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édéralisme suisse (1963)a La Suisse ne saurait
se
targuer d’avoir donné à l’Europe et au monde une « culture nationale
2
formulée. Ce n’est guère qu’au xixe siècle qu’on
se
mit à parler de fédéralisme. Encore la chose était-elle entendue de m
3
s, et centralisateurs. Un Français cultivé et qui
se
demande quel est le « vrai » sens du mot fédéralisme, recourt à son L
4
el ou d’opportunisme lâche, qui tolère tout et ne
s’
oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances très p
5
tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralisme
s’
oppose en fait à deux tendances très puissantes dans le monde occident
6
inition l’uniformité imposée par un centre, qu’il
s’
agisse d’une capitale ou d’un parti, d’un pouvoir clérical ou politiqu
7
ange avec le monde extérieur. Car le fédéralisme,
s’
il aime les diversités régionales, aime aussi leur santé, qui est cell
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et le choléra. Un homme qui boit de l’eau et qui
se
lave n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un hom
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entre un homme qui meurt de soif et un homme qui
se
noie. De même, le fédéralisme n’est pas à mi-chemin entre la centrali
10
ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de
s’
imaginer que la volonté de centralisation totale d’une nation, et la v
11
c d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de
se
lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce nat
12
er, de se lier par traités avec leurs voisins, de
s’
ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local, ce chauvinisme cantonal (o
13
t d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne
se
borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autre p
14
oîte. Pour que la qualité particulière d’un rouge
se
manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté e
15
s l’unité globale d’une œuvre au sein de laquelle
s’
opèrent alors mille échanges d’une infinie complexité. Voilà ce que j’
16
manière. La plupart des impasses dans lesquelles
se
fourvoie l’organisation politique du monde moderne proviennent du fai
17
rsité des fonctions nationales ; d’autre part, on
se
cramponne à une souveraineté nationale qui a peur de se laisser englo
18
mponne à une souveraineté nationale qui a peur de
se
laisser englober dans un plus grand corps. Les uns sont tentés d’oubl
19
fois l’Un et le Divers, une très riche diversité
se
détachant sur un fond d’unité essentielle. Quelle est donc, pour nous
20
dans toutes nos œuvres, le fond commun sur lequel
se
détache notre individualité, et dont elle tire ses nourritures élémen
21
que les Suisses, selon la langue qu’ils parlent,
se
rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales
22
pure et simple illusion d’optique scolaire. Elle
se
dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’Histoire. La culture
23
’existence : il faut bien admettre que la culture
s’
était constituée avant elles et sans elles ! Je me contenterai, pour i
24
’évolution de la musique en Europe : elle naît et
se
constitue entre les xiie et xive siècles dans un certain nombre de
25
puis en Île-de-France. Des cités italiennes, elle
se
propage jusqu’aux cités flamandes, le long du grand axe commercial de
26
ance, reliant Venise à Bruges. Une nouvelle école
s’
épanouit dans les Flandres. Elle influence bientôt la Bourgogne, et re
27
Plus tard, les Allemands (comme Schütz) viennent
s’
initier auprès des maîtres italiens. Bach copie avec application des œ
28
le, le centre de gravité de la musique européenne
se
déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Bayre
29
c’est simplement l’école locale dans laquelle il
s’
est formé. D’où vient alors cette illusion d’optique dont je parlais,
30
’entretient. Quand on dit que les Suisses romands
se
rattachent à la « culture française », on ne pense guère qu’à la lang
31
cités ne dépend pas de réalités nationales, mais
se
rattache directement à l’ensemble culturel européen : elle est « immé
32
ase étant de la sorte identifiée, la question qui
se
pose est de savoir comment certaines cités ou certaines régions parvi
33
es cités ou certaines régions parviennent alors à
se
différencier, à s’individualiser sur cet arrière-fond commun. Si je c
34
es régions parviennent alors à se différencier, à
s’
individualiser sur cet arrière-fond commun. Si je cherche pourquoi et
35
quoi et en quoi les Suisses romands, par exemple,
se
différencient des Français, ou en tout cas de l’image convenue que l’
36
allégeances civiques, économiques et sociales, il
se
rattache à sa commune, à son canton, à la Confédération ; par son all
37
ntités qui n’ont pas les mêmes frontières, qui ne
se
couvrent que très partiellement, et qui permettent un grand nombre de
38
» sous Hitler). On ne saurait être plus libre de
se
choisir, j’entends de se faire homme à sa manière, et non point à cel
39
urait être plus libre de se choisir, j’entends de
se
faire homme à sa manière, et non point à celle de l’État. D’où la den
40
trop facilement, dit-on, ceux qui choisissent de
s’
installer dans les petites. Mais la plupart des hommes veulent, et mér
41
s : qu’ils y entrent et qu’ils les explorent, ils
s’
y sentiront vite chez eux, sans avoir à renier leur clocher. Définitio
42
nique et anglo-saxonne autant que française, sans
s’
arrêter à ces barrages ou à ces faux relais de paresse que représenten
43
e. Est-il besoin de rappeler que ce grand artiste
s’
est formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis de
44
puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il
se
voulait un pur Vaudois, séparatiste (car c’était là le véritable sens
45
taire ont propagés. L’apport suisse, aujourd’hui,
se
confond donc avec l’apport d’une Europe rajeunie, découvrant le fédér
46
me général de nos travaux pendant le semestre qui
s’
ouvre. Permettez-moi donc, avant d’en venir à l’objet particulier de m
47
lques moments à cette introduction plus générale.
S’
il paraît opportun d’entreprendre aujourd’hui, ou plutôt de poursuivre
48
plutôt de poursuivre et d’élargir partout où cela
se
peut, et donc aussi à Genève, des études européennes, c’est parce que
49
ue des intérêts matériels. Il serait donc vain de
se
dissimuler que l’une des raisons d’être de cet Institut, sans doute l
50
de l’actualité, en raison même de leur objet, qui
se
compose, se définit et se modifie sous nos yeux, ces instituts tienne
51
té, en raison même de leur objet, qui se compose,
se
définit et se modifie sous nos yeux, ces instituts tiennent cependant
52
même de leur objet, qui se compose, se définit et
se
modifie sous nos yeux, ces instituts tiennent cependant à garder, par
53
nous sommes tous vitalement intéressés, et qu’il
s’
agit de préparer. Elle est moins un acquis à transmettre qu’un problèm
54
ut d’abord à grands traits dans quels termes elle
se
pose, et qui l’a posée. Le monde issu de la Seconde Guerre mondiale a
55
et dans le monde arabe. La tendance générale qui
se
dessine dans les années 1945 à 1950 va donc aux grandes unités politi
56
llions d’habitants ? Aucun ne paraît en mesure de
se
relever de ses ruines sans aide extérieure ; ni d’assurer à lui seul
57
e vie. Jean Monnet et son équipe du Plan français
se
mettent à l’œuvre en silence, loin des congrès et des associations de
58
voie dans les esprits. Puis des hommes politiques
se
proposent pour diriger ce mouvement naissant, qui a peut-être le vent
59
n, de Gaulle lui-même. Les premières réalisations
se
limitent comme on sait au domaine économique, CECA dès 1953, Marché c
60
s, les services ministériels et les parlements ne
se
croient pas encore en mesure « d’aller plus loin ». Mais dans notre c
61
de confusion. Si l’on examine son vocabulaire, on
s’
aperçoit qu’il utilise à peu près au petit bonheur les termes d’union
62
n de nos jours. Je n’en vois guère que trois, qui
se
distinguent nettement par le rôle qu’y joueraient nos États. On peut
63
ère seulement quelques têtes de chapitre. On peut
se
demander d’abord si cette solution apparemment de statu quo, répond d
64
odifiées par le Marché commun. D’autre part, elle
se
fonde sur une certaine idée de la souveraineté des États, considérés
65
gue à celui des cantons suisses, dont l’autonomie
se
voit assurée par la force même de leur union. La fédération garantira
66
aines où, de toute façon, elle ne peut plus guère
s’
exercer individuellement. Convient-il de considérer comme un quatrième
67
jet d’études et la méthode interdisciplinaire qui
s’
impose à nous. Car le fédéralisme n’est pas une doctrine toute faite,
68
pas une doctrine toute faite, un dogme auquel il
s’
agirait de plier les réalités, mais une méthode générale d’aménagement
69
ses humaines, méthode d’allure pragmatique qui ne
se
comprend et ne s’explique bien que par son fonctionnement dans les do
70
ode d’allure pragmatique qui ne se comprend et ne
s’
explique bien que par son fonctionnement dans les domaines les plus di
71
itutionnelles dans lesquelles et grâce auxquelles
se
développe ce contenu économique, et il montrera dans quelle mesure ce
72
ans quelle mesure ces structures tendent ou non à
se
rapprocher des formes fédéralistes. Il rejoindra de la sorte les étud
73
raliste de la question européenne. Le groupe doit
se
réunir pour la première fois dans quelques semaines. Les étudiants av
74
yeux de la plupart des auteurs contemporains qui
s’
en déclarent les adeptes, c’est une attitude de pensée et une méthode
75
Tenter de le définir d’entrée de jeu serait donc
s’
exposer à trahir méthodiquement sa nature même. Voilà sans doute pourq
76
sme comme méthode ou attitude, et des régimes qui
s’
en inspirent, nous constatons qu’il leur faut des livres entiers pour
77
exandre Marc et moi-même, puis Henri Brugmans qui
s’
inspire de ses travaux, rénove ce que j’ai nommé « l’attitude fédérali
78
eurs des membres de ce groupe, dispersé dès 1939,
se
retrouvent pour déclencher, après la Seconde Guerre mondiale, le mouv
79
e sera une occasion de les décrire —, soit qu’ils
s’
opposent expressément à « ce qui allait de soi » du vivant de leurs au
80
son plan d’union au moment où la première nation
se
constitue, menaçant la double unité de l’empire et de la papauté. Et
81
j’en examinerai les causes. Dans ce contexte, il
s’
agira de repérer la nature des obstacles traditionnels de l’union, et
82
r un puissant parti, les jacobins, tandis qu’elle
se
réalisait enfin, mais hors d’Europe, dans la Constitution américaine.
83
e de « grands travaux européens » ; comment elles
se
développent dans les plans de Bentham et de Saint-Simon ; enfin comme
84
checs pratiques et de déchets idéologiques. Qu’il
s’
agisse au début du plus grand poète du Moyen Âge, Dante, ou du roi hus
85
une ville, Bâle ou Genève) mais ils ne trouvent à
se
réaliser qu’au sein d’une entité beaucoup plus vaste, impériale, papa
86
isait Lucien Fèbvre. Mais quand ils réussissent à
se
dégager de leur canton, alors pas de milieu, ils atteignent à l’unive
87
l… Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse
s’
appelle Jean-Jacques. Il s’appelle Burckhardt ou, dans un autre domain
88
t la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il
s’
appelle Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son canton —
89
sses : quelle que soit leur petite patrie locale,
s’
ils la dépassent, c’est pour rejoindre immédiatement les grands couran
90
siècle. Cinquante ans plus tard, c’est à Bâle que
s’
allume un nouveau foyer : Bachofen inaugure par son Matriarcat une con
91
les limites de la confession protestante. ⁂ Mais
s’
il reste vrai que la Suisse n’est pas une nation comme les autres, n’a
92
daise ou vénitienne du xviiie siècle, et qu’elle
s’
est conformée par anticipation à cette règle devenue évidente à partir
93
solés, délicieux ou extravagants, et leurs succès
se
font à Paris, Londres et Berlin. Un tableau de Paul Klee, une sculptu
94
les récits d’un réalisme stylisé de C. F. Ramuz,
se
distinguent des romans français, anglais ou russes des mêmes époques
95
streintes du pays et des communautés diverses qui
s’
y côtoient. Pays pauvre, au surplus, et dont les seules richesses nais
96
un Suisse entreprend de créer quelque chose, tout
se
passe comme s’il avait à se faire pardonner son ambition ou son génie
97
prend de créer quelque chose, tout se passe comme
s’
il avait à se faire pardonner son ambition ou son génie individuel en
98
r quelque chose, tout se passe comme s’il avait à
se
faire pardonner son ambition ou son génie individuel en démontrant qu
99
oit voir plutôt petit, fonctionnel et très sobre,
s’
il reste en Suisse. Mais s’il a le goût de la grandeur, c’est à Rome q
100
tionnel et très sobre, s’il reste en Suisse. Mais
s’
il a le goût de la grandeur, c’est à Rome qu’il ira terminer l’énorme
101
la Suisse, avec 11 prix Nobel pour les sciences,
se
place au premier rang mondial, et de très loin, relativement à sa pop
102
concrètement fédéralistes depuis des siècles. Il
s’
ensuit que la menace d’uniformisation et d’oblitération des traditions
103
re, agira totalement dans le même sens. La Suisse
se
doit de réagir à temps en soutenant plus « matériellement » que jusqu
104
el, ou d’opportunisme lâche qui tolère tout et ne
s’
oppose à rien. Le fédéralisme s’oppose en fait à deux tendances très p
105
tolère tout et ne s’oppose à rien. Le fédéralisme
s’
oppose en fait à deux tendances très puissantes dans le monde occident
106
inition l’uniformité imposée par un centre, qu’il
s’
agisse d’une capitale, d’un État, d’un parti, d’un pouvoir clérical, p
107
ange avec le monde extérieur. Car le fédéralisme,
s’
il aime les diversités régionales, aime aussi leur santé et celle de l
108
et le choléra. Un homme qui boit de l’eau et qui
se
lave, n’est pas à mi-chemin entre un homme qui meurt de soif et un ho
109
entre un homme qui meurt de soif et un homme qui
se
noie. De même, le fédéralisme n’est pas à mi-chemin entre la centrali
110
ont en commun ! On aurait bien tort, en effet, de
s’
imaginer que la volonté de centralisation totale d’une nation et la vo
111
c d’impur, et par suite, refusent de coopérer, de
se
lier par traités avec leurs voisins, de s’ouvrir aux échanges. Ce nat
112
er, de se lier par traités avec leurs voisins, de
s’
ouvrir aux échanges. Ce nationalisme local relève de la même mentalité
113
t d’amour du réel. Mais l’attitude fédéraliste ne
se
borne pas à reconnaître d’une part la nécessité de l’union, d’autre p
114
oîte. Pour que la qualité particulière d’un rouge
se
manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté e
115
s l’unité globale d’une œuvre au sein de laquelle
s’
opèrent mille échanges d’une infinie complexité. Voilà ce que j’appell
116
manière. La plupart des impasses dans lesquelles
se
fourvoie l’organisation politique du monde moderne proviennent du fai
117
rsité des fonctions nationales ; d’autre part, on
se
cramponne à une souveraineté nationale qui a peur de se laisser englo
118
mponne à une souveraineté nationale qui a peur de
se
laisser englober dans un plus grand corps. Les uns oublient que la sa
119
fois l’Un et le Divers, une très riche diversité
se
détachant sur un fond d’unité essentielle. Quelle est donc, pour nous
120
dans toutes nos œuvres, le fond commun sur lequel
se
détache notre individualité, et dont elle tire ses nourritures élémen
121
que les Suisses, selon la langue qu’ils parlent,
se
rattachent à l’une ou à l’autre des trois grandes cultures nationales
122
pure et simple illusion d’optique scolaire. Elle
se
dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’Histoire. La culture
123
’existence : il faut bien admettre que la culture
s’
était constituée avant elles et sans elles ! Je me contenterai, pour i
124
’évolution de la musique en Europe : elle naît et
se
constitue au xiiie siècle dans un certain nombre de cités du Nord et
125
puis en Île-de-France. Des cités italiennes, elle
se
propage jusqu’aux cités flamandes, le long du grand axe commercial de
126
ance, reliant Venise à Bruges. Une école nouvelle
s’
épanouit alors dans les Flandres. Elle influence bientôt la Bourgogne,
127
s tard, les Allemands et les Autrichiens viennent
s’
initier auprès des maîtres italiens. Bach copie avec application des œ
128
le, le centre de gravité de la musique européenne
se
déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Bayre
129
c’est simplement l’école locale dans laquelle il
s’
est formé. D’où vient alors cette illusion d’optique dont je parlais,
130
’entretient. Quand on dit que les Suisses romands
se
rattachent à la « culture française », on ne pense guère qu’à la lang
131
pas de réalités nationales, donc politiques, mais
se
rattache directement à l’ensemble culturel européen : elle est « immé
132
ase étant de la sorte identifiée, la question qui
se
pose est de savoir comment certaines cités ou certaines régions parvi
133
ertaines cités ou certaines régions parviennent à
se
différencier, à s’individualiser sur cet arrière-fond commun. Si je
134
ertaines régions parviennent à se différencier, à
s’
individualiser sur cet arrière-fond commun. Si je cherche pourquoi et
135
e cherche pourquoi et en quoi les Suisses romands
se
différencient des Français, ou en tout cas de l’image convenue que l’
136
nique et anglo-saxonne autant que française, sans
s’
arrêter à ces barrages ou à ces faux relais de paresse que représenten
137
e. Est-il besoin de rappeler que ce grand artiste
s’
est formé à l’école de Paris, mais aussi à l’école de Cézanne, puis de
138
puis des romanciers russes, enfin de Goethe ? Il
se
voulait un pur Vaudois, séparatiste (car c’était là le véritable sens
139
au génie de la culture en Europe, la question qui
se
pose maintenant est de savoir comment nous saurons illustrer notre vo
140
lus désuets. Il voudrait que chacune de nos cités
se
suffise à elle-même dans tous les domaines : université, radio, publi
141
l est clair que nos villes sont trop petites pour
se
payer chacune un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne prendr
142
n ne dise pas qu’elles sont trop petites pour que
s’
y développent à foison des écoles de peintres, des galeries d’expositi
143
passion créatrice un peu folle de jeunes gens qui
se
groupaient en écoles, autour d’un maître du métier ; secondement, le
144
ormalement de rationaliser les activités dont ils
s’
occupent, pour les rendre plus économiques ou plus rentables. Mais la
145
s d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus
s’
intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la culture
146
demandais au début à quels « Européens » l’auteur
s’
en prenait, qui d’une part refuseraient de reconnaître les apports jud
147
« l’exemple typique » de l’altitude visée. Le CEC
se
livrerait donc à « l’effort vain et absurde de présenter une culture
148
carthyste ». Si vos lecteurs prennent la peine de
se
reporter à l’une quelconque des publications du CEC (l’un de nos 52
149
ussi, autant qu’ailleurs. La seule question qu’on
se
pose est de savoir quelles sont les traditions qui doivent collaborer
150
ou la liberté ? L’union de l’Europe ne pourra
se
faire qu’en vertu d’une volonté, mais il n’est pas de volonté sans bu
151
mant que « le coup électrique de la Raison » doit
se
transmettre instantanément de Paris jusqu’à toutes les extrémités du
152
mathématiques, le pluraliste à la biologie ; l’un
se
préoccupe des cadres à imposer, l’autre des forces vives à faire joue
153
er, l’autre des forces vives à faire jouer ; l’un
se
soucie d’abord de la stabilité, l’autre plutôt de la fluidité ; l’un
154
éveille et libère chez beaucoup la possibilité de
s’
affirmer, de se charger de ses propres responsabilités, et donc d’actu
155
re chez beaucoup la possibilité de s’affirmer, de
se
charger de ses propres responsabilités, et donc d’actualiser à son éc
156
es opinions des deux autres types. Mais peut-être
s’
agit-il d’un double refoulement. Chez le manager, la volonté de puissa
157
ment. Chez le manager, la volonté de puissance ne
se
traduit que d’une manière abstraite, en termes d’organisation sans dé
158
s de « jeu » dans les rouages ; l’idée de liberté
se
trouvant obscurément assimilée à celle d’atteinte aux droits acquis,
159
ngrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui
se
tint à Montreux en 1947, j’avais tenté de situer à grands traits cett
160
litique d’où allait naître le Mouvement européen.
S’
agissant de reprendre ici la description de l’ensemble du projet, je m
161
de la communauté au sein de laquelle sa vocation
s’
exerce. Aux individualistes nous rappelons donc que l’homme ne peut se
162
dualistes nous rappelons donc que l’homme ne peut
se
réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup dans le co
163
et la cité ; entre ces deux amours : celui qu’il
se
doit à lui-même et celui qu’il doit à son prochain — indissolubles.
164
santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui
se
lave n’est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui
165
chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui
se
noie. Et, de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dosage
166
: ces deux extrêmes, eux, sont dans le même plan,
se
conditionnent et s’appellent l’un l’autre. C’est avec la poussière de
167
eux, sont dans le même plan, se conditionnent et
s’
appellent l’un l’autre. C’est avec la poussière des individus civiquem
168
voit que le passage de la personne au fédéralisme
s’
opère tout naturellement, et presque irrésistiblement, le second n’éta
169
te unité centralisée ; les déviations ou maladies
se
répondent également terme à terme : égoïsme individuel ou abdication
170
dit Descartes. C’est un art de composer, quand il
s’
agit d’élaborer une constitution et des lois, et une méthode de pilota
171
et des lois, et une méthode de pilotage quand il
s’
agit de gouverner entre le Charybde de l’anarchie des particularismes
172
les États-Unis et la Suisse. Bien que ces régimes
se
soient formés d’une manière empirique, tout se passe comme si les hom
173
es se soient formés d’une manière empirique, tout
se
passe comme si les hommes d’État et les groupes qui les instituaient
174
; il n’unit pas, il unifie. Et les coalitions qui
se
forment contre lui ne survivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa m
175
ie, a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres
se
sont ligués contre lui, l’ont obligé à rentrer dans le rang, et l’uni
176
ne verra jamais sans méfiance certains « grands »
s’
arroger l’initiative d’une fédération continentale ou mondiale. L’éche
177
ranger selon leurs caractères particuliers, qu’il
s’
agit à la fois de respecter, et d’articuler dans un tout. Troisième p
178
ciales et religieuses qui composent l’ensemble ne
se
manifeste guère au plan municipal. En Suisse, le respect des qualité
179
municipal. En Suisse, le respect des qualités ne
se
traduit pas seulement dans le mode d’élection du Conseil des États (d
180
ns, Slaves et Anglo-Saxons, Scandinaves et Grecs,
se
verraient soumis aux mêmes lois et coutumes, qui ne pourrait satisfai
181
oîte. Pour que la qualité particulière d’un rouge
se
manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté e
182
s l’unité globale d’une œuvre au sein de laquelle
s’
opèrent alors mille échanges d’une infinie complexité. Le totalitaire,
183
s autres. Si les nations de l’Europe arrivaient à
se
concevoir dans un rôle analogue, elles comprendraient que leur harmon
184
si que dans une fédération elles n’auraient pas à
se
mélanger, mais au contraire à fonctionner de concert, chacune selon s
185
erribles simplificateurs ». Lorsque les étrangers
s’
étonnent de l’extrême complication des institutions suisses, de cette
186
gieux, qui n’ont pas les mêmes frontières, et qui
se
recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois ou
187
rs de ses dimensions la personne même de ceux qui
s’
y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, d
188
un peuple. Une politique fédéraliste soucieuse de
se
mouler sur la réalité, toujours complexe, suppose infiniment plus de
189
ns politique. Finalement, si l’on y réfléchit, on
s’
aperçoit que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politi
190
ique et vivant. Sixième principe. Une fédération
se
forme de proche en proche, par le moyen des personnes et des groupes,
191
uvernements. Nous voyons la fédération européenne
se
composer lentement, un peu partout, et de toutes sortes de manières.
192
e économique, là c’est une parenté culturelle qui
s’
affirme. Ici, ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouvre
193
ce sont deux églises de confessions voisines qui
s’
ouvrent l’une à l’autre, et là ce sont des professions qui s’organisen
194
’une à l’autre, et là ce sont des professions qui
s’
organisent. Et surtout, ce sont des personnes, des groupes, des écoles
195
e des réalités humaines est beaucoup plus près de
s’
organiser qu’il ne le semble. Elle est déjà beaucoup plus unie, en réa
196
upes et de personnes qui ont pris l’initiative de
se
fédérer en dehors des gouvernements nationaux (Congrès de l’Europe à
197
e publique. Septième principe. Une fédération ne
se
crée pas contre une menace extérieure, ni à des fins impérialistes, m
198
e pas devant elle une utopie bien cohérente qu’il
s’
agirait d’imposer, ou des plans statiques qu’il faudrait réaliser en q
199
le et constamment mouvant entre des groupes qu’il
s’
agit de composer en sauvegardant à la fois leur individualité et leurs
200
cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serait
se
condamner à retomber sans cesse dans un malentendu fondamental, que l
201
r les Suisses romands. En allemand, confédération
se
dit Bund, qui signifie union, et qui évoque avant tout l’idée de cent
202
sation. En Suisse romande, au contraire, ceux qui
se
proclament « fédéralistes » sont en réalité les défenseurs jaloux de
203
lisation. Pour les uns, fédérer veut dire surtout
s’
unir. Pour les autres, être fédéraliste veut dire surtout : rester lib
204
bable que, sur le plan européen, nous allons voir
se
dessiner deux tendances toutes semblables à celles que je viens de si
205
nt de dépasser les cadres physiques dans lesquels
s’
exercent les autonomies locales ou régionales. D’autre part il n’est p
206
yens dont disposent les individus et les régions,
se
manifeste la nécessité d’un Centre inspirant, équilibrant, coordonnan
207
ne conquise, qui, ainsi colonisée, permet soit de
se
lancer vers des aventures ou des explorations nouvelles, soit d’accro
208
er du travail qui pouvait être fait par elle ; et
s’
ils ne savent mettre à profit les libertés ainsi conquises, à la fois
209
e mieux vivre sa vie propre, et de plus librement
se
choisir : sécurité physique mieux assurée ; diversités personnelles,
210
largissement de la conscience ; faculté accrue de
s’
engager selon ses goûts, ses idées ou sa foi, mais aussi de se dégager
211
lon ses goûts, ses idées ou sa foi, mais aussi de
se
dégager de ses « fatalités » natives… N’est-ce point là ce que l’homm
212
vidualiste (ou impérialisme local) de groupes qui
se
veulent souverains, comme si le reste du monde n’existait pas : j’ai
213
eur naturelle, aux routines, aux machines qu’elle
s’
est construites mais qu’elle accuse ensuite de l’asservir, cette mauva
214
trahissant à vrai dire un manque de foi ; soit de
s’
imaginer, comme la colombe de Kant, qu’elle volerait beaucoup mieux da
215
a-t-elle besoin pour atteindre ces buts, ou pour
s’
en rapprocher ? Buts. Autonomie (liberté et responsabilité) croissan
216
personnels (les plus immédiats à l’universel). Il
s’
agit donc : — d’une part, à l’intérieur, d’éviter que les indépendance
217
roblème d’une organisation fédérative de l’Europe
se
ramène à la recherche d’un optimum pratique entre les maxima possible
218
ans espoir aux praticiens de la vie politique qui
se
contentent des routines et recettes « réalistes » héritées du siècle
219
européen. Comment ces grands principes abstraits
se
traduisent-ils, aux yeux de l’Européen vivant en 1980 ? Tout d’abord
220
x îles grecques, de la Finlande à la Sicile, tout
s’
ouvre aux ambitions ou aux rêves d’un jeune homme. Les citoyens de tou
221
s rigides de leur nation, moyenne ou petite, mais
s’
ouvre aux dimensions continentales, et donc mondiales. S’ils veulent s
222
aux dimensions continentales, et donc mondiales.
S’
ils veulent sortir de l’Europe, vers l’Afrique ou l’Asie, les Amérique
223
opéen, délivré à leur lieu d’origine. Chacun peut
s’
établir où il le veut, sur tout le territoire de la fédération, soit p
224
s produits partout, sans taxes, et acheter ce qui
se
fait partout, au même prix et en francs européens. Ce marché commun d
225
le plus varié du monde. L’Europe a donc cessé de
se
sentir écrasée entre les « deux grands » : elle est plus « grande » q
226
e ses communes. Tout citoyen d’un État membre qui
s’
établit sur le territoire administré par un autre État membre y bénéfi
227
ble après un certain délai, qui varie selon qu’il
s’
agit d’emplois publics municipaux, régionaux, ou nationaux. Le droit f
228
e, économique et politique de l’ensemble européen
s’
exprime désormais par des décisions fédérales, qui traduisent la consc
229
rte quel membre de la fédération, tous les autres
se
portent automatiquement à sa défense, selon les plans de l’état-major
230
ait atteinte au droit fondamental des personnes à
se
grouper en communautés diversifiées : droit à l’autonomie ; tandis qu
231
elle mondiale : droit à l’Union. L’Europe fédérée
se
présente, en conséquence, comme un grand espace composé d’une vingtai
232
rieur de la fédération vers 1980. Elle ne saurait
s’
expliquer qu’en fonction des problèmes qui se posaient au départ de la
233
rait s’expliquer qu’en fonction des problèmes qui
se
posaient au départ de la construction de l’Europe. Ouvrons donc en ce
234
en arrière, examinons la situation telle qu’elle
se
présentait aux environs de 1963, lorsqu’on se mit à envisager les div
235
lle se présentait aux environs de 1963, lorsqu’on
se
mit à envisager les divers modes possibles d’une union politique, et
236
te-Alliance, interdisant toute union efficace, il
s’
agit de manœuvrer selon les meilleures recettes de pilotage, de trouve
237
monstres froids », comme l’a dit Nietzsche. Mais
s’
il est vain de fonder l’espoir d’une construction européenne sur un ge
238
n mesure de faire, il est sans doute dangereux de
s’
épuiser à combattre des souverainetés en grande partie inexistantes, e
239
t que renforcer temporairement en les obligeant à
se
défendre au nom sacré de l’indépendance d’un pays. Pour sortir de l’i
240
Au surplus, dans la mesure où elle subsiste, elle
se
voit garantie et défendue par une constitution, par une armée, et par
241
tend et quand on le veut. En fait, ces deux États
se
sont vus brutalement mis en demeure par deux autres puissances de ces
242
sans l’appui de l’une aucun pays d’Europe ne peut
se
défendre contre l’autre. Aucun pays d’Europe n’est donc vraiment souv
243
Un second problème fondamental semble bien devoir
se
poser à l’Europe une fois fédérée. Peu le pressentent ou s’en inquièt
244
l’Europe une fois fédérée. Peu le pressentent ou
s’
en inquiètent, aux environs de 1963 : c’est qu’il est plus nouveau que
245
x îles britanniques le régime qui est en train de
s’
instaurer entre les Six (effacement des frontières économiques), certa
246
les cantons suisses depuis 1848 — d’autant mieux
se
manifesteront les réalités régionales. La notion de « métropole » éco
247
s, comme la France, ou l’Espagne, ou la Belgique,
se
différencier et se réorganiser en autant de régions nouvelles (ou réa
248
ou l’Espagne, ou la Belgique, se différencier et
se
réorganiser en autant de régions nouvelles (ou réanimées), qu’il y au
249
gré ou de force par une frontière « nationale »,
se
sont trouvées amalgamées à des États de traditions bien différentes8.
250
siècle. Les régions de climat salubre, ou amène,
se
voient à juste titre privilégiées. L’Europe noire du charbon, des cor
251
des corons, des banlieues ouvrières et des mines
se
vide, au profit des régions méridionales, fluviales, ou même alpestre
252
Une jurisprudence fédérale des régions autonomes
se
constitue. Une politique fédérale de production et de distribution te
253
iales des associations ou unions régionales. Elle
s’
efforce d’harmoniser la vitalité des nouveaux centres, les besoins gén
254
le des foyers locaux. La renaissance des communes
s’
affirme. Le citoyen, naguère « démuni de toute influence politique app
255
ssion directe des principes énoncés plus haut, et
s’
en déduisent sans autres difficultés que celles qui naissent d’une vol
256
es et locales. Les compétences du pouvoir fédéral
s’
exercent donc d’abord dans le domaine de la politique étrangère, et de
257
insi résolu, leur neutralité n’ayant plus lieu de
s’
affirmer ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Quant à savoir si l’Europ
258
’Europe fédérée est elle-même neutre, la question
se
ramène à celle des alliances qu’elle peut être amenée à conclure avec
259
ier son sort à un État ou à un groupe d’États qui
s’
interdit comme elle tout recours à la guerre, elle reste neutre en thé
260
guerre qu’un tiers parti ferait à l’allié, comme
s’
il la faisait à l’un de ses membres. Une disposition de ce genre prése
261
rculation des biens sur tout son territoire, elle
se
charge d’organiser et de subventionner les activités qui dépassent la
262
probation fédérale, régions et métropoles peuvent
se
donner des structures et des pouvoirs autonomes, et elles peuvent aus
263
et des pouvoirs autonomes, et elles peuvent aussi
s’
associer avec d’autres entités comparables relevant d’un État voisin.
264
nt d’un État voisin. L’Europe tend de la sorte à
se
transformer de fédération des États « anciens » (nés d’ailleurs, pour
265
in des pouvoirs législatifs. L’Assemblée fédérale
se
compose donc d’une Chambre des députés européens et d’un Sénat europé
266
e, ne saurait être gouverné que par un Collège où
s’
équilibrent les diversités en évolution permanente. Le Conseil fédéral
267
tant qu’État, à l’écart des luttes politiques qui
se
jouent à l’échelle du continent. Ces conditions idéales se trouvent r
268
du Saint-Empire, de même la Confédération suisse
se
voit dotée d’un statut spécial, d’une sorte « d’immédiateté fédérale
269
hrétienne et dans la philosophie grecque, et peut
se
réclamer du thomisme puis du calvinisme, plus tard du socialisme prou
270
n calvinienne, ne peuvent, en bonne doctrine, que
se
montrer favorables aux solutions fédéralistes. Celles-ci sont d’aille
271
contraindra les partisans d’une Europe unitaire à
se
replier sur des solutions praticables, qui se trouveront être fédéral
272
eviennent chaque année plus concrets, soit qu’ils
se
posent en termes d’intérêts, soit qu’ils réveillent des passions part
273
ne part, historiques ou conjoncturels de l’autre,
s’
opposent encore des préjugés nationalistes survivants, certains calcul
274
ut est donc la première tâche de ceux qui veulent
se
mettre en marche. Inventer des chemins vers le But est la seconde tâc
275
e sait pas au juste où l’on a décidé d’aller : on
se
contente de charger des experts d’étudier les modalités et le coût de
276
e, la prévision est une action. Bien voir le But,
se
concentrer sur lui, dégage et mobilise les énergies nécessaires pour
277
ue L’Ordre nouveau (publiée de 1932 à 1937) qui
s’
inspirait de ces idées. 6. « The task before us, at this congress, is
278
ique du canton de Berne. Un mouvement séparatiste
s’
y manifeste. 8. Cas de la Catalogne, de la Wallonie, des Flandres, du
279
le couple ? (25 octobre 1963)g h Jamais on ne
s’
est autant marié en France (90 % des hommes et 91,5 % des femmes) et j
280
’a autant divorcé (10 % des couples) : le mariage
se
porte donc beaucoup… mais se porte plutôt mal. Y a-t-il vraiment une
281
ouples) : le mariage se porte donc beaucoup… mais
se
porte plutôt mal. Y a-t-il vraiment une crise du mariage ? Naturellem
282
re naturellement), favorise cet amour-passion qui
se
dénoue alors dans l’adultère. Cette passion tant espérée, neuf fois s
283
ations de l’âme médiévale, qui leur ont permis de
s’
exprimer et de s’avouer au grand jour. Pour la première fois, l’homme
284
édiévale, qui leur ont permis de s’exprimer et de
s’
avouer au grand jour. Pour la première fois, l’homme devient le servan
285
résie cathare, qui l’a fourni ; cette hérésie qui
s’
installe solidement dans les cours et les châteaux du Midi (Albi fut l
286
l’homme créée par le diable. D’où la nécessité de
s’
abstenir non pas de toutes relations érotiques, mais de celles qui son
287
asteté absolue étant trop difficile, les cathares
se
bornaient à médire du mariage et à louer des formes d’amour plus ou m
288
fortune qu’en Occident ? C’est que la passion ne
s’
approfondit et ne dégage ses énergies qu’à la mesure des résistances q
289
aux instincts, qui permet à l’attrait naturel de
s’
exalter, de devenir une passion. Et c’est le roman de Tristan et Iseut
290
stera le prototype éternel de l’amour-passion qui
se
nourrit d’obstacles qu’on lui oppose, qui les invente au besoin : Tri
291
fier : la morale chrétienne, l’orthodoxie, qui ne
s’
appuie plus sur une foi vivante, est devenue la « morale bourgeoise »,
292
vons perdu la clef, le mythe dégradé, profané, ne
se
traduit plus que par l’envahissement du roman d’amour, du film sentim
293
antité d’obstacles, il en est un contre lequel il
se
brisera presque toujours : c’est la durée. Et notre culte de la beaut
294
ut-on quand même supposer que l’homme parvienne à
se
fixer sur un type, rencontre un jour son Iseut ? Admettons ! Il renco
295
dant. Alors commence une « passion » nouvelle. On
s’
ingénie à renouveler l’obstacle et le combat et voici les « ruses » d’
296
les « ruses » d’une passion débile qui cherche à
s’
entretenir : jalousie désirée, provoquée, favorisée, non plus chez l’a
297
autre). Cet amour-passion de Tristan et Iseut qui
se
dénouait dans la mort, se dénouera alors un jour ou l’autre dans l’in
298
de Tristan et Iseut qui se dénouait dans la mort,
se
dénouera alors un jour ou l’autre dans l’infidélité. Alors, il n’y a
299
relève toujours d’une sorte d’arbitraire dont ils
s’
engagent à assumer les suites heureuses ou non. La fidélité, alors, n’
300
ilité — mais de combien de complaisances secrètes
se
compose une « fatalité » ! En résumé, la grande menace du mariage, c’
301
consciences occidentales, et la crise du mariage
se
dénouera d’elle-même ? Il est vrai que la passion est l’ennemie jurée
302
dé par le Maharajah de Mysore. Un Centre vient de
se
créer à Lagos, capitale du Nigéria, et l’on projette d’en créer deux
303
jour ! L’entretien a pris fin. Denis de Rougemont
s’
apprête à dédicacer quelques-uns de ses livres, parmi lesquels un ouvr
304
les chartes. Le nom même était inconnu. La Suisse
s’
est formée peu à peu, du xive au xvie siècle, dans le Saint-Empire e
305
rêts de l’Europe entière ». Si les Ligues suisses
se
détachent peu à peu du Saint-Empire, de cette première Europe dont el
306
lles sont nées, c’est parce que l’Empire lui-même
se
dénature, se dissout en États souverains et devient finalement un Éta
307
s, c’est parce que l’Empire lui-même se dénature,
se
dissout en États souverains et devient finalement un État comme les a
308
l’idée fédéraliste. Lorsque plus tard les nations
s’
absolutisent et que leurs guerres font rage sur tout le continent, des
309
rage sur tout le continent, des voix suisses vont
s’
élever au nom de ce principe, pour rappeler que la paix, la prospérité
310
r d’aujourd’hui. Comme dans le Contrat social, il
s’
y fait l’avocat d’une confédération de nos pays inspirée de celle du «
311
ormée de très petits États « où tous les citoyens
se
connaissent mutuellement », mais qu’unissent les liens d’une « commun
312
ste qu’il préconise, et son module (élément type)
se
révèle, en dernière analyse, n’être rien d’autre que la cité de Genèv
313
où les meilleurs esprits de nos diverses nations
se
lient d’amitié, soit par des livres comme De l’Allemagne, qui rétabli
314
utralité de la Suisse indépendante. Et tandis que
se
forment dans le reste de l’Europe des nations unitaires sur le modèle
315
voie un message enflammé (Genève, 1864). Proudhon
s’
est peut-être souvenu de son passage à Neuchâtel (où il fut un temps t
316
. C. Bluntschli, célèbre professeur à Heidelberg,
s’
est inspiré directement de l’expérience fédéraliste suisse en rédigean
317
our la paix en Europe. « Si cet idéal de l’avenir
se
réalise un jour, écrit-il en 1875, la nationalité suisse devra s’inco
318
ur, écrit-il en 1875, la nationalité suisse devra
s’
incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n
319
duit à la convocation du Congrès de l’Europe, qui
se
tient à La Haye au mois de mai 1948. De La Haye naît le Mouvement eur
320
il de l’Europe. L’impulsion est donnée, l’opinion
se
réveille, les hommes d’État le sentent, et le reste va s’en suivre :
321
lle, les hommes d’État le sentent, et le reste va
s’
en suivre : plan Schuman, Communauté du charbon et de l’acier, tentati
322
tion d’un Centre européen de la culture, celui-ci
s’
organise à Genève et convoque aussitôt une grande conférence qui se ti
323
ve et convoque aussitôt une grande conférence qui
se
tient à Lausanne, au mois de décembre 1949. De la conférence de Lausa
324
lture, sur le thème « L’Europe et le monde » doit
se
tenir à Bâle (fin septembre 1964) sous le haut patronage du Conseil f
325
et que notre peuple l’est peut-être plus encore,
s’
agissant de l’idée européenne. Le scepticisme dominait, et comme on ti
326
on de nos vieilles coutumes ! Temps perdu ! Ça ne
se
fera jamais ! » Je me souviens d’un débat devant le micro en février
327
qui faisaient notre opinion. L’union de l’Europe
s’
avérait bel et bien réalisable, puisqu’elle devenait réalité, mais ell
328
gouvernants pour rejoindre l’histoire en train de
se
faire, semblait prématurée aux yeux de nos sages et de nos experts, q
329
de la seconde objection que je citais : « Si cela
se
fait, par impossible, ce sera néfaste pour la Suisse » ? ⁂ Quatre gro
330
otre indépendance et « l’étoile fixe sur laquelle
se
règle la politique étrangère de la Confédération »15. Adhérer à l’uni
331
c’en serait fait du « rôle particulier » qu’elle
se
réserve d’invoquer plus souvent encore que d’autres nations, au nom d
332
es échanges avec le monde au-delà de l’Europe. En
s’
associant au Marché commun, par exemple, elle perdrait de nombreux ava
333
tous les peuples de l’Europe. Si notre neutralité
s’
oppose à l’union, il faut en réviser les termes, comme d’ailleurs la S
334
stances politiques intérieures l’ont contrainte à
se
retirer du jeu des puissances militaires. La neutralité n’a jamais ét
335
édification de l’Europe unie. Sinon, l’Europe qui
se
fera sans elle, risque bien de se faire contre elle, — c’est-à-dire c
336
n, l’Europe qui se fera sans elle, risque bien de
se
faire contre elle, — c’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; ma
337
n plaindre. À quoi l’on pourrait ajouter : 1° que
s’
il est vrai que notre neutralité a permis les interventions de la Croi
338
tour à l’avenir ; 2° que la neutralité suisse, en
s’
absolutisant jusqu’à devenir tabou — traître est celui qui ose la disc
339
s garantirent en 1815. Si elle en vient un jour à
s’
opposer aux intérêts de l’Europe entière, on s’apercevra qu’elle a per
340
à s’opposer aux intérêts de l’Europe entière, on
s’
apercevra qu’elle a perdu ses bases contractuelles. Déclarer par exemp
341
ontractuelles. Déclarer par exemple que la Suisse
se
devrait de rester neutre, même en cas de conflit entre l’Europe d’une
342
c la Constitution actuelle. Si, dit-il, la Suisse
se
refuse à entrer sans réserve dans le Marché commun, elle ne saurait j
343
ez nous qu’ailleurs, n’en affirment pas moins que
s’
il le faut un jour, la Suisse fara da se et saura bien se défendre ? N
344
moins que s’il le faut un jour, la Suisse fara da
se
et saura bien se défendre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarte
345
faut un jour, la Suisse fara da se et saura bien
se
défendre ? Nous ne sommes plus au défilé de Morgarten. Ce n’est pas a
346
ectueuse de ses diversités comme nous des nôtres,
s’
accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suisse. Mais se fera
347
vec la vocation traditionnelle de la Suisse. Mais
se
fera-t-elle ? Voilà qui dépend de nous aussi. C’est à nous de faire v
348
ou du xviiie siècle, ni même celle de 1848 qu’il
s’
agit de sauver aujourd’hui, mais bien la Suisse réelle de la seconde m
349
e au bout des arguments, au fond des choses. Elle
s’
explique peut-être en partie par nos coutumes fédéralistes de toléranc
350
qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne
se
laisse pas entraîner par une verve logique ou polémique qui risquerai
351
autres motifs à cette espèce d’embarras. Ceux qui
se
réclament très haut de nos traditions savent bien que chacun sait qu’
352
nos traditions savent bien que chacun sait qu’il
s’
agit d’intérêts ; et quant aux enthousiastes de l’Europe, ils savent q
353
ils n’ont aucune espèce de chances d’être écoutés
s’
ils proposent de renoncer à la neutralité : c’est devenu, dans la Suis
354
est dangereusement irréaliste de raisonner comme
s’
il était possible de dissocier durablement notre salut de celui de l’e
355
omme État qui entend garder une raison d’être. Il
s’
agit de savoir et de dire ce que nous avons à donner, et non pas seule
356
. Mais encore faut-il qu’elle le dise ! 13. Il
s’
agit de l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire. 14. Die Sc
357
isme », au cours de laquelle la neutralité suisse
s’
est définie comme état d’esprit. 16. « Indépendance de la Suisse et n
358
la création de la Confédération. » Cela pourrait
se
discuter. Je rappelais au début de cet article que c’est pour une mis
359
ifférences — et vraiment il n’en est pas deux qui
se
ressemblent : l’un catholique et l’autre protestant ; l’un qui est un
360
vent et publient, il y aura peu de chances qu’ils
se
lisent mutuellement. L’un voudra se faire connaître à Zurich, puis à
361
hances qu’ils se lisent mutuellement. L’un voudra
se
faire connaître à Zurich, puis à Munich, Vienne et Berlin, et l’autre
362
s, tous deux bien contents d’être suisses, ils ne
se
rencontreront sans doute jamais et n’entendront parler l’un de l’autr
363
squelles une solide fédération n’aurait jamais pu
s’
agencer et n’aurait pas duré longtemps ne sont pas de celles qui excit
364
a réserve prudente dans l’expression de la pensée
s’
il s’agit d’autre chose que des grands lieux communs mainteneurs d’une
365
erve prudente dans l’expression de la pensée s’il
s’
agit d’autre chose que des grands lieux communs mainteneurs d’une comm
366
partiments jaloux de leur personnalité, la Suisse
se
verrait condamnée à ne produire que des œuvres moyennes ou d’intérêt
367
klorique si chacun de ses petits États prétendait
se
suffire à soi-même. Mais fédérés politiquement pour leur bonheur et l
368
t-il de la Suisse. « Mais quand ils réussissent à
se
dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’uni
369
iège — entre les hautes parois de sa prison. Mais
s’
il monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des sommets. L’intuitio
370
r. Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse
s’
appelle Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël. Il s’appelle Bur
371
t la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il
s’
appelle Germaine de Staël. Il s’appelle Burckhardt ou, dans un autre d
372
Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël. Il
s’
appelle Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son canton —
373
es lettres, dans tout cela ? Eh bien, ils peuvent
se
prévaloir en Suisse d’un Arthur Honegger pour la musique, d’un Spitte
374
mieux participer aux grands courants du monde et
s’
en nourrir, au lieu de s’y laisser dissoudre une à une. La santé des a
375
nds courants du monde et s’en nourrir, au lieu de
s’
y laisser dissoudre une à une. La santé des arts et des lettres, dans
376
ition de la culture en Suisse, cette nécessité de
s’
unir précisément parce qu’on entend rester soi-même, ou le devenir de
377
ntimidait, cependant que la courtoisie dont il ne
se
départissait jamais accentuait, par contraste avec le ton bourru qu’o
378
n scolaire, interrompant d’un geste bref ceux qui
s’
annonçaient encore pour répondre, il scanda : « L’énergie, c’est quelq
379
quelque chose qui dort en chacun de vous et qu’il
s’
agit de réveiller. » Puis il sortit. Ce n’était pas une définition, c’
380
lus grave : nous comprîmes tous que quelque chose
se
préparait. Et en effet, l’ordre du jour pour le lendemain, que nous l
381
nd chien blanc. On répétait qu’une troupe moderne
se
déplace en camion ou en train et que ces marches ne servaient à rien…
382
uit, par un col escarpé dans les rochers ; l’aube
se
lèverait sur le Valais, et ce serait la dernière étape, une longue dé
383
e — détails infimes et insensibles au départ, qui
se
révèlent à longueur de marche, causant d’abord une légère irritation,
384
Quand on part pour une marche de cinq heures, on
se
met à traîner les pieds après la troisième heure, et les dernières so
385
re, et les dernières sont dures. Mais si le corps
s’
est disposé à fournir un effort de trente-trois heures, les cinq premi
386
e fatiguent pas. L’organisme, tout simplement, ne
se
permet pas encore de lassitude. Les puissances de l’inconscient, du c
387
s de l’inconscient, du corps et de l’imagination,
se
sont mises en état d’alerte. Elles ont pris leur régime d’exception.
388
forces ordinairement insoupçonnées par celui qui
se
bornait à de courtes visées. Elles étaient là, ces forces, à portée d
389
courants les petites énergies vite épuisées. Tout
se
passait donc ce matin-là comme si l’appel du but avait suffi à nous d
390
lointains ? Le corps et l’âme en alerte constante
se
préparent pour une course de fond et, c’est ce qui définit, biologiqu
391
rêves ou sa vision. Beaucoup choisissent alors de
se
réduire à des objectifs accessibles. Et aussitôt, les forces en réser
392
n ; d’où peut naître une seconde jeunesse dont on
se
sentira maître et dispensateur, tandis que l’autre était plutôt subie
393
zaine d’heures, mais la fatigue a la propriété de
s’
évaporer dans la joie d’une cime conquise. Il y eut une halte horaire
394
vent violent des sommets. Déjà la route parcourue
s’
effaçait derrière nous sous une brume d’un bleu sombre. Ce premier tie
395
as, pour la remonter ensuite jusqu’à son origine,
se
dressait la paroi des Alpes. La descente paraît au novice plus facile
396
la plus dure pour le corps, constamment tenté de
se
livrer et de laisser ainsi se disloquer les rythmes d’un effort de lo
397
onstamment tenté de se livrer et de laisser ainsi
se
disloquer les rythmes d’un effort de longue haleine. D’instinct, nous
398
i découpait chaque détail des parois orangées qui
s’
élevaient par degrés autour de nous, modelait largement les croupes de
399
mois. Leur chef en tête bien détaché du gros, ils
se
déplaçaient par à-coups, au pied d’une paroi de rochers couronnant un
400
il ondula d’abord sur place comme une houle, puis
se
mit tout entier à courir, par grands bonds et zigzags nerveux entre l
401
onds et zigzags nerveux entre les blocs ; soudain
s’
arrêta pour brouter ; puis repartit à angle droit, au petit trot, et c
402
descente, nous entrâmes dans l’irréel. Le paysage
s’
éteignait. Un dernier sommet rose feu disparut derrière un talus, puis
403
n vent froid descendait des Alpes, une pluie fine
s’
établit. Tout ne fut plus, pendant des heures, qu’automatismes à peine
404
lonté descendue dans nos muscles, contre envie de
se
laisser tomber sur le talus. Parfois l’un de nous s’endormait en marc
405
laisser tomber sur le talus. Parfois l’un de nous
s’
endormait en marchant, titubait quelques pas hors de la file, se redre
406
marchant, titubait quelques pas hors de la file,
se
redressait… Si l’on nous avait dit : « Plus qu’une heure à marcher »,
407
enue, de reformer une colonne par quatre, puis de
se
mettre au pas de manœuvre à l’entrée de la rue principale. Tout dorma
408
depuis plusieurs semaines et la saison d’hiver ne
s’
ouvrait qu’en décembre. Un hôtel vide nous accueillit. Après la collat
409
de deux-mille. Cinq ou six d’entre nous allèrent
s’
annoncer au colonel, qui buvait du café au restaurant. — « Je vous rem
410
es vives vers la victoire, et qui l’atteint, voit
s’
ouvrir une paix marécageuse. Le mystique, aux approches du sommet de l
411
isée que pour y renoncer dans le moment où l’élan
s’
est déjà ramassé. Apprendre à réussir, ou à marcher, n’est encore qu’u
412
Mais apprendre à ne pas réussir jusqu’au bout, à
s’
arrêter ou à subir l’arrêt, voilà l’autre moitié, non moins féconde. C
413
ants aux très grands yeux : ils n’ont pas fini de
s’
étonner que déjà commence l’angoisse. Mais tout d’un coup, voici deux
414
nt Nora Auric a ceci de particulier qu’on ne sait
s’
il est vu de sous l’eau ou d’un nuage : ce seraient à peu près les mêm
415
par ces roses un peu gris que je me rappelle, qui
s’
exagèrent sans doute dans mon souvenir visuel, ajoutés à des verts bie
416
ne portent pas sur tel ou tel problème précis que
se
posent les techniciens, mais sur le phénomène technique en général. P
417
technique en général. Première question : Comment
s’
explique le fait patent que la technique moderne — mettons depuis le x
418
ès simple : la religion prépondérante de l’Europe
se
fonde sur le dogme de l’Incarnation. Or qu’est-ce que l’Incarnation,
419
sinon Dieu lui-même, l’Esprit pur, qui choisit de
se
rendre connaissable dans un corps d’homme. Il en résulte que le corps
420
n programme grandiose d’action sur le cosmos, qui
s’
offre à l’homme en tant que spirituel, précisément. Programme grandios
421
toute la Nature naturée — Nature à laquelle il ne
s’
agit plus de se conformer, mais qu’il faut au contraire transformer ha
422
naturée — Nature à laquelle il ne s’agit plus de
se
conformer, mais qu’il faut au contraire transformer hardiment, illumi
423
ondition concrète et non dans l’évasion mystique,
se
combine, peu à peu, non sans peine, avec le rationalisme critique de
424
n d’une science des corps et de la matière qui ne
se
veut pas seulement spéculative, mais transformatrice du réel. Ajoutez
425
ce des fins propres de l’homme. II Mais ici
se
pose une deuxième question : les étapes de la technique ainsi définie
426
uple, puis de nation à nation. Ce type d’armement
s’
accroît quantitativement avec la première révolution industrielle, qui
427
s, voire mondiales. Dans cette évolution, on peut
se
demander si l’élargissement de la guerre a vraiment résulté du progrè
428
: la science a su donner aux hommes des moyens de
s’
armer, mais non pas de désarmer. Et il est vrai que les armes nouvelle
429
nventées par les techniciens n’ont guère fait que
s’
ajouter aux anciennes, curieusement appelées « conventionnelles », et
430
la science, mobilisée au service des États, a dû
se
borner en fait à chercher des ripostes à l’emploi de ces armes, et no
431
ncement de la sagesse des nations. Encore faut-il
s’
entendre sur ce terme de peur. Je pense bien moins ici à la peur des m
432
en moins sur une angoisse panique des peuples qui
s’
opposerait — on ne sait comment — à un conflit atomique, que sur une c
433
es une fois mis en commun — c’est en bon train de
se
faire — avec quoi se battrait-on, au bout de quelques semaines ? Avec
434
mmun — c’est en bon train de se faire — avec quoi
se
battrait-on, au bout de quelques semaines ? Avec des bâtons, des cout
435
n entre leur sort précaire et notre sort prospère
s’
impose à eux et suscite leur envie, leur jalousie. Ils prennent consci
436
ls pourraient acheter ces beaux objets (ou plutôt
se
les faire donner) et en user mais sans payer leurs frais d’investisse
437
une grande nation ayant la bombe les regroupe et
se
met à leur tête. Que peut faire l’Occident, pour éviter ce désastre q
438
cident puisse nourrir les milliards d’affamés qui
se
multiplient sans frein dans le tiers-monde. Les philanthropes qui nou
439
on l’équilibre entre les différentes cultures qui
se
partagent aujourd’hui la planète, je viens de vous donner une réponse
440
où Paris, grâce aux trains, à l’auto, à l’avion,
se
vide à moitié sur les plages pendant l’été. Et je mets en fait que la
441
elle qui consiste à battre la table à laquelle on
s’
est heurté. La technique n’est pas une puissance indépendante de l’hom
442
puissance indépendante de l’homme et qui pourrait
se
tourner subitement contre lui. La technique n’est pas matérialiste, s
443
matérialiste, seul l’homme peut l’être, quand il
se
laisse aller à ses instincts abâtardis ou quand il se laisse dominer
444
aisse aller à ses instincts abâtardis ou quand il
se
laisse dominer par ses propres mécanismes psychologiques. La techniqu
445
vant elles, mais c’est généralement l’inverse qui
s’
est produit. Personne n’avait besoin d’autos quand il n’y en avait pas
446
ns que l’homme moyen croit qu’il ne pourrait plus
se
passer de cet objet, mais le fautif n’est pas la voiture, c’est la pu
447
la technique. Je voudrais observer au surplus que
s’
il est bien certain que l’invention de Ford est née d’un rêve d’évasio
448
iété. Tout ce que j’avais à vous dire aujourd’hui
se
résume en propositions d’une extrême simplicité. La technique est un
449
nête, et pourvu de son mode d’emploi ; et puis on
s’
aperçoit en vivant cela de près que tout repose en réalité sur un tiss
450
l n’empêche qu’à Paris, à Londres ou à Berlin, on
se
moque un peu des Suisses et on les jalouse un peu, comme si chaque Su
451
eu du xx e siècle, un peuple à peu près unanime à
s’
estimer et à se dire heureux. Mais de quoi se compose son bonheur ? Et
452
le, un peuple à peu près unanime à s’estimer et à
se
dire heureux. Mais de quoi se compose son bonheur ? Et ses recettes,
453
me à s’estimer et à se dire heureux. Mais de quoi
se
compose son bonheur ? Et ses recettes, si l’on peut les donner, serai
454
anthropie, mais par intérêt bien compris. Et cela
se
voit dès l’origine. Loin d’être née comme chacun le croit de la révol
455
immédiateté impériale, qui signifiait le droit de
se
régir à leur manière, sans dépendre des comtes voisins. À cette premi
456
é par des pâtres, puisqu’il était en beau latin —
s’
agrégèrent au cours des siècles quantité de petites communautés formée
457
e, les groupes et les communautés de toute nature
se
côtoient journellement, se mêlent et se combinent de toutes sortes de
458
nautés de toute nature se côtoient journellement,
se
mêlent et se combinent de toutes sortes de manières, sans pourtant pe
459
te nature se côtoient journellement, se mêlent et
se
combinent de toutes sortes de manières, sans pourtant perdre leur ide
460
e manières, sans pourtant perdre leur identité ni
se
confondre, et sans qu’aucun d’entre eux éprouve le besoin d’imposer a
461
unautés diverses, dont les aires géographiques ne
se
recouvrent pas et n’ont rien de comparable. Prenez mon cas : Français
462
à vocation internationale, ma liberté résulte et
se
nourrit de ces appartenances multiples ; elle réfute les devises tota
463
librement instituées, tantôt juxtaposées, tantôt
s’
interpénétrant mais sans se confondre, n’allez pas croire qu’elles soi
464
ôt juxtaposées, tantôt s’interpénétrant mais sans
se
confondre, n’allez pas croire qu’elles soient unies par je ne sais qu
465
es Vaudois ou les Grisons romanches et les Bâlois
s’
aiment d’amour tendre. On ne leur demande même pas de se connaître ! U
466
nt d’amour tendre. On ne leur demande même pas de
se
connaître ! Un jodleur d’Appenzell avec son disque de laiton à l’orei
467
reille, sa piété catholique, son patois médiéval,
s’
il rencontrait un jour un banquier de Genève, avec son chic anglais, s
468
rincipes et ses complexes, ils n’auraient guère à
se
dire et pas de langage commun. Mais ils savent bien qu’ils font parti
469
tal : celui de vivre chacun selon son style et de
se
gouverner à sa façon. Cela suffit, c’est l’essentiel, le reste est id
470
comparable. Or cette fonction reste la même qu’il
s’
agisse du corps d’un petit enfant ou de celui d’un colosse. Notez d’ai
471
t plus petite que ne l’était la Suisse quand elle
s’
est fédérée. En 1848, il fallait deux ou trois jours à un député de Ge
472
s jours à un député de Genève ou des Grisons pour
se
rendre à la Diète fédérale de Berne, et autant pour obtenir des instr
473
à une salle en plein tumulte où les Croix-de-Feu
se
bagarraient et hurlaient, couvrant la voix des orateurs, je voyais Lo
474
sarcasmes acérés, lancés comme des fléchettes, et
s’
amusait beaucoup. « C’est l’ambassadeur d’Espagne à Paris », me dit Ro
475
nta à l’orateur quand nous sortîmes, tandis qu’on
se
battait encore du parterre au poulailler, des hommes tombant des seco
476
ion. Le Cabinet n’a pas tardé à démissionner pour
se
reformer deux jours plus tard avec les mêmes sauf lui : il a compris.
477
la préparation du Congrès de l’Europe (qui allait
se
tenir à La Haye dès le 8 mai), comme on cherchait à qui offrir la pré
478
j’étais le rapporteur, je suggérai Madariaga. Il
se
peut que dans mon esprit se soit opéré à ce moment-là une complexe sy
479
uggérai Madariaga. Il se peut que dans mon esprit
se
soit opéré à ce moment-là une complexe synthèse instantanée des souve
480
t l’occasion pour notre ami de voler au temps qui
se
dérobait (ou si l’on veut : de dérober au vol du temps) quelques page
481
une signature au bas d’un manifeste, Don Salvador
se
vit contraint de créer ce temps qui lui manquait pour présider congrè
482
a culture et le Collège d’Europe à Bruges), on ne
s’
ennuie pas, parce que le président nous donne l’impression qu’il s’amu
483
ce que le président nous donne l’impression qu’il
s’
amuse. Il y a là, d’ordinaire, Étienne Gilson, Julien Cain, Kenneth Li
484
s, leurs mains, mais jamais avec leur cerveau. Et
s’
ils ont une tête, eh bien, c’est pour porter un chapeau ! » Bien peu d
485
s ont donné à la cause de l’Europe, cause commune
s’
il en fût, un temps qui du même coup devait manquer à ce qu’on nomme l
486
ou que l’Inde est l’Espagne de l’Asie. C’était à
se
demander si l’on pouvait encore distinguer un Maharati ou un Gujerati
487
ne glorieuse Révolution, mais aurait-on l’idée de
se
vanter d’avoir ‟fait” une superbe pneumonie ? » Cette boutade va loin
488
coper le pathétique et l’espièglerie polémique ne
se
laissaient pas oublier, mais ce qui désormais donnait autorité à la p
489
ouvement paneuropéen, le comte Coudenhove-Kalergi
se
plaçait sous l’égide et dans la tradition des Sully, Comenius, Saint-
490
ire, les gouvernements de l’Europe sont requis de
se
prononcer publiquement sur une proposition d’union. La montée de Hitl
491
ens total et absolu. C’est dans la Résistance que
se
constitueront les nombreux groupes de fédéralistes européens qui dès
492
déralistes européens qui dès la guerre finie vont
se
réunir avec des politiciens et des économistes de tendances plus modé
493
ins. Dès 1951, avec le traité instituant la CECA,
s’
ouvre l’ère des réalisations. En dépit de succès économiques certains,
494
e fédération européenne digne du nom, que va-t-il
se
passer ? Des mesures propres à « favoriser » (faute de vouloir la cré
495
créer) une « union plus étroite » (que quoi ? on
se
le demande) entre États-nations souverains, feront l’objet de « relan
496
de grands buts qu’il faut prophétiser, sinon tout
s’
affaisse en routines, en répétitions du passé. La jeunesse se demande
497
en routines, en répétitions du passé. La jeunesse
se
demande pourquoi l’Europe n’est pas encore unie, depuis vingt ans que
498
ite ont pris le problème à l’envers : soucieux de
s’
appuyer sur le réel, ils ont voulu partir des États-nations tels que l
499
videmment, « qu’elles ne sont pas encore prêtes à
s’
unir ». Or, il est clair — il devrait être clair — qu’en tant qu’États
500
souverains les nations ne seront jamais prêtes à
s’
unir ! Il appartient à leur être même d’État, à leur définition même d
501
ême de nations souveraines de refuser l’union, de
se
vouloir chacune unique, absolue et totale en soi-même. L’union, pour
502
e concession douloureuse à la nécessité, quand on
se
sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absor
503
re plan que celui-là, précisément, où le problème
se
révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir
504
ment, où le problème se révèle insoluble. Il faut
se
fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de no
505
Il n’est rien dont les sociologues d’aujourd’hui
s’
occupent avec plus de passion en Europe. C’est qu’en effet il s’agit l
506
c plus de passion en Europe. C’est qu’en effet il
s’
agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement pre
507
de notre siècle, comme un visage dont les traits
se
composent et s’illuminent peu à peu sur le fond chaotique de la socié
508
, comme un visage dont les traits se composent et
s’
illuminent peu à peu sur le fond chaotique de la société que le xixe
509
otique de la société que le xixe siècle a laissé
se
faire au petit bonheur, la société stato-nationaliste et industrielle
510
ent quadrillée par l’administration et la police,
se
détachent maintenant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne
511
es années, je fus invité à un colloque qui allait
se
tenir à Aix-en-Provence sur le thème suivant : création d’une « métro
512
d’intense production industrielle, où sont venues
s’
implanter les plus importantes usines atomiques françaises. Parmi les
513
vois complémentaires. Car au fur et à mesure que
se
dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont se
514
frontières de nos États-nations, les régions vont
se
mettre à vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-natio
515
e l’État-nation, les régions vont très rapidement
se
dessiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et
516
on, les régions vont très rapidement se dessiner,
s’
organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, plei
517
vont très rapidement se dessiner, s’organiser et
s’
affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, pleines de vitalité
518
t fréquentes que possible. Elles seront amenées à
se
grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réalit
519
spérer. Au cours de ces dernières années, on a vu
se
multiplier les recherches scientifiques, les articles de journaux, le
520
is le début de l’année sur la région ; le dernier
s’
intitule tranquillement La Révolution régionaliste 19 et il figure dan
521
ration, vingt à trente ans, en admettant que tout
se
passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre histoi
522
e que la polis — avec ses autorités collégiales —
s’
opposa durant des siècles à la monarchie autoritaire et belliqueuse —
523
re civilisation européenne — de même la région va
s’
opposer aux empires centralistes et monopolisateurs qui prétendent auj
524
tes et monopolisateurs qui prétendent aujourd’hui
se
partager le monde. Chacun de nos États-nations (qu’on appelait naguèr
525
tions (qu’on appelait naguère des « Puissances »)
se
rêve ou s’est rêvé un jour Empire. Certains le sont parfois devenus p
526
n appelait naguère des « Puissances ») se rêve ou
s’
est rêvé un jour Empire. Certains le sont parfois devenus pour le dur
527
oute espèce d’hégémonie, ou impérialisme quand il
s’
agit d’unir l’Europe, mais plus encore à nous méfier de la formule nat
528
ès la fin du siècle dernier, Ernest Renan pouvait
s’
écrier dans un discours célèbre, à la Sorbonne20 : Les nations ne son
529
parties de leur territoire, trop sclérosées pour
s’
adapter aux structures dynamiques de la société scientifico-technique,
530
es mesures nécessaires d’union. Pourtant l’Europe
se
fait par mille réseaux d’ententes et de fusions industrielles, d’asso
531
n dépit des nations. Presque tout ce qui coopère,
se
fédère ou s’unit en Europe, qu’il s’agisse de savants, de festivals d
532
ations. Presque tout ce qui coopère, se fédère ou
s’
unit en Europe, qu’il s’agisse de savants, de festivals de musique, d’
533
qui coopère, se fédère ou s’unit en Europe, qu’il
s’
agisse de savants, de festivals de musique, d’Églises, de firmes, de s
534
ses, de firmes, de syndicats, de sports, coopère,
se
fédère ou s’unit en dehors des initiatives de l’État, par-dessus, par
535
s, de syndicats, de sports, coopère, se fédère ou
s’
unit en dehors des initiatives de l’État, par-dessus, par-dessous et à
536
rrésistiblement, les vieux cadres stato-nationaux
se
vident, cependant que des centres de décision régionaux se nouent, se
537
, cependant que des centres de décision régionaux
se
nouent, se constituent, acquièrent quelque force. Lorsque ces centres
538
que des centres de décision régionaux se nouent,
se
constituent, acquièrent quelque force. Lorsque ces centres régionaux
539
faite et du même coup, la fédération de l’Europe
se
révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige
540
e l’Europe se révélera immédiatement possible. Il
se
peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers d
541
ne peuvent encore l’imaginer les politiciens qui
se
croient réalistes — parce qu’ils sont en retard d’une génération sur
542
raditions civiques, et le besoin d’en changer. Il
s’
agit donc pour nous, ici et maintenant, d’éveiller chez les jeunes de
543
sir d’habiter demain une grande Cité européenne :
s’
ils la veulent, ils la bâtiront. Ni spontanée, ni fatale L’union
544
Ni spontanée, ni fatale L’union de l’Europe ne
se
fera pas toute seule par un processus mécanique, ou parce qu’elle se
545
fait pas le contraire. L’éducation du citoyen qui
se
pratique dans les écoles de nos pays est, aux dires de ses responsabl
546
ans presque tous nos pays, l’enseignement civique
se
borne à décrire les institutions politiques prévues par la constituti
547
on ne dit rien des problèmes vivants et réels qui
se
posent à la cité et à l’État, et que le citoyen devra trancher quand
548
pas au regard des problèmes réels — ceux qu’il ne
s’
agit pas de réciter par cœur mais de comprendre intimement. Il faut c
549
ficiels, de vœux pieux et jumelés. Ces problèmes
se
révèlent au contraire dans leurs vraies dimensions et leur urgence —
550
es programmes sont déjà trop chargés. L’ennui qui
s’
attache à l’instruction civique nationale contaminerait très vite sa v
551
ayer de substituer l’une à l’autre : car l’Europe
se
fera au-delà des nations mais pas contre elles, ni sans elles. (La Su
552
mais pas contre elles, ni sans elles. (La Suisse
s’
est faite au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’on pouvait de
553
omie, précisément : sans l’union, cette autonomie
s’
évanouissait dans l’une ou l’autre des nations voisines.) Sensibili
554
à la faveur d’exemples qui ne peuvent manquer de
se
présenter dans chaque leçon d’histoire, de géographie et d’économie,
555
t de leur formation. L’avenir de l’Europe unie va
se
jouer dans les écoles normales. En attendant que celles-ci prennent c
556
e nos pays, les bases mêmes de l’union européenne
se
déroberont sous les pas des hommes politiques et des économistes. Car
557
’Europe », il faut « faire de l’Europe ». Et cela
se
passera d’abord dans les esprits : sans « révolution culturelle » pré
558
donc nous débarrasser ? » « Si la masse du peuple
se
lève tout entière pour enlever avec nous ces montagnes, comment ne po
559
s valeurs qu’on est en train d’instaurer. M. Mach
se
plaignait qu’on n’accorde pas un respect suffisant aux chercheurs sci
560
ime de circulation, son métabolisme. Les échanges
se
composent d’importations et d’exportations, entre lesquels on cherche
561
1250 à 1260, je ne me rappelle plus exactement —
s’
appelaient Thomas d’Aquin, qui était napolitain, Bonaventure, qui vena
562
on des cerveaux en Suisse ? Comment notre culture
s’
est-elle faite ? D’abord par la conquête romaine, qui nous a apporté u
563
imensions, les moyens des communautés qui peuvent
s’
en occuper. Autrement dit, du point de vue fédéraliste, on se demander
564
r. Autrement dit, du point de vue fédéraliste, on
se
demandera à partir de quelle dimension une communauté a le droit de s
565
de quelle dimension une communauté a le droit de
se
plaindre d’un exode de ses fils qui vont exercer leur activité ailleu
566
ent acheter tout le corps professoral, comme cela
se
faisait en Italie pendant le Moyen Âge où une ville achetait toute l’
567
ités » : ils étaient punis de mort — alors là, il
s’
agira bel et bien d’un « exode des cerveaux ». Je reviens à deux des e
568
aire d’un petit village de l’Oberland bernois qui
s’
appelle Sigriswil. Si Blaise Cendrars n’était pas parti à 17 ans pour
569
parti à 17 ans pour le vaste monde, qu’est-ce qui
se
serait passé ? Croyez-vous que La Chaux-de-Fonds se serait plainte d’
570
serait passé ? Croyez-vous que La Chaux-de-Fonds
se
serait plainte d’avoir perdu un cerveau ? Pas du tout ! Il serait res
571
nous n’en aurions rien su ; il aurait continué à
s’
appeler Fritz Sauser. Mais il est parti dans le vaste monde qui en a f
572
nous avons su qu’il y avait un grand écrivain qui
s’
appelait Blaise Cendrars que nous avons découvert qu’il était suisse !
573
0 mètres de long : qu’eût-il fait, ce malheureux,
s’
il était resté en Suisse ? Il n’aurait pas trouvé assez de place pour
574
smes de l’ONU, on ne peut pas dire non plus qu’il
s’
agit là d’une perte, d’un exode. Simplement, la Suisse prend sa part d
575
des éléments d’unité. Ce sont là des notions qui
se
recouvrent. Avant de passer à la discussion générale, je voudrais pos
576
t barrage qui consisterait à empêcher les gens de
s’
en aller, ou bien qui consisterait à les racheter un peu plus cher que
577
des pôles d’attraction à l’endroit d’où les gens
s’
en vont. Donc, pas par des barrages, pas d’une manière restrictive, né
578
pôles d’attraction ? On y fait allusion déjà. Il
s’
agit de concentrer les ressources intellectuelles sur certains points.
579
chées sur tout le territoire de la Confédération.
S’
il ne s’agit pas purement de choses financières, il ne s’agit pas non
580
r tout le territoire de la Confédération. S’il ne
s’
agit pas purement de choses financières, il ne s’agit pas non plus de
581
s’agit pas purement de choses financières, il ne
s’
agit pas non plus de questions d’emploi, ou pas uniquement. Il s’agit
582
plus de questions d’emploi, ou pas uniquement. Il
s’
agit de créer un climat intellectuel. Je ne vais pas vous en donner la
583
decin, ou un dentiste, soit retenu à Genève, même
s’
il y est moins payé qu’ailleurs, parce qu’il n’est pas uniquement phys
584
nt physicien, il n’est pas uniquement médecin, et
s’
il trouve un bon orchestre, un bon quatuor qui joue de la musique mode
585
la plus éveillée, la plus curieuse du public. On
se
base souvent, à la radio et à la télévision, sur des enquêtes rapides
586
. Elle doit être aussi cela ; bien entendu, il ne
s’
agit pas de la transformer de fond en comble du jour au lendemain, mai
587
e juxtaposées, sans lien organique et sans rien à
se
dire entre elles. Il faudrait que l’Université devienne ou redevienne
588
le, c’était la méthode introduite par Abélard qui
s’
appelait le « sic et non », le oui et le non. La discussion dans les g
589
pes d’étudiants et de professeurs — un tel groupe
s’
appelait un « studium » — la discussion, souvent violente, à laquelle
590
ssentiellement une discussion libre et ouverte où
s’
opposaient le pour et le contre, systématiquement, sur tous les sujets
591
t merveilleux ! Jamais depuis le Moyen Âge, on ne
s’
était autant occupé des universités que depuis qu’on a découvert qu’il
592
aboutisse vite, mais surtout je souhaite qu’on ne
s’
en tienne pas là. Car l’Université, à mon sens, a été, doit redevenir
593
iérarchie de ses options. Une contestation qui ne
se
fasse pas — ce sera mon dernier mot — en dehors de l’Université et co
594
nt les Américains. Eh bien, j’estime que l’Europe
se
doit d’apporter quelque chose de plus. Ce plus, c’est ce que j’appell
595
e des situations pour savoir quand il y a lieu de
se
plaindre d’un exode, quand — je me répète — les échanges qui sont nor
596
éfavorable. Cette méthode peut être discutée ; il
s’
agit surtout de l’appliquer, mais je refuse absolument de prendre une
597
it la création de quelque chose qui, disait-il, «
s’
appellerait — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il s’écriait :
598
ait — peut-être — les États-Unis d’Europe » et il
s’
écriait : « Je dois vous donner un avertissement. Le temps presse. Si
599
vait suffire à la créer… Au lieu d’une Europe qui
se
fait, nous entendons aujourd’hui des déclarations inquiétantes, comme
600
nte de notre temps.26 Mais qui ne voit que ceci
s’
oppose à cela, dramatiquement, — que cette « réalité fondamentale du s
601
qu’exalte le ministre d’État du général de Gaulle
s’
y opposent encore irréductiblement, de tout leur être de nations « sou
602
vu, mais bien le siècle des nations, est-ce qu’on
s’
en félicite, ou bien est-ce qu’on dit cela comme on dirait de telle an
603
re temps est encore la nation, autre chose est de
s’
en féliciter, d’affirmer qu’on ne peut rien y changer, que c’est là-de
604
nt passé par l’école et croient savoir l’histoire
s’
imaginent qu’il y a toujours eu des États, que les nations sont immort
605
sent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et
se
forment aux dépens de l’Empire et de la papauté, voire même contre ce
606
de moyenne grandeur centré sur l’Île-de-France ne
se
reconnaît plus de supérieur au monde, traite donc l’Empire de haut en
607
te donc l’Empire de haut en bas (faute d’avoir pu
se
faire élire empereur !), fait gifler le pape, puis confisque la papau
608
ie, de l’Europe de l’Est et du Nord, qui dès lors
se
déclarent eux aussi « souverains absolus », superiorem in terris non
609
, tu es devenu un monstre aux multiples têtes ! »
s’
écrie Dante dans son traité de La Monarchie, appel désespéré, et qui r
610
amné et bafoué. Les cinq siècles suivants verront
se
renforcer et se sacraliser de plus en plus l’idée fatale de la souver
611
Les cinq siècles suivants verront se renforcer et
se
sacraliser de plus en plus l’idée fatale de la souveraineté absolue —
612
st à peine supportable quand un prince l’incarne,
s’
il n’est pas un génie ou un saint, mais qui devient proprement révolta
613
massivement meurtrière — quand c’est un parti qui
s’
en empare au nom du peuple, comme ce fut le cas des jacobins et des «
614
re unique de décision, par le moyen de bureaux où
se
concentrent tous les pouvoirs administratifs, civils et militaires, f
615
te de la patrie étatisée, seul Absolu auquel tout
s’
ordonne, et au nom duquel les maîtres de l’État peuvent mettre à mort
616
s, Dieu merci. L’État-nation centralisé et unifié
s’
arroge ainsi tous les pouvoirs des grands empires traditionnels jusqu’
617
linguistique, ni le caractère d’universalité. Il
se
rêve et se veut fermé, complet, suffisant en lui-même tant pour sa cu
618
ue, ni le caractère d’universalité. Il se rêve et
se
veut fermé, complet, suffisant en lui-même tant pour sa culture que p
619
s de ceux des autres27. C’est donc une partie qui
se
veut aussi grande que le tout. L’État-nation moderne, unitaire et abs
620
monde des grands (titre de la série dans laquelle
s’
inscrit ma conférence), c’est en vérité le problème de tous les États
621
démission de la CECA.) Ils sont trop petits pour
se
défendre seuls, même avec l’aide d’une petite ou moyenne force de fra
622
ils sont trop petits, les États-nations devraient
se
fédérer à l’échelle continentale ; et parce qu’ils sont trop grands,
623
; et parce qu’ils sont trop grands, ils devraient
se
fédéraliser à l’intérieur. Facile à formuler, mais presque impossible
624
ilemme aussi simple qu’inexorable : — ou bien ils
se
contentent de proclamer leur volonté farouche d’indépendance et leur
625
, quelque chose de constitutif qui les retient de
s’
unir. Et nous voyons mieux ce que c’est, maintenant que nous avons déf
626
e indépendance de moins en moins croyable, et qui
se
borne en fait à la liberté (souvent illusoire) de choisir les dépenda
627
e concession douloureuse à la nécessité, quand on
se
sent trop faible soit pour subsister seul, soit pour dominer et absor
628
re plan que celui-là, précisément, où le problème
se
révèle insoluble. Il faut se fonder sur ce qui est destiné à devenir
629
ment, où le problème se révèle insoluble. Il faut
se
fonder sur ce qui est destiné à devenir demain la vraie réalité de no
630
on.31 Il n’est rien dont les jeunes sociologues
s’
occupent avec plus de passion en Europe. C’est qu’en effet, il s’agit
631
plus de passion en Europe. C’est qu’en effet, il
s’
agit là d’un phénomène complexe et neuf, que nous voyons lentement pre
632
de notre siècle, comme un visage dont les traits
se
composent et s’illuminent peu à peu sur le fond chaotique de la socié
633
, comme un visage dont les traits se composent et
s’
illuminent peu à peu sur le fond chaotique de la société que le xixe
634
otique de la société que le xixe siècle a laissé
se
faire au petit bonheur, la société stato-nationaliste et industrielle
635
ent quadrillée par l’administration et la police,
se
détachent maintenant les régions, réalités absolument modernes. Ce ne
636
la combinaison de forces les plus diverses, qu’il
s’
agit de capter et d’harmoniser, dont les principales sont : l’explosio
637
es années, je fus invité à un colloque qui allait
se
tenir à Aix-en-Provence sur le thème suivant : création d’une « métro
638
d’intense production industrielle, où sont venues
s’
implanter les plus importantes usines atomiques françaises. Parmi les
639
vois complémentaires. Car au fur et à mesure que
se
dévalorisent les frontières de nos États-nations, les régions vont se
640
frontières de nos États-nations, les régions vont
se
mettre à vivre et respirer de plus en plus librement. Les États-natio
641
tés économiques, les régions vont très rapidement
se
dessiner, s’organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et
642
es, les régions vont très rapidement se dessiner,
s’
organiser et s’affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, plei
643
vont très rapidement se dessiner, s’organiser et
s’
affirmer. Et comme elles seront jeunes et souples, pleines de vitalité
644
t fréquentes que possible. Elles seront amenées à
se
grouper selon leurs affinités, selon leur voisinage, selon les réalit
645
spérer. Au cours de ces dernières années, on a vu
se
multiplier les recherches scientifiques, les articles de journaux, le
646
ique et de renouvellement des conceptions de base
se
développe un véritable mouvement de revendications politiques. Les ca
647
problème de la régionalisation du territoire. On
s’
est aperçu que ce sous-développement provenait directement de la struc
648
l’exploitation des régions par l’État central. On
s’
est intéressé très spécialement aux régions périphériques, les plus né
649
ole de près d’un million d’habitants d’une région
s’
étendant sur la France et la Belgique, et au surplus liée au sud de l’
650
ez maintenant que dans ces métropoles, peu à peu,
se
forment ces centres de décision régionaux dont tout le monde parle, e
651
faite, et du même coup la fédération de l’Europe
se
révélera immédiatement possible. Il se peut que cette évolution exige
652
e l’Europe se révélera immédiatement possible. Il
se
peut que cette évolution exige bien plus de temps que les pionniers d
653
ration, vingt à trente ans, en admettant que tout
se
passe bien plus vite de nos jours qu’à l’aube grecque de notre Histoi
654
et son régime de participation civique intense —
s’
opposa durant des siècles à la monarchie autoritaire et belliqueuse —
655
re civilisation européenne — de même la région va
s’
opposer aux faux comme aux vrais empires centralistes et monopolisateu
656
tes et monopolisateurs qui prétendent aujourd’hui
se
partager le monde. Nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de la
657
n sûr, dès la fin du siècle dernier, Ernest Renan
s’
était écrié dans un discours célèbre à la Sorbonne : Les nations ne s
658
ment des États-nations par la fédération, cela ne
se
fera point par le jeu spontané du fameux « mouvement de l’Histoire ».
659
e ». Il faudra que la succession, le remplacement
s’
opèrent dans les esprits d’abord, par la révolution la plus difficile
660
gories de pensée non seulement invétérées jusqu’à
se
confondre avec une sorte d’instinct, non seulement chargées d’histoir
661
ette religion civique dont je vous disais qu’elle
s’
était substituée à la foi chrétienne dans l’esprit des masses. Je voud
662
ent liées, gravitant autour de centres urbains où
se
localisent d’importantes fonctions économiques, en particulier les fo
663
xagère leur taille, les régions tendent ou bien à
se
confondre avec les unités nationales ou bien à perdre leur significat
664
itoriale considérée, de sorte que celle-ci tend à
se
confondre avec la simple unité locale. Mais entre ces limites supérie
665
et sur des chiffres absolus de la population, on
se
préoccupe de fonctions, de potentiels et de densités. Tout se passe c
666
de fonctions, de potentiels et de densités. Tout
se
passe comme si l’évolution moderne venait subitement de nous faire so
667
aussi un symbole de durée. La région au contraire
se
définit par des dynamismes combinés, par leurs résultantes variables,
668
l. Pour la première fois dans l’histoire, la cité
se
détache du territoire, elle « décolle » ; une unité politique se défi
669
erritoire, elle « décolle » ; une unité politique
se
définit non plus en termes de limites, mais en termes de rayonnement,
670
ses de l’indépendance absolue mais illusoire dont
se
vantaient les États-nations. Enfin, il est une grande notion que les
671
son action seront garanties par la possibilité de
se
rattacher et de donner son allégeance à des ensembles différents par
672
péter qu’elle y perdrait sa souveraineté, qu’elle
s’
y perdrait. Et si je parle d’une fédération basée sur les régions, on
673
toujours voulu défendre, et à raison. Tout ce qui
s’
est fait de grand dans notre monde, s’est fait par les petits ; de sub
674
Tout ce qui s’est fait de grand dans notre monde,
s’
est fait par les petits ; de sublime, par les infimes ; et de divin pa
675
ions, à la différence des États, sont faites pour
s’
unir et pour coopérer, comme l’ont fait nos cantons, quand ils ont vu
676
curés par cette fédération dont les États-nations
se
révèlent incapables. Acceptons donc l’hypothèse de travail régionalis
677
s économiques et sociaux avec les pays voisins, à
s’
intégrer dans des régions polynationales, ce ne serait pas encore « la
678
upprimait ses frontières avec la Savoie et l’Ain,
s’
intégrait au complexe nommé Rhône-Alpes, qui est sa région naturelle,
679
les Suisses de toutes les régions de continuer à
se
rattacher politiquement à l’idéal fédéraliste — s’ils y tiennent vrai
680
e rattacher politiquement à l’idéal fédéraliste —
s’
ils y tiennent vraiment — et de maintenir leur association. Nous somme
681
de coopération. Aujourd’hui, le fédéralisme doit
se
détacher, comme j’ai tenté de vous le montrer, des États, des territo
682
Suisses peuvent donner de meilleur à l’Europe qui
se
fait : non pas seulement une grande idée qui est capable d’ouvrir les
683
J. Servan-Schreiber, Paris, 1967. 29. « Quand il
s’
agit de nations comme celles de la vieille Europe […] qui pourrait adm
684
st l’Europe ? (mai 1968)y 1. Il y a vingt ans,
se
tenait à La Haye le « Congrès de l’Europe ». Quel est le souvenir le
685
é de coordination des six mouvements participants
se
prolongeaient jusque fort avant dans la nuit (4 h 30 du matin le 6 ma
686
du matin le 6 mai, par exemple). Quand Churchill
se
rassit après son discours inaugural, toute la salle se leva pour une
687
ssit après son discours inaugural, toute la salle
se
leva pour une longue ovation, mais je me revois sur une photo prise à
688
ne prendrais en charge la section culturelle que
s’
il était bien entendu qu’il lui reviendrait de dire le sens de toute l
689
ing organisé par un de nos groupes affiliés devra
se
terminer par une collecte de signatures (et peut-être de quelques sou
690
e. Or, le 11 mai, en fin d’après-midi, tandis que
se
terminait dans la Ridderzaal la séance plénière sur l’économie, qui d
691
s finales. Au cours de l’explication orageuse qui
s’
ensuivit, Sandys et Churchill Jr invoquèrent l’unanimité nécessaire et
692
doute anglais, dont ils affirmaient savoir qu’ils
s’
opposeraient à mon Message à cause de la phrase sur la défense. Par
693
phrase aussi voyante, et qui d’ailleurs semblait
s’
être volatilisé au secrétariat de la presse38. C’est à ce moment préci
694
uvent encore soit refuser les mesures d’union qui
s’
imposent, soit abaisser les barrières douanières et supprimer les chic
695
œuvre, etc. Mais ils ne peuvent rien de plus. (Il
se
cachent aujourd’hui derrière les refus gaulliens. Demain, ils trouver
696
s passive de quelque chose qui ne peut manquer de
se
produire du fait des autres, ou de la providence, ou du « mouvement d
697
, je l’éprouve aujourd’hui plus vive que jamais ;
s’
il est vrai qu’on ne peut bâtir sur de l’ancien (les États-nations), m
698
re chose que sur les cadres durs mais en train de
se
vider des États-nations, cela signifie dorénavant et concrètement, bâ
699
re, sont nées de la considération d’un fleuve. Il
s’
agissait sans nul doute du Méandre, puisque cet ancêtre éponyme de tou
700
t ancêtre éponyme de tous les cours d’eau sinueux
s’
incurvait près d’Éphèse, vers Priène et Milet, où il trouvait son embo
701
contemplation de ce qui coule, résiste, brûle ou
s’
évapore, c’est-à-dire des quatre éléments de la nature primordiale, sa
702
uves, autres et toujours autres sont les eaux qui
s’
écoulent, et les âmes à partir des liquides s’en vont en vapeurs… La m
703
qui s’écoulent, et les âmes à partir des liquides
s’
en vont en vapeurs… La mort pour les âmes est de devenir eau, pour l’e
704
ne sommes pas dans les mêmes fleuves… On ne peut
se
baigner deux fois dans le même fleuve. II Il est permis de lir
705
ité, et la loi unique qui règle ce mouvement. Et
s’
illustrent ici les deux sens et la profonde ambiguïté du mot durée : i
706
e est la terre des sources. Cinq bassins fluviaux
s’
originent au massif du Gothard, château d’eau de l’Europe. Par eux la
707
’Aar. Et puis, quand la rivière une première fois
s’
émancipe de Leurs Excellences, voilà Soleure et sa noblesse aux noms f
708
mais bien, et au contraire, ce qui est différent,
s’
affirme singulier et manifeste une vocation incomparable. Il n’y a pas
709
que l’on y prête de sensibilité. Pas question de
s’
y préparer ni de rien combiner à l’avance : la découverte de l’itinéra
710
n lacets vers un col dénudé. Des pans de montagne
s’
élèvent, cachant les hauteurs du Parnasse. Le paysage s’assombrit, s’a
711
ent, cachant les hauteurs du Parnasse. Le paysage
s’
assombrit, s’agrandit en même temps devant nous, et ce changement de d
712
les hauteurs du Parnasse. Le paysage s’assombrit,
s’
agrandit en même temps devant nous, et ce changement de dimensions s’é
713
temps devant nous, et ce changement de dimensions
s’
éprouve comme l’approche d’un vertige, mais au bord de l’espace intéri
714
i dominent et referment le cirque, là où la route
s’
infléchit vers la droite, longe la base d’une haute falaise puis la co
715
un n’est plus là. Puis ils sont trois qui virent,
s’
évanouissent dans la lumière et reparaissent, tombent sur quelque proi
716
ide ; et la dernière comme une porte noire semble
s’
ouvrir vers l’intérieur du rocher. Au bas de la paroi court une sorte
717
t derrière une cloison de dalles verticales, puis
s’
enfonce dans le flanc du rocher. Pieds nus dans l’eau lustrale et remo
718
, et non devant… Une autre résistance obscurément
s’
oppose à l’idée même d’une « prise de vue ». Quelque sourd interdit rè
719
elque sourd interdit règne ici. Quelque chose ici
s’
est passé et peut-être se passe encore — mais toujours vient d’être ac
720
e ici. Quelque chose ici s’est passé et peut-être
se
passe encore — mais toujours vient d’être accompli. Il en reste un si
721
la fontaine, où je suis, où l’oracle était, Œdipe
s’
est tenu devant lui, attendant la parole de son destin, et l’ombre du
722
ontaine Castalie, c’est le combat fondamental qui
s’
est livré. Le drame originel s’accomplit, à jamais suspendu dans l’ins
723
at fondamental qui s’est livré. Le drame originel
s’
accomplit, à jamais suspendu dans l’instant de stupeur qui vient après
724
cortège, conduites par un pope noir, sont venues
se
désaltérer au grand bassin. Le prêtre a béni l’eau païenne. Elles son
725
l mais à tel point que parfois une arrière-pensée
se
meut dans l’ombre : est-ce bien ainsi ? n’est-ce que cela ? n’y a-t-i
726
plateaux du Jura familier de mon enfance… Delphes
s’
est tue. Le sombre esprit ne parle plus qu’au silence monumental de la
727
astalie. (Plus tard, j’ai repris Hölderlin : Il
s’
est tu, sol de Delphes, ton Dieu !… Mais là-haut la lumière encore a
728
souffles du ciel de descendre Dans un cœur qui
s’
émeut et connaît leur présence…) ⁂ Nous avons déjeuné sur une terrass
729
alistes, qu’on voit partout en plein essor, qu’il
s’
agisse de nations en instance de divorce avec l’OTAN ou avec le Pacte
730
és et autonomies : ces deux mouvements contraires
se
prononcent en même temps, résultent en partie des mêmes causes, et en
731
er un rôle mondial, d’assurer seul sa défense, de
se
nourrir seul, au spirituel comme au physique. Et en même temps, presq
732
et dans la mesure même où ils sont centralisés —
se
révèlent trop grands pour animer la vie économique, culturelle et sur
733
e et surtout civique de leurs régions : celles-ci
se
sentent exploitées par l’État, ses bureaux ou sa capitale et les accu
734
ueur que par la Chine, l’URSS et surtout les USA,
s’
ils acceptaient toutefois d’en payer le prix, lequel serait celui d’un
735
andises de qualités au moins diverses selon qu’il
s’
agit par exemple de l’empire soviétique, du Nigéria, ou de la Confédér
736
opprimées par l’État central dont un parti unique
s’
est emparé ; au Nigéria, c’est au contraire une des régions fédérées q
737
, c’est au contraire une des régions fédérées qui
s’
érige en État unitaire ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-même
738
en Suisse, c’est le régime fédératif lui-même qui
se
voit invoqué (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de se laiss
739
é (non sans paradoxe d’ailleurs), pour refuser de
se
laisser entraîner par des mouvements de convergence européenne et mon
740
ments de convergence européenne et mondiale, même
s’
ils disent s’inspirer du propre exemple de la fédération des cantons s
741
ergence européenne et mondiale, même s’ils disent
s’
inspirer du propre exemple de la fédération des cantons suisses ! Il e
742
age délibéré aux limites d’un État fédéral. Il ne
s’
agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralisme !
743
s. » Pour le Français cultivé et qui a coutume de
se
reporter à son Littré quand il veut savoir ce qu’un mot signifie, la
744
oir ce qu’un mot signifie, la cause est jugée. Il
s’
agit d’un système qui est bon pour les sauvages et qui semble n’avoir
745
terme de fédéralisme étant tabou à Strasbourg, il
se
verrait obligé de quitter le comité si l’on adoptait ma proposition.
746
Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en
se
repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salut. » Plus éto
747
nous sommes fédéralistes » ! Pareils malentendus,
s’
ils sont le fait d’Européens professionnels ou de gardiens jaloux des
748
son cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or
s’
il est vrai que l’union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce si
749
’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle et
s’
il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on
750
problème fédéraliste une situation dans laquelle
s’
affrontent deux réalités humaines antinomiques, mais également valable
751
rie des jeux de von Neumann et Morgenstern, qu’il
s’
agit de déterminer l’optimum en lequel se concilient deux maxima contr
752
n, qu’il s’agit de déterminer l’optimum en lequel
se
concilient deux maxima contradictoires, — comme l’offre et la demande
753
de la permanence et du changement. Parallèlement
se
constituaient les premières définitions de l’homme comme individu dis
754
nt que sur l’anarchie des individus isolés, qu’il
s’
agisse de réalités métaphysiques ou physiques, esthétiques ou politiqu
755
ou physiques, esthétiques ou politiques. « Ce qui
s’
oppose coopère et de la lutte des contraires procède la plus belle har
756
ine, plusieurs centaines d’évêques et de docteurs
se
mettent d’accord pour définir en grec la nature à la fois triple et u
757
a sauvegardé les propriétés de chaque nature, qui
se
rencontrent dans une seule personne… » Abstraction faite de la foi qu
758
nt l’exercice le relie à la communauté, cet homme
se
constitue dans la dialectique des contraires. Et ce caractère va se t
759
la dialectique des contraires. Et ce caractère va
se
transmettre à tous les groupes qu’il formera avec d’autres hommes, se
760
ont produit une situation de crise dont l’acuité
se
mesure notamment par le chiffre élevé des suicides. L’homme des ensem
761
hez soi, et qui voudrait être enfin seul, sort et
se
mêle à la foule anonyme… Mais c’est une mauvaise solitude, née de l’a
762
de communication avec ceux que l’on côtoie comme
s’
ils n’étaient pas là. La solution consisterait à recréer les condition
763
a cohésion d’un ensemble assez vaste pour pouvoir
se
charger de tâches communes (telles que la défense, les affaires étran
764
s cette dialectique concrète que sont en train de
se
former sous nos yeux, en Europe, plus d’une centaine de régions à mét
765
des États-nations constitués au xixe siècle. On
s’
aperçoit alors que le fédéralisme politique (intra ou interétatique),
766
nt des formules transitoires qui sont destinées à
se
défaire assez rapidement si elles ne passent pas à la fédération et q
767
ération et qu’en général les pays qui aujourd’hui
s’
appellent confédération sont des fédérations qui, pour certaines raiso
768
isme. Je retournerai la proposition et dirai que,
s’
il y a un sens civique en Suisse, c’est dû précisément au système fédé
769
nsions des unités dans lesquelles un citoyen peut
se
manifester. Si les dimensions sont celles d’un peuple de 50 millions,
770
elles d’un peuple de 50 millions, qu’est-ce qu’il
se
produit ? On vote, de temps en temps, sur de grandes options générale
771
isse, on me pose souvent la question. Il faudrait
s’
entendre sur ce qu’on appelle région. Je ne m’étendrai pas sur cette q
772
on a, en parlant de régions, viennent de ce qu’on
s’
imagine une région comme un petit État-nation. C’est autre chose. On p
773
evoir des régions comme celle qui est en train de
s’
organiser autour de Bâle, la Regio Basiliensis, qui chevauche trois pa
774
e unité essentiellement économique. Si une région
se
constitue vraiment et solidement, comme le veulent ses promoteurs, on
775
, bien que l’allemand y soit majoritaire. Il faut
s’
orienter vers une vision de l’Europe de demain correspondant aux réali
776
ne seront pas nécessairement les mêmes, elles ne
se
recouvriront pas toutes comme l’exige la tradition unitaire laquelle
777
ontière tracée à la surface. Ce genre d’absurdité
se
révèle intenable et nous oblige à chercher autre chose du côté des ré
778
citer un exemple tiré de l’expérience suisse. Il
s’
est agi, il y a cinq ou six ans, de décider de la priorité pour la con
779
e en la coupant en deux, par exemple. La question
s’
est posée de la priorité à établir dans le tracé de ces routes : il y
780
s — demeurant distincts et reconnaissables — dont
se
compose la fédération. Il est une symbiose sans confusion ni disparit
781
ne m’était plus un dieu, et que j’étais jeune. Il
s’
efforçait tristement de lire Marx, et trouvait Kierkegaard « trop long
782
maines avec ma femme, rue Vaneau, et nos rapports
se
sont stabilisés autour de la moyenne barométrique « variable à beau »
783
« actualité » reste intéressante en ceci que Gide
se
persuadait que l’avenir seul lui ferait « gagner son procès en appel
784
s et les recettes éprouvées de l’immobilisme, qui
s’
est toujours paré du nom de réalisme. Aristide Briand avait coutume de
785
ésultat fut la Croix-Rouge. Ce très curieux récit
s’
ouvre sur un rappel de l’ordre de bataille des armées en présence et d
786
le plus grand naturel, semble-t-il. Mais on peut
se
demander dans quel dessein il consacre à peu près un tiers de son écr
787
n’a pas été le témoin, et qui auraient tous été,
s’
il faut l’en croire, de hauts exemples de bravoure ou de cette grandeu
788
leurs maris « glorieusement » blessés ou tués, il
se
range sans réserve à leurs catégories. C’est le style qu’elles attend
789
ence, ou hurlent. La figure noire de mouches qui
s’
attachent à leurs plaies, ceux-ci portent de tous côtés des regards ép
790
un horrible et indéfinissable mélange où les vers
se
sont mis ; plusieurs frémissent à la pensée d’être rongés par ces ver
791
mesurément de sa mâchoire déchirée et brisée ; il
s’
agite et veut se lever, j’arrose d’eau fraîche ses lèvres desséchées e
792
mâchoire déchirée et brisée ; il s’agite et veut
se
lever, j’arrose d’eau fraîche ses lèvres desséchées et sa langue durc
793
ien difficile au milieu d’un pareil désordre, qui
se
complique d’une espèce de panique… » Or c’est lui seul (mais rien ne
794
s et dans sa nue réalité : Il arrive que le cœur
se
brise parfois tout d’un coup, et comme frappé soudain d’une amère et
795
nté par les visions de l’enfer de Castiglione, il
se
décide à rassembler ses souvenirs, trois ans plus tard, et il se born
796
sembler ses souvenirs, trois ans plus tard, et il
se
borne à suggérer, dans une note, que si ces pages pouvaient faire na
797
l’empereur. Notre jeune bourgeois suisse, 31 ans,
se
résignera donc à l’attendre à Castiglione. On sait la suite, mais dan
798
glione. On sait la suite, mais dans son livre, il
se
borne à écrire cette seule phrase qui est sans doute l’une des plus s
799
emblable, sa dignité en redingote et son désir de
se
rendre utile. Il cherchait un empereur et il trouve une idée, aurait
800
ècle qui a commencé au soir de Waterloo et qui va
se
terminer au seuil sanglant de la Première Guerre « mondiale ». Il l’a
801
mais sans nul commentaire même implicite). Dunant
se
limite, par une tactique que je ne saurais croire toute inconsciente,
802
qu’il ne pouvait pas encore avouer, ni peut-être
s’
avouer à lui-même, alors qu’il écrivait le début d’Un Souvenir. Son vr
803
Heiden. La « modestie du but » auquel Dunant veut
se
limiter est réitérée, mais déjà la possibilité que la guerre ne soit
804
’en tire d’autres conclusions que la nécessité de
s’
en tenir à « quelques conventions diplomatiques spéciales, traitant ch
805
ne peut manquer de sentir ici qu’un doute profond
s’
est éveillé en lui quant à la nature finale des relations entre la Cro
806
pour construire une œuvre digne du but.43 Il ne
s’
agit plus d’améliorer la peste, mais de dénoncer le mal, d’en dire la
807
éremptoire : — Tu ne tueras point ! Nos nations
se
proclament chrétiennes ? Non, « titre dérisoire autant que blasphémat
808
ées… Ce qu’on désigne sous le nom de « bravoure »
s’
allie très bien quelquefois avec l’absence totale de principes et ress
809
action, n’ayant plus rien à espérer ni à ménager,
s’
abandonnerait au zèle amer du censeur des temps nouveaux et aux compen
810
oins telle que nous l’entendons ? Il convient de
s’
entendre sur le sens des termes d’utopie et de réalisme. L’utopiste es
811
ise aux fins qu’il allègue, tel celui qui répète (
se
croyant réaliste) : si vis pacem para bellum, alors que toute l’histo
812
ent d’avoir dénoncé le mal qui est dans le monde,
s’
en prend à ses principes qui sont dans l’homme, et sur lesquels nous p
813
900, que les facteurs principaux de la guerre qui
se
préparait étaient les mêmes que ceux qui, justement, achevaient de fo
814
es philosophes avaient prédit que les peuples, en
se
libérant, aboliraient le service militaire dû aux seigneurs. « Les ré
815
énérations l’esprit de bien des peuples. « Si, en
s’
unissant, elle se mettait résolument à l’œuvre pour blâmer sévèrement
816
it de bien des peuples. « Si, en s’unissant, elle
se
mettait résolument à l’œuvre pour blâmer sévèrement la guerre, au lie
817
ique, Asie) pour les asservir, pour les massacrer
s’
ils résistent, « toujours en alléguant un prétexte dérisoire, celui de
818
ernière fort peu probable.) Dans les conflits qui
se
préparent, inévitables désormais, les peuples dits civilisés seront e
819
s inventions, il n’en est pas que le genre humain
se
soit plus appliqué à perfectionner que celle dont le but est le meurt
820
Sorel, n’a rien pu contre le désastre où devaient
s’
abîmer tant de millions de jeunes hommes, tant de richesses et la puis
821
interventions nous portèrent en effet, soit qu’il
s’
agît de sciences, d’arts ou d’éditions, vers les formes les plus neuve
822
plus neuves et les problèmes les plus urgents qui
se
manifestaient dans chacun de ces domaines de la culture. En sciences,
823
s activités, le CEC ne pouvait mieux faire que de
s’
en remettre à l’expérience et à l’initiative de celui des membres de s
824
Livre, à Lausanne. Ce fut autour de ce noyau que
se
constitua rapidement la Communauté européenne des guildes et clubs du
825
x des grands éditeurs d’Europe qui, dès le début,
s’
étaient montrés les plus intolérants à l’égard de la formule guildienn
826
rin est vivant à cause de cette place où les gens
se
voient, se rencontrent. En France, aucun plan d’ensemble n’existe, on
827
ant à cause de cette place où les gens se voient,
se
rencontrent. En France, aucun plan d’ensemble n’existe, on pare au pl
828
é. C’est un immense problème d’éducation qui doit
se
traiter au niveau des écoles. Mais des usines nouvelles se créent. Où
829
r au niveau des écoles. Mais des usines nouvelles
se
créent. Où les construire ? Il faut les édifier loin des villes et lo
830
n grand espoir, c’est la régionalisation, si elle
se
réalise véritablement. On arrivera, sur des régions plus petites, plu
831
leversement, dans tous les domaines ? Il faudra «
s’
équilibrer dans le chaos ». C’est ma conclusion du Journal d’une époq
832
chasse du château. La porte du cabinet de travail
s’
ouvre sur les prés, les bois, une image paisible du pays de Gex que bi
833
s en plus sûr.) Objections tactiques Comme
s’
il n’était déjà pas assez difficile de faire l’Europe avec les Six, et
834
ousin, qui n’a que 0,7 million d’habitants. Ça ne
se
tient pas ! La Bretagne n’est pas une entité économique viable. Et qu
835
d’un seul et même territoire sur lequel cet État
se
déclare souverain. — Cette superposition forcée de réalités radicalem
836
entification du « voir » et du « comprendre » qui
s’
en suit. L’homme de la civilisation visuelle, de l’imprimé, de la lect
837
— c’est-à-dire gouvernée par un pouvoir unique et
s’
exerçant dans tous les domaines clés : le politique, l’économique, le
838
nations européens. (C’est un peu ce que l’on voit
se
dessiner — encore un terme visuel ! — avec l’essai de « régionalisati
839
tte année même.) Certaines raisons psychologiques
s’
ajoutent d’ailleurs au refus instinctif du saut qualitatif et révoluti
840
totalitaires du xxe siècle qui l’achèvent. Il ne
s’
agit donc, pour Proudhon, ni de décentraliser ni de déconcentrer (est-
841
rer, de diviser, de partager. Seulement, Proudhon
s’
en tient à un partage ou répartition du pouvoir entre les échelons géo
842
leurs structures propres : les uns et les autres
se
chevauchent, se recoupent différemment, sont parfois englobés l’un pa
843
s propres : les uns et les autres se chevauchent,
se
recoupent différemment, sont parfois englobés l’un par l’autre. Il se
844
mment, sont parfois englobés l’un par l’autre. Il
se
peut que les régions politiques soient définies demain comme les inte
845
ns l’exemple le plus simple. La Regio basiliensis
s’
étend sur trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse, le Haut-Rhin
846
habitant cette région économique, de continuer à
se
rattacher politiquement à l’une des trois nations dont la Regio est l
847
de régions ouvre un autre champ de recherches. Il
s’
agirait ici de la réunion de régions libérées de leur État-nation, mai
848
oncé au « totalitarisme » de leurs pouvoirs et ne
se
seront pas dessaisis, en tant qu’entités politiques, des « droits » é
849
tés politiques, des « droits » économiques qu’ils
s’
arrogent en barons pillards ; et tant qu’il n’y aura pas, au niveau co
850
sur la jeunesse (voir Elle n° 1215) : les hommes
se
marient en moyenne à 25 ans la première fois et à 41 ans la deuxième,
851
su réussir du premier coup. Mais faut-il vraiment
se
marier deux fois ? Denis de Rougemont a accepté de faire pour vous le
852
ouvent accompagnée du désir (conscient ou non) de
se
libérer de sa famille, cas plus fréquent qu’on ne pense chez les jeun
853
on est sûr de la durée de ses sentiments, plus on
s’
entête et plus on se dépêche. À 20 ans, il est classique de se marier
854
ée de ses sentiments, plus on s’entête et plus on
se
dépêche. À 20 ans, il est classique de se marier en claquant la porte
855
plus on se dépêche. À 20 ans, il est classique de
se
marier en claquant la porte. Mais la cause d’échec la plus fréquente
856
l’obstacle et qui l’invente au besoin pour mieux
s’
exalter. La passion suppose toujours entre le sujet et l’objet — Trist
857
ù est le roi Marc entre le garçon et la fille qui
se
marient « avec passion » ? Il n’y en a plus, aujourd’hui. Il n’y a pl
858
des deux est marié, il n’a qu’à divorcer et tout
s’
arrange. Aussi n’est-ce pas la morale sociale qui détruit la passion,
859
-il entre l’un et l’autre ? C’est qu’autrefois on
se
mariait pour des raisons : fortune, terres, agrément du caractère et
860
hec sont-elles automatiquement éliminées quand on
se
remarie ? Pas automatiquement du tout. Quand l’expérience n’a pas été
861
tout. Quand l’expérience n’a pas été comprise, on
se
remarie trois fois, quatre fois, cinq fois, ce sont les cas désespéré
862
ge « d’attitude ». On est plus conscient et on ne
se
joue plus la comédie — ni aux parents. On a compris que l’essentiel c
863
a deuxième fois, autant il est mauvais de vouloir
se
venger de cet échec, de se remarier très vite pour narguer l’ex-conjo
864
est mauvais de vouloir se venger de cet échec, de
se
remarier très vite pour narguer l’ex-conjoint : « Tu vas voir comme j
865
ères une fois qu’on est remarié ? C’est ici qu’il
s’
agit de distinguer ce qui tient aux « acteurs » et ce qui tient à la s
866
ième fois n’a davantage de chances de réussir que
s’
il n’y a pas nostalgie de la passion chez l’un ou chez l’autre. Se dir
867
ostalgie de la passion chez l’un ou chez l’autre.
Se
dire : « La première fois j’ai souffert, cette fois-ci je vais faire
868
i-même que l’on choisit, non pas comme prétexte à
s’
exalter ou comme objet de contemplation, mais comme une existence inco
869
de femme », souvent l’image de la mère sans qu’il
s’
en doute, ou alors une certaine beauté qui est l’idéal standard de sa
870
sur l’autre d’un idéal qui n’existe pas — et l’on
s’
en aperçoit très vite — alors que le vrai amour est agent de personnal
871
açable, l’unique, ce que chaque être peut devenir
s’
il y est appelé. C’est son mystère, qui n’a rien de littéraire, de rom
872
e Tristan, et de toute la littérature romanesque,
se
sont ajoutés tous les tabous sexuels du xixe siècle. L’effet de révé
873
le premier numéro officiel. Ce type d’expérience
se
répand de plus en plus dans le milieu étudiant. C’est très supérieur
874
leur expérimentale il faut qu’un mariage-maquette
se
prolonge plusieurs années. Aucun rapport avec les amourettes et liais
875
. « Après tout, je ne suis pas mariée avec lui »,
se
dit-on au premier accrochage sérieux et ça n’incite pas à l’effort, à
876
igue pendant les 20 premiers kilomètres. Le corps
s’
était disposé pour le long effort, la longue durée. Il ne se permettai
877
sposé pour le long effort, la longue durée. Il ne
se
permettait pas de flancher, n’acceptait simplement pas la fatigue et
878
avec enthousiasme : « Comme c’est merveilleux de
se
marier pour la première fois ! » Voilà qui ne laissait pas prévoir au
879
endront que la passion n’est jamais une raison de
se
marier mais au contraire une raison de ne pas se marier, et qu’être h
880
se marier mais au contraire une raison de ne pas
se
marier, et qu’être heureux longtemps avec quelqu’un vaut mieux qu’êtr
881
sionnant » c’est bien mieux qu’intéressant. Il ne
s’
agit d’ailleurs pas de condamner la passion. Les troubadours, les roma
882
faut sans cesse comprendre à nouveau, risquer et
se
risquer, découvrir et inventer. La fidélité n’est pas un luxe, une co
883
voudrait faire. De même le mariage exige que l’on
se
consacre à l’autre avec continuité ! C’est le contraire du « coup de
884
nsable. La fidélité c’est bien autre chose que de
se
borner à ne pas tromper sa femme : c’est une œuvre d’art exigeante et
885
urs on ne peut mieux aux vœux de l’assistance. Ne
s’
agissait-il pas en effet de « L’invention de l’amour en Occident » ? M
886
n Occident » ? Mais l’œuvre de M. de Rougemont ne
se
réduit pas à un seul titre : elle ne gravite pas uniquement autour de
887
la fin de la guerre, c’est-à-dire depuis 1946. On
s’
étonnera alors moins d’apprendre qu’après avoir reçu, en 1963, le Gran
888
Si à ses nombreux titres on ajoutait celui qu’il
s’
apprête à recevoir aux États-Unis, après son séjour au Canada, je veux
889
rois, défini les différents pôles autour desquels
se
meut la pensée et l’action de M de Rougemont. Le personnalisme «
890
« Mais qui est donc M Denis de Rougemont ? »,
se
demandait-on au lendemain de l’attribution du Grand Prix littéraire d
891
Jacques de Bourbon-Busset m’a dit, un jour, qu’il
se
considérait comme mon disciple en érotique personnaliste et qu’il exi
892
de vivre ensemble, de coexister en tension, sans
se
subordonner l’une à l’autre, sans se mélanger, en restant donc parfai
893
ension, sans se subordonner l’une à l’autre, sans
se
mélanger, en restant donc parfaitement distincte. Il y a donc une res
894
locales et de l’union dans une fédération, où il
s’
agit précisément de respecter complètement les droits et de l’autonomi
895
qui sont bonnes l’une et l’autre, il ne faut pas
s’
empresser de s’en sortir en supprimant l’une des deux, ou en les mélan
896
s l’une et l’autre, il ne faut pas s’empresser de
s’
en sortir en supprimant l’une des deux, ou en les mélangeant, ou encor
897
j’appellerai ma philosophie. Une philosophie qui
s’
est lentement élaborée, en réaction surtout contre « cette ignorance s
898
t-il à nous faire remarquer, n’implique pas qu’on
s’
inscrive dans un parti ou qu’on accepte la discipline de ce parti. C’e
899
t, nous dit-il une contestation personnaliste qui
s’
ignore. Dans ces motivations, on retrouve plusieurs de celles qui fure
900
liste et communautaire, c’était quelque chose qui
se
posait dans les termes d’aujourd’hui. Nous y avions peut-être un peu
901
j’ai souvent pu déceler dans la contestation qui
s’
est développée à Paris, à Berlin, et ailleurs quelque chose que je cro
902
t après on verra bien, moi j’ai déjà vu ce qui va
se
passer : c’est la police qui arrive. Je ne suis donc pas du tout d’ac
903
tion de la révolution que nous avions en 1932. Il
s’
agissait alors de substituer un nouvel ordre à ce que nous appelions l
904
able. Mais je suis malheureusement certain qu’ils
se
trompent. Et cela il le regrette profondément. Car, pour notre interl
905
acun de nous, discipline absolument sournoise qui
se
manifeste par la publicité, par la mode, par les feuilles d’impôt. No
906
e leur réaction absolument normale et saine, même
s’
ils vont parfois trop loin, même s’il y a trop de drogues à l’appui. C
907
et saine, même s’ils vont parfois trop loin, même
s’
il y a trop de drogues à l’appui. C’est une réaction vitale de leur pa
908
is que personne n’ose construire, M. de Rougemont
s’
est employé à la définir et à en propager l’idée de par le monde. Car
909
u’il faut reconstruire. Cette guerre qui vient de
se
terminer, M. de Rougemont a pu en mesurer toute l’absurdité puisque,
910
Journal des deux mondes , parce que nos voisins
se
font la guerre, et s’ils la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su se
911
des , parce que nos voisins se font la guerre, et
s’
ils la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su se fédérer progressivemen
912
et s’ils la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su
se
fédérer progressivement, au lieu de s’unifier brutalement. Cette guer
913
ont pas su se fédérer progressivement, au lieu de
s’
unifier brutalement. Cette guerre marque la faillite retentissante des
914
guerre. Le fédéralisme L’idée fédéraliste
s’
était donc imposée comme la seule solution valable pour la survie de l
915
at-nation du xixe siècle ; une conception qui ne
s’
accorde plus aux exigences de notre époque, car cet État serait à la f
916
se de beaucoup plus petit. En d’autres termes, il
s’
agirait pour l’auteur de L’Amour et l’Occident de créer des autonomi
917
pera alors suivant un modèle pyramidal, mais sans
s’
arrêter aux frontières du Québec ou même au niveau de la fédération ca
918
donc, nous répète M. de Rougemont, que ces États
se
dissolvent en régions, et alors, et ce n’est seulement qu’alors, qu’o
919
l’Europe, car ces régions n’auront aucune peine à
s’
entendre. On arriverait ainsi à construire une Europe unie, faite de r
920
qui seraient découpées différemment suivant qu’il
s’
agirait de régions économiques, politiques, culturelles. Cela paraît c
921
s. Cela paraît certes compliqué, mais le problème
se
résoudrait facilement si on les administrait séparément. Il y aurait
922
emier à l’admettre. Mais « contre les risques qui
se
lèvent, l’esprit de risque est la seule assurance », lit-on dans Jou
923
comme résultat que la communauté est en train de
se
défaire, n’est-ce pas : la grande crise du xxe siècle, c’est la diss
924
coup de jeunes Français, notamment — qui était de
s’
engager dans un parti, c’est-à-dire de démissionner complètement de sa
925
nsabilité intellectuelle et de son jugement, pour
se
livrer, pieds et poings liés, à un parti, à condition qu’il soit de g
926
du fédéralisme — je prépare un grand ouvrage qui
s’
appellera Théorie générale du fédéralisme, où je constate que le mot f
927
absolument hétéroclites, d’après les besoins qui
se
manifestaient et les possibilités d’y répondre : une Association euro
928
niversitaire — qui est lié à une université — qui
se
consacre à des études d’intérêt largement européen : économiques, pol
929
es activités d’un homme. J’ai un ami français qui
se
dit mon disciple en érotique personnaliste, et qui m’a défié, il y a
930
dée et de la chose religion, comment cette vue-là
se
tient-elle aujourd’hui ? Moi, je ne suis pas du tout d’accord : il n’
931
tistique, de création religieuse, autour desquels
se
forment de nouvelles communautés. Et grâce à ça, on maintient l’human
932
vite en lui le jeune homme dans la vingtaine qui
se
lance, avec toute sa génération, à la recherche d’un humanisme social
933
in d’œil poli ou cajoleur à la jeunesse. Qu’il ne
se
gêne cependant pas de critiquer quand il en sent le besoin. C’est là-