1 1974, Articles divers (1974-1977). La personne comme fondement des valeurs européennes (19 septembre 1974)
1 e dans l’histoire qu’on ne le pense : c’est celle du peuple juif devant ses grands prophètes !) Pour tout dire d’un mot :
2 ce qui les rend différentes, il y a eu le rapport du club de Rome. Mais ceci dit pour désigner par un symbole la nature de
3 ture des changements survenus dans notre approche du phénomène européen, reconnaissons qu’il y a eu, aussi, la carence tot
4 les causes de la crise mondiale, dont le rapport du club de Rome décrivait les symptômes matériels et le syndrome fondame
5 nde sont nés, nous dit un document récent émanant du Conseil de l’Europe, « la Convention de coopération culturelle et le
6 vention de coopération culturelle et le programme du Conseil en matière d’éducation et de culture ». Je crois qu’il serait
7 œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à trouver comment réorienter
8 qui mérite d’être qualifié de politique, au sens du terme le plus éminent, le plus large et aussi le plus précis puisqu’i
9 me il se doit, beaucoup moins sur les expériences du passé, toujours ambiguës, comme on le sait, que sur une espérance act
10 ésultant de la production industrielle au service du Profit privé et du prestige national, qu’il s’agisse de l’épuisement
11 uction industrielle au service du Profit privé et du prestige national, qu’il s’agisse de l’épuisement des ressources terr
12 restres non renouvelables, ou de la surpopulation du tiers-monde, ou de la pénurie d’énergie, de tous côtés se multiplient
13 e crise : l’équivalent moral, social et politique du célèbre Rapport sur Les Limites à la croissance (matérielle) reste à
14 t à la guerre de 1914. On décrirait l’abaissement du niveau intellectuel des masses et de la qualité artisanale — la jeune
15 ité et la Télévision ; les ravages de la division du travail qui est en réalité une division de l’homme, comme l’avait ann
16 universelle de la délinquance, la démocratisation du terrorisme, des prises d’otages, du chantage à la bombe, naguère priv
17 mocratisation du terrorisme, des prises d’otages, du chantage à la bombe, naguère privilèges des seuls États ; la montée p
18 ait inquiéter bien plus encore que les prévisions du club de Rome, car c’est lui qui les rendra vraies, quand elles n’étai
19 t là déjà, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait du temps de ma jeune
20 siècle, une question pure, béante, qui se posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement éclaté dans
21 industrielle, vraie cause de toutes nos crises et du système qu’elles constituent. Tenter de s’y opposer par la violence s
22 iale, se voient sacrifiées sans merci sur l’autel du Profit, de la Rentabilité, du Prestige ou de l’indépendance nationale
23 s merci sur l’autel du Profit, de la Rentabilité, du Prestige ou de l’indépendance nationale. Mais s’il y a conflit de val
24 24 000 centrales nucléaires nécessaires à la fin du siècle, et produisant assez de plutonium pour nous tuer tous plusieur
25 ui les guident ? Ici se pose la question décisive du référentiel, c’est-à-dire de ce qui gage les valeurs, de l’évaluant f
26 tion de la Deuxième Personne de la Trinité, celle du Fils, qui allait fonder la conception chrétienne de l’homme. En décla
27 « vrai Dieu et vrai homme » à la fois, les Pères du concile de Chalcédoine ont posé le premier modèle permettant de pense
28 vres de Goethe, de William Blake, des philosophes du romantisme allemand, de Kierkegaard ou de Proudhon, et les dialectiqu
29 aussi, au plan de la théorie politique, le modèle du fédéralisme, c’est-à-dire de la coexistence en perpétuelle interactio
30 de la notion, qui ne tarda pas à être transposée du plan théologique à celui de l’humain, par Augustin d’abord, lequel es
31 et sera commenté par tout le Moyen Âge. Homologue du « vrai Dieu et vrai homme », de la Deuxième Personne divine, la perso
32 de la personne, me paraît se ramener au problème du pouvoir : pouvoir sur soi ou pouvoir sur autrui ? J’ai fait allusion
33 soi (comme celui que procure la richesse), relève du domaine réservé ou revendiqué par l’État, et sera tôt ou tard monopol
34 sur soi-même, la maîtrise de soi, au sens complet du terme, c’est-à-dire non seulement de ses émotions ou de ses mouvement
35 é « à la demande », c’est-à-dire selon les normes du pouvoir régnant. Aliénation majeure, non pas seulement de l’ouvrier d
36 tats et de leurs grandes agences techniques, soit du profit privé des sociétés, soit encore, en dernière analyse, de notre
37 uel, une aventure de la liberté, un accroissement du pouvoir sur soi-même, mais seulement la croissance illimitée de besoi
38 stée que par des infirmes de l’âme ou des débiles du spirituel, tous gens de pouvoir faible ou nul sur soi-même ; ceux qui
39 aque personne que vient s’enraciner la solidarité du genre humain. Ainsi de la notion de personne considérée comme le réfé
40 s européennes », Actes de la deuxième table ronde du Conseil de l’Europe sur « La promesse du XIXe siècle », Strasbourg, C
41 le ronde du Conseil de l’Europe sur « La promesse du XIXe siècle », Strasbourg, Conseil de l’Europe, 1974, p. 55-65. l. A
2 1974, Articles divers (1974-1977). Alexandre Marc et l’invention du personnalisme (1974)
42 Alexandre Marc et l’invention du personnalisme (1974)a Comment nous sommes-nous rencontrés ? Rien d
43 rs avec ceux d’Alexandre Marc, mais sur ce point, du moins, nos divergences menacent de demeurer irréductibles. Chacun se
44 par lui que j’ai connu — ou reconnu — le nom même du personnalisme et les rudiments d’une doctrine que ma récente découver
45 t aucun de ceux que je viens de citer n’est connu du grand public — ce qui est normal, ils ont de 21 à 32 ans — mais encor
46 is ce dont il m’importe, ici, de témoigner, c’est du rôle de pionnier, d’inventeur d’idées et d’animateur d’actions commun
47 transcender par « un acte de présence à la misère du siècle, une présence enfin qui soit un acte », ainsi que je l’écrirai
48 dépourvu de prolongements concrets… Les formules du petit manifeste que me remit Alexandre Marc m’apportaient donc en cla
49 fortes tensions intérieures, qui se nomma le Club du Moulin-Vert (ou du moins c’est ainsi qu’on le nomme aujourd’hui dans
50 érieures, qui se nomma le Club du Moulin-Vert (ou du moins c’est ainsi qu’on le nomme aujourd’hui dans les histoires de ce
51 paradoxale : il s’agit de chercher sinon l’union, du moins les voies d’une convergence, non point dans les compromis dogma
52 x récents publiés sur l’Ordre nouveau que le Club du Moulin-Vert (qui se réunissait au-dessus d’un café de la rue du même
53 (qui se réunissait au-dessus d’un café de la rue du même nom) comportait une section de discussions religieuses et une se
54 deux fois, W. Visser ’t Hooft, secrétaire général du « Conseil œcuménique en formation » ; et du côté catholique, Jacques
55 néral du « Conseil œcuménique en formation » ; et du côté catholique, Jacques Maritain, Gabriel Marcel, les Pères Congar e
56 st probable que Mounier vint un beau soir au Club du Moulin-Vert ; il est certain que nous nous sommes connus grâce à Marc
57 y avait là parmi cent autres Otto Strasser, chef du Front-Noir, et Harro Schulze-Boysen, chef du groupe Gegner — Les Adve
58 chef du Front-Noir, et Harro Schulze-Boysen, chef du groupe Gegner — Les Adversaires —, celui qui animera plus tard l’Orch
59 jamais coupés entre les deux branches principales du mouvement personnaliste. Marc aura son bureau à Esprit de 1932 à 19
60 sserai d’y collaborer jusqu’à la guerre. Une page du carnet intime tenu par Mounier fin 1932 me paraît bien révélatrice de
61 er fin 1932 me paraît bien révélatrice des causes du conflit tour à tour déclaré ou latent qui ne cessa d’opposer l’ON en
62 oup sûr, ces trois textes sont les plus explosifs du numéro (avec peut-être quelques pages de Georges Izard sur « La patri
63 il rompre avec l’ON ? Il préfère écrire, au seuil du numéro : « Nous sommes le parti de l’esprit avant d’être le parti de
64 es membres de l’ON. Elles confirment que l’apport du groupe, d’abord représenté par Alexandre Marc, fut de loin le plus « 
65 sion ou démission de la France, réponse à Hitler, du numéro spécial intitulé Après les grèves (où l’ON prend parti pour
66 niant, contre Léon Blum, leur « illégalité ») et du Précis Ordre nouveau : pour la liberté, Mounier pouvait écrire à Berd
67 ngs entretiens quotidiens avec chacun des membres du groupe que l’ON dut sa cohésion de 1930 la guerre. Car jamais unité n
68 ger L’Ordre nouveau , si l’on en croit l’en-tête du numéro 2. Arnaud Dandieu, brillant intellectuel de la grande traditio
69 n avait traversé le premier surréalisme, la Revue du cinéma et le théâtre Alfred Jarry (avec Artaud) avant de rencontrer D
70 il abandonnera plus tard pour sa fameuse Histoire du christianisme. Il est le seul d’entre nous à toucher le grand public
71 Chevalley, mathématicien, est l’un des fondateurs du célèbre groupe « Bourbaki » ; il suit de près les travaux de l’École
72 laborateur de Dautry à la SNCF. Seul non-Français du groupe, je dirige les collections d’une petite maison d’édition prote
73 ler, et l’on se voyait à peu près tous les jours… Du point de vue religieux, qui est capital, en dépit de ce que pense un
74 in peuple d’intellectuels parisiens, voici l’état du groupe ON en 1933 : Rops et Jardin (et peut-être Dupuis) sont catholi
75 une neutralité religieuse totale pour l’ensemble du groupe ON, tandis que l’obédience confessionnelle d’ Esprit ne fait
76 gouvernement, la Nation, voire pris comme source du Droit, est probablement le thème fondamental des écrits d’Alexandre M
77 que soit détruit ce sentiment de la familiarité, du « chez-soi », dont procède le patriotisme. (ON 32) Si la patrie est
78 réalité physico-affective, de l’idéal commun, et du service public que devrait demeurer l’état, a tout faussé. La confus
79 tige deviennent les facteurs essentiels de la vie du pays. L’existence de chacun se trouve déterminée par le niveau de plu
80 ns, c’est la guerre. (Proudhon) (ON 39) Source du droit. La seconde thèse fondamentale de Marc, durant toutes les année
81 onnaliste de la société, est celle-ci : la source du droit n’est pas l’état, mais la Personne. (Notez le jeu des majuscule
82 nt à la doctrine personnaliste, mais à la théorie du droit, qui se trouve renouvelée par cette application hardie de la « 
83 poraines : c’est leur commun dénominateur. L’URSS du camarade Staline et la France de M. Lebrun, la Turquie « occidentalis
84 istera jamais assez sur l’importance fondamentale du conflit en tant que tel. Le conflit est défini à la fois et inséparab
85 il n’est pas que cela. Tel est le paradoxe fécond du fait agonal (c’est-à-dire du conflit fondamental) auquel on se heurte
86 t le paradoxe fécond du fait agonal (c’est-à-dire du conflit fondamental) auquel on se heurte dans cette perspective et qu
87 situation, parce qu’il connaît l’avantage immense du recul. C’est pourquoi il est impossible de parler de la situation de
88 assions » de l’animal — dans le sens étymologique du terme — qui ne lui permettent pas de dominer réellement la situation)
89 son dynamisme « libérateur ». La « perfection » du « plan » réside — réserve faite de toutes les autres conditions — dan
90 conçue non pas comme une garantie de l’exécution du « plan », mais comme la forme même de la vie économique, c’est dire q
91 force suppose une direction ; à qui la direction du pouvoir social ? À tout le monde, ce qui veut dire à personne… : de s
92 de l’union ; en renonçant aux prestiges morbides du monisme, on retrouve l’unité vivante — à la fois intelligente et libr
93 car ils souffriront d’être privés de l’éclairage du contexte) me paraissent aujourd’hui correspondre à la problématique l
94 fait que Marc soit venu à l’Europe par les voies du personnalisme en premier lieu, et par le fédéralisme intégral, expres
95 ssité de l’Europe unie en partant de la situation du monde, du rôle historique central qu’a joué notre synthèse culturelle
96 ’Europe unie en partant de la situation du monde, du rôle historique central qu’a joué notre synthèse culturelle, de la vo
97 comme un moment dialectique — à vrai dire décisif du « dynamisme libérateur de la personne » ; ou encore : comme « œuvre »
98 ersonnaliste. Nouvelle et fascinante illustration du texte capital cité plus haut9, qui concluait qu’une situation n’a de
99 accord » que nous apporte le Manifeste au service du personnalisme de Mounier. Au reste, Robert Aron vient de publier dans
100 r le même rayon que le Capital de Marx et Au-delà du marxisme, d’Henri de Man. » 7. Entre-temps Léon Blum a publié À l’Éc
101 ugemont Denis de, « Alexandre Marc et l’invention du personnalisme », Le Fédéralisme et Alexandre Marc, Lausanne, Centre d
3 1974, Articles divers (1974-1977). Quelques-unes des choses curieuses qui me sont arrivées (1974)
102 n’en remettent pas moins en question notre image du monde et de l’espace-temps. J’en donnerai deux exemples tirés de mon
103 hances de deviner juste. Mais je n’ai rien deviné du tout, puisque j’ai vu ! C’est là tout l’intérêt de l’affaire : cette
104 ve dans la matinée, une à Neuchâtel à sept heures du soir. Celle qui est bordée de noir est d’un ami ainé, Robert de Traz,
105 eillé il y a quelques minutes, il est onze heures du matin, je me suis dit : « Pourquoi cette lettre est-elle pliée en deu
106 is qu’elle se manifestait, que j’étais déconnecté du monde de l’utile. « Tiens, voilà le diable ! » Le mercredi des
107 Le mercredi des Cendres de 1942, dans un studio du Village, à New York, je décide de me mettre à écrire La Part du diab
108 ew York, je décide de me mettre à écrire La Part du diable , et m’enferme sans plus bouger ni plus répondre au téléphone
109 de travail, j’ai écrit cinquante pages, un quart du livre. Je n’ai pas adressé un mot à âme qui vive (mangé dans des café
110 angé dans des cafétérias où il suffit de désigner du doigt le plat qu’on veut), et ce soir je décide de « sortir » : des a
111 hâtel, le 8 septembre 1906, à quatre heures vingt du matin, il y eut une panne de quartier, en sorte que je ne « vis le jo
112 lui des études européennes. Je décrivais la crise du monde occidental, en progression rapide et calculable vers une apocal
113 que le hortus clausus est un symbole fondamental du mysticisme, flamand et rhénan notamment.) Mais c’est le troisième éch
4 1974, Articles divers (1974-1977). Un modèle pour l’Europe ? (1974)
114 1974)b Les Gaulois n’avaient peur de rien sauf du tonnerre. Les Helvètes d’aujourd’hui ne sont pas moins courageux, ils
115 idées sur le rôle de la Suisse dans le monde, ou du moins à l’échelle de l’Europe, je me suis fait répondre en haut lieu
116 lace. En proposant de grandes idées pour l’avenir du continent, elle n’aurait aucune chance d’être écoutée, ou bien se cou
117 r d’une vocation communautaire n’est pas fonction du territoire occupé par le groupe humain qui en est le porteur. Les Su
118 ilà le fédéralisme suisse, dans sa réalité vécue, du xiiie au xixe siècle. Mais le mot n’est jamais prononcé avant le de
119 mot n’est jamais prononcé avant le deuxième quart du xixe siècle. C’est à croire, dit un historien10, que les Suisses se
120 , trois erreurs à tour le moins gênantes au sujet du fédéralisme. Première erreur. Ramener le fédéralisme à une alliance
121 entre États souverains, nos cantons ; et ramener du même coup la vie fédérale à la lutte pour « l’indépendance » des cant
122 endance » des cantons contre les « empiètements » du pouvoir fédéral. (Être fédéraliste, pour tel Vaudois fameux, se rédui
123 politologues qui annoncent régulièrement « la fin du fédéralisme » dès qu’une tâche nouvelle se voit attribuée, en vertu d
124 plus aux cantons — conformément au principe même du fédéralisme vivant ! Deuxième erreur. Mais s’il existe des tâches q
125 la tâche (conception, construction et financement du plus grand synchrocyclotron du monde) excédaient les capacités de cha
126 ion et financement du plus grand synchrocyclotron du monde) excédaient les capacités de chacun de nos États européens et d
127 succès. Le problème spécifique de la Suisse naît du fait qu’à l’instar des nations qui l’entourent, elle est de plus en p
128 notre État, c’est d’une part bloquer la vie même du fédéralisme à l’intérieur, et d’autre part faire de notre pays, à l’é
129 che en proche. (Et l’on peut espérer que le reste du monde finira bien par l’imiter.) B) Nous avons à offrir et proposer
130 anques de données accessibles à tous, à l’inverse du système actuel des secrets d’État, qui met la science au service des
131 à se gouverner eux-mêmes. C’est là le but dernier du progrès politique et sa mesure la moins trompeuse. 10. Richard Fell
5 1974, Articles divers (1974-1977). Philosophie du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1974)
132 Philosophie du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1974)d Parmi nombre de tr
133 ginaux qui distinguent de tous les autres le prix du Prince Pierre de Monaco, je voudrais mettre en valeur celui-ci ; qu’i
134 . ⁂ Je ne me lasserai jamais de chanter la gloire du petit État dans la culture européenne, qui est née de lui. Le petit É
135 ns le domaine de la culture au sens le plus large du terme (qui englobe les sciences exactes, naturelles et humaines, et l
136 re, ne connaît pas les frontières politiques nées du hasard des guerres et des traités : la langue française moins que tou
137 elgique, un quart de la Suisse, plusieurs vallées du Piémont, les Antilles et tout le Québec. Les frontières des quelque v
138 chez les plus sophistiqués, qu’au sens américain du mot la fiction seule est création, que les jeux du roman sans sujet,
139 u mot la fiction seule est création, que les jeux du roman sans sujet, des poèmes « éclatés » et du théâtre aléatoire témo
140 ux du roman sans sujet, des poèmes « éclatés » et du théâtre aléatoire témoignent seuls d’un génie inventif, tout le reste
141 au Contrat social, qui ne sont pas « fictions » — du moins l’affirme-t-il… Or, une fois prise la très saine habitude du s
142 -t-il… Or, une fois prise la très saine habitude du survol des frontières prétendues éternelles, quoiqu’elles changent to
143 lignes ? d. Rougemont Denis de, « Philosophie du prix littéraire Prince Pierre de Monaco », La Fondation Prince Pierre
6 1974, Articles divers (1974-1977). À propos de Théodore Strawinsky [préface] (1974)
144 ouleurs. Et cet abstrait se voit déjà dépassé par du concret des moins élaborés : cage à oiseau, volailles vivantes mais e
145 maniant le pinceau, la craie, selon les exigences du rêve continu qui se déroule en toute vie d’artiste et qui saisit au v
146 éparables… Cet art nous parle, et dans une langue du cœur avec laquelle vos propres émotions vont pouvoir dialoguer nature
147 rellement, sans avoir dû suivre d’abord ces cours du soir du snobisme intellectuel que sont devenues tant de revues et de
148 t, sans avoir dû suivre d’abord ces cours du soir du snobisme intellectuel que sont devenues tant de revues et de feuilles
149 sible peut comprendre, celui des paysages, signes du sentiment, et celui des visages, chiffres de l’âme. Paysages et visag
150 ez l’artiste sensible au spirituel, la vraie part du sacré autant que de la technique. Le sacré : jamais l’Art avec la ma
151 r s’il n’est pas un art au monde qui ne soit issu du sacré, il n’en est pas non plus qui ne tire du sacré sa raison d’être
152 su du sacré, il n’en est pas non plus qui ne tire du sacré sa raison d’être indiscutable, j’entends bien : de n’être pas d
153 dore ne sont pas plus indépendants de son respect du sens premier, du référentiel absolu, qui est le sacré dans son action
154 plus indépendants de son respect du sens premier, du référentiel absolu, qui est le sacré dans son action indéfiniment cré
155 que ne le sont l’art et la technique de l’auteur du Sacre du Printemps. Et c’est en quoi le fils et le père, inversant l’
156 e sont l’art et la technique de l’auteur du Sacre du Printemps. Et c’est en quoi le fils et le père, inversant l’ordre tri
157 omme le miroir humain reflète l’image énigmatique du divin, procèdent authentiquement du même esprit. « On ne risque rien
158 e énigmatique du divin, procèdent authentiquement du même esprit. « On ne risque rien à affirmer une parenté », écrit exce
159 écrit excellemment le fils, à propos des parentés du père d’ailleurs, dans le petit livre qu’il publie en 1948, Le Message
160 Sur ce livre, nous possédons une lettre émouvante du père : « Ton merveilleux livre m’est cher infiniment et me donne de l
161 tement faits tiens. » « Les intérêts spirituels » du père… Il se trouve que j’écris ces lignes à Venise. Et c’est ici que
162 création mondiale, dans le chœur de la basilique, du Cantique en l’honneur de saint Marc, j’ai vu l’auteur, le plus grand
163 liner et puis comme plonger dans les bras étendus du patriarche de Venise, le futur Jean XXIII, pape de l’œcuménisme, qui
164 I, pape de l’œcuménisme, qui est la forme sublime du fédéralisme, de l’unité dans la diversité, hors de laquelle point de
165 al et décoratif, l’image indispensable à la piété du peuple chrétien. (Théodore Strawinsky, En quête de l’Art sacré.) Byz
166 t pour situer Théodore Strawinsky dans l’aventure du siècle, je prendrai référence du mot figuration en des sens opposés q
167 dans l’aventure du siècle, je prendrai référence du mot figuration en des sens opposés que lui donnent trois préfixes. Je
168 i donnent trois préfixes. Je dirai que le travail du peintre n’a jamais consisté à disposer avec plus ou moins d’agrément
169 se trouve être le nom théologique, le sujet même du chef-d’œuvre à ce jour de Théodore Strawinsky, les fresques de l’égli
170 trawinsky : Musée d’art et d’histoire, Neuchâtel, du 29 novembre 1974 au 19 janvier 1975, Neuchâtel, Musée d’art et d’hist
7 1974, Articles divers (1974-1977). Recherche pour un modèle de société européenne (février 1974)
171 terme de modèle dans son sens scientifique et pas du tout moral. Chercher à composer un modèle européen ne signifie pas po
172 pas pour moi donner l’Europe en exemple au reste du monde, mais simplement chercher des structures sociales, économiques
173 supérieure — ou inférieure — à telle autre partie du monde ; mais bien qu’on la constate différente, et qu’elle appelle de
174 par la suite, seront-elles valables pour le reste du monde ? Je n’en sais rien et n’ose pas même le souhaiter : les expéri
175 et n’ose pas même le souhaiter : les expériences du passé récent, l’adoption de certains de nos modèles, comme celui de l
176 echerche d’une troisième possibilité : aussi loin du repli résigné que de la volonté de dominer (ne fût-ce que moralement)
177 celui de l’espèce humaine ; et il y est contraint du seul fait qu’il en a, pour la première fois, la liberté. Jusqu’à nos
178 x divers défis de la nature dont il vivait, défis du corps, défis de l’environnement. Il s’agissait de survivre, donc de c
179 de la British Petroleum annonce que la production du pétrole commencera à diminuer dans dix ans, et que des mesures de rat
180 pour vingt ans seulement, mais selon le directeur du Bureau de documentation minière de France, il en reste pour deux mill
181 mment, dans ces conditions, arrêter une politique du pétrole ? ou du cuivre ? Ce n’est pas tout. Une troisième sorte de pr
182 conditions, arrêter une politique du pétrole ? ou du cuivre ? Ce n’est pas tout. Une troisième sorte de prévision a cours
183 nir. Je ne vais pas résumer ici le fameux rapport du club de Rome, que je suppose connu de chacun d’entre vous. Je vous ra
184 trant que le temps de doublement de la population du globe n’était plus que de trente-cinq ans, nous a permis à tous de ca
185 ité serait de deux-mille habitants au mètre carré du sol émergé et immergé ! Mais on peut avancer des chiffres encore plus
186 l’eau des lacs et des océans, de la végétation et du monde animal, de l’alimentation et du patrimoine génétique, lesquelle
187 gétation et du monde animal, de l’alimentation et du patrimoine génétique, lesquelles pollutions entraîneront à plus ou mo
188 sources terrestres c’est-à-dire de l’eau potable, du pétrole, des métaux non ferreux sans lesquels le fer ne pourra plus d
189 l’humanité annonce en effet la destruction finale du lien social, du sens de la communauté, et simplement de l’amour du pr
190 ce en effet la destruction finale du lien social, du sens de la communauté, et simplement de l’amour du prochain, remplacé
191 u sens de la communauté, et simplement de l’amour du prochain, remplacé par la loi de la jungle et la schizophrénie généra
192 roissement des Monstres. Que faire des prévisions du club de Rome — tellement moins effrayantes que celles de ces Indiens 
193 s tous pessimistes, il s’en faut. Les plus connus du grand public, les plus choyés par les pouvoirs, et pour tout dire les
194 eviennent la première puissance mondiale. Baisse du moral de l’Europe (et de la démocratie et de son prestige). Montée d
195 (et de la démocratie et de son prestige). Montée du communisme et de l’Union soviétique. Grande crise économique. Pouss
196 e la méthode ne vaut rien. Les faits déterminants du xxe siècle, de l’aveu de son propre auteur, elle les aurait ratés. I
197 à la mode d’avant-hier, et de nombreux aménageurs du territoire, presque tous les futurologues que je connais me paraissen
198 l y a donc un peu moins de cent ans), au fin fond du Middle West, à huit miles de Detroit, le jour où un garçon de 12 ans
199 ar an. La General Motors est la plus grande firme du monde, l’industrie automobile domine l’évolution mondiale des industr
200 ndustries. Or elle est née, cette industrie n° 1, du fantasme d’un adolescent fugueur, fasciné par l’idée de partir au has
201 humeurs. L’auto ne répondait alors à aucun besoin du public, bien au contraire, comme Henry Ford l’a noté. Aujourd’hui, mo
202 evait permettre d’aller vite, et elle ne fait que du 4 km à l’heure dans le centre de nos grandes villes, qu’elle asphyxie
203 is environ 1700 heures de son temps, et cela fait du 6 à l’heure — l’allure d’un piéton. Mais là ne s’arrêtent pas les bou
204 — détenus par quatre ou cinq émirs et dictateurs du Proche-Orient, qui ne savent où les investir, et qui pourraient, selo
205 t qui pourraient, selon les déclarations récentes du petit-fils de Henry Ford, racheter la General Motors et la Société Fo
206 ra la vie des ouvriers dans les pays totalitaires du xxe siècle. Dans le même temps, Nietzsche crie son mépris pour le ch
207 ergiques et sans humour, c’est-à-dire fanatiques, du modèle de l’État-nation posé par les jacobins et imposé d’abord par N
208 cès qui leur paraît inévitable — pour un temps —, du seul fait que les dictateurs proclament qu’ils apportent une réponse
209 le de la décadence des liens communautaires, donc du civisme et de la morale sociale. Je le trouve aussi à l’origine de la
210 terre. Et avec cela, le principal est sinon dit, du moins très clairement annoncé, sur la recherche que je propose et sur
211 ions, que la nation est la réalité par excellence du xxe siècle. Je lui réponds : oui, mais le cancer aussi, la pollution
212 totalitaire aussi sont des « réalités » typiques du siècle. Ce n’est pas une raison pour les accepter, moins encore pour
213 per leurs opérations sur un froncement de sourcil du président des USA et un grognement de Moscou. La souveraineté de nos
214 ’union proposées au plan européen, qu’il s’agisse du rejet de la CED, ou du veto opposé par certains pays à toute mesure é
215 n européen, qu’il s’agisse du rejet de la CED, ou du veto opposé par certains pays à toute mesure écologique supranational
216 t-nation ne répond plus aux problèmes économiques du monde moderne et encore moins aux réalités civiques. L’État-nation es
217 , plus neuf, plus intéressant aussi pour le reste du monde en quête d’un nouvel équilibre : le contenu régional de la soci
218 réalités fonctionnelles. On imagine la complexité du tissu régional créé par ces fonctions diversement superposées. Mais j
219 ais justement : complexité est l’un des mots-clés du modèle recherché, l’un des mots-clés de l’Europe aussi. L’anti-Europe
220 J. Burckhardt, celle des dictatures totalitaires du xxe siècle. L’Europe créatrice a toujours cultivé la complexité, qui
221 l’adjectif petit. La motivation la plus profonde du modèle régional étant d’offrir une structure de participation civique
222 ités concrètes, voilà l’éthique et la philosophie du modèle de société fédéraliste dont l’établissement me paraît définir
8 1974, Articles divers (1974-1977). L’Europe des régions (juin-juillet 1974)
223 Pays basque, la Catalogne, le Sud-Tyrol, le Nord du canton de Berne (où l’on parle français), les conflits entre Flamands
224 aturel entre la Provence et les gens qui habitent du côté du Centre ? On dit absolument n’importe quoi pour les besoins de
225 ntre la Provence et les gens qui habitent du côté du Centre ? On dit absolument n’importe quoi pour les besoins de la caus
226 dont le relief avait été effacé par le bulldozer du jacobinisme, soit qu’il s’agisse de régions nouvelles, ou créées par
227 ter que le Breton n’est parlé que dans une partie du pays, le reste c’est le gallo qui va jusqu’à Rennes et jusqu’à Nantes
228 t jusqu’à Nantes, villes qui sont indispensables, du point de vue économique, à la vie de cette région ; et alors on retom
229 le tellement des régions en Europe, c’est à cause du formidable remue-ménage provoqué par la nécessité d’unir nos nations
230 les discours faits sur l’« indépendance totale » du pays ! Je ne dirai pas que je suis antiaméricain ou que je suis antir
231 ette contradiction fondamentale ? Je ne pense pas du tout qu’il faille renverser les États-nations, ni qu’on puisse faire
232 bsolue, être stoppées à 1h de leur victoire, à 1h du Caire par un froncement de sourcils de Monsieur Eisenhower et par un
233 de la montée de l’idée de région. L’ambiguïté du jacobinisme libéral Quoi qu’on pense de la mise en place des nouve
234 éremment suivant des fonctions, suivant la nature du problème à résoudre. Il faut chercher partout, comme à tâtons, le rel
235 aient-elles reprendre le pouvoir ? Je ne suis pas du tout d’accord avec le terme « prendre le pouvoir ». Et c’est là que j
236 e l’État — c’est ce qu’ils appellent la dictature du prolétariat — l’État dépérira nécessairement. Toute l’histoire du xxe
237 l’État dépérira nécessairement. Toute l’histoire du xxe siècle le dément. Il est devenu évident que l’État est plus fort
238 Et puis, allons plus loin dans la démystification du marxisme d’avant-hier. La vérité, c’est qu’il n’y a plus de pouvoir a
239 fatal que le développement même de l’industrie et du commerce conduise à des sociétés qui ne tiennent plus compte des fron
240 urd’hui des jugements stéréotypés qui ne vont pas du tout dans la réalité de la chose : « société multinationale », c’est
241 tous les cas, et on dit par exemple à l’encontre du Marché commun : « qu’est-ce que le Marché commun réussit à faire sino
242 Paris. Précisément, vis-à-vis des multinationales du type que j’appellerai colonisateur, il s’agit de trouver un pouvoir q
243 à tous les degrés et dans tous les sens possibles du terme. Notez cependant que le danger des multinationales qui fascine
244 l’opinion publique, n’est pas tellement différent du danger des sociétés nationales jouant sur les différentes régions. Vo
245 uilibres écologiques ou sociaux dans telle région du Midi, ou le long du Rhin, en Savoie ou dans le Nord, etc. Vous avez d
246 supprimées entre les « nations », au sens antique du mot, à l’intérieur d’un pays, alors qu’elles subsistent à l’extérieur
247 ir régional », qui évoquerait trop une délégation du pouvoir central dans une région, mais sur l’autonomie, l’autodétermin
248 onomique ? Vous faite allusion au célèbre rapport du club de Rome qui m’a fait très forte impression quand j’en ai eu conn
249 la forme d’un texte de 20 pages dactylographiées du professeur Forrester, du MIT, il y a trois ans de cela. C’était un ra
250 0 pages dactylographiées du professeur Forrester, du MIT, il y a trois ans de cela. C’était un rapport confidentiel adress
251 rle par métaphore dans l’industrie. La croissance du vivant, cela va de soi et ne fait pas de question : petit enfant devi
252 ut être absolument clair là-dessus. La croissance du vivant est autoréglée : c’est la même loi de la vie qui fait qu’une p
253 très vite. Qu’elles parviendraient d’ici à la fin du siècle, à des altitudes irrespirables, où tout être humain disparaîtr
254 puisées, dans un temps extrêmement bref. L’impact du rapport du club de Rome a été absolument décisif. Quelles que soient
255 ns un temps extrêmement bref. L’impact du rapport du club de Rome a été absolument décisif. Quelles que soient les critiqu
256 à Bruxelles il y a quelques mois, avant la crise du pétrole, sur cette assertion que j’entendais répéter partout : « il n
257 pte que la croissance industrielle, la croissance du PNB, la croissance du revenu par tête d’habitant n’est pas une mesure
258 industrielle, la croissance du PNB, la croissance du revenu par tête d’habitant n’est pas une mesure humaine qui puisse di
259 acceptons. Je suis très optimiste après la crise du pétrole, parce que je vois des gens conscients de la nécessité d’expl
260 de prospérité ? Sans doute, car toute l’histoire du siècle est dominée par l’angoisse des hommes devant l’absence de comm
261 ous avez cet état de dissociation, de destruction du principe social. On arrive à cette grande angoisse communautaire qui
262 ontraire, c’est-à-dire faire sortir la communauté du sol comme on fait pousser un arbre, au lieu de planter, comme le fait
263 nt se transmet ce genre de réflexe. Si « le génie du lieu » agit ainsi, c’est que l’on peut prendre des racines, et même s
264 pas un phénomène nouveau, cela existait à la fin du monde hellénistique quand les villes sont devenues trop grandes. Les
265 communaliste, à l’esprit des communes. Les villes du xixe siècle sont des villes en étoile avec de très larges avenues qu
266 t, et il faut prendre cela au sens le plus précis du terme, c’est-à-dire que l’on est en train de fabriquer des petits sol
267 eaucoup plus important qu’une augmentation de 2 % du salaire. Quant à l’autogestion je la prends dans un sens absolument g
268 nis de Rougemont est le théoricien par excellence du fédéralisme, du régionalisme et de la construction européenne. Écriva
269 est le théoricien par excellence du fédéralisme, du régionalisme et de la construction européenne. Écrivain, Denis de Rou
9 1974, Articles divers (1974-1977). Surréalisme : un jeu qui dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)
270 pe, dont Breton était le « pape », mais au-dessus du pape, il y avait le Bon Dieu, c’est-à-dire Marcel Duchamp. De jeune
271 our lui, le jeu était une sorte d’expérimentation du psychisme, de la surréalité, de ce qui dépasse le monde de la conscie
272 es lumières se sont rallumées. Était-ce « la part du diable » ? Breton m’a souvent parlé de ce livre, que j’ai écrit à New
273 gais, près des docks de New York. Vers dix heures du soir, je suis monté sur un escabeau pour lire le chapitre consacré au
274 e chapitre consacré au nombre 21 par l’occultiste du xixe siècle Éliphas Levi, que Breton vénérait. Un jeune philosophe g
275 it de la salle, insulté jusqu’à la moelle, chassé du paradis. Et là, il y a quelque chose qu’on ne peut guère pardonner à
276 ne espèce de « raison ». En fait, après la sortie du « coupable », on s’aperçut qu’il restait 21 personnes dans la salle…
277 e… La « victime » avait été sacrifiée sur l’autel du nombre 21… Une religion nouvelle Les surréalistes ont célébré l
278 met que sa naissance coïncide avec la publication du Manifeste d’André Breton, en 1924, qui proclamait : “la toute-puissan
279 on, en 1924, qui proclamait : “la toute-puissance du rêve, le jeu désintéressé de la pensée”. À cette occasion, nous avons
280 passages qui se rapportent à l’une des activités du groupe : le jeu. Concernant celui du “cadavre exquis”, poèmes ou dess
281 es activités du groupe : le jeu. Concernant celui du “cadavre exquis”, poèmes ou dessins collectifs. Il y en a beaucoup d’
10 1975, Articles divers (1974-1977). Notre complexe de culpabilité (1975)
282 e raisons, fort inégalement légitimes. Inquiétude du nanti, « spectateur de l’Histoire » ; est-ce que ça va durer, est-ce
283 e qu’il faut pour garder notre rang ?) Inquiétude du patriote : dans le monde des technocrates, des grands marchés, des gr
284  ! » on entend : Voilà qui est excellent, typique du premier pays du monde, et bien digne d’être approuvé par tous ses cit
285 Voilà qui est excellent, typique du premier pays du monde, et bien digne d’être approuvé par tous ses citoyens. Mais quan
286 t à peu près le contraire. Les motifs spécifiques du « malaise suisse » ont sans nul doute une tout autre origine que la t
287 e — et plus générale qu’on ne le pense — provient du vieux fond religieux, et les jeunes intellectuels détachés de toute c
288 fus, presque inconscient, qui tourmente la Suisse du xxe siècle : une sorte de complexe de culpabilité. Il s’est noué pen
289 onnée de l’homme en bonne santé devant le malade, du riche devant le pauvre, de celui qui échappe à l’Histoire devant celu
290 terrogé par des étudiants hongrois sur l’attitude du croyant dans la vie politique, a cette réponse courageuse mais en mêm
291 uisse » est prompt à se couler dans les tournures du langage théologique : Le péché des Suisses pourrait bien avoir son e
292 7 dont je ne vois pas qu’ils trouvent dans le cas du « malaise suisse » une application pertinente. La neutralité ne pourr
293 leur manière. Que la critique de l’utilitarisme, du neutralisme, du moralisme suisses s’exprime par les Questions sans es
294 ue la critique de l’utilitarisme, du neutralisme, du moralisme suisses s’exprime par les Questions sans espoir de Ramuz, p
295 parle à longueur d’éditoriaux de la surchauffe et du manque de main-d’œuvre, de la pollution de l’air, des eaux et des pay
296 base et des impasses de l’enseignement supérieur, du vieux duel de la commune et de l’État, de la montée d’un « matérialis
297 lisme jouisseur, calculateur, éludant le problème du sens de la vie »18 d’une existence amortie comme une dette, d’un bonh
298 ns auxquels leur ignorance des conditions réelles du progrès permet seule de se dire progressistes, j’ose penser que la Su
299 n à voir avec le masochisme. 18. Phrase extraite du commentaire d’une enquête sociologique sur les examens que passent le
11 1975, Articles divers (1974-1977). Au-delà de la société industrielle (1975)
300 avant tout, une prise de conscience non seulement du fait de la crise dont tout le monde parle, mais des causes de cette c
301 es, nées avec les grandes villes au premier tiers du xixe siècle ; la production quantitative, symbolisée vers le milieu
302 roduction quantitative, symbolisée vers le milieu du xxe siècle par le PNB ou Produit National Brut ; la création continu
303 m, avec la croissance vivante au sens authentique du terme, celle des plantes, des animaux et de l’individu humain, croiss
304 des automobiles, non pas pour assurer le bonheur du genre humain. » La semaine dernière, dans une interview sur la crise,
305 ous opposer sous le nom de loisirs, la diminution du nombre des heures par jour, des jours par semaine, et des années d’ac
306 et absence de travail, sans analyser ni la nature du travail, ni le contenu des loisirs. L’homme industriel en principe tr
307 tout homme de ne pas consacrer une part exagérée du produit de son travail à payer ses trajets vers son travail, c’est-à-
308 ra même plus le temps de vivre ! IV Le nœud du problème, le lieu de l’affrontement décisif, se situe donc dans la dé
309 ions d’un petit campagnard son ignorance du reste du monde, son puritanisme naïf et le soutien de la morale utilitaire qui
310 tupéfiante insensibilité. Ce qui ne l’empêche pas du tout de désirer très sincèrement faire du bien à l’humanité. C’est mê
311 che pas du tout de désirer très sincèrement faire du bien à l’humanité. C’est même là le motif principal de la discipline
312 a plus tard à ses ouvriers, afin de les détourner du vice, fils des loisirs. En 1899, il fonde une première entreprise de
313 ande pour les automobiles… et même une répugnance du public… » Phrase inouïe, constat vertigineux, aveu du siècle à son to
314 ublic… » Phrase inouïe, constat vertigineux, aveu du siècle à son tournant ! En quelques décennies, par la publicité et pa
315 la Ford Company sont les deux plus grandes firmes du monde. L’industrie de l’auto domine la conjoncture et détermine l’évo
316 est pas encore le plus curieux de l’histoire. Née du rêve typiquement adolescent de partir au hasard sur les routes de cam
317 s, de rivages inexorablement bétonnés — déjà 18 % du territoire hollandais. Ses vapeurs obscurcissent, en plein midi, le c
318 n, avec des conséquences poli­tiques qui relèvent du carambolage non calculé et peuvent à tout instant devenir tragiques p
319 avenues de New York ou de Paris, permet de faire du quatre ou cinq à l’heure, qui est la vitesse d’un piéton peu pressé,
320 action est, à mes yeux, l’indicateur très certain du déclin d’une certaine société, autour de nous, et de la proche émerge
321 ’homme, remplaçant le civisme, remplaçant l’amour du prochain, et passant avant tout cela, s’il faut choisir. Car le profi
322 la cité. Il n’est qu’un chiffre. Il ne relève pas du vivant, il n’est pas autorégulé, et par suite, ne peut être agent de
323 u au Vietnam. Enfin, les villes : les mégalopoles du xxe siècle ne sont plus administrables, ni en fait gouvernées, comme
324 ives sur la société au-delà de la surabondance et du gaspillage, Bruxelles, Nestlé Belgique, 1975, p. 29-38.
12 1975, Articles divers (1974-1977). Suisse 1975 (1975)
325 Suisse 1975 (1975)n Situation du pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale Seule rescapée avec l
326 e rescapée avec la Suède des deux grandes guerres du xxe siècle européen, la Suisse entre dans l’après-guerre avec des se
327 système fédéraliste, soit transposée à l’échelle du continent et prise comme modèle (au sens technique du terme) de l’ave
328 ontinent et prise comme modèle (au sens technique du terme) de l’avenir européen. Lors des premières Rencontres internatio
329 les diversités foisonnantes qui font la richesse du pays. Mais dans un temps de crise comme celui qui s’est instauré dès
330 time lésée par la moindre manifestation spontanée du sentiment populaire, pour peu qu’il ne lui soit pas inconditionnellem
331 enses culturelles et de recherche pure, au profit du budget militaire ou nucléaire. L’université leur réplique qu’il s’agi
332 plus possible de séparer les problèmes intérieurs du fédéralisme des problèmes extérieurs de la neutralité et de la coopér
333 édérales » ! C’est ignorer le sens et la fonction du vrai fédéralisme, celui qui a fait la Suisse à partir des communes mé
334 onstituaient depuis un siècle l’article principal du catéchisme de notre politique étrangère. Dans les années 1960 déjà, e
335 les rivalités divisent l’Europe, mais ne veut pas du tout qu’elle se déclare neutre par rapport à l’union de l’Europe en t
336 sariat pour les réfugiés, le Bureau international du travail, l’Organisation mondiale de la santé, etc.). Dès 1963, la Sui
337 Dès 1963, la Suisse devient membre à part entière du Conseil de l’Europe. En 1972, elle signe des accords de coopération l
338 scientifiques, écologiques, etc. que les réalités du siècle imposent à nos États, entraîne nécessairement des dépassements
339 penser que la formule de bon sens, qui est celle du fédéralisme helvétique, ne saurait arrêter ses effets aux frontières
340 res douanières de la Suisse, celle-ci deviendrait du même coup, aux yeux de ses voisins, un État-nation, comme les autres 
341 e, des mesures contre la pollution des océans, ou du maintien à tout prix de la paix. De tout cela, la Suisse ne peut se d
342 dération, les communes, le vrai civisme, le refus du recours à la guerre ? Face aux défis de l’Europe et du monde, c’est s
343 cours à la guerre ? Face aux défis de l’Europe et du monde, c’est sur sa propre raison d’être que la Suisse d’aujourd’hui
13 1975, Articles divers (1974-1977). Le Morgarten du xxe siècle (1975)
344 Le Morgarten du xxe siècle (1975)q La Suisse devrait être l’exemple et le moteur
345 e modèle d’une fédération des 27 États souverains du continent, mais je vois dans le Conseil fédéral le modèle d’un gouver
346 vernement fédéral européen. La principale qualité du gouvernement suisse, dont les Suisses eux-mêmes n’ont souvent pas con
347 ait que les sept conseillers fédéraux ne sont pas du tout l’émanation des cantons, mais qu’ils sont désignés en fonction d
348 s, il en faudrait 25, comme l’actuelle commission du Marché commun, à Bruxelles, compte autant de commissaires que de pays
349 es nations membres, à la différence, précisément, du Conseil fédéral, qui est composé de manière à pouvoir traiter dans l’
350 ls levaient la droite vers le ciel sur la prairie du Grütli. Tout cela est une fable qu’il n’est même pas intéressant de r
351 sont le plus clairement soulignées, dans le pacte du Grütli, c’est la volonté d’exercer une justice « indigène » : nous ne
352 tout le gouvernement. C’est-à-dire qu’à l’origine du fédéralisme suisse se trouve ce qu’on appellerait aujourd’hui la volo
353 . Beaucoup, même, méconnaissent le véritable sens du fédéralisme. Je suis frappé de constater que la plupart de ceux qui s
354 r les erreurs de 1848, ils s’imaginent que la vie du fédéralisme consiste surtout à défendre les intérêts de leur petit Ét
355 vaudois, mais vous ne pouvez pas être fédéraliste du même coup, parce que le fédéralisme est précisément le contraire de c
356 traire de cela. » Ce genre de malentendu provient du fait qu’en Suisse aussi, on raisonne encore trop souvent en fonction
357 tionnel, parce que cela correspond à des réalités du xxe siècle et non du xixe . Il me semble qu’aujourd’hui, ceux qui dé
358 a correspond à des réalités du xxe siècle et non du xixe . Il me semble qu’aujourd’hui, ceux qui défendent l’autogestion
359 situent le mieux dans le droit-fil de la pratique du fédéralisme. Qu’ils soient de gauche ou de droite ne m’intéresse guèr
360 mouvement créateur des communes primitives autour du Gothard. Certes, entre le xiiie et le xxe siècle, la nature des pro
361 lité était menacée depuis l’ouverture de la route du Gothard, phénomène continental s’il en fut, puisque cette route devai
362 route devait relier entre elles les deux parties du Saint-Empire romain germanique. Les Habsbourg avaient les yeux fixés
363 serve un phénomène comparable aujourd’hui, autour du coude du Rhin, dans la région de Bâle. Il y a en projet seize central
364 phénomène comparable aujourd’hui, autour du coude du Rhin, dans la région de Bâle. Il y a en projet seize centrales nucléa
365 s importantes de Français d’Alsace et d’Allemands du pays de Bade. Qu’on ne vienne pas attribuer le mérite des manifestati
366 es donc en train de livrer le véritable Morgarten du xxe siècle. » Peut-être les Suisses n’aiment-ils pas beaucoup tirer
367 oir, comme on dit chez moi, le beurre et l’argent du beurre. Il s’agit de savoir quelle finalité on vise. Est-ce qu’on att
368 es citoyens suisses sont aptes à saisir l’ampleur du danger qui les menace. Et je ne suis pas optimiste sur les possibilit
369 réparent. Des tragédies. Les Suisses n’aiment pas du tout ce mot. Les Suisses s’imaginent, surtout depuis une centaine d’a
370 t se passerait sans histoire — dans tous les sens du mot histoire. Il n’y aurait plus qu’une espèce de raison moyenne qui
371 i sont de loin la plus grande puissance militaire du monde, n’ont pas pu venir à bout du Vietnam. Ils ne pouvaient pas ven
372 nce militaire du monde, n’ont pas pu venir à bout du Vietnam. Ils ne pouvaient pas venir à bout de choses qui renaissaient
373 grands. q. Rougemont Denis de, « Le Morgarten du XXe siècle », La Suisse qu’ils veulent, Lausanne, L’Âge d’homme, 1975
14 1975, Articles divers (1974-1977). L’amour (1975)
374 cale (au xiie siècle), puis théâtrale dès la fin du xvie siècle, enfin cinématographique au xxe siècle. Preuve en est q
375 ter de débrouiller, parmi les mille et trois sens du mot amour, quelques classes sémantiques assez évidemment distinctes,
376 nnel de la sexualité. C’est donc au sens littéral du terme une perversion, le détournement d’un instinct qui était génériq
377 et stérile. Ainsi défini comme la transformation du besoin en jouissance, le phénomène érotique est pratiquement universe
378 ivres sacrés ou des idoles — à la seule exception du christianisme (dont on peut nier d’ailleurs qu’il soit une « religion
379 qu’il soit une « religion » au sens sociologique du terme). Il n’en va pas de même de la passion, forme d’amour liée plus
380 oie suprême » d’Isolde agonisante au dernier vers du grand poème musical de Wagner. L’amour-passion n’est donc pas le méla
381 qui, à l’extrême, seront extase et mort. L’amour du prochain tel qu’il est, ou tel que le regard aimant est capable de le
382 pas mourir » (Thérèse d’Ávila). Il est à l’amour du prochain dans le même rapport dialectique que l’érotisme l’est à l’in
383 le toujours sur l’instinct génésique la recherche du bien de l’être aimé. Cela ne saurait s’appliquer au mariage, dont la
384 les après Platon, Plutarque fait un premier éloge du mariage d’amour : « L’union physique avec une épouse est source d’ami
385 toujours et dans toutes les religions, sauf celle du Christ, le système des tabous sexuels. L’Évangile n’apporte aucun cod
386 à écrire : « Celui qui n’est pas marié s’inquiète du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’
387 eur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme » (I Cor. vii, 32). Ainsi donc
388 , toléré finalement, mais dans les seules limites du mariage le plus strict et consacré — tout le reste étant laissé en fr
389 , soulignons-le) se trouvait lié à la dialectique du salut, c’est-à-dire du péché et de la grâce, donc valorisé à l’extrêm
390 uvait lié à la dialectique du salut, c’est-à-dire du péché et de la grâce, donc valorisé à l’extrême. Cela ne pouvait se p
391 ne s’est produit — que dans la sphère d’influence du christianisme. Mais, entre la position d’un principe révolutionnaire
392 ’inertie psychobiologique d’une société. Au cours du premier millénaire de la christianisation du Proche-Orient et de l’Oc
393 ours du premier millénaire de la christianisation du Proche-Orient et de l’Occident, l’amour personnel ne semble avoir jou
394 des rangs et des procréateurs, non des personnes. Du ixe au xiie siècle, l’amour antique s’est éclipsé, et celui que nou
395 peut citer les Carmina de l’évêque Fortunat (fin du vie siècle) dédiés à la reine Radegonde, alors retirée au monastère
396 e Charles Seignobos : « L’amour est une invention du xiie siècle. » Amour, qui désigne pour nous le sentiment, le désir e
397 thèse « prudente » de la plupart des spécialistes du trobar, au xixe siècle et jusqu’à nous. Mais, s’ils avaient raison,
398 te époque dans la psyché occidentale ? Dès la fin du xie siècle, des mouvements religieux hétérodoxes prolifèrent en Ital
399 it engager le salut : « Point de péché au-dessous du nombril ! », déclare l’évêque d’une de ces sectes dualistes. Et Joach
400 ns les grandes et petites cours de l’Aquitaine et du comté de Toulouse, puis chez les artisans des villes du Midi. Le cath
401 té de Toulouse, puis chez les artisans des villes du Midi. Le catharisme prêche l’abstention des relations charnelles proc
402 ’exigence d’absolue chasteté, se bornent à médire du mariage, cette iurata fornicatio ordonnée aux lois de l’espèce, de l’
403 les plus grandes dames de France, de Bretagne et du Poitou, dont l’ex-femme et la fille de Guillaume IX, viennent y cherc
404 nt y chercher refuge contre la tyrannie grossière du mariage féodal et catholique. Le Breton Pierre Abélard (1079-1142), p
405 obstacles toujours plus tragiques, et s’exaltant du tourment qui en résulte. Une forme toute nouvelle de poésie chantée n
406 squ’elle est chantée dans les cours des seigneurs du Midi — exalte la Femme, jusqu’alors négligée et méprisée ; elle la cé
407 duelle. À partir des troubadours et des trouvères du xiie siècle, l’amour est cela qui se « déclare » par des mots. On pe
408 tre siècle, se confond avec celle des expressions du désir, du sentiment et de la passion, non seulement dans la poésie, l
409 , se confond avec celle des expressions du désir, du sentiment et de la passion, non seulement dans la poésie, le roman, l
410 allusions dans des poésies de troubadours datant du milieu du xiie siècle montrent que la légende était connue des troub
411 dans des poésies de troubadours datant du milieu du xiie siècle montrent que la légende était connue des troubadours dan
412 renonce à son rang à la cour, faillit à l’honneur du chevalier et à la fidélité envers le suzerain, ment, se parjure et fi
413 mite (comme on le voit par exemple dans l’épisode du « jugement de Dieu » commenté par Gottfried de Stras­bourg). Et le sa
414  l’Éternel féminin », dira Goethe. La dialectique du vrai jour et de l’évidence quotidienne qui domine le roman est gnosti
415 révélera-t-il par ses structures mêmes le secret du pouvoir immodéré qu’il exerce depuis des siècles sur l’affectivité oc
416 oblème sexuel » est né dans le monde christianisé du fait de l’absence d’un code sacré et d’un système d’interdits comme o
417 r, ne survit pas à sa naissance, d’où le nom même du héros. Le roi Marc de Cornouailles, frère de sa mère, prend l’orpheli
418 d’autres peuples, l’oncle maternel prend la place du père (même vivant) et devient le « père nourricier » et véritable édu
419 nts dès leur premier « aveu » sur le pont brûlant du bateau qui les ramène d’Irlande. Tristan, qui est le plus fort des ch
420 é au roi s’ajoute celle, bien plus contraignante, du dernier tabou subsistant, du pire obstacle imaginable — celui que l’o
421 plus contraignante, du dernier tabou subsistant, du pire obstacle imaginable — celui que l’on pressent comme le plus « ef
422 ré de la passion mortelle. Dès lors, la structure du roman sera simplement l’alternance des revoirs (de plus en plus péril
423 ois voulues) qu’exige et que régit la dialectique du mythe, jusqu’à la catastrophe finale, où la réunion définitive des am
424 ation suprême dans la mort, obstacle dernier, fin du « roman ». Tel est le secret que le mythe a pour fonction, comme touj
425 meine » ? Et, depuis lors, tous les romans dignes du nom obéiront à la structure triangulaire, d’origine œdipienne, et à l
426 , qui reste inconscient de la présence impérieuse du mythe, l’en traduira peut-être d’autant mieux. Certes, la tension peu
427 ’autant mieux. Certes, la tension peut décroître, du tragique au sentimental, voire au comique dans Don Quichotte, et l’hi
428 oire au comique dans Don Quichotte, et l’histoire du roman européen, qui semble celle d’une longue dégradation du mythe, p
429 ropéen, qui semble celle d’une longue dégradation du mythe, peut être aussi celle d’une lente intériorisation. Le roi Marc
430 ale, d’une autorité tutélaire mais rigoureuse, et du devoir envers la société, envers l’autre et envers soi-même que Freud
431 lera le surmoi : c’est encore et toujours l’image du Père — celui qui interdit la Mère au Fils. De même, Iseut peut deveni
432 inépuisables de l’amour-passion. Quant à Tristan, du preux chevalier à l’amoureux transi des romantiques, du héros empanac
433 ux chevalier à l’amoureux transi des romantiques, du héros empanaché de l’Astrée au conteur lucide et sensible du grand ro
434 panaché de l’Astrée au conteur lucide et sensible du grand roman de Proust, il perd peu à peu son allure de somnambule fas
435 rs, nous voyons que l’amour courtois se distingue du simple désir par le raffinement de ses expressions, la culture du sen
436 par le raffinement de ses expressions, la culture du sentiment, le respect quasi religieux de la femme que l’on met sur un
437 ototype éternel de l’Amour, inventé par la poésie du Midi mais transposé dans le climat sombre et tempétueux de la Bretagn
438 agir au bout de trois ans, découvrent l’existence du monde et se séparent, pour renouveler l’obstacle — et leur passion. L
439 t subies deviennent intrigue, suspense et plaisir du lecteur. Cependant, cette dégradation de la passion par l’expression
440 rages littéraires, et non pas de romans pornos ni du trio de Boulevard, mari-femme-amant ou maîtresse.) La descendance
441 sse. Happy Ending. Certes, tous les grands thèmes du mythe sont là, mais leur tragique s’est mué en élégante mélancolie :
442 la mort libératrice. Mais la dialectique cruelle du roman n’est plus ici que coquetteries, et le combat du Jour et de la
443 man n’est plus ici que coquetteries, et le combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre les corps
444 mieux écrits que L’Astrée. Mais, si le dur destin du mythe n’y est plus que machine romanesque, faut-il incriminer la soci
445 machine romanesque, faut-il incriminer la société du temps et ses coutumes, ou la littérature elle-même, qui ne serait qu’
446 omme telle, ne serait-elle qu’un substitut tardif du sacré, un phénomène de décadence morale d’une société, et qui offre p
447 de Madame de Lafayette, brûle encore sur l’autel du mythe. Dernier roman courtois, premier roman moderne ? La mort s’y at
448 que tragédie courtoise et la plus belle épiphanie du mythe avant le Tristan et Isolde de Wagner. Ici la mort par amour n’e
449 ui paraît désormais naturelle en Europe. L’empire du mythe tristanien sur Racine est manifeste : il explique seul que l’am
450 nc de la sienne, c’est l’argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme pour Tristan, « le Destin » va servir d’alibi à l
451 à la responsabilité (culpabilité) des amants et, du même coup, à celle de l’auteur : Les dieux m’en sont témoins, ces di
452 passent pour de vraies faiblesses. On est loin du dessein « d’exciter les passions » pour plaire à un besoin de « trist
453 e « tristesse majestueuse ». Racine va se retirer du monde et des passions mondaines. De Don Juan à Sade Le xviiie
454 tabous se voient en quelque sorte sécularisés et, du même coup, relativisés : ils cessent donc d’être des tabous. Quant à
455 re des tabous. Quant à la religion chrétienne (ou du moins ce qu’elle est devenue : morale prêchée parfois par des évêques
456 donc répondre une apparente et passagère éclipse du mythe. De Molière à Mozart, c’est Don Juan qui occupe la scène de sa
457 tes les règles de la cortezia et devient le héros du siècle où les cyniques donnent le ton aux mœurs et à l’esprit. Or, ce
458 d’une nuit sans lendemains qui geignent, l’homme du plaisir qui ne laissera qu’un souvenir de bonheur, quoi qu’en dise Do
459 tons ce cri d’Adrienne Lecouvreur, quand elle dit du très inconstant Maurice de Saxe : « Voici mon univers, mon espoir, et
460 risme célèbre de Chamfort. Ce qui compte aux yeux du romancier, c’est une intrigue délibérée et qui traduit non plus la di
461 délibérée et qui traduit non plus la dialectique du mythe mais une impitoyable stratégie : on a reconnu la formule des Li
462 t que plus révélateurs de l’inconscient collectif du siècle et des motivations qu’il subit. Sade est, de toute évidence, u
463 hérir sur elles. Pour lui, « le pire est l’ennemi du mal », comme l’a si bien vu Jean Paulhan. Par une sorte de dépit amou
464 classe « inférieure », simple objet des plaisirs du seigneur. Il ne retiendra pas les valeurs qui « obligent » la vraie n
465 x et le fou, s’étend toute une littérature qui va du réalisme libertin des Liaisons dangereuses aux fantasmagories pornogr
466 s analytiques des chapitres dans une des éditions du roman) et, par-delà le pétrarquisme, rejoint le mythe tristanien, enc
467 ée et dans le registre de la souffrance intime et du renoncement moral, non plus de la fascination mortelle. Ainsi l’on a
468 our, selon le vocabulaire des poètes romantiques, du Sturm und Drang aux lakistes, de Platen à Baudelaire et de Novalis au
469 ’une rhétorique suractive les puissances latentes du cœur plus qu’elle ne traduit leurs pulsions. On a vu le rôle créateur
470 troubadours et des trouvères. Rousseau fait boire du lait à toute la cour de France, Werther produit une vague de suicides
471 (selon l’expression de Stendhal) devient la part du rêve qu’on oppose au mariage bourgeois, union notariale. C’est en 183
472 Hardy, qui traduira le mieux l’action souterraine du mythe de Tristan, réactivé par les tabous de la nouvelle société, et
473 cela évolue vers une crise radicale. L’hypocrisie du « mariage d’amour », refoulant les motifs sexuels et déguisant les mo
474 ef, on peut affirmer qu’aux yeux de Freud l’amour du prochain, désintéressé et même oblatif, n’est en dernière analyse qu’
475 sexuel, alors que, dans la conception chrétienne du monde, c’est l’attrait sexuel qui n’est qu’un cas particulier de cet
476 e et masculine, et les délices infiniment variées du masochisme, de Sacher-Masoch à Marcel Proust. Le freudisme n’a nullem
477 utorisé une nouvelle manière de parler des choses du sexe. Il réfléchit (sur) un état de fait dont la bourgeoisie seule es
478 sions d’autoconservation. (On a reconnu l’action du « principe de plaisir », principe économique qui tend à la réduction
479 uelle des années 1970. C’est en deçà, non au-delà du christianisme que Bataille situe les éléments du drame authentique de
480 du christianisme que Bataille situe les éléments du drame authentique de l’Éros. « Le christianisme, s’opposant à l’éroti
481 Baudelaire, Bataille croit retrouver dans le sens du péché et la conscience de la « transgression » les éléments d’une éro
482 oisse, transgression et volupté, finalement quête du plaisir transcendant et « mort de Dieu ». Il s’est fait le théologien
483 Lady Chatterley). Là encore, c’est bien au-delà du motif générique de procréation, et même du motif individuel d’intégra
484 u-delà du motif générique de procréation, et même du motif individuel d’intégration, c’est vers une connaissance peut-être
485 une nymphette de 12 ans, sont les derniers échos du mythe ressuscité grâce aux derniers tabous que l’époque respecte enco
486 de la musique qui n’exprime plus aucun mouvement du cœur. Nouveau roman, peinture abstraite, musique concrète utilisent d
487 celui qui se produisit dans la psyché collective du xiie siècle : une vaste remontée du principe féminin, à la recherche
488 é collective du xiie siècle : une vaste remontée du principe féminin, à la recherche de nouveaux symboles, de nouvelles f
489 de l’homme, prisonnier de la raison, la curiosité du public pour la doctrine cathare… Tout cela peut aller vers deux sorte
15 1975, Articles divers (1974-1977). « Le sort des écrivains emprisonnés constitue un drame et un avertissement » (juin 1975)
490 oukovski, écrivain emprisonné. Pourquoi ? Au-delà du cas précis de Boukovski je pense que la situation des écrivains sovié
491 des mauvaises têtes. De mauvaise tête à « dérangé du cerveau » le glissement est facile. Dans une société totalitaire je d
492 en place, en ordre ? Il faut se mettre à la place du magistrat soviétique. On lui amène quelqu’un dont on lui dit qu’il es
493 rs de mots, donneurs de sens. Les mœurs dépendent du langage. Prenez un seul exemple : le mot amour ; La Rochefoucault a d
494 ppellent « romance » est une invention des poètes du Midi de la France au xiie siècle. Avant eux il y avait la passion co
495 t l’ordre dans la cité, étaient eux aussi proches du pouvoir. Chacun de ces artistes, à sa manière, était donneur de mesur
496 ut pas de passeport, il a un passeport de citoyen du monde et il n’en veut pas d’autres. C’est un choix qui ne menace pers
16 1975, Articles divers (1974-1977). « L’État-nation, voilà l’ennemi » (1er juillet 1975)
497 l’URSS ne les dépasse), gaspillage comme principe du commerce, entassement mégalopolite, destructeur de communautés, terre
498 ntières les langues et l’économie, les ressources du sous-sol et l’état civil, la culture et les idéologies partisanes au
499 . Mais d’où tient-il sa puissance actuelle, sinon du vide civique créé par l’urbanisation sauvage de l’ère industrielle, d
500 bsurdité et d’inciter chacune des grandes régions du globe à rechercher sa propre voie vers des formes nouvelles de commun
501  57-58. v. Présenté par cette note : « Fondateur du Centre européen de la culture, de Genève, et membre du club de Rome,
502 ntre européen de la culture, de Genève, et membre du club de Rome, Denis de Rougemont est d’accord pour la création des ré
503 ’accord pour la création des régions, à l’échelle du monde, mais à condition de faire revivre, du même coup, les régions l
504 elle du monde, mais à condition de faire revivre, du même coup, les régions locales. Or l’État-nation ne veut ni des unes
17 1975, Articles divers (1974-1977). « Il ne s’agit pas de créer des régions qui soient de petits États-nations » (septembre 1975)
505 r un plan d’actions communes à mener par les gens du pays de Gex, de Genève, des deux Savoie, en partie du Bas-Valais, du
506 ays de Gex, de Genève, des deux Savoie, en partie du Bas-Valais, du Val d’Aoste et du canton de Vaud, tout ce qui est auto
507 Genève, des deux Savoie, en partie du Bas-Valais, du Val d’Aoste et du canton de Vaud, tout ce qui est autour du Léman. Un
508 avoie, en partie du Bas-Valais, du Val d’Aoste et du canton de Vaud, tout ce qui est autour du Léman. Une quantité de prob
509 oste et du canton de Vaud, tout ce qui est autour du Léman. Une quantité de problèmes seraient à résoudre sur place par de
510 élus locaux. Par exemple le problème de sauvetage du Léman, de l’épuration des eaux du Rhône (qui intéresse toute la vallé
511 me de sauvetage du Léman, de l’épuration des eaux du Rhône (qui intéresse toute la vallée jusqu’à Marseille et même, au-de
512 qu’à Minamata. Donc, des accidents épouvantables, du type japonais, sont possibles d’un jour à l’autre dans notre région.
513 nfants de travailleurs étrangers ne disposent pas du même droit à la formation professionnelle que les Suisses. C’est en t
514 té, il n’y a pas de civisme, pas de participation du citoyen aux affaires publiques, pas de communauté ! Et c’est la nosta
18 1976, Articles divers (1974-1977). Message de M. Denis de Rougemont (1976)
515 Centre européen de la culture à Genève, puis, née du Centre, la Fondation européenne présidée par S. A. R. le prince Bernh
516 gnifie « action de cheminer » et cheminer « faire du chemin, surtout en ce sens que le chemin est long et qu’on le parcour
517 ssé déjà sans que rien nous rapproche visiblement du but. Comment sauver la face de ma génération ? Il nous reste assez pe
19 1976, Articles divers (1974-1977). L’Europe, l’été [préface] (1976)
518 n parc immense aux bosquets enchantés de musique. Du gracile Alhambra de Grenade aux sévères palais communaux de Pérouse,
519 s fastes de ses opéras dans les plus beaux décors du monde : ceux d’une nature humanisée par les styles de nos grandes épo
520 nnes que relient quelques heures d’avion, au cœur du continent profondément complexe et découpé que délimitent ces villes
521 vents de l’esprit et tous échanges humains. Lors du congrès de Vienne, en 1815, les hommes d’État de la Sainte-Alliance a
522 elle, voire de renouveler les formules glorieuses du vieux Bayreuth de Wagner, ou du bien plus récent Salzbourg de Hofmann
523 rmules glorieuses du vieux Bayreuth de Wagner, ou du bien plus récent Salzbourg de Hofmannsthal et Max Reinhardt. Voués à
524 encore essentiellement dans sa nature, étant née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme européen et qui le déf
525 e est l’expression la plus profonde et spécifique du génie propre de l’Europe. La musique n’aidera pas à résoudre les prob
526 ropéens a précédé de plusieurs années l’ouverture du Marché commun. Elle a des buts analogues : substituer la coopération
527 ue. Les pelouses descendent jusqu’aux eaux bleues du Léman. À droite et à gauche, de hauts arbres s’écartent pour découvri
528 our découvrir et encadrer la majestueuse pyramide du Mont-Blanc, sommet de l’Europe. Dans le salon du rez-de-chaussée, une
529 du Mont-Blanc, sommet de l’Europe. Dans le salon du rez-de-chaussée, une trentaine de personnes sont assises autour d’une
530 seur Estreicher, le festival, au sens précis — et du coup quelque peu restreint ou assagi — qu’a pris le mot dans l’ère mo
531 ste si vivante ?) 2. Le problème d’une définition du festival authentique s’est donc posé d’emblée aux membres de l’associ
532 de manifestations artistiques s’élevant au-dessus du niveau des programmes courants, pour atteindre le niveau de la cérémo
533 t de l’élément touristique et des aspects sociaux du phénomène festival considéré dans sa totalité et dans ses conditions
534 nc suivi assez exactement les courbes ascendantes du tourisme durant ces trois dernières décennies. Chaque année, les fest
535 blicitaires. Cela va de pair avec l’accroissement du temps de loisirs, la diffusion des disques, et d’une manière générale
20 1976, Articles divers (1974-1977). Histoire et prospective de l’identité européenne (1976)
536 rent les projets d’union de Pierre Dubois (1308), du roi de Bohême Georges Podiebrad au xve siècle, du moine parisien Éme
537 u roi de Bohême Georges Podiebrad au xve siècle, du moine parisien Émeric Crucé au xvie siècle, du duc de Sully, de Come
538 , du moine parisien Émeric Crucé au xvie siècle, du duc de Sully, de Comenius, et de William Penn au xviie siècle, ou de
539 aire d’un continent déterminé, au troisième tiers du xxe siècle. Il s’agirait donc selon vous d’étudier un problème d’act
540 iquée. « Fondamentale » correspond, dans l’esprit du public et d’un grand nombre d’universitaires, à l’idée d’une recherch
541 échets, selon Spengler — la civilisation mondiale du xxe siècle, technologie et pollution comprises, mais aussi le Roman
542 es lettres de Genève, un cours sur la Philosophie du fédéralisme. J’y parlais d’histoire, bien sûr, d’anthropologie et de
543 ronde réunie pour le vingt-cinquième anniversaire du Conseil de l’Europe. Ce qui ne prouve d’ailleurs pas que mon sujet so
544 uve d’ailleurs pas que mon sujet soit « sérieux » du point de vue que l’on nommait naguère académique, mais bien qu’il tou
545 e, et les théories récentes de la linguistique et du structuralisme. Là encore, vous allez me dire que ces démarches sont
546 ue ces démarches sont peu compatibles avec l’idée du sérieux scientifique qu’on cultivait au xixe siècle, mais qui s’en p
547 matique européenne, puis à formuler les problèmes du présent, enfin à leur imaginer des solutions. C’est dire que le non-s
548 , ce n‘est peut-être que cela : mettre en système du savoir et du non-savoir, du réalisé — ce sont les « faits » — et du v
549 ut-être que cela : mettre en système du savoir et du non-savoir, du réalisé — ce sont les « faits » — et du virtuel ou pot
550 a : mettre en système du savoir et du non-savoir, du réalisé — ce sont les « faits » — et du virtuel ou potentiel, c’est c
551 n-savoir, du réalisé — ce sont les « faits » — et du virtuel ou potentiel, c’est ce qui reste « à faire ». C’est peut-être
552 e j’avais à faire passer, dans le cadre rigoureux du savoir vérifié. Centrer toutes les études de votre Institut, non seul
553 êtes parfois accusé. Quand on fait « simplement » du droit, des lettres, de la médecine ou de l’histoire, on peut penser q
554 un sens et qu’elle détient la clé de l’évolution du Monde ; que l’économie obéit aux mêmes nécessités chez tous les peupl
555 de non seulement les Européens mais les étudiants du tiers-monde qui suivent nos cours : c’est sans doute le plus nécessai
556 d’utilité, d’opportunité politique, au sens large du mot, bien entendu. Que faites-vous du savoir désintéressé ? Les terme
557 sens large du mot, bien entendu. Que faites-vous du savoir désintéressé ? Les termes d’opportunité et d’utilité me parais
558 aibles, dans la conjoncture de ce troisième tiers du xxe siècle. L’étude de la chimie est utile, l’étude du droit aussi,
559 siècle. L’étude de la chimie est utile, l’étude du droit aussi, mais connaître les raisons d’être et les moyens de survi
21 1976, Articles divers (1974-1977). Changer de cap (novembre 1976)
560 Concorde, de la multiplication des autoroutes ou du bétonnage universel. Car, se déclarer pour ou contre le nucléaire, po
561 la Production matérielle à tout prix, le Prestige du Pouvoir centralisé, ou au contraire, une société fondée sur la recher
562 oteurs de l’énergie nucléaire, ou de Concorde, ou du bétonnage universel, j’observe les mêmes comportements. Au début, un
563 nion, un changement calculé d’attitude : au culte du secret, succède un aimable empressement à répandre des informations h
564 travers le feu roulant d’interruptions agressives du meneur de jeu — j’ai essayé de formuler mes objections et mes mises e
565 formuler mes objections et mes mises en question du Concorde selon le schéma suivant que je reconstitue : I. Le philosoph
566 . Mais les quelques dizaines de PDG et de membres du « jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on peut dire, que feront-i
567 és devant moi, et consternés — c’est le contraire du pari de Pascal. Si vous perdez, vous perdez tout pour tout le monde.
568 tique : ils y gagneraient (outre 20 % sur le prix du billet, et x % sur leurs impôts) le temps de se reposer, de réfléchir
569 e temps, outre l’emploi — et comme pour la guerre du Vietnam, ici encore — on invoque les « retombées technologiques » (Co
570 de sont animés par un certain idéal : c’est celui du Progrès selon le xixe siècle. Toujours plus d’objets, toujours plus
571 e vers peu importe quoi ! L’idée vraiment moderne du progrès et du luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée de la
572 orte quoi ! L’idée vraiment moderne du progrès et du luxe s’oppose radicalement à cette manie démodée de la vitesse et du
573 dicalement à cette manie démodée de la vitesse et du fracas pour épater le monde. Ce qui commence à valoir des fortunes, c
574 rises les suites logiques de l’idéal matérialiste du Progrès combiné avec la réalité toujours plus totalitaire de l’État-n
575 cette forme-là d’asservissement. Mais la logique du système stato-national dans notre société industrielle (qu’elle soit
576 eau, rivière, force des vents, lumière et chaleur du soleil (qui ne souffrent pas la centralisation, c’est pourquoi nos Ét
577 serions alors en mesure de découvrir une réalité du monde bien différente, où des entreprises comme Concorde apparaîtraie
22 1977, Articles divers (1974-1977). Souvenir de 1938 (1977)
578 es. L’image scolaire que je gardais de cet ermite du xve siècle était bien pâle. Mais ce jour-là, je reprends le livre et
579 e dimension nouvelle, comme si c’était le message du Solitaire qui venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette a
580 e faudrait-il l’adapter à la structure chrétienne du sujet. Je songe alors au style monumental des prophètes et des psalmi
581 a déclaration d’un chœur en marche et au dialogue du drame civique et spirituel. Tout cela crée l’appel au musicien — et c
582 er avec Claudel. De quinze ans son cadet, inconnu du grand public, je ne lui apporte rien qu’une commande peu munificente.
583 suggérée par celle de la scène, et les ressources du canton qui patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’amateurs e
584 cristallin, comme dans le chœur fugué : « Étoile du matin ». Plus tard, je lui ai demandé le secret de cette divination
585 rof. J. de Salis.) En revanche, recevant l’auteur du texte au Cercle de la Presse de Genève, en 1947, C. A. Loosli citant
23 1977, Articles divers (1974-1977). Les débuts de la construction européenne (1977)
586 ois devant l’opinion internationale, à l’occasion du Congrès de l’Europe réuni à La Haye en mai 1948, le projet d’union de
587 mmer, non sans optimisme, quant à la vraie nature du phénomène, la Construction européenne. Il n’est que juste et décent d
588 ie des grands desseins Les vrais débuts datent du premier projet d’union de l’Europe : Pour récupérer la Terre sainte,
589 ministre des Affaires étrangères, puis président du Conseil français, lequel déclare à Genève, en 1929, qu’« entre les pe
590 la CEE — par l’axiome, inlassablement réaffirmé, du respect absolu des « souverainetés nationales ». Cette fausse habilet
591 lors d’être expliqué, c’est le passage de l’échec du projet Briand aux relatifs succès des plans Monnet, Schuman et Spaak.
592 un monde uni. » L’union sera faite sur le modèle du fédéralisme intégral, celui qui part des pouvoirs locaux et institue
593 non l’inverse. La volonté d’unir tous les peuples du continent, ceux de l’Est compris, est affirmée comme seul moyen de pr
594 s étapes suivantes pour l’organisation économique du continent : l’union douanière doit être l’expression finale d’une uni
595 des marées et de l’énergie atomique, le règlement du problème agricole de l’Europe […], sans cesse confronté avec le deven
596 usqu’alors étrangers les uns aux autres : origine du Congrès de l’Europe à La Haye, sur lequel nous allons revenir. Mais o
597 ées pour la première fois durant les quatre jours du congrès. Derrière Montreux, il y a toute une action, encore très proc
598 entralisateur, qu’ils tenaient pour les fourriers du totalitarisme. Or, l’idéologie personnaliste des années 1930 a inspir
599 viennent les forces principales et les animateurs du militantisme européen au lendemain de la guerre. Il convient d’ajoute
600 ich, le 16 septembre 1946, et les appels réitérés du général de Gaulle à un « vaste référendum de tous les Européens libre
601 s libres », pour donner le départ à l’unification du continent. Cependant, pour l’observateur objectif que voudrait être l
602 unit quelque huit-cents délégués de tous les pays du continent, parmi lesquels seize anciens Premiers ministres, une quara
603 capables de faire passer les différentes parties du projet européen devant les parlements. Les six mouvements qui avaien
604 seph Retinger. Sous leur conduite, une délégation du Mouvement européen entreprit de convaincre les ministres des Affaires
605 les ministres des Affaires étrangères de France, du Benelux, d’Italie et de Grande-Bretagne, et les convertit à l’idée d’
606 , bientôt suivi par les quatre autres signataires du Pacte de Bruxelles. Le traité instituant le Conseil de l’Europe fut p
607 rg au début d’août de la même année, la faiblesse du Conseil apparut manifeste : une Assemblée purement consultative, élue
608 faire de vraiment neuf. Toutefois, le secrétariat du Conseil et les couloirs de l’Assemblée allaient devenir pendant quelq
609 avorable aux contacts stimulants entre dirigeants du Mouvement européen, ou de ses organisations membres, hommes politique
610 p — sur la mise en commun des ressources minières du continent, déjà préconisée à Montreux, et sur laquelle l’équipe de Je
611 e, une Conférence culturelle précisait la mission du Centre européen de la culture proposé par le congrès de La Haye, et l
612 opération fut de définir la nature de la mission du CERN, ainsi que de programmer les étapes de sa réalisation par les Ét
613 ève, au lieu choisi lors de la réunion fondatrice du 12 décembre 1950 au Centre européen de la culture. Il allait construi
614 allait construire le plus grand synchrocyclotron du monde, freinant ainsi (et même renversant parfois) le brain-drain qu’
615 ’est à la faveur d’une espèce de distraction tant du Conseil des ministres français, la veille, que de la presse ce jour-l
616 iques autant qu’économiques étaient sinon nulles, du moins annulables en tout temps par le Comité des ministres, préposé à
617 es communautaires. Dès avant le retour au pouvoir du général de Gaulle, le drame de la CED avait illustré une fois de plus
618 e, Saint-John Perse, prix Nobel. 25. Cf. Rapport du Premier congrès annuel de l’UEF, 27-31 août 1947, Montreux. Édité par
619 l’on peut lire aussi les déclarations européennes du journal Combat et le Manifeste de Ventotene, rédigé dans un confino f
620 e Monde, 9 mai 1975. 28. Cf. « Deux Initiatives du CEC : le CERN et la Fondation européenne de la culture » , Bulletin d
621 a Fondation européenne de la culture » , Bulletin du CEC, n° 4, Genève, 1975. 29. Pierre Uri, art. cit. du Monde. ad. R
622 C, n° 4, Genève, 1975. 29. Pierre Uri, art. cit. du Monde. ad. Rougemont Denis de, « Les débuts de la construction euro
24 1977, Articles divers (1974-1977). Robert Schuman (1886-1963) : l’homme de la frontière (1977)
623 vait l’air de rien », qu’il entrait dans la salle du parlement « comme un ecclésiastique qui se rend à la chaire » et qu’i
624 à son propos « des possibilités révolutionnaires du terne », mais Konrad Adenauer qualifie la création de la CECA « d’ini
625 es régions transfrontalières, remontant de la mer du Nord jusqu’à Bâle. Toute sa carrière européenne paraît préfigurée dan
626 laisse porter à la députation dès 1919, par sens du devoir civique et non par goût, et moins encore par ambition. J’étai
627 garde des Sceaux en 1956, et deux fois président du Conseil (en 1947 et 1948) — telles sont les étapes d’une brillante ca
628 st parce qu’un jour de mai 1950, sous l’apparence du prudent politicien et du célibataire presque timide que l’on a si sou
629 i 1950, sous l’apparence du prudent politicien et du célibataire presque timide que l’on a si souvent décrit, un homme d’É
630 la CECA, entendons l’acceptation grâce à Schuman du projet de Jean Monnet, sa mise en place rapide, et l’ampleur de ses s
631 ement si l’on rapporte l’attitude de Schuman lors du 9 mai 1950 aux motivations mêmes de sa personne et notamment à l’équa
632 L’action de Robert Schuman, à la date inaugurale du 9 mai 1950, montre une fois de plus que l’Histoire n’est pas faite pa
633 uestion de paternité vient se poser à l’historien du célibataire endurci que fut Robert Schuman : à qui faut-il attribuer
634 Schuman : à qui faut-il attribuer la Déclaration du 9 mai 1950 ? Le plan Schuman fut-il en réalité un Plan Monnet ? Il es
635 ne Hirsch. Il est non moins certain qu’en faisant du projet « son affaire » et en engageant sur lui le sort de sa propre p
636 sa pièce, la coopération créatrice entre l’auteur du scénario d’un film et son cinéaste. Plus précisément, il y aurait lie
637 , lors de la conception, puis de la mise en forme du « Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européen
638 ns en 1930. Robert Schuman fut réellement l’homme du Plan qui porte son nom, parce que ce plan résultait du problème dans
639 an qui porte son nom, parce que ce plan résultait du problème dans lequel s’était noué son drame personnel, et parce que c
640 raît avoir été déterminée moins par ses souvenirs du passé qui eussent pu au contraire l’aveugler, que par sa vision lucid
641 ir et en puissance des mêmes moyens, le président du Conseil d’alors, Georges Bidault, recevant le même texte de l’équipe
642 entre européen de la culture, à Genève, puis, née du Centre, la Fondation européenne de la culture, aujourd’hui transférée
25 1977, Articles divers (1974-1977). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous ! (1977)
643 seul. » Et Kafka imagine la parabole de la Porte du Palais de justice. Elle est ouverte, mais le pauvre paysan n’ose la f
644 e qu’il faut s’adresser si l’on cherche le chemin du Graal. ⁂ La complémentarité de l’orthodoxie et de l’hérésie apparaît
645 sacrée — « vérification intérieure et personnelle du sens et des sens du Livre » objectivité de la Révélation — « subjecti
646 ion intérieure et personnelle du sens et des sens du Livre » objectivité de la Révélation — « subjectivité comme vérité pr
647 ne question de tempérament. Selon que l’on relève du type introverti ou du type extraverti, on sera porté à privilégier so
648 ment. Selon que l’on relève du type introverti ou du type extraverti, on sera porté à privilégier soit la personne, soit l
26 1977, Articles divers (1974-1977). La nature du pouvoir (9 octobre 1977)
649 La nature du pouvoir (9 octobre 1977)am an Je ne sais si c’est un très bon choi
650 on la cite, à savoir la distinction entre le sens du pouvoir en France, et le sens du pouvoir en Suisse. En Suisse on n’a
651 on entre le sens du pouvoir en France, et le sens du pouvoir en Suisse. En Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté
652 e sens du pouvoir en Suisse. En Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté du pouvoir, ni celle de renverser le pouvoi
653 En Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté du pouvoir, ni celle de renverser le pouvoir. On ne parle simplement pas
654 renverser le pouvoir. On ne parle simplement pas du pouvoir, et il y a là deux mots complètement différents par leur sens
655 pe le Bel, et dans notre histoire suisse. Le sens du pouvoir n’est pas le même, et la différence excède le simple cas de c
656 e entrer un peu trop de choses dans la définition du pouvoir. En somme, Jeanne Hersch a fait un peu comme cet homme politi
657 individus, que les Rencontres ont choisi le thème du pouvoir. Le nœud du problème traité hier soir par Jeanne Hersch c’est
658 encontres ont choisi le thème du pouvoir. Le nœud du problème traité hier soir par Jeanne Hersch c’est, peut-être, ce sent
659 nt, à juste titre d’ailleurs, que le simple refus du pouvoir extérieur finit par nous y livrer bien plus sûrement que tout
660 s, au classique ouvrage de Bertrand de Jouvenel : Du Pouvoir — il ne s’agit pas d’opposer une condamnation impuissante du
661 s’agit pas d’opposer une condamnation impuissante du pouvoir comme tel. Il ne suffit pas, non plus, d’essayer de le renver
662 encore, la définition de Jean Bodin : le pouvoir du souverain consiste dans l’abandon que le peuple souverain lui a fait,
663 us secourir dans cette tragédie car cette « prise du pouvoir », dont on parle toujours, va prendre les agresseurs, va les
664 e Hersch, hier soir, notamment sur l’omniprésence du pouvoir, le fait que le pouvoir est, aussi, dans la liberté, et qu’on
665 ne peut concevoir la liberté sans l’intervention du pouvoir. La formule que je vous propose est la suivante : « La puissa
666 en valeur par Bertrand de Jouvenel dans son livre Du Pouvoir, dont je ne me lasse pas de citer cette phrase : « Le pouvoir
667 le n’a d’autres moyens que de borner les facultés du pouvoir. » am. Rougemont Denis de, « La nature du pouvoir », Le Po
668 pouvoir. » am. Rougemont Denis de, « La nature du pouvoir », Le Pouvoir. Textes des XXVIe Rencontres internationales de
27 1977, Articles divers (1974-1977). La puissance et les choix (mai 1977)
669 conflits qui couvent ou se déclarent en cette fin du xxe siècle me paraissent se ramener, symboliquement mais concrètemen
670 ersonnelle : la puissance collective de la tribu, du clan, de la cité, du Roi, puis de l’État moderne. Et la liberté des c
671 ance collective de la tribu, du clan, de la cité, du Roi, puis de l’État moderne. Et la liberté des citoyens, des groupes,
672 choix proprement politique au sens le plus large du mot, est le choix d’une finalité. Il désigne d’une part l’aménagement
673 ix proprement politique n’exclut pas telle partie du réel, mais déclare une priorité, une fin à laquelle les moyens ont po
674 les investissements majeurs, et un bond en avant du PNB, mesure des dépenses nationales. Enfin « très dangereux » exige à
675 entrales nucléaires et des usines de retraitement du métal infernal qui permet de faire des bombes, augmente chaque jour l
676 condition même de la paix : car ce choix signifie du même coup la fin de nos États-nations, liés au plutonium le bien nomm
677 nations, liés au plutonium le bien nommé, produit du monde souterrain, et l’avènement des régions autonomes, grâce à l’app
678 ’avènement des régions autonomes, grâce à l’appui du Ciel et de ses longs regards sur notre terre. Choisir les unités loca
679 ut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assurer à quelques-uns la rentabilité de leur entreprise, mais
680 st aveugle comme les taupes. Mais le Soleil vient du ciel, vient de Zeus, c’est-à-dire de « celui qui voit très loin ».
681 nt Denis de, « La puissance et les choix », Forum du développement, New York, mai 1977, p. 1-2. ai. Introduit par cette n
682 lications politiques de ce qu’il nomme « le Choix du siècle » que l’auteur de L’Avenir est notre affaire estime urgent d
683 x ouvrages dont L’Amour et l’Occident , La Part du diable , Lettre ouverte aux Européens , Les Dirigeants et les final
28 1977, Articles divers (1974-1977). Du passé à l’avenir d’une région (27 juin 1977)
684 Du passé à l’avenir d’une région (27 juin 1977)aj ak Républiques et
685 me protestante », vient d’échapper aux agressions du duc de Savoie (dont la plus célèbre est l’Escalade de 1602). Les Bern
686 reste liée très spécialement à Berne. (Une partie du canton, d’ailleurs, est de langue alémanique.) Mais elle entretient d
687 bourgeois catholiques. Cependant que Genève, cité du Refuge, s’ouvre au monde mais tend à se fermer à ses proches voisins
688 monde mais tend à se fermer à ses proches voisins du Faucigny et du Genevois, certes fort mêlés à sa population par mariag
689 à se fermer à ses proches voisins du Faucigny et du Genevois, certes fort mêlés à sa population par mariages ou par immig
690 duc de Savoie. Dès ce moment, et jusqu’aux débuts du xixe siècle, deux facteurs principaux vont contribuer à former peu à
691 ique lointaine). Au lendemain de la guerre civile du Sonderbund (cette guerre de Sécession des Suisses), la nécessité de s
692 mettre en vigueur en neuf mois, très exactement : du 17 février au 16 novembre 1848. C’est en somme la formation de la Sui
693 -Jacques est sans nul doute le premier théoricien du fédéralisme, c’est-à-dire de la libre alliance de très petites commun
694 de anglo-saxon et les Allemagnes. Dans le courant du xixe siècle, ce que l’on nommera « l’esprit romand » se signale et s
695 ôt que purement littéraires. Les deux grands noms du siècle, en Suisse romande, sont Alexandre Vinet et Henri-Frédéric Ami
696 t Henri-Frédéric Amiel, c’est-à-dire le moraliste du civisme à fondement théologique, et l’introspectif qui s’efforce à la
697 s’efforce à la traversée clandestine et craintive du territoire des tabous de la bourgeoisie. Deux pensées de Vinet me par
698 hologie génétique et de la pédagogie scientifique du xxe siècle. On a beaucoup écrit sur cet « esprit romand », que dans
699 oute expression lyrique gratuite… Bref, on a fait du Romand-type l’antithèse du Français-tel-qu’on-le-parle. Inutile d’ins
700 tuite… Bref, on a fait du Romand-type l’antithèse du Français-tel-qu’on-le-parle. Inutile d’insister : les deux clichés ne
701 erie, précisément ; chez le Fribourgeois, un sens du terroir trop facilement taxé de « réactionnaire » et beaucoup de gent
702 hez tous, un même sens de l’ouvrage bien faite et du service civique, synonymes de devoir moral ; ces traits ont caractéri
703 é depuis plus d’un siècle, aux yeux des étrangers du moins, le Suisse romand d’empreinte réformée, qu’il soit horloger ou
704 notre Romandie, c’était pour attirer l’attention du lecteur sur deux faits trop souvent méconnus. Premier fait : les cinq
705 nser qu’elle va se figer désormais dans son image du xixe siècle. Elle va changer, cela seul est certain. À la lumière de
706 orment aujourd’hui la Haute-Savoie.) En revanche, du point de vue économique, l’élévation des obstacles frontaliers surcom
707 rdent leurs séculaires valences (au sens chimique du terme : pouvoir de se combiner) par rapport aux régions voisines. Gen
708 sines. Genève reste la métropole de l’agriculture du pays de Gex. Le Valais tend à resserrer ses liens traditionnels avec
709 elle qui engloberait la Suisse romande (augmentée du Jura, bien entendu) et les départements voisins, franc-comtois, juras
710 — Le Léman est pollué par le Rhône qui y déverse du mercure (déchet d’industries pharmaceutiques), par les égouts des vil
711 ne-Aoste, aux débuts de notre histoire (de la fin du ixe au milieu du xie siècle) avait déjà été englobé dans le royaume
712 l’un de nos recteurs romands, tout en m’excusant du caractère très empirique et presque accidentel de mon fameux triangle
713 s venez de dessiner couvre très exactement l’aire du franco-provençal, langue distincte à la fois de l’oc et de l’oïl, et
714 ’oc et de l’oïl, et que parlèrent nos populations du ixe au début du xixe siècles. » Je devais découvrir peu après que P
715 et que parlèrent nos populations du ixe au début du xixe siècles. » Je devais découvrir peu après que Pictet de Rochemon
716 e quelques expressions patoisantes et les paroles du Cé qu’è lainô. Il n’en reste pas moins remarquable que l’extension d’
717 ature, comme l’extension de l’horlogerie à partir du xviiie siècle, ou même la provenance des clients de l’aéroport de Co
718 cien Évêché de Bâle, c’est-à-dire le futur canton du Jura. 32. Saint-Étienne, Lyon (4 universités), Grenoble (3), Aoste (
719 ’universités à venir. aj. Rougemont Denis de, «  Du passé à l’avenir d’une région », AGEFI : Agence économique et financi
720 rne — elle ne date guère que de la seconde moitié du siècle passé — d’un complexe de petites unités territoriales qui mena
721 à la Suisse alémanique et à la Suisse italophone du Tessin. »
29 1977, Articles divers (1974-1977). « Il faut changer de cap » (27 septembre 1977)
722 rielles sont menacées d’épuisement. Il nous reste du pétrole pour trente ans. Que fera-t-on dans trente ans des autos et d
723 lement une vingtaine de régions transfrontalières du Danemark à la Suisse, quatre au moins d’entre elles brochant sur troi
724 vont les forcer à réfléchir et à changer de cap, du genre de la crise du pétrole de 1973. Changer de cap, c’est littérale
725 fléchir et à changer de cap, du genre de la crise du pétrole de 1973. Changer de cap, c’est littéralement se convertir, fa
30 1977, Articles divers (1974-1977). Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)
726 l nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc lib
727 ns eau potable, sans pain, sans vin et privé même du comprimé d’algues marines en guise de steak qu’on lui a promis dès le
728 ous de jouer ! » lance-t-il en défi à la jeunesse du monde. Denis de Rougemont n’est pas un prophète. Son livre ne raconte
729 ne raconte pas une fiction. Il constate. Sévérité du moraliste, tristesse de l’humaniste, mais ferveur de l’homme : « Tout
730 l. Terrible constat. Il l’explique. Dans l’Europe du xxe siècle, le sens de la communauté est en train de disparaître, ma
731 ital. […] Hitler a répondu à la question centrale du siècle, qui est religieuse au sens élémentaire, en offrant une camara
732 e glissait vers le néant. Un rapport confidentiel du club de Rome (comité international de savants qui a alerté le monde s
733 ètement inconnu, s’il dépendait des catastrophes, du temps, de la nature, s’il s’agissait alors simplement de survivre, de
734 à la technique. Les catastrophes ne tombent plus du ciel, elles viennent de nous. Mais les hommes ont encore beaucoup de
735 . Vous voyez, partout nous atteignons les limites du supportable, du vivable. Les hommes d’État mentent trop à ceux du
736 rtout nous atteignons les limites du supportable, du vivable. Les hommes d’État mentent trop à ceux du peuple Vous ê
737 vivable. Les hommes d’État mentent trop à ceux du peuple Vous êtes un farouche ennemi de l’État-nation ? J’ai toujou
738 x. Et de s’en prendre à l’école avec la véhémence du professeur courroucé. L’école ! mais c’est elle qui perpétue les vieu
739 ar la publicité, les mass médias et la « morale » du marketing. Le sort de l’an 2000 se joue dans les leçons de nos écoles
740 Absolument faux, on parle allemand des deux côtés du Rhin. Les exemples sont multiples. L’enseignement doit opérer une mut
741 ropos recueillis par Danyèle Dulhoste et précédés du chapeau suivant : « Sous ce titre va paraître le livre retentissant d
31 1977, Articles divers (1974-1977). Denis de Rougemont : le retour d’un hérétique (3 octobre 1977)
742 vous vous retrouvez, bon gré mal gré, dans l’air du temps… J’ai plutôt l’impression que l’air du temps retrouve un certai
743 ’air du temps… J’ai plutôt l’impression que l’air du temps retrouve un certain nombre d’idées pour lesquelles je me bats o
744 z rigoureux. Regardez les conclusions des experts du club de Rome : dans la mesure où les hommes persévéreront dans leur d
745 veloppement industriel, c’est précisément à cause du type de croissance que les pays riches ont choisi pour eux. Ce type d
746 e de croissance suppose nécessairement un pillage du tiers-monde et une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous
747 nationale » est une absurdité. Prenons l’exemple du lac Léman, puisque nous l’avons sous les yeux : il est en train de se
748 édés. Or l’obstacle majeur à cette redistribution du pouvoir, c’est le mythe nationaliste pour lequel il faut toujours « r
749 meilleur des cas, ne fixeront jamais que le prix du seigle ou de la betterave ? L’enthousiasme pour l’idée européenne est
750 e devient, comme l’on sait, le compagnon de route du PCF. Du même coup, l’antieuropéanisme devient un article de foi de so
751 t, comme l’on sait, le compagnon de route du PCF. Du même coup, l’antieuropéanisme devient un article de foi de son nouvea
752 anifestes contre l’élection au suffrage universel du parlement européen qui affirment que l’Europe ne sera jamais qu’une m
753 ndre : l’expression « ordre nouveau » n’avait pas du tout le sens qu’on lui prête aujourd’hui. Nous ne ressemblions vraime
754 r nous comme l’aveu, la preuve de l’essoufflement du libéralisme. Nous étions donc anticapitalistes, anticommunistes et an
755 ez opportun d’écrire un article sur « la faillite du marxisme et du libéralisme en Allemagne », et de le faire précéder d’
756 crire un article sur « la faillite du marxisme et du libéralisme en Allemagne », et de le faire précéder d’une longue cita
757 ne qui avait été abusée par les grandes doctrines du moment. Cette jeunesse avait faim de communauté, de rassemblement, vo
758 rivaient et disaient : « Moi, je vais vous offrir du communautaire, du religieux. » Et, en histoire, quand une jeunesse a
759 nt : « Moi, je vais vous offrir du communautaire, du religieux. » Et, en histoire, quand une jeunesse a faim, elle ne rega
760 us, des urgences. Mais attention : notre critique du communisme ne reposait pas sur la peur bourgeoise du rouge ou du part
761 communisme ne reposait pas sur la peur bourgeoise du rouge ou du partageux. C’était un refus devant la forme moderne des r
762 e reposait pas sur la peur bourgeoise du rouge ou du partageux. C’était un refus devant la forme moderne des religions d’É
763 mocratie et à notre scepticisme devant les vertus du suffrage universel, je reconnais que c’était un diagnostic trop abrup
764 pour lesquels le marxisme n’était qu’une variante du productivisme dont nous, Occidentaux, pouvions déjà constater la fail
765 Proudhon me semblaient plus toniques que l’auteur du Capital. On passait donc pour des anarchistes, des libertaires. Aujou
766 je ne tarderais pas à me convertir à l’idéologie du IIIe Reich. Pourtant, il n’ignorait rien de mes prises de position an
767 înes de causalités, il apparaît que l’abomination du génocide hitlérien a peut-être, pour ultime conséquence, notre survie
768 oir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parliez de la passion dans L’Amour et l’Occident
769 puisque, dans ce livre, je me livrais à une étude du couple à travers l’histoire de l’Occident. Or qu’est-ce qu’un couple 
770 s instruments de la raison d’Étatbk, cet analogue du philtre, de la drogue. Comme Tristan, l’État-nation veut être seul au
771 jouent un si grand rôle dans toutes les versions du mythe de Tristan), n’était-ce pas ainsi qu’il désignait les hommes de
772 affaires humaines, je pense qu’il vaut mieux être du côté du roi Marcbn, qui symbolise la légalité, que du côté de Tristan
773 humaines, je pense qu’il vaut mieux être du côté du roi Marcbn, qui symbolise la légalité, que du côté de Tristan. Le dra
774 répète souvent : « Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier. » 33. V
775 al de Jean Daniel (Le Nouvel Observateur, n° 669, du 5 septembre 1977). aq. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le retour
776 nte ans, Denis de Rougemont, de sa retraite dorée du bord du lac Léman, prêche dans le désert. On pardonne tout aux prophè
777 Denis de Rougemont, de sa retraite dorée du bord du lac Léman, prêche dans le désert. On pardonne tout aux prophètes, sau
32 1977, Articles divers (1974-1977). Pierre Desgraupes fait le point avec Denis de Rougemont (10 octobre 1977)
778 avenir, il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévitable que les rares survivants ne raconteront pas…, e
779 iste. Or tout le monde sait aujourd’hui qu’il y a du pétrole pour trente ans environ. Autour de l’an 2000, il n’y en aura
780 oici : « Il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévitable que les rares survivants ne raconteront pas, fa
781 vivants ne raconteront pas, faute de public : fin du récit des civilisations, fin de l’Histoire. » Ce n’est tout de même p
782 ement à la guerre nucléaire. C’est un des aspects du cataclysme, le plus éclatant naturellement. Je suis absolument persua
783 x, pour rien. C’est parce qu’ainsi ils produisent du plutonium, et avec le plutonium, qu’est-ce qu’on fait ? Des bombes et
784 e. Donc, si on vend des centrales de retraitement du plutonium à certains pays, ce n’est pas pour autre chose d’imaginable
785 iens) dont on entoure dans nos pays les problèmes du nucléaire. Vous vous interrogez à leur propos et vous en arrivez à l’
786 a des savants qui affirment que tous les risques du nucléaire sont maîtrisés ; de l’autre, il y en a tout autant, sinon p
787 couperez pas au nucléaire parce que la population du globe double maintenant en l’espace de trente ans et qu’on va manquer
788 ître, le monde industrialisé sans exception, pays du rideau de fer compris, voit sa population stagner et même, parfois, d
789 culier que vous faites dans votre livre ce procès du « mythe de la puissance » avec tant de passion. Tout ce que vous vene
790 e voit contraint de choisir librement son avenir, du seul fait qu’il en a pour la première fois la liberté, donc la respon
791 munauté de Longo Maï en Haute-Provence, qui, sans du tout connaître l’exemple de Milet, a retrouvé cette sagesse. Ils étai
792 s un peu trop nombreux pour la survie harmonieuse du groupe, ils ont commencé à essaimer ; ils ont aujourd’hui une dizaine
793 sions qui sont incompatibles avec le dialogue ou, du moins, la concertation. Donc il faut renoncer aux grandes dimensions
794 oir, comme on dit chez moi, le beurre et l’argent du beurre. Les Américains disent : « Manger son gâteau et l’avoir encore
795 ui seront assez mineures au début, comme la crise du pétrole en 1973, qui est le type de ce que j’appelle une catastrophe
796 ion ; ça a appris une quantité énorme de réalités du monde moderne au grand public. C’est ce que j’appelle dans mon livre
797 ine. Je dirai que, quoique Suisse, je ne suis pas du tout rousseauiste : je ne pense pas, comme Jean-Jacques, que l’homme
798 «  L’Avenir est notre affaire . Tel est le titre du livre que vient de publier Denis de Rougemont. L’auteur de L’Amour e
799 s et font de lui aujourd’hui l’un des précurseurs du mouvement écologique. L’entretien qu’on va lire donne ainsi un prolon
800 t inattendu à ma récente enquête sur “Les déchets du progrès”. » bq. On a ici conservé l’original, même s’il semble que c
33 1977, Articles divers (1974-1977). L’Avenir est votre affaire (11 octobre 1977)
801 leurs humaines. S’il adopte dans son livre le ton du prophète, c’est que notre espèce se trouve dans une situation d’urgen
802 ions qui ne peuvent rien en faire, sinon en tirer du plutonium. On leur fait promettre qu’elles ne s’en serviront pas à de
803 ngton, par exemple, ou quelque autre grande ville du monde. La situation actuelle facilite l’escalade de la violence et du
804 on actuelle facilite l’escalade de la violence et du chantage. On justifie ces ventes en affirmant qu’elles équilibrent la
805 ant qu’État, à l’échelle régionale. La sauvegarde du Léman, par exemple, tout le monde s’en fout à Paris, comme l’a bien m
806 en fout à Paris, comme l’a bien montré l’attitude du gouvernement français à propos de la région franco-genevoise… La cons
807 rgie n’est pas celle qui se calculera en fonction du produit national brut — cette funeste idole des États contemporains —
808 évité, par exemple, de voir aujourd’hui que 18 % du territoire de la Hollande est bétonné, ce qui est une catastrophe du
809 Hollande est bétonné, ce qui est une catastrophe du point de vue écologique. Quand on pense que Pompidou a pu commettre c
810 otamment dans le monde arabe. Puis vint la guerre du Kippour, qui vérifiait mon analyse tout en m’obligeant à jeter à la c
811 nous nous fixerons… C’est d’ailleurs à une morale du but que Denis de Rougemont consacrera l’un des onze ouvrages qu’il a
812 ne société libre et responsable, garde confiance. Du point de vue écologique, la guerre est la pollution majeure de la pla
813 gens sont mobilisés par les thèmes de l’écologie, du régionalisme, de la communauté. Une expérience comme Longo Maï me par
814 mme, au cœur de l’homme d’aujourd’hui ». La terre du xxie siècle sera très exactement ce que nous aurons voulu et c’est à
815 notre vie présente que se dessine le futur visage du monde. On ne saurait trouver meilleur ouvrage que L’Avenir est notre
816 t notre planète et met en évidence les conditions du seul futur possible : celui qui verra l’homme prendre en charge sa pr
34 1977, Articles divers (1974-1977). « Je suis un pessimiste actif » (17 octobre 1977)
817 s oublier que ce monsieur de 71 ans est directeur du Centre européen de la culture, qu’il a lui-même fondé à Genève, et au
818 a une très visible ! Je défends une certaine idée du mariage dans L’Amour et l’Occident , en opposition complète avec la
819  voit pas » l’autre. Je me rallie à la conception du mariage que l’on trouve dans une tribu africaine. Le marié dit à sa f
820 s « d’unisexe ». Eh bien, c’est une première idée du fédéralisme, du régionalisme ! L’égalité dans la différence, sans uni
821 Eh bien, c’est une première idée du fédéralisme, du régionalisme ! L’égalité dans la différence, sans uniformité ! J’ai t
822 llement c’est que les vrais problèmes ne sont pas du tout abordés par les hommes politiques. Regardez la France : les posi
823 ance est un pays centralisateur où l’on a le goût du secret. Pour les Français, le régionalisme c’est une redécouverte mai
824 mais aussi une révision déchirante. Quant au goût du secret, il pèse lourd dans les discussions à propos du nucléaire. On
35 1977, Articles divers (1974-1977). « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)
825 s « hippies », par exemple, dont les chroniqueurs du Moyen Âge nous offrent des portraits fidèles. Il y a également toujou
36 1977, Articles divers (1974-1977). La fonction et la structure de la ville future (décembre 1977)
826 modestes et mesurées : la polis grecque, la cité du Moyen Âge ; puis toujours plus vastes, populeuses, élevées, gigantesq
827 alement invivables et non viables : dernier tiers du xxe siècle. La conclusion de l’aventure est décrite par la Bible, no
828 nouvelle Jérusalem », la ville sainte gui descend du Ciel « préparée comme une épouse », et qui n’a besoin « ni du Soleil
829 éparée comme une épouse », et qui n’a besoin « ni du Soleil ni de la Lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’éclaire
830 ner. Car une fois dépassées les mesures optimales du nombre et de l’étendue, les raisons d’être de la cité ne tardent pas
831 dent pas à s’obscurcir, jusqu’à se perdre : leçon du mythe de Babel. Au xixe siècle, l’industrie attirant la population d
832 fois ou cent fois plus peuplées que les capitales du xviiie siècle. Et certains sociologues affirmaient naguère encore qu
833 ociologues affirmaient naguère encore qu’à la fin du siècle, quatre cinquièmes de l’humanité s’entasseraient dans des vill
834 Énumérons quelques symptômes. 1. Les mégalopoles du type New York « ne sont plus gouvernables » (maire L. Lindsay). Elles
835 . 3. Elles sont les machines les plus énergivores du monde. (Rien de plus vorace en électricité qu’une tour de 40 étages.)
836 étages.) 4. Elles sont les lieux les plus pollués du monde : air, eau, bruit. 5. Parce que les hommes y sont trop serrés,
837 quoi faut-il aller ? 4. L’option fondamentale du siècle Au dernier quart du xxe siècle, la société occidentale att
838 option fondamentale du siècle Au dernier quart du xxe siècle, la société occidentale atteint le point où la seule ques
839 mpidou) ou au contraire que l’auto soit détournée du cœur de la capitale, pour lui permettre de se ranimer civiquement ?
840 aça, Platz, plein, square — dérivée de l’agora et du forum, a été le lieu politique par excellence — le sénat et le parlem
841 e sénat et le parlement n’étaient que délégations du forum. Là s’exerçait au maximum la participation civique. Le temple a
842 mieux gardé : elle doit devenir l’école pratique du civisme. Nous avons aujourd’hui les villes que leurs habitants ont su
843 ction et la structure de la ville future », Actes du congrès de la Fédération de l’habitation, de l’urbanisme et de l’amén
844 l’habitation, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, La Haye, décembre 1977, p. 145-148.
37 1977, Articles divers (1974-1977). Demain le soleil (20 décembre 1977)
845 re , c’est que rien n’est encore perdu. Fondateur du Centre européen de culture à Genève, il a écrit une trentaine d’ouvra
846 e j’ai écrit des livres, que je suis l’initiateur du mouvement fédéraliste européen. Que j’espère être démenti dans mes pr
847 nner. Enfin que je suis écologiste. Que vous êtes du pays de Rousseau et un peu utopiste ? On ne ferait jamais rien si cha
848 a arriver ? » Vous refusez de voir l’intervention du doigt de Dieu dans certains événements ? Des hommes sensibles J
849 yptique qui pèse sur l’avenir est une conséquence du passage d’Hitler sur la terre, surtout lorsque ce passage a croisé la
850 ous-développés qui étaient maîtres de la richesse du monde et qui n’en avaient pas conscience. Nous sommes loin d’Hitler…
851 entouré de pays producteurs de pétrole. La guerre du Kippour, en 1973, est l’endroit où Ford et Hitler se rencontrent. Rés
852 avenir, il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévitable que les rares survivants ne se raconteront pas,
853 vants ne se raconteront pas, faute de public. Fin du récit des civilisations, fin de l’Histoire. Tout le monde sait aujour
854 s d’énergie habituelles contraint à l’utilisation du nucléaire, ce mot qui sème l’épouvante à tort ou à raison. Les partie
855 à raison. Les parties de campagne casquées autour du site des centrales sont puériles et organisées par des jeunes gens qu
856 ons pas d’un choix qui nous est imposé, qui tombe du ciel : nous sommes les seuls responsables car nous avons créé une soc
857 le chapeau suivant : « Sur les rives tranquilles du lac de Neuchâtel [sic], là où Jean-Jacques Rousseau passa un hiver, v
38 1977, Articles divers (1974-1977). Écologie, régionalisme, fédéralisme : l’avenir selon Denis de Rougemont (30 décembre 1977)
858 t-cinq ans, sont en pleine utopie au mauvais sens du terme ». Les différents éléments qui font marcher le système industri
859 ntéressent pas, des travaux ingrats au sens exact du terme, c’est-à-dire qui ne leur apportent aucune gratification. Ils n
860 Suisse quand on dit le souverain, c’est toujours du peuple qu’on parle. Ce sont les États-nations et eux seuls, qui ont g
861 artir des régions, nécessaires pour l’aménagement du territoire et la lutte contre la pollution. C’est l’Amérique qui a ex
862 rique qui a exporté l’inflation, née de la guerre du Vietnam, en Europe : seule une union européenne pourrait tenter de ré
863 tiques de la droite, qu’est-ce qui la différencie du Parti communiste français ? Il y a un véritable chassé-croisé des val
864 grés. Mais sur le fond, quelle que soit la nature du danger que présente le nucléaire (il y a des savants hostiles, les in
865 tte énergie représente la logique la plus extrême du système. D’abord elle exige des investissements fabuleux et inchiffra