1 1970, Articles divers (1970-1973). La place du livre dans l’information de l’homme moderne (1970)
1 et au caractère spécifique de l’information que l’ on peut avoir par un livre : je le prends dans son sens étymologique qui
2 ion. Il y a des livres de pure information, comme on dit, d’information courante, qui sont les dictionnaires, les encyclop
3 ttes, de noms, de dates, des « data banks » comme on dit aujourd’hui. Je ne sais pas la traduction française. Banques d’in
4 l semble que la fonction essentielle du livre, si on laisse de côté les encyclopédies, les dictionnaires, et les autres re
5 e ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’ on peut se poser, et cela me fait penser à ce passage très fameux de l’A
6 ivre, dans ce petit appareil qu’est le livre dont on ne sait jamais si c’est lui qui nous avale, ou nous lui. Voilà, me se
7 age du livre. Et je voulais y insister pour que l’ on ne croie pas, puisqu’on parle d’information, que le livre est une man
8 ais y insister pour que l’on ne croie pas, puisqu’ on parle d’information, que le livre est une manière surannée d’informer
9 in même, sur « la lente lecture ». Je voudrais qu’ on affiche cette page dans toutes les librairies et je voudrais l’oppose
10 voudrais l’opposer à une annonce publicitaire qu’ on voit paraître de plus en plus fréquemment dans les journaux et qui di
11 propagande en faveur du livre, aujourd’hui, si l’ on veut sauver la spécificité du livre, doit être dans le sens de ces qu
12 logue, cela veut dire maître de la lente lecture. On finit même par écrire lentement. Ne rien écrire d’autre que ce qui po
13 el, aux rapports entre l’audiovisuel et le livre. On me fait remarquer que le livre a ce gros avantage sur la télévision q
14  : « les moyens de communication de masse — écrit- on — sont en fait de plus en plus centralisés, contrôlés, par un nombre
15 de cet agent collectivisant qu’est la télévision. On a fait remarquer que la télévision recrée le tribalisme, les sentimen
16 en général. La télévision, c’est quelque chose qu’ on vous impose ; il y a un très petit nombre de programmes, vous n’avez
17 sion plus européen dans les programmes. Et alors, on se disait : « Qu’est-ce qu’il faut faire ? Est-ce qu’il faut créer un
18 vernements. Alors, quelqu’un m’a fait observer qu’ on pouvait peut-être s’en tirer pour le moment en diffusant de petits fi
19 pour le moment en diffusant de petits films que l’ on peut faire passer sur la télévision, sur son poste personnel, des pet
20 s développé et d’autres pour qui c’est la vision. On peut combiner aussi les deux choses. Je pense que c’est une affaire d
21 internationale ? L’espéranto, par exemple, ce qu’ on a essayé de faire jusqu’ici mais sans grand succès ? » Alors là, je c
22 éranto ne le fera jamais. La langue française, si on est de langue française, ça vous apporte plus que de l’information ob
23 pide lecture de tri, comme dirait M. le Lionnais, on mette de côté un certain nombre de livres, qu’on relira pendant toute
24 on mette de côté un certain nombre de livres, qu’ on relira pendant toute sa vie, dans lesquels on découvrira toujours plu
25 qu’on relira pendant toute sa vie, dans lesquels on découvrira toujours plus de choses. Je crois qu’on va vers une époque
26 n découvrira toujours plus de choses. Je crois qu’ on va vers une époque où le loisir va devenir le sérieux de la vie, le l
27 érieux de la vie c’est, bien entendu, le temps qu’ on consacre au travail, à gagner sa vie. Et puis ensuite, on se repose c
28 cre au travail, à gagner sa vie. Et puis ensuite, on se repose comme on peut, on s’amuse un peu. Il semble depuis à peu pr
29 agner sa vie. Et puis ensuite, on se repose comme on peut, on s’amuse un peu. Il semble depuis à peu près deux-cents ans q
30 vie. Et puis ensuite, on se repose comme on peut, on s’amuse un peu. Il semble depuis à peu près deux-cents ans que le sér
31 et ce sera pour le loisir, sérieux de la vie, qu’ on travaillera un petit peu, pour s’assurer ce qu’il faut, pour avoir le
32 er le livre à la revue » et faisait observer « qu’ on lit énormément de revues en France, ce qui pourrait compenser les chi
33 res un peu pessimistes des statistiques disant qu’ on lit trop peu ». On ne peut pas vraiment opposer les deux choses parce
34 tes des statistiques disant qu’on lit trop peu ». On ne peut pas vraiment opposer les deux choses parce que vous savez trè
35 st une antichambre du livre ou c’est le lieu où l’ on parle du livre d’une manière un peu plus prolongée. Je ne voudrais pa
2 1970, Articles divers (1970-1973). Deux en un, ou le fédéralisme (mars 1970)
36 uère. (Plus étroite que quelle autre, antérieure, on se le demande.) Si l’on croit que j’exagère, voici quelques exemples.
37 quelle autre, antérieure, on se le demande.) Si l’ on croit que j’exagère, voici quelques exemples. Le mot fédéralisme est
38 qu’il s’exprime en allemand ou en français. Et l’ on a pu entendre le recteur d’une de nos universités cantonales condamne
39 s fédéralistes ! Je n’ai cité que des européistes on ne peut plus engagés. Que sera-ce ailleurs, dans la grande presse, da
40 toyens dont il n’est pas exclu qu’avant longtemps on l’appelle à se prononcer sur la question européenne. Je prendrai mon
41 e en une fédération de petits États. Aux jacobins on agita gravement la question du fédéralisme, et on souleva mille fureu
42 on agita gravement la question du fédéralisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. Thiers, Histoire de la Ré
43 vernement fédéral fort, c’est-à-dire central, lit- on dans le Oxford Dictionnary, en référence expresse à l’histoire améric
44 hommes politiques responsables de ces pays. Comme on pourra s’en assurer en lisant les ouvrages de Pierre Elliott Trudeau,
45 ines n’est pas désirable ou ne peut être atteint, on le réduit à certains domaines. Sur un pacte ou quasi-traité : on ne p
46 certains domaines. Sur un pacte ou quasi-traité : on ne peut unilatéralement en modifier les termes. Voilà qui devrait ras
47 un État typiquement capitaliste des phrases que l’ on croirait tirées du Principe fédératif de Proudhon sur la souveraineté
48 ent en elles. « Simples questions de mots », si l’ on veut. Pourtant, il serait fou d’espérer que l’Europe se fasse un jour
49 esprits, et voilà qui implique un langage, et qu’ on ne laisse pas impunies ses erreurs. Car si l’on ne fait pas attention
50 u’on ne laisse pas impunies ses erreurs. Car si l’ on ne fait pas attention aux mots, c’est que l’on n’a pas bien vu la cho
51 l’on ne fait pas attention aux mots, c’est que l’ on n’a pas bien vu la chose, et comment pourrait-on la vouloir ? Appreno
52 ’on n’a pas bien vu la chose, et comment pourrait- on la vouloir ? Apprenons donc à bien parler, voilà le principe de la bo
3 1970, Articles divers (1970-1973). Ce que la Suisse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)
53 sse peut apporter à l’Europe (19 mars 1970)c d On assiste depuis quelque temps à un effort de rapprochement entre la CE
54 voie sérieuse. Que ce qu’il y a de sérieux quand on parle de l’Europe, c’est uniquement l’économie. C’est une considérabl
55 nous ne voulons pas être « américanisés », comme on le dit tous les jours, c’est qu’il y a d’autres choses qui sont non m
56 faire l’Europe par d’autres voies que l’économie. On peut donc prévoir d’autres formes d’intégration pour l’Europe. Elles
57 re histoire, une unité. C’est sur une unité que l’ on peut fonder une union solide. Quelle est cette unité ? Eh bien ! de c
58 de cultures nationales, contrairement à ce que l’ on nous a appris à l’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne qu
59 une aux Suisses et à tous les voisins de ce pays, on peut édifier une union. Je dis bien : une « union » et non pas une un
60 le — prenons les choses très en gros — en Europe, on fait depuis des siècles des tableaux de chevalet, des romans, des piè
61 x de chevalet, des romans, des pièces de théâtre, on donne des concerts. Eh bien ! tout cela n’existait pas dans les autre
62 ela n’existait pas dans les autres cultures, où l’ on n’écrivait que de la littérature religieuse, sacrée. En Inde, par exe
63 peinture religieuse. Ce n’est qu’en Europe que l’ on a utilisé tous ces procédés tels que le sonnet, le tableau, la sympho
64 urellement tous les artistes de l’Europe… … que l’ on pourrait englober dans une forme de culture occidentale. Mais dans ce
65 là même qui pourrait servir de modèle à l’Europe. On rejoint la pensée de votre livre : La Suisse ou l’histoire d’un peupl
66 entier. Ce n’est donc pas du tout la force, comme on le répète toujours, qui dirige le monde, c’est beaucoup plus l’opinio
67 aturellement, et elle aurait une grande autorité. On la suivrait. On suivrait la Suisse, si petite qu’elle soit, parce qu’
68 elle aurait une grande autorité. On la suivrait. On suivrait la Suisse, si petite qu’elle soit, parce qu’elle aurait une
69 bon sens et la formule suisse même veulent que l’ on étende le fédéralisme à la dimension des tâches nouvelles qui se pose
70 Europe puisqu’il manque d’initiative ? Qu’en sait- on  ? Est-ce qu’on a jamais demandé aux Suisses ce qu’ils pensaient de l’
71 l manque d’initiative ? Qu’en sait-on ? Est-ce qu’ on a jamais demandé aux Suisses ce qu’ils pensaient de l’Europe et d’une
72 qui puisse être acceptable aux yeux des Suisses ? On n’a jamais fait cette enquête, que je sache. Alors que voulez-vous qu
73 itions, le Suisse moyen, l’homme de la rue, quand on lui demande ce qu’il pense de l’Europe, répète naturellement ce qu’il
74 és. Eh bien ! il faut que cela change, lentement. On lui a trop dit pendant trop longtemps : « Restons surtout sur la rése
75 pe unie. Elles trouveront même bien curieux que l’ on ne l’ait pas encore fait. Elles nous reprocheront — à la génération d
4 1970, Articles divers (1970-1973). Après l’attribution du prix Schuman à M. D. de Rougemont (30 mars 1970)
76 ambourg m’aurait exprimé sa gratitude émue, comme on pourrait croire que je l’ai dit (si l’on ne me connaissait pas du tou
77 e, comme on pourrait croire que je l’ai dit (si l’ on ne me connaissait pas du tout) mais simplement que je lui suis reconn
5 1970, Articles divers (1970-1973). La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)
78 re plus qu’une barrière fragile aux passions ; si on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans nos mariages modernes,
79 rière fragile aux passions ; si on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans nos mariages modernes, qui ne sont en pr
80 dis seulement qu’il y a un conflit, si toutefois on parle de passion, qui est autre chose que l’amour. En effet, si l’on
81 , qui est autre chose que l’amour. En effet, si l’ on se marie en état de passion, c’est-à-dire en état de fièvre, c’est ex
82 re en état de fièvre, c’est exactement comme si l’ on voulait prendre une décision grave le jour où l’on a un rhume de cerv
83 n voulait prendre une décision grave le jour où l’ on a un rhume de cerveau, quand l’esprit et ses facultés sont embrumés e
84 n, d’autre part, est une projection narcissique : on aime, en l’autre, la projection de soi-même, alors que le mariage tue
85 e contraire d’une relation narcissique. Mais si l’ on arrive à passer de la transe à la réalité, la passion peut conduire à
86 des mariages-maquettes. Pour moi, le mariage, si on veut faire une comparaison politique, est le type même d’un rapport f
87 rès différent d’une union basée sur la passion qu’ on subit et dont on pâtit, par définition. D’après Denis de Rougemont, l
88 ne union basée sur la passion qu’on subit et dont on pâtit, par définition. D’après Denis de Rougemont, la crise du mariag
89 es n’ont pas été supprimés, ils ont été déplacés. On parle un peu abusivement de la suppression des tabous. Le tabou sexue
90 rieurs et vous créez des obstacles intérieurs. Si on supprime des gênes extérieures, cela ne correspond qu’à des permissio
6 1970, Articles divers (1970-1973). « S’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités » (mai-juin 1970)
91 rvivre. Aujourd’hui que le nécessaire est assuré, on se bat pour le contrôle de zones d’influence plus idéologiques que co
92 : prenez les villages qui éclatent, le paysage qu’ on saccage. C’est maintenant ou jamais qu’on peut trouver quelque chose
93 sage qu’on saccage. C’est maintenant ou jamais qu’ on peut trouver quelque chose de neuf, l’Ordre après le Désordre ! Quel
94 dans l’ensemble vivant de la culture européenne. On parle souvent d’une politique européenne commune comme dénominateur c
95 ces cellules qui font la complexité de l’Europe. On parle souvent d’helvétisation de l’Europe : pensez-vous que le modèle
96 des diligences. Mais tout a changé avec l’avion. On peut dire que pratiquement l’Europe d’aujourd’hui est plus petite que
97 pour rattraper l’histoire en train de se faire ! On craint souvent en Suisse que la politique d’unification européenne vi
7 1970, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture européenne ? (juin 1970)
98 rt Schuman à la fin de sa vie, je lis ces mots qu’ on ne saurait souhaiter plus éclairants et qui servent de titre au deuxi
99 Marx puis par Lénine avec les conséquences que l’ on sait, jusque dans l’existence quotidienne de 700 millions de Chinois
100 es de la poésie amoureuse, donc de l’amour tel qu’ on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ; l’apport slave au xix
101 oureuse, donc de l’amour tel qu’on le parle et qu’ on croit le sentir en Occident ; l’apport slave au xixe siècle ; l’art
102 énote l’Europe comme patrie de la diversité. Si l’ on me demande maintenant comment on peut traduire en termes de structure
103 diversité. Si l’on me demande maintenant comment on peut traduire en termes de structures politiques cette unité de cultu
8 1970, Articles divers (1970-1973). « L’Europe ? Une révolution culturelle ! » (15 octobre 1970)
104 elevé les mêmes erreurs, les mêmes préjugés, où l’ on décèle l’origine de toutes les idées gaullistes ; le fameux cliché d’
105 its, une action au niveau de l’enseignement, où l’ on continue à apprendre la géographie et l’histoire par nations. Alors q
106 éer de futurs citoyens de l’Europe. Actuellement, on a pu établir que la leçon d’instruction civique, sous son aspect trad
107 naux, dans les manuels ou dans l’esprit des gens. On a pu observer, par exemple, que les clichés des nations les unes sur
108 des gens est pour une fédération européenne. Si l’ on examine les classes d’âge, on voit que le 75 % des partisans de l’Eur
109 on européenne. Si l’on examine les classes d’âge, on voit que le 75 % des partisans de l’Europe a moins de 35 ans. L’idée
110 un grand rôle au niveau de la jeunesse. Ne l’a-t- on pas constaté tout particulièrement lors de Mai 68 ? Exactement, puisq
111 est à ce moment-là qu’est sorti un manifeste dont on n’a pas assez parlé, bien qu’il fût signé par des gens comme Jacques
112 té défendues par notre mouvement l’Ordre nouveau. On a aussi retrouvé Proudhon, Bakounine, en particulier la notion proudh
113 cipation, mettre en commun ce qui marche mieux si on l’intègre. Le principe de la dimension a été constamment appliqué au
114 tant : il faut fédérer des choses neuves, sinon l’ on perd trop de temps. C’est ce que nous avons fait au CEC, où les premi
9 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix I : Niveau de vie ou mode de vie ? (15 novembre 1970)
115 rme : selon vous, l’heure n’est plus de savoir si on veut rester Français, Suisse ou Italien, mais si on sera Européen ou
116 veut rester Français, Suisse ou Italien, mais si on sera Européen ou une sorte de colonisé américain ou soviétique. Colon
117 sez différente. Je veux éviter ce parallèle que l’ on fait trop facilement entre l’Amérique et la Russie soviétique. Ce son
118 r exemple, les Hongrois se sont soulevés en 1956, on a vu que leur appel, leur espoir, c’était l’Europe. Vous vous rappele
119 s et de Suisse, s’est installée ici ; maintenant, on bâtit 321 appartements (1300 habitants de plus) pour une usine améric
120 Mais est-il trop tard pour renverser le courant ? On pouvait déjà le dire en 1949, quand nous avons lancé l’idée du CERN,
121 t fait dans ce domaine des recherches nucléaires. On pouvait se dire : « Ce n’est pas la peine de partir, ils ont pratique
122 elle entraîne une série de conditions auxquelles on n’avait jamais réfléchi avant : l’industrie est en train de détruire
123 la vie, c’est l’ensemble des valeurs. À quoi est- on prêt à sacrifier beaucoup de choses ? Il y a beaucoup de variétés et
124 ntenant se dessine une réaction assez forte que l’ on peut voir dans la jeunesse américaine pour le développement d’un nive
125 et devant les grands plans abstraits des Russes. On voit maintenant que c’est une réaction saine. Mais justement, il se t
126 té. Attention ! Je ne suis pas du tout pour que l’ on freine le développement de la société ; je suis au contraire pour qu’
127 ment de la société ; je suis au contraire pour qu’ on le pousse, beaucoup plus que nos compartimentages nationaux ne permet
128 automobiles qui marchent à l’essence, alors que l’ on a les moyens de les faire marcher à l’électricité. Ce serait là un dé
129 s-Unis et qui changerait tout dans le monde. Mais on y viendra s’il y a une masse d’Européens telle qu’elle permettra d’en
130 qui tienne compte de certains buts généraux que l’ on donnera à la vie. Ce serait une révolution complète. Deux mouvemen
131 e. Deux mouvements antagonistes Ne touche-t- on pas là un problème de structures politiques et économiques, plutôt qu
132 reste au stade des États-nations. Bien sûr, si l’ on prend, par exemple, le problème des transports, ce serait un progrès
10 1970, Articles divers (1970-1973). L’Europe à l’heure de ses choix II : Se rallier à l’idée suisse (22 novembre 1970)
133 t elle doit l’être dans ses entreprises communes. On dit que cela signifierait la fin de la neutralité. Je pense au contra
134 tard. Il y a en Suisse un esprit communal auquel on doit revenir parce que c’est la vraie source du fédéralisme. Et de là
135 édéralisme. S’il y avait les États-Unis d’Europe, on ne voit pas comment la Suisse serait neutre entre ces États-Unis et,
136 ent européen Vienne en 1923, disait récemment : «  On parle toujours des difficultés qu’a la Suisse pour adhérer à l’Europe
137 se pour adhérer à l’Europe. Pourquoi ne parlerait- on pas de l’autre difficulté qui est beaucoup plus intéressante : celle
138 ou alors, ce serait une tyrannie effroyable, car on devrait édicter des règles sans nuances pour tout le monde. Tandis qu
139 ur tout le monde. Tandis qu’avec les ordinateurs, on est en mesure de respecter les diversités. Aujourd’hui, vous savez ce
140 s savez ces carcans que sont les frontières que l’ on essaie de faire coïncider tant bien que mal avec un tas de réalités c
141 us reprenez l’exemple de la Suisse, vous voyez qu’ on n’y a jamais eu cette idée folle de faire coïncider l’économie et la
142 n est d’ailleurs beaucoup plus révolutionnaire qu’ on ne le pense. Elle suppose la fin du gigantisme des villes, la recréat
11 1970, Articles divers (1970-1973). Denis de Rougemont, propos recueillis par E. Liard (décembre 1970)
143 fécondité des études régionales. Jusqu’à présent, on enseignait, aux trois degrés, la géographie, l’histoire, l’instructio
144 tions, produits du xixe siècle napoléonien. Si l’ on prend comme base les régions, qui sont plus petites que les États, et
145 ts, et le continent, qui est beaucoup plus grand, on aura une vision plus conforme aux réalités dans tous ces domaines. To
146 sent à travers les frontières. Dans tous ces cas, on passe de la région à l’ensemble européen. Dans les régions, dans les
147 es auront tissé entre elles tellement de liens qu’ on s’apercevra que l’Europe « s’est faite ». Les liens entre les régions
148 es de Denis de Rougemont, un grand Européen que l’ on peut placer à côté de Robert Schuman et de Jean Monnet. Ce sont L’Un
12 1970, Articles divers (1970-1973). Message aux régionalistes (16 mars 1973)
149 ajeures : — parce qu’il faut FAIRE L’EUROPE et qu’ on ne la fera jamais sur la base des États centralisés. — et parce qu’il
150 ce qu’il faut REFAIRE DE VRAIES COMMUNAUTÉS, si l' on veut prévenir les désastres moraux , écologiques et sociaux, vers quo
151 e communauté SUI GENERIS, d’un milieu humain où l’ on se sent heureux de vivre, de travailler ou de ne rien faire, ce qui e
152 avec lui. Elle n’a donc nul besoin d’être, comme on le répète, « de taille européenne » — ce qui ne veut strictement rien
153 re hors du jargon de la guerre commerciale — mais on attend d’elle, au contraire, qu’elle soit différente des autres, sédu
154 libres ? Devenez responsables. N’attendez pas qu’ on vous en donne la permission et les moyens. PRENEZ vos responsabilités
13 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
155 i qui est à la radio suisse. Est-ce la guerre, qu’ on attend d’une heure à l’autre ? C’est Munich, c’est la paix (pense-t-o
156 à l’autre ? C’est Munich, c’est la paix (pense-t- on vraiment ce jour-là…) et l’avenir d’un coup qui se rouvre, mais aussi
157 uisse plus tôt que prévu. C’est à ce moment que l’ on m’offrit d’écrire une pièce pour l’Exposition nationale qui devait s’
158 u message secret qu’il envoie à la Diète, et dont on ne connaît que le résultat : la paix sauvée, « comme par miracle », d
159 400 figurants fournis par diverses sociétés, et l’ on fabriquera les costumes à domicile. Je tombe bien : Honegger vient d’
160 uper toute une population ». C’est donc oui, et l’ on se met au travail dès novembre. En janvier, tout sera terminé. J’écri
161 » et des formes vidées de la foi qui les forma qu’ on a jamais créé un style : avec tout cela on ne fait que du folklore, e
162 rma qu’on a jamais créé un style : avec tout cela on ne fait que du folklore, et le pire est le folklore religieux. Si le
14 1971, Articles divers (1970-1973). Le cheminement des esprits (1971)
163 , surtout en ce sens que le chemin est long et qu’ on le parcourt lentement ». Ainsi chemine Lancelot dans la forêt normand
15 1971, Articles divers (1970-1973). Quand Paul Martin voulait faire courir l’Europe (1971)
164 r ce dernier d’un « Brevet européen du sportif ». On m’en communiquait le texte « pour mon information, pensant que ce suj
16 1971, Articles divers (1970-1973). L’Europe est d’abord une unité de culture (1971)
165 cle de sa continuité historique, continuité que l’ on peut très bien faire remonter au pacte secret de 1273, que le Pacte d
166 t serait parfait, n’était l’obstacle majeur que l’ on dresse sans relâche et toujours à nouveau contre toute union fédérale
167 ent, comme État, cinq ou six siècles. Encore peut- on disputer là-dessus : le général de Gaulle, l’un des plus grands champ
168 manque pas d’une certaine « grandeur ». Mais si l’ on peut admettre que l’État français existe réellement depuis Philippe L
169 p différents les uns des autres pour s’unir et qu’ on ne pourra jamais les fédérer, parce que nos vingt-cinq États-nations
170 rsitaire, rien de plus. Mais à l’université même, on ne parlait qu’en latin, et l’on ignorait tout des appartenances « nat
171 ’université même, on ne parlait qu’en latin, et l’ on ignorait tout des appartenances « nationales » au sens moderne du mot
172 ire de diffusion d’une langue. Prenez la France : on parle huit langues à l’intérieur de ses frontières actuelles : breton
173 nie, des pays baltes et de la région de la Volga. On m’objecte souvent que nos langues sont trop différentes pour que nous
174 ien) sont étroitement parentes, alors qu’en Chine on parle quatorze langues radicalement étrangères les unes aux autres, e
175 au service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’ on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mai
176 un esprit fort (ou un naïf) ne remarque pas que l’ on trouve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versan
177 Basques. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’ on y parle italien des deux côtés au sud, français des deux côtés à la h
178 répétés de la géographie par l’histoire », comme on le voit si bien autour de Genève, en suivant cette frontière qui ne r
179 le sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’ on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est une, qu’el
180 des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites villes comme Tubin
181 ce serait une amicale des misanthropes — chose qu’ on peut écrire, non faire, car ou bien on a une vraie amicale, mais alor
182 — chose qu’on peut écrire, non faire, car ou bien on a une vraie amicale, mais alors il n’y a pas de misanthropes, ou bien
183 mais alors il n’y a pas de misanthropes, ou bien on a de vrais misanthropes, mais alors il n’y a pas d’amicale. L’Europe
184 r en temps et hors de temps, et d’exiger enfin qu’ on la prenne au sérieux. Ce sera « dans les intérêts de l’Europe entière
17 1971, Articles divers (1970-1973). L’héritage culturel de l’Europe (1971)
185 de l’évolution des arts en avouant volontiers qu’ on ne comprend plus — et voilà quelqu’un de cultivé. Si je dis au contra
186 la culture est ce que l’homme ajoute à la nature, on voit qu’elle représente en fait tout ce que nous sommes capables de p
187 fins, notre culture assume toutes les antinomies. On dirait même qu’elle les nourrit et les accuse. C’est qu’elle y a vu,
188 es, Rome et Jérusalem, toujours citées, mais dont on ne dira jamais assez combien les valeurs qu’elles transportent sont é
189 ès cultivés » ou illettrés y change bien moins qu’ on ne l’imagine. Nous sommes tous tributaires de deux mémoires, celle de
190 tend sauver. Quant à la diversité des langues, si on la respecte, elle n’empêche pas l’union, bien au contraire, elle ne c
191 que de distance, de détachement et de liberté, si on le compare à l’Hindou ou aux bouddhistes), et trop désincarné par l’a
192 é par l’abstraction (d’où sa pauvreté animique si on le compare à l’Africain noir). Il en résulte une étonnante absence de
193 orie ou la mélancolie, l’amour, l’humeur, et dont on sait maintenant qu’elles ont leur siège dans les masses profondes du
194 utarcie). D’où les dévastations planétaires que l’ on sait. Les Européens ne sont pas plus cruels et violents que les Asiat
18 1971, Articles divers (1970-1973). 6 et 7 février, vote sur le suffrage féminin : supprimer un anachronisme et une injustice (4 février 1971)
195 par le poète-troubadour comme le seigneur à qui l’ on devait l’obéissance, l’allégeance, la fidélité. Le troubadour — c’est
196 lus faite par les gens qui portent un sabre. Si l’ on sort des mythes germaniques de l’homme guerrier et si l’on entre dans
197 es mythes germaniques de l’homme guerrier et si l’ on entre dans la société actuelle, je défie qui que ce soit de m’expliqu
198 agissent toujours des choses très anciennes dont on n’est plus maître, dont on n’a plus conscience, justement. Toutes ces
199 es très anciennes dont on n’est plus maître, dont on n’a plus conscience, justement. Toutes ces valeurs qui tiennent à des
200 dans notre société actuelle, il est impossible qu’ on vous démontre en quoi la force physique privilégie quelqu’un. Égal
201 e cela se fait en Europe. C’est très important et on l’oublie toujours. D’ailleurs, je reproche beaucoup aux femmes suisse
19 1971, Articles divers (1970-1973). Arnaud Dandieu, la révolution et les régions (mars 1971)
202 isme de la Commune ne saurait être compris que si on ne le sépare pas du communalisme de la Commune, c’est-à-dire de la tr
203 était introduit par quelques pages anonymes où l’ on retrouve la même pensée, en référence plus précise encore à la « miss
204 vue qu’était Fédération, n° 78, juillet 1931. 5. On notera l’usage très particulier du terme individualisme à ce stade de
20 1971, Articles divers (1970-1973). Les régions et la civilisation (mars 1971)
205 la Direction générale de la politique régionale. On sait du reste que le débat sur les régions prend sans cesse plus d’am
206 listes. Le livre de Morvan Lebesque, Comment peut- on être Breton ?, donne une idée émouvante des possibilités de renouvell
21 1971, Articles divers (1970-1973). L’Amour et l’Europe : L’Express va plus loin… avec D. de Rougemont (12 avril 1971)
207 emier philosophe grec, au vie siècle avant J.-C. On trouve cette intuition dans toute la culture européenne, des conciles
208 omiques. N’est-ce pas le cas du couple ? Un jour, on m’a demandé dans un débat à la radio : « Ne craignez-vous pas que les
209 e d’adultère. Et cette catastrophe vient de ce qu’ on a voulu fonder le mariage sur le sentiment amoureux. Serait-ce une ba
210 nce illogique qu’il faut se marier. Eh bien, non, on ne reste pas amoureux tout le temps ! Chacun sait que le mariage, c’e
211 cela passa pour une boutade. Allons donc, disait- on , l’amour est aussi vieux que le genre humain, et que faisaient donc l
212 ennes et tous les lieux communs de l’amour tel qu’ on le chante, tel qu’on l’écrit, tel qu’on le vit jusqu’à nos jours. Je
213 ux communs de l’amour tel qu’on le chante, tel qu’ on l’écrit, tel qu’on le vit jusqu’à nos jours. Je pense surtout aux eff
214 ur tel qu’on le chante, tel qu’on l’écrit, tel qu’ on le vit jusqu’à nos jours. Je pense surtout aux effets dégradés du myt
215 auté insoutenable, mais de ses dégradations. Peut- on imaginer Iseut devenant Mme Tristan ! Mais Tristan et Iseut n’ont-ils
216 i-là charge les gens de chaînes. Dans le mariage, on peut aimer l’autre en tant qu’autre, tandis que, dans la passion, on
217 re en tant qu’autre, tandis que, dans la passion, on tend vers l’impossible fusion, qui, finalement, ne peut conduire qu’à
218 n’existe aucune littérature d’amour-passion. Si l’ on excepte, peut-être, le Genji japonais, l’amour-passion, en effet, sup
219 qu’à la mesure des résistances qu’elle rencontre. On ne retrouve en Orient que la technique érotique des épreuves, signalé
220 le ne veut rien dire. Quel est l’ordre neuf que l’ on peut déduire de la copulation ? Sur un point, tout le monde est d’acc
221 certaine discipline des instincts de procréation. On parle de briser les interdits du christianisme : lesquels ? Le christ
222 ale de tabous et de règlements sexuels. Le peu qu’ on y trouve vient de l’Ancien Testament : proscription de l’inceste, etc
223 ormal vers le bon sens. En somme, vous trouvez qu’ on s’agite beaucoup, mais qu’il n’y a guère de révolution ? Il est clair
224 Russie, telle que Pasternak l’aimait et telle qu’ on lui interdisait de l’aimer, symbolisée par une femme, bien réelle dan
225 amour, être en état d’amour. Toutes les femmes qu’ on aime d’amour-passion, toutes les Iseut sont des femmes rêvées, les pr
226 mariage ; elle empêche de voir l’autre avec qui l’ on vit. Elle veut la fusion, l’absorption, l’esclavage, non l’union de d
227 vage, non l’union de deux libertés. En politique, on appelle cela du totalitarisme. Depuis quand combattez-vous le totalit
228 s le « désordre établi ». Nous ne voulions pas qu’ on critique l’Allemagne et l’URSS au nom de l’esprit petit-bourgeois, in
229 qui dominait la politique française de l’époque. On a dit que la contestation, surtout dans les pays de l’Est, où elle es
230 e… où j’allais découvrir l’Europe. Comment cela ? On prend conscience des choses quand on les perd. Je n’étais pas le seul
231 mment cela ? On prend conscience des choses quand on les perd. Je n’étais pas le seul dans ce cas à New York. Quand j’ai r
232 demandait si j’étais libre ce soir… En Amérique, on l’accusait de communisme, parce qu’il pensait qu’il fallait tendre la
233 ions de Soviétiques et 203 millions d’Américains, on n’arrive pas même au total européen. Si ces chiffres ne nous rassuren
234 ai cherché celle des valeurs et celle des hommes. On vous reproche de faire de l’européocentrisme ? Je ne donne une place
235 ait, la fédération européenne ? D’abord, parce qu’ on est parti sur le mauvais pied, en essayant de fonder l’union sur le p
236 ’est pas une manière de parler, c’est la réalité. On ne dit pas, en Suisse : « Un tel a été un grand serviteur de l’État. 
237 us aucune Église, Dieu merci ! Refus de servir et on vous emprisonne, intelligence avec l’ennemi et on vous colle au mur !
238 on vous emprisonne, intelligence avec l’ennemi et on vous colle au mur ! Vous savez qu’il y a un article de la Constitutio
239 électrifiés. Pour accréditer ce modèle délirant, on a truqué nos manuels d’histoire et de géographie. Décréter pour les b
240 e ? Au contraire de ce que pensent les ministres, on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs. Il nous faut entreprendre
241 ’homme ne sert plus à rien, n’a plus de vocation, on le jette à la poubelle ; pour moi, c’est cela, l’Enfer. Pour combattr
242 eule de nos révolutions n’a réussi. Dans ce sens, on ne peut pas être trop fier de l’Europe. Comment voyez-vous l’avenir ?
22 1971, Articles divers (1970-1973). [Entretien] Le diable existe, vous pouvez le rencontrer (17 mai 1971)
243 ollutions, celles qui sont spirituelles. Et quand on ne tient plus compte du diable, on risque de ne plus discerner le mal
244 lles. Et quand on ne tient plus compte du diable, on risque de ne plus discerner le mal. Pour quelqu’un qui n’est pas croy
245 ir ce qu’est le mal et par conséquent le bien. Qu’ on ne raconte pas d’histoires ! Aujourd’hui, beaucoup disent : « On en a
246 as d’histoires ! Aujourd’hui, beaucoup disent : «  On en a assez de la morale ! », mais c’est pour vous en imposer aussitôt
247 ppie. Là, tout est encore très simple. Mais quand on ignore tout simplement que le diable existe, quand on nie qu’il exist
248 gnore tout simplement que le diable existe, quand on nie qu’il existe, c’est alors qu’on commence à être manipulé par lui.
249 existe, quand on nie qu’il existe, c’est alors qu’ on commence à être manipulé par lui. Pouvez-vous préciser ce qu’est pour
250 diable ? C’est quand il n’y a personne. Qui peut- on convaincre avec une telle définition ? Le diable vous convainc très f
251 s à rien, n’a plus de vocation, un jour arrive où on le jette à la poubelle. C’est là l’enfer ! La Géhenne de l’Évangile,
252 « Gé-hinnon », un vallon près de Jérusalem, où l’ on jeta les ordures de la ville. C’était la décharge municipale, « où le
253 pas par un tribunal, mais par eux-mêmes ! Et si l’ on se trompe sur le choix de sa vocation personnelle ? Celui qui a accep
254 able, selon vous, fait tout ce qu’il faut pour qu’ on ne le détecte pas ? Je disais que Satan nous fait croire, premièremen
255 r. Il était tard, les patrons étaient seuls, et l’ on s’est écrié en me voyant entrer : « Voilà le diable ! ». J’ai déguerp
256 uvez-vous donner un exemple de faits récents où l’ on peut reconnaître « la part du diable » ? Prenez les deux massacres ré
257 ait cela sans raison. D’un autre côté, à Song My, on a massacré probablement plus de cent victimes, hommes, femmes, enfant
258 ’armée américaine. Eux aussi étaient drogués, dit- on , et ils ont exécuté leur crime avec bonne conscience. Qu’est-ce qui e
259 raiment atteindre une société en plein cœur. Peut- on rencontrer le diable ? J’ai écrit un jour : « Si vous voulez sérieuse
23 1971, Articles divers (1970-1973). Fédération ou confédération ? (juillet-août 1971)
260 ensemble » ne peut rien dire de plus dès lors qu’ on ne saurait s’associer avec soi seul, ni se fédérer isolément. Pour Li
261 ts-Unis sont des gouvernements fédéraux ». D’où l’ on conclut en bonne logique qu’une seule et même réalité correspondant a
262 c’est beaucoup moins que les fédérer tout court. On aime à répéter que l’exemple suisse conseillerait la prudence et la l
263 ropéens trop pressés ». Il aurait fallu, nous dit- on , six-cents ans pour mûrir la fédération suisse, et vous, vous prétend
264 ouvoir central en une solide fédération. Enfin, l’ on peut tirer de l’expérience suisse de 1848 une formule qui me paraîtra
265 d’une partie de leurs souverainetés réaffirmées ! On me dira que c’est un tour de passe-passe. Je réponds qu’il a bien réu
266 protège aujourd’hui — sauf le « parapluie » que l’ on sait. Toute confédération étant une forme instable de compromis entr
24 1971, Articles divers (1970-1973). Un marchand d’eau sucrée (19 décembre 1971)
267 psychose le prix Nobel de l’escroquerie. » Quand on lui demande ce qu’il pense du commandant Cousteau, fondateur d’un Ins
268 recueillir des fonds. Opération publicitaire On pourrait rétorquer que lorsqu’il se fait le champion de la lutte cont
269 angers de la pollution, beaucoup plus générale qu’ on osait l’espérer, surtout dans la jeunesse. Et puis, une sorte de rume
25 1972, Articles divers (1970-1973). Europe divisée ou Europe fédérée ? (1972)
270 nulle, d’influencer une situation d’ensemble où l’ on est pris, et son propre destin en elle. D’où l’on voit que participer
271 on est pris, et son propre destin en elle. D’où l’ on voit que participer activement, c’est aussi se réaliser (manifester s
272 , c’est donc s’autodéterminer dans la mesure où l’ on agit en elle. Ce sont les formes actives de la participation que nous
273 ion des fins et adaptation des moyens à ces fins ( on parle ainsi de politique économique ou monétaire, de politique de la
274 auté, dans le complexe des relations humaines, qu’ on peut suivre à la trace les vocations, activées par un appel invisible
275 oi. En tant que stratégie de l’humanité, telle qu’ on vient de la définir, la politique prend désormais, en ce dernier tier
276 i. Déjà, en Occident, il est au terme de l’ère qu’ on a nommée néolithique, celle qui a vu la fixation des nomades au sol,
277 s nous voici au seuil de l’ère électronique, dont on peut facilement imaginer qu’elle sera l’ère des relations humaines de
278 iction de l’ère des devins à celle des savants ». On nous dit aussi (mais je m’assure que ce ne sont pas les auteurs qui o
279 ision inerte de ce qui « se passera », en vertu d’ on ne sait quels dynamismes anonymes, impersonnels, voire non humains. O
280 plus objectifs afin d’être mieux normatifs. Mais on voit qu’il y a antinomie pratique entre les deux modes de prévoir. Il
281 tions d’incertitude. En revanche, et à l’inverse, on pourrait aussi bien soutenir — par un raisonnement homologue à celui
282 raception en général et la pilule en particulier. On peut prévoir dès lors que les premières prévisions se révéleront inex
283 ins et la création concomitante d’autres besoins. On se limitera dans ces pages à l’Europe de l’Ouest, c’est-à-dire au seu
284 leur que pour autant qu’il y a dans le domaine où on l’opère deux classes de phénomènes d’importance point trop inégale :
285 ce générale des techniques à la miniaturisation : on ne peut faire une chambre, une auto ou une cabine de transport plus p
286 nstant est celui de l’agrément du cadre : « Que l’ on vive en 1768 ou en 1968, une pièce agréable, une vue reposante, une p
287 tes les « retraites » naturelles, à peine les a-t- on repérées, par des commandos de touristes ou d’agents immobiliers — au
288 uissance) apparaissent comme des invariants quand on considère une communauté donnée dans le temps, il y a cependant de gr
289 e nouvelles, plus tard à la lecture de la presse, on trouvait très généralement l’église, l’hôtel de ville, l’école, le th
290 produit, aggravé, le phénomène de dissociation qu’ on observa dans les cités hellénistiques : les dimensions territoriales
291 est la plus efficace et universelle. À mesure qu’ on s’élève dans l’échelle des niveaux de décision correspondant à l’enve
292 ne conscience des fins dernières de la société qu’ on ne saurait exiger ni des spécialistes aux sources, ni des agents de p
293 érifier quelques groupes de connexions, et, comme on le dit à l’armée, de « voir si les liaisons jouent ». Posons d’entrée
294 roposition qui a été retenue par l’histoire. Peut- on décrire alors le « purgatoire » européen ? C’est peut-être une tâche
295 les pensées et de créer de nouvelles castes. Et l’ on peut avancer que 1984 serait le résultat nécessaire de l’incapacité d
296 mation utilisable par les électeurs non prévenus. On arrive assez vite à un clivage de la société en deux classes : celle
297 bres créateurs (B). A. Harmonie des facteurs On a vu que l’harmonie civique et politique résulterait pour une communa
298 u de Genève, et avant eux des cités grecques où l’ on comptait presque autant de magistrats (prenant charge par rotation) q
299 2. Répartition de l’État Ce principe admis, on s’aperçoit que l’existence du petit État ou communauté de participati
300 ut cas pas plus — et peut-être pas autrement — qu’ on ne le fait pour des écosystèmes ; b) l’autonomie de régions restrein
301 ire et pour ainsi dire sans « reste » d’anarchie. On sent bien que cela serait en contradiction réelle avec la liberté, qu
302 d’inégalités, de déséquilibres, de conflits, dont on ne peut être sûr qu’ils finiront « bien », mais dont il est certain q
303 clientèles de l’information est devenu tel que l’ on doit parler de deux classes divisant la société européenne tout entiè
304 gie à la Loi de J.-J. Rousseau (citée plus haut), on vérifie que plus les moyens de communication sont puissants, moins so
305 u 3 kilomètres et non par 30, ou 3, ou 0,3 mètre. On regrettera les couloirs des anciens parlements, les apartés entre deu
306 x. Dans tous ces cas, inutile de se déplacer si l’ on peut être utilement présent par d’autres moyens. L’obligation de nous
307 es, dans un cadre restreint, dégage des forces qu’ on pourrait enregistrer, mais qu’on ne retrouverait pas dans la rencontr
308 ge des forces qu’on pourrait enregistrer, mais qu’ on ne retrouverait pas dans la rencontre des images sonores et visuelles
309 nd nombre. En revanche, dans une société telle qu’ on peut l’envisager possible aux environs de l’an 2000 (si ce sont les s
310 , structures et dimensions dépendent des idées qu’ on se fait de l’homme pour qui maisons et villes sont bâties, ou au cont
311 sons et villes sont bâties, ou au contraire que l’ on entend utiliser à titre d’acheteur, locataire, contribuable, électeur
312 ance de cause. C’est complexe, mais c’est vital : on peut compter que les « vitalement intéressés » feront l’effort d’info
313 ns relatives à l’antinomie productivité-écologie. On peut concevoir que toutes les options précédentes se ramènent à celle
314 ans au maximum pour la survie de l’humanité, si l’ on ne renverse pas la vapeur d’ici à dix ans : c’est tout ce que nous ac
315 p bien réussir. Le nouveau prolétariat élitaire : on baptisera de la sorte les membres de l’élite intellectuelle et spirit
26 1972, Articles divers (1970-1973). L’ingénieur dans la cité (1971-1972)
316 flatter de ne l’avoir jamais connu. Non seulement on n’imagine plus de suivre les traces de son père, mais on fera de préf
317 agine plus de suivre les traces de son père, mais on fera de préférence n’importe quoi d’autre. Or prendre le contre-pied
318 achine à calculer est aussi l’auteur des Pensées. On l’a bien dit (en Amérique) : la tour d’ivoire peut être, et a parfois
319 sauvetage de la Terre. Tout va vite aujourd’hui, on le sait. Lorsque Apollonius de Pergé, au iiie siècle avant notre ère
320 on, et il fallut exactement vingt siècles pour qu’ on relie ce problème à l’art de l’ingénieur et aux calculs de l’astronom
321 découverte scientifique en pollution universelle. On ne peut plus s’en remettre au Temps pour adapter, roder, domestiquer
322 calculer, avec autant de soins et de précision qu’ on ne le fit jamais pour un prix de revient ou une épreuve de résistance
27 1972, Articles divers (1970-1973). Forteresse au centre de l’Europe : la Suisse (1972)
323 ne femme qui vient, comme une patrie d’enfance qu’ on retrouve. Aimée aux larmes. Il n’y avait qu’elle au monde ! Puis une
324 re et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en or
325 s’écriront les journaux), sous les portiques où l’ on discute par petits groupes ; et enfin, au milieu de la place, le Marc
326 chitecture de la cité qui a permis la démocratie, on voit que cette dernière trouve ses ennemis mortels dans deux facteurs
28 1972, Articles divers (1970-1973). Au centre du monde, Lavaux (1972)
327 endurer la moindre preuve : vous la vivez « comme on respire », ou c’est que vous n’êtes jamais vraiment venu, n’avez jama
328 es de La Côte, de Begnins à Vufflens par exemple. On y voit beaucoup plus de maisons neuves et laides, beaucoup plus de ro
329 t à détruire les raisons de vivre. Mais que tient- on pour nécessaire ? Les maxima contradictoires, toujours à l’œuvre dans
29 1972, Articles divers (1970-1973). Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles (mars 1972)
330 sible d’effacer leurs traces) mais aussi parce qu’ on sait que pour reconstituer l’humus détruit en quelques heures par les
331 inent. La condition sine qua non Si donc l’ on veut que l’Europe de l’an 2000 soit gérée par les Européens, c’est-à-
332 nationale est un absolu religieux, le seul que l’ on vénère encore et que les Pouvoirs de l’Ouest comme de l’Est invoquent
333 . Il n’y aura pas d’Europe unie en l’an 2000 si l’ on ne commence pas aujourd’hui et si l’on n’achève pas dans les années q
334 2000 si l’on ne commence pas aujourd’hui et si l’ on n’achève pas dans les années qui viennent, une véritable mutation de
335 uer une erreur de « grandeur » aussi manifeste ? ( On sait que l’Oural, chaîne de collines et petit fleuve affluent de la V
336 l’École ? Or l’École fait des citoyens pour ce qu’ on veut, et trop souvent, pour ce que l’État lui demande. Longtemps elle
337 ignement dans le sens d’un civisme européen. Mais on peut citer quelques chiffres : — 33 stages de formation, dans 15 pays
338 néerlandaise, italienne, suivront. D’autre part, on peut citer quelques résultats de nos stages, destinés à faire entrer
339 ciers nous ont été plus chichement mesurés, comme on sait qu’il est de règle dans notre société « européenne » par antiphr
340 ’urgence des tâches qui incombent à l’École, si l’ on veut réellement construire l’Europe. Même si tous les enseignants tou
341 personnels) dont nous disposons actuellement si l’ on veut centupler l’impact nécessaire sur l’École, et au-delà de l’École
342 es enseignants dialoguant avec leurs élèves. Si l’ on a compris cela, et si l’on veut l’Europe, on admettra l’urgence de la
343 vec leurs élèves. Si l’on a compris cela, et si l’ on veut l’Europe, on admettra l’urgence de la Campagne, et l’on fera ce
344 Si l’on a compris cela, et si l’on veut l’Europe, on admettra l’urgence de la Campagne, et l’on fera ce qu’il faut pour qu
345 urope, on admettra l’urgence de la Campagne, et l’ on fera ce qu’il faut pour qu’elle soit efficace. Pédagogie écologiqu
346 e écologique, ou de l’utilité des catastrophes On nous dit que les esprits ne sont pas mûrs pour l’union des Européens.
347 hoix, à décider une politique de l’homme : — veut- on la Puissance à tout prix (celle de l’État-nation, s’entend), la Crois
348 du PNB, des salaires et des dividendes), et alors on se rue aux catastrophes calculées en détail par les ordinateurs ; — o
349 lculées en détail par les ordinateurs ; — ou veut- on l’équilibre vivant entre l’homme, la cité et la nature ? Et alors il
30 1972, Articles divers (1970-1973). Autopsie d’un cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)
350 vidu isolé. Ce n’était pas le soldat politique qu’ on nous montrait dans les pays totalitaires. Nous étions contre l’atomis
351 de l’écrivain. Un terme dont vous êtes le père ? On ne sait pas exactement qui l’a dit en premier, de Mounier ou de moi.
352 ourquoi, l’attribuait à Sartre. Or, Sartre, comme on le sait maintenant par les mémoires de Simone de Beauvoir, ne s’était
353 dit que maintenant il fallait faire l’Europe. Qu’ on ne pouvait unifier l’Europe sur le modèle hitlérien ou napoléonien, q
354 Europe sur le modèle hitlérien ou napoléonien, qu’ on ne pouvait pas non plus faire l’Europe avec l’État-nation. Il fallait
355 l’Europe ? Les communes, bien avant les cantons — on ne commence à parler des cantons qu’aux xviiie et xixe siècles — co
356 t à quelque chose de créateur. Et ces tensions qu’ on n’essaie pas de réduire ou d’anéantir mais qu’on conserve et qu’on tâ
357 ’on n’essaie pas de réduire ou d’anéantir mais qu’ on conserve et qu’on tâche d’équilibrer aboutissent à une très grande vi
358 e réduire ou d’anéantir mais qu’on conserve et qu’ on tâche d’équilibrer aboutissent à une très grande vitalité civique. Ma
359 e disait toujours le général de Gaulle. Et alors, on ne voit pas du tout ce que ces pays veulent faire ensemble. Sinon, en
360 énéfices aux dépens de leurs voisins. Voilà ce qu’ on a vu dans la crise monétaire récente et ce qu’on verra chaque fois qu
361 ’on a vu dans la crise monétaire récente et ce qu’ on verra chaque fois qu’il y a une crise économique. Ça, c’est la morale
362 nt la loi des dimensions des tâches. Comment peut- on définir une région ? Les régions sont définies par des problèmes qui
363 a folie. Pendant tout le xixe et le xxe siècle, on a voulu imposer les mêmes frontières à des réalités qui n’ont rien à
364 a création, que c’est le sommet de l’histoire, qu’ on ne peut pas le dépasser et que c’est de la rêverie absurde de vouloir
365 que russe. Vous comparez la région au couple. Or, on constate l’échec de plus en plus de couples. Les régions, dès lors, n
366 on. Cette même forme de pensée est très ancienne. On la retrouve chez Héraclite, dans la théologie des premiers conciles e
367 dans la définition de la personne du Christ où l’ on constate ces deux réalités antinomiques : Dieu et homme. D’après le c
368 à présent, elle se développait un peu au hasard ; on pensait qu’il y avait des ressources naturelles, de la place, de l’ea
369 l’eau, de l’air pour tout le monde, indéfiniment. On n’avait donc pas besoin de politique de développement car on pensait
370 donc pas besoin de politique de développement car on pensait que le progrès était infini, que tout allait s’arranger si on
371 ogrès était infini, que tout allait s’arranger si on produisait plus. Bref, c’était la foire d’empoigne. Chacun pour soi e
372 d’empoigne. Chacun pour soi et Dieu pour tous et on ne croyait pas en Dieu en disant cela. Aujourd’hui, depuis une dizain
373 puis trois ou quatre ans dans l’opinion publique, on sait qu’il n’en est rien. Et que nous touchons partout des limites. L
374 cu pendant plus de vingt ans. Un portail vert. Qu’ on ouvre et qu’on referme précipitamment, dès les premiers aboiements de
375 de vingt ans. Un portail vert. Qu’on ouvre et qu’ on referme précipitamment, dès les premiers aboiements de Furax, un berg
31 1972, Articles divers (1970-1973). Je rentrais de l’espace… (27-28 mai 1972)
376 ne femme qui vient, comme une patrie d’enfance qu’ on retrouve. Aimée aux larmes. Il n’y avait qu’elle au monde ! Puis une
377 re et nous engloutit, la nuée, la nuit, le néant. On nous transpose dans d’autres dimensions. Nous volons maintenant en or
378 strielle. Or, il y a plus de deux-cents ans que l’ on déplore son urbanisation dévergondée. Rousseau déjà jugeait que la Su
379 s’écriront les journaux), sous les portiques où l’ on discute par petits groupes ; et enfin, au milieu de la place, le marc
380 chitecture de la cité qui a permis la démocratie, on voit que cette dernière trouve ses ennemis mortels dans deux facteurs
32 1972, Articles divers (1970-1973). Qu’est-ce que la culture ? : quatre thèses et une hypothèse (juin 1972)
381 quelque chose qui distingue du vulgaire et que l’ on acquiert par des études. Elle n’est pas l’affaire des « salons », com
382 ’elle soit « La culture est ce qui reste quand on a tout oublié », disait Édouard Herriot, homme politique bien oublié,
383 écisément, par cette seule phrase sur la culture. On l’a prise pour une boutade. J’y vois plutôt une anticipation de certa
384 cé des frontières, ou le drapeau ou la monnaie qu’ on y vénère. La seule culture qui puisse être sucée avec le lait, assimi
33 1973, Articles divers (1970-1973). La Merveilleuse histoire de Tristan et Iseut [préface] (1973)
385 mais qui est bien plutôt celle du « cœur » comme on dit, celle de l’âme. L’âme est en propre le domaine des émotions et d
386 te vers la hauteur où elle entraîne l’amant ravi. On aura reconnu la conclusion gnostique du Second Faust de Goethe, mais
387 éversible, des obstacles opposés à la passion. Or on sait que la passion vit d’obstacles, naturels ou sacrés, coutumiers o
388 ion mortelle, il n’y aurait donc pas eu de mythe. On ne saurait imaginer le grand roi Marc s’inclinant devant les « droits
389 e convole en justes noces avec le chevalier. Et l’ on recule épouvanté devant l’idée d’Iseut devenant Madame Tristan ! C’es
390 rg, inspiré lui-même des Bretons, de Béroul, et d’ on ne sait qui d’autre, Wagner décrit par sa musique, vrai langage du my
391 es, nommés Fravartis, sont des entités féminines. On retrouve ici Dante, et Goethe, et peut-être bien notre mythe. L’événe
392 t n’évoque-t-elle point cette forme de lumière qu’ on ne rejoint que dans un au-delà, et qui aurait été, sur la Terre, le v
393 té entre l’individu et le vrai moi, sans laquelle on ne saurait s’aimer soi-même, puisqu’« il faut être deux pour aimer »,
394 ou religieux, à quelque décret de la morale que l’ on pourrait un jour abandonner, mais tient à l’être même, au fait de la
395 éroul, Mary de Thomas ; Bédier « français » comme on devait l’être aux alentours de 190919 ; Mary résolument « anglo-norma
396 de la belle époque — un franglais primitif, si l’ on préfère — dont je citerai quelques exemples à la volée : Thoma
397 boles qui en constituent la matière traduisible : on peut tout traduire d’un poème, sauf la poésie. Après Bédier (qui a pr
34 1973, Articles divers (1970-1973). Université et universalité (janvier 1973)
398 égie militaire, et celui de la cybernétique, dont on connaît les applications à la biologie, à la psychologie ou à la poli
35 1973, Articles divers (1970-1973). De Genève à l’Europe par les régions (mars 1973)
399 servant les choses de haut, par grands ensembles, on s’aperçoit qu’une loi commande l’apparition du phénomène régional en
400 éalité concrète, affective et « mystique », que l’ on enferme désormais dans des frontières d’autant plus rigides qu’elles
401 encore tout bloquer) amènent à constater que si l’ on veut faire l’Europe il faut ouvrir le cadre stato-national et dépasse
402 tradictoires d’un pays à l’autre. Toutefois, si l’ on considère l’ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager deux
403 ’on considère l’ensemble de ces « cas spéciaux », on voit se dégager deux classes de motifs principaux, les ethniques et l
404 on générale de la politique régionale. Là encore, on constate bien souvent que les tempéraments ethniques jouent un rôle é
405 onalisme en France : Paris et le désert français. On voit tout de suite que les régions ethniques et les régions économiqu
406 Genève est particulièrement frappant à cet égard. On connaît le problème : Genève, ville internationale, manque d’hinterla
36 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
407 e ». Pour nous y préparer, lisons Proudhon, que l’ on trouve aujourd’hui en livre de poche. L’affaire Lip est déjà prévue,
37 1973, Articles divers (1970-1973). L’Europe, c’est d’abord une culture (juillet-août 1973)
408 cle de sa continuité historique, continuité que l’ on peut faire remonter au pacte secret de 1273, unissant trois « commune
409 orité. L’État-nation contre l’Europe Ici, l’ on bute sur l’obstacle majeur à toute union fédérale : l’État national d
410 f qu’elle bloque tout. Mais c’est ici aussi que l’ on rejoint la culture. Car c’est bien la culture — l’École, la presse, l
411 es options politiques des historiens20. Mais si l’ on peut admettre que l’État français existe réellement depuis Philippe l
412 p différents les uns des autres pour s’unir et qu’ on ne pourra jamais les fédérer, parce que leurs vingt-huit États-nation
413 abord : il n’y a pas de cultures nationales, si l’ on entend par « nations », comme on le fait couramment, les États-nation
414 nationales, si l’on entend par « nations », comme on le fait couramment, les États-nations modernes de l’Europe. La cultur
415 qu’elle existait bien avant la formation, récente on vient de le voir, de nos États. Le mot nation, natio en latin, désign
416 rsitaire, rien de plus. Mais à l’Université même, on ne parlait qu’en latin, et l’on ignorait tout des appartenances « nat
417 ’Université même, on ne parlait qu’en latin, et l’ on ignorait tout des appartenances « nationales » au sens moderne du mot
418 érieure à l’idée même d’État-nation. Mais, dira-t- on , le mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux qui parlent une même
419 re de diffusion d’une langue. Prenons la France : on parle huit langues à l’intérieur de ses frontières actuelles, le bret
420 au service dévot de l’État-nation. C’est ainsi qu’ on nous a inculqué que le Rhin sépare les peuples de ses deux rives, mai
421 un esprit fort (ou un naïf) ne remarque pas que l’ on trouve à l’est de cette chaîne les mêmes Catalans sur les deux versan
422 Basques. Quant aux Alpes, chacun peut vérifier qu’ on y parle italien des deux côtés au sud, français des deux côtés à la h
423 le sens même de la vie de l’esprit. La vérité qu’ on nous cachait, c’est que la culture de tous nos peuples est foncièreme
424 unité de base permet seule de définir l’Européen. On se rappelle la page fameuse de Paul Valéry sur les trois sources de l
425 e, Moïse et saint Paul, César, Trajan et Virgile. On sait à quel point ces trois traditions sont à la fois antinomiques et
426 n de nos pays a un nord et un midi, dans chacun l’ on trouvera des croyants et des incroyants, des hommes de gauche et des
427 lité des écoles de pensée et des styles de vie qu’ on retrouve à divers degrés dans toutes nos nations. Supprimons les fron
428 des Flandres, de la Bourgogne et de la Rhénanie. On sait le rôle merveilleusement fécondant de petites villes comme Tubin
429 une Europe des États-nations souverains, parce qu’ on ne peut pas fonder l’union sur l’obstacle par excellence et par défin
430 serait une amicale des misanthropes, chose que l’ on peut énoncer mais non pas faire ; car ou bien l’on fait une vraie ami
431 n peut énoncer mais non pas faire ; car ou bien l’ on fait une vraie amicale, mais alors on cesse d’être misanthrope, ou bi
432 r ou bien l’on fait une vraie amicale, mais alors on cesse d’être misanthrope, ou bien l’on reste misanthrope, mais alors
433 mais alors on cesse d’être misanthrope, ou bien l’ on reste misanthrope, mais alors il n’y a pas d’amicale. La fédération e
38 1973, Articles divers (1970-1973). « La famille est devenue un choix » (23 septembre 1973)
434 faut avoir le sens de son histoire personnelle ». On ne connaît pas le sens d’une histoire, si on ne connaît pas le passé.
435 e ». On ne connaît pas le sens d’une histoire, si on ne connaît pas le passé. Il a donc fait des recherches généalogiques
436 dation d’un de mes oncles : « Plus l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui. » Quan
437 s l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moins on a de chances de tenir de lui. » Quand débute votre famille ? Si l’on
438 tenir de lui. » Quand débute votre famille ? Si l’ on consulte Les Familles bourgeoises de Neuchâtel, on constate que la fa
439 n consulte Les Familles bourgeoises de Neuchâtel, on constate que la famille compte parmi les plus anciennes de Besançon.
440 anciennes de Besançon. Dans les archives du Doubs on retrouve trace d’une femme de cette famille de Rougemont qui a épousé
441 emont qui a épousé le comte de Neuchâtel en 1360. On trouve également un abbé de Rougemont, à Neuchâtel, en 1372. Quand la
442 tre pasteur ? Il est intéressant de savoir d’où l’ on vient. Cela ne dicte pas une carrière. Je descends des troubadours —
443 ce qui vous concerne ? À partir de ma génération, on faisait autre chose que son père. Vos enfants ? Mon fils est psycholo
39 1973, Articles divers (1970-1973). Sur la taille des régions (octobre 1973)
444 bre 1973)be C’est au Technocrate inconnu que l’ on doit l’expression, de « taille européenne ». Beaucoup l’emploient, l’
445 e sait ce qu’elle signifie. Les régions, nous dit- on , doivent être de « taille européenne ». Quelle est cette taille ? Qui
446 aille ? Qui en décide ? Au nom de quoi ? Que veut- on dire ? On me répond qu’il s’agit de « découper » des régions qui soie
447 i en décide ? Au nom de quoi ? Que veut-on dire ? On me répond qu’il s’agit de « découper » des régions qui soient assez g
448 » avec quoi ? — Avec les Länder allemands, me dit- on . Encore faudrait-il savoir lesquels : la Bavière, 71 000 km2 et 12 mi
449 avoyards se moquent bien que la région à laquelle on les a rattachés soit déclarée « compétitive » avec la Ruhr, le Piémon
450 ompétitive serait tout simplement puérile22, si l’ on ne distinguait derrière l’argument de la « taille européenne » le mod
451 rester maître chez soi et de s’administrer comme on l’entend, non comme l’entendent les bureaux de la capitale. Et cela c
452 ge tout. Notamment la question de la taille. Si l’ on se demande honnêtement quels sont les avantages du grand État sur la
453 avantages du grand État sur la petite communauté, on n’en trouve qu’un : le grand État peut faire de grandes guerres. Pour
454 ie, les goûts et volontés de leurs habitants. A-t- on jamais exigé une « taille européenne » de nos États-nations ? Du Luxe
40 1973, Articles divers (1970-1973). Une possibilité européenne : la région genevoise (novembre 1973)
455 révèlent intolérables ou manifestement aberrants. On voit tout de suite que les régions ethniques et les régions économiqu
456 Genève est particulièrement frappant à cet égard. On connaît le problème : Genève, ville internationale, manque d’hinterla
457 up de force de Poincaré que tout s’est gâté. Et l’ on a, sans sagesse ou sans bonne foi, invoqué de vieux conflits pour « e
458 min Constant et Stendhal. Rien de plus aisé, si l’ on songe qu’ils ont aimé les mêmes paysages, subi les mêmes bises noires
459 se connaissaient, se fréquentaient. Autour d’eux, on parlait le même dialecte, qui parlait dans leur inconscient. Avant qu
41 1973, Articles divers (1970-1973). Face à la crise de notre continent, l’utopie de Denis de Rougemont : l’Europe des régions (1er-2 décembre 1973)
460 que tout le monde dit qu’il faut faire l’Europe, on n’a pas avancé d’un millimètre, hormis quelques progrès en matière éc
461 laisait, et pas seulement leurs industries, comme on ne le voit que trop ces jours-ci… La formule de l’État-nation est à
462 Je me garde bien de la découper dans le terrain. On nous a trop appris, à l’école, à dessiner des pays comme des entités
463 Grenoble, Chambéry, Genève, Lausanne et Fribourg. On distingue aussi dans cette aire la plus large une région industrielle
464 lités économiques de l’ère actuelle. Comment peut- on croire encore qu’il y ait des économies nationales ? Il n’y a aucune
465 s régionales. … sans se faire l’avocat du diable, on peut penser que… Notez que je ne me fais pas l’avocat des sociétés mu
466 inationales ! … sans se faire l’avocat du diable, on peut penser néanmoins que le souci d’adaptation des sociétés multinat
467 u seul cadre national, et vous avez suggéré que l’ on parte plutôt de l’environnement immédiat des élèves. Vous vous souven
468 nement immédiat des élèves. Vous vous souvenez qu’ on vous apprenait à énumérer les affluents de l’Amazone, alors qu’on ne
469 t à énumérer les affluents de l’Amazone, alors qu’ on ne vous disait rien, par exemple, sur les liens étroits, historiques,
470 encore visibles qu’elle a laissées dans nos vies, on arriverait à de meilleurs résultats « européens » sans faire la moind
471 es comprennent cela. Et à partir de ces réalités, on peut les amener à se poser des questions sur la vie réelle, sur l’éco