1 1974, Articles divers (1974-1977). La personne comme fondement des valeurs européennes (19 septembre 1974)
1 roduction massive, de Publicité manipulatrice, de Pouvoir militaire et de Profit monétaire, un cinquième P, le Plutonium mortel
2 choses espérées » que la foi seule, par instants, peut saisir et peut seule activer dans notre histoire. Où irons-nous ? Au
3  » que la foi seule, par instants, peut saisir et peut seule activer dans notre histoire. Où irons-nous ? Au nom de quoi ? E
4 ens de l’Europe, tels qu’ils sont, ou tels qu’ils peuvent devenir, dans une société rénovée ? Selon quelle hiérarchie de valeur
5 culables. Nous pensons à partir de là. Et l’on ne peut pas faire autrement. Car la pensée, en général, n’est peut-être que l
6 ils se voient perdus, n’est plus leur affaire, ne peut que les brimer, et les oblige à s’évader dans la drogue, dans la révo
7 se trompent d’une manière pathétique, parce qu’on peut renverser des voitures dans la rue, un dictateur dans son palais, mai
8 la rue, un dictateur dans son palais, mais on ne peut renverser ce qui ne tient pas debout, ce qui n’a pas de principe de c
9 ersonne ? Il semble qu’à une telle question je ne pourrais répondre que pour moi, et pourtant j’oserai dire que la personne c’es
10 e ses démarches et cette fin. Je conçois que l’on puisse n’y pas croire. Que l’on puisse nier l’existence de ce que j’appelle
11 conçois que l’on puisse n’y pas croire. Que l’on puisse nier l’existence de ce que j’appelle la personne, la traiter de fantô
12 ersonne. Or, ce n’est là qu’une métaphore. Ce qui peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’une nature tuée par l’h
13 it dans sa perte l’espèce humaine. Car l’homme ne peut rien contre Dieu, tout contre l’homme. Quand on nie Dieu, comme la pl
14 les buissons quand Dieu l’interpelle en Eden. On peut très bien ne pas croire à la personne. Et je ne cherche pas, ici, à v
15 res et que « ça » parle à travers nous, — comment peuvent -ils signer des manifestes contre l’aliénation… de quoi ? Contre l’exp
16 on par une inexistence, à les en croire ? Comment peuvent -ils signer, tout simplement ? Dieu est mort, nous disent-ils, l’homme
17 que, très bien payé, ne lui serait pas propre, ne pourrait que l’altérer, le détourner de sa vocation — et c’est cela que j’appe
18 la personne, me paraît se ramener au problème du pouvoir  : pouvoir sur soi ou pouvoir sur autrui ? J’ai fait allusion tout à l
19 ne, me paraît se ramener au problème du pouvoir : pouvoir sur soi ou pouvoir sur autrui ? J’ai fait allusion tout à l’heure au
20 mener au problème du pouvoir : pouvoir sur soi ou pouvoir sur autrui ? J’ai fait allusion tout à l’heure au dilemme Puissance o
21 rté. Or, ces deux termes désignent deux formes de pouvoir , qu’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la Puissan
22 ormes de pouvoir, qu’il m’importe de préciser. Le pouvoir sur autrui, c’est la Puissance, et le pouvoir sur soi-même, la Libert
23 Le pouvoir sur autrui, c’est la Puissance, et le pouvoir sur soi-même, la Liberté. Le pouvoir sur autrui, il est fatal que l’É
24 sance, et le pouvoir sur soi-même, la Liberté. Le pouvoir sur autrui, il est fatal que l’État s’en empare un jour ou l’autre. C
25 clame en effet la totalité des allégeances, et ne peut tolérer que des pouvoirs collectifs soient détenus par des particulie
26 alité des allégeances, et ne peut tolérer que des pouvoirs collectifs soient détenus par des particuliers : qu’on se rappelle la
27 contre les féodaux, des États modernes contre les pouvoirs locaux, et de l’école primaire contre toute forme d’originalité chez
28 e toute forme d’originalité chez les élèves. Tout pouvoir qui s’exerce sur autrui, non sur soi (comme celui que procure la rich
29 , et sera tôt ou tard monopolisé par l’État. Tout pouvoir qui s’exerce sur autrui conduit donc à l’État totalitaire, dans le sy
30 donc à la perte de nos libertés. En revanche, le pouvoir sur soi-même, la maîtrise de soi, au sens complet du terme, c’est-à-d
31  à la demande », c’est-à-dire selon les normes du pouvoir régnant. Aliénation majeure, non pas seulement de l’ouvrier d’usine,
32 ai, se révèle une fausse valeur : elle procure le pouvoir sur autrui, non sur soi-même (bien au contraire), le pouvoir qui aliè
33 autrui, non sur soi-même (bien au contraire), le pouvoir qui aliène, non celui qui libère. Au surplus, elle crée tant de liens
34 l’antivaleur, s’il n’est que l’accroissement des pouvoirs matériels, qui conduisent à la guerre, aux crises économiques, au gas
35 , une aventure de la liberté, un accroissement du pouvoir sur soi-même, mais seulement la croissance illimitée de besoins et de
36 e l’âme ou des débiles du spirituel, tous gens de pouvoir faible ou nul sur soi-même ; ceux qui ne s’aiment pas eux-mêmes et qu
37 ment transcendant dans la personne, si bien qu’il peut relier des hommes de toute la terre, la vie communautaire concrète es
38  amicale des misanthropes » — quelque chose qu’on peut dire mais non pas faire. L’Europe que tout appelle ne pourra s’édifie
39 mais non pas faire. L’Europe que tout appelle ne pourra s’édifier que sur ce qui déborde, non seulement par en haut mais par
40 é technico-industrielle démesurée et sans cadres, pourra-t -il demain redevenir responsable, s’accepter soi-même, communiquer ave
41 i-même, communiquer avec autrui, accéder enfin au pouvoir non sur autrui, mais sur soi-même, c’est-à-dire à la vraie liberté ?
2 1974, Articles divers (1974-1977). Alexandre Marc et l’invention du personnalisme (1974)
42 Marc, Dandieu, Aron, Dupuis, Prévost ou moi avons pu lui donner, elle reste marquée avant tout par le catholicisme progres
43 La rencontre avec Dandieu a mal tourné, comme on peut le voir aux pages 100 à 102 de l’ouvrage intitulé Mounier et sa génér
44 importante étude sur « Le prolétariat », où l’on peut lire que « la distribution planée sera assurée par un service social
45 ques lignes de « chapeau » indiquent que la revue pourrait « contresigner de nombreuses analyses [de cette étude], non point tou
46 u Précis Ordre nouveau : pour la liberté, Mounier pouvait écrire à Berdiaev : Je vous expliquerai moi-même, ou Maritain si vou
47 e technocratie petite-bourgeois (sic) que nous ne pouvons admettre.3 Ce n’est pas sans tristesse que je transcris ces phrase
48 aritain mais devant l’Église qui s’inquiète (il a pu craindre, en 1936 précisément, une condamnation d’Esprit en Cour de R
49 eur que l’État n’est pas autorité, mais seulement pouvoir , ou plus précisément : service public. L’état n’est pas « la nation o
50 est humaine. Ses limites — si limites il y a — ne peuvent être indéfiniment distendues sans que soit détruit ce sentiment de la
51 patriotique se manifeste le plus spontanément… On peut parler de la patrie alsacienne, bretonne, catalane. Il n’en reste pas
52 es et les créations spirituelles nouvelles ? » On peut d’ailleurs en dire autant de l’économie, dont « la zone planée trouve
53 cœur d’un être. Ni l’état, ni même la commune ne pourront rien posséder en tant que tels ; mais ils seront chargés de distribue
54 t-être pas ainsi de l’animal dont la situation ne peut être que la résultante d’un concours de circonstances extrinsèques (q
55 rs de circonstances extrinsèques (que l’animal ne peut que subir), ou bien encore que le résultat d’une élimination purement
56 rce suppose une direction ; à qui la direction du pouvoir social ? À tout le monde, ce qui veut dire à personne… : de sorte que
57 âce à leur stabilité, un minimum d’ordre matériel peut être assuré régulièrement (fonction administrative des frontières ; l
58 sonnes considérées comme supérieures à tout ». On peut concevoir la nécessité de l’Europe unie en partant de la situation du
59 sur nos peuples, à l’Ouest comme à l’Est. Mais on peut aussi partir d’une conception de l’homme et de sa vocation personnell
3 1974, Articles divers (1974-1977). Quelques-unes des choses curieuses qui me sont arrivées (1974)
60 d’éditions protestantes en formation. La décision pouvait être prise dès le lendemain, mais serais-je candidat ? Il fallait une
4 1974, Articles divers (1974-1977). Un modèle pour l’Europe ? (1974)
61 ïenne : n’avoue pas, ne dis pas ton bonheur, cela pourrait porter malheur ! Mais à trop bien cacher le secret d’un peuple, on ex
62 ance » des cantons contre les « empiètements » du pouvoir fédéral. (Être fédéraliste, pour tel Vaudois fameux, se réduisait à ê
63 de ces exigences contradictoires : distribuer les pouvoirs de décision aux différents niveaux de communautés (municipalité, régi
64 avant de s’en faire les promoteurs, comme ils le peuvent et le doivent à mon avis, les Suisses feraient bien de l’appliquer ch
65 iveau cantonal de la distribution fédéraliste des pouvoirs de décision. Blocage qui explique seul, sans la justifier, la plainte
66 ntons, sur des régions et non sur des États —, ne pourra devenir modèle européen que s’il accepte de ne pas arrêter son proces
67 us fédéraliste fondamental, celui qui attribue le pouvoir de décision à la communauté dont les dimensions correspondent aux dim
68 à toute l’Europe — de proche en proche. (Et l’on peut espérer que le reste du monde finira bien par l’imiter.) B) Nous avo
69 qui se manifestent au niveau des régions : elles pourront notamment mener à bien les recherches les plus coûteuses, que les rég
70 ement, je le répète, la plus rationnelle que l’on puisse imaginer aujourd’hui, mais aussi celle qui a le plus de chances de se
5 1974, Articles divers (1974-1977). Philosophie du prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco (1974)
71 e qu’il doive céder au grand État, c’est celui de pouvoir faire de grandes guerres et de dévaster sans mesure. Mais dans le dom
6 1974, Articles divers (1974-1977). À propos de Théodore Strawinsky [préface] (1974)
72 tiste s’est borné à s’exposer lui-même. Tout cela peut inquiéter ou amuser. Tout cela m’a souvent passionné. On peut tout fa
73 er ou amuser. Tout cela m’a souvent passionné. On peut tout faire, on doit tout faire pour peu que l’on sache inventer, et q
74 e du cœur avec laquelle vos propres émotions vont pouvoir dialoguer naturellement, sans avoir dû suivre d’abord ces cours du so
75 recourir au langage que tout Occidental sensible peut comprendre, celui des paysages, signes du sentiment, et celui des vis
76 majuscule dont se moquait notre cher Cingria, ne pourra remplacer le sacré, quoi qu’en écrive André Malraux, car s’il n’est p
7 1974, Articles divers (1974-1977). Recherche pour un modèle de société européenne (février 1974)
77 e un modèle européen, c’est que l’on ne pense pas pouvoir s’accommoder de modèles étrangers et pour nous aliénants, comme le se
78 établi par des calculs irréfutables. Mais cela ne peut pas être vrai, pour les deux raisons que voici : 1) Il serait déjà tr
79 ler comme les compagnies nous y invitent, rien ne pourra faire que la consommation double en sept ans. Les compagnies essaient
80 au mètre carré du sol émergé et immergé ! Mais on peut avancer des chiffres encore plus saugrenus. Dans quelques milliards d
81 s’arrête un jour. La croissance démographique ne peut pas être illimitée. Il faudra bien que quelque chose l’arrête, un jou
82 e, des métaux non ferreux sans lesquels le fer ne pourra plus devenir acier, et par suite le ralentissement, puis l’arrêt cata
83 r. Car elles ne demandent qu’à être démenties, on peut même dire qu’elles ne sont là que pour ça. Si on ne les croit pas, pa
84 (La pomme qui tombe : si rien ne la retient, vous pouvez calculer au millième de seconde quand elle touchera le sol.) Mais les
85 s connus du grand public, les plus choyés par les pouvoirs , et pour tout dire les mieux payés, sont ceux qui nous annoncent enco
86 e référer à des finalités humaines ou divines qui pourraient seules permettre de récuser les prétendus « impératifs techniques » d
87 de reconnaître ses responsabilités. Si utiles que puissent être ceux qui calculent nos risques et définissent les contraintes qu
88 nologie. Ni les uns ni les autres n’auraient donc pu prévoir les deux phénomènes les plus littéralement bouleversants de n
89 Dans sa première publicité, il écrit que l’auto «  peut vous mener n’importe où il vous plaît d’aller… pour vous reposer le c
90 che-Orient, qui ne savent où les investir, et qui pourraient , selon les déclarations récentes du petit-fils de Henry Ford, rachete
91 s, je vous l’ai dit. Et seul peut-être un fou eût pu prévoir son déroulement — ou alors un homme très sensible, qui au pre
92 endant justice à la diversité de ces réalités, et pouvant rendre fécondes leurs tensions innombrables, sans sacrifier l’un de l
93 ie. Je l’appelle l’amicale des misanthropes. Cela peut se dire, non se faire. La seule forme d’union concevable et praticabl
94 ion des petites communautés. Là seulement l’homme peut être vraiment libre, car là seulement il est vraiment responsable. Je
8 1974, Articles divers (1974-1977). L’Europe des régions (juin-juillet 1974)
95 les mêmes des deux côtés de la frontière, qui ne peuvent être résolus d’un seul côté. Le Marché commun en 1960-1961 a commencé
96 autre type. Je me suis aperçu très vite qu’on ne pourrait pas y arriver à cause de la formule de l’État-nation, à souveraineté
97 s un sens politique uniquement. Parce que l’on ne peut pas faire une région sur une seule fonction : cela ne mènerait pas lo
98 seule fonction : cela ne mènerait pas loin. On ne peut pas bâtir des régions sur un seul facteur qui serait la langue par ex
99 n aujourd’hui est beaucoup plus complexe. Qu’elle peut être économique aussi bien qu’ethnique, qu’elle peut être une questio
100 t être économique aussi bien qu’ethnique, qu’elle peut être une question de tradition, ou de développement nouveau, d’ouvert
101 ale des misanthropes » : c’est une chose que l’on peut dire, mais que l’on ne peut pas faire. Si vous faites une « amicale »
102 st une chose que l’on peut dire, mais que l’on ne peut pas faire. Si vous faites une « amicale », vous cessez d’être « misan
103 u’il faille renverser les États-nations, ni qu’on puisse faire l’Europe d’une manière violente ou révolutionnaire. Je pense qu
104 nière violente ou révolutionnaire. Je pense qu’on peut renverser des voitures dans la rue, qu’on peut renverser un dictateur
105 on peut renverser des voitures dans la rue, qu’on peut renverser un dictateur, un système parfaitement cohérent et très simp
106 nt et très simpliste de gouvernement ; mais on ne peut pas renverser notre système actuel, parce qu’il n’a pas de principe d
107 ’a jamais abouti à autre chose qu’à renforcer les pouvoirs de l’État. Mais alors, que faut-il faire ? Il faut créer une autre Eu
108 a d’une région. Des possibilités de solutions qui pourraient être données sur une base autonome, autogérée, et à partir de là, voi
109 me, autogérée, et à partir de là, voir comment on pourrait organiser ces régions, car il faut un minimum d’organisation administ
110 en France, comment, en partant de ce qui existe, pouvons -nous créer et animer des régions ? Je pense qu’il faut être bien cons
111 e une chose petite. C’est là un commentaire qu’on peut faire sur la réalité, et non une finalité. Ce n’est pas cela qui meut
112 ation politique la plus grave que la civilisation puisse affronter, car cela mène à la dissolution civique, à la dissociation
113 pation mais il s’y oppose. Il a supprimé tous les pouvoirs des communes. Les communes devraient-elles reprendre le pouvoir ? Je
114 mmunes. Les communes devraient-elles reprendre le pouvoir  ? Je ne suis pas du tout d’accord avec le terme « prendre le pouvoir 
115 s pas du tout d’accord avec le terme « prendre le pouvoir  ». Et c’est là que je me sépare radicalement des marxistes. Ils croie
116 marxistes. Ils croient qu’une fois leur Parti au pouvoir , c’est-à-dire maître de l’État — c’est ce qu’ils appellent la dictatu
117 ’avant-hier. La vérité, c’est qu’il n’y a plus de pouvoir aujourd’hui. Voilà le drame. Nous avons à créer à recréer des pouvoir
118 Voilà le drame. Nous avons à créer à recréer des pouvoirs réels, d’abord à l’échelle locale. Ne perdons plus notre temps et nos
119 notre temps et nos énergies à nous attaquer à un Pouvoir mythique. Prendre en main notre destinée, voilà le mot de toute l’aff
120 tout un continent. Ayant pour but le profit et le pouvoir , elles se dirigent naturellement vers l’État, et vers les organes de
121 père ; elle s’intègre à la coutume agricole, elle peut même l’améliorer, et jouer un rôle d’aide technique. Quoi de commun a
122 ’appellerai colonisateur, il s’agit de trouver un pouvoir qui pourrait les freiner, les forcer à s’intégrer ou à respecter des
123 colonisateur, il s’agit de trouver un pouvoir qui pourrait les freiner, les forcer à s’intégrer ou à respecter des communautés h
124 d’hui. Il y en aurait deux : le premier serait un pouvoir continental qui serait bien supérieur à celui des États-nations, et l
125 r à celui des États-nations, et l’autre serait le pouvoir des régions parce que les régions seraient nécessairement consultées
126 les régions seraient nécessairement consultées et pourraient dire : « voilà une chose qui ne cadre absolument pas avec nos coutume
127 ociétés qui ne rencontrent jamais le barrage d’un pouvoir régional quelconque, d’une autonomie régionale. Je n’insiste pas tell
128 égionale. Je n’insiste pas tellement sur le mot «  pouvoir régional », qui évoquerait trop une délégation du pouvoir central dan
129 régional », qui évoquerait trop une délégation du pouvoir central dans une région, mais sur l’autonomie, l’autodétermination, l
130 r ; elle n’a rien en elle-même qui la règle. Elle peut conduire à toutes les monstruosités, à toutes les démesures, comme fe
131 de 2000 m vers 40 ans, à la seule condition qu’il puisse se nourrir assez et ne se heurte pas à des obstacles insurmontables.
132 t décisif. Quelles que soient les critiques qu’on puisse faire sur le choix des paramètres, je n’ai jamais vu un avertissement
133 multiplier par 16 384, ce qui est dément : on ne peut transformer toute la substance de la terre en énergie. Il faudra bien
134 tête d’habitant n’est pas une mesure humaine qui puisse diriger une politique, il faut absolument abandonner ça, et nous nous
135 nt, et depuis un certain nombre d’années, le seul pouvoir mobilisateur en France, c’est le pouvoir d’achat. Les individus, déjà
136 le seul pouvoir mobilisateur en France, c’est le pouvoir d’achat. Les individus, déjà, et puis les mass-médias raisonnent ains
137 nsi. Est-ce qu’une expression régionale spontanée pourrait en sortir ? On voit mal comment… La description que vous faites de la
138 t motivés que par des questions de « fric » ou de pouvoir d’achat. Naturellement ils y attachent une grande importance parce qu
139 ité. On leur dit à la radio, à la télé, qu’ils ne peuvent pas vivre heureux s’ils n’achètent pas tel ou tel produit. Ils finiss
140 nt je veux faire quelque chose qui m’intéresse ». Peut -on donner le pas au désir de participation sur le désir de prospérité
141 lus de centre, qui n’ont plus de rues où les gens puissent se rencontrer, depuis que les places sont devenues des parkings, et q
142 ù ils formaient spontanément des groupes, où l’on pouvait parler à un inconnu, où l’on pouvait tenir un meeting public. Cette p
143 pes, où l’on pouvait parler à un inconnu, où l’on pouvait tenir un meeting public. Cette place n’existant plus, les villes n’ay
144 ne raison de vivre pendant ce temps. Cela vous ne pouvez le faire que dans un état de société très morbide, où les gens n’ont
145 uoi, des associations, des paroisses, tout ce qui peut rassembler des hommes autour d’une idée et d’une chose qui ait une va
146 i « le génie du lieu » agit ainsi, c’est que l’on peut prendre des racines, et même si l’on change de lieu. L’important c’es
147 . Il n’y avait plus l’agora sur laquelle les gens pouvaient se réunir : il fallait déléguer les pouvoirs. Les gens se réunissaien
148 ens pouvaient se réunir : il fallait déléguer les pouvoirs . Les gens se réunissaient par quartier selon leurs professions. Ils é
149 olument en revenir aux formules communales. On ne peut pas détruire les énormes villes. Il y a une ville aux États-Unis qui
150 x États-Unis qui va de Boston à Washington. On ne peut pas la détruire, personne n’aurait la fortune nécessaire, mais on peu
151 personne n’aurait la fortune nécessaire, mais on peut y recréer des quartiers, des communes, au prix de certaines destructi
152 s communes, au prix de certaines destructions. On peut recréer des places qui ne soient pas des parkings, on peut interdire
153 éer des places qui ne soient pas des parkings, on peut interdire les rues aux voitures, cela demande une renaissance de l’es
154 avenues qui servent au défilé des troupes, elles peuvent aussi être balayées par les tirs des soldats de la garde en cas de ré
155 (« Ils », l’État). On les subit. Tout ce que l’on peut , c’est se révolter de temps en temps, mais cela ne sert pas à grand-c
156 d’un dossier électronique. Quel type d’urbanisme pourrions -nous inventer collectivement ? Il faut faire des villes petites, et t
157 rtain nombre de tâches (produits et services). On peut presque dire que c’est la loi économique qui a fait que ces villes se
158 ontinue, comme on l’a fait jusqu’à présent, il se pourrait bien que l’on arrive à des désastres, qui sont calculables d’ores et
159 n’est pas l’affaire de fatalités auxquelles on ne peut rien comprendre, auxquelles seuls quelques initiés-technocrates peuve
160 e, auxquelles seuls quelques initiés-technocrates peuvent comprendre quelque chose. Ce n’est pas l’affaire des ordinateurs, ce
9 1974, Articles divers (1974-1977). Surréalisme : un jeu qui dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)
161 l se demandait comment un homme qui croit en Dieu pouvait avoir des relations avec la magie. Car c’est un fait qu’au cours de n
162 du paradis. Et là, il y a quelque chose qu’on ne peut guère pardonner à Breton, cette faculté qu’il avait d’insulter les ge
163 rs nous : « Voilà, dit-il, une Église où j’aurais pu être évêque ! » i. Rougemont Denis de, « [Entretien] Surréalisme 
10 1975, Articles divers (1974-1977). Notre complexe de culpabilité (1975)
164 -même, en tant qu’État, gardent encore un sens et pourront subsister ? Inquiétude spirituelle et morale enfin : est-ce que tant
165 port national, et je ne vois pas d’autre pays qui puisse nous battre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous reste,
166 ncipe tout ce qui est français, sauf le régime au pouvoir (quel qu’il soit). L’intellectuel suisse, c’est à peu près le contrai
167 itre d’un ouvrage d’Alain : Le Citoyen contre les Pouvoirs . Ce ne sont pas les Pouvoirs que le Suisse inquiet met en cause, mais
168 e Citoyen contre les Pouvoirs. Ce ne sont pas les Pouvoirs que le Suisse inquiet met en cause, mais plutôt ses concitoyens. Sont
169 es du langage théologique : Le péché des Suisses pourrait bien avoir son expression particulière dans la neutralité suisse. Les
170 ses préoccupations son repos et sa sécurité. Tel pourrait être, à peu près, le péché propre des Suisses. C’est dans la conscien
171 se » une application pertinente. La neutralité ne pourrait être péché que chez ceux qui s’en font une vertu, mais pas en soi. El
172 que — expédient rendu nécessaire par l’absence de pouvoir unifié dans les Ligues, puis élément d’équilibre européen, puis moyen
173 rine d’État ces derniers temps, et là-dessus l’on peut et l’on doit discuter —, mais la traiter de péché n’est pas une solut
174 e » ! S’il s’avère au contraire que la neutralité peut se justifier dans bien des cas, on en prendra trop facilement prétext
175 isse dus à de jeunes auteurs progressistes, on ne peut que lui donner raison, et puis les vrais problèmes se posent, ou plut
11 1975, Articles divers (1974-1977). Au-delà de la société industrielle (1975)
176 er de comprendre moi-même ce que cette expression peut signifier, ou peut-être devrait signifier. Quand on parle de société
177 plus le week-end, la société post-industrielle ne peut signifier concrètement que ceci : un changement de cap, un changement
178 uelle de besoins nouveaux « justifiant », si l’on peut dire, la volonté de produire toujours plus, d’où la publicité et le m
179 gulation, l’accroissement indéfini de tout ce qui peut être mesuré, pesé et compté, et de cela seul. Ce que nous pouvons nom
180 uré, pesé et compté, et de cela seul. Ce que nous pouvons nommer aujourd’hui société industrielle — parce que déjà nous concevo
181 e à une société post-industrielle, je crois qu’on pourrait le résumer aussi par le contraste entre les attitudes de deux des plu
182 à-dire à dépenser pour être payé, ou à payer pour pouvoir gagner une vie qu’il n’aura même plus le temps de vivre ! IV Le
183 roissance provoquée. Le meilleur exemple que l’on puisse donner d’un tel processus, c’est de toute évidence celui de l’automob
184 ui, marche à l’étoile, avec toute l’assurance que peuvent donner aux ambitions d’un petit campagnard son ignorance du reste du
185 rer la phrase, elle le mérite ! — « Ma résolution pouvait passer pour téméraire, car à cette époque-là, il n’y avait pas de dem
186 tiques qui relèvent du carambolage non calculé et peuvent à tout instant devenir tragiques pour la survie de l’État d’Israël et
187 particulière à cause de l’automobile, et vous ne pouvez plus changer cela en poussant un bouton. » L’aventure de l’Auto est b
188 vivant, il n’est pas autorégulé, et par suite, ne peut être agent de régulation, comme la personne. Il est donc un principe
189 ir se doter d’armements à leur taille. Si l’on ne peut pas réduire la masse critique d’une bombe H, ne faut-il pas réduire l
12 1975, Articles divers (1974-1977). Suisse 1975 (1975)
190 et utopique d’imaginer que des solutions suisses puissent être un seul instant prises au sérieux par les « puissances » de l’ép
191 re rappelle quotidiennement aux Suisses qu’ils ne peuvent être seuls au monde. Il n’apparaît donc plus possible de séparer les
192 es de l’Europe — qui ne voient pas bien ce qu’ils pourraient en faire. Dans la partie romande surtout, on a pris l’habitude de con
193 apable seul. C’est une méthode de répartition des pouvoirs de décision, selon les dimensions des tâches à accomplir d’une part,
194 n la taille des groupes sociaux et politiques qui peuvent s’en charger, d’autre part. À la commune, les chemins vicinaux, au ca
195 out naturellement, et selon la même logique, d’un pouvoir continental qu’il reste à créer mais que la nature des choses et les
196 veraineté nationale » telle que le siècle dernier pouvait encore la définir. Les problèmes concrets qui se posent à la Suisse a
197 les gérer, il devient évident que les Suisses ne peuvent plus limiter la coopération fédéraliste à leur seul territoire actuel
198 ins. Il est donc évident que notre fédéralisme ne peut se maintenir dans nos cantons qu’à la seule condition de s’étendre, q
199 tout prix de la paix. De tout cela, la Suisse ne peut se désintéresser, pour des raisons à la fois morales et utilitaires.
200 (si l’on en juge par les dernières votations), ne pourrait réussir qu’au prix de sacrifices matériels d’un héroïsme peu probable
201 es buts humains en tant qu’État fédératif qu’elle peut dorénavant justifier ses options. n. Rougemont Denis de, « Suisse
13 1975, Articles divers (1974-1977). Le Morgarten du xxe siècle (1975)
202 du Conseil fédéral, qui est composé de manière à pouvoir traiter dans l’intérêt commun les problèmes qui se posent au niveau d
203 lles, non pas pour créer une puissance, mais pour pouvoir rester chacune autonome. Seules, elles n’auraient pas pu le rester, m
204 er chacune autonome. Seules, elles n’auraient pas pu le rester, mais en se mettant les trois, elles avaient juste assez de
205 sommes séparatistes… » Je lui répondais : « Vous pouvez être séparatiste ou nationaliste vaudois, mais vous ne pouvez pas êtr
206 séparatiste ou nationaliste vaudois, mais vous ne pouvez pas être fédéraliste du même coup, parce que le fédéralisme est préci
207 vois pas comment des maoïstes ou des trotskystes pourraient être des fédéralistes : ils ont de tout autres vues. Mais qu’importe 
208 ent : leur consommation d’électricité. Mais on ne peut pas avoir, comme on dit chez moi, le beurre et l’argent du beurre. Il
209 es hommes font toujours toutes les bêtises qu’ils peuvent faire, et cela depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. Il n’y
210 us grande puissance militaire du monde, n’ont pas pu venir à bout du Vietnam. Ils ne pouvaient pas venir à bout de choses
211 nde, n’ont pas pu venir à bout du Vietnam. Ils ne pouvaient pas venir à bout de choses qui renaissaient partout, de petits centre
212 la pédagogie des catastrophes qu’elle n’aura pas pu éviter, car elles seront mondiales, mais contre lesquelles elle sera
14 1975, Articles divers (1974-1977). L’amour (1975)
213 quement occidental dont les structures psychiques peuvent être étudiées au mieux dans ses expressions littéraires et artistique
214 — à la seule exception du christianisme (dont on peut nier d’ailleurs qu’il soit une « religion » au sens sociologique du t
215 e le susciter, c’est l’inverse de la passion : il peut être sans lien aucun avec l’Éros, il n’est pas sentiment mais acte, r
216 nstitue l’apport principal de la Grèce à ce qu’on peut appeler la métaphysique de l’amour (R. Flacelière, L’Amour en Grèce).
217 (Le premier sert de modèle aux deux autres.) On peut penser, cependant, que ces trois mythes illustrent davantage le rêve
218 t de la grâce, donc valorisé à l’extrême. Cela ne pouvait se produire — et en effet ne s’est produit — que dans la sphère d’inf
219 ges de son existence en Europe, parmi lesquels on peut citer les Carmina de l’évêque Fortunat (fin du vie siècle) dédiés à
220 mour à la manière des cours seigneuriales), on ne peut croire qu’elle n’ait été que la trouvaille plus ou moins fortuite de
221 nt raison, comment concevoir que cette poésie ait pu transformer nos manières de sentir, et nos mœurs, et nos arts, pour d
222 mour est cela qui se « déclare » par des mots. On peut soutenir que l’histoire de l’Éros en Occident, des troubadours à notr
223 vélera-t-il par ses structures mêmes le secret du pouvoir immodéré qu’il exerce depuis des siècles sur l’affectivité occidental
224 uira peut-être d’autant mieux. Certes, la tension peut décroître, du tragique au sentimental, voire au comique dans Don Quic
225 i semble celle d’une longue dégradation du mythe, peut être aussi celle d’une lente intériorisation. Le roi Marc peut deveni
226 si celle d’une lente intériorisation. Le roi Marc peut devenir tour à tour le Commandeur dans Don Juan, le comte Mosca dans
227 le cocu des pièces de Boulevard. Mieux encore, il peut s’effacer progressivement, se déguiser en protecteur, en oncle, en am
228 elui qui interdit la Mère au Fils. De même, Iseut peut devenir la Béatrice de Dante ou la Laure de Pétrarque, la princesse d
229 la femme que l’on met sur un piédestal pour mieux pouvoir se plaindre qu’elle soit située « en trop haut lieu », voire tout à f
230 re-plan social, de même que le moment mystique ne peut se détacher que sur un fond d’orthodoxie. « Entre deux êtres isolés,
231 ualités de Robert Musil. Et il ajoute : Un amour peut naître par défi, il ne peut être fait de défi. Il faut qu’il soit ins
232 il ajoute : Un amour peut naître par défi, il ne peut être fait de défi. Il faut qu’il soit inséré dans une société. Il n’e
233 n quelque chose dont elle soit l’exception. On ne peut vivre d’une négation pure. Musil, ici, fait écho à l’épisode des ama
234 passion par l’expression — sans laquelle elle ne pourrait pas s’entretenir (au double sens de ce terme) — s’est fait sentir plu
235 is et de la passion fatale, à la Tristan, dont on peut voir qu’elle est devenue la manière de « ressentir l’amour » qui para
236 a servante Brangaine à Iseut : Vous aimez. On ne peut vaincre sa destinée : Par un charme fatal vous fûtes entraînée. Ra
237 condamnation de la « chair »), elle a perdu tout pouvoir contraignant. À la rapide dévalorisation des obstacles (de la Régence
238 erchant en vain parmi toutes les femmes celle qui pourrait retenir son amour, quand Tristan était l’homme d’un seul amour fatal
239 arquis de Sade écrit ses œuvres en prison : il ne peut donc s’agir que de fantasmes, mais qui n’en sont que plus révélateurs
240 esse féodale à la vertu et au service, celles qui pourraient favoriser les « attachements », les « fidélités » réciproques. Entre
241 J. Huizinga nommait « l’idéal de la luxure ». On pourrait croire que cette littérature anticourtoise remplit le siècle, de la R
242 e procréer pour conserver l’espèce ». En bref, on peut affirmer qu’aux yeux de Freud l’amour du prochain, désintéressé et mê
243 musique concrète utilisent des instruments qui ne peuvent plus exprimer la passion mais seulement des combinaisons d’objets, de
244 paraît condamnée et le roman avec elle. Mais tout peut se renverser très vite, au point de crise que nous avons atteint. L’e
245 ité du public pour la doctrine cathare… Tout cela peut aller vers deux sortes de frénésies aussi dangereuses pour la santé s
246 frustrées par la technique et réclamant leur dû, peuvent provoquer des névroses collectives et des fureurs anarchiques. Elles
247 ses collectives et des fureurs anarchiques. Elles peuvent aussi se perdre dans un idéalisme délirant, sans nul espoir de réconc
248 rop haut et ce trop bas également prévisibles, on peut imaginer que l’avenir de l’amour dépendra désormais de notre faculté
249 iècle : L’amour est une maladie incurable qui ne peut trouver remède qu’en elle-même. C’est une condition délectable et un
15 1975, Articles divers (1974-1977). « Le sort des écrivains emprisonnés constitue un drame et un avertissement » (juin 1975)
250 l écrit il y a presque toujours quelque chose qui peut contribuer à changer les mœurs. Et le changement est la dernière chos
251 mœurs. Et le changement est la dernière chose que peut accepter une société figée comme les sociétés totalitaires. Dans ces
252 pour un écrivain, d’avoir une opinion personnelle peut donc être assimilé à une marque de folie ? Je pense qu’on ne lui refu
253 dit que vous êtes seul à penser de la sorte, vous pouvez réellement vous demander : Mais en fin de compte est-ce que je n’ai p
254 pensent autrement ? Et ce doute répété, amplifié, peut très bien vous amener à la folie. J’ai su comment s’étaient passés le
255 nt les rouages de l’État. Ils avaient approché le pouvoir . Tandis que les écrivains emprisonnés ne représentent aucun danger po
256 lorsqu’on prend les gens par grandes masses on ne peut pas gouverner autrement. Cette « nécessité » d’écarter toute oppositi
257 les écrivains. Aucun écrivain digne de ce nom ne peut accepter d’être l’objet d’un pareil conditionnement où on lui dirait
258 mot de Picasso. L’idée de Picasso c’est qu’il ne peut y avoir de création que « contre » une société. Pour ma part je regre
259 ’ordre dans la cité, étaient eux aussi proches du pouvoir . Chacun de ces artistes, à sa manière, était donneur de mesures moral
260 sures morales dans lesquelles leurs contemporains pourraient se reconnaître. Par leur œuvre ils donnaient un sens aux mots comme l
261 ation comme ceux que nous connaissons, l’homme ne peut plus agir comme responsable. Et l’homme n’est libre que s’il est resp
262 es ou des régions, dans une « mesure » où l’homme peut faire entendre sa voix. Pour vous il n’y a pas de nécessité à ce qu’u
263 nt imposée à la France. Les rois n’avaient jamais pu réunir complètement la France qui fut longtemps composée de neuf nati
264 dimension de l’État-nation est trop grande, où le pouvoir est concentré entre quelques mains — et on n’a plus besoin d’être Nap
265 si, à la fin il ne reste plus, pour s’opposer au pouvoir , que l’écrivain, ce fou !!! 19. Date de l’interview, c’est-à-dire l
266 gistral “reportage” de Soljenitsyne sur ces camps peuvent imaginer ce que ces arrêts des juges représentent pour un être humain
16 1975, Articles divers (1974-1977). « L’État-nation, voilà l’ennemi » (1er juillet 1975)
267 civil, la culture et les idéologies partisanes au pouvoir . Or, en admettant, contre toute vraisemblance, que ces réalités hété
268 u bien l’État-nation maintient ses prétentions au pouvoir exclusif de gestion de la terre — et, dès lors, les calculs d’avenir
269 ous péririons tous dans ses ruines. Au niveau des pouvoirs concrets, je vois très peu à renverser, tout à construire. Et force n
270 la dissolution de toute communauté à laquelle ils pourraient participer ? Recréer une communauté où l’homme puisse recouvrer la d
271 t participer ? Recréer une communauté où l’homme puisse recouvrer la dimension civique sans laquelle il n’est pas une vraie p
272 créer des cadres de participation où les citoyens puissent enfin prendre en main leurs affaires communes — qu’il s’agisse de réa
273 ’une mesure opportune de « décentralisation » des pouvoirs engorgés de la capitale ; cela représente, implique et favorise un ch
274 rps des virus qu’elle a propagés. « L’État-nation peut seul les défendre », a-t-on dit. Mais les défendre contre quoi ? Cont
275 faut que ses auteurs commencent. 2) L’État-nation peut faire autant et plus de mal au tiers-monde qu’aux Européens. Ce n’est
17 1975, Articles divers (1974-1977). « Il ne s’agit pas de créer des régions qui soient de petits États-nations » (septembre 1975)
276 et il serait occupé comme les autres à rester au pouvoir . C’est donc une voie sans issue. La réforme, donc, plutôt que la révo
277 e sédition ? Il y a des centaines de choses qu’on peut faire ensemble et pour lesquelles on n’a pas besoin d’autorisations.
18 1976, Articles divers (1974-1977). Message de M. Denis de Rougemont (1976)
278 grâce auquel la première Communauté européenne a pu voir le jour. Mais lui-même, comme jeune homme, s’était rêvé un aveni
279 être marginale par rapport à son œuvre politique, pourrait bien en être la source. Personnellement, je vois la preuve de cela da
19 1976, Articles divers (1974-1977). L’Europe, l’été [préface] (1976)
280 musicale. Le circuit le plus intérieur, celui qui pourrait partir de Lucerne, par exemple, pour remonter au nord-est par Zurich
281 est vrai qu’un paysage est un « état d’âme », on pourra contempler aux pages de ce livre tant d’apparitions mémorables. aa.
20 1976, Articles divers (1974-1977). Histoire et prospective de l’identité européenne (1976)
282 lle est votre discipline ? Quand on sent qu’on ne peut pas répondre facilement à une question toute simple, comme celle-ci,
283 Pour eux, la recherche fondamentale est celle qui peut « rendre » en vingt ans, pour le prestige et la puissance de l’État,
284 at, mille fois plus que la recherche appliquée ne peut rendre en deux ans pour l’industrie. Vous voyez que la recherche fond
285 istes, les astronomes et même les biologistes, on peut admettre que la métaphysique et l’anthropologie philosophique jouent
286 s plus grands savants de notre ère. Cette culture peut périr demain, si les Européens ne la vivent plus, perdent le sens de
287 récemment, ici même, après Jouvenel, que nous ne pouvons connaître que le passé, sans pouvoir le changer, alors que nous ne po
288 que nous ne pouvons connaître que le passé, sans pouvoir le changer, alors que nous ne pouvons modifier que l’avenir, mais san
289 passé, sans pouvoir le changer, alors que nous ne pouvons modifier que l’avenir, mais sans pouvoir le connaître. Or, si le pass
290 nous ne pouvons modifier que l’avenir, mais sans pouvoir le connaître. Or, si le passé seul est objet de savoir, tout savoir a
291 des lettres, de la médecine ou de l’histoire, on peut penser qu’on reste dans l’universel ou tout au moins dans le général.
21 1976, Articles divers (1974-1977). Changer de cap (novembre 1976)
292 Production matérielle à tout prix, le Prestige du Pouvoir centralisé, ou au contraire, une société fondée sur la recherche d’éq
293 du « jet-set » qui en « bénéficieront », si l’on peut dire, que feront-ils de ces heures gagnées ? Est-ce qu’elles vaudront
294 ns se sont posé la question à propos du Vietnam : pouvons -nous arrêter la guerre, alors que l’industrie des arme­ments occupe d
295 és et des investissements que l’État central seul peut obtenir. Des objets toujours plus dangereux comme les centrales à plu
296 gie qui vous vient donc de l’extérieur et que les Pouvoirs publics vous assurent. Si au contraire vous voulez la liberté d’abord
297 z bientôt à chercher l’énergie en vous-même. Tout peut changer maintenant si, renonçant à nous laisser conduire toujours plu
298 qu’en réa­lité, elle signifie bien davantage, et peut pro­duire en nous d’abord mais aussitôt dans la société d’aujourd’hui
299 qu’en alertant les énergies qui sont en nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seulement qu’en faisant appel t
300 de plus en plus à nos énergies intérieures, nous pourrions faire l’équivalent de la société industrielle qui culmine dans la Bom
22 1977, Articles divers (1974-1977). Souvenir de 1938 (1977)
301 ns notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’adapter à la fois à la déclaration d’un chœur en marche et au dialo
302 ut cela crée l’appel au musicien — et celui-ci ne peut être qu’Honegger. Je vais le voir à Paris. Je ne le connaissais pas.
303 pour nous la valeur d’un corps d’armée ! » Il se peut que les deux jugements soient justes. Ce qui est certain, c’est que l
23 1977, Articles divers (1974-1977). Les débuts de la construction européenne (1977)
304 est présenté en 1930 à la Société des Nations. On peut y lire : S’unir pour vivre et prospérer : telle est la stricte néces
305 odèle du fédéralisme intégral, celui qui part des pouvoirs locaux et institue des « pouvoirs fédéraux limités mais réels » au se
306 ui qui part des pouvoirs locaux et institue des «  pouvoirs fédéraux limités mais réels » au service des autonomies — et non l’in
307 il est clair que ni les chefs de mouvements, sans pouvoir , ni les ministres de gouvernements éphémères, sans vision, ne pourron
308 stres de gouvernements éphémères, sans vision, ne pourront rien faire pour l’Europe. Si pourtant quelque chose se fait, cela ser
309 aire la création d’institutions européennes « aux pouvoirs limités mais réels », auxquels tous nos États consentiraient de subst
310 rême, « instance supérieure aux États, à laquelle puissent en appeler les personnes et les collectivités, et destinée à assurer
311 lue par les parlements et non par les peuples, ne pourrait rien contre un Comité de ministres, représentant les souverainetés na
312 résultats les plus spectaculaires de ce que l’on peut appeler la période des congrès demeurent sans contredit la CECA et le
313 n’était pas une réforme, mais une révolution. On peut penser que c’est à la faveur d’une espèce de distraction tant du Cons
314 mesurables, chiffrables, obtenues à la faveur de pouvoirs supranationaux bien définis et garantis, semblaient donner raison à l
315 arx. Il suffit d’un parti nationaliste prenant le pouvoir quelques années plus tard dans l’un des Six, pour bloquer les mécanis
316 mécanismes communautaires. Dès avant le retour au pouvoir du général de Gaulle, le drame de la CED avait illustré une fois de p
317 elle entraînerait nécessairement l’avènement d’un pouvoir politique, en vertu de la méthode qui veut que « la création d’une si
318 confirmer le diagnostic des fédéralistes : on ne peut fonder l’union des Européens sur cet obstacle majeur à toute union sé
319 demain, Éditions de la Baconnière, 1946, où l’on peut lire aussi les déclarations européennes du journal Combat et le Manif
24 1977, Articles divers (1974-1977). Robert Schuman (1886-1963) : l’homme de la frontière (1977)
320 e la frontière (1977)ae af Cet homme dont on a pu écrire « qu’il n’avait l’air de rien », qu’il entrait dans la salle d
321 nçaise, seule capable de lui prêter ces moyens de pouvoir hors lesquels point d’action internationale. Dévoué aux œuvres social
322 oit le projet ou celui qui le réalise ? Peut-être pourrait -on évoquer ici, plutôt que la relation classique entre le dramaturge
323 nces et dans leurs ressemblances que l’histoire a pu voir et enregistrer : coopération entre Sully et Henri IV, à propos d
324 inée moins par ses souvenirs du passé qui eussent pu au contraire l’aveugler, que par sa vision lucide de l’avenir des pay
325 grâce auquel la première Communauté européenne a pu voir le jour. Mais il s’était rêvé tout autre chose, homme de méditat
25 1977, Articles divers (1974-1977). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous ! (1977)
326 e plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler normal à quelque observateur superficiel que face à ces dogma
327 nisme catholique, ni le libéralisme protestant ne pouvaient constituer les noyaux durs d’une résistance à l’hitlérisme et au fasc
328 s saurez ce que nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’édicté, de codifié, d’enregistré une
329 e vérité générale… » Et par « existence » nous ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et nunc. » Nous
330 amentale de l’expression de « voie unique ». Elle peut signifier aussi bien qu’il n’y a qu’une vraie voie, qu’une vérité via
331 l, particulière et subjective. La « voie unique » peut encore évoquer : — un système de principes confirmés concernant la co
332 traire une forme d’exister sans précédent, qui ne peut être décrite ni prescrite mais seulement vécue, et une seule fois ; —
333 indépendante de la manière dont on l’observe, et peut être vérifiée ubique et semper, — ou au contraire « l’actualité uniqu
334 intégration d’un moi distinct… La « voie unique » peut donc désigner aussi bien l’orthodoxie que l’hérésie. On voit ici que
335 xie ; et les systèmes dogmatiques imposés par les pouvoirs totalitaires ne m’intéressent pas dans ce contexte. Note 2. Si, comme
336 en Occident « conformité aux dogmes reçus », mais pourrait aussi bien qualifier selon D. Suzuki « ce qui est dans la ligne authe
337 découpée à ta seule mesure, en sorte que toi seul puisses y passer. Elle n’est pas ouverte à l’avance : tu l’ouvres en osant la
338 e d’Église ou règlements de la société. ⁂ Comment pourriez -vous, « hérétiques », vous unir dans vos unicités ? Cela ne se fera j
26 1977, Articles divers (1974-1977). La nature du pouvoir (9 octobre 1977)
339 La nature du pouvoir (9 octobre 1977)am an Je ne sais si c’est un très bon choix de m’a
340 belle leçon de modération philosophique, dont on pourrait tirer également — je pense que l’auteur le pensait ainsi — des leçons
341 r l’importance de cette notion de limitation d’un pouvoir par d’autres. J’ai aussi relevé, dans cette leçon, une distinction qu
342 la cite, à savoir la distinction entre le sens du pouvoir en France, et le sens du pouvoir en Suisse. En Suisse on n’a pas du t
343 entre le sens du pouvoir en France, et le sens du pouvoir en Suisse. En Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté du pouvo
344 Suisse on n’a pas du tout l’idée de la majesté du pouvoir , ni celle de renverser le pouvoir. On ne parle simplement pas du pouv
345 e la majesté du pouvoir, ni celle de renverser le pouvoir . On ne parle simplement pas du pouvoir, et il y a là deux mots complè
346 nverser le pouvoir. On ne parle simplement pas du pouvoir , et il y a là deux mots complètement différents par leur sens, dans t
347 le Bel, et dans notre histoire suisse. Le sens du pouvoir n’est pas le même, et la différence excède le simple cas de ces deux
348 oin, la distinction, en somme, entre la notion de pouvoir , définie par Jean Bodin au xvie siècle, pour qui le Prince est celui
349 is pour toutes, d’une manière irréversible, et le pouvoir que nous avons en Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le p
350 pouvoir que nous avons en Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fédéraliste, qui est beaucoup moins sensibl
351 Suisse qui, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fédéraliste, qui est beaucoup moins sensible parce qu’il s’exerce à t
352 r à la fin de ce siècle. S’agissant de définir le pouvoir , Jeanne Hersch n’a pas prétendu faire beaucoup plus que tous les aute
353 été jusqu’à parler d’un « mixte » qui compose le pouvoir et, en même temps, l’écartèle. Moi je veux bien, mais il me semble qu
354 ntrer un peu trop de choses dans la définition du pouvoir . En somme, Jeanne Hersch a fait un peu comme cet homme politique fran
355 t la définition. Mais, qu’y faire après tout ? Le pouvoir est là, défini ou non, il est là. Nous le trouvons en venant au monde
356 Nous le trouvons en venant au monde ; et nous n’y pouvons rien. Nous n’avons nul besoin de nous l’expliquer pour le subir. Ceci
357 pas, ça se sent. » C’est évidemment parce que le pouvoir ne se sent que trop de nos jours, et que cela s’accompagne d’un senti
358 ividus, que les Rencontres ont choisi le thème du pouvoir . Le nœud du problème traité hier soir par Jeanne Hersch c’est, peut-ê
359 sentiment d’impuissance que nous avons devant les pouvoirs , qui nous amène à toutes sortes d’excès de langage contre le pouvoir,
360 mène à toutes sortes d’excès de langage contre le pouvoir , à toutes sortes de réactions anarchisantes. Il provient de l’idée qu
361 tions anarchisantes. Il provient de l’idée que le pouvoir nous est extérieur, qu’il se présente à nous sous forme de contrainte
362 sous forme de contrainte, que nous subissons sans pouvoir l’exercer. Et nous sommes un peu ahuris par tous ces impératifs techn
363 ités de la défense nationale, par exemple, que le pouvoir allègue, et qui coupent court à toute espèce de discussion, à tout di
364 n. Comment, alors, préserver l’individu contre ce pouvoir extérieur contraignant et, de plus en plus, absolu ? Jeanne Hersch no
365 nous a hier soir indiqué une voie : opposer à ce pouvoir d’autres pouvoirs garants de liberté, c’est-à-dire le pouvoir comme l
366 indiqué une voie : opposer à ce pouvoir d’autres pouvoirs garants de liberté, c’est-à-dire le pouvoir comme limite à la contrai
367 tres pouvoirs garants de liberté, c’est-à-dire le pouvoir comme limite à la contrainte. Mais il me semble insuffisant de s’en t
368 à juste titre d’ailleurs, que le simple refus du pouvoir extérieur finit par nous y livrer bien plus sûrement que toute autre
369 au classique ouvrage de Bertrand de Jouvenel : Du Pouvoir — il ne s’agit pas d’opposer une condamnation impuissante du pouvoir
370 git pas d’opposer une condamnation impuissante du pouvoir comme tel. Il ne suffit pas, non plus, d’essayer de le renverser, de
371 plus, d’essayer de le renverser, de « prendre le pouvoir  », comme le dit l’expression consacrée, car nous ne savons que trop à
372 à quoi cela mène : ceux qui croyaient prendre le pouvoir sont pris par lui. Le pouvoir abusif de l’État est fait de toutes nos
373 royaient prendre le pouvoir sont pris par lui. Le pouvoir abusif de l’État est fait de toutes nos démissions civiques, et tend
374 elle, là encore, la définition de Jean Bodin : le pouvoir du souverain consiste dans l’abandon que le peuple souverain lui a fa
375 la révolution à la mode des siècles derniers qui peuvent nous secourir dans cette tragédie car cette « prise du pouvoir », don
376 secourir dans cette tragédie car cette « prise du pouvoir  », dont on parle toujours, va prendre les agresseurs, va les « phagoc
377 i voulaient s’en emparer. Là-dessus, il a pris le pouvoir , et a illustré lui-même, d’une manière parfaite, tout ce qu’il avait
378 ôt. Je pense qu’il n’y a qu’un moyen d’opposer le pouvoir de liberté au pouvoir de l’État devenu extérieur à nous-mêmes, qui n’
379 a qu’un moyen d’opposer le pouvoir de liberté au pouvoir de l’État devenu extérieur à nous-mêmes, qui n’est pas de supprimer t
380 mêmes, qui n’est pas de supprimer toute espèce de pouvoir , mais de distribuer le pouvoir que nous trouvons abusif. Distribuer,
381 er toute espèce de pouvoir, mais de distribuer le pouvoir que nous trouvons abusif. Distribuer, par exemple, le pouvoir de l’Ét
382 nous trouvons abusif. Distribuer, par exemple, le pouvoir de l’État-nation vers le bas et vers le haut : vers le bas, aux commu
383 ersch, hier soir, notamment sur l’omniprésence du pouvoir , le fait que le pouvoir est, aussi, dans la liberté, et qu’on ne peut
384 ent sur l’omniprésence du pouvoir, le fait que le pouvoir est, aussi, dans la liberté, et qu’on ne peut concevoir la liberté sa
385 pouvoir est, aussi, dans la liberté, et qu’on ne peut concevoir la liberté sans l’intervention du pouvoir. La formule que j
386 peut concevoir la liberté sans l’intervention du pouvoir . La formule que je vous propose est la suivante : « La puissance, c’e
387 ropose est la suivante : « La puissance, c’est le pouvoir que l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’on pre
388 que l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même. » [Réagissant aux remerciements et dema
389 isterai, tout de même, sur cette liaison entre le pouvoir , au sens de l’État, et la guerre. Cette liaison a été très bien mise
390 valeur par Bertrand de Jouvenel dans son livre Du Pouvoir , dont je ne me lasse pas de citer cette phrase : « Le pouvoir est lié
391 t je ne me lasse pas de citer cette phrase : « Le pouvoir est lié à la guerre, et si une société veut borner les ravages de la
392 n’a d’autres moyens que de borner les facultés du pouvoir . » am. Rougemont Denis de, « La nature du pouvoir », Le Pouvoir. T
393 voir. » am. Rougemont Denis de, « La nature du pouvoir  », Le Pouvoir. Textes des XXVIe Rencontres internationales de Genève,
394 Rougemont Denis de, « La nature du pouvoir », Le Pouvoir . Textes des XXVIe Rencontres internationales de Genève, Neuchâtel, La
27 1977, Articles divers (1974-1977). La puissance et les choix (mai 1977)
395 qui entendent tout simplement et autant qu’ils le peuvent , rester maîtres de leur propre destin. Or, parmi ceux qui optent pour
28 1977, Articles divers (1974-1977). Du passé à l’avenir d’une région (27 juin 1977)
396 l de l’éducation, fondé par Jean Piaget à Genève, peut être considéré comme la capitale mondiale de la psychologie génétique
397 bonhomie un peu cynique, une sorte de paresse qui peut être rusée mais que l’accent rend désarmante ; chez le Neuchâtelois q
398 ux sur notre continent ? Réalité récente — qui peut changer… Si je me suis étendu quelque peu sur la genèse historique
399 séculaires valences (au sens chimique du terme : pouvoir de se combiner) par rapport aux régions voisines. Genève reste la mét
400 s impôts versés en Suisse par les frontaliers, on peut aussi parler d’une région fiscale transfrontalière. C’est celle dont
401 au sein de celle-ci une nouvelle entité, que l’on peut définir grosso modo comme la partie francophone de la Suisse ; et dès
29 1977, Articles divers (1974-1977). « Il faut changer de cap » (27 septembre 1977)
402 ir augmenter d’une manière indéfinie. Or, elle ne peut pas augmenter d’une manière infinie dans un monde fini. Nos ressource
403 tivité intellectuelle, etc. sauf un seul : ils ne peuvent pas faire de grandes bêtises, c’est-à-dire de grandes guerres. Au fon
404 oie d’une union européenne possible. Mais comment pourrions -nous aboutir à ces solutions ? Je ne pense pas que les hommes vont de
405 se convertir, faire sa révolution. Chacun de nous peut opérer pour lui-même cette révolution vers une nouvelle forme de prog
406 s à des régimes policiers, ni le renversement des pouvoirs existants, déjà si compromis. Pour moi, le but général de la civilisa
407 la liberté des personnes. La puissance, c’est le pouvoir que l’on prend sur les autres, la liberté, c’est le pouvoir que l’on
408 e l’on prend sur les autres, la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même. al. Rougemont Denis de, « Il faut cha
30 1977, Articles divers (1974-1977). Au tableau d’honneur de Parents : L’Avenir est notre affaire (octobre 1977)
409 i, pour la première fois dans l’histoire, l’homme peut choisir son avenir, grâce à la technique. Les catastrophes ne tombent
410 gouvernées par les citoyens, que ces derniers ne pourraient plus se réunir sur l’agora, le forum, que c’en serait fini de la part
411 Mais, d’ores et déjà, une chose est sûre : on ne pourra bâtir des centrales qu’à l’abri d’un rideau de CRS, donc dans une soc
412 tre affaire, l’État doit être dessaisi des pleins pouvoirs . Ce n’est qu’en décidant de reprendre leur destin en main à l’échelon
413 e ce qui existe a toujours existé et que nous n’y pouvons rien changer. Elle fait des citoyens pour ce qu’on veut, et trop souv
414 t s’intéresse d’abord à ce qu’il voit, à ce qu’il peut toucher. Parlons-lui de l’histoire naturelle de sa région, de ses cou
31 1977, Articles divers (1974-1977). Denis de Rougemont : le retour d’un hérétique (3 octobre 1977)
415 terai cependant que ce qui, dans les années 1930, pouvait passer pour une intuition est devenu aujourd’hui une évidence. Et que
416 oir exploité pendant plusieurs siècles l’Occident pourrait au moins lui épargner de nouvelles désillusions. Pour ce faire, il fa
417 rès avoir donné tant de leçons à l’humanité, nous pourrions , peut-être, pour une fois, lui donner l’exemple. Bien sûr, on peut rê
418 pour une fois, lui donner l’exemple. Bien sûr, on peut rêver… On peut aussi limiter les dégâts. D’ailleurs, nous y serons co
419 lui donner l’exemple. Bien sûr, on peut rêver… On peut aussi limiter les dégâts. D’ailleurs, nous y serons contraints ; les
420 te soit occupé par une dizaine d’individus. On ne pourra même plus s’allonger… L’autre grande critique que vous avez été l’un
421 d responsable de l’apocalypse qui se prépare… Qui pourrait en douter ? Les États, qui sont des entités absurdes, n’en finissent
422 possible une gestion raisonnable de la nature. On pourrait faire le même constat pour le Rhin, qui est actuellement pollué par c
423 llité qu’il n’a plus au-dedans. » À cet égard, on peut dater avec précision la naissance de l’État-nation : c’est le 20 avri
424 s, les groupes de base doivent se réapproprier le pouvoir dont l’État jacobin les a dépossédés. Or l’obstacle majeur à cette re
425 s. Or l’obstacle majeur à cette redistribution du pouvoir , c’est le mythe nationaliste pour lequel il faut toujours « rester ma
426 entité plus vaste et, d’autre part, au profit de pouvoirs locaux. Tant que l’Europe n’existera pas politiquement, il n’y aura p
427 strictement politiques ou culturelles. On a alors pu constater combien celles-ci étaient efficaces et mobilisatrices. Si,
428 ehors de la culture européenne et que celle-ci ne pourrait voir le jour que si l’Europe politique devenait une réalité. J’étais
429 méro paraît en 1933, au moment où Hitler prend le pouvoir , c’était un titre bien fâcheux… Tout d’abord, je vous rappellerai que
430 itulé sa revue Ordine nuovo. De plus, personne ne pouvait alors prévoir que Hitler aurait, un jour, l’impudence de s’approprier
431 variante du productivisme dont nous, Occidentaux, pouvions déjà constater la faillite. En ce temps-là, Bakounine et Proudhon me
432 ancfort… C’est vrai. C’est grâce à Abetz que j’ai pu voir de près l’horreur hitlérienne à ses commencements. Bien sûr, en
433 eut même un parti « socialiste personnaliste » au pouvoir . À ce moment-là, n’avez-vous pas eu envie de vous engager plus direct
434 ent dans l’action politique ? Étant suisse, je ne pouvais pas prétendre à une carrière politique en France. De plus, j’ai toujo
435 u’on nous prépare. D’après vous, l’« apocalypse » pourrait être différée ? Plus exactement, je crois que l’histoire se réserve t
436 occidentales de l’automobile, ce qui, finalement, peut être un bienfait pour notre mode de développement.bc bd Ainsi, si l’
437 e, notre survie écologique, alors que Ford aurait pu , à lui seul, nous conduire à l’asphyxie et à l’embouteillage mondial.
438 itale, au centre, et alors, au lieu de prendre le pouvoir , c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du po
439 et alors, au lieu de prendre le pouvoir, c’est le pouvoir qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous p
440 qui nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parliez de la passion dans L’Amour et l’Occident … C’est
441 doit leur être subordonné et s’anéantir au nom du Pouvoir , cet analogue de la passion dévastatrice. Ce faisant, les États-natio
442 un certain classicisme de pensée et de style. On peut refuser tout cela mais il faut savoir ce qu’il en coûte. Avant la gue
32 1977, Articles divers (1974-1977). Pierre Desgraupes fait le point avec Denis de Rougemont (10 octobre 1977)
443 che, les écologistes, dont je suis, pensent qu’on peut au contraire tout sauver à condition de changer de direction. Mais on
444 r à condition de changer de direction. Mais on ne peut pas cacher que, si on laisse les choses aller, c’est perdu ! Si une c
445 anismes désastreux qui sont en train de se monter puissent être arrêtés à temps ! J’écris pour que les choses changent, pas pour
446 ous le savez, sont limitées. Mais, justement, qui peut décider de cela ? Nous, sinon qui d’autre ? C’est bien là ce que je v
447 suis absolument persuadé, et personne n’a jamais pu me faire d’objection sérieuse contre cette théorie, que si nous conti
448 ue les autres, qui s’imaginent chacun qu’ils vont pouvoir continuer à augmenter leurs exportations et diminuer leurs importatio
449 urd’hui se partagent la planète sans aucun reste, puissent tous, comme leurs politiciens le déclarent, augmenter leurs exportati
450 riquer des bombes et de s’en servir ; personne ne peut éternellement faire des bombes pour ne pas s’en servir. Ça, c’est une
451 mais il n’y en a pas un seul qui y croit ! Ils ne pourraient pas se regarder entre eux dans les yeux sans éclater de rire… Un de
452 gens très importants et très intelligents, ils ne peuvent pas ne pas le savoir. Citez-moi l’un de ces mensonges par exemple. Eh
453 problème des déchets ? » Pas un savant sérieux ne peut dire qu’il l’a trouvée. Ça se saurait immédiatement, ça ferait beauco
454 qu’on va manquer d’énergie. Or cet argument, qui pouvait , à la limite, impressionner il y a encore cinq ans, parce que la popu
455 e ? » Sans compter que l’excédent d’énergie qu’on peut attendre de l’atome est insignifiant par rapport à notre fameuse croi
456 us d’électricité dans dix ou quinze ans ; or nous pouvons faire déjà 30 % d’économie tout de suite ; depuis la crise, on a fait
457 ef de l’État, agissant comme un roi, n’avait rien pu faire de ce qu’il voulait parce que l’État c’était les fonctionnaires
458 dministration, le « on » anonyme sur lequel on ne peut rien. C’est ça, la vraie réalité de l’État. Ne vous semble-t-il pas u
459 mier et le dernier choix possible. Mais quel sens peut bien avoir cette liberté que vous accordez à l’homme en face d’un Éta
460 socialiste et l’État-nation capitaliste. Mais que peut -on substituer à l’État ? Des communautés vivantes ayant d’autres fins
461 Un tel substitut de l’État a-t-il jamais existé ? Pouvez -vous m’en citer un modèle ? Eh bien, je pourrais vous citer évidemmen
462  ? Pouvez-vous m’en citer un modèle ? Eh bien, je pourrais vous citer évidemment ce grand modèle de la démocratie qu’étaient les
463 ait dans la tyrannie. Son gouvernement, alors, ne pourrait plus être l’affaire des citoyens réunis, dialoguant, discutant de leu
464 ’agora. C’était très sage parce que tout le monde pouvait l’entendre et lui répondre de n’importe quel point. C’est une image u
465 onique qui a tout changé et que le chef de l’État peut se faire entendre à des milliers de kilomètres. Mais qui peut lui rép
466 e entendre à des milliers de kilomètres. Mais qui peut lui répondre ? Qui peut lever la main et dire : « À moi la parole. »
467 s de kilomètres. Mais qui peut lui répondre ? Qui peut lever la main et dire : « À moi la parole. » Et la démocratie est dia
468 , mais ce n’est encore qu’une intention, et il ne peut y avoir de vraie démocratie dans des dimensions qui sont incompatible
469 t tous les avantages sur le grand sauf un : il ne peut pas faire de très grandes bêtises. Regardez la Confédération helvétiq
470 e l’unité c’était conquérir le plus de gens qu’on pouvait , devenir toujours plus fort pour aller conquérir plus loin en uniform
471 les Suisses se plaindre justement d’un manque de pouvoir central capable de résoudre nombre de problèmes qui ne peuvent être r
472 al capable de résoudre nombre de problèmes qui ne peuvent être résolus au niveau, trop étroit, des cantons. C’est vrai dans la
473 t de se décharger de leurs responsabilités sur le pouvoir fédéral. Ça, c’est un vice, une maladie, de la Confédération, ce n’es
474 ilité puisqu’ils se sont trompés si longtemps. Ne peut -on en tirer aussi la conclusion que les intellectuels n’exercent pas
475 nce sur le réel ? Au contraire, je pense que leur pouvoir est plus grand que jamais. J’en reviens toujours à ma première phrase
33 1977, Articles divers (1974-1977). L’Avenir est votre affaire (11 octobre 1977)
476 t nous devons absolument prendre conscience. Tout peut se jouer dans les dix ans à venir. Le sort de l’humanité se décidera
477 de retraitement des déchets à des nations qui ne peuvent rien en faire, sinon en tirer du plutonium. On leur fait promettre qu
478 fins belliqueuses, mais tout le monde sait qu’on peut faire une bombe avec cinq à six kilos de plutonium. Ce qui permettra
479 fait peur… Et d’après vous, les États-nations ne peuvent plus rien entreprendre de positif pour faire face à ces immenses prob
480 er fédéral, il vous dira que, s’il n’était pas au pouvoir , il serait avec les manifestants de Kaiseraugst ou d’ailleurs… Mais a
481 s en donnant ses raisons ? Pourquoi reste-t-il au pouvoir , alors qu’il a pris conscience de l’impuissance de ce pouvoir ? Car c
482 rs qu’il a pris conscience de l’impuissance de ce pouvoir  ? Car c’est une vérité dont il faudra bien un jour s’aviser : le pouv
483 vérité dont il faudra bien un jour s’aviser : le pouvoir politique n’existe plus, le pouvoir n’est pas à prendre, comme le cro
484 s’aviser : le pouvoir politique n’existe plus, le pouvoir n’est pas à prendre, comme le croient les révolutionnaires, le pouvoi
485 rendre, comme le croient les révolutionnaires, le pouvoir est à créer. On ne peut plus compter sur les gouvernements, mais sur
486 s révolutionnaires, le pouvoir est à créer. On ne peut plus compter sur les gouvernements, mais sur les habitants des région
487 qu’il faudrait économiser 30 % d’électricité pour pouvoir se passer de centrales. Et pourquoi pas ? Pourquoi toujours affirmer
488 de vue écologique. Quand on pense que Pompidou a pu commettre cette bourde monumentale : « Il est temps que Paris s’adapt
489 de pages, où je prévoyais certains événements qui pouvaient se passer, notamment dans le monde arabe. Puis vint la guerre du Kipp
490 jeter à la corbeille ce que j’avais écrit. Je ne pouvais pas me donner l’air de prophétiser après coup ce qui s’était produit 
491 emps de maturation qui a été nécessaire, car j’ai pu prendre de la distance par rapport à l’actualité immédiate. Comment c
492 ssance. À quoi je réponds que la puissance est le pouvoir que l’on prend sur autrui et la liberté le pouvoir que l’on prend sur
493 ouvoir que l’on prend sur autrui et la liberté le pouvoir que l’on prend sur soi-même. C’est de nous-mêmes que nous devons tire
494 de notoriété internationale, un intellectuel qui pourrait se contenter de déguster une gloire confortable. Et voici qu’il nous
34 1977, Articles divers (1974-1977). « Je suis un pessimiste actif » (17 octobre 1977)
495 s pas que l’homme soit bon mais je crois que l’on peut construire une société qui le corrompe le moins possible. Ce qui est
496 re. On met dans la tête des gens l’idée qu’ils ne peuvent pas comprendre… Je les invite à méditer un argument très simple : int
35 1977, Articles divers (1974-1977). « L’avenir, c’est notre affaire ! » (18 octobre 1977)
497 laindre », comme il dit. Quand quelqu’un prend le pouvoir , c’est le pouvoir qui le prend. Il suffit qu’un homme s’assoie dans l
498 l dit. Quand quelqu’un prend le pouvoir, c’est le pouvoir qui le prend. Il suffit qu’un homme s’assoie dans les fauteuils de l’
499 e le constatait quelques mois avant de prendre le pouvoir , les révolutions entraînent toujours un renforcement de l’État et de
36 1977, Articles divers (1974-1977). La fonction et la structure de la ville future (décembre 1977)
500 raie cité, conviviale, est celle où tout le monde pourrait se connaître : cela limite le nombre des habitants. Quant à son étend
501 , limité de telle sorte que la communauté civique puisse fonctionner. Car une fois dépassées les mesures optimales du nombre e
502 nt-à-soi par l’égoïsme hargneux. Etc., etc. On ne peut plus continuer dans les mêmes directions. Alors, vers quoi faut-il al
503 s mégalopoles à des cités « à mesure d’homme » ne peut se faire que par leur division en municipalités de quartiers. Et cela
37 1977, Articles divers (1974-1977). Demain le soleil (20 décembre 1977)
504 , mais on le réimprime en permanence. Le soleil peut tout nous donner S’il fallait que j’explique très simplement qui v
505 les plus désastreuses, que je crois que le soleil peut tout nous donner. Enfin que je suis écologiste. Que vous êtes du pays
506 oupuscule. Quand la guerre est arrivée, on aurait pu croire que ces idées et cette doctrine allaient disparaître dans le g
507 et égard. Une compétition acharnée de ce genre ne peut conduire qu’à la guerre. Elle est inévitable entre des nations qui po
508 n appelle volonté divine ce qui nous échappe. Que peut l’homme sur son destin ? Par sa science et son invention technique, i
509 technique, il a en main des moyens tels qu’il ne peut plus se payer le luxe sous prétexte de progrès, de partir droit devan
510 éminaires qui doivent donc imaginer ce que demain pourrait être ? Le club de Rome le fait de façon admirable et nous avertit des
511 force de la publicité, il les persuade qu’ils ne pourraient pas être heureux sans auto et réussit à les contaminer. Il commet don
512 gencements de l’Histoire dont on se demande qui a pu les imaginer. Ford part d’une extrémité, Hitler de l’autre. Ils se cr
513 out qu’il va plus bas. Les innovations techniques peuvent même avoir une dimension poétique. Regardez la merveille qu’est le Co
514 anouissement des personnes. Comment les personnes pourraient -elles s’épanouir dans le froid et dans le noir ? Le progrès est dans
515 Là-bas, protégé par le rempart de ses livres, il pourrait se laisser aller à l’égoïsme de l’intellectuel, mais sa conscience re
38 1977, Articles divers (1974-1977). Écologie, régionalisme, fédéralisme : l’avenir selon Denis de Rougemont (30 décembre 1977)
516 eligion de la croissance : ceux qui croient qu’on peut continuer ce qu’on a fait depuis vingt-cinq ans, sont en pleine utopi
517 u Vietnam, en Europe : seule une union européenne pourrait tenter de résister, pas un pays tout seul. Alice au pays des merve
518 tant à droite qu’à gauche. Si le nationalisme, le pouvoir de type monarchique et le mythe de l’unité nationale sont les caracté
519 aleurs entre la droite et la gauche. Le nucléaire pourrait -il être une solution aux problèmes d’énergie ? Là encore, soit dit en
520 e gouvernement français a même décidé que l’armée pourrait être utilisée aux fins de défendre les centrales. On se livre à des e
521 sans précédent. Mais j’ai bon espoir. Les choses peuvent aller très vite. Car ce mouvement n’est-il pas le seul aujourd’hui à
522 r ce mouvement n’est-il pas le seul aujourd’hui à pouvoir mobiliser des centaines de milliers de personnes comme à Creys-Malvil