1 1974, Articles divers (1974-1977). La personne comme fondement des valeurs européennes (19 septembre 1974)
1 on union politique ? La deuxième table ronde, que nous inaugurons, se demande plutôt : où va l’Europe ? et plus exactement :
2 où va l’Europe ? et plus exactement : où voulons- nous qu’elle aille ? Car il s’agit dorénavant moins de prévoir les événeme
3 morale et culturelle les efforts pour l’union que nos gouvernements se disposaient à faire porter principalement sur une co
4 tations d’une crise mondiale que tous les augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons
5 s augures nous annoncent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre
6 ent, et voici le paradoxe de notre situation : si nous refusons de les croire, donc d’agir à l’encontre des destins qu’ils o
7 ls ont calculés, alors le pire deviendra sûr. Ils nous supplient de les faire mentir, mais il nous faut d’abord les croire…
8 . Ils nous supplient de les faire mentir, mais il nous faut d’abord les croire… (Situation moins nouvelle dans l’histoire qu
9 n symbole la nature des changements survenus dans notre approche du phénomène européen, reconnaissons qu’il y a eu, aussi, la
10 a eu, aussi, la carence totale de réalisations de notre union politique. Or, la cause de cette carence est en interaction pré
11 e des Européens s’originent l’une et l’autre dans nos attitudes devant la nature et l’État, dans l’échelle des valeurs, rég
12 re et l’État, dans l’échelle des valeurs, réglant nos choix concrets, dans les finalités dont ces valeurs sont en définitiv
13 les moyens. De la première table ronde sont nés, nous dit un document récent émanant du Conseil de l’Europe, « la Conventio
14 s-nous attendre ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bom
15 e ? Face à la crise mondiale née de nos œuvres, à nous Européens inventeurs des machines, du DDT et de la bombe atomique, no
16 urs des machines, du DDT et de la bombe atomique, nous avons à trouver comment réorienter toute l’aventure occidentale de l’
17 e le dénoncer depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les douze invités à la table — et vous tous qui entrerez,
18 r depuis que je m’occupe de l’Europe. Nous voici, nous les douze invités à la table — et vous tous qui entrerez, je l’espère
19 dans son énoncé : quelle société rénovée voulons- nous , nous autres « bons Européens » — comme disait Nietzsche — au nom de
20 son énoncé : quelle société rénovée voulons-nous, nous autres « bons Européens » — comme disait Nietzsche — au nom de quelle
21 lles valeurs, et en vue de quelles finalités ? En nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en quel
22 alités ? En nous posant cette énorme question, en nous demandant d’y réfléchir en quelque sorte publiquement, et puis de dép
23 en quelque sorte publiquement, et puis de déposer nos conclusions sur son bureau, le Conseil de l’Europe a fait un acte qui
24 en tant qu’invités, et qu’il en soit félicité par nous tous, en tant que citoyens. Car le Conseil ne tente rien de moins, da
25 instants, peut saisir et peut seule activer dans notre histoire. Où irons-nous ? Au nom de quoi ? Et en vue de quelles fins
26 peut seule activer dans notre histoire. Où irons- nous  ? Au nom de quoi ? Et en vue de quelles fins faut-il créer l’union de
27 généralement obéi par la communauté dans laquelle nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera p
28 nous sommes nés ? Devant ces problèmes de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de
29 de destin, notre approche ne sera pas théorique. Nous ne partons pas à la recherche de définitions satisfaisantes ou simple
30 nitions satisfaisantes ou simplement provocantes. Nous sommes confrontés à une crise, à des scandales, que tous ressentent,
31 que tous ressentent, à des désastres calculables. Nous pensons à partir de là. Et l’on ne peut pas faire autrement. Car la p
32 s. Adam ne pensait pas avant la Chute. Tous ici, nous pensons à partir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce qui nous ap
33 rtir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce qui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la nat
34 re à partir de ce qui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la nature, et finalement pour la
35 ui nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour la nature, et finalement pour la survie de l’espèce hu
36 ows. Mais ils sont loin d’avoir épuisé le pire de notre crise : l’équivalent moral, social et politique du célèbre Rapport su
37 unautaires. On y décrirait le désert surpeuplé de nos villes hantées par l’immense foule des solitaires ; l’alignement des
38 nt rien que d’être démenties ! Oui, je sens parmi nous quelque chose qui me paraît beaucoup plus inquiétant que les vues apo
39 niversités de tout l’Occident et dans les rues de nos capitales au mois de mai 1968 : Que faisons-nous là ? Quel est le sen
40 e nos capitales au mois de mai 1968 : Que faisons- nous là ? Quel est le sens de ma vie dans cette société qui n’en est pas u
41 é ? Que vaut son fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Cette question, et surt
42 t qu’elle demeure sans réponse, voilà qui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béants sur le néant, la
43 ui devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béants sur le néant, laisse des millions de jeunes — et d’autr
44 de la société industrielle, vraie cause de toutes nos crises et du système qu’elles constituent. Tenter de s’y opposer par
45 par lui tous les peuples de la terre qui copient notre civilisation industrielle, scientifico-technique, quantitative. Elle
46 conflits ; et des guerres aussi, dans lesquelles nous avons entraîné toute la planète. Or à leur tour, ces guerres sont née
47 planète. Or à leur tour, ces guerres sont nées de nos nationalismes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre tabl
48 smes. Et voici qu’apparaît clairement le sujet de notre table ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de ses contradictions
49 ce. Qu’est-ce qu’une valeur, dans le contexte de notre Crise ? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous perm
50 n’est pas une entité philosophique. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la
51 que. C’est ce qui nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face à la Crise mondiale, nous avons l’i
52 , et définit leur sens. Face à la Crise mondiale, nous avons l’impression que quelque chose a été faussé dans l’échelle des
53 y a donc des valeurs ! Et qui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lés
54 ui décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons conscience des valeurs que lésées. Mais alors, nous n’en d
55 ns conscience des valeurs que lésées. Mais alors, nous n’en doutons plus. Voulons-nous vraiment consommer deux fois plus d’é
56 sées. Mais alors, nous n’en doutons plus. Voulons- nous vraiment consommer deux fois plus d’électricité tous les sept ans, co
57 fois plus d’électricité tous les sept ans, comme nous le répètent les producteurs (ce qui suppose une production multipliée
58 du siècle, et produisant assez de plutonium pour nous tuer tous plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons-nous la surv
59 us plusieurs millions de fois ? Ou bien préférons- nous la survie de l’espèce ? Voulons-nous en priorité le Profit ou l’équil
60 en préférons-nous la survie de l’espèce ? Voulons- nous en priorité le Profit ou l’équilibre moral ? Le progrès matériel, qua
61 qui ont leur date et leurs coordonnées spatiales. Notre notion de la personne s’est constituée au cours des grands conciles œ
62 l naisse jamais deux individus pareils. Chacun de nous est donc le point de départ d’un chemin particulier vers le But qui l
63 s le discours, que le langage ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous
64 que le langage ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous, — comment pe
65 ne fait qu’utiliser notre gosier, notre langue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous, — comment peuvent-ils sign
66 angue et nos lèvres et que « ça » parle à travers nous , — comment peuvent-ils signer des manifestes contre l’aliénation… de
67 vent-ils signer, tout simplement ? Dieu est mort, nous disent-ils, l’homme est mort, il n’y a plus de sujet, il n’y a plus r
68 tion centralisé, déstructuré ; donc à la perte de nos libertés. En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de soi, a
69 e. Mais cette vocation personnelle, je le répète, nous est le plus souvent inconnue. La découvrir comme si on l’inventait es
70 l’inventait est la tâche singulière de chacune de nos vies. La tyrannie se définit alors par rapport à la seule personne, c
71 dit socialiste et à l’Ouest capitaliste, mais de nous tous, habitants d’une cité en ruines morales, même « rénovées plastiq
72 l’ont condamnée : « Heureux les pauvres », disent nos Béatitudes, et les sermons le répètent tous les dimanches aux banquie
73 es sociétés, soit encore, en dernière analyse, de notre propre choix matérialiste. Lequel trahit peut-être, en fin de compte,
74 tout inconscient, de substituer dans le cadre de notre vie le minéral, pratiquement immortel (métal, verre, plastique et bét
75 t la mort. Ainsi, par peur de mourir, choisissons- nous l’inertie minérale contre la vie, toujours mortelle. Le Progrès vénér
76 et chrétienne qui a formé vingt siècles d’Europe nous dit qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, et cela fonde la co
77 mer le prochain comme soi-même, dès lors que cela nous est commandé, ne saurait donc être qu’un acte : le prochain est celui
78 n reconnaître que la cité moderne tend à faire de nous tous des irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nat
79 es irresponsables, et que les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et ren
80 e les dimensions mêmes de nos États-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de
81 tats-nations et de nos villes les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion,
82 les font échapper à nos prises, et rendent vaine notre idée de participation à leur gestion, donc de civisme. Participation
83 ions, par en haut, la fédération continentale. Et nous venons de voir que ces deux pôles de la société à construire correspo
84 on de personne considérée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les
85 comme le référentiel de nos valeurs, comme ce qui nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu
86 de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons mainten
87 avons vu se dégager une morale de la vocation, et nous voyons maintenant se constituer les éléments d’une politique communau
88 iquer la seule méthode capable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement,
89 pable, selon moi, d’unir nos peuples et de sauver nos libertés. C’est à cause de cela, finalement, que je suis venu une foi
90 philosophiques et moraux, cela signifie : voulons- nous à tout prix un certain niveau de vie, avec les disciplines sociales u
91 dépersonnalisantes que cela signifie ? Ou voulons- nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, ce
92 tes que cela signifie ? Ou voulons-nous accéder à notre mode de vie propre, avec ses exigences exaltantes, celles de construi
93 exaltantes, celles de construire jour après jour notre personne comme une œuvre d’art ? En termes d’organisation pratique et
94 communauté retrouvée. Voilà le but. L’atteindrons- nous  ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni m
95 ut. L’atteindrons-nous ? J’ai toujours estimé que nous ne sommes pas au monde — ni vous ni moi — pour essayer de deviner l’a
96 essayer de deviner l’avenir. C’est à le faire que nous sommes appelés. k. Rougemont Denis de, « La personne comme fondeme
2 1974, Articles divers (1974-1977). Alexandre Marc et l’invention du personnalisme (1974)
97 t l’invention du personnalisme (1974)a Comment nous sommes-nous rencontrés ? Rien de plus difficile à établir. J’ai tenté
98 n du personnalisme (1974)a Comment nous sommes- nous rencontrés ? Rien de plus difficile à établir. J’ai tenté récemment d
99 ux d’Alexandre Marc, mais sur ce point, du moins, nos divergences menacent de demeurer irréductibles. Chacun se rappelle tr
100 ajuscules : Ni individualistes ni collectivistes, nous sommes personnalistes ! À 15 ans, militant socialiste-révolutionnaire
101 é dans ces années cruciales Alexandre Marc. ⁂ Que nous nous soyons rencontrés grâce à mon ami Max Dominicé, alors pasteur à
102 s ces années cruciales Alexandre Marc. ⁂ Que nous nous soyons rencontrés grâce à mon ami Max Dominicé, alors pasteur à Belle
103 e, voilà qui n’importe guère : dans les deux cas, nos chemins se croisaient au point précis où j’éprouvais le besoin de dép
104 ur mieux situer le point de départ et le champ de notre dialogue. Sortant d’un bain de romantisme allemand, lu et vécu, à Vie
105 pour les luttes politiques et intellectuelles où notre génération se voyait jetée. Formé par l’Université allemande avant de
106 en France des études de droit et Sciences Po, il nous apportait à la fois ses connaissances, puisées aux sources de la phén
107 arxistes français ne faisaient que la théorie. Il nous communiquait sa passion pour Proudhon, mais aussi pour Lénine, celui
108 ction révolutionnaire » était son slogan préféré. Nous allions bientôt découvrir sa constante préoccupation de la tactique d
109 politiques. Je n’ai souvenir que de la première. Nous étions une trentaine dans une salle nue qui me rappelait mes salles d
110 e révèlent encore incapables d’autoriser. Certes, nous n’allions pas encore si loin. Nous en étions à découvrir que les pass
111 riser. Certes, nous n’allions pas encore si loin. Nous en étions à découvrir que les passionnés d’orthodoxies au stade naiss
112 soir au Club du Moulin-Vert ; il est certain que nous nous sommes connus grâce à Marc, qui m’avait d’abord introduit à la r
113 au Club du Moulin-Vert ; il est certain que nous nous sommes connus grâce à Marc, qui m’avait d’abord introduit à la revue
114 et de moi. C’est dire que depuis plusieurs mois, nous travaillons avec Mounier, Izard, Galey, Touchard et toute l’équipe qu
115 ard et toute l’équipe qui a préparé la revue, que nous voulons ouverte à tous les groupes personnalistes. Certes, Esprit
116 nsemble de la collaboration (il est bien vrai que nous nous sommes un peu laissé entraîner).2 Quels sont ces articles « v
117 le de la collaboration (il est bien vrai que nous nous sommes un peu laissé entraîner).2 Quels sont ces articles « venant
118 l’ON ? Il préfère écrire, au seuil du numéro : «  Nous sommes le parti de l’esprit avant d’être le parti de la révolution. »
119 er et une technocratie petite-bourgeois (sic) que nous ne pouvons admettre.3 Ce n’est pas sans tristesse que je transcris
120 en idées de mise en scène et de mise en valeur de nos doctrines, Marc animait en fait le groupe en tant que tel, moins par
121 homme », répétait-il sans se lasser, insensible à nos plaisanteries ; et c’est sans doute aux longs entretiens quotidiens a
122 t achevée à partir d’une plus radicale diversité. Nous étions huit à diriger L’Ordre nouveau , si l’on en croit l’en-tête d
123 ition socialiste française, n’était pas seulement notre aîné : il était le seul d’entre nous qui ait lu tout Marx et tout Pro
124 s seulement notre aîné : il était le seul d’entre nous qui ait lu tout Marx et tout Proudhon. Auteur d’une étude profondémen
125 Histoire du christianisme. Il est le seul d’entre nous à toucher le grand public en ce temps-là. (Plusieurs d’entre nous lui
126 e grand public en ce temps-là. (Plusieurs d’entre nous lui reprochent de le toucher seulement, sans le bousculer.) Claude Ch
127 Esprit ne fait aucun doute. ⁂ Telles étant donc nos incroyances et nos croyances déclarées, il est intéressant de savoir
128 cun doute. ⁂ Telles étant donc nos incroyances et nos croyances déclarées, il est intéressant de savoir que nous formions u
129 ances déclarées, il est intéressant de savoir que nous formions un groupe étonnamment compact, à tel point qu’on ne sait pas
130 t qu’on ne sait pas quel fut l’apport de qui dans notre doctrine unanime. Sous l’impulsion de Marc — et c’est typique de sa t
131 asse l’objet d’aucune contestation stérile. Toute notre doctrine est de tous. Idée chrétienne peut-être, mais russe assurémen
132 , qui se trompait, ou se moquait simplement. Mais nous savions qu’une société et ses mesures sont affaire de personnes, donc
133 point a été suffisamment mis en lumière dans tous nos écrits antérieurs pour nous épargner l’obligation d’insister là-dessu
134 s en lumière dans tous nos écrits antérieurs pour nous épargner l’obligation d’insister là-dessus. (ON 22-23) Distinction
135 e fédéraliste de l’État-nation. On le retrouve de nos jours dans les écrits de J. Buchmann, de Robert Lafont, d’Hervé Laven
136 é Lavenir, de Lewis Mumford et de… moi-même. Marc nous a tous précédés d’une trentaine d’années sur ce point.) Régions. C
137 est l’élément constitutif et le fondement réel de notre fédéralisme… L’autonomie de la région doit être développée jusqu’à sa
138 sécession, qui se poseront dans la perspective de notre communalisme intégral… L’existence des frontières se justifie, tout
139 tends la lutte pour la fédération de l’Europe, où nous nous retrouverons, Marc et moi, côte à côte, dès le congrès de Montre
140 la lutte pour la fédération de l’Europe, où nous nous retrouverons, Marc et moi, côte à côte, dès le congrès de Montreux en
141 on du monde, du rôle historique central qu’a joué notre synthèse culturelle, de la vocation mondialisante qui fut la sienne d
142 enaces de colonisation qui pèsent aujourd’hui sur nos peuples, à l’Ouest comme à l’Est. Mais on peut aussi partir d’une con
143 nne » ; ou encore : comme « œuvre » historique de notre « foi » personnaliste. Nouvelle et fascinante illustration du texte c
144 , je salue les « solides promesses d’accord » que nous apporte le Manifeste au service du personnalisme de Mounier. Au reste
3 1974, Articles divers (1974-1977). Quelques-unes des choses curieuses qui me sont arrivées (1974)
145 sens utile, n’en remettent pas moins en question notre image du monde et de l’espace-temps. J’en donnerai deux exemples tiré
146 ndant une promenade d’après dîner avec mes hôtes, nous parlions de prémonitions, et je venais de raconter comment parfois j’
147 recevoir le lendemain. Le soir montait autour de nous , des fenêtres s’allumaient à nos pieds dans le bourg, et le père Rein
148 ntait autour de nous, des fenêtres s’allumaient à nos pieds dans le bourg, et le père Reinecke refusait de croire à mes his
149 apocalypse à court terme, et je constatais que «  nous arrivons au point où le moteur de la croissance commence à avoir des
150 lui qui a marqué ma naissance, mais une soirée où nous fûmes « visités » dans notre maison de Ferney, le 29 juin 1954. Après
151 e, mais une soirée où nous fûmes « visités » dans notre maison de Ferney, le 29 juin 1954. Après le dîner, sentant l’atmosphè
152 . Après le dîner, sentant l’atmosphère favorable, nous étions six et heureusement accordés, je suggérai que l’on jouât aux q
153 ne à rappeler ici cette soirée mémorable. L’un de nous avait écrit : « Qu’arriverait-il si le diable entrait dans cette pièc
4 1974, Articles divers (1974-1977). Un modèle pour l’Europe ? (1974)
154 je me suis fait répondre en haut lieu comme dans nos journaux : « Restons modestes ! La Suisse est un petit pays qui doit
155 même. C’est ce que je voudrais marquer d’abord. Nous commettons généralement en Suisse, à l’école, dans la presse, au Parl
156 dans la presse, au Parlement, et même au sein de notre exécutif fédéral, trois erreurs à tour le moins gênantes au sujet du
157 édéralisme à une alliance entre États souverains, nos cantons ; et ramener du même coup la vie fédérale à la lutte pour « l
158 nation.) Pourtant, toute la complexité baroque de notre histoire fédérale se ramène en fin de compte à une loi des plus simpl
159 , énergétiques, spatiales) dépassent le niveau de notre État national. La saine méthode fédéraliste veut alors que ces tâches
160 n du monde) excédaient les capacités de chacun de nos États européens et demandaient la mise en commun de leurs ressources.
161 loquer le processus fédéraliste aux frontières de notre État, c’est d’une part bloquer la vie même du fédéralisme à l’intérie
162 déralisme à l’intérieur, et d’autre part faire de notre pays, à l’égard de ses voisins, un État-nation centralisé comme les a
163 . Sur quoi le Suisse moyen se récrie : « Proposer notre fédéralisme à toute l’Europe, en attendant le monde, ce serait de l’o
164 , pire encore, de la vanité ! Soyons modestes ! » Nous nous trouvons ici devant une confusion morale, typiquement suisse, je
165 e encore, de la vanité ! Soyons modestes ! » Nous nous trouvons ici devant une confusion morale, typiquement suisse, je le c
166 enant deux séries de conséquences politiques. A) Nous avons à réformer de toute urgence, en Suisse, nos conceptions prétend
167 ous avons à réformer de toute urgence, en Suisse, nos conceptions prétendument fédéralistes. Et ceci d’une double manière.
168 s des tâches à entreprendre. Sur ces deux points, nous n’aurions à offrir à nos compatriotes européens d’autres leçons que c
169 e. Sur ces deux points, nous n’aurions à offrir à nos compatriotes européens d’autres leçons que celles de nos erreurs. La
170 patriotes européens d’autres leçons que celles de nos erreurs. La seule chance de durée de notre fédéralisme est dans son e
171 elles de nos erreurs. La seule chance de durée de notre fédéralisme est dans son extension à toute l’Europe — de proche en pr
172 le reste du monde finira bien par l’imiter.) B) Nous avons à offrir et proposer à l’ensemble des peuples de l’Europe, non
173 ) d’un exécutif indépendant des États nationaux : notre Conseil fédéral. Il est certain que la formule napoléonienne de l’Éta
174 part des espaces beaucoup plus vastes que ceux de nos vingt-huit États européens12 et d’autre part des aménagements régiona
175 utif européen tous les traits caractéristiques de notre Conseil fédéral : indépendance par rapport aux États, responsabilité
5 1974, Articles divers (1974-1977). Philosophie du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1974)
176 avantages imaginables. Voyez les statistiques de notre continent : il est régulièrement en tête de liste pour le revenu par
177 hilosophie qui oriente les sciences, sont nées de nos cités-États médiévales, renaissantes ou romantiques, Padoue, Tolède,
178 ure même, qu’il importe avant tout d’effacer dans nos têtes, et ce sont les frontières des genres, inventions de pédants éc
179 ventions de pédants écolâtres qui sévissent parmi nous depuis Boileau. On considère aujourd’hui couramment, et pas seulement
6 1974, Articles divers (1974-1977). À propos de Théodore Strawinsky [préface] (1974)
180 où sons et sens deviennent inséparables… Cet art nous parle, et dans une langue du cœur avec laquelle vos propres émotions
181 ssentielle impossibilité de communiquer : et l’on nous présente l’informel comme le résultat de cette crise. Je réponds que
182 ysages et visages n’existent à vrai dire que pour notre œil humain auquel ils n’apparaissent qu’en vertu d’une opération mal
183 s, des paysages qui se composent, des visages qui nous regardent — apparences ou mirages aux yeux de la science, apparitions
184  : jamais l’Art avec la majuscule dont se moquait notre cher Cingria, ne pourra remplacer le sacré, quoi qu’en écrive André M
185 1948, Le Message d’Igor Stravinsky. Sur ce livre, nous possédons une lettre émouvante du père : « Ton merveilleux livre m’es
7 1974, Articles divers (1974-1977). Recherche pour un modèle de société européenne (février 1974)
186 pouvoir s’accommoder de modèles étrangers et pour nous aliénants, comme le seraient les modèles américains, ou russes, ou ch
187 iences du passé récent, l’adoption de certains de nos modèles, comme celui de l’État-nation par le tiers-monde, doivent nou
188 elui de l’État-nation par le tiers-monde, doivent nous rendre méfiants sur ce chapitre. Il y a vingt ans de cela, en 1953, p
189 à Rome par le Conseil de l’Europe, Arnold Toynbee nous expliqua que deux avenirs possibles s’ouvraient aux Européens : — ou
190 en a, pour la première fois, la liberté. Jusqu’à nos jours, depuis le singe, ou depuis le jardin mythique des origines, l’
191 s même de l’effort civilisateur de l’Occident qui nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de formul
192 vilisateur de l’Occident qui nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’
193 qui nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de formuler une politique de l’homme et de l’humanité.
194 ut. Une troisième sorte de prévision a cours dans notre société : celle des experts au service des grandes sociétés et des go
195 randes sociétés et des gouvernements. Ces experts nous répètent, par exemple, que la consommation d’énergie électrique va do
196 ici : 1) Il serait déjà très difficile de doubler notre production d’énergie d’ici 1980 ; presque impossible de la quadrupler
197 tité quelconque par deux tous les sept ans. 2) Si nous décidons de nous éclairer aux bougies, ou simplement d’économiser l’é
198 ar deux tous les sept ans. 2) Si nous décidons de nous éclairer aux bougies, ou simplement d’économiser l’électricité au lie
199 cité au lieu de la gaspiller comme les compagnies nous y invitent, rien ne pourra faire que la consommation double en sept a
200 la prospective et le marketing, détournant ainsi nos esprits de la seule question sérieuse, qui est la suivante : étant do
201 ’impossibilité manifeste d’accroître indéfiniment notre consommation d’énergie, comment s’organiser pour vivre aussi bien, vo
202 utres formes d’énergie ? En multipliant autour de nous et devant nous des « fatalités » alléguées et de soi-disant « impérat
203 énergie ? En multipliant autour de nous et devant nous des « fatalités » alléguées et de soi-disant « impératifs techniques 
204 es et de soi-disant « impératifs techniques », on nous empêche d’élaborer une politique responsable, et d’agir sur nos gouve
205 élaborer une politique responsable, et d’agir sur nos gouvernants pour qu’ils l’appliquent. De fait, les détenteurs des moy
206 es, quand il s’agit de formuler une politique. Or nous voyons que dans leur majorité, les futurologues calculent un avenir d
207 trophes, que ce soit à moyen ou à long terme. Ils nous annoncent des désastres en chaîne, des catastrophes en système, ou en
208 que nécessairement résulter non pas des échecs de notre modèle de croissance, mais au contraire de ses succès. Et c’est là ce
209 contraire de ses succès. Et c’est là ce qui doit nous retenir. Je ne vais pas résumer ici le fameux rapport du club de Rome
210 entale de croissance illimitée dans un monde dont nous avions oublié qu’il est irrévocablement limité. C’est la découverte,
211 xplosion démographique, dans les années 1960, qui nous a tout d’abord alertés. La publication par les Nations unies de stati
212 ion du globe n’était plus que de trente-cinq ans, nous a permis à tous de calculer qu’à ce taux-là, nous serions six milliar
213 nous a permis à tous de calculer qu’à ce taux-là, nous serions six milliards et demi en l’an 2000, 26 milliards en 2070, 208
214 rêt catastrophique de la production industrielle. Nous arrivons au point où le moteur de la croissance commence à avoir des
215 e et la schizophrénie généralisée. Tout cela doit nous faire redouter, au-delà des pires prévisions de nos futurologues, ce
216 s faire redouter, au-delà des pires prévisions de nos futurologues, ce qu’un vieux mythe des Indiens Navahos représente com
217 et pour tout dire les mieux payés, sont ceux qui nous annoncent encore l’âge d’or pour le siècle qui vient, tel le Hudson I
218 ute d’Herman Kahn par exemple, qui n’hésite pas à nous promettre un revenu de 20 000 dollars par tête pour une population mo
219 s. Si utiles que puissent être ceux qui calculent nos risques et définissent les contraintes que nous devons subir, ils dem
220 nt nos risques et définissent les contraintes que nous devons subir, ils demeurent incapables de fonder la politique de notr
221 ls demeurent incapables de fonder la politique de notre avenir prochain, soit parce qu’ils ne veulent pas choisir ses buts, s
222 hénomènes les plus littéralement bouleversants de notre siècle, les deux fléaux majeurs de l’Europe, je veux dire l’auto et H
223 e ne fait que du 4 km à l’heure dans le centre de nos grandes villes, qu’elle asphyxie. Elle devait révéler la campagne et
224 exemple, subordonnées en fait à la circulation de nos automobiles le dimanche. Or cette circulation quasi sacrée, qu’il fau
225 s Romains et par les communes médiévales, jusqu’à nos jours. Enfin, la crise monétaire mondiale est due principalement, m’e
226 e voulaient. Et voilà la boucle bouclée. Résumons- nous  : vers 1890, personne n’a besoin de l’auto. Mais Henry Ford réussit à
227 au monde, en quelques dizaines d’années, et voici nos villes invivables, le bétonnage universel, la nature défigurée, la mo
228 uel prix, sans savoir où… Mais voilà bien ce que nos futurologues n’eussent pas deviné davantage que l’aventure nationale-
229 , aberrantes, erronées, — mais qui hélas ont fait notre histoire ! Herman Kahn vient d’avouer qu’à ses yeux, Hitler était mét
230 t dans l’État totalitaire l’achèvement logique de nos États-nations, lesquels se sont constitués depuis cent-cinquante ans
231 e, mais c’est une réponse tout de même, alors que nos démocraties bourgeoises n’ont même pas vu le problème, et ne soupçonn
232 évidence, résulte d’une très mauvaise gestion de notre terre et de ses ressources. Mais qui était le Gérant responsable ? La
233 ui résulte de cette mauvaise gestion de la terre, nous tenons donc un responsable incontesté, l’État-nation souverain sur to
234 le cadre de ses frontières, l’État-nation tel que nous l’avons fait, nous les Européens — mauvais Européens ! — et répandu s
235 ntières, l’État-nation tel que nous l’avons fait, nous les Européens — mauvais Européens ! — et répandu sur toute la terre.
236 e que je propose et sur ses directions majeures : nous voyons maintenant ce qu’il s’agit de changer dans notre société europ
237 voyons maintenant ce qu’il s’agit de changer dans notre société européenne : c’est le modèle stato-national. Et nous voyons d
238 é européenne : c’est le modèle stato-national. Et nous voyons dans quelle direction il faut aller : celle qui nous permettra
239 s dans quelle direction il faut aller : celle qui nous permettra de refaire une communauté, des communautés, au-delà de l’Ét
240 n soi un problème très sérieux, voire formidable. Nous avons été formés par quatre ou cinq générations d’instruction publiqu
241 histoire. Qu’il n’y a rien à imaginer au-delà. Et nous en avons persuadé la terre entière ; environ 150 États-nations, dont
242 les glorifier. En vérité, à y regarder de près14, nous nous apercevons que l’État-nation est bien malade. Et tout d’abord, s
243 lorifier. En vérité, à y regarder de près14, nous nous apercevons que l’État-nation est bien malade. Et tout d’abord, sa sou
244 SA et un grognement de Moscou. La souveraineté de nos nations européennes ne reste réelle qu’en tant que prétexte à refuser
245 ucun problème écologique ne se laisse définir par nos frontières, et qu’aucune frontière politique ou économique n’a jamais
246 dération fondée sur des régions, plus petites que nos États actuels, et la plupart du temps chevauchant leurs frontières. V
247 es à toutes les réalités publiques. Le modèle que nous recherchons prévoit par hypothèse des régions fonctionnelles, c’est-à
248 é, qui rend justice aux caractères spécifiques de nos peuples et, plus encore, aux vocations personnelles. Un autre mot-clé
249 , aux vocations personnelles. Un autre mot-clé de notre modèle, c’est l’adjectif petit. La motivation la plus profonde du mod
8 1974, Articles divers (1974-1977). L’Europe des régions (juin-juillet 1974)
250 és, mais au contraire reliés par les Pyrénées. On nous a raconté que le Rhin était une frontière naturelle entre les Françai
251 À mesure que les frontières se dévalorisent entre nos États-nations, les régions resurgissent. Il y a en effet deux types d
252 commune qui serait un mini-État-nation. Ce qu’il nous faut éviter à tout prix. Je pense que faire en Europe 300 mini États-
253 laquelle je voudrais insister : les frontières de nos États-nations sont indéfendables aujourd’hui. Bidault les a appelées
254 ble remue-ménage provoqué par la nécessité d’unir nos nations et d’accepter les résurgences spontanées, d’une part celle de
255 s une amicale. Or depuis 25 ans, les ministres de nos États-nations prétendent vouloir faire l’Europe. Dans ces conditions
256 ndent vouloir faire l’Europe. Dans ces conditions nous sommes devant un dilemme parfaitement clair : ou bien on fait l’Europ
257 t c’est réalisé en bonne partie par l’économie de nos États de l’Ouest, qui est envahie par les Américains qui rachètent de
258 méricains et les Russes soient des gens pires que nous , je pense que la colonisation est pire que tout. Quand un peuple se m
259 e de gouvernement ; mais on ne peut pas renverser notre système actuel, parce qu’il n’a pas de principe de cohérence interne.
260 lue était un mythe. Moi je demande simplement que nous fassions une Europe sur la base des réalités, et pas des mythes. Que
261 sur la base des réalités, et pas des mythes. Que nous ne perdions pas de temps et d’énergie à renverser des choses qui n’ex
262 des symboles, des mythes d’un passé révolu et que nous commencions à édifier l’Europe sur les régions que nous devons faire,
263 ommencions à édifier l’Europe sur les régions que nous devons faire, en même temps que nous cherchons à les unir, sur cette
264 régions que nous devons faire, en même temps que nous cherchons à les unir, sur cette réalité active et quotidienne. Et c’e
265 , ou 9 comme le proposait le Marché commun. Avons- nous intérêt en France à faire des régions assez vastes de « taille europé
266 ce, comment, en partant de ce qui existe, pouvons- nous créer et animer des régions ? Je pense qu’il faut être bien conscient
267 l’appui, qui interdit l’idée de faire de l’avenir notre affaire. Alors, cela c’est la situation politique la plus grave que l
268 ’y a plus de pouvoir aujourd’hui. Voilà le drame. Nous avons à créer à recréer des pouvoirs réels, d’abord à l’échelle local
269 éels, d’abord à l’échelle locale. Ne perdons plus notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre
270 l’échelle locale. Ne perdons plus notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre
271 le. Ne perdons plus notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre destinée, voilà
272 s attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre destinée, voilà le mot de toute l’affaire, notre affaire. Les soci
273 notre destinée, voilà le mot de toute l’affaire, notre affaire. Les sociétés multinationales Nous allons aborder maint
274 notre affaire. Les sociétés multinationales Nous allons aborder maintenant une autre « internationale » qui semble rem
275  voilà une chose qui ne cadre absolument pas avec nos coutumes, qui est destructrice de l’environnement, qui est trop grand
276 rice de l’environnement, qui est trop grande pour nous , qui n’est pas adaptée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade
277 st trop grande pour nous, qui n’est pas adaptée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade notre population, par exempl
278 ée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade notre population, par exemple en l’appâtant par des salaires trop forts pou
279 ’ont commise en premier lieu les gestionnaires de notre civilisation. Je m’explique : il faut être absolument clair là-dessus
280 urte pas à des obstacles insurmontables. Eh bien, nous vivons depuis l’ère industrielle sur des absurdités de ce genre ; nou
281 ère industrielle sur des absurdités de ce genre ; nous ne nous sommes absolument pas rendu compte que les courbes exponentie
282 strielle sur des absurdités de ce genre ; nous ne nous sommes absolument pas rendu compte que les courbes exponentielles dép
283 assertion que j’entendais répéter partout : « il nous faut faire des centrales nucléaires ; c’est un impératif technique et
284 essentiel pour tout ce qui touche les régions, de nous rendre compte que la croissance industrielle, la croissance du PNB, l
285 e politique, il faut absolument abandonner ça, et nous nous apercevons très vite que si nous abandonnons cette idée fondamen
286 itique, il faut absolument abandonner ça, et nous nous apercevons très vite que si nous abandonnons cette idée fondamentalem
287 nner ça, et nous nous apercevons très vite que si nous abandonnons cette idée fondamentalement fausse, nous en viendrons trè
288 s abandonnons cette idée fondamentalement fausse, nous en viendrons très vite à la nécessité de l’autorégulation de tous ces
289 tion et l’aménager conformément à la finalité que nous acceptons. Je suis très optimiste après la crise du pétrole, parce qu
290 t possible dans un monde sans racines paysannes ? Nous sommes dans une société à dominante urbaine, caractérisée par l’« ato
291 communauté minimale, et inversement… Aujourd’hui, nous nous trouvons dans la situation hellénistique. Simplement c’est plus
292 nauté minimale, et inversement… Aujourd’hui, nous nous trouvons dans la situation hellénistique. Simplement c’est plus grave
293 ier électronique. Quel type d’urbanisme pourrions- nous inventer collectivement ? Il faut faire des villes petites, et très n
294 ces villes se sont agrandies démesurément et que notre économie a secrété certaines organisations très complexes. Vous dites
295 ont calculables d’ores et déjà. « L’avenir est notre affaire » Tous ces sujets seront-ils abordés dans votre prochain l
296 uis en train de terminer. Je dis : « l’avenir est notre affaire ». Comme de toutes ces choses dont nous parlons, il faut fair
297 notre affaire ». Comme de toutes ces choses dont nous parlons, il faut faire comprendre aux jeunes aujourd’hui que c’est le
298 buisson… Mais, il y a d’autres motivations, chez nous , qu’il faudrait développer. Justement le désir d’être responsable, d’
299 nce ou crise mortelle, nul ne le sait encore — il nous est apparu indispensable de donner la parole à l’un des “pères de l’E
300 ue qu’il a découvert a contrario l’originalité de notre continent. Denis de Rougemont est avant tout orienté vers l’avenir :
301 écologie, il croit qu’aucune fatalité ne pèse sur nos sociétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il d
302 u’aucune fatalité ne pèse sur nos sociétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il dira prochainement dan
303 se sur nos sociétés et que nous sommes maîtres de notre destin. C’est ce qu’il dira prochainement dans son ouvrage intitulé
304 hainement dans son ouvrage intitulé L’Avenir est notre affaire . »
9 1974, Articles divers (1974-1977). Surréalisme : un jeu qui dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)
305 moi, ce fut une sorte de coup de foudre d’amitié. Nous avons décidé de nous rencontrer souvent, avec d’autres artistes et éc
306 de coup de foudre d’amitié. Nous avons décidé de nous rencontrer souvent, avec d’autres artistes et écrivains surréalistes
307 vité d’être excommunié tôt ou tard. C’était entre nous , à New York, une simple affaire d’amitié, d’affinité élective. Plusie
308 sieurs ravissantes jeunes femmes prenaient part à nos réunions, généralement vêtues de longues robes de soie, si possible t
309 gue. Breton ne l’eût pas toléré. Il régnait parmi nous une certaine tenue et une grande liberté de ton. Nous faisions des je
310 une certaine tenue et une grande liberté de ton. Nous faisions des jeux que Breton prenait très au sérieux. Pour lui, le je
311 s avec la magie. Car c’est un fait qu’au cours de nos jeux surréalistes d’intuition, de divination, de télépathie, je devin
312 reton n’était pas d’accord. Un jour, par exemple, nous avions décidé de faire un banquet consacré au nombre 21 — nombre sacr
313 sus — qui avait joué un certain rôle dans ma vie. Nous avions lancé 21 invitations à dîner dans un restaurant portugais, prè
314 ont il aurait été un des grands prêtres. Un jour, nous parlions des sectes cathares, avec un ami. Il écoutait d’une oreille,
315 ’une oreille, et brusquement il s’est tourné vers nous  : « Voilà, dit-il, une Église où j’aurais pu être évêque ! » i. R
316 jeu désintéressé de la pensée”. À cette occasion, nous avons demandé à Denis de Rougemont de parler de son séjour à New York
317 egistrée qui s’est poursuivie une soirée entière, nous avons extrait les passages qui se rapportent à l’une des activités du
10 1975, Articles divers (1974-1977). Notre complexe de culpabilité (1975)
318 Notre complexe de culpabilité (1975)p Au premier rang des peuples qui se
319 toire » ; est-ce que ça va durer, est-ce qu’on va nous laisser longtemps encore tranquilles dans notre coin ? (Motif accesso
320 va nous laisser longtemps encore tranquilles dans notre coin ? (Motif accessoire : faisons-nous ce qu’il faut pour garder not
321 les dans notre coin ? (Motif accessoire : faisons- nous ce qu’il faut pour garder notre rang ?) Inquiétude du patriote : dans
322 cessoire : faisons-nous ce qu’il faut pour garder notre rang ?) Inquiétude du patriote : dans le monde des technocrates, des
323 nds ensembles politiques en formation, est-ce que nos libertés, et la Suisse elle-même, en tant qu’État, gardent encore un
324 et de prospérité n’ont pas été gagnées au prix de notre âme ? Au prix de nos vraies raisons d’être ? L’autocritique est deven
325 pas été gagnées au prix de notre âme ? Au prix de nos vraies raisons d’être ? L’autocritique est devenue, au cours des dern
326 mmun, s’interroger sur l’avenir suisse est devenu notre sport national, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse nous battre
327 tional, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse nous battre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous reste, d’ail
328 ttre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous reste, d’ailleurs.) Il paraîtrait que les Suisses ne cessent de répét
329 sses ne cessent de répéter : « Y en a point comme nous  ! » Je n’ai jamais entendu cette fameuse phrase que dans la bouche de
330 up de chances pour que cela signifie : Voilà bien notre manière mesquine d’envisager les choses. L’intellectuel français appr
331 mais non pas pleutres ! », déclaraient fièrement nos publicistes, qui surcompensaient le reproche qu’ils devinaient chez l
332 Carl Spitteler prononça son fameux discours sur «  Notre point de vue suisse », dont voici un passage très significatif : Par
333 », dont voici un passage très significatif : Par notre modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance
334 passage très significatif : Par notre modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance de ce qu’elles
335 modestie, nous témoignons aux grandes puissances notre reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs s
336 es puissances notre reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre mode
337 reconnaissance de ce qu’elles nous dispensent de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à
338 t de nous mêler à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à l’Europe blessée le tribut qu’il convient de
339 à leurs sanglants différends. Par notre modestie, nous payons à l’Europe blessée le tribut qu’il convient de payer à la doul
340 nt de payer à la douleur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est
341 douleur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est jamais trouvé
342 eur : le respect. Enfin, par notre modestie, nous nous excusons. « S’excuser de quoi ? » Quiconque s’est jamais trouvé au ch
343 ale que le jugement de Dieu qui pèse sur le monde nous devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir
344 qui pèse sur le monde nous devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir de reconnaissance et de res
345 devient clair. Ceci ne nous dispense nullement de notre double devoir de reconnaissance et de responsabilité (à l’égard de no
346 reconnaissance et de responsabilité (à l’égard de notre patrie), mais ce devoir est celui d’un accusé et d’un coupable. Helve
347 lle est un péché, il faut le révoquer, ou si elle nous fait tomber dans le péché, il faut « l’arracher et la jeter loin de n
348 e péché, il faut « l’arracher et la jeter loin de nous  », sur-le-champ, sans demi-mesure : il faut participer aux guerres. I
349 e là, attendant qu’on les examine une fois passés nos examens de conscience. « Quels problèmes ? », me demande l’Européen q
350 mes ? », me demande l’Européen qui venait admirer notre libre Helvétie et qui est un peu déconcerté… Eh bien, lisez nos quoti
351 étie et qui est un peu déconcerté… Eh bien, lisez nos quotidiens : on y parle à longueur d’éditoriaux de la surchauffe et d
352 el, père de l’ennui égal pour tous. — Mais quoi ! nous connaissons tout cela et c’est bien pire chez nous ! s’écrie l’Europé
353 ous connaissons tout cela et c’est bien pire chez nous  ! s’écrie l’Européen de Düsseldorf, d’Anvers, de Lyon, de Manchester,
354 rien ne prouve que ça va durer. Le Marché commun nous menace. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralis
355 ve que ça va durer. Le Marché commun nous menace. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralisme est comprom
356 ce. Notre neutralité n’est pas toujours comprise. Notre fédéralisme est compromis, et ce qu’il en reste freine l’élan des ent
357 s entreprises. Est-ce qu’il y aura une place pour nous dans le monde qui vient ? Satiriques, vengeurs ou navrés, les sermons
358 ils n’ouvriront pas les voies d’un dépassement de nos petitesses. « Besoin de grandeur », gémit Ramuz, crispé. Mais démontr
359 e d’un avenir humain de l’Europe ! Il est menacé, nous dit-on ? Rien de tel pour tirer un homme de ses doutes brumeux et de
360 la Migros, Construire. p. Rougemont Denis de, «  Notre complexe de culpabilité », CH, choix de textes, Berne, Chancellerie f
11 1975, Articles divers (1974-1977). Au-delà de la société industrielle (1975)
361 gement est encore très loin d’être accompli parmi nous , mais il est amorcé dans nos esprits. Il suppose en effet, avant tout
362 être accompli parmi nous, mais il est amorcé dans nos esprits. Il suppose en effet, avant tout, une prise de conscience non
363 le monde parle, mais des causes de cette crise en nous , dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui
364 rle, mais des causes de cette crise en nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui compte le
365 uses de cette crise en nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui compte le plus dans la vie
366 se en nous, dans nos mentalités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce qui compte le plus dans la vie. II La soci
367 scutés ni discutables, mais que la crise actuelle nous oblige à reconsidérer : et tout d’abord le travail comme valeur fonda
368 tait donc — et demeure encore pour la majorité de nos contemporains — la croissance sans lois internes, sans principe d’aut
369 e mesuré, pesé et compté, et de cela seul. Ce que nous pouvons nommer aujourd’hui société industrielle — parce que déjà nous
370 aujourd’hui société industrielle — parce que déjà nous concevons quelque chose, au-delà — je le définis comme l’époque où l’
371 nry Ford II déclarait avec une belle sobriété : «  Nous sommes là pour produire des automobiles, non pas pour assurer le bonh
372 vertu fondamentale de l’ère industrielle, allons- nous opposer sous le nom de loisirs, la diminution du nombre des heures pa
373 Elle détruit les campagnes dont elle était censée nous restituer le charme, et provoque d’immenses destructions de champs, d
374 vapeurs obscurcissent, en plein midi, le ciel de nos grandes villes. Mais voici qui est encore plus fou : elle jette l’éco
375 ui est encore plus fou : elle jette l’économie de nos démocraties occidentales dans la dépendance humiliante de quelques ém
376 -fils d’Henry Ford de déclarer tout récemment : «  Nous ne sommes plus accoutumés à aller où que ce soit autrement qu’en auto
377 as est devenu prioritaire. L’Américain moyen — et nous donc ! — est prié de s’en tenir au mode de vie instauré par l’Auto, e
378 que des valeurs nouvelles existent et agissent en nous déjà, que les valeurs « fordiennes » nous apparaissent bizarres, ou p
379 sent en nous déjà, que les valeurs « fordiennes » nous apparaissent bizarres, ou puériles, et souvent même scandaleuses. Cet
380 rtain du déclin d’une certaine société, autour de nous , et de la proche émergence d’une société nouvelle, en nous d’abord. E
381 de la proche émergence d’une société nouvelle, en nous d’abord. Et pour décrire ses caractéristiques, il nous suffira donc m
382 d’abord. Et pour décrire ses caractéristiques, il nous suffira donc maintenant d’inverser la plupart des valeurs qui ont ass
383 Henry Ford. Partant de l’idée que les solutions à notre crise économique ne sont pas économiques, mais spirituelles, morales
384 détenues finalement par l’État. Sous prétexte de nous enrichir, elle nous rend donc de plus en plus nécessiteux, dépendants
385 par l’État. Sous prétexte de nous enrichir, elle nous rend donc de plus en plus nécessiteux, dépendants des besoins matérie
386 est la limite », comme disent les Américains. Il nous faut un nouveau marketing, qui analyse les besoins réels, et non les
387 es désirs : et voilà bien la pire aliénation ! Il nous faut retrouver des mesures, gagées sur l’homme, traduisant les donnée
388 données constitutives de la personne. Ces mesures nous interdiraient de multiplier (comme le fait la croissance industrielle
389 scalier avait pour seule fonction de vous éviter. Nous avons vu que la prolifération illimitée de l’automobile aboutit à l’e
390 ne question de proportions. Mais il est clair que nos trop grands États croient devoir se doter d’armements à leur taille.
391 ce, qui, dans la nouvelle société, doit remplacer nos techniques dures et polluantes, de même que l’énergie solaire doit re
392 ? » J’ai coutume de répondre à cette question que nous ne sommes pas là pour prévoir ou deviner notre avenir, mais pour le f
393 que nous ne sommes pas là pour prévoir ou deviner notre avenir, mais pour le faire. Et que la décadence d’une société commenc
12 1975, Articles divers (1974-1977). Suisse 1975 (1975)
394 er de prendre parti dans les guerres qui opposent nos voisins. Au-delà de cette fonction traditionnelle définie et garantie
395 u’alors. Cependant, beaucoup de bons esprits chez nos voisins, et quelques voix isolées parmi nous, proposent, dès le lende
396 chez nos voisins, et quelques voix isolées parmi nous , proposent, dès le lendemain de la guerre, que la formule de l’État s
397 rler encore de « grandes puissances » à propos de nos voisins, s’est dissipée. Face à l’Europe et face au monde, la situati
398 cherche scientifique restant le meilleur atout de notre industrie. On s’agite au niveau des cantons, où l’on dénonce « l’empr
399 isse. De cette manière de comprendre la nature de notre régime traditionnel résultent certaines conséquences politiques des p
400 is un siècle l’article principal du catéchisme de notre politique étrangère. Dans les années 1960 déjà, et dans la présente d
401 ie bien plus clairement encore, il est apparu que notre neutralité, garantie par le traité de Vienne comme étant « dans les i
402 quant la solidarité. La neutralité-tabou entraîne notre refus d’adhérer aux Nations unies et à la Communauté économique europ
403 neutralité active ou solidaire permet en revanche notre adhésion à l’OECE (Organisation européenne de coopération économique)
404 iques, etc. que les réalités du siècle imposent à nos États, entraîne nécessairement des dépassements de la « souveraineté
405 arrêter ses effets aux frontières historiques de nos cantons confédérés. Si le fédéralisme authentique consiste à accorder
406 toritaire de ses voisins. Il est donc évident que notre fédéralisme ne peut se maintenir dans nos cantons qu’à la seule condi
407 t que notre fédéralisme ne peut se maintenir dans nos cantons qu’à la seule condition de s’étendre, quand il le faut, au-de
408 et l’égoïsme. Un égoïsme fermé sur soi-même, dans nos frontières, comme le rêvent, semble-t-il, nombre de Suisses (si l’on
13 1975, Articles divers (1974-1977). Le Morgarten du xxe siècle (1975)
409 , une fois de plus, qui a répandu ces erreurs. On nous a fait apprendre qu’à l’origine, la Suisse s’était formée par la fédé
410 t la volonté d’exercer une justice « indigène » : nous ne voulons pas de juges étrangers dans nos vallées. Or la justice, à
411 e » : nous ne voulons pas de juges étrangers dans nos vallées. Or la justice, à l’époque, c’était toute l’administration et
412 e, comme l’Allemagne et l’Italie. À cette époque, nous avons partiellement subi le courant régnant en Europe, qui était celu
413 ération. Ramuz avait coutume de me dire : « Entre nous , nous sommes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes
414 n. Ramuz avait coutume de me dire : « Entre nous, nous sommes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes sépar
415 me dire : « Entre nous, nous sommes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes séparatistes… » Je lui répondai
416 mmes contre Berne, nous sommes fédéralistes, donc nous sommes séparatistes… » Je lui répondais : « Vous pouvez être séparati
417 emple un parallèle frappant entre la situation de nos trois communes primitives et celle des communes qui essaient aujourd’
418 Qu’ils la relisent, et ils se rendront compte que notre héros national suisse n’était pas particulièrement respectueux de la
419 al. Cela ne va évidemment pas se passer comme ça. Nous allons vers des tragédies. Les Suisses n’y sont pas très bien préparé
420 ême plus eu de place pour les soldats américains. Nous avons ce même avantage d’une décentralisation extrêmement poussée, do
14 1975, Articles divers (1974-1977). L’amour (1975)
421 nématographique au xxe siècle. Preuve en est que nos psychologues « scientifiques » et psychanalystes de toute école prenn
422 s de base dans la tradition littéraire qui est la nôtre , d’Œdipe à Sade et à Sacher-Masoch. Pour situer cette forme d’amour s
423 essions littéraires et artistiques en général, il nous faudra d’abord tenter de débrouiller, parmi les mille et trois sens d
424 assez évidemment distinctes, sinon opposables. Il nous faudra ensuite repérer les grandes étapes d’une évolution historique
425 es innombrables contradictions de l’amour tel que nous le vivons et, plus encore, tel que nous l’écrivons. Cinq niveaux
426 r tel que nous le vivons et, plus encore, tel que nous l’écrivons. Cinq niveaux À la base — au regard des modernes —, l
427 xication, favorisée par la publicité que lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qu
428 vorisée par la publicité que lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte d
429 la publicité que lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte de tout ce qu
430 lui font nos romans, nos poèmes, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment qui s’exalte de tout ce qui s’oppose au dé
431 L’Amour en Grèce). Il semble que Platon agit sur nous comme une information héréditaire. Personne ne saurait dire jusqu’à
432 ort. Trois mythes en effet, écrit R. Flacelière, nous montrent que les Grecs ont médité sur les rapports mystérieux de l’am
433 assion de « l’amour pour la mort » qui est, comme nous le verrons, le secret de Tristan. La révolution chrétienne Cinq
434 ècle, l’amour antique s’est éclipsé, et celui que nous croyons seul « naturel » et « aussi vieux que l’humanité » ne donne e
435 ention du xiie siècle. » Amour, qui désigne pour nous le sentiment, le désir et la passion, n’a pris ce sens qu’avec la poé
436 pécialistes du trobar, au xixe siècle et jusqu’à nous . Mais, s’ils avaient raison, comment concevoir que cette poésie ait p
437 ent concevoir que cette poésie ait pu transformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour des siècles ? Ne
438 sie ait pu transformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour des siècles ? Ne serait-elle pas au contrair
439 nsformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour des siècles ? Ne serait-elle pas au contraire le signe d’u
440 la cortezia, l’Église répond par les titres de «  Notre Dame » et de Regina Coeli désormais donnés à la Vierge. En 1140, des
441 histoire de l’Éros en Occident, des troubadours à notre siècle, se confond avec celle des expressions du désir, du sentiment
442 mode, dans les formes réglées de la guerre et, de nos jours, dans les mass médias audiovisuels. On s’en tiendra ici à la li
443 ccidentale ? Le dernier tabou, le plus fort Nous avons vu que le « problème sexuel » est né dans le monde christianisé
444 me pas, n’a jamais cessé d’exercer son empire sur nos sociétés, de la Grèce primitive à l’Occident moderne, c’est le tabou
445 rencontre. Déjà, dans la poésie des troubadours, nous voyons que l’amour courtois se distingue du simple désir par le raffi
446 es troubadours. De ce temps jusqu’au xxe siècle, nous assistons aux péripéties d’un duel sans cesse renouvelé entre la reli
447 r de la tragédie » (Racine, préface de Bérénice). Nous avons vu qu’à chaque fois que la société crée de nouveaux obstacles à
448 é ? » se demande le jeune homme. (La psychanalyse nous a habitués à des déguisements plus savants !) Ces sentiments et ces p
449 ait son œuvre ! L’autre moyen qu’il a trouvé pour nous parler voluptueusement de la passion de ses personnages, donc de la s
450 mplissement. Novalis, dans son journal intime : Notre engagement n’était pas pris pour ce monde. Et dans les Hymnes à la n
451 troitement à toi, et que dure alors éternellement notre nuit nuptiale ! Les Français seront plus lents à se laisser emporter
452 é comme tabou : l’argent. Freud n’a rien ajouté à notre idée de l’amour puisqu’en ramenant l’amour à l’Éros génital il invers
453 i, était donné à l’amour ; d’en faire le moyen de notre propre révélation (préface à L’Amant de Lady Chatterley). Là encore,
454 ’est vers une connaissance peut-être mortelle que nous entraîne l’Éros mythique. Avenir de l’amour-passion La morale
455 que respecte encore. Mais déjà le héros de Lolita nous est décrit comme un antihéros, c’est-à-dire un malade mental. Un psyc
456 eut se renverser très vite, au point de crise que nous avons atteint. L’ennui sécrété par les formes actuelles de la civilis
457 ner que l’avenir de l’amour dépendra désormais de notre faculté de maîtriser les deux pulsions contradictoires de l’érotisme
458 ée de la littérature romanesque et lyrique que de nous décrire les cheminements de cet amour dont le poète andalou Ibn Hazm
459 ême. C’est une condition délectable et un mal que nous désirons. Celui qui n’en est pas atteint ne souhaite nullement rester
15 1975, Articles divers (1974-1977). « Le sort des écrivains emprisonnés constitue un drame et un avertissement » (juin 1975)
460 euse dans les pays totalitaires est en germe chez nous . Face à un État qui veut tout régenter, y compris la morale, l’écriva
461 entendu parler d’amour ? » Eh bien, cet amour que nous connaissons, l’amour romantique que les Américains appellent « romanc
462 les littératures, toutes les sociétés jusqu’à la nôtre . La façon dont une société imagine les rapports entre l’homme et la f
463 ce monde impossible à gouverner et que, même dans nos sociétés occidentales, la grande majorité rêve de diriger sans opposi
464 une évidence. Dans un État-nation comme ceux que nous connaissons, l’homme ne peut plus agir comme responsable. Et l’homme
465 ure reste juste. D’ailleurs tout ce qui intéresse notre vie quotidienne se passe à l’échelon des communes ou des régions, dan
466 sité ? Quand les gens qui vont construire Verbois nous expliquent qu’il y a une nécessité, je leur demande laquelle. Rien ne
467 une nécessité, je leur demande laquelle. Rien ne nous oblige concrètement à avoir plus d’électricité demain qu’aujourd’hui.
468 lectricité demain qu’aujourd’hui. C’est parce que nous le voulons pour notre commodité. Mais il n’y a aucune nécessité. Et c
469 aujourd’hui. C’est parce que nous le voulons pour notre commodité. Mais il n’y a aucune nécessité. Et c’est la même chose pou
470 réfigure peut-être des situations plus proches de nous — c’est d’influencer les pensées. Regardez avec quel soin il s’occupe
471 ans de petits pays, la Suisse notamment. Bien sûr nous sommes encore dans une société où l’individu n’est pas aussi directem
472 compris la police suisse. C’est un exemple. Mais nous sommes encore très loin d’infliger aux opposants le sort que connaiss
473 sort que connaissent les écrivains soviétiques ? Nous sommes préservés contre certaines outrances des pays totalitaires par
474 pays totalitaires parce que dans le fondement de notre société ce n’est pas la masse qui constitue l’unité de mesure mais l’
475 ourd’hui comme les Rosenberg — dont la télévision nous rappelait récemment la fin tragique — n’étaient pas dans la norme de
476 t dans sa belle et solide maison de Pouilly qu’il nous les a apportées. »
16 1975, Articles divers (1974-1977). « L’État-nation, voilà l’ennemi » (1er juillet 1975)
477 , pour les économies industrielles. Cette analyse nous ramène à un dilemme d’une crudité gênante. Ou bien l’État-nation main
478 s nationaux. Le jeu se rouvre, l’avenir redevient notre affaire. Ou bien la démission épidémique de la personne devant la mé
479 ique de la personne devant la mécanique de l’État nous conduit, dans une atmosphère de panique sourde et de délinquance géné
480 e. Je ne propose pas de renverser l’État-nation : nous péririons tous dans ses ruines. Au niveau des pouvoirs concrets, je v
481 très peu à renverser, tout à construire. Et force nous sera de le faire dans les cadres de l’État-nation périmés ; hors d’eu
482 encore moins économiques d’abord. La solution de nos problèmes économiques est à chercher sur un tout autre plan que celui
483 une vraie personne, c’est le problème central de notre temps. Les régions fonctionnelles, d’aires diverses — chacune ayant p
484 le territoire de sa réalité — ne naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité de recréer des cadres de participa
17 1975, Articles divers (1974-1977). « Il ne s’agit pas de créer des régions qui soient de petits États-nations » (septembre 1975)
485 e. La réforme, donc, plutôt que la révolution… Il nous faudrait partir des racines, puis dresser un plan. Par exemple, dans
486 japonais, sont possibles d’un jour à l’autre dans notre région. Il y a là une tâche énorme à accomplir en commun. La nappe p
18 1976, Articles divers (1974-1977). Message de M. Denis de Rougemont (1976)
487 tion. Trois lustres ont passé déjà sans que rien nous rapproche visiblement du but. Comment sauver la face de ma génération
488 but. Comment sauver la face de ma génération ? Il nous reste assez peu d’années. Quant à repasser le flambeau, selon le clic
19 1976, Articles divers (1974-1977). L’Europe, l’été [préface] (1976)
489 e : ceux d’une nature humanisée par les styles de nos grandes époques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européen
490 nos grandes époques. Entre ces points extrêmes de nos diversités européennes que relient quelques heures d’avion, au cœur d
491 faute des subventions escomptées. Quelle ville de nos pays, grande ou moyenne, n’a-t-elle pas essayé de lancer son festival
492 note séductrice dans la grande rumeur musicale de nos étés européens ? Si je n’en ai nommé qu’une trentaine, c’est parce qu
493 se sont bardées de frontières sourcilleuses, dans notre Europe jadis ouverte à tous vents de l’esprit et tous échanges humain
494 économie de paix, on vit aussi renaître dans tous nos pays d’une part des initiatives locales animées par des amateurs de t
495 lles de toute l’Europe à la recherche de l’union. Notre entente fut immédiate, et les plans vite tracés. Tous nos grands fest
496 nte fut immédiate, et les plans vite tracés. Tous nos grands festivals furent invités à déléguer leurs directeurs pour une
497 à résoudre les problèmes de l’union politique de nos peuples, mais elle atteste mieux que la science — autre produit typiq
498 a science — autre produit typique de l’Occident — notre unité fondamentale. Unité dans la diversité — est-il besoin de le rép
499 ilà pourquoi dans les domaines les plus variés de notre existence, le politique et l’institutionnel, l’économique et l’artist
500 t l’institutionnel, l’économique et l’artistique, nous retrouverons toujours le même type de problèmes : unir sans uniformis
501 tenir à l’unisson. En un mot fédérer, mot-clé de notre Centre. Je prie les historiens de prendre note d’un petit fait qui a
502 our la joie de centaines de milliers d’auditeurs. Nous sommes ici au centre d’un prestigieux complot contre l’ennui et la la
503 n, pas plus que vous ne trouverez l’équivalent de notre peinture de chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos conce
504 l’équivalent de notre peinture de chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos concerts et de nos musées. Tout à la
505 e chevalet ou de nos portraits individualisés, de nos concerts et de nos musées. Tout à la fois communautaire et adonnée au
506 s portraits individualisés, de nos concerts et de nos musées. Tout à la fois communautaire et adonnée au culte des vedettes
507 e. C’est grâce aux festivals qu’on s’est remis de nos jours non seulement à jouer Hamlet sur les remparts d’un château médi
508 es à la jeune sociologie. Pas un seul festival de notre association n’est « national », soulignons-le : régionaux ou municipa
509 à quelque mascarade folklorique, que déjà tant de nos régions aillent demander l’expression publique et sensible de cet êtr
20 1976, Articles divers (1974-1977). Histoire et prospective de l’identité européenne (1976)
510 nt donc d’essayer de nommer ma discipline, posons- nous la question préalable, et plus sérieuse, de l’identité de l’Europe et
511 dans l’espace vide de la théorie intemporelle. Il nous est imposé concrètement dans l’aire d’un continent déterminé, au troi
512 ans souci d’applications immédiates. C’est ainsi, nous dit-on, que le CERN étudie la constitution de la matière par besoin d
513 ui touche aux régions, notamment. Disons que dans notre domaine, la recherche fondamentale est celle qui a pour objet l’homme
514 hropologie philosophique jouent le même rôle dans notre champ d’études. Une faculté de droit prépare des avocats, une faculté
515 es physiciens nécessaires aux bureaux d’études de nos grandes industries. Mais vous qui traitez de l’Europe, à quoi prépare
516 plus des neuf dixièmes des plus grands savants de notre ère. Cette culture peut périr demain, si les Européens ne la vivent p
517 plus, perdent le sens de ses valeurs créatrices. Nos grands journaux non sans Schaden Freude, titrent ces derniers mois :
518 e vous en donnerai deux exemples. J’ai professé à notre Institut et à l’EPFZ simultanément, puis sous une forme différente à
519 rappelé récemment, ici même, après Jouvenel, que nous ne pouvons connaître que le passé, sans pouvoir le changer, alors que
520 que le passé, sans pouvoir le changer, alors que nous ne pouvons modifier que l’avenir, mais sans pouvoir le connaître. Or,
521 ui, mais cela ne dit pas tout, il s’en faut ! Car notre enseignement ne se réduit pas à la transmission d’un savoir, s’il y v
522 uropéennes, bien qu’erronées, comme le démontrent nos études sur l’Europe. C’est même l’une des fonctions irremplaçables de
523 ens mais les étudiants du tiers-monde qui suivent nos cours : c’est sans doute le plus nécessaire. Vous paraissez revenir i
524 vivre de l’Europe est simplement vital pour toute notre culture. Croyez-vous que l’Université n’est pas intéressée au premier
21 1976, Articles divers (1974-1977). Changer de cap (novembre 1976)
525 qui m’intéresse est autre chose : la stratégie de notre civilisation. Ce sont donc les grands choix moraux qui déterminent pa
526 les grands choix moraux qui déterminent parfois à notre insu les arguments échangés avec tant de passion au sujet des central
527 atteinte possible à la couche d’ozone qui protège notre vie terrestre contre les rayons ultraviolets ? « Votre pari — dis-je
528 nt posé la question à propos du Vietnam : pouvons- nous arrêter la guerre, alors que l’industrie des arme­ments occupe des ce
529 phistiqués : ces « retombées » se feront donc sur nos têtes. 5. Indépendamment de ces arguments, je suis contre Concorde po
530 ls et de rêves, de principes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois la n
531 ncipes et d’ambitions qu’il nous faut dépasser si nous voulons survivre, qui détruisent à la fois la nature et la Communauté
532 t. Mais la logique du système stato-national dans notre société industrielle (qu’elle soit capitaliste ou socialiste, nulle d
533 e souffrent pas la centralisation, c’est pourquoi nos États les décrient et négligent). Et vous irez plus loin. Vous en vie
534 ême. Tout peut changer maintenant si, renonçant à nous laisser conduire toujours plus vite vers n’importe où, nous décidons
535 er conduire toujours plus vite vers n’importe où, nous décidons de reconquérir notre autonomie personnelle, et de recourir d
536 e vers n’importe où, nous décidons de reconquérir notre autonomie personnelle, et de recourir de plus en plus à l’énergie fou
537 recourir de plus en plus à l’énergie fournie par nous , et non par les centrales nucléaires. Prenez cette conversion pour un
538 lle signifie bien davantage, et peut pro­duire en nous d’abord mais aussitôt dans la société d’aujourd’hui de proche en proc
539 e dis pas qu’en alertant les énergies qui sont en nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seulement qu’en
540 pas qu’en alertant les énergies qui sont en nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seulement qu’en faisa
541 aisant appel toujours plus aux forces qui sont en nous , le besoin que nous avions de forces extérieures diminuerait d’autant
542 s plus aux forces qui sont en nous, le besoin que nous avions de forces extérieures diminuerait d’autant, et que nous serion
543 e forces extérieures diminuerait d’autant, et que nous serions alors en mesure de découvrir une réalité du monde bien différ
544 aient tout à fait incongrues. Je ne dis pas qu’en nous confiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions f
545 ne dis pas qu’en nous confiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions faire l’équivalent de la société
546 fiant de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions faire l’équivalent de la société industrielle qui culmine d
547 mine dans la Bombe à fusion nucléaire, je dis que nous ferions une autre société — et je pense qu’elle serait meilleure. 2
22 1977, Articles divers (1974-1977). Souvenir de 1938 (1977)
548 t le message du Solitaire qui venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette attente au bord du gouffre, cette minut
549 tes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fois à l
550 gence avec l’événement historique, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945 à son exécution au Vatican, lors des fêtes de
551 ille pour la défense spirituelle de la Suisse que nous avons livrée pendant la guerre, votre œuvre avait pour nous la valeur
552 livrée pendant la guerre, votre œuvre avait pour nous la valeur d’un corps d’armée ! » Il se peut que les deux jugements so
23 1977, Articles divers (1974-1977). Les débuts de la construction européenne (1977)
553 gine du Congrès de l’Europe à La Haye, sur lequel nous allons revenir. Mais on imagine bien que les positions politiques, so
554  aux pouvoirs limités mais réels », auxquels tous nos États consentiraient de substantielles délégations de souveraineté. M
555 n-drain qu’étaient alors en train de subir toutes nos nations, trop pauvres pour offrir à leurs physiciens un si grand appa
556 tout simplement, dans les rapports séculaires de nos États occidentaux, le souci de la solidarité générale à la hantise de
557 Reuter, avaient cherché dès le mois de mai 1949, nous venons de le voir, les moyens de réaliser à bref délai cette idée rép
558 riode des congrès, d’une coopération instituée de nos économies nationales — la française et l’allemande d’abord — d’où dev
559 ! Ce qui a frappé à juste titre l’opinion de tous nos pays, c’est l’idée de créer entre États des « solidarités de fait »,
560 la CECA, c’était une méthode pour faire l’Europe. Nous avons vu que les idées directrices d’un pool charbon-acier avaient ét
561 une action capable de prévenir la colonisation de nos vingt-cinq pays par les hégémonies de l’Est et de l’Extrême-Ouest, co
562 ait, que rien ne se fasse ? Dans l’état actuel de notre société, les gouvernements seuls sont responsables. Le dilemme devien
563 ables. Le dilemme devient des plus clairs : irons- nous avec eux vers l’Europe satellite, ou sans eux vers l’Europe des régio
564 ropéenne », Les Hommes d’État célèbres. De 1920 à nos jours, vol. 6, Paris, Mazenod, 1977, p. 238-243.
24 1977, Articles divers (1974-1977). Robert Schuman (1886-1963) : l’homme de la frontière (1977)
565 rue sans avoir pour autant fait de l’Histoire. Si nous parlons ici de Robert Schuman, c’est parce qu’un jour de mai 1950, so
566 de cela seulement, a peut-être changé le cours de nos destins. Cette espèce de miracle que représente la CECA, entendons l’
567 l aux Constitutions de l’Empire ; et plus près de nous , collaboration entre Coudenhove-Kalergi et Briand, puis entre Alexis
568 rontière », Les Hommes d’État célèbres. De 1920 à nos jours, vol. 6, Paris, Mazenod, 1977, p. 254-257. af. On a intégré le
25 1977, Articles divers (1974-1977). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous ! (1977)
569 ligions, unissez-vous ! (1977)ac Un jour, dans notre jardin de Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois, en route ve
570 dité sur cette phrase, depuis lors. ⁂ Au temps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et
571 mps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et Nunc , petite revue de pensée religieuse qu
572 r, « dialectique » et calviniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’un
573 iniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’une orthodoxie protestante,
574 paradoxale en soi que dans les polémiques qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme iné
575 s qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme inévitable dans la conjoncture de l’époque.
576 e fasciste, en Allemagne nazie, et tout autour de nous , de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler n
577 tout autour de nous, de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler normal à quelque observateur superf
578 e moins au marxisme invoqué par les staliniens de nos pays pour justifier les procès de Moscou et la persécution des Église
579 on des Églises. Mais je relis les onze numéros de notre revue : il n’y est jamais question d’orthodoxie ! (Sauf une fois : po
580 ion d’orthodoxie ! (Sauf une fois : pour nier que nous défendions une « orthodoxie calviniste ».) En revanche, des « hérésie
581 non point comme « contraires au dogme » : ce que nous referons comme « hérétique », c’est tout choix exclusif d’un seul des
582 rase morale par orthodoxie, et vous saurez ce que nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’
583 nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’édicté, de codifié, d’enregistré une fois pour t
584 on théorique ». Elle était quelque chose, disions- nous , « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même impl
585 ». Elle était quelque chose, disions-nous, « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre ef
586 as les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie »
587 e effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie » prétendue s’opposait à toute « transposition de l’évén
588 e, en une vérité générale… » Et par « existence » nous ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et
589 décision concrète… dans l’instant, hic et nunc. » Nous disions encore : Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos
590 Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos propositions théologiques avec les énoncés de la Bible, mais de juger
591 Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors. ⁂ Après les années de Hic et Nunc (1932-1
592 ⁂ Après les années de Hic et Nunc (1932-1939), nos voies pour un temps se séparent. Henry Corbin part pour Byzance et le
593 n de l’ami retrouvé ne marque aucune rupture avec notre passé, ni encore moins mon ralliement à quelque antidoctrine nouvelle
594 cience renouvelée de ce qui animait en profondeur nos écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’occupait déjà des grands m
595 it là que pour toi. Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui
596 i. Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui osera la franchi
597 ndes confessions chrétiennes. Certes, peu d’entre nous choisissent leur confession, la plupart se contentent d’y être nés ;
598 âme unique et de la vocation illuminante. Et cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise
26 1977, Articles divers (1974-1977). La nature du pouvoir (9 octobre 1977)
599 tre celle-ci viendra-t-elle plus tard, après moi. Nous avons entendu, hier soir, une très belle leçon de modération philosop
600 en tout cas, à partir de Philippe le Bel, et dans notre histoire suisse. Le sens du pouvoir n’est pas le même, et la différen
601 es, d’une manière irréversible, et le pouvoir que nous avons en Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fé
602 ut ? Le pouvoir est là, défini ou non, il est là. Nous le trouvons en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avo
603 est là. Nous le trouvons en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le
604 ns en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le subir. Ceci me rappell
605 nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le subir. Ceci me rappelle une très jolie épigraphe
606 mment parce que le pouvoir ne se sent que trop de nos jours, et que cela s’accompagne d’un sentiment d’impuissance croissan
607 c’est, peut-être, ce sentiment d’impuissance que nous avons devant les pouvoirs, qui nous amène à toutes sortes d’excès de
608 puissance que nous avons devant les pouvoirs, qui nous amène à toutes sortes d’excès de langage contre le pouvoir, à toutes
609 archisantes. Il provient de l’idée que le pouvoir nous est extérieur, qu’il se présente à nous sous forme de contrainte, que
610 e pouvoir nous est extérieur, qu’il se présente à nous sous forme de contrainte, que nous subissons sans pouvoir l’exercer.
611 se présente à nous sous forme de contrainte, que nous subissons sans pouvoir l’exercer. Et nous sommes un peu ahuris par to
612 te, que nous subissons sans pouvoir l’exercer. Et nous sommes un peu ahuris par tous ces impératifs technologiques, ces néce
613 gnant et, de plus en plus, absolu ? Jeanne Hersch nous a hier soir indiqué une voie : opposer à ce pouvoir d’autres pouvoirs
614 ue le simple refus du pouvoir extérieur finit par nous y livrer bien plus sûrement que toute autre conduite, et finit dans l
615 uvoir », comme le dit l’expression consacrée, car nous ne savons que trop à quoi cela mène : ceux qui croyaient prendre le p
616 i. Le pouvoir abusif de l’État est fait de toutes nos démissions civiques, et tend à les rendre définitives. Je rappelle, l
617 lution à la mode des siècles derniers qui peuvent nous secourir dans cette tragédie car cette « prise du pouvoir », dont on
618 èce de pouvoir, mais de distribuer le pouvoir que nous trouvons abusif. Distribuer, par exemple, le pouvoir de l’État-nation
619 ssez gros livre récent, que ce drame est celui de notre époque, j’ai trouvé, l’autre jour, et après coup, la formule la plus
27 1977, Articles divers (1974-1977). La puissance et les choix (mai 1977)
620 ssance des fins humaines auxquelles chaque modèle nous conduit. Deux volontés, deux forces, deux passions se manifestent dès
621 t s’opposent ou parfois se composent en chacun de nous  : la Puissance et la Liberté. La puissance sur autrui et la liberté p
622 en deux camps bien tranchés : c’est en chacun de nous que le conflit se poursuit. Les deux pulsions contraires coexistent e
623 rsuit. Les deux pulsions contraires coexistent en nous , personne n’est jamais ni tout l’un ni tout l’autre. Et il n’existe p
624 ues, incroyablement chères, et si dangereuses que nos pays, tout en jurant qu’elles sont inoffensives, ne les bâtissent qu’
625 u’ils dénoncent là les raisons mêmes qui font que nos États les adoptent. Car « très grand » suppose, qu’on le veuille ou n
626 is par la surveillance quotidienne des déchets de nos centrales nucléaires accumulés pendant le petit quart de siècle qui n
627 es accumulés pendant le petit quart de siècle qui nous sépare de l’an 2000. À l’inverse absolu, le choix de l’énergie solair
628 ix : car ce choix signifie du même coup la fin de nos États-nations, liés au plutonium le bien nommé, produit du monde sout
629 âce à l’appui du Ciel et de ses longs regards sur notre terre. Choisir les unités locales, voire familiales, d’énergie solair
630 es centaines de milliers de foyers dans chacun de nos pays européens, de se rendre indépendants, de se faire « Suisses », d
631 fisance au besoin, la confiance dans le prochain. Notre problème n’est pas des moyens et des fins, car les fins seules dicter
632 e Choix du siècle » que l’auteur de L’Avenir est notre affaire estime urgent de souligner aujourd’hui. » Suivi encore de ce
633 occidentale . Il vient de terminer L’Avenir est notre affaire qui va sortir incessamment en librairie (Éditions Stock). De
28 1977, Articles divers (1974-1977). Du passé à l’avenir d’une région (27 juin 1977)
634 formation à partir de l’Allemagne et de l’Italie. Nos vingt-deux cantons décident enfin de se donner une Constitution fédér
635 à l’est), que l’histoire (intérêts divergents de nos cinq cantons au long des siècles), ou encore que l’analogie de régime
636 nt moral et civique, fût-il aussi sentimental que nos chants patriotiques, aussi concret qu’une votation sur la TVA. « L’es
637 ure et des accidents de l’histoire répercutés sur nos communautés : l’horlogerie par exemple dans l’arc jurassien, et la ba
638 cle pour 1 200 000 habitants — qui dira mieux sur notre continent ? Réalité récente — qui peut changer… Si je me suis é
639 is étendu quelque peu sur la genèse historique de notre Romandie, c’était pour attirer l’attention du lecteur sur deux faits
640 n’a pas existé de tout temps, comme la plupart de nos compatriotes l’imaginent vaguement. Elle est relativement récente, et
641 ont beaucoup contribué, on l’a vu, à différencier nos cantons. Si ces conflits sont apaisés de nos jours, voilà qui n’est p
642 cier nos cantons. Si ces conflits sont apaisés de nos jours, voilà qui n’est pas dû seulement au long travail de l’œcuménis
643 uisse est le siège comme elle fut la marraine. Et nos cantons gardent leurs séculaires valences (au sens chimique du terme 
644 sible et inconditionnelle fidélité confédérale de nos cantons, des inter-relations d’un type nouveau apparaissent désormais
645 iangle Belfort-Saint-Étienne-Aoste, aux débuts de notre histoire (de la fin du ixe au milieu du xie siècle) avait déjà été
646 aire. Et comme j’expliquais mes projets à l’un de nos recteurs romands, tout en m’excusant du caractère très empirique et p
647 e à la fois de l’oc et de l’oïl, et que parlèrent nos populations du ixe au début du xixe siècles. » Je devais découvrir
648 ié trois petits ouvrages dans cette langue — dont nous ne connaissons plus guère que quelques expressions patoisantes et les
649 entre les fondements séculaires de la culture et notre économie moderne, plus de liens et bien plus mystérieux, que nos bril
650 derne, plus de liens et bien plus mystérieux, que nos brillants théoriciens et nos robustes réalistes n’auraient jamais osé
651 plus mystérieux, que nos brillants théoriciens et nos robustes réalistes n’auraient jamais osé l’imaginer ? Le secret de no
652 s n’auraient jamais osé l’imaginer ? Le secret de notre avenir ne serait-il pas enfoui au plus profond de notre histoire oubl
653 avenir ne serait-il pas enfoui au plus profond de notre histoire oubliée ? 31. Et même deux, si l’on fait rentrer dans la
29 1977, Articles divers (1974-1977). « Il faut changer de cap » (27 septembre 1977)
654 temps incertains, le salutaire avertissement que nous donne l’essayiste suisse Denis de Rougemont, au terme d’un livre impo
655 dont le titre résume bien l’esprit : L’Avenir est notre affaire. À tous les dangers qui nous menacent et que l’auteur dénonce
656 ’Avenir est notre affaire. À tous les dangers qui nous menacent et que l’auteur dénonce lucidement, on n’est certes pas obli
657 uction industrielle et de consommation illimitées nous ont conduits au seuil d’une série de désastres parfaitement calculabl
658 ne série de désastres parfaitement calculables si nous laissons les choses aller. Et le premier de ces désastres serait prov
659 n Occident, mais dans le tiers-monde. Parce qu’on nous dit que l’humanité va doubler tous les trente ans, nous croyons que l
660 it que l’humanité va doubler tous les trente ans, nous croyons que la production industrielle et énergétique, va devoir augm
661 gmenter d’une manière infinie dans un monde fini. Nos ressources matérielles sont menacées d’épuisement. Il nous reste du p
662 ources matérielles sont menacées d’épuisement. Il nous reste du pétrole pour trente ans. Que fera-t-on dans trente ans des a
663 ns. Qu’à cela ne tienne, disent les technocrates, nous ferons des centrales au plutonium. Or, elles sont un danger intolérab
664 plutonium. Or, elles sont un danger intolérable, nous disent des milliers de physiciens. Là, nous abordons le problème de «
665 able, nous disent des milliers de physiciens. Là, nous abordons le problème de « l’agression technicienne contre la nature »
666 a guerre atomique que préparent, malgré eux, tous nos États-nations. Vous semblez trouver une solution à tous vos problèmes
667 te ! Je constate, en historien, qu’à l’origine de nos maux actuels, il y a le gigantisme, la superstition des grandes dimen
668 isme, la superstition des grandes dimensions. Or, nous constatons que les petits États ont tous les avantages sur les grands
669 t-à-dire de grandes guerres. Au fond, ce que vous nous proposez, c’est le modèle suisse ? C’est quelque chose qui s’en inspi
670 union européenne possible. Mais comment pourrions- nous aboutir à ces solutions ? Je ne pense pas que les hommes vont devenir
671 ment se convertir, faire sa révolution. Chacun de nous peut opérer pour lui-même cette révolution vers une nouvelle forme de
30 1977, Articles divers (1974-1977). Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)
672 Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)ao ap Que nous agissions ou non, que nous le
673 enir est notre affaire (octobre 1977)ao ap Que nous agissions ou non, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre aff
674 obre 1977)ao ap Que nous agissions ou non, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous en sommes seuls
675 ou non, que nous le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous en sommes seuls responsables. « Mieux vaut le savoir et
676 s le voulions ou non, l’avenir est notre affaire. Nous en sommes seuls responsables. « Mieux vaut le savoir et cesser de nou
677 responsables. « Mieux vaut le savoir et cesser de nous cacher derrière toutes sortes de prétendues fatalités, transparents p
678 e prétendues fatalités, transparents paravents de nos inerties intellectuelles quand ce n’est pas de nos lâchetés morales. 
679 os inerties intellectuelles quand ce n’est pas de nos lâchetés morales. » C’est ainsi que Denis de Rougemont, écrivain suis
680 uisse, pionnier de l’idée européenne, s’adresse à nous dans son dernier livre qui vient de paraître. L’Avenir est notre aff
681 ernier livre qui vient de paraître. L’Avenir est notre affaire . Un titre qui est la profession de foi mais aussi l’avertiss
682 mme de 71 ans, qui a perdu bien des illusions sur notre monde mais pas encore sa confiance dans les hommes. Tout dans cet écr
683 éal d’une société qui était tournée vers l’homme. Nous avons perdu cette mesure : alors, tout au long de son livre, il nous
684 tte mesure : alors, tout au long de son livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamn
685 rs, tout au long de son livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir not
686 g de son livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous
687 ouspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc libres. Libre
688 et au pied du mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc libres. Libres de laisser faire… Et c’est la
689 mur. Nous voici condamnés à choisir notre avenir. Nous voici donc libres. Libres de laisser faire… Et c’est la catastrophe p
690 aire… Et c’est la catastrophe programmée. « Voilà notre homme de l’an 2000, dit-il : sans eau potable, sans pain, sans vin et
691 s les années 1950. » Ce n’est qu’un aspect ! Mais nous sommes libres aussi de réagir, « de retrouver nos vrais désirs, nos v
692 ous sommes libres aussi de réagir, « de retrouver nos vrais désirs, nos vrais besoins et les vraies fins vers lesquelles il
693 aussi de réagir, « de retrouver nos vrais désirs, nos vrais besoins et les vraies fins vers lesquelles ils nous portent ».
694 is besoins et les vraies fins vers lesquelles ils nous portent ». « À vous de jouer ! » lance-t-il en défi à la jeunesse du
695  Hitler fut la réponse au problème fondamental de notre temps », dit-il. Terrible constat. Il l’explique. Dans l’Europe du xx
696 rsqu’en 1969 il a pris brutalement conscience que notre monde glissait vers le néant. Un rapport confidentiel du club de Rome
697 r, alors elle signera sa mort. Or, maintenant que nous avons les moyens de surmonter les défis de la nature, nous voici seul
698 s les moyens de surmonter les défis de la nature, nous voici seuls responsables. Car si jusqu’à nos jours l’avenir était com
699 re, nous voici seuls responsables. Car si jusqu’à nos jours l’avenir était complètement inconnu, s’il dépendait des catastr
700 rophes ne tombent plus du ciel, elles viennent de nous . Mais les hommes ont encore beaucoup de peine à l’admettre. Et pourta
701 e beaucoup de peine à l’admettre. Et pourtant, il nous reste désormais à décider librement de l’essentiel : pour quoi voulon
702 ider librement de l’essentiel : pour quoi voulons- nous vivre ? Denis de Rougemont se tourne vers le feu de bois qui crépite
703 répite dans la cheminée, le regard songeur : Oui, nous avons vraiment atteint les limites. La voix se fait plus douce. Voyez
704 é. Villes trop vastes, trop peuplées, inhumaines. Nous sommes loin des cités grecques ! C’est pour vous le modèle idéal ? Ab
705 ts-Unis qu’en Grande-Bretagne, en Scandinavie. Et nous y venons en France. Ce n’est pas un hasard ! Un architecte grec conte
706 algré tous les changements techniques intervenus, nous revenons à la grande idée des Grecs. Ils savaient eux que si les vill
707 humaines. Comment encore être un citoyen ! Nous , nous avons compté sur l’adaptation des hommes. Effrayante adaptation
708 nes. Comment encore être un citoyen ! Nous, nous avons compté sur l’adaptation des hommes. Effrayante adaptation qui l
709 atteint un sommet jamais égalé. Contre cela aussi nous devons lutter. Et le voilà qui passe à l’action. Pour que nous connai
710 utter. Et le voilà qui passe à l’action. Pour que nous connaissions la vérité, puisqu’elle seule nous fera réagir. C’est ain
711 ue nous connaissions la vérité, puisqu’elle seule nous fera réagir. C’est ainsi que cet automne naîtra « L’Agence de vérité
712 fera connaître tous les mensonges de l’EDF et de nos gouvernements à propos du nucléaire. Mais, d’ores et déjà, une chose
713 ne société devenue policière. Vous voyez, partout nous atteignons les limites du supportable, du vivable. Les hommes d’Ét
714 États sont les grands responsables de la crise de notre civilisation. Ce sont eux seuls qui ont géré la terre. Eux seuls qui
715 en avaient les moyens. Pour que l’avenir devienne notre affaire, l’État doit être dessaisi des pleins pouvoirs. Ce n’est qu’e
716 croire que ce qui existe a toujours existé et que nous n’y pouvons rien changer. Elle fait des citoyens pour ce qu’on veut,
717 lle a fait des citoyens pour la nation seulement. Nous avons payé cela par deux guerres mondiales. L’éducation aujourd’hui d
718 . Le sort de l’an 2000 se joue dans les leçons de nos écoles secondaires. Or qu’y apprend-on ? Des mensonges. L’histoire de
719 ela représente des dizaines de milliers d’élèves. Notre action fait tache d’huile et fait changer les mentalités Si nous cont
720 t tache d’huile et fait changer les mentalités Si nous continuons ainsi, les gouvernements seront bien obligés de s’incliner
721 eur de Parents : Denis de Rougemont, L’Avenir est notre affaire  », Parents, Paris, octobre 1977, p. 46 et 48. ap. Propos re
31 1977, Articles divers (1974-1977). Denis de Rougemont : le retour d’un hérétique (3 octobre 1977)
722 t le titre de votre dernier livre — L’Avenir est notre affaire — sert déjà de slogan à un nouveau courant de pensée33. En f
723 on sens. Car il ne faut pas s’y tromper : ou bien notre mode de développement continue sur sa lancée productiviste et c’est l
724 et c’est la catastrophe à brève échéance. Ou bien nous réagissons et, alors, il faut faire vite. Cela dit, il y a un vieux p
725 de et une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’
726 une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afriq
727 est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine
728 lles désillusions. Pour ce faire, il faudrait que nous commencions par changer de cap nous-mêmes. Il faudrait que nous imagi
729 ns par changer de cap nous-mêmes. Il faudrait que nous imaginions une forme de développement moins démente, moins suicidaire
730 f, après avoir donné tant de leçons à l’humanité, nous pourrions, peut-être, pour une fois, lui donner l’exemple. Bien sûr,
731 er… On peut aussi limiter les dégâts. D’ailleurs, nous y serons contraints ; les experts américains, qui adorent les scénari
732 t les scénarios « absurdes », ont calculé que, si notre démographie n’était pas maîtrisée, il suffirait de quelques siècles p
733 e quelques siècles pour que chaque mètre carré de notre planète soit occupé par une dizaine d’individus. On ne pourra même pl
734 bsurdité. Prenons l’exemple du lac Léman, puisque nous l’avons sous les yeux : il est en train de se polluer, et d’une maniè
735 t de finir les guerres ». Au nom de quoi devrions- nous , toujours et encore, subir la tyrannie de cette définition ? L’urgenc
736 is cessé de hanter l’imagerieat populaire. Et, de nos jours, c’est encore plus sensible car, qu’on le veuille ou non, c’est
737 ment d’aboutir. Ce fut un rendez-vous manqué dont nous payons encore le prix. J’ai l’impression qu’il y a un malentendu : da
738 mobilisatrices. Si, aujourd’hui, les princes qui nous gouvernent voulaient vraiment faire l’Europe, ils invoqueraient, d’ab
739 omie, c’est l’intendance. Sinon, comment oserions- nous attendre des populations qu’elles s’enthousiasment pour les marathons
740 usiasme pour l’idée européenne est plutôt rare de nos jours. Même pour les « grands intellectuels », ce n’est pas un thème
741 méricain. De même, c’est en refusant l’Europe que notre vieux continent s’achemine vers les totalitarismes locaux et, à terme
742 eu, ni de Robert Aron — reprendre en chœur ce que nous écrivions, à l’époque, dans L’Ordre nouveau . Avouez que, pour une r
743 pas du tout le sens qu’on lui prête aujourd’hui. Nous ne ressemblions vraiment pas à ces petites brutes d’extrême droite po
744 e confond avec la tyrannie. Dans les années 1930, notre grand souci, c’était d’abord la Révolution… Laquelle ? Les révolution
745 en Russie, ou comme celle qui se déployait, sous nos yeux, en Allemagne — ne nous convenaient guèreav. De plus, l’état de
746 ui se déployait, sous nos yeux, en Allemagne — ne nous convenaient guèreav. De plus, l’état de décomposition dans lequel se
747 ent alors les démocraties occidentales était pour nous comme l’aveu, la preuve de l’essoufflement du libéralisme. Nous étion
748 veu, la preuve de l’essoufflement du libéralisme. Nous étions donc anticapitalistes, anticommunistes et antifascistes parce
749 istes, anticommunistes et antifascistes parce que nous pensions que ces trois systèmes, par leur logique interne, nous condu
750 que ces trois systèmes, par leur logique interne, nous conduisaient droit à la guerre et au totalitarisme… Pourtant, si l’on
751 l’antifascisme et l’anticommunisme étaient, pour nous , des urgences. Mais attention : notre critique du communisme ne repos
752 taient, pour nous, des urgences. Mais attention : notre critique du communisme ne reposait pas sur la peur bourgeoise du roug
753 um de la révolution ». Quant à la démocratie et à notre scepticisme devant les vertus du suffrage universel, je reconnais que
754 sme n’était qu’une variante du productivisme dont nous , Occidentaux, pouvions déjà constater la faillite. En ce temps-là, Ba
755 dès 1932, il avait témoigné un certain intérêt à notre petit groupe. Plus tard, il en parla même à Ribbentrop à l’occasion d
756 position délicate, inconfortable… L’inconfort ne nous gênait pas. Notre grande idée à l’époque, c’était la suppression de l
757 e, inconfortable… L’inconfort ne nous gênait pas. Notre grande idée à l’époque, c’était la suppression de la condition prolét
758 rre « comme la nuée porte l’orage ». À cette fin, nos interlocuteurs s’appelaient aussi bien Blumba que Caillaux. Là-dessus
759 u la guerre, puis la Résistance. Certains d’entre nous , comme Mounier, s’engagèrent d’abord dans des organisations vaguement
760 rs de jeunesse d’Uriage), mais, pour l’essentiel, nous nous sommes tous retrouvés dans le combat antinazi. Par le biais de l
761 jeunesse d’Uriage), mais, pour l’essentiel, nous nous sommes tous retrouvés dans le combat antinazi. Par le biais de la pre
762 es mouvements de Résistance, toutes les idées que nous défendions dans L’Ordre nouveau ou dans Esprit ont retrouvé une a
763 in de conjurer, de différer les apocalypses qu’on nous prépare. D’après vous, l’« apocalypse » pourrait être différée ? Plus
764 is que l’histoire se réserve toujours le droit de nous surprendre en enchevêtrant des séries causales dont rien, au départ,
765 e premier, avec son obstination géniale, impose à notre civilisation un type de transport qui, par conséquences secondaires,
766 e, ce qui, finalement, peut être un bienfait pour notre mode de développement.bc bd Ainsi, si l’on considère rétrospectiveme
767 e hitlérien a peut-être, pour ultime conséquence, notre survie écologique, alors que Ford aurait pu, à lui seul, nous conduir
768 écologique, alors que Ford aurait pu, à lui seul, nous conduire à l’asphyxie et à l’embouteillage mondial. Bien sûr, je cari
769 lieu de prendre le pouvoir, c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parliez de
770 re le pouvoir, c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parliez de la passion da
771 aison… Il fallut son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , paru le mois dernier chez Stock, pour qu’on redécouvre celu
772 s la raison, mais le nationalisme ! » bl. « chez nous  » entouré, un point d’exclamation en marge. bm. Trois points d’excla
32 1977, Articles divers (1974-1977). Pierre Desgraupes fait le point avec Denis de Rougemont (10 octobre 1977)
773 e une des premières phrases de votre livre : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir
774 re livre : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévit
775 rquer que cette phrase est au conditionnel : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il arrivera…, etc. » Donc
776 itionnel : « Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il arrivera…, etc. » Donc je n’annonce pas des cataclysmes, j
777 t vous décrivez ces « mécanismes désastreux » qui nous menacent. Ce n’est pas vous que j’étonnerai en disant qu’il y en a be
778 tées. Mais, justement, qui peut décider de cela ? Nous , sinon qui d’autre ? C’est bien là ce que je veux dire. L’avenir dépe
779 que je veux dire. L’avenir dépend entièrement de nous  ; mis à part les tremblements de terre. Je crois que tout dépend de n
780 remblements de terre. Je crois que tout dépend de nous . Autrefois on disait : « L’avenir n’appartient à personne mais à Dieu
781 ue je l’adopte volontiers ! Alors, pour revenir à nos propos sur l’avenir, ce n’est quand même pas Dieu qui remplit sans no
782 ir, ce n’est quand même pas Dieu qui remplit sans nous consulter les réservoirs de nos voitures, c’est le pompiste. Or tout
783 qui remplit sans nous consulter les réservoirs de nos voitures, c’est le pompiste. Or tout le monde sait aujourd’hui qu’il
784 ci à cinq ou dix ans, la question va se poser. Si nous ne voulons rien faire, eh bien, nous allons tomber dans les différent
785 se poser. Si nous ne voulons rien faire, eh bien, nous allons tomber dans les différents précipices. Par exemple, la panne g
786 tos, je dis simplement de faire attention, car si nous ne faisons pas attention, nous aurons l’air de quoi ? Regardez ce qui
787 attention, car si nous ne faisons pas attention, nous aurons l’air de quoi ? Regardez ce qui s’est passé il y a deux mois à
788 d’objection sérieuse contre cette théorie, que si nous continuons sur la base d’une société formée d’États-nations qui se di
789 e disent simplement : « On va essayer d’augmenter nos exportations pendant quelques années et puis, après moi, le déluge… »
790 omme disent les théologiens) dont on entoure dans nos pays les problèmes du nucléaire. Vous vous interrogez à leur propos e
791 a appris, à un moment donné, qu’il existait chez nous un conseil d’experts qui conseillait le gouvernement fédéral en matiè
792  »-là que les gouvernements consultent… Tout cela nous ramène à la question qui nous intéresse et dont nous parlions au débu
793 nsultent… Tout cela nous ramène à la question qui nous intéresse et dont nous parlions au début de cet entretien : quel but
794 s ramène à la question qui nous intéresse et dont nous parlions au début de cet entretien : quel but « inavouable » tous ces
795 s ? Eh bien, regardons d’abord le but affiché. On nous répète à satiété : vous ne couperez pas au nucléaire parce que la pop
796 ttendre de l’atome est insignifiant par rapport à notre fameuse croissance. Peut-être que la population occidentale diminue,
797 experts » qui ont inventé cet « impératif » ! Ils nous disent : « Si on n’a pas recours au nucléaire, on devra retourner dan
798 nerie monstrueuse. Avec les centrales nucléaires, nous aurons, selon les estimations les plus optimistes, 20 % de plus d’éle
799 de plus d’électricité dans dix ou quinze ans ; or nous pouvons faire déjà 30 % d’économie tout de suite ; depuis la crise, o
800 unkerque à Tamanrasset ! » Mais pourquoi est-ce à notre siècle en particulier que vous faites dans votre livre ce procès du «
801 ps, ne sont pas nés hier ? Parce qu’il y a eu, de nos jours, une espèce d’accélération et que le danger de la chose apparaî
802 p plus ouvertement à cause des moyens énormes que nous a donnés la technique, nucléaire notamment. La première phrase de mon
803 porte quel point. C’est une image un peu naïve de nos jours. Bien sûr, il s’agit — là encore — d’un modèle mais il n’est pa
804 sse, qui est composée de nombreux petits cantons, nous avons eu longtemps ce que nous appelons « Landsgemeinde », l’assemblé
805 ux petits cantons, nous avons eu longtemps ce que nous appelons « Landsgemeinde », l’assemblée de canton qui se tenait sur l
806 andes dimensions parce que les grandes dimensions nous conduisent à des grandes guerres ?bq J’ai fait une comparaison assez
807 idée que j’ai aujourd’hui. Je l’ai découverte et nous l’avons formulée pour la première fois lorsque, face à la montée d’Hi
808 line, le mouvement personnaliste est né. En 1934, nous avions inventé une formule qui est devenue banale par la suite : pour
809 par la suite : pour qualifier déjà l’État-nation, nous disions qu’il est trop grand et trop petit à la fois. La région — et
810 t être le cadre le mieux adapté aux problèmes que nous avons à résoudre d’urgence. Regardez, par exemple, ce qui se passe av
811 sur des villes comme c’est déjà arrivé sans qu’on nous le dise. On les a arrêtés au dernier moment, à plusieurs reprises, ma
812 a changer de direction puisque tout ne tient qu’à nous . Finalement, vous n’êtes pas très optimiste sur la nature humaine. Je
813 ntroduit par le chapeau suivant : «  L’Avenir est notre affaire . Tel est le titre du livre que vient de publier Denis de Rou
33 1977, Articles divers (1974-1977). L’Avenir est votre affaire (11 octobre 1977)
814 opte dans son livre le ton du prophète, c’est que notre espèce se trouve dans une situation d’urgence dont nous devons absolu
815 spèce se trouve dans une situation d’urgence dont nous devons absolument prendre conscience. Tout peut se jouer dans les dix
816 t de l’humanité se décidera en fonction de ce que nous allons choisir. Nous n’avons jamais été dans une situation aussi crit
817 cidera en fonction de ce que nous allons choisir. Nous n’avons jamais été dans une situation aussi critique et c’est la prem
818 nations ne sont plus adaptés aux grands enjeux de notre temps. Ils sont ou trop petits ou trop grands, ils n’ont plus rien à
819 méchants, mais totalement inadaptés aux tâches de notre temps. Prenez l’exemple de la France : sur le plan international on n
820 t pourquoi pas ? Pourquoi toujours affirmer qu’il nous « faut » absolument ceci ou cela ? Une des grandes idées que Denis de
821 ns. « Il n’y a d’impératifs que de la nature » et nous devons lutter contre les technocrates, contre les producteurs qui « e
822 ocrates, contre les producteurs qui « essaient de nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités ». La vraie politique d
823  essaient de nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités ». La vraie politique de l’énergie n’est pas celle qui se c
824 ptions de l’homme et de son rôle sur la terre qui nous animent en vérité ». Un exemple particulièrement frappant de la manip
825 t frappant de la manipulation des besoins humains nous est fourni par le développement de l’automobile. Denis de Rougemont r
826 reront vivre, selon la merveilleuse expression de notre humaniste, « la lenteur au sein du silence »… Un des aspects fascinan
827 nce »… Un des aspects fascinants de L’Avenir est notre affaire est que Denis de Rougemont coordonne magistralement les thès
828 mis quatre ans et demi pour achever L’Avenir est notre affaire . Je n’avais fait cela pour aucun de mes livres. J’ai écrit,
829 sai d’une morale de l’homme libre et responsable. Nous avons de nos jours une opposition entre les gens qui veulent la puiss
830 le de l’homme libre et responsable. Nous avons de nos jours une opposition entre les gens qui veulent la puissance (au nive
831 l’on prend sur soi-même. C’est de nous-mêmes que nous devons tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortiro
832 ous devons tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortirons pas. Cette énergie proviendra des finalités, des
833 ns tirer l’énergie transformatrice, sinon nous ne nous en sortirons pas. Cette énergie proviendra des finalités, des buts pr
834 ra des finalités, des buts proprement humains que nous nous fixerons… C’est d’ailleurs à une morale du but que Denis de Roug
835 s finalités, des buts proprement humains que nous nous fixerons… C’est d’ailleurs à une morale du but que Denis de Rougemont
836 la guerre est la pollution majeure de la planète. Nous devons tenter de créer une société plus amicale, où les êtres humains
837 « gauche » et de la « droite » et découvre ce que nous disions dans les années 1930, au sein du mouvement personnaliste. On
838 terre du xxie siècle sera très exactement ce que nous aurons voulu et c’est à chaque seconde de notre vie présente que se d
839 ue nous aurons voulu et c’est à chaque seconde de notre vie présente que se dessine le futur visage du monde. On ne saurait t
840 aurait trouver meilleur ouvrage que L’Avenir est notre affaire pour nous en persuader. bs. Rougemont Denis de, « [Entret
841 eur ouvrage que L’Avenir est notre affaire pour nous en persuader. bs. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir est v
842 e déguster une gloire confortable. Et voici qu’il nous propose avec L’Avenir est notre affaire (Éd. Stock) un livre d’une
843 e. Et voici qu’il nous propose avec L’Avenir est notre affaire (Éd. Stock) un livre d’une extraordinaire jeunesse, un ouvra
844 e que d’efficacité aux grands périls qui menacent notre planète et met en évidence les conditions du seul futur possible : ce
34 1977, Articles divers (1974-1977). « Je suis un pessimiste actif » (17 octobre 1977)
845 ux éditions Stock a un beau titre : L’Avenir est notre affaire . Il va devenir la bible des écologistes, des régionalistes e
35 1977, Articles divers (1974-1977). « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)
846 « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)bw bx L’avenir est notre affaire : un
847 ffaire ! » (18 octobre 1977)bw bx L’avenir est notre affaire : une affirmation, un titre, un livre-programme. Denis de Rou
848 remment entendu : l’ouvrage est un succès public. Nous en avons parlé avec l’écrivain dans sa demeure de Pouilly, en France 
849 e solide et rassurante. En écrivant L’Avenir est notre affaire , j’entendais faire le point de la situation. Je constate que
850 e militaire sont inévitables. Je dis qu’il est de notre devoir de les éviter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos
851 otre devoir de les éviter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos possibilités… Vous dites « changer de cap ». Vous
852 iter en changeant de cap. De notre devoir et dans nos possibilités… Vous dites « changer de cap ». Vous évitez le terme : «
853 uverte aux Européens (1970), L’Avenir est entre nos mains [sic] (1977) : il y a un fil conducteur qui relie ces œuvres.
854 Lorsque le « mouvement personnaliste » fut lancé, nous savions déjà qu’on s’enfonçait dans un monde anonyme et artificiel, o
855 véritable conduirait à des désastres politiques. Nous avons pris le parti de l’homme, multiple et libre, face aux « système
856 , par exemple, dont les chroniqueurs du Moyen Âge nous offrent des portraits fidèles. Il y a également toujours eu des mouve
857 aires plus ou moins idéalistes. Mais aujourd’hui, nous assistons — également — à l’émergence de quelque chose de neuf : des
858 e modifier la situation. Justement : l’avenir est notre affaire. bw. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir, c’est no
859 Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir, c’est notre affaire », Tribune de Genève, Genève, 18 octobre 1977, p. 37. bx. Pr
36 1977, Articles divers (1974-1977). La fonction et la structure de la ville future (décembre 1977)
860 de Babel, mythe illustrant au mieux le destin de nos villes : les dimensions excessives de l’œuvre, exigeant des équipes d
861 ôtel de ville ou mairie, les portiques anciens ou nos cafés propices aux échanges d’opinion, de nouvelles et plus tard à la
862  : elle doit devenir l’école pratique du civisme. Nous avons aujourd’hui les villes que leurs habitants ont subies, qui ont
863 ribuables qui avaient oublié d’être des citoyens. Nous aurons, demain — c’est mon vœu, et celui de ce congrès je l’espère —
37 1977, Articles divers (1974-1977). Demain le soleil (20 décembre 1977)
864 ravaille pour qu’ils ne risquent pas de mourir de nos décisions d’aujourd’hui. C’est un prophète pessimiste qui dit volonti
865 ur et l’éloignent. Quand il affirme L’Avenir est notre affaire , c’est que rien n’est encore perdu. Fondateur du Centre euro
866 ’il a voulu dissiper dès les premières minutes de notre conversation. L’Amour et l’Occident a été traduit en douze langues
867 le réimprime en permanence. Le soleil peut tout nous donner S’il fallait que j’explique très simplement qui vous êtes à
868 ésastreuses, que je crois que le soleil peut tout nous donner. Enfin que je suis écologiste. Que vous êtes du pays de Rousse
869 istance dans les pays d’Europe se sont nourris de nos idées, même en Allemagne nazie, puisque nous avons eu des rapports av
870 is de nos idées, même en Allemagne nazie, puisque nous avons eu des rapports avec le fameux Orchestre rouge qui passait via
871 s ? Les mêmes finalités À Paris, vers 1930, nous étions dans une démocratie libérale dirigée par les partis et qui par
872 Italie fasciste, Allemagne nationale-socialiste. Nous étions sûrs que l’État libéral n’était qu’un acheminement vers l’État
873 vers l’État totalitaire par la force des choses. Nous pensions que tout cela menait droit à la guerre, qu’étant donné notre
874 out cela menait droit à la guerre, qu’étant donné notre âge, nous serions obligés de la faire, mais que ce ne serait pas notr
875 nait droit à la guerre, qu’étant donné notre âge, nous serions obligés de la faire, mais que ce ne serait pas notre guerre.
876 ns obligés de la faire, mais que ce ne serait pas notre guerre. Vous discerniez donc des points communs entre des pays totali
877 ourd’hui. Peut-être parce qu’est venu le temps où nous allons jouer notre dernière chance. Ainsi que je l’écris dans la prem
878 e parce qu’est venu le temps où nous allons jouer notre dernière chance. Ainsi que je l’écris dans la première page de L’Ave
879 je l’écris dans la première page de L’Avenir est notre affaire  : « À partir de maintenant, il arrivera dans le monde ce que
880 e trop facile qu’on appelle volonté divine ce qui nous échappe. Que peut l’homme sur son destin ? Par sa science et son inve
881 véritable futurologie devrait prévoir ce qui met notre avenir en danger. Ce sont des super-cerveaux, des savants rassemblés
882 e ? Le club de Rome le fait de façon admirable et nous avertit des dangers que font courir la surproductivité et la course à
883 er cette entreprise et annoncer à quelle fatalité nous allions être livrés. Ford a donné un tel essor que les villes se sont
884 esse du monde et qui n’en avaient pas conscience. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire, nous en sommes tout près. Comme l
885 science. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire, nous en sommes tout près. Comme le général Kadhafi le déclarait en 1973 :
886 Comme le général Kadhafi le déclarait en 1973 : «  Nous avons entre les mains de quoi détruire toute l’économie européenne et
887 ute l’économie européenne et il n’est pas dit que nous ne le ferons pas. » Comment Hitler apparaît-il dans les sables ? Hitl
888 mmes avaient un besoin fondamental de communauté. Nos sociétés n’avaient pas de raison à ce besoin et Hitler a apporté la s
889 s mots sont forts mais Rougemont les emploie : Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir
890 es emploie : Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura plus d’avenir humain au-delà du cataclysme inévit
891 d et les ténèbres ? Ne parlons pas d’un choix qui nous est imposé, qui tombe du ciel : nous sommes les seuls responsables ca
892 un choix qui nous est imposé, qui tombe du ciel : nous sommes les seuls responsables car nous avons créé une société vorace
893 du ciel : nous sommes les seuls responsables car nous avons créé une société vorace en énergie. Qui nous a obligés à respec
894 ous avons créé une société vorace en énergie. Qui nous a obligés à respecter la religion qui consiste à doubler tous les dix
895 gnie. Conscience branchée sur le monde Déjà nous lui préparons ses cavernes, celles où seront enfouis les déchets radi
896 ntelligence, lui permettent de voir plus loin que nous , alors il avertit des dangers. Son cri est d’espoir et non pas de sau
897 s de sauve-qui-peut, puisqu’il dit « l’avenir est notre affaire ». Nous sommes tous responsables de nos lendemains comme le P
898 ut, puisqu’il dit « l’avenir est notre affaire ». Nous sommes tous responsables de nos lendemains comme le Petit Prince l’ét
899 notre affaire ». Nous sommes tous responsables de nos lendemains comme le Petit Prince l’était de sa rose, Noël est proche.
38 1977, Articles divers (1974-1977). Écologie, régionalisme, fédéralisme : l’avenir selon Denis de Rougemont (30 décembre 1977)
900 tôt », le livre de Denis Rougemont L’Avenir est notre affaire paru cet automne, est sorti au bon moment. En juin dernier,