1 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme suisse (1963)
1 leur temps ou propageant un style doté du nom de sa terre natale. Il n’y eut jamais de peinture suisse, au sens où l’on a
2 st le « vrai » sens du mot fédéralisme, recourt à son Littré, où il trouve ceci : Fédéralisme s.m. Néologisme. Système, d
3 la complexité du réel, il la respecte, il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre part, le fédéra
4 té particulière d’un rouge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des vert
5 es diversités vivantes, et fonctionnant chacune à sa manière. La plupart des impasses dans lesquelles se fourvoie l’organi
6 ites nations qui la composent, sinon elle trahira sa mission dans le monde ; et qu’en même temps la Suisse apprenne à resp
7 re d’une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans le cadre de la Confédération, sinon elle trahira
8 le cadre de la Confédération, sinon elle trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme n’est pas seulement un mode d’orga
9 se détache notre individualité, et dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Eu
10 nt et typiquement européen de notre culture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe : elle naît
11 e, et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreuses découvertes. Plus tard, les Allemands (comme Schütz) vienn
12 ieilles républiques — même Neuchâtel, en dépit de ses princes — fondées sur une large autonomie des communes. 4° le protest
13 t notre méfiance pour les cérémonies, à moins que son adoption n’ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela re
14 la Suisse et les autres beaucoup plus vastes. Par ses allégeances civiques, économiques et sociales, il se rattache à sa co
15 viques, économiques et sociales, il se rattache à sa commune, à son canton, à la Confédération ; par son allégeance religi
16 iques et sociales, il se rattache à sa commune, à son canton, à la Confédération ; par son allégeance religieuse, à la Réfo
17 a commune, à son canton, à la Confédération ; par son allégeance religieuse, à la Réforme ou à l’Église catholique, qui son
18 u à l’Église catholique, qui sont mondiales ; par sa langue, au domaine français, et par sa culture, aux sources variées d
19 ales ; par sa langue, au domaine français, et par sa culture, aux sources variées de l’Europe antique, médiévale et modern
20 ibre de se choisir, j’entends de se faire homme à sa manière, et non point à celle de l’État. D’où la densité culturelle d
21 séparatiste (car c’était là le véritable sens de son fédéralisme étroit). Cette erreur l’a peut-être soutenu, en tant qu’a
22 pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. Mais la littérature n’est plus, de nos jours, cette espèce de
23 classique puis romantique. Les sciences ont pris sa place, à cet égard. Or quel rang la Suisse y tient-elle ? « L’indice
24 d’une Europe rajeunie, découvrant le fédéralisme, sa morale et sa philosophie, et surtout ses recettes pratiques, — celles
25 rajeunie, découvrant le fédéralisme, sa morale et sa philosophie, et surtout ses recettes pratiques, — celles de la paix.
26 éralisme, sa morale et sa philosophie, et surtout ses recettes pratiques, — celles de la paix. 1. Léo Moulin, La National
2 1963, Articles divers (1963-1969). Aspects fédéralistes dans les plans et projets d’union européenne du Moyen Âge à nos jours (1963)
27 utre chose et un peu plus que ce qu’elle est dans sa réalité physique, qui est à peine 4 % des terres émergées de la planè
28 ants ? Aucun ne paraît en mesure de se relever de ses ruines sans aide extérieure ; ni d’assurer à lui seul sa défense et s
29 es sans aide extérieure ; ni d’assurer à lui seul sa défense et sa prospérité économique ; ni de poursuivre une politique
30 xtérieure ; ni d’assurer à lui seul sa défense et sa prospérité économique ; ni de poursuivre une politique étrangère auto
31 8, qu’une Europe unie serait en mesure de doubler sa production et son niveau de vie. Jean Monnet et son équipe du Plan fr
32 unie serait en mesure de doubler sa production et son niveau de vie. Jean Monnet et son équipe du Plan français se mettent
33 a production et son niveau de vie. Jean Monnet et son équipe du Plan français se mettent à l’œuvre en silence, loin des con
34 est celui d’une Europe autonome rendue forte par son union, de Gaulle lui-même. Les premières réalisations se limitent com
35 s utopistes mal écoutés et peu suivis, ayant reçu ses premières solutions expérimentales et concrètes au plan économique, a
36 igne de la plus grande confusion. Si l’on examine son vocabulaire, on s’aperçoit qu’il utilise à peu près au petit bonheur
37 e d’un planificateur supposé capable de modeler à son gré la société. Dans les discussions sur la question européenne, cett
38 qui ne se comprend et ne s’explique bien que par son fonctionnement dans les domaines les plus divers. C’est ainsi que M.
39 d’intérêt suffisant en soi. M. Dusan Sidjanski de son côté, décrira les structures institutionnelles dans lesquelles et grâ
40 jeu serait donc s’exposer à trahir méthodiquement sa nature même. Voilà sans doute pourquoi ce sont ses adversaires qui ép
41 sa nature même. Voilà sans doute pourquoi ce sont ses adversaires qui éprouvent le moins de scrupules à en donner des carac
42 le terme. Ainsi, le dictionnaire de Littré, dans sa 1re édition qui date de 1863 : Fédéralisme, s.m. Néologisme. Systèm
43 s au point systéma­tiques : Le Fur publie en 1896 son ouvrage intitulé État fédératif et Confédération d’États (distinction
44 ent d’ignorer sereinement) ; Georges Scelle, dans son Précis du droit des gens, tome I, paru en 1932, généralise la méthode
45 et moi-même, puis Henri Brugmans qui s’inspire de ses travaux, rénove ce que j’ai nommé « l’attitude fédéraliste ». Plusieu
46 rs écrit ceci : Tout démontre que, quel que soit son avenir, [le fédéralisme] est autre chose qu’une simple recette juridi
47 européenne, l’empire et les nations. Dante écrit son traité au moment où le Saint-Empire, principe d’unité, est en crise,
48 Pierre Dubois, avocat de Philippe le Bel, propose son plan d’union au moment où la première nation se constitue, menaçant l
49 u vocabulaire politique européen de la plupart de ses termes de base, tels que : unité, union, unification, ou encore natio
50 inventé par Rousseau, prétend-il, à l’occasion de sa critique des utopies de l’abbé de Saint-Pierre, encore que Proudhon,
51 que du fédéralisme a précédé de plusieurs siècles sa théorie (ceci peut être vérifié le plus exactement dans l’histoire su
52 ment d’un autre grand poète, Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Léger, qui rédige le Mémorandum sur l’organisation d’
53 litiques de l’Europe actuelle. J’inscris donc sur son seuil : nostra res agitur ! 10. Jean Maze, L’Anti-Système, Fayard,
3 1963, Articles divers (1963-1969). Apport à la civilisation occidentale (janvier 1963)
54 e hallebardes, d’épées et d’arquebuses — qui fait son entrée résolue sur la grande scène européenne : ses capitaines sont l
55 n entrée résolue sur la grande scène européenne : ses capitaines sont le réformateur Zwingli, le peintre-poète Manuel, le m
56 Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’Europe. Ainsi, le stade national est sauté. J’oserai d
57 iplicité des foyers créateurs fournit à la Suisse ses meilleures chances, et c’est elle qui, dans le cas de la Suisse — com
58 iée par tout un réseau d’échanges spirituels avec ses grands voisins — constitue la raison suffisante du phénomène exceptio
59 bonde en de nombreux pays où il invente et exerce son art, puis revient enseigner en Suisse dans les dernières années de sa
60 enseigner en Suisse dans les dernières années de sa vie. Les Bernouilli et Léonard Euler, héritiers de la tradition human
61 onne sur la France le génie de Mme de Staël et de sa cour cosmopolite, où brillent Sismondi et Benjamin Constant, initiate
62 s’allume un nouveau foyer : Bachofen inaugure par son Matriarcat une conception sociologique de l’ethnographie, Jacob Burck
63 iologique de l’ethnographie, Jacob Burckhardt par ses ouvrages sur la Renaissance et ses Weltgeschichtliche Betrachtungen r
64 Burckhardt par ses ouvrages sur la Renaissance et ses Weltgeschichtliche Betrachtungen renouvelle une vision synthétique de
65 uvelle une vision synthétique de l’histoire, dont son fervent disciple, Nietzsche — qui est aussi son plus jeune collègue d
66 t son fervent disciple, Nietzsche — qui est aussi son plus jeune collègue de faculté — nourrira son génie bouleversant. Pui
67 ssi son plus jeune collègue de faculté — nourrira son génie bouleversant. Puis c’est le tour de Genève, une fois de plus, e
68 ondial, dessinerait un profil caractéristique par ses dépressions autant que par ses sommets. Dépressions : la musique, la
69 aractéristique par ses dépressions autant que par ses sommets. Dépressions : la musique, la poésie et la métaphysique. Cote
70 ut se passe comme s’il avait à se faire pardonner son ambition ou son génie individuel en démontrant qu’il fait une œuvre u
71 e s’il avait à se faire pardonner son ambition ou son génie individuel en démontrant qu’il fait une œuvre utile au bien com
72 le au bien commun ; ou bien, il lui faudra courir son aventure loin de son pays. L’architecte suisse par exemple — et nous
73 u bien, il lui faudra courir son aventure loin de son pays. L’architecte suisse par exemple — et nous en avons d’excellents
74 de savoir sur l’armée suisse, c’est que chacun de ses soldats garde son fusil et son équipement militaire dans son armoire.
75 mée suisse, c’est que chacun de ses soldats garde son fusil et son équipement militaire dans son armoire. Qu’en est-il de n
76 ’est que chacun de ses soldats garde son fusil et son équipement militaire dans son armoire. Qu’en est-il de notre équipeme
77 garde son fusil et son équipement militaire dans son armoire. Qu’en est-il de notre équipement culturel ? Il me paraît que
78 structure fédéraliste du pays et l’autonomie dans son sein non seulement des cantons, mais des communes et des multiples gr
79 lation de 5 millions. Chaque gros village possède son chœur, et souvent sa fanfare ; chaque ville de quelque importance a s
80 Chaque gros village possède son chœur, et souvent sa fanfare ; chaque ville de quelque importance a ses sociétés de concer
81 sa fanfare ; chaque ville de quelque importance a ses sociétés de concerts, de théâtre et de conférences hebdomadaires, son
82 erts, de théâtre et de conférences hebdomadaires, son musée, ses expositions, ses bibliothèques et ses associations d’éduca
83 éâtre et de conférences hebdomadaires, son musée, ses expositions, ses bibliothèques et ses associations d’éducation, d’ami
84 rences hebdomadaires, son musée, ses expositions, ses bibliothèques et ses associations d’éducation, d’amis des arts ou de
85 son musée, ses expositions, ses bibliothèques et ses associations d’éducation, d’amis des arts ou de la nature. Les plus g
86 ier rang mondial, et de très loin, relativement à sa population (Hollande : 9 prix Nobel pour une population double ; Fran
87 a la matière grise. Elle le doit sans nul doute à ses structures très concrètement fédéralistes depuis des siècles. Il s’en
88 ns locales est bien plus grave pour elle que pour ses grands voisins. Ce n’est pas du projet d’union européenne que provien
4 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
89 la complexité du réel, il la respecte, il croit à ses vertus, il en épouse la loi, bref, il l’aime. D’autre part, le fédéra
90 té particulière d’un rouge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des vert
91 es diversités vivantes, et fonctionnant chacune à sa manière. La plupart des impasses dans lesquelles se fourvoie l’organi
92 ites nations qui la composent, sinon elle trahira sa mission dans le monde ; et qu’en même temps la Suisse apprenne à resp
93 re d’une Europe fédérée, les règles que chacun de ses cantons observe dans le cadre de la Confédération, sinon elle trahira
94 le cadre de la Confédération, sinon elle trahira sa raison d’être. Mais le fédéralisme n’est pas seulement un mode d’orga
95 se détache notre individualité, et dont elle tire ses nourritures élémentaires ? Ce ne peut être que l’Europe entière. L’Eu
96 nt et typiquement européen de notre culture. Dans ses grandes lignes, voici l’évolution de la musique en Europe : elle naît
97 e, et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreuses découvertes. Plus tard, les Allemands et les Autrichiens v
98 ieilles républiques — même Neuchâtel, en dépit de ses princes — fondées sur une large autonomie des communes ; 4° le protes
99 notre méfiance pour les cérémonies — à moins que son adoption n’ait résulté de notre tempérament particulier, mais cela re
100 séparatiste (car c’était là le véritable sens de son fédéralisme mal compris). Cette erreur l’a peut-être soutenu, comme i
101 pas moins responsable de certaines limitations de son œuvre. IV À la question de savoir ce que les Suisses romands pe
102 culture, et c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notre vitalité fédéraliste. On parle beaucoup, ces jours-ci,
103 mêmes réalités spirituelles et morales, et prend ses sources dans les mêmes attitudes de pensée que la culture créatrice.
5 1963, Articles divers (1963-1969). À propos de la culture européenne (avril 1963)
104 lonne : c’est le Centre européen de la culture et ses publications qui sont « l’exemple typique » de l’altitude visée. Le C
105  défaut capital d’esprit critique » qui « vicie » ses travaux. Quelle est donc sa méthode à lui ? Elle consiste à lire « un
106 ique » qui « vicie » ses travaux. Quelle est donc sa méthode à lui ? Elle consiste à lire « unitaire » là où nous disons «
107 it une tradition « européenne » du fascisme et de ses procédés, comme le rappelle votre auteur — non sans une évidente Scha
6 1963, Articles divers (1963-1969). Orientations vers une Europe fédérale (10 mai 1963)
108 e, vue par l’esprit, et comme saisie d’avance par sa passion maîtresse. Or, parmi les passions fondamentales les mieux par
109 anarchie serait la limite, en prenant le mot dans son sens littéral. Ces limites idéales, bien entendu, ne furent jamais at
110 é isolée à l’état pur et portée dans la réalité à son comble ou à sa perfection (nulle société ne saurait y survivre) et el
111 t pur et portée dans la réalité à son comble ou à sa perfection (nulle société ne saurait y survivre) et elles coexistent
112 qui déterminent nettement leur type. Pour étayer ses arguments, l’unitaire recourt de préférence aux mathématiques, le plu
113 , d’être commandé, d’obéir, donc d’être libéré de sa propre liberté. Et de même, l’initiative d’un animateur sans pouvoir
114 up la possibilité de s’affirmer, de se charger de ses propres responsabilités, et donc d’actualiser à son échelle sa volont
115 s propres responsabilités, et donc d’actualiser à son échelle sa volonté de puissance personnelle. Parmi les hommes que le
116 sponsabilités, et donc d’actualiser à son échelle sa volonté de puissance personnelle. Parmi les hommes que le souci de la
117 e du projet, je me vois ramené, inévitablement, à son point de départ, qui est l’homme de notre Europe, redéfini dans les c
118 est un être doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre et unique d’une part, et, d’autre part, vis-à-vis de
119 t, vis-à-vis de la communauté au sein de laquelle sa vocation s’exerce. Aux individualistes nous rappelons donc que l’homm
120 dre chaque individu plus libre dans l’exercice de sa vocation. L’homme est donc à la fois libre et engagé, à la fois auton
121 et le général ; entre ces deux responsabilités : sa vocation et la cité ; entre ces deux amours : celui qu’il se doit à l
122 ui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il doit à son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tension, le déba
123 ions qui se forment contre lui ne survivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa menace ne sont principes fédérateurs, même
124 lui ne survivent pas à sa défaite. L’hégémonie ni sa menace ne sont principes fédérateurs, même négatifs. Mais qu’un État
125 iers, ou de leur idéologie, a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se sont ligués contre lui, l’ont obligé à rentre
126 ait les mêmes droits qu’une majorité. C’est qu’à ses yeux la minorité ne représente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour
127 lus qu’une majorité dans certains cas, parce qu’à ses yeux elle représente une qualité irremplaçable. (On pourrait aussi di
128 res. La richesse de l’Europe et l’essence même de sa culture seraient perdues si l’on tentait d’unifier le continent, de t
129 té particulière d’un rouge se manifeste et chante sa chanson, il faut que ce rouge soit contrasté et composé avec des vert
130 rmale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses organes, de même que la vie d’un organe dépend de son harmonie avec t
131 organes, de même que la vie d’un organe dépend de son harmonie avec tous les autres. Si les nations de l’Europe arrivaient
132 contraire à fonctionner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne serait pas une simple question de tolérance, vertu né
133 mise au défi de donner le meilleur d’elle-même à sa manière et selon son génie. Après tout, le poumon n’a pas à « tolérer
134 ner le meilleur d’elle-même à sa manière et selon son génie. Après tout, le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur. Tout ce q
135 ues, telle est la santé du régime fédéraliste. Et ses pires ennemis sont ceux dont Jacob Burckhardt annonçait la venue dès
136 variété, et mutileraient ainsi dans plusieurs de ses dimensions la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il es
137 ionaux (Congrès de l’Europe à La Haye en 1948, et ses suites) et qui, par le détour de l’opinion publique et de groupes de
138 par la devise paradoxale ou « dialectique » dans sa forme : « Un pour tous, tous pour un ». En effet, « un pour tous » si
139 trop faible mais bientôt accusée d’oppression par ses membres, et à des droits trop limités mais taxés d’abusifs par le cen
140 énéficiera de la vitalité culturelle de chacun de ses membres : or cette vitalité ne supporterait pas l’uniformisation des
141 cas de la recherche est très différent : dès que ses besoins dépassent les moyens dont disposent les individus et les régi
142 er, rationaliser et simplifier, élargissant ainsi ses compétences administratives — mais libérant du même coup les énergies
143 vir l’homme. Étrange démission de l’esprit devant ses propres inventions ! Car il est clair que la machine a été inventée p
144 uxiliaire de la vie créatrice, un moyen ordonné à sa fin. De même, il serait néfaste et faux de considérer la centralisat
145 hacun de leurs citoyens des moyens de mieux vivre sa vie propre, et de plus librement se choisir : sécurité physique mieux
146 la conscience ; faculté accrue de s’engager selon ses goûts, ses idées ou sa foi, mais aussi de se dégager de ses « fatalit
147 ce ; faculté accrue de s’engager selon ses goûts, ses idées ou sa foi, mais aussi de se dégager de ses « fatalités » native
148 accrue de s’engager selon ses goûts, ses idées ou sa foi, mais aussi de se dégager de ses « fatalités » natives… N’est-ce
149 ses idées ou sa foi, mais aussi de se dégager de ses « fatalités » natives… N’est-ce point là ce que l’homme européen, dep
150 que l’homme européen, depuis des siècles, appelle sa liberté ? Subordonner sans trêve les mécanismes utiles à des buts cré
151 nacent en permanence. La tyrannie de l’État et de ses mécanismes, l’anarchie individualiste (ou impérialisme local) de grou
152 une seule et même démission de la personne devant sa liberté et devant sa responsabilité. Mais la personne démissionnaire
153 ission de la personne devant sa liberté et devant sa responsabilité. Mais la personne démissionnaire accuse les mécanismes
154 forcée (uniformisation) aurait frustré chacun de ses membres, au lieu de lui permettre de les transmuer en émulation créat
155 é, complémentaires) de l’autonomie et de l’union. Sa solution peut apparaître d’une complexité sans espoir aux praticiens
156 t la fédération européenne déclare que l’union de ses peuples a pour fins, d’une part, d’assurer les libertés et les respon
157 tion, soit pour y travailler, soit pour y vivre à sa manière. (Les seules restrictions occasionnelles à ce droit fondament
158 limat, une production facile.) Chacun peut vendre ses produits partout, sans taxes, et acheter ce qui se fait partout, au m
159 gine, d’une communauté définie où il a (ou prend) ses racines ; et il peut y exercer ses droits civiques. Le droit à une pa
160 l a (ou prend) ses racines ; et il peut y exercer ses droits civiques. Le droit à une patrie locale est garanti par la Cons
161 citoyen de l’un des pays membres, voire d’une de ses communes. Tout citoyen d’un État membre qui s’établit sur le territoi
162 renonçait à la guerre comme moyen politique. Pour sa police interne et pour garantir ses membres contre l’extérieur, elle
163 olitique. Pour sa police interne et pour garantir ses membres contre l’extérieur, elle entretient des forces défensives org
164 ion, tous les autres se portent automatiquement à sa défense, selon les plans de l’état-major européen, qui dépend du pouv
165 sse, et pourtant elle garantit la souveraineté de ses membres ! Souveraineté fictive, dira-t-on ? Elle l’est certes en part
166 édération, de plus, a renoncé au droit d’attaquer ses voisins ou de prendre parti dans leurs querelles. Mais qu’en est-il d
167 l’indépendance de décision qui échappe en fait à ses nations. b) Libération des dynamismes régionaux Un second prob
168 nation, retrouve au niveau communal le concret de ses droits et de ses responsabilités. Groupées en syndicats de production
169 au niveau communal le concret de ses droits et de ses responsabilités. Groupées en syndicats de production, en coopératives
170 a répartition des pouvoirs entre la fédération et ses membres sont l’expression directe des principes énoncés plus haut, et
171 ’en cas d’attaque contre la fédération ou l’un de ses membres, ou en cas de coup de force séparatiste de l’un des membres.
172 base ; la possibilité pour l’individu de répartir ses allégeances entre des ensembles culturels et spirituels plus restrein
173 ’elle renonçait à la guerre comme moyen d’imposer sa politique commune. Le problème des États neutres, adhérant à la fédér
174 res États ou fédérations. Si elle accepte de lier son sort à un État ou à un groupe d’États qui s’interdit comme elle tout
175 reste neutre en théorie, et fidèle à l’esprit de sa Constitution ainsi étendu à l’alliance ; mais elle peut être entraîné
176 ferait à l’allié, comme s’il la faisait à l’un de ses membres. Une disposition de ce genre présente le double avantage de r
177 ouble avantage de rassurer le tiers parti quant à sa sécurité et de décourager ses propres tendances agressives. En revanc
178 tiers parti quant à sa sécurité et de décourager ses propres tendances agressives. En revanche, l’Europe fédérée ne saurai
179 militaire avec aucune puissance qui maintiendrait son « droit » de recourir à la guerre. Dans le domaine économique, les at
180 de commerce et de circulation des biens sur tout son territoire, elle se charge d’organiser et de subventionner les activi
181 tés nationales, concernent l’ensemble européen et ses intérêts généraux. (Exemples : création d’Instituts européens dans le
182 n. Il gère collégialement les affaires fédérales. Ses membres sont élus pour trois ans par l’Assemblée européenne et sont r
183 peut choisir plus d’un membre dans le même pays. Son président est élu par l’Assemblée. Il porte le titre de président de
184 un Collège, et non par un seul homme, veulent que son centre ne soit pas une capitale, mais un District fédéral. La fédérat
185 es autorités de la fédération ont leur siège dans ses villes principales, Zurich, Bâle, Genève. Elles sont placées sous la
186 inquiète personne, se trouve ainsi confirmée dans son statut traditionnel de neutralité, dont nous avons vu par ailleurs qu
187 té, dont nous avons vu par ailleurs qu’il a perdu ses anciennes justifications. VI. Chances de réalisation Voici un
188 sée politique spécifiquement européenne qui prend ses sources dans la théologie chrétienne et dans la philosophie grecque,
189 t une méthode d’organisation politique qui a fait ses preuves notamment en Suisse et aux États-Unis et qui est pratiquée au
190 ent redouter « l’américanisation » de l’Europe ou sa « bolchevisation », contraindra les partisans d’une Europe unitaire à
191 évolution vers l’union. Les polémiques engagées à son sujet obligent un grand nombre d’esprits, dans nos divers pays, profe
192 ige l’aide de l’Europe et n’en oppose pas moins à son passé mal vu les promesses incertaines d’un communisme ouvertement im
7 1963, Articles divers (1963-1969). L’amour ? le mariage ? la fidélité ? l’adultère ? la passion ? le couple ? (25 octobre 1963)
193 psychologie moderne. L’émancipation de la femme, son entrée dans la vie professionnelle, sa revendication d’égalité sont n
194 la femme, son entrée dans la vie professionnelle, sa revendication d’égalité sont naturellement un premier facteur importa
195 re fois, l’amour profane emprunte à l’amour sacré son vocabulaire. L’amour devient lui aussi une sorte de religion. Cet « 
196 ’est que la passion ne s’approfondit et ne dégage ses énergies qu’à la mesure des résistances qu’elle rencontre. Et c’est l
197 ut aux cheveux d’or qu’il est allé conquérir pour son roi : les mœurs du temps sanctionnaient le droit du plus fort et Tris
198 ment pourtant séparés par une épée. Enfin, malgré son amour toujours aussi fort pour Iseut aux cheveux d’or, Tristan accept
199 Ce groupe est dissous depuis longtemps. Pourtant ses lois sont encore les nôtres. Profanées et reniées par nos codes offic
200 anteries vaudevillesques. La morale bourgeoise et ses contraintes religieuses, sociales et familiales, perdant du terrain c
201 rvienne à se fixer sur un type, rencontre un jour son Iseut ? Admettons ! Il rencontre cette femme, il reconnaît son Iseut.
202 dmettons ! Il rencontre cette femme, il reconnaît son Iseut. Elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, il l’épouse !
203 le rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse (ou dans les bras d’un autre). C
204 i ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse (ou dans les bras d’un autre). Cet amour-passion de Tristan
205 réussite qu’il serait stupide de ne pas mettre de son côté : buts communs, rythmes de vie, vocations, caractères, tempérame
206 contrainte exorbitante. Que peut-on en attendre ? Son but n’est pas le bonheur, c’est la volonté de faire une œuvre. Dans l
207 res. Ceci fait, à chacun de choisir et de prendre ses risques ! Condamner la passion en principe serait d’abord bien naïf,
208 tes qu’elle semble condamnée faute d’adversaire à sa taille) et nous irons tout droit vers une société sans surprise ni dr
209 qui consiste à fonder le mariage sur la passion, son ennemie intime. Or, si la passion a fait son apparition en Europe bie
210 ion, son ennemie intime. Or, si la passion a fait son apparition en Europe bien avant le café et la pomme de terre — au xii
211 ? Comment l’affronter ? Et enfin, comment réussir son mariage, car rien n’est perdu pour qui veut comprendre ? Nous avons d
8 1963, Articles divers (1963-1969). Une interview de Denis de Rougemont : l’écrivain nous parle des centres culturels internationaux (16 novembre 1963)
212 e Rougemont s’apprête à dédicacer quelques-uns de ses livres, parmi lesquels un ouvrage publié par une édition « de poche »
9 1964, Articles divers (1963-1969). L’idée européenne en Suisse (1964)
213 e la Confédération recevra en 1815 la garantie de son indépendance et même de sa neutralité « dans les intérêts de l’Europe
214 n 1815 la garantie de son indépendance et même de sa neutralité « dans les intérêts de l’Europe entière ». Si les Ligues s
215 st comme « citoyen de Genève » que Rousseau signe ses fameux exposés critiques (l’Extrait de 1761 et le Jugement, posthume)
216 paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre, puis sa Considération sur le gouvernement de Pologne (1772), moins connue mai
217 igue helvétique ». L’Europe unie qu’il appelle de ses vœux ne serait nullement unifiée par un despote ou par une idéologie,
218 ope intégralement fédéraliste qu’il préconise, et son module (élément type) se révèle, en dernière analyse, n’être rien d’a
219 plus tard, le Schaffhousois Jean de Müller, dans sa Vue générale de l’histoire du genre humain (1797) annonce comme Rouss
220 elle ouvre des perspectives européennes, soit par son action personnelle à Coppet, où les meilleurs esprits de nos diverses
221 e13 que va signer Napoléon, — hélas trop tard. Et son fédéralisme européen préfigure le régime qui triomphera, en 1848, à l
222 tes et coloniales, seule la Suisse réussit à unir ses cantons selon la maxime impériale, fédéraliste, européenne, de l’unio
223 enève, 1864). Proudhon s’est peut-être souvenu de son passage à Neuchâtel (où il fut un temps typographe) en écrivant son g
224 hâtel (où il fut un temps typographe) en écrivant son grand livre posthume, Du Principe fédératif ; mais il est bien certai
225 ipe fédératif ; mais il est bien certain qu’un de ses contemporains, J. C. Bluntschli, célèbre professeur à Heidelberg, s’e
226 t de l’expérience fédéraliste suisse en rédigeant son Organisation d’une société d’États européens (1879). Auteur du Code c
227 d’États européens (1879). Auteur du Code civil de son canton natal, Zurich, Bluntschli connaît les mécanismes de notre vie
228 ents nationaux, et plus de 100 000 membres, tient son premier congrès à Montreux, en septembre 1947. Cette date peut être c
229 üller, déjà cités, mais aussi Jakob Burckhardt et son petit-neveu Carl J. Burckhardt, Robert de Traz auteur de l’Esprit de
230 paneuropéen, le comte Coudenhove-Kalergi, établit son quartier général. C’est en Suisse que Churchill choisit de parler de
231 ° qu’il serait néfaste pour la Suisse, à cause de ses incidences sur nos transports, notamment. Je me vis dans l’obligation
232 us souvent encore que d’autres nations, au nom de son action philanthropique par exemple (Croix-Rouge) ou diplomatique (rep
233 e au plan politique. Elle ne pourrait qu’y perdre son prestige international. Arguments constitutionnels. — Si la Suisse a
234 sse a très bien réussi jusqu’ici sans subordonner son économie à celle d’un groupe de nations européennes. Elle tient à gar
235 e nations européennes. Elle tient à garder libres ses échanges avec le monde au-delà de l’Europe. En s’associant au Marché
236 it de nombreux avantages, bancaires notamment, et son agriculture serait gravement menacée. L’adhésion au Marché commun ne
237 l’a fait maintes fois, depuis qu’au xvie siècle ses circonstances politiques intérieures l’ont contrainte à se retirer du
238 . Adhérer au Marché commun économique en refusant son « prolongement politique » — pour rester neutres à tout prix — serait
239 en de se faire contre elle, — c’est-à-dire contre son essence fédéraliste ; mais nous aurons perdu le droit de nous en plai
240 l’Europe entière, on s’apercevra qu’elle a perdu ses bases contractuelles. Déclarer par exemple que la Suisse se devrait d
241 euille ou non, et rester neutre entre l’Europe et ses ennemis, ce serait vouloir rester neutre entre nos ennemis, et nous-m
242 nche, qu’une Europe fédérée, donc respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s’accorderait avec la vocation trad
243 le mélange des peuples est un danger majeur pour son pays, il n’a pas le droit d’en conclure au refus du Marché commun, ma
244 et d’empirisme, qui supposent qu’on ne pousse pas sa pointe à fond et qu’on ne se laisse pas entraîner par une verve logiq
245 e moyen politique. Une telle Europe reprendrait à son compte ce qui demeure valable et même indispensable dans la neutralit
246 droit d’attendre d’une Suisse qui fait partie de sa communauté et qui en est bénéficiaire, et pas seulement ce que nous a
247 est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous nous devons dorénavant de prendre des initiatives. Initiati
248 ntéressé dont elle a fait la « ligne Maginot » de sa défense. Et cela, non seulement parce que l’attaque est toujours la m
249 2. M. Miéville précise : « Quant à la neutralité, son rôle a été nul dans la création de la Confédération. » Cela pourrait
10 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
250 ntérêt purement local et folklorique si chacun de ses petits États prétendait se suffire à soi-même. Mais fédérés politique
251 milieu, ils atteignent à l’universel. Au fond de son trou, l’homme de Disentis, de Goeschenen, de Viège — entre les hautes
252 Goeschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des som
253 Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son canton — ou l’Europe. » C’est ainsi que les Suisses ont donné à l’Eur
254 sions ont aussi leurs inconvénients ; chacun dans son coin veut tout faire et ne dispose ni des moyens ni d’un public suffi
255 éfigure de l’Europe à venir, cherchant l’union de ses peuples au bénéfice de leurs fécondes diversités. n. Rougemont Den
11 1964, Articles divers (1963-1969). De la marche / De l’échec (1964)
256 d’âme. Il parlait peu, mais l’élégance précise de ses sentences intimidait, cependant que la courtoisie dont il ne se dépar
257 e protestations : « Il nous fera tous crever avec ses manies », disait-on à mi-voix quand passait le colonel, toujours suiv
258 a sourde résistance qu’il devait bien sentir chez ses subordonnés. Quels pouvaient être ses motifs ? Il concevait l’armée e
259 sentir chez ses subordonnés. Quels pouvaient être ses motifs ? Il concevait l’armée en général, et celle d’un pays neutre p
260 l’homme complet. Quoi qu’il en soit d’ailleurs de sa philosophie, j’ai toutes raisons de croire qu’en imposant cette épreu
261 e nous. Il était de la nature d’un tel projet que ses motifs ne fussent point divulgués, mais en même temps qu’il nous fût
262 pourquoi le colonel de P. nous laissait faire de sa « Grande course » un mythe, avec tout ce que le mythe comporte d’effr
263 re silhouette aux jambes de cavalier serrées dans ses bandes molletières grises. L’air vif d’une aube automnale nous grisai
264 ons de couvrir une étape de 25 kilomètres. Mais à son tour, cet entraînement n’avait été reçu et surmonté qu’en vue de la g
265 de n’avoir plus un temps illimité pour rejoindre ses rêves ou sa vision. Beaucoup choisissent alors de se réduire à des ob
266 lus un temps illimité pour rejoindre ses rêves ou sa vision. Beaucoup choisissent alors de se réduire à des objectifs acce
267 mètres plus bas, pour la remonter ensuite jusqu’à son origine, se dressait la paroi des Alpes. La descente paraît au novice
268 croupes des alpages, et donnait à ce haut désert sa réalité la plus dure, ses dimensions les moins trompeuses. La grandeu
269 donnait à ce haut désert sa réalité la plus dure, ses dimensions les moins trompeuses. La grandeur du décor, l’infinie vari
270 euses. La grandeur du décor, l’infinie variété de ses plans lumineux virant très lentement à mesure que nous descendions, o
271 Notre colonne, cependant, elle aussi précédée par son chef veillant au rythme égal de la marche, poursuivait à travers le p
272 d qu’un collègue a trouvé. Une nation qui a tendu ses forces vives vers la victoire, et qui l’atteint, voit s’ouvrir une pa
273 mitations de toute nature confrontant l’esprit et ses œuvres non moins que le corps et ses gestes, la frustration de nos él
274 l’esprit et ses œuvres non moins que le corps et ses gestes, la frustration de nos élans les plus hardis comme de nos plus
275 re. Et malheur à celui qui n’est pas prêt à tirer son bien de ce mal ! Malheur à celui qui exigerait de réussir pour persév
276 n’avoir entrepris qu’en espoir ! Il avouerait que son espoir était trop court. o. Rougemont Denis de, « De la marche ;
12 1965, Articles divers (1963-1969). La technique, facteur de paix (6 mars 1965)
277 arler de la technique elle-même mais seulement de son rôle dans notre société, et non pas de ce que j’en sais, mais plutôt
278 e à l’électricité étant donné, je m’interroge sur ses avantages et ses défauts par rapport au confort quotidien, sans préte
279 étant donné, je m’interroge sur ses avantages et ses défauts par rapport au confort quotidien, sans prétendre connaître la
280 rais tout savoir, et je voudrais pouvoir jouer de ses procédés et possibilités comme je peux jouer avec des mots ou des con
281 création de l’Europe seule — et, par la suite, de ses filiales américaine et russe — alors que ni l’Afrique des tribus et d
282 l’effort technique des Européens, et quelles sont ses racines profondes dans la psyché occidentale ? J’ai tenté de répondre
283 eu incarné, qui appelle l’homme à la liberté dans sa condition concrète et non dans l’évasion mystique, se combine, peu à
284 ine, avec le rationalisme critique de la Grèce et son exigence de vérité, voire de véracité contrôlée et mesurée. Cette syn
285 œuvre du Moyen Âge, dès le xiiie siècle, produit ses effets à partir de la Renaissance, dans la création de la science mod
286 n : les étapes de la technique ainsi définie dans ses motivations n’ont-elles pas coïncidé historiquement avec les guerres,
287 er l’Europe en désarmant et jugulant pratiquement ses passions nationalistes, sources des guerres les plus atroces de l’His
288 Occident non seulement persuade le tiers-monde de sa misère, mais l’aggrave et augmente le déséquilibre entre eux et nous.
289 seul au tiers-monde de freiner l’accroissement de sa population et en même temps de développer lui-même les ressources néc
290 ut pas trop vite », écrivait une mère angoissée à son fils aviateur en 1915.) Mais de cette Première Guerre mondiale sont i
291 euxième Guerre mondiale, mais au contraire, c’est sa réalisation par Fermi et Oppenheimer qui a mis fin à cette guerre le
292 le pourrait les réduire, à condition de concerter ses plans avec ceux des éducateurs et des élites culturelles du tiers-mon
293 Nature pour la mettre au service de l’homme et de ses fins propres, pour surmonter la peur, la faim, le froid, la faiblesse
294 t les plages de plusieurs régions de l’Europe que ses ancêtres en redingote, qui ne parlaient que de politique. Un peu de t
295 l l’homme peut l’être, quand il se laisse aller à ses instincts abâtardis ou quand il se laisse dominer par ses propres méc
296 incts abâtardis ou quand il se laisse dominer par ses propres mécanismes psychologiques. La technique n’est pas davantage u
297 s davantage utilitariste, et je dirai plus : dans ses intentions primitives, dans sa genèse, elle n’est même pas utilitaire
298 dirai plus : dans ses intentions primitives, dans sa genèse, elle n’est même pas utilitaire ! L’histoire des grandes inven
299 t à suivre la loi rigide des « voies ferrées » et ses horaires, mais pût aller à l’aventure : phantasme typique de l’adoles
300 t des prototypes variés d’automobiles avant Ford. Son invention, ou sa réinvention indépendante n’en demeure pas moins exem
301 ariés d’automobiles avant Ford. Son invention, ou sa réinvention indépendante n’en demeure pas moins exemplaire, par ses m
302 dépendante n’en demeure pas moins exemplaire, par ses motifs réels, d’ordre psychologique, autant ou plus que par ses succè
303 ls, d’ordre psychologique, autant ou plus que par ses succès ultérieurs. Aujourd’hui, l’on entend les belles âmes soupirer
304 âmes soupirer que l’homme est devenu l’esclave de sa voiture, et c’est vrai dans ce sens que l’homme moyen croit qu’il ne
305 e invention n’était certes pas la mieux adaptée à ses fins, ni la mieux calculée pour répondre à des besoins pratiques, uti
306 ifs et des buts de l’invention technique, mais de ses effets sur l’homme et sur la société. Tout ce que j’avais à vous dire
307 de la liberté de notre action. Mais surtout, par ses progrès mêmes, par les moyens de puissance toujours plus formidables
308 ature de l’homme. Ne serait-ce pas là, peut-être, son plus grand miracle ? q. Rougemont Denis de, « La technique, facte
13 1965, Articles divers (1963-1969). La Suisse, maquette pour une Europe du bonheur (automne 1965)
309 concerté, bien net et bien honnête, et pourvu de son mode d’emploi ; et puis on s’aperçoit en vivant cela de près que tout
310 . Si cela marche tout de même — il faut en croire ses yeux — ce ne peut être qu’en vertu de certains secrets d’usage plusie
311 is sentait les vertus agricoles… Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement disait Victor Hugo, il y a cent ans. Mais
312 mer et à se dire heureux. Mais de quoi se compose son bonheur ? Et ses recettes, si l’on peut les donner, seraient-elles ap
313 heureux. Mais de quoi se compose son bonheur ? Et ses recettes, si l’on peut les donner, seraient-elles applicables ailleur
314 a diversité ». C’est mieux que cela : elle a fait son union précisément pour sauver ses diversités. Et ses vingt-deux petit
315 a : elle a fait son union précisément pour sauver ses diversités. Et ses vingt-deux petits États n’ont délégué à un pouvoir
316 union précisément pour sauver ses diversités. Et ses vingt-deux petits États n’ont délégué à un pouvoir central une certai
317 entre eux éprouve le besoin d’imposer aux voisins son mode de vie, sa langue, son credo ou son parti. Il n’en fut pas toujo
318 le besoin d’imposer aux voisins son mode de vie, sa langue, son credo ou son parti. Il n’en fut pas toujours ainsi, et le
319 d’imposer aux voisins son mode de vie, sa langue, son credo ou son parti. Il n’en fut pas toujours ainsi, et les Suisses on
320 voisins son mode de vie, sa langue, son credo ou son parti. Il n’en fut pas toujours ainsi, et les Suisses ont connu penda
321 ce que lucernois ou fribourgeois. On peut choisir ses allégeances et faire partie de dix communautés diverses, dont les air
322 pas de se connaître ! Un jodleur d’Appenzell avec son disque de laiton à l’oreille, sa piété catholique, son patois médiéva
323 ’Appenzell avec son disque de laiton à l’oreille, sa piété catholique, son patois médiéval, s’il rencontrait un jour un ba
324 isque de laiton à l’oreille, sa piété catholique, son patois médiéval, s’il rencontrait un jour un banquier de Genève, avec
325 l rencontrait un jour un banquier de Genève, avec son chic anglais, ses principes et ses complexes, ils n’auraient guère à
326 our un banquier de Genève, avec son chic anglais, ses principes et ses complexes, ils n’auraient guère à se dire et pas de
327 e Genève, avec son chic anglais, ses principes et ses complexes, ils n’auraient guère à se dire et pas de langage commun. M
328 n droit fondamental : celui de vivre chacun selon son style et de se gouverner à sa façon. Cela suffit, c’est l’essentiel,
329 vivre chacun selon son style et de se gouverner à sa façon. Cela suffit, c’est l’essentiel, le reste est idéologie. Avec t
330 st petite, l’Europe est vaste et quelques-unes de ses nations sont grandes. Comment oseriez-vous les comparer à l’un de vos
331 Berne, et autant pour obtenir des instructions de son gouvernement. En 1965, un député de Stockholm ou d’Athènes est à quel
332 ruxelles ou de Strasbourg, et à portée de voix de ses ministres. Oui, la Suisse est la seule maquette vivante de cette Euro
14 1966, Articles divers (1963-1969). Un libéral engagé (1966)
333 ler le monde ! Et nous allâmes prendre un verre à son hôtel. Une dame survint : « — Excellence, vous avez été superbe ! Ah 
334 oles publiques obligatoires, qui font perdre tout son génie au petit vendeur d’oranges du port de Valencia. L’accès de l’in
335 si parlé de l’Europe, de ce qu’il faut faire pour son union. ⁂ À Royaumont, le 4 avril 1948, au terme d’une des dernières r
336 le sens du paradoxe… Je me bornai à faire état de ses titres d’ancien ministre et de professeur à Oxford, et l’on me charge
337 durable d’un discours même de pure circonstance. Sa phrase finale au congrès de la culture (Lausanne, 1949) fait le lende
338 y, ancien ministre britannique de l’Éducation, et son homologue belge Julius Hoste, Joseph Retinger, l’éminence grise de to
339 résidents d’honneur. Il a fait ce jour-là l’un de ses plus beaux discours, sur le thème de la liberté telle que la conçoit
340 c’est-à-dire de gauche, n’aime pas qu’on touche à sa Révolution, qu’on lui rappelle qu’une révolution violente, après tout
341 gé et vraiment libéral à la fois, n’est-ce pas là son plus beau paradoxe ? t. Rougemont Denis de, « Un libéral engagé »,
15 1967, Articles divers (1963-1969). Au-delà des nations (1967)
342 vaincu par Coudenhove, qui a lancé le projet dans son discours du 5 septembre de l’année précédente, et c’est le plus proch
343 nir l’Europe, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâtir sur autre chose que sur les obsta
344 e conscience du phénomène région et des motifs de son apparition en ce moment précis de notre histoire et de l’évolution de
345 vie sociale et publique en Grèce. Elle donna même son nom à cette forme d’activité : la politique ! De même que la polis —
346 vité : la politique ! De même que la polis — avec ses autorités collégiales — s’opposa durant des siècles à la monarchie au
16 1967, Articles divers (1963-1969). Le civisme européen : notes pour un « Petit Livre rouge » (été 1967)
347 c le suffrage universel. Une démocratie ne mérite son nom que dans la mesure où, soit par l’enseignement, soit par la famil
348 ger des propos et des produits et de participer à son gouvernement, le désir d’être citoyen pousse à construire la ville, q
349 ’être citoyen pousse à construire la ville, qui à son tour formera des traditions civiques, et le besoin d’en changer. Il s
350 que dans les écoles de nos pays est, aux dires de ses responsables21 généralement insuffisante (parfois inexistante) à l’éc
351 ie de la cité, et dans l’éveil du désir d’y tenir son rôle de citoyen. (« Cité » signifiant ici toute communauté sociale ef
352 Europe dans l’histoire une unité caractérisée par sa diversité : Ou encore : — connaître nos problèmes communs, l’un des p
353 le monde décolonisé, et conditions nécessaires à son exercice ; e) Idéaux directeurs (religieux, humanistes, sociaux, scie
354 ruction civique nationale contaminerait très vite sa version européenne. Et d’ailleurs, il serait absurde d’essayer de sub
355 ni sans elles. (La Suisse s’est faite au-delà de ses cantons, mais pour sauver ce qu’on pouvait de leur autonomie, précisé
356 ore désunie, aux problèmes et aux possibilités de son union prochaine. Dire que tout dépend de l’éducation, c’est dire que
357 uelque chose d’équivalent) n’aura pas fait sentir ses effets dans l’enseignement secondaire de nos pays, les bases mêmes de
358 aiment le départ. Est-ce dire que l’Europe attend son « petit livre rouge » à distribuer aux dizaines de millions d’écolier
17 1968, Articles divers (1963-1969). L’Exode des cerveaux [débat] (1968)
359 e la santé de la culture a toujours consisté dans ses échanges, dans son régime de circulation, son métabolisme. Les échang
360 lture a toujours consisté dans ses échanges, dans son régime de circulation, son métabolisme. Les échanges se composent d’i
361 ans ses échanges, dans son régime de circulation, son métabolisme. Les échanges se composent d’importations et d’exportatio
362 , c’était vrai. Le créateur de la flotte russe et son premier grand amiral était un Genevois, Lefort, et le chef de la flot
363 ype de communauté qui lui correspond le mieux par ses moyens et par ses dimensions ? Voilà à peu près la formule d’analyse
364 qui lui correspond le mieux par ses moyens et par ses dimensions ? Voilà à peu près la formule d’analyse que je propose. Un
365 soit grande ou petite, et que tout soit fait dans ses limites. Il lui faut une industrie automobile, une industrie aéronaut
366 ommunauté a le droit de se plaindre d’un exode de ses fils qui vont exercer leur activité ailleurs. Prenez un village suiss
367 s. Prenez un village suisse quelconque ; si un de ses enfants devient professeur d’université, on ne va pas dire que c’est
368 isse ? Il n’aurait pas trouvé assez de place pour ses ponts, simplement. Nos dimensions ne sont pas suffisantes. On aurait
369 ne perte, d’un exode. Simplement, la Suisse prend sa part de ses obligations internationales ; car après tout, elle fait p
370 ’un exode. Simplement, la Suisse prend sa part de ses obligations internationales ; car après tout, elle fait partie, elle
371 c’est un terme qui est lié à l’Université depuis sa création, au xiie siècle. Voilà une chose qu’on oublie complètement
372 s finalités de notre société, de la hiérarchie de ses options. Une contestation qui ne se fasse pas — ce sera mon dernier m
18 1968, Articles divers (1963-1969). De l’État-nation aux régions fédérées (1968)
373 lippe de Bel : « Le Roy de France est empereur en son royaume », ce qui veut dire que le chef de l’État d’un domaine de moy
374 s confisque la papauté elle-même, l’installe sous sa protection en Avignon, et puis réalise aux dépens des Juifs qu’il fai
375 onstre aux multiples têtes ! » s’écrie Dante dans son traité de La Monarchie, appel désespéré, et qui restera vain, à l’Emp
376 rme transitoire, comme tant d’autres. On enseigne son catéchisme dans ses écoles, on célèbre son culte, on vénère ses statu
377 me tant d’autres. On enseigne son catéchisme dans ses écoles, on célèbre son culte, on vénère ses statues sur toutes les pl
378 seigne son catéchisme dans ses écoles, on célèbre son culte, on vénère ses statues sur toutes les places. « Il faut une rel
379 dans ses écoles, on célèbre son culte, on vénère ses statues sur toutes les places. « Il faut une religion pour le peuple 
380 t fermé, complet, suffisant en lui-même tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses inté
381 ffisant en lui-même tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts mais de ceux des
382 pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts mais de ceux des autres27. C’est donc une partie qui se veut
383 bition profonde et constitutive de l’État-nation, sa volonté de souveraineté absolue, donc d’indépendance totale, donc d’a
384 c d’indépendance totale, donc d’autarcie, qui est son ambition proprement impériale. C’est donc par définition et par struc
385 qu’il le reste en pratique dans l’état actuel de ses données29, il va falloir ou bien renoncer à l’union et alors il n’y a
386 formulait récemment une règle d’or qui trouve ici son application majeure : Développons en commun ce qui est neuf. Laisso
387 nir l’Europe, il faut partir d’autre chose que de ses facteurs de division, il faut bâtir sur autre chose que sur les obsta
388 L’État français ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien en main, et quelques excités de la région ne
389 1° De Gaulle lui-même ne peut tenir en main… que son État. Or la souveraineté de l’État est devenue tout illusoire, quand
390 de Bruxelles sur les économies régionales, et que ses six États-nations membres y aient pris part. C’est l’arriération, le
391 ui depuis cent-cinquante ans coupait la région de son aire d’expansion naturelle, Lille devient avec ses cités satellites l
392 on aire d’expansion naturelle, Lille devient avec ses cités satellites la métropole de près d’un million d’habitants d’une
393 e conscience du phénomène région et des motifs de son apparition en ce moment précis de notre histoire et de l’évolution de
394 vie sociale et publique en Grèce. Elle donna même son nom à cette forme d’activité : la politique ! De même que la polis —
395 vité : la politique ! De même que la polis — avec ses autorités collégiales et son régime de participation civique intense
396 que la polis — avec ses autorités collégiales et son régime de participation civique intense — s’opposa durant des siècles
397 s correspondent à celles des aires d’influence de son ou de ses agglomérations principales. Si on exagère leur taille, les
398 ndent à celles des aires d’influence de son ou de ses agglomérations principales. Si on exagère leur taille, les régions te
399 et mobile. Le terme même d’État indique très bien ses origines agricoles : status, State, Staat, État, c’est stabilité, sta
400 ites, mais en termes de rayonnement, non plus par son indépendance mais par la nature et la structure de ses relations d’in
401 ndépendance mais par la nature et la structure de ses relations d’interdépendance. D’ailleurs, le terme même d’indépendance
402 terme même d’indépendance est en train de perdre son sens ancien, stato-national, majestueux et volontiers ombrageux. Loui
403 ètement de contenu. Le mot “indépendance” a perdu son sens simpliste d’autrefois. C’est maintenant une question d’échanges,
404 ernement des cités par elles-mêmes, et aussi, par sa sobriété, de ne pas réveiller les illusions de l’absolutisme, les dél
405 régional, la liberté de chacun et l’efficacité de son action seront garanties par la possibilité de se rattacher et de donn
406 s par la possibilité de se rattacher et de donner son allégeance à des ensembles différents par la nature et par les dimens
407 rché commun, j’entends répéter qu’elle y perdrait sa souveraineté, qu’elle s’y perdrait. Et si je parle d’une fédération b
408 stre l’anecdote du patriarche vaudois : il réunit ses fils autour de son lit de mort et il leur dit : « Le secret de ma réu
409 patriarche vaudois : il réunit ses fils autour de son lit de mort et il leur dit : « Le secret de ma réussite tient à ce qu
410 ncore « la fin de la Confédération », la perte de son identité et de sa vocation, car ces deux choses existent à un autre n
411 a Confédération », la perte de son identité et de sa vocation, car ces deux choses existent à un autre niveau, du moins je
412 rd tarifaire ! Si Genève, par exemple, supprimait ses frontières avec la Savoie et l’Ain, s’intégrait au complexe nommé Rhô
413 ’intégrait au complexe nommé Rhône-Alpes, qui est sa région naturelle, croit-on vraiment que cela lui ferait perdre son ca
414 lle, croit-on vraiment que cela lui ferait perdre son caractère de cité suisse plus que ne le font sa population étrangère
415 son caractère de cité suisse plus que ne le font sa population étrangère et les institutions internationales qu’elle est
416 quement, rien n’empêcherait la Suisse de cultiver sa vocation particulière, qui est d’ordre politique et culturel, rien ne
417 venir un État-nation unitaire, d’uniformiser tous ses éléments constitutifs, ethniques, religieux, linguistiques, sociaux ;
418 ne méthode de résolution de chaque problème selon ses dimensions et à son niveau. Et à cet égard, les sociologues français
419 tion de chaque problème selon ses dimensions et à son niveau. Et à cet égard, les sociologues français — la France, une foi
420 re elles consentira jamais à remettre une part de ses pouvoirs à une autorité supranationale ? », écrivait François Mauriac
421 1. Cf. Janus, n° 15, septembre 1967, p. 84. 32. Ses travaux remplissent deux forts volumes : Documents de la conférence s
19 1968, Articles divers (1963-1969). Vingt ans après La Haye : où en est l’Europe ? (mai 1968)
422 uis trois mois nous avions travaillé, chacun dans son secteur et très souvent en groupes, à Paris et à Londres surtout, pui
423 ai, par exemple). Quand Churchill se rassit après son discours inaugural, toute la salle se leva pour une longue ovation, m
424 ence par Duncan Sandys, que je trouvai flanqué de son beau-frère Randolph Churchill (qui n’était là qu’à titre de journalis
425 epuis que Churchill (en 1946 à Zurich) parlait de son urgence dramatique. La preuve est faite de la foncière hostilité des
426 au lendemain du congrès de La Haye — a-t-il tenu ses promesses ? Quelles furent son action et son influence en près de vin
427 Haye — a-t-il tenu ses promesses ? Quelles furent son action et son influence en près de vingt années d’existence ? Comment
428 tenu ses promesses ? Quelles furent son action et son influence en près de vingt années d’existence ? Comment voyez-vous so
429 de vingt années d’existence ? Comment voyez-vous son avenir ? Comment voir l’avenir du Mouvement européen quand on ne voit
430 du Mouvement européen quand on ne voit même plus son présent ? Son impuissance avérée tient au fait qu’il a opté, dès le l
431 européen quand on ne voit même plus son présent ? Son impuissance avérée tient au fait qu’il a opté, dès le lendemain de La
20 1969, Articles divers (1963-1969). De l’Aar à l’Europe (1969)
432 ès d’Éphèse, vers Priène et Milet, où il trouvait son embouchure dans l’Égée. En ce temps-là, temps des cités et de l’Ionie
433 atrie de nos idées, les réflexions sur l’homme et sa place dans le cosmos, entre les choses et les dieux, ne partaient pas
434 ques champs… Deux prodigieux spectacles ont fixé son regard (écrit Nietzsche parlant d’Héraclite) : le mouvement éternel,
435 stant précisément à la durée ; ce qui est posé et sa métamorphose ; le Même et l’Autre vus ensemble, génialement assumés p
436 l’Europe, telle qu’on l’a quelquefois définie par ses vertus paradoxales d’innovation au sein de la tradition, et de révolu
437 découpé, dentelé, raviné, compartimenté jusqu’en son cœur le continent promis aux enfants de Japhet. Les fleuves ont dessi
438 t. Les fleuves ont dessiné le visage de l’Europe, ses vallées, ses verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on ne tro
439 s ont dessiné le visage de l’Europe, ses vallées, ses verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on ne trouvera plus gr
440 visage de l’Europe, ses vallées, ses verdures et ses estuaires. Nulle part ailleurs on ne trouvera plus grande longueur de
441 dérées, vaste massif aux flancs duquel elle prend ses sources, et ce district de forteresses médiévales édifiées sur un cam
442 de la colline de la Habsbourg, où confluent dans ses eaux la Limmat et la Reuss, tout près de son terme rhénan. L’Aar n’es
443 dans ses eaux la Limmat et la Reuss, tout près de son terme rhénan. L’Aar n’est pas seulement la plus longue des rivières q
444 rejoignant isolés ou par paires. V Ainsi de sa source, à quelques kilomètres de celle du Rhône, jusqu’à son confluen
445 à quelques kilomètres de celle du Rhône, jusqu’à son confluent avec le Rhin, l’Aar draine tous nos lacs dans l’espace inté
446 tre histoire : les voici disposés tout au long de son cours dans leur ordre chronologique ! Le Hasli doit peut-être, comme
447 wyz, à quelque fort ancienne immigration suédoise ses grands hommes blonds. Comme Uri, il fut terre d’Empire et longtemps d
448 terre d’Empire et longtemps défendit contre Berne ses libertés traditionnelles. Il illustre au départ torrentueux l’esprit
449 isse qui ait été carrément impérialiste, étendant ses pouvoirs par la force ou l’astuce de l’Oberland, où le Hasli résiste,
450 e Hasli résiste, jusqu’au Jura, où l’Ajoie, comme ses eaux, tend plutôt vers le monde rhodanien, et du Pays de Vaud à l’Arg
451 s’émancipe de Leurs Excellences, voilà Soleure et sa noblesse aux noms français, son ambassade du Roy de France, le souven
452 , voilà Soleure et sa noblesse aux noms français, son ambassade du Roy de France, le souvenir de Besenval et celui de Casan
453 plusieurs des mentors de la Suisse nouvelle et de son régime radical. Ce cours de l’Aar d’ouest en est qui fut jadis route
454 orte densité européenne que la Suisse : autour de son cœur, quatre langues et autant d’accents que de vallées, mais aussi l
21 1969, Articles divers (1963-1969). À la fontaine Castalie (1969)
455 e : la découverte de l’itinéraire exige en vérité son invention sur place ; ses étapes sont des prises de conscience ; et i
456 néraire exige en vérité son invention sur place ; ses étapes sont des prises de conscience ; et il n’a d’autre fin que d’êt
457 alie… Hölderlin, L’Archipel Le chauffeur a orné son tableau de bord, le pourtour du parebrise et le feutre du plafond de
458 maternelle. Il a forcé le sanctuaire de la Terre. Sa prêtresse, il la garde, elle servira son culte. Apollon fils du Ciel
459 la Terre. Sa prêtresse, il la garde, elle servira son culte. Apollon fils du Ciel a vaincu, imposant la loi du soleil, qui
460 ipe s’est tenu devant lui, attendant la parole de son destin, et l’ombre du destin l’a revêtu. Selon la volonté de la Nuit,
461 ragique. Paix sur le cœur du héros criminel dans son triomphe, l’Ordonnateur ! Et piété pour les mânes de l’aveuglé, mon f
22 1969, Articles divers (1963-1969). Pour une définition nouvelle du fédéralisme (1969)
462 rop petit pour assurer ce qu’on persiste à nommer son indépendance et sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europ
463 er ce qu’on persiste à nommer son indépendance et sa souveraineté absolue : car nul pays de notre Europe n’est plus en mes
464 n mesure de jouer un rôle mondial, d’assurer seul sa défense, de se nourrir seul, au spirituel comme au physique. Et en mê
465 ons : celles-ci se sentent exploitées par l’État, ses bureaux ou sa capitale et les accusent de colonialisme. Il est certai
466 se sentent exploitées par l’État, ses bureaux ou sa capitale et les accusent de colonialisme. Il est certain que la préte
467 d’un État à une certaine liberté dans le choix de ses dépendances, à un certain jeu dans l’aménagement de ses réseaux de re
468 pendances, à un certain jeu dans l’aménagement de ses réseaux de relations plus ou moins contraignantes. Au surplus, je ne
469 e fédéralisme qu’on est en droit d’incriminer que sa trahison pure et simple, ou son usage mal compris, ou son blocage dél
470 t d’incriminer que sa trahison pure et simple, ou son usage mal compris, ou son blocage délibéré aux limites d’un État fédé
471 ison pure et simple, ou son usage mal compris, ou son blocage délibéré aux limites d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un
472 faudrait, avant de le prescrire, être très sûr de sa formule. Or je ne vois pas de terme du langage politique qui prête à
473 s malentendus ! Un Français cultivé qui demande à son Littré le sens du mot fédéralisme trouve ceci : « Fédéralisme : subst
474 rançais cultivé et qui a coutume de se reporter à son Littré quand il veut savoir ce qu’un mot signifie, la cause est jugée
475 e repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salut. » Plus étonnant encore, en Suisse même, il y a quelques années
476 d’interprétations partielles, donc ruineuses dans son cas, lui soit pour ainsi dire congénital. Or s’il est vrai que l’unio
477 arti de supprimer le conflit en réduisant l’un de ses termes — le Divers — au prix d’une longue ascèse exténuante. Pour le
478 acé, qui dénote la santé de la pensée européenne, sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte aut
479 te la santé de la pensée européenne, sa justesse, sa mesure conquise sur le chaos de la masse indistincte autant que sur l
480 avoir valu pour la Grèce des grands siècles avec sa dialectique de l’individu et de la cité, conciliée dans la notion de
481 nitaire des conciles sera utilisé par Kepler dans ses spéculations sur le cercle et leurs applications à l’astronomie, ou p
482 rs applications à l’astronomie, ou par Hegel dans sa dialectique ternaire et ses applications au devenir historico-politiq
483 mie, ou par Hegel dans sa dialectique ternaire et ses applications au devenir historico-politique — source principale de la
484 La personne humaine, c’est l’homme considéré dans sa double réalité d’individu distinct et de citoyen engagé dans la socié
485 s les groupes qu’il formera avec d’autres hommes, ses semblables. Ces groupes devront être à leur tour à la fois autonomes
486 ilité… La situation de l’homme qui veut à la fois sa vie privée et une vie sociale est homologue de la situation de la rég
487 e de la situation de la région qui veut à la fois son autonomie et sa participation à un plus grand ensemble, en associatio
488 de la région qui veut à la fois son autonomie et sa participation à un plus grand ensemble, en association. 4° Enfin, le
489 e général de l’œcuménisme n’est-il pas le même en sa forme que ceux que nous venons d’évoquer, puisqu’il consiste à concil
490 rdinateurs, c’est-à-dire le respect du réel et de ses infinies complexités enfin rendu possible par la technique moderne. C
491 o Basiliensis, qui chevauche trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse, le Haut-Rhin et Mulhouse en France, le pays de
492 onstitue vraiment et solidement, comme le veulent ses promoteurs, on croit souvent qu’elle doit nécessairement coïncider av
493 iences morales et politiques et comptes rendus de ses séances, Paris, 1969, p. 141-153. aa. Discours prononcé lors de la s
494 rs 1969. ab. Pierre Duclos écrivait en 1962 dans son excellent ouvrage en collaboration avec Henri Brugmans, Le Fédéralism
23 1969, Articles divers (1963-1969). « La lecture des Nourritures terrestres… » [réponse à un questionnaire sur l’influence d’André Gide] (printemps 1969)
495 able à beau » (affection et réserve réciproques). Sa pensée n’a pour moi rien d’actuel et je doute qu’il en aille autremen
496 rien à l’affaire », l’actualité pas davantage, et son absence n’ôte ou n’ajoute rien à la valeur d’une œuvre pour qui sait
497 uel » selon les courriéristes littéraires.) C’est son style et son personnage qui m’ont touché. La plupart des « actuels »
498 es courriéristes littéraires.) C’est son style et son personnage qui m’ont touché. La plupart des « actuels » écrivent mal,
499 écrivent mal, ou sont plats. Mais la question de son « actualité » reste intéressante en ceci que Gide se persuadait que l
500 persuadait que l’avenir seul lui ferait « gagner son procès en appel ». Or peu furent moins méconnus de leur vivant, plus
501 érieusement, des fondements de notre société, que son orthodoxie sexuelle. Puis le colonialisme français. Sur tout le reste
502 -elles influencé, b) et quels sont les aspects de sa pensée qui vous paraissent les plus actuels ? 2. Gide fut de son temp
503 vous paraissent les plus actuels ? 2. Gide fut de son temps un grand contestateur ; vous semble-t-il garder aujourd’hui val
24 1969, Articles divers (1963-1969). Un souvenir de Solférino de Henry Dunant [préface] (1969)
504 urnal officiel. C’est qu’il pensait — et disait à ses proches — qu’il ne doit rien rester d’un bon discours, sauf la loi qu
505 provocante simplicité) Un Souvenir de Solférino, son résultat fut la Croix-Rouge. Ce très curieux récit s’ouvre sur un rap
506 s quel dessein il consacre à peu près un tiers de son écrit à la chronique de faits d’armes dont il n’a pas été le témoin,
507 ent défiguré, dont la langue sort démesurément de sa mâchoire déchirée et brisée ; il s’agite et veut se lever, j’arrose d
508 s’agite et veut se lever, j’arrose d’eau fraîche ses lèvres desséchées et sa langue durcie ; saisissant une poignée de cha
509 , j’arrose d’eau fraîche ses lèvres desséchées et sa langue durcie ; saisissant une poignée de charpie, je la trempe dans
510 ette éponge dans l’ouverture informe qui remplace sa bouche. Cet acte de compassion signale la présence de Dunant, qui av
511 uguste tragédie » laisse à Dunant le sentiment de sa grande insuffisance devant le désastre de la guerre vue de près et da
512 vant le désastre de la guerre vue de près et dans sa nue réalité : Il arrive que le cœur se brise parfois tout d’un coup,
513 l’enfer de Castiglione, il se décide à rassembler ses souvenirs, trois ans plus tard, et il se borne à suggérer, dans une n
514 sées, j’aurais pleinement atteint mon but. Toute sa proposition tient en une phrase, au surplus interrogative : N’y aura
515 ux des conventions et des vertus de la Société de son temps ; ni plus dénué d’amer et de vengeur esprit critique : pas un m
516 ans le Souvenir, ni sans l’impulsion créatrice de son auteur. ⁂ Le personnage est peu croyable, qui parcourt par hasard, da
517 e est peu croyable, qui parcourt par hasard, dans son cabriolet, les arrières du champ de bataille le plus meurtrier du siè
518 tendre à Castiglione. On sait la suite, mais dans son livre, il se borne à écrire cette seule phrase qui est sans doute l’u
519 fer gardant, quoi qu’il arrive d’invraisemblable, sa dignité en redingote et son désir de se rendre utile. Il cherchait un
520 ive d’invraisemblable, sa dignité en redingote et son désir de se rendre utile. Il cherchait un empereur et il trouve une i
521 de guerre. En 1867, après trois ans de succès de sa vocation, Dunant subit une faillite totale sur le plan de sa professi
522 , Dunant subit une faillite totale sur le plan de sa profession. Le Comité de la Croix-Rouge accepte avec raideur mais non
523 ge accepte avec raideur mais non sans soulagement sa démission. Et commence pour lui une période de vingt ans de réprobati
524 parler à Plymouth : il ne peut arriver au bout de son discours, il est trop affaibli par la faim. Quand ses chaussettes son
525 discours, il est trop affaibli par la faim. Quand ses chaussettes sont trouées, il teint à l’encre ses talons. En 1887, une
526 ses chaussettes sont trouées, il teint à l’encre ses talons. En 1887, une espèce de vagabond sans bagage échoue dans un vi
527 entier. L’Allemagne organise une souscription en sa faveur. Mille médecins russes réunis en congrès lui décernent le prix
528 s à l’humanité souffrante ». Le pape lui écrit de sa main. Et c’est enfin le premier prix Nobel de la paix qui vient le co
529 nt le couronner en 190142. Chargé d’honneurs dans sa retraite morose, comme il l’avait été d’opprobres au temps de sa vie
530 ose, comme il l’avait été d’opprobres au temps de sa vie la plus entreprenante, portant sur la grande œuvre un jour fondée
531 re de votre prétendue civilisation sera employé à son service… Les combattants sont prêts pour de nouveaux combats, résolus
532 ir « diminuer les horreurs de la guerre » qui est son intention déclarée à toutes fins d’efficacité, c’est encore une maniè
533 ême, alors qu’il écrivait le début d’Un Souvenir. Son vrai discours contre la guerre et le militarisme qui la prépare, c’es
534 erre et le militarisme qui la prépare, c’est dans ses inédits qu’il faut le chercher, dans ces textes écrits pour lui seul,
535 oix-Rouge et la guerre. Vingt ans plus tard, dans sa retraite, loin de l’action que d’autres poursuivent et de ses conting
536 , loin de l’action que d’autres poursuivent et de ses contingences « réalistes », Dunant attaque de front. Il note dans ses
537 éalistes », Dunant attaque de front. Il note dans ses cahiers : En attendant que d’autres plus habiles que nous, prennent
538 uoi donc ne pas stigmatiser la guerre elle-même ? Ses excès sont inévitables… Assez de raisonnements captieux tendant à dé
539 . Nous voilà loin des clichés d’Un Souvenir et de ses prudences tactiques. Serait-ce que Dunant, écarté de l’action, n’ayan
540 ’utopiste est celui qui voit la fin sans imaginer ses moyens. Mais c’est aussi celui qui fait erreur sur l’adéquation des m
541 énoncé le mal qui est dans le monde, s’en prend à ses principes qui sont dans l’homme, et sur lesquels nous pouvons exercer
542 vait fait en outre plus de bien qu’aucun homme de son siècle ou du nôtre. 41. « La guerre est agréable pour ceux qui ne l
543 rations métropolitaines en partie responsables de sa faillite. af. Rougemont Denis de, Dunant Henry, « [Préface] Henry D
25 1969, Articles divers (1963-1969). Toujours disponible (1969)
544 ons du livre en général. Dans ce dernier champ de ses activités, le CEC ne pouvait mieux faire que de s’en remettre à l’exp
545 érience et à l’initiative de celui des membres de son comité qui avait le mieux démontré le mouvement en marchant : Hans Op
546 ntaminés par le goût de la lecture et victimes de son accoutumance. La plupart de ces malheureux ne savent pas ce qu’ils do
26 1969, Articles divers (1963-1969). « Il faut donner aux gens le goût des belles choses » (15 février 1969)
547 une fête de voir ça. Denis de Rougemont illustre ses propos de quelques photographies : Voyez-vous, on a su, dans ces pays
27 1969, Articles divers (1963-1969). Les résistances mentales à l’Europe des régions (avril 1969)
548 s, des curiosités par la presse à grand tirage et ses agences officieuses, des émotions par l’éloquence patriotique, enfin
549 ut surgir demain, posant un but nouveau et créant ses moyens. Si l’on ne déclare pas ce qu’on veut, il n’est pas très intér
550 ions à peu près égales ? La région de Paris, avec ses 9 ou 10 millions d’habitants, est plus petite que le Limousin, qui n’
551  : — L’État doit être unique et indivisible. — De son siège dans la capitale, il régit souverainement toute l’existence pub
552 istoire d’un peuple digne de ce nom. Ayant « fait son unité » (comme on fait sa puberté), il devient une « nation immortell
553 e ce nom. Ayant « fait son unité » (comme on fait sa puberté), il devient une « nation immortelle » et l’État qui agit en
554 t une « nation immortelle » et l’État qui agit en son nom dispose de la vie et de la mort de ses membres, plus ou moins cit
555 git en son nom dispose de la vie et de la mort de ses membres, plus ou moins citoyens ou sujets, selon les régimes, mais to
556 ntribuables. L’Église n’a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’État a le devoir de sévir contre ceux qui conteste
557 evoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes (objecteurs de conscience, par exemple). La réduction propreme
558 s politiques d’un État et non de la prospérité de ses citoyens. Aujourd’hui, cette même réduction correspond à la seconde n
559 rgien, que nous sommes tous, peu ou prou, et dans son système de représentation, la région ne saurait apparaître que sous l
560 i : qu’il suffise d’évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéralisme va plus loin, et conçoit d’autres types e
561 l’État ni l’ordre contractuel d’une société, avec ses cadres et ses mécanismes. Je demande seulement qu’il corresponde aux
562 dre contractuel d’une société, avec ses cadres et ses mécanismes. Je demande seulement qu’il corresponde aux réalités humai
563 ivision du phénomène État en autant de foyers, et sa répartition à autant de niveaux, qu’il y a de fonctions diverses dans
564 raliste de l’État Dans une page essentielle de son Principe fédératif, où Proudhon estime qu’il « résume toute la scienc
565 egio basiliensis s’étend sur trois pays : Bâle et son hinterland en Suisse, le Haut-Rhin en France, et Land badois en Répub
566 rès bien à quelles sociétés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur
567 étés il cotise, où il paie ses impôts, qui est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur, et aucun de nous n’e
568 est de sa paroisse et quels sont les paysages de son cœur, et aucun de nous n’exige que tout cela soit inscrit dans les li
28 1969, Articles divers (1963-1969). Le mariage est à réinventer (14 avril 1969)
569 ur de ce problème de notre époque qui a été aussi son problème à lui ; Denis de Rougemont n’est pas seulement l’écrivain qu
570 ans le (deuxième) mari de Nanik et il forme avec sa (seconde) femme l’un de ces couples dont on dit simplement : « C’est
571 s classique de la femme qui n’a pas su « suivre » son mari ou l’inverse. Il y a enfin la remise en question quotidienne du
572 iés que je connais. La première fois, on épouse ses complexes D’abord la grande question : pensez-vous que le deuxième
573 psychanalyste, lors du premier mariage, on épouse ses complexes. Or, contrairement à ce que fait croire le langage courant,
574 enfance et restés inconscients. On ne connaît pas ses complexes, ils nous dirigent à notre insu, à notre corps défendant et
575 lle, bien différente. Elle, eh bien, elle a aussi son image de l’homme qui lui fait faire les mêmes erreurs. « Je suis tomb
576 gnée du désir (conscient ou non) de se libérer de sa famille, cas plus fréquent qu’on ne pense chez les jeunes filles surt
577 soin de personne. Moins on est sûr de la durée de ses sentiments, plus on s’entête et plus on se dépêche. À 20 ans, il est
578 talité. La passion dit : « Oui, j’aime une telle, son caractère et ses goûts seront peut-être incompatibles avec les miens
579 n dit : « Oui, j’aime une telle, son caractère et ses goûts seront peut-être incompatibles avec les miens mais c’est plus f
580 Oui, il y en a deux, qui tiennent, elles aussi, à ses motivations. La peur de la solitude, la peur de rester « en carafe »
581 de prendre une revanche, de marquer un point sur son ex-conjoint (comme dans le premier mariage, on voulait défier les par
582 la plus profonde tendresse. Le passionné cherche son « type de femme », souvent l’image de la mère sans qu’il s’en doute,
583 s une certaine beauté qui est l’idéal standard de sa génération. Sa passion n’est que la projection sur l’autre d’un idéal
584 beauté qui est l’idéal standard de sa génération. Sa passion n’est que la projection sur l’autre d’un idéal qui n’existe p
585 chaque être peut devenir s’il y est appelé. C’est son mystère, qui n’a rien de littéraire, de romantique, le mystère de sa
586 rien de littéraire, de romantique, le mystère de sa réalité différente. Le deuxième mariage ayant en général de meilleure
587 que pour la première fois, grâce à ce savant et à ses recherches « scientifiques », on osait parler du sexe ! Aujourd’hui o
588 rait toujours pouvoir analyser les motivations de son mariage. De même et plus encore pour le divorce : si l’on veut en tir
589 habitation. Là, on vit, on travaille, on organise son budget ensemble. Les parents ne sont pas toujours très favorables au
590 marche » qu’est le vrai mariage. Pour avoir toute sa valeur il faut aussi que le pacte soit sans arrière-pensée. J’ai assi
591 remplacer le premier mariage. Faut-il donc élever ses filles, comme le préconise Margaret Mead, dans l’idée qu’il est norma
592 santé, ne fondez pas le mariage sur ce qui vit de sa crise et l’entretient ! Et le mariage lui-même, pensez-vous qu’il doi
593 construction à deux et comme toute création il a ses difficultés. Il faut sans cesse comprendre à nouveau, risquer et se r
594 ien autre chose que de se borner à ne pas tromper sa femme : c’est une œuvre d’art exigeante et qui tente le meilleur en c
29 1969, Articles divers (1963-1969). Le personnalisme, la contestation, les hippies et… le fédéralisme (27 septembre 1969)
595 montrait que l’idée de passion amoureuse trouvait ses origines dans la poésie cathare, et qui nous faisait ensuite descendr
596 , qui couronnait de façon éclatante l’ensemble de son œuvre, on décerne aujourd’hui, à M. de Rougemont le Prix Schumann pou
597 ourd’hui, à M. de Rougemont le Prix Schumann pour ses services rendus à la cause de l’unification de l’Europe. Ce prix, qui
598 du fédéralisme. Il l’a non seulement défendue par ses écrits, mais également par son action en tant que directeur du Centre
599 ement défendue par ses écrits, mais également par son action en tant que directeur du Centre européen de la culture, qu’il
600 , qu’il a fondé et qu’il dirige depuis 1949. Si à ses nombreux titres on ajoutait celui qu’il s’apprête à recevoir aux État
601 qu’il s’apprête à recevoir aux États-Unis, après son séjour au Canada, je veux parler du prix Paul Tillich qui est, en que
602 avec Emmanuel Mounier et Georges Izard, et enfin sa propre revue Hic et Nunc qui regroupe autour de lui des écrivains,
603 sable. C’est l’individu distingué de la masse par sa vocation, laquelle le remet en relation avec autrui, parce que la voc
604 lle la personne, puisque celle-ci est définie par son acte. Ainsi se trouve fondée une certaine notion de la communauté qui
605 rappé par la vigueur, par la modernité surtout de ses prises de position qui étaient formulées, rappelons-le, avant la guer
606 cela ira-t-il ? M de Rougemont ne nous cache pas son pessimisme. Il ne pense pas que cela ira très loin. Il reste, néanmoi
607 a pu en mesurer toute l’absurdité puisque, de par sa nationalité, il était neutre. Nous sommes ici à patauger, pouvons-no
608 ous sommes ici à patauger, pouvons-nous lire dans son Journal des deux mondes , parce que nos voisins se font la guerre, e
609 tème fédéral canadien, mais avant de lui demander ses impressions sur le fédéralisme canadien, il nous paraissait nécessair
610 essaire de lui demander comment il était passé de sa définition de la « personne » au fédéralisme. Je vous avais dit que l
611 anadien. M. de Rougemont nous confiera d’ailleurs ses impressions. J’ai constaté qu’ici au Québec, on appelait fédéraliste
30 1969, Articles divers (1963-1969). La révolution des meilleurs (4 octobre 1969)
612 rti, c’est-à-dire de démissionner complètement de sa responsabilité intellectuelle et de son jugement, pour se livrer, pie
613 ètement de sa responsabilité intellectuelle et de son jugement, pour se livrer, pieds et poings liés, à un parti, à conditi
614 des personnes. Je suis contre l’État-nation dans sa formule xixe siècle, qui ne visait qu’à la puissance collective, et
615 sé cela, en montrant, comme Toynbee le faisait de son côté, qu’il n’y a pas d’histoire de la culture concevable, intelligib
616 es — l’autonomie et l’union — et chacune portée à son maximum, chacune aidant l’autre à exister. Eh bien, le mariage, c’est
617 homme dans la vingtaine qui se lance, avec toute sa génération, à la recherche d’un humanisme socialiste de type marxiste
618 rétien. À l’entendre approfondir la conclusion de sa conférence du 25 septembre à l’Université McGill, on sent que la plac