1
notamment pour introduire un angle de vision plus
européen
dans les programmes. Et alors, on se disait : « Qu’est-ce qu’il faut
2
’il faut faire ? Est-ce qu’il faut créer un poste
européen
de télévision ? » Ça sera très difficile d’abord de le créer, et de l
3
ots qui excluent l’unité. Pascal Il faut faire l’
Europe
, mais dans le respect des différences nationales, régionales et local
4
temps on l’appelle à se prononcer sur la question
européenne
. Je prendrai mon dernier exemple dans cette dépêche de Londres publié
5
onvaincues que leur premier devoir à l’égard de l’
Europe
, le moyen le plus sûr de contribuer à son unité, c’est-à-dire avant t
6
fois-ci à l’intégration totale dans un super-État
européen
. Cette deuxième « idée » du fédéralisme, inverse de la première mais
7
ait rassurer ceux qui voyaient dans la fédération
européenne
l’imposition d’un volapük universel. Mais à vrai dire, c’est l’idée m
8
rait alors désespérer de toute union vivante de l’
Europe
. Car il n’y a pas d’union et pas de vie possibles hors du paradoxe fo
9
’on veut. Pourtant, il serait fou d’espérer que l’
Europe
se fasse un jour dans l’histoire si elle ne se fait pas d’abord dans
10
8. 2. L’Avenir du fédéralisme, Paris, Presses d’
Europe
, 1964. Avec une préface d’Alexandre Marc. b. Rougemont Denis de, «
11
de, « Deux en un, ou le fédéralisme », 30 jours d’
Europe
, Paris, mars 1970, p. 22-23.
12
Ce que la Suisse peut apporter à l’
Europe
(19 mars 1970)c d On assiste depuis quelque temps à un effort de r
13
a meilleure voie pour une intégration future de l’
Europe
? Eh bien ! beaucoup de gens se figurent — surtout en Suisse — que c’
14
. Que ce qu’il y a de sérieux quand on parle de l’
Europe
, c’est uniquement l’économie. C’est une considérable illusion à mon s
15
appel aux Américains, à les laisser travailler en
Europe
et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire,
16
gnons à le faire, si nous pensons que le problème
européen
dépasse celui d’une simple organisation de notre économie, si nous ne
17
Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’
Europe
par d’autres voies que l’économie. On peut donc prévoir d’autres form
18
donc prévoir d’autres formes d’intégration pour l’
Europe
. Elles se dessinent au sein de la CEE, comme vous venez de l’explique
19
us même que la CEE à mon sens. L’intégration de l’
Europe
… disons, d’un mot moins savant, l’union de l’Europe doit s’opérer sur
20
rope… disons, d’un mot moins savant, l’union de l’
Europe
doit s’opérer sur tous les plans. Elle doit être sociale autant qu’éc
21
appris à l’école. Il n’y a qu’une grande culture
européenne
qui vient de nos ancêtres communs : grecs, romains, juifs, par le chr
22
ues, tout cela est complètement commun à tous les
Européens
. N’a jamais été l’apanage d’un seul de nos pays. Ne s’est jamais arrê
23
ndant tout le Moyen Âge, notamment, où la culture
européenne
existait bel et bien. Donc, sur cette unité de culture qui est commun
24
n. Car la seule union que je vois possible pour l’
Europe
, et la seule à laquelle la Suisse puisse adhérer de tout cœur, c’est
25
ar exemple — prenons les choses très en gros — en
Europe
, on fait depuis des siècles des tableaux de chevalet, des romans, des
26
emples, de la peinture religieuse. Ce n’est qu’en
Europe
que l’on a utilisé tous ces procédés tels que le sonnet, le tableau,
27
choses-là sont des créations communes à tous les
Européens
et rapprochent naturellement tous les artistes de l’Europe… … que l’o
28
rapprochent naturellement tous les artistes de l’
Europe
… … que l’on pourrait englober dans une forme de culture occidentale.
29
La Suisse a beaucoup à apporter dans l’union de l’
Europe
. Elle a à apporter ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue au cours de
30
, celle-là même qui pourrait servir de modèle à l’
Europe
. On rejoint la pensée de votre livre : La Suisse ou l’histoire d’un p
31
stoire d’un peuple heureux, où vous écrivez : « L’
Europe
fédérée reste la seule solution praticable. » Pensez-vous que la Suis
32
petite armée, encore que ce soit la plus forte d’
Europe
!)… que ce n’est pas une grande puissance comme les États-Unis ou la
33
e proposer une formule fédérale pour l’union de l’
Europe
. Car cette proposition-là, elle sortirait de toute son histoire, elle
34
parti minoritaire à jouer au sein de cette grande
Europe
… Prendre conscience … Non ! Elle aurait un rôle qui serait peut
35
serait de donner justement la formule de l’avenir
européen
. Naturellement, avant que la Suisse soit capable de le faire, de le p
36
des tâches qui sont de dimensions continentales,
européennes
, et que la raison, le bon sens et la formule suisse même veulent que
37
sabilités nouvelles qu’implique la formation de l’
Europe
puisqu’il manque d’initiative ? Qu’en sait-on ? Est-ce qu’on a jamais
38
mais demandé aux Suisses ce qu’ils pensaient de l’
Europe
et d’une intégration de l’Europe, d’une intégration, je dis bien, sel
39
s pensaient de l’Europe et d’une intégration de l’
Europe
, d’une intégration, je dis bien, selon la formule fédérale, la seule
40
la rue, quand on lui demande ce qu’il pense de l’
Europe
, répète naturellement ce qu’il a entendu dire à la radio, à la télévi
41
géographie, l’instruction civique, dans un esprit
européen
. Voilà qui va former de nouvelles générations, lesquelles seront comp
42
es seront complètement d’accord d’entrer dans une
Europe
unie. Elles trouveront même bien curieux que l’on ne l’ait pas encore
43
endre maintenant une belle initiative sur le plan
européen
. Et pour cela, je fais confiance au Conseil fédéral qui me paraît tou
44
« [Entretien] Ce que la Suisse peut apporter à l’
Europe
», Construire, Lausanne, 19 mars 1970, p. 3. d. Propos recueillis pa
45
tournant dans la politique suisse à l’égard de l’
Europe
? Cette question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons pa
46
se peut-elle jouer un rôle dans la formation de l’
Europe
? Pour y répondre, il fallait faire appel à un écrivain d’expression
47
e entier, à un citoyen suisse, à un pionnier de l’
Europe
unie. Ces qualités sont réunies dans la même personnalité. Je veux pa
48
de son métier propre. Et ce sont mes livres sur l’
Europe
et mon activité au Centre européen de la culture qui m’ont valu ce pr
49
de son œuvre consacrée à la promotion de l’esprit
européen
. Parmi cette œuvre, il faut notamment citer L’Aventure occidentale d
50
re occidentale de l’homme , Vingt-huit siècles d’
Europe
, Les Chances de l’Europe , L’Europe en jeu et La Suisse ou l’his
51
Vingt-huit siècles d’Europe , Les Chances de l’
Europe
, L’Europe en jeu et La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux .
52
siècles d’Europe , Les Chances de l’Europe , L’
Europe
en jeu et La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux . Doté d’une
53
FVS, à Hambourg, et est destiné à récompenser les
Européens
qui, par leurs travaux ou leurs recherches, se distinguent en contrib
54
nguent en contribuant à la réalisation de l’unité
européenne
. La remise du prix aura lieu le 15 avril prochain à l’Université de B
55
une allocution : “Res publica Europaea” (“La cité
européenne
”). »
56
auteur d’une phrase fameuse : « Il faut faire des
Européens
avant de faire l’Europe » ; comment y parvenir ? Le véritable centre
57
: « Il faut faire des Européens avant de faire l’
Europe
» ; comment y parvenir ? Le véritable centre de gravité de ma théorie
58
réelle. Je vous dirai donc qu’entre l’union de l’
Europe
et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
59
taine finalité ; quelle finalité trouvez-vous à l’
Europe
? Jusqu’à nous, voyez-vous, il fallait se battre pour survivre. Aujou
60
nauté vivante ? Il faut d’autre part épargner à l’
Europe
de se faire purement et simplement absorber par d’autres économies. C
61
evient à appliquer la méthode du fédéralisme. Une
Europe
divisée en régions aux frontières fonctionnelles, tenant compte de ce
62
e des décisions qui doivent être prises. Autant l’
Europe
des nations était simpliste, autant l’Europe des régions sera complex
63
nt l’Europe des nations était simpliste, autant l’
Europe
des régions sera complexe, mais combien plus simple à vivre ! Je vois
64
exe, mais combien plus simple à vivre ! Je vois l’
Europe
comme un grand jardin plein de surprises, mais un peu désordonné… Ne
65
sordre ! Quel dénominateur commun peut-il aider l’
Europe
à trouver cet ordre nouveau ? L’Europe a la chance d’avoir une cultur
66
il aider l’Europe à trouver cet ordre nouveau ? L’
Europe
a la chance d’avoir une culture. Je ne crois pas aux cultures nationa
67
ires opérées dans l’ensemble vivant de la culture
européenne
. On parle souvent d’une politique européenne commune comme dénominate
68
ture européenne. On parle souvent d’une politique
européenne
commune comme dénominateur commun : là aussi, je ne suis pas d’accord
69
l’art d’aménager les relations humaines », et en
Europe
l’art d’équilibrer tous les contraires, toutes les tensions, évitant
70
e toutes ces cellules qui font la complexité de l’
Europe
. On parle souvent d’helvétisation de l’Europe : pensez-vous que le mo
71
e l’Europe. On parle souvent d’helvétisation de l’
Europe
: pensez-vous que le modèle suisse soit le meilleur et qu’il soit via
72
soit le meilleur et qu’il soit viable à l’échelle
européenne
? Le système suisse, à mon avis, est excellent, hormis peut-être les
73
pas d’une originalité débordante. Unir les États
européens
en un corps politique assez puissant pour sauvegarder et garantir l’a
74
ngé avec l’avion. On peut dire que pratiquement l’
Europe
d’aujourd’hui est plus petite que ne l’était la Suisse à l’époque où
75
pas renier : je suis persuadé que le fédéralisme
européen
se construira grâce aux ordinateurs (pour répartir les tâches aux dif
76
ion pluraliste qui peut seul assurer la paix de l’
Europe
! Il me semble ainsi que l’idée européenne ait trouvé son climat auta
77
paix de l’Europe ! Il me semble ainsi que l’idée
européenne
ait trouvé son climat autant que son modèle en Suisse. L’anthologie d
78
que son modèle en Suisse. L’anthologie de l’idée
européenne
réserve d’ailleurs une place de choix à Rousseau, Constant, Robert de
79
erve mise par la Suisse à l’idée de l’intégration
européenne
, qui tient surtout à l’obstacle de sa neutralité ? La neutralité est
80
elle ne se justifierait plus en tout cas dans une
Europe
unie. Mais je verrais tout à fait une Suisse-district fédéral, siège
81
ict fédéral, siège de toutes les « agences » de l’
Europe
unie dont je vous parlais tout à l’heure. Il est vrai que le projet d
82
à l’heure. Il est vrai que le projet d’union de l’
Europe
a généralement passé pour chimérique en Suisse. Et jusqu’à présent, à
83
souvent en Suisse que la politique d’unification
européenne
vise à mêler les peuples pour éliminer peu à peu les caractéristiques
84
ques nationales et les remplacer par un sentiment
européen
. Il est clair qu’une Europe une et indivisible serait tout simplement
85
er par un sentiment européen. Il est clair qu’une
Europe
une et indivisible serait tout simplement une catastrophe pour la Sui
86
nise, je crois. Il est clair, en revanche, qu’une
Europe
fédérée, respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s’acco
87
de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’
Europe
future les avantages de la formule fédéraliste. Car je pense que prét
88
Qu’est-ce que la culture
européenne
? (juin 1970)j Dans le précieux recueil des textes Pour l’Europe,
89
0)j Dans le précieux recueil des textes Pour l’
Europe
, publié par Robert Schuman à la fin de sa vie, je lis ces mots qu’on
90
et qui servent de titre au deuxième chapitre : L’
Europe
, avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit ê
91
é d’une culture, de laquelle participent tous les
Européens
, qu’ils soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de c
92
là vient le dynamisme qui a porté la civilisation
européenne
sur tous les continents découverts tour à tour, conquis par nos avent
93
le pire. Héraclite donne la formule de l’unité
européenne
Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour
94
qu’il faut tenir pour la formule même de l’unité
européenne
: Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la p
95
en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’
Europe
comme patrie de la diversité. Si l’on me demande maintenant comment o
96
. Rougemont Denis de, « Qu’est‑ce que la culture
européenne
? », 30 Jours d’Europe, Paris, juin 1970, p. 21.
97
’est‑ce que la culture européenne ? », 30 Jours d’
Europe
, Paris, juin 1970, p. 21.
98
« L’
Europe
? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)k l Ce qui me fra
99
de Rougemont, en lisant votre Lettre ouverte aux
Européens
, c’est qu’à l’inverse du marxisme, vous attribuez à l’idée, à la cul
100
le déterminant, premier dans le devenir social. L’
Europe
est, en effet, avant tout pour moi une révolution culturelle. Si vous
101
tes les idées gaullistes ; le fameux cliché d’une
Europe
« de Gibraltar à l’Oural » s’y trouve déjà… Or, le monde a changé dep
102
us nous sommes dit : les institutions économiques
européennes
ne fonctionneront que si le politique le permet et le politique présu
103
est une culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’
Europe
. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, en réunissant d
104
dans le comité de la Campagne d’éducation civique
européenne
, un certain nombre d’associations d’enseignants. Nous avons pu démult
105
est de savoir comment introduire le point de vue
européen
dans l’enseignement, de créer de futurs citoyens de l’Europe. Actuell
106
l’enseignement, de créer de futurs citoyens de l’
Europe
. Actuellement, on a pu établir que la leçon d’instruction civique, so
107
mes déjà surchargés, mais de montrer que tout est
européen
, qu’il ne peut plus y avoir de perspective nationaliste. Les leçons t
108
s stages, nous cherchons à créer un état d’esprit
européen
chez les maîtres, ce qui permettra d’espérer un changement sérieux en
109
gement sérieux en une génération. La Journée de l’
Europe
, avec les rédactions qui sont faites par les élèves à cette occasion,
110
te occasion, montre qu’il y a progrès, que l’idée
européenne
est admise, qu’elle fait son chemin. Des enquêtes récentes, réalisées
111
ntré que le 65 % des gens est pour une fédération
européenne
. Si l’on examine les classes d’âge, on voit que le 75 % des partisans
112
ses d’âge, on voit que le 75 % des partisans de l’
Europe
a moins de 35 ans. L’idée européenne joue un grand rôle au niveau de
113
s partisans de l’Europe a moins de 35 ans. L’idée
européenne
joue un grand rôle au niveau de la jeunesse. Ne l’a-t-on pas constaté
114
syndicats. Ce manifeste demandait une fédération
européenne
fondée sur les réglons et les communes. Mai 68 a vu reparaître beauco
115
ment concevez-vous, concrètement, la « révolution
européenne
» ? Il faut créer des cadres civiques permettant la participation, me
116
ssités ressenties ont été de créer un laboratoire
européen
de recherche nucléaire et d’assurer une organisation coordonnée des f
117
s avez souvent affirmé qu’il fallait construire l’
Europe
sur les régions. Une telle conception ne va-t-elle pas compliquer à l
118
réalités socioéconomiques ? Il est certain que l’
Europe
des régions sera très complexe et diversifiée, d’autant plus que les
119
uperont pas nécessairement. Je pense qu’une telle
Europe
ne sera possible que par l’intermédiaire des ordinateurs. Il conviend
120
à votre avis, les obstacles à la réalisation de l’
Europe
? Le fédéralisme n’est pas possible dans une seule nation. L’État nat
121
va dans le même sens que le respect de l’autre. L’
Europe
devrait redevenir une sorte de jardin du monde ; c’est la raison pour
122
uaniers français d’une consternante médiocrité… L’
Europe
des esprits n’est pas encore, il s’en faut même de beaucoup, devenue
123
encore, il s’en faut même de beaucoup, devenue l’
Europe
réelle. Mais, au-delà des uniformes qui séparent, il nous reste, traç
124
gemont. k. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’
Europe
? Une révolution culturelle ! », Feuille d’Avis de Lausanne, Lausanne
125
L’
Europe
à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembr
126
ster Français, Suisse ou Italien, mais si on sera
Européen
ou une sorte de colonisé américain ou soviétique. Colonisé de manière
127
ont deux menaces virtuelles pour les nations de l’
Europe
désunie mais pas de même nature. Ce que j’appelle la colonisation po
128
ique est déjà un fait dans les pays de l’est de l’
Europe
, qui sont réellement colonisés… Et il n’est pas impensable, si nous c
129
6, on a vu que leur appel, leur espoir, c’était l’
Europe
. Vous vous rappelez que les derniers qui ont été tués dans le poste d
130
tués dans le poste de Radio Budapest appelaient l’
Europe
à leur secours. C’était extrêmement tragique parce que l’Europe n’éta
131
secours. C’était extrêmement tragique parce que l’
Europe
n’était pas là. Il n’y avait personne pour leur répondre. Et vous pen
132
actuellement, l’alternative : assujettissement ou
Europe
se pose en termes d’urgence cruciale ? C’est déjà un fait pour les pa
133
de divisions nationales, voire nationalistes, des
Européens
, les Américains auront beau jeu d’intervenir dans ce contexte sans au
134
ie. Vous voyez une quantité immense d’entreprises
européennes
qui sont contrôlées par le dollar, par le « know-how » américain sans
135
que les « États-Unis d’Europe » risquent d’être l’
Europe
des États-Unis ? Est-ce qu’une Europe unie ne faciliterait pas, au co
136
nt d’être l’Europe des États-Unis ? Est-ce qu’une
Europe
unie ne faciliterait pas, au contraire, la pénétration américaine ? J
137
nous sommes capables d’affirmer notre originalité
européenne
. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous en
138
r exemple, la qualité de la main-d’œuvre ouvrière
européenne
, de l’artisanat qui vit encore dans beaucoup de nos pays, qui se perd
139
couvertes des temps modernes ; tout a été fait en
Europe
, presque rien aux États-Unis. Ces derniers ont sur nous une seule sup
140
re en œuvre des découvertes toutes faites par les
Européens
; ils avaient eu comme supériorité les capitaux, la situation de guer
141
oduit national brut de chacun de nos pays ou de l’
Europe
dans son ensemble, au prix de la destruction de la nature ? C’est l’i
142
L’autre politique pour l’avenir est beaucoup plus
européenne
, par tradition : c’est l’attachement à un certain mode de vie. Qu’est
143
ation des objets ou un compte en banque. Pour les
Européens
, cela me paraît une très bonne direction d’évolution. L’Europe, qui a
144
me paraît une très bonne direction d’évolution. L’
Europe
, qui a hérité de civilisations comme la Grèce dominée par l’idée de n
145
is justement, il se trouve que dans tous les pays
européens
, pour une partie de la population, ce dilemme entre niveau de vie et
146
le monde. Mais on y viendra s’il y a une masse d’
Européens
telle qu’elle permettra d’envisager une véritable politique de produc
147
e de civilisation capitaliste qui se développe en
Europe
, qu’elle soit fédéraliste ou qu’elle en reste au stade des États-nati
148
autés. m. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’
Europe
à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? », Tribune
149
il considère que le fédéralisme constitue pour l’
Europe
la seule chance réelle de dépasser les contradictions et les affronte
150
distinguer comme l’un des animateurs de l’action
européenne
. Il jouera ainsi un rôle notable dans les congrès de La Haye, de Rome
151
es semaines un essai intitulé Lettre ouverte aux
Européens
, Denis de Rougemont a dressé une synthèse en forme de plaidoyer des
152
our lesquels il a toujours combattu. L’entreprise
européenne
a été trop longtemps dénaturée pour qu’un tel ouvrage ne soulève pas
153
par la certitude d’exprimer la seule issue pour l’
Europe
. Nous avons soulevé un certain nombre de ces problèmes et de ces obje
154
L’
Europe
à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1
155
(22 novembre 1970)o p Dans cette optique d’une
Europe
fédérale, comment appréciez-vous une entreprise comme celle du Marché
156
mique et cela ne couvre qu’une petite partie de l’
Europe
. Il faudra bien un jour qu’il y ait une agence fédérale européenne de
157
udra bien un jour qu’il y ait une agence fédérale
européenne
de l’économie ; il faudra qu’il y en ait d’autres qui s’occupent des
158
mesure, pourront avoir leur siège n’importe où en
Europe
. Le Marché commun est implanté à Bruxelles. Mais je vois très bien d’
159
Mais je vois très bien d’autres agences fédérales
européennes
, en Suisse par exemple. Dans mon livre La Suisse ou l’histoire d’un
160
de transformer la Suisse en district fédéral de l’
Europe
. Ce qui résoudrait beaucoup de questions, et notamment celle de la ne
161
mment la Suisse resterait-elle l’écart d’un Fonds
européen
d’écologie, par exemple ? Elle ne peut pas fermer ses frontières aux
162
Rhin. La Suisse est destinée à être au cœur de l’
Europe
et elle doit l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela si
163
aire que cela signifierait une helvétisation de l’
Europe
. L’Europe fédérale serait une sorte de Suisse grande échelle ? Pour c
164
ela signifierait une helvétisation de l’Europe. L’
Europe
fédérale serait une sorte de Suisse grande échelle ? Pour cela il fau
165
denhove-Kalergi, qui a lancé le premier mouvement
européen
Vienne en 1923, disait récemment : « On parle toujours des difficulté
166
s des difficultés qu’a la Suisse pour adhérer à l’
Europe
. Pourquoi ne parlerait-on pas de l’autre difficulté qui est beaucoup
167
qui est beaucoup plus intéressante : celle qu’a l’
Europe
pour adhérer à la Suisse ? » De ce point de vue, la Suisse ne perdrai
168
ne perdrait rien en entrant dans une construction
européenne
. Ce serait le triomphe de son Idée, au sens platonicien du terme. Pou
169
modalités de ce que vous appelez l’adhésion de l’
Europe
à l’Idée suisse ? Quand je parle de l’adhésion de l’Europe à l’Idée s
170
l’Idée suisse ? Quand je parle de l’adhésion de l’
Europe
à l’Idée suisse, j’entends par « Idée suisse » le véritable fédéralis
171
alisme va de la commune aux entreprises jusqu’à l’
Europe
puis au monde. C’est là une chose nouvelle car elle n’a jamais été ap
172
unautés. En fait, mon modèle de gouvernement de l’
Europe
reproduit le Conseil fédéral suisse. Qu’est-ce que le Conseil fédéral
173
a me paraît un modèle parfaitement valable pour l’
Europe
et qui pourrait donner des résultats considérables, à l’échelle du co
174
ur vie civique, c’est une transformation du cadre
européen
qui peut aller très loin. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’E
175
s loin. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’
Europe
à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse », Tribune de
176
us aujourd’hui d’autre choix que celui de faire l’
Europe
ou alors d’accepter de devenir une sorte de satellite, des États-Unis
177
se trouvent aujourd’hui confrontés les pays de l’
Europe
industrialisée : continuer la course effrénée et suicidaire au niveau
178
d’un mode de vie qui soit conforme aux traditions
européennes
. Dans la suite de l’entretien que nous publions aujourd’hui, Denis de
179
t s’insérer dans ce processus d’édification d’une
Europe
fédérale. De telles réflexions ne sauraient mieux venir propos, au mo
180
ropéen de la culture. Dans ma Lettre ouverte aux
Européens
, je donne un programme, pour les vingt ans qui viennent, de l’avant-
181
pour les vingt ans qui viennent, de l’avant-garde
européenne
. C’est donc un livre plus politique. Dans Le Cheminement des esprits
182
’action culturelle que suppose la fédération de l’
Europe
telle que je l’entends. Recherches et action qui portent sur l’éducat
183
tous ces cas, on passe de la région à l’ensemble
européen
. Dans les régions, dans les centres locaux se sont créées toutes les
184
éées toutes les écoles qui ont fait la culture en
Europe
et c’est dans l’ensemble de l’Europe que se sont établis les grands c
185
a culture en Europe et c’est dans l’ensemble de l’
Europe
que se sont établis les grands courants de l’art et de la pensée, de
186
elles tellement de liens qu’on s’apercevra que l’
Europe
« s’est faite ». Les liens entre les régions seront devenus plus soli
187
-là, il suffira d’installer des agences fédérales
européennes
sur le modèle des départements fédéraux suisses. Chaque type de régio
188
de la culture contribue-t-il à la création d’une
Europe
unie ? Le Cheminement des esprits donne une idée du travail du CEC
189
guildes, les directeurs d’instituts de recherches
européennes
, les directeurs de festivals de musique, car il est plus facile d’ass
190
Estimez-vous que vos idées sur la fédération de l’
Europe
ont fait du chemin dans les esprits ces dernières années ? Oui, elles
191
favorable aux États-Unis d’Europe, et 75 % de ces
Européens
sont des jeunes. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Un et le D
192
re, deux ouvrages de Denis de Rougemont, un grand
Européen
que l’on peut placer à côté de Robert Schuman et de Jean Monnet. Ce s
193
té à une phrase de Robert Schuman : “L’unité de l’
Europe
ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
194
uniquement ni principalement par des institutions
européennes
; leur création suivra le cheminement des esprits. » Les textes recue
195
discours solennel » devant tous les recteurs de l’
Europe
à l’interview improvisée pour une revue de militants. Chacun marque u
196
de leurs élites responsables. Cheminement vers l’
Europe
fédérée : il s’agit de surmonter les obstacles à l’union, qui sont d’
197
es problèmes de niveau de vie, la fédération de l’
Europe
devient alors la condition d’un nouveau mode de vie, plus libre et ri
198
elle. La région seule nous permettra de « faire l’
Europe
», sur la base de ses réalités, et nous offrira seule les structures
199
désirs, à la rencontre d’un appel qui vient de l’
Europe
et de l’humanité solidaire. La région ne saurait donc être imposée d’
200
ul besoin d’être, comme on le répète, « de taille
européenne
» — ce qui ne veut strictement rien dire hors du jargon de la guerre
201
, les cloches de la délivrance : c’est cela que l’
Europe
vient de vivre ! Nuit blanche. Trois actes se composent. Au matin j’a
202
ida un temps le Comité du Centre : « L’unité de l’
Europe
ne se fera ni uniquement, ni principalement par des institutions euro
203
niquement, ni principalement par des institutions
européennes
; leur création suivra le cheminement des esprits. » Or cheminer, sel
204
discours solennel » devant tous les recteurs de l’
Europe
à l’interview improvisée pour une revue de militants. Chacun marque u
205
de leurs élites responsables. Cheminement vers l’
Europe
fédérée : il s’agit de surmonter les obstacles à l’union, qui sont d’
206
es problèmes de niveau de vie, la fédération de l’
Europe
devient alors la condition d’un nouveau mode de vie, plus libre et ri
207
Denis de, « Le cheminement des esprits », Bâtir l’
Europe
unie : témoignages recueillis par l’Association des amis de Robert Sc
208
Quand Paul Martin voulait faire courir l’
Europe
(1971)u Ma première rencontre avec Paul Martin s’est produite sur
209
ulture —, proposer que nous lancions une « Charte
européenne
» et un « Brevet européen du sportif ». Faire l’Europe dans les sport
210
lancions une « Charte européenne » et un « Brevet
européen
du sportif ». Faire l’Europe dans les sports aussi — tous plus ou moi
211
e » et un « Brevet européen du sportif ». Faire l’
Europe
dans les sports aussi — tous plus ou moins atteints de chauvinisme vo
212
initiative, et si rondement menée vers son destin
européen
, devait cependant échouer — en dépit des appuis les plus efficaces de
213
nnonçant la création par ce dernier d’un « Brevet
européen
du sportif ». On m’en communiquait le texte « pour mon information, p
214
is de, « Quand Paul Martin voulait faire courir l’
Europe
», Hommage à Paul Martin, s. l., 1971, p. 41.
215
L’
Europe
est d’abord une unité de culture (1971)x y Je pars de ce qui me pa
216
araît une évidence majeure : il nous faut faire l’
Europe
afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vite : ni moujiks ni ya
217
ons, pour aller vite : ni moujiks ni yankees. Une
Europe
divisée en vingt-cinq nations, chacune trop petite pour se défendre s
218
une souveraineté de plus en plus mythique — cette
Europe
divisée n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonis
219
cière par les Russes — je songe aux pays de l’Est
européen
—, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutume
220
nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’
Europe
ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectue
221
versités et des autonomies politico-sociales. Une
Europe
unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de la faire : Napoléon
222
e fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’
Europe
, est en même temps la seule formule européenne pratiquement acceptabl
223
pour l’Europe, est en même temps la seule formule
européenne
pratiquement acceptable pour la Suisse. Tout serait parfait, n’était
224
oïncident avec son extension. Vous croyez que les
Européens
sont trop différents les uns des autres pour s’unir et qu’on ne pourr
225
: il n’y a pas de cultures nationales. La culture
européenne
n’est pas la somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle exi
226
es colonies d’étudiants venus d’une même région d’
Europe
et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamand
227
ogrammes dessinés dans la paume de leur main, les
Européens
retrouvent sans peine dans toutes leurs langues non seulement toutes
228
e des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’
Europe
est un fait que personne ne conteste — à part nos bons nationalistes.
229
voir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’
Europe
comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europ
230
e de nations en teintes pâles, et la culture de l’
Europe
comme une addition de prétendues « cultures nationales » bien distinc
231
vinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’
Europe
a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire
232
avec le chant grégorien — premier langage musical
européen
— au vie siècle en Italie ; s’enrichit aux couvents de Jumiège, puis
233
xixe siècle, le centre de gravité de la musique
européenne
se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Ba
234
des nations au sens moderne. Les grands courants
européens
, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre cultu
235
ontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’
Europe
une et diverse, et vous ne risquerez pas un instant de créer ce fameu
236
. Seconde observation : la création culturelle en
Europe
est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et q
237
d secret de la vitalité inégalée de notre culture
européenne
, il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants contin
238
égionaux, et ouverture à tous les grands courants
européens
— en sautant le stade national : voilà l’Europe de la culture, voilà,
239
uropéens — en sautant le stade national : voilà l’
Europe
de la culture, voilà, identiquement, la Suisse. Si maintenant je tran
240
e en termes politiques mon équation culturelle :
Europe
de la culture = courants continentaux et foyers locaux cela va donne
241
continentaux et foyers locaux cela va donner :
Europe
politique = fédération continentale et régions. La fédération au-dess
242
théories et des pratiques stato-nationalistes. L’
Europe
que nous voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et probléma
243
renforcent le principe. Nous ne croyons pas à une
Europe
des États-nations souverains. Je l’ai souvent dit : ce serait une ami
244
isanthropes, mais alors il n’y a pas d’amicale. L’
Europe
que nous voulons sera fédérale — ou alors elle ne se fera pas sérieus
245
r nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays
européen
qui n’ait pas pris la forme d’un État-nation au siècle dernier. Le se
246
lemand Karl Jaspers n’hésita pas à déclarer que l’
Europe
n’avait plus le choix qu’entre deux solutions : la balkanisation et l
247
enne au sérieux. Ce sera « dans les intérêts de l’
Europe
entière », pour reprendre une formule célèbre, qui désignait notre ne
248
notre intervention. x. Rougemont Denis de, « L’
Europe
est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahreshefte
249
italien et néerlandais : « À l’union fédérale des
Européens
, l’État-nation oppose le dogme sacro-saint de sa souveraineté illimit
250
tion commune et trois fois millénaire de tous les
Européens
. Ses grands courants, écoles et styles relient des foyers locaux ou r
251
L’héritage culturel de l’
Europe
(1971)t Tout héritage du passé est porteur d’avenir. Il est cette
252
guons donc trois sens possibles, du moins pour un
Européen
, de l’expression héritage culturel. 1. Il représente d’abord la somm
253
grand nombre de chances spécifiques proposées aux
Européens
, et dont ils peuvent tirer de libres créations ou ne rien faire, mais
254
ais en partie subi. Devant l’immensité de l’offre
européenne
et ses complexités au moins trimillénaires, nous sommes bien obligés
255
me (matériel ou moral), nous deviendrons de vrais
Européens
. Les dimensions de l’héritage La bourgeoisie occidentale (et tou
256
anète, entre le sol et les nuages. La culture des
Européens
, qui est leur véritable unité, est à la fois la somme et le produit c
257
onuments et de paysages. (Presque tout le paysage
européen
est un fait de culture au sens que je viens de noter.) Et non seuleme
258
érotique arabe : voilà la poésie et le roman de l’
Europe
. Ils auront contre eux, dès le départ, contre leur conception du mond
259
empiristes logiques, ou marxistes. Tout cela est
européen
. Tout cela est culturel ou je ne sais pas ce que c’est. Et tout cela
260
ibles sans relâche rythmé et rompu par la culture
européenne
. Un très grand nombre de combinaisons, voire de permutations des élém
261
étester, ils sont dans le droit fil de l’héritage
européen
; Hitler et Staline en travers. Les deux mémoires Mais ces gran
262
monieux ou non, conscient ou non, le rapport d’un
Européen
à la culture européenne — notre seule unité fondamentale, répétons-le
263
ent ou non, le rapport d’un Européen à la culture
européenne
— notre seule unité fondamentale, répétons-le — n’est pas exceptionne
264
prétendre que leur diversité empêche l’union de l’
Europe
. Orgueils, craintes et prétextes également vains. Car la « pureté » d
265
raison, précisément, dans la variété des sources
européennes
qui ont fait l’anglais : la base germanique, les apports scandinave p
266
ue enfin. Et il ajoute : « Quand les nations de l’
Europe
sont coupées les unes des autres, et que les poètes ne lisent plus d’
267
nations », qui ne peut se faire que dans le cadre
européen
. Car des vraies « nations » ou régions ne seront vraiment elles-mêmes
268
une « culture nationale », ou un microcosme de l’
Europe
, mais seulement un ensemble d’œuvres composées d’éléments empruntés à
269
ur. Rien de plus commun à toutes les nations de l’
Europe
que leur désir de se trouver une vocation originale. Rien de plus car
270
ginale. Rien de plus caractéristique du véritable
Européen
que sa volonté de n’être pas comme son voisin, de ne ressembler à auc
271
lande, et à vingt autres fleuves et rivières de l’
Europe
. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit notre « mère l’Europe » — com
272
limite, osons le dire : l’héritage culturel de l’
Europe
oblige tous ses bénéficiaires au génie pur, qui est d’être malgré tou
273
t d’être malgré tout dans le tout. Chaque homme d’
Europe
est une dramatis persona qui crée son rôle avec plus ou moins de bonh
274
choix, d’autre part, font nécessairement tort à l’
Europe
idéale et théoriquement orthodoxe, qui serait non pas la somme de tou
275
uelques exemples de limitations héritées par tout
Européen
moyen, dans la mesure exacte où il reste tributaire de son programme
276
ie cloisonne et appauvrit. Elle existe partout en
Europe
, des Bleus et des Verts de Byzance aux « sportifs » des cinq continen
277
empires de l’Afrique noire et des Aztèques. 2. L’
Européen
moderne (produit des sources grecque, romaine et judéo-chrétienne, en
278
ù les dévastations planétaires que l’on sait. Les
Européens
ne sont pas plus cruels et violents que les Asiates ou les Noirs, loi
279
u xiiie siècle et l’idéologie au xixe siècle, l’
Européen
moyen abdique sa liberté devant « ceux qui savent » mais il croit mie
280
ne donne qu’une faible et trop aimable idée. 4. L’
Européen
romanisé, organisé, étatisé depuis des siècles, ne peut guère plus co
281
ahison, si longtemps arrogante, de l’esprit. 5. L’
Européen
moyen hérite de son histoire mille raisons de mépriser l’Histoire et
282
t aux éléments libérateurs de l’héritage culturel
européen
, ils sont trop connus et trop souvent exaltés pour qu’il me soit beso
283
a Chine de Mao. Mais c’est bien à tout cela que l’
Europe
a dû ses pouvoirs d’invention, d’innovation, d’expansion planétaire,
284
e la foi jurée. Tout cela peut permettre à chaque
Européen
de dépasser un jour, fût-ce d’une manière infime — mais décisive, pui
285
. Rougemont Denis de, « L’héritage culturel de l’
Europe
», Mémoires de l’Europe, Paris, Laffont, 1971, p. 1-4.
286
L’héritage culturel de l’Europe », Mémoires de l’
Europe
, Paris, Laffont, 1971, p. 1-4.
287
tice (4 février 1971)z aa « Dans notre société
européenne
, depuis le xiie siècle, les femmes ont été l’agent principal de civi
288
création de la poésie, de la vraie littérature en
Europe
, et il y a donc un lien tout à fait évident entre la culture, la civi
289
le rôle civilisateur de la femme dans les pays d’
Europe
. Mais la femme n’avait-elle pas plutôt un rôle d’inspiratrice, un rôl
290
morale, c’est par les femmes que cela se fait en
Europe
. C’est très important et on l’oublie toujours. D’ailleurs, je reproch
291
hanalyser le Suisse Est-ce propre à la culture
européenne
? D’autres civilisations n’ont pas accordé le même poids au rôle de l
292
le de la femme. Je pense que c’est spécifiquement
européen
, parce que notre civilisation est fondée sur cette idée de la famille
293
ait bientôt se révéler comme étant le cancer de l’
Europe
et du monde ». Enfin, citant les dispositions de la Constitution sov
294
ncept de région, clé de la révolution fédéraliste
européenne
, Arnaud Dandieu aura tenu une place proprement décisive : il a posé l
295
Arnaud Dandieu, la révolution et les régions », L’
Europe
en Formation, Nice, mars 1971, p. 11-12.
296
ètes d’un grand nombre d’activités culturelles en
Europe
, et tout d’abord l’enseignement des principales disciplines tradition
297
anc, Pyrénées basques, Oural). Histoire Une
Europe
merveilleusement nouvelle naîtra de l’étude honnête du passé systémat
298
a France de Robert Lafont.) Toute l’histoire de l’
Europe
étant à refaire de fond en comble, après un siècle et demi de falsifi
299
ue des régions dans l’ensemble socioculturel de l’
Europe
tel qu’il s’est composé pendant trois millénaires. Instruction civ
300
ette double donnée de base : — les grands styles
européens
, puis mondiaux, du roman et du gothique au Bauhaus et à « l’architect
301
e, « Les régions et la civilisation », 30 Jours d’
Europe
, Paris, mars 1971, p. 35-36.
302
L’Amour et l’
Europe
: L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)ad ae
303
système est sérieux ? Dans ma Lettre ouverte aux
Européens
j’ai écrit que l’Europe, c’est 480 millions d’Européens qui s’ignore
304
a Lettre ouverte aux Européens j’ai écrit que l’
Europe
, c’est 480 millions d’Européens qui s’ignorent, et que la condition d
305
ns j’ai écrit que l’Europe, c’est 480 millions d’
Européens
qui s’ignorent, et que la condition de notre survie, c’est de nous un
306
es slogans totalitaires ! Le meilleur de l’esprit
européen
est né, je crois, de cette formule du premier philosophe grec, au vie
307
. On trouve cette intuition dans toute la culture
européenne
, des conciles de Nicée et de Chalcédoine jusqu’à Hegel et Proudhon. S
308
uple ? Dans mon action en faveur d’une fédération
européenne
, j’ai défini le fédéralisme comme la coexistence en tension de réalit
309
débat à la radio : « Ne craignez-vous pas que les
Européens
ne soient trop différents les uns des autres pour jamais pouvoir s’un
310
st absolument fondamental dans la vie de tous les
Européens
, même s’ils n’ont jamais lu une ligne de l’histoire de Tristan. La pa
311
nelle dans le monde, car c’est une invention de l’
Europe
. L’Asie l’ignore en toute sérénité, l’Amérique la déprime et la Russi
312
c’est de là que viennent toutes nos littératures
européennes
et tous les lieux communs de l’amour tel qu’on le chante, tel qu’on l
313
que nous le concevons a inspiré tous les arts en
Europe
, mais il ne vaut rien pour cette œuvre d’art qu’est le couple. C’est
314
. Et c’est une invention spécifique de la culture
européenne
. Et que se passe-t-il dans les autres civilisations ? Je n’ai rien tr
315
. L’amour, l’érotisme et la sexualité ont créé en
Europe
une problématique à peu près unique au monde : ils ne peuvent pas dev
316
’être envoyé en Amérique… où j’allais découvrir l’
Europe
. Comment cela ? On prend conscience des choses quand on les perd. Je
317
on intellectuelle de l’Amérique sous l’impact des
Européens
immigrés. En 1922, quand je suis allé aux États-Unis pour une tournée
318
depuis lors est dû en bonne partie à l’afflux des
Européens
, notamment ceux que Hitler a chassés. » Dans quelles circonstances av
319
cheveux longs ! Nous avons parlé de l’union de l’
Europe
. Il m’a dit : « Vous êtes bien optimiste. Cela prendra un temps fou.
320
s ce qui l’avait permis, donc l’idée de « faire l’
Europe
». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était ir
321
e ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre
Européens
, c’était irrésistible. Il y avait là Marcel Duchamp, André Breton, et
322
Aucun de nous n’était certain de jamais revoir l’
Europe
. J’écrivais deux textes par jour pour « La Voix de l’Amérique parle a
323
e partie de votre vie à la cause d’une fédération
européenne
. Mais l’Europe est loin d’être faite. Ne craignez-vous pas d’avoir pe
324
ie à la cause d’une fédération européenne. Mais l’
Europe
est loin d’être faite. Ne craignez-vous pas d’avoir perdu votre temps
325
s de l’action. Je crois que nous pourrons faire l’
Europe
d’ici à vingt ans sur la base des régions, au-delà des nationalismes.
326
smes. Je constate d’ailleurs que les doutes sur l’
Europe
et la vitalité de sa culture n’existent que dans l’esprit des intelle
327
re n’existent que dans l’esprit des intellectuels
européens
, et pas ailleurs. Car l’Europe, aujourd’hui, y compris les pays de l’
328
s intellectuels européens, et pas ailleurs. Car l’
Europe
, aujourd’hui, y compris les pays de l’Est, c’est 480 millions d’homme
329
480 millions d’hommes. Alors, vous comprenez, « l’
Europe
écrasée entre les deux Grands », c’est une plaisanterie, car en addit
330
lions d’Américains, on n’arrive pas même au total
européen
. Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons s
331
e. Mais alors sur quelle base voulez-vous faire l’
Europe
? Parmi tous ceux qui bâtissaient l’Europe, économistes du Marché com
332
aire l’Europe ? Parmi tous ceux qui bâtissaient l’
Europe
, économistes du Marché commun, hommes politiques, universitaires, je
333
on, qualifiant et orientant l’union possible de l’
Europe
sur la base de l’unité culturelle, qui s’est formée tout en fondant l
334
té culturelle, qui s’est formée tout en fondant l’
Europe
, depuis deux ou trois millénaires, et qui caractérise la société euro
335
trois millénaires, et qui caractérise la société
européenne
. D’autres cherchent à bâtir l’Europe de l’économie ; moi, j’ai cherch
336
société européenne. D’autres cherchent à bâtir l’
Europe
de l’économie ; moi, j’ai cherché celle des valeurs et celle des homm
337
e ? Je ne donne une place ni grande ni petite à l’
Europe
: je dis ce qu’elle est parmi les vingt-deux ou vingt-trois civilisat
338
lisations qu’énumère Toynbee. « Tout est venu à l’
Europe
, et tout en est venu, ou presque », disait Valéry. C’est vrai : toute
339
iques et littéraires. Cela ne veut pas dire que l’
Europe
soit moralement supérieure aux autres civilisations ; elle a déclench
340
e qu’il n’y a pas eu Hitler, Staline, Guernica… L’
Europe
est une unité complexe, pétrie de contradictions, qui sont dues à la
341
la révolution, qui est, elle aussi, une invention
européenne
. Ailleurs, il n’y a jamais eu, avant le contact avec notre culture et
342
l’Amérique.” Or l’Amérique est une invention de l’
Europe
. Où trouvez-vous des valeurs neuves dans ce périple ? Le marxisme ? A
343
est le produit spécifique des contradictions de l’
Europe
au xixe siècle. » Pourquoi, selon vous, n’est-ce pas encore fait, la
344
lon vous, n’est-ce pas encore fait, la fédération
européenne
? D’abord, parce qu’on est parti sur le mauvais pied, en essayant de
345
Churchill, qui, lui, voulait des « États-Unis » d’
Europe
en vue de créer une puissance nouvelle sur la base des États-nations.
346
ance nouvelle sur la base des États-nations. Or l’
Europe
ne pourra se fédérer que par la volonté délibérée des Européens, et n
347
ourra se fédérer que par la volonté délibérée des
Européens
, et non pas par une espèce de complot des gouvernements. Vous ne croy
348
s. Je connais un Breton qui a fait un livre sur l’
Europe
régionaliste… Eh bien, il a dû se réfugier en Irlande ! Pour vous, au
349
de ce que pensent les ministres, on ne fera pas l’
Europe
sans casser des œufs. Il nous faut entreprendre délibérément cette ré
350
s et culturelles qui formeront peu à peu un tissu
européen
: il faut faire de l’Europe avant de faire l’Europe. Ce tissu se révé
351
peu à peu un tissu européen : il faut faire de l’
Europe
avant de faire l’Europe. Ce tissu se révélera d’ici à vingt ans, ou a
352
péen : il faut faire de l’Europe avant de faire l’
Europe
. Ce tissu se révélera d’ici à vingt ans, ou avant, plus solide et plu
353
s régions qui jouent un rôle créateur et actif, l’
Europe
sera pratiquement faite. Mais n’est-ce pas mettre la charrue devant l
354
. Vous restez donc optimiste en ce qui concerne l’
Europe
? Les statistiques sur l’idée européenne me permettent de rappeler ce
355
i concerne l’Europe ? Les statistiques sur l’idée
européenne
me permettent de rappeler cette phrase un peu cynique de Louis Armand
356
Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier de l’
Europe
. Comment voyez-vous l’avenir ? Je crois au progrès. Je l’ai décrit, d
357
. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Amour et l’
Europe
: L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont », L’Express, Paris, 1
358
ce qu’il est, depuis vingt ans, le pionnier d’une
Europe
fédérée. Son dernier ouvrage, Lettre ouverte aux Européens (Albin M
359
fédérée. Son dernier ouvrage, Lettre ouverte aux
Européens
(Albin Michel), vient de recevoir le prix Robert Schuman. L’amour et
360
de recevoir le prix Robert Schuman. L’amour et l’
Europe
ont-ils de l’avenir ? Et lequel ? Denis de Rougemont va “plus loin” a
361
art du diable . Il en parlera d’ailleurs, et de l’
Europe
— sa grande idée — dans l’émission que lui consacrent les services de
362
sse conseillerait la prudence et la lenteur aux «
Européens
trop pressés ». Il aurait fallu, nous dit-on, six-cents ans pour mûri
363
n suisse, et vous, vous prétendez faire la grande
Europe
en dix ans ? La vérité historique, c’est qu’il a fallu cinq à six siè
364
paraîtrait susceptible de faciliter l’union de l’
Europe
d’aujourd’hui, comme elle a rendu possible la fédération si rapide de
365
a bien réussi. Et j’observe qu’un pouvoir fédéral
européen
, constitué selon la même formule, serait seul capable de garantir eff
366
spèrent temporaire, je pense que les fédéralistes
européens
peuvent accepter le mot s’il facilite la chose, — quelles que soient,
367
ons des hommes d’État. Ceci dit, les fédéralistes
européens
ne sauraient se contenter du modèle suisse transposé à l’échelle euro
368
contenter du modèle suisse transposé à l’échelle
européenne
, c’est-à-dire du passage probable de la future confédération d’États
369
la future confédération d’États à un État fédéral
européen
. Car, d’une part, la Suisse demeure juridiquement une association d’É
370
d’aménagement et les universités, à la fédération
européenne
les transports continentaux et les grands centres de recherches. Dans
371
de, « Fédération ou confédération ? », 30 Jours d’
Europe
, Paris, juillet–août 1971, p. 20.
372
ion de la nature, a provoqué dans le grand public
européen
deux réactions contradictoires : tout d’abord, une prise de conscienc
373
Europe
divisée ou Europe fédérée ? (1972)am La participation aux respon
374
Europe divisée ou
Europe
fédérée ? (1972)am La participation aux responsabilités sociales
375
la situation du mot lui-même ; etc. 5. Quelle
Europe
? Les rythmes d’évolution du lien social et de la participation du
376
les mêmes, d’ici là, aux États-Unis, en URSS, en
Europe
, dans le tiers-monde. Les situations de départ en 1970 sont différent
377
férences d’une communauté à l’autre dans l’espace
européen
. Le brassage des populations dans les régions centrales du continent
378
vations analogues peuvent être faites à l’échelle
européenne
, quant aux comportements civiques des Français du Midi, ou des Tchèqu
379
ler que ce pluralisme même différencie l’ensemble
européen
des ensembles plus uniformes ou uniformisés des USA et de l’URSS : to
380
r l’agora. Jusqu’à nos jours, en toutes provinces
européennes
, de Grenade à Riga, d’Édimbourg à Istanbul, et d’Athènes à Stockholm,
381
jouent ». Posons d’entrée de jeu que de l’option
Europe
unie ou non va dépendre tout le reste et d’abord l’identité européenn
382
n va dépendre tout le reste et d’abord l’identité
européenne
. I. L’Europe divisée Dans le premier terme de notre alternative,
383
le reste et d’abord l’identité européenne. I. L’
Europe
divisée Dans le premier terme de notre alternative, l’Europe, auto
384
Dans le premier terme de notre alternative, l’
Europe
, autour de l’an 2000, est restée — ou est revenue, après l’échec des
385
histoire. Peut-on décrire alors le « purgatoire »
européen
? C’est peut-être une tâche impossible, au surplus vaine, s’il est va
386
s États-nations en 2000 impliquerait la mort de l’
Europe
comme entité. L’échec définitif du Marché commun des Six par suite du
387
résultat nécessaire de l’incapacité de « faire l’
Europe
» à cette date ! En effet, « l’intérêt supérieur de la nation », invo
388
ie communiste. Cette prolétarisation civique de l’
Europe
paraît inévitable si nos États-nations persistent à refuser toute for
389
probable) que nous tenterons de composer. 2. L’
Europe
fédérée Si, au contraire — c’est le deuxième terme de notre altern
390
c’est le deuxième terme de notre alternative — l’
Europe
a réussi à s’unir, c’est-à-dire à dépasser le stade des États-nations
391
ouer un rôle à l’échelle mondiale : la fédération
européenne
peut y prétendre. Ce second terme de notre alternative linéaire condu
392
e conduit à une nouvelle bifurcation possible : l’
Europe
fédérée sur la base des régions réussit à s’autorégler (A), ou bien e
393
leur tour l’ensemble des gouvernants et citoyens
européens
. Aux trois principaux niveaux de décision : 1. commune ; 2. région ;
394
n doit parler de deux classes divisant la société
européenne
tout entière : au lieu des libres et des serfs du Moyen Âge, nous avo
395
de se réaliser beaucoup mieux dans la République
européenne
, grâce à l’action d’aristocraties culturelles (groupes de prestige) e
396
rder, New York, 1970. am. Rougemont Denis de, «
Europe
divisée ou Europe fédérée ? », L’Europe en l’an 2000, Fayard, 1972, p
397
70. am. Rougemont Denis de, « Europe divisée ou
Europe
fédérée ? », L’Europe en l’an 2000, Fayard, 1972, p. 169-199.
398
nis de, « Europe divisée ou Europe fédérée ? », L’
Europe
en l’an 2000, Fayard, 1972, p. 169-199.
399
uleverser les équilibres écologiques du continent
européen
, et des mers et des airs qui l’entourent. Par un juste retour, n’est-
400
Forteresse au centre de l’
Europe
: la Suisse (1972)ak al Je rentrais de l’espace. Des heures durant
401
par le soleil rasant. Ah ! ce ne peut être que l’
Europe
! Ces champs morcelés et striés dans tous les sens, et ces forêts irr
402
iguée et de très dense habitation, ce n’est pas l’
Europe
des confins dénudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous
403
, rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’
Europe
verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie. Regardons de plus
404
s de plus près : nous descendons au cœur de cette
Europe
la plus européenne. Même après des années d’absence cosmique, impossi
405
: nous descendons au cœur de cette Europe la plus
européenne
. Même après des années d’absence cosmique, impossible de s’y tromper.
406
auté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays
européens
le rôle de l’agora des anciens Grecs et du forum de la Rome républica
407
du Gothard, cœur des Alpes et château d’eau de l’
Europe
médiane. Elle est née des communes rurales qui formaient la grand-gar
408
Rougemont Denis de, « Forteresse au centre de l’
Europe
: la Suisse », La France, la Belgique, la Suisse par-dessus les toits
409
ill, en mai 1948, il paraissait urgent de faire l’
Europe
pour empêcher le retour des folies d’hier : deux guerres mondiales dé
410
-ci en termes d’avenir : savoir si l’an 2000 de l’
Europe
ouvrira une apocalypse du genre humain ou s’il présentera au monde le
411
es valeurs. Et voilà qui dépend de l’éducation. L’
Europe
de l’an 2000 sera gérée soit par les Européens qui ont aujourd’hui de
412
on. L’Europe de l’an 2000 sera gérée soit par les
Européens
qui ont aujourd’hui de dix à vingt ans, et qui sont les élèves de nos
413
tiques, ou par quelque combinaison des deux. Si l’
Europe
est gérée par les Européens, c’est qu’elle aura réussi son union ; ca
414
mbinaison des deux. Si l’Europe est gérée par les
Européens
, c’est qu’elle aura réussi son union ; car autrement elle ne pourra r
415
ne peut être que fédérale, il faut que les jeunes
Européens
soient élevés dès maintenant dans un climat mental, psychologique et
416
ondition sine qua non Si donc l’on veut que l’
Europe
de l’an 2000 soit gérée par les Européens, c’est-à-dire ait fait son
417
veut que l’Europe de l’an 2000 soit gérée par les
Européens
, c’est-à-dire ait fait son union, il faut que l’École cesse d’enseign
418
mais la région et ses réalités tangibles, puis l’
Europe
et ses réalités culturelles, enfin l’Humanité, unité biologique, écol
419
que, écologique et spirituelle. Il n’y aura pas d’
Europe
unie en l’an 2000 si l’on ne commence pas aujourd’hui et si l’on n’ac
420
s ministres et les députés de son parti — que « l’
Europe
va de Gibraltar à l’Oural ». Et sa politique étrangère se fondait en
421
s années 1900 à 1914, définissaient précisément l’
Europe
comme allant « de Gibraltar à l’Oural ». L’an 2000 se joue aujourd’hu
422
question suivante : comment ouvrir nos écoles à l’
Europe
, en sorte qu’elles préparent désormais non plus de petits nationalist
423
concrètes à leur commune, à leur région, à notre
Europe
, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961, nous a
424
’un programme aussi simple qu’ambitieux : faire l’
Europe
en formant aujourd’hui les Européens de demain. Nous expliquions ains
425
tieux : faire l’Europe en formant aujourd’hui les
Européens
de demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence p
426
demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’
Europe
commence par l’organisation : Conseil de l’Europe, Communautés europé
427
l’organisation : Conseil de l’Europe, Communautés
européennes
, CERN. Mais elle ne deviendra vivante que par les citoyens qui la viv
428
ue commune et d’organes gouvernementaux ? Point d’
Europe
sans citoyens européens. Mais point de citoyens européens, sans une E
429
es gouvernementaux ? Point d’Europe sans citoyens
européens
. Mais point de citoyens européens, sans une Europe politiquement cons
430
e sans citoyens européens. Mais point de citoyens
européens
, sans une Europe politiquement constituée… Le moyen pratique pour sor
431
péens. Mais point de citoyens européens, sans une
Europe
politiquement constituée… Le moyen pratique pour sortir de ce cercle
432
oue un rôle important dans la formation de chaque
Européen
: l’École ? Or l’École fait des citoyens pour ce qu’on veut, et trop
433
ferait-elle pas dorénavant, des citoyens pour une
Europe
unie, équilibrée, et pour une nouvelle société, condition de la paix
434
diale ? Commencer l’action en faveur d’un civisme
européen
par l’École, et avec l’aide des enseignants, non pas en ajoutant à de
435
des programmes déjà trop chargés des heures sur l’
Europe
, mais en introduisant dans les leçons d’histoire, de géographie, d’éc
436
’art et d’instruction civique, un angle de vision
européen
: telle a été dès l’origine l’idée directrice de la Campagne d’éducat
437
dée directrice de la Campagne d’éducation civique
européenne
. Et quant à la méthode, elle devait consister à équiper et à former a
438
ts qui, à leur tour, propageraient l’idée civique
européenne
parmi leurs collègues, et par ce procédé de démultiplication, atteind
439
ienté leur enseignement dans le sens d’un civisme
européen
. Mais on peut citer quelques chiffres : — 33 stages de formation, dan
440
écoles normales. — 25 numéros de la revue Civisme
européen
ont paru en français, prenant la suite de 6 bulletins du Centre europ
441
e nos stages, destinés à faire entrer l’éducation
européenne
dans les programmes et les manuels : — après le stage de Bruxelles, e
442
d’éducation civique est élaboré dans une optique
européenne
; — après le séminaire de Bruges, en 1968, sur les stéréotypes nation
443
admettent ou favorisent de plus en plus l’optique
européenne
dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Tout cela repr
444
e on sait qu’il est de règle dans notre société «
européenne
» par antiphrase — en réalité nationale-matérialiste. Tout cela reste
445
t à l’École, si l’on veut réellement construire l’
Europe
. Même si tous les enseignants touchés par la Campagne avaient tiré le
446
ensable au déclenchement du processus fédéraliste
européen
. Or, je ne vois aucune méthode meilleure que celle qu’ont adoptée, de
447
ix ans, les associations d’enseignants à vocation
européenne
dont la Campagne veut être l’expression commune et l’instrument. Il f
448
l’École, sur l’éducation générale de la jeunesse
européenne
, civique, professionnelle et personnelle. Ce ne sont pas nos États qu
449
ersonnelle. Ce ne sont pas nos États qui feront l’
Europe
, n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu’ils étaient là pour l’emp
450
xelles, de Strasbourg, de Luxembourg qui feront l’
Europe
— s’il est vrai qu’elles y contribuent avec une indéniable compétence
451
élèves. Si l’on a compris cela, et si l’on veut l’
Europe
, on admettra l’urgence de la Campagne, et l’on fera ce qu’il faut pou
452
que les esprits ne sont pas mûrs pour l’union des
Européens
. Quand le seront-ils jamais sans la préparation que, dans l’état actu
453
tout le contraire d’hommes libres, citoyens de l’
Europe
et du monde : des producteurs — consommateurs disciplinés et des nati
454
pendra l’avenir non seulement de l’École, ou de l’
Europe
, mais du Monde : Le civisme commence au respect des forêts. 12. «
455
ivisme commence au respect des forêts. 12. « L’
Europe
aspire visiblement à être gouvernée par une commission américaine »,
456
t de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme
européen
, Genève, mars 1972, p. 1-4.
457
du mouvement personnaliste. Nous parlions déjà d’
Europe
. Nous avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d
458
randes communautés, jusqu’à former une communauté
européenne
, une fédération européenne qui, ensuite, aurait pu se fédérer avec d’
459
former une communauté européenne, une fédération
européenne
qui, ensuite, aurait pu se fédérer avec d’autres fédérations continen
460
deux grands mythes qui tourmentent et animent les
Européens
sur le plan de l’amour : Tristan, d’un côté ; Don Juan, de l’autre. T
461
ment qu’en 1947. Aux États-Unis, j’ai découvert l’
Europe
. Il fallait donc s’éloigner pour la retrouver ? Oui. Beaucoup de gens
462
gens ont fait cette expérience. Presque tous les
Européens
qui vivaient à New York pendant la guerre étaient des gens extraordin
463
éories, de s’engager dans la cause du fédéralisme
européen
. Le mot engagement était alors fort à la mode à Paris. Et tout le mon
464
je me suis dit que maintenant il fallait faire l’
Europe
. Qu’on ne pouvait unifier l’Europe sur le modèle hitlérien ou napoléo
465
allait faire l’Europe. Qu’on ne pouvait unifier l’
Europe
sur le modèle hitlérien ou napoléonien, qu’on ne pouvait pas non plus
466
apoléonien, qu’on ne pouvait pas non plus faire l’
Europe
avec l’État-nation. Il fallait donc unir l’Europe d’une manière fédér
467
Europe avec l’État-nation. Il fallait donc unir l’
Europe
d’une manière fédéraliste, c’est-à-dire en appliquant notre doctrine,
468
e suisse ? Et l’étendre à toutes les régions de l’
Europe
? Les communes, bien avant les cantons — on ne commence à parler des
469
s plus tard, parler au premier congrès de l’Union
européenne
des fédéralistes qui avait lieu à Montreux. J’y ai prononcé le discou
470
aient pas fédéralistes mais qui voulaient aussi l’
Europe
. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence d
471
fond, a tout créé. C’est le grand démarrage de l’
Europe
. Il y avait 800 personnes, 16 présidents du conseil, 300 députés. J’a
472
utés. J’ai écrit le message final : « Message aux
Européens
» qui demandait notamment la création d’un véritable Conseil de l’Eur
473
ser son énorme popularité pour lancer l’idée de l’
Europe
. Nous avons, si je puis dire, été « refaits ». Parce que loin de fair
474
t à boulets rouges. Comment voulez-vous réussir l’
Europe
en la fondant sur l’obstacle par excellence à toute union qu’est l’Ét
475
ble que se sont assignée les États. Selon vous, l’
Europe
actuelle n’est qu’une juxtaposition d’États ? Moi, j’appelle cela l’a
476
rise économique. Ça, c’est la morale qui domine l’
Europe
des nations. Vous êtes déçu ? Non. Je ne suis pas déçu. Je n’y ai jam
477
e n’y ai jamais cru. Je n’ai jamais cru que cette
Europe
-là pouvait se faire. Mais j’ai pensé qu’il valait mieux que les États
478
je voudrais étendre de proche en proche à toute l’
Europe
, en suivant la loi des dimensions des tâches. Comment peut-on définir
479
problèmes qui sont extrêmement divers. Il y a en
Europe
une quantité de régions qui sont définies par des problèmes. Il y a,
480
de ces régions, une autorité, une agence fédérale
européenne
de l’écologie. Qui peut être placée n’importe où et donner des direct
481
n exemple existant d’une de ces agences fédérales
européennes
: le Marché commun, à condition que celui-ci reste dans ses compétenc
482
utorité régionale et relever de l’agence fédérale
européenne
correspondante. Bien entendu, sans absolument tenir compte des fronti
483
stade. Or, l’État-nation nous empêche de faire l’
Europe
. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu
484
mpêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’
Europe
; sinon, nous serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par
485
au nom de quelle pensée nous arriverons à faire l’
Europe
. Le sentiment religieux joue un très grand rôle dans vos activités ?
486
et l’Occident et la récente Lettre ouverte aux
Européens
, professeur, traducteur de plusieurs livres du théologien protestant
487
nis de Rougemont est avant tout, à sa manière, un
Européen
. Sa grande idée : le fédéralisme. Qu’il définit ainsi : “S’unir pour
488
par le soleil rasant, ah ! ce ne peut être que l’
Europe
! Ces champs morcelés et striés dans tous les sens, et ces forêts irr
489
iguée et de très dense habitation, ce n’est pas l’
Europe
des confins dénudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous
490
, rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’
Europe
verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie. Regardons de plus
491
s de plus près : nous descendons au cœur de cette
Europe
la plus européenne. Même après des années d’absence cosmique, impossi
492
: nous descendons au cœur de cette Europe la plus
européenne
. Même après des années d’absence cosmique, impossible de s’y tromper.
493
auté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays
européens
le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et du « forum » de la Rome r
494
urope ont en moyenne 25 ans d’âge. Or, la culture
européenne
, qui remonte à Sumer, à l’Égypte, à la Crête, à l’Iran et aux Scythes
495
ionales. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit l’
Europe
aux nations. Elles n’ont en propre que leurs vanités, leurs chauvinis
496
c d’autres cultures continentales, est la culture
européenne
. Voilà notre unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écol
497
ntestation comme tradition centrale de la culture
européenne
Dès l’aube de la pensée des Grecs d’Ionie — qui est théologique, c
498
comportement intellectuel, affectif et moral de l’
Européen
en tant que tel : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contr
499
lités antinomiques dont nous vivons selon le mode
européen
: l’Un et le Divers, le Transcendant et l’Immanent, le Féminin et le
500
d’illusions phénoménales (voile de Maya). Seule l’
Europe
a osé dépasser le stade de l’initiation (alpha et oméga des cultures
501
me culture générale, studium generale, université
européenne
; beaucoup de choses redoutables, comme l’hégémonie d’une science (Sa
502
sion. J’ai étudié ce phénomène, si spécifiquement
européen
par sa genèse, dans L’Amour et l’Occident . J’ai très vite pressenti
503
aste évolution. L’Institut universitaire d’études
européennes
n’est-il pas, en vertu même de son titre, condamné à la spécialisatio
504
En vertu même de l’objet de ses études, qui est l’
Europe
, il me paraît condamné à l’interdisciplinarité de type b). L’Europe e
505
ît condamné à l’interdisciplinarité de type b). L’
Europe
est un phénomène qui n’existe, au sens fort, ni dans les réalités éco
506
de ces disciplines ne serait capable de saisir l’
Europe
dans son être historique et virtuel, dans son évolution. L’Europe n’a
507
être historique et virtuel, dans son évolution. L’
Europe
n’apparaît qu’à leur carrefour, elle est définie par leurs intersecti
508
De Genève à l’
Europe
par les régions (mars 1973)aw ax Plasticages en Bretagne, sous-dév
509
des sens très différents ? Car si tous les États
européens
sont amenés à reconnaître l’existence d’un problème régional, celui-c
510
Mais un phénomène politique très précis, dont les
Européens
ont pris conscience au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, joue
511
é, de modèle jacobin et napoléonien, qui domine l’
Europe
depuis un siècle et demi, et que tous les pays du monde copient comme
512
ouveraineté absolue des États ». Les fédéralistes
européens
voient dans le culte de l’État-nation non seulement la cause de nos g
513
échelle planétaire. Aucun de nos vingt-huit États
européens
ne peut plus assurer seul sa défense militaire et sa prospérité, son
514
ne serait-il pas la création d’agences fédérales
européennes
, qui seraient compétentes partout où les tâches et leur concertation
515
tale — et là seulement ? La constitution de pools
européens
de recherche (comme le CERN) et une action concertée dans le domaine
516
ne répondait en réalité à une prise de conscience
européenne
et d’horizon mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’Euro
517
ndial. La conscience de la nécessité de fédérer l’
Europe
et la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union que constitue
518
uer) amènent à constater que si l’on veut faire l’
Europe
il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé.
519
ires actuellement étouffés dans les pays de l’Est
européen
. Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir d’un sous-dé
520
leur séparation et leur rattachement immédiat à l’
Europe
fédérée de demain. II. Les plans d’aménagement du territoire qui se d
521
er simultanément : 1. Créer des agences fédérales
européennes
non seulement pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour l’éco
522
former ces régions, et de la sorte créer un tissu
européen
qui finira par se révéler plus solide que les liens administratifs su
523
dès l’école primaire dans l’optique régionaliste,
européenne
, voire mondiale, et non plus uniquement nationaliste ; informer les p
524
rop longs face à l’urgence des périls que court l’
Europe
, j’entends sa colonisation par une hégémonie politique à l’Est, une h
525
aire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève à l’
Europe
par les régions », Bulletin du Crédit suisse, Zurich, mars 1973, p. 3
526
e la culture et l’Institut universitaire d’études
européennes
. Il compte au nombre des grands écrivains et essayistes suisses de no
527
s écrits portent principalement sur les problèmes
européens
et leur solution. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, lui a val
528
u 1er juillet sur les problèmes et les structures
européennes
.
529
L’
Europe
, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)bb D’autant plus no
530
aissons Dieu. Spinoza : Éthique Finalité de l’
Europe
unie : la liberté, non la puissance Je pars de ce qui me paraît un
531
aît une évidence majeure : il nous faut « faire l’
Europe
» afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vite : ni moujiks ni
532
ons, pour aller vite : ni moujiks ni yankees. Une
Europe
divisée en vingt-huit nations chacune trop petite pour se défendre se
533
une souveraineté de plus en plus mythique — cette
Europe
divisée n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonis
534
licière par l’État russe — voir les pays de l’Est
européen
—, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutume
535
groupes industriels des États-Unis. De plus, une
Europe
divisée ne peut jouer aucun rôle à l’échelle mondiale. Elle ne peut q
536
rres des autres, les compromis des autres. Mais l’
Europe
ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectue
537
des diversités et des autonomies politiques. Une
Europe
unitaire et uniformisée en vue de la puissance, deux hommes ont essay
538
e fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’
Europe
, est en même temps la seule formule européenne pratiquement acceptabl
539
pour l’Europe, est en même temps la seule formule
européenne
pratiquement acceptable pour les nations qui ont des problèmes région
540
devant aucune majorité. L’État-nation contre l’
Europe
Ici, l’on bute sur l’obstacle majeur à toute union fédérale : l’Ét
541
tières coïncident avec elle. Nous croyons que les
Européens
sont trop différents les uns des autres pour s’unir et qu’on ne pourr
542
fait couramment, les États-nations modernes de l’
Europe
. La culture européenne n’est pas la somme de vingt-huit cultures nati
543
es États-nations modernes de l’Europe. La culture
européenne
n’est pas la somme de vingt-huit cultures nationales, puisqu’elle exi
544
es colonies d’étudiants venus d’une même région d’
Europe
et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamand
545
ographie par l’histoire ». Unité de la culture
européenne
En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes
546
de la culture européenne En nous présentant l’
Europe
comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europ
547
e de nations en teintes pâles, et la culture de l’
Europe
comme une addition de prétendues « cultures nationales » bien distinc
548
vinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’
Europe
a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire
549
que cette unité de base permet seule de définir l’
Européen
. On se rappelle la page fameuse de Paul Valéry sur les trois sources
550
fameuse de Paul Valéry sur les trois sources de l’
Europe
: Athènes, Rome et Jérusalem, ou encore : Aristote, Platon et Euclide
551
and montre que le secret de la grande littérature
européenne
réside dans la synthèse de la tradition grecque — les tragiques — et
552
achent les façades des États-nations, c’est que l’
Europe
est d’abord une culture, et que cette culture s’est formée à partir d
553
des nations au sens moderne. Les grands courants
européens
, les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre cultu
554
ntières nationales, nous n’appauvrirons en rien l’
Europe
une et diverse, et nous ne risquerons pas un instant de créer ce fame
555
. Seconde observation : la création culturelle en
Europe
est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et q
556
d secret de la vitalité inégalée de notre culture
européenne
, il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants contin
557
rôle, est simplement omis, inexistant. Vers l’
Europe
des régions Si maintenant je transpose en termes politiques mon éq
558
rmes politiques mon équation culturelle, soit :
Europe
de la culture = courants continentaux à partir de foyers locaux cela
559
taux à partir de foyers locaux cela va donner :
Europe
politique = fédération continentale à partir des régions L’Europe q
560
fédération continentale à partir des régions L’
Europe
que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espére
561
et renforcent le principe. Je ne crois pas à une
Europe
des États-nations souverains, parce qu’on ne peut pas fonder l’union
562
définition à toute union. Je l’ai dit souvent : l’
Europe
des États, rêvée par de Gaulle, ce serait une amicale des misanthrope
563
mais alors il n’y a pas d’amicale. La fédération
européenne
s’établira sur la base des régions, et celles-ci ne seront pas des mi
564
iste tel que je le conçois — seul possible pour l’
Europe
réelle — et c’est aussi condition de la liberté des personnes dans la
565
lésiastiques, soit stato-nationaux. La fédération
européenne
ne naîtra pas d’accords au sommet, mais de groupements de communes et
566
t été depuis deux-mille ans le sel de la Terre, l’
Europe
leur doit le meilleur de son héritage, et leur devra peut-être d’appo
567
chrétiens que les valeurs bibliques ont fécondé l’
Europe
. En attendant la grande explosion culturelle des Juifs en Occident dè
568
autres initiateurs… bb. Rougemont Denis de, « L’
Europe
, c’est d’abord une culture », Reformatio, Zurich, juillet 1973–août 1
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ètement Suisse. Est-ce que l’idée de l’unité de l’
Europe
vous vient de vos ancêtres ? Ce n’est pas une idée suisse. Le Suisse
570
s suisse. Les Suisses étaient destinés à être des
Européens
. Votre vie intellectuelle commence à Paris ? Oui, j’y ai publié mes p
571
e inconnu que l’on doit l’expression, de « taille
européenne
». Beaucoup l’emploient, l’air entendu, mais nul ne sait ce qu’elle s
572
es régions, nous dit-on, doivent être de « taille
européenne
». Quelle est cette taille ? Qui en décide ? Au nom de quoi ? Que veu
573
et bétonnées pour être « compétitives à l’échelle
européenne
». Mais « compétitives » avec quoi ? — Avec les Länder allemands, me
574
ne distinguait derrière l’argument de la « taille
européenne
» le modèle obsédant de l’État-nation napoléonien, défini par ses seu
575
e les créations les plus mémorables de la culture
européenne
sont toutes nées de foyers locaux, Florence, Mantoue, Bruges, Anvers
576
ve, Weimar, Upsal, Toulouse, Prague et Venise : l’
Europe
vivante et créatrice est née du rayonnement de petites cités, d’école
577
leurs habitants. A-t-on jamais exigé une « taille
européenne
» de nos États-nations ? Du Luxembourg et de la France, lequel des de
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Une possibilité
européenne
: la région genevoise (novembre 1973)bf L’angoisse devant la solit
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aine. bf. Rougemont Denis de, « Une possibilité
européenne
: la région genevoise », Cahiers de l’Alliance culturelle romande, Ge
580
tre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’
Europe
des régions (1er-2 décembre 1973)bg bh « Grâce aux Arabes, que je
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officiellement, nous savons tous maintenant que l’
Europe
est en crise. Il nous reste à voir que c’est une crise de civilisatio
582
cemment devant la section suisse de l’Association
européenne
des enseignants de la grande passion de sa vie : l’Europe. Nous avons
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es enseignants de la grande passion de sa vie : l’
Europe
. Nous avons profité de cette rencontre pour évoquer avec l’écrivain,
584
de la société occidentale. Cette utopie, c’est l’
Europe
des régions. Depuis vingt-cinq ans que tout le monde dit qu’il faut f
585
cinq ans que tout le monde dit qu’il faut faire l’
Europe
, on n’a pas avancé d’un millimètre, hormis quelques progrès en matièr
586
aineté. La carence de toute politique énergétique
européenne
démontre que les États-nations sont incapables de résoudre un tel pro
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de l’État-nation est à bout de course Faire l’
Europe
, pour vous, qu’est-ce que c’est, concrètement ? Au sens littéral, c’e
588
t ? Au sens littéral, c’est créer de la substance
européenne
à partir de nos vies quotidiennes, pour aboutir à une société organis
589
s un exemple. À l’Institut universitaire d’études
européennes
, que je dirige, nous étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous
590
ù se font quatre-vingts pour cent de l’horlogerie
européenne
. L’essentiel est de redonner au citoyen, dans la région et grâce à el
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r sa cité idéale. Un Conseil élu par le peuple
européen
Oui, mais comment coordonner toutes ces activités régionales à l’é
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toutes ces activités régionales à l’échelle de l’
Europe
? En créant au niveau continental des agences fédérales correspondant
593
ai. Les régions qui s’élaborent un peu partout en
Europe
peuvent très bien désigner des délégués qui se réunissent en congrès
594
nnuel : voilà l’origine d’une vraie vie politique
européenne
. Mais ce qui est important, c’est qu’il existe au-dessus des régions
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iveau qu’il faudrait un Conseil élu par le peuple
européen
et composé non de spécialistes, mais de citoyens qui aient une vision
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siècle ; la moyenne d’âge de nos vingt-six États
européens
est de quatre-vingts ans ! Quant au rythme de changement des ethnies,
597
ités de leur région, de leur voisinage, puis de l’
Europe
et du monde. Et non pas sur les seuls mythes nationaux. Si enthousias
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os vies, on arriverait à de meilleurs résultats «
européens
» sans faire la moindre propagande. N’est-ce pas limiter volontaireme
599
t à prendre comme citoyens de leur région et de l’
Europe
des régions fédérées. Mais il faut s’y mettre tout de suite ! bg.
600
tre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’
Europe
des régions », 24 Heures, Lausanne, 1 décembre 1973, p. 36. bh. Prop