1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 eut jamais de peinture suisse, au sens où l’on a pu parler d’une peinture vénitienne ou hollandaise ; ni de musique suiss
2 tré qui perd la face. Essayons d’expliquer ce qui peut l’être, en cette affaire où le sens concret du bien public a beaucoup
3 contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’à la différence d
4 qu’il s’agisse d’une capitale ou d’un parti, d’un pouvoir clérical ou politique. Il est donc le contraire absolu de tout régime
5 nt elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable unité c
6 ulturelle, organique et complète, à laquelle nous pouvons nous rattacher directement, nous qui n’avons pas eu la chance, ou le
7 dres nationaux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacun des 24 États-nations qui ont
8 qui n’ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce fut le cas des provinces françaises. 3° nous sommes
9 et de les composer. Et il est vrai que ce régime peut conduire moralement à la médiocrité dorée, politiquement au neutralis
10 rang la Suisse y tient-elle ? « L’indice Nobel » peut nous l’apprendre : il donne le nombre de prix Nobel par million d’hab
11 ,03 À la question de savoir ce que les Suisses peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds donc sans hésiter que c
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
12 tôt de poursuivre et d’élargir partout où cela se peut , et donc aussi à Genève, des études européennes, c’est parce que la q
13 à 600 millions d’hommes. Dans un tel monde, quel peut être l’avenir des États de l’Europe, petits et moyens désormais — c’e
14 sure, non plus, de parler au nom de l’Europe. Qui pourrait assumer, dans ces conditions, les fonctions et les devoirs qui vont b
15 ou en cas d’agression contre un pays isolé ? Que peut encore signifier l’expression Europe, sinon un ensemble de pays qui v
16 ttement par le rôle qu’y joueraient nos États. On peut concevoir idéalement une Europe unitaire, unifiée sur le modèle élarg
17 disons même d’épouvantail. À l’autre extrême, on peut concevoir une Europe qui ne serait organisée que par un système d’all
18 solution pose un certain nombre de problèmes qui pourraient et devraient faire l’objet de recherches, dont je suggère seulement q
19 suggère seulement quelques têtes de chapitre. On peut se demander d’abord si cette solution apparemment de statu quo, répon
20 bles, à des droits et à des devoirs que les États puissent réellement exercer, comme faire la guerre ou la paix à leur guise, as
21 ait leur souveraineté — dans les domaines où elle peut et doit rester entière — tout en l’exerçant collectivement dans d’aut
22 ans d’autres domaines où, de toute façon, elle ne peut plus guère s’exercer individuellement. Convient-il de considérer comm
23 mais elle ne suggère pas les voies et moyens qui pourraient permettre d’opérer un jour ou l’autre ce passage de l’économique au p
24 de régime politique dont l’intégration économique pourrait être la préfigure, ou l’amorce. Ce régime serait-il interétatique, su
25 is qu’il semble urgent d’entreprendre là où on le peut , dans l’esprit du proverbe chinois qui dit : « Mieux vaut allumer une
26 nt permis déjà d’en pressentir les intentions. Il pourrait sembler logique de commencer par définir le fédéralisme avant d’en ét
27 n’est précisément pas un système logique que l’on puisse déduire dans l’abstrait à partir d’une définition simple et de quelqu
28 dération indifféremment, sans qu’aucun contenu ne puisse être saisi au passage ; certains d’entre eux ridiculisent carrément l
29 e a précédé de plusieurs siècles sa théorie (ceci peut être vérifié le plus exactement dans l’histoire suisse). Le mot n’a é
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
30 te densité si remarquable ? Et dans quelle mesure peut -on dire que cet apport des Suisses à la culture représente une contri
31 es autres qu’avec les grands ensembles européens, peut -on déceler des caractères communs et spécifiquement suisses dans cett
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
32 contradictions, d’oppositions et de tensions. On peut même dire qu’il est fait de contradictions, mais qu’à la différence d
33 gisse d’une capitale, d’un État, d’un parti, d’un pouvoir clérical, politique, ou économique. Il est donc le contraire absolu d
34 nt elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Europe est la seule et véritable unité c
35 ulturelle, organique et complète, à laquelle nous pouvons nous rattacher directement, nous qui n’avons pas eu la chance, ou le
36 dres nationaux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » peut donc dire la culture européenne à chacune des vingt-quatre nations qu
37 qui n’ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme ce fut le cas des provinces françaises ; 3° nous somme
38 la question de savoir ce que les Suisses romands peuvent apporter de meilleur à la culture, je réponds donc sans hésiter que c
39 es, mais « bien de chez nous », aux avantages que pourrait procurer une coopération sans réserve avec d’autres cantons ou pays.
40 ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que des chos
41 ination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture est fai
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
42 s, et non pas à les interpréter d’une manière qui pourrait prêter à discussion, mais à les falsifier radicalement. Qu’il y ait u
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
43 issance ou la liberté ? L’union de l’Europe ne pourra se faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est pas de volonté sans
44 Ein Volk, ein Reich, ein Führer », « Mon Parti au pouvoir et les autres en prison ». En proclamant que « le coup électrique de
45 rté. Et de même, l’initiative d’un animateur sans pouvoir contraignant n’est féconde que dans la mesure où elle éveille et libè
46 d’États absolument souverains, — mais dotée d’un pouvoir supérieur aux nations, fortement établi au bénéfice des autonomies ré
47 t donc la définition de l’homme sur laquelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle nous sommes d’accor
48 ndividualistes nous rappelons donc que l’homme ne peut se réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup dans le
49 ue les dictateurs font leur ciment. Et nous avons pu voir, pendant la dernière guerre, que les résistances que rencontrent
50 re vivant est atteint. Cet équilibre dynamique ne pouvant d’ailleurs être maintenu qu’au prix d’une vigilance toujours alertée,
51 irecteurs ou réflexes quasi instinctifs, que l’on peut dégager après coup. On retiendra ici ceux qui paraissent les plus fac
52 européennes. Premier principe. Une fédération ne peut naître qu’au prix du renoncement formel et vigilant à toute idée d’hé
53 tats européens — selon laquelle une fédération ne peut être que l’œuvre d’un tout-puissant « fédérateur » (potentat ou État)
54 ntérêts particuliers, ou de leur idéologie, a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se sont ligués contre lui, l’ont obli
55 utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’on ne peut pas atteindre une fin fédérative par des moyens impérialistes. Ceux-c
56 dérative par des moyens impérialistes. Ceux-ci ne peuvent conduire qu’à l’unification forcée, caricature de l’union véritable.
57 véritable. Deuxième principe. Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de système idéologique ou tec
58 également pour l’impérialisme d’une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un refus constant et instinctif
59 Pour le fédéraliste, il va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant, voire pour plus qu’une majorité dans certains ca
60 ux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait aussi dire une fonction.) Aux États-Unis, le Sénat garantit l’individ
61 rraient soumis aux mêmes lois et coutumes, qui ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes ; et qui les brimerait tous. L’attitu
62 paraît difficile d’espérer que les gouvernements puissent jamais réaliser une union viable. Leurs dirigeants ne sont pas qualif
63 êts de leur nation contre le reste du monde, mais peut être l’œuvre de groupes et de personnes qui ont pris l’initiative de
64 ne des communautés constituantes et pour qu’elles puissent exercer ensemble des fonctions qui dépassent les forces de chacune d’
65 compris qu’isolés ils tombaient, mais qu’unis ils pouvaient à la fois sauver leurs libertés locales et agir comme une seule natio
66 haque nation ou région contre les empiètements du pouvoir central. Une nouvelle gauche et une nouvelle droite, en somme. Et il
67 ration locale d’activités relevant en principe du pouvoir fédéral (régime fiscal, entretien des routes, par exemple) soit d’adm
68 u’il devient avantageux pour chacun de confier au pouvoir fédéral ; d’autre part, ce qu’il reste indispensable de laisser à la
69 hénomènes d’ampleur publique, il est normal qu’un pouvoir central prenne la charge de les organiser, rationaliser et simplifier
70 créations ou conquêtes. En dernière analyse, nous pouvons définir le fédéralisme comme l’application à la chose publique d’une
71 par les Européens pour les libérer du travail qui pouvait être fait par elle ; et s’ils ne savent mettre à profit les libertés
72 ccuse les mécanismes, ces objets, et les doue des pouvoirs de sujets qu’elle abdique… ⁂ IV. Passage des buts aux moyens Qu
73 Quels sont alors les buts que l’homme européen peut et doit projeter au plan de la politique et de l’organisation du cont
74 taires) de l’autonomie et de l’union. Sa solution peut apparaître d’une complexité sans espoir aux praticiens de la vie poli
75 Et l’on ne voit pas comment « l’art du possible » pourrait encore servir d’excuse à la paresse d’esprit d’une classe politicienn
76 r elle seule permettra d’éclairer les chemins qui peuvent y conduire. Nous allons essayer de la décrire à grands traits, en nou
77 t européen, délivré à leur lieu d’origine. Chacun peut s’établir où il le veut, sur tout le territoire de la fédération, soi
78 e mode, un climat, une production facile.) Chacun peut vendre ses produits partout, sans taxes, et acheter ce qui se fait pa
79 té définie où il a (ou prend) ses racines ; et il peut y exercer ses droits civiques. Le droit à une patrie locale est garan
80 ties ; l’État, ou la majorité dans une région, ne peuvent en aucun cas en priver les minorités.) D’autre part, face au reste du
81 e au reste du monde et dans le monde, nos peuples peuvent enfin faire entendre la Voix de l’Europe (comme le demandait Churchil
82 les plans de l’état-major européen, qui dépend du pouvoir fédéral. Moyens, ou institutions Les institutions européennes o
83 er une formule d’équilibre en mouvement entre les pouvoirs fédéraux et les États, entre le corps et les organes. Le problème le
84 sables, et il est tout à fait inconcevable qu’ils puissent agir sous le coup d’un enthousiasme collectif. « L’État est le plus f
85 inetés en grande partie inexistantes, et qu’on ne pourrait que renforcer temporairement en les obligeant à se défendre au nom sa
86 épendance d’un pays. Pour sortir de l’impasse, on pourrait recourir à un précédent historique qui me paraît tout à fait indiqué
87 ps qu’elle en délègue partiellement l’exercice au pouvoir fédéral. Voici les textes : Article premier. — Les peuples des vingt-
88 rcent tous les droits qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédération garantit aux cantons leur ter
89 satisfaction générale depuis cent-quinze ans. On peut les qualifier soit d’habile compromis, soit d’échappatoire, selon qu’
90 , et sans l’appui de l’une aucun pays d’Europe ne peut se défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe n’est donc vraiment s
91 e ; mais il y a plus : aucun n’est autonome et ne pourra plus l’être tant que l’Europe entière ne le sera pas. Leur souveraine
92 ns précédent dans l’ère moderne. Voici comment on peut l’imaginer. En admettant que l’union fédérale étende à l’ensemble du
93 on La structure fédérale et la répartition des pouvoirs entre la fédération et ses membres sont l’expression directe des prin
94 tuations spéciales et locales. Les compétences du pouvoir fédéral s’exercent donc d’abord dans le domaine de la politique étran
95 étrangère, et de la défense. Aucun État membre ne pouvant plus conclure d’alliances séparées ni avec d’autres États membres ni
96 e est assurée par des forces armées aux ordres du pouvoir fédéral, qui ne peuvent entrer en action qu’en cas d’attaque contre l
97 rces armées aux ordres du pouvoir fédéral, qui ne peuvent entrer en action qu’en cas d’attaque contre la fédération ou l’un de
98 question se ramène à celle des alliances qu’elle peut être amenée à conclure avec d’autres États ou fédérations. Si elle ac
99 onstitution ainsi étendu à l’alliance ; mais elle peut être entraînée dans une guerre qu’un tiers parti ferait à l’allié, co
100 . Dans le domaine économique, les attributions du pouvoir fédéral sont déterminées en fonction de la méthode dichotomique défin
101 e. « Voix de l’Europe » à la RTV, etc.) Enfin, le pouvoir fédéral garantit l’ordre intérieur, les constitutions des États membr
102 d’une approbation fédérale, régions et métropoles peuvent se donner des structures et des pouvoirs autonomes, et elles peuvent
103 étropoles peuvent se donner des structures et des pouvoirs autonomes, et elles peuvent aussi s’associer avec d’autres entités co
104 es structures et des pouvoirs autonomes, et elles peuvent aussi s’associer avec d’autres entités comparables relevant d’un État
105 s implique une dualité correspondante au sein des pouvoirs législatifs. L’Assemblée fédérale se compose donc d’une Chambre des d
106 f et de la Cour de justice. Les lois fédérales ne peuvent être rendues qu’avec l’accord des deux chambres. En cas de différend
107 l’Assemblée européenne et sont rééligibles. On ne peut choisir plus d’un membre dans le même pays. Son président est élu par
108 de l’Assemblée (éventuellement au référendum) qui peut les rejeter ou les modifier, sans que le Conseil fédéral ou le minist
109 les, mais d’accès facile en temps de paix ; il ne peut être qu’un petit pays, cependant très diversifié et si possible de tr
110 gie chrétienne et dans la philosophie grecque, et peut se réclamer du thomisme puis du calvinisme, plus tard du socialisme p
111 ui ont gardé vivante la tradition calvinienne, ne peuvent , en bonne doctrine, que se montrer favorables aux solutions fédéralis
112 rès puissant. Quant aux libéraux agnostiques, ils peuvent trouver dans un régime fédéraliste la garantie à des droits qu’ils on
113 uées par un parti (armes et procédés dont seul un Pouvoir fortement centralisé et très riche serait en mesure d’user et d’abuse
114 d’une tendance à déconcentrer et à distribuer le pouvoir , afin de l’empêcher par tout un jeu de contrôles et de dispositifs de
115 s de cette réaction de défense de la personne, on peut tenir pour certain qu’elle jouera, elle aussi — si peu que ce soit —
116 nt catalyseur : une vision non utopique de ce que peut être l’Europe fédérée. ⁂ VII. La vraie « relance » de l’Europe
117 ts paraît la seule immédiatement réalisable. Elle peut être la plus efficace, à long terme. 2. Extrait de « L’attitude fé
118 e. 4. Cette organisation uniforme et centralisée pouvant d’ailleurs relever de l’État fédéral ou d’entreprises mixtes ou même
7 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
119 ppose, qui les invente au besoin : Tristan aurait pu garder Iseut aux cheveux d’or qu’il est allé conquérir pour son roi :
120 autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pouvoir que sur nos rêves. Quel rapport a donc au juste le roman de Tristan e
121 l’épouse, si elle ne ressemble pas à la star. Ne peut -on quand même supposer que l’homme parvienne à se fixer sur un type,
122 désirer que l’être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir » l’amour en soi… Et voici le
123 en soi… Et voici le rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse (ou dans les bra
124 subit un état. On décide un acte. Mais alors, on peut « décider » d’aimer et d’épouser n’importe qui ? Non, il existe certa
125 toutes les chances de votre côté, jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolution, et encore moins celle de votre époux,
126 era pour beaucoup une contrainte exorbitante. Que peut -on en attendre ? Son but n’est pas le bonheur, c’est la volonté de fa
127 à la passion, si elle la rencontre ? Un homme ne peut à la fois croire au mariage — à la volonté — et à la passion — à la f
8 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
128 écondes dont les constituants de l’Europe à venir puissent tenir compte. Au xxe siècle, c’est encore en Suisse, dans les années
129 congrès à Montreux, en septembre 1947. Cette date peut être considérée comme le point de départ de l’action politique europé
130 e neutralité. La Suisse recevrait des ordres d’un pouvoir extérieur, et c’en serait fait du « rôle particulier » qu’elle se rés
131 t à l’union européenne au plan politique. Elle ne pourrait qu’y perdre son prestige international. Arguments constitutionnels.
132 la Suisse adhérait à une union supranationale, le pouvoir fédéral serait amené à promulguer des décisions qui sont actuellement
133 s perdu le droit de nous en plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1° que s’il est vrai que notre neutralité a permis les inte
134 oit guère quelles considérations philanthropiques pourraient être opposées sincèrement à cette thèse de simple bon sens. Argument
135 personnes en 1950 a plus de 800 000 en 1963. Que peuvent bien signifier, dans une telle conjoncture, les rêveries des experts
136 er aux pieds et une résolution farouche, que nous pourrons faire face à une Europe unie, — j’entends unie sans nous et malgré no
137 e la population totale. En 1963, c’est 10,5 %. On peut le déplorer, non le nier. On peut redouter que le contact vivant avec
138 ’est 10,5 %. On peut le déplorer, non le nier. On peut redouter que le contact vivant avec les traditions de l’ancienne Suis
139 égoïsmes qu’on déguise en patriotismes, la Suisse peut et doit opposer la solution fédéraliste, qui maintient les patries et
140 un plan d’union qui nous convienne et auquel nous puissions adhérer « sans réserve et de plein droit ». Devant l’évolution inéluc
141 nul dans la création de la Confédération. » Cela pourrait se discuter. Je rappelais au début de cet article que c’est pour une
9 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
142 lesquelles une solide fédération n’aurait jamais pu s’agencer et n’aurait pas duré longtemps ne sont pas de celles qui ex
143 rts et les lettres, dans tout cela ? Eh bien, ils peuvent se prévaloir en Suisse d’un Arthur Honegger pour la musique, d’un Spi
144 ensité probablement très supérieure à celle qu’on pourrait mesurer dans n’importe quelle tranche de cinq à six millions d’habita
145 mme nos écoles d’art et nos radio-télévisions, ne pourront affronter les grandes compétitions de cette fin du xxe siècle que da
10 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
146 r à une retraite conventuelle. Cette circonstance peut expliquer pourquoi certains des incidents de la vie militaire, qui n’
147 il devait bien sentir chez ses subordonnés. Quels pouvaient être ses motifs ? Il concevait l’armée en général, et celle d’un pays
148 dépassât de beaucoup le maximum que nous pensions pouvoir tirer de nous. Il était de la nature d’un tel projet que ses motifs n
149 e point, oser voir plus grand et plus loin ; d’où peut naître une seconde jeunesse dont on se sentira maître et dispensateur
11 1964, Articles divers (1963-1969). Le sentier perdu (1964)
150 si l’étonnement et l’angoisse, en fin de compte, pouvaient faire sans nous. Le monde que peint Nora Auric a ceci de particulier
12 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
151 ’amuse, j’en voudrais tout savoir, et je voudrais pouvoir jouer de ses procédés et possibilités comme je peux jouer avec des mo
152 ir jouer de ses procédés et possibilités comme je peux jouer avec des mots ou des concepts, et en tirer quelques effets nouv
153 la Chine des mandarins et des paysans, n’avaient pu ou voulu produire de machines, de turbines ou même de canons, jusqu’à
154 Chalcédoine, jusqu’à la bombe atomique. Voilà qui peut surprendre, mais qui est en somme très simple : la religion prépondér
155 le progrès de nos techniques et l’aggravation du pouvoir destructeur des guerres. Le couteau de silex puis le glaive sont les
156 ntales, voire mondiales. Dans cette évolution, on peut se demander si l’élargissement de la guerre a vraiment résulté du pro
157 tous, malheur de personne en particulier. Je n’ai pu observer la peur de la menace atomique qu’aux États-Unis, il y a troi
158 fait à la merci d’une saute de vent. Mais si l’on peut admettre que la technique a réussi à pacifier l’Europe en désarmant e
159 e qui les a rendues possibles. Ils croient qu’ils pourraient acheter ces beaux objets (ou plutôt se les faire donner) et en user m
160 s. Tout le monde sent bien qu’un tel déséquilibre peut devenir un jour facteur de guerres planétaires ; non pas demain, car
161 la bombe les regroupe et se met à leur tête. Que peut faire l’Occident, pour éviter ce désastre qui serait bien pire que to
162 aline ? Il semble hors de question que l’Occident puisse nourrir les milliards d’affamés qui se multiplient sans frein dans le
163 — selon les prévisions de nos démographes. On ne peut pas agrandir la terre. Il faut donc que notre technique, qui a créé s
164 ique assimilée par un effort éducatif et culturel peut seule permettre de la surmonter. (Ce sont là d’énormes problèmes, qu’
165 e, ce n’est pas encore la vraie paix. Celle-ci ne peut naître qu’à la faveur d’un équilibre qui ne soit pas celui de la terr
166 fin, entre les cultures différentes. La technique peut -elle contribuer à établir et enrichir cet équilibre ? Ou au contraire
167 ué des disparités intolérables, d’autre part elle pourrait les réduire, à condition de concerter ses plans avec ceux des éducate
168 chaîne et ouvriers esclaves de la machine ; elle peut et doit signifier dès demain usines de verre entourées d’arbres, auto
169 pas une puissance indépendante de l’homme et qui pourrait se tourner subitement contre lui. La technique n’est pas matérialiste
170 La technique n’est pas matérialiste, seul l’homme peut l’être, quand il se laisse aller à ses instincts abâtardis ou quand i
171 igide des « voies ferrées » et ses horaires, mais pût aller à l’aventure : phantasme typique de l’adolescence. Le jeune For
172 rai dans ce sens que l’homme moyen croit qu’il ne pourrait plus se passer de cet objet, mais le fautif n’est pas la voiture, c’e
173 ir. À mon volant, rien de pareil : tout ce que je peux lire, ce sont des chiffres, des ordres de police routière ; si je man
174 ques) à nous interroger sur le meilleur usage des pouvoirs inouïs qui sont devenus les nôtres. Ainsi, qu’on le veuille ou non, c
13 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
175 t élevé et de sol si richement plissé que si l’on pouvait le repasser et l’aplanir, on verrait qu’il est bien aussi grand que l
176 tout de même — il faut en croire ses yeux — ce ne peut être qu’en vertu de certains secrets d’usage plusieurs fois séculaire
177 elle région de superficie et de population égales peut dire mieux, sur ce continent ? Il n’empêche qu’à Paris, à Londres ou
178 se compose son bonheur ? Et ses recettes, si l’on peut les donner, seraient-elles applicables ailleurs ? Le premier secret d
179 èce de confédération insuffisante. Privée de tout pouvoir supra-cantonal, elle ne sut pas empêcher, en 1847, une guerre civile
180 Et ses vingt-deux petits États n’ont délégué à un pouvoir central une certaine part de leur indépendance que pour mieux assurer
181 atholique parce que lucernois ou fribourgeois. On peut choisir ses allégeances et faire partie de dix communautés diverses,
182 Zoug ou de Glaris. Et je me dis qu’un système qui peut harmoniser les relations entre des cantons inégaux à tant d’égards, p
183 ations entre des cantons inégaux à tant d’égards, pourrait rendre les mêmes services dans le cas de nations dont l’inégalité rel
184 verrez que tout y correspond à quelque chose qui pourrait très bien être l’avenir commun de nos nations. Et quand vous en serez
14 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
185 avez été superbe ! Ah ! que ce doit être beau de pouvoir ainsi faire le Bien ! — Non Madame, faire le bien, c’est l’affaire du
186 re du Bon Dieu. Et de lui seul ! Tout ce que l’on peut demander d’un homme, c’est qu’il fasse le moins de mal possible. » (C
187 éservé à ceux-là seuls qui prouveraient qu’ils ne peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres, qu’on élève des barrières infra
188 ait conçu comme féminin, nous refuserions tous le pouvoir qu’ont pris les femmes dans notre société. — Mais si Dieu était fémin
189 étais le rapporteur, je suggérai Madariaga. Il se peut que dans mon esprit se soit opéré à ce moment-là une complexe synthès
190 ’Espagne de l’Asie. C’était à se demander si l’on pouvait encore distinguer un Maharati ou un Gujerati d’un Ibérique. Dans le m
191 , toujours prêt à discuter avec n’importe qui, je peux discuter avec mon plus grand adversaire, mais je ne peux pas discuter
192 scuter avec mon plus grand adversaire, mais je ne peux pas discuter avec un gramophone ! » Quelques années plus tard, nous v
193 la dernière guerre, accédaient aux honneurs et au pouvoir après une longue carrière d’opposant exilé, un sort inverse est échu
194 vec rigueur. Démontrer qu’en plein xxe siècle on peut être vraiment engagé et vraiment libéral à la fois, n’est-ce pas là s
15 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
195 r une proposition d’union. La montée de Hitler au pouvoir fait oublier leurs prises de position pour la plupart négatives et le
196 euse pour leurs grands-pères. C’est tout ce qu’on peut prévoir selon nos analystes, professeurs et commentateurs qui tiennen
197 t, j’improvisai donc sur le thème que voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge des intégrations continentales
198 aliste, qu’on soupçonnera de vouloir la division, peuvent sembler logiquement contradictoires. Mais en fait, je les vois complé
199 de poche : c’est dire que l’éditeur estime qu’il peut répondre à la curiosité d’un grand public. Certes, on n’en est encore
200 scule. Dès la fin du siècle dernier, Ernest Renan pouvait s’écrier dans un discours célèbre, à la Sorbonne20 : Les nations ne
201 ’Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers de l’E
202 carcasses historiques et des mythes vidés de leur pouvoir . Un des meilleurs sociologues français d’aujourd’hui, spécialiste de
203 annuelle des préfets de la République : L’Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans le c
204 même que la nation. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément devant le corps des fonctio
205 lus avancée que nous n’osions l’espérer et que ne peuvent encore l’imaginer les politiciens qui se croient réalistes — parce qu
16 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
206 mps. Ni spontanée, ni fatale, ni imposée, elle ne peut être que choisie et voulue — exactement comme la démocratie — par une
207 visme, elle ne fait en tout cas pas cela, et l’on peut être heureux si elle ne fait pas le contraire. L’éducation du citoyen
208 qu’elle est aujourd’hui désunie et telle qu’elle pourrait être unie demain, n’apparaissent pas souvent dans les discours des mi
209 au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’on pouvait de leur autonomie, précisément : sans l’union, cette autonomie s’évan
210 uropéenne, et cela, à la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de se présenter dans chaque leçon d’histoire, de géographie e
211 formes spécifiques que celle-ci devra prendre, et pourra prendre. Il fourmillera de points d’interrogation ! Il ne dira jamais
212 isons est au service du peuple, de quel défaut ne pourrions -nous donc nous débarrasser ? » « Si la masse du peuple se lève tout e
213 pour enlever avec nous ces montagnes, comment ne pourrions -nous pas les aplanir ? » v. Rougemont Denis de, « Le civisme europé
17 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
214 ous donnerai tout de suite un exemple de ce qu’on peut entendre par là. J’ai eu la curiosité de regarder quelle était la com
215 u’une certaine balance des échanges intellectuels peut nous être parfaitement favorable. (D’ailleurs, si elle ne l’était pas
216 t qui a fait Bâle. Beaucoup plus près de nous, on peut citer Nietzsche, qui a été professeur à Bâle lui aussi et qui a beauc
217 et qui a beaucoup vécu en Suisse, en Engadine. On peut citer Stravinsky, qui a créé en Suisse la meilleure œuvre musicale « 
218 sicale « de chez nous », L’Histoire du soldat. On peut citer les prix Nobel que je vous disais tout à l’heure, qui sont venu
219 tout à l’heure, qui sont venus de l’étranger. On pourrait allonger facilement cette liste. Du côté exportation, qu’avons-nous f
220 z des hommes comme Chevrolet par exemple, qui, ne pouvant pas faire de voitures en Suisse, a été les faire en Amérique avec le
221 ts-Unis, qui sont les plus grands du monde. Et on pourrait multiplier ces exemples : en théologie nous avons exporté Karl Barth
222 exode qu’il faudrait déplorer ou arrêter si on le peut . Je crois qu’il faut considérer là-dedans les dimensions des activité
223 tés en jeu, et les dimensions des communautés qui peuvent les prendre en charge. Étant donné la nature, les conditions et les f
224 s, les dimensions, les moyens des communautés qui peuvent s’en occuper. Autrement dit, du point de vue fédéraliste, on se deman
225 Nos dimensions ne sont pas suffisantes. On aurait pu lui offrir, me direz-vous, de construire un pont enjambant la rade de
226 chercheur suisse va travailler au CERN : nous ne pouvons pas parler d’exode dans ce cas-là. Pourquoi ? Parce que la recherche
227 fait aboutir ensuite, via l’Unesco, de manière à pouvoir retenir en Europe un certain nombre de savants qu’il était important
228 s voyez de quoi je veux parler… De sorte que l’on peut dire à un pays comme la Suisse par exemple, mais aussi à un pays comm
229 nesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on ne peut pas dire non plus qu’il s’agit là d’une perte, d’un exode. Simplement
230 ntifiques dont parlait M. Mach tout à l’heure. Je peux très bien imaginer qu’un physicien, ou un médecin, ou un dentiste, so
231 bon quatuor qui joue de la musique moderne, cela pourra peut-être le retenir ici. La presse, la radio et la télévision pourra
232 retenir ici. La presse, la radio et la télévision pourraient faire énormément dans ce sens. Elles font déjà beaucoup ; elles ont f
233 eux dont nous parlons ce soir, par exemple. Elles pourraient peut-être faire encore plus en faisant davantage confiance à la parti
234 c’est ce que j’appelle « œuvre d’art », faute de pouvoir traiter cet immense sujet sur lequel il faudrait revenir une autre an
235 ur la préparation du terrain. D’ailleurs, nous ne pouvons pas dire en Suisse que nous soyons complètement indemnes de toute inf
236 e béat. Je ne vois pas du tout à quel moment j’ai pu tomber dans ce penchant vicieux. J’ai proposé une méthode d’analyse d
237 est une perte, qui est défavorable. Cette méthode peut être discutée ; il s’agit surtout de l’appliquer, mais je refuse abso
238 scientifique de tout l’ensemble d’une culture. Ça peut marcher pendant quelque temps, quelques années, mais à la longue ce n
239 e dont toutes les parties sont en interaction. On peut citer mille cas. Toutes les créations culturelles d’aujourd’hui sont
18 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
240 debout. Sans corps constitué, sans tête, comment pourrait -elle donc répondre à l’appel pathétique du célèbre homme d’État ? Un
241 pathétique du célèbre homme d’État ? Un appel ne pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui se fait, nous entendons
242 chose est de s’en féliciter, d’affirmer qu’on ne peut rien y changer, que c’est là-dessus qu’il faut bâtir, et d’appeler ça
243 né et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmontée et rempl
244 ue la naissance de la première nation, la France, peut être datée de cette déclaration des légistes du Philippe de Bel : « L
245 raite donc l’Empire de haut en bas (faute d’avoir pu se faire élire empereur !), fait gifler le pape, puis confisque la pa
246 les instances universelles, — sauf celle que l’on peut contrôler — sera vite suivi par les rois d’Angleterre et d’Espagne, p
247 ar le moyen de bureaux où se concentrent tous les pouvoirs administratifs, civils et militaires, fiscaux et policiers, mais auss
248 le dans nos esprits, qui résistent à l’idée qu’il pourrait n’être après tout qu’une forme transitoire, comme tant d’autres. On e
249 s’ordonne, et au nom duquel les maîtres de l’État peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Égli
250 peuvent mettre à mort leurs hérétiques, ce que ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’État-nation centralisé et unifi
251 tion centralisé et unifié s’arroge ainsi tous les pouvoirs des grands empires traditionnels jusqu’au Saint-Empire médiéval, bien
252 unitaires sont tous trop grands, trop grands pour pouvoir assurer le développement de toutes leurs régions et communes, — trop
253 t communes, — trop grands pour que leurs citoyens puissent y exercer normalement leurs devoirs civiques, et participer effective
254 umaines, et cela, c’est la plus grave maladie qui puisse miner un corps politique. Telle étant la crise présente de l’État-nat
255 s un à un ; — ou bien ils font ce qu’il faut pour pouvoir résister, c’est-à-dire qu’ils décident de résister tous ensemble, et
256 , j’improvisais donc sur le thème que voici : Il peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge de l’union des nations et des
257 effort, qu’on soupçonnera de vouloir la division, peuvent sembler logiquement contradictoires. Mais en fait, je les vois complé
258 naux français. Ces États régionaux disposeront de pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires comparables à ceux qui existent
259 is. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut être menée que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédérali
260 répondrai deux choses : 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est devenue
261 , les mesures nécessaires à l’union. Mais elle ne peut rien faire de plus. On l’a bien vu lors de la Première Guerre de Suez
262 ’Europe se révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers de l’E
263 carcasses historiques et des mythes vidés de leur pouvoir . Un des meilleurs sociologues français d’aujourd’hui, spécialiste de
264 ant tous les préfets de la République : L’Europe peut nous tomber sur la tête un beau matin… vers 1985. La région dans le c
265 même que la nation. Qu’une telle déclaration ait pu être faite en France, et cela précisément devant le corps des fonctio
266 s limites supérieure et inférieure la possibilité peut exister de plusieurs solutions intermédiaires entre lesquelles le cho
267 olutions intermédiaires entre lesquelles le choix peut dépendre de considérations contingentes et même comporter une part de
268 e, qui est d’ordre politique et culturel, rien ne pourrait empêcher les Suisses de toutes les régions de continuer à se rattache
269 tion de 1848. Voilà sans doute ce que les Suisses peuvent donner de meilleur à l’Europe qui se fait : non pas seulement une gra
270 nations comme celles de la vieille Europe […] qui pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile, qu’une seule d’ent
271 lles consentira jamais à remettre une part de ses pouvoirs à une autorité supranationale ? », écrivait François Mauriac, dans le
19 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
272 Ils m’apprirent que le Message aux Européens ne pourrait être présenté à la séance finale, parce qu’il contenait cette petite
273 nées, pensez-vous aujourd’hui que les Communautés peuvent constituer l’amorce d’une fédération européenne ? Estimez-vous que l’
274 une fédération européenne ? Estimez-vous que l’on puisse encore compter sur les gouvernements nationaux pour « faire l’Europe 
275 ’autarcie), nos États-nations n’ont plus d’autres pouvoirs réels, à l’échelle de l’Europe et du monde, que négatifs. Ils peuvent
276 chelle de l’Europe et du monde, que négatifs. Ils peuvent encore soit refuser les mesures d’union qui s’imposent, soit abaisser
277 circulation de la main-d’œuvre, etc. Mais ils ne peuvent rien de plus. (Il se cachent aujourd’hui derrière les refus gaulliens
278 pour nous unir. Ils ne le veulent pas, ils ne le pourraient pas. Et il faut redouter que les Communautés, bridées par les nations
279 s sur pied dans le domaine culturel, par exemple, peut être attribué d’une manière très précise aux projets de quelques non
280 ais plus ou moins passive de quelque chose qui ne peut manquer de se produire du fait des autres, ou de la providence, ou du
281 hui plus vive que jamais ; s’il est vrai qu’on ne peut bâtir sur de l’ancien (les États-nations), mais seulement sur des réa
20 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
282 nous ne sommes pas dans les mêmes fleuves… On ne peut se baigner deux fois dans le même fleuve. II Il est permis de
283 thard, écrivait le chevalier de Boufflers, « l’on peut cracher dans l’Océan et dans la Méditerranée ». Et les ports réponden
284 qui ait été carrément impérialiste, étendant ses pouvoirs par la force ou l’astuce de l’Oberland, où le Hasli résiste, jusqu’au
285 lique de l’Aar » parce qu’elle a montré les mêmes pouvoirs souverains de rassemblement, Berne est une expression de l’Aar. Et pu
21 1969, Articles divers (1963-1969). À la fontaine Castalie (1969)
286 l’on voudrait « prendre », mais aucun objectif ne pourra l’enregistrer, il y faudrait un œil de l’âme, œil intérieur : on est
22 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
287 vrage de Proudhon, Du Principe fédératif, où l’on pouvait lire cette phrase devenue célèbre : « Le xxe siècle ouvrira l’ère de
288 ement de rentabilité et de sécurité auxquelles ne peuvent répondre que de grands espaces économiques constitués à la mesure des
289 n au seuil d’une ère potentiellement fédéraliste. Peut -on dire plus ? Sur les quelque cent-trente nations souveraines qui di
290 beaucoup à une attitude de suspicion envers tout pouvoir central et à la défense ombrageuse des autonomies locales ou régional
291 ncore, en Suisse même, il y a quelques années, on put entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner le
292 les et vitales, de telle sorte que la solution ne puisse être cherchée ni dans la réduction de l’un des termes, ni dans la sub
293 prises les décisions relatives à cette tâche. Il peut y avoir d’ailleurs plusieurs niveaux de décisions, hiérarchisés. Sépa
294 s niveaux de décisions, hiérarchisés. Séparer les pouvoirs , les disperser, les répartir selon le bon sens, voilà le programme pr
295 topie totalitaire. De plus, les aires d’opération peuvent et doivent différer selon les tâches, j’entends selon qu’elles intére
296 iendrai que le nombre des combinaisons auxquelles peut conduire cette méthode a de quoi donner le vertige aux fonctionnaires
297 de tels aménagements. Les dimensions, d’ailleurs, peuvent être numériques aussi bien qu’architecturales : prenez les conflits a
298 ssurer la cohésion d’un ensemble assez vaste pour pouvoir se charger de tâches communes (telles que la défense, les affaires ét
299 constitution, de type plus ou moins fédéral, qui peut résoudre une fois pour toutes ce conflit permanent. Il y faut une mét
300 âches à entreprendre, répartir en conséquence les pouvoirs de décision, opérer les concentrations de forces proportionnées à la
301 opportunisme pour des gens qui voient que l’on ne peut pas continuer sans faire quelque chose dans le sens d’une fédération,
302 ut. Vous avez dit que le sens civique, en Suisse, pouvait seul permettre le fédéralisme. Je retournerai la proposition et dirai
303 dimensions des unités dans lesquelles un citoyen peut se manifester. Si les dimensions sont celles d’un peuple de 50 millio
304 comme un petit État-nation. C’est autre chose. On peut très bien concevoir des régions comme celle qui est en train de s’org
305 Pas du tout, ni avec une région linguistique. On peut très bien continuer à y parler, comme en Suisse, plusieurs langues, b
306 tive. Sur la question précise des ordinateurs, je peux vous citer un exemple tiré de l’expérience suisse. Il s’est agi, il y
307 ui sont maîtres d’œuvre, et avec les communes qui peuvent refuser qu’on ruine la vie d’une petite ville en la coupant en deux,
308 e contemporain : « Le fédéralisme est présence au pouvoir global des éléments particuliers — demeurant distincts et reconnaissa
23 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
309 trouve dans ces pages pas même une inflexion qui puisse trahir le moindre doute de l’auteur quant à la valeur des armées et d
310 avec le plus grand naturel, semble-t-il. Mais on peut se demander dans quel dessein il consacre à peu près un tiers de son
311 ulce bellum inexpertis 41, fameux titre d’Érasme, pourrait convenir ici. Mais alors, au-delà de la captatio, n’y a-t-il une secr
312 borne à suggérer, dans une note, que si ces pages pouvaient faire naître, ou développer et presser la question des secours à don
313 ilitaires blessés en temps de guerre… et si elles pouvaient attirer l’attention des personnes douées d’humanité et de philanthrop
314 ouge est fondée à Genève. Et certes, il n’eût pas pu la fonder seul, sans Gustave Moynier notamment, homme de méthode et d
315 ar un concours de circonstances particulières, de pouvoir assister aux scènes émouvantes que je me suis décidé à retracer. Ce
316 erchait un empereur et il trouve une idée, aurait pu dire Victor Hugo. Je vois ici la situation classique qui définit une
317 ur, on lui a demandé de parler à Plymouth : il ne peut arriver au bout de son discours, il est trop affaibli par la faim. Qu
318 tention » sur un sujet précis, à partir duquel on pourrait « avancer de quelques pas » : l’organisation des secours aux blessés
319 a plus authentique d’Henry Dunant, celle qu’il ne pouvait pas encore avouer, ni peut-être s’avouer à lui-même, alors qu’il écri
320 aitant chacune une question particulière », on ne peut manquer de sentir ici qu’un doute profond s’est éveillé en lui quant
321 tarisme, afin d’en faire un petit arsenal où l’on pourra puiser pour construire une œuvre digne du but.43 Il ne s’agit plus
322 cipes qui sont dans l’homme, et sur lesquels nous pouvons exercer les pouvoirs de l’esprit humain. C’est Dunant, dans les notes
323 l’homme, et sur lesquels nous pouvons exercer les pouvoirs de l’esprit humain. C’est Dunant, dans les notes sur les causes de la
324 des moyens si prodigieux de faire le mal qu’il ne pourra être sauvé de lui-même, au milieu d’épouvantables désastres, que par
325 Burckhardt, Nietzsche, ou Georges Sorel, n’a rien pu contre le désastre où devaient s’abîmer tant de millions de jeunes ho
24 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
326 Dans ce dernier champ de ses activités, le CEC ne pouvait mieux faire que de s’en remettre à l’expérience et à l’initiative de
327 rtaine précision, pays par pays. Si bien que l’on peut affirmer que les guildes ont au moins triplé le nombre des Européens
25 1969, Articles divers (1963-1969). « Il faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)
328 as urgent de construire des logements ? On aurait pu faire, plus loin, dans ces immenses champs, un joli village avec une
329 d’ensemble n’existe, on pare au plus pressé. J’ai pu le constater à propos d’un petit village du Midi où je possède une ma
330 blic. La vraie démocratie, ce serait que les gens puissent discuter des projets car c’est leur vie qui va être modifiée. Il faut
331 et loger le personnel dans des cités nouvelles où puisse naître un esprit de communauté, et non pas dans des casernes accroché
332 isible du pays de Gex que bientôt peut-être on ne pourra plus contempler. »
26 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
333 ujourd’hui encore impondérable, d’une volonté qui peut surgir demain, posant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’on ne
334 compliquant le problème avec votre utopie ! On ne peut passer sans transition des nations souveraines aux régions fédérées.
335 Gutenberg » si génialement décrite par McLuhan ne peut vraiment comprendre que ce qu’il voit. L’expression « Faut-il vous fa
336 tat-nation réduit — c’est-à-dire gouvernée par un pouvoir unique et s’exerçant dans tous les domaines clés : le politique, l’éc
337 èle neuf de relations humaines et de structure du pouvoir . Elle ne représenterait aucune révolution, au sens où j’ai toujours e
338 u centralisme des métropoles de développement. Le pouvoir de sécuriser une population a de tout temps constitué la force princi
339 n chef, roi, dictateur ou État républicain. Or ce pouvoir paraît mieux assuré, de nos jours, par les petits États que par les e
340 la dissociation et la répartition fédéraliste des pouvoirs aujourd’hui concentrés en un seul lieu, accaparés par l’État national
341 on des organes ; — je veux dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, d
342 e veux dire : séparer dans le pouvoir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre o
343 tout ce qui peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires différents to
344 il estime puéril de restreindre la séparation des pouvoirs aux membres d’un cabinet : Ce n’est pas seulement entre sept ou huit
345 ncentrer (est-ce différent ?), ni de déléguer les pouvoirs de l’autorité centrale. Mais très exactement de séparer, de diviser,
346 roudhon s’en tient à un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géographiques : commune, province (région), fédéra
347 ations (Europe). Il faut aller plus loin. 1° Les pouvoirs politiques peuvent très bien adopter la structure proudhonienne, sans
348 faut aller plus loin. 1° Les pouvoirs politiques peuvent très bien adopter la structure proudhonienne, sans que soit pour auta
349 nt, sont parfois englobés l’un par l’autre. Il se peut que les régions politiques soient définies demain comme les intersect
350 ncer par opérer les dissociations nécessaires des pouvoirs de nature étatique. b) Puis rechercher si les pouvoirs distincts, au
351 rs de nature étatique. b) Puis rechercher si les pouvoirs distincts, au terme de cette analyse, appellent ou non la coordinatio
352 éfinis. Le Marché commun, par exemple, qui est un pouvoir économique, doit-il entretenir des visées politiques, ou laisser cela
353 ’auront pas renoncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne se seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « d
27 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
354 chacun sait désormais qu’il y a problème et qu’on peut en parler, qu’il faut même en parler librement et sérieusement. La cr
355 iologiques, enquêtes psychologiques). Il faudrait pouvoir comparer les âges et les motivations des conjoints lors du premier et
356 riage soit plus heureux que le premier ? Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’il a beaucoup plus de chances de l’être
357 ue d’obstacles, la quotidienneté, la banalité. Ne peut -on pas imaginer une passion qui ne serait pas fatale, qui pourrait fl
358 maginer une passion qui ne serait pas fatale, qui pourrait flamber au grand jour et même au jour le jour ? Non, la passion impli
359 t l’alibi. Et il est nécessaire d’en avoir un, de pouvoir accuser le sort, puisque la passion sera forcément malheureuse. Le
360 t les caractères, qui ne changent jamais (« on ne peut pas changer de place les raies du zèbre », dit un proverbe oriental)
361 r de la solitude, la peur de rester « en carafe » peut pousser à un remariage précipité. Et aussi le désir de prendre une re
362 Il faut donc « quelque chose de plus » et ça ne peut être la passion. Quel est ce « quelque chose » sans lequel les caract
363 est l’irremplaçable, l’unique, ce que chaque être peut devenir s’il y est appelé. C’est son mystère, qui n’a rien de littéra
364 ié par de bonnes raisons. Or il faudrait toujours pouvoir analyser les motivations de son mariage. De même et plus encore pour
365 i ». Qu’en pensez-vous ? Je suis pour tout ce qui peut aider les gens à prendre conscience du sérieux, de la beauté, mais au
366 difficulté du mariage et je pense que « l’essai » peut aider. Bien sûr, l’expérience est limitée : on sait que ça pourrait n
367 en sûr, l’expérience est limitée : on sait que ça pourrait ne pas durer et l’on décide qu’on n’aura pas d’enfants ; il n’y aura
368 he de 140 km ? C’est pourquoi le mariage-maquette peut être considéré comme une marche d’entraînement. Le seuil de fatigue e
369 e donne une idée de ce qu’est le mariage, mais ne peut guère, faute de pacte, remplacer le premier mariage. Faut-il donc éle
370 ous qu’il doit être « modernisé » ? Le mariage ne peut renoncer ni à la durée ni à la fidélité. Un mariage c’est une œuvre d
371 es gens, c’est l’ennui. En somme, lorsqu’un homme pourra dire à une femme : « Je suis sage de toi », le mariage sera sauvé ! Q
28 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
372 lat général de Suisse, répondait d’ailleurs on ne peut mieux aux vœux de l’assistance. Ne s’agissait-il pas en effet de « L’
373 t assez mal connu, Politique de la personne . On peut y lire, en effet, un article qui avait déjà paru dans la revue Espri
374 , entre autres, Berdiaev et Gabriel Marcel. On ne pouvait donc espérer de meilleur interlocuteur pour nous définir la « personn
375 que ou philosophique. La contestation On ne peut manquer d’être frappé par la vigueur, par la modernité surtout de ses
376 légère correction : Je dois dire que j’ai souvent pu déceler dans la contestation qui s’est développée à Paris, à Berlin,
377 uerre qui vient de se terminer, M. de Rougemont a pu en mesurer toute l’absurdité puisque, de par sa nationalité, il était
378 té, il était neutre. Nous sommes ici à patauger, pouvons -nous lire dans son Journal des deux mondes , parce que nos voisins s
379 souhaite ni une agglomération d’États soumis à un pouvoir unique et dictatorial ni une Europe des États, mais une association d
380 et trop grand parce que la vraie cité où l’homme peut participer à la vie publique, c’est quelque chose de beaucoup plus pe
381 de Rougemont, il vous faudra séparer tout ce qui peut être séparé, ou comme disait Proudhon, « ne rien laisser dans l’indiv
29 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
382 ? Est-ce dans ce sens-là que vous êtes passé — ou peut -on dire que vous êtes passé — du personnalisme au fédéralisme ? Par u
383 esponsabilité personnelle, à ce que j’appelais le pouvoir de « décréation » du diable. Je suis en train de préparer une cinquiè
384 talitaire. Contre ça, il faut des révoltes qui ne peuvent être que personnelles, individuelles, qui recréent des petits foyers