1
l’homme moderne (1970)a Mesdames et Messieurs,
à
ma stupéfaction, je me trouve en plein accord avec mon ami Louis Arma
2
nd il dit que les mathématiques ne se prêtent pas
à
la liturgie, ne se prêtent pas au chant. Il y a tout de même un exemp
3
anière de psalmodier la table des multiplications
à
l’école primaire qui m’a toujours frappé, et ceci prouve que la litur
4
s appareils formés d’éléments extrêmement simples
à
usages complexes et nombreux, dont le pouvoir spécifique d’informatio
5
er un message unique et qui est global, qui tient
à
tout le livre, qui tient à sa composition, à sa structure, à son styl
6
est global, qui tient à tout le livre, qui tient
à
sa composition, à sa structure, à son style, à ses rythmes au moins a
7
ient à tout le livre, qui tient à sa composition,
à
sa structure, à son style, à ses rythmes au moins autant qu’à l’encha
8
ivre, qui tient à sa composition, à sa structure,
à
son style, à ses rythmes au moins autant qu’à l’enchaînement des argu
9
nt à sa composition, à sa structure, à son style,
à
ses rythmes au moins autant qu’à l’enchaînement des arguments. Il n’y
10
re, à son style, à ses rythmes au moins autant qu’
à
l’enchaînement des arguments. Il n’y a pas deux livres pareils, alors
11
stion qu’on peut se poser, et cela me fait penser
à
ce passage très fameux de l’Apocalypse où l’auteur entend une voix du
12
l te sera très amer aux entrailles mais très doux
à
la bouche et après cela tu pourras prophétiser. » Moi, je dirais : «
13
ir ou méditer ». Nous ne sommes pas tous destinés
à
devenir des prophètes. Mais vous voyez qu’il y a cette espèce d’inter
14
ns toutes les librairies et je voudrais l’opposer
à
une annonce publicitaire qu’on voit paraître de plus en plus fréquemm
15
uemment dans les journaux et qui dit : « apprenez
à
lire vite ». Le président Kennedy lisait très, très vite ; il absorba
16
absorbait, je ne sais combien de milliers de mots
à
la minute. Alors je crois que toute la propagande en faveur du livre,
17
dmirateurs, exige avant tout une chose : se tenir
à
l’écart, prendre du temps, devenir silencieux, devenir lent. Un art d
18
d’un livre fût-il ancien ou nouveau. Il enseigne
à
bien lire, c’est-à-dire lentement, avec profondeur, égards, avec des
19
aite pour lui que des lecteurs parfaits. Apprenez
à
bien me lire. Lisez-moi lentement. M. Denis de Rougemont va mainten
20
. M. Denis de Rougemont va maintenant répondre,
à
son tour, à un certain nombre de questions posées. Eh bien, ce ne son
21
de Rougemont va maintenant répondre, à son tour,
à
un certain nombre de questions posées. Eh bien, ce ne sont pas les su
22
as, mais le temps de les lire lentement me manque
à
cette tribune, et je devrais manger les fiches, les unes après les au
23
rouper plusieurs de ces questions qui se réfèrent
à
l’audiovisuel, aux rapports entre l’audiovisuel et le livre. On me fa
24
orique, ne rencontre-t-il pas plus de difficultés
à
s’exprimer qu’au temps où il suffisait d’une très modeste mise de fon
25
que-là s’adresse essentiellement, me semble-t-il,
à
la télévision, ou dans un sens moins grave à la radio, à quoi il faut
26
-il, à la télévision, ou dans un sens moins grave
à
la radio, à quoi il faut opposer non pas seulement le livre, mais le
27
lévision, ou dans un sens moins grave à la radio,
à
quoi il faut opposer non pas seulement le livre, mais le disque. La b
28
beaucoup plus loin, et contrairement au livre et
à
l’imprimé qui, eux, n’ont pas de limite en général. La télévision, c’
29
Vous pouvez choisir, Louis Armand le disait tout
à
l’heure, suivant votre humeur, quand vous voulez, le livre est toujou
30
re est toujours disponible et prêt à correspondre
à
votre humeur, à votre curiosité, à votre faim du moment. Alors, je pe
31
disponible et prêt à correspondre à votre humeur,
à
votre curiosité, à votre faim du moment. Alors, je pense que loin de
32
à correspondre à votre humeur, à votre curiosité,
à
votre faim du moment. Alors, je pense que loin de dire que le livre d
33
ons, au fur et à mesure que la télévision cherche
à
nous imposer certaines doctrines officielles qui sont, en effet, mani
34
dre en réponse la distinction que je faisais tout
à
l’heure entre deux sens du mot « information ». S’il s’agit d’informa
35
toire, pourquoi ne pas les diffuser en espéranto,
à
supposer qu’il y ait beaucoup de gens qui le sachent. Cela, c’est l’i
36
u sens de formation, sur lequel j’ai insisté tout
à
l’heure, alors là, la langue est essentielle. La langue fait partie d
37
réciser ce que j’appellerais « information » tout
à
l’heure. Quelqu’un me dit : « C’est très joli, lente lecture, mais en
38
lisent le plus. Je connais des gens qui sont tout
à
fait dans le style employé de bureau, femme de ménage, contremaître,
39
leur travail. C’est dommage, il faudrait arriver
à
réduire ce temps de travail ; c’est au fond tout l’effort de la techn
40
bien entendu, le temps qu’on consacre au travail,
à
gagner sa vie. Et puis ensuite, on se repose comme on peut, on s’amus
41
e [que] l’automation se développera. Ce n’est pas
à
mon voisin, que j’irai apprendre ce genre de choses. Je pense que nou
42
de lire lentement. Quelqu’un demandait — c’était
à
M. Louis Armand d’ailleurs — « s’il ne fallait pas opposer le livre à
43
ailleurs — « s’il ne fallait pas opposer le livre
à
la revue » et faisait observer « qu’on lit énormément de revues en Fr
44
temps, M. Le Lionnais a encore beaucoup de choses
à
dire sans doute. a. Rougemont Denis de, « [Interventions] La place
45
ité et la multitude. Duo aut tres in unum. Erreur
à
exclure l’un des deux, comme font les papistes qui excluent la multit
46
lements éclatent sur tous les bancs, de la gauche
à
la droite et du Marais à la Montagne. Car pour les uns, fédéraliste s
47
les bancs, de la gauche à la droite et du Marais
à
la Montagne. Car pour les uns, fédéraliste signifie unification aux d
48
quelques exemples. Le mot fédéralisme est tabou
à
Strasbourg, déclarait il y a quelques années un représentant du Conse
49
uement le principe même d’une subvention fédérale
à
sa haute école, parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéralistes ! J
50
l n’est pas exclu qu’avant longtemps on l’appelle
à
se prononcer sur la question européenne. Je prendrai mon dernier exem
51
le 30 janvier : M. Schumann a proposé un marché
à
la Grande-Bretagne, en qui il trouvera certainement preneur : soutien
52
en qui il trouvera certainement preneur : soutien
à
la candidature britannique en échange d’une opposition commune au féd
53
d de l’Europe, le moyen le plus sûr de contribuer
à
son unité, c’est-à-dire avant tout à la définition de ses objectifs c
54
e contribuer à son unité, c’est-à-dire avant tout
à
la définition de ses objectifs communs, est de préserver leur personn
55
tir de tant de confusions, le francophone recourt
à
son Littré, dépositaire depuis un siècle du « vrai » sens des mots fr
56
l mérite l’échafaud, qui est le sort des traîtres
à
la République. Ainsi, le Français cultivé se voit naturellement porté
57
, le Français cultivé se voit naturellement porté
à
condamner le fédéralisme interne comme visant à la division de l’État
58
é à condamner le fédéralisme interne comme visant
à
la division de l’État souverain, mais chose curieuse, cela ne l’empêc
59
le fédéralisme externe comme visant cette fois-ci
à
l’intégration totale dans un super-État européen. Cette deuxième « id
60
dans le Oxford Dictionnary, en référence expresse
à
l’histoire américaine. Toutefois, et cela change tout, ces erreurs po
61
s désirable ou ne peut être atteint, on le réduit
à
certains domaines. Sur un pacte ou quasi-traité : on ne peut unilatér
62
vrais croyants de la religion nationaliste. Quant
à
Nelson Rockefeller, il écrit : Pour moi, l’idée fédéraliste suppose u
63
vue de sa sauvegarde, une part de sa souveraineté
à
une organisation politique ne possédant pas un centre unique de pouvo
64
e législatif, l’exécutif et le judiciaire, mais «
à
différents niveaux » (ce qui introduit le thème des communes et des r
65
tituer aux gouvernements d’État mais de les aider
à
résoudre leurs problèmes de la façon qui convient. Pour Nelson Rockef
66
ce vocabulaire souple et précis doit-elle rester
à
jamais étrangère aux esprits qui se veulent « cartésiens » ? Il nous
67
emble ces deux termes : dans tous les domaines et
à
tous les niveaux de la vie publique comme de la vie organique, ils so
68
t comment pourrait-on la vouloir ? Apprenons donc
à
bien parler, voilà le principe de la bonne politique. 1. Le Fédér
69
Ce que la Suisse peut apporter
à
l’Europe (19 mars 1970)c d On assiste depuis quelque temps à un ef
70
mars 1970)c d On assiste depuis quelque temps
à
un effort de rapprochement entre la CEE et les pays de l’AELE. Pour l
71
ement l’économie. C’est une considérable illusion
à
mon sens, mais qui explique pourquoi la Suisse n’est entrée que dans
72
que des buts économiques, n’a jamais voulu viser
à
autre chose qu’à des avantages commerciaux, par exemple, qui sont ceu
73
nomiques, n’a jamais voulu viser à autre chose qu’
à
des avantages commerciaux, par exemple, qui sont ceux du libre-échang
74
topie ou que c’était dangereux, a voulu se borner
à
l’économie, c’est-à-dire à ce qui pouvait servir les intérêts réputés
75
eux, a voulu se borner à l’économie, c’est-à-dire
à
ce qui pouvait servir les intérêts réputés sérieux, surtout sur les b
76
iques qui se posaient, nous aurions tout avantage
à
faire appel aux Américains, à les laisser travailler en Europe et à n
77
rions tout avantage à faire appel aux Américains,
à
les laisser travailler en Europe et à nous « américaniser » au maximu
78
Américains, à les laisser travailler en Europe et
à
nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si no
79
us « américaniser » au maximum. Si nous répugnons
à
le faire, si nous pensons que le problème européen dépasse celui d’un
80
commune Il faut beaucoup plus même que la CEE
à
mon sens. L’intégration de l’Europe… disons, d’un mot moins savant, l
81
t une possibilité d’union, c’est parce qu’il y a,
à
la base de notre histoire, une unité. C’est sur une unité que l’on pe
82
onales, contrairement à ce que l’on nous a appris
à
l’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne qui vient de nos a
83
ns historiques, tout cela est complètement commun
à
tous les Européens. N’a jamais été l’apanage d’un seul de nos pays. N
84
e unité de culture qui est commune aux Suisses et
à
tous les voisins de ce pays, on peut édifier une union. Je dis bien :
85
n que je vois possible pour l’Europe, et la seule
à
laquelle la Suisse puisse adhérer de tout cœur, c’est une union dans
86
bsistent sur ce fond d’unité. Denis de Rougemont,
à
votre point de vue, un écrivain allemand ou suisse alémanique est trè
87
Toutes ces choses-là sont des créations communes
à
tous les Européens et rapprochent naturellement tous les artistes de
88
lle part pourrait prendre la Suisse ? Beaucoup
à
apporter Alors, je pense que la réponse est simple. La Suisse a be
89
e que la réponse est simple. La Suisse a beaucoup
à
apporter dans l’union de l’Europe. Elle a à apporter ce qu’elle est,
90
ucoup à apporter dans l’union de l’Europe. Elle a
à
apporter ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue au cours des siècles,
91
mule, celle-là même qui pourrait servir de modèle
à
l’Europe. On rejoint la pensée de votre livre : La Suisse ou l’histoi
92
éralisme est l’une des choses les plus difficiles
à
comprendre, et même à vivre, que je connaisse. De toutes les doctrine
93
choses les plus difficiles à comprendre, et même
à
vivre, que je connaisse. De toutes les doctrines politiques, c’est ce
94
politiques, c’est certainement la plus difficile
à
expliquer parce que, pour bien la comprendre, il faut penser ensemble
95
union et diversité en même temps. Il faut penser
à
l’égalité des petits États avec des grands. Il faut penser à une quan
96
des petits États avec des grands. Il faut penser
à
une quantité de choses qui répugnent à la logique. J’entendais l’autr
97
aut penser à une quantité de choses qui répugnent
à
la logique. J’entendais l’autre jour encore à la télévision suisse ro
98
ent à la logique. J’entendais l’autre jour encore
à
la télévision suisse romande : « La Suisse doit être modeste, elle do
99
terventions sur le plan de la politique étrangère
à
sa modeste importance… (entendant par là — je pense — le fait que c’e
100
Russie… » J’estime que c’est là une attitude tout
à
fait erronée, car ce qui fait le poids, l’autorité d’un pays dans le
101
té d’un pays dans le monde, ce qui donne du poids
à
ses interventions dans le domaine de la politique étrangère, de la po
102
ance politique d’un pays était mesurée uniquement
à
sa taille, à l’importance de son armée et de son économie, comment ex
103
e d’un pays était mesurée uniquement à sa taille,
à
l’importance de son armée et de son économie, comment expliquer que l
104
. Les États-Unis savent qu’ils ne peuvent opposer
à
cet idéal qu’un idéal démocratique et de liberté, et qu’ils l’illustr
105
ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons
à
prendre toujours mieux conscience naturellement, et elle aurait une g
106
aurait pas seulement un rôle de parti minoritaire
à
jouer au sein de cette grande Europe… Prendre conscience … Non
107
enant au-delà de nos frontières, ne pas l’arrêter
à
nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter à notre frontière nationa
108
ter à nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter
à
notre frontière nationale, mais voir plus loin, voir qu’il y a des tâ
109
uisse même veulent que l’on étende le fédéralisme
à
la dimension des tâches nouvelles qui se posent aux hommes. À vous en
110
on des tâches nouvelles qui se posent aux hommes.
À
vous entendre, Denis de Rougemont, le citoyen suisse, qui appartient
111
s de Rougemont, le citoyen suisse, qui appartient
à
ce peuple heureux que vous décrivez, ne semble pas très prêt à assume
112
ope, répète naturellement ce qu’il a entendu dire
à
la radio, à la télévision, ce qu’il lit dans la presse, ce qu’il ente
113
naturellement ce qu’il a entendu dire à la radio,
à
la télévision, ce qu’il lit dans la presse, ce qu’il entend dans les
114
st une question d’éducation ; cela doit commencer
à
l’école déjà. Je connais heureusement beaucoup de professeurs seconda
115
es qui ont adopté ce point de vue, qui se mettent
à
enseigner l’histoire, la géographie, l’instruction civique, dans un e
116
l’ait pas encore fait. Elles nous reprocheront —
à
la génération des aînés — d’avoir gardé une prudence exemplaire, qui
117
pour personne et qui fait que nous sommes restés
à
la traîne loin derrière les autres. Alors que toute notre histoire —
118
e vocation historique nous indique que nous avons
à
prendre maintenant une belle initiative sur le plan européen. Et pour
119
s confiance au Conseil fédéral qui me paraît tout
à
fait disposé dans ce sens, à en juger par les récentes déclarations d
120
l qui me paraît tout à fait disposé dans ce sens,
à
en juger par les récentes déclarations des hommes qui sont chargés no
121
de, « [Entretien] Ce que la Suisse peut apporter
à
l’Europe », Construire, Lausanne, 19 mars 1970, p. 3. d. Propos recu
122
des voyages. Voyages de nos conseillers fédéraux
à
l’étranger et, aussi, visites importantes dans notre pays. Il n’y a q
123
visites importantes dans notre pays. Il n’y a qu’
à
songer à celle de M. Jean Rey, il y a quelques mois seulement, dans l
124
importantes dans notre pays. Il n’y a qu’à songer
à
celle de M. Jean Rey, il y a quelques mois seulement, dans la capital
125
’Europe ? Pour y répondre, il fallait faire appel
à
un écrivain d’expression française traduit dans le monde entier, à un
126
xpression française traduit dans le monde entier,
à
un citoyen suisse, à un pionnier de l’Europe unie. Ces qualités sont
127
raduit dans le monde entier, à un citoyen suisse,
à
un pionnier de l’Europe unie. Ces qualités sont réunies dans la même
128
e l’écrivain Denis de Rougemont, hier après-midi,
à
son domicile de Ferney-Voltaire, où il prépare actuellement le discou
129
ent le discours qu’il prononcera le mois prochain
à
Bonn à l’occasion de la remise officielle du prix [Robert Schuman]. U
130
discours qu’il prononcera le mois prochain à Bonn
à
l’occasion de la remise officielle du prix [Robert Schuman]. Un prix
131
e signification attachez-vous au fait que ce soit
à
vous, écrivain et directeur du Centre européen de la culture, que ser
132
itique qui fait suite, après un prix théologique,
à
une série de prix littéraires. Ensuite parce pour un écrivain, c’est
133
ulture qui m’ont valu ce prix, attribué jusqu’ici
à
des hommes politiques seulement : Jean Monnet, Joseph Bech, S. Mansho
134
tration de la Fondation Freiherr von Stein (FVS),
à
Hambourg, vient de décider à l’unanimité de remettre le prix Robert S
135
err von Stein (FVS), à Hambourg, vient de décider
à
l’unanimité de remettre le prix Robert Schuman pour 1970 à l’écrivain
136
mité de remettre le prix Robert Schuman pour 1970
à
l’écrivain neuchâtelois Denis de Rougemont, directeur du Centre europ
137
a culture, pour l’ensemble de son œuvre consacrée
à
la promotion de l’esprit européen. Parmi cette œuvre, il faut notamme
138
Bonn. Il a été créé en 1966 par la Fondation FVS,
à
Hambourg, et est destiné à récompenser les Européens qui, par leurs t
139
par la Fondation FVS, à Hambourg, et est destiné
à
récompenser les Européens qui, par leurs travaux ou leurs recherches,
140
u leurs recherches, se distinguent en contribuant
à
la réalisation de l’unité européenne. La remise du prix aura lieu le
141
La remise du prix aura lieu le 15 avril prochain
à
l’Université de Bonn. À cette occasion, l’écrivain suisse prononcera
142
lieu le 15 avril prochain à l’Université de Bonn.
À
cette occasion, l’écrivain suisse prononcera une allocution : “Res pu
143
Après l’attribution du prix Schuman
à
M. D. de Rougemont (30 mars 1970)g M. Denis de Rougemont nous écri
144
une remarque dont je serais obligé de faire part
à
vos lecteurs. « L’acte de reconnaissance » mis en valeur par votre ti
145
t Denis de, « Après l’attribution du prix Schuman
à
M. D. de Rougemont », La Suisse, Genève, 30 mars 1970, p. 12.
146
rrit d’obstacles par définition, que devient-elle
à
notre époque où les obstacles ne se dressent plus entre les amants ?
147
oints estiment que leur vie commune est favorable
à
l’épanouissement de chacun. C’est le contraire d’une relation narciss
148
e d’une relation narcissique. Mais si l’on arrive
à
passer de la transe à la réalité, la passion peut conduire à l’amour.
149
ssique. Mais si l’on arrive à passer de la transe
à
la réalité, la passion peut conduire à l’amour. Le mariage à l’essai
150
la transe à la réalité, la passion peut conduire
à
l’amour. Le mariage à l’essai qui, maintenant et de plus en plus, tie
151
é, la passion peut conduire à l’amour. Le mariage
à
l’essai qui, maintenant et de plus en plus, tient lieu de fiançailles
152
s sur la qualité de leur mariage, c’est-à-dire qu’
à
force d’entendre prôner l’idéale harmonie psychologique, indispensabl
153
as toujours les réponses. Et ces fameux obstacles
à
la passion ? Pour Denis de Rougemont, ces obstacles n’ont pas été sup
154
fantastique. J’ai lu, l’autre jour, qu’il y avait
à
Paris, autour de 1890, une quinzaine de théâtres de nus qui offraient
155
rime des gênes extérieures, cela ne correspond qu’
à
des permissions extérieures. Voyez Tristan et Iseut. Quand ils ont su
156
frontières absolument factices, des réalités tout
à
fait hétérogènes. Rien de plus hostile à toute espèce d’union tant so
157
tés tout à fait hétérogènes. Rien de plus hostile
à
toute espèce d’union tant soit peu sérieuse que cet État-nation qui s
158
otre temps, puisqu’à la fois trop petit pour agir
à
l’échelle mondiale et trop grand pour permettre une participation civ
159
certaine finalité ; quelle finalité trouvez-vous
à
l’Europe ? Jusqu’à nous, voyez-vous, il fallait se battre pour surviv
160
; quelle finalité trouvez-vous à l’Europe ? Jusqu’
à
nous, voyez-vous, il fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que
161
ommunauté vivante ? Il faut d’autre part épargner
à
l’Europe de se faire purement et simplement absorber par d’autres éco
162
er par d’autres économies. Cela ne revient-il pas
à
se poser la question fondamentale du sens même de notre vie ? Oui, je
163
mentale du sens même de notre vie ? Oui, je crois
à
la personne humaine et à sa liberté. Pour surmonter les aliénations a
164
otre vie ? Oui, je crois à la personne humaine et
à
sa liberté. Pour surmonter les aliénations actuelles, il faut poser u
165
eligieuses, contre la prétention de l’État-nation
à
leur monopole absolu. Il faut donc distribuer les pouvoirs étatiques
166
imensions et celles de la communauté la plus apte
à
les administrer. Concrètement, cela revient à appliquer la méthode du
167
pte à les administrer. Concrètement, cela revient
à
appliquer la méthode du fédéralisme. Une Europe divisée en régions au
168
re d’« agences » (culturelles, économiques, etc.)
à
la mesure des décisions qui doivent être prises. Autant l’Europe des
169
s régions sera complexe, mais combien plus simple
à
vivre ! Je vois l’Europe comme un grand jardin plein de surprises, ma
170
établir un ordre universel nouveau. Le monde est
à
la limite de ses possibilités : les lacs ne sont plus nageables, les
171
! Quel dénominateur commun peut-il aider l’Europe
à
trouver cet ordre nouveau ? L’Europe a la chance d’avoir une culture.
172
dèle suisse soit le meilleur et qu’il soit viable
à
l’échelle européenne ? Le système suisse, à mon avis, est excellent,
173
iable à l’échelle européenne ? Le système suisse,
à
mon avis, est excellent, hormis peut-être les cantons qui ne sont pas
174
membres, c’est un problème parfaitement homologue
à
celui que la Suisse a résolu avec ses 25 petits cantons souverains. L
175
ourd’hui est plus petite que ne l’était la Suisse
à
l’époque où elle s’est fédérée ; et les disparités de coutumes ou de
176
oublier les moyens techniques dont nous disposons
à
l’heure actuelle et qu’il ne faudrait surtout pas renier : je suis pe
177
européenne réserve d’ailleurs une place de choix
à
Rousseau, Constant, Robert de Traz et Gonzague de Reynold, pour ne vo
178
que pensez-vous de la réserve mise par la Suisse
à
l’idée de l’intégration européenne, qui tient surtout à l’obstacle de
179
ée de l’intégration européenne, qui tient surtout
à
l’obstacle de sa neutralité ? La neutralité est une survivance histor
180
survivance historique ! Elle est encore attachée
à
la conception de l’État-nation. Tout à fait justifiée jusqu’à la Seco
181
e attachée à la conception de l’État-nation. Tout
à
fait justifiée jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle ne se justifi
182
ion de l’État-nation. Tout à fait justifiée jusqu’
à
la Seconde Guerre mondiale, elle ne se justifierait plus en tout cas
183
ut cas dans une Europe unie. Mais je verrais tout
à
fait une Suisse-district fédéral, siège de toutes les « agences » de
184
nces » de l’Europe unie dont je vous parlais tout
à
l’heure. Il est vrai que le projet d’union de l’Europe a généralement
185
sé pour chimérique en Suisse. Et jusqu’à présent,
à
chaque étape de cette lente unification, notre gouvernement a dû fair
186
se que la politique d’unification européenne vise
à
mêler les peuples pour éliminer peu à peu les caractéristiques nation
187
voir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est
à
nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’Europe future
188
s textes Pour l’Europe, publié par Robert Schuman
à
la fin de sa vie, je lis ces mots qu’on ne saurait souhaiter plus écl
189
conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait,
à
la culture. Unité non pas homogène, et qui ne résulte pas d’un proces
190
es, nos efforts pour les surmonter par le recours
à
des instances universelles, et toutes les créations qui ne cessent de
191
rmonie. De ce temps jusqu’au nôtre, tout concourt
à
nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre
192
invente aussi l’analyse critique, elle la conduit
à
ses dernières conséquences, découvre ainsi en même temps l’idée de l’
193
eront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse
à
ce défi de l’anarchie, invente l’État et les institutions centralisée
194
la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’
à
l’irrémédiable et dangereux Ennui, jusqu’à ce vide de l’âme inoccupée
195
jusqu’à l’irrémédiable et dangereux Ennui, jusqu’
à
ce vide de l’âme inoccupée qui appelle les tempêtes et les révolution
196
es de la sagesse grecque, et totalement contraire
à
celles de Rome. À la morale de la mesure et de la raison utilitaire,
197
recque, et totalement contraire à celles de Rome.
À
la morale de la mesure et de la raison utilitaire, il oppose les élan
198
l’Un et du divers, tandis que l’incarnation porte
à
l’extrême la coexistence des contraires, l’impensable définition de l
199
la se combine en figures et en structures variées
à
l’infini, mais dont la plus fréquente, de très loin, est le couple d’
200
besoins économiques. Tout cela nous incite aussi
à
remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyen
201
autonomies. Car ces autonomies seront perdues une
à
une si nous refusons l’union qui, seule, ferait leur force ; mais en
202
nt votre Lettre ouverte aux Européens , c’est qu’
à
l’inverse du marxisme, vous attribuez à l’idée, à la culture un rôle
203
c’est qu’à l’inverse du marxisme, vous attribuez
à
l’idée, à la culture un rôle déterminant, premier dans le devenir soc
204
à l’inverse du marxisme, vous attribuez à l’idée,
à
la culture un rôle déterminant, premier dans le devenir social. L’Eur
205
aliéné dans le matériel, le quantitatif, qui tend
à
le déposséder de lui-même. Je me sens assez proche de Maurice Clavel
206
es ; le fameux cliché d’une Europe « de Gibraltar
à
l’Oural » s’y trouve déjà… Or, le monde a changé depuis et de telles
207
vez-vous réagi, au Centre européen de la culture,
à
une telle situation ? Nous nous sommes dit : les institutions économi
208
ion au niveau de l’enseignement, où l’on continue
à
apprendre la géographie et l’histoire par nations. Alors que la seule
209
itable politique. Des stages sont consacrés aussi
à
l’étude des stéréotypes nationaux, dans les manuels ou dans l’esprit
210
oujours laudatifs. Par ces stages, nous cherchons
à
créer un état d’esprit européen chez les maîtres, ce qui permettra d’
211
vec les rédactions qui sont faites par les élèves
à
cette occasion, montre qu’il y a progrès, que l’idée européenne est a
212
rement lors de Mai 68 ? Exactement, puisque c’est
à
ce moment-là qu’est sorti un manifeste dont on n’a pas assez parlé, b
213
Une telle conception ne va-t-elle pas compliquer
à
l’excès les réalités socioéconomiques ? Il est certain que l’Europe d
214
e petites communautés, lesquelles sont les seules
à
même de protéger l’individu, de l’amener à se sentir encadré. Les rég
215
seules à même de protéger l’individu, de l’amener
à
se sentir encadré. Les régions nous permettront de revenir à des enti
216
encadré. Les régions nous permettront de revenir
à
des entités plus petites, de recréer des communautés centrées. Votre
217
dérive directement du personnalisme. Quels sont,
à
votre avis, les obstacles à la réalisation de l’Europe ? Le fédéralis
218
nnalisme. Quels sont, à votre avis, les obstacles
à
la réalisation de l’Europe ? Le fédéralisme n’est pas possible dans u
219
antisme des villes, pour que l’homme soit intégré
à
une communauté. Il faut dépasser la fausse solitude de l’homme dans l
220
L’Europe
à
l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre
221
urel et sur les mœurs. Tandis que la colonisation
à
redouter du côté soviétique est déjà un fait dans les pays de l’est d
222
s… Et il n’est pas impensable, si nous continuons
à
rester divisés par nations, chacune trop faible pour se défendre, qu’
223
ns le poste de Radio Budapest appelaient l’Europe
à
leur secours. C’était extrêmement tragique parce que l’Europe n’était
224
ormé le village. Pas seulement le passage de 1800
à
5500 habitants, mais les mœurs, le rythme de la vie des gens : tous l
225
s épaules l’un de l’autre, ils n’arriveraient pas
à
notre hauteur. Au point de vue démographique, certes … Oui, mais il y
226
nous sommes dit que les Américains avaient réussi
à
mettre en œuvre des découvertes toutes faites par les Européens ; ils
227
ela s’est parfaitement réalisé, nous avons réussi
à
renverser la vapeur. De grands choix à faire Ce serait donc le
228
réussi à renverser la vapeur. De grands choix
à
faire Ce serait donc le moment de « renverser la vapeur » et nous
229
renverser la vapeur » et nous serions aujourd’hui
à
la croisée des chemins, parce que — pour la première fois dans l’hist
230
oisir librement son avenir. Pourquoi serions-nous
à
ce moment privilégiés ? À cause du développement des sciences et des
231
. Pourquoi serions-nous à ce moment privilégiés ?
À
cause du développement des sciences et des techniques. Jusqu’au milie
232
vement de bascule qui s’est fait et nous arrivons
à
un point où la production dépasse largement le minimum vital, où elle
233
s ne pourrions pas vivre ? Il y a de grands choix
à
faire et cela pour la première fois, car jamais avant notre génératio
234
n’avait été en mesure de porter des coups pareils
à
la terre elle-même. Maintenant, il a ces moyens, donc il est obligé d
235
bien et tant pis pour la nature. Nous commençons
à
nous réveiller de cette illusion. L’autre politique pour l’avenir est
236
s européenne, par tradition : c’est l’attachement
à
un certain mode de vie. Qu’est-ce qu’un mode de vie ? C’est l’ensembl
237
rythmes de la vie, c’est l’ensemble des valeurs.
À
quoi est-on prêt à sacrifier beaucoup de choses ? Il y a beaucoup de
238
t c’est très heureux, car cela constitue un frein
à
ce développement, à l’infini, du niveau de vie. Je pense que maintena
239
, car cela constitue un frein à ce développement,
à
l’infini, du niveau de vie. Je pense que maintenant se dessine une ré
240
ssaient de recréer un mode de vie qui corresponde
à
un certain nombre de valeurs qu’ils jugent plus importantes que l’acc
241
même pas. Pour eux, le problème se résume encore
à
celui de la survie dans la rareté. Attention ! Je ne suis pas du tout
242
ous faut aussi des techniques qui soient adaptées
à
nos fins. Par exemple, il est absolument faux de continuer à faire de
243
Par exemple, il est absolument faux de continuer
à
faire des automobiles qui marchent à l’essence, alors que l’on a les
244
de continuer à faire des automobiles qui marchent
à
l’essence, alors que l’on a les moyens de les faire marcher à l’élect
245
alors que l’on a les moyens de les faire marcher
à
l’électricité. Ce serait là un développement technique supérieur à ce
246
Ce serait là un développement technique supérieur
à
celui des États-Unis et qui changerait tout dans le monde. Mais on y
247
compte de certains buts généraux que l’on donnera
à
la vie. Ce serait une révolution complète. Deux mouvements antagon
248
la consommation individuelle, et là, nous sommes
à
l’opposé du type de civilisation capitaliste qui se développe en Euro
249
t pas de bruit, qui ne dégagent pas de gaz. Quant
à
savoir si cela touche l’organisation sociale et politique ? Oui, prof
250
’exécuter ces dernières aux dimensions des tâches
à
réaliser ? Il y a des tâches qui, par nature, sont du niveau de décis
251
m. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Europe
à
l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? », Tribune de
252
ong de leur carrière, ont su accorder leurs actes
à
leurs écrits. Ce Neuchâtelois qui, dès 1930, contribuait au lancement
253
Haye, de Rome et de Lausanne et fonde, dès 1949,
à
Genève, le Centre européen de la culture. En publiant ces dernières s
254
L’Europe
à
l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 197
255
L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier
à
l’idée suisse (22 novembre 1970)o p Dans cette optique d’une Europ
256
e, économique, qui sont faits ? Le Marché commun,
à
mes yeux, est une première agence fédérale du type que je voudrais vo
257
porte où en Europe. Le Marché commun est implanté
à
Bruxelles. Mais je vois très bien d’autres agences fédérales européen
258
s ou la pollution du Rhin. La Suisse est destinée
à
être au cœur de l’Europe et elle doit l’être dans ses entreprises com
259
jours des difficultés qu’a la Suisse pour adhérer
à
l’Europe. Pourquoi ne parlerait-on pas de l’autre difficulté qui est
260
s intéressante : celle qu’a l’Europe pour adhérer
à
la Suisse ? » De ce point de vue, la Suisse ne perdrait rien en entra
261
tés de ce que vous appelez l’adhésion de l’Europe
à
l’Idée suisse ? Quand je parle de l’adhésion de l’Europe à l’Idée sui
262
suisse ? Quand je parle de l’adhésion de l’Europe
à
l’Idée suisse, j’entends par « Idée suisse » le véritable fédéralisme
263
édéralisme va de la commune aux entreprises jusqu’
à
l’Europe puis au monde. C’est là une chose nouvelle car elle n’a jama
264
ites, comme la langue ou l’économie. Cela aboutit
à
des monstruosités et des guerres. Mais si vous reprenez l’exemple de
265
ujours pensé qu’il y avait des ordres de réalités
à
ne pas mélanger. Il n’était pas question d’imposer la même religion,
266
qui pourrait donner des résultats considérables,
à
l’échelle du continent. Cette recherche d’un équilibre humain est d’a
267
o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Europe
à
l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse », Tribune de La
268
] L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier
à
l’idée suisse », Tribune de Lausanne — Le Matin, Lausanne, 22 novembr
269
chel ? C’est en partie une coïncidence, en partie
à
l’occasion du vingtième anniversaire du Centre européen de la culture
270
ts , je me suis surtout attaché aux recherches et
à
l’action culturelle que suppose la fédération de l’Europe telle que j
271
ntières. Dans tous ces cas, on passe de la région
à
l’ensemble européen. Dans les régions, dans les centres locaux se son
272
t qui maintenant sont contraints par les réalités
à
reconnaître leur existence. Elles se formeront, je pense, par la forc
273
que les liens qui unissent chacune de ces régions
à
sa capitale nationale. Et à ce moment-là, il suffira d’installer des
274
hacune de ces régions à sa capitale nationale. Et
à
ce moment-là, il suffira d’installer des agences fédérales européenne
275
ions se formeront d’après la dimension des tâches
à
accomplir. Il faut trouver le niveau auquel les décisions seront pris
276
nsion continentale, celle de l’Université s’étend
à
la région. Une région bretonne devrait déborder sur les Cornouailles
277
France, Angleterre, Italie, etc. sont-ils appelés
à
disparaître ? Je pense que peu à peu ils se déferont. À mesure que le
278
araître ? Je pense que peu à peu ils se déferont.
À
mesure que le tissu de liens réels se resserrera entre les régions, l
279
omberont en désuétude. Cela se passera dans vingt
à
vingt-cinq ans. Mais cette évolution est marquée dans les faits. Les
280
e le Centre européen de la culture contribue-t-il
à
la création d’une Europe unie ? Le Cheminement des esprits donne u
281
lutte créatrice. Le titre du second est emprunté
à
une phrase de Robert Schuman : “L’unité de l’Europe ne se fera ni uni
282
s solennel » devant tous les recteurs de l’Europe
à
l’interview improvisée pour une revue de militants. Chacun marque une
283
pe fédérée : il s’agit de surmonter les obstacles
à
l’union, qui sont d’abord dans les esprits. Puis d’orienter espoirs e
284
r les lecteurs de Livres ouverts, nous avons posé
à
Denis de Rougemont quelques questions suggérées par la lecture de ses
285
et nous offrira seule les structures nécessaires
à
toute vraie participation. Mais la région doit naître comme poussent
286
ne histoire, de leurs besoins et de leurs désirs,
à
la rencontre d’un appel qui vient de l’Europe et de l’humanité solida
287
n propre gâteau, et créer ses propres ressources,
à
sa manière et selon ses goûts, qui définissent ses vrais besoins. La
288
environnement de qualité. Plutôt que de chercher
à
se rendre concurrentielle, elle doit chercher à se rendre utile, et s
289
r à se rendre concurrentielle, elle doit chercher
à
se rendre utile, et son problème n’est pas d’exploiter le voisin mais
290
pas de chance imméritée : les choses ne viennent
à
point que pour qui s’y attendait, pour qui s’était obscurément dispos
291
y attendait, pour qui s’était obscurément disposé
à
les recevoir. Il importe au propos de ces pages que je marque d’abord
292
i, je suis appelé au téléphone par un ami qui est
à
la radio suisse. Est-ce la guerre, qu’on attend d’une heure à l’autre
293
uisse. Est-ce la guerre, qu’on attend d’une heure
à
l’autre ? C’est Munich, c’est la paix (pense-t-on vraiment ce jour-là
294
aussi les problèmes qui reviennent, cette réponse
à
donner surtout… Deux semaines plus tôt, à Venise, j’écoutais Honegger
295
réponse à donner surtout… Deux semaines plus tôt,
à
Venise, j’écoutais Honegger dirigeant son Nocturne au théâtre de la F
296
it plus qu’aucune de notre temps, si haut que fût
à
mes yeux Stravinski, et je me disais qu’un jour je ferais quelque cho
297
irent rentrer en Suisse plus tôt que prévu. C’est
à
ce moment que l’on m’offrit d’écrire une pièce pour l’Exposition nati
298
e pour l’Exposition nationale qui devait s’ouvrir
à
Zurich l’année suivante. J’étais en train de sortir mes uniformes d’u
299
que d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille
à
occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 35 m de large, 18
300
léphone que j’ai dit, toute la vie qui se reprend
à
vivre, les délais à courir, le sujet à me fuir. Le jour même, une vie
301
, toute la vie qui se reprend à vivre, les délais
à
courir, le sujet à me fuir. Le jour même, une vieille dame américaine
302
se reprend à vivre, les délais à courir, le sujet
à
me fuir. Le jour même, une vieille dame américaine m’avait fait remet
303
vie d’ascète donne au message secret qu’il envoie
à
la Diète, et dont on ne connaît que le résultat : la paix sauvée, « c
304
le attend l’annonce fatidique, et tout d’un coup,
à
grandes volées, les cloches de la délivrance : c’est cela que l’Europ
305
solution formelle ; encore faudrait-il l’adapter
à
la structure chrétienne du sujet. Je songe alors au style monumental
306
violente simplicité qui peut s’adapter à la fois
à
la déclamation d’un chœur en marche et au dialogue du drame civique e
307
ger. La part de la commande Je vais le voir
à
Paris. Je ne le connaissais pas. En pleine gloire, à 46 ans, il vient
308
aris. Je ne le connaissais pas. En pleine gloire,
à
46 ans, il vient d’écrire Jeanne au bûcher et La Danse des morts avec
309
agnie de théâtre d’amateurs et deux petits chœurs
à
Neuchâtel, un grand chœur et une fanfare à La Chaux-de-Fonds, 400 fig
310
chœurs à Neuchâtel, un grand chœur et une fanfare
à
La Chaux-de-Fonds, 400 figurants fournis par diverses sociétés, et l’
311
iverses sociétés, et l’on fabriquera les costumes
à
domicile. Je tombe bien : Honegger vient d’écrire que la seule forme
312
egger vient d’écrire que la seule forme théâtrale
à
laquelle il croit pour l’avenir est « celle qui arrive à grouper tout
313
lle il croit pour l’avenir est « celle qui arrive
à
grouper toute une population ». C’est donc oui, et l’on se met au tra
314
oisième. Une ou deux fois la semaine, je descends
à
Paris, de La Celle-Saint-Cloud où j’habite, et je monte au boulevard
315
été une fois chanté peut être remis en musique. »
À
chaque visite dans son grand atelier, il me joue au piano ce qu’il a
316
il me dit en riant : « Vous voyez, ça finit comme
à
l’église — catholique ou protestante peu importe. » Mais un soir d’ao
317
testante peu importe. » Mais un soir d’août 1939,
à
La Chaux-de-Fonds, assistant pour la première fois à une répétition d
318
a Chaux-de-Fonds, assistant pour la première fois
à
une répétition des chœurs — et ce sera la dernière : la guerre est po
319
’ai pensé, arrière-pensé en l’écrivant et renoncé
à
y mettre faute de mots… Et surtout, l’arrière-plan religieux (voire p
320
rière-plan religieux (voire pour moi théologique,
à
cette époque) de ma « Légende dramatique » est révélé tantôt en majes
321
ier, dans la rue, en conduisant ma Bugatti. Jusqu’
à
ce que la mélodie sorte des paroles. » Je le crois, c’est évident, ma
322
gion en général, ni de nos positions personnelles
à
son égard. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Par pudeur ? Je ne le
323
is de son langage particulier. Or, l’aisance même
à
nous mettre d’accord sur ces règles du jeu, puis à jouer — la partie
324
nous mettre d’accord sur ces règles du jeu, puis
à
jouer — la partie de création proprement dite nous prit deux mois — v
325
ergence avec l’événement historique, pour aboutir
à
notre oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêt
326
ique, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945
à
son exécution au Vatican, lors des fêtes de la canonisation (combien
327
La part de Dieu Il serait vain de faire appel
à
des éléments contingents pour expliquer le phénomène. Tous les biogra
328
ion protestante du jeune Zurichois, né au Havre :
à
13 ans, il écrit un oratorio intitulé le Calvaire ; à 15 ans, il reço
329
ans, il écrit un oratorio intitulé le Calvaire ;
à
15 ans, il reçoit le choc de sa vie lorsque Caplet vient diriger au t
330
essionnel et du genre pieux, ce qu’Honegger n’est
à
aucun degré. Je ne crois même pas qu’il se soit jamais dit croyant, e
331
le style d’Honegger, dans la plupart des œuvres «
à
sujet religieux » que je viens d’énumérer, doit être qualifié d’essen
332
qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’est pas
à
cause des sujets, ni des paroles et situations mises en musique, ni m
333
ière est l’acte de celui qui s’ouvre et s’ordonne
à
l’amour, c’est-à-dire : à Dieu tel qu’il s’annonce au « cœur » de l’h
334
ui s’ouvre et s’ordonne à l’amour, c’est-à-dire :
à
Dieu tel qu’il s’annonce au « cœur » de l’homme. Sa musique est chrét
335
ou encore « le fondement de l’être dans le monde,
à
savoir Dieu »3. En ce point, tout s’éclaire et s’enchaîne. L’anecdote
336
foi, par quoi je n’entends pas du tout l’adhésion
à
quelque credo, mais la réalité de l’opération en nous de quelque chos
337
Le cheminement des esprits (1971)s
À
l’occasion du xxe anniversaire du Centre européen de la culture, son
338
hommes au-delà des nations. Le titre est emprunté
à
une phrase de Robert Schuman — qui présida un temps le Comité du Cent
339
s solennel » devant tous les recteurs de l’Europe
à
l’interview improvisée pour une revue de militants. Chacun marque une
340
pe fédérée : il s’agit de surmonter les obstacles
à
l’union, qui sont d’abord dans les esprits. Puis d’orienter espoirs e
341
ous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt
à
gauche tantôt à droite. Mon bras droit tenait le gauche d’un aîné pre
342
tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt
à
droite. Mon bras droit tenait le gauche d’un aîné prestigieux capable
343
tous amis de Paul Martin et amenés par ses soins
à
collaborer avec le Centre. Une si heureuse initiative, et si rondemen
344
s tard, j’eus la surprise de recevoir des papiers
à
en-tête du Conseil de l’Europe annonçant la création par ce dernier d
345
n, pensant que ce sujet était peut-être de nature
à
m’intéresser ». Je reconnus au premier coup d’œil « notre » texte. St
346
l Martin voulait faire courir l’Europe », Hommage
à
Paul Martin, s. l., 1971, p. 41.
347
etite pour se défendre seule, et chacune acharnée
à
rester seule, au nom d’une souveraineté de plus en plus mythique — ce
348
n’a pas la moindre chance de résister d’une part
à
la colonisation idéologique, militaire et policière par les Russes —
349
songe aux pays de l’Est européen —, d’autre part
à
la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les
350
re qu’ils prétendaient inaugurer n’a duré que dix
à
douze ans. (La Suisse, en regard, approche du viie siècle de sa cont
351
de cent pays dans le monde entier, l’État-nation
à
souveraineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais en fait toujo
352
oup varié lui-même quant à la date qu’il attribue
à
la naissance de l’histoire de France : tantôt il la fait remonter à B
353
l’histoire de France : tantôt il la fait remonter
à
Brennus, chef gaulois probablement mythique, qui est du ive siècle a
354
e, qui est du ive siècle avant notre ère, tantôt
à
Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à Hugues Capet,
355
vis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin
à
Hugues Capet, qui est du xe siècle, soit une hésitation d’un milléna
356
aconté que chacun de nos États-nations correspond
à
une langue, à une ethnie, à un ensemble à la fois économique, histori
357
cun de nos États-nations correspond à une langue,
à
une ethnie, à un ensemble à la fois économique, historique et géograp
358
ts-nations correspond à une langue, à une ethnie,
à
un ensemble à la fois économique, historique et géographique, défini
359
x dans une cité universitaire, rien de plus. Mais
à
l’université même, on ne parlait qu’en latin, et l’on ignorait tout d
360
tionales » au sens moderne du mot. C’est ainsi qu’
à
la Sorbonne, vers 1267 — comme me le faisait observer un jour Étienne
361
rmait une grande culture commune, bien antérieure
à
l’idée même d’État-nation. Mais, me direz-vous, le mot « nation » dés
362
vrai que nos stato-nations modernes correspondent
à
l’aire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit la
363
res actuelles : breton, flamand au nord, allemand
à
l’est, basque, occitan, catalan et italien au sud, et naturellement l
364
oïncider avec un État-nation, il faudrait annexer
à
la République fédérale outre l’Allemagne de l’Est, l’Autriche, la Sui
365
ses concitoyens quand il les appelait précisément
à
se libérer du joug anglais. Alors que les Chinois de langues différen
366
notions scientifiques et techniques aujourd’hui,
à
quoi viendront se superposer les influences dominantes de l’italien à
367
superposer les influences dominantes de l’italien
à
la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des
368
l y a l’affaire des frontières naturelles, chères
à
nos maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guer
369
ent l’Espagne de la France, voilà qui est clair —
à
condition qu’un esprit fort (ou un naïf) ne remarque pas que l’on tro
370
fort (ou un naïf) ne remarque pas que l’on trouve
à
l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et à
371
aîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et
à
l’ouest les mêmes Basques. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’o
372
en des deux côtés au sud, français des deux côtés
à
la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allem
373
de Genève, en suivant cette frontière qui ne rime
à
rien, qui ne sert à rien, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce
374
t cette frontière qui ne rime à rien, qui ne sert
à
rien, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce qu’il faudrait arrê
375
de tous nos peuples est une, qu’elle s’est formée
à
partir des mêmes influences indo-européennes, gréco-latines, celtes e
376
celtes et germaniques qui nous ont tous affectés,
à
doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le
377
es troubadours du Languedoc, dès le xiie siècle,
à
Saint-Martial de Limoges, à Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Ch
378
dès le xiie siècle, à Saint-Martial de Limoges,
à
Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Champagne et dans le Nord et à
379
s, puis plus tard en Champagne et dans le Nord et
à
Florence simultanément — laudi et madrigaux —, enfin à la cour de Bou
380
rence simultanément — laudi et madrigaux —, enfin
à
la cour de Bourgogne et dans les Flandres. Entre les cités flamandes
381
mercial de la Renaissance, celui qui relie Venise
à
Bruges, les échanges de compositeurs et de styles se multiplient au x
382
jusqu’au xvie siècle, quand Roland de Lattre, né
à
Mons, devient Orlando Lasso à Naples, puis Roland de Lassus à Paris e
383
oland de Lattre, né à Mons, devient Orlando Lasso
à
Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus tard, les A
384
ent Orlando Lasso à Naples, puis Roland de Lassus
à
Paris et en Bavière. Plus tard, les Allemands comme Heinrich Schütz v
385
sieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront
à
leur tour la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L
386
la musique occidentale, en imposant leurs œuvres
à
Paris… L’évolution de la peinture suit à peu de choses près les mêmes
387
s œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit
à
peu de choses près les mêmes voies. Or ces voies, notons-le, traverse
388
omme le disent trop souvent d’éloquents ministres
à
Bruxelles ou à Strasbourg, que ces « précieuses diversités » sont cel
389
trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles ou
à
Strasbourg, que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nati
390
vous propose là-dessus deux observations faciles
à
vérifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun vous
391
Âge, ces foyers de création sont les universités,
à
la renaissance les petites cités du Nord de l’Italie, des Flandres, d
392
ait de la France un désert culturel en mobilisant
à
Paris tous les esprits distingués qu’il n’avait pas bannis. Le grand
393
stant. Et voilà qui nous rappelle quelque chose,
à
nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais connu l’illusion d’une « cultu
394
le » — ne fût-ce qu’en raison de son appartenance
à
trois domaines linguistiques majoritaires dans les pays voisins. La s
395
actement en microcosme la situation de la culture
à
l’échelle du continent. Ce qui s’est fait en Suisse au point de vue d
396
ture — et qui est supérieur, proportionnellement,
à
tout ce qui s’est fait dans n’importe quelle tranche de six millions
397
ionales… Foyers locaux ou régionaux, et ouverture
à
tous les grands courants européens — en sautant le stade national : v
398
des nations, à l’intérieur de leurs frontières ou
à
cheval sur les frontières. C’est dire que là encore, le stade stato-n
399
à encore, le stade stato-national paraît condamné
à
s’effacer progressivement devant les réalités du monde nouveau, et à
400
sivement devant les réalités du monde nouveau, et
à
disparaître pratiquement, un peu comme il est arrivé de nos frontière
401
e vraiment précieux. Ces vérités sont assez dures
à
entendre pour les citoyens des grands pays qui nous entourent ; mais
402
pas le nôtre, dans des termes qui sont étrangers
à
notre tradition fédéraliste et à notre habitus, et qui dérivent des t
403
i sont étrangers à notre tradition fédéraliste et
à
notre habitus, et qui dérivent des théories et des pratiques stato-na
404
nt et renforcent le principe. Nous ne croyons pas
à
une Europe des États-nations souverains. Je l’ai souvent dit : ce ser
405
ment. Voilà, je pense, la perspective qui s’ouvre
à
nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul p
406
s qui le constituent. Donc le seul qui n’ait rien
à
redouter de la disparition des frontières. Mais je vois là aussi plus
407
le philosophe allemand Karl Jaspers n’hésita pas
à
déclarer que l’Europe n’avait plus le choix qu’entre deux solutions :
408
en allemand, anglais, italien et néerlandais : «
À
l’union fédérale des Européens, l’État-nation oppose le dogme sacro-s
409
sa souveraineté illimitée, illusoire d’ailleurs,
à
cela près qu’elle bloque tout ! L’école, aux trois degrés, nous fait
410
t le dernier mot de l’évolution, qu’il correspond
à
une langue et à une culture particulière, qu’il forme une unité écono
411
de l’évolution, qu’il correspond à une langue et
à
une culture particulière, qu’il forme une unité économique et qu’il s
412
te. Je ne le connaîtrai vraiment qu’en découvrant
à
l’expérience ce qu’il me dicte ou m’interdit, mais aussi ce qu’il m’i
413
erdit, mais aussi ce qu’il m’incite ou m’autorise
à
modifier d’une manière inédite — qui sera moi. Distinguons donc trois
414
ionnent — modes de sentir, de juger, de penser —,
à
quoi s’ajoutent, puisque ces éléments constitutifs sont pluriels et s
415
n faire, mais pose aussi des limitations précises
à
leur action, qu’ils ne peuvent éluder, surtout s’ils les ignorent. 3.
416
r des hérésies. Nous ne deviendrons nous-mêmes qu’
à
ce prix, qui est d’assumer les risques de notre différence personnell
417
La bourgeoisie occidentale (et tout le peuple
à
sa suite, et l’École à sa tête) croit encore, dans l’ensemble « naïve
418
dentale (et tout le peuple à sa suite, et l’École
à
sa tête) croit encore, dans l’ensemble « naïvement », que la culture
419
l’ensemble « naïvement », que la culture consiste
à
lire ou écrire des romans, enseigner la philosophie, écouter des deux
420
ontraire que la culture est ce que l’homme ajoute
à
la nature, on voit qu’elle représente en fait tout ce que nous sommes
421
absorbantes, évoluant à travers les âges de Sumer
à
Thulé — ou l’inverse peut-être — avec leur chargement continental de
422
nt unifier les conduites créatrices, mais encore,
à
la différence des grandes cultures du passé asiatique, proche-orienta
423
u non, conscient ou non, le rapport d’un Européen
à
la culture européenne — notre seule unité fondamentale, répétons-le —
424
bistrot, et dont les origines remontent toujours
à
des œuvres qui firent leur temps, littéralement. Dans chacun de nos c
425
s depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis
à
nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins
426
l faut les garder « pures », et nous allons jusqu’
à
prétendre que leur diversité empêche l’union de l’Europe. Orgueils, c
427
. L’anglais, dit-il, « offre le plus de richesses
à
qui veut écrire de la poésie ». Et il en voit la raison, précisément,
428
ne cesse de trahir ce qu’il prétend sauver. Quant
à
la diversité des langues, si on la respecte, elle n’empêche pas l’uni
429
ent empêché l’édit de Villers-Cotterêts, imposant
à
toutes les nations annexées par les rois de France le français comme
430
ensemble d’œuvres composées d’éléments empruntés
à
l’héritage commun, et qui vont l’enrichir en retour. Rien de plus com
431
ui vont l’enrichir en retour. Rien de plus commun
à
toutes les nations de l’Europe que leur désir de se trouver une vocat
432
de n’être pas comme son voisin, de ne ressembler
à
aucun autre. Cette volonté de différer fait partie intégrante de l’hé
433
ton armoricain, donne leur nom au Douro espagnol,
à
la Drance et à la Thur suisses, à la Dordogne, à la Durance, à la Drô
434
donne leur nom au Douro espagnol, à la Drance et
à
la Thur suisses, à la Dordogne, à la Durance, à la Drôme et aux Dore
435
Douro espagnol, à la Drance et à la Thur suisses,
à
la Dordogne, à la Durance, à la Drôme et aux Dore françaises, aux deu
436
à la Drance et à la Thur suisses, à la Dordogne,
à
la Durance, à la Drôme et aux Dore françaises, aux deux Doire italien
437
t à la Thur suisses, à la Dordogne, à la Durance,
à
la Drôme et aux Dore françaises, aux deux Doire italiennes, à Dordrec
438
t aux Dore françaises, aux deux Doire italiennes,
à
Dordrecht en Hollande, et à vingt autres fleuves et rivières de l’Eur
439
eux Doire italiennes, à Dordrecht en Hollande, et
à
vingt autres fleuves et rivières de l’Europe. « Qu’as-tu que tu n’aie
440
Moins une culture est homogène, mieux elle incite
à
cette autonomie, à cette autostructuration de la personne, de l’œuvre
441
st homogène, mieux elle incite à cette autonomie,
à
cette autostructuration de la personne, de l’œuvre, des régions ou na
442
la personne, de l’œuvre, des régions ou nations…
À
la limite, osons le dire : l’héritage culturel de l’Europe oblige tou
443
res choix, d’autre part, font nécessairement tort
à
l’Europe idéale et théoriquement orthodoxe, qui serait non pas la som
444
e aux « sportifs » des cinq continents et surtout
à
la droite et à la gauche dans le jeu politique de nos pays, ces deux
445
s » des cinq continents et surtout à la droite et
à
la gauche dans le jeu politique de nos pays, ces deux partis qui n’ar
446
de nos pays, ces deux partis qui n’arrivent plus
à
se définir autrement que par leur opposition. Cette limitation du ju
447
e, de détachement et de liberté, si on le compare
à
l’Hindou ou aux bouddhistes), et trop désincarné par l’abstraction (d
448
ction (d’où sa pauvreté animique si on le compare
à
l’Africain noir). Il en résulte une étonnante absence de grandes qual
449
calculables écartées sous le nom de subjectivité
à
partir du xixe siècle mais déjà condamnées par Descartes. Il y a la
450
ui que les curés d’hier, ou les marxistes de tout
à
l’heure, s’il ne les comprend pas davantage. Le scientifique gouverne
451
en URSS et dans la Chine de Mao. Mais c’est bien
à
tout cela que l’Europe a dû ses pouvoirs d’invention, d’innovation, d
452
tel, et de la foi jurée. Tout cela peut permettre
à
chaque Européen de dépasser un jour, fût-ce d’une manière infime — ma
453
ette affirmation n’est pas immédiatement évidente
à
chacun. Et pourquoi dès le xiie siècle ? C’est parce que, répond Den
454
sidérée par le poète-troubadour comme le seigneur
à
qui l’on devait l’obéissance, l’allégeance, la fidélité. Le troubadou
455
ètement nouvelle — s’agenouillait devant la femme
à
qui il donnait ses vœux, comme le chevalier devant son seigneur. Il s
456
e chevalier devant son seigneur. Il s’est produit
à
ce moment-là une extraordinaire évolution dans les mœurs et ce culte
457
ittérature en Europe, et il y a donc un lien tout
à
fait évident entre la culture, la civilisation, le raffinement des mœ
458
les hommes porteurs de l’épée étaient seuls aptes
à
la liberté, parce que l’épée est le signe de la liberté pour les Germ
459
les Germains. Ce qui fait que les hommes qui vont
à
la Landsgemeinde ont encore un sabre à la main — avec un parapluie da
460
s qui vont à la Landsgemeinde ont encore un sabre
à
la main — avec un parapluie dans l’autre, parce qu’il pleut toujours
461
-ils supérieurs ? Ce mythe germanique serait donc
à
la base du refus des Suisses d’accorder l’égalité politique aux femme
462
ience, justement. Toutes ces valeurs qui tiennent
à
des époques où c’était la force physique qui comptait, alors que, dan
463
ire ! Y a-t-il des raisons historiques propres
à
la Suisse qui expliquent cette inégalité des sexes ? Oui, parce qu’en
464
ces qui nous sont proches, qui sont encore mêlées
à
notre vie, des vieilles coutumes germaniques. Justement la survivance
465
t la liberté est démontrée parce qu’il a son épée
à
la main. Comme les nobles au Moyen Âge, les hommes libres en Suisse,
466
que… Ce que nous avons de culture, nous le devons
à
nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas cul
467
ns de culture, nous le devons à nos mères plus qu’
à
nos pères, en grande partie. Je n’entends pas culture au sens scolair
468
ants. Psychanalyser le Suisse Est-ce propre
à
la culture européenne ? D’autres civilisations n’ont pas accordé le m
469
conscient qui ressort et qui influe nos décisions
à
notre insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite psychanalyse
470
s imposait le droit de vote aux citoyens suisses.
À
cette époque, la Confédération était tombée sous la coupe militaire d
471
it inaliénable ? Il serait heureux que la réponse
à
cette question soit un “oui franc et massif”. À dire vrai, la seule o
472
e à cette question soit un “oui franc et massif”.
À
dire vrai, la seule originalité de la votation de ce week-end réside
473
la femme a acquis l’égalité civique, elle le doit
à
une sorte de coup d’État venu d’en haut : par simple décision gouvern
474
ue, partiellement, la lenteur mise par les hommes
à
supprimer ce qui apparaît, aujourd’hui, comme une injustice. Mais il
475
rs l’universel, où l’individualisme agressif tend
à
créer, au-dessus de toutes les frontières, une communauté révolutionn
476
« l’insistance des Cahiers de doléances (de 1789)
à
réclamer le rétablissement des États provinciaux », et il rappelait q
477
cisément l’esprit de la Révolution, a fait perdre
à
celle-ci « son ressort essentiel, son caractère universel », et l’a c
478
tiel, son caractère universel », et l’a condamnée
à
l’échec. Il citait comme un exemple plus frappant encore de « l’équil
479
lan révolutionnaire ». Et il concluait : Fidèles
à
la véritable tradition française, nous nous appuyons à la fois sur le
480
la même pensée, en référence plus précise encore
à
la « mission ou démission de la France » : À la dictature nationale
481
ore à la « mission ou démission de la France » :
À
la dictature nationale ou internationale, la France doit opposer un n
482
l’usage très particulier du terme individualisme
à
ce stade de la pensée de Dandieu (cf. supra « individualisme agressif
483
e ce que nous conviendrons un peu plus tard, tant
à
Esprit qu’à L’Ordre nouveau , d’appeler personnalisme. Dans le lex
484
conviendrons un peu plus tard, tant à Esprit qu’
à
L’Ordre nouveau , d’appeler personnalisme. Dans le lexique unifié de
485
que unifié de ces groupes, la personne s’opposera
à
l’individu comme l’actualité — indiquée chez Dandieu par le prédicat
486
Dandieu par le prédicat « agressif » qu’il accole
à
« individu » — s’oppose à la donnée inerte, résultat d’une division a
487
agressif » qu’il accole à « individu » — s’oppose
à
la donnée inerte, résultat d’une division atomisante du corps social.
488
Le thème de la région s’impose de plus en plus
à
l’attention des responsables de la vie politique de nos pays, qu’il s
489
tives. La Communauté européenne a été la première
à
réunir sur ce problème, dès 1960, des groupes d’études dont les trava
490
orme institutionnelle dès 1967, lorsque fut créée
à
Bruxelles la Direction générale de la politique régionale. On sait du
491
’est que les études régionales paraissent propres
à
renouveler non seulement les méthodes mais les conditions concrètes d
492
répétés de la géographie par l’histoire. Tout est
à
refaire dans ce domaine, sur la base des entités régionales, seules r
493
lités de renouvellement de l’histoire interprétée
à
partir des réalités humaines, et non plus des mythes stato-nationaux.
494
obert Lafont.) Toute l’histoire de l’Europe étant
à
refaire de fond en comble, après un siècle et demi de falsifications
495
ou sectoriel), fédération — et loin de se borner
à
décrire les institutions de la Capitale, elle fera voir les problèmes
496
s de la vie publique et les moyens d’y participer
à
tous les étages décisionnels. Arts et lettres Toute l’histoire
497
lettres Toute l’histoire de nos créations est
à
refaire sur cette double donnée de base : — les grands styles europé
498
s mondiaux, du roman et du gothique au Bauhaus et
à
« l’architecture visionnaire » ; du classicisme et du baroque au surr
499
; du classicisme et du baroque au surréalisme et
à
l’art abstrait ; de la polyphonie à l’atonalité et à la musique concr
500
urréalisme et à l’art abstrait ; de la polyphonie
à
l’atonalité et à la musique concrète ; du rationalisme aux romantisme
501
’art abstrait ; de la polyphonie à l’atonalité et
à
la musique concrète ; du rationalisme aux romantismes de toutes les é
502
ompte des obstacles que les États-nations mettent
à
toute stratégie écologique cohérente, c’est-à-dire transnationale, et
503
té du genre humain. Enfin, l’écologie nous oblige
à
poser la question des vraies fins de la cité et de ses priorités : le
504
s fins de la cité et de ses priorités : le profit
à
tout prix, ou un certain sens de la vie ? Un niveau de vie quantitati
505
ffrable, ou un mode de vie qualitatif et conforme
à
nos idéaux ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités
506
aux, remplacés par une planification continentale
à
base d’unités régionales en interdépendances globales. Dans tous ces
507
n’est que peu à peu, d’ailleurs, que s’est révélé
à
moi le principe de cohérence entre le couple, la personne et le fédér
508
ne, des conciles de Nicée et de Chalcédoine jusqu’
à
Hegel et Proudhon. Selon vous, le meilleur exemple qui puisse être do
509
du couple ? Un jour, on m’a demandé dans un débat
à
la radio : « Ne craignez-vous pas que les Européens ne soient trop di
510
la diversité, et non pas la subordination de l’un
à
l’autre ou la fusion des deux, l’uniformisation. Si une certaine idée
511
un désastre ; deux mariages sur trois aboutissent
à
un divorce aux États-Unis, par exemple. La moitié du malheur humain,
512
e. L’avez-vous influencé ? J’ai rencontré McLuhan
à
Toronto, en 1969. Je sais par ses étudiants qu’il parle souvent de me
513
chante, tel qu’on l’écrit, tel qu’on le vit jusqu’
à
nos jours. Je pense surtout aux effets dégradés du mythe à travers le
514
tif — de l’amour-passion — donc passif — qui tend
à
uniformiser les deux êtres, à réduire l’autre à la loi d’un seul. Qui
515
c passif — qui tend à uniformiser les deux êtres,
à
réduire l’autre à la loi d’un seul. Qui a dit que l’amour rendait lib
516
d à uniformiser les deux êtres, à réduire l’autre
à
la loi d’un seul. Qui a dit que l’amour rendait libre ? Celui-là char
517
ible fusion, qui, finalement, ne peut conduire qu’
à
la mort. L’amour-passion tel que nous le concevons a inspiré tous les
518
bien compris que l’amour est essentiellement lié
à
l’expression. Il écrit : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n
519
déclaré », c’est comme s’il n’existait pas. Grâce
à
la littérature, la passion obsède nos rêves. Et c’est une invention s
520
qu’elles tendent, au contraire, au dépassement et
à
la dissolution du moi. En revanche, la littérature érotique y est trè
521
n ne s’approfondit et ne dégage ses puissances qu’
à
la mesure des résistances qu’elle rencontre. On ne retrouve en Orient
522
nion sexuelle, qui ne doit d’ailleurs pas aboutir
à
la procréation. Mais ce n’est qu’une technique ? Ainsi que l’a confir
523
é. Mais vous, que souhaitez-vous ? Quand je pense
à
l’amour « programmé », calculé, je suis évidemment pour l’amour-passi
524
mmunion des deux personnes, qui se révèlent l’une
à
l’autre, dans leur différence, se créent ensemble, en devenant l’une
525
e. En 1969, j’ai fait sur ce sujet une conférence
à
l’université d’Indiana, et, l’été dernier, un professeur de cette uni
526
de la bourgeoisie du xixe siècle. Et le mariage
à
l’essai, même s’il ne garantit pas de l’erreur, augmente les chances
527
, tout le monde est d’accord, des Sumériens jusqu’
à
Engels et à Toynbee : la condition de toute civilisation est une cert
528
nde est d’accord, des Sumériens jusqu’à Engels et
à
Toynbee : la condition de toute civilisation est une certaine discipl
529
occidentale ? Le Dr Tissot. Il a commis un livre
à
la fin du xviiie siècle dont la thèse était que tout le malheur des
530
confirmé plus tard. Si l’obstacle est nécessaire
à
l’amour-passion, l’amour-action peut-il s’en passer ? Si la passion a
531
nse, un dernier secret de l’autre qui suffit bien
à
ressusciter une passion au sein même de l’amour-action. En fin de com
532
mme, qui la reçoit plus ou moins bien. Vous voyez
à
quel point la passion est l’ennemie intime du mariage ; elle empêche
533
mathématicien Claude Chevalley, et vingt autres,
à
la formation du mouvement personnaliste, qui s’opposait aux totalitar
534
te, qui s’opposait aux totalitarismes, mais aussi
à
nos démocraties capitalistes, à la société de profit que nous appelio
535
ismes, mais aussi à nos démocraties capitalistes,
à
la société de profit que nous appelions le « désordre établi ». Nous
536
t notre horizon, et qui n’était pas notre guerre.
À
cette époque, toute une génération s’est exprimée dans le personnalis
537
génération s’est exprimée dans le personnalisme :
à
l’individualisme et au collectivisme, nous opposions la personne et l
538
d on les perd. Je n’étais pas le seul dans ce cas
à
New York. Quand j’ai rencontré Einstein, à Princeton, il m’a dit : «
539
ce cas à New York. Quand j’ai rencontré Einstein,
à
Princeton, il m’a dit : « Vous n’avez pas idée de la transformation i
540
s’est produit depuis lors est dû en bonne partie
à
l’afflux des Européens, notamment ceux que Hitler a chassés. » Dans q
541
ait tendre la main aux Russes et les faire entrer
à
l’ONU. Et puis il portait les cheveux longs ! Nous avons parlé de l’u
542
st dangereux. » Une Europe d’États-nations visant
à
la puissance, disait-il, n’aurait fait qu’un troisième larron armé ju
543
oi êtes-vous allé en Amérique pendant la guerre ?
À
cause d’un article envoyé à la Gazette de Lausanne , une heure après
544
e pendant la guerre ? À cause d’un article envoyé
à
la Gazette de Lausanne , une heure après avoir appris l’entrée de Hi
545
, une heure après avoir appris l’entrée de Hitler
à
Paris, le 15 juin 1940. J’écrivais : « C’est ici l’impuissance tragiq
546
victorieux : tout ce qu’il veut saisir se change
à
son approche en fer tordu, en pierraille lépreuse. » Un coup de télép
547
États-Unis, où les circonstances m’ont contraint
à
demeurer six ans. Depuis vingt ans, vous consacrez une grande partie
548
ns, vous consacrez une grande partie de votre vie
à
la cause d’une fédération européenne. Mais l’Europe est loin d’être f
549
temps pour que le dernier dixième serve peut-être
à
quelque chose. C’est une des lois de l’action. Je crois que nous pour
550
. Je crois que nous pourrons faire l’Europe d’ici
à
vingt ans sur la base des régions, au-delà des nationalismes. Je cons
551
ctérise la société européenne. D’autres cherchent
à
bâtir l’Europe de l’économie ; moi, j’ai cherché celle des valeurs et
552
risme ? Je ne donne une place ni grande ni petite
à
l’Europe : je dis ce qu’elle est parmi les vingt-deux ou vingt-trois
553
civilisations qu’énumère Toynbee. « Tout est venu
à
l’Europe, et tout en est venu, ou presque », disait Valéry. C’est vra
554
complexe, pétrie de contradictions, qui sont dues
à
la pluralité de ses origines — grecque, romaine, judéo-chrétienne, ge
555
ue, romaine, judéo-chrétienne, germanique, celte,
à
quoi se sont ajoutées des influences arabes, slaves, et j’en passe. T
556
d’uniformisation, de subordination totale de tous
à
un ordre monolithique. Vous aimez ce que notre civilisation a de plur
557
, vous n’y croyez plus. Mais qu’est-ce qui existe
à
la place, selon vous ? Prenez le monde par vos antipodes : l’Asie du
558
est livrer sans recours toute l’existence humaine
à
la bureaucratie anonyme d’une seule capitale : c’est-à-dire à personn
559
ratie anonyme d’une seule capitale : c’est-à-dire
à
personne. Les démocraties capitalistes et les dictatures communistes
560
de complot des gouvernements. Vous ne croyez pas
à
l’homme politique ? C’est probablement une fonction à supprimer. Il f
561
homme politique ? C’est probablement une fonction
à
supprimer. Il faut des économistes, des écologistes, des éducateurs,
562
ucateurs, des scientifiques, des administrateurs.
À
quoi sert le politicien s’il ne sait rien de tout cela ? N’importe qu
563
récemment notre ministre des Affaires étrangères,
à
quelques grands principes : neutralité, fédéralisme, démocratie direc
564
tribué est incroyable. Il a le droit de condamner
à
mort ses hérétiques et incroyants, droit que n’a plus aucune Église,
565
rsité ? Le fédéralisme est radicalement contraire
à
la méthode d’unité par l’uniformité qui fut celle de Louis XIV, des j
566
ant de faire l’Europe. Ce tissu se révélera d’ici
à
vingt ans, ou avant, plus solide et plus vivant que les liens entre l
567
t avec l’appui de Robert Schuman, et qui a abouti
à
la création de la CECA et à la CE. Mais il y a ce que j’appelle l’ill
568
uman, et qui a abouti à la création de la CECA et
à
la CE. Mais il y a ce que j’appelle l’illusion Monnet : croire que l’
569
avez le totalitarisme. Quand l’homme ne sert plus
à
rien, n’a plus de vocation, on le jette à la poubelle ; pour moi, c’e
570
rt plus à rien, n’a plus de vocation, on le jette
à
la poubelle ; pour moi, c’est cela, l’Enfer. Pour combattre ce que vo
571
ombattre ce que vous appelez l’Enfer, croyez-vous
à
la révolution ? Oui, si elle apporte la liberté, si elle consiste à r
572
Oui, si elle apporte la liberté, si elle consiste
à
renverser, à retourner les institutions de la tyrannie. Mais une soci
573
apporte la liberté, si elle consiste à renverser,
à
retourner les institutions de la tyrannie. Mais une société ne se ret
574
ques humains, comme le montre la science, qui est
à
double tranchant. Ou bien, je vous l’ai dit, nous irons vers l’ennui
575
ut homme a une faculté d’indignation qui le porte
à
épouser une cause. Donc il croit savoir ce qu’est le mal et par consé
576
d on nie qu’il existe, c’est alors qu’on commence
à
être manipulé par lui. Pouvez-vous préciser ce qu’est pour vous le di
577
le vous convainc très facilement de ne pas croire
à
son action, qui est spirituelle. C’est son incognito qui fait sa forc
578
t, comme dans L’Odyssée Ulysse au cyclope aveuglé
à
l’entrée de la caverne : « Mon nom est Personne. De quoi aurais-tu pe
579
oncevez ? Pour m’exprimer en des termes empruntés
à
la physique moderne, je dirais que le diable, c’est l’entropie. Qu’es
580
ent et passe d’un état de plus haute organisation
à
un état de plus basse organisation. D’uniformisation ? De moindre dif
581
gger appelle la « néantisation ». Le diable tente
à
chaque instant de ruiner la création dans son principe créateur, de r
582
de ruiner la personne humaine, et de tout réduire
à
un niveau inférieur d’énergie. Non, Hitler n’était pas le diable
583
orces déchaînées à travers le monde nous invitent
à
fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à renoncer à no
584
vers le monde nous invitent à fuir dans la masse,
à
démissionner de notre personne, à renoncer à notre vocation personnel
585
dans la masse, à démissionner de notre personne,
à
renoncer à notre vocation personnelle, à la mettre en doute, donc à c
586
sse, à démissionner de notre personne, à renoncer
à
notre vocation personnelle, à la mettre en doute, donc à céder à l’en
587
ersonne, à renoncer à notre vocation personnelle,
à
la mettre en doute, donc à céder à l’entropie physique et morale. C’e
588
vocation personnelle, à la mettre en doute, donc
à
céder à l’entropie physique et morale. C’est là le mal de notre siècl
589
n personnelle, à la mettre en doute, donc à céder
à
l’entropie physique et morale. C’est là le mal de notre siècle, le co
590
ue j’ai appelé le « personnalisme », qui consiste
à
assumer sa vocation personnelle, quoi qu’il arrive, et à tous risques
591
er sa vocation personnelle, quoi qu’il arrive, et
à
tous risques. Car lorsque l’homme ne sert plus à rien, n’a plus de vo
592
à tous risques. Car lorsque l’homme ne sert plus
à
rien, n’a plus de vocation, un jour arrive où on le jette à la poubel
593
a plus de vocation, un jour arrive où on le jette
à
la poubelle. C’est là l’enfer ! La Géhenne de l’Évangile, savez-vous
594
ebut des hommes qui ont refusé d’être eux-mêmes ;
à
tous risques. S’ils sont rejetés au bout du compte, ce n’est pas par
595
able ? L’un consiste, pendant la dernière guerre,
à
nous faire croire qu’il était seulement Adolf Hitler, par exemple. Dé
596
er, mais habile, parce que nous étions tous prêts
à
y croire. Hitler, le diable ? Il y avait vraisemblance, mais aussi un
597
ponsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls
à
pouvoir faire au monde. Le diable compte sur la lâcheté qui est en ch
598
s arbres du jardin. » L’action du diable consiste
à
nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la p
599
vez-vous écrit votre ouvrage, La Part du diable ?
À
New York, en 1942, à la suite d’une conversation sur les Américains,
600
ouvrage, La Part du diable ? À New York, en 1942,
à
la suite d’une conversation sur les Américains, dont la faiblesse me
601
faiblesse me paraissait être dans leur incapacité
à
croire au mal pur, donc au diable. Jacques Maritain m’avait dit : « P
602
n Amérique. La Suisse m’y avait envoyé en mission
à
la suite d’un article que j’avais publié sur l’entrée de Hitler à Par
603
article que j’avais publié sur l’entrée de Hitler
à
Paris, et qui m’avait valu quinze jours de prison militaire. J’ai écr
604
6… est le chiffre du diable, qui refuse d’arriver
à
7, le nombre de la Création… La tentation diabolique de l’obéissan
605
t ils ont fait cela sans raison. D’un autre côté,
à
Song My, on a massacré probablement plus de cent victimes, hommes, fe
606
t dit : « Nous n’avons fait qu’obéir ! » Les uns,
à
leur maître ou gourou, les autres à leurs officiers. Je dis que c’est
607
! » Les uns, à leur maître ou gourou, les autres
à
leurs officiers. Je dis que c’est le second cas qui est vraiment diab
608
suite l’adjectif fédéral comme ce « qui a rapport
à
une confédération d’États », ainsi, par exemple, « la Suisse et les É
609
-ci sont équivalents, comme deux quantités égales
à
une troisième le sont entre elles. Mais la définition de fédération,
610
me Littré ces deux précisions mémorables ajoutées
à
l’article « Fédéralisme », et à lui seul — l’une affirmant que ce rég
611
morables ajoutées à l’article « Fédéralisme », et
à
lui seul — l’une affirmant que ce régime était en Amérique, selon Cha
612
fallait bien lui donner un statut de droit. C’est
à
quoi Louis Le Fur s’appliqua, vers 1900, dans une thèse qui précise e
613
aucoup moins que les fédérer tout court. On aime
à
répéter que l’exemple suisse conseillerait la prudence et la lenteur
614
? La vérité historique, c’est qu’il a fallu cinq
à
six siècles pour ne pas fédérer les communes, cités, principautés et
615
rnière guerre civile, il n’a fallu que neuf mois,
à
un jour près, pour concevoir, élaborer et mettre en œuvre la Constitu
616
mplicité. Loin d’exiger que les cantons renoncent
à
leur souveraineté, la Constitution de 1848 porte à l’article 3 que «
617
leur souveraineté, la Constitution de 1848 porte
à
l’article 3 que « les cantons sont souverains en tant que leur souver
618
sauraient se contenter du modèle suisse transposé
à
l’échelle européenne, c’est-à-dire du passage probable de la future c
619
ssage probable de la future confédération d’États
à
un État fédéral européen. Car, d’une part, la Suisse demeure juridiqu
620
ques ; d’autre part, l’État fédéral suisse limite
à
ses frontières politiques le processus de fédéralisation, si bien que
621
ral va bien au-delà de cette formule, il consiste
à
répartir les fonctions étatiques et les organes de décision de telle
622
anière que la nature et les dimensions des tâches
à
entreprendre correspondent à la nature et aux dimensions des communau
623
imensions des tâches à entreprendre correspondent
à
la nature et aux dimensions des communautés les plus aptes à les gére
624
et aux dimensions des communautés les plus aptes
à
les gérer. Ainsi, pour ne donner que ces exemples simples : aux munic
625
gions les plans d’aménagement et les universités,
à
la fédération européenne les transports continentaux et les grands ce
626
tivement transcendée ; elle reste liée par nature
à
l’existence des États-nations de formule napoléonienne ; or ceux-ci f
627
ceux-ci feront toujours échouer la confédération
à
l’extérieur, par les mêmes prétentions qui auront écrasé le fédéralis
628
rontières. Tout se ramène donc, en fin de compte,
à
la seule alternative sérieuse du siècle : État-nation fermé ou sociét
629
agit là que d’une opération publicitaire destinée
à
recueillir des fonds. Opération publicitaire On pourrait rétorqu
630
c’est-à-dire l’attirance morbide, qu’il attribue
à
la gauche, pour les désastres et les apocalypses provoqués par la tec
631
s’agit que d’une opération publicitaire destinée
à
faire vendre la dextrose de M. Pauwels — dextrose étant synonyme, je
632
’année 1970, consacrée par le Conseil de l’Europe
à
la préservation de la nature, a provoqué dans le grand public europée
633
coup de personnes, surtout âgées, ne demandent qu’
à
se réfugier avec un soulagement profond et jubilant dans les illusion
634
ngtième étage d’un gratte-ciel, il tend son livre
à
ceux qui tombent du quarantième en leur criant : « Jusqu’ici tout va
635
rtie, et capere, prendre), c’est « prendre part »
à
un ensemble. Au sens le plus actif, c’est « tenir sa partie », jouer
636
ormes actives de la participation que nous aurons
à
considérer, puisqu’en effet il s’agit ici de participation à des resp
637
r, puisqu’en effet il s’agit ici de participation
à
des responsabilités. Or l’homme n’est responsable (étymologiquement :
638
en latin donne civique, donc point de différence
à
l’origine. Mais dans le vocabulaire de notre siècle, il apparaît que
639
e siècle, il apparaît que civisme est lié surtout
à
une participation active à la chose publique et à une attitude de res
640
ivisme est lié surtout à une participation active
à
la chose publique et à une attitude de responsabilité dans la cité ;
641
à une participation active à la chose publique et
à
une attitude de responsabilité dans la cité ; que politique évoque fi
642
e détermination des fins et adaptation des moyens
à
ces fins (on parle ainsi de politique économique ou monétaire, de pol
643
e des faits de participation active (personnelle)
à
la vie sociale, tandis que la politique sera la définition et le choi
644
gie (dont le civisme est la technique) qui permet
à
la Société ou à la cité de s’ordonner aux buts derniers de l’homme. O
645
isme est la technique) qui permet à la Société ou
à
la cité de s’ordonner aux buts derniers de l’homme. Or s’il est vrai
646
omplexe des relations humaines, qu’on peut suivre
à
la trace les vocations, activées par un appel invisible en soi. En ta
647
e survivre, donc de continuer ce qui avait réussi
à
quelques-uns de ses ancêtres. Lorsque apparut la civilisation, c’est-
648
ature lui imposait ont abouti, dans notre siècle,
à
une prise de conscience toute nouvelle du mouvement général des civil
649
ulture fut en effet le premier moyen de commander
à
la nature en se conformant à ses lois. Mais à mesure que cet impérial
650
r moyen de commander à la nature en se conformant
à
ses lois. Mais à mesure que cet impérialisme humain se fait moins res
651
der à la nature en se conformant à ses lois. Mais
à
mesure que cet impérialisme humain se fait moins respectueux des dieu
652
s aisément les impératifs naturels ou les incline
à
son profit, la civilisation se met à retourner ses efforts sur elle-m
653
les incline à son profit, la civilisation se met
à
retourner ses efforts sur elle-même, à travailler sur ses produits eu
654
ion se met à retourner ses efforts sur elle-même,
à
travailler sur ses produits eux-mêmes plus que sur les contraintes na
655
désormais partiellement neutralisées. Elle se met
à
créer « librement », c’est-à-dire selon les lois et les buts qu’elle
656
De la mise en question des nécessités naturelles
à
la mise en question des buts mêmes de la vie, tel est bien le résumé
657
est bien le résumé de l’évolution humaine — jusqu’
à
nous. Ayant dépassé la nature, l’homme tente de se dépasser lui-même,
658
ccès même de l’effort civilisateur qui nous force
à
choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formuler une po
659
de base et nos orientations globales, nous aurons
à
considérer non plus seulement les contraintes existantes et la marge
660
s, économiques et architecturales, propres ou non
à
la participation civique. Nous voici donc soumis à l’impératif nouvea
661
la participation civique. Nous voici donc soumis
à
l’impératif nouveau de la prévision responsable, c’est-à-dire condamn
662
la prévision responsable, c’est-à-dire condamnés
à
la pratique paradoxale d’une prospective consciente de ses propres ef
663
se alors, c’est de savoir si nous sommes préparés
à
répondre à ce défi sans précédent. Je vais avouer d’abord mes raisons
664
’est de savoir si nous sommes préparés à répondre
à
ce défi sans précédent. Je vais avouer d’abord mes raisons d’en doute
665
ui fasse passer la prédiction de l’ère des devins
à
celle des savants ». On nous dit aussi (mais je m’assure que ce ne so
666
rupuleux) sont en fait des devins, car, attentifs
à
ne pas « prophétiser », ils cherchent à prévoir objectivement, donc p
667
attentifs à ne pas « prophétiser », ils cherchent
à
prévoir objectivement, donc passivement, ce qui se fera dans tel aven
668
c ici en relations d’incertitude. En revanche, et
à
l’inverse, on pourrait aussi bien soutenir — par un raisonnement homo
669
ssi bien soutenir — par un raisonnement homologue
à
celui de L. de Broglie sur le dualisme onde-corpuscule et sur les iné
670
« prévision rationnelle et méthodique » s’oppose
à
« prophétie » comme « science purement descriptive » s’opposerait à «
671
mme « science purement descriptive » s’opposerait
à
« appel à l’action ». Car la prévision même se trouve dans bien des c
672
nce purement descriptive » s’opposerait à « appel
à
l’action ». Car la prévision même se trouve dans bien des cas modifie
673
r qu’elle avait commencé par définir correctement
à
l’aide d’une projection méthodique et globale. Prenons l’exemple de l
674
urables, sur l’évolution prévue : ils contribuent
à
la freiner. La vision angoissante projetée par les démographes a décl
675
évident est l’abaissement du seuil de résistance
à
la propagande pour les moyens de contraception en général et la pilul
676
e qu’elle était juste au début ; ou, pour pousser
à
la limite : l’utilité (l’efficacité) de la prévision se mesurera à so
677
tilité (l’efficacité) de la prévision se mesurera
à
son inexactitude finale. Des effets analogues de rétroaction de la pr
678
dialectique de l’information ? Nous verrons tout
à
l’heure que la prospective (ou futurologie, ou prévision systématique
679
es » de ce temps accordent une valeur axiomatique
à
la thèse hégélienne : tout ce qui est réel est rationnel. Et qu’ils d
680
ales de 1950, ou le futurologue de 1950 cherchant
à
empêcher les embouteillages de véhicules à moteur à explosion dans le
681
rchant à empêcher les embouteillages de véhicules
à
moteur à explosion dans les mégalopolis de l’an 2000, ne sont pas plu
682
empêcher les embouteillages de véhicules à moteur
à
explosion dans les mégalopolis de l’an 2000, ne sont pas plus « débra
683
ou d’explosions mystiques d’efficacité comparable
à
celle des taches solaires. Le daltonisme ou la cécité religieuse de l
684
’immense majorité des sociologues des années 1919
à
1939 ont oblitéré dans les démocraties de l’Ouest toute compréhension
685
et toute prévision quant à leurs développements,
à
court terme — prévision qui eût démontré l’impossibilité d’un long te
686
détient sûrement plus de secrets de notre avenir
à
déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’en pourrait chiffrer. 4. C
687
oilà qui est beaucoup plus sensé qu’il n’y paraît
à
première vue. Car si je savais ce qui m’attend « là-bas » en l’an 200
688
njuguées ; ou encore : les influences récurrentes
à
l’infini des images projetées et de leur feed-back. Ce genre d’opérat
689
e d’autres besoins. On se limitera dans ces pages
à
l’Europe de l’Ouest, c’est-à-dire au seul ensemble des nations dont l
690
ignification pour les changements possibles. 1.
À
l’échelle de l’homme La taille moyenne de l’homme (qui semble avoi
691
ne de l’homme (qui semble avoir augmenté de trois
à
quatre centimètres depuis deux-cents ans) ne variera plus guère une f
692
nt d’une part la tendance générale des techniques
à
la miniaturisation : on ne peut faire une chambre, une auto ou une ca
693
u moins) et des moyens individuels de communiquer
à
distance sera accrue aux dimensions de la planète. 2. Vie personne
694
onner un sens aux modifications de l’existence ou
à
cette existence même. Ainsi, le double besoin de vie personnelle et d
695
ociabilité, qu’exprime le couple d’adjectifs cher
à
Hugo : solitaire et solidaire. C’est un besoin doublement frustré dan
696
ve d’autre alternance que celle de la promiscuité
à
domicile et de la solitude morale dans la foule des rues embouteillée
697
nature et la qualité de la participation civique
à
l’avenir. 3. Agrément du cadre Un autre besoin qui paraît const
698
insensibles aux désagréments que nous infligeons
à
nos voisins par agressions directes dans les villes : bruits, fumées,
699
ourtoisie ; et dans les campagnes, en contribuant
à
l’enlaidissement irrémédiable de l’environnement : pavillons dignes d
700
cependant de grandes différences d’une communauté
à
l’autre dans l’espace européen. Le brassage des populations dans les
701
genius loci agit (par des moyens que je n’ai pas
à
examiner ici) de manière à maintenir l’invariant local et les différe
702
is des observations analogues peuvent être faites
à
l’échelle européenne, quant aux comportements civiques des Français d
703
nçais du Midi, ou des Tchèques, ou des Espagnols,
à
leur remarquable constance au travers des régimes les plus divers, et
704
travers des régimes les plus divers, et par suite
à
la permanence de leurs différences. Nous aurons à revenir sur la rela
705
à la permanence de leurs différences. Nous aurons
à
revenir sur la relation nécessaire entre le pluralisme des invariants
706
ariants et conseille de s’y adapter. Elle cherche
à
diminuer, quitte à le minimiser parfois, le domaine des variables, qu
707
e de s’y adapter. Elle cherche à diminuer, quitte
à
le minimiser parfois, le domaine des variables, qui est en revanche c
708
habitat ou le cadre urbain De la polis grecque
à
la mégalopolis des années 1970, les dimensions de la cité ont varié e
709
e de la voix d’un homme criant sur l’agora. Jusqu’
à
nos jours, en toutes provinces européennes, de Grenade à Riga, d’Édim
710
ours, en toutes provinces européennes, de Grenade
à
Riga, d’Édimbourg à Istanbul, et d’Athènes à Stockholm, rues à piéton
711
inces européennes, de Grenade à Riga, d’Édimbourg
à
Istanbul, et d’Athènes à Stockholm, rues à piétons et place centrale
712
nade à Riga, d’Édimbourg à Istanbul, et d’Athènes
à
Stockholm, rues à piétons et place centrale — piazza, plaza, praça, P
713
mbourg à Istanbul, et d’Athènes à Stockholm, rues
à
piétons et place centrale — piazza, plaza, praça, Platz, plein ou squ
714
ux échanges d’opinions et de nouvelles, plus tard
à
la lecture de la presse, on trouvait très généralement l’église, l’hô
715
riger et orienter, mais qu’ils se bornent en fait
à
« couvrir » ou à révoquer après coup — alors il n’y a plus de partici
716
, mais qu’ils se bornent en fait à « couvrir » ou
à
révoquer après coup — alors il n’y a plus de participation, ni de dém
717
) et la réduction de tous les niveaux de décision
à
un seul, au sommet ministériel dans la capitale, rendent minimales ou
718
articipation du citoyen : au mieux, il est appelé
à
voter tous les quatre ou sept ans pour un candidat à la présidence de
719
oter tous les quatre ou sept ans pour un candidat
à
la présidence de la nation, pour un candidat député qui représente un
720
ntées par la distribution pluraliste des pouvoirs
à
des niveaux divers en partant des cellules de base autonomes, et par
721
ions locales est la plus efficace et universelle.
À
mesure qu’on s’élève dans l’échelle des niveaux de décision correspon
722
s l’échelle des niveaux de décision correspondant
à
l’envergure de tâches plus vastes ou plus spéciales et aux dimensions
723
’information devient moins directement accessible
à
l’individu, moins spontanément assimilable, et la participation plus
724
vernants, une fonction de mise en forme, analogue
à
celle qui est assurée d’ores et déjà auprès des responsables de la po
725
par ses modes de diffusion, elle servira en fait
à
éduquer et stimuler le jugement libre ou, au contraire, à le conditio
726
r et stimuler le jugement libre ou, au contraire,
à
le conditionner, voire à le programmer. Dans le premier cas, elle ren
727
libre ou, au contraire, à le conditionner, voire
à
le programmer. Dans le premier cas, elle rendra le citoyen mieux capa
728
aiter un problème public sur lequel il est appelé
à
se prononcer. Dans le second cas, l’information, loin de chercher à s
729
ns le second cas, l’information, loin de chercher
à
stimuler la liberté du jugement personnel, visera à la diriger, puis
730
stimuler la liberté du jugement personnel, visera
à
la diriger, puis à la limiter, puis à la précontraindre, enfin à lui
731
du jugement personnel, visera à la diriger, puis
à
la limiter, puis à la précontraindre, enfin à lui substituer un progr
732
nel, visera à la diriger, puis à la limiter, puis
à
la précontraindre, enfin à lui substituer un programme défini par d’a
733
uis à la limiter, puis à la précontraindre, enfin
à
lui substituer un programme défini par d’autres : État, Parti, Dictat
734
instructions » ou ordres donnés par un supérieur
à
un subordonné, par un maître à son disciple, ou même par un institute
735
s par un supérieur à un subordonné, par un maître
à
son disciple, ou même par un instituteur à des enfants n’ayant pas en
736
maître à son disciple, ou même par un instituteur
à
des enfants n’ayant pas encore atteint le stade réflexif-critique, n’
737
e stade réflexif-critique, n’est pas une atteinte
à
la liberté de jugement mais une empreinte dont le jugement plus tard
738
ctures, réseaux de canaux et nervures. L’atteinte
à
la liberté commence avec la propagande politique et la publicité comm
739
le jugement adulte, l’autre habituant les masses
à
s’amuser du mensonge qui rapporte, et bientôt à le préférer à toute v
740
s à s’amuser du mensonge qui rapporte, et bientôt
à
le préférer à toute vérité qui ennuie. Ces deux formes de lésion infl
741
u mensonge qui rapporte, et bientôt à le préférer
à
toute vérité qui ennuie. Ces deux formes de lésion infligées à la fac
742
é qui ennuie. Ces deux formes de lésion infligées
à
la faculté de participation sont guérissables. Il suffit que l’homme
743
», compare les promesses aux réalités et déclare
à
ses risques et périls : « Le Roi est nu. » Il n’en va plus de même lo
744
n va plus de même lorsque l’information s’adresse
à
l’inconscient (hidden persuasion), conditionne les réflexes, modifie
745
ariables principales repérés, il ne nous reste qu’
à
tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de poser les rè
746
elques groupes de connexions, et, comme on le dit
à
l’armée, de « voir si les liaisons jouent ». Posons d’entrée de jeu q
747
x par suite du refus opposé par les États-nations
à
toute forme d’union efficace et au moins concurrentielle avec les Sup
748
consommerait la double satellisation, par l’URSS
à
l’Est et en Méditerranée, par les USA à l’Ouest et au Nord. La partic
749
ar l’URSS à l’Est et en Méditerranée, par les USA
à
l’Ouest et au Nord. La participation civique et politique ne saurait
750
onnelle et finalement information, ce qui revient
à
dire éducation. Il importe peu de savoir si l’agent dominant est alor
751
nécessaire de l’incapacité de « faire l’Europe »
à
cette date ! En effet, « l’intérêt supérieur de la nation », invoqué
752
les électeurs non prévenus. On arrive assez vite
à
un clivage de la société en deux classes : celle qui reçoit l’informa
753
çoit l’information en temps utile, et qui en joue
à
son profit ; et celle qui reçoit des « instructions » sous forme de p
754
paraît inévitable si nos États-nations persistent
à
refuser toute forme d’union fédérale et de distribution du pouvoir ét
755
) ; de même, si aucune révolte populaire n’arrive
à
ébranler le système. Cependant, elle ne saurait être qu’une image-lim
756
ne saurait être qu’une image-limite, irréalisable
à
l’état pur, car non seulement « le pire n’est pas toujours sûr », mai
757
indépendance » : il ne pourra longtemps survivre
à
cette dissolution de ses cadres rigides et à la dérision de ses préte
758
ivre à cette dissolution de ses cadres rigides et
à
la dérision de ses prétentions absolues. Une autre société naîtra par
759
me terme de notre alternative — l’Europe a réussi
à
s’unir, c’est-à-dire à dépasser le stade des États-nations centralisé
760
native — l’Europe a réussi à s’unir, c’est-à-dire
à
dépasser le stade des États-nations centralisés de modèle jacobin-nap
761
L’État-nation était trop petit pour jouer un rôle
à
l’échelle mondiale : la fédération européenne peut y prétendre. Ce se
762
econd terme de notre alternative linéaire conduit
à
une nouvelle bifurcation possible : l’Europe fédérée sur la base des
763
l’Europe fédérée sur la base des régions réussit
à
s’autorégler (A), ou bien elle tente de rendre ses déséquilibres créa
764
tandis que « le gouvernement doit être plus fort
à
mesure que le peuple est plus nombreux » et qu’en revanche « plus les
765
rnement démocratique convient aux petits États »,
à
ceux où « le peuple est facile à rassembler » (Contrat social, III, 1
766
petits États », à ceux où « le peuple est facile
à
rassembler » (Contrat social, III, 1 à 3). Rousseau en vient ainsi à
767
est facile à rassembler » (Contrat social, III, 1
à
3). Rousseau en vient ainsi à formuler une loi de la participation qu
768
trat social, III, 1 à 3). Rousseau en vient ainsi
à
formuler une loi de la participation qu’illustrent les exemples des p
769
llustrent les exemples des petits cantons suisses
à
Landsgemeinde, ou de Genève, et avant eux des cités grecques où l’on
770
étendu, et plus le pouvoir doit être concentré. (
À
la limite, il faudra donc un dictateur.) De là le conseil de Rousseau
771
areil étatique (non pas du tout sa suppression !)
à
des niveaux de décision où il ne soit plus seulement contrôleur mais
772
res pluralistes La santé des régions autonomes
à
son tour implique nécessairement deux processus apparemment contradic
773
le dépend des possibilités de recréer, au sein ou
à
l’écart des mégalopolis (qui continuent à se développer d’une manière
774
sein ou à l’écart des mégalopolis (qui continuent
à
se développer d’une manière semi-anarchique, semi-planifiée et totale
775
iers, cités-satellites, ou villes neuves) de 5000
à
50 000 habitants, dotés au moins d’une place centrale et de rues à pi
776
s, dotés au moins d’une place centrale et de rues
à
piétons, permettant une participation réelle à la vie communale, pour
777
es à piétons, permettant une participation réelle
à
la vie communale, pour ceux des citoyens qui en ont envie, et des con
778
me des unités d’habitation et de leurs dimensions
à
la mesure d’une vie civique rénovée semble pouvoir être résolu en thé
779
et de grands ensembles « invivables » et coûteux
à
détruire, construits dans l’anarchie et sur la seule notion de rappor
780
blissement de liens interrégionaux de tous ordres
à
l’échelle du continent, ou fédérations. Car il est évident qu’un cert
781
t qu’un certain nombre d’activités indispensables
à
la vitalité des régions et de leurs unités de participation civique (
782
munes et entreprises) ne peuvent être exercées qu’
à
l’échelle d’une fédération continentale. Citons au nombre de ces acti
783
nformées par leurs relais régionaux, et informant
à
leur tour l’ensemble des gouvernants et citoyens européens. Aux trois
784
ent permettre un maximum de participation. Est-ce
à
dire que le système décrit représente un modèle satisfaisant d’harmon
785
des dynamismes civiques, qu’il n’y aurait plus qu’
à
« faire jouer » aux différents niveaux communautaires ? Voilà qui ne
786
méthode d’invention permanente et non pas utopie
à
joindre un jour. Car il suppose la liberté, tandis que l’utopie prise
787
faite pour les personnes, non pour la rentabilité
à
moyen terme d’investissements spéculatifs. (Je reviendrai plus loin s
788
péculatifs. (Je reviendrai plus loin sur le droit
à
l’inadaptation comme condition dernière de toute vraie vie civique et
789
aires : 1. Information des citoyens (enseignement
à
tous les degrés, mass médias, banques d’informations, etc.) 2. Discus
790
d nombre par une école améliorée, plus égalitaire
à
la base dès la première enfance et plus préoccupée d’enseignements co
791
entifiques, indiscutables, et constamment remises
à
la mode, aux yeux des masses, par les manipulateurs des mass médias.
792
ent informés, de première main, sur les problèmes
à
débattre et à trancher par un vote. Ce type d’assemblée est devenu i
793
de première main, sur les problèmes à débattre et
à
trancher par un vote. Ce type d’assemblée est devenu impraticable et
794
ent des populations, cent ou mille fois supérieur
à
celui des places publiques ou des salles disponibles. Subitement, à p
795
ertu de la même exigence et grâce à la radio puis
à
la TV relayée par satellites, coextensive à l’humanité, c’est-à-dire
796
puis à la TV relayée par satellites, coextensive
à
l’humanité, c’est-à-dire globale. Si la commune est l’aire où ma voix
797
tte communauté globalisée. En effet, par analogie
à
la Loi de J.-J. Rousseau (citée plus haut), on vérifie que plus les m
798
oins sont nombreux ceux qui peuvent les utiliser.
À
la limite, un seul, qui est le chef de l’État, peut aujourd’hui se fa
799
ement ramener les dimensions de la commune future
à
un ordre de grandeur comparable (égal ou double) à celui des cités cl
800
un ordre de grandeur comparable (égal ou double)
à
celui des cités classiques d’Ionie, d’Attique ou de Sicile. La différ
801
les citoyens se déplacent, sur une agora composée
à
distance et définie comme un carrefour d’ondes. (Déjà, dans les année
802
courante.) L’agora composée par la participation
à
distance peut recréer les conditions de la Landsgemeinde suisse ou de
803
nients d’une nature encore insoupçonnée résultent
à
l’expérience du fait de la rencontre d’hommes séparés les uns des aut
804
re rendre indispensable la formule des assemblées
à
distance : je veux parler de la pluralité des types de régions et des
805
de gestion et de réunions ; tout cela se prêtant
à
des formules d’ubiquité du contrôle, du conseil, de la représentation
806
mations dont disposent leurs maires. Trop petites
à
la campagne (étouffantes), trop grandes dans les régions urbaines (vi
807
que active. Les départements, cantons, provinces,
à
l’étage au-dessus, souffrent des mêmes défauts. Quant aux États-natio
808
rop grands et trop petits, leur procès n’est plus
à
faire : le verdict a été prononcé à deux reprises par l’histoire du x
809
ès n’est plus à faire : le verdict a été prononcé
à
deux reprises par l’histoire du xxe siècle, en 1914 et en 1939. Il y
810
l’autre rayonnent, localement ou universellement,
à
partir d’un patron, d’un chef, d’une tête, d’une doctrine ou d’une Ré
811
unités du premier degré. Et ainsi de suite, jusqu’
à
la fédération continentale. 4. L’action ou engagement civique P
812
lupart des hommes s’imaginent avoir « participé »
à
ce qu’ils n’ont fait que voir, et se vantent de s’être « engagés » qu
813
ée des deux classes — les actifs et les passifs —
à
quoi nous conduisaient nos précédentes analyses. La démocratie semble
814
e) et politiques (groupes de pression) s’opposant
à
la majorité, toujours conservatrice des préjugés « progressistes » d’
815
mesurables (dont le facteur religieux) correspond
à
l’angoisse de l’homme actuel devant les risques de la participation r
816
devant les risques de la participation réelle, et
à
son désir d’un ordre automatisé. 5. La présence personnelle L’u
817
lle L’un des paradoxes de l’ère actuelle tient
à
ce que nos possibilités de déplacement s’accroissent en même temps qu
818
essités de se déplacer diminuent. J’ai parlé tout
à
l’heure des conseils d’administration tenus en vidéophonie, et de la
819
us en vidéophonie, et de la possibilité d’étendre
à
bien d’autres conseils de la cité le procédé du multiplex. Dans tous
820
uelle différence ? Serons-nous moins « présents »
à
5000 kilomètres en vidéophone que dans l’échange si difficilement com
821
ue sur la base de statistiques qu’il reste encore
à
imaginer et de mesures qui feront peut-être un jour comprendre ce qui
822
» et deux images des mêmes hommes qui se tendent
à
distance des mains réunies sur l’écran. Si la présence-à-distance et
823
-distance et les téléactivités paraissent propres
à
résoudre certains problèmes pratiques de la participation, elles semb
824
quer « l’enracinement », les rencontres « d’homme
à
homme », le « contact physique », et ceux qui seront traités comme ét
825
hysique », et ceux qui seront traités comme étant
à
toutes fins utiles indépendants d’un territoire défini ou de l’immédi
826
ropre. Car la perception d’une image ou d’un son,
à
quelque distance qu’en soit la source, implique toujours un contact p
827
oprement physique. La différence entre le contact
à
distance et celui qui s’établit entre deux hommes « en chair et en os
828
bre et active se réduit pour le plus grand nombre
à
la discussion (cafés, partis, radio-télévision) et à des votes peu fr
829
a discussion (cafés, partis, radio-télévision) et
à
des votes peu fréquents (élections, référendum). Pour un très petit n
830
Pour un très petit nombre s’ajoute l’appartenance
à
un conseil (municipal, départemental ou provincial, parlementaire), e
831
é dont les structures favorisent la participation
à
tous les niveaux, changent de nature : ils concernent les grandes opt
832
avenir de tous et de chacun : — Options relatives
à
l’éducation : spécialisée ou générale ? — égalitaire ou sélective ? —
833
tc. — Options relatives aux recherches : priorité
à
l’espace sidéral ou à l’espace psychique ? — hygiène physique et ment
834
s aux recherches : priorité à l’espace sidéral ou
à
l’espace psychique ? — hygiène physique et mentale ou productivité ?
835
bâties, ou au contraire que l’on entend utiliser
à
titre d’acheteur, locataire, contribuable, électeur… Rien donc de plu
836
sensibles. Sinon la solitude campagnarde conduit
à
la révolte contre l’isolement, à la désertion, tandis que la solidari
837
pagnarde conduit à la révolte contre l’isolement,
à
la désertion, tandis que la solidarité anonyme et forcée des villes c
838
a solidarité anonyme et forcée des villes conduit
à
la révolte anarchisante contre toute forme de société réglée. Seule,
839
ntité et l’autonomie de la personne sont en butte
à
des menaces de tous ordres : pharmacopée, conditionnement psychosomat
840
ort d’information nécessaire. — Options relatives
à
l’antinomie productivité-écologie. On peut concevoir que toutes les o
841
ir que toutes les options précédentes se ramènent
à
celle-ci, et qu’en fin de compte ce que nous appelons aujourd’hui l’é
842
nt qu’elle ait infligé des dommages irréversibles
à
la biosphère sera nécessairement tranchée dans les deux décennies à v
843
a nécessairement tranchée dans les deux décennies
à
venir. Si c’est au bénéfice de la croissance économique « aveugle »,
844
eugle », sacralisée, il n’y a plus guère d’avenir
à
supputer : cent ans au maximum pour la survie de l’humanité, si l’on
845
humanité, si l’on ne renverse pas la vapeur d’ici
à
dix ans : c’est tout ce que nous accordent certains écologistes améri
846
essources, sourde au langage des paysages, fermée
à
la leçon de lenteur des arbres, sans réponse à l’affectivité bondissa
847
ée à la leçon de lenteur des arbres, sans réponse
à
l’affectivité bondissante du monde animal et à cette « attente ardent
848
se à l’affectivité bondissante du monde animal et
à
cette « attente ardente de la création tout entière » dont parle sain
849
. En conclusion ouverte sur l’avenir, il me reste
à
définir, pour le revendiquer, ce droit suprême de la personne qui est
850
ce droit suprême de la personne qui est le droit
à
l’inadaptation. S’il est vrai que la participation obligatoire est la
851
sme, il en découle que la reconnaissance du droit
à
l’objection sociale, civique et politique est la condition même de to
852
e l’objection au dogme du travail : voir Le Droit
à
la paresse, par Paul Lafargue, qui était le gendre de Marx, et de l’o
853
efus des nécessités, de défi au destin, doit être
à
tout prix préservée. Elle est le signe d’une ouverture de l’homme au
854
signe d’une ouverture de l’homme au transcendant,
à
ce qui peut englober, nier et réorganiser dans le temps de l’éclair c
855
donner un sens possible, ultime, vraiment humain,
à
la mise en question globale du « siècle ». Point de participation civ
856
ficient » d’un statut comparable mutatis mutandis
à
celui du holy man mendiant, du gourou, ou du philosophe indépendant,
857
gourou, ou du philosophe indépendant, de Diogène
à
Abélard, de Rousseau à Nietzsche. Il vivra dans la frange effervescen
858
he indépendant, de Diogène à Abélard, de Rousseau
à
Nietzsche. Il vivra dans la frange effervescente de notre société occ
859
iques. Il aura pour fonction civique de démontrer
à
longueur de journée que le monde de demain a moins besoin de producte
860
tzsche. Aujourd’hui que tout est possible, ouvert
à
tous, et non déterminé par les coutumes, choisir une profession devie
861
’avance. Hier, un nouveau déterminisme commençait
à
se dessiner, prenant le relais des contraintes coutumières : la major
862
ociété, et du sens de ma participation — ou non —
à
cette société. Prenons l’exemple de l’ingénieur. Hier, il était ingén
863
ui, il constate que la nature risque de succomber
à
l’industrie, qui la pille sans le moindre scrupule, puis l’empoisonne
864
science professionnelle mais ne veut pas chercher
à
comprendre le reste, au technicien du seul rendement (qui est en fin
865
et de science réintégré dans la communauté, relié
à
l’ensemble social par le souci des fins dernières de la cité, et de l
866
, car l’inventeur de la brouette et de la machine
à
calculer est aussi l’auteur des Pensées. On l’a bien dit (en Amérique
867
tement vingt siècles pour qu’on relie ce problème
à
l’art de l’ingénieur et aux calculs de l’astronome, ou plus tard de l
868
tion d’Einstein, du vivant de son auteur, aboutit
à
Hiroshima. Tout va vite aujourd’hui, surtout la traduction d’une déco
869
ur fins et pour motivations non plus le rendement
à
n’importe quel prix pour le profit privé ou collectif, mais l’équilib
870
rra s’opérer par un quelconque retour anarchisant
à
l’état prétechnique des sociétés humaines. Il s’agit au contraire de
871
evient ou une épreuve de résistance du matériel :
à
ce prix, l’imagination deviendra créatrice de libertés réelles. Loin
872
’elle au monde ! Puis une ombre innombrable vient
à
notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le
873
tres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
à
la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons-nous descendre, et sur
874
as, ni pampas, ni déserts. Point de défis brutaux
à
la nature, plutôt un lent dialogue amical et confiant. Mais cette ver
875
vert d’abord. Souvenirs de réveils dans un palace
à
Vevey, Montreux ou Clarens, devant le lac et ses envols de mouettes,
876
r nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint
à
neuf pendant la nuit, luisant, lustré, revêtu d’innocence. Ensuite, u
877
aysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air «
à
la campagne », et la campagne les pénètre. Cette vision champêtre cor
878
vue de l’air, une Suisse verte et paysanne survit
à
l’ère industrielle. Or, traversez cette Suisse-là en chemin de fer, e
879
présence partout imminente. Ce qui ne trompe pas,
à
l’observer du ciel, c’est la structure des agglomérations : elle révè
880
communauté civique et sociale d’un pays. Survolez
à
basse altitude les gros villages et les petites villes du Plateau sui
881
us découvrirez que leur plan s’est développé soit
à
partir d’un château sur sa colline, soit autour d’une place principal
882
edécouvrir les vertus des groupements restreints,
à
l’heure où la Suisse est tentée de les oublier et de trahir ainsi ses
883
iie siècle traversait les deux chaînes des Alpes
à
leur seul point d’intersection, et reliait ainsi d’un seul trait les
884
ommunes forestières furent déclarées « immédiates
à
l’Empire », c’est-à-dire libérées du pouvoir des seigneurs voisins, d
885
greffiers des villes lombardes, traversant le col
à
dos de mulet, qui vinrent apprendre aux premiers Suisses confédérés à
886
vinrent apprendre aux premiers Suisses confédérés
à
rédiger leurs pactes en beau latin. La vocation de la Suisse est de r
887
nt quelque part dans les airs au-dessus du Léman,
à
mi-hauteur du grand vignoble de Lavaux, cette évidence ne saurait exi
888
ez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche
à
un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonnement, re
889
assionnelle. Il est difficile d’en parler, fût-ce
à
sa louange éperdue, sans provoquer l’éclat soudain, parfois vociféran
890
dance m’inquiète : elle m’empêche de m’abandonner
à
l’euphorie d’un lyrisme contemplatif, ou de céder à cette espèce de b
891
l’euphorie d’un lyrisme contemplatif, ou de céder
à
cette espèce de bonne conscience que donne l’indignation active. Lav
892
é que les autres vignobles de La Côte, de Begnins
à
Vufflens par exemple. On y voit beaucoup plus de maisons neuves et la
893
e du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce
à
elles, l’homme des villes a retrouvé le contact avec la nature, et ce
894
du paysage. Les « nécessités » de la vie tendent
à
détruire les raisons de vivre. Mais que tient-on pour nécessaire ? Le
895
nécessaire ? Les maxima contradictoires, toujours
à
l’œuvre dans toute chose humaine, sont ici comme ailleurs la qualité
896
es enfants qui habitent ici ? « Lavaux appartient
à
tout le monde », à tous ceux qui aiment la beauté, et qui voudraient
897
tent ici ? « Lavaux appartient à tout le monde »,
à
tous ceux qui aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux, à jamai
898
i aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux,
à
jamais, demeure tel qu’un beau jour ils l’ont aimé. Or, ses habitants
899
aux que nous aimons, faudrait-il qu’ils renoncent
à
le vivre, à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé.
900
aimons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre,
à
en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé. Et vivant, c
901
as offrir des étages de palais sur le Grand Canal
à
des riches. Il faut d’abord que Venise soit peuplée, animée, habitée
902
moins que la prédominance accordée par un peuple
à
la saveur de vivre sur le niveau de vie. Gens de Lavaux, vous habitez
903
nchées par le choc de nos nationalismes étatisés.
À
cette urgence définie en termes de contre-passé, et qui allait abouti
904
en termes de contre-passé, et qui allait aboutir
à
la formation du Conseil de l’Europe, succéda bientôt l’urgence du pré
905
s « réalisations » expliquent la montée soudaine,
à
laquelle nous assistons, d’une urgence tout à fait différente, défini
906
ne, à laquelle nous assistons, d’une urgence tout
à
fait différente, définie cette fois-ci en termes d’avenir : savoir si
907
soit par les Européens qui ont aujourd’hui de dix
à
vingt ans, et qui sont les élèves de nos écoles, soit par une commiss
908
ssi son union ; car autrement elle ne pourra rien
à
opposer aux entreprises des deux impérialismes, l’économique et l’idé
909
le de société humaine. Et du même coup, elle tend
à
nous faire croire que cet État-nation a toujours existé, telles une I
910
ts de nations) qui forment la France actuelle13 :
à
en croire les manuels d’histoire français, les rois de France ne les
911
mpossible toute union supranationale ou fédérale,
à
l’échelle du continent. La condition sine qua non Si donc l’on
912
tats-nations, car ceux-ci par principe s’opposent
à
toute espèce d’union sérieuse, qui s’opère dans la réalité et non dan
913
tés de son parti — que « l’Europe va de Gibraltar
à
l’Oural ». Et sa politique étrangère se fondait en partie sur cette d
914
affluent de la Volga, en tous points comparables
à
la Ruhr, est le cœur du bassin de l’industrie lourde de l’URSS.) J’ai
915
nuels d’histoire et de géographie des années 1900
à
1914, définissaient précisément l’Europe comme allant « de Gibraltar
916
précisément l’Europe comme allant « de Gibraltar
à
l’Oural ». L’an 2000 se joue aujourd’hui dans les leçons de nos école
917
la question suivante : comment ouvrir nos écoles
à
l’Europe, en sorte qu’elles préparent désormais non plus de petits na
918
s de leurs appartenances multiples mais concrètes
à
leur commune, à leur région, à notre Europe, et à l’Humanité dans son
919
tenances multiples mais concrètes à leur commune,
à
leur région, à notre Europe, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès
920
les mais concrètes à leur commune, à leur région,
à
notre Europe, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de
921
à leur commune, à leur région, à notre Europe, et
à
l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961, nous arrêtio
922
avec l’aide des enseignants, non pas en ajoutant
à
des programmes déjà trop chargés des heures sur l’Europe, mais en int
923
nne. Et quant à la méthode, elle devait consister
à
équiper et à former au cours de stages quelques milliers d’enseignant
924
à la méthode, elle devait consister à équiper et
à
former au cours de stages quelques milliers d’enseignants qui, à leur
925
rs de stages quelques milliers d’enseignants qui,
à
leur tour, propageraient l’idée civique européenne parmi leurs collèg
926
citer quelques résultats de nos stages, destinés
à
faire entrer l’éducation européenne dans les programmes et les manuel
927
e de l’Éducation et de la Culture ; — en Irlande,
à
la suite du stage de Malahide, en 1965, un programme national d’éduca
928
types nationaux, un centre de recherches est créé
à
l’Université de Gand, pour l’examen des manuels et les contacts avec
929
mensions et de l’urgence des tâches qui incombent
à
l’École, si l’on veut réellement construire l’Europe. Même si tous le
930
e, depuis dix ans, les associations d’enseignants
à
vocation européenne dont la Campagne veut être l’expression commune e
931
s, vont forcer les plus sourds et les plus myopes
à
secouer leur torpeur, à faire des choix, à décider une politique de l
932
sourds et les plus myopes à secouer leur torpeur,
à
faire des choix, à décider une politique de l’homme : — veut-on la Pu
933
myopes à secouer leur torpeur, à faire des choix,
à
décider une politique de l’homme : — veut-on la Puissance à tout prix
934
une politique de l’homme : — veut-on la Puissance
à
tout prix (celle de l’État-nation, s’entend), la Croissance à tout pr
935
(celle de l’État-nation, s’entend), la Croissance
à
tout prix (du PNB, des salaires et des dividendes), et alors on se ru
936
des forêts. 12. « L’Europe aspire visiblement
à
être gouvernée par une commission américaine », Regards sur le monde
937
ques depuis les années 1930, quand je suis arrivé
à
Paris et que j’ai tout de suite collaboré avec des groupes de jeunes
938
avions déjà établi toute notre doctrine, commune
à
la plupart d’entre nous. Avec différentes nuances, naturellement, les
939
es, les autres nietzschéens. Mais, nous arrivions
à
nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit , il y avai
940
Alexandre Marc et Robert Aron. Moi-même, j’étais
à
cheval sur les deux groupes. J’ai collaboré aux deux premiers numéro
941
ai collaboré aux deux premiers numéros et ensuite
à
la plupart des autres numéros jusqu’à la guerre. Quelle était votre d
942
et ensuite à la plupart des autres numéros jusqu’
à
la guerre. Quelle était votre définition de la personne ? Ce que nous
943
es se liant par régions ou provinces. Vous étiez,
à
cette époque, les premiers à parler de fédéralisme et de régions ? Ab
944
ovinces. Vous étiez, à cette époque, les premiers
à
parler de fédéralisme et de régions ? Absolument. Nous parlions de ré
945
ent. Nous parlions de régions dans un sens opposé
à
celui des régionalistes réactionnaires ou nationalistes locaux. Pour
946
re ouvert vers de plus grandes communautés, jusqu’
à
former une communauté européenne, une fédération européenne qui, ensu
947
t de personnalisme, nous en sommes venus, les uns
à
faire des études plus spécialement économiques, d’autres sociologique
948
de moi. En tout cas, dans un premier livre publié
à
Paris, en 1934, intitulé : Politique de la personne et qui réunissa
949
i s’engage ». Et l’ensemble du livre est un appel
à
l’engagement des écrivains. Mais pas à l’embrigadement dans un parti.
950
t un appel à l’engagement des écrivains. Mais pas
à
l’embrigadement dans un parti. Il s’agissait d’assumer sa responsabil
951
s sortes de raisons biographiques, j’ai été amené
à
m’intéresser beaucoup à l’opposition entre la passion et le mariage d
952
raphiques, j’ai été amené à m’intéresser beaucoup
à
l’opposition entre la passion et le mariage dans l’amour. La passion
953
omme étant l’union de ces deux choses contraires,
à
mi-chemin entre ces deux mythes mais en en faisant une synthèse posit
954
n homme et d’une femme qui ont chacun leurs lois,
à
certains égards antinomiques, qui doivent vivre ensemble, qui doivent
955
-major, les troupes et le public — j’ai été amené
à
me poser un tas de questions sur la politique, sur la formule politiq
956
rmule politique de la Suisse : le fédéralisme. Et
à
transposer une fois de plus notre doctrine personnaliste en termes po
957
’y pensais depuis longtemps mais je ne savais pas
à
quel point la Suisse avait réalisé le fédéralisme. Bien qu’élevé en S
958
se, effectivement, je ne m’étais jamais intéressé
à
la vie politique du pays. Parce que vous avez beaucoup vécu à l’étran
959
itique du pays. Parce que vous avez beaucoup vécu
à
l’étranger ? J’ai vécu à Paris depuis l’âge de 25 ans. J’ai été ramen
960
vous avez beaucoup vécu à l’étranger ? J’ai vécu
à
Paris depuis l’âge de 25 ans. J’ai été ramené en Suisse par la mobili
961
périence. Presque tous les Européens qui vivaient
à
New York pendant la guerre étaient des gens extraordinairement différ
962
la voix de l’Amérique parle aux Français. Ainsi,
à
ma manière, bien que ressortissant d’un pays neutre, j’ai pu faire la
963
isme européen. Le mot engagement était alors fort
à
la mode à Paris. Et tout le monde, je ne sais pas pourquoi, l’attribu
964
éen. Le mot engagement était alors fort à la mode
à
Paris. Et tout le monde, je ne sais pas pourquoi, l’attribuait à Sart
965
t le monde, je ne sais pas pourquoi, l’attribuait
à
Sartre. Or, Sartre, comme on le sait maintenant par les mémoires de S
966
ir, ne s’était jamais intéressé le moins du monde
à
la politique avant 1943-1944. Enfin, il s’est mis à parler d’engageme
967
la politique avant 1943-1944. Enfin, il s’est mis
à
parler d’engagement parce qu’il avait lu cela dans Esprit et dans m
968
onnaissiez Jean-Paul Sartre ? Il est venu me voir
à
New York en 1944 ou 1945, premier journaliste français. Dans ses conf
969
Je le sais très bien. » Mais il ne l’a jamais dit
à
personne d’autre… Mais il est bien évident que cette définition de l’
970
omme et ce terme d’engagement, vous les retrouvez
à
chaque page d’ Esprit et de L’Ordre nouveau . Dix ans plus tôt. Vou
971
strée par la pratique suisse. Que j’avais apprise
à
l’école mais que je n’avais jamais très bien comprise. Alors, je me s
972
-dire de la base et en remontant de plus en plus,
à
mesure que les tâches envisagées devenaient plus vastes. Mon fédérali
973
vouliez exporter le système suisse ? Et l’étendre
à
toutes les régions de l’Europe ? Les communes, bien avant les cantons
974
communes, bien avant les cantons — on ne commence
à
parler des cantons qu’aux xviiie et xixe siècles — constituent la b
975
tes. Bref, une diversité considérable qui aboutit
à
quelque chose de créateur. Et ces tensions qu’on n’essaie pas de rédu
976
conserve et qu’on tâche d’équilibrer aboutissent
à
une très grande vitalité civique. Mais, voilà où les choses se compli
977
États unitaires. Elle sera forcée de se présenter
à
eux comme un État unitaire et de se centraliser de plus en plus à cau
978
’Union européenne des fédéralistes qui avait lieu
à
Montreux. J’y ai prononcé le discours d’introduction sur le thème de
979
aient aussi l’Europe. Et nous nous sommes réunis,
à
La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchill. Ce fut un très gra
980
États-nations. C’est ce que j’attaque maintenant
à
boulets rouges. Comment voulez-vous réussir l’Europe en la fondant su
981
urope en la fondant sur l’obstacle par excellence
à
toute union qu’est l’État-nation ? C’est une tâche absolument impossi
982
les États pratiquent cet hommage que le vice rend
à
la vertu, qui est cette hypocrisie de l’union, plutôt que de se faire
983
es possibles, chacun étant complètement supérieur
à
l’autre. Je préfère dire que l’homme est supérieur à la femme et la f
984
’autre. Je préfère dire que l’homme est supérieur
à
la femme et la femme supérieure à l’homme. Plutôt que de dire qu’ils
985
e est supérieur à la femme et la femme supérieure
à
l’homme. Plutôt que de dire qu’ils sont égaux parce que l’égalité évo
986
ndre, sans se séparer, sans être subordonnés l’un
à
l’autre. Ça, c’est la formule de base de toute fédération. Toute fédé
987
s : c’est donc une formule diamétralement opposée
à
celle de l’unification d’un État pour créer une puissance. En fin de
988
stème que je voudrais étendre de proche en proche
à
toute l’Europe, en suivant la loi des dimensions des tâches. Comment
989
agences fédérales européennes : le Marché commun,
à
condition que celui-ci reste dans ses compétences qui sont essentiell
990
u’elle descend assez bas dans la vallée du Rhône,
à
certains égards jusqu’à Marseille. Il y a également une région économ
991
dans la vallée du Rhône, à certains égards jusqu’
à
Marseille. Il y a également une région économique ou d’investissement
992
mique ou d’investissements. Cette région va jusqu’
à
Grenoble et englobe une partie de la Suisse romande et une partie de
993
, Fribourg. Chacune de ces régions devrait avoir,
à
mon sens, son autorité régionale et relever de l’agence fédérale euro
994
siècle, on a voulu imposer les mêmes frontières
à
des réalités qui n’ont rien à voir ensemble comme la langue, le sous-
995
e. Alors, voici mon exemple personnel. Je suis né
à
Neuchâtel qui, jusqu’en 1848, a été une principauté dont le prince ét
996
de l’ensemble francophone qui a des limites tout
à
fait différentes du canton et de la Suisse puisqu’il englobe un tiers
997
etit bout de l’Italie. Cet ensemble ne correspond
à
aucun de nos États-nations actuels. D’autre part, je suis protestant.
998
semble auquel je me rattache qui ne correspond ni
à
l’ensemble national, ni à l’ensemble linguistique, ni politique, ni é
999
he qui ne correspond ni à l’ensemble national, ni
à
l’ensemble linguistique, ni politique, ni économique mais à un ensemb
1000
le linguistique, ni politique, ni économique mais
à
un ensemble mondial qui recouvre deux petites parties de la France, l
1001
un certain nombre de sociétés. Je paie des impôts
à
une dizaine de sources différentes. Donc, rien n’est plus simple. Au
1002
nt voulu tous les créateurs d’États totalitaires,
à
commencer par Napoléon qui voulait imposer ces mêmes frontières à tou
1003
Napoléon qui voulait imposer ces mêmes frontières
à
toutes ces choses différentes. Pourquoi ? Pour pouvoir mobiliser rapi
1004
es antinomiques, en les laissant subsister chacun
à
sa manière et même devenant lui-même par leur mise en relation et en
1005
es. Voilà au nom de quelle pensée nous arriverons
à
faire l’Europe. Le sentiment religieux joue un très grand rôle dans v
1006
vez naturellement le totalitarisme qui correspond
à
l’orthodoxie russe, grecque, roumaine. Mais vous n’avez jamais eu de
1007
protestant. C’est assez frappant. Cela doit tenir
à
quelque chose, justement à ce sens de la personne définie par une voc
1008
ppant. Cela doit tenir à quelque chose, justement
à
ce sens de la personne définie par une vocation unique. Chaque homme
1009
la tribu par ma vocation, et en même temps relié
à
la communauté par l’exercice de cette vocation. C’est ce que j’ai de
1010
ut le monde et de voir une seule croyance imposée
à
tout le monde. Vous avez parlé d’écologie et vous donnez une conféren
1011
ogie et vous donnez une conférence17 sur ce thème
à
Bruxelles. Pourquoi cet intérêt vis-à-vis de l’écologie ? Dans cette
1012
onférence, j’explique une chose qui me tient fort
à
cœur depuis quelques années : j’ai découvert que l’humanité, aujourd’
1013
nt tout le monde parle, heureusement, nous oblige
à
avoir une politique. C’est-à-dire avoir des finalités pour l’existenc
1014
jourd’hui un sérieux coup d’arrêt qui nous oblige
à
choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette formule para
1015
choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens
à
cette formule paradoxale : contraints de choisir librement nos finali
1016
lleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes
à
cette charnière. Voulons-nous la puissance collective, la puissance d
1017
bre. Par ailleurs, nous sommes forcés de renoncer
à
la forme État-nation et aux soi-disant économies nationales qui posen
1018
quoi y aurait-il une économie qui correspondrait
à
la Belgique, une autre au Luxembourg et une autre aux États-Unis ? Pa
1019
icatrices de l’histoire », correspondraient-elles
à
des ensembles économiques ? C’est une idiotie ! C’est indéfendable. E
1020
Et qui aujourd’hui encore délimitent les régions,
à
partir d’un bureau dans la capitale, sans aucune consultation locale.
1021
e de ce drame : Nicolas de Flue . 17. Organisée
à
l’initiative d’Entreprise de demain, cette conférence traitera de « l
1022
Joveneau et introduits par le chapeau suivant : «
À
Ferney, en territoire français, à quelques kilomètres seulement de l’
1023
eau suivant : « À Ferney, en territoire français,
à
quelques kilomètres seulement de l’aéroport de Genève-Cointrin. La fr
1024
ement directeur du Centre européen de la culture,
à
Genève, institut qu’il a créé en 1950. Mais, Denis de Rougemont est a
1025
en 1950. Mais, Denis de Rougemont est avant tout,
à
sa manière, un Européen. Sa grande idée : le fédéralisme. Qu’il défin
1026
ours faire correspondre les dimensions des tâches
à
réaliser aux dimensions de la communauté qui est le mieux capable de
1027
’elle au monde ! Puis une ombre innombrable vient
à
notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le
1028
tres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
à
la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons-nous descendre, et sur
1029
as, ni pampas, ni déserts. Point de défis brutaux
à
la nature, plutôt un lent dialogue amical et confiant. Mais cette ver
1030
vert d’abord. Souvenirs de réveils dans un palace
à
Vevey, Montreux ou Clarens, devant le lac et ses envols de mouettes,
1031
r nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint
à
neuf pendant la nuit, luisant, lustré, revêtu d’innocence. Ensuite, u
1032
aysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air «
à
la campagne », et la campagne les pénètre. Cette vision champêtre cor
1033
, vu de l’air une Suisse verte et paysanne survit
à
l’ère industrielle. Or, il y a plus de deux-cents ans que l’on déplor
1034
présence partout imminente. Ce qui ne trompe pas,
à
l’observer du ciel, c’est la structure des agglomérations : elle révè
1035
communauté civique et sociale d’un pays. Survolez
à
basse altitude les gros villages et les petites villes du Plateau sui
1036
us découvrirez que leur plan s’est développé soit
à
partir d’un château sur sa colline, soit autour d’une place principal
1037
edécouvrir les vertus des groupements restreints,
à
l’heure où la Suisse est tentée de les oublier et de trahir ainsi ses
1038
. Petit veut dire aussi mesquin, prudent, hostile
à
toute espèce de grandeur. Les Suisses qui s’en offusquent vont ailleu
1039
ur de Brasilia. Voyez grand, transformez le monde
à
votre idée et, si vous tenez à votre démesure, exportez-la, mais ne t
1040
ansformez le monde à votre idée et, si vous tenez
à
votre démesure, exportez-la, mais ne touchez pas au trésor, au mystèr
1041
stère de la « pax helvetica », votre contribution
à
l’aventure humaine. aq. Rougemont Denis de, « Je rentrais de l’esp
1042
e qu’elle n’est pas La culture ne consiste pas
à
lire des romans, à parler peinture, à participer à des jeux télévisés
1043
La culture ne consiste pas à lire des romans,
à
parler peinture, à participer à des jeux télévisés, à organiser des é
1044
onsiste pas à lire des romans, à parler peinture,
à
participer à des jeux télévisés, à organiser des échanges d’étudiants
1045
lire des romans, à parler peinture, à participer
à
des jeux télévisés, à organiser des échanges d’étudiants, de touriste
1046
rler peinture, à participer à des jeux télévisés,
à
organiser des échanges d’étudiants, de touristes culturels et d’exper
1047
es, des moustaches tombantes par les symbolistes,
à
la rigoureuse exclusion de tous ces ornements par l’avant-garde d’ent
1048
par l’avant-garde d’entre les deux guerres, puis
à
leur accumulation sur la tête des gauchistes. La culture n’est nullem
1049
plus de cafés littéraires depuis vingt ans, même
à
Paris. La culture n’est pas faite par les « gens cultivés ». Elle n’e
1050
des recherches les plus récentes sur le cerveau.
À
la naissance, notre cerveau est programmé par le code génétique des c
1051
, une « voie » ou une « piste » particulière liée
à
d’innombrés réseaux, se trouve créée par toute information nouvelle q
1052
tivation de la structure qu’il a créée, répondant
à
un stimulus extérieur. Le message se voit ainsi restitué par le code,
1053
titué par le code, par le médium, dirait McLuhan.
À
la notion classique d’une mémoire catalogique, consciente, laborieuse
1054
laborieusement stratifiée et pas toujours facile
à
consulter, se substitue une mnémoélectronique d’une infinie complexit
1055
té et totalement présente en synchronie virtuelle
à
chaque instant, encore que son actualisation quasi instantanée soit s
1056
pour chaque individu, s’identifie progressivement
à
la personne constituée — je ne dis pas à ce qui la constitue, qui est
1057
sivement à la personne constituée — je ne dis pas
à
ce qui la constitue, qui est l’appel de sa fin, sa vocation. 4. Il
1058
ans d’âge. Or, la culture européenne, qui remonte
à
Sumer, à l’Égypte, à la Crête, à l’Iran et aux Scythes, à la Syrie et
1059
. Or, la culture européenne, qui remonte à Sumer,
à
l’Égypte, à la Crête, à l’Iran et aux Scythes, à la Syrie et aux Juif
1060
ture européenne, qui remonte à Sumer, à l’Égypte,
à
la Crête, à l’Iran et aux Scythes, à la Syrie et aux Juifs, aux Grecs
1061
nne, qui remonte à Sumer, à l’Égypte, à la Crête,
à
l’Iran et aux Scythes, à la Syrie et aux Juifs, aux Grecs et aux Roma
1062
à l’Égypte, à la Crête, à l’Iran et aux Scythes,
à
la Syrie et aux Juifs, aux Grecs et aux Romains, aux Celtes et aux Ge
1063
ristianisme et aux religions du Proche-Orient, et
à
toutes les combinaisons et permutations de ces facteurs, est dix fois
1064
rale aux règles collectives et la Foi personnelle
à
la Loi. Il en résulte une valorisation par les élites culturelles de
1065
modernes tant communistes que fascistes) visaient
à
l’homogène, à l’uniforme, à l’orthodoxie sans défaut, et tenaient l’o
1066
communistes que fascistes) visaient à l’homogène,
à
l’uniforme, à l’orthodoxie sans défaut, et tenaient l’originalité, l’
1067
e fascistes) visaient à l’homogène, à l’uniforme,
à
l’orthodoxie sans défaut, et tenaient l’originalité, l’opposition et
1068
e l’initiation (alpha et oméga des cultures jusqu’
à
nous) et seule elle a couru le risque de promouvoir l’originalité de
1069
romouvoir l’originalité de la personne, d’inciter
à
l’initiative. Mais il résulte aussi de ce grand paradoxe qu’une conte
1070
Gaston Paris, Joseph Bédier, Ernest Vinaver, et
à
leur suite André Mary, en restituant pour les lecteurs du xxe siècle
1071
se » aux yeux de leurs confrères : ils ont permis
à
l’Occident moderne de reprendre conscience d’une de ses sources, d’un
1072
seule expression moins pédante qu’elle ne paraît
à
première vue : avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos
1073
etrouvée. Selon Littré : Les étymologies servent
à
faire entendre la force des mots et à les retenir par la liaison qui
1074
ies servent à faire entendre la force des mots et
à
les retenir par la liaison qui se trouve entre le mot primitif et les
1075
près ceci : « Les restitutions de Tristan servent
à
faire entendre la force du mythe, par la liaison qui se trouve entre
1076
t de la justesse dans le style de nos émotions. »
À
mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende de Tristan, qu
1077
s, s’exprime en sensations, et peut être traduite
à
la rigueur en formules de biochimie. De quoi s’agit-il donc ici ? Ent
1078
s totale, délicieuse et tragique à la fois. C’est
à
ce mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occ
1079
e, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir
à
jamais contagieux. Cela posé, considérons le mythe lui-même dans sa p
1080
l’être aimé dans sa réalité toujours irréductible
à
l’image idéale que la passion s’en fait. Cette image, étant idéale, d
1081
s’en fait. Cette image, étant idéale, doit rester
à
jamais fuyante, inaccessible. Mais la réalité est lourdement présente
1082
s l’Ange désiré. « Ce n’est pas amour, qui tourne
à
réalité », s’écrie un troubadour tardif, contemporain de nos légendes
1083
sans amour. Aux yeux du mythe, il est perdant. ⁂
À
ce premier aspect de notre légende : l’amour-passion triomphant du ma
1084
an. Retracer leur évolution du xiie siècle jusqu’
à
nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer
1085
é, voilant de poésie ses secrets religieux, jusqu’
à
son utilisation tout impudente, ou ignorante, ou inconsciente à des f
1086
ion tout impudente, ou ignorante, ou inconsciente
à
des fins de rendement commercial : comédies à succès sur le thème du
1087
nte à des fins de rendement commercial : comédies
à
succès sur le thème du triangle, roman pour midinettes et films de sé
1088
épuisés et que nous serons peut-être les derniers
à
subir son « tourment délicieux », selon l’expression célèbre de Thoma
1089
ation du mythe, au cours des siècles, inclinerait
à
des conclusions très pessimistes. Elle consisterait à montrer la dégr
1090
s conclusions très pessimistes. Elle consisterait
à
montrer la dégradation continue et, semble-t-il, irréversible, des ob
1091
semble-t-il, irréversible, des obstacles opposés
à
la passion. Or on sait que la passion vit d’obstacles, naturels ou sa
1092
eut devenant Madame Tristan ! C’est pourtant bien
à
cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est pl
1093
e le mariage n’est plus un lien sacré, adversaire
à
la taille de la passion ; et que, loin de provoquer celle-ci par ses
1094
’eût pas eu lieu. Si les derniers tabous viennent
à
céder, c’en sera fait de la passion. Que deviendront nos romanciers ?
1095
e cliché négatif de Tristan : la surprise opposée
à
la fidélité, l’excitation rapide au lieu de l’intensité, la noirceur
1096
it d’obstacles choisis, et que notre culture tend
à
les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là justement dont
1097
obstacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé
à
nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage qu
1098
barrage que notre condition d’êtres finis oppose
à
notre amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparati
1099
ion d’êtres finis oppose à notre amour d’un être,
à
l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, il est bien clair qu
1100
ils ont aussi bu l’Amour, un amour qui s’adresse
à
la part immortelle que lui seul pourra deviner, ou susciter dans l’au
1101
drame de la personne ainsi constituée se produit
à
l’aube de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la ren
1102
c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste
à
l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloi
1103
reliant un sommet au monde des Lumières infinies.
À
son entrée, se dresse devant l’âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune f
1104
du prochain ne s’en trouverait-elle pas éclairée,
à
son tour ? ⁂ Aimer le prochain « comme soi-même » suppose d’abord une
1105
iner l’ange, en soi-même et dans l’autre, l’aider
à
naître, et le rejoindre enfin dans le monde lumineux de la nostalgie.
1106
ux de la nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier
à
notre amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mo
1107
e l’Autre soit un Autre impénétrable ne tient pas
à
quelque interdit, à quelque tabou religieux, à quelque décret de la m
1108
tre impénétrable ne tient pas à quelque interdit,
à
quelque tabou religieux, à quelque décret de la morale que l’on pourr
1109
as à quelque interdit, à quelque tabou religieux,
à
quelque décret de la morale que l’on pourrait un jour abandonner, mai
1110
que l’on pourrait un jour abandonner, mais tient
à
l’être même, au fait de la personne. Nulle technique et nulle science
1111
ut aimer pour le comprendre, et rapporter l’amour
à
ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa f
1112
e image ordonnatrice de la passion. En restituant
à
notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première e
1113
nt bien mérité, mais de l’âme. ⁂ Comment résister
à
la tentation de comparer les versions modernes du mythe ? Il existe e
1114
l’on préfère — dont je citerai quelques exemples
à
la volée : Thomas et Mary Anglais remembrer (remémorer) = re
1115
yens d’expression. ⁂ Et cependant, tout étant dit
à
la louange des modernes complices-victimes-auteurs-recréateurs du Myt
1116
homas : « Puis il a dit trois fois : Amie Iseut !
À
la quatrième, il a rendu l’esprit. » (Bédier : « Il rendit l’âme. »)
1117
s qui nous jette au cœur du Mythe et qui demeure,
à
tout jamais, la plus poignante définition de la passion. 18. Cf. He
1118
Gallimard, Gallimard, 1973, p. 8-25. at. Préface
à
l’édition d’André Mary.
1119
Depuis quelques années, tout le monde s’est mis
à
parler d’interdisciplinarité. Pourquoi ? À cause de l’excès de spécia
1120
in de stériliser les recherches en les soumettant
à
leur rentabilité (économique, militaire ou idéologique), de scléroser
1121
de scléroser l’enseignement, en le faisant servir
à
la vanité académique, de ruiner les notions mêmes d’Université et d’u
1122
s d’Université et d’universalité (cette « version
à
l’unité », disait Claudel), et par suite de ruiner nos possibilités d
1123
t les produits de la pensée, devait nous conduire
à
l’idée d’interdisciplinarité. Qui veut dire quoi ? Beaucoup de choses
1124
ines ; b) l’application de nombreuses disciplines
à
un même objet. Exemples de a) ? L’exemple désormais classique de la f
1125
la cybernétique, dont on connaît les applications
à
la biologie, à la psychologie ou à la politologie autant qu’à l’autom
1126
, dont on connaît les applications à la biologie,
à
la psychologie ou à la politologie autant qu’à l’automation industrie
1127
s applications à la biologie, à la psychologie ou
à
la politologie autant qu’à l’automation industrielle. Exemples de b)
1128
e, à la psychologie ou à la politologie autant qu’
à
l’automation industrielle. Exemples de b) L’amour-passion. J’ai étud
1129
e pressenti que la forme d’amour que je cherchais
à
décrire ne pouvait être saisie par aucune de nos disciplines universi
1130
ce, là où il s’était constitué. Cela fut ressenti
à
l’époque comme le péché contre l’esprit (académique), la transgressio
1131
’est-il pas, en vertu même de son titre, condamné
à
la spécialisation ? En vertu même de l’objet de ses études, qui est l
1132
s études, qui est l’Europe, il me paraît condamné
à
l’interdisciplinarité de type b). L’Europe est un phénomène qui n’exi
1133
rtuel, dans son évolution. L’Europe n’apparaît qu’
à
leur carrefour, elle est définie par leurs intersections, et ses reli
1134
e recherches. La notion de régions fonctionnelles
à
base territoriale variable (syndicats intercommunaux transfrontaliers
1135
elles. Vous pratiquez donc l’interdisciplinarité,
à
l’IUEE ? L’interdisciplinarité requise par l’objet d’études ne peut e
1136
é requise par l’objet d’études ne peut exister qu’
à
des degrés très variables chez les sujets qui la pratiquent, enseigna
1137
De Genève
à
l’Europe par les régions (mars 1973)aw ax Plasticages en Bretagne,
1138
eu près inaperçus du grand public, quoi de commun
à
première vue, sinon le terme de « région » pris dans des sens très di
1139
nts ? Car si tous les États européens sont amenés
à
reconnaître l’existence d’un problème régional, celui-ci, selon les c
1140
régional en cette seconde moitié du xxe siècle :
à
la croissance si rapide de nos sociétés nationales, à leur excessive
1141
croissance si rapide de nos sociétés nationales,
à
leur excessive distension, répondent, quasi mécaniquement, la fragmen
1142
ent, la fragmentation, les coagulations locales ;
à
la vertigineuse uniformisation de collectivités urbaines agrandies ho
1143
ciation nécessaire Cette loi structurelle tout
à
fait générale me paraît gouverner, comme à leur insu, les entreprises
1144
e tout à fait générale me paraît gouverner, comme
à
leur insu, les entreprises régionalistes les plus diverses. Mais un p
1145
t la cause de nos guerres, mais l’obstacle majeur
à
l’union du continent, qui est le seul moyen d’échapper à la colonisat
1146
on du continent, qui est le seul moyen d’échapper
à
la colonisation de nos pays par l’appareil soviétique ou par l’économ
1147
n, les sociologues et les politologues se mettent
à
dénoncer l’État national centralisé, souverain et bardé de frontières
1148
manifestement trop petit pour jouer un rôle réel
à
l’échelle planétaire. Aucun de nos vingt-huit États européens ne peut
1149
follement imposer les mêmes limites territoriales
à
des réalités aussi hétérogènes que la langue parlée à la surface et l
1150
s réalités aussi hétérogènes que la langue parlée
à
la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie nouvelle et le t
1151
culier que celui des nations modèle xixe siècle.
À
mesure que les frontières dites « historiques » ou « naturelles » sel
1152
core que l’autre, si elle ne répondait en réalité
à
une prise de conscience européenne et d’horizon mondial. La conscienc
1153
’Europe et la reconnaissance de l’obstacle majeur
à
cette union que constituent les prétentions de l’État-nation à une so
1154
que constituent les prétentions de l’État-nation
à
une souveraineté sans limites (laquelle ne peut plus rien animer si e
1155
animer si elle peut encore tout bloquer) amènent
à
constater que si l’on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre sta
1156
mal comparables, voire contradictoires d’un pays
à
l’autre. Toutefois, si l’on considère l’ensemble de ces « cas spéciau
1157
nes leur séparation et leur rattachement immédiat
à
l’Europe fédérée de demain. II. Les plans d’aménagement du territoire
1158
au sein du Marché commun, dès 1961, et ont abouti
à
la création d’une Direction générale de la politique régionale. Là en
1159
rres et des traités, et qui ne correspondent plus
à
nulle réalité, ni ethnique ni économique. Sur toutes les frontières d
1160
t J.-F. Gravier, auteur d’un livre fameux qui fut
à
l’origine du néo-régionalisme en France : Paris et le désert français
1161
es ou bloquées par un cordon douanier qui ne sert
à
rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleur
1162
uées par un cordon douanier qui ne sert à rien ni
à
personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleurs de plus
1163
laire des travailleurs français ; 25 000 environ,
à
cette date, viennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en Fr
1164
000 environ, à cette date, viennent chaque matin
à
Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un r
1165
fin une région universitaire, qui va de Neuchâtel
à
Saint-Étienne et d’Aoste à Besançon, en passant par Fribourg, Lausann
1166
e, qui va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’Aoste
à
Besançon, en passant par Fribourg, Lausanne, Grenoble, Lyon et Genève
1167
lissements d’enseignement supérieur, densité tout
à
fait exceptionnelle, entre lesquels des liens spéciaux pourraient et
1168
instituer. Or cette région se trouve correspondre
à
l’aire du franco-provençal, entre la langue d’oc et la langue d’oïl,
1169
paralyser par la fiction, décidément indéfendable
à
tous points de vue, des frontières nationales héritées d’autres âges.
1170
mandie tout entière et, dans une mesure qui reste
à
déterminer, l’Isère, le Val d’Aoste et la Franche-Comté. L’avenir
1171
harger de la concertation continentale de régions
à
géométrie variable selon la fonction qui les définit. Voilà qui paraî
1172
nouveau problème : les délais nécessaires, quinze
à
vingt ans pour former une génération et créer les régions, ne sont-il
1173
tends sa colonisation par une hégémonie politique
à
l’Est, une hégémonie économique à l’Ouest ? La réponse dépend de nous
1174
monie politique à l’Est, une hégémonie économique
à
l’Ouest ? La réponse dépend de nous, non des astres. S’il est vrai, c
1175
omme je l’ai toujours pensé, que nous n’avons pas
à
prévoir notre histoire, mais à la faire. aw. Rougemont Denis de,
1176
e nous n’avons pas à prévoir notre histoire, mais
à
la faire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève à l’Europe par les
1177
la faire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève
à
l’Europe par les régions », Bulletin du Crédit suisse, Zurich, mars 1
1178
cette note : « M. Denis de Rougemont, né en 1906
à
Neuchâtel, dirige le Centre européen de la culture et l’Institut univ
1179
our la première. Il me disait un jour au Central,
à
Lausanne : « Entre nous, nous sommes fédéralistes, je veux bien dire
1180
unautaire correspondant aux dimensions des tâches
à
résoudre. Le chemin vicinal ressort de la commune, l’autoroute contin
1181
ela « dans la rue » ou « sur la place publique »,
à
la bonne heure ! Mais encore faut-il qu’elles existent, cette rue, ce
1182
poche. L’affaire Lip est déjà prévue, définie, et
à
mon sens résolue, dans la pensée du grand fédéraliste franc-comtois.
1183
etite pour se défendre seule, et chacune acharnée
à
rester seule, au nom d’une souveraineté de plus en plus mythique — ce
1184
n’a pas la moindre chance de résister d’une part
à
la colonisation idéologique, militaire et policière par l’État russe
1185
— voir les pays de l’Est européen —, d’autre part
à
la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par cer
1186
plus, une Europe divisée ne peut jouer aucun rôle
à
l’échelle mondiale. Elle ne peut que subir l’histoire faite par les a
1187
» ou Waldstätten, sises autour du col du Gothard,
à
seule fin de sauvegarder leurs vraies diversités, leur autonomie judi
1188
s, leur autonomie judiciaire, leur droit de vivre
à
leur manière, autrement dit, leur droit de différer. Or il se trouve
1189
l’Europe Ici, l’on bute sur l’obstacle majeur
à
toute union fédérale : l’État national de type jacobin et napoléonien
1190
nt-vingt pays dans le monde entier, l’État-nation
à
souveraineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais en fait toujo
1191
ngleterre et l’Espagne comptent, comme État, deux
à
cinq siècles au plus, selon les options politiques des historiens20.
1192
aconté que chacun de nos États-nations correspond
à
une langue, à une ethnie, à un ensemble à la fois économique, histori
1193
cun de nos États-nations correspond à une langue,
à
une ethnie, à un ensemble à la fois économique, historique et géograp
1194
ts-nations correspond à une langue, à une ethnie,
à
un ensemble à la fois économique, historique et géographique, défini
1195
x dans une cité universitaire, rien de plus. Mais
à
l’Université même, on ne parlait qu’en latin, et l’on ignorait tout d
1196
tionales » au sens moderne du mot. C’est ainsi qu’
à
la Sorbonne, vers 1260 — comme me le faisait observer un jour Étienne
1197
rmait une grande culture commune, bien antérieure
à
l’idée même d’État-nation. Mais, dira-t-on, le mot « nation » désigna
1198
vrai que nos stato-nations modernes correspondent
à
l’aire de diffusion d’une langue. Prenons la France : on parle huit l
1199
oïncider avec un État-nation, il faudrait annexer
à
la République fédérale outre l’Allemagne de l’Est, la Suisse alémaniq
1200
l y a l’affaire des frontières naturelles, chères
à
nos maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guer
1201
ent l’Espagne de la France, voilà qui est clair —
à
condition qu’un esprit fort (ou un naïf) ne remarque pas que l’on tro
1202
fort (ou un naïf) ne remarque pas que l’on trouve
à
l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et à
1203
aîne les mêmes Catalans sur les deux versants, et
à
l’ouest les mêmes Basques. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’o
1204
en des deux côtés au sud, français des deux côtés
à
la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allem
1205
et saint Paul, César, Trajan et Virgile. On sait
à
quel point ces trois traditions sont à la fois antinomiques et appare
1206
rd une culture, et que cette culture s’est formée
à
partir des mêmes influences indo-européennes, gréco-latines, chrétien
1207
à juives21, celtes et germaniques — et plus tard,
à
un moindre degré, arabes puis slaves — qui nous ont tous affectés, à
1208
arabes puis slaves — qui nous ont tous affectés,
à
doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le
1209
e la musique, de la mystique, de la peinture suit
à
peu de choses près les mêmes voies au travers de notre continent : de
1210
voies au travers de notre continent : de l’Italie
à
la Flandre et retour, par la Rhénanie et la Bourgogne, et de là d’un
1211
omme le disent trop souvent d’éloquents ministres
à
Bruxelles ou à Strasbourg, que ces « précieuses diversités » sont cel
1212
trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles ou
à
Strasbourg, que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nati
1213
? Je propose là-dessus deux observations faciles
à
vérifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun l’on t
1214
les de pensée et des styles de vie qu’on retrouve
à
divers degrés dans toutes nos nations. Supprimons les frontières nati
1215
yers de création sont les universités, de Bologne
à
Oxford, de Coimbra à Cracovie et de Tolède à Prague ; à la Renaissanc
1216
les universités, de Bologne à Oxford, de Coimbra
à
Cracovie et de Tolède à Prague ; à la Renaissance, les cités du Nord
1217
ogne à Oxford, de Coimbra à Cracovie et de Tolède
à
Prague ; à la Renaissance, les cités du Nord de l’Italie, des Flandre
1218
rd, de Coimbra à Cracovie et de Tolède à Prague ;
à
la Renaissance, les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bo
1219
it de la France un désert culturel, en mobilisant
à
Paris tous les esprits distingués qu’il n’avait pas bannis. Le grand
1220
ner : Europe politique = fédération continentale
à
partir des régions L’Europe que nous devons vouloir et qui est la s
1221
ennent et renforcent le principe. Je ne crois pas
à
une Europe des États-nations souverains, parce qu’on ne peut pas fond
1222
n sur l’obstacle par excellence et par définition
à
toute union. Je l’ai dit souvent : l’Europe des États, rêvée par de G
1223
assin écologique, ou avec une ethnie. Ces régions
à
géométrie variable se recouperont de diverses manières, sans presque
1224
é indépendante (jusqu’en 1848, date de l’adhésion
à
la Suisse) sont ma patrie. En tant que citoyen du canton de Neuchâtel
1225
nsembles — patrie, nation, langue — correspondent
à
trois territoires différents. Du point de vue religieux, je relève du
1226
que, ou juif, ou communiste.) Enfin, j’appartiens
à
une vingtaine de sociétés locales, régionales, continentales et mondi
1227
elever d’un seul pouvoir central qui les limitera
à
un seul territoire, je crierais au fou, — et ce fou serait Napoléon,
1228
is plus encore dans l’appropriation des personnes
à
la Vérité unique, dont nul n’est maître. Cette diversité, à la limite
1229
é unique, dont nul n’est maître. Cette diversité,
à
la limite, ruine toute Église en tant qu’institution, au même titre q
1230
ce séculaire montre suffisamment qu’il n’y a rien
à
attendre à cet égard des gouvernements comme tels, soit ecclésiastiqu
1231
ns Suite neuchâteloise : « Cela fait, au début et
à
la fin, pas mal de robes et de rabats » et entre-temps plus de deux s
1232
it des recherches généalogiques qui l’ont conduit
à
de surprenantes découvertes. Ce fils de pasteur compte parmi lointain
1233
n 1360. On trouve également un abbé de Rougemont,
à
Neuchâtel, en 1372. Quand la ville était principauté prussienne, Fréd
1234
sienne, Frédéric II, prince de Neuchâtel, a donné
à
Denis de Rougemont une lettre de reconnaissance de noblesse. Je suis
1235
taine. Sur les trente-deux ancêtres de votre père
à
la cinquième génération, vous comptez quatorze Neuchâtelois, un Holla
1236
uisse. Vous habitez en France. J’ai besoin d’être
à
cheval sur une frontière. Je sens les choses françaises comme si j’ét
1237
ntraire très suisse. Les Suisses étaient destinés
à
être des Européens. Votre vie intellectuelle commence à Paris ? Oui,
1238
des Européens. Votre vie intellectuelle commence
à
Paris ? Oui, j’y ai publié mes premiers livres. La France ou la Suiss
1239
isse ? Je me sentirais très mal si j’étais limité
à
l’une ou à l’autre. « Comment ne pas croire à l’influence des profess
1240
e sentirais très mal si j’étais limité à l’une ou
à
l’autre. « Comment ne pas croire à l’influence des professions hérédi
1241
ité à l’une ou à l’autre. « Comment ne pas croire
à
l’influence des professions héréditaires » ? C’est vous qui l’écrivez
1242
’est vous qui l’écrivez. Vous n’avez jamais songé
à
être pasteur ? Il est intéressant de savoir d’où l’on vient. Cela ne
1243
ais je suis tourné vers l’avenir. Avez-vous songé
à
l’Église ? Quand je suis parti pour Vienne, j’étais très loin de l’Ég
1244
pris que j’étais écrivain. J’avais lu un Paradis
à
l’ombre des épées, de Montherlant. J’ai écrit une critique que j’ai e
1245
herlant. J’ai écrit une critique que j’ai envoyée
à
une revue à Genève qui l’a publiée. Je n’en étais pas plus fier pour
1246
i écrit une critique que j’ai envoyée à une revue
à
Genève qui l’a publiée. Je n’en étais pas plus fier pour ça : je me v
1247
t scandale. J’ai été très influencé par lui jusqu’
à
l’âge de 18 ans. De votre mère ? À 97 ans, elle est comme un fil. Je
1248
par lui jusqu’à l’âge de 18 ans. De votre mère ?
À
97 ans, elle est comme un fil. Je lui ressemble physiquement. Elle vi
1249
gue, ma fille assistante du maître de conférences
à
l’Université de Paris. C’est amusant, car elle est enseignante et moi
1250
strialisées et bétonnées pour être « compétitives
à
l’échelle européenne ». Mais « compétitives » avec quoi ? — Avec les
1251
fait, les Savoyards se moquent bien que la région
à
laquelle on les a rattachés soit déclarée « compétitive » avec la Ruh
1252
ompétitive : l’adjectif ne saurait s’appliquer qu’
à
une firme. Dassault, Fiat, Péchiney peuvent être « compétitifs » avec
1253
peuvent être « compétitifs » avec ce qui se fait
à
Détroit, à Essen ou à Bâle, mais si une de ces firmes s’installait da
1254
re « compétitifs » avec ce qui se fait à Détroit,
à
Essen ou à Bâle, mais si une de ces firmes s’installait dans Rhône-Al
1255
itifs » avec ce qui se fait à Détroit, à Essen ou
à
Bâle, mais si une de ces firmes s’installait dans Rhône-Alpes, ce ser
1256
s grandes firmes et l’État central seraient seuls
à
se partager les avantages éventuels. La prétention compétitive serait
1257
phalen intéresse peut-être quelques statisticiens
à
l’échelon national (c’est-à-dire à Paris), mais ce qui intéresserait
1258
statisticiens à l’échelon national (c’est-à-dire
à
Paris), mais ce qui intéresserait les habitants de la région serait d
1259
llemagne se divise en Länder, l’Italie en régions
à
parlements élus, la Grande-Bretagne procède à une « dévolution » des
1260
ons à parlements élus, la Grande-Bretagne procède
à
une « dévolution » des pouvoirs de la capitale aux conseils locaux, e
1261
(encore que le pouvoir central entende l’imposer
à
sa manière). Ce ne sont là que signes avant-coureurs d’un phénomène b
1262
as contradictoire avec la tendance qui nous porte
à
la fédération du continent. Car seules les petites unités accepteront
1263
s mythes nationaux — tout nous pousse aujourd’hui
à
chercher des formes de communauté nouvelles ou renouvelées, utopiques
1264
ans la villa qu’occupait la délégation française,
à
Versoix. De la terrasse, il lui fit admirer le paysage, en précisant
1265
t, aimeraient faire autre chose que de poser huit
à
neuf-cents fois par jour les mêmes questions convenues (personne n’y
1266
rres et des traités, et qui ne correspondent plus
à
nulle réalité, ni ethnique ni économique. Sur toutes les frontières d
1267
es ou bloquées par un cordon douanier qui ne sert
à
rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleur
1268
uées par un cordon douanier qui ne sert à rien ni
à
personne, mais qui symbolise la « souveraineté » (d’ailleurs de plus
1269
laire des travailleurs français : 23 000 environ,
à
cette date, viennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en Fr
1270
000 environ, à cette date, viennent chaque matin
à
Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un r
1271
fin une région universitaire, qui va de Neuchâtel
à
Saint-Étienne et d’Aoste à Besançon, en passant par Fribourg et Lausa
1272
e, qui va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’Aoste
à
Besançon, en passant par Fribourg et Lausanne, Grenoble, Lyon et Genè
1273
lissements d’enseignement supérieur, densité tout
à
fait exceptionnelle, entre lesquels des liens spéciaux pourraient s’i
1274
nstituer. Or, cette région se trouve correspondre
à
l’aire du franco-provençal, insérée depuis le xe siècle entre la lan
1275
paralyser par la fiction, décidément indéfendable
à
tous points de vue, des frontières nationales héritées d’autres âges.
1276
mandie tout entière, et dans une mesure qui reste
à
déterminer, l’Isère, le Val d’Aoste et la Franche-Comté. ⁂ Il est fac
1277
as, c’est-à-dire des communes. Mais quoi, de 1815
à
1919, ces facteurs ancestraux de division n’ont nullement empêché la
1278
ue les cordons douaniers ne séparaient pas. C’est
à
partir du coup de force de Poincaré que tout s’est gâté. Et l’on a, s
1279
ité confessionnelle inversée (54 % de catholiques
à
Genève). Restent les seules frontières, les seuls cordons douaniers,
1280
ris, partout ailleurs indéfendables. Et demeurent
à
réconcilier les grands noms de la culture dans nos régions : Jean Cal
1281
leur inconscient. Avant que Genève ne fût annexée
à
la France, en 1798, Charles Pictet de Rochemont, le futur négociateur
1282
opuscules en dialecte savoyard. ⁂ C’est l’École,
à
ses trois degrés, qui nous a convaincus que nous étions différents au
1283
rés, qu’il faut refaire l’éducation des citoyens,
à
partir des réalités, qui sont locales et régionales d’abord, puis con
1284
Face
à
la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europ
1285
e politique commune, à cause de leurs prétentions
à
la souveraineté absolue, les voici tous livrés aux volontés de quelqu
1286
e à partir de nos vies quotidiennes, pour aboutir
à
une société organisée à l’échelle continentale. La formule de l’État-
1287
uotidiennes, pour aboutir à une société organisée
à
l’échelle continentale. La formule de l’État-nation est à bout de cou
1288
at-nation est à bout de course. Nous devons viser
à
la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédération à l’échel
1289
r à la fois par en haut, en créant une fédération
à
l’échelle continentale, et par en bas en organisant les régions. Les
1290
découper dans le terrain. On nous a trop appris,
à
l’école, à dessiner des pays comme des entités fermées. Sur nos « cro
1291
ans le terrain. On nous a trop appris, à l’école,
à
dessiner des pays comme des entités fermées. Sur nos « croquis », les
1292
y a aucune raison que ces fonctions correspondent
à
une seule et même aire géographique. Citez-nous un exemple. À l’Insti
1293
et même aire géographique. Citez-nous un exemple.
À
l’Institut universitaire d’études européennes, que je dirige, nous ét
1294
lémano-alpine. Nous avons distingué dans ce cadre
à
géométrie variable différentes régions, dont les aires géographiques
1295
n, de Cointrin, de la centrale nucléaire projetée
à
Verbois ; ou encore une région universitaire, qui va de Saint-Étienne
1296
une région universitaire, qui va de Saint-Étienne
à
Neuchâtel et de Besançon à Aoste, en passant par Lyon, Grenoble, Cham
1297
ui va de Saint-Étienne à Neuchâtel et de Besançon
à
Aoste, en passant par Lyon, Grenoble, Chambéry, Genève, Lausanne et F
1298
omment coordonner toutes ces activités régionales
à
l’échelle de l’Europe ? En créant au niveau continental des agences f
1299
certer et de prendre les décisions communautaires
à
l’échelle du continent. Quelque chose comme nos départements fédéraux
1300
s seuls partis, car ceux-ci ne correspondent plus
à
grand-chose aujourd’hui. Ce que je souhaite, personnellement, c’est l
1301
tant, c’est qu’il existe au-dessus des régions et
à
leur service une fonction proprement politique, d’arbitrage et d’équi
1302
re les différentes fonctions particulières. C’est
à
ce niveau qu’il faudrait un Conseil élu par le peuple européen et com
1303
z l’existence des États-nations comme une entrave
à
l’engagement des citoyens dans leurs communautés naturelles régionale
1304
ente, dont les rythmes de changement sont de cinq
à
dix ans, alors que nos frontières politiques ont été établies dans la
1305
r certains intérêts nationaux, mais, pour revenir
à
mon sujet, il me semble que rien ne les empêche de chercher à s’adapt
1306
il me semble que rien ne les empêche de chercher
à
s’adapter aux réalités régionales. … sans se faire l’avocat du diable
1307
sociétés multinationales profite essentiellement
à
ces dernières ! Certes, elles cherchent d’abord leur profit et c’est
1308
épète, rien ne les empêche d’accorder leur profit
à
celui d’une région, et certaines le font. Disons, pour résumer beauco
1309
gions, mais dans le cadre d’une politique commune
à
l’échelle continentale, la question se poserait en termes complètemen
1310
ement différents. Si les régions avaient leur mot
à
dire à propos de tout ce qui se passe sur leur territoire, par exempl
1311
n ! Devant les enseignants, vous avez reproché
à
l’école traditionnelle d’enseigner l’histoire et la géographie à part
1312
tionnelle d’enseigner l’histoire et la géographie
à
partir du seul cadre national, et vous avez suggéré que l’on parte pl
1313
s élèves. Vous vous souvenez qu’on vous apprenait
à
énumérer les affluents de l’Amazone, alors qu’on ne vous disait rien,
1314
le mieux, des curiosités les plus vite éveillées
à
son âge, celles qui concernent sa région, son économie, et aussi son
1315
s qu’elle a laissées dans nos vies, on arriverait
à
de meilleurs résultats « européens » sans faire la moindre propagande
1316
c’est une question vitale. Où est-elle sensible ?
À
l’échelle locale le plus souvent. L’empoisonnement des rivières, la p
1317
. Et à partir de ces réalités, on peut les amener
à
se poser des questions sur la vie réelle, sur l’économie et les resso
1318
es, et finalement sur les décisions qu’ils auront
à
prendre comme citoyens de leur région et de l’Europe des régions fédé
1319
! bg. Rougemont Denis de, « [Entretien] Face
à
la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europ