1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 ontenir et utiliser comme matériel. Cet appareil, nous le traversons en lisant un livre, nous faisons une expérience de tran
2 appareil, nous le traversons en lisant un livre, nous faisons une expérience de transformation qui nous transforme nous-mêm
3 nous faisons une expérience de transformation qui nous transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre et je
4 de transformation qui nous transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre et je dirai qu’en revanche et en
5 et je dirai qu’en revanche et en retour le livre nous digère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « ab
6 e livre nous digère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est l
7 ère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui nous abso
8 bsorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se po
9 n livre, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se poser, et cela me
10 près ça, tu pourras simplement agir ou méditer ». Nous ne sommes pas tous destinés à devenir des prophètes. Mais vous voyez
11 le livre dont on ne sait jamais si c’est lui qui nous avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et
12 on ne sait jamais si c’est lui qui nous avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et je voulais y in
13 hui, si l’on veut sauver la spécificité du livre, doit être dans le sens de ces quelques lignes de Nietzsche que je vais vou
14 s lire lentement me manque à cette tribune, et je devrais manger les fiches, les unes après les autres, et puis vous demander l
15 nt. Alors, je pense que loin de dire que le livre doit être supplanté par la télévision, il nous faut le développer tant que
16 e livre doit être supplanté par la télévision, il nous faut le développer tant que nous pouvons, au fur et à mesure que la t
17 a télévision, il nous faut le développer tant que nous pouvons, au fur et à mesure que la télévision cherche à nous imposer
18 s, au fur et à mesure que la télévision cherche à nous imposer certaines doctrines officielles qui sont, en effet, maniées u
19 -ce que, face au rythme de la vie actuelle auquel nous sommes tous soumis, il est encore possible de se ménager des moments
20 j’irai apprendre ce genre de choses. Je pense que nous allons maintenant vers un état de la société où, tout doucement, l’ai
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
21 partisans sincères d’une « union plus étroite de nos pays », comme disaient les traités de naguère. (Plus étroite que quel
22 ançais. Et l’on a pu entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner publiquement le principe même d’une
23 dérale à sa haute école, parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéralistes ! Je n’ai cité que des européistes on ne peut plu
24 outes deux également convaincues que leur premier devoir à l’égard de l’Europe, le moyen le plus sûr de contribuer à son unité
25 unilatéralement en modifier les termes. Voilà qui devrait rassurer ceux qui voyaient dans la fédération européenne l’imposition
26 uelle que traduit ce vocabulaire souple et précis doit -elle rester à jamais étrangère aux esprits qui se veulent « cartésien
27 re aux esprits qui se veulent « cartésiens » ? Il nous faudrait alors désespérer de toute union vivante de l’Europe. Car il
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
28 it que les questions économiques qui se posaient, nous aurions tout avantage à faire appel aux Américains, à les laisser tra
29 éricains, à les laisser travailler en Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pe
30 Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pensons que le problème européen dépass
31 er » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pensons que le problème européen dépasse celui d’une simple organisat
32 ropéen dépasse celui d’une simple organisation de notre économie, si nous ne voulons pas être « américanisés », comme on le d
33 i d’une simple organisation de notre économie, si nous ne voulons pas être « américanisés », comme on le dit tous les jours,
34 e beaucoup plus sérieuses, qui sont, par exemple, nos libertés, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons
35 s sérieuses, qui sont, par exemple, nos libertés, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’Europe
36 s, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc
37 s modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc prévoi
38 isons, d’un mot moins savant, l’union de l’Europe doit s’opérer sur tous les plans. Elle doit être sociale autant qu’économi
39 e l’Europe doit s’opérer sur tous les plans. Elle doit être sociale autant qu’économique, elle doit être technique, elle doi
40 Elle doit être sociale autant qu’économique, elle doit être technique, elle doit être universitaire, scientifique, politique
41 ant qu’économique, elle doit être technique, elle doit être universitaire, scientifique, politique et culturelle. Car, en fa
42 ifique, politique et culturelle. Car, en fait, si nos peuples ont une possibilité d’union, c’est parce qu’il y a, à la base
43 lité d’union, c’est parce qu’il y a, à la base de notre histoire, une unité. C’est sur une unité que l’on peut fonder une uni
44 cultures nationales, contrairement à ce que l’on nous a appris à l’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne qui vie
45 y a qu’une grande culture européenne qui vient de nos ancêtres communs : grecs, romains, juifs, par le christianisme, germa
46 celtes, un petit peu arabes, un petit peu slaves. Nous avons tout cela en commun. Tous les procédés de nos beaux-arts, tous
47 s avons tout cela en commun. Tous les procédés de nos beaux-arts, tous les procédés de nos littératures autant que nos tech
48 procédés de nos beaux-arts, tous les procédés de nos littératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions
49 tous les procédés de nos littératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions historiques, tout cela est c
50 ératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions historiques, tout cela est complètement commun à tous les
51 Européens. N’a jamais été l’apanage d’un seul de nos pays. Ne s’est jamais arrêté aux frontières actuelles de nos pays, qu
52 e s’est jamais arrêté aux frontières actuelles de nos pays, qui n’existaient pas pendant tout le Moyen Âge, notamment, où l
53 core à la télévision suisse romande : « La Suisse doit être modeste, elle doit proportionner ses interventions sur le plan d
54 sse romande : « La Suisse doit être modeste, elle doit proportionner ses interventions sur le plan de la politique étrangère
55 t de toute son histoire, elle sortirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux consci
56 n histoire, elle sortirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux conscience naturell
57 rtirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux conscience naturellement, et elle aura
58 e proposer sur un plan international, il faut que nous autres, les Suisses, prenions conscience plus claire de ce qu’est not
59 ses, prenions conscience plus claire de ce qu’est notre fédéralisme, des richesses de cette formule chez nous. Il faut que no
60 fédéralisme, des richesses de cette formule chez nous . Il faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions
61 richesses de cette formule chez nous. Il faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de penser que fédé
62 aut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de penser que fédéralisme signifie repli sur soi dans chaque
63 ait appliquer cette formule maintenant au-delà de nos frontières, ne pas l’arrêter à nos frontières cantonales, ne pas l’ar
64 ant au-delà de nos frontières, ne pas l’arrêter à nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter à notre frontière nationale,
65 r à nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter à notre frontière nationale, mais voir plus loin, voir qu’il y a des tâches q
66 urtout sur la réserve, restons bien modestes dans notre petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grandes cho
67 , restons bien modestes dans notre petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grandes choses… » Il faut que c
68 cesse ; et c’est une question d’éducation ; cela doit commencer à l’école déjà. Je connais heureusement beaucoup de profess
69 curieux que l’on ne l’ait pas encore fait. Elles nous reprocheront — à la génération des aînés — d’avoir gardé une prudence
70 ui n’est exemplaire pour personne et qui fait que nous sommes restés à la traîne loin derrière les autres. Alors que toute n
71 traîne loin derrière les autres. Alors que toute notre histoire — je le répète — toute notre vocation historique nous indiqu
72 s que toute notre histoire — je le répète — toute notre vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant
73 — je le répète — toute notre vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant une belle initiative sur
74 toute notre vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant une belle initiative sur le plan européen.
75 arations des hommes qui sont chargés notamment de nos affaires étrangères. c. Rougemont Denis de, « [Entretien] Ce que
76 ue suisse à l’égard de l’Europe ? Cette question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons partiellement y répondre.
77 tte question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons partiellement y répondre. 1969, en effet, a été l’année des v
78 , en effet, a été l’année des voyages. Voyages de nos conseillers fédéraux à l’étranger et, aussi, visites importantes dans
79 à l’étranger et, aussi, visites importantes dans notre pays. Il n’y a qu’à songer à celle de M. Jean Rey, il y a quelques mo
80 s mois seulement, dans la capitale fédérale. Mais nous devons poser une seconde question : la Suisse peut-elle jouer un rôle
81 s seulement, dans la capitale fédérale. Mais nous devons poser une seconde question : la Suisse peut-elle jouer un rôle dans l
4 1970, Articles divers (1970-1973). « Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)
82 opos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)e f Nous avons pu atteindre l’écrivain Denis de Rougemont, hier après-midi, à
5 1970, Articles divers (1970-1973). Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)
83 ougemont (30 mars 1970)g M. Denis de Rougemont nous écrit : Au sujet de la brève interview par téléphone que vous avez bi
6 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
84 it d’obstacles par définition, que devient-elle à notre époque où les obstacles ne se dressent plus entre les amants ? La dis
85 on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans nos mariages modernes, qui ne sont en principe que des mariages de passio
86 le sexe n’est plus passé sous silence. Cela dit, nous n’avons rien inventé et l’explosion sexuelle s’est surtout produite a
7 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
87 « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-ju
88 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)h Vous êtes l’auteur d’une phra
89 incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondiale et
90 e prolongé d’un mythe, il faut choisir ! Ce choix doit s’opérer dans une certaine finalité ; quelle finalité trouvez-vous à
91 quelle finalité trouvez-vous à l’Europe ? Jusqu’à nous , voyez-vous, il fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que le n
92 merciales. Il va falloir maintenant savoir ce que nous voulons au juste : un niveau de vie quantitatif ou un certain mode de
93 se poser la question fondamentale du sens même de notre vie ? Oui, je crois à la personne humaine et à sa liberté. Pour surmo
94 économiques, etc.) à la mesure des décisions qui doivent être prises. Autant l’Europe des nations était simpliste, autant l’Eu
95 era-t-il possible de changer le système actuel de notre société, irréversible course au profit ? Mais le système de la sociét
96 à aussi, je ne suis pas d’accord. La politique ne doit pas être une activité séparée : c’est la vie dans la cité, « l’art d’
97 t pas non plus oublier les moyens techniques dont nous disposons à l’heure actuelle et qu’il ne faudrait surtout pas renier 
98 partir les tâches aux différents niveaux où elles doivent être accomplies)… Bluntschi, auteur d’un code civil cantonal, disait
99 ésent, à chaque étape de cette lente unification, notre gouvernement a dû faire des pieds et des mains pour rattraper l’histo
100 de cette lente unification, notre gouvernement a faire des pieds et des mains pour rattraper l’histoire en train de se
101 ope fédérée, respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s’accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suiss
102 le de la Suisse. Savoir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est à nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent
103 ir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est à nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’Europe future les a
104 je pense que prétendre conserver les bénéfices de notre fédéralisme pour nous seuls, serait le plus sûr moyen de les perdre !
105 conserver les bénéfices de notre fédéralisme pour nous seuls, serait le plus sûr moyen de les perdre ! h. Rougemont Denis
106  ! h. Rougemont Denis de, « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités », Feuill
107 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités », Feuille centrale de Zofingue, Zofingue, mai–juin
8 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
108 une alliance militaire ou une entité économique, doit être une communauté culturelle. Je pense, avec Robert Schuman, qu’il
109 e, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unité de bas
110 cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent , en fait, à la culture. Unité non pas homogène, et qui ne résulte pas
111 es continents découverts tour à tour, conquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés
112 onquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous,
113 estés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous , pour le meilleur et pour le pire. Héraclite donne la formule de l’
114 de l’unité européenne Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à
115 Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à des instances universelle
116 cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir
117 cède la plus belle harmonie. De ce temps jusqu’au nôtre , tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi cons
118 adoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du di
119 i constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du divers, l’unité dans la diversité,
120 ur autant : entre leurs triomphes alternés, elles durent dans l’ombre de l’Histoire, dans la tradition, dans les livres, et da
121 n au xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures v
122 este et les rénove. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes soc
123 e. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos bes
124 e, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. To
125 ssance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite au
126 et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en questi
127 xes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en question ces déterminations, et nous en fo
128 ssi à remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’Europe comme patrie
129 d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible dé
130 appatoire possible désormais : s’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer u
131 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de no
132 — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une si nous refus
133 s. Car ces autonomies seront perdues une à une si nous refusons l’union qui, seule, ferait leur force ; mais en retour, cett
9 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
134 ructures, car l’infrastructure est le résultat de nos options morales, spirituelles, religieuses, d’où procèdent des option
135 e européen de la culture, à une telle situation ? Nous nous sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctio
136 opéen de la culture, à une telle situation ? Nous nous sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctionnero
137 intelligible est une culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’Europe. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, e
138 culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’Europe. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, en réunissant dans le
139 , un certain nombre d’associations d’enseignants. Nous avons pu démultiplier notre effort en organisant des stages (5 par an
140 iations d’enseignants. Nous avons pu démultiplier notre effort en organisant des stages (5 par année en moyenne), dans des pa
141 s, qui réunissent une cinquantaine de pédagogues, durent une semaine et comportent des conférences, suivies de débats. Le thèm
142 s son aspect traditionnel, est la plus ennuyeuse… Notre intention n’est pas, du reste, d’introduire une heure de plus dans de
143 types sont données dans les écoles et les stages doivent élaborer des modèles applicables par toutes les associations membres.
144 applicables par toutes les associations membres. Nous avons touché directement 1500 maîtres et une publication nous permet
145 ouché directement 1500 maîtres et une publication nous permet de communiquer de la documentation et des critiques de livres.
146 e me paraît fondamental, car c’est l’écologie, de nos jours, qui constitue la véritable politique. Des stages sont consacré
147 , par contre, toujours laudatifs. Par ces stages, nous cherchons à créer un état d’esprit européen chez les maîtres, ce qui
148 aucoup d’idées qui avaient déjà été défendues par notre mouvement l’Ordre nouveau. On a aussi retrouvé Proudhon, Bakounine, e
149 productivisme sans frein et sans mesure humaine ; nous affirmions que ce productivisme traduisait une mentalité commune au c
150 la dimension a été constamment appliqué au CEC ; nous n’avons centralisé que ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé.
151 ue ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé. Notre but était, toujours, de servir les parties composantes. Lors de la Ca
152 osantes. Lors de la Campagne d’éducation civique, nous avions un appareil administratif minuscule qui travaillait avec 7 ou
153 uvait en relation quotidienne avec 150 personnes. Nous ne voulons pas coiffer d’autres institutions mais, selon le principe
154 institutions mais, selon le principe fédéraliste, nous sommes en commun avec elles. Un autre principe me paraît important :
155 uves, sinon l’on perd trop de temps. C’est ce que nous avons fait au CEC, où les premières nécessités ressenties ont été de
156 ssurer une organisation coordonnée des festivals. Nous avons désiré aller aussi loin que possible, sans tenir compte des fro
157 idu, de l’amener à se sentir encadré. Les régions nous permettront de revenir à des entités plus petites, de recréer des com
158 le même sens que le respect de l’autre. L’Europe devrait redevenir une sorte de jardin du monde ; c’est la raison pour laquell
159 e jardin du monde ; c’est la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la c
160 din du monde ; c’est la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la commune
161 la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la commune tout particulièreme
162 lle. Mais, au-delà des uniformes qui séparent, il nous reste, traçant un chemin de rigueur et d’audace, la voix de Denis de
10 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
163 la colonisation possible par les États-Unis — si nous ne faisons pas les États-Unis d’Europe — c’est une colonisation essen
164 llement colonisés… Et il n’est pas impensable, si nous continuons à rester divisés par nations, chacune trop faible pour se
165 fait faillite les uns après les autres ; ils ont se mettre ensemble pour faire un supermarché ; tout l’équilibre des r
166 nt grave ; et ce sera toujours pire, car aucun de nos pays ne peut se défendre. Il n’est pas trop tard Mais ne pensez-
167 n américaine si c’est une question d’échanges, si nous produisons suffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre o
168 d’échanges, si nous produisons suffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouv
169 uffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si no
170 capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble
171 éenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants qu
172 . Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants que ceu
173 ésunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants que ceux des Américains. Nous ne so
174 s moyens plus importants que ceux des Américains. Nous ne sommes pas du tout écrasés par les deux géants que sont l’Union so
175 épaules l’un de l’autre, ils n’arriveraient pas à notre hauteur. Au point de vue démographique, certes … Oui, mais il y en a
176 e, de l’artisanat qui vit encore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens
177 ncore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes
178 dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes déco
179 presque rien aux États-Unis. Ces derniers ont sur nous une seule supériorité : celle du « management », parce qu’ils dispose
180 nt », parce qu’ils disposent d’un grand espace et nous pas. Prenez le cas de la France, qui a un retard presque scandaleux d
181 fendue contre l’étranger. Dans cet état d’esprit, nous jouons perdants. Mais est-il trop tard pour renverser le courant ? On
182 courant ? On pouvait déjà le dire en 1949, quand nous avons lancé l’idée du CERN, puisque les Américains avaient presque to
183 rtir, ils ont pratiquement un siècle d’avance sur nous . » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit q
184 pratiquement un siècle d’avance sur nous. » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Améric
185 us. » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Américains avaient réussi à mettre en œuvre d
186 Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Américains avaient réussi à mettre en œuvre des dé
187 ’était une question d’organisation, rien de plus. Nous avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux
188 ous avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dans un pays comme la Su
189 t pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dans un pays comme la Suisse, l’industrie mécaniq
190 e la Suisse, l’industrie mécanique de précision ; nous avons tous les savants qui pourraient rester chez nous s’ils disposai
191 avons tous les savants qui pourraient rester chez nous s’ils disposaient d’un appareil de recherche suffisant ». Cela s’est
192 che suffisant ». Cela s’est parfaitement réalisé, nous avons réussi à renverser la vapeur. De grands choix à faire Ce
193 rait donc le moment de « renverser la vapeur » et nous serions aujourd’hui à la croisée des chemins, parce que — pour la pre
194 de choisir librement son avenir. Pourquoi serions- nous à ce moment privilégiés ? À cause du développement des sciences et de
195 e sorte de mouvement de bascule qui s’est fait et nous arrivons à un point où la production dépasse largement le minimum vit
196 n train de détruire la nature, par exemple ; cela nous pose une grande question : que voulons-nous en fait ? Est-ce plus de
197 cela nous pose une grande question : que voulons- nous en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature
198 us en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons- nous sauver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions
199 e voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions pas vivre ? Il y a de gran
200 auver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions pas vivre ? Il y a de grands choix à faire et cela pour
201 e et cela pour la première fois, car jamais avant notre génération l’homme n’avait été en mesure de porter des coups pareils
202 vie, mesuré purement quantitativement. Est-ce que nous voulons, comme les Américains, augmenter simplement le produit nation
203 simplement le produit national brut de chacun de nos pays ou de l’Europe dans son ensemble, au prix de la destruction de l
204 hômage, tout ira bien et tant pis pour la nature. Nous commençons à nous réveiller de cette illusion. L’autre politique pour
205 ien et tant pis pour la nature. Nous commençons à nous réveiller de cette illusion. L’autre politique pour l’avenir est beau
206 contraire pour qu’on le pousse, beaucoup plus que nos compartimentages nationaux ne permettent de le faire. Il nous faut dé
207 imentages nationaux ne permettent de le faire. Il nous faut dépasser les Américains, mais il nous faut aussi des techniques
208 re. Il nous faut dépasser les Américains, mais il nous faut aussi des techniques qui soient adaptées à nos fins. Par exemple
209 s faut aussi des techniques qui soient adaptées à nos fins. Par exemple, il est absolument faux de continuer à faire des au
210 ar rapport à la consommation individuelle, et là, nous sommes à l’opposé du type de civilisation capitaliste qui se développ
211 aie de montrer depuis un certain temps, c’est que nous sommes en présence de deux mouvements, dans le monde, qui ont l’air a
212 ertitude d’exprimer la seule issue pour l’Europe. Nous avons soulevé un certain nombre de ces problèmes et de ces objections
213 de ces objections, au cours d’un entretien qu’il nous a accordé dans sa maison de Ferney-Voltaire. »
11 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
214 e est destinée à être au cœur de l’Europe et elle doit l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela signifierait la
215 assent les cantons, d’autres sont trop petites et doivent rester aux communes. Il faut qu’ils vivent, encore mieux qu’ils ne le
216 rd. Il y a en Suisse un esprit communal auquel on doit revenir parce que c’est la vraie source du fédéralisme. Et de là il f
217 alors, ce serait une tyrannie effroyable, car on devrait édicter des règles sans nuances pour tout le monde. Tandis qu’avec le
218 le de faire coïncider l’économie et la langue, et nous avons toujours pensé qu’il y avait des ordres de réalités à ne pas mé
219 ême économie, les mêmes impôts d’après la langue. Nous avons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons,
220 ous avons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En f
221 vons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En fait,
222 ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En fait, mon modèle de gouvernement de
223 notice suivante : « Au cours de l’entretien dont nous avons commencé la parution la semaine dernière, Denis de Rougemont, a
224 ons européennes. Dans la suite de l’entretien que nous publions aujourd’hui, Denis de Rougemont montre comment la Suisse peu
225 nis de Rougemont montre comment la Suisse peut et doit s’insérer dans ce processus d’édification d’une Europe fédérale. De t
12 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
226 différentes agences pourrait s’établir en Suisse, notre pays devenant un district fédéral. Quels seront les critères de délim
227 iversité s’étend à la région. Une région bretonne devrait déborder sur les Cornouailles anglaises et sur les villes de Nantes e
228 nes. Il faut beaucoup de souplesse. Une région ne doit pas être contenue à l’intérieur de limites, elle doit rayonner. Les É
229 pas être contenue à l’intérieur de limites, elle doit rayonner. Les États-nations actuels, qui ont nom France, Angleterre,
230 e qu’il y avait de plus neuf dans chaque domaine. Nous avons réuni les directeurs de centres nucléaires, les directeurs de g
231 marque une péripétie dans la Quête de l’union de nos peuples et de leurs élites responsables. Cheminement vers l’Europe fé
232 che de sens. Pour les lecteurs de Livres ouverts, nous avons posé à Denis de Rougemont quelques questions suggérées par la l
13 1970, Articles divers (1970-1973). Message aux régionalistes (16 mars 1973)
233 astres moraux , écologiques et sociaux, vers quoi nous précipite l’évolution actuelle. La région seule nous permettra de « f
234 s précipite l’évolution actuelle. La région seule nous permettra de « faire l’Europe », sur la base de ses réalités, et nous
235 faire l’Europe », sur la base de ses réalités, et nous offrira seule les structures nécessaires à toute vraie participation.
236 aires à toute vraie participation. Mais la région doit naître comme poussent les blés, la vigne et les forêts : elle doit mo
237 poussent les blés, la vigne et les forêts : elle doit monter d’une terre, d’un peuple, d’une histoire, de leurs besoins et
238 ssor de ses énergies créatrices. Surtout, elle ne doit pas se donner pour objectif de saisir « une plus grande part du gâtea
239 « une plus grande part du gâteau » étatique. Elle doit cuire son propre gâteau, et créer ses propres ressources, à sa manièr
240 , qui définissent ses vrais besoins. La région ne doit pas être imaginée comme un mini État-nation, qui aurait tous les inco
241 que de chercher à se rendre concurrentielle, elle doit chercher à se rendre utile, et son problème n’est pas d’exploiter le
14 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
242 plus que sa musique me touchait plus qu’aucune de notre temps, si haut que fût à mes yeux Stravinski, et je me disais qu’un j
243 ’écrire une pièce pour l’Exposition nationale qui devait s’ouvrir à Zurich l’année suivante. J’étais en train de sortir mes un
244 t le message du Solitaire qui venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette attente au bord du gouffre, cette minut
245 tes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fois à l
246 de son escalier, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont strictement techniques. Il me demande combien il y a
247 anque une syllabe. — Ah ? Que faire ? — Eh bien ! nous mettrons un soupir ». Il m’a dit : « Quand vous écrivez les paroles d
248 ransmission par les mots. Jamais, pas un instant, nous n’avons eu l’idée de parler du sens profond de la pièce, ni de la rel
249 de la pièce, ni de la religion en général, ni de nos positions personnelles à son égard. Je ne sais pas pourquoi d’ailleur
250 de son langage particulier. Or, l’aisance même à nous mettre d’accord sur ces règles du jeu, puis à jouer — la partie de cr
251 s à jouer — la partie de création proprement dite nous prit deux mois — voilà qui ne pouvait signifier qu’un accord plus pro
252 gence avec l’événement historique, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de
253 . Une connaissance intime du lyrisme biblique — «  notre Antiquité », dit Ramuz —, du choral luthérien et de la polyphonie du
254 es « à sujet religieux » que je viens d’énumérer, doit être qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’est pas à cause des su
255 . Or ce sens tout d’abord jalonné par les signes, doit être décidé par la personne, et ne peut l’être que dans l’acte de foi
256 quelque credo, mais la réalité de l’opération en nous de quelque chose, disons l’Esprit, qui n’est pas vérifiable autrement
15 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
257 marque une péripétie dans la Quête de l’union de nos peuples et de leurs élites responsables. Cheminement vers l’Europe fé
16 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
258 par les bellettriens : bras dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droit
259 dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droite. Mon bras droit tenait le g
260 ffacent avec le temps). Il vient, de concert avec notre ami commun Raymond Silva — alors secrétaire général du Centre europée
261 du Centre européen de la culture —, proposer que nous lancions une « Charte européenne » et un « Brevet européen du sportif
262 , et si rondement menée vers son destin européen, devait cependant échouer — en dépit des appuis les plus efficaces de dernièr
263 intéresser ». Je reconnus au premier coup d’œil «  notre  » texte. Strasbourg s’attribuait la médaille, mais Paul Martin avait
17 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
264 ars de ce qui me paraît une évidence majeure : il nous faut faire l’Europe afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vit
265 Est européen —, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europ
266 re part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais
267 usoire — sauf qu’elle bloque tout. C’est ici que nous rejoignons la culture. Car c’est bien la culture — l’école, la presse
268 la culture — l’école, la presse, les livres — qui nous fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres
269 obablement mythique, qui est du ive siècle avant notre ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à
270 re ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à Hugues Capet, qui est du xe siècle, soit une hésitat
271 et Malte 10. L’école vous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à
272 vous l’avez cru ! Vous croyez donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses frontières coïncident avec son e
273 et qu’on ne pourra jamais les fédérer, parce que nos vingt-cinq États-nations ne sauraient céder sans trahir un pouce de l
274 u’elle existait bien avant la formation, récente, nous venons de la voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désig
275 la formation, récente, nous venons de la voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans un
276 flamande, nation italienne, c’était un peu comme nos pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à
277 d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos stato-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang
278 Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoire
279 res actuels. Prenez la langue allemande : si elle devait coïncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la République fé
280 e la région de la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre e
281 nt que nos langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofi
282 ues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofia, Varsovie et
283 fia, Varsovie et Madrid. C’est oublier que toutes nos langues (sauf le basque et le finno-ougrien) sont étroitement parente
284 omaines, notions théologiques diffusées dans tous nos pays par l’église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques a
285 des savants au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésias
286 ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop, Bischof… Il
287 . Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturel
288 ope est un fait que personne ne conteste — à part nos bons nationalistes. Enfin, il y a l’affaire des frontières naturelle
289 y a l’affaire des frontières naturelles, chères à nos maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres
290 service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mais que
291 othard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
292 comme les conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait un historien français
293 qui ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l
294 ales » bien distinctes et rivales, les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,
295 Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. La vérit
296 sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, qu’elle s’
297 qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, qu’elle s’est formée à partir des mêmes influences i
298 péennes, gréco-latines, celtes et germaniques qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
299 us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés
300 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grand
301 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architectu
302 t qui a marqué les élites intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. Prenez l’exemple
303 es de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. Prenez l’exemple de la musique : rien de national dans
304 une glorieuse indifférence une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
305 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de ses diversités tant vantées, et
306 que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nations ? Je vous propose là-dessus deux observations faciles à vérif
307 deux observations faciles à vérifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun vous trouverez des croyants et
308 propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la plu
309 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée et des
310 annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra
311 e, est simplement omis, inexistant. Et voilà qui nous rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais conn
312 ant. Et voilà qui nous rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais connu l’illusion d’une « culture na
313 ommes découpée dans n’importe lequel des pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantonales,
314 s pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantonales, dans ces foyers qui l’un après l’autre
315 u xxe siècle : Ferdinand de Saussure, le père de nos « sciences humaines », l’institut Rousseau, Jean Piaget, les Rencontr
316 aître pratiquement, un peu comme il est arrivé de nos frontières cantonales, et je ne crois pas que nous y ayons perdu quoi
317 nos frontières cantonales, et je ne crois pas que nous y ayons perdu quoi que ce soit de vraiment précieux. Ces vérités sont
318 à entendre pour les citoyens des grands pays qui nous entourent ; mais ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour nou
319 ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour nous autres Suisses, il devrait s’agir d’évidences et presque de banalités
320 ur jeunesse surtout. Pour nous autres Suisses, il devrait s’agir d’évidences et presque de banalités. Toutefois, nous devons pr
321 r d’évidences et presque de banalités. Toutefois, nous devons prendre garde, dans le débat qui bat son plein à propos de not
322 vidences et presque de banalités. Toutefois, nous devons prendre garde, dans le débat qui bat son plein à propos de notre entr
323 arde, dans le débat qui bat son plein à propos de notre entrée dans le Marché commun, de nous laisser entraîner sur un terrai
324 propos de notre entrée dans le Marché commun, de nous laisser entraîner sur un terrain qui n’est pas le nôtre, dans des ter
325 us laisser entraîner sur un terrain qui n’est pas le nôtre , dans des termes qui sont étrangers à notre tradition fédéraliste et
326 as le nôtre, dans des termes qui sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à notre habitus, et qui dérivent des théorie
327 sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à notre habitus, et qui dérivent des théories et des pratiques stato-national
328 t des pratiques stato-nationalistes. L’Europe que nous voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et problématique éch
329 s stato-nationalistes. L’Europe que nous voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et problématique échafaudage d’acc
330 ières, en maintiennent et renforcent le principe. Nous ne croyons pas à une Europe des États-nations souverains. Je l’ai sou
331 , mais alors il n’y a pas d’amicale. L’Europe que nous voulons sera fédérale — ou alors elle ne se fera pas sérieusement. Vo
332 nt. Voilà, je pense, la perspective qui s’ouvre à nous . Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays e
333 erspective qui s’ouvre à nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays européen qui n’ait pas pri
334 à nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays européen qui n’ait pas pris la forme d’un État-na
335 is là aussi plus qu’une incitation : un appel, un devoir d’agir. Il y a vingt-cinq ans, aux premières Rencontres international
336 , si possible, encore plus vrai aujourd’hui et il nous dicte une ligne de conduite et d’action. Je sais bien que les Suisses
337 ut seul. C’est maintenant ou jamais que la Suisse doit prendre l’initiative de proposer sa propre solution fédéraliste, de l
338 pour reprendre une formule célèbre, qui désignait notre neutralité, notre abstention, et qui pourra demain, plus justement en
339 formule célèbre, qui désignait notre neutralité, notre abstention, et qui pourra demain, plus justement encore, qualifier no
340 i pourra demain, plus justement encore, qualifier notre intervention. x. Rougemont Denis de, « L’Europe est d’abord une un
341 qu’elle bloque tout ! L’école, aux trois degrés, nous fait croire que l’État-nation est le dernier mot de l’évolution, qu’i
342 ait voir l’auteur par des exemples indiscutables. Notre culture est la création commune et trois fois millénaire de tous les
343 . C’est sur la base de cette unité de culture que nous pourrons édifier l’union fédérale de nos diversités. »
344 ure que nous pourrons édifier l’union fédérale de nos diversités. »
18 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
345 systèmes… Ce donné historique toujours vivant en nous , ce passé jamais accompli, nul n’en peut prendre les mesures : il s’a
346 héritage culturel conditionne en second lieu, que nous le sachions ou non, un grand nombre de chances spécifiques proposées
347 lturel enfin reste une somme de virtualités, dont nous ne pouvons en général actualiser qu’une part infime. Il n’est pour no
348 éral actualiser qu’une part infime. Il n’est pour nous , au sens concret, que ce que nous sommes capables d’en utiliser pour
349 . Il n’est pour nous, au sens concret, que ce que nous sommes capables d’en utiliser pour nos fins propres. Tout héritage cu
350 ue ce que nous sommes capables d’en utiliser pour nos fins propres. Tout héritage culturel est en partie offert mais en par
351 éenne et ses complexités au moins trimillénaires, nous sommes bien obligés de choisir. Nous assumons ou récusons certaines v
352 millénaires, nous sommes bien obligés de choisir. Nous assumons ou récusons certaines valeurs ou systèmes de valeurs selon n
353 ns certaines valeurs ou systèmes de valeurs selon nos problèmes présents. C’est dire que mis en face de l’héritage total, n
354 . C’est dire que mis en face de l’héritage total, nous sentons qu’il comporte une part d’hérédité inéluctable, mais que, dan
355 rédité inéluctable, mais que, dans la part libre, nos choix nécessairement vont constituer des hérésies. Nous ne deviendron
356 hoix nécessairement vont constituer des hérésies. Nous ne deviendrons nous-mêmes qu’à ce prix, qui est d’assumer les risques
357 es qu’à ce prix, qui est d’assumer les risques de notre différence personnelle ; et par là même, non point en revêtant un uni
358 oint en revêtant un uniforme (matériel ou moral), nous deviendrons de vrais Européens. Les dimensions de l’héritage La
359 e, on voit qu’elle représente en fait tout ce que nous sommes capables de penser et presque tout ce que nous voyons sur notr
360 sommes capables de penser et presque tout ce que nous voyons sur notre petit coin de la planète, entre le sol et les nuages
361 de penser et presque tout ce que nous voyons sur notre petit coin de la planète, entre le sol et les nuages. La culture des
362 amentales, dans ses méthodes comme dans ses fins, notre culture assume toutes les antinomies. On dirait même qu’elle les nour
363 ra pour mieux exclure la troisième —, il faut que nous prenions l’habitude de combiner en contrepoint la source celte, la ge
364 s pas ce que c’est. Et tout cela vit en chacun de nous , sous forme de conflits, de défis passionnants, de crises latentes ou
365 evant la personne responsable ; et tous, tant que nous sommes, représentons une figure irremplaçable dans le ballet des mill
366 ers. Les deux mémoires Mais ces grands noms nous trompent. Harmonieux ou non, conscient ou non, le rapport d’un Europé
367 e rapport d’un Européen à la culture européenne — notre seule unité fondamentale, répétons-le — n’est pas exceptionnel : il e
368 ’entends qu’il est universel. Pas un seul d’entre nous n’y échappe. Que nous soyons « très cultivés » ou illettrés y change
369 versel. Pas un seul d’entre nous n’y échappe. Que nous soyons « très cultivés » ou illettrés y change bien moins qu’on ne l’
370 illettrés y change bien moins qu’on ne l’imagine. Nous sommes tous tributaires de deux mémoires, celle des peuples et celle
371 tes, des data banks et du système des préjugés de notre siècle — mémoire externe. Et celle des chromosomes, des chaînes de l’
372 firent leur temps, littéralement. Dans chacun de nos chromosomes, il y a l’histoire entière des hommes du passé, plus une
373 ssé, plus une nouvelle virtualité. Dans chacun de nos codes civiques ou juridiques, il y a la féodalité, les coutumes germa
374 derrière eux, il y a l’Égypte et Sumer. Chacun de nous , dans chacun de ses jugements moraux, civiques, sociaux ou juridiques
375 urs les origines, mais qui le meut. Enfermés dans nos États-nations depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à nos é
376 depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! N
377 i, grâce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de n
378 âce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos la
379 es nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il f
380 nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder
381 fférents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allo
382 os voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allons jusqu’à pré
383 ous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allons jusqu’à prétendre que leur diversité empêche l’union de l’Euro
384 in, germanique ou celtique, se retrouve dans tous nos États et montre bien ce qu’il faut penser de leur soi-disant « origin
385 l’Europe. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit notre « mère l’Europe » — comme l’appelait déjà une chronique en latin rédi
386 la droite et à la gauche dans le jeu politique de nos pays, ces deux partis qui n’arrivent plus à se définir autrement que
387 stérile qui en résulte n’ont jamais existé (avant notre influence) en Inde, en Chine, ou dans les grands empires de l’Afrique
388 umaine, de l’approche familière des symboles, que nous découvrons dans nos rêves, et que transmet la sagesse des nations par
389 familière des symboles, que nous découvrons dans nos rêves, et que transmet la sagesse des nations par les proverbes. Le p
390 résente sans nul doute la part la plus menacée de notre héritage, celle qu’il nous est possible de dilapider. Car ces vertus
391 rt la plus menacée de notre héritage, celle qu’il nous est possible de dilapider. Car ces vertus ne contraignent pas l’indiv
392 e Mao. Mais c’est bien à tout cela que l’Europe a ses pouvoirs d’invention, d’innovation, d’expansion planétaire, d’uni
19 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
393 e et une injustice (4 février 1971)z aa « Dans notre société européenne, depuis le xiie siècle, les femmes ont été l’agen
394 le poète-troubadour comme le seigneur à qui l’on devait l’obéissance, l’allégeance, la fidélité. Le troubadour — c’est une ch
395 lle valable également pour la Suisse ? En Suisse, nous sommes un peu tributaires de la civilisation germanique, où les homme
396 a donc, chez les Suisses allemands notamment, et nous sommes très mélangés en Suisse romande, cette idée que la femme n’a p
397 n’a pas sa place dans les affaires publiques qui doivent être le domaine des guerrières, de l’homme armé, ce qui est un anachr
398 t la force physique qui comptait, alors que, dans notre société actuelle, il est impossible qu’on vous démontre en quoi la fo
399 des Landsgemeinde — vous avez des survivances qui nous sont proches, qui sont encore mêlées à notre vie, des vieilles coutum
400 s qui nous sont proches, qui sont encore mêlées à notre vie, des vieilles coutumes germaniques. Justement la survivance de ce
401 as leur rôle ? En tous les cas, ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en
402 les cas, ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’ent
403 ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas c
404 e… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas culture
405 de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas culture au sens scolaire, u
406 ense que c’est spécifiquement européen, parce que notre civilisation est fondée sur cette idée de la famille, de la femme qui
407 où il y a beaucoup de femmes pour un homme. Chez nous , considérons qu’il n’y a aucune espèce de différence au point de vue
408 il n’y en a pas. Je n’en vois pas. Les seules que nous croyons voir, que nous imaginons voir, c’est à cause de ce vieux fond
409 n vois pas. Les seules que nous croyons voir, que nous imaginons voir, c’est à cause de ce vieux fond inconscient qui ressor
410 vieux fond inconscient qui ressort et qui influe nos décisions à notre insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite p
411 nscient qui ressort et qui influe nos décisions à notre insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite psychanalyse de la
412 , où la femme a acquis l’égalité civique, elle le doit à une sorte de coup d’État venu d’en haut : par simple décision gouve
20 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
413 ssaire et réalisable comme un élan libérateur qui nous porte à la fois vers l’universel et vers la personne. De la conclusio
414 idée de nation, je recopie ces lignes4 : Plaçons- nous sur le plan de la tradition révolutionnaire. Nous rencontrons, d’une
415 nous sur le plan de la tradition révolutionnaire. Nous rencontrons, d’une part, un mouvement vers l’universel, où l’individu
416 sens opposés, ils se complètent l’un par l’autre. Nous les séparons pour la commodité de l’exposé : mais dans le cœur du peu
417 it : Fidèles à la véritable tradition française, nous nous appuyons à la fois sur le sentiment patriotique régional et sur
418 Fidèles à la véritable tradition française, nous nous appuyons à la fois sur le sentiment patriotique régional et sur l’ind
419 ualisme spirituel5. La communauté révolutionnaire doit , en effet, placer le spirituel avant l’économique, même socialisé, fa
420 te. De même, la décentralisation révolutionnaire… doit dévaloriser les cadres nationaux, libérant le vrai sentiment patrioti
421 dictature nationale ou internationale, la France doit opposer un nouveau prestige de la liberté, c’est-à-dire de la personn
422 étourné la révolution de son but : c’est elle qui doit le lui rendre. Moyennant une ou deux mises au point de la terminolog
423 la terminologie (opérées d’un commun accord dans notre groupe dès 1933), ces textes ne peuvent manquer de frapper par leur a
424 ma part, je ne cesse de mieux mesurer ce que j’ai et dois encore aux trop brèves années de notre collaboration politiqu
425 t, je ne cesse de mieux mesurer ce que j’ai dû et dois encore aux trop brèves années de notre collaboration politique et phi
426 j’ai dû et dois encore aux trop brèves années de notre collaboration politique et philosophique6. 4. Ce texte a paru dans
427 emière citation) : il s’agit en réalité de ce que nous conviendrons un peu plus tard, tant à Esprit qu’à L’Ordre nouveau
428 ou collectivité inorganique. 6. Cf. le texte que nous avions préparé et signé ensemble pour le groupe de discussions philos
21 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
429 attention des responsables de la vie politique de nos pays, qu’il s’agisse de régions économiques, ethniques, écologiques o
430 , dès 1960, des groupes d’études dont les travaux devaient prendre forme institutionnelle dès 1967, lorsque fut créée à Bruxelle
431 onnels. Arts et lettres Toute l’histoire de nos créations est à refaire sur cette double donnée de base : — les gran
432 des continents et des régions. Et cependant, elle doit tenir compte des obstacles que les États-nations mettent à toute stra
433 e adaptabilité du genre humain. Enfin, l’écologie nous oblige à poser la question des vraies fins de la cité et de ses prior
434 rable, ou un mode de vie qualitatif et conforme à nos idéaux ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités » d
435 vie qualitatif et conforme à nos idéaux ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités » de l’Économie, science
22 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
436 ’Européens qui s’ignorent, et que la condition de notre survie, c’est de nous unir très vite dans une fédération. Or, pour mo
437 nt, et que la condition de notre survie, c’est de nous unir très vite dans une fédération. Or, pour moi, le couple est la pr
438 té. Comment espérer bâtir une communauté libre si nous commençons par rater le couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, da
439 e couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, dans nos manières d’aimer, je trouve la racine de mondes politiques différents
440 deux, l’uniformisation. Si une certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus cap
441 e certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus capables d’aimer l’autre en tant
442 e plus capables d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus capables non plus de devenir les éléments d’une cité,
443 Je le disais en 1938, je n’ai pas changé d’avis. Nous entrons dans le mariage généralement par erreur, parce que nous somme
444 ans le mariage généralement par erreur, parce que nous sommes amoureux. Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’il
445 nt par erreur, parce que nous sommes amoureux. Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’il faut se marier. Eh bien,
446 e l’histoire de Tristan. La passion amoureuse qui nous paraît si naturelle est en réalité exceptionnelle dans le monde, car
447 : l’Asie bouddhiste, brahmanique n’a jamais connu notre amour et elle le considère avec un étonnement mêlé d’ironie et de cra
448 c’est un fait que le mot amour, qui désigne pour nous le sentiment de la passion, n’a pris de sens dans le Languedoc du xii
449 mour-passion : et c’est de là que viennent toutes nos littératures européennes et tous les lieux communs de l’amour tel qu’
450 ante, tel qu’on l’écrit, tel qu’on le vit jusqu’à nos jours. Je pense surtout aux effets dégradés du mythe à travers les si
451 e collectif de cette romance que chacun s’imagine devoir vivre. Le mariage est en train de voler en éclats, non pas à cause de
452 ut conduire qu’à la mort. L’amour-passion tel que nous le concevons a inspiré tous les arts en Europe, mais il ne vaut rien
453 it pas. Grâce à la littérature, la passion obsède nos rêves. Et c’est une invention spécifique de la culture européenne. Et
454 ent dépourvu de sentiments. C’est le contraire de notre littérature, qui exalte la passion au-delà de toute raison, au-delà d
455 signalée par Mircea Eliade. Par exemple, l’homme doit dormir quarante jours au pied du lit de la femme qu’il aime, quarante
456 preuve que peut s’opérer l’union sexuelle, qui ne doit d’ailleurs pas aboutir à la procréation. Mais ce n’est qu’une techniq
457 uasi mystique s’en trouve exclue. L’amour tel que nous l’entendons depuis le xiie siècle n’a même pas de nom dans leur lang
458 dans leur langue. Ce qui se rapproche le plus de notre verbe aimer en chinois désigne la relation entre la mère et le fils.
459 Elle n’existe pas ailleurs. Mais c’est le prix de notre liberté. Mais vous, que souhaitez-vous ? Quand je pense à l’amour « p
460 n haut — Tristan — l’autre par en bas — Don Juan. Nous versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est l’homm
461 ns d’aujourd’hui tiennent un peu mieux compte que nous des aspects pratiques du mariage, de ce qui permet une amitié durable
462 e d’ennui, parfaitement plat et programmé. Ce qui nous menace aujourd’hui, ce n’est plus un excès d’anarchie et de tyrannie
463 on et risque bien d’évacuer aussi le sens même de nos vies et des rapports humains, mariage compris. Car s’il y a aujourd’h
464 influences païennes, hérétiques, gnostiques, qui nous ont fait croire que le « péché originel » n’est autre que la sexualit
465 exualité. Quant aux pseudo-tabous qui règnent sur nous , ce sont ceux de la bourgeoisie de l’ère victorienne, ou du clergé av
466 , qui s’opposait aux totalitarismes, mais aussi à nos démocraties capitalistes, à la société de profit que nous appelions l
467 ocraties capitalistes, à la société de profit que nous appelions le « désordre établi ». Nous ne voulions pas qu’on critique
468 profit que nous appelions le « désordre établi ». Nous ne voulions pas qu’on critique l’Allemagne et l’URSS au nom de l’espr
469 nt plus sincère, a fait revivre les problèmes que nous avions posés dans les années 1930. C’est vrai, une partie de la jeune
470 me suis senti justifié. La jeunesse a redécouvert notre question trente ans après, sans être bloquée, elle, par la guerre des
471 ar la guerre des empires totalitaires qui fermait notre horizon, et qui n’était pas notre guerre. À cette époque, toute une g
472 res qui fermait notre horizon, et qui n’était pas notre guerre. À cette époque, toute une génération s’est exprimée dans le p
473 nalisme : à l’individualisme et au collectivisme, nous opposions la personne et la communauté. C’est pour exprimer la liaiso
474 hangement inouï qui s’est produit depuis lors est en bonne partie à l’afflux des Européens, notamment ceux que Hitler a
475 r à l’ONU. Et puis il portait les cheveux longs ! Nous avons parlé de l’union de l’Europe. Il m’a dit : « Vous êtes bien opt
476 st en Amérique qu’a germé en quelques-uns d’entre nous l’idée de combattre ce nationalisme fauteur de guerres ; et pas seule
477 ermis, donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible. Il y
478 , donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible. Il y avai
479 et, pendant quelques mois, Simone Weil. Aucun de nous n’était certain de jamais revoir l’Europe. J’écrivais deux textes par
480 ose. C’est une des lois de l’action. Je crois que nous pourrons faire l’Europe d’ici à vingt ans sur la base des régions, au
481 ve pas même au total européen. Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Sui
482 Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Suisses, ou Danois, ou Belges, do
483 es chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Suisses, ou Danois, ou Belges, donc tr
484 isses, ou Danois, ou Belges, donc trop petits. Il nous manque la conscience de former un ensemble. C’est surtout que 120 mil
485 ensemble. C’est surtout que 120 millions d’entre nous sont satellisés par l’URSS, tandis que 320 millions sont assez bien c
486 , disons pour simplifier, par le dollar. Aucun de nos pays, tous trop petits, ne pourra bientôt plus nous raconter sa petit
487 os pays, tous trop petits, ne pourra bientôt plus nous raconter sa petite histoire d’indépendance. Mais alors sur quelle bas
488 nité complexe, pétrie de contradictions, qui sont dues à la pluralité de ses origines — grecque, romaine, judéo-chrétienne,
489 e tous à un ordre monolithique. Vous aimez ce que notre civilisation a de pluraliste ? C’est le gage de notre liberté. Cela i
490 e civilisation a de pluraliste ? C’est le gage de notre liberté. Cela implique la contestation, la discussion, et, finalement
491 lleurs, il n’y a jamais eu, avant le contact avec notre culture et nos doctrines, que des révolutions de palais, des prises d
492 jamais eu, avant le contact avec notre culture et nos doctrines, que des révolutions de palais, des prises de pouvoir par d
493 sie soviétique, dont le slogan est depuis 1925 : ‟ Nous ferons mieux que l’Amérique.” Or l’Amérique est une invention de l’Eu
494 nion : l’État-nation. Voilà l’obstacle sur lequel nous butons depuis vingt ans. Vous avez écrit : « Il faut transformer les
495 du monde actuel. C’est pourquoi, dès le début de notre action fédéraliste, nous sommes entrés en opposition avec Churchill,
496 urquoi, dès le début de notre action fédéraliste, nous sommes entrés en opposition avec Churchill, qui, lui, voulait des « É
497 ion qui se réfère, comme le disait tout récemment notre ministre des Affaires étrangères, à quelques grands principes : neutr
498 rain, en Suisse, c’est le peuple. Vous lisez dans nos journaux : « Le souverain s’est prononcé hier. » Ce n’est pas une man
499 un livre sur l’Europe régionaliste… Eh bien, il a se réfugier en Irlande ! Pour vous, au contraire, le fédéralisme est
500 . Pour accréditer ce modèle délirant, on a truqué nos manuels d’histoire et de géographie. Décréter pour les besoins de la
501 on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs. Il nous faut entreprendre délibérément cette révolution qui n’est pas violent
502 conomique entraînera nécessairement le politique. Nous sommes contraints de voir aujourd’hui que ce n’est pas ainsi que les
503 ns, d’une culture, des attitudes fondamentales de notre esprit. Et que l’économie n’en sera jamais que le produit. Vous reste
504 -Européens qu’il n’en naît. » Je suis certain que nous irons vers des solutions fédéralistes, régionalistes, parce qu’il n’y
505 logues ont eu l’idée d’en faire. Pas une seule de nos révolutions n’a réussi. Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier d
506 st à double tranchant. Ou bien, je vous l’ai dit, nous irons vers l’ennui collectif. Mais il me semble improbable que cet en
507 de l’esprit, une sédition de l’inconscient, dont nous percevons déjà les signes. ad. Rougemont Denis de, « [Entretien] L
23 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
508 ne théorie sur le diable ? Au xx e siècle, ce qui nous menace le plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos
509 x e siècle, ce qui nous menace le plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin !
510 c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin ! — tous de la pollution de la nature,
511 us ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin ! — tous de la pollution de la nature, l’un des grand
512 ds problèmes politiques du siècle, en effet. Mais nous ne prenons pas garde aux autres pollutions, celles qui sont spirituel
513 e Baudelaire : « Le premier tour du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui nous di
514 qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui nous dit, comme dans L’Odyssée Ulysse au cyclope aveuglé à l’entrée de la
515 ue fait Satan ? Singeant Dieu, mais à rebours, il nous dit : « Je suis celui qui n’est pas ! ». Il est la force dépersonnali
516 l est la force dépersonnalisante de l’univers. Il nous fait croire qu’il n’y a personne, et pourquoi ? Parce que alors il n’
517 ce au tiède, qui finira dans le froid glacial. De nos jours, les forces anonymes et qui rendent tout anonyme sont en expans
518 plupart des forces déchaînées à travers le monde nous invitent à fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à re
519 invitent à fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à renoncer à notre vocation personnelle, à la mettre en dou
520 e, à démissionner de notre personne, à renoncer à notre vocation personnelle, à la mettre en doute, donc à céder à l’entropie
521 l’entropie physique et morale. C’est là le mal de notre siècle, le contraire absolu de ce que j’ai appelé le « personnalisme 
522 le ? L’un consiste, pendant la dernière guerre, à nous faire croire qu’il était seulement Adolf Hitler, par exemple. Déguise
523 ple. Déguisement grossier, mais habile, parce que nous étions tous prêts à y croire. Hitler, le diable ? Il y avait vraisemb
524 le est bien plus malin. Quand Hitler était devant nous , nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable tr
525 bien plus malin. Quand Hitler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaill
526 d Hitler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaillait derrière nous et e
527 ler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaillait derrière nous et en nou
528 ons contre lui, et le diable travaillait derrière nous et en nous. Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste da
529 lui, et le diable travaillait derrière nous et en nous . Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste dans les chos
530 our qu’on ne le détecte pas ? Je disais que Satan nous fait croire, premièrement, qu’il n’existe pas, deuxièmement, qu’il es
531 u et dénoncé n’est jamais très dangereux. Lorsque nous sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est ale
532 dangereux. Lorsque nous sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est alertée. La menace véritable, c’es
533 nous sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est alertée. La menace véritable, c’est quand nous ne savo
534 nce est alertée. La menace véritable, c’est quand nous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés m
535 ace véritable, c’est quand nous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous. Car alors,
536 ous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté,
537 mmes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous . Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre respons
538 and nous sommes entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnel
539 es entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nou
540 lgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls
541 lors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls à pouvoir faire
542 dentité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls à pouvoir faire au monde. Le diable compte sur la lâchet
543 diable compte sur la lâcheté qui est en chacun de nous , et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — qua
544 sur la lâcheté qui est en chacun de nous, et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — quand Dieu cherc
545 arbres du jardin. » L’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passio
546 n. » L’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulg
547 ccident . La passion, qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous re
548 assion, qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsabl
549 ne drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vou
550 nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vous écrit votre
551 re libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vous écrit votre ouvrage, La Part d
552 barbus et les folles, ou les soldats ont dit : «  Nous n’avons fait qu’obéir ! » Les uns, à leur maître ou gourou, les autre
24 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
553 Donc, point de différence aux yeux de Littré, et nous pourrions nous en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il
554 différence aux yeux de Littré, et nous pourrions nous en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il n’y avait dans
555 pages la distinction, désormais classique, entre nos deux termes. Pour Le Fur, « les deux notions de fédération et de conf
556 aux « Européens trop pressés ». Il aurait fallu, nous dit-on, six-cents ans pour mûrir la fédération suisse, et vous, vous
557 e garantir effectivement l’autonomie de chacun de nos peuples, autonomie ou « souveraineté » relative que rien ne protège a
25 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
558 ne conférence, contre les procédés de M. Pauwels. Nous lui avons demandé de témoigner, ici, de sa pensée. Dans ce texteai, L
26 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
559 e sont les formes actives de la participation que nous aurons à considérer, puisqu’en effet il s’agit ici de participation à
560 fférence à l’origine. Mais dans le vocabulaire de notre siècle, il apparaît que civisme est lié surtout à une participation a
561 estin que la nature lui imposait ont abouti, dans notre siècle, à une prise de conscience toute nouvelle du mouvement général
562 t bien le résumé de l’évolution humaine — jusqu’à nous . Ayant dépassé la nature, l’homme tente de se dépasser lui-même, mais
563 n d’un territoire délimité — dès lors sacré. Mais nous voici au seuil de l’ère électronique, dont on peut facilement imagine
564 c’est le succès même de l’effort civilisateur qui nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formule
565 de l’effort civilisateur qui nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’h
566 r qui nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’humanité, science ou ar
567 pour les autres. Ainsi mis en demeure de choisir nos options de base et nos orientations globales, nous aurons à considére
568 mis en demeure de choisir nos options de base et nos orientations globales, nous aurons à considérer non plus seulement le
569 nos options de base et nos orientations globales, nous aurons à considérer non plus seulement les contraintes existantes et
570 aient, mais aussi et surtout les buts ultimes que nous visons. Car toute politique implique une idée de l’homme, et par suit
571 rales, propres ou non à la participation civique. Nous voici donc soumis à l’impératif nouveau de la prévision responsable,
572 la question qui se pose alors, c’est de savoir si nous sommes préparés à répondre à ce défi sans précédent. Je vais avouer d
573 ion de l’ère des devins à celle des savants ». On nous dit aussi (mais je m’assure que ce ne sont pas les auteurs qui ont éc
574 e ». Sur quoi je lis l’ouvrage et je constate que nos savants (d’ailleurs honnêtes et scrupuleux) sont en fait des devins,
575 onymes, impersonnels, voire non humains. Or, dans nos études du futur (et surtout s’agissant de participation, qui relève d
576 libre action de l’homme au service de ses fins), nous devrions idéalement être à la fois objectifs et normatifs — plus obje
577 e action de l’homme au service de ses fins), nous devrions idéalement être à la fois objectifs et normatifs — plus objectifs afi
578 particulier d’une dialectique de l’information ? Nous verrons tout à l’heure que la prospective (ou futurologie, ou prévisi
579 geois ou marxiste récusant l’analyse jungienne de notre culture et des rêves qui nourrissent nos recherches, se prive d’une d
580 nne de notre culture et des rêves qui nourrissent nos recherches, se prive d’une des meilleures techniques de prévision de
581 e d’une des meilleures techniques de prévision de notre avenir et de ses « surprises ». L’humanité n’invente pas n’importe qu
582 orte quoi, ni rien d’entièrement imprévu ; toutes nos grandes ou petites inventions dans tous les ordres sont nées de rêves
583 lonies, etc.) détient sûrement plus de secrets de notre avenir à déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’en pourrait chiffrer
584 ecrets de notre avenir à déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’en pourrait chiffrer. 4. Ceux qui prévoient l’an 2000 n
585 sure même où c’est « matériellement exact » : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’es
586 même où c’est « matériellement exact » : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’est en
587  : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’est en tant que tels que nous jugeons « insup
588 sommes aujourd’hui et c’est en tant que tels que nous jugeons « insupportable » ou « merveilleuse » la situation anticipée 
589 icipée : mais ceux qui la vivront — même si c’est nous encore, — seront différents : ils la supporteront très bien, ou seron
590 de la nature de cet avenir, au fur et à mesure de notre avance vers lui, va modifier l’action des hommes en qui elle s’opérer
591 ir modifié, etc. — et tout cela d’une manière que nous ne pourrions prévoir qu’aux conditions suivantes : — si nous pouvions
592 rrions prévoir qu’aux conditions suivantes : — si nous pouvions sentir l’avenir aujourd’hui comme nous le sentirons quand il
593 i nous pouvions sentir l’avenir aujourd’hui comme nous le sentirons quand il sera présent ; — si l’évolution même de nos man
594 quand il sera présent ; — si l’évolution même de nos manières de pressentir l’avenir ne le modifiait pas en cours de route
595 enir ne le modifiait pas en cours de route, ou si nous pouvions évaluer ces modifications ; — bref, si nous étions en mesure
596 s pouvions évaluer ces modifications ; — bref, si nous étions en mesure de prévoir à la fois l’avenir, nous-mêmes en lui, se
597 l’avenir, nous-mêmes en lui, ses modifications et nos modifications en variables conjuguées ; ou encore : les influences ré
598 ociale, civique et politique, quelques invariants doivent être reconnus, au titre de contraintes pour l’imagination, mais aussi
599 gigantisme : multiplier toutes les dimensions de nos escaliers par dix les rendrait impraticables sans échelles. En revanc
600 ce double emploi permanent de l’homme occidental doit être considéré comme une contrainte primordiale pour tous les plans d
601 ésé par un autre invariant humain, l’égoïsme, qui nous rend insensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins p
602 e, qui nous rend insensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins par agressions directes dans les villes : br
603 nsensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins par agressions directes dans les villes : bruits, fumées, ode
604 t par suite à la permanence de leurs différences. Nous aurons à revenir sur la relation nécessaire entre le pluralisme des i
605 ion quant à la participation civique et politique doit en tenir compte dès le départ. III. Les variables La prévision
606 de la voix d’un homme criant sur l’agora. Jusqu’à nos jours, en toutes provinces européennes, de Grenade à Riga, d’Édimbour
607 uquel l’époque absolutiste a déjà substitué, dans nos capitales, des espaces géométriques socialement stériles, voués aux s
608 presse et les mass médias, mais l’élaboration qui doit précisément la rendre « utile » suppose des facultés de synthèse et u
609 faire une caste. Le jeu des alternatives Nos termes de base ainsi définis, les invariants et les variables princip
610 iants et les variables principales repérés, il ne nous reste qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de p
611 te qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de poser les règles. Étant bien entendu qu’il ne s’agit encore
612 I. L’Europe divisée Dans le premier terme de notre alternative, l’Europe, autour de l’an 2000, est restée — ou est reven
613 risation civique de l’Europe paraît inévitable si nos États-nations persistent à refuser toute forme d’union fédérale et de
614 isation civique, persistante ou potentielle, n’en devra pas moins rester présente en filigrane dans toute image plus réaliste
615 ans toute image plus réaliste (plus probable) que nous tenterons de composer. 2. L’Europe fédérée Si, au contraire — c
616 Si, au contraire — c’est le deuxième terme de notre alternative — l’Europe a réussi à s’unir, c’est-à-dire à dépasser le
617 n européenne peut y prétendre. Ce second terme de notre alternative linéaire conduit à une nouvelle bifurcation possible : l’
618 nformation adéquate. Un schéma de la coaction de nos facteurs en vue d’une participation civique et politique optimale s’a
619 a liberté diminue », tandis que « le gouvernement doit être plus fort à mesure que le peuple est plus nombreux » et qu’en re
620 nfin : « si […] le nombre des magistrats suprêmes doit être en raison inverse de celui des citoyens, il s’ensuit qu’en génér
621 n État est populeux et étendu, et plus le pouvoir doit être concentré. (À la limite, il faudra donc un dictateur.) De là le
622 dant les compétences et les capacités des régions devront être assumés par des agences fédérales, informées par leurs relais ré
623 nent et de leurs interactions et autorégulations, doit théoriquement permettre un maximum de participation. Est-ce à dire qu
624 nc devant la liberté elle-même. Un jeu parfait de notre modèle n’est pas souhaitable, car il rendrait la participation inévit
625 et discordances (éventuellement) créatrices Si nous regardons de plus près les conditions concrètes puis morales de la pa
626 ve ou risques personnels) comme fin de la cité —, nous découvrons en chacune d’elles des motifs intrinsèques de conflits ren
627 tes positives. Toute participation civique exige, nous l’avons vu, des conditions précises, dont nulle n’est suffisante, mai
628 é d’inadaptation. Reprenons ces sept points, dont nous avons indiqué les coordonnées dans le monde grec de la polis, en essa
629 dans le monde de l’an 2000 et les difficultés qui doivent résulter des changements prévisibles d’échelle, de stade d’évolution
630 ientèles de l’information est devenu tel que l’on doit parler de deux classes divisant la société européenne tout entière :
631 e : au lieu des libres et des serfs du Moyen Âge, nous avons les initiés librement critiques et créateurs d’une part, et d’a
632 nge. La cité, dont Aristote pensait que l’étendue devait être mesurée par la portée de la voix d’un homme criant sur l’agora,
633 gions et des associations sans base territoriale. Nous avons vu plus haut que les régions économiques, écologiques, sociocul
634 gagement civique Participer suppose agir. Or «  nous sommes en train de devenir une race de spectateurs et non plus d’homm
635 gir sur la cité (même sans être là, physiquement, nous venons de le voir) et d’agir en connaissance de cause : information i
636 ils n’ont qu’assisté en faisant un peu de bruit. Nous retrouvons ici l’idée des deux classes — les actifs et les passifs —
637 deux classes — les actifs et les passifs — à quoi nous conduisaient nos précédentes analyses. La démocratie semble avoir tou
638 actifs et les passifs — à quoi nous conduisaient nos précédentes analyses. La démocratie semble avoir toutes les chances d
639 un des paradoxes de l’ère actuelle tient à ce que nos possibilités de déplacement s’accroissent en même temps que les néces
640 ment présent par d’autres moyens. L’obligation de nous déplacer dépend principalement de la courte portée de nos sens (touch
641 acer dépend principalement de la courte portée de nos sens (toucher, ouïe, vue). Mais si cette portée se trouve allongée ma
642 liers de kilomètres, comme c’est le cas déjà pour notre voix et notre vue, — quelle différence ? Serons-nous moins « présents
643 ètres, comme c’est le cas déjà pour notre voix et notre vue, — quelle différence ? Serons-nous moins « présents » à 5000 kilo
644 e voix et notre vue, — quelle différence ? Serons- nous moins « présents » à 5000 kilomètres en vidéophone que dans l’échange
645 bles et chiffrables de l’homme. Un x ou un y dont nous n’avons encore aucune idée et qui intervient — peut-être — dans les r
646 atiques de la participation, elles semblent aussi devoir poser de nouveaux problèmes. Entre les domaines d’activité qui contin
647 ttaches au sol » et des « liens charnels » ; mais nous ne savons pas encore quoi. Notons ici que l’expression « contact phys
648 ns de l’an 2000 (si ce sont les seconds termes de notre série d’alternatives qui se réalisent d’ici là), les occasions de par
649 oin fondamental de l’homme : solitude-société, et doit donc être surveillée, équilibrée, normalisée avec un maximum de préca
650 ncernant ce « domaine réservé » de chaque citoyen doivent être discutées et faire l’objet de choix mûris en connaissance de cau
651 amènent à celle-ci, et qu’en fin de compte ce que nous appelons aujourd’hui l’écologie, art et science des équilibres vivant
652 pas la vapeur d’ici à dix ans : c’est tout ce que nous accordent certains écologistes américains. Si c’est au bénéfice d’une
653 litiques écologiques régionales et continentales, nos grappes d’hypothèses (ou écosystèmes) de participation gardent tout l
654 e, d’ici l’an 2000, bien d’autres surgiront, dont nous n’avons aucune idée. Kierkegaard et Nietzsche ont créé, au xixe sièc
655 maine de refus des nécessités, de défi au destin, doit être à tout prix préservée. Elle est le signe d’une ouverture de l’ho
656 absolument le tolérer car c’est lui qui empêchera nos systèmes, quels qu’ils soient, de devenir totalitaires, c’est-à-dire
657 etzsche. Il vivra dans la frange effervescente de notre société occidentale, avec les objecteurs sociaux et politiques. Il au
27 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
658 es sociaux, biologiques et physiques qu’annoncent nos prospectives unanimes en sauvant du même coup la nature ? N’y a-t-il
659 Une nouvelle manière d’assumer ses droits et ses devoirs civiques et culturels, et de passer du rôle d’expert non concerné, vo
660 dement (qui est en fin de compte la rentabilité), nous pouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de techniq
661 en fin de compte la rentabilité), nous pouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de technique et de science
662 n de compte la rentabilité), nous pouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de technique et de science réinté
663 e pour la science autant que pour la société. Car notre science est née de la culture, et doit sans cesse s’y replonger pour
664 iété. Car notre science est née de la culture, et doit sans cesse s’y replonger pour mieux créer. Notre technique est née de
665 t doit sans cesse s’y replonger pour mieux créer. Notre technique est née des « folles » spéculations de moines, de mages, de
666 orsque Apollonius de Pergé, au iiie siècle avant notre ère, découvrit la section conique, c’était objet de pure spéculation,
667 née d’un beau hasard spéculatif ou mécanique. Si nous voulons relever le grand défi du xxe siècle finissant, il faut que d
668 uvert d’idéaux allégués. La technologie de demain devra combiner sa rigueur avec les exigences de l’art d’être homme et celle
669 la nature et de la culture qui dominera la fin de notre siècle. w. Rougemont Denis de, « L’ingénieur dans la cité », Broch
28 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
670 lle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant
671 is une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transp
672 ombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autre
673 et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
674 éant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où
675 à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons- nous descendre, et sur quel continent, de l’autre côté des nuages ? Un pay
676 nudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie.
677 orêts de la Lotharingie. Regardons de plus près : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des
678 -cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon notre Constitution) et quoi de commun ? Essayons de le voir des airs, tandi
679 commun ? Essayons de le voir des airs, tandis que nous descendons vers mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du ve
680 ors translucides. Mais tout ce qui est proche sur nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf pendant la nuit, l
681 tré, revêtu d’innocence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne
682 ence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne les pénètre. Cette
683 ion paysanne représente moins de six pour cent de nos six millions d’habitants. Étrange anachronisme de la photographie : v
684 jadis se fût abrité un couvent. Seuls les arbres nous cachent encore la ville unique, sa présence partout imminente. Ce qui
685 ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’agora des anciens Grecs et du forum de la
29 1972, Articles divers (1970-1973). Au centre du monde, Lavaux (1972)
686 es autos figurent l’emblème du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce à elles, l’homme des villes a retrouvé le contact
687 re et patine à la fois. Pour garder le Lavaux que nous aimons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver
688 ous ne le sauverez pas sans héroïsme.   Si Lavaux doit faire son salut, ce sera par la grâce de quelques fous associant leur
689 e sont nullement ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui fon
30 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
690 Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)an Les trois urgences Lorsque se réunit le
691 deux guerres mondiales déclenchées par le choc de nos nationalismes étatisés. À cette urgence définie en termes de contre-p
692 tions » expliquent la montée soudaine, à laquelle nous assistons, d’une urgence tout à fait différente, définie cette fois-c
693 nière largement irréversible, par les mesures que nous prendrons dès aujourd’hui et dans les dix ou quinze années qui vienne
694 nt Il est clair, en effet, que les maisons que nous bâtissons, les plans d’urbanisme que nous décidons ou négligeons de d
695 ons que nous bâtissons, les plans d’urbanisme que nous décidons ou négligeons de décider, les centaines de milliers d’hectar
696 décider, les centaines de milliers d’hectares que nous bétonnons dans le monde entier (supermarchés, parkings, autoroutes, a
697 béton, il faudrait des millions d’années. Ce que nous faisons aujourd’hui engage ou compromet irrévocablement — mais aussi
698 hui de dix à vingt ans, et qui sont les élèves de nos écoles, soit par une commission américaine (selon la prévision de Val
699 L’École devenue obligatoire dans la plupart de nos pays, vers les années 1880, prépare des nationalistes. Elle présente
700 de société humaine. Et du même coup, elle tend à nous faire croire que cet État-nation a toujours existé, telles une Idée p
701 nt, une véritable mutation de l’enseignement. Car nos États sont gouvernés aujourd’hui par les manuels qui ont formé nos ch
702 uvernés aujourd’hui par les manuels qui ont formé nos chefs d’État. L’un d’entre eux répétait dans ses discours — répercuté
703 L’an 2000 se joue aujourd’hui dans les leçons de nos écoles secondaires. Si l’École a fait le mal nationaliste en alignant
704 se alignait les curiosités — c’est de l’École que doit venir le remède. Partant de cette grande évidence, nous nous posions
705 enir le remède. Partant de cette grande évidence, nous nous posions dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos école
706 le remède. Partant de cette grande évidence, nous nous posions dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos écoles à l
707 ns dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos écoles à l’Europe, en sorte qu’elles préparent désormais non plus de
708 s mais concrètes à leur commune, à leur région, à notre Europe, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961,
709 ité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961, nous arrêtions les grandes lignes d’un programme aussi simple qu’ambitieux
710 e en formant aujourd’hui les Européens de demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence par l’organisatio
711 i les Européens de demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence par l’organisation : Conseil de l’Europ
712 les citoyens qui la vivront, conscients de leurs devoirs envers ce grand ensemble générateur de libertés que constitue leur ci
713 lle a fait des citoyens pour la nation seulement. Nous avons payé cela par les deux guerres mondiales. Pourquoi ne ferait-el
714 n civique européenne. Et quant à la méthode, elle devait consister à équiper et à former au cours de stages quelques milliers
715 une proportion très importante des élèves de tous nos pays. Premiers résultats Comment mesurer et certifier les résul
716 dire dans quelle mesure exacte les enseignants de nos pays ont été réellement touchés par la Campagne, c’est-à-dire ont ori
717 D’autre part, on peut citer quelques résultats de nos stages, destinés à faire entrer l’éducation européenne dans les progr
718 fforts d’autant plus grande, voire excessive pour notre petit staff, que les appuis financiers nous ont été plus chichement m
719 pour notre petit staff, que les appuis financiers nous ont été plus chichement mesurés, comme on sait qu’il est de règle dan
720 nt mesurés, comme on sait qu’il est de règle dans notre société « européenne » par antiphrase — en réalité nationale-matérial
721 tiré le maximum de conséquences constructives de nos stages et de notre documentation, et l’avaient répercuté sur leurs co
722 de conséquences constructives de nos stages et de notre documentation, et l’avaient répercuté sur leurs collègues et leurs él
723 s moyens matériels (et par suite personnels) dont nous disposons actuellement si l’on veut centupler l’impact nécessaire sur
724 e, professionnelle et personnelle. Ce ne sont pas nos États qui feront l’Europe, n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu
725 cologique, ou de l’utilité des catastrophes On nous dit que les esprits ne sont pas mûrs pour l’union des Européens. Quan
726 t disons le mot, la révolutionner ? Le salut peut nous venir du danger qui menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui
727 t nous venir du danger qui menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui, la vie globale de l’humanité. Les catastrophes
728 iologiques et dynamiques, va désormais déterminer nos choix, et toutes nos options politiques, au sens de stratégie de l’hu
729 ues, va désormais déterminer nos choix, et toutes nos options politiques, au sens de stratégie de l’humanité. Qu’il me suff
730 phrase-image pour résumer toute la révolution que nous appelons, qui n’est ni de gauche ni de droite, qui n’oppose au profit
731 ont Denis de, « Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, p. 1-4.
31 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
732 est-à-dire les revues du mouvement personnaliste. Nous parlions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine,
733 ement personnaliste. Nous parlions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d’entre
734 ions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d’entre nous. Avec différentes nuances
735 oute notre doctrine, commune à la plupart d’entre nous . Avec différentes nuances, naturellement, les uns étant catholiques,
736 étant catholiques, les autres nietzschéens. Mais, nous arrivions à nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit
737 , les autres nietzschéens. Mais, nous arrivions à nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit , il y avait Emm
738 le était votre définition de la personne ? Ce que nous appelions personne, c’est l’homme à la fois libre et responsable. Ce
739 u isolé. Ce n’était pas le soldat politique qu’on nous montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomisation
740 e qu’on nous montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomisation de la société capitaliste ; nous étions c
741 contre l’atomisation de la société capitaliste ; nous étions contre la collectivisation de la société, fasciste ou stalinie
742 ivisation de la société, fasciste ou stalinienne. Nous étions pour une troisième voie, qui était celle de la personne, des p
743 es personnes se manifestant dans des communautés. Nous opposions au dilemme individu isolé et irresponsable/collectivité où
744 entre l’individu et la personne. Sur cette base, nous faisions une traduction immédiate sur le plan politique de ce personn
745 parler de fédéralisme et de régions ? Absolument. Nous parlions de régions dans un sens opposé à celui des régionalistes réa
746 stes réactionnaires ou nationalistes locaux. Pour nous , la région était un des degrés de communauté dans lequel la personne
747 s lequel la personne peut s’enraciner mais qui ne doit pas être fermé. Qui doit toujours être ouvert vers de plus grandes co
748 s’enraciner mais qui ne doit pas être fermé. Qui doit toujours être ouvert vers de plus grandes communautés, jusqu’à former
749 our former une fédération mondiale. Enfin, ce qui nous importait, c’était la création de régions, dans lesquelles la personn
750 à la fois libre et responsable, deux qualités que nous ne pouvions séparer. Sur cette base de fédéralisme et de personnalism
751 ur cette base de fédéralisme et de personnalisme, nous en sommes venus, les uns à faire des études plus spécialement économi
752 n leurs lois, à certains égards antinomiques, qui doivent vivre ensemble, qui doivent unir cela dans une création permanente et
753 rds antinomiques, qui doivent vivre ensemble, qui doivent unir cela dans une création permanente et quotidienne. Et chacun des
754 le fédéralisme. Et à transposer une fois de plus notre doctrine personnaliste en termes politiques, ce qui donnait le fédéra
755 ui avait été mise en musique par Arthur Honegger. Nous en avions tiré un oratorio16. La guerre m’a surpris là-bas et j’y sui
756 est à la fois libre et responsable et que l’homme doit s’engager. Alors, un jour, je lui ai dit : « J’espère que vous savez
757 e manière fédéraliste, c’est-à-dire en appliquant notre doctrine, en partant des communes, des entreprises, des régions. C’es
758 lus grands. Ce qui peut être fait par la commune, doit l’être par la commune. Seules les tâches qui sont trop vastes pour êt
759 trop vastes pour être réalisées par une commune, doivent l’être par une région. Les tâches trop grandes pour une région doiven
760 e région. Les tâches trop grandes pour une région doivent être assumées par une fédération. En fait, vous vouliez exporter le s
761 ette réunion de Montreux un projet de congrès qui devait se tenir avec d’autres groupements qui n’étaient pas fédéralistes mai
762 édéralistes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchi
763 listes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchill. C
764 es « forces vives de toutes les nations ». Et là, nous avons été frustrés dès la réalisation de notre première ambition. Pui
765 là, nous avons été frustrés dès la réalisation de notre première ambition. Puisqu’il s’est avéré que le Conseil de l’Europe n
766 le Conseil de l’Europe n’était pas du tout ce que nous voulions, n’était pas du tout la représentation des « forces vives de
767 s du tout la représentation des « forces vives de nos nations ». Il était uniquement formé de délégués des parlements et ét
768 dait une très grande importance ? Exactement. Or, nous autres, fédéralistes, nous pensions pouvoir faire un bout de chemin a
769 ance ? Exactement. Or, nous autres, fédéralistes, nous pensions pouvoir faire un bout de chemin avec des gens comme Churchil
770 énorme popularité pour lancer l’idée de l’Europe. Nous avons, si je puis dire, été « refaits ». Parce que loin de faire une
771 t chacun leurs lois, parfois antinomiques, et qui doivent vivre ensemble sur un pied d’égalité, avec toutes les différences pos
772 e entre l’homme et la femme. Bref, deux êtres qui doivent subsister sans se confondre, sans se séparer, sans être subordonnés l
773 de compte, la force créée par l’union des Suisses devait être juste suffisante pour sauvegarder les différences et les autonom
774 enève, Lausanne, Fribourg. Chacune de ces régions devrait avoir, à mon sens, son autorité régionale et relever de l’agence fédé
775 urs régions selon les fonctions, car c’est ce que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de
776 onctions, car c’est ce que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de réalités différentes. L
777 e que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de réalités différentes. L’utopie, c’est ce qu
778 e l’Italie. Cet ensemble ne correspond à aucun de nos États-nations actuels. D’autre part, je suis protestant. Voilà un aut
779 fférentes. Donc, rien n’est plus simple. Au fond, nous vivons dans ce que j’appelle la pluralité des allégeances. L’utopie,
780 e de vouloir dépasser ce stade. Or, l’État-nation nous empêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, no
781 État-nation nous empêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que no
782 l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par l’économie amé
783 pe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par l’économie américaine et nous risquons d’être coloni
784 ue nous ne le sommes par l’économie américaine et nous risquons d’être colonisés par la politique russe. Vous comparez la ré
785 , au ve siècle, les deux natures de Jésus-Christ doivent coexister sans confusion, sans séparation, sans subordination. Ce son
786 autonomies locales. Voilà au nom de quelle pensée nous arriverons à faire l’Europe. Le sentiment religieux joue un très gran
787 ns un pays protestant. C’est assez frappant. Cela doit tenir à quelque chose, justement à ce sens de la personne définie par
788 où il est, qui est un endroit unique au monde et doit créer son chemin vers Dieu, vers l’unité. Ce chemin, chacun doit l’in
789 chemin vers Dieu, vers l’unité. Ce chemin, chacun doit l’inventer tous les jours. D’autre part, je suis distingué de la trib
790 ion publique, on sait qu’il n’en est rien. Et que nous touchons partout des limites. Les ressources naturelles ne sont pas i
791 s ans, et dont tout le monde parle, heureusement, nous oblige à avoir une politique. C’est-à-dire avoir des finalités pour l
792 e. Il y a aujourd’hui un sérieux coup d’arrêt qui nous oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette for
793 un sérieux coup d’arrêt qui nous oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette formule paradoxale : con
794 mule paradoxale : contraints de choisir librement nos finalités. Et pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité, n
795 la première fois, dans l’histoire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. E
796 ire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. Et nous sommes d’ailleurs en tra
797 Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. Et nous sommes d’ailleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes à cette
798 ous sommes d’ailleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes à cette charnière. Voulons-nous la puissance collective, la
799 . Donc, nous en sommes à cette charnière. Voulons- nous la puissance collective, la puissance des États ou voulons-nous la li
800 nce collective, la puissance des États ou voulons- nous la liberté des personnes ? Suivant le choix que chacun doit faire lib
801 berté des personnes ? Suivant le choix que chacun doit faire librement, tout le reste change. Si nous choisissons la liberté
802 un doit faire librement, tout le reste change. Si nous choisissons la liberté, l’épanouissement des personnes, alors nous ch
803 la liberté, l’épanouissement des personnes, alors nous choisissons un certain état d’équilibre. Par ailleurs, nous sommes fo
804 issons un certain état d’équilibre. Par ailleurs, nous sommes forcés de renoncer à la forme État-nation et aux soi-disant éc
805 ? C’est une idiotie ! C’est indéfendable. Et tous nos ministres travaillent sur cette idiotie. Vous ne semblez guère appréc
32 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
806 lle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant
807 is une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transp
808 ombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autre
809 et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
810 éant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où
811 à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons- nous descendre, et sur quel continent, de l’autre côté des nuages ? Un pay
812 nudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie.
813 orêts de la Lotharingie. Regardons de plus près : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des
814 -cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon notre Constitution) et quoi de commun ? Essayons de le voir des airs, tandi
815 commun ? Essayons de le voir des airs, tandis que nous descendons vers mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du ve
816 ors translucides. Mais tout ce qui est proche sur nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf pendant la nuit, l
817 tré, revêtu d’innocence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne
818 ence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne les pénètre. Cette
819 ion paysanne représente moins de six pour cent de nos six millions d’habitants. Étrange anachronisme de la photographie : s
820 jadis se fût abrité un couvent. Seuls les arbres nous cachent encore la ville unique, sa présence partout imminente. Ce qui
821 ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et du « forum
33 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
822 ur propriété, elle ne dépend pas d’eux et ne leur doit rien (même si elle leur donne tout). Enfin la culture n’est pas néces
823 les plus récentes sur le cerveau. À la naissance, notre cerveau est programmé par le code génétique des chromosomes. Mais au
824 oute possible par la date même de la formation de nos nations : seules la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne peuvent s
825 urs, est dix fois, ou cent fois plus ancienne que nos divisions nationales. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit l’Europe
826 es naturelles » (le Rhin sépare, le Rhône unit…). Nos « précieuses diversités » ne sont pas du tout nationales. Elles divis
827 pas du tout nationales. Elles divisent et animent nos nations sans le moindre rapport, sauf par hasard, avec le tracé des f
828 s continentales, est la culture européenne. Voilà notre unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionn
829 culture européenne. Voilà notre unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde
830 e unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde, de nos doctrines et idéologi
831 e nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde, de nos doctrines et idéologies de droite et de gauche, de nos confessions re
832 octrines et idéologies de droite et de gauche, de nos confessions religieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos
833 , de nos confessions religieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes.
834 gieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes. Tout le reste est rhétor
835 urs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes. Tout le reste est rhétorique ministérielle, clichés journa
836 c’est fonder l’équilibre vivant et l’harmonie de nos vies publiques et privées sur la permanente critique — étymologiqueme
837  : mise en crise — des réalités antinomiques dont nous vivons selon le mode européen : l’Un et le Divers, le Transcendant et
838 l’initiation (alpha et oméga des cultures jusqu’à nous ) et seule elle a couru le risque de promouvoir l’originalité de la pe
34 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
839 avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
840 raduire cette belle définition dans les termes de notre sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
841 égende primitive et ses expressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
842 xpressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
843 us, elles donnent de la justesse dans le style de nos émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
844 l’âme. Tout auteur qui se permet ces grands mots doit au public une justification de l’usage personnel qu’il a fait. Un myt
845 ’une manière imagée, symbolique, une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, qui a bien
846 une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, qui a bien d’autres manières de s’exprimer,
847 mme la logique et la mathématique ; et non pas de notre existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
848 use et tragique à la fois. C’est à ce mythe qu’il doit , depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvo
849 mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Cela posé, co
850 re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
851 ient, et survolant les irritantes vicissitudes de notre incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
852 la passion s’en fait. Cette image, étant idéale, doit rester à jamais fuyante, inaccessible. Mais la réalité est lourdement
853  », s’écrie un troubadour tardif, contemporain de nos légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
854 u mythe, il est perdant. ⁂ À ce premier aspect de notre légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
855 . Retracer leur évolution du xiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
856 aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
857 ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
858 entre le corps et l’intellect seuls cultivés par notre civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
859 t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
860 es propres fondements. La passion se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
861 on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
862 ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
863 er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront nos romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
864 s du spirituel. Selon les sociologues, la passion doit mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’il est vrai que la
865 la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que notre culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
866 stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
867 t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
868 arrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
869 la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes nos sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
870 vage magique, les amants légendaires sont entrés, nous disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
871 zon du nouveau jour qui révélera le sens caché de nos « apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
872 retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien notre mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
873 l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de notre mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
874 de la nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
875 lle technique et nulle science de l’homme ne peut nous être ici d’aucun secours. Il faut aimer pour le comprendre, et rappor
876 er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
877 er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
878 image ordonnatrice de la passion. En restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
879 ans sa grandeur première et drue, les philologues nous ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
880 apporter un peu plus de justesse dans le style de nos émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
881 ul, Mary de Thomas ; Bédier « français » comme on devait l’être aux alentours de 190919 ; Mary résolument « anglo-normand » co
882 nglo-normand » comme son modèle principal. Ce qui nous vaut une langue riche et fort habilement ravalée sans pédanterie, et
883 e) = sorcery départie (départ) = departure Il doit être évident que ces restitutions sont dans la tradition de tous les
884 ons sont dans la tradition de tous les textes que nous tenons pour les « originaux » de la légende, et qui, en fait, n’étaie
885 polémiques, de modèles plus anciens, perdus pour nous . Bédier et Mary, comme Wagner, sont des auteurs de Tristan, à peu prè
886 (Amors par force vos demeiné) — un seul vers qui nous jette au cœur du Mythe et qui demeure, à tout jamais, la plus poignan
35 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
887 ’unité », disait Claudel), et par suite de ruiner nos possibilités de communication, de langage commun, de commune mesure,
888 langage commun, de commune mesure, fondements de notre société. Nos universités devenaient autant de tours de Babel : leurs
889 , de commune mesure, fondements de notre société. Nos universités devenaient autant de tours de Babel : leurs finalités s’é
890 rgons spécialisés. Le simple besoin de comprendre notre monde, nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire
891 isés. Le simple besoin de comprendre notre monde, nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire à l’idée d
892 monde, nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire à l’idée d’interdisciplinarité. Qui veut dire quoi ? Be
893 nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire à l’idée d’interdisciplinarité. Qui veut dire quoi ? Beaucou
894 is à décrire ne pouvait être saisie par aucune de nos disciplines universitaires (études romanes, arabes et celtiques, psyc
895 De même, s’agissant des régions, sujet actuel de nos groupes de recherches. La notion de régions fonctionnelles à base ter
896 jets qui la pratiquent, enseignants et étudiants. Nous partons chacun de sa ou de ses disciplines, vers un même but. Nous so
897 un de sa ou de ses disciplines, vers un même but. Nous sommes en convergence, pas encore en symbiose, mais elle est potentie
898 ielle. Quelles sont vos chances de l’actualiser ? Notre taille, Dieu merci minuscule ! Elle seule permet la coexistence quoti
36 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
899 tié du xxe siècle : à la croissance si rapide de nos sociétés nationales, à leur excessive distension, répondent, quasi mé
900 bilisations. Or cet État-nation, sacro-saint pour nos pères et les manuels de notre enfance, se voit mis en accusation par
901 ion, sacro-saint pour nos pères et les manuels de notre enfance, se voit mis en accusation par les mouvements de la Résistanc
902 on par les mouvements de la Résistance, dans tous nos pays, qui proclament, vers la fin de la dernière guerre, la nécessité
903 culte de l’État-nation non seulement la cause de nos guerres, mais l’obstacle majeur à l’union du continent, qui est le se
904 est le seul moyen d’échapper à la colonisation de nos pays par l’appareil soviétique ou par l’économie et les mœurs américa
905 uer un rôle réel à l’échelle planétaire. Aucun de nos vingt-huit États européens ne peut plus assurer seul sa défense milit
906 nique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans réunis par les Pyr
907 , entre lesquels des liens spéciaux pourraient et devraient s’instituer. Or cette région se trouve correspondre à l’aire du franc
908 a langue d’oc et la langue d’oïl, ancêtre de tous nos patois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient
909 atois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de Genèv
910 implement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur mérite, c’est-à-dire leur nature et leur conte
911 ns Quant aux perspectives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’imagine quelques solutions qu’il va s’agir de réal
912 monie économique à l’Ouest ? La réponse dépend de nous , non des astres. S’il est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que nou
913 S’il est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que nous n’avons pas à prévoir notre histoire, mais à la faire. aw. Rougem
914 ai toujours pensé, que nous n’avons pas à prévoir notre histoire, mais à la faire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève à
915 bre des grands écrivains et essayistes suisses de notre temps. Ses écrits portent principalement sur les problèmes européens
37 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
916 interdire la vie communautaire — c’est le cas de nos villes — ou au contraire la favoriser, l’aménager. Encore faudrait-il
917 e disait un jour au Central, à Lausanne : « Entre nous , nous sommes fédéralistes, je veux bien dire séparatistes » (parlant
918 it un jour au Central, à Lausanne : « Entre nous, nous sommes fédéralistes, je veux bien dire séparatistes » (parlant de Ber
919 et de l’expression « propriété socialisée ». Pour nous y préparer, lisons Proudhon, que l’on trouve aujourd’hui en livre de
38 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
920 e culture (juillet-août 1973)bb D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
921 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. Spinoza : Éthique Finalité de l’Europe unie : l
922 ars de ce qui me paraît une évidence majeure : il nous faut « faire l’Europe » afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller
923 Est européen —, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par certains groupes industriels
924 re part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par certains groupes industriels des États-Unis. De
925 la culture — l’École, la presse, les livres — qui nous fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres
926 l’Irlande 50, l’Islande 28, et Malte 11. L’École nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à
927 et Malte 11. L’École nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à
928 aphique, défini par des frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa
929 des frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses f
930 ous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses frontières coïncident avec elle.
931 angue et que ses frontières coïncident avec elle. Nous croyons que les Européens sont trop différents les uns des autres pou
932 ant la formation, récente on vient de le voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans un
933 catalane, nation castillane, c’était un peu comme nos pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à
934 d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos stato-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang
935 Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoire
936 es actuels. Prenons la langue allemande : si elle devait coïncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la République fé
937 y a l’affaire des frontières naturelles, chères à nos maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres
938 service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mais que
939 othard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
940 comme les conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait le professeur françai
941 stoire ». Unité de la culture européenne En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l
942 ales » bien distinctes et rivales, les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,
943 Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. La vérité
944 sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est foncièrement un
945 qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est foncièrement une, et que cette unité de base permet seule
946 « les prophètes d’Israël » qui ont « déposé dans notre esprit cette soif révolutionnaire de la justice qui distingue sociale
947 distingue socialement l’Occident ». La vérité que nous cachent les façades des États-nations, c’est que l’Europe est d’abord
948 ard, à un moindre degré, arabes puis slaves — qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
949 us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés
950 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grand
951 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architectu
952 t qui a marqué les élites intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. L’évolution de l
953 es de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. L’évolution de la musique, de la mystique, de la peintu
954 peu de choses près les mêmes voies au travers de notre continent : de l’Italie à la Flandre et retour, par la Rhénanie et la
955 e glorieuse indifférence deux bonnes douzaines de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
956 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de ses diversités tant vantées, et
957 que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier.
958 s deux observations faciles à vérifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun l’on trouvera des croyants et
959 propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la plu
960 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée et des
961 de vie qu’on retrouve à divers degrés dans toutes nos nations. Supprimons les frontières nationales, nous n’appauvrirons en
962 os nations. Supprimons les frontières nationales, nous n’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et nous ne risquerons
963 ’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et nous ne risquerons pas un instant de créer ce fameux volapük que dénonçait
964 annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra
965 continentale à partir des régions L’Europe que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne ser
966 inentale à partir des régions L’Europe que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne sera jamai
967 e que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne sera jamais un laborieux et problématique échaf
968 s toutes les réalités hétéroclites sur lesquelles nos États essaient encore de régner. Définies par les réalités et non plu
969 nt un fou venait me dire : toutes tes allégeances doivent désormais relever d’un seul pouvoir central qui les limitera à un seu
970 u serait Napoléon, Hitler, ou n’importe lequel de nos États-nations s’il pouvait aller jusqu’au bout de ses ambitions monop
971 deux-mille ans le sel de la Terre, l’Europe leur doit le meilleur de son héritage, et leur devra peut-être d’apporter au mo
972 pe leur doit le meilleur de son héritage, et leur devra peut-être d’apporter au monde la guérison des maux qu’elle y a causés
39 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
973 tion. Vous savez, quand la passion est devenue un devoir … j’ai compris que j’étais écrivain. J’avais lu un Paradis à l’ombre
974 e suis membre du conseil dans la même université. Nous nous retrouvons chacun de l’autre côté de la barrière. Plus de juges,
975 s membre du conseil dans la même université. Nous nous retrouvons chacun de l’autre côté de la barrière. Plus de juges, plus
40 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
976 1973)be C’est au Technocrate inconnu que l’on doit l’expression, de « taille européenne ». Beaucoup l’emploient, l’air e
977 ais nul ne sait ce qu’elle signifie. Les régions, nous dit-on, doivent être de « taille européenne ». Quelle est cette taill
978 it ce qu’elle signifie. Les régions, nous dit-on, doivent être de « taille européenne ». Quelle est cette taille ? Qui en décid
979 is, finissons-en avec ces questions de taille. Il nous faut des régions de toutes grandeurs, selon les dimensions de leurs p
980 A-t-on jamais exigé une « taille européenne » de nos États-nations ? Du Luxembourg et de la France, lequel des deux États
981 ela n’est pas contradictoire avec la tendance qui nous porte à la fédération du continent. Car seules les petites unités acc
41 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
982 t n’ont plus foi dans les mythes nationaux — tout nous pousse aujourd’hui à chercher des formes de communauté nouvelles ou r
983 uve que le sens commun joue dans le même sens que notre angoisse sociale pour recommander cette formule. Mais il est trop sou
984 ette formule. Mais il est trop souvent inhibé par nos routines mentales, héritées de l’École, qui ont substitué les mythes
985 nique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans réunis par les Pyr
986 mtois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de Genèv
987 implement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur « mérite », c’est-à-dire leur nature et leur c
988 , ou de simples bisbilles, ont en fait disparu de nos jours : les races sont mêlées, l’évolution historique oubliée (n’en r
989 à réconcilier les grands noms de la culture dans nos régions : Jean Calvin et François de Sales, Rousseau et Voltaire, Jos
990 avoyard. ⁂ C’est l’École, à ses trois degrés, qui nous a convaincus que nous étions différents au point de ne pouvoir rien f
991 le, à ses trois degrés, qui nous a convaincus que nous étions différents au point de ne pouvoir rien faire ensemble. C’est p
992 école de voisinage, — l’un des plus beaux mots de notre langue. 24. C’est le même mot : politique vient de polis, cité grec
42 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
993 Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er
994 Grâce aux Arabes, que je remercie officiellement, nous savons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il nous reste à voi
995 ons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il nous reste à voir que c’est une crise de civilisation. » Avec son humour t
996 gnants de la grande passion de sa vie : l’Europe. Nous avons profité de cette rencontre pour évoquer avec l’écrivain, à la l
997 ’est créer de la substance européenne à partir de nos vies quotidiennes, pour aboutir à une société organisée à l’échelle c
998 La formule de l’État-nation est à bout de course. Nous devons viser à la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédér
999 rmule de l’État-nation est à bout de course. Nous devons viser à la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédération à
1000 supranational et un tissu de réalités régionales doivent s’élaborer en même temps, l’un par l’autre. Mon utopie, c’est qu’à la
1001 me garde bien de la découper dans le terrain. On nous a trop appris, à l’école, à dessiner des pays comme des entités fermé
1002 dessiner des pays comme des entités fermées. Sur nos « croquis », les fleuves s’arrêtaient aux frontières ! La région ne d
1003 leuves s’arrêtaient aux frontières ! La région ne doit pas être circonscrite par une frontière qui enferme tout. Elle se déf
1004 dent à une seule et même aire géographique. Citez- nous un exemple. À l’Institut universitaire d’études européennes, que je d
1005 niversitaire d’études européennes, que je dirige, nous étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous avons distingué dans
1006 nous étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous avons distingué dans ce cadre à géométrie variable différentes région
1007 res à l’échelle du continent. Quelque chose comme nos départements fédéraux, en somme ! Cette réorganisation du continent n
1008 é économique coïncide avec les frontières d’un de nos États-nations, frontières qui ont été fixées au hasard des guerres et
1009 s de changement sont de cinq à dix ans, alors que nos frontières politiques ont été établies dans la plupart de nos pays au
1010 es politiques ont été établies dans la plupart de nos pays au xixe siècle ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge d
1011 ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge de nos vingt-six États européens est de quatre-vingts ans ! Quant au rythme
1012 en ou Austerlitz, c’est tout de même très loin de nos problèmes actuels réels. Une petite phrase de Simone Weil m’a frappé 
1013 es traces encore visibles qu’elle a laissées dans nos vies, on arriverait à de meilleurs résultats « européens » sans faire
1014 gemont Denis de, « [Entretien] Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions », 2