1 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
1 L’amour ? le mariage  ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 196
2 ais on n’a autant divorcé (10 % des couples) : le mariage se porte donc beaucoup… mais se porte plutôt mal. Y a-t-il vraiment u
3 porte plutôt mal. Y a-t-il vraiment une crise du mariage  ? Naturellement. Seulement il serait faux d’y voir un mal du siècle,
4 voir un mal du siècle, du nôtre. Sans la crise du mariage , que seraient toutes nos littératures ? Elle ne fait pas simplement l
5 e et obsédant de l’amour hors-la-loi. La crise du mariage n’est donc pas un phénomène de l’ère atomique. Le nombre des divorces
6 e tous les adolescents sont élevés dans l’idée du mariage (normal, souhaitable, presque inévitable) et en même temps baignés da
7 connaître, et qu’il appelle secrètement. Pourquoi mariage et passion sont-ils incompatibles ? Parce que le mariage c’est la coe
8 et passion sont-ils incompatibles ? Parce que le mariage c’est la coexistence pacifique, la proximité quotidienne, l’accoutuma
9 endent l’amour plus intense et plus conscient. Le mariage , en formant un obstacle idéal à l’amour (avec un autre naturellement)
10 i vieux que le monde, au moins aussi vieux que le mariage  ? Absolument pas ! L’amour-passion, cette conception de l’amour qui n
11 de romantisme ou de ferveur en était exclue et le mariage était alors très brutal : c’était deux domaines, ou deux lopins de te
12 exalté et aussi la chasteté incompatible avec le mariage (qui n’est alors que l’union des corps et des biens). Pour la premièr
13 rtois » qui contredisait si fort la conception du mariage et la condition de la femme d’alors, d’où venait-il ? D’« ailleurs »
14 difficile, les cathares se bornaient à médire du mariage et à louer des formes d’amour plus ou moins platoniques ! Les troubad
15 donc au juste le roman de Tristan et la crise du mariage  ? C’est que finalement notre crise du mariage n’est rien de moins que
16 du mariage ? C’est que finalement notre crise du mariage n’est rien de moins que le conflit de ce mythe et de la morale chréti
17 les débris d’un mythe qu’est édifié notre moderne mariage d’amour ? Exactement. Or, si l’amour romanesque triomphe d’une quanti
18 lution ? Si. Il faut complètement reconsidérer le mariage . Ne pas essayer de le fonder sur une obsession qu’on subit mais sur u
19 t il serait beaucoup plus conforme à l’essence du mariage d’enseigner aux jeunes gens que leur choix — même garanti d’apparence
20 on, c’est l’angoisse d’être deux. L’amour dans le mariage c’est alors la fin de l’angoisse, c’est l’acceptation de l’autre : un
21 rencontre ? Un homme ne peut à la fois croire au mariage — à la volonté — et à la passion — à la fatalité. On aime croire à un
22 une « fatalité » ! En résumé, la grande menace du mariage , c’est la passion. Que le mythe de Tristan, origine de tous nos malhe
23 layé des consciences occidentales, et la crise du mariage se dénouera d’elle-même ? Il est vrai que la passion est l’ennemie ju
24 Il est vrai que la passion est l’ennemie jurée du mariage mais c’est elle aussi qui le défie, l’anime, l’oblige à redevenir un
25 une routine subie : la passion c’est le secret du mariage vivant. Mon but n’est pas de condamner la passion, mais de définir ce
26 a passion est une décision fondamentale, comme le mariage , et non pas une erreur, mais ce serait aussi vouloir supprimer l’un d
27 sion créatrice. Que la passion disparaisse (et le mariage lui oppose maintenant si peu d’obstacles et de contraintes qu’elle se
28 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour ? le mariage  ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ?… », Elle, Paris
29 un monstrueux contresens qui consiste à fonder le mariage sur la passion, son ennemie intime. Or, si la passion a fait son appa
30 mment l’affronter ? Et enfin, comment réussir son mariage , car rien n’est perdu pour qui veut comprendre ? Nous avons demandé à
2 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
31 Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)al am Le remariage, ce n’est pas s
32 emariage de « raison », de consolation. Le second mariage , ce n’est pas la session de repêchage, c’est la saison des amours vra
33 s divorcés), le remariage c’est souvent l’heureux mariage qu’on n’a pas su réussir du premier coup. Mais faut-il vraiment se ma
34 Il y a enfin la remise en question quotidienne du mariage  : chacun sait désormais qu’il y a problème et qu’on peut en parler, q
35 en parler librement et sérieusement. La crise du mariage et la cellulite sont même devenues les deux mamelles de la presse fém
36 xiste pas de littérature romanesque sur le second mariage et peu ou point de témoignages publiés (enquêtes sociologiques, enquê
37 ations des conjoints lors du premier et du second mariage . Analyser leur évolution, les réactions des enfants, etc. Il faut aus
38 i tient à la situation en soi, qu’est le deuxième mariage . Faute de matériel, je me vois réduit à ma propre expérience et à cel
39 la grande question : pensez-vous que le deuxième mariage soit plus heureux que le premier ? Ce qu’on peut dire avec certitude,
40 ’être : il y a des écueils inhérents à un premier mariage qui ne le sont plus à un second. Comme dit mon beau-père, le Dr Répon
41 Dr Répond, qui est psychanalyste, lors du premier mariage , on épouse ses complexes. Or, contrairement à ce que fait croire le l
42 ants, voire dangereux. Les motivations du premier mariage sont la plupart du temps inconscientes. Complexe d’Œdipe, recherche d
43 ed de leurs conseils. Ce qui conduit souvent à un mariage « d’attitude » : on veut prouver aux autres — et à soi-même qu’on sai
44 itable et la passion, puis entre la passion et le mariage . L’erreur fondamentale, c’est de vouloir « épouser Iseut ». Car la pa
45 nt les circonstances réelles. L’ennemi n° 1 du mariage , c’est la passion Mais où est le roi Marc entre le garçon et la fi
46 st donc pas une invention récente. Or la crise du mariage n’a pas six siècles. Quel rapport y a-t-il entre l’un et l’autre ? C’
47 t cas on la cherchait ailleurs. Vouloir fonder le mariage sur la passion est une exigence récente, ou plutôt une aberration réc
48 s défauts possibles et même courants d’un premier mariage . Ces causes d’échec sont-elles automatiquement éliminées quand on se
49 et heureusement le plus courant, c’est un premier mariage raté suivi d’une réflexion lucide sur les causes de cet échec et de d
50 nc moins poussé à braver leur opinion, à faire un mariage « d’attitude ». On est plus conscient et on ne se joue plus la comédi
51 éléments durables et indispensables à la durée du mariage . Attention, ne vous remariez pas pour vous venger N’y a-t-il pa
52 il pas des causes d’échec spéciales à un deuxième mariage  ? Oui, il y en a deux, qui tiennent, elles aussi, à ses motivations.
53 point sur son ex-conjoint (comme dans le premier mariage , on voulait défier les parents). Le divorce, quoi qu’on en dise, est
54 fert, cette fois-ci je vais faire au contraire un mariage de tout repos », est un autre piège. Notre mentalité, influencée par
55 les caractères, les goûts et les antécédents. Un mariage où il n’y aurait que des « convenances » a plus de chances de durer m
56 durer mais guère plus de chances de bonheur qu’un mariage où il n’y aurait que de l’amour. Le vrai amour c’est le contraire
57 ts, les aspirations communs ne réussiraient qu’un mariage de raison ? C’est l’intuition du véritable moi de l’autre. C’est l’ac
58 le mystère de sa réalité différente. Le deuxième mariage ayant en général de meilleures chances, faut-il en arriver à le prône
59 ord dédramatiser tout ce qui touche à l’amour, au mariage , au divorce. À la surestimation de la passion, issue du mythe de Tris
60 toujours pouvoir analyser les motivations de son mariage . De même et plus encore pour le divorce : si l’on veut en tirer une l
61 qu’à la réforme des mœurs lorsqu’on envisage le «  mariage à l’essai ». Qu’en pensez-vous ? Je suis pour tout ce qui peut aider
62 eux, de la beauté, mais aussi de la difficulté du mariage et je pense que « l’essai » peut aider. Bien sûr, l’expérience est li
63 a quand même des différences énormes avec un vrai mariage  : il manque les enfants et il manque tout le côté social — être recon
64 éloigné dans la « longue marche » qu’est le vrai mariage . Pour avoir toute sa valeur il faut aussi que le pacte soit sans arri
65 ans arrière-pensée. J’ai assisté, en Amérique, au mariage d’une jeune héritière qui répétait avec enthousiasme : « Comme c’est
66 e mariage-maquette donne une idée de ce qu’est le mariage , mais ne peut guère, faute de pacte, remplacer le premier mariage. Fa
67 peut guère, faute de pacte, remplacer le premier mariage . Faut-il donc élever ses filles, comme le préconise Margaret Mead, da
68 s et ennuyeux). Car enfin qu’est-ce qu’un premier mariage  ? La confrontation de la passion ou plutôt, soyons réalistes, du dési
69 ré à cause de lui pendant huit jours, la crise du mariage sera résolue en principe et la majorité des divorces évités. Mais l’e
70 le virus comme base de la santé, ne fondez pas le mariage sur ce qui vit de sa crise et l’entretient ! Et le mariage lui-même,
71 ur ce qui vit de sa crise et l’entretient ! Et le mariage lui-même, pensez-vous qu’il doit être « modernisé » ? Le mariage ne p
72 e, pensez-vous qu’il doit être « modernisé » ? Le mariage ne peut renoncer ni à la durée ni à la fidélité. Un mariage c’est une
73 peut renoncer ni à la durée ni à la fidélité. Un mariage c’est une œuvre d’art, une construction à deux et comme toute créatio
74 op éloigné de ce qu’il voudrait faire. De même le mariage exige que l’on se consacre à l’autre avec continuité ! C’est le contr
75 ra dire à une femme : « Je suis sage de toi », le mariage sera sauvé ! Qui l’osera ? al. Rougemont Denis de, « [Entretien]
76 ra ? al. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le mariage est à réinventer », Elle, Paris, 14 avril 1969, p. 29, 32, 34, 37, 39
77 , vous explique comment les problèmes du deuxième mariage éclairent la grande crise du mariage moderne. »
78 du deuxième mariage éclairent la grande crise du mariage moderne. »
3 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
79 lui montre cette cohérence entre mon érotique du mariage , du couple et mes théories fédéralistes. À quoi je lui ai répondu que
80 tre le problème de l’homme et de la femme dans le mariage , et celui des autonomies locales et de l’union dans une fédération, o
81 , on la retrouve naturellement aussi bien dans le mariage , que dans le fédéralisme. Aussi chaque fois qu’il y a deux réalités c
4 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
82 éfié, il y a deux ans, de prouver que mon idée du mariage et de l’amour me conduit au fédéralisme. J’ai dit : rien n’est plus f
83 édéralisme. J’ai dit : rien n’est plus facile. Le mariage , c’est le banc d’essai du fédéralisme. Qu’est-ce que le fédéralisme ?
84 um, chacune aidant l’autre à exister. Eh bien, le mariage , c’est exactement la même chose entre un homme et une femme. […] Vous