1
opageant un style doté du nom de sa terre natale.
Il
n’y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’on a pu parler d’une
2
it à parler de fédéralisme. Encore la chose était-
elle
entendue de manière assez différente par les Alémaniques et les Roman
3
ez nos voisins français, épris de logique, disent-
ils
, et centralisateurs. Un Français cultivé et qui se demande quel est l
4
sens du mot fédéralisme, recourt à son Littré, où
il
trouve ceci : Fédéralisme s.m. Néologisme. Système, doctrine du gou
5
’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’
il
est fait de contradictions, mais qu’à la différence de tous les autre
6
les autres systèmes politiques ou philosophiques,
il
ne cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par
7
par les moyens de la logique ou de la force, car
il
a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’elles
8
maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’
elles
sont. Mais parce qu’il accepte les contradictions, les oppositions, l
9
vre ensemble, telles qu’elles sont. Mais parce qu’
il
accepte les contradictions, les oppositions, les tensions, et cherche
10
définition l’uniformité imposée par un centre, qu’
il
s’agisse d’une capitale ou d’un parti, d’un pouvoir clérical ou polit
11
u d’un parti, d’un pouvoir clérical ou politique.
Il
est donc le contraire absolu de tout régime totalitaire, de tout ordr
12
on, et loin de fuir devant la complexité du réel,
il
la respecte, il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’a
13
uir devant la complexité du réel, il la respecte,
il
croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre par
14
é du réel, il la respecte, il croit à ses vertus,
il
en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre part, le fédéralisme refus
15
il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref,
il
l’aime. D’autre part, le fédéralisme refuse avec non moins de fermeté
16
ge avec le monde extérieur. Car le fédéralisme, s’
il
aime les diversités régionales, aime aussi leur santé, qui est celle
17
anté, qui est celle de l’ensemble. C’est pourquoi
il
veut leur union, leur entraide, et même, dans certains cas bien défin
18
rticularismes clos, le fédéralisme représenterait-
il
alors une sorte de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point du tou
19
er, à mi-chemin entre la dictature et l’anarchie.
Il
est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui n’en sont peut-être q
20
ux erreurs, qui n’en sont peut-être qu’une seule.
Il
représente la seule attitude rigoureusement contraire à celle que les
21
lité que le totalitarisme, à l’échelle nationale.
Il
traduit le même manque d’imagination, de vitalité, de sens des propor
22
’autre part la légitimité des autonomies locales.
Elle
exige à la fois l’une et l’autre, en dépit de leur caractère logiquem
23
iste veut une maîtrise du divers, comme tout art.
Elle
est un art de la composition, qui requiert à la fois et en même temps
24
sation. Prenons l’exemple d’une œuvre picturale :
il
n’y aurait pas d’harmonie possible dans un tableau sans contrastes de
25
, celle de l’artiste, hors de l’unité du tableau,
il
n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que
26
’y aurait pas de contrastes réels entre les tons,
il
n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bi
27
ère d’un rouge se manifeste et chante sa chanson,
il
faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des verts, par exemp
28
rsité des petites nations qui la composent, sinon
elle
trahira sa mission dans le monde ; et qu’en même temps la Suisse appr
29
observe dans le cadre de la Confédération, sinon
elle
trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme n’est pas seulement un
30
des valeurs diversifiées, — et voilà, me semble-t-
il
, du même coup, une assez bonne définition de la culture ! ⁂ Pour qu’i
31
néral — au sens occidental et moderne du terme —,
il
faut une variété aussi riche que possible de créations humaines, un f
32
s, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et
il
faut quelque chose qui lie toutes ces œuvres variées, et qui leur off
33
une culture, cohérente et vivante, de la culture.
Il
faut donc à la fois l’Un et le Divers, une très riche diversité se dé
34
ur lequel se détache notre individualité, et dont
elle
tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe enti
35
uis un siècle que les Suisses, selon la langue qu’
ils
parlent, se rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes culture
36
res nationales voisines. Pour que cela soit vrai,
il
faudrait tout d’abord que le concept de « culture nationale » corresp
37
nale » corresponde à des réalités culturelles. Or
il
ne correspond qu’à des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait
38
t une pure et simple illusion d’optique scolaire.
Elle
se dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’Histoire. La cultu
39
a jamais une addition de « cultures nationales ».
Elle
est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siè
40
la plupart n’ont même pas cent ans d’existence :
il
faut bien admettre que la culture s’était constituée avant elles et s
41
admettre que la culture s’était constituée avant
elles
et sans elles ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul
42
la culture s’était constituée avant elles et sans
elles
! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul exemple : cel
43
gnes, voici l’évolution de la musique en Europe :
elle
naît et se constitue entre les xiie et xive siècles dans un certain
44
nce, puis en Île-de-France. Des cités italiennes,
elle
se propage jusqu’aux cités flamandes, le long du grand axe commercial
45
Une nouvelle école s’épanouit dans les Flandres.
Elle
influence bientôt la Bourgogne, et redescend vers l’Italie qu’elle en
46
entôt la Bourgogne, et redescend vers l’Italie qu’
elle
enrichit de ses nombreuses découvertes. Plus tard, les Allemands (com
47
dizaines de nos frontières nationales actuelles.
Elles
relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas de
48
re, c’est simplement l’école locale dans laquelle
il
s’est formé. D’où vient alors cette illusion d’optique dont je parlai
49
tion française actuelle, à l’ensemble de laquelle
elle
ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle e
50
qui vivent dans sept ou huit nations différentes.
Il
faut donc commencer par faire violence aux réalités linguistiques pou
51
odernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à
elle
seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des éléments de la
52
gue ne saurait à elle seule définir une culture :
elle
n’est guère qu’un des éléments de la culture en général, si essentiel
53
ments de la culture en général, si essentiel soit-
il
. Tous les autres éléments : la religion, la philosophie, la morale, l
54
ngtemps déchiré le corps de notre continent. ⁂ Or
il
se trouve que les Suisses sont, ou devraient être, préservés mieux qu
55
ache directement à l’ensemble culturel européen :
elle
est « immédiate à l’Europe », comme les villes libres au Moyen Âge et
56
rotestantisme est majoritaire en Suisse romande ;
il
a déterminé en grande partie nos mœurs, notre exigeant souci moral et
57
es allégeances civiques, économiques et sociales,
il
se rattache à sa commune, à son canton, à la Confédération ; par son
58
lisme les implique et permet de les composer. Et
il
est vrai que ce régime peut conduire moralement à la médiocrité dorée
59
et de grandes dimensions à composer diversement,
il
satisfait trop facilement, dit-on, ceux qui choisissent de s’installe
60
uisse, mais peut-être les Suisses moyens trouvent-
ils
dans les structures fédérales de leur pays une protection plus effica
61
et civique, comme de leur paix. On voit mal ce qu’
ils
gagneraient à échanger cette paix — que l’on jalouse un peu tout en l
62
ceux qui assument leurs plus grandes dimensions,
il
faut admettre qu’un régime fédéraliste et pluraliste leur ouvre de be
63
pluraliste leur ouvre de belles perspectives : qu’
ils
y entrent et qu’ils les explorent, ils s’y sentiront vite chez eux, s
64
e de belles perspectives : qu’ils y entrent et qu’
ils
les explorent, ils s’y sentiront vite chez eux, sans avoir à renier l
65
tives : qu’ils y entrent et qu’ils les explorent,
ils
s’y sentiront vite chez eux, sans avoir à renier leur clocher. Défini
66
prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’
il
est lié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant
67
ria, Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’
ils
n’ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture
68
z, à titre d’argument massue contre ma thèse. Est-
il
besoin de rappeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Pari
69
ne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ?
Il
se voulait un pur Vaudois, séparatiste (car c’était là le véritable s
70
l’a peut-être soutenu, en tant qu’artiste, comme
il
arrive ; elle n’en fut pas moins responsable de certaines limitations
71
re soutenu, en tant qu’artiste, comme il arrive ;
elle
n’en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre.
72
e privilégié du niveau de culture d’un peuple, qu’
elle
fut au temps de l’Europe classique puis romantique. Les sciences ont
73
lace, à cet égard. Or quel rang la Suisse y tient-
elle
? « L’indice Nobel » peut nous l’apprendre : il donne le nombre de pr
74
elle ? « L’indice Nobel » peut nous l’apprendre :
il
donne le nombre de prix Nobel par million d’habitants d’un pays, de 1
75
le monde de cette deuxième moitié du xxe siècle.
Il
symbolise et préfigure l’apport de l’Europe au tiers-monde, tout enfi
76
s dans le cadre du Centre européen de la culture,
il
ne sera sans doute pas inutile de situer notre projet, d’en préciser
77
ues moments à cette introduction plus générale. S’
il
paraît opportun d’entreprendre aujourd’hui, ou plutôt de poursuivre e
78
e se trouve posée à cette génération, et parce qu’
elle
met en jeu bien autre chose que des intérêts matériels. Il serait don
79
jeu bien autre chose que des intérêts matériels.
Il
serait donc vain de se dissimuler que l’une des raisons d’être de cet
80
on européenne n’est pas une question académique !
Elle
n’appartient pas à un passé qu’il suffirait de décrire et d’interprét
81
académique ! Elle n’appartient pas à un passé qu’
il
suffirait de décrire et d’interpréter, mais à un avenir auquel nous s
82
uel nous sommes tous vitalement intéressés, et qu’
il
s’agit de préparer. Elle est moins un acquis à transmettre qu’un prob
83
talement intéressés, et qu’il s’agit de préparer.
Elle
est moins un acquis à transmettre qu’un problème à résoudre. Est-ce à
84
ettre qu’un problème à résoudre. Est-ce à dire qu’
il
faille en laisser le soin au seul réalisme des hommes d’État, aux seu
85
globale, économique et politique au premier chef,
elle
implique en réalité, quantité de problèmes moraux, juridiques, histor
86
ux, juridiques, historiques, philosophiques, dont
il
faut bien reconnaître que beaucoup attendent encore d’être étudiés ob
87
, représente autre chose et un peu plus que ce qu’
elle
est dans sa réalité physique, qui est à peine 4 % des terres émergées
88
ntral de notre enseignement et de nos recherches,
il
importe de rappeler tout d’abord à grands traits dans quels termes el
89
er tout d’abord à grands traits dans quels termes
elle
se pose, et qui l’a posée. Le monde issu de la Seconde Guerre mondial
90
, qui a peut-être le vent de l’histoire en poupe.
Ils
ne sont pas nombreux d’abord, ils ne sont pas suivis par la majorité
91
toire en poupe. Ils ne sont pas nombreux d’abord,
ils
ne sont pas suivis par la majorité de leurs collègues. Mais ce sont,
92
onomie commande les armements, surtout au prix où
ils
sont. La politique en dépend donc aussi étroitement qu’elle dépend pa
93
La politique en dépend donc aussi étroitement qu’
elle
dépend par ailleurs de l’opinion, des idéologies nationales et des do
94
ant par là même alerté les intérêts et l’opinion,
elle
débouche enfin sur le plan politique. Mais il serait excessif de dire
95
, elle débouche enfin sur le plan politique. Mais
il
serait excessif de dire qu’elle y débouche en pleine clarté. Au contr
96
lan politique. Mais il serait excessif de dire qu’
elle
y débouche en pleine clarté. Au contraire, c’est à ce niveau que la d
97
Si l’on examine son vocabulaire, on s’aperçoit qu’
il
utilise à peu près au petit bonheur les termes d’union et d’unificati
98
vaincante des solutions proprement politiques, qu’
il
faudra bien donner un jour prochain à la question européenne. En vue
99
voit que l’unification de l’Europe, à supposer qu’
elle
soit praticable, ne serait conforme ni aux données historiques, ni au
100
es actuelles et concrètes du problème à résoudre.
Il
importe toutefois de la mentionner, ne fût-ce qu’à titre de limite, d
101
ulle lui-même (conférence de presse de mai 1962),
elle
ne désigne en réalité qu’une Europe des États. Dans une telle Europe,
102
ui ont posé, précisément, la question européenne.
Elle
supposerait en tout cas un retrait, éventuellement impraticable ou tr
103
ou modifiées par le Marché commun. D’autre part,
elle
se fonde sur une certaine idée de la souveraineté des États, considér
104
rés comme seule réalité tangible, ou par là même,
elle
présente un attrait certain pour ceux qui souhaiteraient laisser les
105
isser les choses autant que possible en l’état où
elles
sont. Mais est-il sûr que cet état soit bien celui que l’on croit ? P
106
nt que possible en l’état où elles sont. Mais est-
il
sûr que cet état soit bien celui que l’on croit ? Pour répondre à cet
107
que l’on croit ? Pour répondre à cette question,
il
conviendrait d’examiner, après Léon Duguit, Preuss, Lapradelle, Chabo
108
et reprise par le xixe siècle des nationalismes.
Il
faudrait voir, d’une part, dans quelle mesure cette notion est compat
109
est compatible avec le droit, et d’autre part, si
elle
correspond encore à des réalités tangibles, à des droits et à des dev
110
ité, leurs libertés collectives ou individuelles.
Il
faudrait examiner objectivement si, et dans quelle mesure, « les chos
111
, et dans quelle mesure, « les choses étant ce qu’
elles
sont », la notion d’indépendance n’a pas déjà cédé le pas, en fait pl
112
e, les États ne seraient pas effacés ou dissouts,
ils
ne seraient pas non plus maintenus dans une fiction de souveraineté a
113
us dans une fiction de souveraineté absolue, mais
ils
joueraient un rôle plus ou moins analogue à celui des cantons suisses
114
antirait leur souveraineté — dans les domaines où
elle
peut et doit rester entière — tout en l’exerçant collectivement dans
115
vement dans d’autres domaines où, de toute façon,
elle
ne peut plus guère s’exercer individuellement. Convient-il de considé
116
t plus guère s’exercer individuellement. Convient-
il
de considérer comme un quatrième type, la solution qui consisterait à
117
des Six, faite à Bonn le 18 juillet 1961, parle,
il
est vrai, de « donner forme à la volonté d’union politique déjà impli
118
ont institué les Communautés européennes », mais
elle
ne suggère pas les voies et moyens qui pourraient permettre d’opérer
119
être la préfigure, ou l’amorce. Ce régime serait-
il
interétatique, super étatique, ou extraétatique, pour reprendre les d
120
radictoires, mais qui sont là, incontestablement.
Elle
paraît aussi la plus propre à rallier ou à faire converger un jour ou
121
unie. Enfin, raisons immédiates et personnelles.
Il
se trouve que mes collaborateurs et moi-même, si différents que soien
122
ns du bord, dans un esprit commun. Or je pense qu’
il
existe une harmonie préétablie entre le fédéralisme comme objet d’étu
123
est pas une doctrine toute faite, un dogme auquel
il
s’agirait de plier les réalités, mais une méthode générale d’aménagem
124
n Europe, la CECA, le Marché commun, l’AELE, etc.
Il
étudiera donc des exemples précis d’évolution des structures du stade
125
auxquelles se développe ce contenu économique, et
il
montrera dans quelle mesure ces structures tendent ou non à se rappro
126
t ou non à se rapprocher des formes fédéralistes.
Il
rejoindra de la sorte les études de méthode et d’évaluation des tenda
127
l’intégration, réunies dans le nouvel ouvrage qu’
il
publie ces jours-ci : Dimensions européennes de la science politique.
128
i dépasse évidemment nos forces actuelles mais qu’
il
semble urgent d’entreprendre là où on le peut, dans l’esprit du prove
129
jet particulier de mon cours, mais je souhaite qu’
ils
aient permis déjà d’en pressentir les intentions. Il pourrait sembler
130
aient permis déjà d’en pressentir les intentions.
Il
pourrait sembler logique de commencer par définir le fédéralisme avan
131
ique serait trompeur dans le cas particulier, car
il
se trouve que le fédéralisme n’est précisément pas un système logique
132
es régimes qui s’en inspirent, nous constatons qu’
il
leur faut des livres entiers pour l’exposer ou, mieux, pour en décrir
133
l’étend à toutes les structures intersociales, qu’
elles
soient ou non étatiques ; l’équipe de l’Ordre nouveau, de 1932 à 1939
134
se qu’une simple recette juridique ou politique :
il
est un des grands types d’aménagement du rapport politique, et peut-ê
135
secrètement partisane, ou entachée d’abstraction,
il
était plus honnête et enseignant d’aller rechercher dans les écrits d
136
ons et croyances régnantes en leur temps, soit qu’
ils
les reflètent fidèlement — et ce sera une occasion de les décrire —,
137
et ce sera une occasion de les décrire —, soit qu’
ils
s’opposent expressément à « ce qui allait de soi » du vivant de leurs
138
lait de soi » du vivant de leurs auteurs, et dont
ils
annoncent la modification ou anticipent le dépassement. Ainsi, la con
139
la naissance de notre confédération, qui résulte,
elle
, du mouvement des communes12, troisième composante de l’époque. Vous
140
et j’en examinerai les causes. Dans ce contexte,
il
s’agira de repérer la nature des obstacles traditionnels de l’union,
141
bstacles sont en train de céder aujourd’hui. Mais
il
n’est pas moins important de rechercher dans ces plans avortés les ét
142
fédéralisme, terme inventé par Rousseau, prétend-
il
, à l’occasion de sa critique des utopies de l’abbé de Saint-Pierre, e
143
ée par un puissant parti, les jacobins, tandis qu’
elle
se réalisait enfin, mais hors d’Europe, dans la Constitution américai
144
e série de « grands travaux européens » ; comment
elles
se développent dans les plans de Bentham et de Saint-Simon ; enfin co
145
lans de Bentham et de Saint-Simon ; enfin comment
elles
aboutissent aux réalisations que l’on sait dans notre temps. C’est do
146
d’échecs pratiques et de déchets idéologiques. Qu’
il
s’agisse au début du plus grand poète du Moyen Âge, Dante, ou du roi
147
llons parcourir n’est pas seulement pittoresque :
elle
nous conduit au cœur des débats idéologiques et politiques de l’Europ
148
948 le Centre européen de la culture à Genève, qu’
il
dirige encore aujourd’hui. Dès 1951, président du comité exécutif du
149
dans le développement de la culture occidentale ;
ils
n’y entrent en fait et d’une manière distincte qu’au troisième quart
150
la fin du xiiie jusqu’au milieu du xixe siècle,
elle
n’était guère qu’une confédération plus ou moins lâche de petits État
151
politique, l’économie, la confession, la langue.
Elle
dépendait ainsi, à des titres divers, de plusieurs grands ensembles c
152
n’est parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) mais
ils
ne trouvent à se réaliser qu’au sein d’une entité beaucoup plus vaste
153
, qui n’ont vécu que dans leur seule nation, et d’
elle
seule ont nourri leur carrière) mais par leur biographie, leurs horiz
154
leurs allégeances spirituelles, par les lieux où
ils
agirent de leur vivant, et par les influences subies ou exercées. Pa
155
ens moyens, oui, disait Lucien Fèbvre. Mais quand
ils
réussissent à se dégager de leur canton, alors pas de milieu, ils att
156
à se dégager de leur canton, alors pas de milieu,
ils
atteignent à l’universel… Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Sui
157
vant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques.
Il
s’appelle Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son canto
158
es : quelle que soit leur petite patrie locale, s’
ils
la dépassent, c’est pour rejoindre immédiatement les grands courants
159
immédiateté à l’Empire » (Reichsunmittelbarkeit).
Il
en va de même dans le domaine culturel. Nous sommes, nous Suisses, im
160
rnit à la Suisse ses meilleures chances, et c’est
elle
qui, dans le cas de la Suisse — compartimentée à l’extrême, mais liée
161
la plus moderne, vagabonde en de nombreux pays où
il
invente et exerce son art, puis revient enseigner en Suisse dans les
162
mondiale de la pensée théologique de Karl Barth :
elle
dépasse largement les limites de la confession protestante. ⁂ Mais s’
163
es limites de la confession protestante. ⁂ Mais s’
il
reste vrai que la Suisse n’est pas une nation comme les autres, n’aya
164
ollandaise ou vénitienne du xviiie siècle, et qu’
elle
s’est conformée par anticipation à cette règle devenue évidente à par
165
mateur non prévenu n’y verra pas la Suisse, comme
il
voit à coup sûr l’Espagne dans les œuvres de Picasso, le ghetto russe
166
end de créer quelque chose, tout se passe comme s’
il
avait à se faire pardonner son ambition ou son génie individuel en dé
167
ambition ou son génie individuel en démontrant qu’
il
fait une œuvre utile au bien commun ; ou bien, il lui faudra courir s
168
il fait une œuvre utile au bien commun ; ou bien,
il
lui faudra courir son aventure loin de son pays. L’architecte suisse
169
t voir plutôt petit, fonctionnel et très sobre, s’
il
reste en Suisse. Mais s’il a le goût de la grandeur, c’est à Rome qu’
170
onnel et très sobre, s’il reste en Suisse. Mais s’
il
a le goût de la grandeur, c’est à Rome qu’il ira terminer l’énorme dô
171
is s’il a le goût de la grandeur, c’est à Rome qu’
il
ira terminer l’énorme dôme de Saint-Pierre comme Maderno et les deux
172
erno et les deux Fontana, c’est aux États-Unis qu’
il
ira construire les plus grands ponts du monde comme l’ingénieur Amman
173
l’ingénieur Ammann, c’est en France ou en Inde qu’
il
trouvera des commandes pour bâtir une église de Ronchamps ou une capi
174
l’efficacité transformatrice. Et c’est en cela qu’
ils
sont typiquement suisses. ⁂ Cependant, une série de grands noms ne re
175
ant, une série de grands noms ne représente pas à
elle
seule tout l’apport culturel d’un pays, de même qu’un prestigieux éta
176
résistance qui l’appuie dans la population. Ce qu’
il
est important de savoir sur l’armée suisse, c’est que chacun de ses s
177
équipement militaire dans son armoire. Qu’en est-
il
de notre équipement culturel ? Il me paraît que la structure fédérali
178
oire. Qu’en est-il de notre équipement culturel ?
Il
me paraît que la structure fédéraliste du pays et l’autonomie dans so
179
inentale où l’arme secrète sera la matière grise.
Elle
le doit sans nul doute à ses structures très concrètement fédéraliste
180
rès concrètement fédéralistes depuis des siècles.
Il
s’ensuit que la menace d’uniformisation et d’oblitération des traditi
181
n des traditions locales est bien plus grave pour
elle
que pour ses grands voisins. Ce n’est pas du projet d’union européenn
182
qu’ici les valeurs et les forces culturelles dont
elle
dispose. N’est-elle pas le pays d’Europe qui a les raisons les plus f
183
t les forces culturelles dont elle dispose. N’est-
elle
pas le pays d’Europe qui a les raisons les plus fortes et les plus co
184
’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’
il
est fait de contradictions, mais qu’à la différence de tous les autre
185
les autres systèmes politiques ou philosophiques,
il
ne cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par
186
par les moyens de la logique ou de la force, car
il
a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’elles
187
maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’
elles
sont. Mais parce qu’il accepte les contradictions, les oppositions, l
188
vre ensemble, telles qu’elles sont. Mais parce qu’
il
accepte les contradictions, les oppositions, les tensions, et cherche
189
définition l’uniformité imposée par un centre, qu’
il
s’agisse d’une capitale, d’un État, d’un parti, d’un pouvoir clérical
190
d’un pouvoir clérical, politique, ou économique.
Il
est donc le contraire absolu de tout régime totalitaire de tout ordre
191
on, et loin de fuir devant la complexité du réel,
il
la respecte, il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’a
192
uir devant la complexité du réel, il la respecte,
il
croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre par
193
é du réel, il la respecte, il croit à ses vertus,
il
en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre part, le fédéralisme refus
194
il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref,
il
l’aime. D’autre part, le fédéralisme refuse avec non moins de fermeté
195
ge avec le monde extérieur. Car le fédéralisme, s’
il
aime les diversités régionales, aime aussi leur santé et celle de l’e
196
leur santé et celle de l’ensemble. C’est pourquoi
il
veut leur union, leur entraide, et même, dans certains cas bien défin
197
rticularismes clos, le fédéralisme représenterait-
il
alors une sorte de moyen terme entre ces deux extrêmes ? Point du tou
198
er, à mi-chemin entre la dictature et l’anarchie.
Il
est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui n’en sont peut-être q
199
alité que le totalitarisme à l’échelle nationale.
Il
traduit le même manque d’imagination, de vitalité, de sens des propor
200
’autre part la légitimité des autonomies locales.
Elle
exige à la fois l’une et l’autre, en dépit de leur caractère logiquem
201
te veut une maîtrise du divers — comme tout art !
Elle
est un art de la composition qui requiert à la fois et en même temps
202
isation. Prenez l’exemple d’une œuvre picturale :
il
n’y aurait pas d’harmonie possible sans contrastes de couleurs, et sa
203
, celle de l’artiste, hors de l’unité du tableau,
il
n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que
204
’y aurait pas de contrastes réels entre les tons,
il
n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bi
205
ère d’un rouge se manifeste et chante sa chanson,
il
faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des verts, par exemp
206
rsité des petites nations qui la composent, sinon
elle
trahira sa mission dans le monde ; et qu’en même temps la Suisse appr
207
observe dans le cadre de la Confédération, sinon
elle
trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme n’est pas seulement un
208
des valeurs diversifiées, — et voilà, me semble-t-
il
, une assez bonne définition de la culture ! II Avec ces quelques
209
idental du terme, très différent de l’asiatique —
il
faut une variété aussi riche que possible de créations humaines, un f
210
s, de méthodes, de doctrines, d’écoles, etc. — et
il
faut quelque chose qui lie toutes ces œuvres variées et qui leur offr
211
une culture, cohérente et vivante, de la culture.
Il
faut donc à la fois l’Un et le Divers, une très riche diversité se dé
212
ur lequel se détache notre individualité, et dont
elle
tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe enti
213
uis un siècle que les Suisses, selon la langue qu’
ils
parlent, se rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes culture
214
res nationales voisines. Pour que cela soit vrai,
il
faudrait tout d’abord que le concept de « culture nationale » corresp
215
nale » corresponde à des réalités culturelles. Or
il
ne correspond qu’à des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait
216
t une pure et simple illusion d’optique scolaire.
Elle
se dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’Histoire. La cultu
217
a jamais une addition de « cultures nationales ».
Elle
est l’œuvre de tous les Européens qui ont pensé et créé depuis 28 siè
218
la plupart n’ont même pas cent ans d’existence :
il
faut bien admettre que la culture s’était constituée avant elles et s
219
admettre que la culture s’était constituée avant
elles
et sans elles ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul
220
la culture s’était constituée avant elles et sans
elles
! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul exemple : cel
221
gnes, voici l’évolution de la musique en Europe :
elle
naît et se constitue au xiiie siècle dans un certain nombre de cités
222
nce, puis en Île-de-France. Des cités italiennes,
elle
se propage jusqu’aux cités flamandes, le long du grand axe commercial
223
cole nouvelle s’épanouit alors dans les Flandres.
Elle
influence bientôt la Bourgogne, et redescend vers l’Italie qu’elle en
224
entôt la Bourgogne, et redescend vers l’Italie qu’
elle
enrichit de ses nombreuses découvertes. Plus tard, les Allemands et l
225
dizaines de nos frontières nationales actuelles.
Elles
relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas de
226
re, c’est simplement l’école locale dans laquelle
il
s’est formé. D’où vient alors cette illusion d’optique dont je parlai
227
tion française actuelle, à l’ensemble de laquelle
elle
ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle e
228
qui vivent dans sept ou huit nations différentes.
Il
faut donc commencer par faire violence aux réalités linguistiques pou
229
odernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à
elle
seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des éléments de la
230
gue ne saurait à elle seule définir une culture :
elle
n’est guère qu’un des éléments de la culture en général. Or tous les
231
État dans le corps de ce continent. III Or
il
se trouve que les Suisses sont, ou devraient être, préservés mieux qu
232
ache directement à l’ensemble culturel européen :
elle
est « immédiate à l’Europe », comme les villes libres au Moyen Âge et
233
e protestantisme est dominant en Suisse romande ;
il
détermine en grande partie nos mœurs, notre exigeant souci moral et n
234
prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’
il
est lié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant
235
ria, Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’
ils
n’ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture
236
z, à titre d’argument massue contre ma thèse. Est-
il
besoin de rappeler que ce grand artiste s’est formé à l’école de Pari
237
ne, puis des romanciers russes, enfin de Goethe ?
Il
se voulait un pur Vaudois, séparatiste (car c’était là le véritable s
238
mpris). Cette erreur l’a peut-être soutenu, comme
il
arrive, mais n’en fut pas moins responsable de certaines limitations
239
le monde de cette deuxième moitié du xxe siècle.
Il
symbolise et préfigure l’apport de l’Europe au tiers-monde, tout enfi
240
icielle, de nos particularismes les plus désuets.
Il
voudrait que chacune de nos cités se suffise à elle-même dans tous le
241
re que cela n’est pas possible, en plus d’un cas,
il
pousse à préférer des solutions médiocres, mais « bien de chez nous »
242
x en restant libre et dispersé, voire anarchique.
Il
est clair que nos villes sont trop petites pour se payer chacune un l
243
rendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’
elles
sont trop petites pour que s’y développent à foison des écoles de pei
244
s plus petites que nos villes romandes actuelles.
Elles
sont tout de même devenues des foyers rayonnants de créations du prem
245
nt de princes et de grands marchands de l’époque.
Il
est trop clair qu’à l’absence de cette passion créatrice et de ce sen
246
st normalement de rationaliser les activités dont
ils
s’occupent, pour les rendre plus économiques ou plus rentables. Mais
247
égeant en revanche trop de médiocrité pour peu qu’
elles
aient été un jour inscrites à quelque budget d’État, et sous prétexte
248
de présenter une culture européenne unitaire » ;
il
nierait que l’Europe soit « la patrie des contradictions » ; et il pr
249
Europe soit « la patrie des contradictions » ; et
il
pratiquerait le « nationalisme culturel » au nom d’un « anticommunism
250
es cultures ou Les Chances de l’Europe , etc.),
ils
partageront notre stupeur. M. Chiti-Batelli accuse le CEC d’un « défa
251
» ses travaux. Quelle est donc sa méthode à lui ?
Elle
consiste à lire « unitaire » là où nous disons « pluraliste » ; à lir
252
nous ne cessons d’écrire qu’avec Rome et Athènes
ils
sont les éléments fondamentaux de notre culture, à nous opposer ma pr
253
ote suivante : « À la suite de l’article : “Y a-t-
il
une culture européenne ?” publié dans notre numéro de décembre, nous
254
e pourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais
il
n’est pas de volonté sans but, sans quelque utopie directrice, imagin
255
ions fondamentales les mieux partagées en Europe,
il
en est deux qui me paraissent les plus propres à motiver chez l’homme
256
à désirer des régimes pluralistes, arrangés comme
ils
viennent, ménageant les complexités et l’imprévu de l’existence ; rég
257
e primitive des soviets (conçue par Lénine lorsqu’
il
était en Suisse), l’anarchisme à la Bakounine et les brèves flambées
258
rfection (nulle société ne saurait y survivre) et
elles
coexistent en nous. L’Européen normal vit quelque part entre les deux
259
ive d’un seul n’aurait aucune chance de succès si
elle
ne rencontrait dans les masses des prédispositions de même nature, qu
260
e d’un dictateur réussit dans la mesure exacte où
elle
rencontre et satisfait un besoin largement partagé de subir la puissa
261
contraignant n’est féconde que dans la mesure où
elle
éveille et libère chez beaucoup la possibilité de s’affirmer, de se c
262
iquement celui du manager et celui du professeur.
Ils
ont en commun une volonté déclarée d’objectivité (technique ou scient
263
ions des deux autres types. Mais peut-être s’agit-
il
d’un double refoulement. Chez le manager, la volonté de puissance ne
264
lée à celle d’atteinte aux droits acquis, fussent-
ils
les souverainetés traditionnelles des États, de plus en plus incompat
265
rs d’utopies et de plans, et de leurs critiques :
elle
reste à écrire, on le voit. Il m’importait seulement de situer ma pos
266
eurs critiques : elle reste à écrire, on le voit.
Il
m’importait seulement de situer ma position, c’est-à-dire mon option
267
a logique rationaliste de nos pères. En revanche,
elle
apparaît conforme à la logique déduite des sciences physiques, et bio
268
ades récents de notre aventure intellectuelle, et
il
en demeure indépendant. (Le premier ne suffit pas mieux à le réfuter,
269
uter, que le second à le fonder en principe.) Car
il
est véritablement la projection au plan continental d’une notion de l
270
os sciences et nos logiques ne seraient pas ce qu’
elles
sont, ou n’auraient pas eu lieu. Lors du premier congrès de l’Union e
271
elons que les conquêtes sociales ne sont rien, si
elles
n’aboutissent pas à rendre chaque individu plus libre dans l’exercice
272
libre et engagé, à la fois autonome et solidaire.
Il
vit dans la tension entre ces deux pôles : le particulier et le génér
273
ion et la cité ; entre ces deux amours : celui qu’
il
se doit à lui-même et celui qu’il doit à son prochain — indissolubles
274
ours : celui qu’il se doit à lui-même et celui qu’
il
doit à son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tensi
275
ma trop rapide, mais qui me paraît indispensable,
il
ne faut pas penser que la personne soit un moyen terme ou un juste mi
276
est pas à mi-chemin entre la peste et le choléra,
elle
représente la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lav
277
i vraiment un système, et encore moins un plan qu’
il
faudrait appliquer aux réalités humaines et politiques, toujours « ma
278
me dit Descartes. C’est un art de composer, quand
il
s’agit d’élaborer une constitution et des lois, et une méthode de pil
279
ion et des lois, et une méthode de pilotage quand
il
s’agit de gouverner entre le Charybde de l’anarchie des particularism
280
echniques éprouvées, sans secrets du métier, mais
il
serait vain d’en faire un traité théorique. Plutôt que d’essayer de l
281
un État impérialiste détient la force nécessaire,
il
ne fédère pas, il annexe ; il n’unit pas, il unifie. Et les coalition
282
te détient la force nécessaire, il ne fédère pas,
il
annexe ; il n’unit pas, il unifie. Et les coalitions qui se forment c
283
a force nécessaire, il ne fédère pas, il annexe ;
il
n’unit pas, il unifie. Et les coalitions qui se forment contre lui ne
284
ire, il ne fédère pas, il annexe ; il n’unit pas,
il
unifie. Et les coalitions qui se forment contre lui ne survivent pas
285
chniques et de richesses dans une caisse commune,
ils
agissent alors en fondateurs d’une fédération. Ne mérite donc le titr
286
nité de l’Europe, sont des avertissements utiles.
Ils
nous confirment dans l’idée qu’on ne peut pas atteindre une fin fédér
287
arranger selon leurs caractères particuliers, qu’
il
s’agit à la fois de respecter, et d’articuler dans un tout. Troisièm
288
n chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste,
il
va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus
289
e majorité dans certains cas, parce qu’à ses yeux
elle
représente une qualité irremplaçable. (On pourrait aussi dire une fon
290
du divers, comme tout art. Art de la composition,
elle
requiert à la fois et en même temps la vivacité des contrastes et leu
291
sation. Prenons l’exemple d’une œuvre picturale :
il
n’y aurait pas d’harmonie possible, dans un tableau, sans contrastes
292
elle de l’artiste) et hors de l’unité du tableau,
il
n’y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que
293
’y aurait pas de contrastes réels entre les tons,
il
n’y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bi
294
ère d’un rouge se manifeste et chante sa chanson,
il
faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des verts, par exemp
295
arrivaient à se concevoir dans un rôle analogue,
elles
comprendraient que leur harmonie est une nécessité vitale, et non pas
296
demande, ou une diminution de leur valeur propre.
Elles
comprendraient aussi que dans une fédération elles n’auraient pas à s
297
lles comprendraient aussi que dans une fédération
elles
n’auraient pas à se mélanger, mais au contraire à fonctionner de conc
298
poumon que possible, et, dans cette mesure même,
il
aidera le cœur à être un bon cœur. Cinquième principe. Le fédéralism
299
ue dès 1880, dans une lettre prophétique, ceux qu’
il
appelait les « terribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers s’é
300
ux, cantonaux, fédéraux, si diversement engrenés,
il
convient de leur montrer que cette complexité — cause de tant de lent
301
la condition même de nos libertés. C’est grâce à
elle
que nos fonctionnaires sont rappelés au concret, et que nos législate
302
et qui se recoupent de cent manières différentes.
Il
est clair que des lois ou des institutions conçues dans un esprit uni
303
personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes,
il
est plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalité
304
ité technique, et de compréhension des peuples qu’
elle
administre. Elle exige beaucoup plus de vrai sens politique. Finaleme
305
de compréhension des peuples qu’elle administre.
Elle
exige beaucoup plus de vrai sens politique. Finalement, si l’on y réf
306
taires sont antipolitiques par définition, puisqu’
elles
consistent simplement à supprimer les diversités, par incapacité de l
307
humaines est beaucoup plus près de s’organiser qu’
il
ne le semble. Elle est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle n
308
coup plus près de s’organiser qu’il ne le semble.
Elle
est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne le croit. C’est s
309
Elle est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’
elle
ne le croit. C’est sur le plan de l’action gouvernementale que les op
310
itions et les rivalités éclatent, et là seulement
elles
semblent ou deviennent irréductibles. Il paraît difficile d’espérer
311
ment elles semblent ou deviennent irréductibles.
Il
paraît difficile d’espérer que les gouvernements puissent jamais réal
312
pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’
il
serait déraisonnable de choisir comme arbitres d’un match les capitai
313
chacune des communautés constituantes et pour qu’
elles
puissent exercer ensemble des fonctions qui dépassent les forces de c
314
s fonctions qui dépassent les forces de chacune d’
elle
. Ni les menaces arabes puis mongoles, ni l’entreprise des croisades,
315
st et nous minant à l’intérieur par les partis qu’
ils
commandaient chez nous, n’ont réussi à provoquer la fédération de nos
316
ses impérialistes des Européens — les colonies —,
elles
sont restées le fait des États en concurrence nationaliste : elles n’
317
s le fait des États en concurrence nationaliste :
elles
n’ont contribué qu’à notre division, et presque à notre ruine à deux
318
ux cantons suisses en 1848, ont compris qu’isolés
ils
tombaient, mais qu’unis ils pouvaient à la fois sauver leurs libertés
319
ont compris qu’isolés ils tombaient, mais qu’unis
ils
pouvaient à la fois sauver leurs libertés locales et agir comme une s
320
éfinir en quelques mots, en une formule. C’est qu’
elle
est d’un type organique plutôt que rationnel, et dialectique plutôt q
321
nel, et dialectique plutôt que seulement logique.
Elle
échappe aux catégories statiques et géométriques du rationalisme vulg
322
e.3 La pensée fédéraliste ne projette pas devant
elle
une utopie bien cohérente qu’il s’agirait d’imposer, ou des plans sta
323
ette pas devant elle une utopie bien cohérente qu’
il
s’agirait d’imposer, ou des plans statiques qu’il faudrait réaliser e
324
il s’agirait d’imposer, ou des plans statiques qu’
il
faudrait réaliser en quatre ou cinq ans, par la réduction impitoyable
325
on impitoyable des réalités vivantes et gênantes.
Elle
cherche au contraire le secret d’un équilibre souple et constamment m
326
ouple et constamment mouvant entre des groupes qu’
il
s’agit de composer en sauvegardant à la fois leur individualité et le
327
soi. Or les uns et les autres ont tort, parce qu’
ils
n’ont qu’à moitié raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni dan
328
union des cantons, ni dans leur seule autonomie.
Il
consiste dans l’équilibre continuellement rajusté entre les deux néce
329
t apporter à chaque région et à chaque personne.
Il
est infiniment probable que, sur le plan européen, nous allons voir s
330
velle gauche et une nouvelle droite, en somme. Et
il
faudra sans cesse rappeler aux deux partis que le fédéralisme véritab
331
alogue, dans leur tension féconde. Toutefois — et
il
m’importe au plus haut point de le préciser ici et de le souligner —,
332
: celui des transports, et celui de l’éducation.
Il
est facile de voir que chacun des membres d’une fédération bénéficier
333
es autonomies locales ou régionales. D’autre part
il
n’est pas moins évident que l’ensemble fédéral européen bénéficiera d
334
e conditionne la puissance créatrice de l’Europe.
Il
convient donc d’attribuer aux régions une totale autonomie en matière
335
surplus à leur financement fédéral.) Ceci posé,
il
va sans dire que dans certains domaines publics, il apparaîtra normal
336
va sans dire que dans certains domaines publics,
il
apparaîtra normal ou nécessaire soit de déléguer aux membres de la fé
337
r et à mesure de leur évolution, d’une part ce qu’
il
devient avantageux pour chacun de confier au pouvoir fédéral ; d’autr
338
confier au pouvoir fédéral ; d’autre part, ce qu’
il
reste indispensable de laisser à la libre initiative des États ou rég
339
les deviennent des phénomènes d’ampleur publique,
il
est normal qu’un pouvoir central prenne la charge de les organiser, r
340
n de l’esprit devant ses propres inventions ! Car
il
est clair que la machine a été inventée par les Européens pour les li
341
les libérer du travail qui pouvait être fait par
elle
; et s’ils ne savent mettre à profit les libertés ainsi conquises, à
342
du travail qui pouvait être fait par elle ; et s’
ils
ne savent mettre à profit les libertés ainsi conquises, à la fois phy
343
en est le vrai responsable. Le mécanisme quel qu’
il
soit — de la machine-outil à l’État, du plan de travail d’un écrivain
344
e créatrice, un moyen ordonné à sa fin. De même,
il
serait néfaste et faux de considérer la centralisation, l’organisatio
345
tés fédérées de tâches devenues trop lourdes pour
elles
, mais dont la bonne exécution ouvre à chacun de leurs citoyens des mo
346
esanteur naturelle, aux routines, aux machines qu’
elle
s’est construites mais qu’elle accuse ensuite de l’asservir, cette ma
347
s, aux machines qu’elle s’est construites mais qu’
elle
accuse ensuite de l’asservir, cette mauvaise foi trahissant à vrai di
348
soit de s’imaginer, comme la colombe de Kant, qu’
elle
volerait beaucoup mieux dans le vide. Bureaucratie, technocratie, péd
349
ces objets, et les doue des pouvoirs de sujets qu’
elle
abdique… ⁂ IV. Passage des buts aux moyens Quels sont alors les
350
ies à venir ? Et de quels mécanismes l’Europe a-t-
elle
besoin pour atteindre ces buts, ou pour s’en rapprocher ? Buts. Aut
351
ts personnels (les plus immédiats à l’universel).
Il
s’agit donc : — d’une part, à l’intérieur, d’éviter que les indépenda
352
de l’Europe n’étant pas ici discutée mais admise,
il
faut chercher à voir maintenant quelles formes d’organisation politiq
353
ode personnaliste, c’est d’une vision des Buts qu’
il
faut partir : car elle seule permettra d’éclairer les chemins qui peu
354
est d’une vision des Buts qu’il faut partir : car
elle
seule permettra d’éclairer les chemins qui peuvent y conduire. Nous a
355
ment ces grands principes abstraits se traduisent-
ils
, aux yeux de l’Européen vivant en 1980 ? Tout d’abord, par un sentim
356
u la Chine, l’Europe est tellement plus variée qu’
elle
est en fait, si on la traverse, infiniment plus riche en expériences
357
éens en déplacement professionnel ou en vacances.
Ils
sont chez eux partout, du Cap Nord à Stamboul, comme c’était le cas n
358
Saint-Gallois à Genève, du Sicilien en Lombardie.
Ils
disent « nous » en parlant de n’importe quel autre peuple. Ils appren
359
nous » en parlant de n’importe quel autre peuple.
Ils
apprennent à considérer les gloires et les hontes du passé de chaque
360
ux dimensions continentales, et donc mondiales. S’
ils
veulent sortir de l’Europe, vers l’Afrique ou l’Asie, les Amériques o
361
l’Afrique ou l’Asie, les Amériques ou la Russie,
ils
produisent un passeport européen, délivré à leur lieu d’origine. Chac
362
é à leur lieu d’origine. Chacun peut s’établir où
il
le veut, sur tout le territoire de la fédération, soit pour y travail
363
de se sentir écrasée entre les « deux grands » :
elle
est plus « grande » que chacun d’eux, et presque autant que les deux
364
d’un pays d’origine, d’une communauté définie où
il
a (ou prend) ses racines ; et il peut y exercer ses droits civiques.
365
nauté définie où il a (ou prend) ses racines ; et
il
peut y exercer ses droits civiques. Le droit à une patrie locale est
366
de la Personne. Pour devenir citoyen de l’Europe,
il
faut et il suffit que l’on devienne d’abord citoyen de l’un des pays
367
nne. Pour devenir citoyen de l’Europe, il faut et
il
suffit que l’on devienne d’abord citoyen de l’un des pays membres, vo
368
bénéficie de tous les droits civiques et sociaux.
Il
y vote, et il y est éligible après un certain délai, qui varie selon
369
ous les droits civiques et sociaux. Il y vote, et
il
y est éligible après un certain délai, qui varie selon qu’il s’agit d
370
igible après un certain délai, qui varie selon qu’
il
s’agit d’emplois publics municipaux, régionaux, ou nationaux. Le droi
371
traînant dans une guerre ou une ruine générales :
ils
participent tous également au droit de déterminer leur destin, sur ce
372
fédération européenne a solennellement déclaré qu’
elle
renonçait à la guerre comme moyen politique. Pour sa police interne e
373
et pour garantir ses membres contre l’extérieur,
elle
entretient des forces défensives organisées selon le système des mili
374
r les libertés fondamentales de l’homme européen.
Il
en résulte immédiatement que l’organisation politique de l’Europe ne
375
mmun de plusieurs de leurs fonctions principales.
Elle
se trouve être, de la sorte, au moins aussi réelle que dans l’ancien
376
iciles, à l’intérieur de la fédération vers 1980.
Elle
ne saurait s’expliquer qu’en fonction des problèmes qui se posaient a
377
etour en arrière, examinons la situation telle qu’
elle
se présentait aux environs de 1963, lorsqu’on se mit à envisager les
378
ainte-Alliance, interdisant toute union efficace,
il
s’agit de manœuvrer selon les meilleures recettes de pilotage, de tro
379
plus épineux est celui de la souveraineté : faut-
il
exiger des États qu’ils y renoncent ? Si c’est une condition sine qua
380
de la souveraineté : faut-il exiger des États qu’
ils
y renoncent ? Si c’est une condition sine qua non, y a-t-il une chanc
381
cent ? Si c’est une condition sine qua non, y a-t-
il
une chance quelconque qu’on l’obtienne jamais, donc qu’on arrive jama
382
sont pas des personnes libres et responsables, et
il
est tout à fait inconcevable qu’ils puissent agir sous le coup d’un e
383
sponsables, et il est tout à fait inconcevable qu’
ils
puissent agir sous le coup d’un enthousiasme collectif. « L’État est
384
onstres froids », comme l’a dit Nietzsche. Mais s’
il
est vain de fonder l’espoir d’une construction européenne sur un gest
385
ste qu’aucun grand État n’est en mesure de faire,
il
est sans doute dangereux de s’épuiser à combattre des souverainetés e
386
des cantons une renonciation à leur souveraineté,
elle
la garantit expressément, en même temps qu’elle en délègue partiellem
387
, elle la garantit expressément, en même temps qu’
elle
en délègue partiellement l’exercice au pouvoir fédéral. Voici les tex
388
itée par la Constitution fédérale, et comme tels,
ils
exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral.
389
ent pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure :
il
n’est pas de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et
390
s fédéraliste que celle de la Suisse, et pourtant
elle
garantit la souveraineté de ses membres ! Souveraineté fictive, dira-
391
e ses membres ! Souveraineté fictive, dira-t-on ?
Elle
l’est certes en partie ; pas davantage toutefois que celle de nos Éta
392
tats contemporains. Au surplus, dans la mesure où
elle
subsiste, elle se voit garantie et défendue par une constitution, par
393
ins. Au surplus, dans la mesure où elle subsiste,
elle
se voit garantie et défendue par une constitution, par une armée, et
394
rendre parti dans leurs querelles. Mais qu’en est-
il
de ces voisins et de leur souveraineté illimitée ? L’affaire de Suez
395
ux autres puissances de cesser les hostilités, qu’
ils
venaient d’engager contre l’Égypte. Ils ont immédiatement obtempéré.
396
lités, qu’ils venaient d’engager contre l’Égypte.
Ils
ont immédiatement obtempéré. Or, ces puissances n’étaient pas même eu
397
a pas. Leur souveraineté relative, pour autant qu’
elle
subsiste, n’est en rien garantie (ni d’ailleurs menacée) par leurs vo
398
dangereuse qu’humiliante indique clairement ce qu’
il
nous reste à faire : — une Constitution fédérale, afin que l’Europe r
399
s’en inquiètent, aux environs de 1963 : c’est qu’
il
est plus nouveau que celui des souverainetés, et qu’il est même sans
400
t plus nouveau que celui des souverainetés, et qu’
il
est même sans précédent dans l’ère moderne. Voici comment on peut l’i
401
très ardus d’aménagement du territoire européen.
Ils
requièrent des solutions neuves, à la recherche desquelles concourent
402
mmerciales des associations ou unions régionales.
Elle
s’efforce d’harmoniser la vitalité des nouveaux centres, les besoins
403
s que la communauté politique (État ou région) où
il
est né ; et enfin le libre jeu dans la fédération d’innombrables tens
404
édération européenne a solennellement proclamé qu’
elle
renonçait à la guerre comme moyen d’imposer sa politique commune. Le
405
e, la question se ramène à celle des alliances qu’
elle
peut être amenée à conclure avec d’autres États ou fédérations. Si el
406
à conclure avec d’autres États ou fédérations. Si
elle
accepte de lier son sort à un État ou à un groupe d’États qui s’inter
407
État ou à un groupe d’États qui s’interdit comme
elle
tout recours à la guerre, elle reste neutre en théorie, et fidèle à l
408
i s’interdit comme elle tout recours à la guerre,
elle
reste neutre en théorie, et fidèle à l’esprit de sa Constitution ains
409
sa Constitution ainsi étendu à l’alliance ; mais
elle
peut être entraînée dans une guerre qu’un tiers parti ferait à l’alli
410
uerre qu’un tiers parti ferait à l’allié, comme s’
il
la faisait à l’un de ses membres. Une disposition de ce genre présent
411
de circulation des biens sur tout son territoire,
elle
se charge d’organiser et de subventionner les activités qui dépassent
412
ités qui dépassent la capacité des États membres.
Elle
administre les douanes fédérales. Elle élabore une politique de produ
413
s membres. Elle administre les douanes fédérales.
Elle
élabore une politique de production, de répartition intérieure, et d’
414
intérieure, et d’échanges à l’échelle mondiale.
Elle
soutient et harmonise les plans d’aménagement du territoire entrepris
415
nt du territoire entrepris par les États membres.
Elle
légifère sur les transports, les postes, les grands travaux à l’échel
416
nner des structures et des pouvoirs autonomes, et
elles
peuvent aussi s’associer avec d’autres entités comparables relevant d
417
ministres, représente le chef de l’État européen.
Il
gère collégialement les affaires fédérales. Ses membres sont élus pou
418
même pays. Son président est élu par l’Assemblée.
Il
porte le titre de président de la fédération d’Europe. Le Conseil féd
419
on « synthétique » édifiée sur un terrain vague —
il
n’y en a d’ailleurs plus d’assez vaste, dans l’Europe de 1980. Le Dis
420
fédéral doit être situé au centre du Continent ;
il
doit être facile à défendre, en temps de troubles, mais d’accès facil
421
troubles, mais d’accès facile en temps de paix ;
il
ne peut être qu’un petit pays, cependant très diversifié et si possib
422
tion fédéraliste ; enfin, comme Washington, D.C.,
il
doit accepter de demeurer, en tant qu’État, à l’écart des luttes poli
423
ans ses villes principales, Zurich, Bâle, Genève.
Elles
sont placées sous la protection de l’armée suisse. Des dispositions s
424
de neutralité, dont nous avons vu par ailleurs qu’
il
a perdu ses anciennes justifications. VI. Chances de réalisation
425
et très puissant. Quant aux libéraux agnostiques,
ils
peuvent trouver dans un régime fédéraliste la garantie à des droits q
426
un régime fédéraliste la garantie à des droits qu’
ils
ont longtemps revendiqués contre les cléricalismes unitaires, voire t
427
nse de la personne, on peut tenir pour certain qu’
elle
jouera, elle aussi — si peu que ce soit — en faveur d’un régime fédér
428
sonne, on peut tenir pour certain qu’elle jouera,
elle
aussi — si peu que ce soit — en faveur d’un régime fédéraliste. 5. L
429
es deviennent chaque année plus concrets, soit qu’
ils
se posent en termes d’intérêts, soit qu’ils réveillent des passions p
430
it qu’ils se posent en termes d’intérêts, soit qu’
ils
réveillent des passions partisanes ou nationales. « Fédérer les Europ
431
orables que jamais à une action fédéraliste. Mais
il
faut, pour les réaliser, un élément catalyseur : une vision non utopi
432
e n’est pas que ces obstacles soient bien forts —
ils
n’ont guère plus de consistance que les ténèbres — mais c’est que les
433
els de l’union paraissent encore bien peu hardis.
Ils
donnent l’impression de mal voir ce qu’ils disent qu’il faudrait voul
434
ardis. Ils donnent l’impression de mal voir ce qu’
ils
disent qu’il faudrait vouloir. Ils hésitent, ils discutent, ils piéti
435
nent l’impression de mal voir ce qu’ils disent qu’
il
faudrait vouloir. Ils hésitent, ils discutent, ils piétinent dans l’o
436
mal voir ce qu’ils disent qu’il faudrait vouloir.
Ils
hésitent, ils discutent, ils piétinent dans l’ombre ; il leur arrive
437
’ils disent qu’il faudrait vouloir. Ils hésitent,
ils
discutent, ils piétinent dans l’ombre ; il leur arrive d’accuser de s
438
il faudrait vouloir. Ils hésitent, ils discutent,
ils
piétinent dans l’ombre ; il leur arrive d’accuser de sabotage ceux qu
439
tent, ils discutent, ils piétinent dans l’ombre ;
il
leur arrive d’accuser de sabotage ceux qui demandent : « Quelle Europ
440
’étudier les modalités et le coût de l’opération.
Ils
concluent que rien n’est possible dans l’état actuel des choses. Et l
441
yens, mais personne ne saurait vouloir une fin qu’
il
distingue mal. Et c’est pourquoi, dans le domaine qui nous occupe, la
442
ortance. Mon regard trop souvent n’a vu que ce qu’
il
cherchait, ce qui était dans mon esprit et non dans la réalité. Cet e
443
bition que d’appeler des mises au point optiques.
Il
y faut le travail d’une équipe munie de meilleurs instruments, multip
444
esprits paraît la seule immédiatement réalisable.
Elle
peut être la plus efficace, à long terme. 2. Extrait de « L’attitu
445
e fer sont fédéraux en Suisse, privés aux USA, où
ils
sont d’ailleurs en pleine crise. L’aviation appartient encore au sect
446
te donc beaucoup… mais se porte plutôt mal. Y a-t-
il
vraiment une crise du mariage ? Naturellement. Seulement il serait fa
447
t une crise du mariage ? Naturellement. Seulement
il
serait faux d’y voir un mal du siècle, du nôtre. Sans la crise du mar
448
u mariage, que seraient toutes nos littératures ?
Elle
ne fait pas simplement la fortune du cinéma, le théâtre, le roman, la
449
isant ou en ironisant sur le fameux « trio » dont
ils
tirent un répertoire inépuisable de situations comiques ou cyniques.
450
ême, que tout homme doit un jour connaître, et qu’
il
appelle secrètement. Pourquoi mariage et passion sont-ils incompatibl
451
lle secrètement. Pourquoi mariage et passion sont-
ils
incompatibles ? Parce que le mariage c’est la coexistence pacifique,
452
é quotidienne, l’accoutumance, et que la passion,
elle
, veut des obstacles qui rendent l’amour plus intense et plus conscien
453
i nous est si familière que nous nous figurons qu’
elle
a toujours existé a, en fait, une date et des origines bien précises.
454
e-Orient au cours d’une croisade et en Espagne où
il
avait épousé la veuve d’un roi d’Aragon. Aux poètes arabes de l’école
455
’Aragon. Aux poètes arabes de l’école de Cordoue,
il
emprunta leur rhétorique amoureuse, leurs expressions, la forme de l’
456
deux orientales, pourquoi cette forme d’amour est-
elle
totalement inconnue dans les pays orientaux, pourquoi n’a-t-elle fait
457
inconnue dans les pays orientaux, pourquoi n’a-t-
elle
fait fortune qu’en Occident ? C’est que la passion ne s’approfondit e
458
ge ses énergies qu’à la mesure des résistances qu’
elle
rencontre. Et c’est l’Europe catholique et nordique qui devait offrir
459
ristan aurait pu garder Iseut aux cheveux d’or qu’
il
est allé conquérir pour son roi : les mœurs du temps sanctionnaient l
460
t au long du roman comme supérieur aux autres. Or
il
n’use pas de ce droit et livre Iseut au roi Marc. Quand Tristan et Is
461
és de la cour de Marc vivent seuls dans la forêt,
ils
dorment pourtant séparés par une épée. Enfin, malgré son amour toujou
462
es. Profanées et reniées par nos codes officiels,
elles
sont devenues d’autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pou
463
les sont devenues d’autant plus contraignantes qu’
elles
n’ont plus de pouvoir que sur nos rêves. Quel rapport a donc au juste
464
r romanesque triomphe d’une quantité d’obstacles,
il
en est un contre lequel il se brisera presque toujours : c’est la dur
465
quantité d’obstacles, il en est un contre lequel
il
se brisera presque toujours : c’est la durée. Et notre culte de la be
466
oules, disqualifiant automatiquement l’épouse, si
elle
ne ressemble pas à la star. Ne peut-on quand même supposer que l’homm
467
n type, rencontre un jour son Iseut ? Admettons !
Il
rencontre cette femme, il reconnaît son Iseut. Elle est mariée, natur
468
son Iseut ? Admettons ! Il rencontre cette femme,
il
reconnaît son Iseut. Elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce,
469
Il rencontre cette femme, il reconnaît son Iseut.
Elle
est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, il l’épouse ! Avec elle,
470
aît son Iseut. Elle est mariée, naturellement. Qu’
elle
divorce, il l’épouse ! Avec elle, ce sera la vraie vie, l’épanouissem
471
Elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce,
il
l’épouse ! Avec elle, ce sera la vraie vie, l’épanouissement de ce Tr
472
aturellement. Qu’elle divorce, il l’épouse ! Avec
elle
, ce sera la vraie vie, l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en
473
a la vraie vie, l’épanouissement de ce Tristan qu’
il
porte en soi. Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage : l’a
474
ne anxiété dans l’entourage : l’amant comblé va-t-
il
encore aimer Iseut une fois épousée ? Car Iseut, c’est toujours l’étr
475
ors un jour ou l’autre dans l’infidélité. Alors,
il
n’y a pas de solution ? Si. Il faut complètement reconsidérer le mari
476
nfidélité. Alors, il n’y a pas de solution ? Si.
Il
faut complètement reconsidérer le mariage. Ne pas essayer de le fonde
477
cider » d’aimer et d’épouser n’importe qui ? Non,
il
existe certaines chances de réussite qu’il serait stupide de ne pas m
478
? Non, il existe certaines chances de réussite qu’
il
serait stupide de ne pas mettre de son côté : buts communs, rythmes d
479
e) pour toute la vie, finalement c’est parier. Et
il
serait beaucoup plus conforme à l’essence du mariage d’enseigner aux
480
es, relève toujours d’une sorte d’arbitraire dont
ils
s’engagent à assumer les suites heureuses ou non. La fidélité, alors,
481
confondu avec le sien. Cette fidélité résistera-t-
elle
à la passion, si elle la rencontre ? Un homme ne peut à la fois croir
482
Cette fidélité résistera-t-elle à la passion, si
elle
la rencontre ? Un homme ne peut à la fois croire au mariage — à la vo
483
et la crise du mariage se dénouera d’elle-même ?
Il
est vrai que la passion est l’ennemie jurée du mariage mais c’est ell
484
passion est l’ennemie jurée du mariage mais c’est
elle
aussi qui le défie, l’anime, l’oblige à redevenir un choix vital et n
485
aintenant si peu d’obstacles et de contraintes qu’
elle
semble condamnée faute d’adversaire à sa taille) et nous irons tout d
486
e quelque chose qui soit au-delà de l’ordre et qu’
il
n’appelle alors un autre xiie siècle de l’amour… qui sera peut-être
487
élité ? l’adultère ? la passion ? le couple ?… »,
Elle
, Paris, 25 octobre 1963, p. 84-85, 151, 155. h. Introduit par cette
488
ples ont des histoires, même les couples heureux.
Ils
ont des problèmes, des déceptions, des inquiétudes… Est-ce inévitable
489
le café et la pomme de terre — au xiie siècle —
elle
n’en est pas moins elle aussi une “importation”, non une fatalité. D’
490
terre — au xiie siècle — elle n’en est pas moins
elle
aussi une “importation”, non une fatalité. D’où vient-elle ? Qui l’a
491
i une “importation”, non une fatalité. D’où vient-
elle
? Qui l’a introduite en France ? Comment l’affronter ? Et enfin, comm
492
3)i À la suite de la remarquable conférence qu’
il
a faite jeudi soir au Club 44, M. Denis de Rougemont a bien voulu nou
493
blir la compréhension entre les peuples. Existe-t-
il
actuellement de tels centres ? Nous nous sommes réunis à Genève, il y
494
u Centre européen de la culture. À cette réunion,
il
a été décidé de former de tels centres, un peu partout dans le monde.
495
tée vers le machinisme intégral. L’automation met-
elle
en danger les valeurs fondamentales de notre culture ? Cela dépend de
496
éparés. Toute la question est là. Pour l’instant,
il
faut reconnaître que l’automation pose de grands problèmes, dans le d
497
travail d’éducation à effectuer. Sous ce rapport,
il
est intéressant de mentionner l’essor remarquable de l’édition dite «
498
Morgarten et le Pacte public de Brunnen en 1315,
il
n’y avait pas de Suisse, ni sur les cartes, ni dans les chartes. Le n
499
eu du Saint-Empire, de cette première Europe dont
elles
sont nées, c’est parce que l’Empire lui-même se dénature, se dissout
500
comme les autres. Du moins les Ligues conservent-
elles
le principe même de l’Empire d’Occident, l’idée d’union sans unificat
501
teur d’aujourd’hui. Comme dans le Contrat social,
il
s’y fait l’avocat d’une confédération de nos pays inspirée de celle d
502
, et de la « Ligue helvétique ». L’Europe unie qu’
il
appelle de ses vœux ne serait nullement unifiée par un despote ou par
503
ment unifiée par un despote ou par une idéologie,
elle
devrait être en somme une Europe des cités (ou des communes), formée
504
». C’est une Europe intégralement fédéraliste qu’
il
préconise, et son module (élément type) se révèle, en dernière analys
505
». Germaine de Staël est suisse dans la mesure où
elle
ouvre des perspectives européennes, soit par son action personnelle à
506
peut-être souvenu de son passage à Neuchâtel (où
il
fut un temps typographe) en écrivant son grand livre posthume, Du Pri
507
rand livre posthume, Du Principe fédératif ; mais
il
est bien certain qu’un de ses contemporains, J. C. Bluntschli, célèbr
508
connaît les mécanismes de notre vie confédérale :
il
n’hésite pas à les proposer en modèle pour l’édification de l’Europe.
509
i cet idéal de l’avenir se réalise un jour, écrit-
il
en 1875, la nationalité suisse devra s’incorporer à la communauté de
510
a communauté de la Grande Europe. De cette façon,
elle
n’aura pas vécu en vain ni sans gloire14. » Pratiquement ignoré de no
511
conde Guerre mondiale jusqu’aux environs de 1960,
il
faut reconnaître que nos autorités et notre presse ont été dans l’ens
512
r », comme on appelait à l’époque la CECA : 1° qu’
il
n’était pas réalisable, 2° qu’il serait néfaste pour la Suisse, à cau
513
la CECA : 1° qu’il n’était pas réalisable, 2° qu’
il
serait néfaste pour la Suisse, à cause de ses incidences sur nos tran
514
e les objections du scepticisme invétéré (ou faut-
il
dire traditionnel ?) qui tendait à paralyser non seulement toute init
515
l’Europe s’avérait bel et bien réalisable, puisqu’
elle
devenait réalité, mais elle nous prenait par surprise, et chaque déma
516
en réalisable, puisqu’elle devenait réalité, mais
elle
nous prenait par surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour
517
ce par la presse moyenne de la Suisse allemande :
elle
relevait en effet des affaires « étrangères », plutôt mal vues à caus
518
e », — comme disaient mes instituteurs. Qu’en est-
il
de la seconde objection que je citais : « Si cela se fait, par imposs
519
r, et c’en serait fait du « rôle particulier » qu’
elle
se réserve d’invoquer plus souvent encore que d’autres nations, au no
520
bons offices lors de la guerre d’Algérie, etc.).
Il
n’est donc pas question que la Suisse prenne la moindre initiative vi
521
ve visant à l’union européenne au plan politique.
Elle
ne pourrait qu’y perdre son prestige international. Arguments consti
522
nomie à celle d’un groupe de nations européennes.
Elle
tient à garder libres ses échanges avec le monde au-delà de l’Europe.
523
pe. En s’associant au Marché commun, par exemple,
elle
perdrait de nombreux avantages, bancaires notamment, et son agricultu
524
l’Europe. Si notre neutralité s’oppose à l’union,
il
faut en réviser les termes, comme d’ailleurs la Suisse l’a fait maint
525
qu’un moyen au service de notre indépendance ; «
elle
ne fait pas partie de l’essence de la Confédération » (prof. Henri Mi
526
e l’Europe unie. Sinon, l’Europe qui se fera sans
elle
, risque bien de se faire contre elle, — c’est-à-dire contre son essen
527
se fera sans elle, risque bien de se faire contre
elle
, — c’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; mais nous aurons per
528
plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1° que s’
il
est vrai que notre neutralité a permis les interventions de la Croix-
529
ence d’une Europe unie eût peut-être été capable,
elle
, de prévenir ces crises, et elle diminuerait très fortement les chanc
530
tre été capable, elle, de prévenir ces crises, et
elle
diminuerait très fortement les chances de leur retour à l’avenir ; 2°
531
finalité. Isolée de l’Histoire, en quelque sorte,
elle
n’est plus celle que les Puissances garantirent en 1815. Si elle en v
532
celle que les Puissances garantirent en 1815. Si
elle
en vient un jour à s’opposer aux intérêts de l’Europe entière, on s’a
533
x intérêts de l’Europe entière, on s’apercevra qu’
elle
a perdu ses bases contractuelles. Déclarer par exemple que la Suisse
534
surde : car la Suisse fait partie de l’Europe, qu’
elle
le veuille ou non, et rester neutre entre l’Europe et ses ennemis, ce
535
compatible avec la Constitution actuelle. Si, dit-
il
, la Suisse se refuse à entrer sans réserve dans le Marché commun, ell
536
fuse à entrer sans réserve dans le Marché commun,
elle
ne saurait justifier ce refus par des motifs juridiques et des prétex
537
», mais uniquement par des motifs politiques, qu’
elle
reste libre d’avancer18. Et ceci nous renvoie au groupe d’arguments p
538
(sans cesse invoqué par les abstentionnistes) qu’
elle
commerce le plus, mais avec les Six. Les chiffres globaux sont connus
539
De nos exportations, deux tiers vont à l’Europe.
Il
est vrai que notre balance commerciale reste déficitaire avec l’Europ
540
itaire avec l’Europe (de 447 millions), tandis qu’
elle
est bénéficiaire (de 51 millions) avec l’outre-mer. Mais il faut avou
541
éficiaire (de 51 millions) avec l’outre-mer. Mais
il
faut avouer que ces chiffres ne suffisent pas à justifier notre refus
542
nous qu’ailleurs, n’en affirment pas moins que s’
il
le faut un jour, la Suisse fara da se et saura bien se défendre ? Nou
543
us et malgré nous. Arguments traditionalistes. —
Il
est clair qu’une Europe « une et indivisible » serait une catastrophe
544
uisse. Mais personne ne la préconise, en réalité.
Il
est clair, en revanche, qu’une Europe fédérée, donc respectueuse de s
545
ation traditionnelle de la Suisse. Mais se fera-t-
elle
? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous de faire valoir dans l
546
ous seuls, c’est le plus sûr moyen de les perdre.
Il
n’est pas vrai, d’ailleurs, que l’union de l’Europe menace d’effacer
547
’a pas effacé nos caractéristiques cantonales. Et
il
est pour le moins bizarre qu’un porte-parole des industriels suisses
548
e des peuples est un danger majeur pour son pays,
il
n’a pas le droit d’en conclure au refus du Marché commun, mais il a l
549
oit d’en conclure au refus du Marché commun, mais
il
a le devoir de freiner l’expansion de l’industrie suisse, cause direc
550
n, ou du xviiie siècle, ni même celle de 1848 qu’
il
s’agit de sauver aujourd’hui, mais bien la Suisse réelle de la second
551
t l’on sait dans quel camp j’ai toujours milité —
il
faut bien reconnaître que des deux côtés, une sorte de gêne empêche d
552
nchise au bout des arguments, au fond des choses.
Elle
s’explique peut-être en partie par nos coutumes fédéralistes de tolér
553
de nos traditions savent bien que chacun sait qu’
il
s’agit d’intérêts ; et quant aux enthousiastes de l’Europe, ils saven
554
ntérêts ; et quant aux enthousiastes de l’Europe,
ils
savent qu’ils n’ont aucune espèce de chances d’être écoutés s’ils pro
555
uant aux enthousiastes de l’Europe, ils savent qu’
ils
n’ont aucune espèce de chances d’être écoutés s’ils proposent de reno
556
s n’ont aucune espèce de chances d’être écoutés s’
ils
proposent de renoncer à la neutralité : c’est devenu, dans la Suisse
557
ensable dans la neutralité d’une fédération. Mais
il
n’y a aucune chance qu’on nous offre cela, si nous fédéralistes ne l’
558
es diversités et nos intérêts bien compris, et qu’
il
est dangereusement irréaliste de raisonner comme s’il était possible
559
st dangereusement irréaliste de raisonner comme s’
il
était possible de dissocier durablement notre salut de celui de l’ens
560
t comme État qui entend garder une raison d’être.
Il
s’agit de savoir et de dire ce que nous avons à donner, et non pas se
561
otre fédéralisme ! Contrairement à la neutralité,
il
tient à l’essence même de notre État. C’est notre création majeure. I
562
même de notre État. C’est notre création majeure.
Il
nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre de
563
u philanthropisme en fin de compte intéressé dont
elle
a fait la « ligne Maginot » de sa défense. Et cela, non seulement par
564
l’histoire aura le dernier mot. Mais encore faut-
il
qu’elle le dise ! 13. Il s’agit de l’Acte additionnel aux Constitut
565
oire aura le dernier mot. Mais encore faut-il qu’
elle
le dise ! 13. Il s’agit de l’Acte additionnel aux Constitutions de
566
mot. Mais encore faut-il qu’elle le dise ! 13.
Il
s’agit de l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire. 14. Die
567
nt reçu leurs franchises de l’empereur. N’y avait-
il
pas là un premier germe de la neutralité « charismatique » de notre C
568
ins, si jaloux de leurs différences — et vraiment
il
n’en est pas deux qui se ressemblent : l’un catholique et l’autre pro
569
rels bien distincts ! Et chacun veut rester ce qu’
il
est, mais ils n’en vivent pas moins en harmonie, égaux en droit dans
570
tincts ! Et chacun veut rester ce qu’il est, mais
ils
n’en vivent pas moins en harmonie, égaux en droit dans l’inégalité de
571
site exemplaire suppose d’inévitables sacrifices.
Elle
exclut, par définition, la possibilité d’une culture nationale et uni
572
livres sur les bancs de l’école ; et si plus tard
ils
écrivent et publient, il y aura peu de chances qu’ils se lisent mutue
573
écrivent et publient, il y aura peu de chances qu’
ils
se lisent mutuellement. L’un voudra se faire connaître à Zurich, puis
574
itutions, tous deux bien contents d’être suisses,
ils
ne se rencontreront sans doute jamais et n’entendront parler l’un de
575
réserve prudente dans l’expression de la pensée s’
il
s’agit d’autre chose que des grands lieux communs mainteneurs d’une c
576
zons continentaux. Entre le petit compartiment où
ils
sont nés et la grande unité européenne, pas de relais national pour l
577
contemporain : « Pays de gens moyens, oui », dit-
il
de la Suisse. « Mais quand ils réussissent à se dégager de leur canto
578
moyens, oui », dit-il de la Suisse. « Mais quand
ils
réussissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils a
579
se dégager de leur canton — alors, pas de milieu,
ils
atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, d
580
ge — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’
il
monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des sommets. L’intuition
581
vant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques.
Il
s’appelle Germaine de Staël. Il s’appelle Burckhardt ou, dans un autr
582
lle Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël.
Il
s’appelle Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son canto
583
es arts et les lettres, dans tout cela ? Eh bien,
ils
peuvent se prévaloir en Suisse d’un Arthur Honegger pour la musique,
584
définir un style ni une école particulière, mais
il
suppose un climat de culture d’une densité probablement très supérieu
585
rois millions dans les autres pays d’Europe. Faut-
il
mettre ces chiffres en relation avec l’indice Nobel — qui indique la
586
4, et celui de la Russie puis de l’URSS de 0,03 ?
Il
semble donc que les petits pays bénéficient de grands avantages cultu
587
de cette fin du xxe siècle que dans la mesure où
elles
sauront grouper leurs authentiques forces locales pour mieux particip
588
visiteurs de la section « Les arts dans la vie ».
Ils
y verront peut-être une préfigure de l’Europe à venir, cherchant l’un
589
nal, une véritable originalité d’allure et d’âme.
Il
parlait peu, mais l’élégance précise de ses sentences intimidait, cep
590
nces intimidait, cependant que la courtoisie dont
il
ne se départissait jamais accentuait, par contraste avec le ton bourr
591
e je détestais l’ambiance de la place d’armes, où
il
était de mise de ne pas aimer ce chef. Un jour, à peine entré dans no
592
Un jour, à peine entré dans notre salle de cours,
il
nous posa cette question simple : Qu’est-ce que l’énergie ? Et après
593
bref ceux qui s’annonçaient encore pour répondre,
il
scanda : « L’énergie, c’est quelque chose qui dort en chacun de vous
594
st quelque chose qui dort en chacun de vous et qu’
il
s’agit de réveiller. » Puis il sortit. Ce n’était pas une définition,
595
acun de vous et qu’il s’agit de réveiller. » Puis
il
sortit. Ce n’était pas une définition, c’était plus grave : nous comp
596
et permanent d’irritation et de protestations : «
Il
nous fera tous crever avec ses manies », disait-on à mi-voix quand pa
597
pas les justifier, malgré la sourde résistance qu’
il
devait bien sentir chez ses subordonnés. Quels pouvaient être ses mot
598
es subordonnés. Quels pouvaient être ses motifs ?
Il
concevait l’armée en général, et celle d’un pays neutre plus qu’une a
599
t pourtant nécessaires à l’homme complet. Quoi qu’
il
en soit d’ailleurs de sa philosophie, j’ai toutes raisons de croire q
600
imposant cette épreuve « inutile » à notre école,
il
poursuivait un but précis. Il voulait nous laisser le souvenir d’avoi
601
le » à notre école, il poursuivait un but précis.
Il
voulait nous laisser le souvenir d’avoir une fois au moins dans notre
602
maximum que nous pensions pouvoir tirer de nous.
Il
était de la nature d’un tel projet que ses motifs ne fussent point di
603
ne fussent point divulgués, mais en même temps qu’
il
nous fût présenté de manière à frapper nos imaginations. C’est pourqu
604
qui monte lentement jusqu’aux hôtels de la Lenk ;
il
nous faudrait franchir les Alpes pendant la nuit, par un col escarpé
605
de l’imagination, se sont mises en état d’alerte.
Elles
ont pris leur régime d’exception. La connaissance anticipée du but le
606
ées par celui qui se bornait à de courtes visées.
Elles
étaient là, ces forces, à portée de la main mais endormies, laissant
607
sse. Car la vraie force d’un homme jeune ne vient-
elle
pas de ce qu’il imagine un très long temps de marche devant lui, et c
608
force d’un homme jeune ne vient-elle pas de ce qu’
il
imagine un très long temps de marche devant lui, et certains objectif
609
i, et certains objectifs qui, peut-être, parce qu’
ils
ne sont que vaguement entrevus, semblent alors grands et lointains ?
610
d’hésitation : c’est qu’on n’exige plus autant d’
elles
, et c’est vieillir. Il faudrait au contraire, à ce point, oser voir p
611
n n’exige plus autant d’elles, et c’est vieillir.
Il
faudrait au contraire, à ce point, oser voir plus grand et plus loin
612
eur, tandis que l’autre était plutôt subie… Comme
elle
l’était avec bonheur, ce matin-là, avec quelle plénitude animale ! No
613
que la mesure. Devant nous, fermant une vallée qu’
il
nous fallait d’abord aller rejoindre, environ mille mètres plus bas,
614
chamois. Leur chef en tête bien détaché du gros,
ils
se déplaçaient par à-coups, au pied d’une paroi de rochers couronnant
615
ectrique parcourait le troupeau de bout en bout :
il
ondula d’abord sur place comme une houle, puis se mit tout entier à c
616
’on eût dit capricieux. Notre colonne, cependant,
elle
aussi précédée par son chef veillant au rythme égal de la marche, pou
617
sée devant nous par des servantes ensommeillées —
il
devait être plus de minuit — on nous donna la permission inattendue d
618
onel demande des volontaires pour une patrouille.
Il
faut aller reconnaître le sentier du col. Un guide a dit qu’il neige
619
reconnaître le sentier du col. Un guide a dit qu’
il
neige au-dessus de deux-mille. Cinq ou six d’entre nous allèrent s’an
620
afé au restaurant. — « Je vous remercie, nous dit-
il
lentement, en nous regardant l’un après l’autre. J’apprends qu’il y a
621
me prépare à soulever une caisse très lourde, et
elle
est vide. Le savant qui poursuit une longue recherche apprend qu’un c
622
, parfois, que l’obstacle lui-même, si grand soit-
il
. À la Lenk, cette nuit-là, j’eus un accès de fièvre qui me tint éveil
623
ape m’en fournissait la nécessaire contrepartie :
il
m’apprenait que pour franchir certains obstacles, il faut moins d’éne
624
m’apprenait que pour franchir certains obstacles,
il
faut moins d’énergie maîtrisée que pour y renoncer dans le moment où
625
ersévérer, après n’avoir entrepris qu’en espoir !
Il
avouerait que son espoir était trop court. o. Rougemont Denis de,
626
Le sentier perdu (1964)m Je voyais d’
elle
, chez des amis, de fascinants portraits d’enfants aux très grands yeu
627
inants portraits d’enfants aux très grands yeux :
ils
n’ont pas fini de s’étonner que déjà commence l’angoisse. Mais tout d
628
Nora Auric a ceci de particulier qu’on ne sait s’
il
est vu de sous l’eau ou d’un nuage : ce seraient à peu près les mêmes
629
peurs denses. Ce n’est pas un monde inhumain, car
il
est féminin, sans aucun doute possible. Ne fût-ce que par ces roses u
630
e de l’électricité et de la lumière : j’ignore si
elle
est ondulatoire ou corpusculaire, ou les deux à la fois, mais je sais
631
de se rendre connaissable dans un corps d’homme.
Il
en résulte que le corps physique, et la matière du même coup, se trou
632
révélation des fils de Dieu, avec l’espérance qu’
elle
aussi sera affranchie de la servitude de la corruption… pour avoir pa
633
cosmos le rend cependant concevable pour la foi.
Il
faut voir là sinon l’origine immédiate de la science, du moins l’anno
634
et à toute la Nature naturée — Nature à laquelle
il
ne s’agit plus de se conformer, mais qu’il faut au contraire transfor
635
quelle il ne s’agit plus de se conformer, mais qu’
il
faut au contraire transformer hardiment, illuminer el finalement sauv
636
echnique ainsi définie dans ses motivations n’ont-
elles
pas coïncidé historiquement avec les guerres, c’est-à-dire avec des e
637
s moyens de s’armer, mais non pas de désarmer. Et
il
est vrai que les armes nouvelles inventées par les techniciens n’ont
638
les éliminer ou de les rendre inutiles. Pourtant,
il
semble bien que l’excès même de la puissance des armes inventées par
639
ti la production des armes conventionnelles, mais
elles
ont rendu leur emploi pratiquement impossible à grande échelle, depui
640
’immense utilité de la bombe H, c’est en somme qu’
elle
n’est pas utilisable. Elle se trouve interdire de la sorte, ou limite
641
e H, c’est en somme qu’elle n’est pas utilisable.
Elle
se trouve interdire de la sorte, ou limiter rigoureusement, l’emploi
642
querait de nous jeter dans une guerre atomique qu’
il
semble bien qu’on ait décidé de ne pas faire. On a donc atteint une l
643
que représente la bombe H sert la paix en ceci qu’
elle
a suscité un sentiment encore plus violent que les passions nationali
644
mmencement de la sagesse des nations. Encore faut-
il
s’entendre sur ce terme de peur. Je pense bien moins ici à la peur de
645
très fortement ni en moi, ni autour de moi, tant
il
est vrai que l’idée d’un malheur universel et définitif agit peu sur
646
mpose à eux et suscite leur envie, leur jalousie.
Ils
prennent conscience d’une misère relative, qui autrefois leur paraiss
647
le ou en tout cas inévitable, dans l’ignorance où
ils
étaient de la simple possibilité d’une vie meilleure ou différente, p
648
e des dures nécessités et limitations naturelles.
Ils
voient cela, et ils exigent nos machines, mais ils ne voient pas, hél
649
és et limitations naturelles. Ils voient cela, et
ils
exigent nos machines, mais ils ne voient pas, hélas, ce qui les a ren
650
ls voient cela, et ils exigent nos machines, mais
ils
ne voient pas, hélas, ce qui les a rendues possibles. Ils croient qu’
651
oient pas, hélas, ce qui les a rendues possibles.
Ils
croient qu’ils pourraient acheter ces beaux objets (ou plutôt se les
652
s, ce qui les a rendues possibles. Ils croient qu’
ils
pourraient acheter ces beaux objets (ou plutôt se les faire donner) e
653
racité, et d’une sorte d’ascèse disciplinée, dont
ils
n’ont guère la notion, et encore moins le goût. Mais la technique occ
654
relative : dans une mesure sans cesse croissante,
elle
la crée. Il a suffi de leur communiquer les rudiments de notre hygièn
655
s une mesure sans cesse croissante, elle la crée.
Il
a suffi de leur communiquer les rudiments de notre hygiène pour provo
656
teur de guerres planétaires ; non pas demain, car
ils
sont encore faibles et démunis, mais après-demain, si une grande nati
657
t redouter la guerre froide au temps de Staline ?
Il
semble hors de question que l’Occident puisse nourrir les milliards d
658
ser la faim du monde sont hélas en pleine utopie.
Ils
entretiennent notre mauvaise conscience sans fournir les moyens de no
659
s synthétiques, tirés de l’air et de l’eau, et qu’
elle
réussisse à nourrir des dizaines de milliards d’humains, ceux-ci sero
660
os démographes. On ne peut pas agrandir la terre.
Il
faut donc que notre technique, qui a créé sans le vouloir ce problème
661
i-même les ressources nécessaires, que d’ailleurs
il
possède matériellement. Si un peu de technique a créé la famine, beau
662
plus un facteur de paix qu’un facteur de guerre.
Elle
fournit aux armées des moyens de faire la guerre, mais ce n’est pas e
663
des moyens de faire la guerre, mais ce n’est pas
elle
qui cause les guerres, ce sont au contraire les passions, qui utilise
664
ais bien ambivalent : pas de guerre possible sans
elle
, mais si elle bénéficie des guerres, c’est elle aussi qui leur met fi
665
alent : pas de guerre possible sans elle, mais si
elle
bénéficie des guerres, c’est elle aussi qui leur met fin, et aujourd’
666
s elle, mais si elle bénéficie des guerres, c’est
elle
aussi qui leur met fin, et aujourd’hui les freine ou même les bloque.
667
entre les cultures différentes. La technique peut-
elle
contribuer à établir et enrichir cet équilibre ? Ou au contraire, com
668
ce à le croire dans nos élites humanistes, serait-
elle
un facteur de déshumanisation, qui ne substituerait aux explosions be
669
ccentué des disparités intolérables, d’autre part
elle
pourrait les réduire, à condition de concerter ses plans avec ceux de
670
des saisons, les citadins du xxe siècle seraient-
ils
des monstres, pâles victimes d’une technique qui les enferme dans un
671
à la chaîne et ouvriers esclaves de la machine ;
elle
peut et doit signifier dès demain usines de verre entourées d’arbres,
672
mes en réalité les esclaves de nos machines ou si
elles
nous servent, et surtout — cette question résumant toutes les autres
673
pas matérialiste, seul l’homme peut l’être, quand
il
se laisse aller à ses instincts abâtardis ou quand il se laisse domin
674
e laisse aller à ses instincts abâtardis ou quand
il
se laisse dominer par ses propres mécanismes psychologiques. La techn
675
: dans ses intentions primitives, dans sa genèse,
elle
n’est même pas utilitaire ! L’histoire des grandes inventions, de cel
676
histoire de « besoins » qui auraient existé avant
elles
, c’est plutôt l’histoire de nos rêves. L’hypothèse si longtemps admis
677
besoins matériels que personne n’éprouvait avant
elles
, mais c’est généralement l’inverse qui s’est produit. Personne n’avai
678
st produit. Personne n’avait besoin d’autos quand
il
n’y en avait pas encore — à part quelques rêveurs un peu bizarres. C’
679
de construire une « locomotive routière », comme
il
l’appelait, c’est-à-dire un véhicule rapide qui ne fût pas astreint à
680
’est vrai dans ce sens que l’homme moyen croit qu’
il
ne pourrait plus se passer de cet objet, mais le fautif n’est pas la
681
technique. Je voudrais observer au surplus que s’
il
est bien certain que l’invention de Ford est née d’un rêve d’évasion
682
ourd’hui, dans nos villes embouteillées, et quand
il
faut payer les autoroutes. Si je veux être libre de rêver, c’est just
683
es ou morales, tantôt mise en accusation parce qu’
elle
aurait produit le danger atomique ou voudrait nous réduire à l’état d
684
ique ou voudrait nous réduire à l’état de robots,
elle
ne mérite en vérité ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Elle n
685
vérité ni cet excès d’honneur ni cette indignité.
Elle
n’est que le moyen de nos passions et de nos rêves, le moyen de nos v
686
s, dont nous ne serions pas du tout responsables,
elle
menace au contraire d’anéantir toute espèce de vie sur la terre. La t
687
même temps, toujours plus facilement maniables qu’
elle
met entre nos mains — il suffit du plus petit geste, comme de presser
688
acilement maniables qu’elle met entre nos mains —
il
suffit du plus petit geste, comme de presser sur un bouton pour produ
689
ce de nos options réelles devant la vie. Telle qu’
elle
est devenue de nos jours, obsédée d’efficacité immédiate et rentable
690
aire, l’économie, l’hygiène ou le simple confort,
il
n’est peut-être pas d’activité humaine qui paraisse moins métaphysiqu
691
ique en soi que la technique. Mais en même temps,
il
n’en est pas qui nous contraigne davantage, et avec une urgence plus
692
ans y avoir jamais été, car tout le monde sait qu’
il
est beau mais sérieux, très cossu mais égalitaire, petit mais telleme
693
n pouvait le repasser et l’aplanir, on verrait qu’
il
est bien aussi grand que la France… Cette Suisse des Alpes et des lac
694
s jodleurs est un cliché mais juste et bien tiré.
Il
ne retient que certaines apparences, mais qui suffisent à remplir les
695
ment impraticables. Si cela marche tout de même —
il
faut en croire ses yeux — ce ne peut être qu’en vertu de certains sec
696
uniformes. La Suisse n’a rien de tout cela, mais
elle
a le régime le plus stable de l’Europe. Ce pays le plus pauvre en mat
697
e. Ce pays le plus pauvre en matières premières —
il
n’a guère que l’eau des glaciers pour en tirer de l’énergie — est l’u
698
lation égales peut dire mieux, sur ce continent ?
Il
n’empêche qu’à Paris, à Londres ou à Berlin, on se moque un peu des S
699
lement disait Victor Hugo, il y a cent ans. Mais
il
a dit aussi, une autre fois : La Suisse, dans l’histoire, aura le de
700
t ses recettes, si l’on peut les donner, seraient-
elles
applicables ailleurs ? Le premier secret des Suisses, c’est la coopér
701
’un seul trait le nord et le sud du Saint-Empire.
Il
fallait le garder libre pour l’Europe, contre tous les seigneurs loca
702
i ne fut certes pas rédigé par des pâtres, puisqu’
il
était en beau latin — s’agrégèrent au cours des siècles quantité de p
703
e cités libres ou épiscopales et des campagnes qu’
elles
avaient soumises, entre les Alpes et le Jura. Et ce fut la période pa
704
patricienne et guerrière des « ligues suisses ».
Elle
aboutit en 1815 à une espèce de confédération insuffisante. Privée de
705
uffisante. Privée de tout pouvoir supra-cantonal,
elle
ne sut pas empêcher, en 1847, une guerre civile opposant les cantons
706
union dans la diversité ». C’est mieux que cela :
elle
a fait son union précisément pour sauver ses diversités. Et ses vingt
707
ur indépendance que pour mieux assurer la part qu’
ils
en gardaient. Autrement, ils l’eussent toute perdue, car les empires
708
x assurer la part qu’ils en gardaient. Autrement,
ils
l’eussent toute perdue, car les empires voisins eussent eu vite fait
709
n mode de vie, sa langue, son credo ou son parti.
Il
n’en fut pas toujours ainsi, et les Suisses ont connu pendant des siè
710
te et se nourrit de ces appartenances multiples ;
elle
réfute les devises totalitaires : une foi, une loi, un roi (sur un mê
711
ant mais sans se confondre, n’allez pas croire qu’
elles
soient unies par je ne sais quelle ferveur sentimentale — oh ! non. P
712
ille, sa piété catholique, son patois médiéval, s’
il
rencontrait un jour un banquier de Genève, avec son chic anglais, ses
713
son chic anglais, ses principes et ses complexes,
ils
n’auraient guère à se dire et pas de langage commun. Mais ils savent
714
nt guère à se dire et pas de langage commun. Mais
ils
savent bien qu’ils font partie de cette même Suisse dont les institut
715
et pas de langage commun. Mais ils savent bien qu’
ils
font partie de cette même Suisse dont les institutions communes leur
716
incomparable. Or cette fonction reste la même qu’
il
s’agisse du corps d’un petit enfant ou de celui d’un colosse. Notez d
717
uement plus petite que ne l’était la Suisse quand
elle
s’est fédérée. En 1848, il fallait deux ou trois jours à un député de
718
tait la Suisse quand elle s’est fédérée. En 1848,
il
fallait deux ou trois jours à un député de Genève ou des Grisons pour
719
e, index pointé vers les groupes de vociférants :
il
les couvrait de sarcasmes acérés, lancés comme des fléchettes, et s’a
720
représentant de l’Espagne à Paris. — Eh bien, fit-
il
, je trouve qu’un ambassadeur, ça doit savoir engueuler le monde ! Et
721
ut ce que l’on peut demander d’un homme, c’est qu’
il
fasse le moins de mal possible. » (Ce que je trouvai, par-devers moi,
722
être réservé à ceux-là seuls qui prouveraient qu’
ils
ne peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres, qu’on élève des barr
723
qui prouveraient qu’ils ne peuvent pas vivre sans
elle
. Pour les autres, qu’on élève des barrières infranchissables ! C’est
724
ières infranchissables ! C’est le point de vue qu’
il
a voulu défendre quand il était ministre de l’Éducation. Le Cabinet n
725
’est le point de vue qu’il a voulu défendre quand
il
était ministre de l’Éducation. Le Cabinet n’a pas tardé à démissionne
726
er deux jours plus tard avec les mêmes sauf lui :
il
a compris. — Sur quoi, un intendant général des écoles de l’État de N
727
— « Oh yes ! and the Herald Tribune too ! » fait-
il
, sérieux. « Je suppose que vous n’entendez tout de même pas défendre
728
pas défendre les instituteurs, n’est-ce pas ? Car
ils
sont… indéfendables ! » Une jeune fille lui demande de définir le bon
729
s si Dieu était féminin… — Mais Dieu est féminin,
il
n’y a pas de question ! — Comment le savez-vous ? — D’abord parce que
730
’aime. Alors ? Vous voyez bien. Ensuite, parce qu’
il
défie notre logique. » Je retiens aussi de cette soirée une théorie p
731
ine. Nous avons aussi parlé de l’Europe, de ce qu’
il
faut faire pour son union. ⁂ À Royaumont, le 4 avril 1948, au terme d
732
ont j’étais le rapporteur, je suggérai Madariaga.
Il
se peut que dans mon esprit se soit opéré à ce moment-là une complexe
733
méritait un traitement tout à fait exceptionnel,
il
ne fallait ni un doctrinaire ni un journaliste, ni un spéculatif, ni
734
l’on me chargea de prendre contact. À ma lettre,
il
répondit vite : « Je vous consacrerai volontiers un temps qui, à vrai
735
pour présider congrès et comités en chaîne. Ce qu’
il
fit, avec autant de soins formels et de fermeté dans l’approche des p
736
s pédants et autres fanatiques de la routine, fût-
elle
d’étiquette « progressiste ». Il a le sens du trait qui porte et qui
737
a routine, fût-elle d’étiquette « progressiste ».
Il
a le sens du trait qui porte et qui assure le succès durable d’un dis
738
uccession des comités hélas indispensables, et qu’
il
ne suffit pas de présider mais qu’il faut surtout animer, sinon l’act
739
ables, et qu’il ne suffit pas de présider mais qu’
il
faut surtout animer, sinon l’action la mieux conçue va somnoler. À Pa
740
parce que le président nous donne l’impression qu’
il
s’amuse. Il y a là, d’ordinaire, Étienne Gilson, Julien Cain, Kenneth
741
ne pensent pas. Écoutez donc notre ami Lindsay :
il
dit “I feel » et non “I think”. Si les Anglais pensent, c’est autreme
742
leurs mains, mais jamais avec leur cerveau. Et s’
ils
ont une tête, eh bien, c’est pour porter un chapeau ! » Bien peu d’ho
743
ont donné à la cause de l’Europe, cause commune s’
il
en fût, un temps qui du même coup devait manquer à ce qu’on nomme leu
744
un Gujerati d’un Ibérique. Dans le même discours,
il
montre les difficultés du dialogue avec les staliniens : « Je suis un
745
r de Madariaga est l’un des présidents d’honneur.
Il
a fait ce jour-là l’un de ses plus beaux discours, sur le thème de la
746
e, après tout, c’est une maladie du corps social.
Il
fallait du courage pour lui dire : « Vous vous vantez d’avoir fait un
747
une superbe pneumonie ? » Cette boutade va loin,
elle
symbolise toute une philosophie politique et sociale. Et j’ai aimé qu
748
un sort inverse est échu à notre ami. Et parce qu’
il
en a maîtrisé les périls et surmonté l’amertume par la création et l’
749
surmonté l’amertume par la création et l’action,
il
nous donne aujourd’hui le rare et haut exemple d’un combattant de la
750
nnaie, l’achat sera fait au même compte. Lorsqu’
il
ouvrit à Vienne en 1927 le premier congrès du mouvement paneuropéen,
751
s portraits décoraient la tribune. En même temps,
il
proposait aux hommes d’État européens un plan d’union selon lequel «
752
ver le chemin menant à la Communauté politique ».
Il
marquait ainsi le passage de l’Idée à l’Action européennes, en contin
753
’Action européennes, en continuité historique, et
il
inaugurait la stratégie qui serait vingt ans plus tard celle de Jean
754
Marché commun » figure là pour la première fois :
il
est donc dû non pas à un politicien et encore moins à un économiste,
755
t de fédération européenne digne du nom, que va-t-
il
se passer ? Des mesures propres à « favoriser » (faute de vouloir la
756
ncore la politique pour l’art du possible — quand
elle
est l’art de créer le possible au service de grands buts qu’il faut p
757
de créer le possible au service de grands buts qu’
il
faut prophétiser, sinon tout s’affaisse en routines, en répétitions d
758
ropose une explication tellement simple que c’est
elle
qui va choquer. Je suis parvenu à la conviction que les hommes d’État
759
e à l’envers : soucieux de s’appuyer sur le réel,
ils
ont voulu partir des États-nations tels que les a formés le xixe siè
760
ou moins déclaré selon les pays) au xxe siècle ;
ils
ont voulu partir de ces nations comme des « seules réalités politique
761
i que le répète volontiers le général de Gaulle),
ils
ont essayé de les unir, et ils constatent, évidemment, « qu’elles ne
762
énéral de Gaulle), ils ont essayé de les unir, et
ils
constatent, évidemment, « qu’elles ne sont pas encore prêtes à s’unir
763
de les unir, et ils constatent, évidemment, « qu’
elles
ne sont pas encore prêtes à s’unir ». Or, il est clair — il devrait ê
764
u’elles ne sont pas encore prêtes à s’unir ». Or,
il
est clair — il devrait être clair — qu’en tant qu’États souverains le
765
pas encore prêtes à s’unir ». Or, il est clair —
il
devrait être clair — qu’en tant qu’États souverains les nations ne se
766
ns les nations ne seront jamais prêtes à s’unir !
Il
appartient à leur être même d’État, à leur définition même de nations
767
orber les voisins. Si donc on veut unir l’Europe,
il
faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâ
768
ir d’autre chose que de ses facteurs de division,
il
faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles à l’union ; il faut
769
sur autre chose que sur les obstacles à l’union ;
il
faut opérer sur un autre plan que celui-là, précisément, où le problè
770
précisément, où le problème se révèle insoluble.
Il
faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réali
771
ue nous l’a léguée le siècle dernier : la région.
Il
n’est rien dont les sociologues d’aujourd’hui s’occupent avec plus de
772
avec plus de passion en Europe. C’est qu’en effet
il
s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement
773
ébut, j’improvisai donc sur le thème que voici :
Il
peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge des intégrations continen
774
se dessiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme
elles
seront jeunes et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde,
775
ples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde,
elles
noueront entre elles des relations d’échanges aussi nombreuses et fré
776
lité, ouvertes sur le monde, elles noueront entre
elles
des relations d’échanges aussi nombreuses et fréquentes que possible.
777
nges aussi nombreuses et fréquentes que possible.
Elles
seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisina
778
un écho pour moi, des plus inattendus : c’est qu’
elles
venaient à la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs
779
lisé du continent et le plus allergique, semblait-
il
, au fédéralisme à base régionale : j’entends la République française
780
e tranquillement La Révolution régionaliste 19 et
il
figure dans une collection de livres de poche : c’est dire que l’édit
781
res de poche : c’est dire que l’éditeur estime qu’
il
peut répondre à la curiosité d’un grand public. Certes, on n’en est e
782
À peine a-t-on pris la mesure des perspectives qu’
il
nous invite à explorer, notamment politiques et institutionnelles. De
783
veau ne sauraient être décrétées sans transition.
Il
est normal qu’elles exigent une période d’expériences, et celle-ci co
784
être décrétées sans transition. Il est normal qu’
elles
exigent une période d’expériences, et celle-ci connaîtra forcément de
785
e base de toute vie sociale et publique en Grèce.
Elle
donna même son nom à cette forme d’activité : la politique ! De même
786
e toute espèce d’hégémonie, ou impérialisme quand
il
s’agit d’unir l’Europe, mais plus encore à nous méfier de la formule
787
d’hui de le voir, ou d’en croire leurs yeux quand
ils
le voient, c’est le dogme inculqué dans les esprits pendant plusieurs
788
la forme nationale en général. Croyance réfutée,
il
est vrai, par un simple coup d’œil sur l’Histoire, lequel fait voir p
789
ations sont de formation récente, deuxièmement qu’
elles
ont dépassé le sommet de leur évolution, et descendent vers leur crép
790
Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel.
Elles
ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probableme
791
pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé,
elles
finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera.
792
nt « encore » les seules réalités. Et c’est vrai,
elles
existent « encore » — mais si mal ! Trop petites pour assurer seules
793
ur souveraineté est devenue tout illusoire dès qu’
elle
n’est plus purement négative — en bien ou en mal. Ainsi, elle leur pe
794
lus purement négative — en bien ou en mal. Ainsi,
elle
leur permet de procéder au désarmement tarifaire, ou au contraire, el
795
océder au désarmement tarifaire, ou au contraire,
elle
leur sert de prétexte à refuser encore, ici ou là, les mesures nécess
796
ce qui coopère, se fédère ou s’unit en Europe, qu’
il
s’agisse de savants, de festivals de musique, d’Églises, de firmes, d
797
n de l’Europe se révélera immédiatement possible.
Il
se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionnier
798
mpire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-
elle
fondée sur des réalités en plein essor, non sur des vieilles carcasse
799
s politiciens qui se croient réalistes — parce qu’
ils
sont en retard d’une génération sur les réalités du temps. 19. Robe
800
tres moyens sociaux, partis, presse, mass médias,
elle
réussit à former des citoyens puis à les informer. Comment former des
801
rmer des citoyens et un civisme européens tant qu’
il
n’y a pas de Cité européenne ? Inversement, comment fonder une Cité e
802
onder une Cité européenne, l’Europe unie, tant qu’
il
n’y a pas de civisme européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui
803
our ceux-là seuls qui ne demandent qu’à croire qu’
ils
y sont enfermés. Au-delà des impasses logiques, le désir bâtit la cit
804
s traditions civiques, et le besoin d’en changer.
Il
s’agit donc pour nous, ici et maintenant, d’éveiller chez les jeunes
805
r d’habiter demain une grande Cité européenne : s’
ils
la veulent, ils la bâtiront. Ni spontanée, ni fatale L’union de
806
in une grande Cité européenne : s’ils la veulent,
ils
la bâtiront. Ni spontanée, ni fatale L’union de l’Europe ne se f
807
ute seule par un processus mécanique, ou parce qu’
elle
se trouverait coïncider avec « le sens de l’Histoire » comme certains
808
« le sens de l’Histoire » comme certains disent.
Elle
ne sera pas non plus l’œuvre d’un dictateur : Napoléon, Hitler ont éc
809
r longtemps. Ni spontanée, ni fatale, ni imposée,
elle
ne peut être que choisie et voulue — exactement comme la démocratie —
810
ais ceux-ci, qui les fera, sinon l’éducation ? Or
il
faut bien avouer que jusqu’ici, l’éducation (enseignement, école prim
811
e, hautes écoles et télévision) dans la mesure où
elle
façonne les caractères et les esprits, ne fait pas des Européens. Qua
812
et les esprits, ne fait pas des Européens. Quand
elle
fait quelque chose au niveau du civisme, elle ne fait en tout cas pas
813
and elle fait quelque chose au niveau du civisme,
elle
ne fait en tout cas pas cela, et l’on peut être heureux si elle ne fa
814
n tout cas pas cela, et l’on peut être heureux si
elle
ne fait pas le contraire. L’éducation du citoyen qui se pratique dans
815
à l’État, et que le citoyen devra trancher quand
il
votera. La plus ennuyeuse des leçons La leçon d’instruction civ
816
euse de toutes. En un sens, c’est heureux, car si
elle
passionnait, les choses étant ce qu’elles sont, ce serait inévitablem
817
, car si elle passionnait, les choses étant ce qu’
elles
sont, ce serait inévitablement au bénéfice du chauvinisme national. U
818
irklichung, du prof. Karl Schmid22 je lis ceci :
Il
faut absolument éviter qu’aux yeux des jeunes Allemands, Italiens ou
819
eu d’institutions européennes au sujet desquelles
il
serait bon de savoir quelque chose, ne compte pas au regard des probl
820
ompte pas au regard des problèmes réels — ceux qu’
il
ne s’agit pas de réciter par cœur mais de comprendre intimement. Il
821
réciter par cœur mais de comprendre intimement.
Il
faut cesser de croire qu’éducation civique signifie connaissance scol
822
tutions dont on ignore le fonctionnement concret.
Il
faut comprendre et proclamer que la seule préparation valable au civi
823
problèmes vivants et réels de l’Europe, telle qu’
elle
est aujourd’hui désunie et telle qu’elle pourrait être unie demain, n
824
telle qu’elle est aujourd’hui désunie et telle qu’
elle
pourrait être unie demain, n’apparaissent pas souvent dans les discou
825
sans adjurations pathétiques, sans propagande, qu’
il
faut unir l’Europe pour la sauver mais aussi pour servir le Monde. La
826
s y tenons ; b) Problèmes économiques, en tant qu’
ils
relèvent de l’initiative privée, de la commune, de la région, d’un pl
827
sociaux, démographiques et culturels, en tant qu’
ils
relèvent de la patrie locale, de la région, de la nation, de l’Europe
828
ieurs, ou supérieurs à nos diversités nationales.
Il
convient d’écarter résolument la solution de facilité qui consisterai
829
t très vite sa version européenne. Et d’ailleurs,
il
serait absurde d’essayer de substituer l’une à l’autre : car l’Europe
830
urope se fera au-delà des nations mais pas contre
elles
, ni sans elles. (La Suisse s’est faite au-delà de ses cantons, mais p
831
u-delà des nations mais pas contre elles, ni sans
elles
. (La Suisse s’est faite au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce q
832
littérature prévue par le programme. Mais pour qu’
il
saisisse ces occasions et en tire le meilleur parti, il faut que le p
833
sisse ces occasions et en tire le meilleur parti,
il
faut que le professeur ait été lui-même sensibilisé aux réalités de l
834
sponsabilités européennes, et pour les y pousser,
il
importe d’agir sans délai sur des groupes forcément restreints d’éduc
835
des économistes. Car avant de « faire l’Europe »,
il
faut « faire de l’Europe ». Et cela se passera d’abord dans les espri
836
oints d’interrogation sur 340 pages ; encore sont-
ils
de pure rhétorique et destinés à supprimer plutôt qu’à poser la quest
837
de la situation, et nous sommes bien certains qu’
il
révélera de la sorte la nécessité de l’union, et même les formes spéc
838
es que celle-ci devra prendre, et pourra prendre.
Il
fourmillera de points d’interrogation ! Il ne dira jamais : « Right o
839
endre. Il fourmillera de points d’interrogation !
Il
ne dira jamais : « Right or wrong, our Europe ! » mais il fera voir q
840
ra jamais : « Right or wrong, our Europe ! » mais
il
fera voir que l’Europe serait détruite par ce qui tue l’esprit critiq
841
t notre culture démocratique au nom des idéaux qu’
elle
seule leur enseigna. 21. Cf. Enquête sur l’état de l’instruction c
842
à ce qu’a dit M. Mach tout à l’heure, à savoir qu’
il
était le seul chercheur autour de cette table. Je me considère moi au
843
n respect suffisant aux chercheurs scientifiques.
Il
me semble au contraire qu’on leur accorde un respect presque exclusif
844
un respect presque exclusif. Pourquoi ? Parce qu’
ils
sont très utiles à l’économie, au commerce, à l’industrie, au PNB, pr
845
qui ont reçu le prix Nobel, depuis 1901, date où
il
fut créé. Il y a 6 chercheurs nés Suisses et qui le sont restés, et 5
846
En revanche, la Suisse a envoyé à l’étranger, où
ils
ont reçu le prix Nobel, deux chercheurs, peut-être trois, qui étaient
847
de dictionnaires comme français, peut-être l’est-
il
devenu ? Les deux autres sont Félix Bloch et Daniel Bovet, l’un deven
848
nous être parfaitement favorable. (D’ailleurs, si
elle
ne l’était pas, ce serait le même prix !) Quand je vous dis que les é
849
qu’une certaine année, au milieu du xiie siècle,
il
n’y avait à la Sorbonne pas un seul professeur français. Les grands m
850
pour nous en tenir aux exemples suisses, qu’y a-t-
il
eu comme importation et exportation des cerveaux en Suisse ? Comment
851
cerveaux en Suisse ? Comment notre culture s’est-
elle
faite ? D’abord par la conquête romaine, qui nous a apporté une civil
852
é l’exode des cerveaux. M. de Rougemont : Oui, et
il
faudrait donc essayer de trouver des critères pour déterminer à quel
853
— et qui est la santé même — devient un exode qu’
il
faudrait déplorer ou arrêter si on le peut. Je crois qu’il faut consi
854
it déplorer ou arrêter si on le peut. Je crois qu’
il
faut considérer là-dedans les dimensions des activités en jeu, et les
855
lyse d’ailleurs : je veux tout pour ma nation, qu’
elle
soit grande ou petite, et que tout soit fait dans ses limites. Il lui
856
u petite, et que tout soit fait dans ses limites.
Il
lui faut une industrie automobile, une industrie aéronautique, il lui
857
industrie automobile, une industrie aéronautique,
il
lui faut des ordinateurs, il lui faut un synchrocyclotron et tout. Ça
858
ustrie aéronautique, il lui faut des ordinateurs,
il
lui faut un synchrocyclotron et tout. Ça, c’est le point de vue natio
859
terribles contre les « voleurs d’universités » :
ils
étaient punis de mort — alors là, il s’agira bel et bien d’un « exode
860
ersités » : ils étaient punis de mort — alors là,
il
s’agira bel et bien d’un « exode des cerveaux ». Je reviens à deux de
861
Blaise Cendrars est né à La Chaux-de-Fonds, mais
il
était originaire d’un petit village de l’Oberland bernois qui s’appel
862
plainte d’avoir perdu un cerveau ? Pas du tout !
Il
serait resté à La Chaux-de-Fonds et nous n’en aurions rien su ; il au
863
La Chaux-de-Fonds et nous n’en aurions rien su ;
il
aurait continué à s’appeler Fritz Sauser. Mais il est parti dans le v
864
il aurait continué à s’appeler Fritz Sauser. Mais
il
est parti dans le vaste monde qui en a fait Blaise Cendrars, puis il
865
e vaste monde qui en a fait Blaise Cendrars, puis
il
est allé à Paris qui en a fait un grand écrivain et c’est seulement q
866
elait Blaise Cendrars que nous avons découvert qu’
il
était suisse ! De même l’ingénieur Ammann, qui a fait ces immenses po
867
San Francisco qui a 2750 mètres de long : qu’eût-
il
fait, ce malheureux, s’il était resté en Suisse ? Il n’aurait pas tro
868
mètres de long : qu’eût-il fait, ce malheureux, s’
il
était resté en Suisse ? Il n’aurait pas trouvé assez de place pour se
869
fait, ce malheureux, s’il était resté en Suisse ?
Il
n’aurait pas trouvé assez de place pour ses ponts, simplement. Nos di
870
sse, ni d’ailleurs d’aucun de nos pays d’Europe :
elle
est de dimensions continentales. C’est pourquoi, lors de la Conférenc
871
retenir en Europe un certain nombre de savants qu’
il
était important de garder pour la communauté continentale, vu les fin
872
anismes de l’ONU, on ne peut pas dire non plus qu’
il
s’agit là d’une perte, d’un exode. Simplement, la Suisse prend sa par
873
ses obligations internationales ; car après tout,
elle
fait partie, elle aussi, de la communauté internationale. Je crois vo
874
ternationales ; car après tout, elle fait partie,
elle
aussi, de la communauté internationale. Je crois vous avoir donné ain
875
vient d’être dit sur une politique de dimension,
il
est facile de retrouver des éléments d’unité. Ce sont là des notions
876
elles mesures prendre pour empêcher l’exode quand
il
n’a pas le caractère d’échange mais qu’il sanctionne un manque d’orga
877
e quand il n’a pas le caractère d’échange mais qu’
il
sanctionne un manque d’organisation ou de structure qui incite les ch
878
able. Si vous ne payez pas les gens suffisamment,
il
ne faut pas vous étonner qu’ils aillent ailleurs plutôt que de crever
879
gens suffisamment, il ne faut pas vous étonner qu’
ils
aillent ailleurs plutôt que de crever de faim. Mais ce préalable étan
880
des pôles d’attraction ? On y fait allusion déjà.
Il
s’agit de concentrer les ressources intellectuelles sur certains poin
881
ées sur tout le territoire de la Confédération. S’
il
ne s’agit pas purement de choses financières, il ne s’agit pas non pl
882
’il ne s’agit pas purement de choses financières,
il
ne s’agit pas non plus de questions d’emploi, ou pas uniquement. Il s
883
on plus de questions d’emploi, ou pas uniquement.
Il
s’agit de créer un climat intellectuel. Je ne vais pas vous en donner
884
d’art, parce que c’en est une ! Une œuvre d’art,
il
faut la faire, comme dit l’autre, ce n’est pas le tout de la décrire.
885
cin, ou un dentiste, soit retenu à Genève, même s’
il
y est moins payé qu’ailleurs, parce qu’il n’est pas uniquement physic
886
même s’il y est moins payé qu’ailleurs, parce qu’
il
n’est pas uniquement physicien, il n’est pas uniquement médecin, et s
887
eurs, parce qu’il n’est pas uniquement physicien,
il
n’est pas uniquement médecin, et s’il trouve un bon orchestre, un bon
888
physicien, il n’est pas uniquement médecin, et s’
il
trouve un bon orchestre, un bon quatuor qui joue de la musique modern
889
évision pourraient faire énormément dans ce sens.
Elles
font déjà beaucoup ; elles ont fait ces dernières années un effort co
890
ormément dans ce sens. Elles font déjà beaucoup ;
elles
ont fait ces dernières années un effort considérable pour intéresser
891
omme ceux dont nous parlons ce soir, par exemple.
Elles
pourraient peut-être faire encore plus en faisant davantage confiance
892
a quantité des réponses. Je crois que c’est faux.
Il
faudrait que la télévision et la radio aient l’héroïsme, pendant deux
893
es pôles d’attraction, de ce climat intellectuel.
Il
me semble que l’Université est mieux placée que n’importe quel autre
894
de quelques écoles de formation professionnelle.
Elle
doit être aussi cela ; bien entendu, il ne s’agit pas de la transform
895
nnelle. Elle doit être aussi cela ; bien entendu,
il
ne s’agit pas de la transformer de fond en comble du jour au lendemai
896
rmer de fond en comble du jour au lendemain, mais
il
ne faut pas qu’elle soit uniquement cela : quelques écoles de formati
897
mble du jour au lendemain, mais il ne faut pas qu’
elle
soit uniquement cela : quelques écoles de formation professionnelle j
898
sans lien organique et sans rien à se dire entre
elles
. Il faudrait que l’Université devienne ou redevienne le lieu vivant d
899
ien organique et sans rien à se dire entre elles.
Il
faudrait que l’Université devienne ou redevienne le lieu vivant de cr
900
et de débats sur le fond. Je vais lâcher le mot :
il
faut que l’Université redevienne le lieu de contestation. Mais attent
901
é des universités que depuis qu’on a découvert qu’
il
fallait les réformer. Je souhaite que la réforme universitaire dont o
902
dernier mot — en dehors de l’Université et contre
elle
, mais dans les cours — je ne dis pas dans tous les cours, il faut pré
903
ns les cours — je ne dis pas dans tous les cours,
il
faut préserver l’élément de formation professionnelle — mais dans cer
904
ation professionnelle — mais dans certains cours.
Il
faudrait qu’il soit admis que la substance même de ces cours soit la
905
nnelle — mais dans certains cours. Il faudrait qu’
il
soit admis que la substance même de ces cours soit la remise en quest
906
nt d’accord. J’ai peut-être un peu forcé parce qu’
il
faut simplifier quand on aborde une quantité de sujets importants com
907
e de pouvoir traiter cet immense sujet sur lequel
il
faudrait revenir une autre année. L’Europe doit ajouter à tout le res
908
je ne trouvais pas en Amérique, quelque chose qu’
il
m’est difficile de vous décrire, et si vous voulez en avoir une bonne
909
ption, adressez-vous aux Américains qui disent qu’
ils
voudraient vivre en Europe. Ils vous expliqueront cela très bien. Sur
910
ins qui disent qu’ils voudraient vivre en Europe.
Ils
vous expliqueront cela très bien. Sur le même sujet des États-Unis, M
911
plètement indemnes de toute influence américaine.
Il
y en a tout de même, ne fût-ce que le jazz. Nous avons pris aux États
912
nis. Ce qu’a dit M. Mach m’a paru un peu curieux.
Il
a parlé de mon optimisme béat. Je ne vois pas du tout à quel moment j
913
t défavorable. Cette méthode peut être discutée ;
il
s’agit surtout de l’appliquer, mais je refuse absolument de prendre u
914
appelait la création de quelque chose qui, disait-
il
, « s’appellerait — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il s’écri
915
lerait — peut-être — les États-Unis d’Europe » et
il
s’écriait : « Je dois vous donner un avertissement. Le temps presse.
916
tats-Unis d’Europe, sous quelque nom que ce soit,
il
faut commencer maintenant… Debout l’Europe ! » Il y a vingt-et-un ans
917
Sans corps constitué, sans tête, comment pourrait-
elle
donc répondre à l’appel pathétique du célèbre homme d’État ? Un appel
918
incontestablement dans le sens de la nation.25
Il
est vrai que le même André Malraux quelques jours plus tard, interrog
919
on ne peut rien y changer, que c’est là-dessus qu’
il
faut bâtir, et d’appeler ça du réalisme. Le cancer et les maladies me
920
le réalisme consiste à le proclamer avec fierté.
Il
ne consiste pas non plus à les nier, mais bien à faire en sorte qu’el
921
on plus à les nier, mais bien à faire en sorte qu’
elles
cessent d’être réelles. Que les nations soient encore bien réelles et
922
ues, techniques et démographiques de notre temps.
Ils
ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de l
923
i ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si
elle
n’est pas surmontée et remplacée à temps. La grande force de l’État-n
924
vitable du Progrès. Pour dissiper cette illusion,
il
faudrait enseigner dans nos écoles un minimum d’histoire générale de
925
État-nation qui est né de leur collusion moderne.
Il
faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait que les
926
Europe, empire de Charlemagne, puis Saint-Empire.
Il
faudrait montrer que les premiers États nationaux n’apparaissent qu’a
927
Avignon, et puis réalise aux dépens des Juifs qu’
il
fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’il fait exécuter, une
928
il fait dépouiller et des chevaliers du Temple qu’
il
fait exécuter, une merveilleuse opération sur l’or ! (si l’on veut bi
929
à peine supportable quand un prince l’incarne, s’
il
n’est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltant
930
gible dans nos esprits, qui résistent à l’idée qu’
il
pourrait n’être après tout qu’une forme transitoire, comme tant d’aut
931
e, on vénère ses statues sur toutes les places. «
Il
faut une religion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’est plu
932
itionnels jusqu’au Saint-Empire médiéval, bien qu’
il
n’en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’
933
et linguistique, ni le caractère d’universalité.
Il
se rêve et se veut fermé, complet, suffisant en lui-même tant pour sa
934
érité fondamentale du xxe siècle des nations. Et
il
faut souligner à ce propos une constatation des plus paradoxales : c’
935
ns maintenant ces États-nations unitaires tels qu’
ils
sont dans leur être et leur agir concret, non plus dans leurs prétent
936
ption, sont à la fois trop petits et trop grands.
Ils
sont trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont tro
937
op petits si on les regarde à l’échelle mondiale.
Ils
sont trop grands si l’on en juge par leur incapacité d’animer leurs r
938
ts États confrontés aux trois seuls vrais grands.
Ils
sont trop petits « à l’échelle des moyens techniques modernes, à la m
939
54 Jean Monnet. (Lettre de démission de la CECA.)
Ils
sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petit
940
ée par les barrages antimissiles des deux grands.
Ils
sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi a
941
retrait des puissances naguère coloniales. Enfin,
ils
sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires vérita
942
e à prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’
ils
sont trop petits, les États-nations devraient se fédérer à l’échelle
943
se fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’
ils
sont trop grands, ils devraient se fédéraliser à l’intérieur. Facile
944
continentale ; et parce qu’ils sont trop grands,
ils
devraient se fédéraliser à l’intérieur. Facile à formuler, mais presq
945
un dilemme aussi simple qu’inexorable : — ou bien
ils
se contentent de proclamer leur volonté farouche d’indépendance et le
946
d’indépendance et leur souveraineté absolue, dont
ils
refusent de rien déléguer à une autorité supranationale, fédérale, et
947
à une autorité supranationale, fédérale, et alors
ils
seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il fa
948
seront fatalement satellisés un à un ; — ou bien
ils
font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils déciden
949
ent satellisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’
il
faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de résister
950
qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’
ils
décident de résister tous ensemble, et alors ils renoncent à leur sou
951
’ils décident de résister tous ensemble, et alors
ils
renoncent à leur souveraineté absolue au profit d’une fédération qui
952
de la première Internationale à Genève, en 1867,
il
avait dénoncé l’impossibilité de constituer les États-Unis d’Europe s
953
nations paraissant insoluble en théorie autant qu’
il
le reste en pratique dans l’état actuel de ses données29, il va fallo
954
en pratique dans l’état actuel de ses données29,
il
va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y aura plus de pr
955
il va falloir ou bien renoncer à l’union et alors
il
n’y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du prob
956
absorber les voisins. Si l’on veut unir l’Europe,
il
faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâ
957
ir d’autre chose que de ses facteurs de division,
il
faut bâtir sur autre chose que sur les obstacles à l’union ; opérer s
958
précisément, où le problème se révèle insoluble.
Il
faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réali
959
s l’a léguée le siècle dernier : — la région.31
Il
n’est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passio
960
vec plus de passion en Europe. C’est qu’en effet,
il
s’agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement
961
de la combinaison de forces les plus diverses, qu’
il
s’agit de capter et d’harmoniser, dont les principales sont : l’explo
962
but, j’improvisais donc sur le thème que voici :
Il
peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge de l’union des nations et
963
se dessiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme
elles
seront jeunes et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde,
964
ples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde,
elles
noueront entre elles des relations d’échanges aussi nombreuses et fré
965
lité, ouvertes sur le monde, elles noueront entre
elles
des relations d’échanges aussi nombreuses et fréquentes que possible.
966
nges aussi nombreuses et fréquentes que possible.
Elles
seront amenées à se grouper selon leurs affinités, selon leur voisina
967
t un écho pour moi des plus inattendus : c’est qu’
elles
venaient à la rencontre non seulement des souhaits des organisateurs
968
lisé du continent et le plus allergique, semblait-
il
, au fédéralisme à base régionale : j’entends la République française
969
ineté de l’État est devenue tout illusoire, quand
elle
n’est pas toute négative, ne consiste pas à dire non, ou à consentir
970
pas à dire non, ou à consentir un abandon. Ainsi,
elle
permet aux États de procéder à leur désarmement tarifaire, de renonce
971
de renoncer aux droits de douane, ou au contraire
elle
leur sert de prétextes à refuser, ici ou là, les mesures nécessaires
972
ci ou là, les mesures nécessaires à l’union. Mais
elle
ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la Première Guerre
973
écision régionaux dont tout le monde parle, et qu’
ils
acquièrent de la force : lorsqu’ils auront pris en fait (sinon en dro
974
parle, et qu’ils acquièrent de la force : lorsqu’
ils
auront pris en fait (sinon en droit) plus d’importance économique et
975
n de l’Europe se révélera immédiatement possible.
Il
se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionnier
976
mpire » et tiraient de là leurs libertés — sera-t-
elle
fondée sur des réalités en plein essor, non sur des vieilles carcasse
977
y trompons pas : le processus sera très long, et
il
nous paraîtra nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’en so
978
ine avons-nous pris la mesure des perspectives qu’
il
nous invite à explorer, notamment institutionnelles. Des réalisations
979
veau ne sauraient être décrétées sans transition.
Il
est normal qu’elles exigent une longue période de mise en place silen
980
être décrétées sans transition. Il est normal qu’
elles
exigent une longue période de mise en place silencieuse des réalités
981
e base de toute vie sociale et publique en Grèce.
Elle
donna même son nom à cette forme d’activité : la politique ! De même
982
d’hui de le voir, ou d’en croire leurs yeux quand
ils
le voient, c’est le dogme inculqué dans les esprits pendant plusieurs
983
Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel.
Elles
ont commencé, elles finiront. Et il ajoutait : La confédération eur
984
pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé,
elles
finiront. Et il ajoutait : La confédération européenne, probablemen
985
’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. Et
il
ajoutait : La confédération européenne, probablement, les remplacera
986
as lu Renan, de nos jours… Et cette succession qu’
il
annonce, ce remplacement des États-nations par la fédération, cela ne
987
u spontané du fameux « mouvement de l’Histoire ».
Il
faudra que la succession, le remplacement s’opèrent dans les esprits
988
de cette religion civique dont je vous disais qu’
elle
s’était substituée à la foi chrétienne dans l’esprit des masses. Je v
989
ans l’histoire, la cité se détache du territoire,
elle
« décolle » ; une unité politique se définit non plus en termes de li
990
échanges, de “flux” diraient les scientifiques : “
il
faut chercher à être aussi indispensables aux autres que les autres n
991
soire dont se vantaient les États-nations. Enfin,
il
est une grande notion que les régions nous amèneront à mettre en lumi
992
ers le Prince maître de tout, et d’autant plus qu’
il
devenait anonyme et sans visage — dans le monde régional, la liberté
993
s, le triomphe du fédéralisme intégral. Depuis qu’
il
est question d’une entrée éventuelle de la Suisse dans le Marché comm
994
uisse dans le Marché commun, j’entends répéter qu’
elle
y perdrait sa souveraineté, qu’elle s’y perdrait. Et si je parle d’un
995
ds répéter qu’elle y perdrait sa souveraineté, qu’
elle
s’y perdrait. Et si je parle d’une fédération basée sur les régions,
996
n dans ce cas serait « dissociée ». Je réponds qu’
il
est temps, qu’il est grand temps que nous cessions d’opposer un refus
997
ait « dissociée ». Je réponds qu’il est temps, qu’
il
est grand temps que nous cessions d’opposer un refus quasi automatiqu
998
sous le double prétexte « qu’on n’est pas sûr qu’
elles
réussiront », ou bien « qu’on n’est pas sûr que cela servirait nos in
999
ue qu’illustre l’anecdote du patriarche vaudois :
il
réunit ses fils autour de son lit de mort et il leur dit : « Le secre
1000
: il réunit ses fils autour de son lit de mort et
il
leur dit : « Le secret de ma réussite tient à ce que j’ai fondé ma vi
1001
our coopérer, comme l’ont fait nos cantons, quand
ils
ont vu que l’union fédérale était la condition de leur survie individ
1002
èse de travail régionaliste : on verra bien ce qu’
elle
donne pour nous, quand nous aurons aidé au succès de l’entreprise. Si
1003
étrangère et les institutions internationales qu’
elle
est fière d’accueillir ? Non, même « dissociée » économiquement, rien
1004
rattacher politiquement à l’idéal fédéraliste — s’
ils
y tiennent vraiment — et de maintenir leur association. Nous sommes l
1005
xistence fédérale. Cela nous indique, me semble-t-
il
, notre responsabilité propre vis-à-vis de l’Europe. Je ne crois pas q
1006
r, des États, des territoires, des cadres fixes ;
il
doit « décoller » du sol, pour devenir de plus en plus une méthode de
1007
J.-J. Servan-Schreiber, Paris, 1967. 29. « Quand
il
s’agit de nations comme celles de la vieille Europe […] qui pourrait
1008
à moins d’être un imbécile, qu’une seule d’entre
elles
consentira jamais à remettre une part de ses pouvoirs à une autorité
1009
e prendrais en charge la section culturelle que s’
il
était bien entendu qu’il lui reviendrait de dire le sens de toute l’e
1010
section culturelle que s’il était bien entendu qu’
il
lui reviendrait de dire le sens de toute l’entreprise, d’inspirer et
1011
t d’un long rouleau de fort papier parcheminé, et
il
était entendu qu’au terme du congrès, tous les participants, Churchil
1012
chill (qui n’était là qu’à titre de journaliste).
Ils
m’apprirent que le Message aux Européens ne pourrait être présenté
1013
urrait être présenté à la séance finale, parce qu’
il
contenait cette petite phrase : « Nous voulons une défense commune »,
1014
état de trente délégués, sans doute anglais, dont
ils
affirmaient savoir qu’ils s’opposeraient à mon Message à cause de l
1015
ans doute anglais, dont ils affirmaient savoir qu’
ils
s’opposeraient à mon Message à cause de la phrase sur la défense. P
1016
t fait l’usage que l’on sait. 2. Ne vous semble-t-
il
pas paradoxal qu’en mai 1948, alors que n’existaient encore ni le Con
1017
ations. Pour réussir l’Europe du peuple européen,
il
eût fallu : 1) lancer une campagne populaire de très grande envergure
1018
l’unification politique de l’Europe. Cet espoir,
ils
l’ont reporté ensuite sur les Communautés européennes. Après l’expéri
1019
de la souveraineté absolue et de l’indépendance (
ils
n’osent plus parler d’autarcie), nos États-nations n’ont plus d’autre
1020
l’échelle de l’Europe et du monde, que négatifs.
Ils
peuvent encore soit refuser les mesures d’union qui s’imposent, soit
1021
ent, de circulation de la main-d’œuvre, etc. Mais
ils
ne peuvent rien de plus. (Il se cachent aujourd’hui derrière les refu
1022
-d’œuvre, etc. Mais ils ne peuvent rien de plus. (
Il
se cachent aujourd’hui derrière les refus gaulliens. Demain, ils trou
1023
aujourd’hui derrière les refus gaulliens. Demain,
ils
trouveront d’autres prétextes.) Trop petits et trop grands à la fois
1024
les États-nations ne feront rien pour nous unir.
Ils
ne le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et il faut redouter que
1025
eront rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas,
ils
ne le pourraient pas. Et il faut redouter que les Communautés, bridée
1026
s ne le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et
il
faut redouter que les Communautés, bridées par les nations qui les co
1027
ui aussi au lendemain du congrès de La Haye — a-t-
il
tenu ses promesses ? Quelles furent son action et son influence en pr
1028
présent ? Son impuissance avérée tient au fait qu’
il
a opté, dès le lendemain de La Haye, pour les notables contre les mil
1029
ye, pour les notables contre les militants. Ce qu’
il
a initié dans le domaine économique et mis sur pied dans le domaine c
1030
dans les conseils directeurs du Mouvement. Ce qu’
il
a proclamé avec une si louable mesure, et, il faut bien le reconnaîtr
1031
qu’il a proclamé avec une si louable mesure, et,
il
faut bien le reconnaître, dans l’indifférence générale, c’est l’opini
1032
bien avant de Gaulle, que les choses étant ce qu’
elles
sont, il convenait d’adapter les exigences de l’union aux intérêts na
1033
de Gaulle, que les choses étant ce qu’elles sont,
il
convenait d’adapter les exigences de l’union aux intérêts nationaux,
1034
os frais. Mais j’appelle espérance l’intuition qu’
il
existe des moyens de rejoindre le but que l’on veut atteindre. Et cet
1035
je l’éprouve aujourd’hui plus vive que jamais ; s’
il
est vrai qu’on ne peut bâtir sur de l’ancien (les États-nations), mai
1036
era tenir enfin les engagements de La Haye. 37.
Il
est remarquable que Retinger, qui ne passait pas pour fédéraliste, ai
1037
e ère, sont nées de la considération d’un fleuve.
Il
s’agissait sans nul doute du Méandre, puisque cet ancêtre éponyme de
1038
incurvait près d’Éphèse, vers Priène et Milet, où
il
trouvait son embouchure dans l’Égée. En ce temps-là, temps des cités
1039
baigner deux fois dans le même fleuve. II
Il
est permis de lire bien des choses dans ces phrases. Elles décrivent
1040
permis de lire bien des choses dans ces phrases.
Elles
décrivent la métamorphose des éléments : le feu solaire qui aspire en
1041
ns fin dans une forme arrêtée, celle des rives qu’
il
a formées, événement toujours fuyant et qui fascine, figure originell
1042
sans relâche dans un trajet presque immuable, qu’
il
faudra plusieurs millénaires pour déplacer de quelques champs… Deux
1043
deux sens et la profonde ambiguïté du mot durée :
il
désigne à la fois « ce qui ne change pas » et l’écoulement du temps i
1044
rop larges et trop longs pour l’usage de l’homme.
Ils
divisent et isolent plus qu’ils ne mettent en relations civilisantes.
1045
usage de l’homme. Ils divisent et isolent plus qu’
ils
ne mettent en relations civilisantes. Ils inondent plus qu’ils n’irri
1046
plus qu’ils ne mettent en relations civilisantes.
Ils
inondent plus qu’ils n’irriguent. Mais les fleuves et rivières de l’E
1047
t en relations civilisantes. Ils inondent plus qu’
ils
n’irriguent. Mais les fleuves et rivières de l’Europe sont pareils au
1048
leurs branches divergeant librement dans le ciel.
Ils
embrassent les peuples et ils les organisent, eux et leurs paysages,
1049
ement dans le ciel. Ils embrassent les peuples et
ils
les organisent, eux et leurs paysages, en très nombreux bassins large
1050
rands fleuves nous bordent et nous quittent. Mais
il
est une rivière qui d’un large mouvement du sud à l’ouest, puis à l’e
1051
d’un seul geste dans le Rhin, vers l’Atlantique.
Elle
relie les deux pôles du drame originel de notre histoire, le Gothard
1052
munes confédérées, vaste massif aux flancs duquel
elle
prend ses sources, et ce district de forteresses médiévales édifiées
1053
res, c’est la longueur exacte du Méandre !), mais
elle
draine tous les lacs entièrement suisses, du lac de Joux à l’ouest, à
1054
ion suédoise ses grands hommes blonds. Comme Uri,
il
fut terre d’Empire et longtemps défendit contre Berne ses libertés tr
1055
fendit contre Berne ses libertés traditionnelles.
Il
illustre au départ torrentueux l’esprit des communes médiévales, sour
1056
i bien nommée « la République de l’Aar » parce qu’
elle
a montré les mêmes pouvoirs souverains de rassemblement, Berne est un
1057
e sur la carte : libérée par la Révolution, c’est
elle
qui va donner naissance à plusieurs des mentors de la Suisse nouvelle
1058
lacs et vingt rivières en un courant puissant qu’
elle
jette au large Rhin, rassemblons en un seul faisceau nos arguments su
1059
e toute autre — Rhône ou Rhin, Danube ou Adige —,
elle
me paraît illustrative d’une authenticité européenne. VII Car l
1060
singulier et manifeste une vocation incomparable.
Il
n’y a pas d’accent européen, mais l’Europe est partout où une langue
1061
alerte au monde est le vrai but du dé-placement :
il
renouvelle la syntaxe émotive de mon dialogue avec la nature et l’his
1062
e ; ses étapes sont des prises de conscience ; et
il
n’a d’autre fin que d’être parcouru. Le voilier — un schooner de ving
1063
chooner de vingt-deux-mètres — cherche la voie qu’
il
va tracer sur l’eau. Nous venons de quitter Poros, non loin des porte
1064
milans planent. Soudain l’un n’est plus là. Puis
ils
sont trois qui virent, s’évanouissent dans la lumière et reparaissent
1065
de immense et tranchée en plein roc. À mi-hauteur
elle
est creusée de larges niches irrégulières et peu profondes, aux voûte
1066
ne sorte d’auge creusée dans la pierre calcaire ;
elle
débouche à gauche dans une vaste pièce d’eau rectangulaire. (Au-delà,
1067
alier monte vers la gorge noire.) Vers la droite,
elle
disparaît derrière une cloison de dalles verticales, puis s’enfonce d
1068
e », mais aucun objectif ne pourra l’enregistrer,
il
y faudrait un œil de l’âme, œil intérieur : on est ici dans l’événeme
1069
sse encore — mais toujours vient d’être accompli.
Il
en reste un silence énorme, ces pierres nues, et la paix solennelle.
1070
e grand serpent, défenseur de la nuit maternelle.
Il
a forcé le sanctuaire de la Terre. Sa prêtresse, il la garde, elle se
1071
a forcé le sanctuaire de la Terre. Sa prêtresse,
il
la garde, elle servira son culte. Apollon fils du Ciel a vaincu, impo
1072
anctuaire de la Terre. Sa prêtresse, il la garde,
elle
servira son culte. Apollon fils du Ciel a vaincu, imposant la loi du
1073
aire maternel, selon la loi de l’aveuglant Désir,
il
va prendre la route de Thèbes — celle que rejoint à droite ce bref se
1074
oite ce bref sentier — vers le carrefour fatal où
il
tuera le Père. À la fontaine Castalie, c’est le combat fondamental q
1075
au grand bassin. Le prêtre a béni l’eau païenne.
Elles
sont parties. Noté sur une des pages de garde de mon guide. Paix du
1076
: est-ce bien ainsi ? n’est-ce que cela ? n’y a-t-
il
Personne ? Ces grands buissons, ces murets de pierre sèche, ces senti
1077
iers de troupeaux entre deux pâturages bosselés —
ils
me rappellent parfois les hauts plateaux du Jura familier de mon enfa
1078
e Castalie. (Plus tard, j’ai repris Hölderlin :
Il
s’est tu, sol de Delphes, ton Dieu !… Mais là-haut la lumière encor
1079
eviner des propos pleins de sens merveilleux… Car
il
plaît aujourd’hui comme alors aux souffles du ciel de descendre D
1080
ionalistes, qu’on voit partout en plein essor, qu’
il
s’agisse de nations en instance de divorce avec l’OTAN ou avec le Pac
1081
tradictoire, c’est en effet l’État-nation, tel qu’
il
est né de la Révolution et du Premier Empire, produit de la confiscat
1082
l’ont laissé, à la fois trop petit et trop grand.
Il
est trop petit pour assurer ce qu’on persiste à nommer son indépendan
1083
nos États centralisés — et dans la mesure même où
ils
sont centralisés — se révèlent trop grands pour animer la vie économi
1084
x ou sa capitale et les accusent de colonialisme.
Il
est certain que la prétention à une politique indépendante, au plein
1085
ur que par la Chine, l’URSS et surtout les USA, s’
ils
acceptaient toutefois d’en payer le prix, lequel serait celui d’une a
1086
ous les coups, c’est donc l’État-nation qui perd.
Il
ne correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation c
1087
guère que deux douzaines d’États fédératifs, mais
ils
regroupent 40 % de la population du globe, et il est frappant de cons
1088
ils regroupent 40 % de la population du globe, et
il
est frappant de constater qu’on trouve parmi eux les plus grands État
1089
rchandises de qualités au moins diverses selon qu’
il
s’agit par exemple de l’empire soviétique, du Nigéria, ou de la Confé
1090
nts de convergence européenne et mondiale, même s’
ils
disent s’inspirer du propre exemple de la fédération des cantons suis
1091
re exemple de la fédération des cantons suisses !
Il
est certain que dans ces trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’on
1092
n blocage délibéré aux limites d’un État fédéral.
Il
ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéral
1093
comme le remède spécifique au stato-nationalisme,
il
faudrait, avant de le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je n
1094
t qui a coutume de se reporter à son Littré quand
il
veut savoir ce qu’un mot signifie, la cause est jugée. Il s’agit d’un
1095
savoir ce qu’un mot signifie, la cause est jugée.
Il
s’agit d’un système qui est bon pour les sauvages et qui semble n’avo
1096
é préconisé que par des traîtres à la République…
Il
est vrai que mon Littré date de 1865 : « fédéralisme » y est encore q
1097
parus sur le sujet auraient dû suffire, semble-t-
il
, à clarifier un terme que le problème européen et nos situations nati
1098
le terme de fédéralisme étant tabou à Strasbourg,
il
se verrait obligé de quitter le comité si l’on adoptait ma propositio
1099
’est-à-dire très exactement le contraire de ce qu’
il
est. À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à une atti
1100
d’une subvention fédérale « parce qu’ici, disait-
il
, nous sommes fédéralistes » ! Pareils malentendus, s’ils sont le fait
1101
us sommes fédéralistes » ! Pareils malentendus, s’
ils
sont le fait d’Européens professionnels ou de gardiens jaloux des tra
1102
ais la coexistence en tension de ceci et de cela,
il
semble que le danger d’interprétations partielles, donc ruineuses dan
1103
on cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or s’
il
est vrai que l’union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce sièc
1104
urope est l’entreprise capitale de ce siècle et s’
il
est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on se
1105
héorie des jeux de von Neumann et Morgenstern, qu’
il
s’agit de déterminer l’optimum en lequel se concilient deux maxima co
1106
respond une telle politique, et quel type d’homme
elle
entend préparer ou éduquer, constatons qu’elle traduit une forme de p
1107
me elle entend préparer ou éduquer, constatons qu’
elle
traduit une forme de pensée, une structure de relations bipolaires do
1108
utant que sur l’anarchie des individus isolés, qu’
il
s’agisse de réalités métaphysiques ou physiques, esthétiques ou polit
1109
sonne à la fois une et double de Jésus-Christ. Et
ils
écrivent : « Nous enseignons un seul et même Seigneur Jésus-Christ, v
1110
s supprimé la différence des natures, mais plutôt
elle
a sauvegardé les propriétés de chaque nature, qui se rencontrent dans
1111
ste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne,
il
reste à repérer les principaux domaines de la réalité moderne où l’on
1112
caractère va se transmettre à tous les groupes qu’
il
formera avec d’autres hommes, ses semblables. Ces groupes devront êtr
1113
Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’est-
il
pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu’il
1114
forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu’
il
consiste à concilier des confessions distinctes dans l’unité de l’Égl
1115
situation part du concret, en ce sens que d’abord
elle
considère la nature d’une tâche ou d’une fonction particulière dont o
1116
onnu la nécessité ou l’agrément. Deuxième étape :
elle
évalue les dimensions optimales de l’aire d’exécution requise, et ell
1117
sions optimales de l’aire d’exécution requise, et
elle
le fait en fonction des trois facteurs suivants : possibilités de par
1118
ionale, continentale ou mondiale, selon les cas),
il
ne reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les d
1119
ont prises les décisions relatives à cette tâche.
Il
peut y avoir d’ailleurs plusieurs niveaux de décisions, hiérarchisés.
1120
ent différer selon les tâches, j’entends selon qu’
elles
intéressent tous les hommes de toutes les régions, certains hommes de
1121
est pas que l’administration soit facile, mais qu’
elle
soit juste et éclairée. » Nous allons voir, enfin, que nos critères d
1122
e communication avec ceux que l’on côtoie comme s’
ils
n’étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions d
1123
tous pays et tous régimes politico-économiques :
ils
ont pour motif profond l’antinomie entre la culture générale au sens
1124
r professionnel souvent d’autant plus rentable qu’
il
est plus étroitement spécialisé ; mais la révolte actuelle des étudia
1125
Multipliez par dix les dimensions d’un escalier,
il
devient impraticable. De même, le décuplement des effectifs estudiant
1126
soudre une fois pour toutes ce conflit permanent.
Il
y faut une méthode vivante, celle que j’ai dite : sans cesse évaluer
1127
u’avait bien vu le regretté Pierre Duclos, lorsqu’
il
relevait que « le fédéralisme vit d’une vie que la forme institutionn
1128
pas à qualifier et moins encore à épuiser » … Et
il
ajoutait : Le fédéralisme est autre chose qu’une simple recette juri
1129
se qu’une simple recette juridique ou politique :
il
est un des grands types d’aménagement du rapport politique et peut-êt
1130
e j’ai tenté de le définir ne fait que commencer.
Il
n’est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir qu
1131
l n’est pas matière historique, mais prospective.
Il
a plus d’avenir que de passé. [Suivent deux brèves interventions d
1132
i sont destinées à se défaire assez rapidement si
elles
ne passent pas à la fédération et qu’en général les pays qui aujourd’
1133
t celles d’un peuple de 50 millions, qu’est-ce qu’
il
se produit ? On vote, de temps en temps, sur de grandes options génér
1134
ée de la voix d’un homme criant sur l’agora, mais
il
faut garder cet exemple dans l’esprit, si l’on veut donner un contenu
1135
n de l’institution et du civisme. Si on trouve qu’
il
n’y a pas assez de civisme quelque part, le premier remède c’est d’ap
1136
ion de la Suisse, on me pose souvent la question.
Il
faudrait s’entendre sur ce qu’on appelle région. Je ne m’étendrai pas
1137
me le veulent ses promoteurs, on croit souvent qu’
elle
doit nécessairement coïncider avec une région politique. Pas du tout,
1138
langues, bien que l’allemand y soit majoritaire.
Il
faut s’orienter vers une vision de l’Europe de demain correspondant a
1139
s niveaux ne seront pas nécessairement les mêmes,
elles
ne se recouvriront pas toutes comme l’exige la tradition unitaire laq
1140
blige à chercher autre chose du côté des régions.
Il
est certain que le système stato-national actuel n’est plus tolérable
1141
onne plus. Le mouvement de régionalisation sera-t-
il
assez puissant pour aboutir, pour former la base d’une fédération ? J
1142
ous citer un exemple tiré de l’expérience suisse.
Il
s’est agi, il y a cinq ou six ans, de décider de la priorité pour la
1143
cé de ces routes : il y avait 48 paramètres, dont
il
fallait tenir compte : l’intensité du trafic, le prix des travaux d’a
1144
e fédération. Les ordinateurs ont trouvé par quoi
il
fallait commencer. Le fédéralisme, c’est-à-dire le respect poussé aus
1145
reconnaissables — dont se compose la fédération.
Il
est une symbiose sans confusion ni disparition des spécificités ».
1146
aulhan me dit, un peu plus tard, dans un coin : «
Il
refuse de dîner avec nous, c’est singulier, mais vous l’intimidez. »
1147
’est singulier, mais vous l’intimidez. » C’est qu’
il
ne m’était plus un dieu, et que j’étais jeune. Il s’efforçait tristem
1148
il ne m’était plus un dieu, et que j’étais jeune.
Il
s’efforçait tristement de lire Marx, et trouvait Kierkegaard « trop l
1149
ierkegaard « trop long ». Fin d’un prestige. Puis
il
m’a, très généreusement, hébergé quelques semaines avec ma femme, rue
1150
pensée n’a pour moi rien d’actuel et je doute qu’
il
en aille autrement pour mes cadets. Je serais tenté de dire : tant pi
1151
re pour qui sait la comprendre. (Pour les autres,
il
est vrai, cela change tout : Marcuse, ni lu ni connu mais « actuel »
1152
Puis le colonialisme français. Sur tout le reste,
il
ne cesse d’alterner éloge et doute, avec un sens critique d’autant pl
1153
1968 ont la faiblesse insigne d’en faire fi. Mais
il
n’a pas créé l’image d’un ordre neuf — seule valable contestation, à
1154
elle mesure l’œuvre et la pensée de Gide vous ont-
elles
influencé, b) et quels sont les aspects de sa pensée qui vous paraiss
1155
e son temps un grand contestateur ; vous semble-t-
il
garder aujourd’hui valeur d’exemple ? »
1156
cette phraséologie d’époque prête à sourire, mais
elle
a fait pleurer, elle nous émeut encore, et surtout elle a fait agir ;
1157
époque prête à sourire, mais elle a fait pleurer,
elle
nous émeut encore, et surtout elle a fait agir ; cette approche soign
1158
fait pleurer, elle nous émeut encore, et surtout
elle
a fait agir ; cette approche soigneusement conventionnelle du phénomè
1159
çaise des discours qui défiaient la syntaxe et qu’
il
fallait recomposer pour l’impression au Journal officiel. C’est qu’il
1160
r pour l’impression au Journal officiel. C’est qu’
il
pensait — et disait à ses proches — qu’il ne doit rien rester d’un bo
1161
’est qu’il pensait — et disait à ses proches — qu’
il
ne doit rien rester d’un bon discours, sauf la loi qu’il a fait voter
1162
oit rien rester d’un bon discours, sauf la loi qu’
il
a fait voter. Quelle que soit la valeur littéraire que nous accordons
1163
ées et de la chose militaire en général. Et quand
il
sacrifie si libéralement aux clichés obligés du récit militaire, c’es
1164
taire, c’est avec le plus grand naturel, semble-t-
il
. Mais on peut se demander dans quel dessein il consacre à peu près un
1165
-t-il. Mais on peut se demander dans quel dessein
il
consacre à peu près un tiers de son écrit à la chronique de faits d’a
1166
de son écrit à la chronique de faits d’armes dont
il
n’a pas été le témoin, et qui auraient tous été, s’il faut l’en croir
1167
’a pas été le témoin, et qui auraient tous été, s’
il
faut l’en croire, de hauts exemples de bravoure ou de cette grandeur
1168
et justifie la guerre aux yeux de beaucoup. Faut-
il
voir là une captatio benevolentiae délibérée, un procédé qui assure l
1169
ou leurs maris « glorieusement » blessés ou tués,
il
se range sans réserve à leurs catégories. C’est le style qu’elles att
1170
ans réserve à leurs catégories. C’est le style qu’
elles
attendent, et après tout c’est bien ainsi qu’il faut parler de la gue
1171
lles attendent, et après tout c’est bien ainsi qu’
il
faut parler de la guerre telle qu’on l’exalte aussi longtemps qu’on n
1172
ici. Mais alors, au-delà de la captatio, n’y a-t-
il
une secrète et profonde ironie, une intention de souligner le contras
1173
n la vante, et maintenant je vais vous dire ce qu’
elle
est, telle que je l’ai vue… Car voici que le récit quittant le style
1174
tement situé, chiffré, détaillé d’heure en heure.
Il
n’y a presque plus d’adjectifs. Mais seul ce changement de ton trahit
1175
issent à la pensée d’être rongés par ces vers, qu’
ils
croient voir sortir de leur corps, et qui proviennent des myriades de
1176
démesurément de sa mâchoire déchirée et brisée ;
il
s’agite et veut se lever, j’arrose d’eau fraîche ses lèvres desséchée
1177
-inexistence des secours médicaux aux blessés : «
Il
faut donc, tant bien que mal, organiser un service volontaire, mais c
1178
s également étrangers. Tutti fratelli, répétaient-
elles
avec émotion ». Le spectacle « de cette formidable et auguste tragédi
1179
e la guerre vue de près et dans sa nue réalité :
Il
arrive que le cœur se brise parfois tout d’un coup, et comme frappé s
1180
Hanté par les visions de l’enfer de Castiglione,
il
se décide à rassembler ses souvenirs, trois ans plus tard, et il se b
1181
rassembler ses souvenirs, trois ans plus tard, et
il
se borne à suggérer, dans une note, que si ces pages pouvaient faire
1182
aux militaires blessés en temps de guerre… et si
elles
pouvaient attirer l’attention des personnes douées d’humanité et de p
1183
ne phrase, au surplus interrogative : N’y aurait-
il
pas moyen de constituer des sociétés de secours dont le but serait de
1184
! On ne saurait être plus prudent, plus modéré :
il
n’est question que « de quelques pas » et non pas de révolutionner ma
1185
r, la Croix-Rouge est fondée à Genève. Et certes,
il
n’eût pas pu la fonder seul, sans Gustave Moynier notamment, homme de
1186
lle le plus meurtrier du siècle depuis Waterloo :
il
n’a qu’une seule idée en tête, qui est d’approcher l’empereur et d’ob
1187
Société anonyme des Moulins de Mons Djemila », qu’
il
a fondée. Mais d’autres soucis, ce jour-là, retiennent l’empereur. No
1188
stiglione. On sait la suite, mais dans son livre,
il
se borne à écrire cette seule phrase qui est sans doute l’une des plu
1189
un parfait gentleman de Toepffer gardant, quoi qu’
il
arrive d’invraisemblable, sa dignité en redingote et son désir de se
1190
ité en redingote et son désir de se rendre utile.
Il
cherchait un empereur et il trouve une idée, aurait pu dire Victor Hu
1191
r de se rendre utile. Il cherchait un empereur et
il
trouve une idée, aurait pu dire Victor Hugo. Je vois ici la situation
1192
Un jour, on lui a demandé de parler à Plymouth :
il
ne peut arriver au bout de son discours, il est trop affaibli par la
1193
uth : il ne peut arriver au bout de son discours,
il
est trop affaibli par la faim. Quand ses chaussettes sont trouées, il
1194
par la faim. Quand ses chaussettes sont trouées,
il
teint à l’encre ses talons. En 1887, une espèce de vagabond sans baga
1195
ue dans un village du canton d’Appenzell, Heiden.
Il
y vivra obscurément dans la misère, pendant huit ans, jusqu’au jour o
1196
e « le fondateur de la Croix-Rouge vit encore ! »
Il
va le voir à l’hôpital de Heiden, chambre 12, réussit à le faire parl
1197
Chargé d’honneurs dans sa retraite morose, comme
il
l’avait été d’opprobres au temps de sa vie la plus entreprenante, por
1198
euil sanglant de la Première Guerre « mondiale ».
Il
l’avait vue venir. Il écrivait : « Ah ! la guerre n’est pas morte ! T
1199
emière Guerre « mondiale ». Il l’avait vue venir.
Il
écrivait : « Ah ! la guerre n’est pas morte ! Tout ce qui fait la glo
1200
nsée la plus authentique d’Henry Dunant, celle qu’
il
ne pouvait pas encore avouer, ni peut-être s’avouer à lui-même, alors
1201
vouer, ni peut-être s’avouer à lui-même, alors qu’
il
écrivait le début d’Un Souvenir. Son vrai discours contre la guerre e
1202
tarisme qui la prépare, c’est dans ses inédits qu’
il
faut le chercher, dans ces textes écrits pour lui seul, et dans le se
1203
légitimité de la guerre », dit seulement que « si
elle
est inévitable, elle doit être faite avec le moins de barbarie possib
1204
re », dit seulement que « si elle est inévitable,
elle
doit être faite avec le moins de barbarie possible ». Autre étape dé
1205
l’époque de civilisation où nous vivons, parce qu’
il
semblerait légitimer par trop un état de choses regardé aujourd’hui c
1206
tingences « réalistes », Dunant attaque de front.
Il
note dans ses cahiers : En attendant que d’autres plus habiles que n
1207
uiser pour construire une œuvre digne du but.43
Il
ne s’agit plus d’améliorer la peste, mais de dénoncer le mal, d’en di
1208
auses permanentes : L’essence de la guerre n’est-
elle
pas de tuer ? Pourquoi donc ne pas stigmatiser la guerre elle-même ?
1209
religieusement… Au moins Caïn tua sans savoir qu’
il
tuait ». Et qu’on ne répète pas que la guerre est la suprême éducatri
1210
e pas seulement le corps, mais trop souvent aussi
elle
tue l’âme. Elle abaisse, elle corrompt, elle flétrit, elle dégrade.
1211
le corps, mais trop souvent aussi elle tue l’âme.
Elle
abaisse, elle corrompt, elle flétrit, elle dégrade. Et ailleurs : L
1212
trop souvent aussi elle tue l’âme. Elle abaisse,
elle
corrompt, elle flétrit, elle dégrade. Et ailleurs : Les vertus guer
1213
ussi elle tue l’âme. Elle abaisse, elle corrompt,
elle
flétrit, elle dégrade. Et ailleurs : Les vertus guerrières ne sont,
1214
l’âme. Elle abaisse, elle corrompt, elle flétrit,
elle
dégrade. Et ailleurs : Les vertus guerrières ne sont, le plus souve
1215
semble beaucoup au banditisme, mais en grand.44
Il
faut donc condamner et supprimer la guerre, ou cesser de parler de la
1216
’Histoire, du moins telle que nous l’entendons ?
Il
convient de s’entendre sur le sens des termes d’utopie et de réalisme
1217
ui qui fait erreur sur l’adéquation des moyens qu’
il
préconise aux fins qu’il allègue, tel celui qui répète (se croyant ré
1218
adéquation des moyens qu’il préconise aux fins qu’
il
allègue, tel celui qui répète (se croyant réaliste) : si vis pacem pa
1219
ur les causes de la guerre dans l’ère moderne, qu’
il
écrit vers la fin du siècle dernier. Il est difficile aujourd’hui de
1220
derne, qu’il écrit vers la fin du siècle dernier.
Il
est difficile aujourd’hui de ne pas voir les liens nécessaires et l’i
1221
qui unissent la guerre et les États-nations. Mais
il
fallait beaucoup de lucidité et beaucoup de liberté d’esprit pour dis
1222
re, avec une sorte d’étonnement reconnaissant, qu’
il
est celui que j’utilisais depuis quelques années pour mes cours : L’
1223
ent, au lieu de supprimer les armées permanentes,
elles
ont décidé que tous les citoyens valides en feraient partie. » La Pr
1224
ides en feraient partie. » La Presse : « … c’est
elle
qui fait l’opinion publique… le plus puissant des potentats… » Elle a
1225
inion publique… le plus puissant des potentats… »
Elle
a changé en trois générations l’esprit de bien des peuples. « Si, en
1226
’esprit de bien des peuples. « Si, en s’unissant,
elle
se mettait résolument à l’œuvre pour blâmer sévèrement la guerre, au
1227
a plus oppressive que le monde ait jamais connue,
elle
deviendrait un véritable bienfait… » Le Nationalisme et le coloniali
1228
bienfait… » Le Nationalisme et le colonialisme :
il
pousse les nations de l’Europe à envahir des pays inoffensifs (Afriqu
1229
ue, Asie) pour les asservir, pour les massacrer s’
ils
résistent, « toujours en alléguant un prétexte dérisoire, celui de ch
1230
qu’on appelle chrétiens commettent ces crimes qu’
ils
décorent du nom de politique coloniale ». Or ce n’est pas la vraie ci
1231
ur enlève souvent plus que des coutumes barbares,
elle
les dépouille de leur vieille et respectable moralité ». (Il a fallu
1232
uille de leur vieille et respectable moralité ». (
Il
a fallu plus de soixante ans pour que l’Europe commence à le soupçonn
1233
ence, des moyens si prodigieux de faire le mal qu’
il
ne pourra être sauvé de lui-même, au milieu d’épouvantables désastres
1234
ntifique ». En effet, « de toutes les inventions,
il
n’en est pas que le genre humain se soit plus appliqué à perfectionne
1235
nt dans l’utopie : au moment où Dunant disparaît,
ils
courent vers le réveil tragique de l’été 1914, aboutissement normal,
1236
n volume intitulé la Régence de Tunis dans lequel
il
témoigne d’un respect, des plus insolites à l’époque, pour les « indi
1237
n’a pas été étrangère aux difficultés, insolites
elles
aussi, que lui ont faites les administrations métropolitaines en part
1238
Toujours disponible (1969)ae Comme
il
m’arrive pour la plupart de ceux avec qui j’ai longtemps collaboré et
1239
ait l’automne suivant un mouvement rival (à ce qu’
il
m’apprit beaucoup plus tard), quoiqu’également résistant. Ce qui est
1240
es interventions nous portèrent en effet, soit qu’
il
s’agît de sciences, d’arts ou d’éditions, vers les formes les plus ne
1241
ropéenne des guildes et clubs du livre, dès 1951.
Elle
devait grouper au cours des années suivantes jusqu’à neuf guildes tot
1242
centaines de milliers de lecteurs, en sept pays.
Elle
créa un Prix européen destiné à lancer de jeunes auteurs sur le plan
1243
s à l’égard de la formule guildienne… Et surtout,
elle
contribua à régulariser les relations des dirigeants des guildes entr
1244
La plupart de ces malheureux ne savent pas ce qu’
ils
doivent à l’initiateur de la Büchergilde Gutenberg ! Mais nous, au Ce
1245
«
Il
faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)ai
1246
ays, créer une atmosphère, un style. Mais n’était-
il
pas urgent de construire des logements ? On aurait pu faire, plus loi
1247
que le seul souci qu’on ait soit la spéculation.
Il
faut construire vite parce que cela coûte moins cher... Pourquoi ce
1248
seront construits dans les cinq années à venir ?
Il
est heureux qu’une enquête telle que la vôtre le révèle, car autour d
1249
projets car c’est leur vie qui va être modifiée.
Il
faut rendre les gens attentifs à l’importance du cadre dans lequel il
1250
ens attentifs à l’importance du cadre dans lequel
ils
vivent. Cela est plus important que de savoir si l’on est de droite o
1251
te ou de gauche. Une telle discussion ne risque-t-
elle
pas de faire obstacle à tous les projets ? Je ne suis pas partisan d’
1252
e ne suis pas partisan d’une stagnation complète.
Il
faut éduquer les gens, les rendre sensibles à la beauté. C’est un imm
1253
s usines nouvelles se créent. Où les construire ?
Il
faut les édifier loin des villes et loger le personnel dans des cités
1254
gionalisation » Vous semblez bien pessimiste ?
Il
existe un grand espoir, c’est la régionalisation, si elle se réalise
1255
ste un grand espoir, c’est la régionalisation, si
elle
se réalise véritablement. On arrivera, sur des régions plus petites,
1256
plus homogènes, à créer un style. Mais n’y aurait-
il
pas un grand bouleversement, dans tous les domaines ? Il faudra « s’é
1257
un grand bouleversement, dans tous les domaines ?
Il
faudra « s’équilibrer dans le chaos ». C’est ma conclusion du Journa
1258
poque . ai. Rougemont Denis de, « [Entretien]
Il
faut donner aux gens le goût des belles choses », Le Progrès, Lyon, 1
1259
, de la solidité, de la simplicité ne souffrira-t-
il
pas d’une mutation aussi profonde ? Nous avons posé cette troublante
1260
ain Denis de Rougemont. Depuis plus de vingt ans,
il
a choisi de vivre dans la “Maison des Bois“, demeure simple et belle
1261
ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut,
il
n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’ob
1262
en plus sûr.) Objections tactiques Comme s’
il
n’était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d
1263
ndustrielle. (Principes d’une réponse : a) N’est-
il
pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la base
1264
exactement, du 17 février au 16 novembre 1848, et
il
est entré en vigueur à cette dernière date sans la moindre mesure de
1265
lation d’un cordon douanier commun, par exemple.)
Il
n’y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur,
1266
gens n’en veulent pas, de vos régions autonomes.
Ils
préfèrent mendier des subventions à Paris. Voyez les Bretons, qui vot
1267
? Quelles seront leurs frontières exactes ? Faut-
il
qu’elles aient des superficies ou des populations à peu près égales ?
1268
lles seront leurs frontières exactes ? Faut-il qu’
elles
aient des superficies ou des populations à peu près égales ? La régio
1269
et indivisible. — De son siège dans la capitale,
il
régit souverainement toute l’existence publique de la nation, c’est-à
1270
nt « fait son unité » (comme on fait sa puberté),
il
devient une « nation immortelle » et l’État qui agit en son nom dispo
1271
par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’
il
voit. L’expression « Faut-il vous faire un dessin ? » évoque le modèl
1272
comprendre que ce qu’il voit. L’expression « Faut-
il
vous faire un dessin ? » évoque le modèle même de toute explication p
1273
pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’
elles
sont aujourd’hui. La vie communale — seule école efficace du civisme
1274
nistrative que d’accroître les libertés civiques.
Elle
ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de st
1275
de relations humaines et de structure du pouvoir.
Elle
ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours entendu
1276
es intégraux. II n’en reste pas moins probable qu’
elle
va constituer le premier stade, non pas certes de l’ordre nouveau féd
1277
ne série de raisons (pas seulement militaires) qu’
il
serait trop long de développer ici : qu’il suffise d’évoquer la sécur
1278
es) qu’il serait trop long de développer ici : qu’
il
suffise d’évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéralis
1279
oins douze ans, si nous commençons tout de suite.
Il
nous faut apprendre à penser par problèmes et non par nations. Devant
1280
participation civique, Université, par exemple),
il
nous faut apprendre : 1° à déterminer les éléments de base ou modules
1281
cadres et ses mécanismes. Je demande seulement qu’
il
corresponde aux réalités humaines et qu’il les serve, au lieu de prét
1282
ent qu’il corresponde aux réalités humaines et qu’
il
les serve, au lieu de prétendre à les régir en souverain. Je demande
1283
de son Principe fédératif, où Proudhon estime qu’
il
« résume toute la science constitutionnelle », je trouve cette propos
1284
le, de garantie mutuelle et de surveillance ». Et
il
estime puéril de restreindre la séparation des pouvoirs aux membres d
1285
t des totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent.
Il
ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser ni de déconcentrer
1286
intes, enfin fédération de fédérations (Europe).
Il
faut aller plus loin. 1° Les pouvoirs politiques peuvent très bien ad
1287
éremment, sont parfois englobés l’un par l’autre.
Il
se peut que les régions politiques soient définies demain comme les i
1288
ntes, définissant des régions spécifiques. « Faut-
il
vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer,
1289
ple, ma définition personnelle, donnée plus haut.
Il
est assez facile de visualiser l’appartenance d’un élément à deux ens
1290
ent, est à peine exploré, inutile de le dire. a)
Il
faudrait commencer par opérer les dissociations nécessaires des pouvo
1291
par exemple, qui est un pouvoir économique, doit-
il
entretenir des visées politiques, ou laisser cela à des organes diver
1292
ormules de participation civique et l’urbanisme :
il
serait facile de multiplier ce type de problèmes à résoudre au niveau
1293
» de régions ouvre un autre champ de recherches.
Il
s’agirait ici de la réunion de régions libérées de leur État-nation,
1294
chacun de nous sait très bien à quelles sociétés
il
cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont l
1295
s sait très bien à quelles sociétés il cotise, où
il
paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de
1296
le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’
il
pense à autre chose qu’à la France… 49. P.-J. Proudhon, Du principe
1297
propose le terme de « régions carrefours ». 51.
Il
est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les Éta
1298
entités politiques, des « droits » économiques qu’
ils
s’arrogent en barons pillards ; et tant qu’il n’y aura pas, au niveau
1299
qu’ils s’arrogent en barons pillards ; et tant qu’
il
n’y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale.
1300
aussi celui de la maturité sur la jeunesse (voir
Elle
n° 1215) : les hommes se marient en moyenne à 25 ans la première fois
1301
ants du premier lit : ça pose des problèmes (voir
Elle
n° 1216) mais on ne fait pas pour autant un remariage de « raison »,
1302
’on n’a pas su réussir du premier coup. Mais faut-
il
vraiment se marier deux fois ? Denis de Rougemont a accepté de faire
1303
e mieux analysé et expliqué l’amour et le couple,
il
est aussi depuis seize ans le (deuxième) mari de Nanik et il forme av
1304
i depuis seize ans le (deuxième) mari de Nanik et
il
forme avec sa (seconde) femme l’un de ces couples dont on dit simplem
1305
is qu’il y a problème et qu’on peut en parler, qu’
il
faut même en parler librement et sérieusement. La crise du mariage et
1306
ne des grandes difficultés du sujet tient à ce qu’
il
n’existe pas de littérature romanesque sur le second mariage et peu o
1307
enquêtes sociologiques, enquêtes psychologiques).
Il
faudrait pouvoir comparer les âges et les motivations des conjoints l
1308
r leur évolution, les réactions des enfants, etc.
Il
faut aussi savoir distinguer ce qui tient aux acteurs — les conjoints
1309
ier ? Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’
il
a beaucoup plus de chances de l’être : il y a des écueils inhérents à
1310
hrases comme « Je suis pleine de complexes » ou «
Il
me donne un complexe d’infériorité », les complexes sont des ensemble
1311
és inconscients. On ne connaît pas ses complexes,
ils
nous dirigent à notre insu, à notre corps défendant et c’est en quoi
1312
re insu, à notre corps défendant et c’est en quoi
ils
sont gênants, voire dangereux. Les motivations du premier mariage son
1313
uve marié avec une femme réelle, bien différente.
Elle
, eh bien, elle a aussi son image de l’homme qui lui fait faire les mê
1314
une femme réelle, bien différente. Elle, eh bien,
elle
a aussi son image de l’homme qui lui fait faire les mêmes erreurs. «
1315
. « Je suis tombée amoureuse de lui avant même qu’
il
ait dit un mot… » Y a-t-il des causes d’échec qui soient plus spécifi
1316
e de lui avant même qu’il ait dit un mot… » Y a-t-
il
des causes d’échec qui soient plus spécifiquement attachées à telle c
1317
es des parents, en premier lieu ; leur couple est-
il
si bien réussi ? On pense que le seul moyen de réussir ce qu’ils ont
1318
ssi ? On pense que le seul moyen de réussir ce qu’
ils
ont raté c’est de prendre le contre-pied de leurs conseils. Ce qui co
1319
plus on s’entête et plus on se dépêche. À 20 ans,
il
est classique de se marier en claquant la porte. Mais la cause d’éche
1320
çon et la fille qui se marient « avec passion » ?
Il
n’y en a plus, aujourd’hui. Il n’y a plus d’obstacle objectif : si l’
1321
« avec passion » ? Il n’y en a plus, aujourd’hui.
Il
n’y a plus d’obstacle objectif : si l’un des deux est marié, il n’a q
1322
d’obstacle objectif : si l’un des deux est marié,
il
n’a qu’à divorcer et tout s’arrange. Aussi n’est-ce pas la morale soc
1323
bles avec les miens mais c’est plus fort que moi,
il
arrivera ce qu’il arrivera, ce n’est pas ma faute. » La fatalité, c’e
1324
s mais c’est plus fort que moi, il arrivera ce qu’
il
arrivera, ce n’est pas ma faute. » La fatalité, c’est l’alibi. Et il
1325
st pas ma faute. » La fatalité, c’est l’alibi. Et
il
est nécessaire d’en avoir un, de pouvoir accuser le sort, puisque la
1326
u mariage n’a pas six siècles. Quel rapport y a-t-
il
entre l’un et l’autre ? C’est qu’autrefois on se mariait pour des rai
1327
nts d’un premier mariage. Ces causes d’échec sont-
elles
automatiquement éliminées quand on se remarie ? Pas automatiquement d
1328
ne vous remariez pas pour vous venger N’y a-t-
il
pas des causes d’échec spéciales à un deuxième mariage ? Oui, il y en
1329
es d’échec spéciales à un deuxième mariage ? Oui,
il
y en a deux, qui tiennent, elles aussi, à ses motivations. La peur de
1330
ième mariage ? Oui, il y en a deux, qui tiennent,
elles
aussi, à ses motivations. La peur de la solitude, la peur de rester «
1331
est toujours ressenti comme un échec. Mais autant
il
est bon de vouloir en tirer une leçon, de vouloir faire mieux la deux
1332
, de vouloir faire mieux la deuxième fois, autant
il
est mauvais de vouloir se venger de cet échec, de se remarier très vi
1333
ulières une fois qu’on est remarié ? C’est ici qu’
il
s’agit de distinguer ce qui tient aux « acteurs » et ce qui tient à l
1334
elles, etc. Quant à la difficulté de la situation
elle
tient en une phrase ou un fait évident et qui sera ressenti plus ou m
1335
me fois n’a davantage de chances de réussir que s’
il
n’y a pas nostalgie de la passion chez l’un ou chez l’autre. Se dire
1336
ères, les goûts et les antécédents. Un mariage où
il
n’y aurait que des « convenances » a plus de chances de durer mais gu
1337
guère plus de chances de bonheur qu’un mariage où
il
n’y aurait que de l’amour. Le vrai amour c’est le contraire de la
1338
Le vrai amour c’est le contraire de la passion
Il
faut donc « quelque chose de plus » et ça ne peut être la passion. Qu
1339
e l’autre. C’est l’acceptation de cet être tel qu’
il
est, limité et réel mais secrètement en marche vers lui-même que l’on
1340
pe de femme », souvent l’image de la mère sans qu’
il
s’en doute, ou alors une certaine beauté qui est l’idéal standard de
1341
agent de personnalisation par excellence : ce qu’
il
a su voir c’est l’irremplaçable, l’unique, ce que chaque être peut de
1342
able, l’unique, ce que chaque être peut devenir s’
il
y est appelé. C’est son mystère, qui n’a rien de littéraire, de roman
1343
iage ayant en général de meilleures chances, faut-
il
en arriver à le prôner systématiquement ? Je pense que des solutions
1344
ions « préventives » sont infiniment préférables.
Il
faudrait tout d’abord dédramatiser tout ce qui touche à l’amour, au m
1345
oduit par l’œuvre de Freud, cette impression « qu’
il
expliquait tout », vient de ce que pour la première fois, grâce à ce
1346
te qu’un amour justifié par de bonnes raisons. Or
il
faudrait toujours pouvoir analyser les motivations de son mariage. De
1347
our le divorce : si l’on veut en tirer une leçon,
il
est essentiel de ne pas le refouler comme un acte dont on a honte ou
1348
durer et l’on décide qu’on n’aura pas d’enfants ;
il
n’y aura donc pas de victimes. Appelons cette expérience un « mariage
1349
oujours très favorables au « mariage-maquette » ?
Ils
ont tort. L’Église leur donne l’exemple en exigeant avant l’entrée en
1350
religion plusieurs années de noviciat. D’ailleurs
il
n’est pas question d’essais multiples. Pour avoir une valeur expérime
1351
is multiples. Pour avoir une valeur expérimentale
il
faut qu’un mariage-maquette se prolonge plusieurs années. Aucun rappo
1352
me des différences énormes avec un vrai mariage :
il
manque les enfants et il manque tout le côté social — être reconnu pa
1353
s avec un vrai mariage : il manque les enfants et
il
manque tout le côté social — être reconnu par les autres comme un vra
1354
as à l’effort, à la tolérance, l’amour difficile.
Il
manque le pacte. L’engagement total. Je ne crois pas à la valeur magi
1355
ait disposé pour le long effort, la longue durée.
Il
ne se permettait pas de flancher, n’acceptait simplement pas la fatig
1356
u’est le vrai mariage. Pour avoir toute sa valeur
il
faut aussi que le pacte soit sans arrière-pensée. J’ai assisté, en Am
1357
aute de pacte, remplacer le premier mariage. Faut-
il
donc élever ses filles, comme le préconise Margaret Mead, dans l’idée
1358
comme le préconise Margaret Mead, dans l’idée qu’
il
est normal et inévitable de divorcer ? Il vaudrait beaucoup mieux leu
1359
idée qu’il est normal et inévitable de divorcer ?
Il
vaudrait beaucoup mieux leur apprendre que la vraie vie, c’est la vie
1360
que la vraie vie, c’est la vie quotidienne et qu’
elle
n’a rien de terne et d’ennuyeux (si les gens ne sont pas eux-mêmes te
1361
ivilégiée qui seule donne un sens à la vie, quand
ils
comprendront que la passion n’est jamais une raison de se marier mais
1362
« passionnant » c’est bien mieux qu’intéressant.
Il
ne s’agit d’ailleurs pas de condamner la passion. Les troubadours, le
1363
tretient ! Et le mariage lui-même, pensez-vous qu’
il
doit être « modernisé » ? Le mariage ne peut renoncer ni à la durée n
1364
, une construction à deux et comme toute création
il
a ses difficultés. Il faut sans cesse comprendre à nouveau, risquer e
1365
eux et comme toute création il a ses difficultés.
Il
faut sans cesse comprendre à nouveau, risquer et se risquer, découvri
1366
une « convenance » ou un « agent de répression »,
elle
est la base indispensable d’une création. Quand un peintre commence u
1367
une création. Quand un peintre commence une toile
il
doit sans cesse lutter contre le doute (est-ce que ça vaut vraiment l
1368
ableaux à la fois, de tout saccager lorsque ce qu’
il
fait paraît trop éloigné de ce qu’il voudrait faire. De même le maria
1369
orsque ce qu’il fait paraît trop éloigné de ce qu’
il
voudrait faire. De même le mariage exige que l’on se consacre à l’aut
1370
de, « [Entretien] Le mariage est à réinventer »,
Elle
, Paris, 14 avril 1969, p. 29, 32, 34, 37, 39, 43-44. am. Propos recu
1371
eut mieux aux vœux de l’assistance. Ne s’agissait-
il
pas en effet de « L’invention de l’amour en Occident » ? Mais l’œuvre
1372
. de Rougemont ne se réduit pas à un seul titre :
elle
ne gravite pas uniquement autour de ce seul thème de l’amour-passion.
1373
idée fédéraliste en Europe, en faveur de laquelle
il
n’a cessé de militer depuis la fin de la guerre, c’est-à-dire depuis
1374
se chère à M de Rougemont : celle du fédéralisme.
Il
l’a non seulement défendue par ses écrits, mais également par son act
1375
ue directeur du Centre européen de la culture, qu’
il
a fondé et qu’il dirige depuis 1949. Si à ses nombreux titres on ajou
1376
entre européen de la culture, qu’il a fondé et qu’
il
dirige depuis 1949. Si à ses nombreux titres on ajoutait celui qu’il
1377
49. Si à ses nombreux titres on ajoutait celui qu’
il
s’apprête à recevoir aux États-Unis, après son séjour au Canada, je v
1378
près, ce personnage énigmatique. D’entrée de jeu,
il
tient à nous mettre en garde. Ce que je voudrais bien marquer, nous d
1379
garde. Ce que je voudrais bien marquer, nous dit-
il
, c’est que pour moi il n’y a aucune séparation entre L’Amour et l’Oc
1380
ais bien marquer, nous dit-il, c’est que pour moi
il
n’y a aucune séparation entre L’Amour et l’Occident et les ouvrages
1381
écrire ou que j’ai déjà écrit sur le fédéralisme.
Il
n’y a jamais eu en moi deux activités distinctes, mais au contraire o
1382
mi Jacques de Bourbon-Busset m’a dit, un jour, qu’
il
se considérait comme mon disciple en érotique personnaliste et qu’il
1383
omme mon disciple en érotique personnaliste et qu’
il
exigeait que je lui montre cette cohérence entre mon érotique du mari
1384
ies locales et de l’union dans une fédération, où
il
s’agit précisément de respecter complètement les droits et de l’auton
1385
x, naturellement. Je me réfère toujours, poursuit-
il
, aux définitions des conciles du ive au vie siècle qui ont défini l
1386
imultanément présentes, complètes chacune d’entre
elles
, sans séparation mais sans confusion et sans subordination de l’une à
1387
ontraires, mais qui sont bonnes l’une et l’autre,
il
ne faut pas s’empresser de s’en sortir en supprimant l’une des deux,
1388
t, ou encore en les subordonnant l’une à l’autre.
Il
faut, au contraire, œuvrer avec ces deux réalités. C’est là, nous fai
1389
uvrer avec ces deux réalités. C’est là, nous fait-
il
remarquer, le fondement de ce que j’appellerai ma philosophie. Une ph
1390
mène à 1932. Denis de Rougemont a, alors, 26 ans.
Il
habite Paris. C’est là qu’il participera à la naissance de trois revu
1391
nt a, alors, 26 ans. Il habite Paris. C’est là qu’
il
participera à la naissance de trois revues : L’Ordre nouveau , au cô
1392
ue aussi la naissance du personnalisme à laquelle
il
devait participer. C’était la réponse à « la spoliation de l’identité
1393
a spoliation de l’identité profonde de l’homme ».
Il
publiera d’ailleurs un ouvrage d’une importance capitale pour qui veu
1394
urellement les personnalistes. Pour moi, nous dit-
il
, la personne n’est ni un individu refermé sur lui-même, ni la minuscu
1395
distingue l’homme et le relie à la communauté où
il
exerce. Ce qui l’amena — avant Sartre, ce qu’on ignore généralement —
1396
rler de l’« engagement » de l’écrivain. Car ce qu’
il
appelle engagement ce n’est rien moins que de tirer les conclusions p
1397
ue de tirer les conclusions pour la cité de ce qu’
il
appelle la personne, puisque celle-ci est définie par son acte. Ainsi
1398
agement de l’individu. Mais cet engagement, tient-
il
à nous faire remarquer, n’implique pas qu’on s’inscrive dans un parti
1399
ante qui sévit aujourd’hui de Paris à Tokyo n’est-
elle
pas une contestation personnaliste ? M. de Rougemont n’hésite pas à r
1400
dre par l’affirmative : C’est, en effet, nous dit-
il
une contestation personnaliste qui s’ignore. Dans ces motivations, on
1401
ont nous avions été les témoins stupéfaits lorsqu’
elle
éclata pour la première fois parmi les étudiants à Berkeley, M. de Ro
1402
s à Berkeley, M. de Rougemont l’avait déjà vécue.
Il
désire néanmoins apporter une légère correction : Je dois dire que j’
1403
à notre réaction personnaliste et communautaire.
Elle
ressemble plus souvent à la réaction des jeunes fascistes italiens et
1404
plus rien finalement que la force. Quand on dit,
il
faut tout casser et après on verra bien, moi j’ai déjà vu ce qui va s
1405
struction de l’Université et refuse de dire ce qu’
il
y mettra à la place. C’est de la démagogie facile et extrêmement dang
1406
inition de la révolution que nous avions en 1932.
Il
s’agissait alors de substituer un nouvel ordre à ce que nous appelion
1407
ceptable. Mais je suis malheureusement certain qu’
ils
se trompent. Et cela il le regrette profondément. Car, pour notre int
1408
lheureusement certain qu’ils se trompent. Et cela
il
le regrette profondément. Car, pour notre interlocuteur, la réaction
1409
cela, sans les analyser toujours exactement, mais
ils
le sentent et y réagissent instinctivement en anarchistes. Les hip
1410
leur réaction absolument normale et saine, même s’
ils
vont parfois trop loin, même s’il y a trop de drogues à l’appui. C’es
1411
tout redevient possible. Mais jusqu’où cela ira-t-
il
? M de Rougemont ne nous cache pas son pessimisme. Il ne pense pas qu
1412
M de Rougemont ne nous cache pas son pessimisme.
Il
ne pense pas que cela ira très loin. Il reste, néanmoins, que des ras
1413
ssimisme. Il ne pense pas que cela ira très loin.
Il
reste, néanmoins, que des rassemblements comme celui qui a eu lieu ré
1414
M de Rougemont. Après six ans d’exil en Amérique,
il
retourne en Europe, une Europe en paix certes, mais qu’il faut recons
1415
rne en Europe, une Europe en paix certes, mais qu’
il
faut reconstruire. Cette guerre qui vient de se terminer, M. de Rouge
1416
toute l’absurdité puisque, de par sa nationalité,
il
était neutre. Nous sommes ici à patauger, pouvons-nous lire dans son
1417
s , parce que nos voisins se font la guerre, et s’
ils
la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su se fédérer progressivement,
1418
font la guerre, et s’ils la font, c’est parce qu’
ils
n’ont pas su se fédérer progressivement, au lieu de s’unifier brutale
1419
on valable pour la survie de l’Europe. Et depuis,
il
travaille sans relâche à la cause du fédéralisme. Il ne nous cache d’
1420
travaille sans relâche à la cause du fédéralisme.
Il
ne nous cache d’ailleurs pas qu’il désirait venir au Canada pour étud
1421
u fédéralisme. Il ne nous cache d’ailleurs pas qu’
il
désirait venir au Canada pour étudier le système fédéral canadien, ma
1422
nder ses impressions sur le fédéralisme canadien,
il
nous paraissait nécessaire de lui demander comment il était passé de
1423
ous paraissait nécessaire de lui demander comment
il
était passé de sa définition de la « personne » au fédéralisme. Je vo
1424
l’homme doit être à la fois libre et responsable,
il
en est de même pour chaque nation dans l’Europe fédérée que je précon
1425
r le fédéralisme, pour moi, est tout autre chose.
Il
consiste précisément à maintenir ces deux éléments en apparence contr
1426
chose de beaucoup plus petit. En d’autres termes,
il
s’agirait pour l’auteur de L’Amour et l’Occident de créer des auton
1427
moderne, des unités d’habitation. Ces autonomies,
il
faut donc aller les chercher très bas. On les regroupera alors suivan
1428
ec ou même au niveau de la fédération canadienne.
Il
faut aller jusqu’au niveau mondial. Mais revenons à l’Europe. Là-bas,
1429
niveau mondial. Mais revenons à l’Europe. Là-bas,
il
est bien certain qu’on n’arrivera jamais à unir ces États-nations. Il
1430
qu’on n’arrivera jamais à unir ces États-nations.
Il
faut donc, nous répète M. de Rougemont, que ces États se dissolvent e
1431
is qui seraient découpées différemment suivant qu’
il
s’agirait de régions économiques, politiques, culturelles. Cela paraî
1432
n fédéraliste du monde, nous dit M. de Rougemont,
il
vous faudra séparer tout ce qui peut être séparé, ou comme disait Pro
1433
t-on dans Journal d’une époque . Et ailleurs : «
il
faut être absolument moderne. L’immobilisme, l’attentisme ne représen
1434
erne. L’immobilisme, l’attentisme ne représentent-
ils
pas la ruine du monde ? » C’est la leçon en tout cas que nous rappell
1435
humaine. Alors, c’est dans ce sens que, je pense,
il
nous faut retrouver les formules d’une communauté nouvelle — il nous
1436
etrouver les formules d’une communauté nouvelle —
il
nous faut tout refaire ! Nos villes deviennent inhabitables, impratic
1437
ois libre et responsable. Libre dans la mesure où
il
est responsable, et responsable dans la mesure où il est libre […] Le
1438
est responsable, et responsable dans la mesure où
il
est libre […] Les deux choses sont absolument liées. C’est une formul
1439
Sartre m’a prise sachant très bien, me disant qu’
il
la prenait de moi, mais que tous les journalistes après la guerre lui
1440
pieds et poings liés, à un parti, à condition qu’
il
soit de gauche d’étiquette. Pour moi — enfin, pour nous : Mounier, Da
1441
nt faits par le Conseil de l’Europe à Strasbourg.
Il
nous semblait à tous, d’ailleurs, qu’il fallait un troisième volet, q
1442
rasbourg. Il nous semblait à tous, d’ailleurs, qu’
il
fallait un troisième volet, qui était la culture… Alors, j’ai créé ce
1443
ontrant, comme Toynbee le faisait de son côté, qu’
il
n’y a pas d’histoire de la culture concevable, intelligible, en dehor
1444
la chose religion, comment cette vue-là se tient-
elle
aujourd’hui ? Moi, je ne suis pas du tout d’accord : il n’y a pas du
1445
ourd’hui ? Moi, je ne suis pas du tout d’accord :
il
n’y a pas du tout de débandade de l’idée religieuse, du phénomène rel
1446
s religieuse. Je vois ça sortir ces jours-ci !
Il
ne faut pas donner l’avantage au diable En consultant justement la
1447
rgie inférieure à la précédente. Alors contre ça,
il
faut lutter par ce qu’on appelle en science la néguentropie. Et par l
1448
il y a une certaine correspondance, une analogie.
Il
est certain que pour moi, le diable, c’est une espèce de symbole de t
1449
e plus simpliste, le plus totalitaire. Contre ça,
il
faut des révoltes qui ne peuvent être que personnelles, individuelles
1450
par les meilleurs, et ne dure que par les moyens.
Il
faut les deux, mais il ne faut pas donner tout l’avantage aux moyens
1451
e dure que par les moyens. Il faut les deux, mais
il
ne faut pas donner tout l’avantage aux moyens : ça serait donner l’av
1452
u et introduits par la note suivante : « Parce qu’
il
est né à Neuchâtel (Suisse) en 1906, Denis de Rougemont a maintenant
1453
maintenant passé la soixantaine, c’est-à-dire qu’
il
a deux fois l’âge où l’on commence à être suspect pour les jeunes. Et
1454
ntendre parler de personnalisme, mouvement auquel
il
est associé avec Emmanuel Mounier dans la fondation d’Esprit, et dans
1455
re à l’Université McGill, on sent que la place qu’
il
accorde, par exemple, comme valeur de signe, au mouvement hippie occi
1456
’un clin d’œil poli ou cajoleur à la jeunesse. Qu’
il
ne se gêne cependant pas de critiquer quand il en sent le besoin. C’e
1457
Qu’il ne se gêne cependant pas de critiquer quand
il
en sent le besoin. C’est là-dessus que je devais d’abord l’interroger
1458
oger — dans le Metro Bar de l’hôtel Mont-Royal où
il
avait insisté pour m’attirer. »