1 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
1 orrespond qu’à des permissions extérieures. Voyez Tristan et Iseut. Quand ils ont supprimé l’obstacle qui empêchait et exaltait
2 té. La passion est toujours possible. Le mythe de Tristan et Iseut est assez rusé pour se reproduire, quelles que soient les ci
2 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
3 dours. Finalement, j’ai découvert que le mythe de Tristan et Iseut est l’ennemi intime du mariage et du couple. C’est un mythe
4 s’ils n’ont jamais lu une ligne de l’histoire de Tristan . La passion amoureuse qui nous paraît si naturelle est en réalité exc
5 poésie des troubadours, Héloïse et Abélard, puis Tristan et Iseut, prototype éternel de l’amour-passion : et c’est de là que v
6 eut-on imaginer Iseut devenant Mme Tristan ! Mais Tristan et Iseut n’ont-ils pas été merveilleusement heureux ? Ils ont été mer
7 ous dire pourquoi, car tout est parti du mythe de Tristan . La Rochefoucauld a fort bien compris que l’amour est essentiellement
8 couple. L’une qui veut le dépasser par en haut — Tristan — l’autre par en bas — Don Juan. Nous versons continuellement dans l’
9 ersons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est l’homme d’un seul amour fatal. Don Juan, héros d’un siècle cyniqu
10 xviiie , incapable de passion, est l’antithèse de Tristan , son double négatif, l’homme des rencontres sans lendemain, infidèle
11 és, de Robert Musil. J’ai retrouvé l’archétype de Tristan à travers ces trois livres ; les trois en sont des reviviscences prob
12 nces probablement inconscientes. Dans le mythe de Tristan , l’obstacle est l’époux d’Iseut, le roi Marc. Dans Lolita, c’est l’âg
13 us, quel serait le couple idéal ? Je voudrais que Tristan découvre Iseut, qu’Iseut découvre Tristan, et qu’ils sachent leurs no
14 ais que Tristan découvre Iseut, qu’Iseut découvre Tristan , et qu’ils sachent leurs noms. Je voudrais qu’ils cessent de dire com
15 l’opéra de Wagner : « Non, plus d’Isolde, plus de Tristan . » Le masochiste intégral ne vaut rien pour aimer. Tristan n’aime pas
16 » Le masochiste intégral ne vaut rien pour aimer. Tristan n’aime pas réellement Isolde. Il ne la voit pas. Il projette. Ce qu’i
3 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
17 mariage dans l’amour. La passion représentée par Tristan , qui est le grand mythe de la passion originelle en Occident. Et d’au
18 et animent les Européens sur le plan de l’amour : Tristan , d’un côté ; Don Juan, de l’autre. Tous deux adversaires du mariage.
19 an, de l’autre. Tous deux adversaires du mariage. Tristan , parce qu’il dépasse le mariage vers un au-delà où il n’a plus besoin
4 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
20 La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)as at Gaston Paris, Joseph Bédier, Ernest
21 xxe siècle les textes originaux de la légende de Tristan et son contexte culturel et historique, ont fait bien plus qu’une œuv
22 lle ne paraît à première vue : avec la légende de Tristan , c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Se
23 ela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan servent à faire entendre la force du mythe, par la liaison qui se tro
24 , en effet, les textes primitifs de la légende de Tristan , qui remontent aux xiie et xiiie siècles, expriment bien autre chos
25 r excellence de l’âme. Or, c’est dans le mythe de Tristan qu’il a trouvé son expression la plus totale, délicieuse et tragique
26 ans sa pleine stature et ses profonds pouvoirs. ⁂ Tristan , c’est tout d’abord le mythe de l’amour plus fort que la vie, plus fo
27 nue dans sa réalité terrestre. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majes
28 isé par l’Église. C’est le mariage. Constater que Tristan est tout d’abord le mythe de l’amour plus fort que la vie, c’est reco
29 tre aussi que la vraie victime du mythe n’est pas Tristan , n’est pas Iseut, et n’est pas non plus leur passion, qui triomphe au
30 amais qu’une version renouvelée de l’archétype de Tristan et Iseut. Ils cherchent donc partout l’obstacle qui résiste, et n’en
31 reste le mythe de Don Juan, ce cliché négatif de Tristan  : la surprise opposée à la fidélité, l’excitation rapide au lieu de l
32 e, celui-là justement dont triomphe la passion de Tristan et d’Iseut : et c’est la mort. ⁂ J’ai laissé jusqu’ici dans l’ombre c
33 ’ange, et femme, figure la conclusion du mythe de Tristan  : ce qui se passe trois jours après la mort d’amour. Iseut n’évoque-t
34 été, sur la Terre, le véritable objet du désir de Tristan , sa princesse lointaine et son « amour de loin » comme parlait le tro
35 oubadour Jaufré Rudel ? L’apparent narcissisme de Tristan trouverait ici son interprétation spirituelle. Toute filiation histor
36 n’éclate malgré lui que dans l’épisode bref, tel Tristan fou ; Mary plus pittoresque et foisonnant, au détail descriptif savou
37 Bédier et Mary, comme Wagner, sont des auteurs de Tristan , à peu près au même titre que Béroul ou Thomas, Gottfried, Eilhart, C
38 la mort comme nul moderne adaptateur ne l’a osé. Tristan surpris par le roi Marc implore son pardon pour la Reine mais dit de
39 ne mais dit de lui-même : « Ah ! Mort, viens voir Tristan et finis ses douleurs ! » Il en reste chez Bédier : « Que m’importe d
40 doute mieux. Dans le même Roman en prose, lorsque Tristan meurt : « Douce amie, je ne vous verrai plus. Adieu, je m’en vais et
41 [Préface] André Mary, La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut  », La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut, trad. Mary
42 Tristan et Iseut  », La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut, trad. Mary André, Gallimard, Gallimard, 1973, p. 8-25. at.