1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)a Mesdames et Me
2 as. Ceci dit, j’aurai une seule remarque, non pas du tout en contradiction avec ce que vient de vous dire M. Armand, mais
3 ques d’informations. Mais le livre, au sens noble du mot, au sens de la Renaissance, le livre d’humaniste, le livre de phi
4 ce système de mots et de phrases oriente l’esprit du lecteur de la manière la plus précise dans une seule bonne direction
5 ns ce cas, c’est le style qui est le message même du livre, qui fonctionne donc comme orientateur, comme polarisateur de l
6 ement de l’esprit mais aussi de la sensibilité et du sentiment. Quelquefois, c’est l’agencement des arguments dans un ouvr
7 ouvrage romanesque. Mais toujours un livre digne du nom de livre, est un appareil qui fonctionne de cette manière-là, opè
8 uelle. Donc il semble que la fonction essentielle du livre, si on laisse de côté les encyclopédies, les dictionnaires, et
9 ameux de l’Apocalypse où l’auteur entend une voix du ciel qui lui dit : « Va au-devant de cet ange et prends ce petit livr
10 ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et je voulais y insister pour que l’on ne croie pas, puisqu’on
11 , aujourd’hui, si l’on veut sauver la spécificité du livre, doit être dans le sens de ces quelques lignes de Nietzsche que
12 vant tout une chose : se tenir à l’écart, prendre du temps, devenir silencieux, devenir lent. Un art d’orfèvrerie, une maî
13 livre charme et séduit le plus au milieu d’un âge du travail, je veux dire de la précipitation, de la hâte indécente qui s
14 e à votre humeur, à votre curiosité, à votre faim du moment. Alors, je pense que loin de dire que le livre doit être suppl
15 nel, des petits films qui sont comme l’équivalent du microsillon. C’est dans cette toute petite boîte, et chacun peut pass
16 . Ce n’est pas suffisant, mais c’est l’équivalent du livre par rapport à la télévision. Vous pouvez choisir votre cassette
17 ion que je faisais tout à l’heure entre deux sens du mot « information ». S’il s’agit d’informations courantes, que vous p
18 la langue est essentielle. La langue fait partie du message du livre. L’espéranto ne le fera jamais. La langue française,
19 est essentielle. La langue fait partie du message du livre. L’espéranto ne le fera jamais. La langue française, si on est
20 vous apporte une orientation de la sensibilité et du sentiment d’une manière que vous ne pouvez pas dissocier de l’informa
21 hnique actuelle qui va là absolument dans le sens du livre, c’est-à-dire qu’il diminue les temps de travail et augmente le
22 ents ans que le sérieux de la vie, c’est le temps du travail. C’est en train de changer. L’accent est en train de passer s
23 société où, tout doucement, l’aiguille va passer du travail au loisir et ce sera pour le loisir, sérieux de la vie, qu’on
24 ques de livres. Enfin, la revue, ça tourne autour du livre, c’est une antichambre du livre ou c’est le lieu où l’on parle
25 ça tourne autour du livre, c’est une antichambre du livre ou c’est le lieu où l’on parle du livre d’une manière un peu pl
26 tichambre du livre ou c’est le lieu où l’on parle du livre d’une manière un peu plus prolongée. Je ne voudrais pas prendre
27 . Rougemont Denis de, « [Interventions] La place du livre dans l’information de l’homme moderne », Premier festival inter
28 l’homme moderne », Premier festival international du livre de Nice : colloques 1969, Nice, Festival international du livre
29 ce : colloques 1969, Nice, Festival international du livre, 1970, p. 12-14 et 18.
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
30 t sur tous les bancs, de la gauche à la droite et du Marais à la Montagne. Car pour les uns, fédéraliste signifie unificat
31 déclarait il y a quelques années un représentant du Conseil de l’Europe : je compris par la suite que ce haut fonctionnai
32 contraire ! Il est clair que l’erreur est le fait du journaliste, mais ce qui frappe, c’est qu’elle ait pu passer inaperçu
33 ecourt à son Littré, dépositaire depuis un siècle du « vrai » sens des mots français, et il trouve ceci : Fédéralisme. s.m
34 : Fédéralisme. s.m. Néologisme. Système, doctrine du gouvernement fédératif. Définition assurément moins éclairante que le
35 tats. Aux jacobins on agita gravement la question du fédéralisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. Thiers
36 s un super-État européen. Cette deuxième « idée » du fédéralisme, inverse de la première mais non moins fausse, est la plu
37 rages de Pierre Elliott Trudeau, Premier ministre du Canada1, et de Nelson A. Rockefeller, gouverneur de l’État de New Yor
38 . Trudeau illustrent tous le paradoxe fondamental du fédéralisme : s’unir non seulement dans la diversité mais pour que le
39 ’est l’idée même d’un pacte non dénonçable au gré du Prince et des seuls intérêts de son État qui demeure inacceptable aux
40 eurs. Il est frappant de retrouver sous la plume du gouverneur républicain d’un État typiquement capitaliste des phrases
41 capitaliste des phrases que l’on croirait tirées du Principe fédératif de Proudhon sur la souveraineté partagée, sur la d
42 il n’y a pas d’union et pas de vie possibles hors du paradoxe fondamental de l’Un et du divers, hors de la volonté de main
43 possibles hors du paradoxe fondamental de l’Un et du divers, hors de la volonté de maintenir ensemble et de penser ensembl
44 ienne, Paris, Robert Laffont, 1968. 2. L’Avenir du fédéralisme, Paris, Presses d’Europe, 1964. Avec une préface d’Alexan
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
45 avantages commerciaux, par exemple, qui sont ceux du libre-échange, tandis que la CEE n’a jamais caché depuis le début qu’
46 s intérêts réputés sérieux, surtout sur les bords du lac de Zurich, comme vous le savez. Vous me demandez si c’est la meil
47 l’autorité d’un pays dans le monde, ce qui donne du poids à ses interventions dans le domaine de la politique étrangère,
48 nt, parce qu’ils auraient eu contre eux l’opinion du monde entier. Ce n’est donc pas du tout la force, comme on le répète
49 eux l’opinion du monde entier. Ce n’est donc pas du tout la force, comme on le répète toujours, qui dirige le monde, c’es
50 pays qui agit beaucoup sur l’opinion d’une partie du monde : la Russie. La Russie qui n’agit pas du tout par la force de s
51 ie du monde : la Russie. La Russie qui n’agit pas du tout par la force de ses armées mais par la force de sa doctrine, d’u
52 qu’ils l’illustrent fort mal en faisant la guerre du Vietnam. Voilà pourquoi je pense qu’un petit pays comme la Suisse aur
4 1970, Articles divers (1970-1973). « Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)
53 chain à Bonn à l’occasion de la remise officielle du prix [Robert Schuman]. Un prix auquel, d’ailleurs, il s’attendait : J
54 au fait que ce soit à vous, écrivain et directeur du Centre européen de la culture, que sera attribué cette année le prix
55 t rappeler enfin que Robert Schuman fut président du Centre européen de la culture que je dirige. Et, de recevoir un prix
56 rivain neuchâtelois Denis de Rougemont, directeur du Centre européen de la culture, pour l’ensemble de son œuvre consacrée
57 à la réalisation de l’unité européenne. La remise du prix aura lieu le 15 avril prochain à l’Université de Bonn. À cette o
5 1970, Articles divers (1970-1973). Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)
58 Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)g M. Denis de Roug
59 ue vous avez bien voulu publier dans votre numéro du 24 mars, permettez-moi une remarque dont je serais obligé de faire pa
60 re que je l’ai dit (si l’on ne me connaissait pas du tout) mais simplement que je lui suis reconnaissant d’avoir reconnu l
61 lui suis reconnaissant d’avoir reconnu le travail du Centre européen de la culture. Il y a là une nuance, vous en conviend
62 ! g. Rougemont Denis de, « Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont », La Suisse, Genève, 30 mars 1970,
6 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
63 s ; le mariage, affaibli par la relative facilité du divorce, n’offre plus qu’une barrière fragile aux passions ; si on ai
64 ent s’accommode-t-elle de l’immédiat quotidien ou du prochain accessible ? Je ne condamne ni la passion ni le mariage, dit
65 définition. D’après Denis de Rougemont, la crise du mariage (qui ne date pas d’aujourd’hui) procède à la fois d’un culte
66 hait et exaltait à la fois leur passion (présence du roi Marc, mari d’Iseut), quand ils se retrouvent seuls dans la forêt,
7 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
67 nt centralisé en vue de la guerre. C’est le culte du sol sacré de la patrie qui a engendré cet État-nation où coïncident,
68 n certain mode de vie ? Un accroissement indéfini du produit national brut, ou la recréation d’un habitat décent, d’une co
69 evient-il pas à se poser la question fondamentale du sens même de notre vie ? Oui, je crois à la personne humaine et à sa
70 Concrètement, cela revient à appliquer la méthode du fédéralisme. Une Europe divisée en régions aux frontières fonctionnel
8 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
71 ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence féconde des cont
72 mour sans calcul, au droit de la force le service du prochain, au culte du succès le sens du sacrifice. Bien plus, il port
73 roit de la force le service du prochain, au culte du succès le sens du sacrifice. Bien plus, il porte la contradiction au
74 e service du prochain, au culte du succès le sens du sacrifice. Bien plus, il porte la contradiction au cœur de l’Être, et
75 ransporte en Dieu lui-même le paradoxe de l’Un et du divers, tandis que l’incarnation porte à l’extrême la coexistence des
76 neur et de fidélité, la seconde apportant le sens du rêve et le grand thème de la Quête aventureuse d’un Lancelot et d’un
77 ice et saine doctrine, besoin de sécurité et goût du risque, conformité qui maintient les valeurs, originalité qui les con
78 i que la solution se trouve dans les termes mêmes du problème ainsi formulé : car l’unité différenciée se traduit tout nat
9 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
79 ttre ouverte aux Européens , c’est qu’à l’inverse du marxisme, vous attribuez à l’idée, à la culture un rôle déterminant,
80 ptions économiques. C’est exactement le contraire du marxisme. L’homme d’aujourd’hui est aliéné dans le matériel, le quant
81 n. Des enquêtes récentes, réalisées dans les pays du Marché commun et en Angleterre, ont montré que le 65 % des gens est p
82 és centrées. Votre fédéralisme dérive directement du personnalisme. Quels sont, à votre avis, les obstacles à la réalisati
83 e. L’Europe devrait redevenir une sorte de jardin du monde ; c’est la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui nous
10 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
84 les mœurs. Tandis que la colonisation à redouter du côté soviétique est déjà un fait dans les pays de l’est de l’Europe,
85 tants que ceux des Américains. Nous ne sommes pas du tout écrasés par les deux géants que sont l’Union soviétique et les É
86 si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes découvertes des temps modernes ; tout a été
87 rniers ont sur nous une seule supériorité : celle du « management », parce qu’ils disposent d’un grand espace et nous pas.
88 jà le dire en 1949, quand nous avons lancé l’idée du CERN, puisque les Américains avaient presque tout fait dans ce domain
89 on, rien de plus. Nous avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dan
90 oi serions-nous à ce moment privilégiés ? À cause du développement des sciences et des techniques. Jusqu’au milieu du xxe
91 amines, les maladies. Tandis que depuis le milieu du xxe siècle, il y a eu une sorte de mouvement de bascule qui s’est fa
92 onstitue un frein à ce développement, à l’infini, du niveau de vie. Je pense que maintenant se dessine une réaction assez
93 survie dans la rareté. Attention ! Je ne suis pas du tout pour que l’on freine le développement de la société ; je suis au
94 oquez prend ses distances par rapport à la notion du profit en tant que but suprême, privilégie les besoins collectifs par
95 ation individuelle, et là, nous sommes à l’opposé du type de civilisation capitaliste qui se développe en Europe, qu’elle
96 éaliser ? Il y a des tâches qui, par nature, sont du niveau de décision communal ou de l’entreprise ; d’autres sont de dim
97 été — avec Emmanuel Mounier — l’un des fondateurs du mouvement personnaliste, qui naissait en réaction aussi bien contre l
11 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
98 comment appréciez-vous une entreprise comme celle du Marché commun et les efforts d’intégration politique, financière, éco
99 mun, à mes yeux, est une première agence fédérale du type que je voudrais voir se multiplier. C’est, plutôt, le germe d’un
100 s fermer ses frontières aux vents ou la pollution du Rhin. La Suisse est destinée à être au cœur de l’Europe et elle doit
101 lus loin qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici leur sens du fédéralisme : il faut qu’ils comprennent que certaines tâches dépasse
102 l on doit revenir parce que c’est la vraie source du fédéralisme. Et de là il faut dépasser les frontières de la Suisse av
103 rait le triomphe de son Idée, au sens platonicien du terme. Pouvez-vous préciser comment vous concevez les modalités de ce
104 t donner des résultats considérables, à l’échelle du continent. Cette recherche d’un équilibre humain est d’ailleurs beauc
105 utionnaire qu’on ne le pense. Elle suppose la fin du gigantisme des villes, la recréation de petites unités de 25 000 ou 5
106 , avec leur vie civique, c’est une transformation du cadre européen qui peut aller très loin. o. Rougemont Denis de, « 
12 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
107 en partie une coïncidence, en partie à l’occasion du vingtième anniversaire du Centre européen de la culture. Dans ma Let
108 en partie à l’occasion du vingtième anniversaire du Centre européen de la culture. Dans ma Lettre ouverte aux Européens
109 ’économie sur la base des États-nations, produits du xixe siècle napoléonien. Si l’on prend comme base les régions, qui s
110 es. Toutes les activités auxquelles les chapitres du Cheminement des esprits introduisent, qu’il s’agisse de festivals d
111 u’il s’agisse de festivals de musique, de guildes du livre et d’édition, d’éducation ou de civisme, toutes s’établissent à
112 t assez grande pour la tâche considérée. La tâche du CERN, par exemple, est de dimension continentale, celle de l’Universi
113 ie ? Le Cheminement des esprits donne une idée du travail du CEC. Les activités du Centre se sont toujours portées sur
114 heminement des esprits donne une idée du travail du CEC. Les activités du Centre se sont toujours portées sur ce qu’il y
115 donne une idée du travail du CEC. Les activités du Centre se sont toujours portées sur ce qu’il y avait de plus neuf dan
116 vos idées sur la fédération de l’Europe ont fait du chemin dans les esprits ces dernières années ? Oui, elles ont progres
117 uleurs politiques. 65 % de la population des pays du Marché commun est favorable aux États-Unis d’Europe, et 75 % de ces E
118 ions de la Baconnière ont publié, dans le courant du mois d’octobre, deux ouvrages de Denis de Rougemont, un grand Europée
119 rmonie qui naît de leur lutte créatrice. Le titre du second est emprunté à une phrase de Robert Schuman : “L’unité de l’Eu
120 s dans ce livre sont très variés de forme, allant du « discours solennel » devant tous les recteurs de l’Europe à l’interv
13 1970, Articles divers (1970-1973). Message aux régionalistes (16 mars 1973)
121 er pour objectif de saisir « une plus grande part du gâteau » étatique. Elle doit cuire son propre gâteau, et créer ses pr
122 nne » — ce qui ne veut strictement rien dire hors du jargon de la guerre commerciale — mais on attend d’elle, au contraire
14 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
123 negger et de Nicolas de Flue (1971)v La part du hasard Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres, il n’est pas de
124 rd la part des hasards apparents dans la création du Nicolas de Flue qui me valut le bonheur de travailler avec Arthur H
125 es. L’image scolaire que je gardais de cet ermite du xve siècle était bien pâle. Mais ce soir-là, je reprends le livre et
126 e dimension nouvelle, comme si c’était le message du Solitaire qui venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette a
127 e faudrait-il l’adapter à la structure chrétienne du sujet. Je songe alors au style monumental des prophètes et des psalmi
128 a déclamation d’un chœur en marche et au dialogue du drame civique et spirituel. Tout cela crée l’appel au musicien — et c
129 ts avec Claudel. De quinze ans son cadet, inconnu du grand public, je ne lui apporte rien qu’une commande peu munificente.
130 suggérée par celle de la scène, et les ressources du canton qui patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’amateurs e
131 m’appelle au téléphone : « Au 5e vers, 3e reprise du Choral I, il manque une syllabe. — Ah ? Que faire ? — Eh bien ! nous
132 cristallin, comme dans le chœur fugué : « Étoile du matin ». La part du cœur Plus tard, je lui ai demandé le secret
133 le chœur fugué : « Étoile du matin ». La part du cœur Plus tard, je lui ai demandé le secret de cette divination sp
134 pas un instant, nous n’avons eu l’idée de parler du sens profond de la pièce, ni de la religion en général, ni de nos pos
135 qu’il fallait d’abord bien voir les données fixes du problème et mettre au point un code de collaboration, et, cela fait,
136 isance même à nous mettre d’accord sur ces règles du jeu, puis à jouer — la partie de création proprement dite nous prit d
137 té comme il convenait sur l’éducation protestante du jeune Zurichois, né au Havre : à 13 ans, il écrit un oratorio intitul
138 la Symphonie liturgique. Une connaissance intime du lyrisme biblique — « notre Antiquité », dit Ramuz —, du choral luthér
139 isme biblique — « notre Antiquité », dit Ramuz —, du choral luthérien et de la polyphonie du xvie siècle calviniste, ce s
140 Ramuz —, du choral luthérien et de la polyphonie du xvie siècle calviniste, ce serait assez pour définir le style d’un m
141 r définir le style d’un musicien confessionnel et du genre pieux, ce qu’Honegger n’est à aucun degré. Je ne crois même pas
142 ais créé un style : avec tout cela on ne fait que du folklore, et le pire est le folklore religieux. Si le style d’Honegge
143 dre une formule d’Ansermet, « le fondement commun du monde et de ma propre existence » (de ma conscience), ou encore « le
144 té de choisir qui ne se renonce que dans le choix du sens. Or ce sens tout d’abord jalonné par les signes, doit être décid
145 que dans l’acte de foi, par quoi je n’entends pas du tout l’adhésion à quelque credo, mais la réalité de l’opération en no
15 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
146 e cheminement des esprits (1971)s À l’occasion du xxe anniversaire du Centre européen de la culture, son directeur réu
147 rits (1971)s À l’occasion du xxe anniversaire du Centre européen de la culture, son directeur réunit les principaux te
148 e Robert Schuman — qui présida un temps le Comité du Centre : « L’unité de l’Europe ne se fera ni uniquement, ni principal
149 prits. » Or cheminer, selon Littré, c’est « faire du chemin, surtout en ce sens que le chemin est long et qu’on le parcour
150 emine Lancelot dans la forêt normande, d’épreuves du courage en aventures de l’âme. Les textes ici recueillis sont très va
151 ici recueillis sont très variés de forme, allant du « discours solennel » devant tous les recteurs de l’Europe à l’interv
16 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
152 ntre avec Paul Martin s’est produite sur la scène du Théâtre de Lausanne, envahie par les bellettriens : bras dessus, bras
153 i commun Raymond Silva — alors secrétaire général du Centre européen de la culture —, proposer que nous lancions une « Cha
154 une « Charte européenne » et un « Brevet européen du sportif ». Faire l’Europe dans les sports aussi — tous plus ou moins
155 et passé avec des succès divers — par les membres du comité, au nombre desquels le Dr Panchaud, le général du Souzy et M.
156 eus la surprise de recevoir des papiers à en-tête du Conseil de l’Europe annonçant la création par ce dernier d’un « Breve
157 la création par ce dernier d’un « Brevet européen du sportif ». On m’en communiquait le texte « pour mon information, pens
17 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
158 dix à douze ans. (La Suisse, en regard, approche du viie siècle de sa continuité historique, continuité que l’on peut tr
159 re remonter au pacte secret de 1273, que le Pacte du 1er août 1291 ne fera guère que copier.) Or il se trouve que cette fo
160 nnus, chef gaulois probablement mythique, qui est du ive siècle avant notre ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle d
161 siècle avant notre ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à Hugues Capet, qui est du xe sièc
162 le de notre ère, ou enfin à Hugues Capet, qui est du xe siècle, soit une hésitation d’un millénaire et demi, qui ne manqu
163 des appartenances « nationales » au sens moderne du mot. C’est ainsi qu’à la Sorbonne, vers 1267 — comme me le faisait ob
164 ns quand il les appelait précisément à se libérer du joug anglais. Alors que les Chinois de langues différentes ne peuvent
165 ogiques diffusées dans tous nos pays par l’église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques aujourd’hui, à quoi vi
166 r les influences dominantes de l’italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des philosoph
167 es dominantes de l’italien à la fin du Moyen Âge, du français au xviiie siècle, de l’allemand des philosophes et des sava
168 uerres contre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par la Révolution française, et elle
169 deux côtés à la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allemand, puis le ladin, puis l’allemand de
170 d de nouveau des deux côtés. Et la Suisse est née du Gothard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos États n’ont ja
171 à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. T
172 titue d’une manière autonome avec les troubadours du Languedoc, dès le xiie siècle, à Saint-Martial de Limoges, à Notre-D
173 aint-Pétersbourg apprennent leur métier. Au début du xxe siècle, plusieurs Russes, tels que Stravinsky, influenceront à l
174 s universités, à la renaissance les petites cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie. On
175 microcosme la situation de la culture à l’échelle du continent. Ce qui s’est fait en Suisse au point de vue de la culture
176 ardt, Nietzsche, Bachofen, et Genève dès le début du xxe siècle : Ferdinand de Saussure, le père de nos « sciences humain
177 é à s’effacer progressivement devant les réalités du monde nouveau, et à disparaître pratiquement, un peu comme il est arr
18 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
178 age culturel de l’Europe (1971)t Tout héritage du passé est porteur d’avenir. Il est cette part du passé qui à la fois
179 du passé est porteur d’avenir. Il est cette part du passé qui à la fois m’ouvre un certain avenir et par avance le limite
180 sera moi. Distinguons donc trois sens possibles, du moins pour un Européen, de l’expression héritage culturel. 1. Il rep
181 re les mesures : il s’agrandit sans fin au regard du chercheur, comme si ce regard même causait son expansion, sa profonde
182 mais encore, à la différence des grandes cultures du passé asiatique, proche-oriental, précolombien, l’héritage culturel d
183 iques, de Platon ; l’apport hébreu des psaumes et du Cantique, à travers le culte chrétien ; l’apport de la cortezia occit
184 contre eux, dès le départ, contre leur conception du monde, l’Église, les Rois et l’Université, plus tard l’État qui enten
185 ances et des œuvres dominantes, des data banks et du système des préjugés de notre siècle — mémoire externe. Et celle des
186 chromosomes, il y a l’histoire entière des hommes du passé, plus une nouvelle virtualité. Dans chacun de nos codes civique
187 ment dans chaque pays. » Voilà pour les bienfaits du chauvinisme : il ne cesse de trahir ce qu’il prétend sauver. Quant à
188 vocation originale. Rien de plus caractéristique du véritable Européen que sa volonté de n’être pas comme son voisin, de
189 lait déjà une chronique en latin rédigée au début du xie siècle — aux nations qui se croient suffisantes… Limitations,
190 manité. En revanche, tout héritier est hérétique, du seul fait qu’il ne peut embrasser la totalité de l’héritage. Ses donn
191 rement que par leur opposition. Cette limitation du jugement, ce blocage du sens critique et l’agressivité stérile qui en
192 sition. Cette limitation du jugement, ce blocage du sens critique et l’agressivité stérile qui en résulte n’ont jamais ex
193 de maladies « nerveuses » ou « somatiques », nées du refoulement de l’animique ou du mépris des réalités non calculables é
194 omatiques », nées du refoulement de l’animique ou du mépris des réalités non calculables écartées sous le nom de subjectiv
195 les écartées sous le nom de subjectivité à partir du xixe siècle mais déjà condamnées par Descartes. Il y a la science et
196 qu’elles ont leur siège dans les masses profondes du cerveau (thalamus, hypothalamus). Ces deux limitations natives combin
197 anipulation des gènes de pharmacologie au service du Pouvoir. Elle annonce des révoltes sauvages, dont la sécession des hi
198 hat, ou de la « gauche » sacralisée, c’est-à-dire du « sens de l’Histoire », fiction commode. Ce faisant, il se coupe de l
199 s lequel point de sciences) ; —l’amour de Dieu et du prochain comme de soi-même (héritage judéo-chrétien) ; — la notion de
200 rmaniques et celtiques) ; —la fidélité, fondement du couple, du groupe et de la commune, condition de l’œuvre d’art et lie
201 t celtiques) ; —la fidélité, fondement du couple, du groupe et de la commune, condition de l’œuvre d’art et lien social sa
202 cularisme, qui libère des contraintes effrayantes du sacré et du culte des morts, des mythes tribaux, des modes révérées d
203 ui libère des contraintes effrayantes du sacré et du culte des morts, des mythes tribaux, des modes révérées de la Cour av
204 ans les cultures antiques de l’Inde, de la Chine, du Mali, des Incas, ou de la Rome impériale. Tout cela est mal vu de nou
19 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
205 ais politique. Aliénor d’Aquitaine — petite fille du premier troubadour, qui épousa d’abord un roi de France, puis un roi
206 gleterre — est une des grandes figures agissantes du siècle. Les hommes, autour d’elle, ont l’air de rien du tout. Après c
207 cle. Les hommes, autour d’elle, ont l’air de rien du tout. Après cela, il est inutile de dire que le rôle de la femme a ét
208 ieurs ? Ce mythe germanique serait donc à la base du refus des Suisses d’accorder l’égalité politique aux femmes ? Je croi
209 droit de vote, mais alors qu’elles fassent aussi du service militaire. Vous avez tout de suite cette liaison qui vient tr
210 tends pas culture au sens scolaire, universitaire du terme. Mais la transmission des mœurs, des coutumes, de la morale, c’
211 vue public entre hommes et femmes. Je ne dis pas du tout qu’il n’y a pas de différence entre masculin et féminin. Je dis
212 uit par le chapeau suivant : « En 1798, un diktat du gouvernement français imposait le droit de vote aux citoyens suisses.
20 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
213 pour la commodité de l’exposé : mais dans le cœur du peuple révolutionnaire, ils sont unis d’un lien indissoluble. Cette
214 en indissoluble. Cette liaison de l’universel et du personnel, de la fédération et des autonomies — liaison constitutive
215 e saurait être compris que si on ne le sépare pas du communalisme de la Commune, c’est-à-dire de la tradition régionaliste
216 t se révéler comme étant le cancer de l’Europe et du monde ». Enfin, citant les dispositions de la Constitution soviétiqu
217 enne le type même de « l’intervention paralysante du nationalisme dans l’élan révolutionnaire ». Et il concluait : Fidèle
218 maine. L’homme est une personne, ou il n’est rien du tout ; ni race, ni régime ne sauraient changer cette vérité. Il a fal
219 able mission de la France, contre cette démission du spirituel et ce refus de l’universel qu’est le stato-nationalisme cen
220 iste, trahison de la révolution libératrice, donc du rôle spécifique de la France. Dans l’histoire du concept de région, c
221 du rôle spécifique de la France. Dans l’histoire du concept de région, clé de la révolution fédéraliste européenne, Arnau
222 llet 1931. 5. On notera l’usage très particulier du terme individualisme à ce stade de la pensée de Dandieu (cf. supra « 
223 donnée inerte, résultat d’une division atomisante du corps social. La personne (comme « l’individu agressif ») engendre la
21 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
224 n soit, et hors de toute politique au sens étroit du terme, il est un fait que je crois indispensable de mettre en relief 
225 égion rhénane) ou une chaîne de montagnes (région du Mont-Blanc, Pyrénées basques, Oural). Histoire Une Europe merve
226 rveilleusement nouvelle naîtra de l’étude honnête du passé systématiquement défiguré depuis un siècle par les manuels et p
227 Instruction civique La participation réelle du citoyen aux affaires publiques en tant qu’acteur, non-spectateur, n’é
228 c par définir les conditions concrètes d’exercice du civisme, les dimensions variées des tâches publiques et des communaut
229  : — les grands styles européens, puis mondiaux, du roman et du gothique au Bauhaus et à « l’architecture visionnaire » ;
230 ands styles européens, puis mondiaux, du roman et du gothique au Bauhaus et à « l’architecture visionnaire » ; du classici
231 au Bauhaus et à « l’architecture visionnaire » ; du classicisme et du baroque au surréalisme et à l’art abstrait ; de la
232  l’architecture visionnaire » ; du classicisme et du baroque au surréalisme et à l’art abstrait ; de la polyphonie à l’ato
233 lyphonie à l’atonalité et à la musique concrète ; du rationalisme aux romantismes de toutes les époques, de la scolastique
234 ogique cohérente, c’est-à-dire transnationale, et du degré de liberté qu’ils laissent aux industriels anarchistes, ceux qu
235 abusent cyniquement de l’effrayante adaptabilité du genre humain. Enfin, l’écologie nous oblige à poser la question des v
236 ar ailleurs va subir un bouleversement recréateur du seul fait de l’oblitération des paramètres nationaux, remplacés par u
22 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
237 re part, depuis vingt ans, le directeur fondateur du Centre européen de la culture et l’un des pionniers des États-Unis d’
238 sprit européen est né, je crois, de cette formule du premier philosophe grec, au vie siècle avant J.-C. On trouve cette i
239 érentes ou même antinomiques. N’est-ce pas le cas du couple ? Un jour, on m’a demandé dans un débat à la radio : « Ne crai
240 ommunauté libre. Pourquoi le problème de l’amour, du mariage et de leur drame vous a-t-il passionné depuis trente ans ? Ch
241 un divorce aux États-Unis, par exemple. La moitié du malheur humain, en Occident, tient dans le terme d’adultère. Et cette
242 n. Je dis autre chose : je dis qu’il est l’ennemi du mariage. Ce n’est pas par hasard que le jugement de la comtesse Marie
243 le mythe de Tristan et Iseut est l’ennemi intime du mariage et du couple. C’est un mythe un peu dépassé… Il est absolumen
244 ristan et Iseut est l’ennemi intime du mariage et du couple. C’est un mythe un peu dépassé… Il est absolument fondamental
245 it déjà, en 1920, que l’amour était une invention du xiie siècle, cela passa pour une boutade. Allons donc, disait-on, l’
246 de la passion, n’a pris de sens dans le Languedoc du xiie siècle qu’avec la poésie des troubadours, Héloïse et Abélard, p
247 à nos jours. Je pense surtout aux effets dégradés du mythe à travers les siècles, s’embourgeoisant, devenant le thème imbé
248 e. Je peux vous dire pourquoi, car tout est parti du mythe de Tristan. La Rochefoucauld a fort bien compris que l’amour es
249 au contraire, au dépassement et à la dissolution du moi. En revanche, la littérature érotique y est très développée, sacr
250 là de toute raison, au-delà de l’instinct et même du plaisir ; littérature fondée sur la pudeur, la distance et le goût de
251 emple, l’homme doit dormir quarante jours au pied du lit de la femme qu’il aime, quarante jours, dans son lit, sur le côté
252 ’une technique ? Ainsi que l’a confirmé le maître du zen, Suzuki, à propos de mes livres, pour le Japonais traditionnel le
253 tionnel les relations entre les sexes sont plutôt du domaine de la nature ou de la moralité sociale. Toute espèce de roman
254 oblèmes là où tout est réglé, programmé. La crise du mariage est typique de l’Occident. Elle n’existe pas ailleurs. Mais c
255 n peu mieux compte que nous des aspects pratiques du mariage, de ce qui permet une amitié durable entre deux êtres différe
256 mber dans les mariages arrangés de la bourgeoisie du xixe siècle. Et le mariage à l’essai, même s’il ne garantit pas de l
257 riage compris. Car s’il y a aujourd’hui une crise du mariage, il y en a une aussi de l’amour-passion. Parce que l’amour-pa
258 de procréation. On parle de briser les interdits du christianisme : lesquels ? Le christianisme est une religion qui se d
259 t ceux de la bourgeoisie de l’ère victorienne, ou du clergé avec ses livres de casuistique sexuelle. Quel rapport avec le
260 ale ? Le Dr Tissot. Il a commis un livre à la fin du xviiie siècle dont la thèse était que tout le malheur des hommes ven
261 lus vigoureuse, ou l’amour plus réussi, la morale du couple plus solide ? Voyez les romanciers : ils cherchent partout l’o
262 oyez à quel point la passion est l’ennemie intime du mariage ; elle empêche de voir l’autre avec qui l’on vit. Elle veut l
263 n de deux libertés. En politique, on appelle cela du totalitarisme. Depuis quand combattez-vous le totalitarisme ? Dès 193
264 Claude Chevalley, et vingt autres, à la formation du mouvement personnaliste, qui s’opposait aux totalitarismes, mais auss
265 u, en pierraille lépreuse. » Un coup de téléphone du chef des services de renseignements de l’armée suisse m’apprit qu’une
266 i tous ceux qui bâtissaient l’Europe, économistes du Marché commun, hommes politiques, universitaires, je crois vraiment q
267 s, universitaires, je crois vraiment que l’action du Centre européen de la culture a imposé peu à peu un certain angle de
268 l’ont imité. Cette structure est la clef des maux du monde actuel. C’est pourquoi, dès le début de notre action fédéralist
269 en a pas d’autres. Mais il reste toujours la part du diable. Qui est-ce, le diable ? Le diable, c’est l’agent dépersonnali
270 iable ? Le diable, c’est l’agent dépersonnalisant du monde, la fin des personnes, l’uniformisation totalitaire. Dès que vo
23 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
271 vec des cornes et un pied de bouc, c’est une idée du Moyen Âge. Le diable, le Malin, personnification du Mal, c’est une no
272 Moyen Âge. Le diable, le Malin, personnification du Mal, c’est une notion purement religieuse. Alors le diable, qu’est-ce
273 ’Amour et l’Occident est aussi celui de La Part du diable . Il en parlera d’ailleurs, et de l’Europe — sa grande idée — 
274 e la nature, l’un des grands problèmes politiques du siècle, en effet. Mais nous ne prenons pas garde aux autres pollution
275 nt spirituelles. Et quand on ne tient plus compte du diable, on risque de ne plus discerner le mal. Pour quelqu’un qui n’e
276 ssez la formule de Baudelaire : « Le premier tour du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas ». Le diable, c’es
277 rait être, au xx e siècle, une définition moderne du diable, tel que vous le concevez ? Pour m’exprimer en des termes empr
278 C’est la dégradation de l’énergie. C’est une loi du cosmos qui veut que, dans un système clos, l’énergie se dégrade conti
279 e diable C’est donc cela, pour vous, « la part du diable » ? C’est d’abord cela. Une espèce d’indifférenciation vers le
280 e uniformisateur. Quels sont les différents tours du diable ? L’un consiste, pendant la dernière guerre, à nous faire croi
281 étais derrière les buissons, au milieu des arbres du jardin. » L’action du diable consiste à nous priver de notre responsa
282 ssons, au milieu des arbres du jardin. » L’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’
283 s. Comment avez-vous écrit votre ouvrage, La Part du diable ? À New York, en 1942, à la suite d’une conversation sur les A
284 atelier, puis j’ai voulu aller dans un restaurant du quartier. Il était tard, les patrons étaient seuls, et l’on s’est écr
285 et voilà que je découvre que 666… est le chiffre du diable, qui refuse d’arriver à 7, le nombre de la Création… La ten
286 faits récents où l’on peut reconnaître « la part du diable » ? Prenez les deux massacres récents qui ont provoqué une ind
287 i de Song My ou My Lai, au Vietnam. Dans l’esprit du bon bourgeois, du philistin, lequel est le plus diabolique ? C’est bi
288 Lai, au Vietnam. Dans l’esprit du bon bourgeois, du philistin, lequel est le plus diabolique ? C’est bien sûr le meurtre
289 iait : « Je suis le diable ici pour faire l’œuvre du diable ! ». Il portait les cheveux longs, il était barbu. Les filles
290 été, la justice, l’obéissance, la discipline. Et, du même coup, ils vident toutes ces notions de crédibilité et de respect
24 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
291 possède la souveraineté, manifestée par le droit du pouvoir central de déterminer librement sa compétence… La confédérati
292 3, leurs constitutions, la liberté et les droits du peuple, ainsi que les droits et attributions que le peuple a conférés
293 fédéralistes européens ne sauraient se contenter du modèle suisse transposé à l’échelle européenne, c’est-à-dire du passa
294 se transposé à l’échelle européenne, c’est-à-dire du passage probable de la future confédération d’États à un État fédéral
295 en fin de compte, à la seule alternative sérieuse du siècle : État-nation fermé ou société fédéraliste ouverte. ag. Rou
25 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
296 )ah Écrivain, essayiste, philosophe, directeur du Centre européen de la culture, Denis de Rougemont s’est élevé, récemm
297 scroquerie. » Quand on lui demande ce qu’il pense du commandant Cousteau, fondateur d’un Institut d’études sous-marines et
298 ne anxiété, ou la peur, et qui explique le succès du « pamphlet » de Pauwels : beaucoup de personnes, surtout âgées, ne de
299 de le faire ! Ah ! l’habile homme ! De la fenêtre du vingtième étage d’un gratte-ciel, il tend son livre à ceux qui tomben
300 gratte-ciel, il tend son livre à ceux qui tombent du quarantième en leur criant : « Jusqu’ici tout va bien, continuez ! »
26 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
301 la politique prend désormais, en ce dernier tiers du xxe siècle, une importance décisive qu’elle n’avait peut-être jamais
302 ent l’avenir de l’humanité. Et il y est contraint du seul fait que, pour la première fois, il en a la possibilité — la lib
303 siècle, à une prise de conscience toute nouvelle du mouvement général des civilisations : il va « de l’agriculture au par
304 nes de plus en plus indépendantes des contraintes du sol et des définitions territoriales, mais aussi des régulations natu
305 nécessairement réaliser un jour ! Cette position du problème des études de l’avenir paraît aller de soi pour la plupart d
306 ersonnels, voire non humains. Or, dans nos études du futur (et surtout s’agissant de participation, qui relève de la libre
307 n scientifique ou philosophique) et de changement du monde (politique, révolution) (Thèses sur Feuerbach, n° XI). Dans la
308 nhibition, dont le plus évident est l’abaissement du seuil de résistance à la propagande pour les moyens de contraception
309 que le sociologue d’aujourd’hui qui, sur la base du Marx des Manuscrits de 1844 ou du Freud de L’Avenir d’une illusion, s
310 ui, sur la base du Marx des Manuscrits de 1844 ou du Freud de L’Avenir d’une illusion, sous-estime ou nie toute possibilit
311 catastrophe inscrite dans la structure dynamique du phénomène, comme j’ai tenté de le montrer dans L’Amour et l’Occident
312 ération où l’imagination va et vient sans relâche du tout aux parties en interaction créatrice évoque ce qui se passe dans
313 précisément d’un poète écrivant : car chaque mot du poème dépend de l’ensemble (intuitivement anticipé) qui valorise le m
314 nc modifier la valeur, la couleur et la situation du mot lui-même ; etc. 5. Quelle Europe ? Les rythmes d’évolution
315 5. Quelle Europe ? Les rythmes d’évolution du lien social et de la participation du citoyen au management de la cit
316 d’évolution du lien social et de la participation du citoyen au management de la cité ne seront pas les mêmes, d’ici là, a
317 aphique, urbanistique, industrielle et culturelle du même ordre. II. Les invariants humains La prévision ne prend s
318 participation civique à l’avenir. 3. Agrément du cadre Un autre besoin qui paraît constant est celui de l’agrément
319 esoin qui paraît constant est celui de l’agrément du cadre : « Que l’on vive en 1768 ou en 1968, une pièce agréable, une v
320 Les hommes n’ont pas tant changé10. » D’où l’idée du « droit de vivre dans un environnement décent », formulée par le mess
321 t », formulée par le message de la Maison-Blanche du 8 février 1965. Mais ce droit est en fait constamment menacé ou lésé
322 défendent, clôtures agressives, lent déferlement du ciment et des agglomérés, terrains vagues, décharges, détritus de cam
323 esurables d’une attitude qui mine les bases mêmes du civisme quel que soit le régime. 4. Spécificité du comportement ci
324 ivisme quel que soit le régime. 4. Spécificité du comportement civique Or, s’il est vrai que cet égoïsme, cet incivi
325 ibertaire) et le besoin inverse et complémentaire du bon voisinage, de sociabilité et par suite de civisme (qui peut cache
326 assage des populations dans les régions centrales du continent permet de vérifier par l’expérience ces deux observations.
327 portements civiques. La composition démographique du canton de Genève a varié depuis cent ans selon le tableau suivant :
328 nts qualitatifs et quantitatifs de la composition du corps électoral, ni par l’introduction du vote féminin. Les individus
329 osition du corps électoral, ni par l’introduction du vote féminin. Les individus changent comme les cellules d’un corps, l
330 gent, mais les structures restent, les dimensions du pays n’ont pas varié, et le genius loci agit (par des moyens que je n
331 invariants civiques et l’organisation fédéraliste du continent. Mais c’est ici le lieu de signaler que ce pluralisme même
332 te communauté sociale, civique et politique digne du nom. Platon voulait une ville de 5000 citoyens (plus ou moins 50 000
333 ça, Platz, plein ou square, dérivés de l’agora et du forum — ont été le lieu politique par excellence —, le Sénat et le Pa
334 Parlement n’étant qu’une dépendance ou délégation du forum. Là s’exerçait au maximum la participation civique. Autour du m
335 rçait au maximum la participation civique. Autour du marché central, lieu des échanges économiques, des portiques ou terra
336 nt, excluent en fait la possibilité de l’agora ou du forum, auquel l’époque absolutiste a déjà substitué, dans nos capital
337 males ou nulles les possibilités de participation du citoyen : au mieux, il est appelé à voter tous les quatre ou sept ans
338 un État totalitaire (réalisation presque parfaite du modèle napoléonien), la participation active est nulle, la participat
339 formation, loin de chercher à stimuler la liberté du jugement personnel, visera à la diriger, puis à la limiter, puis à la
340 t adulte, l’autre habituant les masses à s’amuser du mensonge qui rapporte, et bientôt à le préférer à toute vérité qui en
341 ne nous reste qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de poser les règles. Étant bien entendu qu’il ne
342 mort de l’Europe comme entité. L’échec définitif du Marché commun des Six par suite du refus opposé par les États-nations
343 chec définitif du Marché commun des Six par suite du refus opposé par les États-nations à toute forme d’union efficace et
344 r toute forme d’union fédérale et de distribution du pouvoir étatique conforme aux réalités vivantes plutôt qu’aux frontiè
345 bien tempérée des facteurs suivants : dimensions du territoire et de la population ; envergure des tâches assumées ; répa
346 t de deux sortes, que Rousseau dénommait « nombre du peuple » et « étendue de l’État ». De l’une et l’autre dimension dépe
347 bre des chefs diminue en raison de l’augmentation du peuple ». Ou enfin : « si […] le nombre des magistrats suprêmes doit
348 Ce principe admis, on s’aperçoit que l’existence du petit État ou communauté de participation maximale, et son bon foncti
349 e la distribution de l’appareil étatique (non pas du tout sa suppression !) à des niveaux de décision où il ne soit plus s
350 0 et 1980), les équivalents modernes de la polis, du village ou du bourg médiéval, soit des unités d’habitation (quartiers
351 s équivalents modernes de la polis, du village ou du bourg médiéval, soit des unités d’habitation (quartiers, cités-satell
352 e liens interrégionaux de tous ordres à l’échelle du continent, ou fédérations. Car il est évident qu’un certain nombre d’
353 sible, non pas que j’aie des doutes sur la valeur du modèle — il est le meilleur que je puisse imaginer — mais du fait mêm
354 il est le meilleur que je puisse imaginer — mais du fait même qu’il aura pour fonction de conjuguer des dynamismes, et no
355 iction réelle avec la liberté, qui est le ressort du jeu en même temps que son but, puisqu’elle nourrit les tensions const
356 s » d’avance par un programme. B. Difficultés du jeu et discordances (éventuellement) créatrices Si nous regardons
357 ne tout entière : au lieu des libres et des serfs du Moyen Âge, nous avons les initiés librement critiques et créateurs d’
358 tertiaire ou quaternaire) devenant la base solide du conformisme civique et de la sécurité socioéconomique, en défense con
359 d’ondes. (Déjà, dans les années 1970, la formule du conseil d’administration « réuni » de la sorte a toutes chances de de
360 ture encore insoupçonnée résultent à l’expérience du fait de la rencontre d’hommes séparés les uns des autres par 3000 ou
361 même où les dimensions de la communauté (« nombre du peuple » et « étendue de l’État ») ou les conditions architectoniques
362  ; tout cela se prêtant à des formules d’ubiquité du contrôle, du conseil, de la représentation et de l’assemblée, les exi
363 se prêtant à des formules d’ubiquité du contrôle, du conseil, de la représentation et de l’assemblée, les exigeant même, e
364 ict a été prononcé à deux reprises par l’histoire du xxe siècle, en 1914 et en 1939. Il y a peu de chances que leur évide
365 ation se redéfinissent entre la limite inférieure du gang et la limite supérieure de l’Église. Notons que ni l’un ni l’aut
366 ité de délégués des « bases », cellules ou unités du premier degré. Et ainsi de suite, jusqu’à la fédération continentale.
367 fort bien dit A. Clarke. J’ai rappelé divers sens du verbe participer, et que certains sont actifs, mais d’autres passifs,
368 ifs, mais d’autres passifs, tels les « sportifs » du dimanche, qui se contentent d’assister aux matches. En 2000, il y aur
369 turologues scientifiques et prophètes. L’angoisse du futurologue devant l’imprévu, la création et les facteurs non mesurab
370 re à bien d’autres conseils de la cité le procédé du multiplex. Dans tous ces cas, inutile de se déplacer si l’on peut êtr
371 e rurale et de la vie urbaine permet le bon usage du couple solitaire-solidaire. C’est l’un des problèmes majeurs de l’an
372 iumnique, et tous autres procédés de manipulation du libre arbitre, formes variées du viol de la conscience de soi. Des po
373 de manipulation du libre arbitre, formes variées du viol de la conscience de soi. Des politiques concernant ce « domaine
374 arbres, sans réponse à l’affectivité bondissante du monde animal et à cette « attente ardente de la création tout entière
375 la participation obligatoire est la négation même du civisme, il en découle que la reconnaissance du droit à l’objection s
376 e du civisme, il en découle que la reconnaissance du droit à l’objection sociale, civique et politique est la condition mê
377 en est par exemple ainsi de l’objection au dogme du travail : voir Le Droit à la paresse, par Paul Lafargue, qui était le
378 dans le temps de l’éclair créateur tout l’adapté du monde social et scientifique, et donner un sens possible, ultime, vra
379 e, vraiment humain, à la mise en question globale du « siècle ». Point de participation civique réelle sans possibilité de
380 » d’un statut comparable mutatis mutandis à celui du holy man mendiant, du gourou, ou du philosophe indépendant, de Diogèn
381 le mutatis mutandis à celui du holy man mendiant, du gourou, ou du philosophe indépendant, de Diogène à Abélard, de Rousse
382 andis à celui du holy man mendiant, du gourou, ou du philosophe indépendant, de Diogène à Abélard, de Rousseau à Nietzsche
27 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
383 stion « Que faire de ma vie ? » définit l’anxiété du jeune homme d’aujourd’hui lorsqu’il atteint l’âge des études. Cette q
384 une motivation aussi différente de la coutume que du profit : celle du sens de ma vie, du sens de la société, et du sens d
385 si différente de la coutume que du profit : celle du sens de ma vie, du sens de la société, et du sens de ma participation
386 coutume que du profit : celle du sens de ma vie, du sens de la société, et du sens de ma participation — ou non — à cette
387 elle du sens de ma vie, du sens de la société, et du sens de ma participation — ou non — à cette société. Prenons l’exempl
388 n train de bouleverser les équilibres écologiques du continent européen, et des mers et des airs qui l’entourent. Par un j
389 qu’annoncent nos prospectives unanimes en sauvant du même coup la nature ? N’y a-t-il pas là une vocation proprement exalt
390 t ses devoirs civiques et culturels, et de passer du rôle d’expert non concerné, voire de simple servant de l’industrie au
391 pas chercher à comprendre le reste, au technicien du seul rendement (qui est en fin de compte la rentabilité), nous pouvon
392 is été, le bâtiment le plus productif de la Place du Marché. Nouveau pacte entre l’homme et la nature ; nouveau contrat so
393 i définit une vraie révolution au troisième tiers du xxe siècle. Elle n’est pas idéologique. C’est une opération de sauve
394 mécanique. Si nous voulons relever le grand défi du xxe siècle finissant, il faut que des générations nouvelles entrent
395 ce changement de motivations finales, ce passage du niveau de vie quantitatif au mode de vie qualitatif, il ne faut pas r
396 r un prix de revient ou une épreuve de résistance du matériel : à ce prix, l’imagination deviendra créatrice de libertés r
397 ences de l’art d’être homme et celles de la santé du corps social : problèmes très neufs pour l’ingénieur ! Qu’il les assu
398 rès neufs pour l’ingénieur ! Qu’il les assume, et du même coup il se verra réintégré dans la vie de la cité, de la communa
28 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
399 s mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du vert d’abord. Souvenirs de réveils dans un palace à Vevey, Montreux o
400 les lointains sont devenus immatériels. Les Alpes du Valais et de la Savoie pendent verticales et sans relief visible, com
401 che et vit paisiblement », disait Hugo), mais pas du tout aux statistiques. La Suisse est l’une des régions de la Terre le
402 out imminente. Ce qui ne trompe pas, à l’observer du ciel, c’est la structure des agglomérations : elle révèle la nature d
403 altitude les gros villages et les petites villes du Plateau suisse ou des larges vallées alpestres des Grisons, du Tessin
404 isse ou des larges vallées alpestres des Grisons, du Tessin et du Valais, et vous découvrirez que leur plan s’est développ
405 arges vallées alpestres des Grisons, du Tessin et du Valais, et vous découvrirez que leur plan s’est développé soit à part
406 le centre de la vie politique et sociale descend du château dans la plaine, du burg où le seigneur tenait sa cour au bour
407 que et sociale descend du château dans la plaine, du burg où le seigneur tenait sa cour au bourg (ou borgho) des bourgeois
408 européens le rôle de l’agora des anciens Grecs et du forum de la Rome républicaine. Les principaux bâtiments qui l’entoure
409 ions mêmes de ses libertés des petites dimensions du pays, et surtout de ses communautés. Les sociologues les plus avancés
410 de Schwyz et de Nidwald, commandant les approches du Gothard. Ce col ouvert au commencement du xiiie siècle traversait le
411 proches du Gothard. Ce col ouvert au commencement du xiiie siècle traversait les deux chaînes des Alpes à leur seul point
412 et reliait ainsi d’un seul trait les deux moitiés du Saint-Empire. Les communes forestières furent déclarées « immédiates
413 « immédiates à l’Empire », c’est-à-dire libérées du pouvoir des seigneurs voisins, dont les Habsbourg étaient les plus gê
414 bourg étaient les plus gênants. La Suisse est née du Gothard, cœur des Alpes et château d’eau de l’Europe médiane. Elle es
415 des communes rurales qui formaient la grand-garde du col. Et ce sont les greffiers des villes lombardes, traversant le col
416 la Suisse par-dessus les toits, Zurich, Sélection du Reader’s Digest, 1972, p. 149-151. al. Titre donné par l’éditeur.
29 1972, Articles divers (1970-1973). Au centre du monde, Lavaux (1972)
417 Au centre du monde, Lavaux (1972)aj Le centre du monde est partout, la théorie
418 Au centre du monde, Lavaux (1972)aj Le centre du monde est partout, la théorie de la relativité l’a démontré. Mais, qu
419 e la relativité l’a démontré. Mais, que le centre du monde se situe réellement quelque part dans les airs au-dessus du Lém
420 e réellement quelque part dans les airs au-dessus du Léman, à mi-hauteur du grand vignoble de Lavaux, cette évidence ne sa
421 rt dans les airs au-dessus du Léman, à mi-hauteur du grand vignoble de Lavaux, cette évidence ne saurait exiger ni d’aille
422 tion universelle. Or les autos figurent l’emblème du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce à elles, l’homme des vil
423 sures. Tout cela — nul n’y peut rien — aux dépens du paysage. Les « nécessités » de la vie tendent à détruire les raisons
424 e changeant selon sa loi. Il est d’autres centres du monde où les problèmes de la survie d’un lieu sublime se posent en de
425 Venise soit peuplée, animée, habitée par des gens du pays. Et qu’ils y trouvent un intérêt vital, et non pas archéologique
426 cette chose abstraite — les désirs et les rythmes du corps, les valeurs de l’esprit et les élans de l’âme. Juillet 1972
427 llet 1972 aj. Rougemont Denis de, « Au centre du monde, Lavaux », Merveilleux Lavaux, Lausanne, Éditions du Grand Pont
428 Lavaux », Merveilleux Lavaux, Lausanne, Éditions du Grand Pont, 1972, p. 21-22.
30 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
429 ontre-passé, et qui allait aboutir à la formation du Conseil de l’Europe, succéda bientôt l’urgence du présent : restaurer
430 du Conseil de l’Europe, succéda bientôt l’urgence du présent : restaurer l’économie du continent. Et ce fut la période des
431 entôt l’urgence du présent : restaurer l’économie du continent. Et ce fut la période des organisations intergouvernemental
432 r si l’an 2000 de l’Europe ouvrira une apocalypse du genre humain ou s’il présentera au monde le modèle d’une civilisation
433 par les traxs ou recouvert par la marée montante du béton, il faudrait des millions d’années. Ce que nous faisons aujourd
434 e, la seule forme pensable de société humaine. Et du même coup, elle tend à nous faire croire que cet État-nation a toujou
435 hes. Par ailleurs, cette vision de l’Histoire (et du même coup de la géographie, de l’économie, de la sociologie et du civ
436 la géographie, de l’économie, de la sociologie et du civisme) primo est fausse, contraire aux faits les plus patents, et s
437 ute union supranationale ou fédérale, à l’échelle du continent. La condition sine qua non Si donc l’on veut que l’E
438 en tous points comparables à la Ruhr, est le cœur du bassin de l’industrie lourde de l’URSS.) J’ai mis deux de mes étudian
439 ays, ont réuni jusqu’ici environ 1500 enseignants du Secondaire et 200 directeurs de lycées ou d’écoles normales. — 25 num
440 paru en français, prenant la suite de 6 bulletins du Centre européen de la culture. Une édition anglaise paraît depuis 197
441 ation et de la Culture ; — en Irlande, à la suite du stage de Malahide, en 1965, un programme national d’éducation civique
442 la masse critique indispensable au déclenchement du processus fédéraliste européen. Or, je ne vois aucune méthode meilleu
443 ontraire d’hommes libres, citoyens de l’Europe et du monde : des producteurs — consommateurs disciplinés et des nationalis
444 mot, la révolutionner ? Le salut peut nous venir du danger qui menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui, la vie
445 tat-nation, s’entend), la Croissance à tout prix ( du PNB, des salaires et des dividendes), et alors on se rue aux catastro
446 ir non seulement de l’École, ou de l’Europe, mais du Monde : Le civisme commence au respect des forêts. 12. « L’Europe
31 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
447 début des années 1939, mais ce n’était pas tombé du ciel. Je m’occupais de questions politiques depuis les années 1930, q
448 it et L’Ordre nouveau , c’est-à-dire les revues du mouvement personnaliste. Nous parlions déjà d’Europe. Nous avions déj
449 rivions à nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit , il y avait Emmanuel Mounier, Georges Izard, Jean Lac
450 tique » ; un deuxième : « Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage ». Et l’ensemble du livre est un appel à l’engagem
451 mpuissance du clerc qui s’engage ». Et l’ensemble du livre est un appel à l’engagement des écrivains. Mais pas à l’embriga
452 ôté ; Don Juan, de l’autre. Tous deux adversaires du mariage. Tristan, parce qu’il dépasse le mariage vers un au-delà où i
453 un au-delà où il n’a plus besoin de la société et du monde. Il a tout dans une femme, il se sépare du monde et il meurt, j
454 du monde. Il a tout dans une femme, il se sépare du monde et il meurt, joyeusement. Puis, en deçà du mariage, Don Juan qu
455 du monde et il meurt, joyeusement. Puis, en deçà du mariage, Don Juan qui ne peut se fixer sur aucune femme, qui essaie t
456 doctrines de la personne au domaine de l’amour et du mariage. Je représentais le mariage comme le régime même de la person
457 je ne m’étais jamais intéressé à la vie politique du pays. Parce que vous avez beaucoup vécu à l’étranger ? J’ai vécu à Pa
458 ppliquer ces théories, de s’engager dans la cause du fédéralisme européen. Le mot engagement était alors fort à la mode à
459 de Beauvoir, ne s’était jamais intéressé le moins du monde à la politique avant 1943-1944. Enfin, il s’est mis à parler d’
460 dant la guerre, je m’étais aperçu que ma doctrine du fédéralisme était illustrée par la pratique suisse. Que j’avais appri
461 l’Europe. Il y avait 800 personnes, 16 présidents du conseil, 300 députés. J’ai écrit le message final : « Message aux Eur
462 ’est avéré que le Conseil de l’Europe n’était pas du tout ce que nous voulions, n’était pas du tout la représentation des
463 ait pas du tout ce que nous voulions, n’était pas du tout la représentation des « forces vives de nos nations ». Il était
464 rs le général de Gaulle. Et alors, on ne voit pas du tout ce que ces pays veulent faire ensemble. Sinon, en cas de crise,
465 la guerre. Quel est le lien entre votre doctrine du mariage et celle du fédéralisme ? Qu’est-ce que le mariage ? C’est la
466 le lien entre votre doctrine du mariage et celle du fédéralisme ? Qu’est-ce que le mariage ? C’est la coexistence de deux
467 alais et qu’elle descend assez bas dans la vallée du Rhône, à certains égards jusqu’à Marseille. Il y a également une régi
468 e Prusse mais qui se gouvernait avec des familles du lieu, dont la mienne. Ce canton, différent des autres, est entré dans
469 cophone qui a des limites tout à fait différentes du canton et de la Suisse puisqu’il englobe un tiers de la Suisse, deux
470 es et notamment dans la définition de la personne du Christ où l’on constate ces deux réalités antinomiques : Dieu et homm
471 ent souligné par Luther et Calvin. Je garde aussi du protestantisme un certain sens civique qui est très développé dans le
472 nisme ? L’œcuménisme, pour moi, est la traduction du fédéralisme sur le plan religieux. Il ne s’agit pas d’uniformiser tou
473 as infinies. Certains calculent déjà l’épuisement du charbon, du pétrole et, pire, l’épuisement de l’eau potable et de l’o
474 Certains calculent déjà l’épuisement du charbon, du pétrole et, pire, l’épuisement de l’eau potable et de l’oxygène. Cett
475 pect pour des hommes qui ont une vision politique du développement de l’humanité. Jean Monnet, par exemple. Le fédéralisme
476 n connus, bien cernés et résolus d’après le génie du lieu. Mais ce n’est pas possible avec le système de découpage des Éta
477 cette conférence traitera de « la responsabilité du dirigeant face à l’environnement ». ao. Rougemont Denis de, « [Entr
478 très longue allée bordée de peupliers qui descend du château où Voltaire a vécu pendant plus de vingt ans. Un portail vert
479 où il vit depuis 1947 et qui fut autrefois celle du garde forestier de l’auteur de Candide. Mêlé au mouvement personnalis
480 éens , professeur, traducteur de plusieurs livres du théologien protestant Karl Barth, Denis de Rougemont est aussi un gra
481 t plusieurs années. Il est actuellement directeur du Centre européen de la culture, à Genève, institut qu’il a créé en 195
32 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
482 s mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du vert d’abord. Souvenirs de réveils dans un palace à Vevey, Montreux o
483 les lointains sont devenus immatériels. Les Alpes du Valais et de la Savoie pendent verticales et sans relief visible, com
484 che et vit paisiblement », disait Hugo), mais pas du tout aux statistiques. La Suisse est l’une des régions de la Terre le
485 ituait plus qu’une seule ville. Il ne parlait que du Plateau, ce « Pays des Collines », comme disent les Suisses alémaniqu
486 s », comme disent les Suisses alémaniques, qui va du Léman au Bodan, et qui représente à peine la moitié du pays, l’autre
487 man au Bodan, et qui représente à peine la moitié du pays, l’autre étant occupée par les déserts alpestres et les sombres
488 e par les déserts alpestres et les sombres forêts du Jura. Mais que dirait-il aujourd’hui, où sa constatation, très abusiv
489 out imminente. Ce qui ne trompe pas, à l’observer du ciel, c’est la structure des agglomérations : elle révèle la nature d
490 altitude les gros villages et les petites villes du Plateau suisse ou des larges vallées alpestres des Grisons, du Tessin
491 isse ou des larges vallées alpestres des Grisons, du Tessin et du Valais, et vous découvrirez que leur plan s’est développ
492 arges vallées alpestres des Grisons, du Tessin et du Valais, et vous découvrirez que leur plan s’est développé soit à part
493 le centre de la vie politique et sociale descend du château dans la plaine, du burg où le seigneur tenait sa cour au bour
494 que et sociale descend du château dans la plaine, du burg où le seigneur tenait sa cour au bourg (ou « borgho ») des bourg
495 péens le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et du « forum » de la Rome républicaine. Les principaux bâtiments qui l’ent
496 ions mêmes de ses libertés des petites dimensions du pays, et surtout de ses communautés. Les sociologues les plus avancés
497 e, construit au xxe siècle les plus grands ponts du monde, le Golden Gate et le Washington Bridge. Le Corbusier, natif de
33 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
498 ment une distinction, quelque chose qui distingue du vulgaire et que l’on acquiert par des études. Elle n’est pas l’affair
499 t aux Germains, au christianisme et aux religions du Proche-Orient, et à toutes les combinaisons et permutations de ces fa
500 unit…). Nos « précieuses diversités » ne sont pas du tout nationales. Elles divisent et animent nos nations sans le moindr
501 programme électoral qui réclamait « l’extinction du paupérisme à partir de dix heures du soir ».) « Il vous a été dit… m
502 l’extinction du paupérisme à partir de dix heures du soir ».) « Il vous a été dit… mais moi je vous dis… » Cette phrase é
34 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
503 suite André Mary, en restituant pour les lecteurs du xxe siècle les textes originaux de la légende de Tristan et son cont
504 ions de Tristan servent à faire entendre la force du mythe, par la liaison qui se trouve entre la légende primitive et ses
505 exemplaire, l’archétype de tous les romans dignes du nom. Ils sont comme les premières apparitions, comme les épiphanies q
506 que lui donnent un peu trop facilement les poètes du siècle dernier, ni dans le sens goethéen de « belle âme », encore moi
507 loquence classique de la chaire, quand elle parle du « salut des âmes », ou de l’« immortalité de l’âme ». Je prends le mo
508 ue ni proprement spirituelle, qui n’est pas celle du corps ni celle de l’intellect, encore qu’elle tienne aux deux, c’est
509 c’est l’évidence, mais qui est bien plutôt celle du « cœur » comme on dit, celle de l’âme. L’âme est en propre le domaine
510 e de l’âme, tout comme la sensation est la preuve du corps, et la pensée, la preuve de l’intellect. La passion, c’est une
511 éraments qui s’accordèrent un jour dans l’instant du premier regard, mais que le temps modifie fatalement, créant un risqu
512 ant ravi. On aura reconnu la conclusion gnostique du Second Faust de Goethe, mais aussi, le mouvement de l’ascension mysti
513 expression, car cet acte instinctif, lié aux lois du corps, ne mérite pas en soi le nom d’amour. Mais c’est l’amour « bouc
514 vie, c’est reconnaître aussi que la vraie victime du mythe n’est pas Tristan, n’est pas Iseut, et n’est pas non plus leur
515 out. La vraie victime, c’est le roi Marc, symbole du mariage légal. Les amants ont perdu la vie, gagné l’amour. Le mari, l
516 . Il reste seul vivant, mais sans amour. Aux yeux du mythe, il est perdant. ⁂ À ce premier aspect de notre légende : l’amo
517 ect de notre légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’amour-réalité, se rattachent deux grandes
518 e romantisme et le roman. Retracer leur évolution du xiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, s
519 adis, serait hélas illustrer la lente dégradation du mythe, grandiose en sa simplicité première, jusqu’au niveau de confus
520 ement commercial : comédies à succès sur le thème du triangle, roman pour midinettes et films de série, dont le love inter
521 t l’ingrédient forcé, dernière dilution populaire du philtre magique de la Reine, du « vin herbé » dont la vertu jadis fut
522 ilution populaire du philtre magique de la Reine, du « vin herbé » dont la vertu jadis fut mortelle aux amants séparés, ma
523 parés, mais fut aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’un
524 gue profanation ? Faut-il penser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à subir
525 ns ? ⁂ Une analyse sociologique de la dégradation du mythe, au cours des siècles, inclinerait à des conclusions très pessi
526 tant le mariage d’Iseut avec le Roi, père adoptif du héros —, il n’y aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’y a
527 il, la Lolita de Nabokov, sont les derniers échos du mythe ressuscité grâce aux derniers tabous qui tiennent encore. Mais
528 monumentale, les jeux d’esprit au lieu des drames du spirituel. Selon les sociologues, la passion doit mourir. Je vous dis
529 e cet aspect, trop souvent, trop facilement cité, du « beau conte d’amour et de mort ». Les obstacles sociaux, coutumiers
530 à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amou
531 autre, Wagner décrit par sa musique, vrai langage du mythe essentiel, la mort transfigurante des amants. Cette mince bande
532 mmes et de leur peine quotidienne, mais l’horizon du nouveau jour qui révélera le sens caché de nos « apparences actuelles
533 l’Ange. Cet horizon de la mort est l’ultime sens du mythe. Mais il faut croire aux anges pour y croire. ⁂ Selon la mythol
534 y croire. ⁂ Selon la mythologie de l’ancien Iran, du mazdéisme de Zarathoustra, toutes les actions d’un homme sur la terre
535 otre mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne ainsi constituée se produit à l’aube de la trois
536 encontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire restituan
537 roissent les plantes d’immortalité »18, au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinv
538 e en forme d’ange, et femme, figure la conclusion du mythe de Tristan : ce qui se passe trois jours après la mort d’amour.
539 qui aurait été, sur la Terre, le véritable objet du désir de Tristan, sa princesse lointaine et son « amour de loin » com
540 e notre mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouverait-elle pas éclairée, à son tour ? ⁂ Aimer l
541 s la mort, ce serait dès ici-bas, l’altérité même du prochain. Que l’Autre soit un Autre impénétrable ne tient pas à quelq
542 à la tentation de comparer les versions modernes du mythe ? Il existe en français d’aujourd’hui plusieurs traductions, qu
543 de Gottfried de Strasbourg, d’Eilhart d’Oberg, et du Roman en prose. Seuls, Joseph Bédier en 1908 et André Mary en 1941, o
544 ttfried, Eilhart, Chrétien de Troyes, ou l’auteur du Roman en prose. Le Mythe en eux tous a dicté, inventé ses moyens d’ex
545 s modernes complices-victimes-auteurs-recréateurs du Mythe, rien ne vaut le contact personnel avec les textes médiévaux, u
546 : « Que m’importe de mourir ! » — chez Mary, rien du tout, ce qui vaut sans doute mieux. Dans le même Roman en prose, lors
547 s demeiné) — un seul vers qui nous jette au cœur du Mythe et qui demeure, à tout jamais, la plus poignante définition de
35 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
548 étaphoriques, s’il est vrai que la métaphore naît du rapprochement de deux phénomènes très éloignés, et que la lumière qui
36 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
549 ax Plasticages en Bretagne, sous-développement du Mezzogiorno, création d’une Direction générale de la politique région
550 commun, bagarres entre Wallons et Flamands, rejet du référendum de 1969 en France, élection des parlements régionaux en It
551 les journaux, tantôt passent à peu près inaperçus du grand public, quoi de commun à première vue, sinon le terme de « régi
552 s, on s’aperçoit qu’une loi commande l’apparition du phénomène régional en cette seconde moitié du xxe siècle : à la croi
553 ion du phénomène régional en cette seconde moitié du xxe siècle : à la croissance si rapide de nos sociétés nationales, à
554 pe depuis un siècle et demi, et que tous les pays du monde copient comme si c’était le dernier mot du Progrès, l’aboutisse
555 du monde copient comme si c’était le dernier mot du Progrès, l’aboutissement suprême de l’Histoire. Qu’est-ce que l’État-
556 de nos guerres, mais l’obstacle majeur à l’union du continent, qui est le seul moyen d’échapper à la colonisation de nos
557 op petite et trop grande par rapport aux réalités du monde actuel. Un modèle périmé L’État-nation, qui se dit souver
558 e la langue parlée à la surface et l’exploitation du sous-sol, l’économie nouvelle et le territoire hérité, les souvenirs
559 provinces et d’y permettre une vie civique digne du nom, une participation réelle, civique, économique, sociale et politi
560 fréquente. I. Il y a les problèmes linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace, de la grande Occitanie, ou
561 l y a les problèmes linguistiques du Sud-Tyrol et du Val d’Aoste, de l’Alsace, de la grande Occitanie, ou du petit Jura (e
562 d’Aoste, de l’Alsace, de la grande Occitanie, ou du petit Jura (encore bernois) ; les révoltes ethniques qui couvent et p
563 pe fédérée de demain. II. Les plans d’aménagement du territoire qui se donnent pour but de réduire les disparités économiq
564 lles » coupées par des frontières politiques nées du hasard des guerres et des traités, et qui ne correspondent plus à nul
565 Nord français coupé de la Flandre occidentale et du Hainaut, triangle Aix-la-Chapelle-Maestricht-Liège, etc. Désormais, l
566 ier, auteur d’un livre fameux qui fut à l’origine du néo-régionalisme en France : Paris et le désert français. On voit tou
567 de kilomètres autour de la ville. Il y a, autour du Léman, une région écologique définie par la pollution du lac (affluen
568 n, une région écologique définie par la pollution du lac (affluents, usines, riverains), l’aérodrome de Cointrin, la centr
569 . Or cette région se trouve correspondre à l’aire du franco-provençal, entre la langue d’oc et la langue d’oïl, ancêtre de
570 L’avenir des régions Quant aux perspectives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’imagine quelques solutions
571  De Genève à l’Europe par les régions », Bulletin du Crédit suisse, Zurich, mars 1973, p. 33-36. ax. Texte introduit par
37 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
572 utenu que la démocratie, au sens actif et créatif du mot, n’est pas possible, s’il n’y a pas une « agora » ou un « forum »
573 » — une « place » au cœur de la cité. Si la place du village, du quartier, de la ville, n’est plus qu’un parking, et si le
574 ace » au cœur de la cité. Si la place du village, du quartier, de la ville, n’est plus qu’un parking, et si les rues sont
575 e cantonale, l’État-nation cantonal, la fermeture du canton sur soi-même ! Le fédéralisme est une méthode pour garantir le
576 e, définie, et à mon sens résolue, dans la pensée du grand fédéraliste franc-comtois. bc. Rougemont Denis de, « Recréer
577 bd. Douze articles publiés dans ce même journal du 20 juin au 1er juillet sur les problèmes et les structures européenne
38 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
578 d’années. La Suisse fédérale, en regard, approche du viie siècle de sa continuité historique, continuité que l’on peut fa
579 mmunes forestières » ou Waldstätten, sises autour du col du Gothard, à seule fin de sauvegarder leurs vraies diversités, l
580 forestières » ou Waldstätten, sises autour du col du Gothard, à seule fin de sauvegarder leurs vraies diversités, leur aut
581 des appartenances « nationales » au sens moderne du mot. C’est ainsi qu’à la Sorbonne, vers 1260 — comme me le faisait ob
582 ètes, les minorités germanophones de la Belgique, du Luxembourg, de l’Alsace, de l’Italie, de la Transylvanie, de la Slové
583 contre l’Espagne et contre les Allemagnes au-delà du Rhin ; elle a été mise en forme par la Révolution française, et elle
584 deux côtés à la hauteur des vallées vaudoises et du Val d’Aoste, plus loin l’allemand, puis le ladin, puis l’allemand de
585 d de nouveau des deux côtés. Et la Suisse est née du Gothard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos États n’ont ja
586 la Réforme rejette la synthèse romano-chrétienne du catholicisme sous l’égide de saint Augustin. Dans son Génie du christ
587 me sous l’égide de saint Augustin. Dans son Génie du christianisme, Chateaubriand montre que le secret de la grande littér
588 à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. T
589 de Tolède à Prague ; à la Renaissance, les cités du Nord de l’Italie, des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie. On
590 leur base territoriale sera tout simplement celle du syndicat intercommunal qui se constituera, de cas en cas, en vue d’ex
591 ait de toute évidence un statut de la personne et du citoyen absolument contraire au statut des sujets d’un État-nation, e
592 à la Suisse) sont ma patrie. En tant que citoyen du canton de Neuchâtel, je suis Suisse de nationalité. En tant qu’écriva
593 e — correspondent à trois territoires différents. Du point de vue religieux, je relève du protestantisme, ensemble mondial
594 différents. Du point de vue religieux, je relève du protestantisme, ensemble mondial. (Ce serait pareil si j’étais cathol
595 a pluralité des allégeances est donc la condition du régime fédéraliste tel que je le conçois — seul possible pour l’Europ
596 on culturelle des Juifs en Occident dès le milieu du xixe siècle : Marx, Freud, Einstein et dix autres initiateurs… bb.
39 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
597 cles de participation continuelle au gouvernement du pays. L’écrivain a bien voulu remonter le temps. Toujours tourné vers
598 les plus anciennes de Besançon. Dans les archives du Doubs on retrouve trace d’une femme de cette famille de Rougemont qui
599 econnaissance de noblesse. Je suis le quatorzième du nom. Point de militaires chez vous. Pourquoi ? Cela distingue ma fami
600 . Il y eut aussi un graphologue. Il le fut auprès du Tribunal de la Seine au moment de l’affaire Dreyfus. Son analyse perm
601 ons complémentaires chez le père et chez la mère. Du pasteur de Rougemont, son père, l’auteur de Suite neuchâteloise, note
602 s ? Mon fils est psychologue, ma fille assistante du maître de conférences à l’Université de Paris. C’est amusant, car ell
603 t, car elle est enseignante et moi je suis membre du conseil dans la même université. Nous nous retrouvons chacun de l’aut
40 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
604 lle-même et sa réalité vécue, non pas les bobards du « prestige national » dont les grandes firmes et l’État central serai
605 n se demande honnêtement quels sont les avantages du grand État sur la petite communauté, on n’en trouve qu’un : le grand
606 et Venise : l’Europe vivante et créatrice est née du rayonnement de petites cités, d’écoles locales, jamais de « nations »
607 une « taille européenne » de nos États-nations ? Du Luxembourg et de la France, lequel des deux États a-t-il la taille ?
608 e avec la tendance qui nous porte à la fédération du continent. Car seules les petites unités accepteront de se fédérer. P
609 tés contre l’État. Juin 1973. 22. Tous les pays du monde ne peuvent pas exporter plus qu’ils n’importent, faites le calc
41 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
610 paysage, en précisant que là-bas, de l’autre côté du lac, c’était la France. — Mais où est la frontière ? demanda Molotov,
611 lles » coupées par des frontières politiques nées du hasard des guerres et des traités, et qui ne correspondent plus à nul
612 Nord français coupé de la Flandre occidentale et du Hainaut, triangle Aix-la-Chapelle-Maestricht-Liège, etc. Désormais, l
613 de kilomètres autour de la ville. Il y a, autour du Léman, une région écologique définie par la pollution du lac (affluen
614 n, une région écologique définie par la pollution du lac (affluents, usines, riverains), l’aérodrome de Cointrin, la centr
615 Or, cette région se trouve correspondre à l’aire du franco-provençal, insérée depuis le xe siècle entre la langue d’oc e
616 lémano-alpine (ou des régions possibles alentour du Léman). Il y a depuis toujours deux races, sur la rive gauche et la r
617 deux races, sur la rive gauche et la rive droite du Rhône. Il y a deux confessions depuis le xvie siècle. Et des système
618 rdons douaniers ne séparaient pas. C’est à partir du coup de force de Poincaré que tout s’est gâté. Et l’on a, sans sagess
42 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
619 une région écologique, définie par les problèmes du Léman, de Cointrin, de la centrale nucléaire projetée à Verbois ; ou
620 prendre les décisions communautaires à l’échelle du continent. Quelque chose comme nos départements fédéraux, en somme !
621 tements fédéraux, en somme ! Cette réorganisation du continent ne remet-elle pas en cause le parlementarisme, lequel, il f
622 renaissance d’assemblées politiques au vrai sens du mot, au niveau communal, au niveau des groupements de communes en rég
623 équilibres entre l’homme et la nature plutôt que du seul profit matériel. Et les sociétés multinationales ? Vous dé
624 a plupart de nos pays au xixe siècle ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge de nos vingt-six États européens est
625 aux réalités régionales. … sans se faire l’avocat du diable, on peut penser que… Notez que je ne me fais pas l’avocat des
626 ciétés multinationales ! … sans se faire l’avocat du diable, on peut penser néanmoins que le souci d’adaptation des sociét
627 d’enseigner l’histoire et la géographie à partir du seul cadre national, et vous avez suggéré que l’on parte plutôt de l’
628 ur région, de leur voisinage, puis de l’Europe et du monde. Et non pas sur les seuls mythes nationaux. Si enthousiasmantes
629 ution. Les poissons sont les mêmes des deux côtés du Léman et ils y crèvent de la même façon ! Les gosses comprennent cela