1
Le fédéralisme suisse (1963)a La Suisse
ne
saurait se targuer d’avoir donné à l’Europe et au monde une « culture
2
geant un style doté du nom de sa terre natale. Il
n’
y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’on a pu parler d’une pei
3
Le contraire me paraît probable.) Mais cet apport
ne
fut jamais typique et spécifique d’une unité bien évidente, à la fois
4
rand-duché de Weimar. C’est que l’ensemble suisse
n’
a jamais été défini par autre chose que par un système d’alliances, em
5
moins, sans doctrine trop clairement formulée. Ce
n’
est guère qu’au xixe siècle qu’on se mit à parler de fédéralisme. Enc
6
autres systèmes politiques ou philosophiques, il
ne
cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par le
7
che à les composer au sein d’un organisme vivant,
n’
allons pas croire que le fédéralisme soit une espèce d’éclectisme univ
8
ersel ou d’opportunisme lâche, qui tolère tout et
ne
s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances trè
9
ntre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé
n’
est pas un moyen terme entre la peste et le choléra. Un homme qui boit
10
holéra. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave
n’
est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui s
11
et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme
n’
est pas à mi-chemin entre la centralisation oppressive et l’esprit de
12
l est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui
n’
en sont peut-être qu’une seule. Il représente la seule attitude rigour
13
compatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui
n’
admettent aucune diversité politique ou culturelle dans une nation man
14
on manifestent le même état d’esprit que ceux qui
n’
admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie par l
15
t et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste
ne
se borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autr
16
ion. Prenons l’exemple d’une œuvre picturale : il
n’
y aurait pas d’harmonie possible dans un tableau sans contrastes de co
17
elle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il
n’
y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la
18
aurait pas de contrastes réels entre les tons, il
n’
y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien
19
iennent du fait que l’on oublie ces évidences. Je
n’
en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse à laquelle risquent d’about
20
ne part, on affirme une souveraineté globale, qui
ne
laisserait jouer qu’à regret, et à titre de concession, la diversité
21
nt tentés d’oublier qu’un organe bien différencié
ne
saurait vivre isolé du corps. Quelle serait alors la solution fédéral
22
lle trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme
n’
est pas seulement un mode d’organisation politique, le seul « régime d
23
i leur offre une commune mesure ; sans quoi, nous
ne
saurions parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture. I
24
dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce
ne
peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable un
25
nous pouvons nous rattacher directement, nous qui
n’
avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant « cultur
26
e » corresponde à des réalités culturelles. Or il
ne
correspond qu’à des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en
27
à la lumière de l’Histoire. La culture européenne
n’
est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures n
28
e de l’Histoire. La culture européenne n’est pas,
n’
a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales »
29
a culture européenne n’est pas, n’a jamais été et
ne
sera jamais une addition de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre
30
divisent aujourd’hui l’Europe, et dont la plupart
n’
ont même pas cent ans d’existence : il faut bien admettre que la cultu
31
ands se rattachent à la « culture française », on
ne
pense guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’est pas une pro
32
nse guère qu’à la langue française. Mais celle-ci
n’
est pas une propriété de la nation française actuelle, à l’ensemble de
33
française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle
ne
fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle enco
34
s dans quatre autres nations. De même, l’allemand
ne
saurait définir une « culture nationale » étant la langue maternelle
35
nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue
ne
saurait à elle seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des
36
e saurait à elle seule définir une culture : elle
n’
est guère qu’un des éléments de la culture en général, si essentiel so
37
totalement indépendants des langues modernes, et
ne
sont, de toute évidence, pas réductibles à des cadres nationaux. « Qu
38
ctibles à des cadres nationaux. « Qu’as-tu que tu
n’
aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacun des 24 Éta
39
la vie culturelle de nos régions et de nos cités
ne
dépend pas de réalités nationales, mais se rattache directement à l’e
40
e trouve ceci : 1° la culture, dans nos cantons,
n’
est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’Éta
41
ure, dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et
n’
a jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la culture vit chez n
42
petits compartiments naturels ou historiques, qui
n’
ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce f
43
nce pour les cérémonies, à moins que son adoption
n’
ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela revient au mêm
44
t particulier, mais cela revient au même. 5° nous
ne
sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous sommes en osm
45
vec lui, bien davantage que beaucoup d’entre nous
n’
en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un Suis
46
que beaucoup d’entre nous n’en ont conscience ou
ne
voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un Suisse romand — et tout ce
47
e et moderne. Autant de réalités ou d’entités qui
n’
ont pas les mêmes frontières, qui ne se couvrent que très partiellemen
48
d’entités qui n’ont pas les mêmes frontières, qui
ne
se couvrent que très partiellement, et qui permettent un grand nombre
49
nt un grand nombre de combinaisons originales. On
ne
saurait être moins conforme aux devises des États totalitaires (« Une
50
in Volk, ein Reich, ein Führer » sous Hitler). On
ne
saurait être plus libre de se choisir, j’entends de se faire homme à
51
andes nations voisines. Qu’on m’entende bien : ce
n’
est pas un éloge de la petitesse en soi que je fais ici, ni des petite
52
sans doute, la sécurité avant tout. Ce phénomène
n’
est pas particulier à la Suisse, mais peut-être les Suisses moyens tro
53
liberté fédéraliste. Nos meilleurs auteurs (pour
ne
prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié à la lang
54
délicat, puisqu’il est lié à la langue, laquelle
ne
pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) on
55
Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils
n’
ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture eur
56
lleurs les cultures soi-disant « nationales ». Et
n’
est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaî
57
utenu, en tant qu’artiste, comme il arrive ; elle
n’
en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. M
58
es limitations de son œuvre. Mais la littérature
n’
est plus, de nos jours, cette espèce de critère privilégié du niveau d
59
ans le cadre du Centre européen de la culture, il
ne
sera sans doute pas inutile de situer notre projet, d’en préciser les
60
cherche objective. Certes, la question européenne
n’
est pas une question académique ! Elle n’appartient pas à un passé qu’
61
ropéenne n’est pas une question académique ! Elle
n’
appartient pas à un passé qu’il suffirait de décrire et d’interpréter,
62
e comptant de 3 à 50 millions d’habitants ? Aucun
ne
paraît en mesure de se relever de ses ruines sans aide extérieure ; n
63
classique de ces expressions ? Aucun de nos pays
n’
est en mesure, non plus, de parler au nom de l’Europe. Qui pourrait as
64
i a peut-être le vent de l’histoire en poupe. Ils
ne
sont pas nombreux d’abord, ils ne sont pas suivis par la majorité de
65
e en poupe. Ils ne sont pas nombreux d’abord, ils
ne
sont pas suivis par la majorité de leurs collègues. Mais ce sont, not
66
tats, les services ministériels et les parlements
ne
se croient pas encore en mesure « d’aller plus loin ». Mais dans notr
67
ne transformation économique de quelque envergure
ne
saurait être limitée au domaine purement économique, comme on disait
68
ouve donc posé, inéluctablement, à tous nos pays,
ne
fût-ce que par la seule existence du Marché commun. Telle est donc la
69
union « plus étroite » (plus étroite que quoi, on
ne
le dit pas) et de communauté, de supranationalité et de super-État, o
70
bles ou pratiquement en question de nos jours. Je
n’
en vois guère que trois, qui se distinguent nettement par le rôle qu’y
71
France. Dans une telle Europe, nos États actuels
ne
joueraient plus qu’un rôle comparable à celui des départements dans
72
tte solution unitaire, jacobine ou napoléonienne,
n’
est en fait et comme telle défendue par personne, et n’offre pas un ch
73
en fait et comme telle défendue par personne, et
n’
offre pas un champ d’études utiles, car chacun voit que l’unification
74
de l’Europe, à supposer qu’elle soit praticable,
ne
serait conforme ni aux données historiques, ni aux données actuelles
75
résoudre. Il importe toutefois de la mentionner,
ne
fût-ce qu’à titre de limite, de conséquence extrême, inaccessible, qu
76
l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui
ne
serait organisée que par un système d’alliances entre États souverain
77
lui-même (conférence de presse de mai 1962), elle
ne
désigne en réalité qu’une Europe des États. Dans une telle Europe, no
78
— dans la mesure toutefois où cette souveraineté
ne
serait pas limitée, en fait, et même en droit, par leurs alliances mê
79
tant ce qu’elles sont », la notion d’indépendance
n’
a pas déjà cédé le pas, en fait plus encore qu’en droit, à la notion d
80
n fédéraliste. Dans une Europe fédérée, les États
ne
seraient pas effacés ou dissouts, ils ne seraient pas non plus mainte
81
es États ne seraient pas effacés ou dissouts, ils
ne
seraient pas non plus maintenus dans une fiction de souveraineté abso
82
t dans d’autres domaines où, de toute façon, elle
ne
peut plus guère s’exercer individuellement. Convient-il de considérer
83
qui paraît difficile. En effet, le traité de Rome
n’
évoque aucune solution de cet ordre. La déclaration des chefs d’État d
84
institué les Communautés européennes », mais elle
ne
suggère pas les voies et moyens qui pourraient permettre d’opérer un
85
que. Ni cette déclaration, ni le traité lui-même,
ne
fournissent d’indications sur le type de régime politique dont l’inté
86
es distinctions proposées par Georges Scelle ? On
ne
sait. Et cela dépendra de la prédominance finale d’un des trois types
87
viens de caractériser très brièvement. Mais rien
ne
nous autorise à juger que le fédéralisme, déjà pratiqué quasi journel
88
roblème fédéraliste, aspects complémentaires, qui
n’
épuisent pas le sujet, bien sûr, mais qui permettent tout au moins de
89
iplinaire qui s’impose à nous. Car le fédéralisme
n’
est pas une doctrine toute faite, un dogme auquel il s’agirait de plie
90
choses humaines, méthode d’allure pragmatique qui
ne
se comprend et ne s’explique bien que par son fonctionnement dans les
91
éthode d’allure pragmatique qui ne se comprend et
ne
s’explique bien que par son fonctionnement dans les domaines les plus
92
! » ⁂ Ces quelques propos d’introduction générale
ne
me laissent pas beaucoup de temps pour introduire le sujet particulie
93
particulier, car il se trouve que le fédéralisme
n’
est précisément pas un système logique que l’on puisse déduire dans l’
94
nfédération indifféremment, sans qu’aucun contenu
ne
puisse être saisi au passage ; certains d’entre eux ridiculisent carr
95
vant celui de Coudenhove-Kalergi, publié en 1923,
n’
a entraîné d’action politique concrète, et moins encore de résultats.
96
rète, et moins encore de résultats. Cependant, ce
n’
est pas une histoire des échecs de l’idée européenne, ni des déchets d
97
acles sont en train de céder aujourd’hui. Mais il
n’
est pas moins important de rechercher dans ces plans avortés les étymo
98
e plus exactement dans l’histoire suisse). Le mot
n’
a été connu qu’au moment où la chose était niée par un puissant parti,
99
ie des auteurs de plans que nous allons parcourir
n’
est pas seulement pittoresque : elle nous conduit au cœur des débats i
100
le développement de la culture occidentale ; ils
n’
y entrent en fait et d’une manière distincte qu’au troisième quart de
101
tions que je vais tenter de répondre. ⁂ La Suisse
n’
existe que depuis cent-quinze ans sous la forme d’un État fédéral et s
102
n du xiiie jusqu’au milieu du xixe siècle, elle
n’
était guère qu’une confédération plus ou moins lâche de petits États s
103
s suisses sont d’abord d’un canton déterminé (qui
n’
est parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) mais ils ne trouvent à se ré
104
st parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) mais ils
ne
trouvent à se réaliser qu’au sein d’une entité beaucoup plus vaste, i
105
n, d’un Kant, d’un Novalis, d’un Kierkegaard, qui
n’
ont vécu que dans leur seule nation, et d’elle seule ont nourri leur c
106
fermées puis internationales ; par des styles qui
ne
connaissaient ni péages ni frontières politiques ; et par des traditi
107
entales en seront transformés sans retour. Enfin,
n’
oublions pas l’influence mondiale de la pensée théologique de Karl Bar
108
protestante. ⁂ Mais s’il reste vrai que la Suisse
n’
est pas une nation comme les autres, n’ayant été pendant des siècles q
109
la Suisse n’est pas une nation comme les autres,
n’
ayant été pendant des siècles qu’un agglomérat de foyers sans capitale
110
rbe mouvementée ? Certes, tous les pays européens
n’
ont pas leur Mozart, leur Rembrandt, leur Baudelaire ou leur Descartes
111
Mais force est bien de reconnaître que la Suisse
n’
a rien de comparable à la musique flamande de la Renaissance, à la pei
112
rien qui vraiment compte dans l’entre-deux, cela
ne
fait pas une tradition musicale ; et les épopées symboliques démesuré
113
popées symboliques démesurées d’un Carl Spitteler
ne
suffisent pas à compenser des siècles de médiocrité dans nos producti
114
, de Nicolas Manuel, de Hans Friess et d’Urs Graf
ne
trouve un répondant, par ailleurs discutable, qu’au xxe siècle avec
115
poème de Blaise Cendrars : l’amateur non prévenu
n’
y verra pas la Suisse, comme il voit à coup sûr l’Espagne dans les œuv
116
les éléments sinon d’une « culture suisse » — qui
ne
saurait exister — du moins d’une attitude d’esprit commune aux créate
117
nt suisses. ⁂ Cependant, une série de grands noms
ne
représente pas à elle seule tout l’apport culturel d’un pays, de même
118
l d’un pays, de même qu’un prestigieux état-major
ne
suffit pas à renseigner sur la valeur d’un combat d’une armée et sur
119
s grave pour elle que pour ses grands voisins. Ce
n’
est pas du projet d’union européenne que provient cette menace de nive
120
eurs et les forces culturelles dont elle dispose.
N’
est-elle pas le pays d’Europe qui a les raisons les plus fortes et les
121
plus concrètes de savoir que le terme de culture
n’
est pas un synonyme de superflu ? b. Rougemont Denis de, « Apport à
122
autres systèmes politiques ou philosophiques, il
ne
cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par le
123
che à les composer au sein d’un organisme vivant,
n’
allez pas croire que le fédéralisme soit une espèce d’éclectisme unive
124
ersel, ou d’opportunisme lâche qui tolère tout et
ne
s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances trè
125
ntre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé
n’
est pas un moyen terme entre la peste et le choléra. Un homme qui boit
126
oléra. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave,
n’
est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui s
127
et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme
n’
est pas à mi-chemin entre la centralisation oppressive et l’esprit de
128
l est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui
n’
en sont peut-être qu’une seule. Oui, le fédéralisme représente la seul
129
compatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui
n’
admettent aucune diversité politique ou culturelle dans la nation, man
130
n, manifestent le même état d’esprit que ceux qui
n’
admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie par l
131
t et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste
ne
se borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autr
132
tion. Prenez l’exemple d’une œuvre picturale : il
n’
y aurait pas d’harmonie possible sans contrastes de couleurs, et sans
133
elle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il
n’
y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la
134
aurait pas de contrastes réels entre les tons, il
n’
y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien
135
iennent du fait que l’on oublie ces évidences. Je
n’
en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse à laquelle risquent bien d’
136
ne part, on affirme une souveraineté globale, qui
ne
laisserait pas jouer la diversité des fonctions nationales ; d’autre
137
les autres oublient qu’un organe bien différencié
ne
saurait vivre isolé du corps. Quelle serait alors la solution fédéral
138
lle trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme
n’
est pas seulement un mode d’organisation politique, le seul régime de
139
s je parle après tout à des citoyens suisses, qui
n’
auront éprouvé aucune peine à me traduire en termes d’expérience polit
140
i leur offre une commune mesure ; sans quoi, nous
ne
saurions parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture. I
141
dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce
ne
peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable un
142
nous pouvons nous rattacher directement, nous qui
n’
avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant culture
143
e » corresponde à des réalités culturelles. Or il
ne
correspond qu’à des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en
144
à la lumière de l’Histoire. La culture européenne
n’
est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures n
145
e de l’Histoire. La culture européenne n’est pas,
n’
a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales »
146
a culture européenne n’est pas, n’a jamais été et
ne
sera jamais une addition de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre
147
divisent aujourd’hui l’Europe, et dont la plupart
n’
ont même pas cent ans d’existence : il faut bien admettre que la cultu
148
ands se rattachent à la « culture française », on
ne
pense guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’est pas une pro
149
nse guère qu’à la langue française. Mais celle-ci
n’
est pas une propriété de la nation française actuelle, à l’ensemble de
150
française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle
ne
fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle enco
151
s dans quatre autres nations. De même, l’allemand
ne
saurait définir une « culture nationale » étant la langue maternelle
152
nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue
ne
saurait à elle seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des
153
e saurait à elle seule définir une culture : elle
n’
est guère qu’un des éléments de la culture en général. Or tous les aut
154
totalement indépendants des langues modernes, et
ne
sont, de toute évidence, pas réductibles à des cadres nationaux. « Qu
155
ctibles à des cadres nationaux. « Qu’as-tu que tu
n’
aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacune des vingt
156
la vie culturelle de nos régions et de nos cités
ne
dépend pas de réalités nationales, donc politiques, mais se rattache
157
je trouve ceci : 1° la culture, dans nos cantons,
n’
est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’Éta
158
ure, dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et
n’
a jamais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la culture vit chez
159
petits compartiments naturels ou historiques, qui
n’
ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce f
160
ce pour les cérémonies — à moins que son adoption
n’
ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela revient au mêm
161
particulier, mais cela revient au même ; 5° nous
ne
sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous sommes en osm
162
vec lui, bien davantage que beaucoup d’entre nous
n’
en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. Tels étant nos principa
163
que beaucoup d’entre nous n’en ont conscience ou
ne
voudraient l’admettre. Tels étant nos principaux caractères spécifiqu
164
ère authentique et non pas empruntée, imitée ? Je
ne
crois guère aux mesures de « défense » qu’on nous propose périodiquem
165
fense contre « Paris » d’autre part. La défensive
n’
est pas une attitude de créateurs, et la culture est d’abord création,
166
a culture européenne. Nos meilleurs auteurs (pour
ne
prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié à la lang
167
délicat, puisqu’il est lié à la langue, laquelle
ne
pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) on
168
Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils
n’
ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture eur
169
lleurs les cultures soi-disant « nationales ». Et
n’
est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaî
170
reur l’a peut-être soutenu, comme il arrive, mais
n’
en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre.
171
direct, leur expérience du fédéralisme vécu. Nous
n’
avons pas produit de génies du premier ordre, à part Rousseau, mais be
172
tions, etc. Et plutôt que de reconnaître que cela
n’
est pas possible, en plus d’un cas, il pousse à préférer des solutions
173
est une autre erreur, inverse de la première, qui
ne
cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’activi
174
nisation rationnelle d’activités qui par essence,
ne
le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de disti
175
une un laboratoire de recherches nucléaires, pour
ne
prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop pe
176
ires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on
ne
dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’y développent à foison
177
ent ces groupes avec l’intransigeance nécessaire.
N’
oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en F
178
de ce sens du mécénat, nul comité de coordination
ne
pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que d
179
ordination ne pourra jamais remédier. Les comités
ne
peuvent faire, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture
180
ssions individuelles et par de petits groupes qui
ne
craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités s
181
te de répartition géographique équitable — ce qui
n’
est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’est t
182
ésenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce
n’
est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos «
183
« raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de
ne
plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la
184
récédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses
ne
sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vous
185
attitudes de pensée que la culture créatrice. On
ne
sauvera pas l’un sans l’autre. c. Rougemont Denis de, « Le fédéra
186
me, même pas philosophique mais « géographique ».
N’
ayant jamais connu d’« Européens » à ce point illettrés et fanatiques,
187
nions le judaïsme ou le christianisme, quand nous
ne
cessons d’écrire qu’avec Rome et Athènes ils sont les éléments fondam
188
puissance ou la liberté ? L’union de l’Europe
ne
pourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est pas de volon
189
ourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il
n’
est pas de volonté sans but, sans quelque utopie directrice, imaginée,
190
sens littéral. Ces limites idéales, bien entendu,
ne
furent jamais atteintes dans l’histoire de l’Europe. Mais en chemin v
191
dicalisme. Ni l’une ni l’autre des deux tendances
n’
a jamais été isolée à l’état pur et portée dans la réalité à son combl
192
té à son comble ou à sa perfection (nulle société
ne
saurait y survivre) et elles coexistent en nous. L’Européen normal vi
193
hodes. Mais la volonté ou l’initiative d’un seul
n’
aurait aucune chance de succès si elle ne rencontrait dans les masses
194
’un seul n’aurait aucune chance de succès si elle
ne
rencontrait dans les masses des prédispositions de même nature, quoiq
195
itiative d’un animateur sans pouvoir contraignant
n’
est féconde que dans la mesure où elle éveille et libère chez beaucoup
196
ulement. Chez le manager, la volonté de puissance
ne
se traduit que d’une manière abstraite, en termes d’organisation sans
197
liens proprement fédéraux. Cette Europe fédérale
ne
serait donc : — ni totalement unifiée autour d’un centre, — ni simpl
198
tuelle, et il en demeure indépendant. (Le premier
ne
suffit pas mieux à le réfuter, que le second à le fonder en principe.
199
pe, et sans laquelle nos sciences et nos logiques
ne
seraient pas ce qu’elles sont, ou n’auraient pas eu lieu. Lors du pre
200
nos logiques ne seraient pas ce qu’elles sont, ou
n’
auraient pas eu lieu. Lors du premier congrès de l’Union européenne de
201
us voici réunis pour parler du fédéralisme ? Nous
ne
serions pas ici si nous pensions que le type d’homme le plus souhaita
202
ce cas, nous serions restés chez nous. Mais nous
ne
serions pas ici non plus si nous pensions avec Hitler et les stalinie
203
ensions avec Hitler et les staliniens que l’homme
n’
est qu’un soldat politique, totalement absorbé par le service de la co
204
x individualistes nous rappelons donc que l’homme
ne
peut se réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup da
205
vistes, nous rappelons que les conquêtes sociales
ne
sont rien, si elles n’aboutissent pas à rendre chaque individu plus l
206
que les conquêtes sociales ne sont rien, si elles
n’
aboutissent pas à rendre chaque individu plus libre dans l’exercice de
207
trop rapide, mais qui me paraît indispensable, il
ne
faut pas penser que la personne soit un moyen terme ou un juste milie
208
personne, c’est l’homme réel, et les deux autres
ne
sont que des déviations morbides, des démissions de l’humanité complè
209
es démissions de l’humanité complète. La personne
n’
est pas à mi-chemin entre la peste et le choléra, elle représente la s
210
ivique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave
n’
est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie
211
et celui qui se noie. Et, de même, le fédéralisme
ne
naîtra jamais d’un habile dosage d’anarchie et de dictature, de parti
212
rellement, et presque irrésistiblement, le second
n’
étant que la projection de la première au plan politique, en ce sens p
213
libre vivant est atteint. Cet équilibre dynamique
ne
pouvant d’ailleurs être maintenu qu’au prix d’une vigilance toujours
214
nouvellement. C’est assez dire que le fédéralisme
n’
est pas une doctrine fixe, ni vraiment un système, et encore moins un
215
tralisation totalitaire. Cet art et cette méthode
ne
vont pas sans principes, sans techniques éprouvées, sans secrets du m
216
ns européennes. Premier principe. Une fédération
ne
peut naître qu’au prix du renoncement formel et vigilant à toute idée
217
d’États européens — selon laquelle une fédération
ne
peut être que l’œuvre d’un tout-puissant « fédérateur » (potentat ou
218
tout-puissant « fédérateur » (potentat ou État),
n’
est confirmée par rien dans notre histoire, et tout la réfute en prati
219
État impérialiste détient la force nécessaire, il
ne
fédère pas, il annexe ; il n’unit pas, il unifie. Et les coalitions q
220
orce nécessaire, il ne fédère pas, il annexe ; il
n’
unit pas, il unifie. Et les coalitions qui se forment contre lui ne su
221
ifie. Et les coalitions qui se forment contre lui
ne
survivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa menace ne sont principe
222
vivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa menace
ne
sont principes fédérateurs, même négatifs. Mais qu’un État ou une coa
223
ls agissent alors en fondateurs d’une fédération.
Ne
mérite donc le titre de fédérateur que le groupe, ou l’État, ou la co
224
des États sudistes de l’Amérique), les vainqueurs
n’
ont eu rien de plus pressé que de rendre aux vaincus leur pleine égali
225
État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse
ne
verra jamais sans méfiance certains « grands » s’arroger l’initiative
226
nts utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’on
ne
peut pas atteindre une fin fédérative par des moyens impérialistes. C
227
fédérative par des moyens impérialistes. Ceux-ci
ne
peuvent conduire qu’à l’unification forcée, caricature de l’union vér
228
ion véritable. Deuxième principe. Le fédéralisme
ne
peut naître que du renoncement à tout esprit de système idéologique o
229
rganique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce
n’
est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique à partir d’un cent
230
dans un tout. Troisième principe. Le fédéralisme
ne
connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitari
231
qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité
ne
représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il v
232
raciales et religieuses qui composent l’ensemble
ne
se manifeste guère au plan municipal. En Suisse, le respect des qual
233
an municipal. En Suisse, le respect des qualités
ne
se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États
234
mètres carrés. Quatrième principe. La fédération
n’
a pas pour but d’effacer les diversités et de fondre toutes les nation
235
verraient soumis aux mêmes lois et coutumes, qui
ne
pourrait satisfaire aucun de ces groupes ; et qui les brimerait tous.
236
ion. Prenons l’exemple d’une œuvre picturale : il
n’
y aurait pas d’harmonie possible, dans un tableau, sans contrastes de
237
e de l’artiste) et hors de l’unité du tableau, il
n’
y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la
238
aurait pas de contrastes réels entre les tons, il
n’
y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien
239
omprendraient aussi que dans une fédération elles
n’
auraient pas à se mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert
240
tionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce
ne
serait pas une simple question de tolérance, vertu négative et qui na
241
manière et selon son génie. Après tout, le poumon
n’
a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’être u
242
tratifs, culturels, linguistiques, religieux, qui
n’
ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières dif
243
échit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste
n’
est rien d’autre que la politique par excellence, c’est-à-dire l’art d
244
ux variés d’échanges européens. Rien de tout cela
n’
est inutile. Et tout cela qui paraît si dispersé, si peu efficace souv
245
aines est beaucoup plus près de s’organiser qu’il
ne
le semble. Elle est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne l
246
est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle
ne
le croit. C’est sur le plan de l’action gouvernementale que les oppos
247
amais réaliser une union viable. Leurs dirigeants
ne
sont pas qualifiés pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’i
248
e cela empêche de vivre. La fédération européenne
ne
saurait être l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intérêts
249
projets fédéraux, c’est-à-dire supranationaux. On
ne
voit guère d’autre voie possible ou praticable. Les USA ne sont pas d
250
uère d’autre voie possible ou praticable. Les USA
ne
sont pas dirigés par une assemblée de gouverneurs des cinquante États
251
vie publique. Septième principe. Une fédération
ne
se crée pas contre une menace extérieure, ni à des fins impérialistes
252
eur par les partis qu’ils commandaient chez nous,
n’
ont réussi à provoquer la fédération de nos craintes et de nos forces
253
ait des États en concurrence nationaliste : elles
n’
ont contribué qu’à notre division, et presque à notre ruine à deux rep
254
es paniques générales, ni les délires de conquête
n’
ont jamais rien construit en Europe. Seules, les prises de conscience
255
r la science relativiste.3 La pensée fédéraliste
ne
projette pas devant elle une utopie bien cohérente qu’il s’agirait d’
256
r individualité et leurs relations créatrices. On
ne
saurait trop insister sur ce double mouvement qui caractérise la pens
257
. Or les uns et les autres ont tort, parce qu’ils
n’
ont qu’à moitié raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni dans l
258
’ont qu’à moitié raison. Le véritable fédéralisme
ne
consiste ni dans la seule union des cantons, ni dans leur seule auton
259
pour la Suisse. Nous aurons des fédéralistes qui
ne
penseront qu’à faire l’union et à la renforcer, et nous aurons des fé
260
eler aux deux partis que le fédéralisme véritable
n’
est ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leu
261
—, cette coexistence, ce dialogue, cette tension
ne
doivent pas être imaginés sous la forme négative d’une tolérance mutu
262
e et le respect des droits particuliers. Car cela
ne
conduirait en pratique qu’à une union trop faible mais bientôt accusé
263
autonomies locales ou régionales. D’autre part il
n’
est pas moins évident que l’ensemble fédéral européen bénéficiera de l
264
elle de chacun de ses membres : or cette vitalité
ne
supporterait pas l’uniformisation des régimes d’éducation, liés dans
265
ompétences bien définies et distinctes. Mais ceci
ne
change rien au principe de la méthode indiquée ci-dessus, et qui cons
266
travail qui pouvait être fait par elle ; et s’ils
ne
savent mettre à profit les libertés ainsi conquises, à la fois physiq
267
s privées aux règlements collectifs et aux lois —
n’
est en fin de compte, comme à l’origine, qu’un auxiliaire de la vie cr
268
aussi de se dégager de ses « fatalités » natives…
N’
est-ce point là ce que l’homme européen, depuis des siècles, appelle s
269
de la sorte la santé de l’Europe à construire, je
ne
perdrai pas de temps à rappeler les maladies qui la menacent en perma
270
se veulent souverains, comme si le reste du monde
n’
existait pas : j’ai dit plus haut que ce sont, à la racine, les maladi
271
alistique ou d’un vaisseau astronautique. Et l’on
ne
voit pas comment « l’art du possible » pourrait encore servir d’excus
272
la paresse d’esprit d’une classe politicienne qui
n’
a pas su prévoir Hitler, et qui trouvait le Marché commun trop techniq
273
occidentale. La nécessité d’une union de l’Europe
n’
étant pas ici discutée mais admise, il faut chercher à voir maintenant
274
n en Lombardie. Ils disent « nous » en parlant de
n’
importe quel autre peuple. Ils apprennent à considérer les gloires et
275
eur avenir. Leur horizon, leur projet d’existence
n’
est plus borné par les frontières rigides de leur nation, moyenne ou p
276
dditionnés. Mais cette grande liberté cosmopolite
n’
est pas payée au prix d’un déracinement général ; ces ouvertures plus
277
enture, qui sera toujours le fait d’une minorité,
n’
empêchent nullement ceux qui préfèrent la sécurité maternelle et la pr
278
opres lois et coutumes, pour autant que celles-ci
ne
conservent ou n’introduisent rien au contraire à la Constitution fédé
279
tumes, pour autant que celles-ci ne conservent ou
n’
introduisent rien au contraire à la Constitution fédérale et à la Char
280
ranties ; l’État, ou la majorité dans une région,
ne
peuvent en aucun cas en priver les minorités.) D’autre part, face au
281
ignifie que les citoyens d’un de nos petits États
ne
sont plus à la merci de la politique d’un de nos grands États, les en
282
ures dans le cadre local. En cas d’attaque contre
n’
importe quel membre de la fédération, tous les autres se portent autom
283
iatement que l’organisation politique de l’Europe
ne
saurait être l’État-nation unifié, ni un système d’alliances bi- ou m
284
s, à l’intérieur de la fédération vers 1980. Elle
ne
saurait s’expliquer qu’en fonction des problèmes qui se posaient au d
285
bre de résolutions impératives mais dont personne
ne
semble tenir compte, exigent que les États renoncent expressément à c
286
pressément à cette souveraineté théorique. Or, on
ne
saurait attendre une nuit du 4 août des États : ce ne sont pas des pe
287
aurait attendre une nuit du 4 août des États : ce
ne
sont pas des personnes libres et responsables, et il est tout à fait
288
ction européenne sur un geste qu’aucun grand État
n’
est en mesure de faire, il est sans doute dangereux de s’épuiser à com
289
erainetés en grande partie inexistantes, et qu’on
ne
pourrait que renforcer temporairement en les obligeant à se défendre
290
ons sont souverains en tant que leur souveraineté
n’
est pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exerc
291
, et comme tels, ils exercent tous les droits qui
ne
sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération
292
pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure : il
n’
est pas de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et po
293
yons cela d’un peu plus près. Les cantons suisses
n’
ont plus le droit de faire la guerre, ni d’entretenir leur propre armé
294
s ont immédiatement obtempéré. Or, ces puissances
n’
étaient pas même européennes, et sans l’appui de l’une aucun pays d’Eu
295
nes, et sans l’appui de l’une aucun pays d’Europe
ne
peut se défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe n’est donc vraim
296
t se défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe
n’
est donc vraiment souverain au sens classique ; mais il y a plus : auc
297
rain au sens classique ; mais il y a plus : aucun
n’
est autonome et ne pourra plus l’être tant que l’Europe entière ne le
298
ique ; mais il y a plus : aucun n’est autonome et
ne
pourra plus l’être tant que l’Europe entière ne le sera pas. Leur sou
299
t ne pourra plus l’être tant que l’Europe entière
ne
le sera pas. Leur souveraineté relative, pour autant qu’elle subsiste
300
veraineté relative, pour autant qu’elle subsiste,
n’
est en rien garantie (ni d’ailleurs menacée) par leurs voisins et frèr
301
rée de 1980. On y assiste à des regroupements qui
ne
tiennent plus compte des frontières nationales et modifient profondém
302
onstellation de foyers, ou de « métropoles », qui
ne
sont plus définis par leur contour, mais par leur force de rayonnemen
303
complexes à la fois économiques et culturels qui
ne
recouvrent pas nécessairement les anciennes provinces ou régions, et
304
lpestres. Ces phénomènes d’une ampleur croissante
ne
vont pas sans poser des problèmes très ardus d’aménagement du territo
305
ue étrangère, et de la défense. Aucun État membre
ne
pouvant plus conclure d’alliances séparées ni avec d’autres États mem
306
consulats chargés d’entretenir les relations qui
ne
sont pas du ressort fédéral. (Relations économiques et commerciales,
307
forces armées aux ordres du pouvoir fédéral, qui
ne
peuvent entrer en action qu’en cas d’attaque contre la fédération ou
308
olitique agressive. Un tel ensemble de diversités
ne
saurait être impérialiste. (Rappelons que les anciens empires colonia
309
dération, se trouve ainsi résolu, leur neutralité
n’
ayant plus lieu de s’affirmer ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Quan
310
ndances agressives. En revanche, l’Europe fédérée
ne
saurait conclure une alliance militaire avec aucune puissance qui mai
311
titution, dans la mesure où ces droits et devoirs
ne
sont pas délégués à la fédération. C’est en matière d’éducation et de
312
utif et de la Cour de justice. Les lois fédérales
ne
peuvent être rendues qu’avec l’accord des deux chambres. En cas de di
313
différenciées que celles qui existent en Europe,
ne
saurait être gouverné que par un Collège où s’équilibrent les diversi
314
ar l’Assemblée européenne et sont rééligibles. On
ne
peut choisir plus d’un membre dans le même pays. Son président est él
315
et non par un seul homme, veulent que son centre
ne
soit pas une capitale, mais un District fédéral. La fédération n’étan
316
capitale, mais un District fédéral. La fédération
n’
étant pas une création sur table rase, mais l’aboutissement d’un très
317
les diversités que l’on sait, le District fédéral
ne
saurait être, lui non plus, une création « synthétique » édifiée sur
318
« synthétique » édifiée sur un terrain vague — il
n’
y en a d’ailleurs plus d’assez vaste, dans l’Europe de 1980. Le Distri
319
oubles, mais d’accès facile en temps de paix ; il
ne
peut être qu’un petit pays, cependant très diversifié et si possible
320
it que les citoyens du district fédéral américain
n’
avaient pas le droit de vote lors de l’élection du président)9 prévien
321
es affaires fédérales européennes. La Suisse, qui
n’
inquiète personne, se trouve ainsi confirmée dans son statut tradition
322
s qui ont gardé vivante la tradition calvinienne,
ne
peuvent, en bonne doctrine, que se montrer favorables aux solutions f
323
tracer cette esquisse d’une union fédérale, nous
n’
avons eu qu’à nous laisser guider par deux séries de déductions inévit
324
n du tiers-monde, qui exige l’aide de l’Europe et
n’
en oppose pas moins à son passé mal vu les promesses incertaines d’un
325
e pour les traditions valables du tiers-monde que
ne
fut jamais notre colonialisme ; nécessité, à cet égard, d’une politiq
326
vision du But possible et nécessaire. Si l’Europe
n’
est pas encore faite, ce n’est pas que ces obstacles soient bien forts
327
écessaire. Si l’Europe n’est pas encore faite, ce
n’
est pas que ces obstacles soient bien forts — ils n’ont guère plus de
328
est pas que ces obstacles soient bien forts — ils
n’
ont guère plus de consistance que les ténèbres — mais c’est que les pa
329
! » Ces discussions préliminaires sont vaines. On
ne
réfute pas l’obscurité, et rien ne sert de maudire la nuit : mieux va
330
ont vaines. On ne réfute pas l’obscurité, et rien
ne
sert de maudire la nuit : mieux vaut allumer une chandelle, comme dit
331
e la claire vision du But rend seule possible. On
ne
trace pas un chemin tant qu’on ne sait pas au juste où l’on a décidé
332
le possible. On ne trace pas un chemin tant qu’on
ne
sait pas au juste où l’on a décidé d’aller : on se contente de charge
333
et le coût de l’opération. Ils concluent que rien
n’
est possible dans l’état actuel des choses. Et leur déni traduit exact
334
. Qui veut la fin veut les moyens, mais personne
ne
saurait vouloir une fin qu’il distingue mal. Et c’est pourquoi, dans
335
t pris trop d’importance. Mon regard trop souvent
n’
a vu que ce qu’il cherchait, ce qui était dans mon esprit et non dans
336
dans mon esprit et non dans la réalité. Cet essai
n’
a donc d’autre ambition que d’appeler des mises au point optiques. Il
337
n ? le couple ? (25 octobre 1963)g h Jamais on
ne
s’est autant marié en France (90 % des hommes et 91,5 % des femmes) e
338
0 % des hommes et 91,5 % des femmes) et jamais on
n’
a autant divorcé (10 % des couples) : le mariage se porte donc beaucou
339
iage, que seraient toutes nos littératures ? Elle
ne
fait pas simplement la fortune du cinéma, le théâtre, le roman, la po
340
de situations comiques ou cyniques. Et tout cela
ne
fait que trahir le tourment innombrable et obsédant de l’amour hors-l
341
édant de l’amour hors-la-loi. La crise du mariage
n’
est donc pas un phénomène de l’ère atomique. Le nombre des divorces a
342
réé de nouvelles exigences que nos grands-parents
n’
avaient pas. La recherche du bonheur individuel prime aussi à l’heure
343
ssi la chasteté incompatible avec le mariage (qui
n’
est alors que l’union des corps et des biens). Pour la première fois,
344
lement inconnue dans les pays orientaux, pourquoi
n’
a-t-elle fait fortune qu’en Occident ? C’est que la passion ne s’appro
345
ait fortune qu’en Occident ? C’est que la passion
ne
s’approfondit et ne dégage ses énergies qu’à la mesure des résistance
346
cident ? C’est que la passion ne s’approfondit et
ne
dégage ses énergies qu’à la mesure des résistances qu’elle rencontre.
347
u long du roman comme supérieur aux autres. Or il
n’
use pas de ce droit et livre Iseut au roi Marc. Quand Tristan et Iseut
348
nt devenues d’autant plus contraignantes qu’elles
n’
ont plus de pouvoir que sur nos rêves. Quel rapport a donc au juste le
349
age ? C’est que finalement notre crise du mariage
n’
est rien de moins que le conflit de ce mythe et de la morale chrétienn
350
mment, en faveur d’une morale survivante que nous
ne
savons plus justifier : la morale chrétienne, l’orthodoxie, qui ne s’
351
stifier : la morale chrétienne, l’orthodoxie, qui
ne
s’appuie plus sur une foi vivante, est devenue la « morale bourgeoise
352
s avons perdu la clef, le mythe dégradé, profané,
ne
se traduit plus que par l’envahissement du roman d’amour, du film sen
353
uté-standard imposé par le cinéma et la publicité
n’
arrange pas les choses. Périodiquement un nouveau type de femme « idéa
354
, disqualifiant automatiquement l’épouse, si elle
ne
ressemble pas à la star. Ne peut-on quand même supposer que l’homme p
355
ent l’épouse, si elle ne ressemble pas à la star.
Ne
peut-on quand même supposer que l’homme parvienne à se fixer sur un t
356
our en soi… Et voici le rêve sournois du mari qui
ne
peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse (ou dans le
357
un jour ou l’autre dans l’infidélité. Alors, il
n’
y a pas de solution ? Si. Il faut complètement reconsidérer le mariage
358
Si. Il faut complètement reconsidérer le mariage.
Ne
pas essayer de le fonder sur une obsession qu’on subit mais sur une d
359
s alors, on peut « décider » d’aimer et d’épouser
n’
importe qui ? Non, il existe certaines chances de réussite qu’il serai
360
aines chances de réussite qu’il serait stupide de
ne
pas mettre de son côté : buts communs, rythmes de vie, vocations, car
361
tre toutes les chances de votre côté, jamais vous
ne
pourrez prévoir votre future évolution, et encore moins celle de votr
362
les suites heureuses ou non. La fidélité, alors,
n’
est plus une espèce de conservatisme, de conformisme, c’est un parti p
363
te exorbitante. Que peut-on en attendre ? Son but
n’
est pas le bonheur, c’est la volonté de faire une œuvre. Dans la plus
364
e de faire une œuvre d’art. Cette fidélité-là, ce
n’
est pas seulement de ne pas tromper (ce qui serait une preuve d’indige
365
art. Cette fidélité-là, ce n’est pas seulement de
ne
pas tromper (ce qui serait une preuve d’indigence et non d’amour). C’
366
lle à la passion, si elle la rencontre ? Un homme
ne
peut à la fois croire au mariage — à la volonté — et à la passion — à
367
assion c’est le secret du mariage vivant. Mon but
n’
est pas de condamner la passion, mais de définir certaines options mor
368
rniers Mohicans de l’amour. À moins que cet ennui
ne
recrée alors la soif de quelque chose qui soit au-delà de l’ordre et
369
uelque chose qui soit au-delà de l’ordre et qu’il
n’
appelle alors un autre xiie siècle de l’amour… qui sera peut-être le
370
afé et la pomme de terre — au xiie siècle — elle
n’
en est pas moins elle aussi une “importation”, non une fatalité. D’où
371
? Et enfin, comment réussir son mariage, car rien
n’
est perdu pour qui veut comprendre ? Nous avons demandé à Denis de Rou
372
mes, dans le domaine social, notamment. Mais nous
n’
en sommes qu’au premier pas, hésitant. Mon attitude est franchement po
373
étariat, l’homme sera plus libre. Évidemment cela
n’
ira pas tout seul. Il y a tout un travail d’éducation à effectuer. Sou
374
rgarten et le Pacte public de Brunnen en 1315, il
n’
y avait pas de Suisse, ni sur les cartes, ni dans les chartes. Le nom
375
a paix, la prospérité et les libertés de l’Europe
ne
seront rétablies que par cette union-là. C’est comme « citoyen de Gen
376
étique ». L’Europe unie qu’il appelle de ses vœux
ne
serait nullement unifiée par un despote ou par une idéologie, elle de
377
le (élément type) se révèle, en dernière analyse,
n’
être rien d’autre que la cité de Genève ! Un peu plus tard, le Schaffh
378
jacobins et le Premier Empire. Benjamin Constant
n’
est pas seulement l’auteur de l’Esprit de conquête, pamphlet classique
379
naît les mécanismes de notre vie confédérale : il
n’
hésite pas à les proposer en modèle pour l’édification de l’Europe. Se
380
munauté de la Grande Europe. De cette façon, elle
n’
aura pas vécu en vain ni sans gloire14. » Pratiquement ignoré de nos j
381
rsion de nos vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça
ne
se fera jamais ! » Je me souviens d’un débat devant le micro en févri
382
, comme on appelait à l’époque la CECA : 1° qu’il
n’
était pas réalisable, 2° qu’il serait néfaste pour la Suisse, à cause
383
. Et notre arrivée tardive au Conseil de l’Europe
n’
a jamais été « justifiée », — comme disaient mes instituteurs. Qu’en e
384
ns offices lors de la guerre d’Algérie, etc.). Il
n’
est donc pas question que la Suisse prenne la moindre initiative visan
385
sant à l’union européenne au plan politique. Elle
ne
pourrait qu’y perdre son prestige international. Arguments constitut
386
de notre fédéralisme et de la démocratie directe,
n’
hésitent pas à déclarer de nombreux politiciens et journalistes. Argu
387
it gravement menacée. L’adhésion au Marché commun
ne
serait donc pas payante. Arguments traditionalistes. — Des représent
388
r du jeu des puissances militaires. La neutralité
n’
a jamais été qu’un moyen au service de notre indépendance ; « elle ne
389
n moyen au service de notre indépendance ; « elle
ne
fait pas partie de l’essence de la Confédération » (prof. Henri Miévi
390
ité. Isolée de l’Histoire, en quelque sorte, elle
n’
est plus celle que les Puissances garantirent en 1815. Si elle en vien
391
ester neutre entre nos ennemis, et nous-mêmes. On
ne
voit guère quelles considérations philanthropiques pourraient être op
392
se à une organisation européenne telle que la CEE
ne
serait pas incompatible avec la Constitution actuelle. Si, dit-il, la
393
à entrer sans réserve dans le Marché commun, elle
ne
saurait justifier ce refus par des motifs juridiques et des prétextes
394
La Suisse est située au cœur du Marché commun. Ce
n’
est évidemment pas avec le reste du monde (sans cesse invoqué par les
395
l’outre-mer. Mais il faut avouer que ces chiffres
ne
suffisent pas à justifier notre refus de participer au Marché commun,
396
cie plus impossible encore chez nous qu’ailleurs,
n’
en affirment pas moins que s’il le faut un jour, la Suisse fara da se
397
uisse fara da se et saura bien se défendre ? Nous
ne
sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas avec des longues piq
398
? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce
n’
est pas avec des longues piques, des crampons de fer aux pieds et une
399
ait une catastrophe pour la Suisse. Mais personne
ne
la préconise, en réalité. Il est clair, en revanche, qu’une Europe fé
400
seuls, c’est le plus sûr moyen de les perdre. Il
n’
est pas vrai, d’ailleurs, que l’union de l’Europe menace d’effacer nos
401
nationales ». L’union de la Suisse, depuis 1848,
n’
a pas effacé nos caractéristiques cantonales. Et il est pour le moins
402
it 7 millions en France, 8 en Allemagne.) Mais ce
n’
est pas le Marché commun qui les amène. C’est l’expansion de l’industr
403
e, aux destinées de laquelle le délégué du Vorort
n’
est pas tout à fait étranger. Si M. Homberger croit vraiment que le mé
404
es peuples est un danger majeur pour son pays, il
n’
a pas le droit d’en conclure au refus du Marché commun, mais il a le d
405
et surtout par l’effet de la technique, laquelle
n’
a pas été créée que l’on sache par le mouvement d’union européenne. De
406
ges. En fait, cette « caractéristique nationale »
n’
en est plus une depuis longtemps. Vers 1900 déjà, les Suisses vivant d
407
rs 1900 déjà, les Suisses vivant de l’agriculture
ne
représentaient plus qu’un tiers de la population totale. En 1963, c’e
408
que la Suisse entre ou non dans le Marché commun
n’
y changera rien. (À moins que notre isolement n’entraîne un retour à l
409
n n’y changera rien. (À moins que notre isolement
n’
entraîne un retour à la misère naturelle du pays ?) Bref, ce n’est pas
410
retour à la misère naturelle du pays ?) Bref, ce
n’
est pas la Suisse de Morgarten, de Marignan, ou du xviiie siècle, ni
411
prétexte d’une « indépendance » dont notre peuple
n’
est pas disposé plus qu’un autre à payer le prix exorbitant. ⁂ Tels ét
412
ance calculée et d’empirisme, qui supposent qu’on
ne
pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse pas entraîner par u
413
ent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on
ne
se laisse pas entraîner par une verve logique ou polémique qui risque
414
aux enthousiastes de l’Europe, ils savent qu’ils
n’
ont aucune espèce de chances d’être écoutés s’ils proposent de renonce
415
uisse moderne, un crime de lèse-majesté. Personne
n’
ose donc crier trop fort, et c’est peut-être mieux ainsi. Mais notre p
416
s notre peuple comprend mal ce qui est en jeu. Je
ne
suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux qui refusent l’Europe au no
417
able dans la neutralité d’une fédération. Mais il
n’
y a aucune chance qu’on nous offre cela, si nous fédéralistes ne l’exi
418
hance qu’on nous offre cela, si nous fédéralistes
ne
l’exigeons pas. Tout le débat sur l’idée européenne paraît tourner ch
419
i est devenu celui de la Suisse moderne, laquelle
ne
saurait croire à la seule force comme accoucheuse des sociétés, et ga
420
’est la meilleure pour l’Europe. Or, si la Suisse
ne
la propose pas, qui le fera ? Notre fédéralisme est peu connu, ou trè
421
très mal connu hors de Suisse ; notre neutralité
n’
y est que trop connue. Pourquoi parler toujours de cette neutralité, v
422
e mondiale ? Pourquoi cette timidité ? L’histoire
n’
est pas faite par des gens qui défendent leur position, mais bien par
423
Ce que l’Europe et le monde attendent de nous, ce
n’
est pas l’exposé lassant des raisons de notre « réserve » devant tout
424
re de la neutralité suisse, 1946, p. 9 : L’auteur
n’
hésite pas à parler « d’introversion politique » (p. 7) à propos de l’
425
dstätten ont reçu leurs franchises de l’empereur.
N’
y avait-il pas là un premier germe de la neutralité « charismatique »
426
, si jaloux de leurs différences — et vraiment il
n’
en est pas deux qui se ressemblent : l’un catholique et l’autre protes
427
ts ! Et chacun veut rester ce qu’il est, mais ils
n’
en vivent pas moins en harmonie, égaux en droit dans l’inégalité de l’
428
uelle. Le petit Appenzellois et le petit Genevois
n’
ont pas lu les mêmes livres sur les bancs de l’école ; et si plus tard
429
ions, tous deux bien contents d’être suisses, ils
ne
se rencontreront sans doute jamais et n’entendront parler l’un de l’a
430
ses, ils ne se rencontreront sans doute jamais et
n’
entendront parler l’un de l’autre qu’à l’occasion de leurs éventuels s
431
us civiques sans lesquelles une solide fédération
n’
aurait jamais pu s’agencer et n’aurait pas duré longtemps ne sont pas
432
solide fédération n’aurait jamais pu s’agencer et
n’
aurait pas duré longtemps ne sont pas de celles qui excitent au plus h
433
amais pu s’agencer et n’aurait pas duré longtemps
ne
sont pas de celles qui excitent au plus haut point l’esprit de risque
434
ur personnalité, la Suisse se verrait condamnée à
ne
produire que des œuvres moyennes ou d’intérêt purement local et folkl
435
lown que fut Grock. Ce palmarès plus qu’honorable
ne
suffit pas à définir un style ni une école particulière, mais il supp
436
ès supérieure à celle qu’on pourrait mesurer dans
n’
importe quelle tranche de cinq à six millions d’habitants d’un très gr
437
énients ; chacun dans son coin veut tout faire et
ne
dispose ni des moyens ni d’un public suffisant. Nos facultés des scie
438
comme nos écoles d’art et nos radio-télévisions,
ne
pourront affronter les grandes compétitions de cette fin du xxe sièc
439
s cantons, est donc liée au vrai fédéralisme, qui
n’
est pas l’esprit de clocher, ni l’abandon à l’uniformité imposée par u
440
i certains des incidents de la vie militaire, qui
n’
étaient que routine aux yeux de mes instructeurs, m’apparurent tout ch
441
s intimidait, cependant que la courtoisie dont il
ne
se départissait jamais accentuait, par contraste avec le ton bourru q
442
pendance d’esprit qui chez un officier plus jeune
n’
eût pas manqué d’être taxée d’insolence ou d’humeur subversive. Je l’a
443
iance de la place d’armes, où il était de mise de
ne
pas aimer ce chef. Un jour, à peine entré dans notre salle de cours,
444
t qu’il s’agit de réveiller. » Puis il sortit. Ce
n’
était pas une définition, c’était plus grave : nous comprîmes tous que
445
ut de 70 kilomètres, une semaine plus tard. Et ce
n’
était qu’une préparation pour la « grande course » finale : 150 kilomè
446
déplace en camion ou en train et que ces marches
ne
servaient à rien… Pour ma part, j’observais que le colonel prenait gr
447
j’observais que le colonel prenait grand soin de
ne
pas les justifier, malgré la sourde résistance qu’il devait bien sent
448
était de la nature d’un tel projet que ses motifs
ne
fussent point divulgués, mais en même temps qu’il nous fût présenté d
449
çant finalement à l’abandon de la course, si l’on
n’
y a pas pris garde au premier signe, si l’on n’a pas prévu la durée de
450
on n’y a pas pris garde au premier signe, si l’on
n’
a pas prévu la durée de l’effort. La route montait maintenant vers le
451
lonel. » Pour être à peu près unanime, la réponse
n’
en était pas moins sincère. Ces cinq heures de marche sur route nous l
452
effort de trente-trois heures, les cinq premières
n’
étant qu’une mise en train, ne fatiguent pas. L’organisme, tout simple
453
les cinq premières n’étant qu’une mise en train,
ne
fatiguent pas. L’organisme, tout simplement, ne se permet pas encore
454
, ne fatiguent pas. L’organisme, tout simplement,
ne
se permet pas encore de lassitude. Les puissances de l’inconscient, d
455
uffi à nous donner les moyens d’y répondre. Et je
ne
dis pas que l’entraînement que nous avions subi au préalable n’était
456
l’entraînement que nous avions subi au préalable
n’
était pour rien dans la facilité avec laquelle nous venions de couvrir
457
25 kilomètres. Mais à son tour, cet entraînement
n’
avait été reçu et surmonté qu’en vue de la grande course, du but loint
458
la Jeunesse. Car la vraie force d’un homme jeune
ne
vient-elle pas de ce qu’il imagine un très long temps de marche devan
459
t certains objectifs qui, peut-être, parce qu’ils
ne
sont que vaguement entrevus, semblent alors grands et lointains ? Le
460
e. Mais vers la quarantaine poindra l’angoisse de
n’
avoir plus un temps illimité pour rejoindre ses rêves ou sa vision. Be
461
ir — marquent un temps d’hésitation : c’est qu’on
n’
exige plus autant d’elles, et c’est vieillir. Il faudrait au contraire
462
talus, puis le talus devint la nuit, et le monde
ne
fut plus qu’un chemin où des pierres roulaient sous nos pas, jetant p
463
e de durée suspendue dans l’espace obscur, et qui
n’
était plus mesurée que par l’alourdissement des membres. Un vent froid
464
cendait des Alpes, une pluie fine s’établit. Tout
ne
fut plus, pendant des heures, qu’automatismes à peine surveillés, rêv
465
in depuis plusieurs semaines et la saison d’hiver
ne
s’ouvrait qu’en décembre. Un hôtel vide nous accueillit. Après la col
466
ieurs. » De l’échec Je vais éternuer, et je
ne
puis pas. Je me prépare à soulever une caisse très lourde, et elle es
467
tin, au garde à vous, sur le quai de la gare — je
ne
sais si j’eusse évité cette débâcle nerveuse que les Américains, qui
468
déjà ramassé. Apprendre à réussir, ou à marcher,
n’
est encore qu’une moitié de l’art de vivre. Mais apprendre à ne pas ré
469
qu’une moitié de l’art de vivre. Mais apprendre à
ne
pas réussir jusqu’au bout, à s’arrêter ou à subir l’arrêt, voilà l’au
470
durée même de l’Histoire. Et malheur à celui qui
n’
est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui qui exigerai
471
i qui exigerait de réussir pour persévérer, après
n’
avoir entrepris qu’en espoir ! Il avouerait que son espoir était trop
472
ts portraits d’enfants aux très grands yeux : ils
n’
ont pas fini de s’étonner que déjà commence l’angoisse. Mais tout d’un
473
que peint Nora Auric a ceci de particulier qu’on
ne
sait s’il est vu de sous l’eau ou d’un nuage : ce seraient à peu près
474
glauques, hauteurs baignées de vapeurs denses. Ce
n’
est pas un monde inhumain, car il est féminin, sans aucun doute possib
475
n, car il est féminin, sans aucun doute possible.
Ne
fût-ce que par ces roses un peu gris que je me rappelle, qui s’exagèr
476
technique, facteur de paix (6 mars 1965)q r Je
ne
suis pas un technicien, ni au sens étroit du terme, sujet de récentes
477
nique. Une prudence élémentaire m’incitera donc à
ne
point vous parler de la technique elle-même mais seulement de son rôl
478
uelques grandes questions des plus naïves, et qui
ne
portent pas sur tel ou tel problème précis que se posent les technici
479
sages, ni la Chine des mandarins et des paysans,
n’
avaient pu ou voulu produire de machines, de turbines ou même de canon
480
anons, jusqu’à ces toutes dernières décennies, et
n’
y auraient pas songé d’elles-mêmes, sans l’exemple et le défi occident
481
n réels aux yeux de l’Occidental christianisé, et
ne
sont pas une simple illusion, une partie du voile de Maya que tout l’
482
Programme grandiose, pratiquement infini, ou qui
ne
finira qu’avec la fin des temps. Mais la croyance en un Dieu créateur
483
à toute la Nature naturée — Nature à laquelle il
ne
s’agit plus de se conformer, mais qu’il faut au contraire transformer
484
bien d’une science des corps et de la matière qui
ne
se veut pas seulement spéculative, mais transformatrice du réel. Ajou
485
e la technique ainsi définie dans ses motivations
n’
ont-elles pas coïncidé historiquement avec les guerres, c’est-à-dire a
486
permettent d’armer de petits corps de troupe qui
ne
dépendent pour leurs fournitures de guerre que des forgerons et des m
487
ment résulté du progrès de la technique, ou si ce
n’
est pas plutôt la technique qui a bénéficié des commandes militaires.
488
les armes nouvelles inventées par les techniciens
n’
ont guère fait que s’ajouter aux anciennes, curieusement appelées « co
489
jours plus étendues. La bombe A, puis la bombe H,
n’
ont certes pas amené le désarmement, ni même ralenti la production des
490
nse utilité de la bombe H, c’est en somme qu’elle
n’
est pas utilisable. Elle se trouve interdire de la sorte, ou limiter r
491
re atomique qu’il semble bien qu’on ait décidé de
ne
pas faire. On a donc atteint une limite, une sorte de point mort de l
492
u’entraînerait la guerre atomique, et que j’avoue
ne
pas ressentir très fortement ni en moi, ni autour de moi, tant il est
493
r de tous, malheur de personne en particulier. Je
n’
ai pu observer la peur de la menace atomique qu’aux États-Unis, il y a
494
ngoisse panique des peuples qui s’opposerait — on
ne
sait comment — à un conflit atomique, que sur une crainte bien raison
495
ec des bâtons, des couteaux. Les bombes atomiques
ne
seraient guère utilisables de nation à nation, en Europe : nous somme
496
ps de la colonisation, les peuples du tiers-monde
ne
connaissaient de nous que d’assez rares exemplaires de colons et de s
497
ez rares exemplaires de colons et de soldats, qui
n’
avaient rien de bien attirant. Mais aujourd’hui, le cinéma leur fait v
498
oient cela, et ils exigent nos machines, mais ils
ne
voient pas, hélas, ce qui les a rendues possibles. Ils croient qu’ils
499
té, et d’une sorte d’ascèse disciplinée, dont ils
n’
ont guère la notion, et encore moins le goût. Mais la technique occide
500
out — selon les prévisions de nos démographes. On
ne
peut pas agrandir la terre. Il faut donc que notre technique, qui a c
501
er la thèse suivante : la technique, en principe,
n’
est pas plus un facteur de paix qu’un facteur de guerre. Elle fournit
502
aux armées des moyens de faire la guerre, mais ce
n’
est pas elle qui cause les guerres, ce sont au contraire les passions,
503
s biplans qui volaient tout juste assez vite pour
ne
pas tomber. (« Vole aussi bas que possible et surtout pas trop vite »
504
apidement le bulldozer et l’avion de ligne. Et ce
n’
est pas la maîtrise de l’énergie nucléaire, dont les principes et les
505
ar rapport à la guerre et à la paix, la technique
n’
est pas un facteur indifférent, mais bien ambivalent : pas de guerre p
506
Ceci dit, reconnaissons que la guerre bloquée, ce
n’
est pas encore la vraie paix. Celle-ci ne peut naître qu’à la faveur d
507
quée, ce n’est pas encore la vraie paix. Celle-ci
ne
peut naître qu’à la faveur d’un équilibre qui ne soit pas celui de la
508
ne peut naître qu’à la faveur d’un équilibre qui
ne
soit pas celui de la terreur, mais des diverses facultés humaines dév
509
s, serait-elle un facteur de déshumanisation, qui
ne
substituerait aux explosions belliqueuses qu’une sorte d’implosion de
510
sage urbain d’une grande complexité, où la Nature
n’
était plus représentée que par des pans de ciel abstrait entre les par
511
ant l’été. Et je mets en fait que la jeunesse qui
ne
parle, dit-on, que de marques d’autos, connaît mieux les forêts, les
512
ns de l’Europe que ses ancêtres en redingote, qui
ne
parlaient que de politique. Un peu de technique industrielle rudiment
513
nouvelle avec une nature mieux protégée que nous
n’
avons su le faire dans cette génération. Enfin, il y a la grande quest
514
la table à laquelle on s’est heurté. La technique
n’
est pas une puissance indépendante de l’homme et qui pourrait se tourn
515
it se tourner subitement contre lui. La technique
n’
est pas matérialiste, seul l’homme peut l’être, quand il se laisse all
516
s propres mécanismes psychologiques. La technique
n’
est pas davantage utilitariste, et je dirai plus : dans ses intentions
517
s ses intentions primitives, dans sa genèse, elle
n’
est même pas utilitaire ! L’histoire des grandes inventions, de celle
518
ns, de celle du feu à celle de la fusée spatiale,
n’
est pas l’histoire de « besoins » qui auraient existé avant elles, c’e
519
grandes inventions qui ont modifié nos vies — je
ne
parle pas de nos gadgets — ne sont pas nées pour satisfaire des besoi
520
difié nos vies — je ne parle pas de nos gadgets —
ne
sont pas nées pour satisfaire des besoins matériels que personne n’ép
521
our satisfaire des besoins matériels que personne
n’
éprouvait avant elles, mais c’est généralement l’inverse qui s’est pro
522
énéralement l’inverse qui s’est produit. Personne
n’
avait besoin d’autos quand il n’y en avait pas encore — à part quelque
523
produit. Personne n’avait besoin d’autos quand il
n’
y en avait pas encore — à part quelques rêveurs un peu bizarres. C’est
524
l l’appelait, c’est-à-dire un véhicule rapide qui
ne
fût pas astreint à suivre la loi rigide des « voies ferrées » et ses
525
tto eut inventé le moteur à explosion interne. On
n’
ignore pas d’ailleurs que des dizaines d’ingénieurs — en France surtou
526
rd. Son invention, ou sa réinvention indépendante
n’
en demeure pas moins exemplaire, par ses motifs réels, d’ordre psychol
527
t vrai dans ce sens que l’homme moyen croit qu’il
ne
pourrait plus se passer de cet objet, mais le fautif n’est pas la voi
528
rrait plus se passer de cet objet, mais le fautif
n’
est pas la voiture, c’est la publicité, la mode, la vie sociale — c’es
529
évoque la liberté de l’individu, cette invention
n’
était certes pas la mieux adaptée à ses fins, ni la mieux calculée pou
530
, des ordres de police routière ; si je mange, ce
n’
est guère qu’un sandwich, si je rêvasse un klaxon me réveille brutalem
531
me simplicité. La technique est un instrument qui
ne
saurait être, en soi, mauvais ou bon. Tantôt révérée comme instance e
532
ou voudrait nous réduire à l’état de robots, elle
ne
mérite en vérité ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Elle n’es
533
é ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Elle
n’
est que le moyen de nos passions et de nos rêves, le moyen de nos vrai
534
richons, et nous nous persuadons que la technique
n’
est après tout qu’un ensemble de procédés ingénieux et utilitaires, de
535
par une inexplicable malice des choses, dont nous
ne
serions pas du tout responsables, elle menace au contraire d’anéantir
536
ir toute espèce de vie sur la terre. La technique
n’
est qu’un instrument, n’est qu’un moyen, soit de la guerre, soit de la
537
ur la terre. La technique n’est qu’un instrument,
n’
est qu’un moyen, soit de la guerre, soit de la paix, soit de la tyrann
538
e, l’économie, l’hygiène ou le simple confort, il
n’
est peut-être pas d’activité humaine qui paraisse moins métaphysique e
539
e en soi que la technique. Mais en même temps, il
n’
en est pas qui nous contraigne davantage, et avec une urgence plus dra
540
ns de notre vie et de la vraie nature de l’homme.
Ne
serait-ce pas là, peut-être, son plus grand miracle ? q. Rougemon
541
odleurs est un cliché mais juste et bien tiré. Il
ne
retient que certaines apparences, mais qui suffisent à remplir les hô
542
hôtels. Pourtant la Suisse est autre chose, qu’on
ne
voit pas sur les cartes postales. On croit que c’est le pays le plus
543
he tout de même — il faut en croire ses yeux — ce
ne
peut être qu’en vertu de certains secrets d’usage plusieurs fois sécu
544
ditions de vie plus ou moins uniformes. La Suisse
n’
a rien de tout cela, mais elle a le régime le plus stable de l’Europe.
545
Ce pays le plus pauvre en matières premières — il
n’
a guère que l’eau des glaciers pour en tirer de l’énergie — est l’un d
546
s seulement. Orson Welles prétend que les Suisses
n’
ont rien inventé à part la pendule à coucou mais c’est chez eux que l’
547
us forte densité de prix Nobel des sciences, pour
ne
rien dire de cette galaxie de génies qui va de Paracelse à C. G. Jung
548
ion égales peut dire mieux, sur ce continent ? Il
n’
empêche qu’à Paris, à Londres ou à Berlin, on se moque un peu des Suis
549
l’utopie, et de la patrie d’un Guillaume Tell qui
n’
exista jamais que dans le mythe à une Europe fédérée qui par malheur n
550
ans le mythe à une Europe fédérée qui par malheur
n’
existe encore que dans l’espoir. Entre les deux, où est la vraie Suiss
551
% plutôt heureux, et 6 % pas très heureux, ce qui
ne
laisse guère de place qu’à 1 % de révoltés ou de désespérés. Ce phéno
552
te première alliance — un traité en due forme qui
ne
fut certes pas rédigé par des pâtres, puisqu’il était en beau latin —
553
ante. Privée de tout pouvoir supra-cantonal, elle
ne
sut pas empêcher, en 1847, une guerre civile opposant les cantons cat
554
er ses diversités. Et ses vingt-deux petits États
n’
ont délégué à un pouvoir central une certaine part de leur indépendanc
555
après l’autre. Ainsi, le vrai secret de la Suisse
n’
est pas du tout celui des banques mais celui du fédéralisme, celui d’u
556
ode de vie, sa langue, son credo ou son parti. Il
n’
en fut pas toujours ainsi, et les Suisses ont connu pendant des siècle
557
s invisibles, et dès lors les communautés réelles
ne
sont plus définies par leurs cordons douaniers, mais par le libre cho
558
le degré d’attachement réel de leurs membres. On
n’
est plus obligatoirement protestant parce qu’on est né à Genève ou dan
559
ommunautés diverses, dont les aires géographiques
ne
se recouvrent pas et n’ont rien de comparable. Prenez mon cas : Franç
560
t les aires géographiques ne se recouvrent pas et
n’
ont rien de comparable. Prenez mon cas : Français de langue, Européen
561
, tantôt s’interpénétrant mais sans se confondre,
n’
allez pas croire qu’elles soient unies par je ne sais quelle ferveur s
562
, n’allez pas croire qu’elles soient unies par je
ne
sais quelle ferveur sentimentale — oh ! non. Personne n’a jamais exig
563
quelle ferveur sentimentale — oh ! non. Personne
n’
a jamais exigé que les Thurgoviens et les Vaudois ou les Grisons roman
564
manches et les Bâlois s’aiment d’amour tendre. On
ne
leur demande même pas de se connaître ! Un jodleur d’Appenzell avec s
565
chic anglais, ses principes et ses complexes, ils
n’
auraient guère à se dire et pas de langage commun. Mais ils savent bie
566
iété même aux vingt-deux petits États suisses, je
ne
vois et ne puis imaginer une autre solution que l’helvétique. Et je n
567
ux vingt-deux petits États suisses, je ne vois et
ne
puis imaginer une autre solution que l’helvétique. Et je ne vois pas
568
aginer une autre solution que l’helvétique. Et je
ne
vois pas de raison sérieuse qui empêcherait qu’on l’applique à l’éche
569
arer à l’un de vos aimables cantons ? Eh bien, je
n’
ai pas ce courage, ou cette témérité. Je n’essaie pas d’égaler le médi
570
en, je n’ai pas ce courage, ou cette témérité. Je
n’
essaie pas d’égaler le médiocre à l’auguste. Je ne compare que des rap
571
n’essaie pas d’égaler le médiocre à l’auguste. Je
ne
compare que des rapports et constate qu’entre la France par exemple e
572
dans le cas de nations dont l’inégalité relative
n’
est pas moindre. Le fédéralisme est précisément l’art de composer en u
573
’Europe actuelle est pratiquement plus petite que
ne
l’était la Suisse quand elle s’est fédérée. En 1848, il fallait deux
574
e réservé à ceux-là seuls qui prouveraient qu’ils
ne
peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres, qu’on élève des barrièr
575
uand il était ministre de l’Éducation. Le Cabinet
n’
a pas tardé à démissionner pour se reformer deux jours plus tard avec
576
e too ! » fait-il, sérieux. « Je suppose que vous
n’
entendez tout de même pas défendre les instituteurs, n’est-ce pas ? Ca
577
endez tout de même pas défendre les instituteurs,
n’
est-ce pas ? Car ils sont… indéfendables ! » Une jeune fille lui deman
578
i Dieu était féminin… — Mais Dieu est féminin, il
n’
y a pas de question ! — Comment le savez-vous ? — D’abord parce que je
579
ire, et la psychologie d’une vingtaine de peuples
n’
ayant guère en commun que leur conviction d’occuper chacun une positio
580
ritait un traitement tout à fait exceptionnel, il
ne
fallait ni un doctrinaire ni un journaliste, ni un spéculatif, ni un
581
: de dérober au vol du temps) quelques pages qui
ne
vieilliront plus sur l’Europe des paysages, des fleuves, des villes,
582
ession des comités hélas indispensables, et qu’il
ne
suffit pas de présider mais qu’il faut surtout animer, sinon l’action
583
e la culture et le Collège d’Europe à Bruges), on
ne
s’ennuie pas, parce que le président nous donne l’impression qu’il s’
584
Colonel Cheval de la Résistance). À propos de je
ne
sais plus quoi, Gilson ayant dit : — Mais que vont en penser nos amis
585
e : « Penser ? Que voulez-vous dire ? Les Anglais
ne
pensent pas. Écoutez donc notre ami Lindsay : il dit “I feel » et non
586
nomme leur œuvre personnelle, et de ceux-là, nul
ne
l’a fait avec un désintéressement aussi total que notre premier prési
587
our toujours, Don Salvador est Espagnol, comme on
ne
l’est plus. Je l’ai entendu, à Bombay, prétendre que l’Espagne, c’est
588
Je suis un libéral, toujours prêt à discuter avec
n’
importe qui, je peux discuter avec mon plus grand adversaire, mais je
589
discuter avec mon plus grand adversaire, mais je
ne
peux pas discuter avec un gramophone ! » Quelques années plus tard, n
590
ic français intellectuel, c’est-à-dire de gauche,
n’
aime pas qu’on touche à sa Révolution, qu’on lui rappelle qu’une révol
591
syncoper le pathétique et l’espièglerie polémique
ne
se laissaient pas oublier, mais ce qui désormais donnait autorité à l
592
ais donnait autorité à la pensée de Madariaga, ce
n’
était pas le rang, le brillant, le brio, c’était l’engagement de toute
593
re vraiment engagé et vraiment libéral à la fois,
n’
est-ce pas là son plus beau paradoxe ? t. Rougemont Denis de, « Un
594
la fédération, qui est essentiellement politique,
n’
est pas encore abordé par les Six, et n’est même pas posé par les autr
595
olitique, n’est pas encore abordé par les Six, et
n’
est même pas posé par les autres. En l’absence — à peine croyable — de
596
u passé. La jeunesse se demande pourquoi l’Europe
n’
est pas encore unie, depuis vingt ans que nos gouvernements proclament
597
s unir, et ils constatent, évidemment, « qu’elles
ne
sont pas encore prêtes à s’unir ». Or, il est clair — il devrait être
598
lair — qu’en tant qu’États souverains les nations
ne
seront jamais prêtes à s’unir ! Il appartient à leur être même d’État
599
le en soi-même. L’union, pour deux États-nations,
n’
est jamais qu’une mesure de fortune, voire qu’un expédient désespéré (
600
ée par Churchill en juin 1940) autrement dit : ce
n’
est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se s
601
nous l’a léguée le siècle dernier : la région. Il
n’
est rien dont les sociologues d’aujourd’hui s’occupent avec plus de pa
602
ant les régions, réalités absolument modernes. Ce
ne
sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les
603
rts et enfin l’unité géographique, cette dernière
n’
étant d’ailleurs plus définie par une frontière marquée sur le terrain
604
jà beaucoup plus large et solidement fondé que je
n’
osais l’espérer. Au cours de ces dernières années, on a vu se multipli
605
ndre à la curiosité d’un grand public. Certes, on
n’
en est encore qu’au stade de la prise de conscience du phénomène régio
606
t institutionnelles. Des réalisations à ce niveau
ne
sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exig
607
s jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je
ne
cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme d
608
parti. Leurs échecs désastreux, catastrophiques,
ne
doivent pas nous apprendre seulement à nous méfier de toute espèce d’
609
ionale elle-même dont, après tout, l’impérialisme
ne
fait que révéler en les exagérant la vraie nature et les vraies ambit
610
ant la vraie nature et les vraies ambitions. Nous
n’
en sommes encore qu’à l’aube de la formation des régions, qui seront l
611
discours célèbre, à la Sorbonne20 : Les nations
ne
sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.
612
ion européenne, probablement, les remplacera. On
n’
en continue pas moins à nous répéter que les nations sont « encore » l
613
uveraineté est devenue tout illusoire dès qu’elle
n’
est plus purement négative — en bien ou en mal. Ainsi, elle leur perme
614
plus de temps que les pionniers de l’Europe unie
ne
l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers con
615
les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et
ne
l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers congrès fédéralistes,
616
de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous
n’
osions l’espérer et que ne peuvent encore l’imaginer les politiciens q
617
n plus avancée que nous n’osions l’espérer et que
ne
peuvent encore l’imaginer les politiciens qui se croient réalistes —
618
ques égyptiennes ou précolombiennes, par exemple,
n’
attendent de leurs sujets qu’une obéissance aveugle. Mais la démocrati
619
rnaux, donc le suffrage universel. Une démocratie
ne
mérite son nom que dans la mesure où, soit par l’enseignement, soit p
620
r des citoyens et un civisme européens tant qu’il
n’
y a pas de Cité européenne ? Inversement, comment fonder une Cité euro
621
er une Cité européenne, l’Europe unie, tant qu’il
n’
y a pas de civisme européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne
622
européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui
ne
demandent qu’à croire qu’ils y sont enfermés. Au-delà des impasses lo
623
Ni spontanée, ni fatale L’union de l’Europe
ne
se fera pas toute seule par un processus mécanique, ou parce qu’elle
624
sens de l’Histoire » comme certains disent. Elle
ne
sera pas non plus l’œuvre d’un dictateur : Napoléon, Hitler ont échou
625
gtemps. Ni spontanée, ni fatale, ni imposée, elle
ne
peut être que choisie et voulue — exactement comme la démocratie — pa
626
té sera suscitée et conduite par une minorité qui
ne
voudra pas forcer mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’Eur
627
udra pas forcer mais convaincre. C’est dire qu’on
ne
fera pas l’Europe sans faire des Européens. Mais ceux-ci, qui les fer
628
re où elle façonne les caractères et les esprits,
ne
fait pas des Européens. Quand elle fait quelque chose au niveau du ci
629
lle fait quelque chose au niveau du civisme, elle
ne
fait en tout cas pas cela, et l’on peut être heureux si elle ne fait
630
t cas pas cela, et l’on peut être heureux si elle
ne
fait pas le contraire. L’éducation du citoyen qui se pratique dans le
631
on parle de leur fonctionnement. Mais surtout, on
ne
dit rien des problèmes vivants et réels qui se posent à la cité et à
632
desquelles il serait bon de savoir quelque chose,
ne
compte pas au regard des problèmes réels — ceux qu’il ne s’agit pas d
633
te pas au regard des problèmes réels — ceux qu’il
ne
s’agit pas de réciter par cœur mais de comprendre intimement. Il fau
634
sunie et telle qu’elle pourrait être unie demain,
n’
apparaissent pas souvent dans les discours des militants européistes,
635
t de la Campagne d’éducation civique européenne23
n’
est donc pas d’instaurer une branche de plus dans l’enseignement déjà
636
é européenne, et cela, à la faveur d’exemples qui
ne
peuvent manquer de se présenter dans chaque leçon d’histoire, de géog
637
s que la Campagne (ou quelque chose d’équivalent)
n’
aura pas fait sentir ses effets dans l’enseignement secondaire de nos
638
évolution dans les institutions politico-sociales
n’
aboutira, ou ne prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’Europe a
639
les institutions politico-sociales n’aboutira, ou
ne
prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’Europe attend son « pet
640
tion, tandis que l’autre, que j’ai sous les yeux,
n’
est qu’un recueil de réponses toutes faites, uniformément optimistes
641
ative de réflexion ou de création personnelle. Je
n’
y trouve en tout que deux points d’interrogation sur 340 pages ; encor
642
re. Il fourmillera de points d’interrogation ! Il
ne
dira jamais : « Right or wrong, our Europe ! » mais il fera voir que
643
faisons est au service du peuple, de quel défaut
ne
pourrions-nous donc nous débarrasser ? » « Si la masse du peuple se l
644
ère pour enlever avec nous ces montagnes, comment
ne
pourrions-nous pas les aplanir ? » v. Rougemont Denis de, « Le civi
645
serai jusqu’à la fin de mes jours. Simplement, je
ne
suis pas un chercheur scientifique. Je voudrais m’élever contre la hi
646
en train d’instaurer. M. Mach se plaignait qu’on
n’
accorde pas un respect suffisant aux chercheurs scientifiques. Il me s
647
ance des paiements, balance commerciale. Pourquoi
ne
pas introduire la notion de balance des paiements intellectuels ? Je
648
urs, peut-être trois, qui étaient nés suisses. Je
ne
suis pas tout à fait sûr de Charles Édouard Guillaume, mentionné dans
649
être parfaitement favorable. (D’ailleurs, si elle
ne
l’était pas, ce serait le même prix !) Quand je vous dis que les écha
650
une certaine année, au milieu du xiie siècle, il
n’
y avait à la Sorbonne pas un seul professeur français. Les grands maît
651
— ce devait être dans les années 1250 à 1260, je
ne
me rappelle plus exactement — s’appelaient Thomas d’Aquin, qui était
652
ne, qui nous a apporté une civilisation dont nous
n’
avions pas la moindre idée par nous-mêmes. Ensuite, par un exode de ce
653
uisse ? Il y a d’abord eu le service étranger. Ce
n’
était pas exactement une exportation de cerveaux, mais sur la masse, s
654
quelquefois ; et il y avait même des amiraux. Je
ne
vous dis pas cela pour vous faire rire : la célèbre plaisanterie sur
655
avez des hommes comme Chevrolet par exemple, qui,
ne
pouvant pas faire de voitures en Suisse, a été les faire en Amérique
656
e ses enfants devient professeur d’université, on
ne
va pas dire que c’est un exode de cerveau, puisque le village n’a pas
657
que c’est un exode de cerveau, puisque le village
n’
a pas les dimensions nécessaires à l’université. Mais prenez maintenan
658
rnois qui s’appelle Sigriswil. Si Blaise Cendrars
n’
était pas parti à 17 ans pour le vaste monde, qu’est-ce qui se serait
659
out ! Il serait resté à La Chaux-de-Fonds et nous
n’
en aurions rien su ; il aurait continué à s’appeler Fritz Sauser. Mais
660
t, ce malheureux, s’il était resté en Suisse ? Il
n’
aurait pas trouvé assez de place pour ses ponts, simplement. Nos dimen
661
place pour ses ponts, simplement. Nos dimensions
ne
sont pas suffisantes. On aurait pu lui offrir, me direz-vous, de cons
662
ont enjambant la rade de Genève, mais les crédits
n’
ont pas encore été votés, depuis quarante ans. Et puis, il y a un cas
663
Un chercheur suisse va travailler au CERN : nous
ne
pouvons pas parler d’exode dans ce cas-là. Pourquoi ? Parce que la re
664
as-là. Pourquoi ? Parce que la recherche atomique
n’
est pas aux dimensions d’un pays comme la Suisse, ni d’ailleurs d’aucu
665
la communauté continentale, vu les finalités (qui
n’
étaient pas toutes de recherche pure) qu’il y avait dans la science at
666
l’Unesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on
ne
peut pas dire non plus qu’il s’agit là d’une perte, d’un exode. Simpl
667
es mesures prendre pour empêcher l’exode quand il
n’
a pas le caractère d’échange mais qu’il sanctionne un manque d’organis
668
les et des climats intellectuels qui attirent. Ce
n’
est pas uniquement une question financière. Naturellement, la question
669
estion financière constitue un préalable. Si vous
ne
payez pas les gens suffisamment, il ne faut pas vous étonner qu’ils a
670
e. Si vous ne payez pas les gens suffisamment, il
ne
faut pas vous étonner qu’ils aillent ailleurs plutôt que de crever de
671
sur tout le territoire de la Confédération. S’il
ne
s’agit pas purement de choses financières, il ne s’agit pas non plus
672
ne s’agit pas purement de choses financières, il
ne
s’agit pas non plus de questions d’emploi, ou pas uniquement. Il s’ag
673
nt. Il s’agit de créer un climat intellectuel. Je
ne
vais pas vous en donner la recette. Créer un climat intellectuel, c’e
674
re d’art, il faut la faire, comme dit l’autre, ce
n’
est pas le tout de la décrire. Tout ce que je puis proposer ici, ce so
675
me s’il y est moins payé qu’ailleurs, parce qu’il
n’
est pas uniquement physicien, il n’est pas uniquement médecin, et s’il
676
s, parce qu’il n’est pas uniquement physicien, il
n’
est pas uniquement médecin, et s’il trouve un bon orchestre, un bon qu
677
rapides relatives à l’intérêt que les gens ont ou
n’
ont pas pour certaines émissions, et l’on transforme la qualité de ces
678
e. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais je
ne
vais pas allonger trop. Je voudrais dire encore un mot sur le rôle de
679
l me semble que l’Université est mieux placée que
n’
importe quel autre corps ou profession ou ensemble de professions, com
680
tion intellectuelle. À condition que l’Université
ne
soit pas uniquement la juxtaposition de quelques écoles de formation
681
lle. Elle doit être aussi cela ; bien entendu, il
ne
s’agit pas de la transformer de fond en comble du jour au lendemain,
682
r de fond en comble du jour au lendemain, mais il
ne
faut pas qu’elle soit uniquement cela : quelques écoles de formation
683
eu de contestation. Mais attention : contestation
n’
est pas un mot inventé par Cohn-Bendit, ni même par Sartre. Contestati
684
jets abordés. Et je vous prierai de croire que ce
n’
était pas toujours des sujets purement techniques ou de grammaire. La
685
e et merveilleux ! Jamais depuis le Moyen Âge, on
ne
s’était autant occupé des universités que depuis qu’on a découvert qu
686
s, aboutisse vite, mais surtout je souhaite qu’on
ne
s’en tienne pas là. Car l’Université, à mon sens, a été, doit redeven
687
a hiérarchie de ses options. Une contestation qui
ne
se fasse pas — ce sera mon dernier mot — en dehors de l’Université et
688
iversité et contre elle, mais dans les cours — je
ne
dis pas dans tous les cours, il faut préserver l’élément de formation
689
e répète : le financement, c’est un préalable, on
ne
fait rien sans ça. L’organisation aussi. Mais croire qu’un climat, c’
690
e, moi, je suis rentré en Europe, par exemple. Ce
n’
est pas du tout que j’aie été racheté par l’État de Genève (n’est-ce p
691
tout que j’aie été racheté par l’État de Genève (
n’
est-ce pas M. Lalive ?) je n’ai pas été rapatrié. M. Lalive : Ah ! vo
692
ar l’État de Genève (n’est-ce pas M. Lalive ?) je
n’
ai pas été rapatrié. M. Lalive : Ah ! vous me rassurez ! M. de Rougem
693
u ici parce que j’y trouvais quelque chose que je
ne
trouvais pas en Amérique, quelque chose qu’il m’est difficile de vous
694
États-Unis, M. Lalive disait tout à l’heure : Je
n’
ai pas vu de génies américains qui viennent en Europe en échange de no
695
, Agassiz, Ammann et tout cela. M. Lalive : Vous
n’
en avez pas cité. M. de Rougemont : Ce n’est pas tellement étonnant, v
696
e : Vous n’en avez pas cité. M. de Rougemont : Ce
n’
est pas tellement étonnant, vu que l’effort culturel des Américains n’
697
étonnant, vu que l’effort culturel des Américains
n’
est pas porté vers la création de génies individuels. C’est un effort
698
é sur la préparation du terrain. D’ailleurs, nous
ne
pouvons pas dire en Suisse que nous soyons complètement indemnes de t
699
ute influence américaine. Il y en a tout de même,
ne
fût-ce que le jazz. Nous avons pris aux États-Unis beaucoup de choses
700
peu curieux. Il a parlé de mon optimisme béat. Je
ne
vois pas du tout à quel moment j’ai pu tomber dans ce penchant vicieu
701
oin de le dire en commençant. Dans ce domaine, je
ne
conteste rien du tout. Mais je vous signale le danger, qui serait un
702
elque temps, quelques années, mais à la longue ce
n’
est pas payant, même pour la recherche scientifique. Je défends ici un
703
ouvent très éloignées les unes des autres. Alors,
ne
tombons pas dans le travers américain. Rapatrions nos idéaux. x. R
704
rope ! » Il y a vingt-et-un ans de cela. L’Europe
n’
est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pour
705
pel pathétique du célèbre homme d’État ? Un appel
ne
pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous en
706
tablement importante de notre temps.26 Mais qui
ne
voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, — que cette « réalité
707
e véritablement importante de notre temps » ? Qui
ne
voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c
708
oit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill
n’
est pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’Éta
709
ines » ? Quand on nous affirme que le xxe siècle
ne
sera pas celui du triomphe de l’internationale, comme Marx l’avait di
710
tre chose est de s’en féliciter, d’affirmer qu’on
ne
peut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et d’appel
711
des réalités importantes de notre temps, mais je
ne
pense pas que le réalisme consiste à le proclamer avec fierté. Il ne
712
réalisme consiste à le proclamer avec fierté. Il
ne
consiste pas non plus à les nier, mais bien à faire en sorte qu’elles
713
techniques et démographiques de notre temps. Ils
ne
me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de la n
714
ominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui
ne
pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée
715
pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle
n’
est pas surmontée et remplacée à temps. La grande force de l’État-nati
716
rtelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre
n’
est donc possible, et que d’ailleurs l’État, ou la nation, c’est l’abo
717
Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui
ne
connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence avec l
718
faudrait montrer que les premiers États nationaux
n’
apparaissent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment a
719
ne de moyenne grandeur centré sur l’Île-de-France
ne
se reconnaît plus de supérieur au monde, traite donc l’Empire de haut
720
peine supportable quand un prince l’incarne, s’il
n’
est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante —
721
n y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on
ne
fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, intangible dans n
722
os esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait
n’
être après tout qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On ense
723
eligion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce
n’
est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le cult
724
at peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que
ne
peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centralisé
725
onnels jusqu’au Saint-Empire médiéval, bien qu’il
n’
en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’uni
726
e tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu
n’
est enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe si
727
omique pour répondre au « défi américain » — cela
n’
a plus à être démontré28 — mais aussi pour répondre au défi du tiers-m
728
nos États-nations européens en plus de vingt ans
n’
ont pas fait un seul pas effectif en direction de leur fédération poli
729
é non de coopération. Leur mode de contact normal
n’
est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a ce
730
va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il
n’
y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du problèm
731
de mon côté : L’union, pour deux États-nations,
n’
est jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (com
732
e par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce
n’
est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se s
733
’a léguée le siècle dernier : — la région.31 Il
n’
est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion e
734
ant les régions, réalités absolument modernes. Ce
ne
sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les
735
ts, et enfin l’unité géographique, cette dernière
n’
étant d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée s
736
jà beaucoup plus large et solidement fondé que je
n’
osais l’espérer. Au cours de ces dernières années, on a vu se multipli
737
nçais. La lutte pour notre indépendance nationale
ne
peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera féd
738
re de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou
ne
sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français
739
a nation doit réparation du tort ainsi causé. On
n’
est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un
740
jeunes et des cadres… » Le dépérissement régional
n’
est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la co
741
est intéressant, me disent certains augures, mais
n’
allez pas y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si
742
pas y attacher trop d’importance. L’État français
ne
sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et
743
ès bien en main, et quelques excités de la région
ne
l’impressionnent pas. À quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle
744
je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même
ne
peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est de
745
de l’État est devenue tout illusoire, quand elle
n’
est pas toute négative, ne consiste pas à dire non, ou à consentir un
746
t illusoire, quand elle n’est pas toute négative,
ne
consiste pas à dire non, ou à consentir un abandon. Ainsi, elle perme
747
là, les mesures nécessaires à l’union. Mais elle
ne
peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la Première Guerre de
748
au surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille
n’
est qu’un exemple entre bien d’autres : nous avons, tout près d’ici, c
749
plus de temps que les pionniers de l’Europe unie
ne
l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers con
750
les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et
ne
l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers congrès fédéralistes,
751
de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous
n’
osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus ser
752
s avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois,
ne
nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtr
753
a nécessairement très lent, au jour le jour. Nous
n’
en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience d
754
t institutionnelles. Des réalisations à ce niveau
ne
sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exig
755
s jours qu’à l’aube grecque de notre Histoire. Je
ne
cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme d
756
prétendent aujourd’hui se partager le monde. Nous
n’
en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en ta
757
un discours célèbre à la Sorbonne : Les nations
ne
sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.
758
bablement, les remplacera.34 Mais tout le monde
n’
a pas lu Renan, de nos jours… Et cette succession qu’il annonce, ce re
759
acement des États-nations par la fédération, cela
ne
se fera point par le jeu spontané du fameux « mouvement de l’Histoire
760
és par elles-mêmes, et aussi, par sa sobriété, de
ne
pas réveiller les illusions de l’absolutisme, les délires de la souve
761
n un peu hardies, sous le double prétexte « qu’on
n’
est pas sûr qu’elles réussiront », ou bien « qu’on n’est pas sûr que c
762
st pas sûr qu’elles réussiront », ou bien « qu’on
n’
est pas sûr que cela servirait nos intérêts ». Assez de cette politiqu
763
, par les infimes ; et de divin par un bébé qu’on
ne
savait trop comment déclarer… Les régions de demain seront en même te
764
à s’intégrer dans des régions polynationales, ce
ne
serait pas encore « la fin de la Confédération », la perte de son ide
765
rait perdre son caractère de cité suisse plus que
ne
le font sa population étrangère et les institutions internationales q
766
ir ? Non, même « dissociée » économiquement, rien
n’
empêcherait la Suisse de cultiver sa vocation particulière, qui est d’
767
ière, qui est d’ordre politique et culturel, rien
ne
pourrait empêcher les Suisses de toutes les régions de continuer à se
768
ssociation. Nous sommes le seul pays européen qui
n’
ait jamais été tenté de devenir un État-nation unitaire, d’uniformiser
769
e responsabilité propre vis-à-vis de l’Europe. Je
ne
crois pas que nous ayons mission de préconiser urbi et orbi la transp
770
es et culturels de ce congrès sans précédent : je
ne
voudrais évoquer ici qu’un incident de couloir dont personne n’a parl
771
oquer ici qu’un incident de couloir dont personne
n’
a parlé, et dont je fus alors le seul à ressentir, non sans colère ni
772
ours, j’avais posé clairement mes conditions : je
ne
prendrais en charge la section culturelle que s’il était bien entendu
773
de la sorte un puissant mouvement populaire… Cela
ne
manquerait pas d’exercer une pression supplémentaire sur les gouverne
774
flanqué de son beau-frère Randolph Churchill (qui
n’
était là qu’à titre de journaliste). Ils m’apprirent que le Message a
775
). Ils m’apprirent que le Message aux Européens
ne
pourrait être présenté à la séance finale, parce qu’il contenait cett
776
ous voulons une défense commune », que le congrès
n’
avait pas discutée et qui ne figurait pas dans les résolutions finales
777
une », que le congrès n’avait pas discutée et qui
ne
figurait pas dans les résolutions finales. Au cours de l’explication
778
istres, qui en ont fait l’usage que l’on sait. 2.
Ne
vous semble-t-il pas paradoxal qu’en mai 1948, alors que n’existaient
779
mble-t-il pas paradoxal qu’en mai 1948, alors que
n’
existaient encore ni le Conseil de l’Europe, ni surtout, les Communaut
780
nations inutilisables et irréformables (mais nous
n’
avions pas encore élaboré la doctrine adaptée aux temps nouveaux — cel
781
faire l’Europe » ? L’union politique de l’Europe
n’
a pas progressé d’un centimètre depuis que Churchill (en 1946 à Zurich
782
la souveraineté absolue et de l’indépendance (ils
n’
osent plus parler d’autarcie), nos États-nations n’ont plus d’autres p
783
’osent plus parler d’autarcie), nos États-nations
n’
ont plus d’autres pouvoirs réels, à l’échelle de l’Europe et du monde,
784
de circulation de la main-d’œuvre, etc. Mais ils
ne
peuvent rien de plus. (Il se cachent aujourd’hui derrière les refus g
785
tion réelle à la vie civique, — les États-nations
ne
feront rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils ne le pourraie
786
États-nations ne feront rien pour nous unir. Ils
ne
le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et il faut redouter que les
787
t rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils
ne
le pourraient pas. Et il faut redouter que les Communautés, bridées p
788
morcer un processus quelconque d’union politique,
n’
atteignent même pas l’objectif minimum de la chute réelle des barrière
789
la chute réelle des barrières douanières… Mais on
ne
bâtira pas l’union sur le respect inconditionnel des obstacles à tout
790
ment voir l’avenir du Mouvement européen quand on
ne
voit même plus son présent ? Son impuissance avérée tient au fait qu’
791
réalistes » et pragmatistes à l’anglo-saxonne qui
n’
ont cessé de répéter, bien avant de Gaulle, que les choses étant ce qu
792
e mais plus ou moins passive de quelque chose qui
ne
peut manquer de se produire du fait des autres, ou de la providence,
793
rd’hui plus vive que jamais ; s’il est vrai qu’on
ne
peut bâtir sur de l’ancien (les États-nations), mais seulement sur de
794
Haye. 37. Il est remarquable que Retinger, qui
ne
passait pas pour fédéraliste, ait été le premier à préconiser cette t
795
ution régionaliste parue ou printemps de 1967. Je
ne
serais pas étonné que d’autres fédéralistes l’aient inventée pour leu
796
ce dans le cosmos, entre les choses et les dieux,
ne
partaient pas encore du seul langage, ni de l’histoire, ni des scienc
797
’eau et de l’eau naît l’âme… Nous entrons et nous
n’
entrons pas, nous sommes et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves…
798
ntrons et nous n’entrons pas, nous sommes et nous
ne
sommes pas dans les mêmes fleuves… On ne peut se baigner deux fois da
799
et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves… On
ne
peut se baigner deux fois dans le même fleuve. II Il est permi
800
uïté du mot durée : il désigne à la fois « ce qui
ne
change pas » et l’écoulement du temps irréversible ; le devenir indéf
801
verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on
ne
trouvera plus grande longueur de côtes pour la surface des terres, ni
802
e de l’homme. Ils divisent et isolent plus qu’ils
ne
mettent en relations civilisantes. Ils inondent plus qu’ils n’irrigue
803
relations civilisantes. Ils inondent plus qu’ils
n’
irriguent. Mais les fleuves et rivières de l’Europe sont pareils aux a
804
es fleuves ont formé plus de baies favorables que
n’
en comptent ensemble les plus grands continents, la Suisse est la terr
805
et la Reuss, tout près de son terme rhénan. L’Aar
n’
est pas seulement la plus longue des rivières qui coulent en Suisse d’
806
thenticité européenne. VII Car l’Europe, ce
n’
est pas un produit synthétique, ni une substance philosophique, ni une
807
tons purs de nos diversités. Ce qui est européen
n’
est pas d’abord ce qui est international, ce qui est le même partout,
808
gulier et manifeste une vocation incomparable. Il
n’
y a pas d’accent européen, mais l’Europe est partout où une langue est
809
ibrement par une communauté d’hommes libres. Rien
n’
est authentiquement européen qui ne soit d’abord d’un pays. D’un pays
810
s libres. Rien n’est authentiquement européen qui
ne
soit d’abord d’un pays. D’un pays à nul autre pareil et pourtant frat
811
s dans le mouvement — comme un fleuve. Aucun pays
ne
m’apparaît alors d’une plus forte densité européenne que la Suisse :
812
et les quatre points cardinaux. Et rien en Suisse
n’
est suisse avec plus de robustesse que cette rivière germano-celte rom
813
la fontaine Castalie (1969)ag juillet 1962. Ce
n’
est pas pour aller quelque part mais pour être-en-voyage, absolument,
814
ses étapes sont des prises de conscience ; et il
n’
a d’autre fin que d’être parcouru. Le voilier — un schooner de vingt-d
815
, dans le bleu, deux milans planent. Soudain l’un
n’
est plus là. Puis ils sont trois qui virent, s’évanouissent dans la lu
816
ue l’on voudrait « prendre », mais aucun objectif
ne
pourra l’enregistrer, il y faudrait un œil de l’âme, œil intérieur :
817
pensée se meut dans l’ombre : est-ce bien ainsi ?
n’
est-ce que cela ? n’y a-t-il Personne ? Ces grands buissons, ces muret
818
l’ombre : est-ce bien ainsi ? n’est-ce que cela ?
n’
y a-t-il Personne ? Ces grands buissons, ces murets de pierre sèche, c
819
mon enfance… Delphes s’est tue. Le sombre esprit
ne
parle plus qu’au silence monumental de la fontaine Castalie. (Plus t
820
? Je répondrai : dans les deux à la fois, et cela
n’
est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspi
821
uveraineté absolue : car nul pays de notre Europe
n’
est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense
822
e politique indépendante, au plein sens du terme,
ne
saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtou
823
ions plus ou moins contraignantes. Au surplus, je
ne
vois guère d’État-nation de type unitaire que ce double mouvement de
824
convergence mondiale et de diversification locale
ne
mette en crise permanente. 855 votes en quelques années à la Chambre
825
les coups, c’est donc l’État-nation qui perd. Il
ne
correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation civi
826
oppement de rentabilité et de sécurité auxquelles
ne
peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la me
827
tions souveraines qui divisent notre humanité, je
ne
compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupe
828
omique de la convergence et de la diversification
n’
est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement
829
locage délibéré aux limites d’un État fédéral. Il
ne
s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralism
830
le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je
ne
vois pas de terme du langage politique qui prête à pires malentendus
831
stème qui est bon pour les sauvages et qui semble
n’
avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai
832
lge, et grand Européen, écrivait récemment : « Ce
n’
est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même
833
écemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce
n’
est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salu
834
s helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fédéralisme
n’
étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et de c
835
st vraisemblable que cette union sera fédérale ou
ne
sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malenten
836
lables et vitales, de telle sorte que la solution
ne
puisse être cherchée ni dans la réduction de l’un des termes, ni dans
837
natures, sans confusion [ni] séparation. L’union
n’
a pas supprimé la différence des natures, mais plutôt elle a sauvegard
838
is autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un
n’
ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solidarité — sera la gara
839
on. 4° Enfin, le problème général de l’œcuménisme
n’
est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, pui
840
ale, continentale ou mondiale, selon les cas), il
ne
reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les déci
841
rendu possible par la technique moderne. Ce débat
n’
est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la Fran
842
par cette grande phrase : « Le but de la société
n’
est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et é
843
mmunication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils
n’
étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions de c
844
tout en restant assez petit pour être libre ? Ce
n’
est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral, qui
845
pris en considération par les auteurs classiques,
n’
était en réalité qu’un cas particulier d’une conception beaucoup plus
846
e vie que la forme institutionnelle dénommée État
ne
suffit pas à qualifier et moins encore à épuiser » … Et il ajoutait :
847
, le fédéralisme tel que j’ai tenté de le définir
ne
fait que commencer. Il n’est pas matière historique, mais prospective
848
’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il
n’
est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir que d
849
destinées à se défaire assez rapidement si elles
ne
passent pas à la fédération et qu’en général les pays qui aujourd’hui
850
sont des fédérations qui, pour certaines raisons,
n’
ont pas voulu dire leur nom. C’est le cas de la Suisse, qui présente t
851
d’opportunisme pour des gens qui voient que l’on
ne
peut pas continuer sans faire quelque chose dans le sens d’une fédéra
852
que chose dans le sens d’une fédération, mais qui
n’
osent pas aller jusqu’au bout. Vous avez dit que le sens civique, en S
853
énérales, ou sur un homme ou sur un député ; cela
n’
est pas réellement l’activité du civisme, c’est-à-dire l’intervention
854
n donnant la possibilité d’intervenir souvent. Je
n’
irai pas jusqu’à demander, comme Aristote, que les communes ne soient
855
usqu’à demander, comme Aristote, que les communes
ne
soient pas plus vastes que la portée de la voix d’un homme criant sur
856
e l’institution et du civisme. Si on trouve qu’il
n’
y a pas assez de civisme quelque part, le premier remède c’est d’appli
857
udrait s’entendre sur ce qu’on appelle région. Je
ne
m’étendrai pas sur cette question complexe, mais je crois que la plup
858
verses régions correspondant à ces divers niveaux
ne
seront pas nécessairement les mêmes, elles ne se recouvriront pas tou
859
aux ne seront pas nécessairement les mêmes, elles
ne
se recouvriront pas toutes comme l’exige la tradition unitaire laquel
860
, imposer les mêmes frontières à des réalités qui
n’
ont rien en commun, totalement hétérogènes, comme les réalités culture
861
est certain que le système stato-national actuel
n’
est plus tolérable, ne fonctionne plus. Le mouvement de régionalisatio
862
stème stato-national actuel n’est plus tolérable,
ne
fonctionne plus. Le mouvement de régionalisation sera-t-il assez puis
863
boutir, pour former la base d’une fédération ? Je
n’
en sais rien. Nous devons y travailler d’une manière active. Sur la qu
864
ns m’a fait jouer du violon comme jamais, mais ce
n’
était pas assez, je suis sorti, sur mon vélo j’ai foncé vers le lac. «
865
t singulier, mais vous l’intimidez. » C’est qu’il
ne
m’était plus un dieu, et que j’étais jeune. Il s’efforçait tristement
866
u » (affection et réserve réciproques). Sa pensée
n’
a pour moi rien d’actuel et je doute qu’il en aille autrement pour mes
867
dire : tant pis pour nous. Mais non : « le temps
ne
fait rien à l’affaire », l’actualité pas davantage, et son absence n’
868
aire », l’actualité pas davantage, et son absence
n’
ôte ou n’ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour qui sait la comprend
869
’actualité pas davantage, et son absence n’ôte ou
n’
ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour qui sait la comprendre. (Pour
870
mieux célébrés — et mieux oubliés tôt après… Gide
n’
a contesté sérieusement, des fondements de notre société, que son orth
871
s le colonialisme français. Sur tout le reste, il
ne
cesse d’alterner éloge et doute, avec un sens critique d’autant plus
872
8 ont la faiblesse insigne d’en faire fi. Mais il
n’
a pas créé l’image d’un ordre neuf — seule valable contestation, à mes
873
t qu’il pensait — et disait à ses proches — qu’il
ne
doit rien rester d’un bon discours, sauf la loi qu’il a fait voter. Q
874
les », « l’inébranlable constance » des maréchaux
n’
a d’égale que « le sang-froid admirable » des deux empereurs, et l’éne
875
s glorieux témoins et le sanglant théâtre… » L’on
ne
trouve dans ces pages pas même une inflexion qui puisse trahir le moi
876
son écrit à la chronique de faits d’armes dont il
n’
a pas été le témoin, et qui auraient tous été, s’il faut l’en croire,
877
guerre telle qu’on l’exalte aussi longtemps qu’on
ne
l’a pas vue. Dulce bellum inexpertis 41, fameux titre d’Érasme, pourr
878
convenir ici. Mais alors, au-delà de la captatio,
n’
y a-t-il une secrète et profonde ironie, une intention de souligner le
879
ent situé, chiffré, détaillé d’heure en heure. Il
n’
y a presque plus d’adjectifs. Mais seul ce changement de ton trahit l’
880
-ci portent de tous côtés des regards éperdus qui
n’
obtiennent aucune réponse ; la capote, la chemise, les chairs et le sa
881
espèce de panique… » Or c’est lui seul (mais rien
ne
l’indique dans le texte) qui a pris l’initiative de secourir les bles
882
es. Peu à peu, les femmes du lieu « voyant que je
ne
fais aucune distinction de nationalité, suivent mon exemple en témoig
883
méliorer un état de choses où de nouveaux progrès
ne
sauraient être de trop, même dans les armées les mieux organisées, j’
884
tient en une phrase, au surplus interrogative :
N’
y aurait-il pas moyen de constituer des sociétés de secours dont le bu
885
é de manquer du sens élémentaire des réalités. On
ne
saurait être plus respectueux des conventions et des vertus de la Soc
886
un mot de reproche à quiconque dans ce livre ! On
ne
saurait être plus prudent, plus modéré : il n’est question que « de q
887
On ne saurait être plus prudent, plus modéré : il
n’
est question que « de quelques pas » et non pas de révolutionner mais
888
ent d’évoquer avec une émotion si contagieuse. On
ne
saurait être, enfin, plus efficace : quatre ans après Solférino, un a
889
la Croix-Rouge est fondée à Genève. Et certes, il
n’
eût pas pu la fonder seul, sans Gustave Moynier notamment, homme de mé
890
pta de présider le premier Comité. Reste que rien
n’
eût été fait sans le Souvenir, ni sans l’impulsion créatrice de son au
891
le plus meurtrier du siècle depuis Waterloo : il
n’
a qu’une seule idée en tête, qui est d’approcher l’empereur et d’obten
892
émouvantes que je me suis décidé à retracer. Ce
n’
est pas du tout Fabrice à Waterloo dans la Chartreuse de Parme, mais p
893
dit-on, et l’on est pris par quelque chose qu’on
ne
cherchait pas, qui passionne bientôt plus que tout, apportant souvent
894
jour, on lui a demandé de parler à Plymouth : il
ne
peut arriver au bout de son discours, il est trop affaibli par la fai
895
l’avait vue venir. Il écrivait : « Ah ! la guerre
n’
est pas morte ! Tout ce qui fait la gloire de votre prétendue civilisa
896
venir, la moindre note d’antimilitarisme, et rien
n’
est dit non plus contre la guerre en soi (sinon par la violence des im
897
icite). Dunant se limite, par une tactique que je
ne
saurais croire toute inconsciente, à « attirer l’attention » sur un s
898
e la plus authentique d’Henry Dunant, celle qu’il
ne
pouvait pas encore avouer, ni peut-être s’avouer à lui-même, alors qu
899
réitérée, mais déjà la possibilité que la guerre
ne
soit ni légitime ni fatale est nettement impliquée dans ce même passa
900
ion de Genève, signée en 1864 ! Encore que Dunant
n’
en tire d’autres conclusions que la nécessité de s’en tenir à « quelqu
901
traitant chacune une question particulière », on
ne
peut manquer de sentir ici qu’un doute profond s’est éveillé en lui q
902
er pour construire une œuvre digne du but.43 Il
ne
s’agit plus d’améliorer la peste, mais de dénoncer le mal, d’en dire
903
les causes permanentes : L’essence de la guerre
n’
est-elle pas de tuer ? Pourquoi donc ne pas stigmatiser la guerre elle
904
la guerre n’est-elle pas de tuer ? Pourquoi donc
ne
pas stigmatiser la guerre elle-même ? Ses excès sont inévitables… As
905
s leur enfance ce commandement péremptoire : — Tu
ne
tueras point ! Nos nations se proclament chrétiennes ? Non, « titre
906
oins Caïn tua sans savoir qu’il tuait ». Et qu’on
ne
répète pas que la guerre est la suprême éducatrice du genre humain !
907
u désordre, qui provient de l’anarchie d’en haut,
ne
tue pas seulement le corps, mais trop souvent aussi elle tue l’âme. E
908
le dégrade. Et ailleurs : Les vertus guerrières
ne
sont, le plus souvent, que des utopies traditionnelles intéressées… C
909
tiques. Serait-ce que Dunant, écarté de l’action,
n’
ayant plus rien à espérer ni à ménager, s’abandonnerait au zèle amer d
910
u siècle dernier. Il est difficile aujourd’hui de
ne
pas voir les liens nécessaires et l’interaction génétique qui unissen
911
le école d’immoralité politique. » On y apprend à
ne
voir « rien de plus beau, rien de plus grand, rien de plus noble que
912
s décorent du nom de politique coloniale ». Or ce
n’
est pas la vraie civilisation qu’on apporte aux peuples asservis : c’e
913
e, des moyens si prodigieux de faire le mal qu’il
ne
pourra être sauvé de lui-même, au milieu d’épouvantables désastres, q
914
fique ». En effet, « de toutes les inventions, il
n’
en est pas que le genre humain se soit plus appliqué à perfectionner q
915
s, Jakob Burckhardt, Nietzsche, ou Georges Sorel,
n’
a rien pu contre le désastre où devaient s’abîmer tant de millions de
916
avec les défenseurs de la justice. Mais cet enfer
n’
aura pas prévalu contre la vision juste d’un vieillard en colère, et q
917
tre. 41. « La guerre est agréable pour ceux qui
ne
l’ont pas faite » ou mieux : « Pour les civils, la guerre est belle !
918
s » et pour la civilisation arabe. Cette attitude
n’
a pas été étrangère aux difficultés, insolites elles aussi, que lui on
919
aboré et dans des circonstances très diverses, je
n’
arrive plus du tout à retrouver quand j’ai rencontré pour la première
920
l. Dans ce dernier champ de ses activités, le CEC
ne
pouvait mieux faire que de s’en remettre à l’expérience et à l’initia
921
démontré le mouvement en marchant : Hans Oprecht
n’
était pas pour nous le président du Parti socialiste, mais avant tout
922
de son accoutumance. La plupart de ces malheureux
ne
savent pas ce qu’ils doivent à l’initiateur de la Büchergilde Gutenbe
923
s » (15 février 1969)ai aj Vous avez écrit : «
N’
habitez pas les villes » et peut-être est-ce pour cela que vous êtes v
924
es régions de France sont dilapidées. Le problème
n’
est pas particulier à Ferney-Voltaire. Ce qui me frappe, c’est l’extrê
925
ns ces pays, créer une atmosphère, un style. Mais
n’
était-il pas urgent de construire des logements ? On aurait pu faire,
926
se rencontrent. En France, aucun plan d’ensemble
n’
existe, on pare au plus pressé. J’ai pu le constater à propos d’un pet
927
maison. On y a tué la poule aux œufs d’or car on
n’
a pas pensé que l’on détruisait ce qui faisait l’attrait du pays. On a
928
est de droite ou de gauche. Une telle discussion
ne
risque-t-elle pas de faire obstacle à tous les projets ? Je ne suis p
929
lle pas de faire obstacle à tous les projets ? Je
ne
suis pas partisan d’une stagnation complète. Il faut éduquer les gens
930
s petites, plus homogènes, à créer un style. Mais
n’
y aurait-il pas un grand bouleversement, dans tous les domaines ? Il f
931
annoncer un avenir brillant… Comment, cependant,
ne
pas être saisi d’un certain effroi devant une telle expansion ? Le pa
932
ût de la mesure, de la solidité, de la simplicité
ne
souffrira-t-il pas d’une mutation aussi profonde ? Nous avons posé ce
933
paisible du pays de Gex que bientôt peut-être on
ne
pourra plus contempler. »
934
objection. Dans la plupart des cas, la résistance
ne
provient pas d’un refus motivé de nos positions régionalistes, mais d
935
sant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’on
ne
déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de chercher
936
moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il
n’
est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objec
937
plus sûr.) Objections tactiques Comme s’il
n’
était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’aj
938
en compliquant le problème avec votre utopie ! On
ne
peut passer sans transition des nations souveraines aux régions fédér
939
vité industrielle. (Principes d’une réponse : a)
N’
est-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la
940
la base des États-nations ? Pour quelles raisons
ne
l’a-t-on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait
941
ion d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il
n’
y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou
942
is que les régions sont encore à naître. Les gens
n’
en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils préfèrent mendier des su
943
lkaniser l’Europe ? (Ces étourderies et boutades
ne
sont guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées
944
d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui
n’
a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas ! La Bretagne n’est
945
Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça
ne
se tient pas ! La Bretagne n’est pas une entité économique viable. Et
946
ion d’habitants. Ça ne se tient pas ! La Bretagne
n’
est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? L
947
le breton à Rennes ? Les ethnies et les économies
ne
coïncident presque jamais. (Chose étrange, c’est ce dernier groupe d
948
l’on va tenter d’analyser.) II. Que la région
ne
doit pas être conçue comme un État-notion en réduction Presque tou
949
es régimes, mais toujours contribuables. L’Église
n’
a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de s
950
ie Gutenberg » si génialement décrite par McLuhan
ne
peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. L’expression « Faut-il vo
951
et dans son système de représentation, la région
ne
saurait apparaître que sous la forme d’un mini-État centralisé, et d’
952
ation du citoyen à la vie d’une région de ce type
ne
seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont
953
vie communale — seule école efficace du civisme —
ne
serait pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays
954
ative que d’accroître les libertés civiques. Elle
ne
serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de struc
955
lations humaines et de structure du pouvoir. Elle
ne
représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours entendu le
956
n, au sens où j’ai toujours entendu le terme, qui
ne
signifie pas « tout casser » mais, au contraire, poser un nouvel ordr
957
se froids, en tant que fédéralistes intégraux. II
n’
en reste pas moins probable qu’elle va constituer le premier stade, no
958
ato-nationalistes dont, je le répète, nul de nous
n’
est indemne. III. De la pluralité des allégeances Comment échapp
959
intellectuelles, spirituelles ou affectives, qui
n’
ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tout.
960
gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne
ne
m’a démontré qu’entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictat
961
on contemporain, la continuité est indéniable… Ce
n’
est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, ave
962
ifférents tout ce qui aura été séparé et défini ;
ne
rien laisser dans l’indivision.49 Proudhon entend réduire les attri
963
ation des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce
n’
est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le
964
marasme gagne la nation devenue hydrocéphale. «
Ne
rien laisser dans l’indivision » : grande maxime, qui conteste un mon
965
es totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il
ne
s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser ni de déconcentrer (e
966
ou unités de base politiques et leurs structures
ne
sont pas, en principe, superposables aux modules ou unités de base éc
967
pécifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce
ne
serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition per
968
en République fédérale d’Allemagne. Rien au monde
ne
saurait empêcher les citoyens, habitant cette région économique, de c
969
ou un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui
n’
est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible,
970
ous, d’une manière uniforme, sans choix possible,
n’
est pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le
971
s sont les paysages de son cœur, et aucun de nous
n’
exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs
972
fours ». 51. Il est certain que le Marché commun
ne
cessera d’être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront
973
tre menacé par les États-nations tant que ceux-ci
n’
auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se ser
974
renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et
ne
se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits
975
ils s’arrogent en barons pillards ; et tant qu’il
n’
y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale. a
976
inventer (14 avril 1969)al am Le remariage, ce
n’
est pas seulement « le triomphe de l’espérance sur l’expérience », c’e
977
ça pose des problèmes (voir Elle n° 1216) mais on
ne
fait pas pour autant un remariage de « raison », de consolation. Le s
978
« raison », de consolation. Le second mariage, ce
n’
est pas la session de repêchage, c’est la saison des amours vraies, so
979
ces et les délires de l’amour physique tels qu’on
ne
les soupçonnait guère à 20 ans, tels qu’on espère les connaître longt
980
e remariage c’est souvent l’heureux mariage qu’on
n’
a pas su réussir du premier coup. Mais faut-il vraiment se marier deux
981
été aussi son problème à lui ; Denis de Rougemont
n’
est pas seulement l’écrivain qui a le mieux analysé et expliqué l’amou
982
dans un couple — le cas classique de la femme qui
n’
a pas su « suivre » son mari ou l’inverse. Il y a enfin la remise en q
983
melles de la presse féminine mais curieusement on
n’
en arrive jamais au remariage. Pourquoi ? L’une des grandes difficulté
984
des grandes difficultés du sujet tient à ce qu’il
n’
existe pas de littérature romanesque sur le second mariage et peu ou p
985
a des écueils inhérents à un premier mariage qui
ne
le sont plus à un second. Comme dit mon beau-père, le Dr Répond, qui
986
formés dans l’enfance et restés inconscients. On
ne
connaît pas ses complexes, ils nous dirigent à notre insu, à notre co
987
se libérer de sa famille, cas plus fréquent qu’on
ne
pense chez les jeunes filles surtout. Spécifique de la jeunesse, auss
988
— et à soi-même qu’on sait ce qu’on veut et qu’on
n’
a besoin de personne. Moins on est sûr de la durée de ses sentiments,
989
’est de vouloir « épouser Iseut ». Car la passion
n’
est pas comme on l’imagine volontiers un super-amour mais une certaine
990
et la fille qui se marient « avec passion » ? Il
n’
y en a plus, aujourd’hui. Il n’y a plus d’obstacle objectif : si l’un
991
vec passion » ? Il n’y en a plus, aujourd’hui. Il
n’
y a plus d’obstacle objectif : si l’un des deux est marié, il n’a qu’à
992
bstacle objectif : si l’un des deux est marié, il
n’
a qu’à divorcer et tout s’arrange. Aussi n’est-ce pas la morale social
993
ié, il n’a qu’à divorcer et tout s’arrange. Aussi
n’
est-ce pas la morale sociale qui détruit la passion, mais le manque d’
994
anque d’obstacles, la quotidienneté, la banalité.
Ne
peut-on pas imaginer une passion qui ne serait pas fatale, qui pourra
995
banalité. Ne peut-on pas imaginer une passion qui
ne
serait pas fatale, qui pourrait flamber au grand jour et même au jour
996
s fort que moi, il arrivera ce qu’il arrivera, ce
n’
est pas ma faute. » La fatalité, c’est l’alibi. Et il est nécessaire d
997
omans, opéras, puis films, chansonnettes, etc. Ce
n’
est donc pas une invention récente. Or la crise du mariage n’a pas six
998
pas une invention récente. Or la crise du mariage
n’
a pas six siècles. Quel rapport y a-t-il entre l’un et l’autre ? C’est
999
? Pas automatiquement du tout. Quand l’expérience
n’
a pas été comprise, on se remarie trois fois, quatre fois, cinq fois,
1000
riage « d’attitude ». On est plus conscient et on
ne
se joue plus la comédie — ni aux parents. On a compris que l’essentie
1001
mpris que l’essentiel ce sont les caractères, qui
ne
changent jamais (« on ne peut pas changer de place les raies du zèbre
1002
sont les caractères, qui ne changent jamais (« on
ne
peut pas changer de place les raies du zèbre », dit un proverbe orien
1003
dispensables à la durée du mariage. Attention,
ne
vous remariez pas pour vous venger N’y a-t-il pas des causes d’éch
1004
tention, ne vous remariez pas pour vous venger
N’
y a-t-il pas des causes d’échec spéciales à un deuxième mariage ? Oui,
1005
sera ressenti plus ou moins douloureusement : ce
n’
est plus la première fois. Cette deuxième fois n’a davantage de chance
1006
n’est plus la première fois. Cette deuxième fois
n’
a davantage de chances de réussir que s’il n’y a pas nostalgie de la p
1007
fois n’a davantage de chances de réussir que s’il
n’
y a pas nostalgie de la passion chez l’un ou chez l’autre. Se dire : «
1008
s, les goûts et les antécédents. Un mariage où il
n’
y aurait que des « convenances » a plus de chances de durer mais guère
1009
re plus de chances de bonheur qu’un mariage où il
n’
y aurait que de l’amour. Le vrai amour c’est le contraire de la pas
1010
n Il faut donc « quelque chose de plus » et ça
ne
peut être la passion. Quel est ce « quelque chose » sans lequel les c
1011
es caractères, les goûts, les aspirations communs
ne
réussiraient qu’un mariage de raison ? C’est l’intuition du véritable
1012
est l’idéal standard de sa génération. Sa passion
n’
est que la projection sur l’autre d’un idéal qui n’existe pas — et l’o
1013
’est que la projection sur l’autre d’un idéal qui
n’
existe pas — et l’on s’en aperçoit très vite — alors que le vrai amour
1014
devenir s’il y est appelé. C’est son mystère, qui
n’
a rien de littéraire, de romantique, le mystère de sa réalité différen
1015
l’on veut en tirer une leçon, il est essentiel de
ne
pas le refouler comme un acte dont on a honte ou peur. Je suis pou
1016
’expérience est limitée : on sait que ça pourrait
ne
pas durer et l’on décide qu’on n’aura pas d’enfants ; il n’y aura don
1017
que ça pourrait ne pas durer et l’on décide qu’on
n’
aura pas d’enfants ; il n’y aura donc pas de victimes. Appelons cette
1018
er et l’on décide qu’on n’aura pas d’enfants ; il
n’
y aura donc pas de victimes. Appelons cette expérience un « mariage-ma
1019
lle, on organise son budget ensemble. Les parents
ne
sont pas toujours très favorables au « mariage-maquette » ? Ils ont t
1020
igion plusieurs années de noviciat. D’ailleurs il
n’
est pas question d’essais multiples. Pour avoir une valeur expérimenta
1021
idée que ça doit durer toujours. « Après tout, je
ne
suis pas mariée avec lui », se dit-on au premier accrochage sérieux e
1022
», se dit-on au premier accrochage sérieux et ça
n’
incite pas à l’effort, à la tolérance, l’amour difficile. Il manque le
1023
icile. Il manque le pacte. L’engagement total. Je
ne
crois pas à la valeur magique du « oui » solennel mais bien à la vale
1024
us partions pour la marche finale de 140 km, nous
n’
avons ressenti aucune fatigue pendant les 20 premiers kilomètres. Le c
1025
disposé pour le long effort, la longue durée. Il
ne
se permettait pas de flancher, n’acceptait simplement pas la fatigue
1026
ongue durée. Il ne se permettait pas de flancher,
n’
acceptait simplement pas la fatigue et cela changeait tout. La vale
1027
ut. La valeur du « oui » solennel Mais vous
n’
avez pas fait lors du premier coup une marche de 140 km ? C’est pourqu
1028
de se marier pour la première fois ! » Voilà qui
ne
laissait pas prévoir autre chose que les quatre ou cinq échecs qui on
1029
ette donne une idée de ce qu’est le mariage, mais
ne
peut guère, faute de pacte, remplacer le premier mariage. Faut-il don
1030
la vraie vie, c’est la vie quotidienne et qu’elle
n’
a rien de terne et d’ennuyeux (si les gens ne sont pas eux-mêmes terne
1031
elle n’a rien de terne et d’ennuyeux (si les gens
ne
sont pas eux-mêmes ternes et ennuyeux). Car enfin qu’est-ce qu’un pre
1032
s à la vie, quand ils comprendront que la passion
n’
est jamais une raison de se marier mais au contraire une raison de ne
1033
ison de se marier mais au contraire une raison de
ne
pas se marier, et qu’être heureux longtemps avec quelqu’un vaut mieux
1034
passionnant » c’est bien mieux qu’intéressant. Il
ne
s’agit d’ailleurs pas de condamner la passion. Les troubadours, les r
1035
’énormes progrès à la conscience collective. Mais
ne
prenez pas le virus comme base de la santé, ne fondez pas le mariage
1036
is ne prenez pas le virus comme base de la santé,
ne
fondez pas le mariage sur ce qui vit de sa crise et l’entretient ! Et
1037
z-vous qu’il doit être « modernisé » ? Le mariage
ne
peut renoncer ni à la durée ni à la fidélité. Un mariage c’est une œu
1038
et se risquer, découvrir et inventer. La fidélité
n’
est pas un luxe, une coquetterie morale et encore moins une « convenan
1039
idélité c’est bien autre chose que de se borner à
ne
pas tromper sa femme : c’est une œuvre d’art exigeante et qui tente l
1040
devoir sinistre, une mutilation volontaire : nous
n’
avons pas été élevés pour être heureux ! Le contraire de la folie, du
1041
nsulat général de Suisse, répondait d’ailleurs on
ne
peut mieux aux vœux de l’assistance. Ne s’agissait-il pas en effet de
1042
lleurs on ne peut mieux aux vœux de l’assistance.
Ne
s’agissait-il pas en effet de « L’invention de l’amour en Occident »
1043
r en Occident » ? Mais l’œuvre de M. de Rougemont
ne
se réduit pas à un seul titre : elle ne gravite pas uniquement autour
1044
Rougemont ne se réduit pas à un seul titre : elle
ne
gravite pas uniquement autour de ce seul thème de l’amour-passion. La
1045
e fédéraliste en Europe, en faveur de laquelle il
n’
a cessé de militer depuis la fin de la guerre, c’est-à-dire depuis 194
1046
bien marquer, nous dit-il, c’est que pour moi il
n’
y a aucune séparation entre L’Amour et l’Occident et les ouvrages qu
1047
ire ou que j’ai déjà écrit sur le fédéralisme. Il
n’
y a jamais eu en moi deux activités distinctes, mais au contraire osmo
1048
s fédéralistes. À quoi je lui ai répondu que rien
n’
était plus facile. Car pour moi, le couple est une espèce de banc d’es
1049
plus, leur union, loin d’évacuer les différences,
ne
fait que les renforcer et les confirmer. Cette définition théologique
1050
raires, mais qui sont bonnes l’une et l’autre, il
ne
faut pas s’empresser de s’en sortir en supprimant l’une des deux, ou
1051
art, entre autres, Berdiaev et Gabriel Marcel. On
ne
pouvait donc espérer de meilleur interlocuteur pour nous définir la «
1052
ersonnalistes. Pour moi, nous dit-il, la personne
n’
est ni un individu refermé sur lui-même, ni la minuscule partie d’une
1053
de l’écrivain. Car ce qu’il appelle engagement ce
n’
est rien moins que de tirer les conclusions pour la cité de ce qu’il a
1054
cet engagement, tient-il à nous faire remarquer,
n’
implique pas qu’on s’inscrive dans un parti ou qu’on accepte la discip
1055
itique ou philosophique. La contestation On
ne
peut manquer d’être frappé par la vigueur, par la modernité surtout d
1056
étudiante qui sévit aujourd’hui de Paris à Tokyo
n’
est-elle pas une contestation personnaliste ? M. de Rougemont n’hésite
1057
une contestation personnaliste ? M. de Rougemont
n’
hésite pas à répondre par l’affirmative : C’est, en effet, nous dit-il
1058
n peu plus de mérite, car la situation extérieure
n’
était visiblement pas aussi grave que celle qui prévaut aujourd’hui. C
1059
u’il y avait de grandes causes à défendre et nous
ne
voyions pas du tout lesquelles à ce moment-là. Cette crise existentie
1060
chose que je crois extrêmement dangereux, et qui
ne
ressemble pas du tout à notre réaction personnaliste et communautaire
1061
action des jeunes fascistes italiens et nazis qui
ne
respectaient plus rien finalement que la force. Quand on dit, il faut
1062
qui va se passer : c’est la police qui arrive. Je
ne
suis donc pas du tout d’accord avec Sartre quand celui-ci prêche la d
1063
e et extrêmement dangereuse. Car, finalement cela
ne
fait que servir le fascisme. Pour M. de Rougemont la seule contestati
1064
ui est faite précisément au nom d’autre chose. Je
n’
ai pas du tout varié en ce qui concerne la définition de la révolution
1065
plus, par des réseaux de règles dont le fondement
n’
est absolument pas la dialectique de la personne, mais uniquement les
1066
n monde où la passion, la tentation de la passion
n’
aura plus aucun sens. Alors qu’avec le mouvement anarchisant des hippi
1067
ble. Mais jusqu’où cela ira-t-il ? M de Rougemont
ne
nous cache pas son pessimisme. Il ne pense pas que cela ira très loin
1068
de Rougemont ne nous cache pas son pessimisme. Il
ne
pense pas que cela ira très loin. Il reste, néanmoins, que des rassem
1069
elle dont tout le monde aspire, mais que personne
n’
ose construire, M. de Rougemont s’est employé à la définir et à en pro
1070
t la guerre, et s’ils la font, c’est parce qu’ils
n’
ont pas su se fédérer progressivement, au lieu de s’unifier brutalemen
1071
vaille sans relâche à la cause du fédéralisme. Il
ne
nous cache d’ailleurs pas qu’il désirait venir au Canada pour étudier
1072
ion dans l’Europe fédérée que je préconise et qui
n’
est que la transposition à une échelle géante de la Confédération helv
1073
échelle géante de la Confédération helvétique. Je
ne
souhaite ni une agglomération d’États soumis à un pouvoir unique et d
1074
’État-nation du xixe siècle ; une conception qui
ne
s’accorde plus aux exigences de notre époque, car cet État serait à l
1075
ons à l’Europe. Là-bas, il est bien certain qu’on
n’
arrivera jamais à unir ces États-nations. Il faut donc, nous répète M.
1076
s États se dissolvent en régions, et alors, et ce
n’
est seulement qu’alors, qu’on arrivera à fédérer l’Europe, car ces rég
1077
u’on arrivera à fédérer l’Europe, car ces régions
n’
auront aucune peine à s’entendre. On arriverait ainsi à construire une
1078
qui peut être séparé, ou comme disait Proudhon, «
ne
rien laisser dans l’indivision ». C’est là, me diriez-vous, vision de
1079
e absolument moderne. L’immobilisme, l’attentisme
ne
représentent-ils pas la ruine du monde ? » C’est la leçon en tout cas
1080
par rapport à l’homme. C’est-à-dire un ordre qui
ne
reposait — et c’est encore bien plus visible aujourd’hui qu’alors — q
1081
tat que la communauté est en train de se défaire,
n’
est-ce pas : la grande crise du xxe siècle, c’est la dissolution du s
1082
remiers livres. C’est la formule de l’engagement,
n’
est-ce pas, que j’ai lancée en France en 1933, et qui forme les deux p
1083
e l’État-nation dans sa formule xixe siècle, qui
ne
visait qu’à la puissance collective, et qui aboutit aux guerres que l
1084
ça dans une même frontière, ce qui est démentiel,
n’
est-ce pas ? C’est une absurdité totale, qu’on a voulu nous faire aval
1085
e moyens parce que les gouvernements, évidemment,
n’
ont jamais d’argent. Enfin, j’ai, par des tours de force, réussi à cré
1086
anuels de notre jeunesse — des manuels scolaires,
n’
est-ce pas ? — qui présentaient l’Europe comme une addition de culture
1087
rant, comme Toynbee le faisait de son côté, qu’il
n’
y a pas d’histoire de la culture concevable, intelligible, en dehors d
1088
’amour me conduit au fédéralisme. J’ai dit : rien
n’
est plus facile. Le mariage, c’est le banc d’essai du fédéralisme. Qu’
1089
cette vue-là se tient-elle aujourd’hui ? Moi, je
ne
suis pas du tout d’accord : il n’y a pas du tout de débandade de l’id
1090
d’hui ? Moi, je ne suis pas du tout d’accord : il
n’
y a pas du tout de débandade de l’idée religieuse, du phénomène religi
1091
religieuses — ce qui est tout à fait autre chose,
n’
est-ce pas ? Les cadres étatiques de la religion sont en crise, comme
1092
siastiques, et tout ça, sont en pleine crise — je
n’
irai pas jusqu’à dire débandade, mais on n’en est pas loin. […] Comme
1093
e — je n’irai pas jusqu’à dire débandade, mais on
n’
en est pas loin. […] Comme je le disais d’ailleurs dans un livre écrit
1094
eligieuse. Je vois ça sortir ces jours-ci ! Il
ne
faut pas donner l’avantage au diable En consultant justement la tr
1095
out ce qui tend à détendre les énergies humaines,
n’
est-ce pas ?, à unifier, à uniformiser, à égaliser, et toujours au pro
1096
totalitaire. Contre ça, il faut des révoltes qui
ne
peuvent être que personnelles, individuelles, qui recréent des petits
1097
munautés. Et grâce à ça, on maintient l’humanité,
n’
est-ce pas ? L’humanité ne progresse que par les meilleurs, et ne dure
1098
n maintient l’humanité, n’est-ce pas ? L’humanité
ne
progresse que par les meilleurs, et ne dure que par les moyens. Il fa
1099
L’humanité ne progresse que par les meilleurs, et
ne
dure que par les moyens. Il faut les deux, mais il ne faut pas donner
1100
ure que par les moyens. Il faut les deux, mais il
ne
faut pas donner tout l’avantage aux moyens : ça serait donner l’avant
1101
le renouvellement de l’ordre des choses actuelles
n’
est pas qu’un clin d’œil poli ou cajoleur à la jeunesse. Qu’il ne se g
1102
clin d’œil poli ou cajoleur à la jeunesse. Qu’il
ne
se gêne cependant pas de critiquer quand il en sent le besoin. C’est