1
ui les baigne. La première souhaitait approfondir
en
réflexion morale et culturelle les efforts pour l’union que nos gouve
2
nion politique. Or, la cause de cette carence est
en
interaction précise avec les causes de la crise mondiale, dont le rap
3
coopération culturelle et le programme du Conseil
en
matière d’éducation et de culture ». Je crois qu’il serait juste d’aj
4
s techniques la diffusion discrète, mais efficace
en
profondeur, de quelques « lieux communs » européens qui ont sans dout
5
quelles valeurs, et en vue de quelles finalités ?
En
nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en
6
finalités ? En nous posant cette énorme question,
en
nous demandant d’y réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis d
7
des rapports humains dans la cité. Que le Conseil
en
soit remercié par les Douze, en tant qu’invités, et qu’il en soit fél
8
ercié par les Douze, en tant qu’invités, et qu’il
en
soit félicité par nous tous, en tant que citoyens. Car le Conseil ne
9
ge et blanc de la voie barrée, de l’impasse. Je n’
en
dirai pas plus sur ce chapitre : tout le monde a lu Forrester ou Mead
10
— la jeunesse qui ne lit plus que des onomatopées
en
bulles ; la manipulation des désirs, des besoins et des fantasmes par
11
el est le sens de ma vie dans cette société qui n’
en
est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut son fam
12
nt le seul principe absolu est le profit, calculé
en
monnaie. Beaucoup de jeunes gens rêvent de la renverser, cette sociét
13
rincipe de cohésion interne, — ou plutôt ce qui n’
en
a pas d’autre que l’obsession de la Puissance, vrai moteur de la soci
14
t changera selon la réponse. Et avec cela entrent
en
jeu, dans le concret, les valeurs, dont une mode de naguère avait ten
15
cience des valeurs que lésées. Mais alors, nous n’
en
doutons plus. Voulons-nous vraiment consommer deux fois plus d’électr
16
qui suppose une production multipliée par 16 384
en
un peu moins d’un siècle, utopie pure) et cela grâce aux 24 000 centr
17
éférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous
en
priorité le Profit ou l’équilibre moral ? Le progrès matériel, quanti
18
au cours des grands conciles œcuméniques de Nicée
en
325, à Chalcédoine en 451, époque où l’Église s’installe dans les cad
19
nciles œcuméniques de Nicée en 325, à Chalcédoine
en
451, époque où l’Église s’installe dans les cadres de l’Empire romain
20
lui de la Trinité : comment définir et distinguer
en
un seul Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, c’est-à-dire les t
21
llait fonder la conception chrétienne de l’homme.
En
déclarant qu’ils confessaient Jésus-Christ comme « vrai Dieu et vrai
22
nsemble des réalités antinomiques, qui s’excluent
en
logique mais coexistent en fait, ou comme diront les scolastiques, qu
23
miques, qui s’excluent en logique mais coexistent
en
fait, ou comme diront les scolastiques, qui sont « distinguées par la
24
nguées par la raison mais unies par la réalité ».
En
formulant la thèse centrale de l’orthodoxie chrétienne, c’est-à-dire
25
rthodoxie chrétienne, c’est-à-dire la coexistence
en
une Personne de deux natures antinomiques, sans confusion, sans sépar
26
le du fédéralisme, c’est-à-dire de la coexistence
en
perpétuelle interaction de l’union et des petites communautés, de l’u
27
globale et des autonomies locales — cette pensée
en
tension qui est vraiment l’idée formatrice de l’Europe parce qu’elle
28
s par Boèce, philosophe non chrétien, qui traduit
en
termes laïques les définitions conciliaires, et sera commenté par tou
29
e, la personne humaine est devenue la coexistence
en
tension de l’individu naturel et de ce qui dans l’homme « passe infin
30
révu pour moi depuis toujours, ou si je l’invente
en
osant y avancer sans l’avoir vu. Ce que je sais, c’est qu’il n’existe
31
u’on tente d’échapper à certaines responsabilités
en
se dissimulant derrière de prétendues « fatalités », de prétendus « i
32
cacher dans les buissons quand Dieu l’interpelle
en
Eden. On peut très bien ne pas croire à la personne. Et je ne cherche
33
elle existe, mais simplement à vous faire voir qu’
en
fait, et pratiquement, vous y croyez, tous tant que vous êtes. Car si
34
itation d’une illusion par une inexistence, à les
en
croire ? Comment peuvent-ils signer, tout simplement ? Dieu est mort,
35
es — mais pourquoi ? Marx, en revanche, dénonçant
en
termes hégéliens l’aliénation des travailleurs, témoignait en faveur
36
ailleurs, témoignait en faveur de la personne, et
en
son nom. L’aliénation de l’homme ne saurait désigner que ce qui compr
37
a fois selon le naturel et selon le divin qui est
en
lui. L’aliéner, c’est le mécaniser — au sens argotique qu’a pris le m
38
Le pouvoir sur autrui, il est fatal que l’État s’
en
empare un jour ou l’autre. Car l’État réclame en effet la totalité de
39
italiste, mais de nous tous, habitants d’une cité
en
ruines morales, même « rénovées plastique »l. La richesse, à ce banc
40
, soit du profit privé des sociétés, soit encore,
en
dernière analyse, de notre propre choix matérialiste. Lequel trahit p
41
un acte : le prochain est celui que je puis aider
en
fait. Mais la notion même de prochain suppose quelque proximité géogr
42
et régionale. L’universel et le local ne sont pas
en
contradiction — pas plus que l’Église et la paroisse — puisqu’ils exp
43
Europe — et de l’Occident tout entier — se ramène
en
dernière analyse à cela : comment l’homme, aliéné par la société tech
44
s sur soi-même, c’est-à-dire à la vraie liberté ?
En
termes philosophiques et moraux, cela signifie : voulons-nous à tout
45
de deux pages dont cette phrase me frappa, tapée
en
majuscules : Ni individualistes ni collectivistes, nous sommes person
46
d] et fiche-moi le camp ! ») Sa famille avait fui
en
Allemagne. À Fribourg-en-Brisgau, il avait suivi les cours de Husserl
47
Lamour et sa revue Plans, à laquelle je collabore
en
1931. Une seule chose sûre et certaine dans tout cela : c’est Alexand
48
position aux fascismes montants et au capitalisme
en
crise. Mais ce dont il m’importe, ici, de témoigner, c’est du rôle d
49
où j’éprouvais le besoin de dépasser — sans rien
en
sacrifier d’ailleurs — à la fois mes récentes certitudes théologiques
50
u et vécu, à Vienne, à Budapest, au lac de Garde,
en
Souabe — fasciné par le surréalisme tout en dénonçant ses faiblesses
51
arde, en Souabe — fasciné par le surréalisme tout
en
dénonçant ses faiblesses métaphysiques et politiques1, moralement « l
52
te que me remit Alexandre Marc m’apportaient donc
en
clair l’énoncé le plus simple de ce que je tentais péniblement de déc
53
un sourire un peu lointain plisser ses yeux, il n’
en
donnait pas moins une impression de sérieux profond et de maturité sa
54
— épreuves assumées sans faux-fuyants, transmuées
en
lucidité et nourrissant une volonté aussi tenace que dénuée d’illusio
55
ormé par l’Université allemande avant de terminer
en
France des études de droit et Sciences Po, il nous apportait à la foi
56
Hooft, secrétaire général du « Conseil œcuménique
en
formation » ; et du côté catholique, Jacques Maritain, Gabriel Marcel
57
. Certes, nous n’allions pas encore si loin. Nous
en
étions à découvrir que les passionnés d’orthodoxies au stade naissant
58
, vingt ans plus tard, les orthodoxies se figeant
en
« lectures correctes » et l’élan spirituel passant pour hérésie…) ⁂ I
59
amour, de fonder une internationale des jeunesses
en
rupture de partis, rupture de chauvinismes, rupture de marxismes et d
60
rcent déjà sur Marc le catholicisme et Péguy ; et
en
dépit aussi de mes sérieuses divergences avec le nietzschéisme antich
61
Quels sont ces articles « venant de l’ON » ? J’
en
trouve trois : Jean-Pierre Cartier (c’était moi) sur le procès d’un o
62
le ton ». Ces précautions se répéteront désormais
en
tête de chaque article fourni par l’un des membres de l’ON. Elles con
63
que Marc et moi étions fort loin de soupçonner qu’
en
1936, l’année même de la publication par L’ON de Mission ou démissi
64
ne injustice proprement aberrante4. À distance, j’
en
viens à penser que la seconde opinion de Mounier sur l’ON ne saurait
65
ntraîné » comme il l’écrit, et très soucieux de s’
en
défendre non seulement devant Maritain mais devant l’Église qui s’inq
66
devant l’Église qui s’inquiète (il a pu craindre,
en
1936 précisément, une condamnation d’Esprit en Cour de Rome), quand i
67
e, en 1936 précisément, une condamnation d’Esprit
en
Cour de Rome), quand il écrit à Berdiaev, qui fut marxiste, Mounier c
68
der intellectuel incontesté, Aron le plus fertile
en
idées de mise en scène et de mise en valeur de nos doctrines, Marc an
69
incontesté, Aron le plus fertile en idées de mise
en
scène et de mise en valeur de nos doctrines, Marc animait en fait le
70
plus fertile en idées de mise en scène et de mise
en
valeur de nos doctrines, Marc animait en fait le groupe en tant que t
71
de mise en valeur de nos doctrines, Marc animait
en
fait le groupe en tant que tel, moins par ses conceptions tactiques (
72
étions huit à diriger L’Ordre nouveau , si l’on
en
croit l’en-tête du numéro 2. Arnaud Dandieu, brillant intellectuel de
73
st le seul d’entre nous à toucher le grand public
en
ce temps-là. (Plusieurs d’entre nous lui reprochent de le toucher seu
74
e Vienne (Wittgenstein, Carnap, Hubert), et écrit
en
collaboration fréquente avec Dandieu. René Dupuis et Jean jardin ont
75
ition protestante, dont je suis censé vivre, tout
en
écrivant pour la NRF , Esprit , L’Ordre nouveau , et publiant mes
76
chez Hachette, mais que fait-il et de quoi vit-il
en
1933 ? Voilà ce que je n’arrive pas à me rappeler, et l’on se voyait
77
ntellectuels parisiens, voici l’état du groupe ON
en
1933 : Rops et Jardin (et peut-être Dupuis) sont catholiques déclarés
78
leur « foi »). Enfin, Marc va devenir catholique,
en
1933. La résultante de ces diversités est une neutralité religieuse t
79
sse assurément. Je donnerai l’exemple des titres.
En
avril 1936, paraît la brochure ON intitulée Mission ou démission de
80
à Neuchâtel Mission ou démission de la Suisse .
En
novembre, Alexandre Marc met en épigraphe à un article de L’ON cett
81
on de la Suisse . En novembre, Alexandre Marc met
en
épigraphe à un article de L’ON cette phrase de moi : « Une politiqu
82
de moi : « Une politique à hauteur d’homme », et
en
1948 paraît son livre intitulé À hauteur d’homme 7. La poésie sera f
83
ait, depuis ce temps-là, que gagner (si possible)
en
actualité. Contre l’État-nation. La critique de l’État centralisé,
84
lle est le fait de « personnes qui ont su trouver
en
elles-mêmes la force de se libérer des particularismes locaux et sent
85
de la patrie alsacienne, bretonne, catalane. Il n’
en
reste pas moins que la commune est le lieu privilégié en lequel se tr
86
e pas moins que la commune est le lieu privilégié
en
lequel se trouvent réunis tous les facteurs élémentaires de l’attache
87
n dans le mécanisme économico-administratif qui n’
en
devrait être que le soutien. Par là les valeurs spirituelles se trouv
88
us ou moins forte expansion de l’état. Ce dernier
en
vient à constituer le centre au travers duquel s’établissent nécessai
89
orme aussi les différences nationales spécifiques
en
rivalités nationales économiques ou belliqueuses. Il n’existe qu’une
90
ons spirituelles nouvelles ? » On peut d’ailleurs
en
dire autant de l’économie, dont « la zone planée trouverait sa justif
91
des richesses…) et de la rendre ainsi disponible
en
vue d’autres combats et d’autres conquêtes » (ON 22-23). La statolât
92
la Turquie « occidentalisée » et le IIIe Reich «
en
rupture d’Occident », le Duce et le président Roosevelt, tous sacrifi
93
’homme et par son attitude. Là-dessus, une page (
en
collaboration avec Claude Chevalley) où l’on trouvera déjà l’essentie
94
te perspective n’existe que parce que l’homme est
en
quelque manière extérieur à sa situation, parce qu’il connaît l’avant
95
e l’homme sans tenir compte de son attitude. Il n’
en
est peut-être pas ainsi de l’animal dont la situation ne peut être qu
96
élimination purement utilitaire de la diversité (
en
liaison avec les « passions » de l’animal — dans le sens étymologique
97
ressort de l’organisation… 8 L’union fédérale
En
triomphant de la tentation de l’Unité, on reconquiert le chemin de l’
98
de l’Unité, on reconquiert le chemin de l’union ;
en
renonçant aux prestiges morbides du monisme, on retrouve l’unité viva
99
e l’erreur moniste projetée sur le plan de la vie
en
société. (Son caractère monstrueux) manifeste la persistance des conf
100
es de l’État-nation ; trop grands si l’on tente d’
en
faire le lieu de ce contact direct avec la chair et la terre qui est
101
échouent complètement ou, pis encore, dégénèrent
en
« nationalismes » particularistes. (Esprit n° 2, novembre 1932) Fr
102
e le 15 juin 1934, sous le nom de Michel Glady et
en
collaboration avec Cl. Chevalley, Marc donne l’esquisse d’une recherc
103
rche que je me vois amené à reprendre aujourd’hui
en
relation avec ma théorie des régions fonctionnelles. Les deux passage
104
limites des communes…) ; elle se justifie ensuite
en
délimitant une base stable et solide aux édifices superposés, d’essen
105
12) Faire éclater l’État-nation. Enfin, voici
en
quelques lignes un condensé de ce qui sera, dans les années septante,
106
utaire, ou encore : fédéraliste] libère la nation
en
faisant éclater l’État et en dispersant les organes nécessaires de ce
107
te] libère la nation en faisant éclater l’État et
en
dispersant les organes nécessaires de celui-ci dans deux directions :
108
c et moi, côte à côte, dès le congrès de Montreux
en
1947. Mais ce n’est pas seulement la vertu anticipatrice de la pensée
109
’une attitude de l’homme qui assume et transforme
en
création le conflit permanent entre le particulier et le général, le
110
universel, conflit qui l’incite à créer de proche
en
proche des relations sociales et des communautés, des cités, puis leu
111
tés, des cités, puis leurs fédérations : et c’est
en
route vers l’universel que l’Europe apparaît inévitablement, non poin
112
. Cf. mon essai « Adieu, beau désordre… », publié
en
mars 1926 par la Revue de Genève . 2. Mounier et sa génération, Pa
113
rands articles et deux notes critiques à Esprit
en
1936. Tant de tolérance envers des « fascistes antiouvriers » dépasse
114
fascistes antiouvriers » dépasse la mesure. Mais
en
juillet 1939, Mounier définissait une « jeune gauche » formée d’ Espr
115
ser ma licence. On m’offre un poste de professeur
en
Chine, mais c’est à Paris que se passe « la vraie vie » pour un écriv
116
re-dare. Tram n° 5. Je saute de la voiture encore
en
marche à l’arrêt facultatif d’Areuse et cours vers la maison. Au mome
117
r littéraire d’une maison d’éditions protestantes
en
formation. La décision pouvait être prise dès le lendemain, mais sera
118
u micro par des équipes d’announcers comme on dit
en
anglais — speaker n’étant employé qu’en français — qui allaient deven
119
me on dit en anglais — speaker n’étant employé qu’
en
français — qui allaient devenir mes collaborateurs quotidiens. André
120
plusieurs reprises dans ma vie : voir des lettres
en
route vers moi, celles que m’apportera demain matin cet « homme de le
121
Voltaire. Ces incidents, dénués de sens utile, n’
en
remettent pas moins en question notre image du monde et de l’espace-t
122
s, dénués de sens utile, n’en remettent pas moins
en
question notre image du monde et de l’espace-temps. J’en donnerai deu
123
tion notre image du monde et de l’espace-temps. J’
en
donnerai deux exemples tirés de mon Journal d’une époque . Calw en W
124
xemples tirés de mon Journal d’une époque . Calw
en
Wurtemberg, 30 juin 1929 Hier soir sur la route des collines, pendant
125
donc rien d’utilisable éventuellement. Ce matin,
en
trouvant les trois lettres sur mon assiette, j’ai dit : « C’est bien
126
st de Pierre Girard, personnage imprévisible s’il
en
fut, et je n’avais aucune raison d’attendre qu’il m’écrive. Quant à l
127
suis dit : « Pourquoi cette lettre est-elle pliée
en
deux ? Ma boite est bien assez profonde pour ce format, le facteur de
128
oir ! » Je voyais une mince enveloppe grise pliée
en
V derrière la porte sans jour de la boite métallique. J’ai passé ma r
129
ennes. Je décrivais la crise du monde occidental,
en
progression rapide et calculable vers une apocalypse à court terme, e
130
esquelles je poursuivis ma conférence sans micro,
en
éclairant mes notes d’une torche. Et comme j’en venais à cette phrase
131
, en éclairant mes notes d’une torche. Et comme j’
en
venais à cette phrase : « En vérité, à y regarder de plus près, l’Éta
132
ulture, que j’ai appelé, après sa mort prématurée
en
1957, « le seul grand poète luthérien de langue française ». L’une de
133
, petit ouvrage publié à tirage limité à Lausanne
en
mars 1929. m. Rougemont Denis de, « Quelques-unes des choses curieu
134
n petit pays qui doit savoir se tenir à sa place.
En
proposant de grandes idées pour l’avenir du continent, elle n’aurait
135
ion du territoire occupé par le groupe humain qui
en
est le porteur. Les Suisses sont les dépositaires d’une grande idée,
136
ien10, que les Suisses se gardent soigneusement d’
en
faire un concept, un système, c’est-à-dire une recette exportable. C’
137
’endroit de l’attitude fédéraliste, non seulement
en
Europe et dans le monde, mais en Suisse même. C’est ce que je voudrai
138
e, non seulement en Europe et dans le monde, mais
en
Suisse même. C’est ce que je voudrais marquer d’abord. Nous commetto
139
is marquer d’abord. Nous commettons généralement
en
Suisse, à l’école, dans la presse, au Parlement, et même au sein de n
140
es directes et d’oligarchies, qui n’avaient guère
en
commun que l’essentiel : la volonté de rester libres à leur manière —
141
vingt-cinq « cantons et demi-cantons souverains »
en
1848. La formule créatrice de la Suisse a été : des communes à la féd
142
ociété occidentale d’aujourd’hui. Mais avant de s’
en
faire les promoteurs, comme ils le peuvent et le doivent à mon avis,
143
isses feraient bien de l’appliquer chez eux, et d’
en
finir avec cette espèce de blocage au niveau cantonal de la distribut
144
ssent le canton et appellent la Confédération, il
en
existe aussi, et de plus en plus, qui par leurs dimensions (économiqu
145
cun de nos États européens et demandaient la mise
en
commun de leurs ressources. Cet exemple mérite de demeurer classique,
146
s qui sont communs à ses voisins.) Pour tout dire
en
une phrase qui rappelle la thèse de Trotski contre Staline, le fédéra
147
: « Proposer notre fédéralisme à toute l’Europe,
en
attendant le monde, ce serait de l’orgueil, de la jactance, pire enco
148
ques. A) Nous avons à réformer de toute urgence,
en
Suisse, nos conceptions prétendument fédéralistes. Et ceci d’une doub
149
déralistes. Et ceci d’une double manière. D’abord
en
renonçant à la fiction récente des cantons comme États souverains, se
150
seuls sujets juridiques de la fédération. Ensuite
en
renonçant à bloquer aux frontières de la Suisse de 1848 le processus
151
t dans son extension à toute l’Europe — de proche
en
proche. (Et l’on peut espérer que le reste du monde finira bien par l
152
ennent aucun compte des frontières politiques. Il
en
va de même pour les réalités écologiques : la pollution industrielle
153
s : la pollution industrielle qui les met partout
en
danger ne connaît de frontières ni dans les airs, ni dans les mers, n
154
es agences européennes se réuniront régulièrement
en
un conseil exécutif européen. Cette idée d’un gouvernement européen n
155
à prévoir, deux sont à l’œuvre, et la nécessité d’
en
créer d’urgence deux autres — pour l’énergie et la monnaie — est deve
156
ix du Prince Pierre de Monaco, je voudrais mettre
en
valeur celui-ci ; qu’il partage seul avec le prix Nobel le privilège
157
stiques de notre continent : il est régulièrement
en
tête de liste pour le revenu par habitant, la qualité des services, l
158
ingt-huit États-nations qui divisent l’Europe ont
en
moyenne, quant à leur tracé actuel, un peu moins de cent ans d’âge, t
159
ce serait miracle, et ce miracle, sauf peut-être
en
Islande, ne s’est jamais produit —, il est d’autres frontières, au se
160
, faute de mieux, l’on nomme « essais », quels qu’
en
soient les sujets et le style, les dimensions et l’ambition intellect
161
émontré qu’il se riait de la tyrannie des genres,
en
couronnant, premier d’une série (je l’espère) l’auteur de ces lignes
162
mieux, de formes), il serait décent qu’au lieu d’
en
profiter pour jouer les critiques d’art qu’ils ne sont pas, ils se co
163
art qu’ils ne sont pas, ils se contentent de dire
en
amateurs qu’ils devraient être — et quel beau titre : celui qui aime
164
héorie et d’un jargon. Il n’est donc pas facile d’
en
parler — et voilà qui est devenu plutôt rare aujourd’hui, où tant d’a
165
nné le grand prix de peinture à l’auteur d’objets
en
métal et en verre qui n’utilise jamais ni pinceaux ni couleurs. Et ce
166
prix de peinture à l’auteur d’objets en métal et
en
verre qui n’utilise jamais ni pinceaux ni couleurs. Et cet abstrait s
167
élaborés : cage à oiseau, volailles vivantes mais
en
cage, et dans une galerie allemande, un artiste s’est borné à s’expos
168
elon les exigences du rêve continu qui se déroule
en
toute vie d’artiste et qui saisit au vol des surprises de lumière, co
169
très haute peinture murale de l’église de Gennep,
en
Hollande, parce que la manière même de poser la couleur, dans l’une e
170
tout la texture de la toile ou de la brique… Et j’
en
fais volontiers l’aveu : devant cette petite toile, devant ces brique
171
er Cingria, ne pourra remplacer le sacré, quoi qu’
en
écrive André Malraux, car s’il n’est pas un art au monde qui ne soit
172
s un art au monde qui ne soit issu du sacré, il n’
en
est pas non plus qui ne tire du sacré sa raison d’être indiscutable,
173
nique de l’auteur du Sacre du Printemps. Et c’est
en
quoi le fils et le père, inversant l’ordre trinitaire comme le miroir
174
père d’ailleurs, dans le petit livre qu’il publie
en
1948, Le Message d’Igor Stravinsky. Sur ce livre, nous possédons une
175
diale, dans le chœur de la basilique, du Cantique
en
l’honneur de saint Marc, j’ai vu l’auteur, le plus grand de ce temps,
176
ce dont l’Église a besoin, ce qui a été consacré
en
l’an 787 par le IIe concile œcuménique de Nicée, c’est le culte des i
177
a piété du peuple chrétien. (Théodore Strawinsky,
En
quête de l’Art sacré.) Byzance et Rome, Igor et Jean XXIII. Partant
178
u siècle, je prendrai référence du mot figuration
en
des sens opposés que lui donnent trois préfixes. Je dirai que le trav
179
européen ne signifie pas pour moi donner l’Europe
en
exemple au reste du monde, mais simplement chercher des structures so
180
ent plus, et qu’il est temps d’inventer mieux. Et
en
troisième lieu, si l’on recherche un modèle européen, c’est que l’on
181
ront-elles valables pour le reste du monde ? Je n’
en
sais rien et n’ose pas même le souhaiter : les expériences du passé r
182
fiants sur ce chapitre. Il y a vingt ans de cela,
en
1953, pendant la table ronde organisée à Rome par le Conseil de l’Eur
183
force de s’assurer une position morale dominante,
en
se transformant en communauté modèle. Vingt ans plus tard, me voici à
184
une position morale dominante, en se transformant
en
communauté modèle. Vingt ans plus tard, me voici à la recherche d’une
185
dominer (ne fût-ce que moralement) ou de se poser
en
modèle exemplaire. Une troisième possibilité qui serait en somme : la
186
tatation fondamentale que j’essaierai de formuler
en
une seule phrase, que voici : Pour la première fois dans l’histoire,
187
umaine ; et il y est contraint du seul fait qu’il
en
a, pour la première fois, la liberté. Jusqu’à nos jours, depuis le s
188
force à choisir notre avenir, et par là nous met
en
demeure de formuler une politique de l’homme et de l’humanité. J’insi
189
me se traduit par une crise qui remet ou met tout
en
question. ⁂ Choisir librement son avenir veut dire : élaborer une pol
190
nduite de gouvernement, ou de gérance de la cité,
en
vue et au nom de fins déterminées. Gouverner c’est prévoir, dit l’ad
191
dustrie, le cuivre par exemple. Selon les uns, il
en
reste pour quarante-huit ans, ou pour trente ans, ou pour vingt ans s
192
du Bureau de documentation minière de France, il
en
reste pour deux millions d’années… Comment, dans ces conditions, arrê
193
, et totalement exclu de la multiplier par 16 384
en
moins d’un siècle, car c’est le chiffre qu’on obtient au bout de quat
194
u’on obtient au bout de quatre-vingt-dix-huit ans
en
multipliant une quantité quelconque par deux tous les sept ans. 2) Si
195
, rien ne pourra faire que la consommation double
en
sept ans. Les compagnies essaient tout simplement de faire passer pou
196
t s’organiser pour vivre aussi bien, voire mieux,
en
consommant moins d’électricité, ou en recourant à d’autres formes d’é
197
oire mieux, en consommant moins d’électricité, ou
en
recourant à d’autres formes d’énergie ? En multipliant autour de nous
198
té, ou en recourant à d’autres formes d’énergie ?
En
multipliant autour de nous et devant nous des « fatalités » alléguées
199
autant qu’eux… Admettons qu’il est plus prudent,
en
tout état de cause, de suivre les futurologues soucieux plutôt que le
200
ou à long terme. Ils nous annoncent des désastres
en
chaîne, des catastrophes en système, ou en boucles, qui doivent presq
201
noncent des désastres en chaîne, des catastrophes
en
système, ou en boucles, qui doivent presque nécessairement résulter n
202
astres en chaîne, des catastrophes en système, ou
en
boucles, qui doivent presque nécessairement résulter non pas des éche
203
’à ce taux-là, nous serions six milliards et demi
en
l’an 2000, 26 milliards en 2070, 208 milliards en 2171 soit 1400 habi
204
six milliards et demi en l’an 2000, 26 milliards
en
2070, 208 milliards en 2171 soit 1400 habitants au km2 (densité des g
205
en l’an 2000, 26 milliards en 2070, 208 milliards
en
2171 soit 1400 habitants au km2 (densité des grandes villes actuelles
206
à toutes les terres émergées), 3 habitants au m2
en
2570, trente ans plus tard tout le monde se touche, et je m’arrête là
207
xponentielle. La croissance démographique est due
en
bonne partie aux succès de la science occidentale, laquelle est aussi
208
succès même commence à produire leur propre mise
en
échec. La croissance démographique et la croissance industrielle s’en
209
s futurologues ne sont pas tous pessimistes, il s’
en
faut. Les plus connus du grand public, les plus choyés par les pouvoi
210
e psychologique, de fausses nouvelles délibérées,
en
vue d’une action précise sur l’opinion mondiale. Herman Kahn est l’au
211
contenterai de citer ce que ses auteurs eux-mêmes
en
disent. À la page 54 de la traduction française de L’An 2000, ils don
212
mis de prévoir selon les propres dires de Kahn. J’
en
déduis que la méthode ne vaut rien. Les faits déterminants du xxe si
213
destruction d’une civilisation. Je ne puis ici qu’
en
résumer l’intrigue. Tout commence en 1875 (il y a donc un peu moins d
214
puis ici qu’en résumer l’intrigue. Tout commence
en
1875 (il y a donc un peu moins de cent ans), au fin fond du Middle We
215
de route », sa grande et constante ambition fut d’
en
construire une semblable pour partir au hasard sur les routes de camp
216
ondent, dans l’intention de jouer au plus rapide.
En
1903, Ford gagne une course de vitesse, et encouragé par ce succès, f
217
tonique des toniques : une atmosphère salubre ».
En
1910, Ford introduisit son fameux « Modèle T », robuste, utile et lai
218
des ventes. (C’est l’idée de la VW sous Hitler !)
En
1908 il vend 10 000 voitures. En 1910, 35 000. En 1924, il fabrique 7
219
W sous Hitler !) En 1908 il vend 10 000 voitures.
En
1910, 35 000. En 1924, il fabrique 7500 voitures par jour. Aujourd’hu
220
En 1908 il vend 10 000 voitures. En 1910, 35 000.
En
1924, il fabrique 7500 voitures par jour. Aujourd’hui, les USA produi
221
e la Hollande déjà) et c’est autant d’humus perdu
en
quelques semaines pour des centaines de milliers d’années. Elle devai
222
s’arrêtent pas les bouleversements et les méfaits
en
chaîne produits par l’auto. Comme elle ne marche pas encore sans pétr
223
xistence même d’Israël, par exemple, subordonnées
en
fait à la circulation de nos automobiles le dimanche. Or cette circul
224
ntré qu’elle stérilise les bases de la démocratie
en
transformant les places en parkings, et en chassant les piétons des r
225
bases de la démocratie en transformant les places
en
parkings, et en chassant les piétons des rues ; car c’était sur les p
226
cratie en transformant les places en parkings, et
en
chassant les piétons des rues ; car c’était sur les places et dans le
227
to. Mais Henry Ford réussit à l’imposer au monde,
en
quelques dizaines d’années, et voici nos villes invivables, le bétonn
228
es », et l’antisémitisme, qui se manifestent déjà
en
Allemagne, et dont il annonce le sinistre avènement européen. Sur la
229
eux guerres mondiales, des groupes de jeunes gens
en
colère, les « personnalistes des années 1930 », à Paris, à Londres, e
230
onnalistes des années 1930 », à Paris, à Londres,
en
Allemagne, en Italie, et en Suisse, dénoncent en Hitler comme en Stal
231
années 1930 », à Paris, à Londres, en Allemagne,
en
Italie, et en Suisse, dénoncent en Hitler comme en Staline les réalis
232
, à Paris, à Londres, en Allemagne, en Italie, et
en
Suisse, dénoncent en Hitler comme en Staline les réalisateurs énergiq
233
en Allemagne, en Italie, et en Suisse, dénoncent
en
Hitler comme en Staline les réalisateurs énergiques et sans humour, c
234
n Italie, et en Suisse, dénoncent en Hitler comme
en
Staline les réalisateurs énergiques et sans humour, c’est-à-dire fana
235
eux seuls qui ont prétendu gérer la terre. Qui s’
en
sont octroyé le droit souverain. Eux seuls qui en avaient les moyens.
236
en sont octroyé le droit souverain. Eux seuls qui
en
avaient les moyens. Et vous voyez ce qu’ils en ont fait. Ils ont géré
237
ui en avaient les moyens. Et vous voyez ce qu’ils
en
ont fait. Ils ont géré et détruit ses ressources en vue de leur seule
238
anticiper sur ses résultats, ni donc les décrire
en
détail ; mais vous restez en droit d’attendre, à tout le moins, que j
239
ni donc les décrire en détail ; mais vous restez
en
droit d’attendre, à tout le moins, que je vous donne mes hypothèses d
240
ire. Qu’il n’y a rien à imaginer au-delà. Et nous
en
avons persuadé la terre entière ; environ 150 États-nations, dont les
241
s lois. Qui a encore ce droit ? La guerre de Suez
en
1956 a permis d’en mesurer le peu de réalité, lorsque la France et la
242
e ce droit ? La guerre de Suez en 1956 a permis d’
en
mesurer le peu de réalité, lorsque la France et la Grande-Bretagne on
243
uf, plus intéressant aussi pour le reste du monde
en
quête d’un nouvel équilibre : le contenu régional de la société europ
244
ont pas des mini-États-nations qui reproduiraient
en
pire les prétentions absurdes des grandes : souveraineté illimitée et
245
ale devait durer 21 minutes. L’orateur poursuivit
en
éclairant ses notes d’une torche. 14. Sur ces mots, les lumières se
246
tion de l’Europe. La simultanéité de cette remise
en
cause est-elle purement fortuite ? Je ne pense pas qu’il y ait une cr
247
montée puissante de l’idée de région. Ce qui est
en
crise c’est l’État-nation napoléonien qui s’oppose aux régions et pro
248
ent être résolus d’un seul côté. Le Marché commun
en
1960-1961 a commencé à étudier la question régionale ; il a dressé un
249
le lorsque, dans son discours de Lyon, il passait
en
revue les relations que devaient entretenir les régions françaises av
250
ques de l’État-nation, qui consiste (pour le dire
en
termes rapides) à vouloir imposer une même frontière à des réalités q
251
nous faut éviter à tout prix. Je pense que faire
en
Europe 300 mini États-nations, au lieu de 25 États-nations serait agg
252
intéressantes qui sont en train de prendre forme
en
Europe sont transnationales, donc par-dessus les frontières. Il y a l
253
Aujourd’hui, si l’on parle tellement des régions
en
Europe, c’est à cause du formidable remue-ménage provoqué par la néce
254
r l’Ouest, et politiquement par l’Est. C’est déjà
en
bonne partie réalisé pour le quart de l’Europe, à l’est, qui est sate
255
ui est satellisé par les Russes, et c’est réalisé
en
bonne partie par l’économie de nos États de l’Ouest, qui est envahie
256
acobinisme libéral Quoi qu’on pense de la mise
en
place des nouvelles institutions régionales en France, il va falloir
257
se en place des nouvelles institutions régionales
en
France, il va falloir les faire fonctionner et peut-être les faire év
258
que vous venez d’employer, c’est celle de « mise
en
place » des organismes régionaux. À mon sens, elle symbolise, certain
259
e esprit, mais dans celui des gens qui l’ont mise
en
circulation, l’erreur fondamentale de ce que l’on appelle « la réform
260
s, mais c’est peut-être particulièrement frappant
en
France étant donnée la tradition centralisatrice sur laquelle je n’ai
261
le proposait le Marché commun. Avons-nous intérêt
en
France à faire des régions assez vastes de « taille européenne » ? De
262
ils finissent par me dire « il faut qu’une région
en
France soit compétitive avec un Land allemand ». Alors je leur dis :
263
’un et demi-million d’habitants et 740 km2 ? Mais
en
France, comment, en partant de ce qui existe, pouvons-nous créer et a
264
mène à la dissolution civique, à la dissociation
en
atomes. Avec cette poussière d’individus, l’État totalitaire va faire
265
l’État est plus fort que les hommes qui croient s’
en
emparer. Il les digère, il les phagocyte, quelle que soit leur idéolo
266
es à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre
en
main notre destinée, voilà le mot de toute l’affaire, notre affaire.
267
une autre « internationale » qui semble remettre
en
cause les États-nations, celle des sociétés multinationales. En effet
268
ationales. En effet, si l’État-nation n’était pas
en
crise, il n’y aurait pas de sociétés multinationales. C’est parce que
269
s qu’elles bafouent ouvertement aujourd’hui. Il y
en
aurait deux : le premier serait un pouvoir continental qui serait bie
270
moralise et dégrade notre population, par exemple
en
l’appâtant par des salaires trop forts pour des gens qui ne sont pas
271
entes régions. Vous avez des sociétés nationales,
en
France ou en Allemagne, ou en Italie, qui se conduisent vis-à-vis de
272
. Vous avez des sociétés nationales, en France ou
en
Allemagne, ou en Italie, qui se conduisent vis-à-vis de telle ou tell
273
ociétés nationales, en France ou en Allemagne, ou
en
Italie, qui se conduisent vis-à-vis de telle ou telle région exacteme
274
ux dans telle région du Midi, ou le long du Rhin,
en
Savoie ou dans le Nord, etc. Vous avez des phénomènes de colonisation
275
e Rome qui m’a fait très forte impression quand j’
en
ai eu connaissance, sous la forme d’un texte de 20 pages dactylograph
276
mmence par un germe invisible s’épanouira un jour
en
arbre, en éléphant ou en corps humain. Tout cela est bel et bon, la c
277
un germe invisible s’épanouira un jour en arbre,
en
éléphant ou en corps humain. Tout cela est bel et bon, la croissance,
278
ible s’épanouira un jour en arbre, en éléphant ou
en
corps humain. Tout cela est bel et bon, la croissance, c’est la vie,
279
ute pas sur un obstacle extérieur ; elle n’a rien
en
elle-même qui la règle. Elle peut conduire à toutes les monstruosités
280
individu humain passerait ainsi de 30 cm à 1,75 m
en
vingt ans, puis atteindrait une hauteur de 2000 m vers 40 ans, à la s
281
e peut transformer toute la substance de la terre
en
énergie. Il faudra bien s’arrêter un jour, alors, autant y penser tou
282
ndonnons cette idée fondamentalement fausse, nous
en
viendrons très vite à la nécessité de l’autorégulation de tous ces mé
283
ain nombre d’années, le seul pouvoir mobilisateur
en
France, c’est le pouvoir d’achat. Les individus, déjà, et puis les ma
284
ce qu’une expression régionale spontanée pourrait
en
sortir ? On voit mal comment… La description que vous faites de la me
285
eux. Ils étaient là, tous, le bras levé, à hurler
en
cadence, et ils se sentaient ensemble. Ils avaient une raison de vivr
286
lieu de planter, comme le fait l’EDF, des poteaux
en
ciment préfabriqués — de préférence devant une maison et en coupant u
287
préfabriqués — de préférence devant une maison et
en
coupant un ou deux arbres… Et les racines, pour vous, c’est la commun
288
Ce que l’on appelle des « communes » par exemple
en
Amérique ; des colonies, n’importe quoi, des associations, des parois
289
hangé, ont quitté leur région, quitté leur ville…
En
Suisse, qui donne toujours l’idée d’une grande stabilité, vue de l’ex
290
’idée d’une grande stabilité, vue de l’extérieur,
en
Suisse il n’y a plus qu’un homme sur trois qui habite dans sa commune
291
même si l’on change de lieu. L’important c’est d’
en
avoir. Parce que l’homme a besoin à la fois de racines et de mobilité
292
ée de l’homme complet, la personne, c’est l’homme
en
tension entre des aspirations contradictoires. Il a besoin de se sent
293
nie ailleurs, laquelle colonie bien sûr resterait
en
relation avec la mère-patrie). Mais la polis n’a jamais dépassé 100 0
294
beaucoup plus dangereux à manier. Mais je pense,
en
accord avec bien des urbanistes, américains surtout, et anglais égale
295
tout, et anglais également, qu’il faut absolument
en
revenir aux formules communales. On ne peut pas détruire les énormes
296
ment certaines réalités politiques et sociales et
en
interdisent d’autres. Si l’on prenait la ville communale au Moyen Âge
297
le et les marchés, c’est-à-dire toutes les forces
en
tension dans la vie publique. Cela correspondait à la révolution comm
298
munes. Les villes du xixe siècle sont des villes
en
étoile avec de très larges avenues qui servent au défilé des troupes,
299
tre balayées par les tirs des soldats de la garde
en
cas de révolution. Ainsi, au premier coup d’œil, on arrive très bien
300
. C’est l’encasernement, c’est l’homme transformé
en
numéro. Cela ne correspond peut-être pas à un régime politique déterm
301
conduit à faire des grandes villes. Je mets cela
en
question. L’économie n’a rien à exiger, l’économie est là au service
302
ogestion dans tous les ordres d’activités, autant
en
atelier qu’en entreprise. J’entends ce terme d’atelier au sens où Pro
303
tous les ordres d’activités, autant en atelier qu’
en
entreprise. J’entends ce terme d’atelier au sens où Proudhon l’entend
304
tions bien définies. Mais alors là, sans réserve,
en
solidarité. Voilà au fond ce que j’appelle fédéralisme, et qui résume
305
le chapeau suivant : « À l’heure où l’Europe est
en
crise comme elle ne l’a jamais été — crise de croissance ou crise mor
306
le, a contribué “à mettre l’Europe sur ses rails”
en
organisant notamment la conférence de La Haye en 1948, d’où devait so
307
en organisant notamment la conférence de La Haye
en
1948, d’où devait sortir le Parlement européen, le Conseil de l’Europ
308
pe et de l’Occident. L’Europe, il doit à Hitler d’
en
avoir saisi le génie lorsque, contraint de quitter la Suisse en 1940,
309
le génie lorsque, contraint de quitter la Suisse
en
1940, parce que trop antinazi, trop francophile et par là même compro
310
qui dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)i j
En
août 1940, Denis de Rougemont part pour les États-Unis, chargé d’une
311
ton ? Je l’ai vu pour la première fois à New York
en
1941, à l’Office of War Information. J’étais devenu le rédacteur prin
312
ouncers » (le mot de « speaker » n’est employé qu’
en
France) parmi lesquels se trouvaient Claude Lévi-Strauss et André Bre
313
ton, mais les plus étonnants datent de mon retour
en
Europe, lorsque je repris ce jeu dans ma maison de Ferney. Un soir, l
314
universitaire des hautes études internationales,
en
octobre dernier, juste avant la première grande crise de l’énergie. J
315
te avant la première grande crise de l’énergie. J’
en
prédisais le processus, l’enchaînement inexorable, en soulignant que
316
rédisais le processus, l’enchaînement inexorable,
en
soulignant que le système techno-industriel montrait déjà des ratés,
317
. Naturellement, les auditeurs ont cru à une mise
en
scène, d’autant plus que j’ai continué à parler, suivant mes notes à
318
York. Il se demandait comment un homme qui croit
en
Dieu pouvait avoir des relations avec la magie. Car c’est un fait qu’
319
sulter les gens sans aucune espèce de « raison ».
En
fait, après la sortie du « coupable », on s’aperçut qu’il restait 21
320
avec la publication du Manifeste d’André Breton,
en
1924, qui proclamait : “la toute-puissance du rêve, le jeu désintéres
321
davre exquis”, poèmes ou dessins collectifs. Il y
en
a beaucoup d’autres. »
322
reux, selon les sondages d’opinion, les Suisses n’
en
sont pas moins inquiets. Réfléchissant aux motifs spécifiques de ce c
323
s grands marchés, des grands ensembles politiques
en
formation, est-ce que nos libertés, et la Suisse elle-même, en tant q
324
trait que les Suisses ne cessent de répéter : « Y
en
a point comme nous ! » Je n’ai jamais entendu cette fameuse phrase qu
325
approuvé par tous ses citoyens. Mais quand on dit
en
Suisse (romande surtout) : « Ça, c’est bien suisse ! » il y a beaucou
326
ager les choses. L’intellectuel français approuve
en
principe tout ce qui est français, sauf le régime au pouvoir (quel qu
327
e sont pas les Pouvoirs que le Suisse inquiet met
en
cause, mais plutôt ses concitoyens. Sont-ils à la hauteur de leurs in
328
es souffrent. Culpabilité irraisonnée de l’homme
en
bonne santé devant le malade, du riche devant le pauvre, de celui qui
329
celui qui la subit. Pendant l’entre-deux-guerres,
en
1936, Karl Barth interrogé par des étudiants hongrois sur l’attitude
330
’entreprendre quelque œuvre de secours, d’adopter
en
temps de guerre un enfant allemand, un enfant français, et de devenir
331
ralité ne pourrait être péché que chez ceux qui s’
en
font une vertu, mais pas en soi. Elle est une mesure politique — expé
332
, puis moyen d’empêcher l’éclatement de la Suisse
en
1914, enfin doctrine d’État ces derniers temps, et là-dessus l’on peu
333
de péché n’est pas une solution et empêche même d’
en
trouver une, car si elle est un péché, il faut le révoquer, ou si ell
334
eutralité peut se justifier dans bien des cas, on
en
prendra trop facilement prétexte pour nier que Barth ait raison de la
335
ise. Notre fédéralisme est compromis, et ce qu’il
en
reste freine l’élan des entreprises. Est-ce qu’il y aura une place po
336
yable mais vraie — ce miracle qu’il faut traduire
en
formules désormais communicables, et qu’il faut assumer dans toutes s
337
l’avenir qu’elle représente pour une Europe qui n’
en
sait rien encore ! Je ne conçois pas d’autre remède à ses névroses de
338
lle qui a caractérisé la société industrielle née
en
Europe au xixe siècle, et qui s’est épanouie au xxe jusqu’à Los Ang
339
ut le monde parle, mais des causes de cette crise
en
nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce
340
u l’agrément ; enfin le profit calculé uniquement
en
monnaie, en avoir abstrait, jamais en termes de bien-être, de mieux-ê
341
; enfin le profit calculé uniquement en monnaie,
en
avoir abstrait, jamais en termes de bien-être, de mieux-être, de plus
342
es de deux des plus grands patrons d’aujourd’hui.
En
1973, Henry Ford II déclarait avec une belle sobriété : « Nous sommes
343
il, ni le contenu des loisirs. L’homme industriel
en
principe travaille trop, parce qu’il faut que la firme produise toujo
344
de plan. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert,
en
1765, définissait le loisir comme « le temps vuide ». Mais le « temps
345
u, entre la peine qu’on prend et le plaisir qu’on
en
a, entre les contraintes de la matière et la liberté de l’esprit qui
346
ins humains. La société industrielle, quoi qu’on
en
dise, n’est pas née pour satisfaire des besoins réels de l’homme, mai
347
profit des besoins neufs, artificiels, quitte à s’
en
prévaloir ensuite, une fois ces besoins devenus invétérés, pour invoq
348
routière », écrira-t-il dans son autobiographie.
En
1892, il construit sa première voiture. « On la considérait plutôt co
349
ra longtemps unique. Certes, plusieurs inventeurs
en
ont fait autant avant lui, mais il n’existe encore dans le monde guèr
350
r millionnaires resteront sans lendemain, si l’on
en
croit les autorités de l’époque. Ainsi, le Brockhaus, dictionnaire en
351
haus, dictionnaire encyclopédique allemand, écrit
en
1880 : « Automobile : nom qui a quelquefois été donné à de curieux vé
352
afin de les détourner du vice, fils des loisirs.
En
1899, il fonde une première entreprise de construction d’automobiles.
353
stat vertigineux, aveu du siècle à son tournant !
En
quelques décennies, par la publicité et par elle seule — la réclame,
354
rtout la conscience que l’homme a de ses besoins,
en
faisant passer au premier rang le plus artificiel et le dernier venu.
355
emier rang le plus artificiel et le dernier venu.
En
1909 il vend dix-huit-mille voitures, mais dix ans plus tard, un mill
356
ais dix ans plus tard, un million. Quand il meurt
en
1947, la General Motors et la Ford Company sont les deux plus grandes
357
us accoutumés à aller où que ce soit autrement qu’
en
auto. Les trains reviennent à la mode, mais ce n’est qu’une passade.
358
l’automobile, et vous ne pouvez plus changer cela
en
poussant un bouton. » L’aventure de l’Auto est bouclée. Le besoin qui
359
’Américain moyen — et nous donc ! — est prié de s’
en
tenir au mode de vie instauré par l’Auto, et qui favorise les ventes.
360
ce que des valeurs nouvelles existent et agissent
en
nous déjà, que les valeurs « fordiennes » nous apparaissent bizarres,
361
et de la proche émergence d’une société nouvelle,
en
nous d’abord. Et pour décrire ses caractéristiques, il nous suffira d
362
ntre le profit en soi, que tout le monde approuve
en
pratique. Mais je suis contre le profit considéré comme référentiel a
363
: car cette opération, si elle accroît le PNB, n’
en
a pas moins pour effet d’inverser totalement le sens de la fonction d
364
olifération exponentielle des armements paralyse
en
pratique les mieux armés, comme on l’a bien vu au Vietnam. Enfin, les
365
es du xxe siècle ne sont plus administrables, ni
en
fait gouvernées, comme on le voit ces jours-ci à New York ; et les ho
366
jours-ci à New York ; et les hommes y sont seuls
en
masse : livrés au scepticisme et à la délinquance. Cette dégradation
367
éduire la taille de ceux qui seraient tentés de s’
en
servir ? Si la guerre est le pire désastre qui menace aujourd’hui le
368
pillage à bout de souffle… Mais je m’arrête, je n’
en
finirais plus. Je terminerai sur la question qu’on va me poser, inévi
369
ment de la politique des puissances victorieuses,
en
attendant de devenir le champ clos de leur rivalité ; mais aussi par
370
déralisme, dont le corollaire est la neutralité.
En
temps de paix et de normalité, être neutre ne pose aucun problème, et
371
discuter et de voter le budget, entrent doucement
en
panique. Leur premier réflexe est de couper les dépenses culturelles
372
faire l’Europe », c’est-à-dire non pas l’unifier
en
la forçant à l’uniformité — chose impossible ou criminelle — mais sim
373
n’est guère mieux compris par les Suisses — qui s’
en
réclament — que par les autres peuples de l’Europe — qui ne voient pa
374
ope — qui ne voient pas bien ce qu’ils pourraient
en
faire. Dans la partie romande surtout, on a pris l’habitude de confon
375
e des groupes sociaux et politiques qui peuvent s’
en
charger, d’autre part. À la commune, les chemins vicinaux, au canton
376
ent membre à part entière du Conseil de l’Europe.
En
1972, elle signe des accords de coopération limitée mais réelle avec
377
t, au-delà des limites de l’État fédéral institué
en
1848. Si la Suisse veut rester fidèle à sa vocation séculaire, elle s
378
éculaire, elle se doit donc de devenir, de proche
en
proche, européenne, puis mondiale. La Suisse face au monde Les
379
e rêvent, semble-t-il, nombre de Suisses (si l’on
en
juge par les dernières votations), ne pourrait réussir qu’au prix de
380
ème de l’entrée de la Suisse à l’ONU. La Suisse,
en
adhérant, ne risquerait-elle pas de perdre son originalité, sa formul
381
bénéfices moraux de sa neutralité ? En revanche,
en
persistant dans son abstention, ne manquerait-elle pas de belles occa
382
: je ne vois pas, dans la Confédération fabriquée
en
1848 par la réunion de 25 petits États souverains, le modèle d’une fé
383
lique. S’ils devaient représenter les cantons, il
en
faudrait 25, comme l’actuelle commission du Marché commun, à Bruxelle
384
cantons. Leurs chefs auraient fait un beau pacte
en
latin, l’écrivant de la main gauche, probablement, puisqu’ils levaien
385
t pas de cantons, mais bien de communes (Gemeinde
en
allemand, universitas en latin, c’est-à-dire l’ensemble des gens et d
386
en de communes (Gemeinde en allemand, universitas
en
latin, c’est-à-dire l’ensemble des gens et des biens d’une vallée). E
387
. Seules, elles n’auraient pas pu le rester, mais
en
se mettant les trois, elles avaient juste assez de force pour préserv
388
nous avons partiellement subi le courant régnant
en
Europe, qui était celui de la centralisation et de la création des gr
389
rand mouvement libertaire, au nord de l’Italie et
en
Flandre, était déjà presque écrasé. Aujourd’hui, on découvre la néces
390
ela. » Ce genre de malentendu provient du fait qu’
en
Suisse aussi, on raisonne encore trop souvent en fonction de catégori
391
f — et non limité au cadre de l’entreprise, comme
en
Yougoslavie où ça n’a pas très bien marché — le mouvement créateur de
392
e la route du Gothard, phénomène continental s’il
en
fut, puisque cette route devait relier entre elles les deux parties d
393
eux fixés sur cette route, parce qu’ils pensaient
en
tirer de grandes richesses en y percevant des péages. C’est pour empê
394
ce qu’ils pensaient en tirer de grandes richesses
en
y percevant des péages. C’est pour empêcher cette mainmise « étatique
395
du coude du Rhin, dans la région de Bâle. Il y a
en
projet seize centrales nucléaires. Ce qui est de la démence pure. Aux
396
a légalité. Tous les moments de son histoire sont
en
rupture de légalité ! Aujourd’hui, Guillaume Tell aurait été le premi
397
avec vous que la justice, et vous êtes au surplus
en
état de légitime défense. Vous êtes donc en train de livrer le vérita
398
oir réduits à l’uniformité d’abord, puis à la vie
en
uniforme et finalement au « niveau de vie » le plus bas, le niveau zé
399
igueur, se dirait littéraire, mais bien de mettre
en
valeur le fait, historique autant que psychologique, que « l’Amour »
400
e, enfin cinématographique au xxe siècle. Preuve
en
est que nos psychologues « scientifiques » et psychanalystes de toute
401
miné que chez tous les autres animaux : les mâles
en
tout temps excitables, les femelles en tout temps accessibles. L’érot
402
les mâles en tout temps excitables, les femelles
en
tout temps accessibles. L’érotisme, deuxième niveau, est l’usage non
403
e. Ainsi défini comme la transformation du besoin
en
jouissance, le phénomène érotique est pratiquement universel. Toutes
404
« religion » au sens sociologique du terme). Il n’
en
va pas de même de la passion, forme d’amour liée plus que toute autre
405
sion, laquelle est la transposition de l’érotisme
en
religion de l’amour ressenti, en exaltation nostalgique ou jubilante,
406
on de l’érotisme en religion de l’amour ressenti,
en
exaltation nostalgique ou jubilante, comparée à un feu qui couve en s
407
algique ou jubilante, comparée à un feu qui couve
en
secret et qui soudain éclate, flambe et « se déclare ». C’est l’amour
408
on n’est donc pas le mélange, mais la composition
en
un produit nouveau et de propriétés spécifiques, d’une jouissance dés
409
ession des « variétés de l’expérience amoureuse »
en
Occident. Selon Platon et son maître Socrate, Éros est l’agent de tou
410
rogrès moral et spirituel, mais à la condition qu’
en
lui et par lui prévale toujours sur l’instinct génésique la recherche
411
a métaphysique de l’amour (R. Flacelière, L’Amour
en
Grèce). Il semble que Platon agit sur nous comme une information hér
412
ositive, édifiante, idéalisante, on aurait tort d’
en
inférer que les Grecs n’ont pas connu le couple sombre Éros-Thanatos,
413
ouse est source d’amitié, comme une participation
en
commun à de grands mystères (hiéron mégalôn). » Or un contemporain de
414
ental de l’érotique, dans l’ère chrétienne, tient
en
ceci que le christianisme, religion de l’Amour (« Dieu est Amour »),
415
ore que de malingres témoignages de son existence
en
Europe, parmi lesquels on peut citer les Carmina de l’évêque Fortunat
416
des mouvements religieux hétérodoxes prolifèrent
en
Italie, en Allemagne rhénane, dans les Flandres et le Nord, puis le c
417
ents religieux hétérodoxes prolifèrent en Italie,
en
Allemagne rhénane, dans les Flandres et le Nord, puis le centre et le
418
dra d’une part vers le nord de la France et jusqu’
en
Angleterre, d’autre part vers l’Ouest occitan où elle s’installera so
419
es passionnées contre le luxe et la luxure, fonde
en
1101 à Fontevrault un couvent de femmes, bientôt célèbre parce que le
420
’amour-passion, c’est-à-dire de l’amour traversé,
en
butte à des obstacles toujours plus tragiques, et s’exaltant du tourm
421
urs plus tragiques, et s’exaltant du tourment qui
en
résulte. Une forme toute nouvelle de poésie chantée naît dans le Poit
422
et de Regina Coeli désormais donnés à la Vierge.
En
1140, des moines instituent le culte de l’Immaculée Conception de Not
423
ui permet de transformer la pulsion instinctuelle
en
sentiment, et l’expérience générique en conscience individuelle. À pa
424
inctuelle en sentiment, et l’expérience générique
en
conscience individuelle. À partir des troubadours et des trouvères du
425
s mots. On peut soutenir que l’histoire de l’Éros
en
Occident, des troubadours à notre siècle, se confond avec celle des e
426
os jours, dans les mass médias audiovisuels. On s’
en
tiendra ici à la littérature. Le mythe de l’amour-passion Très
427
adours dans le temps même où la première version (
en
langue romane — d’où le nom de roman), le Tristan et Iseut de Béroul,
428
e Tristan et Iseut de Béroul, commence à circuler
en
Europe. Tous les éléments de la révolution psychique composés en syst
429
les éléments de la révolution psychique composés
en
système dans la cortezia se retrouvent dans l’histoire de Tristan : d
430
ie courtoise a sensibilisé la psyché occidentale.
En
lui donnant un langage nouveau, elle a permis à des sentiments nouvea
431
n code sacré et d’un système d’interdits comme on
en
trouve dans les autres religions. Un seul tabou, d’ailleurs universel
432
une institution dite fosterage. Tristan est donc,
en
droit, le « fils » de Marc. Chargé par ce dernier de la « quête » d’I
433
ui a conquis Iseut par valeur et prouesse, serait
en
droit de la garder pour lui selon la coutume chevaleresque qu’illustr
434
les tournois dont la dame est le « prix ». S’il n’
en
fait rien, ce n’est pas seulement par respect de son suzerain (déjà t
435
eulement par respect de son suzerain (déjà trompé
en
fait), mais parce qu’à la force des lois et de sa fidélité au roi s’a
436
a pour fonction, comme toujours, d’exprimer tout
en
le voilant, de trahir en le traduisant et de communiquer sans l’expli
437
oujours, d’exprimer tout en le voilant, de trahir
en
le traduisant et de communiquer sans l’expliquer, car son contenu dem
438
inconscient de la présence impérieuse du mythe, l’
en
traduira peut-être d’autant mieux. Certes, la tension peut décroître,
439
e, il peut s’effacer progressivement, se déguiser
en
protecteur, en oncle, en ami aîné et plus sage, et finalement s’évano
440
facer progressivement, se déguiser en protecteur,
en
oncle, en ami aîné et plus sage, et finalement s’évanouir tout à fait
441
ressivement, se déguiser en protecteur, en oncle,
en
ami aîné et plus sage, et finalement s’évanouir tout à fait dans les
442
re des personnages de roman les plus falots) doit
en
être séparé, après de brèves et fulgurantes rencontres, par mille tra
443
le plus souvent dans le roman contemporain, il n’
en
reste pas moins celui qui affronte la mort d’amour, celui auquel son
444
r mieux pouvoir se plaindre qu’elle soit située «
en
trop haut lieu », voire tout à fait inaccessible. « L’amour de loin »
445
arer par le moyen de la littérature, elle le perd
en
sincérité, en virulence ; son drame vécu devient spectacle passionnan
446
yen de la littérature, elle le perd en sincérité,
en
virulence ; son drame vécu devient spectacle passionnant, ses péripét
447
est sans doute L’Astrée d’Honoré d’Urfé, ouvrage
en
cinq parties et plusieurs milliers de pages, paru de 1607 à 1627 et t
448
ourtoisie au sens moderne. La mystique se dégrade
en
psychologie de salon, transposée dans un paysage pastoral. Les amants
449
es du mythe sont là, mais leur tragique s’est mué
en
élégante mélancolie : lois d’Amour, séparations ingénieuses, éloge de
450
e à la critique des générations qui vont suivre ?
En
fait, ce fut assez d’un décret de Boileau, dans son Dialogue sur les
451
tois, premier roman moderne ? La mort s’y atténue
en
renoncement mutuel, et la chevalerie fait place à la vertu, qui concl
452
IV et oppose à l’anarchie de la Fronde cette mise
en
ordre quasi totalitaire de la nation et de la culture qu’on baptise a
453
essentir l’amour » qui paraît désormais naturelle
en
Europe. L’empire du mythe tristanien sur Racine est manifeste : il ex
454
ont condamnables, et Racine les condamne, mais il
en
fait son œuvre ! L’autre moyen qu’il a trouvé pour nous parler volupt
455
du même coup, à celle de l’auteur : Les dieux m’
en
sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé le feu fatal
456
l écrit : Ce que je puis assurer, c’est que je n’
en
ai point fait [de tragédie] où la vertu soit plus mise en jour que da
457
int fait [de tragédie] où la vertu soit plus mise
en
jour que dans celle-ci. Les moindres fautes y sont sévèrement punies
458
femmes « prises » (comme une ville après un siège
en
règle). Mais ces femmes ne sont plus objets d’adoration. Elles ont le
459
ui ne laissera qu’un souvenir de bonheur, quoi qu’
en
dise Dona Anna. Casanova, dans ses Mémoires, se vante de n’avoir lais
460
es corporels. Le marquis de Sade écrit ses œuvres
en
prison : il ne peut donc s’agir que de fantasmes, mais qui n’en sont
461
ne peut donc s’agir que de fantasmes, mais qui n’
en
sont que plus révélateurs de l’inconscient collectif du siècle et des
462
terton, « a tout perdu excepté la raison ». Privé
en
fait d’amour physique, ce descendant de la Laure de Pétrarque (Laure
463
s de la fascination mortelle. Ainsi l’on a passé,
en
plus de cinq siècles de progressive sensibilisation, des mœurs au myt
464
uit : Que ton feu spirituel dévore mon corps, qu’
en
une étreinte aérienne je m’unisse étroitement à toi, et que dure alor
465
res de contrainte. Si le romantisme est un retour
en
force de la religion des « Fidèles d’amour », c’est que l’obstacle co
466
pose au mariage bourgeois, union notariale. C’est
en
1830 et 1848 qu’apparaissent en Europe des expressions telles qu’érot
467
notariale. C’est en 1830 et 1848 qu’apparaissent
en
Europe des expressions telles qu’érotisme, sexualité, problème sexuel
468
s ses poèmes une érotique secrète et douloureuse,
en
défense contre la civilisation industrielle. Elle est nourrie de sple
469
rs interdites et impossibles. Et c’est Wagner qui
en
révélera musicalement le sens ésotérique, au moment où le mariage bou
470
choc et de conversion d’une intensité comparable
en
« expliquant tout » par l’action de l’autre élément considéré comme t
471
ud n’a rien ajouté à notre idée de l’amour puisqu’
en
ramenant l’amour à l’Éros génital il inverse la cortezia, mais il a f
472
nécessité de procréer pour conserver l’espèce ».
En
bref, on peut affirmer qu’aux yeux de Freud l’amour du prochain, dési
473
du prochain, désintéressé et même oblatif, n’est
en
dernière analyse qu’une « variété » de l’attrait sexuel, alors que, d
474
le laïque autant que par l’Église, la sexualité n’
en
a pas moins envahi les salons de la peinture bourgeoise, les théâtres
475
lité et même “d’une attitude complètement normale
en
amour” où viennent s’unir le courant de la sensualité et celui de la
476
el n’est pas trouvé indépendamment, mais toujours
en
s’étayant sur la satisfaction des pulsions d’autoconservation. (On a
477
les angoisses que ces interdits expriment (ou qui
en
résultent par la suite) aient préexisté de longue date au christianis
478
dans ses ouvrages sur Éros et l’érotisme, si fort
en
vogue dans l’avant-garde intellectuelle des années 1970. C’est en deç
479
il avec une lucidité toute nietzschéenne. Suivant
en
cela Baudelaire, Bataille croit retrouver dans le sens du péché et la
480
tout ce qui, jusqu’ici, était donné à l’amour ; d’
en
faire le moyen de notre propre révélation (préface à L’Amant de Lady
481
ualité soit plus anarchique ou plus vigoureuse qu’
en
d’autres temps. C’est seulement l’expression de la sexualité qui n’es
482
cherchent partout l’obstacle qui résiste et ils n’
en
trouvent plus guère. L’Homme sans qualités de Robert Musil, qui décri
483
isme généralisé, le budget privé de la magie qui,
en
France, dépasse le budget de la recherche scientifique, l’envahisseme
484
e maladie incurable qui ne peut trouver remède qu’
en
elle-même. C’est une condition délectable et un mal que nous désirons
485
lectable et un mal que nous désirons. Celui qui n’
en
est pas atteint ne souhaite nullement rester sain. Et celui qui en so
486
t ne souhaite nullement rester sain. Et celui qui
en
souffre ne trouve aucun plaisir à en être guéri. r. Rougemont De
487
Et celui qui en souffre ne trouve aucun plaisir à
en
être guéri. r. Rougemont Denis de, « L’amour », L’Univers de la
488
anière scandaleuse dans les pays totalitaires est
en
germe chez nous. Face à un État qui veut tout régenter, y compris la
489
régime totalitaire l’écrivain est nécessairement
en
opposition. Non seulement parce qu’il raconte. Mais surtout parce qu’
490
l. On les condamne donc pour remettre leurs idées
en
place, en ordre ? Il faut se mettre à la place du magistrat soviétiqu
491
condamne donc pour remettre leurs idées en place,
en
ordre ? Il faut se mettre à la place du magistrat soviétique. On lui
492
que, précisément, on réserve aux fous. Si j’étais
en
Russie je serais enfermé depuis longtemps et je me demande si je ne d
493
société amène toujours davantage l’artiste à être
en
opposition contre elle. D’ailleurs ça n’a pas toujours été le cas : j
494
C’est une vieille notion que l’on retrouve encore
en
justice. Si votre avocat prouve que vous avez agi sous la contrainte,
495
l y avait seulement la commodité des gouvernants.
En
possession de tous les moyens de commander, ceux qui étaient à la têt
496
collecter les impôts. Mais il a eu vite fait de s’
en
trouver d’autres. Aujourd’hui il dirige l’école, il s’occupe d’hygièn
497
il s’occupe d’hygiène, il dirige les transports,
en
fait il se mêle de tout y compris de ce qui ne le regarde pas. Son rê
498
ne le regarde pas. Son rêve — et ce qui se passe
en
Union soviétique de façon scandaleuse préfigure peut-être des situati
499
rt, il a un passeport de citoyen du monde et il n’
en
veut pas d’autres. C’est un choix qui ne menace personne. Lorsqu’il é
500
dimir Boukovski ne connaît pas d’autres horizons.
En
janvier 1972 il a été encore condamné pour “agitation et propagande a
501
nisations culturelles — d’écrire à Leonid Brejnev
en
demandant sa libération. Au premier rang de ceux qui se sont engagés
502
ure et les idéologies partisanes au pouvoir. Or,
en
admettant, contre toute vraisemblance, que ces réalités hétérogènes f
503
n des hommes et des groupes décident de reprendre
en
main leur destin à l’échelon local et régional, et de faire prévaloir
504
et le Budget en particulier ne font que traduire
en
chiffres les vrais choix et les priorités, non pas alléguées, mais ré
505
sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse qui
en
résulte chez les individus perdus dans les foules solitaires, dans le
506
ticipation où les citoyens puissent enfin prendre
en
main leurs affaires communes — qu’il s’agisse de réalités culturelles
507
t grand temps de le dépouiller de son prestige, d’
en
dénoncer l’absurdité et d’inciter chacune des grandes régions du glob
508
u point cette formule, à la rendre opérationnelle
en
temps utile, elle aura fait bien plus et mieux pour le tiers-monde qu
509
ra fait bien plus et mieux pour le tiers-monde qu’
en
lui prêtant son « assistance technique », c’est-à-dire des experts en
510
assistance technique », c’est-à-dire des experts
en
armements, en gaspillage, en production de pollution et en obsolescen
511
chnique », c’est-à-dire des experts en armements,
en
gaspillage, en production de pollution et en obsolescence calculée.
512
t-à-dire des experts en armements, en gaspillage,
en
production de pollution et en obsolescence calculée. u. Rougemont
513
nts, en gaspillage, en production de pollution et
en
obsolescence calculée. u. Rougemont Denis de, « L’État-nation, voi
514
gens du pays de Gex, de Genève, des deux Savoie,
en
partie du Bas-Valais, du Val d’Aoste et du canton de Vaud, tout ce qu
515
re région. Il y a là une tâche énorme à accomplir
en
commun. La nappe phréatique, aussi, est commune aux Genevois, aux Ge
516
e qu’il n’est pas question de coopérer parce que,
en
temps de guerre, on serait très embêté si on avait la même station de
517
actuellement, des professeurs français enseignent
en
Suisse, mais la réciproque n’est pas possible). Il faut, au besoin, c
518
qu’on mérite et, surtout, dont on se montre digne
en
étant responsable. Responsable : je tiens au mot. Car après tout, san
519
l’histoire a frayé la voie vers l’union fédérale
en
s’y avançant le premier ! L’Europe des esprits et des cœurs, c’est e
520
de l’homme de culture et de méditation qu’il fut,
en
fait, d’une manière invisible mais réelle et qui, loin d’être margina
521
par rapport à son œuvre politique, pourrait bien
en
être la source. Personnellement, je vois la preuve de cela dans le fa
522
cheminer » et cheminer « faire du chemin, surtout
en
ce sens que le chemin est long et qu’on le parcourt lentement ». On s
523
naturellement que sa méditation s’est poursuivie
en
création et n’a cessé de soutenir son action. Voilà pourquoi cet hom
524
istoire, il a frayé la voie vers l’union fédérale
en
s’y avançant le premier. Et certes, il n’a jamais entretenu l’illusio
525
Bordeaux et d’Athènes à Stockholm, toute l’Europe
en
été vibre et chante, danse ou déploie les fastes de ses opéras dans l
526
illes de festivals et boucler le voyage à Lucerne
en
moins de 2000 km par la route. Un circuit bien plus ample, aux étapes
527
ample, aux étapes moins serrées mais plus riches
en
contrastes, relierait les grandes manifestations annuelles d’Aix-en-P
528
ncien festival connu (il a célébré son centenaire
en
1961) et Varsovie, le plus délibérément novateur (on n’y donne que de
529
e rumeur musicale de nos étés européens ? Si je n’
en
ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu’il s’agissait des « grands
530
rel qu’est en réalité l’Europe, et l’aient prouvé
en
s’associant sous le signe de l’union continentale. ⁂ Depuis un siècle
531
tous échanges humains. Lors du congrès de Vienne,
en
1815, les hommes d’État de la Sainte-Alliance annoncèrent l’ouverture
532
ncèrent l’ouverture d’un « concert des Nations ».
En
fait, on n’entendit qu’une cacophonie en crescendo perpétuel et le br
533
tions ». En fait, on n’entendit qu’une cacophonie
en
crescendo perpétuel et le bruit des canons devait en marquer l’inévit
534
crescendo perpétuel et le bruit des canons devait
en
marquer l’inévitable conclusion. Deux cataclysmes de dimensions mondi
535
ire entendre enfin le vrai « concert européen » ?
En
fait, chacun tentait de vivre pour son compte. Quelques-uns cherchaie
536
se mettait à l’œuvre. ⁂ La musique est d’Europe,
en
ce sens qu’elle est liée à l’Europe non seulement historiquement, dan
537
tes, et non pas tout mêler indiscernablement ni s’
en
tenir à l’unisson. En un mot fédérer, mot-clé de notre Centre. Je pri
538
êler indiscernablement ni s’en tenir à l’unisson.
En
un mot fédérer, mot-clé de notre Centre. Je prie les historiens de pr
539
usique et de la culture européennes ont été reçus
en
qualité de membres associés. Israël et Osaka ont brillamment inauguré
540
aine de personnes sont assises autour d’une table
en
fer à cheval, et souvent leurs regards se perdent sur ces champs de n
541
publicité, des échanges d’exécutants et de mises
en
scène, et de la publication concertée des programmes et des dates, je
542
vals dans la vie culturelle de l’Europe , publiée
en
1957, l’association proposait la définition suivante : Un festival e
543
nctions religieuses et de tout le contexte social
en
vue desquels elle avait été composée. C’est grâce aux festivals qu’on
544
ue dans les esprits chaque fois qu’elle est jouée
en
son lieu, annonce et préfigure une évolution très profonde de la soci
545
d’eux tente d’exprimer un genius loci, non point
en
produisant ses propres œuvres, son dialecte musical particulier, mais
546
e qui motive son étude aujourd’hui. Tout le reste
en
dépendra, et d’abord mes réponses. Qu’est-ce donc pour vous, l’Europe
547
ouvernements qui financent l’organisation le font
en
vue des applications non prévues mais prévisibles qu’ils en attendent
548
applications non prévues mais prévisibles qu’ils
en
attendent pour leur production d’énergie et pour leur défense nationa
549
herche fondamentale est celle qui peut « rendre »
en
vingt ans, pour le prestige et la puissance de l’État, mille fois plu
550
is plus que la recherche appliquée ne peut rendre
en
deux ans pour l’industrie. Vous voyez que la recherche fondamentale n
551
ux payée et la plus payante au bout du compte. Qu’
en
est-il dans le domaine des sciences humaines ? Je serais tenté de rev
552
. C’est une manière aussi de faire vivre l’Europe
en
vivant sa culture, qui est, à mes yeux, sa profonde identité. Cette c
553
fini ! » Comme si ceux qui écrivent ces slogans n’
en
étaient pas, de cette Europe qu’ils jugent finie ! L’agonie qu’ils an
554
nt savoir ce que vous enseignez au juste. Je vous
en
donnerai deux exemples. J’ai professé à notre Institut et à l’EPFZ si
555
gie aux USA, d’hommes d’État de tout premier plan
en
Allemagne et au Benelux, et des douze Sages de la table ronde réunie
556
bante. Second exemple : Je donne depuis deux ans,
en
alternance avec André Reszler, un cours sur Les Mythes formateurs de
557
thes de la Genèse, et enfin de l’Apocalypse, tout
en
multipliant rapprochements et contrastes avec les mythologies de Sume
558
fique qu’on cultivait au xixe siècle, mais qui s’
en
plaindrait aujourd’hui ? Vos étudiants s’en plaignent-ils ? Ceux qui
559
qui s’en plaindrait aujourd’hui ? Vos étudiants s’
en
plaignent-ils ? Ceux qui font des études dans la seule intention de s
560
lent européens, ou non, ils reviennent et parfois
en
demandent davantage, hors programme, isolés ou en groupes. Vous avez
561
en demandent davantage, hors programme, isolés ou
en
groupes. Vous avez rappelé récemment, ici même, après Jouvenel, que n
562
t-elle pas tout simplement une histoire des idées
en
Europe, sur l’Europe et pour l’Europe ? Oui, mais cela ne dit pas tou
563
r l’Europe ? Oui, mais cela ne dit pas tout, il s’
en
faut ! Car notre enseignement ne se réduit pas à la transmission d’un
564
après tout, ce n‘est peut-être que cela : mettre
en
système du savoir et du non-savoir, du réalisé — ce sont les « faits
565
outes les études de votre Institut, non seulement
en
histoire, mais en économie, en science politique, en anthropologie ph
566
e votre Institut, non seulement en histoire, mais
en
économie, en science politique, en anthropologie philosophique, sur l
567
tut, non seulement en histoire, mais en économie,
en
science politique, en anthropologie philosophique, sur les problèmes
568
histoire, mais en économie, en science politique,
en
anthropologie philosophique, sur les problèmes de l’Europe, est-ce qu
569
ne vous condamne pas à l’européocentrisme ? Vous
en
êtes parfois accusé. Quand on fait « simplement » du droit, des lettr
570
chef à la survie de cette culture ? 20. Mal vue
en
Europe surtout et par ces masochistes invétérés que sont trop souvent
571
s environ que je m’occupe de ces choses, et que j’
en
écris, je suis de plus en plus frappé par le rôle qu’y joue le menson
572
diverses formes de ce que je nommerai le mensonge
en
service commandé, je donnerai ici un exemple récent et — qu’on me le
573
m’assure que cet appareil ira de Paris à New York
en
trois heures et demie au lieu de sept. Bon. Mais les quelques dizaine
574
dizaines de PDG et de membres du « jet-set » qui
en
« bénéficieront », si l’on peut dire, que feront-ils de ces heures ga
575
int suroccupés, on leur rendrait meilleur service
en
leur faisant « perdre » quelques heures supplémentaires au-dessus des
576
ensable de « gagner » trois heures sur ce trajet,
en
voici le moyen simple et qui eût déjà permis environ 15,8 milliards d
577
ravers les fusées américaines) ; cela signifie qu’
en
construisant Concorde, on aurait découvert des procédés qui permettro
578
l’affaire nucléaire comme dans celle de Concorde,
en
faisant de ces deux entreprises les suites logiques de l’idéal matéri
579
dangereux comme les centrales à plutonium (et il
en
suffit de 5 kg pour faire une bombe atomique) exigent un déploiement
580
cette sorte d’énergie que l’État central est seul
en
mesure de produire et de distribuer, entraînant ainsi, par le jeu des
581
par le jeu des disciplines de production, la mise
en
servage progressive et insensible des individus et des communautés lo
582
usque dans leurs pensées. Elle les force à mentir
en
bonne conscience, parce qu’au sens le plus précis de l’expression, il
583
e sur la terre, il y a deux morales incompatibles
en
théorie, si elles sont parfois complémentaires en pratique. L’une veu
584
en théorie, si elles sont parfois complémentaires
en
pratique. L’une veut la liberté d’abord, l’autre veut la sécurité par
585
roduction industrielle tendent à exclure. Et vous
en
viendrez peu à peu à l’idée de trouver l’énergie nécessaire le plus p
586
rient et négligent). Et vous irez plus loin. Vous
en
viendrez bientôt à chercher l’énergie en vous-même. Tout peut changer
587
in. Vous en viendrez bientôt à chercher l’énergie
en
vous-même. Tout peut changer maintenant si, renonçant à nous laisser
588
, elle signifie bien davantage, et peut produire
en
nous d’abord mais aussitôt dans la société d’aujourd’hui de proche en
589
aussitôt dans la société d’aujourd’hui de proche
en
proche, des répercussions infinies, de très profondes remises en ordr
590
répercussions infinies, de très profondes remises
en
ordre. Et je ne dis pas qu’en alertant les énergies qui sont en nous
591
s profondes remises en ordre. Et je ne dis pas qu’
en
alertant les énergies qui sont en nous nous pourrions aller aussi vit
592
e ne dis pas qu’en alertant les énergies qui sont
en
nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seulement q
593
ller aussi vite que Concorde. Je dis seulement qu’
en
faisant appel toujours plus aux forces qui sont en nous, le besoin qu
594
n faisant appel toujours plus aux forces qui sont
en
nous, le besoin que nous avions de forces extérieures diminuerait d’a
595
s diminuerait d’autant, et que nous serions alors
en
mesure de découvrir une réalité du monde bien différente, où des entr
596
îtraient tout à fait incongrues. Je ne dis pas qu’
en
nous confiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourri
597
voudrais écrire quelque chose. À peine de retour
en
Suisse, on m’offre de composer un Festspiel pour l’« Expo » nationale
598
demandais quelques jours « pour réfléchir » et n’
en
fis rien, certain qu’avant le terme fixé, la catastrophe réglerait to
599
mis une biographie nouvelle de Nicolas de Flüe. J’
en
avais parcouru distraitement quelques pages. L’image scolaire que je
600
sent. Au matin j’ai tout le plan de la pièce et j’
en
ai vu le paradoxe essentiel : peupler et animer une scène immense aut
601
t s’adapter à la fois à la déclaration d’un chœur
en
marche et au dialogue du drame civique et spirituel. Tout cela crée l
602
orte rien qu’une commande peu munificente. Je lui
en
résume les données, j’esquisse la structure de la pièce, suggérée par
603
donc oui, et l’on se met au travail dès novembre.
En
janvier, tout sera terminé. Mais un soir d’août 1939, à La Chaux-de-F
604
texte, mais tout ce que j’ai pensé, arrière-pensé
en
l’écrivant et renoncé à y mettre faute de mots… Et surtout, l’arrière
605
e continuellement, dans mon atelier, dans la rue,
en
conduisant ma Bugatti. Jusqu’à ce que la mélodie sorte des paroles. »
606
t historique, pour aboutir à notre oratorio, puis
en
1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de la canonisation (c
607
laire » c’est que « ce pacifiste était inopportun
en
un moment où il s’agissait de résister au national-socialisme ». (Pro
608
auteur du texte au Cercle de la Presse de Genève,
en
1947, C. A. Loosli citant la « Légende dramatique » s’écriait : « Dan
609
s libres. Au surplus, la musique d’Honegger reste
en
dehors — au-dessus — de ce débat. Ansermet disait des petits chœurs d
610
ille Chamberlain et Édouard Daladier, accords qui
en
livrant la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie laissa à l’Europe une
611
une année de répit avant l’invasion de la Pologne
en
1939. ag. Rougemont Denis de, « Souvenir de 1938 », Festival de mus
612
l’occasion du Congrès de l’Europe réuni à La Haye
en
mai 1948, le projet d’union de l’Europe résulte de la conjonction d’a
613
que sans le plan Marshall, proposé aux Européens
en
1947, rejeté par l’Est sur l’ordre de Moscou, accepté par l’Ouest, et
614
l’Europe : Pour récupérer la Terre sainte, rédigé
en
1306. Pierre Dubois, son auteur, est un juriste de Philippe le Bel et
615
unauté chrétienne contre les infidèles. De siècle
en
siècle, l’idée renaît à mesure que l’État se renforce. Au xve siècle
616
lentes entre les États-nations qui se multiplient
en
Europe — ces parties qui se veulent chacune plus grande que le tout c
617
ent du Conseil français, lequel déclare à Genève,
en
1929, qu’« entre les peuples de l’Europe doit exister une sorte de li
618
’union fédérale européenne. Le texte est présenté
en
1930 à la Société des Nations. On peut y lire : S’unir pour vivre et
619
ction au point précis où ils l’avaient abandonnée
en
1932 ? Les mouvements de militants et la période des congrès Au
620
ens, allemands ou hollandais, suisses ou anglais.
En
quatre jours de congrès, le cadre de l’action européenne est posé, le
621
oduction de l’union entière. On demande « la mise
en
commun des ressources d’énergie des marées et de l’énergie atomique,
622
a Résistance. À Genève, dès 1944, dans une Europe
en
guerre encore, les délégués de mouvements de résistance actifs dans n
623
de mouvements de résistance actifs dans neuf pays
en
guerre se sont réunis clandestinement, par trois fois, pour élaborer
624
des mesures « d’union plus étroite » ne limitant
en
rien les souverainetés nationales, et celle des fédéralistes, exigean
625
la création d’un Centre européen de la culture «
en
toute indépendance des contrôles gouvernementaux », et l’institution
626
nstance supérieure aux États, à laquelle puissent
en
appeler les personnes et les collectivités, et destinée à assurer la
627
se sur tous les plans. Il réunissait à Bruxelles,
en
février 1949, un congrès politique qui ne marqua pas de grands progrè
628
de Paul-Henri Spaak. Il convoquait à Westminster,
en
avril 1949, une Conférence économique qui relança l’idée d’une autori
629
nsista — par la voix d’André Philip — sur la mise
en
commun des ressources minières du continent, déjà préconisée à Montre
630
e à travailler de son côté dès le début de mai27.
En
décembre de la même année, à Lausanne, une Conférence culturelle préc
631
8. Le Centre européen de la culture devait entrer
en
fonction à Genève en octobre de l’année suivante. Et il se trouva que
632
de la culture devait entrer en fonction à Genève
en
octobre de l’année suivante. Et il se trouva que sa première opératio
633
ue pays comme des difficultés communes à résoudre
en
commun »29. Ce n’était pas une réforme, mais une révolution. On peut
634
ivre, par le jeu de mécanismes supranationaux mis
en
place et honnêtement pratiqués, l’union politique de l’Europe. Le cho
635
’autant plus que la période des congrès, si riche
en
initiatives enthousiastes, n’avait créé, en fait, que le Conseil de l
636
riche en initiatives enthousiastes, n’avait créé,
en
fait, que le Conseil de l’Europe, dont les capacités de décision poli
637
omiques étaient sinon nulles, du moins annulables
en
tout temps par le Comité des ministres, préposé à la garde des souver
638
e rétablir l’équilibre » (Pierre Uri). Quoi qu’il
en
soit, les parlements de cinq des Six ne tardèrent pas à ratifier le p
639
ratifier le projet français (1992 et 1953) ; mais
en
France même, il allait déclencher le débat le plus passionné de l’apr
640
s eux vers l’Europe des régions fédérées ? 24.
En
poésie, Saint-John Perse, prix Nobel. 25. Cf. Rapport du Premier con
641
ement, défini comme un « homme de la frontière ».
En
1914, il est allemand selon son passeport. Inapte au service militair
642
a Commission d’Alsace-Lorraine ; mais s’il adhère
en
1931 au jeune Parti des démocrates populaires — qui sera le MRP de la
643
ncarcéré à Metz pendant quelques mois, puis placé
en
résidence surveillée dans la Forêt-Noire, il s’évade en 1942. Les naz
644
idence surveillée dans la Forêt-Noire, il s’évade
en
1942. Les nazis le rechercheront à travers toute la France pendant le
645
nées d’occupation, sans jamais le découvrir. Il n’
en
sera pas moins l’un des premiers à proposer, à la Libération, une pol
646
res étrangères (de 1948 à 1952), garde des Sceaux
en
1956, et deux fois président du Conseil (en 1947 et 1948) — telles so
647
ceaux en 1956, et deux fois président du Conseil (
en
1947 et 1948) — telles sont les étapes d’une brillante carrière d’hom
648
grâce à Schuman du projet de Jean Monnet, sa mise
en
place rapide, et l’ampleur de ses suites, s’expliquent seulement si l
649
la personne même de Robert Schuman, parce qu’elle
en
est constitutive et lui est vraiment congénitale. L’action de Robert
650
ces personnes dégagent la résultante et trouvent
en
elle leur expression. Mais une autre question de paternité vient se p
651
ri et Étienne Hirsch. Il est non moins certain qu’
en
faisant du projet « son affaire » et en engageant sur lui le sort de
652
ertain qu’en faisant du projet « son affaire » et
en
engageant sur lui le sort de sa propre politique européenne, Robert S
653
européenne, Robert Schuman a transformé un texte
en
acte et une épure en fait d’histoire. Qui est le vrai père ? Celui qu
654
chuman a transformé un texte en acte et une épure
en
fait d’histoire. Qui est le vrai père ? Celui qui conçoit le projet o
655
le européenne » présenté à la Société des Nations
en
1930. Robert Schuman fut réellement l’homme du Plan qui porte son nom
656
action. Oui, mais placé devant le même avenir et
en
puissance des mêmes moyens, le président du Conseil d’alors, Georges
657
i allait devenir l’Europe des Six, puis des Neuf,
en
attendant la vraie Europe — celle des peuples et non des États. L’E
658
naturellement que sa méditation s’est poursuivie
en
création et n’a cessé de soutenir son action. Voilà pourquoi cet homm
659
istoire, il a frayé la voie vers l’union fédérale
en
s’y avançant le premier. Et certes, il n’a jamais entretenu l’illusio
660
e Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois,
en
route vers les rencontres d’Ascona, il s’écrie : Hérétiques de toutes
661
res, mythique, politique, quotidien, triomphaient
en
Russie soviétique, en Italie fasciste, en Allemagne nazie, et tout au
662
ue, quotidien, triomphaient en Russie soviétique,
en
Italie fasciste, en Allemagne nazie, et tout autour de nous, de plus
663
phaient en Russie soviétique, en Italie fasciste,
en
Allemagne nazie, et tout autour de nous, de plus en plus, fascinaient
664
l’événement fondamental de l’existence chrétienne
en
concepts et en idées, en une essence intemporelle, en une vérité géné
665
damental de l’existence chrétienne en concepts et
en
idées, en une essence intemporelle, en une vérité générale… » Et par
666
e l’existence chrétienne en concepts et en idées,
en
une essence intemporelle, en une vérité générale… » Et par « existenc
667
oncepts et en idées, en une essence intemporelle,
en
une vérité générale… » Et par « existence » nous ne pouvions entendre
668
ages cités sont justement d’Henry Corbin. Et je n’
en
trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors. ⁂ Aprè
669
prise de conscience renouvelée de ce qui animait
en
profondeur nos écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’occupait dé
670
liais divers essais parmi les tout premiers parus
en
France sur Kierkegaard et sur Kafka. Sohrawardi écrit : « Lis le Cora
671
e ; qu’il n’y a de sens que pour celui qui se met
en
marche, et que la vraie voie est unique. ⁂ Pour entrer dans la dialec
672
nt la conduite et la pensée, praticable par tous,
en
tout lieu et tout temps, et qu’on ne saurait violer sans s’égarer ; —
673
es deux phénomènes radicalement antinomiques sont
en
relation de complémentarité. Note 1. Les hérésies qui se constituent
674
entarité. Note 1. Les hérésies qui se constituent
en
doctrine imposée à une communauté dont elles deviennent alors l’ortho
675
« choix personnel d’une opinion », rien n’empêche
en
principe le « choix personnel » de se porter sur la « droite opinion
676
el » de se porter sur la « droite opinion ». Mais
en
fait, « la droite opinion » est une route nationale où la circulation
677
oi Cité — personne Orthodoxie désigne couramment
en
Occident « conformité aux dogmes reçus », mais pourrait aussi bien qu
678
ur n’importe qui, et encore moins à s’y conformer
en
s’y forçant comme dans un lit de Procuste, mais au contraire : à la d
679
au contraire : à la découvrir (ou la re-inventer)
en
se l’appropriant par la pensée, par l’action, par le sentiment. Alors
680
iment. Alors seulement, l’orthodoxie et l’hérésie
en
leur sens littéral, s’évanouissent : il n’y a plus de contradiction e
681
a plupart se contentent d’y être nés ; mais ils s’
en
accommodent plus facilement et d’une manière plus féconde selon que c
682
e « orthodoxe ») attend des fidèles qu’ils optent
en
dernier ressort non pour l’Individu (au sens kierkegaardien) mais pou
683
deux, le calvinisme originel enseigne l’équilibre
en
tension permanente entre la vocation de l’individu « élu » et le serv
684
temps la « lumière de Byzance », Henry Corbin, «
en
islam iranien », cherche les voies de l’âme unique et de la vocation
685
udrais dire convertissante. (Pour, moi, s’il faut
en
croire les tests que j’ai passés, je me verrais plutôt entre deux pen
686
enturier de l’esprit suit le chemin qu’il invente
en
y marchant. « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mo
687
e à mes pas. L’homme de la foi ne suit sa voie qu’
en
la frayant, « sentier étroit », dit le Bouddha, et l’Évangile parle d
688
. Elle n’est pas ouverte à l’avance : tu l’ouvres
en
osant la franchir tel que tu es en marche par la foi, et non tel qu’o
689
: tu l’ouvres en osant la franchir tel que tu es
en
marche par la foi, et non tel qu’on l’entend — maîtres, coutume d’Égl
690
se fera jamais dans aucun Siècle, mais seulement
en
chemin vers le vrai But de tous, et en Lui seul. D’ici là, l’Église v
691
seulement en chemin vers le vrai But de tous, et
en
Lui seul. D’ici là, l’Église véritable ne saurait exister que dans l’
692
à savoir la distinction entre le sens du pouvoir
en
France, et le sens du pouvoir en Suisse. En Suisse on n’a pas du tout
693
sens du pouvoir en France, et le sens du pouvoir
en
Suisse. En Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté du pouvoir,
694
uvoir en France, et le sens du pouvoir en Suisse.
En
Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté du pouvoir, ni celle d
695
s par leur sens, dans toute l’histoire de France,
en
tout cas, à partir de Philippe le Bel, et dans notre histoire suisse.
696
anière irréversible, et le pouvoir que nous avons
en
Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fédéraliste
697
st là, défini ou non, il est là. Nous le trouvons
en
venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin d
698
la contrainte. Mais il me semble insuffisant de s’
en
tenir à la condamnation des jeunes contestataires ou anarchistes en o
699
amnation des jeunes contestataires ou anarchistes
en
observant, à juste titre d’ailleurs, que le simple refus du pouvoir e
700
que l’État s’était emparé de ceux qui voulaient s’
en
emparer. Là-dessus, il a pris le pouvoir, et a illustré lui-même, d’u
701
et la guerre. Cette liaison a été très bien mise
en
valeur par Bertrand de Jouvenel dans son livre Du Pouvoir, dont je ne
702
ensemble des conflits qui couvent ou se déclarent
en
cette fin du xxe siècle me paraissent se ramener, symboliquement mai
703
es deux solutions implique et détermine de proche
en
proche des systèmes de causes et d’effets en interdépendance inélucta
704
oche en proche des systèmes de causes et d’effets
en
interdépendance inéluctable, et qui tendent à composer deux modèles d
705
de société théoriquement antinomiques et de moins
en
moins compatibles dans les faits. Le temps est venu de choisir entre
706
cause, bien sûr, mais plus encore et même d’abord
en
connaissance des fins humaines auxquelles chaque modèle nous conduit.
707
l’humanité, et s’opposent ou parfois se composent
en
chacun de nous : la Puissance et la Liberté. La puissance sur autrui
708
leurs droits à l’État, au chef ou au Parti qui s’
en
est emparé. Quant à ceux qui optent pour la Liberté, ils pensent y êt
709
n de liberté à tous risques, l’humanité se divise
en
deux camps bien tranchés : c’est en chacun de nous que le conflit se
710
ité se divise en deux camps bien tranchés : c’est
en
chacun de nous que le conflit se poursuit. Les deux pulsions contrair
711
poursuit. Les deux pulsions contraires coexistent
en
nous, personne n’est jamais ni tout l’un ni tout l’autre. Et il n’exi
712
ment chères, et si dangereuses que nos pays, tout
en
jurant qu’elles sont inoffensives, ne les bâtissent qu’aussi loin que
713
État dans les investissements majeurs, et un bond
en
avant du PNB, mesure des dépenses nationales. Enfin « très dangereux
714
on d’intervention et de nombreux services publics
en
sont en fait venus à asservir ceux qu’ils étaient censés servir. La c
715
ervention et de nombreux services publics en sont
en
fait venus à asservir ceux qu’ils étaient censés servir. La charge qu
716
deux solutions semblent passer toutes les autres
en
importance virtuelle, non seulement quantitative mais politique, non
717
antitative mais politique, non seulement mesurées
en
gigawatts mais en conséquences pratiques au niveau des structures de
718
litique, non seulement mesurées en gigawatts mais
en
conséquences pratiques au niveau des structures de la société et de l
719
nir est notre affaire qui va sortir incessamment
en
librairie (Éditions Stock). Denis de Rougemont est directeur de l’Ins
720
de Prusse : ils seront Princes de Neuchâtel jusqu’
en
1848. Au sud, Genève, ville d’Empire, donc République indépendante, p
721
e de 1602). Les Bernois, déjà venus à son secours
en
1535, ont annexé au passage le Pays de Vaud, naguère encore fief des
722
dois) passés à la Réforme, les autres (Savoyards)
en
guerre chronique avec les seigneurs de la haute vallée. Ces inter-rel
723
ionalitaires » dans les deux grands États-nations
en
voie de formation à partir de l’Allemagne et de l’Italie. Nos vingt-d
724
, la rédiger, la ratifier et la mettre en vigueur
en
neuf mois, très exactement : du 17 février au 16 novembre 1848. C’est
725
’est en somme la formation de la Suisse fédérale,
en
1848 (phénomène proprement politique) qui a créé la Suisse romande, b
726
es trois protestants — sentiront qu’ils possèdent
en
commun, malgré leurs origines hétéroclites, une fois confrontés au gr
727
elle dans le cadre de la Suisse confédérale, donc
en
fonction d’un libre choix politique, d’un choix d’avenir. Elle va con
728
olitique, d’un choix d’avenir. Elle va constituer
en
quelques décennies son identité culturelle, spirituelle, et même écon
729
i, par « la trouée de Coppet », vont faire entrer
en
France la philosophie romantique des Allemagnes, de Kant à Hegel. Et
730
llemagnes, de Kant à Hegel. Et cela, peu après qu’
en
sens inverse, l’École suisse de Zurich ait introduit dans le monde ge
731
ment littéraires. Les deux grands noms du siècle,
en
Suisse romande, sont Alexandre Vinet et Henri-Frédéric Amiel, c’est-à
732
ettres de crédit… L’esprit romand implique aussi,
en
relation avec ce qui précède, une vie culturelle d’une exceptionnelle
733
ude négative des Genevois lorsqu’il fut question,
en
1814-1815, puis en 1861, de rattacher au canton les districts qui for
734
nevois lorsqu’il fut question, en 1814-1815, puis
en
1861, de rattacher au canton les districts qui forment aujourd’hui la
735
nes françaises d’une large part des impôts versés
en
Suisse par les frontaliers, on peut aussi parler d’une région fiscale
736
dont la Commission régionale franco-suisse, créée
en
1973, étudie les problèmes non seulement économiques mais sociaux, d’
737
mes projets à l’un de nos recteurs romands, tout
en
m’excusant du caractère très empirique et presque accidentel de mon f
738
patoisantes et les paroles du Cé qu’è lainô. Il n’
en
reste pas moins remarquable que l’extension d’une langue oubliée, com
739
versités), Grenoble (3), Aoste (décrétée par Rome
en
1975, non encore réalisée), Lausanne (2), Genève (1 plus 4 instituts
740
le des autres. Ces histoires ont soudain convergé
en
l’année 1848 lors de la création de la Confédération, pour former au
741
réponse possible et c’est : “Toi-même !” » Voilà,
en
ces temps incertains, le salutaire avertissement que nous donne l’ess
742
opante ? C’est le plus frappant en effet, non pas
en
Occident, mais dans le tiers-monde. Parce qu’on nous dit que l’humani
743
um qui les nourrit sera aussi épuisé, pense-t-on,
en
trente ans. Qu’à cela ne tienne, disent les technocrates, nous ferons
744
alisation ? N’allons pas trop vite ! Je constate,
en
historien, qu’à l’origine de nos maux actuels, il y a le gigantisme,
745
’est le modèle suisse ? C’est quelque chose qui s’
en
inspire, dans la mesure où la Suisse est née de la fédération de peti
746
’autres qui sont en train de se faire reconnaître
en
Europe et, à mon sens, c’est là la voie d’une union européenne possib
747
voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous
en
sommes seuls responsables. « Mieux vaut le savoir et cesser de nous c
748
ses vacances, à quelques kilomètres de Grasse.
En
l’an 2000 ni pain, ni eau, peut-être ! Il parle de son livre d’une
749
nous portent ». « À vous de jouer ! » lance-t-il
en
défi à la jeunesse du monde. Denis de Rougemont n’est pas un prophète
750
urope, et à travers elle l’homme, le prouve. Déjà
en
1932, lorsqu’il fonde la revue Esprit, avec E. Mounier, il pense à un
751
de la fédération des régions. Après la guerre, il
en
devient l’un des artisans les plus actifs, participe à tous les grand
752
devient rapporteur général au congrès de La Haye.
En
1950, il fonde à Genève le Centre européen de la culture dont il est
753
pas manqué de renoncer à sa foi dans l’humanité.
En
1936, il a vu de près l’Allemagne d’Hitler, a assisté au délire hysté
754
u siècle, qui est religieuse au sens élémentaire,
en
offrant une camaraderie, un coude à coude, des liturgies. […] C’était
755
e l’idée a-t-elle effleuré D. de Rougemont lorsqu’
en
1969 il a pris brutalement conscience que notre monde glissait vers l
756
logues, des urbanistes, des physiciens. Son livre
en
est le résultat. À la fois cri d’alarme et désespérance. L’espèce hum
757
ociologues un peu sérieux, tant aux États-Unis qu’
en
Grande-Bretagne, en Scandinavie. Et nous y venons en France. Ce n’est
758
rieux, tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne,
en
Scandinavie. Et nous y venons en France. Ce n’est pas un hasard ! Un
759
Grande-Bretagne, en Scandinavie. Et nous y venons
en
France. Ce n’est pas un hasard ! Un architecte grec contemporain, Dox
760
nt eux seuls qui ont géré la terre. Eux seuls qui
en
avaient les moyens. Pour que l’avenir devienne notre affaire, l’État
761
it être dessaisi des pleins pouvoirs. Ce n’est qu’
en
décidant de reprendre leur destin en main à l’échelon local et région
762
Ce n’est qu’en décidant de reprendre leur destin
en
main à l’échelon local et régional que les hommes y parviendront. Le
763
hommes, de leur volonté et de leur voix. Et de s’
en
prendre à l’école avec la véhémence du professeur courroucé. L’école
764
lution qui soit : celle que chacun doit accomplir
en
lui-même. ao. Rougemont Denis de, « [Entretien] Au tableau d’honn
765
e nouvelle sensibilité écologique, avec le retour
en
force d’une certaine tradition humaniste et antitotalitaire, vous vou
766
et l’Occident fut un best-seller mondial traduit
en
dix-sept langues. Et le titre de votre dernier livre — L’Avenir est
767
déjà de slogan à un nouveau courant de pensée33.
En
fait, il s’agit moins d’un slogan que d’un appel au bon sens. Car il
768
it désormais que le pire, s’il n’est pas sûr, est
en
tout cas probable. Or, actuellement, il n’y a guère que les écologist
769
lutôt restreint et les deux tiers de l’humanité n’
en
font pas partie… C’est un sophisme. Car si les deux tiers de l’humani
770
able de l’apocalypse qui se prépare… Qui pourrait
en
douter ? Les États, qui sont des entités absurdes, n’en finissent pas
771
ter ? Les États, qui sont des entités absurdes, n’
en
finissent pas de se multiplier, de fortifier leurs frontières et de s
772
les ». Il est plaisant d’observer qu’aujourd’hui,
en
France, ce sont les deux grandes traditions jacobines — les gaulliste
773
égionaliste à la base… En effet, depuis Hegel qui
en
fit la philosophie, on sait que l’État-nation est génétiquement lié à
774
al de parvenir à ses fins ; dès que la patrie est
en
danger, il n’y a plus ni catholiques, ni protestants, ni ouvriers, ni
775
de suite et, avec quelques amisau, j’avais milité
en
ce sens. Il se trouve que des manœuvres politiques ont empêché ce vas
776
soient ses mérites, ne raisonnait pas autrement.
En
gros, cela voulait dire : si l’on tient les gens par le fric, on les
777
t pas très précises. Prenez l’exemple de Sartre :
en
1949, à l’époque où je créais le Centre européen de la culture, il m’
778
Les Damnés de la terre, dans laquelle il déclare,
en
gros, que les Africains auraient raison de « tirer à vue » sur tout E
779
une fédération européenne. Le dénoncer, comme ça,
en
se crispant sur son État-nation, ce n’est pas une façon de le conjure
780
pas une façon de le conjurer, au contraire… C’est
en
refusant l’Europe qu’on renforcera l’axe germano-américain. De même,
781
enforcera l’axe germano-américain. De même, c’est
en
refusant l’Europe que notre vieux continent s’achemine vers les total
782
re ce que vous appelez mes « prophéties ». Tenez,
en
mai 1968, ça m’a fait une bien curieuse impression de voir tant de je
783
i d’Arnaud Dandieu, ni de Robert Aron — reprendre
en
chœur ce que nous écrivions, à l’époque, dans L’Ordre nouveau . Avou
784
que, pour une revue dont le premier numéro paraît
en
1933, au moment où Hitler prend le pouvoir, c’était un titre bien fâc
785
s qui avaient déjà eu lieu — comme celle de 1917,
en
Russie, ou comme celle qui se déployait, sous nos yeux, en Allemagne
786
, ou comme celle qui se déployait, sous nos yeux,
en
Allemagne — ne nous convenaient guèreav. De plus, l’état de décomposi
787
utaw si on les replace dans leur contexte. Ainsi,
en
1933, vousax trouvez opportun d’écrire un article sur « la faillite d
788
e sur « la faillite du marxisme et du libéralisme
en
Allemagne », et de le faire précéder d’une longue citation de Proudho
789
lle l’idée même de suffrage universel est tournée
en
dérision. À l’époque, cela cadrait tout à fait avec la propagande naz
790
ire de religion, et Hitler, Staline ou Mussolini,
en
vrais charlatans, se taillaient des triomphes faciles parce qu’ils ar
791
vous offrir du communautaire, du religieux. » Et,
en
histoire, quand une jeunesse a faim, elle ne regarde pas ce qu’elle m
792
un diagnostic trop abrupt. Mais n’oubliez pas qu’
en
1933 c’était un mécanisme démocratique et une élection parfaitement r
793
Occidentaux, pouvions déjà constater la faillite.
En
ce temps-là, Bakounine et Proudhon me semblaient plus toniques que l’
794
orreur hitlérienne à ses commencements. Bien sûr,
en
m’offrant ce poste à Francfort, il s’imaginait que je ne tarderais pa
795
rtain intérêt à notre petit groupe. Plus tard, il
en
parla même à Ribbentrop à l’occasion d’un congrès de la jeunesse euro
796
xpression « ordre nouveau » parvint à Hitler, qui
en
fit le mauvais usage que l’on sait. Au fond, vous ne cessiez pas de j
797
et des idéologies stato-nationales qui portaient
en
elles la guerre « comme la nuée porte l’orage ». À cette fin, nos int
798
isiblement inspirés par les idées personnalistes.
En
Hollande, à la Libération, il y eut même un parti « socialiste person
799
ne pouvais pas prétendre à une carrière politique
en
France. De plus, j’ai toujours eu horreur des partis. Ce qui ne m’a p
800
e se réserve toujours le droit de nous surprendre
en
enchevêtrant des séries causales dont rien, au départ, ne laissait pr
801
e énorme importance au pétrole, donc aux pays qui
en
produisent. Parallèlement, Hitler, en organisant un effrayant génocid
802
ux pays qui en produisent. Parallèlement, Hitler,
en
organisant un effrayant génocide, devient la cause indirecte de la cr
803
sse des prix que l’on sait et qui, en retour, met
en
péril les industries occidentales de l’automobile, ce qui, finalement
804
’y exclure l’autonomie, la garantit. Or il existe
en
Occident ce que l’on appelle la passion et qui, en fait, n’est qu’une
805
n Occident ce que l’on appelle la passion et qui,
en
fait, n’est qu’une sorte d’utopie unificatrice. Tristan en est l’arch
806
n’est qu’une sorte d’utopie unificatrice. Tristan
en
est l’archétype. Manifestement — et je l’ai prouvé —, Tristan n’aime
807
ses légistes que « le roi de France est empereur
en
son royaume ». C’est pour cela que, lorsque de Gaulle est mort, vous
808
ux de la passion dans l’ordre de l’amour. Ils ont
en
commun le mépris de l’autre et la volonté de puissance. Certes, ils o
809
c la mort. Si l’on prolongeait cette analogie, on
en
viendrait à dire que l’impérialisme, par exemple, n’est jamais que l’
810
ut refuser tout cela mais il faut savoir ce qu’il
en
coûte. Avant la guerre, Emmanuel Mounier avait dit ; « Denis de Rouge
811
hangé… C’est vrai. Qu’y puis-je ? Le classicisme,
en
morale, c’est aussi une forme d’espoir. À cet égard, il y a une phras
812
s quarante ans, il répète que l’État-nation porte
en
lui la guerre et n’engendre que des monstres… Bref, depuis quarante a
813
pre voix dans le chœur indigné de tous ses cadets
en
colère. » On précise en notes les commentaires de Rougemont, manifest
814
ndigné de tous ses cadets en colère. » On précise
en
notes les commentaires de Rougemont, manifestement agacé par les libe
815
agacé par les libertés qu’a prises le journaliste
en
transcrivant l’entretien. as. Rougemont propose de supprimer « même
816
l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a,
en
moi, d’affectif imagine naturellement la France, telles la princesse
817
nous menacent. Ce n’est pas vous que j’étonnerai
en
disant qu’il y en a beaucoup et qu’on en a beaucoup parlé. Ce qui m’i
818
n’est pas vous que j’étonnerai en disant qu’il y
en
a beaucoup et qu’on en a beaucoup parlé. Ce qui m’intéresse moi, c’es
819
tonnerai en disant qu’il y en a beaucoup et qu’on
en
a beaucoup parlé. Ce qui m’intéresse moi, c’est de dénoncer la fausse
820
aphore dont on use pour les justifier. Elle tient
en
un mot magique : croissance. Or cette idée de croissance est une idée
821
r trente ans environ. Autour de l’an 2000, il n’y
en
aura presque plus ou il sera devenu si rare et horriblement cher qu’i
822
lement cher qu’il ne sera plus question de rouler
en
auto avec un carburant dont chaque gramme vaudra son pesant de platin
823
de même pas à la panne d’essence que vous songez
en
écrivant cela ? Non, je songeais tout simplement à la guerre nucléair
824
pour autre chose d’imaginable que pour les mettre
en
possibilité de fabriquer des bombes et de s’en servir ; personne ne p
825
re en possibilité de fabriquer des bombes et de s’
en
servir ; personne ne peut éternellement faire des bombes pour ne pas
826
peut éternellement faire des bombes pour ne pas s’
en
servir. Ça, c’est une farce que les ministres de tous pays racontent,
827
les ministres de tous pays racontent, mais il n’y
en
a pas un seul qui y croit ! Ils ne pourraient pas se regarder entre e
828
éaire. Vous vous interrogez à leur propos et vous
en
arrivez à l’idée que si tant d’hommes mentent, c’est qu’il doit y avo
829
s la vie courante ; mais une fois qu’ils sont mis
en
position de se déclarer là-dessus, alors ils se mettent à mentir par
830
d’experts qui conseillait le gouvernement fédéral
en
matière d’énergie ; c’était la Commission de l’énergie globale. Le ci
831
ce sont des vendeurs. » Ils étaient tous docteurs
en
quelque chose… Je ne suspecte pas particulièrement la Suisse, mais ce
832
on de la façon suivante : « D’un côté, a-t-il dit
en
substance, il y a des savants qui affirment que tous les risques du n
833
es du nucléaire sont maîtrisés ; de l’autre, il y
en
a tout autant, sinon plus, qui affirment le contraire. Qui croire ? »
834
arce que la population du globe double maintenant
en
l’espace de trente ans et qu’on va manquer d’énergie. Or cet argument
835
s, parce que la population de tout le globe était
en
expansion, est devenu dérisoire aujourd’hui où, vous le savez, si le
836
vous comptez envoyer votre électricité nucléaire
en
Amazonie ou en Inde ? » Sans compter que l’excédent d’énergie qu’on p
837
nvoyer votre électricité nucléaire en Amazonie ou
en
Inde ? » Sans compter que l’excédent d’énergie qu’on peut attendre de
838
e tout de suite ; depuis la crise, on a fait 20 %
en
Suisse comme on a voulu, sans le moindre mal. D’ailleurs, écoutez. Fa
839
l’idée tout à fait étonnante de diviser la France
en
carrés de 18 lieues de côté, à partir de Paris ; ils se plaignaient m
840
artir de Paris ; ils se plaignaient même de ce qu’
en
approchant des frontières, les carrés ne seraient plus bien réguliers
841
bien réguliers… C’était une idée de fou, mais on
en
a débattu passionnément. Et si vous croyez que ce sont là des divagat
842
choisir librement son avenir, du seul fait qu’il
en
a pour la première fois la liberté, donc la responsabilité. C’est à l
843
l’État ? Et si oui, comment ? Je dirai qu’il faut
en
finir avec l’État-nation et qu’il faut, pour cela, changer de fins. L
844
de l’État-nation étant sa propre puissance, c’est
en
mettant fin à ce mythe de la puissance qu’on mettra fin à la tyrannie
845
ut de l’État a-t-il jamais existé ? Pouvez-vous m’
en
citer un modèle ? Eh bien, je pourrais vous citer évidemment ce grand
846
00 habitants, ils décidaient de créer une colonie
en
exportant une partie de la population. Ils l’ont fait soixante-dix fo
847
que cela se faisait volontairement parce que tous
en
décidaient. Et je connais aujourd’hui des communautés non nationales,
848
tionales, par exemple, la communauté de Longo Maï
en
Haute-Provence, qui, sans du tout connaître l’exemple de Milet, a ret
849
n très grand lopin de terre qu’ils avaient acheté
en
Haute-Provence. Et quand ils sont devenus un peu trop nombreux pour l
850
pandues sur quatre pays qui restent plus ou moins
en
relation ; par exemple, ils avaient d’immenses troupeaux de moutons,
851
ire avec la laine. Alors ils ont acheté une usine
en
Savoie pour faire des tissus. Le début de la puissance… Est-ce que ce
852
cune possibilité matérielle de prendre son destin
en
main. Il y aurait donc, si je vous entends, une taille à ne pas dépas
853
encore plusieurs cantons — les plus petits — qui
en
ont conservé la coutume. Bien sûr, vous allez me dire qu’aujourd’hui
854
forme d’une composition de petites unités mettant
en
commun certaines forces ; juste assez pour maintenir chacune des unit
855
toujours plus fort pour aller conquérir plus loin
en
uniformisant le tout. En détruisant les libertés locales et les diffé
856
ller conquérir plus loin en uniformisant le tout.
En
détruisant les libertés locales et les différences. Alors voilà encor
857
et de Staline, le mouvement personnaliste est né.
En
1934, nous avions inventé une formule qui est devenue banale par la s
858
transfrontalière qui est le cas le plus fréquent
en
Europe — me paraît être le cadre le mieux adapté aux problèmes que no
859
se moquent bien des souverainetés nationales et,
en
attendant, ils crèvent. Le malheur, cher Denis de Rougemont, est qu’i
860
isqu’ils se sont trompés si longtemps. Ne peut-on
en
tirer aussi la conclusion que les intellectuels n’exercent pas une gr
861
nse que leur pouvoir est plus grand que jamais. J’
en
reviens toujours à ma première phrase : « À partir de maintenant, il
862
ssez mineures au début, comme la crise du pétrole
en
1973, qui est le type de ce que j’appelle une catastrophe enseignante
863
livre « la pédagogie des catastrophes ». Car il y
en
aura d’autres. Quelques petits nuages de sodium ou de plutonium qui i
864
espèce pour continuer à agir à l’abri de tout ça
en
disant : « Ce n’est pas moi qui le veux, ce sont les impératifs. » Ex
865
de la Lettre ouverte aux Européens y rajeunit,
en
les réactualisant, quelques-uns des thèmes personnalistes qui l’ont r
866
ent des déchets à des nations qui ne peuvent rien
en
faire, sinon en tirer du plutonium. On leur fait promettre qu’elles n
867
à des nations qui ne peuvent rien en faire, sinon
en
tirer du plutonium. On leur fait promettre qu’elles ne s’en serviront
868
u plutonium. On leur fait promettre qu’elles ne s’
en
serviront pas à des fins belliqueuses, mais tout le monde sait qu’on
869
a violence et du chantage. On justifie ces ventes
en
affirmant qu’elles équilibrent la balance commerciale, mais elles rév
870
sauvegarde du Léman, par exemple, tout le monde s’
en
fout à Paris, comme l’a bien montré l’attitude du gouvernement frança
871
ucléaires, quand ils se sont aperçus qu’on allait
en
construire seize dans un rayon de quarante kilomètres, ce qui est tou
872
d’ailleurs… Mais alors, s’il est vraiment sincère
en
disant cela, pourquoi ne démissionne-t-il pas en donnant ses raisons
873
en disant cela, pourquoi ne démissionne-t-il pas
en
donnant ses raisons ? Pourquoi reste-t-il au pouvoir, alors qu’il a p
874
entrale coûtera environ quatre milliards et qu’il
en
faudra des centaines ! Personne n’a prouvé que c’était nécessaire. On
875
contemporain, piégé par la technique et ceux qui
en
vivent, s’est trompé sur ses vrais besoins. « Il n’y a d’impératifs q
876
que de l’énergie n’est pas celle qui se calculera
en
fonction du produit national brut — cette funeste idole des États con
877
e et cite dans son livre un article qu’il écrivit
en
1928 déjà et dont le titre à lui seul est éloquent : « Le péril Ford
878
te et féconde à des conceptions longuement mûries
en
un temps où l’on fait d’invraisemblables succès de librairie à des «
879
d’avoir souvent été à contre-courant ! Ce qui est
en
jeu dans ce livre, comme dans toute mon œuvre, va tout de même bien a
880
J’ai écrit, par exemple, L’Amour et l’Occident
en
trois mois… En été 1973, j’avais déjà écrit une centaine de pages, où
881
r exemple, L’Amour et l’Occident en trois mois…
En
été 1973, j’avais déjà écrit une centaine de pages, où je prévoyais c
882
guerre du Kippour, qui vérifiait mon analyse tout
en
m’obligeant à jeter à la corbeille ce que j’avais écrit. Je ne pouvai
883
e prophétiser après coup ce qui s’était produit !
En
un sens, je suis content de ce long temps de maturation qui a été néc
884
rer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous
en
sortirons pas. Cette énergie proviendra des finalités, des buts propr
885
ugemont consacrera l’un des onze ouvrages qu’il a
en
préparation. Tout en voyant très clairement les menaces qui pèsent su
886
un des onze ouvrages qu’il a en préparation. Tout
en
voyant très clairement les menaces qui pèsent sur l’humanité, l’arden
887
uvrage que L’Avenir est notre affaire pour nous
en
persuader. bs. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir est votr
888
aordinaire jeunesse, un ouvrage percutant où il s’
en
prend avec autant de courage que d’efficacité aux grands périls qui m
889
x grands périls qui menacent notre planète et met
en
évidence les conditions du seul futur possible : celui qui verra l’ho
890
sont jamais trompés (Denis de Rougemont a dénoncé
en
1932 le péril nazi et il lutte depuis plus de vingt ans pour le fédér
891
rages parmi lesquels L’Amour et l’Occident paru
en
1939. Je n’avais pas commencé mon essai sur L’Amour et l’Occident à
892
contre le nucléaire, quelle est la parenté ? Il y
en
a une très visible ! Je défends une certaine idée du mariage dans L’
893
ine idée du mariage dans L’Amour et l’Occident ,
en
opposition complète avec la passion amoureuse où l’on ne « voit pas »
894
ance : les positions de la droite et de la gauche
en
matière nucléaire ne sont pas très différentes. Je fais commenter à m
895
on affaire, et non celle d’une vague fatalité. Il
en
appelle à la liberté et au sens des responsabilités. Cet appel est ap
896
nt entendu : l’ouvrage est un succès public. Nous
en
avons parlé avec l’écrivain dans sa demeure de Pouilly, en France : «
897
parlé avec l’écrivain dans sa demeure de Pouilly,
en
France : « Le pays dont je préfère me plaindre », comme il dit. Quand
898
x d’artifice : une démarche solide et rassurante.
En
écrivant L’Avenir est notre affaire , j’entendais faire le point de
899
s. Je dis qu’il est de notre devoir de les éviter
en
changeant de cap. De notre devoir et dans nos possibilités… Vous dite
900
permis de réaliser un nivellement sans précédent.
En
1790, on traduisait encore les textes officiels de la Constituante en
901
it encore les textes officiels de la Constituante
en
cinq langues « nationales », parmi lesquelles le breton, le flamand e
902
l’État-parti, qui concentre encore plus de moyens
en
un centre de décision encore plus réduit. Voilà pourquoi je me méfie
903
’absurde J’aimerais ajouter que l’État-nation,
en
invoquant les nécessités de la guerre, a permis l’essor d’industries
904
gereux que le gigantisme économique, une fois mis
en
place, obéit à des impératifs de « toujours plus » qui conduisent à l
905
extes plus poétiques, plus immédiats. Ceux réunis
en
1968 sous le titre Journal d’une époque , par exemple. Je m’en sens
906
e titre Journal d’une époque , par exemple. Je m’
en
sens plus proche que de L’Amour et l’Occident , en un sens. Mais le
907
sens plus proche que de L’Amour et l’Occident ,
en
un sens. Mais le fil conducteur existe, dans les livres que vous cite
908
est chargée de me confirmer dans ma voie. Lecteur
en
Allemagne, j’ai donné, en 1935 et 1936, un cours sur la littérature d
909
r dans ma voie. Lecteur en Allemagne, j’ai donné,
en
1935 et 1936, un cours sur la littérature de la Révolution française.
910
us mes yeux : cela m’a appris beaucoup de choses.
En
fait, les nazis étaient des jacobins, la convergence était évidente.
911
uté née de la grisaille et de l’anonymat. Quand j’
en
ai parlé en France, en 1936, les uns m’ont taxé de folie et les autre
912
a grisaille et de l’anonymat. Quand j’en ai parlé
en
France, en 1936, les uns m’ont taxé de folie et les autres m’ont pris
913
et de l’anonymat. Quand j’en ai parlé en France,
en
1936, les uns m’ont taxé de folie et les autres m’ont pris pour un ag
914
quelque chose de neuf : des groupements prennent
en
main des intérêts précis, dans une région précise. Il me semble que c
915
s… Ce n’est pas se trouver juxtaposés, mais vivre
en
relations dans une orientation commune. Cette finalité implique des c
916
s plus énergivores du monde. (Rien de plus vorace
en
électricité qu’une tour de 40 étages.) 4. Elles sont les lieux les pl
917
achines à dissocier toute communauté vivante pour
en
faire une collectivité inerte ; à remplacer la solidarité par l’align
918
ra se formait l’opinion, se discutaient les lois.
En
toutes provinces européennes, de Grenade à Riga, d’Édimbourg à Athène
919
la place. Aujourd’hui les autos et leurs parkings
en
chassent les hommes, dégradant ainsi les bases mêmes de la démocratie
920
nt moderne de la place, par les systèmes de vidéo
en
circuit fermé (ex. canadiens). 2. Réduire les mégalopoles à des cités
921
d’homme » ne peut se faire que par leur division
en
municipalités de quartiers. Et cela suppose d’abord l’action éducativ
922
ew York, ou les Groupes d’action municipale (GAM)
en
France. Action morale, action civique d’abord, avant toute traduction
923
e, action civique d’abord, avant toute traduction
en
mesures architecturales ou techniques. 3. Dans les pays à forte progr
924
ir, ascenseurs, etc. 5. Multiplier les transports
en
commun gratuits, et fermer le centre aux autos. 6. Poser comme princi
925
les conseils élus, débattant publiquement doivent
en
élaborer les directives et surveiller les plans, pour les soumettre e
926
versation. L’Amour et l’Occident a été traduit
en
douze langues et publié dans quatorze pays, mais toujours avec de fai
927
is été un best-seller. On vient de raconter que j’
en
avais vendu douze millions d’exemplaires, quel bobard ! J’ai fait l’a
928
de vente réel est inférieur à 400 000 exemplaires
en
trente-huit ans, mais on le réimprime en permanence. Le soleil peut
929
laient disparaître dans le gouffre général : il n’
en
a rien été. Tous les mouvements de résistance dans les pays d’Europe
930
pays d’Europe se sont nourris de nos idées, même
en
Allemagne nazie, puisque nous avons eu des rapports avec le fameux Or
931
? Par sa science et son invention technique, il a
en
main des moyens tels qu’il ne peut plus se payer le luxe sous prétext
932
turologie devrait prévoir ce qui met notre avenir
en
danger. Ce sont des super-cerveaux, des savants rassemblés dans de do
933
t des hommes sensibles. Plutôt que de les tourner
en
dérision, il serait préférable de les utiliser comme des « indicateur
934
des fléaux sociaux, longtemps avant que la foule
en
ait pris conscience. Cette idée neuve et hardie est de mon ami Bertra
935
enis de Rougemont la raconte, après avoir précisé
en
exergue : Hitler et l’automobile auront été les deux fléaux les plus
936
les contaminer. Il commet donc une vilaine action
en
trompant les hommes sur leurs besoins et en falsifiant leur désir à l
937
ction en trompant les hommes sur leurs besoins et
en
falsifiant leur désir à la source même. À 21 ans, j’ai écrit un artic
938
étaient maîtres de la richesse du monde et qui n’
en
avaient pas conscience. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire, nous
939
ce. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire, nous
en
sommes tout près. Comme le général Kadhafi le déclarait en 1973 : « N
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tout près. Comme le général Kadhafi le déclarait
en
1973 : « Nous avons entre les mains de quoi détruire toute l’économie
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ns les sables ? Hitler a eu ce succès gigantesque
en
Allemagne parce qu’il a senti que, dans le monde capitaliste, les hom
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i était aberrante, à l’Allemagne : le racisme, il
en
arriva à exterminer six millions de juifs. Après la fin de la guerre,
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ays producteurs de pétrole. La guerre du Kippour,
en
1973, est l’endroit où Ford et Hitler se rencontrent. Résultat : l’em
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sponsables car nous avons créé une société vorace
en
énergie. Qui nous a obligés à respecter la religion qui consiste à do
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nsiste à doubler tous les dix ans la consommation
en
électricité. Vous voulez empêcher l’homme d’aller toujours plus vite,
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symbole de tout cela. Voilà de la poésie si vous
en
voulez. J’oppose Zeus — dieu de l’énergie solaire — à Pluton — dieu d
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faire paru cet automne, est sorti au bon moment.
En
juin dernier, c’eût encore été trop tôt. Mais cet été, l’opinion à la
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Après avoir vécu plusieurs années avant la guerre
en
Allemagne, ensuite aux États-Unis, Denis de Rougemont s’est installé
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son corollaire, la croissance urbaine ont ralenti
en
Europe, après tout de même que le boom industriel sans vision, ait dé
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ustriel sans vision, ait détruit le cadre de vie.
En
Suisse, la croissance démographique est négative depuis deux ans. Pre
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puis deux ans. Prenons le cas de Ferney-Voltaire.
En
1947, il y avait 1050 habitants, six cafés et treize magasins. En 197
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ait 1050 habitants, six cafés et treize magasins.
En
1974, il y avait 6500 habitants, toujours six cafés, plus que six mag
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plus que six magasins et deux grandes surfaces !
En
1977, il n’y a plus que 5800 habitants, il y a des immeubles vides et
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une gratification. Ils ne sont pas heureux et ils
en
viennent à se détester. On sait aujourd’hui que les ressources en pét
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détester. On sait aujourd’hui que les ressources
en
pétrole seront épuisées d’ici à vingt ou trente ans ; on en trouvera
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seront épuisées d’ici à vingt ou trente ans ; on
en
trouvera bien sûr toujours quelque part (on cherche même dans la régi
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mie ! C’est une aberration totale, une absurdité.
En
relançant on ne parviendra qu’à accroître, à aggraver la situation ac
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ait que « le fini n’est pas capable d’infini ». N’
en
est-il pas de même pour les ressources naturelles ? Et les hommes pol
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es hommes politiques le savent bien qui l’avouent
en
privé et qui, en public, prêchent la croissance sans fin. Après moi l
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ues le savent bien qui l’avouent en privé et qui,
en
public, prêchent la croissance sans fin. Après moi le déluge, semblen
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tion, celui qui dit : Le roi, c’est moi. Alors qu’
en
Suisse quand on dit le souverain, c’est toujours du peuple qu’on parl
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un point c’est tout. Ses propositions développées
en
160 pages partent de l’homme (il fut l’un des premiers personnalistes
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exporté l’inflation, née de la guerre du Vietnam,
en
Europe : seule une union européenne pourrait tenter de résister, pas
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fabuleux et inchiffrables (l’uranium a quintuplé
en
sept ans). Les prix de tous les éléments varient tous les jours : cel