1
Louis Armand, sauf sur un seul point, c’est quand
il
dit que les mathématiques ne se prêtent pas à la liturgie, ne se prêt
2
informations qu’est la mémoire individuelle. Donc
il
semble que la fonction essentielle du livre, si on laisse de côté les
3
u moins autant qu’à l’enchaînement des arguments.
Il
n’y a pas deux livres pareils, alors qu’il peut y avoir un nombre con
4
ments. Il n’y a pas deux livres pareils, alors qu’
il
peut y avoir un nombre considérable de moyens de faire passer une mêm
5
eur indépendamment des informations objectives qu’
il
peut ou non contenir et utiliser comme matériel. Cet appareil, nous l
6
nt de cet ange et prends ce petit livre ouvert qu’
il
a dans les mains, et quand tu l’auras pris, mange-le, dévore-le ; il
7
, et quand tu l’auras pris, mange-le, dévore-le ;
il
te sera très amer aux entrailles mais très doux à la bouche et après
8
i qui nous avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-
il
, le bon usage du livre. Et je voulais y insister pour que l’on ne cro
9
». Le président Kennedy lisait très, très vite ;
il
absorbait, je ne sais combien de milliers de mots à la minute. Alors
10
réface de son recueil Aurore. « Philologue », dit-
il
, et en disant cela il veut dire, et il faut traduire ça ainsi : amate
11
Aurore. « Philologue », dit-il, et en disant cela
il
veut dire, et il faut traduire ça ainsi : amateur de lettres, de lang
12
gue », dit-il, et en disant cela il veut dire, et
il
faut traduire ça ainsi : amateur de lettres, de langage, amateur d’hu
13
ise d’orfèvre. C’est justement à cause de cela qu’
il
est aujourd’hui plus nécessaire que jamais, justement par là que le l
14
te en finir de toutes choses, même d’un livre fût-
il
ancien ou nouveau. Il enseigne à bien lire, c’est-à-dire lentement, a
15
choses, même d’un livre fût-il ancien ou nouveau.
Il
enseigne à bien lire, c’est-à-dire lentement, avec profondeur, égards
16
de pittoresque et de folklorique, ne rencontre-t-
il
pas plus de difficultés à s’exprimer qu’au temps où il suffisait d’un
17
s plus de difficultés à s’exprimer qu’au temps où
il
suffisait d’une très modeste mise de fonds pour publier un livre ? »
18
ritique-là s’adresse essentiellement, me semble-t-
il
, à la télévision, ou dans un sens moins grave à la radio, à quoi il f
19
n, ou dans un sens moins grave à la radio, à quoi
il
faut opposer non pas seulement le livre, mais le disque. La bande enr
20
de tribu, d’autant plus fortement aujourd’hui qu’
elle
ne dépasse guère un certain rayon, contrairement à la radio qui va be
21
e le livre doit être supplanté par la télévision,
il
nous faut le développer tant que nous pouvons, au fur et à mesure que
22
ogrammes. Et alors, on se disait : « Qu’est-ce qu’
il
faut faire ? Est-ce qu’il faut créer un poste européen de télévision
23
disait : « Qu’est-ce qu’il faut faire ? Est-ce qu’
il
faut créer un poste européen de télévision ? » Ça sera très difficile
24
ensuite de transmettre cela assez loin, parce qu’
il
faut des autorisations de certains pays et de certains gouvernements.
25
diate, vous ne l’avez pas non plus dans le livre.
Il
faut toujours au moins un mois pour sortir un livre sur l’actualité.
26
ande « si le livre étant tributaire de la langue,
il
n’y aurait pas lieu de développer la recherche d’une langue internati
27
l’heure entre deux sens du mot « information ». S’
il
s’agit d’informations courantes, que vous pourrez aussi bien trouver
28
me l’espéranto. J’ai pris cette question parce qu’
elle
me permet de préciser ce que j’appellerais « information » tout à l’h
29
st très joli, lente lecture, mais encore faudrait-
il
que l’ouvrier, la femme de ménage, l’employé de bureau, le contremaît
30
e la vie actuelle auquel nous sommes tous soumis,
il
est encore possible de se ménager des moments de lente lecture ? » Pr
31
énage, contremaître, qui sont d’énormes lecteurs.
Ils
trouvent toujours le temps nécessaire, aux dépens de leur sommeil que
32
tôt qu’aux dépens de leur travail. C’est dommage,
il
faudrait arriver à réduire ce temps de travail ; c’est au fond tout l
33
absolument dans le sens du livre, c’est-à-dire qu’
il
diminue les temps de travail et augmente les temps de loisir. Alors,
34
e, on se repose comme on peut, on s’amuse un peu.
Il
semble depuis à peu près deux-cents ans que le sérieux de la vie, c’e
35
nombre d’heures de travail diminue constamment ;
il
pourra diminuer beaucoup plus rapidement au fur et à mesure [que] l’a
36
on travaillera un petit peu, pour s’assurer ce qu’
il
faut, pour avoir le temps de lire lentement. Quelqu’un demandait — c’
37
dait — c’était à M. Louis Armand d’ailleurs — « s’
il
ne fallait pas opposer le livre à la revue » et faisait observer « qu
38
e, et les huguenots qui excluent l’unité. Pascal
Il
faut faire l’Europe, mais dans le respect des différences nationales,
39
ionales, régionales et locales. Cela veut dire qu’
il
n’y a pas d’autre solution à la fois désirable et praticable que l’un
40
caractéristiques nationales, et pour les autres,
il
signifie refus de tout pouvoir central, repli sur soi, voire séparati
41
puis vingt ans tous les efforts d’union, parce qu’
il
paralyse la pensée politique non seulement des nationalistes et des j
42
homme d’État belge ait pu écrire en ce temps-là (
il
a changé d’avis depuis) : Ce n’est pas dans le fédéralisme, ce n’est
43
alisme prend des sens à peu près opposés selon qu’
il
s’exprime en allemand ou en français. Et l’on a pu entendre le recteu
44
n fédérale à sa haute école, parce qu’ici, disait-
il
, nous sommes fédéralistes ! Je n’ai cité que des européistes on ne pe
45
de presse, dans la grande masse des citoyens dont
il
n’est pas exclu qu’avant longtemps on l’appelle à se prononcer sur la
46
a proposé un marché à la Grande-Bretagne, en qui
il
trouvera certainement preneur : soutien à la candidature britannique
47
ge d’une opposition commune au fédéralisme, ce qu’
il
a traduit en ces termes : « La Grande-Bretagne et la France sont tout
48
efus de la formule fédérale — bien au contraire !
Il
est clair que l’erreur est le fait du journaliste, mais ce qui frappe
49
fait du journaliste, mais ce qui frappe, c’est qu’
elle
ait pu passer inaperçue dans un quotidien qui s’appelle précisément L
50
un siècle du « vrai » sens des mots français, et
il
trouve ceci : Fédéralisme. s.m. Néologisme. Système, doctrine du gouv
51
st un système bon pour les sauvages, et en France
il
mérite l’échafaud, qui est le sort des traîtres à la République. Ains
52
es mais pour les sauvegarder, car, faute d’union,
elles
seraient vite absorbées par une puissance voisine. Le fédéralisme rep
53
eligion nationaliste. Quant à Nelson Rockefeller,
il
écrit : Pour moi, l’idée fédéraliste suppose une conception d’ensembl
54
oir, d’impulsion et de création, mais plusieurs.
Il
est frappant de retrouver sous la plume du gouverneur républicain d’u
55
que traduit ce vocabulaire souple et précis doit-
elle
rester à jamais étrangère aux esprits qui se veulent « cartésiens » ?
56
ngère aux esprits qui se veulent « cartésiens » ?
Il
nous faudrait alors désespérer de toute union vivante de l’Europe. Ca
57
ésespérer de toute union vivante de l’Europe. Car
il
n’y a pas d’union et pas de vie possibles hors du paradoxe fondamenta
58
aux de la vie publique comme de la vie organique,
ils
sont conditions l’un de l’autre. Le refus d’assumer le paradoxe et l’
59
que j’ai citées et se révèlent nécessairement en
elles
. « Simples questions de mots », si l’on veut. Pourtant, il serait fou
60
ples questions de mots », si l’on veut. Pourtant,
il
serait fou d’espérer que l’Europe se fasse un jour dans l’histoire si
61
que l’Europe se fasse un jour dans l’histoire si
elle
ne se fait pas d’abord dans les esprits, et voilà qui implique un lan
62
is que la CEE n’a jamais caché depuis le début qu’
elle
avait des visées politiques. La Suisse, pensant que les visées politi
63
re voie ? Je vous répondrai évidemment non, car s’
il
n’y avait que les questions économiques qui se posaient, nous aurions
64
voir d’autres formes d’intégration pour l’Europe.
Elles
se dessinent au sein de la CEE, comme vous venez de l’expliquer… Un
65
vous venez de l’expliquer… Une unité commune
Il
faut beaucoup plus même que la CEE à mon sens. L’intégration de l’Eur
66
ion de l’Europe doit s’opérer sur tous les plans.
Elle
doit être sociale autant qu’économique, elle doit être technique, ell
67
ans. Elle doit être sociale autant qu’économique,
elle
doit être technique, elle doit être universitaire, scientifique, poli
68
e autant qu’économique, elle doit être technique,
elle
doit être universitaire, scientifique, politique et culturelle. Car,
69
e. Quelle est cette unité ? Eh bien ! de culture.
Il
n’y a pas de cultures nationales, contrairement à ce que l’on nous a
70
trairement à ce que l’on nous a appris à l’école.
Il
n’y a qu’une grande culture européenne qui vient de nos ancêtres comm
71
écrivain français ou espagnol ? Beaucoup plus qu’
il
ne pense. Par l’ensemble des procédés que les uns et les autres utili
72
érature religieuse, sacrée. En Inde, par exemple,
il
n’y a pas de romans qui racontent des petites histoires qui se passen
73
petites histoires qui se passent tous les jours.
Il
n’y a que des écrits religieux, de la sculpture religieuse dans les t
74
d’intégration sous toutes ses formes, quelles qu’
elles
soient, quelle part pourrait prendre la Suisse ? Beaucoup à apport
75
e a beaucoup à apporter dans l’union de l’Europe.
Elle
a à apporter ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue au cours des sièc
76
dans l’union de l’Europe. Elle a à apporter ce qu’
elle
est, ce qu’elle est devenue au cours des siècles, c’est-à-dire la for
77
l’Europe. Elle a à apporter ce qu’elle est, ce qu’
elle
est devenue au cours des siècles, c’est-à-dire la formule fédérale. C
78
ormule-là que la Suisse s’est faite peu à peu, qu’
elle
s’est créée sous la forme d’une confédération en 1848. Et depuis lors
79
orme d’une confédération en 1848. Et depuis lors,
elle
essaie d’approfondir cette formule, celle-là même qui pourrait servir
80
e à expliquer parce que, pour bien la comprendre,
il
faut penser ensemble des choses qui ont l’air de s’exclure logiquemen
81
es choses qui ont l’air de s’exclure logiquement.
Il
faut penser, par exemple : union et diversité en même temps. Il faut
82
, par exemple : union et diversité en même temps.
Il
faut penser à l’égalité des petits États avec des grands. Il faut pen
83
ser à l’égalité des petits États avec des grands.
Il
faut penser à une quantité de choses qui répugnent à la logique. J’en
84
n suisse romande : « La Suisse doit être modeste,
elle
doit proportionner ses interventions sur le plan de la politique étra
85
énérale, ce sont les initiatives, les exemples qu’
il
peut donner, les initiatives qu’il peut prendre. Si l’importance poli
86
es exemples qu’il peut donner, les initiatives qu’
il
peut prendre. Si l’importance politique d’un pays était mesurée uniqu
87
e la guerre contre le petit Vietcong ? Pourquoi ?
Ils
n’ont pas osé utiliser toutes leurs forces, la bombe atomique notamme
88
urs forces, la bombe atomique notamment, parce qu’
ils
auraient eu contre eux l’opinion du monde entier. Ce n’est donc pas d
89
ertain idéal communiste. Les États-Unis savent qu’
ils
ne peuvent opposer à cet idéal qu’un idéal démocratique et de liberté
90
éal qu’un idéal démocratique et de liberté, et qu’
ils
l’illustrent fort mal en faisant la guerre du Vietnam. Voilà pourquoi
91
randes chances d’agir sur le plan international s’
il
avait le courage de prendre des initiatives. De prendre notamment cet
92
ur l’union de l’Europe. Car cette proposition-là,
elle
sortirait de toute son histoire, elle sortirait de ce que nous sommes
93
osition-là, elle sortirait de toute son histoire,
elle
sortirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à pren
94
endre toujours mieux conscience naturellement, et
elle
aurait une grande autorité. On la suivrait. On suivrait la Suisse, si
95
la suivrait. On suivrait la Suisse, si petite qu’
elle
soit, parce qu’elle aurait une grande idée. La Suisse, si petite qu’e
96
vrait la Suisse, si petite qu’elle soit, parce qu’
elle
aurait une grande idée. La Suisse, si petite qu’elle soit, n’aurait p
97
e aurait une grande idée. La Suisse, si petite qu’
elle
soit, n’aurait pas seulement un rôle de parti minoritaire à jouer au
98
e grande Europe… Prendre conscience … Non !
Elle
aurait un rôle qui serait peut-être décisif, qui serait de donner jus
99
faire, de le proposer sur un plan international,
il
faut que nous autres, les Suisses, prenions conscience plus claire de
100
alisme, des richesses de cette formule chez nous.
Il
faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de p
101
tre les cantons. Pour maintenir leurs autonomies,
il
faut bien qu’ils se mettent tous ensemble. Aucun d’entre eux ne pourr
102
Pour maintenir leurs autonomies, il faut bien qu’
ils
se mettent tous ensemble. Aucun d’entre eux ne pourrait se défendre t
103
défendre tout seul contre les puissants voisins.
Ils
n’ont pu défendre leurs petites autonomies qu’en se groupant. Eh bien
104
s petites autonomies qu’en se groupant. Eh bien !
il
faudrait appliquer cette formule maintenant au-delà de nos frontières
105
elles qu’implique la formation de l’Europe puisqu’
il
manque d’initiative ? Qu’en sait-on ? Est-ce qu’on a jamais demandé a
106
? Est-ce qu’on a jamais demandé aux Suisses ce qu’
ils
pensaient de l’Europe et d’une intégration de l’Europe, d’une intégra
107
e enquête, que je sache. Alors que voulez-vous qu’
il
se passe ? Dans ces conditions, le Suisse moyen, l’homme de la rue, q
108
en, l’homme de la rue, quand on lui demande ce qu’
il
pense de l’Europe, répète naturellement ce qu’il a entendu dire à la
109
’il pense de l’Europe, répète naturellement ce qu’
il
a entendu dire à la radio, à la télévision, ce qu’il lit dans la pres
110
a entendu dire à la radio, à la télévision, ce qu’
il
lit dans la presse, ce qu’il entend dans les discours de ses hommes d
111
la télévision, ce qu’il lit dans la presse, ce qu’
il
entend dans les discours de ses hommes d’État, de ses députés. Eh bie
112
s de ses hommes d’État, de ses députés. Eh bien !
il
faut que cela change, lentement. On lui a trop dit pendant trop longt
113
s pas ridicules en proposant de grandes choses… »
Il
faut que cela cesse ; et c’est une question d’éducation ; cela doit c
114
plètement d’accord d’entrer dans une Europe unie.
Elles
trouveront même bien curieux que l’on ne l’ait pas encore fait. Elles
115
e bien curieux que l’on ne l’ait pas encore fait.
Elles
nous reprocheront — à la génération des aînés — d’avoir gardé une pru
116
duits par le chapeau suivant : « L’année 1969 a-t-
elle
marqué un tournant dans la politique suisse à l’égard de l’Europe ? C
117
r et, aussi, visites importantes dans notre pays.
Il
n’y a qu’à songer à celle de M. Jean Rey, il y a quelques mois seulem
118
evons poser une seconde question : la Suisse peut-
elle
jouer un rôle dans la formation de l’Europe ? Pour y répondre, il fal
119
dans la formation de l’Europe ? Pour y répondre,
il
fallait faire appel à un écrivain d’expression française traduit dans
120
après-midi, à son domicile de Ferney-Voltaire, où
il
prépare actuellement le discours qu’il prononcera le mois prochain à
121
ltaire, où il prépare actuellement le discours qu’
il
prononcera le mois prochain à Bonn à l’occasion de la remise officiel
122
rix [Robert Schuman]. Un prix auquel, d’ailleurs,
il
s’attendait : Je n’ai pas été surpris par la décision de la Fondation
123
iherr von Stein puisque, en juillet dernier déjà,
elle
avait annoncé que le prix 1970 me serait décerné. Quelle significatio
124
et, Joseph Bech, S. Mansholt et Walter Hallstein.
Il
faut rappeler enfin que Robert Schuman fut président du Centre europé
125
romotion de l’esprit européen. Parmi cette œuvre,
il
faut notamment citer L’Aventure occidentale de l’homme , Vingt-huit
126
que année par le recteur de l’Université de Bonn.
Il
a été créé en 1966 par la Fondation FVS, à Hambourg, et est destiné à
127
e nourrit d’obstacles par définition, que devient-
elle
à notre époque où les obstacles ne se dressent plus entre les amants
128
ue des mariages de passion, comment s’accommode-t-
elle
de l’immédiat quotidien ou du prochain accessible ? Je ne condamne ni
129
vais mariages. Pourquoi les seconds mariages sont-
ils
souvent plus heureux que les premiers ? C’est que les premiers n’étai
130
s femmes pour l’égalité avec les hommes, alors qu’
elles
sont plutôt complémentaires. Je suis contre l’égalité, dit-il, c’est
131
ôt complémentaires. Je suis contre l’égalité, dit-
il
, c’est la source de toutes les tyrannies. Enfin, troisième raison ; l
132
un couple, les gens se posent des questions dont
ils
ne trouvent pas toujours les réponses. Et ces fameux obstacles à la p
133
Rougemont, ces obstacles n’ont pas été supprimés,
ils
ont été déplacés. On parle un peu abusivement de la suppression des t
134
ression des tabous. Le tabou sexuel, par exemple.
Il
est certain que, depuis Freud, le sexe n’est plus passé sous silence.
135
tabous, les convenances ne sont pas arbitraires.
Ils
expriment des répulsions humaines. Supprimez des obstacles extérieurs
136
ssions extérieures. Voyez Tristan et Iseut. Quand
ils
ont supprimé l’obstacle qui empêchait et exaltait à la fois leur pass
137
ssion (présence du roi Marc, mari d’Iseut), quand
ils
se retrouvent seuls dans la forêt, ils inventent un autre obstacle po
138
ut), quand ils se retrouvent seuls dans la forêt,
ils
inventent un autre obstacle pour préserver leur passion : l’épée dépo
139
)h Vous êtes l’auteur d’une phrase fameuse : «
Il
faut faire des Européens avant de faire l’Europe » ; comment y parven
140
s plus concrètes et le culte prolongé d’un mythe,
il
faut choisir ! Ce choix doit s’opérer dans une certaine finalité ; qu
141
ouvez-vous à l’Europe ? Jusqu’à nous, voyez-vous,
il
fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que le nécessaire est as
142
s d’influence plus idéologiques que commerciales.
Il
va falloir maintenant savoir ce que nous voulons au juste : un niveau
143
n d’un habitat décent, d’une communauté vivante ?
Il
faut d’autre part épargner à l’Europe de se faire purement et simplem
144
absorber par d’autres économies. Cela ne revient-
il
pas à se poser la question fondamentale du sens même de notre vie ? O
145
iberté. Pour surmonter les aliénations actuelles,
il
faut poser un nouvel ordre, se mettre en commun pour certaines choses
146
en un mot. Par quelles structures pensez-vous qu’
il
soit possible de l’établir ? J’admets qu’il y a une pluralité d’allég
147
étention de l’État-nation à leur monopole absolu.
Il
faut donc distribuer les pouvoirs étatiques aux différents niveaux de
148
é… Ne craignez-vous pas l’utopie ? Comment sera-t-
il
possible de changer le système actuel de notre société, irréversible
149
pas ! Il y a précisément une crise universelle !
Il
faut faire maintenant quelque chose pour établir un ordre universel n
150
après le Désordre ! Quel dénominateur commun peut-
il
aider l’Europe à trouver cet ordre nouveau ? L’Europe a la chance d’a
151
s nationalistes, en dépit des manuels scolaires :
il
n’y a que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble viva
152
-vous que le modèle suisse soit le meilleur et qu’
il
soit viable à l’échelle européenne ? Le système suisse, à mon avis, e
153
lus petite que ne l’était la Suisse à l’époque où
elle
s’est fédérée ; et les disparités de coutumes ou de richesse, de lang
154
ou plus frappantes entre les États de l’Europe qu’
elles
ne l’étaient entre les cantons suisses avant 1848. Il ne faut pas non
155
e l’étaient entre les cantons suisses avant 1848.
Il
ne faut pas non plus oublier les moyens techniques dont nous disposon
156
ques dont nous disposons à l’heure actuelle et qu’
il
ne faudrait surtout pas renier : je suis persuadé que le fédéralisme
157
our répartir les tâches aux différents niveaux où
elles
doivent être accomplies)… Bluntschi, auteur d’un code civil cantonal,
158
liste qui peut seul assurer la paix de l’Europe !
Il
me semble ainsi que l’idée européenne ait trouvé son climat autant qu
159
é ? La neutralité est une survivance historique !
Elle
est encore attachée à la conception de l’État-nation. Tout à fait jus
160
ait justifiée jusqu’à la Seconde Guerre mondiale,
elle
ne se justifierait plus en tout cas dans une Europe unie. Mais je ver
161
’Europe unie dont je vous parlais tout à l’heure.
Il
est vrai que le projet d’union de l’Europe a généralement passé pour
162
nales et les remplacer par un sentiment européen.
Il
est clair qu’une Europe une et indivisible serait tout simplement une
163
Suisse. Mais personne ne la préconise, je crois.
Il
est clair, en revanche, qu’une Europe fédérée, respectueuse de ses di
164
a vocation traditionnelle de la Suisse. Savoir si
elle
se fera dépend de nous aussi : c’est à nous de faire valoir dans les
165
uté culturelle. Je pense, avec Robert Schuman, qu’
il
est possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamen
166
de base existe, sur laquelle fonder cette union.
Il
s’agit de l’unité d’une culture, de laquelle participent tous les Eur
167
e, de laquelle participent tous les Européens, qu’
ils
soient d’ailleurs « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils
168
s « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’
ils
doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène, et qui ne rés
169
ire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’
il
faut tenir pour la formule même de l’unité européenne : Ce qui s’oppo
170
s citoyens à la fois libres et responsables, mais
elle
invente aussi l’analyse critique, elle la conduit à ses dernières con
171
bles, mais elle invente aussi l’analyse critique,
elle
la conduit à ses dernières conséquences, découvre ainsi en même temps
172
a morale de la mesure et de la raison utilitaire,
il
oppose les élans de l’amour sans calcul, au droit de la force le serv
173
culte du succès le sens du sacrifice. Bien plus,
il
porte la contradiction au cœur de l’Être, et la traduit dans l’énoncé
174
pas pour autant : entre leurs triomphes alternés,
elles
durent dans l’ombre de l’Histoire, dans la tradition, dans les livres
175
dans les livres, et dans l’inconscient collectif.
Elles
agissent toutes, sans exception, dans la vie des hommes d’aujourd’hui
176
Lancelot et d’un Perceval, symbole mystique. Faut-
il
enfin rappeler l’apport arabe, qui ne se limite pas au zéro précédant
177
n ne saurait être acquise au prix des libertés qu’
elle
est censée servir. j. Rougemont Denis de, « Qu’est‑ce que la cult
178
certaine culture qui l’a marqué et qui postule qu’
il
n’y a de sérieux que les nations. Deux de mes étudiants, ont fait un
179
sés en France et en Allemagne entre 1900 et 1914.
Ils
ont relevé les mêmes erreurs, les mêmes préjugés, où l’on décèle l’or
180
es rois de France ont unifié l’hexagone, alors qu’
il
s’est agi d’une conquête par la force et la ruse… Comment avez-vous r
181
hargés, mais de montrer que tout est européen, qu’
il
ne peut plus y avoir de perspective nationaliste. Les leçons types so
182
y a progrès, que l’idée européenne est admise, qu’
elle
fait son chemin. Des enquêtes récentes, réalisées dans les pays du Ma
183
un manifeste dont on n’a pas assez parlé, bien qu’
il
fût signé par des gens comme Jacques Monod, Kastler, Guy Michaud, et
184
ous, concrètement, la « révolution européenne » ?
Il
faut créer des cadres civiques permettant la participation, mettre en
185
principe fédéraliste, nous sommes en commun avec
elles
. Un autre principe me paraît important : il faut fédérer des choses n
186
ec elles. Un autre principe me paraît important :
il
faut fédérer des choses neuves, sinon l’on perd trop de temps. C’est
187
mpte des frontières. Vous avez souvent affirmé qu’
il
fallait construire l’Europe sur les régions. Une telle conception ne
188
ope sur les régions. Une telle conception ne va-t-
elle
pas compliquer à l’excès les réalités socioéconomiques ? Il est certa
189
pliquer à l’excès les réalités socioéconomiques ?
Il
est certain que l’Europe des régions sera très complexe et diversifié
190
possible que par l’intermédiaire des ordinateurs.
Il
conviendra, d’autre part, de maintenir de petites communautés, lesque
191
ellule civique, la commune tout particulièrement.
Il
faut freiner le gigantisme des villes, pour que l’homme soit intégré
192
, pour que l’homme soit intégré à une communauté.
Il
faut dépasser la fausse solitude de l’homme dans la rue et la fausse
193
t. Après avoir rencontré un esprit aussi éminent,
il
est assez surprenant de retrouver la réalité des frontières et trois
194
édiocrité… L’Europe des esprits n’est pas encore,
il
s’en faut même de beaucoup, devenue l’Europe réelle. Mais, au-delà de
195
réelle. Mais, au-delà des uniformes qui séparent,
il
nous reste, traçant un chemin de rigueur et d’audace, la voix de Deni
196
st de l’Europe, qui sont réellement colonisés… Et
il
n’est pas impensable, si nous continuons à rester divisés par nations
197
ement tragique parce que l’Europe n’était pas là.
Il
n’y avait personne pour leur répondre. Et vous pensez que, actuelleme
198
arrivé, il y avait 1800 habitants ; aujourd’hui,
il
y en a 5500, qui ont été amenés depuis cinq ou six ans par l’IOS, aff
199
sins ont fait faillite les uns après les autres ;
ils
ont dû se mettre ensemble pour faire un supermarché ; tout l’équilibr
200
ire, car aucun de nos pays ne peut se défendre.
Il
n’est pas trop tard Mais ne pensez-vous pas qu’il est déjà trop ta
201
n’est pas trop tard Mais ne pensez-vous pas qu’
il
est déjà trop tard et que les « États-Unis d’Europe » risquent d’être
202
eux-ci montaient sur les épaules l’un de l’autre,
ils
n’arriveraient pas à notre hauteur. Au point de vue démographique, ce
203
Au point de vue démographique, certes … Oui, mais
il
y en a bien d’autres, tout aussi importants : par exemple, la qualité
204
e supériorité : celle du « management », parce qu’
ils
disposent d’un grand espace et nous pas. Prenez le cas de la France,
205
le domaine de la technique. Cela tient au fait qu’
elle
s’est toujours défendue contre l’étranger. Dans cet état d’esprit, no
206
cet état d’esprit, nous jouons perdants. Mais est-
il
trop tard pour renverser le courant ? On pouvait déjà le dire en 1949
207
vait se dire : « Ce n’est pas la peine de partir,
ils
ont pratiquement un siècle d’avance sur nous. » Mais nous n’avons pas
208
des découvertes toutes faites par les Européens ;
ils
avaient eu comme supériorité les capitaux, la situation de guerre qui
209
d’organisation, rien de plus. Nous avons dit : «
Il
n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux, nous avons, par
210
ous les savants qui pourraient rester chez nous s’
ils
disposaient d’un appareil de recherche suffisant ». Cela s’est parfai
211
production dépasse largement le minimum vital, où
elle
entraîne une série de conditions auxquelles on n’avait jamais réfléch
212
s coups pareils à la terre elle-même. Maintenant,
il
a ces moyens, donc il est obligé d’avoir une politique. Il s’agit auj
213
erre elle-même. Maintenant, il a ces moyens, donc
il
est obligé d’avoir une politique. Il s’agit aujourd’hui de choisir en
214
moyens, donc il est obligé d’avoir une politique.
Il
s’agit aujourd’hui de choisir entre mode de vie et niveau de vie, mes
215
ste, capitaliste : pourvu que le PNB augmente, qu’
il
n’y ait pas de chômage, tout ira bien et tant pis pour la nature. Nou
216
qui corresponde à un certain nombre de valeurs qu’
ils
jugent plus importantes que l’accumulation des objets ou un compte en
217
ant que c’est une réaction saine. Mais justement,
il
se trouve que dans tous les pays européens, pour une partie de la pop
218
artimentages nationaux ne permettent de le faire.
Il
nous faut dépasser les Américains, mais il nous faut aussi des techni
219
faire. Il nous faut dépasser les Américains, mais
il
nous faut aussi des techniques qui soient adaptées à nos fins. Par ex
220
ques qui soient adaptées à nos fins. Par exemple,
il
est absolument faux de continuer à faire des automobiles qui marchent
221
y viendra s’il y a une masse d’Européens telle qu’
elle
permettra d’envisager une véritable politique de production, qui tien
222
sation capitaliste qui se développe en Europe, qu’
elle
soit fédéraliste ou qu’elle en reste au stade des États-nations. Bien
223
veloppe en Europe, qu’elle soit fédéraliste ou qu’
elle
en reste au stade des États-nations. Bien sûr, si l’on prend, par exe
224
omisation : les régions. Ces deux mouvements sont-
ils
contraires, comme ils ont l’air de l’être ? Ne sont-ils pas plutôt un
225
s. Ces deux mouvements sont-ils contraires, comme
ils
ont l’air de l’être ? Ne sont-ils pas plutôt un seul et même mouvemen
226
ntraires, comme ils ont l’air de l’être ? Ne sont-
ils
pas plutôt un seul et même mouvement qui pourrait se définir ainsi :
227
onale, à cause de leur prix ou de leur extension.
Il
s’agit d’une reclassification des tâches d’après les dimensions des d
228
ntre le communisme totalitaire. Dès cette époque,
il
considère que le fédéralisme constitue pour l’Europe la seule chance
229
ux de l’intelligentsia occidentale contemporaine,
il
continue de se distinguer comme l’un des animateurs de l’action europ
230
comme l’un des animateurs de l’action européenne.
Il
jouera ainsi un rôle notable dans les congrès de La Haye, de Rome et
231
plaidoyer des idées et des projets pour lesquels
il
a toujours combattu. L’entreprise européenne a été trop longtemps dén
232
dont Denis de Rougemont a trop l’habitude pour qu’
ils
puissent l’arrêter, animé qu’il est par la certitude d’exprimer la se
233
habitude pour qu’ils puissent l’arrêter, animé qu’
il
est par la certitude d’exprimer la seule issue pour l’Europe. Nous av
234
et de ces objections, au cours d’un entretien qu’
il
nous a accordé dans sa maison de Ferney-Voltaire. »
235
cela ne couvre qu’une petite partie de l’Europe.
Il
faudra bien un jour qu’il y ait une agence fédérale européenne de l’é
236
it une agence fédérale européenne de l’économie ;
il
faudra qu’il y en ait d’autres qui s’occupent des transports, des rec
237
fédérale européenne de l’économie ; il faudra qu’
il
y en ait d’autres qui s’occupent des transports, des recherches scien
238
bsolument impensable. Comment la Suisse resterait-
elle
l’écart d’un Fonds européen d’écologie, par exemple ? Elle ne peut pa
239
art d’un Fonds européen d’écologie, par exemple ?
Elle
ne peut pas fermer ses frontières aux vents ou la pollution du Rhin.
240
Suisse est destinée à être au cœur de l’Europe et
elle
doit l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela signifiera
241
it une sorte de Suisse grande échelle ? Pour cela
il
faut que les Suisses poussent encore plus loin qu’ils ne l’ont fait j
242
faut que les Suisses poussent encore plus loin qu’
ils
ne l’ont fait jusqu’ici leur sens du fédéralisme : il faut qu’ils com
243
e l’ont fait jusqu’ici leur sens du fédéralisme :
il
faut qu’ils comprennent que certaines tâches dépassent les cantons, d
244
t jusqu’ici leur sens du fédéralisme : il faut qu’
ils
comprennent que certaines tâches dépassent les cantons, d’autres sont
245
sont trop petites et doivent rester aux communes.
Il
faut qu’ils vivent, encore mieux qu’ils ne le font, l’esprit de leur
246
etites et doivent rester aux communes. Il faut qu’
ils
vivent, encore mieux qu’ils ne le font, l’esprit de leur fédéralisme
247
communes. Il faut qu’ils vivent, encore mieux qu’
ils
ne le font, l’esprit de leur fédéralisme qui est très ancien. Il ne f
248
l’esprit de leur fédéralisme qui est très ancien.
Il
ne faut jamais oublier que la Suisse s’est fondée sur les communes, e
249
ue c’est la vraie source du fédéralisme. Et de là
il
faut dépasser les frontières de la Suisse avec le fédéralisme. S’il y
250
pe puis au monde. C’est là une chose nouvelle car
elle
n’a jamais été appliquée systématiquement, pas même en Suisse. C’est
251
y avait des ordres de réalités à ne pas mélanger.
Il
n’était pas question d’imposer la même religion, la même économie, le
252
beaucoup plus révolutionnaire qu’on ne le pense.
Elle
suppose la fin du gigantisme des villes, la recréation de petites uni
253
e, Denis de Rougemont, après avoir montré comment
il
ne restait plus aujourd’hui d’autre choix que celui de faire l’Europe
254
res du Cheminement des esprits introduisent, qu’
il
s’agisse de festivals de musique, de guildes du livre et d’édition, d
255
s la création des régions ? La décision viendra-t-
elle
des États-nations actuels ? Les régions se formeront malgré les États
256
ts par les réalités à reconnaître leur existence.
Elles
se formeront, je pense, par la force des choses, par des échanges hum
257
sinage, en dépit des capitales, et, un beau jour,
elles
auront tissé entre elles tellement de liens qu’on s’apercevra que l’E
258
tales, et, un beau jour, elles auront tissé entre
elles
tellement de liens qu’on s’apercevra que l’Europe « s’est faite ». Le
259
gions à sa capitale nationale. Et à ce moment-là,
il
suffira d’installer des agences fédérales européennes sur le modèle d
260
ront d’après la dimension des tâches à accomplir.
Il
faut trouver le niveau auquel les décisions seront prises, puis établ
261
anglaises et sur les villes de Nantes et Rennes.
Il
faut beaucoup de souplesse. Une région ne doit pas être contenue à l’
262
doit pas être contenue à l’intérieur de limites,
elle
doit rayonner. Les États-nations actuels, qui ont nom France, Anglete
263
qui ont nom France, Angleterre, Italie, etc. sont-
ils
appelés à disparaître ? Je pense que peu à peu ils se déferont. À mes
264
ls appelés à disparaître ? Je pense que peu à peu
ils
se déferont. À mesure que le tissu de liens réels se resserrera entre
265
ons sont des créations contre nature. Voyez comme
ils
ont coupé en quatre une entité telle que le bassin Ruhr-Moselle. De q
266
ière le Centre européen de la culture contribue-t-
il
à la création d’une Europe unie ? Le Cheminement des esprits donne
267
nnes, les directeurs de festivals de musique, car
il
est plus facile d’associer d’abord les choses nouvelles. Les problème
268
emin dans les esprits ces dernières années ? Oui,
elles
ont progressé, surtout en France, qui est le pays le plus éloigné de
269
responsables. Cheminement vers l’Europe fédérée :
il
s’agit de surmonter les obstacles à l’union, qui sont d’abord dans le
270
ionaliste pour deux raisons majeures : — parce qu’
il
faut FAIRE L’EUROPE et qu’on ne la fera jamais sur la base des États
271
sur la base des États centralisés. — et parce qu’
il
faut REFAIRE DE VRAIES COMMUNAUTÉS, si l'on veut prévenir les désastr
272
comme poussent les blés, la vigne et les forêts :
elle
doit monter d’une terre, d’un peuple, d’une histoire, de leurs besoin
273
iée par les bureaux d’une métropole tentaculaire.
Elle
ne saurait être créée par quelque découpage sur la carte, mais seulem
274
mais seulement par le rayonnement de sa vitalité.
Elle
ne saurait être octroyée de l’extérieur, mais seulement instaurée par
275
par l’essor de ses énergies créatrices. Surtout,
elle
ne doit pas se donner pour objectif de saisir « une plus grande part
276
isir « une plus grande part du gâteau » étatique.
Elle
doit cuire son propre gâteau, et créer ses propres ressources, à sa m
277
s des grands, plus ceux de la petitesse physique.
Il
faut la concevoir, au contraire, comme la création d’une communauté S
278
utôt que de chercher à se rendre concurrentielle,
elle
doit chercher à se rendre utile, et son problème n’est pas d’exploite
279
d’exploiter le voisin mais de coopérer avec lui.
Elle
n’a donc nul besoin d’être, comme on le répète, « de taille européenn
280
argon de la guerre commerciale — mais on attend d’
elle
, au contraire, qu’elle soit différente des autres, séduisante pour se
281
erciale — mais on attend d’elle, au contraire, qu’
elle
soit différente des autres, séduisante pour ses propres habitants plu
282
rd Dans le monde de l’esprit et de ses œuvres,
il
n’est pas de chance imméritée : les choses ne viennent à point que po
283
r qui s’était obscurément disposé à les recevoir.
Il
importe au propos de ces pages que je marque d’abord la part des hasa
284
du et profond sur l’esprit de ses compatriotes, s’
il
a prévenu in extremis la guerre entre les cantons suisses, c’est par
285
té que sa vie d’ascète donne au message secret qu’
il
envoie à la Diète, et dont on ne connaît que le résultat : la paix sa
286
Ce serait la solution formelle ; encore faudrait-
il
l’adapter à la structure chrétienne du sujet. Je songe alors au style
287
e le connaissais pas. En pleine gloire, à 46 ans,
il
vient d’écrire Jeanne au bûcher et La Danse des morts avec Claudel. D
288
d’écrire que la seule forme théâtrale à laquelle
il
croit pour l’avenir est « celle qui arrive à grouper toute une popula
289
levie sur les marches de son escalier, un jour qu’
il
était en retard.) Nos entretiens sont strictement techniques. Il me d
290
ard.) Nos entretiens sont strictement techniques.
Il
me demande combien il y a de cuivres durs et de cuivres mous dans la
291
anfare de La Chaux-de-Fonds. (Je n’en sais rien.)
Il
me prête un recueil de chorals luthériens, pour que j’en étudie la pr
292
ériens, pour que j’en étudie la prosodie précise.
Il
veut savoir la fonction, la durée et presque la tonalité de chacune d
293
’un des trois chœurs que j’ai prévus. Quelquefois
il
m’appelle au téléphone : « Au 5e vers, 3e reprise du Choral I, il man
294
téléphone : « Au 5e vers, 3e reprise du Choral I,
il
manque une syllabe. — Ah ? Que faire ? — Eh bien ! nous mettrons un s
295
ue faire ? — Eh bien ! nous mettrons un soupir ».
Il
m’a dit : « Quand vous écrivez les paroles d’un chœur, chantez-les su
296
usique. » À chaque visite dans son grand atelier,
il
me joue au piano ce qu’il a fait. Il joue mal, je ne distingue pas gr
297
dans son grand atelier, il me joue au piano ce qu’
il
a fait. Il joue mal, je ne distingue pas grand-chose, une fin de chor
298
and atelier, il me joue au piano ce qu’il a fait.
Il
joue mal, je ne distingue pas grand-chose, une fin de choral pourtant
299
pas grand-chose, une fin de choral pourtant, dont
il
me dit en riant : « Vous voyez, ça finit comme à l’église — catholiqu
300
ndé le secret de cette divination spirituelle, et
il
m’a dit modestement : « J’apprends par cœur les paroles, et puis je m
301
ense pas. Mais peut-être tout simplement parce qu’
il
fallait d’abord bien voir les données fixes du problème et mettre au
302
ar nature implicite, j’entends de telle nature qu’
il
ne pût se traduire d’une manière authentique et fidèle que dans l’œuv
303
préétablie, comment ne pas admettre après coup qu’
elle
ait gouverné dans le fait plusieurs séries de « hasards objectifs »,
304
brée par deux protestants ! La part de Dieu
Il
serait vain de faire appel à des éléments contingents pour expliquer
305
phénomène. Tous les biographes ont insisté comme
il
convenait sur l’éducation protestante du jeune Zurichois, né au Havre
306
tante du jeune Zurichois, né au Havre : à 13 ans,
il
écrit un oratorio intitulé le Calvaire ; à 15 ans, il reçoit le choc
307
crit un oratorio intitulé le Calvaire ; à 15 ans,
il
reçoit le choc de sa vie lorsque Caplet vient diriger au temple prote
308
gger n’est à aucun degré. Je ne crois même pas qu’
il
se soit jamais dit croyant, encore moins incroyant, d’ailleurs. Ce n’
309
que, ni même des croyances de l’homme, quelles qu’
elles
fussent. Sa musique est chrétienne parce qu’elle est une prière, si l
310
elles fussent. Sa musique est chrétienne parce qu’
elle
est une prière, si la prière est l’acte de celui qui s’ouvre et s’ord
311
s’ordonne à l’amour, c’est-à-dire : à Dieu tel qu’
il
s’annonce au « cœur » de l’homme. Sa musique est chrétienne en cela q
312
de l’homme. Sa musique est chrétienne en cela qu’
elle
signifie, par son affectivité même, « l’adéquation physique (de l’hom
313
ts de mots ou de couleurs ; pour Arthur Honegger,
elles
furent sa musique. 3. Ernest Ansermet, Les Fondements de la musiqu
314
responsables. Cheminement vers l’Europe fédérée :
il
s’agit de surmonter les obstacles à l’union, qui sont d’abord dans le
315
reparaît Paul Martin, plutôt rajeuni me semble-t-
il
(les petites différences d’âge s’effacent avec le temps). Il vient, d
316
ites différences d’âge s’effacent avec le temps).
Il
vient, de concert avec notre ami commun Raymond Silva — alors secréta
317
e pars de ce qui me paraît une évidence majeure :
il
nous faut faire l’Europe afin de rester nous-mêmes, disons, pour alle
318
deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’
ils
prétendaient inaugurer n’a duré que dix à douze ans. (La Suisse, en r
319
te du 1er août 1291 ne fera guère que copier.) Or
il
se trouve que cette formule fédéraliste, seule pratiquement possible
320
te mais en fait toujours plus illusoire — sauf qu’
elle
bloque tout. C’est ici que nous rejoignons la culture. Car c’est bie
321
ande-Bretagne sont immortelles, ce qui suggère qu’
elles
auraient existé de toute éternité, alors qu’en vérité, pour la plupar
322
pour la plupart, en tant qu’État, et en moyenne,
elles
n’ont même pas un siècle d’âge. Seules la France, l’Angleterre et l’E
323
ons, a beaucoup varié lui-même quant à la date qu’
il
attribue à la naissance de l’histoire de France : tantôt il la fait r
324
e à la naissance de l’histoire de France : tantôt
il
la fait remonter à Brennus, chef gaulois probablement mythique, qui e
325
rançais existe réellement depuis Philippe Le Bel,
il
est absolument certain que l’Italie comme État n’a que 110 ans, l’All
326
un pouce de leur sacro-sainte souveraineté, et qu’
ils
sont immortels. Or, tout est faux dans cet enseignement, et dans les
327
ésulter de ces mises au point. Et tout d’abord :
il
n’y a pas de cultures nationales. La culture européenne n’est pas la
328
a somme de vingt-cinq cultures nationales, puisqu’
elle
existait bien avant la formation, récente, nous venons de la voir, de
329
un seul des grands professeurs n’était français :
ils
étaient napolitain comme Thomas d’Aquin, pisan comme Bonaventure, sou
330
mps, ceux qui parlent une même langue ? Oui, mais
il
n’était pas question de les enfermer pour si peu dans les frontières
331
u dans les frontières d’un même État. D’ailleurs,
il
n’est pas vrai que nos stato-nations modernes correspondent à l’aire
332
et le Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique,
elle
devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses te
333
ritoires actuels. Prenez la langue allemande : si
elle
devait coïncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la Républ
334
e : si elle devait coïncider avec un État-nation,
il
faudrait annexer à la République fédérale outre l’Allemagne de l’Est,
335
is de l’immense majorité de ses concitoyens quand
il
les appelait précisément à se libérer du joug anglais. Alors que les
336
vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop, Bischof…
Il
en va de même des termes militaires comme « canon », et de tous les t
337
tre l’Espagne et les Allemagnes au-delà du Rhin ;
elle
a été mise en forme par la Révolution française, et elle a triomphé d
338
été mise en forme par la Révolution française, et
elle
a triomphé dans l’enseignement de la géographie au xixe , là encore c
339
res de nos États n’ont jamais été « naturelles ».
Elles
sont accidentelles et arbitraires comme les conflits armés dont elles
340
lles et arbitraires comme les conflits armés dont
elles
figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait un h
341
dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices.
Elles
sont encore, disait un historien français, le résultat des « viols ré
342
n, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce qu’
il
faudrait arrêter — la tempête, les épidémies, la pollution de l’air e
343
mondiales où l’Europe a failli périr, mais encore
ils
faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’
344
st que la culture de tous nos peuples est une, qu’
elle
s’est formée à partir des mêmes influences indo-européennes, gréco-la
345
intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers
elles
, formé nos sensibilités. Prenez l’exemple de la musique : rien de nat
346
la musique : rien de national dans son évolution.
Elle
naît avec le chant grégorien — premier langage musical européen — au
347
s les Flandres avec Ockeghem et Josquin des Prés.
Elle
rayonne en Bourgogne, en France et redescend vers l’Italie qu’elle en
348
ourgogne, en France et redescend vers l’Italie qu’
elle
enrichit de ses nombreuses découvertes, jusqu’au xvie siècle, quand
349
e une bonne douzaine de nos frontières actuelles.
Elles
relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas de
350
l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-
il
de ses diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme
351
s diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-
il
vrai, comme le disent trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles
352
ront davantage et s’entendront mieux entre eux qu’
ils
ne s’entendent avec les hommes de droite de leur propre nation ; que
353
e en Europe est d’autant plus riche et intense qu’
elle
est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen
354
mobilisant à Paris tous les esprits distingués qu’
il
n’avait pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre
355
la vitalité inégalée de notre culture européenne,
il
est dans cette interaction perpétuelle des grands courants continenta
356
veau, et à disparaître pratiquement, un peu comme
il
est arrivé de nos frontières cantonales, et je ne crois pas que nous
357
itoyens des grands pays qui nous entourent ; mais
ils
y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour nous autres Suisses, il
358
leur jeunesse surtout. Pour nous autres Suisses,
il
devrait s’agir d’évidences et presque de banalités. Toutefois, nous d
359
e, car ou bien on a une vraie amicale, mais alors
il
n’y a pas de misanthropes, ou bien on a de vrais misanthropes, mais a
360
s, ou bien on a de vrais misanthropes, mais alors
il
n’y a pas d’amicale. L’Europe que nous voulons sera fédérale — ou alo
361
’Europe que nous voulons sera fédérale — ou alors
elle
ne se fera pas sérieusement. Voilà, je pense, la perspective qui s’ou
362
ilà, je pense, la perspective qui s’ouvre à nous.
Elle
n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays europée
363
est, si possible, encore plus vrai aujourd’hui et
il
nous dicte une ligne de conduite et d’action. Je sais bien que les Su
364
. Je sais bien que les Suisses sont timides et qu’
ils
en font même une vertu, sous le nom de modestie. Qu’ils fassent donc
365
font même une vertu, sous le nom de modestie. Qu’
ils
fassent donc un effort, un courageux effort contre leur modestie ! He
366
é illimitée, illusoire d’ailleurs, à cela près qu’
elle
bloque tout ! L’école, aux trois degrés, nous fait croire que l’État-
367
État-nation est le dernier mot de l’évolution, qu’
il
correspond à une langue et à une culture particulière, qu’il forme un
368
nd à une langue et à une culture particulière, qu’
il
forme une unité économique et qu’il se définit par des “frontières na
369
ticulière, qu’il forme une unité économique et qu’
il
se définit par des “frontières naturelles” : tout cela est faux, comm
370
t Tout héritage du passé est porteur d’avenir.
Il
est cette part du passé qui à la fois m’ouvre un certain avenir et pa
371
ai vraiment qu’en découvrant à l’expérience ce qu’
il
me dicte ou m’interdit, mais aussi ce qu’il m’incite ou m’autorise à
372
ce qu’il me dicte ou m’interdit, mais aussi ce qu’
il
m’incite ou m’autorise à modifier d’une manière inédite — qui sera mo
373
Européen, de l’expression héritage culturel. 1.
Il
représente d’abord la somme de tous les « produits » de la culture au
374
le, et enfin ou d’abord les langues et tout ce qu’
elles
conditionnent — modes de sentir, de juger, de penser —, à quoi s’ajou
375
ais accompli, nul n’en peut prendre les mesures :
il
s’agrandit sans fin au regard du chercheur, comme si ce regard même c
376
nces spécifiques proposées aux Européens, et dont
ils
peuvent tirer de libres créations ou ne rien faire, mais pose aussi d
377
aussi des limitations précises à leur action, qu’
ils
ne peuvent éluder, surtout s’ils les ignorent. 3. L’héritage culturel
378
leur action, qu’ils ne peuvent éluder, surtout s’
ils
les ignorent. 3. L’héritage culturel enfin reste une somme de virtual
379
pouvons en général actualiser qu’une part infime.
Il
n’est pour nous, au sens concret, que ce que nous sommes capables d’e
380
mis en face de l’héritage total, nous sentons qu’
il
comporte une part d’hérédité inéluctable, mais que, dans la part libr
381
est ce que l’homme ajoute à la nature, on voit qu’
elle
représente en fait tout ce que nous sommes capables de penser et pres
382
e assume toutes les antinomies. On dirait même qu’
elle
les nourrit et les accuse. C’est qu’elle y a vu, ou pressenti, le sec
383
même qu’elle les nourrit et les accuse. C’est qu’
elle
y a vu, ou pressenti, le secret de son dynamisme. Aux trois sources d
384
nt on ne dira jamais assez combien les valeurs qu’
elles
transportent sont étrangères les unes aux autres — si deux se découvr
385
ritée, ce sera pour mieux exclure la troisième —,
il
faut que nous prenions l’habitude de combiner en contrepoint la sourc
386
ois premières, ou l’une au moins, ou deux d’entre
elles
. L’apport celtique — sens de la Quête, sens de l’échec transfigurant,
387
arabe : voilà la poésie et le roman de l’Europe.
Ils
auront contre eux, dès le départ, contre leur conception du monde, l’
388
. G. Jung, Picasso peuvent très bien se détester,
ils
sont dans le droit fil de l’héritage européen ; Hitler et Staline en
389
damentale, répétons-le — n’est pas exceptionnel :
il
est irrécusable. J’entends qu’il est universel. Pas un seul d’entre n
390
s exceptionnel : il est irrécusable. J’entends qu’
il
est universel. Pas un seul d’entre nous n’y échappe. Que nous soyons
391
ux ou juridiques, parle au nom de tout cela, dont
il
ignore presque toujours les origines, mais qui le meut. Enfermés dans
392
sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’
il
faut les garder « pures », et nous allons jusqu’à prétendre que leur
393
, comme l’a fait voir T. S. Eliot. L’anglais, dit-
il
, « offre le plus de richesses à qui veut écrire de la poésie ». Et il
394
de richesses à qui veut écrire de la poésie ». Et
il
en voit la raison, précisément, dans la variété des sources européenn
395
ançaises et latines, l’élément celtique enfin. Et
il
ajoute : « Quand les nations de l’Europe sont coupées les unes des au
396
pays. » Voilà pour les bienfaits du chauvinisme :
il
ne cesse de trahir ce qu’il prétend sauver. Quant à la diversité des
397
aits du chauvinisme : il ne cesse de trahir ce qu’
il
prétend sauver. Quant à la diversité des langues, si on la respecte,
398
nt à la diversité des langues, si on la respecte,
elle
n’empêche pas l’union, bien au contraire, elle ne condamne que l’unif
399
e, elle n’empêche pas l’union, bien au contraire,
elle
ne condamne que l’unification forcée. Entre le breton, l’alsacien, le
400
France le français comme seule langue officielle.
Elles
n’ont pas empêché non plus les dragonnades linguistiques perpétrées p
401
perpétrées par l’école primaire depuis un siècle.
Elles
n’ont pas empêché le pire, qui est l’unification forcée. Mais grâce à
402
forcée. Mais grâce à la renaissance des régions,
elles
peuvent encore permettre le meilleur, l’union librement décidée des v
403
artie intégrante de l’héritage commun. Ceci noté,
il
n’en est que plus frappant de constater qu’un même mot originel, grec
404
retrouve dans tous nos États et montre bien ce qu’
il
faut penser de leur soi-disant « originalité culturelle ». Ainsi le m
405
structure. Moins une culture est homogène, mieux
elle
incite à cette autonomie, à cette autostructuration de la personne, d
406
che, tout héritier est hérétique, du seul fait qu’
il
ne peut embrasser la totalité de l’héritage. Ses données génétiques l
407
par tout Européen moyen, dans la mesure exacte où
il
reste tributaire de son programme génétique. 1. Le nationalisme ou pa
408
passifs, la partisanerie cloisonne et appauvrit.
Elle
existe partout en Europe, des Bleus et des Verts de Byzance aux « spo
409
eté animique si on le compare à l’Africain noir).
Il
en résulte une étonnante absence de grandes qualités sociales et pers
410
l’amour, l’humeur, et dont on sait maintenant qu’
elles
ont leur siège dans les masses profondes du cerveau (thalamus, hypoth
411
ts que les Asiates ou les Noirs, loin de là. Mais
ils
ont causé, en fait, les grands massacres de l’Histoire : 1914-1918 au
412
bdique sa liberté devant « ceux qui savent » mais
il
croit mieux les savants d’aujourd’hui que les curés d’hier, ou les ma
413
rés d’hier, ou les marxistes de tout à l’heure, s’
il
ne les comprend pas davantage. Le scientifique gouverne ; c’est lui q
414
e militaire ne peuvent que subir sans comprendre.
Il
en résulte une inégalité fondamentale entre l’élite scientifique et l
415
tion prépare des clivages sociaux sans précédent.
Elle
annonce un nouvel esclavage par manipulation des gènes de pharmacolog
416
des gènes de pharmacologie au service du Pouvoir.
Elle
annonce des révoltes sauvages, dont la sécession des hippies (ou drop
417
ens de l’Histoire », fiction commode. Ce faisant,
il
se coupe de la mémoire humaine, de l’approche familière des symboles,
418
l’Histoire autant que de la nature, a tout ce qu’
il
faut pour devenir aliéné. Quant aux éléments libérateurs de l’hérita
419
ents libérateurs de l’héritage culturel européen,
ils
sont trop connus et trop souvent exaltés pour qu’il me soit besoin de
420
sont trop connus et trop souvent exaltés pour qu’
il
me soit besoin de les analyser. Il s’agit de : —l’esprit critique ou
421
xaltés pour qu’il me soit besoin de les analyser.
Il
s’agit de : —l’esprit critique ou remise en question perpétuelle de t
422
part la plus menacée de notre héritage, celle qu’
il
nous est possible de dilapider. Car ces vertus ne contraignent pas l’
423
individu comme le fait un programme génétique, si
elles
sont ce qui permet seul de le dépasser. Tout cela n’existe guère comm
424
ours qui consistait dans l’adoration de la femme.
Elle
était considérée par le poète-troubadour comme le seigneur à qui l’on
425
t nouvelle — s’agenouillait devant la femme à qui
il
donnait ses vœux, comme le chevalier devant son seigneur. Il s’est pr
426
ses vœux, comme le chevalier devant son seigneur.
Il
s’est produit à ce moment-là une extraordinaire évolution dans les mœ
427
mme dans les pays d’Europe. Mais la femme n’avait-
elle
pas plutôt un rôle d’inspiratrice, un rôle passif en quelque sorte ?
428
un rôle passif en quelque sorte ? Justement pas.
Elle
devenait la maîtresse, le seigneur. Ce qui s’est passé au xiie siècl
429
igures agissantes du siècle. Les hommes, autour d’
elle
, ont l’air de rien du tout. Après cela, il est inutile de dire que le
430
ur d’elle, ont l’air de rien du tout. Après cela,
il
est inutile de dire que le rôle de la femme a été considérable dans t
431
emagne. Mythes germaniques Votre analyse est-
elle
valable également pour la Suisse ? En Suisse, nous sommes un peu trib
432
a main — avec un parapluie dans l’autre, parce qu’
il
pleut toujours ! Il y a donc, chez les Suisses allemands notamment, e
433
t aux femmes dans leur activité. En quoi seraient-
ils
supérieurs ? Ce mythe germanique serait donc à la base du refus des S
434
comptait, alors que, dans notre société actuelle,
il
est impossible qu’on vous démontre en quoi la force physique privilég
435
un. Égalité, donc service militaire ! Y a-t-
il
des raisons historiques propres à la Suisse qui expliquent cette inég
436
omme libre dont la liberté est démontrée parce qu’
il
a son épée à la main. Comme les nobles au Moyen Âge, les hommes libre
437
s hommes libres en Suisse, c’était la même chose,
ils
étaient exactement sur le même plan. La noblesse et les hommes libres
438
qui vous disent : c’est très bien les femmes, qu’
elles
aient le droit de vote, mais alors qu’elles fassent aussi du service
439
s, qu’elles aient le droit de vote, mais alors qu’
elles
fassent aussi du service militaire. Vous avez tout de suite cette lia
440
ion pour l’uniforme, plus que les hommes souvent.
Il
n’en reste pas moins, que bien ou mal, c’est par les femmes que se fa
441
e femmes pour un homme. Chez nous, considérons qu’
il
n’y a aucune espèce de différence au point de vue public entre hommes
442
entre hommes et femmes. Je ne dis pas du tout qu’
il
n’y a pas de différence entre masculin et féminin. Je dis que sur le
443
éminin. Je dis que sur le plan de la vie publique
il
n’y en a pas. Je n’en vois pas. Les seules que nous croyons voir, que
444
influe nos décisions à notre insu. Autrement dit,
il
faudrait une bonne petite psychanalyse de la santé des Suisses… z.
445
tature” masculine, les citoyens suisses donneront-
ils
aux femmes ce qu’ils considèrent eux-mêmes comme un droit inaliénable
446
s citoyens suisses donneront-ils aux femmes ce qu’
ils
considèrent eux-mêmes comme un droit inaliénable ? Il serait heureux
447
onsidèrent eux-mêmes comme un droit inaliénable ?
Il
serait heureux que la réponse à cette question soit un “oui franc et
448
ailleurs, où la femme a acquis l’égalité civique,
elle
le doit à une sorte de coup d’État venu d’en haut : par simple décisi
449
u, qui, sur ce point, a été vraiment un prophète,
il
faut garder les yeux fixés à la fois bien en deçà et bien au-delà de
450
la personne. De la conclusion d’une conférence qu’
il
donnait en 1931 sur l’idée de nation, je recopie ces lignes4 : Plaço
451
aire, précisément parce qu’étant de sens opposés,
ils
se complètent l’un par l’autre. Nous les séparons pour la commodité d
452
sé : mais dans le cœur du peuple révolutionnaire,
ils
sont unis d’un lien indissoluble. Cette liaison de l’universel et du
453
ution — Dandieu la démontrait par trois exemples.
Il
soulignait « l’insistance des Cahiers de doléances (de 1789) à réclam
454
mer le rétablissement des États provinciaux », et
il
rappelait que si la République une et indivisible s’est opposée au fé
455
aractère universel », et l’a condamnée à l’échec.
Il
citait comme un exemple plus frappant encore de « l’équilibre nécessa
456
de la tradition régionaliste française dans ce qu’
elle
a de plus authentique. Là pouvait être le remède « au mal centralisat
457
du nationalisme dans l’élan révolutionnaire ». Et
il
concluait : Fidèles à la véritable tradition française, nous nous ap
458
avant l’économique, même socialisé, faute de quoi
elle
accepte le mythe de la production et retourne au capitalisme privé ou
459
ersonnalité humaine. L’homme est une personne, ou
il
n’est rien du tout ; ni race, ni régime ne sauraient changer cette vé
460
ace, ni régime ne sauraient changer cette vérité.
Il
a fallu un effort gigantesque pour tromper la révolution au profit de
461
, qui a détourné la révolution de son but : c’est
elle
qui doit le lui rendre. Moyennant une ou deux mises au point de la t
462
manquer de frapper par leur actualité permanente.
Ils
anticipent toute la problématique présente de la région, très particu
463
te de la région, très particulièrement en France.
Ils
soulignent d’abord la co-action et l’unité de structure dynamique des
464
Dandieu aura tenu une place proprement décisive :
il
a posé les équations de base, formulé les concepts opératoires. Et po
465
idualisme agressif » dans la première citation) :
il
s’agit en réalité de ce que nous conviendrons un peu plus tard, tant
466
quée chez Dandieu par le prédicat « agressif » qu’
il
accole à « individu » — s’oppose à la donnée inerte, résultat d’une d
467
responsables de la vie politique de nos pays, qu’
il
s’agisse de régions économiques, ethniques, écologiques ou simplement
468
ns la vie politique française, notamment. Quoi qu’
il
en soit, et hors de toute politique au sens étroit du terme, il est u
469
hors de toute politique au sens étroit du terme,
il
est un fait que je crois indispensable de mettre en relief ; c’est qu
470
êtes des chaînes montagneuses. Quant aux nations,
elles
sont le produit des viols répétés de la géographie par l’histoire. To
471
ment, par ce qui était censé diviser les nations,
elles
prennent pour axe ce qui les scindait ou bornait : un fleuve (la régi
472
dans l’ensemble socioculturel de l’Europe tel qu’
il
s’est composé pendant trois millénaires. Instruction civique La
473
borner à décrire les institutions de la Capitale,
elle
fera voir les problèmes concrets de la vie publique et les moyens d’y
474
ne puis d’Oxford et aux structuralistes de Paris.
Il
n’y a pas de rayonnement continental ou planétaire sans foyers locaux
475
plinaire, selon le terme proposé par Jean Piaget.
Elle
requiert des données médicales et sociologiques, économiques et histo
476
urs résultantes et de leur possible optimisation.
Elle
ne connaît en fait ni frontières nationales, ni circonscriptions élec
477
mais des continents et des régions. Et cependant,
elle
doit tenir compte des obstacles que les États-nations mettent à toute
478
-à-dire transnationale, et du degré de liberté qu’
ils
laissent aux industriels anarchistes, ceux qui exploitent et détruise
479
l’un des pionniers des États-Unis d’Europe. Y a-t-
il
un point commun entre ces deux activités ? En somme, vous me demandez
480
me. C’est votre équation de base ? Oui. Disons qu’
il
s’agit d’une intuition fondamentale qu’il est très difficile d’exprim
481
sons qu’il s’agit d’une intuition fondamentale qu’
il
est très difficile d’exprimer, et c’est pourquoi j’écris tant de livr
482
de l’amour, du mariage et de leur drame vous a-t-
il
passionné depuis trente ans ? Cherchez bien et je suis sûr que vous t
483
Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’
il
faut se marier. Eh bien, non, on ne reste pas amoureux tout le temps
484
le mariage ? Non. Je dis autre chose : je dis qu’
il
est l’ennemi du mariage. Ce n’est pas par hasard que le jugement de l
485
iage et du couple. C’est un mythe un peu dépassé…
Il
est absolument fondamental dans la vie de tous les Européens, même s’
486
amental dans la vie de tous les Européens, même s’
ils
n’ont jamais lu une ligne de l’histoire de Tristan. La passion amoure
487
iste, brahmanique n’a jamais connu notre amour et
elle
le considère avec un étonnement mêlé d’ironie et de crainte. Marshall
488
à Toronto, en 1969. Je sais par ses étudiants qu’
il
parle souvent de mes thèses dans ses cours. Quand l’historien Charles
489
xiie siècle ! Ainsi parle le gros bon sens, mais
il
est réfuté par les faits. Car c’est un fait que le mot amour, qui dés
490
evenant Mme Tristan ! Mais Tristan et Iseut n’ont-
ils
pas été merveilleusement heureux ? Ils ont été merveilleusement malhe
491
seut n’ont-ils pas été merveilleusement heureux ?
Ils
ont été merveilleusement malheureux ! Comprenez-moi bien : je n’ai au
492
concevons a inspiré tous les arts en Europe, mais
il
ne vaut rien pour cette œuvre d’art qu’est le couple. C’est une thèse
493
e l’amour est essentiellement lié à l’expression.
Il
écrit : « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais e
494
Il écrit : « Combien d’hommes seraient amoureux s’
ils
n’avaient jamais entendu parler d’amour ? » Il n’y a pas d’amour inex
495
s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour ? »
Il
n’y a pas d’amour inexprimé. Il y a des désirs, des instincts, faire
496
sion. L’amour-passion, c’est autre chose. Tant qu’
il
n’est pas « déclaré », c’est comme s’il n’existait pas. Grâce à la li
497
. Tant qu’il n’est pas « déclaré », c’est comme s’
il
n’existait pas. Grâce à la littérature, la passion obsède nos rêves.
498
fique de la culture européenne. Et que se passe-t-
il
dans les autres civilisations ? Je n’ai rien trouvé de tel en Orient,
499
ons de l’Asie excluent une telle croyance, puisqu’
elles
tendent, au contraire, au dépassement et à la dissolution du moi. En
500
ses puissances qu’à la mesure des résistances qu’
elle
rencontre. On ne retrouve en Orient que la technique érotique des épr
501
rmir quarante jours au pied du lit de la femme qu’
il
aime, quarante jours, dans son lit, sur le côté gauche, quarante jour
502
rante jours sur le côté droit, quarante jours sur
elle
, sans la toucher. Ce n’est qu’après cette épreuve que peut s’opérer l
503
pe une problématique à peu près unique au monde :
ils
ne peuvent pas devenir des problèmes là où tout est réglé, programmé.
504
é. La crise du mariage est typique de l’Occident.
Elle
n’existe pas ailleurs. Mais c’est le prix de notre liberté. Mais vous
505
je suis évidemment pour l’amour-passion, bien qu’
il
ne soit pas viable. Trop rares sont les « beaux moments d’équilibre d
506
ent ensemble, en devenant l’une par l’autre ce qu’
elles
sont. Ce que je veux défendre, c’est donc, en fin de compte, un certa
507
jourd’hui, mon livre est au programme de licence…
Il
a influencé beaucoup d’auteurs anglo-saxons, poètes, comme W. H. Aude
508
vous, quel est l’avenir de l’amour ? D’une part,
il
me semble que les jeunes gens d’aujourd’hui tiennent un peu mieux com
509
du xixe siècle. Et le mariage à l’essai, même s’
il
ne garantit pas de l’erreur, augmente les chances de l’éviter. Mais,
510
s. Car s’il y a aujourd’hui une crise du mariage,
il
y en a une aussi de l’amour-passion. Parce que l’amour-passion, lui n
511
ent possible des relations amoureuses. Ne reste-t-
il
pas l’érotisme ? Même pas. C’est une évidence. L’érotisme est l’usage
512
ste de la littérature occidentale ? Le Dr Tissot.
Il
a commis un livre à la fin du xviiie siècle dont la thèse était que
513
était, hélas ! suisse, a connu un succès mondial.
Il
a sans doute créé le maximum de névroses qu’un homme ait jamais pu dé
514
la planète. Pendant une douzaine de générations,
il
a empoisonné les jeunes gens, heurtés par le spectre de l’« impureté
515
Très bien, mes enfants, pas d’excès, mais enfin,
il
faut bien apprendre les choses… », etc. Si lutter contre le Dr Tissot
516
mme, vous trouvez qu’on s’agite beaucoup, mais qu’
il
n’y a guère de révolution ? Il est clair que les tabous de la morale
517
beaucoup, mais qu’il n’y a guère de révolution ?
Il
est clair que les tabous de la morale bourgeoise ne tiennent plus. Es
518
le du couple plus solide ? Voyez les romanciers :
ils
cherchent partout l’obstacle qui permet la passion, cette forme d’amo
519
nécessaire à l’amour-passion, l’amour-action peut-
il
s’en passer ? Si la passion a besoin d’obstacles pour vivre, elle en
520
? Si la passion a besoin d’obstacles pour vivre,
elle
en trouvera toujours, même dans l’amour-action, parce que jamais cet
521
et effort d’imaginer, de créer l’autre dans ce qu’
il
a de meilleur et de plus personnel n’aboutira complètement. Il y aura
522
découvre Iseut, qu’Iseut découvre Tristan, et qu’
ils
sachent leurs noms. Je voudrais qu’ils cessent de dire comme dans l’o
523
tan, et qu’ils sachent leurs noms. Je voudrais qu’
ils
cessent de dire comme dans l’opéra de Wagner : « Non, plus d’Isolde,
524
pour aimer. Tristan n’aime pas réellement Isolde.
Il
ne la voit pas. Il projette. Ce qu’il aime, c’est l’amour, être en ét
525
n’aime pas réellement Isolde. Il ne la voit pas.
Il
projette. Ce qu’il aime, c’est l’amour, être en état d’amour. Toutes
526
ent Isolde. Il ne la voit pas. Il projette. Ce qu’
il
aime, c’est l’amour, être en état d’amour. Toutes les femmes qu’on ai
527
oint la passion est l’ennemie intime du mariage ;
elle
empêche de voir l’autre avec qui l’on vit. Elle veut la fusion, l’abs
528
; elle empêche de voir l’autre avec qui l’on vit.
Elle
veut la fusion, l’absorption, l’esclavage, non l’union de deux libert
529
contestation, surtout dans les pays de l’Est, où
elle
est encore clandestine, mais d’autant plus sincère, a fait revivre le
530
tre question trente ans après, sans être bloquée,
elle
, par la guerre des empires totalitaires qui fermait notre horizon, et
531
York. Quand j’ai rencontré Einstein, à Princeton,
il
m’a dit : « Vous n’avez pas idée de la transformation intellectuelle
532
n Amérique, on l’accusait de communisme, parce qu’
il
pensait qu’il fallait tendre la main aux Russes et les faire entrer à
533
l’accusait de communisme, parce qu’il pensait qu’
il
fallait tendre la main aux Russes et les faire entrer à l’ONU. Et pui
534
n aux Russes et les faire entrer à l’ONU. Et puis
il
portait les cheveux longs ! Nous avons parlé de l’union de l’Europe.
535
longs ! Nous avons parlé de l’union de l’Europe.
Il
m’a dit : « Vous êtes bien optimiste. Cela prendra un temps fou. En t
536
e fera pas avec un nationaliste comme Churchill :
il
est dangereux. » Une Europe d’États-nations visant à la puissance, di
537
ope d’États-nations visant à la puissance, disait-
il
, n’aurait fait qu’un troisième larron armé jusqu’aux dents. Eh bien,
538
mpuissance tragique de ce victorieux : tout ce qu’
il
veut saisir se change à son approche en fer tordu, en pierraille lépr
539
a présidé le plus grand nombre de comités ! Mais
il
faut savoir perdre neuf dixièmes de son temps pour que le dernier dix
540
Suisses, ou Danois, ou Belges, donc trop petits.
Il
nous manque la conscience de former un ensemble. C’est surtout que 12
541
ace ni grande ni petite à l’Europe : je dis ce qu’
elle
est parmi les vingt-deux ou vingt-trois civilisations qu’énumère Toyn
542
moralement supérieure aux autres civilisations ;
elle
a déclenché des guerres mondiales, inventé le nationalisme, institué
543
e, raté ses révolutions. Cela ne veut pas dire qu’
il
n’y a pas eu Hitler, Staline, Guernica… L’Europe est une unité comple
544
scussion, et, finalement, la révolution, qui est,
elle
aussi, une invention européenne. Ailleurs, il n’y a jamais eu, avant
545
, elle aussi, une invention européenne. Ailleurs,
il
n’y a jamais eu, avant le contact avec notre culture et nos doctrines
546
u’une idée, c’est d’imiter la Chine maoïste, qui,
elle
, voudrait être aussi communiste que la Russie soviétique, dont le slo
547
ves dans ce périple ? Le marxisme ? Allons donc !
Il
est le produit spécifique des contradictions de l’Europe au xixe siè
548
nous butons depuis vingt ans. Vous avez écrit : «
Il
faut transformer les frontières en écumoires en attendant qu’elles di
549
ormer les frontières en écumoires en attendant qu’
elles
disparaissent complètement. » Oui, l’ennemi, c’est l’État-nation, hér
550
n commun la religion de l’État-nation centralisé.
Il
n’y a que des différences de degré. Après la guerre, toutes les ancie
551
ue ? C’est probablement une fonction à supprimer.
Il
faut des économistes, des écologistes, des éducateurs, des scientifiq
552
des administrateurs. À quoi sert le politicien s’
il
ne sait rien de tout cela ? N’importe quel ordinateur ferait mieux, e
553
catholique : le pape Alexandre VI. La Suisse est-
elle
pour vous un modèle politique idéal ? Vous savez, la vie politique en
554
sse est très loin de la vie politique en France :
elle
est parfaitement ennuyeuse. Et c’est très bien comme ça. C’est une ad
555
! » Tandis que l’État-nation ? Le côté sacral qu’
il
s’est attribué est incroyable. Il a le droit de condamner à mort ses
556
côté sacral qu’il s’est attribué est incroyable.
Il
a le droit de condamner à mort ses hérétiques et incroyants, droit qu
557
fait un livre sur l’Europe régionaliste… Eh bien,
il
a dû se réfugier en Irlande ! Pour vous, au contraire, le fédéralisme
558
L’État-nation prétend faire coïncider dans ce qu’
il
nomme ses « frontières naturelles » des réalités absolument hétérogèn
559
es, on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs.
Il
nous faut entreprendre délibérément cette révolution qui n’est pas vi
560
ons. Les régions se constitueront en nouant entre
elles
, par-dessus les frontières politiques, des relations économiques et c
561
elles qui formeront peu à peu un tissu européen :
il
faut faire de l’Europe avant de faire l’Europe. Ce tissu se révélera
562
ant les bœufs ? Un Jean Monnet ne vous traiterait-
il
pas d’utopiste ? Jean Monnet a très bien fait ce qu’il a fait avec l’
563
s d’utopiste ? Jean Monnet a très bien fait ce qu’
il
a fait avec l’appui de Robert Schuman, et qui a abouti à la création
564
r cette phrase un peu cynique de Louis Armand : «
Il
meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’il n’en naît. » Je suis
565
Il meurt tous les jours plus d’anti-Européens qu’
il
n’en naît. » Je suis certain que nous irons vers des solutions fédéra
566
s solutions fédéralistes, régionalistes, parce qu’
il
n’y en a pas d’autres. Mais il reste toujours la part du diable. Qui
567
nalistes, parce qu’il n’y en a pas d’autres. Mais
il
reste toujours la part du diable. Qui est-ce, le diable ? Le diable,
568
ez l’Enfer, croyez-vous à la révolution ? Oui, si
elle
apporte la liberté, si elle consiste à renverser, à retourner les ins
569
révolution ? Oui, si elle apporte la liberté, si
elle
consiste à renverser, à retourner les institutions de la tyrannie. Ma
570
is une société ne se retourne pas comme un homme.
Il
ne suffit pas de toucher deux ou trois-centres nerveux pour que tout
571
ois-centres nerveux pour que tout marche. Ou bien
il
faut y mettre la police, l’armée, la violence et la terreur pour alig
572
l’ai dit, nous irons vers l’ennui collectif. Mais
il
me semble improbable que cet ennui ne recrée pas en profondeur la soi
573
e quelque chose qui soit au-delà de l’ordre et qu’
il
ne provoque pas une rébellion de l’esprit, une sédition de l’inconsci
574
s, jouit d’une notoriété internationale. Parce qu’
il
a publié, avant la guerre, L’Amour et l’Occident , ouvrage fondament
575
e plus fondamental des sujets : l’amour. Parce qu’
il
est l’un de ceux qui ont créé, en 1932, avec Emmanuel Mounier ( Espri
576
( Esprit ), le mouvement personnaliste. Parce qu’
il
est, depuis vingt ans, le pionnier d’une Europe fédérée. Son dernier
577
r le prix Robert Schuman. L’amour et l’Europe ont-
ils
de l’avenir ? Et lequel ? Denis de Rougemont va “plus loin” avec, pou
578
Occident est aussi celui de La Part du diable .
Il
en parlera d’ailleurs, et de l’Europe — sa grande idée — dans l’émiss
579
ndignation qui le porte à épouser une cause. Donc
il
croit savoir ce qu’est le mal et par conséquent le bien. Qu’on ne rac
580
simplement que le diable existe, quand on nie qu’
il
existe, c’est alors qu’on commence à être manipulé par lui. Pouvez-vo
581
ciser ce qu’est pour vous le diable ? C’est quand
il
n’y a personne. Qui peut-on convaincre avec une telle définition ? Le
582
remier tour du diable est de nous faire croire qu’
il
n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui nous dit, comme dans L’Ody
583
e que fait Satan ? Singeant Dieu, mais à rebours,
il
nous dit : « Je suis celui qui n’est pas ! ». Il est la force déperso
584
il nous dit : « Je suis celui qui n’est pas ! ».
Il
est la force dépersonnalisante de l’univers. Il nous fait croire qu’i
585
. Il est la force dépersonnalisante de l’univers.
Il
nous fait croire qu’il n’y a personne, et pourquoi ? Parce que alors
586
sonnalisante de l’univers. Il nous fait croire qu’
il
n’y a personne, et pourquoi ? Parce que alors il n’y a plus de respon
587
’il n’y a personne, et pourquoi ? Parce que alors
il
n’y a plus de responsabilité, donc plus de culpabilité. C’est l’unifo
588
nsiste à assumer sa vocation personnelle, quoi qu’
il
arrive, et à tous risques. Car lorsque l’homme ne sert plus à rien, n
589
i ont refusé d’être eux-mêmes ; à tous risques. S’
ils
sont rejetés au bout du compte, ce n’est pas par un tribunal, mais pa
590
endant la dernière guerre, à nous faire croire qu’
il
était seulement Adolf Hitler, par exemple. Déguisement grossier, mais
591
ais aussi une paille ; si Hitler était le diable,
il
eût suffi de le tuer, et le mal eût disparu. Mais le diable est bien
592
ns les choses les plus visiblement scandaleuses :
ils
ont tort. Le diable, selon vous, fait tout ce qu’il faut pour qu’on n
593
ont tort. Le diable, selon vous, fait tout ce qu’
il
faut pour qu’on ne le détecte pas ? Je disais que Satan nous fait cro
594
sais que Satan nous fait croire, premièrement, qu’
il
n’existe pas, deuxièmement, qu’il est seulement Hitler et personne d’
595
remièrement, qu’il n’existe pas, deuxièmement, qu’
il
est seulement Hitler et personne d’autre, et ainsi de suite. Or le ma
596
nd Dieu lui dit : « Qu’est-ce que tu as fait ? »,
il
proteste : « Je n’y étais pas, c’est elle qui a tout fait, c’est elle
597
fait ? », il proteste : « Je n’y étais pas, c’est
elle
qui a tout fait, c’est elle qui m’a tendu la pomme ; moi, je n’ai rie
598
n’y étais pas, c’est elle qui a tout fait, c’est
elle
qui m’a tendu la pomme ; moi, je n’ai rien vu, je ne sais pas ce qui
599
j’ai voulu aller dans un restaurant du quartier.
Il
était tard, les patrons étaient seuls, et l’on s’est écrié en me voya
600
s le diable ici pour faire l’œuvre du diable ! ».
Il
portait les cheveux longs, il était barbu. Les filles étaient droguée
601
uvre du diable ! ». Il portait les cheveux longs,
il
était barbu. Les filles étaient droguées, et ils ont tué délibérément
602
, il était barbu. Les filles étaient droguées, et
ils
ont tué délibérément une femme enceinte et quatre ou cinq autres pers
603
quatre ou cinq autres personnes sans défense. Et
ils
ont fait cela sans raison. D’un autre côté, à Song My, on a massacré
604
américaine. Eux aussi étaient drogués, dit-on, et
ils
ont exécuté leur crime avec bonne conscience. Qu’est-ce qui est pire
605
e, l’obéissance, la discipline. Et, du même coup,
ils
vident toutes ces notions de crédibilité et de respectabilité, ce qui
606
ous êtes sûr de ne pas le rater. C’est en vous qu’
il
existe : personne d’autre ne peut vous “dépersonnaliser” que vous-mêm
607
n] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer »,
Elle
, Paris, 17 mai 1971, p. 35, 37 et 39.
608
différaient que d’une syllabe insignifiante et qu’
il
n’y avait pas lieu d’en disputer. Il est bien vrai qu’aucune raison l
609
fiante et qu’il n’y avait pas lieu d’en disputer.
Il
est bien vrai qu’aucune raison logique ou sémantique ne saurait justi
610
eul État à l’égard des puissances étrangères » et
il
donne comme exemples « la Confédération suisse, la Confédération des
611
ration suisse, la Confédération des États-Unis ».
Il
définit ensuite l’adjectif fédéral comme ce « qui a rapport à une con
612
ux quantités égales à une troisième le sont entre
elles
. Mais la définition de fédération, qui suit, comme « union politique
613
union politique d’États », est défectueuse puisqu’
elle
ne mentionne que l’union et ne dit rien de l’autonomie. Or, une union
614
n tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’
il
n’y avait dans le même Littré ces deux précisions mémorables ajoutées
615
ème. Telle étant la situation de fait, en France,
il
fallait bien lui donner un statut de droit. C’est à quoi Louis Le Fur
616
ouvoir central, mais dans les États confédérés. »
Il
apparaît alors que confédération, loin de renforcer le sens de fédéra
617
nce et la lenteur aux « Européens trop pressés ».
Il
aurait fallu, nous dit-on, six-cents ans pour mûrir la fédération sui
618
urope en dix ans ? La vérité historique, c’est qu’
il
a fallu cinq à six siècles pour ne pas fédérer les communes, cités, p
619
ce confédérale, après une dernière guerre civile,
il
n’a fallu que neuf mois, à un jour près, pour concevoir, élaborer et
620
aciliter l’union de l’Europe d’aujourd’hui, comme
elle
a rendu possible la fédération si rapide des cantons suisses. La voic
621
a que c’est un tour de passe-passe. Je réponds qu’
il
a bien réussi. Et j’observe qu’un pouvoir fédéral européen, constitué
622
qui s’y résignent simplement par une nécessité qu’
ils
espèrent temporaire, je pense que les fédéralistes européens peuvent
623
fédéralistes européens peuvent accepter le mot s’
il
facilite la chose, — quelles que soient, par ailleurs, les vraies dis
624
e juridiquement une association d’États, alors qu’
il
s’agit aujourd’hui d’associer bien plutôt des groupements sociaux, éc
625
sation, si bien que, sauf pour sa neutralisation,
il
se comporte vis-à-vis de l’extérieur comme un État-nation de type xix
626
alisme intégral va bien au-delà de cette formule,
il
consiste à répartir les fonctions étatiques et les organes de décisio
627
ou fédération » sera définitivement transcendée ;
elle
reste liée par nature à l’existence des États-nations de formule napo
628
el de l’escroquerie. » Quand on lui demande ce qu’
il
pense du commandant Cousteau, fondateur d’un Institut d’études sous-m
629
Pauwels répond, dans de nombreuses interviews, qu’
il
ne s’agit là que d’une opération publicitaire destinée à recueillir d
630
publicitaire On pourrait rétorquer que lorsqu’
il
se fait le champion de la lutte contre ce qu’il appelle la sinistrose
631
u’il se fait le champion de la lutte contre ce qu’
il
appelle la sinistrose, c’est-à-dire l’attirance morbide, qu’il attrib
632
sinistrose, c’est-à-dire l’attirance morbide, qu’
il
attribue à la gauche, pour les désastres et les apocalypses provoqués
633
ocalypses provoqués par la technologie, et bien !
il
ne s’agit que d’une opération publicitaire destinée à faire vendre la
634
wels qui vient leur dire, dans son titre même, qu’
ils
ont bien raison de le faire ! Ah ! l’habile homme ! De la fenêtre du
635
e la fenêtre du vingtième étage d’un gratte-ciel,
il
tend son livre à ceux qui tombent du quarantième en leur criant : « J
636
Le Matin, Lausanne, 19 septembre 1971, p. V. ai.
Il
s’agit de Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l
637
nsemble où l’on est pris, et son propre destin en
elle
. D’où l’on voit que participer activement, c’est aussi se réaliser (m
638
c s’autodéterminer dans la mesure où l’on agit en
elle
. Ce sont les formes actives de la participation que nous aurons à con
639
ion que nous aurons à considérer, puisqu’en effet
il
s’agit ici de participation à des responsabilités. Or l’homme n’est r
640
: capable de répondre, de se porter garant) que s’
il
est sujet libre de son action. Un homme qui n’est pas reconnu comme l
641
t aux trois adjectifs social, civique, politique,
il
n’est guère possible de les distinguer théoriquement, car ils définis
642
ère possible de les distinguer théoriquement, car
ils
définissent tous les trois la même nature d’activité de l’homme : son
643
rigine. Mais dans le vocabulaire de notre siècle,
il
apparaît que civisme est lié surtout à une participation active à la
644
e, pas plus que ne le sont la cité ou la Société.
Elle
est la stratégie (dont le civisme est la technique) qui permet à la S
645
de s’ordonner aux buts derniers de l’homme. Or s’
il
est vrai que ces buts — universels et personnels — transcendent toute
646
tiers du xxe siècle, une importance décisive qu’
elle
n’avait peut-être jamais pu revêtir dans toute l’histoire. C’est au x
647
t de choisir librement l’avenir de l’humanité. Et
il
y est contraint du seul fait que, pour la première fois, il en a la p
648
ontraint du seul fait que, pour la première fois,
il
en a la possibilité — la liberté. Depuis les origines, l’homme n’avai
649
vait pu que répondre aux durs défis de la nature.
Il
s’agissait pour lui de survivre, donc de continuer ce qui avait réuss
650
nouvelle du mouvement général des civilisations :
il
va « de l’agriculture au paradoxe » comme l’a si justement remarqué E
651
naturelles, désormais partiellement neutralisées.
Elle
se met à créer « librement », c’est-à-dire selon les lois et les buts
652
ent », c’est-à-dire selon les lois et les buts qu’
elle
se donne : c’est l’industrie. Et alors pointent les questions paradox
653
ture, l’homme tente de se dépasser lui-même, mais
il
ignore vers quoi. Déjà, en Occident, il est au terme de l’ère qu’on a
654
ême, mais il ignore vers quoi. Déjà, en Occident,
il
est au terme de l’ère qu’on a nommée néolithique, celle qui a vu la f
655
électronique, dont on peut facilement imaginer qu’
elle
sera l’ère des relations humaines de plus en plus indépendantes des c
656
antes et la marge étroite des « possibilités » qu’
elles
ménageaient, mais aussi et surtout les buts ultimes que nous visons.
657
iente de ses propres effets sur les phénomènes qu’
elle
suppute, tente de calculer et croit seulement décrire… Mais la questi
658
devins, car, attentifs à ne pas « prophétiser »,
ils
cherchent à prévoir objectivement, donc passivement, ce qui se fera d
659
enir… sans eux ! J’entends sans nulle action dont
ils
se fassent les avocats, qu’ils se proposent d’entreprendre eux-mêmes
660
nulle action dont ils se fassent les avocats, qu’
ils
se proposent d’entreprendre eux-mêmes ou de favoriser par leurs conse
661
iser par leurs conseils. Voilà l’avenir, semblent-
ils
dire, tel qu’il peut se faire sans les interventions (imprévisibles)
662
nseils. Voilà l’avenir, semblent-ils dire, tel qu’
il
peut se faire sans les interventions (imprévisibles) de l’homme créat
663
tataire, irrationnel, et affamé d’incalculable qu’
il
va nécessairement réaliser un jour ! Cette position du problème des é
664
j’éprouve le besoin d’analyser les difficultés qu’
elle
implique, apories logiques ou antinomies réelles. 1. Antinomie entr
665
r atteindre ses fins, veut ouvrir (par la force s’
il
le faut) certains chemins, et en fermer d’autres. Dans la devise « go
666
tinomie pratique entre les deux modes de prévoir.
Il
semble que Marx ait eu raison de considérer comme mutuellement exclus
667
a mesure où le savant se veut observateur passif,
il
est mauvais citoyen, et dans la mesure où en tant que citoyen il refu
668
citoyen, et dans la mesure où en tant que citoyen
il
refuse certains « faits », veut changer les données d’un phénomène, i
669
faits », veut changer les données d’un phénomène,
il
n’est plus « scientifique ». Objectivité et normativité, ces deux « v
670
antinomiques « sont complémentaires en ce sens qu’
il
est nécessaire de faire intervenir ces deux aspects pour l’interpréta
671
uscules)8 ». 2. Rétroaction de la prévision
Il
paraît difficile de soutenir que « prévision rationnelle et méthodiqu
672
s modifier par anticipation le phénomène futur qu’
elle
avait commencé par définir correctement à l’aide d’une projection mét
673
ercent d’ores et déjà des effets certains, même s’
ils
sont malaisément mesurables, sur l’évolution prévue : ils contribuent
674
malaisément mesurables, sur l’évolution prévue :
ils
contribuent à la freiner. La vision angoissante projetée par les démo
675
utres termes, la vision deviendra fausse parce qu’
elle
était juste au début ; ou, pour pousser à la limite : l’utilité (l’ef
676
quant à la participation civique et politique, s’
il
est vrai que l’information, dont elle fait partie, est une des condit
677
politique, s’il est vrai que l’information, dont
elle
fait partie, est une des conditions sine qua non de cette participati
678
cette participation. 3. Rôle de la surprise
Il
semble que plusieurs « futurologues » de ce temps accordent une valeu
679
ienne : tout ce qui est réel est rationnel. Et qu’
ils
dénomment, à cause de cela, « cauchemars », les virtualités irrationn
680
« cauchemars », les virtualités irrationnelles qu’
ils
détectent en germe dans le présent puis projettent sur le grand écran
681
t puis projettent sur le grand écran de l’avenir.
Ils
ne nient pas la possibilité que certains cauchemars se réalisent dans
682
y a toujours des accidents. Mais le seul fait qu’
ils
nomment cauchemars certains complexes de phénomènes et pas d’autres i
683
el, au calculable, et l’assimilant au « normal ».
Il
faut indiquer ici une cause d’erreur très générale chez les futurolog
684
Victor Hugo. Voilà qui est beaucoup plus sensé qu’
il
n’y paraît à première vue. Car si je savais ce qui m’attend « là-bas
685
même si c’est nous encore, — seront différents :
ils
la supporteront très bien, ou seront déjà blasés, occupés par des bes
686
, occupés par des besoins et des soucis nouveaux.
Il
faudrait donc prévoir non seulement cet avenir, mais plusieurs types
687
ieurs types d’évolutions psychologiques d’ici là.
Il
est certain que la prise de conscience progressive de la nature de ce
688
vers lui, va modifier l’action des hommes en qui
elle
s’opérera, autant qu’elle les modifiera eux-mêmes, opérants ; d’où mo
689
ction des hommes en qui elle s’opérera, autant qu’
elle
les modifiera eux-mêmes, opérants ; d’où modification en retour de l’
690
’avenir aujourd’hui comme nous le sentirons quand
il
sera présent ; — si l’évolution même de nos manières de pressentir l’
691
4. Spécificité du comportement civique Or, s’
il
est vrai que cet égoïsme, cet incivisme (souvent déguisé en individua
692
t sur les invariants et conseille de s’y adapter.
Elle
cherche à diminuer, quitte à le minimiser parfois, le domaine des var
693
p vaste ne peut plus s’assembler pour discuter, s’
il
est ensuite chassé de la rue par les autos et perd les occasions quot
694
perd les occasions quotidiennes de rencontres, s’
il
se disperse dans les pavillons et les villas d’une banlieue dénuée de
695
les villas d’une banlieue dénuée de structures, s’
il
n’y a plus qu’un vide au centre de la ville — bureaux déserts dès la
696
sitoires sont censés diriger et orienter, mais qu’
ils
se bornent en fait à « couvrir » ou à révoquer après coup — alors il
697
it à « couvrir » ou à révoquer après coup — alors
il
n’y a plus de participation, ni de démocratie concevables ou réelles.
698
ue le niveau de décision est plus éloigné — ce qu’
il
est au maximum dans les régimes stato-nationaux centralisés, dont le
699
sibilités de participation du citoyen : au mieux,
il
est appelé à voter tous les quatre ou sept ans pour un candidat à la
700
ni même des gouvernants qui décident finalement.
Il
faut donc prévoir, entre les sources et les débouchés, entre les banq
701
, ou par sa forme, ou par ses modes de diffusion,
elle
servira en fait à éduquer et stimuler le jugement libre ou, au contra
702
nner, voire à le programmer. Dans le premier cas,
elle
rendra le citoyen mieux capable de situer un problème dans l’ensemble
703
tuer un problème dans l’ensemble de la société où
il
vit, de sa culture, de ses valeurs communes ; ou simplement elle lui
704
culture, de ses valeurs communes ; ou simplement
elle
lui fournira les instructions nécessaires (au sens de mode d’emploi)
705
mploi) pour traiter un problème public sur lequel
il
est appelé à se prononcer. Dans le second cas, l’information, loin de
706
à la faculté de participation sont guérissables.
Il
suffit que l’homme « se reprenne », compare les promesses aux réalité
707
lare à ses risques et périls : « Le Roi est nu. »
Il
n’en va plus de même lorsque l’information s’adresse à l’inconscient
708
invariants et les variables principales repérés,
il
ne nous reste qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous ven
709
venons de poser les règles. Étant bien entendu qu’
il
ne s’agit encore que d’essais de vérifier quelques groupes de connexi
710
légistes de Philippe le Bel, vers 1300. Qu’en est-
il
alors de la fameuse prophétie de Proudhon : « Le xxe siècle ouvrira
711
ut-être une tâche impossible, au surplus vaine, s’
il
est vain de s’interroger sur les remèdes aux maladies dont sera menac
712
ent information, ce qui revient à dire éducation.
Il
importe peu de savoir si l’agent dominant est alors l’État national,
713
ulaire n’arrive à ébranler le système. Cependant,
elle
ne saurait être qu’une image-limite, irréalisable à l’état pur, car n
714
effets : la maladie ne peut survivre au corps qu’
elle
tue. Ainsi, l’État-nation, paralysant ou mécanisant la vie civique, e
715
er seul — le plus clair de son « indépendance » :
il
ne pourra longtemps survivre à cette dissolution de ses cadres rigide
716
ations centralisés de modèle jacobin-napoléonien,
elle
offre une double possibilité de participation, celle précisément que
717
e des régions réussit à s’autorégler (A), ou bien
elle
tente de rendre ses déséquilibres créateurs (B). A. Harmonie des fa
718
oit être en raison inverse de celui des citoyens,
il
s’ensuit qu’en général le gouvernement démocratique convient aux peti
719
lus le pouvoir doit être concentré. (À la limite,
il
faudra donc un dictateur.) De là le conseil de Rousseau aux patriotes
720
res politiques actuelles de réseaux de régions qu’
il
s’agira d’abord d’organiser (et non pas de « délimiter »), en tout ca
721
ut sa suppression !) à des niveaux de décision où
il
ne soit plus seulement contrôleur mais surtout contrôlable par des ci
722
le) est essentiellement une question d’urbanisme.
Elle
dépend des possibilités de recréer, au sein ou à l’écart des mégalopo
723
res à l’échelle du continent, ou fédérations. Car
il
est évident qu’un certain nombre d’activités indispensables à la vita
724
ble de ces implications successives, des choix qu’
elles
entraînent et de leurs interactions et autorégulations, doit théoriqu
725
isant d’harmonisation des dynamismes civiques, qu’
il
n’y aurait plus qu’à « faire jouer » aux différents niveaux communaut
726
as que j’aie des doutes sur la valeur du modèle —
il
est le meilleur que je puisse imaginer — mais du fait même qu’il aura
727
eur que je puisse imaginer — mais du fait même qu’
il
aura pour fonction de conjuguer des dynamismes, et non pas d’imposer
728
rtain type d’équilibre ou de stabilité. Disons qu’
il
est méthode d’invention permanente et non pas utopie à joindre un jou
729
rmanente et non pas utopie à joindre un jour. Car
il
suppose la liberté, tandis que l’utopie prise pour programme est une
730
arfait de notre modèle n’est pas souhaitable, car
il
rendrait la participation inévitable, obligatoire et pour ainsi dire
731
ressort du jeu en même temps que son but, puisqu’
elle
nourrit les tensions constitutives d’une cité faite pour les personne
732
) Au surplus, un jeu parfait n’est possible que s’
il
est limité dans le temps, terminé par une fin automatique ou convenue
733
ilibres, de conflits, dont on ne peut être sûr qu’
ils
finiront « bien », mais dont il est certain qu’ils perdraient toute v
734
peut être sûr qu’ils finiront « bien », mais dont
il
est certain qu’ils perdraient toute vertu créatrice s’ils pouvaient ê
735
ls finiront « bien », mais dont il est certain qu’
ils
perdraient toute vertu créatrice s’ils pouvaient être « réglés » ou «
736
certain qu’ils perdraient toute vertu créatrice s’
ils
pouvaient être « réglés » ou « contrôlés » d’avance par un programme.
737
me fin de la cité —, nous découvrons en chacune d’
elles
des motifs intrinsèques de conflits renouvelés, de résistance et d’in
738
ctions ou discordances au moins virtuelles — dont
il
s’agit de tirer des résultantes positives. Toute participation civiqu
739
nnes, et lit la presse d’opinion et les revues où
elle
trouve commentaires, innovations et examens critiques. L’écart qui n’
740
sez de compétences pour intéresser le citoyen, et
elles
en gardent trop pour le peu d’informations dont disposent leurs maire
741
grandes dans les régions urbaines (vide social),
elles
ne coïncident plus que par hasard avec les dimensions utiles ou effic
742
plus de deux ou trois décennies, au terme duquel
ils
seront pratiquement tombés en désuétude. La disparition progressive
743
es hommes s’imaginent avoir « participé » à ce qu’
ils
n’ont fait que voir, et se vantent de s’être « engagés » quand ils n’
744
e voir, et se vantent de s’être « engagés » quand
ils
n’ont qu’assisté en faisant un peu de bruit. Nous retrouvons ici l’id
745
ervatrice des préjugés « progressistes » d’hier.
Il
n’est pas sans intérêt de relever ici que ma description des passifs
746
coups de téléphone, de lettres et de photos dont
il
faut se contenter aujourd’hui, le plus souvent, dans la vie des affai
747
la vie des affaires et les échanges personnels ?
Il
est possible — et pour ma part j’y crois, sans rien pouvoir prouver —
748
t être mesurés que sur la base de statistiques qu’
il
reste encore à imaginer et de mesures qui feront peut-être un jour co
749
certains problèmes pratiques de la participation,
elles
semblent aussi devoir poser de nouveaux problèmes. Entre les domaines
750
e présence humaine, psychosomatique, « globale »,
il
paraît probable que des discordances se feront sentir. Quelque chose
751
cipation à tous les niveaux, changent de nature :
ils
concernent les grandes options morales qui intéressent la vie quotidi
752
ession productiviste peut être contrôlée avant qu’
elle
ait infligé des dommages irréversibles à la biosphère sera nécessaire
753
la croissance économique « aveugle », sacralisée,
il
n’y a plus guère d’avenir à supputer : cent ans au maximum pour la su
754
) de participation gardent tout leur intérêt. Car
il
est évident qu’une attitude humaine arrogante à l’égard de la nature,
755
itique. Celui qui ne révère plus rien, que fera-t-
il
pour son prochain ? Sans respect pour les forêts, point de civisme.
756
r négativité. En conclusion ouverte sur l’avenir,
il
me reste à définir, pour le revendiquer, ce droit suprême de la perso
757
la personne qui est le droit à l’inadaptation. S’
il
est vrai que la participation obligatoire est la négation même du civ
758
tion obligatoire est la négation même du civisme,
il
en découle que la reconnaissance du droit à l’objection sociale, civi
759
re libre et, dans cette mesure même, responsable.
Il
en est par exemple ainsi de l’objection au dogme du travail : voir Le
760
nt là que deux exemples pris au passé récent mais
il
est clair que, d’ici l’an 2000, bien d’autres surgiront, dont nous n’
761
défi au destin, doit être à tout prix préservée.
Elle
est le signe d’une ouverture de l’homme au transcendant, à ce qui peu
762
le pouvoir de dire non aux décrets de la Société,
il
faut absolument le tolérer car c’est lui qui empêchera nos systèmes,
763
ar c’est lui qui empêchera nos systèmes, quels qu’
ils
soient, de devenir totalitaires, c’est-à-dire de trop bien réussir. L
764
t, de Diogène à Abélard, de Rousseau à Nietzsche.
Il
vivra dans la frange effervescente de notre société occidentale, avec
765
ntale, avec les objecteurs sociaux et politiques.
Il
aura pour fonction civique de démontrer à longueur de journée que le
766
nit l’anxiété du jeune homme d’aujourd’hui lorsqu’
il
atteint l’âge des études. Cette question n’est devenue générale, et a
767
e moins éloigné de leurs goûts (dans la mesure où
ils
avaient la chance de les connaître) et le plus près de leur idée d’un
768
société. Prenons l’exemple de l’ingénieur. Hier,
il
était ingénieur pour produire, pour bâtir et organiser, pour dominer
769
rité matérielle toujours croissante. Aujourd’hui,
il
constate que la nature risque de succomber à l’industrie, qui la pill
770
n’est plus aux seuls « besoins de l’économie » qu’
il
s’agit désormais de répondre (ils ne sont trop souvent que le profit
771
l’économie » qu’il s’agit désormais de répondre (
ils
ne sont trop souvent que le profit des firmes et le dividende de leur
772
ns des tâches qui la suscitent et la rassemblent.
Il
peut maintenant concevoir sa profession dans le cadre et les perspect
773
de la nécessité vitale désormais, de nouer entre
elles
un nouveau pacte. La science et la technique ont provoqué peut-être,
774
cience et la technique ont provoqué peut-être, et
elles
ont à coup sûr permis l’essor industriel et l’urbanisation sauvage qu
775
scientifiques, aux techniciens, aux urbanistes qu’
il
incombe de chercher et de trouver d’urgence les moyens de restaurer c
776
nimes en sauvant du même coup la nature ? N’y a-t-
il
pas là une vocation proprement exaltante pour l’ingénieur ? Une nouve
777
aie révolution au troisième tiers du xxe siècle.
Elle
n’est pas idéologique. C’est une opération de sauvetage de la Terre.
778
on conique, c’était objet de pure spéculation, et
il
fallut exactement vingt siècles pour qu’on relie ce problème à l’art
779
s relever le grand défi du xxe siècle finissant,
il
faut que des générations nouvelles entrent dans la carrière de l’ingé
780
eau de vie quantitatif au mode de vie qualitatif,
il
ne faut pas rêver, comme les hippies, qu’il pourra s’opérer par un qu
781
atif, il ne faut pas rêver, comme les hippies, qu’
il
pourra s’opérer par un quelconque retour anarchisant à l’état prétech
782
sant à l’état prétechnique des sociétés humaines.
Il
s’agit au contraire de le calculer, avec autant de soins et de précis
783
cial : problèmes très neufs pour l’ingénieur ! Qu’
il
les assume, et du même coup il se verra réintégré dans la vie de la c
784
r l’ingénieur ! Qu’il les assume, et du même coup
il
se verra réintégré dans la vie de la cité, de la communauté, et dans
785
atrie d’enfance qu’on retrouve. Aimée aux larmes.
Il
n’y avait qu’elle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre
786
qu’on retrouve. Aimée aux larmes. Il n’y avait qu’
elle
au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous e
787
du ciel, c’est la structure des agglomérations :
elle
révèle la nature de la communauté civique et sociale d’un pays. Survo
788
ace principale. Quand le château forme le centre,
il
s’agit d’une cité féodale, et, quand c’est la place, d’une commune, a
789
ue, quand les hommes pouvaient se rencontrer. Or,
il
n’est pas de pays au monde que le gigantisme humain menace dans ses f
790
r des Alpes et château d’eau de l’Europe médiane.
Elle
est née des communes rurales qui formaient la grand-garde du col. Et
791
importance rapidement fabuleuse, et passionnelle.
Il
est difficile d’en parler, fût-ce à sa louange éperdue, sans provoque
792
ues faits vrais, dont la discordance m’inquiète :
elle
m’empêche de m’abandonner à l’euphorie d’un lyrisme contemplatif, ou
793
du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce à
elles
, l’homme des villes a retrouvé le contact avec la nature, et ce conta
794
t n’osant aimer que ce qui par d’autres est aimé,
ils
détruisent à coup sûr les amours qu’ils partagent. Ce paysage sublim
795
est aimé, ils détruisent à coup sûr les amours qu’
ils
partagent. Ce paysage sublime est un pays réel, peuplé de vignerons
796
que Lavaux, à jamais, demeure tel qu’un beau jour
ils
l’ont aimé. Or, ses habitants l’aiment aussi, mais ils en usent, c’es
797
’ont aimé. Or, ses habitants l’aiment aussi, mais
ils
en usent, c’est-à-dire le transforment chaque jour par les retouches
798
. Pour garder le Lavaux que nous aimons, faudrait-
il
qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vi
799
garder le Lavaux que nous aimons, faudrait-il qu’
ils
renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant no
800
. Et vivant, c’est-à-dire changeant selon sa loi.
Il
est d’autres centres du monde où les problèmes de la survie d’un lieu
801
étages de palais sur le Grand Canal à des riches.
Il
faut d’abord que Venise soit peuplée, animée, habitée par des gens du
802
plée, animée, habitée par des gens du pays. Et qu’
ils
y trouvent un intérêt vital, et non pas archéologique. Pour sauver Ve
803
al, et non pas archéologique. Pour sauver Venise,
il
faudra la changer. Inaliénable, oui, inaltérable, non. Ensuite, « fai
804
ye, sous la présidence de Churchill, en mai 1948,
il
paraissait urgent de faire l’Europe pour empêcher le retour des folie
805
urope ouvrira une apocalypse du genre humain ou s’
il
présentera au monde le modèle d’une civilisation post-industrielle éq
806
nt. Le sort de l’an 2000 se joue maintenant
Il
est clair, en effet, que les maisons que nous bâtissons, les plans d’
807
ou des pans de désert rongés pendant des siècles (
il
serait beaucoup trop cher de les raser, presque impossible d’effacer
808
raxs ou recouvert par la marée montante du béton,
il
faudrait des millions d’années. Ce que nous faisons aujourd’hui engag
809
Si l’Europe est gérée par les Européens, c’est qu’
elle
aura réussi son union ; car autrement elle ne pourra rien à opposer a
810
est qu’elle aura réussi son union ; car autrement
elle
ne pourra rien à opposer aux entreprises des deux impérialismes, l’éc
811
smes, l’économique et l’idéologique. Mais pour qu’
elle
réussisse son union, qui ne peut être que fédérale, il faut que les j
812
ussisse son union, qui ne peut être que fédérale,
il
faut que les jeunes Européens soient élevés dès maintenant dans un cl
813
vers les années 1880, prépare des nationalistes.
Elle
présente l’État-nation de modèle napoléonien centralisé, uniformisé e
814
rme pensable de société humaine. Et du même coup,
elle
tend à nous faire croire que cet État-nation a toujours existé, telle
815
ne les ont pas conquises par la force ou la ruse,
ils
les ont simplement « réunies » de manière à remplir l’Hexagone, forme
816
r les Européens, c’est-à-dire ait fait son union,
il
faut que l’École cesse d’enseigner que les seules réalités sont les É
817
la réalité et non dans les discours ministériels.
Il
faut que l’École cesse d’enseigner que la souveraineté nationale est
818
ours contre les mesures d’union que tout appelle.
Il
faut que l’horizon de l’enseignement ne soit plus la nation et ses my
819
ité, unité biologique, écologique et spirituelle.
Il
n’y aura pas d’Europe unie en l’an 2000 si l’on ne commence pas aujou
820
) J’ai mis deux de mes étudiants sur ce problème.
Ils
ont trouvé que la grande majorité des manuels d’histoire et de géogra
821
comment ouvrir nos écoles à l’Europe, en sorte qu’
elles
préparent désormais non plus de petits nationalistes, sujets passifs
822
de l’Europe, Communautés européennes, CERN. Mais
elle
ne deviendra vivante que par les citoyens qui la vivront, conscients
823
nir citoyen d’un pays qui n’en est pas un, puisqu’
il
n’a pas encore de politique commune et d’organes gouvernementaux ? Po
824
atique pour sortir de ce cercle vicieux ne serait-
il
pas de s’appuyer sur quelque chose qui existe déjà bel et bien et qui
825
ouvent, pour ce que l’État lui demande. Longtemps
elle
a fait des citoyens pour la nation seulement. Nous avons payé cela pa
826
ar les deux guerres mondiales. Pourquoi ne ferait-
elle
pas dorénavant, des citoyens pour une Europe unie, équilibrée, et pou
827
cation civique européenne. Et quant à la méthode,
elle
devait consister à équiper et à former au cours de stages quelques mi
828
certifier les résultats d’une action éducative ?
Ils
sont par nature diffus, et visent à la fois le court terme des examen
829
ont été plus chichement mesurés, comme on sait qu’
il
est de règle dans notre société « européenne » par antiphrase — en ré
830
e veut être l’expression commune et l’instrument.
Il
faudrait multiplier par dix, au moins, les moyens matériels (et par s
831
ne sont pas nos États qui feront l’Europe, n’ont-
ils
pas prouvé depuis des siècles qu’ils étaient là pour l’empêcher de se
832
urope, n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu’
ils
étaient là pour l’empêcher de se faire ? Ce ne sont pas les grandes b
833
Strasbourg, de Luxembourg qui feront l’Europe — s’
il
est vrai qu’elles y contribuent avec une indéniable compétence dans l
834
Luxembourg qui feront l’Europe — s’il est vrai qu’
elles
y contribuent avec une indéniable compétence dans leurs domaines. C’e
835
ttra l’urgence de la Campagne, et l’on fera ce qu’
il
faut pour qu’elle soit efficace. Pédagogie écologique, ou de l’uti
836
e la Campagne, et l’on fera ce qu’il faut pour qu’
elle
soit efficace. Pédagogie écologique, ou de l’utilité des catastrop
837
mûrs pour l’union des Européens. Quand le seront-
ils
jamais sans la préparation que, dans l’état actuel des choses, l’Écol
838
e seule est en mesure de leur donner ? Jusqu’ici,
elle
était censée, officiellement, préparer tout le contraire d’hommes lib
839
nt entre l’homme, la cité et la nature ? Et alors
il
faut dès maintenant réunir les moyens de l’action nécessaire, et paye
840
olitiques, au sens de stratégie de l’humanité. Qu’
il
me suffise d’une phrase-image pour résumer toute la révolution que no
841
t ainsi que j’ai écrit un de mes premiers livres.
Il
est intitulé : Penser avec les mains 15 et il est, en somme, le pre
842
. Il est intitulé : Penser avec les mains 15 et
il
est, en somme, le premier livre sur l’engagement de l’écrivain. Un te
843
ivains. Mais pas à l’embrigadement dans un parti.
Il
s’agissait d’assumer sa responsabilité, ce qui est exactement le cont
844
us deux adversaires du mariage. Tristan, parce qu’
il
dépasse le mariage vers un au-delà où il n’a plus besoin de la sociét
845
parce qu’il dépasse le mariage vers un au-delà où
il
n’a plus besoin de la société et du monde. Il a tout dans une femme,
846
où il n’a plus besoin de la société et du monde.
Il
a tout dans une femme, il se sépare du monde et il meurt, joyeusement
847
la société et du monde. Il a tout dans une femme,
il
se sépare du monde et il meurt, joyeusement. Puis, en deçà du mariage
848
l a tout dans une femme, il se sépare du monde et
il
meurt, joyeusement. Puis, en deçà du mariage, Don Juan qui ne peut se
849
qui ne la trouve pas. Ces préoccupations étaient-
elles
antérieures au mouvement personnaliste ? Non. Elles sont absolument s
850
les antérieures au mouvement personnaliste ? Non.
Elles
sont absolument simultanées. C’est une partie de la notion de la pers
851
hacun des deux devient personne dans la mesure où
il
agit librement, en pleine responsabilité vis-à-vis de l’autre. Toujou
852
en 1947. Aux États-Unis, j’ai découvert l’Europe.
Il
fallait donc s’éloigner pour la retrouver ? Oui. Beaucoup de gens ont
853
u en Italie ou en Angleterre. Étant là, réfugiés,
ils
se trouvaient mis en relation les uns avec les autres. C’est ainsi qu
854
listes. Breton me voyait tous les jours, parce qu’
il
était un des parleurs des textes que j’écrivais pour la voix de l’Amé
855
a doctrine de l’engagement, je suis fédéraliste ;
il
s’agit maintenant d’appliquer ces théories, de s’engager dans la caus
856
s du monde à la politique avant 1943-1944. Enfin,
il
s’est mis à parler d’engagement parce qu’il avait lu cela dans Espri
857
nfin, il s’est mis à parler d’engagement parce qu’
il
avait lu cela dans Esprit et dans mes livres. Vous connaissiez Jean
858
s mes livres. Vous connaissiez Jean-Paul Sartre ?
Il
est venu me voir à New York en 1944 ou 1945, premier journaliste fran
859
emier journaliste français. Dans ses conférences,
il
répétait tout le temps que l’homme est à la fois libre et responsable
860
J’espère que vous savez où vous avez pris cela. »
Il
m’a répondu : « Je le sais très bien. » Mais il ne l’a jamais dit à p
861
» Il m’a répondu : « Je le sais très bien. » Mais
il
ne l’a jamais dit à personne d’autre… Mais il est bien évident que ce
862
ais il ne l’a jamais dit à personne d’autre… Mais
il
est bien évident que cette définition de l’homme et ce terme d’engage
863
tôt. Vous rentrez donc en Suisse. Que se passe-t-
il
? Pendant la guerre, je m’étais aperçu que ma doctrine du fédéralisme
864
en comprise. Alors, je me suis dit que maintenant
il
fallait faire l’Europe. Qu’on ne pouvait unifier l’Europe sur le modè
865
t pas non plus faire l’Europe avec l’État-nation.
Il
fallait donc unir l’Europe d’une manière fédéraliste, c’est-à-dire en
866
notamment, sur la loi de l’extension des tâches.
Il
faut partir des réalités locales et régionales et monter, d’après les
867
se. Et je trouve que le système marche très bien.
Il
autorise toutes les diversités qui tissent la Suisse, diversités de l
868
ivique. Mais, voilà où les choses se compliquent,
il
est impossible de réaliser le fédéralisme dans un seul pays. La Suiss
869
ut pas rester un régime réellement fédéraliste si
elle
est seule, si elle est entourée d’États unitaires. Elle sera forcée d
870
gime réellement fédéraliste si elle est seule, si
elle
est entourée d’États unitaires. Elle sera forcée de se présenter à eu
871
st seule, si elle est entourée d’États unitaires.
Elle
sera forcée de se présenter à eux comme un État unitaire et de se cen
872
s de l’époque d’ Esprit et de L’Ordre nouveau .
Ils
m’ont convaincu d’aller, un mois plus tard, parler au premier congrès
873
roduction sur le thème de l’attitude fédéraliste.
Il
est résulté de cette réunion de Montreux un projet de congrès qui dev
874
la réalisation de notre première ambition. Puisqu’
il
s’est avéré que le Conseil de l’Europe n’était pas du tout ce que nou
875
présentation des « forces vives de nos nations ».
Il
était uniquement formé de délégués des parlements et était purement c
876
’amicale ne sont plus des misanthropes ; ou bien,
ils
restent des misanthropes et, par définition, ne feront jamais d’amica
877
xactement ce qui se passe avec les États-nations.
Ils
veulent garder leur souveraineté et leur indépendance comme le disait
878
te Europe-là pouvait se faire. Mais j’ai pensé qu’
il
valait mieux que les États pratiquent cet hommage que le vice rend à
879
femme supérieure à l’homme. Plutôt que de dire qu’
ils
sont égaux parce que l’égalité évoque quelque chose qui anéantit la d
880
s l’histoire de la Suisse. Pourquoi ce pays s’est-
il
fait ? La Suisse ne s’est pas faite pour créer une union plus forte q
881
pour créer une union plus forte que les voisins.
Elle
s’est fait uniquement pour maintenir les autonomies des parties const
882
inquantaine de régions écologiques bien définies.
Il
faudrait donc, pour conseiller les autorités écologiques de chacune d
883
ion écologique qui est beaucoup plus vaste puisqu’
elle
va jusqu’au milieu du Valais et qu’elle descend assez bas dans la val
884
te puisqu’elle va jusqu’au milieu du Valais et qu’
elle
descend assez bas dans la vallée du Rhône, à certains égards jusqu’à
885
fait différentes du canton et de la Suisse puisqu’
il
englobe un tiers de la Suisse, deux tiers de la France, une partie de
886
conçoivent avec peine que c’est de la folie pure.
Ils
croient que l’État-nation a été créé par Dieu le septième jour de la
887
l’État-nation nous empêche de faire l’Europe. Et
il
nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus q
888
us de couples. Les régions, dès lors, ne risquent-
elles
pas de connaître le même phénomène ? Cette comparaison relève de la m
889
haque homme a sa vocation propre, c’est-à-dire qu’
il
part de là où il est, qui est un endroit unique au monde et doit crée
890
vocation propre, c’est-à-dire qu’il part de là où
il
est, qui est un endroit unique au monde et doit créer son chemin vers
891
traduction du fédéralisme sur le plan religieux.
Il
ne s’agit pas d’uniformiser tout le monde et de voir une seule croyan
892
de choisir librement son avenir. Jusqu’à présent,
elle
se développait un peu au hasard ; on pensait qu’il y avait des ressou
893
ou quatre ans dans l’opinion publique, on sait qu’
il
n’en est rien. Et que nous touchons partout des limites. Les ressourc
894
gler les moyens sur ces finalités. Or, jusqu’ici,
il
n’y avait d’autre politique que cette finalité générale qu’est le pro
895
de problèmes radicalement faux. Pourquoi y aurait-
il
une économie qui correspondrait à la Belgique, une autre au Luxembou
896
des cicatrices de l’histoire », correspondraient-
elles
à des ensembles économiques ? C’est une idiotie ! C’est indéfendable.
897
s politiques ? Je les trouve funestes. En tant qu’
ils
sont des représentants des partis ou des États-nations, ils ne sont p
898
es représentants des partis ou des États-nations,
ils
ne sont pas des hommes politiques, ils sont des partisans ou des nati
899
s-nations, ils ne sont pas des hommes politiques,
ils
sont des partisans ou des nationalistes. Mais j’ai le plus grand resp
900
Jean Monnet, par exemple. Le fédéralisme pourrait-
il
résoudre plus facilement les problèmes écologiques actuels ? Oui. Par
901
Denis de Rougemont, 65 ans, vient aux nouvelles.
Il
calme le chien et accueille le visiteur dans cette maison où il vit d
902
ien et accueille le visiteur dans cette maison où
il
vit depuis 1947 et qui fut autrefois celle du garde forestier de l’au
903
Denis de Rougemont est aussi un grand voyageur :
il
a vécu en Allemagne, en France, aux États-Unis pendant plusieurs anné
904
France, aux États-Unis pendant plusieurs années.
Il
est actuellement directeur du Centre européen de la culture, à Genève
905
tre européen de la culture, à Genève, institut qu’
il
a créé en 1950. Mais, Denis de Rougemont est avant tout, à sa manière
906
un Européen. Sa grande idée : le fédéralisme. Qu’
il
définit ainsi : “S’unir pour permettre aux autonomies de rester auton
907
atrie d’enfance qu’on retrouve. Aimée aux larmes.
Il
n’y avait qu’elle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre
908
qu’on retrouve. Aimée aux larmes. Il n’y avait qu’
elle
au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous e
909
son temps ne constituait plus qu’une seule ville.
Il
ne parlait que du Plateau, ce « Pays des Collines », comme disent les
910
es et les sombres forêts du Jura. Mais que dirait-
il
aujourd’hui, où sa constatation, très abusive alors, est en bon train
911
du ciel, c’est la structure des agglomérations :
elle
révèle la nature de la communauté civique et sociale d’un pays. Survo
912
ace principale. Quand le château forme le centre,
il
s’agit d’une cité féodale, et, quand c’est la place, d’une commune, a
913
ue, quand les hommes pouvaient se rencontrer. Or,
il
n’est pas de pays au monde que le gigantisme humain menace dans ses f
914
Les Suisses qui s’en offusquent vont ailleurs, et
ils
y font de grandes choses. Carlo Maderno, Borromini et les frères Font
915
èses et une hypothèse (juin 1972)ar 1. Ce qu’
elle
n’est pas La culture ne consiste pas à lire des romans, à parler p
916
touristes culturels et d’experts en informatique.
Elle
ne se reconnaît pas au port des cheveux longs par les romantiques, de
917
du vulgaire et que l’on acquiert par des études.
Elle
n’est pas l’affaire des « salons », comme l’imaginent encore quelques
918
uelques amateurs de clichés, qui ne savent pas qu’
il
n’y a plus de salons, qu’ils ont été remplacés depuis le xviiie sièc
919
qui ne savent pas qu’il n’y a plus de salons, qu’
ils
ont été remplacés depuis le xviiie siècle par les cafés, et qu’il n’
920
cés depuis le xviiie siècle par les cafés, et qu’
il
n’y a plus de cafés littéraires depuis vingt ans, même à Paris. La cu
921
ulture n’est pas faite par les « gens cultivés ».
Elle
n’est pas leur propriété, elle ne dépend pas d’eux et ne leur doit ri
922
« gens cultivés ». Elle n’est pas leur propriété,
elle
ne dépend pas d’eux et ne leur doit rien (même si elle leur donne tou
923
ne dépend pas d’eux et ne leur doit rien (même si
elle
leur donne tout). Enfin la culture n’est pas nécessairement sérieuse.
924
’ont pas le sens de l’arbitraire, de l’humour fût-
il
noir, de la désinvolture aimable ou provocante, de l’absurde assumé o
925
enir, et de s’inscrire dans un parti. 2. Ce qu’
elle
est en tous cas La culture est l’ensemble des valeurs (tabous et
926
e au long des jours, qui forment son esprit et qu’
il
assume plus ou moins complètement et combine plus ou moins activement
927
éatoirement héréditaires) et selon son éducation (
il
est plus ou moins dirigé, conseillé, orienté dans ses choix par sa fa
928
, et, pour quelques-uns, la lecture). 3. Ce qu’
il
se peut qu’elle soit « La culture est ce qui reste quand on a tout
929
lques-uns, la lecture). 3. Ce qu’il se peut qu’
elle
soit « La culture est ce qui reste quand on a tout oublié », disai
930
ion peut très bien disparaître, être « oublié » :
il
n’en sera pas moins retrouvé, « remémoré » par la réactivation de la
931
remémoré » par la réactivation de la structure qu’
il
a créée, répondant à un stimulus extérieur. Le message se voit ainsi
932
ue, qui est l’appel de sa fin, sa vocation. 4.
Il
n’y a pas de cultures nationales Cette thèse est démontrée sans au
933
que tu n’aies reçu ? », dit l’Europe aux nations.
Elles
n’ont en propre que leurs vanités, leurs chauvinismes, partout pareil
934
artout pareils et qui ne les distinguent en rien.
Il
n’y a pas plus de « musique française » que de « mathématiques soviét
935
s leur genèse, continentales dans leur évolution.
Elles
n’ont tout de même pas pu tenir compte par anticipation de frontières
936
uses diversités » ne sont pas du tout nationales.
Elles
divisent et animent nos nations sans le moindre rapport, sauf par has
937
paragraphes de manuels. Conséquences politiques :
il
faut dissoudre et dépasser la formule jacobine et napoléonienne de l’
938
guerres mondiales, soixante millions de morts. Et
il
faut restituer dans leur autonomie les cités et régions créatrices de
939
ègles collectives et la Foi personnelle à la Loi.
Il
en résulte une valorisation par les élites culturelles de l’originali
940
lpha et oméga des cultures jusqu’à nous) et seule
elle
a couru le risque de promouvoir l’originalité de la personne, d’incit
941
té de la personne, d’inciter à l’initiative. Mais
il
résulte aussi de ce grand paradoxe qu’une contestation qui refuse de
942
, de peur d’être « récupérés » par le fantasme qu’
ils
appellent « Système ». Nier le père ne résout pas le complexe d’Œdipe
943
paupérisme à partir de dix heures du soir ».) «
Il
vous a été dit… mais moi je vous dis… » Cette phrase évangélique ne n
944
… » Cette phrase évangélique ne nie pas le passé.
Elle
s’y réfère, l’englobe, le situe et le dépasse. Elle le conteste comme
945
le s’y réfère, l’englobe, le situe et le dépasse.
Elle
le conteste comme l’amour prévaut contre l’indifférence, qui n’est so
946
fférence, qui n’est souvent qu’angoisse refoulée.
Elle
l’abolit en création. Tel est le sens. ar. Rougemont Denis de, «
947
que et « sérieuse » aux yeux de leurs confrères :
ils
ont permis à l’Occident moderne de reprendre conscience d’une de ses
948
ur œuvre en une seule expression moins pédante qu’
elle
ne paraît à première vue : avec la légende de Tristan, c’est l’étymol
949
tre le mot primitif et les mots dérivés. De plus,
elles
donnent de la justesse dans le choix de l’expression. Il me plaît d
950
t de la justesse dans le choix de l’expression.
Il
me plaît de traduire cette belle définition dans les termes de notre
951
dans nos littératures et dans nos vies. De plus,
elles
donnent de la justesse dans le style de nos émotions. » À mon sens, e
952
ment bien autre chose qu’un thème romanesque, fût-
il
même le thème exemplaire, l’archétype de tous les romans dignes du no
953
re, l’archétype de tous les romans dignes du nom.
Ils
sont comme les premières apparitions, comme les épiphanies quasi sacr
954
public une justification de l’usage personnel qu’
il
a fait. Un mythe, c’est une histoire, généralement très simple et inv
955
rigueur en formules de biochimie. De quoi s’agit-
il
donc ici ? Entre le corps et l’intellect, la tradition distingue une
956
ieux de l’éloquence classique de la chaire, quand
elle
parle du « salut des âmes », ou de l’« immortalité de l’âme ». Je pre
957
celle du corps ni celle de l’intellect, encore qu’
elle
tienne aux deux, c’est l’évidence, mais qui est bien plutôt celle du
958
e de l’âme. Or, c’est dans le mythe de Tristan qu’
il
a trouvé son expression la plus totale, délicieuse et tragique à la f
959
cieuse et tragique à la fois. C’est à ce mythe qu’
il
doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son
960
toujours fuyante mais en fuite vers la hauteur où
elle
entraîne l’amant ravi. On aura reconnu la conclusion gnostique du Sec
961
the de Tristan élève ainsi devant nos yeux, ce qu’
il
illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensité de l’amour,
962
’âme ouverte sur l’esprit, libérée des corps dont
elle
vient, et survolant les irritantes vicissitudes de notre incarnation
963
essible. Mais la réalité est lourdement présente.
Elle
ne saurait donc que freiner l’élan de l’âme vers l’Ange désiré. « Ce
964
né l’amour. Le mari, lui, partage la vie d’Iseut.
Il
reste seul vivant, mais sans amour. Aux yeux du mythe, il est perdant
965
seul vivant, mais sans amour. Aux yeux du mythe,
il
est perdant. ⁂ À ce premier aspect de notre légende : l’amour-passion
966
e du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-
elle
que l’histoire d’une longue profanation ? Faut-il penser que les pouv
967
le que l’histoire d’une longue profanation ? Faut-
il
penser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut
968
nde primitive ? Mais si le mythe est épuisé, et s’
il
était vraiment un mythe de l’âme, faut-il conclure que c’est l’âme el
969
é, et s’il était vraiment un mythe de l’âme, faut-
il
conclure que c’est l’âme elle-même, la fonction émotive, dans l’homme
970
et la science, et une dose de psychanalyse, vont-
elles
exorciser la société future, évacuant les dernières passions ? ⁂ Une
971
, inclinerait à des conclusions très pessimistes.
Elle
consisterait à montrer la dégradation continue et, semble-t-il, irrév
972
it à montrer la dégradation continue et, semble-t-
il
, irréversible, des obstacles opposés à la passion. Or on sait que la
973
es, naturels ou sacrés, coutumiers ou légaux ; qu’
elle
s’en nourrit et même les invente au besoin. Sans les obstacles accumu
974
age d’Iseut avec le Roi, père adoptif du héros —,
il
n’y aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’y aurait donc p
975
n’y aurait pas de roman, ni de passion mortelle,
il
n’y aurait donc pas eu de mythe. On ne saurait imaginer le grand roi
976
provoquer celle-ci par ses refus intransigeants,
il
prétend se fonder sur l’amour-sentiment, succédané édulcoré, achevant
977
ndements. La passion se fait rare de nos jours, s’
il
faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable
978
de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers.
Ils
savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’une version renouv
979
on renouvelée de l’archétype de Tristan et Iseut.
Ils
cherchent donc partout l’obstacle qui résiste, et n’en trouvent guère
980
t de la passion. Que deviendront nos romanciers ?
Il
leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique détaillant des
981
re. Ou bien encore, et ce serait mieux, je crois,
il
leur reste le mythe de Don Juan, ce cliché négatif de Tristan : la su
982
mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’
il
est vrai que la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que notre
983
oisis, et que notre culture tend à les supprimer,
il
reste un obstacle suprême, celui-là justement dont triomphe la passio
984
dé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-
il
du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre a
985
l’Amour même ? Si la passion vit de séparations,
il
est bien clair que la séparation la plus irrémédiable est dans la mor
986
, les amants légendaires sont entrés, nous disent-
ils
, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de l
987
qui jamais ne leur fauldra jour de leur vie, car
ils
ont beu leur destruction et leur mort ». Certes, c’est vrai pour leur
988
’est vrai pour leur existence dans ce monde, mais
ils
ont aussi bu l’Amour, un amour qui s’adresse à la part immortelle que
989
n plaisir que l’usage en moi a fait si fort qu’
il
me donne l’audace de négocier avec la mort. Et Wagner, le dernier au
990
t. Et Wagner, le dernier auteur de la légende qu’
il
a su recréer d’après nature, s’inspirant de Gottfried de Strasbourg,
991
rizon de la mort est l’ultime sens du mythe. Mais
il
faut croire aux anges pour y croire. ⁂ Selon la mythologie de l’ancie
992
ois jours après la mort d’amour. Iseut n’évoque-t-
elle
point cette forme de lumière qu’on ne rejoint que dans un au-delà, et
993
étienne de l’amour du prochain ne s’en trouverait-
elle
pas éclairée, à son tour ? ⁂ Aimer le prochain « comme soi-même » sup
994
laquelle on ne saurait s’aimer soi-même, puisqu’«
il
faut être deux pour aimer », comme dit la sagesse populaire. Aimer vr
995
de l’homme ne peut nous être ici d’aucun secours.
Il
faut aimer pour le comprendre, et rapporter l’amour à ses fins spirit
996
s. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’
ils
ont bien mérité, mais de l’âme. ⁂ Comment résister à la tentation de
997
tion de comparer les versions modernes du mythe ?
Il
existe en français d’aujourd’hui plusieurs traductions, qui se donnen
998
es anciennes. Continuateurs et non pas rewriters,
ils
se sont pénétrés des textes des trouvères français, anglo-normands, a
999
erie) = sorcery départie (départ) = departure
Il
doit être évident que ces restitutions sont dans la tradition de tous
1000
ort, viens voir Tristan et finis ses douleurs ! »
Il
en reste chez Bédier : « Que m’importe de mourir ! » — chez Mary, rie
1001
me s’en va. » André Mary, d’après Thomas : « Puis
il
a dit trois fois : Amie Iseut ! À la quatrième, il a rendu l’esprit.
1002
l a dit trois fois : Amie Iseut ! À la quatrième,
il
a rendu l’esprit. » (Bédier : « Il rendit l’âme. ») Mais il y a surto
1003
la quatrième, il a rendu l’esprit. » (Bédier : «
Il
rendit l’âme. ») Mais il y a surtout l’épisode des amants qui se repe
1004
lorsque le philtre cesse d’agir, après trois ans.
Ils
vont trouver l’ermite de la forêt de Morois. Selon Bédier, l’ermite l
1005
et des structures de la parenté en général. Mais
il
est d’autres exemples non moins significatifs, celui de la théorie de
1006
ssable qu’au lieu même de leur convergence, là où
il
s’était constitué. Cela fut ressenti à l’époque comme le péché contre
1007
Institut universitaire d’études européennes n’est-
il
pas, en vertu même de son titre, condamné à la spécialisation ? En ve
1008
même de l’objet de ses études, qui est l’Europe,
il
me paraît condamné à l’interdisciplinarité de type b). L’Europe est u
1009
olution. L’Europe n’apparaît qu’à leur carrefour,
elle
est définie par leurs intersections, et ses reliefs ne se révèlent qu
1010
existantes. Ces recherches sont métaphoriques, s’
il
est vrai que la métaphore naît du rapprochement de deux phénomènes tr
1011
mmes en convergence, pas encore en symbiose, mais
elle
est potentielle. Quelles sont vos chances de l’actualiser ? Notre tai
1012
actualiser ? Notre taille, Dieu merci minuscule !
Elle
seule permet la coexistence quotidienne des diverses disciplines et d
1013
mais dans des frontières d’autant plus rigides qu’
elles
sont plus arbitraires, pour la commodité des seuls fonctionnaires et
1014
seul remède aux trop petites dimensions ne serait-
il
pas la création d’agences fédérales européennes, qui seraient compéte
1015
, trop petit, appelle la fédération ; trop grand,
il
appelle les régions. Ces deux tendances, loin de se contredire, se co
1016
me local plus irrespirable encore que l’autre, si
elle
ne répondait en réalité à une prise de conscience européenne et d’hor
1017
ans limites (laquelle ne peut plus rien animer si
elle
peut encore tout bloquer) amènent à constater que si l’on veut faire
1018
ènent à constater que si l’on veut faire l’Europe
il
faut ouvrir le cadre stato-national et dépasser ce modèle périmé.
1019
ème n’est pas seulement spéculatif et prospectif.
Il
est posé en vrac, en termes concrets, mal comparables, voire contradi
1020
onomique (par rapport à l’ensemble national) dont
elles
rendent responsable l’État centralisateur. Les unes exigent une aide
1021
nomiques ne sauraient coïncider territorialement.
Il
y faudrait un vrai miracle, mais ce miracle ne s’est jamais produit.
1022
acle, mais ce miracle ne s’est jamais produit. Et
il
aurait encore moins de chance de survenir dans le cas de régions défi
1023
s voisines voient leurs relations d’échanges avec
elle
brimées, ralenties, pénalisées ou bloquées par un cordon douanier qui
1024
rg, Lausanne, Grenoble, Lyon et Genève au centre.
Elle
comprend quatorze établissements d’enseignement supérieur, densité to
1025
ns doute actifs dans notre inconscient collectif…
Il
ne s’agit donc pas de créer autour de Genève une sorte de mini-État-n
1026
centralisation ceux des trop petites dimensions.
Il
s’agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie m
1027
avenir prochain, j’imagine quelques solutions qu’
il
va s’agir de réaliser simultanément : 1. Créer des agences fédérales
1028
rmer une génération et créer les régions, ne sont-
ils
pas trop longs face à l’urgence des périls que court l’Europe, j’ente
1029
st ? La réponse dépend de nous, non des astres. S’
il
est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que nous n’avons pas à prévoi
1030
et l’Institut universitaire d’études européennes.
Il
compte au nombre des grands écrivains et essayistes suisses de notre
1031
ouze articlesbd serait faible : je m’y reconnais.
Il
s’agirait maintenant de les illustrer. Car elles demeurent assez diff
1032
is. Il s’agirait maintenant de les illustrer. Car
elles
demeurent assez difficiles et abstraites sous la forme condensée que
1033
ntraire la favoriser, l’aménager. Encore faudrait-
il
décrire ces structures. J’ai toujours soutenu que la démocratie, au s
1034
ns actif et créatif du mot, n’est pas possible, s’
il
n’y a pas une « agora » ou un « forum » — une « place » au cœur de la
1035
t ses sources taries. Dans cet article conclusif,
il
est question de fédéralisme première et deuxième manière. Je suis pou
1036
s pour la deuxième. Ramuz était pour la première.
Il
me disait un jour au Central, à Lausanne : « Entre nous, nous sommes
1037
e publique », à la bonne heure ! Mais encore faut-
il
qu’elles existent, cette rue, cette place publique, où le beau mot de
1038
ique », à la bonne heure ! Mais encore faut-il qu’
elles
existent, cette rue, cette place publique, où le beau mot de voisinag
1039
e pars de ce qui me paraît une évidence majeure :
il
nous faut « faire l’Europe » afin de rester nous-mêmes, disons, pour
1040
ée ne peut jouer aucun rôle à l’échelle mondiale.
Elle
ne peut que subir l’histoire faite par les autres, les guerres des au
1041
deux cas, l’expérience séculaire ou millénaire qu’
ils
prétendaient inaugurer n’a duré qu’une douzaine d’années. La Suisse f
1042
anière, autrement dit, leur droit de différer. Or
il
se trouve que cette formule fédéraliste, seule pratiquement possible
1043
te mais en fait toujours plus illusoire — sauf qu’
elle
bloque tout. Mais c’est ici aussi que l’on rejoint la culture. Car c’
1044
u la Hollande sont immortelles, ce qui suggère qu’
elles
auraient existé de toute éternité, alors qu’en vérité, pour la plupar
1045
pour la plupart, en tant qu’État, et en moyenne,
elles
n’ont même pas un siècle d’âge. Seules la France, l’Angleterre et l’E
1046
Philippe le Bel — « empereur en son royaume » —,
il
est absolument certain que l’Italie comme État n’a que 112 ans, l’All
1047
a sa langue et que ses frontières coïncident avec
elle
. Nous croyons que les Européens sont trop différents les uns des autr
1048
un pouce de leur sacro-sainte souveraineté, et qu’
ils
sont immortels. Or tout est faux dans cet enseignement, et dans les c
1049
s les croyances qui en résultent. Tout d’abord :
il
n’y a pas de cultures nationales, si l’on entend par « nations », com
1050
a somme de vingt-huit cultures nationales, puisqu’
elle
existait bien avant la formation, récente on vient de le voir, de nos
1051
un seul des grands professeurs n’était français :
ils
étaient napolitain comme Thomas d’Aquin, pisan comme Bonaventure, sou
1052
mps, ceux qui parlent une même langue ? Oui, mais
il
n’était pas question de les enfermer pour autant dans les frontières
1053
t dans les frontières d’un même État. D’ailleurs,
il
n’est pas vrai que nos stato-nations modernes correspondent à l’aire
1054
et le Val d’Aoste au nom de l’unité linguistique,
elle
devrait s’amputer, pour le même motif, de près de la moitié de ses te
1055
itoires actuels. Prenons la langue allemande : si
elle
devait coïncider avec un État-nation, il faudrait annexer à la Républ
1056
e : si elle devait coïncider avec un État-nation,
il
faudrait annexer à la République fédérale outre l’Allemagne de l’Est,
1057
spagne et contre les Allemagnes au-delà du Rhin ;
elle
a été mise en forme par la Révolution française, et elle a triomphé d
1058
été mise en forme par la Révolution française, et
elle
a triomphé dans l’enseignement de la géographie au xixe siècle, là e
1059
res de nos États n’ont jamais été « naturelles ».
Elles
sont accidentelles et arbitraires comme les conflits armés dont elles
1060
lles et arbitraires comme les conflits armés dont
elles
figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait le p
1061
dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices.
Elles
sont encore, disait le professeur français Jacques Ancel, « le résult
1062
mondiales où l’Europe a failli périr, mais encore
ils
faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’
1063
intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers
elles
, formé nos sensibilités. L’évolution de la musique, de la mystique, d
1064
eux bonnes douzaines de nos frontières actuelles.
Elles
relient des cités, des foyers de création, des maîtres, et non pas de
1065
l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-
il
de ses diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-il vrai, comme
1066
s diversités tant vantées, et à juste titre ? Est-
il
vrai, comme le disent trop souvent d’éloquents ministres à Bruxelles
1067
ront davantage et s’entendront mieux entre eux qu’
ils
ne s’entendent avec les hommes de droite (ou de gauche) de leur propr
1068
e en Europe est d’autant plus riche et intense qu’
elle
est moins centralisée et que ses foyers sont plus nombreux. Au Moyen
1069
mobilisant à Paris tous les esprits distingués qu’
il
n’avait pas bannis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre
1070
la vitalité inégalée de notre culture européenne,
il
est dans cette interaction perpétuelle des grands courants continenta
1071
les foyers locaux, entre l’unité et la diversité,
il
faut bien constater que l’échelon national ne joue aucun rôle, est si
1072
hrope, ou bien l’on reste misanthrope, mais alors
il
n’y a pas d’amicale. La fédération européenne s’établira sur la base
1073
itler, ou n’importe lequel de nos États-nations s’
il
pouvait aller jusqu’au bout de ses ambitions monopolistes. La plurali
1074
, une expérience séculaire montre suffisamment qu’
il
n’y a rien à attendre à cet égard des gouvernements comme tels, soit
1075
à travers le monde mais unis par le Saint-Esprit.
Ils
ont été depuis deux-mille ans le sel de la Terre, l’Europe leur doit
1076
-être d’apporter au monde la guérison des maux qu’
elle
y a causés. 20. La France date-t-elle de Clovis, ou des fils de Ch
1077
maux qu’elle y a causés. 20. La France date-t-
elle
de Clovis, ou des fils de Charlemagne, ou de Philippe le Bel, ou de l
1078
remonter le temps. Toujours tourné vers l’avenir,
il
convient volontiers qu’il « faut avoir le sens de son histoire person
1079
s tourné vers l’avenir, il convient volontiers qu’
il
« faut avoir le sens de son histoire personnelle ». On ne connaît pas
1080
ns d’une histoire, si on ne connaît pas le passé.
Il
a donc fait des recherches généalogiques qui l’ont conduit à de surpr
1081
s dans les écoles. Il y eut aussi un graphologue.
Il
le fut auprès du Tribunal de la Seine au moment de l’affaire Dreyfus.
1082
crivez. Vous n’avez jamais songé à être pasteur ?
Il
est intéressant de savoir d’où l’on vient. Cela ne dicte pas une carr
1083
, mais quand j’ai pris des leçons j’ai compris qu’
il
ne saurait plus en être question. Vous savez, quand la passion est de
1084
n père, l’auteur de Suite neuchâteloise, note : «
Il
trouvait dans son héritage des vertus de prudence, d’ordre et d’autor
1085
? Le sens de l’engagement et celui de la justice.
Il
était bon, libéral avec de l’amitié pour les socialistes — ce qui fai
1086
usqu’à l’âge de 18 ans. De votre mère ? À 97 ans,
elle
est comme un fil. Je lui ressemble physiquement. Elle vient d’une fam
1087
est comme un fil. Je lui ressemble physiquement.
Elle
vient d’une famille de bons vivants avec des tendances artistes. Mon
1088
ion géographique. La famille ne mourra pas ? Non,
elle
se transformera. En ce qui vous concerne ? À partir de ma génération,
1089
ences à l’Université de Paris. C’est amusant, car
elle
est enseignante et moi je suis membre du conseil dans la même univers
1090
’emploient, l’air entendu, mais nul ne sait ce qu’
elle
signifie. Les régions, nous dit-on, doivent être de « taille européen
1091
nom de quoi ? Que veut-on dire ? On me répond qu’
il
s’agit de « découper » des régions qui soient assez grandes, assez pe
1092
les Länder allemands, me dit-on. Encore faudrait-
il
savoir lesquels : la Bavière, 71 000 km2 et 12 millions d’habitants,
1093
ention de devenir « compétitifs ». Qu’en auraient-
ils
de plus ? Ça n’a pas de sens pour eux. C’est une idée de technocrate,
1094
nt en tête de liste, et les grands en queue. Faut-
il
rappeler que les créations les plus mémorables de la culture européen
1095
puis, finissons-en avec ces questions de taille.
Il
nous faut des régions de toutes grandeurs, selon les dimensions de le
1096
mbourg et de la France, lequel des deux États a-t-
il
la taille ? Je vais vous le dire : c’est le plus petit. En tant qu’Ét
1097
un et indivisible, la France est trop grande, et
il
n’en va pas autrement de la Grande-Bretagne, de l’Espagne, de la Répu
1098
les pays du monde ne peuvent pas exporter plus qu’
ils
n’importent, faites le calcul. 23. G. Bidault. be. Rougemont Denis
1099
comme formule politique ou civique24 de demain. ⁂
Il
se trouve que le sens commun joue dans le même sens que notre angoiss
1100
isse sociale pour recommander cette formule. Mais
il
est trop souvent inhibé par nos routines mentales, héritées de l’Écol
1101
ontières qui tranchent dans le vif de ses tissus,
il
faut parfois le regard neuf, sinon naïf, d’un étranger qui simplement
1102
délégation française, à Versoix. De la terrasse,
il
lui fit admirer le paysage, en précisant que là-bas, de l’autre côté
1103
frontière ? demanda Molotov, vaguement inquiet. —
Elle
passe au milieu du lac, dit Bidault. — Mais alors, s’exclama le Sovié
1104
clama le Soviétique, les poissons, comment savent-
ils
dans quel pays ils sont ? S’il n’y avait que les poissons ! Les vents
1105
, les poissons, comment savent-ils dans quel pays
ils
sont ? S’il n’y avait que les poissons ! Les vents, les fleuves et le
1106
s, comment savent-ils dans quel pays ils sont ? S’
il
n’y avait que les poissons ! Les vents, les fleuves et les nuages, la
1107
i les tempêtes, ni la pollution, ni rien de ce qu’
il
faudrait arrêter, mais seulement ce qu’il faudrait laisser passer : p
1108
e ce qu’il faudrait arrêter, mais seulement ce qu’
il
faudrait laisser passer : personnes, marchandises, œuvres d’art. « Ci
1109
nomiques ne sauraient coïncider territorialement.
Il
y faudrait un vrai miracle, mais ce miracle ne s’est jamais produit,
1110
acle, mais ce miracle ne s’est jamais produit, et
il
aurait encore moins de chance de survenir dans le cas de régions défi
1111
s voisines voient leurs relations d’échanges avec
elle
brimées, ralenties, pénalisées ou bloquées par un cordon douanier qui
1112
et Lausanne, Grenoble, Lyon et Genève au centre.
Elle
comprend seize établissements d’enseignement supérieur, densité tout
1113
ns doute actifs dans notre inconscient collectif…
Il
ne s’agit donc pas de créer autour de Genève — et encore moins de Lyo
1114
ion ceux des trop petites dimensions économiques.
Il
s’agit simplement de résoudre les principaux problèmes de notre vie m
1115
r, l’Isère, le Val d’Aoste et la Franche-Comté. ⁂
Il
est facile d’énumérer les motifs de mésentente traditionnelle au sein
1116
et Stendhal. Rien de plus aisé, si l’on songe qu’
ils
ont aimé les mêmes paysages, subi les mêmes bises noires, et résisté
1117
ensemble. C’est par l’École, aux trois degrés, qu’
il
faut refaire l’éducation des citoyens, à partir des réalités, qui son
1118
savons tous maintenant que l’Europe est en crise.
Il
nous reste à voir que c’est une crise de civilisation. » Avec son hum
1119
s. Depuis vingt-cinq ans que tout le monde dit qu’
il
faut faire l’Europe, on n’a pas avancé d’un millimètre, hormis quelqu
1120
ont incapables de résoudre un tel problème, comme
ils
sont impuissants devant l’inflation, le chaos monétaire, la pollution
1121
circonscrite par une frontière qui enferme tout.
Elle
se définit de manière variable selon les fonctions et activités : éco
1122
les, écologiques, de transport ou d’enseignement.
Il
n’y a aucune raison que ces fonctions correspondent à une seule et mê
1123
de redonner au citoyen, dans la région et grâce à
elle
, un pouvoir de décision sur les problèmes fondamentaux de sa vie. Ce
1124
omme ! Cette réorganisation du continent ne remet-
elle
pas en cause le parlementarisme, lequel, il faut bien le reconnaître,
1125
met-elle pas en cause le parlementarisme, lequel,
il
faut bien le reconnaître, est en crise ?… Il est en crise à juste tit
1126
uel, il faut bien le reconnaître, est en crise ?…
Il
est en crise à juste titre dans les pays où il est devenu l’affaire d
1127
?… Il est en crise à juste titre dans les pays où
il
est devenu l’affaire des seuls partis, car ceux-ci ne correspondent p
1128
e européenne. Mais ce qui est important, c’est qu’
il
existe au-dessus des régions et à leur service une fonction propremen
1129
tes fonctions particulières. C’est à ce niveau qu’
il
faudrait un Conseil élu par le peuple européen et composé non de spéc
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et les sociétés multinationales ? Ne constituent-
ils
pas une entrave tout aussi puissante ? L’existence des sociétés multi
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ire encore qu’il y ait des économies nationales ?
Il
n’y a aucune raison pour qu’une entité économique coïncide avec les f
1132
ans ! Quant au rythme de changement des ethnies,
il
est de l’ordre d’un millier d’années ! Bien sûr, les sociétés multina
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térêts nationaux, mais, pour revenir à mon sujet,
il
me semble que rien ne les empêche de chercher à s’adapter aux réalité
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profite essentiellement à ces dernières ! Certes,
elles
cherchent d’abord leur profit et c’est souvent aux dépens des équilib
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ssi son histoire et les traces encore visibles qu’
elle
a laissées dans nos vies, on arriverait à de meilleurs résultats « eu
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volontairement l’horizon de l’enfant ? Je dis qu’
il
faut partir des réalités immédiates — pour aller plus loin ! L’écolog
1137
e, par exemple, c’est une question vitale. Où est-
elle
sensible ? À l’échelle locale le plus souvent. L’empoisonnement des r
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oissons sont les mêmes des deux côtés du Léman et
ils
y crèvent de la même façon ! Les gosses comprennent cela. Et à partir
1139
es naturelles, et finalement sur les décisions qu’
ils
auront à prendre comme citoyens de leur région et de l’Europe des rég
1140
région et de l’Europe des régions fédérées. Mais
il
faut s’y mettre tout de suite ! bg. Rougemont Denis de, « [Entret