1 1974, Articles divers (1974-1977). La personne comme fondement des valeurs européennes (19 septembre 1974)
1 Si les deux tables rondes diffèrent visiblement, c’est moins encore par le sujet — héritage dans un cas, promesse dans l’aut
2 raîner nécessairement des effets politiques (mais c’est l’inverse qui s’est produit). Celle d’aujourd’hui veut affronter les
3 oins nouvelle dans l’histoire qu’on ne le pense : c’est celle du peuple juif devant ses grands prophètes !) Pour tout dire d’
4 n pense comme on se heurte », disait Paul Valéry. C’est le scandale, le choc, qui déclenche les circuits. Adam ne pensait pas
5 us encore que les prévisions du club de Rome, car c’est lui qui les rendra vraies, quand elles n’étaient que monitoires et n’
6 de désordre ». Car le plus profond des désordres, c’est celui qui est au cœur d’une société dont le seul principe absolu est
7 re Crise ? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sen
8 ance nationale. Mais s’il y a conflit de valeurs, c’est qu’il y a donc des valeurs ! Et qui décident ou plutôt nous permetten
9 t celle de la justice, ou je n’y ai rien compris. C’est la justice, non la nécessité, qui est le vrai référentiel de l’œuvre.
10 pe, qu’il le sache ou non, le référentiel absolu, c’est la personne. Or la personne a une histoire, comme bien d’autres stru
11 Pères adoptèrent donc le terme de personne. Mais c’est surtout la définition de la Deuxième Personne de la Trinité, celle du
12 es, existentialistes ou physico-mathématiques. Et c’est aussi, au plan de la théorie politique, le modèle du fédéralisme, c’e
13 ur moi, et pourtant j’oserai dire que la personne c’est l’œuvre essentielle de chacun, qui consiste à trouver sa voie et à co
14 osant y avancer sans l’avoir vu. Ce que je sais, c’est qu’il n’existera qu’autant que j’aurai le courage d’y marcher dans la
15 aphore. Ce qui peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’une nature tuée par l’homme, et qui nécessairement entraîne
16 lope : « Je me nomme personne, je n’y suis pas », c’est qu’on prépare un mauvais coup, ou qu’on tente d’échapper à certaines
17 urel et selon le divin qui est en lui. L’aliéner, c’est le mécaniser — au sens argotique qu’a pris le mot — c’est-à-dire le m
18 t que l’altérer, le détourner de sa vocation — et c’est cela que j’appelle le péché. Le problème de l’aliénation, essentielle
19 ’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la Puissance, et le pouvoir sur soi-même, la Liberté. Le pouvoir sur
20 sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cela la Liberté, condition générale de l’accueil et de l’exercice de
21 le personne, comme le type même de l’aliénation : c’est la dictée de mon aventure individuelle par l’autre, l’étranger, l’ali
22 moins vraie. La vocation dont l’appel me libère, c’est elle aussi qui me relie à mes prochains dans la cité, parce que c’est
23 me relie à mes prochains dans la cité, parce que c’est parmi eux, avec eux et pour eux, autant que pour moi, qu’elle va peut
24 is et de règlements de police, mais au contraire, c’est dans la liberté de chaque personne que vient s’enraciner la solidarit
25 oi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement, que je suis venu une fois de plus, ici,
26 i vous ni moi — pour essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés. k. Rougemont Denis de, « La pe
2 1974, Articles divers (1974-1977). Alexandre Marc et l’invention du personnalisme (1974)
27 riosité et tout d’un coup : « Tu as de la chance, c’est l’âge de mon fils ! Tiens, voilà tout ce que tu mérites [un grand cou
28 dans la revue Plans, où il m’introduisit bientôt. C’est par lui que j’ai connu — ou reconnu — le nom même du personnalisme et
29 ression adéquate de mes certitudes naissantes. Et c’est aussi par l’entremise de Marc, je pense, que je rencontre peu de temp
30 Une seule chose sûre et certaine dans tout cela : c’est Alexandre Marc qui a provoqué presque toutes les rencontres, combinai
31 e. Mais ce dont il m’importe, ici, de témoigner, c’est du rôle de pionnier, d’inventeur d’idées et d’animateur d’actions com
32 te », ainsi que je l’écrirai un an plus tard — et c’est , je crois, la première expression de l’engagement, terme dont d’autre
33 qui se nomma le Club du Moulin-Vert (ou du moins c’est ainsi qu’on le nomme aujourd’hui dans les histoires de cette période)
34 es divergences les plus strictement formulées. Or c’est cela, justement, qui est personnaliste. Et le paradoxe œcuménique app
35 nies sur l’évolution de l’œcuménisme. On sait que c’est par l’action de la base, non plus par des négociations au sommet que
36 ître. Il contient des articles de Marc et de moi. C’est dire que depuis plusieurs mois, nous travaillons avec Mounier, Izard,
37 ’importance de ses apports à Plans et à Esprit , c’est dans L’Ordre nouveau que Marc allait trouver le climat le plus favo
38 ns se lasser, insensible à nos plaisanteries ; et c’est sans doute aux longs entretiens quotidiens avec chacun des membres du
39 e doctrine unanime. Sous l’impulsion de Marc — et c’est typique de sa tactique et de ses méthodes — dès le premier numéro de
40 r des particularismes locaux et sentimentaux ». C’est à l’échelle de la commune que le sentiment patriotique se manifeste l
41 ment » véritable et effectif entre états-nations, c’est la guerre. (Proudhon) (ON 39) Source du droit. La seconde thèse fo
42 la plus conséquente des erreurs contemporaines : c’est leur commun dénominateur. L’URSS du camarade Staline et la France de
43 out homme est placé dans une certaine situation : c’est ce que les idéalistes sont toujours tentés d’oublier. L’homme en géné
44 parce qu’il connaît l’avantage immense du recul. C’est pourquoi il est impossible de parler de la situation de l’homme sans
45 », mais comme la forme même de la vie économique, c’est dire qu’une véritable économie « planée » exclut à priori l’étatisme.
46 une trentaine d’années sur ce point.) Régions. C’est la patrie concrète, c’est-à-dire la région qui est l’élément constitu
47 eloppée jusqu’à sa limite extrême : cette limite, c’est l’intérêt suprême de la Révolution. Dans la mesure où elle ne paralys
48 ans les années 1930 qui me frappe à la relecture, c’est aussi le fait que Marc soit venu à l’Europe par les voies du personna
49 mmunautés, des cités, puis leurs fédérations : et c’est en route vers l’universel que l’Europe apparaît inévitablement, non p
50 ier à Berdiaev), J. Lacroix écrit de ce livre : «  C’est décidément un maître ouvrage, à placer sur le même rayon que le Capit
3 1974, Articles divers (1974-1977). Quelques-unes des choses curieuses qui me sont arrivées (1974)
51 On m’offre un poste de professeur en Chine, mais c’est à Paris que se passe « la vraie vie » pour un écrivain. L’ennui, c’es
52 passe « la vraie vie » pour un écrivain. L’ennui, c’est que je n’y connais personne qui touche de près ou de loin à la vie li
53 quatre, j’ouvre ma porte : le téléphone sonnait. C’est un ami suisse qui vient de quitter l’Office of War Information, pour
54 les trois lettres sur mon assiette, j’ai dit : «  C’est bien cela », sans plus d’étonnement que les autres fois. Le père Rein
55 is je n’ai rien deviné du tout, puisque j’ai vu ! C’est là tout l’intérêt de l’affaire : cette perception soudaine, ce regard
56 scendu les trois étages jusqu’au vestibule : oui, c’est cela, l’enveloppe grise est là, pliée. (Une facture de blanchisseur !
57 ange. « Qu’est-ce que la mystique ? » Réponse : «  C’est un petit jardin fermé qui s’ouvrira à Pâques. » (On sait que le hortu
58 du mysticisme, flamand et rhénan notamment.) Mais c’est le troisième échange qui m’amène à rappeler ici cette soirée mémorabl
4 1974, Articles divers (1974-1977). Un modèle pour l’Europe ? (1974)
59 prononcé avant le deuxième quart du xixe siècle. C’est à croire, dit un historien10, que les Suisses se gardent soigneusemen
60 un système, c’est-à-dire une recette exportable. C’est le secret de leur réussite. Il faut donc le garder jalousement. Et il
61 en Europe et dans le monde, mais en Suisse même. C’est ce que je voudrais marquer d’abord. Nous commettons généralement en
62 au canton, les autoroutes à la Confédération…) Or c’est exactement cette solution qui serait susceptible de résoudre les prin
63 continentales le plus souvent, parfois mondiale. C’est ainsi que le CERN est né, parce que les dimensions de la tâche (conce
64 ocessus fédéraliste aux frontières de notre État, c’est d’une part bloquer la vie même du fédéralisme à l’intérieur, et d’aut
65 de plus en plus tendre à se gouverner eux-mêmes. C’est là le but dernier du progrès politique et sa mesure la moins trompeus
5 1974, Articles divers (1974-1977). Philosophie du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1974)
66 qu’un privilège qu’il doive céder au grand État, c’est celui de pouvoir faire de grandes guerres et de dévaster sans mesure.
6 1974, Articles divers (1974-1977). À propos de Théodore Strawinsky [préface] (1974)
67 es que les étoiles ne le sont de la terre, et que c’est sur ce vide sidéral, infini, cette vacuité fondamentale, universelle,
68 e donne un sens aux propositions de la nature. Et c’est pourquoi, parmi les œuvres de Théodore Strawinsky, celles que je préf
69 a technique de l’auteur du Sacre du Printemps. Et c’est en quoi le fils et le père, inversant l’ordre trinitaire comme le mir
70 Il se trouve que j’écris ces lignes à Venise. Et c’est ici que j’ai vécu l’un des plus hauts moments de la culture européenn
71 l’an 787 par le IIe concile œcuménique de Nicée, c’est le culte des images. Une figuration transposée, éloignée de tout réal
7 1974, Articles divers (1974-1977). Recherche pour un modèle de société européenne (février 1974)
72 sième lieu, si l’on recherche un modèle européen, c’est que l’on ne pense pas pouvoir s’accommoder de modèles étrangers et po
73 ion désormais déclarée à l’échelle mondiale. Car c’est bien de cette crise mondiale qu’il s’agit aujourd’hui, et avant tout,
74 s, aux plus habiles de ses ancêtres. Aujourd’hui, c’est le succès même de l’effort civilisateur de l’Occident qui nous force
75 en vue et au nom de fins déterminées. Gouverner c’est prévoir, dit l’adage. Mais qui prévoit ? Vous lisez tous les jours da
76 a multiplier par 16 384 en moins d’un siècle, car c’est le chiffre qu’on obtient au bout de quatre-vingt-dix-huit ans en mult
77 e croissance, mais au contraire de ses succès. Et c’est là ce qui doit nous retenir. Je ne vais pas résumer ici le fameux rap
78 rappellerai seulement que la crise mondiale — et c’est je crois sa formule la plus simple — est née de la volonté typiquemen
79 avions oublié qu’il est irrévocablement limité. C’est la découverte, puis la prise de conscience de l’explosion démographiq
80 que celles de ces Indiens ? D’abord les croire. C’est le seul moyen de les faire mentir. Car elles ne demandent qu’à être d
81 u fur et à mesure de l’accroissement des ventes. ( C’est l’idée de la VW sous Hitler !) En 1908 il vend 10 000 voitures. En 19
82 a noté. Aujourd’hui, moins d’un siècle plus tard, c’est une nécessité primordiale pour l’homme occidental. Elle devait servir
83 tonne les campagnes (18 % de la Hollande déjà) et c’est autant d’humus perdu en quelques semaines pour des centaines de milli
84 e. Cette réponse est mauvaise, voire atroce, mais c’est une réponse tout de même, alors que nos démocraties bourgeoises n’ont
85 s’agit de changer dans notre société européenne : c’est le modèle stato-national. Et nous voyons dans quelle direction il fau
86 n y arrive, créerait-on un chaos ? Une anarchie ? C’est ce que me disent ceux qui se croient « réalistes ». Et même certains
87 nnombrables, sans sacrifier l’un de leurs termes, c’est la fédération. Une simple confédération fondée sur des États souverai
88 ait contradictoire dans les termes, impraticable. C’est l’idéal qu’affirment les juristes et les chefs d’État, et c’est là le
89 qu’affirment les juristes et les chefs d’État, et c’est là leur hypocrisie. Je l’appelle l’amicale des misanthropes. Cela peu
90 n des mots-clés de l’Europe aussi. L’anti-Europe, c’est celle des « terribles simplificateurs » dont parlait J. Burckhardt, c
91 s personnelles. Un autre mot-clé de notre modèle, c’est l’adjectif petit. La motivation la plus profonde du modèle régional é
8 1974, Articles divers (1974-1977). L’Europe des régions (juin-juillet 1974)
92 uissante de l’idée de région. Ce qui est en crise c’est l’État-nation napoléonien qui s’oppose aux régions et propose contre
93 montée de l’idée de région ? Il y a d’abord — et c’est le côté le plus spectaculaire, le plus bruyant aussi, parce qu’il se
94 u à associer l’idée d’Europe à l’idée de région ? C’est à partir de l’idée d’Europe que je suis parvenu à l’idée de région. J
95 n’est parlé que dans une partie du pays, le reste c’est le gallo qui va jusqu’à Rennes et jusqu’à Nantes, villes qui sont ind
96 aucune probabilité de coïncider dans l’espace. Ça c’est la formule de l’État-nation napoléonien : imposer la même frontière à
97 i, si l’on parle tellement des régions en Europe, c’est à cause du formidable remue-ménage provoqué par la nécessité d’unir n
98 elle des régions, d’autre part celle de l’Europe. C’est absolument lié. Est-il possible de construire l’Europe par une associ
99 es différents États ? L’Europe des États-nations, c’est un cercle carré, c’est une impossibilité, c’est ce que j’ai appelé so
100 ’Europe des États-nations, c’est un cercle carré, c’est une impossibilité, c’est ce que j’ai appelé souvent « une amicale des
101 , c’est un cercle carré, c’est une impossibilité, c’est ce que j’ai appelé souvent « une amicale des misanthropes » : c’est u
102 appelé souvent « une amicale des misanthropes » : c’est une chose que l’on peut dire, mais que l’on ne peut pas faire. Si vou
103 iquement par l’Ouest, et politiquement par l’Est. C’est déjà en bonne partie réalisé pour le quart de l’Europe, à l’est, qui
104 pe, à l’est, qui est satellisé par les Russes, et c’est réalisé en bonne partie par l’économie de nos États de l’Ouest, qui e
105 pour ce qu’il doit cultiver, alors il est perdu. C’est la décadence totale d’un peuple ; c’est ce que l’on a vu dans tous le
106 st perdu. C’est la décadence totale d’un peuple ; c’est ce que l’on a vu dans tous les pays colonisés. Donc les raisons de fa
107 obstacles à l’union sont plus clairs que jamais : c’est la formule de l’État-nation qui prétend à une souveraineté absolue, q
108 unir, sur cette réalité active et quotidienne. Et c’est là le sentiment des jeunes, de même que ce sont les jeunes qui sont r
109 e expression frappante que vous venez d’employer, c’est celle de « mise en place » des organismes régionaux. À mon sens, elle
110 e phénomène se reproduit dans d’autres pays, mais c’est peut-être particulièrement frappant en France étant donnée la traditi
111 consultation des gens sur place. Ça, je crois que c’est incontestable. À mon sens, il aurait fallu faire exactement le contra
112 de « taille européenne » ? De taille européenne ? C’est une expression sans aucune signification. On dit « tiens, c’est intér
113 ession sans aucune signification. On dit « tiens, c’est intéressant ; maintenant tout le monde parle de l’Europe, on va donc
114 ulu faire une région pour faire une chose petite. C’est là un commentaire qu’on peut faire sur la réalité, et non une finalit
115 ive : faire une chose petite ! Ce qui les motive, c’est deux choses : la prospérité, et pas seulement quantitative, et la par
116 y a de plus grave dans les États-nations actuels, c’est surtout qu’ils laissent le citoyen dans un vide civique, dans un « no
117 e de faire de l’avenir notre affaire. Alors, cela c’est la situation politique la plus grave que la civilisation puisse affro
118 tout le monde fasse la même chose en même temps. C’est là aussi l’idée de Napoléon : c’est une idée militaire, mais cela rev
119 n même temps. C’est là aussi l’idée de Napoléon : c’est une idée militaire, mais cela revient à écraser toutes les communauté
120 d’accord avec le terme « prendre le pouvoir ». Et c’est là que je me sépare radicalement des marxistes. Ils croient qu’une fo
121 Parti au pouvoir, c’est-à-dire maître de l’État — c’est ce qu’ils appellent la dictature du prolétariat — l’État dépérira néc
122 ystification du marxisme d’avant-hier. La vérité, c’est qu’il n’y a plus de pouvoir aujourd’hui. Voilà le drame. Nous avons à
123 e, il n’y aurait pas de sociétés multinationales. C’est parce que l’État-nation, comme le dit la critique fédéraliste, est à
124 réalité de la chose : « société multinationale », c’est nécessairement diabolique, horriblement mauvais dans tous les cas, et
125 reproche aux multinationales. La seule différence c’est que les frontières ont été supprimées entre les « nations », au sens
126 . Le phénomène contre lequel il faut se défendre, c’est celui des trop grandes sociétés, mal adaptées aux régions dans lesque
127 humain. Tout cela est bel et bon, la croissance, c’est la vie, la loi de la vie ; tout le monde est donc pour la croissance
128 nce économique, industrielle, technologique… Mais c’est par une erreur fondamentale qu’ont commise en premier lieu les gestio
129 -dessus. La croissance du vivant est autoréglée : c’est la même loi de la vie qui fait qu’une plante ou un corps animal grand
130 : « il nous faut faire des centrales nucléaires ; c’est un impératif technique et économique, parce que la consommation d’éle
131 zaine d’années. Ils disaient tous avec mépris : «  c’est de l’intérêt local, ou c’est de l’intérêt régional ». Moi, je trouve
132 tous avec mépris : « c’est de l’intérêt local, ou c’est de l’intérêt régional ». Moi, je trouve que c’est particulièrement in
133 c’est de l’intérêt régional ». Moi, je trouve que c’est particulièrement intéressant si c’est de l’intérêt régional. Ça évite
134 trouve que c’est particulièrement intéressant si c’est de l’intérêt régional. Ça évite les monopoles des États, monopoles qu
135 lée — qui est la croissance normale, biologique — c’est par le moyen des petites unités régionales qu’on y arrivera le mieux.
136 d’années, le seul pouvoir mobilisateur en France, c’est le pouvoir d’achat. Les individus, déjà, et puis les mass-médias rais
137 gens pour amener un changement dans la mentalité. C’est l’essentiel, tout tient à cela. Et les gens s’apercevraient qu’il y a
138 ant un ou deux arbres… Et les racines, pour vous, c’est la commune ? Il faut donc commencer par la commune ? Oui ; peut-être
139 ur affective, une valeur concrète et quotidienne. C’est cela qui est important, partir d’en bas… Mais les gens ont changé, on
140 e de réflexe. Si « le génie du lieu » agit ainsi, c’est que l’on peut prendre des racines, et même si l’on change de lieu. L’
141 ines, et même si l’on change de lieu. L’important c’est d’en avoir. Parce que l’homme a besoin à la fois de racines et de mob
142 e à être enraciné comme un paysan lié à la terre, c’est un grand malheur. Et s’il est purement nomade, aussi. Mon idée de l’h
143 aussi. Mon idée de l’homme complet, la personne, c’est l’homme en tension entre des aspirations contradictoires. Il a besoin
144 isation » qui conduit toujours à la tyrannie. Car c’est avec la poussière des individus que l’État fait son ciment. Cela n’es
145 sant de gens, finalement par un seul tyran. Cela, c’est une loi que Jean-Jacques Rousseau avait très bien définie dans Le Con
146 uvons dans la situation hellénistique. Simplement c’est plus grave, les villes sont plus grandes, il y a des moyens d’action
147 ’urbanisme dans tout cela ? Eh bien, je pense que c’est une place absolument essentielle parce que tout tient à la forme et a
148 . Si l’on prenait la ville communale au Moyen Âge c’est autour d’une grande place, où il y a l’église, les auberges, l’hôtel
149 nt de quel système politique voyez-vous ? Eh bien c’est la caserne, comme tout le monde l’a dit, et il faut prendre cela au s
150  », l’État). On les subit. Tout ce que l’on peut, c’est se révolter de temps en temps, mais cela ne sert pas à grand-chose. C
151 ps en temps, mais cela ne sert pas à grand-chose. C’est l’encasernement, c’est l’homme transformé en numéro. Cela ne correspo
152 ne sert pas à grand-chose. C’est l’encasernement, c’est l’homme transformé en numéro. Cela ne correspond peut-être pas à un r
153 et très nombreuses. Mais une chose très curieuse, c’est que les architectes les plus avancés aujourd’hui, comme le Grec Const
154 qu’Aristote et Platon pour l’optimum d’une ville. C’est 50 000 habitants. Dès que vous dépassez ces limites, vous tombez dans
155 (produits et services). On peut presque dire que c’est la loi économique qui a fait que ces villes se sont agrandies démesur
156 ts seront-ils abordés dans votre prochain livre ? C’est essentiellement ce titre que je donne au livre que je suis en train d
157 faut faire comprendre aux jeunes aujourd’hui que c’est leur affaire. Ce n’est pas l’affaire de fatalités auxquelles on ne pe
158 rs, ce n’est pas l’affaire des impératifs X et Y, c’est leur affaire. Souvent les gens n’aiment pas être responsables de leur
159 es propres yeux de vivre et valoir quelque chose. C’est beaucoup plus important qu’une augmentation de 2 % du salaire. Quant
160 ens absolument global, général : responsabilités. C’est le mot qui est antinomique d’« irresponsabilité » générale de l’homme
161 née, l’équilibre entre la hiérarchie des besoins… c’est cela la politique véritable, ce n’est pas de savoir si l’on est de ga
162 unautés qui sont amenées à prendre des décisions. C’est cela le fédéralisme : que chacun fasse à son niveau, ce qu’il est cap
163 ompromettant, il a dû se réfugier aux États-Unis. C’est outre-Atlantique qu’il a découvert a contrario l’originalité de notre
164 iétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il dira prochainement dans son ouvrage intitulé L’Avenir est n
9 1974, Articles divers (1974-1977). Surréalisme : un jeu qui dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)
165 eu pouvait avoir des relations avec la magie. Car c’est un fait qu’au cours de nos jeux surréalistes d’intuition, de divinati
166 ou cinq secondes pour réfléchir, et je disais : «  C’est à Leonora, c’est à Consuelo, c’est à Barbara, etc. » Y avait-il d’aut
167 pour réfléchir, et je disais : « C’est à Leonora, c’est à Consuelo, c’est à Barbara, etc. » Y avait-il d’autres jeux ? Oui, p
168 je disais : « C’est à Leonora, c’est à Consuelo, c’est à Barbara, etc. » Y avait-il d’autres jeux ? Oui, par exemple celui q
10 1975, Articles divers (1974-1977). Notre complexe de culpabilité (1975)
169 e pays qui puisse nous battre sur ce terrain-là. ( C’est le seul record qui nous reste, d’ailleurs.) Il paraîtrait que les Sui
170 sent ainsi et qu’ils ont tort. Au bout du compte, c’est une propension à l’anxiété, voire à l’autodénigrement, plutôt qu’à la
171 quand on dit en Suisse (romande surtout) : « Ça, c’est bien suisse ! » il y a beaucoup de chances pour que cela signifie : V
172 pouvoir (quel qu’il soit). L’intellectuel suisse, c’est à peu près le contraire. Les motifs spécifiques du « malaise suisse »
173 rances verbales contre l’Allemand, ou vice versa. C’est alors que Carl Spitteler prononça son fameux discours sur « Notre poi
174 it être, à peu près, le péché propre des Suisses. C’est dans la conscience nationale que le jugement de Dieu qui pèse sur le
175 tous. — Mais quoi ! nous connaissons tout cela et c’est bien pire chez nous ! s’écrie l’Européen de Düsseldorf, d’Anvers, de
176 pas d’autre remède à ses névroses de prospérité. C’est dans une modestie trop commode, un peu lâche, que réside sa pire tent
11 1975, Articles divers (1974-1977). Au-delà de la société industrielle (1975)
177 é de vous parler de la société post-industrielle, c’est que j’ai vu là une occasion inespérée d’essayer de comprendre moi-mêm
178 ser cette déclaration et de dire que, dorénavant, c’est l’automobile qui doit s’adapter à Paris — c’est-à-dire l’industrie à
179  : besoins de l’industrie ou besoins de l’homme ? C’est sur l’opposition de ces deux conceptions que je voudrais vous présent
180 nées d’activité minutées à l’usine ou au bureau ? C’est la position simpliste des syndicats : elle relève encore beaucoup tro
181 vide ». Ce que la société nouvelle doit apporter, c’est le dépassement de l’opposition de nature entre travail et loisir. C’e
182 e l’opposition de nature entre travail et loisir. C’est instaurer l’artisanat et l’art, la trouvaille poétique bricolée dans
183 xemple que l’on puisse donner d’un tel processus, c’est de toute évidence celui de l’automobile. À l’automne de 1875, il y a
184 irer très sincèrement faire du bien à l’humanité. C’est même là le motif principal de la discipline forcenée qu’il imposera p
185 comme on dit alors —, Ford va changer tout cela. C’est dire qu’il va changer la nature même des besoins de l’homme occidenta
186 at d’Israël et pour la paix en général. Enfin, et c’est le comble, née pour la vitesse, l’automobile, dans les avenues de New
187 e le plus illustratif de la société industrielle. C’est parce que des valeurs nouvelles existent et agissent en nous déjà, qu
188 menter sans cesse l’empire des besoins, parce que c’est le besoin qui soumet l’homme aux forces matérielles, aux « impératifs
189 s gravir, il vous faudra l’aide d’une échelle, et c’est précisément ce que l’escalier avait pour seule fonction de vous évite
190 autiful. Non que la petitesse soit bonne en soi : c’est une question de proportions. Mais il est clair que nos trop grands Ét
12 1975, Articles divers (1974-1977). Suisse 1975 (1975)
191 Spitteler pendant la Première Guerre mondiale, et c’est encore plus vrai après la seconde. La fierté légitime et la gêne expl
192 é de la vie, au civisme, et aux vraies libertés. ( C’est tout cela que les « grands pays » perdent un peu plus, et sans retour
193 , alors qu’elles sont, justement, « fédérales » ! C’est ignorer le sens et la fonction du vrai fédéralisme, celui qui a fait
194 pour faire ce dont aucun ne serait capable seul. C’est une méthode de répartition des pouvoirs de décision, selon les dimens
195 elle mondiale — énergie, pollution, famine, paix. C’est entre ces termes extrêmes que se pose en permanence, depuis longtemps
196 guerre ? Face aux défis de l’Europe et du monde, c’est sur sa propre raison d’être que la Suisse d’aujourd’hui se voit amené
13 1975, Articles divers (1974-1977). Le Morgarten du xxe siècle (1975)
197 onfédération. La difficulté, avec le fédéralisme, c’est que peu de gens savent réellement ce que c’est. Il est presque totale
198 e, c’est que peu de gens savent réellement ce que c’est . Il est presque totalement méconnu hors de Suisse, et les Suisses eux
199 x-mêmes commettent de graves erreurs à son sujet. C’est l’École, une fois de plus, qui a répandu ces erreurs. On nous a fait
200 s clairement soulignées, dans le pacte du Grütli, c’est la volonté d’exercer une justice « indigène » : nous ne voulons pas d
201 i la volonté d’autonomie locale et d’autogestion. C’est surtout à partir de 1848 que le fédéralisme suisse a changé, sous l’i
202 s de gauche autant que dans les partis de droite. C’est une question d’attitude, de mentalité, et non pas de choix politique
203 ou de droite ne m’intéresse guère : l’essentiel, c’est la forme concrète de communauté qu’ils défendent. Je retrouve, chez l
204 r de grandes richesses en y percevant des péages. C’est pour empêcher cette mainmise « étatique » avant la lettre que les Sui
205 nt sérieux et indépendant d’Europe ou d’Amérique, c’est insoutenable. Le projet n’est soutenu, d’ailleurs, que par les trois
206 re la France, la Suisse et l’Allemagne. Parce que c’est dans leur intérêt. Face à cette menace de leurs capitales respectives
207 orte ! L’essentiel, qui est une chose historique, c’est la réaction de défense des habitants de la région de Bâle. C’est le r
208 on de défense des habitants de la région de Bâle. C’est le réflexe d’autogestion, qui se traduit par la volonté de se défendr
209 sous la pluie : « Vous êtes hors de la légalité, c’est évident, et vous le savez. Vous n’avez avec vous que la justice, et v
210 , où toutes les différences locales sont abolies. C’est le rêve secret de tous les administrateurs. J’ignore si les citoyens
211 centaine d’années, que le dernier mot de la vie, c’est le confort, et que si on éliminait les choses excessives, les tension
212 qui est en train de se déchaîner sur la planète. C’est pour cette raison que les États-Unis, qui sont de loin la plus grande
14 1975, Articles divers (1974-1977). L’amour (1975)
213 non procréateur, non fonctionnel de la sexualité. C’est donc au sens littéral du terme une perversion, le détournement d’un i
214 et qui soudain éclate, flambe et « se déclare ». C’est l’amour qui se prend pour son objet, qui aime sa propre intensité et
215 qui aime sa propre intensité et non pas l’Autre. C’est l’auto-intoxication, favorisée par la publicité que lui font nos roma
216 s romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte de tout ce qui s’oppose au désir, sépare le
217 que le regard aimant est capable de le susciter, c’est l’inverse de la passion : il peut être sans lien aucun avec l’Éros, i
218 oi nouvelle n’a pas de livres sacrés sur l’amour. C’est cette absence totale de cérémonials d’initiation et de recettes de pl
219 e et romanesque, d’avoir découvert, en somme, que c’est le langage qui permet de transformer la pulsion instinctuelle en sent
220 » de Jaufré Rudel pour la comtesse de Tripoli, et c’est en vérité l’amour de l’amour même, l’amour de l’état amoureux plus qu
221 étés, de la Grèce primitive à l’Occident moderne, c’est le tabou de l’inceste. Tous les autres étant évacués, il prend une im
222 c. Chargé par ce dernier de la « quête » d’Iseut, c’est ainsi de sa future « mère » légale qu’il tombe passionnément amoureux
223 à fait dans les romans d’analyse intérieure, mais c’est pour renaître aussitôt sous les espèces d’une instance morale, d’une
224 3, dans Das Ich und das Es) appellera le surmoi : c’est encore et toujours l’image du Père — celui qui interdit la Mère au Fi
225 la mort » (Pétrarque). Passion et obstacle C’est un fait évident, à l’expérience comme à la lecture des romans, que la
226 stincts, de mettre une distance entre les amants. C’est cela qui permet à l’attrait naturel de s’exalter, de devenir une pass
227 Et si la mort qu’ils appellent leur est accordée, c’est sous la forme d’un évanouissement, dont ils se réveillent pour épouse
228 la passion de ses personnages, donc de la sienne, c’est l’argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme pour Tristan, « le
229 réface lorsqu’il écrit : Ce que je puis assurer, c’est que je n’en ai point fait [de tragédie] où la vertu soit plus mise en
230 passagère éclipse du mythe. De Molière à Mozart, c’est Don Juan qui occupe la scène de sa présence insolente, bondissante, m
231 si la vraie formule d’un donjuanisme féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan, c’est le désir féminin qui crée « l’homme
232 me féminin. Car c’est la femme qui rêve Don Juan, c’est le désir féminin qui crée « l’homme sans visage », l’homme d’une nuit
233 de Chamfort. Ce qui compte aux yeux du romancier, c’est une intrigue délibérée et qui traduit non plus la dialectique du myth
234 ra naître, de Richardson au Werther de Goethe. Et c’est une autre amoureuse célèbre de l’époque, Julie de Lespinasse, qui l’e
235 oi Novalis fait écho : Quand on fuit la douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer… Que Dieu me conserve cette douleur qui m’es
236 st indiciblement chère. L’amour romantique C’est à partir de l’état d’âme sentimental des amants de La Nouvelle Héloïs
237 en force de la religion des « Fidèles d’amour », c’est que l’obstacle contre lequel il se révolte et mobilise les énergies d
238 ’on oppose au mariage bourgeois, union notariale. C’est en 1830 et 1848 qu’apparaissent en Europe des expressions telles qu’é
239 e trouve toute volupté (Fusées, III). Cependant, c’est le roman anglais, de Melmoth aux sœurs Brontë puis à Thomas Hardy, qu
240 nheureux des amours interdites et impossibles. Et c’est Wagner qui en révélera musicalement le sens ésotérique, au moment où
241 lors que, dans la conception chrétienne du monde, c’est l’attrait sexuel qui n’est qu’un cas particulier de cet Amour cosmiqu
242 cy [T. S. Eliot], trop de savants contemporains), c’est ce qu’a fort bien relevé Georges Bataille dans ses ouvrages sur Éros
243 ans l’avant-garde intellectuelle des années 1970. C’est en deçà, non au-delà du christianisme que Bataille situe les éléments
244 e mystique athée fondée sur le seul drame d’Éros. C’est , de même, dans la tradition de Nietzsche, non de Marx ni de Freud, qu
245 réface à L’Amant de Lady Chatterley). Là encore, c’est bien au-delà du motif générique de procréation, et même du motif indi
246 ation, et même du motif individuel d’intégration, c’est vers une connaissance peut-être mortelle que nous entraîne l’Éros myt
247 archique ou plus vigoureuse qu’en d’autres temps. C’est seulement l’expression de la sexualité qui n’est plus réprimée, ce qu
248 rable qui ne peut trouver remède qu’en elle-même. C’est une condition délectable et un mal que nous désirons. Celui qui n’en
15 1975, Articles divers (1974-1977). « Le sort des écrivains emprisonnés constitue un drame et un avertissement » (juin 1975)
249 t de plus en plus amené à critiquer, à s’opposer. C’est parce qu’ils sont écrivains que Boukovski, comme Siniavsky ou Daniel
250 t la norme. Hors de leur église point de salut et c’est sincèrement qu’il le condamne. Un Soljenitsyne qui, pour lui, est un
251 souvent de le tuer. Donc si vous le reconnaissez c’est que vous êtes capable de le faire. Mais ces gens représentaient peut-
252 e de tout à fait différent de l’amour sensuel. Et c’est cette notion de l’amour qui a été vulgarisée à travers toutes les lit
253 tionnement où on lui dirait ce qu’il doit écrire. C’est sa nature même qui s’y oppose. Il sera donc toujours un opposant, un
254 tion » selon le mot de Picasso. L’idée de Picasso c’est qu’il ne peut y avoir de création que « contre » une société. Pour ma
255 Est-ce que cette dimension avait une influence ? C’est une évidence. Dans un État-nation comme ceux que nous connaissons, l’
256 Et l’homme n’est libre que s’il est responsable. C’est une vieille notion que l’on retrouve encore en justice. Si votre avoc
257 esponsabilité de votre acte, vous serez acquitté. C’est parce que je crois à cette liberté de l’homme liée à sa responsabilit
258 à avoir plus d’électricité demain qu’aujourd’hui. C’est parce que nous le voulons pour notre commodité. Mais il n’y a aucune
259 tre commodité. Mais il n’y a aucune nécessité. Et c’est la même chose pour les États. Ils ont copié l’organisation que la Rév
260 osée de neuf nations parlant chacune leur langue. C’est en vue de la guerre que les jacobins puis Napoléon ont regroupé à Par
261 e peut-être des situations plus proches de nous — c’est d’influencer les pensées. Regardez avec quel soin il s’occupe de la r
262 exemple, insiste pour garder la main sur ce moyen c’est bien parce qu’il permet d’influencer les gens. Même aux États-Unis où
263 de citoyen du monde et il n’en veut pas d’autres. C’est un choix qui ne menace personne. Lorsqu’il était pilote de chasse et
264 lices le pourchassent y compris la police suisse. C’est un exemple. Mais nous sommes encore très loin d’infliger aux opposant
265 ons militaient aussi en faveur de cet engagement. C’est dans sa belle et solide maison de Pouilly qu’il nous les a apportées.
16 1975, Articles divers (1974-1977). « L’État-nation, voilà l’ennemi » (1er juillet 1975)
266 ue sans laquelle il n’est pas une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les régions fonctionnelles, d’air
267 ’Europe a inventé l’État-nation que tous imitent. C’est à celle-là de donner l’exemple d’une invention meilleure et de l’expé
268 dre contre quoi ? Contre d’autres États-nations ? C’est le cercle vicieux dont il s’agit de sortir. Il faut que ses auteurs c
17 1975, Articles divers (1974-1977). « Il ne s’agit pas de créer des régions qui soient de petits États-nations » (septembre 1975)
269 s grands plus l’esprit de clocher. Ce qu’il faut, c’est tout recommencer par en bas, créer des liens réels au niveau le plus
270 rait occupé comme les autres à rester au pouvoir. C’est donc une voie sans issue. La réforme, donc, plutôt que la révolution…
271 -alpine, pour rester volontairement un peu vague, c’est difficile de dresser un plan d’actions communes à mener par les gens
272 t à la formation professionnelle que les Suisses. C’est en train de s’arranger, mais il aura fallu des années. Il y a le prob
273 droit d’être libre, vous êtes perdu ! La liberté, c’est une chose qu’on prend, qu’on mérite et, surtout, dont on se montre di
274 en aux affaires publiques, pas de communauté ! Et c’est la nostalgie d’une communauté humaine restaurée, d’un lien de partici
18 1976, Articles divers (1974-1977). Message de M. Denis de Rougemont (1976)
275 le premier ! L’Europe des esprits et des cœurs, c’est elle qui motiva au premier chef Robert Schuman. Aux yeux de l’histoir
276 l’action » (comme l’a écrit Jean Monnet) puisque c’est tout naturellement que sa méditation s’est poursuivie en création et
19 1976, Articles divers (1974-1977). L’Europe, l’été [préface] (1976)
277 européens ? Si je n’en ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu’il s’agissait des « grands » de l’Europe, des mieux enraciné
278 ns qu’aux routines, et aux miracles qu’aux abus. ( C’est peut-être pourquoi elle reste si vivante ?) 2. Le problème d’une défi
279 t dans ses conditions matérielles d’existence. 3. C’est en effet de la rencontre d’un art (musique, théâtre, danse) et d’un l
280 e social en vue desquels elle avait été composée. C’est grâce aux festivals qu’on s’est remis de nos jours non seulement à jo
20 1976, Articles divers (1974-1977). Histoire et prospective de l’identité européenne (1976)
281 ment à une question toute simple, comme celle-ci, c’est peut-être le signe qu’il faut la compliquer, parce qu‘en réalité elle
282 xviie siècle, ou de Coudenhove-Kalergi dès 1923. C’est un problème de vie ou de mort pour un demi-milliard d’humains, leur c
283 ’est-à-dire sans souci d’applications immédiates. C’est ainsi, nous dit-on, que le CERN étudie la constitution de la matière
284 comme fonction dans le Monde ; et en particulier, c’est là ma branche, à mieux comprendre ce que cela signifie d’être un Euro
285 n. Ce n’est pas un métier ni même une profession. C’est une manière d’être homme et d’orienter la vie. C’est une manière auss
286 st une manière d’être homme et d’orienter la vie. C’est une manière aussi de faire vivre l’Europe en vivant sa culture, qui e
287 derniers mois : « L’Europe agonise », « L’Europe, c’est fini ! » Comme si ceux qui écrivent ces slogans n’en étaient pas, de
288 finie ! L’agonie qu’ils annoncent, complaisants, c’est la leur ! Ils sont bien les seuls à ne pas le voir ! Et c’est le mome
289 r ! Ils sont bien les seuls à ne pas le voir ! Et c’est le moment que vous choisissez pour me poser vos colles de facultés !
290 du présent, enfin à leur imaginer des solutions. C’est dire que le non-savoir, motif de toute recherche, et le virtuel, obje
291 sont les « faits » — et du virtuel ou potentiel, c’est ce qui reste « à faire ». C’est peut-être ce que je pressens comme sa
292 uel ou potentiel, c’est ce qui reste « à faire ». C’est peut-être ce que je pressens comme sans le connaître, qui apparaîtra
293 ils font le centre de leur monde. Or à mon sens, c’est le contraire qui est vrai. Il arrive bien souvent que celui qui fait
294 ées, comme le démontrent nos études sur l’Europe. C’est même l’une des fonctions irremplaçables de ces études que celle de mi
295 étudiants du tiers-monde qui suivent nos cours : c’est sans doute le plus nécessaire. Vous paraissez revenir irrésistiblemen
21 1976, Articles divers (1974-1977). Changer de cap (novembre 1976)
296 tre le nucléaire, pour ou contre le supersonique, c’est faire en réalité un choix de société. C’est choisir entre une société
297 ique, c’est faire en réalité un choix de société. C’est choisir entre une société fondée sur la Production matérielle à tout
298 s de Concorde alignés devant moi, et consternés — c’est le contraire du pari de Pascal. Si vous perdez, vous perdez tout pour
299 la pollution de l’atmosphère, voire à la guerre, c’est le chômage, il est temps de changer de cap, de se fixer d’autres buts
300 rs de Concorde sont animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès selon le xixe siècle. Toujours plus d’objets, toujo
301 le monde. Ce qui commence à valoir des fortunes, c’est le contraire de ce que Concorde symbolise. Le luxe suprême de demain,
302 un parlement ou dans une assemblée populaire que c’est cela qu’il veut, ni qu’il complote vicieusement en vue de promouvoir
303 dans certains cas : par fidélité à leur mission ! C’est cette mission, et non pas eux, que je réprouve. ⁂ Allons plus loin et
304 u soleil (qui ne souffrent pas la centralisation, c’est pourquoi nos États les décrient et négligent). Et vous irez plus loin
22 1977, Articles divers (1974-1977). Souvenir de 1938 (1977)
305 17 h, un coup de téléphone m’annonce Munich30 : «  C’est la paix ! », me dit-on. (On le croyait ce jour-là !) C’est aussi tout
306 paix ! », me dit-on. (On le croyait ce jour-là !) C’est aussi toute la vie qui se reprend à vivre, les délais à courir, le su
307 in extremis la guerre entre les cantons suisses, c’est par l’autorité que sa vie d’ascète donne au message secret qu’il envo
308 à grandes volées, les cloches de la délivrance : c’est cela que l’Europe vient de vivre ! Nuit blanche. Trois actes se compo
309 elle qui arrive à grouper toute une population ». C’est donc oui, et l’on se met au travail dès novembre. En janvier, tout se
310 io Nicolas de Flüe « n’est pas devenu populaire » c’est que « ce pacifiste était inopportun en un moment où il s’agissait de
311 deux jugements soient justes. Ce qui est certain, c’est que l’homme de la paix est seul capable de gagner ce que toute guerre
23 1977, Articles divers (1974-1977). Les débuts de la construction européenne (1977)
312 rement verbale. Pour le meilleur et pour le pire, c’est ce vocabulaire qui sera repris dans les traités européens de l’après-
313 -guerre. Mais ce qui exige alors d’être expliqué, c’est le passage de l’échec du projet Briand aux relatifs succès des plans
314 nfronté avec le devenir de l’économie mondiale ». C’est à Montreux enfin que naît l’idée d’un rassemblement de tous les coura
315 réforme, mais une révolution. On peut penser que c’est à la faveur d’une espèce de distraction tant du Conseil des ministres
316 frappé à juste titre l’opinion de tous nos pays, c’est l’idée de créer entre États des « solidarités de fait », expression d
24 1977, Articles divers (1974-1977). Robert Schuman (1886-1963) : l’homme de la frontière (1977)
317 rguments comme un vieux pharmacien ses pilules », c’est bien le même qui, selon les mêmes auteurs, a accompli « une action bo
318 ’une nation — soit subie soit choisie librement — c’est un homme de « l’Europe médiane », de cette ancienne Lotharingie deven
319 e la Libération —, n’est-ce pas surtout parce que c’est le parti qui affirme le plus clairement une politique extérieure cert
320 ’Histoire. Si nous parlons ici de Robert Schuman, c’est parce qu’un jour de mai 1950, sous l’apparence du prudent politicien
321 L’Europe des peuples, des cœurs et des esprits : c’est elle qui motiva au premier chef Robert Schuman. Aux yeux de l’Histoir
322 uit-mille volumes de collectionneur passionné. Et c’est pourquoi il accepta de présider, pour un temps bref mais décisif, deu
323 re sa méditation pour passer à l’action » puisque c’est tout naturellement que sa méditation s’est poursuivie en création et
25 1977, Articles divers (1974-1977). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous ! (1977)
324 gme » : ce que nous referons comme « hérétique », c’est tout choix exclusif d’un seul des termes d’une antinomie fondamentale
325 es avec les énoncés de la Bible, mais de juger si c’est la Parole de Dieu, donc Dieu, qui est le sujet de ces énoncés, ou bie
26 1977, Articles divers (1974-1977). La nature du pouvoir (9 octobre 1977)
326 du pouvoir (9 octobre 1977)am an Je ne sais si c’est un très bon choix de m’avoir demandé d’ouvrir les débats, parce que j
327 ifférence excède le simple cas de ces deux pays ; c’est une distinction qui va beaucoup plus loin, la distinction, en somme,
328 avons en Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fédéraliste, qui est beaucoup moins sensible parce qu’il s
329 en haut, par délégation successive et réversible. C’est une distinction fondamentale dont je me suis occupé, au fond, depuis
330 an Cocteau avait mise à son Secret professionnel. C’est un petit dialogue ainsi conçu : « Et les accidents de chemin de fer,
331 min de fer, cela ne s’explique pas, ça se sent. » C’est évidemment parce que le pouvoir ne se sent que trop de nos jours, et
332 ud du problème traité hier soir par Jeanne Hersch c’est , peut-être, ce sentiment d’impuissance que nous avons devant les pouv
333 ntale. Cette distribution, ce double dépassement, c’est ce que j’appelle le fédéralisme, mouvement qui s’inscrit, à mes yeux,
334 je vous propose est la suivante : « La puissance, c’est le pouvoir que l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir q
335 e pouvoir que l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même. » [Réagissant aux remercieme
27 1977, Articles divers (1974-1977). La puissance et les choix (mai 1977)
336 ’humanité se divise en deux camps bien tranchés : c’est en chacun de nous que le conflit se poursuit. Les deux pulsions contr
337 Ce qu’il faut voir, et qui est peut-être décisif, c’est que le parallélisme inversé entre les deux choix n’est pas exact. Le
338 tés locales, voire familiales, d’énergie solaire, c’est restaurer la possibilité, pour des centaines de milliers de foyers da
339 tion civique. L’autonomie énergétique d’un foyer, c’est la définition de l’autonomie civique. « Small is beautiful », disait
340 eules dicteront leurs moyens. Ce qu’il faut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assurer à quelques-uns l
28 1977, Articles divers (1974-1977). Du passé à l’avenir d’une région (27 juin 1977)
341 petits États qui formeront plus tard la Romandie. C’est ainsi que Neuchâtel qui avait entretenu pendant des siècles des liens
342 s exactement : du 17 février au 16 novembre 1848. C’est en somme la formation de la Suisse fédérale, en 1848 (phénomène propr
343 je préférerais encore la liberté : car la liberté c’est la vie, et la servitude c’est la mort. La tyrannie est le souverain d
344 té : car la liberté c’est la vie, et la servitude c’est la mort. La tyrannie est le souverain désordre. Au xxe siècle, la S
345 ssi parler d’une région fiscale transfrontalière. C’est celle dont la Commission régionale franco-suisse, créée en 1973, étud
346 nglobé dans le royaume de Bourgogne transjurane : c’est sa plus ancienne unité. Sur cette aire, certes plus historique que gé
29 1977, Articles divers (1974-1977). « Il faut changer de cap » (27 septembre 1977)
347 curieusement, il n’est qu’une réponse possible et c’est  : “Toi-même !” » Voilà, en ces temps incertains, le salutaire avertis
348 es serait provoqué par la démographie galopante ? C’est le plus frappant en effet, non pas en Occident, mais dans le tiers-mo
349 la nature » ? Oui, et ce qui la rend dangereuse, c’est qu’elle s’opère aujourd’hui sous l’égide de l’État-nation, contre le
350 vœu des citoyens. Qu’appelez-vous l’État-nation ? C’est la mainmise d’un appareil étatique sur la vie d’une nation. C’est la
351 e d’un appareil étatique sur la vie d’une nation. C’est la formule napoléonienne de l’État, né de la guerre et préparant la g
352 ndes guerres. Au fond, ce que vous nous proposez, c’est le modèle suisse ? C’est quelque chose qui s’en inspire, dans la mesu
353 que vous nous proposez, c’est le modèle suisse ? C’est quelque chose qui s’en inspire, dans la mesure où la Suisse est née d
354 de se faire reconnaître en Europe et, à mon sens, c’est là la voie d’une union européenne possible. Mais comment pourrions-no
355 e de la crise du pétrole de 1973. Changer de cap, c’est littéralement se convertir, faire sa révolution. Chacun de nous peut
356 tés, mais la liberté des personnes. La puissance, c’est le pouvoir que l’on prend sur les autres, la liberté, c’est le pouvoi
357 ouvoir que l’on prend sur les autres, la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même. al. Rougemont Denis de, « 
30 1977, Articles divers (1974-1977). Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)
358 les quand ce n’est pas de nos lâchetés morales. » C’est ainsi que Denis de Rougemont, écrivain suisse, pionnier de l’idée eur
359 us voici donc libres. Libres de laisser faire… Et c’est la catastrophe programmée. « Voilà notre homme de l’an 2000, dit-il :
360 nt d’impuissance qu’il faut absolument combattre. C’est lui qui mène la jeunesse à la délinquance. La dissolution de la commu
361 inhumaines. Nous sommes loin des cités grecques ! C’est pour vous le modèle idéal ? Absolument ! Et chose extraordinaire on c
362 e nie la nécessité de recréer des petites unités. C’est le refrain de tous les sociologues un peu sérieux, tant aux États-Uni
363 lle idéale ne doit pas dépasser 50 000 habitants. C’est fantastique, vous comprenez ! Malgré tous les changements techniques
364 que l’homme soit encore un citoyen ! Et pourtant c’est de l’homme que Denis de Rougemont attend le grand changement. Pas de
365 à propos du nucléaire, répond Denis de Rougemont. C’est insensé ! Dans tous les domaines, le mensonge atteint un sommet jamai
366 ns la vérité, puisqu’elle seule nous fera réagir. C’est ainsi que cet automne naîtra « L’Agence de vérité atomique », parrain
367 véhémence du professeur courroucé. L’école ! mais c’est elle qui perpétue les vieux clichés, qui fait croire que ce qui exist
31 1977, Articles divers (1974-1977). Denis de Rougemont : le retour d’un hérétique (3 octobre 1977)
368 mode ? La mode ? Je ne sais pas très bien ce que c’est  ! Tout de même, avec la naissance d’une nouvelle sensibilité écologiq
369 loppement continue sur sa lancée productiviste et c’est la catastrophe à brève échéance. Ou bien nous réagissons et, alors, i
370 e sois un faux prophète. » Le drame, aujourd’hui, c’est que la prophétie est devenue un exercice assez rigoureux. Regardez le
371 s leur démission, ces conclusions se vérifieront. C’est de l’ordre de l’incontestable. Grâce à ces experts — et à d’autres —,
372 es deux tiers de l’humanité n’en font pas partie… C’est un sophisme. Car si les deux tiers de l’humanité sont encore dans un
373 re dans un état de sous-développement industriel, c’est précisément à cause du type de croissance que les pays riches ont cho
374 age du tiers-monde et une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innom
375 de leur identité. Or qu’est-ce qu’une frontière ? C’est , généralement, le résultat d’une guerre ou l’expression d’un rapport
376 dites également que la finalité de l’État-nation, c’est la guerre et que la seule façon de prévenir celle-ci consiste à bâtir
377 État-nation est génétiquement lié à la guerre : «  C’est par la guerre au-dehors qu’il trouve la tranquillité qu’il n’a plus a
378 er avec précision la naissance de l’État-nation : c’est le 20 avril 1792, lorsque les girondins — et non les jacobins — décla
379 n carcan étatique et uniforme. Au fond, la guerre c’est , pour l’État, le moyen idéal de parvenir à ses fins ; dès que la patr
380 isent. Vous voici, soudainement, bien anarchiste, c’est plutôt inattendu de la part d’un homme qui cite plus souvent Luther q
381 société. En revanche, ce qui me semble important, c’est de hâter la désacralisation de cet État. Au xvie siècle, Jean Bodin
382 bstacle majeur à cette redistribution du pouvoir, c’est le mythe nationaliste pour lequel il faut toujours « rester maître ch
383 n d’user cette souveraineté interne, asphyxiante, c’est de la dissoudre au profit, d’une part, d’une entité plus vaste et, d’
384 hanter l’imagerieat populaire. Et, de nos jours, c’est encore plus sensible car, qu’on le veuille ou non, c’est parce que l’
385 ncore plus sensible car, qu’on le veuille ou non, c’est parce que l’idée européenne est tacitement acceptée que plus personne
386 grands bourgeois autant que par les socialistes : c’est l’idée selon laquelle l’économie commande tout. Jean Monnet, quels qu
387 partir de là, l’intendance suivrait… L’économie, c’est l’intendance. Sinon, comment oserions-nous attendre des populations q
388 n’est pas une façon de le conjurer, au contraire… C’est en refusant l’Europe qu’on renforcera l’axe germano-américain. De mêm
389 u’on renforcera l’axe germano-américain. De même, c’est en refusant l’Europe que notre vieux continent s’achemine vers les to
390 fus devant la forme moderne des religions d’État. C’est pour cela que j’ai souvent défini le marxisme comme « l’opium de la r
391 ujourd’hui, on dirait « nouveaux philosophes »az… C’est tout de même Otto Abetz, dont vous faites alors la connaissance, qui
392 lecteur de français à l’Université de Francfort… C’est vrai. C’est grâce à Abetz que j’ai pu voir de près l’horreur hitlérie
393 français à l’Université de Francfort… C’est vrai. C’est grâce à Abetz que j’ai pu voir de près l’horreur hitlérienne à ses co
394 mier chef de l’Orchestre rouge, et Otto Strasser. C’est donc par Ribbentrop que l’expression « ordre nouveau » parvint à Hitl
395 centre, et alors, au lieu de prendre le pouvoir, c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir c
396 rliez de la passion dans L’Amour et l’Occident … C’est absolument exact puisque, dans ce livre, je me livrais à une étude du
397 stoire de l’Occident. Or qu’est-ce qu’un couple ? C’est l’assemblage d’un certain nombre de différences et, de ce point de vu
398 it Iseutbi sans pour autant se sentir coupable. «  C’est le philtre, dit-il, je n’y suis pour rien… » C’est exactement ainsi q
399 ’est le philtre, dit-il, je n’y suis pour rien… » C’est exactement ainsi que procèdent les États-nations. Comme Tristan, ils
400 « le roi de France est empereur en son royaume ». C’est pour cela que, lorsque de Gaulle est mort, vous avez écrit un article
401 se la légalité, que du côté de Tristan. Le drame, c’est que le roi Marc est plutôt ennuyeux… Ennuyeux comme la prudence, comm
402 Paulhan. » À l’évidence, vous n’avez pas changé… C’est vrai. Qu’y puis-je ? Le classicisme, en morale, c’est aussi une forme
403 t vrai. Qu’y puis-je ? Le classicisme, en morale, c’est aussi une forme d’espoir. À cet égard, il y a une phrase de Luther qu
404 points d’exclamation en marge. az. En marge : «  C’est lui qui le dit ! » ba. Point d’interrogation en marge. bb. Deux poi
32 1977, Articles divers (1974-1977). Pierre Desgraupes fait le point avec Denis de Rougemont (10 octobre 1977)
405 taclysmes, j’essaie au contraire de les prévenir. C’est ce qui me distingue de beaucoup de gens qui adorent jouer les Cassand
406 ut pas cacher que, si on laisse les choses aller, c’est perdu ! Si une comète est en train de tomber et que plus rien n’est s
407 u’on en a beaucoup parlé. Ce qui m’intéresse moi, c’est de dénoncer la fausseté de la métaphore dont on use pour les justifie
408 Or cette idée de croissance est une idée fausse ; c’est une espèce de mauvaise métaphore faite à partir de la croissance des
409 sance biologique est une croissance autorégulée ; c’est même ce qui la définit : les plantes et les corps ont leurs chromosom
410 mourir et donner naissance à de nouvelles choses. C’est ça la croissance : un cycle où la vie et la mort sont associées. C’es
411 e : un cycle où la vie et la mort sont associées. C’est tout à fait abusivement qu’on a transporté ce terme de croissance dan
412 peut décider de cela ? Nous, sinon qui d’autre ? C’est bien là ce que je veux dire. L’avenir dépend entièrement de nous ; mi
413 ns nous consulter les réservoirs de nos voitures, c’est le pompiste. Or tout le monde sait aujourd’hui qu’il y a du pétrole p
414 e songeais tout simplement à la guerre nucléaire. C’est un des aspects du cataclysme, le plus éclatant naturellement. Je suis
415 besoin de dire lesquels, tout le monde le sait — c’est une manœuvre totalement suicidaire, mais personne n’y songe. Les resp
416 achats, qui sont extrêmement coûteux, pour rien. C’est parce qu’ainsi ils produisent du plutonium, et avec le plutonium, qu’
417 ent faire des bombes pour ne pas s’en servir. Ça, c’est une farce que les ministres de tous pays racontent, mais il n’y en a
418 en arrivez à l’idée que si tant d’hommes mentent, c’est qu’il doit y avoir là quelque chose d’irrationnel. Cela pose en effet
419 é. Mais ça ne fait rien, ils continuent à mentir. C’est justement ce qui me frappe dans tout cela : c’est que des gens qui se
420 C’est justement ce qui me frappe dans tout cela : c’est que des gens qui se connaissent tous entre eux se comportent comme s’
421 contraire. Qui croire ? » Et sa réponse a été : «  C’est très simple, il faut croire ceux qui n’ont rien à gagner de la positi
422 tale diminue, mais la consommation augmente… Mais c’est bien là, justement, tout le problème. Il n’y a aucun impératif à cela
423 cléaire, on devra retourner dans les cavernes ! » C’est une ânerie monstrueuse. Avec les centrales nucléaires, nous aurons, s
424 dans sa sphère — et même parfois inconsciemment — c’est le mythe de la puissance de l’État, de la nation, le mythe de la gran
425 ançais, mais il voulait la grandeur de la France. C’est un mythe extrêmement puissant et nocif. Car qui ou quoi est l’État-na
426 oi est l’État-nation ? À voir les choses de près, c’est une chose sinistre, c’est la dictature des administrations ; Peyrefit
427 oir les choses de près, c’est une chose sinistre, c’est la dictature des administrations ; Peyrefitte l’a très bien montré da
428 on, le « on » anonyme sur lequel on ne peut rien. C’est ça, la vraie réalité de l’État. Ne vous semble-t-il pas un peu court
429 ce mythe qui est autrement plus puissant qu’eux. C’est un mythe dévorant. Prenez, par exemple, l’idée de l’unité qui est déj
430 surtout pendant la Révolution et avec Napoléon : c’est l’idée tyrannique de faire faire la même chose à tout le monde en mêm
431 ire la même chose à tout le monde en même temps ; c’est tellement plus facile d’administrer les choses quand c’est comme ça !
432 lement plus facile d’administrer les choses quand c’est comme ça ! Souvenez-vous qu’il y a eu des débats terribles à la Conve
433 première fois la liberté, donc la responsabilité. C’est à la fois le premier et le dernier choix possible. Mais quel sens peu
434 a fin de l’État-nation étant sa propre puissance, c’est en mettant fin à ce mythe de la puissance qu’on mettra fin à la tyran
435 ient volontairement petites. Le plus bel exemple, c’est la cité de Milet, sur la mer Égée, qui avait eu la sagesse de savoir
436 entendre et lui répondre de n’importe quel point. C’est une image un peu naïve de nos jours. Bien sûr, il s’agit — là encore
437 être résolus au niveau, trop étroit, des cantons. C’est vrai dans la mesure seulement où les gens renoncent à être responsabl
438 leurs responsabilités sur le pouvoir fédéral. Ça, c’est un vice, une maladie, de la Confédération, ce n’est pas son fonctionn
439 nt qu’il arrive. » Et les hommes réfléchissent et c’est le rôle des intellectuels de les y aider. Mais ce n’est pas facile, c
440 he dans le désert ? Non, il y a encore un espoir, c’est qu’il va arriver maintenant un certain nombre de catastrophes qui ser
441 rme de réalités du monde moderne au grand public. C’est ce que j’appelle dans mon livre « la pédagogie des catastrophes ». Ca
442 utonium qui iront se balader sur des villes comme c’est déjà arrivé sans qu’on nous le dise. On les a arrêtés au dernier mome
443 t qu’il est allé se cacher derrière les buissons. C’est tout juste s’il n’a pas dit : « Je ne suis pas là. » Et quand Dieu lu
444 ue tu as fait ? », il a dit : « Ce n’est pas moi, c’est Ève » ; alors Dieu a demandé à Ève : « Qu’est-ce que tu as fait ? » E
445 tu as fait ? » Et Ève a dit : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent. » Et le serpent, bien sûr, n’était plus là. Mais moi je c
33 1977, Articles divers (1974-1977). L’Avenir est votre affaire (11 octobre 1977)
446 oisade. Rapprochement hautement significatif, car c’est bien dans une aventure de croisé que se lance cet infatigable défense
447 s. S’il adopte dans son livre le ton du prophète, c’est que notre espèce se trouve dans une situation d’urgence dont nous dev
448 s jamais été dans une situation aussi critique et c’est la première fois que l’humanité est confrontée à un tel problème, car
449 humanité, courant plus fort que les chefs d’État. C’est surtout cela qui me fait peur… Et d’après vous, les États-nations ne
450 s conscience de l’impuissance de ce pouvoir ? Car c’est une vérité dont il faudra bien un jour s’aviser : le pouvoir politiqu
451 erspective centrale de votre livre ? Je dirai que c’est un essai d’une morale de l’homme libre et responsable. Nous avons de
452 a liberté le pouvoir que l’on prend sur soi-même. C’est de nous-mêmes que nous devons tirer l’énergie transformatrice, sinon
453 s buts proprement humains que nous nous fixerons… C’est d’ailleurs à une morale du but que Denis de Rougemont consacrera l’un
454 sera très exactement ce que nous aurons voulu et c’est à chaque seconde de notre vie présente que se dessine le futur visage
34 1977, Articles divers (1974-1977). « Je suis un pessimiste actif » (17 octobre 1977)
455 f » (17 octobre 1977)bu bv Denis de Rougemont, c’est Cassandre avec le sourire. Pas banal. Les diseurs d’avenir, ceux qui
456 ation, pas de fusion, pas « d’unisexe ». Eh bien, c’est une première idée du fédéralisme, du régionalisme ! L’égalité dans la
457 u pour le régionalisme, et ce qui me fait plaisir c’est que la réalité commence à me rejoindre ! Je suis beaucoup plus optimi
458 ne phrase que j’ai écrite et à laquelle je tiens, c’est celle-ci : « La décadence d’un peuple commence quand on se demande qu
459 le moins possible. Ce qui est grave actuellement c’est que les vrais problèmes ne sont pas du tout abordés par les hommes po
460 oût du secret. Pour les Français, le régionalisme c’est une redécouverte mais aussi une révision déchirante. Quant au goût du
461 tinucléaires, parce qu’ils n’ont rien à y gagner… C’est déjà un élément de réflexion. Et à partir de là, informez-vous ! Je c
462 e n’est possible que dans de petites communautés. C’est pour cela que je crois aux régions, contre l’État centralisateur. b
35 1977, Articles divers (1974-1977). « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)
463 « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)bw bx L’avenir est notre affair
464 , comme il dit. Quand quelqu’un prend le pouvoir, c’est le pouvoir qui le prend. Il suffit qu’un homme s’assoie dans les faut
465 -parti, qui domine à l’Est, a suivi la même voie. C’est d’autant plus dangereux que le gigantisme économique, une fois mis en
466 d chargé de leur faire peur… Ce qui est tragique, c’est que l’esprit jacobin règne encore et qu’on omet soigneusement de mont
467 précis, dans une région précise. Il me semble que c’est sérieux et encourageant. Voyez-vous : je me méfie des attaques fronta
468 bw. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir, c’est notre affaire », Tribune de Genève, Genève, 18 octobre 1977, p. 37.
36 1977, Articles divers (1974-1977). La fonction et la structure de la ville future (décembre 1977)
469 ù vivre ensemble, non « dispersés sur la Terre ». C’est la tour de Babel, mythe illustrant au mieux le destin de nos villes :
470 e » qui devient « mesure d’ange » (Apoc – 21,17.) C’est la « nouvelle Jérusalem », la ville sainte gui descend du Ciel « prép
471 des personnes. Mais que signifie vivre ensemble ? C’est  : dialoguer, se concerter, s’aider mutuellement, se rencontrer, s’ave
472 hitecture ni de technologie au premier chef, mais c’est d’abord une question de civisme. Seuls, les conseils élus, débattant
473 oublié d’être des citoyens. Nous aurons, demain — c’est mon vœu, et celui de ce congrès je l’espère — les villes que leurs ci
37 1977, Articles divers (1974-1977). Demain le soleil (20 décembre 1977)
474 ent pas de mourir de nos décisions d’aujourd’hui. C’est un prophète pessimiste qui dit volontiers : « Plaise aux dieux que je
475 t. Quand il affirme L’Avenir est notre affaire , c’est que rien n’est encore perdu. Fondateur du Centre européen de culture
476 ns et… Vous voulez dire que je n’ai rien empêché, c’est vrai. Mais la fonction de l’intellectuel est de forcer les hommes à r
477 uvent dans la conversation de Denis de Rougemont, c’est parce que je pense que le Führer est l’exemple éclatant de ce que les
478 vec des routes comme des artères privées de sang. C’est ainsi que, d’une voix tranquille, comme il m’aurait raconté quelque f
479 le nucléaire ? Le nucléaire n’est pas un progrès. C’est , à certains égards, une horrible régression vers des tyrannies que l’
480 étique. Regardez la merveille qu’est le Concorde. C’est de la très mauvaise poésie. On ne va pas plus vite que le soleil. C’e
481 ise poésie. On ne va pas plus vite que le soleil. C’est impossible. C’est un slogan. Qu’est-ce que le progrès selon vos vœux 
482 va pas plus vite que le soleil. C’est impossible. C’est un slogan. Qu’est-ce que le progrès selon vos vœux ? J’appelle progrè
483 Petit Prince l’était de sa rose, Noël est proche. C’est le temps des enfants. Pour eux, il faut s’efforcer de ne pas avoir à
38 1977, Articles divers (1974-1977). Écologie, régionalisme, fédéralisme : l’avenir selon Denis de Rougemont (30 décembre 1977)
484 . Et pourtant on parle de relance de l’économie ! C’est une aberration totale, une absurdité. En relançant on ne parviendra q
485 le. On ne résorbera ni le chômage ni l’inflation. C’est saint Thomas qui disait que « le fini n’est pas capable d’infini ». N
486 toroutes qu’ils ont promises. L’État : le roi, c’est moi Les xixe et xxe siècles ont été marqués par les « économies
487 n. ⁂ Ce que Denis de Rougemont a apporté de neuf, c’est d’avoir démontré que l’État est responsable de tout, puisqu’il revend
488 èrement de l’État-nation, celui qui dit : Le roi, c’est moi. Alors qu’en Suisse quand on dit le souverain, c’est toujours du
489 oi. Alors qu’en Suisse quand on dit le souverain, c’est toujours du peuple qu’on parle. Ce sont les États-nations et eux seul
490 at ne devrait être qu’un service public, un point c’est tout. Ses propositions développées en 160 pages partent de l’homme (i
491 nt du territoire et la lutte contre la pollution. C’est l’Amérique qui a exporté l’inflation, née de la guerre du Vietnam, en
492 n espoir » L’énergie solaire, au contraire, et c’est sans doute la raison pour laquelle les États y sont hostiles, est lié