1
, marquant leur temps ou propageant un style doté
du
nom de sa terre natale. Il n’y eut jamais de peinture suisse, au sens
2
e restée longtemps sans nom et sans doctrine — ou
du
moins, sans doctrine trop clairement formulée. Ce n’est guère qu’au x
3
r les premiers, fédération veut dire « communauté
du
Serment » (Eidgenossenschaft) ou « lien » (Bund). Pour les seconds, f
4
ltivé et qui se demande quel est le « vrai » sens
du
mot fédéralisme, recourt à son Littré, où il trouve ceci : Fédérali
5
Fédéralisme s.m. Néologisme. Système, doctrine
du
gouvernement fédératif. — « Le fédéralisme était une des formes polit
6
s. « Aux jacobins, on agita gravement la question
du
fédéralisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. » Thie
7
peut l’être, en cette affaire où le sens concret
du
bien public a beaucoup plus à voir que l’idéologie. ⁂ Comme toutes le
8
compétition, et loin de fuir devant la complexité
du
réel, il la respecte, il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bre
9
te de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point
du
tout ! La santé n’est pas un moyen terme entre la peste et le choléra
10
des proportions, d’ouverture d’esprit et d’amour
du
réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas à reconnaître d’une
11
goniste. L’attitude fédéraliste veut une maîtrise
du
divers, comme tout art. Elle est un art de la composition, qui requie
12
n d’ensemble, celle de l’artiste, hors de l’unité
du
tableau, il n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y
13
duction forcée à l’uniforme, — dans tous les sens
du
mot. Ces images, qui sont autant d’évidences, suffisent à définir le
14
s lesquelles se fourvoie l’organisation politique
du
monde moderne proviennent du fait que l’on oublie ces évidences. Je n
15
ganisation politique du monde moderne proviennent
du
fait que l’on oublie ces évidences. Je n’en donnerai qu’un seul exemp
16
un organe bien différencié ne saurait vivre isolé
du
corps. Quelle serait alors la solution fédéraliste ? J’en propose ici
17
olitique, le seul « régime de coexistence » digne
du
nom. C’est aussi, et c’est même avant tout, une méthode de compositio
18
valeurs diversifiées, — et voilà, me semble-t-il,
du
même coup, une assez bonne définition de la culture ! ⁂ Pour qu’il y
19
ulture en général — au sens occidental et moderne
du
terme —, il faut une variété aussi riche que possible de créations hu
20
et xive siècles dans un certain nombre de cités
du
Nord et du Centre de la péninsule italienne, en Provence, puis en Île
21
iècles dans un certain nombre de cités du Nord et
du
Centre de la péninsule italienne, en Provence, puis en Île-de-France.
22
aint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début
du
xxe siècle, plusieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront à l
23
de l’illusion des « cultures nationales », fût-ce
du
seul fait de la composition linguistique si variée de leur État. Nous
24
au même. 5° nous ne sommes pas seulement voisins
du
monde germanique : nous sommes en osmose avec lui, bien davantage que
25
de nos jours, cette espèce de critère privilégié
du
niveau de culture d’un peuple, qu’elle fut au temps de l’Europe class
26
tants d’un pays, de 1901 à 1960. Voici un extrait
du
tableau1 : 1. Suisse 2,62 7. Royaume-Uni 0,67 2. Danemark 1,
27
déraliste, leur sentiment direct, leur expérience
du
fédéralisme vécu. Nous avons produit peu de génies du premier ordre,
28
édéralisme vécu. Nous avons produit peu de génies
du
premier ordre, tels que Rousseau ou C. G. Jung, Léonard Euler ou Ferd
29
rticulière dans le monde de cette deuxième moitié
du
xxe siècle. Il symbolise et préfigure l’apport de l’Europe au tiers-
30
fiévré par les virus nationalistes que la culture
du
dernier siècle et notre crise totalitaire ont propagés. L’apport suis
31
stes dans les plans et projets d’union européenne
du
Moyen Âge à nos jours (1963)j k Au seuil des activités d’enseignem
32
iences pratiques et de publications dans le cadre
du
Centre européen de la culture, il ne sera sans doute pas inutile de s
33
re, depuis plusieurs années, dans d’autres villes
du
continent. Très près de l’actualité, en raison même de leur objet, qu
34
e naît, ou renaît en Europe le vieux rêve d’union
du
Continent. Et cela commence, comme toujours, par des manifestes d’int
35
n et son niveau de vie. Jean Monnet et son équipe
du
Plan français se mettent à l’œuvre en silence, loin des congrès et de
36
us nos pays, ne fût-ce que par la seule existence
du
Marché commun. Telle est donc la question européenne. Formulée tout d
37
ire, c’est à ce niveau que la discussion générale
du
problème dans la presse, les partis, les parlements, les congrès et l
38
istoriques, ni aux données actuelles et concrètes
du
problème à résoudre. Il importe toutefois de la mentionner, ne fût-ce
39
ays, et ceux qui insistent avant tout sur l’unité
du
continent. Raisons particulières ensuite. La solution fédéraliste est
40
rme à l’expérience de la vie politique et civique
du
pays où nous sommes, et dont je suis, pays que l’on a souvent appelé,
41
nos précédents travaux à étudier certains aspects
du
problème fédéraliste, aspects complémentaires, qui n’épuisent pas le
42
l’approcher de manières variées, avec les moyens
du
bord, dans un esprit commun. Or je pense qu’il existe une harmonie pr
43
nc des exemples précis d’évolution des structures
du
stade national aux divers stades d’une intégration progressive à l’éc
44
tes dans les projets et plans d’union européenne,
du
Moyen Âge à nos jours. Parallèlement aux cours et aux travaux de sém
45
nt d’entreprendre là où on le peut, dans l’esprit
du
proverbe chinois qui dit : « Mieux vaut allumer une petite chandelle
46
Fédéralisme, s.m. Néologisme. Système, doctrine
du
gouvernement fédératif. « Le fédéralisme était une des formes politiq
47
actically impracticable)11 ». Quant aux partisans
du
fédéralisme comme méthode ou attitude, et des régimes qui s’en inspir
48
). En France, c’est l’œuvre posthume de Proudhon,
Du
Principe fédératif, qui, en 1863 (l’année même où Littré publie l’art
49
er sereinement) ; Georges Scelle, dans son Précis
du
droit des gens, tome I, paru en 1932, généralise la méthode fédéralis
50
itique : il est un des grands types d’aménagement
du
rapport politique, et peut-être plus encore, un des grands styles de
51
écrits des précurseurs de l’Europe unie, à partir
du
xive siècle, et en remontant peu à peu vers notre époque, les élémen
52
ssance de notre confédération, qui résulte, elle,
du
mouvement des communes12, troisième composante de l’époque. Vous pres
53
r dans ces plans avortés les étymologies vivantes
du
vocabulaire politique européen de la plupart de ses termes de base, t
54
er fréquemment un phénomène curieux : la pratique
du
fédéralisme a précédé de plusieurs siècles sa théorie (ceci peut être
55
ations économiques, totalement absentes des plans
du
xive siècle, apparaissent avec les plans du xviie , dont celui du mo
56
lans du xive siècle, apparaissent avec les plans
du
xviie , dont celui du moine parisien Émeric Crucé, qui propose une sé
57
apparaissent avec les plans du xviie , dont celui
du
moine parisien Émeric Crucé, qui propose une série de « grands travau
58
de déchets idéologiques. Qu’il s’agisse au début
du
plus grand poète du Moyen Âge, Dante, ou du roi hussite Podiebrad, et
59
ques. Qu’il s’agisse au début du plus grand poète
du
Moyen Âge, Dante, ou du roi hussite Podiebrad, et ensuite du ministre
60
début du plus grand poète du Moyen Âge, Dante, ou
du
roi hussite Podiebrad, et ensuite du ministre déchu qu’était le duc d
61
e, Dante, ou du roi hussite Podiebrad, et ensuite
du
ministre déchu qu’était le duc de Sully, ou du créateur d’un grand Ét
62
te du ministre déchu qu’était le duc de Sully, ou
du
créateur d’un grand État qu’était William Penn, puis d’un économiste
63
stes dans les plans et projets d’union européenne
du
Moyen Âge à nos jours », Bastions de Genève, Genève, 1963, p. 61-72.
64
il dirige encore aujourd’hui. Dès 1951, président
du
comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture. Auteur de 2
65
jourd’hui. Dès 1951, président du comité exécutif
du
Congrès pour la liberté de la culture. Auteur de 24 ouvrages qui ont
66
al et solidement constitué. Auparavant, de la fin
du
xiiie jusqu’au milieu du xixe siècle, elle n’était guère qu’une con
67
zerains de la région, mais, par-dessus leur tête,
du
seul empereur. Leur liberté, c’était ce qu’on nommait alors « l’imméd
68
s grands voisins — constitue la raison suffisante
du
phénomène exceptionnel que je constatais tout à l’heure. Genève, avec
69
mais également auteur de la célèbre Vue générale
du
genre humain, entre au service des empereurs autrichiens puis de la P
70
re la sensibilité occidentale. De Zurich au début
du
xviiie siècle, rayonne l’école suisse du doyen Bodmer puis des Idyll
71
u début du xviiie siècle, rayonne l’école suisse
du
doyen Bodmer puis des Idylles de Salomon Gessner et des spéculations
72
u des Claparède, Bovet et Jean Piaget, et l’école
du
grand C. G. Jung : les fondements de la pédagogie et de la psychologi
73
aissance, à la peinture hollandaise ou vénitienne
du
xviiie siècle, et qu’elle s’est conformée par anticipation à cette r
74
icipation à cette règle devenue évidente à partir
du
xixe siècle : point de grand art dans les petits pays. Un Ludwig Sen
75
une « culture suisse » — qui ne saurait exister —
du
moins d’une attitude d’esprit commune aux créateurs issus de nos dive
76
ra plus de chances de les trouver dans le domaine
du
roman : La Nouvelle Héloïse, l’Émile, Adolphe, le Grüne Heinrich de G
77
Uli de Jeremias Gotthelf, le Léonard et Gertrude
du
fameux pédagogue Pestalozzi, voire à certains égards les récits d’un
78
nglais ou russes des mêmes époques par la gravité
du
propos, le dédain pour l’invention romanesque ou les situations excep
79
tre. Mais le goût de la mesure, de l’intériorité,
du
réalisme et de la psychologie moyenne expriment surtout les condition
80
conditions dictées par les dimensions restreintes
du
pays et des communautés diverses qui s’y côtoient. Pays pauvre, au su
81
au surplus, et dont les seules richesses naissent
du
travail humain, bien concerté : la Suisse est née de coopératives for
82
de coopératives forestières exploitant le passage
du
Gothard, « Un pour tous, tous pour un », c’est moins un idéal qu’une
83
s-Unis qu’il ira construire les plus grands ponts
du
monde comme l’ingénieur Ammann, c’est en France ou en Inde qu’il trou
84
rne, puritain révolutionnaire, né dans une vallée
du
Jura neuchâtelois. Voilà pourquoi les Suisses qui ont excellé furent
85
res publiques, théologiens et pédagogues, savants
du
premier rang, mais qui restent soucieux d’applications industrielles
86
turel ? Il me paraît que la structure fédéraliste
du
pays et l’autonomie dans son sein non seulement des cantons, mais des
87
ns privées de peinture sont parmi les plus belles
du
monde, Reinhart à Winterthour et Hahnloser à Berne tenant la tête. Le
88
ur elle que pour ses grands voisins. Ce n’est pas
du
projet d’union européenne que provient cette menace de nivellement, m
89
compétition, et loin de fuir devant la complexité
du
réel, il la respecte, il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bre
90
te de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point
du
tout ! La santé n’est pas un moyen terme entre la peste et le choléra
91
des proportions, d’ouverture d’esprit et d’amour
du
réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas à reconnaître d’une
92
goniste. L’attitude fédéraliste veut une maîtrise
du
divers — comme tout art ! Elle est un art de la composition qui requi
93
n d’ensemble, celle de l’artiste, hors de l’unité
du
tableau, il n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y
94
s lesquelles se fourvoie l’organisation politique
du
monde moderne proviennent du fait que l’on oublie ces évidences. Je n
95
ganisation politique du monde moderne proviennent
du
fait que l’on oublie ces évidences. Je n’en donnerai qu’un seul exemp
96
un organe bien différencié ne saurait vivre isolé
du
corps. Quelle serait alors la solution fédéraliste ? Je vous en propo
97
on politique, le seul régime de coexistence digne
du
nom. C’est aussi, et c’est même avant tout, une méthode de compositio
98
lier. Essayons pourtant d’illustrer les principes
du
fédéralisme en les appliquant à la culture. Pour qu’il y ait culture
99
’il y ait culture en général — au sens occidental
du
terme, très différent de l’asiatique — il faut une variété aussi rich
100
au xiiie siècle dans un certain nombre de cités
du
Nord et du Centre de la péninsule italienne, en Provence, puis en Île
101
siècle dans un certain nombre de cités du Nord et
du
Centre de la péninsule italienne, en Provence, puis en Île-de-France.
102
aint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début
du
xxe siècle, plusieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront à l
103
autres de l’illusion des « cultures nationales »,
du
seul fait de la composition linguistique si variée de leur État. Nous
104
au même ; 5° nous ne sommes pas seulement voisins
du
monde germanique : nous sommes en osmose avec lui, bien davantage que
105
déraliste, leur sentiment direct, leur expérience
du
fédéralisme vécu. Nous n’avons pas produit de génies du premier ordre
106
éralisme vécu. Nous n’avons pas produit de génies
du
premier ordre, à part Rousseau, mais beaucoup d’excellents ou même de
107
rticulière dans le monde de cette deuxième moitié
du
xxe siècle. Il symbolise et préfigure l’apport de l’Europe au tiers-
108
fiévré par les virus nationalistes que la culture
du
dernier siècle et notre crise totalitaire ont propagés. L’apport spéc
109
s. L’apport spécifique de la Suisse étant le sens
du
fédéralisme, et ce sens étant lié, nous l’avons vu, au génie de la cu
110
s qui par essence, ne le sont pas. Tout le secret
du
fédéralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui ma
111
même devenues des foyers rayonnants de créations
du
premier ordre. Et cela, je crois, pour les deux raisons suivantes : p
112
s qui se groupaient en écoles, autour d’un maître
du
métier ; secondement, le sens de la dépense magnifique, le goût de la
113
la dépense magnifique, le goût de la nouveauté et
du
somptueux, qui caractérisent tant de princes et de grands marchands d
114
’absence de cette passion créatrice et de ce sens
du
mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier. Les co
115
tistique. Nos habitudes utilitaires, notre notion
du
sérieux confondu avec le rentable, nos réflexes jalousement égalitair
116
ce qui n’est, soit dit en passant, qu’une parodie
du
vrai fédéralisme — c’est tout cela qui mérite aujourd’hui d’inquiéter
117
ité fédéraliste. On parle beaucoup, ces jours-ci,
du
danger que le Marché commun représenterait pour notre Suisse fédérali
118
e se reporter à l’une quelconque des publications
du
CEC (l’un de nos 52 bulletins , ou à Vingt-huit siècles d’Europe ,
119
alement. Qu’il y ait une tradition « européenne »
du
fascisme et de ses procédés, comme le rappelle votre auteur — non san
120
lettre suivante de Denis de Rougemont, directeur
du
Centre européen de la culture. »
121
antanément de Paris jusqu’à toutes les extrémités
du
territoire national, Anarcharsis Clootz, l’« Ami du genre humain », d
122
territoire national, Anarcharsis Clootz, l’« Ami
du
genre humain », définissait très bien l’utopie unitaire, que la techn
123
’anarchisme à la Bakounine et les brèves flambées
du
communisme anabaptiste ou de l’anarcho-syndicalisme. Ni l’une ni l’au
124
ractériser : je les nommerai symboliquement celui
du
manager et celui du professeur. Ils ont en commun une volonté déclaré
125
nommerai symboliquement celui du manager et celui
du
professeur. Ils ont en commun une volonté déclarée d’objectivité (tec
126
ent consenti. Cette ambition évoque la quadrature
du
cercle aux yeux de la logique rationaliste de nos pères. En revanche,
127
ysiques, et biologiques dans cette seconde moitié
du
xxe siècle. Mais en fait, le projet d’une Europe fédérale est antéri
128
ce qu’elles sont, ou n’auraient pas eu lieu. Lors
du
premier congrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui se tint à
129
ant de reprendre ici la description de l’ensemble
du
projet, je me vois ramené, inévitablement, à son point de départ, qui
130
re Europe, redéfini dans les catégories concrètes
du
présent. Toute politique implique une certaine idée de l’homme, et c
131
ent, puisqu’en fait nous voici réunis pour parler
du
fédéralisme ? Nous ne serions pas ici si nous pensions que le type d’
132
ommunauté. Car alors nous serions de l’autre côté
du
rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous sommes ici, c’est que
133
se réaliser intégralement sans se trouver engagé
du
même coup dans le complexe social. Et aux collectivistes, nous rappel
134
hacun sait que l’individualisme outré fait le lit
du
collectivisme : ces deux extrêmes, eux, sont dans le même plan, se co
135
rincipes, sans techniques éprouvées, sans secrets
du
métier, mais il serait vain d’en faire un traité théorique. Plutôt qu
136
rincipe. Une fédération ne peut naître qu’au prix
du
renoncement formel et vigilant à toute idée d’hégémonie organisatrice
137
xième principe. Le fédéralisme ne peut naître que
du
renoncement à tout esprit de système idéologique ou technocratique. C
138
se traduit pas seulement dans le mode d’élection
du
Conseil des États (deux députés par canton), mais surtout, et d’une m
139
it tous. L’attitude fédéraliste veut une maîtrise
du
divers, comme tout art. Art de la composition, elle requiert à la foi
140
’ensemble (celle de l’artiste) et hors de l’unité
du
tableau, il n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y
141
duction forcée à l’uniforme, — dans tous les sens
du
mot. Prenons une autre image. Chacune des nations qui composent l’Eur
142
lle d’un organe dans un corps. Or, la vie normale
du
corps dépend de la vitalité de chacun de ses organes, de même que la
143
rance, vertu négative et qui naît le plus souvent
du
scepticisme, mais plutôt de participation, vertu positive et qui naît
144
logiques, et même économiques, telle est la santé
du
régime fédéraliste. Et ses pires ennemis sont ceux dont Jacob Burckha
145
attentif avec les réalités humaines et naturelles
du
pays. La Suisse est formée d’une multitude de groupes et d’organismes
146
endre les intérêts de leur nation contre le reste
du
monde, mais peut être l’œuvre de groupes et de personnes qui ont pris
147
lle des cantons suisses au lendemain de la guerre
du
Sonderbund, et notamment devant le double défi de sauvegarder leurs l
148
ssi leurs tâches mondiales. ⁂ III. Dialectique
du
fédéralisme Comme toutes les grandes idées, l’idée fédéraliste est
149
échappe aux catégories statiques et géométriques
du
rationalisme vulgaire ; mais correspond assez bien aux formes de pens
150
arité, comme on voudra, qui est le battement même
du
cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serait se condamner à reto
151
e chaque nation ou région contre les empiètements
du
pouvoir central. Une nouvelle gauche et une nouvelle droite, en somme
152
istration locale d’activités relevant en principe
du
pouvoir fédéral (régime fiscal, entretien des routes, par exemple) so
153
i ses compétences administratives — mais libérant
du
même coup les énergies individuelles ou locales pour de nouvelles cré
154
nérale de travail et de création, qui rend compte
du
dynamisme particulier de notre civilisation : la libération permanent
155
sonnelle de l’homme.5 Durant la première moitié
du
xxe siècle, la plupart des penseurs européens, pris d’angoisse devan
156
a été inventée par les Européens pour les libérer
du
travail qui pouvait être fait par elle ; et s’ils ne savent mettre à
157
e quel qu’il soit — de la machine-outil à l’État,
du
plan de travail d’un écrivain au plan de production d’un pool interna
158
upes qui se veulent souverains, comme si le reste
du
monde n’existait pas : j’ai dit plus haut que ce sont, à la racine, l
159
antisme agressif des administrations et dictature
du
plan, d’une part ; condition prolétarienne, travail humain à la chaîn
160
eter au plan de la politique et de l’organisation
du
continent, pour les décennies à venir ? Et de quels mécanismes l’Euro
161
(qui relève de la métaphysique), soit dans la vie
du
groupe ou de la cité (qui relève de l’éthique), soit dans les relatio
162
ions, capable donc : a) d’organiser à l’intérieur
du
continent les services libérant personnes et groupes des tâches mécan
163
t des routines et recettes « réalistes » héritées
du
siècle dernier (jeux des réflexes partisans et nationalistes, usage d
164
stronautique. Et l’on ne voit pas comment « l’art
du
possible » pourrait encore servir d’excuse à la paresse d’esprit d’un
165
ivent déterminer conjointement toute vision digne
du
nom de politique, dans l’ère d’universelle interaction inaugurée par
166
en découvertes de soi-même et des autres hommes.
Du
rocher de Gibraltar à la steppe monotone, des lacs de l’Écosse aux îl
167
ays membres de la fédération européenne circulent
du
nord au sud et de l’est à l’ouest sans passeports ni visas, sans visi
168
ionnel ou en vacances. Ils sont chez eux partout,
du
Cap Nord à Stamboul, comme c’était le cas naguère du Provençal à Pari
169
Cap Nord à Stamboul, comme c’était le cas naguère
du
Provençal à Paris, du Saint-Gallois à Genève, du Sicilien en Lombardi
170
omme c’était le cas naguère du Provençal à Paris,
du
Saint-Gallois à Genève, du Sicilien en Lombardie. Ils disent « nous »
171
du Provençal à Paris, du Saint-Gallois à Genève,
du
Sicilien en Lombardie. Ils disent « nous » en parlant de n’importe qu
172
apprennent à considérer les gloires et les hontes
du
passé de chaque pays européen comme les leurs, et l’avenir de l’ensem
173
ateurs est de loin le plus riche et le plus varié
du
monde. L’Europe a donc cessé de se sentir écrasée entre les « deux gr
174
illé par la Cour fédérale de justice, dépositaire
du
Statut de la Personne. Pour devenir citoyen de l’Europe, il faut et i
175
river les minorités.) D’autre part, face au reste
du
monde et dans le monde, nos peuples peuvent enfin faire entendre la V
176
on les plans de l’état-major européen, qui dépend
du
pouvoir fédéral. Moyens, ou institutions Les institutions europ
177
té théorique. Or, on ne saurait attendre une nuit
du
4 août des États : ce ne sont pas des personnes libres et responsable
178
a Suisse (1848) semble avoir résolu la quadrature
du
cercle. Loin d’exiger des cantons une renonciation à leur souverainet
179
3, leurs constitutions, la liberté et les droits
du
peuple… (etc.) Ratifiés par la majorité du peuple et des cantons, ces
180
droits du peuple… (etc.) Ratifiés par la majorité
du
peuple et des cantons, ces articles ont résolu le problème à la satis
181
dmettant que l’union fédérale étende à l’ensemble
du
continent et aux îles britanniques le régime qui est en train de s’in
182
mple de la Suisse cesse de nous servir de modèle,
du
moins transposable tel quel du régime des cantons à celui des États.
183
servir de modèle, du moins transposable tel quel
du
régime des cantons à celui des États. Car les cantons correspondent à
184
is que les États centralisés de l’Europe, hérités
du
dernier siècle ont poursuivi le dessein systématique d’effacer leurs
185
voient à juste titre privilégiées. L’Europe noire
du
charbon, des corons, des banlieues ouvrières et des mines se vide, au
186
sans poser des problèmes très ardus d’aménagement
du
territoire européen. Ils requièrent des solutions neuves, à la recher
187
iénistes, urbanistes, éducateurs, et spécialistes
du
droit fédéral : ces derniers devant faire preuve, plus encore que les
188
talité des nouveaux centres, les besoins généraux
du
continent, et les échanges toujours plus intenses à l’échelle mondial
189
situations spéciales et locales. Les compétences
du
pouvoir fédéral s’exercent donc d’abord dans le domaine de la politiq
190
hargés d’entretenir les relations qui ne sont pas
du
ressort fédéral. (Relations économiques et commerciales, dans la mesu
191
rope est assurée par des forces armées aux ordres
du
pouvoir fédéral, qui ne peuvent entrer en action qu’en cas d’attaque
192
rre. Dans le domaine économique, les attributions
du
pouvoir fédéral sont déterminées en fonction de la méthode dichotomiq
193
lle soutient et harmonise les plans d’aménagement
du
territoire entrepris par les États membres. Elle légifère sur les tra
194
fférentes de l’Occident, de l’Afrique, de l’Asie,
du
monde arabe, au sein d’une même civilisation technique née en Europe
195
Europe mais rapidement adoptée par tous les pays
du
monde, ont montré la nécessité d’une politique commune des Européens
196
mission économique, prolongement de la commission
du
Marché commun. Le ministre des Relations culturelles et le ministre d
197
80. Le District fédéral doit être situé au centre
du
Continent ; il doit être facile à défendre, en temps de troubles, mai
198
t des luttes politiques qui se jouent à l’échelle
du
continent. Ces conditions idéales se trouvent réunies par la Suisse,
199
« l’immédiateté impériale » pour défendre le col
du
Gothard au nom de la communauté européenne du Saint-Empire, de même l
200
col du Gothard au nom de la communauté européenne
du
Saint-Empire, de même la Confédération suisse se voit dotée d’un stat
201
eur à Washington, D.C. : on sait que les citoyens
du
district fédéral américain n’avaient pas le droit de vote lors de l’é
202
n’avaient pas le droit de vote lors de l’élection
du
président)9 préviennent toute ingérence particulière des affaires sui
203
dans la philosophie grecque, et peut se réclamer
du
thomisme puis du calvinisme, plus tard du socialisme proudhonien, auj
204
hie grecque, et peut se réclamer du thomisme puis
du
calvinisme, plus tard du socialisme proudhonien, aujourd’hui des scie
205
éclamer du thomisme puis du calvinisme, plus tard
du
socialisme proudhonien, aujourd’hui des sciences les plus avancées. D
206
ui prennent au sérieux les déclarations réitérées
du
Vatican, et les protestants qui ont gardé vivante la tradition calvin
207
ombe H, mais aussi à des procédés de manipulation
du
psychisme collectif et de conditionnement physiologique de certaines
208
les traditions internationalistes et autoritaires
du
socialisme marxiste jouent dans le sens d’une opposition systématique
209
à la critique ou à l’enthousiasme. 8. L’existence
du
Marché commun est un facteur irréversible dans l’évolution vers l’uni
210
n économique amorcée par celle des Six ; pression
du
tiers-monde, qui exige l’aide de l’Europe et n’en oppose pas moins à
211
iste et plus néfaste pour les traditions valables
du
tiers-monde que ne fut jamais notre colonialisme ; nécessité, à cet é
212
mais surtout l’ignorance ou mieux : la non-vision
du
But possible et nécessaire. Si l’Europe n’est pas encore faite, ce n’
213
e tâche, indispensable, mais que la claire vision
du
But rend seule possible. On ne trace pas un chemin tant qu’on ne sait
214
la Baconnière, Neuchâtel, 1948). 3. Dépassement
du
principe de non-contradiction ; principe de complémentarité ; théorie
215
ais rattaché à la masse protestante et alémanique
du
canton de Berne. Un mouvement séparatiste s’y manifeste. 8. Cas de l
216
as de la Catalogne, de la Wallonie, des Flandres,
du
Tyrol, de la Silésie, de la Macédoine, par exemple. 9. Jusqu’au 3 av
217
ndement à la Constitution a autorisé les citoyens
du
District of Columbia à prendre part à l’élection présidentielle. f.
218
se porte plutôt mal. Y a-t-il vraiment une crise
du
mariage ? Naturellement. Seulement il serait faux d’y voir un mal du
219
llement. Seulement il serait faux d’y voir un mal
du
siècle, du nôtre. Sans la crise du mariage, que seraient toutes nos l
220
ulement il serait faux d’y voir un mal du siècle,
du
nôtre. Sans la crise du mariage, que seraient toutes nos littératures
221
’y voir un mal du siècle, du nôtre. Sans la crise
du
mariage, que seraient toutes nos littératures ? Elle ne fait pas simp
222
ératures ? Elle ne fait pas simplement la fortune
du
cinéma, le théâtre, le roman, la poésie en vivent depuis des siècles,
223
able et obsédant de l’amour hors-la-loi. La crise
du
mariage n’est donc pas un phénomène de l’ère atomique. Le nombre des
224
ue nos grands-parents n’avaient pas. La recherche
du
bonheur individuel prime aussi à l’heure actuelle et très nettement,
225
que tous les adolescents sont élevés dans l’idée
du
mariage (normal, souhaitable, presque inévitable) et en même temps ba
226
ècles, les relations entre les sexes sont restées
du
domaine de la nature ou de la moralité sociale ou religieuse. Toute e
227
courtois » qui contredisait si fort la conception
du
mariage et la condition de la femme d’alors, d’où venait-il ? D’« ail
228
nstalle solidement dans les cours et les châteaux
du
Midi (Albi fut la grande capitale du catharisme, dit aussi hérésie al
229
les châteaux du Midi (Albi fut la grande capitale
du
catharisme, dit aussi hérésie albigeoise) où justement les troubadour
230
rop difficile, les cathares se bornaient à médire
du
mariage et à louer des formes d’amour plus ou moins platoniques ! Les
231
qu’il est allé conquérir pour son roi : les mœurs
du
temps sanctionnaient le droit du plus fort et Tristan apparaît tout a
232
roi : les mœurs du temps sanctionnaient le droit
du
plus fort et Tristan apparaît tout au long du roman comme supérieur a
233
oit du plus fort et Tristan apparaît tout au long
du
roman comme supérieur aux autres. Or il n’use pas de ce droit et livr
234
s types de relations constantes et de les dégager
du
fouillis des apparences quotidiennes. Tristan, c’est un « type » de r
235
un groupe historique donné : la société courtoise
du
xiie siècle. Ce groupe est dissous depuis longtemps. Pourtant ses lo
236
t a donc au juste le roman de Tristan et la crise
du
mariage ? C’est que finalement notre crise du mariage n’est rien de m
237
ise du mariage ? C’est que finalement notre crise
du
mariage n’est rien de moins que le conflit de ce mythe et de la moral
238
ofané, ne se traduit plus que par l’envahissement
du
roman d’amour, du film sentimental et de la pièce de boulevard (le ro
239
it plus que par l’envahissement du roman d’amour,
du
film sentimental et de la pièce de boulevard (le roi Marc est devenu
240
ntes religieuses, sociales et familiales, perdant
du
terrain chaque jour, c’est donc sur les débris d’un mythe qu’est édif
241
entir » l’amour en soi… Et voici le rêve sournois
du
mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse
242
. Et il serait beaucoup plus conforme à l’essence
du
mariage d’enseigner aux jeunes gens que leur choix — même garanti d’a
243
se une « fatalité » ! En résumé, la grande menace
du
mariage, c’est la passion. Que le mythe de Tristan, origine de tous n
244
balayé des consciences occidentales, et la crise
du
mariage se dénouera d’elle-même ? Il est vrai que la passion est l’en
245
? Il est vrai que la passion est l’ennemie jurée
du
mariage mais c’est elle aussi qui le défie, l’anime, l’oblige à redev
246
as une routine subie : la passion c’est le secret
du
mariage vivant. Mon but n’est pas de condamner la passion, mais de dé
247
is ans pour discuter de ce problème dans le cadre
du
Centre européen de la culture. À cette réunion, il a été décidé de fo
248
re. Un Centre vient de se créer à Lagos, capitale
du
Nigéria, et l’on projette d’en créer deux autres, l’un à Dakar, pour
249
était inconnu. La Suisse s’est formée peu à peu,
du
xive au xvie siècle, dans le Saint-Empire et par lui. En effet, si
250
ause de leur position particulière de grand-garde
du
col du Gothard ; et c’est l’empereur qui leur accorde ces franchises,
251
leur position particulière de grand-garde du col
du
Gothard ; et c’est l’empereur qui leur accorde ces franchises, dans l
252
e ». Si les Ligues suisses se détachent peu à peu
du
Saint-Empire, de cette première Europe dont elles sont nées, c’est pa
253
s et devient finalement un État comme les autres.
Du
moins les Ligues conservent-elles le principe même de l’Empire d’Occi
254
ques (l’Extrait de 1761 et le Jugement, posthume)
du
projet de paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre, puis sa Considé
255
d’une confédération de nos pays inspirée de celle
du
« corps germanique », ou Saint-Empire, des états généraux de Hollande
256
ean de Müller, dans sa Vue générale de l’histoire
du
genre humain (1797) annonce comme Rousseau que « tous les États de l’
257
té, c’est de l’organisation : l’uniformité, c’est
du
mécanisme. La variété, c’est la vie : l’uniformité, c’est la mort. »
258
typographe) en écrivant son grand livre posthume,
Du
Principe fédératif ; mais il est bien certain qu’un de ses contempora
259
on d’une société d’États européens (1879). Auteur
du
Code civil de son canton natal, Zurich, Bluntschli connaît les mécani
260
les fédéralistes européens, le projet très précis
du
juriste zurichois reste une des hypothèses de travail les plus fécond
261
on politique européenne. En effet, c’est au cours
du
congrès de Montreux que germe l’idée de réunir des états généraux de
262
hurchill, — dont le discours appelant les peuples
du
continent à former « une sorte de lien fédéral » a été prononcé à Zur
263
par les leaders de l’UEF conduit à la convocation
du
Congrès de l’Europe, qui se tient à La Haye au mois de mai 1948. De L
264
, qui propose et obtient en neuf mois la création
du
Conseil de l’Europe. L’impulsion est donnée, l’opinion se réveille, l
265
e reste va s’en suivre : plan Schuman, Communauté
du
charbon et de l’acier, tentative avortée d’une communauté de défense,
266
vortée d’une communauté de défense, puis réussite
du
Marché commun des Six et réplique des Sept de l’AELE, essor de l’écon
267
e, dans ce bref historique, les aspects culturels
du
mouvement et le rôle qu’y joue notre pays. Le congrès de La Haye ayan
268
1949. De la conférence de Lausanne et de l’action
du
Centre à Genève, jusqu’à ce jour, vont naître successivement le Labor
269
Bâle (fin septembre 1964) sous le haut patronage
du
Conseil fédéral. Ainsi l’idée européenne semble avoir trouvé parmi no
270
idée européenne. C’est en Suisse que le fondateur
du
mouvement paneuropéen, le comte Coudenhove-Kalergi, établit son quart
271
e — qui va de Hertenstein au congrès de Montreux,
du
congrès de Montreux à celui de La Haye, puis à Strasbourg, d’où l’on
272
uche sur l’ensemble complexe, en plein mouvement,
du
grand projet européen. Mais tout cela, c’est la Suisse idéale, réputé
273
ofesseurs de sciences politiques déclara au sujet
du
« pool charbon-acier », comme on appelait à l’époque la CECA : 1° qu’
274
vaient réduire l’une après l’autre les objections
du
scepticisme invétéré (ou faut-il dire traditionnel ?) qui tendait à p
275
rdres d’un pouvoir extérieur, et c’en serait fait
du
« rôle particulier » qu’elle se réserve d’invoquer plus souvent encor
276
à promulguer des décisions qui sont actuellement
du
ressort des cantons. Le droit d’établissement, la législation du trav
277
cantons. Le droit d’établissement, la législation
du
travail, le régime fiscal — par exemple — devraient être uniformisés
278
le déclarait le 3 mai 1962 M. Homberger, délégué
du
Vorort de l’Union suisse pour l’industrie et le commerce. ⁂ Résumons
279
itiques intérieures l’ont contrainte à se retirer
du
jeu des puissances militaires. La neutralité n’a jamais été qu’un moy
280
ments économiques. — La Suisse est située au cœur
du
Marché commun. Ce n’est évidemment pas avec le reste du monde (sans c
281
ché commun. Ce n’est évidemment pas avec le reste
du
monde (sans cesse invoqué par les abstentionnistes) qu’elle commerce
282
s Six, pour 13,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste
du
monde. De nos exportations, deux tiers vont à l’Europe. Il est vrai q
283
trie suisse, aux destinées de laquelle le délégué
du
Vorort n’est pas tout à fait étranger. Si M. Homberger croit vraiment
284
pays, il n’a pas le droit d’en conclure au refus
du
Marché commun, mais il a le devoir de freiner l’expansion de l’indust
285
l’expansion de l’industrie suisse, cause directe
du
« mal » en question, si c’en est un. Mais il y a plus. Les traits typ
286
le Plateau, de Genève à Romanshorn, avant la fin
du
siècle, quand la population aura doublé. Mais que la Suisse entre ou
287
lement n’entraîne un retour à la misère naturelle
du
pays ?) Bref, ce n’est pas la Suisse de Morgarten, de Marignan, ou du
288
n’est pas la Suisse de Morgarten, de Marignan, ou
du
xviiie siècle, ni même celle de 1848 qu’il s’agit de sauver aujourd’
289
, mais bien la Suisse réelle de la seconde moitié
du
xxe siècle. Refuser de coopérer à l’édification de l’Europe unie, so
290
payer le prix exorbitant. ⁂ Tels étant les termes
du
débat que l’idée européenne suscite chez nous — et l’on sait dans que
291
sur ce point, un autre aspect non moins important
du
problème resterait posé hic et nunc : celui de notre responsabilité e
292
autres. Situés au cœur géographique et historique
du
continent européen, nous avons réussi beaucoup mieux que cette fameus
293
igine et dont nous fîmes peu à peu vertu à partir
du
xixe siècle ; nous avons réussi notre fédéralisme ! Contrairement à
294
rope. Aux deux solutions en présence, à l’échelle
du
continent : sacrifier les patries à l’union, ou sacrifier l’union aux
295
enfin déclarer une attitude constructive, au-delà
du
philanthropisme en fin de compte intéressé dont elle a fait la « lign
296
cle que c’est pour une mission spéciale, la garde
du
Gothard dans les intérêts de l’Empire entier, que les Waldstätten ont
297
enis de, « L’idée européenne en Suisse », Aspects
du
devenir helvétique, Berne, Nouvelle Société helvétique, 1964, p. 176-
298
ie, égaux en droit dans l’inégalité de l’étendue,
du
nombre d’habitants, des ressources matérielles et du mode de vie trad
299
nombre d’habitants, des ressources matérielles et
du
mode de vie traditionnel. Mais cette réussite exemplaire suppose d’in
300
ieuse ou d’une école qui impose un style. Le sens
du
compromis, la réserve prudente dans l’expression de la pensée s’il s’
301
t donné à l’Europe plusieurs des plus grands noms
du
xxe siècle : Ferdinand de Saussure pour la linguistique, C. G. Jung
302
teint le maximum de 2,62 pour la Suisse, l’indice
du
Danemark, deuxième sur la liste, étant de 1,43, celui des États-Unis
303
t affronter les grandes compétitions de cette fin
du
xxe siècle que dans la mesure où elles sauront grouper leurs authent
304
locales pour mieux participer aux grands courants
du
monde et s’en nourrir, au lieu de s’y laisser dissoudre une à une. La
305
de beaucoup leur portée immédiate et l’intention
du
règlement. J’accueillais toute épreuve comme une leçon, et toute leço
306
alité exceptionnelle, et par là même impopulaire,
du
commandant de cette école était faite pour favoriser mes dispositions
307
école était faite pour favoriser mes dispositions
du
moment. Le colonel de P. cachait sous des manies, qui le faisaient pa
308
quelque chose se préparait. Et en effet, l’ordre
du
jour pour le lendemain, que nous lûmes en sortant de cette classe éco
309
illustrer l’entreprise. Au départ, à cinq heures
du
matin, dans la cour froide de la caserne de Fribourg, nous savions qu
310
itaient pour rajuster minutieusement une courroie
du
paquetage, le pli d’un sous-vêtement ou d’une chaussette, un clou de
311
re de lassitude. Les puissances de l’inconscient,
du
corps et de l’imagination, se sont mises en état d’alerte. Elles ont
312
eur régime d’exception. La connaissance anticipée
du
but leur a permis de mesurer l’effort, de le doser, et de réveiller l
313
Tout se passait donc ce matin-là comme si l’appel
du
but avait suffi à nous donner les moyens d’y répondre. Et je ne dis p
314
é reçu et surmonté qu’en vue de la grande course,
du
but lointain… Aujourd’hui, repassant ces souvenirs, je me laisse alle
315
me de lion couché. Je me souviens de l’élasticité
du
sol un peu glissant sous nos semelles cloutées, et de l’alacrité de l
316
ort raide, et l’avance très lente, mais l’attrait
du
sommet qu’on distinguait derrière des épaulements sans cesse renaissa
317
ses dimensions les moins trompeuses. La grandeur
du
décor, l’infinie variété de ses plans lumineux virant très lentement
318
ntaine de chamois. Leur chef en tête bien détaché
du
gros, ils se déplaçaient par à-coups, au pied d’une paroi de rochers
319
t cette étape nocturne. De fait, nous approchions
du
village de la Lenk, signalé par quelques lumières. L’ordre vint de re
320
patrouille. Il faut aller reconnaître le sentier
du
col. Un guide a dit qu’il neige au-dessus de deux-mille. Cinq ou six
321
e nous allèrent s’annoncer au colonel, qui buvait
du
café au restaurant. — « Je vous remercie, nous dit-il lentement, en n
322
une paix marécageuse. Le mystique, aux approches
du
sommet de l’ascension graduelle vers l’Être, fait l’expérience du Néa
323
scension graduelle vers l’Être, fait l’expérience
du
Néant… Dans tous les ordres et à tous les degrés, la déception de l’e
324
les degrés, la déception de l’effort, de l’élan,
du
désir, est une épreuve plus difficile à surmonter, parfois, que l’obs
325
Les énergies alertées dans mon corps par l’appel
du
but assigné, soudain privées d’issue, me consumaient. Moins entraîné,
326
r la classe et je dus faire l’appel à sept heures
du
matin, au garde à vous, sur le quai de la gare — je ne sais si j’euss
327
une recette de succès, au sens le moins vulgaire
du
terme, l’échec accidentel de la dernière étape m’en fournissait la né
328
tion à un essai philosophique inédit : La Morale
du
But . »
329
re ? On le penserait devant ces tableaux, à cause
du
sentiment de libération que procurent leurs déserts à ravir, comme si
330
ssemble absolument. L’informel a rejoint le style
du
rêve. Au-delà des querelles d’école, l’éternel féminin nous entraîne,
331
Je ne suis pas un technicien, ni au sens étroit
du
terme, sujet de récentes controverses et d’une votation fédérale, ni
332
une chaîne continue sinon de causes et d’effets,
du
moins d’attitudes spirituelles permettant et favorisant certaines rec
333
l en résulte que le corps physique, et la matière
du
même coup, se trouvent fortement valorisés comme objet des recherches
334
é, et ne sont pas une simple illusion, une partie
du
voile de Maya que tout l’effort spirituel doit tendre à dissiper, com
335
ais la croyance en un Dieu créateur et régulateur
du
cosmos le rend cependant concevable pour la foi. Il faut voir là sino
336
voir là sinon l’origine immédiate de la science,
du
moins l’annonce de l’attitude fondamentale, de l’option de base qui v
337
rôlée et mesurée. Cette synthèse, qui est l’œuvre
du
Moyen Âge, dès le xiiie siècle, produit ses effets à partir de la Re
338
t pas seulement spéculative, mais transformatrice
du
réel. Ajoutez-y le goût du travail, vertu ou vice des populations nor
339
, mais transformatrice du réel. Ajoutez-y le goût
du
travail, vertu ou vice des populations nordiques, d’ailleurs approuvé
340
nfin, la nécessité de survivre dans un petit coin
du
monde peu favorisé par les dons gratuits de la Nature, — j’entends no
341
tre le progrès de nos techniques et l’aggravation
du
pouvoir destructeur des guerres. Le couteau de silex puis le glaive s
342
Le couteau de silex puis le glaive sont les armes
du
combat singulier entre chefs. L’arquebuse, les machines de siège, les
343
i l’élargissement de la guerre a vraiment résulté
du
progrès de la technique, ou si ce n’est pas plutôt la technique qui a
344
idus dont on parle tant, peur d’une espèce de fin
du
monde qu’entraînerait la guerre atomique, et que j’avoue ne pas resse
345
les effets de l’expansion technique dans le reste
du
monde ? Ici, le tableau change à vue. C’est la technique née en Europ
346
a fait voir l’Occident aux peuples de l’Afrique,
du
monde arabe, de l’Inde et de l’Extrême-Orient. Au temps de la colonis
347
-Orient. Au temps de la colonisation, les peuples
du
tiers-monde ne connaissaient de nous que d’assez rares exemplaires de
348
ous priver de notre superflu pour apaiser la faim
du
monde sont hélas en pleine utopie. Ils entretiennent notre mauvaise c
349
vrir au maximum un sixième de la demande actuelle
du
tiers-monde, et cette demande aura au moins doublé d’ici vingt ans. À
350
historiquement, et de la manière la plus précise,
du
reproche populaire d’être fauteuse de guerre. Par rapport à la guerre
351
es humaines, domestiquées, mécanisées, canalisées
du
berceau à la tombe, et soumises aux seules lois de la production de s
352
vec ceux des éducateurs et des élites culturelles
du
tiers-monde autant que de l’Europe, et j’entends d’une Europe agissan
353
lle ans de progrès lents, marqués par la maîtrise
du
feu, l’invention de la roue, et la métallurgie, a subitement abouti,
354
et quelques mouettes sur un îlot rocheux. Coupés
du
contact quotidien avec la terre et la végétation, en partie libérés d
355
la vie animale et même des saisons, les citadins
du
xxe siècle seraient-ils des monstres, pâles victimes d’une technique
356
ire ! L’histoire des grandes inventions, de celle
du
feu à celle de la fusée spatiale, n’est pas l’histoire de « besoins »
357
— à part quelques rêveurs un peu bizarres. C’est
du
rêve de voler qu’est né l’avion, et du rêve de partir au hasard sur l
358
res. C’est du rêve de voler qu’est né l’avion, et
du
rêve de partir au hasard sur les routes qu’est née l’auto : vous en t
359
cable malice des choses, dont nous ne serions pas
du
tout responsables, elle menace au contraire d’anéantir toute espèce d
360
maniables qu’elle met entre nos mains — il suffit
du
plus petit geste, comme de presser sur un bouton pour produire les pl
361
e polytechnique de l’Université de Lausanne, lors
du
congrès mondial de ce groupement, le 18 septembre, en l’aula de l’EPU
362
La Suisse, maquette pour une Europe
du
bonheur (automne 1965)s Robustes, bien glacées, aux couleurs franc
363
se sur le monde, répandant une image très sincère
du
pays où l’art du tourisme fut inventé par les Anglais. Un pays que to
364
répandant une image très sincère du pays où l’art
du
tourisme fut inventé par les Anglais. Un pays que tout le monde croit
365
tales. On croit que c’est le pays le plus évident
du
monde, où tout est concerté, bien net et bien honnête, et pourvu de s
366
alouse un peu, comme si chaque Suisse bénéficiait
du
secret des banques mais sentait les vertus agricoles… Le Suisse trai
367
se, dans l’histoire, aura le dernier mot. Passer
du
premier vers au second, c’est passer du cliché à l’utopie, et de la p
368
. Passer du premier vers au second, c’est passer
du
cliché à l’utopie, et de la patrie d’un Guillaume Tell qui n’exista j
369
oici, au cœur même de l’Europe et en plein milieu
du
xx e siècle, un peuple à peu près unanime à s’estimer et à se dire he
370
ollectivement les vallées traversées par la route
du
Gothard, que l’on venait d’ouvrir au xiii e siècle. C’était le seul c
371
eul col reliant d’un seul trait le nord et le sud
du
Saint-Empire. Il fallait le garder libre pour l’Europe, contre tous l
372
e grand empereur Frédéric II conféra aux communes
du
Gothard l’immédiateté impériale, qui signifiait le droit de se régir
373
tre. Ainsi, le vrai secret de la Suisse n’est pas
du
tout celui des banques mais celui du fédéralisme, celui d’une solidar
374
se n’est pas du tout celui des banques mais celui
du
fédéralisme, celui d’une solidarité garante des autonomies. Autre sec
375
Français de langue, Européen par la culture mais
du
canton de Neuchâtel par la naissance et la tradition familiale, fils
376
est un phénomène occidental au sens le plus large
du
terme, Suisse par le passeport et les obligations militaires, habitan
377
es et de camps de concentration. Troisième secret
du
régime suisse : toutes ces communautés de nature ou librement institu
378
seconde question, celle de savoir si les recettes
du
bonheur suisse sont applicables à l’échelle de l’Europe. En effet, si
379
e. Or cette fonction reste la même qu’il s’agisse
du
corps d’un petit enfant ou de celui d’un colosse. Notez d’ailleurs qu
380
t Denis de, « La Suisse, maquette pour une Europe
du
bonheur », Revue des voyages, Genève, automne 1965, p. 57-59.
381
Un libéral engagé (1966)t Palais
du
Trocadéro (vers 1934 ?). — Face à une salle en plein tumulte où les C
382
and nous sortîmes, tandis qu’on se battait encore
du
parterre au poulailler, des hommes tombant des secondes galeries sur
383
remières… Je dis que j’admirais la liberté de ton
du
représentant de l’Espagne à Paris. — Eh bien, fit-il, je trouve qu’un
384
en ! — Non Madame, faire le bien, c’est l’affaire
du
Bon Dieu. Et de lui seul ! Tout ce que l’on peut demander d’un homme,
385
perdre tout son génie au petit vendeur d’oranges
du
port de Valencia. L’accès de l’instruction devrait être réservé à ceu
386
e théorie pseudo-arithmétique sur l’impossibilité
du
bonheur durable, et un argument du type Pyrrhus et Cinéas sur l’inuti
387
’impossibilité du bonheur durable, et un argument
du
type Pyrrhus et Cinéas sur l’inutilité finale ou la finale gratuité d
388
es dernières réunions consacrées à la préparation
du
Congrès de l’Europe (qui allait se tenir à La Haye dès le 8 mai), com
389
ours exilé, bref quelqu’un qui eût un peu le sens
du
paradoxe… Je me bornai à faire état de ses titres d’ancien ministre e
390
se dérobait (ou si l’on veut : de dérober au vol
du
temps) quelques pages qui ne vieilliront plus sur l’Europe des paysag
391
t-elle d’étiquette « progressiste ». Il a le sens
du
trait qui porte et qui assure le succès durable d’un discours même de
392
tard la TV compteront moins, finalement, aux yeux
du
« dieu qui voit très loin » (Zeus europos dans l’Odyssée) que l’innom
393
era souvent, après La Haye, la section culturelle
du
Mouvement européen (et de là sortiront le Centre européen de la cultu
394
l’Europe, cause commune s’il en fût, un temps qui
du
même coup devait manquer à ce qu’on nomme leur œuvre personnelle, et
395
ressement aussi total que notre premier président
du
Centre européen de la culture. ⁂ Mais avant d’être Européen, et après
396
Dans le même discours, il montre les difficultés
du
dialogue avec les staliniens : « Je suis un libéral, toujours prêt à
397
je préside, tandis qu’une quarantaine d’écrivains
du
monde entier occupent la scène derrière nous. C’est la séance de clôt
398
a scène derrière nous. C’est la séance de clôture
du
« Festival du xxe siècle » organisé par le Congrès pour la liberté d
399
re nous. C’est la séance de clôture du « Festival
du
xxe siècle » organisé par le Congrès pour la liberté de la culture,
400
évolution violente, après tout, c’est une maladie
du
corps social. Il fallait du courage pour lui dire : « Vous vous vante
401
ut, c’est une maladie du corps social. Il fallait
du
courage pour lui dire : « Vous vous vantez d’avoir fait une glorieuse
402
salle Pleyel fasse écho à mes souvenirs de celui
du
Trocadéro, mais dans un registre plus grave : le combatif ambassadeur
403
Au-delà des nations (1967)u La fin
du
douanier est aussi la fin de la fraude. Quelle que soit la monnaie, l
404
squ’il ouvrit à Vienne en 1927 le premier congrès
du
mouvement paneuropéen, le comte Coudenhove-Kalergi se plaçait sous l’
405
udenhove, qui a lancé le projet dans son discours
du
5 septembre de l’année précédente, et c’est le plus proche collaborat
406
précédente, et c’est le plus proche collaborateur
du
président du Conseil, Alexis Léger, qui a rédigé ce document historiq
407
t c’est le plus proche collaborateur du président
du
Conseil, Alexis Léger, qui a rédigé ce document historique, préfigura
408
préfiguration parfois fort précise non seulement
du
Conseil de l’Europe, mais de la CECA et du Marché commun. (Le terme m
409
lement du Conseil de l’Europe, mais de la CECA et
du
Marché commun. (Le terme même de « Marché commun » figure là pour la
410
e — de tout projet de fédération européenne digne
du
nom, que va-t-il se passer ? Des mesures propres à « favoriser » (fau
411
teurs qui tiennent encore la politique pour l’art
du
possible — quand elle est l’art de créer le possible au service de gr
412
sinon tout s’affaisse en routines, en répétitions
du
passé. La jeunesse se demande pourquoi l’Europe n’est pas encore unie
413
fédérale. Pour essayer de faire sentir le concret
du
problème tel que je l’ai découvert, voici un exemple vécu. Il y a que
414
ntre non seulement des souhaits des organisateurs
du
colloque, qui connaissaient les besoins de leur région, mais de tout
415
problème, mais encore dans les milieux dirigeants
du
pays le plus centralisé du continent et le plus allergique, semblait-
416
les milieux dirigeants du pays le plus centralisé
du
continent et le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme à base r
417
est encore qu’au stade de la prise de conscience
du
phénomène région et des motifs de son apparition en ce moment précis
418
n, et descendent vers leur crépuscule. Dès la fin
du
siècle dernier, Ernest Renan pouvait s’écrier dans un discours célèbr
419
ciennes, la révolution régionaliste sera faite et
du
même coup, la fédération de l’Europe se révélera immédiatement possib
420
tes, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Du
moins, cette fédération de régions « immédiates à l’Europe » — comme
421
sont en retard d’une génération sur les réalités
du
temps. 19. Robert Lafont, La Révolution régionaliste, collection «
422
l’instruction publique est apparue vers le milieu
du
siècle passé, rendant possible la lecture des affiches et des journau
423
uropéens. Quand elle fait quelque chose au niveau
du
civisme, elle ne fait en tout cas pas cela, et l’on peut être heureux
424
eux si elle ne fait pas le contraire. L’éducation
du
citoyen qui se pratique dans les écoles de nos pays est, aux dires de
425
’elles sont, ce serait inévitablement au bénéfice
du
chauvinisme national. Un remède pire que le mal serait de substituer
426
ns fragmentaires, limitées à une partie seulement
du
seul domaine économique, dans un tiers ou un quart de nos pays. Dans
427
ne, Europa zwischen Idéologie und Verwirklichung,
du
prof. Karl Schmid22 je lis ceci : Il faut absolument éviter qu’aux y
428
e participer à la vie de la cité, et dans l’éveil
du
désir d’y tenir son rôle de citoyen. (« Cité » signifiant ici toute c
429
stence sociale dans l’Europe de la seconde moitié
du
xxe siècle. Quand on a vu de quoi la vie de l’Europe est faite, on v
430
nche de plus dans l’enseignement déjà pléthorique
du
second degré, mais bien de sensibiliser l’esprit des jeunes aux réali
431
état de l’instruction civique en Europe, Bulletin
du
Centre européen de la culture, 1964 (épuisé), et Civisme et éducation
432
e. 24. « Tout ce que nous faisons est au service
du
peuple, de quel défaut ne pourrions-nous donc nous débarrasser ? » «
433
ions-nous donc nous débarrasser ? » « Si la masse
du
peuple se lève tout entière pour enlever avec nous ces montagnes, com
434
curiosité de regarder quelle était la composition
du
groupe des 14 Suisses — de passeport ou de naissance — qui ont reçu l
435
leure œuvre musicale « de chez nous », L’Histoire
du
soldat. On peut citer les prix Nobel que je vous disais tout à l’heur
436
ger. On pourrait allonger facilement cette liste.
Du
côté exportation, qu’avons-nous fait en Suisse ? Il y a d’abord eu le
437
e, Leonhard Euler, les plus grands mathématiciens
du
xviiie siècle, ont fondé les mathématiques en Russie, dans les Pays-
438
s ponts, aux États-Unis, qui sont les plus grands
du
monde. Et on pourrait multiplier ces exemples : en théologie nous avo
439
munautés qui peuvent s’en occuper. Autrement dit,
du
point de vue fédéraliste, on se demandera à partir de quelle dimensio
440
ntenant cette université qui est bien à la taille
du
canton (l’activité et la communauté étant de tailles correspondantes)
441
se serait plainte d’avoir perdu un cerveau ? Pas
du
tout ! Il serait resté à La Chaux-de-Fonds et nous n’en aurions rien
442
évoqué tout à l’heure par M. Renold. C’est celui
du
CERN. Un chercheur suisse va travailler au CERN : nous ne pouvons pas
443
européen de recherche nucléaire. C’est un message
du
Prince Louis de Broglie qui a formulé cette idée, que nous avons fait
444
les recherches atomiques à cause de la proximité
du
CERN — ça, c’est presque un accident — et les recherches psychologiqu
445
ce à la partie la plus éveillée, la plus curieuse
du
public. On se base souvent, à la radio et à la télévision, sur des en
446
ne s’agit pas de la transformer de fond en comble
du
jour au lendemain, mais il ne faut pas qu’elle soit uniquement cela :
447
suis rentré en Europe, par exemple. Ce n’est pas
du
tout que j’aie été racheté par l’État de Genève (n’est-ce pas M. Lali
448
c’est un effort qui est porté sur la préparation
du
terrain. D’ailleurs, nous ne pouvons pas dire en Suisse que nous soyo
449
Il a parlé de mon optimisme béat. Je ne vois pas
du
tout à quel moment j’ai pu tomber dans ce penchant vicieux. J’ai prop
450
commençant. Dans ce domaine, je ne conteste rien
du
tout. Mais je vous signale le danger, qui serait un danger un peu amé
451
pourrait-elle donc répondre à l’appel pathétique
du
célèbre homme d’État ? Un appel ne pouvait suffire à la créer… Au lie
452
nations sont redevenues le phénomène fondamental
du
siècle. L’évolution a joué et joue incontestablement dans le sens de
453
ramatiquement, — que cette « réalité fondamentale
du
siècle » que serait la nation, est précisément celle qui fait obstacl
454
arce que les nations qu’exalte le ministre d’État
du
général de Gaulle s’y opposent encore irréductiblement, de tout leur
455
nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui
du
triomphe de l’internationale, comme Marx l’avait dit, ni le siècle de
456
c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et d’appeler ça
du
réalisme. Le cancer et les maladies mentales sont aussi des réalités
457
fournie par les deux guerres mondiales, résultant
du
nationalisme et de l’État totalitaire, — par le besoin d’union au-del
458
tence d’un problème chaque année plus aigu, celui
du
sous-développement de certaines régions de nos plus grands pays, cont
459
orme d’association qui a dominé et animé l’Europe
du
xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle s
460
e siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe
du
xxe siècle si elle n’est pas surmontée et remplacée à temps. La gran
461
boutissement final, logique, normal et inévitable
du
Progrès. Pour dissiper cette illusion, il faudrait enseigner dans nos
462
ionaux n’apparaissent qu’après tout cela, au cœur
du
Moyen Âge, et se forment aux dépens de l’Empire et de la papauté, voi
463
voire même contre ces grands symboles de l’unité
du
globe, de l’universalité du genre humain. Et que la naissance de la p
464
s symboles de l’unité du globe, de l’universalité
du
genre humain. Et que la naissance de la première nation, la France, p
465
peut être datée de cette déclaration des légistes
du
Philippe de Bel : « Le Roy de France est empereur en son royaume », c
466
des Juifs qu’il fait dépouiller et des chevaliers
du
Temple qu’il fait exécuter, une merveilleuse opération sur l’or ! (si
467
les princes de l’Italie, de l’Europe de l’Est et
du
Nord, qui dès lors se déclarent eux aussi « souverains absolus », sup
468
rem in terris non recognoscentes selon la formule
du
xive siècle. Ce spectacle, qui est celui de la naissance des nations
469
es « démocraties » plébiscitaires et totalitaires
du
xxe siècle. La confiscation de l’idéal national par l’appareil étati
470
c’est cela qui va créer dans la première décennie
du
xixe siècle le modèle de l’État-nation, bientôt imité dans toute l’E
471
ue républicaine, et au xxe siècle, dans le reste
du
monde. Qu’est-ce en somme que l’État-nation de modèle napoléonien ? C
472
cider à tout prix dans les mêmes limites imposées
du
territoire hérité ou conquis, déclarées frontières naturelles, les ré
473
nes, langues parlées dans les villes et richesses
du
sous-sol, monnaie et programmes scolaires, politique et industrie, et
474
qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale
du
xxe siècle des nations. Et il faut souligner à ce propos une constat
475
ticipation réelle à la vie politique. Le problème
du
petit État dans le monde des grands (titre de la série dans laquelle
476
e), c’est en vérité le problème de tous les États
du
monde, sauf trois, c’est-à-dire d’environ cent-trente petits États co
477
tre démontré28 — mais aussi pour répondre au défi
du
tiers-monde, c’est-à-dire de tous ces États-nations inconsidérément m
478
s de problème, ou bien modifier les données mêmes
du
problème, c’est-à-dire chercher à fonder l’union sur autre chose que
479
plus profitables. Mais changer les données mêmes
du
problème de l’union pour le rendre soluble, c’est d’abord accepter de
480
n ce qui est neuf. Laissons de côté les héritages
du
passé dont l’unification prendrait trop de temps, demanderait trop d’
481
fédérale. Pour tenter de faire sentir le concret
du
problème tel que je l’ai découvert, voici un exemple vécu. Il y a que
482
ntre non seulement des souhaits des organisateurs
du
colloque, qui connaissaient les besoins de leur région, mais de tout
483
oblème32, mais encore dans les milieux dirigeants
du
pays le plus centralisé du continent et le plus allergique, semblait-
484
les milieux dirigeants du pays le plus centralisé
du
continent et le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme à base r
485
es, à des juristes, mais aussi à des responsables
du
Plan, à des hommes politiques comme Mendès-France, Pleven, Debré. Par
486
era pas. Dans cette Europe unie la représentation
du
peuple français sera assurée par l’État fédéral français. Parmi les p
487
stes régions de France. La nation doit réparation
du
tort ainsi causé. On n’est pas loin de l’agitation populaire et de l
488
ès sérieusement le problème de la régionalisation
du
territoire. On s’est aperçu que ce sous-développement provenait direc
489
dans un coin de l’Hexagone33. Mais dans l’optique
du
Marché commun de demain, tout change : effacée la frontière qui depui
490
anciennes, la révolution régionale sera faite, et
du
même coup la fédération de l’Europe se révélera immédiatement possibl
491
tes, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Du
moins, cette fédération de régions « immédiates à l’Europe » — comme
492
ujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience
du
phénomène région et des motifs de son apparition en ce moment précis
493
it à réfuter cette croyance. Bien sûr, dès la fin
du
siècle dernier, Ernest Renan s’était écrié dans un discours célèbre à
494
ration, cela ne se fera point par le jeu spontané
du
fameux « mouvement de l’Histoire ». Il faudra que la succession, le r
495
’une extrême affectivité, irritabilité, résultant
du
souvenir de tant de guerres récentes, de cent ans de propagande des n
496
gories politiques qu’exige la prise de conscience
du
phénomène régional opposé au stato-national. Et d’abord, un changemen
497
éfinition de la région que j’emprunte aux travaux
du
colloque de Bruxelles : L’activité économique suscite dans l’espace
498
es jouent presque toujours un rôle très important
du
point de vue intellectuel et culturel. Ces agglomérations ont dès lor
499
transports, toutes choses mobiles, indépendantes
du
sol. Pour la première fois dans l’histoire, la cité se détache du ter
500
première fois dans l’histoire, la cité se détache
du
territoire, elle « décolle » ; une unité politique se définit non plu
501
ient, et qui verra, en cas de succès, le triomphe
du
fédéralisme intégral. Depuis qu’il est question d’une entrée éventuel
502
sur la morale à courte vue qu’illustre l’anecdote
du
patriarche vaudois : il réunit ses fils autour de son lit de mort et
503
duelle. Les régions combinent ainsi les avantages
du
petit État (culturels, ethniques, économiques, civiques) qu’avaient e
504
, car ces deux choses existent à un autre niveau,
du
moins je l’espère. Belle raison d’être nationale que celle qui dépend
505
pure et simple de notre fédéralisme, à l’échelle
du
continent. Car ce fédéralisme date un peu : c’est un fédéralisme d’Ét
506
ritoires, des cadres fixes ; il doit « décoller »
du
sol, pour devenir de plus en plus une méthode de résolution de chaque
507
s, 30 octobre-5 novembre 1967. 27. Cf. éditorial
du
Monde, 30 novembre 1967. 28. Cf. Le Défi américain, par J.-J. Servan
508
par Le Monde, 30 novembre 1967, sur la métropole
du
Nord, à l’occasion de l’ouverture de l’autoroute Paris-Lille. 34. «
509
écédant le congrès à La Haye même, où les séances
du
Comité de coordination des six mouvements participants se prolongeaie
510
longeaient jusque fort avant dans la nuit (4 h 30
du
matin le 6 mai, par exemple). Quand Churchill se rassit après son dis
511
Lorsque Duncan Sandys et Retinger, organisateurs
du
congrès, étaient venus à Ferney demander mon concours, j’avais posé c
512
a vie culturelle, je discutai avec eux les termes
du
préambule, puis je le soumis au comité d’organisation du congrès. Cel
513
mbule, puis je le soumis au comité d’organisation
du
congrès. Celui-ci décida, le 8 avril, que « le texte appelé jusqu’ici
514
ver par acclamations » et formerait la conclusion
du
congrès. Ce succès était dû en grande partie aux efforts de Joseph Re
515
tituer l’un des objectifs principaux et immédiats
du
congrès et de notre mouvement. Le fait de recueillir des signatures d
516
, mis au point une dernière fois à la veille même
du
congrès, le Message avait été imprimé au haut d’un long rouleau de
517
apier parcheminé, et il était entendu qu’au terme
du
congrès, tous les participants, Churchill en tête, signeraient le doc
518
rès une brève suspension, de la séance de clôture
du
congrès, je fus appelé d’urgence par Duncan Sandys, que je trouvai fl
519
clamation fut unanime, mais la campagne populaire
du
même coup se trouvait annulée : plus moyen de signer un document où l
520
resse38. C’est à ce moment précis que les maîtres
du
congrès retirèrent la parole au peuple européen, pour la donner à des
521
terests) des États-nations. Pour réussir l’Europe
du
peuple européen, il eût fallu : 1) lancer une campagne populaire de t
522
poir que le Conseil de l’Europe — créé à la suite
du
congrès de La Haye — conduirait progressivement à l’unification polit
523
autres pouvoirs réels, à l’échelle de l’Europe et
du
monde, que négatifs. Ils peuvent encore soit refuser les mesures d’un
524
Mouvement européen — créé lui aussi au lendemain
du
congrès de La Haye — a-t-il tenu ses promesses ? Quelles furent son a
525
ent voyez-vous son avenir ? Comment voir l’avenir
du
Mouvement européen quand on ne voit même plus son présent ? Son impui
526
rtement minoritaires dans les conseils directeurs
du
Mouvement. Ce qu’il a proclamé avec une si louable mesure, et, il fau
527
quelque chose qui ne peut manquer de se produire
du
fait des autres, ou de la providence, ou du « mouvement de l’Histoire
528
duire du fait des autres, ou de la providence, ou
du
« mouvement de l’Histoire », alors oui, nous en sommes pour nos frais
529
eux exemplaires que je conserve dans les archives
du
Centre européen de la culture. 39. J’employais cette formule dans me
530
ération d’un fleuve. Il s’agissait sans nul doute
du
Méandre, puisque cet ancêtre éponyme de tous les cours d’eau sinueux
531
les choses et les dieux, ne partaient pas encore
du
seul langage, ni de l’histoire, ni des sciences exactes, et encore mo
532
par le regard ou par le bain, Héraclite a déduit
du
fleuve ces sentences : Pour ceux qui entrent dans les mêmes fleuves,
533
strent ici les deux sens et la profonde ambiguïté
du
mot durée : il désigne à la fois « ce qui ne change pas » et l’écoule
534
la fois « ce qui ne change pas » et l’écoulement
du
temps irréversible ; le devenir indéfini et ce qui dure en résistant
535
pays. Europe sans déserts et sans steppes, jardin
du
monde, fille des fleuves ! IV Rien de plus fluvial que la Suiss
536
rces. Cinq bassins fluviaux s’originent au massif
du
Gothard, château d’eau de l’Europe. Par eux la terre des Suisses est
537
terre des Suisses est liée sans relâche à l’océan
du
Nord, où va le Rhin, et à trois mers du sud, où vont le Rhône, l’Inn
538
à l’océan du Nord, où va le Rhin, et à trois mers
du
sud, où vont le Rhône, l’Inn danubienne et les deux moindres fleuves
539
Suisse dans toute l’Europe germanique et latine :
du
sommet du Gothard, écrivait le chevalier de Boufflers, « l’on peut cr
540
s toute l’Europe germanique et latine : du sommet
du
Gothard, écrivait le chevalier de Boufflers, « l’on peut cracher dans
541
e, et l’œuvre d’art à l’émotion. Les fleuves nés
du
cœur granitique de la Suisse nous quittent après avoir formé deux gra
542
avoir formé deux grandes nappes de tous les bleus
du
monde, le Bodan, le Léman, vastes miroirs horizontaux en réponse inve
543
l’affirmation farouche, le nœud serré des gorges
du
Gothard. Les grands fleuves nous bordent et nous quittent. Mais il es
544
Mais il est une rivière qui d’un large mouvement
du
sud à l’ouest, puis à l’est, ramasse toutes les autres rivières du Pl
545
puis à l’est, ramasse toutes les autres rivières
du
Plateau suisse et les déverse d’un seul geste dans le Rhin, vers l’At
546
hin, vers l’Atlantique. Elle relie les deux pôles
du
drame originel de notre histoire, le Gothard des premières communes c
547
l’autre (280 kilomètres, c’est la longueur exacte
du
Méandre !), mais elle draine tous les lacs entièrement suisses, du la
548
is elle draine tous les lacs entièrement suisses,
du
lac de Joux à l’ouest, à travers ceux de Neuchâtel, Morat et Bienne,
549
insi de sa source, à quelques kilomètres de celle
du
Rhône, jusqu’à son confluent avec le Rhin, l’Aar draine tous nos lacs
550
ses eaux, tend plutôt vers le monde rhodanien, et
du
Pays de Vaud à l’Argovie, contrées assujetties pendant des siècles. B
551
e et sa noblesse aux noms français, son ambassade
du
Roy de France, le souvenir de Besenval et celui de Casanova, Soleure
552
laisse une image classique des régimes patriciens
du
xviiie . L’Argovie, ou « pays de l’Aar », vient ensuite, en aval dans
553
ns, d’Aventicum à Vindonissa, puis route des vins
du
Pays de Vaud et route du sel de la Bourgogne — produits sur lesquels
554
ssa, puis route des vins du Pays de Vaud et route
du
sel de la Bourgogne — produits sur lesquels les gens d’Aarburg prélev
555
ège impérial — va devenir au xxe siècle le cours
du
progrès social et de la conquête industrielle. Olten est le symbole d
556
de la conquête industrielle. Olten est le symbole
du
mouvement ouvrier, comme Brugg du syndicalisme paysan, cependant que
557
est le symbole du mouvement ouvrier, comme Brugg
du
syndicalisme paysan, cependant que de Sienne à Baden les grandes usin
558
pour les faire déboucher sur l’espace et le temps
du
continent de notre destin. L’Europe est partout dans l’histoire comme
559
no-germanique, et généralement gibeline, qui fait
du
massif du Gothard le lieu le plus européen du continent. Et nos liber
560
que, et généralement gibeline, qui fait du massif
du
Gothard le lieu le plus européen du continent. Et nos libertés en son
561
ait du massif du Gothard le lieu le plus européen
du
continent. Et nos libertés en sont nées, comme en naissent les fleuve
562
e voies ouvertes à l’imagination vers les plaines
du
continent et les quatre points cardinaux. Et rien en Suisse n’est sui
563
ère germano-celte romanisée qui porte le nom même
du
cours d’eau en soi, fait du redoublement de la première — insistance
564
qui porte le nom même du cours d’eau en soi, fait
du
redoublement de la première — insistance sur l’origine et sur la forc
565
ain état d’âme, d’alerte au monde est le vrai but
du
dé-placement : il renouvelle la syntaxe émotive de mon dialogue avec
566
vants. Quelqu’un dit : Delphes. ⁂ Jusqu’au pied
du
Parnasse j’irai, et dès que dans l’ombre des chênes Aux yeux de l’err
567
chauffeur a orné son tableau de bord, le pourtour
du
parebrise et le feutre du plafond de photos miniatures encadrées, fle
568
au de bord, le pourtour du parebrise et le feutre
du
plafond de photos miniatures encadrées, fleurs séchées, amulettes, cr
569
pans de montagne s’élèvent, cachant les hauteurs
du
Parnasse. Le paysage s’assombrit, s’agrandit en même temps devant nou
570
nant, beaucoup plus bas, sur la mare scintillante
du
petit port, par instants j’ai cru voir le bateau, comme un trait. Pas
571
une porte noire semble s’ouvrir vers l’intérieur
du
rocher. Au bas de la paroi court une sorte d’auge creusée dans la pi
572
e dalles verticales, puis s’enfonce dans le flanc
du
rocher. Pieds nus dans l’eau lustrale et remontant le flot, avec piét
573
et suinte de la nuit des Temps. Jamais plus près
du
Néant primordial, dans le noir pur. ⁂ Toutes choses qui naissent et
574
tard, nous avons essayé de mieux voir l’ensemble
du
site et d’en prendre quelques photos. Mais il y a peu de recul, peu d
575
a pierre sacrée, l’omphalos lourd et noir, centre
du
Monde. Au retrait de l’ombre des chênes, j’ai trompé le sommeil pour
576
ompé le sommeil pour tenter de surprendre l’éveil
du
mythe dans l’espace du rêve, et pour entendre ce qu’on voit ici. Épia
577
nter de surprendre l’éveil du mythe dans l’espace
du
rêve, et pour entendre ce qu’on voit ici. Épiant le lent progrès de l
578
ourd escalier, dévalant des hauteurs vers le fond
du
ravin, le dieu solaire a tué Python, le grand serpent, défenseur de l
579
il la garde, elle servira son culte. Apollon fils
du
Ciel a vaincu, imposant la loi du soleil, qui est celle du Père, à ce
580
e. Apollon fils du Ciel a vaincu, imposant la loi
du
soleil, qui est celle du Père, à ce lieu dont le nom reste l’Ombre. M
581
vaincu, imposant la loi du soleil, qui est celle
du
Père, à ce lieu dont le nom reste l’Ombre. Mais ici même, près de la
582
ui, attendant la parole de son destin, et l’ombre
du
destin l’a revêtu. Selon la volonté de la Nuit, de la Terre, du sol p
583
revêtu. Selon la volonté de la Nuit, de la Terre,
du
sol profond et de la caverne où suinte l’eau sacrée du sanctuaire mat
584
l profond et de la caverne où suinte l’eau sacrée
du
sanctuaire maternel, selon la loi de l’aveuglant Désir, il va prendre
585
ui vient après l’acte tragique. Paix sur le cœur
du
héros criminel dans son triomphe, l’Ordonnateur ! Et piété pour les m
586
oté sur une des pages de garde de mon guide. Paix
du
bassin, eau verte et noire, le silence et l’ombre dorée devant l’imme
587
le temple deux fois frappé par des roches tombées
du
Parnasse : dans la lumière précise des hauteurs, dans la proximité ai
588
és — ils me rappellent parfois les hauts plateaux
du
Jura familier de mon enfance… Delphes s’est tue. Le sombre esprit ne
589
r il plaît aujourd’hui comme alors aux souffles
du
ciel de descendre Dans un cœur qui s’émeut et connaît leur présence
590
une terrasse d’auberge accrochée juste au-dessous
du
tournant de la route, à deux-cents pas de la fontaine. Pain gris, fro
591
es noires et une cruche bien fraîche de vin rouge
du
pays. Bonheur pur. 46. Xénophane de Colophon, vie siècle av. J.-C.
592
Pour une définition nouvelle
du
fédéralisme (1969)z aa En 1863 paraissait le dernier grand ouvrage
593
paraissait le dernier grand ouvrage de Proudhon,
Du
Principe fédératif, où l’on pouvait lire cette phrase devenue célèbre
594
e Pacte de Varsovie, ou de nations au sens ancien
du
mot, régions ou ethnies en révolte plus ou moins ouverte contre le co
595
État-nation, tel qu’il est né de la Révolution et
du
Premier Empire, produit de la confiscation d’une mystique — la nation
596
atomisé et trituré par les dynamismes contraires
du
xxe siècle, l’État-nation européen nous apparaît, tel que les accide
597
ntion à une politique indépendante, au plein sens
du
terme, ne saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS
598
pendent autant de l’opinion mondiale que celle-ci
du
dollar ou de la télévision. Une interdépendance universelle dans tous
599
es années à la Chambre italienne sur le règlement
du
statut des régions autonomes. Risque d’éclatement de la Belgique. En
600
ions d’organismes de coopérations multinationales
du
type de la Regio Basiliensis, mesures professionnelles et industriell
601
ratifs, mais ils regroupent 40 % de la population
du
globe, et il est frappant de constater qu’on trouve parmi eux les plu
602
l’Inde et l’Australie. Voilà qui réfute le cliché
du
fédéralisme « désuet ». Mais l’étiquette fédérale couvre des marchand
603
qu’il s’agit par exemple de l’empire soviétique,
du
Nigéria, ou de la Confédération suisse. Car la double exigence antino
604
opéenne et mondiale, même s’ils disent s’inspirer
du
propre exemple de la fédération des cantons suisses ! Il est certain
605
s d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut
du
fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralisme ! Et l’on est en droit d
606
des unions plus vastes, qui est le battement même
du
cœur d’un régime sain, j’entends immunisé contre le virus totalitaire
607
rès sûr de sa formule. Or je ne vois pas de terme
du
langage politique qui prête à pires malentendus ! Un Français cultivé
608
Français cultivé qui demande à son Littré le sens
du
mot fédéralisme trouve ceci : « Fédéralisme : substantif masculin. Né
609
ubstantif masculin. Néologisme. Système, doctrine
du
gouvernement fédératif. » Cette définition est assurément moins éclai
610
nous amènent à utiliser quotidiennement. Mais pas
du
tout : le malheur congénital du fédéralisme reste d’être un concept d
611
nnement. Mais pas du tout : le malheur congénital
du
fédéralisme reste d’être un concept dialectique, ambigu, et qui autor
612
à des travaux sur le fédéralisme. Le représentant
du
Conseil de l’Europe tint à déclarer aussitôt que le terme de fédérali
613
lus variés et les moins politiques au sens étroit
du
mot. ⁂ Tout d’abord, trois définitions. Je propose d’appeler problèm
614
i la politique fédéraliste, au sens le plus large
du
terme. Avant de chercher à quel type d’homme correspond une telle pol
615
s au sujet de l’antinomie fondamentale de l’Un et
du
Divers, ou encore de la permanence et du changement. Parallèlement se
616
l’Un et du Divers, ou encore de la permanence et
du
changement. Parallèlement se constituaient les premières définitions
617
t occidental : devant ce même problème de l’un et
du
divers, les métaphysiques orientales prennent le parti de supprimer l
618
t également et intégralement pour le fédéralisme,
du
moins tel que je l’entends, après avoir valu pour la Grèce des grands
619
cidentale vers l’approfondissement et l’expansion
du
modèle des contraires en tension créatrice, nous le trouvons dans le
620
définir en grec la nature à la fois triple et une
du
Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et la personne à la fois une et dou
621
ris par tous les penseurs occidentaux respectueux
du
réel et des conditions de la vie, qui sont : antinomies, oppositions,
622
ême devenue principe fondamental d’interprétation
du
réel (je pense aux théories de de Broglie sur la lumière, faite de vr
623
e mot de Victor Hugo repris par Camus), distingué
du
troupeau par cette vocation même dont l’exercice le relie à la commun
624
auté ? L’analyse fédéraliste d’une situation part
du
concret, en ce sens que d’abord elle considère la nature d’une tâche
625
ons plus les ordinateurs, c’est-à-dire le respect
du
réel et de ses infinies complexités enfin rendu possible par la techn
626
d’une place remplissant la fonction de l’agora ou
du
forum dans la cité antique, place délimitée par tous les bâtiments sy
627
r réévaluer les dimensions d’une université digne
du
nom, ménageant des possibilités de recherches très spécialisées et de
628
s, et je retrouve ici la solution préconisée lors
du
fameux colloque de Caen, en 1966. L’université fut une commune libre
629
nous allons enfin retrouver le problème classique
du
fédéralisme : comment assurer la cohésion d’un ensemble assez vaste p
630
tat, de la formation des esprits et de l’exercice
du
civisme, c’est dans cette dialectique concrète que sont en train de s
631
itique : il est un des grands types d’aménagement
du
rapport politique et peut-être plus encore, un des grands styles de v
632
nitions étroitement légales et constitutionnelles
du
xixe siècle. Nous voici sur le seuil de l’ère de grandes unions et d
633
otes de la fédération absolument classique et pas
du
tout des confédérations. La confédération est une mesure d’opportunis
634
un député ; cela n’est pas réellement l’activité
du
civisme, c’est-à-dire l’intervention dans les affaires qui regardent
635
e civisme. Il y a interaction de l’institution et
du
civisme. Si on trouve qu’il n’y a pas assez de civisme quelque part,
636
airement coïncider avec une région politique. Pas
du
tout, ni avec une région linguistique. On peut très bien continuer à
637
nes, comme les réalités culturelles, économiques,
du
sous-sol et de l’état civil ou de la langue qu’on parle, et qui about
638
Moselle, qui est d’un seul tenant au point de vue
du
sous-sol, d’après la langue qu’on parlait d’un côté ou de l’autre d’u
639
e intenable et nous oblige à chercher autre chose
du
côté des régions. Il est certain que le système stato-national actuel
640
ètres, dont il fallait tenir compte : l’intensité
du
trafic, le prix des travaux d’après la nature du sous-sol, les questi
641
du trafic, le prix des travaux d’après la nature
du
sous-sol, les questions de tourisme, de main-d’œuvre, d’aménagement u
642
ougemont Denis de, « Pour une définition nouvelle
du
fédéralisme », Revue des travaux de l’Académie des sciences morales e
643
141-153. aa. Discours prononcé lors de la séance
du
10 mars 1969. ab. Pierre Duclos écrivait en 1962 dans son excellent
644
es Nourritures terrestres à 16 ans m’a fait jouer
du
violon comme jamais, mais ce n’était pas assez, je suis sorti, sur mo
645
re neuf — seule valable contestation, à mes yeux,
du
désordre établi. ac. Rougemont Denis de, « La lecture des Nourritu
646
ir ; cette approche soigneusement conventionnelle
du
phénomène de la guerre devait conduire à une innovation proprement ré
647
rouvées de l’immobilisme, qui s’est toujours paré
du
nom de réalisme. Aristide Briand avait coutume de prononcer à la Cham
648
d il sacrifie si libéralement aux clichés obligés
du
récit militaire, c’est avec le plus grand naturel, semble-t-il. Mais
649
contraste avec ce que l’on va lire dans le reste
du
livre, comme pour nous faire comprendre sans le dire : voilà la guerr
650
gement de ton trahit l’entrée sur la scène réelle
du
narrateur : le cliché vient de faire place à la chose vue. Et du coup
651
le cliché vient de faire place à la chose vue. Et
du
coup cela devient effroyable. On croirait lire une description d’Hiro
652
ïonnette au ventre, d’un coup de sabre au travers
du
visage. Un général a eu l’épaule fracassée par un boulet qui reste en
653
d’adieux à leurs familles. Peu à peu, les femmes
du
lieu « voyant que je ne fais aucune distinction de nationalité, suive
654
illuminé, et auquel on a tant reproché de manquer
du
sens élémentaire des réalités. On ne saurait être plus respectueux de
655
Solférino, un an après la parution hors commerce
du
Souvenir, la Croix-Rouge est fondée à Genève. Et certes, il n’eût pas
656
ourt par hasard, dans son cabriolet, les arrières
du
champ de bataille le plus meurtrier du siècle depuis Waterloo : il n’
657
s arrières du champ de bataille le plus meurtrier
du
siècle depuis Waterloo : il n’a qu’une seule idée en tête, qui est d’
658
s que je me suis décidé à retracer. Ce n’est pas
du
tout Fabrice à Waterloo dans la Chartreuse de Parme, mais plutôt un p
659
ce de vagabond sans bagage échoue dans un village
du
canton d’Appenzell, Heiden. Il y vivra obscurément dans la misère, pe
660
, lucide et sans espoir quant à l’avenir prochain
du
monde, le reclus de la chambre 12 du petit hôpital de Heiden meurt en
661
nir prochain du monde, le reclus de la chambre 12
du
petit hôpital de Heiden meurt enfin le 30 octobre 1910 — tout près de
662
a barbarie scientifique !… Le résumé reste ceci :
du
sang, du sang, encore du sang, du sang partout. » ⁂ J’ai dit qu’on ch
663
e scientifique !… Le résumé reste ceci : du sang,
du
sang, encore du sang, du sang partout. » ⁂ J’ai dit qu’on chercherait
664
… Le résumé reste ceci : du sang, du sang, encore
du
sang, du sang partout. » ⁂ J’ai dit qu’on chercherait en vain, dans u
665
mé reste ceci : du sang, du sang, encore du sang,
du
sang partout. » ⁂ J’ai dit qu’on chercherait en vain, dans un Souveni
666
« horreurs » ?) J’avoue qu’à ma première lecture
du
Souvenir, j’avais achoppé sur ce point. Mais la mise au jour des cahi
667
ir et finale des cahiers de Heiden. La « modestie
du
but » auquel Dunant veut se limiter est réitérée, mais déjà la possib
668
’on pourra puiser pour construire une œuvre digne
du
but.43 Il ne s’agit plus d’améliorer la peste, mais de dénoncer le
669
épète pas que la guerre est la suprême éducatrice
du
genre humain ! À cet antique adage de la sagesse commune à toutes les
670
anisme blasphématoire : La guerre, cette science
du
désordre, qui provient de l’anarchie d’en haut, ne tue pas seulement
671
spérer ni à ménager, s’abandonnerait au zèle amer
du
censeur des temps nouveaux et aux compensations fictives d’utopies qu
672
étuelle, supposent toujours la fin de l’Histoire,
du
moins telle que nous l’entendons ? Il convient de s’entendre sur le
673
uerre dans l’ère moderne, qu’il écrit vers la fin
du
siècle dernier. Il est difficile aujourd’hui de ne pas voir les liens
674
éveloppement scientifico-technique mis au service
du
nationalisme. Tels sont les procédés nés de la Révolution, qui ont pe
675
e chrétiens commettent ces crimes qu’ils décorent
du
nom de politique coloniale ». Or ce n’est pas la vraie civilisation q
676
tes, Dunant, pas plus que tant d’autres prophètes
du
même temps, Jakob Burckhardt, Nietzsche, ou Georges Sorel, n’a rien p
677
utre plus de bien qu’aucun homme de son siècle ou
du
nôtre. 41. « La guerre est agréable pour ceux qui ne l’ont pas fait
678
inée à un ouvrage collectif consacré aux lauréats
du
prix Nobel de la paix (Fratelli Fabri Editori). 43. BPU Ms fr. 4556.
679
des circonstances très diverses, je n’arrive plus
du
tout à retrouver quand j’ai rencontré pour la première fois Hans Opre
680
s de la guerre à Berne ? Mais je fondais la Ligue
du
Gothard avec Theo Spoerri en mai 1940, et Hans Oprecht fondait l’auto
681
l’un des premiers à utiliser cette forme moderne
du
cabinet de travail étiré sur plusieurs centaines de kilomètres — mais
682
ce qui est neuf ». Laissons de côté les héritages
du
passé dont l’unification prendrait trop de temps, demanderait trop d’
683
té cette règle d’or, dès les débuts de l’activité
du
Centre européen de la culture. Nos premières interventions nous portè
684
ans l’édition, la création et l’essor des guildes
du
livre, alors considérées — mais nous pensions le contraire — comme un
685
r les libraires, les éditeurs et les corporations
du
livre en général. Dans ce dernier champ de ses activités, le CEC ne p
686
: Hans Oprecht n’était pas pour nous le président
du
Parti socialiste, mais avant tout le directeur de la Büchergilde Gute
687
nberg, laquelle avait donné naissance à la Guilde
du
Livre, à Lausanne. Ce fut autour de ce noyau que se constitua rapidem
688
ne laideur irréversible. En Hollande, dans le Sud
du
Portugal, toutes les maisons sont belles, sans être plus luxueuses. C
689
J’ai pu le constater à propos d’un petit village
du
Midi où je possède une maison. On y a tué la poule aux œufs d’or car
690
ensé que l’on détruisait ce qui faisait l’attrait
du
pays. On a l’impression que le seul souci qu’on ait soit la spéculati
691
Il faut rendre les gens attentifs à l’importance
du
cadre dans lequel ils vivent. Cela est plus important que de savoir s
692
s’équilibrer dans le chaos ». C’est ma conclusion
du
Journal d’une époque . ai. Rougemont Denis de, « [Entretien] Il
693
et, soit en cours de réalisation, dans l’ensemble
du
pays de Gex, voilà quelques chiffres grisants qui semblent annoncer u
694
voltairienne, où logeait, dit-on, le garde-chasse
du
château. La porte du cabinet de travail s’ouvre sur les prés, les boi
695
ait, dit-on, le garde-chasse du château. La porte
du
cabinet de travail s’ouvre sur les prés, les bois, une image paisible
696
’ouvre sur les prés, les bois, une image paisible
du
pays de Gex que bientôt peut-être on ne pourra plus contempler. »
697
I. Les objections courantes Depuis 1963, date
du
premier essai quelque peu développé dans lequel — revenant d’ailleurs
698
, des émotions par l’éloquence patriotique, enfin
du
sentiment religieux par le culte du Soldat inconnu et la sacralisatio
699
otique, enfin du sentiment religieux par le culte
du
Soldat inconnu et la sacralisation des bornes-frontières. Distinguons
700
ypothèses prospectives, formées par extrapolation
du
passé ou du présent, sont toutes à la merci d’une équation nouvelle,
701
ospectives, formées par extrapolation du passé ou
du
présent, sont toutes à la merci d’une équation nouvelle, d’une action
702
a des décennies. Ce qui est urgent, c’est le prix
du
lait et le taux d’accroissement de la productivité industrielle. (Pr
703
conçu, formé et accouché en neuf mois exactement,
du
17 février au 16 novembre 1848, et il est entré en vigueur à cette de
704
commun, par exemple.) Il n’y a qu’une transition
du
projet au succès : c’est l’acte créateur, ou révolution, procédant d’
705
taux, qu’éprouve un homme de cette seconde moitié
du
xxe siècle à concevoir une Europe des régions, proviennent du « modè
706
e à concevoir une Europe des régions, proviennent
du
« modèle » que l’École (aux trois degrés) a imposé depuis un siècle a
707
les calculs des arpenteurs. — Tout ce qui relève
du
domaine public (économie, politique, enseignement, fiscalité, défense
708
l’homme néolithique (nomade fixé au sol à partir
du
Xe millénaire avant notre ère). Au cours des siècles de l’histoire mo
709
e de la fonction visuelle et par l’identification
du
« voir » et du « comprendre » qui s’en suit. L’homme de la civilisati
710
n visuelle et par l’identification du « voir » et
du
« comprendre » qui s’en suit. L’homme de la civilisation visuelle, de
711
tale. Les possibilités pratiques de participation
du
citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre e
712
ourd’hui. La vie communale — seule école efficace
du
civisme — ne serait pas nécessairement restaurée par la simple divisi
713
modèle neuf de relations humaines et de structure
du
pouvoir. Elle ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ai to
714
ogiques s’ajoutent d’ailleurs au refus instinctif
du
saut qualitatif et révolutionnaire, pour favoriser cette évolution, o
715
riser cette évolution, ou plutôt cette dévolution
du
centralisme de la capitale au centralisme des métropoles de développe
716
frontières communes, et souvent pas de frontières
du
tout. Si l’on exigeait que tout cela soit unifié et uniformisé dans l
717
es ambitions de Napoléon et celles d’un dictateur
du
xxe siècle il y ait d’autres différences que celles dues aux moyens
718
à les régir en souverain. Je demande la division
du
phénomène État en autant de foyers, et sa répartition à autant de niv
719
napoléonien qui la continue, et des totalitaires
du
xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de d
720
, Proudhon s’en tient à un partage ou répartition
du
pouvoir entre les échelons géographiques : commune, province (région)
721
raient souhaitable de renouer librement des liens
du
type national, politique ; non exclusifs, bien entendu, de liens écon
722
lraux dit que la nation est le phénomène dominant
du
xxe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’à la France… 49.
723
autre chose qu’à la France… 49. P.-J. Proudhon,
Du
principe fédératif, Paris, 1863, p. 82. 50. Louis Armand propose le
724
souvenirs, quelques cheveux blancs et des enfants
du
premier lit : ça pose des problèmes (voir Elle n° 1216) mais on ne fa
725
ouvent l’heureux mariage qu’on n’a pas su réussir
du
premier coup. Mais faut-il vraiment se marier deux fois ? Denis de Ro
726
mais un problème d’avenir. C’est une conséquence
du
divorce plus fréquent mais aussi du progrès médical. Ce qu’on nomme «
727
e conséquence du divorce plus fréquent mais aussi
du
progrès médical. Ce qu’on nomme « l’espérance de vie » ayant doublé,
728
e. Il y a enfin la remise en question quotidienne
du
mariage : chacun sait désormais qu’il y a problème et qu’on peut en p
729
ême en parler librement et sérieusement. La crise
du
mariage et la cellulite sont même devenues les deux mamelles de la pr
730
mariage. Pourquoi ? L’une des grandes difficultés
du
sujet tient à ce qu’il n’existe pas de littérature romanesque sur le
731
er les âges et les motivations des conjoints lors
du
premier et du second mariage. Analyser leur évolution, les réactions
732
les motivations des conjoints lors du premier et
du
second mariage. Analyser leur évolution, les réactions des enfants, e
733
u-père, le Dr Répond, qui est psychanalyste, lors
du
premier mariage, on épouse ses complexes. Or, contrairement à ce que
734
ls sont gênants, voire dangereux. Les motivations
du
premier mariage sont la plupart du temps inconscientes. Complexe d’Œd
735
ui est (sans qu’on le sache) celui de la mère, ou
du
père. Ou au contraire, inhibition devant une femme aimée, parce que l
736
, l’immaturité des conjoints, souvent accompagnée
du
désir (conscient ou non) de se libérer de sa famille, cas plus fréque
737
ement les circonstances réelles. L’ennemi n° 1
du
mariage, c’est la passion Mais où est le roi Marc entre le garçon
738
era forcément malheureuse. Le défi sentimental
du
passionné Vous avez démontré dans L’Amour et l’Occident que l’am
739
n’est donc pas une invention récente. Or la crise
du
mariage n’a pas six siècles. Quel rapport y a-t-il entre l’un et l’au
740
iait pour des raisons : fortune, terres, agrément
du
caractère et du physique, et on restait marié pour des raisons : reli
741
isons : fortune, terres, agrément du caractère et
du
physique, et on restait marié pour des raisons : religieuses, sociale
742
er, sur une crise affective. La passion retranche
du
monde comme la fièvre ; quand la fièvre est retombée, la réalité est
743
défi sentimental, le défi téméraire et dérisoire
du
passionné. Tout ça, ce sont les défauts possibles et même courants d’
744
iminées quand on se remarie ? Pas automatiquement
du
tout. Quand l’expérience n’a pas été comprise, on se remarie trois fo
745
mais (« on ne peut pas changer de place les raies
du
zèbre », dit un proverbe oriental) et, comme on a pris conscience de
746
ux éléments durables et indispensables à la durée
du
mariage. Attention, ne vous remariez pas pour vous venger N’y a
747
aient qu’un mariage de raison ? C’est l’intuition
du
véritable moi de l’autre. C’est l’acceptation de cet être tel qu’il e
748
divorce. À la surestimation de la passion, issue
du
mythe de Tristan, et de toute la littérature romanesque, se sont ajou
749
manesque, se sont ajoutés tous les tabous sexuels
du
xixe siècle. L’effet de révélation produit par l’œuvre de Freud, cet
750
ses recherches « scientifiques », on osait parler
du
sexe ! Aujourd’hui on parle du sexe — d’abondance — mais, en ce qui c
751
», on osait parler du sexe ! Aujourd’hui on parle
du
sexe — d’abondance — mais, en ce qui concerne l’amour, beaucoup de ge
752
t ce qui peut aider les gens à prendre conscience
du
sérieux, de la beauté, mais aussi de la difficulté du mariage et je p
753
érieux, de la beauté, mais aussi de la difficulté
du
mariage et je pense que « l’essai » peut aider. Bien sûr, l’expérienc
754
comme celui qui précède dans les revues la sortie
du
numéro 1, le premier numéro officiel. Ce type d’expérience se répand
755
gement total. Je ne crois pas à la valeur magique
du
« oui » solennel mais bien à la valeur psychologique de protection qu
756
s la fatigue et cela changeait tout. La valeur
du
« oui » solennel Mais vous n’avez pas fait lors du premier coup un
757
oui » solennel Mais vous n’avez pas fait lors
du
premier coup une marche de 140 km ? C’est pourquoi le mariage-maquett
758
tation de la passion ou plutôt, soyons réalistes,
du
désir de ressentir une passion, qui fait croire que « ça y est », ave
759
spéré à cause de lui pendant huit jours, la crise
du
mariage sera résolue en principe et la majorité des divorces évités.
760
t la majorité des divorces évités. Mais l’emprise
du
mythe est tellement forte que notre vocabulaire le plus courant en es
761
re à l’autre avec continuité ! C’est le contraire
du
« coup de foudre » aveuglant, de la passion « fatale » mais changeant
762
vés pour être heureux ! Le contraire de la folie,
du
déséquilibre, de la passion, dans l’esprit des gens, c’est l’ennui. E
763
vie à deux —, vous explique comment les problèmes
du
deuxième mariage éclairent la grande crise du mariage moderne. »
764
mes du deuxième mariage éclairent la grande crise
du
mariage moderne. »
765
tembre 1969)an ao Denis de Rougemont, aux yeux
du
grand public, c’est l’auteur d’un livre « unique », d’une thèse reten
766
era, au fil des ans, Doctrine fabuleuse, Personne
du
drame [sic] et Les Mythes de l’amour. C’est donc l’illustre théoricie
767
te conférence, qui était placée sous les auspices
du
Département de français de l’Université McGill et du Consulat général
768
Département de français de l’Université McGill et
du
Consulat général de Suisse, répondait d’ailleurs on ne peut mieux aux
769
on non moins importante de « l’écrivain engagé »,
du
promoteur infatigable de l’idée fédéraliste en Europe, en faveur de l
770
cette autre thèse chère à M de Rougemont : celle
du
fédéralisme. Il l’a non seulement défendue par ses écrits, mais égale
771
is également par son action en tant que directeur
du
Centre européen de la culture, qu’il a fondé et qu’il dirige depuis 1
772
-Unis, après son séjour au Canada, je veux parler
du
prix Paul Tillich qui est, en quelque sorte, un prix de théologie, on
773
», se demandait-on au lendemain de l’attribution
du
Grand Prix littéraire de Monaco. La question, on le voit reste toujou
774
je lui montre cette cohérence entre mon érotique
du
mariage, du couple et mes théories fédéralistes. À quoi je lui ai rép
775
re cette cohérence entre mon érotique du mariage,
du
couple et mes théories fédéralistes. À quoi je lui ai répondu que rie
776
our moi, le couple est une espèce de banc d’essai
du
fédéralisme, c’est-à-dire du système d’aménagement qui permet à des n
777
pèce de banc d’essai du fédéralisme, c’est-à-dire
du
système d’aménagement qui permet à des natures diverses de vivre ense
778
ujours, poursuit-il, aux définitions des conciles
du
ive au vie siècle qui ont défini la personne à propos des personnes
779
protestants. Mais, 1932 marque aussi la naissance
du
personnalisme à laquelle il devait participer. C’était la réponse à «
780
retrouve plusieurs de celles qui furent à la base
du
mouvement personnaliste. Ce que nous appelions en 1932 la révolution
781
avait alors alerté et réveillé c’était l’exemple
du
nazisme et du communisme stalinien. Et puis il y a eu la montée de la
782
lerté et réveillé c’était l’exemple du nazisme et
du
communisme stalinien. Et puis il y a eu la montée de la guerre. On vo
783
grandes causes à défendre et nous ne voyions pas
du
tout lesquelles à ce moment-là. Cette crise existentielle dont nous a
784
is extrêmement dangereux, et qui ne ressemble pas
du
tout à notre réaction personnaliste et communautaire. Elle ressemble
785
: c’est la police qui arrive. Je ne suis donc pas
du
tout d’accord avec Sartre quand celui-ci prêche la destruction de l’U
786
ite précisément au nom d’autre chose. Je n’ai pas
du
tout varié en ce qui concerne la définition de la révolution que nous
787
ite retentissante des systèmes centralisateurs et
du
nationalisme étatisé. C’est la guerre la plus antisuisse de l’histoir
788
. Et depuis, il travaille sans relâche à la cause
du
fédéralisme. Il ne nous cache d’ailleurs pas qu’il désirait venir au
789
fédéraliste nous amène, on l’aura remarqué, loin
du
fédéralisme canadien. M. de Rougemont nous confiera d’ailleurs ses im
790
retombé dans la vieille formule de l’État-nation
du
xixe siècle ; une conception qui ne s’accorde plus aux exigences de
791
èle pyramidal, mais sans s’arrêter aux frontières
du
Québec ou même au niveau de la fédération canadienne. Il faut aller j
792
ques. Si vous voulez avoir une vision fédéraliste
du
monde, nous dit M. de Rougemont, il vous faudra séparer tout ce qui p
793
ent les intellectuels. Que cette idée fédéraliste
du
monde soit utopique, M de Rougemont serait le premier à l’admettre. M
794
me, l’attentisme ne représentent-ils pas la ruine
du
monde ? » C’est la leçon en tout cas que nous rappelle M de Rougemont
795
européen — et nous définissions la révolution pas
du
tout comme le grand chambardement ou la violence ou verser du sang et
796
e le grand chambardement ou la violence ou verser
du
sang et tout ça, mais comme la substitution d’un ordre nouveau à ce q
797
n industrielle, de la distribution des richesses,
du
profit, et de choses aussi pauvres que cela, pour créer une communaut
798
ain de se défaire, n’est-ce pas : la grande crise
du
xxe siècle, c’est la dissolution du sens de la communauté humaine. A
799
grande crise du xxe siècle, c’est la dissolution
du
sens de la communauté humaine. Alors, c’est dans ce sens que, je pens
800
tes passé — ou peut-on dire que vous êtes passé —
du
personnalisme au fédéralisme ? Par un cheminement absolument normal e
801
e suis devenu, presque, le théoricien, en Europe,
du
fédéralisme — je prépare un grand ouvrage qui s’appellera Théorie gén
802
un grand ouvrage qui s’appellera Théorie générale
du
fédéralisme, où je constate que le mot fédéralisme est toujours mal c
803
aires de six pays, qui a donné lieu à la création
du
CERN — le Centre européen de recherche nucléaire, le plus grand labor
804
Nous avons créé aussi des fédérations de guildes
du
livre, d’historiens, pour la révision des manuels, une agence de dist
805
a défié, il y a deux ans, de prouver que mon idée
du
mariage et de l’amour me conduit au fédéralisme. J’ai dit : rien n’es
806
st plus facile. Le mariage, c’est le banc d’essai
du
fédéralisme. Qu’est-ce que le fédéralisme ? C’est faire coexister ens
807
chose entre un homme et une femme. […] Vous avez
du
monde une vue qui est religieuse en ceci que vous dites que l’amour o
808
à se tient-elle aujourd’hui ? Moi, je ne suis pas
du
tout d’accord : il n’y a pas du tout de débandade de l’idée religieus
809
i, je ne suis pas du tout d’accord : il n’y a pas
du
tout de débandade de l’idée religieuse, du phénomène religieux. Au co
810
a pas du tout de débandade de l’idée religieuse,
du
phénomène religieux. Au contraire, il y a une débandade des instituti
811
ivre écrit pendant la guerre à New York, La Part
du
diable , nous allons vers le règne de l’ennui mécanique et technique,
812
rtie contre la psychanalyse. Est-ce que… Non, pas
du
tout. Je suis très intéressé par la psychanalyse et il y a très longt
813
e je trouve ça très important. Non. Dans La Part
du
diable , j’opposais au fond la créativité humaine, la responsabilité
814
à ce que j’appelais le pouvoir de « décréation »
du
diable. Je suis en train de préparer une cinquième réédition de ce li
815
à uniformiser, à égaliser, et toujours au profit
du
degré le plus bas d’organisation, le plus simpliste, le plus totalita
816
tendre approfondir la conclusion de sa conférence
du
25 septembre à l’Université McGill, on sent que la place qu’il accord