1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)a Mesdames et Messieurs, à
2 ession d’une émotion mais un moyen mnémotechnique dans certains cas. Ceci dit, j’aurai une seule remarque, non pas du tout e
3 n que l’on peut avoir par un livre : je le prends dans son sens étymologique qui est très proche de formation. Il y a des li
4 e une espèce d’appareil très simple, aussi simple dans ses éléments constitutifs que les transistors qui sont pour moi le co
5 fique que l’auteur veut faire passer ne passe que dans la mesure où ce système de mots et de phrases oriente l’esprit du lec
6 l’esprit du lecteur de la manière la plus précise dans une seule bonne direction sur les mille, sur les millions, sur l’infi
7 t de qualification ? C’est quelquefois le style ; dans ce cas, c’est le style qui est le message même du livre, qui fonction
8 nt. Quelquefois, c’est l’agencement des arguments dans un ouvrage philosophique, ou quelquefois ce sont simplement des situa
9 ou quelquefois ce sont simplement des situations dans un ouvrage romanesque. Mais toujours un livre digne du nom de livre,
10 age, plus ou moins bien imprimé ensuite ou stocké dans la mémoire individuelle, dans cette banque d’informations qu’est la m
11 é ensuite ou stocké dans la mémoire individuelle, dans cette banque d’informations qu’est la mémoire individuelle. Donc il s
12 transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre et je dirai qu’en revanche et en retour le livre nous digère
13 e. Quand nous disons que nous sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou nous qui l’absorbo
14 cet ange et prends ce petit livre ouvert qu’il a dans les mains, et quand tu l’auras pris, mange-le, dévore-le ; il te sera
15 indique bien la valeur transformatrice qui existe dans un livre, dans ce petit appareil qu’est le livre dont on ne sait jama
16 valeur transformatrice qui existe dans un livre, dans ce petit appareil qu’est le livre dont on ne sait jamais si c’est lui
17 e lecture ». Je voudrais qu’on affiche cette page dans toutes les librairies et je voudrais l’opposer à une annonce publicit
18 e qu’on voit paraître de plus en plus fréquemment dans les journaux et qui dit : « apprenez à lire vite ». Le président Kenn
19 on veut sauver la spécificité du livre, doit être dans le sens de ces quelques lignes de Nietzsche que je vais vous lire. C’
20 lignes de Nietzsche que je vais vous lire. C’est dans la préface de son recueil Aurore. « Philologue », dit-il, et en disan
21 restreint d’hommes ou d’intérêts. Le dissentiment dans ce qu’il y a de plus scandaleux, et non pas seulement de pittoresque
22 entiellement, me semble-t-il, à la télévision, ou dans un sens moins grave à la radio, à quoi il faut opposer non pas seulem
23 pour introduire un angle de vision plus européen dans les programmes. Et alors, on se disait : « Qu’est-ce qu’il faut faire
24 qui sont comme l’équivalent du microsillon. C’est dans cette toute petite boîte, et chacun peut passer cela. C’est la casset
25 ’actualité immédiate, vous ne l’avez pas non plus dans le livre. Il faut toujours au moins un mois pour sortir un livre sur
26 ns courantes, que vous pourrez aussi bien trouver dans un dictionnaire ou un répertoire, pourquoi ne pas les diffuser en esp
27 as dissocier de l’information objective qu’il y a dans le livre ; c’est quelque chose que vous ne pouvez jamais espérer d’un
28 le plus. Je connais des gens qui sont tout à fait dans le style employé de bureau, femme de ménage, contremaître, qui sont d
29 ort de la technique actuelle qui va là absolument dans le sens du livre, c’est-à-dire qu’il diminue les temps de travail et
30 bre de livres, qu’on relira pendant toute sa vie, dans lesquels on découvrira toujours plus de choses. Je crois qu’on va ver
31 ont Denis de, « [Interventions] La place du livre dans l’information de l’homme moderne », Premier festival international du
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
32 ent l’unité. Pascal Il faut faire l’Europe, mais dans le respect des différences nationales, régionales et locales. Cela ve
33 ion à la fois désirable et praticable que l’union dans la diversité, c’est-à-dire le fédéralisme. Mais sitôt le mot prononcé
34 sur soi, voire séparatisme, aux dépens de l’union dans l’intérêt commun. Un malentendu tragique et ridicule Tel est le
35 mps-là (il a changé d’avis depuis) : Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même que la Wall
36 es on ne peut plus engagés. Que sera-ce ailleurs, dans la grande presse, dans la grande masse des citoyens dont il n’est pas
37 gés. Que sera-ce ailleurs, dans la grande presse, dans la grande masse des citoyens dont il n’est pas exclu qu’avant longtem
38 stion européenne. Je prendrai mon dernier exemple dans cette dépêche de Londres publiée par un quotidien genevois le 30 janv
39 qui frappe, c’est qu’elle ait pu passer inaperçue dans un quotidien qui s’appelle précisément La Suisse. Un système bon p
40 La Suisse. Un système bon pour les sauvages Dans l’espoir de sortir de tant de confusions, le francophone recourt à so
41 comme visant cette fois-ci à l’intégration totale dans un super-État européen. Cette deuxième « idée » du fédéralisme, inver
42 nement fédéral fort, c’est-à-dire central, lit-on dans le Oxford Dictionnary, en référence expresse à l’histoire américaine.
43 fondamental du fédéralisme : s’unir non seulement dans la diversité mais pour que les diversités demeurent vivaces, et non s
44 es diversités demeurent vivaces, et non seulement dans le respect des autonomies mais pour les sauvegarder, car, faute d’uni
45 s et un pacte. Sur un compromis : si le consensus dans tous les domaines n’est pas désirable ou ne peut être atteint, on le
46 mes. Voilà qui devrait rassurer ceux qui voyaient dans la fédération européenne l’imposition d’un volapük universel. Mais à
47 ensemble et de penser ensemble ces deux termes : dans tous les domaines et à tous les niveaux de la vie publique comme de l
48 erait fou d’espérer que l’Europe se fasse un jour dans l’histoire si elle ne se fait pas d’abord dans les esprits, et voilà
49 ur dans l’histoire si elle ne se fait pas d’abord dans les esprits, et voilà qui implique un langage, et qu’on ne laisse pas
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
50 qui explique pourquoi la Suisse n’est entrée que dans l’AELE et a refusé jusqu’ici d’entrer dans la CEE. Parce que l’AELE n
51 ée que dans l’AELE et a refusé jusqu’ici d’entrer dans la CEE. Parce que l’AELE n’a que des buts économiques, n’a jamais vou
52 isse puisse adhérer de tout cœur, c’est une union dans la diversité. C’est-à-dire une union qui, comme celle des vingt-deux
53 des concerts. Eh bien ! tout cela n’existait pas dans les autres cultures, où l’on n’écrivait que de la littérature religie
54 des écrits religieux, de la sculpture religieuse dans les temples, de la peinture religieuse. Ce n’est qu’en Europe que l’o
55 rtistes de l’Europe… … que l’on pourrait englober dans une forme de culture occidentale. Mais dans ces hypothèses d’intégrat
56 lober dans une forme de culture occidentale. Mais dans ces hypothèses d’intégration sous toutes ses formes, quelles qu’elles
57 ponse est simple. La Suisse a beaucoup à apporter dans l’union de l’Europe. Elle a à apporter ce qu’elle est, ce qu’elle est
58 e, car ce qui fait le poids, l’autorité d’un pays dans le monde, ce qui donne du poids à ses interventions dans le domaine d
59 monde, ce qui donne du poids à ses interventions dans le domaine de la politique étrangère, de la politique générale, ce so
60 de penser que fédéralisme signifie repli sur soi dans chaque canton, alors que c’est collaboration entre les cantons. Pour
61 je sache. Alors que voulez-vous qu’il se passe ? Dans ces conditions, le Suisse moyen, l’homme de la rue, quand on lui dema
62 du dire à la radio, à la télévision, ce qu’il lit dans la presse, ce qu’il entend dans les discours de ses hommes d’État, de
63 ion, ce qu’il lit dans la presse, ce qu’il entend dans les discours de ses hommes d’État, de ses députés. Eh bien ! il faut
64 ons surtout sur la réserve, restons bien modestes dans notre petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grand
65 l’histoire, la géographie, l’instruction civique, dans un esprit européen. Voilà qui va former de nouvelles générations, les
66 lesquelles seront complètement d’accord d’entrer dans une Europe unie. Elles trouveront même bien curieux que l’on ne l’ait
67 Conseil fédéral qui me paraît tout à fait disposé dans ce sens, à en juger par les récentes déclarations des hommes qui sont
68 vant : « L’année 1969 a-t-elle marqué un tournant dans la politique suisse à l’égard de l’Europe ? Cette question, nous somm
69 éraux à l’étranger et, aussi, visites importantes dans notre pays. Il n’y a qu’à songer à celle de M. Jean Rey, il y a quelq
70 e de M. Jean Rey, il y a quelques mois seulement, dans la capitale fédérale. Mais nous devons poser une seconde question : l
71 onde question : la Suisse peut-elle jouer un rôle dans la formation de l’Europe ? Pour y répondre, il fallait faire appel à
72 ppel à un écrivain d’expression française traduit dans le monde entier, à un citoyen suisse, à un pionnier de l’Europe unie.
73 nnier de l’Europe unie. Ces qualités sont réunies dans la même personnalité. Je veux parler de Denis de Rougemont, qui m’a f
4 1970, Articles divers (1970-1973). Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)
74 ew par téléphone que vous avez bien voulu publier dans votre numéro du 24 mars, permettez-moi une remarque dont je serais ob
5 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
75 ; si on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans nos mariages modernes, qui ne sont en principe que des mariages de pa
76 er l’idéale harmonie psychologique, indispensable dans un couple, les gens se posent des questions dont ils ne trouvent pas
77 arc, mari d’Iseut), quand ils se retrouvent seuls dans la forêt, ils inventent un autre obstacle pour préserver leur passion
6 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
78 n mythe, il faut choisir ! Ce choix doit s’opérer dans une certaine finalité ; quelle finalité trouvez-vous à l’Europe ? Jus
79 n’y a que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble vivant de la culture européenne. On parle souvent d’une po
80 doit pas être une activité séparée : c’est la vie dans la cité, « l’art d’aménager les relations humaines », et en Europe l’
81 ondiale, elle ne se justifierait plus en tout cas dans une Europe unie. Mais je verrais tout à fait une Suisse-district fédé
82 pend de nous aussi : c’est à nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’Europe future les avantages de la formul
7 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
83 st-ce que la culture européenne ? (juin 1970)j Dans le précieux recueil des textes Pour l’Europe, publié par Robert Schum
84 s qui au contraire englobe, et compose largement, dans une communauté de plus en plus complexe au cours des siècles, des val
85 anente. Dès l’aube de la philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre
86 ensée : l’antinomie de l’Un et du divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence féconde des contraires. La Grèce inve
87 tralisées : Rome poussera l’ordre et la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’à l’irrémédiable et dangereux Ennui, j
88 la contradiction au cœur de l’Être, et la traduit dans l’énoncé de ses dogmes fondamentaux : la Trinité transporte en Dieu l
89 nt : entre leurs triomphes alternés, elles durent dans l’ombre de l’Histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’
90 lternés, elles durent dans l’ombre de l’Histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient collectif. Elles
91 nt dans l’ombre de l’Histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient collectif. Elles agissent toutes, s
92 ’Histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient collectif. Elles agissent toutes, sans exception, dans
93 collectif. Elles agissent toutes, sans exception, dans la vie des hommes d’aujourd’hui. Un seul exemple : le dogme de la Tri
94 énine avec les conséquences que l’on sait, jusque dans l’existence quotidienne de 700 millions de Chinois qui se croyaient c
95 hènes, de Rome et de Jérusalem, viennent confluer dans le haut Moyen Âge la source germanique et la source celtique, la prem
96 versifiée, je répondrai que la solution se trouve dans les termes mêmes du problème ainsi formulé : car l’unité différenciée
97 renciée se traduit tout naturellement par l’union dans la diversité, et cette forme d’union porte un nom bien connu dans l’h
98 é, et cette forme d’union porte un nom bien connu dans l’histoire des régimes politiques, c’est, de toute évidence : fédéral
99 ponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible désormais :
8 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
100 l’idée, à la culture un rôle déterminant, premier dans le devenir social. L’Europe est, en effet, avant tout pour moi une ré
101 ire du marxisme. L’homme d’aujourd’hui est aliéné dans le matériel, le quantitatif, qui tend à le déposséder de lui-même. Je
102 es conceptions n’ont plus de sens. Tout se passe, dans ces manuels, comme si la nation avait été créée par Dieu ; ce serait
103 étude intelligible est une culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’Europe. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducat
104 ait un gros effort sur l’éducation, en réunissant dans le comité de la Campagne d’éducation civique européenne, un certain n
105 n organisant des stages (5 par année en moyenne), dans des pays différents. Ces stages, qui réunissent une cinquantaine de p
106 avoir comment introduire le point de vue européen dans l’enseignement, de créer de futurs citoyens de l’Europe. Actuellement
107 est pas, du reste, d’introduire une heure de plus dans des programmes déjà surchargés, mais de montrer que tout est européen
108 ctive nationaliste. Les leçons types sont données dans les écoles et les stages doivent élaborer des modèles applicables par
109 sacrés aussi à l’étude des stéréotypes nationaux, dans les manuels ou dans l’esprit des gens. On a pu observer, par exemple,
110 de des stéréotypes nationaux, dans les manuels ou dans l’esprit des gens. On a pu observer, par exemple, que les clichés des
111 fait son chemin. Des enquêtes récentes, réalisées dans les pays du Marché commun et en Angleterre, ont montré que le 65 % de
112 n de l’Europe ? Le fédéralisme n’est pas possible dans une seule nation. L’État national constitue donc l’obstacle principal
113 espect des forêts, comme je l’ai écrit, ce qui va dans le même sens que le respect de l’autre. L’Europe devrait redevenir un
114 é. Il faut dépasser la fausse solitude de l’homme dans la rue et la fausse solitude de l’homme dans l’habitat. Après avoir r
115 omme dans la rue et la fausse solitude de l’homme dans l’habitat. Après avoir rencontré un esprit aussi éminent, il est asse
9 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
116 de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)m n Dans votre dernier ouvrage, reprenant l’une des constantes de toute votre
117 on à redouter du côté soviétique est déjà un fait dans les pays de l’est de l’Europe, qui sont réellement colonisés… Et il n
118 s vous rappelez que les derniers qui ont été tués dans le poste de Radio Budapest appelaient l’Europe à leur secours. C’étai
119 éens, les Américains auront beau jeu d’intervenir dans ce contexte sans aucune contrepartie. Vous voyez une quantité immense
120 y a là un danger extrêmement grave. Par exemple, dans ce village où j’habite depuis vingt-trois ans : quand j’y suis arrivé
121 uvrière européenne, de l’artisanat qui vit encore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans
122 s pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes découvertes des temps mo
123 de la France, qui a un retard presque scandaleux dans le domaine de la technique. Cela tient au fait qu’elle s’est toujours
124 u’elle s’est toujours défendue contre l’étranger. Dans cet état d’esprit, nous jouons perdants. Mais est-il trop tard pour r
125 puisque les Américains avaient presque tout fait dans ce domaine des recherches nucléaires. On pouvait se dire : « Ce n’est
126 r ont permis de mettre la bombe atomique au point dans le plus grand secret. C’était une question d’organisation, rien de pl
127 Nous avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dans un pays comme la Suisse, l’industrie mécanique de précision ; nous av
128 ée des chemins, parce que — pour la première fois dans l’histoire — l’homme serait en situation de choisir librement son ave
129 ational brut de chacun de nos pays ou de l’Europe dans son ensemble, au prix de la destruction de la nature ? C’est l’idée m
130 ssine une réaction assez forte que l’on peut voir dans la jeunesse américaine pour le développement d’un niveau de vie où to
131 réaction saine. Mais justement, il se trouve que dans tous les pays européens, pour une partie de la population, ce dilemme
132 le problème se résume encore à celui de la survie dans la rareté. Attention ! Je ne suis pas du tout pour que l’on freine le
133 eur à celui des États-Unis et qui changerait tout dans le monde. Mais on y viendra s’il y a une masse d’Européens telle qu’e
134 , ce serait un progrès considérable de remplacer, dans les villes, la voiture par des moyens de transport qui ne fassent pas
135 t que nous sommes en présence de deux mouvements, dans le monde, qui ont l’air antagonistes : un mouvement de convergence et
136 ction européenne. Il jouera ainsi un rôle notable dans les congrès de La Haye, de Rome et de Lausanne et fonde, dès 1949, à
137 ons, au cours d’un entretien qu’il nous a accordé dans sa maison de Ferney-Voltaire. »
10 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
138 rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)o p Dans cette optique d’une Europe fédérale, comment appréciez-vous une entre
139 édérales seront indépendantes les unes des autres dans une très large mesure, pourront avoir leur siège n’importe où en Euro
140 ces fédérales européennes, en Suisse par exemple. Dans mon livre La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux , j’avais lanc
141 ée à être au cœur de l’Europe et elle doit l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela signifierait la fin de la n
142 int de vue, la Suisse ne perdrait rien en entrant dans une construction européenne. Ce serait le triomphe de son Idée, au se
143 vie qui soit conforme aux traditions européennes. Dans la suite de l’entretien que nous publions aujourd’hui, Denis de Rouge
144 t montre comment la Suisse peut et doit s’insérer dans ce processus d’édification d’une Europe fédérale. De telles réflexion
11 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
145 me anniversaire du Centre européen de la culture. Dans ma Lettre ouverte aux Européens , je donne un programme, pour les vi
146 e européenne. C’est donc un livre plus politique. Dans Le Cheminement des esprits , je me suis surtout attaché aux recherch
147 nd, on aura une vision plus conforme aux réalités dans tous ces domaines. Toutes les activités auxquelles les chapitres du
148 e, toutes s’établissent à travers les frontières. Dans tous ces cas, on passe de la région à l’ensemble européen. Dans les r
149 cas, on passe de la région à l’ensemble européen. Dans les régions, dans les centres locaux se sont créées toutes les écoles
150 a région à l’ensemble européen. Dans les régions, dans les centres locaux se sont créées toutes les écoles qui ont fait la c
151 écoles qui ont fait la culture en Europe et c’est dans l’ensemble de l’Europe que se sont établis les grands courants de l’a
152 seront prises, puis établir le niveau de décision dans la communauté qui est assez grande pour la tâche considérée. La tâche
153 capitales tomberont en désuétude. Cela se passera dans vingt à vingt-cinq ans. Mais cette évolution est marquée dans les fai
154 vingt-cinq ans. Mais cette évolution est marquée dans les faits. Les États-nations sont des créations contre nature. Voyez
155 oujours portées sur ce qu’il y avait de plus neuf dans chaque domaine. Nous avons réuni les directeurs de centres nucléaires
156 sur la fédération de l’Europe ont fait du chemin dans les esprits ces dernières années ? Oui, elles ont progressé, surtout
157 ote : « Les Éditions de la Baconnière ont publié, dans le courant du mois d’octobre, deux ouvrages de Denis de Rougemont, un
158 cheminement des esprits. » Les textes recueillis dans ce livre sont très variés de forme, allant du « discours solennel » d
159 e revue de militants. Chacun marque une péripétie dans la Quête de l’union de nos peuples et de leurs élites responsables. C
160 rmonter les obstacles à l’union, qui sont d’abord dans les esprits. Puis d’orienter espoirs et volontés vers une communauté
12 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
161 Nicolas de Flue (1971)v La part du hasard Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de chance immérit
162 e je marque d’abord la part des hasards apparents dans la création du Nicolas de Flue qui me valut le bonheur de travaille
163 , au bord de l’hérésie, exerçant, de son ermitage dans les Alpes, un empire étendu et profond sur l’esprit de ses compatriot
164 rophètes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fo
165 monte au boulevard de Clichy avec quelques pages dans ma poche. (J’ai écrit le chœur des Compagnons de la Follevie sur les
166 combien il y a de cuivres durs et de cuivres mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’en sais rien.) Il me prête un
167 nté peut être remis en musique. » À chaque visite dans son grand atelier, il me joue au piano ce qu’il a fait. Il joue mal,
168 u soutenu par le chœur au sublime de la précision dans le sentiment, non seulement mon texte, mais tout ce que j’ai pensé, a
169 ar un lyrisme aérien, alpestre, cristallin, comme dans le chœur fugué : « Étoile du matin ». La part du cœur Plus tard
170 aroles, et puis je me les répète continuellement, dans mon atelier, dans la rue, en conduisant ma Bugatti. Jusqu’à ce que la
171 me les répète continuellement, dans mon atelier, dans la rue, en conduisant ma Bugatti. Jusqu’à ce que la mélodie sorte des
172 traduire d’une manière authentique et fidèle que dans l’œuvre commune, non sous une forme discursive. Cette espèce d’harmon
173 t ne pas admettre après coup qu’elle ait gouverné dans le fait plusieurs séries de « hasards objectifs », comme dit Breton,
174 st le folklore religieux. Si le style d’Honegger, dans la plupart des œuvres « à sujet religieux » que je viens d’énumérer,
175 a conscience), ou encore « le fondement de l’être dans le monde, à savoir Dieu »3. En ce point, tout s’éclaire et s’enchaîne
176 devient liberté de choisir qui ne se renonce que dans le choix du sens. Or ce sens tout d’abord jalonné par les signes, doi
177 tre décidé par la personne, et ne peut l’être que dans l’acte de foi, par quoi je n’entends pas du tout l’adhésion à quelque
178 3. Ernest Ansermet, Les Fondements de la musique dans la conscience humaine, tome I, p. 200, 188, 178. v. Rougemont Denis
13 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
179 n le parcourt lentement ». Ainsi chemine Lancelot dans la forêt normande, d’épreuves du courage en aventures de l’âme. Les t
180 e revue de militants. Chacun marque une péripétie dans la Quête de l’union de nos peuples et de leurs élites responsables. C
181 rmonter les obstacles à l’union, qui sont d’abord dans les esprits. Puis d’orienter espoirs et volontés vers une communauté
14 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
182 un « Brevet européen du sportif ». Faire l’Europe dans les sports aussi — tous plus ou moins atteints de chauvinisme vocifér
15 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
183 mmes ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler. Dans les deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaien
184 cobin et napoléonien, copié par plus de cent pays dans le monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriquement illimitée
185 neté, et qu’ils sont immortels. Or, tout est faux dans cet enseignement, et dans les croyances qui en résultent. Je voudrais
186 tels. Or, tout est faux dans cet enseignement, et dans les croyances qui en résultent. Je voudrais vous le montrer rapidemen
187 t nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans une ville universitaire, les colonies d’étudiants venus d’une même ré
188 nne, c’était un peu comme nos pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à l’université même, on ne
189 n’était pas question de les enfermer pour si peu dans les frontières d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos
190 quer entre eux qu’au moyen d’idéogrammes dessinés dans la paume de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans toute
191 de leur main, les Européens retrouvent sans peine dans toutes leurs langues non seulement toutes les formes et tous les mots
192 litaires romaines, notions théologiques diffusées dans tous nos pays par l’église du Moyen Âge, notions scientifiques et tec
193 par l’usage ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop,
194 îtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres contre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle
195 e par la Révolution française, et elle a triomphé dans l’enseignement de la géographie au xixe , là encore contre toute évid
196 béralisme et le marxisme, bref tout ce qui compte dans la vie de la culture et qui a marqué les élites intellectuelles de to
197 Prenez l’exemple de la musique : rien de national dans son évolution. Elle naît avec le chant grégorien — premier langage mu
198 tre-Dame de Paris, puis plus tard en Champagne et dans le Nord et à Florence simultanément — laudi et madrigaux —, enfin à l
199 i et madrigaux —, enfin à la cour de Bourgogne et dans les Flandres. Entre les cités flamandes et les cités italiennes, le l
200 ent au xve siècle. Une nouvelle école s’épanouit dans les Flandres avec Ockeghem et Josquin des Prés. Elle rayonne en Bourg
201 rifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun vous trouverez des croyants et des incroyants, des hommes de g
202 uralité des écoles de pensée et des styles de vie dans chaque nation. Supprimez les frontières nationales, vous n’appauvrire
203 tes villes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde dans l’Allemagne romantique des Hegel, des Schelling, des Hölderlin et des
204 lité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants continentaux, qui é
205 question et renouvellent les données communes. Or dans ce jeu entre les grands courants et les foyers locaux, entre l’unité
206 nance à trois domaines linguistiques majoritaires dans les pays voisins. La situation de la culture en Suisse reflète exacte
207 ur, proportionnellement, à tout ce qui s’est fait dans n’importe quelle tranche de six millions d’hommes découpée dans n’imp
208 quelle tranche de six millions d’hommes découpée dans n’importe lequel des pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans
209 el des pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantonales, dans ces foyers qui l’un après l’a
210 ’est fait dans nos petites métropoles cantonales, dans ces foyers qui l’un après l’autre se sont allumés puis éteints, le Sa
211 banalités. Toutefois, nous devons prendre garde, dans le débat qui bat son plein à propos de notre entrée dans le Marché co
212 débat qui bat son plein à propos de notre entrée dans le Marché commun, de nous laisser entraîner sur un terrain qui n’est
213 entraîner sur un terrain qui n’est pas le nôtre, dans des termes qui sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à notr
214 xiger enfin qu’on la prenne au sérieux. Ce sera «  dans les intérêts de l’Europe entière », pour reprendre une formule célèbr
16 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
215 mporte une part d’hérédité inéluctable, mais que, dans la part libre, nos choix nécessairement vont constituer des hérésies.
216 e à sa suite, et l’École à sa tête) croit encore, dans l’ensemble « naïvement », que la culture consiste à lire ou écrire de
217 l’Occident se révèle pluraliste jusqu’au vertige. Dans ses sources géohistoriques, dans ses conceptions religieuses, dans se
218 usqu’au vertige. Dans ses sources géohistoriques, dans ses conceptions religieuses, dans ses options fondamentales, dans ses
219 géohistoriques, dans ses conceptions religieuses, dans ses options fondamentales, dans ses méthodes comme dans ses fins, not
220 ions religieuses, dans ses options fondamentales, dans ses méthodes comme dans ses fins, notre culture assume toutes les ant
221 es options fondamentales, dans ses méthodes comme dans ses fins, notre culture assume toutes les antinomies. On dirait même
222 ou Goethe, quelques chevaliers ou quelques moines dans l’honneur allié avec l’humilité, la vocation unique et le service com
223 on unique et le service commun. La plupart vivent dans le débat perpétuel, les conciliations temporaires, les synthèses hasa
224 ous sommes, représentons une figure irremplaçable dans le ballet des milliards de possibles sans relâche rythmé et rompu par
225 , Picasso peuvent très bien se détester, ils sont dans le droit fil de l’héritage européen ; Hitler et Staline en travers.
226 des œuvres qui firent leur temps, littéralement. Dans chacun de nos chromosomes, il y a l’histoire entière des hommes du pa
227 es hommes du passé, plus une nouvelle virtualité. Dans chacun de nos codes civiques ou juridiques, il y a la féodalité, les
228 re eux, il y a l’Égypte et Sumer. Chacun de nous, dans chacun de ses jugements moraux, civiques, sociaux ou juridiques, parl
229 toujours les origines, mais qui le meut. Enfermés dans nos États-nations depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à n
230 a poésie ». Et il en voit la raison, précisément, dans la variété des sources européennes qui ont fait l’anglais : la base g
231 r propre langue, la poésie dépérit nécessairement dans chaque pays. » Voilà pour les bienfaits du chauvinisme : il ne cesse
232 iens et le basque, parlés par des peuples entiers dans l’Hexagone, les différences sont aussi grandes qu’entre l’espagnol et
233 des vraies « nations », qui ne peut se faire que dans le cadre européen. Car des vraies « nations » ou régions ne seront vr
234 seront vraiment elles-mêmes que toutes ensemble, dans leurs interrelations. Aucune ne sera jamais une « culture nationale »
235 grec, latin, germanique ou celtique, se retrouve dans tous nos États et montre bien ce qu’il faut penser de leur soi-disant
236 iciaires au génie pur, qui est d’être malgré tout dans le tout. Chaque homme d’Europe est une dramatis persona qui crée son
237 a qui crée son rôle avec plus ou moins de bonheur dans la communauté la plus follement complexe de toute l’histoire de l’hum
238 de limitations héritées par tout Européen moyen, dans la mesure exacte où il reste tributaire de son programme génétique. 1
239 , l’ardeur au jeu pour une élite de joueurs. Mais dans la masse des spectateurs passifs, la partisanerie cloisonne et appauv
240 continents et surtout à la droite et à la gauche dans le jeu politique de nos pays, ces deux partis qui n’arrivent plus à s
241 sté (avant notre influence) en Inde, en Chine, ou dans les grands empires de l’Afrique noire et des Aztèques. 2. L’Européen
242 ienne, en l’occurrence) est à la fois trop englué dans la matière (d’où son impuissance spirituelle, manque de distance, de
243 t dont on sait maintenant qu’elles ont leur siège dans les masses profondes du cerveau (thalamus, hypothalamus). Ces deux li
244 plus concevoir « Dieu » et la vie spirituelle que dans les cadres institutionnels des Églises. Si bien que l’anticlérical de
245 roche familière des symboles, que nous découvrons dans nos rêves, et que transmet la sagesse des nations par les proverbes.
246 a n’existe guère comme vertus, ou s’est vu décrié dans les cultures antiques de l’Inde, de la Chine, du Mali, des Incas, ou
247 riale. Tout cela est mal vu de nouveau en URSS et dans la Chine de Mao. Mais c’est bien à tout cela que l’Europe a dû ses po
248 ais décisive, puisque sa personne même se définit dans cette marge de liberté — le programme hérité de ses ancêtres et de vi
17 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
249 onisme et une injustice (4 février 1971)z aa «  Dans notre société européenne, depuis le xiie siècle, les femmes ont été
250 commencé la poésie des troubadours qui consistait dans l’adoration de la femme. Elle était considérée par le poète-troubadou
251 oduit à ce moment-là une extraordinaire évolution dans les mœurs et ce culte de la femme coïncide avec le culte de la Vierge
252 e de la femme coïncide avec le culte de la Vierge dans l’Église catholique. Ceci coïncide aussi avec la création de la poési
253 oduits au xiie siècle dont j’ai longuement parlé dans mon livre L’Amour et l’Occident . Et maintenant, c’est une chose adm
254 e chose admise : le rôle civilisateur de la femme dans les pays d’Europe. Mais la femme n’avait-elle pas plutôt un rôle d’in
255 e dire que le rôle de la femme a été considérable dans tout le développement de la culture, surtout en France, en Angleterre
256 ont encore un sabre à la main — avec un parapluie dans l’autre, parce qu’il pleut toujours ! Il y a donc, chez les Suisses a
257 romande, cette idée que la femme n’a pas sa place dans les affaires publiques qui doivent être le domaine des guerrières, de
258 l’homme armé, ce qui est un anachronisme complet dans la société actuelle, où même la guerre n’est plus faite par les gens
259 germaniques de l’homme guerrier et si l’on entre dans la société actuelle, je défie qui que ce soit de m’expliquer en quoi
260 ommes seraient privilégiés par rapport aux femmes dans leur activité. En quoi seraient-ils supérieurs ? Ce mythe germanique
261 t des Suisses, très fortement. Et vous savez que, dans l’inconscient, agissent toujours des choses très anciennes dont on n’
262 ’était la force physique qui comptait, alors que, dans notre société actuelle, il est impossible qu’on vous démontre en quoi
263 ument pas le cas en Asie, ce qui n’est pas le cas dans les civilisations où il y a beaucoup de femmes pour un homme. Chez no
264 originalité de la votation de ce week-end réside dans le fait que c’est “le peuple”, en l’occurrence les hommes, qui se pro
18 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
265 les séparons pour la commodité de l’exposé : mais dans le cœur du peuple révolutionnaire, ils sont unis d’un lien indissolub
266 est-à-dire de la tradition régionaliste française dans ce qu’elle a de plus authentique. Là pouvait être le remède « au mal
267 iste et l’unité révolutionnaire », Dandieu voyait dans la réaction stalinienne le type même de « l’intervention paralysante
268 e de « l’intervention paralysante du nationalisme dans l’élan révolutionnaire ». Et il concluait : Fidèles à la véritable t
269 nt de la terminologie (opérées d’un commun accord dans notre groupe dès 1933), ces textes ne peuvent manquer de frapper par
270 omiste) la personne n’existant, au sens fort, que dans la tension entre ces deux pôles. Ces textes réfutent ensuite l’object
271 ent le mouvement vers l’autonomie régionale était dans le droit fil de la véritable vocation française et de son mouvement l
272 ibératrice, donc du rôle spécifique de la France. Dans l’histoire du concept de région, clé de la révolution fédéraliste eur
273 politique et philosophique6. 4. Ce texte a paru dans l’excellente revue qu’était Fédération, n° 78, juillet 1931. 5. On n
274 de Dandieu (cf. supra « individualisme agressif » dans la première citation) : il s’agit en réalité de ce que nous conviendr
275 qu’à L’Ordre nouveau , d’appeler personnalisme. Dans le lexique unifié de ces groupes, la personne s’opposera à l’individu
276 f de la décomposition sociale, grain de poussière dans une masse ou collectivité inorganique. 6. Cf. le texte que nous avio
277 l Marcel : « L’Acte comme point de départ », paru dans les Recherches philosophiques de 1933 [en réalité écrit en 1933 mais
19 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
278 ions prend sans cesse plus d’ampleur et d’urgence dans la vie politique française, notamment. Quoi qu’il en soit, et hors de
279 la géographie par l’histoire. Tout est à refaire dans ce domaine, sur la base des entités régionales, seules réelles, et de
280 enaissance, que celui de la génétique des régions dans l’ensemble socioculturel de l’Europe tel qu’il s’est composé pendant
281 ur, n’étant possible et praticable en général que dans le cadre communal et régional, l’avenir de la démocratie se confond a
282 d’unités régionales en interdépendances globales. Dans tous ces domaines, l’articulation de la recherche fondamentale et des
20 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
283 me, vous me demandez si mon système est sérieux ? Dans ma Lettre ouverte aux Européens j’ai écrit que l’Europe, c’est 480
284 ion de notre survie, c’est de nous unir très vite dans une fédération. Or, pour moi, le couple est la première cellule de ce
285 ue j’appelle le fédéralisme, c’est-à-dire l’union dans la diversité. Comment espérer bâtir une communauté libre si nous comm
286 mençons par rater le couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, dans nos manières d’aimer, je trouve la racine de mondes pol
287 ter le couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, dans nos manières d’aimer, je trouve la racine de mondes politiques différ
288 vie siècle avant J.-C. On trouve cette intuition dans toute la culture européenne, des conciles de Nicée et de Chalcédoine
289 a coexistence des contraires est donc le couple ? Dans mon action en faveur d’une fédération européenne, j’ai défini le fédé
290 ce pas le cas du couple ? Un jour, on m’a demandé dans un débat à la radio : « Ne craignez-vous pas que les Européens ne soi
291 ’équation de base de ce que j’ai écrit aussi bien dans L’Amour et l’Occident sur le couple humain — création mutuelle de d
292 uple humain — création mutuelle de deux personnes dans le respect de l’autre — que sur le fédéralisme : l’union dans la dive
293 ect de l’autre — que sur le fédéralisme : l’union dans la diversité et pour la diversité, en faveur de la diversité, et non
294 . La moitié du malheur humain, en Occident, tient dans le terme d’adultère. Et cette catastrophe vient de ce qu’on a voulu f
295 en 1938, je n’ai pas changé d’avis. Nous entrons dans le mariage généralement par erreur, parce que nous sommes amoureux. E
296 tout divorce. L’amour-passion n’est pas possible dans le mariage ? Non. Je dis autre chose : je dis qu’il est l’ennemi du m
297 the un peu dépassé… Il est absolument fondamental dans la vie de tous les Européens, même s’ils n’ont jamais lu une ligne de
298 paraît si naturelle est en réalité exceptionnelle dans le monde, car c’est une invention de l’Europe. L’Asie l’ignore en tou
299 r ses étudiants qu’il parle souvent de mes thèses dans ses cours. Quand l’historien Charles Seignobos écrivit déjà, en 1920,
300 nous le sentiment de la passion, n’a pris de sens dans le Languedoc du xiie siècle qu’avec la poésie des troubadours, Héloï
301 de voler en éclats, non pas à cause de la passion dans sa beauté insoutenable, mais de ses dégradations. Peut-on imaginer Is
302 s fondamentaux, bien que je sois pris, moi aussi, dans le drame qui les oppose. Aujourd’hui, je distingue l’amour dans le ma
303 qui les oppose. Aujourd’hui, je distingue l’amour dans le mariage — amour actif — de l’amour-passion — donc passif — qui ten
304 dait libre ? Celui-là charge les gens de chaînes. Dans le mariage, on peut aimer l’autre en tant qu’autre, tandis que, dans
305 peut aimer l’autre en tant qu’autre, tandis que, dans la passion, on tend vers l’impossible fusion, qui, finalement, ne peu
306 ue de la culture européenne. Et que se passe-t-il dans les autres civilisations ? Je n’ai rien trouvé de tel en Orient, en I
307 our-passion, en effet, suppose une croyance innée dans la valeur unique, irremplaçable de l’être aimé. Or les religions de l
308 ed du lit de la femme qu’il aime, quarante jours, dans son lit, sur le côté gauche, quarante jours sur le côté droit, quaran
309 endons depuis le xiie siècle n’a même pas de nom dans leur langue. Ce qui se rapproche le plus de notre verbe aimer en chin
310 r en bas — Don Juan. Nous versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est l’homme d’un seul amour fatal. Don
311 n Juan. Nous versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est l’homme d’un seul amour fatal. Don Juan, héros d
312 lendemain, infidèle par définition. Ce qui manque dans les deux cas, c’est la communion des deux personnes, qui se révèlent
313 deux personnes, qui se révèlent l’une à l’autre, dans leur différence, se créent ensemble, en devenant l’une par l’autre ce
314 es, d’idées, d’éducation. Tout cela sans retomber dans les mariages arrangés de la bourgeoisie du xixe siècle. Et le mariag
315 e part, l’amour tout entier risque de disparaître dans le monde hygiénique et froidement rationnel qu’est en train de créer
316 là, l’amour-passion n’a plus de sens. Vous tombez dans la pariade animale. Konrad Lorenz parle même d’un affadissement possi
317 ssion, cette forme d’amour qui refuse l’immédiat. Dans un livre, Les Mythes de l’amour , j’ai analysé trois succès mondiaux
318 ont des reviviscences probablement inconscientes. Dans le mythe de Tristan, l’obstacle est l’époux d’Iseut, le roi Marc. Dan
319 tan, l’obstacle est l’époux d’Iseut, le roi Marc. Dans Lolita, c’est l’âge (12 ans) de la jeune nymphette. Dans le livre de
320 lita, c’est l’âge (12 ans) de la jeune nymphette. Dans le livre de Musil, c’est l’inceste entre le frère et la sœur. Et dans
321 il, c’est l’inceste entre le frère et la sœur. Et dans Le Docteur Jivago, c’est la Russie, telle que Pasternak l’aimait et t
322 de l’aimer, symbolisée par une femme, bien réelle dans sa vie, comme cela a été confirmé plus tard. Si l’obstacle est nécess
323 acles pour vivre, elle en trouvera toujours, même dans l’amour-action, parce que jamais cet effort d’imaginer, de créer l’au
324 ue jamais cet effort d’imaginer, de créer l’autre dans ce qu’il a de meilleur et de plus personnel n’aboutira complètement.
325 rs noms. Je voudrais qu’ils cessent de dire comme dans l’opéra de Wagner : « Non, plus d’Isolde, plus de Tristan. » Le masoc
326 e l’époque. On a dit que la contestation, surtout dans les pays de l’Est, où elle est encore clandestine, mais d’autant plus
327 fait revivre les problèmes que nous avions posés dans les années 1930. C’est vrai, une partie de la jeunesse se pose aujour
328 cette époque, toute une génération s’est exprimée dans le personnalisme : à l’individualisme et au collectivisme, nous oppos
329 choses quand on les perd. Je n’étais pas le seul dans ce cas à New York. Quand j’ai rencontré Einstein, à Princeton, il m’a
330 Européens, notamment ceux que Hitler a chassés. » Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Einstein ? Je venais d’écri
331 urope et la vitalité de sa culture n’existent que dans l’esprit des intellectuels européens, et pas ailleurs. Car l’Europe,
332 n de l’Europe. Où trouvez-vous des valeurs neuves dans ce périple ? Le marxisme ? Allons donc ! Il est le produit spécifique
333 souverain, en Suisse, c’est le peuple. Vous lisez dans nos journaux : « Le souverain s’est prononcé hier. » Ce n’est pas une
334 contraire, le fédéralisme est une méthode d’union dans la diversité ? Le fédéralisme est radicalement contraire à la méthode
335 s couleurs. L’État-nation prétend faire coïncider dans ce qu’il nomme ses « frontières naturelles » des réalités absolument
336 ire. Pas une seule de nos révolutions n’a réussi. Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier de l’Europe. Comment voyez-vou
337 s l’avenir ? Je crois au progrès. Je l’ai décrit, dans L’Aventure occidentale de l’homme , en tant qu’accroissement des ris
21 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
338 era d’ailleurs, et de l’Europe — sa grande idée —  dans l’émission que lui consacrent les services de la recherche de l’ORTF,
339 es services de la recherche de l’ORTF, le 18 mai, dans la série « Un certain regard ». Au xx e siècle, quel sens peut avoir
340 plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin ! — tous de la pollution de la natu
341 pas ». Le diable, c’est celui qui nous dit, comme dans L’Odyssée Ulysse au cyclope aveuglé à l’entrée de la caverne : « Mon
342 l’énergie. C’est une loi du cosmos qui veut que, dans un système clos, l’énergie se dégrade continuellement et passe d’un é
343 able tente à chaque instant de ruiner la création dans son principe créateur, de ruiner la personne humaine, et de tout rédu
344 on vers le bas, une tendance au tiède, qui finira dans le froid glacial. De nos jours, les forces anonymes et qui rendent to
345 échaînées à travers le monde nous invitent à fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à renoncer à notre vocati
346 onnes gens s’imaginent que le diable se manifeste dans les choses les plus visiblement scandaleuses : ils ont tort. Le diabl
347 et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — quand Dieu cherche un coupable… Comment cela ? Voyez Adam
348 cherche un coupable… Comment cela ? Voyez Adam, dans la Genèse. Quand Dieu lui dit : « Qu’est-ce que tu as fait ? », il pr
349 la passion amoureuse vulgarisée, dont j’ai parlé dans L’Amour et l’Occident . La passion, qui devient une drogue, qui nous
350 Américains, dont la faiblesse me paraissait être dans leur incapacité à croire au mal pur, donc au diable. Jacques Maritain
351 sans sortir de mon atelier, puis j’ai voulu aller dans un restaurant du quartier. Il était tard, les patrons étaient seuls,
352 récents qui ont provoqué une indignation générale dans le monde : celui de Sharon Tate, en Californie, et celui de Song My o
353 ornie, et celui de Song My ou My Lai, au Vietnam. Dans l’esprit du bon bourgeois, du philistin, lequel est le plus diaboliqu
354 e avec bonne conscience. Qu’est-ce qui est pire ? Dans les deux cas, les barbus et les folles, ou les soldats ont dit : « No
355 mat y est plus manifeste, la manière de se cacher dans les buissons plus évidente. Remontez jusqu’au Pentagone, vous ne trou
356 r le diable et vous expliquer avec lui, prenez-le dans le fauteuil où vous êtes assis ! Là, vous êtes sûr de ne pas le rater
22 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
357 t déclarer le problème inexistant, s’il n’y avait dans le même Littré ces deux précisions mémorables ajoutées à l’article « 
358 C’est à quoi Louis Le Fur s’appliqua, vers 1900, dans une thèse qui précise en mille pages la distinction, désormais classi
359 ssociation d’États ; la souveraineté y réside non dans le pouvoir central, mais dans les États confédérés. » Il apparaît alo
360 aineté y réside non dans le pouvoir central, mais dans les États confédérés. » Il apparaît alors que confédération, loin de
361 édération si rapide des cantons suisses. La voici dans son astucieuse simplicité. Loin d’exiger que les cantons renoncent à
362 it aux cantons leur territoire, leur souveraineté dans les limites fixées par l’article 3, leurs constitutions, la liberté e
363 continentaux et les grands centres de recherches. Dans ce système seulement, la fausse alternative « confédération ou fédéra
23 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
364 ui avons demandé de témoigner, ici, de sa pensée. Dans ce texteai, Louis Pauwels ose écrire, à propos de la pollution et des
365 ontre la pollution des océans, M. Pauwels répond, dans de nombreuses interviews, qu’il ne s’agit là que d’une opération publ
366 Europe à la préservation de la nature, a provoqué dans le grand public européen deux réactions contradictoires : tout d’abor
367 coup plus générale qu’on osait l’espérer, surtout dans la jeunesse. Et puis, une sorte de rumeur, de ricanements irrités ou
368 réfugier avec un soulagement profond et jubilant dans les illusions de hier, et voilà ce bon M. Pauwels qui vient leur dire
369 , et voilà ce bon M. Pauwels qui vient leur dire, dans son titre même, qu’ils ont bien raison de le faire ! Ah ! l’habile ho
24 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
370 c’est « tenir sa partie », jouer son rôle, entrer dans un gouvernement, dans la gestion d’une entreprise. Au sens le plus pa
371 e », jouer son rôle, entrer dans un gouvernement, dans la gestion d’une entreprise. Au sens le plus passif, c’est « faire pa
372 plus passif, c’est « faire partie », être inclus dans une classe ou un tout quelconque. La participation désigne toujours l
373 a participation désigne toujours le fait d’être «  dans le coup », d’être engagé ou concerné, avec une faculté plus ou moins
374 c’est aussi se réaliser (manifester sa personne) dans et par la communauté, c’est donc s’autodéterminer dans la mesure où l
375 et par la communauté, c’est donc s’autodéterminer dans la mesure où l’on agit en elle. Ce sont les formes actives de la part
376 même nature d’activité de l’homme : son activité dans la société, c’est-à-dire dans la cité. Polis en grec donne politique,
377 omme : son activité dans la société, c’est-à-dire dans la cité. Polis en grec donne politique, civitas en latin donne civiqu
378 vique, donc point de différence à l’origine. Mais dans le vocabulaire de notre siècle, il apparaît que civisme est lié surto
379 hose publique et à une attitude de responsabilité dans la cité ; que politique évoque finalité, c’est-à-dire détermination d
380 e qui concerne la foule (dont l’idée est présente dans polis par poly, beaucoup) et ce qui fait de la foule une société : le
381 une société : le principe qui associe les hommes dans la cité — nécessité, idéal, ou religion au sens de religare, relier.
382 , idéal, ou religion au sens de religare, relier. Dans la cité, le civisme sera donc l’ensemble des faits de participation a
383 le choix des priorités, des options prospectives dans tous les domaines de la vie publique : urbanisme et transports, hygiè
384 é, ce n’est pourtant qu’au sein de la communauté, dans le complexe des relations humaines, qu’on peut suivre à la trace les
385 isive qu’elle n’avait peut-être jamais pu revêtir dans toute l’histoire. C’est au xxe siècle, en effet, que, pour la premiè
386 xxe siècle, en effet, que, pour la première fois dans son évolution, l’homme se voit contraint de choisir librement l’aveni
387 le destin que la nature lui imposait ont abouti, dans notre siècle, à une prise de conscience toute nouvelle du mouvement g
388 ce ou art de l’aménagement des relations humaines dans la cité, au service des finalités soit de la cité elle-même, pour les
389 r objectivement, donc passivement, ce qui se fera dans tel avenir… sans eux ! J’entends sans nulle action dont ils se fassen
390 tique (normative) La science se veut objective dans la prévision, la politique se veut normative. L’une se déclare indiff
391 éférence ou parti pris ne pourraient que la gêner dans la recherche et la prévision des cheminements possibles vers l’avenir
392 le faut) certains chemins, et en fermer d’autres. Dans la devise « gouverner, c’est prévoir », le mot prévoir a un sens acti
393 es anonymes, impersonnels, voire non humains. Or, dans nos études du futur (et surtout s’agissant de participation, qui relè
394 tique, révolution) (Thèses sur Feuerbach, n° XI). Dans la mesure où le savant se veut observateur passif, il est mauvais cit
395 ut observateur passif, il est mauvais citoyen, et dans la mesure où en tant que citoyen il refuse certains « faits », veut c
396 pel à l’action ». Car la prévision même se trouve dans bien des cas modifier par anticipation le phénomène futur qu’elle ava
397 tualités irrationnelles qu’ils détectent en germe dans le présent puis projettent sur le grand écran de l’avenir. Ils ne nie
398 possibilité que certains cauchemars se réalisent dans l’Histoire — il y a toujours des accidents. Mais le seul fait qu’ils
399 les moyens d’améliorer la circulation des fiacres dans les capitales de 1950, ou le futurologue de 1950 cherchant à empêcher
400 embouteillages de véhicules à moteur à explosion dans les mégalopolis de l’an 2000, ne sont pas plus « débrayés » de l’évol
401 s sociologues des années 1919 à 1939 ont oblitéré dans les démocraties de l’Ouest toute compréhension en profondeur des mouv
402 terme, et la nécessité d’une catastrophe inscrite dans la structure dynamique du phénomène, comme j’ai tenté de le montrer d
403 ique du phénomène, comme j’ai tenté de le montrer dans L’Amour et l’Occident 9. Le positivisme bourgeois ou marxiste récus
404 mprévu ; toutes nos grandes ou petites inventions dans tous les ordres sont nées de rêves, et l’examen des rêves comme des t
405 je suis. Imaginer l’avenir est faux et dangereux dans la mesure même où c’est « matériellement exact » : car nous nous y vo
406 s en interaction créatrice évoque ce qui se passe dans la tête d’un dramaturge, ou plus précisément d’un poète écrivant : ca
407 le situe, — mais chaque mot, en même temps, crée dans l’ensemble en voie d’actualisation par l’écriture des surprises qui l
408 es, d’ici là, aux États-Unis, en URSS, en Europe, dans le tiers-monde. Les situations de départ en 1970 sont différentes, co
409 ion concomitante d’autres besoins. On se limitera dans ces pages à l’Europe de l’Ouest, c’est-à-dire au seul ensemble des na
410 d son sens et sa valeur que pour autant qu’il y a dans le domaine où on l’opère deux classes de phénomènes d’importance poin
411 alories et le cube d’air nécessaires par individu dans les climats occidentaux, les dimensions des chambres et de l’unité in
412 imensions des chambres et de l’unité individuelle dans les moyens de transport, et, d’une façon générale, tout ce qui dépend
413 érale, tout ce qui dépend de la taille de l’homme dans le calcul des plans d’alimentation ou d’urbanisme et dans le cadre de
414 calcul des plans d’alimentation ou d’urbanisme et dans le cadre des relations sociales et interpersonnelles exigeant la prox
415 et solidaire. C’est un besoin doublement frustré dans les villes de la société industrielle, où l’homme cherche en vain le
416 a promiscuité à domicile et de la solitude morale dans la foule des rues embouteillées, image même de l’anti-communauté. Ten
417 tant changé10. » D’où l’idée du « droit de vivre dans un environnement décent », formulée par le message de la Maison-Blanc
418 infligeons à nos voisins par agressions directes dans les villes : bruits, fumées, odeurs, bousculades ou encombrements de
419 la cause est souvent l’absence de courtoisie ; et dans les campagnes, en contribuant à l’enlaidissement irrémédiable de l’en
420 variants quand on considère une communauté donnée dans le temps, il y a cependant de grandes différences d’une communauté à
421 ns l’espace européen. Le brassage des populations dans les régions centrales du continent permet de vérifier par l’expérienc
422 ique et politique me paraissent être la dimension dans l’habitat ou le cadre urbain, le niveau de décision dans la structure
423 habitat ou le cadre urbain, le niveau de décision dans la structure étatique, enfin le degré de l’information des citoyens.
424 e l’information des citoyens. 1. Les dimensions dans l’habitat ou le cadre urbain De la polis grecque à la mégalopolis
425 nverse des possibilités de participation civique. Dans les rues de la polis et sur sa place centrale ou agora se formait l’o
426 gravé, le phénomène de dissociation qu’on observa dans les cités hellénistiques : les dimensions territoriales et démographi
427 um, auquel l’époque absolutiste a déjà substitué, dans nos capitales, des espaces géométriques socialement stériles, voués a
428 ions quotidiennes de rencontres, s’il se disperse dans les pavillons et les villas d’une banlieue dénuée de structures, s’il
429 oute participation. 2. Les niveaux de décision dans la structure étatique Dans un régime politique pluraliste, fédéral
430 niveaux de décision dans la structure étatique Dans un régime politique pluraliste, fédéraliste, les niveaux de décision
431 plus nombreuses, plus directes et mieux garanties dans chaque domaine d’activité que le niveau de décision est plus proche d
432 cision est plus éloigné — ce qu’il est au maximum dans les régimes stato-nationaux centralisés, dont le modèle fut l’œuvre d
433 spirant des principes jacobins. La centralisation dans un seul lieu, ou capitale, de tous les ordres de pouvoir (législatif,
434 eaux de décision à un seul, au sommet ministériel dans la capitale, rendent minimales ou nulles les possibilités de particip
435 onnels, ou pour un candidat au conseil municipal. Dans un État totalitaire (réalisation presque parfaite du modèle napoléoni
436 s efficace et universelle. À mesure qu’on s’élève dans l’échelle des niveaux de décision correspondant à l’envergure de tâch
437 traire, à le conditionner, voire à le programmer. Dans le premier cas, elle rendra le citoyen mieux capable de situer un pro
438 ra le citoyen mieux capable de situer un problème dans l’ensemble de la société où il vit, de sa culture, de ses valeurs com
439 e public sur lequel il est appelé à se prononcer. Dans le second cas, l’information, loin de chercher à stimuler la liberté
440 d l’identité européenne. I. L’Europe divisée Dans le premier terme de notre alternative, l’Europe, autour de l’an 2000,
441 e veulent indépendants, et restent tout-puissants dans leurs frontières, superiorem in terris non recognoscentes, selon la f
442 et au moins concurrentielle avec les Super-Grands dans l’ordre de l’économie, de la technique et de la culture consommerait
443 nde Machine, ordinateur universel et omniscient ; dans tous ces cas, l’agent est en mesure de « sonder les reins et les cœur
444 domasochiste domine ainsi les relations sociales, dans l’Europe de l’Ouest au profit de l’économie américaine, et dans celle
445 de l’Ouest au profit de l’économie américaine, et dans celle de l’est au profit des maîtres et manipulateurs de l’idéologie
446 n’en devra pas moins rester présente en filigrane dans toute image plus réaliste (plus probable) que nous tenterons de compo
447 ique, semi-planifiée et totalement catastrophique dans les années 1970 et 1980), les équivalents modernes de la polis, du vi
448 « invivables » et coûteux à détruire, construits dans l’anarchie et sur la seule notion de rapport financier, par les soins
449 nancier, par les soins de la génération actuelle, dans les années 1970 et 1980. b) L’établissement de liens interrégionaux
450 un jeu parfait n’est possible que s’il est limité dans le temps, terminé par une fin automatique ou convenue, ce qui n’est p
451 automatique ou convenue, ce qui n’est pas le cas dans la cité envisagée : ses éléments ne sont pas des pions solides en nom
452 t points, dont nous avons indiqué les coordonnées dans le monde grec de la polis, en essayant d’imaginer leurs homologues po
453 en essayant d’imaginer leurs homologues possibles dans le monde de l’an 2000 et les difficultés qui doivent résulter des cha
454 on L’information, directe, visible et tangible dans la polis est fournie désormais au plus grand nombre par une école amé
455 que par la radio-télévision. Une minorité formée dans les écoles supérieures — initiés techniques —, ou dans leurs marges e
456 les écoles supérieures — initiés techniques —, ou dans leurs marges et contre leurs orthodoxies — initiés philosophiques —,
457 s révolutionnaires » et les « idées subversives » dans les seules élites dirigeantes mais non plus possédantes, les « masses
458 (ex-prolétariat ouvrier et bourgeoisie confondus dans un vaste néo-tertiaire ou quaternaire) devenant la base solide du con
459 ster valablement les évidences majoritaires, donc dans un dé-conditionnement.) 2. La discussion publique La discussion
460 mblée est devenu impraticable et impensable (sauf dans de très petits cantons suisses) avec l’avènement des grandes villes d
461 elles voix peuvent pratiquement se faire entendre dans cette communauté globalisée. En effet, par analogie à la Loi de J.-J.
462 un jour ?) qui ne manqueront pas de se multiplier dans les prochaines décennies, viendra probablement ramener les dimensions
463 . La différence principale ne consistera donc pas dans les dimensions physiques de la cité nouvelle, mais dans le fait que l
464 es dimensions physiques de la cité nouvelle, mais dans le fait que les assemblées civiques pourront se tenir, sans que les c
465 nce et définie comme un carrefour d’ondes. (Déjà, dans les années 1970, la formule du conseil d’administration « réuni » de
466 ndsgemeinde suisse ou de l’assemblée des citoyens dans la cathédrale de Genève (Rousseau), modèles des conditions optimales
467 timales de la participation civique et politique, dans la mesure où celle-ci dépend des dimensions de la communauté. Il est
468 une participation plus fréquente, plus longue, et dans des conditions psychologiques plus sereines, là même où les dimension
469 et place des formules de centralisation statique dans un cadre territorial accidentel et plus ou moins arbitraire mais immu
470 petites à la campagne (étouffantes), trop grandes dans les régions urbaines (vide social), elles ne coïncident plus que par
471 icipation la plus immédiatement active se produit dans l’association, le club, la section de parti ; dans l’atelier ou la ce
472 ans l’association, le club, la section de parti ; dans l’atelier ou la cellule syndicale ; dans la faculté ou le département
473 parti ; dans l’atelier ou la cellule syndicale ; dans la faculté ou le département ; puis dans la commune, dans l’entrepris
474 dicale ; dans la faculté ou le département ; puis dans la commune, dans l’entreprise, dans l’université. Au niveau de la rég
475 faculté ou le département ; puis dans la commune, dans l’entreprise, dans l’université. Au niveau de la région déjà, la co-a
476 tement ; puis dans la commune, dans l’entreprise, dans l’université. Au niveau de la région déjà, la co-action des forces po
477 toutes les chances de se réaliser beaucoup mieux dans la République européenne, grâce à l’action d’aristocraties culturelle
478 tres conseils de la cité le procédé du multiplex. Dans tous ces cas, inutile de se déplacer si l’on peut être utilement prés
479 « présents » à 5000 kilomètres en vidéophone que dans l’échange si difficilement combiné de coups de téléphone, de lettres
480 l faut se contenter aujourd’hui, le plus souvent, dans la vie des affaires et les échanges personnels ? Il est possible — et
481 sence « en chair et en os » de milliers d’hommes, dans un cadre restreint, dégage des forces qu’on pourrait enregistrer, mai
482 rrait enregistrer, mais qu’on ne retrouverait pas dans la rencontre des images sonores et visuelles émises par ces mêmes hom
483 Il est possible qu’il y ait un reste irréductible dans toute analyse des comportements mesurables et chiffrables de l’homme.
484 ncore aucune idée et qui intervient — peut-être — dans les relations interpersonnelles ou intersexuelles, ou interraciales.
485 u’une cité ou un groupe tiennent pour politiques. Dans un État-nation centralisé d’aujourd’hui, la participation libre et ac
486 ion infime l’exercice d’un pouvoir exécutif. Mais dans aucune des décisions ou options de politique étrangère, économique, f
487 de règle pour le plus grand nombre. En revanche, dans une société telle qu’on peut l’envisager possible aux environs de l’a
488 s partis d’autre part. Les objectifs politiques, dans une société dont les structures favorisent la participation à tous le
489 ibles à la biosphère sera nécessairement tranchée dans les deux décennies à venir. Si c’est au bénéfice de la croissance éco
490 participation authentique, c’est-à-dire libre et, dans cette mesure même, responsable. Il en est par exemple ainsi de l’obje
491 dant, à ce qui peut englober, nier et réorganiser dans le temps de l’éclair créateur tout l’adapté du monde social et scient
492 fin de la conscription universelle et obligatoire dans le cadre stato-national tombé en désuétude. Mais l’objecteur social,
493 gène à Abélard, de Rousseau à Nietzsche. Il vivra dans la frange effervescente de notre société occidentale, avec les object
25 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
494 L’ingénieur dans la cité (1971-1972)w La question « Que faire de ma vie ? » définit
495 était à la fois le moins éloigné de leurs goûts ( dans la mesure où ils avaient la chance de les connaître) et le plus près
496 blent. Il peut maintenant concevoir sa profession dans le cadre et les perspectives combien plus vastes et significatives de
497 type d’homme de technique et de science réintégré dans la communauté, relié à l’ensemble social par le souci des fins derniè
498 des fins dernières de la cité, et de la personne dans la communauté. Que la technologie renoue de la sorte avec l’aventure
499 nt, il faut que des générations nouvelles entrent dans la carrière de l’ingénieur, de l’urbaniste et de l’écologiste avec po
500 les assume, et du même coup il se verra réintégré dans la vie de la cité, de la communauté, et dans le grand dialogue dramat
501 égré dans la vie de la cité, de la communauté, et dans le grand dialogue dramatique de la nature et de la culture qui domine
502 e siècle. w. Rougemont Denis de, « L’ingénieur dans la cité », Brochure d’information, Lausanne, École polytechnique fédé
26 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
503 éclatante, seule vivante, bleue, verte et blanche dans le noir éternel, et je l’avais aimée comme une femme qui vient, comme
504 it, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite
505 nuages ? Un pays oblique apparaît, sombre encore dans le jour qui naît. Des clochers et des tours s’éclairent, touchés par
506 être que l’Europe ! Ces champs morcelés et striés dans tous les sens, et ces forêts irrégulières en tapisserie, ces villages
507 s couleurs, du vert d’abord. Souvenirs de réveils dans un palace à Vevey, Montreux ou Clarens, devant le lac et ses envols d
508 en clos et entrepôts, garages, silos. Ou parfois, dans le creux d’un val boisé, vous devinerez dissimulée sous les ramures u
509 ent libertaire des communes ayant pris le pouvoir dans certaines villes, le centre de la vie politique et sociale descend du
510 de la vie politique et sociale descend du château dans la plaine, du burg où le seigneur tenait sa cour au bourg (ou borgho)
511 commune, ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’agora des anciens Grecs et du fo
512 oit que cette dernière trouve ses ennemis mortels dans deux facteurs des plus déterminants de la société industrielle : l’ac
513 de nulle part et prochains de personne. Car c’est dans la rue, sur la Place que se formait l’opinion publique, quand les hom
514 de pays au monde que le gigantisme humain menace dans ses fondements plus que la Suisse. Car la Suisse tire sa raison d’êtr
27 1972, Articles divers (1970-1973). Au centre du monde, Lavaux (1972)
515 centre du monde se situe réellement quelque part dans les airs au-dessus du Léman, à mi-hauteur du grand vignoble de Lavaux
516 n’êtes jamais vraiment venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans l
517 ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonnement, revêt une importance rapidement fabuleus
518  ? Les maxima contradictoires, toujours à l’œuvre dans toute chose humaine, sont ici comme ailleurs la qualité de la vie et
519 ent ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui font passer avan
28 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
520 Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)an Les trois urgences Lorsque se réunit
521 les mesures que nous prendrons dès aujourd’hui et dans les dix ou quinze années qui viennent. Le sort de l’an 2000 se jou
522 ntaines de milliers d’hectares que nous bétonnons dans le monde entier (supermarchés, parkings, autoroutes, aéroports), dess
523 ects décisifs de l’an 2000, et cela non seulement dans le monde physique — villes et routes, habitat environnement — mais da
524 — villes et routes, habitat environnement — mais dans le monde moral, dont le physique matérialise les structures et les va
525 les jeunes Européens soient élevés dès maintenant dans un climat mental, psychologique et affectif qui prépare cette union,
526 Depuis cent ans… L’École devenue obligatoire dans la plupart de nos pays, vers les années 1880, prépare des nationalist
527 sent à toute espèce d’union sérieuse, qui s’opère dans la réalité et non dans les discours ministériels. Il faut que l’École
528 nion sérieuse, qui s’opère dans la réalité et non dans les discours ministériels. Il faut que l’École cesse d’enseigner que
529 commence pas aujourd’hui et si l’on n’achève pas dans les années qui viennent, une véritable mutation de l’enseignement. Ca
530 formé nos chefs d’État. L’un d’entre eux répétait dans ses discours — répercutés par ses ministres et les députés de son par
531 raltar à l’Oural ». L’an 2000 se joue aujourd’hui dans les leçons de nos écoles secondaires. Si l’École a fait le mal nation
532 e, à leur région, à notre Europe, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961, nous arrêtions les grandes l
533 te déjà bel et bien et qui joue un rôle important dans la formation de chaque Européen : l’École ? Or l’École fait des citoy
534 gés des heures sur l’Europe, mais en introduisant dans les leçons d’histoire, de géographie, d’économie, de langues, d’art e
535 de l’intégration de la personne. Nul ne peut dire dans quelle mesure exacte les enseignants de nos pays ont été réellement t
536 pagne, c’est-à-dire ont orienté leur enseignement dans le sens d’un civisme européen. Mais on peut citer quelques chiffres :
537 ter quelques chiffres : — 33 stages de formation, dans 15 pays, ont réuni jusqu’ici environ 1500 enseignants du Secondaire e
538 s, destinés à faire entrer l’éducation européenne dans les programmes et les manuels : — après le stage de Bruxelles, en 196
539 rogramme national d’éducation civique est élaboré dans une optique européenne ; — après le séminaire de Bruges, en 1968, sur
540 u favorisent de plus en plus l’optique européenne dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Tout cela représent
541 chement mesurés, comme on sait qu’il est de règle dans notre société « européenne » par antiphrase — en réalité nationale-ma
542 lles y contribuent avec une indéniable compétence dans leurs domaines. C’est l’École et ce sont les enseignants dialoguant a
543 ommateurs disciplinés et des nationalistes bornés dans leurs frontières (où même les fleuves s’arrêtaient pile, sur les cart
544 ougemont Denis de, « Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, p. 1-4.
29 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
545 était pas le soldat politique qu’on nous montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomisation de la société
546 elle de la personne, des personnes se manifestant dans des communautés. Nous opposions au dilemme individu isolé et irrespon
547 le monde est réuni comme des grains de poussière dans le ciment — c’est avec la poussière des individus que l’État fait son
548 de régions ? Absolument. Nous parlions de régions dans un sens opposé à celui des régionalistes réactionnaires ou nationalis
549 nous, la région était un des degrés de communauté dans lequel la personne peut s’enraciner mais qui ne doit pas être fermé.
550 i nous importait, c’était la création de régions, dans lesquelles la personne puisse s’insérer, trouver ses racines et parti
551 it en premier, de Mounier ou de moi. En tout cas, dans un premier livre publié à Paris, en 1934, intitulé : Politique de la
552 agement des écrivains. Mais pas à l’embrigadement dans un parti. Il s’agissait d’assumer sa responsabilité, ce qui est exact
553 oup à l’opposition entre la passion et le mariage dans l’amour. La passion représentée par Tristan, qui est le grand mythe d
554 plus besoin de la société et du monde. Il a tout dans une femme, il se sépare du monde et il meurt, joyeusement. Puis, en d
555 , pas seulement sexuelle, mais aussi sentimentale dans les rapports quotidiens, comme étant l’union de ces deux choses contr
556 qui doivent vivre ensemble, qui doivent unir cela dans une création permanente et quotidienne. Et chacun des deux devient pe
557 quotidienne. Et chacun des deux devient personne dans la mesure où il agit librement, en pleine responsabilité vis-à-vis de
558 maintenant d’appliquer ces théories, de s’engager dans la cause du fédéralisme européen. Le mot engagement était alors fort
559 s à parler d’engagement parce qu’il avait lu cela dans Esprit et dans mes livres. Vous connaissiez Jean-Paul Sartre ? Il e
560 gement parce qu’il avait lu cela dans Esprit et dans mes livres. Vous connaissiez Jean-Paul Sartre ? Il est venu me voir à
561 rk en 1944 ou 1945, premier journaliste français. Dans ses conférences, il répétait tout le temps que l’homme est à la fois
562 ent, il est impossible de réaliser le fédéralisme dans un seul pays. La Suisse ne peut pas rester un régime réellement fédér
563 aire partager vos idées à propos du fédéralisme ? Dans quelles circonstances ? Dès mon arrivée dans cette maison de Ferney,
564 me ? Dans quelles circonstances ? Dès mon arrivée dans cette maison de Ferney, en 1947, j’ai eu la visite d’amis de l’époque
565 aux dépens de leurs voisins. Voilà ce qu’on a vu dans la crise monétaire récente et ce qu’on verra chaque fois qu’il y a un
566 arder les autonomies. Voilà ce que j’ai découvert dans l’histoire de la Suisse. Pourquoi ce pays s’est-il fait ? La Suisse n
567 le Marché commun, à condition que celui-ci reste dans ses compétences qui sont essentiellement économiques. À côté de cela,
568 ’au milieu du Valais et qu’elle descend assez bas dans la vallée du Rhône, à certains égards jusqu’à Marseille. Il y a égale
569 les fonctions, car c’est ce que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de réalités différen
570 le sous-sol, l’économie, l’histoire, la religion dans certains cas, les croyances politiques dès que l’État est quelque peu
571 ienne. Ce canton, différent des autres, est entré dans la Confédération. Donc, un citoyen de cette ancienne principauté est
572 onc, rien n’est plus simple. Au fond, nous vivons dans ce que j’appelle la pluralité des allégeances. L’utopie, c’est vouloi
573 est très ancienne. On la retrouve chez Héraclite, dans la théologie des premiers conciles et notamment dans la définition de
574 s la théologie des premiers conciles et notamment dans la définition de la personne du Christ où l’on constate ces deux réal
575 e. Le sentiment religieux joue un très grand rôle dans vos activités ? Ma formation protestante m’a permis de mieux formuler
576 me un certain sens civique qui est très développé dans les pays calvinistes. J’ai fait cette observation bien avant 1939 : i
577 Mais vous n’avez jamais eu de régime totalitaire dans un pays protestant. C’est assez frappant. Cela doit tenir à quelque c
578 initivement les confessions que j’estime valables dans la mesure où il y a des tempéraments religieux différents. Il y a don
579 s. Pourquoi cet intérêt vis-à-vis de l’écologie ? Dans cette conférence, j’explique une chose qui me tient fort à cœur depui
580 avaient l’œil ouvert, depuis trois ou quatre ans dans l’opinion publique, on sait qu’il n’en est rien. Et que nous touchons
581 ibrement nos finalités. Et pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais nous avons a
582 es problèmes écologiques actuels ? Oui. Parce que dans une fédération formée de régions, il y aurait des régions écologiques
583 core délimitent les régions, à partir d’un bureau dans la capitale, sans aucune consultation locale. 15. Cet ouvrage sera
584 . Cet ouvrage sera réédité en collection de poche dans quelques semaines. 16. Titre de ce drame : Nicolas de Flue . 17. O
585 elles. Il calme le chien et accueille le visiteur dans cette maison où il vit depuis 1947 et qui fut autrefois celle du gard
30 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
586 éclatante, seule vivante, bleue, verte et blanche dans le noir éternel, et je l’avais aimée comme une femme qui vient, comme
587 it, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite
588 nuages ? Un pays oblique apparaît, sombre encore dans le jour qui naît. Des clochers et des tours s’éclairent, touchés par
589 être que l’Europe ! Ces champs morcelés et striés dans tous les sens, et ces forêts irrégulières en tapisserie, ces villages
590 s couleurs, du vert d’abord. Souvenirs de réveils dans un palace à Vevey, Montreux ou Clarens, devant le lac et ses envols d
591 en clos et entrepôts, garages, silos. Ou parfois, dans le creux d’un val boisé, vous devinerez dissimulée sous les ramures u
592 ent libertaire des communes ayant pris le pouvoir dans certaines villes, le centre de la vie politique et sociale descend du
593 de la vie politique et sociale descend du château dans la plaine, du burg où le seigneur tenait sa cour au bourg (ou « borgh
594 commune, ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et d
595 oit que cette dernière trouve ses ennemis mortels dans deux facteurs des plus déterminants de la société industrielle : l’ac
596 de nulle part et prochains de personne. Car c’est dans la rue, sur la place que se formait l’opinion publique, quand les hom
597 de pays au monde que le gigantisme humain menace dans ses fondements plus que la Suisse. Car la Suisse tire sa raison d’êtr
31 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
598 instamment priés de s’abstenir, et de s’inscrire dans un parti. 2. Ce qu’elle est en tous cas La culture est l’ensem
599 agnétiques, banques de données, jargons et codes) dans lesquels l’individu naît, grandit, s’intègre au long des jours, qui f
600 (il est plus ou moins dirigé, conseillé, orienté dans ses choix par sa famille, son milieu ou sa classe, l’enseignement et
601 des arts, des lettres, sont locales ou régionales dans leur genèse, continentales dans leur évolution. Elles n’ont tout de m
602 les ou régionales dans leur genèse, continentales dans leur évolution. Elles n’ont tout de même pas pu tenir compte par anti
603 rd au hasard des batailles et des traités conclus dans la confusion générale. Inutile d’insister sur le fait que ces frontiè
604 soixante millions de morts. Et il faut restituer dans leur autonomie les cités et régions créatrices de culture, sans plus
32 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
605 ts dérivés. De plus, elles donnent de la justesse dans le choix de l’expression. Il me plaît de traduire cette belle défin
606 Il me plaît de traduire cette belle définition dans les termes de notre sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les rest
607 la légende primitive et ses expressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la juste
608 ses expressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos
609 s nos vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitif
610 t humaine, qui est l’âme. Je ne prends pas ce mot dans le sens noble et vague que lui donnent un peu trop facilement les poè
611 trop facilement les poètes du siècle dernier, ni dans le sens goethéen de « belle âme », encore moins dans le sens religieu
612 s le sens goethéen de « belle âme », encore moins dans le sens religieux de l’éloquence classique de la chaire, quand elle p
613 is et véritablement traditionnel, qui se retrouve dans certains dérivés comme animé, animation, ou même animosité. Le jeu « 
614 passion relève par excellence de l’âme. Or, c’est dans le mythe de Tristan qu’il a trouvé son expression la plus totale, dél
615 à ce mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Cela posé
616 tagieux. Cela posé, considérons le mythe lui-même dans sa pleine stature et ses profonds pouvoirs. ⁂ Tristan, c’est tout d’a
617 en, et des tempéraments qui s’accordèrent un jour dans l’instant du premier regard, mais que le temps modifie fatalement, cr
618 d’un amour qui méprise l’épreuve de l’engagement dans les rapports sociaux, et même de l’engagement dans un rapport concret
619 ans les rapports sociaux, et même de l’engagement dans un rapport concret avec un Autre toujours insuffisant, jamais digne d
620 ivant l’image aimée d’une Béatrice à peine connue dans sa réalité terrestre. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant n
621 C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être aimé dans sa réalité toujours irréductible à l’image idéale que la passion s’en
622 s fut aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue pro
623 e que c’est l’âme elle-même, la fonction émotive, dans l’homme contemporain, qui s’épuise et qui s’atrophie, entre le corps
624 tation rapide au lieu de l’intensité, la noirceur dans le style des roués au lieu de la candeur monumentale, les jeux d’espr
625 Iseut : et c’est la mort. ⁂ J’ai laissé jusqu’ici dans l’ombre cet aspect, trop souvent, trop facilement cité, du « beau con
626 clair que la séparation la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes nos sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c
627 r c’est ici que la passion mythique va se dresser dans sa pleine stature. En buvant le breuvage magique, les amants légendai
628 amants légendaires sont entrés, nous disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leur vi
629 ur mort ». Certes, c’est vrai pour leur existence dans ce monde, mais ils ont aussi bu l’Amour, un amour qui s’adresse à la
630 mortelle que lui seul pourra deviner, ou susciter dans l’autre ; la part de l’Ange. Pétrarque, en proie au mythe, ose parler
631 e des amants. Cette mince bande jaune sur la mer, dans le nouveau décor de Bayreuth, cette frileuse aurore jaune au bas du c
632 avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire restituant toutes choses et
633 Gloire restituant toutes choses et tous les êtres dans leur pureté paradisiaque, « dans un décor de montagnes flamboyant aux
634 t tous les êtres dans leur pureté paradisiaque, «  dans un décor de montagnes flamboyant aux aurores, d’eaux célestes où croi
635 point cette forme de lumière qu’on ne rejoint que dans un au-delà, et qui aurait été, sur la Terre, le véritable objet du dé
636 r vraiment, ce serait aimer l’ange en soi-même et dans l’autre, identiquement ; ce serait deviner l’ange, en soi-même et dan
637 uement ; ce serait deviner l’ange, en soi-même et dans l’autre, l’aider à naître, et le rejoindre enfin dans le monde lumine
638 l’autre, l’aider à naître, et le rejoindre enfin dans le monde lumineux de la nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à no
639 tuant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue, les philologues nous ont mis au défi d’
640 nt mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de nos émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature
641 t André Mary en 1941, ont osé récrire la légende, dans leur propre version inspirée des anciennes. Continuateurs et non pas
642 ds, danois et même norvégiens, et les ont recréés dans des styles différents : Bédier classique, Mary baroque ; Bédier ramas
643 ue au lyrisme contenu qui n’éclate malgré lui que dans l’épisode bref, tel Tristan fou ; Mary plus pittoresque et foisonnant
644 Il doit être évident que ces restitutions sont dans la tradition de tous les textes que nous tenons pour les « originaux 
645 Mary, rien du tout, ce qui vaut sans doute mieux. Dans le même Roman en prose, lorsque Tristan meurt : « Douce amie, je ne v
646 eux, quasi sacré, revient d’une manière obsédante dans les quelques pages de la préface de Gaston Paris. as. Rougemont Den
33 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
647 alités s’évanouissaient, devenaient inexprimables dans la prolifération des jargons spécialisés. Le simple besoin de compren
648 de Claude Lévi-Strauss, l’ethnographe découvrant dans la linguistique de F. de Saussure l’explication qui lui manquait de l
649 nomène, si spécifiquement européen par sa genèse, dans L’Amour et l’Occident . J’ai très vite pressenti que la forme d’amou
650 e est un phénomène qui n’existe, au sens fort, ni dans les réalités économiques seules, ni dans la politologie seule, ni dan
651 fort, ni dans les réalités économiques seules, ni dans la politologie seule, ni dans l’histoire seule, ni dans la culture, l
652 nomiques seules, ni dans la politologie seule, ni dans l’histoire seule, ni dans la culture, la démographie, la théologie, l
653 a politologie seule, ni dans l’histoire seule, ni dans la culture, la démographie, la théologie, la psychologie des peuples,
654 disciplines ne serait capable de saisir l’Europe dans son être historique et virtuel, dans son évolution. L’Europe n’appara
655 sir l’Europe dans son être historique et virtuel, dans son évolution. L’Europe n’apparaît qu’à leur carrefour, elle est défi
34 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
656 entre ces événements qui tantôt font grand bruit dans les journaux, tantôt passent à peu près inaperçus du grand public, qu
657 à première vue, sinon le terme de « région » pris dans des sens très différents ? Car si tous les États européens sont amené
658 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, joue dans le même sens : je veux parler de la crise de l’État-nation centralisé
659 ctive et « mystique », que l’on enferme désormais dans des frontières d’autant plus rigides qu’elles sont plus arbitraires,
660 n accusation par les mouvements de la Résistance, dans tous nos pays, qui proclament, vers la fin de la dernière guerre, la
661 ue des États ». Les fédéralistes européens voient dans le culte de l’État-nation non seulement la cause de nos guerres, mais
662 recherche (comme le CERN) et une action concertée dans le domaine économique (CECA, Marché commun) indiquent la voie. D’autr
663 loin de se contredire, se commandent mutuellement dans le monde d’aujourd’hui, à la fois planétaire et local, c’est-à-dire à
664 s les phénomènes similaires actuellement étouffés dans les pays de l’Est européen. Presque partout, ces ethnies brimées décl
665 . Et il aurait encore moins de chance de survenir dans le cas de régions définies en termes d’écologie ou d’échanges de serv
666 ts. Or tous les problèmes concrets qui se posent dans cette région appellent des solutions transfrontalières. Et chaque pro
667 rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de la ville. Il y a,
668 nos patois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de
669 s de Gex, la Savoie, la Romandie tout entière et, dans une mesure qui reste à déterminer, l’Isère, le Val d’Aoste et la Fran
670 régions Quant aux perspectives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’imagine quelques solutions qu’il va s’agir d
671 er les nouvelles générations dès l’école primaire dans l’optique régionaliste, européenne, voire mondiale, et non plus uniqu
35 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
672 , ses racines sont coupées et ses sources taries. Dans cet article conclusif, il est question de fédéralisme première et deu
673 tinentale, de la fédération. Discuter tout cela «  dans la rue » ou « sur la place publique », à la bonne heure ! Mais encore
674 est déjà prévue, définie, et à mon sens résolue, dans la pensée du grand fédéraliste franc-comtois. bc. Rougemont Denis
675 juillet 1973, p. 21. bd. Douze articles publiés dans ce même journal du 20 juin au 1er juillet sur les problèmes et les st
36 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
676 mes ont essayé de la faire : Napoléon et Hitler ; dans les deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’ils prétendaien
677 et napoléonien, copié par plus de cent-vingt pays dans le monde entier, l’État-nation à souveraineté théoriquement illimitée
678 ineté, et qu’ils sont immortels. Or tout est faux dans cet enseignement, et dans les croyances qui en résultent. Tout d’abo
679 rtels. Or tout est faux dans cet enseignement, et dans les croyances qui en résultent. Tout d’abord : il n’y a pas de cultu
680 t nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans une ville universitaire, les colonies d’étudiants venus d’une même ré
681 ane, c’était un peu comme nos pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à l’Université même, on ne
682 n’était pas question de les enfermer pour autant dans les frontières d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos
683 îtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres contre l’Espagne et contre les Allemagnes au-delà du Rhin
684 e par la Révolution française, et elle a triomphé dans l’enseignement de la géographie au xixe siècle, là encore contre tou
685 e du catholicisme sous l’égide de saint Augustin. Dans son Génie du christianisme, Chateaubriand montre que le secret de la
686 secret de la grande littérature européenne réside dans la synthèse de la tradition grecque — les tragiques — et de la tradit
687 s. Enfin, si les jacobins de 1791 croient trouver dans la Rome antique les prototypes de l’esprit révolutionnaire, André Sie
688 sont « les prophètes d’Israël » qui ont « déposé dans notre esprit cette soif révolutionnaire de la justice qui distingue s
689 béralisme et le marxisme, bref tout ce qui compte dans la vie de la culture et qui a marqué les élites intellectuelles de to
690 érifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun l’on trouvera des croyants et des incroyants, des hommes de ga
691 des styles de vie qu’on retrouve à divers degrés dans toutes nos nations. Supprimons les frontières nationales, nous n’appa
692 tes villes comme Tubingue, Iéna, Weimar ou Dresde dans l’Allemagne romantique des Hegel, des Schelling, des Hölderlin et des
693 lité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des grands courants continentaux, qui é
694 question et renouvellent les données communes. Or dans ce jeu entre les grands courants et les foyers locaux, entre l’unité
695 t pas des mini-États-nations, prétendant enfermer dans les mêmes frontières toutes les réalités hétéroclites sur lesquelles
696 c’est aussi condition de la liberté des personnes dans la communauté politique. Fédéralisme et Œcuménisme La pluralité
697 implique la reconnaissance d’une grande diversité dans les approches, mais plus encore dans l’appropriation des personnes à
698 de diversité dans les approches, mais plus encore dans l’appropriation des personnes à la Vérité unique, dont nul n’est maît
699 que l’Église nouvelle naîtra de groupes assemblés dans ces « chambres hautes » dont parlent les Actes (qui risquent d’être p
37 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
700 a Évoquant sa lignée, Denis de Rougemont écrit dans Suite neuchâteloise : « Cela fait, au début et à la fin, pas mal de r
701 ille compte parmi les plus anciennes de Besançon. Dans les archives du Doubs on retrouve trace d’une femme de cette famille
702 rivain. Ses livres de géographie étaient utilisés dans les écoles. Il y eut aussi un graphologue. Il le fut auprès du Tribun
703 rois pas. Disons que j’ai eu un milieu favorable. Dans la famille de ma mère, il y avait des artistes. Ma mère faisait des p
704 teur de Suite neuchâteloise, note : « Il trouvait dans son héritage des vertus de prudence, d’ordre et d’autorité, un goût m
705 deux tempéraments fort différents. Vous qui vivez dans l’avenir, que pensez-vous de celui de la famille ? La famille est dev
706 je trouve assez bien. Il y avait une homogénéité dans les familles d’autrefois, à cause de leur implantation géographique.
707 est enseignante et moi je suis membre du conseil dans la même université. Nous nous retrouvons chacun de l’autre côté de la
38 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
708 ou à Bâle, mais si une de ces firmes s’installait dans Rhône-Alpes, ce serait en vertu de ses seuls intérêts, non pas de ceu
709 is les habitants d’une région ne se rassembleront dans l’intention de devenir « compétitifs ». Qu’en auraient-ils de plus ?
39 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
710 i ont perdu prise sur leur vie, et n’ont plus foi dans les mythes nationaux — tout nous pousse aujourd’hui à chercher des fo
711 de demain. ⁂ Il se trouve que le sens commun joue dans le même sens que notre angoisse sociale pour recommander cette formul
712 égion et l’absurdité des frontières qui tranchent dans le vif de ses tissus, il faut parfois le regard neuf, sinon naïf, d’u
713 s quatre Grands, Georges Bidault recevait Molotov dans la villa qu’occupait la délégation française, à Versoix. De la terras
714 a le Soviétique, les poissons, comment savent-ils dans quel pays ils sont ? S’il n’y avait que les poissons ! Les vents, les
715 , et il aurait encore moins de chance de survenir dans le cas de régions définies en termes d’écologies ou d’échanges de ser
716 ts. Or, tous les problèmes concrets qui se posent dans cette région appellent des solutions transfrontalières. Et chaque pro
717 rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de la ville. Il y a,
718 nc-comtois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de
719 s de Gex, la Savoie, la Romandie tout entière, et dans une mesure qui reste à déterminer, l’Isère, le Val d’Aoste et la Fran
720 urent à réconcilier les grands noms de la culture dans nos régions : Jean Calvin et François de Sales, Rousseau et Voltaire,
721 r d’eux, on parlait le même dialecte, qui parlait dans leur inconscient. Avant que Genève ne fût annexée à la France, en 179
40 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
722 e, l’« Utopie » qui l’anime — le mot est de lui — dans son projet de remodelage de la société occidentale. Cette utopie, c’e
723 tion, le chaos monétaire, la pollution, la famine dans le tiers-monde, l’urbanisation sauvage, les problèmes de défense. Fau
724 cats de communes. Je me garde bien de la découper dans le terrain. On nous a trop appris, à l’école, à dessiner des pays com
725 de la région lémano-alpine. Nous avons distingué dans ce cadre à géométrie variable différentes régions, dont les aires géo
726 Genève, Lausanne et Fribourg. On distingue aussi dans cette aire la plus large une région industrielle où se font quatre-vi
727 ropéenne. L’essentiel est de redonner au citoyen, dans la région et grâce à elle, un pouvoir de décision sur les problèmes f
728 re, est en crise ?… Il est en crise à juste titre dans les pays où il est devenu l’affaire des seuls partis, car ceux-ci ne
729 ons comme une entrave à l’engagement des citoyens dans leurs communautés naturelles régionales. Et les grands pouvoirs écono
730 rs que nos frontières politiques ont été établies dans la plupart de nos pays au xixe siècle ou au début du xixe siècle ;
731 t. Disons, pour résumer beaucoup ma position, que dans un monde qui serait structuré par régions, mais dans le cadre d’une p
732 s un monde qui serait structuré par régions, mais dans le cadre d’une politique commune à l’échelle continentale, la questio
733 et les traces encore visibles qu’elle a laissées dans nos vies, on arriverait à de meilleurs résultats « européens » sans f