1 La passion en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)i « La passion, écrit Denis d

2 on en 1970, est-ce possible ? (mai 1970)i « La passion , écrit Denis de Rougemont, est cette forme de l’amour qui refuse l’im

3 in, pour mieux se ressaisir et s’exalter. » Cette passion qui se nourrit d’obstacles par définition, que devient-elle à notre é

4 divorce, n’offre plus qu’une barrière fragile aux passions  ; si on aime ailleurs, on divorce. Et la passion, dans nos mariages m

5 passions ; si on aime ailleurs, on divorce. Et la passion , dans nos mariages modernes, qui ne sont en principe que des mariages

6 rnes, qui ne sont en principe que des mariages de passion , comment s’accommode-t-elle de l’immédiat quotidien ou du prochain ac

7 ou du prochain accessible ? Je ne condamne ni la passion ni le mariage, dit Denis de Rougemont, je dis seulement qu’il y a un

8 nt qu’il y a un conflit, si toutefois on parle de passion , qui est autre chose que l’amour. En effet, si l’on se marie en état

9 ue l’amour. En effet, si l’on se marie en état de passion , c’est-à-dire en état de fièvre, c’est exactement comme si l’on voula

10 . La décision risque de n’être pas excellente. La passion , d’autre part, est une projection narcissique : on aime, en l’autre,

11 ’on arrive à passer de la transe à la réalité, la passion peut conduire à l’amour. Le mariage à l’essai qui, maintenant et de p

12 on. C’est très différent d’une union basée sur la passion qu’on subit et dont on pâtit, par définition. D’après Denis de Rougem

13 d’hui) procède à la fois d’un culte exagéré de la passion , de la romance, pour reprendre le terme anglais et de la revendicatio

14 ujours les réponses. Et ces fameux obstacles à la passion  ? Pour Denis de Rougemont, ces obstacles n’ont pas été supprimés, ils

15 obstacle qui empêchait et exaltait à la fois leur passion (présence du roi Marc, mari d’Iseut), quand ils se retrouvent seuls d

16 s inventent un autre obstacle pour préserver leur passion  : l’épée déposée entre eux, symbole de chasteté. La passion est toujo

17 l’épée déposée entre eux, symbole de chasteté. La passion est toujours possible. Le mythe de Tristan et Iseut est assez rusé po

18 ances. i. Rougemont Denis de, « [Entretien] La passion en 1970, est-ce possible ? », Marie Claire, Paris, mai 1970, p. 21.

19 romaines et chrétiennes, qui se contredisent avec passion , ne se détruisent pas pour autant : entre leurs triomphes alternés, e

20 mariage, c’est la durée. Fonder le mariage sur la passion , sur quelque chose dont chacun sait que cela ne durera pas, c’est vou

21 jamais lu une ligne de l’histoire de Tristan. La passion amoureuse qui nous paraît si naturelle est en réalité exceptionnelle

22 t amour, qui désigne pour nous le sentiment de la passion , n’a pris de sens dans le Languedoc du xiie siècle qu’avec la poésie

23 n train de voler en éclats, non pas à cause de la passion dans sa beauté insoutenable, mais de ses dégradations. Peut-on imagin

24 i aucune recette pour l’amour. Je constate que la passion et le mariage sont des adversaires fondamentaux, bien que je sois pri

25 mer l’autre en tant qu’autre, tandis que, dans la passion , on tend vers l’impossible fusion, qui, finalement, ne peut conduire

26 e s’il n’existait pas. Grâce à la littérature, la passion obsède nos rêves. Et c’est une invention spécifique de la culture eur

27 le contraire de notre littérature, qui exalte la passion au-delà de toute raison, au-delà de l’instinct et même du plaisir ; l

28 lonté d’imposer une retenue aux instincts. Car la passion ne s’approfondit et ne dégage ses puissances qu’à la mesure des résis

29 ros d’un siècle cynique, le xviiie , incapable de passion , est l’antithèse de Tristan, son double négatif, l’homme des rencontr

30 un certain état de tension entre le mariage et la passion , entre l’orthodoxie et l’hérésie, l’ordre social et les vocations per

31 n ordre rationnel et statistique qui évacue toute passion et risque bien d’évacuer aussi le sens même de nos vies et des rappor

32  : ils cherchent partout l’obstacle qui permet la passion , cette forme d’amour qui refuse l’immédiat. Dans un livre, Les Mythe

33 ssion, l’amour-action peut-il s’en passer ? Si la passion a besoin d’obstacles pour vivre, elle en trouvera toujours, même dans

34 cret de l’autre qui suffit bien à ressusciter une passion au sein même de l’amour-action. En fin de compte, pour vous, quel ser

35 it plus ou moins bien. Vous voyez à quel point la passion est l’ennemie intime du mariage ; elle empêche de voir l’autre avec q

36 re responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulgarisée, dont j’ai parlé dans L’Amour et l’Occident . L

37 dont j’ai parlé dans L’Amour et l’Occident . La passion , qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous

38 é à m’intéresser beaucoup à l’opposition entre la passion et le mariage dans l’amour. La passion représentée par Tristan, qui e

39 n entre la passion et le mariage dans l’amour. La passion représentée par Tristan, qui est le grand mythe de la passion origine

40 ésentée par Tristan, qui est le grand mythe de la passion originelle en Occident. Et d’autre part, le mariage. J’ai étudié cett

41 la légende de Tristan, c’est l’étymologie de nos passions que ces savants ont retrouvée. Selon Littré : Les étymologies serven

42 ’âme est en propre le domaine des émotions et des passions . L’émotion est la preuve de l’âme, tout comme la sensation est la pre

43 corps, et la pensée, la preuve de l’intellect. La passion , c’est une impulsion qui outrepasse les lois et routines de l’instinc

44 licité majestueuse, c’est l’intensité de l’amour, passion de l’âme ouverte sur l’esprit, libérée des corps dont elle vient, et

45 ité toujours irréductible à l’image idéale que la passion s’en fait. Cette image, étant idéale, doit rester à jamais fuyante, i

46 stan, n’est pas Iseut, et n’est pas non plus leur passion , qui triomphe au contraire de tout. La vraie victime, c’est le roi Ma

47 orciser la société future, évacuant les dernières passions  ? ⁂ Une analyse sociologique de la dégradation du mythe, au cours des

48 le-t-il, irréversible, des obstacles opposés à la passion . Or on sait que la passion vit d’obstacles, naturels ou sacrés, coutu

49 obstacles opposés à la passion. Or on sait que la passion vit d’obstacles, naturels ou sacrés, coutumiers ou légaux ; qu’elle s

50 tif du héros —, il n’y aurait pas de roman, ni de passion mortelle, il n’y aurait donc pas eu de mythe. On ne saurait imaginer

51 Marc s’inclinant devant les « droits divins de la passion  » qu’inventera bien plus tard le romantisme, puis acceptant le divorc

52 plus un lien sacré, adversaire à la taille de la passion  ; et que, loin de provoquer celle-ci par ses refus intransigeants, il

53 ythe en même temps que ses propres fondements. La passion se fait rare de nos jours, s’il faut en croire nos romanciers. Ils sa

54 ers tabous viennent à céder, c’en sera fait de la passion . Que deviendront nos romanciers ? Il leur reste le réalisme, le regar

55 es drames du spirituel. Selon les sociologues, la passion doit mourir. Je vous dis que je n’en crois rien. Car s’il est vrai qu

56 que je n’en crois rien. Car s’il est vrai que la passion se nourrit d’obstacles choisis, et que notre culture tend à les suppr

57 acle suprême, celui-là justement dont triomphe la passion de Tristan et d’Iseut : et c’est la mort. ⁂ J’ai laissé jusqu’ici dan

58 e à notre amour d’un être, à l’Amour même ? Si la passion vit de séparations, il est bien clair que la séparation la plus irrém

59 i, se récusent et se taisent. Or c’est ici que la passion mythique va se dresser dans sa pleine stature. En buvant le breuvage

60 s l’obstacle dernier à notre amour, provoquant la passion créatrice, ce ne serait plus la mort, ce serait dès ici-bas, l’altéri

61 imple et pur, une grande image ordonnatrice de la passion . En restituant à notre temps ce modèle de l’amour-passion, dans sa gr

62 à tout jamais, la plus poignante définition de la passion . 18. Cf. Henry Corbin, Terre céleste et Corps de Résurrection, Buch

63 urait plus en être question. Vous savez, quand la passion est devenue un devoir… j’ai compris que j’étais écrivain. J’avais lu

64 sociation européenne des enseignants de la grande passion de sa vie : l’Europe. Nous avons profité de cette rencontre pour évoq