1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 notamment pour introduire un angle de vision plus européen dans les programmes. Et alors, on se disait : « Qu’est-ce qu’il faut
2 ’il faut faire ? Est-ce qu’il faut créer un poste européen de télévision ? » Ça sera très difficile d’abord de le créer, et de l
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
3 ots qui excluent l’unité. Pascal Il faut faire l’ Europe , mais dans le respect des différences nationales, régionales et local
4 temps on l’appelle à se prononcer sur la question européenne . Je prendrai mon dernier exemple dans cette dépêche de Londres publié
5 onvaincues que leur premier devoir à l’égard de l’ Europe , le moyen le plus sûr de contribuer à son unité, c’est-à-dire avant t
6 fois-ci à l’intégration totale dans un super-État européen . Cette deuxième « idée » du fédéralisme, inverse de la première mais
7 ait rassurer ceux qui voyaient dans la fédération européenne l’imposition d’un volapük universel. Mais à vrai dire, c’est l’idée m
8 rait alors désespérer de toute union vivante de l’ Europe . Car il n’y a pas d’union et pas de vie possibles hors du paradoxe fo
9 ’on veut. Pourtant, il serait fou d’espérer que l’ Europe se fasse un jour dans l’histoire si elle ne se fait pas d’abord dans
10 8. 2. L’Avenir du fédéralisme, Paris, Presses d’ Europe , 1964. Avec une préface d’Alexandre Marc. b. Rougemont Denis de, « 
11 de, « Deux en un, ou le fédéralisme », 30 jours d’ Europe , Paris, mars 1970, p. 22-23.
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
12 Ce que la Suisse peut apporter à l’ Europe (19 mars 1970)c d On assiste depuis quelque temps à un effort de r
13 a meilleure voie pour une intégration future de l’ Europe  ? Eh bien ! beaucoup de gens se figurent — surtout en Suisse — que c’
14 . Que ce qu’il y a de sérieux quand on parle de l’ Europe , c’est uniquement l’économie. C’est une considérable illusion à mon s
15 appel aux Américains, à les laisser travailler en Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire,
16 gnons à le faire, si nous pensons que le problème européen dépasse celui d’une simple organisation de notre économie, si nous ne
17 Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’ Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc prévoir d’autres form
18 donc prévoir d’autres formes d’intégration pour l’ Europe . Elles se dessinent au sein de la CEE, comme vous venez de l’explique
19 us même que la CEE à mon sens. L’intégration de l’ Europe … disons, d’un mot moins savant, l’union de l’Europe doit s’opérer sur
20 rope… disons, d’un mot moins savant, l’union de l’ Europe doit s’opérer sur tous les plans. Elle doit être sociale autant qu’éc
21 appris à l’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne qui vient de nos ancêtres communs : grecs, romains, juifs, par le chr
22 ues, tout cela est complètement commun à tous les Européens . N’a jamais été l’apanage d’un seul de nos pays. Ne s’est jamais arrê
23 ndant tout le Moyen Âge, notamment, où la culture européenne existait bel et bien. Donc, sur cette unité de culture qui est commun
24 n. Car la seule union que je vois possible pour l’ Europe , et la seule à laquelle la Suisse puisse adhérer de tout cœur, c’est
25 ar exemple — prenons les choses très en gros — en Europe , on fait depuis des siècles des tableaux de chevalet, des romans, des
26 emples, de la peinture religieuse. Ce n’est qu’en Europe que l’on a utilisé tous ces procédés tels que le sonnet, le tableau,
27 choses-là sont des créations communes à tous les Européens et rapprochent naturellement tous les artistes de l’Europe… … que l’o
28 rapprochent naturellement tous les artistes de l’ Europe … … que l’on pourrait englober dans une forme de culture occidentale.
29 La Suisse a beaucoup à apporter dans l’union de l’ Europe . Elle a à apporter ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue au cours de
30 , celle-là même qui pourrait servir de modèle à l’ Europe . On rejoint la pensée de votre livre : La Suisse ou l’histoire d’un p
31 stoire d’un peuple heureux, où vous écrivez : « L’ Europe fédérée reste la seule solution praticable. » Pensez-vous que la Suis
32 petite armée, encore que ce soit la plus forte d’ Europe  !)… que ce n’est pas une grande puissance comme les États-Unis ou la
33 e proposer une formule fédérale pour l’union de l’ Europe . Car cette proposition-là, elle sortirait de toute son histoire, elle
34 parti minoritaire à jouer au sein de cette grande Europe … Prendre conscience … Non ! Elle aurait un rôle qui serait peut
35 serait de donner justement la formule de l’avenir européen . Naturellement, avant que la Suisse soit capable de le faire, de le p
36 des tâches qui sont de dimensions continentales, européennes , et que la raison, le bon sens et la formule suisse même veulent que
37 sabilités nouvelles qu’implique la formation de l’ Europe puisqu’il manque d’initiative ? Qu’en sait-on ? Est-ce qu’on a jamais
38 mais demandé aux Suisses ce qu’ils pensaient de l’ Europe et d’une intégration de l’Europe, d’une intégration, je dis bien, sel
39 s pensaient de l’Europe et d’une intégration de l’ Europe , d’une intégration, je dis bien, selon la formule fédérale, la seule
40 la rue, quand on lui demande ce qu’il pense de l’ Europe , répète naturellement ce qu’il a entendu dire à la radio, à la télévi
41 géographie, l’instruction civique, dans un esprit européen . Voilà qui va former de nouvelles générations, lesquelles seront comp
42 es seront complètement d’accord d’entrer dans une Europe unie. Elles trouveront même bien curieux que l’on ne l’ait pas encore
43 endre maintenant une belle initiative sur le plan européen . Et pour cela, je fais confiance au Conseil fédéral qui me paraît tou
44 « [Entretien] Ce que la Suisse peut apporter à l’ Europe  », Construire, Lausanne, 19 mars 1970, p. 3. d. Propos recueillis pa
45 tournant dans la politique suisse à l’égard de l’ Europe  ? Cette question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons pa
46 se peut-elle jouer un rôle dans la formation de l’ Europe  ? Pour y répondre, il fallait faire appel à un écrivain d’expression
47 e entier, à un citoyen suisse, à un pionnier de l’ Europe unie. Ces qualités sont réunies dans la même personnalité. Je veux pa
4 1970, Articles divers (1970-1973). « Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)
48 de son métier propre. Et ce sont mes livres sur l’ Europe et mon activité au Centre européen de la culture qui m’ont valu ce pr
49 de son œuvre consacrée à la promotion de l’esprit européen . Parmi cette œuvre, il faut notamment citer L’Aventure occidentale d
50 re occidentale de l’homme , Vingt-huit siècles d’ Europe , Les Chances de l’Europe , L’Europe en jeu et La Suisse ou l’his
51 Vingt-huit siècles d’Europe , Les Chances de l’ Europe , L’Europe en jeu et La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux .
52 siècles d’Europe , Les Chances de l’Europe , L’ Europe en jeu et La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux . Doté d’une
53 FVS, à Hambourg, et est destiné à récompenser les Européens qui, par leurs travaux ou leurs recherches, se distinguent en contrib
54 nguent en contribuant à la réalisation de l’unité européenne . La remise du prix aura lieu le 15 avril prochain à l’Université de B
55 une allocution : “Res publica Europaea” (“La cité européenne ”). »
5 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
56 auteur d’une phrase fameuse : « Il faut faire des Européens avant de faire l’Europe » ; comment y parvenir ? Le véritable centre
57  : « Il faut faire des Européens avant de faire l’ Europe  » ; comment y parvenir ? Le véritable centre de gravité de ma théorie
58 réelle. Je vous dirai donc qu’entre l’union de l’ Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus
59 taine finalité ; quelle finalité trouvez-vous à l’ Europe  ? Jusqu’à nous, voyez-vous, il fallait se battre pour survivre. Aujou
60 nauté vivante ? Il faut d’autre part épargner à l’ Europe de se faire purement et simplement absorber par d’autres économies. C
61 evient à appliquer la méthode du fédéralisme. Une Europe divisée en régions aux frontières fonctionnelles, tenant compte de ce
62 e des décisions qui doivent être prises. Autant l’ Europe des nations était simpliste, autant l’Europe des régions sera complex
63 nt l’Europe des nations était simpliste, autant l’ Europe des régions sera complexe, mais combien plus simple à vivre ! Je vois
64 exe, mais combien plus simple à vivre ! Je vois l’ Europe comme un grand jardin plein de surprises, mais un peu désordonné… Ne
65 sordre ! Quel dénominateur commun peut-il aider l’ Europe à trouver cet ordre nouveau ? L’Europe a la chance d’avoir une cultur
66 il aider l’Europe à trouver cet ordre nouveau ? L’ Europe a la chance d’avoir une culture. Je ne crois pas aux cultures nationa
67 ires opérées dans l’ensemble vivant de la culture européenne . On parle souvent d’une politique européenne commune comme dénominate
68 ture européenne. On parle souvent d’une politique européenne commune comme dénominateur commun : là aussi, je ne suis pas d’accord
69  l’art d’aménager les relations humaines », et en Europe l’art d’équilibrer tous les contraires, toutes les tensions, évitant
70 e toutes ces cellules qui font la complexité de l’ Europe . On parle souvent d’helvétisation de l’Europe : pensez-vous que le mo
71 e l’Europe. On parle souvent d’helvétisation de l’ Europe  : pensez-vous que le modèle suisse soit le meilleur et qu’il soit via
72 soit le meilleur et qu’il soit viable à l’échelle européenne  ? Le système suisse, à mon avis, est excellent, hormis peut-être les
73 pas d’une originalité débordante. Unir les États européens en un corps politique assez puissant pour sauvegarder et garantir l’a
74 ngé avec l’avion. On peut dire que pratiquement l’ Europe d’aujourd’hui est plus petite que ne l’était la Suisse à l’époque où
75 pas renier : je suis persuadé que le fédéralisme européen se construira grâce aux ordinateurs (pour répartir les tâches aux dif
76 ion pluraliste qui peut seul assurer la paix de l’ Europe  ! Il me semble ainsi que l’idée européenne ait trouvé son climat auta
77 paix de l’Europe ! Il me semble ainsi que l’idée européenne ait trouvé son climat autant que son modèle en Suisse. L’anthologie d
78 que son modèle en Suisse. L’anthologie de l’idée européenne réserve d’ailleurs une place de choix à Rousseau, Constant, Robert de
79 erve mise par la Suisse à l’idée de l’intégration européenne , qui tient surtout à l’obstacle de sa neutralité ? La neutralité est
80 elle ne se justifierait plus en tout cas dans une Europe unie. Mais je verrais tout à fait une Suisse-district fédéral, siège
81 ict fédéral, siège de toutes les « agences » de l’ Europe unie dont je vous parlais tout à l’heure. Il est vrai que le projet d
82 à l’heure. Il est vrai que le projet d’union de l’ Europe a généralement passé pour chimérique en Suisse. Et jusqu’à présent, à
83 souvent en Suisse que la politique d’unification européenne vise à mêler les peuples pour éliminer peu à peu les caractéristiques
84 ques nationales et les remplacer par un sentiment européen . Il est clair qu’une Europe une et indivisible serait tout simplement
85 er par un sentiment européen. Il est clair qu’une Europe une et indivisible serait tout simplement une catastrophe pour la Sui
86 nise, je crois. Il est clair, en revanche, qu’une Europe fédérée, respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s’acco
87 de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’ Europe future les avantages de la formule fédéraliste. Car je pense que prét
6 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
88 Qu’est-ce que la culture européenne  ? (juin 1970)j Dans le précieux recueil des textes Pour l’Europe,
89 0)j Dans le précieux recueil des textes Pour l’ Europe , publié par Robert Schuman à la fin de sa vie, je lis ces mots qu’on
90 et qui servent de titre au deuxième chapitre : L’ Europe , avant d’être une alliance militaire ou une entité économique, doit ê
91 é d’une culture, de laquelle participent tous les Européens , qu’ils soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de c
92 là vient le dynamisme qui a porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts tour à tour, conquis par nos avent
93 le pire. Héraclite donne la formule de l’unité européenne Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour
94 qu’il faut tenir pour la formule même de l’unité européenne  : Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la p
95 en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’ Europe comme patrie de la diversité. Si l’on me demande maintenant comment o
96 . Rougemont Denis de, « Qu’est‑ce que la culture européenne  ? », 30 Jours d’Europe, Paris, juin 1970, p. 21.
97 ’est‑ce que la culture européenne ? », 30 Jours d’ Europe , Paris, juin 1970, p. 21.
7 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
98 « L’ Europe  ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)k l Ce qui me fra
99 de Rougemont, en lisant votre Lettre ouverte aux Européens , c’est qu’à l’inverse du marxisme, vous attribuez à l’idée, à la cul
100 le déterminant, premier dans le devenir social. L’ Europe est, en effet, avant tout pour moi une révolution culturelle. Si vous
101 tes les idées gaullistes ; le fameux cliché d’une Europe « de Gibraltar à l’Oural » s’y trouve déjà… Or, le monde a changé dep
102 us nous sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctionneront que si le politique le permet et le politique présu
103 est une culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’ Europe . Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, en réunissant d
104 dans le comité de la Campagne d’éducation civique européenne , un certain nombre d’associations d’enseignants. Nous avons pu démult
105 est de savoir comment introduire le point de vue européen dans l’enseignement, de créer de futurs citoyens de l’Europe. Actuell
106 l’enseignement, de créer de futurs citoyens de l’ Europe . Actuellement, on a pu établir que la leçon d’instruction civique, so
107 mes déjà surchargés, mais de montrer que tout est européen , qu’il ne peut plus y avoir de perspective nationaliste. Les leçons t
108 s stages, nous cherchons à créer un état d’esprit européen chez les maîtres, ce qui permettra d’espérer un changement sérieux en
109 gement sérieux en une génération. La Journée de l’ Europe , avec les rédactions qui sont faites par les élèves à cette occasion,
110 te occasion, montre qu’il y a progrès, que l’idée européenne est admise, qu’elle fait son chemin. Des enquêtes récentes, réalisées
111 ntré que le 65 % des gens est pour une fédération européenne . Si l’on examine les classes d’âge, on voit que le 75 % des partisans
112 ses d’âge, on voit que le 75 % des partisans de l’ Europe a moins de 35 ans. L’idée européenne joue un grand rôle au niveau de
113 s partisans de l’Europe a moins de 35 ans. L’idée européenne joue un grand rôle au niveau de la jeunesse. Ne l’a-t-on pas constaté
114 syndicats. Ce manifeste demandait une fédération européenne fondée sur les réglons et les communes. Mai 68 a vu reparaître beauco
115 ment concevez-vous, concrètement, la « révolution européenne  » ? Il faut créer des cadres civiques permettant la participation, me
116 ssités ressenties ont été de créer un laboratoire européen de recherche nucléaire et d’assurer une organisation coordonnée des f
117 s avez souvent affirmé qu’il fallait construire l’ Europe sur les régions. Une telle conception ne va-t-elle pas compliquer à l
118 réalités socioéconomiques ? Il est certain que l’ Europe des régions sera très complexe et diversifiée, d’autant plus que les
119 uperont pas nécessairement. Je pense qu’une telle Europe ne sera possible que par l’intermédiaire des ordinateurs. Il conviend
120 à votre avis, les obstacles à la réalisation de l’ Europe  ? Le fédéralisme n’est pas possible dans une seule nation. L’État nat
121 va dans le même sens que le respect de l’autre. L’ Europe devrait redevenir une sorte de jardin du monde ; c’est la raison pour
122 uaniers français d’une consternante médiocrité… L’ Europe des esprits n’est pas encore, il s’en faut même de beaucoup, devenue
123 encore, il s’en faut même de beaucoup, devenue l’ Europe réelle. Mais, au-delà des uniformes qui séparent, il nous reste, traç
124 gemont. k. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’ Europe  ? Une révolution culturelle ! », Feuille d’Avis de Lausanne, Lausanne
8 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
125 L’ Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembr
126 ster Français, Suisse ou Italien, mais si on sera Européen ou une sorte de colonisé américain ou soviétique. Colonisé de manière
127 ont deux menaces virtuelles pour les nations de l’ Europe désunie mais pas de même nature. Ce que j’appelle la colonisation po
128 ique est déjà un fait dans les pays de l’est de l’ Europe , qui sont réellement colonisés… Et il n’est pas impensable, si nous c
129 6, on a vu que leur appel, leur espoir, c’était l’ Europe . Vous vous rappelez que les derniers qui ont été tués dans le poste d
130 tués dans le poste de Radio Budapest appelaient l’ Europe à leur secours. C’était extrêmement tragique parce que l’Europe n’éta
131 secours. C’était extrêmement tragique parce que l’ Europe n’était pas là. Il n’y avait personne pour leur répondre. Et vous pen
132 actuellement, l’alternative : assujettissement ou Europe se pose en termes d’urgence cruciale ? C’est déjà un fait pour les pa
133 de divisions nationales, voire nationalistes, des Européens , les Américains auront beau jeu d’intervenir dans ce contexte sans au
134 ie. Vous voyez une quantité immense d’entreprises européennes qui sont contrôlées par le dollar, par le « know-how » américain sans
135 que les « États-Unis d’Europe » risquent d’être l’ Europe des États-Unis ? Est-ce qu’une Europe unie ne faciliterait pas, au co
136 nt d’être l’Europe des États-Unis ? Est-ce qu’une Europe unie ne faciliterait pas, au contraire, la pénétration américaine ? J
137 nous sommes capables d’affirmer notre originalité européenne . Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous en
138 r exemple, la qualité de la main-d’œuvre ouvrière européenne , de l’artisanat qui vit encore dans beaucoup de nos pays, qui se perd
139 couvertes des temps modernes ; tout a été fait en Europe , presque rien aux États-Unis. Ces derniers ont sur nous une seule sup
140 re en œuvre des découvertes toutes faites par les Européens  ; ils avaient eu comme supériorité les capitaux, la situation de guer
141 oduit national brut de chacun de nos pays ou de l’ Europe dans son ensemble, au prix de la destruction de la nature ? C’est l’i
142 L’autre politique pour l’avenir est beaucoup plus européenne , par tradition : c’est l’attachement à un certain mode de vie. Qu’est
143 ation des objets ou un compte en banque. Pour les Européens , cela me paraît une très bonne direction d’évolution. L’Europe, qui a
144 me paraît une très bonne direction d’évolution. L’ Europe , qui a hérité de civilisations comme la Grèce dominée par l’idée de n
145 is justement, il se trouve que dans tous les pays européens , pour une partie de la population, ce dilemme entre niveau de vie et
146 le monde. Mais on y viendra s’il y a une masse d’ Européens telle qu’elle permettra d’envisager une véritable politique de produc
147 e de civilisation capitaliste qui se développe en Europe , qu’elle soit fédéraliste ou qu’elle en reste au stade des États-nati
148 autés. m. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’ Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? », Tribune
149 il considère que le fédéralisme constitue pour l’ Europe la seule chance réelle de dépasser les contradictions et les affronte
150 distinguer comme l’un des animateurs de l’action européenne . Il jouera ainsi un rôle notable dans les congrès de La Haye, de Rome
151 es semaines un essai intitulé Lettre ouverte aux Européens , Denis de Rougemont a dressé une synthèse en forme de plaidoyer des
152 our lesquels il a toujours combattu. L’entreprise européenne a été trop longtemps dénaturée pour qu’un tel ouvrage ne soulève pas
153 par la certitude d’exprimer la seule issue pour l’ Europe . Nous avons soulevé un certain nombre de ces problèmes et de ces obje
9 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
154 L’ Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1
155 (22 novembre 1970)o p Dans cette optique d’une Europe fédérale, comment appréciez-vous une entreprise comme celle du Marché
156 mique et cela ne couvre qu’une petite partie de l’ Europe . Il faudra bien un jour qu’il y ait une agence fédérale européenne de
157 udra bien un jour qu’il y ait une agence fédérale européenne de l’économie ; il faudra qu’il y en ait d’autres qui s’occupent des
158 mesure, pourront avoir leur siège n’importe où en Europe . Le Marché commun est implanté à Bruxelles. Mais je vois très bien d’
159 Mais je vois très bien d’autres agences fédérales européennes , en Suisse par exemple. Dans mon livre La Suisse ou l’histoire d’un
160 de transformer la Suisse en district fédéral de l’ Europe . Ce qui résoudrait beaucoup de questions, et notamment celle de la ne
161 mment la Suisse resterait-elle l’écart d’un Fonds européen d’écologie, par exemple ? Elle ne peut pas fermer ses frontières aux
162 Rhin. La Suisse est destinée à être au cœur de l’ Europe et elle doit l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela si
163 aire que cela signifierait une helvétisation de l’ Europe . L’Europe fédérale serait une sorte de Suisse grande échelle ? Pour c
164 ela signifierait une helvétisation de l’Europe. L’ Europe fédérale serait une sorte de Suisse grande échelle ? Pour cela il fau
165 denhove-Kalergi, qui a lancé le premier mouvement européen Vienne en 1923, disait récemment : « On parle toujours des difficulté
166 s des difficultés qu’a la Suisse pour adhérer à l’ Europe . Pourquoi ne parlerait-on pas de l’autre difficulté qui est beaucoup
167 qui est beaucoup plus intéressante : celle qu’a l’ Europe pour adhérer à la Suisse ? » De ce point de vue, la Suisse ne perdrai
168 ne perdrait rien en entrant dans une construction européenne . Ce serait le triomphe de son Idée, au sens platonicien du terme. Pou
169 modalités de ce que vous appelez l’adhésion de l’ Europe à l’Idée suisse ? Quand je parle de l’adhésion de l’Europe à l’Idée s
170 l’Idée suisse ? Quand je parle de l’adhésion de l’ Europe à l’Idée suisse, j’entends par « Idée suisse » le véritable fédéralis
171 alisme va de la commune aux entreprises jusqu’à l’ Europe puis au monde. C’est là une chose nouvelle car elle n’a jamais été ap
172 unautés. En fait, mon modèle de gouvernement de l’ Europe reproduit le Conseil fédéral suisse. Qu’est-ce que le Conseil fédéral
173 a me paraît un modèle parfaitement valable pour l’ Europe et qui pourrait donner des résultats considérables, à l’échelle du co
174 ur vie civique, c’est une transformation du cadre européen qui peut aller très loin. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’E
175 s loin. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’ Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse », Tribune de
176 us aujourd’hui d’autre choix que celui de faire l’ Europe ou alors d’accepter de devenir une sorte de satellite, des États-Unis
177 se trouvent aujourd’hui confrontés les pays de l’ Europe industrialisée : continuer la course effrénée et suicidaire au niveau
178 d’un mode de vie qui soit conforme aux traditions européennes . Dans la suite de l’entretien que nous publions aujourd’hui, Denis de
179 t s’insérer dans ce processus d’édification d’une Europe fédérale. De telles réflexions ne sauraient mieux venir propos, au mo
10 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
180 ropéen de la culture. Dans ma Lettre ouverte aux Européens , je donne un programme, pour les vingt ans qui viennent, de l’avant-
181 pour les vingt ans qui viennent, de l’avant-garde européenne . C’est donc un livre plus politique. Dans Le Cheminement des esprits
182 ’action culturelle que suppose la fédération de l’ Europe telle que je l’entends. Recherches et action qui portent sur l’éducat
183 tous ces cas, on passe de la région à l’ensemble européen . Dans les régions, dans les centres locaux se sont créées toutes les
184 éées toutes les écoles qui ont fait la culture en Europe et c’est dans l’ensemble de l’Europe que se sont établis les grands c
185 a culture en Europe et c’est dans l’ensemble de l’ Europe que se sont établis les grands courants de l’art et de la pensée, de
186 elles tellement de liens qu’on s’apercevra que l’ Europe « s’est faite ». Les liens entre les régions seront devenus plus soli
187 -là, il suffira d’installer des agences fédérales européennes sur le modèle des départements fédéraux suisses. Chaque type de régio
188 de la culture contribue-t-il à la création d’une Europe unie ? Le Cheminement des esprits donne une idée du travail du CEC
189 guildes, les directeurs d’instituts de recherches européennes , les directeurs de festivals de musique, car il est plus facile d’ass
190 Estimez-vous que vos idées sur la fédération de l’ Europe ont fait du chemin dans les esprits ces dernières années ? Oui, elles
191 favorable aux États-Unis d’Europe, et 75 % de ces Européens sont des jeunes. q. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Un et le D
192 re, deux ouvrages de Denis de Rougemont, un grand Européen que l’on peut placer à côté de Robert Schuman et de Jean Monnet. Ce s
193 té à une phrase de Robert Schuman : “L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement ni principalement par des institutions europ
194 uniquement ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. » Les textes recue
195 discours solennel » devant tous les recteurs de l’ Europe à l’interview improvisée pour une revue de militants. Chacun marque u
196 de leurs élites responsables. Cheminement vers l’ Europe fédérée : il s’agit de surmonter les obstacles à l’union, qui sont d’
197 es problèmes de niveau de vie, la fédération de l’ Europe devient alors la condition d’un nouveau mode de vie, plus libre et ri
11 1970, Articles divers (1970-1973). Message aux régionalistes (16 mars 1973)
198 elle. La région seule nous permettra de « faire l’ Europe », sur la base de ses réalités, et nous offrira seule les structures
199 désirs, à la rencontre d’un appel qui vient de l’ Europe et de l’humanité solidaire. La région ne saurait donc être imposée d’
200 ul besoin d’être, comme on le répète, « de taille européenne » — ce qui ne veut strictement rien dire hors du jargon de la guerre
12 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
201 , les cloches de la délivrance : c’est cela que l’ Europe vient de vivre ! Nuit blanche. Trois actes se composent. Au matin j’a
13 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
202 ida un temps le Comité du Centre : « L’unité de l’ Europe ne se fera ni uniquement, ni principalement par des institutions euro
203 niquement, ni principalement par des institutions européennes  ; leur création suivra le cheminement des esprits. » Or cheminer, sel
204 discours solennel » devant tous les recteurs de l’ Europe à l’interview improvisée pour une revue de militants. Chacun marque u
205 de leurs élites responsables. Cheminement vers l’ Europe fédérée : il s’agit de surmonter les obstacles à l’union, qui sont d’
206 es problèmes de niveau de vie, la fédération de l’ Europe devient alors la condition d’un nouveau mode de vie, plus libre et ri
207 Denis de, « Le cheminement des esprits », Bâtir l’ Europe unie : témoignages recueillis par l’Association des amis de Robert Sc
14 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
208 Quand Paul Martin voulait faire courir l’ Europe (1971)u Ma première rencontre avec Paul Martin s’est produite sur
209 ulture —, proposer que nous lancions une « Charte européenne  » et un « Brevet européen du sportif ». Faire l’Europe dans les sport
210 lancions une « Charte européenne » et un « Brevet européen du sportif ». Faire l’Europe dans les sports aussi — tous plus ou moi
211 e » et un « Brevet européen du sportif ». Faire l’ Europe dans les sports aussi — tous plus ou moins atteints de chauvinisme vo
212 initiative, et si rondement menée vers son destin européen , devait cependant échouer — en dépit des appuis les plus efficaces de
213 nnonçant la création par ce dernier d’un « Brevet européen du sportif ». On m’en communiquait le texte « pour mon information, p
214 is de, « Quand Paul Martin voulait faire courir l’ Europe  », Hommage à Paul Martin, s. l., 1971, p. 41.
15 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
215 L’ Europe est d’abord une unité de culture (1971)x y Je pars de ce qui me pa
216 araît une évidence majeure : il nous faut faire l’ Europe afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vite : ni moujiks ni ya
217 ons, pour aller vite : ni moujiks ni yankees. Une Europe divisée en vingt-cinq nations, chacune trop petite pour se défendre s
218 une souveraineté de plus en plus mythique — cette Europe divisée n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonis
219 cière par les Russes — je songe aux pays de l’Est européen —, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutume
220 nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’ Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectue
221 versités et des autonomies politico-sociales. Une Europe unifiée et uniformisée, deux hommes ont essayé de la faire : Napoléon
222 e fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’ Europe , est en même temps la seule formule européenne pratiquement acceptabl
223 pour l’Europe, est en même temps la seule formule européenne pratiquement acceptable pour la Suisse. Tout serait parfait, n’était
224 oïncident avec son extension. Vous croyez que les Européens sont trop différents les uns des autres pour s’unir et qu’on ne pourr
225 : il n’y a pas de cultures nationales. La culture européenne n’est pas la somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’elle exi
226 es colonies d’étudiants venus d’une même région d’ Europe et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamand
227 ogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans toutes leurs langues non seulement toutes
228 e des sœurs. Vue de loin, l’unité culturelle de l’ Europe est un fait que personne ne conteste — à part nos bons nationalistes.
229 voir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’ Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europ
230 e de nations en teintes pâles, et la culture de l’ Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales » bien distinc
231 vinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’ Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire
232 avec le chant grégorien — premier langage musical européen — au vie siècle en Italie ; s’enrichit aux couvents de Jumiège, puis
233 xixe siècle, le centre de gravité de la musique européenne se déplace vers les régions germaniques, Hanovre, la Saxe, Vienne, Ba
234 des nations au sens moderne. Les grands courants européens , les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre cultu
235 ontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’ Europe une et diverse, et vous ne risquerez pas un instant de créer ce fameu
236 . Seconde observation : la création culturelle en Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et q
237 d secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne , il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants contin
238 égionaux, et ouverture à tous les grands courants européens — en sautant le stade national : voilà l’Europe de la culture, voilà,
239 uropéens — en sautant le stade national : voilà l’ Europe de la culture, voilà, identiquement, la Suisse. Si maintenant je tran
240 e en termes politiques mon équation culturelle : Europe de la culture = courants continentaux et foyers locaux cela va donne
241 continentaux et foyers locaux cela va donner : Europe politique = fédération continentale et régions. La fédération au-dess
242 théories et des pratiques stato-nationalistes. L’ Europe que nous voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et probléma
243 renforcent le principe. Nous ne croyons pas à une Europe des États-nations souverains. Je l’ai souvent dit : ce serait une ami
244 isanthropes, mais alors il n’y a pas d’amicale. L’ Europe que nous voulons sera fédérale — ou alors elle ne se fera pas sérieus
245 r nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays européen qui n’ait pas pris la forme d’un État-nation au siècle dernier. Le se
246 lemand Karl Jaspers n’hésita pas à déclarer que l’ Europe n’avait plus le choix qu’entre deux solutions : la balkanisation et l
247 enne au sérieux. Ce sera « dans les intérêts de l’ Europe entière », pour reprendre une formule célèbre, qui désignait notre ne
248 notre intervention. x. Rougemont Denis de, « L’ Europe est d’abord une unité de culture », Intégration : Vierteljahreshefte
249 italien et néerlandais : « À l’union fédérale des Européens , l’État-nation oppose le dogme sacro-saint de sa souveraineté illimit
250 tion commune et trois fois millénaire de tous les Européens . Ses grands courants, écoles et styles relient des foyers locaux ou r
16 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
251 L’héritage culturel de l’ Europe (1971)t Tout héritage du passé est porteur d’avenir. Il est cette
252 guons donc trois sens possibles, du moins pour un Européen , de l’expression héritage culturel. 1. Il représente d’abord la somm
253 grand nombre de chances spécifiques proposées aux Européens , et dont ils peuvent tirer de libres créations ou ne rien faire, mais
254 ais en partie subi. Devant l’immensité de l’offre européenne et ses complexités au moins trimillénaires, nous sommes bien obligés
255 me (matériel ou moral), nous deviendrons de vrais Européens . Les dimensions de l’héritage La bourgeoisie occidentale (et tou
256 anète, entre le sol et les nuages. La culture des Européens , qui est leur véritable unité, est à la fois la somme et le produit c
257 onuments et de paysages. (Presque tout le paysage européen est un fait de culture au sens que je viens de noter.) Et non seuleme
258 érotique arabe : voilà la poésie et le roman de l’ Europe . Ils auront contre eux, dès le départ, contre leur conception du mond
259 empiristes logiques, ou marxistes. Tout cela est européen . Tout cela est culturel ou je ne sais pas ce que c’est. Et tout cela
260 ibles sans relâche rythmé et rompu par la culture européenne . Un très grand nombre de combinaisons, voire de permutations des élém
261 étester, ils sont dans le droit fil de l’héritage européen  ; Hitler et Staline en travers. Les deux mémoires Mais ces gran
262 monieux ou non, conscient ou non, le rapport d’un Européen à la culture européenne — notre seule unité fondamentale, répétons-le
263 ent ou non, le rapport d’un Européen à la culture européenne — notre seule unité fondamentale, répétons-le — n’est pas exceptionne
264 prétendre que leur diversité empêche l’union de l’ Europe . Orgueils, craintes et prétextes également vains. Car la « pureté » d
265 raison, précisément, dans la variété des sources européennes qui ont fait l’anglais : la base germanique, les apports scandinave p
266 ue enfin. Et il ajoute : « Quand les nations de l’ Europe sont coupées les unes des autres, et que les poètes ne lisent plus d’
267 nations », qui ne peut se faire que dans le cadre européen . Car des vraies « nations » ou régions ne seront vraiment elles-mêmes
268 une « culture nationale », ou un microcosme de l’ Europe , mais seulement un ensemble d’œuvres composées d’éléments empruntés à
269 ur. Rien de plus commun à toutes les nations de l’ Europe que leur désir de se trouver une vocation originale. Rien de plus car
270 ginale. Rien de plus caractéristique du véritable Européen que sa volonté de n’être pas comme son voisin, de ne ressembler à auc
271 lande, et à vingt autres fleuves et rivières de l’ Europe . « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit notre « mère l’Europe » — com
272 limite, osons le dire : l’héritage culturel de l’ Europe oblige tous ses bénéficiaires au génie pur, qui est d’être malgré tou
273 t d’être malgré tout dans le tout. Chaque homme d’ Europe est une dramatis persona qui crée son rôle avec plus ou moins de bonh
274 choix, d’autre part, font nécessairement tort à l’ Europe idéale et théoriquement orthodoxe, qui serait non pas la somme de tou
275 uelques exemples de limitations héritées par tout Européen moyen, dans la mesure exacte où il reste tributaire de son programme
276 ie cloisonne et appauvrit. Elle existe partout en Europe , des Bleus et des Verts de Byzance aux « sportifs » des cinq continen
277 empires de l’Afrique noire et des Aztèques. 2. L’ Européen moderne (produit des sources grecque, romaine et judéo-chrétienne, en
278 ù les dévastations planétaires que l’on sait. Les Européens ne sont pas plus cruels et violents que les Asiates ou les Noirs, loi
279 u xiiie siècle et l’idéologie au xixe siècle, l’ Européen moyen abdique sa liberté devant « ceux qui savent » mais il croit mie
280 ne donne qu’une faible et trop aimable idée. 4. L’ Européen romanisé, organisé, étatisé depuis des siècles, ne peut guère plus co
281 ahison, si longtemps arrogante, de l’esprit. 5. L’ Européen moyen hérite de son histoire mille raisons de mépriser l’Histoire et
282 t aux éléments libérateurs de l’héritage culturel européen , ils sont trop connus et trop souvent exaltés pour qu’il me soit beso
283 a Chine de Mao. Mais c’est bien à tout cela que l’ Europe a dû ses pouvoirs d’invention, d’innovation, d’expansion planétaire,
284 e la foi jurée. Tout cela peut permettre à chaque Européen de dépasser un jour, fût-ce d’une manière infime — mais décisive, pui
285 . Rougemont Denis de, « L’héritage culturel de l’ Europe  », Mémoires de l’Europe, Paris, Laffont, 1971, p. 1-4.
286  L’héritage culturel de l’Europe », Mémoires de l’ Europe , Paris, Laffont, 1971, p. 1-4.
17 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
287 tice (4 février 1971)z aa « Dans notre société européenne , depuis le xiie siècle, les femmes ont été l’agent principal de civi
288 création de la poésie, de la vraie littérature en Europe , et il y a donc un lien tout à fait évident entre la culture, la civi
289 le rôle civilisateur de la femme dans les pays d’ Europe . Mais la femme n’avait-elle pas plutôt un rôle d’inspiratrice, un rôl
290 morale, c’est par les femmes que cela se fait en Europe . C’est très important et on l’oublie toujours. D’ailleurs, je reproch
291 hanalyser le Suisse Est-ce propre à la culture européenne  ? D’autres civilisations n’ont pas accordé le même poids au rôle de l
292 le de la femme. Je pense que c’est spécifiquement européen , parce que notre civilisation est fondée sur cette idée de la famille
18 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
293 ait bientôt se révéler comme étant le cancer de l’ Europe et du monde ». Enfin, citant les dispositions de la Constitution sov
294 ncept de région, clé de la révolution fédéraliste européenne , Arnaud Dandieu aura tenu une place proprement décisive : il a posé l
295 Arnaud Dandieu, la révolution et les régions », L’ Europe en Formation, Nice, mars 1971, p. 11-12.
19 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
296 ètes d’un grand nombre d’activités culturelles en Europe , et tout d’abord l’enseignement des principales disciplines tradition
297 anc, Pyrénées basques, Oural). Histoire Une Europe merveilleusement nouvelle naîtra de l’étude honnête du passé systémat
298 a France de Robert Lafont.) Toute l’histoire de l’ Europe étant à refaire de fond en comble, après un siècle et demi de falsifi
299 ue des régions dans l’ensemble socioculturel de l’ Europe tel qu’il s’est composé pendant trois millénaires. Instruction civ
300 ette double donnée de base : — les grands styles européens , puis mondiaux, du roman et du gothique au Bauhaus et à « l’architect
301 e, « Les régions et la civilisation », 30 Jours d’ Europe , Paris, mars 1971, p. 35-36.
20 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
302 L’Amour et l’ Europe  : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)ad ae
303 système est sérieux ? Dans ma Lettre ouverte aux Européens j’ai écrit que l’Europe, c’est 480 millions d’Européens qui s’ignore
304 a Lettre ouverte aux Européens j’ai écrit que l’ Europe , c’est 480 millions d’Européens qui s’ignorent, et que la condition d
305 ns j’ai écrit que l’Europe, c’est 480 millions d’ Européens qui s’ignorent, et que la condition de notre survie, c’est de nous un
306 es slogans totalitaires ! Le meilleur de l’esprit européen est né, je crois, de cette formule du premier philosophe grec, au vie
307 . On trouve cette intuition dans toute la culture européenne , des conciles de Nicée et de Chalcédoine jusqu’à Hegel et Proudhon. S
308 uple ? Dans mon action en faveur d’une fédération européenne , j’ai défini le fédéralisme comme la coexistence en tension de réalit
309 débat à la radio : « Ne craignez-vous pas que les Européens ne soient trop différents les uns des autres pour jamais pouvoir s’un
310 st absolument fondamental dans la vie de tous les Européens , même s’ils n’ont jamais lu une ligne de l’histoire de Tristan. La pa
311 nelle dans le monde, car c’est une invention de l’ Europe . L’Asie l’ignore en toute sérénité, l’Amérique la déprime et la Russi
312 c’est de là que viennent toutes nos littératures européennes et tous les lieux communs de l’amour tel qu’on le chante, tel qu’on l
313 que nous le concevons a inspiré tous les arts en Europe , mais il ne vaut rien pour cette œuvre d’art qu’est le couple. C’est
314 . Et c’est une invention spécifique de la culture européenne . Et que se passe-t-il dans les autres civilisations ? Je n’ai rien tr
315 . L’amour, l’érotisme et la sexualité ont créé en Europe une problématique à peu près unique au monde : ils ne peuvent pas dev
316 ’être envoyé en Amérique… où j’allais découvrir l’ Europe . Comment cela ? On prend conscience des choses quand on les perd. Je
317 on intellectuelle de l’Amérique sous l’impact des Européens immigrés. En 1922, quand je suis allé aux États-Unis pour une tournée
318 depuis lors est dû en bonne partie à l’afflux des Européens , notamment ceux que Hitler a chassés. » Dans quelles circonstances av
319 cheveux longs ! Nous avons parlé de l’union de l’ Europe . Il m’a dit : « Vous êtes bien optimiste. Cela prendra un temps fou.
320 s ce qui l’avait permis, donc l’idée de « faire l’ Europe  ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était ir
321 e ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens , c’était irrésistible. Il y avait là Marcel Duchamp, André Breton, et
322 Aucun de nous n’était certain de jamais revoir l’ Europe . J’écrivais deux textes par jour pour « La Voix de l’Amérique parle a
323 e partie de votre vie à la cause d’une fédération européenne . Mais l’Europe est loin d’être faite. Ne craignez-vous pas d’avoir pe
324 ie à la cause d’une fédération européenne. Mais l’ Europe est loin d’être faite. Ne craignez-vous pas d’avoir perdu votre temps
325 s de l’action. Je crois que nous pourrons faire l’ Europe d’ici à vingt ans sur la base des régions, au-delà des nationalismes.
326 smes. Je constate d’ailleurs que les doutes sur l’ Europe et la vitalité de sa culture n’existent que dans l’esprit des intelle
327 re n’existent que dans l’esprit des intellectuels européens , et pas ailleurs. Car l’Europe, aujourd’hui, y compris les pays de l’
328 s intellectuels européens, et pas ailleurs. Car l’ Europe , aujourd’hui, y compris les pays de l’Est, c’est 480 millions d’homme
329 480 millions d’hommes. Alors, vous comprenez, « l’ Europe écrasée entre les deux Grands », c’est une plaisanterie, car en addit
330 lions d’Américains, on n’arrive pas même au total européen . Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons s
331 e. Mais alors sur quelle base voulez-vous faire l’ Europe  ? Parmi tous ceux qui bâtissaient l’Europe, économistes du Marché com
332 aire l’Europe ? Parmi tous ceux qui bâtissaient l’ Europe , économistes du Marché commun, hommes politiques, universitaires, je
333 on, qualifiant et orientant l’union possible de l’ Europe sur la base de l’unité culturelle, qui s’est formée tout en fondant l
334 té culturelle, qui s’est formée tout en fondant l’ Europe , depuis deux ou trois millénaires, et qui caractérise la société euro
335 trois millénaires, et qui caractérise la société européenne . D’autres cherchent à bâtir l’Europe de l’économie ; moi, j’ai cherch
336 société européenne. D’autres cherchent à bâtir l’ Europe de l’économie ; moi, j’ai cherché celle des valeurs et celle des homm
337 e ? Je ne donne une place ni grande ni petite à l’ Europe  : je dis ce qu’elle est parmi les vingt-deux ou vingt-trois civilisat
338 lisations qu’énumère Toynbee. « Tout est venu à l’ Europe , et tout en est venu, ou presque », disait Valéry. C’est vrai : toute
339 iques et littéraires. Cela ne veut pas dire que l’ Europe soit moralement supérieure aux autres civilisations ; elle a déclench
340 e qu’il n’y a pas eu Hitler, Staline, Guernica… L’ Europe est une unité complexe, pétrie de contradictions, qui sont dues à la
341 la révolution, qui est, elle aussi, une invention européenne . Ailleurs, il n’y a jamais eu, avant le contact avec notre culture et
342 l’Amérique.” Or l’Amérique est une invention de l’ Europe . Où trouvez-vous des valeurs neuves dans ce périple ? Le marxisme ? A
343 est le produit spécifique des contradictions de l’ Europe au xixe siècle. » Pourquoi, selon vous, n’est-ce pas encore fait, la
344 lon vous, n’est-ce pas encore fait, la fédération européenne  ? D’abord, parce qu’on est parti sur le mauvais pied, en essayant de
345 Churchill, qui, lui, voulait des « États-Unis » d’ Europe en vue de créer une puissance nouvelle sur la base des États-nations.
346 ance nouvelle sur la base des États-nations. Or l’ Europe ne pourra se fédérer que par la volonté délibérée des Européens, et n
347 ourra se fédérer que par la volonté délibérée des Européens , et non pas par une espèce de complot des gouvernements. Vous ne croy
348 s. Je connais un Breton qui a fait un livre sur l’ Europe régionaliste… Eh bien, il a dû se réfugier en Irlande ! Pour vous, au
349 de ce que pensent les ministres, on ne fera pas l’ Europe sans casser des œufs. Il nous faut entreprendre délibérément cette ré
350 s et culturelles qui formeront peu à peu un tissu européen  : il faut faire de l’Europe avant de faire l’Europe. Ce tissu se révé
351 peu à peu un tissu européen : il faut faire de l’ Europe avant de faire l’Europe. Ce tissu se révélera d’ici à vingt ans, ou a
352 péen : il faut faire de l’Europe avant de faire l’ Europe . Ce tissu se révélera d’ici à vingt ans, ou avant, plus solide et plu
353 s régions qui jouent un rôle créateur et actif, l’ Europe sera pratiquement faite. Mais n’est-ce pas mettre la charrue devant l
354 . Vous restez donc optimiste en ce qui concerne l’ Europe  ? Les statistiques sur l’idée européenne me permettent de rappeler ce
355 i concerne l’Europe ? Les statistiques sur l’idée européenne me permettent de rappeler cette phrase un peu cynique de Louis Armand
356 Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier de l’ Europe . Comment voyez-vous l’avenir ? Je crois au progrès. Je l’ai décrit, d
357 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Amour et l’ Europe  : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont », L’Express, Paris, 1
358 ce qu’il est, depuis vingt ans, le pionnier d’une Europe fédérée. Son dernier ouvrage, Lettre ouverte aux Européens (Albin M
359 fédérée. Son dernier ouvrage, Lettre ouverte aux Européens (Albin Michel), vient de recevoir le prix Robert Schuman. L’amour et
360 de recevoir le prix Robert Schuman. L’amour et l’ Europe ont-ils de l’avenir ? Et lequel ? Denis de Rougemont va “plus loin” a
21 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
361 art du diable . Il en parlera d’ailleurs, et de l’ Europe — sa grande idée — dans l’émission que lui consacrent les services de
22 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
362 sse conseillerait la prudence et la lenteur aux «  Européens trop pressés ». Il aurait fallu, nous dit-on, six-cents ans pour mûri
363 n suisse, et vous, vous prétendez faire la grande Europe en dix ans ? La vérité historique, c’est qu’il a fallu cinq à six siè
364 paraîtrait susceptible de faciliter l’union de l’ Europe d’aujourd’hui, comme elle a rendu possible la fédération si rapide de
365 a bien réussi. Et j’observe qu’un pouvoir fédéral européen , constitué selon la même formule, serait seul capable de garantir eff
366 spèrent temporaire, je pense que les fédéralistes européens peuvent accepter le mot s’il facilite la chose, — quelles que soient,
367 ons des hommes d’État. Ceci dit, les fédéralistes européens ne sauraient se contenter du modèle suisse transposé à l’échelle euro
368 contenter du modèle suisse transposé à l’échelle européenne , c’est-à-dire du passage probable de la future confédération d’États
369 la future confédération d’États à un État fédéral européen . Car, d’une part, la Suisse demeure juridiquement une association d’É
370 d’aménagement et les universités, à la fédération européenne les transports continentaux et les grands centres de recherches. Dans
371 de, « Fédération ou confédération ? », 30 Jours d’ Europe , Paris, juillet–août 1971, p. 20.
23 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
372 ion de la nature, a provoqué dans le grand public européen deux réactions contradictoires : tout d’abord, une prise de conscienc
24 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
373 Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)am La participation aux respon
374 Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)am La participation aux responsabilités sociales
375 la situation du mot lui-même ; etc. 5. Quelle Europe  ? Les rythmes d’évolution du lien social et de la participation du
376 les mêmes, d’ici là, aux États-Unis, en URSS, en Europe , dans le tiers-monde. Les situations de départ en 1970 sont différent
377 férences d’une communauté à l’autre dans l’espace européen . Le brassage des populations dans les régions centrales du continent
378 vations analogues peuvent être faites à l’échelle européenne , quant aux comportements civiques des Français du Midi, ou des Tchèqu
379 ler que ce pluralisme même différencie l’ensemble européen des ensembles plus uniformes ou uniformisés des USA et de l’URSS : to
380 r l’agora. Jusqu’à nos jours, en toutes provinces européennes , de Grenade à Riga, d’Édimbourg à Istanbul, et d’Athènes à Stockholm,
381 jouent ». Posons d’entrée de jeu que de l’option Europe unie ou non va dépendre tout le reste et d’abord l’identité européenn
382 n va dépendre tout le reste et d’abord l’identité européenne . I. L’Europe divisée Dans le premier terme de notre alternative,
383 le reste et d’abord l’identité européenne. I. L’ Europe divisée Dans le premier terme de notre alternative, l’Europe, auto
384 Dans le premier terme de notre alternative, l’ Europe , autour de l’an 2000, est restée — ou est revenue, après l’échec des
385 histoire. Peut-on décrire alors le « purgatoire » européen  ? C’est peut-être une tâche impossible, au surplus vaine, s’il est va
386 s États-nations en 2000 impliquerait la mort de l’ Europe comme entité. L’échec définitif du Marché commun des Six par suite du
387 résultat nécessaire de l’incapacité de « faire l’ Europe  » à cette date ! En effet, « l’intérêt supérieur de la nation », invo
388 ie communiste. Cette prolétarisation civique de l’ Europe paraît inévitable si nos États-nations persistent à refuser toute for
389 probable) que nous tenterons de composer. 2. L’ Europe fédérée Si, au contraire — c’est le deuxième terme de notre altern
390 c’est le deuxième terme de notre alternative — l’ Europe a réussi à s’unir, c’est-à-dire à dépasser le stade des États-nations
391 ouer un rôle à l’échelle mondiale : la fédération européenne peut y prétendre. Ce second terme de notre alternative linéaire condu
392 e conduit à une nouvelle bifurcation possible : l’ Europe fédérée sur la base des régions réussit à s’autorégler (A), ou bien e
393 leur tour l’ensemble des gouvernants et citoyens européens . Aux trois principaux niveaux de décision : 1. commune ; 2. région ;
394 n doit parler de deux classes divisant la société européenne tout entière : au lieu des libres et des serfs du Moyen Âge, nous avo
395 de se réaliser beaucoup mieux dans la République européenne , grâce à l’action d’aristocraties culturelles (groupes de prestige) e
396 rder, New York, 1970. am. Rougemont Denis de, «  Europe divisée ou Europe fédérée ? », L’Europe en l’an 2000, Fayard, 1972, p
397 70. am. Rougemont Denis de, « Europe divisée ou Europe fédérée ? », L’Europe en l’an 2000, Fayard, 1972, p. 169-199.
398 nis de, « Europe divisée ou Europe fédérée ? », L’ Europe en l’an 2000, Fayard, 1972, p. 169-199.
25 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
399 uleverser les équilibres écologiques du continent européen , et des mers et des airs qui l’entourent. Par un juste retour, n’est-
26 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
400 Forteresse au centre de l’ Europe  : la Suisse (1972)ak al Je rentrais de l’espace. Des heures durant
401 par le soleil rasant. Ah ! ce ne peut être que l’ Europe  ! Ces champs morcelés et striés dans tous les sens, et ces forêts irr
402 iguée et de très dense habitation, ce n’est pas l’ Europe des confins dénudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous
403 , rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’ Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie. Regardons de plus
404 s de plus près : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des années d’absence cosmique, impossi
405 : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne . Même après des années d’absence cosmique, impossible de s’y tromper.
406 auté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’agora des anciens Grecs et du forum de la Rome républica
407 du Gothard, cœur des Alpes et château d’eau de l’ Europe médiane. Elle est née des communes rurales qui formaient la grand-gar
408 Rougemont Denis de, « Forteresse au centre de l’ Europe  : la Suisse », La France, la Belgique, la Suisse par-dessus les toits
27 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
409 ill, en mai 1948, il paraissait urgent de faire l’ Europe pour empêcher le retour des folies d’hier : deux guerres mondiales dé
410 -ci en termes d’avenir : savoir si l’an 2000 de l’ Europe ouvrira une apocalypse du genre humain ou s’il présentera au monde le
411 es valeurs. Et voilà qui dépend de l’éducation. L’ Europe de l’an 2000 sera gérée soit par les Européens qui ont aujourd’hui de
412 on. L’Europe de l’an 2000 sera gérée soit par les Européens qui ont aujourd’hui de dix à vingt ans, et qui sont les élèves de nos
413 tiques, ou par quelque combinaison des deux. Si l’ Europe est gérée par les Européens, c’est qu’elle aura réussi son union ; ca
414 mbinaison des deux. Si l’Europe est gérée par les Européens , c’est qu’elle aura réussi son union ; car autrement elle ne pourra r
415 ne peut être que fédérale, il faut que les jeunes Européens soient élevés dès maintenant dans un climat mental, psychologique et
416 ondition sine qua non Si donc l’on veut que l’ Europe de l’an 2000 soit gérée par les Européens, c’est-à-dire ait fait son
417 veut que l’Europe de l’an 2000 soit gérée par les Européens , c’est-à-dire ait fait son union, il faut que l’École cesse d’enseign
418 mais la région et ses réalités tangibles, puis l’ Europe et ses réalités culturelles, enfin l’Humanité, unité biologique, écol
419 que, écologique et spirituelle. Il n’y aura pas d’ Europe unie en l’an 2000 si l’on ne commence pas aujourd’hui et si l’on n’ac
420 s ministres et les députés de son parti — que « l’ Europe va de Gibraltar à l’Oural ». Et sa politique étrangère se fondait en
421 s années 1900 à 1914, définissaient précisément l’ Europe comme allant « de Gibraltar à l’Oural ». L’an 2000 se joue aujourd’hu
422 question suivante : comment ouvrir nos écoles à l’ Europe , en sorte qu’elles préparent désormais non plus de petits nationalist
423 concrètes à leur commune, à leur région, à notre Europe , et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961, nous a
424 ’un programme aussi simple qu’ambitieux : faire l’ Europe en formant aujourd’hui les Européens de demain. Nous expliquions ains
425 tieux : faire l’Europe en formant aujourd’hui les Européens de demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence p
426 demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’ Europe commence par l’organisation : Conseil de l’Europe, Communautés europé
427 l’organisation : Conseil de l’Europe, Communautés européennes , CERN. Mais elle ne deviendra vivante que par les citoyens qui la viv
428 ue commune et d’organes gouvernementaux ? Point d’ Europe sans citoyens européens. Mais point de citoyens européens, sans une E
429 es gouvernementaux ? Point d’Europe sans citoyens européens . Mais point de citoyens européens, sans une Europe politiquement cons
430 e sans citoyens européens. Mais point de citoyens européens , sans une Europe politiquement constituée… Le moyen pratique pour sor
431 péens. Mais point de citoyens européens, sans une Europe politiquement constituée… Le moyen pratique pour sortir de ce cercle
432 oue un rôle important dans la formation de chaque Européen  : l’École ? Or l’École fait des citoyens pour ce qu’on veut, et trop
433 ferait-elle pas dorénavant, des citoyens pour une Europe unie, équilibrée, et pour une nouvelle société, condition de la paix
434 diale ? Commencer l’action en faveur d’un civisme européen par l’École, et avec l’aide des enseignants, non pas en ajoutant à de
435 des programmes déjà trop chargés des heures sur l’ Europe , mais en introduisant dans les leçons d’histoire, de géographie, d’éc
436 ’art et d’instruction civique, un angle de vision européen  : telle a été dès l’origine l’idée directrice de la Campagne d’éducat
437 dée directrice de la Campagne d’éducation civique européenne . Et quant à la méthode, elle devait consister à équiper et à former a
438 ts qui, à leur tour, propageraient l’idée civique européenne parmi leurs collègues, et par ce procédé de démultiplication, atteind
439 ienté leur enseignement dans le sens d’un civisme européen . Mais on peut citer quelques chiffres : — 33 stages de formation, dan
440 écoles normales. — 25 numéros de la revue Civisme européen ont paru en français, prenant la suite de 6 bulletins du Centre europ
441 e nos stages, destinés à faire entrer l’éducation européenne dans les programmes et les manuels : — après le stage de Bruxelles, e
442 d’éducation civique est élaboré dans une optique européenne  ; — après le séminaire de Bruges, en 1968, sur les stéréotypes nation
443 admettent ou favorisent de plus en plus l’optique européenne dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Tout cela repr
444 e on sait qu’il est de règle dans notre société «  européenne  » par antiphrase — en réalité nationale-matérialiste. Tout cela reste
445 t à l’École, si l’on veut réellement construire l’ Europe . Même si tous les enseignants touchés par la Campagne avaient tiré le
446 ensable au déclenchement du processus fédéraliste européen . Or, je ne vois aucune méthode meilleure que celle qu’ont adoptée, de
447 ix ans, les associations d’enseignants à vocation européenne dont la Campagne veut être l’expression commune et l’instrument. Il f
448 l’École, sur l’éducation générale de la jeunesse européenne , civique, professionnelle et personnelle. Ce ne sont pas nos États qu
449 ersonnelle. Ce ne sont pas nos États qui feront l’ Europe , n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu’ils étaient là pour l’emp
450 xelles, de Strasbourg, de Luxembourg qui feront l’ Europe — s’il est vrai qu’elles y contribuent avec une indéniable compétence
451 élèves. Si l’on a compris cela, et si l’on veut l’ Europe , on admettra l’urgence de la Campagne, et l’on fera ce qu’il faut pou
452 que les esprits ne sont pas mûrs pour l’union des Européens . Quand le seront-ils jamais sans la préparation que, dans l’état actu
453 tout le contraire d’hommes libres, citoyens de l’ Europe et du monde : des producteurs — consommateurs disciplinés et des nati
454 pendra l’avenir non seulement de l’École, ou de l’ Europe , mais du Monde : Le civisme commence au respect des forêts. 12. « 
455 ivisme commence au respect des forêts. 12. « L’ Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américaine »,
456 t de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen , Genève, mars 1972, p. 1-4.
28 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
457 du mouvement personnaliste. Nous parlions déjà d’ Europe . Nous avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d
458 randes communautés, jusqu’à former une communauté européenne , une fédération européenne qui, ensuite, aurait pu se fédérer avec d’
459 former une communauté européenne, une fédération européenne qui, ensuite, aurait pu se fédérer avec d’autres fédérations continen
460 deux grands mythes qui tourmentent et animent les Européens sur le plan de l’amour : Tristan, d’un côté ; Don Juan, de l’autre. T
461 ment qu’en 1947. Aux États-Unis, j’ai découvert l’ Europe . Il fallait donc s’éloigner pour la retrouver ? Oui. Beaucoup de gens
462 gens ont fait cette expérience. Presque tous les Européens qui vivaient à New York pendant la guerre étaient des gens extraordin
463 éories, de s’engager dans la cause du fédéralisme européen . Le mot engagement était alors fort à la mode à Paris. Et tout le mon
464 je me suis dit que maintenant il fallait faire l’ Europe . Qu’on ne pouvait unifier l’Europe sur le modèle hitlérien ou napoléo
465 allait faire l’Europe. Qu’on ne pouvait unifier l’ Europe sur le modèle hitlérien ou napoléonien, qu’on ne pouvait pas non plus
466 apoléonien, qu’on ne pouvait pas non plus faire l’ Europe avec l’État-nation. Il fallait donc unir l’Europe d’une manière fédér
467 Europe avec l’État-nation. Il fallait donc unir l’ Europe d’une manière fédéraliste, c’est-à-dire en appliquant notre doctrine,
468 e suisse ? Et l’étendre à toutes les régions de l’ Europe  ? Les communes, bien avant les cantons — on ne commence à parler des
469 s plus tard, parler au premier congrès de l’Union européenne des fédéralistes qui avait lieu à Montreux. J’y ai prononcé le discou
470 aient pas fédéralistes mais qui voulaient aussi l’ Europe . Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence d
471 fond, a tout créé. C’est le grand démarrage de l’ Europe . Il y avait 800 personnes, 16 présidents du conseil, 300 députés. J’a
472 utés. J’ai écrit le message final : « Message aux Européens  » qui demandait notamment la création d’un véritable Conseil de l’Eur
473 ser son énorme popularité pour lancer l’idée de l’ Europe . Nous avons, si je puis dire, été « refaits ». Parce que loin de fair
474 t à boulets rouges. Comment voulez-vous réussir l’ Europe en la fondant sur l’obstacle par excellence à toute union qu’est l’Ét
475 ble que se sont assignée les États. Selon vous, l’ Europe actuelle n’est qu’une juxtaposition d’États ? Moi, j’appelle cela l’a
476 rise économique. Ça, c’est la morale qui domine l’ Europe des nations. Vous êtes déçu ? Non. Je ne suis pas déçu. Je n’y ai jam
477 e n’y ai jamais cru. Je n’ai jamais cru que cette Europe -là pouvait se faire. Mais j’ai pensé qu’il valait mieux que les États
478 je voudrais étendre de proche en proche à toute l’ Europe , en suivant la loi des dimensions des tâches. Comment peut-on définir
479 problèmes qui sont extrêmement divers. Il y a en Europe une quantité de régions qui sont définies par des problèmes. Il y a,
480 de ces régions, une autorité, une agence fédérale européenne de l’écologie. Qui peut être placée n’importe où et donner des direct
481 n exemple existant d’une de ces agences fédérales européennes  : le Marché commun, à condition que celui-ci reste dans ses compétenc
482 utorité régionale et relever de l’agence fédérale européenne correspondante. Bien entendu, sans absolument tenir compte des fronti
483 stade. Or, l’État-nation nous empêche de faire l’ Europe . Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu
484 mpêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’ Europe  ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par
485 au nom de quelle pensée nous arriverons à faire l’ Europe . Le sentiment religieux joue un très grand rôle dans vos activités ?
486 et l’Occident et la récente Lettre ouverte aux Européens , professeur, traducteur de plusieurs livres du théologien protestant
487 nis de Rougemont est avant tout, à sa manière, un Européen . Sa grande idée : le fédéralisme. Qu’il définit ainsi : “S’unir pour
29 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
488 par le soleil rasant, ah ! ce ne peut être que l’ Europe  ! Ces champs morcelés et striés dans tous les sens, et ces forêts irr
489 iguée et de très dense habitation, ce n’est pas l’ Europe des confins dénudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous
490 , rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’ Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie. Regardons de plus
491 s de plus près : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des années d’absence cosmique, impossi
492 : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne . Même après des années d’absence cosmique, impossible de s’y tromper.
493 auté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et du « forum » de la Rome r
30 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
494 urope ont en moyenne 25 ans d’âge. Or, la culture européenne , qui remonte à Sumer, à l’Égypte, à la Crête, à l’Iran et aux Scythes
495 ionales. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit l’ Europe aux nations. Elles n’ont en propre que leurs vanités, leurs chauvinis
496 c d’autres cultures continentales, est la culture européenne . Voilà notre unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écol
497 ntestation comme tradition centrale de la culture européenne Dès l’aube de la pensée des Grecs d’Ionie — qui est théologique, c
498 comportement intellectuel, affectif et moral de l’ Européen en tant que tel : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contr
499 lités antinomiques dont nous vivons selon le mode européen  : l’Un et le Divers, le Transcendant et l’Immanent, le Féminin et le
500 d’illusions phénoménales (voile de Maya). Seule l’ Europe a osé dépasser le stade de l’initiation (alpha et oméga des cultures
31 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
501 me culture générale, studium generale, université européenne  ; beaucoup de choses redoutables, comme l’hégémonie d’une science (Sa
502 sion. J’ai étudié ce phénomène, si spécifiquement européen par sa genèse, dans L’Amour et l’Occident . J’ai très vite pressenti
503 aste évolution. L’Institut universitaire d’études européennes n’est-il pas, en vertu même de son titre, condamné à la spécialisatio
504 En vertu même de l’objet de ses études, qui est l’ Europe , il me paraît condamné à l’interdisciplinarité de type b). L’Europe e
505 ît condamné à l’interdisciplinarité de type b). L’ Europe est un phénomène qui n’existe, au sens fort, ni dans les réalités éco
506 de ces disciplines ne serait capable de saisir l’ Europe dans son être historique et virtuel, dans son évolution. L’Europe n’a
507 être historique et virtuel, dans son évolution. L’ Europe n’apparaît qu’à leur carrefour, elle est définie par leurs intersecti
32 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
508 De Genève à l’ Europe par les régions (mars 1973)aw ax Plasticages en Bretagne, sous-dév
509 des sens très différents ? Car si tous les États européens sont amenés à reconnaître l’existence d’un problème régional, celui-c
510 Mais un phénomène politique très précis, dont les Européens ont pris conscience au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, joue
511 é, de modèle jacobin et napoléonien, qui domine l’ Europe depuis un siècle et demi, et que tous les pays du monde copient comme
512 ouveraineté absolue des États ». Les fédéralistes européens voient dans le culte de l’État-nation non seulement la cause de nos g
513 échelle planétaire. Aucun de nos vingt-huit États européens ne peut plus assurer seul sa défense militaire et sa prospérité, son
514 ne serait-il pas la création d’agences fédérales européennes , qui seraient compétentes partout où les tâches et leur concertation
515 tale — et là seulement ? La constitution de pools européens de recherche (comme le CERN) et une action concertée dans le domaine
516 ne répondait en réalité à une prise de conscience européenne et d’horizon mondial. La conscience de la nécessité de fédérer l’Euro
517 ndial. La conscience de la nécessité de fédérer l’ Europe et la reconnaissance de l’obstacle majeur à cette union que constitue
518 uer) amènent à constater que si l’on veut faire l’ Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé.
519 ires actuellement étouffés dans les pays de l’Est européen . Presque partout, ces ethnies brimées déclarent souffrir d’un sous-dé
520 leur séparation et leur rattachement immédiat à l’ Europe fédérée de demain. II. Les plans d’aménagement du territoire qui se d
521 er simultanément : 1. Créer des agences fédérales européennes non seulement pour l’économie (comme la CEE élargie), mais pour l’éco
522 former ces régions, et de la sorte créer un tissu européen qui finira par se révéler plus solide que les liens administratifs su
523 dès l’école primaire dans l’optique régionaliste, européenne , voire mondiale, et non plus uniquement nationaliste ; informer les p
524 rop longs face à l’urgence des périls que court l’ Europe , j’entends sa colonisation par une hégémonie politique à l’Est, une h
525 aire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève à l’ Europe par les régions », Bulletin du Crédit suisse, Zurich, mars 1973, p. 3
526 e la culture et l’Institut universitaire d’études européennes . Il compte au nombre des grands écrivains et essayistes suisses de no
527 s écrits portent principalement sur les problèmes européens et leur solution. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, lui a val
33 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
528 u 1er juillet sur les problèmes et les structures européennes .
34 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
529 L’ Europe , c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)bb D’autant plus no
530 aissons Dieu. Spinoza : Éthique Finalité de l’ Europe unie : la liberté, non la puissance Je pars de ce qui me paraît un
531 aît une évidence majeure : il nous faut « faire l’ Europe  » afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vite : ni moujiks ni
532 ons, pour aller vite : ni moujiks ni yankees. Une Europe divisée en vingt-huit nations chacune trop petite pour se défendre se
533 une souveraineté de plus en plus mythique — cette Europe divisée n’a pas la moindre chance de résister d’une part à la colonis
534 licière par l’État russe — voir les pays de l’Est européen —, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutume
535 groupes industriels des États-Unis. De plus, une Europe divisée ne peut jouer aucun rôle à l’échelle mondiale. Elle ne peut q
536 rres des autres, les compromis des autres. Mais l’ Europe ne pourra jamais se faire que selon la formule fédéraliste, respectue
537 des diversités et des autonomies politiques. Une Europe unitaire et uniformisée en vue de la puissance, deux hommes ont essay
538 e fédéraliste, seule pratiquement possible pour l’ Europe , est en même temps la seule formule européenne pratiquement acceptabl
539 pour l’Europe, est en même temps la seule formule européenne pratiquement acceptable pour les nations qui ont des problèmes région
540 devant aucune majorité. L’État-nation contre l’ Europe Ici, l’on bute sur l’obstacle majeur à toute union fédérale : l’Ét
541 tières coïncident avec elle. Nous croyons que les Européens sont trop différents les uns des autres pour s’unir et qu’on ne pourr
542 fait couramment, les États-nations modernes de l’ Europe . La culture européenne n’est pas la somme de vingt-huit cultures nati
543 es États-nations modernes de l’Europe. La culture européenne n’est pas la somme de vingt-huit cultures nationales, puisqu’elle exi
544 es colonies d’étudiants venus d’une même région d’ Europe et parlant entre eux la même langue : nation anglaise, nation flamand
545 ographie par l’histoire ». Unité de la culture européenne En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes
546 de la culture européenne En nous présentant l’ Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europ
547 e de nations en teintes pâles, et la culture de l’ Europe comme une addition de prétendues « cultures nationales » bien distinc
548 vinismes, fauteurs de deux guerres mondiales où l’ Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire
549 que cette unité de base permet seule de définir l’ Européen . On se rappelle la page fameuse de Paul Valéry sur les trois sources
550 fameuse de Paul Valéry sur les trois sources de l’ Europe  : Athènes, Rome et Jérusalem, ou encore : Aristote, Platon et Euclide
551 and montre que le secret de la grande littérature européenne réside dans la synthèse de la tradition grecque — les tragiques — et
552 achent les façades des États-nations, c’est que l’ Europe est d’abord une culture, et que cette culture s’est formée à partir d
553 des nations au sens moderne. Les grands courants européens , les grandes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre cultu
554 ntières nationales, nous n’appauvrirons en rien l’ Europe une et diverse, et nous ne risquerons pas un instant de créer ce fame
555 . Seconde observation : la création culturelle en Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralisée et q
556 d secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne , il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants contin
557 rôle, est simplement omis, inexistant. Vers l’ Europe des régions Si maintenant je transpose en termes politiques mon éq
558 rmes politiques mon équation culturelle, soit : Europe de la culture = courants continentaux à partir de foyers locaux cela
559 taux à partir de foyers locaux cela va donner : Europe politique = fédération continentale à partir des régions L’Europe q
560 fédération continentale à partir des régions L’ Europe que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espére
561 et renforcent le principe. Je ne crois pas à une Europe des États-nations souverains, parce qu’on ne peut pas fonder l’union
562 définition à toute union. Je l’ai dit souvent : l’ Europe des États, rêvée par de Gaulle, ce serait une amicale des misanthrope
563 mais alors il n’y a pas d’amicale. La fédération européenne s’établira sur la base des régions, et celles-ci ne seront pas des mi
564 iste tel que je le conçois — seul possible pour l’ Europe réelle — et c’est aussi condition de la liberté des personnes dans la
565 lésiastiques, soit stato-nationaux. La fédération européenne ne naîtra pas d’accords au sommet, mais de groupements de communes et
566 t été depuis deux-mille ans le sel de la Terre, l’ Europe leur doit le meilleur de son héritage, et leur devra peut-être d’appo
567 chrétiens que les valeurs bibliques ont fécondé l’ Europe . En attendant la grande explosion culturelle des Juifs en Occident dè
568 autres initiateurs… bb. Rougemont Denis de, « L’ Europe , c’est d’abord une culture », Reformatio, Zurich, juillet 1973–août 1
35 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
569 ètement Suisse. Est-ce que l’idée de l’unité de l’ Europe vous vient de vos ancêtres ? Ce n’est pas une idée suisse. Le Suisse
570 s suisse. Les Suisses étaient destinés à être des Européens . Votre vie intellectuelle commence à Paris ? Oui, j’y ai publié mes p
36 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
571 e inconnu que l’on doit l’expression, de « taille européenne  ». Beaucoup l’emploient, l’air entendu, mais nul ne sait ce qu’elle s
572 es régions, nous dit-on, doivent être de « taille européenne  ». Quelle est cette taille ? Qui en décide ? Au nom de quoi ? Que veu
573 et bétonnées pour être « compétitives à l’échelle européenne  ». Mais « compétitives » avec quoi ? — Avec les Länder allemands, me
574 ne distinguait derrière l’argument de la « taille européenne  » le modèle obsédant de l’État-nation napoléonien, défini par ses seu
575 e les créations les plus mémorables de la culture européenne sont toutes nées de foyers locaux, Florence, Mantoue, Bruges, Anvers
576 ve, Weimar, Upsal, Toulouse, Prague et Venise : l’ Europe vivante et créatrice est née du rayonnement de petites cités, d’école
577 leurs habitants. A-t-on jamais exigé une « taille européenne  » de nos États-nations ? Du Luxembourg et de la France, lequel des de
37 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
578 Une possibilité européenne  : la région genevoise (novembre 1973)bf L’angoisse devant la solit
579 aine. bf. Rougemont Denis de, « Une possibilité européenne  : la région genevoise », Cahiers de l’Alliance culturelle romande, Ge
38 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
580 tre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’ Europe des régions (1er-2 décembre 1973)bg bh « Grâce aux Arabes, que je
581 officiellement, nous savons tous maintenant que l’ Europe est en crise. Il nous reste à voir que c’est une crise de civilisatio
582 cemment devant la section suisse de l’Association européenne des enseignants de la grande passion de sa vie : l’Europe. Nous avons
583 es enseignants de la grande passion de sa vie : l’ Europe . Nous avons profité de cette rencontre pour évoquer avec l’écrivain,
584 de la société occidentale. Cette utopie, c’est l’ Europe des régions. Depuis vingt-cinq ans que tout le monde dit qu’il faut f
585 cinq ans que tout le monde dit qu’il faut faire l’ Europe , on n’a pas avancé d’un millimètre, hormis quelques progrès en matièr
586 aineté. La carence de toute politique énergétique européenne démontre que les États-nations sont incapables de résoudre un tel pro
587 de l’État-nation est à bout de course Faire l’ Europe , pour vous, qu’est-ce que c’est, concrètement ? Au sens littéral, c’e
588 t ? Au sens littéral, c’est créer de la substance européenne à partir de nos vies quotidiennes, pour aboutir à une société organis
589 s un exemple. À l’Institut universitaire d’études européennes , que je dirige, nous étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous
590 ù se font quatre-vingts pour cent de l’horlogerie européenne . L’essentiel est de redonner au citoyen, dans la région et grâce à el
591 r sa cité idéale. Un Conseil élu par le peuple européen Oui, mais comment coordonner toutes ces activités régionales à l’é
592 toutes ces activités régionales à l’échelle de l’ Europe  ? En créant au niveau continental des agences fédérales correspondant
593 ai. Les régions qui s’élaborent un peu partout en Europe peuvent très bien désigner des délégués qui se réunissent en congrès
594 nnuel : voilà l’origine d’une vraie vie politique européenne . Mais ce qui est important, c’est qu’il existe au-dessus des régions
595 iveau qu’il faudrait un Conseil élu par le peuple européen et composé non de spécialistes, mais de citoyens qui aient une vision
596 siècle ; la moyenne d’âge de nos vingt-six États européens est de quatre-vingts ans ! Quant au rythme de changement des ethnies,
597 ités de leur région, de leur voisinage, puis de l’ Europe et du monde. Et non pas sur les seuls mythes nationaux. Si enthousias
598 os vies, on arriverait à de meilleurs résultats «  européens  » sans faire la moindre propagande. N’est-ce pas limiter volontaireme
599 t à prendre comme citoyens de leur région et de l’ Europe des régions fédérées. Mais il faut s’y mettre tout de suite ! bg.
600 tre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’ Europe des régions », 24 Heures, Lausanne, 1 décembre 1973, p. 36. bh. Prop