1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 l n’y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’ on a pu parler d’une peinture vénitienne ou hollandaise ; ni de musique
2 enne ou hollandaise ; ni de musique suisse, comme on parle d’une musique flamande ou allemande ; ni de poésie, ou de drama
3 allées, cités, principautés et républiques — dont on sait la diversité non seulement de langue, de confession et de coutum
4 nt formulée. Ce n’est guère qu’au xixe siècle qu’ on se mit à parler de fédéralisme. Encore la chose était-elle entendue d
5 n une fédération de petits États. « Aux jacobins, on agita gravement la question du fédéralisme, et on souleva mille fureu
6 on agita gravement la question du fédéralisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. » Thiers, Histoire de la
7 de contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’à la différe
8 raire à celle que les deux autres ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de s’imaginer que la volonté de centralis
9 . Ce nationalisme local, ce chauvinisme cantonal ( on l’appelle chez nous Kantönligeist) relève de la même mentalité que le
10 itique du monde moderne proviennent du fait que l’ on oublie ces évidences. Je n’en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse
11 pour l’instant par le Marché commun. D’une part, on affirme une souveraineté globale, qui ne laisserait jouer qu’à regret
12 iversité des fonctions nationales ; d’autre part, on se cramponne à une souveraineté nationale qui a peur de se laisser en
13 irement incompatible avec la réalité fédéraliste. On nous répète depuis un siècle que les Suisses, selon la langue qu’ils
14 on, des maîtres, et non pas des nations. Ce que l’ on nomme parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’un musicien ou
15 tout le fait de la langue qui l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se rattachent à la « culture française »,
16 romands se rattachent à la « culture française », on ne pense guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’est pas une
17 posée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’aujourd’hui sept ou huit langues différ
18 le provençal, l’italien et — hier — l’arabe. Et l’ on parle le français dans quatre autres nations. De même, l’allemand ne
19 ttent un grand nombre de combinaisons originales. On ne saurait être moins conforme aux devises des États totalitaires (« 
20 « Ein Volk, ein Reich, ein Führer » sous Hitler). On ne saurait être plus libre de se choisir, j’entends de se faire homme
21 asard dans l’une des grandes nations voisines. Qu’ on m’entende bien : ce n’est pas un éloge de la petitesse en soi que je
22 er diversement, il satisfait trop facilement, dit- on , ceux qui choisissent de s’installer dans les petites. Mais la plupar
23 ur vie culturelle et civique, comme de leur paix. On voit mal ce qu’ils gagneraient à échanger cette paix — que l’on jalou
24 qu’ils gagneraient à échanger cette paix — que l’ on jalouse un peu tout en la couvrant de sarcasmes — contre les régimes
25 s à ce caractère « immédiatement européen » que l’ on reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses romands, si p
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
26 ême. Les premières réalisations se limitent comme on sait au domaine économique, CECA dès 1953, Marché commun et Euratom d
27 tre limitée au domaine purement économique, comme on disait naguère. D’une part, le social est inséparable de l’économique
28 d’État témoigne de la plus grande confusion. Si l’ on examine son vocabulaire, on s’aperçoit qu’il utilise à peu près au pe
29 rande confusion. Si l’on examine son vocabulaire, on s’aperçoit qu’il utilise à peu près au petit bonheur les termes d’uni
30 d’union « plus étroite » (plus étroite que quoi, on ne le dit pas) et de communauté, de supranationalité et de super-État
31 nettement par le rôle qu’y joueraient nos États. On peut concevoir idéalement une Europe unitaire, unifiée sur le modèle
32 ir, disons même d’épouvantail. À l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui ne serait organisée que par un système
33 je suggère seulement quelques têtes de chapitre. On peut se demander d’abord si cette solution apparemment de statu quo,
34 ais est-il sûr que cet état soit bien celui que l’ on croit ? Pour répondre à cette question, il conviendrait d’examiner, a
35 e les distinctions proposées par Georges Scelle ? On ne sait. Et cela dépendra de la prédominance finale d’un des trois ty
36 pays où nous sommes, et dont je suis, pays que l’ on a souvent appelé, à tort ou à raison, une préfigure de l’Europe unie.
37 les mais qu’il semble urgent d’entreprendre là où on le peut, dans l’esprit du proverbe chinois qui dit : « Mieux vaut all
38 me n’est précisément pas un système logique que l’ on puisse déduire dans l’abstrait à partir d’une définition simple et de
39 ion simple et de quelques principes axiomatiques. On l’a même décrit comme l’antisystème10. Aux yeux de la plupart des aut
40 ive, et je cite : Fédéralisme. En 1792 et 1793, on accusa les girondins de vouloir substituer à l’unité nationale le féd
41 comment elles aboutissent aux réalisations que l’ on sait dans notre temps. C’est donc une sorte de généalogie des grands
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
42 able à la Suisse par l’étendue et la population. ( On excepte, bien entendu, Londres et Paris.) Pourquoi cette densité si r
43 nsité si remarquable ? Et dans quelle mesure peut- on dire que cet apport des Suisses à la culture représente une contribut
44 es dépassant largement les frontières de ce que l’ on nommait les ligues suisses. Les plus grands esprits et les meilleurs
45 te, du seul empereur. Leur liberté, c’était ce qu’ on nommait alors « l’immédiateté à l’Empire » (Reichsunmittelbarkeit). I
46 tres qu’avec les grands ensembles européens, peut- on déceler des caractères communs et spécifiquement suisses dans cette s
47 andres mystiques dans celles de Maeterlinck. Si l’ on veut distinguer les éléments sinon d’une « culture suisse » — qui ne
48 ommune aux créateurs issus de nos divers cantons, on aura plus de chances de les trouver dans le domaine du roman : La Nou
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
49 de contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’à la différe
50 raire à celle que les deux autres ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de s’imaginer que la volonté de centralis
51 itique du monde moderne proviennent du fait que l’ on oublie ces évidences. Je n’en donnerai qu’un seul exemple : l’impasse
52 pour l’instant par le Marché commun. D’une part, on affirme une souveraineté globale, qui ne laisserait pas jouer la dive
53 iversité des fonctions nationales ; d’autre part, on se cramponne à une souveraineté nationale qui a peur de se laisser en
54 ssi néfaste qu’invétéré de « culture nationale ». On nous répète depuis un siècle que les Suisses, selon la langue qu’ils
55 on, des maîtres, et non pas des nations. Ce que l’ on nomme parfois, pendant la Renaissance, la « nation » d’un musicien ou
56 tout le fait de la langue qui l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se rattachent à la « culture française »,
57 romands se rattachent à la « culture française », on ne pense guère qu’à la langue française. Mais celle-ci n’est pas une
58 posée que par un décret de François Ier, en 1543. On parle encore dans la France d’aujourd’hui sept ou huit langues différ
59 catalan, le provençal, l’italien et l’arabe. Et l’ on parle le français dans quatre autres nations. De même, l’allemand ne
60 ? Je ne crois guère aux mesures de « défense » qu’ on nous propose périodiquement : défense contre l’influence germanique d
61 s à ce caractère « immédiatement européen » que l’ on reconnaît le plus vite leur commun caractère de Suisses romands, si p
62 léaires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’ on ne dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’y développent à foi
63 nace dans ses sources notre vitalité fédéraliste. On parle beaucoup, ces jours-ci, du danger que le Marché commun représen
64 mes attitudes de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera pas l’un sans l’autre. c. Rougemont Denis de, « Le féd
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
65 ttendais avec curiosité des précisions, des noms. On nous les donne à la deuxième colonne : c’est le Centre européen de la
66 e aussi, autant qu’ailleurs. La seule question qu’ on se pose est de savoir quelles sont les traditions qui doivent collabo
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
67 trémités, et ainsi tient de toutes les deux. Mais on remarque, chez les initiateurs des mouvements de pensée et d’action p
68 vois deux types intermédiaires, entre ceux que l’ on vient de caractériser : je les nommerai symboliquement celui du manag
69 ans, et de leurs critiques : elle reste à écrire, on le voit. Il m’importait seulement de situer ma position, c’est-à-dire
70 ribue à promouvoir un certain type d’humanité, qu’ on le veuille ou non, qu’on le sache ou non. Quelle est donc la définiti
71 tain type d’humanité, qu’on le veuille ou non, qu’ on le sache ou non. Quelle est donc la définition de l’homme sur laquell
72 onsables, c’est-à-dire des personnes fédérées.2 On voit que le passage de la personne au fédéralisme s’opère tout nature
73 s directeurs ou réflexes quasi instinctifs, que l’ on peut dégager après coup. On retiendra ici ceux qui paraissent les plu
74 si instinctifs, que l’on peut dégager après coup. On retiendra ici ceux qui paraissent les plus faciles à transposer dans
75 ements utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’ on ne peut pas atteindre une fin fédérative par des moyens impérialistes
76 ut également pour l’impérialisme d’une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un refus constant et in
77 ralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totalitarisme, lui aussi, supprime ce problème : mai
78 yeux elle représente une qualité irremplaçable. ( On pourrait aussi dire une fonction.) Aux États-Unis, le Sénat garantit
79 coutumes de la vie politique et culturelle, où l’ on voit la Suisse romande et la Suisse italienne jouer un rôle sans prop
80 ’essence même de sa culture seraient perdues si l’ on tentait d’unifier le continent, de tout y mélanger, et d’obtenir une
81 ne nécessité vitale, et non pas une concession qu’ on leur demande, ou une diminution de leur valeur propre. Elles comprend
82 poumon n’a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce qu’ on lui demande, c’est d’être un vrai poumon, d’être aussi poumon que pos
83 te, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’ on écrase ainsi, c’est la vitalité d’un peuple. Une politique fédéralist
84 oup plus de vrai sens politique. Finalement, si l’ on y réfléchit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste n’est rien d’
85 sens politique. Finalement, si l’on y réfléchit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la pol
86 es projets fédéraux, c’est-à-dire supranationaux. On ne voit guère d’autre voie possible ou praticable. Les USA ne sont pa
87 leur individualité et leurs relations créatrices. On ne saurait trop insister sur ce double mouvement qui caractérise la p
88 ction, cette dialectique, cette bipolarité, comme on voudra, qui est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste.
89 is je la tiens pour moins difficile que celles qu’ on demande, par exemple, aux constructeurs d’une fusée balistique ou d’u
90 e balistique ou d’un vaisseau astronautique. Et l’ on ne voit pas comment « l’art du possible » pourrait encore servir d’ex
91 apables de satisfaire aux doubles exigences que l’ on vient d’énoncer : Autonomie et Union, Buts et Moyens, philosophie de
92 timent de vague insécurité pour les autres. (Mais on y veille, leur commune les protège.) Moins grande que les États-Unis,
93 est tellement plus variée qu’elle est en fait, si on la traverse, infiniment plus riche en expériences à vivre, en aventur
94 s ou agricoles, harmonisés dans le cadre fédéral. On cherchera à éviter les congestions locales et les goulots d’étranglem
95 r citoyen de l’Europe, il faut et il suffit que l’ on devienne d’abord citoyen de l’un des pays membres, voire d’une de ses
96 déterminer leur destin, sur ce plan aussi. (Et l’ on verra que ce droit joue en faveur de la paix.) La vocation culturelle
97 u’elle se présentait aux environs de 1963, lorsqu’ on se mit à envisager les divers modes possibles d’une union politique,
98 n sine qua non, y a-t-il une chance quelconque qu’ on l’obtienne jamais, donc qu’on arrive jamais à une fédération ? Ainsi
99 hance quelconque qu’on l’obtienne jamais, donc qu’ on arrive jamais à une fédération ? Ainsi posé, le problème est insolubl
100 expressément à cette souveraineté théorique. Or, on ne saurait attendre une nuit du 4 août des États : ce ne sont pas des
101 ouverainetés en grande partie inexistantes, et qu’ on ne pourrait que renforcer temporairement en les obligeant à se défend
102 indépendance d’un pays. Pour sortir de l’impasse, on pourrait recourir à un précédent historique qui me paraît tout à fait
103 la satisfaction générale depuis cent-quinze ans. On peut les qualifier soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selo
104 d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’ on a le tempérament pragmatique ou doctrinaire. Un fait demeure : il n’e
105 eté de ses membres ! Souveraineté fictive, dira-t- on  ? Elle l’est certes en partie ; pas davantage toutefois que celle de
106 arer la guerre et celui de conclure la paix comme on l’entend et quand on le veut. En fait, ces deux États se sont vus bru
107 ui de conclure la paix comme on l’entend et quand on le veut. En fait, ces deux États se sont vus brutalement mis en demeu
108 sans précédent dans l’ère moderne. Voici comment on peut l’imaginer. En admettant que l’union fédérale étende à l’ensemb
109 tées quoique très arbitrairement délimitées. Et l’ on verra des États unitaires, comme la France, ou l’Espagne, ou la Belgi
110 enant la description de l’Europe fédérée de 1980. On y assiste à des regroupements qui ne tiennent plus compte des frontiè
111 s par l’Assemblée européenne et sont rééligibles. On ne peut choisir plus d’un membre dans le même pays. Son président est
112 d’histoire commune et toutes les diversités que l’ on sait, le District fédéral ne saurait être, lui non plus, une création
113 nalogues à celles en vigueur à Washington, D.C. : on sait que les citoyens du district fédéral américain n’avaient pas le
114 solutions œcuméniques au plan confessionnel, dont on connaît l’essor récent et très puissant. Quant aux libéraux agnostiqu
115 ccès de cette réaction de défense de la personne, on peut tenir pour certain qu’elle jouera, elle aussi — si peu que ce so
116 qui demandent : « Quelle Europe voulez-vous ? Qu’ on nous la montre ! » Ces discussions préliminaires sont vaines. On ne r
117 re ! » Ces discussions préliminaires sont vaines. On ne réfute pas l’obscurité, et rien ne sert de maudire la nuit : mieux
118 que la claire vision du But rend seule possible. On ne trace pas un chemin tant qu’on ne sait pas au juste où l’on a déci
119 seule possible. On ne trace pas un chemin tant qu’ on ne sait pas au juste où l’on a décidé d’aller : on se contente de cha
120 as un chemin tant qu’on ne sait pas au juste où l’ on a décidé d’aller : on se contente de charger des experts d’étudier le
121 n ne sait pas au juste où l’on a décidé d’aller : on se contente de charger des experts d’étudier les modalités et le coût
122 gage et mobilise les énergies nécessaires pour qu’ on le rejoigne. Dans ce sens, voir l’avenir, c’est aussi le créer. J’ai
7 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
123 sion ? le couple ? (25 octobre 1963)g h Jamais on ne s’est autant marié en France (90 % des hommes et 91,5 % des femmes
124 (90 % des hommes et 91,5 % des femmes) et jamais on n’a autant divorcé (10 % des couples) : le mariage se porte donc beau
125 c’était deux domaines, ou deux lopins de terre qu’ on mettait ensemble. C’est au xiie siècle qu’est né l’amour moderne : c
126 de l’amour-passion qui se nourrit d’obstacles qu’ on lui oppose, qui les invente au besoin : Tristan aurait pu garder Iseu
127 ouse, si elle ne ressemble pas à la star. Ne peut- on quand même supposer que l’homme parvienne à se fixer sur un type, ren
128 , c’est toujours l’étrangère, c’est la femme dont on est séparé : on la perd en la possédant. Alors commence une « passion
129 l’étrangère, c’est la femme dont on est séparé : on la perd en la possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On
130 ssédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’obstacle et le combat et voici les « ruses »
131 t — la coquetterie est alors un peu simple — mais on en vient à désirer que l’être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de
132 t à désirer que l’être aimé soit infidèle pour qu’ on puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir » l’amour en soi… Et v
133 Ne pas essayer de le fonder sur une obsession qu’ on subit mais sur une décision qu’on assume. Être amoureux est un état,
134 ne obsession qu’on subit mais sur une décision qu’ on assume. Être amoureux est un état, aimer, un acte. On subit un état.
135 ssume. Être amoureux est un état, aimer, un acte. On subit un état. On décide un acte. Mais alors, on peut « décider » d’
136 ux est un état, aimer, un acte. On subit un état. On décide un acte. Mais alors, on peut « décider » d’aimer et d’épouser
137 On subit un état. On décide un acte. Mais alors, on peut « décider » d’aimer et d’épouser n’importe qui ? Non, il existe
138 tre époux, et encore moins celle de votre couple. On arrive alors à cette conclusion : choisir un mari (ou une femme) pour
139 our beaucoup une contrainte exorbitante. Que peut- on en attendre ? Son but n’est pas le bonheur, c’est la volonté de faire
140 e couple devant être considéré comme une œuvre qu’ on construit à deux et dont on tâche de faire une œuvre d’art. Cette fid
141 ré comme une œuvre qu’on construit à deux et dont on tâche de faire une œuvre d’art. Cette fidélité-là, ce n’est pas seule
142 — à la volonté — et à la passion — à la fatalité. On aime croire à une « fatalité » — l’alibi de la culpabilité — mais de
8 1963, Articles divers (1963-1969). Une interview de Denis de Rougemont : l’écrivain nous parle des centres culturels internationaux (16 novembre 1963)
143 nt de se créer à Lagos, capitale du Nigéria, et l’ on projette d’en créer deux autres, l’un à Dakar, pour les populations f
9 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
144 eux à celui de La Haye, puis à Strasbourg, d’où l’ on débouche sur l’ensemble complexe, en plein mouvement, du grand projet
145 dée européenne. Le scepticisme dominait, et comme on tient pour « réaliste » en politique les partis pris de la majorité,
146 déclara au sujet du « pool charbon-acier », comme on appelait à l’époque la CECA : 1° qu’il n’était pas réalisable, 2° qu’
147 rons perdu le droit de nous en plaindre. À quoi l’ on pourrait ajouter : 1° que s’il est vrai que notre neutralité a permis
148 our à s’opposer aux intérêts de l’Europe entière, on s’apercevra qu’elle a perdu ses bases contractuelles. Déclarer par ex
149 r rester neutre entre nos ennemis, et nous-mêmes. On ne voit guère quelles considérations philanthropiques pourraient être
150 de la technique, laquelle n’a pas été créée que l’ on sache par le mouvement d’union européenne. De nos jours encore, à l’é
151 s de la population totale. En 1963, c’est 10,5 %. On peut le déplorer, non le nier. On peut redouter que le contact vivant
152 , c’est 10,5 %. On peut le déplorer, non le nier. On peut redouter que le contact vivant avec les traditions de l’ancienne
153 at que l’idée européenne suscite chez nous — et l’ on sait dans quel camp j’ai toujours milité — il faut bien reconnaître q
154 lérance calculée et d’empirisme, qui supposent qu’ on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse pas entraîner pa
155 posent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’ on ne se laisse pas entraîner par une verve logique ou polémique qui ris
156 d’une fédération. Mais il n’y a aucune chance qu’ on nous offre cela, si nous fédéralistes ne l’exigeons pas. Tout le déba
157 s à l’union, ou sacrifier l’union aux égoïsmes qu’ on déguise en patriotismes, la Suisse peut et doit opposer la solution f
10 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
158 lle moderne, l’autre une vallée des Alpes ; ici l’ on parle un dialecte allemand, là le français, ailleurs encore l’italien
159 e densité probablement très supérieure à celle qu’ on pourrait mesurer dans n’importe quelle tranche de cinq à six millions
160 la culture, la densité vaut souvent la grandeur. On compte en Suisse une université pour 750 000 habitants, contre une po
161 e, cette nécessité de s’unir précisément parce qu’ on entend rester soi-même, ou le devenir de mieux en mieux, voilà ce qui
11 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
162 s accentuait, par contraste avec le ton bourru qu’ on tient pour énergique dans les casernes, une indépendance d’esprit qui
163 l nous fera tous crever avec ses manies », disait- on à mi-voix quand passait le colonel, toujours suivi d’un grand chien b
164 e colonel, toujours suivi d’un grand chien blanc. On répétait qu’une troupe moderne se déplace en camion ou en train et qu
165 e et sans raison. Tout cela faisait partie, comme on le verra, des conditions nécessaires au succès, et aux leçons que dev
166 forçant finalement à l’abandon de la course, si l’ on n’y a pas pris garde au premier signe, si l’on n’a pas prévu la durée
167 l’on n’y a pas pris garde au premier signe, si l’ on n’a pas prévu la durée de l’effort. La route montait maintenant vers
168 nade. Et tout d’un coup je découvris ceci : Quand on part pour une marche de deux heures, la fatigue vient au bout d’une h
169 ures, la fatigue vient au bout d’une heure. Quand on part pour une marche de cinq heures, on se met à traîner les pieds ap
170 re. Quand on part pour une marche de cinq heures, on se met à traîner les pieds après la troisième heure, et les dernières
171 venir — marquent un temps d’hésitation : c’est qu’ on n’exige plus autant d’elles, et c’est vieillir. Il faudrait au contra
172 loin ; d’où peut naître une seconde jeunesse dont on se sentira maître et dispensateur, tandis que l’autre était plutôt su
173 l’avance très lente, mais l’attrait du sommet qu’ on distinguait derrière des épaulements sans cesse renaissants produisai
174 rutilants. À notre vue, ou peut-être à nos cris, on eût dit qu’une vague électrique parcourait le troupeau de bout en bou
175 peur et la faim le guidaient dans ces détours qu’ on eût dit capricieux. Notre colonne, cependant, elle aussi précédée par
176 quelques pas hors de la file, se redressait… Si l’ on nous avait dit : « Plus qu’une heure à marcher », je pense que la plu
177 s ensommeillées — il devait être plus de minuit — on nous donna la permission inattendue de nous coucher pendant une heure
12 1964, Articles divers (1963-1969). Le sentier perdu (1964)
178 tout d’un coup, voici deux ou trois ans je crois, on dirait une plongée sous-marine et l’humanité disparaît de la peinture
179 ric. Est-ce qu’il y a trop de gens sur la terre ? On le penserait devant ces tableaux, à cause du sentiment de libération
180 nde que peint Nora Auric a ceci de particulier qu’ on ne sait s’il est vu de sous l’eau ou d’un nuage : ce seraient à peu p
181 tout est lisible et composé, comme un paysage qu’ on reconnaît sans l’avoir jamais vu nulle part, mais qui ressemble absol
13 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
182 ait favorisé les guerres, ou l’inverse, ce que l’ on observe à coup sûr, c’est un parallélisme ou une interaction constant
183 inentales, voire mondiales. Dans cette évolution, on peut se demander si l’élargissement de la guerre a vraiment résulté d
184 ter dans une guerre atomique qu’il semble bien qu’ on ait décidé de ne pas faire. On a donc atteint une limite, une sorte d
185 ’il semble bien qu’on ait décidé de ne pas faire. On a donc atteint une limite, une sorte de point mort de la guerre, qui
186 aix de durer tant bien que mal, et c’est ce que l’ on a baptisé l’équilibre de la terreur. La prodigieuse réussite techniqu
187 ns ici à la peur des masses et des individus dont on parle tant, peur d’une espèce de fin du monde qu’entraînerait la guer
188 e angoisse panique des peuples qui s’opposerait — on ne sait comment — à un conflit atomique, que sur une crainte bien rai
189 en bon train de se faire — avec quoi se battrait- on , au bout de quelques semaines ? Avec des bâtons, des couteaux. Les bo
190 en fait à la merci d’une saute de vent. Mais si l’ on peut admettre que la technique a réussi à pacifier l’Europe en désarm
191 guerres les plus atroces de l’Histoire, et, si l’ on constate d’autre part que la menace atomique tient en respect les deu
192 debout — selon les prévisions de nos démographes. On ne peut pas agrandir la terre. Il faut donc que notre technique, qui
193 t enrichir cet équilibre ? Ou au contraire, comme on a tendance à le croire dans nos élites humanistes, serait-elle un fac
194 je mets en fait que la jeunesse qui ne parle, dit- on , que de marques d’autos, connaît mieux les forêts, les montagnes et l
195 : celle qui consiste à battre la table à laquelle on s’est heurté. La technique n’est pas une puissance indépendante de l’
196 d Otto eut inventé le moteur à explosion interne. On n’ignore pas d’ailleurs que des dizaines d’ingénieurs — en France sur
197 lus que par ses succès ultérieurs. Aujourd’hui, l’ on entend les belles âmes soupirer que l’homme est devenu l’esclave de s
198 r répondre à des besoins pratiques, utilitaires : on le voit bien aujourd’hui, dans nos villes embouteillées, et quand il
199 érée comme instance et compétence suprêmes, quand on invoque par exemple « les exigences techniques » pour trancher en der
200 irs inouïs qui sont devenus les nôtres. Ainsi, qu’ on le veuille ou non, c’est la technique elle-même qui nous oblige à rec
14 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
201 ment élevé et de sol si richement plissé que si l’ on pouvait le repasser et l’aplanir, on verrait qu’il est bien aussi gra
202 ssé que si l’on pouvait le repasser et l’aplanir, on verrait qu’il est bien aussi grand que la France… Cette Suisse des Al
203 es hôtels. Pourtant la Suisse est autre chose, qu’ on ne voit pas sur les cartes postales. On croit que c’est le pays le pl
204 chose, qu’on ne voit pas sur les cartes postales. On croit que c’est le pays le plus évident du monde, où tout est concert
205 honnête, et pourvu de son mode d’emploi ; et puis on s’aperçoit en vivant cela de près que tout repose en réalité sur un t
206 art la pendule à coucou mais c’est chez eux que l’ on trouve la plus forte densité de prix Nobel des sciences, pour ne rien
207 ? Il n’empêche qu’à Paris, à Londres ou à Berlin, on se moque un peu des Suisses et on les jalouse un peu, comme si chaque
208 es ou à Berlin, on se moque un peu des Suisses et on les jalouse un peu, comme si chaque Suisse bénéficiait du secret des
209 oi se compose son bonheur ? Et ses recettes, si l’ on peut les donner, seraient-elles applicables ailleurs ? Le premier sec
210 vallées traversées par la route du Gothard, que l’ on venait d’ouvrir au xiii e siècle. C’était le seul col reliant d’un se
211 afin de sauvegarder leurs existences distinctes. On dit souvent que la Suisse illustre la formule de « l’union dans la di
212 et le degré d’attachement réel de leurs membres. On n’est plus obligatoirement protestant parce qu’on est né à Genève ou
213 On n’est plus obligatoirement protestant parce qu’ on est né à Genève ou dans le canton de Berne, ni catholique parce que l
214 i catholique parce que lucernois ou fribourgeois. On peut choisir ses allégeances et faire partie de dix communautés diver
215 romanches et les Bâlois s’aiment d’amour tendre. On ne leur demande même pas de se connaître ! Un jodleur d’Appenzell ave
216 ne vois pas de raison sérieuse qui empêcherait qu’ on l’applique à l’échelle continentale. On me dira : la Suisse est petit
217 herait qu’on l’applique à l’échelle continentale. On me dira : la Suisse est petite, l’Europe est vaste et quelques-unes d
15 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
218 ésenta à l’orateur quand nous sortîmes, tandis qu’ on se battait encore du parterre au poulailler, des hommes tombant des s
219 faire du Bon Dieu. Et de lui seul ! Tout ce que l’ on peut demander d’un homme, c’est qu’il fasse le moins de mal possible.
220 peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres, qu’ on élève des barrières infranchissables ! C’est le point de vue qu’il a
221 ui allait se tenir à La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait à qui offrir la présidence de la section culturelle dont j’
222 d’ancien ministre et de professeur à Oxford, et l’ on me chargea de prendre contact. À ma lettre, il répondit vite : « Je v
223 ine de tout — comme chacun sait ou va le savoir — on prépare plusieurs thèses sur ce sujet — fut l’occasion pour notre ami
224 re ami de voler au temps qui se dérobait (ou si l’ on veut : de dérober au vol du temps) quelques pages qui ne vieilliront
225 n de la culture et le Collège d’Europe à Bruges), on ne s’ennuie pas, parce que le président nous donne l’impression qu’il
226 un temps qui du même coup devait manquer à ce qu’ on nomme leur œuvre personnelle, et de ceux-là, nul ne l’a fait avec un
227 t pour toujours, Don Salvador est Espagnol, comme on ne l’est plus. Je l’ai entendu, à Bombay, prétendre que l’Espagne, c’
228 t l’Espagne de l’Asie. C’était à se demander si l’ on pouvait encore distinguer un Maharati ou un Gujerati d’un Ibérique. D
229 tellectuel, c’est-à-dire de gauche, n’aime pas qu’ on touche à sa Révolution, qu’on lui rappelle qu’une révolution violente
230 uche, n’aime pas qu’on touche à sa Révolution, qu’ on lui rappelle qu’une révolution violente, après tout, c’est une maladi
231 ’avoir fait une glorieuse Révolution, mais aurait- on l’idée de se vanter d’avoir ‟fait” une superbe pneumonie ? » Cette bo
232 l avec rigueur. Démontrer qu’en plein xxe siècle on peut être vraiment engagé et vraiment libéral à la fois, n’est-ce pas
16 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
233 la créer) une « union plus étroite » (que quoi ? on se le demande) entre États-nations souverains, feront l’objet de « re
234 érieuse pour leurs grands-pères. C’est tout ce qu’ on peut prévoir selon nos analystes, professeurs et commentateurs qui ti
235 ’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et ab
236 oit pour dominer et absorber les voisins. Si donc on veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs
237 au contraire par la force de rayonnement de ce qu’ on appelle une « métropole », c’est-à-dire une grande ville ou un comple
238 ue de l’union et votre tentative régionaliste, qu’ on soupçonnera de vouloir la division, peuvent sembler logiquement contr
239 , l’état civil et les richesses minières. Ainsi l’ on coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle qui est d’un seul tenant
240 sais l’espérer. Au cours de ces dernières années, on a vu se multiplier les recherches scientifiques, les articles de jour
241 épondre à la curiosité d’un grand public. Certes, on n’en est encore qu’au stade de la prise de conscience du phénomène ré
242 olution de notre société occidentale. À peine a-t- on pris la mesure des perspectives qu’il nous invite à explorer, notamme
243 la polis, dans la société grecque archaïque. Et l’ on sait que la polis devint en moins d’un siècle l’unité de base de tout
244 artager le monde. Chacun de nos États-nations (qu’ on appelait naguère des « Puissances ») se rêve ou s’est rêvé un jour Em
245 ration européenne, probablement, les remplacera. On n’en continue pas moins à nous répéter que les nations sont « encore 
17 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
246 voudra pas forcer mais convaincre. C’est dire qu’ on ne fera pas l’Europe sans faire des Européens. Mais ceux-ci, qui les
247 civisme, elle ne fait en tout cas pas cela, et l’ on peut être heureux si elle ne fait pas le contraire. L’éducation du ci
248 s prévues par la constitution. C’est à peine si l’ on parle de leur fonctionnement. Mais surtout, on ne dit rien des problè
249 l’on parle de leur fonctionnement. Mais surtout, on ne dit rien des problèmes vivants et réels qui se posent à la cité et
250 scolaire d’institutions et de constitutions dont on ignore le fonctionnement concret. Il faut comprendre et proclamer que
251 Europe de la seconde moitié du xxe siècle. Quand on a vu de quoi la vie de l’Europe est faite, on voit aussi sans discuss
252 and on a vu de quoi la vie de l’Europe est faite, on voit aussi sans discussion possible, sans adjurations pathétiques, sa
253 te au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’ on pouvait de leur autonomie, précisément : sans l’union, cette autonomi
18 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
254 rais m’élever contre la hiérarchie des valeurs qu’ on est en train d’instaurer. M. Mach se plaignait qu’on n’accorde pas un
255 est en train d’instaurer. M. Mach se plaignait qu’ on n’accorde pas un respect suffisant aux chercheurs scientifiques. Il m
256 heurs scientifiques. Il me semble au contraire qu’ on leur accorde un respect presque exclusif. Pourquoi ? Parce qu’ils son
257 ie, au PNB, produit national brut. Je voudrais qu’ on fasse aussi une petite place — comme l’a demandé M. Lalive tout à l’h
258 d’importations et d’exportations, entre lesquels on cherche à établir une certaine balance, balance des paiements, balanc
259 e vous donnerai tout de suite un exemple de ce qu’ on peut entendre par là. J’ai eu la curiosité de regarder quelle était l
260 e et qui a fait Bâle. Beaucoup plus près de nous, on peut citer Nietzsche, qui a été professeur à Bâle lui aussi et qui a
261 si et qui a beaucoup vécu en Suisse, en Engadine. On peut citer Stravinsky, qui a créé en Suisse la meilleure œuvre musica
262 musicale « de chez nous », L’Histoire du soldat. On peut citer les prix Nobel que je vous disais tout à l’heure, qui sont
263 ais tout à l’heure, qui sont venus de l’étranger. On pourrait allonger facilement cette liste. Du côté exportation, qu’avo
264 États-Unis, qui sont les plus grands du monde. Et on pourrait multiplier ces exemples : en théologie nous avons exporté Ka
265 nt un exode qu’il faudrait déplorer ou arrêter si on le peut. Je crois qu’il faut considérer là-dedans les dimensions des
266 uper. Autrement dit, du point de vue fédéraliste, on se demandera à partir de quelle dimension une communauté a le droit d
267 n de ses enfants devient professeur d’université, on ne va pas dire que c’est un exode de cerveau, puisque le village n’a
268 étudiants ensemble — à tel point que, à Bologne, on dût faire des lois terribles contre les « voleurs d’universités » : i
269 mplement. Nos dimensions ne sont pas suffisantes. On aurait pu lui offrir, me direz-vous, de construire un pont enjambant
270 Vous voyez de quoi je veux parler… De sorte que l’ on peut dire à un pays comme la Suisse par exemple, mais aussi à un pays
271 à l’Unesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on ne peut pas dire non plus qu’il s’agit là d’une perte, d’un exode. Si
272 ire pour empêcher cet échange à sens unique que l’ on appelle exode par rapport à une certaine communauté et dans une certa
273 de pallier les effets sans toucher les causes. Si on estime qu’un certain échange devient un exode dommageable, je suis d’
274 e devient un exode dommageable, je suis d’avis qu’ on essaie d’y remédier en renversant le flux, c’est-à-dire en créant des
275 est-à-dire comment créer des pôles d’attraction ? On y fait allusion déjà. Il s’agit de concentrer les ressources intellec
276 s ressources intellectuelles sur certains points. On a parlé tout à l’heure de Schwerpunkte. Par exemple, à Genève, nous d
277 tie la plus éveillée, la plus curieuse du public. On se base souvent, à la radio et à la télévision, sur des enquêtes rapi
278 s ont ou n’ont pas pour certaines émissions, et l’ on transforme la qualité de ces émissions selon la quantité des réponses
279 sa création, au xiie siècle. Voilà une chose qu’ on oublie complètement aujourd’hui. La méthode d’enseignement, de recher
280 ssion — c’était essentiellement une contestation. On a même défini la méthode scolastique comme étant essentiellement une
281 able et merveilleux ! Jamais depuis le Moyen Âge, on ne s’était autant occupé des universités que depuis qu’on a découvert
282 était autant occupé des universités que depuis qu’ on a découvert qu’il fallait les réformer. Je souhaite que la réforme un
283 er. Je souhaite que la réforme universitaire dont on parle depuis des années, aboutisse vite, mais surtout je souhaite qu’
284 nées, aboutisse vite, mais surtout je souhaite qu’ on ne s’en tienne pas là. Car l’Université, à mon sens, a été, doit rede
285 re un peu forcé parce qu’il faut simplifier quand on aborde une quantité de sujets importants comme nous le faisons ce soi
286 . Je répète : le financement, c’est un préalable, on ne fait rien sans ça. L’organisation aussi. Mais croire qu’un climat,
287 mble dont toutes les parties sont en interaction. On peut citer mille cas. Toutes les créations culturelles d’aujourd’hui
19 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
288 tout leur être de nations « souveraines » ? Quand on nous affirme que le xxe siècle ne sera pas celui du triomphe de l’in
289 prévu, mais bien le siècle des nations, est-ce qu’ on s’en félicite, ou bien est-ce qu’on dit cela comme on dirait de telle
290 ns, est-ce qu’on s’en félicite, ou bien est-ce qu’ on dit cela comme on dirait de telle année : — C’était l’année de ma pne
291 ’en félicite, ou bien est-ce qu’on dit cela comme on dirait de telle année : — C’était l’année de ma pneumonie ? Autre cho
292 autre chose est de s’en féliciter, d’affirmer qu’ on ne peut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et d’ap
293 uter, une merveilleuse opération sur l’or ! (si l’ on veut bien me passer ce léger anachronisme). Cet exemple de rejet de t
294 es les instances universelles, — sauf celle que l’ on peut contrôler — sera vite suivi par les rois d’Angleterre et d’Espag
295 monie d’une seule ethnie. Modèle monstrueux, si l’ on y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’on ne fait pas, parce qu
296 l’on y réfléchit, mais c’est précisément ce que l’ on ne fait pas, parce que l’État-nation est devenu sacré, intangible dan
297 ut qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On enseigne son catéchisme dans ses écoles, on célèbre son culte, on vén
298 tres. On enseigne son catéchisme dans ses écoles, on célèbre son culte, on vénère ses statues sur toutes les places. « Il
299 catéchisme dans ses écoles, on célèbre son culte, on vénère ses statues sur toutes les places. « Il faut une religion pour
300 « Il faut une religion pour le peuple » assure-t- on , et comme ce n’est plus guère le christianisme, ce sera donc le natio
301 op petits et trop grands. Ils sont trop petits si on les regarde à l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’on en jug
302 e à l’échelle mondiale. Ils sont trop grands si l’ on en juge par leur incapacité d’animer leurs régions, et d’offrir à leu
303 ossible à appliquer par nos États-nations, dirait- on . En effet, l’existence des empires de l’Est et de l’Ouest leur pose u
304 blème de l’union, c’est faire, en somme, ce que l’ on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à prétend
305 ’une concession douloureuse à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et ab
306 , soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’ on veut unir l’Europe, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs
307 au contraire par la force de rayonnement de ce qu’ on appelle une « métropole », grande ville ou complexe de villes moyenne
308 ns autonome. L’effort d’union et votre effort, qu’ on soupçonnera de vouloir la division, peuvent sembler logiquement contr
309 , l’état civil et les richesses minières. Ainsi l’ on coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle qui est d’un seul tenant
310 sais l’espérer. Au cours de ces dernières années, on a vu se multiplier les recherches scientifiques, les articles de jour
311 usive de la province par le centralisme parisien, on compte le sous-développement de plus en plus accentué de vastes régio
312 . La nation doit réparation du tort ainsi causé. On n’est pas loin de l’agitation populaire et de l’action directe. Dans
313 à l’union. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la Première Guerre de Suez… 2° Derrière l’agitati
314 le problème de la régionalisation du territoire. On s’est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la st
315 de l’exploitation des régions par l’État central. On s’est intéressé très spécialement aux régions périphériques, les plus
316 la polis, dans la société grecque archaïque. Et l’ on sait que la polis devint en moins d’un siècle l’unité de base de tout
317 e de son ou de ses agglomérations principales. Si on exagère leur taille, les régions tendent ou bien à se confondre avec
318 eur signification comme unités fonctionnelles. Si on les prend trop petites, le nombre et l’importance des fonctions écono
319 Ainsi : — là où, dans le monde stato-national, on parlait d’abord de territoires et de superficies, on parle ici d’abor
320 parlait d’abord de territoires et de superficies, on parle ici d’abord de pôles, de polarisations ; là où l’on parlait fro
321 ici d’abord de pôles, de polarisations ; là où l’ on parlait frontières, on parle d’ajustements variables définis par des
322 de polarisations ; là où l’on parlait frontières, on parle d’ajustements variables définis par des aires d’influence ; là
323 ables définis par des aires d’influence ; là où l’ on insistait sur la taille des domaines et sur des chiffres absolus de l
324 nes et sur des chiffres absolus de la population, on se préoccupe de fonctions, de potentiels et de densités. Tout se pass
325 nsables.36” » Je proposerais, pour ma part, que l’ on substitue au terme d’indépendance celui d’autonomie, qui a l’avantage
326 ie est une notion relative et très précise, quand on parle par exemple de l’autonomie de vol d’un appareil, ou de l’autono
327 je parle d’une fédération basée sur les régions, on me répond que ce serait pire encore, et que la Confédération dans ce
328 nion un peu hardies, sous le double prétexte « qu’ on n’est pas sûr qu’elles réussiront », ou bien « qu’on n’est pas sûr qu
329 n’est pas sûr qu’elles réussiront », ou bien « qu’ on n’est pas sûr que cela servirait nos intérêts ». Assez de cette polit
330 ime, par les infimes ; et de divin par un bébé qu’ on ne savait trop comment déclarer… Les régions de demain seront en même
331 eptons donc l’hypothèse de travail régionaliste : on verra bien ce qu’elle donne pour nous, quand nous aurons aidé au succ
332 é Rhône-Alpes, qui est sa région naturelle, croit- on vraiment que cela lui ferait perdre son caractère de cité suisse plus
20 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
333 en tête, quitteraient le congrès à grand bruit si on m’empêchait de lire le Message . Paul van Zeeland, sur ma demande, v
334 and, sur ma demande, vint arbitrer le différend : on décida que je lirais le Message , mais en omettant la petite phrase.
335 t annulée : plus moyen de signer un document où l’ on aurait barré une phrase aussi voyante, et qui d’ailleurs semblait s’ê
336 er à des ministres, qui en ont fait l’usage que l’ on sait. 2. Ne vous semble-t-il pas paradoxal qu’en mai 1948, alors que
337 e campagne populaire de très grande envergure (or on vient de voir comment les « unionistes » la tuèrent dans l’œuf) ; 2)
338 d’une fédération européenne ? Estimez-vous que l’ on puisse encore compter sur les gouvernements nationaux pour « faire l’
339 de la chute réelle des barrières douanières… Mais on ne bâtira pas l’union sur le respect inconditionnel des obstacles à t
340 Comment voir l’avenir du Mouvement européen quand on ne voit même plus son présent ? Son impuissance avérée tient au fait
341 ugez-vous la situation européenne actuelle ? Si l’ on entend par espérance l’attente fervente mais plus ou moins passive de
342 qu’il existe des moyens de rejoindre le but que l’ on veut atteindre. Et cette espérance-là, je l’éprouve aujourd’hui plus
343 jourd’hui plus vive que jamais ; s’il est vrai qu’ on ne peut bâtir sur de l’ancien (les États-nations), mais seulement sur
21 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
344 mes et nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves… On ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve. II Il est pe
345 clite me proposent une idée de l’Europe, telle qu’ on l’a quelquefois définie par ses vertus paradoxales d’innovation au se
346 es verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on ne trouvera plus grande longueur de côtes pour la surface des terres,
347 Gothard, écrivait le chevalier de Boufflers, « l’ on peut cracher dans l’Océan et dans la Méditerranée ». Et les ports rép
348 « péninsule occidentale de l’Asie », ainsi que l’ on nommait l’Europe dans les traités de géographie, au xviiie siècle dé
349 t sur la force originante —, l’Aar gothique et qu’ on retrouve dans toute l’Europe, mais ici tirant après soi un r qui roul
22 1969, Articles divers (1963-1969). À la fontaine Castalie (1969)
350 Mais voyager en Grèce est une autre aventure. Qu’ on le veuille et le sache ou non, c’est un itinéraire spirituel que le h
351 ropose et dont les mythes disposent, si peu que l’ on y prête de sensibilité. Pas question de s’y préparer ni de rien combi
352 Poros, non loin des portes de Trézène. En Grèce, on va vers des noms émouvants. Quelqu’un dit : Delphes. ⁂ Jusqu’au pie
353 is monumentales. Cet espace est pourtant ce que l’ on voudrait « prendre », mais aucun objectif ne pourra l’enregistrer, il
354 r, il y faudrait un œil de l’âme, œil intérieur : on est ici dans l’événement à voir, et non devant… Une autre résistance
355 the dans l’espace du rêve, et pour entendre ce qu’ on voit ici. Épiant le lent progrès de la réminiscence. Le mot crime… D
23 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
356 ouvrage de Proudhon, Du Principe fédératif, où l’ on pouvait lire cette phrase devenue célèbre : « Le xxe siècle ouvrira
357 communalistes, régionalistes et nationalistes, qu’ on voit partout en plein essor, qu’il s’agisse de nations en instance de
358 trop grand. Il est trop petit pour assurer ce qu’ on persiste à nommer son indépendance et sa souveraineté absolue : car n
359 seuil d’une ère potentiellement fédéraliste. Peut- on dire plus ? Sur les quelque cent-trente nations souveraines qui divis
360 tion du globe, et il est frappant de constater qu’ on trouve parmi eux les plus grands États et les plus modernes des cinq
361 dans ces trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’ on est en droit d’incriminer que sa trahison pure et simple, ou son usag
362 déralisme, mais d’un défaut de fédéralisme ! Et l’ on est en droit de penser que l’application correcte de la méthode fédér
363 g, il se verrait obligé de quitter le comité si l’ on adoptait ma proposition. Je compris par la suite que ce haut fonction
364 t encore, en Suisse même, il y a quelques années, on put entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner
365 ble que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent en fait les malentendus que j’ai
366 que la résultante de leur tension soit positive ( on dirait, dans le langage de la théorie des jeux de von Neumann et Morg
367 ule personne… » Abstraction faite de la foi que l’ on accorde ou non à la substance de ces énoncés, je retiens que leurs fo
368 es principaux domaines de la réalité moderne où l’ on retrouve les structures typiques d’un problème fédéraliste. À la base
369 e d’une tâche ou d’une fonction particulière dont on aura reconnu la nécessité ou l’agrément. Deuxième étape : elle évalue
370 née de l’absence de communication avec ceux que l’ on côtoie comme s’ils n’étaient pas là. La solution consisterait à recré
371 ons de forces proportionnées à la puissance que l’ on veut obtenir et en même temps multiplier les petites unités de base d
372 ace des États-nations constitués au xixe siècle. On s’aperçoit alors que le fédéralisme politique (intra ou interétatique
373 unions et des petites unités fonctionnelles, et l’ on va peut-être trouver, dans les techniques les plus avancées, le moyen
374 ure d’opportunisme pour des gens qui voient que l’ on ne peut pas continuer sans faire quelque chose dans le sens d’une féd
375 uple de 50 millions, qu’est-ce qu’il se produit ? On vote, de temps en temps, sur de grandes options générales, ou sur un
376 is il faut garder cet exemple dans l’esprit, si l’ on veut donner un contenu réel à la notion de civisme. Il y a interactio
377 a interaction de l’institution et du civisme. Si on trouve qu’il n’y a pas assez de civisme quelque part, le premier remè
378 gions aboutirait à une dissociation de la Suisse, on me pose souvent la question. Il faudrait s’entendre sur ce qu’on appe
379 ent la question. Il faudrait s’entendre sur ce qu’ on appelle région. Je ne m’étendrai pas sur cette question complexe, mai
380 , mais je crois que la plupart des craintes que l’ on a, en parlant de régions, viennent de ce qu’on s’imagine une région c
381 l’on a, en parlant de régions, viennent de ce qu’ on s’imagine une région comme un petit État-nation. C’est autre chose. O
382 on comme un petit État-nation. C’est autre chose. On peut très bien concevoir des régions comme celle qui est en train de
383 t et solidement, comme le veulent ses promoteurs, on croit souvent qu’elle doit nécessairement coïncider avec une région p
384 ue. Pas du tout, ni avec une région linguistique. On peut très bien continuer à y parler, comme en Suisse, plusieurs langu
385 du sous-sol et de l’état civil ou de la langue qu’ on parle, et qui aboutit par exemple à la division de la région Ruhr-Mos
386 au point de vue du sous-sol, d’après la langue qu’ on parlait d’un côté ou de l’autre d’une frontière tracée à la surface.
387 uvre, et avec les communes qui peuvent refuser qu’ on ruine la vie d’une petite ville en la coupant en deux, par exemple. L
24 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
388 les glorieux témoins et le sanglant théâtre… » L’ on ne trouve dans ces pages pas même une inflexion qui puisse trahir le
389 est avec le plus grand naturel, semble-t-il. Mais on peut se demander dans quel dessein il consacre à peu près un tiers de
390 ien ainsi qu’il faut parler de la guerre telle qu’ on l’exalte aussi longtemps qu’on ne l’a pas vue. Dulce bellum inexperti
391 la guerre telle qu’on l’exalte aussi longtemps qu’ on ne l’a pas vue. Dulce bellum inexpertis 41, fameux titre d’Érasme, po
392 intention de souligner le contraste avec ce que l’ on va lire dans le reste du livre, comme pour nous faire comprendre sans
393 omprendre sans le dire : voilà la guerre telle qu’ on la conte et qu’on la vante, et maintenant je vais vous dire ce qu’ell
394 dire : voilà la guerre telle qu’on la conte et qu’ on la vante, et maintenant je vais vous dire ce qu’elle est, telle que j
395 lonnes interminables de blessés des trois armées. On les entasse par milliers dans les églises, le cloître et la caserne,
396 la chose vue. Et du coup cela devient effroyable. On croirait lire une description d’Hiroshima au ralenti. Cent-mille vict
397 ignée de charpie, je la trempe dans le seau que l’ on porte derrière moi, et je presse l’eau de cette éponge dans l’ouvertu
398 pour une pareille œuvre ? Tel est l’homme que l’ on a traité d’utopiste et d’illuminé, et auquel on a tant reproché de ma
399 l’on a traité d’utopiste et d’illuminé, et auquel on a tant reproché de manquer du sens élémentaire des réalités. On ne sa
400 oché de manquer du sens élémentaire des réalités. On ne saurait être plus respectueux des conventions et des vertus de la
401 as un mot de reproche à quiconque dans ce livre ! On ne saurait être plus prudent, plus modéré : il n’est question que « d
402 r l’état de choses », d’ailleurs révoltant, que l’ on vient d’évoquer avec une émotion si contagieuse. On ne saurait être,
403 vient d’évoquer avec une émotion si contagieuse. On ne saurait être, enfin, plus efficace : quatre ans après Solférino, u
404 ns, se résignera donc à l’attendre à Castiglione. On sait la suite, mais dans son livre, il se borne à écrire cette seule
405 la situation classique qui définit une vocation. On court après un but habituel et quelconque, le succès d’une affaire, l
406 quelconque, le succès d’une affaire, la richesse… On le manque, « par la faute des circonstances », dit-on, et l’on est pr
407 e manque, « par la faute des circonstances », dit- on , et l’on est pris par quelque chose qu’on ne cherchait pas, qui passi
408 « par la faute des circonstances », dit-on, et l’ on est pris par quelque chose qu’on ne cherchait pas, qui passionne bien
409  », dit-on, et l’on est pris par quelque chose qu’ on ne cherchait pas, qui passionne bientôt plus que tout, apportant souv
410 ciale, d’exil, d’obscurité et de famine. Un jour, on lui a demandé de parler à Plymouth : il ne peut arriver au bout de so
411 encore du sang, du sang partout. » ⁂ J’ai dit qu’ on chercherait en vain, dans un Souvenir, la moindre note d’antimilitari
412 ’attention » sur un sujet précis, à partir duquel on pourrait « avancer de quelques pas » : l’organisation des secours aux
413 es, traitant chacune une question particulière », on ne peut manquer de sentir ici qu’un doute profond s’est éveillé en lu
414 ilitarisme, afin d’en faire un petit arsenal où l’ on pourra puiser pour construire une œuvre digne du but.43 Il ne s’agi
415 u moins Caïn tua sans savoir qu’il tuait ». Et qu’ on ne répète pas que la guerre est la suprême éducatrice du genre humain
416 ue des utopies traditionnelles intéressées… Ce qu’ on désigne sous le nom de « bravoure » s’allie très bien quelquefois ave
417 iers et des efforts de développement technique qu’ on consacre à les préparer. Mais il y a plus. Réaliste est celui qui, no
418 e, une indéniable école d’immoralité politique. » On y apprend à ne voir « rien de plus beau, rien de plus grand, rien de
419 eur insolence… C’est sans remords que les pays qu’ on appelle chrétiens commettent ces crimes qu’ils décorent du nom de pol
420 niale ». Or ce n’est pas la vraie civilisation qu’ on apporte aux peuples asservis : c’est l’opium, le rhum, et les armes,
421 es désastres, que par une intervention divine ». ( On sent que Dunant juge cette dernière fort peu probable.) Dans les conf
25 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
422 certaine précision, pays par pays. Si bien que l’ on peut affirmer que les guildes ont au moins triplé le nombre des Europ
26 1969, Articles divers (1963-1969). « Il faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)
423 frappe, c’est l’extrême laideur de tout ce que l’ on construit, une laideur irréversible. En Hollande, dans le Sud du Port
424 es propos de quelques photographies : Voyez-vous, on a su, dans ces pays, créer une atmosphère, un style. Mais n’était-il
425 était-il pas urgent de construire des logements ? On aurait pu faire, plus loin, dans ces immenses champs, un joli village
426 trent. En France, aucun plan d’ensemble n’existe, on pare au plus pressé. J’ai pu le constater à propos d’un petit village
427 n petit village du Midi où je possède une maison. On y a tué la poule aux œufs d’or car on n’a pas pensé que l’on détruisa
428 une maison. On y a tué la poule aux œufs d’or car on n’a pas pensé que l’on détruisait ce qui faisait l’attrait du pays. O
429 la poule aux œufs d’or car on n’a pas pensé que l’ on détruisait ce qui faisait l’attrait du pays. On a l’impression que le
430 l’on détruisait ce qui faisait l’attrait du pays. On a l’impression que le seul souci qu’on ait soit la spéculation. Il fa
431 t du pays. On a l’impression que le seul souci qu’ on ait soit la spéculation. Il faut construire vite parce que cela coûte
432 que la vôtre le révèle, car autour de tout ceci, on garde un secret jaloux. Une telle transformation devrait faire l’obje
433 ivent. Cela est plus important que de savoir si l’ on est de droite ou de gauche. Une telle discussion ne risque-t-elle pas
434 égionalisation, si elle se réalise véritablement. On arrivera, sur des régions plus petites, plus homogènes, à créer un st
435 devant une telle expansion ? Le pays de Gex, où l’ on a eu, de tout temps, le goût de la mesure, de la solidité, de la simp
436 e dans la tradition voltairienne, où logeait, dit- on , le garde-chasse du château. La porte du cabinet de travail s’ouvre s
437 age paisible du pays de Gex que bientôt peut-être on ne pourra plus contempler. »
27 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
438 ns quatre groupes parmi les « difficultés » que l’ on oppose au concept de région et aux projets fondés sur lui. Objectio
439 posant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’ on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intéressant de cherch
440 t créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’ on veut, il n’est pas très intéressant de chercher à deviner ce qui sera
441 er en compliquant le problème avec votre utopie ! On ne peut passer sans transition des nations souveraines aux régions fé
442 des États-nations ? Pour quelles raisons ne l’a-t- on pas encore faite ? b) Le seul projet de fédération qui ait réussi en
443 la plupart des projets d’Europe fédérale, dès qu’ on aborde le problème de leur structure politique. C’est donc ce dernier
444 e. C’est donc ce dernier groupe d’arguments que l’ on va tenter d’analyser.) II. Que la région ne doit pas être conçue
445 digne de ce nom. Ayant « fait son unité » (comme on fait sa puberté), il devient une « nation immortelle » et l’État qui
446 s États-nations européens. (C’est un peu ce que l’ on voit se dessiner — encore un terme visuel ! — avec l’essai de « régio
447 et des cadres sociaux qui leur offrent appui. Qu’ on me permette un exemple personnel, pour aller vite et rester dans le c
448 munes, et souvent pas de frontières du tout. Si l’ on exigeait que tout cela soit unifié et uniformisé dans les limites géo
449 cas : « Suisse » et « francophonie »), mais si l’ on passe à trois ou quatre ensembles, c’est difficile ; au-delà, irréali
450 nation est le phénomène dominant du xxe siècle, on doute qu’il pense à autre chose qu’à la France… 49. P.-J. Proudhon,
28 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
451 emmes à 22 ans et à 38 ans. À 41 ans et à 38 ans, on a généralement quelques souvenirs, quelques cheveux blancs et des enf
452  : ça pose des problèmes (voir Elle n° 1216) mais on ne fait pas pour autant un remariage de « raison », de consolation. L
453 a saison des amours vraies, solides, bien bâties. On a passé l’âge de Roméo et Juliette, mais on espère bien arriver à Phi
454 ties. On a passé l’âge de Roméo et Juliette, mais on espère bien arriver à Philémon et Baucis. On en est encore très loin 
455 mais on espère bien arriver à Philémon et Baucis. On en est encore très loin : pour beaucoup de femmes, le second mari c’e
456 élices et les délires de l’amour physique tels qu’ on ne les soupçonnait guère à 20 ans, tels qu’on espère les connaître lo
457 qu’on ne les soupçonnait guère à 20 ans, tels qu’ on espère les connaître longtemps. Amours, délices et mairie (pas d’orgu
458 , le remariage c’est souvent l’heureux mariage qu’ on n’a pas su réussir du premier coup. Mais faut-il vraiment se marier d
459 avec sa (seconde) femme l’un de ces couples dont on dit simplement : « C’est un vrai couple. » Le remariage est non seul
460 lus fréquent mais aussi du progrès médical. Ce qu’ on nomme « l’espérance de vie » ayant doublé, cela double aussi les « ch
461 nne aux gens l’occasion de vivre plusieurs vies — on change de pays, d’emploi, de milieu avec une facilité croissante et o
462 emploi, de milieu avec une facilité croissante et on admet avoir d’autres aspirations à 40 ans qu’à 20 ans. D’où la multip
463  : chacun sait désormais qu’il y a problème et qu’ on peut en parler, qu’il faut même en parler librement et sérieusement.
464 mamelles de la presse féminine mais curieusement on n’en arrive jamais au remariage. Pourquoi ? L’une des grandes difficu
465 ples remariés que je connais. La première fois, on épouse ses complexes D’abord la grande question : pensez-vous que
466 mariage soit plus heureux que le premier ? Ce qu’ on peut dire avec certitude, c’est qu’il a beaucoup plus de chances de l
467 , qui est psychanalyste, lors du premier mariage, on épouse ses complexes. Or, contrairement à ce que fait croire le langa
468 ves formés dans l’enfance et restés inconscients. On ne connaît pas ses complexes, ils nous dirigent à notre insu, à notre
469 recherche d’un type de conjoint qui est (sans qu’ on le sache) celui de la mère, ou du père. Ou au contraire, inhibition d
470 re à la réalité des êtres et de leur vie à deux ! On tombe amoureux d’une image sans le savoir. Et l’on se trouve marié av
471 n tombe amoureux d’une image sans le savoir. Et l’ on se trouve marié avec une femme réelle, bien différente. Elle, eh bien
472 de se libérer de sa famille, cas plus fréquent qu’ on ne pense chez les jeunes filles surtout. Spécifique de la jeunesse, a
473 onnées de fait : goûts, situation, milieu social. On balaye avec un beau mépris les objections des autres, celles des pare
474 remier lieu ; leur couple est-il si bien réussi ? On pense que le seul moyen de réussir ce qu’ils ont raté c’est de prendr
475 qui conduit souvent à un mariage « d’attitude » : on veut prouver aux autres — et à soi-même qu’on sait ce qu’on veut et q
476 » : on veut prouver aux autres — et à soi-même qu’ on sait ce qu’on veut et qu’on n’a besoin de personne. Moins on est sûr
477 ouver aux autres — et à soi-même qu’on sait ce qu’ on veut et qu’on n’a besoin de personne. Moins on est sûr de la durée de
478 es — et à soi-même qu’on sait ce qu’on veut et qu’ on n’a besoin de personne. Moins on est sûr de la durée de ses sentiment
479 qu’on veut et qu’on n’a besoin de personne. Moins on est sûr de la durée de ses sentiments, plus on s’entête et plus on se
480 ns on est sûr de la durée de ses sentiments, plus on s’entête et plus on se dépêche. À 20 ans, il est classique de se mari
481 durée de ses sentiments, plus on s’entête et plus on se dépêche. À 20 ans, il est classique de se marier en claquant la po
482 « épouser Iseut ». Car la passion n’est pas comme on l’imagine volontiers un super-amour mais une certaine forme d’amour q
483 obstacles, la quotidienneté, la banalité. Ne peut- on pas imaginer une passion qui ne serait pas fatale, qui pourrait flamb
484 é dans L’Amour et l’Occident que l’amour tel qu’ on le rêve — l’amour-passion — est né avec « Tristan et Iseut » et que,
485 a-t-il entre l’un et l’autre ? C’est qu’autrefois on se mariait pour des raisons : fortune, terres, agrément du caractère
486 terres, agrément du caractère et du physique, et on restait marié pour des raisons : religieuses, sociales, familiales. L
487  : religieuses, sociales, familiales. La passion, on la rencontrait ou en tout cas on la cherchait ailleurs. Vouloir fonde
488 les. La passion, on la rencontrait ou en tout cas on la cherchait ailleurs. Vouloir fonder le mariage sur la passion est u
489 es que posent les caractères et les tempéraments. On pense toujours qu’on sera l’exception, qu’on réussira où les autres o
490 actères et les tempéraments. On pense toujours qu’ on sera l’exception, qu’on réussira où les autres ont raté. C’est le déf
491 nts. On pense toujours qu’on sera l’exception, qu’ on réussira où les autres ont raté. C’est le défi sentimental, le défi t
492 ’échec sont-elles automatiquement éliminées quand on se remarie ? Pas automatiquement du tout. Quand l’expérience n’a pas
493 du tout. Quand l’expérience n’a pas été comprise, on se remarie trois fois, quatre fois, cinq fois, ce sont les cas désesp
494 structives. Normalement, tout ira mieux. Parce qu’ on est « vacciné » : on dépend moins des autres — parents, entourage — o
495 nt, tout ira mieux. Parce qu’on est « vacciné » : on dépend moins des autres — parents, entourage — on est donc moins pous
496 on dépend moins des autres — parents, entourage — on est donc moins poussé à braver leur opinion, à faire un mariage « d’a
497 leur opinion, à faire un mariage « d’attitude ». On est plus conscient et on ne se joue plus la comédie — ni aux parents.
498 mariage « d’attitude ». On est plus conscient et on ne se joue plus la comédie — ni aux parents. On a compris que l’essen
499 t on ne se joue plus la comédie — ni aux parents. On a compris que l’essentiel ce sont les caractères, qui ne changent jam
500 ce sont les caractères, qui ne changent jamais («  on ne peut pas changer de place les raies du zèbre », dit un proverbe or
501 s du zèbre », dit un proverbe oriental) et, comme on a pris conscience de la nécessité de la durée, on accorde une plus gr
502 on a pris conscience de la nécessité de la durée, on accorde une plus grande attention à la compatibilité des caractères,
503 r son ex-conjoint (comme dans le premier mariage, on voulait défier les parents). Le divorce, quoi qu’on en dise, est touj
504 voulait défier les parents). Le divorce, quoi qu’ on en dise, est toujours ressenti comme un échec. Mais autant il est bon
505 ile. Et des difficultés particulières une fois qu’ on est remarié ? C’est ici qu’il s’agit de distinguer ce qui tient aux «
506 el mais secrètement en marche vers lui-même que l’ on choisit, non pas comme prétexte à s’exalter ou comme objet de contemp
507 une existence incomparable et autonome à laquelle on voudrait participer : voilà la plus profonde tendresse. Le passionné
508 on sur l’autre d’un idéal qui n’existe pas — et l’ on s’en aperçoit très vite — alors que le vrai amour est agent de person
509 ce savant et à ses recherches « scientifiques », on osait parler du sexe ! Aujourd’hui on parle du sexe — d’abondance — m
510 tifiques », on osait parler du sexe ! Aujourd’hui on parle du sexe — d’abondance — mais, en ce qui concerne l’amour, beauc
511 ge. De même et plus encore pour le divorce : si l’ on veut en tirer une leçon, il est essentiel de ne pas le refouler comme
512 ssentiel de ne pas le refouler comme un acte dont on a honte ou peur. Je suis pour le « mariage-maquette » Ceci appe
513 Ceci appelle donc une réforme de la mentalité. On va souvent jusqu’à la réforme des mœurs lorsqu’on envisage le « maria
514 On va souvent jusqu’à la réforme des mœurs lorsqu’ on envisage le « mariage à l’essai ». Qu’en pensez-vous ? Je suis pour t
515 peut aider. Bien sûr, l’expérience est limitée : on sait que ça pourrait ne pas durer et l’on décide qu’on n’aura pas d’e
516 mitée : on sait que ça pourrait ne pas durer et l’ on décide qu’on n’aura pas d’enfants ; il n’y aura donc pas de victimes.
517 it que ça pourrait ne pas durer et l’on décide qu’ on n’aura pas d’enfants ; il n’y aura donc pas de victimes. Appelons cet
518 lles, celles qui naissent de la cohabitation. Là, on vit, on travaille, on organise son budget ensemble. Les parents ne so
519 lles qui naissent de la cohabitation. Là, on vit, on travaille, on organise son budget ensemble. Les parents ne sont pas t
520 ent de la cohabitation. Là, on vit, on travaille, on organise son budget ensemble. Les parents ne sont pas toujours très f
521 ès tout, je ne suis pas mariée avec lui », se dit- on au premier accrochage sérieux et ça n’incite pas à l’effort, à la tol
522 ut proche. Quand je faisais mon service militaire on nous imposait des marches d’entraînement et j’ai fait à cette occasio
523 e qui a joué un rôle important dans ma vie : si l’ on part pour une promenade d’une heure, on traîne la patte après trois q
524 ie : si l’on part pour une promenade d’une heure, on traîne la patte après trois quarts d’heure. Quand nous pensions que n
525 il voudrait faire. De même le mariage exige que l’ on se consacre à l’autre avec continuité ! C’est le contraire du « coup
29 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
526 t sera traduit en plusieurs langues. Aujourd’hui, on le trouve en livre de poche. Ce livre, célèbre de par le monde devait
527 Consulat général de Suisse, répondait d’ailleurs on ne peut mieux aux vœux de l’assistance. Ne s’agissait-il pas en effet
528 is la fin de la guerre, c’est-à-dire depuis 1946. On s’étonnera alors moins d’apprendre qu’après avoir reçu, en 1963, le G
529 nnait de façon éclatante l’ensemble de son œuvre, on décerne aujourd’hui, à M. de Rougemont le Prix Schumann pour ses serv
530 u’il dirige depuis 1949. Si à ses nombreux titres on ajoutait celui qu’il s’apprête à recevoir aux États-Unis, après son s
531 qui est, en quelque sorte, un prix de théologie, on aura, je crois, défini les différents pôles autour desquels se meut l
532 i est donc M Denis de Rougemont ? », se demandait- on au lendemain de l’attribution du Grand Prix littéraire de Monaco. La
533 du Grand Prix littéraire de Monaco. La question, on le voit reste toujours d’actualité. Nous avons donc profité de cette
534 r et les confirmer. Cette définition théologique, on la retrouve naturellement aussi bien dans le mariage, que dans le féd
535 ment assez mal connu, Politique de la personne . On peut y lire, en effet, un article qui avait déjà paru dans la revue
536 t part, entre autres, Berdiaev et Gabriel Marcel. On ne pouvait donc espérer de meilleur interlocuteur pour nous définir l
537 ù il exerce. Ce qui l’amena — avant Sartre, ce qu’ on ignore généralement — à parler de l’« engagement » de l’écrivain. Car
538 ient-il à nous faire remarquer, n’implique pas qu’ on s’inscrive dans un parti ou qu’on accepte la discipline de ce parti.
539 implique pas qu’on s’inscrive dans un parti ou qu’ on accepte la discipline de ce parti. C’est réaliser ce que l’on croit l
540 a discipline de ce parti. C’est réaliser ce que l’ on croit le plus intimement, que ce soit d’un point de vue religieux, po
541 politique ou philosophique. La contestation On ne peut manquer d’être frappé par la vigueur, par la modernité surtou
542 personnaliste qui s’ignore. Dans ces motivations, on retrouve plusieurs de celles qui furent à la base du mouvement person
543 linien. Et puis il y a eu la montée de la guerre. On voulait nous faire croire qu’il y avait de grandes causes à défendre
544 ectaient plus rien finalement que la force. Quand on dit, il faut tout casser et après on verra bien, moi j’ai déjà vu ce
545 force. Quand on dit, il faut tout casser et après on verra bien, moi j’ai déjà vu ce qui va se passer : c’est la police qu
546 es bases mêmes de la passion. Car, finalement, si on arrive à supprimer tous les problèmes individuels on aboutira à un mo
547 arrive à supprimer tous les problèmes individuels on aboutira à un monde où la passion, la tentation de la passion n’aura
548 st un tout. Cette théorie fédéraliste nous amène, on l’aura remarqué, loin du fédéralisme canadien. M. de Rougemont nous c
549 ses impressions. J’ai constaté qu’ici au Québec, on appelait fédéraliste la tendance unitaire par opposition aux libertés
550 éparé signifierait donc, pour M. de Rougemont, qu’ on est retombé dans la vieille formule de l’État-nation du xixe siècle 
551 éation de communauté de 5 à 20 mille habitants qu’ on appelle, en urbanisme moderne, des unités d’habitation. Ces autonomie
552 nomies, il faut donc aller les chercher très bas. On les regroupera alors suivant un modèle pyramidal, mais sans s’arrêter
553 venons à l’Europe. Là-bas, il est bien certain qu’ on n’arrivera jamais à unir ces États-nations. Il faut donc, nous répète
554 ons, et alors, et ce n’est seulement qu’alors, qu’ on arrivera à fédérer l’Europe, car ces régions n’auront aucune peine à
555 r ces régions n’auront aucune peine à s’entendre. On arriverait ainsi à construire une Europe unie, faite de régions, mais
556 qué, mais le problème se résoudrait facilement si on les administrait séparément. Il y aurait ainsi, une Agence européenne
557 l’esprit de risque est la seule assurance », lit- on dans Journal d’une époque . Et ailleurs : « il faut être absolument
558 ppelle M de Rougemont tout au long d’une œuvre qu’ on découvre avec ravissement. an. Rougemont Denis de, « [Entretien]
30 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
559 -ce dans ce sens-là que vous êtes passé — ou peut- on dire que vous êtes passé — du personnalisme au fédéralisme ? Par un c
560 ement manifester au niveau de la communauté ce qu’ on croyait le plus intimement, c’est-à-dire l’être même de la personne —
561 ance collective, et qui aboutit aux guerres que l’ on sait. […] Souveraineté nationale groupant à l’intérieur d’une frontiè
562 at civil, commerciales, tout ce que vous voulez — on met tout ça dans une même frontière, ce qui est démentiel, n’est-ce p
563 el, n’est-ce pas ? C’est une absurdité totale, qu’ on a voulu nous faire avaler pendant tout le xixe siècle, et dans nos m
564 re, et un certain nombre de gens qui ont envie qu’ on le fasse, nous les réunissons. Ceci avec un tout petit staff, à Genèv
565 rise — je n’irai pas jusqu’à dire débandade, mais on n’en est pas loin. […] Comme je le disais d’ailleurs dans un livre éc
566 de fond religieuse — gnostique, hérétique tant qu’ on voudra — mais religieuse. Je vois ça sortir ces jours-ci ! Il ne f
567 réédition de ce livre en Amérique, pour laquelle on m’a demandé une postface que j’ai presque terminée, et dans laquelle
568 édente. Alors contre ça, il faut lutter par ce qu’ on appelle en science la néguentropie. Et par la récréation de foyers d’
569 forment de nouvelles communautés. Et grâce à ça, on maintient l’humanité, n’est-ce pas ? L’humanité ne progresse que par
570 ntaine, c’est-à-dire qu’il a deux fois l’âge où l’ on commence à être suspect pour les jeunes. Et pourtant !… À l’entendre
571 avec Arnaud Dandieu, George Izard et Daniel-Rops, on retrouve vite en lui le jeune homme dans la vingtaine qui se lance, a
572 conférence du 25 septembre à l’Université McGill, on sent que la place qu’il accorde, par exemple, comme valeur de signe,