans le développement de la culture

701 Les Suisses sont tard venus dans le développement de la culture occidentale ; ils n’y entrent en fait et d’une manière dis

702 culture occidentale ; ils n’y entrent en fait et d’ une manière distincte qu’au troisième quart de l’ère chrétienne : au x

703 et d’une manière distincte qu’au troisième quart de l’ère chrétienne : au xvie siècle. Mais c’est alors un « carré suiss

704 e formation guerrière qui dominait sur les champs de bataille de l’époque, rangs pressés de porteurs de longues piques, de

705 guerrière qui dominait sur les champs de bataille de l’époque, rangs pressés de porteurs de longues piques, de hallebardes

706 les champs de bataille de l’époque, rangs pressés de porteurs de longues piques, de hallebardes, d’épées et d’arquebuses —

707 e bataille de l’époque, rangs pressés de porteurs de longues piques, de hallebardes, d’épées et d’arquebuses — qui fait so

708 que, rangs pressés de porteurs de longues piques, de hallebardes, d’épées et d’arquebuses — qui fait son entrée résolue su

709 és de porteurs de longues piques, de hallebardes, d’ épées et d’arquebuses — qui fait son entrée résolue sur la grande scèn

710 urs de longues piques, de hallebardes, d’épées et d’ arquebuses — qui fait son entrée résolue sur la grande scène européenn

711 ilosophe Paracelse, et l’architecte Fontana. Mais de cette époque à nos jours, la densité de création intellectuelle et ar

712 ana. Mais de cette époque à nos jours, la densité de création intellectuelle et artistique dans l’ensemble des petits État

713 e Confédération est sans doute supérieure à celle de toute autre région prise au hasard dans les pays voisins, et qui sera

714 Suisses à la culture représente une contribution de la Suisse en tant qu’entité ou système de valeurs spécifique ? C’est

715 ibution de la Suisse en tant qu’entité ou système de valeurs spécifique ? C’est à ces deux questions que je vais tenter de

716 té ou système de valeurs spécifique ? C’est à ces deux questions que je vais tenter de répondre. ⁂ La Suisse n’existe que de

717 e ? C’est à ces deux questions que je vais tenter de répondre. ⁂ La Suisse n’existe que depuis cent-quinze ans sous la for

718 n’existe que depuis cent-quinze ans sous la forme d’ un État fédéral et solidement constitué. Auparavant, de la fin du xiii

719 État fédéral et solidement constitué. Auparavant, de la fin du xiiie jusqu’au milieu du xixe siècle, elle n’était guère

720 it guère qu’une confédération plus ou moins lâche de petits États souverains, très variés par la forme politique, l’économ

721 angue. Elle dépendait ainsi, à des titres divers, de plusieurs grands ensembles culturels, religieux, linguistiques ou pol

722 ou politiques dépassant largement les frontières de ce que l’on nommait les ligues suisses. Les plus grands esprits et le

723 ts et les meilleurs artistes suisses sont d’abord d’ un canton déterminé (qui n’est parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) m

724 ement par leur rayonnement (comme le furent celle d’ un Racine, d’un Newton, d’un Kant, d’un Novalis, d’un Kierkegaard, qui

725 r rayonnement (comme le furent celle d’un Racine, d’ un Newton, d’un Kant, d’un Novalis, d’un Kierkegaard, qui n’ont vécu q

726 (comme le furent celle d’un Racine, d’un Newton, d’ un Kant, d’un Novalis, d’un Kierkegaard, qui n’ont vécu que dans leur

727 furent celle d’un Racine, d’un Newton, d’un Kant, d’ un Novalis, d’un Kierkegaard, qui n’ont vécu que dans leur seule natio

728 ’un Racine, d’un Newton, d’un Kant, d’un Novalis, d’ un Kierkegaard, qui n’ont vécu que dans leur seule nation, et d’elle s

729 rd, qui n’ont vécu que dans leur seule nation, et d’ elle seule ont nourri leur carrière) mais par leur biographie, leurs h

730 eances spirituelles, par les lieux où ils agirent de leur vivant, et par les influences subies ou exercées. Pays de gens

731 , et par les influences subies ou exercées. Pays de gens moyens, oui, disait Lucien Fèbvre. Mais quand ils réussissent à

732 n Fèbvre. Mais quand ils réussissent à se dégager de leur canton, alors pas de milieu, ils atteignent à l’universel… Et pl

733 éussissent à se dégager de leur canton, alors pas de milieu, ils atteignent à l’universel… Et plus d’obstacle devant la pe

734 de milieu, ils atteignent à l’universel… Et plus d’ obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il s’appe

735 suisses reçurent leurs libertés non des suzerains de la région, mais, par-dessus leur tête, du seul empereur. Leur liberté

736 ndamnés à l’Europe, dirais-je, quand nous sortons de notre commune originelle. Cette situation particulière est très confo

737 situation particulière est très conforme au génie de la culture occidentale, car celle-ci a toujours été faite par des foy

738 oupages en couleurs plates que montrent nos atlas d’ école. La multiplicité des foyers créateurs fournit à la Suisse ses me

739 eilleures chances, et c’est elle qui, dans le cas de la Suisse — compartimentée à l’extrême, mais liée par tout un réseau

740 imentée à l’extrême, mais liée par tout un réseau d’ échanges spirituels avec ses grands voisins — constitue la raison suff

741 Érasme et Holbein, Zurich avec Zwingli, sont les trois premiers foyers de rayonnement européen des ligues. Aussitôt prolifèr

742 rich avec Zwingli, sont les trois premiers foyers de rayonnement européen des ligues. Aussitôt prolifèrent autour d’eux le

743 européen des ligues. Aussitôt prolifèrent autour d’ eux les bases de lancement de nos fusées culturelles. Paracelse, natif

744 gues. Aussitôt prolifèrent autour d’eux les bases de lancement de nos fusées culturelles. Paracelse, natif d’Einsiedeln, g

745 t prolifèrent autour d’eux les bases de lancement de nos fusées culturelles. Paracelse, natif d’Einsiedeln, grand précurse

746 ement de nos fusées culturelles. Paracelse, natif d’ Einsiedeln, grand précurseur de la médecine la plus moderne, vagabonde

747 . Paracelse, natif d’Einsiedeln, grand précurseur de la médecine la plus moderne, vagabonde en de nombreux pays où il inve

748 seur de la médecine la plus moderne, vagabonde en de nombreux pays où il invente et exerce son art, puis revient enseigner

749 ent enseigner en Suisse dans les dernières années de sa vie. Les Bernouilli et Léonard Euler, héritiers de la tradition hu

750 a vie. Les Bernouilli et Léonard Euler, héritiers de la tradition humaniste et piétiste de Bâle et rivalisant de génie dan

751 , héritiers de la tradition humaniste et piétiste de Bâle et rivalisant de génie dans les mathématiques et la physique, vi

752 ition humaniste et piétiste de Bâle et rivalisant de génie dans les mathématiques et la physique, vivent aux cours de Russ

753 es mathématiques et la physique, vivent aux cours de Russie et de Prusse, ou professent à Groningue et à Londres. Jean de

754 ues et la physique, vivent aux cours de Russie et de Prusse, ou professent à Groningue et à Londres. Jean de Müller, « his

755 « historien des Suisses », mais également auteur de la célèbre Vue générale du genre humain, entre au service des empereu

756 , entre au service des empereurs autrichiens puis de la Prusse. Jean-Jacques Rousseau, « citoyen de Genève », vit en Franc

757 is de la Prusse. Jean-Jacques Rousseau, « citoyen de Genève », vit en France, en Italie, en Angleterre, défend avec éloque

758 lie, en Angleterre, défend avec éloquence un plan d’ union fédérale de l’Europe, et modifie plus que nul autre la sensibili

759 e, défend avec éloquence un plan d’union fédérale de l’Europe, et modifie plus que nul autre la sensibilité occidentale. D

760 ie plus que nul autre la sensibilité occidentale. De Zurich au début du xviiie siècle, rayonne l’école suisse du doyen Bo

761 e l’école suisse du doyen Bodmer puis des Idylles de Salomon Gessner et des spéculations mystiques de Lavater ; et Zurich

762 de Salomon Gessner et des spéculations mystiques de Lavater ; et Zurich devient le foyer d’une renaissance de la littérat

763 mystiques de Lavater ; et Zurich devient le foyer d’ une renaissance de la littérature dans les Allemagnes. De Coppet rayon

764 er ; et Zurich devient le foyer d’une renaissance de la littérature dans les Allemagnes. De Coppet rayonne sur la France l

765 enaissance de la littérature dans les Allemagnes. De Coppet rayonne sur la France le génie de Mme de Staël et de sa cour c

766 emagnes. De Coppet rayonne sur la France le génie de Mme de Staël et de sa cour cosmopolite, où brillent Sismondi et Benja

767 rayonne sur la France le génie de Mme de Staël et de sa cour cosmopolite, où brillent Sismondi et Benjamin Constant, initi

768 t Sismondi et Benjamin Constant, initiateurs l’un de l’économie et l’autre de la politique libérales qui allaient marquer

769 nstant, initiateurs l’un de l’économie et l’autre de la politique libérales qui allaient marquer tout le xixe siècle. Cin

770 érales qui allaient marquer tout le xixe siècle. Cinquante ans plus tard, c’est à Bâle que s’allume un nouveau foyer : Bachofen

771 re par son Matriarcat une conception sociologique de l’ethnographie, Jacob Burckhardt par ses ouvrages sur la Renaissance

772 e Betrachtungen renouvelle une vision synthétique de l’histoire, dont son fervent disciple, Nietzsche — qui est aussi son

773 Nietzsche — qui est aussi son plus jeune collègue de faculté — nourrira son génie bouleversant. Puis c’est le tour de Genè

774 urrira son génie bouleversant. Puis c’est le tour de Genève, une fois de plus, et de Zurich tôt après, d’où rayonnent sur

775 uis c’est le tour de Genève, une fois de plus, et de Zurich tôt après, d’où rayonnent sur l’Europe entière et l’Amérique l

776 Genève, une fois de plus, et de Zurich tôt après, d’ où rayonnent sur l’Europe entière et l’Amérique l’Institut Rousseau de

777 parède, Bovet et Jean Piaget, et l’école du grand C. G. Jung : les fondements de la pédagogie et de la psychologie occiden

778 , et l’école du grand C. G. Jung : les fondements de la pédagogie et de la psychologie occidentales en seront transformés

779 nd C. G. Jung : les fondements de la pédagogie et de la psychologie occidentales en seront transformés sans retour. Enfin,

780 etour. Enfin, n’oublions pas l’influence mondiale de la pensée théologique de Karl Barth : elle dépasse largement les limi

781 pas l’influence mondiale de la pensée théologique de Karl Barth : elle dépasse largement les limites de la confession prot

782 e Karl Barth : elle dépasse largement les limites de la confession protestante. ⁂ Mais s’il reste vrai que la Suisse n’est

783 n’ayant été pendant des siècles qu’un agglomérat de foyers sans capitale, et moins en relations les uns avec les autres q

784 s dans cette succession chronologique très serrée de puissants émetteurs d’énergie culturelle ? Une énumération complète d

785 chronologique très serrée de puissants émetteurs d’ énergie culturelle ? Une énumération complète de nos gloires ayant att

786 s d’énergie culturelle ? Une énumération complète de nos gloires ayant atteint le niveau européen, ou même mondial, dessin

787 e, la psychologie et la pédagogie, la littérature d’ idées, les sciences et la technique. Comment interpréter cette courbe

788 Baudelaire ou leur Descartes. Mais force est bien de reconnaître que la Suisse n’a rien de comparable à la musique flamand

789 ce est bien de reconnaître que la Suisse n’a rien de comparable à la musique flamande de la Renaissance, à la peinture hol

790 isse n’a rien de comparable à la musique flamande de la Renaissance, à la peinture hollandaise ou vénitienne du xviiie si

791 devenue évidente à partir du xixe siècle : point de grand art dans les petits pays. Un Ludwig Senfl au xvie siècle, un A

792 ie siècle, un Arthur Honegger et un Frank Martin de nos jours, mais rien qui vraiment compte dans l’entre-deux, cela ne f

793 musicale ; et les épopées symboliques démesurées d’ un Carl Spitteler ne suffisent pas à compenser des siècles de médiocri

794 pitteler ne suffisent pas à compenser des siècles de médiocrité dans nos productions versifiées. La peinture avait pris un

795 u départ au xvie siècle, mais l’école turbulente de Conrad Witz, de Nicolas Manuel, de Hans Friess et d’Urs Graf ne trouv

796 siècle, mais l’école turbulente de Conrad Witz, de Nicolas Manuel, de Hans Friess et d’Urs Graf ne trouve un répondant,

797 ole turbulente de Conrad Witz, de Nicolas Manuel, de Hans Friess et d’Urs Graf ne trouve un répondant, par ailleurs discut

798 Conrad Witz, de Nicolas Manuel, de Hans Friess et d’ Urs Graf ne trouve un répondant, par ailleurs discutable, qu’au xxe s

799 ès se font à Paris, Londres et Berlin. Un tableau de Paul Klee, une sculpture d’Alberto Giacometti, un poème de Blaise Cen

800 et Berlin. Un tableau de Paul Klee, une sculpture d’ Alberto Giacometti, un poème de Blaise Cendrars : l’amateur non préven

801 lee, une sculpture d’Alberto Giacometti, un poème de Blaise Cendrars : l’amateur non prévenu n’y verra pas la Suisse, comm

802 omme il voit à coup sûr l’Espagne dans les œuvres de Picasso, le ghetto russe dans celles de Chagall, ou les Flandres myst

803 es œuvres de Picasso, le ghetto russe dans celles de Chagall, ou les Flandres mystiques dans celles de Maeterlinck. Si l’o

804 de Chagall, ou les Flandres mystiques dans celles de Maeterlinck. Si l’on veut distinguer les éléments sinon d’une « cultu

805 linck. Si l’on veut distinguer les éléments sinon d’ une « culture suisse » — qui ne saurait exister — du moins d’une attit

806 ture suisse » — qui ne saurait exister — du moins d’ une attitude d’esprit commune aux créateurs issus de nos divers canton

807 qui ne saurait exister — du moins d’une attitude d’ esprit commune aux créateurs issus de nos divers cantons, on aura plus

808 une attitude d’esprit commune aux créateurs issus de nos divers cantons, on aura plus de chances de les trouver dans le do

809 éateurs issus de nos divers cantons, on aura plus de chances de les trouver dans le domaine du roman : La Nouvelle Héloïse

810 us de nos divers cantons, on aura plus de chances de les trouver dans le domaine du roman : La Nouvelle Héloïse, l’Émile,

811 ue Pestalozzi, voire à certains égards les récits d’ un réalisme stylisé de C. F. Ramuz, se distinguent des romans français

812 certains égards les récits d’un réalisme stylisé de C. F. Ramuz, se distinguent des romans français, anglais ou russes de

813 rtains égards les récits d’un réalisme stylisé de C. F. Ramuz, se distinguent des romans français, anglais ou russes des m

814 drame moral dans la vie quotidienne. Le sentiment de la nature, toujours présente, mélancolique, maternelle ou menaçante,

815 olique, maternelle ou menaçante, y tient la place de l’inquiétude métaphysique chez un Dostoïevski et un Kafka ou de l’arr

816 e métaphysique chez un Dostoïevski et un Kafka ou de l’arrière-plan de compétition sociale chez un Balzac et un Stendhal.

817 z un Dostoïevski et un Kafka ou de l’arrière-plan de compétition sociale chez un Balzac et un Stendhal. Ces traits sont pr

818 traits sont protestants, peut-être. Mais le goût de la mesure, de l’intériorité, du réalisme et de la psychologie moyenne

819 rotestants, peut-être. Mais le goût de la mesure, de l’intériorité, du réalisme et de la psychologie moyenne expriment sur

820 ût de la mesure, de l’intériorité, du réalisme et de la psychologie moyenne expriment surtout les conditions dictées par l

821 travail humain, bien concerté : la Suisse est née de coopératives forestières exploitant le passage du Gothard, « Un pour

822  », c’est moins un idéal qu’une vitale obligation de solidarité pratique. Quand un Suisse entreprend de créer quelque chos

823 e solidarité pratique. Quand un Suisse entreprend de créer quelque chose, tout se passe comme s’il avait à se faire pardon

824 ’architecte suisse par exemple — et nous en avons d’ excellents — doit voir plutôt petit, fonctionnel et très sobre, s’il r

825 sobre, s’il reste en Suisse. Mais s’il a le goût de la grandeur, c’est à Rome qu’il ira terminer l’énorme dôme de Saint-P

826 ur, c’est à Rome qu’il ira terminer l’énorme dôme de Saint-Pierre comme Maderno et les deux Fontana, c’est aux États-Unis

827 ’énorme dôme de Saint-Pierre comme Maderno et les deux Fontana, c’est aux États-Unis qu’il ira construire les plus grands po

828 u’il trouvera des commandes pour bâtir une église de Ronchamps ou une capitale — et c’est le cas de Le Corbusier, père de

829 se de Ronchamps ou une capitale — et c’est le cas de Le Corbusier, père de l’architecture moderne, puritain révolutionnair

830 capitale — et c’est le cas de Le Corbusier, père de l’architecture moderne, puritain révolutionnaire, né dans une vallée

831 ngagés dans leur communauté, plutôt que créateurs d’ art ou de grands systèmes. Médecins praticiens, guérisseurs d’âme, réf

832 ns leur communauté, plutôt que créateurs d’art ou de grands systèmes. Médecins praticiens, guérisseurs d’âme, réformateurs

833 grands systèmes. Médecins praticiens, guérisseurs d’ âme, réformateurs politiques ou religieux, négociateurs de grande affa

834 éformateurs politiques ou religieux, négociateurs de grande affaires publiques, théologiens et pédagogues, savants du prem

835 avants du premier rang, mais qui restent soucieux d’ applications industrielles ou humanitaires — comme Euler inventant la

836 nitaires — comme Euler inventant la turbine entre deux traités en latin sur le calcul infinitésimal —, nous les voyons tous

837 éducatifs ou spirituels, avec un souci primordial de l’efficacité transformatrice. Et c’est en cela qu’ils sont typiquemen

838 sont typiquement suisses. ⁂ Cependant, une série de grands noms ne représente pas à elle seule tout l’apport culturel d’u

839 eprésente pas à elle seule tout l’apport culturel d’ un pays, de même qu’un prestigieux état-major ne suffit pas à renseign

840 at-major ne suffit pas à renseigner sur la valeur d’ un combat d’une armée et sur la volonté de résistance qui l’appuie dan

841 suffit pas à renseigner sur la valeur d’un combat d’ une armée et sur la volonté de résistance qui l’appuie dans la populat

842 valeur d’un combat d’une armée et sur la volonté de résistance qui l’appuie dans la population. Ce qu’il est important de

843 appuie dans la population. Ce qu’il est important de savoir sur l’armée suisse, c’est que chacun de ses soldats garde son

844 nt de savoir sur l’armée suisse, c’est que chacun de ses soldats garde son fusil et son équipement militaire dans son armo

845 uipement militaire dans son armoire. Qu’en est-il de notre équipement culturel ? Il me paraît que la structure fédéraliste

846 els favorise une implantation relativement serrée de la vie culturelle. J’en citerai quelques exemples. La souveraineté de

847 souveraineté des cantons en matière de culture et d’ éducation explique et justifie l’existence de sept universités, de deu

848 e et d’éducation explique et justifie l’existence de sept universités, de deux écoles polytechniques, et de plusieurs diza

849 ique et justifie l’existence de sept universités, de deux écoles polytechniques, et de plusieurs dizaines d’instituts spéc

850 e et justifie l’existence de sept universités, de deux écoles polytechniques, et de plusieurs dizaines d’instituts spécialis

851 pt universités, de deux écoles polytechniques, et de plusieurs dizaines d’instituts spécialisés de niveau universitaire, p

852 s, de deux écoles polytechniques, et de plusieurs dizaines d’instituts spécialisés de niveau universitaire, pour une population

853 x écoles polytechniques, et de plusieurs dizaines d’ instituts spécialisés de niveau universitaire, pour une population de

854 et de plusieurs dizaines d’instituts spécialisés de niveau universitaire, pour une population de 5 millions. Chaque gros

855 isés de niveau universitaire, pour une population de 5 millions. Chaque gros village possède son chœur, et souvent sa fanf

856 s de niveau universitaire, pour une population de 5 millions. Chaque gros village possède son chœur, et souvent sa fanfar

857 de niveau universitaire, pour une population de 5 millions . Chaque gros village possède son chœur, et souvent sa fanfare ; chaqu

858 e son chœur, et souvent sa fanfare ; chaque ville de quelque importance a ses sociétés de concerts, de théâtre et de confé

859 chaque ville de quelque importance a ses sociétés de concerts, de théâtre et de conférences hebdomadaires, son musée, ses

860 de quelque importance a ses sociétés de concerts, de théâtre et de conférences hebdomadaires, son musée, ses expositions,

861 ortance a ses sociétés de concerts, de théâtre et de conférences hebdomadaires, son musée, ses expositions, ses bibliothèq

862 xpositions, ses bibliothèques et ses associations d’ éducation, d’amis des arts ou de la nature. Les plus grandes cités — d

863 es bibliothèques et ses associations d’éducation, d’ amis des arts ou de la nature. Les plus grandes cités — de 150 à 500 0

864 ses associations d’éducation, d’amis des arts ou de la nature. Les plus grandes cités — de 150 à 500 000 habitants — entr

865 es arts ou de la nature. Les plus grandes cités — de 150 à 500 000 habitants — entretiennent chacune un ou deux orchestres

866 arts ou de la nature. Les plus grandes cités — de 150 à 500 000 habitants — entretiennent chacune un ou deux orchestres, un

867 u de la nature. Les plus grandes cités — de 150 à 500  000 habitants — entretiennent chacune un ou deux orchestres, un opéra

868 la nature. Les plus grandes cités — de 150 à 500  000 habitants — entretiennent chacune un ou deux orchestres, un opéra, un

869 à 500 000 habitants — entretiennent chacune un ou deux orchestres, un opéra, un festival, plusieurs théâtres. Les collection

870 ival, plusieurs théâtres. Les collections privées de peinture sont parmi les plus belles du monde, Reinhart à Winterthour

871 et Hahnloser à Berne tenant la tête. Les bureaux d’ étude des grandes firmes industrielles financent des recherches orient

872 n technique, mais dont la science pure bénéficie. Deux de ces bureaux sont dirigés par des prix Nobel. Soulignons, à ce prop

873 hnique, mais dont la science pure bénéficie. Deux de ces bureaux sont dirigés par des prix Nobel. Soulignons, à ce propos,

874 bel. Soulignons, à ce propos, que la Suisse, avec 11 prix Nobel pour les sciences, se place au premier rang mondial, et de

875 es sciences, se place au premier rang mondial, et de très loin, relativement à sa population (Hollande : 9 prix Nobel pour

876 ès loin, relativement à sa population (Hollande : 9 prix Nobel pour une population double ; France : 17 prix Nobel pour u

877 prix Nobel pour une population double ; France : 17 prix Nobel pour une population neuf fois plus grande). ⁂ À l’heure de

878 uble ; France : 17 prix Nobel pour une population neuf fois plus grande). ⁂ À l’heure de l’Europe unie, la Suisse semble don

879 ne population neuf fois plus grande). ⁂ À l’heure de l’Europe unie, la Suisse semble donc en mesure de tenir une place plu

880 de l’Europe unie, la Suisse semble donc en mesure de tenir une place plus qu’honorable dans une compétition continentale o

881 tes depuis des siècles. Il s’ensuit que la menace d’ uniformisation et d’oblitération des traditions locales est bien plus

882 es. Il s’ensuit que la menace d’uniformisation et d’ oblitération des traditions locales est bien plus grave pour elle que

883 e pour ses grands voisins. Ce n’est pas du projet d’ union européenne que provient cette menace de nivellement, mais plutôt

884 ojet d’union européenne que provient cette menace de nivellement, mais plutôt d’un certain matérialisme philistin favorisé

885 provient cette menace de nivellement, mais plutôt d’ un certain matérialisme philistin favorisé par les succès de la techni

886 in matérialisme philistin favorisé par les succès de la technique. Et le doublement prévu de la population, dans les trent

887 es succès de la technique. Et le doublement prévu de la population, dans les trente ans qui viennent, sur un très petit te

888 Et le doublement prévu de la population, dans les trente ans qui viennent, sur un très petit territoire, agira totalement dans

889 a totalement dans le même sens. La Suisse se doit de réagir à temps en soutenant plus « matériellement » que jusqu’ici les

890 urelles dont elle dispose. N’est-elle pas le pays d’ Europe qui a les raisons les plus fortes et les plus concrètes de savo

891 les raisons les plus fortes et les plus concrètes de savoir que le terme de culture n’est pas un synonyme de superflu ?

892 rtes et les plus concrètes de savoir que le terme de culture n’est pas un synonyme de superflu ? b. Rougemont Denis de,

893 oir que le terme de culture n’est pas un synonyme de superflu ? b. Rougemont Denis de, « Apport à la civilisation occid

894 s un synonyme de superflu ? b. Rougemont Denis de , « Apport à la civilisation occidentale », Associations international

895 Associations internationales, Bruxelles, janvier 1963, p. 22-25.

896 Le fédéralisme et notre temps (mars 1963 )c Comme toutes les choses vivantes, organiques et intéressantes, l

897 niques et intéressantes, le fédéralisme est plein de contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il

898 ntes, le fédéralisme est plein de contradictions, d’ oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contra

899 sme est plein de contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu

900 et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’à la différence de tous les autres systèmes p

901 t fait de contradictions, mais qu’à la différence de tous les autres systèmes politiques ou philosophiques, il ne cherche

902 à les neutraliser ou à les effacer par les moyens de la logique ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les fai

903 ou à les effacer par les moyens de la logique ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble

904 e ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’elles sont. Mais parce qu’il acce

905 lez pas croire que le fédéralisme soit une espèce d’ éclectisme universel, ou d’opportunisme lâche qui tolère tout et ne s’

906 alisme soit une espèce d’éclectisme universel, ou d’ opportunisme lâche qui tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralis

907 ’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances très puissantes dans le monde occidental moderne : le centr

908 ’uniformité imposée par un centre, qu’il s’agisse d’ une capitale, d’un État, d’un parti, d’un pouvoir clérical, politique,

909 sée par un centre, qu’il s’agisse d’une capitale, d’ un État, d’un parti, d’un pouvoir clérical, politique, ou économique.

910 centre, qu’il s’agisse d’une capitale, d’un État, d’ un parti, d’un pouvoir clérical, politique, ou économique. Il est donc

911 l s’agisse d’une capitale, d’un État, d’un parti, d’ un pouvoir clérical, politique, ou économique. Il est donc le contrair

912 e, ou économique. Il est donc le contraire absolu de tout régime totalitaire de tout ordre géométrique, simpliste, et par

913 nc le contraire absolu de tout régime totalitaire de tout ordre géométrique, simpliste, et par là même tyrannique. Or la t

914 ’autre part, le fédéralisme refuse avec non moins de fermeté l’esprit de clocher, les particularismes régionaux ou locaux

915 ralisme refuse avec non moins de fermeté l’esprit de clocher, les particularismes régionaux ou locaux qui prétendraient vi

916 rsités régionales, aime aussi leur santé et celle de l’ensemble. C’est pourquoi il veut leur union, leur entraide, et même

917 dans certains cas bien définis, la mise en commun de leurs ressources. Voulant donc le contraire de l’uniformité imposée p

918 un de leurs ressources. Voulant donc le contraire de l’uniformité imposée par un centre, mais aussi le contraire des parti

919 le fédéralisme représenterait-il alors une sorte de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé n’est

920 erait-il alors une sorte de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé n’est pas un moyen terme entre la

921 e entre la peste et le choléra. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave, n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt

922 e, n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme n’est pas à mi-

923 in entre la centralisation oppressive et l’esprit de clocher, à mi-chemin entre la dictature et l’anarchie. Il est sur un

924 e et l’anarchie. Il est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui n’en sont peut-être qu’une seule. Oui, le fédéralisme re

925 attitude rigoureusement contraire à celle que les deux autres ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de s’imaginer q

926 es ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de s’imaginer que la volonté de centralisation totale d’une nation et la

927 bien tort, en effet, de s’imaginer que la volonté de centralisation totale d’une nation et la volonté de la fragmenter en

928 ’imaginer que la volonté de centralisation totale d’ une nation et la volonté de la fragmenter en petites cellules locales

929 centralisation totale d’une nation et la volonté de la fragmenter en petites cellules locales jalousement closes manifest

930 s cellules locales jalousement closes manifestent deux tendances incompatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui n’admet

931 t closes manifestent deux tendances incompatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui n’admettent aucune diversité polit

932 même état d’esprit que ceux qui n’admettent rien d’ autre que leur manière de vivre locale, définie par la majorité locale

933 eux qui n’admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie par la majorité locale, traitent tout le reste

934 ie par la majorité locale, traitent tout le reste d’ étranger, donc d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier

935 é locale, traitent tout le reste d’étranger, donc d’ impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier par traités avec

936 d’étranger, donc d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux

937 donc d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de se lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce

938 pérer, de se lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local relève de la même mental

939 ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local relève de la même mentalité que le totalitarisme à l’échelle nationale. Il trad

940 à l’échelle nationale. Il traduit le même manque d’ imagination, de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’espri

941 tionale. Il traduit le même manque d’imagination, de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’esprit et d’amour du

942 raduit le même manque d’imagination, de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’esprit et d’amour du réel. Mais l

943 magination, de vitalité, de sens des proportions, d’ ouverture d’esprit et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne

944 de vitalité, de sens des proportions, d’ouverture d’ esprit et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas

945 de sens des proportions, d’ouverture d’esprit et d’ amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas à reconnaît

946 e borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autre part la légitimité des autonomies locales. Elle exig

947 rise du divers — comme tout art ! Elle est un art de la composition qui requiert à la fois et en même temps la vivacité de

948 ontrastes et leur harmonisation. Prenez l’exemple d’ une œuvre picturale : il n’y aurait pas d’harmonie possible sans contr

949 exemple d’une œuvre picturale : il n’y aurait pas d’ harmonie possible sans contrastes de couleurs, et sans nuances complex

950 ’y aurait pas d’harmonie possible sans contrastes de couleurs, et sans nuances complexes ; de même que sans une vision d’e

951 s nuances complexes ; de même que sans une vision d’ ensemble, celle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il n’y aurai

952 s ; de même que sans une vision d’ensemble, celle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il n’y aurait pas de contraste

953 te, hors de l’unité du tableau, il n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la simple juxtapos

954 s tons, il n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien mis en ordre dans leur boîte. Pour que

955 l n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien mis en ordre dans leur boîte. Pour que la qualit

956 dans leur boîte. Pour que la qualité particulière d’ un rouge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit

957 avec des verts, par exemple, dans l’unité globale d’ une œuvre au sein de laquelle s’opèrent mille échanges d’une infinie c

958 globale d’une œuvre au sein de laquelle s’opèrent mille échanges d’une infinie complexité. Voilà ce que j’appelle une harmoni

959 uvre au sein de laquelle s’opèrent mille échanges d’ une infinie complexité. Voilà ce que j’appelle une harmonie fédéralist

960 litaire, lui, trouve plus simple et plus efficace de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce

961 toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistre mémoire. Et

962 e de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistre mémoire. Et voilà toute la différence entre l’harmonie fédér

963 forcée à l’uniforme. Ces images, qui sont autant d’ évidences, suffisent à définir le fédéralisme, art de composer en un e

964 vidences, suffisent à définir le fédéralisme, art de composer en un ensemble animé des diversités vivantes, et fonctionnan

965 seul exemple : l’impasse à laquelle risquent bien d’ aboutir les négociations entre la Suisse et l’Europe, représentée pour

966 cramponne à une souveraineté nationale qui a peur de se laisser englober dans un plus grand corps. Les uns oublient que la

967 n plus grand corps. Les uns oublient que la santé d’ un corps exige le souple jeu d’organes bien différenciés ; les autres

968 lient que la santé d’un corps exige le souple jeu d’ organes bien différenciés ; les autres oublient qu’un organe bien diff

969 emps la Suisse apprenne à respecter dans le cadre d’ une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans

970 cadre d’une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans le cadre de la Confédération, sinon elle tra

971 s que chacun de ses cantons observe dans le cadre de la Confédération, sinon elle trahira sa raison d’être. Mais le fédéra

972 de la Confédération, sinon elle trahira sa raison d’ être. Mais le fédéralisme n’est pas seulement un mode d’organisation p

973 . Mais le fédéralisme n’est pas seulement un mode d’ organisation politique, le seul régime de coexistence digne du nom. C’

974 un mode d’organisation politique, le seul régime de coexistence digne du nom. C’est aussi, et c’est même avant tout, une

975 ’est aussi, et c’est même avant tout, une méthode de composition des valeurs diversifiées, — et voilà, me semble-t-il, une

976 voilà, me semble-t-il, une assez bonne définition de la culture ! II Avec ces quelques précisions de doctrine — qui p

977 -il, une assez bonne définition de la culture ! II Avec ces quelques précisions de doctrine — qui paraîtraient bien t

978 la culture ! II Avec ces quelques précisions de doctrine — qui paraîtraient bien théoriques et bien abstraites à un p

979 litique très concrète —, tout est dit en principe de ce que nous aurions à dire sur les rapports entre le fédéralisme et l

980 sur les problèmes que nous pose la vie culturelle de la Suisse romande en particulier. Essayons pourtant d’illustrer les p

981 Suisse romande en particulier. Essayons pourtant d’ illustrer les principes du fédéralisme en les appliquant à la culture.

982 ral — au sens occidental du terme, très différent de l’asiatique — il faut une variété aussi riche que possible de créatio

983 ue — il faut une variété aussi riche que possible de créations humaines, un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d

984 e possible de créations humaines, un foisonnement d’ œuvres, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de

985 de créations humaines, un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines

986 s humaines, un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles,

987 , un foisonnement d’œuvres, de langues, de moyens d’ expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et

988 s, de langues, de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et il faut quelque chose qui

989 , de moyens d’expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et il faut quelque chose qui lie toutes c

990 expression plastiques, de méthodes, de doctrines, d’ écoles, etc. — et il faut quelque chose qui lie toutes ces œuvres vari

991 mmune mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’ une culture, cohérente et vivante, de la culture. Il faut donc à la fo

992 rions parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture. Il faut donc à la fois l’Un et le Divers, une très riche

993 une très riche diversité se détachant sur un fond d’ unité essentielle. Quelle est donc, pour nous autres Suisses romands,

994 t donc, pour nous autres Suisses romands, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous nous référons implicitemen

995 our nous autres Suisses romands, l’unité de base, d’ origine et de but, à laquelle nous nous référons implicitement dans to

996 es Suisses romands, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle nous nous référons implicitement dans toutes nos œuvr

997 nous qui n’avons pas eu la chance, ou le malheur, d’ avoir une soi-disant culture nationale, intermédiaire entre l’Europe e

998 ntre l’Europe et nos cités. Ici, je me permettrai de rompre une lance contre le concept aussi néfaste qu’invétéré de « cul

999 lance contre le concept aussi néfaste qu’invétéré de « culture nationale ». On nous répète depuis un siècle que les Suisse

1000 s parlent, se rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales voisines. Pour que cela soit vrai, il fau

1001 oit vrai, il faudrait tout d’abord que le concept de « culture nationale » corresponde à des réalités culturelles. Or il n

1002 L’idée qu’il y aurait en Europe un certain nombre de « cultures nationales » bien distinctes et autonomes dont l’ensemble

1003 ulture européenne est une pure et simple illusion d’ optique scolaire. Elle se dissipe comme brume au soleil à la lumière d

1004 as, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui o

1005 tion de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépenda

1006 e tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépendamment des nations qui divisent aujourd’hui l’Europe

1007 d’hui l’Europe, et dont la plupart n’ont même pas cent ans d’existence : il faut bien admettre que la culture s’était consti

1008 urope, et dont la plupart n’ont même pas cent ans d’ existence : il faut bien admettre que la culture s’était constituée av

1009 les ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’ un seul exemple : celui de la musique, élément important et typiquemen

1010 our illustrer ce point, d’un seul exemple : celui de la musique, élément important et typiquement européen de notre cultur

1011 usique, élément important et typiquement européen de notre culture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musiq

1012 lture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe : elle naît et se constitue au xiiie siècle dan

1013 constitue au xiiie siècle dans un certain nombre de cités du Nord et du Centre de la péninsule italienne, en Provence, pu

1014 s un certain nombre de cités du Nord et du Centre de la péninsule italienne, en Provence, puis en Île-de-France. Des cités

1015 cités flamandes, le long du grand axe commercial de la Renaissance, reliant Venise à Bruges. Une école nouvelle s’épanoui

1016 ogne, et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreuses découvertes. Plus tard, les Allemands et les Autrichie

1017 italiens. Bach copie avec application des œuvres de Vivaldi. Au xixe siècle, le centre de gravité de la musique européen

1018 des œuvres de Vivaldi. Au xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniq

1019 de Vivaldi. Au xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovr

1020 s maîtres allemands que les premiers compositeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début du xx

1021 emands que les premiers compositeurs de Moscou et de Saint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début du xxe siècle, pl

1022 le, en imposant leurs œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies,

1023 e, traversent avec une glorieuse indifférence des dizaines de nos frontières nationales actuelles. Elles relient des cités, des

1024 sent avec une glorieuse indifférence des dizaines de nos frontières nationales actuelles. Elles relient des cités, des foy

1025 es actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas des nations. Ce que l’on nomme parf

1026 me parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’ un musicien ou d’un peintre, c’est simplement l’école locale dans laqu

1027 nt la Renaissance, la « nation » d’un musicien ou d’ un peintre, c’est simplement l’école locale dans laquelle il s’est for

1028 ment l’école locale dans laquelle il s’est formé. D’ où vient alors cette illusion d’optique dont je parlais, cette croyanc

1029 e il s’est formé. D’où vient alors cette illusion d’ optique dont je parlais, cette croyance si rarement mise en doute depu

1030 en doute depuis un siècle environ, en l’existence de « cultures nationales » ? C’est avant tout le fait de la langue qui l

1031  cultures nationales » ? C’est avant tout le fait de la langue qui l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se r

1032 française. Mais celle-ci n’est pas une propriété de la nation française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle ne fut im

1033 été de la nation française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 15

1034 de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’aujourd’hui s

1035 fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’aujourd’hui sept ou huit langues dif

1036 çois Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’ aujourd’hui sept ou huit langues différentes : l’allemand, le flamand,

1037 parle encore dans la France d’aujourd’hui sept ou huit langues différentes : l’allemand, le flamand, le breton, le basque, l

1038 talien et l’arabe. Et l’on parle le français dans quatre autres nations. De même, l’allemand ne saurait définir une « culture

1039 « culture nationale » étant la langue maternelle de populations qui vivent dans sept ou huit nations différentes. Il faut

1040 maternelle de populations qui vivent dans sept ou huit nations différentes. Il faut donc commencer par faire violence aux ré

1041 à coïncider approximativement avec les frontières d’ une de nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à

1042 cider approximativement avec les frontières d’une de nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à elle s

1043 une culture : elle n’est guère qu’un des éléments de la culture en général. Or tous les autres éléments : la religion, la

1044 nt indépendants des langues modernes, et ne sont, de toute évidence, pas réductibles à des cadres nationaux. « Qu’as-tu qu

1045 eut donc dire la culture européenne à chacune des vingt-quatre nations qui ont découpé leur État dans le corps de ce continent. I

1046 e nations qui ont découpé leur État dans le corps de ce continent. III Or il se trouve que les Suisses sont, ou devr

1047 coupé leur État dans le corps de ce continent. III Or il se trouve que les Suisses sont, ou devraient être, préservés

1048 ou devraient être, préservés mieux que les autres de l’illusion des « cultures nationales », du seul fait de la compositio

1049 llusion des « cultures nationales », du seul fait de la composition linguistique si variée de leur État. Nous sommes en me

1050 eul fait de la composition linguistique si variée de leur État. Nous sommes en mesure de savoir mieux que les autres que l

1051 que si variée de leur État. Nous sommes en mesure de savoir mieux que les autres que la vie culturelle de nos régions et d

1052 savoir mieux que les autres que la vie culturelle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, don

1053 es autres que la vie culturelle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, donc politiques, mais

1054 elle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, donc politiques, mais se rattache directement à

1055 pe », comme les villes libres au Moyen Âge et nos trois cantons primitifs furent déclarés « immédiats à l’Empire », Reichs un

1056 », Reichs unmittelbar, et c’était là une garantie de liberté contre les princes de l’époque — nous dirions aujourd’hui : c

1057 ait là une garantie de liberté contre les princes de l’époque — nous dirions aujourd’hui : contre les États-nations. L’uni

1058 s aujourd’hui : contre les États-nations. L’unité de base étant de la sorte identifiée, la question qui se pose est de sav

1059 : contre les États-nations. L’unité de base étant de la sorte identifiée, la question qui se pose est de savoir comment ce

1060 la sorte identifiée, la question qui se pose est de savoir comment certaines cités ou certaines régions parviennent à se

1061 nds se différencient des Français, ou en tout cas de l’image convenue que l’État français nous donne depuis cent ans de la

1062 ge convenue que l’État français nous donne depuis cent ans de la « culture française », bien que nous parlions à peu près la

1063 ue que l’État français nous donne depuis cent ans de la « culture française », bien que nous parlions à peu près la même l

1064 lions à peu près la même langue, je trouve ceci : 1° la culture, dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et n’a jamais é

1065 ’est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la culture vit chez nous dans de petits comp

1066 à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments nat

1067 n’a jamais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments naturels ou his

1068 ance de l’État ; 2° la culture vit chez nous dans de petits compartiments naturels ou historiques, qui n’ont jamais été un

1069 l, comme ce fut le cas des provinces françaises ; 3° nous sommes de vieilles républiques — même Neuchâtel, en dépit de ses

1070 le cas des provinces françaises ; 3° nous sommes de vieilles républiques — même Neuchâtel, en dépit de ses princes — fond

1071 — fondées sur une large autonomie des communes ; 4° le protestantisme est dominant en Suisse romande ; il détermine en gr

1072 rémonies — à moins que son adoption n’ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela revient au même ; 5° nous ne

1073 pérament particulier, mais cela revient au même ; 5° nous ne sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous somme

1074 à nous-mêmes, j’entends : pour illustrer, au plan de la culture, nos raisons d’être, pour légitimer notre accent particuli

1075 our illustrer, au plan de la culture, nos raisons d’ être, pour légitimer notre accent particulier, pour nous exprimer d’un

1076 imer notre accent particulier, pour nous exprimer d’ une manière authentique et non pas empruntée, imitée ? Je ne crois guè

1077 empruntée, imitée ? Je ne crois guère aux mesures de « défense » qu’on nous propose périodiquement : défense contre l’infl

1078 d’autre part. La défensive n’est pas une attitude de créateurs, et la culture est d’abord création, avant d’être héritage,

1079 ateurs, et la culture est d’abord création, avant d’ être héritage, ou enseignement. Si nous voulons rester nous-mêmes, con

1080 nuons en toute confiance, curiosité, et ouverture d’ esprit, à vivre en symbiose permanente avec l’ensemble de la culture e

1081 t, à vivre en symbiose permanente avec l’ensemble de la culture européenne. Nos meilleurs auteurs (pour ne prendre que cet

1082 isqu’il est lié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) ont été nos me

1083 ousseau, Constant, Mme de Staël dans le passé, et de nos jours, parmi nos aînés, Robert de Traz, Charles-Albert Cingria, G

1084 pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture européenne, germanique et anglo-saxonne autant que françai

1085 ans s’arrêter à ces barrages ou à ces faux relais de paresse que représentent ailleurs les cultures soi-disant « nationale

1086 l’on reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses romands, si profondes qu’aient été leurs différences de doctr

1087 ands, si profondes qu’aient été leurs différences de doctrine, d’esthétique ou de tempérament ? Certains citeront alors Ra

1088 ondes qu’aient été leurs différences de doctrine, d’ esthétique ou de tempérament ? Certains citeront alors Ramuz, à titre

1089 té leurs différences de doctrine, d’esthétique ou de tempérament ? Certains citeront alors Ramuz, à titre d’argument massu

1090 pérament ? Certains citeront alors Ramuz, à titre d’ argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler que ce gran

1091 d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Paris, mais au

1092 ppeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis des romanciers russes, e

1093 st formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il se voulait

1094 ole de Cézanne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il se voulait un pur Vaudois, séparatiste (car c’était là le

1095 is, séparatiste (car c’était là le véritable sens de son fédéralisme mal compris). Cette erreur l’a peut-être soutenu, com

1096 me il arrive, mais n’en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. IV À la question de savoir

1097 ut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. IV À la question de savoir ce que les Suisses romand

1098 onsable de certaines limitations de son œuvre. IV À la question de savoir ce que les Suisses romands peuvent apporte

1099 limitations de son œuvre. IV À la question de savoir ce que les Suisses romands peuvent apporter de meilleur à la c

1100 avoir ce que les Suisses romands peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds donc sans hésiter que c’est surtout

1101 nce du fédéralisme vécu. Nous n’avons pas produit de génies du premier ordre, à part Rousseau, mais beaucoup d’excellents

1102 du premier ordre, à part Rousseau, mais beaucoup d’ excellents ou même de grands esprits qui avaient ce sens, trop rare ch

1103 part Rousseau, mais beaucoup d’excellents ou même de grands esprits qui avaient ce sens, trop rare chez nos voisins. Cet a

1104 e revêt une importance particulière dans le monde de cette deuxième moitié du xxe siècle. Il symbolise et préfigure l’app

1105 u xxe siècle. Il symbolise et préfigure l’apport de l’Europe au tiers-monde, tout enfiévré par les virus nationalistes qu

1106 ise totalitaire ont propagés. L’apport spécifique de la Suisse étant le sens du fédéralisme, et ce sens étant lié, nous l’

1107 , et ce sens étant lié, nous l’avons vu, au génie de la culture en Europe, la question qui se pose maintenant est de savoi

1108 en Europe, la question qui se pose maintenant est de savoir comment nous saurons illustrer notre vocation décisive dans l’

1109 notre vocation décisive dans l’existence concrète de nos vies cantonales. Ici je rejoins le propos de l’entreprise très op

1110 de nos vies cantonales. Ici je rejoins le propos de l’entreprise très opportune qui nous réunit. Deux erreurs de méthode

1111 s de l’entreprise très opportune qui nous réunit. Deux erreurs de méthode menacent toute tentative de réveil culturel en Sui

1112 rise très opportune qui nous réunit. Deux erreurs de méthode menacent toute tentative de réveil culturel en Suisse romande

1113 Deux erreurs de méthode menacent toute tentative de réveil culturel en Suisse romande : l’esprit de clocher et l’esprit d

1114 e de réveil culturel en Suisse romande : l’esprit de clocher et l’esprit d’administration. L’esprit de clocher tend à conf

1115 Suisse romande : l’esprit de clocher et l’esprit d’ administration. L’esprit de clocher tend à confondre l’amour fédéralis

1116 de clocher et l’esprit d’administration. L’esprit de clocher tend à confondre l’amour fédéraliste de la diversité avec la

1117 t de clocher tend à confondre l’amour fédéraliste de la diversité avec la sauvegarde organisée, et si possible officielle,

1118 sauvegarde organisée, et si possible officielle, de nos particularismes les plus désuets. Il voudrait que chacune de nos

1119 arismes les plus désuets. Il voudrait que chacune de nos cités se suffise à elle-même dans tous les domaines : université,

1120 iversité, radio, publications, etc. Et plutôt que de reconnaître que cela n’est pas possible, en plus d’un cas, il pousse

1121 reconnaître que cela n’est pas possible, en plus d’ un cas, il pousse à préférer des solutions médiocres, mais « bien de c

1122 e à préférer des solutions médiocres, mais « bien de chez nous », aux avantages que pourrait procurer une coopération sans

1123 u pays. Votre congrès ayant pour premier objectif de surmonter cette tendance défensive, faussement traditionnelle et auta

1124 faussement traditionnelle et autarcique, inutile d’ insister sur ce point. Mais c’est une autre erreur, inverse de la prem

1125 ur ce point. Mais c’est une autre erreur, inverse de la première, qui ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation

1126 re erreur, inverse de la première, qui ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’activités qui par

1127 a première, qui ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’activités qui par essence, ne le sont pa

1128 vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’ activités qui par essence, ne le sont pas. Tout le secret du fédéralis

1129 . Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralis

1130 t du fédéralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui mar

1131 trop petites pour se payer chacune un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne

1132 ites pour que s’y développent à foison des écoles de peintres, des galeries d’exposition, des troupes d’acteurs, des group

1133 ent à foison des écoles de peintres, des galeries d’ exposition, des troupes d’acteurs, des groupes d’écrivains, voire des

1134 peintres, des galeries d’exposition, des troupes d’ acteurs, des groupes d’écrivains, voire des petites revues qui exprime

1135 d’exposition, des troupes d’acteurs, des groupes d’ écrivains, voire des petites revues qui expriment ces groupes avec l’i

1136 sont tout de même devenues des foyers rayonnants de créations du premier ordre. Et cela, je crois, pour les deux raisons

1137 ons du premier ordre. Et cela, je crois, pour les deux raisons suivantes : premièrement, la passion créatrice un peu folle d

1138 : premièrement, la passion créatrice un peu folle de jeunes gens qui se groupaient en écoles, autour d’un maître du métier

1139 e jeunes gens qui se groupaient en écoles, autour d’ un maître du métier ; secondement, le sens de la dépense magnifique, l

1140 tour d’un maître du métier ; secondement, le sens de la dépense magnifique, le goût de la nouveauté et du somptueux, qui c

1141 dement, le sens de la dépense magnifique, le goût de la nouveauté et du somptueux, qui caractérisent tant de princes et de

1142 u somptueux, qui caractérisent tant de princes et de grands marchands de l’époque. Il est trop clair qu’à l’absence de cet

1143 actérisent tant de princes et de grands marchands de l’époque. Il est trop clair qu’à l’absence de cette passion créatrice

1144 nds de l’époque. Il est trop clair qu’à l’absence de cette passion créatrice et de ce sens du mécénat, nul comité de coord

1145 lair qu’à l’absence de cette passion créatrice et de ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais reméd

1146 on créatrice et de ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire,

1147 e est faite par des passions individuelles et par de petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou ex

1148 les et par de petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités sont par définitio

1149 prudents et économes : leur rôle est normalement de rationaliser les activités dont ils s’occupent, pour les rendre plus

1150 es ou plus rentables. Mais la culture vivante vit d’ imprudence, et prospère dans le gaspillage des forces et des sommes. J

1151 s soyons encore, en Suisse romande, aux antipodes de ce climat d’excitation intellectuelle et artistique. Nos habitudes ut

1152 re, en Suisse romande, aux antipodes de ce climat d’ excitation intellectuelle et artistique. Nos habitudes utilitaires, no

1153 nitiatives hardies et protégeant en revanche trop de médiocrité pour peu qu’elles aient été un jour inscrites à quelque bu

1154 lles aient été un jour inscrites à quelque budget d’ État, et sous prétexte de répartition géographique équitable — ce qui

1155 éralisme — c’est tout cela qui mérite aujourd’hui d’ inquiéter les amis de la culture, et c’est aussi tout cela qui menace

1156 cela qui mérite aujourd’hui d’inquiéter les amis de la culture, et c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notr

1157 tre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons d’être » !

1158 nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons d’ être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’intéresser qu’au nivea

1159 os « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter

1160 ’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la culture en mendiante, de refuser de la faire participer à

1161 e matérielle, de traiter la culture en mendiante, de refuser de la faire participer à une prospérité économique sans précé

1162 e, de traiter la culture en mendiante, de refuser de la faire participer à une prospérité économique sans précédent. Nos r

1163 prospérité économique sans précédent. Nos raisons d’ être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiques. Le fédé

1164 économique sans précédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j

1165 s raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vous le montrer une fois de plus, vit des mêmes réalités spirituelles

1166 es, et prend ses sources dans les mêmes attitudes de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera pas l’un sans l’autre.

1167 era pas l’un sans l’autre. c. Rougemont Denis de , « Le fédéralisme et notre temps », Cahiers de l’Alliance culturelle

1168 is de, « Le fédéralisme et notre temps », Cahiers de l’Alliance culturelle romande, Genève, mars 1963, p. 15-19.

1169 rs de l’Alliance culturelle romande, Genève, mars 1963, p. 15-19.

1170 À propos de la culture européenne (avril 1963 )d e J’ai lu avec un étonnement croissant le petit article de M. Ch

1171 lu avec un étonnement croissant le petit article de M. Chiti-Batelli dans votre numéro de décembre. Je me demandais au dé

1172 tit article de M. Chiti-Batelli dans votre numéro de décembre. Je me demandais au début à quels « Européens » l’auteur s’e

1173 ’auteur s’en prenait, qui d’une part refuseraient de reconnaître les apports judaïque, chrétien et arabe, à la formation d

1174 ports judaïque, chrétien et arabe, à la formation de la culture européenne, d’autre part réduiraient l’Europe à l’anticomm

1175 hique mais « géographique ». N’ayant jamais connu d’ « Européens » à ce point illettrés et fanatiques, j’attendais avec cur

1176 t ses publications qui sont « l’exemple typique » de l’altitude visée. Le CEC se livrerait donc à « l’effort vain et absur

1177 EC se livrerait donc à « l’effort vain et absurde de présenter une culture européenne unitaire » ; il nierait que l’Europe

1178 ionalisme culturel » au nom d’un « anticommunisme de type maccarthyste ». Si vos lecteurs prennent la peine de se reporter

1179 maccarthyste ». Si vos lecteurs prennent la peine de se reporter à l’une quelconque des publications du CEC (l’un de nos 5

1180 à l’une quelconque des publications du CEC (l’un de nos 52 bulletins , ou à Vingt-huit siècles d’Europe , ou le Dialog

1181 e quelconque des publications du CEC (l’un de nos 52 bulletins , ou à Vingt-huit siècles d’Europe , ou le Dialogue des

1182 cations du CEC (l’un de nos 52 bulletins , ou à Vingt-huit siècles d’Europe , ou le Dialogue des cultures ou Les Chances de l

1183 n de nos 52 bulletins , ou à Vingt-huit siècles d’ Europe , ou le Dialogue des cultures ou Les Chances de l’Europe , e

1184 e , ou le Dialogue des cultures ou Les Chances de l’Europe , etc.), ils partageront notre stupeur. M. Chiti-Batelli acc

1185 ont notre stupeur. M. Chiti-Batelli accuse le CEC d’ un « défaut capital d’esprit critique » qui « vicie » ses travaux. Que

1186 Chiti-Batelli accuse le CEC d’un « défaut capital d’ esprit critique » qui « vicie » ses travaux. Quelle est donc sa méthod

1187 daïsme ou le christianisme, quand nous ne cessons d’ écrire qu’avec Rome et Athènes ils sont les éléments fondamentaux de n

1188 ome et Athènes ils sont les éléments fondamentaux de notre culture, à nous opposer ma propre définition de l’Europe comme

1189 otre culture, à nous opposer ma propre définition de l’Europe comme « patrie des contradictions », etc. Bref, la méthode c

1190 contradictions », etc. Bref, la méthode critique de votre auteur consiste à lire à rebours tous nos écrits, et non pas à

1191 urs tous nos écrits, et non pas à les interpréter d’ une manière qui pourrait prêter à discussion, mais à les falsifier rad

1192 y ait une tradition « européenne » du fascisme et de ses procédés, comme le rappelle votre auteur — non sans une évidente

1193 dente Schadenfreude — c’est indéniable. Il y a eu de tout en Europe, de la sottise aussi, autant qu’ailleurs. La seule que

1194 — c’est indéniable. Il y a eu de tout en Europe, de la sottise aussi, autant qu’ailleurs. La seule question qu’on se pose

1195 qu’ailleurs. La seule question qu’on se pose est de savoir quelles sont les traditions qui doivent collaborer à notre « E

1196 formation », et à la vôtre. d. Rougemont Denis de , « À propos de la culture européenne », L’Europe en formation, Nice,

1197 européenne », L’Europe en formation, Nice, avril 1963, p. 20. e. Introduit par la note suivante : « À la suite de l’article

1198 ne culture européenne ?” publié dans notre numéro de décembre, nous avons reçu la lettre suivante de Denis de Rougemont, d

1199 o de décembre, nous avons reçu la lettre suivante de Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture. »

1200 Orientations vers une Europe fédérale ( 10 mai 1963)f I. La puissance ou la liberté ? L’union de l’Europ

1201 Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963 )f I. La puissance ou la liberté ? L’union de l’Europe ne pour

1202 ions vers une Europe fédérale (10 mai 1963)f I . La puissance ou la liberté ? L’union de l’Europe ne pourra se fai

1203 f I. La puissance ou la liberté ? L’union de l’Europe ne pourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est

1204 aire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est pas de volonté sans but, sans quelque utopie directrice, imaginée, vue par l

1205 rice, imaginée, vue par l’esprit, et comme saisie d’ avance par sa passion maîtresse. Or, parmi les passions fondamentales

1206 mentales les mieux partagées en Europe, il en est deux qui me paraissent les plus propres à motiver chez l’homme soucieux de

1207 les plus propres à motiver chez l’homme soucieux de la chose publique la conception d’un but lointain, la vision d’un ave

1208 homme soucieux de la chose publique la conception d’ un but lointain, la vision d’un avenir politique au sens large : et ce

1209 blique la conception d’un but lointain, la vision d’ un avenir politique au sens large : et ce sont le besoin de puissance

1210 ir politique au sens large : et ce sont le besoin de puissance et le besoin de liberté. Le premier porte à vouloir des rég

1211  : et ce sont le besoin de puissance et le besoin de liberté. Le premier porte à vouloir des régimes unitaires, centralisé

1212 ois simples et mécaniques, réglant tout le détail de l’existence : régimes totalitaires à la limite. Le second porte à dés

1213 viennent, ménageant les complexités et l’imprévu de l’existence ; régimes dont l’anarchie serait la limite, en prenant le

1214 tendu, ne furent jamais atteintes dans l’histoire de l’Europe. Mais en chemin vers la première, nous trouvons le règne de

1215 n chemin vers la première, nous trouvons le règne de Louis XIV, la doctrine des jacobins, le national-socialisme, le marxi

1216 marxisme-léninisme, le stalinisme et les devises de ces régimes : « Une foi, une loi, un roi », « Ein Volk, ein Reich, ei

1217 prison ». En proclamant que « le coup électrique de la Raison » doit se transmettre instantanément de Paris jusqu’à toute

1218 de la Raison » doit se transmettre instantanément de Paris jusqu’à toutes les extrémités du territoire national, Anarchars

1219 l’utopie unitaire, que la technique met à portée de nos mains. En chemin vers l’autre limite ou utopie, celle d’un plural

1220 s. En chemin vers l’autre limite ou utopie, celle d’ un pluralisme intégral, nous trouvons le régime féodal mais aussi les

1221 les brèves flambées du communisme anabaptiste ou de l’anarcho-syndicalisme. Ni l’une ni l’autre des deux tendances n’a ja

1222 e l’anarcho-syndicalisme. Ni l’une ni l’autre des deux tendances n’a jamais été isolée à l’état pur et portée dans la réalit

1223 ous. L’Européen normal vit quelque part entre les deux extrémités, et ainsi tient de toutes les deux. Mais on remarque, chez

1224 ue part entre les deux extrémités, et ainsi tient de toutes les deux. Mais on remarque, chez les initiateurs des mouvement

1225 les deux extrémités, et ainsi tient de toutes les deux . Mais on remarque, chez les initiateurs des mouvements de pensée et d

1226 on remarque, chez les initiateurs des mouvements de pensée et d’action politique, des dispositions dominantes qui détermi

1227 chez les initiateurs des mouvements de pensée et d’ action politique, des dispositions dominantes qui déterminent nettemen

1228 rces vives à faire jouer ; l’un se soucie d’abord de la stabilité, l’autre plutôt de la fluidité ; l’un fait confiance aux

1229 se soucie d’abord de la stabilité, l’autre plutôt de la fluidité ; l’un fait confiance aux règlements et aux décrets, l’au

1230 aux règlements et aux décrets, l’autre aux règles d’ action commune et aux méthodes. Mais la volonté ou l’initiative d’un

1231 et aux méthodes. Mais la volonté ou l’initiative d’ un seul n’aurait aucune chance de succès si elle ne rencontrait dans l

1232 ou l’initiative d’un seul n’aurait aucune chance de succès si elle ne rencontrait dans les masses des prédispositions de

1233 asses des prédispositions de même nature, quoique de signe inverse : la volonté de puissance d’un dictateur réussit dans l

1234 ême nature, quoique de signe inverse : la volonté de puissance d’un dictateur réussit dans la mesure exacte où elle rencon

1235 uoique de signe inverse : la volonté de puissance d’ un dictateur réussit dans la mesure exacte où elle rencontre et satisf

1236 encontre et satisfait un besoin largement partagé de subir la puissance d’un autre, d’être commandé, d’obéir, donc d’être

1237 un besoin largement partagé de subir la puissance d’ un autre, d’être commandé, d’obéir, donc d’être libéré de sa propre li

1238 rgement partagé de subir la puissance d’un autre, d’ être commandé, d’obéir, donc d’être libéré de sa propre liberté. Et de

1239 e subir la puissance d’un autre, d’être commandé, d’ obéir, donc d’être libéré de sa propre liberté. Et de même, l’initiati

1240 ssance d’un autre, d’être commandé, d’obéir, donc d’ être libéré de sa propre liberté. Et de même, l’initiative d’un animat

1241 tre, d’être commandé, d’obéir, donc d’être libéré de sa propre liberté. Et de même, l’initiative d’un animateur sans pouvo

1242 ré de sa propre liberté. Et de même, l’initiative d’ un animateur sans pouvoir contraignant n’est féconde que dans la mesur

1243 le éveille et libère chez beaucoup la possibilité de s’affirmer, de se charger de ses propres responsabilités, et donc d’a

1244 ibère chez beaucoup la possibilité de s’affirmer, de se charger de ses propres responsabilités, et donc d’actualiser à son

1245 ucoup la possibilité de s’affirmer, de se charger de ses propres responsabilités, et donc d’actualiser à son échelle sa vo

1246 e charger de ses propres responsabilités, et donc d’ actualiser à son échelle sa volonté de puissance personnelle. Parmi le

1247 és, et donc d’actualiser à son échelle sa volonté de puissance personnelle. Parmi les hommes que le souci de la chose publ

1248 ssance personnelle. Parmi les hommes que le souci de la chose publique conduit à prendre part à l’élaboration des plans d’

1249 conduit à prendre part à l’élaboration des plans d’ avenir européen, je vois deux types intermédiaires, entre ceux que l’o

1250 ’élaboration des plans d’avenir européen, je vois deux types intermédiaires, entre ceux que l’on vient de caractériser : je

1251 rofesseur. Ils ont en commun une volonté déclarée d’ objectivité (technique ou scientifique), et une méfiance affichée à l’

1252 s qui prédéterminent visiblement les opinions des deux autres types. Mais peut-être s’agit-il d’un double refoulement. Chez

1253 s des deux autres types. Mais peut-être s’agit-il d’ un double refoulement. Chez le manager, la volonté de puissance ne se

1254 n double refoulement. Chez le manager, la volonté de puissance ne se traduit que d’une manière abstraite, en termes d’orga

1255 anager, la volonté de puissance ne se traduit que d’ une manière abstraite, en termes d’organisation sans défaut, et par le

1256 ermes d’organisation sans défaut, et par le souci d’ éliminer l’imprévu, l’improvisation, l’excès de « jeu » dans les rouag

1257 ci d’éliminer l’imprévu, l’improvisation, l’excès de « jeu » dans les rouages ; l’idée de liberté se trouvant obscurément

1258 ion, l’excès de « jeu » dans les rouages ; l’idée de liberté se trouvant obscurément assimilée à celle d’atteinte aux droi

1259 liberté se trouvant obscurément assimilée à celle d’ atteinte aux droits acquis, fussent-ils les souverainetés traditionnel

1260 , de plus en plus incompatibles avec les libertés de la personne… Bornons là cette esquisse caractérologique des faiseurs

1261 s là cette esquisse caractérologique des faiseurs d’ utopies et de plans, et de leurs critiques : elle reste à écrire, on l

1262 quisse caractérologique des faiseurs d’utopies et de plans, et de leurs critiques : elle reste à écrire, on le voit. Il m’

1263 érologique des faiseurs d’utopies et de plans, et de leurs critiques : elle reste à écrire, on le voit. Il m’importait seu

1264 te à écrire, on le voit. Il m’importait seulement de situer ma position, c’est-à-dire mon option très nettement pluraliste

1265 seuil des considérations qui suivent sur l’avenir d’ une Europe unie. ⁂ II. L’attitude fédéraliste L’attitude fédéral

1266 qui suivent sur l’avenir d’une Europe unie. ⁂ II . L’attitude fédéraliste L’attitude fédéraliste est celle qui condu

1267 ne serait donc : — ni totalement unifiée autour d’ un centre, — ni simplement liée par l’alliance temporaire d’une vingta

1268 e, — ni simplement liée par l’alliance temporaire d’ une vingtaine d’États absolument souverains, — mais dotée d’un pouvoir

1269 nt liée par l’alliance temporaire d’une vingtaine d’ États absolument souverains, — mais dotée d’un pouvoir supérieur aux n

1270 taine d’États absolument souverains, — mais dotée d’ un pouvoir supérieur aux nations, fortement établi au bénéfice des aut

1271 ure du cercle aux yeux de la logique rationaliste de nos pères. En revanche, elle apparaît conforme à la logique déduite d

1272 de moitié du xxe siècle. Mais en fait, le projet d’ une Europe fédérale est antérieur à ces deux stades récents de notre a

1273 projet d’une Europe fédérale est antérieur à ces deux stades récents de notre aventure intellectuelle, et il en demeure ind

1274 fédérale est antérieur à ces deux stades récents de notre aventure intellectuelle, et il en demeure indépendant. (Le prem

1275 t véritablement la projection au plan continental d’ une notion de l’homme dans la cité qui est constitutive de l’Europe, e

1276 nt la projection au plan continental d’une notion de l’homme dans la cité qui est constitutive de l’Europe, et sans laquel

1277 tion de l’homme dans la cité qui est constitutive de l’Europe, et sans laquelle nos sciences et nos logiques ne seraient p

1278 u n’auraient pas eu lieu. Lors du premier congrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui se tint à Montreux en 1947,

1279 éenne des fédéralistes, qui se tint à Montreux en 1947, j’avais tenté de situer à grands traits cette idée de l’homo europaeu

1280 es, qui se tint à Montreux en 1947, j’avais tenté de situer à grands traits cette idée de l’homo europaeus dans la conjonc

1281 ’avais tenté de situer à grands traits cette idée de l’homo europaeus dans la conjoncture politique d’où allait naître le

1282 de l’homo europaeus dans la conjoncture politique d’ où allait naître le Mouvement européen. S’agissant de reprendre ici la

1283 ù allait naître le Mouvement européen. S’agissant de reprendre ici la description de l’ensemble du projet, je me vois rame

1284 opéen. S’agissant de reprendre ici la description de l’ensemble du projet, je me vois ramené, inévitablement, à son point

1285 t, je me vois ramené, inévitablement, à son point de départ, qui est l’homme de notre Europe, redéfini dans les catégories

1286 tablement, à son point de départ, qui est l’homme de notre Europe, redéfini dans les catégories concrètes du présent. Tou

1287 sent. Toute politique implique une certaine idée de l’homme, et contribue à promouvoir un certain type d’humanité, qu’on

1288 ’homme, et contribue à promouvoir un certain type d’ humanité, qu’on le veuille ou non, qu’on le sache ou non. Quelle est d

1289 on le sache ou non. Quelle est donc la définition de l’homme sur laquelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire

1290 s ne serions pas ici si nous pensions que le type d’ homme le plus souhaitable est l’individu isolé, dégagé de toute respon

1291 le plus souhaitable est l’individu isolé, dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de la communauté. Car, dans ce cas, no

1292 ldat politique, totalement absorbé par le service de la communauté. Car alors nous serions de l’autre côté du rideau de fe

1293 service de la communauté. Car alors nous serions de l’autre côté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous somme

1294 Car alors nous serions de l’autre côté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous sommes ici, c’est que nous savo

1295 rendre chaque individu plus libre dans l’exercice de sa vocation. L’homme est donc à la fois libre et engagé, à la fois au

1296 me et solidaire. Il vit dans la tension entre ces deux pôles : le particulier et le général ; entre ces deux responsabilités

1297 pôles : le particulier et le général ; entre ces deux responsabilités : sa vocation et la cité ; entre ces deux amours : ce

1298 ponsabilités : sa vocation et la cité ; entre ces deux amours : celui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il doit à son pro

1299 permanent, c’est la personne. Voilà donc définis trois types humains, qui favorisent trois types différents de régimes polit

1300 donc définis trois types humains, qui favorisent trois types différents de régimes politiques, et sont en retour favorisés p

1301 es humains, qui favorisent trois types différents de régimes politiques, et sont en retour favorisés par eux. À l’homme co

1302 erté. Car la personne, c’est l’homme réel, et les deux autres ne sont que des déviations morbides, des démissions de l’human

1303 sont que des déviations morbides, des démissions de l’humanité complète. La personne n’est pas à mi-chemin entre la peste

1304 le représente la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de s

1305 lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie. Et, de même, le fédéralisme ne naîtra jama

1306 oie. Et, de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’ un habile dosage d’anarchie et de dictature, de particularisme borné e

1307 e fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dosage d’ anarchie et de dictature, de particularisme borné et de centralisation

1308 ne naîtra jamais d’un habile dosage d’anarchie et de dictature, de particularisme borné et de centralisation oppressive. L

1309 is d’un habile dosage d’anarchie et de dictature, de particularisme borné et de centralisation oppressive. Le fédéralisme

1310 rchie et de dictature, de particularisme borné et de centralisation oppressive. Le fédéralisme est sur un autre plan que c

1311 ive. Le fédéralisme est sur un autre plan que ces deux erreurs complémentaires. Chacun sait que l’individualisme outré fait

1312 dualisme outré fait le lit du collectivisme : ces deux extrêmes, eux, sont dans le même plan, se conditionnent et s’appellen

1313 contrent les dictateurs sont au contraire le fait de groupes de citoyens responsables, c’est-à-dire des personnes fédérées

1314 s dictateurs sont au contraire le fait de groupes de citoyens responsables, c’est-à-dire des personnes fédérées.2 On voi

1315 des personnes fédérées.2 On voit que le passage de la personne au fédéralisme s’opère tout naturellement, et presque irr

1316 sistiblement, le second n’étant que la projection de la première au plan politique, en ce sens précis que les éléments ant

1317 leur composition dans la personne sont homologues de ceux qui trouvent leur composition dans le fédéralisme : ici l’indivi

1318 que ; et enfin les vertus sont les mêmes dans les deux cas : liberté et responsabilité composées, quand l’équilibre vivant e

1319 ue ne pouvant d’ailleurs être maintenu qu’au prix d’ une vigilance toujours alertée, de rétablissements, ajustements, réarr

1320 tenu qu’au prix d’une vigilance toujours alertée, de rétablissements, ajustements, réarrangements, inventions et créations

1321 al compassées » comme dit Descartes. C’est un art de composer, quand il s’agit d’élaborer une constitution et des lois, et

1322 cartes. C’est un art de composer, quand il s’agit d’ élaborer une constitution et des lois, et une méthode de pilotage quan

1323 orer une constitution et des lois, et une méthode de pilotage quand il s’agit de gouverner entre le Charybde de l’anarchie

1324 lois, et une méthode de pilotage quand il s’agit de gouverner entre le Charybde de l’anarchie des particularismes et le S

1325 ge quand il s’agit de gouverner entre le Charybde de l’anarchie des particularismes et le Scylla de la centralisation tota

1326 de de l’anarchie des particularismes et le Scylla de la centralisation totalitaire. Cet art et cette méthode ne vont pas s

1327 vées, sans secrets du métier, mais il serait vain d’ en faire un traité théorique. Plutôt que d’essayer de les déduire dans

1328 t vain d’en faire un traité théorique. Plutôt que d’ essayer de les déduire dans l’abstrait, observons des exemples réussis

1329 n faire un traité théorique. Plutôt que d’essayer de les déduire dans l’abstrait, observons des exemples réussis de fédéra

1330 e dans l’abstrait, observons des exemples réussis de fédérations politiques — les États-Unis et la Suisse. Bien que ces ré

1331 la Suisse. Bien que ces régimes se soient formés d’ une manière empirique, tout se passe comme si les hommes d’État et les

1332 ix du renoncement formel et vigilant à toute idée d’ hégémonie organisatrice, exercée par l’une des nations composantes. La

1333 aire — et d’ailleurs partagée par certains hommes d’ États européens — selon laquelle une fédération ne peut être que l’œuv

1334 laquelle une fédération ne peut être que l’œuvre d’ un tout-puissant « fédérateur » (potentat ou État), n’est confirmée pa

1335 tifs. Mais qu’un État ou une coalition, disposant de l’hégémonie, décident expressément d’y renoncer au profit d’ensemble

1336 , disposant de l’hégémonie, décident expressément d’ y renoncer au profit d’ensemble plus vaste, c’est-à-dire déposent leur

1337 nie, décident expressément d’y renoncer au profit d’ ensemble plus vaste, c’est-à-dire déposent leur surplus de moyens tech

1338 le plus vaste, c’est-à-dire déposent leur surplus de moyens techniques et de richesses dans une caisse commune, ils agisse

1339 ire déposent leur surplus de moyens techniques et de richesses dans une caisse commune, ils agissent alors en fondateurs d

1340 caisse commune, ils agissent alors en fondateurs d’ une fédération. Ne mérite donc le titre de fédérateur que le groupe, o

1341 dateurs d’une fédération. Ne mérite donc le titre de fédérateur que le groupe, ou l’État, ou la communauté d’États, ou le

1342 rateur que le groupe, ou l’État, ou la communauté d’ États, ou le parti politique, qui agit comme catalyseur de volontés li

1343 ou le parti politique, qui agit comme catalyseur de volontés libres, comme maître de sagesse, ou comme inventeur, proposa

1344 comme catalyseur de volontés libres, comme maître de sagesse, ou comme inventeur, proposant une vision qui se trouve corre

1345 e trouve correspondre à la fois aux besoins réels d’ une communauté en puissance, et à des solutions qui figurent l’optimum

1346 gurent l’optimum entre les maxima contradictoires de la liberté individuelle et de la solidarité sociale. L’histoire suiss

1347 ima contradictoires de la liberté individuelle et de la solidarité sociale. L’histoire suisse illustre à l’envi ce process

1348 L’histoire suisse illustre à l’envi ce processus de création fédéraliste par négation de toute hégémonie. Chaque fois qu

1349 ce processus de création fédéraliste par négation de toute hégémonie. Chaque fois qu’un des cantons plus riche ou plus pe

1350 peuplé que les autres, comme Zurich, ou un groupe de cantons coalisés au nom de leurs intérêts particuliers, ou de leur id

1351 oalisés au nom de leurs intérêts particuliers, ou de leur idéologie, a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se sont

1352 Lors de la dernière crise grave, la guerre civile de 1847 opposant catholiques et protestants (le Sonderbund ou « Alliance

1353 s de la dernière crise grave, la guerre civile de 1847 opposant catholiques et protestants (le Sonderbund ou « Alliance sépa

1354 ez analogue à la « Sécession » des États sudistes de l’Amérique), les vainqueurs n’ont eu rien de plus pressé que de rendr

1355 , les vainqueurs n’ont eu rien de plus pressé que de rendre aux vaincus leur pleine égalité de droits. Et de cet acte de r

1356 ssé que de rendre aux vaincus leur pleine égalité de droits. Et de cet acte de renoncement à l’hégémonie conquise, a résul

1357 dre aux vaincus leur pleine égalité de droits. Et de cet acte de renoncement à l’hégémonie conquise, a résulté la Constitu

1358 cus leur pleine égalité de droits. Et de cet acte de renoncement à l’hégémonie conquise, a résulté la Constitution de 1848

1359 à l’hégémonie conquise, a résulté la Constitution de 1848, base de notre État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse

1360 ’hégémonie conquise, a résulté la Constitution de 1848, base de notre État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse ne ver

1361 conquise, a résulté la Constitution de 1848, base de notre État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse ne verra jamai

1362 fiance certains « grands » s’arroger l’initiative d’ une fédération continentale ou mondiale. L’échec de Napoléon, puis cel

1363 ’une fédération continentale ou mondiale. L’échec de Napoléon, puis celui d’Hitler, dans leurs tentatives pour faire l’uni

1364 tale ou mondiale. L’échec de Napoléon, puis celui d’ Hitler, dans leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe, sont des

1365 ’Hitler, dans leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe, sont des avertissements utiles. Ils nous confirment dans l’

1366 nt conduire qu’à l’unification forcée, caricature de l’union véritable. Deuxième principe. Le fédéralisme ne peut naître

1367 e ne peut naître que du renoncement à tout esprit de système idéologique ou technocratique. Ce que je viens de dire au suj

1368 ue je viens de dire au sujet de l’impérialisme ou de l’hégémonie d’une nation vaut également pour l’impérialisme d’une idé

1369 dire au sujet de l’impérialisme ou de l’hégémonie d’ une nation vaut également pour l’impérialisme d’une idéologie. On pour

1370 e d’une nation vaut également pour l’impérialisme d’ une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un ref

1371 fédéraliste comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systématiques, aux plans simples de lignes, cl

1372 ir aux solutions systématiques, aux plans simples de lignes, clairs et satisfaisants pour la logique, mais par là même inf

1373 destructeurs des diversités qui sont la condition de toute vie organique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce n’est pa

1374 tre en ordre d’après un plan géométrique à partir d’ un centre ou d’un axe ; fédérer, c’est tout simplement arranger ensemb

1375 après un plan géométrique à partir d’un centre ou d’ un axe ; fédérer, c’est tout simplement arranger ensemble, composer ce

1376 s caractères particuliers, qu’il s’agit à la fois de respecter, et d’articuler dans un tout. Troisième principe. Le fédér

1377 iculiers, qu’il s’agit à la fois de respecter, et d’ articuler dans un tout. Troisième principe. Le fédéralisme ne connaît

1378 Troisième principe. Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi,

1379 des États membres, qui y délèguent le même nombre de représentants quelle que soit leur population. Mais le jeu des minori

1380 qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’ élection du Conseil des États (deux députés par canton), mais surtout,

1381 ent dans le mode d’élection du Conseil des États ( deux députés par canton), mais surtout, et d’une manière beaucoup plus eff

1382 États (deux députés par canton), mais surtout, et d’ une manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de la vie politi

1383 manière beaucoup plus efficace, dans les coutumes de la vie politique et culturelle, où l’on voit la Suisse romande et la

1384 nne jouer un rôle sans proportion avec le chiffre de leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. Quatrième principe. L

1385 proportion avec le chiffre de leurs habitants ou de leurs kilomètres carrés. Quatrième principe. La fédération n’a pas p

1386 uatrième principe. La fédération n’a pas pour but d’ effacer les diversités et de fondre toutes les nations en un seul bloc

1387 tion n’a pas pour but d’effacer les diversités et de fondre toutes les nations en un seul bloc, mais, au contraire, de sau

1388 les nations en un seul bloc, mais, au contraire, de sauvegarder leurs qualités propres. La richesse de l’Europe et l’esse

1389 e sauvegarder leurs qualités propres. La richesse de l’Europe et l’essence même de sa culture seraient perdues si l’on ten

1390 ropres. La richesse de l’Europe et l’essence même de sa culture seraient perdues si l’on tentait d’unifier le continent, d

1391 me de sa culture seraient perdues si l’on tentait d’ unifier le continent, de tout y mélanger, et d’obtenir une sorte de na

1392 t perdues si l’on tentait d’unifier le continent, de tout y mélanger, et d’obtenir une sorte de nation européenne où Latin

1393 it d’unifier le continent, de tout y mélanger, et d’ obtenir une sorte de nation européenne où Latins et Germains, Slaves e

1394 inent, de tout y mélanger, et d’obtenir une sorte de nation européenne où Latins et Germains, Slaves et Anglo-Saxons, Scan

1395 ois et coutumes, qui ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes ; et qui les brimerait tous. L’attitude fédéraliste veut

1396 veut une maîtrise du divers, comme tout art. Art de la composition, elle requiert à la fois et en même temps la vivacité

1397 ntrastes et leur harmonisation. Prenons l’exemple d’ une œuvre picturale : il n’y aurait pas d’harmonie possible, dans un t

1398 exemple d’une œuvre picturale : il n’y aurait pas d’ harmonie possible, dans un tableau, sans contrastes de couleurs et san

1399 rmonie possible, dans un tableau, sans contrastes de couleurs et sans nuances complexes ; de même que sans une vision d’en

1400 s nuances complexes ; de même que sans une vision d’ ensemble (celle de l’artiste) et hors de l’unité du tableau, il n’y au

1401 s ; de même que sans une vision d’ensemble (celle de l’artiste) et hors de l’unité du tableau, il n’y aurait pas de contra

1402 et hors de l’unité du tableau, il n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la simple juxtapos

1403 s tons, il n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien mis en ordre dans leur boîte. Pour que

1404 l n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien mis en ordre dans leur boîte. Pour que la qualit

1405 dans leur boîte. Pour que la qualité particulière d’ un rouge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit

1406 avec des verts, par exemple, dans l’unité globale d’ une œuvre au sein de laquelle s’opèrent alors mille échanges d’une inf

1407 e d’une œuvre au sein de laquelle s’opèrent alors mille échanges d’une infinie complexité. Le totalitaire, lui, trouve plus s

1408 u sein de laquelle s’opèrent alors mille échanges d’ une infinie complexité. Le totalitaire, lui, trouve plus simple et plu

1409 litaire, lui, trouve plus simple et plus efficace de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce

1410 toutes les couleurs, ce qui aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistre mémoire. Et

1411 e de brun, celui des chemises brunes par exemple, de sinistre mémoire. Et voilà toute la différence entre l’harmonie fédér

1412 e une fonction propre, irremplaçable, comme celle d’ un organe dans un corps. Or, la vie normale du corps dépend de la vita

1413 dans un corps. Or, la vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses organes, de même que la vie d’un organe

1414 Or, la vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses organes, de même que la vie d’un organe dépend de son h

1415 normale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses organes, de même que la vie d’un organe dépend de son harmonie av

1416 lité de chacun de ses organes, de même que la vie d’ un organe dépend de son harmonie avec tous les autres. Si les nations

1417 es organes, de même que la vie d’un organe dépend de son harmonie avec tous les autres. Si les nations de l’Europe arrivai

1418 son harmonie avec tous les autres. Si les nations de l’Europe arrivaient à se concevoir dans un rôle analogue, elles compr

1419 concession qu’on leur demande, ou une diminution de leur valeur propre. Elles comprendraient aussi que dans une fédératio

1420 as à se mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne serait pas une simple quest

1421 sa vocation. Ce ne serait pas une simple question de tolérance, vertu négative et qui naît le plus souvent du scepticisme,

1422 naît le plus souvent du scepticisme, mais plutôt de participation, vertu positive et qui naît d’une juste ambition. Chaqu

1423 utôt de participation, vertu positive et qui naît d’ une juste ambition. Chaque nation serait mise au défi de donner le mei

1424 juste ambition. Chaque nation serait mise au défi de donner le meilleur d’elle-même à sa manière et selon son génie. Après

1425 nation serait mise au défi de donner le meilleur d’ elle-même à sa manière et selon son génie. Après tout, le poumon n’a p

1426 lérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’ être un vrai poumon, d’être aussi poumon que possible, et, dans cette

1427 e qu’on lui demande, c’est d’être un vrai poumon, d’ être aussi poumon que possible, et, dans cette mesure même, il aidera

1428 uième principe. Le fédéralisme repose sur l’amour de la complexité, par contraste avec le simplisme brutal qui caractérise

1429 ceux dont Jacob Burckhardt annonçait la venue dès 1880, dans une lettre prophétique, ceux qu’il appelait les « terribles simp

1430 mplificateurs ». Lorsque les étrangers s’étonnent de l’extrême complication des institutions suisses, de cette espèce de m

1431 l’extrême complication des institutions suisses, de cette espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages

1432 ication des institutions suisses, de cette espèce de mouvement d’horlogerie fine que composent nos rouages communaux, cant

1433 nstitutions suisses, de cette espèce de mouvement d’ horlogerie fine que composent nos rouages communaux, cantonaux, fédéra

1434 x, fédéraux, si diversement engrenés, il convient de leur montrer que cette complexité — cause de tant de lenteurs et d’ex

1435 ient de leur montrer que cette complexité — cause de tant de lenteurs et d’excessives prudences — est la condition même de

1436 e cette complexité — cause de tant de lenteurs et d’ excessives prudences — est la condition même de nos libertés. C’est gr

1437 et d’excessives prudences — est la condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires sont rappelés

1438 au concret, et que nos législateurs sont obligés de garder un contact attentif avec les réalités humaines et naturelles d

1439 aines et naturelles du pays. La Suisse est formée d’ une multitude de groupes et d’organismes politiques, administratifs, c

1440 les du pays. La Suisse est formée d’une multitude de groupes et d’organismes politiques, administratifs, culturels, lingui

1441 a Suisse est formée d’une multitude de groupes et d’ organismes politiques, administratifs, culturels, linguistiques, relig

1442 ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois ou des instituti

1443 pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois ou des institutions c

1444 taire, brimeraient nécessairement un ou plusieurs de ces groupes, tendraient à réduire leur variété, et mutileraient ainsi

1445 eur variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs de ses dimensions la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, i

1446 dans plusieurs de ses dimensions la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur t

1447 ux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plu

1448 s, il est plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la

1449 créter sur table rase, de simplifier les réalités d’ un trait de plume, de tirer des plans à la règle, dans un bureau, et d

1450 table rase, de simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle, dans un bureau, et de forcer en

1451 , de simplifier les réalités d’un trait de plume, de tirer des plans à la règle, dans un bureau, et de forcer ensuite leur

1452 de tirer des plans à la règle, dans un bureau, et de forcer ensuite leur exécution en écrasant tout ce qui résiste, ou sim

1453 se. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité d’ un peuple. Une politique fédéraliste soucieuse de se mouler sur la réa

1454 d’un peuple. Une politique fédéraliste soucieuse de se mouler sur la réalité, toujours complexe, suppose infiniment plus

1455 alité, toujours complexe, suppose infiniment plus de soins, d’ingéniosité technique, et de compréhension des peuples qu’el

1456 jours complexe, suppose infiniment plus de soins, d’ ingéniosité technique, et de compréhension des peuples qu’elle adminis

1457 niment plus de soins, d’ingéniosité technique, et de compréhension des peuples qu’elle administre. Elle exige beaucoup plu

1458 ples qu’elle administre. Elle exige beaucoup plus de vrai sens politique. Finalement, si l’on y réfléchit, on s’aperçoit q

1459 ’aperçoit que la politique fédéraliste n’est rien d’ autre que la politique par excellence, c’est-à-dire l’art d’organiser

1460 e la politique par excellence, c’est-à-dire l’art d’ organiser la cité au bénéfice des citoyens. Tandis que les méthodes to

1461 lement à supprimer les diversités, par incapacité de les composer en un tout organique et vivant. Sixième principe. Une f

1462 ivant. Sixième principe. Une fédération se forme de proche en proche, par le moyen des personnes et des groupes, et non p

1463 s personnes et des groupes, et non point à partir d’ un centre ou par le moyen des gouvernements. Nous voyons la fédération

1464 opéenne se composer lentement, un peu partout, et de toutes sortes de manières. Ici, c’est une entente économique, là c’es

1465 er lentement, un peu partout, et de toutes sortes de manières. Ici, c’est une entente économique, là c’est une parenté cul

1466 ne parenté culturelle qui s’affirme. Ici, ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une à l’autre, et là

1467 lturelle qui s’affirme. Ici, ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une à l’autre, et là ce sont des

1468 s écoles, qui créent peu à peu des réseaux variés d’ échanges européens. Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela qui

1469 peu des réseaux variés d’échanges européens. Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela qui paraît si dispersé, si peu

1470 des structures complexes, dessine les linéaments d’ une ossature et le système des vaisseaux sanguins de ce qui deviendra

1471 une ossature et le système des vaisseaux sanguins de ce qui deviendra un jour le corps de l’Europe unie. Au-dessous et au-

1472 aux sanguins de ce qui deviendra un jour le corps de l’Europe unie. Au-dessous et au-dessus des gouvernements, l’Europe de

1473 n réalité, qu’elle ne le croit. C’est sur le plan de l’action gouvernementale que les oppositions et les rivalités éclaten

1474 ou deviennent irréductibles. Il paraît difficile d’ espérer que les gouvernements puissent jamais réaliser une union viabl

1475 s nations. Chacun sait qu’il serait déraisonnable de choisir comme arbitres d’un match les capitaines des équipes en prése

1476 il serait déraisonnable de choisir comme arbitres d’ un match les capitaines des équipes en présence. C’est pourtant bien c

1477 n présence. C’est pourtant bien ce qu’avait tenté de faire la SDN, qui en est morte, et ce qu’a tenté à nouveau l’ONU, que

1478 t ce qu’a tenté à nouveau l’ONU, que cela empêche de vivre. La fédération européenne ne saurait être l’œuvre des gouvernan

1479 e ne saurait être l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intérêts de leur nation contre le reste du monde, mais p

1480 des gouvernants chargés de défendre les intérêts de leur nation contre le reste du monde, mais peut être l’œuvre de group

1481 contre le reste du monde, mais peut être l’œuvre de groupes et de personnes qui ont pris l’initiative de se fédérer en de

1482 te du monde, mais peut être l’œuvre de groupes et de personnes qui ont pris l’initiative de se fédérer en dehors des gouve

1483 groupes et de personnes qui ont pris l’initiative de se fédérer en dehors des gouvernements nationaux (Congrès de l’Europe

1484 er en dehors des gouvernements nationaux (Congrès de l’Europe à La Haye en 1948, et ses suites) et qui, par le détour de l

1485 ments nationaux (Congrès de l’Europe à La Haye en 1948, et ses suites) et qui, par le détour de l’opinion publique et de grou

1486 aye en 1948, et ses suites) et qui, par le détour de l’opinion publique et de groupes de pression économiques ou idéologiq

1487 s) et qui, par le détour de l’opinion publique et de groupes de pression économiques ou idéologiques, amèneront quelques p

1488 par le détour de l’opinion publique et de groupes de pression économiques ou idéologiques, amèneront quelques parlements à

1489 ux, c’est-à-dire supranationaux. On ne voit guère d’ autre voie possible ou praticable. Les USA ne sont pas dirigés par une

1490 le. Les USA ne sont pas dirigés par une assemblée de gouverneurs des cinquante États, ni la Suisse par les délégués des vi

1491 pas dirigés par une assemblée de gouverneurs des cinquante États, ni la Suisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serai

1492 inquante États, ni la Suisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées

1493 s vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus de leurs États, et en dehors d

1494 . Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus de leurs États, et en dehors d’eux, par un exécutif et un législatif iss

1495 et un législatif issus des peuples et des groupes de tout ordre qui animent la vie publique. Septième principe. Une fédér

1496 s au contraire : pour l’avantage et la survivance de chacune des communautés constituantes et pour qu’elles puissent exerc

1497 r ensemble des fonctions qui dépassent les forces de chacune d’elle. Ni les menaces arabes puis mongoles, ni l’entreprise

1498 des fonctions qui dépassent les forces de chacune d’ elle. Ni les menaces arabes puis mongoles, ni l’entreprise des croisad

1499 prise des croisades, ni les Turcs devant Vienne à deux reprises, ni les Soviets nous pressant à l’Est et nous minant à l’int

1500 chez nous, n’ont réussi à provoquer la fédération de nos craintes et de nos forces de défense. Aux yeux de l’histoire, la

1501 ussi à provoquer la fédération de nos craintes et de nos forces de défense. Aux yeux de l’histoire, la cause est entendue.

1502 er la fédération de nos craintes et de nos forces de défense. Aux yeux de l’histoire, la cause est entendue. Et quant aux

1503 é qu’à notre division, et presque à notre ruine à deux reprises. En revanche, les treize États américains en 1783, et les vi

1504 e à notre ruine à deux reprises. En revanche, les treize États américains en 1783, et les vingt-deux cantons suisses en 1848,

1505 ises. En revanche, les treize États américains en 1783, et les vingt-deux cantons suisses en 1848, ont compris qu’isolés ils

1506 nche, les treize États américains en 1783, et les vingt-deux cantons suisses en 1848, ont compris qu’isolés ils tombaient, mais qu

1507 ins en 1783, et les vingt-deux cantons suisses en 1848, ont compris qu’isolés ils tombaient, mais qu’unis ils pouvaient à la

1508 gir comme une seule nation au niveau des réalités de leur époque. Ni les paniques générales, ni les délires de conquête n’

1509 époque. Ni les paniques générales, ni les délires de conquête n’ont jamais rien construit en Europe. Seules, les prises de

1510 mais rien construit en Europe. Seules, les prises de conscience dramatiques de l’incapacité de subsister isolément, et en

1511 ope. Seules, les prises de conscience dramatiques de l’incapacité de subsister isolément, et en même temps, la reconnaissa

1512 prises de conscience dramatiques de l’incapacité de subsister isolément, et en même temps, la reconnaissance des capacité

1513 on virtuelle, ont réussi à provoquer la formation d’ institutions fédératives durables. Les conséquences de la dernière gue

1514 stitutions fédératives durables. Les conséquences de la dernière guerre mondiale ont placé les nations européennes dans un

1515 s égards à celle des cantons suisses au lendemain de la guerre du Sonderbund, et notamment devant le double défi de sauveg

1516 du Sonderbund, et notamment devant le double défi de sauvegarder leurs libertés civiques et leurs coutumes nationales, mai

1517 ertés civiques et leurs coutumes nationales, mais d’ assumer aussi leurs tâches mondiales. ⁂ III. Dialectique du fédéral

1518 mais d’assumer aussi leurs tâches mondiales. ⁂ III . Dialectique du fédéralisme Comme toutes les grandes idées, l’idée

1519 quelques mots, en une formule. C’est qu’elle est d’ un type organique plutôt que rationnel, et dialectique plutôt que seul

1520 vulgaire ; mais correspond assez bien aux formes de pensée introduites par la science relativiste.3 La pensée fédéralist

1521 nt elle une utopie bien cohérente qu’il s’agirait d’ imposer, ou des plans statiques qu’il faudrait réaliser en quatre ou c

1522 ou des plans statiques qu’il faudrait réaliser en quatre ou cinq ans, par la réduction impitoyable des réalités vivantes et gê

1523 ns statiques qu’il faudrait réaliser en quatre ou cinq ans, par la réduction impitoyable des réalités vivantes et gênantes.

1524 et gênantes. Elle cherche au contraire le secret d’ un équilibre souple et constamment mouvant entre des groupes qu’il s’a

1525 onstamment mouvant entre des groupes qu’il s’agit de composer en sauvegardant à la fois leur individualité et leurs relati

1526 omme on voudra, qui est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serait se condamner à retomber san

1527 sse dans un malentendu fondamental, que l’exemple de la vie politique suisse illustre très clairement. En effet, les mots

1528 , les mots fédération et fédéralisme sont compris de deux manières très différentes par les Suisses alémaniques et par les

1529 es mots fédération et fédéralisme sont compris de deux manières très différentes par les Suisses alémaniques et par les Suis

1530 i signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de centralisation. En Suisse romande, au contraire, ceux qui se proclame

1531 éralistes » sont en réalité les défenseurs jaloux de l’autonomie des cantons contre la centralisation. Pour les uns, fédér

1532 ans l’équilibre continuellement rajusté entre les deux nécessités, dans la composition perpétuelle de ces deux forces de sen

1533 deux nécessités, dans la composition perpétuelle de ces deux forces de sens contraire, en vue de leur renforcement mutuel

1534 écessités, dans la composition perpétuelle de ces deux forces de sens contraire, en vue de leur renforcement mutuel. Ce dern

1535 ans la composition perpétuelle de ces deux forces de sens contraire, en vue de leur renforcement mutuel. Ce dernier point

1536 ur le plan européen, nous allons voir se dessiner deux tendances toutes semblables à celles que je viens de signaler pour la

1537 ous aurons des fédéralistes préoccupés avant tout de sauvegarder les droits de chaque nation ou région contre les empiètem

1538 s préoccupés avant tout de sauvegarder les droits de chaque nation ou région contre les empiètements du pouvoir central. U

1539 e, en somme. Et il faudra sans cesse rappeler aux deux partis que le fédéralisme véritable n’est ni dans l’une ni dans l’aut

1540 sme véritable n’est ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leur coexistence acceptée, dans leur di

1541 e. Toutefois — et il m’importe au plus haut point de le préciser ici et de le souligner —, cette coexistence, ce dialogue,

1542 ’importe au plus haut point de le préciser ici et de le souligner —, cette coexistence, ce dialogue, cette tension ne doiv

1543 doivent pas être imaginés sous la forme négative d’ une tolérance mutuelle, d’une neutralisation des différences, d’un com

1544 sous la forme négative d’une tolérance mutuelle, d’ une neutralisation des différences, d’un compromis conclu par gain de

1545 e mutuelle, d’une neutralisation des différences, d’ un compromis conclu par gain de paix, quelque part à mi-chemin entre l

1546 n des différences, d’un compromis conclu par gain de paix, quelque part à mi-chemin entre les buts visés, qui sont l’établ

1547 in entre les buts visés, qui sont l’établissement de l’union générale et le respect des droits particuliers. Car cela ne c

1548 e qu’à une union trop faible mais bientôt accusée d’ oppression par ses membres, et à des droits trop limités mais taxés d’

1549 membres, et à des droits trop limités mais taxés d’ abusifs par le centre. La saine méthode fédéraliste consiste à disting

1550 distinguer dans tous les ordres, à chaque niveau, de cas en cas, ce qui doit être carrément centralisé pour bien fonctionn

1551 doit rester pleinement autonome pour bien vivre. Deux cas extrêmes illustreront ce point : celui des transports, et celui d

1552 treront ce point : celui des transports, et celui de l’éducation. Il est facile de voir que chacun des membres d’une fédér

1553 ransports, et celui de l’éducation. Il est facile de voir que chacun des membres d’une fédération bénéficiera d’une organi

1554 ion. Il est facile de voir que chacun des membres d’ une fédération bénéficiera d’une organisation uniforme et centralisée

1555 e chacun des membres d’une fédération bénéficiera d’ une organisation uniforme et centralisée des chemins de fer, des poste

1556 s de fer, des postes et télécommunications, voire de l’aviation4, la fonction même de ces moyens coûteux étant de dépasser

1557 nications, voire de l’aviation4, la fonction même de ces moyens coûteux étant de dépasser les cadres physiques dans lesque

1558 on4, la fonction même de ces moyens coûteux étant de dépasser les cadres physiques dans lesquels s’exercent les autonomies

1559 ident que l’ensemble fédéral européen bénéficiera de la vitalité culturelle de chacun de ses membres : or cette vitalité n

1560 al européen bénéficiera de la vitalité culturelle de chacun de ses membres : or cette vitalité ne supporterait pas l’unifo

1561 n bénéficiera de la vitalité culturelle de chacun de ses membres : or cette vitalité ne supporterait pas l’uniformisation

1562 ne supporterait pas l’uniformisation des régimes d’ éducation, liés dans chacun de nos pays à des langues, des coutumes, d

1563 isation des régimes d’éducation, liés dans chacun de nos pays à des langues, des coutumes, des traditions religieuses, des

1564 a variété même conditionne la puissance créatrice de l’Europe. Il convient donc d’attribuer aux régions une totale autonom

1565 puissance créatrice de l’Europe. Il convient donc d’ attribuer aux régions une totale autonomie en matière d’enseignement (

1566 ibuer aux régions une totale autonomie en matière d’ enseignement (comme c’est le cas aux États-Unis et en Suisse). Les élé

1567 ats-Unis et en Suisse). Les éléments fondamentaux de culture commune étant par ailleurs assez forts pour assurer spontaném

1568 assez forts pour assurer spontanément la cohésion de l’ensemble, sans interventions fédérales. (Le cas de la recherche est

1569 l’ensemble, sans interventions fédérales. (Le cas de la recherche est très différent : dès que ses besoins dépassent les m

1570 dividus et les régions, se manifeste la nécessité d’ un Centre inspirant, équilibrant, coordonnant les efforts et veillant

1571 publics, il apparaîtra normal ou nécessaire soit de déléguer aux membres de la fédération l’administration locale d’activ

1572 normal ou nécessaire soit de déléguer aux membres de la fédération l’administration locale d’activités relevant en princip

1573 membres de la fédération l’administration locale d’ activités relevant en principe du pouvoir fédéral (régime fiscal, entr

1574 e fiscal, entretien des routes, par exemple) soit d’ admettre l’existence parallèle de services fédéraux et de services nat

1575 ar exemple) soit d’admettre l’existence parallèle de services fédéraux et de services nationaux ou régionaux (police, trib

1576 tre l’existence parallèle de services fédéraux et de services nationaux ou régionaux (police, tribunaux, par exemple) aux

1577 distinctes. Mais ceci ne change rien au principe de la méthode indiquée ci-dessus, et qui consiste à distinguer dans tous

1578 qui consiste à distinguer dans tous les domaines de la vie publique, au fur et à mesure de leur évolution, d’une part ce

1579 s domaines de la vie publique, au fur et à mesure de leur évolution, d’une part ce qu’il devient avantageux pour chacun de

1580 ’une part ce qu’il devient avantageux pour chacun de confier au pouvoir fédéral ; d’autre part, ce qu’il reste indispensab

1581 éral ; d’autre part, ce qu’il reste indispensable de laisser à la libre initiative des États ou régions, des groupes et de

1582 ndividuelles ou locales deviennent des phénomènes d’ ampleur publique, il est normal qu’un pouvoir central prenne la charge

1583 est normal qu’un pouvoir central prenne la charge de les organiser, rationaliser et simplifier, élargissant ainsi ses comp

1584 e coup les énergies individuelles ou locales pour de nouvelles créations ou conquêtes. En dernière analyse, nous pouvons d

1585 déralisme comme l’application à la chose publique d’ une méthode générale de travail et de création, qui rend compte du dyn

1586 cation à la chose publique d’une méthode générale de travail et de création, qui rend compte du dynamisme particulier de n

1587 ose publique d’une méthode générale de travail et de création, qui rend compte du dynamisme particulier de notre civilisat

1588 réation, qui rend compte du dynamisme particulier de notre civilisation : la libération permanente de nouvelles énergies,

1589 de notre civilisation : la libération permanente de nouvelles énergies, grâce à l’organisation croissante des activités i

1590 e nouvelle effectuée, correspond une organisation de la zone conquise, qui, ainsi colonisée, permet soit de se lancer vers

1591 zone conquise, qui, ainsi colonisée, permet soit de se lancer vers des aventures ou des explorations nouvelles, soit d’ac

1592 des aventures ou des explorations nouvelles, soit d’ accroître les possibilités de libération personnelle de l’homme.5 Du

1593 ions nouvelles, soit d’accroître les possibilités de libération personnelle de l’homme.5 Durant la première moitié du xx

1594 roître les possibilités de libération personnelle de l’homme.5 Durant la première moitié du xxe siècle, la plupart des

1595 siècle, la plupart des penseurs européens, pris d’ angoisse devant l’essor technique, ont popularisé l’idée que la machin