1
r la table des multiplications à l’école primaire
qui
m’a toujours frappé, et ceci prouve que la liturgie n’est pas seuleme
2
n livre : je le prends dans son sens étymologique
qui
est très proche de formation. Il y a des livres de pure information,
3
nformation, comme on dit, d’information courante,
qui
sont les dictionnaires, les encyclopédies, qui sont des réservoirs de
4
e, qui sont les dictionnaires, les encyclopédies,
qui
sont des réservoirs de recettes, de noms, de dates, des « data banks
5
ans ses éléments constitutifs que les transistors
qui
sont pour moi le comble de l’élégance en technique, ce petit truc tou
6
finité des directions possibles. Alors, qu’est-ce
qui
produit cet effet d’orientation, d’organisation de l’information et d
7
uelquefois le style ; dans ce cas, c’est le style
qui
est le message même du livre, qui fonctionne donc comme orientateur,
8
c’est le style qui est le message même du livre,
qui
fonctionne donc comme orientateur, comme polarisateur de l’esprit et
9
s un livre digne du nom de livre, est un appareil
qui
fonctionne de cette manière-là, opère, transmet son message, est lui-
10
oires, c’est de faire passer un message unique et
qui
est global, qui tient à tout le livre, qui tient à sa composition, à
11
faire passer un message unique et qui est global,
qui
tient à tout le livre, qui tient à sa composition, à sa structure, à
12
que et qui est global, qui tient à tout le livre,
qui
tient à sa composition, à sa structure, à son style, à ses rythmes au
13
re, nous faisons une expérience de transformation
qui
nous transforme nous-mêmes, nous digérons ce qu’il y a dans le livre
14
« absorbés » dans un livre, est-ce que c’est lui
qui
nous absorbe ou nous qui l’absorbons ? C’est une question qu’on peut
15
re, est-ce que c’est lui qui nous absorbe ou nous
qui
l’absorbons ? C’est une question qu’on peut se poser, et cela me fait
16
l’Apocalypse où l’auteur entend une voix du ciel
qui
lui dit : « Va au-devant de cet ange et prends ce petit livre ouvert
17
s vous voyez qu’il y a cette espèce d’interaction
qui
indique bien la valeur transformatrice qui existe dans un livre, dans
18
action qui indique bien la valeur transformatrice
qui
existe dans un livre, dans ce petit appareil qu’est le livre dont on
19
’est le livre dont on ne sait jamais si c’est lui
qui
nous avale, ou nous lui. Voilà, me semble-t-il, le bon usage du livre
20
de plus en plus fréquemment dans les journaux et
qui
dit : « apprenez à lire vite ». Le président Kennedy lisait très, trè
21
r écrire lentement. Ne rien écrire d’autre que ce
qui
pourrait désespérer l’espèce d’homme qui se hâte ! [voilà pour l’anno
22
e que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’homme
qui
se hâte ! [voilà pour l’annonce que je vous citais]. Car la philologi
23
citais]. Car la philologie est cet art vénérable
qui
, de ses admirateurs, exige avant tout une chose : se tenir à l’écart,
24
ux dire de la précipitation, de la hâte indécente
qui
s’échauffe et qui veut vite en finir de toutes choses, même d’un livr
25
ipitation, de la hâte indécente qui s’échauffe et
qui
veut vite en finir de toutes choses, même d’un livre fût-il ancien ou
26
stions posées. Eh bien, ce ne sont pas les sujets
qui
manquent, ce qui est difficile, c’est le temps de lente lecture pour
27
bien, ce ne sont pas les sujets qui manquent, ce
qui
est difficile, c’est le temps de lente lecture pour bien se pénétrer
28
J’essaierai de grouper plusieurs de ces questions
qui
se réfèrent à l’audiovisuel, aux rapports entre l’audiovisuel et le l
29
disque. La bande enregistrée, la bande magnétique
qui
joue à peu près le même rôle que le livre, c’est-à-dire qui peut être
30
peu près le même rôle que le livre, c’est-à-dire
qui
peut être comme le livre un agent d’individualisme, d’individualisati
31
guère un certain rayon, contrairement à la radio
qui
va beaucoup plus loin, et contrairement au livre et à l’imprimé qui,
32
us loin, et contrairement au livre et à l’imprimé
qui
, eux, n’ont pas de limite en général. La télévision, c’est quelque ch
33
he à nous imposer certaines doctrines officielles
qui
sont, en effet, maniées uniquement par les gens qui ont le pouvoir et
34
i sont, en effet, maniées uniquement par les gens
qui
ont le pouvoir et les fonds nécessaires pour le faire. À cet égard, j
35
vision, sur son poste personnel, des petits films
qui
sont comme l’équivalent du microsillon. C’est dans cette toute petite
36
ïe est le sens le plus développé et d’autres pour
qui
c’est la vision. On peut combiner aussi les deux choses. Je pense que
37
spéranto, à supposer qu’il y ait beaucoup de gens
qui
le sachent. Cela, c’est l’information objective, détachée, le petit é
38
e ? » Première remarque : ce ne sont pas les gens
qui
ont le plus de temps qui lisent le mieux, ni même qui lisent le plus.
39
ce ne sont pas les gens qui ont le plus de temps
qui
lisent le mieux, ni même qui lisent le plus. Je connais des gens qui
40
ont le plus de temps qui lisent le mieux, ni même
qui
lisent le plus. Je connais des gens qui sont tout à fait dans le styl
41
, ni même qui lisent le plus. Je connais des gens
qui
sont tout à fait dans le style employé de bureau, femme de ménage, co
42
employé de bureau, femme de ménage, contremaître,
qui
sont d’énormes lecteurs. Ils trouvent toujours le temps nécessaire, a
43
st au fond tout l’effort de la technique actuelle
qui
va là absolument dans le sens du livre, c’est-à-dire qu’il diminue le
44
er « qu’on lit énormément de revues en France, ce
qui
pourrait compenser les chiffres un peu pessimistes des statistiques d
45
à exclure l’un des deux, comme font les papistes
qui
excluent la multitude, et les huguenots qui excluent l’unité. Pascal
46
istes qui excluent la multitude, et les huguenots
qui
excluent l’unité. Pascal Il faut faire l’Europe, mais dans le respec
47
ule Tel est le malentendu tragique et ridicule
qui
bloque depuis vingt ans tous les efforts d’union, parce qu’il paralys
48
mann a proposé un marché à la Grande-Bretagne, en
qui
il trouvera certainement preneur : soutien à la candidature britanniq
49
que l’erreur est le fait du journaliste, mais ce
qui
frappe, c’est qu’elle ait pu passer inaperçue dans un quotidien qui s
50
qu’elle ait pu passer inaperçue dans un quotidien
qui
s’appelle précisément La Suisse. Un système bon pour les sauvages
51
ssurément moins éclairante que les deux citations
qui
l’illustrent : 1) Le fédéralisme était une des formes politiques les
52
les sauvages, et en France il mérite l’échafaud,
qui
est le sort des traîtres à la République. Ainsi, le Français cultivé
53
bord l’autorité centrale de Washington. Fédéral :
qui
favorise un gouvernement fédéral fort, c’est-à-dire central, lit-on d
54
eut unilatéralement en modifier les termes. Voilà
qui
devrait rassurer ceux qui voyaient dans la fédération européenne l’im
55
ifier les termes. Voilà qui devrait rassurer ceux
qui
voyaient dans la fédération européenne l’imposition d’un volapük univ
56
u gré du Prince et des seuls intérêts de son État
qui
demeure inacceptable aux vrais croyants de la religion nationaliste.
57
le judiciaire, mais « à différents niveaux » (ce
qui
introduit le thème des communes et des régions autonomes), enfin, sur
58
les aider à résoudre leurs problèmes de la façon
qui
convient. Pour Nelson Rockefeller, comme pour Trudeau, comme pour Pro
59
ensées originales et enfin un équilibre de forces
qui
exclut toute démesure et favorise le libre jeu des initiatives social
60
s doit-elle rester à jamais étrangère aux esprits
qui
se veulent « cartésiens » ? Il nous faudrait alors désespérer de tout
61
ne se fait pas d’abord dans les esprits, et voilà
qui
implique un langage, et qu’on ne laisse pas impunies ses erreurs. Car
62
C’est une considérable illusion à mon sens, mais
qui
explique pourquoi la Suisse n’est entrée que dans l’AELE et a refusé
63
hose qu’à des avantages commerciaux, par exemple,
qui
sont ceux du libre-échange, tandis que la CEE n’a jamais caché depuis
64
a voulu se borner à l’économie, c’est-à-dire à ce
qui
pouvait servir les intérêts réputés sérieux, surtout sur les bords du
65
car s’il n’y avait que les questions économiques
qui
se posaient, nous aurions tout avantage à faire appel aux Américains,
66
t tous les jours, c’est qu’il y a d’autres choses
qui
sont non moins sérieuses que l’économie, qui sont même beaucoup plus
67
oses qui sont non moins sérieuses que l’économie,
qui
sont même beaucoup plus sérieuses, qui sont, par exemple, nos liberté
68
’économie, qui sont même beaucoup plus sérieuses,
qui
sont, par exemple, nos libertés, nos modes de vie… Et c’est à cause d
69
’école. Il n’y a qu’une grande culture européenne
qui
vient de nos ancêtres communs : grecs, romains, juifs, par le christi
70
mais arrêté aux frontières actuelles de nos pays,
qui
n’existaient pas pendant tout le Moyen Âge, notamment, où la culture
71
ait bel et bien. Donc, sur cette unité de culture
qui
est commune aux Suisses et à tous les voisins de ce pays, on peut édi
72
e union dans la diversité. C’est-à-dire une union
qui
, comme celle des vingt-deux cantons suisses, respecte les diversités
73
ngt-deux cantons suisses, respecte les diversités
qui
tout de même subsistent sur ce fond d’unité. Denis de Rougemont, à vo
74
rée. En Inde, par exemple, il n’y a pas de romans
qui
racontent des petites histoires qui se passent tous les jours. Il n’y
75
pas de romans qui racontent des petites histoires
qui
se passent tous les jours. Il n’y a que des écrits religieux, de la s
76
essaie d’approfondir cette formule, celle-là même
qui
pourrait servir de modèle à l’Europe. On rejoint la pensée de votre l
77
la comprendre, il faut penser ensemble des choses
qui
ont l’air de s’exclure logiquement. Il faut penser, par exemple : uni
78
s grands. Il faut penser à une quantité de choses
qui
répugnent à la logique. J’entendais l’autre jour encore à la télévisi
79
là — je pense — le fait que c’est un petit pays,
qui
n’a qu’une petite armée, encore que ce soit la plus forte d’Europe !)
80
c’est là une attitude tout à fait erronée, car ce
qui
fait le poids, l’autorité d’un pays dans le monde, ce qui donne du po
81
le poids, l’autorité d’un pays dans le monde, ce
qui
donne du poids à ses interventions dans le domaine de la politique ét
82
as du tout la force, comme on le répète toujours,
qui
dirige le monde, c’est beaucoup plus l’opinion. Les Américains savent
83
Américains savent qu’il y a en face d’eux un pays
qui
agit beaucoup sur l’opinion d’une partie du monde : la Russie. La Rus
84
nion d’une partie du monde : la Russie. La Russie
qui
n’agit pas du tout par la force de ses armées mais par la force de sa
85
Prendre conscience … Non ! Elle aurait un rôle
qui
serait peut-être décisif, qui serait de donner justement la formule d
86
Elle aurait un rôle qui serait peut-être décisif,
qui
serait de donner justement la formule de l’avenir européen. Naturelle
87
e, mais voir plus loin, voir qu’il y a des tâches
qui
sont de dimensions continentales, européennes, et que la raison, le b
88
e fédéralisme à la dimension des tâches nouvelles
qui
se posent aux hommes. À vous entendre, Denis de Rougemont, le citoyen
89
entendre, Denis de Rougemont, le citoyen suisse,
qui
appartient à ce peuple heureux que vous décrivez, ne semble pas très
90
je dis bien, selon la formule fédérale, la seule
qui
puisse être acceptable aux yeux des Suisses ? On n’a jamais fait cett
91
fesseurs secondaires et même de maîtres primaires
qui
ont adopté ce point de vue, qui se mettent à enseigner l’histoire, la
92
maîtres primaires qui ont adopté ce point de vue,
qui
se mettent à enseigner l’histoire, la géographie, l’instruction civiq
93
struction civique, dans un esprit européen. Voilà
qui
va former de nouvelles générations, lesquelles seront complètement d’
94
es aînés — d’avoir gardé une prudence exemplaire,
qui
n’est exemplaire pour personne et qui fait que nous sommes restés à l
95
exemplaire, qui n’est exemplaire pour personne et
qui
fait que nous sommes restés à la traîne loin derrière les autres. Alo
96
t pour cela, je fais confiance au Conseil fédéral
qui
me paraît tout à fait disposé dans ce sens, à en juger par les récent
97
en juger par les récentes déclarations des hommes
qui
sont chargés notamment de nos affaires étrangères. c. Rougemont D
98
rsonnalité. Je veux parler de Denis de Rougemont,
qui
m’a fait part de ses impressions sur cette grave question, et je vous
99
parce que cette distinction est un prix politique
qui
fait suite, après un prix théologique, à une série de prix littéraire
100
et mon activité au Centre européen de la culture
qui
m’ont valu ce prix, attribué jusqu’ici à des hommes politiques seulem
101
la culture que je dirige. Et, de recevoir un prix
qui
porte son nom est aussi, pour moi, un sujet de satisfaction. e. Ro
102
bourg, et est destiné à récompenser les Européens
qui
, par leurs travaux ou leurs recherches, se distinguent en contribuant
103
it Denis de Rougemont, est cette forme de l’amour
qui
refuse l’immédiat, fuit le prochain, veut la distance et l’invente au
104
mieux se ressaisir et s’exalter. » Cette passion
qui
se nourrit d’obstacles par définition, que devient-elle à notre époqu
105
vorce. Et la passion, dans nos mariages modernes,
qui
ne sont en principe que des mariages de passion, comment s’accommode-
106
y a un conflit, si toutefois on parle de passion,
qui
est autre chose que l’amour. En effet, si l’on se marie en état de pa
107
ion peut conduire à l’amour. Le mariage à l’essai
qui
, maintenant et de plus en plus, tient lieu de fiançailles, me semble
108
D’après Denis de Rougemont, la crise du mariage (
qui
ne date pas d’aujourd’hui) procède à la fois d’un culte exagéré de la
109
isation moderne des connaissances psychologiques,
qui
a rendu les hommes et les femmes plus exigeants sur la qualité de leu
110
duite au niveau de la parole et de l’information,
qui
donnent l’impression d’une liberté fantastique. J’ai lu, l’autre jour
111
autour de 1890, une quinzaine de théâtres de nus
qui
offraient des spectacles beaucoup plus provocants que celui de « Hair
112
istan et Iseut. Quand ils ont supprimé l’obstacle
qui
empêchait et exaltait à la fois leur passion (présence du roi Marc, m
113
guerre. C’est le culte du sol sacré de la patrie
qui
a engendré cet État-nation où coïncident, à l’intérieur de frontières
114
’union tant soit peu sérieuse que cet État-nation
qui
se révèle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temp
115
les, économiques, etc.) à la mesure des décisions
qui
doivent être prises. Autant l’Europe des nations était simpliste, aut
116
ibres anciens sont détruits : prenez les villages
qui
éclatent, le paysage qu’on saccage. C’est maintenant ou jamais qu’on
117
rmisation, et tirant parti de toutes ces cellules
qui
font la complexité de l’Europe. On parle souvent d’helvétisation de l
118
avis, est excellent, hormis peut-être les cantons
qui
ne sont pas d’une originalité débordante. Unir les États européens en
119
rnational et que c’est ce type d’union pluraliste
qui
peut seul assurer la paix de l’Europe ! Il me semble ainsi que l’idée
120
r la Suisse à l’idée de l’intégration européenne,
qui
tient surtout à l’obstacle de sa neutralité ? La neutralité est une s
121
: c’est à nous de faire valoir dans les Conseils
qui
élaborent l’Europe future les avantages de la formule fédéraliste. Ca
122
ots qu’on ne saurait souhaiter plus éclairants et
qui
servent de titre au deuxième chapitre : L’Europe, avant d’être une al
123
en fait, à la culture. Unité non pas homogène, et
qui
ne résulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement
124
iformisation, de nivellement et d’exclusion de ce
qui
diffère, mais qui au contraire englobe, et compose largement, dans un
125
ivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais
qui
au contraire englobe, et compose largement, dans une communauté de pl
126
toujours renouvelées. Et de là vient le dynamisme
qui
a porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts
127
s instances universelles, et toutes les créations
qui
ne cessent de jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la
128
r pour la formule même de l’unité européenne : Ce
qui
s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle
129
squ’au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe
qui
paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort
130
d’où les excès de l’individualisme hellénistique
qui
ne manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi d
131
ngereux Ennui, jusqu’à ce vide de l’âme inoccupée
qui
appelle les tempêtes et les révolutions. Le christianisme apporte alo
132
r, ces valeurs grecques, romaines et chrétiennes,
qui
se contredisent avec passion, ne se détruisent pas pour autant : entr
133
’existence quotidienne de 700 millions de Chinois
qui
se croyaient confucianistes, bouddhistes, ou sans croyance aucune… Ma
134
mystique. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe,
qui
ne se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est
135
pas au zéro précédant la suite des nombres, mais
qui
est l’une des sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’a
136
besoin de sécurité et goût du risque, conformité
qui
maintient les valeurs, originalité qui les conteste et les rénove. To
137
conformité qui maintient les valeurs, originalité
qui
les conteste et les rénove. Tout cela préforme, dès avant notre naiss
138
seront perdues une à une si nous refusons l’union
qui
, seule, ferait leur force ; mais en retour, cette union ne saurait êt
139
olution culturelle ! » (15 octobre 1970)k l Ce
qui
me frappe, Denis de Rougemont, en lisant votre Lettre ouverte aux Eu
140
’hui est aliéné dans le matériel, le quantitatif,
qui
tend à le déposséder de lui-même. Je me sens assez proche de Maurice
141
de l’aliénation ; je déplore la vague de marxisme
qui
déferle sur l’Université française avec cent ans de retard. La bourge
142
c cent ans de retard. La bourgeoisie occidentale,
qui
place l’économique avant tout, a d’ailleurs les mêmes présupposés que
143
cette illusion et je pense, d’autre part, que ce
qui
peut entraîner l’économique, ce n’est pas la politique. Celle-ci peut
144
s de ce dernier reposent sur une certaine culture
qui
l’a marqué et qui postule qu’il n’y a de sérieux que les nations. Deu
145
posent sur une certaine culture qui l’a marqué et
qui
postule qu’il n’y a de sérieux que les nations. Deux de mes étudiants
146
n moyenne), dans des pays différents. Ces stages,
qui
réunissent une cinquantaine de pédagogues, durent une semaine et comp
147
fondamental, car c’est l’écologie, de nos jours,
qui
constitue la véritable politique. Des stages sont consacrés aussi à l
148
er un état d’esprit européen chez les maîtres, ce
qui
permettra d’espérer un changement sérieux en une génération. La Journ
149
tion. La Journée de l’Europe, avec les rédactions
qui
sont faites par les élèves à cette occasion, montre qu’il y a progrès
150
nod, Kastler, Guy Michaud, et appuyé par la CFDT,
qui
était alors le plus gauchiste des syndicats. Ce manifeste demandait u
151
communes. Mai 68 a vu reparaître beaucoup d’idées
qui
avaient déjà été défendues par notre mouvement l’Ordre nouveau. On a
152
permettant la participation, mettre en commun ce
qui
marche mieux si on l’intègre. Le principe de la dimension a été const
153
appliqué au CEC ; nous n’avons centralisé que ce
qui
fonctionnait mieux en étant centralisé. Notre but était, toujours, de
154
, nous avions un appareil administratif minuscule
qui
travaillait avec 7 ou 8 grandes organisations et se trouvait en relat
155
ec le respect des forêts, comme je l’ai écrit, ce
qui
va dans le même sens que le respect de l’autre. L’Europe devrait rede
156
est la raison pour laquelle nous devons sauver ce
qui
nous reste de nature et de cellule civique, la commune tout particuli
157
enue l’Europe réelle. Mais, au-delà des uniformes
qui
séparent, il nous reste, traçant un chemin de rigueur et d’audace, la
158
une colonisation essentiellement économique, mais
qui
peut réagir sur le plan culturel et sur les mœurs. Tandis que la colo
159
déjà un fait dans les pays de l’est de l’Europe,
qui
sont réellement colonisés… Et il n’est pas impensable, si nous contin
160
ait l’Europe. Vous vous rappelez que les derniers
qui
ont été tués dans le poste de Radio Budapest appelaient l’Europe à le
161
’est déjà un fait pour les pays de l’Est. Pour ce
qui
est de l’Ouest, la colonisation américaine devient chaque année plus
162
ez une quantité immense d’entreprises européennes
qui
sont contrôlées par le dollar, par le « know-how » américain sans que
163
ait 1800 habitants ; aujourd’hui, il y en a 5500,
qui
ont été amenés depuis cinq ou six ans par l’IOS, affaire américaine q
164
uis cinq ou six ans par l’IOS, affaire américaine
qui
, chassée des États-Unis et de Suisse, s’est installée ici ; maintenan
165
de plus) pour une usine américaine d’ordinateurs
qui
va s’installer. Cela a complètement transformé le village. Pas seulem
166
é. C’est ce bouleversement des équilibres vivants
qui
est extrêmement grave ; et ce sera toujours pire, car aucun de nos pa
167
main-d’œuvre ouvrière européenne, de l’artisanat
qui
vit encore dans beaucoup de nos pays, qui se perdra si nous nous amér
168
tisanat qui vit encore dans beaucoup de nos pays,
qui
se perdra si nous nous américanisons, dans le mauvais sens du terme.
169
d espace et nous pas. Prenez le cas de la France,
qui
a un retard presque scandaleux dans le domaine de la technique. Cela
170
supériorité les capitaux, la situation de guerre
qui
leur ont permis de mettre la bombe atomique au point dans le plus gra
171
anique de précision ; nous avons tous les savants
qui
pourraient rester chez nous s’ils disposaient d’un appareil de recher
172
ècle, il y a eu une sorte de mouvement de bascule
qui
s’est fait et nous arrivons à un point où la production dépasse large
173
us de voitures ? Ou voulons-nous sauver la nature
qui
nous entoure et sans laquelle nous ne pourrions pas vivre ? Il y a de
174
ies de hippies essaient de recréer un mode de vie
qui
corresponde à un certain nombre de valeurs qu’ils jugent plus importa
175
t une très bonne direction d’évolution. L’Europe,
qui
a hérité de civilisations comme la Grèce dominée par l’idée de nature
176
méricains, mais il nous faut aussi des techniques
qui
soient adaptées à nos fins. Par exemple, il est absolument faux de co
177
olument faux de continuer à faire des automobiles
qui
marchent à l’essence, alors que l’on a les moyens de les faire marche
178
ent technique supérieur à celui des États-Unis et
qui
changerait tout dans le monde. Mais on y viendra s’il y a une masse d
179
’envisager une véritable politique de production,
qui
tienne compte de certains buts généraux que l’on donnera à la vie. Ce
180
es à l’opposé du type de civilisation capitaliste
qui
se développe en Europe, qu’elle soit fédéraliste ou qu’elle en reste
181
es villes, la voiture par des moyens de transport
qui
ne fassent pas de bruit, qui ne dégagent pas de gaz. Quant à savoir s
182
moyens de transport qui ne fassent pas de bruit,
qui
ne dégagent pas de gaz. Quant à savoir si cela touche l’organisation
183
es en présence de deux mouvements, dans le monde,
qui
ont l’air antagonistes : un mouvement de convergence et un mouvement
184
Ne sont-ils pas plutôt un seul et même mouvement
qui
pourrait se définir ainsi : adapter le niveau de décisions et les com
185
ensions des tâches à réaliser ? Il y a des tâches
qui
, par nature, sont du niveau de décision communal ou de l’entreprise ;
186
t écrivain engagé, Denis de Rougemont est de ceux
qui
, tout au long de leur carrière, ont su accorder leurs actes à leurs é
187
order leurs actes à leurs écrits. Ce Neuchâtelois
qui
, dès 1930, contribuait au lancement de plusieurs revues, a été — avec
188
— l’un des fondateurs du mouvement personnaliste,
qui
naissait en réaction aussi bien contre le fascisme que contre le comm
189
s sur le continent. Tout en poursuivant une œuvre
qui
le fait figurer parmi les noms les plus prestigieux de l’intelligents
190
d’intégration politique, financière, économique,
qui
sont faits ? Le Marché commun, à mes yeux, est une première agence fé
191
de l’économie ; il faudra qu’il y en ait d’autres
qui
s’occupent des transports, des recherches scientifiques, des universi
192
mer la Suisse en district fédéral de l’Europe. Ce
qui
résoudrait beaucoup de questions, et notamment celle de la neutralité
193
x qu’ils ne le font, l’esprit de leur fédéralisme
qui
est très ancien. Il ne faut jamais oublier que la Suisse s’est fondée
194
t fondée sur les communes, et non sur les cantons
qui
sont venus plus tard. Il y a en Suisse un esprit communal auquel on d
195
xemple, la Russie soviétique. Coudenhove-Kalergi,
qui
a lancé le premier mouvement européen Vienne en 1923, disait récemmen
196
ourquoi ne parlerait-on pas de l’autre difficulté
qui
est beaucoup plus intéressante : celle qu’a l’Europe pour adhérer à l
197
nds par « Idée suisse » le véritable fédéralisme,
qui
n’est d’ailleurs pas toujours appliqué en Suisse. Ce fédéralisme va d
198
quement, pas même en Suisse. C’est une expérience
qui
n’est possible qu’aujourd’hui, grâce au développement de la technique
199
onseil fédéral ? Ce sont sept agences différentes
qui
font chacune leur travail, et dont les chefs réunis forment l’exécuti
200
t un modèle parfaitement valable pour l’Europe et
qui
pourrait donner des résultats considérables, à l’échelle du continent
201
vique, c’est une transformation du cadre européen
qui
peut aller très loin. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Europ
202
eau de vie ou se mettre en quête d’un mode de vie
qui
soit conforme aux traditions européennes. Dans la suite de l’entretie
203
est l’occasion de la parution de ces deux livres,
qui
sortent peu de temps après un ouvrage publié chez Albin Michel ? C’es
204
péens , je donne un programme, pour les vingt ans
qui
viennent, de l’avant-garde européenne. C’est donc un livre plus polit
205
rope telle que je l’entends. Recherches et action
qui
portent sur l’éducation, le civisme, qui, comme le dit un de mes titr
206
t action qui portent sur l’éducation, le civisme,
qui
, comme le dit un de mes titres, commence au respect des forêts, c’est
207
apoléonien. Si l’on prend comme base les régions,
qui
sont plus petites que les États, et le continent, qui est beaucoup pl
208
sont plus petites que les États, et le continent,
qui
est beaucoup plus grand, on aura une vision plus conforme aux réalité
209
s centres locaux se sont créées toutes les écoles
qui
ont fait la culture en Europe et c’est dans l’ensemble de l’Europe qu
210
es régions se formeront malgré les États-nations,
qui
ont tout fait pour les empêcher de vivre (voir la France) et qui main
211
it pour les empêcher de vivre (voir la France) et
qui
maintenant sont contraints par les réalités à reconnaître leur existe
212
régions seront devenus plus solides que les liens
qui
unissent chacune de ces régions à sa capitale nationale. Et à ce mome
213
établir le niveau de décision dans la communauté
qui
est assez grande pour la tâche considérée. La tâche du CERN, par exem
214
s, elle doit rayonner. Les États-nations actuels,
qui
ont nom France, Angleterre, Italie, etc. sont-ils appelés à disparaît
215
es ? Oui, elles ont progressé, surtout en France,
qui
est le pays le plus éloigné de comprendre le fédéralisme. De nombreux
216
De nombreux témoignages me sont parvenus de gens
qui
m’appuient fortement, comme Louis Armand, Jean-Jacques Servan-Schreib
217
remier est une plaquette réunissant deux discours
qui
illustrent cette parole d’Héraclite : “Ce qui s’oppose coopère et de
218
urs qui illustrent cette parole d’Héraclite : “Ce
qui
s’oppose coopère et de la lutte des contraires procède la plus belle
219
éralisme est l’expression politique de l’harmonie
qui
naît de leur lutte créatrice. Le titre du second est emprunté à une p
220
: il s’agit de surmonter les obstacles à l’union,
qui
sont d’abord dans les esprits. Puis d’orienter espoirs et volontés ve
221
ins et de leurs désirs, à la rencontre d’un appel
qui
vient de l’Europe et de l’humanité solidaire. La région ne saurait do
222
pres ressources, à sa manière et selon ses goûts,
qui
définissent ses vrais besoins. La région ne doit pas être imaginée co
223
doit pas être imaginée comme un mini État-nation,
qui
aurait tous les inconvénients des grands, plus ceux de la petitesse p
224
x de vivre, de travailler ou de ne rien faire, ce
qui
est sans doute le meilleur test d’un environnement de qualité. Plutôt
225
comme on le répète, « de taille européenne » — ce
qui
ne veut strictement rien dire hors du jargon de la guerre commerciale
226
méritée : les choses ne viennent à point que pour
qui
s’y attendait, pour qui s’était obscurément disposé à les recevoir. I
227
viennent à point que pour qui s’y attendait, pour
qui
s’était obscurément disposé à les recevoir. Il importe au propos de c
228
s apparents dans la création du Nicolas de Flue
qui
me valut le bonheur de travailler avec Arthur Honegger. Le mercredi 2
229
près-midi, je suis appelé au téléphone par un ami
qui
est à la radio suisse. Est-ce la guerre, qu’on attend d’une heure à l
230
-t-on vraiment ce jour-là…) et l’avenir d’un coup
qui
se rouvre, mais aussi les problèmes qui reviennent, cette réponse à d
231
d’un coup qui se rouvre, mais aussi les problèmes
qui
reviennent, cette réponse à donner surtout… Deux semaines plus tôt, à
232
it d’écrire une pièce pour l’Exposition nationale
qui
devait s’ouvrir à Zurich l’année suivante. J’étais en train de sortir
233
je défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse,
qui
fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans : 35
234
, le coup de téléphone que j’ai dit, toute la vie
qui
se reprend à vivre, les délais à courir, le sujet à me fuir. Le jour
235
ouvelle, comme si c’était le message du Solitaire
qui
venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette attente au bord
236
, dans notre tradition, cette violente simplicité
qui
peut s’adapter à la fois à la déclamation d’un chœur en marche et au
237
ar celle de la scène, et les ressources du canton
qui
patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’amateurs et deux peti
238
ale à laquelle il croit pour l’avenir est « celle
qui
arrive à grouper toute une population ». C’est donc oui, et l’on se m
239
sur un air quelconque, comme “Frère Jacques”. Ce
qui
a été une fois chanté peut être remis en musique. » À chaque visite d
240
ation proprement dite nous prit deux mois — voilà
qui
ne pouvait signifier qu’un accord plus profond, par nature implicite,
241
ation chrétienne » et des formes vidées de la foi
qui
les forma qu’on a jamais créé un style : avec tout cela on ne fait qu
242
est une prière, si la prière est l’acte de celui
qui
s’ouvre et s’ordonne à l’amour, c’est-à-dire : à Dieu tel qu’il s’ann
243
de signes, l’aléatoire devient liberté de choisir
qui
ne se renonce que dans le choix du sens. Or ce sens tout d’abord jalo
244
ration en nous de quelque chose, disons l’Esprit,
qui
n’est pas vérifiable autrement que par ses créations ou incarnations.
245
lture, son directeur réunit les principaux textes
qui
ont jalonné l’évolution de cette entreprise si féconde en initiatives
246
tre est emprunté à une phrase de Robert Schuman —
qui
présida un temps le Comité du Centre : « L’unité de l’Europe ne se fe
247
: il s’agit de surmonter les obstacles à l’union,
qui
sont d’abord dans les esprits. Puis d’orienter espoirs et volontés ve
248
d une unité de culture (1971)x y Je pars de ce
qui
me paraît une évidence majeure : il nous faut faire l’Europe afin de
249
ien la culture — l’école, la presse, les livres —
qui
nous fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de ma
250
Italie ou la Grande-Bretagne sont immortelles, ce
qui
suggère qu’elles auraient existé de toute éternité, alors qu’en vérit
251
er à Brennus, chef gaulois probablement mythique,
qui
est du ive siècle avant notre ère, tantôt à Clovis, qui est du ve s
252
du ive siècle avant notre ère, tantôt à Clovis,
qui
est du ve siècle de notre ère, ou enfin à Hugues Capet, qui est du x
253
ve siècle de notre ère, ou enfin à Hugues Capet,
qui
est du xe siècle, soit une hésitation d’un millénaire et demi, qui n
254
cle, soit une hésitation d’un millénaire et demi,
qui
ne manque pas d’une certaine « grandeur ». Mais si l’on peut admettre
255
faux dans cet enseignement, et dans les croyances
qui
en résultent. Je voudrais vous le montrer rapidement, et vous montrer
256
et vous montrer aussi les conclusions politiques
qui
ne manqueront pas de résulter de ces mises au point. Et tout d’abord
257
, le mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux
qui
parlent une même langue ? Oui, mais il n’était pas question de les en
258
s Pyrénées séparent l’Espagne de la France, voilà
qui
est clair — à condition qu’un esprit fort (ou un naïf) ne remarque pa
259
bien autour de Genève, en suivant cette frontière
qui
ne rime à rien, qui ne sert à rien, ne protège contre rien, n’arrête
260
e, en suivant cette frontière qui ne rime à rien,
qui
ne sert à rien, ne protège contre rien, n’arrête rien de ce qu’il fau
261
beau symbole de la souveraineté stato-nationale,
qui
ne peut plus avoir d’effets que négatifs ! En nous présentant l’Europ
262
européennes, gréco-latines, celtes et germaniques
qui
nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vi
263
qui nous ont tous affectés, à doses variables, et
qui
ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nou
264
isme, le libéralisme et le marxisme, bref tout ce
qui
compte dans la vie de la culture et qui a marqué les élites intellect
265
f tout ce qui compte dans la vie de la culture et
qui
a marqué les élites intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers
266
du grand axe commercial de la Renaissance, celui
qui
relie Venise à Bruges, les échanges de compositeurs et de styles se m
267
uite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales
qui
nous diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée e
268
ion perpétuelle des grands courants continentaux,
qui
établissent une unité vivante et dynamique, et des foyers locaux de c
269
e et dynamique, et des foyers locaux de création,
qui
sans cesse remettent en question et renouvellent les données communes
270
rôle, est simplement omis, inexistant. Et voilà
qui
nous rappelle quelque chose, à nous Suisses. Car la Suisse n’a jamais
271
uation de la culture à l’échelle du continent. Ce
qui
s’est fait en Suisse au point de vue de la culture — et qui est supér
272
fait en Suisse au point de vue de la culture — et
qui
est supérieur, proportionnellement, à tout ce qui s’est fait dans n’i
273
qui est supérieur, proportionnellement, à tout ce
qui
s’est fait dans n’importe quelle tranche de six millions d’hommes déc
274
d’hommes découpée dans n’importe lequel des pays
qui
nous entourent —, tout s’est fait dans nos petites métropoles cantona
275
os petites métropoles cantonales, dans ces foyers
qui
l’un après l’autre se sont allumés puis éteints, le Saint-Gall de Not
276
nève de Calvin. Ensuite l’École suisse de Zurich,
qui
règne au xviie siècle sur les lettres allemandes, puis Bâle de nouve
277
ures à entendre pour les citoyens des grands pays
qui
nous entourent ; mais ils y viennent — par leur jeunesse surtout. Pou
278
utefois, nous devons prendre garde, dans le débat
qui
bat son plein à propos de notre entrée dans le Marché commun, de nous
279
commun, de nous laisser entraîner sur un terrain
qui
n’est pas le nôtre, dans des termes qui sont étrangers à notre tradit
280
n terrain qui n’est pas le nôtre, dans des termes
qui
sont étrangers à notre tradition fédéraliste et à notre habitus, et q
281
otre tradition fédéraliste et à notre habitus, et
qui
dérivent des théories et des pratiques stato-nationalistes. L’Europe
282
arifaires et de conventions intergouvernementales
qui
, sous prétexte de faciliter un peu le passage des frontières, en main
283
pas sérieusement. Voilà, je pense, la perspective
qui
s’ouvre à nous. Elle n’a rien pour nous effrayer, puisque nous sommes
284
frayer, puisque nous sommes le seul pays européen
qui
n’ait pas pris la forme d’un État-nation au siècle dernier. Le seul c
285
bre adhésion, non par la conquête des communautés
qui
le constituent. Donc le seul qui n’ait rien à redouter de la disparit
286
des communautés qui le constituent. Donc le seul
qui
n’ait rien à redouter de la disparition des frontières. Mais je vois
287
pe entière », pour reprendre une formule célèbre,
qui
désignait notre neutralité, notre abstention, et qui pourra demain, p
288
désignait notre neutralité, notre abstention, et
qui
pourra demain, plus justement encore, qualifier notre intervention.
289
est porteur d’avenir. Il est cette part du passé
qui
à la fois m’ouvre un certain avenir et par avance le limite. Je ne le
290
ou m’autorise à modifier d’une manière inédite —
qui
sera moi. Distinguons donc trois sens possibles, du moins pour un Eur
291
ies. Nous ne deviendrons nous-mêmes qu’à ce prix,
qui
est d’assumer les risques de notre différence personnelle ; et par là
292
e le sol et les nuages. La culture des Européens,
qui
est leur véritable unité, est à la fois la somme et le produit comple
293
glise, les Rois et l’Université, plus tard l’État
qui
entend totaliser ces trois puissances de mise en ordre, mais aussi le
294
vriers ont des réflexes et des goûts conditionnés
qui
leur sont transmis par leur mère, la Maternelle, l’Alma Mater, l’armé
295
dont les origines remontent toujours à des œuvres
qui
firent leur temps, littéralement. Dans chacun de nos chromosomes, il
296
ues et celtiques, le droit romain, Dracon, Solon,
qui
ont inventé la liberté en déclarant que c’est l’individu et non le cl
297
en déclarant que c’est l’individu et non le clan
qui
est responsable en justice ; et à travers eux, derrière eux, il y a l
298
ont il ignore presque toujours les origines, mais
qui
le meut. Enfermés dans nos États-nations depuis un siècle et demi, gr
299
L’anglais, dit-il, « offre le plus de richesses à
qui
veut écrire de la poésie ». Et il en voit la raison, précisément, dan
300
cisément, dans la variété des sources européennes
qui
ont fait l’anglais : la base germanique, les apports scandinave puis
301
epuis un siècle. Elles n’ont pas empêché le pire,
qui
est l’unification forcée. Mais grâce à la renaissance des régions, el
302
l’union librement décidée des vraies « nations »,
qui
ne peut se faire que dans le cadre européen. Car des vraies « nations
303
sées d’éléments empruntés à l’héritage commun, et
qui
vont l’enrichir en retour. Rien de plus commun à toutes les nations d
304
tin rédigée au début du xie siècle — aux nations
qui
se croient suffisantes… Limitations, libérations Tout héritage
305
urope oblige tous ses bénéficiaires au génie pur,
qui
est d’être malgré tout dans le tout. Chaque homme d’Europe est une dr
306
t. Chaque homme d’Europe est une dramatis persona
qui
crée son rôle avec plus ou moins de bonheur dans la communauté la plu
307
ort à l’Europe idéale et théoriquement orthodoxe,
qui
serait non pas la somme de toutes ses sources mais le produit optimal
308
ais le produit optimal de leurs interactions — et
qui
n’existera jamais. Donnons maintenant quelques exemples de limitation
309
ans le jeu politique de nos pays, ces deux partis
qui
n’arrivent plus à se définir autrement que par leur opposition. Cett
310
blocage du sens critique et l’agressivité stérile
qui
en résulte n’ont jamais existé (avant notre influence) en Inde, en Ch
311
uls « politiques » et « économiques » monstrueux,
qui
faisaient abstraction de l’humain. 3. Conditionné par le respect de l
312
ain. 3. Conditionné par le respect de la Science,
qui
a pris la place qu’occupaient la théologie au xiiie siècle et l’idéo
313
l’Européen moyen abdique sa liberté devant « ceux
qui
savent » mais il croit mieux les savants d’aujourd’hui que les curés
314
s davantage. Le scientifique gouverne ; c’est lui
qui
a fait la Bombe, qui connaît les mathématiques et qui parle des ordin
315
tifique gouverne ; c’est lui qui a fait la Bombe,
qui
connaît les mathématiques et qui parle des ordinateurs. Le laïque, le
316
a fait la Bombe, qui connaît les mathématiques et
qui
parle des ordinateurs. Le laïque, le politicien et le militaire ne pe
317
rmaniques et celtiques) ; — enfin le sécularisme,
qui
libère des contraintes effrayantes du sacré et du culte des morts, de
318
le fait un programme génétique, si elles sont ce
qui
permet seul de le dépasser. Tout cela n’existe guère comme vertus, ou
319
e siècle qu’a commencé la poésie des troubadours
qui
consistait dans l’adoration de la femme. Elle était considérée par le
320
dérée par le poète-troubadour comme le seigneur à
qui
l’on devait l’obéissance, l’allégeance, la fidélité. Le troubadour —
321
ement nouvelle — s’agenouillait devant la femme à
qui
il donnait ses vœux, comme le chevalier devant son seigneur. Il s’est
322
t de la femme. Il y a tout un ordre de phénomènes
qui
se sont produits au xiie siècle dont j’ai longuement parlé dans mon
323
pas. Elle devenait la maîtresse, le seigneur. Ce
qui
s’est passé au xiie siècle, c’est que les femmes sont devenues des s
324
d’Aquitaine — petite fille du premier troubadour,
qui
épousa d’abord un roi de France, puis un roi d’Angleterre — est une d
325
est le signe de la liberté pour les Germains. Ce
qui
fait que les hommes qui vont à la Landsgemeinde ont encore un sabre à
326
rté pour les Germains. Ce qui fait que les hommes
qui
vont à la Landsgemeinde ont encore un sabre à la main — avec un parap
327
emme n’a pas sa place dans les affaires publiques
qui
doivent être le domaine des guerrières, de l’homme armé, ce qui est u
328
re le domaine des guerrières, de l’homme armé, ce
qui
est un anachronisme complet dans la société actuelle, où même la guer
329
, où même la guerre n’est plus faite par les gens
qui
portent un sabre. Si l’on sort des mythes germaniques de l’homme guer
330
’a plus conscience, justement. Toutes ces valeurs
qui
tiennent à des époques où c’était la force physique qui comptait, alo
331
ennent à des époques où c’était la force physique
qui
comptait, alors que, dans notre société actuelle, il est impossible q
332
-t-il des raisons historiques propres à la Suisse
qui
expliquent cette inégalité des sexes ? Oui, parce qu’en Suisse — pren
333
ple des Landsgemeinde — vous avez des survivances
qui
nous sont proches, qui sont encore mêlées à notre vie, des vieilles c
334
vous avez des survivances qui nous sont proches,
qui
sont encore mêlées à notre vie, des vieilles coutumes germaniques. Ju
335
’arme. Vous avez une quantité de gens, en Suisse,
qui
vous disent : c’est très bien les femmes, qu’elles aient le droit de
336
militaire. Vous avez tout de suite cette liaison
qui
vient très directement de ce fond germanique, médiéval. Lorsque vous
337
fondée sur cette idée de la famille, de la femme
qui
est à peu près l’égale de l’homme, moralement parlant. Ce qui n’est a
338
u près l’égale de l’homme, moralement parlant. Ce
qui
n’est absolument pas le cas en Asie, ce qui n’est pas le cas dans les
339
t. Ce qui n’est absolument pas le cas en Asie, ce
qui
n’est pas le cas dans les civilisations où il y a beaucoup de femmes
340
voir, c’est à cause de ce vieux fond inconscient
qui
ressort et qui influe nos décisions à notre insu. Autrement dit, il f
341
cause de ce vieux fond inconscient qui ressort et
qui
influe nos décisions à notre insu. Autrement dit, il faudrait une bon
342
e la France. C’est donc une révolution extérieure
qui
a accordé aux Suisses un droit fondamental. Aujourd’hui, après cent-s
343
ue c’est “le peuple”, en l’occurrence les hommes,
qui
se prononcera. Partout ailleurs, où la femme a acquis l’égalité civiq
344
nementale ou par l’élaboration d’une constitution
qui
leur accordait sans autre le droit de vote. Le mode de faire suisse e
345
nt, la lenteur mise par les hommes à supprimer ce
qui
apparaît, aujourd’hui, comme une injustice. Mais il y a d’autres rais
346
s profondes, d’ordre historique et psychologique.
Qui
, mieux que Denis de Rougemont, pouvait analyser les motivations de ce
347
Comme l’avait vu profondément Arnaud Dandieu,
qui
, sur ce point, a été vraiment un prophète, il faut garder les yeux fi
348
nécessaire et réalisable comme un élan libérateur
qui
nous porte à la fois vers l’universel et vers la personne. De la conc
349
le remède « au mal centralisateur et nationaliste
qui
allait bientôt se révéler comme étant le cancer de l’Europe et du mon
350
nt les dispositions de la Constitution soviétique
qui
garantissent les droits des minorités nationales et réaffirment de la
351
atiste par essence. C’est la France, la première,
qui
a détourné la révolution de son but : c’est elle qui doit le lui rend
352
a détourné la révolution de son but : c’est elle
qui
doit le lui rendre. Moyennant une ou deux mises au point de la termi
353
nt ensuite l’objection des jacobins incorrigibles
qui
accusent les régionalistes de vouloir détruire la France, l’idéal nat
354
ançaise et de son mouvement libérateur. C’est lui
qui
représentait alors la véritable mission de la France, contre cette dé
355
mble pour le groupe de discussions philosophiques
qui
se réunissait chez Gabriel Marcel : « L’Acte comme point de départ »,
356
s sont souvent définies, géographiquement, par ce
qui
était censé diviser les nations, elles prennent pour axe ce qui les s
357
é diviser les nations, elles prennent pour axe ce
qui
les scindait ou bornait : un fleuve (la région rhénane) ou une chaîne
358
s variées des tâches publiques et des communautés
qui
leur correspondent : commune et entreprise, région, groupe de régions
359
qu’ils laissent aux industriels anarchistes, ceux
qui
exploitent et détruisent sans scrupule le sol, les eaux, l’atmosphère
360
sans scrupule le sol, les eaux, l’atmosphère, et
qui
abusent cyniquement de l’effrayante adaptabilité du genre humain. Enf
361
« nécessités » de l’Économie, science et pratique
qui
par ailleurs va subir un bouleversement recréateur du seul fait de l’
362
crit que l’Europe, c’est 480 millions d’Européens
qui
s’ignorent, et que la condition de notre survie, c’est de nous unir t
363
es. Vous connaissez la formule d’Héraclite : « Ce
qui
s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle
364
egel et Proudhon. Selon vous, le meilleur exemple
qui
puisse être donné de la coexistence des contraires est donc le couple
365
es gens mariés : c’est une condamnation radicale,
qui
était unanimement admise par les troubadours. Finalement, j’ai découv
366
ne de l’histoire de Tristan. La passion amoureuse
qui
nous paraît si naturelle est en réalité exceptionnelle dans le monde,
367
nté de la supprimer en tant que force antisociale
qui
ne peut que gêner le rendement. C’est un fait : l’Asie bouddhiste, br
368
ar les faits. Car c’est un fait que le mot amour,
qui
désigne pour nous le sentiment de la passion, n’a pris de sens dans l
369
, bien que je sois pris, moi aussi, dans le drame
qui
les oppose. Aujourd’hui, je distingue l’amour dans le mariage — amour
370
amour actif — de l’amour-passion — donc passif —
qui
tend à uniformiser les deux êtres, à réduire l’autre à la loi d’un se
371
deux êtres, à réduire l’autre à la loi d’un seul.
Qui
a dit que l’amour rendait libre ? Celui-là charge les gens de chaînes
372
ans la passion, on tend vers l’impossible fusion,
qui
, finalement, ne peut conduire qu’à la mort. L’amour-passion tel que n
373
timents. C’est le contraire de notre littérature,
qui
exalte la passion au-delà de toute raison, au-delà de l’instinct et m
374
la distance et le goût de l’obstacle, sur tout ce
qui
fait mieux sentir et ressentir l’amour, l’« amour de loin » que chant
375
cette épreuve que peut s’opérer l’union sexuelle,
qui
ne doit d’ailleurs pas aboutir à la procréation. Mais ce n’est qu’une
376
siècle n’a même pas de nom dans leur langue. Ce
qui
se rapproche le plus de notre verbe aimer en chinois désigne la relat
377
Deux menaces se dressent contre le couple. L’une
qui
veut le dépasser par en haut — Tristan — l’autre par en bas — Don Jua
378
ntres sans lendemain, infidèle par définition. Ce
qui
manque dans les deux cas, c’est la communion des deux personnes, qui
379
deux cas, c’est la communion des deux personnes,
qui
se révèlent l’une à l’autre, dans leur différence, se créent ensemble
380
que nous des aspects pratiques du mariage, de ce
qui
permet une amitié durable entre deux êtres différents, les convenance
381
tionnel qu’est en train de créer la technique, et
qui
pourra bien se réaliser sous la forme d’un monde d’ennui, parfaitemen
382
monde d’ennui, parfaitement plat et programmé. Ce
qui
nous menace aujourd’hui, ce n’est plus un excès d’anarchie et de tyra
383
excès d’un certain ordre rationnel et statistique
qui
évacue toute passion et risque bien d’évacuer aussi le sens même de n
384
me : lesquels ? Le christianisme est une religion
qui
se distingue de toutes les autres par l’absence quasi totale de tabou
385
des influences païennes, hérétiques, gnostiques,
qui
nous ont fait croire que le « péché originel » n’est autre que la sex
386
t autre que la sexualité. Quant aux pseudo-tabous
qui
règnent sur nous, ce sont ceux de la bourgeoisie de l’ère victorienne
387
le malheur des hommes venait de la masturbation,
qui
rend les jeunes gens fous, etc. Ce docteur, qui était, hélas ! suisse
388
, qui rend les jeunes gens fous, etc. Ce docteur,
qui
était, hélas ! suisse, a connu un succès mondial. Il a sans doute cré
389
les romanciers : ils cherchent partout l’obstacle
qui
permet la passion, cette forme d’amour qui refuse l’immédiat. Dans un
390
stacle qui permet la passion, cette forme d’amour
qui
refuse l’immédiat. Dans un livre, Les Mythes de l’amour , j’ai analy
391
ne dernière défense, un dernier secret de l’autre
qui
suffit bien à ressusciter une passion au sein même de l’amour-action.
392
éelle, vous aimez votre projection sur une femme,
qui
la reçoit plus ou moins bien. Vous voyez à quel point la passion est
393
me du mariage ; elle empêche de voir l’autre avec
qui
l’on vit. Elle veut la fusion, l’absorption, l’esclavage, non l’union
394
utres, à la formation du mouvement personnaliste,
qui
s’opposait aux totalitarismes, mais aussi à nos démocraties capitalis
395
ualiste, capitaliste, égoïste, non communautaire,
qui
dominait la politique française de l’époque. On a dit que la contesta
396
uée, elle, par la guerre des empires totalitaires
qui
fermait notre horizon, et qui n’était pas notre guerre. À cette époqu
397
mpires totalitaires qui fermait notre horizon, et
qui
n’était pas notre guerre. À cette époque, toute une génération s’est
398
personne et communauté que je lançai alors un mot
qui
allait faire fortune un peu plus tard : engagement. Mon opposition au
399
des universités m’a surpris. Le changement inouï
qui
s’est produit depuis lors est dû en bonne partie à l’afflux des Europ
400
eur de guerres ; et pas seulement Hitler, mais ce
qui
l’avait permis, donc l’idée de « faire l’Europe ». Là-bas, nous nous
401
rdu votre temps ? Je suis probablement l’écrivain
qui
a présidé le plus grand nombre de comités ! Mais il faut savoir perdr
402
base voulez-vous faire l’Europe ? Parmi tous ceux
qui
bâtissaient l’Europe, économistes du Marché commun, hommes politiques
403
le de l’Europe sur la base de l’unité culturelle,
qui
s’est formée tout en fondant l’Europe, depuis deux ou trois millénair
404
nt l’Europe, depuis deux ou trois millénaires, et
qui
caractérise la société européenne. D’autres cherchent à bâtir l’Europ
405
est une unité complexe, pétrie de contradictions,
qui
sont dues à la pluralité de ses origines — grecque, romaine, judéo-ch
406
on, la discussion, et, finalement, la révolution,
qui
est, elle aussi, une invention européenne. Ailleurs, il n’y a jamais
407
, des prises de pouvoir par des chefs militaires,
qui
ne remettaient jamais en cause le système des valeurs régnantes. En 1
408
r ai-je dit, vous n’y croyez plus. Mais qu’est-ce
qui
existe à la place, selon vous ? Prenez le monde par vos antipodes : l
409
n’a qu’une idée, c’est d’imiter la Chine maoïste,
qui
, elle, voudrait être aussi communiste que la Russie soviétique, dont
410
nous sommes entrés en opposition avec Churchill,
qui
, lui, voulait des « États-Unis » d’Europe en vue de créer une puissan
411
’est très bien comme ça. C’est une administration
qui
se réfère, comme le disait tout récemment notre ministre des Affaires
412
r de l’État. » Pourquoi servir l’État ? C’est lui
qui
est un service. Le souverain gouverne ; le Conseil fédéral, lui, exéc
413
et, mais un libre citoyen. C’est le fonctionnaire
qui
est au service des citoyens, et non l’inverse. Vous semblez parfois l
414
e à cause de cette idée de la ‟majesté de l’État”
qui
vous vient des rois de France. Eh bien, non : l’État n’est qu’un appa
415
ous savez qu’il y a un article de la Constitution
qui
interdit de mettre en question la forme une et indivisible de l’État
416
ivisible de l’État français. Je connais un Breton
qui
a fait un livre sur l’Europe régionaliste… Eh bien, il a dû se réfugi
417
t contraire à la méthode d’unité par l’uniformité
qui
fut celle de Louis XIV, des jacobins, de Napoléon, et reste celle des
418
s faut entreprendre délibérément cette révolution
qui
n’est pas violente, mais qui implique le démantèlement progressif des
419
ent cette révolution qui n’est pas violente, mais
qui
implique le démantèlement progressif des États-nations. Les régions s
420
itiques, des relations économiques et culturelles
qui
formeront peu à peu un tissu européen : il faut faire de l’Europe ava
421
es ordinateurs mesureront que ce sont les régions
qui
jouent un rôle créateur et actif, l’Europe sera pratiquement faite. M
422
e qu’il a fait avec l’appui de Robert Schuman, et
qui
a abouti à la création de la CECA et à la CE. Mais il y a ce que j’ap
423
choses se passent. Et que ce n’est pas Karl Marx
qui
a raison sur ce point, mais Mao Zedong, qui a baptisé lui-même une ph
424
Marx qui a raison sur ce point, mais Mao Zedong,
qui
a baptisé lui-même une phase décisive de sa révolution : « Révolution
425
c’est le marxisme renversé : c’est la révolution
qui
part des superstructures. Eh bien, en ce sens-là, je suis maoïste ! J
426
que le produit. Vous restez donc optimiste en ce
qui
concerne l’Europe ? Les statistiques sur l’idée européenne me permett
427
autres. Mais il reste toujours la part du diable.
Qui
est-ce, le diable ? Le diable, c’est l’agent dépersonnalisant du mond
428
des risques humains, comme le montre la science,
qui
est à double tranchant. Ou bien, je vous l’ai dit, nous irons vers l’
429
recrée pas en profondeur la soif de quelque chose
qui
soit au-delà de l’ordre et qu’il ne provoque pas une rébellion de l’e
430
es sujets : l’amour. Parce qu’il est l’un de ceux
qui
ont créé, en 1932, avec Emmanuel Mounier ( Esprit ), le mouvement per
431
ir une théorie sur le diable ? Au xx e siècle, ce
qui
nous menace le plus, c’est que nous ne tenons plus compte de lui dans
432
e prenons pas garde aux autres pollutions, celles
qui
sont spirituelles. Et quand on ne tient plus compte du diable, on ris
433
isque de ne plus discerner le mal. Pour quelqu’un
qui
n’est pas croyant, qu’est-ce que cela représente, le diable ? Croyant
434
nt ou non, tout homme a une faculté d’indignation
qui
le porte à épouser une cause. Donc il croit savoir ce qu’est le mal e
435
r vous le diable ? C’est quand il n’y a personne.
Qui
peut-on convaincre avec une telle définition ? Le diable vous convain
436
nc très facilement de ne pas croire à son action,
qui
est spirituelle. C’est son incognito qui fait sa force. Vous connaiss
437
action, qui est spirituelle. C’est son incognito
qui
fait sa force. Vous connaissez la formule de Baudelaire : « Le premie
438
oire qu’il n’existe pas ». Le diable, c’est celui
qui
nous dit, comme dans L’Odyssée Ulysse au cyclope aveuglé à l’entrée d
439
eu, mais à rebours, il nous dit : « Je suis celui
qui
n’est pas ! ». Il est la force dépersonnalisante de l’univers. Il nou
440
idus isolés, déracinés, cette aliénation générale
qui
menace la civilisation de tous côtés. Mais quelle pourrait être, au x
441
dégradation de l’énergie. C’est une loi du cosmos
qui
veut que, dans un système clos, l’énergie se dégrade continuellement
442
? De moindre différence, d’égalisation. C’est ce
qui
conduit le physicien américain Eddington a prédire « la mort tiède de
443
fférenciation vers le bas, une tendance au tiède,
qui
finira dans le froid glacial. De nos jours, les forces anonymes et qu
444
oid glacial. De nos jours, les forces anonymes et
qui
rendent tout anonyme sont en expansion. La plupart des forces déchaîn
445
bsolu de ce que j’ai appelé le « personnalisme »,
qui
consiste à assumer sa vocation personnelle, quoi qu’il arrive, et à t
446
e médiévale de l’enfer. C’est le rebut des hommes
qui
ont refusé d’être eux-mêmes ; à tous risques. S’ils sont rejetés au b
447
e sur le choix de sa vocation personnelle ? Celui
qui
a accepté le risque personnel lutte contre le diable uniformisateur.
448
r faire au monde. Le diable compte sur la lâcheté
qui
est en chacun de nous, et qui nous fait fuir derrière les buissons —
449
mpte sur la lâcheté qui est en chacun de nous, et
qui
nous fait fuir derrière les buissons — ou dans la foule — quand Dieu
450
? », il proteste : « Je n’y étais pas, c’est elle
qui
a tout fait, c’est elle qui m’a tendu la pomme ; moi, je n’ai rien vu
451
étais pas, c’est elle qui a tout fait, c’est elle
qui
m’a tendu la pomme ; moi, je n’ai rien vu, je ne sais pas ce qui s’es
452
a pomme ; moi, je n’ai rien vu, je ne sais pas ce
qui
s’est passé ; j’étais derrière les buissons, au milieu des arbres du
453
i parlé dans L’Amour et l’Occident . La passion,
qui
devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveug
454
l’Occident . La passion, qui devient une drogue,
qui
nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et no
455
j’avais publié sur l’entrée de Hitler à Paris, et
qui
m’avait valu quinze jours de prison militaire. J’ai écrit les cinquan
456
ue je découvre que 666… est le chiffre du diable,
qui
refuse d’arriver à 7, le nombre de la Création… La tentation diabo
457
t du diable » ? Prenez les deux massacres récents
qui
ont provoqué une indignation générale dans le monde : celui de Sharon
458
s, hommes, femmes, enfants, vieillards, bébés. Et
qui
l’a fait ? Des jeunes gens aux cheveux courts — « crew cut » — c’est
459
écuté leur crime avec bonne conscience. Qu’est-ce
qui
est pire ? Dans les deux cas, les barbus et les folles, ou les soldat
460
à leurs officiers. Je dis que c’est le second cas
qui
est vraiment diabolique, parce que l’anonymat y est plus manifeste, l
461
us ne trouverez vraiment plus personne ! Les gens
qui
ont fait le massacre de Song My se cachent derrière leur supérieur mi
462
My se cachent derrière leur supérieur militaire,
qui
se cache derrière la morale d’une société, la justice, l’obéissance,
463
s notions de crédibilité et de respectabilité, ce
qui
est vraiment atteindre une société en plein cœur. Peut-on rencontrer
464
Confédération est « l’union entre plusieurs États
qui
, tout en gardant une certaine autonomie, s’associent pour former un s
465
Il définit ensuite l’adjectif fédéral comme ce «
qui
a rapport à une confédération d’États », ainsi, par exemple, « la Sui
466
nt entre elles. Mais la définition de fédération,
qui
suit, comme « union politique d’États », est défectueuse puisqu’elle
467
nion et ne dit rien de l’autonomie. Or, une union
qui
ne respecterait pas l’autonomie des parties constituantes n’aurait pa
468
alisant l’Hexagone, l’ont sauvé de la sauvagerie (
qui
règne encore en Suisse, sans doute) et que les fédéralistes, en Franc
469
Le mot se trouve ainsi « taboué » pour tous ceux
qui
ont appris leur histoire au lycée. Et voilà qui repose tout le problè
470
x qui ont appris leur histoire au lycée. Et voilà
qui
repose tout le problème. Telle étant la situation de fait, en France,
471
ouis Le Fur s’appliqua, vers 1900, dans une thèse
qui
précise en mille pages la distinction, désormais classique, entre nos
472
borer et mettre en œuvre la Constitution de 1848,
qui
transformait une ligue d’États dénuée de tout pouvoir central en une
473
tirer de l’expérience suisse de 1848 une formule
qui
me paraîtrait susceptible de faciliter l’union de l’Europe d’aujourd’
474
fédérale, et comme tels exercent tous les droits
qui
ne sont pas délégués au pouvoir fédéral » ; cependant que l’article 5
475
la force garante des autonomies locales est celle
qui
naît précisément de la mise en commun d’une partie de leurs souverain
476
étant une forme instable de compromis entre ceux
qui
veulent l’union et ceux qui s’y résignent simplement par une nécessit
477
compromis entre ceux qui veulent l’union et ceux
qui
s’y résignent simplement par une nécessité qu’ils espèrent temporaire
478
dération à l’extérieur, par les mêmes prétentions
qui
auront écrasé le fédéralisme à l’intérieur de leurs frontières. Tout
479
ire, à propos de la pollution et des gens savants
qui
s’en occupent : « Je donne aux inventeurs de cette psychose le prix N
480
probablement une certaine anxiété, ou la peur, et
qui
explique le succès du « pamphlet » de Pauwels : beaucoup de personnes
481
les illusions de hier, et voilà ce bon M. Pauwels
qui
vient leur dire, dans son titre même, qu’ils ont bien raison de le fa
482
étage d’un gratte-ciel, il tend son livre à ceux
qui
tombent du quarantième en leur criant : « Jusqu’ici tout va bien, con
483
. Il s’agit de Lettre ouverte aux gens heureux et
qui
ont bien raison de l’être, publié en 1971 chez Albin Michel.
484
que s’il est sujet libre de son action. Un homme
qui
n’est pas reconnu comme libre ne peut être tenu pour responsable de s
485
a recherche, etc.) et que social est à la fois ce
qui
concerne la foule (dont l’idée est présente dans polis par poly, beau
486
est présente dans polis par poly, beaucoup) et ce
qui
fait de la foule une société : le principe qui associe les hommes dan
487
ce qui fait de la foule une société : le principe
qui
associe les hommes dans la cité — nécessité, idéal, ou religion au se
488
t la stratégie (dont le civisme est la technique)
qui
permet à la Société ou à la cité de s’ordonner aux buts derniers de l
489
issait pour lui de survivre, donc de continuer ce
qui
avait réussi à quelques-uns de ses ancêtres. Lorsque apparut la civil
490
terme de l’ère qu’on a nommée néolithique, celle
qui
a vu la fixation des nomades au sol, la naissance des partis et des c
491
nc, c’est le succès même de l’effort civilisateur
qui
nous force à choisir notre avenir et par là nous met en demeure de fo
492
l’homme, et par suite une vision des communautés
qui
la traduisent en structures religieuses, éthiques, juridiques, économ
493
uler et croit seulement décrire… Mais la question
qui
se pose alors, c’est de savoir si nous sommes préparés à répondre à c
494
es dernières années que ce livre est « le premier
qui
fasse passer la prédiction de l’ère des devins à celle des savants ».
495
(mais je m’assure que ce ne sont pas les auteurs
qui
ont écrit cela) que « depuis 1960, la spéculation sur le futur (n’est
496
ent à prévoir objectivement, donc passivement, ce
qui
se fera dans tel avenir… sans eux ! J’entends sans nulle action dont
497
as un sens scientifique de prévision inerte de ce
qui
« se passera », en vertu d’on ne sait quels dynamismes anonymes, impe
498
du futur (et surtout s’agissant de participation,
qui
relève de la libre action de l’homme au service de ses fins), nous de
499
aleur axiomatique à la thèse hégélienne : tout ce
qui
est réel est rationnel. Et qu’ils dénomment, à cause de cela, « cauch
500
lution historique que le sociologue d’aujourd’hui
qui
, sur la base du Marx des Manuscrits de 1844 ou du Freud de L’Avenir d
501
à leurs développements, à court terme — prévision
qui
eût démontré l’impossibilité d’un long terme, et la nécessité d’une c
502
l’analyse jungienne de notre culture et des rêves
qui
nourrissent nos recherches, se prive d’une des meilleures techniques
503
e nos sciences n’en pourrait chiffrer. 4. Ceux
qui
prévoient l’an 2000 ne sont pas ceux qui le vivront « Vous dites :
504
4. Ceux qui prévoient l’an 2000 ne sont pas ceux
qui
le vivront « Vous dites : Où vas-tu ? Je l’ignore et j’y vais », o
505
re et j’y vais », osait écrire Victor Hugo. Voilà
qui
est beaucoup plus sensé qu’il n’y paraît à première vue. Car si je sa
506
il n’y paraît à première vue. Car si je savais ce
qui
m’attend « là-bas » en l’an 2000, je refuserais sans doute d’avancer,
507
merveilleuse » la situation anticipée : mais ceux
qui
la vivront — même si c’est nous encore, — seront différents : ils la
508
ance vers lui, va modifier l’action des hommes en
qui
elle s’opérera, autant qu’elle les modifiera eux-mêmes, opérants ; d’
509
ut aux parties en interaction créatrice évoque ce
qui
se passe dans la tête d’un dramaturge, ou plus précisément d’un poète
510
ème dépend de l’ensemble (intuitivement anticipé)
qui
valorise le mot, le colore, le situe, — mais chaque mot, en même temp
511
voie d’actualisation par l’écriture des surprises
qui
le modifient, et qui vont donc modifier la valeur, la couleur et la s
512
par l’écriture des surprises qui le modifient, et
qui
vont donc modifier la valeur, la couleur et la situation du mot lui-m
513
helle de l’homme La taille moyenne de l’homme (
qui
semble avoir augmenté de trois à quatre centimètres depuis deux-cents
514
s de transport, et, d’une façon générale, tout ce
qui
dépend de la taille de l’homme dans le calcul des plans d’alimentatio
515
raître sans que disparaisse en même temps tout ce
qui
pourrait donner un sens aux modifications de l’existence ou à cette e
516
venir. 3. Agrément du cadre Un autre besoin
qui
paraît constant est celui de l’agrément du cadre : « Que l’on vive en
517
ou lésé par un autre invariant humain, l’égoïsme,
qui
nous rend insensibles aux désagréments que nous infligeons à nos vois
518
: pavillons dignes des seuls « chiens méchants »
qui
les défendent, clôtures agressives, lent déferlement du ciment et des
519
ns visibles et d’effets mesurables d’une attitude
qui
mine les bases mêmes du civisme quel que soit le régime. 4. Spécif
520
oisinage, de sociabilité et par suite de civisme (
qui
peut cacher un besoin d’intervention moralisante chez les voisins, do
521
à le minimiser parfois, le domaine des variables,
qui
est en revanche celui de la stratégie et de ses efforts d’optimation.
522
présidence de la nation, pour un candidat député
qui
représente un parti national plus que des intérêts régionaux ou profe
523
et déléguée. Au niveau des tâches continentales (
qui
est aujourd’hui celui des recherches nucléaires et spatiales, des tra
524
la presse et les mass médias, mais l’élaboration
qui
doit précisément la rendre « utile » suppose des facultés de synthèse
525
blique (enseignants, responsables des mass médias
qui
préparent les prises de décisions), ni même des gouvernants qui décid
526
les prises de décisions), ni même des gouvernants
qui
décident finalement. Il faut donc prévoir, entre les sources et les d
527
, une fonction de mise en forme, analogue à celle
qui
est assurée d’ores et déjà auprès des responsables de la politique am
528
autre habituant les masses à s’amuser du mensonge
qui
rapporte, et bientôt à le préférer à toute vérité qui ennuie. Ces deu
529
rapporte, et bientôt à le préférer à toute vérité
qui
ennuie. Ces deux formes de lésion infligées à la faculté de participa
530
s mouvements d’union — au stade des États-nations
qui
se disent souverains, se veulent indépendants, et restent tout-puissa
531
ire de mille ans » ? C’est la seconde proposition
qui
a été retenue par l’histoire. Peut-on décrire alors le « purgatoire »
532
ion professionnelle et finalement information, ce
qui
revient à dire éducation. Il importe peu de savoir si l’agent dominan
533
gent dominant est alors l’État national, le Parti
qui
l’utilise (« marxiste » ou « fasciste »), une Puissance lointaine, ou
534
un clivage de la société en deux classes : celle
qui
reçoit l’information en temps utile, et qui en joue à son profit ; et
535
celle qui reçoit l’information en temps utile, et
qui
en joue à son profit ; et celle qui reçoit des « instructions » sous
536
mps utile, et qui en joue à son profit ; et celle
qui
reçoit des « instructions » sous forme de publicité, propagande ou hi
537
celle précisément que l’État-nation excluait, et
qui
est à la fois régionale et continentale. L’État-nation était trop gra
538
de recréer, au sein ou à l’écart des mégalopolis (
qui
continuent à se développer d’une manière semi-anarchique, semi-planif
539
réelle à la vie communale, pour ceux des citoyens
qui
en ont envie, et des contacts quotidiens, désordonnés, livrés au hasa
540
r » aux différents niveaux communautaires ? Voilà
qui
ne me paraît ni souhaitable ni possible, non pas que j’aie des doutes
541
a serait en contradiction réelle avec la liberté,
qui
est le ressort du jeu en même temps que son but, puisqu’elle nourrit
542
, terminé par une fin automatique ou convenue, ce
qui
n’est pas le cas dans la cité envisagée : ses éléments ne sont pas de
543
tions précises, dont nulle n’est suffisante, mais
qui
sont toutes nécessaires : 1. Information des citoyens (enseignement à
544
les dans le monde de l’an 2000 et les difficultés
qui
doivent résulter des changements prévisibles d’échelle, de stade d’év
545
taires, innovations et examens critiques. L’écart
qui
n’a cessé de croître entre les deux clientèles de l’information est d
546
nication sont puissants, moins sont nombreux ceux
qui
peuvent les utiliser. À la limite, un seul, qui est le chef de l’État
547
x qui peuvent les utiliser. À la limite, un seul,
qui
est le chef de l’État, peut aujourd’hui se faire entendre de tous. Ce
548
n, vision en relief, toucher peut-être un jour ?)
qui
ne manqueront pas de se multiplier dans les prochaines décennies, vie
549
eront donc ni superposables ni juxtaposables ; ce
qui
entraînera une pluralité de « capitales », « métropoles », « chefs-li
550
s, que l’État-nation prétendait interdire, ou, ce
qui
revient au même, unifier. Les unités nouvelles de participation se re
551
utres passifs, tels les « sportifs » du dimanche,
qui
se contentent d’assister aux matches. En 2000, il y aura beaucoup plu
552
x ou un y dont nous n’avons encore aucune idée et
qui
intervient — peut-être — dans les relations interpersonnelles ou inte
553
iques qu’il reste encore à imaginer et de mesures
qui
feront peut-être un jour comprendre ce qui se passe de différent entr
554
esures qui feront peut-être un jour comprendre ce
qui
se passe de différent entre deux hommes qui se serrent la main « en c
555
re ce qui se passe de différent entre deux hommes
qui
se serrent la main « en chair et en os » et deux images des mêmes hom
556
chair et en os » et deux images des mêmes hommes
qui
se tendent à distance des mains réunies sur l’écran. Si la présence-
557
nouveaux problèmes. Entre les domaines d’activité
qui
continueront d’impliquer « l’enracinement », les rencontres « d’homme
558
homme à homme », le « contact physique », et ceux
qui
seront traités comme étant à toutes fins utiles indépendants d’un ter
559
a différence entre le contact à distance et celui
qui
s’établit entre deux hommes « en chair et en os », c’est que le premi
560
les seconds termes de notre série d’alternatives
qui
se réalisent d’ici là), les occasions de participation se multiplient
561
ture : ils concernent les grandes options morales
qui
intéressent la vie quotidienne, la santé, la prospérité, les perspect
562
dépendent des idées qu’on se fait de l’homme pour
qui
maisons et villes sont bâties, ou au contraire que l’on entend utilis
563
’homme, ses créations et la nature, soit le terme
qui
résume désormais civisme, politique et sagesse sociale. La question d
564
ondements mêmes de toute société politique. Celui
qui
ne révère plus rien, que fera-t-il pour son prochain ? Sans respect p
565
r le revendiquer, ce droit suprême de la personne
qui
est le droit à l’inadaptation. S’il est vrai que la participation obl
566
: voir Le Droit à la paresse, par Paul Lafargue,
qui
était le gendre de Marx, et de l’objection civique et politique : les
567
d’une ouverture de l’homme au transcendant, à ce
qui
peut englober, nier et réorganiser dans le temps de l’éclair créateur
568
ndamentale et absolue. L’objecteur de conscience,
qui
refusait le service militaire, aura perdu sa motivation particulière
569
al, politique, économique, ou même civique, celui
qui
maintiendra le pouvoir de dire non aux décrets de la Société, il faut
570
iété, il faut absolument le tolérer car c’est lui
qui
empêchera nos systèmes, quels qu’ils soient, de devenir totalitaires,
571
membres de l’élite intellectuelle et spirituelle
qui
ne sont possesseurs ni de biens, ni de pouvoirs officiels, des Inadap
572
pouvoirs officiels, des Inadaptés fonctionnels et
qui
« bénéficient » d’un statut comparable mutatis mutandis à celui du ho
573
ni des possibles. D’où le gémissement innombrable
qui
monte des jeunes générations — contestataires ou non, d’ailleurs. Au
574
a génération me paraissent avoir choisi le métier
qui
était à la fois le moins éloigné de leurs goûts (dans la mesure où il
575
de profit matériel libérés par la Renaissance, et
qui
dominaient hier encore le comportement de la plupart des Occidentaux,
576
que la nature risque de succomber à l’industrie,
qui
la pille sans le moindre scrupule, puis l’empoisonne par le moyen des
577
nalement globale, selon les dimensions des tâches
qui
la suscitent et la rassemblent. Il peut maintenant concevoir sa profe
578
rmis l’essor industriel et l’urbanisation sauvage
qui
sont en train de bouleverser les équilibres écologiques du continent
579
es du continent européen, et des mers et des airs
qui
l’entourent. Par un juste retour, n’est-ce point aux scientifiques, a
580
t de trouver d’urgence les moyens de restaurer ce
qui
fut compromis par le génie civil et militaire, les moyens de prévenir
581
u spécialiste « isolé » (comme un fil électrique)
qui
fait son job en toute conscience professionnelle mais ne veut pas che
582
rendre le reste, au technicien du seul rendement (
qui
est en fin de compte la rentabilité), nous pouvons et nous devons opp
583
savants, et de science pour les culturels : voilà
qui
définit une vraie révolution au troisième tiers du xxe siècle. Elle
584
dialogue dramatique de la nature et de la culture
qui
dominera la fin de notre siècle. w. Rougemont Denis de, « L’ingéni
585
is de l’espace. Des heures durant, je l’avais vue
qui
tournait lentement, merveilleuse, éclatante, seule vivante, bleue, ve
586
noir éternel, et je l’avais aimée comme une femme
qui
vient, comme une patrie d’enfance qu’on retrouve. Aimée aux larmes. I
587
pays oblique apparaît, sombre encore dans le jour
qui
naît. Des clochers et des tours s’éclairent, touchés par le soleil ra
588
ible, comme des décors translucides. Mais tout ce
qui
est proche sur nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf
589
a ville unique, sa présence partout imminente. Ce
qui
ne trompe pas, à l’observer du ciel, c’est la structure des aggloméra
590
enait sa cour au bourg (ou borgho) des bourgeois,
qui
tiennent conseil sur la Place. Cette Place, qui définit toute vraie c
591
, qui tiennent conseil sur la Place. Cette Place,
qui
définit toute vraie commune, ou communauté d’hommes libres, a repris
592
de la Rome républicaine. Les principaux bâtiments
qui
l’entourent symbolisent les grandes forces de la Société et les tensi
593
les grandes forces de la Société et les tensions
qui
naissent de leur concours. Tension entre l’Église et la Mairie, tensi
594
sommateurs. Telle étant l’architecture de la cité
qui
a permis la démocratie, on voit que cette dernière trouve ses ennemis
595
ue des villes, et les autos. Les grands ensembles
qui
n’aménagent pas leur propre centre de vie civique, c’est-à-dire un es
596
, c’est-à-dire un espace interdit aux voitures et
qui
assure les fonctions de l’agora, sont des anti-communautés, entasseme
597
Europe médiane. Elle est née des communes rurales
qui
formaient la grand-garde du col. Et ce sont les greffiers des villes
598
lles lombardes, traversant le col à dos de mulet,
qui
vinrent apprendre aux premiers Suisses confédérés à rédiger leurs pac
599
n. La vocation de la Suisse est de revaloriser ce
qui
est petit contre le gigantisme, sauvant ainsi son âme et ses paysages
600
venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce
qui
touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonn
601
e lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce
qui
respire dans la grâce de son rayonnement, revêt une importance rapide
602
de solitude. Mais la plupart n’osant aimer que ce
qui
par d’autres est aimé, ils détruisent à coup sûr les amours qu’ils pa
603
ière divine — une lumière neutre comme les dieux,
qui
ne sont de gauche ni de droite, mais toujours d’en haut, rayonnants.
604
ont faire les hommes et les femmes et les enfants
qui
habitent ici ? « Lavaux appartient à tout le monde », à tous ceux qui
605
Lavaux appartient à tout le monde », à tous ceux
qui
aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux, à jamais, demeure tel
606
le monde », à tous ceux qui aiment la beauté, et
qui
voudraient que Lavaux, à jamais, demeure tel qu’un beau jour ils l’on
607
vrais réalistes — lesquels ne sont nullement ceux
qui
pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la r
608
la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux
qui
font passer avant le profit d’argent — cette chose abstraite — les dé
609
tte urgence définie en termes de contre-passé, et
qui
allait aboutir à la formation du Conseil de l’Europe, succéda bientôt
610
civilisation post-industrielle équilibrée, voilà
qui
sera déterminé, en bonne partie, d’une manière largement irréversible
611
dès aujourd’hui et dans les dix ou quinze années
qui
viennent. Le sort de l’an 2000 se joue maintenant Il est clair,
612
térialise les structures et les valeurs. Et voilà
qui
dépend de l’éducation. L’Europe de l’an 2000 sera gérée soit par les
613
pe de l’an 2000 sera gérée soit par les Européens
qui
ont aujourd’hui de dix à vingt ans, et qui sont les élèves de nos éco
614
opéens qui ont aujourd’hui de dix à vingt ans, et
qui
sont les élèves de nos écoles, soit par une commission américaine (se
615
éologique. Mais pour qu’elle réussisse son union,
qui
ne peut être que fédérale, il faut que les jeunes Européens soient él
616
dans un climat mental, psychologique et affectif
qui
prépare cette union, qui l’implique, et qui la rende possible et néce
617
sychologique et affectif qui prépare cette union,
qui
l’implique, et qui la rende possible et nécessaire ; alors que le cli
618
ectif qui prépare cette union, qui l’implique, et
qui
la rende possible et nécessaire ; alors que le climat de l’École depu
619
Ainsi des neuf nations (ou fragments de nations)
qui
forment la France actuelle13 : à en croire les manuels d’histoire fra
620
ncipe s’opposent à toute espèce d’union sérieuse,
qui
s’opère dans la réalité et non dans les discours ministériels. Il fau
621
jourd’hui et si l’on n’achève pas dans les années
qui
viennent, une véritable mutation de l’enseignement. Car nos États son
622
États sont gouvernés aujourd’hui par les manuels
qui
ont formé nos chefs d’État. L’un d’entre eux répétait dans ses discou
623
is elle ne deviendra vivante que par les citoyens
qui
la vivront, conscients de leurs devoirs envers ce grand ensemble géné
624
ilisation. Mais comment devenir citoyen d’un pays
qui
n’en est pas un, puisqu’il n’a pas encore de politique commune et d’o
625
x ne serait-il pas de s’appuyer sur quelque chose
qui
existe déjà bel et bien et qui joue un rôle important dans la formati
626
sur quelque chose qui existe déjà bel et bien et
qui
joue un rôle important dans la formation de chaque Européen : l’École
627
u cours de stages quelques milliers d’enseignants
qui
, à leur tour, propageraient l’idée civique européenne parmi leurs col
628
regard des dimensions et de l’urgence des tâches
qui
incombent à l’École, si l’on veut réellement construire l’Europe. Mêm
629
ionnelle et personnelle. Ce ne sont pas nos États
qui
feront l’Europe, n’ont-ils pas prouvé depuis des siècles qu’ils étaie
630
raties de Bruxelles, de Strasbourg, de Luxembourg
qui
feront l’Europe — s’il est vrai qu’elles y contribuent avec une indén
631
évolutionner ? Le salut peut nous venir du danger
qui
menace à bout portant, nous le savons aujourd’hui, la vie globale de
632
er le tribut de la survie de l’homme. L’écologie,
qui
est art et science des équilibres biologiques et dynamiques, va désor
633
ur résumer toute la révolution que nous appelons,
qui
n’est ni de gauche ni de droite, qui n’oppose au profit matériel que
634
us appelons, qui n’est ni de gauche ni de droite,
qui
n’oppose au profit matériel que l’honneur et le bonheur humain, et do
635
n cas : Denis de Rougemont (15 mars 1972)ao ap
Qui
est Denis de Rougemont ? Quelle est son influence ? Quel fut l’itinér
636
crivains, sociologues, économistes, politologues,
qui
lançaient deux revues : Esprit et L’Ordre nouveau , c’est-à-dire l
637
etzschéens. Mais, nous arrivions à nous entendre.
Qui
étaient ces hommes ? Du côté d’ Esprit , il y avait Emmanuel Mounier,
638
stalinienne. Nous étions pour une troisième voie,
qui
était celle de la personne, des personnes se manifestant dans des com
639
uté dans lequel la personne peut s’enraciner mais
qui
ne doit pas être fermé. Qui doit toujours être ouvert vers de plus gr
640
peut s’enraciner mais qui ne doit pas être fermé.
Qui
doit toujours être ouvert vers de plus grandes communautés, jusqu’à f
641
communauté européenne, une fédération européenne
qui
, ensuite, aurait pu se fédérer avec d’autres fédérations continentale
642
es pour former une fédération mondiale. Enfin, ce
qui
nous importait, c’était la création de régions, dans lesquelles la pe
643
’autres sociologiques. Moi, je faisais des études
qui
étaient plus portées vers une sociologie de la culture ou de la moral
644
ont vous êtes le père ? On ne sait pas exactement
qui
l’a dit en premier, de Mounier ou de moi. En tout cas, dans un premie
645
en 1934, intitulé : Politique de la personne et
qui
réunissait des textes écrits au début des années 1930, il y a un prem
646
début des années 1930, il y a un premier chapitre
qui
s’appelle : « L’engagement politique » ; un deuxième : « Ridicule et
647
un deuxième : « Ridicule et impuissance du clerc
qui
s’engage ». Et l’ensemble du livre est un appel à l’engagement des éc
648
ti. Il s’agissait d’assumer sa responsabilité, ce
qui
est exactement le contraire. Ensuite, par toutes sortes de raisons bi
649
dans l’amour. La passion représentée par Tristan,
qui
est le grand mythe de la passion originelle en Occident. Et d’autre p
650
e espèce de symétrie entre les deux grands mythes
qui
tourmentent et animent les Européens sur le plan de l’amour : Tristan
651
, joyeusement. Puis, en deçà du mariage, Don Juan
qui
ne peut se fixer sur aucune femme, qui essaie toujours de trouver la
652
, Don Juan qui ne peut se fixer sur aucune femme,
qui
essaie toujours de trouver la femme qui le retiendra et qui ne la tro
653
ne femme, qui essaie toujours de trouver la femme
qui
le retiendra et qui ne la trouve pas. Ces préoccupations étaient-elle
654
toujours de trouver la femme qui le retiendra et
qui
ne la trouve pas. Ces préoccupations étaient-elles antérieures au mou
655
positive : l’engagement d’un homme et d’une femme
qui
ont chacun leurs lois, à certains égards antinomiques, qui doivent vi
656
hacun leurs lois, à certains égards antinomiques,
qui
doivent vivre ensemble, qui doivent unir cela dans une création perma
657
égards antinomiques, qui doivent vivre ensemble,
qui
doivent unir cela dans une création permanente et quotidienne. Et cha
658
e doctrine personnaliste en termes politiques, ce
qui
donnait le fédéralisme. Alors que vous êtes Suisse, le fédéralisme de
659
ais écrite pour l’Exposition nationale de 1939 et
qui
avait été mise en musique par Arthur Honegger. Nous en avions tiré un
660
fait cette expérience. Presque tous les Européens
qui
vivaient à New York pendant la guerre étaient des gens extraordinaire
661
étaient des gens extraordinairement différents et
qui
ne se seraient peut-être jamais connus en France ou en Allemagne ou e
662
hes, vers des communautés de plus en plus grandes
qui
sont capables de résoudre ces problèmes de plus en plus grands. Ce qu
663
résoudre ces problèmes de plus en plus grands. Ce
qui
peut être fait par la commune, doit l’être par la commune. Seules les
664
ne, doit l’être par la commune. Seules les tâches
qui
sont trop vastes pour être réalisées par une commune, doivent l’être
665
rche très bien. Il autorise toutes les diversités
qui
tissent la Suisse, diversités de langues, diversités de confession, d
666
sons existantes. Bref, une diversité considérable
qui
aboutit à quelque chose de créateur. Et ces tensions qu’on n’essaie p
667
lus en plus à cause de l’accroissement des tâches
qui
résultent de l’évolution moderne. Vous vous êtes battu pour faire pa
668
er congrès de l’Union européenne des fédéralistes
qui
avait lieu à Montreux. J’y ai prononcé le discours d’introduction sur
669
de cette réunion de Montreux un projet de congrès
qui
devait se tenir avec d’autres groupements qui n’étaient pas fédéralis
670
rès qui devait se tenir avec d’autres groupements
qui
n’étaient pas fédéralistes mais qui voulaient aussi l’Europe. Et nous
671
s groupements qui n’étaient pas fédéralistes mais
qui
voulaient aussi l’Europe. Et nous nous sommes réunis, à La Haye, en 1
672
idence de Churchill. Ce fut un très grand congrès
qui
, au fond, a tout créé. C’est le grand démarrage de l’Europe. Il y ava
673
crit le message final : « Message aux Européens »
qui
demandait notamment la création d’un véritable Conseil de l’Europe, i
674
, ne feront jamais d’amicale. C’est exactement ce
qui
se passe avec les États-nations. Ils veulent garder leur souveraineté
675
’il y a une crise économique. Ça, c’est la morale
qui
domine l’Europe des nations. Vous êtes déçu ? Non. Je ne suis pas déç
676
atiquent cet hommage que le vice rend à la vertu,
qui
est cette hypocrisie de l’union, plutôt que de se faire la guerre. Qu
677
e le mariage ? C’est la coexistence de deux êtres
qui
, je l’ai dit, ont chacun leurs lois, parfois antinomiques, et qui doi
678
, ont chacun leurs lois, parfois antinomiques, et
qui
doivent vivre ensemble sur un pied d’égalité, avec toutes les différe
679
nt égaux parce que l’égalité évoque quelque chose
qui
anéantit la différence entre l’homme et la femme. Bref, deux êtres qu
680
rence entre l’homme et la femme. Bref, deux êtres
qui
doivent subsister sans se confondre, sans se séparer, sans être subor
681
ion ? Les régions sont définies par des problèmes
qui
sont extrêmement divers. Il y a en Europe une quantité de régions qui
682
divers. Il y a en Europe une quantité de régions
qui
sont définies par des problèmes. Il y a, par exemple, une cinquantain
683
té, une agence fédérale européenne de l’écologie.
Qui
peut être placée n’importe où et donner des directives. En économie,
684
condition que celui-ci reste dans ses compétences
qui
sont essentiellement économiques. À côté de cela, il y aurait une age
685
ain-d’œuvre. Puis vous avez une région écologique
qui
est beaucoup plus vaste puisqu’elle va jusqu’au milieu du Valais et q
686
y a aussi une région d’éducation et d’universités
qui
englobe une quinzaine d’universités entre Neuchâtel, Saint-Étienne, A
687
voulu imposer les mêmes frontières à des réalités
qui
n’ont rien à voir ensemble comme la langue, le sous-sol, l’économie,
688
t est quelque peu totalitaire, bref toutes choses
qui
sont hétérogènes. Très souvent, les gens disent que mon modèle est fo
689
ici mon exemple personnel. Je suis né à Neuchâtel
qui
, jusqu’en 1848, a été une principauté dont le prince était le roi de
690
ipauté dont le prince était le roi de Prusse mais
qui
se gouvernait avec des familles du lieu, dont la mienne. Ce canton, d
691
t automatiquement Suisse. La Suisse est sa nation
qui
n’a pas les mêmes frontières ni les mêmes langues que le canton. De p
692
s. Donc, je fais partie de l’ensemble francophone
qui
a des limites tout à fait différentes du canton et de la Suisse puisq
693
nt. Voilà un autre ensemble auquel je me rattache
qui
ne correspond ni à l’ensemble national, ni à l’ensemble linguistique,
694
litique, ni économique mais à un ensemble mondial
qui
recouvre deux petites parties de la France, la moitié de la Suisse, e
695
rs d’États totalitaires, à commencer par Napoléon
qui
voulait imposer ces mêmes frontières à toutes ces choses différentes.
696
pidement un peuple. Pour pouvoir faire la guerre,
qui
est la raison fondamentale, génétique des États-nations. Malheureusem
697
le personnalisme en ajoutant le terme de vocation
qui
a été fortement souligné par Luther et Calvin. Je garde aussi du prot
698
e aussi du protestantisme un certain sens civique
qui
est très développé dans les pays calvinistes. J’ai fait cette observa
699
bien avant 1939 : il y a des régimes totalitaires
qui
correspondent aux pays catholiques : Italie. Espagne et même l’Allema
700
lemagne. Vous avez naturellement le totalitarisme
qui
correspond à l’orthodoxie russe, grecque, roumaine. Mais vous n’avez
701
propre, c’est-à-dire qu’il part de là où il est,
qui
est un endroit unique au monde et doit créer son chemin vers Dieu, ve
702
gie ? Dans cette conférence, j’explique une chose
qui
me tient fort à cœur depuis quelques années : j’ai découvert que l’hu
703
ujourd’hui, depuis une dizaine d’années pour ceux
qui
avaient l’œil ouvert, depuis trois ou quatre ans dans l’opinion publi
704
rable. Il y a aujourd’hui un sérieux coup d’arrêt
qui
nous oblige à choisir nos finalités. Voilà pourquoi j’en viens à cett
705
tat-nation et aux soi-disant économies nationales
qui
posent des tas de problèmes radicalement faux. Pourquoi y aurait-il u
706
calement faux. Pourquoi y aurait-il une économie
qui
correspondrait à la Belgique, une autre au Luxembourg et une autre au
707
aux États-Unis ? Par quel miracle ces frontières,
qui
sont « des cicatrices de l’histoire », correspondraient-elles à des e
708
. Mais j’ai le plus grand respect pour des hommes
qui
ont une vision politique du développement de l’humanité. Jean Monnet,
709
agnes. Et au hasard de l’ignorance totale de ceux
qui
ont fait les traités. Et qui aujourd’hui encore délimitent les région
710
rance totale de ceux qui ont fait les traités. Et
qui
aujourd’hui encore délimitent les régions, à partir d’un bureau dans
711
e, puis une très longue allée bordée de peupliers
qui
descend du château où Voltaire a vécu pendant plus de vingt ans. Un p
712
siteur dans cette maison où il vit depuis 1947 et
qui
fut autrefois celle du garde forestier de l’auteur de Candide. Mêlé a
713
tâches à réaliser aux dimensions de la communauté
qui
est le mieux capable de les résoudre” ».
714
is de l’espace. Des heures durant, je l’avais vue
qui
tournait lentement, merveilleuse, éclatante, seule vivante, bleue, ve
715
noir éternel, et je l’avais aimée comme une femme
qui
vient, comme une patrie d’enfance qu’on retrouve. Aimée aux larmes. I
716
pays oblique apparaît, sombre encore dans le jour
qui
naît. Des clochers et des tours s’éclairent, touchés par le soleil ra
717
ible, comme des décors translucides. Mais tout ce
qui
est proche sur nos rives brille d’un vif éclat humide, repeint à neuf
718
Collines », comme disent les Suisses alémaniques,
qui
va du Léman au Bodan, et qui représente à peine la moitié du pays, l’
719
Suisses alémaniques, qui va du Léman au Bodan, et
qui
représente à peine la moitié du pays, l’autre étant occupée par les d
720
a ville unique, sa présence partout imminente. Ce
qui
ne trompe pas, à l’observer du ciel, c’est la structure des aggloméra
721
t sa cour au bourg (ou « borgho ») des bourgeois,
qui
tiennent conseil sur la place. Cette place, qui définit toute vraie c
722
, qui tiennent conseil sur la place. Cette place,
qui
définit toute vraie commune, ou communauté d’hommes libres, a repris
723
de la Rome républicaine. Les principaux bâtiments
qui
l’entourent symbolisent les grandes forces de la société et les tensi
724
les grandes forces de la société et les tensions
qui
naissent de leur concours. Tension entre l’Église et la mairie, tensi
725
sommateurs. Telle étant l’architecture de la cité
qui
a permis la démocratie, on voit que cette dernière trouve ses ennemis
726
ue des villes, et les autos. Les grands ensembles
qui
n’aménagent par leur propre centre de vie civique, c’est-à-dire un es
727
, c’est-à-dire un espace interdit aux voitures et
qui
assure les fonctions de l’agora, sont des anti-communautés, entasseme
728
s. La vocation de la Suisse est de revaloriser ce
qui
est petit contre le gigantisme, sauvant ainsi son âme et ses paysages
729
, hostile à toute espèce de grandeur. Les Suisses
qui
s’en offusquent vont ailleurs, et ils y font de grandes choses. Carlo
730
Bridge. Le Corbusier, natif de La Chaux-de-Fonds,
qui
n’a guère fait en Suisse que la maison de sa mère, ira bâtir des capi
731
re n’est nullement une distinction, quelque chose
qui
distingue du vulgaire et que l’on acquiert par des études. Elle n’est
732
l’imaginent encore quelques amateurs de clichés,
qui
ne savent pas qu’il n’y a plus de salons, qu’ils ont été remplacés de
733
a culture n’est pas nécessairement sérieuse. Ceux
qui
n’ont pas le sens de l’arbitraire, de l’humour fût-il noir, de la dés
734
ividu naît, grandit, s’intègre au long des jours,
qui
forment son esprit et qu’il assume plus ou moins complètement et comb
735
qu’il se peut qu’elle soit « La culture est ce
qui
reste quand on a tout oublié », disait Édouard Herriot, homme politiq
736
douard Herriot, homme politique bien oublié, mais
qui
reste, précisément, par cette seule phrase sur la culture. On l’a pri
737
x, se trouve créée par toute information nouvelle
qui
atteint un individu. Après quoi, le contenu de l’information peut trè
738
ent à la personne constituée — je ne dis pas à ce
qui
la constitue, qui est l’appel de sa fin, sa vocation. 4. Il n’y a
739
constituée — je ne dis pas à ce qui la constitue,
qui
est l’appel de sa fin, sa vocation. 4. Il n’y a pas de cultures na
740
moyenne 25 ans d’âge. Or, la culture européenne,
qui
remonte à Sumer, à l’Égypte, à la Crête, à l’Iran et aux Scythes, à l
741
s vanités, leurs chauvinismes, partout pareils et
qui
ne les distinguent en rien. Il n’y a pas plus de « musique française
742
as pu tenir compte par anticipation de frontières
qui
ne seront tracées que plusieurs siècles plus tard au hasard des batai
743
au ou la monnaie qu’on y vénère. La seule culture
qui
puisse être sucée avec le lait, assimilée, vécue et contrastée avec d
744
ne Dès l’aube de la pensée des Grecs d’Ionie —
qui
est théologique, cosmologique et politique d’un seul mouvement — une
745
tif et moral de l’Européen en tant que tel : « Ce
qui
s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle
746
iste, mais aussi contre la tyrannie collectiviste
qui
lui répond mécaniquement). Toutes les autres cultures, antiques et as
747
te aussi de ce grand paradoxe qu’une contestation
qui
refuse de discuter avec la tradition s’annule en supprimant tous les
748
radition s’annule en supprimant tous les critères
qui
permettraient de mesurer ou de valoriser ses créations. C’est la faib
749
élas sans rire ! — le célèbre programme électoral
qui
réclamait « l’extinction du paupérisme à partir de dix heures du soir
750
este comme l’amour prévaut contre l’indifférence,
qui
n’est souvent qu’angoisse refoulée. Elle l’abolit en création. Tel es
751
la force des mots et à les retenir par la liaison
qui
se trouve entre le mot primitif et les mots dérivés. De plus, elles d
752
faire entendre la force du mythe, par la liaison
qui
se trouve entre la légende primitive et ses expressions dérivées dans
753
t, les textes primitifs de la légende de Tristan,
qui
remontent aux xiie et xiiie siècles, expriment bien autre chose qu’
754
qu’un mythe, et qu’est-ce que l’âme. Tout auteur
qui
se permet ces grands mots doit au public une justification de l’usage
755
es individuelles les plus diverses — une histoire
qui
décrit et révèle d’une manière imagée, symbolique, une structure de n
756
. Mais non pas de notre existence intellectuelle,
qui
a bien d’autres manières de s’exprimer, plus directes et abstraites à
757
roisième forme de l’existence proprement humaine,
qui
est l’âme. Je ne prends pas ce mot dans le sens noble et vague que lu
758
mot au sens précis et véritablement traditionnel,
qui
se retrouve dans certains dérivés comme animé, animation, ou même ani
759
d’un pianiste, par exemple, manifeste une réalité
qui
n’est ni proprement physique ni proprement spirituelle, qui n’est pas
760
ni proprement physique ni proprement spirituelle,
qui
n’est pas celle du corps ni celle de l’intellect, encore qu’elle tien
761
e qu’elle tienne aux deux, c’est l’évidence, mais
qui
est bien plutôt celle du « cœur » comme on dit, celle de l’âme. L’âme
762
e de l’intellect. La passion, c’est une impulsion
qui
outrepasse les lois et routines de l’instinct, et qui va se heurter a
763
outrepasse les lois et routines de l’instinct, et
qui
va se heurter aux conventions sociales. Ainsi, l’amour-passion est ce
764
Ainsi, l’amour-passion est cette forme de l’amour
qui
se libère des contraintes naturelles, des rythmes trop prévus de la s
765
fort que la vie quotidienne, plus fort que la vie
qui
dégrade, assagit, amortit, et réduit aux routines. C’est le mythe de
766
a vie « courante », par la réalité des caractères
qui
se heurtent à propos de rien, et des tempéraments qui s’accordèrent u
767
se heurtent à propos de rien, et des tempéraments
qui
s’accordèrent un jour dans l’instant du premier regard, mais que le t
768
ermanent de dissonance. C’est le mythe d’un amour
qui
méprise l’épreuve de l’engagement dans les rapports sociaux, et même
769
e l’âme vers l’Ange désiré. « Ce n’est pas amour,
qui
tourne à réalité », s’écrie un troubadour tardif, contemporain de nos
770
nes. Mais qu’est-ce alors, quel est le faux amour
qui
« tourne » ainsi ? Ce n’est pas le désir comblé, au sens sexuel de l’
771
st pas Iseut, et n’est pas non plus leur passion,
qui
triomphe au contraire de tout. La vraie victime, c’est le roi Marc, s
772
, la fonction émotive, dans l’homme contemporain,
qui
s’épuise et qui s’atrophie, entre le corps et l’intellect seuls culti
773
otive, dans l’homme contemporain, qui s’épuise et
qui
s’atrophie, entre le corps et l’intellect seuls cultivés par notre ci
774
n et Iseut. Ils cherchent donc partout l’obstacle
qui
résiste, et n’en trouvent guère. L’Homme sans qualités, de Musil, la
775
hos du mythe ressuscité grâce aux derniers tabous
qui
tiennent encore. Mais déjà, le héros de Lolita nous est décrit comme
776
nous disent-ils, dans les voies d’une destinée «
qui
jamais ne leur fauldra jour de leur vie, car ils ont beu leur destruc
777
ce monde, mais ils ont aussi bu l’Amour, un amour
qui
s’adresse à la part immortelle que lui seul pourra deviner, ou suscit
778
lui-même des Bretons, de Béroul, et d’on ne sait
qui
d’autre, Wagner décrit par sa musique, vrai langage du mythe essentie
779
ileuse aurore jaune au bas du ciel, c’est un jour
qui
renaît, non pas le jour des hommes et de leur peine quotidienne, mais
780
peine quotidienne, mais l’horizon du nouveau jour
qui
révélera le sens caché de nos « apparences actuelles », le jour de l’
781
être de lumière, une contrepartie transcendante,
qui
est son Nom divin, sa personne éternelle. Tout homme est double : ind
782
re, donc transitoire — et germe d’un être éternel
qui
est son vrai moi, et qui est un ange au ciel. Or, ces anges, nommés F
783
germe d’un être éternel qui est son vrai moi, et
qui
est un ange au ciel. Or, ces anges, nommés Fravartis, sont des entité
784
nstituée se produit à l’aube de la troisième nuit
qui
suit la mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi cél
785
d’immortalité »18, au centre du monde spirituel (
qui
est le monde réel des Archétypes), le pont Chinvat s’élance, reliant
786
este, jeune femme d’une beauté resplendissante et
qui
lui dit : — Je suis toi-même ! Mais si l’homme sur la Terre a maltrai
787
rti c’est une apparition monstrueuse et défigurée
qui
reflète son état déchu. Je ne puis m’empêcher d’imaginer que cette «
788
me, figure la conclusion du mythe de Tristan : ce
qui
se passe trois jours après la mort d’amour. Iseut n’évoque-t-elle poi
789
lumière qu’on ne rejoint que dans un au-delà, et
qui
aurait été, sur la Terre, le véritable objet du désir de Tristan, sa
790
the peut nous y aider, c’est bien là sa fonction,
qui
est d’orienter notre vie affective, de lui offrir un modèle simple et
791
en français d’aujourd’hui plusieurs traductions,
qui
se donnent pour fidèles, des versions de Thomas, de Gottfried de Stra
792
ramassé, condensé, pathétique au lyrisme contenu
qui
n’éclate malgré lui que dans l’épisode bref, tel Tristan fou ; Mary p
793
« anglo-normand » comme son modèle principal. Ce
qui
nous vaut une langue riche et fort habilement ravalée sans pédanterie
794
s tenons pour les « originaux » de la légende, et
qui
, en fait, n’étaient eux-mêmes que des versions renouvelées, souvent c
795
ite de la légende, les situations et les symboles
qui
en constituent la matière traduisible : on peut tout traduire d’un po
796
raduire d’un poème, sauf la poésie. Après Bédier (
qui
a provoqué le premier choc révélateur), après André Mary (pour ceux q
797
ier choc révélateur), après André Mary (pour ceux
qui
en veulent davantage), après Wagner (le plus profond, le plus insuppo
798
porte de mourir ! » — chez Mary, rien du tout, ce
qui
vaut sans doute mieux. Dans le même Roman en prose, lorsque Tristan m
799
’âme. ») Mais il y a surtout l’épisode des amants
qui
se repentent lorsque le philtre cesse d’agir, après trois ans. Ils vo
800
! (Amors par force vos demeiné) — un seul vers
qui
nous jette au cœur du Mythe et qui demeure, à tout jamais, la plus po
801
— un seul vers qui nous jette au cœur du Mythe et
qui
demeure, à tout jamais, la plus poignante définition de la passion.
802
. Pourquoi ? À cause de l’excès de spécialisation
qui
était en train de stériliser les recherches en les soumettant à leur
803
ait nous conduire à l’idée d’interdisciplinarité.
Qui
veut dire quoi ? Beaucoup de choses vagues, comme culture générale, s
804
s la linguistique de F. de Saussure l’explication
qui
lui manquait de la prohibition de l’inceste et des structures de la p
805
a théorie des jeux de von Neumann et Morgenstern,
qui
renouvelle à la fois l’économie et la stratégie militaire, et celui d
806
isation ? En vertu même de l’objet de ses études,
qui
est l’Europe, il me paraît condamné à l’interdisciplinarité de type b
807
ciplinarité de type b). L’Europe est un phénomène
qui
n’existe, au sens fort, ni dans les réalités économiques seules, ni d
808
deux phénomènes très éloignés, et que la lumière
qui
jaillit de l’opération éclaire des structures communes ou des analogi
809
er qu’à des degrés très variables chez les sujets
qui
la pratiquent, enseignants et étudiants. Nous partons chacun de sa ou
810
ossibilité pour les étudiants de suivre des cours
qui
ailleurs seraient répartis entre quatre ou cinq facultés. Les univers
811
is entre quatre ou cinq facultés. Les universités
qui
luttent contre le gigantisme en se scindant selon leurs spécialités —
812
cindant selon leurs spécialités — voir les treize
qui
sont issues de la Sorbonne — vont en sens inverse de l’interdisciplin
813
68, mais si curieusement oubliée par les réformes
qui
ont suivi. au. Rougemont Denis de, « [Entretien] Université et uni
814
ramatique procès de Burgos : entre ces événements
qui
tantôt font grand bruit dans les journaux, tantôt passent à peu près
815
ion centralisé, de modèle jacobin et napoléonien,
qui
domine l’Europe depuis un siècle et demi, et que tous les pays du mon
816
mouvements de la Résistance, dans tous nos pays,
qui
proclament, vers la fin de la dernière guerre, la nécessité de « dépa
817
s, mais l’obstacle majeur à l’union du continent,
qui
est le seul moyen d’échapper à la colonisation de nos pays par l’appa
818
nde actuel. Un modèle périmé L’État-nation,
qui
se dit souverain absolu, est manifestement trop petit pour jouer un r
819
pas la création d’agences fédérales européennes,
qui
seraient compétentes partout où les tâches et leur concertation se ré
820
. D’autre part, l’État-nation de type centralisé,
qui
prétend follement imposer les mêmes limites territoriales à des réali
821
s — ce carcan militaire, idéologique et douanier,
qui
a moins d’un siècle d’âge en moyenne, n’est plus capable d’assurer la
822
it Jura (encore bernois) ; les révoltes ethniques
qui
couvent et parfois éclatent en Bretagne ou en Flandre ; les poussées
823
demain. II. Les plans d’aménagement du territoire
qui
se donnent pour but de réduire les disparités économiques nationales
824
ues nées du hasard des guerres et des traités, et
qui
ne correspondent plus à nulle réalité, ni ethnique ni économique. Sur
825
e l’écrit J.-F. Gravier, auteur d’un livre fameux
qui
fut à l’origine du néo-régionalisme en France : Paris et le désert fr
826
es, pénalisées ou bloquées par un cordon douanier
qui
ne sert à rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté »
827
n douanier qui ne sert à rien ni à personne, mais
qui
symbolise la « souveraineté » (d’ailleurs de plus en plus fictive) de
828
ctive) des États. Or tous les problèmes concrets
qui
se posent dans cette région appellent des solutions transfrontalières
829
cologique. Il y a enfin une région universitaire,
qui
va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’Aoste à Besançon, en passant par
830
de Genève une sorte de mini-État-nation nouveau,
qui
ajouterait aux défauts de la centralisation ceux des trop petites dim
831
que je viens de définir, ce n’est pas plus Genève
qui
bénéficiera que le pays de Gex, la Savoie, la Romandie tout entière e
832
oie, la Romandie tout entière et, dans une mesure
qui
reste à déterminer, l’Isère, le Val d’Aoste et la Franche-Comté. L
833
de régions à géométrie variable selon la fonction
qui
les définit. Voilà qui paraît très concevable, mais qui pose le probl
834
variable selon la fonction qui les définit. Voilà
qui
paraît très concevable, mais qui pose le problème très neuf de l’admi
835
s définit. Voilà qui paraît très concevable, mais
qui
pose le problème très neuf de l’administration de ces régions d’aires
836
s régions, et de la sorte créer un tissu européen
qui
finira par se révéler plus solide que les liens administratifs subsis
837
isser s’évanouir les préjugés stato-nationalistes
qui
paralysent aujourd’hui l’imagination de la plupart des « serviteurs d
838
un parking, et si les rues sont livrées aux autos
qui
essaient au mieux de s’éviter, non aux piétons qui aimeraient se renc
839
ui essaient au mieux de s’éviter, non aux piétons
qui
aimeraient se rencontrer, la démocratie n’existe plus, ses racines so
840
e : la liberté, non la puissance Je pars de ce
qui
me paraît une évidence majeure : il nous faut « faire l’Europe » afin
841
ropéenne pratiquement acceptable pour les nations
qui
ont des problèmes régionaux (laquelle n’en a pas ?), pour les ethnies
842
gionaux (laquelle n’en a pas ?), pour les ethnies
qui
se trouvent soit divisées par les frontières de deux ou trois États,
843
ien la culture — l’École, la presse, les livres —
qui
nous fait croire depuis plusieurs générations de bons élèves et de ma
844
gne, l’Italie ou la Hollande sont immortelles, ce
qui
suggère qu’elles auraient existé de toute éternité, alors qu’en vérit
845
faux dans cet enseignement, et dans les croyances
qui
en résultent. Tout d’abord : il n’y a pas de cultures nationales, si
846
, le mot « nation » désignait, dès ce temps, ceux
qui
parlent une même langue ? Oui, mais il n’était pas question de les en
847
s Pyrénées séparent l’Espagne de la France, voilà
qui
est clair — à condition qu’un esprit fort (ou un naïf) ne remarque pa
848
contraire que ce sont « les prophètes d’Israël »
qui
ont « déposé dans notre esprit cette soif révolutionnaire de la justi
849
e esprit cette soif révolutionnaire de la justice
qui
distingue socialement l’Occident ». La vérité que nous cachent les fa
850
us tard, à un moindre degré, arabes puis slaves —
qui
nous ont tous affectés, à doses variables, et qui ont éduqué notre vi
851
qui nous ont tous affectés, à doses variables, et
qui
ont éduqué notre vision du réel, que nous le sachions ou non, que nou
852
isme, le libéralisme et le marxisme, bref tout ce
qui
compte dans la vie de la culture et qui a marqué les élites intellect
853
f tout ce qui compte dans la vie de la culture et
qui
a marqué les élites intellectuelles de tous nos pays, puis, à travers
854
uite. Ce ne sont pas nos appartenances nationales
qui
nous diversifient vraiment, c’est la pluralité des écoles de pensée e
855
ion perpétuelle des grands courants continentaux,
qui
établissent une unité vivante et dynamique, et des foyers locaux de c
856
e et dynamique, et des foyers locaux de création,
qui
sans cesse remettent en question et renouvellent les données communes
857
des régions L’Europe que nous devons vouloir et
qui
est la seule que nous puissions espérer, ne sera jamais un laborieux
858
s tarifaires et autres conventions interétatiques
qui
, sous prétexte de faciliter un peu le passage des frontières en maint
859
que jamais coïncider, comme le font les fonctions
qui
les définiront ; et leur base territoriale sera tout simplement celle
860
a tout simplement celle du syndicat intercommunal
qui
se constituera, de cas en cas, en vue d’exercer en commun telle ou te
861
ralité des allégeances Une telle organisation,
qui
correspondrait enfin aux nécessités de la vie réelle et non plus aux
862
relever d’une pluralité d’ensembles fonctionnels,
qui
ne sont pas de même aire territoriale ni de même appartenance politiq
863
illustrer : je suis Neuchâtelois de naissance, ce
qui
veut dire que la communauté et le territoire de l’ancienne principaut
864
n tant qu’écrivain, je relève de la francophonie,
qui
couvre deux tiers de la France, un tiers de la Suisse, la moitié de l
865
ivent désormais relever d’un seul pouvoir central
qui
les limitera à un seul territoire, je crierais au fou, — et ce fou se
866
s ces « chambres hautes » dont parlent les Actes (
qui
risquent d’être plutôt, demain, les catacombes des réduits antiatomiq
867
assé. Il a donc fait des recherches généalogiques
qui
l’ont conduit à de surprenantes découvertes. Ce fils de pasteur compt
868
e trace d’une femme de cette famille de Rougemont
qui
a épousé le comte de Neuchâtel en 1360. On trouve également un abbé d
869
uence des professions héréditaires » ? C’est vous
qui
l’écrivez. Vous n’avez jamais songé à être pasteur ? Il est intéressa
870
ne critique que j’ai envoyée à une revue à Genève
qui
l’a publiée. Je n’en étais pas plus fier pour ça : je me voulais poèt
871
pour l’argumentation et la dialectique légaliste,
qui
l’eussent conduit, en d’autres temps, vers une carrière d’homme polit
872
ibéral avec de l’amitié pour les socialistes — ce
qui
faisait scandale. J’ai été très influencé par lui jusqu’à l’âge de 18
873
ma mère : deux tempéraments fort différents. Vous
qui
vivez dans l’avenir, que pensez-vous de celui de la famille ? La fami
874
ne mourra pas ? Non, elle se transformera. En ce
qui
vous concerne ? À partir de ma génération, on faisait autre chose que
875
« taille européenne ». Quelle est cette taille ?
Qui
en décide ? Au nom de quoi ? Que veut-on dire ? On me répond qu’il s’
876
e répond qu’il s’agit de « découper » des régions
qui
soient assez grandes, assez peuplées, assez industrialisées et bétonn
877
at, Péchiney peuvent être « compétitifs » avec ce
qui
se fait à Détroit, à Essen ou à Bâle, mais si une de ces firmes s’ins
878
e de technocrate, de ministre ou de fonctionnaire
qui
ne raisonne qu’en termes de pouvoir et de prestige. Ce n’est pas un s
879
trop loin de la vie quotidienne. En revanche, ce
qui
peut rassembler et dresser citoyens et citoyennes d’une région, c’est
880
’échelon national (c’est-à-dire à Paris), mais ce
qui
intéresserait les habitants de la région serait de pouvoir se prononc
881
serait de pouvoir se prononcer sur les problèmes
qui
les concernent. Et puis, finissons-en avec ces questions de taille. I
882
Et cela n’est pas contradictoire avec la tendance
qui
nous porte à la fédération du continent. Car seules les petites unité
883
ngoisse devant les mass médias d’État, où tout ce
qui
n’est pas publicité tonitruée pour des produits, des modes ou des rév
884
ulées, ne s’entend plus. L’angoisse des individus
qui
ont perdu prise sur leur vie, et n’ont plus foi dans les mythes natio
885
é par nos routines mentales, héritées de l’École,
qui
ont substitué les mythes de l’État régalien et de la nation indivisib
886
idence de la région et l’absurdité des frontières
qui
tranchent dans le vif de ses tissus, il faut parfois le regard neuf,
887
parfois le regard neuf, sinon naïf, d’un étranger
qui
simplement « en croit ses yeux ». Pendant la conférence des quatre Gr
888
ues nées du hasard des guerres et des traités, et
qui
ne correspondent plus à nulle réalité, ni ethnique ni économique. Sur
889
es, pénalisées ou bloquées par un cordon douanier
qui
ne sert à rien ni à personne, mais qui symbolise la « souveraineté »
890
n douanier qui ne sert à rien ni à personne, mais
qui
symbolise la « souveraineté » (d’ailleurs de plus en plus fictive) de
891
ctive) des États. Or, tous les problèmes concrets
qui
se posent dans cette région appellent des solutions transfrontalières
892
cologique. Il y a enfin une région universitaire,
qui
va de Neuchâtel à Saint-Étienne et d’Aoste à Besançon, en passant par
893
de Lyon — une sorte de mini-État-nation nouveau,
qui
ajouterait aux défauts de la centralisation ceux des trop petites dim
894
que je viens de définir, ce n’est pas plus Genève
qui
bénéficiera que le pays de Gex, la Savoie, la Romandie tout entière,
895
oie, la Romandie tout entière, et dans une mesure
qui
reste à déterminer, l’Isère, le Val d’Aoste et la Franche-Comté. ⁂ Il
896
aient. Autour d’eux, on parlait le même dialecte,
qui
parlait dans leur inconscient. Avant que Genève ne fût annexée à la F
897
te savoyard. ⁂ C’est l’École, à ses trois degrés,
qui
nous a convaincus que nous étions différents au point de ne pouvoir r
898
l’éducation des citoyens, à partir des réalités,
qui
sont locales et régionales d’abord, puis continentales et mondiales.
899
dépend de l’éducation, au cours des trois lustres
qui
viennent. La région n’est nullement un relai de croissance. C’est un
900
mière des événements de cet automne, l’« Utopie »
qui
l’anime — le mot est de lui — dans son projet de remodelage de la soc
901
volontés de quelques émirs et dictateurs arabes,
qui
pourraient acheter toutes leurs industries, si ça leur plaisait, et p
902
s s’avéreront plus solides que les États actuels,
qui
, peu à peu, tomberont en désuétude. La région ? Pouvez-vous préciser
903
n ne doit pas être circonscrite par une frontière
qui
enferme tout. Elle se définit de manière variable selon les fonctions
904
e à Verbois ; ou encore une région universitaire,
qui
va de Saint-Étienne à Neuchâtel et de Besançon à Aoste, en passant pa
905
fédérales correspondant aux différentes fonctions
qui
définissent les régions, et chargées de les informer, de les concerte
906
ental. Cela peut se faire sans délai. Les régions
qui
s’élaborent un peu partout en Europe peuvent très bien désigner des d
907
en Europe peuvent très bien désigner des délégués
qui
se réunissent en congrès annuel : voilà l’origine d’une vraie vie pol
908
ine d’une vraie vie politique européenne. Mais ce
qui
est important, c’est qu’il existe au-dessus des régions et à leur ser
909
et composé non de spécialistes, mais de citoyens
qui
aient une vision générale de la vie, qui équilibrent les différentes
910
citoyens qui aient une vision générale de la vie,
qui
équilibrent les différentes fonctions de la cité selon une hiérarchie
911
frontières d’un de nos États-nations, frontières
qui
ont été fixées au hasard des guerres et des traités sur de tout autre
912
r résumer beaucoup ma position, que dans un monde
qui
serait structuré par régions, mais dans le cadre d’une politique comm
913
gions avaient leur mot à dire à propos de tout ce
qui
se passe sur leur territoire, par exemple à propos des implantations
914
iosités les plus vite éveillées à son âge, celles
qui
concernent sa région, son économie, et aussi son histoire et les trac