1
ontenir et utiliser comme matériel. Cet appareil,
nous
le traversons en lisant un livre, nous faisons une expérience de tran
2
appareil, nous le traversons en lisant un livre,
nous
faisons une expérience de transformation qui nous transforme nous-mêm
3
nous faisons une expérience de transformation qui
nous
transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre et je
4
de transformation qui nous transforme nous-mêmes,
nous
digérons ce qu’il y a dans le livre et je dirai qu’en revanche et en
5
et je dirai qu’en revanche et en retour le livre
nous
digère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « ab
6
e livre nous digère d’une certaine manière. Quand
nous
disons que nous sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est l
7
ère d’une certaine manière. Quand nous disons que
nous
sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui nous abso
8
bsorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui
nous
absorbe ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se po
9
n livre, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou
nous
qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se poser, et cela me
10
près ça, tu pourras simplement agir ou méditer ».
Nous
ne sommes pas tous destinés à devenir des prophètes. Mais vous voyez
11
le livre dont on ne sait jamais si c’est lui qui
nous
avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et
12
on ne sait jamais si c’est lui qui nous avale, ou
nous
lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et je voulais y in
13
hui, si l’on veut sauver la spécificité du livre,
doit
être dans le sens de ces quelques lignes de Nietzsche que je vais vou
14
s lire lentement me manque à cette tribune, et je
devrais
manger les fiches, les unes après les autres, et puis vous demander l
15
nt. Alors, je pense que loin de dire que le livre
doit
être supplanté par la télévision, il nous faut le développer tant que
16
e livre doit être supplanté par la télévision, il
nous
faut le développer tant que nous pouvons, au fur et à mesure que la t
17
a télévision, il nous faut le développer tant que
nous
pouvons, au fur et à mesure que la télévision cherche à nous imposer
18
s, au fur et à mesure que la télévision cherche à
nous
imposer certaines doctrines officielles qui sont, en effet, maniées u
19
-ce que, face au rythme de la vie actuelle auquel
nous
sommes tous soumis, il est encore possible de se ménager des moments
20
j’irai apprendre ce genre de choses. Je pense que
nous
allons maintenant vers un état de la société où, tout doucement, l’ai
21
partisans sincères d’une « union plus étroite de
nos
pays », comme disaient les traités de naguère. (Plus étroite que quel
22
ançais. Et l’on a pu entendre le recteur d’une de
nos
universités cantonales condamner publiquement le principe même d’une
23
dérale à sa haute école, parce qu’ici, disait-il,
nous
sommes fédéralistes ! Je n’ai cité que des européistes on ne peut plu
24
outes deux également convaincues que leur premier
devoir
à l’égard de l’Europe, le moyen le plus sûr de contribuer à son unité
25
unilatéralement en modifier les termes. Voilà qui
devrait
rassurer ceux qui voyaient dans la fédération européenne l’imposition
26
uelle que traduit ce vocabulaire souple et précis
doit
-elle rester à jamais étrangère aux esprits qui se veulent « cartésien
27
re aux esprits qui se veulent « cartésiens » ? Il
nous
faudrait alors désespérer de toute union vivante de l’Europe. Car il
28
it que les questions économiques qui se posaient,
nous
aurions tout avantage à faire appel aux Américains, à les laisser tra
29
éricains, à les laisser travailler en Europe et à
nous
« américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pe
30
Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si
nous
répugnons à le faire, si nous pensons que le problème européen dépass
31
er » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si
nous
pensons que le problème européen dépasse celui d’une simple organisat
32
ropéen dépasse celui d’une simple organisation de
notre
économie, si nous ne voulons pas être « américanisés », comme on le d
33
i d’une simple organisation de notre économie, si
nous
ne voulons pas être « américanisés », comme on le dit tous les jours,
34
e beaucoup plus sérieuses, qui sont, par exemple,
nos
libertés, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons
35
s sérieuses, qui sont, par exemple, nos libertés,
nos
modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’Europe
36
s, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que
nous
devons faire l’Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc
37
s modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous
devons
faire l’Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc prévoi
38
isons, d’un mot moins savant, l’union de l’Europe
doit
s’opérer sur tous les plans. Elle doit être sociale autant qu’économi
39
e l’Europe doit s’opérer sur tous les plans. Elle
doit
être sociale autant qu’économique, elle doit être technique, elle doi
40
Elle doit être sociale autant qu’économique, elle
doit
être technique, elle doit être universitaire, scientifique, politique
41
ant qu’économique, elle doit être technique, elle
doit
être universitaire, scientifique, politique et culturelle. Car, en fa
42
ifique, politique et culturelle. Car, en fait, si
nos
peuples ont une possibilité d’union, c’est parce qu’il y a, à la base
43
lité d’union, c’est parce qu’il y a, à la base de
notre
histoire, une unité. C’est sur une unité que l’on peut fonder une uni
44
cultures nationales, contrairement à ce que l’on
nous
a appris à l’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne qui vie
45
y a qu’une grande culture européenne qui vient de
nos
ancêtres communs : grecs, romains, juifs, par le christianisme, germa
46
celtes, un petit peu arabes, un petit peu slaves.
Nous
avons tout cela en commun. Tous les procédés de nos beaux-arts, tous
47
s avons tout cela en commun. Tous les procédés de
nos
beaux-arts, tous les procédés de nos littératures autant que nos tech
48
procédés de nos beaux-arts, tous les procédés de
nos
littératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions
49
tous les procédés de nos littératures autant que
nos
techniques, les thèmes de nos réflexions historiques, tout cela est c
50
ératures autant que nos techniques, les thèmes de
nos
réflexions historiques, tout cela est complètement commun à tous les
51
Européens. N’a jamais été l’apanage d’un seul de
nos
pays. Ne s’est jamais arrêté aux frontières actuelles de nos pays, qu
52
e s’est jamais arrêté aux frontières actuelles de
nos
pays, qui n’existaient pas pendant tout le Moyen Âge, notamment, où l
53
core à la télévision suisse romande : « La Suisse
doit
être modeste, elle doit proportionner ses interventions sur le plan d
54
sse romande : « La Suisse doit être modeste, elle
doit
proportionner ses interventions sur le plan de la politique étrangère
55
t de toute son histoire, elle sortirait de ce que
nous
sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux consci
56
n histoire, elle sortirait de ce que nous sommes,
nous
Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux conscience naturell
57
rtirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont
nous
avons à prendre toujours mieux conscience naturellement, et elle aura
58
e proposer sur un plan international, il faut que
nous
autres, les Suisses, prenions conscience plus claire de ce qu’est not
59
ses, prenions conscience plus claire de ce qu’est
notre
fédéralisme, des richesses de cette formule chez nous. Il faut que no
60
fédéralisme, des richesses de cette formule chez
nous
. Il faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions
61
richesses de cette formule chez nous. Il faut que
nous
l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de penser que fédé
62
aut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que
nous
cessions de penser que fédéralisme signifie repli sur soi dans chaque
63
ait appliquer cette formule maintenant au-delà de
nos
frontières, ne pas l’arrêter à nos frontières cantonales, ne pas l’ar
64
ant au-delà de nos frontières, ne pas l’arrêter à
nos
frontières cantonales, ne pas l’arrêter à notre frontière nationale,
65
r à nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter à
notre
frontière nationale, mais voir plus loin, voir qu’il y a des tâches q
66
urtout sur la réserve, restons bien modestes dans
notre
petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grandes cho
67
, restons bien modestes dans notre petit coin, ne
nous
rendons pas ridicules en proposant de grandes choses… » Il faut que c
68
cesse ; et c’est une question d’éducation ; cela
doit
commencer à l’école déjà. Je connais heureusement beaucoup de profess
69
curieux que l’on ne l’ait pas encore fait. Elles
nous
reprocheront — à la génération des aînés — d’avoir gardé une prudence
70
ui n’est exemplaire pour personne et qui fait que
nous
sommes restés à la traîne loin derrière les autres. Alors que toute n
71
traîne loin derrière les autres. Alors que toute
notre
histoire — je le répète — toute notre vocation historique nous indiqu
72
s que toute notre histoire — je le répète — toute
notre
vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant
73
— je le répète — toute notre vocation historique
nous
indique que nous avons à prendre maintenant une belle initiative sur
74
toute notre vocation historique nous indique que
nous
avons à prendre maintenant une belle initiative sur le plan européen.
75
arations des hommes qui sont chargés notamment de
nos
affaires étrangères. c. Rougemont Denis de, « [Entretien] Ce que
76
ue suisse à l’égard de l’Europe ? Cette question,
nous
sommes en droit de la poser et nous pouvons partiellement y répondre.
77
tte question, nous sommes en droit de la poser et
nous
pouvons partiellement y répondre. 1969, en effet, a été l’année des v
78
, en effet, a été l’année des voyages. Voyages de
nos
conseillers fédéraux à l’étranger et, aussi, visites importantes dans
79
à l’étranger et, aussi, visites importantes dans
notre
pays. Il n’y a qu’à songer à celle de M. Jean Rey, il y a quelques mo
80
s mois seulement, dans la capitale fédérale. Mais
nous
devons poser une seconde question : la Suisse peut-elle jouer un rôle
81
s seulement, dans la capitale fédérale. Mais nous
devons
poser une seconde question : la Suisse peut-elle jouer un rôle dans l
82
opos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)e f
Nous
avons pu atteindre l’écrivain Denis de Rougemont, hier après-midi, à
83
ougemont (30 mars 1970)g M. Denis de Rougemont
nous
écrit : Au sujet de la brève interview par téléphone que vous avez bi
84
it d’obstacles par définition, que devient-elle à
notre
époque où les obstacles ne se dressent plus entre les amants ? La dis
85
on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans
nos
mariages modernes, qui ne sont en principe que des mariages de passio
86
le sexe n’est plus passé sous silence. Cela dit,
nous
n’avons rien inventé et l’explosion sexuelle s’est surtout produite a
87
« S’unir, au-delà de
nos
fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-ju
88
delà de nos fausses souverainetés, pour préserver
nos
vraies diversités » (mai-juin 1970)h Vous êtes l’auteur d’une phra
89
incapable de répondre aux exigences concrètes de
notre
temps, puisqu’à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondiale et
90
e prolongé d’un mythe, il faut choisir ! Ce choix
doit
s’opérer dans une certaine finalité ; quelle finalité trouvez-vous à
91
quelle finalité trouvez-vous à l’Europe ? Jusqu’à
nous
, voyez-vous, il fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que le n
92
merciales. Il va falloir maintenant savoir ce que
nous
voulons au juste : un niveau de vie quantitatif ou un certain mode de
93
se poser la question fondamentale du sens même de
notre
vie ? Oui, je crois à la personne humaine et à sa liberté. Pour surmo
94
économiques, etc.) à la mesure des décisions qui
doivent
être prises. Autant l’Europe des nations était simpliste, autant l’Eu
95
era-t-il possible de changer le système actuel de
notre
société, irréversible course au profit ? Mais le système de la sociét
96
à aussi, je ne suis pas d’accord. La politique ne
doit
pas être une activité séparée : c’est la vie dans la cité, « l’art d’
97
t pas non plus oublier les moyens techniques dont
nous
disposons à l’heure actuelle et qu’il ne faudrait surtout pas renier
98
partir les tâches aux différents niveaux où elles
doivent
être accomplies)… Bluntschi, auteur d’un code civil cantonal, disait
99
ésent, à chaque étape de cette lente unification,
notre
gouvernement a dû faire des pieds et des mains pour rattraper l’histo
100
de cette lente unification, notre gouvernement a
dû
faire des pieds et des mains pour rattraper l’histoire en train de se
101
ope fédérée, respectueuse de ses diversités comme
nous
des nôtres, s’accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suiss
102
le de la Suisse. Savoir si elle se fera dépend de
nous
aussi : c’est à nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent
103
ir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est à
nous
de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’Europe future les a
104
je pense que prétendre conserver les bénéfices de
notre
fédéralisme pour nous seuls, serait le plus sûr moyen de les perdre !
105
conserver les bénéfices de notre fédéralisme pour
nous
seuls, serait le plus sûr moyen de les perdre ! h. Rougemont Denis
106
! h. Rougemont Denis de, « S’unir, au-delà de
nos
fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités », Feuill
107
delà de nos fausses souverainetés, pour préserver
nos
vraies diversités », Feuille centrale de Zofingue, Zofingue, mai–juin
108
une alliance militaire ou une entité économique,
doit
être une communauté culturelle. Je pense, avec Robert Schuman, qu’il
109
e, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir
nos
pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unité de bas
110
cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils
doivent
, en fait, à la culture. Unité non pas homogène, et qui ne résulte pas
111
es continents découverts tour à tour, conquis par
nos
aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés
112
onquis par nos aventuriers puis libérés au nom de
nos
principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous,
113
estés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre
nous
, pour le meilleur et pour le pire. Héraclite donne la formule de l’
114
de l’unité européenne Et de là viennent aussi
nos
divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à
115
Et de là viennent aussi nos divisions mortelles,
nos
efforts pour les surmonter par le recours à des instances universelle
116
cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de
notre
histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir
117
cède la plus belle harmonie. De ce temps jusqu’au
nôtre
, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi cons
118
adoxe qui paraît bien être la loi constitutive de
notre
histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du di
119
i constitutive de notre histoire et le ressort de
notre
pensée : l’antinomie de l’Un et du divers, l’unité dans la diversité,
120
ur autant : entre leurs triomphes alternés, elles
durent
dans l’ombre de l’Histoire, dans la tradition, dans les livres, et da
121
n au xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en
nous
de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures v
122
este et les rénove. Tout cela préforme, dès avant
notre
naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes soc
123
e. Tout cela préforme, dès avant notre naissance,
nos
sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos bes
124
e, dès avant notre naissance, nos sensibilités et
nos
jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. To
125
ssance, nos sensibilités et nos jugements moraux,
nos
réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite au
126
et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et
nos
besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en questi
127
xes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela
nous
incite aussi à remettre en question ces déterminations, et nous en fo
128
ssi à remettre en question ces déterminations, et
nous
en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’Europe comme patrie
129
d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire
nous
pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible dé
130
appatoire possible désormais : s’unir, au-delà de
nos
fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer u
131
delà de nos fausses souverainetés, pour préserver
nos
vraies diversités — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de no
132
— créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de
nos
autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une si nous refus
133
s. Car ces autonomies seront perdues une à une si
nous
refusons l’union qui, seule, ferait leur force ; mais en retour, cett
134
ructures, car l’infrastructure est le résultat de
nos
options morales, spirituelles, religieuses, d’où procèdent des option
135
e européen de la culture, à une telle situation ?
Nous
nous sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctio
136
opéen de la culture, à une telle situation ? Nous
nous
sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctionnero
137
intelligible est une culture, c’est-à-dire, dans
notre
cas, l’Europe. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, e
138
culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’Europe.
Nous
avons donc fait un gros effort sur l’éducation, en réunissant dans le
139
, un certain nombre d’associations d’enseignants.
Nous
avons pu démultiplier notre effort en organisant des stages (5 par an
140
iations d’enseignants. Nous avons pu démultiplier
notre
effort en organisant des stages (5 par année en moyenne), dans des pa
141
s, qui réunissent une cinquantaine de pédagogues,
durent
une semaine et comportent des conférences, suivies de débats. Le thèm
142
s son aspect traditionnel, est la plus ennuyeuse…
Notre
intention n’est pas, du reste, d’introduire une heure de plus dans de
143
types sont données dans les écoles et les stages
doivent
élaborer des modèles applicables par toutes les associations membres.
144
applicables par toutes les associations membres.
Nous
avons touché directement 1500 maîtres et une publication nous permet
145
ouché directement 1500 maîtres et une publication
nous
permet de communiquer de la documentation et des critiques de livres.
146
e me paraît fondamental, car c’est l’écologie, de
nos
jours, qui constitue la véritable politique. Des stages sont consacré
147
, par contre, toujours laudatifs. Par ces stages,
nous
cherchons à créer un état d’esprit européen chez les maîtres, ce qui
148
aucoup d’idées qui avaient déjà été défendues par
notre
mouvement l’Ordre nouveau. On a aussi retrouvé Proudhon, Bakounine, e
149
productivisme sans frein et sans mesure humaine ;
nous
affirmions que ce productivisme traduisait une mentalité commune au c
150
la dimension a été constamment appliqué au CEC ;
nous
n’avons centralisé que ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé.
151
ue ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé.
Notre
but était, toujours, de servir les parties composantes. Lors de la Ca
152
osantes. Lors de la Campagne d’éducation civique,
nous
avions un appareil administratif minuscule qui travaillait avec 7 ou
153
uvait en relation quotidienne avec 150 personnes.
Nous
ne voulons pas coiffer d’autres institutions mais, selon le principe
154
institutions mais, selon le principe fédéraliste,
nous
sommes en commun avec elles. Un autre principe me paraît important :
155
uves, sinon l’on perd trop de temps. C’est ce que
nous
avons fait au CEC, où les premières nécessités ressenties ont été de
156
ssurer une organisation coordonnée des festivals.
Nous
avons désiré aller aussi loin que possible, sans tenir compte des fro
157
idu, de l’amener à se sentir encadré. Les régions
nous
permettront de revenir à des entités plus petites, de recréer des com
158
le même sens que le respect de l’autre. L’Europe
devrait
redevenir une sorte de jardin du monde ; c’est la raison pour laquell
159
e jardin du monde ; c’est la raison pour laquelle
nous
devons sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la c
160
din du monde ; c’est la raison pour laquelle nous
devons
sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la commune
161
la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui
nous
reste de nature et de cellule civique, la commune tout particulièreme
162
lle. Mais, au-delà des uniformes qui séparent, il
nous
reste, traçant un chemin de rigueur et d’audace, la voix de Denis de
163
la colonisation possible par les États-Unis — si
nous
ne faisons pas les États-Unis d’Europe — c’est une colonisation essen
164
llement colonisés… Et il n’est pas impensable, si
nous
continuons à rester divisés par nations, chacune trop faible pour se
165
fait faillite les uns après les autres ; ils ont
dû
se mettre ensemble pour faire un supermarché ; tout l’équilibre des r
166
nt grave ; et ce sera toujours pire, car aucun de
nos
pays ne peut se défendre. Il n’est pas trop tard Mais ne pensez-
167
n américaine si c’est une question d’échanges, si
nous
produisons suffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre o
168
d’échanges, si nous produisons suffisamment et si
nous
sommes capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouv
169
uffisamment et si nous sommes capables d’affirmer
notre
originalité européenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si no
170
capables d’affirmer notre originalité européenne.
Nous
ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble
171
éenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si
nous
nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants qu
172
. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous
nous
mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants que ceu
173
ésunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble,
nous
aurons des moyens plus importants que ceux des Américains. Nous ne so
174
s moyens plus importants que ceux des Américains.
Nous
ne sommes pas du tout écrasés par les deux géants que sont l’Union so
175
épaules l’un de l’autre, ils n’arriveraient pas à
notre
hauteur. Au point de vue démographique, certes … Oui, mais il y en a
176
e, de l’artisanat qui vit encore dans beaucoup de
nos
pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens
177
ncore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si
nous
nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes
178
dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous
nous
américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes déco
179
presque rien aux États-Unis. Ces derniers ont sur
nous
une seule supériorité : celle du « management », parce qu’ils dispose
180
nt », parce qu’ils disposent d’un grand espace et
nous
pas. Prenez le cas de la France, qui a un retard presque scandaleux d
181
fendue contre l’étranger. Dans cet état d’esprit,
nous
jouons perdants. Mais est-il trop tard pour renverser le courant ? On
182
courant ? On pouvait déjà le dire en 1949, quand
nous
avons lancé l’idée du CERN, puisque les Américains avaient presque to
183
rtir, ils ont pratiquement un siècle d’avance sur
nous
. » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit q
184
pratiquement un siècle d’avance sur nous. » Mais
nous
n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Améric
185
us. » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement.
Nous
nous sommes dit que les Américains avaient réussi à mettre en œuvre d
186
Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous
nous
sommes dit que les Américains avaient réussi à mettre en œuvre des dé
187
’était une question d’organisation, rien de plus.
Nous
avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux
188
ous avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard.
Nous
avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dans un pays comme la Su
189
t pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux,
nous
avons, par exemple, dans un pays comme la Suisse, l’industrie mécaniq
190
e la Suisse, l’industrie mécanique de précision ;
nous
avons tous les savants qui pourraient rester chez nous s’ils disposai
191
avons tous les savants qui pourraient rester chez
nous
s’ils disposaient d’un appareil de recherche suffisant ». Cela s’est
192
che suffisant ». Cela s’est parfaitement réalisé,
nous
avons réussi à renverser la vapeur. De grands choix à faire Ce
193
rait donc le moment de « renverser la vapeur » et
nous
serions aujourd’hui à la croisée des chemins, parce que — pour la pre
194
de choisir librement son avenir. Pourquoi serions-
nous
à ce moment privilégiés ? À cause du développement des sciences et de
195
e sorte de mouvement de bascule qui s’est fait et
nous
arrivons à un point où la production dépasse largement le minimum vit
196
n train de détruire la nature, par exemple ; cela
nous
pose une grande question : que voulons-nous en fait ? Est-ce plus de
197
cela nous pose une grande question : que voulons-
nous
en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature
198
us en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons-
nous
sauver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions
199
e voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature qui
nous
entoure et sans laquelle nous ne pourrions pas vivre ? Il y a de gran
200
auver la nature qui nous entoure et sans laquelle
nous
ne pourrions pas vivre ? Il y a de grands choix à faire et cela pour
201
e et cela pour la première fois, car jamais avant
notre
génération l’homme n’avait été en mesure de porter des coups pareils
202
vie, mesuré purement quantitativement. Est-ce que
nous
voulons, comme les Américains, augmenter simplement le produit nation
203
simplement le produit national brut de chacun de
nos
pays ou de l’Europe dans son ensemble, au prix de la destruction de l
204
hômage, tout ira bien et tant pis pour la nature.
Nous
commençons à nous réveiller de cette illusion. L’autre politique pour
205
ien et tant pis pour la nature. Nous commençons à
nous
réveiller de cette illusion. L’autre politique pour l’avenir est beau
206
contraire pour qu’on le pousse, beaucoup plus que
nos
compartimentages nationaux ne permettent de le faire. Il nous faut dé
207
imentages nationaux ne permettent de le faire. Il
nous
faut dépasser les Américains, mais il nous faut aussi des techniques
208
re. Il nous faut dépasser les Américains, mais il
nous
faut aussi des techniques qui soient adaptées à nos fins. Par exemple
209
s faut aussi des techniques qui soient adaptées à
nos
fins. Par exemple, il est absolument faux de continuer à faire des au
210
ar rapport à la consommation individuelle, et là,
nous
sommes à l’opposé du type de civilisation capitaliste qui se développ
211
aie de montrer depuis un certain temps, c’est que
nous
sommes en présence de deux mouvements, dans le monde, qui ont l’air a
212
ertitude d’exprimer la seule issue pour l’Europe.
Nous
avons soulevé un certain nombre de ces problèmes et de ces objections
213
de ces objections, au cours d’un entretien qu’il
nous
a accordé dans sa maison de Ferney-Voltaire. »
214
e est destinée à être au cœur de l’Europe et elle
doit
l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela signifierait la
215
assent les cantons, d’autres sont trop petites et
doivent
rester aux communes. Il faut qu’ils vivent, encore mieux qu’ils ne le
216
rd. Il y a en Suisse un esprit communal auquel on
doit
revenir parce que c’est la vraie source du fédéralisme. Et de là il f
217
alors, ce serait une tyrannie effroyable, car on
devrait
édicter des règles sans nuances pour tout le monde. Tandis qu’avec le
218
le de faire coïncider l’économie et la langue, et
nous
avons toujours pensé qu’il y avait des ordres de réalités à ne pas mé
219
ême économie, les mêmes impôts d’après la langue.
Nous
avons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons,
220
ous avons parfaitement conçu tous ces mélanges et
nous
nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En f
221
vons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous
nous
débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En fait,
222
ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que
nous
avons des petites communautés. En fait, mon modèle de gouvernement de
223
notice suivante : « Au cours de l’entretien dont
nous
avons commencé la parution la semaine dernière, Denis de Rougemont, a
224
ons européennes. Dans la suite de l’entretien que
nous
publions aujourd’hui, Denis de Rougemont montre comment la Suisse peu
225
nis de Rougemont montre comment la Suisse peut et
doit
s’insérer dans ce processus d’édification d’une Europe fédérale. De t
226
différentes agences pourrait s’établir en Suisse,
notre
pays devenant un district fédéral. Quels seront les critères de délim
227
iversité s’étend à la région. Une région bretonne
devrait
déborder sur les Cornouailles anglaises et sur les villes de Nantes e
228
nes. Il faut beaucoup de souplesse. Une région ne
doit
pas être contenue à l’intérieur de limites, elle doit rayonner. Les É
229
pas être contenue à l’intérieur de limites, elle
doit
rayonner. Les États-nations actuels, qui ont nom France, Angleterre,
230
e qu’il y avait de plus neuf dans chaque domaine.
Nous
avons réuni les directeurs de centres nucléaires, les directeurs de g
231
marque une péripétie dans la Quête de l’union de
nos
peuples et de leurs élites responsables. Cheminement vers l’Europe fé
232
che de sens. Pour les lecteurs de Livres ouverts,
nous
avons posé à Denis de Rougemont quelques questions suggérées par la l
233
astres moraux , écologiques et sociaux, vers quoi
nous
précipite l’évolution actuelle. La région seule nous permettra de « f
234
s précipite l’évolution actuelle. La région seule
nous
permettra de « faire l’Europe », sur la base de ses réalités, et nous
235
faire l’Europe », sur la base de ses réalités, et
nous
offrira seule les structures nécessaires à toute vraie participation.
236
aires à toute vraie participation. Mais la région
doit
naître comme poussent les blés, la vigne et les forêts : elle doit mo
237
poussent les blés, la vigne et les forêts : elle
doit
monter d’une terre, d’un peuple, d’une histoire, de leurs besoins et
238
ssor de ses énergies créatrices. Surtout, elle ne
doit
pas se donner pour objectif de saisir « une plus grande part du gâtea
239
« une plus grande part du gâteau » étatique. Elle
doit
cuire son propre gâteau, et créer ses propres ressources, à sa manièr
240
, qui définissent ses vrais besoins. La région ne
doit
pas être imaginée comme un mini État-nation, qui aurait tous les inco
241
que de chercher à se rendre concurrentielle, elle
doit
chercher à se rendre utile, et son problème n’est pas d’exploiter le
242
plus que sa musique me touchait plus qu’aucune de
notre
temps, si haut que fût à mes yeux Stravinski, et je me disais qu’un j
243
’écrire une pièce pour l’Exposition nationale qui
devait
s’ouvrir à Zurich l’année suivante. J’étais en train de sortir mes un
244
t le message du Solitaire qui venait de suspendre
nos
destins ! Cette menace, cette attente au bord du gouffre, cette minut
245
tes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans
notre
tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fois à l
246
de son escalier, un jour qu’il était en retard.)
Nos
entretiens sont strictement techniques. Il me demande combien il y a
247
anque une syllabe. — Ah ? Que faire ? — Eh bien !
nous
mettrons un soupir ». Il m’a dit : « Quand vous écrivez les paroles d
248
ransmission par les mots. Jamais, pas un instant,
nous
n’avons eu l’idée de parler du sens profond de la pièce, ni de la rel
249
de la pièce, ni de la religion en général, ni de
nos
positions personnelles à son égard. Je ne sais pas pourquoi d’ailleur
250
de son langage particulier. Or, l’aisance même à
nous
mettre d’accord sur ces règles du jeu, puis à jouer — la partie de cr
251
s à jouer — la partie de création proprement dite
nous
prit deux mois — voilà qui ne pouvait signifier qu’un accord plus pro
252
gence avec l’événement historique, pour aboutir à
notre
oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de
253
. Une connaissance intime du lyrisme biblique — «
notre
Antiquité », dit Ramuz —, du choral luthérien et de la polyphonie du
254
es « à sujet religieux » que je viens d’énumérer,
doit
être qualifié d’essentiellement chrétien, ce n’est pas à cause des su
255
. Or ce sens tout d’abord jalonné par les signes,
doit
être décidé par la personne, et ne peut l’être que dans l’acte de foi
256
quelque credo, mais la réalité de l’opération en
nous
de quelque chose, disons l’Esprit, qui n’est pas vérifiable autrement
257
marque une péripétie dans la Quête de l’union de
nos
peuples et de leurs élites responsables. Cheminement vers l’Europe fé
258
par les bellettriens : bras dessus, bras dessous
nous
chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droit
259
dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en
nous
balançant tantôt à gauche tantôt à droite. Mon bras droit tenait le g
260
ffacent avec le temps). Il vient, de concert avec
notre
ami commun Raymond Silva — alors secrétaire général du Centre europée
261
du Centre européen de la culture —, proposer que
nous
lancions une « Charte européenne » et un « Brevet européen du sportif
262
, et si rondement menée vers son destin européen,
devait
cependant échouer — en dépit des appuis les plus efficaces de dernièr
263
intéresser ». Je reconnus au premier coup d’œil «
notre
» texte. Strasbourg s’attribuait la médaille, mais Paul Martin avait
264
ars de ce qui me paraît une évidence majeure : il
nous
faut faire l’Europe afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vit
265
Est européen —, d’autre part à la colonisation de
notre
économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europ
266
re part à la colonisation de notre économie et de
nos
coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais
267
usoire — sauf qu’elle bloque tout. C’est ici que
nous
rejoignons la culture. Car c’est bien la culture — l’école, la presse
268
la culture — l’école, la presse, les livres — qui
nous
fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres
269
obablement mythique, qui est du ive siècle avant
notre
ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à
270
re ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de
notre
ère, ou enfin à Hugues Capet, qui est du xe siècle, soit une hésitat
271
et Malte 10. L’école vous a raconté que chacun de
nos
États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à
272
vous l’avez cru ! Vous croyez donc que chacun de
nos
États-nations a sa langue et que ses frontières coïncident avec son e
273
et qu’on ne pourra jamais les fédérer, parce que
nos
vingt-cinq États-nations ne sauraient céder sans trahir un pouce de l
274
u’elle existait bien avant la formation, récente,
nous
venons de la voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désig
275
la formation, récente, nous venons de la voir, de
nos
États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans un
276
flamande, nation italienne, c’était un peu comme
nos
pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à
277
d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que
nos
stato-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang
278
Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle
devrait
s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoire
279
res actuels. Prenez la langue allemande : si elle
devait
coïncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la République fé
280
e la région de la Volga. On m’objecte souvent que
nos
langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre e
281
nt que nos langues sont trop différentes pour que
nous
puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofi
282
ues sont trop différentes pour que nous puissions
nous
entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofia, Varsovie et
283
fia, Varsovie et Madrid. C’est oublier que toutes
nos
langues (sauf le basque et le finno-ougrien) sont étroitement parente
284
omaines, notions théologiques diffusées dans tous
nos
pays par l’église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques a
285
des savants au xixe , et de l’anglo-américain de
nos
jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésias
286
ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes
nos
langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop, Bischof… Il
287
. Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes
nos
langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturel
288
ope est un fait que personne ne conteste — à part
nos
bons nationalistes. Enfin, il y a l’affaire des frontières naturelle
289
y a l’affaire des frontières naturelles, chères à
nos
maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres
290
service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on
nous
a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mais que
291
othard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de
nos
États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
292
comme les conflits armés dont elles figurent sur
nos
atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait un historien français
293
qui ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En
nous
présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l
294
ales » bien distinctes et rivales, les manuels de
notre
enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,
295
Europe a failli périr, mais encore ils faussaient
notre
vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. La vérit
296
sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’on
nous
cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, qu’elle s’
297
qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous
nos
peuples est une, qu’elle s’est formée à partir des mêmes influences i
298
péennes, gréco-latines, celtes et germaniques qui
nous
ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
299
us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué
notre
vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés
300
bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que
nous
le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grand
301
vision du réel, que nous le sachions ou non, que
nous
soyons cultivés ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architectu
302
t qui a marqué les élites intellectuelles de tous
nos
pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. Prenez l’exemple
303
es de tous nos pays, puis, à travers elles, formé
nos
sensibilités. Prenez l’exemple de la musique : rien de national dans
304
une glorieuse indifférence une bonne douzaine de
nos
frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
305
ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de
notre
culture commune. Mais qu’en est-il de ses diversités tant vantées, et
306
que ces « précieuses diversités » sont celles de
nos
nations ? Je vous propose là-dessus deux observations faciles à vérif
307
deux observations faciles à vérifier. Chacun de
nos
pays a un nord et un midi, dans chacun vous trouverez des croyants et
308
propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas
nos
appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la plu
309
. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui
nous
diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée et des
310
annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de
notre
culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra
311
e, est simplement omis, inexistant. Et voilà qui
nous
rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais conn
312
ant. Et voilà qui nous rappelle quelque chose, à
nous
Suisses. Car la Suisse n’a jamais connu l’illusion d’une « culture na
313
ommes découpée dans n’importe lequel des pays qui
nous
entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantonales,
314
s pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans
nos
petites métropoles cantonales, dans ces foyers qui l’un après l’autre
315
u xxe siècle : Ferdinand de Saussure, le père de
nos
« sciences humaines », l’institut Rousseau, Jean Piaget, les Rencontr
316
aître pratiquement, un peu comme il est arrivé de
nos
frontières cantonales, et je ne crois pas que nous y ayons perdu quoi
317
nos frontières cantonales, et je ne crois pas que
nous
y ayons perdu quoi que ce soit de vraiment précieux. Ces vérités sont
318
à entendre pour les citoyens des grands pays qui
nous
entourent ; mais ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour nou
319
ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour
nous
autres Suisses, il devrait s’agir d’évidences et presque de banalités
320
ur jeunesse surtout. Pour nous autres Suisses, il
devrait
s’agir d’évidences et presque de banalités. Toutefois, nous devons pr
321
r d’évidences et presque de banalités. Toutefois,
nous
devons prendre garde, dans le débat qui bat son plein à propos de not
322
vidences et presque de banalités. Toutefois, nous
devons
prendre garde, dans le débat qui bat son plein à propos de notre entr
323
arde, dans le débat qui bat son plein à propos de
notre
entrée dans le Marché commun, de nous laisser entraîner sur un terrai
324
propos de notre entrée dans le Marché commun, de
nous
laisser entraîner sur un terrain qui n’est pas le nôtre, dans des ter
325
us laisser entraîner sur un terrain qui n’est pas
le nôtre
, dans des termes qui sont étrangers à notre tradition fédéraliste et
326
as le nôtre, dans des termes qui sont étrangers à
notre
tradition fédéraliste et à notre habitus, et qui dérivent des théorie
327
sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à
notre
habitus, et qui dérivent des théories et des pratiques stato-national
328
t des pratiques stato-nationalistes. L’Europe que
nous
voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et problématique éch
329
s stato-nationalistes. L’Europe que nous voulons,
nous
aussi, ne sera jamais un laborieux et problématique échafaudage d’acc
330
ières, en maintiennent et renforcent le principe.
Nous
ne croyons pas à une Europe des États-nations souverains. Je l’ai sou
331
, mais alors il n’y a pas d’amicale. L’Europe que
nous
voulons sera fédérale — ou alors elle ne se fera pas sérieusement. Vo
332
nt. Voilà, je pense, la perspective qui s’ouvre à
nous
. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays e
333
erspective qui s’ouvre à nous. Elle n’a rien pour
nous
effrayer, puisque nous sommes le seul pays européen qui n’ait pas pri
334
à nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque
nous
sommes le seul pays européen qui n’ait pas pris la forme d’un État-na
335
is là aussi plus qu’une incitation : un appel, un
devoir
d’agir. Il y a vingt-cinq ans, aux premières Rencontres international
336
, si possible, encore plus vrai aujourd’hui et il
nous
dicte une ligne de conduite et d’action. Je sais bien que les Suisses
337
ut seul. C’est maintenant ou jamais que la Suisse
doit
prendre l’initiative de proposer sa propre solution fédéraliste, de l
338
pour reprendre une formule célèbre, qui désignait
notre
neutralité, notre abstention, et qui pourra demain, plus justement en
339
formule célèbre, qui désignait notre neutralité,
notre
abstention, et qui pourra demain, plus justement encore, qualifier no
340
i pourra demain, plus justement encore, qualifier
notre
intervention. x. Rougemont Denis de, « L’Europe est d’abord une un
341
qu’elle bloque tout ! L’école, aux trois degrés,
nous
fait croire que l’État-nation est le dernier mot de l’évolution, qu’i
342
ait voir l’auteur par des exemples indiscutables.
Notre
culture est la création commune et trois fois millénaire de tous les
343
. C’est sur la base de cette unité de culture que
nous
pourrons édifier l’union fédérale de nos diversités. »
344
ure que nous pourrons édifier l’union fédérale de
nos
diversités. »
345
systèmes… Ce donné historique toujours vivant en
nous
, ce passé jamais accompli, nul n’en peut prendre les mesures : il s’a
346
héritage culturel conditionne en second lieu, que
nous
le sachions ou non, un grand nombre de chances spécifiques proposées
347
lturel enfin reste une somme de virtualités, dont
nous
ne pouvons en général actualiser qu’une part infime. Il n’est pour no
348
éral actualiser qu’une part infime. Il n’est pour
nous
, au sens concret, que ce que nous sommes capables d’en utiliser pour
349
. Il n’est pour nous, au sens concret, que ce que
nous
sommes capables d’en utiliser pour nos fins propres. Tout héritage cu
350
ue ce que nous sommes capables d’en utiliser pour
nos
fins propres. Tout héritage culturel est en partie offert mais en par
351
éenne et ses complexités au moins trimillénaires,
nous
sommes bien obligés de choisir. Nous assumons ou récusons certaines v
352
millénaires, nous sommes bien obligés de choisir.
Nous
assumons ou récusons certaines valeurs ou systèmes de valeurs selon n
353
ns certaines valeurs ou systèmes de valeurs selon
nos
problèmes présents. C’est dire que mis en face de l’héritage total, n
354
. C’est dire que mis en face de l’héritage total,
nous
sentons qu’il comporte une part d’hérédité inéluctable, mais que, dan
355
rédité inéluctable, mais que, dans la part libre,
nos
choix nécessairement vont constituer des hérésies. Nous ne deviendron
356
hoix nécessairement vont constituer des hérésies.
Nous
ne deviendrons nous-mêmes qu’à ce prix, qui est d’assumer les risques
357
es qu’à ce prix, qui est d’assumer les risques de
notre
différence personnelle ; et par là même, non point en revêtant un uni
358
oint en revêtant un uniforme (matériel ou moral),
nous
deviendrons de vrais Européens. Les dimensions de l’héritage La
359
e, on voit qu’elle représente en fait tout ce que
nous
sommes capables de penser et presque tout ce que nous voyons sur notr
360
sommes capables de penser et presque tout ce que
nous
voyons sur notre petit coin de la planète, entre le sol et les nuages
361
de penser et presque tout ce que nous voyons sur
notre
petit coin de la planète, entre le sol et les nuages. La culture des
362
amentales, dans ses méthodes comme dans ses fins,
notre
culture assume toutes les antinomies. On dirait même qu’elle les nour
363
ra pour mieux exclure la troisième —, il faut que
nous
prenions l’habitude de combiner en contrepoint la source celte, la ge
364
s pas ce que c’est. Et tout cela vit en chacun de
nous
, sous forme de conflits, de défis passionnants, de crises latentes ou
365
evant la personne responsable ; et tous, tant que
nous
sommes, représentons une figure irremplaçable dans le ballet des mill
366
ers. Les deux mémoires Mais ces grands noms
nous
trompent. Harmonieux ou non, conscient ou non, le rapport d’un Europé
367
e rapport d’un Européen à la culture européenne —
notre
seule unité fondamentale, répétons-le — n’est pas exceptionnel : il e
368
’entends qu’il est universel. Pas un seul d’entre
nous
n’y échappe. Que nous soyons « très cultivés » ou illettrés y change
369
versel. Pas un seul d’entre nous n’y échappe. Que
nous
soyons « très cultivés » ou illettrés y change bien moins qu’on ne l’
370
illettrés y change bien moins qu’on ne l’imagine.
Nous
sommes tous tributaires de deux mémoires, celle des peuples et celle
371
tes, des data banks et du système des préjugés de
notre
siècle — mémoire externe. Et celle des chromosomes, des chaînes de l’
372
firent leur temps, littéralement. Dans chacun de
nos
chromosomes, il y a l’histoire entière des hommes du passé, plus une
373
ssé, plus une nouvelle virtualité. Dans chacun de
nos
codes civiques ou juridiques, il y a la féodalité, les coutumes germa
374
derrière eux, il y a l’Égypte et Sumer. Chacun de
nous
, dans chacun de ses jugements moraux, civiques, sociaux ou juridiques
375
urs les origines, mais qui le meut. Enfermés dans
nos
États-nations depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à nos é
376
depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à
nos
écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! N
377
i, grâce à Napoléon puis à nos écoles nationales,
nous
nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de n
378
âce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous
nous
croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos la
379
es nationales, nous nous croyons si différents de
nos
voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il f
380
nous nous croyons si différents de nos voisins !
Nous
sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder
381
fférents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de
nos
langues, nous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allo
382
os voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues,
nous
affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allons jusqu’à pré
383
ous affirmons qu’il faut les garder « pures », et
nous
allons jusqu’à prétendre que leur diversité empêche l’union de l’Euro
384
in, germanique ou celtique, se retrouve dans tous
nos
États et montre bien ce qu’il faut penser de leur soi-disant « origin
385
l’Europe. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit
notre
« mère l’Europe » — comme l’appelait déjà une chronique en latin rédi
386
la droite et à la gauche dans le jeu politique de
nos
pays, ces deux partis qui n’arrivent plus à se définir autrement que
387
stérile qui en résulte n’ont jamais existé (avant
notre
influence) en Inde, en Chine, ou dans les grands empires de l’Afrique
388
umaine, de l’approche familière des symboles, que
nous
découvrons dans nos rêves, et que transmet la sagesse des nations par
389
familière des symboles, que nous découvrons dans
nos
rêves, et que transmet la sagesse des nations par les proverbes. Le p
390
résente sans nul doute la part la plus menacée de
notre
héritage, celle qu’il nous est possible de dilapider. Car ces vertus
391
rt la plus menacée de notre héritage, celle qu’il
nous
est possible de dilapider. Car ces vertus ne contraignent pas l’indiv
392
e Mao. Mais c’est bien à tout cela que l’Europe a
dû
ses pouvoirs d’invention, d’innovation, d’expansion planétaire, d’uni
393
e et une injustice (4 février 1971)z aa « Dans
notre
société européenne, depuis le xiie siècle, les femmes ont été l’agen
394
le poète-troubadour comme le seigneur à qui l’on
devait
l’obéissance, l’allégeance, la fidélité. Le troubadour — c’est une ch
395
lle valable également pour la Suisse ? En Suisse,
nous
sommes un peu tributaires de la civilisation germanique, où les homme
396
a donc, chez les Suisses allemands notamment, et
nous
sommes très mélangés en Suisse romande, cette idée que la femme n’a p
397
n’a pas sa place dans les affaires publiques qui
doivent
être le domaine des guerrières, de l’homme armé, ce qui est un anachr
398
t la force physique qui comptait, alors que, dans
notre
société actuelle, il est impossible qu’on vous démontre en quoi la fo
399
des Landsgemeinde — vous avez des survivances qui
nous
sont proches, qui sont encore mêlées à notre vie, des vieilles coutum
400
s qui nous sont proches, qui sont encore mêlées à
notre
vie, des vieilles coutumes germaniques. Justement la survivance de ce
401
as leur rôle ? En tous les cas, ça choque… Ce que
nous
avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en
402
les cas, ça choque… Ce que nous avons de culture,
nous
le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’ent
403
ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le
devons
à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas c
404
e… Ce que nous avons de culture, nous le devons à
nos
mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas culture
405
de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à
nos
pères, en grande partie. Je n’entends pas culture au sens scolaire, u
406
ense que c’est spécifiquement européen, parce que
notre
civilisation est fondée sur cette idée de la famille, de la femme qui
407
où il y a beaucoup de femmes pour un homme. Chez
nous
, considérons qu’il n’y a aucune espèce de différence au point de vue
408
il n’y en a pas. Je n’en vois pas. Les seules que
nous
croyons voir, que nous imaginons voir, c’est à cause de ce vieux fond
409
n vois pas. Les seules que nous croyons voir, que
nous
imaginons voir, c’est à cause de ce vieux fond inconscient qui ressor
410
vieux fond inconscient qui ressort et qui influe
nos
décisions à notre insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite p
411
nscient qui ressort et qui influe nos décisions à
notre
insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite psychanalyse de la
412
, où la femme a acquis l’égalité civique, elle le
doit
à une sorte de coup d’État venu d’en haut : par simple décision gouve
413
ssaire et réalisable comme un élan libérateur qui
nous
porte à la fois vers l’universel et vers la personne. De la conclusio
414
idée de nation, je recopie ces lignes4 : Plaçons-
nous
sur le plan de la tradition révolutionnaire. Nous rencontrons, d’une
415
nous sur le plan de la tradition révolutionnaire.
Nous
rencontrons, d’une part, un mouvement vers l’universel, où l’individu
416
sens opposés, ils se complètent l’un par l’autre.
Nous
les séparons pour la commodité de l’exposé : mais dans le cœur du peu
417
it : Fidèles à la véritable tradition française,
nous
nous appuyons à la fois sur le sentiment patriotique régional et sur
418
Fidèles à la véritable tradition française, nous
nous
appuyons à la fois sur le sentiment patriotique régional et sur l’ind
419
ualisme spirituel5. La communauté révolutionnaire
doit
, en effet, placer le spirituel avant l’économique, même socialisé, fa
420
te. De même, la décentralisation révolutionnaire…
doit
dévaloriser les cadres nationaux, libérant le vrai sentiment patrioti
421
dictature nationale ou internationale, la France
doit
opposer un nouveau prestige de la liberté, c’est-à-dire de la personn
422
étourné la révolution de son but : c’est elle qui
doit
le lui rendre. Moyennant une ou deux mises au point de la terminolog
423
la terminologie (opérées d’un commun accord dans
notre
groupe dès 1933), ces textes ne peuvent manquer de frapper par leur a
424
ma part, je ne cesse de mieux mesurer ce que j’ai
dû
et dois encore aux trop brèves années de notre collaboration politiqu
425
t, je ne cesse de mieux mesurer ce que j’ai dû et
dois
encore aux trop brèves années de notre collaboration politique et phi
426
j’ai dû et dois encore aux trop brèves années de
notre
collaboration politique et philosophique6. 4. Ce texte a paru dans
427
emière citation) : il s’agit en réalité de ce que
nous
conviendrons un peu plus tard, tant à Esprit qu’à L’Ordre nouveau
428
ou collectivité inorganique. 6. Cf. le texte que
nous
avions préparé et signé ensemble pour le groupe de discussions philos
429
attention des responsables de la vie politique de
nos
pays, qu’il s’agisse de régions économiques, ethniques, écologiques o
430
, dès 1960, des groupes d’études dont les travaux
devaient
prendre forme institutionnelle dès 1967, lorsque fut créée à Bruxelle
431
onnels. Arts et lettres Toute l’histoire de
nos
créations est à refaire sur cette double donnée de base : — les gran
432
des continents et des régions. Et cependant, elle
doit
tenir compte des obstacles que les États-nations mettent à toute stra
433
e adaptabilité du genre humain. Enfin, l’écologie
nous
oblige à poser la question des vraies fins de la cité et de ses prior
434
rable, ou un mode de vie qualitatif et conforme à
nos
idéaux ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités » d
435
vie qualitatif et conforme à nos idéaux ? Et ceci
doit
remettre en cause les fameuses « nécessités » de l’Économie, science
436
’Européens qui s’ignorent, et que la condition de
notre
survie, c’est de nous unir très vite dans une fédération. Or, pour mo
437
nt, et que la condition de notre survie, c’est de
nous
unir très vite dans une fédération. Or, pour moi, le couple est la pr
438
té. Comment espérer bâtir une communauté libre si
nous
commençons par rater le couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, da
439
e couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, dans
nos
manières d’aimer, je trouve la racine de mondes politiques différents
440
deux, l’uniformisation. Si une certaine idée que
nous
avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus cap
441
e certaine idée que nous avons de l’amour-passion
nous
conditionne au point de n’être plus capables d’aimer l’autre en tant
442
e plus capables d’aimer l’autre en tant qu’autre,
nous
ne serons plus capables non plus de devenir les éléments d’une cité,
443
Je le disais en 1938, je n’ai pas changé d’avis.
Nous
entrons dans le mariage généralement par erreur, parce que nous somme
444
ans le mariage généralement par erreur, parce que
nous
sommes amoureux. Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’il
445
nt par erreur, parce que nous sommes amoureux. Et
nous
en tirons cette conséquence illogique qu’il faut se marier. Eh bien,
446
e l’histoire de Tristan. La passion amoureuse qui
nous
paraît si naturelle est en réalité exceptionnelle dans le monde, car
447
: l’Asie bouddhiste, brahmanique n’a jamais connu
notre
amour et elle le considère avec un étonnement mêlé d’ironie et de cra
448
c’est un fait que le mot amour, qui désigne pour
nous
le sentiment de la passion, n’a pris de sens dans le Languedoc du xii
449
mour-passion : et c’est de là que viennent toutes
nos
littératures européennes et tous les lieux communs de l’amour tel qu’
450
ante, tel qu’on l’écrit, tel qu’on le vit jusqu’à
nos
jours. Je pense surtout aux effets dégradés du mythe à travers les si
451
e collectif de cette romance que chacun s’imagine
devoir
vivre. Le mariage est en train de voler en éclats, non pas à cause de
452
ut conduire qu’à la mort. L’amour-passion tel que
nous
le concevons a inspiré tous les arts en Europe, mais il ne vaut rien
453
it pas. Grâce à la littérature, la passion obsède
nos
rêves. Et c’est une invention spécifique de la culture européenne. Et
454
ent dépourvu de sentiments. C’est le contraire de
notre
littérature, qui exalte la passion au-delà de toute raison, au-delà d
455
signalée par Mircea Eliade. Par exemple, l’homme
doit
dormir quarante jours au pied du lit de la femme qu’il aime, quarante
456
preuve que peut s’opérer l’union sexuelle, qui ne
doit
d’ailleurs pas aboutir à la procréation. Mais ce n’est qu’une techniq
457
uasi mystique s’en trouve exclue. L’amour tel que
nous
l’entendons depuis le xiie siècle n’a même pas de nom dans leur lang
458
dans leur langue. Ce qui se rapproche le plus de
notre
verbe aimer en chinois désigne la relation entre la mère et le fils.
459
Elle n’existe pas ailleurs. Mais c’est le prix de
notre
liberté. Mais vous, que souhaitez-vous ? Quand je pense à l’amour « p
460
n haut — Tristan — l’autre par en bas — Don Juan.
Nous
versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est l’homm
461
ns d’aujourd’hui tiennent un peu mieux compte que
nous
des aspects pratiques du mariage, de ce qui permet une amitié durable
462
e d’ennui, parfaitement plat et programmé. Ce qui
nous
menace aujourd’hui, ce n’est plus un excès d’anarchie et de tyrannie
463
on et risque bien d’évacuer aussi le sens même de
nos
vies et des rapports humains, mariage compris. Car s’il y a aujourd’h
464
influences païennes, hérétiques, gnostiques, qui
nous
ont fait croire que le « péché originel » n’est autre que la sexualit
465
exualité. Quant aux pseudo-tabous qui règnent sur
nous
, ce sont ceux de la bourgeoisie de l’ère victorienne, ou du clergé av
466
, qui s’opposait aux totalitarismes, mais aussi à
nos
démocraties capitalistes, à la société de profit que nous appelions l
467
ocraties capitalistes, à la société de profit que
nous
appelions le « désordre établi ». Nous ne voulions pas qu’on critique
468
profit que nous appelions le « désordre établi ».
Nous
ne voulions pas qu’on critique l’Allemagne et l’URSS au nom de l’espr
469
nt plus sincère, a fait revivre les problèmes que
nous
avions posés dans les années 1930. C’est vrai, une partie de la jeune
470
me suis senti justifié. La jeunesse a redécouvert
notre
question trente ans après, sans être bloquée, elle, par la guerre des
471
ar la guerre des empires totalitaires qui fermait
notre
horizon, et qui n’était pas notre guerre. À cette époque, toute une g
472
res qui fermait notre horizon, et qui n’était pas
notre
guerre. À cette époque, toute une génération s’est exprimée dans le p
473
nalisme : à l’individualisme et au collectivisme,
nous
opposions la personne et la communauté. C’est pour exprimer la liaiso
474
hangement inouï qui s’est produit depuis lors est
dû
en bonne partie à l’afflux des Européens, notamment ceux que Hitler a
475
r à l’ONU. Et puis il portait les cheveux longs !
Nous
avons parlé de l’union de l’Europe. Il m’a dit : « Vous êtes bien opt
476
st en Amérique qu’a germé en quelques-uns d’entre
nous
l’idée de combattre ce nationalisme fauteur de guerres ; et pas seule
477
ermis, donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas,
nous
nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible. Il y
478
, donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas, nous
nous
retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible. Il y avai
479
et, pendant quelques mois, Simone Weil. Aucun de
nous
n’était certain de jamais revoir l’Europe. J’écrivais deux textes par
480
ose. C’est une des lois de l’action. Je crois que
nous
pourrons faire l’Europe d’ici à vingt ans sur la base des régions, au
481
ve pas même au total européen. Si ces chiffres ne
nous
rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Sui
482
Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que
nous
nous sentons seulement Français, ou Suisses, ou Danois, ou Belges, do
483
es chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous
nous
sentons seulement Français, ou Suisses, ou Danois, ou Belges, donc tr
484
isses, ou Danois, ou Belges, donc trop petits. Il
nous
manque la conscience de former un ensemble. C’est surtout que 120 mil
485
ensemble. C’est surtout que 120 millions d’entre
nous
sont satellisés par l’URSS, tandis que 320 millions sont assez bien c
486
, disons pour simplifier, par le dollar. Aucun de
nos
pays, tous trop petits, ne pourra bientôt plus nous raconter sa petit
487
os pays, tous trop petits, ne pourra bientôt plus
nous
raconter sa petite histoire d’indépendance. Mais alors sur quelle bas
488
nité complexe, pétrie de contradictions, qui sont
dues
à la pluralité de ses origines — grecque, romaine, judéo-chrétienne,
489
e tous à un ordre monolithique. Vous aimez ce que
notre
civilisation a de pluraliste ? C’est le gage de notre liberté. Cela i
490
e civilisation a de pluraliste ? C’est le gage de
notre
liberté. Cela implique la contestation, la discussion, et, finalement
491
lleurs, il n’y a jamais eu, avant le contact avec
notre
culture et nos doctrines, que des révolutions de palais, des prises d
492
jamais eu, avant le contact avec notre culture et
nos
doctrines, que des révolutions de palais, des prises de pouvoir par d
493
sie soviétique, dont le slogan est depuis 1925 : ‟
Nous
ferons mieux que l’Amérique.” Or l’Amérique est une invention de l’Eu
494
nion : l’État-nation. Voilà l’obstacle sur lequel
nous
butons depuis vingt ans. Vous avez écrit : « Il faut transformer les
495
du monde actuel. C’est pourquoi, dès le début de
notre
action fédéraliste, nous sommes entrés en opposition avec Churchill,
496
urquoi, dès le début de notre action fédéraliste,
nous
sommes entrés en opposition avec Churchill, qui, lui, voulait des « É
497
ion qui se réfère, comme le disait tout récemment
notre
ministre des Affaires étrangères, à quelques grands principes : neutr
498
rain, en Suisse, c’est le peuple. Vous lisez dans
nos
journaux : « Le souverain s’est prononcé hier. » Ce n’est pas une man
499
un livre sur l’Europe régionaliste… Eh bien, il a
dû
se réfugier en Irlande ! Pour vous, au contraire, le fédéralisme est
500
. Pour accréditer ce modèle délirant, on a truqué
nos
manuels d’histoire et de géographie. Décréter pour les besoins de la
501
on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs. Il
nous
faut entreprendre délibérément cette révolution qui n’est pas violent
502
conomique entraînera nécessairement le politique.
Nous
sommes contraints de voir aujourd’hui que ce n’est pas ainsi que les
503
ns, d’une culture, des attitudes fondamentales de
notre
esprit. Et que l’économie n’en sera jamais que le produit. Vous reste
504
-Européens qu’il n’en naît. » Je suis certain que
nous
irons vers des solutions fédéralistes, régionalistes, parce qu’il n’y
505
logues ont eu l’idée d’en faire. Pas une seule de
nos
révolutions n’a réussi. Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier d
506
st à double tranchant. Ou bien, je vous l’ai dit,
nous
irons vers l’ennui collectif. Mais il me semble improbable que cet en
507
de l’esprit, une sédition de l’inconscient, dont
nous
percevons déjà les signes. ad. Rougemont Denis de, « [Entretien] L
508
ne théorie sur le diable ? Au xx e siècle, ce qui
nous
menace le plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos
509
x e siècle, ce qui nous menace le plus, c’est que
nous
ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin !
510
c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans
nos
calculs. Nous parlons — enfin ! — tous de la pollution de la nature,
511
us ne tenons plus compte de lui dans nos calculs.
Nous
parlons — enfin ! — tous de la pollution de la nature, l’un des grand
512
ds problèmes politiques du siècle, en effet. Mais
nous
ne prenons pas garde aux autres pollutions, celles qui sont spirituel
513
e Baudelaire : « Le premier tour du diable est de
nous
faire croire qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui nous di
514
qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui
nous
dit, comme dans L’Odyssée Ulysse au cyclope aveuglé à l’entrée de la
515
ue fait Satan ? Singeant Dieu, mais à rebours, il
nous
dit : « Je suis celui qui n’est pas ! ». Il est la force dépersonnali
516
l est la force dépersonnalisante de l’univers. Il
nous
fait croire qu’il n’y a personne, et pourquoi ? Parce que alors il n’
517
ce au tiède, qui finira dans le froid glacial. De
nos
jours, les forces anonymes et qui rendent tout anonyme sont en expans
518
plupart des forces déchaînées à travers le monde
nous
invitent à fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à re
519
invitent à fuir dans la masse, à démissionner de
notre
personne, à renoncer à notre vocation personnelle, à la mettre en dou
520
e, à démissionner de notre personne, à renoncer à
notre
vocation personnelle, à la mettre en doute, donc à céder à l’entropie
521
l’entropie physique et morale. C’est là le mal de
notre
siècle, le contraire absolu de ce que j’ai appelé le « personnalisme
522
le ? L’un consiste, pendant la dernière guerre, à
nous
faire croire qu’il était seulement Adolf Hitler, par exemple. Déguise
523
ple. Déguisement grossier, mais habile, parce que
nous
étions tous prêts à y croire. Hitler, le diable ? Il y avait vraisemb
524
le est bien plus malin. Quand Hitler était devant
nous
, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable tr
525
bien plus malin. Quand Hitler était devant nous,
nous
étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaill
526
d Hitler était devant nous, nous étions en garde,
nous
nous battions contre lui, et le diable travaillait derrière nous et e
527
ler était devant nous, nous étions en garde, nous
nous
battions contre lui, et le diable travaillait derrière nous et en nou
528
ons contre lui, et le diable travaillait derrière
nous
et en nous. Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste da
529
lui, et le diable travaillait derrière nous et en
nous
. Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste dans les chos
530
our qu’on ne le détecte pas ? Je disais que Satan
nous
fait croire, premièrement, qu’il n’existe pas, deuxièmement, qu’il es
531
u et dénoncé n’est jamais très dangereux. Lorsque
nous
sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est ale
532
dangereux. Lorsque nous sommes attaqués de front,
nous
faisons face, notre résistance est alertée. La menace véritable, c’es
533
nous sommes attaqués de front, nous faisons face,
notre
résistance est alertée. La menace véritable, c’est quand nous ne savo
534
nce est alertée. La menace véritable, c’est quand
nous
ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés m
535
ace véritable, c’est quand nous ne savons pas que
nous
sommes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous. Car alors,
536
ous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand
nous
sommes entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté,
537
mmes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré
nous
. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre respons
538
and nous sommes entraînés malgré nous. Car alors,
nous
perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnel
539
es entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons
notre
volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nou
540
lgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté,
notre
identité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls
541
lors, nous perdons notre volonté, notre identité,
notre
responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls à pouvoir faire
542
dentité, notre responsabilité personnelle, ce que
nous
sommes seuls à pouvoir faire au monde. Le diable compte sur la lâchet
543
diable compte sur la lâcheté qui est en chacun de
nous
, et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — qua
544
sur la lâcheté qui est en chacun de nous, et qui
nous
fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — quand Dieu cherc
545
arbres du jardin. » L’action du diable consiste à
nous
priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passio
546
n. » L’action du diable consiste à nous priver de
notre
responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulg
547
ccident . La passion, qui devient une drogue, qui
nous
prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous re
548
assion, qui devient une drogue, qui nous prive de
notre
libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsabl
549
ne drogue, qui nous prive de notre libre arbitre,
nous
aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vou
550
nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle,
nous
enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vous écrit votre
551
re libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et
nous
rend irresponsables. Comment avez-vous écrit votre ouvrage, La Part d
552
barbus et les folles, ou les soldats ont dit : «
Nous
n’avons fait qu’obéir ! » Les uns, à leur maître ou gourou, les autre
553
Donc, point de différence aux yeux de Littré, et
nous
pourrions nous en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il
554
différence aux yeux de Littré, et nous pourrions
nous
en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il n’y avait dans
555
pages la distinction, désormais classique, entre
nos
deux termes. Pour Le Fur, « les deux notions de fédération et de conf
556
aux « Européens trop pressés ». Il aurait fallu,
nous
dit-on, six-cents ans pour mûrir la fédération suisse, et vous, vous
557
e garantir effectivement l’autonomie de chacun de
nos
peuples, autonomie ou « souveraineté » relative que rien ne protège a
558
ne conférence, contre les procédés de M. Pauwels.
Nous
lui avons demandé de témoigner, ici, de sa pensée. Dans ce texteai, L
559
e sont les formes actives de la participation que
nous
aurons à considérer, puisqu’en effet il s’agit ici de participation à
560
fférence à l’origine. Mais dans le vocabulaire de
notre
siècle, il apparaît que civisme est lié surtout à une participation a
561
estin que la nature lui imposait ont abouti, dans
notre
siècle, à une prise de conscience toute nouvelle du mouvement général
562
t bien le résumé de l’évolution humaine — jusqu’à
nous
. Ayant dépassé la nature, l’homme tente de se dépasser lui-même, mais
563
n d’un territoire délimité — dès lors sacré. Mais
nous
voici au seuil de l’ère électronique, dont on peut facilement imagine
564
c’est le succès même de l’effort civilisateur qui
nous
force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formule
565
de l’effort civilisateur qui nous force à choisir
notre
avenir et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’h
566
r qui nous force à choisir notre avenir et par là
nous
met en demeure de formuler une politique de l’humanité, science ou ar
567
pour les autres. Ainsi mis en demeure de choisir
nos
options de base et nos orientations globales, nous aurons à considére
568
mis en demeure de choisir nos options de base et
nos
orientations globales, nous aurons à considérer non plus seulement le
569
nos options de base et nos orientations globales,
nous
aurons à considérer non plus seulement les contraintes existantes et
570
aient, mais aussi et surtout les buts ultimes que
nous
visons. Car toute politique implique une idée de l’homme, et par suit
571
rales, propres ou non à la participation civique.
Nous
voici donc soumis à l’impératif nouveau de la prévision responsable,
572
la question qui se pose alors, c’est de savoir si
nous
sommes préparés à répondre à ce défi sans précédent. Je vais avouer d
573
ion de l’ère des devins à celle des savants ». On
nous
dit aussi (mais je m’assure que ce ne sont pas les auteurs qui ont éc
574
e ». Sur quoi je lis l’ouvrage et je constate que
nos
savants (d’ailleurs honnêtes et scrupuleux) sont en fait des devins,
575
onymes, impersonnels, voire non humains. Or, dans
nos
études du futur (et surtout s’agissant de participation, qui relève d
576
libre action de l’homme au service de ses fins),
nous
devrions idéalement être à la fois objectifs et normatifs — plus obje
577
e action de l’homme au service de ses fins), nous
devrions
idéalement être à la fois objectifs et normatifs — plus objectifs afi
578
particulier d’une dialectique de l’information ?
Nous
verrons tout à l’heure que la prospective (ou futurologie, ou prévisi
579
geois ou marxiste récusant l’analyse jungienne de
notre
culture et des rêves qui nourrissent nos recherches, se prive d’une d
580
nne de notre culture et des rêves qui nourrissent
nos
recherches, se prive d’une des meilleures techniques de prévision de
581
e d’une des meilleures techniques de prévision de
notre
avenir et de ses « surprises ». L’humanité n’invente pas n’importe qu
582
orte quoi, ni rien d’entièrement imprévu ; toutes
nos
grandes ou petites inventions dans tous les ordres sont nées de rêves
583
lonies, etc.) détient sûrement plus de secrets de
notre
avenir à déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’en pourrait chiffrer
584
ecrets de notre avenir à déchiffrer, qu’aucune de
nos
sciences n’en pourrait chiffrer. 4. Ceux qui prévoient l’an 2000 n
585
sure même où c’est « matériellement exact » : car
nous
nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’es
586
même où c’est « matériellement exact » : car nous
nous
y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’est en
587
: car nous nous y voyons en imagination tels que
nous
sommes aujourd’hui et c’est en tant que tels que nous jugeons « insup
588
sommes aujourd’hui et c’est en tant que tels que
nous
jugeons « insupportable » ou « merveilleuse » la situation anticipée
589
icipée : mais ceux qui la vivront — même si c’est
nous
encore, — seront différents : ils la supporteront très bien, ou seron
590
de la nature de cet avenir, au fur et à mesure de
notre
avance vers lui, va modifier l’action des hommes en qui elle s’opérer
591
ir modifié, etc. — et tout cela d’une manière que
nous
ne pourrions prévoir qu’aux conditions suivantes : — si nous pouvions
592
rrions prévoir qu’aux conditions suivantes : — si
nous
pouvions sentir l’avenir aujourd’hui comme nous le sentirons quand il
593
i nous pouvions sentir l’avenir aujourd’hui comme
nous
le sentirons quand il sera présent ; — si l’évolution même de nos man
594
quand il sera présent ; — si l’évolution même de
nos
manières de pressentir l’avenir ne le modifiait pas en cours de route
595
enir ne le modifiait pas en cours de route, ou si
nous
pouvions évaluer ces modifications ; — bref, si nous étions en mesure
596
s pouvions évaluer ces modifications ; — bref, si
nous
étions en mesure de prévoir à la fois l’avenir, nous-mêmes en lui, se
597
l’avenir, nous-mêmes en lui, ses modifications et
nos
modifications en variables conjuguées ; ou encore : les influences ré
598
ociale, civique et politique, quelques invariants
doivent
être reconnus, au titre de contraintes pour l’imagination, mais aussi
599
gigantisme : multiplier toutes les dimensions de
nos
escaliers par dix les rendrait impraticables sans échelles. En revanc
600
ce double emploi permanent de l’homme occidental
doit
être considéré comme une contrainte primordiale pour tous les plans d
601
ésé par un autre invariant humain, l’égoïsme, qui
nous
rend insensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins p
602
e, qui nous rend insensibles aux désagréments que
nous
infligeons à nos voisins par agressions directes dans les villes : br
603
nsensibles aux désagréments que nous infligeons à
nos
voisins par agressions directes dans les villes : bruits, fumées, ode
604
t par suite à la permanence de leurs différences.
Nous
aurons à revenir sur la relation nécessaire entre le pluralisme des i
605
ion quant à la participation civique et politique
doit
en tenir compte dès le départ. III. Les variables La prévision
606
de la voix d’un homme criant sur l’agora. Jusqu’à
nos
jours, en toutes provinces européennes, de Grenade à Riga, d’Édimbour
607
uquel l’époque absolutiste a déjà substitué, dans
nos
capitales, des espaces géométriques socialement stériles, voués aux s
608
presse et les mass médias, mais l’élaboration qui
doit
précisément la rendre « utile » suppose des facultés de synthèse et u
609
faire une caste. Le jeu des alternatives
Nos
termes de base ainsi définis, les invariants et les variables princip
610
iants et les variables principales repérés, il ne
nous
reste qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de p
611
te qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont
nous
venons de poser les règles. Étant bien entendu qu’il ne s’agit encore
612
I. L’Europe divisée Dans le premier terme de
notre
alternative, l’Europe, autour de l’an 2000, est restée — ou est reven
613
risation civique de l’Europe paraît inévitable si
nos
États-nations persistent à refuser toute forme d’union fédérale et de
614
isation civique, persistante ou potentielle, n’en
devra
pas moins rester présente en filigrane dans toute image plus réaliste
615
ans toute image plus réaliste (plus probable) que
nous
tenterons de composer. 2. L’Europe fédérée Si, au contraire — c
616
Si, au contraire — c’est le deuxième terme de
notre
alternative — l’Europe a réussi à s’unir, c’est-à-dire à dépasser le
617
n européenne peut y prétendre. Ce second terme de
notre
alternative linéaire conduit à une nouvelle bifurcation possible : l’
618
nformation adéquate. Un schéma de la coaction de
nos
facteurs en vue d’une participation civique et politique optimale s’a
619
a liberté diminue », tandis que « le gouvernement
doit
être plus fort à mesure que le peuple est plus nombreux » et qu’en re
620
nfin : « si […] le nombre des magistrats suprêmes
doit
être en raison inverse de celui des citoyens, il s’ensuit qu’en génér
621
n État est populeux et étendu, et plus le pouvoir
doit
être concentré. (À la limite, il faudra donc un dictateur.) De là le
622
dant les compétences et les capacités des régions
devront
être assumés par des agences fédérales, informées par leurs relais ré
623
nent et de leurs interactions et autorégulations,
doit
théoriquement permettre un maximum de participation. Est-ce à dire qu
624
nc devant la liberté elle-même. Un jeu parfait de
notre
modèle n’est pas souhaitable, car il rendrait la participation inévit
625
et discordances (éventuellement) créatrices Si
nous
regardons de plus près les conditions concrètes puis morales de la pa
626
ve ou risques personnels) comme fin de la cité —,
nous
découvrons en chacune d’elles des motifs intrinsèques de conflits ren
627
tes positives. Toute participation civique exige,
nous
l’avons vu, des conditions précises, dont nulle n’est suffisante, mai
628
é d’inadaptation. Reprenons ces sept points, dont
nous
avons indiqué les coordonnées dans le monde grec de la polis, en essa
629
dans le monde de l’an 2000 et les difficultés qui
doivent
résulter des changements prévisibles d’échelle, de stade d’évolution
630
ientèles de l’information est devenu tel que l’on
doit
parler de deux classes divisant la société européenne tout entière :
631
e : au lieu des libres et des serfs du Moyen Âge,
nous
avons les initiés librement critiques et créateurs d’une part, et d’a
632
nge. La cité, dont Aristote pensait que l’étendue
devait
être mesurée par la portée de la voix d’un homme criant sur l’agora,
633
gions et des associations sans base territoriale.
Nous
avons vu plus haut que les régions économiques, écologiques, sociocul
634
gagement civique Participer suppose agir. Or «
nous
sommes en train de devenir une race de spectateurs et non plus d’homm
635
gir sur la cité (même sans être là, physiquement,
nous
venons de le voir) et d’agir en connaissance de cause : information i
636
ils n’ont qu’assisté en faisant un peu de bruit.
Nous
retrouvons ici l’idée des deux classes — les actifs et les passifs —
637
deux classes — les actifs et les passifs — à quoi
nous
conduisaient nos précédentes analyses. La démocratie semble avoir tou
638
actifs et les passifs — à quoi nous conduisaient
nos
précédentes analyses. La démocratie semble avoir toutes les chances d
639
un des paradoxes de l’ère actuelle tient à ce que
nos
possibilités de déplacement s’accroissent en même temps que les néces
640
ment présent par d’autres moyens. L’obligation de
nous
déplacer dépend principalement de la courte portée de nos sens (touch
641
acer dépend principalement de la courte portée de
nos
sens (toucher, ouïe, vue). Mais si cette portée se trouve allongée ma
642
liers de kilomètres, comme c’est le cas déjà pour
notre
voix et notre vue, — quelle différence ? Serons-nous moins « présents
643
ètres, comme c’est le cas déjà pour notre voix et
notre
vue, — quelle différence ? Serons-nous moins « présents » à 5000 kilo
644
e voix et notre vue, — quelle différence ? Serons-
nous
moins « présents » à 5000 kilomètres en vidéophone que dans l’échange
645
bles et chiffrables de l’homme. Un x ou un y dont
nous
n’avons encore aucune idée et qui intervient — peut-être — dans les r
646
atiques de la participation, elles semblent aussi
devoir
poser de nouveaux problèmes. Entre les domaines d’activité qui contin
647
ttaches au sol » et des « liens charnels » ; mais
nous
ne savons pas encore quoi. Notons ici que l’expression « contact phys
648
ns de l’an 2000 (si ce sont les seconds termes de
notre
série d’alternatives qui se réalisent d’ici là), les occasions de par
649
oin fondamental de l’homme : solitude-société, et
doit
donc être surveillée, équilibrée, normalisée avec un maximum de préca
650
ncernant ce « domaine réservé » de chaque citoyen
doivent
être discutées et faire l’objet de choix mûris en connaissance de cau
651
amènent à celle-ci, et qu’en fin de compte ce que
nous
appelons aujourd’hui l’écologie, art et science des équilibres vivant
652
pas la vapeur d’ici à dix ans : c’est tout ce que
nous
accordent certains écologistes américains. Si c’est au bénéfice d’une
653
litiques écologiques régionales et continentales,
nos
grappes d’hypothèses (ou écosystèmes) de participation gardent tout l
654
e, d’ici l’an 2000, bien d’autres surgiront, dont
nous
n’avons aucune idée. Kierkegaard et Nietzsche ont créé, au xixe sièc
655
maine de refus des nécessités, de défi au destin,
doit
être à tout prix préservée. Elle est le signe d’une ouverture de l’ho
656
absolument le tolérer car c’est lui qui empêchera
nos
systèmes, quels qu’ils soient, de devenir totalitaires, c’est-à-dire
657
etzsche. Il vivra dans la frange effervescente de
notre
société occidentale, avec les objecteurs sociaux et politiques. Il au
658
es sociaux, biologiques et physiques qu’annoncent
nos
prospectives unanimes en sauvant du même coup la nature ? N’y a-t-il
659
Une nouvelle manière d’assumer ses droits et ses
devoirs
civiques et culturels, et de passer du rôle d’expert non concerné, vo
660
dement (qui est en fin de compte la rentabilité),
nous
pouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de techniq
661
en fin de compte la rentabilité), nous pouvons et
nous
devons opposer aujourd’hui un type d’homme de technique et de science
662
n de compte la rentabilité), nous pouvons et nous
devons
opposer aujourd’hui un type d’homme de technique et de science réinté
663
e pour la science autant que pour la société. Car
notre
science est née de la culture, et doit sans cesse s’y replonger pour
664
iété. Car notre science est née de la culture, et
doit
sans cesse s’y replonger pour mieux créer. Notre technique est née de
665
t doit sans cesse s’y replonger pour mieux créer.
Notre
technique est née des « folles » spéculations de moines, de mages, de
666
orsque Apollonius de Pergé, au iiie siècle avant
notre
ère, découvrit la section conique, c’était objet de pure spéculation,
667
née d’un beau hasard spéculatif ou mécanique. Si
nous
voulons relever le grand défi du xxe siècle finissant, il faut que d
668
uvert d’idéaux allégués. La technologie de demain
devra
combiner sa rigueur avec les exigences de l’art d’être homme et celle
669
la nature et de la culture qui dominera la fin de
notre
siècle. w. Rougemont Denis de, « L’ingénieur dans la cité », Broch
670
lle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à
notre
rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant
671
is une ombre innombrable vient à notre rencontre,
nous
entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transp
672
ombrable vient à notre rencontre, nous entoure et
nous
engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autre
673
et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On
nous
transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
674
éant. On nous transpose dans d’autres dimensions.
Nous
volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où
675
à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons-
nous
descendre, et sur quel continent, de l’autre côté des nuages ? Un pay
676
nudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant
nous
s’étend l’Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie.
677
orêts de la Lotharingie. Regardons de plus près :
nous
descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des
678
-cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon
notre
Constitution) et quoi de commun ? Essayons de le voir des airs, tandi
679
commun ? Essayons de le voir des airs, tandis que
nous
descendons vers mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du ve
680
ors translucides. Mais tout ce qui est proche sur
nos
rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf pendant la nuit, l
681
tré, revêtu d’innocence. Ensuite, un air paysan :
nos
bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne
682
ence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même
nos
villes ont l’air « à la campagne », et la campagne les pénètre. Cette
683
ion paysanne représente moins de six pour cent de
nos
six millions d’habitants. Étrange anachronisme de la photographie : v
684
jadis se fût abrité un couvent. Seuls les arbres
nous
cachent encore la ville unique, sa présence partout imminente. Ce qui
685
ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous
nos
pays européens le rôle de l’agora des anciens Grecs et du forum de la
686
es autos figurent l’emblème du paradoxe majeur de
notre
civilisation. Grâce à elles, l’homme des villes a retrouvé le contact
687
re et patine à la fois. Pour garder le Lavaux que
nous
aimons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver
688
ous ne le sauverez pas sans héroïsme. Si Lavaux
doit
faire son salut, ce sera par la grâce de quelques fous associant leur
689
e sont nullement ceux qui pensent court et bas et
nous
jettent dans la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui fon
690
Le sort de l’an 2000 se joue dans
nos
écoles (mars 1972)an Les trois urgences Lorsque se réunit le
691
deux guerres mondiales déclenchées par le choc de
nos
nationalismes étatisés. À cette urgence définie en termes de contre-p
692
tions » expliquent la montée soudaine, à laquelle
nous
assistons, d’une urgence tout à fait différente, définie cette fois-c
693
nière largement irréversible, par les mesures que
nous
prendrons dès aujourd’hui et dans les dix ou quinze années qui vienne
694
nt Il est clair, en effet, que les maisons que
nous
bâtissons, les plans d’urbanisme que nous décidons ou négligeons de d
695
ons que nous bâtissons, les plans d’urbanisme que
nous
décidons ou négligeons de décider, les centaines de milliers d’hectar
696
décider, les centaines de milliers d’hectares que
nous
bétonnons dans le monde entier (supermarchés, parkings, autoroutes, a
697
béton, il faudrait des millions d’années. Ce que
nous
faisons aujourd’hui engage ou compromet irrévocablement — mais aussi
698
hui de dix à vingt ans, et qui sont les élèves de
nos
écoles, soit par une commission américaine (selon la prévision de Val
699
L’École devenue obligatoire dans la plupart de
nos
pays, vers les années 1880, prépare des nationalistes. Elle présente
700
de société humaine. Et du même coup, elle tend à
nous
faire croire que cet État-nation a toujours existé, telles une Idée p
701
nt, une véritable mutation de l’enseignement. Car
nos
États sont gouvernés aujourd’hui par les manuels qui ont formé nos ch
702
uvernés aujourd’hui par les manuels qui ont formé
nos
chefs d’État. L’un d’entre eux répétait dans ses discours — répercuté
703
L’an 2000 se joue aujourd’hui dans les leçons de
nos
écoles secondaires. Si l’École a fait le mal nationaliste en alignant
704
se alignait les curiosités — c’est de l’École que
doit
venir le remède. Partant de cette grande évidence, nous nous posions
705
enir le remède. Partant de cette grande évidence,
nous
nous posions dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos école
706
le remède. Partant de cette grande évidence, nous
nous
posions dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos écoles à l
707
ns dès 1958 la question suivante : comment ouvrir
nos
écoles à l’Europe, en sorte qu’elles préparent désormais non plus de
708
s mais concrètes à leur commune, à leur région, à
notre
Europe, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961,
709
ité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961,
nous
arrêtions les grandes lignes d’un programme aussi simple qu’ambitieux
710
e en formant aujourd’hui les Européens de demain.
Nous
expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence par l’organisatio
711
i les Européens de demain. Nous expliquions ainsi
nos
objectifs : L’Europe commence par l’organisation : Conseil de l’Europ
712
les citoyens qui la vivront, conscients de leurs
devoirs
envers ce grand ensemble générateur de libertés que constitue leur ci
713
lle a fait des citoyens pour la nation seulement.
Nous
avons payé cela par les deux guerres mondiales. Pourquoi ne ferait-el
714
n civique européenne. Et quant à la méthode, elle
devait
consister à équiper et à former au cours de stages quelques milliers
715
une proportion très importante des élèves de tous
nos
pays. Premiers résultats Comment mesurer et certifier les résul
716
dire dans quelle mesure exacte les enseignants de
nos
pays ont été réellement touchés par la Campagne, c’est-à-dire ont ori
717
D’autre part, on peut citer quelques résultats de
nos
stages, destinés à faire entrer l’éducation européenne dans les progr
718
fforts d’autant plus grande, voire excessive pour
notre
petit staff, que les appuis financiers nous ont été plus chichement m
719
pour notre petit staff, que les appuis financiers
nous
ont été plus chichement mesurés, comme on sait qu’il est de règle dan
720
nt mesurés, comme on sait qu’il est de règle dans
notre
société « européenne » par antiphrase — en réalité nationale-matérial
721
tiré le maximum de conséquences constructives de
nos
stages et de notre documentation, et l’avaient répercuté sur leurs co
722
de conséquences constructives de nos stages et de
notre
documentation, et l’avaient répercuté sur leurs collègues et leurs él
723
s moyens matériels (et par suite personnels) dont
nous
disposons actuellement si l’on veut centupler l’impact nécessaire sur
724
e, professionnelle et personnelle. Ce ne sont pas
nos
États qui feront l’Europe, n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu
725
cologique, ou de l’utilité des catastrophes On
nous
dit que les esprits ne sont pas mûrs pour l’union des Européens. Quan
726
t disons le mot, la révolutionner ? Le salut peut
nous
venir du danger qui menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui
727
t nous venir du danger qui menace à bout portant,
nous
le savons aujourd’hui, la vie globale de l’humanité. Les catastrophes
728
iologiques et dynamiques, va désormais déterminer
nos
choix, et toutes nos options politiques, au sens de stratégie de l’hu
729
ues, va désormais déterminer nos choix, et toutes
nos
options politiques, au sens de stratégie de l’humanité. Qu’il me suff
730
phrase-image pour résumer toute la révolution que
nous
appelons, qui n’est ni de gauche ni de droite, qui n’oppose au profit
731
ont Denis de, « Le sort de l’an 2000 se joue dans
nos
écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, p. 1-4.
732
est-à-dire les revues du mouvement personnaliste.
Nous
parlions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine,
733
ement personnaliste. Nous parlions déjà d’Europe.
Nous
avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d’entre
734
ions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute
notre
doctrine, commune à la plupart d’entre nous. Avec différentes nuances
735
oute notre doctrine, commune à la plupart d’entre
nous
. Avec différentes nuances, naturellement, les uns étant catholiques,
736
étant catholiques, les autres nietzschéens. Mais,
nous
arrivions à nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit
737
, les autres nietzschéens. Mais, nous arrivions à
nous
entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit , il y avait Emm
738
le était votre définition de la personne ? Ce que
nous
appelions personne, c’est l’homme à la fois libre et responsable. Ce
739
u isolé. Ce n’était pas le soldat politique qu’on
nous
montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomisation
740
e qu’on nous montrait dans les pays totalitaires.
Nous
étions contre l’atomisation de la société capitaliste ; nous étions c
741
contre l’atomisation de la société capitaliste ;
nous
étions contre la collectivisation de la société, fasciste ou stalinie
742
ivisation de la société, fasciste ou stalinienne.
Nous
étions pour une troisième voie, qui était celle de la personne, des p
743
es personnes se manifestant dans des communautés.
Nous
opposions au dilemme individu isolé et irresponsable/collectivité où
744
entre l’individu et la personne. Sur cette base,
nous
faisions une traduction immédiate sur le plan politique de ce personn
745
parler de fédéralisme et de régions ? Absolument.
Nous
parlions de régions dans un sens opposé à celui des régionalistes réa
746
stes réactionnaires ou nationalistes locaux. Pour
nous
, la région était un des degrés de communauté dans lequel la personne
747
s lequel la personne peut s’enraciner mais qui ne
doit
pas être fermé. Qui doit toujours être ouvert vers de plus grandes co
748
s’enraciner mais qui ne doit pas être fermé. Qui
doit
toujours être ouvert vers de plus grandes communautés, jusqu’à former
749
our former une fédération mondiale. Enfin, ce qui
nous
importait, c’était la création de régions, dans lesquelles la personn
750
à la fois libre et responsable, deux qualités que
nous
ne pouvions séparer. Sur cette base de fédéralisme et de personnalism
751
ur cette base de fédéralisme et de personnalisme,
nous
en sommes venus, les uns à faire des études plus spécialement économi
752
n leurs lois, à certains égards antinomiques, qui
doivent
vivre ensemble, qui doivent unir cela dans une création permanente et
753
rds antinomiques, qui doivent vivre ensemble, qui
doivent
unir cela dans une création permanente et quotidienne. Et chacun des
754
le fédéralisme. Et à transposer une fois de plus
notre
doctrine personnaliste en termes politiques, ce qui donnait le fédéra
755
ui avait été mise en musique par Arthur Honegger.
Nous
en avions tiré un oratorio16. La guerre m’a surpris là-bas et j’y sui
756
est à la fois libre et responsable et que l’homme
doit
s’engager. Alors, un jour, je lui ai dit : « J’espère que vous savez
757
e manière fédéraliste, c’est-à-dire en appliquant
notre
doctrine, en partant des communes, des entreprises, des régions. C’es
758
lus grands. Ce qui peut être fait par la commune,
doit
l’être par la commune. Seules les tâches qui sont trop vastes pour êt
759
trop vastes pour être réalisées par une commune,
doivent
l’être par une région. Les tâches trop grandes pour une région doiven
760
e région. Les tâches trop grandes pour une région
doivent
être assumées par une fédération. En fait, vous vouliez exporter le s
761
ette réunion de Montreux un projet de congrès qui
devait
se tenir avec d’autres groupements qui n’étaient pas fédéralistes mai
762
édéralistes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et
nous
nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchi
763
listes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et nous
nous
sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchill. C
764
es « forces vives de toutes les nations ». Et là,
nous
avons été frustrés dès la réalisation de notre première ambition. Pui
765
là, nous avons été frustrés dès la réalisation de
notre
première ambition. Puisqu’il s’est avéré que le Conseil de l’Europe n
766
le Conseil de l’Europe n’était pas du tout ce que
nous
voulions, n’était pas du tout la représentation des « forces vives de
767
s du tout la représentation des « forces vives de
nos
nations ». Il était uniquement formé de délégués des parlements et ét
768
dait une très grande importance ? Exactement. Or,
nous
autres, fédéralistes, nous pensions pouvoir faire un bout de chemin a
769
ance ? Exactement. Or, nous autres, fédéralistes,
nous
pensions pouvoir faire un bout de chemin avec des gens comme Churchil
770
énorme popularité pour lancer l’idée de l’Europe.
Nous
avons, si je puis dire, été « refaits ». Parce que loin de faire une
771
t chacun leurs lois, parfois antinomiques, et qui
doivent
vivre ensemble sur un pied d’égalité, avec toutes les différences pos
772
e entre l’homme et la femme. Bref, deux êtres qui
doivent
subsister sans se confondre, sans se séparer, sans être subordonnés l
773
de compte, la force créée par l’union des Suisses
devait
être juste suffisante pour sauvegarder les différences et les autonom
774
enève, Lausanne, Fribourg. Chacune de ces régions
devrait
avoir, à mon sens, son autorité régionale et relever de l’agence fédé
775
urs régions selon les fonctions, car c’est ce que
nous
faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de
776
onctions, car c’est ce que nous faisons tous dans
notre
vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de réalités différentes. L
777
e que nous faisons tous dans notre vie actuelle ;
nous
relevons tous d’un tas de réalités différentes. L’utopie, c’est ce qu
778
e l’Italie. Cet ensemble ne correspond à aucun de
nos
États-nations actuels. D’autre part, je suis protestant. Voilà un aut
779
fférentes. Donc, rien n’est plus simple. Au fond,
nous
vivons dans ce que j’appelle la pluralité des allégeances. L’utopie,
780
e de vouloir dépasser ce stade. Or, l’État-nation
nous
empêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, no
781
État-nation nous empêche de faire l’Europe. Et il
nous
faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que no
782
l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon,
nous
serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par l’économie amé
783
pe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que
nous
ne le sommes par l’économie américaine et nous risquons d’être coloni
784
ue nous ne le sommes par l’économie américaine et
nous
risquons d’être colonisés par la politique russe. Vous comparez la ré
785
, au ve siècle, les deux natures de Jésus-Christ
doivent
coexister sans confusion, sans séparation, sans subordination. Ce son
786
autonomies locales. Voilà au nom de quelle pensée
nous
arriverons à faire l’Europe. Le sentiment religieux joue un très gran
787
ns un pays protestant. C’est assez frappant. Cela
doit
tenir à quelque chose, justement à ce sens de la personne définie par
788
où il est, qui est un endroit unique au monde et
doit
créer son chemin vers Dieu, vers l’unité. Ce chemin, chacun doit l’in
789
chemin vers Dieu, vers l’unité. Ce chemin, chacun
doit
l’inventer tous les jours. D’autre part, je suis distingué de la trib
790
ion publique, on sait qu’il n’en est rien. Et que
nous
touchons partout des limites. Les ressources naturelles ne sont pas i
791
s ans, et dont tout le monde parle, heureusement,
nous
oblige à avoir une politique. C’est-à-dire avoir des finalités pour l
792
e. Il y a aujourd’hui un sérieux coup d’arrêt qui
nous
oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette for
793
un sérieux coup d’arrêt qui nous oblige à choisir
nos
finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette formule paradoxale : con
794
mule paradoxale : contraints de choisir librement
nos
finalités. Et pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité, n
795
la première fois, dans l’histoire de l’humanité,
nous
en avons les moyens. Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. E
796
ire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais
nous
avons aussi les moyens de tout tuer. Et nous sommes d’ailleurs en tra
797
Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. Et
nous
sommes d’ailleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes à cette
798
ous sommes d’ailleurs en train de le faire. Donc,
nous
en sommes à cette charnière. Voulons-nous la puissance collective, la
799
. Donc, nous en sommes à cette charnière. Voulons-
nous
la puissance collective, la puissance des États ou voulons-nous la li
800
nce collective, la puissance des États ou voulons-
nous
la liberté des personnes ? Suivant le choix que chacun doit faire lib
801
berté des personnes ? Suivant le choix que chacun
doit
faire librement, tout le reste change. Si nous choisissons la liberté
802
un doit faire librement, tout le reste change. Si
nous
choisissons la liberté, l’épanouissement des personnes, alors nous ch
803
la liberté, l’épanouissement des personnes, alors
nous
choisissons un certain état d’équilibre. Par ailleurs, nous sommes fo
804
issons un certain état d’équilibre. Par ailleurs,
nous
sommes forcés de renoncer à la forme État-nation et aux soi-disant éc
805
? C’est une idiotie ! C’est indéfendable. Et tous
nos
ministres travaillent sur cette idiotie. Vous ne semblez guère appréc
806
lle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à
notre
rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant
807
is une ombre innombrable vient à notre rencontre,
nous
entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transp
808
ombrable vient à notre rencontre, nous entoure et
nous
engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autre
809
et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On
nous
transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
810
éant. On nous transpose dans d’autres dimensions.
Nous
volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où
811
à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons-
nous
descendre, et sur quel continent, de l’autre côté des nuages ? Un pay
812
nudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant
nous
s’étend l’Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie.
813
orêts de la Lotharingie. Regardons de plus près :
nous
descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des
814
-cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon
notre
Constitution) et quoi de commun ? Essayons de le voir des airs, tandi
815
commun ? Essayons de le voir des airs, tandis que
nous
descendons vers mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du ve
816
ors translucides. Mais tout ce qui est proche sur
nos
rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf pendant la nuit, l
817
tré, revêtu d’innocence. Ensuite, un air paysan :
nos
bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne
818
ence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même
nos
villes ont l’air « à la campagne », et la campagne les pénètre. Cette
819
ion paysanne représente moins de six pour cent de
nos
six millions d’habitants. Étrange anachronisme de la photographie : s
820
jadis se fût abrité un couvent. Seuls les arbres
nous
cachent encore la ville unique, sa présence partout imminente. Ce qui
821
ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous
nos
pays européens le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et du « forum
822
ur propriété, elle ne dépend pas d’eux et ne leur
doit
rien (même si elle leur donne tout). Enfin la culture n’est pas néces
823
les plus récentes sur le cerveau. À la naissance,
notre
cerveau est programmé par le code génétique des chromosomes. Mais au
824
oute possible par la date même de la formation de
nos
nations : seules la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne peuvent s
825
urs, est dix fois, ou cent fois plus ancienne que
nos
divisions nationales. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit l’Europe
826
es naturelles » (le Rhin sépare, le Rhône unit…).
Nos
« précieuses diversités » ne sont pas du tout nationales. Elles divis
827
pas du tout nationales. Elles divisent et animent
nos
nations sans le moindre rapport, sauf par hasard, avec le tracé des f
828
s continentales, est la culture européenne. Voilà
notre
unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionn
829
culture européenne. Voilà notre unité de base. Et
nos
diversités sont celles de nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde
830
e unité de base. Et nos diversités sont celles de
nos
écoles traditionnelles ou d’avant-garde, de nos doctrines et idéologi
831
e nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde, de
nos
doctrines et idéologies de droite et de gauche, de nos confessions re
832
octrines et idéologies de droite et de gauche, de
nos
confessions religieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos
833
, de nos confessions religieuses ou athéistes, de
nos
couleurs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes.
834
gieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de
nos
générations, et finalement de nos personnes. Tout le reste est rhétor
835
urs locales, de nos générations, et finalement de
nos
personnes. Tout le reste est rhétorique ministérielle, clichés journa
836
c’est fonder l’équilibre vivant et l’harmonie de
nos
vies publiques et privées sur la permanente critique — étymologiqueme
837
: mise en crise — des réalités antinomiques dont
nous
vivons selon le mode européen : l’Un et le Divers, le Transcendant et
838
l’initiation (alpha et oméga des cultures jusqu’à
nous
) et seule elle a couru le risque de promouvoir l’originalité de la pe
839
avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de
nos
passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
840
raduire cette belle définition dans les termes de
notre
sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
841
égende primitive et ses expressions dérivées dans
nos
littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
842
xpressions dérivées dans nos littératures et dans
nos
vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
843
us, elles donnent de la justesse dans le style de
nos
émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
844
l’âme. Tout auteur qui se permet ces grands mots
doit
au public une justification de l’usage personnel qu’il a fait. Un myt
845
’une manière imagée, symbolique, une structure de
notre
existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, qui a bien
846
une structure de notre existence. Mais non pas de
notre
existence intellectuelle, qui a bien d’autres manières de s’exprimer,
847
mme la logique et la mathématique ; et non pas de
notre
existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
848
use et tragique à la fois. C’est à ce mythe qu’il
doit
, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvo
849
mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans
nos
sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Cela posé, co
850
re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant
nos
yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
851
ient, et survolant les irritantes vicissitudes de
notre
incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
852
la passion s’en fait. Cette image, étant idéale,
doit
rester à jamais fuyante, inaccessible. Mais la réalité est lourdement
853
», s’écrie un troubadour tardif, contemporain de
nos
légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
854
u mythe, il est perdant. ⁂ À ce premier aspect de
notre
légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
855
. Retracer leur évolution du xiie siècle jusqu’à
nos
jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
856
aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans
nos
mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
857
ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que
nous
serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
858
entre le corps et l’intellect seuls cultivés par
notre
civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
859
t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que
nous
en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
860
es propres fondements. La passion se fait rare de
nos
jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
861
on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire
nos
romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
862
ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita
nous
est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
863
er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront
nos
romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
864
s du spirituel. Selon les sociologues, la passion
doit
mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’il est vrai que la
865
la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que
notre
culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
866
stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à
nos
sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
867
t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que
notre
condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
868
arrage que notre condition d’êtres finis oppose à
notre
amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
869
la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes
nos
sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
870
vage magique, les amants légendaires sont entrés,
nous
disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
871
zon du nouveau jour qui révélera le sens caché de
nos
« apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
872
retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien
notre
mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
873
l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de
notre
mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
874
de la nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à
notre
amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
875
lle technique et nulle science de l’homme ne peut
nous
être ici d’aucun secours. Il faut aimer pour le comprendre, et rappor
876
er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut
nous
y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
877
er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter
notre
vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
878
image ordonnatrice de la passion. En restituant à
notre
temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
879
ans sa grandeur première et drue, les philologues
nous
ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
880
apporter un peu plus de justesse dans le style de
nos
émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
881
ul, Mary de Thomas ; Bédier « français » comme on
devait
l’être aux alentours de 190919 ; Mary résolument « anglo-normand » co
882
nglo-normand » comme son modèle principal. Ce qui
nous
vaut une langue riche et fort habilement ravalée sans pédanterie, et
883
e) = sorcery départie (départ) = departure Il
doit
être évident que ces restitutions sont dans la tradition de tous les
884
ons sont dans la tradition de tous les textes que
nous
tenons pour les « originaux » de la légende, et qui, en fait, n’étaie
885
polémiques, de modèles plus anciens, perdus pour
nous
. Bédier et Mary, comme Wagner, sont des auteurs de Tristan, à peu prè
886
(Amors par force vos demeiné) — un seul vers qui
nous
jette au cœur du Mythe et qui demeure, à tout jamais, la plus poignan
887
’unité », disait Claudel), et par suite de ruiner
nos
possibilités de communication, de langage commun, de commune mesure,
888
langage commun, de commune mesure, fondements de
notre
société. Nos universités devenaient autant de tours de Babel : leurs
889
, de commune mesure, fondements de notre société.
Nos
universités devenaient autant de tours de Babel : leurs finalités s’é
890
rgons spécialisés. Le simple besoin de comprendre
notre
monde, nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire
891
isés. Le simple besoin de comprendre notre monde,
nos
actions et les produits de la pensée, devait nous conduire à l’idée d
892
monde, nos actions et les produits de la pensée,
devait
nous conduire à l’idée d’interdisciplinarité. Qui veut dire quoi ? Be
893
nos actions et les produits de la pensée, devait
nous
conduire à l’idée d’interdisciplinarité. Qui veut dire quoi ? Beaucou
894
is à décrire ne pouvait être saisie par aucune de
nos
disciplines universitaires (études romanes, arabes et celtiques, psyc
895
De même, s’agissant des régions, sujet actuel de
nos
groupes de recherches. La notion de régions fonctionnelles à base ter
896
jets qui la pratiquent, enseignants et étudiants.
Nous
partons chacun de sa ou de ses disciplines, vers un même but. Nous so
897
un de sa ou de ses disciplines, vers un même but.
Nous
sommes en convergence, pas encore en symbiose, mais elle est potentie
898
ielle. Quelles sont vos chances de l’actualiser ?
Notre
taille, Dieu merci minuscule ! Elle seule permet la coexistence quoti
899
tié du xxe siècle : à la croissance si rapide de
nos
sociétés nationales, à leur excessive distension, répondent, quasi mé
900
bilisations. Or cet État-nation, sacro-saint pour
nos
pères et les manuels de notre enfance, se voit mis en accusation par
901
ion, sacro-saint pour nos pères et les manuels de
notre
enfance, se voit mis en accusation par les mouvements de la Résistanc
902
on par les mouvements de la Résistance, dans tous
nos
pays, qui proclament, vers la fin de la dernière guerre, la nécessité
903
culte de l’État-nation non seulement la cause de
nos
guerres, mais l’obstacle majeur à l’union du continent, qui est le se
904
est le seul moyen d’échapper à la colonisation de
nos
pays par l’appareil soviétique ou par l’économie et les mœurs américa
905
uer un rôle réel à l’échelle planétaire. Aucun de
nos
vingt-huit États européens ne peut plus assurer seul sa défense milit
906
nique ni économique. Sur toutes les frontières de
nos
États, les exemples abondent : Basques et Catalans réunis par les Pyr
907
, entre lesquels des liens spéciaux pourraient et
devraient
s’instituer. Or cette région se trouve correspondre à l’aire du franc
908
a langue d’oc et la langue d’oïl, ancêtre de tous
nos
patois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient
909
atois, oubliés certes mais sans doute actifs dans
notre
inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de Genèv
910
implement de résoudre les principaux problèmes de
notre
vie moderne selon leur mérite, c’est-à-dire leur nature et leur conte
911
ns Quant aux perspectives du régionalisme dans
notre
avenir prochain, j’imagine quelques solutions qu’il va s’agir de réal
912
monie économique à l’Ouest ? La réponse dépend de
nous
, non des astres. S’il est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que nou
913
S’il est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que
nous
n’avons pas à prévoir notre histoire, mais à la faire. aw. Rougem
914
ai toujours pensé, que nous n’avons pas à prévoir
notre
histoire, mais à la faire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève à
915
bre des grands écrivains et essayistes suisses de
notre
temps. Ses écrits portent principalement sur les problèmes européens
916
interdire la vie communautaire — c’est le cas de
nos
villes — ou au contraire la favoriser, l’aménager. Encore faudrait-il
917
e disait un jour au Central, à Lausanne : « Entre
nous
, nous sommes fédéralistes, je veux bien dire séparatistes » (parlant
918
it un jour au Central, à Lausanne : « Entre nous,
nous
sommes fédéralistes, je veux bien dire séparatistes » (parlant de Ber
919
et de l’expression « propriété socialisée ». Pour
nous
y préparer, lisons Proudhon, que l’on trouve aujourd’hui en livre de
920
e culture (juillet-août 1973)bb D’autant plus
nous
connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
921
nnaissons les choses particulières, d’autant plus
nous
connaissons Dieu. Spinoza : Éthique Finalité de l’Europe unie : l
922
ars de ce qui me paraît une évidence majeure : il
nous
faut « faire l’Europe » afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller
923
Est européen —, d’autre part à la colonisation de
notre
économie et de nos coutumes sociales par certains groupes industriels
924
re part à la colonisation de notre économie et de
nos
coutumes sociales par certains groupes industriels des États-Unis. De
925
la culture — l’École, la presse, les livres — qui
nous
fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres
926
l’Irlande 50, l’Islande 28, et Malte 11. L’École
nous
a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à
927
et Malte 11. L’École nous a raconté que chacun de
nos
États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à
928
aphique, défini par des frontières naturelles. Et
nous
l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa
929
des frontières naturelles. Et nous l’avons cru !
Nous
croyons donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses f
930
ous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de
nos
États-nations a sa langue et que ses frontières coïncident avec elle.
931
angue et que ses frontières coïncident avec elle.
Nous
croyons que les Européens sont trop différents les uns des autres pou
932
ant la formation, récente on vient de le voir, de
nos
États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans un
933
catalane, nation castillane, c’était un peu comme
nos
pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à
934
d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que
nos
stato-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang
935
Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique, elle
devrait
s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses territoire
936
es actuels. Prenons la langue allemande : si elle
devait
coïncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la République fé
937
y a l’affaire des frontières naturelles, chères à
nos
maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres
938
service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on
nous
a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mais que
939
othard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de
nos
États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
940
comme les conflits armés dont elles figurent sur
nos
atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait le professeur françai
941
stoire ». Unité de la culture européenne En
nous
présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l
942
ales » bien distinctes et rivales, les manuels de
notre
enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,
943
Europe a failli périr, mais encore ils faussaient
notre
vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. La vérité
944
sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’on
nous
cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est foncièrement un
945
qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous
nos
peuples est foncièrement une, et que cette unité de base permet seule
946
« les prophètes d’Israël » qui ont « déposé dans
notre
esprit cette soif révolutionnaire de la justice qui distingue sociale
947
distingue socialement l’Occident ». La vérité que
nous
cachent les façades des États-nations, c’est que l’Europe est d’abord
948
ard, à un moindre degré, arabes puis slaves — qui
nous
ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
949
us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué
notre
vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés
950
bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que
nous
le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grand
951
vision du réel, que nous le sachions ou non, que
nous
soyons cultivés ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architectu
952
t qui a marqué les élites intellectuelles de tous
nos
pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. L’évolution de l
953
es de tous nos pays, puis, à travers elles, formé
nos
sensibilités. L’évolution de la musique, de la mystique, de la peintu
954
peu de choses près les mêmes voies au travers de
notre
continent : de l’Italie à la Flandre et retour, par la Rhénanie et la
955
e glorieuse indifférence deux bonnes douzaines de
nos
frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
956
ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de
notre
culture commune. Mais qu’en est-il de ses diversités tant vantées, et
957
que ces « précieuses diversités » sont celles de
nos
nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier.
958
s deux observations faciles à vérifier. Chacun de
nos
pays a un nord et un midi, dans chacun l’on trouvera des croyants et
959
propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas
nos
appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la plu
960
. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui
nous
diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée et des
961
de vie qu’on retrouve à divers degrés dans toutes
nos
nations. Supprimons les frontières nationales, nous n’appauvrirons en
962
os nations. Supprimons les frontières nationales,
nous
n’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et nous ne risquerons
963
’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et
nous
ne risquerons pas un instant de créer ce fameux volapük que dénonçait
964
annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de
notre
culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra
965
continentale à partir des régions L’Europe que
nous
devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne ser
966
inentale à partir des régions L’Europe que nous
devons
vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne sera jamai
967
e que nous devons vouloir et qui est la seule que
nous
puissions espérer, ne sera jamais un laborieux et problématique échaf
968
s toutes les réalités hétéroclites sur lesquelles
nos
États essaient encore de régner. Définies par les réalités et non plu
969
nt un fou venait me dire : toutes tes allégeances
doivent
désormais relever d’un seul pouvoir central qui les limitera à un seu
970
u serait Napoléon, Hitler, ou n’importe lequel de
nos
États-nations s’il pouvait aller jusqu’au bout de ses ambitions monop
971
deux-mille ans le sel de la Terre, l’Europe leur
doit
le meilleur de son héritage, et leur devra peut-être d’apporter au mo
972
pe leur doit le meilleur de son héritage, et leur
devra
peut-être d’apporter au monde la guérison des maux qu’elle y a causés
973
tion. Vous savez, quand la passion est devenue un
devoir
… j’ai compris que j’étais écrivain. J’avais lu un Paradis à l’ombre
974
e suis membre du conseil dans la même université.
Nous
nous retrouvons chacun de l’autre côté de la barrière. Plus de juges,
975
s membre du conseil dans la même université. Nous
nous
retrouvons chacun de l’autre côté de la barrière. Plus de juges, plus
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1973)be C’est au Technocrate inconnu que l’on
doit
l’expression, de « taille européenne ». Beaucoup l’emploient, l’air e
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ais nul ne sait ce qu’elle signifie. Les régions,
nous
dit-on, doivent être de « taille européenne ». Quelle est cette taill
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it ce qu’elle signifie. Les régions, nous dit-on,
doivent
être de « taille européenne ». Quelle est cette taille ? Qui en décid
979
is, finissons-en avec ces questions de taille. Il
nous
faut des régions de toutes grandeurs, selon les dimensions de leurs p
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A-t-on jamais exigé une « taille européenne » de
nos
États-nations ? Du Luxembourg et de la France, lequel des deux États
981
ela n’est pas contradictoire avec la tendance qui
nous
porte à la fédération du continent. Car seules les petites unités acc
982
t n’ont plus foi dans les mythes nationaux — tout
nous
pousse aujourd’hui à chercher des formes de communauté nouvelles ou r
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uve que le sens commun joue dans le même sens que
notre
angoisse sociale pour recommander cette formule. Mais il est trop sou
984
ette formule. Mais il est trop souvent inhibé par
nos
routines mentales, héritées de l’École, qui ont substitué les mythes
985
nique ni économique. Sur toutes les frontières de
nos
États, les exemples abondent : Basques et Catalans réunis par les Pyr
986
mtois, oubliés certes mais sans doute actifs dans
notre
inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de Genèv
987
implement de résoudre les principaux problèmes de
notre
vie moderne selon leur « mérite », c’est-à-dire leur nature et leur c
988
, ou de simples bisbilles, ont en fait disparu de
nos
jours : les races sont mêlées, l’évolution historique oubliée (n’en r
989
à réconcilier les grands noms de la culture dans
nos
régions : Jean Calvin et François de Sales, Rousseau et Voltaire, Jos
990
avoyard. ⁂ C’est l’École, à ses trois degrés, qui
nous
a convaincus que nous étions différents au point de ne pouvoir rien f
991
le, à ses trois degrés, qui nous a convaincus que
nous
étions différents au point de ne pouvoir rien faire ensemble. C’est p
992
école de voisinage, — l’un des plus beaux mots de
notre
langue. 24. C’est le même mot : politique vient de polis, cité grec
993
Face à la crise de
notre
continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er
994
Grâce aux Arabes, que je remercie officiellement,
nous
savons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il nous reste à voi
995
ons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il
nous
reste à voir que c’est une crise de civilisation. » Avec son humour t
996
gnants de la grande passion de sa vie : l’Europe.
Nous
avons profité de cette rencontre pour évoquer avec l’écrivain, à la l
997
’est créer de la substance européenne à partir de
nos
vies quotidiennes, pour aboutir à une société organisée à l’échelle c
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La formule de l’État-nation est à bout de course.
Nous
devons viser à la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédér
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rmule de l’État-nation est à bout de course. Nous
devons
viser à la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédération à
1000
supranational et un tissu de réalités régionales
doivent
s’élaborer en même temps, l’un par l’autre. Mon utopie, c’est qu’à la
1001
me garde bien de la découper dans le terrain. On
nous
a trop appris, à l’école, à dessiner des pays comme des entités fermé
1002
dessiner des pays comme des entités fermées. Sur
nos
« croquis », les fleuves s’arrêtaient aux frontières ! La région ne d
1003
leuves s’arrêtaient aux frontières ! La région ne
doit
pas être circonscrite par une frontière qui enferme tout. Elle se déf
1004
dent à une seule et même aire géographique. Citez-
nous
un exemple. À l’Institut universitaire d’études européennes, que je d
1005
niversitaire d’études européennes, que je dirige,
nous
étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous avons distingué dans
1006
nous étudions le cas de la région lémano-alpine.
Nous
avons distingué dans ce cadre à géométrie variable différentes région
1007
res à l’échelle du continent. Quelque chose comme
nos
départements fédéraux, en somme ! Cette réorganisation du continent n
1008
é économique coïncide avec les frontières d’un de
nos
États-nations, frontières qui ont été fixées au hasard des guerres et
1009
s de changement sont de cinq à dix ans, alors que
nos
frontières politiques ont été établies dans la plupart de nos pays au
1010
es politiques ont été établies dans la plupart de
nos
pays au xixe siècle ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge d
1011
ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge de
nos
vingt-six États européens est de quatre-vingts ans ! Quant au rythme
1012
en ou Austerlitz, c’est tout de même très loin de
nos
problèmes actuels réels. Une petite phrase de Simone Weil m’a frappé
1013
es traces encore visibles qu’elle a laissées dans
nos
vies, on arriverait à de meilleurs résultats « européens » sans faire
1014
gemont Denis de, « [Entretien] Face à la crise de
notre
continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions », 2