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union dans les diversités jalousement préservées,
qui
constitue le véritable apport de la Suisse comme telle à l’Europe. Pr
2
t-ils, et centralisateurs. Un Français cultivé et
qui
se demande quel est le « vrai » sens du mot fédéralisme, recourt à so
3
sauvage, ou traître. Pour un Suisse, c’est Littré
qui
perd la face. Essayons d’expliquer ce qui peut l’être, en cette affai
4
Littré qui perd la face. Essayons d’expliquer ce
qui
peut l’être, en cette affaire où le sens concret du bien public a bea
5
e d’éclectisme universel ou d’opportunisme lâche,
qui
tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à
6
clocher, les particularismes régionaux ou locaux
qui
prétendraient vivre en autarcie, refermés sur eux-mêmes, hostiles à t
7
les diversités régionales, aime aussi leur santé,
qui
est celle de l’ensemble. C’est pourquoi il veut leur union, leur entr
8
oyen terme entre la peste et le choléra. Un homme
qui
boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre un homme qui
9
este et le choléra. Un homme qui boit de l’eau et
qui
se lave n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un
10
qui se lave n’est pas à mi-chemin entre un homme
qui
meurt de soif et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme n’est
11
emin entre un homme qui meurt de soif et un homme
qui
se noie. De même, le fédéralisme n’est pas à mi-chemin entre la centr
12
e. Il est sur un autre plan que ces deux erreurs,
qui
n’en sont peut-être qu’une seule. Il représente la seule attitude rig
13
s incompatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux
qui
n’admettent aucune diversité politique ou culturelle dans une nation
14
nation manifestent le même état d’esprit que ceux
qui
n’admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie pa
15
omme tout art. Elle est un art de la composition,
qui
requiert à la fois et en même temps la vivacité des contrastes et leu
16
e de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce
qui
aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple,
17
là toute la différence entre l’harmonie fédérale,
qui
est la libre union dans la diversité, et l’unification totalitaire, c
18
l’unification totalitaire, centraliste, jacobine,
qui
est réduction forcée à l’uniforme, — dans tous les sens du mot. Ces i
19
niforme, — dans tous les sens du mot. Ces images,
qui
sont autant d’évidences, suffisent à définir le fédéralisme, art de c
20
D’une part, on affirme une souveraineté globale,
qui
ne laisserait jouer qu’à regret, et à titre de concession, la diversi
21
art, on se cramponne à une souveraineté nationale
qui
a peur de se laisser englober dans un plus grand corps. Les uns sont
22
enne à respecter la diversité des petites nations
qui
la composent, sinon elle trahira sa mission dans le monde ; et qu’en
23
trines, d’écoles, etc. — et il faut quelque chose
qui
lie toutes ces œuvres variées, et qui leur offre une commune mesure ;
24
elque chose qui lie toutes ces œuvres variées, et
qui
leur offre une commune mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’
25
lle nous pouvons nous rattacher directement, nous
qui
n’avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant « cul
26
ici sur un concept aussi néfaste qu’invétéré, et
qui
me paraît exemplairement incompatible avec la réalité fédéraliste. On
27
ionales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens
qui
ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépendamment des nations qui d
28
réé depuis 28 siècles, indépendamment des nations
qui
divisent aujourd’hui l’Europe, et dont la plupart n’ont même pas cent
29
ionales » ? C’est avant tout le fait de la langue
qui
l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se rattachent à la
30
onale » étant la langue maternelle de populations
qui
vivent dans sept ou huit nations différentes. Il faut donc commencer
31
culture européenne à chacun des 24 États-nations
qui
ont découpé et longtemps déchiré le corps de notre continent. ⁂ Or il
32
de base étant de la sorte identifiée, la question
qui
se pose est de savoir comment certaines cités ou certaines régions pa
33
de petits compartiments naturels ou historiques,
qui
n’ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme c
34
eligieuse, à la Réforme ou à l’Église catholique,
qui
sont mondiales ; par sa langue, au domaine français, et par sa cultur
35
évale et moderne. Autant de réalités ou d’entités
qui
n’ont pas les mêmes frontières, qui ne se couvrent que très partielle
36
ou d’entités qui n’ont pas les mêmes frontières,
qui
ne se couvrent que très partiellement, et qui permettent un grand nom
37
es, qui ne se couvrent que très partiellement, et
qui
permettent un grand nombre de combinaisons originales. On ne saurait
38
ement, il satisfait trop facilement, dit-on, ceux
qui
choisissent de s’installer dans les petites. Mais la plupart des homm
39
restigieux, épris de grandeur et d’idéologies, et
qui
aboutissent périodiquement à faire tuer quelques millions d’hommes au
40
les générations suivantes récusent… Quant à ceux
qui
assument leurs plus grandes dimensions, il faut admettre qu’un régime
41
s beaucoup d’excellents ou même de grands esprits
qui
avaient ce sens, trop rare chez nos voisins. Cet apport très typiquem
42
thème général de nos travaux pendant le semestre
qui
s’ouvre. Permettez-moi donc, avant d’en venir à l’objet particulier d
43
vingt-cinq autres instituts d’études européennes
qui
sont à l’œuvre, depuis plusieurs années, dans d’autres villes du cont
44
rès de l’actualité, en raison même de leur objet,
qui
se compose, se définit et se modifie sous nos yeux, ces instituts tie
45
nnections et par rapport à ces notions de l’homme
qui
ont fait que l’Europe, malgré tout, représente autre chose et un peu
46
plus que ce qu’elle est dans sa réalité physique,
qui
est à peine 4 % des terres émergées de la planète. Cette question eur
47
grands traits dans quels termes elle se pose, et
qui
l’a posée. Le monde issu de la Seconde Guerre mondiale a vu surgir, e
48
cherche de quelque union encore mal définie, mais
qui
a déjà force de mythe, en Afrique noire et dans le monde arabe. La te
49
oire et dans le monde arabe. La tendance générale
qui
se dessine dans les années 1945 à 1950 va donc aux grandes unités pol
50
n mesure, non plus, de parler au nom de l’Europe.
Qui
pourrait assumer, dans ces conditions, les fonctions et les devoirs q
51
dans ces conditions, les fonctions et les devoirs
qui
vont bientôt incomber à l’Occident au plan mondial, tels que l’aide a
52
er l’expression Europe, sinon un ensemble de pays
qui
vivent, comme le dit alors P.-H. Spaak, « dans la peur des Russes et
53
l’hitlérisme, même en Allemagne et en Italie — et
qui
bientôt formeront l’Union européenne des fédéralistes et le Mouvement
54
loin des congrès et des associations de militants
qui
leur ont préparé la voie dans les esprits. Puis des hommes politiques
55
se proposent pour diriger ce mouvement naissant,
qui
a peut-être le vent de l’histoire en poupe. Ils ne sont pas nombreux
56
l’en croire, mais en fait dans le même sens final
qui
est celui d’une Europe autonome rendue forte par son union, de Gaulle
57
stion de nos jours. Je n’en vois guère que trois,
qui
se distinguent nettement par le rôle qu’y joueraient nos États. On pe
58
ements dans une République une et indivisible, ce
qui
amènerait à les redécouper en circonscriptions administratives moins
59
de limite, de conséquence extrême, inaccessible,
qui
marquerait le triomphe exclusif d’une seule des tendances contradicto
60
xclusif d’une seule des tendances contradictoires
qui
composent l’esprit européen, je veux dire la tendance à l’unité abstr
61
. À l’autre extrême, on peut concevoir une Europe
qui
ne serait organisée que par un système d’alliances entre États souver
62
ette solution pose un certain nombre de problèmes
qui
pourraient et devraient faire l’objet de recherches, dont je suggère
63
nouveaux besoins d’union apparus depuis 1945, et
qui
ont posé, précisément, la question européenne. Elle supposerait en to
64
même, elle présente un attrait certain pour ceux
qui
souhaiteraient laisser les choses autant que possible en l’état où el
65
e considérer comme un quatrième type, la solution
qui
consisterait à étendre au plan politique les règles et méthodes de l’
66
e au plan économique par le Marché commun ? Voilà
qui
paraît difficile. En effet, le traité de Rome n’évoque aucune solutio
67
d’union politique déjà implicite dans les traités
qui
ont institué les Communautés européennes », mais elle ne suggère pas
68
s », mais elle ne suggère pas les voies et moyens
qui
pourraient permettre d’opérer un jour ou l’autre ce passage de l’écon
69
tés économiques, serait celle des trois solutions
qui
aurait le moins de chances dans cette compétition. ⁂ Les raisons qui
70
de chances dans cette compétition. ⁂ Les raisons
qui
nous ont fait retenir la solution fédéraliste comme thème central de
71
traditionnels d’autonomie de nos peuples, besoins
qui
semblent contradictoires, mais qui sont là, incontestablement. Elle p
72
uples, besoins qui semblent contradictoires, mais
qui
sont là, incontestablement. Elle paraît aussi la plus propre à rallie
73
e des États et ceux des États-Unis d’Europe, ceux
qui
insistent avant tout sur l’autonomie de leur pays, et ceux qui insist
74
avant tout sur l’autonomie de leur pays, et ceux
qui
insistent avant tout sur l’unité du continent. Raisons particulières
75
du problème fédéraliste, aspects complémentaires,
qui
n’épuisent pas le sujet, bien sûr, mais qui permettent tout au moins
76
ires, qui n’épuisent pas le sujet, bien sûr, mais
qui
permettent tout au moins de l’approcher de manières variées, avec les
77
e objet d’études et la méthode interdisciplinaire
qui
s’impose à nous. Car le fédéralisme n’est pas une doctrine toute fait
78
des choses humaines, méthode d’allure pragmatique
qui
ne se comprend et ne s’explique bien que par son fonctionnement dans
79
. C’est ainsi que M. Henri Schwamm, en économiste
qui
suit de très près l’évolution et les répercussions de l’intégration,
80
ois dans quelques semaines. Les étudiants avancés
qui
auront présenté en conférence des travaux intéressants, auront la pos
81
Institut. Moyens modestes, longues visées, tâche
qui
dépasse évidemment nos forces actuelles mais qu’il semble urgent d’en
82
où on le peut, dans l’esprit du proverbe chinois
qui
dit : « Mieux vaut allumer une petite chandelle que de maudire l’obsc
83
Aux yeux de la plupart des auteurs contemporains
qui
s’en déclarent les adeptes, c’est une attitude de pensée et une métho
84
Voilà sans doute pourquoi ce sont ses adversaires
qui
éprouvent le moins de scrupules à en donner des caractérisations brèv
85
i, le dictionnaire de Littré, dans sa 1re édition
qui
date de 1863 : Fédéralisme, s.m. Néologisme. Système, doctrine du g
86
me, c’est-à-dire une association des départements
qui
eussent formé autant de républiques distinctes, comme les cantons sui
87
s favorable au fédéralisme que l’esprit français,
qui
passe pour cartésien. Ce sont pourtant deux juristes britanniques, Si
88
s britanniques, Sir Ivor Jennings et C. M. Young,
qui
définissent ainsi la structure fédérale : « Une forme de gouvernement
89
ralisme comme méthode ou attitude, et des régimes
qui
s’en inspirent, nous constatons qu’il leur faut des livres entiers po
90
uvre posthume de Proudhon, Du Principe fédératif,
qui
, en 1863 (l’année même où Littré publie l’article que je viens de cit
91
stantin Franz, conservateur subversif malgré lui,
qui
publie en 1879 Der Föderalismus. Puis des savants français entreprenn
92
, Alexandre Marc et moi-même, puis Henri Brugmans
qui
s’inspire de ses travaux, rénove ce que j’ai nommé « l’attitude fédér
93
r, après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement
qui
aboutit au congrès de Montreux (1947) suivi par le Congrès de l’Europ
94
sprit occidental que je me propose de retracer et
qui
mérite de retenir l’attention des étudiants. Ces plans et projets con
95
ire —, soit qu’ils s’opposent expressément à « ce
qui
allait de soi » du vivant de leurs auteurs, et dont ils annoncent la
96
sidération d’un traité de Dante (le De Monarchia,
qui
date de 1308) et d’un plan confédéral de Pierre Dubois (le De Recuper
97
Pierre Dubois (le De Recuperatione Terre Sancte,
qui
date de 1306), nous permettront d’analyser les deux grandes origines
98
emporains de la naissance de notre confédération,
qui
résulte, elle, du mouvement des communes12, troisième composante de l
99
ire. L’échec historique de ces projets et de ceux
qui
les suivront au cours des siècles jusqu’à nous, est certes significat
100
viie , dont celui du moine parisien Émeric Crucé,
qui
propose une série de « grands travaux européens » ; comment elles se
101
, Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Léger,
qui
rédige le Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale
102
r la liberté de la culture. Auteur de 24 ouvrages
qui
ont été traduits en 12 langues. »
103
s un « carré suisse » — cette formation guerrière
qui
dominait sur les champs de bataille de l’époque, rangs pressés de por
104
piques, de hallebardes, d’épées et d’arquebuses —
qui
fait son entrée résolue sur la grande scène européenne : ses capitain
105
le et artistique dans l’ensemble des petits États
qui
constituent l’actuelle Confédération est sans doute supérieure à cell
106
région prise au hasard dans les pays voisins, et
qui
serait comparable à la Suisse par l’étendue et la population. (On exc
107
istes suisses sont d’abord d’un canton déterminé (
qui
n’est parfois qu’une ville, Bâle ou Genève) mais ils ne trouvent à se
108
ewton, d’un Kant, d’un Novalis, d’un Kierkegaard,
qui
n’ont vécu que dans leur seule nation, et d’elle seule ont nourri leu
109
les fermées puis internationales ; par des styles
qui
ne connaissaient ni péages ni frontières politiques ; et par des trad
110
à la Suisse ses meilleures chances, et c’est elle
qui
, dans le cas de la Suisse — compartimentée à l’extrême, mais liée par
111
e l’économie et l’autre de la politique libérales
qui
allaient marquer tout le xixe siècle. Cinquante ans plus tard, c’est
112
’histoire, dont son fervent disciple, Nietzsche —
qui
est aussi son plus jeune collègue de faculté — nourrira son génie bou
113
negger et un Frank Martin de nos jours, mais rien
qui
vraiment compte dans l’entre-deux, cela ne fait pas une tradition mus
114
uer les éléments sinon d’une « culture suisse » —
qui
ne saurait exister — du moins d’une attitude d’esprit commune aux cré
115
s restreintes du pays et des communautés diverses
qui
s’y côtoient. Pays pauvre, au surplus, et dont les seules richesses n
116
du Jura neuchâtelois. Voilà pourquoi les Suisses
qui
ont excellé furent presque tous, à des titres divers, hommes utiles,
117
iens et pédagogues, savants du premier rang, mais
qui
restent soucieux d’applications industrielles ou humanitaires — comme
118
ombat d’une armée et sur la volonté de résistance
qui
l’appuie dans la population. Ce qu’il est important de savoir sur l’a
119
ement prévu de la population, dans les trente ans
qui
viennent, sur un très petit territoire, agira totalement dans le même
120
ont elle dispose. N’est-elle pas le pays d’Europe
qui
a les raisons les plus fortes et les plus concrètes de savoir que le
121
e d’éclectisme universel, ou d’opportunisme lâche
qui
tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à
122
clocher, les particularismes régionaux ou locaux
qui
prétendraient vivre en autarcie, refermés sur eux-mêmes, hostiles à t
123
oyen terme entre la peste et le choléra. Un homme
qui
boit de l’eau et qui se lave, n’est pas à mi-chemin entre un homme qu
124
este et le choléra. Un homme qui boit de l’eau et
qui
se lave, n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un
125
qui se lave, n’est pas à mi-chemin entre un homme
qui
meurt de soif et un homme qui se noie. De même, le fédéralisme n’est
126
emin entre un homme qui meurt de soif et un homme
qui
se noie. De même, le fédéralisme n’est pas à mi-chemin entre la centr
127
e. Il est sur un autre plan que ces deux erreurs,
qui
n’en sont peut-être qu’une seule. Oui, le fédéralisme représente la s
128
s incompatibles de l’esprit. Car en réalité, ceux
qui
n’admettent aucune diversité politique ou culturelle dans la nation,
129
ation, manifestent le même état d’esprit que ceux
qui
n’admettent rien d’autre que leur manière de vivre locale, définie pa
130
omme tout art ! Elle est un art de la composition
qui
requiert à la fois et en même temps la vivacité des contrastes et leu
131
e de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce
qui
aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple,
132
là toute la différence entre l’harmonie fédérale,
qui
est libre union dans la diversité, et l’unification totalitaire, qui
133
dans la diversité, et l’unification totalitaire,
qui
est réduction forcée à l’uniforme. Ces images, qui sont autant d’évid
134
ui est réduction forcée à l’uniforme. Ces images,
qui
sont autant d’évidences, suffisent à définir le fédéralisme, art de c
135
D’une part, on affirme une souveraineté globale,
qui
ne laisserait pas jouer la diversité des fonctions nationales ; d’aut
136
art, on se cramponne à une souveraineté nationale
qui
a peur de se laisser englober dans un plus grand corps. Les uns oubli
137
enne à respecter la diversité des petites nations
qui
la composent, sinon elle trahira sa mission dans le monde ; et qu’en
138
II Avec ces quelques précisions de doctrine —
qui
paraîtraient bien théoriques et bien abstraites à un public français,
139
mais je parle après tout à des citoyens suisses,
qui
n’auront éprouvé aucune peine à me traduire en termes d’expérience po
140
trines, d’écoles, etc. — et il faut quelque chose
qui
lie toutes ces œuvres variées et qui leur offre une commune mesure ;
141
uelque chose qui lie toutes ces œuvres variées et
qui
leur offre une commune mesure ; sans quoi, nous ne saurions parler d’
142
lle nous pouvons nous rattacher directement, nous
qui
n’avons pas eu la chance, ou le malheur, d’avoir une soi-disant cultu
143
ionales ». Elle est l’œuvre de tous les Européens
qui
ont pensé et créé depuis 28 siècles, indépendamment des nations qui d
144
réé depuis 28 siècles, indépendamment des nations
qui
divisent aujourd’hui l’Europe, et dont la plupart n’ont même pas cent
145
ionales » ? C’est avant tout le fait de la langue
qui
l’entretient. Quand on dit que les Suisses romands se rattachent à la
146
onale » étant la langue maternelle de populations
qui
vivent dans sept ou huit nations différentes. Il faut donc commencer
147
ure européenne à chacune des vingt-quatre nations
qui
ont découpé leur État dans le corps de ce continent. III Or il
148
de base étant de la sorte identifiée, la question
qui
se pose est de savoir comment certaines cités ou certaines régions pa
149
de petits compartiments naturels ou historiques,
qui
n’ont jamais été unifiés, uniformisés par un pouvoir central, comme c
150
s beaucoup d’excellents ou même de grands esprits
qui
avaient ce sens, trop rare chez nos voisins. Cet apport très typiquem
151
vu, au génie de la culture en Europe, la question
qui
se pose maintenant est de savoir comment nous saurons illustrer notre
152
rejoins le propos de l’entreprise très opportune
qui
nous réunit. Deux erreurs de méthode menacent toute tentative de réve
153
s c’est une autre erreur, inverse de la première,
qui
ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’act
154
: celle de l’organisation rationnelle d’activités
qui
par essence, ne le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dan
155
éside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce
qui
marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en re
156
ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce
qui
marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique. Il e
157
des groupes d’écrivains, voire des petites revues
qui
expriment ces groupes avec l’intransigeance nécessaire. N’oublions pa
158
sigeance nécessaire. N’oublions pas que les cités
qui
ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaie
159
la passion créatrice un peu folle de jeunes gens
qui
se groupaient en écoles, autour d’un maître du métier ; secondement,
160
nifique, le goût de la nouveauté et du somptueux,
qui
caractérisent tant de princes et de grands marchands de l’époque. Il
161
s passions individuelles et par de petits groupes
qui
ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comité
162
étexte de répartition géographique équitable — ce
qui
n’est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’es
163
une parodie du vrai fédéralisme — c’est tout cela
qui
mérite aujourd’hui d’inquiéter les amis de la culture, et c’est aussi
164
les amis de la culture, et c’est aussi tout cela
qui
menace dans ses sources notre vitalité fédéraliste. On parle beaucoup
165
ais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes
qui
mettrait en danger nos « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait
166
ébut à quels « Européens » l’auteur s’en prenait,
qui
d’une part refuseraient de reconnaître les apports judaïque, chrétien
167
Centre européen de la culture et ses publications
qui
sont « l’exemple typique » de l’altitude visée. Le CEC se livrerait d
168
le CEC d’un « défaut capital d’esprit critique »
qui
« vicie » ses travaux. Quelle est donc sa méthode à lui ? Elle consis
169
crits, et non pas à les interpréter d’une manière
qui
pourrait prêter à discussion, mais à les falsifier radicalement. Qu’i
170
se pose est de savoir quelles sont les traditions
qui
doivent collaborer à notre « Europe en formation », et à la vôtre.
171
les les mieux partagées en Europe, il en est deux
qui
me paraissent les plus propres à motiver chez l’homme soucieux de la
172
t d’action politique, des dispositions dominantes
qui
déterminent nettement leur type. Pour étayer ses arguments, l’unitair
173
iance affichée à l’endroit des motifs passionnels
qui
prédéterminent visiblement les opinions des deux autres types. Mais p
174
nettement pluraliste, au seuil des considérations
qui
suivent sur l’avenir d’une Europe unie. ⁂ II. L’attitude fédéralis
175
e fédéraliste L’attitude fédéraliste est celle
qui
conduit à imaginer (pour mieux la vouloir) une Europe qui serait unie
176
uit à imaginer (pour mieux la vouloir) une Europe
qui
serait unie par des liens proprement fédéraux. Cette Europe fédérale
177
continental d’une notion de l’homme dans la cité
qui
est constitutive de l’Europe, et sans laquelle nos sciences et nos lo
178
r congrès de l’Union européenne des fédéralistes,
qui
se tint à Montreux en 1947, j’avais tenté de situer à grands traits c
179
is ramené, inévitablement, à son point de départ,
qui
est l’homme de notre Europe, redéfini dans les catégories concrètes d
180
l doit à son prochain — indissolubles. Cet homme
qui
vit dans la tension, le débat créateur, le dialogue permanent, c’est
181
ersonne. Voilà donc définis trois types humains,
qui
favorisent trois types différents de régimes politiques, et sont en r
182
ncore, pour compléter ce schéma trop rapide, mais
qui
me paraît indispensable, il ne faut pas penser que la personne soit u
183
oléra, elle représente la santé civique. Un homme
qui
boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui me
184
e la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et
qui
se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui
185
et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui
qui
meurt de soif et celui qui se noie. Et, de même, le fédéralisme ne na
186
mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui
qui
se noie. Et, de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dos
187
, en ce sens précis que les éléments antagonistes
qui
trouvent leur composition dans la personne sont homologues de ceux qu
188
position dans la personne sont homologues de ceux
qui
trouvent leur composition dans le fédéralisme : ici l’individu et la
189
e passe comme si les hommes d’État et les groupes
qui
les instituaient avaient constamment obéi à certains principes direct
190
on peut dégager après coup. On retiendra ici ceux
qui
paraissent les plus faciles à transposer dans l’actualité immédiate,
191
exe ; il n’unit pas, il unifie. Et les coalitions
qui
se forment contre lui ne survivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni s
192
ou la communauté d’États, ou le parti politique,
qui
agit comme catalyseur de volontés libres, comme maître de sagesse, ou
193
sagesse, ou comme inventeur, proposant une vision
qui
se trouve correspondre à la fois aux besoins réels d’une communauté e
194
d’une communauté en puissance, et à des solutions
qui
figurent l’optimum entre les maxima contradictoires de la liberté ind
195
s pour les minorités, destructeurs des diversités
qui
sont la condition de toute vie organique. Rappelons-nous toujours que
196
problème : mais c’est en supprimant les minorités
qui
le posaient. Il y a totalitarisme (au moins en germe) dans tout systè
197
; il y a fédéralisme partout où c’est la qualité
qui
prime. Par exemple : le totalitaire voit une injustice ou une erreur
198
it l’individualité qualitative des États membres,
qui
y délèguent le même nombre de représentants quelle que soit leur popu
199
Mais le jeu des minorités raciales et religieuses
qui
composent l’ensemble ne se manifeste guère au plan municipal. En Sui
200
, se verraient soumis aux mêmes lois et coutumes,
qui
ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes ; et qui les brimerait to
201
ne pourrait satisfaire aucun de ces groupes ; et
qui
les brimerait tous. L’attitude fédéraliste veut une maîtrise du diver
202
e de broyer mécaniquement toutes les couleurs, ce
qui
aboutit à une espèce de brun, celui des chemises brunes par exemple,
203
là toute la différence entre l’harmonie fédérale,
qui
est libre union dans la diversité, et l’unification totalitaire, cent
204
l’unification totalitaire, centraliste, jacobine,
qui
est réduction forcée à l’uniforme, — dans tous les sens du mot. Preno
205
mot. Prenons une autre image. Chacune des nations
qui
composent l’Europe y représente une fonction propre, irremplaçable, c
206
e simple question de tolérance, vertu négative et
qui
naît le plus souvent du scepticisme, mais plutôt de participation, ve
207
, mais plutôt de participation, vertu positive et
qui
naît d’une juste ambition. Chaque nation serait mise au défi de donne
208
omplexité, par contraste avec le simplisme brutal
qui
caractérise l’esprit totalitaire. Je dis bien l’amour, et non pas le
209
inistratifs, culturels, linguistiques, religieux,
qui
n’ont pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de cent manières
210
religieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et
qui
se recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois
211
sieurs de ses dimensions la personne même de ceux
qui
s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase
212
forcer ensuite leur exécution en écrasant tout ce
qui
résiste, ou simplement tout ce qui dépasse. Mais ce qu’on écrase ains
213
rasant tout ce qui résiste, ou simplement tout ce
qui
dépasse. Mais ce qu’on écrase ainsi, c’est la vitalité d’un peuple. U
214
tente économique, là c’est une parenté culturelle
qui
s’affirme. Ici, ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ou
215
Ici, ce sont deux églises de confessions voisines
qui
s’ouvrent l’une à l’autre, et là ce sont des professions qui s’organi
216
nt l’une à l’autre, et là ce sont des professions
qui
s’organisent. Et surtout, ce sont des personnes, des groupes, des éco
217
, ce sont des personnes, des groupes, des écoles,
qui
créent peu à peu des réseaux variés d’échanges européens. Rien de tou
218
ns. Rien de tout cela n’est inutile. Et tout cela
qui
paraît si dispersé, si peu efficace souvent, forme peu à peu des stru
219
sature et le système des vaisseaux sanguins de ce
qui
deviendra un jour le corps de l’Europe unie. Au-dessous et au-dessus
220
pourtant bien ce qu’avait tenté de faire la SDN,
qui
en est morte, et ce qu’a tenté à nouveau l’ONU, que cela empêche de v
221
mais peut être l’œuvre de groupes et de personnes
qui
ont pris l’initiative de se fédérer en dehors des gouvernements natio
222
de l’Europe à La Haye en 1948, et ses suites) et
qui
, par le détour de l’opinion publique et de groupes de pression économ
223
if issus des peuples et des groupes de tout ordre
qui
animent la vie publique. Septième principe. Une fédération ne se cré
224
qu’elles puissent exercer ensemble des fonctions
qui
dépassent les forces de chacune d’elle. Ni les menaces arabes puis mo
225
ne saurait trop insister sur ce double mouvement
qui
caractérise la pensée fédéraliste, sur cette interaction, cette diale
226
e dialectique, cette bipolarité, comme on voudra,
qui
est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier s
227
romands. En allemand, confédération se dit Bund,
qui
signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de centralisation. En
228
confédération se dit Bund, qui signifie union, et
qui
évoque avant tout l’idée de centralisation. En Suisse romande, au con
229
ralisation. En Suisse romande, au contraire, ceux
qui
se proclament « fédéralistes » sont en réalité les défenseurs jaloux
230
aler pour la Suisse. Nous aurons des fédéralistes
qui
ne penseront qu’à faire l’union et à la renforcer, et nous aurons des
231
x, quelque part à mi-chemin entre les buts visés,
qui
sont l’établissement de l’union générale et le respect des droits par
232
us les ordres, à chaque niveau, de cas en cas, ce
qui
doit être carrément centralisé pour bien fonctionner, et ce qui doit
233
carrément centralisé pour bien fonctionner, et ce
qui
doit rester pleinement autonome pour bien vivre. Deux cas extrêmes il
234
au principe de la méthode indiquée ci-dessus, et
qui
consiste à distinguer dans tous les domaines de la vie publique, au f
235
d’une méthode générale de travail et de création,
qui
rend compte du dynamisme particulier de notre civilisation : la libér
236
correspond une organisation de la zone conquise,
qui
, ainsi colonisée, permet soit de se lancer vers des aventures ou des
237
tée par les Européens pour les libérer du travail
qui
pouvait être fait par elle ; et s’ils ne savent mettre à profit les l
238
rsonnelles et sociales, c’est leur esprit d’abord
qui
en est le vrai responsable. Le mécanisme quel qu’il soit — de la mach
239
e ne perdrai pas de temps à rappeler les maladies
qui
la menacent en permanence. La tyrannie de l’État et de ses mécanismes
240
individualiste (ou impérialisme local) de groupes
qui
se veulent souverains, comme si le reste du monde n’existait pas : j’
241
de réalité et d’action, soit dans la vie privée (
qui
relève de la métaphysique), soit dans la vie du groupe ou de la cité
242
sique), soit dans la vie du groupe ou de la cité (
qui
relève de l’éthique), soit dans les relations intercollectives (qui r
243
hique), soit dans les relations intercollectives (
qui
relèvent de la politique). Moyens. Union (économie d’énergies) capa
244
té sans espoir aux praticiens de la vie politique
qui
se contentent des routines et recettes « réalistes » héritées du sièc
245
e à la paresse d’esprit d’une classe politicienne
qui
n’a pas su prévoir Hitler, et qui trouvait le Marché commun trop tech
246
se politicienne qui n’a pas su prévoir Hitler, et
qui
trouvait le Marché commun trop technique pour être sérieux. Philosoph
247
sophie de la personne et technique d’organisation
qui
la traduise. En bonne méthode personnaliste, c’est d’une vision des B
248
: car elle seule permettra d’éclairer les chemins
qui
peuvent y conduire. Nous allons essayer de la décrire à grands traits
249
e ses produits partout, sans taxes, et acheter ce
qui
se fait partout, au même prix et en francs européens. Ce marché commu
250
ces ouvertures plus vastes à l’esprit d’aventure,
qui
sera toujours le fait d’une minorité, n’empêchent nullement ceux qui
251
e fait d’une minorité, n’empêchent nullement ceux
qui
préfèrent la sécurité maternelle et la protection d’une partie limité
252
ne de ses communes. Tout citoyen d’un État membre
qui
s’établit sur le territoire administré par un autre État membre y bén
253
ote, et il y est éligible après un certain délai,
qui
varie selon qu’il s’agit d’emplois publics municipaux, régionaux, ou
254
s’exprime désormais par des décisions fédérales,
qui
traduisent la conscience et la volonté de la majorité des États et de
255
éfense, selon les plans de l’état-major européen,
qui
dépend du pouvoir fédéral. Moyens, ou institutions Les institut
256
ait atteinte au droit fondamental des communautés
qui
est, d’une part, d’être déchargées des tâches d’organisation (ou « mé
257
évolution vers des groupements de leurs régions,
qui
parfois nouent des liens assez étroits, par-delà les frontières étati
258
saurait s’expliquer qu’en fonction des problèmes
qui
se posaient au départ de la construction de l’Europe. Ouvrons donc en
259
e, on pourrait recourir à un précédent historique
qui
me paraît tout à fait indiqué en la matière : La Constitution fédéral
260
rale, et comme tels, ils exercent tous les droits
qui
ne sont pas délégués au pouvoir fédéral. Article 5. — La Confédérati
261
é unanime des peuples et des États confédérés. Ce
qui
est bien loin d’être le cas des souverainetés soi-disant « absolues »
262
is seulement par l’une des puissances extérieures
qui
ont la souveraineté atomique. Cette situation aussi dangereuse qu’hum
263
ps des grands empires, l’indépendance de décision
qui
échappe en fait à ses nations. b) Libération des dynamismes régio
264
e du continent et aux îles britanniques le régime
qui
est en train de s’instaurer entre les Six (effacement des frontières
265
fédérée de 1980. On y assiste à des regroupements
qui
ne tiennent plus compte des frontières nationales et modifient profon
266
ne constellation de foyers, ou de « métropoles »,
qui
ne sont plus définis par leur contour, mais par leur force de rayonne
267
e de complexes à la fois économiques et culturels
qui
ne recouvrent pas nécessairement les anciennes provinces ou régions,
268
ssairement les anciennes provinces ou régions, et
qui
chevauchent souvent les frontières « nationales » dessinées au xviiie
269
s’en déduisent sans autres difficultés que celles
qui
naissent d’une volonté fédéraliste de respecter autant que possible l
270
s États membres ni au-dehors, c’est la fédération
qui
assure la représentation diplomatique de l’Europe entière, pour toute
271
s et consulats chargés d’entretenir les relations
qui
ne sont pas du ressort fédéral. (Relations économiques et commerciale
272
des forces armées aux ordres du pouvoir fédéral,
qui
ne peuvent entrer en action qu’en cas d’attaque contre la fédération
273
de lier son sort à un État ou à un groupe d’États
qui
s’interdit comme elle tout recours à la guerre, elle reste neutre en
274
lure une alliance militaire avec aucune puissance
qui
maintiendrait son « droit » de recourir à la guerre. Dans le domaine
275
rge d’organiser et de subventionner les activités
qui
dépassent la capacité des États membres. Elle administre les douanes
276
e la compétence de l’Assemblée sont toutes celles
qui
relèvent expressément de la fédération : législation fédérale, garant
277
s de développement aussi différenciées que celles
qui
existent en Europe, ne saurait être gouverné que par un Collège où s’
278
ote de l’Assemblée (éventuellement au référendum)
qui
peut les rejeter ou les modifier, sans que le Conseil fédéral ou le m
279
olte concernant la fédération, et d’autres causes
qui
lui sont soumises par accord des parties, quand le litige atteint le
280
iège des autorités fédérales Les mêmes raisons
qui
veulent que la fédération soit gouvernée par un Collège, et non par u
281
en tant qu’État, à l’écart des luttes politiques
qui
se jouent à l’échelle du continent. Ces conditions idéales se trouven
282
ns les affaires fédérales européennes. La Suisse,
qui
n’inquiète personne, se trouve ainsi confirmée dans son statut tradit
283
Voici une liste, non exhaustive, des facteurs
qui
paraissent aujourd’hui susceptibles de jouer dans le sens d’une solut
284
rme de pensée politique spécifiquement européenne
qui
prend ses sources dans la théologie chrétienne et dans la philosophie
285
éralisme est une méthode d’organisation politique
qui
a fait ses preuves notamment en Suisse et aux États-Unis et qui est p
286
preuves notamment en Suisse et aux États-Unis et
qui
est pratiquée aujourd’hui dans les processus de décision des Communau
287
réorganisés de fond en comble au xxe siècle ; ce
qui
incline à penser que les réussites suisse et nord-américaine ont une
288
régression rapide, d’ailleurs. 3. Les catholiques
qui
prennent au sérieux les déclarations réitérées du Vatican, et les pro
289
arations réitérées du Vatican, et les protestants
qui
ont gardé vivante la tradition calvinienne, ne peuvent, en bonne doct
290
lles municipales et provinciales, et de tous ceux
qui
disent redouter « l’américanisation » de l’Europe ou sa « bolchevisat
291
taire à se replier sur des solutions praticables,
qui
se trouveront être fédéralistes par nécessité, sinon par choix délibé
292
der par deux séries de déductions inévitables, et
qui
sont au surplus convergentes. L’une a pour point de départ la définit
293
rcée par celle des Six ; pression du tiers-monde,
qui
exige l’aide de l’Europe et n’en oppose pas moins à son passé mal vu
294
ombre ; il leur arrive d’accuser de sabotage ceux
qui
demandent : « Quelle Europe voulez-vous ? Qu’on nous la montre ! » Ce
295
clairer le But est donc la première tâche de ceux
qui
veulent se mettre en marche. Inventer des chemins vers le But est la
296
raduit exactement l’incertitude des hommes d’État
qui
les emploient. Qui veut la fin veut les moyens, mais personne ne sau
297
incertitude des hommes d’État qui les emploient.
Qui
veut la fin veut les moyens, mais personne ne saurait vouloir une fin
298
distingue mal. Et c’est pourquoi, dans le domaine
qui
nous occupe, la prévision est une action. Bien voir le But, se concen
299
rd trop souvent n’a vu que ce qu’il cherchait, ce
qui
était dans mon esprit et non dans la réalité. Cet essai n’a donc d’au
300
rrigeant, complétant, cadrant mieux le sujet ; et
qui
dira, au terme de l’étude : voilà le But. Cette « relance européenne
301
revue L’Ordre nouveau (publiée de 1932 à 1937)
qui
s’inspirait de ces idées. 6. « The task before us, at this congress,
302
ance, et que la passion, elle, veut des obstacles
qui
rendent l’amour plus intense et plus conscient. Le mariage, en forman
303
autre naturellement), favorise cet amour-passion
qui
se dénoue alors dans l’adultère. Cette passion tant espérée, neuf foi
304
as ! L’amour-passion, cette conception de l’amour
qui
nous est si familière que nous nous figurons qu’elle a toujours exist
305
courtois chanté par les troubadours. Ce sont eux
qui
ont apporté le langage nécessaire aux aspirations de l’âme médiévale,
306
ge nécessaire aux aspirations de l’âme médiévale,
qui
leur ont permis de s’exprimer et de s’avouer au grand jour. Pour la p
307
ière fois, l’homme devient le servant de la femme
qui
est élevée au-dessus de lui, de la Dame. Pour la première fois, l’amo
308
t aussi la chasteté incompatible avec le mariage (
qui
n’est alors que l’union des corps et des biens). Pour la première foi
309
si une sorte de religion. Cet « amour courtois »
qui
contredisait si fort la conception du mariage et la condition de la f
310
hrétienne d’origine orientale, l’hérésie cathare,
qui
l’a fourni ; cette hérésie qui s’installe solidement dans les cours e
311
l’hérésie cathare, qui l’a fourni ; cette hérésie
qui
s’installe solidement dans les cours et les châteaux du Midi (Albi fu
312
pas de toutes relations érotiques, mais de celles
qui
sont procréatrices et qui auraient pour effet de faire tomber une âme
313
otiques, mais de celles qui sont procréatrices et
qui
auraient pour effet de faire tomber une âme de plus dans un corps vil
314
ncontre. Et c’est l’Europe catholique et nordique
qui
devait offrir les résistances les plus durables à l’épanouissement de
315
ment codifiées, la retenue imposée aux instincts,
qui
permet à l’attrait naturel de s’exalter, de devenir une passion. Et c
316
ne passion. Et c’est le roman de Tristan et Iseut
qui
restera le prototype éternel de l’amour-passion qui se nourrit d’obst
317
i restera le prototype éternel de l’amour-passion
qui
se nourrit d’obstacles qu’on lui oppose, qui les invente au besoin :
318
sion qui se nourrit d’obstacles qu’on lui oppose,
qui
les invente au besoin : Tristan aurait pu garder Iseut aux cheveux d’
319
s justifier : la morale chrétienne, l’orthodoxie,
qui
ne s’appuie plus sur une foi vivante, est devenue la « morale bourgeo
320
ombat et voici les « ruses » d’une passion débile
qui
cherche à s’entretenir : jalousie désirée, provoquée, favorisée, non
321
l’amour en soi… Et voici le rêve sournois du mari
qui
ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse (ou dans
322
’un autre). Cet amour-passion de Tristan et Iseut
qui
se dénouait dans la mort, se dénouera alors un jour ou l’autre dans l
323
n peut « décider » d’aimer et d’épouser n’importe
qui
? Non, il existe certaines chances de réussite qu’il serait stupide d
324
-là, ce n’est pas seulement de ne pas tromper (ce
qui
serait une preuve d’indigence et non d’amour). C’est vouloir le bien
325
ngoisse, c’est l’acceptation de l’autre : une vie
qui
m’est alliée pour toute la vie, qui veut mon bien autant que le sien
326
tre : une vie qui m’est alliée pour toute la vie,
qui
veut mon bien autant que le sien parce confondu avec le sien. Cette f
327
l’ennemie jurée du mariage mais c’est elle aussi
qui
le défie, l’anime, l’oblige à redevenir un choix vital et non pas une
328
et ennui ne recrée alors la soif de quelque chose
qui
soit au-delà de l’ordre et qu’il n’appelle alors un autre xiie siècl
329
n’appelle alors un autre xiie siècle de l’amour…
qui
sera peut-être le xxie siècle. g. Rougemont Denis de, « [Entretie
330
ccident (Collection 10/18), un livre passionnant
qui
étudie et qui explique pourquoi les hommes et les femmes ont tant de
331
ection 10/18), un livre passionnant qui étudie et
qui
explique pourquoi les hommes et les femmes ont tant de difficultés, a
332
fet, tout le mal vient d’un monstrueux contresens
qui
consiste à fonder le mariage sur la passion, son ennemie intime. Or,
333
importation”, non une fatalité. D’où vient-elle ?
Qui
l’a introduite en France ? Comment l’affronter ? Et enfin, comment ré
334
nt réussir son mariage, car rien n’est perdu pour
qui
veut comprendre ? Nous avons demandé à Denis de Rougemont de répondre
335
à Denis de Rougemont de répondre à ces questions
qui
sont dans le cœur de toutes les femmes. »
336
urs duquel nous lui avons posé quelques questions
qui
nous tenaient particulièrement à cœur. Lors de votre conférence : « L
337
s de ces petits livres ont été vendus en 1960, ce
qui
représente une moyenne d’un million par jour ! L’entretien a pris fin
338
s Waldstätten reçoivent les lettres d’immédiateté
qui
garantissent leurs « libertés » et les dégagent de la tutelle des gra
339
and-garde du col du Gothard ; et c’est l’empereur
qui
leur accorde ces franchises, dans les intérêts de l’Empire entier — d
340
pire d’Occident, l’idée d’union sans unification,
qui
deviendra l’idée fédéraliste. Lorsque plus tard les nations s’absolut
341
amitié, soit par des livres comme De l’Allemagne,
qui
rétablissent la circulation internationale des idées, malgré les jaco
342
émonie et de centralisme national, mais c’est lui
qui
rédige, pendant les Cent-Jours, le projet de fédération européenne13
343
. Et son fédéralisme européen préfigure le régime
qui
triomphera, en 1848, à l’échelle suisse : « La variété, c’est de l’or
344
liste, antiunitaire, authentiquement fédéraliste,
qui
lui paraît destiné à assurer un jour la paix en Europe. « Si cet idéa
345
éens voit le jour : l’Europa-Union ; et c’est lui
qui
convoque la première rencontre internationale au lendemain de la guer
346
rigeants d’Europa-Union, rédigent une déclaration
qui
va servir de base à la création de l’Union européenne des fédéraliste
347
de l’Union européenne des fédéralistes. Celle-ci,
qui
groupe rapidement une vingtaine de mouvements nationaux, et plus de 1
348
conduit à la convocation du Congrès de l’Europe,
qui
se tient à La Haye au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouvement
349
mai 1948. De La Haye naît le Mouvement européen,
qui
propose et obtient en neuf mois la création du Conseil de l’Europe. L
350
Genève et convoque aussitôt une grande conférence
qui
se tient à Lausanne, au mois de décembre 1949. De la conférence de La
351
. Et j’ai marqué la filiation — trop mal connue —
qui
va de Hertenstein au congrès de Montreux, du congrès de Montreux à ce
352
rope », et ce sont quelques Suisses entreprenants
qui
l’ont permis. Qu’a fait, pendant ce même temps, la Suisse légale ? Et
353
ticisme invétéré (ou faut-il dire traditionnel ?)
qui
tendait à paralyser non seulement toute initiative de la Suisse, mais
354
l’imagination et la faculté de prévision de ceux
qui
faisaient notre opinion. L’union de l’Europe s’avérait bel et bien ré
355
r fédéral serait amené à promulguer des décisions
qui
sont actuellement du ressort des cantons. Le droit d’établissement, l
356
ojets d’Europe unie « une politique d’unification
qui
vise à mêler les peuples d’Europe pour éliminer peu à peu les caracté
357
intérêts de l’Europe entière ». Or c’est l’union
qui
est aujourd’hui dans l’intérêt de tous les peuples de l’Europe. Si no
358
à l’édification de l’Europe unie. Sinon, l’Europe
qui
se fera sans elle, risque bien de se faire contre elle, — c’est-à-dir
359
utisant jusqu’à devenir tabou — traître est celui
qui
ose la discuter — a changé de nature et de finalité. Isolée de l’Hist
360
le conjoncture, les rêveries des experts fédéraux
qui
, sans oser prôner une autarcie plus impossible encore chez nous qu’ai
361
onnelle de la Suisse. Mais se fera-t-elle ? Voilà
qui
dépend de nous aussi. C’est à nous de faire valoir dans les conseils
362
i. C’est à nous de faire valoir dans les conseils
qui
élaborent l’Europe future les avantages de la formule fédéraliste. Pr
363
en Allemagne.) Mais ce n’est pas le Marché commun
qui
les amène. C’est l’expansion de l’industrie suisse, aux destinées de
364
nitivement interrompu pour ceux de la Mégalopolis
qui
menace de couvrir le Plateau, de Genève à Romanshorn, avant la fin du
365
édéralistes de tolérance calculée et d’empirisme,
qui
supposent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse
366
pas entraîner par une verve logique ou polémique
qui
risquerait de paraître peu réaliste, voire peu suisse. Mais je sens d
367
eux autres motifs à cette espèce d’embarras. Ceux
qui
se réclament très haut de nos traditions savent bien que chacun sait
368
re mieux ainsi. Mais notre peuple comprend mal ce
qui
est en jeu. Je ne suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux qui refus
369
. Je ne suis d’accord, pour ma part, ni avec ceux
qui
refusent l’Europe au nom de notre neutralité, ni avec ceux (beaucoup
370
té, ni avec ceux (beaucoup plus rares d’ailleurs)
qui
voudraient que la Suisse renonce sans condition à toute idée de neutr
371
nion européenne de type expressément fédéraliste,
qui
renoncerait à la guerre comme moyen politique. Une telle Europe repre
372
que. Une telle Europe reprendrait à son compte ce
qui
demeure valable et même indispensable dans la neutralité d’une fédéra
373
même mondiale en tant que Suisses, et comme État
qui
entend garder une raison d’être. Il s’agit de savoir et de dire ce qu
374
que l’Europe est en droit d’attendre d’une Suisse
qui
fait partie de sa communauté et qui en est bénéficiaire, et pas seule
375
d’une Suisse qui fait partie de sa communauté et
qui
en est bénéficiaire, et pas seulement ce que nous attendons et surtou
376
nitiatives pacifiques, je dis bien, dans l’esprit
qui
est devenu celui de la Suisse moderne, laquelle ne saurait croire à l
377
sse peut et doit opposer la solution fédéraliste,
qui
maintient les patries et l’union. Et cela non seulement parce que cet
378
our l’Europe. Or, si la Suisse ne la propose pas,
qui
le fera ? Notre fédéralisme est peu connu, ou très mal connu hors de
379
urquoi parler toujours de cette neutralité, vertu
qui
ennuie et pratique négative, quand nous avons à proposer une expérien
380
imidité ? L’histoire n’est pas faite par des gens
qui
défendent leur position, mais bien par ceux qui créent des positions
381
s qui défendent leur position, mais bien par ceux
qui
créent des positions nouvelles. Ce que l’Europe et le monde attendent
382
ue d’autres proposent, mais c’est un plan d’union
qui
nous convienne et auquel nous puissions adhérer « sans réserve et de
383
rs différences — et vraiment il n’en est pas deux
qui
se ressemblent : l’un catholique et l’autre protestant ; l’un qui est
384
nt : l’un catholique et l’autre protestant ; l’un
qui
est une ville moderne, l’autre une vallée des Alpes ; ici l’on parle
385
n’aurait pas duré longtemps ne sont pas de celles
qui
excitent au plus haut point l’esprit de risque et d’aventure créatric
386
nt l’esprit de risque et d’aventure créatrice, ni
qui
entretiennent le mieux ce climat passionné de polémiques et d’engouem
387
’essor d’une carrière prestigieuse ou d’une école
qui
impose un style. Le sens du compromis, la réserve prudente dans l’exp
388
re ces chiffres en relation avec l’indice Nobel —
qui
indique la proportion des prix décernés pour les sciences par million
389
illion d’habitants d’un pays, de 1901 à 1961 — et
qui
atteint le maximum de 2,62 pour la Suisse, l’indice du Danemark, deux
390
s nos cantons, est donc liée au vrai fédéralisme,
qui
n’est pas l’esprit de clocher, ni l’abandon à l’uniformité imposée pa
391
i-même, ou le devenir de mieux en mieux, voilà ce
qui
me paraît digne de retenir l’attention des visiteurs de la section «
392
rquoi certains des incidents de la vie militaire,
qui
n’étaient que routine aux yeux de mes instructeurs, m’apparurent tout
393
instructeurs, m’apparurent tout chargés d’un sens
qui
dépassait de beaucoup leur portée immédiate et l’intention du règleme
394
moment. Le colonel de P. cachait sous des manies,
qui
le faisaient passer pour un original, une véritable originalité d’all
395
ique dans les casernes, une indépendance d’esprit
qui
chez un officier plus jeune n’eût pas manqué d’être taxée d’insolence
396
ation scolaire, interrompant d’un geste bref ceux
qui
s’annonçaient encore pour répondre, il scanda : « L’énergie, c’est qu
397
dre, il scanda : « L’énergie, c’est quelque chose
qui
dort en chacun de vous et qu’il s’agit de réveiller. » Puis il sortit
398
pli quelque chose d’excessif, et fourni un effort
qui
dépassât de beaucoup le maximum que nous pensions pouvoir tirer de no
399
raignant. Nous étions préparés pour quelque chose
qui
nous paraissait à la fois démesuré, inévitable et sans raison. Tout c
400
ntes des Préalpes, puis nous longerions la vallée
qui
monte lentement jusqu’aux hôtels de la Lenk ; il nous faudrait franch
401
melle — détails infimes et insensibles au départ,
qui
se révèlent à longueur de marche, causant d’abord une légère irritati
402
des forces ordinairement insoupçonnées par celui
qui
se bornait à de courtes visées. Elles étaient là, ces forces, à porté
403
temps de marche devant lui, et certains objectifs
qui
, peut-être, parce qu’ils ne sont que vaguement entrevus, semblent alo
404
se préparent pour une course de fond et, c’est ce
qui
définit, biologiquement et moralement, l’état de jeunesse. Resteront
405
état de jeunesse. Resteront longtemps jeunes ceux
qui
gardent longtemps devant eux des buts grands et lointains. Et c’est p
406
-midi découpait chaque détail des parois orangées
qui
s’élevaient par degrés autour de nous, modelait largement les croupes
407
sorte de durée suspendue dans l’espace obscur, et
qui
n’était plus mesurée que par l’alourdissement des membres. Un vent fr
408
usses des canapés, dans des chambres glaciales et
qui
sentaient le camphre, nous nous sommes affalés, tout équipés. Un cama
409
six d’entre nous allèrent s’annoncer au colonel,
qui
buvait du café au restaurant. — « Je vous remercie, nous dit-il lente
410
e caisse très lourde, et elle est vide. Le savant
qui
poursuit une longue recherche apprend qu’un collègue a trouvé. Une na
411
erche apprend qu’un collègue a trouvé. Une nation
qui
a tendu ses forces vives vers la victoire, et qui l’atteint, voit s’o
412
qui a tendu ses forces vives vers la victoire, et
qui
l’atteint, voit s’ouvrir une paix marécageuse. Le mystique, aux appro
413
la Lenk, cette nuit-là, j’eus un accès de fièvre
qui
me tint éveillé jusqu’au matin. Les énergies alertées dans mon corps
414
ins entraîné, ou soudain délivré de la discipline
qui
m’attendait avec le jour, — c’était mon tour de commander la classe e
415
évité cette débâcle nerveuse que les Américains,
qui
en ont fait une catégorie courante, nomment un break-down. Si la prem
416
le monde réel où nous vivons, dans le temps bref
qui
nous est imparti, dans les limitations de toute nature confrontant l’
417
e la durée même de l’Histoire. Et malheur à celui
qui
n’est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui qui exige
418
prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui
qui
exigerait de réussir pour persévérer, après n’avoir entrepris qu’en e
419
que par ces roses un peu gris que je me rappelle,
qui
s’exagèrent sans doute dans mon souvenir visuel, ajoutés à des verts
420
reconnaît sans l’avoir jamais vu nulle part, mais
qui
ressemble absolument. L’informel a rejoint le style du rêve. Au-delà
421
e que j’en puis faire comme usager moyen et homme
qui
réfléchit sur cet usage dans notre civilisation. Disons, symboliqueme
422
er quelques grandes questions des plus naïves, et
qui
ne portent pas sur tel ou tel problème précis que se posent les techn
423
taines recherches plutôt que d’autres, recherches
qui
à leur tour devaient conduire à certaines découvertes plutôt qu’à d’a
424
couvertes plutôt qu’à d’autres, — chaîne continue
qui
va des grands conciles des ive et ve siècles, comme ceux de Nicée e
425
de Chalcédoine, jusqu’à la bombe atomique. Voilà
qui
peut surprendre, mais qui est en somme très simple : la religion prép
426
a bombe atomique. Voilà qui peut surprendre, mais
qui
est en somme très simple : la religion prépondérante de l’Europe se f
427
l’Incarnation, sinon Dieu lui-même, l’Esprit pur,
qui
choisit de se rendre connaissable dans un corps d’homme. Il en résult
428
là un programme grandiose d’action sur le cosmos,
qui
s’offre à l’homme en tant que spirituel, précisément. Programme grand
429
ent. Programme grandiose, pratiquement infini, ou
qui
ne finira qu’avec la fin des temps. Mais la croyance en un Dieu créat
430
e de l’attitude fondamentale, de l’option de base
qui
va rendre la science possible et qui va donner bonne conscience à la
431
tion de base qui va rendre la science possible et
qui
va donner bonne conscience à la recherche appliquée non plus à l’espr
432
cela que la Nature attend de l’homme, une action
qui
la maîtrise et la libère, et non pas une révérence dévotieuse et crai
433
, la religion judéo-chrétienne d’un Dieu incarné,
qui
appelle l’homme à la liberté dans sa condition concrète et non dans l
434
de véracité contrôlée et mesurée. Cette synthèse,
qui
est l’œuvre du Moyen Âge, dès le xiiie siècle, produit ses effets à
435
nds bien d’une science des corps et de la matière
qui
ne se veut pas seulement spéculative, mais transformatrice du réel. A
436
Et de fait, que ce soit la technique occidentale
qui
ait favorisé les guerres, ou l’inverse, ce que l’on observe à coup sû
437
sses permettent d’armer de petits corps de troupe
qui
ne dépendent pour leurs fournitures de guerre que des forgerons et de
438
ivement avec la première révolution industrielle,
qui
aboutit à la Materialschlacht de Verdun. La fin de la guerre de 14-18
439
is le point final de la Deuxième Guerre mondiale,
qui
fut une guerre motorisée, est posé par la bombe d’Hiroshima, début d’
440
technique, ou si ce n’est pas plutôt la technique
qui
a bénéficié des commandes militaires. Entre les deux guerres mondiale
441
une limite, une sorte de point mort de la guerre,
qui
permet à la paix de durer tant bien que mal, et c’est ce que l’on a b
442
ue les passions nationalistes ou idéologiques, et
qui
neutralise ou refoule ces passions — la peur, commencement de la sage
443
e bien moins sur une angoisse panique des peuples
qui
s’opposerait — on ne sait comment — à un conflit atomique, que sur un
444
n raisonnée, basée sur des informations précises,
qui
retient les gouvernants de peser sur le bouton rouge, crainte plus fo
445
e toute autre passion, conviction ou ambition, et
qui
de la sorte dévalorise les enjeux idéologiques et démystifie les pass
446
ous sommes trop près les uns des autres, et celui
qui
en lancerait une risquerait d’en recevoir dans l’heure suivante les r
447
t et de l’Ouest, malgré les conflits idéologiques
qui
semblaient devoir les opposer irréductiblement, quels ont été les eff
448
rituel et culturel que j’évoquais tout à l’heure,
qui
a mis en relation les divers continents et qui a révélé à leurs peupl
449
e, qui a mis en relation les divers continents et
qui
a révélé à leurs peuples l’existence d’autres civilisations, à certai
450
s, en tout cas plus prospères. C’est la technique
qui
a fait voir l’Occident aux peuples de l’Afrique, du monde arabe, de l
451
’assez rares exemplaires de colons et de soldats,
qui
n’avaient rien de bien attirant. Mais aujourd’hui, le cinéma leur fai
452
e. Ils prennent conscience d’une misère relative,
qui
autrefois leur paraissait normale ou en tout cas inévitable, dans l’i
453
t nos machines, mais ils ne voient pas, hélas, ce
qui
les a rendues possibles. Ils croient qu’ils pourraient acheter ces be
454
ux un accroissement démographique vertigineux, et
qui
dépasse de très loin l’accroissement de leurs ressources dans le même
455
ue peut faire l’Occident, pour éviter ce désastre
qui
serait bien pire que tout ce que nous faisait redouter la guerre froi
456
l’Occident puisse nourrir les milliards d’affamés
qui
se multiplient sans frein dans le tiers-monde. Les philanthropes qui
457
sans frein dans le tiers-monde. Les philanthropes
qui
nous adjurent de nous priver de notre superflu pour apaiser la faim d
458
andir la terre. Il faut donc que notre technique,
qui
a créé sans le vouloir ce problème gigantesque, branché sur des passi
459
: et cela suppose un effort immédiat d’éducation
qui
permettra seul au tiers-monde de freiner l’accroissement de sa popula
460
moyens de faire la guerre, mais ce n’est pas elle
qui
cause les guerres, ce sont au contraire les passions, qui utilisent l
461
e les guerres, ce sont au contraire les passions,
qui
utilisent la technique comme instrument. C’est l’explosion des nation
462
ment. C’est l’explosion des nationalismes en 1914
qui
a déclenché la Première Guerre mondiale, et non pas la mitrailleuse,
463
et non pas la mitrailleuse, ou ces avions biplans
qui
volaient tout juste assez vite pour ne pas tomber. (« Vole aussi bas
464
ie, mais restaient ignorés par les gouvernements,
qui
a déclenché la Deuxième Guerre mondiale, mais au contraire, c’est sa
465
re, c’est sa réalisation par Fermi et Oppenheimer
qui
a mis fin à cette guerre le 5 août 1945, à Hiroshima. Voilà donc la t
466
s si elle bénéficie des guerres, c’est elle aussi
qui
leur met fin, et aujourd’hui les freine ou même les bloque. III
467
e-ci ne peut naître qu’à la faveur d’un équilibre
qui
ne soit pas celui de la terreur, mais des diverses facultés humaines
468
istes, serait-elle un facteur de déshumanisation,
qui
ne substituerait aux explosions belliqueuses qu’une sorte d’implosion
469
ou non l’équilibre entre les différentes cultures
qui
se partagent aujourd’hui la planète, je viens de vous donner une répo
470
éographique et à la vision instantanée de tout ce
qui
arrive d’important sur la terre. Déjà nous vivons dans un cadre plus
471
-ils des monstres, pâles victimes d’une technique
qui
les enferme dans un milieu de brique et de ciment, d’air pollué et de
472
pendant l’été. Et je mets en fait que la jeunesse
qui
ne parle, dit-on, que de marques d’autos, connaît mieux les forêts, l
473
égions de l’Europe que ses ancêtres en redingote,
qui
ne parlaient que de politique. Un peu de technique industrielle rudim
474
in usines de verre entourées d’arbres, automation
qui
libère l’ouvrier, loisirs accrus, intimité nouvelle avec une nature m
475
fin de compte sur une illusion enfantine : celle
qui
consiste à battre la table à laquelle on s’est heurté. La technique n
476
’est pas une puissance indépendante de l’homme et
qui
pourrait se tourner subitement contre lui. La technique n’est pas mat
477
sée spatiale, n’est pas l’histoire de « besoins »
qui
auraient existé avant elles, c’est plutôt l’histoire de nos rêves. L’
478
ale, et plus près de nous, les grandes inventions
qui
ont modifié nos vies — je ne parle pas de nos gadgets — ne sont pas n
479
it avant elles, mais c’est généralement l’inverse
qui
s’est produit. Personne n’avait besoin d’autos quand il n’y en avait
480
me il l’appelait, c’est-à-dire un véhicule rapide
qui
ne fût pas astreint à suivre la loi rigide des « voies ferrées » et s
481
xtrême simplicité. La technique est un instrument
qui
ne saurait être, en soi, mauvais ou bon. Tantôt révérée comme instanc
482
r trancher en dernier ressort de grands problèmes
qui
appelleraient en réalité des décisions politiques ou morales, tantôt
483
onfort, il n’est peut-être pas d’activité humaine
qui
paraisse moins métaphysique en soi que la technique. Mais en même tem
484
la technique. Mais en même temps, il n’en est pas
qui
nous contraigne davantage, et avec une urgence plus dramatique, dans
485
erroger sur le meilleur usage des pouvoirs inouïs
qui
sont devenus les nôtres. Ainsi, qu’on le veuille ou non, c’est la tec
486
n le veuille ou non, c’est la technique elle-même
qui
nous oblige à reconsidérer d’une manière tout à fait concrète la ques
487
iré. Il ne retient que certaines apparences, mais
qui
suffisent à remplir les hôtels. Pourtant la Suisse est autre chose, q
488
ces, pour ne rien dire de cette galaxie de génies
qui
va de Paracelse à C. G. Jung, en passant par Euler, les Bernouilli, R
489
é à l’utopie, et de la patrie d’un Guillaume Tell
qui
n’exista jamais que dans le mythe à une Europe fédérée qui par malheu
490
sta jamais que dans le mythe à une Europe fédérée
qui
par malheur n’existe encore que dans l’espoir. Entre les deux, où est
491
51 % plutôt heureux, et 6 % pas très heureux, ce
qui
ne laisse guère de place qu’à 1 % de révoltés ou de désespérés. Ce ph
492
re tous les seigneurs locaux, dont les Habsbourg,
qui
essayaient d’en prendre le contrôle. Et c’est pourquoi le grand emper
493
aux communes du Gothard l’immédiateté impériale,
qui
signifiait le droit de se régir à leur manière, sans dépendre des com
494
cette première alliance — un traité en due forme
qui
ne fut certes pas rédigé par des pâtres, puisqu’il était en beau lati
495
e transitoire. Vingt-deux États « souverains » et
qui
le demeurent aux termes de la constitution, mettaient en commun certa
496
nce et la tradition familiale, fils de la Réforme
qui
est un phénomène occidental au sens le plus large du terme, Suisse pa
497
n Reich, ein Führer, devises de ces nationalismes
qui
ont risqué de faire de l’Europe au xx e siècle un fouillis d’autarcie
498
’helvétique. Et je ne vois pas de raison sérieuse
qui
empêcherait qu’on l’applique à l’échelle continentale. On me dira : l
499
que ou l’Irlande, le rapport est analogue à celui
qui
existe entre les cantons de Zurich et de Zoug ou de Glaris. Et je me
500
de Zoug ou de Glaris. Et je me dis qu’un système
qui
peut harmoniser les relations entre des cantons inégaux à tant d’égar
501
vous verrez que tout y correspond à quelque chose
qui
pourrait très bien être l’avenir commun de nos nations. Et quand vous
502
adeur d’Espagne à Paris », me dit Robert de Traz,
qui
m’avait amené sur la scène où une centaine de « personnalités » avaie
503
iatribe contre les écoles publiques obligatoires,
qui
font perdre tout son génie au petit vendeur d’oranges du port de Vale
504
’instruction devrait être réservé à ceux-là seuls
qui
prouveraient qu’ils ne peuvent pas vivre sans elle. Pour les autres,
505
nsacrées à la préparation du Congrès de l’Europe (
qui
allait se tenir à La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait à qui off
506
nir à La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait à
qui
offrir la présidence de la section culturelle dont j’étais le rapport
507
de la Sacred Giraffe. Pour présider à une affaire
qui
mettait en jeu des composantes aussi désespérément hétérogènes que la
508
er chacun une position absolument particulière et
qui
leur méritait un traitement tout à fait exceptionnel, il ne fallait n
509
diplomate doublé d’un militant, un historien mais
qui
ait été mêlé à la vie politique, un idéaliste non exempt de cynisme p
510
tout chez lui mais toujours exilé, bref quelqu’un
qui
eût un peu le sens du paradoxe… Je me bornai à faire état de ses titr
511
vite : « Je vous consacrerai volontiers un temps
qui
, à vrai dire, me manque. » Le congrès de La Haye, qui est l’origine d
512
à vrai dire, me manque. » Le congrès de La Haye,
qui
est l’origine de tout — comme chacun sait ou va le savoir — on prépar
513
— fut l’occasion pour notre ami de voler au temps
qui
se dérobait (ou si l’on veut : de dérober au vol du temps) quelques p
514
veut : de dérober au vol du temps) quelques pages
qui
ne vieilliront plus sur l’Europe des paysages, des fleuves, des ville
515
, Don Salvador se vit contraint de créer ce temps
qui
lui manquait pour présider congrès et comités en chaîne. Ce qu’il fit
516
étiquette « progressiste ». Il a le sens du trait
qui
porte et qui assure le succès durable d’un discours même de pure circ
517
rogressiste ». Il a le sens du trait qui porte et
qui
assure le succès durable d’un discours même de pure circonstance. Sa
518
compteront moins, finalement, aux yeux du « dieu
qui
voit très loin » (Zeus europos dans l’Odyssée) que l’innombrable succ
519
de l’Europe, cause commune s’il en fût, un temps
qui
du même coup devait manquer à ce qu’on nomme leur œuvre personnelle,
520
libéral, toujours prêt à discuter avec n’importe
qui
, je peux discuter avec mon plus grand adversaire, mais je ne peux pas
521
e polémique ne se laissaient pas oublier, mais ce
qui
désormais donnait autorité à la pensée de Madariaga, ce n’était pas l
522
tinuité historique, et il inaugurait la stratégie
qui
serait vingt ans plus tard celle de Jean Monnet. En septembre 1930, l
523
. C’est Aristide Briand convaincu par Coudenhove,
qui
a lancé le projet dans son discours du 5 septembre de l’année précéde
524
laborateur du président du Conseil, Alexis Léger,
qui
a rédigé ce document historique, préfiguration parfois fort précise n
525
omiste, mais à un grand poète, Saint-John Perse —
qui
sera prix Nobel — pseudonyme d’Alexis Léger.) Pour la première fois d
526
négatives et le nationalisme plus ou moins avoué
qui
les inspire : les nazis vont apprendre au monde ce que veut dire le m
527
nt les nombreux groupes de fédéralistes européens
qui
dès la guerre finie vont se réunir avec des politiciens et des économ
528
e de la rapide dégradation de l’idéal fédéraliste
qui
avait animé la Résistance et la période des congrès. Un petit signe l
529
ique) entre six pays seulement sur les vingt-cinq
qui
composent l’Europe. Cette « Europe » partiellement sectorielle (tarif
530
r que le problème de l’union ou de la fédération,
qui
est essentiellement politique, n’est pas encore abordé par les Six, e
531
ys (ou bien celle d’équilibre des « Puissances »)
qui
était la seule sérieuse pour leurs grands-pères. C’est tout ce qu’on
532
selon nos analystes, professeurs et commentateurs
qui
tiennent encore la politique pour l’art du possible — quand elle est
533
e une explication tellement simple que c’est elle
qui
va choquer. Je suis parvenu à la conviction que les hommes d’État les
534
ème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce
qui
est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je
535
inimum de 2 millions et maximum de 6 millions. Ce
qui
donnerait, par exemple, huit à neuf régions pour la France, une dizai
536
y a quelques années, je fus invité à un colloque
qui
allait se tenir à Aix-en-Provence sur le thème suivant : création d’u
537
l’on coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle
qui
est d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’à la surface
538
elon leur voisinage, selon les réalités nouvelles
qui
les auront formées, par-dessus les anciennes frontières nationales dé
539
ement des souhaits des organisateurs du colloque,
qui
connaissaient les besoins de leur région, mais de tout un mouvement d
540
s préoccupations des sociologues et chez les Six,
qui
dès 1961 réunissaient à Bruxelles un important groupe de travail sur
541
poser aux empires centralistes et monopolisateurs
qui
prétendent aujourd’hui se partager le monde. Chacun de nos États-nati
542
s encore qu’à l’aube de la formation des régions,
qui
seront les éléments de l’Europe à venir, mais déjà nous touchons au c
543
au crépuscule de la période des États-nations. Ce
qui
empêche la plupart des hommes d’aujourd’hui de le voir, ou d’en croir
544
ions culturelles, professionnelles et régionales,
qui
nouent leurs liens concrets en dépit des nations. Presque tout ce qui
545
ns concrets en dépit des nations. Presque tout ce
qui
coopère, se fédère ou s’unit en Europe, qu’il s’agisse de savants, de
546
usqu’au souvenir des autonomies régionales, voilà
qui
nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Eu
547
que ne peuvent encore l’imaginer les politiciens
qui
se croient réalistes — parce qu’ils sont en retard d’une génération s
548
isme européen ? Cercle vicieux pour ceux-là seuls
qui
ne demandent qu’à croire qu’ils y sont enfermés. Au-delà des impasses
549
ésir d’être citoyen pousse à construire la ville,
qui
à son tour formera des traditions civiques, et le besoin d’en changer
550
jorité sera suscitée et conduite par une minorité
qui
ne voudra pas forcer mais convaincre. C’est dire qu’on ne fera pas l’
551
l’Europe sans faire des Européens. Mais ceux-ci,
qui
les fera, sinon l’éducation ? Or il faut bien avouer que jusqu’ici, l
552
ne fait pas le contraire. L’éducation du citoyen
qui
se pratique dans les écoles de nos pays est, aux dires de ses respons
553
ut, on ne dit rien des problèmes vivants et réels
qui
se posent à la cité et à l’État, et que le citoyen devra trancher qua
554
ique national une heure d’ennui civique européen,
qui
aurait le défaut supplémentaire de parler d’une communauté encore ine
555
rentiels, des philanthropes, managers et trustees
qui
suggèrent des échanges de cartes postales, de sourires officiels, de
556
de communauté et les facteurs de différenciation
qui
font de l’Europe dans l’histoire une unité caractérisée par sa divers
557
ient d’écarter résolument la solution de facilité
qui
consisterait à préconiser l’utilisation d’une heure hebdomadaire de «
558
e. Les programmes sont déjà trop chargés. L’ennui
qui
s’attache à l’instruction civique nationale contaminerait très vite s
559
nauté européenne, et cela, à la faveur d’exemples
qui
ne peuvent manquer de se présenter dans chaque leçon d’histoire, de g
560
« Petit livre rouge » posera toutes les questions
qui
résultent de l’examen objectif de la situation, et nous sommes bien c
561
il fera voir que l’Europe serait détruite par ce
qui
tue l’esprit critique, déprime le goût de la liberté, étouffe le cri
562
le cri de la justice, plus sûrement que par ceux
qui
attaquent notre culture démocratique au nom des idéaux qu’elle seule
563
e des 14 Suisses — de passeport ou de naissance —
qui
ont reçu le prix Nobel, depuis 1901, date où il fut créé. Il y a 6 ch
564
ù il fut créé. Il y a 6 chercheurs nés Suisses et
qui
le sont restés, et 5 non Suisses de naissance, mais naturalisés et qu
565
t 5 non Suisses de naissance, mais naturalisés et
qui
ont reçu le prix une fois devenus suisses et après des travaux poursu
566
le prix Nobel, deux chercheurs, peut-être trois,
qui
étaient nés suisses. Je ne suis pas tout à fait sûr de Charles Édouar
567
le plus exactement — s’appelaient Thomas d’Aquin,
qui
était napolitain, Bonaventure, qui venait de Pise, Roger Bacon, qui é
568
homas d’Aquin, qui était napolitain, Bonaventure,
qui
venait de Pise, Roger Bacon, qui était anglais, Siger de Brabant, qui
569
in, Bonaventure, qui venait de Pise, Roger Bacon,
qui
était anglais, Siger de Brabant, qui était brabançon, et Albert le Gr
570
Roger Bacon, qui était anglais, Siger de Brabant,
qui
était brabançon, et Albert le Grand, qui était souabe. Maintenant, po
571
Brabant, qui était brabançon, et Albert le Grand,
qui
était souabe. Maintenant, pour nous en tenir aux exemples suisses, qu
572
est-elle faite ? D’abord par la conquête romaine,
qui
nous a apporté une civilisation dont nous n’avions pas la moindre idé
573
de de cerveaux irlandais : c’est Colomban et Gall
qui
ont apporté le christianisme en Suisse. Ensuite, il y a eu un exode d
574
xode de cerveaux picards, sous la forme de Calvin
qui
a apporté la Réforme et qui a fait Genève. À peu près en même temps,
575
us la forme de Calvin qui a apporté la Réforme et
qui
a fait Genève. À peu près en même temps, il y eut Érasme, Hollandais
576
temps, il y eut Érasme, Hollandais exilé à Bâle,
qui
a fait l’humanisme et qui a fait Bâle. Beaucoup plus près de nous, on
577
ollandais exilé à Bâle, qui a fait l’humanisme et
qui
a fait Bâle. Beaucoup plus près de nous, on peut citer Nietzsche, qui
578
ucoup plus près de nous, on peut citer Nietzsche,
qui
a été professeur à Bâle lui aussi et qui a beaucoup vécu en Suisse, e
579
etzsche, qui a été professeur à Bâle lui aussi et
qui
a beaucoup vécu en Suisse, en Engadine. On peut citer Stravinsky, qui
580
en Suisse, en Engadine. On peut citer Stravinsky,
qui
a créé en Suisse la meilleure œuvre musicale « de chez nous », L’Hist
581
les prix Nobel que je vous disais tout à l’heure,
qui
sont venus de l’étranger. On pourrait allonger facilement cette liste
582
de milliers, les centaines de milliers de Suisses
qui
ont été dans les armées étrangères, il y eut des centaines de générau
583
es étrangères, il y eut des centaines de généraux
qui
avaient un peu de cervelle, quelquefois ; et il y avait même des amir
584
e, entre les deux guerres, était l’amiral Eberlé,
qui
venait tout droit de Suisse allemande. Dans le domaine des mathématiq
585
s en Russie, dans les Pays-Bas. Ensuite, Agassiz,
qui
était un savant neuchâtelois, a fondé les sciences naturelles aux Éta
586
se. Tous les grands architectes de la Renaissance
qui
ont fait la Rome baroque étaient tessinois. Les Borromini, Maderno, F
587
e grande tradition d’architectes suisses exportés
qui
a abouti à Le Corbusier, plus près de nous. Parmi les ingénieurs, vou
588
vous avez des hommes comme Chevrolet par exemple,
qui
, ne pouvant pas faire de voitures en Suisse, a été les faire en Améri
589
eur Ammann a été faire des ponts, aux États-Unis,
qui
sont les plus grands du monde. Et on pourrait multiplier ces exemples
590
à quel moment ce que j’appelle des échanges — et
qui
est la santé même — devient un exode qu’il faudrait déplorer ou arrêt
591
tivités en jeu, et les dimensions des communautés
qui
peuvent les prendre en charge. Étant donné la nature, les conditions
592
certaine activité, quel est le type de communauté
qui
lui correspond le mieux par ses moyens et par ses dimensions ? Voilà
593
proposer, c’est celui que j’appelle fédéraliste,
qui
consiste à répartir les tâches d’après leur nature et d’après les gra
594
deurs, les dimensions, les moyens des communautés
qui
peuvent s’en occuper. Autrement dit, du point de vue fédéraliste, on
595
a le droit de se plaindre d’un exode de ses fils
qui
vont exercer leur activité ailleurs. Prenez un village suisse quelcon
596
iversité. Mais prenez maintenant cette université
qui
est bien à la taille du canton (l’activité et la communauté étant de
597
iginaire d’un petit village de l’Oberland bernois
qui
s’appelle Sigriswil. Si Blaise Cendrars n’était pas parti à 17 ans po
598
pas parti à 17 ans pour le vaste monde, qu’est-ce
qui
se serait passé ? Croyez-vous que La Chaux-de-Fonds se serait plainte
599
itz Sauser. Mais il est parti dans le vaste monde
qui
en a fait Blaise Cendrars, puis il est allé à Paris qui en a fait un
600
a fait Blaise Cendrars, puis il est allé à Paris
qui
en a fait un grand écrivain et c’est seulement quand nous avons su qu
601
and nous avons su qu’il y avait un grand écrivain
qui
s’appelait Blaise Cendrars que nous avons découvert qu’il était suiss
602
qu’il était suisse ! De même l’ingénieur Ammann,
qui
a fait ces immenses ponts, le Washington Bridge à New York, qui a plu
603
immenses ponts, le Washington Bridge à New York,
qui
a plus d’un kilomètre, et le Golden Gate à San Francisco qui a 2750 m
604
d’un kilomètre, et le Golden Gate à San Francisco
qui
a 2750 mètres de long : qu’eût-il fait, ce malheureux, s’il était res
605
quarante ans. Et puis, il y a un cas particulier,
qui
a déjà été évoqué tout à l’heure par M. Renold. C’est celui du CERN.
606
aire. C’est un message du Prince Louis de Broglie
qui
a formulé cette idée, que nous avons fait aboutir ensuite, via l’Unes
607
our la communauté continentale, vu les finalités (
qui
n’étaient pas toutes de recherche pure) qu’il y avait dans la science
608
es moyens la création d’une fédération européenne
qui
permettra de multiplier les organismes dont le CERN est le prototype.
609
dont le CERN est le prototype. Quant aux Suisses
qui
vont à l’Unesco ou dans d’autres organismes de l’ONU, on ne peut pas
610
éthodique d’organisation, comme disait M. Renold,
qui
permet de fixer les différents niveaux de communautés qui doivent pre
611
et de fixer les différents niveaux de communautés
qui
doivent prendre en charge telle ou telle activité. M. Nordmann : J’a
612
rdmann : J’aimerais faire remarquer que, entre ce
qui
a été dit sur une politique d’option, et ce qui vient d’être dit sur
613
e qui a été dit sur une politique d’option, et ce
qui
vient d’être dit sur une politique de dimension, il est facile de ret
614
uver des éléments d’unité. Ce sont là des notions
qui
se recouvrent. Avant de passer à la discussion générale, je voudrais
615
nctionne un manque d’organisation ou de structure
qui
incite les chercheurs à aller ailleurs ? M. de Rougemont : Votre ques
616
contre toute mesure négative, contre tout barrage
qui
consisterait à empêcher les gens de s’en aller, ou bien qui consister
617
terait à empêcher les gens de s’en aller, ou bien
qui
consisterait à les racheter un peu plus cher que ce que le concurrent
618
éveloppant des pôles et des climats intellectuels
qui
attirent. Ce n’est pas uniquement une question financière. Naturellem
619
ut inadéquate — ces ressources et les subventions
qui
doivent y être attachées sur tout le territoire de la Confédération.
620
je puis proposer ici, ce sont quelques conditions
qui
me paraissent requises pour qu’il y ait une vie intellectuelle, un cl
621
, et s’il trouve un bon orchestre, un bon quatuor
qui
joue de la musique moderne, cela pourra peut-être le retenir ici. La
622
ni même par Sartre. Contestation, c’est un terme
qui
est lié à l’Université depuis sa création, au xiie siècle. Voilà une
623
xemple, c’était la méthode introduite par Abélard
qui
s’appelait le « sic et non », le oui et le non. La discussion dans le
624
ement techniques ou de grammaire. La grande lutte
qui
a opposé Siger de Brabant et saint Thomas d’Aquin était une lutte con
625
engagée si vous voulez, pour prendre un autre mot
qui
a été à la mode lui aussi. Ces notions-là ont repris une vie très int
626
de la hiérarchie de ses options. Une contestation
qui
ne se fasse pas — ce sera mon dernier mot — en dehors de l’Université
627
use absolument que ce soit simplement l’industrie
qui
les fixe. […] M. de Rougemont : Je voudrais répondre quelques mots
628
e voudrais répondre quelques mots très brefs à ce
qui
m’a été dit autour de cette table. Tout d’abord, M. Renold. Je crois
629
n certain sens de la vie, une certaine saveur, ce
qui
fait que, moi, je suis rentré en Europe, par exemple. Ce n’est pas du
630
e bonne description, adressez-vous aux Américains
qui
disent qu’ils voudraient vivre en Europe. Ils vous expliqueront cela
631
t à l’heure : Je n’ai pas vu de génies américains
qui
viennent en Europe en échange de nos Félix Bloch, Agassiz, Ammann et
632
eaucoup plus collectif, par team, c’est un effort
qui
est porté sur la préparation du terrain. D’ailleurs, nous ne pouvons
633
e d’un exode, quand — je me répète — les échanges
qui
sont normaux et bénéfiques, tendent à devenir un exode qui est une pe
634
normaux et bénéfiques, tendent à devenir un exode
qui
est une perte, qui est défavorable. Cette méthode peut être discutée
635
es, tendent à devenir un exode qui est une perte,
qui
est défavorable. Cette méthode peut être discutée ; il s’agit surtout
636
ste rien du tout. Mais je vous signale le danger,
qui
serait un danger un peu américain, qu’il y aurait à isoler complèteme
637
nous devons au monde, et notamment aux Américains
qui
nous le demandent. La culture, c’est un tout, c’est un ensemble dont
638
n Churchill appelait la création de quelque chose
qui
, disait-il, « s’appellerait — peut-être — les États-Unis d’Europe » e
639
pouvait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe
qui
se fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes, co
640
véritablement importante de notre temps.26 Mais
qui
ne voit que ceci s’oppose à cela, dramatiquement, — que cette « réali
641
cle » que serait la nation, est précisément celle
qui
fait obstacle à cette « seule chose véritablement importante de notre
642
chose véritablement importante de notre temps » ?
Qui
ne voit que si l’Europe qu’appelait Winston Churchill n’est pas faite
643
delà des nations, partout ressenti et déclaré, et
qui
a donné naissance au Marché commun notamment, enfin par l’existence d
644
e stade de crise finale d’une forme d’association
qui
a dominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais qui ne pourrait que
645
a dominé et animé l’Europe du xixe siècle, mais
qui
ne pourrait que tuer l’Europe du xxe siècle si elle n’est pas surmon
646
c’est que les hommes et les femmes d’aujourd’hui
qui
ont passé par l’école et croient savoir l’histoire s’imaginent qu’il
647
d’où viennent la nation, l’État, et l’État-nation
qui
est né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la pr
648
rne. Il faudrait rappeler qu’après la préhistoire
qui
ne connaissait que les tribus et leurs clans, l’histoire commence ave
649
e Roy de France est empereur en son royaume », ce
qui
veut dire que le chef de l’État d’un domaine de moyenne grandeur cent
650
ces de l’Italie, de l’Europe de l’Est et du Nord,
qui
dès lors se déclarent eux aussi « souverains absolus », superiorem in
651
s selon la formule du xive siècle. Ce spectacle,
qui
est celui de la naissance des nations, remplit d’effroi les sages de
652
s son traité de La Monarchie, appel désespéré, et
qui
restera vain, à l’Empire condamné et bafoué. Les cinq siècles suivant
653
s l’idée fatale de la souveraineté absolue — idée
qui
est à peine supportable quand un prince l’incarne, s’il n’est pas un
654
ncarne, s’il n’est pas un génie ou un saint, mais
qui
devient proprement révoltante — et par ailleurs massivement meurtrièr
655
urs massivement meurtrière — quand c’est un parti
qui
s’en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins et des
656
tion de l’idéal national par l’appareil étatique,
qui
est l’œuvre de Napoléon, la nationalisation de l’État royal et l’état
657
tisation de la nation révolutionnaire, c’est cela
qui
va créer dans la première décennie du xixe siècle le modèle de l’Éta
658
ésultat d’une volonté abstraite, peut-être folle,
qui
entend faire coïncider à tout prix dans les mêmes limites imposées du
659
on est devenu sacré, intangible dans nos esprits,
qui
résistent à l’idée qu’il pourrait n’être après tout qu’une forme tran
660
mais de ceux des autres27. C’est donc une partie
qui
se veut aussi grande que le tout. L’État-nation moderne, unitaire et
661
ir politiquement au niveau des empires véritables
qui
dominent notre monde, et surtout pour résister à la satellisation pol
662
és humaines, et cela, c’est la plus grave maladie
qui
puisse miner un corps politique. Telle étant la crise présente de l’É
663
r souveraineté absolue au profit d’une fédération
qui
les protège. C’est ce second parti qu’ont adopté en 1848 nos vingt-ci
664
ns leur nature même, quelque chose de constitutif
qui
les retient de s’unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant
665
lue, donc d’indépendance totale, donc d’autarcie,
qui
est son ambition proprement impériale. C’est donc par définition et p
666
à une indépendance de moins en moins croyable, et
qui
se borne en fait à la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépe
667
; et c’est ensuite trouver les éléments nouveaux
qui
rendraient l’union praticable. Parlant de la mise en place progressiv
668
, Louis Armand formulait récemment une règle d’or
qui
trouve ici son application majeure : Développons en commun ce qui e
669
application majeure : Développons en commun ce
qui
est neuf. Laissons de côté les héritages du passé dont l’unification
670
ème se révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce
qui
est destiné à devenir demain la vraie réalité de notre société, et je
671
un à deux millions et maximum de six millions. Ce
qui
donnerait, par exemple, neuf régions pour la France, une dizaine pour
672
y a quelques années, je fus invité à un colloque
qui
allait se tenir à Aix-en-Provence sur le thème suivant : création d’u
673
l’on coupait en deux le bassin de la Ruhr-Moselle
qui
est d’un seul tenant quant au sous-sol, sous prétexte qu’à la surface
674
elon leur voisinage, selon les réalités nouvelles
qui
les auront formées, par-dessus les anciennes frontières nationales dé
675
ement des souhaits des organisateurs du colloque,
qui
connaissaient les besoins de leur région, mais de tout un mouvement d
676
préoccupations des sociologues, et chez les Six,
qui
dès 1961 réunissaient à Bruxelles un important colloque sur ce problè
677
lace d’exécutifs régionaux, — toutes propositions
qui
étaient proprement impensables pour un esprit français il y a dix ou
678
fs, législatifs et judiciaires comparables à ceux
qui
existent, par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les États rég
679
es nécessités, appelant des réformes de structure
qui
, de proche en proche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités qui
680
roche, mèneront très loin… Ce sont ces nécessités
qui
expliquent que le Marché commun ait cru devoir convoquer le très impo
681
de la France, de l’Italie, ou même de l’Allemagne
qui
a obligé les gouvernements de ces pays à étudier très sérieusement le
682
iques plurinationales. Prenez la région lilloise,
qui
touche la Belgique. Vue de Paris, Lille est une gare terminus, et Rou
683
mun de demain, tout change : effacée la frontière
qui
depuis cent-cinquante ans coupait la région de son aire d’expansion n
684
usqu’au souvenir des autonomies régionales, voilà
qui
nous donne à penser que la révolution régionaliste, condition de l’Eu
685
aux vrais empires centralistes et monopolisateurs
qui
prétendent aujourd’hui se partager le monde. Nous n’en sommes encore
686
au crépuscule de la période des États-nations. Ce
qui
empêche la plupart des hommes d’aujourd’hui de le voir, ou d’en croir
687
suscite dans l’espace des formes de polarisation
qui
naissent de relations d’interdépendance et de complémentarité géograp
688
e part de subjectivité dans l’appréciation. En ce
qui
concerne l’emplacement exact des limites, une certaine indéterminatio
689
de nous faire sortir de l’ère néolithique, celle
qui
a été marquée par la fixation des tribus nomades sur des territoires
690
ribus nomades sur des territoires cultivés, celle
qui
a donc été dominée pendant douze à quinze millénaires par les notions
691
les réalités et les valeurs de la paysannerie, —
qui
brusquement font place aux réalités et aux valeurs de la société indu
692
stitue au terme d’indépendance celui d’autonomie,
qui
a l’avantage de rappeler le gouvernement des cités par elles-mêmes, e
693
iations et clubs lointains ou proches. Mais ceci,
qui
est très nouveau et presque révolutionnaire pour les citoyens des Éta
694
ique de la Suisse dans la révolution régionaliste
qui
vient, et qui verra, en cas de succès, le triomphe du fédéralisme int
695
sse dans la révolution régionaliste qui vient, et
qui
verra, en cas de succès, le triomphe du fédéralisme intégral. Depuis
696
! » Politique bien typique de la paysannerie, et
qui
d’ailleurs a contribué à la réduire un peu partout au sort d’assistée
697
ons toujours voulu défendre, et à raison. Tout ce
qui
s’est fait de grand dans notre monde, s’est fait par les petits ; de
698
l’espère. Belle raison d’être nationale que celle
qui
dépendrait des seuls douaniers et qui serait à la merci d’un accord t
699
e que celle qui dépendrait des seuls douaniers et
qui
serait à la merci d’un accord tarifaire ! Si Genève, par exemple, sup
700
l’Ain, s’intégrait au complexe nommé Rhône-Alpes,
qui
est sa région naturelle, croit-on vraiment que cela lui ferait perdre
701
t la Suisse de cultiver sa vocation particulière,
qui
est d’ordre politique et culturel, rien ne pourrait empêcher les Suis
702
ur association. Nous sommes le seul pays européen
qui
n’ait jamais été tenté de devenir un État-nation unitaire, d’uniformi
703
igieux, linguistiques, sociaux ; le seul en somme
qui
soit une vraie fédération et qui ait une expérience séculaire de l’ex
704
le seul en somme qui soit une vraie fédération et
qui
ait une expérience séculaire de l’existence fédérale. Cela nous indiq
705
e modèle ! — sont en train d’élaborer une théorie
qui
me paraît mieux adaptée à notre société industrielle et mobile. Mais
706
nos concitoyens une sorte d’habitus fédéraliste,
qui
les fait dépasser en pratique ce qu’il y a de périmé en doctrine dans
707
les Suisses peuvent donner de meilleur à l’Europe
qui
se fait : non pas seulement une grande idée qui est capable d’ouvrir
708
e qui se fait : non pas seulement une grande idée
qui
est capable d’ouvrir les voies de l’avenir politique pour l’Europe et
709
de nations comme celles de la vieille Europe […]
qui
pourrait admettre de bonne foi, à moins d’être un imbécile, qu’une se
710
ivait François Mauriac, dans le Figaro littéraire
qui
parut le jour même où je prononçai ma conférence. 30. Cf. Remarques
711
ntre Retinger et Dautry, encadrant le grand homme
qui
essuie une larme : ma déception commence à ce triomphe verbal. D’autr
712
en grande partie aux efforts de Joseph Retinger,
qui
m’écrivait le 29 mars : Je suis d’avis que cette déclaration doit fo
713
ants, Churchill en tête, signeraient le document,
qui
circulerait ensuite dans toute l’Europe pour récolter les millions de
714
la Ridderzaal la séance plénière sur l’économie,
qui
devait être suivie, après une brève suspension, de la séance de clôtu
715
vai flanqué de son beau-frère Randolph Churchill (
qui
n’était là qu’à titre de journaliste). Ils m’apprirent que le Messag
716
commune », que le congrès n’avait pas discutée et
qui
ne figurait pas dans les résolutions finales. Au cours de l’explicati
717
tions finales. Au cours de l’explication orageuse
qui
s’ensuivit, Sandys et Churchill Jr invoquèrent l’unanimité nécessaire
718
hrase sur la défense. Par chance, un journaliste,
qui
était en train de m’interviewer lorsque Sandys m’avait fait appeler,
719
terviewer lorsque Sandys m’avait fait appeler, et
qui
avait assisté au début de l’incident, revint me dire que tous les syn
720
où l’on aurait barré une phrase aussi voyante, et
qui
d’ailleurs semblait s’être volatilisé au secrétariat de la presse38.
721
peuple européen, pour la donner à des ministres,
qui
en ont fait l’usage que l’on sait. 2. Ne vous semble-t-il pas paradox
722
s peuvent encore soit refuser les mesures d’union
qui
s’imposent, soit abaisser les barrières douanières et supprimer les c
723
uter que les Communautés, bridées par les nations
qui
les composent, loin d’amorcer un processus quelconque d’union politiq
724
s « réalistes » et pragmatistes à l’anglo-saxonne
qui
n’ont cessé de répéter, bien avant de Gaulle, que les choses étant ce
725
vente mais plus ou moins passive de quelque chose
qui
ne peut manquer de se produire du fait des autres, ou de la providenc
726
e La Haye. 37. Il est remarquable que Retinger,
qui
ne passait pas pour fédéraliste, ait été le premier à préconiser cett
727
où devaient l’écrire de leur côté Jean Buchmann,
qui
la publie dans L’Europe en formation d’octobre 1967, et Robert Lafont
728
pe en formation d’octobre 1967, et Robert Lafont,
qui
l’utilise dans Révolution régionaliste parue ou printemps de 1967. Je
729
adition occidentale, celles d’Héraclite l’Obscur,
qui
florit à Éphèse au vie siècle avant notre ère, sont nées de la consi
730
ins de l’économie, mais de la contemplation de ce
qui
coule, résiste, brûle ou s’évapore, c’est-à-dire des quatre éléments
731
ite a déduit du fleuve ces sentences : Pour ceux
qui
entrent dans les mêmes fleuves, autres et toujours autres sont les ea
732
fleuves, autres et toujours autres sont les eaux
qui
s’écoulent, et les âmes à partir des liquides s’en vont en vapeurs… L
733
ent la métamorphose des éléments : le feu solaire
qui
aspire en vapeur l’eau des fleuves jaillis des blessures de la terre,
734
ves qu’il a formées, événement toujours fuyant et
qui
fascine, figure originelle de ce qui change sans relâche dans un traj
735
rs fuyant et qui fascine, figure originelle de ce
qui
change sans relâche dans un trajet presque immuable, qu’il faudra plu
736
de la durée et de l’immobilité, et la loi unique
qui
règle ce mouvement. Et s’illustrent ici les deux sens et la profonde
737
mbiguïté du mot durée : il désigne à la fois « ce
qui
ne change pas » et l’écoulement du temps irréversible ; le devenir in
738
du temps irréversible ; le devenir indéfini et ce
qui
dure en résistant précisément à la durée ; ce qui est posé et sa méta
739
qui dure en résistant précisément à la durée ; ce
qui
est posé et sa métamorphose ; le Même et l’Autre vus ensemble, génial
740
homme ! — que ce réseau de fleuves et de rivières
qui
a si profondément découpé, dentelé, raviné, compartimenté jusqu’en so
741
llant ailleurs : c’est la circulation continuelle
qui
crée le visage d’un pays. Europe sans déserts et sans steppes, jardin
742
bordent et nous quittent. Mais il est une rivière
qui
d’un large mouvement du sud à l’ouest, puis à l’est, ramasse toutes l
743
r n’est pas seulement la plus longue des rivières
qui
coulent en Suisse d’un bout à l’autre (280 kilomètres, c’est la longu
744
. Berne est la seule cité de la communauté suisse
qui
ait été carrément impérialiste, étendant ses pouvoirs par la force ou
745
écrit comme « un centaure franco-allemand », mais
qui
nous laisse une image classique des régimes patriciens du xviiie . L’
746
la carte : libérée par la Révolution, c’est elle
qui
va donner naissance à plusieurs des mentors de la Suisse nouvelle et
747
régime radical. Ce cours de l’Aar d’ouest en est
qui
fut jadis route commerciale des Romains, d’Aventicum à Vindonissa, pu
748
intenant, comme l’Aar nous l’enseigne avec force,
qui
rassemble vingt lacs et vingt rivières en un courant puissant qu’elle
749
le cours physique de l’Aar. À cause des fleuves,
qui
sont un phénomène tellement typique de cette « péninsule occidentale
750
ends romano-germanique, et généralement gibeline,
qui
fait du massif du Gothard le lieu le plus européen du continent. Et n
751
est l’accord des tons purs de nos diversités. Ce
qui
est européen n’est pas d’abord ce qui est international, ce qui est l
752
rsités. Ce qui est européen n’est pas d’abord ce
qui
est international, ce qui est le même partout, dans chacun de nos pay
753
en n’est pas d’abord ce qui est international, ce
qui
est le même partout, dans chacun de nos pays, indifférent au lieu et
754
u et sans accent ; mais bien, et au contraire, ce
qui
est différent, s’affirme singulier et manifeste une vocation incompar
755
ommes libres. Rien n’est authentiquement européen
qui
ne soit d’abord d’un pays. D’un pays à nul autre pareil et pourtant f
756
et pourtant fraternel au voisin, accueillant à ce
qui
diffère. Ouvert et fermé à la fois. Fidèle à soi mais dans le mouveme
757
ustesse que cette rivière germano-celte romanisée
qui
porte le nom même du cours d’eau en soi, fait du redoublement de la p
758
ns toute l’Europe, mais ici tirant après soi un r
qui
roule comme les pierres charriées par les torrents alpestres. Ainsi l
759
et les temples, allons jusqu’au pied des rochers
qui
dominent et referment le cirque, là où la route s’infléchit vers la d
760
. Soudain l’un n’est plus là. Puis ils sont trois
qui
virent, s’évanouissent dans la lumière et reparaissent, tombent sur q
761
étroite et haute, doucement modelée par la source
qui
sourd des entrailles de la Terre, par mille veines de la pierre, et s
762
nt primordial, dans le noir pur. ⁂ Toutes choses
qui
naissent et croissent sont de la terre et de l’eau. Car nous somm
763
s pierres nues, et la paix solennelle. Le silence
qui
suit le crime et la naissance, stupéfiant le monde et notre cœur. Là-
764
fils du Ciel a vaincu, imposant la loi du soleil,
qui
est celle du Père, à ce lieu dont le nom reste l’Ombre. Mais ici même
765
la fontaine Castalie, c’est le combat fondamental
qui
s’est livré. Le drame originel s’accomplit, à jamais suspendu dans l’
766
plit, à jamais suspendu dans l’instant de stupeur
qui
vient après l’acte tragique. Paix sur le cœur du héros criminel dans
767
ux souffles du ciel de descendre Dans un cœur
qui
s’émeut et connaît leur présence…) ⁂ Nous avons déjeuné sur une terr
768
gence inspire les mouvements d’union continentale
qui
créent le Conseil de l’Europe et le Marché commun, puis leurs contrep
769
. Renaissance donc des micronationalismes locaux,
qui
revendiquent leur autonomie au nom de leur langue, de leurs coutumes,
770
umes, ou des nécessités économiques nouvelles, et
qui
enfièvrent tour à tour la Bretagne, les Flandres ou le Pays basque. C
771
ières… À tous les coups, c’est donc l’État-nation
qui
perd. Il ne correspond plus ni aux conditions de liberté et de partic
772
? Sur les quelque cent-trente nations souveraines
qui
divisent notre humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’État
773
t et au-delà l’URSS, l’Inde et l’Australie. Voilà
qui
réfute le cliché du fédéralisme « désuet ». Mais l’étiquette fédérale
774
nales et les diversités religieuses et politiques
qui
sont opprimées par l’État central dont un parti unique s’est emparé ;
775
éria, c’est au contraire une des régions fédérées
qui
s’érige en État unitaire ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-m
776
e ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-même
qui
se voit invoqué (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de se la
777
mies plus locales et vers des unions plus vastes,
qui
est le battement même du cœur d’un régime sain, j’entends immunisé co
778
. Or je ne vois pas de terme du langage politique
qui
prête à pires malentendus ! Un Français cultivé qui demande à son Lit
779
i prête à pires malentendus ! Un Français cultivé
qui
demande à son Littré le sens du mot fédéralisme trouve ceci : « Fédér
780
ssurément moins éclairante que les deux citations
qui
l’illustrent : 1) « Le fédéralisme était une des formes politiques le
781
on de petits États. » Pour le Français cultivé et
qui
a coutume de se reporter à son Littré quand il veut savoir ce qu’un m
782
nifie, la cause est jugée. Il s’agit d’un système
qui
est bon pour les sauvages et qui semble n’avoir été préconisé que par
783
git d’un système qui est bon pour les sauvages et
qui
semble n’avoir été préconisé que par des traîtres à la République… Il
784
e reste d’être un concept dialectique, ambigu, et
qui
autorise — ou incite en tout cas — aux plus invraisemblables pataquès
785
l’un à l’autre, mais seulement dans une création
qui
englobe, satisfasse et transcende les exigences de l’un et de l’autre
786
pellerai donc solution fédéraliste toute solution
qui
prend pour règle de respecter les deux termes antinomiques en conflit
787
cellule de base des ligues et fédérations. Voilà
qui
est proprement occidental : devant ce même problème de l’un et du div
788
et effort, toujours renouvelé et toujours menacé,
qui
dénote la santé de la pensée européenne, sa justesse, sa mesure conqu
789
ues ou physiques, esthétiques ou politiques. « Ce
qui
s’oppose coopère et de la lutte des contraires procède la plus belle
790
raires mais également valables, voilà je crois ce
qui
définit l’apport original et spécifique de la pensée occidentale ; or
791
lle a sauvegardé les propriétés de chaque nature,
qui
se rencontrent dans une seule personne… » Abstraction faite de la foi
792
es « sans confusion ni séparation » et de l’union
qui
« loin de supprimer la différence des natures sauvegarde leurs propri
793
respectueux du réel et des conditions de la vie,
qui
sont : antinomies, oppositions, lutte des contraires « d’où procède l
794
résulte d’un couple d’exigences contradictoires,
qui
paraissent exclusives l’une de l’autre quoique indispensables l’une à
795
hésion à des communautés plus vastes et de cadres
qui
rassurent, d’enracinement et de mobilité… La situation de l’homme qui
796
acinement et de mobilité… La situation de l’homme
qui
veut à la fois sa vie privée et une vie sociale est homologue de la s
797
ociale est homologue de la situation de la région
qui
veut à la fois son autonomie et sa participation à un plus grand ense
798
bon marché, trop serré avec d’autres chez soi, et
qui
voudrait être enfin seul, sort et se mêle à la foule anonyme… Mais c’
799
’une constitution, de type plus ou moins fédéral,
qui
peut résoudre une fois pour toutes ce conflit permanent. Il y faut un
800
les confédérations sont des formules transitoires
qui
sont destinées à se défaire assez rapidement si elles ne passent pas
801
ent pas à la fédération et qu’en général les pays
qui
aujourd’hui s’appellent confédération sont des fédérations qui, pour
802
ui s’appellent confédération sont des fédérations
qui
, pour certaines raisons, n’ont pas voulu dire leur nom. C’est le cas
803
s voulu dire leur nom. C’est le cas de la Suisse,
qui
présente toutes les notes de la fédération absolument classique et pa
804
ation est une mesure d’opportunisme pour des gens
qui
voient que l’on ne peut pas continuer sans faire quelque chose dans l
805
quelque chose dans le sens d’une fédération, mais
qui
n’osent pas aller jusqu’au bout. Vous avez dit que le sens civique, e
806
me, c’est-à-dire l’intervention dans les affaires
qui
regardent chacun : les affaires de la commune, de la région. Tandis q
807
peut très bien concevoir des régions comme celle
qui
est en train de s’organiser autour de Bâle, la Regio Basiliensis, qui
808
s’organiser autour de Bâle, la Regio Basiliensis,
qui
chevauche trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse, le Haut-Rhin
809
ope de demain correspondant aux réalités diverses
qui
sont des réalités techniques, culturelles, économiques, linguistiques
810
prix, imposer les mêmes frontières à des réalités
qui
n’ont rien en commun, totalement hétérogènes, comme les réalités cult
811
t de l’état civil ou de la langue qu’on parle, et
qui
aboutit par exemple à la division de la région Ruhr-Moselle, qui est
812
exemple à la division de la région Ruhr-Moselle,
qui
est d’un seul tenant au point de vue du sous-sol, d’après la langue q
813
chaque tracé doit être discuté avec les cantons,
qui
sont maîtres d’œuvre, et avec les communes qui peuvent refuser qu’on
814
s, qui sont maîtres d’œuvre, et avec les communes
qui
peuvent refuser qu’on ruine la vie d’une petite ville en la coupant e
815
i foncé vers le lac. « Partir ! » et toute la vie
qui
change, tout était libre devant moi ! J’ai erré jusqu’au soir dans l’
816
te évanoui d’émotion. Dix ans plus tard, le voici
qui
entre dans le petit bureau de la NRF ; Paulhan me dit, un peu plus
817
ôte ou n’ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour
qui
sait la comprendre. (Pour les autres, il est vrai, cela change tout :
818
s littéraires.) C’est son style et son personnage
qui
m’ont touché. La plupart des « actuels » écrivent mal, ou sont plats.
819
luencé, b) et quels sont les aspects de sa pensée
qui
vous paraissent les plus actuels ? 2. Gide fut de son temps un grand
820
jugés et les recettes éprouvées de l’immobilisme,
qui
s’est toujours paré du nom de réalisme. Aristide Briand avait coutume
821
de prononcer à la Chambre française des discours
qui
défiaient la syntaxe et qu’il fallait recomposer pour l’impression au
822
ennent et reprennent « des crêtes et des collines
qui
aboutissent au gracieux mamelon des Cyprès, rendu pour jamais célèbre
823
n ne trouve dans ces pages pas même une inflexion
qui
puisse trahir le moindre doute de l’auteur quant à la valeur des armé
824
e faits d’armes dont il n’a pas été le témoin, et
qui
auraient tous été, s’il faut l’en croire, de hauts exemples de bravou
825
s exemples de bravoure ou de cette grandeur d’âme
qui
fait la gloire des armes et justifie la guerre aux yeux de beaucoup.
826
une captatio benevolentiae délibérée, un procédé
qui
assure l’auteur, dès le départ, d’une audience sympathique auprès des
827
ctorienne, et des grandes dames de toute l’Europe
qui
croient aux mâles vertus des officiers bien nés ? Louant leurs frères
828
ortage de scènes vécues durant les jours et nuits
qui
suivent la bataille. Vers la petite ville de Castiglione — où Dunant
829
Un général a eu l’épaule fracassée par un boulet
qui
reste enclavé dans les muscles de l’aisselle. Des centaines agonisent
830
silence, ou hurlent. La figure noire de mouches
qui
s’attachent à leurs plaies, ceux-ci portent de tous côtés des regards
831
ceux-ci portent de tous côtés des regards éperdus
qui
n’obtiennent aucune réponse ; la capote, la chemise, les chairs et le
832
ers, qu’ils croient voir sortir de leur corps, et
qui
proviennent des myriades de mouches dont l’air est infesté. Ici est u
833
se l’eau de cette éponge dans l’ouverture informe
qui
remplace sa bouche. Cet acte de compassion signale la présence de Du
834
acte de compassion signale la présence de Dunant,
qui
avait écrit peu de pages auparavant, de la manière la plus impersonne
835
st bien difficile au milieu d’un pareil désordre,
qui
se complique d’une espèce de panique… » Or c’est lui seul (mais rien
836
t lui seul (mais rien ne l’indique dans le texte)
qui
a pris l’initiative de secourir les blessés et d’organiser ces secour
837
d’un Belge exalté et d’un négociant de Neuchâtel
qui
écrit pour les mourants des lettres d’adieux à leurs familles. Peu à
838
ance à tous ces hommes d’origines si diverses, et
qui
leur sont tous également étrangers. Tutti fratelli, répétaient-elles
839
vue d’un simple incident, d’un détail inattendu,
qui
va plus directement à l’âme, et qui ébranle les fibres les plus sensi
840
il inattendu, qui va plus directement à l’âme, et
qui
ébranle les fibres les plus sensibles de notre être. Hanté par les v
841
t l’appui fut décisif, ou sans le général Dufour,
qui
accepta de présider le premier Comité. Reste que rien n’eût été fait
842
de son auteur. ⁂ Le personnage est peu croyable,
qui
parcourt par hasard, dans son cabriolet, les arrières du champ de bat
843
puis Waterloo : il n’a qu’une seule idée en tête,
qui
est d’approcher l’empereur et d’obtenir de lui la permission (refusée
844
on livre, il se borne à écrire cette seule phrase
qui
est sans doute l’une des plus saugrenues de l’histoire : Simple tour
845
e Victor Hugo. Je vois ici la situation classique
qui
définit une vocation. On court après un but habituel et quelconque, l
846
st pris par quelque chose qu’on ne cherchait pas,
qui
passionne bientôt plus que tout, apportant souvent la misère, mais pe
847
e Convention de Genève est signée par douze États
qui
, à leur tour, fondent des sociétés nationales de secours en cas de gu
848
t à le faire parler, et publie sur lui un article
qui
, bientôt reproduit partout, rend Dunant en quelques semaines célèbre
849
. Et c’est enfin le premier prix Nobel de la paix
qui
vient le couronner en 190142. Chargé d’honneurs dans sa retraite moro
850
10 — tout près de la vraie fin de ce xixe siècle
qui
a commencé au soir de Waterloo et qui va se terminer au seuil sanglan
851
ixe siècle qui a commencé au soir de Waterloo et
qui
va se terminer au seuil sanglant de la Première Guerre « mondiale ».
852
vait : « Ah ! la guerre n’est pas morte ! Tout ce
qui
fait la gloire de votre prétendue civilisation sera employé à son ser
853
is vouloir « diminuer les horreurs de la guerre »
qui
est son intention déclarée à toutes fins d’efficacité, c’est encore u
854
vrai discours contre la guerre et le militarisme
qui
la prépare, c’est dans ses inédits qu’il faut le chercher, dans ces t
855
e intitulé La Charité sur les champs de bataille,
qui
date de 1864, marque la transition entre l’attitude initiale d’Un Sou
856
ématoire : La guerre, cette science du désordre,
qui
provient de l’anarchie d’en haut, ne tue pas seulement le corps, mais
857
nouveaux et aux compensations fictives d’utopies
qui
, comme celle de la paix perpétuelle, supposent toujours la fin de l’H
858
mes d’utopie et de réalisme. L’utopiste est celui
qui
voit la fin sans imaginer ses moyens. Mais c’est aussi celui qui fait
859
sans imaginer ses moyens. Mais c’est aussi celui
qui
fait erreur sur l’adéquation des moyens qu’il préconise aux fins qu’i
860
qu’il préconise aux fins qu’il allègue, tel celui
qui
répète (se croyant réaliste) : si vis pacem para bellum, alors que to
861
es préparer. Mais il y a plus. Réaliste est celui
qui
, non content d’avoir dénoncé le mal qui est dans le monde, s’en prend
862
est celui qui, non content d’avoir dénoncé le mal
qui
est dans le monde, s’en prend à ses principes qui sont dans l’homme,
863
qui est dans le monde, s’en prend à ses principes
qui
sont dans l’homme, et sur lesquels nous pouvons exercer les pouvoirs
864
les liens nécessaires et l’interaction génétique
qui
unissent la guerre et les États-nations. Mais il fallait beaucoup de
865
de 1900, que les facteurs principaux de la guerre
qui
se préparait étaient les mêmes que ceux qui, justement, achevaient de
866
uerre qui se préparait étaient les mêmes que ceux
qui
, justement, achevaient de former l’État-nation : l’École étatisée, la
867
sme. Tels sont les procédés nés de la Révolution,
qui
ont permis à l’État (de droite, à gauche) d’aboutir à l’alignement de
868
en feraient partie. » La Presse : « … c’est elle
qui
fait l’opinion publique… le plus puissant des potentats… » Elle a cha
869
rvis : c’est l’opium, le rhum, et les armes, « ce
qui
ruine et ce qui détruit, au moral comme au physique… Cette civilisati
870
pium, le rhum, et les armes, « ce qui ruine et ce
qui
détruit, au moral comme au physique… Cette civilisation, en fondant s
871
te dernière fort peu probable.) Dans les conflits
qui
se préparent, inévitables désormais, les peuples dits civilisés seron
872
destruction ». Les ministres cyniques ou prudents
qui
croyaient diriger le « concert des nations » et contrôler le système
873
is pacem tout en exaltant le Progrès, ce sont eux
qui
nageaient dans l’utopie : au moment où Dunant disparaît, ils courent
874
ntre la vision juste d’un vieillard en colère, et
qui
avait fait en outre plus de bien qu’aucun homme de son siècle ou du n
875
u nôtre. 41. « La guerre est agréable pour ceux
qui
ne l’ont pas faite » ou mieux : « Pour les civils, la guerre est bell
876
Comme il m’arrive pour la plupart de ceux avec
qui
j’ai longtemps collaboré et dans des circonstances très diverses, je
877
aucoup plus tard), quoiqu’également résistant. Ce
qui
est certain, c’est que les premiers efforts d’union de l’Europe, au l
878
ait être la suivante : « Développons en commun ce
qui
est neuf ». Laissons de côté les héritages du passé dont l’unificatio
879
d’oppositions. Bien avant d’avoir lu ces lignes,
qui
datent de 1968, nous avions adopté cette règle d’or, dès les débuts d
880
les plus neuves et les problèmes les plus urgents
qui
se manifestaient dans chacun de ces domaines de la culture. En scienc
881
rence (résultante : notre association européenne,
qui
groupe aujourd’hui les trente-deux plus grands festivals européens).
882
à l’initiative de celui des membres de son comité
qui
avait le mieux démontré le mouvement en marchant : Hans Oprecht n’éta
883
ittéraires, par ceux des grands éditeurs d’Europe
qui
, dès le début, s’étaient montrés les plus intolérants à l’égard de la
884
isses les plus remarquables et les plus originaux
qui
soient : l’un des rares qui ait trouvé le secret d’être à la fois eff
885
et les plus originaux qui soient : l’un des rares
qui
ait trouvé le secret d’être à la fois efficace et d’humeur enjouée, r
886
blème n’est pas particulier à Ferney-Voltaire. Ce
qui
me frappe, c’est l’extrême laideur de tout ce que l’on construit, une
887
e avec une place, une église, des cafés… C’est ce
qui
a été fait à Meyrin et Meyrin est vivant à cause de cette place où le
888
d’or car on n’a pas pensé que l’on détruisait ce
qui
faisait l’attrait du pays. On a l’impression que le seul souci qu’on
889
puissent discuter des projets car c’est leur vie
qui
va être modifiée. Il faut rendre les gens attentifs à l’importance du
890
la beauté. C’est un immense problème d’éducation
qui
doit se traiter au niveau des écoles. Mais des usines nouvelles se cr
891
du pays de Gex, voilà quelques chiffres grisants
qui
semblent annoncer un avenir brillant… Comment, cependant, ne pas être
892
les objections les plus fréquentes à l’entreprise
qui
fait l’objet de la présente publication. Je note d’abord que le terme
893
on aujourd’hui encore impondérable, d’une volonté
qui
peut surgir demain, posant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’
894
est pas très intéressant de chercher à deviner ce
qui
sera : « l’objectivité scientifique » dissimulant une démission civiq
895
régions fédérées. Cela prendra des décennies. Ce
qui
est urgent, c’est le prix du lait et le taux d’accroissement de la pr
896
s encore faite ? b) Le seul projet de fédération
qui
ait réussi en Europe, la Suisse, a été conçu, formé et accouché en ne
897
ndier des subventions à Paris. Voyez les Bretons,
qui
votent gaulliste. Les conflits entre les régions seront forcément plu
898
ons d’habitants, est plus petite que le Limousin,
qui
n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne se tient pas ! La Bretagne n’e
899
etagne n’est pas une entité économique viable. Et
qui
parle breton à Rennes ? Les ethnies et les économies ne coïncident pr
900
est ce dernier groupe d’objections ou difficultés
qui
est la cause principale de l’ajournement des solutions régionalistes,
901
ire de l’incertitude ou insécurité intellectuelle
qui
caractérise la plupart des projets d’Europe fédérale, dès qu’on abord
902
guerres et les calculs des arpenteurs. — Tout ce
qui
relève du domaine public (économie, politique, enseignement, fiscalit
903
), il devient une « nation immortelle » et l’État
qui
agit en son nom dispose de la vie et de la mort de ses membres, plus
904
ues, mais l’État a le devoir de sévir contre ceux
qui
contestent l’un de ses dogmes (objecteurs de conscience, par exemple)
905
iècles de l’histoire moderne, ce sont les guerres
qui
ont servi de prétexte à ces concentrations forcées, c’est leur prépar
906
t leur préparation, leur conduite et leurs suites
qui
ont notamment accrédité l’idée que l’économie est au service des dess
907
l’identification du « voir » et du « comprendre »
qui
s’en suit. L’homme de la civilisation visuelle, de l’imprimé, de la l
908
ution, au sens où j’ai toujours entendu le terme,
qui
ne signifie pas « tout casser » mais, au contraire, poser un nouvel o
909
ans compter la paresse naturelle de notre esprit,
qui
cherche en tout et avant tout la réduction à la rassurante unité, ou
910
é ? C’est un problème d’éducation ou de recyclage
qui
va nous prendre au moins douze ans, si nous commençons tout de suite.
911
iées des tâches entreprises et des cadres sociaux
qui
leur offrent appui. Qu’on me permette un exemple personnel, pour alle
912
nce culturelle. Mais je suis aussi protestant, ce
qui
représente une allégeance mondiale (ce serait pareil si j’étais commu
913
les, intellectuelles, spirituelles ou affectives,
qui
n’ont pas de frontières communes, et souvent pas de frontières du tou
914
en un seul lieu, accaparés par l’État national et
qui
le seront, demain, par l’État régional. IV. Vers une formule fédér
915
— je veux dire : séparer dans le pouvoir tout ce
qui
peut être séparé, définir tout ce qui peut être défini, distribuer en
916
oir tout ce qui peut être séparé, définir tout ce
qui
peut être défini, distribuer entre organes ou fonctionnaires différen
917
ntre organes ou fonctionnaires différents tout ce
qui
aura été séparé et défini ; ne rien laisser dans l’indivision.49 Pr
918
rien laisser dans l’indivision » : grande maxime,
qui
conteste un monde : celui de la République une et indivisible des jac
919
indivisible des jacobins, de l’Empire napoléonien
qui
la continue, et des totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne
920
i la continue, et des totalitaires du xxe siècle
qui
l’achèvent. Il ne s’agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser ni
921
ence ou un retard d’éducation démocratique. (« Ce
qui
n’est pas prescrit à tous, d’une manière uniforme, sans choix possibl
922
ines bien définis. Le Marché commun, par exemple,
qui
est un pouvoir économique, doit-il entretenir des visées politiques,
923
ion de régions libérées de leur État-nation, mais
qui
jugeraient souhaitable de renouer librement des liens du type nationa
924
s, sociaux ou culturels noués ailleurs. d) Voilà
qui
nous donnera, sans aucun doute, plusieurs Europes régionales de défin
925
uelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts,
qui
est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur, et aucun d
926
second mari c’est aussi l’amant légitime, l’homme
qui
fait découvrir les délices et les délires de l’amour physique tels qu
927
pour vous le tour de ce problème de notre époque
qui
a été aussi son problème à lui ; Denis de Rougemont n’est pas seuleme
928
Denis de Rougemont n’est pas seulement l’écrivain
qui
a le mieux analysé et expliqué l’amour et le couple, il est aussi dep
929
ar la législation — dans tous les pays — aux gens
qui
veulent divorcer : le nombre des foyers détruits par le divorce équiv
930
ment géographique mais sociale et professionnelle
qui
donne aux gens l’occasion de vivre plusieurs vies — on change de pays
931
res dans un couple — le cas classique de la femme
qui
n’a pas su « suivre » son mari ou l’inverse. Il y a enfin la remise e
932
enfants, etc. Il faut aussi savoir distinguer ce
qui
tient aux acteurs — les conjoints — et ce qui tient à la situation en
933
ce qui tient aux acteurs — les conjoints — et ce
qui
tient à la situation en soi, qu’est le deuxième mariage. Faute de mat
934
il y a des écueils inhérents à un premier mariage
qui
ne le sont plus à un second. Comme dit mon beau-père, le Dr Répond, q
935
un second. Comme dit mon beau-père, le Dr Répond,
qui
est psychanalyste, lors du premier mariage, on épouse ses complexes.
936
Complexe d’Œdipe, recherche d’un type de conjoint
qui
est (sans qu’on le sache) celui de la mère, ou du père. Ou au contrai
937
Elle, eh bien, elle a aussi son image de l’homme
qui
lui fait faire les mêmes erreurs. « Je suis tombée amoureuse de lui a
938
’il ait dit un mot… » Y a-t-il des causes d’échec
qui
soient plus spécifiquement attachées à telle classe d’âge ? Oui, l’im
939
t de prendre le contre-pied de leurs conseils. Ce
qui
conduit souvent à un mariage « d’attitude » : on veut prouver aux aut
940
rs un super-amour mais une certaine forme d’amour
qui
veut l’obstacle et qui l’invente au besoin pour mieux s’exalter. La p
941
une certaine forme d’amour qui veut l’obstacle et
qui
l’invente au besoin pour mieux s’exalter. La passion suppose toujours
942
sujet et l’objet — Tristan et Iseut — un roi Marc
qui
les sépare : la morale, la société, le père, le mari ou simplement le
943
is où est le roi Marc entre le garçon et la fille
qui
se marient « avec passion » ? Il n’y en a plus, aujourd’hui. Il n’y a
944
t s’arrange. Aussi n’est-ce pas la morale sociale
qui
détruit la passion, mais le manque d’obstacles, la quotidienneté, la
945
la banalité. Ne peut-on pas imaginer une passion
qui
ne serait pas fatale, qui pourrait flamber au grand jour et même au j
946
as imaginer une passion qui ne serait pas fatale,
qui
pourrait flamber au grand jour et même au jour le jour ? Non, la pass
947
a compris que l’essentiel ce sont les caractères,
qui
ne changent jamais (« on ne peut pas changer de place les raies du zè
948
ales à un deuxième mariage ? Oui, il y en a deux,
qui
tiennent, elles aussi, à ses motivations. La peur de la solitude, la
949
remarié ? C’est ici qu’il s’agit de distinguer ce
qui
tient aux « acteurs » et ce qui tient à la situation. Ce qui tient au
950
de distinguer ce qui tient aux « acteurs » et ce
qui
tient à la situation. Ce qui tient aux acteurs ce sont les difficulté
951
ux « acteurs » et ce qui tient à la situation. Ce
qui
tient aux acteurs ce sont les difficultés inévitables de la vie en co
952
on elle tient en une phrase ou un fait évident et
qui
sera ressenti plus ou moins douloureusement : ce n’est plus la premiè
953
ns qu’il s’en doute, ou alors une certaine beauté
qui
est l’idéal standard de sa génération. Sa passion n’est que la projec
954
on n’est que la projection sur l’autre d’un idéal
qui
n’existe pas — et l’on s’en aperçoit très vite — alors que le vrai am
955
eut devenir s’il y est appelé. C’est son mystère,
qui
n’a rien de littéraire, de romantique, le mystère de sa réalité diffé
956
es. Il faudrait tout d’abord dédramatiser tout ce
qui
touche à l’amour, au mariage, au divorce. À la surestimation de la pa
957
’hui on parle du sexe — d’abondance — mais, en ce
qui
concerne l’amour, beaucoup de gens continuent à croire que l’analyser
958
essai ». Qu’en pensez-vous ? Je suis pour tout ce
qui
peut aider les gens à prendre conscience du sérieux, de la beauté, ma
959
« mariage-maquette », un numéro zéro comme celui
qui
précède dans les revues la sortie du numéro 1, le premier numéro offi
960
st très supérieur aux fiançailles traditionnelles
qui
fortifiaient par des obstacles artificiels — défense de cohabiter, de
961
rtir ensemble en vacances — l’idée de passion. Et
qui
négligeaient toutes les difficultés réelles, celles qui naissent de l
962
gligeaient toutes les difficultés réelles, celles
qui
naissent de la cohabitation. Là, on vit, on travaille, on organise so
963
e reconnu par les autres comme un vrai couple, ce
qui
est un ciment — et surtout l’idée que ça doit durer toujours. « Après
964
ment et j’ai fait à cette occasion une découverte
qui
a joué un rôle important dans ma vie : si l’on part pour une promenad
965
té, en Amérique, au mariage d’une jeune héritière
qui
répétait avec enthousiasme : « Comme c’est merveilleux de se marier p
966
leux de se marier pour la première fois ! » Voilà
qui
ne laissait pas prévoir autre chose que les quatre ou cinq échecs qui
967
prévoir autre chose que les quatre ou cinq échecs
qui
ont suivi. Donc le mariage-maquette donne une idée de ce qu’est le ma
968
ons réalistes, du désir de ressentir une passion,
qui
fait croire que « ça y est », avec la réalité. Quand les gens cessero
969
e croire que la passion est l’épreuve privilégiée
qui
seule donne un sens à la vie, quand ils comprendront que la passion n
970
base de la santé, ne fondez pas le mariage sur ce
qui
vit de sa crise et l’entretient ! Et le mariage lui-même, pensez-vous
971
per sa femme : c’est une œuvre d’art exigeante et
qui
tente le meilleur en chacun de nous. Je sais bien que depuis des sièc
972
« Je suis sage de toi », le mariage sera sauvé !
Qui
l’osera ? al. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le mariage est à
973
ce livre est un chef-d’œuvre de lucidité et ceux
qui
l’ont lu sont mieux armés pour réussir leur vie à deux —, vous expliq
974
entissante, L’Amour et l’Occident . Cet ouvrage,
qui
démontrait que l’idée de passion amoureuse trouvait ses origines dans
975
trouvait ses origines dans la poésie cathare, et
qui
nous faisait ensuite descendre les différents cercles de la passion,
976
’Université McGill. Le sujet de cette conférence,
qui
était placée sous les auspices du Département de français de l’Univer
977
eçu, en 1963, le Grand Prix littéraire de Monaco,
qui
couronnait de façon éclatante l’ensemble de son œuvre, on décerne auj
978
à la cause de l’unification de l’Europe. Ce prix,
qui
lui sera décerné officiellement à Bonn en février prochain, nous rapp
979
ur au Canada, je veux parler du prix Paul Tillich
qui
est, en quelque sorte, un prix de théologie, on aura, je crois, défin
980
n de M de Rougemont. Le personnalisme « Mais
qui
est donc M Denis de Rougemont ? », se demandait-on au lendemain de l’
981
édéralisme, c’est-à-dire du système d’aménagement
qui
permet à des natures diverses de vivre ensemble, de coexister en tens
982
x définitions des conciles du ive au vie siècle
qui
ont défini la personne à propos des personnes de la Trinité. Le conci
983
que fois qu’il y a deux réalités contraires, mais
qui
sont bonnes l’une et l’autre, il ne faut pas s’empresser de s’en sort
984
que j’appellerai ma philosophie. Une philosophie
qui
s’est lentement élaborée, en réaction surtout contre « cette ignoranc
985
ges Izard, et enfin sa propre revue Hic et Nunc
qui
regroupe autour de lui des écrivains, des philosophes et des théologi
986
illeurs un ouvrage d’une importance capitale pour
qui
veut comprendre le personnalisme, ouvrage malheureusement assez mal c
987
a personne . On peut y lire, en effet, un article
qui
avait déjà paru dans la revue Esprit et qui constitue, nous fait re
988
cle qui avait déjà paru dans la revue Esprit et
qui
constitue, nous fait remarquer M. de Rougemont, « la seule définition
989
e Rougemont, « la seule définition de la personne
qui
ait jamais paru dans ces revues personnalistes ». Cet article, « Défi
990
nt tout acte. Ainsi, la vocation est à la fois ce
qui
distingue l’homme et le relie à la communauté où il exerce. Ce qui l’
991
omme et le relie à la communauté où il exerce. Ce
qui
l’amena — avant Sartre, ce qu’on ignore généralement — à parler de l’
992
rouve fondée une certaine notion de la communauté
qui
postule l’engagement de l’individu. Mais cet engagement, tient-il à n
993
ar la modernité surtout de ses prises de position
qui
étaient formulées, rappelons-le, avant la guerre. Mais justement la c
994
guerre. Mais justement la contestation étudiante
qui
sévit aujourd’hui de Paris à Tokyo n’est-elle pas une contestation pe
995
effet, nous dit-il une contestation personnaliste
qui
s’ignore. Dans ces motivations, on retrouve plusieurs de celles qui f
996
ces motivations, on retrouve plusieurs de celles
qui
furent à la base du mouvement personnaliste. Ce que nous appelions en
997
onnaliste et communautaire, c’était quelque chose
qui
se posait dans les termes d’aujourd’hui. Nous y avions peut-être un p
998
ure n’était visiblement pas aussi grave que celle
qui
prévaut aujourd’hui. Ce qui nous avait alors alerté et réveillé c’éta
999
aussi grave que celle qui prévaut aujourd’hui. Ce
qui
nous avait alors alerté et réveillé c’était l’exemple du nazisme et d
1000
que j’ai souvent pu déceler dans la contestation
qui
s’est développée à Paris, à Berlin, et ailleurs quelque chose que je
1001
lque chose que je crois extrêmement dangereux, et
qui
ne ressemble pas du tout à notre réaction personnaliste et communauta
1002
a réaction des jeunes fascistes italiens et nazis
qui
ne respectaient plus rien finalement que la force. Quand on dit, il f
1003
asser et après on verra bien, moi j’ai déjà vu ce
qui
va se passer : c’est la police qui arrive. Je ne suis donc pas du tou
1004
’ai déjà vu ce qui va se passer : c’est la police
qui
arrive. Je ne suis donc pas du tout d’accord avec Sartre quand celui-
1005
emont la seule contestation efficace, c’est celle
qui
est faite précisément au nom d’autre chose. Je n’ai pas du tout varié
1006
om d’autre chose. Je n’ai pas du tout varié en ce
qui
concerne la définition de la révolution que nous avions en 1932. Il s
1007
re établi. La contestation véritable, c’est celle
qui
conteste le désordre établi au nom d’un ordre plus réel. Ce qui paraî
1008
e désordre établi au nom d’un ordre plus réel. Ce
qui
paraît être, pour beaucoup de jeunes contestataires, une conception i
1009
e chacun de nous, discipline absolument sournoise
qui
se manifeste par la publicité, par la mode, par les feuilles d’impôt.
1010
une réaction vitale de leur part contre ce monde
qui
est en train de ruiner les bases mêmes de la passion. Car, finalement
1011
lors qu’avec le mouvement anarchisant des hippies
qui
essaient aussi de recréer une communauté véritable, tout redevient po
1012
te, néanmoins, que des rassemblements comme celui
qui
a eu lieu récemment à Bethel, près de New York, sont la démonstration
1013
ork, sont la démonstration éclatante de ce besoin
qui
existe d’une nouvelle communauté, d’un principe de communauté qui soi
1014
nouvelle communauté, d’un principe de communauté
qui
soit l’amour : un amour pas seulement sexuel, mais également spiritue
1015
ertes, mais qu’il faut reconstruire. Cette guerre
qui
vient de se terminer, M. de Rougemont a pu en mesurer toute l’absurdi
1016
nation dans l’Europe fédérée que je préconise et
qui
n’est que la transposition à une échelle géante de la Confédération h
1017
de l’État-nation du xixe siècle ; une conception
qui
ne s’accorde plus aux exigences de notre époque, car cet État serait
1018
onstruire une Europe unie, faite de régions, mais
qui
seraient découpées différemment suivant qu’il s’agirait de régions éc
1019
t M. de Rougemont, il vous faudra séparer tout ce
qui
peut être séparé, ou comme disait Proudhon, « ne rien laisser dans l’
1020
e premier à l’admettre. Mais « contre les risques
qui
se lèvent, l’esprit de risque est la seule assurance », lit-on dans
1021
Ordre nouveau — tout le mouvement personnaliste,
qui
est devenu ensuite le mouvement fédéraliste européen — et nous défini
1022
rdre par rapport à l’homme. C’est-à-dire un ordre
qui
ne reposait — et c’est encore bien plus visible aujourd’hui qu’alors
1023
ussi pauvres que cela, pour créer une communauté.
Qui
, au fond, ont eu comme résultat que la communauté est en train de se
1024
est-ce pas, que j’ai lancée en France en 1933, et
qui
forme les deux premiers chapitres de mon premier livre, publié à Pari
1025
te, chez beaucoup de jeunes Français, notamment —
qui
était de s’engager dans un parti, c’est-à-dire de démissionner complè
1026
mement, c’est-à-dire l’être même de la personne —
qui
est actualité, agir. Alors je trouve dans ma définition de la personn
1027
ope, du fédéralisme — je prépare un grand ouvrage
qui
s’appellera Théorie générale du fédéralisme, où je constate que le mo
1028
s. Et c’est presque fatal, parce que c’est un mot
qui
joint deux réalités contradictoires : la réalité des autonomies local
1029
s locales, personnelles, et la réalité de l’union
qui
, dans mon esprit, est destinée à garantir ces autonomies. Si vous vou
1030
ontre l’État-nation dans sa formule xixe siècle,
qui
ne visait qu’à la puissance collective, et qui aboutit aux guerres qu
1031
e, qui ne visait qu’à la puissance collective, et
qui
aboutit aux guerres que l’on sait. […] Souveraineté nationale groupan
1032
ulez — on met tout ça dans une même frontière, ce
qui
est démentiel, n’est-ce pas ? C’est une absurdité totale, qu’on a vou
1033
l’unification européenne, des efforts économiques
qui
étaient faits à Luxembourg par Jean Monnet, et des efforts politiques
1034
mbourg par Jean Monnet, et des efforts politiques
qui
étaient faits par le Conseil de l’Europe à Strasbourg. Il nous sembla
1035
us, d’ailleurs, qu’il fallait un troisième volet,
qui
était la culture… Alors, j’ai créé ce centre à Genève, très petit, av
1036
orce, réussi à créer ce Centre et à le maintenir.
Qui
devait être un lieu de rencontre pour les hommes de culture qui voula
1037
e un lieu de rencontre pour les hommes de culture
qui
voulaient l’union de l’Europe, un lieu, un foyer de recherche, un foy
1038
oses absolument hétéroclites, d’après les besoins
qui
se manifestaient et les possibilités d’y répondre : une Association e
1039
des directeurs d’agences nucléaires de six pays,
qui
a donné lieu à la création du CERN — le Centre européen de recherche
1040
he nucléaire, le plus grand laboratoire européen,
qui
a permis de garder en Europe nos physiciens qui, autrement, seraient
1041
, qui a permis de garder en Europe nos physiciens
qui
, autrement, seraient tous partis en Amérique — exode des cerveaux ! N
1042
bilité d’y répondre, et un certain nombre de gens
qui
ont envie qu’on le fasse, nous les réunissons. Ceci avec un tout peti
1043
nnes, nous avons créé un Institut universitaire —
qui
est lié à une université — qui se consacre à des études d’intérêt lar
1044
ut universitaire — qui est lié à une université —
qui
se consacre à des études d’intérêt largement européen : économiques,
1045
eunesse — des manuels scolaires, n’est-ce pas ? —
qui
présentaient l’Europe comme une addition de cultures nationales. Nous
1046
lligible, en dehors d’une unité de civilisation —
qui
est l’unité européenne. Ma passion fondamentale : trouver un sens
1047
rentes activités d’un homme. J’ai un ami français
qui
se dit mon disciple en érotique personnaliste, et qui m’a défié, il y
1048
se dit mon disciple en érotique personnaliste, et
qui
m’a défié, il y a deux ans, de prouver que mon idée du mariage et de
1049
omme et une femme. […] Vous avez du monde une vue
qui
est religieuse en ceci que vous dites que l’amour ou les modes d’expr
1050
a une débandade des institutions religieuses — ce
qui
est tout à fait autre chose, n’est-ce pas ? Les cadres étatiques de l
1051
a loi, le deuxième principe de la thermodynamique
qui
dit que tout ensemble de forces tend à une certaine dégradation de l’
1052
le diable, c’est une espèce de symbole de tout ce
qui
tend à détendre les énergies humaines, n’est-ce pas ?, à unifier, à u
1053
plus totalitaire. Contre ça, il faut des révoltes
qui
ne peuvent être que personnelles, individuelles, qui recréent des pet
1054
ne peuvent être que personnelles, individuelles,
qui
recréent des petits foyers de rayonnement, d’inégalité, de lumière, d
1055
ouve vite en lui le jeune homme dans la vingtaine
qui
se lance, avec toute sa génération, à la recherche d’un humanisme soc