1 1974, Articles divers (1974-1977). La personne comme fondement des valeurs européennes (19 septembre 1974)
1 on union politique ? La deuxième table ronde, que nous inaugurons, se demande plutôt : où va l’Europe ? et plus exactement :
2 où va l’Europe ? et plus exactement : où voulons- nous qu’elle aille ? Car il s’agit dorénavant moins de prévoir les événeme
3 morale et culturelle les efforts pour l’union que nos gouvernements se disposaient à faire porter principalement sur une co
4 construction économique, dont on croyait qu’elle devait entraîner nécessairement des effets politiques (mais c’est l’inverse
5 tations d’une crise mondiale que tous les augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons
6 s augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre
7 ent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre des destins qu’ils o
8 ls ont calculés, alors le pire deviendra sûr. Ils nous supplient de les faire mentir, mais il nous faut d’abord les croire…
9 . Ils nous supplient de les faire mentir, mais il nous faut d’abord les croire… (Situation moins nouvelle dans l’histoire qu
10 n symbole la nature des changements survenus dans notre approche du phénomène européen, reconnaissons qu’il y a eu, aussi, la
11 a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interaction pré
12 e des Européens s’originent l’une et l’autre dans nos attitudes devant la nature et l’État, dans l’échelle des valeurs, rég
13 re et l’État, dans l’échelle des valeurs, réglant nos choix concrets, dans les finalités dont ces valeurs sont en définitiv
14 les moyens. De la première table ronde sont nés, nous dit un document récent émanant du Conseil de l’Europe, « la Conventio
15 s-nous attendre ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bom
16 e ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, no
17 urs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à trouver comment réorienter toute l’aventure occidentale de l’
18 e le dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les douze invités à la table — et vous tous qui entrerez,
19 r depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les douze invités à la table — et vous tous qui entrerez, je l’espère
20 dans son énoncé : quelle société rénovée voulons- nous , nous autres « bons Européens » — comme disait Nietzsche — au nom de
21 son énoncé : quelle société rénovée voulons-nous, nous autres « bons Européens » — comme disait Nietzsche — au nom de quelle
22 lles valeurs, et en vue de quelles finalités ? En nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en quel
23 alités ? En nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de dép
24 en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conclusions sur son bureau, le Conseil de l’Europe a fait un acte qui
25 en tant qu’invités, et qu’il en soit félicité par nous tous, en tant que citoyens. Car le Conseil ne tente rien de moins, da
26 olitique européenne, et de la fonder, comme il se doit , beaucoup moins sur les expériences du passé, toujours ambiguës, comm
27 instants, peut saisir et peut seule activer dans notre histoire. Où irons-nous ? Au nom de quoi ? Et en vue de quelles fins
28 peut seule activer dans notre histoire. Où irons- nous  ? Au nom de quoi ? Et en vue de quelles fins faut-il créer l’union de
29 généralement obéi par la communauté dans laquelle nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera p
30 nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de
31 de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de définitions satisfaisantes ou simple
32 nitions satisfaisantes ou simplement provocantes. Nous sommes confrontés à une crise, à des scandales, que tous ressentent,
33 que tous ressentent, à des désastres calculables. Nous pensons à partir de là. Et l’on ne peut pas faire autrement. Car la p
34 s. Adam ne pensait pas avant la Chute. Tous ici, nous pensons à partir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce qui nous ap
35 rtir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce qui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la nat
36 re à partir de ce qui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la nature, et finalement pour la
37 ui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la nature, et finalement pour la survie de l’espèce hu
38 ows. Mais ils sont loin d’avoir épuisé le pire de notre crise : l’équivalent moral, social et politique du célèbre Rapport su
39 unautaires. On y décrirait le désert surpeuplé de nos villes hantées par l’immense foule des solitaires ; l’alignement des
40 ’une sorte d’anorexie civique, d’un fatalisme qui devrait inquiéter bien plus encore que les prévisions du club de Rome, car c’
41 nt rien que d’être démenties ! Oui, je sens parmi nous quelque chose qui me paraît beaucoup plus inquiétant que les vues apo
42 niversités de tout l’Occident et dans les rues de nos capitales au mois de mai 1968 : Que faisons-nous là ? Quel est le sen
43 e nos capitales au mois de mai 1968 : Que faisons- nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas u
44 é ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surt
45 t surtout qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béants sur le néan
46 t qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béants sur le néant, la
47 ui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béants sur le néant, laisse des millions de jeunes — et d’autr
48 de la société industrielle, vraie cause de toutes nos crises et du système qu’elles constituent. Tenter de s’y opposer par
49 par lui tous les peuples de la terre qui copient notre civilisation industrielle, scientifico-technique, quantitative. Elle
50 conflits ; et des guerres aussi, dans lesquelles nous avons entraîné toute la planète. Or à leur tour, ces guerres sont née
51 planète. Or à leur tour, ces guerres sont nées de nos nationalismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre tabl
52 smes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions
53 ce. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de notre Crise ? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous perm
54 n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la
55 que. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la Crise mondiale, nous avons l’i
56 , et définit leur sens. Face à la Crise mondiale, nous avons l’impression que quelque chose a été faussé dans l’échelle des
57 y a donc des valeurs ! Et qui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lés
58 ui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lésées. Mais alors, nous n’en d
59 ns conscience des valeurs que lésées. Mais alors, nous n’en doutons plus. Voulons-nous vraiment consommer deux fois plus d’é
60 sées. Mais alors, nous n’en doutons plus. Voulons- nous vraiment consommer deux fois plus d’électricité tous les sept ans, co
61 fois plus d’électricité tous les sept ans, comme nous le répètent les producteurs (ce qui suppose une production multipliée
62 du siècle, et produisant assez de plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons-nous la surv
63 us plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons- nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en priorité le Profit ou l’équil
64 en préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons- nous en priorité le Profit ou l’équilibre moral ? Le progrès matériel, qua
65 qui ont leur date et leurs coordonnées spatiales. Notre notion de la personne s’est constituée au cours des grands conciles œ
66 l naisse jamais deux individus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But qui l
67 est le même pour tous mais chacun pour le joindre doit créer sa propre voie, et frayer son propre sentier. Partant de moi, i
68 s le discours, que le langage ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous
69 que le langage ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous, — comment pe
70 ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous, — comment peuvent-ils sign
71 angue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous , — comment peuvent-ils signer des manifestes contre l’aliénation… de
72 vent-ils signer, tout simplement ? Dieu est mort, nous disent-ils, l’homme est mort, il n’y a plus de sujet, il n’y a plus r
73 tion centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libertés. En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de soi, a
74 e. Mais cette vocation personnelle, je le répète, nous est le plus souvent inconnue. La découvrir comme si on l’inventait es
75 l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la seule personne, c
76 dit socialiste et à l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’une cité en ruines morales, même « rénovées plastiq
77 l’ont condamnée : « Heureux les pauvres », disent nos Béatitudes, et les sermons le répètent tous les dimanches aux banquie
78 es sociétés, soit encore, en dernière analyse, de notre propre choix matérialiste. Lequel trahit peut-être, en fin de compte,
79 tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immortel (métal, verre, plastique et bét
80 t la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons- nous l’inertie minérale contre la vie, toujours mortelle. Le Progrès vénér
81 et chrétienne qui a formé vingt siècles d’Europe nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela fonde la co
82 mer le prochain comme soi-même, dès lors que cela nous est commandé, ne saurait donc être qu’un acte : le prochain est celui
83 n reconnaître que la cité moderne tend à faire de nous tous des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nat
84 es irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et ren
85 e les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de
86 tats-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion,
87 les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation
88 ions, par en haut, la fédération continentale. Et nous venons de voir que ces deux pôles de la société à construire correspo
89 on de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les
90 comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu
91 de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons mainten
92 avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons maintenant se constituer les éléments d’une politique communau
93 iquer la seule méthode capable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement,
94 pable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement, que je suis venu une foi
95 philosophiques et moraux, cela signifie : voulons- nous à tout prix un certain niveau de vie, avec les disciplines sociales u
96 dépersonnalisantes que cela signifie ? Ou voulons- nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, ce
97 tes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, celles de construi
98 exaltantes, celles de construire jour après jour notre personne comme une œuvre d’art ? En termes d’organisation pratique et
99 communauté retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons- nous  ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni m
100 ut. L’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’a
101 essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés. k. Rougemont Denis de, « La personne comme fondeme
2 1974, Articles divers (1974-1977). Alexandre Marc et l’invention du personnalisme (1974)
102 t l’invention du personnalisme (1974)a Comment nous sommes-nous rencontrés ? Rien de plus difficile à établir. J’ai tenté
103 n du personnalisme (1974)a Comment nous sommes- nous rencontrés ? Rien de plus difficile à établir. J’ai tenté récemment d
104 ux d’Alexandre Marc, mais sur ce point, du moins, nos divergences menacent de demeurer irréductibles. Chacun se rappelle tr
105 ajuscules : Ni individualistes ni collectivistes, nous sommes personnalistes ! À 15 ans, militant socialiste-révolutionnaire
106 é dans ces années cruciales Alexandre Marc. ⁂ Que nous nous soyons rencontrés grâce à mon ami Max Dominicé, alors pasteur à
107 s ces années cruciales Alexandre Marc. ⁂ Que nous nous soyons rencontrés grâce à mon ami Max Dominicé, alors pasteur à Belle
108 e, voilà qui n’importe guère : dans les deux cas, nos chemins se croisaient au point précis où j’éprouvais le besoin de dép
109 ur mieux situer le point de départ et le champ de notre dialogue. Sortant d’un bain de romantisme allemand, lu et vécu, à Vie
110 ssion de sérieux profond et de maturité sans âge, due sans doute à tant d’expériences traumatisantes subies dans son adoles
111 pour les luttes politiques et intellectuelles où notre génération se voyait jetée. Formé par l’Université allemande avant de
112 en France des études de droit et Sciences Po, il nous apportait à la fois ses connaissances, puisées aux sources de la phén
113 arxistes français ne faisaient que la théorie. Il nous communiquait sa passion pour Proudhon, mais aussi pour Lénine, celui
114 ction révolutionnaire » était son slogan préféré. Nous allions bientôt découvrir sa constante préoccupation de la tactique d
115 , recherche dont la nature proprement spirituelle devait se manifester d’abord — conformément à la tactique léniniste — par la
116 politiques. Je n’ai souvenir que de la première. Nous étions une trentaine dans une salle nue qui me rappelait mes salles d
117 e révèlent encore incapables d’autoriser. Certes, nous n’allions pas encore si loin. Nous en étions à découvrir que les pass
118 riser. Certes, nous n’allions pas encore si loin. Nous en étions à découvrir que les passionnés d’orthodoxies au stade naiss
119 odernismes et des laxismes de toute espèce. (Cela devait changer, bien entendu, vingt ans plus tard, les orthodoxies se figean
120 soir au Club du Moulin-Vert ; il est certain que nous nous sommes connus grâce à Marc, qui m’avait d’abord introduit à la r
121 au Club du Moulin-Vert ; il est certain que nous nous sommes connus grâce à Marc, qui m’avait d’abord introduit à la revue
122 et de moi. C’est dire que depuis plusieurs mois, nous travaillons avec Mounier, Izard, Galey, Touchard et toute l’équipe qu
123 ard et toute l’équipe qui a préparé la revue, que nous voulons ouverte à tous les groupes personnalistes. Certes, Esprit
124 nsemble de la collaboration (il est bien vrai que nous nous sommes un peu laissé entraîner).2 Quels sont ces articles « v
125 le de la collaboration (il est bien vrai que nous nous sommes un peu laissé entraîner).2 Quels sont ces articles « venant
126 l’ON ? Il préfère écrire, au seuil du numéro : «  Nous sommes le parti de l’esprit avant d’être le parti de la révolution. »
127 er et une technocratie petite-bourgeois (sic) que nous ne pouvons admettre.3 Ce n’est pas sans tristesse que je transcris
128 en idées de mise en scène et de mise en valeur de nos doctrines, Marc animait en fait le groupe en tant que tel, moins par
129 homme », répétait-il sans se lasser, insensible à nos plaisanteries ; et c’est sans doute aux longs entretiens quotidiens a
130 idiens avec chacun des membres du groupe que l’ON dut sa cohésion de 1930 la guerre. Car jamais unité ne fut achevée à part
131 t achevée à partir d’une plus radicale diversité. Nous étions huit à diriger L’Ordre nouveau , si l’on en croit l’en-tête d
132 ition socialiste française, n’était pas seulement notre aîné : il était le seul d’entre nous qui ait lu tout Marx et tout Pro
133 s seulement notre aîné : il était le seul d’entre nous qui ait lu tout Marx et tout Proudhon. Auteur d’une étude profondémen
134 Histoire du christianisme. Il est le seul d’entre nous à toucher le grand public en ce temps-là. (Plusieurs d’entre nous lui
135 e grand public en ce temps-là. (Plusieurs d’entre nous lui reprochent de le toucher seulement, sans le bousculer.) Claude Ch
136 Esprit ne fait aucun doute. ⁂ Telles étant donc nos incroyances et nos croyances déclarées, il est intéressant de savoir
137 cun doute. ⁂ Telles étant donc nos incroyances et nos croyances déclarées, il est intéressant de savoir que nous formions u
138 ances déclarées, il est intéressant de savoir que nous formions un groupe étonnamment compact, à tel point qu’on ne sait pas
139 t qu’on ne sait pas quel fut l’apport de qui dans notre doctrine unanime. Sous l’impulsion de Marc — et c’est typique de sa t
140 asse l’objet d’aucune contestation stérile. Toute notre doctrine est de tous. Idée chrétienne peut-être, mais russe assurémen
141 , qui se trompait, ou se moquait simplement. Mais nous savions qu’une société et ses mesures sont affaire de personnes, donc
142 tive, de l’idéal commun, et du service public que devrait demeurer l’état, a tout faussé. La confusion de la patrie et de la n
143 ans le mécanisme économico-administratif qui n’en devrait être que le soutien. Par là les valeurs spirituelles se trouvent défi
144 point a été suffisamment mis en lumière dans tous nos écrits antérieurs pour nous épargner l’obligation d’insister là-dessu
145 s en lumière dans tous nos écrits antérieurs pour nous épargner l’obligation d’insister là-dessus. (ON 22-23) Distinction
146 e fédéraliste de l’État-nation. On le retrouve de nos jours dans les écrits de J. Buchmann, de Robert Lafont, d’Hervé Laven
147 é Lavenir, de Lewis Mumford et de… moi-même. Marc nous a tous précédés d’une trentaine d’années sur ce point.) Régions. C
148 est l’élément constitutif et le fondement réel de notre fédéralisme… L’autonomie de la région doit être développée jusqu’à sa
149 el de notre fédéralisme… L’autonomie de la région doit être développée jusqu’à sa limite extrême : cette limite, c’est l’int
150 paralyse point l’élan révolutionnaire, la région doit jouir d’une indépendance absolue… Tous les mouvements régionalistes q
151 l semble probable — et une « théorie » ultérieure devra tenir compte de ce point — que les limites territoriales, dans une so
152 sécession, qui se poseront dans la perspective de notre communalisme intégral… L’existence des frontières se justifie, tout
153 tends la lutte pour la fédération de l’Europe, où nous nous retrouverons, Marc et moi, côte à côte, dès le congrès de Montre
154 la lutte pour la fédération de l’Europe, où nous nous retrouverons, Marc et moi, côte à côte, dès le congrès de Montreux en
155 on du monde, du rôle historique central qu’a joué notre synthèse culturelle, de la vocation mondialisante qui fut la sienne d
156 enaces de colonisation qui pèsent aujourd’hui sur nos peuples, à l’Ouest comme à l’Est. Mais on peut aussi partir d’une con
157 nne » ; ou encore : comme « œuvre » historique de notre « foi » personnaliste. Nouvelle et fascinante illustration du texte c
158 , je salue les « solides promesses d’accord » que nous apporte le Manifeste au service du personnalisme de Mounier. Au reste
3 1974, Articles divers (1974-1977). Quelques-unes des choses curieuses qui me sont arrivées (1974)
159 tin déjà, j’annonce subitement à mes hôtes que je dois rentrer à New York pour une affaire pressante. En vérité j’ignorais q
160 sens utile, n’en remettent pas moins en question notre image du monde et de l’espace-temps. J’en donnerai deux exemples tiré
161 ndant une promenade d’après dîner avec mes hôtes, nous parlions de prémonitions, et je venais de raconter comment parfois j’
162 recevoir le lendemain. Le soir montait autour de nous , des fenêtres s’allumaient à nos pieds dans le bourg, et le père Rein
163 ntait autour de nous, des fenêtres s’allumaient à nos pieds dans le bourg, et le père Reinecke refusait de croire à mes his
164 st bien assez profonde pour ce format, le facteur devrait le savoir ! » Je voyais une mince enveloppe grise pliée en V derrière
165 nue. La salle étroite et profonde paraît vide. Il doit être environ neuf heures et demie. J’hésite sur le seuil : va-t-on me
166 apocalypse à court terme, et je constatais que «  nous arrivons au point où le moteur de la croissance commence à avoir des
167 trale, l’auditoire applaudit. Cependant, la panne devait durer vingt et une minutes, durant lesquelles je poursuivis ma confér
168 lui qui a marqué ma naissance, mais une soirée où nous fûmes « visités » dans notre maison de Ferney, le 29 juin 1954. Après
169 e, mais une soirée où nous fûmes « visités » dans notre maison de Ferney, le 29 juin 1954. Après le dîner, sentant l’atmosphè
170 . Après le dîner, sentant l’atmosphère favorable, nous étions six et heureusement accordés, je suggérai que l’on jouât aux q
171 ne à rappeler ici cette soirée mémorable. L’un de nous avait écrit : « Qu’arriverait-il si le diable entrait dans cette pièc
4 1974, Articles divers (1974-1977). Un modèle pour l’Europe ? (1974)
172 je me suis fait répondre en haut lieu comme dans nos journaux : « Restons modestes ! La Suisse est un petit pays qui doit
173 estons modestes ! La Suisse est un petit pays qui doit savoir se tenir à sa place. En proposant de grandes idées pour l’aven
174 ite. Il faut donc le garder jalousement. Et il ne doit à aucun prix devenir un isme, transportable, imitable au-delà de leur
175 même. C’est ce que je voudrais marquer d’abord. Nous commettons généralement en Suisse, à l’école, dans la presse, au Parl
176 dans la presse, au Parlement, et même au sein de notre exécutif fédéral, trois erreurs à tour le moins gênantes au sujet du
177 édéralisme à une alliance entre États souverains, nos cantons ; et ramener du même coup la vie fédérale à la lutte pour « l
178 nation.) Pourtant, toute la complexité baroque de notre histoire fédérale se ramène en fin de compte à une loi des plus simpl
179 faire les promoteurs, comme ils le peuvent et le doivent à mon avis, les Suisses feraient bien de l’appliquer chez eux, et d’e
180 , énergétiques, spatiales) dépassent le niveau de notre État national. La saine méthode fédéraliste veut alors que ces tâches
181 n du monde) excédaient les capacités de chacun de nos États européens et demandaient la mise en commun de leurs ressources.
182 loquer le processus fédéraliste aux frontières de notre État, c’est d’une part bloquer la vie même du fédéralisme à l’intérie
183 déralisme à l’intérieur, et d’autre part faire de notre pays, à l’égard de ses voisins, un État-nation centralisé comme les a
184 . Sur quoi le Suisse moyen se récrie : « Proposer notre fédéralisme à toute l’Europe, en attendant le monde, ce serait de l’o
185 , pire encore, de la vanité ! Soyons modestes ! » Nous nous trouvons ici devant une confusion morale, typiquement suisse, je
186 e encore, de la vanité ! Soyons modestes ! » Nous nous trouvons ici devant une confusion morale, typiquement suisse, je le c
187 enant deux séries de conséquences politiques. A) Nous avons à réformer de toute urgence, en Suisse, nos conceptions prétend
188 ous avons à réformer de toute urgence, en Suisse, nos conceptions prétendument fédéralistes. Et ceci d’une double manière.
189 s des tâches à entreprendre. Sur ces deux points, nous n’aurions à offrir à nos compatriotes européens d’autres leçons que c
190 e. Sur ces deux points, nous n’aurions à offrir à nos compatriotes européens d’autres leçons que celles de nos erreurs. La
191 patriotes européens d’autres leçons que celles de nos erreurs. La seule chance de durée de notre fédéralisme est dans son e
192 elles de nos erreurs. La seule chance de durée de notre fédéralisme est dans son extension à toute l’Europe — de proche en pr
193 le reste du monde finira bien par l’imiter.) B) Nous avons à offrir et proposer à l’ensemble des peuples de l’Europe, non
194 ) d’un exécutif indépendant des États nationaux : notre Conseil fédéral. Il est certain que la formule napoléonienne de l’Éta
195 part des espaces beaucoup plus vastes que ceux de nos vingt-huit États européens12 et d’autre part des aménagements régiona
196 ifique le CERN. Des agences de formule comparable devront sans doute être créées, dans les années à venir, pour répondre aux be
197 utif européen tous les traits caractéristiques de notre Conseil fédéral : indépendance par rapport aux États, responsabilité
198 es et non de gouverner les hommes. Car les hommes doivent de plus en plus tendre à se gouverner eux-mêmes. C’est là le but dern
5 1974, Articles divers (1974-1977). Philosophie du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1974)
199 avantages imaginables. Voyez les statistiques de notre continent : il est régulièrement en tête de liste pour le revenu par
200 nvention. Il n’est en somme qu’un privilège qu’il doive céder au grand État, c’est celui de pouvoir faire de grandes guerres
201 hilosophie qui oriente les sciences, sont nées de nos cités-États médiévales, renaissantes ou romantiques, Padoue, Tolède,
202 rope est née de foyers locaux ou régionaux, et ne doit rien aux dimensions territoriales ni à la puissance politique des gra
203 ure même, qu’il importe avant tout d’effacer dans nos têtes, et ce sont les frontières des genres, inventions de pédants éc
204 ventions de pédants écolâtres qui sévissent parmi nous depuis Boileau. On considère aujourd’hui couramment, et pas seulement
205 partiennent pas à la littérature ; et Montesquieu devrait au seul Temple de Gnide, et non pas à L’Esprit des lois, d’être quali
6 1974, Articles divers (1974-1977). À propos de Théodore Strawinsky [préface] (1974)
206 pas, ils se contentent de dire en amateurs qu’ils devraient être — et quel beau titre : celui qui aime ! — ce qu’ils éprouvent de
207 ela m’a souvent passionné. On peut tout faire, on doit tout faire pour peu que l’on sache inventer, et qu’importe le genre c
208 où sons et sens deviennent inséparables… Cet art nous parle, et dans une langue du cœur avec laquelle vos propres émotions
209 vont pouvoir dialoguer naturellement, sans avoir suivre d’abord ces cours du soir du snobisme intellectuel que sont de
210 ssentielle impossibilité de communiquer : et l’on nous présente l’informel comme le résultat de cette crise. Je réponds que
211 ysages et visages n’existent à vrai dire que pour notre œil humain auquel ils n’apparaissent qu’en vertu d’une opération mal
212 s, des paysages qui se composent, des visages qui nous regardent — apparences ou mirages aux yeux de la science, apparitions
213  : jamais l’Art avec la majuscule dont se moquait notre cher Cingria, ne pourra remplacer le sacré, quoi qu’en écrive André M
214 1948, Le Message d’Igor Stravinsky. Sur ce livre, nous possédons une lettre émouvante du père : « Ton merveilleux livre m’es
215 éalisme (mais le danger aujourd’hui n’est pas là) doit fournir dans un style à la fois monumental et décoratif, l’image indi
7 1974, Articles divers (1974-1977). Recherche pour un modèle de société européenne (février 1974)
216 pouvoir s’accommoder de modèles étrangers et pour nous aliénants, comme le seraient les modèles américains, ou russes, ou ch
217 iences du passé récent, l’adoption de certains de nos modèles, comme celui de l’État-nation par le tiers-monde, doivent nou
218 comme celui de l’État-nation par le tiers-monde, doivent nous rendre méfiants sur ce chapitre. Il y a vingt ans de cela, en 19
219 elui de l’État-nation par le tiers-monde, doivent nous rendre méfiants sur ce chapitre. Il y a vingt ans de cela, en 1953, p
220 à Rome par le Conseil de l’Europe, Arnold Toynbee nous expliqua que deux avenirs possibles s’ouvraient aux Européens : — ou
221 en a, pour la première fois, la liberté. Jusqu’à nos jours, depuis le singe, ou depuis le jardin mythique des origines, l’
222 s même de l’effort civilisateur de l’Occident qui nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de formul
223 vilisateur de l’Occident qui nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’
224 qui nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’homme et de l’humanité.
225 dans dix ans, et que des mesures de rationnement devront être décrétées dans huit ans. Même jeu pour les métaux nécessaires à
226 ut. Une troisième sorte de prévision a cours dans notre société : celle des experts au service des grandes sociétés et des go
227 randes sociétés et des gouvernements. Ces experts nous répètent, par exemple, que la consommation d’énergie électrique va do
228 ici : 1) Il serait déjà très difficile de doubler notre production d’énergie d’ici 1980 ; presque impossible de la quadrupler
229 tité quelconque par deux tous les sept ans. 2) Si nous décidons de nous éclairer aux bougies, ou simplement d’économiser l’é
230 ar deux tous les sept ans. 2) Si nous décidons de nous éclairer aux bougies, ou simplement d’économiser l’électricité au lie
231 cité au lieu de la gaspiller comme les compagnies nous y invitent, rien ne pourra faire que la consommation double en sept a
232 la prospective et le marketing, détournant ainsi nos esprits de la seule question sérieuse, qui est la suivante : étant do
233 ’impossibilité manifeste d’accroître indéfiniment notre consommation d’énergie, comment s’organiser pour vivre aussi bien, vo
234 utres formes d’énergie ? En multipliant autour de nous et devant nous des « fatalités » alléguées et de soi-disant « impérat
235 énergie ? En multipliant autour de nous et devant nous des « fatalités » alléguées et de soi-disant « impératifs techniques 
236 es et de soi-disant « impératifs techniques », on nous empêche d’élaborer une politique responsable, et d’agir sur nos gouve
237 élaborer une politique responsable, et d’agir sur nos gouvernants pour qu’ils l’appliquent. De fait, les détenteurs des moy
238 es, quand il s’agit de formuler une politique. Or nous voyons que dans leur majorité, les futurologues calculent un avenir d
239 trophes, que ce soit à moyen ou à long terme. Ils nous annoncent des désastres en chaîne, des catastrophes en système, ou en
240 , des catastrophes en système, ou en boucles, qui doivent presque nécessairement résulter non pas des échecs de notre modèle de
241 que nécessairement résulter non pas des échecs de notre modèle de croissance, mais au contraire de ses succès. Et c’est là ce
242 is au contraire de ses succès. Et c’est là ce qui doit nous retenir. Je ne vais pas résumer ici le fameux rapport du club de
243 contraire de ses succès. Et c’est là ce qui doit nous retenir. Je ne vais pas résumer ici le fameux rapport du club de Rome
244 entale de croissance illimitée dans un monde dont nous avions oublié qu’il est irrévocablement limité. C’est la découverte,
245 xplosion démographique, dans les années 1960, qui nous a tout d’abord alertés. La publication par les Nations unies de stati
246 ion du globe n’était plus que de trente-cinq ans, nous a permis à tous de calculer qu’à ce taux-là, nous serions six milliar
247 nous a permis à tous de calculer qu’à ce taux-là, nous serions six milliards et demi en l’an 2000, 26 milliards en 2070, 208
248 bre conclusion de Paul Ehrlich : De tels calculs devraient , semble-t-il, convaincre même les esprits les plus obtus qu’il faudra
249 ir exponentielle. La croissance démographique est due en bonne partie aux succès de la science occidentale, laquelle est au
250 rêt catastrophique de la production industrielle. Nous arrivons au point où le moteur de la croissance commence à avoir des
251 jungle et la schizophrénie généralisée. Tout cela doit nous faire redouter, au-delà des pires prévisions de nos futurologues
252 e et la schizophrénie généralisée. Tout cela doit nous faire redouter, au-delà des pires prévisions de nos futurologues, ce
253 s faire redouter, au-delà des pires prévisions de nos futurologues, ce qu’un vieux mythe des Indiens Navahos représente com
254 et pour tout dire les mieux payés, sont ceux qui nous annoncent encore l’âge d’or pour le siècle qui vient, tel le Hudson I
255 ute d’Herman Kahn par exemple, qui n’hésite pas à nous promettre un revenu de 20 000 dollars par tête pour une population mo
256 s. Si utiles que puissent être ceux qui calculent nos risques et définissent les contraintes que nous devons subir, ils dem
257 nt nos risques et définissent les contraintes que nous devons subir, ils demeurent incapables de fonder la politique de notr
258 s risques et définissent les contraintes que nous devons subir, ils demeurent incapables de fonder la politique de notre aveni
259 ls demeurent incapables de fonder la politique de notre avenir prochain, soit parce qu’ils ne veulent pas choisir ses buts, s
260 hénomènes les plus littéralement bouleversants de notre siècle, les deux fléaux majeurs de l’Europe, je veux dire l’auto et H
261 cessité primordiale pour l’homme occidental. Elle devait servir les loisirs, elle mène d’abord au bureau, à l’usine. Elle deva
262 irs, elle mène d’abord au bureau, à l’usine. Elle devait « rafraîchir les poumons », elle les pollue et cancérise. Elle devait
263 les poumons », elle les pollue et cancérise. Elle devait permettre d’aller vite, et elle ne fait que du 4 km à l’heure dans le
264 e ne fait que du 4 km à l’heure dans le centre de nos grandes villes, qu’elle asphyxie. Elle devait révéler la campagne et
265 tre de nos grandes villes, qu’elle asphyxie. Elle devait révéler la campagne et la solitude, elle les tue d’une manière irréve
266 nes pour des centaines de milliers d’années. Elle devait libérer l’homme, elle l’asservit. Ivan Illich a calculé que l’América
267 l’Américain moyen qui roule ses 10 000 km par an, doit consacrer pour payer sa voiture, son essence, ses impôts, son garage,
268 exemple, subordonnées en fait à la circulation de nos automobiles le dimanche. Or cette circulation quasi sacrée, qu’il fau
269 s Romains et par les communes médiévales, jusqu’à nos jours. Enfin, la crise monétaire mondiale est due principalement, m’e
270 nos jours. Enfin, la crise monétaire mondiale est due principalement, m’expliquent des banquiers, aux milliards de dollars
271 e voulaient. Et voilà la boucle bouclée. Résumons- nous  : vers 1890, personne n’a besoin de l’auto. Mais Henry Ford réussit à
272 au monde, en quelques dizaines d’années, et voici nos villes invivables, le bétonnage universel, la nature défigurée, la mo
273 uel prix, sans savoir où… Mais voilà bien ce que nos futurologues n’eussent pas deviné davantage que l’aventure nationale-
274 , aberrantes, erronées, — mais qui hélas ont fait notre histoire ! Herman Kahn vient d’avouer qu’à ses yeux, Hitler était mét
275 t dans l’État totalitaire l’achèvement logique de nos États-nations, lesquels se sont constitués depuis cent-cinquante ans
276 e, mais c’est une réponse tout de même, alors que nos démocraties bourgeoises n’ont même pas vu le problème, et ne soupçonn
277 évidence, résulte d’une très mauvaise gestion de notre terre et de ses ressources. Mais qui était le Gérant responsable ? La
278 ui résulte de cette mauvaise gestion de la terre, nous tenons donc un responsable incontesté, l’État-nation souverain sur to
279 le cadre de ses frontières, l’État-nation tel que nous l’avons fait, nous les Européens — mauvais Européens ! — et répandu s
280 ntières, l’État-nation tel que nous l’avons fait, nous les Européens — mauvais Européens ! — et répandu sur toute la terre.
281 e que je propose et sur ses directions majeures : nous voyons maintenant ce qu’il s’agit de changer dans notre société europ
282 voyons maintenant ce qu’il s’agit de changer dans notre société européenne : c’est le modèle stato-national. Et nous voyons d
283 é européenne : c’est le modèle stato-national. Et nous voyons dans quelle direction il faut aller : celle qui nous permettra
284 s dans quelle direction il faut aller : celle qui nous permettra de refaire une communauté, des communautés, au-delà de l’Ét
285 n soi un problème très sérieux, voire formidable. Nous avons été formés par quatre ou cinq générations d’instruction publiqu
286 histoire. Qu’il n’y a rien à imaginer au-delà. Et nous en avons persuadé la terre entière ; environ 150 États-nations, dont
287 les glorifier. En vérité, à y regarder de près14, nous nous apercevons que l’État-nation est bien malade. Et tout d’abord, s
288 lorifier. En vérité, à y regarder de près14, nous nous apercevons que l’État-nation est bien malade. Et tout d’abord, sa sou
289 lité, lorsque la France et la Grande-Bretagne ont stopper leurs opérations sur un froncement de sourcil du président de
290 SA et un grognement de Moscou. La souveraineté de nos nations européennes ne reste réelle qu’en tant que prétexte à refuser
291 ucun problème écologique ne se laisse définir par nos frontières, et qu’aucune frontière politique ou économique n’a jamais
292 urope est caractérisée par une extrême diversité, due aux sources multiples de sa culture, et aux valeurs souvent contradic
293 dération fondée sur des régions, plus petites que nos États actuels, et la plupart du temps chevauchant leurs frontières. V
294 es à toutes les réalités publiques. Le modèle que nous recherchons prévoit par hypothèse des régions fonctionnelles, c’est-à
295 é, qui rend justice aux caractères spécifiques de nos peuples et, plus encore, aux vocations personnelles. Un autre mot-clé
296 , aux vocations personnelles. Un autre mot-clé de notre modèle, c’est l’adjectif petit. La motivation la plus profonde du mod
297 dans tout le canton de Genève. Cette panne totale devait durer 21 minutes. L’orateur poursuivit en éclairant ses notes d’une t
8 1974, Articles divers (1974-1977). L’Europe des régions (juin-juillet 1974)
298 rs de Lyon, il passait en revue les relations que devaient entretenir les régions françaises avec l’extérieur. Presque toutes le
299 és, mais au contraire reliés par les Pyrénées. On nous a raconté que le Rhin était une frontière naturelle entre les Françai
300 À mesure que les frontières se dévalorisent entre nos États-nations, les régions resurgissent. Il y a en effet deux types d
301 commune qui serait un mini-État-nation. Ce qu’il nous faut éviter à tout prix. Je pense que faire en Europe 300 mini États-
302 laquelle je voudrais insister : les frontières de nos États-nations sont indéfendables aujourd’hui. Bidault les a appelées
303 ble remue-ménage provoqué par la nécessité d’unir nos nations et d’accepter les résurgences spontanées, d’une part celle de
304 s une amicale. Or depuis 25 ans, les ministres de nos États-nations prétendent vouloir faire l’Europe. Dans ces conditions
305 ndent vouloir faire l’Europe. Dans ces conditions nous sommes devant un dilemme parfaitement clair : ou bien on fait l’Europ
306 t c’est réalisé en bonne partie par l’économie de nos États de l’Ouest, qui est envahie par les Américains qui rachètent de
307 méricains et les Russes soient des gens pires que nous , je pense que la colonisation est pire que tout. Quand un peuple se m
308 à un autre pour son sort quotidien, pour ce qu’il doit penser, pour ce qu’il doit acheter, pour ce qu’il doit cultiver, alor
309 otidien, pour ce qu’il doit penser, pour ce qu’il doit acheter, pour ce qu’il doit cultiver, alors il est perdu. C’est la dé
310 penser, pour ce qu’il doit acheter, pour ce qu’il doit cultiver, alors il est perdu. C’est la décadence totale d’un peuple ;
311 e de gouvernement ; mais on ne peut pas renverser notre système actuel, parce qu’il n’a pas de principe de cohérence interne.
312 lue était un mythe. Moi je demande simplement que nous fassions une Europe sur la base des réalités, et pas des mythes. Que
313 sur la base des réalités, et pas des mythes. Que nous ne perdions pas de temps et d’énergie à renverser des choses qui n’ex
314 des symboles, des mythes d’un passé révolu et que nous commencions à édifier l’Europe sur les régions que nous devons faire,
315 ommencions à édifier l’Europe sur les régions que nous devons faire, en même temps que nous cherchons à les unir, sur cette
316 cions à édifier l’Europe sur les régions que nous devons faire, en même temps que nous cherchons à les unir, sur cette réalité
317 régions que nous devons faire, en même temps que nous cherchons à les unir, sur cette réalité active et quotidienne. Et c’e
318 pas besoin d’insister. Les régions au sens réel, devraient être « reconnues » et non pas délimitées de l’extérieur. Les vingt-de
319 , ou 9 comme le proposait le Marché commun. Avons- nous intérêt en France à faire des régions assez vastes de « taille europé
320 ce, comment, en partant de ce qui existe, pouvons- nous créer et animer des régions ? Je pense qu’il faut être bien conscient
321 ançais n’ont su dire qu’une chose — ce qu’elle ne devait pas être : ni une atteinte à l’unité nationale, ni une communauté aut
322 de l’Europe fédérale. Quand diront-ils ce qu’elle doit être ? Ce qu’il y a de plus grave dans les États-nations actuels, c’e
323 l’appui, qui interdit l’idée de faire de l’avenir notre affaire. Alors, cela c’est la situation politique la plus grave que l
324 rimé tous les pouvoirs des communes. Les communes devraient -elles reprendre le pouvoir ? Je ne suis pas du tout d’accord avec le
325 ’y a plus de pouvoir aujourd’hui. Voilà le drame. Nous avons à créer à recréer des pouvoirs réels, d’abord à l’échelle local
326 éels, d’abord à l’échelle locale. Ne perdons plus notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre
327 l’échelle locale. Ne perdons plus notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre
328 le. Ne perdons plus notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre destinée, voilà
329 s attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre destinée, voilà le mot de toute l’affaire, notre affaire. Les soci
330 notre destinée, voilà le mot de toute l’affaire, notre affaire. Les sociétés multinationales Nous allons aborder maint
331 notre affaire. Les sociétés multinationales Nous allons aborder maintenant une autre « internationale » qui semble rem
332  voilà une chose qui ne cadre absolument pas avec nos coutumes, qui est destructrice de l’environnement, qui est trop grand
333 rice de l’environnement, qui est trop grande pour nous , qui n’est pas adaptée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade
334 st trop grande pour nous, qui n’est pas adaptée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade notre population, par exempl
335 ée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade notre population, par exemple en l’appâtant par des salaires trop forts pou
336 ’ont commise en premier lieu les gestionnaires de notre civilisation. Je m’explique : il faut être absolument clair là-dessus
337 urte pas à des obstacles insurmontables. Eh bien, nous vivons depuis l’ère industrielle sur des absurdités de ce genre ; nou
338 ère industrielle sur des absurdités de ce genre ; nous ne nous sommes absolument pas rendu compte que les courbes exponentie
339 strielle sur des absurdités de ce genre ; nous ne nous sommes absolument pas rendu compte que les courbes exponentielles dép
340 assertion que j’entendais répéter partout : « il nous faut faire des centrales nucléaires ; c’est un impératif technique et
341 essentiel pour tout ce qui touche les régions, de nous rendre compte que la croissance industrielle, la croissance du PNB, l
342 e politique, il faut absolument abandonner ça, et nous nous apercevons très vite que si nous abandonnons cette idée fondamen
343 itique, il faut absolument abandonner ça, et nous nous apercevons très vite que si nous abandonnons cette idée fondamentalem
344 nner ça, et nous nous apercevons très vite que si nous abandonnons cette idée fondamentalement fausse, nous en viendrons trè
345 s abandonnons cette idée fondamentalement fausse, nous en viendrons très vite à la nécessité de l’autorégulation de tous ces
346 tion et l’aménager conformément à la finalité que nous acceptons. Je suis très optimiste après la crise du pétrole, parce qu
347 t possible dans un monde sans racines paysannes ? Nous sommes dans une société à dominante urbaine, caractérisée par l’« ato
348 communauté minimale, et inversement… Aujourd’hui, nous nous trouvons dans la situation hellénistique. Simplement c’est plus
349 nauté minimale, et inversement… Aujourd’hui, nous nous trouvons dans la situation hellénistique. Simplement c’est plus grave
350 ier électronique. Quel type d’urbanisme pourrions- nous inventer collectivement ? Il faut faire des villes petites, et très n
351 e cependant une question : 50 000 habitants, cela doit faire à peu près 15 000 employés. Cela ne correspond pas tout à fait
352 ussée et une concentration de moyens et d’hommes, doit exécuter un certain nombre de tâches (produits et services). On peut
353 ces villes se sont agrandies démesurément et que notre économie a secrété certaines organisations très complexes. Vous dites
354 le exigent une économie décentralisée, l’économie doit se décentraliser. Si l’on continue, comme on l’a fait jusqu’à présent
355 ont calculables d’ores et déjà. « L’avenir est notre affaire » Tous ces sujets seront-ils abordés dans votre prochain l
356 uis en train de terminer. Je dis : « l’avenir est notre affaire ». Comme de toutes ces choses dont nous parlons, il faut fair
357 notre affaire ». Comme de toutes ces choses dont nous parlons, il faut faire comprendre aux jeunes aujourd’hui que c’est le
358 buisson… Mais, il y a d’autres motivations, chez nous , qu’il faudrait développer. Justement le désir d’être responsable, d’
359 is. Le désir de devenir responsable de son destin doit amener au désir d’autogestion dans tous les ordres d’activités, autan
360 tout à fait d’accord, je pense que l’autogestion doit se développer dans tous les secteurs, dans tous les domaines, elle do
361 s tous les secteurs, dans tous les domaines, elle doit surtout s’exercer au niveau politique, au niveau de l’administration
362 l’on est de gauche ou de droite. La politique qui doit être à la base de la région, doit être la politique d’autogestion de
363 a politique qui doit être à la base de la région, doit être la politique d’autogestion de la commune — ce qui n’existe pas n
364 nce ou crise mortelle, nul ne le sait encore — il nous est apparu indispensable de donner la parole à l’un des “pères de l’E
365 notamment la conférence de La Haye en 1948, d’où devait sortir le Parlement européen, le Conseil de l’Europe et le Marché com
366 vateur de l’Europe et de l’Occident. L’Europe, il doit à Hitler d’en avoir saisi le génie lorsque, contraint de quitter la S
367 op francophile et par là même compromettant, il a se réfugier aux États-Unis. C’est outre-Atlantique qu’il a découvert
368 ue qu’il a découvert a contrario l’originalité de notre continent. Denis de Rougemont est avant tout orienté vers l’avenir :
369 écologie, il croit qu’aucune fatalité ne pèse sur nos sociétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il d
370 u’aucune fatalité ne pèse sur nos sociétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il dira prochainement dan
371 se sur nos sociétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il dira prochainement dans son ouvrage intitulé
372 hainement dans son ouvrage intitulé L’Avenir est notre affaire . »
9 1974, Articles divers (1974-1977). Surréalisme : un jeu qui dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)
373 moi, ce fut une sorte de coup de foudre d’amitié. Nous avons décidé de nous rencontrer souvent, avec d’autres artistes et éc
374 de coup de foudre d’amitié. Nous avons décidé de nous rencontrer souvent, avec d’autres artistes et écrivains surréalistes
375 vité d’être excommunié tôt ou tard. C’était entre nous , à New York, une simple affaire d’amitié, d’affinité élective. Plusie
376 sieurs ravissantes jeunes femmes prenaient part à nos réunions, généralement vêtues de longues robes de soie, si possible t
377 gue. Breton ne l’eût pas toléré. Il régnait parmi nous une certaine tenue et une grande liberté de ton. Nous faisions des je
378 une certaine tenue et une grande liberté de ton. Nous faisions des jeux que Breton prenait très au sérieux. Pour lui, le je
379 utes, au moment où je lis dans mes notes : « Ceci devrait être regardé de plus près », toutes les lumières se sont rallumées. É
380 s avec la magie. Car c’est un fait qu’au cours de nos jeux surréalistes d’intuition, de divination, de télépathie, je devin
381 reton n’était pas d’accord. Un jour, par exemple, nous avions décidé de faire un banquet consacré au nombre 21 — nombre sacr
382 sus — qui avait joué un certain rôle dans ma vie. Nous avions lancé 21 invitations à dîner dans un restaurant portugais, prè
383 ont il aurait été un des grands prêtres. Un jour, nous parlions des sectes cathares, avec un ami. Il écoutait d’une oreille,
384 ’une oreille, et brusquement il s’est tourné vers nous  : « Voilà, dit-il, une Église où j’aurais pu être évêque ! » i. R
385 jeu désintéressé de la pensée”. À cette occasion, nous avons demandé à Denis de Rougemont de parler de son séjour à New York
386 egistrée qui s’est poursuivie une soirée entière, nous avons extrait les passages qui se rapportent à l’une des activités du
10 1975, Articles divers (1974-1977). Notre complexe de culpabilité (1975)
387 Notre complexe de culpabilité (1975)p Au premier rang des peuples qui se
388 toire » ; est-ce que ça va durer, est-ce qu’on va nous laisser longtemps encore tranquilles dans notre coin ? (Motif accesso
389 va nous laisser longtemps encore tranquilles dans notre coin ? (Motif accessoire : faisons-nous ce qu’il faut pour garder not
390 les dans notre coin ? (Motif accessoire : faisons- nous ce qu’il faut pour garder notre rang ?) Inquiétude du patriote : dans
391 cessoire : faisons-nous ce qu’il faut pour garder notre rang ?) Inquiétude du patriote : dans le monde des technocrates, des
392 nds ensembles politiques en formation, est-ce que nos libertés, et la Suisse elle-même, en tant qu’État, gardent encore un
393 et de prospérité n’ont pas été gagnées au prix de notre âme ? Au prix de nos vraies raisons d’être ? L’autocritique est deven
394 pas été gagnées au prix de notre âme ? Au prix de nos vraies raisons d’être ? L’autocritique est devenue, au cours des dern
395 mmun, s’interroger sur l’avenir suisse est devenu notre sport national, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse nous battre
396 tional, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse nous battre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous reste, d’ail
397 ttre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous reste, d’ailleurs.) Il paraîtrait que les Suisses ne cessent de répét
398 sses ne cessent de répéter : « Y en a point comme nous  ! » Je n’ai jamais entendu cette fameuse phrase que dans la bouche de
399 up de chances pour que cela signifie : Voilà bien notre manière mesquine d’envisager les choses. L’intellectuel français appr
400 mais non pas pleutres ! », déclaraient fièrement nos publicistes, qui surcompensaient le reproche qu’ils devinaient chez l
401 Carl Spitteler prononça son fameux discours sur «  Notre point de vue suisse », dont voici un passage très significatif : Par
402 », dont voici un passage très significatif : Par notre modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance
403 passage très significatif : Par notre modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance de ce qu’elles
404 modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs s
405 es puissances notre reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre mode
406 reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à
407 t de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à l’Europe blessée le tribut qu’il convient de
408 à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à l’Europe blessée le tribut qu’il convient de payer à la doul
409 nt de payer à la douleur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est
410 douleur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est jamais trouvé
411 eur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est jamais trouvé au ch
412 ale que le jugement de Dieu qui pèse sur le monde nous devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir
413 qui pèse sur le monde nous devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir de reconnaissance et de res
414 devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir de reconnaissance et de responsabilité (à l’égard de no
415 . Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir de reconnaissance et de responsabilité (à l’égard de notre patrie), m
416 reconnaissance et de responsabilité (à l’égard de notre patrie), mais ce devoir est celui d’un accusé et d’un coupable. Helve
417 sponsabilité (à l’égard de notre patrie), mais ce devoir est celui d’un accusé et d’un coupable. Helveticus sum, homo sum, pec
418 es derniers temps, et là-dessus l’on peut et l’on doit discuter —, mais la traiter de péché n’est pas une solution et empêch
419 lle est un péché, il faut le révoquer, ou si elle nous fait tomber dans le péché, il faut « l’arracher et la jeter loin de n
420 e péché, il faut « l’arracher et la jeter loin de nous  », sur-le-champ, sans demi-mesure : il faut participer aux guerres. I
421 par les innombrables essais sur le malaise suisse dus à de jeunes auteurs progressistes, on ne peut que lui donner raison,
422 e là, attendant qu’on les examine une fois passés nos examens de conscience. « Quels problèmes ? », me demande l’Européen q
423 mes ? », me demande l’Européen qui venait admirer notre libre Helvétie et qui est un peu déconcerté… Eh bien, lisez nos quoti
424 étie et qui est un peu déconcerté… Eh bien, lisez nos quotidiens : on y parle à longueur d’éditoriaux de la surchauffe et d
425 el, père de l’ennui égal pour tous. — Mais quoi ! nous connaissons tout cela et c’est bien pire chez nous ! s’écrie l’Europé
426 ous connaissons tout cela et c’est bien pire chez nous  ! s’écrie l’Européen de Düsseldorf, d’Anvers, de Lyon, de Manchester,
427 rien ne prouve que ça va durer. Le Marché commun nous menace. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralis
428 ve que ça va durer. Le Marché commun nous menace. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralisme est comprom
429 ce. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralisme est compromis, et ce qu’il en reste freine l’élan des ent
430 s entreprises. Est-ce qu’il y aura une place pour nous dans le monde qui vient ? Satiriques, vengeurs ou navrés, les sermons
431 ils n’ouvriront pas les voies d’un dépassement de nos petitesses. « Besoin de grandeur », gémit Ramuz, crispé. Mais démontr
432 e d’un avenir humain de l’Europe ! Il est menacé, nous dit-on ? Rien de tel pour tirer un homme de ses doutes brumeux et de
433 la Migros, Construire. p. Rougemont Denis de, «  Notre complexe de culpabilité », CH, choix de textes, Berne, Chancellerie f
11 1975, Articles divers (1974-1977). Au-delà de la société industrielle (1975)
434 tence de l’économiste que je ne suis pas. Mais je dois vous faire un aveu : si j’ai finalement accepté de vous parler de la
435 que cette expression peut signifier, ou peut-être devrait signifier. Quand on parle de société post-industrielle, que veut-on d
436 gement est encore très loin d’être accompli parmi nous , mais il est amorcé dans nos esprits. Il suppose en effet, avant tout
437 être accompli parmi nous, mais il est amorcé dans nos esprits. Il suppose en effet, avant tout, une prise de conscience non
438 le monde parle, mais des causes de cette crise en nous , dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui
439 rle, mais des causes de cette crise en nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui compte le
440 uses de cette crise en nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui compte le plus dans la vie
441 se en nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui compte le plus dans la vie. II La soci
442 scutés ni discutables, mais que la crise actuelle nous oblige à reconsidérer : et tout d’abord le travail comme valeur fonda
443 tait donc — et demeure encore pour la majorité de nos contemporains — la croissance sans lois internes, sans principe d’aut
444 e mesuré, pesé et compté, et de cela seul. Ce que nous pouvons nommer aujourd’hui société industrielle — parce que déjà nous
445 aujourd’hui société industrielle — parce que déjà nous concevons quelque chose, au-delà — je le définis comme l’époque où l’
446 au-delà — je le définis comme l’époque où l’homme devait s’adapter à l’industrie, à la consommation, donc à la production, san
447 lon la phrase fameuse de Georges Pompidou « Paris devait s’adapter à l’automobile ». La société post-industrielle, à mes yeux,
448 t de dire que, dorénavant, c’est l’automobile qui doit s’adapter à Paris — c’est-à-dire l’industrie à l’homme. Le passage de
449 nry Ford II déclarait avec une belle sobriété : «  Nous sommes là pour produire des automobiles, non pas pour assurer le bonh
450 vertu fondamentale de l’ère industrielle, allons- nous opposer sous le nom de loisirs, la diminution du nombre des heures pa
451 itable « temps vide ». Ce que la société nouvelle doit apporter, c’est le dépassement de l’opposition de nature entre travai
452 cun. J’ajouterai que la société post-industrielle devrait aussi permettre à tout homme de ne pas consacrer une part exagérée du
453 Elle détruit les campagnes dont elle était censée nous restituer le charme, et provoque d’immenses destructions de champs, d
454 vapeurs obscurcissent, en plein midi, le ciel de nos grandes villes. Mais voici qui est encore plus fou : elle jette l’éco
455 ui est encore plus fou : elle jette l’économie de nos démocraties occidentales dans la dépendance humiliante de quelques ém
456 -fils d’Henry Ford de déclarer tout récemment : «  Nous ne sommes plus accoutumés à aller où que ce soit autrement qu’en auto
457 as est devenu prioritaire. L’Américain moyen — et nous donc ! — est prié de s’en tenir au mode de vie instauré par l’Auto, e
458 que des valeurs nouvelles existent et agissent en nous déjà, que les valeurs « fordiennes » nous apparaissent bizarres, ou p
459 sent en nous déjà, que les valeurs « fordiennes » nous apparaissent bizarres, ou puériles, et souvent même scandaleuses. Cet
460 rtain du déclin d’une certaine société, autour de nous , et de la proche émergence d’une société nouvelle, en nous d’abord. E
461 de la proche émergence d’une société nouvelle, en nous d’abord. Et pour décrire ses caractéristiques, il nous suffira donc m
462 d’abord. Et pour décrire ses caractéristiques, il nous suffira donc maintenant d’inverser la plupart des valeurs qui ont ass
463 Henry Ford. Partant de l’idée que les solutions à notre crise économique ne sont pas économiques, mais spirituelles, morales
464 détenues finalement par l’État. Sous prétexte de nous enrichir, elle nous rend donc de plus en plus nécessiteux, dépendants
465 par l’État. Sous prétexte de nous enrichir, elle nous rend donc de plus en plus nécessiteux, dépendants des besoins matérie
466 est la limite », comme disent les Américains. Il nous faut un nouveau marketing, qui analyse les besoins réels, et non les
467 es désirs : et voilà bien la pire aliénation ! Il nous faut retrouver des mesures, gagées sur l’homme, traduisant les donnée
468 données constitutives de la personne. Ces mesures nous interdiraient de multiplier (comme le fait la croissance industrielle
469 scalier avait pour seule fonction de vous éviter. Nous avons vu que la prolifération illimitée de l’automobile aboutit à l’e
470 n des relations humaines, née des grandes villes, devrait à mon sens faire l’objet d’un nouveau rapport dramatique au club de R
471 ne question de proportions. Mais il est clair que nos trop grands États croient devoir se doter d’armements à leur taille.
472 is il est clair que nos trop grands États croient devoir se doter d’armements à leur taille. Si l’on ne peut pas réduire la ma
473 llandais le physicien Hendrijk Lorentz ? J’aurais vous parler de la technologie douce, qui, dans la nouvelle société, d
474 technologie douce, qui, dans la nouvelle société, doit remplacer nos techniques dures et polluantes, de même que l’énergie s
475 ce, qui, dans la nouvelle société, doit remplacer nos techniques dures et polluantes, de même que l’énergie solaire doit re
476 ures et polluantes, de même que l’énergie solaire doit remplacer les centrales nucléaires, ces idoles maléfiques d’une socié
477 ? » J’ai coutume de répondre à cette question que nous ne sommes pas là pour prévoir ou deviner notre avenir, mais pour le f
478 que nous ne sommes pas là pour prévoir ou deviner notre avenir, mais pour le faire. Et que la décadence d’une société commenc
12 1975, Articles divers (1974-1977). Suisse 1975 (1975)
479 er de prendre parti dans les guerres qui opposent nos voisins. Au-delà de cette fonction traditionnelle définie et garantie
480 u’alors. Cependant, beaucoup de bons esprits chez nos voisins, et quelques voix isolées parmi nous, proposent, dès le lende
481 chez nos voisins, et quelques voix isolées parmi nous , proposent, dès le lendemain de la guerre, que la formule de l’État s
482 rler encore de « grandes puissances » à propos de nos voisins, s’est dissipée. Face à l’Europe et face au monde, la situati
483 cherche scientifique restant le meilleur atout de notre industrie. On s’agite au niveau des cantons, où l’on dénonce « l’empr
484 isse. De cette manière de comprendre la nature de notre régime traditionnel résultent certaines conséquences politiques des p
485 is un siècle l’article principal du catéchisme de notre politique étrangère. Dans les années 1960 déjà, et dans la présente d
486 ie bien plus clairement encore, il est apparu que notre neutralité, garantie par le traité de Vienne comme étant « dans les i
487 quant la solidarité. La neutralité-tabou entraîne notre refus d’adhérer aux Nations unies et à la Communauté économique europ
488 neutralité active ou solidaire permet en revanche notre adhésion à l’OECE (Organisation européenne de coopération économique)
489 iques, etc. que les réalités du siècle imposent à nos États, entraîne nécessairement des dépassements de la « souveraineté
490 arrêter ses effets aux frontières historiques de nos cantons confédérés. Si le fédéralisme authentique consiste à accorder
491 toritaire de ses voisins. Il est donc évident que notre fédéralisme ne peut se maintenir dans nos cantons qu’à la seule condi
492 t que notre fédéralisme ne peut se maintenir dans nos cantons qu’à la seule condition de s’étendre, quand il le faut, au-de
493 ut rester fidèle à sa vocation séculaire, elle se doit donc de devenir, de proche en proche, européenne, puis mondiale. L
494 e au monde Les tâches nouvelles que l’humanité doit assumer dans les années 1970-1980 sont presque toutes de dimensions i
495 et l’égoïsme. Un égoïsme fermé sur soi-même, dans nos frontières, comme le rêvent, semble-t-il, nombre de Suisses (si l’on
13 1975, Articles divers (1974-1977). Le Morgarten du xxe siècle (1975)
496 Le Morgarten du xxe siècle (1975)q La Suisse devrait être l’exemple et le moteur d’une fédéralisation de l’Europe, ai-je é
497 s’occuper d’un secteur de la vie publique. S’ils devaient représenter les cantons, il en faudrait 25, comme l’actuelle commissi
498 , une fois de plus, qui a répandu ces erreurs. On nous a fait apprendre qu’à l’origine, la Suisse s’était formée par la fédé
499 t la volonté d’exercer une justice « indigène » : nous ne voulons pas de juges étrangers dans nos vallées. Or la justice, à
500 e » : nous ne voulons pas de juges étrangers dans nos vallées. Or la justice, à l’époque, c’était toute l’administration et
501 e, comme l’Allemagne et l’Italie. À cette époque, nous avons partiellement subi le courant régnant en Europe, qui était celu
502 ération. Ramuz avait coutume de me dire : « Entre nous , nous sommes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes
503 n. Ramuz avait coutume de me dire : « Entre nous, nous sommes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes sépar
504 me dire : « Entre nous, nous sommes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes séparatistes… » Je lui répondai
505 mmes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes séparatistes… » Je lui répondais : « Vous pouvez être séparati
506 emple un parallèle frappant entre la situation de nos trois communes primitives et celle des communes qui essaient aujourd’
507 mène continental s’il en fut, puisque cette route devait relier entre elles les deux parties du Saint-Empire romain germanique
508 Qu’ils la relisent, et ils se rendront compte que notre héros national suisse n’était pas particulièrement respectueux de la
509 al. Cela ne va évidemment pas se passer comme ça. Nous allons vers des tragédies. Les Suisses n’y sont pas très bien préparé
510 ême plus eu de place pour les soldats américains. Nous avons ce même avantage d’une décentralisation extrêmement poussée, do
14 1975, Articles divers (1974-1977). L’amour (1975)
511 nématographique au xxe siècle. Preuve en est que nos psychologues « scientifiques » et psychanalystes de toute école prenn
512 s de base dans la tradition littéraire qui est la nôtre , d’Œdipe à Sade et à Sacher-Masoch. Pour situer cette forme d’amour s
513 essions littéraires et artistiques en général, il nous faudra d’abord tenter de débrouiller, parmi les mille et trois sens d
514 assez évidemment distinctes, sinon opposables. Il nous faudra ensuite repérer les grandes étapes d’une évolution historique
515 es innombrables contradictions de l’amour tel que nous le vivons et, plus encore, tel que nous l’écrivons. Cinq niveaux
516 r tel que nous le vivons et, plus encore, tel que nous l’écrivons. Cinq niveaux À la base — au regard des modernes —, l
517 xication, favorisée par la publicité que lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qu
518 vorisée par la publicité que lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte d
519 la publicité que lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte de tout ce qu
520 lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte de tout ce qui s’oppose au dé
521 L’Amour en Grèce). Il semble que Platon agit sur nous comme une information héréditaire. Personne ne saurait dire jusqu’à
522 ort. Trois mythes en effet, écrit R. Flacelière, nous montrent que les Grecs ont médité sur les rapports mystérieux de l’am
523 assion de « l’amour pour la mort » qui est, comme nous le verrons, le secret de Tristan. La révolution chrétienne Cinq
524 , « prostitution spirituelle ») —, l’amour humain devait fatalement devenir une source intarissable de problèmes, tant pour la
525 ècle, l’amour antique s’est éclipsé, et celui que nous croyons seul « naturel » et « aussi vieux que l’humanité » ne donne e
526 ention du xiie siècle. » Amour, qui désigne pour nous le sentiment, le désir et la passion, n’a pris ce sens qu’avec la poé
527 rt les rares exceptions, déjà citées, des poésies dues à des clercs… Avec ses formes fixes et raffinées et sa doctrine absol
528 pécialistes du trobar, au xixe siècle et jusqu’à nous . Mais, s’ils avaient raison, comment concevoir que cette poésie ait p
529 ent concevoir que cette poésie ait pu transformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour des siècles ? Ne
530 sie ait pu transformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour des siècles ? Ne serait-elle pas au contrair
531 nsformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour des siècles ? Ne serait-elle pas au contraire le signe d’u
532 ilant ainsi au seigneur féodal à qui le chevalier doit allégeance ; elle oppose au mariage « de raison » comme à la luxure g
533 la cortezia, l’Église répond par les titres de «  Notre Dame » et de Regina Coeli désormais donnés à la Vierge. En 1140, des
534 histoire de l’Éros en Occident, des troubadours à notre siècle, se confond avec celle des expressions du désir, du sentiment
535 mode, dans les formes réglées de la guerre et, de nos jours, dans les mass médias audiovisuels. On s’en tiendra ici à la li
536 ue la simple vérité, que le sacré social, que les devoirs religieux, que la foi même, à la limite (comme on le voit par exemple
537 ccidentale ? Le dernier tabou, le plus fort Nous avons vu que le « problème sexuel » est né dans le monde christianisé
538 me pas, n’a jamais cessé d’exercer son empire sur nos sociétés, de la Grèce primitive à l’Occident moderne, c’est le tabou
539 , d’une autorité tutélaire mais rigoureuse, et du devoir envers la société, envers l’autre et envers soi-même que Freud (dès 1
540 encore des personnages de roman les plus falots) doit en être séparé, après de brèves et fulgurantes rencontres, par mille
541 rencontre. Déjà, dans la poésie des troubadours, nous voyons que l’amour courtois se distingue du simple désir par le raffi
542 es troubadours. De ce temps jusqu’au xxe siècle, nous assistons aux péripéties d’un duel sans cesse renouvelé entre la reli
543 r de la tragédie » (Racine, préface de Bérénice). Nous avons vu qu’à chaque fois que la société crée de nouveaux obstacles à
544 titut voilé de l’amour incestueux pour la Mère. «  Dois -je épouser ses droits contre un père irrité ? » se demande le jeune h
545 é ? » se demande le jeune homme. (La psychanalyse nous a habitués à des déguisements plus savants !) Ces sentiments et ces p
546 ait son œuvre ! L’autre moyen qu’il a trouvé pour nous parler voluptueusement de la passion de ses personnages, donc de la s
547 e aussi dans un seul cri : J’aime, mais comme on doit aimer : dans le désespoir ! À quoi Novalis fait écho : Quand on fui
548 mplissement. Novalis, dans son journal intime : Notre engagement n’était pas pris pour ce monde. Et dans les Hymnes à la n
549 troitement à toi, et que dure alors éternellement notre nuit nuptiale ! Les Français seront plus lents à se laisser emporter
550 on célèbre : Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ! À partir de là, tou
551 otifs sexuels et déguisant les motifs financiers, doit aboutir à une situation névrotique et créer un véritable stress socia
552 é comme tabou : l’argent. Freud n’a rien ajouté à notre idée de l’amour puisqu’en ramenant l’amour à l’Éros génital il invers
553 tisme à la vie sans qu’il perde cette force qu’il devait au péché ; de lui donner tout ce qui, jusqu’ici, était donné à l’amou
554 i, était donné à l’amour ; d’en faire le moyen de notre propre révélation (préface à L’Amant de Lady Chatterley). Là encore,
555 ’est vers une connaissance peut-être mortelle que nous entraîne l’Éros mythique. Avenir de l’amour-passion La morale
556 que respecte encore. Mais déjà le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
557 n n’eût pas été. Anticipant sur une évolution qui devrait logiquement conduire à l’extinction de l’élément passionnel ou même s
558 eut se renverser très vite, au point de crise que nous avons atteint. L’ennui sécrété par les formes actuelles de la civilis
559 les, frustrées par la technique et réclamant leur , peuvent provoquer des névroses collectives et des fureurs anarchique
560 ner que l’avenir de l’amour dépendra désormais de notre faculté de maîtriser les deux pulsions contradictoires de l’érotisme
561 ée de la littérature romanesque et lyrique que de nous décrire les cheminements de cet amour dont le poète andalou Ibn Hazm
562 ême. C’est une condition délectable et un mal que nous désirons. Celui qui n’en est pas atteint ne souhaite nullement rester
15 1975, Articles divers (1974-1977). « Le sort des écrivains emprisonnés constitue un drame et un avertissement » (juin 1975)
563 euse dans les pays totalitaires est en germe chez nous . Face à un État qui veut tout régenter, y compris la morale, l’écriva
564 itsyne qui, pour lui, est un écrivain « dérangé » doit être guéri et il a justement les moyens de le guérir. Quels moyens ?
565 entendu parler d’amour ? » Eh bien, cet amour que nous connaissons, l’amour romantique que les Américains appellent « romanc
566 les littératures, toutes les sociétés jusqu’à la nôtre . La façon dont une société imagine les rapports entre l’homme et la f
567 ce monde impossible à gouverner et que, même dans nos sociétés occidentales, la grande majorité rêve de diriger sans opposi
568 pareil conditionnement où on lui dirait ce qu’il doit écrire. C’est sa nature même qui s’y oppose. Il sera donc toujours un
569 une évidence. Dans un État-nation comme ceux que nous connaissons, l’homme ne peut plus agir comme responsable. Et l’homme
570 définition d’Aristote selon laquelle une cité ne devrait pas dépasser la portée de la voix d’un homme criant sur l’agora. Symb
571 ure reste juste. D’ailleurs tout ce qui intéresse notre vie quotidienne se passe à l’échelon des communes ou des régions, dan
572 sité ? Quand les gens qui vont construire Verbois nous expliquent qu’il y a une nécessité, je leur demande laquelle. Rien ne
573 une nécessité, je leur demande laquelle. Rien ne nous oblige concrètement à avoir plus d’électricité demain qu’aujourd’hui.
574 lectricité demain qu’aujourd’hui. C’est parce que nous le voulons pour notre commodité. Mais il n’y a aucune nécessité. Et c
575 aujourd’hui. C’est parce que nous le voulons pour notre commodité. Mais il n’y a aucune nécessité. Et c’est la même chose pou
576 réfigure peut-être des situations plus proches de nous — c’est d’influencer les pensées. Regardez avec quel soin il s’occupe
577 ans de petits pays, la Suisse notamment. Bien sûr nous sommes encore dans une société où l’individu n’est pas aussi directem
578 compris la police suisse. C’est un exemple. Mais nous sommes encore très loin d’infliger aux opposants le sort que connaiss
579 sort que connaissent les écrivains soviétiques ? Nous sommes préservés contre certaines outrances des pays totalitaires par
580 pays totalitaires parce que dans le fondement de notre société ce n’est pas la masse qui constitue l’unité de mesure mais l’
581 plus courant, de plus en plus dangereux. Et on ne devra pas s’étonner si, à la fin il ne reste plus, pour s’opposer au pouvoi
582 être humain. Le crime que Boukovski paie et qu’il devra continuer de payer est celui d’avoir une opinion et de l’exprimer. Il
583 ourd’hui comme les Rosenberg — dont la télévision nous rappelait récemment la fin tragique — n’étaient pas dans la norme de
584 t dans sa belle et solide maison de Pouilly qu’il nous les a apportées. »
16 1975, Articles divers (1974-1977). « L’État-nation, voilà l’ennemi » (1er juillet 1975)
585 , pour les économies industrielles. Cette analyse nous ramène à un dilemme d’une crudité gênante. Ou bien l’État-nation main
586 s nationaux. Le jeu se rouvre, l’avenir redevient notre affaire. Ou bien la démission épidémique de la personne devant la mé
587 ique de la personne devant la mécanique de l’État nous conduit, dans une atmosphère de panique sourde et de délinquance géné
588 e. Je ne propose pas de renverser l’État-nation : nous péririons tous dans ses ruines. Au niveau des pouvoirs concrets, je v
589 très peu à renverser, tout à construire. Et force nous sera de le faire dans les cadres de l’État-nation périmés ; hors d’eu
590 tribuer aux différents niveaux des services qu’il doit rendre aux citoyens. Mais pas question non plus de constituer des rég
591 encore moins économiques d’abord. La solution de nos problèmes économiques est à chercher sur un tout autre plan que celui
592 une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les régions fonctionnelles, d’aires diverses — chacune ayant p
593 le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité de recréer des cadres de participa
17 1975, Articles divers (1974-1977). « Il ne s’agit pas de créer des régions qui soient de petits États-nations » (septembre 1975)
594 e. La réforme, donc, plutôt que la révolution… Il nous faudrait partir des racines, puis dresser un plan. Par exemple, dans
595 japonais, sont possibles d’un jour à l’autre dans notre région. Il y a là une tâche énorme à accomplir en commun. La nappe p
596 Vu cette densité extraordinaire, les universités devraient s’entendre pour des échanges d’étudiants, de professeurs (actuellemen
597 langages des ordinateurs des diverses universités doivent être uniformisés. Même cela, n’est-ce pas déjà une manière de séditio
18 1976, Articles divers (1974-1977). Message de M. Denis de Rougemont (1976)
598 e une alliance militaire ou une entité politique, doit être une communauté culturelle. Et dans ce même chapitre, je soulign
599 tion. Trois lustres ont passé déjà sans que rien nous rapproche visiblement du but. Comment sauver la face de ma génération
600 but. Comment sauver la face de ma génération ? Il nous reste assez peu d’années. Quant à repasser le flambeau, selon le clic
19 1976, Articles divers (1974-1977). L’Europe, l’été [préface] (1976)
601 e : ceux d’une nature humanisée par les styles de nos grandes époques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européen
602 nos grandes époques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européennes que relient quelques heures d’avion, au cœur d
603 faute des subventions escomptées. Quelle ville de nos pays, grande ou moyenne, n’a-t-elle pas essayé de lancer son festival
604 note séductrice dans la grande rumeur musicale de nos étés européens ? Si je n’en ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu
605 se sont bardées de frontières sourcilleuses, dans notre Europe jadis ouverte à tous vents de l’esprit et tous échanges humain
606 nie en crescendo perpétuel et le bruit des canons devait en marquer l’inévitable conclusion. Deux cataclysmes de dimensions mo
607 économie de paix, on vit aussi renaître dans tous nos pays d’une part des initiatives locales animées par des amateurs de t
608 lles de toute l’Europe à la recherche de l’union. Notre entente fut immédiate, et les plans vite tracés. Tous nos grands fest
609 nte fut immédiate, et les plans vite tracés. Tous nos grands festivals furent invités à déléguer leurs directeurs pour une
610 à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typiq
611 a science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondamentale. Unité dans la diversité — est-il besoin de le rép
612 ilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence, le politique et l’institutionnel, l’économique et l’artist
613 t l’institutionnel, l’économique et l’artistique, nous retrouverons toujours le même type de problèmes : unir sans uniformis
614 tenir à l’unisson. En un mot fédérer, mot-clé de notre Centre. Je prie les historiens de prendre note d’un petit fait qui a
615 our la joie de centaines de milliers d’auditeurs. Nous sommes ici au centre d’un prestigieux complot contre l’ennui et la la
616 n, pas plus que vous ne trouverez l’équivalent de notre peinture de chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos conce
617 l’équivalent de notre peinture de chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos concerts et de nos musées. Tout à la
618 e chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos concerts et de nos musées. Tout à la fois communautaire et adonnée au
619 s portraits individualisés, de nos concerts et de nos musées. Tout à la fois communautaire et adonnée au culte des vedettes
620 urée permet de soutenir. Ce caractère d’exception doit lui être conféré non seulement par la haute qualité des œuvres produi
621 e. C’est grâce aux festivals qu’on s’est remis de nos jours non seulement à jouer Hamlet sur les remparts d’un château médi
622 es à la jeune sociologie. Pas un seul festival de notre association n’est « national », soulignons-le : régionaux ou municipa
623 à quelque mascarade folklorique, que déjà tant de nos régions aillent demander l’expression publique et sensible de cet êtr
20 1976, Articles divers (1974-1977). Histoire et prospective de l’identité européenne (1976)
624 nt donc d’essayer de nommer ma discipline, posons- nous la question préalable, et plus sérieuse, de l’identité de l’Europe et
625 dans l’espace vide de la théorie intemporelle. Il nous est imposé concrètement dans l’aire d’un continent déterminé, au troi
626 ans souci d’applications immédiates. C’est ainsi, nous dit-on, que le CERN étudie la constitution de la matière par besoin d
627 ui touche aux régions, notamment. Disons que dans notre domaine, la recherche fondamentale est celle qui a pour objet l’homme
628 hropologie philosophique jouent le même rôle dans notre champ d’études. Une faculté de droit prépare des avocats, une faculté
629 es physiciens nécessaires aux bureaux d’études de nos grandes industries. Mais vous qui traitez de l’Europe, à quoi prépare
630 plus des neuf dixièmes des plus grands savants de notre ère. Cette culture peut périr demain, si les Européens ne la vivent p
631 plus, perdent le sens de ses valeurs créatrices. Nos grands journaux non sans Schaden Freude, titrent ces derniers mois :
632 e vous en donnerai deux exemples. J’ai professé à notre Institut et à l’EPFZ simultanément, puis sous une forme différente à
633 rappelé récemment, ici même, après Jouvenel, que nous ne pouvons connaître que le passé, sans pouvoir le changer, alors que
634 que le passé, sans pouvoir le changer, alors que nous ne pouvons modifier que l’avenir, mais sans pouvoir le connaître. Or,
635 ui, mais cela ne dit pas tout, il s’en faut ! Car notre enseignement ne se réduit pas à la transmission d’un savoir, s’il y v
636 transmission d’un savoir, s’il y voit son premier devoir . Il consiste surtout à éveiller dans l’esprit de l’étudiant le sens d
637 uropéennes, bien qu’erronées, comme le démontrent nos études sur l’Europe. C’est même l’une des fonctions irremplaçables de
638 ens mais les étudiants du tiers-monde qui suivent nos cours : c’est sans doute le plus nécessaire. Vous paraissez revenir i
639 vivre de l’Europe est simplement vital pour toute notre culture. Croyez-vous que l’Université n’est pas intéressée au premier
21 1976, Articles divers (1974-1977). Changer de cap (novembre 1976)
640 qui m’intéresse est autre chose : la stratégie de notre civilisation. Ce sont donc les grands choix moraux qui déterminent pa
641 les grands choix moraux qui déterminent parfois à notre insu les arguments échangés avec tant de passion au sujet des central
642 atteinte possible à la couche d’ozone qui protège notre vie terrestre contre les rayons ultraviolets ? « Votre pari — dis-je
643 nt posé la question à propos du Vietnam : pouvons- nous arrêter la guerre, alors que l’industrie des arme­ments occupe des ce
644 phistiqués : ces « retombées » se feront donc sur nos têtes. 5. Indépendamment de ces arguments, je suis contre Concorde po
645 ls et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois la n
646 ncipes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois la nature et la Communauté
647 t. Mais la logique du système stato-national dans notre société industrielle (qu’elle soit capitaliste ou socialiste, nulle d
648 e souffrent pas la centralisation, c’est pourquoi nos États les décrient et négligent). Et vous irez plus loin. Vous en vie
649 ême. Tout peut changer maintenant si, renonçant à nous laisser conduire toujours plus vite vers n’importe où, nous décidons
650 er conduire toujours plus vite vers n’importe où, nous décidons de reconquérir notre autonomie personnelle, et de recourir d
651 e vers n’importe où, nous décidons de reconquérir notre autonomie personnelle, et de recourir de plus en plus à l’énergie fou
652 recourir de plus en plus à l’énergie fournie par nous , et non par les centrales nucléaires. Prenez cette conversion pour un
653 lle signifie bien davantage, et peut pro­duire en nous d’abord mais aussitôt dans la société d’aujourd’hui de proche en proc
654 e dis pas qu’en alertant les énergies qui sont en nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seulement qu’en
655 pas qu’en alertant les énergies qui sont en nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seulement qu’en faisa
656 aisant appel toujours plus aux forces qui sont en nous , le besoin que nous avions de forces extérieures diminuerait d’autant
657 s plus aux forces qui sont en nous, le besoin que nous avions de forces extérieures diminuerait d’autant, et que nous serion
658 e forces extérieures diminuerait d’autant, et que nous serions alors en mesure de découvrir une réalité du monde bien différ
659 aient tout à fait incongrues. Je ne dis pas qu’en nous confiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions f
660 ne dis pas qu’en nous confiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions faire l’équivalent de la société
661 fiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions faire l’équivalent de la société industrielle qui culmine d
662 mine dans la Bombe à fusion nucléaire, je dis que nous ferions une autre société — et je pense qu’elle serait meilleure. 2
22 1977, Articles divers (1974-1977). Souvenir de 1938 (1977)
663 t le message du Solitaire qui venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette attente au bord du gouffre, cette minut
664 tes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fois à l
665 gence avec l’événement historique, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de
666 ille pour la défense spirituelle de la Suisse que nous avons livrée pendant la guerre, votre œuvre avait pour nous la valeur
667 livrée pendant la guerre, votre œuvre avait pour nous la valeur d’un corps d’armée ! » Il se peut que les deux jugements so
23 1977, Articles divers (1974-1977). Les débuts de la construction européenne (1977)
668 nève, en 1929, qu’« entre les peuples de l’Europe doit exister une sorte de lien fédéral ». Briand charge son plus proche co
669 ou par une monnaie. Enfin, un rapport économique, à Daniel Serruys, propose les étapes suivantes pour l’organisation éc
670 ation économique du continent : l’union douanière doit être l’expression finale d’une union économique ou plan commun de pro
671 n commun de production. La franchise des échanges devra être obtenue par des abaissements de droits échelonnés sur dix ou qui
672 gine du Congrès de l’Europe à La Haye, sur lequel nous allons revenir. Mais on imagine bien que les positions politiques, so
673 ope. Si pourtant quelque chose se fait, cela sera à la complicité qui s’établit, sous le couvert d’ambiguïtés ou d’équi
674  aux pouvoirs limités mais réels », auxquels tous nos États consentiraient de substantielles délégations de souveraineté. M
675 es nucléaires28. Le Centre européen de la culture devait entrer en fonction à Genève en octobre de l’année suivante. Et il se
676 n-drain qu’étaient alors en train de subir toutes nos nations, trop pauvres pour offrir à leurs physiciens un si grand appa
677 tout simplement, dans les rapports séculaires de nos États occidentaux, le souci de la solidarité générale à la hantise de
678 Reuter, avaient cherché dès le mois de mai 1949, nous venons de le voir, les moyens de réaliser à bref délai cette idée rép
679 riode des congrès, d’une coopération instituée de nos économies nationales — la française et l’allemande d’abord — d’où dev
680 ales — la française et l’allemande d’abord — d’où devait s’ensuivre, par le jeu de mécanismes supranationaux mis en place et h
681 ! Ce qui a frappé à juste titre l’opinion de tous nos pays, c’est l’idée de créer entre États des « solidarités de fait »,
682 la CECA, c’était une méthode pour faire l’Europe. Nous avons vu que les idées directrices d’un pool charbon-acier avaient ét
683 ratégie de la CECA, « ils sont d’avis que l’union doit être réalisée d’abord dans le domaine économique ; ils estiment qu’il
684 une action capable de prévenir la colonisation de nos vingt-cinq pays par les hégémonies de l’Est et de l’Extrême-Ouest, co
685 ait, que rien ne se fasse ? Dans l’état actuel de notre société, les gouvernements seuls sont responsables. Le dilemme devien
686 ables. Le dilemme devient des plus clairs : irons- nous avec eux vers l’Europe satellite, ou sans eux vers l’Europe des régio
687 ropéenne », Les Hommes d’État célèbres. De 1920 à nos jours, vol. 6, Paris, Mazenod, 1977, p. 238-243.
24 1977, Articles divers (1974-1977). Robert Schuman (1886-1963) : l’homme de la frontière (1977)
688 données historiques et géopolitiques. Mais elle a passer par la filière française, seule capable de lui prêter ces moye
689 isse porter à la députation dès 1919, par sens du devoir civique et non par goût, et moins encore par ambition. J’étais alors
690 rue sans avoir pour autant fait de l’Histoire. Si nous parlons ici de Robert Schuman, c’est parce qu’un jour de mai 1950, so
691 de cela seulement, a peut-être changé le cours de nos destins. Cette espèce de miracle que représente la CECA, entendons l’
692 l aux Constitutions de l’Empire ; et plus près de nous , collaboration entre Coudenhove-Kalergi et Briand, puis entre Alexis
693 e une alliance militaire ou une entité politique, doit être une Communauté culturelle. Et dans ce même chapitre, je soulign
694 rontière », Les Hommes d’État célèbres. De 1920 à nos jours, vol. 6, Paris, Mazenod, 1977, p. 254-257. af. On a intégré le
25 1977, Articles divers (1974-1977). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous ! (1977)
695 ligions, unissez-vous ! (1977)ac Un jour, dans notre jardin de Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois, en route ve
696 dité sur cette phrase, depuis lors. ⁂ Au temps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et
697 mps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et Nunc , petite revue de pensée religieuse qu
698 r, « dialectique » et calviniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’un
699 iniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’une orthodoxie protestante,
700 paradoxale en soi que dans les polémiques qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme iné
701 s qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme inévitable dans la conjoncture de l’époque.
702 e fasciste, en Allemagne nazie, et tout autour de nous , de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler n
703 tout autour de nous, de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler normal à quelque observateur superf
704 e moins au marxisme invoqué par les staliniens de nos pays pour justifier les procès de Moscou et la persécution des Église
705 on des Églises. Mais je relis les onze numéros de notre revue : il n’y est jamais question d’orthodoxie ! (Sauf une fois : po
706 ion d’orthodoxie ! (Sauf une fois : pour nier que nous défendions une « orthodoxie calviniste ».) En revanche, des « hérésie
707 non point comme « contraires au dogme » : ce que nous referons comme « hérétique », c’est tout choix exclusif d’un seul des
708 rase morale par orthodoxie, et vous saurez ce que nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’
709 nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’édicté, de codifié, d’enregistré une fois pour t
710 on théorique ». Elle était quelque chose, disions- nous , « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même impl
711 ». Elle était quelque chose, disions-nous, « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre ef
712 as les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie »
713 e effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie » prétendue s’opposait à toute « transposition de l’évén
714 e, en une vérité générale… » Et par « existence » nous ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et
715 décision concrète… dans l’instant, hic et nunc. » Nous disions encore : Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos
716 Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos propositions théologiques avec les énoncés de la Bible, mais de juger
717 Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors. ⁂ Après les années de Hic et Nunc (1932-1
718 ⁂ Après les années de Hic et Nunc (1932-1939), nos voies pour un temps se séparent. Henry Corbin part pour Byzance et le
719 n de l’ami retrouvé ne marque aucune rupture avec notre passé, ni encore moins mon ralliement à quelque antidoctrine nouvelle
720 cience renouvelée de ce qui animait en profondeur nos écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’occupait déjà des grands m
721 on propre cas. » Kierkegaard écrit : « L’Évangile doit être lu comme une lettre personnelle, adressée à toi seul. » Et Kafka
722 it là que pour toi. Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui
723 i. Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui osera la franchi
724 ndes confessions chrétiennes. Certes, peu d’entre nous choisissent leur confession, la plupart se contentent d’y être nés ;
725 âme unique et de la vocation illuminante. Et cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise
26 1977, Articles divers (1974-1977). La nature du pouvoir (9 octobre 1977)
726 tre celle-ci viendra-t-elle plus tard, après moi. Nous avons entendu, hier soir, une très belle leçon de modération philosop
727 en tout cas, à partir de Philippe le Bel, et dans notre histoire suisse. Le sens du pouvoir n’est pas le même, et la différen
728 es, d’une manière irréversible, et le pouvoir que nous avons en Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fé
729 ut ? Le pouvoir est là, défini ou non, il est là. Nous le trouvons en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avo
730 est là. Nous le trouvons en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le
731 ns en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le subir. Ceci me rappell
732 nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le subir. Ceci me rappelle une très jolie épigraphe
733 mment parce que le pouvoir ne se sent que trop de nos jours, et que cela s’accompagne d’un sentiment d’impuissance croissan
734 c’est, peut-être, ce sentiment d’impuissance que nous avons devant les pouvoirs, qui nous amène à toutes sortes d’excès de
735 puissance que nous avons devant les pouvoirs, qui nous amène à toutes sortes d’excès de langage contre le pouvoir, à toutes
736 archisantes. Il provient de l’idée que le pouvoir nous est extérieur, qu’il se présente à nous sous forme de contrainte, que
737 e pouvoir nous est extérieur, qu’il se présente à nous sous forme de contrainte, que nous subissons sans pouvoir l’exercer.
738 se présente à nous sous forme de contrainte, que nous subissons sans pouvoir l’exercer. Et nous sommes un peu ahuris par to
739 te, que nous subissons sans pouvoir l’exercer. Et nous sommes un peu ahuris par tous ces impératifs technologiques, ces néce
740 gnant et, de plus en plus, absolu ? Jeanne Hersch nous a hier soir indiqué une voie : opposer à ce pouvoir d’autres pouvoirs
741 ue le simple refus du pouvoir extérieur finit par nous y livrer bien plus sûrement que toute autre conduite, et finit dans l
742 uvoir », comme le dit l’expression consacrée, car nous ne savons que trop à quoi cela mène : ceux qui croyaient prendre le p
743 i. Le pouvoir abusif de l’État est fait de toutes nos démissions civiques, et tend à les rendre définitives. Je rappelle, l
744 lution à la mode des siècles derniers qui peuvent nous secourir dans cette tragédie car cette « prise du pouvoir », dont on
745 èce de pouvoir, mais de distribuer le pouvoir que nous trouvons abusif. Distribuer, par exemple, le pouvoir de l’État-nation
746 ssez gros livre récent, que ce drame est celui de notre époque, j’ai trouvé, l’autre jour, et après coup, la formule la plus
27 1977, Articles divers (1974-1977). La puissance et les choix (mai 1977)
747 ssance des fins humaines auxquelles chaque modèle nous conduit. Deux volontés, deux forces, deux passions se manifestent dès
748 t s’opposent ou parfois se composent en chacun de nous  : la Puissance et la Liberté. La puissance sur autrui et la liberté p
749 en deux camps bien tranchés : c’est en chacun de nous que le conflit se poursuit. Les deux pulsions contraires coexistent e
750 rsuit. Les deux pulsions contraires coexistent en nous , personne n’est jamais ni tout l’un ni tout l’autre. Et il n’existe p
751 priorité, une fin à laquelle les moyens ont pour devoir de concourir. Ce qu’il faut voir, et qui est peut-être décisif, c’est
752 ues, incroyablement chères, et si dangereuses que nos pays, tout en jurant qu’elles sont inoffensives, ne les bâtissent qu’
753 u’ils dénoncent là les raisons mêmes qui font que nos États les adoptent. Car « très grand » suppose, qu’on le veuille ou n
754 is par la surveillance quotidienne des déchets de nos centrales nucléaires accumulés pendant le petit quart de siècle qui n
755 es accumulés pendant le petit quart de siècle qui nous sépare de l’an 2000. À l’inverse absolu, le choix de l’énergie solair
756 ix : car ce choix signifie du même coup la fin de nos États-nations, liés au plutonium le bien nommé, produit du monde sout
757 âce à l’appui du Ciel et de ses longs regards sur notre terre. Choisir les unités locales, voire familiales, d’énergie solair
758 es centaines de milliers de foyers dans chacun de nos pays européens, de se rendre indépendants, de se faire « Suisses », d
759 fisance au besoin, la confiance dans le prochain. Notre problème n’est pas des moyens et des fins, car les fins seules dicter
760 tier ancien et rompant les liens sentimentaux qui devraient toujours unir l’homme à son environnement. Pour Denis de Rougemont, l
761 e Choix du siècle » que l’auteur de L’Avenir est notre affaire estime urgent de souligner aujourd’hui. » Suivi encore de ce
762 occidentale . Il vient de terminer L’Avenir est notre affaire qui va sortir incessamment en librairie (Éditions Stock). De
28 1977, Articles divers (1974-1977). Du passé à l’avenir d’une région (27 juin 1977)
763 formation à partir de l’Allemagne et de l’Italie. Nos vingt-deux cantons décident enfin de se donner une Constitution fédér
764 à l’est), que l’histoire (intérêts divergents de nos cinq cantons au long des siècles), ou encore que l’analogie de régime
765 ge bien faite et du service civique, synonymes de devoir moral ; ces traits ont caractérisé depuis plus d’un siècle, aux yeux
766 nt moral et civique, fût-il aussi sentimental que nos chants patriotiques, aussi concret qu’une votation sur la TVA. « L’es
767 ure et des accidents de l’histoire répercutés sur nos communautés : l’horlogerie par exemple dans l’arc jurassien, et la ba
768 cle pour 1 200 000 habitants — qui dira mieux sur notre continent ? Réalité récente — qui peut changer… Si je me suis é
769 is étendu quelque peu sur la genèse historique de notre Romandie, c’était pour attirer l’attention du lecteur sur deux faits
770 5, 1848) à la Confédération helvétique, et ils ne doivent leur « esprit » commun qu’à la dominante protestante (sensible jusque
771 n’a pas existé de tout temps, comme la plupart de nos compatriotes l’imaginent vaguement. Elle est relativement récente, et
772 ont beaucoup contribué, on l’a vu, à différencier nos cantons. Si ces conflits sont apaisés de nos jours, voilà qui n’est p
773 cier nos cantons. Si ces conflits sont apaisés de nos jours, voilà qui n’est pas dû seulement au long travail de l’œcuménis
774 ts sont apaisés de nos jours, voilà qui n’est pas seulement au long travail de l’œcuménisme dans les Églises, moins enc
775 uisse est le siège comme elle fut la marraine. Et nos cantons gardent leurs séculaires valences (au sens chimique du terme 
776 sible et inconditionnelle fidélité confédérale de nos cantons, des inter-relations d’un type nouveau apparaissent désormais
777 iangle Belfort-Saint-Étienne-Aoste, aux débuts de notre histoire (de la fin du ixe au milieu du xie siècle) avait déjà été
778 aire. Et comme j’expliquais mes projets à l’un de nos recteurs romands, tout en m’excusant du caractère très empirique et p
779 e à la fois de l’oc et de l’oïl, et que parlèrent nos populations du ixe au début du xixe siècles. » Je devais découvrir
780 pulations du ixe au début du xixe siècles. » Je devais découvrir peu après que Pictet de Rochemont, porte-parole de Genève a
781 ié trois petits ouvrages dans cette langue — dont nous ne connaissons plus guère que quelques expressions patoisantes et les
782 entre les fondements séculaires de la culture et notre économie moderne, plus de liens et bien plus mystérieux, que nos bril
783 derne, plus de liens et bien plus mystérieux, que nos brillants théoriciens et nos robustes réalistes n’auraient jamais osé
784 plus mystérieux, que nos brillants théoriciens et nos robustes réalistes n’auraient jamais osé l’imaginer ? Le secret de no
785 s n’auraient jamais osé l’imaginer ? Le secret de notre avenir ne serait-il pas enfoui au plus profond de notre histoire oubl
786 avenir ne serait-il pas enfoui au plus profond de notre histoire oubliée ? 31. Et même deux, si l’on fait rentrer dans la
29 1977, Articles divers (1974-1977). « Il faut changer de cap » (27 septembre 1977)
787 temps incertains, le salutaire avertissement que nous donne l’essayiste suisse Denis de Rougemont, au terme d’un livre impo
788 dont le titre résume bien l’esprit : L’Avenir est notre affaire. À tous les dangers qui nous menacent et que l’auteur dénonce
789 ’Avenir est notre affaire. À tous les dangers qui nous menacent et que l’auteur dénonce lucidement, on n’est certes pas obli
790 pas obligé d’apporter les mêmes réponses, mais on doit convenir avec lui de l’urgence de solutions. Pour étayer votre thèse,
791 uction industrielle et de consommation illimitées nous ont conduits au seuil d’une série de désastres parfaitement calculabl
792 ne série de désastres parfaitement calculables si nous laissons les choses aller. Et le premier de ces désastres serait prov
793 n Occident, mais dans le tiers-monde. Parce qu’on nous dit que l’humanité va doubler tous les trente ans, nous croyons que l
794 it que l’humanité va doubler tous les trente ans, nous croyons que la production industrielle et énergétique, va devoir augm
795 que la production industrielle et énergétique, va devoir augmenter d’une manière indéfinie. Or, elle ne peut pas augmenter d’u
796 gmenter d’une manière infinie dans un monde fini. Nos ressources matérielles sont menacées d’épuisement. Il nous reste du p
797 ources matérielles sont menacées d’épuisement. Il nous reste du pétrole pour trente ans. Que fera-t-on dans trente ans des a
798 ns. Qu’à cela ne tienne, disent les technocrates, nous ferons des centrales au plutonium. Or, elles sont un danger intolérab
799 plutonium. Or, elles sont un danger intolérable, nous disent des milliers de physiciens. Là, nous abordons le problème de «
800 able, nous disent des milliers de physiciens. Là, nous abordons le problème de « l’agression technicienne contre la nature »
801 a guerre atomique que préparent, malgré eux, tous nos États-nations. Vous semblez trouver une solution à tous vos problèmes
802 te ! Je constate, en historien, qu’à l’origine de nos maux actuels, il y a le gigantisme, la superstition des grandes dimen
803 isme, la superstition des grandes dimensions. Or, nous constatons que les petits États ont tous les avantages sur les grands
804 t-à-dire de grandes guerres. Au fond, ce que vous nous proposez, c’est le modèle suisse ? C’est quelque chose qui s’en inspi
805 union européenne possible. Mais comment pourrions- nous aboutir à ces solutions ? Je ne pense pas que les hommes vont devenir
806 ment se convertir, faire sa révolution. Chacun de nous peut opérer pour lui-même cette révolution vers une nouvelle forme de
30 1977, Articles divers (1974-1977). Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)
807 Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)ao ap Que nous agissions ou non, que nous le
808 enir est notre affaire (octobre 1977)ao ap Que nous agissions ou non, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre aff
809 obre 1977)ao ap Que nous agissions ou non, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous en sommes seuls
810 ou non, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous en sommes seuls responsables. « Mieux vaut le savoir et
811 s le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous en sommes seuls responsables. « Mieux vaut le savoir et cesser de nou
812 responsables. « Mieux vaut le savoir et cesser de nous cacher derrière toutes sortes de prétendues fatalités, transparents p
813 e prétendues fatalités, transparents paravents de nos inerties intellectuelles quand ce n’est pas de nos lâchetés morales. 
814 os inerties intellectuelles quand ce n’est pas de nos lâchetés morales. » C’est ainsi que Denis de Rougemont, écrivain suis
815 uisse, pionnier de l’idée européenne, s’adresse à nous dans son dernier livre qui vient de paraître. L’Avenir est notre aff
816 ernier livre qui vient de paraître. L’Avenir est notre affaire . Un titre qui est la profession de foi mais aussi l’avertiss
817 mme de 71 ans, qui a perdu bien des illusions sur notre monde mais pas encore sa confiance dans les hommes. Tout dans cet écr
818 éal d’une société qui était tournée vers l’homme. Nous avons perdu cette mesure : alors, tout au long de son livre, il nous
819 tte mesure : alors, tout au long de son livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamn
820 rs, tout au long de son livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir not
821 g de son livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous
822 ouspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc libres. Libre
823 et au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc libres. Libres de laisser faire… Et c’est la
824 mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc libres. Libres de laisser faire… Et c’est la catastrophe p
825 aire… Et c’est la catastrophe programmée. « Voilà notre homme de l’an 2000, dit-il : sans eau potable, sans pain, sans vin et
826 s les années 1950. » Ce n’est qu’un aspect ! Mais nous sommes libres aussi de réagir, « de retrouver nos vrais désirs, nos v
827 ous sommes libres aussi de réagir, « de retrouver nos vrais désirs, nos vrais besoins et les vraies fins vers lesquelles il
828 aussi de réagir, « de retrouver nos vrais désirs, nos vrais besoins et les vraies fins vers lesquelles ils nous portent ».
829 is besoins et les vraies fins vers lesquelles ils nous portent ». « À vous de jouer ! » lance-t-il en défi à la jeunesse du
830 es activités. Le sens de la communauté humaine doit renaître Et pourtant ! les occasions ne lui ont pas manqué de reno
831  Hitler fut la réponse au problème fondamental de notre temps », dit-il. Terrible constat. Il l’explique. Dans l’Europe du xx
832 rsqu’en 1969 il a pris brutalement conscience que notre monde glissait vers le néant. Un rapport confidentiel du club de Rome
833 r, alors elle signera sa mort. Or, maintenant que nous avons les moyens de surmonter les défis de la nature, nous voici seul
834 s les moyens de surmonter les défis de la nature, nous voici seuls responsables. Car si jusqu’à nos jours l’avenir était com
835 re, nous voici seuls responsables. Car si jusqu’à nos jours l’avenir était complètement inconnu, s’il dépendait des catastr
836 rophes ne tombent plus du ciel, elles viennent de nous . Mais les hommes ont encore beaucoup de peine à l’admettre. Et pourta
837 e beaucoup de peine à l’admettre. Et pourtant, il nous reste désormais à décider librement de l’essentiel : pour quoi voulon
838 ider librement de l’essentiel : pour quoi voulons- nous vivre ? Denis de Rougemont se tourne vers le feu de bois qui crépite
839 répite dans la cheminée, le regard songeur : Oui, nous avons vraiment atteint les limites. La voix se fait plus douce. Voyez
840 é. Villes trop vastes, trop peuplées, inhumaines. Nous sommes loin des cités grecques ! C’est pour vous le modèle idéal ? Ab
841 ts-Unis qu’en Grande-Bretagne, en Scandinavie. Et nous y venons en France. Ce n’est pas un hasard ! Un architecte grec conte
842 de sa vie à la conclusion que la ville idéale ne doit pas dépasser 50 000 habitants. C’est fantastique, vous comprenez ! Ma
843 algré tous les changements techniques intervenus, nous revenons à la grande idée des Grecs. Ils savaient eux que si les vill
844 humaines. Comment encore être un citoyen ! Nous , nous avons compté sur l’adaptation des hommes. Effrayante adaptation
845 nes. Comment encore être un citoyen ! Nous, nous avons compté sur l’adaptation des hommes. Effrayante adaptation qui l
846 atteint un sommet jamais égalé. Contre cela aussi nous devons lutter. Et le voilà qui passe à l’action. Pour que nous connai
847 nt un sommet jamais égalé. Contre cela aussi nous devons lutter. Et le voilà qui passe à l’action. Pour que nous connaissions
848 utter. Et le voilà qui passe à l’action. Pour que nous connaissions la vérité, puisqu’elle seule nous fera réagir. C’est ain
849 ue nous connaissions la vérité, puisqu’elle seule nous fera réagir. C’est ainsi que cet automne naîtra « L’Agence de vérité
850 fera connaître tous les mensonges de l’EDF et de nos gouvernements à propos du nucléaire. Mais, d’ores et déjà, une chose
851 ne société devenue policière. Vous voyez, partout nous atteignons les limites du supportable, du vivable. Les hommes d’Ét
852 États sont les grands responsables de la crise de notre civilisation. Ce sont eux seuls qui ont géré la terre. Eux seuls qui
853 en avaient les moyens. Pour que l’avenir devienne notre affaire, l’État doit être dessaisi des pleins pouvoirs. Ce n’est qu’e
854 Pour que l’avenir devienne notre affaire, l’État doit être dessaisi des pleins pouvoirs. Ce n’est qu’en décidant de reprend
855 croire que ce qui existe a toujours existé et que nous n’y pouvons rien changer. Elle fait des citoyens pour ce qu’on veut,
856 lle a fait des citoyens pour la nation seulement. Nous avons payé cela par deux guerres mondiales. L’éducation aujourd’hui d
857 r deux guerres mondiales. L’éducation aujourd’hui doit apprendre aux jeunes à reconnaître leurs besoins réels et à critiquer
858 . Le sort de l’an 2000 se joue dans les leçons de nos écoles secondaires. Or qu’y apprend-on ? Des mensonges. L’histoire de
859 Rhin. Les exemples sont multiples. L’enseignement doit opérer une mutation complète et être basé sur des réalités régionales
860 ela représente des dizaines de milliers d’élèves. Notre action fait tache d’huile et fait changer les mentalités Si nous cont
861 t tache d’huile et fait changer les mentalités Si nous continuons ainsi, les gouvernements seront bien obligés de s’incliner
862 s profonde révolution qui soit : celle que chacun doit accomplir en lui-même. ao. Rougemont Denis de, « [Entretien] Au t
863 eur de Parents : Denis de Rougemont, L’Avenir est notre affaire  », Parents, Paris, octobre 1977, p. 46 et 48. ap. Propos re
31 1977, Articles divers (1974-1977). Denis de Rougemont : le retour d’un hérétique (3 octobre 1977)
864 t le titre de votre dernier livre — L’Avenir est notre affaire — sert déjà de slogan à un nouveau courant de pensée33. En f
865 on sens. Car il ne faut pas s’y tromper : ou bien notre mode de développement continue sur sa lancée productiviste et c’est l
866 et c’est la catastrophe à brève échéance. Ou bien nous réagissons et, alors, il faut faire vite. Cela dit, il y a un vieux p
867 de et une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’
868 une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afriq
869 est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine
870 lles désillusions. Pour ce faire, il faudrait que nous commencions par changer de cap nous-mêmes. Il faudrait que nous imagi
871 ns par changer de cap nous-mêmes. Il faudrait que nous imaginions une forme de développement moins démente, moins suicidaire
872 f, après avoir donné tant de leçons à l’humanité, nous pourrions, peut-être, pour une fois, lui donner l’exemple. Bien sûr,
873 er… On peut aussi limiter les dégâts. D’ailleurs, nous y serons contraints ; les experts américains, qui adorent les scénari
874 t les scénarios « absurdes », ont calculé que, si notre démographie n’était pas maîtrisée, il suffirait de quelques siècles p
875 e quelques siècles pour que chaque mètre carré de notre planète soit occupé par une dizaine d’individus. On ne pourra même pl
876 bsurdité. Prenons l’exemple du lac Léman, puisque nous l’avons sous les yeux : il est en train de se polluer, et d’une maniè
877 mmencer et de finir les guerres ». Au nom de quoi devrions -nous, toujours et encore, subir la tyrannie de cette définition ? L’u
878 t de finir les guerres ». Au nom de quoi devrions- nous , toujours et encore, subir la tyrannie de cette définition ? L’urgenc
879 humaines ou professionnelles, les groupes de base doivent se réapproprier le pouvoir dont l’État jacobin les a dépossédés. Or l
880 is cessé de hanter l’imagerieat populaire. Et, de nos jours, c’est encore plus sensible car, qu’on le veuille ou non, c’est
881 ait été un grand espoir de la Résistance — aurait s’imposer tout de suite et, avec quelques amisau, j’avais milité en c
882 ment d’aboutir. Ce fut un rendez-vous manqué dont nous payons encore le prix. J’ai l’impression qu’il y a un malentendu : da
883 mobilisatrices. Si, aujourd’hui, les princes qui nous gouvernent voulaient vraiment faire l’Europe, ils invoqueraient, d’ab
884 omie, c’est l’intendance. Sinon, comment oserions- nous attendre des populations qu’elles s’enthousiasment pour les marathons
885 usiasme pour l’idée européenne est plutôt rare de nos jours. Même pour les « grands intellectuels », ce n’est pas un thème
886 méricain. De même, c’est en refusant l’Europe que notre vieux continent s’achemine vers les totalitarismes locaux et, à terme
887 eu, ni de Robert Aron — reprendre en chœur ce que nous écrivions, à l’époque, dans L’Ordre nouveau . Avouez que, pour une r
888 pas du tout le sens qu’on lui prête aujourd’hui. Nous ne ressemblions vraiment pas à ces petites brutes d’extrême droite po
889 e confond avec la tyrannie. Dans les années 1930, notre grand souci, c’était d’abord la Révolution… Laquelle ? Les révolution
890 en Russie, ou comme celle qui se déployait, sous nos yeux, en Allemagne — ne nous convenaient guèreav. De plus, l’état de
891 ui se déployait, sous nos yeux, en Allemagne — ne nous convenaient guèreav. De plus, l’état de décomposition dans lequel se
892 ent alors les démocraties occidentales était pour nous comme l’aveu, la preuve de l’essoufflement du libéralisme. Nous étion
893 veu, la preuve de l’essoufflement du libéralisme. Nous étions donc anticapitalistes, anticommunistes et antifascistes parce
894 istes, anticommunistes et antifascistes parce que nous pensions que ces trois systèmes, par leur logique interne, nous condu
895 que ces trois systèmes, par leur logique interne, nous conduisaient droit à la guerre et au totalitarisme… Pourtant, si l’on
896 l’antifascisme et l’anticommunisme étaient, pour nous , des urgences. Mais attention : notre critique du communisme ne repos
897 taient, pour nous, des urgences. Mais attention : notre critique du communisme ne reposait pas sur la peur bourgeoise du roug
898 um de la révolution ». Quant à la démocratie et à notre scepticisme devant les vertus du suffrage universel, je reconnais que
899 sme n’était qu’une variante du productivisme dont nous , Occidentaux, pouvions déjà constater la faillite. En ce temps-là, Ba
900 dès 1932, il avait témoigné un certain intérêt à notre petit groupe. Plus tard, il en parla même à Ribbentrop à l’occasion d
901 position délicate, inconfortable… L’inconfort ne nous gênait pas. Notre grande idée à l’époque, c’était la suppression de l
902 e, inconfortable… L’inconfort ne nous gênait pas. Notre grande idée à l’époque, c’était la suppression de la condition prolét
903 rre « comme la nuée porte l’orage ». À cette fin, nos interlocuteurs s’appelaient aussi bien Blumba que Caillaux. Là-dessus
904 u la guerre, puis la Résistance. Certains d’entre nous , comme Mounier, s’engagèrent d’abord dans des organisations vaguement
905 rs de jeunesse d’Uriage), mais, pour l’essentiel, nous nous sommes tous retrouvés dans le combat antinazi. Par le biais de l
906 jeunesse d’Uriage), mais, pour l’essentiel, nous nous sommes tous retrouvés dans le combat antinazi. Par le biais de la pre
907 es mouvements de Résistance, toutes les idées que nous défendions dans L’Ordre nouveau ou dans Esprit ont retrouvé une a
908 in de conjurer, de différer les apocalypses qu’on nous prépare. D’après vous, l’« apocalypse » pourrait être différée ? Plus
909 is que l’histoire se réserve toujours le droit de nous surprendre en enchevêtrant des séries causales dont rien, au départ,
910 e premier, avec son obstination géniale, impose à notre civilisation un type de transport qui, par conséquences secondaires,
911 e, ce qui, finalement, peut être un bienfait pour notre mode de développement.bc bd Ainsi, si l’on considère rétrospectiveme
912 e hitlérien a peut-être, pour ultime conséquence, notre survie écologique, alors que Ford aurait pu, à lui seul, nous conduir
913 écologique, alors que Ford aurait pu, à lui seul, nous conduire à l’asphyxie et à l’embouteillage mondial. Bien sûr, je cari
914 rreur d’Étatbf. Même si le but est commun, chacun doit inventer son chemin, car, si l’on prend les routes nationales, on arr
915 lieu de prendre le pouvoir, c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parliez de
916 re le pouvoir, c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parliez de la passion da
917 rtitude, il n’est pas de réalité qui vaille… Tout doit leur être subordonné et s’anéantir au nom du Pouvoir, cet analogue de
918 aison… Il fallut son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , paru le mois dernier chez Stock, pour qu’on redécouvre celu
919 s la raison, mais le nationalisme ! » bl. « chez nous  » entouré, un point d’exclamation en marge. bm. Trois points d’excla
32 1977, Articles divers (1974-1977). Pierre Desgraupes fait le point avec Denis de Rougemont (10 octobre 1977)
920 e une des premières phrases de votre livre : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir
921 re livre : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévit
922 rquer que cette phrase est au conditionnel : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il arrivera…, etc. » Donc
923 itionnel : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il arrivera…, etc. » Donc je n’annonce pas des cataclysmes, j
924 t vous décrivez ces « mécanismes désastreux » qui nous menacent. Ce n’est pas vous que j’étonnerai en disant qu’il y en a be
925 tées. Mais, justement, qui peut décider de cela ? Nous , sinon qui d’autre ? C’est bien là ce que je veux dire. L’avenir dépe
926 que je veux dire. L’avenir dépend entièrement de nous  ; mis à part les tremblements de terre. Je crois que tout dépend de n
927 remblements de terre. Je crois que tout dépend de nous . Autrefois on disait : « L’avenir n’appartient à personne mais à Dieu
928 ue je l’adopte volontiers ! Alors, pour revenir à nos propos sur l’avenir, ce n’est quand même pas Dieu qui remplit sans no
929 ir, ce n’est quand même pas Dieu qui remplit sans nous consulter les réservoirs de nos voitures, c’est le pompiste. Or tout
930 qui remplit sans nous consulter les réservoirs de nos voitures, c’est le pompiste. Or tout le monde sait aujourd’hui qu’il
931 ci à cinq ou dix ans, la question va se poser. Si nous ne voulons rien faire, eh bien, nous allons tomber dans les différent
932 se poser. Si nous ne voulons rien faire, eh bien, nous allons tomber dans les différents précipices. Par exemple, la panne g
933 tos, je dis simplement de faire attention, car si nous ne faisons pas attention, nous aurons l’air de quoi ? Regardez ce qui
934 attention, car si nous ne faisons pas attention, nous aurons l’air de quoi ? Regardez ce qui s’est passé il y a deux mois à
935 d’objection sérieuse contre cette théorie, que si nous continuons sur la base d’une société formée d’États-nations qui se di
936 e disent simplement : « On va essayer d’augmenter nos exportations pendant quelques années et puis, après moi, le déluge… »
937 omme disent les théologiens) dont on entoure dans nos pays les problèmes du nucléaire. Vous vous interrogez à leur propos e
938 l’idée que si tant d’hommes mentent, c’est qu’il doit y avoir là quelque chose d’irrationnel. Cela pose en effet un problèm
939 a appris, à un moment donné, qu’il existait chez nous un conseil d’experts qui conseillait le gouvernement fédéral en matiè
940  »-là que les gouvernements consultent… Tout cela nous ramène à la question qui nous intéresse et dont nous parlions au débu
941 nsultent… Tout cela nous ramène à la question qui nous intéresse et dont nous parlions au début de cet entretien : quel but
942 s ramène à la question qui nous intéresse et dont nous parlions au début de cet entretien : quel but « inavouable » tous ces
943 s ? Eh bien, regardons d’abord le but affiché. On nous répète à satiété : vous ne couperez pas au nucléaire parce que la pop
944 ttendre de l’atome est insignifiant par rapport à notre fameuse croissance. Peut-être que la population occidentale diminue,
945 experts » qui ont inventé cet « impératif » ! Ils nous disent : « Si on n’a pas recours au nucléaire, on devra retourner dan
946 disent : « Si on n’a pas recours au nucléaire, on devra retourner dans les cavernes ! » C’est une ânerie monstrueuse. Avec le
947 nerie monstrueuse. Avec les centrales nucléaires, nous aurons, selon les estimations les plus optimistes, 20 % de plus d’éle
948 de plus d’électricité dans dix ou quinze ans ; or nous pouvons faire déjà 30 % d’économie tout de suite ; depuis la crise, o
949 unkerque à Tamanrasset ! » Mais pourquoi est-ce à notre siècle en particulier que vous faites dans votre livre ce procès du «
950 ps, ne sont pas nés hier ? Parce qu’il y a eu, de nos jours, une espèce d’accélération et que le danger de la chose apparaî
951 p plus ouvertement à cause des moyens énormes que nous a donnés la technique, nucléaire notamment. La première phrase de mon
952 porte quel point. C’est une image un peu naïve de nos jours. Bien sûr, il s’agit — là encore — d’un modèle mais il n’est pa
953 sse, qui est composée de nombreux petits cantons, nous avons eu longtemps ce que nous appelons « Landsgemeinde », l’assemblé
954 ux petits cantons, nous avons eu longtemps ce que nous appelons « Landsgemeinde », l’assemblée de canton qui se tenait sur l
955 andes dimensions parce que les grandes dimensions nous conduisent à des grandes guerres ?bq J’ai fait une comparaison assez
956 idée que j’ai aujourd’hui. Je l’ai découverte et nous l’avons formulée pour la première fois lorsque, face à la montée d’Hi
957 line, le mouvement personnaliste est né. En 1934, nous avions inventé une formule qui est devenue banale par la suite : pour
958 par la suite : pour qualifier déjà l’État-nation, nous disions qu’il est trop grand et trop petit à la fois. La région — et
959 t être le cadre le mieux adapté aux problèmes que nous avons à résoudre d’urgence. Regardez, par exemple, ce qui se passe av
960 sur des villes comme c’est déjà arrivé sans qu’on nous le dise. On les a arrêtés au dernier moment, à plusieurs reprises, ma
961 a changer de direction puisque tout ne tient qu’à nous . Finalement, vous n’êtes pas très optimiste sur la nature humaine. Je
962 ntroduit par le chapeau suivant : «  L’Avenir est notre affaire . Tel est le titre du livre que vient de publier Denis de Rou
33 1977, Articles divers (1974-1977). L’Avenir est votre affaire (11 octobre 1977)
963 opte dans son livre le ton du prophète, c’est que notre espèce se trouve dans une situation d’urgence dont nous devons absolu
964 spèce se trouve dans une situation d’urgence dont nous devons absolument prendre conscience. Tout peut se jouer dans les dix
965 se trouve dans une situation d’urgence dont nous devons absolument prendre conscience. Tout peut se jouer dans les dix ans à
966 t de l’humanité se décidera en fonction de ce que nous allons choisir. Nous n’avons jamais été dans une situation aussi crit
967 cidera en fonction de ce que nous allons choisir. Nous n’avons jamais été dans une situation aussi critique et c’est la prem
968 nations ne sont plus adaptés aux grands enjeux de notre temps. Ils sont ou trop petits ou trop grands, ils n’ont plus rien à
969 méchants, mais totalement inadaptés aux tâches de notre temps. Prenez l’exemple de la France : sur le plan international on n
970 t pourquoi pas ? Pourquoi toujours affirmer qu’il nous « faut » absolument ceci ou cela ? Une des grandes idées que Denis de
971 ns. « Il n’y a d’impératifs que de la nature » et nous devons lutter contre les technocrates, contre les producteurs qui « e
972  Il n’y a d’impératifs que de la nature » et nous devons lutter contre les technocrates, contre les producteurs qui « essaient
973 ocrates, contre les producteurs qui « essaient de nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités ». La vraie politique d
974  essaient de nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités ». La vraie politique de l’énergie n’est pas celle qui se c
975 ptions de l’homme et de son rôle sur la terre qui nous animent en vérité ». Un exemple particulièrement frappant de la manip
976 t frappant de la manipulation des besoins humains nous est fourni par le développement de l’automobile. Denis de Rougemont r
977 ce une nouvelle technique, un nouveau procédé, on devrait toujours se demander : « Qu’est-ce qui arriverait si ça réussissait ?
978 reront vivre, selon la merveilleuse expression de notre humaniste, « la lenteur au sein du silence »… Un des aspects fascinan
979 nce »… Un des aspects fascinants de L’Avenir est notre affaire est que Denis de Rougemont coordonne magistralement les thès
980 mis quatre ans et demi pour achever L’Avenir est notre affaire . Je n’avais fait cela pour aucun de mes livres. J’ai écrit,
981 sai d’une morale de l’homme libre et responsable. Nous avons de nos jours une opposition entre les gens qui veulent la puiss
982 le de l’homme libre et responsable. Nous avons de nos jours une opposition entre les gens qui veulent la puissance (au nive
983 l’on prend sur soi-même. C’est de nous-mêmes que nous devons tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortiro
984 prend sur soi-même. C’est de nous-mêmes que nous devons tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortirons pas.
985 ous devons tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortirons pas. Cette énergie proviendra des finalités, des
986 ns tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortirons pas. Cette énergie proviendra des finalités, des buts pr
987 ra des finalités, des buts proprement humains que nous nous fixerons… C’est d’ailleurs à une morale du but que Denis de Roug
988 s finalités, des buts proprement humains que nous nous fixerons… C’est d’ailleurs à une morale du but que Denis de Rougemont
989 la guerre est la pollution majeure de la planète. Nous devons tenter de créer une société plus amicale, où les êtres humains
990 erre est la pollution majeure de la planète. Nous devons tenter de créer une société plus amicale, où les êtres humains auraie
991 « gauche » et de la « droite » et découvre ce que nous disions dans les années 1930, au sein du mouvement personnaliste. On
992 terre du xxie siècle sera très exactement ce que nous aurons voulu et c’est à chaque seconde de notre vie présente que se d
993 ue nous aurons voulu et c’est à chaque seconde de notre vie présente que se dessine le futur visage du monde. On ne saurait t
994 aurait trouver meilleur ouvrage que L’Avenir est notre affaire pour nous en persuader. bs. Rougemont Denis de, « [Entret
995 eur ouvrage que L’Avenir est notre affaire pour nous en persuader. bs. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir est v
996 e déguster une gloire confortable. Et voici qu’il nous propose avec L’Avenir est notre affaire (Éd. Stock) un livre d’une
997 e. Et voici qu’il nous propose avec L’Avenir est notre affaire (Éd. Stock) un livre d’une extraordinaire jeunesse, un ouvra
998 e que d’efficacité aux grands périls qui menacent notre planète et met en évidence les conditions du seul futur possible : ce
34 1977, Articles divers (1974-1977). « Je suis un pessimiste actif » (17 octobre 1977)
999 ux éditions Stock a un beau titre : L’Avenir est notre affaire . Il va devenir la bible des écologistes, des régionalistes e
35 1977, Articles divers (1974-1977). « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)
1000 « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)bw bx L’avenir est notre affaire : un
1001 ffaire ! » (18 octobre 1977)bw bx L’avenir est notre affaire : une affirmation, un titre, un livre-programme. Denis de Rou
1002 remment entendu : l’ouvrage est un succès public. Nous en avons parlé avec l’écrivain dans sa demeure de Pouilly, en France 
1003 e solide et rassurante. En écrivant L’Avenir est notre affaire , j’entendais faire le point de la situation. Je constate que
1004 e militaire sont inévitables. Je dis qu’il est de notre devoir de les éviter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos
1005 taire sont inévitables. Je dis qu’il est de notre devoir de les éviter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos possib
1006 otre devoir de les éviter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos possibilités… Vous dites « changer de cap ». Vous
1007 evoir de les éviter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos possibilités… Vous dites « changer de cap ». Vous évitez
1008 iter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos possibilités… Vous dites « changer de cap ». Vous évitez le terme : «
1009 uverte aux Européens (1970), L’Avenir est entre nos mains [sic] (1977) : il y a un fil conducteur qui relie ces œuvres.
1010 Lorsque le « mouvement personnaliste » fut lancé, nous savions déjà qu’on s’enfonçait dans un monde anonyme et artificiel, o
1011 véritable conduirait à des désastres politiques. Nous avons pris le parti de l’homme, multiple et libre, face aux « système
1012 , par exemple, dont les chroniqueurs du Moyen Âge nous offrent des portraits fidèles. Il y a également toujours eu des mouve
1013 aires plus ou moins idéalistes. Mais aujourd’hui, nous assistons — également — à l’émergence de quelque chose de neuf : des
1014 e modifier la situation. Justement : l’avenir est notre affaire. bw. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir, c’est no
1015 Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir, c’est notre affaire », Tribune de Genève, Genève, 18 octobre 1977, p. 37. bx. Pr
36 1977, Articles divers (1974-1977). La fonction et la structure de la ville future (décembre 1977)
1016 de Babel, mythe illustrant au mieux le destin de nos villes : les dimensions excessives de l’œuvre, exigeant des équipes d
1017 nts. Quant à son étendue : le rayon de la cité ne devrait pas excéder la portée de la voix d’un homme criant sur l’agora. Pour
1018 e criant sur l’agora. Pour Platon, la cité idéale devrait compter 5040 citoyens libres, c’est-à-dire environ 50 000 habitants (
1019 ent l’impératif prioritaire, que les technologies doivent servir. Pratiquement : 1. Dans les rues de la polis grecque et sur so
1020 ôtel de ville ou mairie, les portiques anciens ou nos cafés propices aux échanges d’opinion, de nouvelles et plus tard à la
1021 Seuls, les conseils élus, débattant publiquement doivent en élaborer les directives et surveiller les plans, pour les soumettr
1022 au choix de la population. « L’enquête publique » doit cesser d’être le secret d’État le mieux gardé : elle doit devenir l’é
1023 ser d’être le secret d’État le mieux gardé : elle doit devenir l’école pratique du civisme. Nous avons aujourd’hui les ville
1024  : elle doit devenir l’école pratique du civisme. Nous avons aujourd’hui les villes que leurs habitants ont subies, qui ont
1025 ribuables qui avaient oublié d’être des citoyens. Nous aurons, demain — c’est mon vœu, et celui de ce congrès je l’espère —
37 1977, Articles divers (1974-1977). Demain le soleil (20 décembre 1977)
1026 le soleil (20 décembre 1977)bz ca Les enfants devraient l’aimer et le connaître : il travaille pour qu’ils ne risquent pas de
1027 ravaille pour qu’ils ne risquent pas de mourir de nos décisions d’aujourd’hui. C’est un prophète pessimiste qui dit volonti
1028 ur et l’éloignent. Quand il affirme L’Avenir est notre affaire , c’est que rien n’est encore perdu. Fondateur du Centre euro
1029 ’il a voulu dissiper dès les premières minutes de notre conversation. L’Amour et l’Occident a été traduit en douze langues
1030 le réimprime en permanence. Le soleil peut tout nous donner S’il fallait que j’explique très simplement qui vous êtes à
1031 ement qui vous êtes à un enfant, par exemple, que devrais -je lui dire ? D’abord, que je suis quelqu’un qui voudrait qu’il vive
1032 ésastreuses, que je crois que le soleil peut tout nous donner. Enfin que je suis écologiste. Que vous êtes du pays de Rousse
1033 istance dans les pays d’Europe se sont nourris de nos idées, même en Allemagne nazie, puisque nous avons eu des rapports av
1034 is de nos idées, même en Allemagne nazie, puisque nous avons eu des rapports avec le fameux Orchestre rouge qui passait via
1035 s ? Les mêmes finalités À Paris, vers 1930, nous étions dans une démocratie libérale dirigée par les partis et qui par
1036 Italie fasciste, Allemagne nationale-socialiste. Nous étions sûrs que l’État libéral n’était qu’un acheminement vers l’État
1037 vers l’État totalitaire par la force des choses. Nous pensions que tout cela menait droit à la guerre, qu’étant donné notre
1038 out cela menait droit à la guerre, qu’étant donné notre âge, nous serions obligés de la faire, mais que ce ne serait pas notr
1039 nait droit à la guerre, qu’étant donné notre âge, nous serions obligés de la faire, mais que ce ne serait pas notre guerre.
1040 ns obligés de la faire, mais que ce ne serait pas notre guerre. Vous discerniez donc des points communs entre des pays totali
1041 ourd’hui. Peut-être parce qu’est venu le temps où nous allons jouer notre dernière chance. Ainsi que je l’écris dans la prem
1042 e parce qu’est venu le temps où nous allons jouer notre dernière chance. Ainsi que je l’écris dans la première page de L’Ave
1043 je l’écris dans la première page de L’Avenir est notre affaire  : « À partir de maintenant, il arrivera dans le monde ce que
1044 e trop facile qu’on appelle volonté divine ce qui nous échappe. Que peut l’homme sur son destin ? Par sa science et son inve
1045 isager où il va arriver. La véritable futurologie devrait prévoir ce qui met notre avenir en danger. Ce sont des super-cerveaux
1046 véritable futurologie devrait prévoir ce qui met notre avenir en danger. Ce sont des super-cerveaux, des savants rassemblés
1047 savants rassemblés dans de doctes séminaires qui doivent donc imaginer ce que demain pourrait être ? Le club de Rome le fait d
1048 e ? Le club de Rome le fait de façon admirable et nous avertit des dangers que font courir la surproductivité et la course à
1049 er cette entreprise et annoncer à quelle fatalité nous allions être livrés. Ford a donné un tel essor que les villes se sont
1050 esse du monde et qui n’en avaient pas conscience. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire, nous en sommes tout près. Comme l
1051 science. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire, nous en sommes tout près. Comme le général Kadhafi le déclarait en 1973 :
1052 Comme le général Kadhafi le déclarait en 1973 : «  Nous avons entre les mains de quoi détruire toute l’économie européenne et
1053 ute l’économie européenne et il n’est pas dit que nous ne le ferons pas. » Comment Hitler apparaît-il dans les sables ? Hitl
1054 mmes avaient un besoin fondamental de communauté. Nos sociétés n’avaient pas de raison à ce besoin et Hitler a apporté la s
1055 s mots sont forts mais Rougemont les emploie : Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir
1056 es emploie : Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévit
1057 tyrannies que l’on croyait dépassées. Le choix ne doit -il pas se faire entre l’énergie nucléaire ou le froid et les ténèbres
1058 d et les ténèbres ? Ne parlons pas d’un choix qui nous est imposé, qui tombe du ciel : nous sommes les seuls responsables ca
1059 un choix qui nous est imposé, qui tombe du ciel : nous sommes les seuls responsables car nous avons créé une société vorace
1060 du ciel : nous sommes les seuls responsables car nous avons créé une société vorace en énergie. Qui nous a obligés à respec
1061 ous avons créé une société vorace en énergie. Qui nous a obligés à respecter la religion qui consiste à doubler tous les dix
1062 gnie. Conscience branchée sur le monde Déjà nous lui préparons ses cavernes, celles où seront enfouis les déchets radi
1063 ntelligence, lui permettent de voir plus loin que nous , alors il avertit des dangers. Son cri est d’espoir et non pas de sau
1064 s de sauve-qui-peut, puisqu’il dit « l’avenir est notre affaire ». Nous sommes tous responsables de nos lendemains comme le P
1065 ut, puisqu’il dit « l’avenir est notre affaire ». Nous sommes tous responsables de nos lendemains comme le Petit Prince l’ét
1066 notre affaire ». Nous sommes tous responsables de nos lendemains comme le Petit Prince l’était de sa rose, Noël est proche.
38 1977, Articles divers (1974-1977). Écologie, régionalisme, fédéralisme : l’avenir selon Denis de Rougemont (30 décembre 1977)
1067 tôt », le livre de Denis Rougemont L’Avenir est notre affaire paru cet automne, est sorti au bon moment. En juin dernier,
1068 exploiter, continuera-t-il à accepter les famines dues aux monocultures imposées par la société industrielle occidentale ? I
1069 eur puissance. Pour Denis de Rougemont, l’État ne devrait être qu’un service public, un point c’est tout. Ses propositions déve