1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 itique, pendant des siècles. C’est ce système, ou pour mieux dire, cette pratique séculaire de l’union dans les diversités j
2 ez différente par les Alémaniques et les Romands. Pour les premiers, fédération veut dire « communauté du Serment » (Eidgeno
3 Serment » (Eidgenossenschaft) ou « lien » (Bund). Pour les seconds, fédéralisme signifie surtout volonté de maintenir les au
4 s. » Thiers, Histoire de la révolution, chap. I. Pour un Français, la cause est entendue : fédéraliste égale sauvage, ou tr
5 entendue : fédéraliste égale sauvage, ou traître. Pour un Suisse, c’est Littré qui perd la face. Essayons d’expliquer ce qui
6 les moyens de la logique ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’elles sont.
7 ciations entre la Suisse et l’Europe, représentée pour l’instant par le Marché commun. D’une part, on affirme une souveraine
8 sur un fond d’unité essentielle. Quelle est donc, pour nous autres Suisses, l’unité de base, d’origine et de but, à laquelle
9 ée avant elles et sans elles ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul exemple : celui de la musique, élément
10 cer par faire violence aux réalités linguistiques pour les amener à coïncider approximativement avec les frontières d’une de
11 urs, notre exigeant souci moral et notre méfiance pour les cérémonies, à moins que son adoption n’ait résulté de notre tempé
12 je viens d’en dire vaut aussi, mutatis mutandis, pour le Suisse alémanique par rapport à l’Allemagne — dépend de plusieurs
13 de la liberté fédéraliste. Nos meilleurs auteurs ( pour ne prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié à la l
14 ié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) ont été nos meilleurs Europée
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
15 de visionnaires, des groupuscules de militants — pour la plupart issus de la résistance à l’hitlérisme, même en Allemagne e
16 esprits. Puis des hommes politiques se proposent pour diriger ce mouvement naissant, qui a peut-être le vent de l’histoire
17 union économique, même restreinte à quelques pays pour commencer, c’est virtuellement modifier les conditions politiques de
18 ou par là même, elle présente un attrait certain pour ceux qui souhaiteraient laisser les choses autant que possible en l’é
19 sûr que cet état soit bien celui que l’on croit ? Pour répondre à cette question, il conviendrait d’examiner, après Léon Dug
20 interétatique, super étatique, ou extraétatique, pour reprendre les distinctions proposées par Georges Scelle ? On ne sait.
21 stes, théoriciens et praticiens de l’intégration, pour étudier les perspectives d’une solution fédéraliste de la question eu
22 la question européenne. Le groupe doit se réunir pour la première fois dans quelques semaines. Les étudiants avancés qui au
23 ion générale ne me laissent pas beaucoup de temps pour introduire le sujet particulier de mon cours, mais je souhaite qu’ils
24 nion américaine. Le tempérament britannique passe pour pragmatique et donc plus favorable au fédéralisme que l’esprit frança
25 e au fédéralisme que l’esprit français, qui passe pour cartésien. Ce sont pourtant deux juristes britanniques, Sir Ivor Jenn
26 ous constatons qu’il leur faut des livres entiers pour l’exposer ou, mieux, pour en décrire et communiquer l’habitus. Parmi
27 faut des livres entiers pour l’exposer ou, mieux, pour en décrire et communiquer l’habitus. Parmi les ouvrages capitaux cons
28 s 85 articles écrits par Jay, Hamilton et Madison pour défendre la Constitution fédérale américaine rédigée en 1787, compose
29 es de ce groupe, dispersé dès 1939, se retrouvent pour déclencher, après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement qui abouti
30 Dès 1951, président du comité exécutif du Congrès pour la liberté de la culture. Auteur de 24 ouvrages qui ont été traduits
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
31 r petite patrie locale, s’ils la dépassent, c’est pour rejoindre immédiatement les grands courants continentaux ; parfois, p
32 ement les grands courants continentaux ; parfois, pour les déterminer. Les premiers cantons suisses reçurent leurs libertés
33 mêmes époques par la gravité du propos, le dédain pour l’invention romanesque ou les situations exceptionnelles, et l’intérê
34 orestières exploitant le passage du Gothard, « Un pour tous, tous pour un », c’est moins un idéal qu’une vitale obligation d
35 itant le passage du Gothard, « Un pour tous, tous pour un », c’est moins un idéal qu’une vitale obligation de solidarité pra
36 en France ou en Inde qu’il trouvera des commandes pour bâtir une église de Ronchamps ou une capitale — et c’est le cas de Le
37 d’instituts spécialisés de niveau universitaire, pour une population de 5 millions. Chaque gros village possède son chœur,
38 s, à ce propos, que la Suisse, avec 11 prix Nobel pour les sciences, se place au premier rang mondial, et de très loin, rela
39 tivement à sa population (Hollande : 9 prix Nobel pour une population double ; France : 17 prix Nobel pour une population ne
40 ur une population double ; France : 17 prix Nobel pour une population neuf fois plus grande). ⁂ À l’heure de l’Europe unie,
41 ration des traditions locales est bien plus grave pour elle que pour ses grands voisins. Ce n’est pas du projet d’union euro
42 ditions locales est bien plus grave pour elle que pour ses grands voisins. Ce n’est pas du projet d’union européenne que pro
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
43 les moyens de la logique ou de la force, car il a pour passion maîtresse de les faire vivre ensemble, telles qu’elles sont.
44 ciations entre la Suisse et l’Europe, représentée pour l’instant par le Marché commun. D’une part, on affirme une souveraine
45 sur un fond d’unité essentielle. Quelle est donc, pour nous autres Suisses romands, l’unité de base, d’origine et de but, à
46 ée avant elles et sans elles ! Je me contenterai, pour illustrer ce point, d’un seul exemple : celui de la musique, élément
47 cer par faire violence aux réalités linguistiques pour les amener à coïncider approximativement avec les frontières d’une de
48 urs, notre exigeant souci moral et notre méfiance pour les cérémonies — à moins que son adoption n’ait résulté de notre temp
49 res spécifiques, que devons-nous faire maintenant pour rester fidèles à nous-mêmes, j’entends : pour illustrer, au plan de l
50 ant pour rester fidèles à nous-mêmes, j’entends : pour illustrer, au plan de la culture, nos raisons d’être, pour légitimer
51 strer, au plan de la culture, nos raisons d’être, pour légitimer notre accent particulier, pour nous exprimer d’une manière
52 d’être, pour légitimer notre accent particulier, pour nous exprimer d’une manière authentique et non pas empruntée, imitée 
53 de la culture européenne. Nos meilleurs auteurs ( pour ne prendre que cet exemple, le plus délicat, puisqu’il est lié à la l
54 ié à la langue, laquelle ne pose pas de problèmes pour le savant, l’architecte ou le musicien) ont été nos meilleurs Europée
55 vec d’autres cantons ou pays. Votre congrès ayant pour premier objectif de surmonter cette tendance défensive, faussement tr
56 ue. Il est clair que nos villes sont trop petites pour se payer chacune un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne pre
57 chacune un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop
58 de créations du premier ordre. Et cela, je crois, pour les deux raisons suivantes : premièrement, la passion créatrice un pe
59 de petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités sont par définition prudents e
60 e rationaliser les activités dont ils s’occupent, pour les rendre plus économiques ou plus rentables. Mais la culture vivant
61 dies et protégeant en revanche trop de médiocrité pour peu qu’elles aient été un jour inscrites à quelque budget d’État, et
62 ci, du danger que le Marché commun représenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos
5 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
63 s dominantes qui déterminent nettement leur type. Pour étayer ses arguments, l’unitaire recourt de préférence aux mathématiq
64 ude fédéraliste est celle qui conduit à imaginer ( pour mieux la vouloir) une Europe qui serait unie par des liens proprement
65 mme sur laquelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle nous sommes d’accord, tacitement, puisqu’en
66 ord, tacitement, puisqu’en fait nous voici réunis pour parler du fédéralisme ? Nous ne serions pas ici si nous pensions que
67 ime fédéraliste. J’ajouterai une remarque encore, pour compléter ce schéma trop rapide, mais qui me paraît indispensable, il
68 oléon, puis celui d’Hitler, dans leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe, sont des avertissements utiles. Ils nous c
69 sme ou de l’hégémonie d’une nation vaut également pour l’impérialisme d’une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéra
70 plans simples de lignes, clairs et satisfaisants pour la logique, mais par là même infidèles au réel, vexants pour les mino
71 ique, mais par là même infidèles au réel, vexants pour les minorités, destructeurs des diversités qui sont la condition de t
72 té ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour auta
73 iste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’à
74 qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’à ses yeux elle repr
75 arrés. Quatrième principe. La fédération n’a pas pour but d’effacer les diversités et de fondre toutes les nations en un se
76 on viable. Leurs dirigeants ne sont pas qualifiés pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’il serait déraisonnable d
77 ni à des fins impérialistes, mais au contraire : pour l’avantage et la survivance de chacune des communautés constituantes
78 l’autonomie des cantons contre la centralisation. Pour les uns, fédérer veut dire surtout s’unir. Pour les autres, être fédé
79 . Pour les uns, fédérer veut dire surtout s’unir. Pour les autres, être fédéraliste veut dire surtout : rester libre chez so
80 aradoxale ou « dialectique » dans sa forme : « Un pour tous, tous pour un ». En effet, « un pour tous » signifie l’élan des
81 ialectique » dans sa forme : « Un pour tous, tous pour un ». En effet, « un pour tous » signifie l’élan des personnes et des
82  : « Un pour tous, tous pour un ». En effet, « un pour tous » signifie l’élan des personnes et des régions vers l’union, tan
83 es et des régions vers l’union, tandis que « tous pour un » signifie l’aide que l’union doit apporter à chaque région et à c
84 utes semblables à celles que je viens de signaler pour la Suisse. Nous aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’à faire l
85 cas en cas, ce qui doit être carrément centralisé pour bien fonctionner, et ce qui doit rester pleinement autonome pour bien
86 ionner, et ce qui doit rester pleinement autonome pour bien vivre. Deux cas extrêmes illustreront ce point : celui des trans
87 de culture commune étant par ailleurs assez forts pour assurer spontanément la cohésion de l’ensemble, sans interventions fé
88 évolution, d’une part ce qu’il devient avantageux pour chacun de confier au pouvoir fédéral ; d’autre part, ce qu’il reste i
89 u même coup les énergies individuelles ou locales pour de nouvelles créations ou conquêtes. En dernière analyse, nous pouvon
90 r que la machine a été inventée par les Européens pour les libérer du travail qui pouvait être fait par elle ; et s’ils ne s
91 les lois fédérales comme autant de dangers en soi pour les libertés locales ou personnelles. Ces mécanismes ont pour fonctio
92 ertés locales ou personnelles. Ces mécanismes ont pour fonction normale de décharger les communautés fédérées de tâches deve
93 munautés fédérées de tâches devenues trop lourdes pour elles, mais dont la bonne exécution ouvre à chacun de leurs citoyens
94 e la politique et de l’organisation du continent, pour les décennies à venir ? Et de quels mécanismes l’Europe a-t-elle beso
95 ? Et de quels mécanismes l’Europe a-t-elle besoin pour atteindre ces buts, ou pour s’en rapprocher ? Buts. Autonomie (libe
96 urope a-t-elle besoin pour atteindre ces buts, ou pour s’en rapprocher ? Buts. Autonomie (liberté et responsabilité) crois
97 , des régions, et finalement de l’Europe entière, pour exercer de mieux en mieux leur vocation particulière, à leur degré de
98 ions populaires et aux experts), mais je la tiens pour moins difficile que celles qu’on demande, par exemple, aux constructe
99 , et qui trouvait le Marché commun trop technique pour être sérieux. Philosophie des buts et science de leurs moyens doivent
100 n européenne déclare que l’union de ses peuples a pour fins, d’une part, d’assurer les libertés et les responsabilités civiq
101 par un sentiment de grand espace ouvert. Euphorie pour les uns — les meilleurs ; nostalgie ou sentiment de vague insécurité
102 eurs ; nostalgie ou sentiment de vague insécurité pour les autres. (Mais on y veille, leur commune les protège.) Moins grand
103 ut, sur tout le territoire de la fédération, soit pour y travailler, soit pour y vivre à sa manière. (Les seules restriction
104 re de la fédération, soit pour y travailler, soit pour y vivre à sa manière. (Les seules restrictions occasionnelles à ce dr
105 de justice, dépositaire du Statut de la Personne. Pour devenir citoyen de l’Europe, il faut et il suffit que l’on devienne d
106 elle renonçait à la guerre comme moyen politique. Pour sa police interne et pour garantir ses membres contre l’extérieur, el
107 comme moyen politique. Pour sa police interne et pour garantir ses membres contre l’extérieur, elle entretient des forces d
108 institutions Les institutions européennes ont pour raison d’être et principe formateur d’exprimer et de garantir les lib
109 prennent prétexte de leur souveraineté théorique pour refuser les plans d’union concrète. D’autre part, les mouvements fédé
110 éfendre au nom sacré de l’indépendance d’un pays. Pour sortir de l’impasse, on pourrait recourir à un précédent historique q
111 et de régulateur entre le monde et les régions, a pour double effet de diminuer l’importance des anciens États et d’augmente
112 représentation diplomatique de l’Europe entière, pour toutes les matières prévues par la Constitution fédérale. Plusieurs
113 en commun des ressources de base ; la possibilité pour l’individu de répartir ses allégeances entre des ensembles culturels
114 fédération des États « anciens » (nés d’ailleurs, pour la plupart, aux xixe et xxe siècles) en fédération des régions réel
115 ent les affaires fédérales. Ses membres sont élus pour trois ans par l’Assemblée européenne et sont rééligibles. On ne peut
116 e Conseil fédéral ou le ministre intéressé soient pour autant renversés. Judiciaires : Une Cour ou Tribunal fédéral adminis
117 des différends entre les États ; des réclamations pour violation des droits de la personne garantis par une Charte ou Statut
118 ionnelle des valeurs et réalités d’intérêt commun pour l’Europe. De même qu’au xiie siècle les premiers cantons avaient reç
119 cantons avaient reçu « l’immédiateté impériale » pour défendre le col du Gothard au nom de la communauté européenne du Sain
120 suisse et nord-américaine ont une valeur probante pour les « réalistes », sinon pour les « idéologues » des vieux partis pol
121 une valeur probante pour les « réalistes », sinon pour les « idéologues » des vieux partis politiques, espèce en régression
122 réaction de défense de la personne, on peut tenir pour certain qu’elle jouera, elle aussi — si peu que ce soit — en faveur d
123 es ou nationales. « Fédérer les Européens » cesse pour beaucoup d’être une expression vague désignant simplement le besoin d
124 ue jamais à une action fédéraliste. Mais il faut, pour les réaliser, un élément catalyseur : une vision non utopique de ce q
125 ée. ⁂ VII. La vraie « relance » de l’Europe Pour tracer cette esquisse d’une union fédérale, nous n’avons eu qu’à nous
126 les, et qui sont au surplus convergentes. L’une a pour point de départ la définition de l’homo europaeus comme personne à la
127 mmunisme ouvertement impérialiste et plus néfaste pour les traditions valables du tiers-monde que ne fut jamais notre coloni
128 olues, tout juste capables de servir de prétextes pour retarder encore les mesures d’union ; enfin, nécessité urgente d’un t
6 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
129 ermis de s’exprimer et de s’avouer au grand jour. Pour la première fois, l’homme devient le servant de la femme qui est élev
130 emme qui est élevée au-dessus de lui, de la Dame. Pour la première fois, l’amour malheureux (mais réciproque) est exalté et
131 n’est alors que l’union des corps et des biens). Pour la première fois, l’amour profane emprunte à l’amour sacré son vocabu
132 de celles qui sont procréatrices et qui auraient pour effet de faire tomber une âme de plus dans un corps vil. La chasteté
133 r Iseut aux cheveux d’or qu’il est allé conquérir pour son roi : les mœurs du temps sanctionnaient le droit du plus fort et
134 épée. Enfin, malgré son amour toujours aussi fort pour Iseut aux cheveux d’or, Tristan accepte pour la deuxième fois de la r
135 fort pour Iseut aux cheveux d’or, Tristan accepte pour la deuxième fois de la rendre au roi et décide d’épouser lui-même Ise
136 dont le succès prodigieux révèle notre préférence pour le malheur, l’amour impossible, c’est le mythe européen de l’adultère
137 cette conclusion : choisir un mari (ou une femme) pour toute la vie, finalement c’est parier. Et il serait beaucoup plus con
138 parti pris. Cette fidélité-décision représentera pour beaucoup une contrainte exorbitante. Que peut-on en attendre ? Son bu
139 ’amour). C’est vouloir le bien de l’autre et agir pour ce bien. L’amour de Tristan et d’Iseut, et la passion, c’est l’angois
140 acceptation de l’autre : une vie qui m’est alliée pour toute la vie, qui veut mon bien autant que le sien parce confondu ave
141 comment réussir son mariage, car rien n’est perdu pour qui veut comprendre ? Nous avons demandé à Denis de Rougemont de répo
7 1963, Articles divers (1963-1969). Une interview de Denis de Rougemont : l’écrivain nous parle des centres culturels internationaux (16 novembre 1963)
142 ous nous sommes réunis à Genève, il y a trois ans pour discuter de ce problème dans le cadre du Centre européen de la cultur
143 nstitués, notamment celui de Hammamet en Tunisie, pour le Maghreb arabe. Un autre se trouve à Madras, au sud de l’Inde, prés
144 on projette d’en créer deux autres, l’un à Dakar, pour les populations francophones, l’autre à Beyrouth, pour le Proche-Orie
145 les populations francophones, l’autre à Beyrouth, pour le Proche-Orient. Comment fonctionnent ces centres ? Notre but est de
146 eux à créer par la suite, en une fédération ayant pour siège Genève. Nous encourageons les centres à publier des ouvrages de
147 s nous serons préparés. Toute la question est là. Pour l’instant, il faut reconnaître que l’automation pose de grands problè
8 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
148 voix suisses vont s’élever au nom de ce principe, pour rappeler que la paix, la prospérité et les libertés de l’Europe ne se
149 772), moins connue mais d’un intérêt considérable pour le lecteur d’aujourd’hui. Comme dans le Contrat social, il s’y fait l
150 dérale : il n’hésite pas à les proposer en modèle pour l’édification de l’Europe. Selon lui, la « nationalité suisse possède
151 res Rencontres internationales de Genève prennent pour thème l’Esprit européen. Et j’ai marqué la filiation — trop mal connu
152 autorités et notre presse ont été dans l’ensemble pour le moins « réservées » et que notre peuple l’est peut-être plus encor
153 éenne. Le scepticisme dominait, et comme on tient pour « réaliste » en politique les partis pris de la majorité, le projet d
154 e projet d’union de l’Europe passait généralement pour chimérique. « Fumeux idéalisme ! Subversion de nos vieilles coutumes 
155 l n’était pas réalisable, 2° qu’il serait néfaste pour la Suisse, à cause de ses incidences sur nos transports, notamment. J
156 r surprise, et chaque démarche de nos gouvernants pour rejoindre l’histoire en train de se faire, semblait prématurée aux ye
157 Notre demande d’association au Marché commun prit pour certains une allure de Canossa sans agenouillement, donc sans pardon.
158  Si cela se fait, par impossible, ce sera néfaste pour la Suisse » ? ⁂ Quatre groupes d’arguments sont invoqués par les part
159 unification qui vise à mêler les peuples d’Europe pour éliminer peu à peu les caractéristiques nationales et les remplacer p
160 M. Homberger, délégué du Vorort de l’Union suisse pour l’industrie et le commerce. ⁂ Résumons maintenant les arguments inver
161 ique en refusant son « prolongement politique » — pour rester neutres à tout prix — serait « illusoire » (F. Wahlen, préside
162 i 1963, par exemple, nos importations proviennent pour 65,3 % des Six, pour 13,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste du monde.
163 nos importations proviennent pour 65,3 % des Six, pour 13,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste du monde. De nos exportations,
164 ennent pour 65,3 % des Six, pour 13,4 % des Sept, pour 21,3 % du reste du monde. De nos exportations, deux tiers vont à l’Eu
165 ope « une et indivisible » serait une catastrophe pour la Suisse. Mais personne ne la préconise, en réalité. Il est clair, e
166 fédéraliste. Prétendre en conserver les bénéfices pour nous seuls, c’est le plus sûr moyen de les perdre. Il n’est pas vrai,
167 effacé nos caractéristiques cantonales. Et il est pour le moins bizarre qu’un porte-parole des industriels suisses accuse la
168 t que le mélange des peuples est un danger majeur pour son pays, il n’a pas le droit d’en conclure au refus du Marché commun
169 ncienne Suisse, déjà rendu bien rare et difficile pour les habitants de nos grandes villes, soit définitivement interrompu p
170 os grandes villes, soit définitivement interrompu pour ceux de la Mégalopolis qui menace de couvrir le Plateau, de Genève à
171 sienne, mais surtout parce que c’est la meilleure pour l’Europe. Or, si la Suisse ne la propose pas, qui le fera ? Notre féd
172 r. Je rappelais au début de cet article que c’est pour une mission spéciale, la garde du Gothard dans les intérêts de l’Empi
9 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
173 se suffire à soi-même. Mais fédérés politiquement pour leur bonheur et leur sécurité, les citoyens de chacun de nos cantons
174 a grande unité européenne, pas de relais national pour leur culture. C’est ce qu’a très bien vu Lucien Febvre, excellent his
175 rands noms du xxe siècle : Ferdinand de Saussure pour la linguistique, C. G. Jung pour la psychologie, Karl Barth pour la t
176 nand de Saussure pour la linguistique, C. G. Jung pour la psychologie, Karl Barth pour la théologie, et pour l’architecture,
177 tique, C. G. Jung pour la psychologie, Karl Barth pour la théologie, et pour l’architecture, Le Corbusier. Mais les arts et
178 la psychologie, Karl Barth pour la théologie, et pour l’architecture, Le Corbusier. Mais les arts et les lettres, dans tout
179 uvent se prévaloir en Suisse d’un Arthur Honegger pour la musique, d’un Spitteler et d’un Ramuz pour la littérature, d’un Ho
180 ger pour la musique, d’un Spitteler et d’un Ramuz pour la littérature, d’un Hodler et d’un Paul Klee pour la peinture, d’un
181 our la littérature, d’un Hodler et d’un Paul Klee pour la peinture, d’un Alberto Giacometti pour la sculpture, d’un Dürrenma
182 ul Klee pour la peinture, d’un Alberto Giacometti pour la sculpture, d’un Dürrenmatt et d’un Max Frisch pour le théâtre, d’u
183 la sculpture, d’un Dürrenmatt et d’un Max Frisch pour le théâtre, d’un chef d’orchestre comme Ernest Ansermet, d’un histori
184 t la grandeur. On compte en Suisse une université pour 750 000 habitants, contre une pour deux à trois millions dans les aut
185 une université pour 750 000 habitants, contre une pour deux à trois millions dans les autres pays d’Europe. Faut-il mettre c
186 bel — qui indique la proportion des prix décernés pour les sciences par million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1961 — et q
187 e 1901 à 1961 — et qui atteint le maximum de 2,62 pour la Suisse, l’indice du Danemark, deuxième sur la liste, étant de 1,43
188 sauront grouper leurs authentiques forces locales pour mieux participer aux grands courants du monde et s’en nourrir, au lie
10 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
189 pulaire, du commandant de cette école était faite pour favoriser mes dispositions du moment. Le colonel de P. cachait sous d
190 cachait sous des manies, qui le faisaient passer pour un original, une véritable originalité d’allure et d’âme. Il parlait
191 ait, par contraste avec le ton bourru qu’on tient pour énergique dans les casernes, une indépendance d’esprit qui chez un of
192 ant d’un geste bref ceux qui s’annonçaient encore pour répondre, il scanda : « L’énergie, c’est quelque chose qui dort en ch
193 chose se préparait. Et en effet, l’ordre du jour pour le lendemain, que nous lûmes en sortant de cette classe écourtée, ann
194 ourtée, annonçait : 04.00 : diane. 05.00 : départ pour la première marche d’entraînement, 50 kilomètres. Tenue de campagne.
195 maine plus tard. Et ce n’était qu’une préparation pour la « grande course » finale : 150 kilomètres par-dessus les Préalpes
196 es Préalpes et les Alpes, en trente-trois heures. Pour la plupart des officiers et des élèves de l’école, la perspective de
197 ffrayant et de contraignant. Nous étions préparés pour quelque chose qui nous paraissait à la fois démesuré, inévitable et s
198 gé dans l’herbe fraîche. Plusieurs en profitaient pour rajuster minutieusement une courroie du paquetage, le pli d’un sous-v
199 de sapin. « Fatigués ? » — « Non, mon colonel. » Pour être à peu près unanime, la réponse n’en était pas moins sincère. Ces
200 tout d’un coup je découvris ceci : Quand on part pour une marche de deux heures, la fatigue vient au bout d’une heure. Quan
201 fatigue vient au bout d’une heure. Quand on part pour une marche de cinq heures, on se met à traîner les pieds après la tro
202 înement que nous avions subi au préalable n’était pour rien dans la facilité avec laquelle nous venions de couvrir une étape
203 e corps et l’âme en alerte constante se préparent pour une course de fond et, c’est ce qui définit, biologiquement et morale
204 ndra l’angoisse de n’avoir plus un temps illimité pour rejoindre ses rêves ou sa vision. Beaucoup choisissent alors de se ré
205 ssitôt, les forces en réserve — à l’arrière, mais pour l’avenir — marquent un temps d’hésitation : c’est qu’on n’exige plus
206 s muscles et notre volonté des énergies nouvelles pour cet effort nouveau. Nous marchions depuis une dizaine d’heures, mais
207 d aller rejoindre, environ mille mètres plus bas, pour la remonter ensuite jusqu’à son origine, se dressait la paroi des Alp
208 a montée, mais c’est aussi l’épreuve la plus dure pour le corps, constamment tenté de se livrer et de laisser ainsi se dislo
209 igzags nerveux entre les blocs ; soudain s’arrêta pour brouter ; puis repartit à angle droit, au petit trot, et coula derriè
210 a réveillé : — Le colonel demande des volontaires pour une patrouille. Il faut aller reconnaître le sentier du col. Un guide
211 t la nécessaire contrepartie : il m’apprenait que pour franchir certains obstacles, il faut moins d’énergie maîtrisée que po
212 obstacles, il faut moins d’énergie maîtrisée que pour y renoncer dans le moment où l’élan s’est déjà ramassé. Apprendre à r
213 ce mal ! Malheur à celui qui exigerait de réussir pour persévérer, après n’avoir entrepris qu’en espoir ! Il avouerait que s
11 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
214 sera affranchie de la servitude de la corruption… pour avoir part à la liberté de l’Esprit. » Il y a là un programme grandio
215 régulateur du cosmos le rend cependant concevable pour la foi. Il faut voir là sinon l’origine immédiate de la science, du m
216 ’armer de petits corps de troupe qui ne dépendent pour leurs fournitures de guerre que des forgerons et des menuisiers. Cet
217 e leur communiquer les rudiments de notre hygiène pour provoquer chez eux un accroissement démographique vertigineux, et qui
218 et se met à leur tête. Que peut faire l’Occident, pour éviter ce désastre qui serait bien pire que tout ce que nous faisait
219 ui nous adjurent de nous priver de notre superflu pour apaiser la faim du monde sont hélas en pleine utopie. Ils entretienne
220 avions biplans qui volaient tout juste assez vite pour ne pas tomber. (« Vole aussi bas que possible et surtout pas trop vit
221 nventer des gadgets, mais à transformer la Nature pour la mettre au service de l’homme et de ses fins propres, pour surmonte
222 tre au service de l’homme et de ses fins propres, pour surmonter la peur, la faim, le froid, la faiblesse physique et la fat
223 vrai au xixe siècle et ce l’est encore en partie pour le prolétariat des villes industrielles. C’est de moins en moins vrai
224 je ne parle pas de nos gadgets — ne sont pas nées pour satisfaire des besoins matériels que personne n’éprouvait avant elles
225 la mieux adaptée à ses fins, ni la mieux calculée pour répondre à des besoins pratiques, utilitaires : on le voit bien aujou
226 me réveille brutalement, et si je m’endors, c’est pour toujours… Cet exemple, entre mille, nous fait voir l’ambiguïté, l’amb
227 invoque par exemple « les exigences techniques » pour trancher en dernier ressort de grands problèmes qui appelleraient en
228 plus petit geste, comme de presser sur un bouton pour produire les plus grands effets de toute l’histoire — la technique no
229 d’efficacité immédiate et rentable à court terme, pour la défense militaire, l’économie, l’hygiène ou le simple confort, il
12 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
230 La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)s Robustes, bien glacées, aux
231 s premières — il n’a guère que l’eau des glaciers pour en tirer de l’énergie — est l’un des plus industrialisés de la planèt
232 la plus forte densité de prix Nobel des sciences, pour ne rien dire de cette galaxie de génies qui va de Paracelse à C. G. J
233 e sud du Saint-Empire. Il fallait le garder libre pour l’Europe, contre tous les seigneurs locaux, dont les Habsbourg, qui e
234 ieux que cela : elle a fait son union précisément pour sauver ses diversités. Et ses vingt-deux petits États n’ont délégué à
235 entral une certaine part de leur indépendance que pour mieux assurer la part qu’ils en gardaient. Autrement, ils l’eussent t
236 religieux et politiques tenus pendant des siècles pour incompatibles, très inégalement industrialisés, pauvres ou riches, pe
237 trois jours à un député de Genève ou des Grisons pour se rendre à la Diète fédérale de Berne, et autant pour obtenir des in
238 se rendre à la Diète fédérale de Berne, et autant pour obtenir des instructions de son gouvernement. En 1965, un député de S
239 … s. Rougemont Denis de, « La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur », Revue des voyages, Genève, automne 1965, p. 
13 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
240 ouveraient qu’ils ne peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres, qu’on élève des barrières infranchissables ! C’est le poi
241 ducation. Le Cabinet n’a pas tardé à démissionner pour se reformer deux jours plus tard avec les mêmes sauf lui : il a compr
242 s aussi parlé de l’Europe, de ce qu’il faut faire pour son union. ⁂ À Royaumont, le 4 avril 1948, au terme d’une des dernièr
243 rançais, Espagnols et aussi de la Sacred Giraffe. Pour présider à une affaire qui mettait en jeu des composantes aussi déses
244 vie politique, un idéaliste non exempt de cynisme pour avoir fréquenté les organismes internationaux, un réaliste amateur de
245 re plusieurs thèses sur ce sujet — fut l’occasion pour notre ami de voler au temps qui se dérobait (ou si l’on veut : de dér
246 vit contraint de créer ce temps qui lui manquait pour présider congrès et comités en chaîne. Ce qu’il fit, avec autant de s
247 ur cerveau. Et s’ils ont une tête, eh bien, c’est pour porter un chapeau ! » Bien peu d’hommes ont donné à la cause de l’Eur
248 s avant d’être Européen, et après, et pendant, et pour toujours, Don Salvador est Espagnol, comme on ne l’est plus. Je l’ai
249 Festival du xxe siècle » organisé par le Congrès pour la liberté de la culture, dont Salvador de Madariaga est l’un des pré
250 ne maladie du corps social. Il fallait du courage pour lui dire : « Vous vous vantez d’avoir fait une glorieuse Révolution,
251 t l’engagement de toute une vie, œuvre et action, pour la défense et pour l’illustration de la liberté, au prix incalculable
252 oute une vie, œuvre et action, pour la défense et pour l’illustration de la liberté, au prix incalculable de l’exil. Ainsi,
14 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
253 un. (Le terme même de « Marché commun » figure là pour la première fois : il est donc dû non pas à un politicien et encore m
254 qui sera prix Nobel — pseudonyme d’Alexis Léger.) Pour la première fois dans l’histoire, les gouvernements de l’Europe sont
255 au pouvoir fait oublier leurs prises de position pour la plupart négatives et le nationalisme plus ou moins avoué qui les i
256 e 1er juillet de l’an prochain. Ce sera le moment pour l’opinion publique de découvrir que le problème de l’union ou de la f
257 e des « Puissances ») qui était la seule sérieuse pour leurs grands-pères. C’est tout ce qu’on peut prévoir selon nos analys
258 et commentateurs qui tiennent encore la politique pour l’art du possible — quand elle est l’art de créer le possible au serv
259 e unique, absolue et totale en soi-même. L’union, pour deux États-nations, n’est jamais qu’une mesure de fortune, voire qu’u
260 à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si donc on
261 e sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si donc on veut unir l’Europe, il fa
262 e qui donnerait, par exemple, huit à neuf régions pour la France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois pour la Hollande,
263 , huit à neuf régions pour la France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allem
264 France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour essayer d
265 e, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour essayer de faire sentir le concret du prob
266 llande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour essayer de faire sentir le concret du problème tel que je l’ai découv
267 ns entre les cantons suisses : simples commodités pour le cadastre, l’état civil et la gendarmerie. Et c’est sur ces régions
268 ieilles nations. Ces paroles éveillèrent un écho pour moi, des plus inattendus : c’est qu’elles venaient à la rencontre non
269 e pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme de communauté aussi nouvelle dans notre civilisation que le
270 un jour Empire. Certains le sont parfois devenus pour le dur malheur de l’Europe, sous Napoléon, sous Hitler. Ces « terribl
271 , sous Hitler. Ces « terribles simplificateurs », pour reprendre les termes de Jacob Burckhardt, ont tenté d’unifier l’Europ
272 existent « encore » — mais si mal ! Trop petites pour assurer seules leur défense, trop grandes pour animer toutes les part
273 es pour assurer seules leur défense, trop grandes pour animer toutes les parties de leur territoire, trop sclérosées pour s’
274 s les parties de leur territoire, trop sclérosées pour s’adapter aux structures dynamiques de la société scientifico-techniq
275 e corps des fonctionnaires institués par Napoléon pour effacer jusqu’au souvenir des autonomies régionales, voilà qui nous d
15 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
276 Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)v Les dictatures totalitaires m
277 ’une obéissance aveugle. Mais la démocratie exige pour fonctionner d’être prise en charge et comprise par la très grande maj
278 il n’y a pas de civisme européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls qui ne demandent qu’à croire qu’ils y sont enfermés. Au
279 viques, et le besoin d’en changer. Il s’agit donc pour nous, ici et maintenant, d’éveiller chez les jeunes de nos pays le dé
280 uvre d’un dictateur : Napoléon, Hitler ont échoué pour longtemps. Ni spontanée, ni fatale, ni imposée, elle ne peut être que
281 tes, des ministres invoquant des idéaux abstraits pour obtenir des taux préférentiels, des philanthropes, managers et truste
282 tiques, sans propagande, qu’il faut unir l’Europe pour la sauver mais aussi pour servir le Monde. La connaissance des réalit
283 u’il faut unir l’Europe pour la sauver mais aussi pour servir le Monde. La connaissance des réalités contemporaines constitu
284 constitue la seule propagande absolument honnête pour l’union : c’est aussi la plus efficace. Les réalités à enseigner
285 a Suisse s’est faite au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’on pouvait de leur autonomie, précisément : sans l’union
286 nscience de leurs responsabilités européennes, et pour les y pousser, il importe d’agir sans délai sur des groupes forcément
287  ? » « Si la masse du peuple se lève tout entière pour enlever avec nous ces montagnes, comment ne pourrions-nous pas les ap
288 Rougemont Denis de, « Le civisme européen : Notes pour un “Petit Livre rouge” », Éducation et Culture, Strasbourg, été 1967,
16 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
289 et Albert le Grand, qui était souabe. Maintenant, pour nous en tenir aux exemples suisses, qu’y a-t-il eu comme importation
290 y avait même des amiraux. Je ne vous dis pas cela pour vous faire rire : la célèbre plaisanterie sur les amiraux suisses, c’
291 il faudrait donc essayer de trouver des critères pour déterminer à quel moment ce que j’appelle des échanges — et qui est l
292 e — à dire sans analyse d’ailleurs : je veux tout pour ma nation, qu’elle soit grande ou petite, et que tout soit fait dans
293 il. Si Blaise Cendrars n’était pas parti à 17 ans pour le vaste monde, qu’est-ce qui se serait passé ? Croyez-vous que La Ch
294 en Suisse ? Il n’aurait pas trouvé assez de place pour ses ponts, simplement. Nos dimensions ne sont pas suffisantes. On aur
295 nombre de savants qu’il était important de garder pour la communauté continentale, vu les finalités (qui n’étaient pas toute
296 a question est celle-ci : quelles mesures prendre pour empêcher l’exode quand il n’a pas le caractère d’échange mais qu’il s
297 emont : Votre question revient à savoir que faire pour empêcher cet échange à sens unique que l’on appelle exode par rapport
298 ellectuelle, un climat attirant, et pas seulement pour des musiciens ou des artistes, mais aussi pour les chercheurs scienti
299 nt pour des musiciens ou des artistes, mais aussi pour les chercheurs scientifiques dont parlait M. Mach tout à l’heure. Je
300 fait ces dernières années un effort considérable pour intéresser l’ensemble de la population à certains problèmes assez dif
301 latives à l’intérêt que les gens ont ou n’ont pas pour certaines émissions, et l’on transforme la qualité de ces émissions s
302 mble de professions, comme l’édition par exemple, pour contribuer à cette création intellectuelle. À condition que l’Univers
303 ne discussion libre et ouverte où s’opposaient le pour et le contre, systématiquement, sur tous les sujets abordés. Et je vo
304 contestation. Université engagée si vous voulez, pour prendre un autre mot qui a été à la mode lui aussi. Ces notions-là on
305 eu trop simplifié dans votre sens, en disant que, pour vous, le climat, c’est « un financement + une organisation ». Je répè
306 ux États-Unis beaucoup de choses très importantes pour la Suisse. Nous avons pris une partie de notre Constitution, le bicam
307 J’ai proposé une méthode d’analyse des situations pour savoir quand il y a lieu de se plaindre d’un exode, quand — je me rép
308 nnées, mais à la longue ce n’est pas payant, même pour la recherche scientifique. Je défends ici une conception profondément
17 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
309 ue les nations soient en même temps mal adaptées ( pour dire le moins) à l’évolution de notre société, la preuve incontestabl
310 final, logique, normal et inévitable du Progrès. Pour dissiper cette illusion, il faudrait enseigner dans nos écoles un min
311 ale de l’humanité et des formes politiques, assez pour rappeler d’où viennent la nation, l’État, et l’État-nation qui est né
312 ues sur toutes les places. « Il faut une religion pour le peuple » assure-t-on, et comme ce n’est plus guère le christianism
313 e veut fermé, complet, suffisant en lui-même tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses i
314 t, suffisant en lui-même tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts mais de ceux
315 re de démission de la CECA.) Ils sont trop petits pour se défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou moyenne force de
316 . Ils sont trop petits dans le domaine économique pour répondre au « défi américain » — cela n’a plus à être démontré28 — ma
317  » — cela n’a plus à être démontré28 — mais aussi pour répondre au défi du tiers-monde, c’est-à-dire de tous ces États-natio
318 s naguère coloniales. Enfin, ils sont trop petits pour agir politiquement au niveau des empires véritables qui dominent notr
319 s véritables qui dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation politique ou économique. Mais en même tem
320 ions unitaires sont tous trop grands, trop grands pour pouvoir assurer le développement de toutes leurs régions et communes,
321 ectivement à la vie de la cité ; donc trop grands pour être encore de vraies communautés humaines, et cela, c’est la plus gr
322 llisés un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de résister tous ensem
323 changer les données mêmes du problème de l’union pour le rendre soluble, c’est d’abord accepter de remettre en question rad
324 lu ces lignes, j’écrivais de mon côté : L’union, pour deux États-nations, n’est jamais qu’une mesure de fortune, voire un e
325 à la nécessité, quand on se sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’on ve
326 e sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absorber les voisins. Si l’on veut unir l’Europe, il faut
327 ions. Ce qui donnerait, par exemple, neuf régions pour la France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois pour la Hollande,
328 exemple, neuf régions pour la France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allem
329 France, une dizaine pour l’Italie, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour tenter de
330 e, deux ou trois pour la Hollande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour tenter de faire sentir le concret du probl
331 llande, quinze à vingt pour l’Allemagne fédérale. Pour tenter de faire sentir le concret du problème tel que je l’ai découve
332 ns entre les cantons suisses : simples commodités pour le cadastre, l’état civil et la gendarmerie. Et c’est sur ces régions
333 ieilles nations. Ces paroles éveillèrent un écho pour moi des plus inattendus : c’est qu’elles venaient à la rencontre non
334 s propositions qui étaient proprement impensables pour un esprit français il y a dix ou vingt ans encore. Je viens de recevo
335 r le manifeste d’un nouveau mouvement politique «  pour le fédéralisme et le progrès social », où je lis ces quelques phrases
336 Révolution fédéraliste et progressiste française pour la construction d’une VIe République. Nous réclamons la création d’Ét
337 res comparables à ceux qui existent, par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les États régionaux français délégueront
338 souveraineté à l’État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de
339 nne que Saint-Brieuc était l’endroit tout indiqué pour tenir le premier colloque socialiste régional sur le thème : « Décolo
340 e corps des fonctionnaires institués par Napoléon pour effacer jusqu’au souvenir des autonomies régionales, voilà qui nous d
341 e pas la Grèce par hasard. Car je tiens la région pour une forme de communauté aussi nouvelle dans notre civilisation que le
342 mérations ont dès lors une importance essentielle pour l’identification d’une unité territoriale dont, en première approxima
343 rts, toutes choses mobiles, indépendantes du sol. Pour la première fois dans l’histoire, la cité se détache du territoire, e
344 , qui est très nouveau et presque révolutionnaire pour les citoyens des États unitaires et surtout totalitaires, nous est tr
345 s régions, à la différence des États, sont faites pour s’unir et pour coopérer, comme l’ont fait nos cantons, quand ils ont
346 différence des États, sont faites pour s’unir et pour coopérer, comme l’ont fait nos cantons, quand ils ont vu que l’union
347 ail régionaliste : on verra bien ce qu’elle donne pour nous, quand nous aurons aidé au succès de l’entreprise. Si, au pire,
348 , des cadres fixes ; il doit « décoller » du sol, pour devenir de plus en plus une méthode de résolution de chaque problème
349 capable d’ouvrir les voies de l’avenir politique pour l’Europe et le monde, mais mieux que cela : un exemple vécu. 25.
18 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
350 ès son discours inaugural, toute la salle se leva pour une longue ovation, mais je me revois sur une photo prise à ce moment
351 mbule définissant les buts communs des mouvements pour l’union de l’Europe. Ces conditions acceptées en principe, je me mis
352 re de quelques sous donnés par chaque signataire, pour faire marcher la campagne)37. Discuté pendant deux mois, mis au poin
353 ment, qui circulerait ensuite dans toute l’Europe pour récolter les millions de signatures prévues par Retinger et devenir l
354 congrès retirèrent la parole au peuple européen, pour la donner à des ministres, qui en ont fait l’usage que l’on sait. 2.
355 ce (inertie, vested interests) des États-nations. Pour réussir l’Europe du peuple européen, il eût fallu : 1) lancer une cam
356 se encore compter sur les gouvernements nationaux pour « faire l’Europe » ? L’union politique de l’Europe n’a pas progressé
357 petits et trop grands à la fois 39 — trop petits pour assurer seuls leur défense, leur prospérité économique, et pour jouer
358 euls leur défense, leur prospérité économique, et pour jouer un rôle à l’échelle mondiale ; trop grands pour animer toutes l
359 jouer un rôle à l’échelle mondiale ; trop grands pour animer toutes les parties de leur territoire, et surtout pour ménager
360 toutes les parties de leur territoire, et surtout pour ménager à chaque individu la possibilité d’une participation réelle à
361 a vie civique, — les États-nations ne feront rien pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et il fau
362 u fait qu’il a opté, dès le lendemain de La Haye, pour les notables contre les militants. Ce qu’il a initié dans le domaine
363 vement de l’Histoire », alors oui, nous en sommes pour nos frais. Mais j’appelle espérance l’intuition qu’il existe des moye
364 est remarquable que Retinger, qui ne passait pas pour fédéraliste, ait été le premier à préconiser cette tactique d’appel d
365 étonné que d’autres fédéralistes l’aient inventée pour leur part à la même époque ; la diachronie impose parfois des prises
19 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
366 in, Héraclite a déduit du fleuve ces sentences : Pour ceux qui entrent dans les mêmes fleuves, autres et toujours autres so
367 partir des liquides s’en vont en vapeurs… La mort pour les âmes est de devenir eau, pour l’eau de devenir terre. De la terre
368 apeurs… La mort pour les âmes est de devenir eau, pour l’eau de devenir terre. De la terre naît l’eau et de l’eau naît l’âme
369 sque immuable, qu’il faudra plusieurs millénaires pour déplacer de quelques champs… Deux prodigieux spectacles ont fixé son
370 eurs on ne trouvera plus grande longueur de côtes pour la surface des terres, ni plus dense réseau de fleuves et de rivières
371 lessées par des fleuves trop larges et trop longs pour l’usage de l’homme. Ils divisent et isolent plus qu’ils ne mettent en
372 isceau nos arguments sur les fleuves et la Suisse pour les faire déboucher sur l’espace et le temps du continent de notre de
20 1969, Articles divers (1963-1969). À la fontaine Castalie (1969)
373 e Castalie (1969)ag juillet 1962. Ce n’est pas pour aller quelque part mais pour être-en-voyage, absolument, que parfois
374 t 1962. Ce n’est pas pour aller quelque part mais pour être-en-voyage, absolument, que parfois je quitte mon lieu. Un certai
375 ge la base d’une haute falaise puis la contourne, pour redescendre en direction de Thèbes. Arrêtons-nous dans l’ombre épaiss
376 ait de l’ombre des chênes, j’ai trompé le sommeil pour tenter de surprendre l’éveil du mythe dans l’espace du rêve, et pour
377 rendre l’éveil du mythe dans l’espace du rêve, et pour entendre ce qu’on voit ici. Épiant le lent progrès de la réminiscence
378 minel dans son triomphe, l’Ordonnateur ! Et piété pour les mânes de l’aveuglé, mon frère. (Faute d’un pardon pas encore inve
21 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
379 Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)z aa En 1863 paraissa
380 fois trop petit et trop grand. Il est trop petit pour assurer ce qu’on persiste à nommer son indépendance et sa souverainet
381 où ils sont centralisés — se révèlent trop grands pour animer la vie économique, culturelle et surtout civique de leurs régi
382 s — ainsi les États-Unis, le Mexique et le Brésil pour les trois Amériques, le Nigéria en Afrique, l’Allemagne pour l’Europe
383 ois Amériques, le Nigéria en Afrique, l’Allemagne pour l’Europe de l’Ouest et la Yougoslavie pour celle de l’Est et au-delà
384 emagne pour l’Europe de l’Ouest et la Yougoslavie pour celle de l’Est et au-delà l’URSS, l’Inde et l’Australie. Voilà qui ré
385 i se voit invoqué (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de se laisser entraîner par des mouvements de convergence eur
386 er la France en une fédération de petits États. » Pour le Français cultivé et qui a coutume de se reporter à son Littré quan
387 use est jugée. Il s’agit d’un système qui est bon pour les sauvages et qui semble n’avoir été préconisé que par des traîtres
388 e que ce haut fonctionnaire tenait le fédéralisme pour un système d’unification intégrale, sans respect pour les diversités
389 un système d’unification intégrale, sans respect pour les diversités et les autonomies des pays membres, c’est-à-dire très
390 partielles, donc ruineuses dans son cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or s’il est vrai que l’union de l’Europe est l
391 onc solution fédéraliste toute solution qui prend pour règle de respecter les deux termes antinomiques en conflit tout en le
392 Divers — au prix d’une longue ascèse exténuante. Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le but est d’effacer l’individu, la
393 d’une longue ascèse exténuante. Pour le brahmane, pour le bouddhiste, le but est d’effacer l’individu, la différence, de tou
394 cette définition vaut également et intégralement pour le fédéralisme, du moins tel que je l’entends, après avoir valu pour
395 , du moins tel que je l’entends, après avoir valu pour la Grèce des grands siècles avec sa dialectique de l’individu et de l
396 ines d’évêques et de docteurs se mettent d’accord pour définir en grec la nature à la fois triple et une du Dieu, Père, Fils
397 aux écoles récentes de physiciens et de logiciens pour lesquels la complémentarité de phénomènes, définis comme exclusifs l’
398 e à leur tour à la fois autonomes et solidaires : pour eux aussi, l’un n’ira pas sans l’autre, bien mieux : l’un — la solida
399 mmuniste, c’était les soviets plus l’électricité. Pour moi, le fédéralisme, c’est l’autonomie des régions plus les ordinateu
400 s, l’entassement dans les grands ensembles conçus pour rapporter, non pour servir ou plaire, ont produit une situation de cr
401 s les grands ensembles conçus pour rapporter, non pour servir ou plaire, ont produit une situation de crise dont l’acuité se
402 ys et tous régimes politico-économiques : ils ont pour motif profond l’antinomie entre la culture générale au sens tradition
403 ent assurer la cohésion d’un ensemble assez vaste pour pouvoir se charger de tâches communes (telles que la défense, les aff
404 des unités de base ? Comment devenir assez grand pour être fort, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas
405 grand pour être fort, tout en restant assez petit pour être libre ? Ce n’est pas le vote d’une constitution, de type plus ou
406 e40. Nous voici loin de la forme politique bonne pour les sauvages dont parlait Littré. Mais loin aussi des définitions étr
407 appellent confédération sont des fédérations qui, pour certaines raisons, n’ont pas voulu dire leur nom. C’est le cas de la
408 s. La confédération est une mesure d’opportunisme pour des gens qui voient que l’on ne peut pas continuer sans faire quelque
409 ement de régionalisation sera-t-il assez puissant pour aboutir, pour former la base d’une fédération ? Je n’en sais rien. No
410 nalisation sera-t-il assez puissant pour aboutir, pour former la base d’une fédération ? Je n’en sais rien. Nous devons y tr
411 il y a cinq ou six ans, de décider de la priorité pour la construction des autoroutes. Le plan général est fait à Berne, mai
412 ’aménagement urbanistique, etc. C’était insoluble pour les fonctionnaires, même les mieux entraînés, d’une vieille fédératio
413 , Paris, 1963, p. 151. z. Rougemont Denis de, «  Pour une définition nouvelle du fédéralisme », Revue des travaux de l’Acad
22 1969, Articles divers (1963-1969). « La lecture des Nourritures terrestres… » [réponse à un questionnaire sur l’influence d’André Gide] (printemps 1969)
414 soir dans l’euphorie — et suis rentré à la maison pour le dîner. Si j’avais rencontré Gide, en ce temps-là, je me serais san
415 (affection et réserve réciproques). Sa pensée n’a pour moi rien d’actuel et je doute qu’il en aille autrement pour mes cadet
416 ien d’actuel et je doute qu’il en aille autrement pour mes cadets. Je serais tenté de dire : tant pis pour nous. Mais non :
417 ur mes cadets. Je serais tenté de dire : tant pis pour nous. Mais non : « le temps ne fait rien à l’affaire », l’actualité p
418 ce n’ôte ou n’ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour qui sait la comprendre. (Pour les autres, il est vrai, cela change to
419 valeur d’une œuvre pour qui sait la comprendre. ( Pour les autres, il est vrai, cela change tout : Marcuse, ni lu ni connu m
23 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
420 de Solférino a quelque chose de bien déconcertant pour nos habitudes critiques : cette phraséologie d’époque prête à sourire
421 défiaient la syntaxe et qu’il fallait recomposer pour l’impression au Journal officiel. C’est qu’il pensait — et disait à s
422 aboutissent au gracieux mamelon des Cyprès, rendu pour jamais célèbre avec la Tour et le cimetière de Solférino, par l’horri
423 ce que l’on va lire dans le reste du livre, comme pour nous faire comprendre sans le dire : voilà la guerre telle qu’on la c
424 e exalté et d’un négociant de Neuchâtel qui écrit pour les mourants des lettres d’adieux à leurs familles. Peu à peu, les fe
425 des volontaires zélés, dévoués, et bien qualifiés pour une pareille œuvre ? Tel est l’homme que l’on a traité d’utopiste et
426 r les ministères) d’acheter des terres en Algérie pour la « Société anonyme des Moulins de Mons Djemila », qu’il a fondée. M
427 t, apportant souvent la misère, mais peu importe, pour prix d’une gloire presque toujours secrète. En 1864, la Première Conv
428 is non sans soulagement sa démission. Et commence pour lui une période de vingt ans de réprobation sociale, d’exil, d’obscur
429 nis en congrès lui décernent le prix de Moscou, «  pour services rendus à l’humanité souffrante ». Le pape lui écrit de sa ma
430 employé à son service… Les combattants sont prêts pour de nouveaux combats, résolus à y engager le reste de l’Europe avec eu
431 bliant leur brillante mais trompeuse civilisation pour retourner à la barbarie — la barbarie scientifique !… Le résumé reste
432 ts qu’il faut le chercher, dans ces textes écrits pour lui seul, et dans le seul respect de la vérité, sans idée d’action im
433 nommé la guerre « divine » ; d’autres la tiennent pour une « loi de la nature » ; lui, sans vouloir « toucher au redoutable
434 egardé aujourd’hui comme abominable. Déclaration pour le moins étonnante sous la plume de l’initiateur de la première Conve
435 d’en faire un petit arsenal où l’on pourra puiser pour construire une œuvre digne du but.43 Il ne s’agit plus d’améliorer
436 épriment : Pourquoi bénir des bataillons partant pour la tuerie après leur avoir enseigné dans leur enfance ce commandement
437 ucoup de lucidité et beaucoup de liberté d’esprit pour distinguer, aux alentours de 1900, que les facteurs principaux de la
438 serner l’esprit humain. Quelques brèves citations pour illustrer ce schéma dont je découvre, avec une sorte d’étonnement rec
439 est celui que j’utilisais depuis quelques années pour mes cours : L’École : « L’enseignement de l’histoire est, dans les u
440 s’unissant, elle se mettait résolument à l’œuvre pour blâmer sévèrement la guerre, au lieu d’être l’influence la plus oppre
441 pe à envahir des pays inoffensifs (Afrique, Asie) pour les asservir, pour les massacrer s’ils résistent, « toujours en allég
442 ys inoffensifs (Afrique, Asie) pour les asservir, pour les massacrer s’ils résistent, « toujours en alléguant un prétexte dé
443 iècle ou du nôtre. 41. « La guerre est agréable pour ceux qui ne l’ont pas faite » ou mieux : « Pour les civils, la guerre
444 e pour ceux qui ne l’ont pas faite » ou mieux : «  Pour les civils, la guerre est belle ! » 42. Sur la biographie de Dunant,
445 igne d’un respect, des plus insolites à l’époque, pour les « indigènes » et pour la civilisation arabe. Cette attitude n’a p
446 s insolites à l’époque, pour les « indigènes » et pour la civilisation arabe. Cette attitude n’a pas été étrangère aux diffi
24 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
447 Toujours disponible (1969)ae Comme il m’arrive pour la plupart de ceux avec qui j’ai longtemps collaboré et dans des circ
448 ive plus du tout à retrouver quand j’ai rencontré pour la première fois Hans Oprecht. Avant la guerre à Zurich, avec Silone 
449 mais nous pensions le contraire — comme un danger pour les libraires, les éditeurs et les corporations du livre en général.
450 mouvement en marchant : Hans Oprecht n’était pas pour nous le président du Parti socialiste, mais avant tout le directeur d
451 e, redoutablement organisé et toujours disponible pour une aventure éducative ou culturelle, ouvert à toute l’Europe et parf
25 1969, Articles divers (1963-1969). « Il faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)
452 « N’habitez pas les villes » et peut-être est-ce pour cela que vous êtes venu vous installer dans le pays de Gex. Que pense
26 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
453 le principal foyer de fidélité, particulièrement pour les peuples récemment émancipés et économiquement arriérés. (Z. Brzez
454 ’Europe politique sur la base des États-nations ? Pour quelles raisons ne l’a-t-on pas encore faite ? b) Le seul projet de
455 instinctif du saut qualitatif et révolutionnaire, pour favoriser cette évolution, ou plutôt cette dévolution du centralisme
456 petits États que par les ex-puissances — et cela pour une série de raisons (pas seulement militaires) qu’il serait trop lon
457 égion, groupe de recherches) et les moyens requis pour les constituer ; 2° à chercher le niveau de décision correspondant au
458 nt appui. Qu’on me permette un exemple personnel, pour aller vite et rester dans le concret. Je suis neuchâtelois de naissan
459 de quoi la vie politique abandonne les extrémités pour le centre, et le marasme gagne la nation devenue hydrocéphale. « Ne
460 du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser ni de déconcentrer (est-ce différent ?)
461 adopter la structure proudhonienne, sans que soit pour autant décidée la structure des réseaux d’échange et groupes de produ
27 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
462 problèmes (voir Elle n° 1216) mais on ne fait pas pour autant un remariage de « raison », de consolation. Le second mariage,
463 Philémon et Baucis. On en est encore très loin : pour beaucoup de femmes, le second mari c’est aussi l’amant légitime, l’ho
464 ongtemps. Amours, délices et mairie (pas d’orgues pour les divorcés), le remariage c’est souvent l’heureux mariage qu’on n’a
465 deux fois ? Denis de Rougemont a accepté de faire pour vous le tour de ce problème de notre époque qui a été aussi son probl
466 ur qui veut l’obstacle et qui l’invente au besoin pour mieux s’exalter. La passion suppose toujours entre le sujet et l’obje
467 ’un et l’autre ? C’est qu’autrefois on se mariait pour des raisons : fortune, terres, agrément du caractère et du physique,
468 du caractère et du physique, et on restait marié pour des raisons : religieuses, sociales, familiales. La passion, on la re
469 ente : c’est vouloir fonder une institution faite pour la durée sur un état passager, sur une crise affective. La passion re
470 ée du mariage. Attention, ne vous remariez pas pour vous venger N’y a-t-il pas des causes d’échec spéciales à un deuxi
471 se venger de cet échec, de se remarier très vite pour narguer l’ex-conjoint : « Tu vas voir comme je vais être heureuse san
472 ession « qu’il expliquait tout », vient de ce que pour la première fois, grâce à ce savant et à ses recherches « scientifiqu
473 otivations de son mariage. De même et plus encore pour le divorce : si l’on veut en tirer une leçon, il est essentiel de ne
474 comme un acte dont on a honte ou peur. Je suis pour le « mariage-maquette » Ceci appelle donc une réforme de la mental
475 illeurs il n’est pas question d’essais multiples. Pour avoir une valeur expérimentale il faut qu’un mariage-maquette se prol
476 ogique de protection qu’il y a dans la décision «  pour toujours » anticipant la plus longue durée. Le but lointain dégage un
477 Le but lointain dégage une plus grande énergie — pour le rejoindre — que le but proche. Quand je faisais mon service milita
478 joué un rôle important dans ma vie : si l’on part pour une promenade d’une heure, on traîne la patte après trois quarts d’he
479 cette fois-ci c’était sérieux, que nous partions pour la marche finale de 140 km, nous n’avons ressenti aucune fatigue pend
480 20 premiers kilomètres. Le corps s’était disposé pour le long effort, la longue durée. Il ne se permettait pas de flancher,
481 dans la « longue marche » qu’est le vrai mariage. Pour avoir toute sa valeur il faut aussi que le pacte soit sans arrière-pe
482 ousiasme : « Comme c’est merveilleux de se marier pour la première fois ! » Voilà qui ne laissait pas prévoir autre chose qu
483 tilation volontaire : nous n’avons pas été élevés pour être heureux ! Le contraire de la folie, du déséquilibre, de la passi
484 de lucidité et ceux qui l’ont lu sont mieux armés pour réussir leur vie à deux —, vous explique comment les problèmes du deu
28 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
485 e aujourd’hui, à M. de Rougemont le Prix Schumann pour ses services rendus à la cause de l’unification de l’Europe. Ce prix,
486 tte première visite de M. de Rougemont à Montréal pour essayer de cerner un peu mieux, d’un peu plus près, ce personnage éni
487 je voudrais bien marquer, nous dit-il, c’est que pour moi il n’y a aucune séparation entre L’Amour et l’Occident et les o
488 lui ai répondu que rien n’était plus facile. Car pour moi, le couple est une espèce de banc d’essai du fédéralisme, c’est-à
489 a d’ailleurs un ouvrage d’une importance capitale pour qui veut comprendre le personnalisme, ouvrage malheureusement assez m
490 nt me montre le manuscrit portant les indications pour l’imprimerie de la main même de Mounier, fit l’objet de discussions a
491 ne pouvait donc espérer de meilleur interlocuteur pour nous définir la « personne », telle que l’entendent naturellement les
492 que l’entendent naturellement les personnalistes. Pour moi, nous dit-il, la personne n’est ni un individu refermé sur lui-mê
493 ce n’est rien moins que de tirer les conclusions pour la cité de ce qu’il appelle la personne, puisque celle-ci est définie
494 ons été les témoins stupéfaits lorsqu’elle éclata pour la première fois parmi les étudiants à Berkeley, M. de Rougemont l’av
495 , finalement cela ne fait que servir le fascisme. Pour M. de Rougemont la seule contestation efficace, c’est celle qui est f
496 au nom d’un ordre plus réel. Ce qui paraît être, pour beaucoup de jeunes contestataires, une conception inacceptable. Mais
497 ompent. Et cela il le regrette profondément. Car, pour notre interlocuteur, la réaction des jeunes est fondamentalement sain
498 tait donc imposée comme la seule solution valable pour la survie de l’Europe. Et depuis, il travaille sans relâche à la caus
499 che d’ailleurs pas qu’il désirait venir au Canada pour étudier le système fédéral canadien, mais avant de lui demander ses i
500 à la fois libre et responsable, il en est de même pour chaque nation dans l’Europe fédérée que je préconise et qui n’est que
501 libertés d’un Québec autonome. Or le fédéralisme, pour moi, est tout autre chose. Il consiste précisément à maintenir ces de
502 le contraire. Un Québec séparé signifierait donc, pour M. de Rougemont, qu’on est retombé dans la vieille formule de l’État-
503 it à la fois trop grand et trop petit. Trop petit pour jouer un rôle international ; et trop grand parce que la vraie cité o
504 coup plus petit. En d’autres termes, il s’agirait pour l’auteur de L’Amour et l’Occident de créer des autonomies au niveau
505 une Agence européenne des universités, une autre pour le charbon et l’acier, et ainsi de suite. Alors qu’un Conseil fédéral
29 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
506 , du profit, et de choses aussi pauvres que cela, pour créer une communauté. Qui, au fond, ont eu comme résultat que la comm
507 nous sommes obligés de nous poser cette question pour la première fois dans l’évolution humaine : Comment faire une communa
508 responsabilité intellectuelle et de son jugement, pour se livrer, pieds et poings liés, à un parti, à condition qu’il soit d
509 ti, à condition qu’il soit de gauche d’étiquette. Pour moi — enfin, pour nous : Mounier, Dandieu et tous les autres — c’étai
510 ’il soit de gauche d’étiquette. Pour moi — enfin, pour nous : Mounier, Dandieu et tous les autres — c’était essentiellement
511 e maintenir. Qui devait être un lieu de rencontre pour les hommes de culture qui voulaient l’union de l’Europe, un lieu, un
512 es fédérations de guildes du livre, d’historiens, pour la révision des manuels, une agence de distribution d’articles — enfi
513 s années, un centre universitaire d’enseignement. Pour utiliser ce capital d’informations européennes, d’expériences europée
514 une cinquième réédition de ce livre en Amérique, pour laquelle on m’a demandé une postface que j’ai presque terminée, et da
515 correspondance, une analogie. Il est certain que pour moi, le diable, c’est une espèce de symbole de tout ce qui tend à dét
516 a deux fois l’âge où l’on commence à être suspect pour les jeunes. Et pourtant !… À l’entendre parler de personnalisme, mouv
517 tro Bar de l’hôtel Mont-Royal où il avait insisté pour m’attirer. »