1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 ontenir et utiliser comme matériel. Cet appareil, nous le traversons en lisant un livre, nous faisons une expérience de tran
2 appareil, nous le traversons en lisant un livre, nous faisons une expérience de transformation qui nous transforme nous-mêm
3 nous faisons une expérience de transformation qui nous transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre et je
4 de transformation qui nous transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre et je dirai qu’en revanche et en
5 et je dirai qu’en revanche et en retour le livre nous digère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « ab
6 e livre nous digère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est l
7 ère d’une certaine manière. Quand nous disons que nous sommes « absorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui nous abso
8 bsorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se po
9 n livre, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se poser, et cela me
10 près ça, tu pourras simplement agir ou méditer ». Nous ne sommes pas tous destinés à devenir des prophètes. Mais vous voyez
11 le livre dont on ne sait jamais si c’est lui qui nous avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et
12 on ne sait jamais si c’est lui qui nous avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre. Et je voulais y in
13 e livre doit être supplanté par la télévision, il nous faut le développer tant que nous pouvons, au fur et à mesure que la t
14 a télévision, il nous faut le développer tant que nous pouvons, au fur et à mesure que la télévision cherche à nous imposer
15 s, au fur et à mesure que la télévision cherche à nous imposer certaines doctrines officielles qui sont, en effet, maniées u
16 -ce que, face au rythme de la vie actuelle auquel nous sommes tous soumis, il est encore possible de se ménager des moments
17 j’irai apprendre ce genre de choses. Je pense que nous allons maintenant vers un état de la société où, tout doucement, l’ai
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
18 partisans sincères d’une « union plus étroite de nos pays », comme disaient les traités de naguère. (Plus étroite que quel
19 ançais. Et l’on a pu entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamner publiquement le principe même d’une
20 dérale à sa haute école, parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéralistes ! Je n’ai cité que des européistes on ne peut plu
21 re aux esprits qui se veulent « cartésiens » ? Il nous faudrait alors désespérer de toute union vivante de l’Europe. Car il
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
22 it que les questions économiques qui se posaient, nous aurions tout avantage à faire appel aux Américains, à les laisser tra
23 éricains, à les laisser travailler en Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pe
24 Europe et à nous « américaniser » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pensons que le problème européen dépass
25 er » au maximum. Si nous répugnons à le faire, si nous pensons que le problème européen dépasse celui d’une simple organisat
26 ropéen dépasse celui d’une simple organisation de notre économie, si nous ne voulons pas être « américanisés », comme on le d
27 i d’une simple organisation de notre économie, si nous ne voulons pas être « américanisés », comme on le dit tous les jours,
28 e beaucoup plus sérieuses, qui sont, par exemple, nos libertés, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons
29 s sérieuses, qui sont, par exemple, nos libertés, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’Europe
30 s, nos modes de vie… Et c’est à cause de cela que nous devons faire l’Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc
31 ifique, politique et culturelle. Car, en fait, si nos peuples ont une possibilité d’union, c’est parce qu’il y a, à la base
32 lité d’union, c’est parce qu’il y a, à la base de notre histoire, une unité. C’est sur une unité que l’on peut fonder une uni
33 cultures nationales, contrairement à ce que l’on nous a appris à l’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne qui vie
34 y a qu’une grande culture européenne qui vient de nos ancêtres communs : grecs, romains, juifs, par le christianisme, germa
35 celtes, un petit peu arabes, un petit peu slaves. Nous avons tout cela en commun. Tous les procédés de nos beaux-arts, tous
36 s avons tout cela en commun. Tous les procédés de nos beaux-arts, tous les procédés de nos littératures autant que nos tech
37 procédés de nos beaux-arts, tous les procédés de nos littératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions
38 tous les procédés de nos littératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions historiques, tout cela est c
39 ératures autant que nos techniques, les thèmes de nos réflexions historiques, tout cela est complètement commun à tous les
40 Européens. N’a jamais été l’apanage d’un seul de nos pays. Ne s’est jamais arrêté aux frontières actuelles de nos pays, qu
41 e s’est jamais arrêté aux frontières actuelles de nos pays, qui n’existaient pas pendant tout le Moyen Âge, notamment, où l
42 t de toute son histoire, elle sortirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux consci
43 n histoire, elle sortirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux conscience naturell
44 rtirait de ce que nous sommes, nous Suisses, dont nous avons à prendre toujours mieux conscience naturellement, et elle aura
45 e proposer sur un plan international, il faut que nous autres, les Suisses, prenions conscience plus claire de ce qu’est not
46 ses, prenions conscience plus claire de ce qu’est notre fédéralisme, des richesses de cette formule chez nous. Il faut que no
47 fédéralisme, des richesses de cette formule chez nous . Il faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions
48 richesses de cette formule chez nous. Il faut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de penser que fédé
49 aut que nous l’appliquions de mieux en mieux, que nous cessions de penser que fédéralisme signifie repli sur soi dans chaque
50 ait appliquer cette formule maintenant au-delà de nos frontières, ne pas l’arrêter à nos frontières cantonales, ne pas l’ar
51 ant au-delà de nos frontières, ne pas l’arrêter à nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter à notre frontière nationale,
52 r à nos frontières cantonales, ne pas l’arrêter à notre frontière nationale, mais voir plus loin, voir qu’il y a des tâches q
53 urtout sur la réserve, restons bien modestes dans notre petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grandes cho
54 , restons bien modestes dans notre petit coin, ne nous rendons pas ridicules en proposant de grandes choses… » Il faut que c
55 curieux que l’on ne l’ait pas encore fait. Elles nous reprocheront — à la génération des aînés — d’avoir gardé une prudence
56 ui n’est exemplaire pour personne et qui fait que nous sommes restés à la traîne loin derrière les autres. Alors que toute n
57 traîne loin derrière les autres. Alors que toute notre histoire — je le répète — toute notre vocation historique nous indiqu
58 s que toute notre histoire — je le répète — toute notre vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant
59 — je le répète — toute notre vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant une belle initiative sur
60 toute notre vocation historique nous indique que nous avons à prendre maintenant une belle initiative sur le plan européen.
61 arations des hommes qui sont chargés notamment de nos affaires étrangères. c. Rougemont Denis de, « [Entretien] Ce que
62 ue suisse à l’égard de l’Europe ? Cette question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons partiellement y répondre.
63 tte question, nous sommes en droit de la poser et nous pouvons partiellement y répondre. 1969, en effet, a été l’année des v
64 , en effet, a été l’année des voyages. Voyages de nos conseillers fédéraux à l’étranger et, aussi, visites importantes dans
65 à l’étranger et, aussi, visites importantes dans notre pays. Il n’y a qu’à songer à celle de M. Jean Rey, il y a quelques mo
66 s mois seulement, dans la capitale fédérale. Mais nous devons poser une seconde question : la Suisse peut-elle jouer un rôle
4 1970, Articles divers (1970-1973). « Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)
67 opos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)e f Nous avons pu atteindre l’écrivain Denis de Rougemont, hier après-midi, à
5 1970, Articles divers (1970-1973). Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)
68 ougemont (30 mars 1970)g M. Denis de Rougemont nous écrit : Au sujet de la brève interview par téléphone que vous avez bi
6 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
69 it d’obstacles par définition, que devient-elle à notre époque où les obstacles ne se dressent plus entre les amants ? La dis
70 on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans nos mariages modernes, qui ne sont en principe que des mariages de passio
71 le sexe n’est plus passé sous silence. Cela dit, nous n’avons rien inventé et l’explosion sexuelle s’est surtout produite a
7 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
72 « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-ju
73 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)h Vous êtes l’auteur d’une phra
74 incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondiale et
75 quelle finalité trouvez-vous à l’Europe ? Jusqu’à nous , voyez-vous, il fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que le n
76 merciales. Il va falloir maintenant savoir ce que nous voulons au juste : un niveau de vie quantitatif ou un certain mode de
77 se poser la question fondamentale du sens même de notre vie ? Oui, je crois à la personne humaine et à sa liberté. Pour surmo
78 era-t-il possible de changer le système actuel de notre société, irréversible course au profit ? Mais le système de la sociét
79 t pas non plus oublier les moyens techniques dont nous disposons à l’heure actuelle et qu’il ne faudrait surtout pas renier 
80 ésent, à chaque étape de cette lente unification, notre gouvernement a dû faire des pieds et des mains pour rattraper l’histo
81 ope fédérée, respectueuse de ses diversités comme nous des nôtres, s’accorderait avec la vocation traditionnelle de la Suiss
82 le de la Suisse. Savoir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est à nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent
83 ir si elle se fera dépend de nous aussi : c’est à nous de faire valoir dans les Conseils qui élaborent l’Europe future les a
84 je pense que prétendre conserver les bénéfices de notre fédéralisme pour nous seuls, serait le plus sûr moyen de les perdre !
85 conserver les bénéfices de notre fédéralisme pour nous seuls, serait le plus sûr moyen de les perdre ! h. Rougemont Denis
86  ! h. Rougemont Denis de, « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités », Feuill
87 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités », Feuille centrale de Zofingue, Zofingue, mai–juin
8 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
88 e, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unité de bas
89 es continents découverts tour à tour, conquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés
90 onquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous,
91 estés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous , pour le meilleur et pour le pire. Héraclite donne la formule de l’
92 de l’unité européenne Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à
93 Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à des instances universelle
94 cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir
95 cède la plus belle harmonie. De ce temps jusqu’au nôtre , tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi cons
96 adoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du di
97 i constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’Un et du divers, l’unité dans la diversité,
98 n au xxe siècle ? Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures v
99 este et les rénove. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes soc
100 e. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos bes
101 e, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. To
102 ssance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite au
103 et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en questi
104 xes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en question ces déterminations, et nous en fo
105 ssi à remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyens. Enfin, tout cela dénote l’Europe comme patrie
106 d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible dé
107 appatoire possible désormais : s’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer u
108 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de no
109 — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une si nous refus
110 s. Car ces autonomies seront perdues une à une si nous refusons l’union qui, seule, ferait leur force ; mais en retour, cett
9 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
111 ructures, car l’infrastructure est le résultat de nos options morales, spirituelles, religieuses, d’où procèdent des option
112 e européen de la culture, à une telle situation ? Nous nous sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctio
113 opéen de la culture, à une telle situation ? Nous nous sommes dit : les institutions économiques européennes ne fonctionnero
114 intelligible est une culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’Europe. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, e
115 culture, c’est-à-dire, dans notre cas, l’Europe. Nous avons donc fait un gros effort sur l’éducation, en réunissant dans le
116 , un certain nombre d’associations d’enseignants. Nous avons pu démultiplier notre effort en organisant des stages (5 par an
117 iations d’enseignants. Nous avons pu démultiplier notre effort en organisant des stages (5 par année en moyenne), dans des pa
118 s son aspect traditionnel, est la plus ennuyeuse… Notre intention n’est pas, du reste, d’introduire une heure de plus dans de
119 applicables par toutes les associations membres. Nous avons touché directement 1500 maîtres et une publication nous permet
120 ouché directement 1500 maîtres et une publication nous permet de communiquer de la documentation et des critiques de livres.
121 e me paraît fondamental, car c’est l’écologie, de nos jours, qui constitue la véritable politique. Des stages sont consacré
122 , par contre, toujours laudatifs. Par ces stages, nous cherchons à créer un état d’esprit européen chez les maîtres, ce qui
123 aucoup d’idées qui avaient déjà été défendues par notre mouvement l’Ordre nouveau. On a aussi retrouvé Proudhon, Bakounine, e
124 productivisme sans frein et sans mesure humaine ; nous affirmions que ce productivisme traduisait une mentalité commune au c
125 la dimension a été constamment appliqué au CEC ; nous n’avons centralisé que ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé.
126 ue ce qui fonctionnait mieux en étant centralisé. Notre but était, toujours, de servir les parties composantes. Lors de la Ca
127 osantes. Lors de la Campagne d’éducation civique, nous avions un appareil administratif minuscule qui travaillait avec 7 ou
128 uvait en relation quotidienne avec 150 personnes. Nous ne voulons pas coiffer d’autres institutions mais, selon le principe
129 institutions mais, selon le principe fédéraliste, nous sommes en commun avec elles. Un autre principe me paraît important :
130 uves, sinon l’on perd trop de temps. C’est ce que nous avons fait au CEC, où les premières nécessités ressenties ont été de
131 ssurer une organisation coordonnée des festivals. Nous avons désiré aller aussi loin que possible, sans tenir compte des fro
132 idu, de l’amener à se sentir encadré. Les régions nous permettront de revenir à des entités plus petites, de recréer des com
133 e jardin du monde ; c’est la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la c
134 la raison pour laquelle nous devons sauver ce qui nous reste de nature et de cellule civique, la commune tout particulièreme
135 lle. Mais, au-delà des uniformes qui séparent, il nous reste, traçant un chemin de rigueur et d’audace, la voix de Denis de
10 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
136 la colonisation possible par les États-Unis — si nous ne faisons pas les États-Unis d’Europe — c’est une colonisation essen
137 llement colonisés… Et il n’est pas impensable, si nous continuons à rester divisés par nations, chacune trop faible pour se
138 nt grave ; et ce sera toujours pire, car aucun de nos pays ne peut se défendre. Il n’est pas trop tard Mais ne pensez-
139 n américaine si c’est une question d’échanges, si nous produisons suffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre o
140 d’échanges, si nous produisons suffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouv
141 uffisamment et si nous sommes capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si no
142 capables d’affirmer notre originalité européenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble
143 éenne. Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants qu
144 . Nous ne pouvons le faire désunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants que ceu
145 ésunis ; mais si nous nous mettons tous ensemble, nous aurons des moyens plus importants que ceux des Américains. Nous ne so
146 s moyens plus importants que ceux des Américains. Nous ne sommes pas du tout écrasés par les deux géants que sont l’Union so
147 épaules l’un de l’autre, ils n’arriveraient pas à notre hauteur. Au point de vue démographique, certes … Oui, mais il y en a
148 e, de l’artisanat qui vit encore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens
149 ncore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes
150 dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme. Prenez les grandes déco
151 presque rien aux États-Unis. Ces derniers ont sur nous une seule supériorité : celle du « management », parce qu’ils dispose
152 nt », parce qu’ils disposent d’un grand espace et nous pas. Prenez le cas de la France, qui a un retard presque scandaleux d
153 fendue contre l’étranger. Dans cet état d’esprit, nous jouons perdants. Mais est-il trop tard pour renverser le courant ? On
154 courant ? On pouvait déjà le dire en 1949, quand nous avons lancé l’idée du CERN, puisque les Américains avaient presque to
155 rtir, ils ont pratiquement un siècle d’avance sur nous . » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit q
156 pratiquement un siècle d’avance sur nous. » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Améric
157 us. » Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Américains avaient réussi à mettre en œuvre d
158 Mais nous n’avons pas tenu ce raisonnement. Nous nous sommes dit que les Américains avaient réussi à mettre en œuvre des dé
159 ’était une question d’organisation, rien de plus. Nous avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux
160 ous avons dit : « Il n’est pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dans un pays comme la Su
161 t pas du tout trop tard. Nous avons les cerveaux, nous avons, par exemple, dans un pays comme la Suisse, l’industrie mécaniq
162 e la Suisse, l’industrie mécanique de précision ; nous avons tous les savants qui pourraient rester chez nous s’ils disposai
163 avons tous les savants qui pourraient rester chez nous s’ils disposaient d’un appareil de recherche suffisant ». Cela s’est
164 che suffisant ». Cela s’est parfaitement réalisé, nous avons réussi à renverser la vapeur. De grands choix à faire Ce
165 rait donc le moment de « renverser la vapeur » et nous serions aujourd’hui à la croisée des chemins, parce que — pour la pre
166 de choisir librement son avenir. Pourquoi serions- nous à ce moment privilégiés ? À cause du développement des sciences et de
167 e sorte de mouvement de bascule qui s’est fait et nous arrivons à un point où la production dépasse largement le minimum vit
168 n train de détruire la nature, par exemple ; cela nous pose une grande question : que voulons-nous en fait ? Est-ce plus de
169 cela nous pose une grande question : que voulons- nous en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature
170 us en fait ? Est-ce plus de voitures ? Ou voulons- nous sauver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions
171 e voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions pas vivre ? Il y a de gran
172 auver la nature qui nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions pas vivre ? Il y a de grands choix à faire et cela pour
173 e et cela pour la première fois, car jamais avant notre génération l’homme n’avait été en mesure de porter des coups pareils
174 vie, mesuré purement quantitativement. Est-ce que nous voulons, comme les Américains, augmenter simplement le produit nation
175 simplement le produit national brut de chacun de nos pays ou de l’Europe dans son ensemble, au prix de la destruction de l
176 hômage, tout ira bien et tant pis pour la nature. Nous commençons à nous réveiller de cette illusion. L’autre politique pour
177 ien et tant pis pour la nature. Nous commençons à nous réveiller de cette illusion. L’autre politique pour l’avenir est beau
178 contraire pour qu’on le pousse, beaucoup plus que nos compartimentages nationaux ne permettent de le faire. Il nous faut dé
179 imentages nationaux ne permettent de le faire. Il nous faut dépasser les Américains, mais il nous faut aussi des techniques
180 re. Il nous faut dépasser les Américains, mais il nous faut aussi des techniques qui soient adaptées à nos fins. Par exemple
181 s faut aussi des techniques qui soient adaptées à nos fins. Par exemple, il est absolument faux de continuer à faire des au
182 ar rapport à la consommation individuelle, et là, nous sommes à l’opposé du type de civilisation capitaliste qui se développ
183 aie de montrer depuis un certain temps, c’est que nous sommes en présence de deux mouvements, dans le monde, qui ont l’air a
184 ertitude d’exprimer la seule issue pour l’Europe. Nous avons soulevé un certain nombre de ces problèmes et de ces objections
185 de ces objections, au cours d’un entretien qu’il nous a accordé dans sa maison de Ferney-Voltaire. »
11 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
186 le de faire coïncider l’économie et la langue, et nous avons toujours pensé qu’il y avait des ordres de réalités à ne pas mé
187 ême économie, les mêmes impôts d’après la langue. Nous avons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons,
188 ous avons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En f
189 vons parfaitement conçu tous ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En fait,
190 ces mélanges et nous nous débrouillons, parce que nous avons des petites communautés. En fait, mon modèle de gouvernement de
191 notice suivante : « Au cours de l’entretien dont nous avons commencé la parution la semaine dernière, Denis de Rougemont, a
192 ons européennes. Dans la suite de l’entretien que nous publions aujourd’hui, Denis de Rougemont montre comment la Suisse peu
12 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
193 différentes agences pourrait s’établir en Suisse, notre pays devenant un district fédéral. Quels seront les critères de délim
194 e qu’il y avait de plus neuf dans chaque domaine. Nous avons réuni les directeurs de centres nucléaires, les directeurs de g
195 marque une péripétie dans la Quête de l’union de nos peuples et de leurs élites responsables. Cheminement vers l’Europe fé
196 che de sens. Pour les lecteurs de Livres ouverts, nous avons posé à Denis de Rougemont quelques questions suggérées par la l
13 1970, Articles divers (1970-1973). Message aux régionalistes (16 mars 1973)
197 astres moraux , écologiques et sociaux, vers quoi nous précipite l’évolution actuelle. La région seule nous permettra de « f
198 s précipite l’évolution actuelle. La région seule nous permettra de « faire l’Europe », sur la base de ses réalités, et nous
199 faire l’Europe », sur la base de ses réalités, et nous offrira seule les structures nécessaires à toute vraie participation.
14 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
200 plus que sa musique me touchait plus qu’aucune de notre temps, si haut que fût à mes yeux Stravinski, et je me disais qu’un j
201 t le message du Solitaire qui venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette attente au bord du gouffre, cette minut
202 tes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fois à l
203 de son escalier, un jour qu’il était en retard.) Nos entretiens sont strictement techniques. Il me demande combien il y a
204 anque une syllabe. — Ah ? Que faire ? — Eh bien ! nous mettrons un soupir ». Il m’a dit : « Quand vous écrivez les paroles d
205 ransmission par les mots. Jamais, pas un instant, nous n’avons eu l’idée de parler du sens profond de la pièce, ni de la rel
206 de la pièce, ni de la religion en général, ni de nos positions personnelles à son égard. Je ne sais pas pourquoi d’ailleur
207 de son langage particulier. Or, l’aisance même à nous mettre d’accord sur ces règles du jeu, puis à jouer — la partie de cr
208 s à jouer — la partie de création proprement dite nous prit deux mois — voilà qui ne pouvait signifier qu’un accord plus pro
209 gence avec l’événement historique, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de
210 . Une connaissance intime du lyrisme biblique — «  notre Antiquité », dit Ramuz —, du choral luthérien et de la polyphonie du
211 quelque credo, mais la réalité de l’opération en nous de quelque chose, disons l’Esprit, qui n’est pas vérifiable autrement
15 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
212 marque une péripétie dans la Quête de l’union de nos peuples et de leurs élites responsables. Cheminement vers l’Europe fé
16 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
213 par les bellettriens : bras dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droit
214 dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droite. Mon bras droit tenait le g
215 ffacent avec le temps). Il vient, de concert avec notre ami commun Raymond Silva — alors secrétaire général du Centre europée
216 du Centre européen de la culture —, proposer que nous lancions une « Charte européenne » et un « Brevet européen du sportif
217 intéresser ». Je reconnus au premier coup d’œil «  notre  » texte. Strasbourg s’attribuait la médaille, mais Paul Martin avait
17 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
218 ars de ce qui me paraît une évidence majeure : il nous faut faire l’Europe afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller vit
219 Est européen —, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europ
220 re part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par les Américains. Mais l’Europe ne pourra jamais
221 usoire — sauf qu’elle bloque tout. C’est ici que nous rejoignons la culture. Car c’est bien la culture — l’école, la presse
222 la culture — l’école, la presse, les livres — qui nous fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres
223 obablement mythique, qui est du ive siècle avant notre ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à
224 re ère, tantôt à Clovis, qui est du ve siècle de notre ère, ou enfin à Hugues Capet, qui est du xe siècle, soit une hésitat
225 et Malte 10. L’école vous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à
226 vous l’avez cru ! Vous croyez donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses frontières coïncident avec son e
227 et qu’on ne pourra jamais les fédérer, parce que nos vingt-cinq États-nations ne sauraient céder sans trahir un pouce de l
228 u’elle existait bien avant la formation, récente, nous venons de la voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désig
229 la formation, récente, nous venons de la voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans un
230 flamande, nation italienne, c’était un peu comme nos pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à
231 d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos stato-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang
232 e la région de la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre e
233 nt que nos langues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofi
234 ues sont trop différentes pour que nous puissions nous entendre entre Stockholm et Athènes, Édimbourg et Sofia, Varsovie et
235 fia, Varsovie et Madrid. C’est oublier que toutes nos langues (sauf le basque et le finno-ougrien) sont étroitement parente
236 omaines, notions théologiques diffusées dans tous nos pays par l’église du Moyen Âge, notions scientifiques et techniques a
237 des savants au xixe , et de l’anglo-américain de nos jours. Le mot « évêque », par exemple, véhiculé par l’usage ecclésias
238 ecclésiastique, se retrouve aisément dans toutes nos langues : évêque, vescovo, obispo, bispe, biskop, bishop, Bischof… Il
239 . Vues de loin, de l’Asie ou de l’Afrique, toutes nos langues se ressemblent comme des sœurs. Vue de loin, l’unité culturel
240 ope est un fait que personne ne conteste — à part nos bons nationalistes. Enfin, il y a l’affaire des frontières naturelle
241 y a l’affaire des frontières naturelles, chères à nos maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres
242 service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mais que
243 othard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
244 comme les conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait un historien français
245 qui ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l
246 ales » bien distinctes et rivales, les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,
247 Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. La vérit
248 sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, qu’elle s’
249 qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, qu’elle s’est formée à partir des mêmes influences i
250 péennes, gréco-latines, celtes et germaniques qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
251 us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés
252 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grand
253 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architectu
254 t qui a marqué les élites intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. Prenez l’exemple
255 es de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. Prenez l’exemple de la musique : rien de national dans
256 une glorieuse indifférence une bonne douzaine de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
257 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de ses diversités tant vantées, et
258 que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nations ? Je vous propose là-dessus deux observations faciles à vérif
259 deux observations faciles à vérifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun vous trouverez des croyants et
260 propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la plu
261 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée et des
262 annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra
263 e, est simplement omis, inexistant. Et voilà qui nous rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais conn
264 ant. Et voilà qui nous rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais connu l’illusion d’une « culture na
265 ommes découpée dans n’importe lequel des pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantonales,
266 s pays qui nous entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantonales, dans ces foyers qui l’un après l’autre
267 u xxe siècle : Ferdinand de Saussure, le père de nos « sciences humaines », l’institut Rousseau, Jean Piaget, les Rencontr
268 aître pratiquement, un peu comme il est arrivé de nos frontières cantonales, et je ne crois pas que nous y ayons perdu quoi
269 nos frontières cantonales, et je ne crois pas que nous y ayons perdu quoi que ce soit de vraiment précieux. Ces vérités sont
270 à entendre pour les citoyens des grands pays qui nous entourent ; mais ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour nou
271 ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pour nous autres Suisses, il devrait s’agir d’évidences et presque de banalités
272 r d’évidences et presque de banalités. Toutefois, nous devons prendre garde, dans le débat qui bat son plein à propos de not
273 arde, dans le débat qui bat son plein à propos de notre entrée dans le Marché commun, de nous laisser entraîner sur un terrai
274 propos de notre entrée dans le Marché commun, de nous laisser entraîner sur un terrain qui n’est pas le nôtre, dans des ter
275 us laisser entraîner sur un terrain qui n’est pas le nôtre , dans des termes qui sont étrangers à notre tradition fédéraliste et
276 as le nôtre, dans des termes qui sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à notre habitus, et qui dérivent des théorie
277 sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à notre habitus, et qui dérivent des théories et des pratiques stato-national
278 t des pratiques stato-nationalistes. L’Europe que nous voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et problématique éch
279 s stato-nationalistes. L’Europe que nous voulons, nous aussi, ne sera jamais un laborieux et problématique échafaudage d’acc
280 ières, en maintiennent et renforcent le principe. Nous ne croyons pas à une Europe des États-nations souverains. Je l’ai sou
281 , mais alors il n’y a pas d’amicale. L’Europe que nous voulons sera fédérale — ou alors elle ne se fera pas sérieusement. Vo
282 nt. Voilà, je pense, la perspective qui s’ouvre à nous . Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays e
283 erspective qui s’ouvre à nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays européen qui n’ait pas pri
284 à nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes le seul pays européen qui n’ait pas pris la forme d’un État-na
285 , si possible, encore plus vrai aujourd’hui et il nous dicte une ligne de conduite et d’action. Je sais bien que les Suisses
286 pour reprendre une formule célèbre, qui désignait notre neutralité, notre abstention, et qui pourra demain, plus justement en
287 formule célèbre, qui désignait notre neutralité, notre abstention, et qui pourra demain, plus justement encore, qualifier no
288 i pourra demain, plus justement encore, qualifier notre intervention. x. Rougemont Denis de, « L’Europe est d’abord une un
289 qu’elle bloque tout ! L’école, aux trois degrés, nous fait croire que l’État-nation est le dernier mot de l’évolution, qu’i
290 ait voir l’auteur par des exemples indiscutables. Notre culture est la création commune et trois fois millénaire de tous les
291 . C’est sur la base de cette unité de culture que nous pourrons édifier l’union fédérale de nos diversités. »
292 ure que nous pourrons édifier l’union fédérale de nos diversités. »
18 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
293 systèmes… Ce donné historique toujours vivant en nous , ce passé jamais accompli, nul n’en peut prendre les mesures : il s’a
294 héritage culturel conditionne en second lieu, que nous le sachions ou non, un grand nombre de chances spécifiques proposées
295 lturel enfin reste une somme de virtualités, dont nous ne pouvons en général actualiser qu’une part infime. Il n’est pour no
296 éral actualiser qu’une part infime. Il n’est pour nous , au sens concret, que ce que nous sommes capables d’en utiliser pour
297 . Il n’est pour nous, au sens concret, que ce que nous sommes capables d’en utiliser pour nos fins propres. Tout héritage cu
298 ue ce que nous sommes capables d’en utiliser pour nos fins propres. Tout héritage culturel est en partie offert mais en par
299 éenne et ses complexités au moins trimillénaires, nous sommes bien obligés de choisir. Nous assumons ou récusons certaines v
300 millénaires, nous sommes bien obligés de choisir. Nous assumons ou récusons certaines valeurs ou systèmes de valeurs selon n
301 ns certaines valeurs ou systèmes de valeurs selon nos problèmes présents. C’est dire que mis en face de l’héritage total, n
302 . C’est dire que mis en face de l’héritage total, nous sentons qu’il comporte une part d’hérédité inéluctable, mais que, dan
303 rédité inéluctable, mais que, dans la part libre, nos choix nécessairement vont constituer des hérésies. Nous ne deviendron
304 hoix nécessairement vont constituer des hérésies. Nous ne deviendrons nous-mêmes qu’à ce prix, qui est d’assumer les risques
305 es qu’à ce prix, qui est d’assumer les risques de notre différence personnelle ; et par là même, non point en revêtant un uni
306 oint en revêtant un uniforme (matériel ou moral), nous deviendrons de vrais Européens. Les dimensions de l’héritage La
307 e, on voit qu’elle représente en fait tout ce que nous sommes capables de penser et presque tout ce que nous voyons sur notr
308 sommes capables de penser et presque tout ce que nous voyons sur notre petit coin de la planète, entre le sol et les nuages
309 de penser et presque tout ce que nous voyons sur notre petit coin de la planète, entre le sol et les nuages. La culture des
310 amentales, dans ses méthodes comme dans ses fins, notre culture assume toutes les antinomies. On dirait même qu’elle les nour
311 ra pour mieux exclure la troisième —, il faut que nous prenions l’habitude de combiner en contrepoint la source celte, la ge
312 s pas ce que c’est. Et tout cela vit en chacun de nous , sous forme de conflits, de défis passionnants, de crises latentes ou
313 evant la personne responsable ; et tous, tant que nous sommes, représentons une figure irremplaçable dans le ballet des mill
314 ers. Les deux mémoires Mais ces grands noms nous trompent. Harmonieux ou non, conscient ou non, le rapport d’un Europé
315 e rapport d’un Européen à la culture européenne — notre seule unité fondamentale, répétons-le — n’est pas exceptionnel : il e
316 ’entends qu’il est universel. Pas un seul d’entre nous n’y échappe. Que nous soyons « très cultivés » ou illettrés y change
317 versel. Pas un seul d’entre nous n’y échappe. Que nous soyons « très cultivés » ou illettrés y change bien moins qu’on ne l’
318 illettrés y change bien moins qu’on ne l’imagine. Nous sommes tous tributaires de deux mémoires, celle des peuples et celle
319 tes, des data banks et du système des préjugés de notre siècle — mémoire externe. Et celle des chromosomes, des chaînes de l’
320 firent leur temps, littéralement. Dans chacun de nos chromosomes, il y a l’histoire entière des hommes du passé, plus une
321 ssé, plus une nouvelle virtualité. Dans chacun de nos codes civiques ou juridiques, il y a la féodalité, les coutumes germa
322 derrière eux, il y a l’Égypte et Sumer. Chacun de nous , dans chacun de ses jugements moraux, civiques, sociaux ou juridiques
323 urs les origines, mais qui le meut. Enfermés dans nos États-nations depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à nos é
324 depuis un siècle et demi, grâce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! N
325 i, grâce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de n
326 âce à Napoléon puis à nos écoles nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos la
327 es nationales, nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il f
328 nous nous croyons si différents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder
329 fférents de nos voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allo
330 os voisins ! Nous sommes si fiers de nos langues, nous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allons jusqu’à pré
331 ous affirmons qu’il faut les garder « pures », et nous allons jusqu’à prétendre que leur diversité empêche l’union de l’Euro
332 in, germanique ou celtique, se retrouve dans tous nos États et montre bien ce qu’il faut penser de leur soi-disant « origin
333 l’Europe. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit notre « mère l’Europe » — comme l’appelait déjà une chronique en latin rédi
334 la droite et à la gauche dans le jeu politique de nos pays, ces deux partis qui n’arrivent plus à se définir autrement que
335 stérile qui en résulte n’ont jamais existé (avant notre influence) en Inde, en Chine, ou dans les grands empires de l’Afrique
336 umaine, de l’approche familière des symboles, que nous découvrons dans nos rêves, et que transmet la sagesse des nations par
337 familière des symboles, que nous découvrons dans nos rêves, et que transmet la sagesse des nations par les proverbes. Le p
338 résente sans nul doute la part la plus menacée de notre héritage, celle qu’il nous est possible de dilapider. Car ces vertus
339 rt la plus menacée de notre héritage, celle qu’il nous est possible de dilapider. Car ces vertus ne contraignent pas l’indiv
19 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
340 e et une injustice (4 février 1971)z aa « Dans notre société européenne, depuis le xiie siècle, les femmes ont été l’agen
341 lle valable également pour la Suisse ? En Suisse, nous sommes un peu tributaires de la civilisation germanique, où les homme
342 a donc, chez les Suisses allemands notamment, et nous sommes très mélangés en Suisse romande, cette idée que la femme n’a p
343 t la force physique qui comptait, alors que, dans notre société actuelle, il est impossible qu’on vous démontre en quoi la fo
344 des Landsgemeinde — vous avez des survivances qui nous sont proches, qui sont encore mêlées à notre vie, des vieilles coutum
345 s qui nous sont proches, qui sont encore mêlées à notre vie, des vieilles coutumes germaniques. Justement la survivance de ce
346 as leur rôle ? En tous les cas, ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en
347 les cas, ça choque… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’ent
348 e… Ce que nous avons de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas culture
349 de culture, nous le devons à nos mères plus qu’à nos pères, en grande partie. Je n’entends pas culture au sens scolaire, u
350 ense que c’est spécifiquement européen, parce que notre civilisation est fondée sur cette idée de la famille, de la femme qui
351 où il y a beaucoup de femmes pour un homme. Chez nous , considérons qu’il n’y a aucune espèce de différence au point de vue
352 il n’y en a pas. Je n’en vois pas. Les seules que nous croyons voir, que nous imaginons voir, c’est à cause de ce vieux fond
353 n vois pas. Les seules que nous croyons voir, que nous imaginons voir, c’est à cause de ce vieux fond inconscient qui ressor
354 vieux fond inconscient qui ressort et qui influe nos décisions à notre insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite p
355 nscient qui ressort et qui influe nos décisions à notre insu. Autrement dit, il faudrait une bonne petite psychanalyse de la
20 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
356 ssaire et réalisable comme un élan libérateur qui nous porte à la fois vers l’universel et vers la personne. De la conclusio
357 idée de nation, je recopie ces lignes4 : Plaçons- nous sur le plan de la tradition révolutionnaire. Nous rencontrons, d’une
358 nous sur le plan de la tradition révolutionnaire. Nous rencontrons, d’une part, un mouvement vers l’universel, où l’individu
359 sens opposés, ils se complètent l’un par l’autre. Nous les séparons pour la commodité de l’exposé : mais dans le cœur du peu
360 it : Fidèles à la véritable tradition française, nous nous appuyons à la fois sur le sentiment patriotique régional et sur
361 Fidèles à la véritable tradition française, nous nous appuyons à la fois sur le sentiment patriotique régional et sur l’ind
362 la terminologie (opérées d’un commun accord dans notre groupe dès 1933), ces textes ne peuvent manquer de frapper par leur a
363 j’ai dû et dois encore aux trop brèves années de notre collaboration politique et philosophique6. 4. Ce texte a paru dans
364 emière citation) : il s’agit en réalité de ce que nous conviendrons un peu plus tard, tant à Esprit qu’à L’Ordre nouveau
365 ou collectivité inorganique. 6. Cf. le texte que nous avions préparé et signé ensemble pour le groupe de discussions philos
21 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
366 attention des responsables de la vie politique de nos pays, qu’il s’agisse de régions économiques, ethniques, écologiques o
367 onnels. Arts et lettres Toute l’histoire de nos créations est à refaire sur cette double donnée de base : — les gran
368 e adaptabilité du genre humain. Enfin, l’écologie nous oblige à poser la question des vraies fins de la cité et de ses prior
369 rable, ou un mode de vie qualitatif et conforme à nos idéaux ? Et ceci doit remettre en cause les fameuses « nécessités » d
22 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
370 ’Européens qui s’ignorent, et que la condition de notre survie, c’est de nous unir très vite dans une fédération. Or, pour mo
371 nt, et que la condition de notre survie, c’est de nous unir très vite dans une fédération. Or, pour moi, le couple est la pr
372 té. Comment espérer bâtir une communauté libre si nous commençons par rater le couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, da
373 e couple ? Car c’est un fait : dans l’amour, dans nos manières d’aimer, je trouve la racine de mondes politiques différents
374 deux, l’uniformisation. Si une certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus cap
375 e certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus capables d’aimer l’autre en tant
376 e plus capables d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus capables non plus de devenir les éléments d’une cité,
377 Je le disais en 1938, je n’ai pas changé d’avis. Nous entrons dans le mariage généralement par erreur, parce que nous somme
378 ans le mariage généralement par erreur, parce que nous sommes amoureux. Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’il
379 nt par erreur, parce que nous sommes amoureux. Et nous en tirons cette conséquence illogique qu’il faut se marier. Eh bien,
380 e l’histoire de Tristan. La passion amoureuse qui nous paraît si naturelle est en réalité exceptionnelle dans le monde, car
381 : l’Asie bouddhiste, brahmanique n’a jamais connu notre amour et elle le considère avec un étonnement mêlé d’ironie et de cra
382 c’est un fait que le mot amour, qui désigne pour nous le sentiment de la passion, n’a pris de sens dans le Languedoc du xii
383 mour-passion : et c’est de là que viennent toutes nos littératures européennes et tous les lieux communs de l’amour tel qu’
384 ante, tel qu’on l’écrit, tel qu’on le vit jusqu’à nos jours. Je pense surtout aux effets dégradés du mythe à travers les si
385 ut conduire qu’à la mort. L’amour-passion tel que nous le concevons a inspiré tous les arts en Europe, mais il ne vaut rien
386 it pas. Grâce à la littérature, la passion obsède nos rêves. Et c’est une invention spécifique de la culture européenne. Et
387 ent dépourvu de sentiments. C’est le contraire de notre littérature, qui exalte la passion au-delà de toute raison, au-delà d
388 uasi mystique s’en trouve exclue. L’amour tel que nous l’entendons depuis le xiie siècle n’a même pas de nom dans leur lang
389 dans leur langue. Ce qui se rapproche le plus de notre verbe aimer en chinois désigne la relation entre la mère et le fils.
390 Elle n’existe pas ailleurs. Mais c’est le prix de notre liberté. Mais vous, que souhaitez-vous ? Quand je pense à l’amour « p
391 n haut — Tristan — l’autre par en bas — Don Juan. Nous versons continuellement dans l’un ou dans l’autre. Tristan est l’homm
392 ns d’aujourd’hui tiennent un peu mieux compte que nous des aspects pratiques du mariage, de ce qui permet une amitié durable
393 e d’ennui, parfaitement plat et programmé. Ce qui nous menace aujourd’hui, ce n’est plus un excès d’anarchie et de tyrannie
394 on et risque bien d’évacuer aussi le sens même de nos vies et des rapports humains, mariage compris. Car s’il y a aujourd’h
395 influences païennes, hérétiques, gnostiques, qui nous ont fait croire que le « péché originel » n’est autre que la sexualit
396 exualité. Quant aux pseudo-tabous qui règnent sur nous , ce sont ceux de la bourgeoisie de l’ère victorienne, ou du clergé av
397 , qui s’opposait aux totalitarismes, mais aussi à nos démocraties capitalistes, à la société de profit que nous appelions l
398 ocraties capitalistes, à la société de profit que nous appelions le « désordre établi ». Nous ne voulions pas qu’on critique
399 profit que nous appelions le « désordre établi ». Nous ne voulions pas qu’on critique l’Allemagne et l’URSS au nom de l’espr
400 nt plus sincère, a fait revivre les problèmes que nous avions posés dans les années 1930. C’est vrai, une partie de la jeune
401 me suis senti justifié. La jeunesse a redécouvert notre question trente ans après, sans être bloquée, elle, par la guerre des
402 ar la guerre des empires totalitaires qui fermait notre horizon, et qui n’était pas notre guerre. À cette époque, toute une g
403 res qui fermait notre horizon, et qui n’était pas notre guerre. À cette époque, toute une génération s’est exprimée dans le p
404 nalisme : à l’individualisme et au collectivisme, nous opposions la personne et la communauté. C’est pour exprimer la liaiso
405 r à l’ONU. Et puis il portait les cheveux longs ! Nous avons parlé de l’union de l’Europe. Il m’a dit : « Vous êtes bien opt
406 st en Amérique qu’a germé en quelques-uns d’entre nous l’idée de combattre ce nationalisme fauteur de guerres ; et pas seule
407 ermis, donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible. Il y
408 , donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible. Il y avai
409 et, pendant quelques mois, Simone Weil. Aucun de nous n’était certain de jamais revoir l’Europe. J’écrivais deux textes par
410 ose. C’est une des lois de l’action. Je crois que nous pourrons faire l’Europe d’ici à vingt ans sur la base des régions, au
411 ve pas même au total européen. Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Sui
412 Si ces chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Suisses, ou Danois, ou Belges, do
413 es chiffres ne nous rassurent pas, c’est que nous nous sentons seulement Français, ou Suisses, ou Danois, ou Belges, donc tr
414 isses, ou Danois, ou Belges, donc trop petits. Il nous manque la conscience de former un ensemble. C’est surtout que 120 mil
415 ensemble. C’est surtout que 120 millions d’entre nous sont satellisés par l’URSS, tandis que 320 millions sont assez bien c
416 , disons pour simplifier, par le dollar. Aucun de nos pays, tous trop petits, ne pourra bientôt plus nous raconter sa petit
417 os pays, tous trop petits, ne pourra bientôt plus nous raconter sa petite histoire d’indépendance. Mais alors sur quelle bas
418 e tous à un ordre monolithique. Vous aimez ce que notre civilisation a de pluraliste ? C’est le gage de notre liberté. Cela i
419 e civilisation a de pluraliste ? C’est le gage de notre liberté. Cela implique la contestation, la discussion, et, finalement
420 lleurs, il n’y a jamais eu, avant le contact avec notre culture et nos doctrines, que des révolutions de palais, des prises d
421 jamais eu, avant le contact avec notre culture et nos doctrines, que des révolutions de palais, des prises de pouvoir par d
422 sie soviétique, dont le slogan est depuis 1925 : ‟ Nous ferons mieux que l’Amérique.” Or l’Amérique est une invention de l’Eu
423 nion : l’État-nation. Voilà l’obstacle sur lequel nous butons depuis vingt ans. Vous avez écrit : « Il faut transformer les
424 du monde actuel. C’est pourquoi, dès le début de notre action fédéraliste, nous sommes entrés en opposition avec Churchill,
425 urquoi, dès le début de notre action fédéraliste, nous sommes entrés en opposition avec Churchill, qui, lui, voulait des « É
426 ion qui se réfère, comme le disait tout récemment notre ministre des Affaires étrangères, à quelques grands principes : neutr
427 rain, en Suisse, c’est le peuple. Vous lisez dans nos journaux : « Le souverain s’est prononcé hier. » Ce n’est pas une man
428 . Pour accréditer ce modèle délirant, on a truqué nos manuels d’histoire et de géographie. Décréter pour les besoins de la
429 on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs. Il nous faut entreprendre délibérément cette révolution qui n’est pas violent
430 conomique entraînera nécessairement le politique. Nous sommes contraints de voir aujourd’hui que ce n’est pas ainsi que les
431 ns, d’une culture, des attitudes fondamentales de notre esprit. Et que l’économie n’en sera jamais que le produit. Vous reste
432 -Européens qu’il n’en naît. » Je suis certain que nous irons vers des solutions fédéralistes, régionalistes, parce qu’il n’y
433 logues ont eu l’idée d’en faire. Pas une seule de nos révolutions n’a réussi. Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier d
434 st à double tranchant. Ou bien, je vous l’ai dit, nous irons vers l’ennui collectif. Mais il me semble improbable que cet en
435 de l’esprit, une sédition de l’inconscient, dont nous percevons déjà les signes. ad. Rougemont Denis de, « [Entretien] L
23 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
436 ne théorie sur le diable ? Au xx e siècle, ce qui nous menace le plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos
437 x e siècle, ce qui nous menace le plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin !
438 c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin ! — tous de la pollution de la nature,
439 us ne tenons plus compte de lui dans nos calculs. Nous parlons — enfin ! — tous de la pollution de la nature, l’un des grand
440 ds problèmes politiques du siècle, en effet. Mais nous ne prenons pas garde aux autres pollutions, celles qui sont spirituel
441 e Baudelaire : « Le premier tour du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui nous di
442 qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui qui nous dit, comme dans L’Odyssée Ulysse au cyclope aveuglé à l’entrée de la
443 ue fait Satan ? Singeant Dieu, mais à rebours, il nous dit : « Je suis celui qui n’est pas ! ». Il est la force dépersonnali
444 l est la force dépersonnalisante de l’univers. Il nous fait croire qu’il n’y a personne, et pourquoi ? Parce que alors il n’
445 ce au tiède, qui finira dans le froid glacial. De nos jours, les forces anonymes et qui rendent tout anonyme sont en expans
446 plupart des forces déchaînées à travers le monde nous invitent à fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à re
447 invitent à fuir dans la masse, à démissionner de notre personne, à renoncer à notre vocation personnelle, à la mettre en dou
448 e, à démissionner de notre personne, à renoncer à notre vocation personnelle, à la mettre en doute, donc à céder à l’entropie
449 l’entropie physique et morale. C’est là le mal de notre siècle, le contraire absolu de ce que j’ai appelé le « personnalisme 
450 le ? L’un consiste, pendant la dernière guerre, à nous faire croire qu’il était seulement Adolf Hitler, par exemple. Déguise
451 ple. Déguisement grossier, mais habile, parce que nous étions tous prêts à y croire. Hitler, le diable ? Il y avait vraisemb
452 le est bien plus malin. Quand Hitler était devant nous , nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable tr
453 bien plus malin. Quand Hitler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaill
454 d Hitler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaillait derrière nous et e
455 ler était devant nous, nous étions en garde, nous nous battions contre lui, et le diable travaillait derrière nous et en nou
456 ons contre lui, et le diable travaillait derrière nous et en nous. Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste da
457 lui, et le diable travaillait derrière nous et en nous . Les bonnes gens s’imaginent que le diable se manifeste dans les chos
458 our qu’on ne le détecte pas ? Je disais que Satan nous fait croire, premièrement, qu’il n’existe pas, deuxièmement, qu’il es
459 u et dénoncé n’est jamais très dangereux. Lorsque nous sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est ale
460 dangereux. Lorsque nous sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est alertée. La menace véritable, c’es
461 nous sommes attaqués de front, nous faisons face, notre résistance est alertée. La menace véritable, c’est quand nous ne savo
462 nce est alertée. La menace véritable, c’est quand nous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés m
463 ace véritable, c’est quand nous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous. Car alors,
464 ous ne savons pas que nous sommes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté,
465 mmes attaqués, quand nous sommes entraînés malgré nous . Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre respons
466 and nous sommes entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnel
467 es entraînés malgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nou
468 lgré nous. Car alors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls
469 lors, nous perdons notre volonté, notre identité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls à pouvoir faire
470 dentité, notre responsabilité personnelle, ce que nous sommes seuls à pouvoir faire au monde. Le diable compte sur la lâchet
471 diable compte sur la lâcheté qui est en chacun de nous , et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — qua
472 sur la lâcheté qui est en chacun de nous, et qui nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — quand Dieu cherc
473 arbres du jardin. » L’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passio
474 n. » L’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulg
475 ccident . La passion, qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous re
476 assion, qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsabl
477 ne drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vou
478 nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vous écrit votre
479 re libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. Comment avez-vous écrit votre ouvrage, La Part d
480 barbus et les folles, ou les soldats ont dit : «  Nous n’avons fait qu’obéir ! » Les uns, à leur maître ou gourou, les autre
24 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
481 Donc, point de différence aux yeux de Littré, et nous pourrions nous en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il
482 différence aux yeux de Littré, et nous pourrions nous en tenir là, et déclarer le problème inexistant, s’il n’y avait dans
483 pages la distinction, désormais classique, entre nos deux termes. Pour Le Fur, « les deux notions de fédération et de conf
484 aux « Européens trop pressés ». Il aurait fallu, nous dit-on, six-cents ans pour mûrir la fédération suisse, et vous, vous
485 e garantir effectivement l’autonomie de chacun de nos peuples, autonomie ou « souveraineté » relative que rien ne protège a
25 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
486 ne conférence, contre les procédés de M. Pauwels. Nous lui avons demandé de témoigner, ici, de sa pensée. Dans ce texteai, L
26 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
487 e sont les formes actives de la participation que nous aurons à considérer, puisqu’en effet il s’agit ici de participation à
488 fférence à l’origine. Mais dans le vocabulaire de notre siècle, il apparaît que civisme est lié surtout à une participation a
489 estin que la nature lui imposait ont abouti, dans notre siècle, à une prise de conscience toute nouvelle du mouvement général
490 t bien le résumé de l’évolution humaine — jusqu’à nous . Ayant dépassé la nature, l’homme tente de se dépasser lui-même, mais
491 n d’un territoire délimité — dès lors sacré. Mais nous voici au seuil de l’ère électronique, dont on peut facilement imagine
492 c’est le succès même de l’effort civilisateur qui nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formule
493 de l’effort civilisateur qui nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’h
494 r qui nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’humanité, science ou ar
495 pour les autres. Ainsi mis en demeure de choisir nos options de base et nos orientations globales, nous aurons à considére
496 mis en demeure de choisir nos options de base et nos orientations globales, nous aurons à considérer non plus seulement le
497 nos options de base et nos orientations globales, nous aurons à considérer non plus seulement les contraintes existantes et
498 aient, mais aussi et surtout les buts ultimes que nous visons. Car toute politique implique une idée de l’homme, et par suit
499 rales, propres ou non à la participation civique. Nous voici donc soumis à l’impératif nouveau de la prévision responsable,
500 la question qui se pose alors, c’est de savoir si nous sommes préparés à répondre à ce défi sans précédent. Je vais avouer d
501 ion de l’ère des devins à celle des savants ». On nous dit aussi (mais je m’assure que ce ne sont pas les auteurs qui ont éc
502 e ». Sur quoi je lis l’ouvrage et je constate que nos savants (d’ailleurs honnêtes et scrupuleux) sont en fait des devins,
503 onymes, impersonnels, voire non humains. Or, dans nos études du futur (et surtout s’agissant de participation, qui relève d
504 libre action de l’homme au service de ses fins), nous devrions idéalement être à la fois objectifs et normatifs — plus obje
505 particulier d’une dialectique de l’information ? Nous verrons tout à l’heure que la prospective (ou futurologie, ou prévisi
506 geois ou marxiste récusant l’analyse jungienne de notre culture et des rêves qui nourrissent nos recherches, se prive d’une d
507 nne de notre culture et des rêves qui nourrissent nos recherches, se prive d’une des meilleures techniques de prévision de
508 e d’une des meilleures techniques de prévision de notre avenir et de ses « surprises ». L’humanité n’invente pas n’importe qu
509 orte quoi, ni rien d’entièrement imprévu ; toutes nos grandes ou petites inventions dans tous les ordres sont nées de rêves
510 lonies, etc.) détient sûrement plus de secrets de notre avenir à déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’en pourrait chiffrer
511 ecrets de notre avenir à déchiffrer, qu’aucune de nos sciences n’en pourrait chiffrer. 4. Ceux qui prévoient l’an 2000 n
512 sure même où c’est « matériellement exact » : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’es
513 même où c’est « matériellement exact » : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’est en
514  : car nous nous y voyons en imagination tels que nous sommes aujourd’hui et c’est en tant que tels que nous jugeons « insup
515 sommes aujourd’hui et c’est en tant que tels que nous jugeons « insupportable » ou « merveilleuse » la situation anticipée 
516 icipée : mais ceux qui la vivront — même si c’est nous encore, — seront différents : ils la supporteront très bien, ou seron
517 de la nature de cet avenir, au fur et à mesure de notre avance vers lui, va modifier l’action des hommes en qui elle s’opérer
518 ir modifié, etc. — et tout cela d’une manière que nous ne pourrions prévoir qu’aux conditions suivantes : — si nous pouvions
519 rrions prévoir qu’aux conditions suivantes : — si nous pouvions sentir l’avenir aujourd’hui comme nous le sentirons quand il
520 i nous pouvions sentir l’avenir aujourd’hui comme nous le sentirons quand il sera présent ; — si l’évolution même de nos man
521 quand il sera présent ; — si l’évolution même de nos manières de pressentir l’avenir ne le modifiait pas en cours de route
522 enir ne le modifiait pas en cours de route, ou si nous pouvions évaluer ces modifications ; — bref, si nous étions en mesure
523 s pouvions évaluer ces modifications ; — bref, si nous étions en mesure de prévoir à la fois l’avenir, nous-mêmes en lui, se
524 l’avenir, nous-mêmes en lui, ses modifications et nos modifications en variables conjuguées ; ou encore : les influences ré
525 gigantisme : multiplier toutes les dimensions de nos escaliers par dix les rendrait impraticables sans échelles. En revanc
526 ésé par un autre invariant humain, l’égoïsme, qui nous rend insensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins p
527 e, qui nous rend insensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins par agressions directes dans les villes : br
528 nsensibles aux désagréments que nous infligeons à nos voisins par agressions directes dans les villes : bruits, fumées, ode
529 t par suite à la permanence de leurs différences. Nous aurons à revenir sur la relation nécessaire entre le pluralisme des i
530 de la voix d’un homme criant sur l’agora. Jusqu’à nos jours, en toutes provinces européennes, de Grenade à Riga, d’Édimbour
531 uquel l’époque absolutiste a déjà substitué, dans nos capitales, des espaces géométriques socialement stériles, voués aux s
532 faire une caste. Le jeu des alternatives Nos termes de base ainsi définis, les invariants et les variables princip
533 iants et les variables principales repérés, il ne nous reste qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de p
534 te qu’à tenter quelques coups simples du jeu dont nous venons de poser les règles. Étant bien entendu qu’il ne s’agit encore
535 I. L’Europe divisée Dans le premier terme de notre alternative, l’Europe, autour de l’an 2000, est restée — ou est reven
536 risation civique de l’Europe paraît inévitable si nos États-nations persistent à refuser toute forme d’union fédérale et de
537 ans toute image plus réaliste (plus probable) que nous tenterons de composer. 2. L’Europe fédérée Si, au contraire — c
538 Si, au contraire — c’est le deuxième terme de notre alternative — l’Europe a réussi à s’unir, c’est-à-dire à dépasser le
539 n européenne peut y prétendre. Ce second terme de notre alternative linéaire conduit à une nouvelle bifurcation possible : l’
540 nformation adéquate. Un schéma de la coaction de nos facteurs en vue d’une participation civique et politique optimale s’a
541 nc devant la liberté elle-même. Un jeu parfait de notre modèle n’est pas souhaitable, car il rendrait la participation inévit
542 et discordances (éventuellement) créatrices Si nous regardons de plus près les conditions concrètes puis morales de la pa
543 ve ou risques personnels) comme fin de la cité —, nous découvrons en chacune d’elles des motifs intrinsèques de conflits ren
544 tes positives. Toute participation civique exige, nous l’avons vu, des conditions précises, dont nulle n’est suffisante, mai
545 é d’inadaptation. Reprenons ces sept points, dont nous avons indiqué les coordonnées dans le monde grec de la polis, en essa
546 e : au lieu des libres et des serfs du Moyen Âge, nous avons les initiés librement critiques et créateurs d’une part, et d’a
547 gions et des associations sans base territoriale. Nous avons vu plus haut que les régions économiques, écologiques, sociocul
548 gagement civique Participer suppose agir. Or «  nous sommes en train de devenir une race de spectateurs et non plus d’homm
549 gir sur la cité (même sans être là, physiquement, nous venons de le voir) et d’agir en connaissance de cause : information i
550 ils n’ont qu’assisté en faisant un peu de bruit. Nous retrouvons ici l’idée des deux classes — les actifs et les passifs —
551 deux classes — les actifs et les passifs — à quoi nous conduisaient nos précédentes analyses. La démocratie semble avoir tou
552 actifs et les passifs — à quoi nous conduisaient nos précédentes analyses. La démocratie semble avoir toutes les chances d
553 un des paradoxes de l’ère actuelle tient à ce que nos possibilités de déplacement s’accroissent en même temps que les néces
554 ment présent par d’autres moyens. L’obligation de nous déplacer dépend principalement de la courte portée de nos sens (touch
555 acer dépend principalement de la courte portée de nos sens (toucher, ouïe, vue). Mais si cette portée se trouve allongée ma
556 liers de kilomètres, comme c’est le cas déjà pour notre voix et notre vue, — quelle différence ? Serons-nous moins « présents
557 ètres, comme c’est le cas déjà pour notre voix et notre vue, — quelle différence ? Serons-nous moins « présents » à 5000 kilo
558 e voix et notre vue, — quelle différence ? Serons- nous moins « présents » à 5000 kilomètres en vidéophone que dans l’échange
559 bles et chiffrables de l’homme. Un x ou un y dont nous n’avons encore aucune idée et qui intervient — peut-être — dans les r
560 ttaches au sol » et des « liens charnels » ; mais nous ne savons pas encore quoi. Notons ici que l’expression « contact phys
561 ns de l’an 2000 (si ce sont les seconds termes de notre série d’alternatives qui se réalisent d’ici là), les occasions de par
562 amènent à celle-ci, et qu’en fin de compte ce que nous appelons aujourd’hui l’écologie, art et science des équilibres vivant
563 pas la vapeur d’ici à dix ans : c’est tout ce que nous accordent certains écologistes américains. Si c’est au bénéfice d’une
564 litiques écologiques régionales et continentales, nos grappes d’hypothèses (ou écosystèmes) de participation gardent tout l
565 e, d’ici l’an 2000, bien d’autres surgiront, dont nous n’avons aucune idée. Kierkegaard et Nietzsche ont créé, au xixe sièc
566 absolument le tolérer car c’est lui qui empêchera nos systèmes, quels qu’ils soient, de devenir totalitaires, c’est-à-dire
567 etzsche. Il vivra dans la frange effervescente de notre société occidentale, avec les objecteurs sociaux et politiques. Il au
27 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
568 es sociaux, biologiques et physiques qu’annoncent nos prospectives unanimes en sauvant du même coup la nature ? N’y a-t-il
569 dement (qui est en fin de compte la rentabilité), nous pouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de techniq
570 en fin de compte la rentabilité), nous pouvons et nous devons opposer aujourd’hui un type d’homme de technique et de science
571 e pour la science autant que pour la société. Car notre science est née de la culture, et doit sans cesse s’y replonger pour
572 t doit sans cesse s’y replonger pour mieux créer. Notre technique est née des « folles » spéculations de moines, de mages, de
573 orsque Apollonius de Pergé, au iiie siècle avant notre ère, découvrit la section conique, c’était objet de pure spéculation,
574 née d’un beau hasard spéculatif ou mécanique. Si nous voulons relever le grand défi du xxe siècle finissant, il faut que d
575 la nature et de la culture qui dominera la fin de notre siècle. w. Rougemont Denis de, « L’ingénieur dans la cité », Broch
28 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
576 lle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant
577 is une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transp
578 ombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autre
579 et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
580 éant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où
581 à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons- nous descendre, et sur quel continent, de l’autre côté des nuages ? Un pay
582 nudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie.
583 orêts de la Lotharingie. Regardons de plus près : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des
584 -cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon notre Constitution) et quoi de commun ? Essayons de le voir des airs, tandi
585 commun ? Essayons de le voir des airs, tandis que nous descendons vers mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du ve
586 ors translucides. Mais tout ce qui est proche sur nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf pendant la nuit, l
587 tré, revêtu d’innocence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne
588 ence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne les pénètre. Cette
589 ion paysanne représente moins de six pour cent de nos six millions d’habitants. Étrange anachronisme de la photographie : v
590 jadis se fût abrité un couvent. Seuls les arbres nous cachent encore la ville unique, sa présence partout imminente. Ce qui
591 ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’agora des anciens Grecs et du forum de la
29 1972, Articles divers (1970-1973). Au centre du monde, Lavaux (1972)
592 es autos figurent l’emblème du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce à elles, l’homme des villes a retrouvé le contact
593 re et patine à la fois. Pour garder le Lavaux que nous aimons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver
594 e sont nullement ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui fon
30 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
595 Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)an Les trois urgences Lorsque se réunit le
596 deux guerres mondiales déclenchées par le choc de nos nationalismes étatisés. À cette urgence définie en termes de contre-p
597 tions » expliquent la montée soudaine, à laquelle nous assistons, d’une urgence tout à fait différente, définie cette fois-c
598 nière largement irréversible, par les mesures que nous prendrons dès aujourd’hui et dans les dix ou quinze années qui vienne
599 nt Il est clair, en effet, que les maisons que nous bâtissons, les plans d’urbanisme que nous décidons ou négligeons de d
600 ons que nous bâtissons, les plans d’urbanisme que nous décidons ou négligeons de décider, les centaines de milliers d’hectar
601 décider, les centaines de milliers d’hectares que nous bétonnons dans le monde entier (supermarchés, parkings, autoroutes, a
602 béton, il faudrait des millions d’années. Ce que nous faisons aujourd’hui engage ou compromet irrévocablement — mais aussi
603 hui de dix à vingt ans, et qui sont les élèves de nos écoles, soit par une commission américaine (selon la prévision de Val
604 L’École devenue obligatoire dans la plupart de nos pays, vers les années 1880, prépare des nationalistes. Elle présente
605 de société humaine. Et du même coup, elle tend à nous faire croire que cet État-nation a toujours existé, telles une Idée p
606 nt, une véritable mutation de l’enseignement. Car nos États sont gouvernés aujourd’hui par les manuels qui ont formé nos ch
607 uvernés aujourd’hui par les manuels qui ont formé nos chefs d’État. L’un d’entre eux répétait dans ses discours — répercuté
608 L’an 2000 se joue aujourd’hui dans les leçons de nos écoles secondaires. Si l’École a fait le mal nationaliste en alignant
609 enir le remède. Partant de cette grande évidence, nous nous posions dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos école
610 le remède. Partant de cette grande évidence, nous nous posions dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos écoles à l
611 ns dès 1958 la question suivante : comment ouvrir nos écoles à l’Europe, en sorte qu’elles préparent désormais non plus de
612 s mais concrètes à leur commune, à leur région, à notre Europe, et à l’Humanité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961,
613 ité dans son ensemble ? Dès le printemps de 1961, nous arrêtions les grandes lignes d’un programme aussi simple qu’ambitieux
614 e en formant aujourd’hui les Européens de demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence par l’organisatio
615 i les Européens de demain. Nous expliquions ainsi nos objectifs : L’Europe commence par l’organisation : Conseil de l’Europ
616 lle a fait des citoyens pour la nation seulement. Nous avons payé cela par les deux guerres mondiales. Pourquoi ne ferait-el
617 une proportion très importante des élèves de tous nos pays. Premiers résultats Comment mesurer et certifier les résul
618 dire dans quelle mesure exacte les enseignants de nos pays ont été réellement touchés par la Campagne, c’est-à-dire ont ori
619 D’autre part, on peut citer quelques résultats de nos stages, destinés à faire entrer l’éducation européenne dans les progr
620 fforts d’autant plus grande, voire excessive pour notre petit staff, que les appuis financiers nous ont été plus chichement m
621 pour notre petit staff, que les appuis financiers nous ont été plus chichement mesurés, comme on sait qu’il est de règle dan
622 nt mesurés, comme on sait qu’il est de règle dans notre société « européenne » par antiphrase — en réalité nationale-matérial
623 tiré le maximum de conséquences constructives de nos stages et de notre documentation, et l’avaient répercuté sur leurs co
624 de conséquences constructives de nos stages et de notre documentation, et l’avaient répercuté sur leurs collègues et leurs él
625 s moyens matériels (et par suite personnels) dont nous disposons actuellement si l’on veut centupler l’impact nécessaire sur
626 e, professionnelle et personnelle. Ce ne sont pas nos États qui feront l’Europe, n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu
627 cologique, ou de l’utilité des catastrophes On nous dit que les esprits ne sont pas mûrs pour l’union des Européens. Quan
628 t disons le mot, la révolutionner ? Le salut peut nous venir du danger qui menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui
629 t nous venir du danger qui menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui, la vie globale de l’humanité. Les catastrophes
630 iologiques et dynamiques, va désormais déterminer nos choix, et toutes nos options politiques, au sens de stratégie de l’hu
631 ues, va désormais déterminer nos choix, et toutes nos options politiques, au sens de stratégie de l’humanité. Qu’il me suff
632 phrase-image pour résumer toute la révolution que nous appelons, qui n’est ni de gauche ni de droite, qui n’oppose au profit
633 ont Denis de, « Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, p. 1-4.
31 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
634 est-à-dire les revues du mouvement personnaliste. Nous parlions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine,
635 ement personnaliste. Nous parlions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d’entre
636 ions déjà d’Europe. Nous avions déjà établi toute notre doctrine, commune à la plupart d’entre nous. Avec différentes nuances
637 oute notre doctrine, commune à la plupart d’entre nous . Avec différentes nuances, naturellement, les uns étant catholiques,
638 étant catholiques, les autres nietzschéens. Mais, nous arrivions à nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit
639 , les autres nietzschéens. Mais, nous arrivions à nous entendre. Qui étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit , il y avait Emm
640 le était votre définition de la personne ? Ce que nous appelions personne, c’est l’homme à la fois libre et responsable. Ce
641 u isolé. Ce n’était pas le soldat politique qu’on nous montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomisation
642 e qu’on nous montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomisation de la société capitaliste ; nous étions c
643 contre l’atomisation de la société capitaliste ; nous étions contre la collectivisation de la société, fasciste ou stalinie
644 ivisation de la société, fasciste ou stalinienne. Nous étions pour une troisième voie, qui était celle de la personne, des p
645 es personnes se manifestant dans des communautés. Nous opposions au dilemme individu isolé et irresponsable/collectivité où
646 entre l’individu et la personne. Sur cette base, nous faisions une traduction immédiate sur le plan politique de ce personn
647 parler de fédéralisme et de régions ? Absolument. Nous parlions de régions dans un sens opposé à celui des régionalistes réa
648 stes réactionnaires ou nationalistes locaux. Pour nous , la région était un des degrés de communauté dans lequel la personne
649 our former une fédération mondiale. Enfin, ce qui nous importait, c’était la création de régions, dans lesquelles la personn
650 à la fois libre et responsable, deux qualités que nous ne pouvions séparer. Sur cette base de fédéralisme et de personnalism
651 ur cette base de fédéralisme et de personnalisme, nous en sommes venus, les uns à faire des études plus spécialement économi
652 le fédéralisme. Et à transposer une fois de plus notre doctrine personnaliste en termes politiques, ce qui donnait le fédéra
653 ui avait été mise en musique par Arthur Honegger. Nous en avions tiré un oratorio16. La guerre m’a surpris là-bas et j’y sui
654 e manière fédéraliste, c’est-à-dire en appliquant notre doctrine, en partant des communes, des entreprises, des régions. C’es
655 édéralistes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchi
656 listes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1948, sous la présidence de Churchill. C
657 es « forces vives de toutes les nations ». Et là, nous avons été frustrés dès la réalisation de notre première ambition. Pui
658 là, nous avons été frustrés dès la réalisation de notre première ambition. Puisqu’il s’est avéré que le Conseil de l’Europe n
659 le Conseil de l’Europe n’était pas du tout ce que nous voulions, n’était pas du tout la représentation des « forces vives de
660 s du tout la représentation des « forces vives de nos nations ». Il était uniquement formé de délégués des parlements et ét
661 dait une très grande importance ? Exactement. Or, nous autres, fédéralistes, nous pensions pouvoir faire un bout de chemin a
662 ance ? Exactement. Or, nous autres, fédéralistes, nous pensions pouvoir faire un bout de chemin avec des gens comme Churchil
663 énorme popularité pour lancer l’idée de l’Europe. Nous avons, si je puis dire, été « refaits ». Parce que loin de faire une
664 urs régions selon les fonctions, car c’est ce que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de
665 onctions, car c’est ce que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de réalités différentes. L
666 e que nous faisons tous dans notre vie actuelle ; nous relevons tous d’un tas de réalités différentes. L’utopie, c’est ce qu
667 e l’Italie. Cet ensemble ne correspond à aucun de nos États-nations actuels. D’autre part, je suis protestant. Voilà un aut
668 fférentes. Donc, rien n’est plus simple. Au fond, nous vivons dans ce que j’appelle la pluralité des allégeances. L’utopie,
669 e de vouloir dépasser ce stade. Or, l’État-nation nous empêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, no
670 État-nation nous empêche de faire l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que no
671 l’Europe. Et il nous faut faire l’Europe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par l’économie amé
672 pe ; sinon, nous serons colonisés un peu plus que nous ne le sommes par l’économie américaine et nous risquons d’être coloni
673 ue nous ne le sommes par l’économie américaine et nous risquons d’être colonisés par la politique russe. Vous comparez la ré
674 autonomies locales. Voilà au nom de quelle pensée nous arriverons à faire l’Europe. Le sentiment religieux joue un très gran
675 ion publique, on sait qu’il n’en est rien. Et que nous touchons partout des limites. Les ressources naturelles ne sont pas i
676 s ans, et dont tout le monde parle, heureusement, nous oblige à avoir une politique. C’est-à-dire avoir des finalités pour l
677 e. Il y a aujourd’hui un sérieux coup d’arrêt qui nous oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette for
678 un sérieux coup d’arrêt qui nous oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cette formule paradoxale : con
679 mule paradoxale : contraints de choisir librement nos finalités. Et pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité, n
680 la première fois, dans l’histoire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. E
681 ire de l’humanité, nous en avons les moyens. Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. Et nous sommes d’ailleurs en tra
682 Mais nous avons aussi les moyens de tout tuer. Et nous sommes d’ailleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes à cette
683 ous sommes d’ailleurs en train de le faire. Donc, nous en sommes à cette charnière. Voulons-nous la puissance collective, la
684 . Donc, nous en sommes à cette charnière. Voulons- nous la puissance collective, la puissance des États ou voulons-nous la li
685 nce collective, la puissance des États ou voulons- nous la liberté des personnes ? Suivant le choix que chacun doit faire lib
686 un doit faire librement, tout le reste change. Si nous choisissons la liberté, l’épanouissement des personnes, alors nous ch
687 la liberté, l’épanouissement des personnes, alors nous choisissons un certain état d’équilibre. Par ailleurs, nous sommes fo
688 issons un certain état d’équilibre. Par ailleurs, nous sommes forcés de renoncer à la forme État-nation et aux soi-disant éc
689 ? C’est une idiotie ! C’est indéfendable. Et tous nos ministres travaillent sur cette idiotie. Vous ne semblez guère appréc
32 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
690 lle au monde ! Puis une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant
691 is une ombre innombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transp
692 ombrable vient à notre rencontre, nous entoure et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autre
693 et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite
694 éant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en orbite à la poursuite d’une aube de la Terre. Où
695 à la poursuite d’une aube de la Terre. Où allons- nous descendre, et sur quel continent, de l’autre côté des nuages ? Un pay
696 nudés et brûlés, rocailleux ou glaciaires. Devant nous s’étend l’Europe verte, fleuves, champs et forêts de la Lotharingie.
697 orêts de la Lotharingie. Regardons de plus près : nous descendons au cœur de cette Europe la plus européenne. Même après des
698 -cinq Suisses, vingt-cinq États souverains (selon notre Constitution) et quoi de commun ? Essayons de le voir des airs, tandi
699 commun ? Essayons de le voir des airs, tandis que nous descendons vers mon pays natal. Un certain éclat, des couleurs, du ve
700 ors translucides. Mais tout ce qui est proche sur nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf pendant la nuit, l
701 tré, revêtu d’innocence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne
702 ence. Ensuite, un air paysan : nos bourgs et même nos villes ont l’air « à la campagne », et la campagne les pénètre. Cette
703 ion paysanne représente moins de six pour cent de nos six millions d’habitants. Étrange anachronisme de la photographie : s
704 jadis se fût abrité un couvent. Seuls les arbres nous cachent encore la ville unique, sa présence partout imminente. Ce qui
705 ou communauté d’hommes libres, a repris dans tous nos pays européens le rôle de l’« agora » des anciens Grecs et du « forum
33 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
706 les plus récentes sur le cerveau. À la naissance, notre cerveau est programmé par le code génétique des chromosomes. Mais au
707 oute possible par la date même de la formation de nos nations : seules la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne peuvent s
708 urs, est dix fois, ou cent fois plus ancienne que nos divisions nationales. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? », dit l’Europe
709 es naturelles » (le Rhin sépare, le Rhône unit…). Nos « précieuses diversités » ne sont pas du tout nationales. Elles divis
710 pas du tout nationales. Elles divisent et animent nos nations sans le moindre rapport, sauf par hasard, avec le tracé des f
711 s continentales, est la culture européenne. Voilà notre unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionn
712 culture européenne. Voilà notre unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde
713 e unité de base. Et nos diversités sont celles de nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde, de nos doctrines et idéologi
714 e nos écoles traditionnelles ou d’avant-garde, de nos doctrines et idéologies de droite et de gauche, de nos confessions re
715 octrines et idéologies de droite et de gauche, de nos confessions religieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos
716 , de nos confessions religieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes.
717 gieuses ou athéistes, de nos couleurs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes. Tout le reste est rhétor
718 urs locales, de nos générations, et finalement de nos personnes. Tout le reste est rhétorique ministérielle, clichés journa
719 c’est fonder l’équilibre vivant et l’harmonie de nos vies publiques et privées sur la permanente critique — étymologiqueme
720  : mise en crise — des réalités antinomiques dont nous vivons selon le mode européen : l’Un et le Divers, le Transcendant et
721 l’initiation (alpha et oméga des cultures jusqu’à nous ) et seule elle a couru le risque de promouvoir l’originalité de la pe
34 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
722 avec la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologi
723 raduire cette belle définition dans les termes de notre sujet, et cela donne à peu près ceci : « Les restitutions de Tristan
724 égende primitive et ses expressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse
725 xpressions dérivées dans nos littératures et dans nos vies. De plus, elles donnent de la justesse dans le style de nos émot
726 us, elles donnent de la justesse dans le style de nos émotions. » À mon sens, en effet, les textes primitifs de la légende
727 ’une manière imagée, symbolique, une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, qui a bien
728 une structure de notre existence. Mais non pas de notre existence intellectuelle, qui a bien d’autres manières de s’exprimer,
729 mme la logique et la mathématique ; et non pas de notre existence physique ou animale, car celle-là échappe au discours, s’ex
730 mythe qu’il doit, depuis le xiie siècle, et dans nos sociétés occidentales, son pouvoir à jamais contagieux. Cela posé, co
731 re. Ce que le mythe de Tristan élève ainsi devant nos yeux, ce qu’il illustre en sa simplicité majestueuse, c’est l’intensi
732 ient, et survolant les irritantes vicissitudes de notre incarnation présente. C’est l’amour de l’Amour, plus que de l’être ai
733  », s’écrie un troubadour tardif, contemporain de nos légendes tristaniennes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
734 u mythe, il est perdant. ⁂ À ce premier aspect de notre légende : l’amour-passion triomphant du mariage, c’est-à-dire de l’am
735 . Retracer leur évolution du xiie siècle jusqu’à nos jours, comme j’ai tenté de le faire jadis, serait hélas illustrer la
736 aussi transfigurante. L’histoire du mythe, dans nos mœurs et coutumes, ne serait-elle que l’histoire d’une longue profana
737 ser que les pouvoirs du mythe sont épuisés et que nous serons peut-être les derniers à subir son « tourment délicieux », sel
738 entre le corps et l’intellect seuls cultivés par notre civilisation ? L’hygiène, la technique et la science, et une dose de
739 t Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en sommes aujourd’hui, dès lors que le mariage n’est plus un lien sac
740 es propres fondements. La passion se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le rom
741 on se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils savent bien que le roman véritable n’est jamais qu’un
742 ui tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
743 er, c’en sera fait de la passion. Que deviendront nos romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regard pseudo-scientifique
744 la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que notre culture tend à les supprimer, il reste un obstacle suprême, celui-là
745 stacles sociaux, coutumiers ou sacrés, ont cédé à nos sciences, ou c’est tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que no
746 t tout comme. Qu’en est-il du dernier barrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour mêm
747 arrage que notre condition d’êtres finis oppose à notre amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, i
748 la plus irrémédiable est dans la mort, et toutes nos sciences, ici, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion
749 vage magique, les amants légendaires sont entrés, nous disent-ils, dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldr
750 zon du nouveau jour qui révélera le sens caché de nos « apparences actuelles », le jour de l’Ange. Cet horizon de la mort e
751 retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien notre mythe. L’événement majeur, la scène capitale du drame de la personne
752 l’ancien Iran ne détient pas le secret dernier de notre mythe. La tradition chrétienne de l’amour du prochain ne s’en trouver
753 de la nostalgie. Mais alors l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce
754 lle technique et nulle science de l’homme ne peut nous être ici d’aucun secours. Il faut aimer pour le comprendre, et rappor
755 er l’amour à ses fins spirituelles. Le mythe peut nous y aider, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affe
756 er, c’est bien là sa fonction, qui est d’orienter notre vie affective, de lui offrir un modèle simple et pur, une grande imag
757 image ordonnatrice de la passion. En restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa grandeur première et drue
758 ans sa grandeur première et drue, les philologues nous ont mis au défi d’apporter un peu plus de justesse dans le style de n
759 apporter un peu plus de justesse dans le style de nos émotions. Et ce n’est pas seulement de la littérature qu’ils ont bien
760 nglo-normand » comme son modèle principal. Ce qui nous vaut une langue riche et fort habilement ravalée sans pédanterie, et
761 ons sont dans la tradition de tous les textes que nous tenons pour les « originaux » de la légende, et qui, en fait, n’étaie
762 polémiques, de modèles plus anciens, perdus pour nous . Bédier et Mary, comme Wagner, sont des auteurs de Tristan, à peu prè
763 (Amors par force vos demeiné) — un seul vers qui nous jette au cœur du Mythe et qui demeure, à tout jamais, la plus poignan
35 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
764 ’unité », disait Claudel), et par suite de ruiner nos possibilités de communication, de langage commun, de commune mesure,
765 langage commun, de commune mesure, fondements de notre société. Nos universités devenaient autant de tours de Babel : leurs
766 , de commune mesure, fondements de notre société. Nos universités devenaient autant de tours de Babel : leurs finalités s’é
767 rgons spécialisés. Le simple besoin de comprendre notre monde, nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire
768 isés. Le simple besoin de comprendre notre monde, nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire à l’idée d
769 nos actions et les produits de la pensée, devait nous conduire à l’idée d’interdisciplinarité. Qui veut dire quoi ? Beaucou
770 is à décrire ne pouvait être saisie par aucune de nos disciplines universitaires (études romanes, arabes et celtiques, psyc
771 De même, s’agissant des régions, sujet actuel de nos groupes de recherches. La notion de régions fonctionnelles à base ter
772 jets qui la pratiquent, enseignants et étudiants. Nous partons chacun de sa ou de ses disciplines, vers un même but. Nous so
773 un de sa ou de ses disciplines, vers un même but. Nous sommes en convergence, pas encore en symbiose, mais elle est potentie
774 ielle. Quelles sont vos chances de l’actualiser ? Notre taille, Dieu merci minuscule ! Elle seule permet la coexistence quoti
36 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
775 tié du xxe siècle : à la croissance si rapide de nos sociétés nationales, à leur excessive distension, répondent, quasi mé
776 bilisations. Or cet État-nation, sacro-saint pour nos pères et les manuels de notre enfance, se voit mis en accusation par
777 ion, sacro-saint pour nos pères et les manuels de notre enfance, se voit mis en accusation par les mouvements de la Résistanc
778 on par les mouvements de la Résistance, dans tous nos pays, qui proclament, vers la fin de la dernière guerre, la nécessité
779 culte de l’État-nation non seulement la cause de nos guerres, mais l’obstacle majeur à l’union du continent, qui est le se
780 est le seul moyen d’échapper à la colonisation de nos pays par l’appareil soviétique ou par l’économie et les mœurs américa
781 uer un rôle réel à l’échelle planétaire. Aucun de nos vingt-huit États européens ne peut plus assurer seul sa défense milit
782 nique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans réunis par les Pyr
783 a langue d’oc et la langue d’oïl, ancêtre de tous nos patois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient
784 atois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de Genèv
785 implement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur mérite, c’est-à-dire leur nature et leur conte
786 ns Quant aux perspectives du régionalisme dans notre avenir prochain, j’imagine quelques solutions qu’il va s’agir de réal
787 monie économique à l’Ouest ? La réponse dépend de nous , non des astres. S’il est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que nou
788 S’il est vrai, comme je l’ai toujours pensé, que nous n’avons pas à prévoir notre histoire, mais à la faire. aw. Rougem
789 ai toujours pensé, que nous n’avons pas à prévoir notre histoire, mais à la faire. aw. Rougemont Denis de, « De Genève à
790 bre des grands écrivains et essayistes suisses de notre temps. Ses écrits portent principalement sur les problèmes européens
37 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
791 interdire la vie communautaire — c’est le cas de nos villes — ou au contraire la favoriser, l’aménager. Encore faudrait-il
792 e disait un jour au Central, à Lausanne : « Entre nous , nous sommes fédéralistes, je veux bien dire séparatistes » (parlant
793 it un jour au Central, à Lausanne : « Entre nous, nous sommes fédéralistes, je veux bien dire séparatistes » (parlant de Ber
794 et de l’expression « propriété socialisée ». Pour nous y préparer, lisons Proudhon, que l’on trouve aujourd’hui en livre de
38 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
795 e culture (juillet-août 1973)bb D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
796 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. Spinoza : Éthique Finalité de l’Europe unie : l
797 ars de ce qui me paraît une évidence majeure : il nous faut « faire l’Europe » afin de rester nous-mêmes, disons, pour aller
798 Est européen —, d’autre part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par certains groupes industriels
799 re part à la colonisation de notre économie et de nos coutumes sociales par certains groupes industriels des États-Unis. De
800 la culture — l’École, la presse, les livres — qui nous fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de maîtres
801 l’Irlande 50, l’Islande 28, et Malte 11. L’École nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à
802 et Malte 11. L’École nous a raconté que chacun de nos États-nations correspond à une langue, à une ethnie, à un ensemble à
803 aphique, défini par des frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa
804 des frontières naturelles. Et nous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses f
805 ous l’avons cru ! Nous croyons donc que chacun de nos États-nations a sa langue et que ses frontières coïncident avec elle.
806 angue et que ses frontières coïncident avec elle. Nous croyons que les Européens sont trop différents les uns des autres pou
807 ant la formation, récente on vient de le voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désignait au Moyen Âge, dans un
808 catalane, nation castillane, c’était un peu comme nos pavillons nationaux dans une cité universitaire, rien de plus. Mais à
809 d’un même État. D’ailleurs, il n’est pas vrai que nos stato-nations modernes correspondent à l’aire de diffusion d’une lang
810 y a l’affaire des frontières naturelles, chères à nos maîtres. Cette notion a son origine sous Louis XIV, dans les guerres
811 service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mais que
812 othard, au cœur des Alpes. Non, les frontières de nos États n’ont jamais été « naturelles ». Elles sont accidentelles et ar
813 comme les conflits armés dont elles figurent sur nos atlas les cicatrices. Elles sont encore, disait le professeur françai
814 stoire ». Unité de la culture européenne En nous présentant l’Europe comme un puzzle de nations en teintes pâles, et l
815 ales » bien distinctes et rivales, les manuels de notre enfance non seulement se trouvaient justifier les pires chauvinismes,
816 Europe a failli périr, mais encore ils faussaient notre vision de l’histoire et le sens même de la vie de l’esprit. La vérité
817 sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est foncièrement un
818 qu’on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est foncièrement une, et que cette unité de base permet seule
819 « les prophètes d’Israël » qui ont « déposé dans notre esprit cette soif révolutionnaire de la justice qui distingue sociale
820 distingue socialement l’Occident ». La vérité que nous cachent les façades des États-nations, c’est que l’Europe est d’abord
821 ard, à un moindre degré, arabes puis slaves — qui nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision
822 us affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés
823 bles, et qui ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grand
824 vision du réel, que nous le sachions ou non, que nous soyons cultivés ou non. Toutes les grandes écoles d’art, d’architectu
825 t qui a marqué les élites intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. L’évolution de l
826 es de tous nos pays, puis, à travers elles, formé nos sensibilités. L’évolution de la musique, de la mystique, de la peintu
827 peu de choses près les mêmes voies au travers de notre continent : de l’Italie à la Flandre et retour, par la Rhénanie et la
828 e glorieuse indifférence deux bonnes douzaines de nos frontières actuelles. Elles relient des cités, des foyers de création
829 ndes écoles d’art et de pensée : c’est l’unité de notre culture commune. Mais qu’en est-il de ses diversités tant vantées, et
830 que ces « précieuses diversités » sont celles de nos nations ? Je propose là-dessus deux observations faciles à vérifier.
831 s deux observations faciles à vérifier. Chacun de nos pays a un nord et un midi, dans chacun l’on trouvera des croyants et
832 propre nation ; et ainsi de suite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la plu
833 . Ce ne sont pas nos appartenances nationales qui nous diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée et des
834 de vie qu’on retrouve à divers degrés dans toutes nos nations. Supprimons les frontières nationales, nous n’appauvrirons en
835 os nations. Supprimons les frontières nationales, nous n’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et nous ne risquerons
836 ’appauvrirons en rien l’Europe une et diverse, et nous ne risquerons pas un instant de créer ce fameux volapük que dénonçait
837 annis. Le grand secret de la vitalité inégalée de notre culture européenne, il est dans cette interaction perpétuelle des gra
838 continentale à partir des régions L’Europe que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne ser
839 e que nous devons vouloir et qui est la seule que nous puissions espérer, ne sera jamais un laborieux et problématique échaf
840 s toutes les réalités hétéroclites sur lesquelles nos États essaient encore de régner. Définies par les réalités et non plu
841 u serait Napoléon, Hitler, ou n’importe lequel de nos États-nations s’il pouvait aller jusqu’au bout de ses ambitions monop
39 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
842 e suis membre du conseil dans la même université. Nous nous retrouvons chacun de l’autre côté de la barrière. Plus de juges,
843 s membre du conseil dans la même université. Nous nous retrouvons chacun de l’autre côté de la barrière. Plus de juges, plus
40 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
844 ais nul ne sait ce qu’elle signifie. Les régions, nous dit-on, doivent être de « taille européenne ». Quelle est cette taill
845 is, finissons-en avec ces questions de taille. Il nous faut des régions de toutes grandeurs, selon les dimensions de leurs p
846 A-t-on jamais exigé une « taille européenne » de nos États-nations ? Du Luxembourg et de la France, lequel des deux États
847 ela n’est pas contradictoire avec la tendance qui nous porte à la fédération du continent. Car seules les petites unités acc
41 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
848 t n’ont plus foi dans les mythes nationaux — tout nous pousse aujourd’hui à chercher des formes de communauté nouvelles ou r
849 uve que le sens commun joue dans le même sens que notre angoisse sociale pour recommander cette formule. Mais il est trop sou
850 ette formule. Mais il est trop souvent inhibé par nos routines mentales, héritées de l’École, qui ont substitué les mythes
851 nique ni économique. Sur toutes les frontières de nos États, les exemples abondent : Basques et Catalans réunis par les Pyr
852 mtois, oubliés certes mais sans doute actifs dans notre inconscient collectif… Il ne s’agit donc pas de créer autour de Genèv
853 implement de résoudre les principaux problèmes de notre vie moderne selon leur « mérite », c’est-à-dire leur nature et leur c
854 , ou de simples bisbilles, ont en fait disparu de nos jours : les races sont mêlées, l’évolution historique oubliée (n’en r
855 à réconcilier les grands noms de la culture dans nos régions : Jean Calvin et François de Sales, Rousseau et Voltaire, Jos
856 avoyard. ⁂ C’est l’École, à ses trois degrés, qui nous a convaincus que nous étions différents au point de ne pouvoir rien f
857 le, à ses trois degrés, qui nous a convaincus que nous étions différents au point de ne pouvoir rien faire ensemble. C’est p
858 école de voisinage, — l’un des plus beaux mots de notre langue. 24. C’est le même mot : politique vient de polis, cité grec
42 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
859 Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er
860 Grâce aux Arabes, que je remercie officiellement, nous savons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il nous reste à voi
861 ons tous maintenant que l’Europe est en crise. Il nous reste à voir que c’est une crise de civilisation. » Avec son humour t
862 gnants de la grande passion de sa vie : l’Europe. Nous avons profité de cette rencontre pour évoquer avec l’écrivain, à la l
863 ’est créer de la substance européenne à partir de nos vies quotidiennes, pour aboutir à une société organisée à l’échelle c
864 La formule de l’État-nation est à bout de course. Nous devons viser à la dépasser à la fois par en haut, en créant une fédér
865 me garde bien de la découper dans le terrain. On nous a trop appris, à l’école, à dessiner des pays comme des entités fermé
866 dessiner des pays comme des entités fermées. Sur nos « croquis », les fleuves s’arrêtaient aux frontières ! La région ne d
867 dent à une seule et même aire géographique. Citez- nous un exemple. À l’Institut universitaire d’études européennes, que je d
868 niversitaire d’études européennes, que je dirige, nous étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous avons distingué dans
869 nous étudions le cas de la région lémano-alpine. Nous avons distingué dans ce cadre à géométrie variable différentes région
870 res à l’échelle du continent. Quelque chose comme nos départements fédéraux, en somme ! Cette réorganisation du continent n
871 é économique coïncide avec les frontières d’un de nos États-nations, frontières qui ont été fixées au hasard des guerres et
872 s de changement sont de cinq à dix ans, alors que nos frontières politiques ont été établies dans la plupart de nos pays au
873 es politiques ont été établies dans la plupart de nos pays au xixe siècle ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge d
874 ou au début du xixe siècle ; la moyenne d’âge de nos vingt-six États européens est de quatre-vingts ans ! Quant au rythme
875 en ou Austerlitz, c’est tout de même très loin de nos problèmes actuels réels. Une petite phrase de Simone Weil m’a frappé 
876 es traces encore visibles qu’elle a laissées dans nos vies, on arriverait à de meilleurs résultats « européens » sans faire
877 gemont Denis de, « [Entretien] Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions », 2