1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 dit, j’aurai une seule remarque, non pas du tout en contradiction avec ce que vient de vous dire M. Armand, mais plutôt c
2 mot « information ». Je prends le mot information en pensant au livre et au caractère spécifique de l’information que l’on
3 sistors qui sont pour moi le comble de l’élégance en technique, ce petit truc tout simple… Donc des appareils formés d’élé
4 dont le pouvoir spécifique d’information consiste en ceci que, quand vous lisez un livre, vous avez en quelque sorte l’esp
5 comme matériel. Cet appareil, nous le traversons en lisant un livre, nous faisons une expérience de transformation qui no
6 de son recueil Aurore. « Philologue », dit-il, et en disant cela il veut dire, et il faut traduire ça ainsi : amateur de l
7 la hâte indécente qui s’échauffe et qui veut vite en finir de toutes choses, même d’un livre fût-il ancien ou nouveau. Il
8 oyens de communication de masse — écrit-on — sont en fait de plus en plus centralisés, contrôlés, par un nombre de plus en
9 qu’un m’a fait observer qu’on pouvait peut-être s’ en tirer pour le moment en diffusant de petits films que l’on peut faire
10 qu’on pouvait peut-être s’en tirer pour le moment en diffusant de petits films que l’on peut faire passer sur la télévisio
11 d succès ? » Alors là, je crois pouvoir reprendre en réponse la distinction que je faisais tout à l’heure entre deux sens
12 re ou un répertoire, pourquoi ne pas les diffuser en espéranto, à supposer qu’il y ait beaucoup de gens qui le sachent. Ce
13 faisait observer « qu’on lit énormément de revues en France, ce qui pourrait compenser les chiffres un peu pessimistes des
14 e vous savez très bien que les revues sont faites en bonne partie de chapitres de livres publiés d’avance ou de critiques
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
15 Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)b L’unité et la multitude. Duo a
16 e non seulement des nationalistes et des jacobins en colère, mais de beaucoup des partisans sincères d’une « union plus ét
17 quer qu’un grand homme d’État belge ait pu écrire en ce temps-là (il a changé d’avis depuis) : Ce n’est pas dans le fédéra
18  : Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera son salut ? En Sui
19 ur elle-même que la Wallonie trouvera son salut ? En Suisse même, le fédéralisme prend des sens à peu près opposés selon q
20 des sens à peu près opposés selon qu’il s’exprime en allemand ou en français. Et l’on a pu entendre le recteur d’une de no
21 près opposés selon qu’il s’exprime en allemand ou en français. Et l’on a pu entendre le recteur d’une de nos universités c
22 chumann a proposé un marché à la Grande-Bretagne, en qui il trouvera certainement preneur : soutien à la candidature brita
23 nt preneur : soutien à la candidature britannique en échange d’une opposition commune au fédéralisme, ce qu’il a traduit e
24 sition commune au fédéralisme, ce qu’il a traduit en ces termes : « La Grande-Bretagne et la France sont toutes deux égale
25 pre l’unité nationale et de transformer la France en une fédération de petits États. Aux jacobins on agita gravement la qu
26 éralisme est un système bon pour les sauvages, et en France il mérite l’échafaud, qui est le sort des traîtres à la Républ
27 mière mais non moins fausse, est la plus répandue en Amérique. Si les Vaudois se disent fédéralistes contre Berne, les Qué
28 -dire central, lit-on dans le Oxford Dictionnary, en référence expresse à l’histoire américaine. Toutefois, et cela change
29 iques responsables de ces pays. Comme on pourra s’ en assurer en lisant les ouvrages de Pierre Elliott Trudeau, Premier min
30 nsables de ces pays. Comme on pourra s’en assurer en lisant les ouvrages de Pierre Elliott Trudeau, Premier ministre du Ca
31 acte ou quasi-traité : on ne peut unilatéralement en modifier les termes. Voilà qui devrait rassurer ceux qui voyaient dan
32 ur le rôle d’impulsion réservé au pouvoir fédéral en vue non de substituer aux gouvernements d’État mais de les aider à ré
33 age que j’ai citées et se révèlent nécessairement en elles. « Simples questions de mots », si l’on veut. Pourtant, il sera
34 d’Alexandre Marc. b. Rougemont Denis de, « Deux en un, ou le fédéralisme », 30 jours d’Europe, Paris, mars 1970, p. 22-2
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
35 Eh bien ! beaucoup de gens se figurent — surtout en Suisse — que c’est la seule voie sérieuse. Que ce qu’il y a de sérieu
36 re appel aux Américains, à les laisser travailler en Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le
37 aire, scientifique, politique et culturelle. Car, en fait, si nos peuples ont une possibilité d’union, c’est parce qu’il y
38 arabes, un petit peu slaves. Nous avons tout cela en commun. Tous les procédés de nos beaux-arts, tous les procédés de nos
39 utilisent. Par exemple — prenons les choses très en gros — en Europe, on fait depuis des siècles des tableaux de chevalet
40 . Par exemple — prenons les choses très en gros — en Europe, on fait depuis des siècles des tableaux de chevalet, des roma
41 crivait que de la littérature religieuse, sacrée. En Inde, par exemple, il n’y a pas de romans qui racontent des petites h
42 s temples, de la peinture religieuse. Ce n’est qu’ en Europe que l’on a utilisé tous ces procédés tels que le sonnet, le ta
43 lle s’est créée sous la forme d’une confédération en 1848. Et depuis lors, elle essaie d’approfondir cette formule, celle-
44 ue et de liberté, et qu’ils l’illustrent fort mal en faisant la guerre du Vietnam. Voilà pourquoi je pense qu’un petit pay
45 hez nous. Il faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de penser que fédéralisme signifie repli sur
46 Ils n’ont pu défendre leurs petites autonomies qu’ en se groupant. Eh bien ! il faudrait appliquer cette formule maintenant
47 on de l’Europe puisqu’il manque d’initiative ? Qu’ en sait-on ? Est-ce qu’on a jamais demandé aux Suisses ce qu’ils pensaie
48 s notre petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grandes choses… » Il faut que cela cesse ; et c’est une
49 qui me paraît tout à fait disposé dans ce sens, à en juger par les récentes déclarations des hommes qui sont chargés notam
50 l’égard de l’Europe ? Cette question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons partiellement y répondre. 1969, en
4 1970, Articles divers (1970-1973). « Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)
51 ision de la Fondation Freiherr von Stein puisque, en juillet dernier déjà, elle avait annoncé que le prix 1970 me serait d
52 s d’Europe , Les Chances de l’Europe , L’Europe en jeu et La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux . Doté d’une som
53 le recteur de l’Université de Bonn. Il a été créé en 1966 par la Fondation FVS, à Hambourg, et est destiné à récompenser l
54 leurs travaux ou leurs recherches, se distinguent en contribuant à la réalisation de l’unité européenne. La remise du prix
5 1970, Articles divers (1970-1973). Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)
55 à vos lecteurs. « L’acte de reconnaissance » mis en valeur par votre titre ne saurait signifier que la Fondation FVS de H
56 uropéen de la culture. Il y a là une nuance, vous en conviendrez ! g. Rougemont Denis de, « Après l’attribution du prix
6 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
57 La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)i « La passion, écrit Denis de R
58 passion, dans nos mariages modernes, qui ne sont en principe que des mariages de passion, comment s’accommode-t-elle de l
59 tre chose que l’amour. En effet, si l’on se marie en état de passion, c’est-à-dire en état de fièvre, c’est exactement com
60 si l’on se marie en état de passion, c’est-à-dire en état de fièvre, c’est exactement comme si l’on voulait prendre une dé
61 , quand l’esprit et ses facultés sont embrumés et en état de transe. La décision risque de n’être pas excellente. La passi
62 e part, est une projection narcissique : on aime, en l’autre, la projection de soi-même, alors que le mariage tue l’aspect
63 i. Rougemont Denis de, « [Entretien] La passion en 1970, est-ce possible ? », Marie Claire, Paris, mai 1970, p. 21.
7 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
64 t le mythe de l’« État-nation », tel que Napoléon en a posé le modèle, intégralement centralisé en vue de la guerre. C’est
65 tuelles, il faut poser un nouvel ordre, se mettre en commun pour certaines choses et pas pour d’autres, trouver une unité
66 pas pour d’autres, trouver une unité diversifiée, en un mot. Par quelles structures pensez-vous qu’il soit possible de l’é
67 uer la méthode du fédéralisme. Une Europe divisée en régions aux frontières fonctionnelles, tenant compte de cette plurali
68 tenant compte de cette pluralité des allégeances en se fractionnant en un certain nombre d’« agences » (culturelles, écon
69 ette pluralité des allégeances en se fractionnant en un certain nombre d’« agences » (culturelles, économiques, etc.) à la
70 , « l’art d’aménager les relations humaines », et en Europe l’art d’équilibrer tous les contraires, toutes les tensions, é
71 originalité débordante. Unir les États européens en un corps politique assez puissant pour sauvegarder et garantir l’auto
72 éenne ait trouvé son climat autant que son modèle en Suisse. L’anthologie de l’idée européenne réserve d’ailleurs une plac
73 nde Guerre mondiale, elle ne se justifierait plus en tout cas dans une Europe unie. Mais je verrais tout à fait une Suisse
74 de l’Europe a généralement passé pour chimérique en Suisse. Et jusqu’à présent, à chaque étape de cette lente unification
75 histoire en train de se faire ! On craint souvent en Suisse que la politique d’unification européenne vise à mêler les peu
8 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
76 » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène, et qui ne résulte pas d’u
77 au nom de nos principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous, pour le meilleur et pour le pire. Hé
78 ui ne manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l’anarchie, invente l’État et les institutions c
79 e ses dogmes fondamentaux : la Trinité transporte en Dieu lui-même le paradoxe de l’Un et du divers, tandis que l’incarnat
80 amour tel qu’on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ; l’apport slave au xixe siècle ; l’art africain et le jazz
81 cain au xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structu
82 t en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures variées à l’infini, mais dont la plus fréque
83 ille manières. Tout cela se combine en figures et en structures variées à l’infini, mais dont la plus fréquente, de très l
84 remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’Europe comme patrie de
9 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
85 1970)k l Ce qui me frappe, Denis de Rougemont, en lisant votre Lettre ouverte aux Européens , c’est qu’à l’inverse du
86 it un travail sur les manuels d’histoire utilisés en France et en Allemagne entre 1900 et 1914. Ils ont relevé les mêmes e
87 sur les manuels d’histoire utilisés en France et en Allemagne entre 1900 et 1914. Ils ont relevé les mêmes erreurs, les m
88 s avons donc fait un gros effort sur l’éducation, en réunissant dans le comité de la Campagne d’éducation civique européen
89 eignants. Nous avons pu démultiplier notre effort en organisant des stages (5 par année en moyenne), dans des pays différe
90 otre effort en organisant des stages (5 par année en moyenne), dans des pays différents. Ces stages, qui réunissent une ci
91 ce qui permettra d’espérer un changement sérieux en une génération. La Journée de l’Europe, avec les rédactions qui sont
92 ntes, réalisées dans les pays du Marché commun et en Angleterre, ont montré que le 65 % des gens est pour une fédération e
93 nts personnalistes des années 1930 mettaient déjà en question le productivisme sans frein et sans mesure humaine ; nous af
94 dres civiques permettant la participation, mettre en commun ce qui marche mieux si on l’intègre. Le principe de la dimensi
95 n’avons centralisé que ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé. Notre but était, toujours, de servir les parties co
96 avec 7 ou 8 grandes organisations et se trouvait en relation quotidienne avec 150 personnes. Nous ne voulons pas coiffer
97 mais, selon le principe fédéraliste, nous sommes en commun avec elles. Un autre principe me paraît important : il faut fé
98 rité… L’Europe des esprits n’est pas encore, il s’ en faut même de beaucoup, devenue l’Europe réelle. Mais, au-delà des uni
10 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
99 Quand, par exemple, les Hongrois se sont soulevés en 1956, on a vu que leur appel, leur espoir, c’était l’Europe. Vous vou
100 vé, il y avait 1800 habitants ; aujourd’hui, il y en a 5500, qui ont été amenés depuis cinq ou six ans par l’IOS, affaire
101 int de vue démographique, certes … Oui, mais il y en a bien d’autres, tout aussi importants : par exemple, la qualité de l
102 découvertes des temps modernes ; tout a été fait en Europe, presque rien aux États-Unis. Ces derniers ont sur nous une se
103 ur renverser le courant ? On pouvait déjà le dire en 1949, quand nous avons lancé l’idée du CERN, puisque les Américains a
104 la première fois dans l’histoire — l’homme serait en situation de choisir librement son avenir. Pourquoi serions-nous à ce
105 nous pose une grande question : que voulons-nous en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature qui
106 jamais avant notre génération l’homme n’avait été en mesure de porter des coups pareils à la terre elle-même. Maintenant,
107 tantes que l’accumulation des objets ou un compte en banque. Pour les Européens, cela me paraît une très bonne direction d
108 type de civilisation capitaliste qui se développe en Europe, qu’elle soit fédéraliste ou qu’elle en reste au stade des Éta
109 pe en Europe, qu’elle soit fédéraliste ou qu’elle en reste au stade des États-nations. Bien sûr, si l’on prend, par exempl
110 ndateurs du mouvement personnaliste, qui naissait en réaction aussi bien contre le fascisme que contre le communisme total
111 position des États-nations sur le continent. Tout en poursuivant une œuvre qui le fait figurer parmi les noms les plus pre
112 1949, à Genève, le Centre européen de la culture. En publiant ces dernières semaines un essai intitulé Lettre ouverte aux
11 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
113 rale européenne de l’économie ; il faudra qu’il y en ait d’autres qui s’occupent des transports, des recherches scientifiq
114 ge mesure, pourront avoir leur siège n’importe où en Europe. Le Marché commun est implanté à Bruxelles. Mais je vois très
115 très bien d’autres agences fédérales européennes, en Suisse par exemple. Dans mon livre La Suisse ou l’histoire d’un peup
116 x , j’avais lancé l’idée de transformer la Suisse en district fédéral de l’Europe. Ce qui résoudrait beaucoup de questions
117 sur les cantons qui sont venus plus tard. Il y a en Suisse un esprit communal auquel on doit revenir parce que c’est la v
118 qui a lancé le premier mouvement européen Vienne en 1923, disait récemment : « On parle toujours des difficultés qu’a la
119  » De ce point de vue, la Suisse ne perdrait rien en entrant dans une construction européenne. Ce serait le triomphe de so
120 lisme, qui n’est d’ailleurs pas toujours appliqué en Suisse. Ce fédéralisme va de la commune aux entreprises jusqu’à l’Eur
121 a jamais été appliquée systématiquement, pas même en Suisse. C’est une expérience qui n’est possible qu’aujourd’hui, grâce
122 le monde. Tandis qu’avec les ordinateurs, on est en mesure de respecter les diversités. Aujourd’hui, vous savez ces carca
123 ns, parce que nous avons des petites communautés. En fait, mon modèle de gouvernement de l’Europe reproduit le Conseil féd
124 rénée et suicidaire au niveau de vie ou se mettre en quête d’un mode de vie qui soit conforme aux traditions européennes.
12 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
125 après un ouvrage publié chez Albin Michel ? C’est en partie une coïncidence, en partie à l’occasion du vingtième anniversa
126 z Albin Michel ? C’est en partie une coïncidence, en partie à l’occasion du vingtième anniversaire du Centre européen de l
127 créées toutes les écoles qui ont fait la culture en Europe et c’est dans l’ensemble de l’Europe que se sont établis les g
128 ège de ces différentes agences pourrait s’établir en Suisse, notre pays devenant un district fédéral. Quels seront les cri
129 s régions, les liens avec les capitales tomberont en désuétude. Cela se passera dans vingt à vingt-cinq ans. Mais cette év
130 réations contre nature. Voyez comme ils ont coupé en quatre une entité telle que le bassin Ruhr-Moselle. De quelle manière
131 s pour tous et tous sont heureux de se rencontrer en terrain neutre. Estimez-vous que vos idées sur la fédération de l’Eur
132 nières années ? Oui, elles ont progressé, surtout en France, qui est le pays le plus éloigné de comprendre le fédéralisme.
13 1970, Articles divers (1970-1973). Message aux régionalistes (16 mars 1973)
133 itants plus encore que pour les touristes, unique en son genre et heureuse de l’être, et d’autant plus curieuse d’échanges
134 ? Devenez responsables. N’attendez pas qu’on vous en donne la permission et les moyens. PRENEZ vos responsabilités, invent
14 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
135 tout de suite ! Je venais d’écrire coup sur coup, en moins de neuf mois, L’Amour et l’Occident , le Journal d’Allemagne
136 te année. Les menaces de guerre me firent rentrer en Suisse plus tôt que prévu. C’est à ce moment que l’on m’offrit d’écri
137 je n’avais pas de sujet et je défiais quiconque d’ en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène don
138 de sujet et je défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu le
139 e demandai quelques jours « pour réfléchir » et n’ en fis rien, certain qu’avant le terme fixé, la catastrophe réglerait to
140 nte une biographie nouvelle de Nicolas de Flue. J’ en avais parcouru distraitement quelques pages. L’image scolaire que je
141 sent. Au matin j’ai tout le plan de la pièce et j’ en ai vu le paradoxe essentiel : peupler et animer une scène immense aut
142 t s’adapter à la fois à la déclamation d’un chœur en marche et au dialogue du drame civique et spirituel. Tout cela crée l
143 orte rien qu’une commande peu munificente. Je lui en résume les données, j’esquisse la structure de la pièce, suggérée par
144 donc oui, et l’on se met au travail dès novembre. En janvier, tout sera terminé. J’écris d’abord le deuxième acte, et le l
145 les marches de son escalier, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont strictement techniques. Il me demande co
146 mous dans la fanfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’ en sais rien.) Il me prête un recueil de chorals luthériens, pour que j’
147 rête un recueil de chorals luthériens, pour que j’ en étudie la prosodie précise. Il veut savoir la fonction, la durée et p
148 es”. Ce qui a été une fois chanté peut être remis en musique. » À chaque visite dans son grand atelier, il me joue au pian
149 chose, une fin de choral pourtant, dont il me dit en riant : « Vous voyez, ça finit comme à l’église — catholique ou prote
150 texte, mais tout ce que j’ai pensé, arrière-pensé en l’écrivant et renoncé à y mettre faute de mots… Et surtout, l’arrière
151 e) de ma « Légende dramatique » est révélé tantôt en majesté, — toute la prière « Mon Dieu, ton serviteur » — tantôt par u
152 e continuellement, dans mon atelier, dans la rue, en conduisant ma Bugatti. Jusqu’à ce que la mélodie sorte des paroles. »
153 de collaboration, et, cela fait, chacun s’absorbe en son travail, selon les lois de son langage particulier. Or, l’aisance
154 t historique, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de la canonisation (c
155 se des sujets, ni des paroles et situations mises en musique, ni même des croyances de l’homme, quelles qu’elles fussent.
156 au « cœur » de l’homme. Sa musique est chrétienne en cela qu’elle signifie, par son affectivité même, « l’adéquation physi
157 dement de l’être dans le monde, à savoir Dieu »3. En ce point, tout s’éclaire et s’enchaîne. L’anecdote dont je parlais pr
158 n à quelque credo, mais la réalité de l’opération en nous de quelque chose, disons l’Esprit, qui n’est pas vérifiable autr
15 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
159 alonné l’évolution de cette entreprise si féconde en initiatives d’union des hommes au-delà des nations. Le titre est empr
160 r, selon Littré, c’est « faire du chemin, surtout en ce sens que le chemin est long et qu’on le parcourt lentement ». Ains
161 lot dans la forêt normande, d’épreuves du courage en aventures de l’âme. Les textes ici recueillis sont très variés de for
16 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
162 as dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droite. Mon bras droit tenait
163 belle idée, que j’accepte d’enthousiasme. C’était en 1954. Après deux ans d’études, de réunions au Centre, de démarches au
164 dernier d’un « Brevet européen du sportif ». On m’ en communiquait le texte « pour mon information, pensant que ce sujet ét
17 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
165 vite : ni moujiks ni yankees. Une Europe divisée en vingt-cinq nations, chacune trop petite pour se défendre seule, et ch
166 augurer n’a duré que dix à douze ans. (La Suisse, en regard, approche du viie siècle de sa continuité historique, continu
167 aineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais en fait toujours plus illusoire — sauf qu’elle bloque tout. C’est ici q
168 urtout secondaire — mais l’université n’était pas en reste vers 1914 —, l’école apprend depuis un siècle aux jeunes França
169 u’en vérité, pour la plupart, en tant qu’État, et en moyenne, elles n’ont même pas un siècle d’âge. Seules la France, l’An
170 dans cet enseignement, et dans les croyances qui en résultent. Je voudrais vous le montrer rapidement, et vous montrer au
171 ns de la voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans une ville universitaire, les colo
172 plus. Mais à l’université même, on ne parlait qu’ en latin, et l’on ignorait tout des appartenances « nationales » au sens
173 ’édit de Villers-Cotterêts donné par François 1er en 1539. Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la Suisse roman
174 inno-ougrien) sont étroitement parentes, alors qu’ en Chine on parle quatorze langues radicalement étrangères les unes aux
175 adicalement étrangères les unes aux autres, et qu’ en Inde, le Pandit Nehru ne pouvait se faire comprendre qu’en anglais de
176 le Pandit Nehru ne pouvait se faire comprendre qu’ en anglais de l’immense majorité de ses concitoyens quand il les appelai
177 scovo, obispo, bispe, biskop, bishop, Bischof… Il en va de même des termes militaires comme « canon », et de tous les term
178 ire », comme on le voit si bien autour de Genève, en suivant cette frontière qui ne rime à rien, qui ne sert à rien, ne pr
179 e, qui ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles,
180 us présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europe comme une addition de préten
181 premier langage musical européen — au vie siècle en Italie ; s’enrichit aux couvents de Jumiège, puis de Saint-Gall avec
182 de Limoges, à Notre-Dame de Paris, puis plus tard en Champagne et dans le Nord et à Florence simultanément — laudi et madr
183 s avec Ockeghem et Josquin des Prés. Elle rayonne en Bourgogne, en France et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de s
184 m et Josquin des Prés. Elle rayonne en Bourgogne, en France et redescend vers l’Italie qu’elle enrichit de ses nombreuses
185 Lasso à Naples, puis Roland de Lassus à Paris et en Bavière. Plus tard, les Allemands comme Heinrich Schütz viennent s’in
186 influenceront à leur tour la musique occidentale, en imposant leurs œuvres à Paris… L’évolution de la peinture suit à peu
187 : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’ en est-il de ses diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai
188 s progressistes et des conservateurs. Or, je mets en fait que dans la plupart des cas, les hommes de gauche de pays différ
189 mez les frontières nationales, vous n’appauvrirez en rien l’Europe une et diverse, et vous ne risquerez pas un instant de
190 ile. Seconde observation : la création culturelle en Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralis
191 Napoléon faisait de la France un désert culturel en mobilisant à Paris tous les esprits distingués qu’il n’avait pas bann
192 dans les pays voisins. La situation de la culture en Suisse reflète exactement en microcosme la situation de la culture à
193 uation de la culture en Suisse reflète exactement en microcosme la situation de la culture à l’échelle du continent. Ce qu
194 lture à l’échelle du continent. Ce qui s’est fait en Suisse au point de vue de la culture — et qui est supérieur, proporti
195 ouverture à tous les grands courants européens — en sautant le stade national : voilà l’Europe de la culture, voilà, iden
196 ntiquement, la Suisse. Si maintenant je transpose en termes politiques mon équation culturelle : Europe de la culture = c
197 te de faciliter un peu le passage des frontières, en maintiennent et renforcent le principe. Nous ne croyons pas à une Eur
198 sais bien que les Suisses sont timides et qu’ils en font même une vertu, sous le nom de modestie. Qu’ils fassent donc un
199 oser sa propre solution fédéraliste, de l’exposer en temps et hors de temps, et d’exiger enfin qu’on la prenne au sérieux.
200 is. » Accompagnée de ce résumé, également traduit en allemand, anglais, italien et néerlandais : « À l’union fédérale des
18 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
201 avance le limite. Je ne le connaîtrai vraiment qu’ en découvrant à l’expérience ce qu’il me dicte ou m’interdit, mais aussi
202 ent antinomiques, leurs combinaisons innombrables en systèmes toujours plus complexes, successifs ou simultanés, et les in
203 ces systèmes… Ce donné historique toujours vivant en nous, ce passé jamais accompli, nul n’en peut prendre les mesures : i
204 s vivant en nous, ce passé jamais accompli, nul n’ en peut prendre les mesures : il s’agrandit sans fin au regard du cherch
205 u sens concret, que ce que nous sommes capables d’ en utiliser pour nos fins propres. Tout héritage culturel est en partie
206 pour nos fins propres. Tout héritage culturel est en partie offert mais en partie subi. Devant l’immensité de l’offre euro
207 Tout héritage culturel est en partie offert mais en partie subi. Devant l’immensité de l’offre européenne et ses complexi
208 ifférence personnelle ; et par là même, non point en revêtant un uniforme (matériel ou moral), nous deviendrons de vrais E
209 s, et se tenir au courant de l’évolution des arts en avouant volontiers qu’on ne comprend plus — et voilà quelqu’un de cul
210 me ajoute à la nature, on voit qu’elle représente en fait tout ce que nous sommes capables de penser et presque tout ce qu
211 il faut que nous prenions l’habitude de combiner en contrepoint la source celte, la germanique, la scandinave, et leurs c
212 qui entend totaliser ces trois puissances de mise en ordre, mais aussi les cyniques et libertins d’une part, et de l’autre
213 ou je ne sais pas ce que c’est. Et tout cela vit en chacun de nous, sous forme de conflits, de défis passionnants, de cri
214 stalgies et plaisirs alternés. Les meilleurs sont en quête de leur vrai nom ; la masse est fuite devant la personne respon
215 it fil de l’héritage européen ; Hitler et Staline en travers. Les deux mémoires Mais ces grands noms nous trompent.
216 . Quantité de chances culturelles et de handicaps en résultent. Nul besoin d’avoir lu Homère, Platon, Virgile et saint Tho
217 romain, Dracon, Solon, qui ont inventé la liberté en déclarant que c’est l’individu et non le clan qui est responsable en
218 est l’individu et non le clan qui est responsable en justice ; et à travers eux, derrière eux, il y a l’Égypte et Sumer. C
219 richesses à qui veut écrire de la poésie ». Et il en voit la raison, précisément, dans la variété des sources européennes
220 intégrante de l’héritage commun. Ceci noté, il n’ en est que plus frappant de constater qu’un même mot originel, grec, lat
221 iginalité culturelle ». Ainsi le mot dubron : eau en celtique, dour en breton armoricain, donne leur nom au Douro espagnol
222 le ». Ainsi le mot dubron : eau en celtique, dour en breton armoricain, donne leur nom au Douro espagnol, à la Drance et à
223 rançaises, aux deux Doire italiennes, à Dordrecht en Hollande, et à vingt autres fleuves et rivières de l’Europe. « Qu’as-
224 l’Europe » — comme l’appelait déjà une chronique en latin rédigée au début du xie siècle — aux nations qui se croient su
225 nnées génétiques le prédisposent ou le commandent en partie, et ses libres choix, d’autre part, font nécessairement tort à
226 nerie cloisonne et appauvrit. Elle existe partout en Europe, des Bleus et des Verts de Byzance aux « sportifs » des cinq c
227 age du sens critique et l’agressivité stérile qui en résulte n’ont jamais existé (avant notre influence) en Inde, en Chine
228 sulte n’ont jamais existé (avant notre influence) en Inde, en Chine, ou dans les grands empires de l’Afrique noire et des
229 nt jamais existé (avant notre influence) en Inde, en Chine, ou dans les grands empires de l’Afrique noire et des Aztèques.
230 des sources grecque, romaine et judéo-chrétienne, en l’occurrence) est à la fois trop englué dans la matière (d’où son imp
231 animique si on le compare à l’Africain noir). Il en résulte une étonnante absence de grandes qualités sociales et personn
232 ombinées — nationalisme et disjonction de l’homme en matière et intellect abstrait — ont causé les grandes guerres mondial
233 tes ou les Noirs, loin de là. Mais ils ont causé, en fait, les grands massacres de l’Histoire : 1914-1918 au nom du nation
234 ilitaire ne peuvent que subir sans comprendre. Il en résulte une inégalité fondamentale entre l’élite scientifique et la m
235 ses. Si bien que l’anticlérical devient athée (ou en tout cas antichrétien) et ainsi se mutile en esprit pour se venger d’
236 (ou en tout cas antichrétien) et ainsi se mutile en esprit pour se venger d’une trahison, si longtemps arrogante, de l’es
237 a Rome impériale. Tout cela est mal vu de nouveau en URSS et dans la Chine de Mao. Mais c’est bien à tout cela que l’Europ
19 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
238 la création de la poésie, de la vraie littérature en Europe, et il y a donc un lien tout à fait évident entre la culture,
239 dans tout le développement de la culture, surtout en France, en Angleterre, en Espagne, moins en Allemagne. Mythes germa
240 e développement de la culture, surtout en France, en Angleterre, en Espagne, moins en Allemagne. Mythes germaniques V
241 de la culture, surtout en France, en Angleterre, en Espagne, moins en Allemagne. Mythes germaniques Votre analyse es
242 rtout en France, en Angleterre, en Espagne, moins en Allemagne. Mythes germaniques Votre analyse est-elle valable éga
243 alyse est-elle valable également pour la Suisse ? En Suisse, nous sommes un peu tributaires de la civilisation germanique,
244 allemands notamment, et nous sommes très mélangés en Suisse romande, cette idée que la femme n’a pas sa place dans les aff
245 actuelle, je défie qui que ce soit de m’expliquer en quoi les hommes seraient privilégiés par rapport aux femmes dans leur
246 légiés par rapport aux femmes dans leur activité. En quoi seraient-ils supérieurs ? Ce mythe germanique serait donc à la b
247 é actuelle, il est impossible qu’on vous démontre en quoi la force physique privilégie quelqu’un. Égalité, donc service
248 liquent cette inégalité des sexes ? Oui, parce qu’ en Suisse — prenez cet exemple des Landsgemeinde — vous avez des surviva
249 Comme les nobles au Moyen Âge, les hommes libres en Suisse, c’était la même chose, ils étaient exactement sur le même pla
250 éfini par l’arme. Vous avez une quantité de gens, en Suisse, qui vous disent : c’est très bien les femmes, qu’elles aient
251 e civilisation », n’exagérez-vous pas leur rôle ? En tous les cas, ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le devons
252 la morale, c’est par les femmes que cela se fait en Europe. C’est très important et on l’oublie toujours. D’ailleurs, je
253 our l’uniforme, plus que les hommes souvent. Il n’ en reste pas moins, que bien ou mal, c’est par les femmes que se fait la
254 ement parlant. Ce qui n’est absolument pas le cas en Asie, ce qui n’est pas le cas dans les civilisations où il y a beauco
255 Je dis que sur le plan de la vie publique il n’y en a pas. Je n’en vois pas. Les seules que nous croyons voir, que nous i
256 le plan de la vie publique il n’y en a pas. Je n’ en vois pas. Les seules que nous croyons voir, que nous imaginons voir,
257 a. Entretien introduit par le chapeau suivant : «  En 1798, un diktat du gouvernement français imposait le droit de vote au
258 ek-end réside dans le fait que c’est “le peuple”, en l’occurrence les hommes, qui se prononcera. Partout ailleurs, où la f
20 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
259 . De la conclusion d’une conférence qu’il donnait en 1931 sur l’idée de nation, je recopie ces lignes4 : Plaçons-nous sur
260 alisme et l’universalisme », la commune de Paris, en 1871 : … le communisme de la Commune ne saurait être compris que si
261 minorités nationales et réaffirment de la sorte, en théorie, « la corrélation entre la décentralisation régionaliste et l
262 et la révolution impossible. Deux ans plus tard, en mai 1933, le premier numéro de L’Ordre nouveau était introduit par
263 s pages anonymes où l’on retrouve la même pensée, en référence plus précise encore à la « mission ou démission de la Franc
264 ique présente de la région, très particulièrement en France. Ils soulignent d’abord la co-action et l’unité de structure d
265 cherches philosophiques de 1933 [en réalité écrit en 1933 mais paru en 1936-1937]. ac. Rougemont Denis de, « Arnaud Dand
266 iques de 1933 [en réalité écrit en 1933 mais paru en 1936-1937]. ac. Rougemont Denis de, « Arnaud Dandieu, la révolution
267 Dandieu, la révolution et les régions », L’Europe en Formation, Nice, mars 1971, p. 11-12.
21 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
268 la vie politique française, notamment. Quoi qu’il en soit, et hors de toute politique au sens étroit du terme, il est un f
269 est un fait que je crois indispensable de mettre en relief ; c’est que les études régionales paraissent propres à renouve
270 ncrètes d’un grand nombre d’activités culturelles en Europe, et tout d’abord l’enseignement des principales disciplines tr
271 te l’histoire de l’Europe étant à refaire de fond en comble, après un siècle et demi de falsifications obligatoires par le
272 et de leur possible optimisation. Elle ne connaît en fait ni frontières nationales, ni circonscriptions électorales ou fis
273 et conforme à nos idéaux ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités » de l’Économie, science et pratique
274 ification continentale à base d’unités régionales en interdépendances globales. Dans tous ces domaines, l’articulation de
22 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
275 , j’ai défini le fédéralisme comme la coexistence en tension de réalités également valables, mais différentes ou même anti
276 s-Unis, par exemple. La moitié du malheur humain, en Occident, tient dans le terme d’adultère. Et cette catastrophe vient
277 e base désastreuse pour le mariage ? Je le disais en 1938, je n’ai pas changé d’avis. Nous entrons dans le mariage général
278 r erreur, parce que nous sommes amoureux. Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’il faut se marier. Eh bien, non
279 c’est une invention de l’Europe. L’Asie l’ignore en toute sérénité, l’Amérique la déprime et la Russie a tenté de la supp
280 ous influencé ? J’ai rencontré McLuhan à Toronto, en 1969. Je sais par ses étudiants qu’il parle souvent de mes thèses dan
281 Quand l’historien Charles Seignobos écrivit déjà, en 1920, que l’amour était une invention du xiie siècle, cela passa pou
282 ne devoir vivre. Le mariage est en train de voler en éclats, non pas à cause de la passion dans sa beauté insoutenable, ma
283 tel que nous le concevons a inspiré tous les arts en Europe, mais il ne vaut rien pour cette œuvre d’art qu’est le couple.
284 autres civilisations ? Je n’ai rien trouvé de tel en Orient, en Inde, en Chine, où n’existe aucune littérature d’amour-pas
285 lisations ? Je n’ai rien trouvé de tel en Orient, en Inde, en Chine, où n’existe aucune littérature d’amour-passion. Si l’
286  ? Je n’ai rien trouvé de tel en Orient, en Inde, en Chine, où n’existe aucune littérature d’amour-passion. Si l’on except
287 des résistances qu’elle rencontre. On ne retrouve en Orient que la technique érotique des épreuves, signalée par Mircea El
288 de romantisme ou d’idéalisation quasi mystique s’ en trouve exclue. L’amour tel que nous l’entendons depuis le xiie siècl
289 Ce qui se rapproche le plus de notre verbe aimer en chinois désigne la relation entre la mère et le fils. L’amour, l’érot
290 ils. L’amour, l’érotisme et la sexualité ont créé en Europe une problématique à peu près unique au monde : ils ne peuvent
291 ’autre, dans leur différence, se créent ensemble, en devenant l’une par l’autre ce qu’elles sont. Ce que je veux défendre,
292 entre l’érotisme, l’amour-passion et une éthique. En 1969, j’ai fait sur ce sujet une conférence à l’université d’Indiana,
293 es gens de l’establishment ont applaudi quelqu’un en commun. » Aujourd’hui, selon vous, quel est l’avenir de l’amour ? D’u
294 r s’il y a aujourd’hui une crise du mariage, il y en a une aussi de l’amour-passion. Parce que l’amour-passion, lui non pl
295 la possibilité même de toutes les formes d’amour. En ce sens, la révolution sexuelle ne veut rien dire. Quel est l’ordre n
296 de Tristan à travers ces trois livres ; les trois en sont des reviviscences probablement inconscientes. Dans le mythe de T
297 saire à l’amour-passion, l’amour-action peut-il s’ en passer ? Si la passion a besoin d’obstacles pour vivre, elle en trouv
298 la passion a besoin d’obstacles pour vivre, elle en trouvera toujours, même dans l’amour-action, parce que jamais cet eff
299 . Il projette. Ce qu’il aime, c’est l’amour, être en état d’amour. Toutes les femmes qu’on aime d’amour-passion, toutes le
300 ption, l’esclavage, non l’union de deux libertés. En politique, on appelle cela du totalitarisme. Depuis quand combattez-v
301 t. Mon opposition au nazisme me valut d’ailleurs, en 1940, d’être envoyé en Amérique… où j’allais découvrir l’Europe. Comm
302 zisme me valut d’ailleurs, en 1940, d’être envoyé en Amérique… où j’allais découvrir l’Europe. Comment cela ? On prend con
303 l’Amérique sous l’impact des Européens immigrés. En 1922, quand je suis allé aux États-Unis pour une tournée de conférenc
304 gement inouï qui s’est produit depuis lors est dû en bonne partie à l’afflux des Européens, notamment ceux que Hitler a ch
305 fois » et me demandait si j’étais libre ce soir… En Amérique, on l’accusait de communisme, parce qu’il pensait qu’il fall
306 s êtes bien optimiste. Cela prendra un temps fou. En tout cas, cela ne se fera pas avec un nationaliste comme Churchill :
307 sième larron armé jusqu’aux dents. Eh bien, c’est en Amérique qu’a germé en quelques-uns d’entre nous l’idée de combattre
308 ’aux dents. Eh bien, c’est en Amérique qu’a germé en quelques-uns d’entre nous l’idée de combattre ce nationalisme fauteur
309 urs » de mes textes. Mais pourquoi êtes-vous allé en Amérique pendant la guerre ? À cause d’un article envoyé à la Gazett
310 out ce qu’il veut saisir se change à son approche en fer tordu, en pierraille lépreuse. » Un coup de téléphone du chef des
311 eut saisir se change à son approche en fer tordu, en pierraille lépreuse. » Un coup de téléphone du chef des services de r
312 icle par l’ambassadeur d’Allemagne. « Vous mettez en danger la sécurité de la Suisse, me dit ce colonel, mais j’ai aimé vo
313 Conseil fédéral jugea plus prudent de m’expédier en mission aux États-Unis, où les circonstances m’ont contraint à demeur
314 re les deux Grands », c’est une plaisanterie, car en additionnant 237 millions de Soviétiques et 203 millions d’Américains
315 base de l’unité culturelle, qui s’est formée tout en fondant l’Europe, depuis deux ou trois millénaires, et qui caractéris
316 mère Toynbee. « Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presque », disait Valéry. C’est vrai : toutes les scienc
317 sont ajoutées des influences arabes, slaves, et j’ en passe. Tout cela l’a distinguée des autres grandes civilisations, fon
318 r des chefs militaires, qui ne remettaient jamais en cause le système des valeurs régnantes. En 1961, aux États-Unis, les
319 jamais en cause le système des valeurs régnantes. En 1961, aux États-Unis, les étudiants progressistes de l’Université de
320 abord, parce qu’on est parti sur le mauvais pied, en essayant de fonder l’union sur le principal ennemi de toute union : l
321 avez écrit : « Il faut transformer les frontières en écumoires en attendant qu’elles disparaissent complètement. » Oui, l’
322 « Il faut transformer les frontières en écumoires en attendant qu’elles disparaissent complètement. » Oui, l’ennemi, c’est
323 es dictatures communistes et fascistes ont toutes en commun la religion de l’État-nation centralisé. Il n’y a que des diff
324 t de notre action fédéraliste, nous sommes entrés en opposition avec Churchill, qui, lui, voulait des « États-Unis » d’Eur
325 le politique idéal ? Vous savez, la vie politique en Suisse est très loin de la vie politique en France : elle est parfait
326 tique en Suisse est très loin de la vie politique en France : elle est parfaitement ennuyeuse. Et c’est très bien comme ça
327 é, fédéralisme, démocratie directe. Le souverain, en Suisse, c’est le peuple. Vous lisez dans nos journaux : « Le souverai
328 nière de parler, c’est la réalité. On ne dit pas, en Suisse : « Un tel a été un grand serviteur de l’État. » Pourquoi serv
329 de Napoléon : le règne majestueux sur des sujets. En France, quand j’ai des démêlés, comme tout le monde, avec des fonctio
330 Europe régionaliste… Eh bien, il a dû se réfugier en Irlande ! Pour vous, au contraire, le fédéralisme est une méthode d’u
331 f des États-nations. Les régions se constitueront en nouant entre elles, par-dessus les frontières politiques, des relatio
332 révolution qui part des superstructures. Eh bien, en ce sens-là, je suis maoïste ! Je crois que la révolution part des gra
333 ondamentales de notre esprit. Et que l’économie n’ en sera jamais que le produit. Vous restez donc optimiste en ce qui conc
334 jamais que le produit. Vous restez donc optimiste en ce qui concerne l’Europe ? Les statistiques sur l’idée européenne me
335 eurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’il n’ en naît. » Je suis certain que nous irons vers des solutions fédéraliste
336 ions fédéralistes, régionalistes, parce qu’il n’y en a pas d’autres. Mais il reste toujours la part du diable. Qui est-ce,
337 té sur ce que quelques idéologues ont eu l’idée d’ en faire. Pas une seule de nos révolutions n’a réussi. Dans ce sens, on
338 me semble improbable que cet ennui ne recrée pas en profondeur la soif de quelque chose qui soit au-delà de l’ordre et qu
339 par le chapeau suivant : « Denis de Rougemont, né en Suisse il y a soixante-cinq ans, jouit d’une notoriété internationale
340 amour. Parce qu’il est l’un de ceux qui ont créé, en 1932, avec Emmanuel Mounier ( Esprit ), le mouvement personnaliste. P
23 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
341 ble, qu’est-ce que cela peut représenter au juste en 1971 pour un non-croyant ? Frédéric de Towarnicki a posé la question
342 ident est aussi celui de La Part du diable . Il en parlera d’ailleurs, et de l’Europe — sa grande idée — dans l’émission
343 d’histoires ! Aujourd’hui, beaucoup disent : « On en a assez de la morale ! », mais c’est pour vous en imposer aussitôt un
344 en a assez de la morale ! », mais c’est pour vous en imposer aussitôt une autre, danoise, maoïste, marxiste ou hippie. Là,
345 iable, tel que vous le concevez ? Pour m’exprimer en des termes empruntés à la physique moderne, je dirais que le diable,
346 forces anonymes et qui rendent tout anonyme sont en expansion. La plupart des forces déchaînées à travers le monde nous i
347 alin. Quand Hitler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaillait derriè
348 re lui, et le diable travaillait derrière nous et en nous. Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste dans les
349 au monde. Le diable compte sur la lâcheté qui est en chacun de nous, et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans
350 it votre ouvrage, La Part du diable ? À New York, en 1942, à la suite d’une conversation sur les Américains, dont la faibl
351 tant commencé l’ouvrage après un an de mon séjour en Amérique. La Suisse m’y avait envoyé en mission à la suite d’un artic
352 on séjour en Amérique. La Suisse m’y avait envoyé en mission à la suite d’un article que j’avais publié sur l’entrée de Hi
353 litaire. J’ai écrit les cinquante premières pages en vingt-quatre heures, sans sortir de mon atelier, puis j’ai voulu alle
354 d, les patrons étaient seuls, et l’on s’est écrié en me voyant entrer : « Voilà le diable ! ». J’ai déguerpi, sans demande
355 on générale dans le monde : celui de Sharon Tate, en Californie, et celui de Song My ou My Lai, au Vietnam. Dans l’esprit
356 sis ! Là, vous êtes sûr de ne pas le rater. C’est en vous qu’il existe : personne d’autre ne peut vous “dépersonnaliser” q
24 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
357 llabe insignifiante et qu’il n’y avait pas lieu d’ en disputer. Il est bien vrai qu’aucune raison logique ou sémantique ne
358 ion est « l’union entre plusieurs États qui, tout en gardant une certaine autonomie, s’associent pour former un seul État
359 t des gouvernements fédéraux ». D’où l’on conclut en bonne logique qu’une seule et même réalité correspondant aux deux mot
360 érence aux yeux de Littré, et nous pourrions nous en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il n’y avait dans le
361 à lui seul — l’une affirmant que ce régime était en Amérique, selon Chateaubriand, « une des formes politiques les plus c
362 mployées par les sauvages », l’autre rappelant qu’ en France, le fédéralisme fut le « projet attribué aux girondins de romp
363 rançais lettré conclut que Louis XIV et Napoléon, en centralisant l’Hexagone, l’ont sauvé de la sauvagerie (qui règne enco
364 e, l’ont sauvé de la sauvagerie (qui règne encore en Suisse, sans doute) et que les fédéralistes, en France, sont des traî
365 e en Suisse, sans doute) et que les fédéralistes, en France, sont des traîtres. Le mot se trouve ainsi « taboué » pour tou
366 ut le problème. Telle étant la situation de fait, en France, il fallait bien lui donner un statut de droit. C’est à quoi L
367 s’appliqua, vers 1900, dans une thèse qui précise en mille pages la distinction, désormais classique, entre nos deux terme
368 de fédération et de confédération se distinguent en ce que la première seule de ces deux formes possède la souveraineté,
369 e, et vous, vous prétendez faire la grande Europe en dix ans ? La vérité historique, c’est qu’il a fallu cinq à six siècle
370 une ligue d’États dénuée de tout pouvoir central en une solide fédération. Enfin, l’on peut tirer de l’expérience suisse
371 locales est celle qui naît précisément de la mise en commun d’une partie de leurs souverainetés réaffirmées ! On me dira q
372 économiques, écologiques et culturels constitués en régions organiques ; d’autre part, l’État fédéral suisse limite à ses
25 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
373 propos de la pollution et des gens savants qui s’ en occupent : « Je donne aux inventeurs de cette psychose le prix Nobel
374 tend son livre à ceux qui tombent du quarantième en leur criant : « Jusqu’ici tout va bien, continuez ! » ah. Rougemo
375 heureux et qui ont bien raison de l’être, publié en 1971 chez Albin Michel.
26 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
376 d’ensemble où l’on est pris, et son propre destin en elle. D’où l’on voit que participer activement, c’est aussi se réalis
377 donc s’autodéterminer dans la mesure où l’on agit en elle. Ce sont les formes actives de la participation que nous aurons
378 dans la société, c’est-à-dire dans la cité. Polis en grec donne politique, civitas en latin donne civique, donc point de d
379 s la cité. Polis en grec donne politique, civitas en latin donne civique, donc point de différence à l’origine. Mais dans
380 ient de la définir, la politique prend désormais, en ce dernier tiers du xxe siècle, une importance décisive qu’elle n’av
381 raint du seul fait que, pour la première fois, il en a la possibilité — la liberté. Depuis les origines, l’homme n’avait p
382 n effet le premier moyen de commander à la nature en se conformant à ses lois. Mais à mesure que cet impérialisme humain s
383 épasser lui-même, mais il ignore vers quoi. Déjà, en Occident, il est au terme de l’ère qu’on a nommée néolithique, celle
384 s force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’humanité, science ou art de l’
385 , soit de la personne, pour les autres. Ainsi mis en demeure de choisir nos options de base et nos orientations globales,
386 uite une vision des communautés qui la traduisent en structures religieuses, éthiques, juridiques, économiques et architec
387 s précédent. Je vais avouer d’abord mes raisons d’ en douter. I. Le savant et le citoyen Je lis sur la couverture d’un
388 savants (d’ailleurs honnêtes et scrupuleux) sont en fait des devins, car, attentifs à ne pas « prophétiser », ils cherche
389 (par la force s’il le faut) certains chemins, et en fermer d’autres. Dans la devise « gouverner, c’est prévoir », le mot
390 s deux « variables conjuguées » seraient donc ici en relations d’incertitude. En revanche, et à l’inverse, on pourrait aus
391 e les aspects antinomiques « sont complémentaires en ce sens qu’il est nécessaire de faire intervenir ces deux aspects pou
392 ique » au xxie siècle (« 2 500 000 hommes au km2 en l’an 2400 » selon le rapport Nixon paru fin 1969), exercent d’ores et
393 , les virtualités irrationnelles qu’ils détectent en germe dans le présent puis projettent sur le grand écran de l’avenir.
394 ns les démocraties de l’Ouest toute compréhension en profondeur des mouvements totalitaires (surtout de l’hitlérisme) et t
395 avenir à déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’ en pourrait chiffrer. 4. Ceux qui prévoient l’an 2000 ne sont pas ceu
396 vue. Car si je savais ce qui m’attend « là-bas » en l’an 2000, je refuserais sans doute d’avancer, j’irais plutôt chez le
397 « matériellement exact » : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’est en tant que tel
398 avance vers lui, va modifier l’action des hommes en qui elle s’opérera, autant qu’elle les modifiera eux-mêmes, opérants 
399 nières de pressentir l’avenir ne le modifiait pas en cours de route, ou si nous pouvions évaluer ces modifications ; — bre
400 valuer ces modifications ; — bref, si nous étions en mesure de prévoir à la fois l’avenir, nous-mêmes en lui, ses modifica
401 mesure de prévoir à la fois l’avenir, nous-mêmes en lui, ses modifications et nos modifications en variables conjuguées ;
402 es en lui, ses modifications et nos modifications en variables conjuguées ; ou encore : les influences récurrentes à l’inf
403 tion va et vient sans relâche du tout aux parties en interaction créatrice évoque ce qui se passe dans la tête d’un dramat
404 s chaque mot, en même temps, crée dans l’ensemble en voie d’actualisation par l’écriture des surprises qui le modifient, e
405 e seront pas les mêmes, d’ici là, aux États-Unis, en URSS, en Europe, dans le tiers-monde. Les situations de départ en 197
406 pas les mêmes, d’ici là, aux États-Unis, en URSS, en Europe, dans le tiers-monde. Les situations de départ en 1970 sont di
407 pe, dans le tiers-monde. Les situations de départ en 1970 sont différentes, comme le seront sur les divers continents les
408 st celui de l’agrément du cadre : « Que l’on vive en 1768 ou en 1968, une pièce agréable, une vue reposante, une promenade
409 l’agrément du cadre : « Que l’on vive en 1768 ou en 1968, une pièce agréable, une vue reposante, une promenade plaisante,
410 ison-Blanche du 8 février 1965. Mais ce droit est en fait constamment menacé ou lésé par un autre invariant humain, l’égoï
411 l’absence de courtoisie ; et dans les campagnes, en contribuant à l’enlaidissement irrémédiable de l’environnement : pavi
412 i que cet égoïsme, cet incivisme (souvent déguisé en individualisme libertaire) et le besoin inverse et complémentaire du
413 uant à la participation civique et politique doit en tenir compte dès le départ. III. Les variables La prévision s’
414 années 1970, les dimensions de la cité ont varié en raison inverse des possibilités de participation civique. Dans les ru
415 d’un homme criant sur l’agora. Jusqu’à nos jours, en toutes provinces européennes, de Grenade à Riga, d’Édimbourg à Istanb
416 ote) multipliées par dix, vingt ou cent, excluent en fait la possibilité de l’agora ou du forum, auquel l’époque absolutis
417 l’après-midi —, si la conduite de la cité devient en conséquence l’affaire de spécialistes pratiquement anonymes, et que d
418 ensés diriger et orienter, mais qu’ils se bornent en fait à « couvrir » ou à révoquer après coup — alors il n’y a plus de
419 orme, ou par ses modes de diffusion, elle servira en fait à éduquer et stimuler le jugement libre ou, au contraire, à le c
420 à ses risques et périls : « Le Roi est nu. » Il n’ en va plus de même lorsque l’information s’adresse à l’inconscient (hidd
421 un individu ou uniformise celui d’une classe pour en faire une caste. Le jeu des alternatives Nos termes de base a
422 ar les légistes de Philippe le Bel, vers 1300. Qu’ en est-il alors de la fameuse prophétie de Proudhon : « Le xxe siècle o
423 e né avant 1900. La persistance des États-nations en 2000 impliquerait la mort de l’Europe comme entité. L’échec définitif
424 it la double satellisation, par l’URSS à l’Est et en Méditerranée, par les USA à l’Ouest et au Nord. La participation civi
425 el et omniscient ; dans tous ces cas, l’agent est en mesure de « sonder les reins et les cœurs », d’enregistrer non seulem
426 . On arrive assez vite à un clivage de la société en deux classes : celle qui reçoit l’information en temps utile, et qui
427 en deux classes : celle qui reçoit l’information en temps utile, et qui en joue à son profit ; et celle qui reçoit des « 
428 e qui reçoit l’information en temps utile, et qui en joue à son profit ; et celle qui reçoit des « instructions » sous for
429 « historiques » (fixées depuis moins d’un siècle en moyenne) ; de même, si aucune révolte populaire n’arrive à ébranler l
430 issante régionalisation, d’autre part de perdre — en voulant rester seul — le plus clair de son « indépendance » : il ne p
431 tarisation civique, persistante ou potentielle, n’ en devra pas moins rester présente en filigrane dans toute image plus ré
432 équate. Un schéma de la coaction de nos facteurs en vue d’une participation civique et politique optimale s’articulerait
433 tion civique et politique optimale s’articulerait en quatre phases ou degrés de relations d’implications. 1. Dimensions
434 i […] le nombre des magistrats suprêmes doit être en raison inverse de celui des citoyens, il s’ensuit qu’en général le go
435 ssembler » (Contrat social, III, 1 à 3). Rousseau en vient ainsi à formuler une loi de la participation qu’illustrent les
436 ’abord d’organiser (et non pas de « délimiter »), en tout cas pas plus — et peut-être pas autrement — qu’on ne le fait pou
437 e ou communes de dimensions assez petites pour qu’ en leur sein la participation civique soit aussi directe et aussi fréque
438 le à la vie communale, pour ceux des citoyens qui en ont envie, et des contacts quotidiens, désordonnés, livrés au hasard,
439 ne vie civique rénovée semble pouvoir être résolu en théorie dès les années 1980. Mais la société de l’an 2000 n’en sera p
440 s les années 1980. Mais la société de l’an 2000 n’ en sera pas moins compromise par la survivance encombrante de quartiers
441  reste » d’anarchie. On sent bien que cela serait en contradiction réelle avec la liberté, qui est le ressort du jeu en mê
442 agée : ses éléments ne sont pas des pions solides en nombre déterminé mais des flux, des couples de forces, des antinomies
443 s des flux, des couples de forces, des antinomies en tension, dont la vie même se manifeste par la recréation perpétuelle
444 rsonnels) comme fin de la cité —, nous découvrons en chacune d’elles des motifs intrinsèques de conflits renouvelés, de ré
445 é les coordonnées dans le monde grec de la polis, en essayant d’imaginer leurs homologues possibles dans le monde de l’an
446 rmisme civique et de la sécurité socioéconomique, en défense contre l’aventurisme des élites, mais aussi contre leur sages
447 lites. Le passage de la masse aux élites consiste en l’acte de contester valablement les évidences majoritaires, donc dans
448 cussion publique La discussion publique était, en Grèce antique, l’affaire de l’ensemble des citoyens (environ le dixiè
449 des émetteurs-récepteurs individuels (son, vision en relief, toucher peut-être un jour ?) qui ne manqueront pas de se mult
450 résentation et de l’assemblée, les exigeant même, en lieu et place des formules de centralisation statique dans un cadre t
451 compétences pour intéresser le citoyen, et elles en gardent trop pour le peu d’informations dont disposent leurs maires.
452 cé à deux reprises par l’histoire du xxe siècle, en 1914 et en 1939. Il y a peu de chances que leur évidente inadaptation
453 eprises par l’histoire du xxe siècle, en 1914 et en 1939. Il y a peu de chances que leur évidente inadaptation aux dynami
454 s, au terme duquel ils seront pratiquement tombés en désuétude. La disparition progressive des frontières dites politique
455 manche, qui se contentent d’assister aux matches. En 2000, il y aura beaucoup plus de possibilités d’agir sur la cité (mêm
456 différence entre participants actifs et passifs n’ en sera que plus marquée, sinon plus sensible : car la plupart des homme
457 de s’être « engagés » quand ils n’ont qu’assisté en faisant un peu de bruit. Nous retrouvons ici l’idée des deux classes
458 vre assez exactement la distinction que je posais en débutant entre futurologues scientifiques et prophètes. L’angoisse du
459 out à l’heure des conseils d’administration tenus en vidéophonie, et de la possibilité d’étendre à bien d’autres conseils
460 Serons-nous moins « présents » à 5000 kilomètres en vidéophone que dans l’échange si difficilement combiné de coups de té
461 is, sans rien pouvoir prouver — que la présence «  en chair et en os » de milliers d’hommes, dans un cadre restreint, dégag
462 n pouvoir prouver — que la présence « en chair et en os » de milliers d’hommes, dans un cadre restreint, dégage des forces
463 férent entre deux hommes qui se serrent la main «  en chair et en os » et deux images des mêmes hommes qui se tendent à dis
464 deux hommes qui se serrent la main « en chair et en os » et deux images des mêmes hommes qui se tendent à distance des ma
465 on d’une image ou d’un son, à quelque distance qu’ en soit la source, implique toujours un contact proprement physique. La
466 stance et celui qui s’établit entre deux hommes «  en chair et en os », c’est que le premier est sélectif, le second pouvan
467 lui qui s’établit entre deux hommes « en chair et en os », c’est que le premier est sélectif, le second pouvant être « glo
468 ne. L’identité et l’autonomie de la personne sont en butte à des menaces de tous ordres : pharmacopée, conditionnement psy
469 inévitabilité pratique, donc de leur négativité. En conclusion ouverte sur l’avenir, il me reste à définir, pour le reven
470 n obligatoire est la négation même du civisme, il en découle que la reconnaissance du droit à l’objection sociale, civique
471 libre et, dans cette mesure même, responsable. Il en est par exemple ainsi de l’objection au dogme du travail : voir Le Dr
472 et obligatoire dans le cadre stato-national tombé en désuétude. Mais l’objecteur social, politique, économique, ou même ci
473 Louis de Broglie, « Les représentations concrètes en micro-physique », Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie
474 « Europe divisée ou Europe fédérée ? », L’Europe en l’an 2000, Fayard, 1972, p. 169-199.
27 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
475 pour dominer la nature et l’exploiter au maximum en vue d’une prospérité matérielle toujours croissante. Aujourd’hui, il
476 transformés de ce pillage. Et l’idée se fait jour en lui que ce n’est plus aux seuls « besoins de l’économie » qu’il s’agi
477 physiques qu’annoncent nos prospectives unanimes en sauvant du même coup la nature ? N’y a-t-il pas là une vocation propr
478 solé » (comme un fil électrique) qui fait son job en toute conscience professionnelle mais ne veut pas chercher à comprend
479 est aussi l’auteur des Pensées. On l’a bien dit ( en Amérique) : la tour d’ivoire peut être, et a parfois été, le bâtiment
480 rtout la traduction d’une découverte scientifique en pollution universelle. On ne peut plus s’en remettre au Temps pour ad
481 fique en pollution universelle. On ne peut plus s’ en remettre au Temps pour adapter, roder, domestiquer l’invention née d’
482 de géométrie et ses méthodes, l’esprit de finesse en fera son plus cher ennemi, et finalement son allié le plus sûr. L’urb
28 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
483 dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons-nous descendr
484 és dans tous les sens, et ces forêts irrégulières en tapisserie, ces villages et ces bourgs bien ramassés, ces villes bien
485 l’ère industrielle. Or, traversez cette Suisse-là en chemin de fer, et vous ne verrez plus guère que maisons et fabriques,
486 remiers Suisses confédérés à rédiger leurs pactes en beau latin. La vocation de la Suisse est de revaloriser ce qui est pe
29 1972, Articles divers (1970-1973). Au centre du monde, Lavaux (1972)
487 nt fabuleuse, et passionnelle. Il est difficile d’ en parler, fût-ce à sa louange éperdue, sans provoquer l’éclat soudain,
488 aimé. Or, ses habitants l’aiment aussi, mais ils en usent, c’est-à-dire le transforment chaque jour par les retouches ins
489 imons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé. Et vivant, c’es
490 roblèmes de la survie d’un lieu sublime se posent en des termes semblables. Ainsi, qu’est-ce que sauver Venise ? Non pas o
30 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
491 grès de La Haye, sous la présidence de Churchill, en mai 1948, il paraissait urgent de faire l’Europe pour empêcher le ret
492 ndustrielle équilibrée, voilà qui sera déterminé, en bonne partie, d’une manière largement irréversible, par les mesures q
493 qu’on sait que pour reconstituer l’humus détruit en quelques heures par les traxs ou recouvert par la marée montante du b
494 de nations) qui forment la France actuelle13 : à en croire les manuels d’histoire français, les rois de France ne les ont
495 que et spirituelle. Il n’y aura pas d’Europe unie en l’an 2000 si l’on ne commence pas aujourd’hui et si l’on n’achève pas
496 à l’Oural ». Et sa politique étrangère se fondait en partie sur cette définition. Comment expliquer une erreur de « grande
497 de collines et petit fleuve affluent de la Volga, en tous points comparables à la Ruhr, est le cœur du bassin de l’industr
498 econdaires. Si l’École a fait le mal nationaliste en alignant les esprits pour le compte de l’État — cependant que l’Armée
499 gramme aussi simple qu’ambitieux : faire l’Europe en formant aujourd’hui les Européens de demain. Nous expliquions ainsi n
500 ion. Mais comment devenir citoyen d’un pays qui n’ en est pas un, puisqu’il n’a pas encore de politique commune et d’organe
501 l’École, et avec l’aide des enseignants, non pas en ajoutant à des programmes déjà trop chargés des heures sur l’Europe,
502 s déjà trop chargés des heures sur l’Europe, mais en introduisant dans les leçons d’histoire, de géographie, d’économie, d
503 par ce procédé de démultiplication, atteindraient en peu d’années une proportion très importante des élèves de tous nos pa
504 25 numéros de la revue Civisme européen ont paru en français, prenant la suite de 6 bulletins du Centre européen de la cu
505 s et les manuels : — après le stage de Bruxelles, en 1963, des sessions nationales de formation pour enseignants sont orga
506 nistère belge de l’Éducation et de la Culture ; — en Irlande, à la suite du stage de Malahide, en 1965, un programme natio
507  ; — en Irlande, à la suite du stage de Malahide, en 1965, un programme national d’éducation civique est élaboré dans une
508 ique européenne ; — après le séminaire de Bruges, en 1968, sur les stéréotypes nationaux, un centre de recherches est créé
509 dans l’état actuel des choses, l’École seule est en mesure de leur donner ? Jusqu’ici, elle était censée, officiellement,
510 s), et alors on se rue aux catastrophes calculées en détail par les ordinateurs ; — ou veut-on l’équilibre vivant entre l’
511 française bien sûr. 14. L’auteur de cet article en a rédigé deux pour sa part. an. Rougemont Denis de, « Le sort de l’
31 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
512 fait son ciment — le couple personne/communauté, en insistant très fort sur la différence entre l’individu et la personne
513 médiate sur le plan politique de ce personnalisme en fédéralisme. C’est-à-dire une union librement consentie de petits gro
514 tte base de fédéralisme et de personnalisme, nous en sommes venus, les uns à faire des études plus spécialement économique
515 s le père ? On ne sait pas exactement qui l’a dit en premier, de Mounier ou de moi. En tout cas, dans un premier livre pub
516 ent qui l’a dit en premier, de Mounier ou de moi. En tout cas, dans un premier livre publié à Paris, en 1934, intitulé :
517 n tout cas, dans un premier livre publié à Paris, en 1934, intitulé : Politique de la personne et qui réunissait des tex
518 , qui est le grand mythe de la passion originelle en Occident. Et d’autre part, le mariage. J’ai étudié cette question par
519 ontraires, à mi-chemin entre ces deux mythes mais en en faisant une synthèse positive : l’engagement d’un homme et d’une f
520 raires, à mi-chemin entre ces deux mythes mais en en faisant une synthèse positive : l’engagement d’un homme et d’une femm
521 jours cette union des antinomies ou les maintenir en tension. Alors, j’ai poussé plus loin. Quand j’ai été rappelé en Suis
522 rs, j’ai poussé plus loin. Quand j’ai été rappelé en Suisse par la mobilisation — j’étais officier, chargé des relations e
523 ser une fois de plus notre doctrine personnaliste en termes politiques, ce qui donnait le fédéralisme. Alors que vous êtes
524 uisse avait réalisé le fédéralisme. Bien qu’élevé en Suisse, effectivement, je ne m’étais jamais intéressé à la vie politi
525 u à Paris depuis l’âge de 25 ans. J’ai été ramené en Suisse par la mobilisation, en 1939 ; j’avais 33 ans. Puis, j’ai été
526 s. J’ai été ramené en Suisse par la mobilisation, en 1939 ; j’avais 33 ans. Puis, j’ai été envoyé aux États-Unis pour y fa
527 xposition nationale de 1939 et qui avait été mise en musique par Arthur Honegger. Nous en avions tiré un oratorio16. La gu
528 ait été mise en musique par Arthur Honegger. Nous en avions tiré un oratorio16. La guerre m’a surpris là-bas et j’y suis r
529 esté six ans. Je ne suis rentré définitivement qu’ en 1947. Aux États-Unis, j’ai découvert l’Europe. Il fallait donc s’éloi
530 nts et qui ne se seraient peut-être jamais connus en France ou en Allemagne ou en Italie ou en Angleterre. Étant là, réfug
531 se seraient peut-être jamais connus en France ou en Allemagne ou en Italie ou en Angleterre. Étant là, réfugiés, ils se t
532 t-être jamais connus en France ou en Allemagne ou en Italie ou en Angleterre. Étant là, réfugiés, ils se trouvaient mis en
533 connus en France ou en Allemagne ou en Italie ou en Angleterre. Étant là, réfugiés, ils se trouvaient mis en relation les
534 eterre. Étant là, réfugiés, ils se trouvaient mis en relation les uns avec les autres. C’est ainsi que je suis devenu ami
535 pu faire la guerre, ne fût-ce que sur les ondes, en écrivant des textes d’émissions. Je suis donc rentré des États-Unis e
536 s d’émissions. Je suis donc rentré des États-Unis en 1947, en me disant ; je suis l’auteur de la doctrine de l’engagement,
537 ions. Je suis donc rentré des États-Unis en 1947, en me disant ; je suis l’auteur de la doctrine de l’engagement, je suis
538 Jean-Paul Sartre ? Il est venu me voir à New York en 1944 ou 1945, premier journaliste français. Dans ses conférences, il
539 dre nouveau . Dix ans plus tôt. Vous rentrez donc en Suisse. Que se passe-t-il ? Pendant la guerre, je m’étais aperçu que
540 l’Europe d’une manière fédéraliste, c’est-à-dire en appliquant notre doctrine, en partant des communes, des entreprises,
541 reprises, des régions. C’est-à-dire de la base et en remontant de plus en plus, à mesure que les tâches envisagées devenai
542 région doivent être assumées par une fédération. En fait, vous vouliez exporter le système suisse ? Et l’étendre à toutes
543 es ? Dès mon arrivée dans cette maison de Ferney, en 1947, j’ai eu la visite d’amis de l’époque d’ Esprit et de L’Ordre
544 l’Europe. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchill. Ce fut un très grand congrès q
545 nts se sont entendus pour faire le moins possible en restant sur le plan des États-nations. C’est ce que j’attaque mainten
546 lets rouges. Comment voulez-vous réussir l’Europe en la fondant sur l’obstacle par excellence à toute union qu’est l’État-
547 ut ce que ces pays veulent faire ensemble. Sinon, en cas de crise, conseiller aux voisins d’appliquer des mesures raisonna
548 oilà le système que je voudrais étendre de proche en proche à toute l’Europe, en suivant la loi des dimensions des tâches.
549 ais étendre de proche en proche à toute l’Europe, en suivant la loi des dimensions des tâches. Comment peut-on définir une
550 des problèmes qui sont extrêmement divers. Il y a en Europe une quantité de régions qui sont définies par des problèmes. I
551 tre placée n’importe où et donner des directives. En économie, vous avez déjà un exemple existant d’une de ces agences féd
552 niversités entre Neuchâtel, Saint-Étienne, Aoste ( en Italie), Besançon, en passant par Grenoble, Genève, Lausanne, Fribour
553 mple personnel. Je suis né à Neuchâtel qui, jusqu’ en 1848, a été une principauté dont le prince était le roi de Prusse mai
554 : accepter la coexistence de termes antinomiques, en les laissant subsister chacun à sa manière et même devenant lui-même
555 a manière et même devenant lui-même par leur mise en relation et en tension. Cette même forme de pensée est très ancienne.
556 me devenant lui-même par leur mise en relation et en tension. Cette même forme de pensée est très ancienne. On la retrouve
557 nte m’a permis de mieux formuler le personnalisme en ajoutant le terme de vocation qui a été fortement souligné par Luther
558 n pour soi et Dieu pour tous et on ne croyait pas en Dieu en disant cela. Aujourd’hui, depuis une dizaine d’années pour ce
559 oi et Dieu pour tous et on ne croyait pas en Dieu en disant cela. Aujourd’hui, depuis une dizaine d’années pour ceux qui a
560 atre ans dans l’opinion publique, on sait qu’il n’ en est rien. Et que nous touchons partout des limites. Les ressources na
561 oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’ en viens à cette formule paradoxale : contraints de choisir librement no
562 remière fois, dans l’histoire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. Et n
563 ommes d’ailleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes à cette charnière. Voulons-nous la puissance collective, la pu
564 nsultation locale. 15. Cet ouvrage sera réédité en collection de poche dans quelques semaines. 16. Titre de ce drame :
565 t introduits par le chapeau suivant : « À Ferney, en territoire français, à quelques kilomètres seulement de l’aéroport de
566 ation, auteur d’une trentaine d’ouvrages traduits en seize langues dont L’Amour et l’Occident et la récente Lettre ouve
567 Rougemont est aussi un grand voyageur : il a vécu en Allemagne, en France, aux États-Unis pendant plusieurs années. Il est
568 aussi un grand voyageur : il a vécu en Allemagne, en France, aux États-Unis pendant plusieurs années. Il est actuellement
569 en de la culture, à Genève, institut qu’il a créé en 1950. Mais, Denis de Rougemont est avant tout, à sa manière, un Europ
32 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
570 dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons-nous descendr
571 és dans tous les sens, et ces forêts irrégulières en tapisserie, ces villages et ces bourgs bien ramassés, ces villes bien
572 s. Étrange anachronisme de la photographie : si j’ en crois mes yeux, vu de l’air une Suisse verte et paysanne survit à l’è
573 ’hui, où sa constatation, très abusive alors, est en bon train de devenir vraie : sur le même territoire six fois plus d’h
574 plus de constructions. Traversez cette Suisse-là en chemin de fer, et vous ne verrez plus guère que maisons et fabriques,
575 ile à toute espèce de grandeur. Les Suisses qui s’ en offusquent vont ailleurs, et ils y font de grandes choses. Carlo Made
576 r, natif de La Chaux-de-Fonds, qui n’a guère fait en Suisse que la maison de sa mère, ira bâtir des capitales en Inde et s
577 que la maison de sa mère, ira bâtir des capitales en Inde et sera l’inspirateur de Brasilia. Voyez grand, transformez le m
33 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
578 d’étudiants, de touristes culturels et d’experts en informatique. Elle ne se reconnaît pas au port des cheveux longs par
579 eut très bien disparaître, être « oublié » : il n’ en sera pas moins retrouvé, « remémoré » par la réactivation de la struc
580 e d’une infinie complexité et totalement présente en synchronie virtuelle à chaque instant, encore que son actualisation q
581 s vingt-deux autres États-nations de l’Europe ont en moyenne 25 ans d’âge. Or, la culture européenne, qui remonte à Sumer,
582 s reçu ? », dit l’Europe aux nations. Elles n’ont en propre que leurs vanités, leurs chauvinismes, partout pareils et qui
583 nismes, partout pareils et qui ne les distinguent en rien. Il n’y a pas plus de « musique française » que de « mathématiqu
584 la permanente critique — étymologiquement : mise en crise — des réalités antinomiques dont nous vivons selon le mode euro
585 es collectives et la Foi personnelle à la Loi. Il en résulte une valorisation par les élites culturelles de l’originalité
586 qui refuse de discuter avec la tradition s’annule en supprimant tous les critères qui permettraient de mesurer ou de valor
587 ne résout pas le complexe d’Œdipe dont certains, en Mai 68, revendiquaient l’abolition ! (Rappelant ainsi — hélas sans ri
588 n’est souvent qu’angoisse refoulée. Elle l’abolit en création. Tel est le sens. ar. Rougemont Denis de, « Qu’est-ce qu
34 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
589 dier, Ernest Vinaver, et à leur suite André Mary, en restituant pour les lecteurs du xxe siècle les textes originaux de l
590 n, celle de l’âme. Je voudrais résumer leur œuvre en une seule expression moins pédante qu’elle ne paraît à première vue :
591 histoire, généralement très simple et invariable en sa donnée — bien qu’offrant des virtualités presque infinies d’adapta
592 male, car celle-là échappe au discours, s’exprime en sensations, et peut être traduite à la rigueur en formules de biochim
593 en sensations, et peut être traduite à la rigueur en formules de biochimie. De quoi s’agit-il donc ici ? Entre le corps et
594 « cœur » comme on dit, celle de l’âme. L’âme est en propre le domaine des émotions et des passions. L’émotion est la preu
595 le fameux coup de foudre romantique — a cru voir en lui la lueur, toujours fuyante mais en fuite vers la hauteur où elle
596 a cru voir en lui la lueur, toujours fuyante mais en fuite vers la hauteur où elle entraîne l’amant ravi. On aura reconnu
597 an élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensité de l’amour, passion de l
598 rs irréductible à l’image idéale que la passion s’ en fait. Cette image, étant idéale, doit rester à jamais fuyante, inacce
599 llustrer la lente dégradation du mythe, grandiose en sa simplicité première, jusqu’au niveau de confusions morales les plu
600 urels ou sacrés, coutumiers ou légaux ; qu’elle s’ en nourrit et même les invente au besoin. Sans les obstacles accumulés e
601 ant le divorce et permettant que la reine convole en justes noces avec le chevalier. Et l’on recule épouvanté devant l’idé
602 ame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sacré,
603 . La passion se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est j
604 erchent donc partout l’obstacle qui résiste, et n’ en trouvent guère. L’Homme sans qualités, de Musil, la Lolita de Nabokov
605 ues, la passion doit mourir. Je vous dis que je n’ en crois rien. Car s’il est vrai que la passion se nourrit d’obstacles c
606 ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’ en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à
607 on mythique va se dresser dans sa pleine stature. En buvant le breuvage magique, les amants légendaires sont entrés, nous
608 ie au mythe, ose parler d’un plaisir que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec la mort
609 cette « rencontre aurorale » avec le moi céleste en forme d’ange, et femme, figure la conclusion du mythe de Tristan : ce
610 tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’ en trouverait-elle pas éclairée, à son tour ? ⁂ Aimer le prochain « comm
611 populaire. Aimer vraiment, ce serait aimer l’ange en soi-même et dans l’autre, identiquement ; ce serait deviner l’ange, e
612 ’autre, identiquement ; ce serait deviner l’ange, en soi-même et dans l’autre, l’aider à naître, et le rejoindre enfin dan
613 pur, une grande image ordonnatrice de la passion. En restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grande
614 mparer les versions modernes du mythe ? Il existe en français d’aujourd’hui plusieurs traductions, qui se donnent pour fid
615 ied de Strasbourg, d’Eilhart d’Oberg, et du Roman en prose. Seuls, Joseph Bédier en 1908 et André Mary en 1941, ont osé ré
616 Oberg, et du Roman en prose. Seuls, Joseph Bédier en 1908 et André Mary en 1941, ont osé récrire la légende, dans leur pro
617 prose. Seuls, Joseph Bédier en 1908 et André Mary en 1941, ont osé récrire la légende, dans leur propre version inspirée d
618 ons pour les « originaux » de la légende, et qui, en fait, n’étaient eux-mêmes que des versions renouvelées, souvent criti
619 Eilhart, Chrétien de Troyes, ou l’auteur du Roman en prose. Le Mythe en eux tous a dicté, inventé ses moyens d’expression.
620 e Troyes, ou l’auteur du Roman en prose. Le Mythe en eux tous a dicté, inventé ses moyens d’expression. ⁂ Et cependant, to
621 de la légende, les situations et les symboles qui en constituent la matière traduisible : on peut tout traduire d’un poème
622 choc révélateur), après André Mary (pour ceux qui en veulent davantage), après Wagner (le plus profond, le plus insupporta
623 ous y ferez des découvertes fulgurantes. Le Roman en prose parle de la mort comme nul moderne adaptateur ne l’a osé. Trist
624 , viens voir Tristan et finis ses douleurs ! » Il en reste chez Bédier : « Que m’importe de mourir ! » — chez Mary, rien d
625 ce qui vaut sans doute mieux. Dans le même Roman en prose, lorsque Tristan meurt : « Douce amie, je ne vous verrai plus.
626 « Douce amie, je ne vous verrai plus. Adieu, je m’ en vais et vous salue. Et le cœur lui crève, et son âme s’en va. » André
627 et vous salue. Et le cœur lui crève, et son âme s’ en va. » André Mary, d’après Thomas : « Puis il a dit trois fois : Amie
628 dit : « Amis ! comme amour vous traque de misère en misère ! » Et selon André Mary : « Jeunesse déchassée par l’honneur e
35 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
629 n qui était en train de stériliser les recherches en les soumettant à leur rentabilité (économique, militaire ou idéologiq
630 ire ou idéologique), de scléroser l’enseignement, en le faisant servir à la vanité académique, de ruiner les notions mêmes
631 t, la conviction que la réalité n’est pas divisée en compartiments correspondant aux facultés. Mais aussi, deux ou trois c
632 universitaire d’études européennes n’est-il pas, en vertu même de son titre, condamné à la spécialisation ? En vertu même
633 même de son titre, condamné à la spécialisation ? En vertu même de l’objet de ses études, qui est l’Europe, il me paraît c
634 de ses disciplines, vers un même but. Nous sommes en convergence, pas encore en symbiose, mais elle est potentielle. Quell
635 même but. Nous sommes en convergence, pas encore en symbiose, mais elle est potentielle. Quelles sont vos chances de l’ac
636 Les universités qui luttent contre le gigantisme en se scindant selon leurs spécialités — voir les treize qui sont issues
637 les treize qui sont issues de la Sorbonne — vont en sens inverse de l’interdisciplinarité nécessaire, si justement revend
36 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
638 e par les régions (mars 1973)aw ax Plasticages en Bretagne, sous-développement du Mezzogiorno, création d’une Direction
639 Wallons et Flamands, rejet du référendum de 1969 en France, élection des parlements régionaux en Italie, dramatique procè
640 1969 en France, élection des parlements régionaux en Italie, dramatique procès de Burgos : entre ces événements qui tantôt
641 pective. La confusion semble totale et cependant, en observant les choses de haut, par grands ensembles, on s’aperçoit qu’
642 e loi commande l’apparition du phénomène régional en cette seconde moitié du xxe siècle : à la croissance si rapide de no
643 ères et les manuels de notre enfance, se voit mis en accusation par les mouvements de la Résistance, dans tous nos pays, q
644 ogique et douanier, qui a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la prospérité des régions et pr
645 s seulement spéculatif et prospectif. Il est posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradictoires d’un
646 nt spéculatif et prospectif. Il est posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradictoires d’un pays à l
647 ux, les ethniques et les économiques — d’ailleurs en interaction fréquente. I. Il y a les problèmes linguistiques du Sud-T
648 évoltes ethniques qui couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandre ; les poussées autonomistes au pays de Galles,
649 es qui couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandre ; les poussées autonomistes au pays de Galles, au Pays basque
650 s autonomistes au pays de Galles, au Pays basque, en Catalogne ; et tous les phénomènes similaires actuellement étouffés d
651 re fameux qui fut à l’origine du néo-régionalisme en France : Paris et le désert français. On voit tout de suite que les r
652 ennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’une quarantaine de kilom
653 duit par cette note : « M. Denis de Rougemont, né en 1906 à Neuchâtel, dirige le Centre européen de la culture et l’Instit
654 s européens et leur solution. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, lui a valu diverses distinctions nationales. »
37 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
655 rer, lisons Proudhon, que l’on trouve aujourd’hui en livre de poche. L’affaire Lip est déjà prévue, définie, et à mon sens
38 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
656 vite : ni moujiks ni yankees. Une Europe divisée en vingt-huit nations chacune trop petite pour se défendre seule, et cha
657 uré qu’une douzaine d’années. La Suisse fédérale, en regard, approche du viie siècle de sa continuité historique, continu
658 tions qui ont des problèmes régionaux (laquelle n’ en a pas ?), pour les ethnies qui se trouvent soit divisées par les fron
659 aineté théoriquement illimitée, sacro-sainte mais en fait toujours plus illusoire — sauf qu’elle bloque tout. Mais c’est i
660 e de l’absolutisme, donnée d’abord par Jean Bodin en 1561, représente l’aboutissement nécessaire, inévitable et naturel de
661 urtout secondaire — mais l’Université n’était pas en reste vers 1914 —, l’École apprend depuis un siècle aux jeunes França
662 u’en vérité, pour la plupart, en tant qu’État, et en moyenne, elles n’ont même pas un siècle d’âge. Seules la France, l’An
663 te réellement depuis Philippe le Bel — « empereur en son royaume » —, il est absolument certain que l’Italie comme État n’
664 dans cet enseignement, et dans les croyances qui en résultent. Tout d’abord : il n’y a pas de cultures nationales, si l’
665 nt de le voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans une ville universitaire, les colo
666 plus. Mais à l’Université même, on ne parlait qu’ en latin, et l’on ignorait tout des appartenances « nationales » au sens
667 ’édit de Villers-Cotterêts donné par François Ier en 1539. Si la France entendait revendiquer la Wallonie, la Suisse roman
668 ’histoire ». Unité de la culture européenne En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles,
669 us présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et la culture de l’Europe comme une addition de préten
670 : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’ en est-il de ses diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai
671  protestants » et des « catholiques ». Or je mets en fait que dans la plupart des cas, les hommes de gauche (ou de droite)
672 ns les frontières nationales, nous n’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et nous ne risquerons pas un instant de
673 ile. Seconde observation : la création culturelle en Europe est d’autant plus riche et intense qu’elle est moins centralis
674 Napoléon faisait de la France un désert culturel, en mobilisant à Paris tous les esprits distingués qu’il n’avait pas bann
675 ’Europe des régions Si maintenant je transpose en termes politiques mon équation culturelle, soit : Europe de la cult
676 xte de faciliter un peu le passage des frontières en maintiennent et renforcent le principe. Je ne crois pas à une Europe
677 syndicat intercommunal qui se constituera, de cas en cas, en vue d’exercer en commun telle ou telle fonction. Pluralité
678 intercommunal qui se constituera, de cas en cas, en vue d’exercer en commun telle ou telle fonction. Pluralité des all
679 i se constituera, de cas en cas, en vue d’exercer en commun telle ou telle fonction. Pluralité des allégeances Une t
680 ire de l’ancienne principauté indépendante (jusqu’ en 1848, date de l’adhésion à la Suisse) sont ma patrie. En tant que cit
681 s que les valeurs bibliques ont fécondé l’Europe. En attendant la grande explosion culturelle des Juifs en Occident dès le
682 ttendant la grande explosion culturelle des Juifs en Occident dès le milieu du xixe siècle : Marx, Freud, Einstein et dix
39 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
683 orday. Cela ne vous fait pas peur ? J’ai toujours en tête une recommandation d’un de mes oncles : « Plus l’ancêtre dont on
684 e de Rougemont qui a épousé le comte de Neuchâtel en 1360. On trouve également un abbé de Rougemont, à Neuchâtel, en 1372.
685 ouve également un abbé de Rougemont, à Neuchâtel, en 1372. Quand la ville était principauté prussienne, Frédéric II, princ
686  ? Cela distingue ma famille de beaucoup d’autres en Suisse. C’est une lignée de conseillers d’État, le dernier, Frédéric,
687 que, je me sens complètement Suisse. Vous habitez en France. J’ai besoin d’être à cheval sur une frontière. Je sens les ch
688 ubadours — c’est sans doute pourquoi les châteaux en ruines me touchent tant, mais je suis tourné vers l’avenir. Avez-vous
689 ris des leçons j’ai compris qu’il ne saurait plus en être question. Vous savez, quand la passion est devenue un devoir… j’
690 nvoyée à une revue à Genève qui l’a publiée. Je n’ en étais pas plus fier pour ça : je me voulais poète et seulement poète.
691 la dialectique légaliste, qui l’eussent conduit, en d’autres temps, vers une carrière d’homme politique… Le ministère pas
692 astoral le conduisit vers de plus humbles tâches, en Dieu plus grandes, et vers la liberté d’esprit. » Qu’avez-vous hérité
693 amille ne mourra pas ? Non, elle se transformera. En ce qui vous concerne ? À partir de ma génération, on faisait autre ch
40 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
694 aille européenne ». Quelle est cette taille ? Qui en décide ? Au nom de quoi ? Que veut-on dire ? On me répond qu’il s’agi
695 e « coûts externes » (forêts détruites, pollution en tous genres, épuisement des ressources naturelles) tacitement pris en
696 sement des ressources naturelles) tacitement pris en charge par l’État, se verraient partagés avec les contribuables. Soyo
697 t dans l’intention de devenir « compétitifs ». Qu’ en auraient-ils de plus ? Ça n’a pas de sens pour eux. C’est une idée de
698 citoyennes d’une région, c’est l’idée de prendre en main leurs destinées, c’est la volonté de recouvrer leur autonomie, e
699 ages du grand État sur la petite communauté, on n’ en trouve qu’un : le grand État peut faire de grandes guerres. Pour tout
700 lturelle, les petits États figurent régulièrement en tête de liste, et les grands en queue. Faut-il rappeler que les créat
701 ent régulièrement en tête de liste, et les grands en queue. Faut-il rappeler que les créations les plus mémorables de la c
702 problèmes qui les concernent. Et puis, finissons- en avec ces questions de taille. Il nous faut des régions de toutes gran
703 t indivisible, la France est trop grande, et il n’ en va pas autrement de la Grande-Bretagne, de l’Espagne, de la Républiqu
704 nds ensembles » politiques, l’Allemagne se divise en Länder, l’Italie en régions à parlements élus, la Grande-Bretagne pro
705 tiques, l’Allemagne se divise en Länder, l’Italie en régions à parlements élus, la Grande-Bretagne procède à une « dévolut
706 la sociologie, de l’économie et de la prospective en viennent aux mêmes conclusions : tout appelle aujourd’hui les petites
41 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
707 neuf, sinon naïf, d’un étranger qui simplement «  en croit ses yeux ». Pendant la conférence des quatre Grands, Georges Bi
708 x. De la terrasse, il lui fit admirer le paysage, en précisant que là-bas, de l’autre côté du lac, c’était la France. — Ma
709 ’art. « Cicatrices de l’Histoire » — comme disait en une autre occasion le même Bidault — ; résultats « des viols répétés
710 ennent chaque matin à Genève, et rentrent le soir en France. Cette région s’étend dans un rayon d’une quarantaine de kilom
711 tilité, de jalousie, ou de simples bisbilles, ont en fait disparu de nos jours : les races sont mêlées, l’évolution histor
712 es sont mêlées, l’évolution historique oubliée (n’ en restent que les marmites de l’Escalade), la majorité confessionnelle
713 ent. Avant que Genève ne fût annexée à la France, en 1798, Charles Pictet de Rochemont, le futur négociateur de la Républi
714 congrès de Vienne, avait publié quatre opuscules en dialecte savoyard. ⁂ C’est l’École, à ses trois degrés, qui nous a co
42 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
715 ent, nous savons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il nous reste à voir que c’est une crise de civilisation. » Av
716 s avancé d’un millimètre, hormis quelques progrès en matière économique. Sur le plan politique, c’est plutôt le recul. Les
717 devons viser à la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédération à l’échelle continentale, et par en bas en orga
718 édération à l’échelle continentale, et par en bas en organisant les régions. Les deux opérations ne peuvent être que simul
719 que les États actuels, qui, peu à peu, tomberont en désuétude. La région ? Pouvez-vous préciser ? Je dirai que c’est une
720 es activités régionales à l’échelle de l’Europe ? En créant au niveau continental des agences fédérales correspondant aux
721 tte réorganisation du continent ne remet-elle pas en cause le parlementarisme, lequel, il faut bien le reconnaître, est en
722 tarisme, lequel, il faut bien le reconnaître, est en crise ?… Il est en crise à juste titre dans les pays où il est devenu
723 faut bien le reconnaître, est en crise ?… Il est en crise à juste titre dans les pays où il est devenu l’affaire des seul
724 u communal, au niveau des groupements de communes en régions, puis au niveau continental. Cela peut se faire sans délai. L
725 délai. Les régions qui s’élaborent un peu partout en Europe peuvent très bien désigner des délégués qui se réunissent en c
726 très bien désigner des délégués qui se réunissent en congrès annuel : voilà l’origine d’une vraie vie politique européenne
727 à l’échelle continentale, la question se poserait en termes complètement différents. Si les régions avaient leur mot à dir
728 pose d’éveiller la conscience civique des enfants en attirant leur attention d’abord sur les réalités de leur région, de l