1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 Le fédéralisme suisse (1963)a La Suisse ne saurait se targuer d’avoir donné à l’Europe et au monde une « culture
2 geant un style doté du nom de sa terre natale. Il n’ y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’on a pu parler d’une pei
3 Le contraire me paraît probable.) Mais cet apport ne fut jamais typique et spécifique d’une unité bien évidente, à la fois
4 rand-duché de Weimar. C’est que l’ensemble suisse n’ a jamais été défini par autre chose que par un système d’alliances, em
5 moins, sans doctrine trop clairement formulée. Ce n’ est guère qu’au xixe siècle qu’on se mit à parler de fédéralisme. Enc
6 autres systèmes politiques ou philosophiques, il ne cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par le
7 che à les composer au sein d’un organisme vivant, n’ allons pas croire que le fédéralisme soit une espèce d’éclectisme univ
8 ersel ou d’opportunisme lâche, qui tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances trè
9 ntre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé n’ est pas un moyen terme entre la peste et le choléra. Un homme qui boit
10 holéra. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’ est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui s
11 et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme n’ est pas à mi-chemin entre la centralisation oppressive et l’esprit de
12 l est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui n’ en sont peut-être qu’une seule. Il représente la seule attitude rigour
13 compatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui n’ admettent aucune diversité politique ou culturelle dans une nation man
14 on manifestent le même état d’esprit que ceux qui n’ admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie par l
15 t et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autr
16 ion. Prenons l’exemple d’une œuvre picturale : il n’ y aurait pas d’harmonie possible dans un tableau sans contrastes de co
17 elle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il n’ y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la
18 aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’ y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien
19 iennent du fait que l’on oublie ces évidences. Je n’ en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse à laquelle risquent d’about
20 ne part, on affirme une souveraineté globale, qui ne laisserait jouer qu’à regret, et à titre de concession, la diversité
21 nt tentés d’oublier qu’un organe bien différencié ne saurait vivre isolé du corps. Quelle serait alors la solution fédéral
22 lle trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme n’ est pas seulement un mode d’organisation politique, le seul « régime d
23 i leur offre une commune mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture. I
24 dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable un
25 nous pouvons nous rattacher directement, nous qui n’ avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant « cultur
26 e » corresponde à des réalités culturelles. Or il ne correspond qu’à des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en
27 à la lumière de l’Histoire. La culture européenne n’ est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures n
28 e de l’Histoire. La culture européenne n’est pas, n’ a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales »
29 a culture européenne n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre
30 divisent aujourd’hui l’Europe, et dont la plupart n’ ont même pas cent ans d’existence : il faut bien admettre que la cultu
31 ands se rattachent à la « culture française », on ne pense guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’est pas une pro
32 nse guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’ est pas une propriété de la nation française actuelle, à l’ensemble de
33 française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle enco
34 s dans quatre autres nations. De même, l’allemand ne saurait définir une « culture nationale » étant la langue maternelle
35 nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à elle seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des
36 e saurait à elle seule définir une culture : elle n’ est guère qu’un des éléments de la culture en général, si essentiel so
37 totalement indépendants des langues modernes, et ne sont, de toute évidence, pas réductibles à des cadres nationaux. « Qu
38 ctibles à des cadres nationaux. « Qu’as-tu que tu n’ aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacun des 24 Éta
39 la vie culturelle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, mais se rattache directement à l’e
40 e trouve ceci : 1° la culture, dans nos cantons, n’ est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’Éta
41 ure, dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et n’ a jamais été un moyen de puissance de l’État. 2° la culture vit chez n
42 petits compartiments naturels ou historiques, qui n’ ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce f
43 nce pour les cérémonies, à moins que son adoption n’ ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela revient au mêm
44 t particulier, mais cela revient au même. 5° nous ne sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous sommes en osm
45 vec lui, bien davantage que beaucoup d’entre nous n’ en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un Suis
46 que beaucoup d’entre nous n’en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. D’où résulte qu’un Suisse romand — et tout ce
47 e et moderne. Autant de réalités ou d’entités qui n’ ont pas les mêmes frontières, qui ne se couvrent que très partiellemen
48 d’entités qui n’ont pas les mêmes frontières, qui ne se couvrent que très partiellement, et qui permettent un grand nombre
49 nt un grand nombre de combinaisons originales. On ne saurait être moins conforme aux devises des États totalitaires (« Une
50 in Volk, ein Reich, ein Führer » sous Hitler). On ne saurait être plus libre de se choisir, j’entends de se faire homme à
51 andes nations voisines. Qu’on m’entende bien : ce n’ est pas un éloge de la petitesse en soi que je fais ici, ni des petite
52 sans doute, la sécurité avant tout. Ce phénomène n’ est pas particulier à la Suisse, mais peut-être les Suisses moyens tro
53 liberté fédéraliste. Nos meilleurs auteurs (pour ne prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié à la lang
54 délicat, puisqu’il est lié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) on
55 Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils n’ ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture eur
56 lleurs les cultures soi-disant « nationales ». Et n’ est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaî
57 utenu, en tant qu’artiste, comme il arrive ; elle n’ en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. M
58 es limitations de son œuvre. Mais la littérature n’ est plus, de nos jours, cette espèce de critère privilégié du niveau d
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
59 ans le cadre du Centre européen de la culture, il ne sera sans doute pas inutile de situer notre projet, d’en préciser les
60 cherche objective. Certes, la question européenne n’ est pas une question académique ! Elle n’appartient pas à un passé qu’
61 ropéenne n’est pas une question académique ! Elle n’ appartient pas à un passé qu’il suffirait de décrire et d’interpréter,
62 e comptant de 3 à 50 millions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses ruines sans aide extérieure ; n
63 classique de ces expressions ? Aucun de nos pays n’ est en mesure, non plus, de parler au nom de l’Europe. Qui pourrait as
64 i a peut-être le vent de l’histoire en poupe. Ils ne sont pas nombreux d’abord, ils ne sont pas suivis par la majorité de
65 e en poupe. Ils ne sont pas nombreux d’abord, ils ne sont pas suivis par la majorité de leurs collègues. Mais ce sont, not
66 tats, les services ministériels et les parlements ne se croient pas encore en mesure « d’aller plus loin ». Mais dans notr
67 ne transformation économique de quelque envergure ne saurait être limitée au domaine purement économique, comme on disait
68 ouve donc posé, inéluctablement, à tous nos pays, ne fût-ce que par la seule existence du Marché commun. Telle est donc la
69 union « plus étroite » (plus étroite que quoi, on ne le dit pas) et de communauté, de supranationalité et de super-État, o
70 bles ou pratiquement en question de nos jours. Je n’ en vois guère que trois, qui se distinguent nettement par le rôle qu’y
71 France. Dans une telle Europe, nos États actuels ne joueraient plus qu’un rôle comparable à celui des dépar­tements dans
72 tte solution unitaire, jacobine ou napoléonienne, n’ est en fait et comme telle défendue par personne, et n’offre pas un ch
73 en fait et comme telle défendue par personne, et n’ offre pas un champ d’études utiles, car chacun voit que l’unification
74 de l’Europe, à supposer qu’elle soit praticable, ne serait conforme ni aux données historiques, ni aux données actuelles
75 résoudre. Il importe toutefois de la mentionner, ne fût-ce qu’à titre de limite, de conséquence extrême, inaccessible, qu
76 l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui ne serait organisée que par un système d’alliances entre États souverain
77 lui-même (conférence de presse de mai 1962), elle ne désigne en réalité qu’une Europe des États. Dans une telle Europe, no
78 — dans la mesure toutefois où cette souveraineté ne serait pas limitée, en fait, et même en droit, par leurs alliances mê
79 tant ce qu’elles sont », la notion d’indépendance n’ a pas déjà cédé le pas, en fait plus encore qu’en droit, à la notion d
80 n fédéraliste. Dans une Europe fédérée, les États ne seraient pas effacés ou dissouts, ils ne seraient pas non plus mainte
81 es États ne seraient pas effacés ou dissouts, ils ne seraient pas non plus maintenus dans une fiction de souveraineté abso
82 t dans d’autres domaines où, de toute façon, elle ne peut plus guère s’exercer individuellement. Convient-il de considérer
83 qui paraît difficile. En effet, le traité de Rome n’ évoque aucune solution de cet ordre. La déclaration des chefs d’État d
84 institué les Communautés européennes », mais elle ne suggère pas les voies et moyens qui pourraient permettre d’opérer un
85 que. Ni cette déclaration, ni le traité lui-même, ne fournissent d’indications sur le type de régime politique dont l’inté
86 es distinctions proposées par Georges Scelle ? On ne sait. Et cela dépendra de la prédominance finale d’un des trois types
87 viens de caractériser très brièvement. Mais rien ne nous autorise à juger que le fédéralisme, déjà pratiqué quasi journel
88 roblème fédéraliste, aspects complémentaires, qui n’ épuisent pas le sujet, bien sûr, mais qui permettent tout au moins de
89 iplinaire qui s’impose à nous. Car le fédéralisme n’ est pas une doctrine toute faite, un dogme auquel il s’agirait de plie
90 choses humaines, méthode d’allure pragmatique qui ne se comprend et ne s’explique bien que par son fonctionnement dans les
91 éthode d’allure pragmatique qui ne se comprend et ne s’explique bien que par son fonctionnement dans les domaines les plus
92 ! » ⁂ Ces quelques propos d’introduction générale ne me laissent pas beaucoup de temps pour introduire le sujet particulie
93 particulier, car il se trouve que le fédéralisme n’ est précisément pas un système logique que l’on puisse déduire dans l’
94 nfédération indifféremment, sans qu’aucun contenu ne puisse être saisi au passage ; certains d’entre eux ridiculisent carr
95 vant celui de Coudenhove-Kalergi, publié en 1923, n’ a entraîné d’action politique concrète, et moins encore de résultats.
96 rète, et moins encore de résultats. Cependant, ce n’ est pas une histoire des échecs de l’idée européenne, ni des déchets d
97 acles sont en train de céder aujourd’hui. Mais il n’ est pas moins important de rechercher dans ces plans avortés les étymo
98 e plus exactement dans l’histoire suisse). Le mot n’ a été connu qu’au moment où la chose était niée par un puissant parti,
99 ie des auteurs de plans que nous allons parcourir n’ est pas seulement pittoresque : elle nous conduit au cœur des débats i
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
100 le développement de la culture occidentale ; ils n’ y entrent en fait et d’une manière distincte qu’au troisième quart de
101 tions que je vais tenter de répondre. ⁂ La Suisse n’ existe que depuis cent-quinze ans sous la forme d’un État fédéral et s
102 n du xiiie jusqu’au milieu du xixe siècle, elle n’ était guère qu’une confédération plus ou moins lâche de petits États s
103 s suisses sont d’abord d’un canton déterminé (qui n’ est parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) mais ils ne trouvent à se ré
104 st parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) mais ils ne trouvent à se réaliser qu’au sein d’une entité beaucoup plus vaste, i
105 n, d’un Kant, d’un Novalis, d’un Kierkegaard, qui n’ ont vécu que dans leur seule nation, et d’elle seule ont nourri leur c
106 fermées puis internationales ; par des styles qui ne connaissaient ni péages ni frontières politiques ; et par des traditi
107 entales en seront transformés sans retour. Enfin, n’ oublions pas l’influence mondiale de la pensée théologique de Karl Bar
108 protestante. ⁂ Mais s’il reste vrai que la Suisse n’ est pas une nation comme les autres, n’ayant été pendant des siècles q
109 la Suisse n’est pas une nation comme les autres, n’ ayant été pendant des siècles qu’un agglomérat de foyers sans capitale
110 rbe mouvementée ? Certes, tous les pays européens n’ ont pas leur Mozart, leur Rembrandt, leur Baudelaire ou leur Descartes
111 Mais force est bien de reconnaître que la Suisse n’ a rien de comparable à la musique flamande de la Renaissance, à la pei
112 rien qui vraiment compte dans l’entre-deux, cela ne fait pas une tradition musicale ; et les épopées symboliques démesuré
113 popées symboliques démesurées d’un Carl Spitteler ne suffisent pas à compenser des siècles de médiocrité dans nos producti
114 , de Nicolas Manuel, de Hans Friess et d’Urs Graf ne trouve un répondant, par ailleurs discutable, qu’au xxe siècle avec
115 poème de Blaise Cendrars : l’amateur non prévenu n’ y verra pas la Suisse, comme il voit à coup sûr l’Espagne dans les œuv
116 les éléments sinon d’une « culture suisse » — qui ne saurait exister — du moins d’une attitude d’esprit commune aux créate
117 nt suisses. ⁂ Cependant, une série de grands noms ne représente pas à elle seule tout l’apport culturel d’un pays, de même
118 l d’un pays, de même qu’un prestigieux état-major ne suffit pas à renseigner sur la valeur d’un combat d’une armée et sur
119 s grave pour elle que pour ses grands voisins. Ce n’ est pas du projet d’union européenne que provient cette menace de nive
120 eurs et les forces culturelles dont elle dispose. N’ est-elle pas le pays d’Europe qui a les raisons les plus fortes et les
121 plus concrètes de savoir que le terme de culture n’ est pas un synonyme de superflu ? b. Rougemont Denis de, « Apport à
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
122 autres systèmes politiques ou philosophiques, il ne cherche pas à les résoudre, à les neutraliser ou à les effacer par le
123 che à les composer au sein d’un organisme vivant, n’ allez pas croire que le fédéralisme soit une espèce d’éclectisme unive
124 ersel, ou d’opportunisme lâche qui tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances trè
125 ntre ces deux extrêmes ? Point du tout ! La santé n’ est pas un moyen terme entre la peste et le choléra. Un homme qui boit
126 oléra. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave, n’ est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un homme qui s
127 et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme n’ est pas à mi-chemin entre la centralisation oppressive et l’esprit de
128 l est sur un autre plan que ces deux erreurs, qui n’ en sont peut-être qu’une seule. Oui, le fédéralisme représente la seul
129 compatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux qui n’ admettent aucune diversité politique ou culturelle dans la nation, man
130 n, manifestent le même état d’esprit que ceux qui n’ admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie par l
131 t et d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne se borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autr
132 tion. Prenez l’exemple d’une œuvre picturale : il n’ y aurait pas d’harmonie possible sans contrastes de couleurs, et sans
133 elle de l’artiste, hors de l’unité du tableau, il n’ y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la
134 aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’ y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien
135 iennent du fait que l’on oublie ces évidences. Je n’ en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse à laquelle risquent bien d’
136 ne part, on affirme une souveraineté globale, qui ne laisserait pas jouer la diversité des fonctions nationales ; d’autre
137 les autres oublient qu’un organe bien différencié ne saurait vivre isolé du corps. Quelle serait alors la solution fédéral
138 lle trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme n’ est pas seulement un mode d’organisation politique, le seul régime de
139 s je parle après tout à des citoyens suisses, qui n’ auront éprouvé aucune peine à me traduire en termes d’expérience polit
140 i leur offre une commune mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’une culture, cohérente et vivante, de la culture. I
141 dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable un
142 nous pouvons nous rattacher directement, nous qui n’ avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant culture
143 e » corresponde à des réalités culturelles. Or il ne correspond qu’à des prétentions nationales. L’idée qu’il y aurait en
144 à la lumière de l’Histoire. La culture européenne n’ est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures n
145 e de l’Histoire. La culture européenne n’est pas, n’ a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales »
146 a culture européenne n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une addition de « cultures nationales ». Elle est l’œuvre
147 divisent aujourd’hui l’Europe, et dont la plupart n’ ont même pas cent ans d’existence : il faut bien admettre que la cultu
148 ands se rattachent à la « culture française », on ne pense guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’est pas une pro
149 nse guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’ est pas une propriété de la nation française actuelle, à l’ensemble de
150 française actuelle, à l’ensemble de laquelle elle ne fut imposée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle enco
151 s dans quatre autres nations. De même, l’allemand ne saurait définir une « culture nationale » étant la langue maternelle
152 nos nations modernes. Mais il y a plus. La langue ne saurait à elle seule définir une culture : elle n’est guère qu’un des
153 e saurait à elle seule définir une culture : elle n’ est guère qu’un des éléments de la culture en général. Or tous les aut
154 totalement indépendants des langues modernes, et ne sont, de toute évidence, pas réductibles à des cadres nationaux. « Qu
155 ctibles à des cadres nationaux. « Qu’as-tu que tu n’ aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacune des vingt
156 la vie culturelle de nos régions et de nos cités ne dépend pas de réalités nationales, donc politiques, mais se rattache
157 je trouve ceci : 1° la culture, dans nos cantons, n’ est pas liée à l’État et n’a jamais été un moyen de puissance de l’Éta
158 ure, dans nos cantons, n’est pas liée à l’État et n’ a jamais été un moyen de puissance de l’État ; 2° la culture vit chez
159 petits compartiments naturels ou historiques, qui n’ ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce f
160 ce pour les cérémonies — à moins que son adoption n’ ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela revient au mêm
161 particulier, mais cela revient au même ; 5° nous ne sommes pas seulement voisins du monde germanique : nous sommes en osm
162 vec lui, bien davantage que beaucoup d’entre nous n’ en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. Tels étant nos principa
163 que beaucoup d’entre nous n’en ont conscience ou ne voudraient l’admettre. Tels étant nos principaux caractères spécifiqu
164 ère authentique et non pas empruntée, imitée ? Je ne crois guère aux mesures de « défense » qu’on nous propose périodiquem
165 fense contre « Paris » d’autre part. La défensive n’ est pas une attitude de créateurs, et la culture est d’abord création,
166 a culture européenne. Nos meilleurs auteurs (pour ne prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié à la lang
167 délicat, puisqu’il est lié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) on
168 Gonzague de Reynold. Européens en ce sens qu’ils n’ ont pas hésité à puiser aux sources les plus variées de la culture eur
169 lleurs les cultures soi-disant « nationales ». Et n’ est-ce pas à ce caractère « immédiatement européen » que l’on reconnaî
170 reur l’a peut-être soutenu, comme il arrive, mais n’ en fut pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre.
171 direct, leur expérience du fédéralisme vécu. Nous n’ avons pas produit de génies du premier ordre, à part Rousseau, mais be
172 tions, etc. Et plutôt que de reconnaître que cela n’ est pas possible, en plus d’un cas, il pousse à préférer des solutions
173 est une autre erreur, inverse de la première, qui ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’activi
174 nisation rationnelle d’activités qui par essence, ne le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de disti
175 une un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop pe
176 ires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’y développent à foison
177 ent ces groupes avec l’intransigeance nécessaire. N’ oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en F
178 de ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que d
179 ordination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture
180 ssions individuelles et par de petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités s
181 te de répartition géographique équitable — ce qui n’ est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’est t
182 ésenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’ est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « 
183 « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la
184 récédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vous
185 attitudes de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera pas l’un sans l’autre. c. Rougemont Denis de, « Le fédéra
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
186 me, même pas philosophique mais « géographique ». N’ ayant jamais connu d’« Européens » à ce point illettrés et fanatiques,
187 nions le judaïsme ou le christianisme, quand nous ne cessons d’écrire qu’avec Rome et Athènes ils sont les éléments fondam
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
188 puissance ou la liberté ? L’union de l’Europe ne pourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est pas de volon
189 ourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’ est pas de volonté sans but, sans quelque utopie directrice, imaginée,
190 sens littéral. Ces limites idéales, bien entendu, ne furent jamais atteintes dans l’histoire de l’Europe. Mais en chemin v
191 dicalisme. Ni l’une ni l’autre des deux tendances n’ a jamais été isolée à l’état pur et portée dans la réalité à son combl
192 té à son comble ou à sa perfection (nulle société ne saurait y survivre) et elles coexistent en nous. L’Européen normal vi
193 hodes. Mais la volonté ou l’initiative d’un seul n’ aurait aucune chance de succès si elle ne rencontrait dans les masses
194 ’un seul n’aurait aucune chance de succès si elle ne rencontrait dans les masses des prédispositions de même nature, quoiq
195 itiative d’un animateur sans pouvoir contraignant n’ est féconde que dans la mesure où elle éveille et libère chez beaucoup
196 ulement. Chez le manager, la volonté de puissance ne se traduit que d’une manière abstraite, en termes d’organisation sans
197 liens proprement fédéraux. Cette Europe fédérale ne serait donc : — ni totalement unifiée autour d’un centre, — ni simpl
198 tuelle, et il en demeure indépendant. (Le premier ne suffit pas mieux à le réfuter, que le second à le fonder en principe.
199 pe, et sans laquelle nos sciences et nos logiques ne seraient pas ce qu’elles sont, ou n’auraient pas eu lieu. Lors du pre
200 nos logiques ne seraient pas ce qu’elles sont, ou n’ auraient pas eu lieu. Lors du premier congrès de l’Union européenne de
201 us voici réunis pour parler du fédéralisme ? Nous ne serions pas ici si nous pensions que le type d’homme le plus souhaita
202 ce cas, nous serions restés chez nous. Mais nous ne serions pas ici non plus si nous pensions avec Hitler et les stalinie
203 ensions avec Hitler et les staliniens que l’homme n’ est qu’un soldat politique, totalement absorbé par le service de la co
204 x individualistes nous rappelons donc que l’homme ne peut se réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup da
205 vistes, nous rappelons que les conquêtes sociales ne sont rien, si elles n’aboutissent pas à rendre chaque individu plus l
206 que les conquêtes sociales ne sont rien, si elles n’ aboutissent pas à rendre chaque individu plus libre dans l’exercice de
207 trop rapide, mais qui me paraît indispensable, il ne faut pas penser que la personne soit un moyen terme ou un juste milie
208 personne, c’est l’homme réel, et les deux autres ne sont que des déviations morbides, des démissions de l’humanité complè
209 es démissions de l’humanité complète. La personne n’ est pas à mi-chemin entre la peste et le choléra, elle représente la s
210 ivique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’ est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie
211 et celui qui se noie. Et, de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dosage d’anarchie et de dictature, de parti
212 rellement, et presque irrésistiblement, le second n’ étant que la projection de la première au plan politique, en ce sens p
213 libre vivant est atteint. Cet équilibre dynamique ne pouvant d’ailleurs être maintenu qu’au prix d’une vigilance toujours
214 nouvellement. C’est assez dire que le fédéralisme n’ est pas une doctrine fixe, ni vraiment un système, et encore moins un
215 tralisation totalitaire. Cet art et cette méthode ne vont pas sans principes, sans techniques éprouvées, sans secrets du m
216 ns européennes. Premier principe. Une fédération ne peut naître qu’au prix du renoncement formel et vigilant à toute idée
217 d’États européens — selon laquelle une fédération ne peut être que l’œuvre d’un tout-puissant « fédérateur » (potentat ou
218 tout-puissant « fédérateur » (potentat ou État), n’ est confirmée par rien dans notre histoire, et tout la réfute en prati
219 État impérialiste détient la force nécessaire, il ne fédère pas, il annexe ; il n’unit pas, il unifie. Et les coalitions q
220 orce nécessaire, il ne fédère pas, il annexe ; il n’ unit pas, il unifie. Et les coalitions qui se forment contre lui ne su
221 ifie. Et les coalitions qui se forment contre lui ne survivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa menace ne sont principe
222 vivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa menace ne sont principes fédérateurs, même négatifs. Mais qu’un État ou une coa
223 ls agissent alors en fondateurs d’une fédération. Ne mérite donc le titre de fédérateur que le groupe, ou l’État, ou la co
224 des États sudistes de l’Amérique), les vainqueurs n’ ont eu rien de plus pressé que de rendre aux vaincus leur pleine égali
225 État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse ne verra jamais sans méfiance certains « grands » s’arroger l’initiative
226 nts utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’on ne peut pas atteindre une fin fédérative par des moyens impérialistes. C
227 fédérative par des moyens impérialistes. Ceux-ci ne peuvent conduire qu’à l’unification forcée, caricature de l’union vér
228 ion véritable. Deuxième principe. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de système idéologique o
229 rganique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce n’ est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique à partir d’un cent
230 dans un tout. Troisième principe. Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitari
231 qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il v
232 raciales et religieuses qui composent l’ensemble ne se manifeste guère au plan municipal. En Suisse, le respect des qual
233 an municipal. En Suisse, le respect des qualités ne se traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États
234 mètres carrés. Quatrième principe. La fédération n’ a pas pour but d’effacer les diversités et de fondre toutes les nation
235 verraient soumis aux mêmes lois et coutumes, qui ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes ; et qui les brimerait tous.
236 ion. Prenons l’exemple d’une œuvre picturale : il n’ y aurait pas d’harmonie possible, dans un tableau, sans contrastes de
237 e de l’artiste) et hors de l’unité du tableau, il n’ y aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’y aurait que la
238 aurait pas de contrastes réels entre les tons, il n’ y aurait que la simple juxtaposition de tubes de couleurs pures, bien
239 omprendraient aussi que dans une fédération elles n’ auraient pas à se mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert
240 tionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne serait pas une simple question de tolérance, vertu négative et qui na
241 manière et selon son génie. Après tout, le poumon n’ a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’être u
242 tratifs, culturels, linguistiques, religieux, qui n’ ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières dif
243 échit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste n’ est rien d’autre que la politique par excellence, c’est-à-dire l’art d
244 ux variés d’échanges européens. Rien de tout cela n’ est inutile. Et tout cela qui paraît si dispersé, si peu efficace souv
245 aines est beaucoup plus près de s’organiser qu’il ne le semble. Elle est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne l
246 est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne le croit. C’est sur le plan de l’action gouvernementale que les oppos
247 amais réaliser une union viable. Leurs dirigeants ne sont pas qualifiés pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’i
248 e cela empêche de vivre. La fédération européenne ne saurait être l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intérêts
249 projets fédéraux, c’est-à-dire supranationaux. On ne voit guère d’autre voie possible ou praticable. Les USA ne sont pas d
250 uère d’autre voie possible ou praticable. Les USA ne sont pas dirigés par une assemblée de gouverneurs des cinquante États
251 vie publique. Septième principe. Une fédération ne se crée pas contre une menace extérieure, ni à des fins impérialistes
252 eur par les partis qu’ils commandaient chez nous, n’ ont réussi à provoquer la fédération de nos craintes et de nos forces
253 ait des États en concurrence nationaliste : elles n’ ont contribué qu’à notre division, et presque à notre ruine à deux rep
254 es paniques générales, ni les délires de conquête n’ ont jamais rien construit en Europe. Seules, les prises de conscience
255 r la science relativiste.3 La pensée fédéraliste ne projette pas devant elle une utopie bien cohérente qu’il s’agirait d’
256 r individualité et leurs relations créatrices. On ne saurait trop insister sur ce double mouvement qui caractérise la pens
257 . Or les uns et les autres ont tort, parce qu’ils n’ ont qu’à moitié raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni dans l
258 ’ont qu’à moitié raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni dans la seule union des cantons, ni dans leur seule auton
259 pour la Suisse. Nous aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’à faire l’union et à la renforcer, et nous aurons des fé
260 eler aux deux partis que le fédéralisme véritable n’ est ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leu
261 —, cette coexistence, ce dialogue, cette tension ne doivent pas être imaginés sous la forme négative d’une tolérance mutu
262 e et le respect des droits particuliers. Car cela ne conduirait en pratique qu’à une union trop faible mais bientôt accusé
263 autonomies locales ou régionales. D’autre part il n’ est pas moins évident que l’ensemble fédéral européen bénéficiera de l
264 elle de chacun de ses membres : or cette vitalité ne supporterait pas l’uniformisation des régimes d’éducation, liés dans
265 ompétences bien définies et distinctes. Mais ceci ne change rien au principe de la méthode indiquée ci-dessus, et qui cons
266 travail qui pouvait être fait par elle ; et s’ils ne savent mettre à profit les libertés ainsi conquises, à la fois physiq
267 s privées aux règlements collectifs et aux lois — n’ est en fin de compte, comme à l’origine, qu’un auxiliaire de la vie cr
268 aussi de se dégager de ses « fatalités » natives… N’ est-ce point là ce que l’homme européen, depuis des siècles, appelle s
269 de la sorte la santé de l’Europe à construire, je ne perdrai pas de temps à rappeler les maladies qui la menacent en perma
270 se veulent souverains, comme si le reste du monde n’ existait pas : j’ai dit plus haut que ce sont, à la racine, les maladi
271 alistique ou d’un vaisseau astronautique. Et l’on ne voit pas comment « l’art du possible » pourrait encore servir d’excus
272 la paresse d’esprit d’une classe politicienne qui n’ a pas su prévoir Hitler, et qui trouvait le Marché commun trop techniq
273 occidentale. La nécessité d’une union de l’Europe n’ étant pas ici discutée mais admise, il faut chercher à voir maintenant
274 n en Lombardie. Ils disent « nous » en parlant de n’ importe quel autre peuple. Ils apprennent à considérer les gloires et
275 eur avenir. Leur horizon, leur projet d’existence n’ est plus borné par les frontières rigides de leur nation, moyenne ou p
276 dditionnés. Mais cette grande liberté cosmopolite n’ est pas payée au prix d’un déracinement général ; ces ouvertures plus
277 enture, qui sera toujours le fait d’une minorité, n’ empêchent nullement ceux qui préfèrent la sécurité maternelle et la pr
278 opres lois et coutumes, pour autant que celles-ci ne conservent ou n’introduisent rien au contraire à la Constitution fédé
279 tumes, pour autant que celles-ci ne conservent ou n’ introduisent rien au contraire à la Constitution fédérale et à la Char
280 ranties ; l’État, ou la majorité dans une région, ne peuvent en aucun cas en priver les minorités.) D’autre part, face au
281 ignifie que les citoyens d’un de nos petits États ne sont plus à la merci de la politique d’un de nos grands États, les en
282 ures dans le cadre local. En cas d’attaque contre n’ importe quel membre de la fédération, tous les autres se portent autom
283 iatement que l’organisation politique de l’Europe ne saurait être l’État-nation unifié, ni un système d’alliances bi- ou m
284 s, à l’intérieur de la fédération vers 1980. Elle ne saurait s’expliquer qu’en fonction des problèmes qui se posaient au d
285 bre de résolutions impératives mais dont personne ne semble tenir compte, exigent que les États renoncent expressément à c
286 pressément à cette souveraineté théorique. Or, on ne saurait attendre une nuit du 4 août des États : ce ne sont pas des pe
287 aurait attendre une nuit du 4 août des États : ce ne sont pas des personnes libres et responsables, et il est tout à fait
288 ction européenne sur un geste qu’aucun grand État n’ est en mesure de faire, il est sans doute dangereux de s’épuiser à com
289 erainetés en grande partie inexistantes, et qu’on ne pourrait que renforcer temporairement en les obligeant à se défendre
290 ons sont souverains en tant que leur souveraineté n’ est pas limitée par la Constitution fédérale, et comme tels, ils exerc
291 , et comme tels, ils exercent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération
292 pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure : il n’ est pas de constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et po
293 yons cela d’un peu plus près. Les cantons suisses n’ ont plus le droit de faire la guerre, ni d’entretenir leur propre armé
294 s ont immédiatement obtempéré. Or, ces puissances n’ étaient pas même européennes, et sans l’appui de l’une aucun pays d’Eu
295 nes, et sans l’appui de l’une aucun pays d’Europe ne peut se défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe n’est donc vraim
296 t se défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe n’ est donc vraiment souverain au sens classique ; mais il y a plus : auc
297 rain au sens classique ; mais il y a plus : aucun n’ est autonome et ne pourra plus l’être tant que l’Europe entière ne le
298 ique ; mais il y a plus : aucun n’est autonome et ne pourra plus l’être tant que l’Europe entière ne le sera pas. Leur sou
299 t ne pourra plus l’être tant que l’Europe entière ne le sera pas. Leur souveraineté relative, pour autant qu’elle subsiste
300 veraineté relative, pour autant qu’elle subsiste, n’ est en rien garantie (ni d’ailleurs menacée) par leurs voisins et frèr
301 rée de 1980. On y assiste à des regroupements qui ne tiennent plus compte des frontières nationales et modifient profondém
302 onstellation de foyers, ou de « métropoles », qui ne sont plus définis par leur contour, mais par leur force de rayonnemen
303 complexes à la fois économiques et culturels qui ne recouvrent pas nécessairement les anciennes provinces ou régions, et
304 lpestres. Ces phénomènes d’une ampleur croissante ne vont pas sans poser des problèmes très ardus d’aménagement du territo
305 ue étrangère, et de la défense. Aucun État membre ne pouvant plus conclure d’alliances séparées ni avec d’autres États mem
306 consulats chargés d’entretenir les relations qui ne sont pas du ressort fédéral. (Relations économiques et commerciales,
307 forces armées aux ordres du pouvoir fédéral, qui ne peuvent entrer en action qu’en cas d’attaque contre la fédération ou
308 olitique agressive. Un tel ensemble de diversités ne saurait être impérialiste. (Rappelons que les anciens empires colonia
309 dération, se trouve ainsi résolu, leur neutralité n’ ayant plus lieu de s’affirmer ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Quan
310 ndances agressives. En revanche, l’Europe fédérée ne saurait conclure une alliance militaire avec aucune puissance qui mai
311 titution, dans la mesure où ces droits et devoirs ne sont pas délégués à la fédération. C’est en matière d’éducation et de
312 utif et de la Cour de justice. Les lois fédérales ne peuvent être rendues qu’avec l’accord des deux chambres. En cas de di
313 différenciées que celles qui existent en Europe, ne saurait être gouverné que par un Collège où s’équilibrent les diversi
314 ar l’Assemblée européenne et sont rééligibles. On ne peut choisir plus d’un membre dans le même pays. Son président est él
315 et non par un seul homme, veulent que son centre ne soit pas une capitale, mais un District fédéral. La fédération n’étan
316 capitale, mais un District fédéral. La fédération n’ étant pas une création sur table rase, mais l’aboutissement d’un très
317 les diversités que l’on sait, le District fédéral ne saurait être, lui non plus, une création « synthétique » édifiée sur
318 « synthétique » édifiée sur un terrain vague — il n’ y en a d’ailleurs plus d’assez vaste, dans l’Europe de 1980. Le Distri
319 oubles, mais d’accès facile en temps de paix ; il ne peut être qu’un petit pays, cependant très diversifié et si possible
320 it que les citoyens du district fédéral américain n’ avaient pas le droit de vote lors de l’élection du président)9 prévien
321 es affaires fédérales européennes. La Suisse, qui n’ inquiète personne, se trouve ainsi confirmée dans son statut tradition
322 s qui ont gardé vivante la tradition calvinienne, ne peuvent, en bonne doctrine, que se montrer favorables aux solutions f
323 tracer cette esquisse d’une union fédérale, nous n’ avons eu qu’à nous laisser guider par deux séries de déductions inévit
324 n du tiers-monde, qui exige l’aide de l’Europe et n’ en oppose pas moins à son passé mal vu les promesses incertaines d’un
325 e pour les traditions valables du tiers-monde que ne fut jamais notre colonialisme ; nécessité, à cet égard, d’une politiq
326 vision du But possible et nécessaire. Si l’Europe n’ est pas encore faite, ce n’est pas que ces obstacles soient bien forts
327 écessaire. Si l’Europe n’est pas encore faite, ce n’ est pas que ces obstacles soient bien forts — ils n’ont guère plus de
328 est pas que ces obstacles soient bien forts — ils n’ ont guère plus de consistance que les ténèbres — mais c’est que les pa
329 ! » Ces discussions préliminaires sont vaines. On ne réfute pas l’obscurité, et rien ne sert de maudire la nuit : mieux va
330 ont vaines. On ne réfute pas l’obscurité, et rien ne sert de maudire la nuit : mieux vaut allumer une chandelle, comme dit
331 e la claire vision du But rend seule possible. On ne trace pas un chemin tant qu’on ne sait pas au juste où l’on a décidé
332 le possible. On ne trace pas un chemin tant qu’on ne sait pas au juste où l’on a décidé d’aller : on se contente de charge
333 et le coût de l’opération. Ils concluent que rien n’ est possible dans l’état actuel des choses. Et leur déni traduit exact
334 . Qui veut la fin veut les moyens, mais personne ne saurait vouloir une fin qu’il distingue mal. Et c’est pourquoi, dans
335 t pris trop d’importance. Mon regard trop souvent n’ a vu que ce qu’il cherchait, ce qui était dans mon esprit et non dans
336 dans mon esprit et non dans la réalité. Cet essai n’ a donc d’autre ambition que d’appeler des mises au point optiques. Il
7 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
337 n ? le couple ? (25 octobre 1963)g h Jamais on ne s’est autant marié en France (90 % des hommes et 91,5 % des femmes) e
338 0 % des hommes et 91,5 % des femmes) et jamais on n’ a autant divorcé (10 % des couples) : le mariage se porte donc beaucou
339 iage, que seraient toutes nos littératures ? Elle ne fait pas simplement la fortune du cinéma, le théâtre, le roman, la po
340 de situations comiques ou cyniques. Et tout cela ne fait que trahir le tourment innombrable et obsédant de l’amour hors-l
341 édant de l’amour hors-la-loi. La crise du mariage n’ est donc pas un phénomène de l’ère atomique. Le nombre des divorces a
342 réé de nouvelles exigences que nos grands-parents n’ avaient pas. La recherche du bonheur individuel prime aussi à l’heure
343 ssi la chasteté incompatible avec le mariage (qui n’ est alors que l’union des corps et des biens). Pour la première fois,
344 lement inconnue dans les pays orientaux, pourquoi n’ a-t-elle fait fortune qu’en Occident ? C’est que la passion ne s’appro
345 ait fortune qu’en Occident ? C’est que la passion ne s’approfondit et ne dégage ses énergies qu’à la mesure des résistance
346 cident ? C’est que la passion ne s’approfondit et ne dégage ses énergies qu’à la mesure des résistances qu’elle rencontre.
347 u long du roman comme supérieur aux autres. Or il n’ use pas de ce droit et livre Iseut au roi Marc. Quand Tristan et Iseut
348 nt devenues d’autant plus contraignantes qu’elles n’ ont plus de pouvoir que sur nos rêves. Quel rapport a donc au juste le
349 age ? C’est que finalement notre crise du mariage n’ est rien de moins que le conflit de ce mythe et de la morale chrétienn
350 mment, en faveur d’une morale survivante que nous ne savons plus justifier : la morale chrétienne, l’orthodoxie, qui ne s’
351 stifier : la morale chrétienne, l’orthodoxie, qui ne s’appuie plus sur une foi vivante, est devenue la « morale bourgeoise
352 s avons perdu la clef, le mythe dégradé, profané, ne se traduit plus que par l’envahissement du roman d’amour, du film sen
353 uté-standard imposé par le cinéma et la publicité n’ arrange pas les choses. Périodiquement un nouveau type de femme « idéa
354 , disqualifiant automatiquement l’épouse, si elle ne ressemble pas à la star. Ne peut-on quand même supposer que l’homme p
355 ent l’épouse, si elle ne ressemble pas à la star. Ne peut-on quand même supposer que l’homme parvienne à se fixer sur un t
356 our en soi… Et voici le rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse (ou dans le
357 un jour ou l’autre dans l’infidélité. Alors, il n’ y a pas de solution ? Si. Il faut complètement reconsidérer le mariage
358 Si. Il faut complètement reconsidérer le mariage. Ne pas essayer de le fonder sur une obsession qu’on subit mais sur une d
359 s alors, on peut « décider » d’aimer et d’épouser n’ importe qui ? Non, il existe certaines chances de réussite qu’il serai
360 aines chances de réussite qu’il serait stupide de ne pas mettre de son côté : buts communs, rythmes de vie, vocations, car
361 tre toutes les chances de votre côté, jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolution, et encore moins celle de votr
362 les suites heureuses ou non. La fidélité, alors, n’ est plus une espèce de conservatisme, de conformisme, c’est un parti p
363 te exorbitante. Que peut-on en attendre ? Son but n’ est pas le bonheur, c’est la volonté de faire une œuvre. Dans la plus
364 e de faire une œuvre d’art. Cette fidélité-là, ce n’ est pas seulement de ne pas tromper (ce qui serait une preuve d’indige
365 art. Cette fidélité-là, ce n’est pas seulement de ne pas tromper (ce qui serait une preuve d’indigence et non d’amour). C’
366 lle à la passion, si elle la rencontre ? Un homme ne peut à la fois croire au mariage — à la volonté — et à la passion — à
367 assion c’est le secret du mariage vivant. Mon but n’ est pas de condamner la passion, mais de définir certaines options mor
368 rniers Mohicans de l’amour. À moins que cet ennui ne recrée alors la soif de quelque chose qui soit au-delà de l’ordre et
369 uelque chose qui soit au-delà de l’ordre et qu’il n’ appelle alors un autre xiie siècle de l’amour… qui sera peut-être le
370 afé et la pomme de terre — au xiie siècle — elle n’ en est pas moins elle aussi une “importation”, non une fatalité. D’où
371 ? Et enfin, comment réussir son mariage, car rien n’ est perdu pour qui veut comprendre ? Nous avons demandé à Denis de Rou
8 1963, Articles divers (1963-1969). Une interview de Denis de Rougemont : l’écrivain nous parle des centres culturels internationaux (16 novembre 1963)
372 mes, dans le domaine social, notamment. Mais nous n’ en sommes qu’au premier pas, hésitant. Mon attitude est franchement po
373 étariat, l’homme sera plus libre. Évidemment cela n’ ira pas tout seul. Il y a tout un travail d’éducation à effectuer. Sou
9 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
374 rgarten et le Pacte public de Brunnen en 1315, il n’ y avait pas de Suisse, ni sur les cartes, ni dans les chartes. Le nom
375 a paix, la prospérité et les libertés de l’Europe ne seront rétablies que par cette union-là. C’est comme « citoyen de Gen
376 étique ». L’Europe unie qu’il appelle de ses vœux ne serait nullement unifiée par un despote ou par une idéologie, elle de
377 le (élément type) se révèle, en dernière analyse, n’ être rien d’autre que la cité de Genève ! Un peu plus tard, le Schaffh
378 jacobins et le Premier Empire. Benjamin Constant n’ est pas seulement l’auteur de l’Esprit de conquête, pamphlet classique
379 naît les mécanismes de notre vie confédérale : il n’ hésite pas à les proposer en modèle pour l’édification de l’Europe. Se
380 munauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n’ aura pas vécu en vain ni sans gloire14. » Pratiquement ignoré de nos j
381 rsion de nos vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça ne se fera jamais ! » Je me souviens d’un débat devant le micro en févri
382 , comme on appelait à l’époque la CECA : 1° qu’il n’ était pas réalisable, 2° qu’il serait néfaste pour la Suisse, à cause
383 . Et notre arrivée tardive au Conseil de l’Europe n’ a jamais été « justifiée », — comme disaient mes instituteurs. Qu’en e
384 ns offices lors de la guerre d’Algérie, etc.). Il n’ est donc pas question que la Suisse prenne la moindre initiative visan
385 sant à l’union européenne au plan politique. Elle ne pourrait qu’y perdre son prestige international. Arguments constitut
386 de notre fédéralisme et de la démocratie directe, n’ hésitent pas à déclarer de nombreux politiciens et journalistes. Argu
387 it gravement menacée. L’adhésion au Marché commun ne serait donc pas payante. Arguments traditionalistes. — Des représent
388 r du jeu des puissances militaires. La neutralité n’ a jamais été qu’un moyen au service de notre indépendance ; « elle ne
389 n moyen au service de notre indépendance ; « elle ne fait pas partie de l’essence de la Confédération » (prof. Henri Miévi
390 ité. Isolée de l’Histoire, en quelque sorte, elle n’ est plus celle que les Puissances garantirent en 1815. Si elle en vien
391 ester neutre entre nos ennemis, et nous-mêmes. On ne voit guère quelles considérations philanthropiques pourraient être op
392 se à une organisation européenne telle que la CEE ne serait pas incompatible avec la Constitution actuelle. Si, dit-il, la
393 à entrer sans réserve dans le Marché commun, elle ne saurait justifier ce refus par des motifs juridiques et des prétextes
394 La Suisse est située au cœur du Marché commun. Ce n’ est évidemment pas avec le reste du monde (sans cesse invoqué par les
395 l’outre-mer. Mais il faut avouer que ces chiffres ne suffisent pas à justifier notre refus de participer au Marché commun,
396 cie plus impossible encore chez nous qu’ailleurs, n’ en affirment pas moins que s’il le faut un jour, la Suisse fara da se
397 uisse fara da se et saura bien se défendre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas avec des longues piq
398  ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’ est pas avec des longues piques, des crampons de fer aux pieds et une
399 ait une catastrophe pour la Suisse. Mais personne ne la préconise, en réalité. Il est clair, en revanche, qu’une Europe fé
400 seuls, c’est le plus sûr moyen de les perdre. Il n’ est pas vrai, d’ailleurs, que l’union de l’Europe menace d’effacer nos
401 nationales ». L’union de la Suisse, depuis 1848, n’ a pas effacé nos caractéristiques cantonales. Et il est pour le moins
402 it 7 millions en France, 8 en Allemagne.) Mais ce n’ est pas le Marché commun qui les amène. C’est l’expansion de l’industr
403 e, aux destinées de laquelle le délégué du Vorort n’ est pas tout à fait étranger. Si M. Homberger croit vraiment que le mé
404 es peuples est un danger majeur pour son pays, il n’ a pas le droit d’en conclure au refus du Marché commun, mais il a le d
405 et surtout par l’effet de la technique, laquelle n’ a pas été créée que l’on sache par le mouvement d’union européenne. De
406 ges. En fait, cette « caractéristique nationale » n’ en est plus une depuis longtemps. Vers 1900 déjà, les Suisses vivant d
407 rs 1900 déjà, les Suisses vivant de l’agriculture ne représentaient plus qu’un tiers de la population totale. En 1963, c’e
408 que la Suisse entre ou non dans le Marché commun n’ y changera rien. (À moins que notre isolement n’entraîne un retour à l
409 n n’y changera rien. (À moins que notre isolement n’ entraîne un retour à la misère naturelle du pays ?) Bref, ce n’est pas
410 retour à la misère naturelle du pays ?) Bref, ce n’ est pas la Suisse de Morgarten, de Marignan, ou du xviiie siècle, ni
411 prétexte d’une « indépendance » dont notre peuple n’ est pas disposé plus qu’un autre à payer le prix exorbitant. ⁂ Tels ét
412 ance calculée et d’empirisme, qui supposent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse pas entraîner par u
413 ent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse pas entraîner par une verve logique ou polémique qui risque
414 aux enthousiastes de l’Europe, ils savent qu’ils n’ ont aucune espèce de chances d’être écoutés s’ils proposent de renonce
415 uisse moderne, un crime de lèse-majesté. Personne n’ ose donc crier trop fort, et c’est peut-être mieux ainsi. Mais notre p
416 s notre peuple comprend mal ce qui est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux qui refusent l’Europe au no
417 able dans la neutralité d’une fédération. Mais il n’ y a aucune chance qu’on nous offre cela, si nous fédéralistes ne l’exi
418 hance qu’on nous offre cela, si nous fédéralistes ne l’exigeons pas. Tout le débat sur l’idée européenne paraît tourner ch
419 i est devenu celui de la Suisse moderne, laquelle ne saurait croire à la seule force comme accoucheuse des sociétés, et ga
420 ’est la meilleure pour l’Europe. Or, si la Suisse ne la propose pas, qui le fera ? Notre fédéralisme est peu connu, ou trè
421 très mal connu hors de Suisse ; notre neutralité n’ y est que trop connue. Pourquoi parler toujours de cette neutralité, v
422 e mondiale ? Pourquoi cette timidité ? L’histoire n’ est pas faite par des gens qui défendent leur position, mais bien par
423 Ce que l’Europe et le monde attendent de nous, ce n’ est pas l’exposé lassant des raisons de notre « réserve » devant tout
424 re de la neutralité suisse, 1946, p. 9 : L’auteur n’ hésite pas à parler « d’introversion politique » (p. 7) à propos de l’
425 dstätten ont reçu leurs franchises de l’empereur. N’ y avait-il pas là un premier germe de la neutralité « charismatique »
10 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
426 , si jaloux de leurs différences — et vraiment il n’ en est pas deux qui se ressemblent : l’un catholique et l’autre protes
427 ts ! Et chacun veut rester ce qu’il est, mais ils n’ en vivent pas moins en harmonie, égaux en droit dans l’inégalité de l’
428 uelle. Le petit Appenzellois et le petit Genevois n’ ont pas lu les mêmes livres sur les bancs de l’école ; et si plus tard
429 ions, tous deux bien contents d’être suisses, ils ne se rencontreront sans doute jamais et n’entendront parler l’un de l’a
430 ses, ils ne se rencontreront sans doute jamais et n’ entendront parler l’un de l’autre qu’à l’occasion de leurs éventuels s
431 us civiques sans lesquelles une solide fédération n’ aurait jamais pu s’agencer et n’aurait pas duré longtemps ne sont pas
432 solide fédération n’aurait jamais pu s’agencer et n’ aurait pas duré longtemps ne sont pas de celles qui excitent au plus h
433 amais pu s’agencer et n’aurait pas duré longtemps ne sont pas de celles qui excitent au plus haut point l’esprit de risque
434 ur personnalité, la Suisse se verrait condamnée à ne produire que des œuvres moyennes ou d’intérêt purement local et folkl
435 lown que fut Grock. Ce palmarès plus qu’honorable ne suffit pas à définir un style ni une école particulière, mais il supp
436 ès supérieure à celle qu’on pourrait mesurer dans n’ importe quelle tranche de cinq à six millions d’habitants d’un très gr
437 énients ; chacun dans son coin veut tout faire et ne dispose ni des moyens ni d’un public suffisant. Nos facultés des scie
438 comme nos écoles d’art et nos radio-télévisions, ne pourront affronter les grandes compétitions de cette fin du xxe sièc
439 s cantons, est donc liée au vrai fédéralisme, qui n’ est pas l’esprit de clocher, ni l’abandon à l’uniformité imposée par u
11 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
440 i certains des incidents de la vie militaire, qui n’ étaient que routine aux yeux de mes instructeurs, m’apparurent tout ch
441 s intimidait, cependant que la courtoisie dont il ne se départissait jamais accentuait, par contraste avec le ton bourru q
442 pendance d’esprit qui chez un officier plus jeune n’ eût pas manqué d’être taxée d’insolence ou d’humeur subversive. Je l’a
443 iance de la place d’armes, où il était de mise de ne pas aimer ce chef. Un jour, à peine entré dans notre salle de cours,
444 t qu’il s’agit de réveiller. » Puis il sortit. Ce n’ était pas une définition, c’était plus grave : nous comprîmes tous que
445 ut de 70 kilomètres, une semaine plus tard. Et ce n’ était qu’une préparation pour la « grande course » finale : 150 kilomè
446 déplace en camion ou en train et que ces marches ne servaient à rien… Pour ma part, j’observais que le colonel prenait gr
447 j’observais que le colonel prenait grand soin de ne pas les justifier, malgré la sourde résistance qu’il devait bien sent
448 était de la nature d’un tel projet que ses motifs ne fussent point divulgués, mais en même temps qu’il nous fût présenté d
449 çant finalement à l’abandon de la course, si l’on n’ y a pas pris garde au premier signe, si l’on n’a pas prévu la durée de
450 on n’y a pas pris garde au premier signe, si l’on n’ a pas prévu la durée de l’effort. La route montait maintenant vers le
451 lonel. » Pour être à peu près unanime, la réponse n’ en était pas moins sincère. Ces cinq heures de marche sur route nous l
452 effort de trente-trois heures, les cinq premières n’ étant qu’une mise en train, ne fatiguent pas. L’organisme, tout simple
453 les cinq premières n’étant qu’une mise en train, ne fatiguent pas. L’organisme, tout simplement, ne se permet pas encore
454 , ne fatiguent pas. L’organisme, tout simplement, ne se permet pas encore de lassitude. Les puissances de l’inconscient, d
455 uffi à nous donner les moyens d’y répondre. Et je ne dis pas que l’entraînement que nous avions subi au préalable n’était
456 l’entraînement que nous avions subi au préalable n’ était pour rien dans la facilité avec laquelle nous venions de couvrir
457 25 kilomètres. Mais à son tour, cet entraînement n’ avait été reçu et surmonté qu’en vue de la grande course, du but loint
458 la Jeunesse. Car la vraie force d’un homme jeune ne vient-elle pas de ce qu’il imagine un très long temps de marche devan
459 t certains objectifs qui, peut-être, parce qu’ils ne sont que vaguement entrevus, semblent alors grands et lointains ? Le
460 e. Mais vers la quarantaine poindra l’angoisse de n’ avoir plus un temps illimité pour rejoindre ses rêves ou sa vision. Be
461 ir — marquent un temps d’hésitation : c’est qu’on n’ exige plus autant d’elles, et c’est vieillir. Il faudrait au contraire
462 talus, puis le talus devint la nuit, et le monde ne fut plus qu’un chemin où des pierres roulaient sous nos pas, jetant p
463 e de durée suspendue dans l’espace obscur, et qui n’ était plus mesurée que par l’alourdissement des membres. Un vent froid
464 cendait des Alpes, une pluie fine s’établit. Tout ne fut plus, pendant des heures, qu’automatismes à peine surveillés, rêv
465 in depuis plusieurs semaines et la saison d’hiver ne s’ouvrait qu’en décembre. Un hôtel vide nous accueillit. Après la col
466 ieurs. » De l’échec Je vais éternuer, et je ne puis pas. Je me prépare à soulever une caisse très lourde, et elle es
467 tin, au garde à vous, sur le quai de la gare — je ne sais si j’eusse évité cette débâcle nerveuse que les Américains, qui
468 déjà ramassé. Apprendre à réussir, ou à marcher, n’ est encore qu’une moitié de l’art de vivre. Mais apprendre à ne pas ré
469 qu’une moitié de l’art de vivre. Mais apprendre à ne pas réussir jusqu’au bout, à s’arrêter ou à subir l’arrêt, voilà l’au
470 durée même de l’Histoire. Et malheur à celui qui n’ est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui qui exigerai
471 i qui exigerait de réussir pour persévérer, après n’ avoir entrepris qu’en espoir ! Il avouerait que son espoir était trop
12 1964, Articles divers (1963-1969). Le sentier perdu (1964)
472 ts portraits d’enfants aux très grands yeux : ils n’ ont pas fini de s’étonner que déjà commence l’angoisse. Mais tout d’un
473 que peint Nora Auric a ceci de particulier qu’on ne sait s’il est vu de sous l’eau ou d’un nuage : ce seraient à peu près
474 glauques, hauteurs baignées de vapeurs denses. Ce n’ est pas un monde inhumain, car il est féminin, sans aucun doute possib
475 n, car il est féminin, sans aucun doute possible. Ne fût-ce que par ces roses un peu gris que je me rappelle, qui s’exagèr
13 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
476 technique, facteur de paix (6 mars 1965)q r Je ne suis pas un technicien, ni au sens étroit du terme, sujet de récentes
477 nique. Une prudence élémentaire m’incitera donc à ne point vous parler de la technique elle-même mais seulement de son rôl
478 uelques grandes questions des plus naïves, et qui ne portent pas sur tel ou tel problème précis que se posent les technici
479 sages, ni la Chine des mandarins et des paysans, n’ avaient pu ou voulu produire de machines, de turbines ou même de canon
480 anons, jusqu’à ces toutes dernières décennies, et n’ y auraient pas songé d’elles-mêmes, sans l’exemple et le défi occident
481 n réels aux yeux de l’Occidental christianisé, et ne sont pas une simple illusion, une partie du voile de Maya que tout l’
482 Programme grandiose, pratiquement infini, ou qui ne finira qu’avec la fin des temps. Mais la croyance en un Dieu créateur
483 à toute la Nature naturée — Nature à laquelle il ne s’agit plus de se conformer, mais qu’il faut au contraire transformer
484 bien d’une science des corps et de la matière qui ne se veut pas seulement spéculative, mais transformatrice du réel. Ajou
485 e la technique ainsi définie dans ses motivations n’ ont-elles pas coïncidé historiquement avec les guerres, c’est-à-dire a
486 permettent d’armer de petits corps de troupe qui ne dépendent pour leurs fournitures de guerre que des forgerons et des m
487 ment résulté du progrès de la technique, ou si ce n’ est pas plutôt la technique qui a bénéficié des commandes militaires.
488 les armes nouvelles inventées par les techniciens n’ ont guère fait que s’ajouter aux anciennes, curieusement appelées « co
489 jours plus étendues. La bombe A, puis la bombe H, n’ ont certes pas amené le désarmement, ni même ralenti la production des
490 nse utilité de la bombe H, c’est en somme qu’elle n’ est pas utilisable. Elle se trouve interdire de la sorte, ou limiter r
491 re atomique qu’il semble bien qu’on ait décidé de ne pas faire. On a donc atteint une limite, une sorte de point mort de l
492 u’entraînerait la guerre atomique, et que j’avoue ne pas ressentir très fortement ni en moi, ni autour de moi, tant il est
493 r de tous, malheur de personne en particulier. Je n’ ai pu observer la peur de la menace atomique qu’aux États-Unis, il y a
494 ngoisse panique des peuples qui s’opposerait — on ne sait comment — à un conflit atomique, que sur une crainte bien raison
495 ec des bâtons, des couteaux. Les bombes atomiques ne seraient guère utilisables de nation à nation, en Europe : nous somme
496 ps de la colonisation, les peuples du tiers-monde ne connaissaient de nous que d’assez rares exemplaires de colons et de s
497 ez rares exemplaires de colons et de soldats, qui n’ avaient rien de bien attirant. Mais aujourd’hui, le cinéma leur fait v
498 oient cela, et ils exigent nos machines, mais ils ne voient pas, hélas, ce qui les a rendues possibles. Ils croient qu’ils
499 té, et d’une sorte d’ascèse disciplinée, dont ils n’ ont guère la notion, et encore moins le goût. Mais la technique occide
500 out — selon les prévisions de nos démographes. On ne peut pas agrandir la terre. Il faut donc que notre technique, qui a c
501 er la thèse suivante : la technique, en principe, n’ est pas plus un facteur de paix qu’un facteur de guerre. Elle fournit
502 aux armées des moyens de faire la guerre, mais ce n’ est pas elle qui cause les guerres, ce sont au contraire les passions,
503 s biplans qui volaient tout juste assez vite pour ne pas tomber. (« Vole aussi bas que possible et surtout pas trop vite »
504 apidement le bulldozer et l’avion de ligne. Et ce n’ est pas la maîtrise de l’énergie nucléaire, dont les principes et les
505 ar rapport à la guerre et à la paix, la technique n’ est pas un facteur indifférent, mais bien ambivalent : pas de guerre p
506 Ceci dit, reconnaissons que la guerre bloquée, ce n’ est pas encore la vraie paix. Celle-ci ne peut naître qu’à la faveur d
507 quée, ce n’est pas encore la vraie paix. Celle-ci ne peut naître qu’à la faveur d’un équilibre qui ne soit pas celui de la
508 ne peut naître qu’à la faveur d’un équilibre qui ne soit pas celui de la terreur, mais des diverses facultés humaines dév
509 s, serait-elle un facteur de déshumanisation, qui ne substituerait aux explosions belliqueuses qu’une sorte d’implosion de
510 sage urbain d’une grande complexité, où la Nature n’ était plus représentée que par des pans de ciel abstrait entre les par
511 ant l’été. Et je mets en fait que la jeunesse qui ne parle, dit-on, que de marques d’autos, connaît mieux les forêts, les
512 ns de l’Europe que ses ancêtres en redingote, qui ne parlaient que de politique. Un peu de technique industrielle rudiment
513 nouvelle avec une nature mieux protégée que nous n’ avons su le faire dans cette génération. Enfin, il y a la grande quest
514 la table à laquelle on s’est heurté. La technique n’ est pas une puissance indépendante de l’homme et qui pourrait se tourn
515 it se tourner subitement contre lui. La technique n’ est pas matérialiste, seul l’homme peut l’être, quand il se laisse all
516 s propres mécanismes psychologiques. La technique n’ est pas davantage utilitariste, et je dirai plus : dans ses intentions
517 s ses intentions primitives, dans sa genèse, elle n’ est même pas utilitaire ! L’histoire des grandes inventions, de celle
518 ns, de celle du feu à celle de la fusée spatiale, n’ est pas l’histoire de « besoins » qui auraient existé avant elles, c’e
519 grandes inventions qui ont modifié nos vies — je ne parle pas de nos gadgets — ne sont pas nées pour satisfaire des besoi
520 difié nos vies — je ne parle pas de nos gadgets — ne sont pas nées pour satisfaire des besoins matériels que personne n’ép
521 our satisfaire des besoins matériels que personne n’ éprouvait avant elles, mais c’est généralement l’inverse qui s’est pro
522 énéralement l’inverse qui s’est produit. Personne n’ avait besoin d’autos quand il n’y en avait pas encore — à part quelque
523 produit. Personne n’avait besoin d’autos quand il n’ y en avait pas encore — à part quelques rêveurs un peu bizarres. C’est
524 l l’appelait, c’est-à-dire un véhicule rapide qui ne fût pas astreint à suivre la loi rigide des « voies ferrées » et ses
525 tto eut inventé le moteur à explosion interne. On n’ ignore pas d’ailleurs que des dizaines d’ingénieurs — en France surtou
526 rd. Son invention, ou sa réinvention indépendante n’ en demeure pas moins exemplaire, par ses motifs réels, d’ordre psychol
527 t vrai dans ce sens que l’homme moyen croit qu’il ne pourrait plus se passer de cet objet, mais le fautif n’est pas la voi
528 rrait plus se passer de cet objet, mais le fautif n’ est pas la voiture, c’est la publicité, la mode, la vie sociale — c’es
529 évoque la liberté de l’individu, cette invention n’ était certes pas la mieux adaptée à ses fins, ni la mieux calculée pou
530 , des ordres de police routière ; si je mange, ce n’ est guère qu’un sandwich, si je rêvasse un klaxon me réveille brutalem
531 me simplicité. La technique est un instrument qui ne saurait être, en soi, mauvais ou bon. Tantôt révérée comme instance e
532 ou voudrait nous réduire à l’état de robots, elle ne mérite en vérité ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Elle n’es
533 é ni cet excès d’honneur ni cette indignité. Elle n’ est que le moyen de nos passions et de nos rêves, le moyen de nos vrai
534 richons, et nous nous persuadons que la technique n’ est après tout qu’un ensemble de procédés ingénieux et utilitaires, de
535 par une inexplicable malice des choses, dont nous ne serions pas du tout responsables, elle menace au contraire d’anéantir
536 ir toute espèce de vie sur la terre. La technique n’ est qu’un instrument, n’est qu’un moyen, soit de la guerre, soit de la
537 ur la terre. La technique n’est qu’un instrument, n’ est qu’un moyen, soit de la guerre, soit de la paix, soit de la tyrann
538 e, l’économie, l’hygiène ou le simple confort, il n’ est peut-être pas d’activité humaine qui paraisse moins métaphysique e
539 e en soi que la technique. Mais en même temps, il n’ en est pas qui nous contraigne davantage, et avec une urgence plus dra
540 ns de notre vie et de la vraie nature de l’homme. Ne serait-ce pas là, peut-être, son plus grand miracle ? q. Rougemon
14 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
541 odleurs est un cliché mais juste et bien tiré. Il ne retient que certaines apparences, mais qui suffisent à remplir les hô
542 hôtels. Pourtant la Suisse est autre chose, qu’on ne voit pas sur les cartes postales. On croit que c’est le pays le plus
543 he tout de même — il faut en croire ses yeux — ce ne peut être qu’en vertu de certains secrets d’usage plusieurs fois sécu
544 ditions de vie plus ou moins uniformes. La Suisse n’ a rien de tout cela, mais elle a le régime le plus stable de l’Europe.
545 Ce pays le plus pauvre en matières premières — il n’ a guère que l’eau des glaciers pour en tirer de l’énergie — est l’un d
546 s seulement. Orson Welles prétend que les Suisses n’ ont rien inventé à part la pendule à coucou mais c’est chez eux que l’
547 us forte densité de prix Nobel des sciences, pour ne rien dire de cette galaxie de génies qui va de Paracelse à C. G. Jung
548 ion égales peut dire mieux, sur ce continent ? Il n’ empêche qu’à Paris, à Londres ou à Berlin, on se moque un peu des Suis
549 l’utopie, et de la patrie d’un Guillaume Tell qui n’ exista jamais que dans le mythe à une Europe fédérée qui par malheur n
550 ans le mythe à une Europe fédérée qui par malheur n’ existe encore que dans l’espoir. Entre les deux, où est la vraie Suiss
551 % plutôt heureux, et 6 % pas très heureux, ce qui ne laisse guère de place qu’à 1 % de révoltés ou de désespérés. Ce phéno
552 te première alliance — un traité en due forme qui ne fut certes pas rédigé par des pâtres, puisqu’il était en beau latin —
553 ante. Privée de tout pouvoir supra-cantonal, elle ne sut pas empêcher, en 1847, une guerre civile opposant les cantons cat
554 er ses diversités. Et ses vingt-deux petits États n’ ont délégué à un pouvoir central une certaine part de leur indépendanc
555 après l’autre. Ainsi, le vrai secret de la Suisse n’ est pas du tout celui des banques mais celui du fédéralisme, celui d’u
556 ode de vie, sa langue, son credo ou son parti. Il n’ en fut pas toujours ainsi, et les Suisses ont connu pendant des siècle
557 s invisibles, et dès lors les communautés réelles ne sont plus définies par leurs cordons douaniers, mais par le libre cho
558 le degré d’attachement réel de leurs membres. On n’ est plus obligatoirement protestant parce qu’on est né à Genève ou dan
559 ommunautés diverses, dont les aires géographiques ne se recouvrent pas et n’ont rien de comparable. Prenez mon cas : Franç
560 t les aires géographiques ne se recouvrent pas et n’ ont rien de comparable. Prenez mon cas : Français de langue, Européen
561 , tantôt s’interpénétrant mais sans se confondre, n’ allez pas croire qu’elles soient unies par je ne sais quelle ferveur s
562 , n’allez pas croire qu’elles soient unies par je ne sais quelle ferveur sentimentale — oh ! non. Personne n’a jamais exig
563 quelle ferveur sentimentale — oh ! non. Personne n’ a jamais exigé que les Thurgoviens et les Vaudois ou les Grisons roman
564 manches et les Bâlois s’aiment d’amour tendre. On ne leur demande même pas de se connaître ! Un jodleur d’Appenzell avec s
565 chic anglais, ses principes et ses complexes, ils n’ auraient guère à se dire et pas de langage commun. Mais ils savent bie
566 iété même aux vingt-deux petits États suisses, je ne vois et ne puis imaginer une autre solution que l’helvétique. Et je n
567 ux vingt-deux petits États suisses, je ne vois et ne puis imaginer une autre solution que l’helvétique. Et je ne vois pas
568 aginer une autre solution que l’helvétique. Et je ne vois pas de raison sérieuse qui empêcherait qu’on l’applique à l’éche
569 arer à l’un de vos aimables cantons ? Eh bien, je n’ ai pas ce courage, ou cette témérité. Je n’essaie pas d’égaler le médi
570 en, je n’ai pas ce courage, ou cette témérité. Je n’ essaie pas d’égaler le médiocre à l’auguste. Je ne compare que des rap
571 n’essaie pas d’égaler le médiocre à l’auguste. Je ne compare que des rapports et constate qu’entre la France par exemple e
572 dans le cas de nations dont l’inégalité relative n’ est pas moindre. Le fédéralisme est précisément l’art de composer en u
573 ’Europe actuelle est pratiquement plus petite que ne l’était la Suisse quand elle s’est fédérée. En 1848, il fallait deux
15 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
574 e réservé à ceux-là seuls qui prouveraient qu’ils ne peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres, qu’on élève des barrièr
575 uand il était ministre de l’Éducation. Le Cabinet n’ a pas tardé à démissionner pour se reformer deux jours plus tard avec
576 e too ! » fait-il, sérieux. « Je suppose que vous n’ entendez tout de même pas défendre les instituteurs, n’est-ce pas ? Ca
577 endez tout de même pas défendre les instituteurs, n’ est-ce pas ? Car ils sont… indéfendables ! » Une jeune fille lui deman
578 i Dieu était féminin… — Mais Dieu est féminin, il n’ y a pas de question ! — Comment le savez-vous ? — D’abord parce que je
579 ire, et la psychologie d’une vingtaine de peuples n’ ayant guère en commun que leur conviction d’occuper chacun une positio
580 ritait un traitement tout à fait exceptionnel, il ne fallait ni un doctrinaire ni un journaliste, ni un spéculatif, ni un
581  : de dérober au vol du temps) quelques pages qui ne vieilliront plus sur l’Europe des paysages, des fleuves, des villes,
582 ession des comités hélas indispensables, et qu’il ne suffit pas de présider mais qu’il faut surtout animer, sinon l’action
583 e la culture et le Collège d’Europe à Bruges), on ne s’ennuie pas, parce que le président nous donne l’impression qu’il s’
584 Colonel Cheval de la Résistance). À propos de je ne sais plus quoi, Gilson ayant dit : — Mais que vont en penser nos amis
585 e : « Penser ? Que voulez-vous dire ? Les Anglais ne pensent pas. Écoutez donc notre ami Lindsay : il dit “I feel » et non
586 nomme leur œuvre personnelle, et de ceux-là, nul ne l’a fait avec un désintéressement aussi total que notre premier prési
587 our toujours, Don Salvador est Espagnol, comme on ne l’est plus. Je l’ai entendu, à Bombay, prétendre que l’Espagne, c’est
588 Je suis un libéral, toujours prêt à discuter avec n’ importe qui, je peux discuter avec mon plus grand adversaire, mais je
589 discuter avec mon plus grand adversaire, mais je ne peux pas discuter avec un gramophone ! » Quelques années plus tard, n
590 ic français intellectuel, c’est-à-dire de gauche, n’ aime pas qu’on touche à sa Révolution, qu’on lui rappelle qu’une révol
591 syncoper le pathétique et l’espièglerie polémique ne se laissaient pas oublier, mais ce qui désormais donnait autorité à l
592 ais donnait autorité à la pensée de Madariaga, ce n’ était pas le rang, le brillant, le brio, c’était l’engagement de toute
593 re vraiment engagé et vraiment libéral à la fois, n’ est-ce pas là son plus beau paradoxe ? t. Rougemont Denis de, « Un
16 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
594 la fédération, qui est essentiellement politique, n’ est pas encore abordé par les Six, et n’est même pas posé par les autr
595 olitique, n’est pas encore abordé par les Six, et n’ est même pas posé par les autres. En l’absence — à peine croyable — de
596 u passé. La jeunesse se demande pourquoi l’Europe n’ est pas encore unie, depuis vingt ans que nos gouvernements proclament
597 s unir, et ils constatent, évidemment, « qu’elles ne sont pas encore prêtes à s’unir ». Or, il est clair — il devrait être
598 lair — qu’en tant qu’États souverains les nations ne seront jamais prêtes à s’unir ! Il appartient à leur être même d’État
599 le en soi-même. L’union, pour deux États-nations, n’ est jamais qu’une mesure de fortune, voire qu’un expédient désespéré (
600 ée par Churchill en juin 1940) autrement dit : ce n’ est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se s
601 nous l’a léguée le siècle dernier : la région. Il n’ est rien dont les sociologues d’aujourd’hui s’occupent avec plus de pa
602 ant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les
603 rts et enfin l’unité géographique, cette dernière n’ étant d’ailleurs plus définie par une frontière marquée sur le terrain
604 jà beaucoup plus large et solidement fondé que je n’ osais l’espérer. Au cours de ces dernières années, on a vu se multipli
605 ndre à la curiosité d’un grand public. Certes, on n’ en est encore qu’au stade de la prise de conscience du phénomène régio
606 t institutionnelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exig
607 s jours qu’à l’aube grecque de notre histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme d
608 parti. Leurs échecs désastreux, catastrophiques, ne doivent pas nous apprendre seulement à nous méfier de toute espèce d’
609 ionale elle-même dont, après tout, l’impérialisme ne fait que révéler en les exagérant la vraie nature et les vraies ambit
610 ant la vraie nature et les vraies ambitions. Nous n’ en sommes encore qu’à l’aube de la formation des régions, qui seront l
611 discours célèbre, à la Sorbonne20 : Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.
612 ion européenne, probablement, les remplacera. On n’ en continue pas moins à nous répéter que les nations sont « encore » l
613 uveraineté est devenue tout illusoire dès qu’elle n’ est plus purement négative — en bien ou en mal. Ainsi, elle leur perme
614 plus de temps que les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers con
615 les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers congrès fédéralistes,
616 de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’ osions l’espérer et que ne peuvent encore l’imaginer les politiciens q
617 n plus avancée que nous n’osions l’espérer et que ne peuvent encore l’imaginer les politiciens qui se croient réalistes —
17 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
618 ques égyptiennes ou précolombiennes, par exemple, n’ attendent de leurs sujets qu’une obéissance aveugle. Mais la démocrati
619 rnaux, donc le suffrage universel. Une démocratie ne mérite son nom que dans la mesure où, soit par l’enseignement, soit p
620 r des citoyens et un civisme européens tant qu’il n’ y a pas de Cité européenne ? Inversement, comment fonder une Cité euro
621 er une Cité européenne, l’Europe unie, tant qu’il n’ y a pas de civisme européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne
622 européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne demandent qu’à croire qu’ils y sont enfermés. Au-delà des impasses lo
623 Ni spontanée, ni fatale L’union de l’Europe ne se fera pas toute seule par un processus mécanique, ou parce qu’elle
624 sens de l’Histoire » comme certains disent. Elle ne sera pas non plus l’œuvre d’un dictateur : Napoléon, Hitler ont échou
625 gtemps. Ni spontanée, ni fatale, ni imposée, elle ne peut être que choisie et voulue — exactement comme la démocratie — pa
626 té sera suscitée et conduite par une minorité qui ne voudra pas forcer mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’Eur
627 udra pas forcer mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’Europe sans faire des Européens. Mais ceux-ci, qui les fer
628 re où elle façonne les caractères et les esprits, ne fait pas des Européens. Quand elle fait quelque chose au niveau du ci
629 lle fait quelque chose au niveau du civisme, elle ne fait en tout cas pas cela, et l’on peut être heureux si elle ne fait
630 t cas pas cela, et l’on peut être heureux si elle ne fait pas le contraire. L’éducation du citoyen qui se pratique dans le
631 on parle de leur fonctionnement. Mais surtout, on ne dit rien des problèmes vivants et réels qui se posent à la cité et à
632 desquelles il serait bon de savoir quelque chose, ne compte pas au regard des problèmes réels — ceux qu’il ne s’agit pas d
633 te pas au regard des problèmes réels — ceux qu’il ne s’agit pas de réciter par cœur mais de comprendre intimement. Il fau
634 sunie et telle qu’elle pourrait être unie demain, n’ apparaissent pas souvent dans les discours des militants européistes,
635 t de la Campagne d’éducation civique européenne23 n’ est donc pas d’instaurer une branche de plus dans l’enseignement déjà
636 é européenne, et cela, à la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de se présenter dans chaque leçon d’histoire, de géog
637 s que la Campagne (ou quelque chose d’équivalent) n’ aura pas fait sentir ses effets dans l’enseignement secondaire de nos
638 évolution dans les institutions politico-sociales n’ aboutira, ou ne prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’Europe a
639 les institutions politico-sociales n’aboutira, ou ne prendra vraiment le départ. Est-ce dire que l’Europe attend son « pet
640 tion, tandis que l’autre, que j’ai sous les yeux, n’ est qu’un recueil de réponses toutes faites, unifor­mément optimistes
641 ative de réflexion ou de création personnelle. Je n’ y trouve en tout que deux points d’interrogation sur 340 pages ; encor
642 re. Il fourmillera de points d’interrogation ! Il ne dira jamais : « Right or wrong, our Europe ! » mais il fera voir que
643 faisons est au service du peuple, de quel défaut ne pourrions-nous donc nous débarrasser ? » « Si la masse du peuple se l
644 ère pour enlever avec nous ces montagnes, comment ne pourrions-nous pas les aplanir ? » v. Rougemont Denis de, « Le civi
18 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
645 serai jusqu’à la fin de mes jours. Simplement, je ne suis pas un chercheur scientifique. Je voudrais m’élever contre la hi
646 en train d’instaurer. M. Mach se plaignait qu’on n’ accorde pas un respect suffisant aux chercheurs scientifiques. Il me s
647 ance des paiements, balance commerciale. Pourquoi ne pas introduire la notion de balance des paiements intellectuels ? Je
648 urs, peut-être trois, qui étaient nés suisses. Je ne suis pas tout à fait sûr de Charles Édouard Guillaume, mentionné dans
649 être parfaitement favorable. (D’ailleurs, si elle ne l’était pas, ce serait le même prix !) Quand je vous dis que les écha
650 une certaine année, au milieu du xiie siècle, il n’ y avait à la Sorbonne pas un seul professeur français. Les grands maît
651 — ce devait être dans les années 1250 à 1260, je ne me rappelle plus exactement — s’appelaient Thomas d’Aquin, qui était
652 ne, qui nous a apporté une civilisation dont nous n’ avions pas la moindre idée par nous-mêmes. Ensuite, par un exode de ce
653 uisse ? Il y a d’abord eu le service étranger. Ce n’ était pas exactement une exportation de cerveaux, mais sur la masse, s
654 quelquefois ; et il y avait même des amiraux. Je ne vous dis pas cela pour vous faire rire : la célèbre plaisanterie sur
655 avez des hommes comme Chevrolet par exemple, qui, ne pouvant pas faire de voitures en Suisse, a été les faire en Amérique
656 e ses enfants devient professeur d’université, on ne va pas dire que c’est un exode de cerveau, puisque le village n’a pas
657 que c’est un exode de cerveau, puisque le village n’ a pas les dimensions nécessaires à l’université. Mais prenez maintenan
658 rnois qui s’appelle Sigriswil. Si Blaise Cendrars n’ était pas parti à 17 ans pour le vaste monde, qu’est-ce qui se serait
659 out ! Il serait resté à La Chaux-de-Fonds et nous n’ en aurions rien su ; il aurait continué à s’appeler Fritz Sauser. Mais
660 t, ce malheureux, s’il était resté en Suisse ? Il n’ aurait pas trouvé assez de place pour ses ponts, simplement. Nos dimen
661 place pour ses ponts, simplement. Nos dimensions ne sont pas suffisantes. On aurait pu lui offrir, me direz-vous, de cons
662 ont enjambant la rade de Genève, mais les crédits n’ ont pas encore été votés, depuis quarante ans. Et puis, il y a un cas
663 Un chercheur suisse va travailler au CERN : nous ne pouvons pas parler d’exode dans ce cas-là. Pourquoi ? Parce que la re
664 as-là. Pourquoi ? Parce que la recherche atomique n’ est pas aux dimensions d’un pays comme la Suisse, ni d’ailleurs d’aucu
665 la communauté continentale, vu les finalités (qui n’ étaient pas toutes de recherche pure) qu’il y avait dans la science at
666 l’Unesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on ne peut pas dire non plus qu’il s’agit là d’une perte, d’un exode. Simpl
667 es mesures prendre pour empêcher l’exode quand il n’ a pas le caractère d’échange mais qu’il sanctionne un manque d’organis
668 les et des climats intellectuels qui attirent. Ce n’ est pas uniquement une question financière. Naturellement, la question
669 estion financière constitue un préalable. Si vous ne payez pas les gens suffisamment, il ne faut pas vous étonner qu’ils a
670 e. Si vous ne payez pas les gens suffisamment, il ne faut pas vous étonner qu’ils aillent ailleurs plutôt que de crever de
671 sur tout le territoire de la Confédération. S’il ne s’agit pas purement de choses financières, il ne s’agit pas non plus
672 ne s’agit pas purement de choses financières, il ne s’agit pas non plus de questions d’emploi, ou pas uniquement. Il s’ag
673 nt. Il s’agit de créer un climat intellectuel. Je ne vais pas vous en donner la recette. Créer un climat intellectuel, c’e
674 re d’art, il faut la faire, comme dit l’autre, ce n’ est pas le tout de la décrire. Tout ce que je puis proposer ici, ce so
675 me s’il y est moins payé qu’ailleurs, parce qu’il n’ est pas uniquement physicien, il n’est pas uniquement médecin, et s’il
676 s, parce qu’il n’est pas uniquement physicien, il n’ est pas uniquement médecin, et s’il trouve un bon orchestre, un bon qu
677 rapides relatives à l’intérêt que les gens ont ou n’ ont pas pour certaines émissions, et l’on transforme la qualité de ces
678 e. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais je ne vais pas allonger trop. Je voudrais dire encore un mot sur le rôle de
679 l me semble que l’Université est mieux placée que n’ importe quel autre corps ou profession ou ensemble de professions, com
680 tion intellectuelle. À condition que l’Université ne soit pas uniquement la juxtaposition de quelques écoles de formation
681 lle. Elle doit être aussi cela ; bien entendu, il ne s’agit pas de la transformer de fond en comble du jour au lendemain,
682 r de fond en comble du jour au lendemain, mais il ne faut pas qu’elle soit uniquement cela : quelques écoles de formation
683 eu de contestation. Mais attention : contestation n’ est pas un mot inventé par Cohn-Bendit, ni même par Sartre. Contestati
684 jets abordés. Et je vous prierai de croire que ce n’ était pas toujours des sujets purement techniques ou de grammaire. La
685 e et merveilleux ! Jamais depuis le Moyen Âge, on ne s’était autant occupé des universités que depuis qu’on a découvert qu
686 s, aboutisse vite, mais surtout je souhaite qu’on ne s’en tienne pas là. Car l’Université, à mon sens, a été, doit redeven
687 a hiérarchie de ses options. Une contestation qui ne se fasse pas — ce sera mon dernier mot — en dehors de l’Université et
688 iversité et contre elle, mais dans les cours — je ne dis pas dans tous les cours, il faut préserver l’élément de formation
689 e répète : le financement, c’est un préalable, on ne fait rien sans ça. L’organisation aussi. Mais croire qu’un climat, c’
690 e, moi, je suis rentré en Europe, par exemple. Ce n’ est pas du tout que j’aie été racheté par l’État de Genève (n’est-ce p
691 tout que j’aie été racheté par l’État de Genève ( n’ est-ce pas M. Lalive ?) je n’ai pas été rapatrié. M. Lalive : Ah ! vo
692 ar l’État de Genève (n’est-ce pas M. Lalive ?) je n’ ai pas été rapatrié. M. Lalive : Ah ! vous me rassurez ! M. de Rougem
693 u ici parce que j’y trouvais quelque chose que je ne trouvais pas en Amérique, quelque chose qu’il m’est difficile de vous
694 États-Unis, M. Lalive disait tout à l’heure : Je n’ ai pas vu de génies américains qui viennent en Europe en échange de no
695 , Agassiz, Ammann et tout cela. M. Lalive : Vous n’ en avez pas cité. M. de Rougemont : Ce n’est pas tellement étonnant, v
696 e : Vous n’en avez pas cité. M. de Rougemont : Ce n’ est pas tellement étonnant, vu que l’effort culturel des Américains n’
697 étonnant, vu que l’effort culturel des Américains n’ est pas porté vers la création de génies individuels. C’est un effort
698 é sur la préparation du terrain. D’ailleurs, nous ne pouvons pas dire en Suisse que nous soyons complètement indemnes de t
699 ute influence américaine. Il y en a tout de même, ne fût-ce que le jazz. Nous avons pris aux États-Unis beaucoup de choses
700 peu curieux. Il a parlé de mon optimisme béat. Je ne vois pas du tout à quel moment j’ai pu tomber dans ce penchant vicieu
701 oin de le dire en commençant. Dans ce domaine, je ne conteste rien du tout. Mais je vous signale le danger, qui serait un
702 elque temps, quelques années, mais à la longue ce n’ est pas payant, même pour la recherche scientifique. Je défends ici un
703 ouvent très éloignées les unes des autres. Alors, ne tombons pas dans le travers américain. Rapatrions nos idéaux. x. R
19 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
704 rope ! » Il y a vingt-et-un ans de cela. L’Europe n’ est toujours pas debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pour
705 pel pathétique du célèbre homme d’État ? Un appel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous en
706 tablement importante de notre temps.26 Mais qui ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, — que cette « réalité
707 e véritablement importante de notre temps » ? Qui ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite, c
708 oit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’ est pas faite, c’est parce que les nations qu’exalte le ministre d’Éta
709 ines » ? Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’internationale, comme Marx l’avait di
710 tre chose est de s’en féliciter, d’affirmer qu’on ne peut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et d’appel
711 des réalités importantes de notre temps, mais je ne pense pas que le réalisme consiste à le proclamer avec fierté. Il ne
712 réalisme consiste à le proclamer avec fierté. Il ne consiste pas non plus à les nier, mais bien à faire en sorte qu’elles
713 techniques et démographiques de notre temps. Ils ne me semblent pas confirmer que « l’évolution joue dans le sens de la n
714 ominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée
715 pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’ est pas surmontée et remplacée à temps. La grande force de l’État-nati
716 rtelles (en tout cas la leur !), que rien d’autre n’ est donc possible, et que d’ailleurs l’État, ou la nation, c’est l’abo
717 Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire qui ne connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence avec l
718 faudrait montrer que les premiers États nationaux n’ apparaissent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et se forment a
719 ne de moyenne grandeur centré sur l’Île-de-France ne se reconnaît plus de supérieur au monde, traite donc l’Empire de haut
720 peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’ est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révoltante —
721 n y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, intangible dans n
722 os esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait n’ être après tout qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On ense
723 eligion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’ est plus guère le christianisme, ce sera donc le nationalisme, le cult
724 at peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centralisé
725 onnels jusqu’au Saint-Empire médiéval, bien qu’il n’ en ait ni la pluralité ethnique et linguistique, ni le caractère d’uni
726 e tout. L’État-nation moderne, unitaire et absolu n’ est enfin qu’un empire manqué. Voilà la vérité fondamentale du xxe si
727 omique pour répondre au « défi américain » — cela n’ a plus à être démontré28 — mais aussi pour répondre au défi du tiers-m
728 nos États-nations européens en plus de vingt ans n’ ont pas fait un seul pas effectif en direction de leur fédération poli
729 é non de coopération. Leur mode de contact normal n’ est pas l’échange, mais le choc. Bakounine l’avait déjà dit, il y a ce
730 va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’ y aura plus de problème, ou bien modifier les données mêmes du problèm
731 de mon côté : L’union, pour deux États-nations, n’ est jamais qu’une mesure de fortune, voire un expédient désespéré (com
732 e par Churchill en juin 1940), autrement dit : ce n’ est jamais qu’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se s
733 ’a léguée le siècle dernier : — la région.31 Il n’ est rien dont les jeunes sociologues s’occupent avec plus de passion e
734 ant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne sont pas les provinces de l’Ancien Régime, effacées, encore moins les
735 ts, et enfin l’unité géographique, cette dernière n’ étant d’ailleurs plus définie primairement par une frontière marquée s
736 jà beaucoup plus large et solidement fondé que je n’ osais l’espérer. Au cours de ces dernières années, on a vu se multipli
737 nçais. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera féd
738 re de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie la représentation du peuple français
739 a nation doit réparation du tort ainsi causé. On n’ est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans un
740 jeunes et des cadres… » Le dépérissement régional n’ est pas particulier à la Bretagne. Mais la crise y est si aiguë, la co
741 est intéressant, me disent certains augures, mais n’ allez pas y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si
742 pas y attacher trop d’importance. L’État français ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et
743 ès bien en main, et quelques excités de la région ne l’impressionnent pas. À quoi je répondrai deux choses : 1° De Gaulle
744 je répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est de
745 de l’État est devenue tout illusoire, quand elle n’ est pas toute négative, ne consiste pas à dire non, ou à consentir un
746 t illusoire, quand elle n’est pas toute négative, ne consiste pas à dire non, ou à consentir un abandon. Ainsi, elle perme
747 là, les mesures nécessaires à l’union. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la Première Guerre de
748 au surplus liée au sud de l’Angleterre. Or Lille n’ est qu’un exemple entre bien d’autres : nous avons, tout près d’ici, c
749 plus de temps que les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers con
750 les pionniers de l’Europe unie ne l’exigeaient et ne l’annonçaient dans l’enthousiasme des premiers congrès fédéralistes,
751 de l’Europe unie, est bien plus avancée que nous n’ osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus ser
752 s avancée que nous n’osions l’espérer. Toutefois, ne nous y trompons pas : le processus sera très long, et il nous paraîtr
753 a nécessairement très lent, au jour le jour. Nous n’ en sommes encore, aujourd’hui, qu’au stade de la prise de conscience d
754 t institutionnelles. Des réalisations à ce niveau ne sauraient être décrétées sans transition. Il est normal qu’elles exig
755 s jours qu’à l’aube grecque de notre Histoire. Je ne cite pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme d
756 prétendent aujourd’hui se partager le monde. Nous n’ en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des régions en ta
757 un discours célèbre à la Sorbonne : Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront.
758 bablement, les remplacera.34 Mais tout le monde n’ a pas lu Renan, de nos jours… Et cette succession qu’il annonce, ce re
759 acement des États-nations par la fédération, cela ne se fera point par le jeu spontané du fameux « mouvement de l’Histoire
760 és par elles-mêmes, et aussi, par sa sobriété, de ne pas réveiller les illusions de l’absolutisme, les délires de la souve
761 n un peu hardies, sous le double prétexte « qu’on n’ est pas sûr qu’elles réussiront », ou bien « qu’on n’est pas sûr que c
762 st pas sûr qu’elles réussiront », ou bien « qu’on n’ est pas sûr que cela servirait nos intérêts ». Assez de cette politiqu
763 , par les infimes ; et de divin par un bébé qu’on ne savait trop comment déclarer… Les régions de demain seront en même te
764 à s’intégrer dans des régions polynationales, ce ne serait pas encore « la fin de la Confédération », la perte de son ide
765 rait perdre son caractère de cité suisse plus que ne le font sa population étrangère et les institutions internationales q
766 ir ? Non, même « dissociée » économiquement, rien n’ empêcherait la Suisse de cultiver sa vocation particulière, qui est d’
767 ière, qui est d’ordre politique et culturel, rien ne pourrait empêcher les Suisses de toutes les régions de continuer à se
768 ssociation. Nous sommes le seul pays européen qui n’ ait jamais été tenté de devenir un État-nation unitaire, d’uniformiser
769 e responsabilité propre vis-à-vis de l’Europe. Je ne crois pas que nous ayons mission de préconiser urbi et orbi la transp
20 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
770 es et culturels de ce congrès sans précédent : je ne voudrais évoquer ici qu’un incident de couloir dont personne n’a parl
771 oquer ici qu’un incident de couloir dont personne n’ a parlé, et dont je fus alors le seul à ressentir, non sans colère ni
772 ours, j’avais posé clairement mes conditions : je ne prendrais en charge la section culturelle que s’il était bien entendu
773 de la sorte un puissant mouvement populaire… Cela ne manquerait pas d’exercer une pression supplémentaire sur les gouverne
774 flanqué de son beau-frère Randolph Churchill (qui n’ était là qu’à titre de journaliste). Ils m’apprirent que le Message a
775 ). Ils m’apprirent que le Message aux Européens ne pourrait être présenté à la séance finale, parce qu’il contenait cett
776 ous voulons une défense commune », que le congrès n’ avait pas discutée et qui ne figurait pas dans les résolutions finales
777 une », que le congrès n’avait pas discutée et qui ne figurait pas dans les résolutions finales. Au cours de l’explication
778 istres, qui en ont fait l’usage que l’on sait. 2. Ne vous semble-t-il pas paradoxal qu’en mai 1948, alors que n’existaient
779 mble-t-il pas paradoxal qu’en mai 1948, alors que n’ existaient encore ni le Conseil de l’Europe, ni surtout, les Communaut
780 nations inutilisables et irréformables (mais nous n’ avions pas encore élaboré la doctrine adaptée aux temps nouveaux — cel
781  faire l’Europe » ? L’union politique de l’Europe n’ a pas progressé d’un centimètre depuis que Churchill (en 1946 à Zurich
782 la souveraineté absolue et de l’indépendance (ils n’ osent plus parler d’autarcie), nos États-nations n’ont plus d’autres p
783 ’osent plus parler d’autarcie), nos États-nations n’ ont plus d’autres pouvoirs réels, à l’échelle de l’Europe et du monde,
784 de circulation de la main-d’œuvre, etc. Mais ils ne peuvent rien de plus. (Il se cachent aujourd’hui derrière les refus g
785 tion réelle à la vie civique, — les États-nations ne feront rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils ne le pourraie
786 États-nations ne feront rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et il faut redouter que les
787 t rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et il faut redouter que les Communautés, bridées p
788 morcer un processus quelconque d’union politique, n’ atteignent même pas l’objectif minimum de la chute réelle des barrière
789 la chute réelle des barrières douanières… Mais on ne bâtira pas l’union sur le respect inconditionnel des obstacles à tout
790 ment voir l’avenir du Mouvement européen quand on ne voit même plus son présent ? Son impuissance avérée tient au fait qu’
791 réalistes » et pragmatistes à l’anglo-saxonne qui n’ ont cessé de répéter, bien avant de Gaulle, que les choses étant ce qu
792 e mais plus ou moins passive de quelque chose qui ne peut manquer de se produire du fait des autres, ou de la providence,
793 rd’hui plus vive que jamais ; s’il est vrai qu’on ne peut bâtir sur de l’ancien (les États-nations), mais seulement sur de
794 Haye. 37. Il est remarquable que Retinger, qui ne passait pas pour fédéraliste, ait été le premier à préconiser cette t
795 ution régionaliste parue ou printemps de 1967. Je ne serais pas étonné que d’autres fédéralistes l’aient inventée pour leu
21 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
796 ce dans le cosmos, entre les choses et les dieux, ne partaient pas encore du seul langage, ni de l’histoire, ni des scienc
797 ’eau et de l’eau naît l’âme… Nous entrons et nous n’ entrons pas, nous sommes et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves…
798 ntrons et nous n’entrons pas, nous sommes et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves… On ne peut se baigner deux fois da
799 et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves… On ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve. II Il est permi
800 uïté du mot durée : il désigne à la fois « ce qui ne change pas » et l’écoulement du temps irréversible ; le devenir indéf
801 verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on ne trouvera plus grande longueur de côtes pour la surface des terres, ni
802 e de l’homme. Ils divisent et isolent plus qu’ils ne mettent en relations civilisantes. Ils inondent plus qu’ils n’irrigue
803 relations civilisantes. Ils inondent plus qu’ils n’ irriguent. Mais les fleuves et rivières de l’Europe sont pareils aux a
804 es fleuves ont formé plus de baies favorables que n’ en comptent ensemble les plus grands continents, la Suisse est la terr
805 et la Reuss, tout près de son terme rhénan. L’Aar n’ est pas seulement la plus longue des rivières qui coulent en Suisse d’
806 thenticité européenne. VII Car l’Europe, ce n’ est pas un produit synthétique, ni une substance philosophique, ni une
807 tons purs de nos diversités. Ce qui est européen n’ est pas d’abord ce qui est international, ce qui est le même partout,
808 gulier et manifeste une vocation incomparable. Il n’ y a pas d’accent européen, mais l’Europe est partout où une langue est
809 ibrement par une communauté d’hommes libres. Rien n’ est authentiquement européen qui ne soit d’abord d’un pays. D’un pays
810 s libres. Rien n’est authentiquement européen qui ne soit d’abord d’un pays. D’un pays à nul autre pareil et pourtant frat
811 s dans le mouvement — comme un fleuve. Aucun pays ne m’apparaît alors d’une plus forte densité européenne que la Suisse :
812 et les quatre points cardinaux. Et rien en Suisse n’ est suisse avec plus de robustesse que cette rivière germano-celte rom
22 1969, Articles divers (1963-1969). À la fontaine Castalie (1969)
813 la fontaine Castalie (1969)ag juillet 1962. Ce n’ est pas pour aller quelque part mais pour être-en-voyage, absolument,
814 ses étapes sont des prises de conscience ; et il n’ a d’autre fin que d’être parcouru. Le voilier — un schooner de vingt-d
815 , dans le bleu, deux milans planent. Soudain l’un n’ est plus là. Puis ils sont trois qui virent, s’évanouissent dans la lu
816 ue l’on voudrait « prendre », mais aucun objectif ne pourra l’enregistrer, il y faudrait un œil de l’âme, œil intérieur :
817 pensée se meut dans l’ombre : est-ce bien ainsi ? n’ est-ce que cela ? n’y a-t-il Personne ? Ces grands buissons, ces muret
818 l’ombre : est-ce bien ainsi ? n’est-ce que cela ? n’ y a-t-il Personne ? Ces grands buissons, ces murets de pierre sèche, c
819 mon enfance… Delphes s’est tue. Le sombre esprit ne parle plus qu’au silence monumental de la fontaine Castalie. (Plus t
23 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
820 ? Je répondrai : dans les deux à la fois, et cela n’ est pas contradictoire. Un phénomène très général de convergence inspi
821 uveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’ est plus en mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense
822 e politique indépendante, au plein sens du terme, ne saurait être soutenue à la rigueur que par la Chine, l’URSS et surtou
823 ions plus ou moins contraignantes. Au surplus, je ne vois guère d’État-nation de type unitaire que ce double mouvement de
824 convergence mondiale et de diversification locale ne mette en crise permanente. 855 votes en quelques années à la Chambre
825 les coups, c’est donc l’État-nation qui perd. Il ne correspond plus ni aux conditions de liberté et de participation civi
826 oppement de rentabilité et de sécurité auxquelles ne peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la me
827 tions souveraines qui divisent notre humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’États fédératifs, mais ils regroupe
828 omique de la convergence et de la diversification n’ est pas tellement mieux satisfaite dans ces trois États officiellement
829 locage délibéré aux limites d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralism
830 le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas de terme du langage politique qui prête à pires malentendus 
831 stème qui est bon pour les sauvages et qui semble n’ avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il est vrai
832 lge, et grand Européen, écrivait récemment : « Ce n’ est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même
833 écemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’ est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salu
834 s helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fédéralisme n’ étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et de c
835 st vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malenten
836 lables et vitales, de telle sorte que la solution ne puisse être cherchée ni dans la réduction de l’un des termes, ni dans
837 natures, sans confusion [ni] séparation. L’union n’ a pas supprimé la différence des natures, mais plutôt elle a sauvegard
838 is autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un n’ ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solidarité — sera la gara
839 on. 4° Enfin, le problème général de l’œcuménisme n’ est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, pui
840 ale, continentale ou mondiale, selon les cas), il ne reste qu’à désigner le niveau de compétence où seront prises les déci
841 rendu possible par la technique moderne. Ce débat n’ est pas d’aujourd’hui. Aux projets de découpage géométrique de la Fran
842 par cette grande phrase : « Le but de la société n’ est pas que l’administration soit facile, mais qu’elle soit juste et é
843 mmunication avec ceux que l’on côtoie comme s’ils n’ étaient pas là. La solution consisterait à recréer les conditions de c
844 tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’ est pas le vote d’une constitution, de type plus ou moins fédéral, qui
845 pris en considération par les auteurs classiques, n’ était en réalité qu’un cas particulier d’une conception beaucoup plus
846 e vie que la forme institutionnelle dénommée État ne suffit pas à qualifier et moins encore à épuiser » … Et il ajoutait :
847 , le fédéralisme tel que j’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’est pas matière historique, mais prospective
848 ’ai tenté de le définir ne fait que commencer. Il n’ est pas matière historique, mais prospective. Il a plus d’avenir que d
849 destinées à se défaire assez rapidement si elles ne passent pas à la fédération et qu’en général les pays qui aujourd’hui
850 sont des fédérations qui, pour certaines raisons, n’ ont pas voulu dire leur nom. C’est le cas de la Suisse, qui présente t
851 d’opportunisme pour des gens qui voient que l’on ne peut pas continuer sans faire quelque chose dans le sens d’une fédéra
852 que chose dans le sens d’une fédération, mais qui n’ osent pas aller jusqu’au bout. Vous avez dit que le sens civique, en S
853 énérales, ou sur un homme ou sur un député ; cela n’ est pas réellement l’activité du civisme, c’est-à-dire l’intervention
854 n donnant la possibilité d’intervenir souvent. Je n’ irai pas jusqu’à demander, comme Aristote, que les communes ne soient
855 usqu’à demander, comme Aristote, que les communes ne soient pas plus vastes que la portée de la voix d’un homme criant sur
856 e l’institution et du civisme. Si on trouve qu’il n’ y a pas assez de civisme quelque part, le premier remède c’est d’appli
857 udrait s’entendre sur ce qu’on appelle région. Je ne m’étendrai pas sur cette question complexe, mais je crois que la plup
858 verses régions correspondant à ces divers niveaux ne seront pas nécessairement les mêmes, elles ne se recouvriront pas tou
859 aux ne seront pas nécessairement les mêmes, elles ne se recouvriront pas toutes comme l’exige la tradition unitaire laquel
860 , imposer les mêmes frontières à des réalités qui n’ ont rien en commun, totalement hétérogènes, comme les réalités culture
861 est certain que le système stato-national actuel n’ est plus tolérable, ne fonctionne plus. Le mouvement de régionalisatio
862 stème stato-national actuel n’est plus tolérable, ne fonctionne plus. Le mouvement de régionalisation sera-t-il assez puis
863 boutir, pour former la base d’une fédération ? Je n’ en sais rien. Nous devons y travailler d’une manière active. Sur la qu
24 1969, Articles divers (1963-1969). « La lecture des Nourritures terrestres… » [réponse à un questionnaire sur l’influence d’André Gide] (printemps 1969)
864 ns m’a fait jouer du violon comme jamais, mais ce n’ était pas assez, je suis sorti, sur mon vélo j’ai foncé vers le lac. «
865 t singulier, mais vous l’intimidez. » C’est qu’il ne m’était plus un dieu, et que j’étais jeune. Il s’efforçait tristement
866 u » (affection et réserve réciproques). Sa pensée n’ a pour moi rien d’actuel et je doute qu’il en aille autrement pour mes
867 dire : tant pis pour nous. Mais non : « le temps ne fait rien à l’affaire », l’actualité pas davantage, et son absence n’
868 aire », l’actualité pas davantage, et son absence n’ ôte ou n’ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour qui sait la comprend
869 ’actualité pas davantage, et son absence n’ôte ou n’ ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour qui sait la comprendre. (Pour
870 mieux célébrés — et mieux oubliés tôt après… Gide n’ a contesté sérieusement, des fondements de notre société, que son orth
871 s le colonialisme français. Sur tout le reste, il ne cesse d’alterner éloge et doute, avec un sens critique d’autant plus
872 8 ont la faiblesse insigne d’en faire fi. Mais il n’ a pas créé l’image d’un ordre neuf — seule valable contestation, à mes
25 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
873 t qu’il pensait — et disait à ses proches — qu’il ne doit rien rester d’un bon discours, sauf la loi qu’il a fait voter. Q
874 les », « l’inébranlable constance » des maréchaux n’ a d’égale que « le sang-froid admirable » des deux empereurs, et l’éne
875 s glorieux témoins et le sanglant théâtre… » L’on ne trouve dans ces pages pas même une inflexion qui puisse trahir le moi
876 son écrit à la chronique de faits d’armes dont il n’ a pas été le témoin, et qui auraient tous été, s’il faut l’en croire,
877 guerre telle qu’on l’exalte aussi longtemps qu’on ne l’a pas vue. Dulce bellum inexpertis 41, fameux titre d’Érasme, pourr
878 convenir ici. Mais alors, au-delà de la captatio, n’ y a-t-il une secrète et profonde ironie, une intention de souligner le
879 ent situé, chiffré, détaillé d’heure en heure. Il n’ y a presque plus d’adjectifs. Mais seul ce changement de ton trahit l’
880 -ci portent de tous côtés des regards éperdus qui n’ obtiennent aucune réponse ; la capote, la chemise, les chairs et le sa
881 espèce de panique… » Or c’est lui seul (mais rien ne l’indique dans le texte) qui a pris l’initiative de secourir les bles
882 es. Peu à peu, les femmes du lieu « voyant que je ne fais aucune distinction de nationalité, suivent mon exemple en témoig
883 méliorer un état de choses où de nouveaux progrès ne sauraient être de trop, même dans les armées les mieux organisées, j’
884 tient en une phrase, au surplus interrogative : N’ y aurait-il pas moyen de constituer des sociétés de secours dont le bu
885 é de manquer du sens élémentaire des réalités. On ne saurait être plus respectueux des conventions et des vertus de la Soc
886 un mot de reproche à quiconque dans ce livre ! On ne saurait être plus prudent, plus modéré : il n’est question que « de q
887 On ne saurait être plus prudent, plus modéré : il n’ est question que « de quelques pas » et non pas de révolutionner mais
888 ent d’évoquer avec une émotion si contagieuse. On ne saurait être, enfin, plus efficace : quatre ans après Solférino, un a
889 la Croix-Rouge est fondée à Genève. Et certes, il n’ eût pas pu la fonder seul, sans Gustave Moynier notamment, homme de mé
890 pta de présider le premier Comité. Reste que rien n’ eût été fait sans le Souvenir, ni sans l’impulsion créatrice de son au
891 le plus meurtrier du siècle depuis Waterloo : il n’ a qu’une seule idée en tête, qui est d’approcher l’empereur et d’obten
892 émouvantes que je me suis décidé à retracer. Ce n’ est pas du tout Fabrice à Waterloo dans la Chartreuse de Parme, mais p
893 dit-on, et l’on est pris par quelque chose qu’on ne cherchait pas, qui passionne bientôt plus que tout, apportant souvent
894 jour, on lui a demandé de parler à Plymouth : il ne peut arriver au bout de son discours, il est trop affaibli par la fai
895 l’avait vue venir. Il écrivait : « Ah ! la guerre n’ est pas morte ! Tout ce qui fait la gloire de votre prétendue civilisa
896 venir, la moindre note d’antimilitarisme, et rien n’ est dit non plus contre la guerre en soi (sinon par la violence des im
897 icite). Dunant se limite, par une tactique que je ne saurais croire toute inconsciente, à « attirer l’attention » sur un s
898 e la plus authentique d’Henry Dunant, celle qu’il ne pouvait pas encore avouer, ni peut-être s’avouer à lui-même, alors qu
899 réitérée, mais déjà la possibilité que la guerre ne soit ni légitime ni fatale est nettement impliquée dans ce même passa
900 ion de Genève, signée en 1864 ! Encore que Dunant n’ en tire d’autres conclusions que la nécessité de s’en tenir à « quelqu
901 traitant chacune une question particulière », on ne peut manquer de sentir ici qu’un doute profond s’est éveillé en lui q
902 er pour construire une œuvre digne du but.43 Il ne s’agit plus d’améliorer la peste, mais de dénoncer le mal, d’en dire
903 les causes permanentes : L’essence de la guerre n’ est-elle pas de tuer ? Pourquoi donc ne pas stigmatiser la guerre elle
904 la guerre n’est-elle pas de tuer ? Pourquoi donc ne pas stigmatiser la guerre elle-même ? Ses excès sont inévitables… As
905 s leur enfance ce commandement péremptoire : — Tu ne tueras point ! Nos nations se proclament chrétiennes ? Non, « titre
906 oins Caïn tua sans savoir qu’il tuait ». Et qu’on ne répète pas que la guerre est la suprême éducatrice du genre humain !
907 u désordre, qui provient de l’anarchie d’en haut, ne tue pas seulement le corps, mais trop souvent aussi elle tue l’âme. E
908 le dégrade. Et ailleurs : Les vertus guerrières ne sont, le plus souvent, que des utopies traditionnelles intéressées… C
909 tiques. Serait-ce que Dunant, écarté de l’action, n’ ayant plus rien à espérer ni à ménager, s’abandonnerait au zèle amer d
910 u siècle dernier. Il est difficile aujourd’hui de ne pas voir les liens nécessaires et l’interaction génétique qui unissen
911 le école d’immoralité politique. » On y apprend à ne voir « rien de plus beau, rien de plus grand, rien de plus noble que
912 s décorent du nom de politique coloniale ». Or ce n’ est pas la vraie civilisation qu’on apporte aux peuples asservis : c’e
913 e, des moyens si prodigieux de faire le mal qu’il ne pourra être sauvé de lui-même, au milieu d’épouvantables désastres, q
914 fique ». En effet, « de toutes les inventions, il n’ en est pas que le genre humain se soit plus appliqué à perfectionner q
915 s, Jakob Burckhardt, Nietzsche, ou Georges Sorel, n’ a rien pu contre le désastre où devaient s’abîmer tant de millions de
916 avec les défenseurs de la justice. Mais cet enfer n’ aura pas prévalu contre la vision juste d’un vieillard en colère, et q
917 tre. 41. « La guerre est agréable pour ceux qui ne l’ont pas faite » ou mieux : « Pour les civils, la guerre est belle !
918 s » et pour la civilisation arabe. Cette attitude n’ a pas été étrangère aux difficultés, insolites elles aussi, que lui on
26 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
919 aboré et dans des circonstances très diverses, je n’ arrive plus du tout à retrouver quand j’ai rencontré pour la première
920 l. Dans ce dernier champ de ses activités, le CEC ne pouvait mieux faire que de s’en remettre à l’expérience et à l’initia
921 démontré le mouvement en marchant : Hans Oprecht n’ était pas pour nous le président du Parti socialiste, mais avant tout
922 de son accoutumance. La plupart de ces malheureux ne savent pas ce qu’ils doivent à l’initiateur de la Büchergilde Gutenbe
27 1969, Articles divers (1963-1969). « Il faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)
923 s » (15 février 1969)ai aj Vous avez écrit : «  N’ habitez pas les villes » et peut-être est-ce pour cela que vous êtes v
924 es régions de France sont dilapidées. Le problème n’ est pas particulier à Ferney-Voltaire. Ce qui me frappe, c’est l’extrê
925 ns ces pays, créer une atmosphère, un style. Mais n’ était-il pas urgent de construire des logements ? On aurait pu faire,
926 se rencontrent. En France, aucun plan d’ensemble n’ existe, on pare au plus pressé. J’ai pu le constater à propos d’un pet
927 maison. On y a tué la poule aux œufs d’or car on n’ a pas pensé que l’on détruisait ce qui faisait l’attrait du pays. On a
928 est de droite ou de gauche. Une telle discussion ne risque-t-elle pas de faire obstacle à tous les projets ? Je ne suis p
929 lle pas de faire obstacle à tous les projets ? Je ne suis pas partisan d’une stagnation complète. Il faut éduquer les gens
930 s petites, plus homogènes, à créer un style. Mais n’ y aurait-il pas un grand bouleversement, dans tous les domaines ? Il f
931 annoncer un avenir brillant… Comment, cependant, ne pas être saisi d’un certain effroi devant une telle expansion ? Le pa
932 ût de la mesure, de la solidité, de la simplicité ne souffrira-t-il pas d’une mutation aussi profonde ? Nous avons posé ce
933 paisible du pays de Gex que bientôt peut-être on ne pourra plus contempler. »
28 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
934 objection. Dans la plupart des cas, la résistance ne provient pas d’un refus motivé de nos positions régionalistes, mais d
935 sant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de chercher
936 moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’ est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera : « l’objec
937 plus sûr.) Objections tactiques Comme s’il n’ était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et d’aj
938 en compliquant le problème avec votre utopie ! On ne peut passer sans transition des nations souveraines aux régions fédér
939 vité industrielle. (Principes d’une réponse : a) N’ est-il pas justement trop difficile de faire l’Europe politique sur la
940 la base des États-nations ? Pour quelles raisons ne l’a-t-on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait
941 ion d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’ y a qu’une transition du projet au succès : c’est l’acte créateur, ou
942 is que les régions sont encore à naître. Les gens n’ en veulent pas, de vos régions autonomes. Ils préfèrent mendier des su
943 lkaniser l’Europe ? (Ces étourderies et boutades ne sont guère passibles d’une réfutation.) Résistances conditionnées
944 d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’ a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas ! La Bretagne n’est
945 Limousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas ! La Bretagne n’est pas une entité économique viable. Et
946 ion d’habitants. Ça ne se tient pas ! La Bretagne n’ est pas une entité économique viable. Et qui parle breton à Rennes ? L
947 le breton à Rennes ? Les ethnies et les économies ne coïncident presque jamais. (Chose étrange, c’est ce dernier groupe d
948 l’on va tenter d’analyser.) II. Que la région ne doit pas être conçue comme un État-notion en réduction Presque tou
949 es régimes, mais toujours contribuables. L’Église n’ a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de s
950 ie Gutenberg » si génialement décrite par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. L’expression « Faut-il vo
951 et dans son système de représentation, la région ne saurait apparaître que sous la forme d’un mini-État centralisé, et d’
952 ation du citoyen à la vie d’une région de ce type ne seraient pas d’un ordre essentiellement différent de ce qu’elles sont
953 vie communale — seule école efficace du civisme — ne serait pas nécessairement restaurée par la simple division d’un pays
954 ative que d’accroître les libertés civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle neuf de relations humaines et de struc
955 lations humaines et de structure du pouvoir. Elle ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours entendu le
956 n, au sens où j’ai toujours entendu le terme, qui ne signifie pas « tout casser » mais, au contraire, poser un nouvel ordr
957 se froids, en tant que fédéralistes intégraux. II n’ en reste pas moins probable qu’elle va constituer le premier stade, no
958 ato-nationalistes dont, je le répète, nul de nous n’ est indemne. III. De la pluralité des allégeances Comment échapp
959 intellectuelles, spirituelles ou affectives, qui n’ ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tout.
960 gangster et au fou ! Voyez Hitler. Mais personne ne m’a démontré qu’entre les ambitions de Napoléon et celles d’un dictat
961 on contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’ est pas que je récuse l’État ni l’ordre contractuel d’une société, ave
962 ifférents tout ce qui aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision.49 Proudhon entend réduire les attri
963 ation des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’ est pas seulement entre sept ou huit élus […] que doit être partagé le
964 marasme gagne la nation devenue hydrocéphale. «  Ne rien laisser dans l’indivision » : grande maxime, qui conteste un mon
965 es totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser ni de déconcentrer (e
966 ou unités de base politiques et leurs structures ne sont pas, en principe, superposables aux modules ou unités de base éc
967 pécifiques. « Faut-il vous faire un dessin ? » Ce ne serait pas facile. Essayez de figurer, par exemple, ma définition per
968 en République fédérale d’Allemagne. Rien au monde ne saurait empêcher les citoyens, habitant cette région économique, de c
969 ou un retard d’éducation démocratique. (« Ce qui n’ est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possible,
970 ous, d’une manière uniforme, sans choix possible, n’ est pas sérieux », pensent tous les jacobins, et les sous-offs dont le
971 s sont les paysages de son cœur, et aucun de nous n’ exige que tout cela soit inscrit dans les limites peintes en couleurs
972 fours ». 51. Il est certain que le Marché commun ne cessera d’être menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’auront
973 tre menacé par les États-nations tant que ceux-ci n’ auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se ser
974 renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits 
975 ils s’arrogent en barons pillards ; et tant qu’il n’ y aura pas, au niveau continental, une autorité politique fédérale. a
29 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
976 inventer (14 avril 1969)al am Le remariage, ce n’ est pas seulement « le triomphe de l’espérance sur l’expérience », c’e
977 ça pose des problèmes (voir Elle n° 1216) mais on ne fait pas pour autant un remariage de « raison », de consolation. Le s
978 « raison », de consolation. Le second mariage, ce n’ est pas la session de repêchage, c’est la saison des amours vraies, so
979 ces et les délires de l’amour physique tels qu’on ne les soupçonnait guère à 20 ans, tels qu’on espère les connaître longt
980 e remariage c’est souvent l’heureux mariage qu’on n’ a pas su réussir du premier coup. Mais faut-il vraiment se marier deux
981 été aussi son problème à lui ; Denis de Rougemont n’ est pas seulement l’écrivain qui a le mieux analysé et expliqué l’amou
982 dans un couple — le cas classique de la femme qui n’ a pas su « suivre » son mari ou l’inverse. Il y a enfin la remise en q
983 melles de la presse féminine mais curieusement on n’ en arrive jamais au remariage. Pourquoi ? L’une des grandes difficulté
984 des grandes difficultés du sujet tient à ce qu’il n’ existe pas de littérature romanesque sur le second mariage et peu ou p
985 a des écueils inhérents à un premier mariage qui ne le sont plus à un second. Comme dit mon beau-père, le Dr Répond, qui
986 formés dans l’enfance et restés inconscients. On ne connaît pas ses complexes, ils nous dirigent à notre insu, à notre co
987 se libérer de sa famille, cas plus fréquent qu’on ne pense chez les jeunes filles surtout. Spécifique de la jeunesse, auss
988 — et à soi-même qu’on sait ce qu’on veut et qu’on n’ a besoin de personne. Moins on est sûr de la durée de ses sentiments,
989 ’est de vouloir « épouser Iseut ». Car la passion n’ est pas comme on l’imagine volontiers un super-amour mais une certaine
990 et la fille qui se marient « avec passion » ? Il n’ y en a plus, aujourd’hui. Il n’y a plus d’obstacle objectif : si l’un
991 vec passion » ? Il n’y en a plus, aujourd’hui. Il n’ y a plus d’obstacle objectif : si l’un des deux est marié, il n’a qu’à
992 bstacle objectif : si l’un des deux est marié, il n’ a qu’à divorcer et tout s’arrange. Aussi n’est-ce pas la morale social
993 ié, il n’a qu’à divorcer et tout s’arrange. Aussi n’ est-ce pas la morale sociale qui détruit la passion, mais le manque d’
994 anque d’obstacles, la quotidienneté, la banalité. Ne peut-on pas imaginer une passion qui ne serait pas fatale, qui pourra
995 banalité. Ne peut-on pas imaginer une passion qui ne serait pas fatale, qui pourrait flamber au grand jour et même au jour
996 s fort que moi, il arrivera ce qu’il arrivera, ce n’ est pas ma faute. » La fatalité, c’est l’alibi. Et il est nécessaire d
997 omans, opéras, puis films, chansonnettes, etc. Ce n’ est donc pas une invention récente. Or la crise du mariage n’a pas six
998 pas une invention récente. Or la crise du mariage n’ a pas six siècles. Quel rapport y a-t-il entre l’un et l’autre ? C’est
999 ? Pas automatiquement du tout. Quand l’expérience n’ a pas été comprise, on se remarie trois fois, quatre fois, cinq fois,
1000 riage « d’attitude ». On est plus conscient et on ne se joue plus la comédie — ni aux parents. On a compris que l’essentie
1001 mpris que l’essentiel ce sont les caractères, qui ne changent jamais (« on ne peut pas changer de place les raies du zèbre
1002 sont les caractères, qui ne changent jamais (« on ne peut pas changer de place les raies du zèbre », dit un proverbe orien
1003 dispensables à la durée du mariage. Attention, ne vous remariez pas pour vous venger N’y a-t-il pas des causes d’éch
1004 tention, ne vous remariez pas pour vous venger N’ y a-t-il pas des causes d’échec spéciales à un deuxième mariage ? Oui,
1005 sera ressenti plus ou moins douloureusement : ce n’ est plus la première fois. Cette deuxième fois n’a davantage de chance
1006 n’est plus la première fois. Cette deuxième fois n’ a davantage de chances de réussir que s’il n’y a pas nostalgie de la p
1007 fois n’a davantage de chances de réussir que s’il n’ y a pas nostalgie de la passion chez l’un ou chez l’autre. Se dire : «
1008 s, les goûts et les antécédents. Un mariage où il n’ y aurait que des « convenances » a plus de chances de durer mais guère
1009 re plus de chances de bonheur qu’un mariage où il n’ y aurait que de l’amour. Le vrai amour c’est le contraire de la pas
1010 n Il faut donc « quelque chose de plus » et ça ne peut être la passion. Quel est ce « quelque chose » sans lequel les c
1011 es caractères, les goûts, les aspirations communs ne réussiraient qu’un mariage de raison ? C’est l’intuition du véritable
1012 est l’idéal standard de sa génération. Sa passion n’ est que la projection sur l’autre d’un idéal qui n’existe pas — et l’o
1013 ’est que la projection sur l’autre d’un idéal qui n’ existe pas — et l’on s’en aperçoit très vite — alors que le vrai amour
1014 devenir s’il y est appelé. C’est son mystère, qui n’ a rien de littéraire, de romantique, le mystère de sa réalité différen
1015 l’on veut en tirer une leçon, il est essentiel de ne pas le refouler comme un acte dont on a honte ou peur. Je suis pou
1016 ’expérience est limitée : on sait que ça pourrait ne pas durer et l’on décide qu’on n’aura pas d’enfants ; il n’y aura don
1017 que ça pourrait ne pas durer et l’on décide qu’on n’ aura pas d’enfants ; il n’y aura donc pas de victimes. Appelons cette
1018 er et l’on décide qu’on n’aura pas d’enfants ; il n’ y aura donc pas de victimes. Appelons cette expérience un « mariage-ma
1019 lle, on organise son budget ensemble. Les parents ne sont pas toujours très favorables au « mariage-maquette » ? Ils ont t
1020 igion plusieurs années de noviciat. D’ailleurs il n’ est pas question d’essais multiples. Pour avoir une valeur expérimenta
1021 idée que ça doit durer toujours. « Après tout, je ne suis pas mariée avec lui », se dit-on au premier accrochage sérieux e
1022  », se dit-on au premier accrochage sérieux et ça n’ incite pas à l’effort, à la tolérance, l’amour difficile. Il manque le
1023 icile. Il manque le pacte. L’engagement total. Je ne crois pas à la valeur magique du « oui » solennel mais bien à la vale
1024 us partions pour la marche finale de 140 km, nous n’ avons ressenti aucune fatigue pendant les 20 premiers kilomètres. Le c
1025 disposé pour le long effort, la longue durée. Il ne se permettait pas de flancher, n’acceptait simplement pas la fatigue
1026 ongue durée. Il ne se permettait pas de flancher, n’ acceptait simplement pas la fatigue et cela changeait tout. La vale
1027 ut. La valeur du « oui » solennel Mais vous n’ avez pas fait lors du premier coup une marche de 140 km ? C’est pourqu
1028 de se marier pour la première fois ! » Voilà qui ne laissait pas prévoir autre chose que les quatre ou cinq échecs qui on
1029 ette donne une idée de ce qu’est le mariage, mais ne peut guère, faute de pacte, remplacer le premier mariage. Faut-il don
1030 la vraie vie, c’est la vie quotidienne et qu’elle n’ a rien de terne et d’ennuyeux (si les gens ne sont pas eux-mêmes terne
1031 elle n’a rien de terne et d’ennuyeux (si les gens ne sont pas eux-mêmes ternes et ennuyeux). Car enfin qu’est-ce qu’un pre
1032 s à la vie, quand ils comprendront que la passion n’ est jamais une raison de se marier mais au contraire une raison de ne
1033 ison de se marier mais au contraire une raison de ne pas se marier, et qu’être heureux longtemps avec quelqu’un vaut mieux
1034 passionnant » c’est bien mieux qu’intéressant. Il ne s’agit d’ailleurs pas de condamner la passion. Les troubadours, les r
1035 ’énormes progrès à la conscience collective. Mais ne prenez pas le virus comme base de la santé, ne fondez pas le mariage
1036 is ne prenez pas le virus comme base de la santé, ne fondez pas le mariage sur ce qui vit de sa crise et l’entretient ! Et
1037 z-vous qu’il doit être « modernisé » ? Le mariage ne peut renoncer ni à la durée ni à la fidélité. Un mariage c’est une œu
1038 et se risquer, découvrir et inventer. La fidélité n’ est pas un luxe, une coquetterie morale et encore moins une « convenan
1039 idélité c’est bien autre chose que de se borner à ne pas tromper sa femme : c’est une œuvre d’art exigeante et qui tente l
1040 devoir sinistre, une mutilation volontaire : nous n’ avons pas été élevés pour être heureux ! Le contraire de la folie, du
30 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
1041 nsulat général de Suisse, répondait d’ailleurs on ne peut mieux aux vœux de l’assistance. Ne s’agissait-il pas en effet de
1042 lleurs on ne peut mieux aux vœux de l’assistance. Ne s’agissait-il pas en effet de « L’invention de l’amour en Occident » 
1043 r en Occident » ? Mais l’œuvre de M. de Rougemont ne se réduit pas à un seul titre : elle ne gravite pas uniquement autour
1044 Rougemont ne se réduit pas à un seul titre : elle ne gravite pas uniquement autour de ce seul thème de l’amour-passion. La
1045 e fédéraliste en Europe, en faveur de laquelle il n’ a cessé de militer depuis la fin de la guerre, c’est-à-dire depuis 194
1046 bien marquer, nous dit-il, c’est que pour moi il n’ y a aucune séparation entre L’Amour et l’Occident et les ouvrages qu
1047 ire ou que j’ai déjà écrit sur le fédéralisme. Il n’ y a jamais eu en moi deux activités distinctes, mais au contraire osmo
1048 s fédéralistes. À quoi je lui ai répondu que rien n’ était plus facile. Car pour moi, le couple est une espèce de banc d’es
1049 plus, leur union, loin d’évacuer les différences, ne fait que les renforcer et les confirmer. Cette définition théologique
1050 raires, mais qui sont bonnes l’une et l’autre, il ne faut pas s’empresser de s’en sortir en supprimant l’une des deux, ou
1051 art, entre autres, Berdiaev et Gabriel Marcel. On ne pouvait donc espérer de meilleur interlocuteur pour nous définir la «
1052 ersonnalistes. Pour moi, nous dit-il, la personne n’ est ni un individu refermé sur lui-même, ni la minuscule partie d’une
1053 de l’écrivain. Car ce qu’il appelle engagement ce n’ est rien moins que de tirer les conclusions pour la cité de ce qu’il a
1054 cet engagement, tient-il à nous faire remarquer, n’ implique pas qu’on s’inscrive dans un parti ou qu’on accepte la discip
1055 itique ou philosophique. La contestation On ne peut manquer d’être frappé par la vigueur, par la modernité surtout d
1056 étudiante qui sévit aujourd’hui de Paris à Tokyo n’ est-elle pas une contestation personnaliste ? M. de Rougemont n’hésite
1057 une contestation personnaliste ? M. de Rougemont n’ hésite pas à répondre par l’affirmative : C’est, en effet, nous dit-il
1058 n peu plus de mérite, car la situation extérieure n’ était visiblement pas aussi grave que celle qui prévaut aujourd’hui. C
1059 u’il y avait de grandes causes à défendre et nous ne voyions pas du tout lesquelles à ce moment-là. Cette crise existentie
1060 chose que je crois extrêmement dangereux, et qui ne ressemble pas du tout à notre réaction personnaliste et communautaire
1061 action des jeunes fascistes italiens et nazis qui ne respectaient plus rien finalement que la force. Quand on dit, il faut
1062 qui va se passer : c’est la police qui arrive. Je ne suis donc pas du tout d’accord avec Sartre quand celui-ci prêche la d
1063 e et extrêmement dangereuse. Car, finalement cela ne fait que servir le fascisme. Pour M. de Rougemont la seule contestati
1064 ui est faite précisément au nom d’autre chose. Je n’ ai pas du tout varié en ce qui concerne la définition de la révolution
1065 plus, par des réseaux de règles dont le fondement n’ est absolument pas la dialectique de la personne, mais uniquement les
1066 n monde où la passion, la tentation de la passion n’ aura plus aucun sens. Alors qu’avec le mouvement anarchisant des hippi
1067 ble. Mais jusqu’où cela ira-t-il ? M de Rougemont ne nous cache pas son pessimisme. Il ne pense pas que cela ira très loin
1068 de Rougemont ne nous cache pas son pessimisme. Il ne pense pas que cela ira très loin. Il reste, néanmoins, que des rassem
1069 elle dont tout le monde aspire, mais que personne n’ ose construire, M. de Rougemont s’est employé à la définir et à en pro
1070 t la guerre, et s’ils la font, c’est parce qu’ils n’ ont pas su se fédérer progressivement, au lieu de s’unifier brutalemen
1071 vaille sans relâche à la cause du fédéralisme. Il ne nous cache d’ailleurs pas qu’il désirait venir au Canada pour étudier
1072 ion dans l’Europe fédérée que je préconise et qui n’ est que la transposition à une échelle géante de la Confédération helv
1073 échelle géante de la Confédération helvétique. Je ne souhaite ni une agglomération d’États soumis à un pouvoir unique et d
1074 ’État-nation du xixe siècle ; une conception qui ne s’accorde plus aux exigences de notre époque, car cet État serait à l
1075 ons à l’Europe. Là-bas, il est bien certain qu’on n’ arrivera jamais à unir ces États-nations. Il faut donc, nous répète M.
1076 s États se dissolvent en régions, et alors, et ce n’ est seulement qu’alors, qu’on arrivera à fédérer l’Europe, car ces rég
1077 u’on arrivera à fédérer l’Europe, car ces régions n’ auront aucune peine à s’entendre. On arriverait ainsi à construire une
1078 qui peut être séparé, ou comme disait Proudhon, «  ne rien laisser dans l’indivision ». C’est là, me diriez-vous, vision de
1079 e absolument moderne. L’immobilisme, l’attentisme ne représentent-ils pas la ruine du monde ? » C’est la leçon en tout cas
31 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
1080 par rapport à l’homme. C’est-à-dire un ordre qui ne reposait — et c’est encore bien plus visible aujourd’hui qu’alors — q
1081 tat que la communauté est en train de se défaire, n’ est-ce pas : la grande crise du xxe siècle, c’est la dissolution du s
1082 remiers livres. C’est la formule de l’engagement, n’ est-ce pas, que j’ai lancée en France en 1933, et qui forme les deux p
1083 e l’État-nation dans sa formule xixe siècle, qui ne visait qu’à la puissance collective, et qui aboutit aux guerres que l
1084 ça dans une même frontière, ce qui est démentiel, n’ est-ce pas ? C’est une absurdité totale, qu’on a voulu nous faire aval
1085 e moyens parce que les gouvernements, évidemment, n’ ont jamais d’argent. Enfin, j’ai, par des tours de force, réussi à cré
1086 anuels de notre jeunesse — des manuels scolaires, n’ est-ce pas ? — qui présentaient l’Europe comme une addition de culture
1087 rant, comme Toynbee le faisait de son côté, qu’il n’ y a pas d’histoire de la culture concevable, intelligible, en dehors d
1088 ’amour me conduit au fédéralisme. J’ai dit : rien n’ est plus facile. Le mariage, c’est le banc d’essai du fédéralisme. Qu’
1089 cette vue-là se tient-elle aujourd’hui ? Moi, je ne suis pas du tout d’accord : il n’y a pas du tout de débandade de l’id
1090 d’hui ? Moi, je ne suis pas du tout d’accord : il n’ y a pas du tout de débandade de l’idée religieuse, du phénomène religi
1091 religieuses — ce qui est tout à fait autre chose, n’ est-ce pas ? Les cadres étatiques de la religion sont en crise, comme
1092 siastiques, et tout ça, sont en pleine crise — je n’ irai pas jusqu’à dire débandade, mais on n’en est pas loin. […] Comme
1093 e — je n’irai pas jusqu’à dire débandade, mais on n’ en est pas loin. […] Comme je le disais d’ailleurs dans un livre écrit
1094 eligieuse. Je vois ça sortir ces jours-ci ! Il ne faut pas donner l’avantage au diable En consultant justement la tr
1095 out ce qui tend à détendre les énergies humaines, n’ est-ce pas ?, à unifier, à uniformiser, à égaliser, et toujours au pro
1096 totalitaire. Contre ça, il faut des révoltes qui ne peuvent être que personnelles, individuelles, qui recréent des petits
1097 munautés. Et grâce à ça, on maintient l’humanité, n’ est-ce pas ? L’humanité ne progresse que par les meilleurs, et ne dure
1098 n maintient l’humanité, n’est-ce pas ? L’humanité ne progresse que par les meilleurs, et ne dure que par les moyens. Il fa
1099 L’humanité ne progresse que par les meilleurs, et ne dure que par les moyens. Il faut les deux, mais il ne faut pas donner
1100 ure que par les moyens. Il faut les deux, mais il ne faut pas donner tout l’avantage aux moyens : ça serait donner l’avant
1101 le renouvellement de l’ordre des choses actuelles n’ est pas qu’un clin d’œil poli ou cajoleur à la jeunesse. Qu’il ne se g
1102 clin d’œil poli ou cajoleur à la jeunesse. Qu’il ne se gêne cependant pas de critiquer quand il en sent le besoin. C’est