1
un cas, promesse dans l’autre — que par le climat
qui
les baigne. La première souhaitait approfondir en réflexion morale et
2
ement des effets politiques (mais c’est l’inverse
qui
s’est produit). Celle d’aujourd’hui veut affronter les premières mani
3
ronde et celle d’aujourd’hui, expliquant tout ce
qui
les rend différentes, il y a eu le rapport du club de Rome. Mais ceci
4
ofondeur, de quelques « lieux communs » européens
qui
ont sans doute orienté l’action d’hommes politiques tels que De Gaspe
5
nous les douze invités à la table — et vous tous
qui
entrerez, je l’espère, dans le débat — aux prises avec une question s
6
son bureau, le Conseil de l’Europe a fait un acte
qui
mérite d’être qualifié de politique, au sens du terme le plus éminent
7
, disait Paul Valéry. C’est le scandale, le choc,
qui
déclenche les circuits. Adam ne pensait pas avant la Chute. Tous ici
8
à partir de la Crise, c’est-à-dire à partir de ce
qui
nous apparaît menaçant pour nos libertés, pour notre économie, pour l
9
és se multiplient ces grands points d’exclamation
qui
, dans la signalisation routière, annoncent un passage dangereux, quan
10
masses et de la qualité artisanale — la jeunesse
qui
ne lit plus que des onomatopées en bulles ; la manipulation des désir
11
élévision ; les ravages de la division du travail
qui
est en réalité une division de l’homme, comme l’avait annoncé Kropotk
12
le d’une sorte d’anorexie civique, d’un fatalisme
qui
devrait inquiéter bien plus encore que les prévisions du club de Rome
13
que les prévisions du club de Rome, car c’est lui
qui
les rendra vraies, quand elles n’étaient que monitoires et n’ambition
14
démenties ! Oui, je sens parmi nous quelque chose
qui
me paraît beaucoup plus inquiétant que les vues apocalyptiques des éc
15
ues apocalyptiques des écologistes, quelque chose
qui
est là déjà, bel et bien là, et qui est la Question du siècle, une qu
16
quelque chose qui est là déjà, bel et bien là, et
qui
est la Question du siècle, une question pure, béante, qui se posait d
17
la Question du siècle, une question pure, béante,
qui
se posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et qui a subitement
18
posait du temps de ma jeunesse à quelques-uns, et
qui
a subitement éclaté dans les universités de tout l’Occident et dans l
19
à ? Quel est le sens de ma vie dans cette société
qui
n’en est pas une, puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut so
20
n, et surtout qu’elle demeure sans réponse, voilà
qui
devrait nous effrayer vraiment, parce que cela nous laisse béants sur
21
». Car le plus profond des désordres, c’est celui
qui
est au cœur d’une société dont le seul principe absolu est le profit,
22
eur dans son palais, mais on ne peut renverser ce
qui
ne tient pas debout, ce qui n’a pas de principe de cohésion interne,
23
ne peut renverser ce qui ne tient pas debout, ce
qui
n’a pas de principe de cohésion interne, — ou plutôt ce qui n’en a pa
24
s de principe de cohésion interne, — ou plutôt ce
qui
n’en a pas d’autre que l’obsession de la Puissance, vrai moteur de la
25
t entier, et par lui tous les peuples de la terre
qui
copient notre civilisation industrielle, scientifico-technique, quant
26
? Ce n’est pas une entité philosophique. C’est ce
qui
nous permet de choisir, ordonne nos choix, et définit leur sens. Face
27
de valeurs, c’est qu’il y a donc des valeurs ! Et
qui
décident ou plutôt nous permettent de décider. Nous ne prenons consci
28
t ans, comme nous le répètent les producteurs (ce
qui
suppose une production multipliée par 16 384 en un peu moins d’un siè
29
animique et physiologique, que rien ne mesure, et
qui
vaut plus que tout ? Bien sûr, les choix sont rarement aussi simples.
30
ilemme fondamental entre l’impératif catégorique,
qui
est moral, et les impératifs technocratiques, qui sont des questions
31
qui est moral, et les impératifs technocratiques,
qui
sont des questions de gros sous, quand ce n’est pas de puissance mili
32
bsolu les régler ? Et comment évaluer les valeurs
qui
les guident ? Ici se pose la question décisive du référentiel, c’est-
33
stion décisive du référentiel, c’est-à-dire de ce
qui
gage les valeurs, de l’évaluant fondamental. Il n’est pas toujours bi
34
à ne décrire que des enchaînements nécessaires et
qui
échappent à toute considération morale. Cependant, la passion qui ani
35
toute considération morale. Cependant, la passion
qui
anime Le Capital est celle de la justice, ou je n’y ai rien compris.
36
rien compris. C’est la justice, non la nécessité,
qui
est le vrai référentiel de l’œuvre. Pour l’homme d’Europe, qu’il le s
37
l’on croirait intemporelles et universelles, mais
qui
ont leur date et leurs coordonnées spatiales. Notre notion de la pers
38
a Deuxième Personne de la Trinité, celle du Fils,
qui
allait fonder la conception chrétienne de l’homme. En déclarant qu’il
39
ant de penser ensemble des réalités antinomiques,
qui
s’excluent en logique mais coexistent en fait, ou comme diront les sc
40
istent en fait, ou comme diront les scolastiques,
qui
sont « distinguées par la raison mais unies par la réalité ». En form
41
e la coincidentia oppositorum de Nicolas de Cues,
qui
anime les œuvres de Goethe, de William Blake, des philosophes du roma
42
des autonomies locales — cette pensée en tension
qui
est vraiment l’idée formatrice de l’Europe parce qu’elle engendre l’h
43
ne, « technique » en quelque sorte, de la notion,
qui
ne tarda pas à être transposée du plan théologique à celui de l’humai
44
rsonne ; puis par Boèce, philosophe non chrétien,
qui
traduit en termes laïques les définitions conciliaires, et sera comme
45
istence en tension de l’individu naturel et de ce
qui
dans l’homme « passe infiniment l’homme » comme dit Pascal : le trans
46
investie par une vocation, une notion de l’homme
qui
implique la transcendance de l’homme par rapport à lui-même. Certes,
47
la personne c’est l’œuvre essentielle de chacun,
qui
consiste à trouver sa voie et à courir son aventure sans précédent. C
48
sans précédent. Car chacun naît de quelque chose
qui
n’a jamais été auparavant, qui n’est exactement pareil à rien, croise
49
t de quelque chose qui n’a jamais été auparavant,
qui
n’est exactement pareil à rien, croisement de chromosomes eux-mêmes s
50
int de départ d’un chemin particulier vers le But
qui
l’appelle, qu’il le nomme Dieu, ou l’Absolu, la Vérité ou le Bonheur.
51
physiologique, pour rejoindre les fins dernières
qui
m’appellent, je ne puis pas aller par la route nationale : elle condu
52
’aurai le courage d’y marcher dans la nuit. Voilà
qui
implique la foi, cette forme de confiance dont Saint-Paul dit qu’elle
53
surance des choses qu’on ne voit pas ». Le chemin
qui
se crée sous les pas qui le foulent, conduit au But qui se révèle lor
54
ne voit pas ». Le chemin qui se crée sous les pas
qui
le foulent, conduit au But qui se révèle lorsqu’on marche vers lui, p
55
crée sous les pas qui le foulent, conduit au But
qui
se révèle lorsqu’on marche vers lui, pas autrement. Il s’agit d’une a
56
ement. Il s’agit d’une activité jamais achevée et
qui
sans fin cherche sa fin, et qui la reconnaît lorsqu’elle éprouve un s
57
jamais achevée et qui sans fin cherche sa fin, et
qui
la reconnaît lorsqu’elle éprouve un sentiment de convenance entre ses
58
ale, de concept superflu. Mais j’observe que ceux
qui
la nient ont commencé par répéter, après Nietzsche, que Dieu est mort
59
te personne. Or, ce n’est là qu’une métaphore. Ce
qui
peut provoquer la mort de l’homme, c’est la mort d’une nature tuée pa
60
, c’est la mort d’une nature tuée par l’homme, et
qui
nécessairement entraînerait dans sa perte l’espèce humaine. Car l’hom
61
t variées de l’aliénation, j’ose vous demander ce
qui
, selon vous, est aliéné ? Si ce n’est pas la personne, alors quoi ? Q
62
ors quoi ? Quelle abstraction politicienne ? Ceux
qui
prétendent que l’homme n’est qu’une illusion, que le sujet n’existe p
63
’aliénation de l’homme ne saurait désigner que ce
qui
compromet sa possibilité de se mouvoir, librement, à la fois selon le
64
ent, à la fois selon le naturel et selon le divin
qui
est en lui. L’aliéner, c’est le mécaniser — au sens argotique qu’a pr
65
-à-dire le manipuler, lui imposer un comportement
qui
même très bénéfique, très bien payé, ne lui serait pas propre, ne pou
66
forme d’originalité chez les élèves. Tout pouvoir
qui
s’exerce sur autrui, non sur soi (comme celui que procure la richesse
67
a tôt ou tard monopolisé par l’État. Tout pouvoir
qui
s’exerce sur autrui conduit donc à l’État totalitaire, dans le systèm
68
non sur soi-même (bien au contraire), le pouvoir
qui
aliène, non celui qui libère. Au surplus, elle crée tant de liens ave
69
n au contraire), le pouvoir qui aliène, non celui
qui
libère. Au surplus, elle crée tant de liens avec ce qui n’est pas ma
70
bère. Au surplus, elle crée tant de liens avec ce
qui
n’est pas ma vocation, que toutes les religions de la terre l’ont con
71
mons le répètent tous les dimanches aux banquiers
qui
vont à l’église… Le prestige national se révèle fausse valeur, évalu
72
n’est que l’accroissement des pouvoirs matériels,
qui
conduisent à la guerre, aux crises économiques, au gaspillage des res
73
En revanche, l’amour est une valeur fondamentale,
qui
ne saurait être niée ou contestée que par des infirmes de l’âme ou de
74
gens de pouvoir faible ou nul sur soi-même ; ceux
qui
ne s’aiment pas eux-mêmes et qui par suite ne valent rien pour aimer
75
soi-même ; ceux qui ne s’aiment pas eux-mêmes et
qui
par suite ne valent rien pour aimer leur prochain. Car toute la tradi
76
n. Car toute la tradition hébraïque et chrétienne
qui
a formé vingt siècles d’Europe nous dit qu’il faut aimer son prochain
77
sur un sentiment, mais sur un acte ! Sur l’amour
qui
agit, l’amour qui aide, et non pas sur cette chose qui se lamente 12
78
mais sur un acte ! Sur l’amour qui agit, l’amour
qui
aide, et non pas sur cette chose qui se lamente 12 heures par jour à
79
git, l’amour qui aide, et non pas sur cette chose
qui
se lamente 12 heures par jour à la radio. Car aimer son prochain comm
80
onne entre le transcendant et l’incarné, entre ce
qui
libère, dégage, universalise d’une part, et ce qui lie, engage, enrac
81
ui libère, dégage, universalise d’une part, et ce
qui
lie, engage, enracine d’autre part. J’ai dit que la liberté de la per
82
vocation dont l’appel me libère, c’est elle aussi
qui
me relie à mes prochains dans la cité, parce que c’est parmi eux, ave
83
e : j’y vois la tâche principale de la génération
qui
monte. J’y vois aussi la condition de toute union possible de l’Europ
84
e que tout appelle ne pourra s’édifier que sur ce
qui
déborde, non seulement par en haut mais par en bas, le cadre inadapté
85
rée comme le référentiel de nos valeurs, comme ce
qui
nous permet de les éprouver et au besoin de les transvaluer, nous avo
86
ommunautaire. Morale et politique, soulignons-le,
qui
se déduisent immédiatement de la structure bipolaire de la personne e
87
rsonne appelle la création de petites communautés
qui
, pour défendre leur autonomie, seront amenées à se fédérer et donc à
88
rope, de son union, et de la création des régions
qui
rendra seule possible cette union. Tout le problème politique, social
89
sont différents… Je donnerai donc ici ma version (
qui
est la bonne) telle que je l’ai publiée dans le Journal d’une époque
90
nait Alexandre Marc des articles d’un ton violent
qui
paraissaient dans la revue Plans, où il m’introduisit bientôt. C’est
91
je rencontre peu de temps après Emmanuel Mounier,
qui
préparait Esprit , et Arnaud Dandieu qui allait inspirer le groupe d
92
ounier, qui préparait Esprit , et Arnaud Dandieu
qui
allait inspirer le groupe de L’Ordre nouveau . Une pléiade de petits
93
cintiller sur le tableau de bord d’une génération
qui
démarre. On voit que le faible élément d’incertitude qui subsiste su
94
rre. On voit que le faible élément d’incertitude
qui
subsiste sur ma première rencontre avec Alexandre Marc s’accentue for
95
il s’agit de mes premiers contacts avec Mounier,
qui
fondait alors Esprit , avec Dandieu, qui allait inspirer L’Ordre no
96
ounier, qui fondait alors Esprit , avec Dandieu,
qui
allait inspirer L’Ordre nouveau , et tout d’abord avec Philippe Lamo
97
et certaine dans tout cela : c’est Alexandre Marc
qui
a provoqué presque toutes les rencontres, combinaisons et permutation
98
e viens de citer n’est connu du grand public — ce
qui
est normal, ils ont de 21 à 32 ans — mais encore ils ne se connaissen
99
s’est déclarée, et quels que soient les conflits
qui
l’animent, elle a reconnu les éléments fondamentaux d’une « cause com
100
s, profond et précieux critique catholique, voilà
qui
n’importe guère : dans les deux cas, nos chemins se croisaient au poi
101
résence à la misère du siècle, une présence enfin
qui
soit un acte », ainsi que je l’écrirai un an plus tard — et c’est, je
102
’on me pardonne, ici, quelques mots sur moi-même,
qui
me paraissent nécessaires pour mieux situer le point de départ et le
103
cussions avec les maurrassiens de Suisse romande,
qui
me traitaient de communiste, et à des manifestations de rue en faveur
104
’il portait à Versailles des guêtres blanches, ce
qui
était banal à l’époque pour peu qu’on surveillât sa mise, mais je le
105
niant tour à tour l’exclusive jusqu’à la scission
qui
mutile pour mieux sauver, et l’appel généreux aux larges regroupement
106
ne recherche de l’homme et de ses fins dernières,
qui
« passent infiniment l’homme » selon Pascal, recherche dont la nature
107
d’un petit groupe à fortes tensions intérieures,
qui
se nomma le Club du Moulin-Vert (ou du moins c’est ainsi qu’on le nom
108
strictement formulées. Or c’est cela, justement,
qui
est personnaliste. Et le paradoxe œcuménique apparaît parfaitement ho
109
s sur l’Ordre nouveau que le Club du Moulin-Vert (
qui
se réunissait au-dessus d’un café de la rue du même nom) comportait u
110
ère. Nous étions une trentaine dans une salle nue
qui
me rappelait mes salles d’écoles primaires. Il y avait là des orthodo
111
let (ancien bénédictin) et le peintre Kowalewski,
qui
deviendra plus tard évêque ; des protestants comme les pasteurs Pierr
112
certain que nous nous sommes connus grâce à Marc,
qui
m’avait d’abord introduit à la revue Plans, puis invité au colloque d
113
chef du groupe Gegner — Les Adversaires —, celui
qui
animera plus tard l’Orchestre rouge et mourra sous la hache des nazis
114
Mounier, Izard, Galey, Touchard et toute l’équipe
qui
a préparé la revue, que nous voulons ouverte à tous les groupes perso
115
inquisiteurs ». Or, il sait bien que Marc et moi,
qui
faisons partie de sa première équipe de rédacteurs, appartenons avant
116
es divergences avec le nietzschéisme antichrétien
qui
anime alors plusieurs des dirigeants de l’Ordre nouveau. Sur ces base
117
s causes du conflit tour à tour déclaré ou latent
qui
ne cessa d’opposer l’ON en tant que groupe et le directeur d’ Esprit
118
on seulement devant Maritain mais devant l’Église
qui
s’inquiète (il a pu craindre, en 1936 précisément, une condamnation d
119
prit en Cour de Rome), quand il écrit à Berdiaev,
qui
fut marxiste, Mounier cède aux clichés communistes sur l’ON, dans le
120
holiques » face aux « trois autres grandes revues
qui
sont de direction communiste », à savoir commune, Europe, et la NRF
121
», à savoir commune, Europe, et la NRF …5 Voilà
qui
eût amusé Paulhan. (Mais après tout, si la NRF est « communiste »,
122
lement notre aîné : il était le seul d’entre nous
qui
ait lu tout Marx et tout Proudhon. Auteur d’une étude profondément or
123
tion nécessaire, un des rares livres de ce siècle
qui
renouvelle la pensée politique6. Bibliothécaire à la Nationale, Dandi
124
remier y retournera comme professeur ; le second,
qui
vient de l’Action française, est alors collaborateur de Dautry à la S
125
u près tous les jours… Du point de vue religieux,
qui
est capital, en dépit de ce que pense un vain peuple d’intellectuels
126
tel point qu’on ne sait pas quel fut l’apport de
qui
dans notre doctrine unanime. Sous l’impulsion de Marc — et c’est typi
127
us répétaient les surréalistes après Lautréamont,
qui
se trompait, ou se moquait simplement. Mais nous savions qu’une socié
128
e je viens de le faire depuis quelques jours — ce
qui
me reste des numéros de L’Ordre nouveau , de 1933 à 1938, et de la c
129
ques-uns de ces thèmes — illustrés de citations —
qui
n’ont fait, depuis ce temps-là, que gagner (si possible) en actualité
130
ve et non native. Elle est le fait de « personnes
qui
ont su trouver en elles-mêmes la force de se libérer des particularis
131
nation dans le mécanisme économico-administratif
qui
n’en devrait être que le soutien. Par là les valeurs spirituelles se
132
le de droit antérieure et supérieure à l’état, et
qui
s’impose à lui » (ON 29, p. 19). Sur ce thème central, quatre grands
133
ctrine personnaliste, mais à la théorie du droit,
qui
se trouve renouvelée par cette application hardie de la « méthode dic
134
té, mais dans la conquête… Le possédant est celui
qui
marque, que ce soit un objet, une terre, ou le cœur d’un être. Ni l’é
135
jours : la transcendance de cet « être vertical »
qui
s’appelle l’homme debout, répond victorieusement à l’« horizontalité
136
torieusement à l’« horizontalité » de l’immanence
qui
voudrait tout ramener au stable, au stagnant, à l’étale. (ON 20) St
137
e l’animal — dans le sens étymologique du terme —
qui
ne lui permettent pas de dominer réellement la situation). Par contre
138
itation : Toute force suppose une direction ; à
qui
la direction du pouvoir social ? À tout le monde, ce qui veut dire à
139
direction du pouvoir social ? À tout le monde, ce
qui
veut dire à personne… : de sorte que l’ordre dans l’être collectif, c
140
eu de ce contact direct avec la chair et la terre
qui
est nécessaire à l’homme. (ON 15) (On sait que l’argument « trop pet
141
C’est la patrie concrète, c’est-à-dire la région
qui
est l’élément constitutif et le fondement réel de notre fédéralisme…
142
ndance absolue… Tous les mouvements régionalistes
qui
n’adhèrent pas à la Révolution échouent complètement ou, pis encore,
143
e la différenciation, d’adhésion ou de sécession,
qui
se poseront dans la perspective de notre communalisme intégral… L’ex
144
Enfin, voici en quelques lignes un condensé de ce
qui
sera, dans les années septante, le programme des fédéralistes europée
145
patrice de la pensée de Marc dans les années 1930
qui
me frappe à la relecture, c’est aussi le fait que Marc soit venu à l’
146
synthèse culturelle, de la vocation mondialisante
qui
fut la sienne dans ses plus hauts moments, et des menaces de colonisa
147
lus hauts moments, et des menaces de colonisation
qui
pèsent aujourd’hui sur nos peuples, à l’Ouest comme à l’Est. Mais on
148
a vocation personnelle, d’une attitude de l’homme
qui
assume et transforme en création le conflit permanent entre le partic
149
le mondial, l’individuel et l’universel, conflit
qui
l’incite à créer de proche en proche des relations sociales et des co
150
te illustration du texte capital cité plus haut9,
qui
concluait qu’une situation n’a de sens humain qu’en fonction de l’att
151
udrais dédier cette citation aux ouvriers de Lip,
qui
poursuivent leur lutte, pendant que j’écris ceci, dans la pure tradit
152
Quelques-unes des choses curieuses
qui
me sont arrivées (1974)m Deux téléphones Octobre 1930 Je viens de
153
ivain. L’ennui, c’est que je n’y connais personne
qui
touche de près ou de loin à la vie littéraire et à l’édition. Seul es
154
porte : le téléphone sonnait. C’est un ami suisse
qui
vient de quitter l’Office of War Information, pour prendre un poste à
155
nglais — speaker n’étant employé qu’en français —
qui
allaient devenir mes collaborateurs quotidiens. André Breton, Amédée
156
nde. Et de là datent quelques-unes des rencontres
qui
ont le mieux fécondé mon aventure personnelle, vécue bien plus encore
157
et je venais de raconter comment parfois j’ai su
qui
m’attendait à la lisière de cette forêt tel soir d’été, quel sujet d’
158
st pas encore convaincu. Il prétend que je savais
qui
allait m’écrire, et que j’avais d’assez bonnes chances de deviner jus
159
mégarde sur un petit fait indifférent en soi, et
qui
n’est pas encore « arrivé » dans le temps. Les trois lettres sont tim
160
née, une à Neuchâtel à sept heures du soir. Celle
qui
est bordée de noir est d’un ami ainé, Robert de Traz, qui mentionne e
161
bordée de noir est d’un ami ainé, Robert de Traz,
qui
mentionne en passant la mort de sa belle-mère, survenue il y a quelqu
162
quart du livre. Je n’ai pas adressé un mot à âme
qui
vive (mangé dans des cafétérias où il suffit de désigner du doigt le
163
. Cet incident ne me rappelle pas seulement celui
qui
a marqué ma naissance, mais une soirée où nous fûmes « visités » dans
164
tique ? » Réponse : « C’est un petit jardin fermé
qui
s’ouvrira à Pâques. » (On sait que le hortus clausus est un symbole f
165
hénan notamment.) Mais c’est le troisième échange
qui
m’amène à rappeler ici cette soirée mémorable. L’un de nous avait écr
166
nt Denis de, « Quelques-unes des choses curieuses
qui
me sont arrivées », Gymnase cantonal de Neuchâtel : 1873-1973, Neuchâ
167
« Restons modestes ! La Suisse est un petit pays
qui
doit savoir se tenir à sa place. En proposant de grandes idées pour l
168
on de la justesse d’une idée à la taille de celui
qui
l’énonce ; et que l’importance ou la grandeur d’une vocation communau
169
onction du territoire occupé par le groupe humain
qui
en est le porteur. Les Suisses sont les dépositaires d’une grande id
170
tten, Orte, universitates dans le texte original)
qui
n’étaient nullement des États et ne se prétendaient nullement souvera
171
souveraines, mais voulaient rester autonomes, ce
qui
est tout à fait différent. La Suisse est née de la fédération tout em
172
États, de démocraties directes et d’oligarchies,
qui
n’avaient guère en commun que l’essentiel : la volonté de rester libr
173
des plus simples : les communautés de tous ordres
qui
ont peu à peu formé la fédération suisse ont été motivées par la doub
174
onfédération…) Or c’est exactement cette solution
qui
serait susceptible de résoudre les principales difficultés de la soci
175
ion fédéraliste des pouvoirs de décision. Blocage
qui
explique seul, sans la justifier, la plainte des politiciens et polit
176
ifier, la plainte des politiciens et politologues
qui
annoncent régulièrement « la fin du fédéralisme » dès qu’une tâche no
177
! Deuxième erreur. Mais s’il existe des tâches
qui
débordent la capacité communale et appellent le canton, puis dépassen
178
dération, il en existe aussi, et de plus en plus,
qui
par leurs dimensions (économiques, financières, énergétiques, spatial
179
la Suisse naît du fait qu’à l’instar des nations
qui
l’entourent, elle est de plus en plus tentée de se considérer comme u
180
trait insensible aux réflexes stato-nationalistes
qui
sont communs à ses voisins.) Pour tout dire en une phrase qui rappell
181
muns à ses voisins.) Pour tout dire en une phrase
qui
rappelle la thèse de Trotski contre Staline, le fédéralisme dans un s
182
evient plus important que « bien penser ». De ce
qui
précède, je déduirai maintenant deux séries de conséquences politique
183
1848 le processus fédéraliste fondamental, celui
qui
attribue le pouvoir de décision à la communauté dont les dimensions c
184
éens12 et d’autre part des aménagements régionaux
qui
ne tiennent aucun compte des frontières politiques. Il en va de même
185
réalités écologiques : la pollution industrielle
qui
les met partout en danger ne connaît de frontières ni dans les airs,
186
Comment, dès lors, concevoir un exécutif européen
qui
ne s’appuie pas sur le relai stato-national, mais qui soit capable si
187
ne s’appuie pas sur le relai stato-national, mais
qui
soit capable simultanément de gérer les intérêts communs à l’échelle
188
nts. Ces agences s’occuperont des problèmes réels
qui
se manifestent au niveau des régions : elles pourront notamment mener
189
à l’inverse du système actuel des secrets d’État,
qui
met la science au service des gouvernements et des états-majors. Elle
190
litique européenne, l’établissement des priorités
qui
l’expriment et la juste répartition des ressources communes, les resp
191
’on puisse imaginer aujourd’hui, mais aussi celle
qui
a le plus de chances de se réaliser au cours de la prochaine décennie
192
alistes les plus obtus, au cours de l’an de crise
qui
s’écoule tandis que j’écris. Or, on aura reconnu dans mon esquisse d’
193
torielles subordonnées à la compétence politique,
qui
s’exprime dans la collégialité. Je demeure convaincu que l’expérience
194
onaco (1974)d Parmi nombre de traits originaux
qui
distinguent de tous les autres le prix du Prince Pierre de Monaco, je
195
le concevoir. Ce n’était guère possible à Paris,
qui
a toujours peine à croire qu’au-delà de ses Portes il existe autre ch
196
gloire du petit État dans la culture européenne,
qui
est née de lui. Le petit État présente sur le grand à peu près tous l
197
ine de la culture au sens le plus large du terme (
qui
englobe les sciences exactes, naturelles et humaines, et l’urbanisme,
198
ique, la peinture, les lettres, et la philosophie
qui
oriente les sciences, sont nées de nos cités-États médiévales, renais
199
, Padoue, Tolède, Oxford, le Paris de la Sorbonne
qui
était une commune libre ; la Nuremberg de Dürer ; les villes libres d
200
ds États-nations modernes. En revanche la langue,
qui
est l’âme de toute culture, ne connaît pas les frontières politiques
201
s frontières des quelque vingt-huit États-nations
qui
divisent l’Europe ont en moyenne, quant à leur tracé actuel, un peu m
202
des domaines linguistiques est millénaire ! Voilà
qui
fait sentir à quel point la culture et la politique des États vivent
203
ières des genres, inventions de pédants écolâtres
qui
sévissent parmi nous depuis Boileau. On considère aujourd’hui couramm
204
ge, non pas aux Confessions ni au Contrat social,
qui
ne sont pas « fictions » — du moins l’affirme-t-il… Or, une fois pri
205
u’ils devraient être — et quel beau titre : celui
qui
aime ! — ce qu’ils éprouvent devant une œuvre. La peinture de Théodor
206
. Il n’est donc pas facile d’en parler — et voilà
qui
est devenu plutôt rare aujourd’hui, où tant d’artistes exposent des p
207
peinture à l’auteur d’objets en métal et en verre
qui
n’utilise jamais ni pinceaux ni couleurs. Et cet abstrait se voit déj
208
au, la craie, selon les exigences du rêve continu
qui
se déroule en toute vie d’artiste et qui saisit au vol des surprises
209
continu qui se déroule en toute vie d’artiste et
qui
saisit au vol des surprises de lumière, compose des expressions de la
210
vent, pleines d’allusions sinistres à la bombe H
qui
, paraît-il, ne permet plus de peindre un beau paysage ni les yeux à l
211
lumineuses, des figures désirables, des paysages
qui
se composent, des visages qui nous regardent — apparences ou mirages
212
ables, des paysages qui se composent, des visages
qui
nous regardent — apparences ou mirages aux yeux de la science, appari
213
de pinceau ! — l’envie de participer à ce travail
qui
est, chez l’artiste sensible au spirituel, la vraie part du sacré aut
214
André Malraux, car s’il n’est pas un art au monde
qui
ne soit issu du sacré, il n’en est pas non plus qui ne tire du sacré
215
i ne soit issu du sacré, il n’en est pas non plus
qui
ne tire du sacré sa raison d’être indiscutable, j’entends bien : de n
216
n respect du sens premier, du référentiel absolu,
qui
est le sacré dans son action indéfiniment créatrice, que ne le sont l
217
enise, le futur Jean XXIII, pape de l’œcuménisme,
qui
est la forme sublime du fédéralisme, de l’unité dans la diversité, ho
218
tera jamais assez : ce dont l’Église a besoin, ce
qui
a été consacré en l’an 787 par le IIe concile œcuménique de Nicée, c’
219
es apparences de ce monde — cette transfiguration
qui
se trouve être le nom théologique, le sujet même du chef-d’œuvre à ce
220
r en modèle exemplaire. Une troisième possibilité
qui
serait en somme : la réponse particulière des Européens au défi de la
221
. Il s’agissait de survivre, donc de continuer ce
qui
avait réussi aux plus forts, aux plus féconds, aux plus habiles de se
222
uccès même de l’effort civilisateur de l’Occident
qui
nous force à choisir notre avenir, et par là nous met en demeure de f
223
insiste : ce succès même se traduit par une crise
qui
remet ou met tout en question. ⁂ Choisir librement son avenir veut di
224
nées. Gouverner c’est prévoir, dit l’adage. Mais
qui
prévoit ? Vous lisez tous les jours dans la presse les déclarations l
225
l’avenir prochain, à l’an 2000, au xxie siècle.
Qui
croire ? Des futurologues distingués vous assurent que les réserves e
226
ainsi nos esprits de la seule question sérieuse,
qui
est la suivante : étant donné l’impossibilité manifeste d’accroître i
227
istes, c’est-à-dire des futurologues indépendants
qui
s’efforcent de prendre en compte les dangers écologiques et les risqu
228
pour établir son coût réel, tantôt de promoteurs
qui
n’invoquent que les besoins supposés et les profits escomptés, et pen
229
aîne, des catastrophes en système, ou en boucles,
qui
doivent presque nécessairement résulter non pas des échecs de notre m
230
, mais au contraire de ses succès. Et c’est là ce
qui
doit nous retenir. Je ne vais pas résumer ici le fameux rapport du cl
231
l’explosion démographique, dans les années 1960,
qui
nous a tout d’abord alertés. La publication par les Nations unies de
232
moins peur que celles dont ils ne parlent pas, et
qui
sont liées inexorablement aux succès de la croissance des villes, des
233
ent devenir vraies. Question de calcul. (La pomme
qui
tombe : si rien ne la retient, vous pouvez calculer au millième de se
234
irs, et pour tout dire les mieux payés, sont ceux
qui
nous annoncent encore l’âge d’or pour le siècle qui vient, tel le Hud
235
i nous annoncent encore l’âge d’or pour le siècle
qui
vient, tel le Hudson Institute d’Herman Kahn par exemple, qui n’hésit
236
el le Hudson Institute d’Herman Kahn par exemple,
qui
n’hésite pas à nous promettre un revenu de 20 000 dollars par tête po
237
plus probable au cours des vingt à trente années
qui
viennent. Il s’agit donc de supputer les inventions techniques qui se
238
s’agit donc de supputer les inventions techniques
qui
seront faites dans ce temps, et les conséquences politiques qu’elles
239
de se référer à des finalités humaines ou divines
qui
pourraient seules permettre de récuser les prétendus « impératifs tec
240
responsabilités. Si utiles que puissent être ceux
qui
calculent nos risques et définissent les contraintes que nous devons
241
d’écrire cette épopée, ou cette histoire de fous,
qui
aurait pour titre : L’Autodestruction d’une civilisation. Je ne puis
242
rvit. Ivan Illich a calculé que l’Américain moyen
qui
roule ses 10 000 km par an, doit consacrer pour payer sa voiture, son
243
tre ou cinq émirs et dictateurs du Proche-Orient,
qui
ne savent où les investir, et qui pourraient, selon les déclarations
244
Proche-Orient, qui ne savent où les investir, et
qui
pourraient, selon les déclarations récentes du petit-fils de Henry Fo
245
e et l’économie tout entière suspendues à l’auto,
qui
est elle-même suspendue aux ressources de pétrole, qui dépendent de l
246
st elle-même suspendue aux ressources de pétrole,
qui
dépendent de la politique des Arabes, laquelle est déterminée par l’e
247
laquelle est déterminée par l’existence d’Israël,
qui
a été rendue possible et nécessaire par les camps de la mort et de la
248
on déroulement — ou alors un homme très sensible,
qui
au premier contact avec la première auto, eût refusé d’instinct ce br
249
ent « inattendues », aberrantes, erronées, — mais
qui
hélas ont fait notre histoire ! Herman Kahn vient d’avouer qu’à ses y
250
onalisme de bêtes à cornes », et l’antisémitisme,
qui
se manifestent déjà en Allemagne, et dont il annonce le sinistre avèn
251
’ailleurs le succès des grands dictateurs, succès
qui
leur paraît inévitable — pour un temps —, du seul fait que les dictat
252
ament qu’ils apportent une réponse au grand appel
qui
monte de leur peuple vers une communauté nouvelle. Cette réponse est
253
gestion de notre terre et de ses ressources. Mais
qui
était le Gérant responsable ? La réponse est dangereusement simple. L
254
toute la terre, au xxe siècle. Ce sont eux seuls
qui
ont prétendu gérer la terre. Qui s’en sont octroyé le droit souverain
255
e sont eux seuls qui ont prétendu gérer la terre.
Qui
s’en sont octroyé le droit souverain. Eux seuls qui en avaient les mo
256
i s’en sont octroyé le droit souverain. Eux seuls
qui
en avaient les moyens. Et vous voyez ce qu’ils en ont fait. Ils ont g
257
que je voudrais appeler Prestige National Brutal)
qui
ramène tout à l’État-nation et rien à l’homme, — chef-d’œuvre inégalé
258
inégalé de bêtise codée. Au principe de la crise
qui
résulte de cette mauvaise gestion de la terre, nous tenons donc un re
259
oyons dans quelle direction il faut aller : celle
qui
nous permettra de refaire une communauté, des communautés, au-delà de
260
haos ? Une anarchie ? C’est ce que me disent ceux
qui
se croient « réalistes ». Et même certains autres, comme Malraux, leq
261
nd on le veut, et de poser ou de casser les lois.
Qui
a encore ce droit ? La guerre de Suez en 1956 a permis d’en mesurer l
262
, à définir, ne seront pas des mini-États-nations
qui
reproduiraient en pire les prétentions absurdes des grandes : souvera
263
urope créatrice a toujours cultivé la complexité,
qui
rend justice aux caractères spécifiques de nos peuples et, plus encor
264
aire une montée puissante de l’idée de région. Ce
qui
est en crise c’est l’État-nation napoléonien qui s’oppose aux régions
265
qui est en crise c’est l’État-nation napoléonien
qui
s’oppose aux régions et propose contre elles sa « régionalisation » a
266
s il y a toutes les régions « transfrontalières »
qui
se situent pour la plupart sur l’axe rhénan, ou rhodanien. Ça commenc
267
ommuns, les mêmes des deux côtés de la frontière,
qui
ne peuvent être résolus d’un seul côté. Le Marché commun en 1960-1961
268
vous avez par exemple les Basques et les Catalans
qui
sont, eux, à la fois dans des régions ethniques et transfrontalières.
269
-il un lien naturel entre la Provence et les gens
qui
habitent du côté du Centre ? On dit absolument n’importe quoi pour le
270
rmule de l’État-nation, à souveraineté illimitée,
qui
s’opposerait toujours à la création d’une Europe unie. D’autre part,
271
les, ou créées par l’économie et par des réalités
qui
ne tiennent pas compte des frontières. À mesure que les frontières se
272
fet deux types de régions : les régions ethniques
qui
sont les plus visibles, et les plus brillantes, et à mon sens peut-êt
273
ens peut-être les moins sérieuses, et les régions
qui
sont définies par un certain nombre de facteurs à la fois ethniques,
274
ne peut pas bâtir des régions sur un seul facteur
qui
serait la langue par exemple : les Bretons réclament une région Breta
275
dans une partie du pays, le reste c’est le gallo
qui
va jusqu’à Rennes et jusqu’à Nantes, villes qui sont indispensables,
276
o qui va jusqu’à Rennes et jusqu’à Nantes, villes
qui
sont indispensables, du point de vue économique, à la vie de cette ré
277
ombe dans toutes les équivoques de l’État-nation,
qui
consiste (pour le dire en termes rapides) à vouloir imposer une même
278
vouloir imposer une même frontière à des réalités
qui
n’ont rien à voir ensemble, comme la langue, l’économie, ce qu’il y a
279
loppements récents de la technique, toutes choses
qui
n’ont aucune probabilité de coïncider dans l’espace. Ça c’est la form
280
ogènes, hétéroclites. J’ai très peur que des gens
qui
voudraient ressusciter les anciennes provinces essaient de les faire
281
ns ce « lit de Procuste » d’une frontière commune
qui
serait un mini-État-nation. Ce qu’il nous faut éviter à tout prix. Je
282
avenir ; que la plupart des régions intéressantes
qui
sont en train de prendre forme en Europe sont transnationales, donc p
283
ières. Il y a là toute une problématique nouvelle
qui
est loin d’être passéiste, qui est progressiste, futuriste. Une remar
284
lématique nouvelle qui est loin d’être passéiste,
qui
est progressiste, futuriste. Une remarque sur laquelle je voudrais in
285
s a appelées « des cicatrices de l’histoire », ce
qui
était assez joli. Le professeur Ancel, de la Sorbonne, dit : « ce son
286
artie réalisé pour le quart de l’Europe, à l’est,
qui
est satellisé par les Russes, et c’est réalisé en bonne partie par l’
287
ne partie par l’économie de nos États de l’Ouest,
qui
est envahie par les Américains qui rachètent des dizaines d’entrepris
288
ts de l’Ouest, qui est envahie par les Américains
qui
rachètent des dizaines d’entreprises tous les jours. Les chiffres son
289
rs que jamais : c’est la formule de l’État-nation
qui
prétend à une souveraineté absolue, quoique perdue depuis longtemps e
290
sur le mythe de la souveraineté nationale, mythe
qui
a explosé lors de la guerre de Suez par exemple. Vous savez que la dé
291
pas de temps et d’énergie à renverser des choses
qui
n’existent plus, qui sont des symboles, des mythes d’un passé révolu
292
ergie à renverser des choses qui n’existent plus,
qui
sont des symboles, des mythes d’un passé révolu et que nous commencio
293
timent des jeunes, de même que ce sont les jeunes
qui
sont responsables de la montée de l’idée de région. L’ambiguïté du
294
t pas dans votre esprit, mais dans celui des gens
qui
l’ont mise en circulation, l’erreur fondamentale de ce que l’on appel
295
lle a d’une région. Des possibilités de solutions
qui
pourraient être données sur une base autonome, autogérée, et à partir
296
ue ça veut dire ? Quand je pousse un peu les gens
qui
défendent ce point de vue, ils finissent par me dire « il faut qu’une
297
uel Land ? » Par exemple avec le Land de Bavière,
qui
a 12 millions d’habitants et 71 000 km2, la Rhénanie-Westphalie qui a
298
d’habitants et 71 000 km2, la Rhénanie-Westphalie
qui
a 19 millions d’habitants, ou avec le Land de Hamburg qui n’a guère p
299
millions d’habitants, ou avec le Land de Hamburg
qui
n’a guère plus d’un et demi-million d’habitants et 740 km2 ? Mais en
300
0 km2 ? Mais en France, comment, en partant de ce
qui
existe, pouvons-nous créer et animer des régions ? Je pense qu’il fau
301
a réalité, et non une finalité. Ce n’est pas cela
qui
meut les gens, qui les motive : faire une chose petite ! Ce qui les m
302
ne finalité. Ce n’est pas cela qui meut les gens,
qui
les motive : faire une chose petite ! Ce qui les motive, c’est deux c
303
ens, qui les motive : faire une chose petite ! Ce
qui
les motive, c’est deux choses : la prospérité, et pas seulement quant
304
chniques, économiques, avec ordinateur à l’appui,
qui
interdit l’idée de faire de l’avenir notre affaire. Alors, cela c’est
305
rtes de troubles mentaux, et à un grand désespoir
qui
pousse les jeunes gens à se jeter dans les minorités vociférantes au
306
le signe, ou dans cette « majorité silencieuse »,
qui
est une sorte d’imbécilité civique, de désertion. Discours ou indiffé
307
é civique, de désertion. Discours ou indifférence
qui
sont aussi morbides l’un que l’autre. Contre cela il faut recréer des
308
u évident que l’État est plus fort que les hommes
qui
croient s’en emparer. Il les digère, il les phagocyte, quelle que soi
309
s aborder maintenant une autre « internationale »
qui
semble remettre en cause les États-nations, celle des sociétés multin
310
’industrie et du commerce conduise à des sociétés
qui
ne tiennent plus compte des frontières. Dès qu’on prononce ce terme d
311
on provoque aujourd’hui des jugements stéréotypés
qui
ne vont pas du tout dans la réalité de la chose : « société multinati
312
érents de sociétés multinationales. Il y a celles
qui
sont axées sur la puissance, qui réunissent le plus grand nombre poss
313
s. Il y a celles qui sont axées sur la puissance,
qui
réunissent le plus grand nombre possible de productions différentes,
314
nd nombre possible de productions différentes, et
qui
envahissent certains pays ou tout un continent. Ayant pour but le pro
315
traire à leurs intérêts, [elles] le renversent ce
qui
revient au même. Disons qu’il n’y a pas seulement des sociétés améric
316
beaucoup de sociétés multinationales européennes
qui
jouent ce rôle-là, par exemple : les pétroliers, et ça embarrasse bea
317
sse beaucoup de gens. Mais il existe des sociétés
qui
ont un tout autre mode de développement, qui s’adaptent au pays dans
318
étés qui ont un tout autre mode de développement,
qui
s’adaptent au pays dans lequel elles s’installent et qui sont obligée
319
daptent au pays dans lequel elles s’installent et
qui
sont obligées par la nature même de leurs activités économiques de s’
320
à caractère de développement ? Une multinationale
qui
travaille par exemple dans le lait, l’alimentation et les produits an
321
rai colonisateur, il s’agit de trouver un pouvoir
qui
pourrait les freiner, les forcer à s’intégrer ou à respecter des comm
322
t deux : le premier serait un pouvoir continental
qui
serait bien supérieur à celui des États-nations, et l’autre serait le
323
consultées et pourraient dire : « voilà une chose
qui
ne cadre absolument pas avec nos coutumes, qui est destructrice de l’
324
se qui ne cadre absolument pas avec nos coutumes,
qui
est destructrice de l’environnement, qui est trop grande pour nous, q
325
outumes, qui est destructrice de l’environnement,
qui
est trop grande pour nous, qui n’est pas adaptée à nos traditions, ou
326
e l’environnement, qui est trop grande pour nous,
qui
n’est pas adaptée à nos traditions, ou qui démoralise et dégrade notr
327
nous, qui n’est pas adaptée à nos traditions, ou
qui
démoralise et dégrade notre population, par exemple en l’appâtant par
328
ppâtant par des salaires trop forts pour des gens
qui
ne sont pas doués pour le genre de travail offert ». À travailler en
329
r des régions, on pointe vers une même résultante
qui
est l’autogestion. L’autogestion à tous les degrés et dans tous les s
330
Notez cependant que le danger des multinationales
qui
fascine actuellement l’attention de la presse, des partis, de l’opini
331
ionales, en France ou en Allemagne, ou en Italie,
qui
se conduisent vis-à-vis de telle ou telle région exactement de la mêm
332
ltinationales vis-à-vis de telle ou telle nation,
qui
sont en train de détruire sans scrupules les équilibres écologiques o
333
us avez des phénomènes de colonisation intérieure
qui
sont exactement comparables à ceux que l’on reproche aux multinationa
334
ons dans lesquelles elles viennent s’implanter et
qui
n’y cherchent que leur profit. Ce que je dis là ne vise pas à exonére
335
r la méfiance à l’égard des trop grandes sociétés
qui
ne rencontrent jamais le barrage d’un pouvoir régional quelconque, d’
336
te pas tellement sur le mot « pouvoir régional »,
qui
évoquerait trop une délégation du pouvoir central dans une région, ma
337
faite allusion au célèbre rapport du club de Rome
qui
m’a fait très forte impression quand j’en ai eu connaissance, sous la
338
apport confidentiel adressé au Congrès américain,
qui
donnait l’essentiel de ce qui est devenu plus tard le rapport sur le
339
Congrès américain, qui donnait l’essentiel de ce
qui
est devenu plus tard le rapport sur le club de Rome signé par les Mea
340
savoir qu’il y a deux sens au mot « croissance »,
qui
sont absolument différents — je dirais presque antinomiques — en tous
341
as de question : petit enfant deviendra grand, ce
qui
commence par un germe invisible s’épanouira un jour en arbre, en élép
342
vant est autoréglée : c’est la même loi de la vie
qui
fait qu’une plante ou un corps animal grandit, s’épanouit, se stabili
343
s croissances également régulées par un programme
qui
est dans les chaînes de chromosomes et dans les gènes. La croissance
344
e. Rien de pareil dans la croissance industrielle
qui
augmente indéfiniment, mécaniquement, tant qu’elle ne bute pas sur un
345
n obstacle extérieur ; elle n’a rien en elle-même
qui
la règle. Elle peut conduire à toutes les monstruosités, à toutes les
346
aussi brutal, aussi justement pensé et conçu, et
qui
ait eu un impact comparable sur une société humaine. J’ai eu de vives
347
jamais fait le calcul à quoi mène une croissance
qui
double tous les sept ans ? Savez-vous par combien il faut la multipli
348
x-huit ans ? Il faut la multiplier par 16 384, ce
qui
est dément : on ne peut transformer toute la substance de la terre en
349
out de suite. Il me paraît essentiel pour tout ce
qui
touche les régions, de nous rendre compte que la croissance industrie
350
par tête d’habitant n’est pas une mesure humaine
qui
puisse diriger une politique, il faut absolument abandonner ça, et no
351
onal. Ça évite les monopoles des États, monopoles
qui
visent uniquement la puissance, non pas le bien des gens ni le bien d
352
si l’on veut passer à une croissance autoréglée —
qui
est la croissance normale, biologique — c’est par le moyen des petite
353
l’argent. Je le vois chez beaucoup de jeunes gens
qui
me disent : « moi, je ne veux pas gagner de l’argent je veux faire qu
354
as gagner de l’argent je veux faire quelque chose
qui
m’intéresse ». Peut-on donner le pas au désir de participation sur le
355
des faubourgs, des banlieues. Des agglomérations
qui
n’ont plus de centre, qui n’ont plus de rues où les gens puissent se
356
ues. Des agglomérations qui n’ont plus de centre,
qui
n’ont plus de rues où les gens puissent se rencontrer, depuis que les
357
. On arrive à cette grande angoisse communautaire
qui
est absolument inconsciente chez l’homme, chez la grande majorité des
358
l’homme, chez la grande majorité des hommes, mais
qui
fait qu’aussitôt que quelqu’un prétend leur apporter une réponse, ils
359
te quoi, des associations, des paroisses, tout ce
qui
peut rassembler des hommes autour d’une idée et d’une chose qui ait u
360
mbler des hommes autour d’une idée et d’une chose
qui
ait une valeur affective, une valeur concrète et quotidienne. C’est c
361
e, une valeur concrète et quotidienne. C’est cela
qui
est important, partir d’en bas… Mais les gens ont changé, ont quitté
362
quitté leur région, quitté leur ville… En Suisse,
qui
donne toujours l’idée d’une grande stabilité, vue de l’extérieur, en
363
ur, en Suisse il n’y a plus qu’un homme sur trois
qui
habite dans sa commune d’origine. Presque tous sont déplacés. Prenez
364
st entièrement nouvelle, et les Suisses allemands
qui
viennent à Genève, qui votaient à 80 % chez eux dans certains cantons
365
, et les Suisses allemands qui viennent à Genève,
qui
votaient à 80 % chez eux dans certains cantons, au bout d’une générat
366
nante urbaine, caractérisée par l’« atomisation »
qui
conduit toujours à la tyrannie. Car c’est avec la poussière des indiv
367
bitants, une partie émigrerait (10 000 personnes,
qui
allaient faire une colonie ailleurs, laquelle colonie bien sûr rester
368
a polis n’a jamais dépassé 100 000 habitants — ce
qui
était considéré comme la limite extrême pour que les gens restent enc
369
s énormes villes. Il y a une ville aux États-Unis
qui
va de Boston à Washington. On ne peut pas la détruire, personne n’aur
370
ertaines destructions. On peut recréer des places
qui
ne soient pas des parkings, on peut interdire les rues aux voitures,
371
des villes en étoile avec de très larges avenues
qui
servent au défilé des troupes, elles peuvent aussi être balayées par
372
quer des petits soldats, des sujets bien alignés,
qui
n’ont plus aucune espèce de résistance, qui ne se sentent plus respon
373
gnés, qui n’ont plus aucune espèce de résistance,
qui
ne se sentent plus responsables de rien dans la cité. Ce qui se fait
374
entent plus responsables de rien dans la cité. Ce
qui
se fait est fait par les autres (« Ils », l’État). On les subit. Tout
375
d’identité, un producteur-consommateur docile, et
qui
n’existe pour l’État que sous la forme d’un dossier électronique. Que
376
out à fait aux besoins de l’économie industrielle
qui
, par une intégration très poussée et une concentration de moyens et d
377
On peut presque dire que c’est la loi économique
qui
a fait que ces villes se sont agrandies démesurément et que notre éco
378
se pourrait bien que l’on arrive à des désastres,
qui
sont calculables d’ores et déjà. « L’avenir est notre affaire »
379
t global, général : responsabilités. C’est le mot
qui
est antinomique d’« irresponsabilité » générale de l’homme perdu dans
380
si l’on est de gauche ou de droite. La politique
qui
doit être à la base de la région, doit être la politique d’autogestio
381
tre la politique d’autogestion de la commune — ce
qui
n’existe pas non plus (pas de ressources financières propres, etc.).
382
re des entreprises. Il y a beaucoup d’expériences
qui
ont été faites, allant plus ou moins de la cogestion à l’autogestion,
383
ion des tâches et de la dimension des communautés
qui
sont amenées à prendre des décisions. C’est cela le fédéralisme : que
384
au, ce qu’il est capable de faire et que, pour ce
qui
dépasse son niveau, il s’unisse à d’autres. Qu’il ne se fédère que po
385
puissance telle que l’État-nation, une puissance
qui
sert à faire n’importe quoi, surtout la guerre. Qu’il se fédère pour
386
é. Voilà au fond ce que j’appelle fédéralisme, et
qui
résume toute ma doctrine : situer l’homme au centre de la société.
387
Surréalisme : un jeu
qui
dure depuis 50 ans (7-8 septembre 1974)i j En août 1940, Denis de
388
partie de ce groupe, ni partagé son idéologie, ce
qui
m’a évité d’être excommunié tôt ou tard. C’était entre nous, à New Yo
389
rimentation du psychisme, de la surréalité, de ce
qui
dépasse le monde de la conscience rationnelle. Quelles sortes de jeux
390
eu dans ma maison de Ferney. Un soir, la personne
qui
jouait avec moi avait écrit : « Qu’arriverait-il si le diable entrait
391
crit à New York. Il se demandait comment un homme
qui
croit en Dieu pouvait avoir des relations avec la magie. Car c’est un
392
des femmes présentes. Chaque fois, j’ai deviné à
qui
était l’objet. Breton était comme « transfixé » par ce genre de chose
393
genre de choses. Vous vous souveniez des femmes à
qui
appartenaient ces objets ? Absolument pas. On me plaçait quelque chos
394
Y avait-il d’autres jeux ? Oui, par exemple celui
qui
consiste à qualifier chacune des personnes présentes, sans réfléchir,
395
e sacré, il y a toute une littérature là-dessus —
qui
avait joué un certain rôle dans ma vie. Nous avions lancé 21 invitati
396
publier un article sur l’ethnographe Malinowski,
qui
critiquait Freud. Fureur jupitérienne de Breton, qui expulsa le perso
397
critiquait Freud. Fureur jupitérienne de Breton,
qui
expulsa le personnage sur l’heure : « Sortez ! tonna-t-il. Et je me r
398
lui. Il a passé toute sa vie à une religion [sic]
qui
n’aurait pas été le christianisme et dont il aurait été un des grands
399
mont Denis de, « [Entretien] Surréalisme : un jeu
qui
dure depuis cinquante ans », 24 Heures, Lausanne, 7–8 septembre 1974,
400
publication du Manifeste d’André Breton, en 1924,
qui
proclamait : “la toute-puissance du rêve, le jeu désintéressé de la p
401
amp et leurs amis. D’une conversation enregistrée
qui
s’est poursuivie une soirée entière, nous avons extrait les passages
402
e soirée entière, nous avons extrait les passages
qui
se rapportent à l’une des activités du groupe : le jeu. Concernant ce
403
ulpabilité (1975)p Au premier rang des peuples
qui
se disent heureux, selon les sondages d’opinion, les Suisses n’en son
404
fs spécifiques de ce comportement paradoxal (mais
qui
est en somme celui des riches et de l’Occident en général), il m’a se
405
re sport national, et je ne vois pas d’autre pays
qui
puisse nous battre sur ce terrain-là. (C’est le seul record qui nous
406
s battre sur ce terrain-là. (C’est le seul record
qui
nous reste, d’ailleurs.) Il paraîtrait que les Suisses ne cessent de
407
u cette fameuse phrase que dans la bouche de ceux
qui
la raillaient, et je ne l’ai jamais lue que sous la plume de Suisses
408
e ne l’ai jamais lue que sous la plume de Suisses
qui
affirmaient que les autres suisses pensent ainsi et qu’ils ont tort.
409
é nationale ou à la simple et naïve complaisance,
qui
frappe l’observateur de ce pays. Quand un homme d’État français dit d
410
une œuvre, d’un produit, d’une doctrine : « Voilà
qui
est bien français ! » on entend : Voilà qui est excellent, typique du
411
Voilà qui est bien français ! » on entend : Voilà
qui
est excellent, typique du premier pays du monde, et bien digne d’être
412
ntellectuel français approuve en principe tout ce
qui
est français, sauf le régime au pouvoir (quel qu’il soit). L’intellec
413
er dans un épais matérialisme, et dans un égoïsme
qui
dément leurs grands idéaux officiels ? Cette réaction fondamentale —
414
er avec un sentiment diffus, presque inconscient,
qui
tourmente la Suisse du xxe siècle : une sorte de complexe de culpabi
415
utres ! », déclaraient fièrement nos publicistes,
qui
surcompensaient le reproche qu’ils devinaient chez le voisin français
416
nt le malade, du riche devant le pauvre, de celui
qui
échappe à l’Histoire devant celui qui la subit. Pendant l’entre-deux-
417
e, de celui qui échappe à l’Histoire devant celui
qui
la subit. Pendant l’entre-deux-guerres, en 1936, Karl Barth interrogé
418
sont, par nature, des pharisiens de la politique,
qui
remercient Dieu de ce qu’ils ne sont pas comme les autres. Le Suisse
419
isse vit de compromis. Le Suisse est un bourgeois
qui
place au premier rang de ses préoccupations son repos et sa sécurité.
420
s la conscience nationale que le jugement de Dieu
qui
pèse sur le monde nous devient clair. Ceci ne nous dispense nullement
421
a neutralité ne pourrait être péché que chez ceux
qui
s’en font une vertu, mais pas en soi. Elle est une mesure politique —
422
e (ou contenu) que sur les mérites moraux de ceux
qui
ont à le résoudre, ou qui l’auraient déjà tranché à leur manière. Que
423
mérites moraux de ceux qui ont à le résoudre, ou
qui
l’auraient déjà tranché à leur manière. Que la critique de l’utilitar
424
nce. « Quels problèmes ? », me demande l’Européen
qui
venait admirer notre libre Helvétie et qui est un peu déconcerté… Eh
425
ropéen qui venait admirer notre libre Helvétie et
qui
est un peu déconcerté… Eh bien, lisez nos quotidiens : on y parle à l
426
ysages, de la laideur des petites maisons neuves,
qui
poussent partout sans le moindre plan, ou de beaucoup de grands ensem
427
, ou de beaucoup de grands ensembles à bon marché
qui
détruisent le plaisir de vivre, de l’insuffisante éducation de base e
428
ce qu’il y aura une place pour nous dans le monde
qui
vient ? Satiriques, vengeurs ou navrés, les sermons que j’ai cités ne
429
l faudrait leur montrer des horizons plus vastes,
qui
soient les leurs. Mieux vaudrait donc, me semble-t-il, proposer que l
430
ce de l’avenir qu’elle représente pour une Europe
qui
n’en sait rien encore ! Je ne conçois pas d’autre remède à ses névros
431
sa pire tentation et vraiment son péché virtuel —
qui
est la peur d’assumer sa vocation. 16. Karl Barth : Gottes Gnadenwa
432
premier mouvement a été de recul devant un sujet
qui
me paraissait appeler la compétence de l’économiste que je ne suis pa
433
dustrielle, que veut-on dire ? Je vois d’abord ce
qui
est exclu : une société dans laquelle il n’y aurait plus d’industrie,
434
été dans laquelle il n’y aurait plus d’industrie,
qui
arrêterait les machines et cesserait toute recherche technologique, p
435
velle hiérarchie des valeurs, par rapport à celle
qui
a caractérisé la société industrielle née en Europe au xixe siècle,
436
té industrielle née en Europe au xixe siècle, et
qui
s’est épanouie au xxe jusqu’à Los Angeles et Vladivostok, jusqu’à To
437
e société post-industrielle sera donc une société
qui
adopte et promeut des valeurs tout à fait différentes de celles qu’im
438
lités, nos attitudes et nos manières d’évaluer ce
qui
compte le plus dans la vie. II La société industrielle reposait
439
reposait sur un certain nombre de « principes »,
qui
allaient de soi, n’étaient pas discutés ni discutables, mais que la c
440
, sans autre mesure que numérique, une croissance
qui
n’avait donc rien de commun, sauf le nom, avec la croissance vivante
441
, des animaux et de l’individu humain, croissance
qui
, elle, comporte son programme génétique, ses propres lois d’épanouiss
442
torégulation, l’accroissement indéfini de tout ce
qui
peut être mesuré, pesé et compté, et de cela seul. Ce que nous pouvon
443
on et de dire que, dorénavant, c’est l’automobile
qui
doit s’adapter à Paris — c’est-à-dire l’industrie à l’homme. Le passa
444
ncore beaucoup trop de la mentalité industrielle,
qui
oppose radicalement travail et absence de travail, sans analyser ni l
445
ntraintes de la matière et la liberté de l’esprit
qui
la façonne, dans le temps plein, la plénitude manifestée des facultés
446
comme une peste, écrit-il, à cause de son vacarme
qui
effrayait les chevaux. » Elle restera longtemps unique. Certes, plusi
447
ique allemand, écrit en 1880 : « Automobile : nom
qui
a quelquefois été donné à de curieux véhicules mus par un moteur à ex
448
anisme naïf et le soutien de la morale utilitaire
qui
règne sans problème sur les États-Unis depuis l’époque de Benjamin Fr
449
rude, il cache une stupéfiante insensibilité. Ce
qui
ne l’empêche pas du tout de désirer très sincèrement faire du bien à
450
n midi, le ciel de nos grandes villes. Mais voici
qui
est encore plus fou : elle jette l’économie de nos démocraties occide
451
de droit divin, avec des conséquences politiques
qui
relèvent du carambolage non calculé et peuvent à tout instant devenir
452
ris, permet de faire du quatre ou cinq à l’heure,
qui
est la vitesse d’un piéton peu pressé, et par l’embouteillage crée l’
453
on. » L’aventure de l’Auto est bouclée. Le besoin
qui
n’existait pas est devenu prioritaire. L’Américain moyen — et nous do
454
s’en tenir au mode de vie instauré par l’Auto, et
qui
favorise les ventes. V Vous me pardonnerez, je l’espère, de m’ê
455
donc maintenant d’inverser la plupart des valeurs
qui
ont assuré le succès d’Henry Ford. Partant de l’idée que les solution
456
e l’empire des besoins, parce que c’est le besoin
qui
soumet l’homme aux forces matérielles, aux « impératifs techniques »,
457
es Américains. Il nous faut un nouveau marketing,
qui
analyse les besoins réels, et non les possibilités de vendre plus. L’
458
cher, lançait il y a deux ou trois ans, un slogan
qui
est en train de faire fortune : Small is beautiful. Non que la petite
459
bombe H, ne faut-il pas réduire la taille de ceux
qui
seraient tentés de s’en servir ? Si la guerre est le pire désastre qu
460
e s’en servir ? Si la guerre est le pire désastre
qui
menace aujourd’hui le genre humain, n’est-il pas urgent et vital de s
461
J’aurais dû vous parler de la technologie douce,
qui
, dans la nouvelle société, doit remplacer nos techniques dures et pol
462
plus à refuser de prendre parti dans les guerres
qui
opposent nos voisins. Au-delà de cette fonction traditionnelle défini
463
tembre 1946, le philosophe allemand Karl Jaspers (
qui
enseigne alors à l’Université de Bâle) exprime avec force ce point de
464
té d’une idée ne dépend pas de la taille de celui
qui
la formule, et que les « petits pays » — voyez les statistiques — ont
465
ns de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’illusion
qui
permettait de parler encore de « grandes puissances » à propos de nos
466
especter au plus près les diversités foisonnantes
qui
font la richesse du pays. Mais dans un temps de crise comme celui qui
467
du pays. Mais dans un temps de crise comme celui
qui
s’est instauré dès l’automne de 1973, la neutralité, qui était une fo
468
st instauré dès l’automne de 1973, la neutralité,
qui
était une forme de sagesse apaisante, devient une source de controver
469
le fédéralisme de formule suisse est la solution
qui
s’impose si l’on veut vraiment « faire l’Europe », c’est-à-dire non p
470
lisme n’est guère mieux compris par les Suisses —
qui
s’en réclament — que par les autres peuples de l’Europe — qui ne voie
471
lament — que par les autres peuples de l’Europe —
qui
ne voient pas bien ce qu’ils pourraient en faire. Dans la partie roma
472
le sens et la fonction du vrai fédéralisme, celui
qui
a fait la Suisse à partir des communes médiévales, forestières, agric
473
selon la taille des groupes sociaux et politiques
qui
peuvent s’en charger, d’autre part. À la commune, les chemins vicinau
474
pouvait encore la définir. Les problèmes concrets
qui
se posent à la Suisse actuelle dans les domaines les plus divers, tel
475
nt, obligent à penser que la formule de bon sens,
qui
est celle du fédéralisme helvétique, ne saurait arrêter ses effets au
476
serait seule capable de faire face aux problèmes
qui
se posent à l’échelle mondiale — énergie, pollution, famine, paix. C’
477
à la différence, précisément, du Conseil fédéral,
qui
est composé de manière à pouvoir traiter dans l’intérêt commun les pr
478
uvoir traiter dans l’intérêt commun les problèmes
qui
se posent au niveau de la Confédération. La difficulté, avec le fédér
479
urs à son sujet. C’est l’École, une fois de plus,
qui
a répandu ces erreurs. On nous a fait apprendre qu’à l’origine, la Su
480
ur autonomie et leur différence. L’une des choses
qui
sont le plus clairement soulignées, dans le pacte du Grütli, c’est la
481
sse a changé, sous l’influence des États voisins,
qui
étaient tous en train de s’unifier. Certains achevaient leur unité et
482
partiellement subi le courant régnant en Europe,
qui
était celui de la centralisation et de la création des grands États-n
483
, la Suisse a toujours été à contre-courant de ce
qui
se passait dans le reste de l’Europe. Elle est née de l’esprit des co
484
ropéens, et la Suisse se trouve être le seul pays
qui
ait traversé à peu près indemne la période des grands États-nations.
485
e suis frappé de constater que la plupart de ceux
qui
se disent fédéralistes sont en réalité des nationalistes cantonaux. S
486
autonomie à la base, cette autonomie des communes
qui
devient, à l’échelle européenne, l’autonomie des régions, dans les pa
487
t non du xixe . Il me semble qu’aujourd’hui, ceux
qui
défendent l’autogestion régionale et communale sont ceux qui se situe
488
nt l’autogestion régionale et communale sont ceux
qui
se situent le mieux dans le droit-fil de la pratique du fédéralisme.
489
s trois communes primitives et celle des communes
qui
essaient aujourd’hui de se défendre contre l’implantation de centrale
490
. Il y a en projet seize centrales nucléaires. Ce
qui
est de la démence pure. Aux yeux de n’importe quel savant sérieux et
491
’est soutenu, d’ailleurs, que par les trois États
qui
se partagent la région de Bâle, c’est-à-dire la France, la Suisse et
492
les Suisses de Kaiseraugst retrouvent le réflexe
qui
fut celui des Uranais, des Nidwaldiens et des Schwyzois : se mettre e
493
dre à la grande majorité des hommes et des femmes
qui
s’étaient installés sur le camp. Ils tentaient d’exploiter une situat
494
iter une situation qu’ils n’avaient pas créée, et
qui
ne va pas exactement dans leur sens, car je ne vois pas comment des m
495
tout autres vues. Mais qu’importe ! L’essentiel,
qui
est une chose historique, c’est la réaction de défense des habitants
496
a région de Bâle. C’est le réflexe d’autogestion,
qui
se traduit par la volonté de se défendre sur place, fût-ce au prix d’
497
rs de la démocratie ». Je ne sais pas si les gens
qui
ont écrit des choses pareilles connaissent la légende de Guillaume Te
498
né à dire dans un message aux dix mille personnes
qui
sont allées manifester à Kaiseraugst, lors d’un fameux dimanche sous
499
au « niveau de vie » le plus bas, le niveau zéro,
qui
est la mort… Mais pour moi, une Suisse qui ferait ce choix-là ne sera
500
zéro, qui est la mort… Mais pour moi, une Suisse
qui
ferait ce choix-là ne serait plus elle-même. Elle deviendrait semblab
501
s suisses sont aptes à saisir l’ampleur du danger
qui
les menace. Et je ne suis pas optimiste sur les possibilités d’endoct
502
changer tout d’un coup, dans les quelques années
qui
viennent, et que par exemple ils renoncent aux centrales nucléaires.
503
un certain nombre de désastres et de catastrophes
qui
se préparent. Des tragédies. Les Suisses n’aiment pas du tout ce mot.
504
l n’y aurait plus qu’une espèce de raison moyenne
qui
dominerait, dans l’ennui total et fédéral. Cela ne va évidemment pas
505
avez de chances de survivre au tohu-bohu général
qui
est en train de se déchaîner sur la planète. C’est pour cette raison
506
nète. C’est pour cette raison que les États-Unis,
qui
sont de loin la plus grande puissance militaire du monde, n’ont pas p
507
tnam. Ils ne pouvaient pas venir à bout de choses
qui
renaissaient partout, de petits centres sur lesquels il ne valait pas
508
ement poussée, donc d’une vulnérabilité minimale,
qui
sera la meilleure sécurité dans le monde qui vient. Il faut donc que
509
ale, qui sera la meilleure sécurité dans le monde
qui
vient. Il faut donc que la Suisse retrouve ce qui était son attitude
510
qui vient. Il faut donc que la Suisse retrouve ce
qui
était son attitude et sa mentalité originelles, celles qui ont créé l
511
son attitude et sa mentalité originelles, celles
qui
ont créé les institutions de la première confédération. Elle n’y sera
512
et de la psychanalyse, une troisième psychologie
qui
, faute de rigueur, se dirait littéraire, mais bien de mettre en valeu
513
leurs termes de base dans la tradition littéraire
qui
est la nôtre, d’Œdipe à Sade et à Sacher-Masoch. Pour situer cette fo
514
rer les grandes étapes d’une évolution historique
qui
s’est stratifiée dans la psyché occidentale, et dont la connaissance
515
rme une perversion, le détournement d’un instinct
qui
était générique et génésique, au profit d’un plaisir individuel et st
516
ation nostalgique ou jubilante, comparée à un feu
qui
couve en secret et qui soudain éclate, flambe et « se déclare ». C’es
517
bilante, comparée à un feu qui couve en secret et
qui
soudain éclate, flambe et « se déclare ». C’est l’amour qui se prend
518
n éclate, flambe et « se déclare ». C’est l’amour
qui
se prend pour son objet, qui aime sa propre intensité et non pas l’Au
519
are ». C’est l’amour qui se prend pour son objet,
qui
aime sa propre intensité et non pas l’Autre. C’est l’auto-intoxicatio
520
s, nos chansons et nos opéras. C’est le sentiment
qui
s’exalte de tout ce qui s’oppose au désir, sépare les corps et fait o
521
péras. C’est le sentiment qui s’exalte de tout ce
qui
s’oppose au désir, sépare les corps et fait obstacle à l’accomplissem
522
te altérité. Mais l’obstacle suprême est la mort,
qui
provoque la passion transfigurante, la « joie suprême » d’Isolde agon
523
ue et d’une souffrance délicieusement entretenue,
qui
, à l’extrême, seront extase et mort. L’amour du prochain tel qu’il es
524
pas disert ni exalté mais réaliste, d’une manière
qui
ne prête guère à la littérature. Au dernier stade de « sublimation »,
525
Le vocabulaire de la Grèce antique est le seul
qui
exerce encore une influence permanente et vérifiable sur l’expression
526
simple use couramment d’expressions et de notions
qui
remontent à Platon (J. Ortega y Gasset). Illustrant cette remarque,
527
ns platoniciens inconscients, ou naïfs, tous ceux
qui
, de la cortezia des troubadours au romantisme allemand, puis à la poé
528
amants croient « ne plus faire qu’un », tous ceux
qui
qualifient l’être aimé de « ma moitié » (variante : « ma meilleure mo
529
variante : « ma meilleure moitié »), et tous ceux
qui
écrivent sur Éros. Si l’idée platonicienne de l’amour est résolument
530
yen Âge courtois et le roman de Tristan et Iseut,
qui
contient d’ailleurs tant de réminiscences de l’Antiquité : ce sont ce
531
mort » que la passion de « l’amour pour la mort »
qui
est, comme nous le verrons, le secret de Tristan. La révolution ch
532
, si profus dans les grandes religions de l’Asie,
qui
va créer le « problème sexuel » de l’Occident christianisé. Contre l’
533
D’autre part, il n’hésite pas à écrire : « Celui
qui
n’est pas marié s’inquiète du Seigneur, des moyens de plaire au Seign
534
gneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui
qui
est marié s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa f
535
iers. Ce clerc fait à la femme une place capitale
qui
annonce déjà la conception de la « courtoisie », mais il s’agit d’une
536
e femme idéalisée, objet d’une adoration mystique
qui
se confond bientôt avec celle vouée à la Sainte Vierge. La « corte
537
amour est une invention du xiie siècle. » Amour,
qui
désigne pour nous le sentiment, le désir et la passion, n’a pris ce s
538
contraire le signe d’une révolution plus générale
qui
s’opérait à cette époque dans la psyché occidentale ? Dès la fin du x
539
oujours plus tragiques, et s’exaltant du tourment
qui
en résulte. Une forme toute nouvelle de poésie chantée naît dans le P
540
ivi par des dizaines puis des centaines de poètes
qui
se nomment « troubadours » (c’est-à-dire trouveurs, inventeurs, compo
541
amante —, l’assimilant ainsi au seigneur féodal à
qui
le chevalier doit allégeance ; elle oppose au mariage « de raison » c
542
d’avoir découvert, en somme, que c’est le langage
qui
permet de transformer la pulsion instinctuelle en sentiment, et l’exp
543
t des trouvères du xiie siècle, l’amour est cela
qui
se « déclare » par des mots. On peut soutenir que l’histoire de l’Éro
544
llégeance féodale, mariage, séparations physiques
qui
semblent souvent provoquées par les amants eux-mêmes), et l’obstacle
545
par les amants eux-mêmes), et l’obstacle suprême,
qui
est la mort, portera le désir jusqu’à l’extase ; service de la Dame à
546
ectique du vrai jour et de l’évidence quotidienne
qui
domine le roman est gnostique… Ainsi, le roman de Tristan décrit, ana
547
ur premier « aveu » sur le pont brûlant du bateau
qui
les ramène d’Irlande. Tristan, qui est le plus fort des chevaliers et
548
lant du bateau qui les ramène d’Irlande. Tristan,
qui
est le plus fort des chevaliers et qui a conquis Iseut par valeur et
549
. Tristan, qui est le plus fort des chevaliers et
qui
a conquis Iseut par valeur et prouesse, serait en droit de la garder
550
n — que naît l’amour-passion, l’amour subi, celui
qui
fera dire à l’ermite recevant la confession des deux amants : « Amor
551
tés puis surmontés, sauf le dernier… Et l’auteur,
qui
reste inconscient de la présence impérieuse du mythe, l’en traduira p
552
s Don Quichotte, et l’histoire du roman européen,
qui
semble celle d’une longue dégradation du mythe, peut être aussi celle
553
c’est encore et toujours l’image du Père — celui
qui
interdit la Mère au Fils. De même, Iseut peut devenir la Béatrice de
554
la radieuse Adrienne de Gérard de Nerval, l’« Éva
qui
donc es-tu… » des plus beaux vers de Vigny, objet d’un « amour tacitu
555
, la fée Viviane ou la Velléda des Martyrs, celle
qui
se prête aux fantasmes de l’homme. Le « héros » (comme on le dit enco
556
roman contemporain, il n’en reste pas moins celui
qui
affronte la mort d’amour, celui auquel son amour interdit « donne l’a
557
mettre une distance entre les amants. C’est cela
qui
permet à l’attrait naturel de s’exalter, de devenir une passion. Ce t
558
clusion que la passion est cette forme de l’amour
qui
se nourrit des obstacles qu’on lui oppose, ou qu’elle sait inventer a
559
de la légende, exilés dans la forêt de Morois, et
qui
, le philtre ayant cessé d’agir au bout de trois ans, découvrent l’exi
560
mps et ses coutumes, ou la littérature elle-même,
qui
ne serait qu’un sous-produit des mystiques créatrices de formes et de
561
n phénomène de décadence morale d’une société, et
qui
offre peu de résistance à la critique des générations qui vont suivre
562
e peu de résistance à la critique des générations
qui
vont suivre ? En fait, ce fut assez d’un décret de Boileau, dans son
563
t mutuel, et la chevalerie fait place à la vertu,
qui
conclut en faveur du monde, de sa morale. Cependant, le mythe garde s
564
les plus policées, « cette tristesse majestueuse
qui
fait tout le plaisir de la tragédie » (Racine, préface de Bérénice).
565
le Grand Siècle », la passion imagine des formes
qui
vont l’avouer dans toute sa force, à la Cour même, par le théâtre. An
566
e est devenue la manière de « ressentir l’amour »
qui
paraît désormais naturelle en Europe. L’empire du mythe tristanien su
567
t à Hippolyte, Racine le fait amoureux d’Aricie «
qui
est la fille et la sœur des ennemis mortels de son père ». Aricie ser
568
’auteur : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux
qui
dans mon flanc Ont allumé le feu fatal à tout mon sang. Et la serv
569
la critique rationaliste ou ridiculisés par ceux
qui
font la mode, telle cette grande dame des lettres, Madame du Deffand,
570
cette grande dame des lettres, Madame du Deffand,
qui
écrit : On trouve encore parmi les gens de condition inférieure de b
571
devenue : morale prêchée parfois par des évêques
qui
bâtissent des palais pour leur maîtresse, comme à Salzbourg, casuisti
572
pse du mythe. De Molière à Mozart, c’est Don Juan
qui
occupe la scène de sa présence insolente, bondissante, mais secrèteme
573
, cherchant en vain parmi toutes les femmes celle
qui
pourrait retenir son amour, quand Tristan était l’homme d’un seul amo
574
donnent le ton aux mœurs et à l’esprit. Or, ceux
qui
demeurent insensibles aux réalités spirituelles sont incapables de pa
575
mule d’un donjuanisme féminin. Car c’est la femme
qui
rêve Don Juan, c’est le désir féminin qui crée « l’homme sans visage
576
a femme qui rêve Don Juan, c’est le désir féminin
qui
crée « l’homme sans visage », l’homme d’une nuit sans lendemains qui
577
sans visage », l’homme d’une nuit sans lendemains
qui
geignent, l’homme du plaisir qui ne laissera qu’un souvenir de bonheu
578
sans lendemains qui geignent, l’homme du plaisir
qui
ne laissera qu’un souvenir de bonheur, quoi qu’en dise Dona Anna. Cas
579
rmes », selon l’aphorisme célèbre de Chamfort. Ce
qui
compte aux yeux du romancier, c’est une intrigue délibérée et qui tra
580
eux du romancier, c’est une intrigue délibérée et
qui
traduit non plus la dialectique du mythe mais une impitoyable stratég
581
n : il ne peut donc s’agir que de fantasmes, mais
qui
n’en sont que plus révélateurs de l’inconscient collectif du siècle e
582
te évidence, un malade mental, un de ces « fous »
qui
, selon Chesterton, « a tout perdu excepté la raison ». Privé en fait
583
sirs du seigneur. Il ne retiendra pas les valeurs
qui
« obligent » la vraie noblesse féodale à la vertu et au service, cell
584
noblesse féodale à la vertu et au service, celles
qui
pourraient favoriser les « attachements », les « fidélités » réciproq
585
stucieux et le fou, s’étend toute une littérature
qui
va du réalisme libertin des Liaisons dangereuses aux fantasmagories p
586
lier son plus grand écrivain, Rousseau le gêneur,
qui
d’ailleurs vient de Genève et déteste les modes régnantes. Par le suj
587
tats d’âme poétiques. Mais la mélancolie profonde
qui
baigne l’histoire de Tristan s’attache encore au roman de Rousseau co
588
oureuse célèbre de l’époque, Julie de Lespinasse,
qui
l’exprimera elle aussi dans un seul cri : J’aime, mais comme on doit
589
ut plus aimer… Que Dieu me conserve cette douleur
qui
m’est indiciblement chère. L’amour romantique C’est à partir d
590
cation célèbre : Levez-vous vite, orages désirés
qui
devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ! À partir de l
591
ionné, répétons-le, prend sa source dans cet élan
qui
par ailleurs fait naître le langage. Et l’invention d’une rhétorique
592
adis des amours enfantines » (Baudelaire) où ceux
qui
aiment situent leur vraie patrie. L’amour-passion (selon l’expression
593
de Melmoth aux sœurs Brontë puis à Thomas Hardy,
qui
traduira le mieux l’action souterraine du mythe de Tristan, réactivé
594
éactivé par les tabous de la nouvelle société, et
qui
réinventera les tourments bienheureux des amours interdites et imposs
595
amours interdites et impossibles. Et c’est Wagner
qui
en révélera musicalement le sens ésotérique, au moment où le mariage
596
ption chrétienne du monde, c’est l’attrait sexuel
qui
n’est qu’un cas particulier de cet Amour cosmique et spirituel qui, s
597
as particulier de cet Amour cosmique et spirituel
qui
, selon Dante, « meut le soleil et les autres étoiles ». La psychanaly
598
e d’érotisation générale de la psyché européenne,
qui
ne caractérise pas seulement la Vienne de Freud, mais le Paris de la
599
geoise, les théâtres et la littérature romanesque
qui
, désormais, va étudier les mœurs des courtisanes, l’inceste, l’homose
600
« déchaîné la sexualité » comme le répètent ceux
qui
l’attaquent sans le connaître. Il a seulement autorisé une nouvelle m
601
ité, est défini comme une attitude envers autrui
qui
perpétue ou reproduit le premier mode de la relation amoureuse de l’e
602
n du « principe de plaisir », principe économique
qui
tend à la réduction par satisfaction des excitations libidinales.) To
603
et les angoisses que ces interdits expriment (ou
qui
en résultent par la suite) aient préexisté de longue date au christia
604
rce qu’il devait au péché ; de lui donner tout ce
qui
, jusqu’ici, était donné à l’amour ; d’en faire le moyen de notre prop
605
mps. C’est seulement l’expression de la sexualité
qui
n’est plus réprimée, ce qui signifie que la plupart des interdits soc
606
ssion de la sexualité qui n’est plus réprimée, ce
qui
signifie que la plupart des interdits sociaux, légaux et religieux on
607
ristan et Iseut. Ils cherchent partout l’obstacle
qui
résiste et ils n’en trouvent plus guère. L’Homme sans qualités de Rob
608
lus guère. L’Homme sans qualités de Robert Musil,
qui
décrit une passion incestueuse entre frère et sœur, et la Lolita de N
609
use entre frère et sœur, et la Lolita de Nabokov,
qui
décrit la passion d’un quadragénaire pour une nymphette de 12 ans, so
610
roman n’eût pas été. Anticipant sur une évolution
qui
devrait logiquement conduire à l’extinction de l’élément passionnel o
611
s de toute psychologie, ils peignent des tableaux
qui
ne représentent rien, composent de la musique qui n’exprime plus aucu
612
qui ne représentent rien, composent de la musique
qui
n’exprime plus aucun mouvement du cœur. Nouveau roman, peinture abstr
613
raite, musique concrète utilisent des instruments
qui
ne peuvent plus exprimer la passion mais seulement des combinaisons d
614
phénomène comparable, à bien des égards, à celui
qui
se produisit dans la psyché collective du xiie siècle : une vaste re
615
’érotisme généralisé, le budget privé de la magie
qui
, en France, dépasse le budget de la recherche scientifique, l’envahis
616
xie siècle : L’amour est une maladie incurable
qui
ne peut trouver remède qu’en elle-même. C’est une condition délectabl
617
ion délectable et un mal que nous désirons. Celui
qui
n’en est pas atteint ne souhaite nullement rester sain. Et celui qui
618
teint ne souhaite nullement rester sain. Et celui
qui
en souffre ne trouve aucun plaisir à en être guéri. r. Rougemont
619
hui, notamment dans les sociétés occidentales. Ce
qui
se passe d’une manière scandaleuse dans les pays totalitaires est en
620
talitaires est en germe chez nous. Face à un État
qui
veut tout régenter, y compris la morale, l’écrivain qui veut dire la
621
ut tout régenter, y compris la morale, l’écrivain
qui
veut dire la vérité se voit de plus en plus amené à critiquer, à s’op
622
qu’il écrit il y a presque toujours quelque chose
qui
peut contribuer à changer les mœurs. Et le changement est la dernière
623
l’affirmer avec véhémence. Il est comme un soldat
qui
n’accepte pas la discipline, se fait punir mais recommence quand même
624
st sincèrement qu’il le condamne. Un Soljenitsyne
qui
, pour lui, est un écrivain « dérangé » doit être guéri et il a justem
625
ne s’est débarrassé de tous les vieux communistes
qui
avaient participé à la fondation de l’URSS. On enfermait ces gens et
626
l’amour sensuel. Et c’est cette notion de l’amour
qui
a été vulgarisée à travers toutes les littératures, toutes les sociét
627
pensées. Les Russes et les Chinois sont les seuls
qui
avouent ouvertement pratiquer ce conditionnement. La révolution cultu
628
dirait ce qu’il doit écrire. C’est sa nature même
qui
s’y oppose. Il sera donc toujours un opposant, un « agent de la révol
629
urs été le cas : je pense à Racine et à Corneille
qui
étaient au service de Louis XIV. Les grands peintres de la Renaissanc
630
Louis XIV. Les grands peintres de la Renaissance
qui
décoraient les églises, illustraient des croyances populaires, citaie
631
aient des croyances populaires, citaient les gens
qui
faisaient l’ordre dans la cité, étaient eux aussi proches du pouvoir.
632
ment cette mesure reste juste. D’ailleurs tout ce
qui
intéresse notre vie quotidienne se passe à l’échelon des communes ou
633
plus puissant ? Quelle nécessité ? Quand les gens
qui
vont construire Verbois nous expliquent qu’il y a une nécessité, je l
634
n’avaient jamais pu réunir complètement la France
qui
fut longtemps composée de neuf nations parlant chacune leur langue. C
635
possession de tous les moyens de commander, ceux
qui
étaient à la tête des États ont eu naturellement plus de prétention q
636
ports, en fait il se mêle de tout y compris de ce
qui
ne le regarde pas. Son rêve — et ce qui se passe en Union soviétique
637
ris de ce qui ne le regarde pas. Son rêve — et ce
qui
se passe en Union soviétique de façon scandaleuse préfigure peut-être
638
onde et il n’en veut pas d’autres. C’est un choix
qui
ne menace personne. Lorsqu’il était pilote de chasse et qu’il faisait
639
fondement de notre société ce n’est pas la masse
qui
constitue l’unité de mesure mais l’individu. Partout ailleurs où la d
640
d’un mot — et cinq de camp de travail. Tous ceux
qui
ont lu le magistral “reportage” de Soljenitsyne sur ces camps peuvent
641
mondiale le cas de l’écrivain Vladimir Boukovski
qui
, aux dernières nouvelles, était détenu dans la prison de Vladimir où
642
demandant sa libération. Au premier rang de ceux
qui
se sont engagés dans ce combat on trouve le nom de l’un des plus gran
643
Beau résultat, brillante gestion ! Mais, au fait,
qui
était le gérant ? La réponse est dangereusement simple. Les responsab
644
mple. Les responsables sont les 150 États-nations
qui
se partagent aujourd’hui la totalité (sans nul reste) des territoires
645
tous sont nés, et selon l’obsession de puissance
qui
explique seule, sans la justifier, leur prétention à faire rentrer da
646
n Grand Ordinateur. Ou bien des groupes d’hommes,
qui
se veulent à la fois libres et responsables, trouvent et appliquent à
647
t plus d’espace libre, il n’y a plus que l’avenir
qui
leur échappe. Pas question de détruire l’État, mais de le distribuer
648
s pas question non plus de constituer des régions
qui
ne soient que des mini-États-nations, et qui prétendent imposer le ca
649
ions qui ne soient que des mini-États-nations, et
qui
prétendent imposer le carcan de frontières fixes, omnivalentes, à tou
650
tion sauvage de l’ère industrielle, de l’angoisse
qui
en résulte chez les individus perdus dans les foules solitaires, dans
651
u énergétiques, écologiques ou sociales. Et voilà
qui
représente bien plus qu’une mesure opportune de « décentralisation »
652
ropéen, mais que vaut-il pour tous ces pays neufs
qui
ont adopté le modèle de l’État-nation qui leur était livré dans le mê
653
s neufs qui ont adopté le modèle de l’État-nation
qui
leur était livré dans le même paquet que la technique et le DDT, et q
654
ans le même paquet que la technique et le DDT, et
qui
était pour eux, au départ, le moyen de leur libération ? » Deux répon
655
« Il ne s’agit pas de créer des régions
qui
soient de petits États-nations » (septembre 1975)w x Ne risque-t-o
656
régional ? Il ne s’agit pas de créer des régions
qui
soient de petits États-nations. Ce serait bien pire que les grands. C
657
ais, du Val d’Aoste et du canton de Vaud, tout ce
qui
est autour du Léman. Une quantité de problèmes seraient à résoudre su
658
etage du Léman, de l’épuration des eaux du Rhône (
qui
intéresse toute la vallée jusqu’à Marseille et même, au-delà, une par
659
on de pompage… Il y a les problèmes de l’aéroport
qui
sont évidemment communs aux deux côtés de la frontière. Il y a le pro
660
tes communes, d’amitiés et de voisinage retrouvé,
qui
me motive, quand je lutte pour la région. w. Rougemont Denis de, «
661
[Entretien] Il ne s’agit pas de créer des régions
qui
soient de petits États-nations », Le Mois de Candide, Ferney, septemb
662
! L’Europe des esprits et des cœurs, c’est elle
qui
motiva au premier chef Robert Schuman. Aux yeux de l’histoire, il res
663
, en fait, d’une manière invisible mais réelle et
qui
, loin d’être marginale par rapport à son œuvre politique, pourrait bi
664
ots qu’on ne saurait souhaiter plus éclairants et
qui
servent de titre à son deuxième chapitre : L’Europe, avant d’être un
665
hé, ce serait une démission, voire une abdication
qui
ne trouverait plus personne pour l’accepter, je le crains. Parce qu’i
666
es heures d’autoroute à travers forêts et vallées
qui
relient les hauts lieux de la vie musicale. Le circuit le plus intéri
667
vie musicale. Le circuit le plus intérieur, celui
qui
pourrait partir de Lucerne, par exemple, pour remonter au nord-est pa
668
nes d’autres, rescapés de ces deux ou trois-cents
qui
ont tenté un jour d’exister pour disparaître après quelques saisons,
669
s une tradition régionale mais aussi des premiers
qui
aient pris conscience de leur commune appartenance au grand ensemble
670
a nature, étant née du complexe physico-spirituel
qui
a formé l’homme européen et qui le définit le mieux, quand on le comp
671
physico-spirituel qui a formé l’homme européen et
qui
le définit le mieux, quand on le compare à l’homme d’autres cultures
672
ie les historiens de prendre note d’un petit fait
qui
a son importance symbolique : l’Association des festivals européens a
673
n aux rivalités stériles, favoriser les échanges,
qui
sont la santé de la culture comme de l’économie, et, de la sorte, éle
674
enade à Helsinki. À partir de 1957, des festivals
qui
, hors d’Europe, assurent le rayonnement de la musique et de la cultur
675
oncerts, de ballets, d’opéras de tous les siècles
qui
, durant la saison prochaine, animeront l’Europe pour la joie de centa
676
és — d’ailleurs vrais — sur « la musique, langage
qui
ne connaît pas de frontière », il y a cette réalité de demain, la rég
677
édiévales, la région élément organique d’un monde
qui
ne connaîtra plus les frontières nationales dessinées par les diploma
678
l particulier, mais bien par une certaine manière
qui
n’est qu’à lui de mettre en œuvre et d’accueillir la musique d’hier e
679
‘en réalité elle est bien plus complexe que celui
qui
la pose ne le croyait. Avant donc d’essayer de nommer ma discipline,
680
plus sérieuse, de l’identité de l’Europe et de ce
qui
motive son étude aujourd’hui. Tout le reste en dépendra, et d’abord m
681
as une forme idéale à rejoindre, ni quelque chose
qui
aurait existé historiquement et que l’on se proposerait de ressuscite
682
r leurs impatiences. Bien. Mais les gouvernements
qui
financent l’organisation le font en vue des applications non prévues
683
ne. Pour eux, la recherche fondamentale est celle
qui
peut « rendre » en vingt ans, pour le prestige et la puissance de l’É
684
diquer la qualité de « recherche fondamentale » —
qui
importe aux universitaires — pour Ies parties métaphysiques de mes co
685
a qualité de « recherche finalement appliquée » —
qui
importe aux gouvernements — pour les parties proprement politiques de
686
ignement, cours et travaux de séminaires, tout ce
qui
touche aux régions, notamment. Disons que dans notre domaine, la rech
687
otre domaine, la recherche fondamentale est celle
qui
a pour objet l’homme lui-même, la personne. Si la mathématique est sc
688
aux d’études de nos grandes industries. Mais vous
qui
traitez de l’Europe, à quoi préparez-vous au juste ? Un institut d’ét
689
ssi de faire vivre l’Europe en vivant sa culture,
qui
est, à mes yeux, sa profonde identité. Cette culture a produit — comm
690
onise », « L’Europe, c’est fini ! » Comme si ceux
qui
écrivent ces slogans n’en étaient pas, de cette Europe qu’ils jugent
691
ttitudes morales, d’une définition de la personne
qui
intéressait les juristes de Zurich, et d’une définition de la région
692
région (notamment de la région transfrontalière)
qui
a entraîné depuis des adhésions aussi diverses que celles d’un maire
693
cinquième anniversaire du Conseil de l’Europe. Ce
qui
ne prouve d’ailleurs pas que mon sujet soit « sérieux » du point de v
694
cientifique qu’on cultivait au xixe siècle, mais
qui
s’en plaindrait aujourd’hui ? Vos étudiants s’en plaignent-ils ? Ceux
695
urd’hui ? Vos étudiants s’en plaignent-ils ? Ceux
qui
font des études dans la seule intention de se préparer à un job bien
696
« faits » — et du virtuel ou potentiel, c’est ce
qui
reste « à faire ». C’est peut-être ce que je pressens comme sans le c
697
-être ce que je pressens comme sans le connaître,
qui
apparaîtra un jour comme étant le principal de ce que j’avais à faire
698
sel ou tout au moins dans le général. Et que ceux
qui
orientent leurs recherches sur les virtualités européennes méritent l
699
de leur monde. Or à mon sens, c’est le contraire
qui
est vrai. Il arrive bien souvent que celui qui fait des lettres, de l
700
re qui est vrai. Il arrive bien souvent que celui
qui
fait des lettres, de la médecine ou de l’histoire, de l’économie libé
701
elque chose « d’objectif » et « d’universel », et
qui
ne dépend ni des concepts de la Grèce antique ni des définitions théo
702
en garde générale contre l’européocentrisme naïf
qui
a causé et qui cause encore tant de ravages dans le tiers-monde. Et j
703
ale contre l’européocentrisme naïf qui a causé et
qui
cause encore tant de ravages dans le tiers-monde. Et je parle de mett
704
t les Européens mais les étudiants du tiers-monde
qui
suivent nos cours : c’est sans doute le plus nécessaire. Vous paraiss
705
est en général qu’une tactique partisane, mais ce
qui
m’intéresse est autre chose : la stratégie de notre civilisation. Ce
706
ivilisation. Ce sont donc les grands choix moraux
qui
déterminent parfois à notre insu les arguments échangés avec tant de
707
lonté certaine de l’empêcher de savoir à temps ce
qui
se prépare, et de le placer devant le fait accompli. Puis, devant l’i
708
que je reconstitue : I. Le philosophe étant celui
qui
pose des questions simples et naïves, je demande : « Concorde, à quoi
709
ques dizaines de PDG et de membres du « jet-set »
qui
en « bénéficieront », si l’on peut dire, que feront-ils de ces heures
710
edoutent, l’atteinte possible à la couche d’ozone
qui
protège notre vie terrestre contre les rayons ultraviolets ? « Votre
711
heures sur ce trajet, en voici le moyen simple et
qui
eût déjà permis environ 15,8 milliards d’économies : 1° supprimer les
712
uisant Concorde, on aurait découvert des procédés
qui
permettront de construire d’autres avions encore plus chers et plus p
713
lus chers et plus problématiques, et puis surtout
qui
permettront la mise au point d’armements de plus en plus sophistiqués
714
u’il nous faut dépasser si nous voulons survivre,
qui
détruisent à la fois la nature et la Communauté des hommes, au nom du
715
la vitesse et du fracas pour épater le monde. Ce
qui
commence à valoir des fortunes, c’est le contraire de ce que Concorde
716
que ce soir-là, j’ai trouvé la formule de tout ce
qui
me répugnait dans l’affaire nucléaire comme dans celle de Concorde, e
717
ormal que ce soit lui — comme les Rois antiques —
qui
dispense seul l’Énergie. Une énergie qui vous vient donc de l’extérie
718
tiques — qui dispense seul l’Énergie. Une énergie
qui
vous vient donc de l’extérieur et que les Pouvoirs publics vous assur
719
e, force des vents, lumière et chaleur du soleil (
qui
ne souffrent pas la centralisation, c’est pourquoi nos États les décr
720
dre. Et je ne dis pas qu’en alertant les énergies
qui
sont en nous nous pourrions aller aussi vite que Concorde. Je dis seu
721
ment qu’en faisant appel toujours plus aux forces
qui
sont en nous, le besoin que nous avions de forces extérieures diminue
722
ons faire l’équivalent de la société industrielle
qui
culmine dans la Bombe à fusion nucléaire, je dis que nous ferions une
723
son Nocturne et je m’étais dit : Voilà celui pour
qui
je voudrais écrire quelque chose. À peine de retour en Suisse, on m’o
724
le croyait ce jour-là !) C’est aussi toute la vie
qui
se reprend à vivre, les délais à courir, le sujet à me fuir… Le matin
725
ouvelle, comme si c’était le message du Solitaire
qui
venait de suspendre nos destins ! Cette menace, cette attente au bord
726
, dans notre tradition, cette violente simplicité
qui
peut s’adapter à la fois à la déclaration d’un chœur en marche et au
727
ar celle de la scène, et les ressources du canton
qui
patronnera l’œuvre : une compagnie de théâtre d’amateurs et deux peti
728
ale à laquelle il croit pour l’avenir est « celle
qui
arrive à grouper toute une population ». C’est donc oui, et l’on se m
729
se peut que les deux jugements soient justes. Ce
qui
est certain, c’est que l’homme de la paix est seul capable de gagner
730
Neville Chamberlain et Édouard Daladier, accords
qui
en livrant la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie laissa à l’Europe u
731
e : Une série généalogique de « grands desseins »
qui
s’origine au xvie siècle, et à travers Sully, William Penn, Kant et
732
t dès lors administré par l’OECE, rien de tout ce
qui
va suivre n’eût été possible. Il s’agit là d’un fait patent et mesura
733
un réflexe de défense de la communauté européenne
qui
s’éprouve obscurément menacée, ainsi que Dante va l’écrire dans le De
734
multiples têtes » de l’État national naissant, et
qui
essaie de rallier la communauté chrétienne contre les infidèles. De s
735
contradictions violentes entre les États-nations
qui
se multiplient en Europe — ces parties qui se veulent chacune plus gr
736
ations qui se multiplient en Europe — ces parties
qui
se veulent chacune plus grande que le tout continental — vont provoqu
737
iale. L’holocauste de vingt millions d’Européens
qui
s’ensuit pose des questions fondamentales à quelques bons esprits (qu
738
» qu’ils estiment menacée par toute forme d’union
qui
ne soit pas purement verbale. Pour le meilleur et pour le pire, c’est
739
le meilleur et pour le pire, c’est ce vocabulaire
qui
sera repris dans les traités européens de l’après-guerre. Mais ce qui
740
les traités européens de l’après-guerre. Mais ce
qui
exige alors d’être expliqué, c’est le passage de l’échec du projet Br
741
aite sur le modèle du fédéralisme intégral, celui
qui
part des pouvoirs locaux et institue des « pouvoirs fédéraux limités
742
sociales et économiques, définies à Montreux, et
qui
marquent une étape décisive dans l’évolution de l’Europe, n’ont pas é
743
nce, il y a toute une préparation intellectuelle,
qui
remonte aux mouvements personnalistes des années 1930, quand les fond
744
elque chose se fait, cela sera dû à la complicité
qui
s’établit, sous le couvert d’ambiguïtés ou d’équivoques implicitement
745
ses, entre la pression de mouvements idéologiques
qui
prétendent parler au nom de l’opinion, et la réaction de quelques hom
746
État non moins « nationaux » que les autres, mais
qui
prétendent parler au nom de la Paix. Le Congrès de l’Europe à La Haye
747
ure illustration de ces coopérations temporaires,
qui
produisirent parfois des compromis féconds, parfois aussi des comprom
748
ffrontent : celle des unionistes (à la Churchill)
qui
demandent des mesures « d’union plus étroite » ne limitant en rien le
749
ropéen devant les parlements. Les six mouvements
qui
avaient organisé et mené à bien le congrès de La Haye se fédérèrent t
750
us vivement enlevé. Mais dès la séance inaugurale
qui
eut lieu à Strasbourg au début d’août de la même année, la faiblesse
751
Bruxelles, en février 1949, un congrès politique
qui
ne marqua pas de grands progrès sur La Haye, mais lui valut l’adhésio
752
minster, en avril 1949, une Conférence économique
qui
relança l’idée d’une autorité européenne à laquelle les États remettr
753
on et de l’acier, bien peu parmi les journalistes
qui
se pressaient dans le Salon de l’Horloge comprirent qu’ils vivaient u
754
s et des consommateurs de charbon et d’acier ! Ce
qui
a frappé à juste titre l’opinion de tous nos pays, c’est l’idée de cr
755
té des Nations. Plutôt que l’Europe elle-même, ce
qui
naissait avec la CECA, c’était une méthode pour faire l’Europe. Nous
756
nt d’un pouvoir politique, en vertu de la méthode
qui
veut que « la création d’une situation déséquilibrée oblige à faire u
757
plus de vingt-cinq ans. Ils ont lu les sondages,
qui
donnent en général une forte majorité aux partisans de l’union : 65 %
758
s la salle du parlement « comme un ecclésiastique
qui
se rend à la chaire » et qu’il « pesait longuement ses arguments comm
759
ieux pharmacien ses pilules », c’est bien le même
qui
, selon les mêmes auteurs, a accompli « une action bouleversante sans
760
cette ancienne Lotharingie devenue Bourgogne, et
qui
forme aujourd’hui la grande avenue centrale, l’axe vertical de l’Euro
761
n 1931 au jeune Parti des démocrates populaires —
qui
sera le MRP de la Libération —, n’est-ce pas surtout parce que c’est
762
—, n’est-ce pas surtout parce que c’est le parti
qui
affirme le plus clairement une politique extérieure certes « résolume
763
mais, traduisant le premier membre de l’équation
qui
est le rapport origines/horizon, elle exprime l’expérience durement a
764
du célibataire endurci que fut Robert Schuman : à
qui
faut-il attribuer la Déclaration du 9 mai 1950 ? Le plan Schuman fut-
765
un texte en acte et une épure en fait d’histoire.
Qui
est le vrai père ? Celui qui conçoit le projet ou celui qui le réalis
766
en fait d’histoire. Qui est le vrai père ? Celui
qui
conçoit le projet ou celui qui le réalise ? Peut-être pourrait-on évo
767
vrai père ? Celui qui conçoit le projet ou celui
qui
le réalise ? Peut-être pourrait-on évoquer ici, plutôt que la relatio
768
elation classique entre le dramaturge et l’acteur
qui
fait triompher sa pièce, la coopération créatrice entre l’auteur du s
769
30. Robert Schuman fut réellement l’homme du Plan
qui
porte son nom, parce que ce plan résultait du problème dans lequel s’
770
r été déterminée moins par ses souvenirs du passé
qui
eussent pu au contraire l’aveugler, que par sa vision lucide de l’ave
771
: il n’est pas motivé par le même passé. Et voilà
qui
permet de résoudre par une sorte de contre-épreuve expérimentale, le
772
tale, le problème de la paternité politique de ce
qui
allait devenir l’Europe des Six, puis des Neuf, en attendant la vraie
773
es peuples, des cœurs et des esprits : c’est elle
qui
motiva au premier chef Robert Schuman. Aux yeux de l’Histoire, il res
774
ts qu’on ne saurait souhaiter plus éclairants, et
qui
servent de titre à son deuxième chapitre : L’Europe, avant d’être un
775
Hic et Nunc , petite revue de pensée religieuse
qui
se réclamait de Kierkegaard et de sa double descendance — « existenti
776
: Deux hommes se trompent insondablement : celui
qui
affirme que la morale est suffisante, et celui qui nie qu’elle soit n
777
ui affirme que la morale est suffisante, et celui
qui
nie qu’elle soit nécessaire… Le moralisme donne une réponse universel
778
s de juger si c’est la Parole de Dieu, donc Dieu,
qui
est le sujet de ces énoncés, ou bien au contraire si l’homme se les a
779
t justement d’Henry Corbin. Et je n’en trouve pas
qui
expriment mieux notre attitude commune d’alors. ⁂ Après les années de
780
ps, mais une prise de conscience renouvelée de ce
qui
animait en profondeur nos écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’
781
la franchir, à cause des deux farouches gardiens
qui
se tiennent auprès, jusqu’au jour où il dit à l’un d’eux : Mais perso
782
pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui
qui
osera la franchir, à tous risques, sans laissez-passer d’aucune sorte
783
aucune sorte ; qu’il n’y a de sens que pour celui
qui
se met en marche, et que la vraie voie est unique. ⁂ Pour entrer dans
784
traire qu’il y a pour chacun une voie, une vérité
qui
ne vaut que pour lui seul, particulière et subjective. La « voie uniq
785
au contraire une forme d’exister sans précédent,
qui
ne peut être décrite ni prescrite mais seulement vécue, et une seule
786
nelle » et donc « imprévisible »22 d’un événement
qui
dépend de l’observateur et de sa position hic et nunc ; — Le way of l
787
et de sa position hic et nunc ; — Le way of life
qui
canalise les aspirations, uniformise les mœurs et unifie une société,
788
société, – ou au contraire le cheminement secret
qui
conduit seul à l’intégration d’un moi distinct… La « voie unique » pe
789
relation de complémentarité. Note 1. Les hérésies
qui
se constituent en doctrine imposée à une communauté dont elles devien
790
ourrait aussi bien qualifier selon D. Suzuki « ce
qui
est dans la ligne authentique de transmission », i.e. la communicatio
791
e de l’esprit ne consiste nullement à réitérer ce
qui
est vrai pour n’importe qui, et encore moins à s’y conformer en s’y f
792
llement à réitérer ce qui est vrai pour n’importe
qui
, et encore moins à s’y conformer en s’y forçant comme dans un lit de
793
acle — l’ouverture à la haute poésie mystique, et
qui
possède une vertu de contagion que je voudrais dire convertissante. (
794
raverait la séparation. Reste une seule solution,
qui
est de longer la rivière jusqu’à sa source, là où les deux pentes se
795
’éclaire que le terrain où je m’avance, ce chemin
qui
commence à mes pas. L’homme de la foi ne suit sa voie qu’en la frayan
796
mmune à tous les « hérétiques » malgré eux : ceux
qui
ont un jour compris qu’ils étaient bien forcés d’inventer leur chemin
797
min sans aucune garantie, puisque le vrai chemin,
qui
conduit l’homme à Dieu, part toujours d’une personne sans précédent.
798
i aussi relevé, dans cette leçon, une distinction
qui
, en général, amuse l’auditoire quand on la cite, à savoir la distinct
799
mple cas de ces deux pays ; c’est une distinction
qui
va beaucoup plus loin, la distinction, en somme, entre la notion de p
800
oir, définie par Jean Bodin au xvie siècle, pour
qui
le Prince est celui qui impose et casse les lois comme il le veut, co
801
din au xvie siècle, pour qui le Prince est celui
qui
impose et casse les lois comme il le veut, commence et termine les gu
802
éversible, et le pouvoir que nous avons en Suisse
qui
, lui, est un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fédéraliste, qui est b
803
un pouvoir réparti. C’est le pouvoir fédéraliste,
qui
est beaucoup moins sensible parce qu’il s’exerce à tous les niveaux,
804
urd’hui, décisive. Elle domine absolument tout ce
qui
va se passer à la fin de ce siècle. S’agissant de définir le pouvoir,
805
rétendu faire beaucoup plus que tous les auteurs,
qui
ont essayé cette définition impossible, d’Aristote à Max Weber. Elle
806
« mixte », et a été jusqu’à parler d’un « mixte »
qui
compose le pouvoir et, en même temps, l’écartèle. Moi je veux bien, m
807
a fait un peu comme cet homme politique français
qui
, quand on lui demandait, un jour : « Que faites-vous devant un problè
808
d’impuissance que nous avons devant les pouvoirs,
qui
nous amène à toutes sortes d’excès de langage contre le pouvoir, à to
809
ationale, par exemple, que le pouvoir allègue, et
qui
coupent court à toute espèce de discussion, à tout dialogue, à toute
810
r nous ne savons que trop à quoi cela mène : ceux
qui
croyaient prendre le pouvoir sont pris par lui. Le pouvoir abusif de
811
, ni la révolution à la mode des siècles derniers
qui
peuvent nous secourir dans cette tragédie car cette « prise du pouvoi
812
e, c’est-à-dire que l’État s’était emparé de ceux
qui
voulaient s’en emparer. Là-dessus, il a pris le pouvoir, et a illustr
813
pouvoir de l’État devenu extérieur à nous-mêmes,
qui
n’est pas de supprimer toute espèce de pouvoir, mais de distribuer le
814
c’est ce que j’appelle le fédéralisme, mouvement
qui
s’inscrit, à mes yeux, dans cette alternative fondamentale que je cit
815
choix (mai 1977)ah ai L’ensemble des conflits
qui
couvent ou se déclarent en cette fin du xxe siècle me paraissent se
816
es et d’effets en interdépendance inéluctable, et
qui
tendent à composer deux modèles de société théoriquement antinomiques
817
citoyens, des groupes, des communes, des régions,
qui
entendent tout simplement et autant qu’ils le peuvent, rester maîtres
818
ter maîtres de leur propre destin. Or, parmi ceux
qui
optent pour la Puissance d’abord ou finalement, une minorité très res
819
e tous leurs droits à l’État, au chef ou au Parti
qui
s’en est emparé. Quant à ceux qui optent pour la Liberté, ils pensent
820
hef ou au Parti qui s’en est emparé. Quant à ceux
qui
optent pour la Liberté, ils pensent y être conduits par quelque indiv
821
erté réelle sans nulle puissance, ni de puissance
qui
ait quelque saveur sans au moins l’illusion qu’on l’exerce « libremen
822
pour devoir de concourir. Ce qu’il faut voir, et
qui
est peut-être décisif, c’est que le parallélisme inversé entre les de
823
e de leur capitale. Les adversaires des centrales
qui
les dénoncent comme gigantesques, trop chères et trop dangereuses, ig
824
s, ignorent qu’ils dénoncent là les raisons mêmes
qui
font que nos États les adoptent. Car « très grand » suppose, qu’on le
825
éaires accumulés pendant le petit quart de siècle
qui
nous sépare de l’an 2000. À l’inverse absolu, le choix de l’énergie s
826
s et des usines de retraitement du métal infernal
qui
permet de faire des bombes, augmente chaque jour les chances de la gu
827
qu’elles sont les pièces principales d’un système
qui
conduit à renforcer l’emprise universelle des États-nations, c’est-à-
828
t du ciel, vient de Zeus, c’est-à-dire de « celui
qui
voit très loin ». ah. Rougemont Denis de, « La puissance et les ch
829
quartier ancien et rompant les liens sentimentaux
qui
devraient toujours unir l’homme à son environnement. Pour Denis de Ro
830
Il vient de terminer L’Avenir est notre affaire
qui
va sortir incessamment en librairie (Éditions Stock). Denis de Rougem
831
r donner une idée de la diversité des communautés
qui
formeront plus tard la Romandie, prenons à titre d’exemple l’état de
832
illes fournissant les membres d’un Conseil d’État
qui
s’appuie tantôt sur la France, tantôt sur Berne, pour échapper à la t
833
à la tutelle de l’autre. Aux Orléans-Longueville
qui
s’éteignent, succéderont dès 1707 les rois de Prusse : ils seront Pri
834
ion, mais plutôt la règle, parmi les petits États
qui
formeront plus tard la Romandie. C’est ainsi que Neuchâtel qui avait
835
plus tard la Romandie. C’est ainsi que Neuchâtel
qui
avait entretenu pendant des siècles des liens étroits avec la Franche
836
édérale, en 1848 (phénomène proprement politique)
qui
a créé la Suisse romande, bien plutôt que la géographie (point de fro
837
gine française. Seul Pierre Viret est autochtone,
qui
domine la Réforme vaudoise. Leurs descendants donneront naissance à u
838
ès petites communautés, « seul système, écrit-il,
qui
réunisse les avantages des grands et des petits États ». Quant à Mada
839
dame de Staël et à Benjamin Constant, ce sont eux
qui
, par « la trouée de Coppet », vont faire entrer en France la philosop
840
ivisme à fondement théologique, et l’introspectif
qui
s’efforce à la traversée clandestine et craintive du territoire des t
841
itut Rousseau, centre de recherches pédagogiques,
qui
par Édouard Claparède, Pierre Bovet, Jean Piaget, et tant d’autres, v
842
une bonhomie un peu cynique, une sorte de paresse
qui
peut être rusée mais que l’accent rend désarmante ; chez le Neuchâtel
843
aux, fourbe et courtois », une rudesse utilitaire
qui
semble se méfier de la courtoisie comme d’une espèce de fourberie, pr
844
esprit romand implique aussi, en relation avec ce
qui
précède, une vie culturelle d’une exceptionnelle intensité : cinq uni
845
ersités au xxe siècle pour 1 200 000 habitants —
qui
dira mieux sur notre continent ? Réalité récente — qui peut change
846
mieux sur notre continent ? Réalité récente —
qui
peut changer… Si je me suis étendu quelque peu sur la genèse histo
847
s écrits d’auteurs fribourgeois comme Reynold) et
qui
différencie la culture romande de celle de la France une et indivisib
848
Si ces conflits sont apaisés de nos jours, voilà
qui
n’est pas dû seulement au long travail de l’œcuménisme dans les Églis
849
simplement au mouvement de brassage démographique
qui
, par exemple, a fait de la « Rome protestante » une ville à très nett
850
uis en 1861, de rattacher au canton les districts
qui
forment aujourd’hui la Haute-Savoie.) En revanche, du point de vue éc
851
ons dessine l’aire d’une vaste région potentielle
qui
engloberait la Suisse romande (augmentée du Jura, bien entendu) et le
852
les usines de Genève quelque 23 000 travailleurs,
qui
chaque soir regagnent leur cité-dortoir. Voilà qui définit une région
853
ui chaque soir regagnent leur cité-dortoir. Voilà
qui
définit une région transfrontalière de main-d’œuvre, d’environ 40 km
854
environnement. — Le Léman est pollué par le Rhône
qui
y déverse du mercure (déchet d’industries pharmaceutiques), par les é
855
de Creys-Malville générateur de plutonium, voilà
qui
définit une région écologique, d’aire différente de la première, mais
856
s, ni par la ligne de démarcation toute théorique
qui
passe au milieu du Léman. — Les flux commerciaux qui vont de Genève a
857
passe au milieu du Léman. — Les flux commerciaux
qui
vont de Genève au pays de Gex, à la Savoie, à l’Isère, à l’Ain, et vi
858
et vice versa, définissent une région économique
qui
ne recouvre pas les deux autres et reste susceptible de variations ra
859
e, caractérise depuis des siècles l’arc jurassien
qui
va de Genève à Bâle-Campagne, avec des prolongements vers Cluse au su
860
é — d’un complexe de petites unités territoriales
qui
menaient chacune, depuis un millénaire au moins, leur histoire fort i
861
: L’Avenir est notre affaire. À tous les dangers
qui
nous menacent et que l’auteur dénonce lucidement, on n’est certes pas
862
technocrates : on bâtira des centrales nucléaires
qui
prendront la relève. Mais l’uranium qui les nourrit sera aussi épuisé
863
ucléaires qui prendront la relève. Mais l’uranium
qui
les nourrit sera aussi épuisé, pense-t-on, en trente ans. Qu’à cela n
864
sion technicienne contre la nature » ? Oui, et ce
qui
la rend dangereuse, c’est qu’elle s’opère aujourd’hui sous l’égide de
865
sez, c’est le modèle suisse ? C’est quelque chose
qui
s’en inspire, dans la mesure où la Suisse est née de la fédération de
866
lée de ces régions-là et d’une trentaine d’autres
qui
sont en train de se faire reconnaître en Europe et, à mon sens, c’est
867
vont devenir sages dans les dix années décisives
qui
viennent, mais je pense qu’un certain nombre de catastrophes vont les
868
e forme de progrès. Je ne propose pas la violence
qui
aboutit toujours à des régimes policiers, ni le renversement des pouv
869
ropéenne, s’adresse à nous dans son dernier livre
qui
vient de paraître. L’Avenir est notre affaire . Un titre qui est la
870
paraître. L’Avenir est notre affaire . Un titre
qui
est la profession de foi mais aussi l’avertissement que lance sans mé
871
nt que lance sans ménagement cet homme de 71 ans,
qui
a perdu bien des illusions sur notre monde mais pas encore sa confian
872
ceau de la démocratie, modèle idéal d’une société
qui
était tournée vers l’homme. Nous avons perdu cette mesure : alors, to
873
ue Esprit, avec E. Mounier, il pense à une Europe
qui
naîtrait de la fédération des régions. Après la guerre, il en devient
874
t de ce personnalisme communautaire, fondamental,
qui
fut la recherche de sa vie. Recherche de la personne, de la vocation
875
itler a répondu à la question centrale du siècle,
qui
est religieuse au sens élémentaire, en offrant une camaraderie, un co
876
du club de Rome (comité international de savants
qui
a alerté le monde sur les excès de la croissance démographique et ind
877
e de ce déclic : J’ai vu sous forme de courbes ce
qui
allait se passer si on continuait comme maintenant. Je me suis dit :
878
Denis de Rougemont se tourne vers le feu de bois
qui
crépite dans la cheminée, le regard songeur : Oui, nous avons vraimen
879
ssance qu’il faut absolument combattre. C’est lui
qui
mène la jeunesse à la délinquance. La dissolution de la communauté da
880
sard ! Un architecte grec contemporain, Doxiadis,
qui
était l’animateur de tous les urbanistes avancés, est arrivé à la fin
881
ur l’adaptation des hommes. Effrayante adaptation
qui
les mutile moralement. Comment veut-on que l’homme soit encore un cit
882
Contre cela aussi nous devons lutter. Et le voilà
qui
passe à l’action. Pour que nous connaissions la vérité, puisqu’elle s
883
emont et un physicien, Lew Kovarski (un des trois
qui
découvrit avec Joliot-Curie et von Halban la fission de l’atome). Cet
884
la crise de notre civilisation. Ce sont eux seuls
qui
ont géré la terre. Eux seuls qui en avaient les moyens. Pour que l’av
885
e sont eux seuls qui ont géré la terre. Eux seuls
qui
en avaient les moyens. Pour que l’avenir devienne notre affaire, l’Ét
886
u professeur courroucé. L’école ! mais c’est elle
qui
perpétue les vieux clichés, qui fait croire que ce qui existe a toujo
887
! mais c’est elle qui perpétue les vieux clichés,
qui
fait croire que ce qui existe a toujours existé et que nous n’y pouvo
888
erpétue les vieux clichés, qui fait croire que ce
qui
existe a toujours existé et que nous n’y pouvons rien changer. Elle f
889
personne », il prône la plus profonde révolution
qui
soit : celle que chacun doit accomplir en lui-même. ao. Rougemont
890
n’a pas parlé dans le vide. Mais, parmi tous ceux
qui
défendent aujourd’hui les thèmes que je défendais moi-même dans les a
891
tiviste… Absolument. J’ajouterai cependant que ce
qui
, dans les années 1930, pouvait passer pour une intuition est devenu a
892
ous y serons contraints ; les experts américains,
qui
adorent les scénarios « absurdes », ont calculé que, si notre démogra
893
é, il serait le grand responsable de l’apocalypse
qui
se prépare… Qui pourrait en douter ? Les États, qui sont des entités
894
grand responsable de l’apocalypse qui se prépare…
Qui
pourrait en douter ? Les États, qui sont des entités absurdes, n’en f
895
i se prépare… Qui pourrait en douter ? Les États,
qui
sont des entités absurdes, n’en finissent pas de se multiplier, de fo
896
. On pourrait faire le même constat pour le Rhin,
qui
est actuellement pollué par cinq pays. Vous voyez donc comment l’idée
897
s jacobines — les gaullistes et les communistes —
qui
se retrouvent pour brandir des slogans, incapables qu’ils sont de voi
898
et régionaliste à la base… En effet, depuis Hegel
qui
en fit la philosophie, on sait que l’État-nation est génétiquement li
899
ste, c’est plutôt inattendu de la part d’un homme
qui
cite plus souvent Luther que Bakounine… Je ne suis pas anarchiste dan
900
e à l’organisation de la société. En revanche, ce
qui
me semble important, c’est de hâter la désacralisation de cet État. A
901
ys d’Europe. À la Libération, l’idée européenne —
qui
avait été un grand espoir de la Résistance — aurait dû s’imposer tout
902
ous étiez résolument anticapitaliste. Or l’Europe
qui
se fait aujourd’hui est une Europe taillée à la convenance des multin
903
s et mobilisatrices. Si, aujourd’hui, les princes
qui
nous gouvernent voulaient vraiment faire l’Europe, ils invoqueraient,
904
s’enthousiasment pour les marathons de Bruxelles,
qui
, dans le meilleur des cas, ne fixeront jamais que le prix du seigle o
905
aient raison de « tirer à vue » sur tout Européen
qui
se présenterait à eux. C’était pour le moins curieux car, d’une part,
906
ction au suffrage universel du parlement européen
qui
affirment que l’Europe ne sera jamais qu’une modalité de l’impérialis
907
modalité de l’impérialisme germano-américain, ce
qui
, à mon sens, témoigne d’une grande méconnaissance des réalités et des
908
logique. Manifestement, la prophétie est un genre
qui
ne vous déplaît pas… … Surtout quand je m’aperçois, quarante ans aprè
909
curieuse impression de voir tant de jeunes gens —
qui
n’avaient probablement pas lu une seule ligne de moi, ni d’Arnaud Dan
910
nt pas à ces petites brutes d’extrême droite pour
qui
« nouveau » veut dire « ancien » et pour qui l’ordre se confond avec
911
pour qui « nouveau » veut dire « ancien » et pour
qui
l’ordre se confond avec la tyrannie. Dans les années 1930, notre gran
912
d’abord la Révolution… Laquelle ? Les révolutions
qui
avaient déjà eu lieu — comme celle de 1917, en Russie, ou comme celle
913
— comme celle de 1917, en Russie, ou comme celle
qui
se déployait, sous nos yeux, en Allemagne — ne nous convenaient guère
914
— c’était sur le drame d’une jeunesse européenne
qui
avait été abusée par les grandes doctrines du moment. Cette jeunesse
915
mocratique et une élection parfaitement régulière
qui
avaient permis à Hitler de devenir chancelier. Au fond, je faisais pa
916
to Abetz, dont vous faites alors la connaissance,
qui
vous procure un poste de lecteur de français à l’Université de Francf
917
l’occasion d’un congrès de la jeunesse européenne
qui
s’était tenu à Francfort, et auquel participèrent des gens aussi diff
918
l’expression « ordre nouveau » parvint à Hitler,
qui
en fit le mauvais usage que l’on sait. Au fond, vous ne cessiez pas d
919
prolétarienne et des idéologies stato-nationales
qui
portaient en elles la guerre « comme la nuée porte l’orage ». À cette
920
De plus, j’ai toujours eu horreur des partis. Ce
qui
ne m’a pas empêché de militer un peu partoutbb afin de conjurer, de d
921
impose à notre civilisation un type de transport
qui
, par conséquences secondaires, amène les États à accorder une énorme
922
r une énorme importance au pétrole, donc aux pays
qui
en produisent. Parallèlement, Hitler, en organisant un effrayant géno
923
es producteurs de pétrole. D’où la crise de 1973,
qui
aboutit à la hausse des prix que l’on sait et qui, en retour, met en
924
qui aboutit à la hausse des prix que l’on sait et
qui
, en retour, met en péril les industries occidentales de l’automobile,
925
l les industries occidentales de l’automobile, ce
qui
, finalement, peut être un bienfait pour notre mode de développement.b
926
ölderlin, « Là où croît le danger, croît aussi ce
qui
sauve. »be D’où l’ambiguïté fondamentale de votre rapport à la polit
927
é d’une politique de la personne et de l’individu
qui
sont les seuls pôles de résistance à la terreur d’Étatbf. Même si le
928
, au lieu de prendre le pouvoir, c’est le pouvoir
qui
nous prend et nous phagocyte. Vous parlez du pouvoir comme vous parli
929
ste en Occident ce que l’on appelle la passion et
qui
, en fait, n’est qu’une sorte d’utopie unificatrice. Tristan en est l’
930
, face à cette certitude, il n’est pas de réalité
qui
vaille… Tout doit leur être subordonné et s’anéantir au nom du Pouvoi
931
la a commencé, chez nousbl, avec Philippe le Bel,
qui
s’est laissé persuader par ses légistes que « le roi de France est em
932
. Pensez encore à sa haine des « barons félons » (
qui
jouent un si grand rôle dans toutes les versions du mythe de Tristan)
933
-ce pas ainsi qu’il désignait les hommes de parti
qui
risquaient de s’interposer entre lui-même et sa passion ? Tout cela p
934
ense qu’il vaut mieux être du côté du roi Marcbn,
qui
symbolise la légalité, que du côté de Tristan. Le drame, c’est que le
935
s dernier chez Stock, pour qu’on redécouvre celui
qui
fut, à la veille de la guerre, le maître à penser de toute une généra
936
humanisme chrétien et la tradition libertaire, et
qui
fait encore figure d’accusée pour avoir refusé le militantisme et l’e
937
ent. L’immense succès de L’Amour et l’Occident ,
qui
se vendit à partir de 1939 dans le monde entier à près de douze milli
938
nce atténuante pour ce “penseur” à contre-courant
qui
, aujourd’hui, à soixante-dix ans, est tout étonné de reconnaître sa p
939
exclamation en marge. az. En marge : « C’est lui
qui
le dit ! » ba. Point d’interrogation en marge. bb. Deux points d’in
940
n marge de ce paragraphe. bf. « et de l’individu
qui
sont » souligné et marqué d’un point d’interrogation. bg. Remplacé p
941
, j’essaie au contraire de les prévenir. C’est ce
qui
me distingue de beaucoup de gens qui adorent jouer les Cassandre. Ce
942
ir. C’est ce qui me distingue de beaucoup de gens
qui
adorent jouer les Cassandre. Ce sont d’ailleurs généralement les même
943
lleurs généralement les mêmes — vous le noterez —
qui
annoncent les cataclysmes et qui les provoquent ! En revanche, les éc
944
ous le noterez — qui annoncent les cataclysmes et
qui
les provoquent ! En revanche, les écologistes, dont je suis, pensent
945
touchera le sol… En somme, vous êtes un prophète
qui
espère se tromper. Exactement. C’était la formule des Latins : « Utin
946
! » : c’est-à-dire, que les mécanismes désastreux
qui
sont en train de se monter puissent être arrêtés à temps ! J’écris po
947
mment vous décrivez ces « mécanismes désastreux »
qui
nous menacent. Ce n’est pas vous que j’étonnerai en disant qu’il y en
948
y en a beaucoup et qu’on en a beaucoup parlé. Ce
qui
m’intéresse moi, c’est de dénoncer la fausseté de la métaphore dont o
949
ue est une croissance autorégulée ; c’est même ce
qui
la définit : les plantes et les corps ont leurs chromosomes, leurs ce
950
t les corps ont leurs chromosomes, leurs cellules
qui
sont programmés, comme on dit, pour pousser, croître, se développer,
951
s, vous le savez, sont limitées. Mais, justement,
qui
peut décider de cela ? Nous, sinon qui d’autre ? C’est bien là ce que
952
justement, qui peut décider de cela ? Nous, sinon
qui
d’autre ? C’est bien là ce que je veux dire. L’avenir dépend entièrem
953
té commence quand l’homme se demande : “Qu’est-ce
qui
va arriver ?” au lieu de se demander : “Que puis-je faire ?” » Permet
954
propos sur l’avenir, ce n’est quand même pas Dieu
qui
remplit sans nous consulter les réservoirs de nos voitures, c’est le
955
ttention, nous aurons l’air de quoi ? Regardez ce
qui
s’est passé il y a deux mois à New York quand le courant est venu à m
956
sur la base d’une société formée d’États-nations
qui
se disent tous plus souverains les uns que les autres, qui s’imaginen
957
sent tous plus souverains les uns que les autres,
qui
s’imaginent chacun qu’ils vont pouvoir continuer à augmenter leurs ex
958
e d’imaginer sans rire que les 175 États-nations,
qui
aujourd’hui se partagent la planète sans aucun reste, puissent tous,
959
s exportations aux dépens de leurs importations !
Qui
fera les différences ? Or, le plus aberrant est que les gens ne se po
960
que est celui des centrales nucléaires. Les États
qui
ont augmenté leur PNB se mettent à vendre des centrales nucléaires —
961
moi, le déluge… » Je vous l’ai dit, ce sont ceux
qui
annoncent les catastrophes qui les fabriquent. Il est évident que les
962
dit, ce sont ceux qui annoncent les catastrophes
qui
les fabriquent. Il est évident que les pays qui achètent des centrale
963
s qui les fabriquent. Il est évident que les pays
qui
achètent des centrales de retraitement de plutonium, alors qu’ils n’o
964
traiter, ne s’amusent pas à faire de tels achats,
qui
sont extrêmement coûteux, pour rien. C’est parce qu’ainsi ils produis
965
tous pays racontent, mais il n’y en a pas un seul
qui
y croit ! Ils ne pourraient pas se regarder entre eux dans les yeux s
966
is plus ou moins intimement beaucoup de ces gens,
qui
sont des gens honnêtes et détestent mentir dans la vie courante ; mai
967
’est plus un problème, ça a été réglé. » Les gens
qui
profèrent ces mensonges savent très bien que — comme le dit un prover
968
rien, ils continuent à mentir. C’est justement ce
qui
me frappe dans tout cela : c’est que des gens qui se connaissent tous
969
qui me frappe dans tout cela : c’est que des gens
qui
se connaissent tous entre eux se comportent comme s’ils s’étaient mis
970
né, qu’il existait chez nous un conseil d’experts
qui
conseillait le gouvernement fédéral en matière d’énergie ; c’était la
971
on avec éclat d’un certain professeur de physique
qui
faisait partie de cette commission. Il a dit : « Je ne veux plus cont
972
côté, a-t-il dit en substance, il y a des savants
qui
affirment que tous les risques du nucléaire sont maîtrisés ; de l’aut
973
; de l’autre, il y en a tout autant, sinon plus,
qui
affirment le contraire. Qui croire ? » Et sa réponse a été : « C’est
974
t autant, sinon plus, qui affirment le contraire.
Qui
croire ? » Et sa réponse a été : « C’est très simple, il faut croire
975
a été : « C’est très simple, il faut croire ceux
qui
n’ont rien à gagner de la position qu’ils prennent. » Et il observe q
976
t il observe que sur les vingt-six universitaires
qui
ont signé la déclaration en faveur des centrales, quatorze occupent e
977
s consultent… Tout cela nous ramène à la question
qui
nous intéresse et dont nous parlions au début de cet entretien : quel
978
s et qu’on va manquer d’énergie. Or cet argument,
qui
pouvait, à la limite, impressionner il y a encore cinq ans, parce que
979
impératif à cela. Ce sont encore des « experts »
qui
ont inventé cet « impératif » ! Ils nous disent : « Si on n’a pas rec
980
oindre mal. D’ailleurs, écoutez. Faites un calcul
qui
est tout bête : selon les experts, la consommation d’électricité doub
981
sent pas afficher ? La puissance. La puissance de
qui
? La leur ? Ce serait dérisoire. Non, pas la leur. Ce serait en effet
982
C’est un mythe extrêmement puissant et nocif. Car
qui
ou quoi est l’État-nation ? À voir les choses de près, c’est une chos
983
? Les fonctionnaires ne font qu’incarner ce mythe
qui
est autrement plus puissant qu’eux. C’est un mythe dévorant. Prenez,
984
dévorant. Prenez, par exemple, l’idée de l’unité
qui
est déjà chez les rois de France mais se développe surtout pendant la
985
que ce sont là des divagations, rappelez-vous ce
qui
s’est passé, chez les esprits les plus intelligents, au moment de la
986
le de la démocratie qu’étaient les cités grecques
qui
se maintenaient volontairement petites. Le plus bel exemple, c’est la
987
exemple, c’est la cité de Milet, sur la mer Égée,
qui
avait eu la sagesse de savoir que si elle dépassait mettons 100 000 h
988
ndrait la tâche de quelques spécialistes délégués
qui
s’imposeraient et les autres n’auraient plus rien à faire que subir s
989
le, la communauté de Longo Maï en Haute-Provence,
qui
, sans du tout connaître l’exemple de Milet, a retrouvé cette sagesse.
990
dizaine de communautés répandues sur quatre pays
qui
restent plus ou moins en relation ; par exemple, ils avaient d’immens
991
s il n’est pas si naïf. Dans mon pays, la Suisse,
qui
est composée de nombreux petits cantons, nous avons eu longtemps ce q
992
appelons « Landsgemeinde », l’assemblée de canton
qui
se tenait sur la place publique. Il y a encore plusieurs cantons — le
993
y a encore plusieurs cantons — les plus petits —
qui
en ont conservé la coutume. Bien sûr, vous allez me dire qu’aujourd’h
994
llez me dire qu’aujourd’hui il y a l’électronique
qui
a tout changé et que le chef de l’État peut se faire entendre à des m
995
faire entendre à des milliers de kilomètres. Mais
qui
peut lui répondre ? Qui peut lever la main et dire : « À moi la parol
996
liers de kilomètres. Mais qui peut lui répondre ?
Qui
peut lever la main et dire : « À moi la parole. » Et la démocratie es
997
t y avoir de vraie démocratie dans des dimensions
qui
sont incompatibles avec le dialogue ou, du moins, la concertation. Do
998
des bêtises. Regardez la Confédération helvétique
qui
est pour moi un modèle assez proche de la cité grecque. Elle s’est fo
999
le voulaient. Pas pour faire une grande puissance
qui
irait ensuite dévaster tout autour d’elle, comme ont voulu le faire l
1000
rois de France, de Castille et d’Angleterre, pour
qui
faire l’unité c’était conquérir le plus de gens qu’on pouvait, deveni
1001
ors voilà encore un autre modèle de quelque chose
qui
a duré maintenant sept-cents ans et qui fonctionne très bien, parce q
1002
que chose qui a duré maintenant sept-cents ans et
qui
fonctionne très bien, parce que ça reste petit. Mais on entend parfoi
1003
r central capable de résoudre nombre de problèmes
qui
ne peuvent être résolus au niveau, trop étroit, des cantons. C’est vr
1004
est né. En 1934, nous avions inventé une formule
qui
est devenue banale par la suite : pour qualifier déjà l’État-nation,
1005
on — et en particulier la région transfrontalière
qui
est le cas le plus fréquent en Europe — me paraît être le cadre le mi
1006
s à résoudre d’urgence. Regardez, par exemple, ce
qui
se passe avec la pollution des eaux. Le Léman, le Rhin, la Manche son
1007
s se renvoient la balle et créent des commissions
qui
sont, bien entendu, impuissantes parce qu’au-delà il y a quatre souve
1008
qu’au-delà il y a quatre souverainetés nationales
qui
se défient. Mais les poissons se moquent bien des souverainetés natio
1009
dant longtemps j’ai été moins écouté que des gens
qui
ont fait des palinodies éclatantes, ce qui attire beaucoup l’attentio
1010
s gens qui ont fait des palinodies éclatantes, ce
qui
attire beaucoup l’attention. Mais vous notez qu’aujourd’hui, après tr
1011
ans, ils disent soudain la même chose que moi. Ce
qui
fait beaucoup d’effet mais ne leur donne pas une grande crédibilité p
1012
iver maintenant un certain nombre de catastrophes
qui
seront assez mineures au début, comme la crise du pétrole en 1973, qu
1013
ures au début, comme la crise du pétrole en 1973,
qui
est le type de ce que j’appelle une catastrophe enseignante ; parce q
1014
Quelques petits nuages de sodium ou de plutonium
qui
iront se balader sur des villes comme c’est déjà arrivé sans qu’on no
1015
l’abri de tout ça en disant : « Ce n’est pas moi
qui
le veux, ce sont les impératifs. » Exactement comme Adam, quand Dieu
1016
tualisant, quelques-uns des thèmes personnalistes
qui
l’ont rendu célèbre il y a plus de trente ans et font de lui aujourd’
1017
ntrales de retraitement des déchets à des nations
qui
ne peuvent rien en faire, sinon en tirer du plutonium. On leur fait p
1018
une bombe avec cinq à six kilos de plutonium. Ce
qui
permettra à n’importe quel État d’exercer un chantage terrible ; de m
1019
lus fort que les chefs d’État. C’est surtout cela
qui
me fait peur… Et d’après vous, les États-nations ne peuvent plus rien
1020
re seize dans un rayon de quarante kilomètres, ce
qui
est tout simplement dément ! Notez que si vous discutez, dans le priv
1021
sur les habitants des régions. Les gouvernements,
qui
crèvent de peur devant n’importe quelle vérité, font les matamores, a
1022
omme contemporain, piégé par la technique et ceux
qui
en vivent, s’est trompé sur ses vrais besoins. « Il n’y a d’impératif
1023
r contre les technocrates, contre les producteurs
qui
« essaient de nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités ». L
1024
. La vraie politique de l’énergie n’est pas celle
qui
se calculera en fonction du produit national brut — cette funeste ido
1025
uneste idole des États contemporains — mais celle
qui
s’articulera aux « conceptions de l’homme et de son rôle sur la terre
1026
onceptions de l’homme et de son rôle sur la terre
qui
nous animent en vérité ». Un exemple particulièrement frappant de la
1027
dé, on devrait toujours se demander : « Qu’est-ce
qui
arriverait si ça réussissait ? » Et plus prosaïquement encore : « À q
1028
18 % du territoire de la Hollande est bétonné, ce
qui
est une catastrophe du point de vue écologique. Quand on pense que Po
1029
ive ingénuité à propos de Concorde, « le mensonge
qui
va plus vite que le son », comme il dit, ce somptueux gadget de seize
1030
is de Rougemont propose la solution toute simple,
qui
économise seize milliards. Il suffirait de supprimer les formalités d
1031
semblables succès de librairie à des « penseurs »
qui
n’ont cessé de se renier et barbotent dans les plus inénarrables pali
1032
flatte d’avoir souvent été à contre-courant ! Ce
qui
est en jeu dans ce livre, comme dans toute mon œuvre, va tout de même
1033
ine de pages, où je prévoyais certains événements
qui
pouvaient se passer, notamment dans le monde arabe. Puis vint la guer
1034
s le monde arabe. Puis vint la guerre du Kippour,
qui
vérifiait mon analyse tout en m’obligeant à jeter à la corbeille ce q
1035
pas me donner l’air de prophétiser après coup ce
qui
s’était produit ! En un sens, je suis content de ce long temps de mat
1036
s, je suis content de ce long temps de maturation
qui
a été nécessaire, car j’ai pu prendre de la distance par rapport à l’
1037
avons de nos jours une opposition entre les gens
qui
veulent la puissance (au niveau des États-nations surtout) et ceux qu
1038
nce (au niveau des États-nations surtout) et ceux
qui
veulent la liberté des personnes. On dit qu’il n’y a pas de liberté s
1039
ation. Tout en voyant très clairement les menaces
qui
pèsent sur l’humanité, l’ardent défenseur de la personne, de l’Europe
1040
désormais impensable entre des pays européens, ce
qui
représente un immense progrès par rapport au passé ! Je relèverai ens
1041
vain de notoriété internationale, un intellectuel
qui
pourrait se contenter de déguster une gloire confortable. Et voici qu
1042
ant de courage que d’efficacité aux grands périls
qui
menacent notre planète et met en évidence les conditions du seul futu
1043
nce les conditions du seul futur possible : celui
qui
verra l’homme prendre en charge sa propre destinée, projeter et assum
1044
ropre destinée, projeter et assumer des finalités
qui
ne seront plus celles des technocrates, mais de la personne. »
1045
le sourire. Pas banal. Les diseurs d’avenir, ceux
qui
ne se sont jamais trompés (Denis de Rougemont a dénoncé en 1932 le pé
1046
calme suisse (il est né à Neuchâtel) et son livre
qui
vient de paraître aux éditions Stock a un beau titre : L’Avenir est
1047
c très volontiers cédé la place à un jeune auteur
qui
s’appelait Charles de Gaulle et qui publiait La France et son armée.
1048
jeune auteur qui s’appelait Charles de Gaulle et
qui
publiait La France et son armée. Entre L’Amour et l’Occident qui es
1049
rance et son armée. Entre L’Amour et l’Occident
qui
est une méditation sur le mythe de Tristan et Iseut, sur le goût des
1050
’ai toujours combattu pour le régionalisme, et ce
qui
me fait plaisir c’est que la réalité commence à me rejoindre ! Je sui
1051
miste aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Regardez ce
qui
mobilise les foules : les mouvements autonomistes, la lutte antinuclé
1052
’un peuple commence quand on se demande qu’est-ce
qui
va arriver au lieu de se demander : Qu’est-ce que je vais faire ? » J
1053
ais je crois que l’on peut construire une société
qui
le corrompe le moins possible. Ce qui est grave actuellement c’est qu
1054
une société qui le corrompe le moins possible. Ce
qui
est grave actuellement c’est que les vrais problèmes ne sont pas du t
1055
uand quelqu’un prend le pouvoir, c’est le pouvoir
qui
le prend. Il suffit qu’un homme s’assoie dans les fauteuils de l’État
1056
tez le terme : « révolution » ? Ces révolutions
qui
nivellent… Comme Lénine le constatait quelques mois avant de prend
1057
norer. La révolution de 1789 a créé l’État-nation
qui
, ensuite, s’est répandu dans le monde. La révolution russe, elle, a c
1058
. La révolution russe, elle, a créé l’État-parti,
qui
concentre encore plus de moyens en un centre de décision encore plus
1059
me méfie des révolutions… Le « toujours plus »
qui
conduit à l’absurde J’aimerais ajouter que l’État-nation, en invoq
1060
t utile aux États, non aux peuples. L’État-parti,
qui
domine à l’Est, a suivi la même voie. C’est d’autant plus dangereux q
1061
lace, obéit à des impératifs de « toujours plus »
qui
conduisent à l’absurde. D’autre part, la puissance, aux mains de gouv
1062
os mains [sic] (1977) : il y a un fil conducteur
qui
relie ces œuvres. Comment voyez-vous votre propre évolution ? Personn
1063
r un agent allemand chargé de leur faire peur… Ce
qui
est tragique, c’est que l’esprit jacobin règne encore et qu’on omet s
1064
s votre livre, les nombreux mouvements populaires
qui
se sont créés au cours de ces dernières années. Vous les considérez c
1065
st faite la « puissance » ? Il y a des mouvements
qui
sont de tous les temps. Les « hippies », par exemple, dont les chroni
1066
je me méfie des attaques frontales contre l’État,
qui
renforcent toujours ce dernier. Je suis persuadé, en revanche, qu’une
1067
: « Dans son dernier livre, le célèbre essayiste
qui
, depuis plus de quarante ans, défend l’homme libre et multiple contre
1068
on des jargons et l’oubli des finalités communes,
qui
font échouer l’entreprise dans l’anarchie et la dispersion. Les homme
1069
transfiguration de la ville à « mesure d’homme »
qui
devient « mesure d’ange » (Apoc – 21,17.) C’est la « nouvelle Jérusal
1070
descend du Ciel « préparée comme une épouse », et
qui
n’a besoin « ni du Soleil ni de la Lune pour l’éclairer, car la gloir
1071
ministres, mais au besoins humains des citoyens,
qui
constituent l’impératif prioritaire, que les technologies doivent ser
1072
au milieu : toutes les tensions entre ces entités
qui
font la société européenne se concrétisent sur la place. Aujourd’hui
1073
rd’hui les villes que leurs habitants ont subies,
qui
ont été faites pour le profit de quelques-uns, avec l’aide forcée de
1074
uns, avec l’aide forcée de tous les contribuables
qui
avaient oublié d’être des citoyens. Nous aurons, demain — c’est mon v
1075
sions d’aujourd’hui. C’est un prophète pessimiste
qui
dit volontiers : « Plaise aux dieux que je sois un faux prophète ». I
1076
es d’Europe , Journal d’une époque , et le livre
qui
lui a apporté la célébrité et qui est aujourd’hui un grand classique,
1077
e , et le livre qui lui a apporté la célébrité et
qui
est aujourd’hui un grand classique, L’Amour et l’Occident . Ce succè
1078
er S’il fallait que j’explique très simplement
qui
vous êtes à un enfant, par exemple, que devrais-je lui dire ? D’abord
1079
rais-je lui dire ? D’abord, que je suis quelqu’un
qui
voudrait qu’il vive dans un monde agréable quand il sera grand. Ensui
1080
nnées 1930, j’ai fondé le mouvement personnaliste
qui
a fait un peu de bruit à l’époque, mais qui est resté ce qu’on appell
1081
liste qui a fait un peu de bruit à l’époque, mais
qui
est resté ce qu’on appelle aujourd’hui un groupuscule. Quand la guerr
1082
ns eu des rapports avec le fameux Orchestre rouge
qui
passait via la Suisse des renseignements aux Alliés. Suisses, Françai
1083
une démocratie libérale dirigée par les partis et
qui
paraissait fatalement glisser soit vers une complète anarchie, soit v
1084
’État, né de la résistance aux États totalitaires
qui
se dressaient : Russie stalinienne, Italie fasciste, Allemagne nation
1085
la guerre. Elle est inévitable entre des nations
qui
poursuivent des chimères identiques. Vous disiez, vous écriviez déjà
1086
t « Que puis-je faire ? », plutôt que « Qu’est-ce
qui
va arriver ? » Vous refusez de voir l’intervention du doigt de Dieu d
1087
rouve trop facile qu’on appelle volonté divine ce
qui
nous échappe. Que peut l’homme sur son destin ? Par sa science et son
1088
iver. La véritable futurologie devrait prévoir ce
qui
met notre avenir en danger. Ce sont des super-cerveaux, des savants r
1089
des savants rassemblés dans de doctes séminaires
qui
doivent donc imaginer ce que demain pourrait être ? Le club de Rome l
1090
rdie est de mon ami Bertrand de Jouvenel. Tout ce
qui
n’est pas calculable reste prévisible par la sensibilité. Ces indicat
1091
faite Denis de Rougemont, la menace apocalyptique
qui
pèse sur l’avenir est une conséquence du passage d’Hitler sur la terr
1092
outé Denis de Rougemont m’expliquer comment Ford,
qui
généralisa l’automobile, et Hitler se sont trouvés être les alliés ob
1093
quer le futur. Il y a d’abord le jeune Henry Ford
qui
trahit ce rêve d’adolescent (une voiture pour être libre) lorsqu’il s
1094
alement dans le sous-sol des pays sous-développés
qui
étaient maîtres de la richesse du monde et qui n’en avaient pas consc
1095
és qui étaient maîtres de la richesse du monde et
qui
n’en avaient pas conscience. Nous sommes loin d’Hitler… Au contraire,
1096
raison à ce besoin et Hitler a apporté la sienne,
qui
était aberrante, à l’Allemagne : le racisme, il en arriva à extermine
1097
ces agencements de l’Histoire dont on se demande
qui
a pu les imaginer. Ford part d’une extrémité, Hitler de l’autre. Ils
1098
es contraint à l’utilisation du nucléaire, ce mot
qui
sème l’épouvante à tort ou à raison. Les parties de campagne casquées
1099
s sont puériles et organisées par des jeunes gens
qui
ne voient pas plus loin que le bout de leur contestation. Ils sont co
1100
ougemont, lui, a le droit de parler d’un problème
qui
est le centre de ses préoccupations. Voilà des années qu’il étudie, l
1101
froid et les ténèbres ? Ne parlons pas d’un choix
qui
nous est imposé, qui tombe du ciel : nous sommes les seuls responsabl
1102
? Ne parlons pas d’un choix qui nous est imposé,
qui
tombe du ciel : nous sommes les seuls responsables car nous avons cré
1103
ar nous avons créé une société vorace en énergie.
Qui
nous a obligés à respecter la religion qui consiste à doubler tous le
1104
ergie. Qui nous a obligés à respecter la religion
qui
consiste à doubler tous les dix ans la consommation en électricité. V
1105
le progrès selon vos vœux ? J’appelle progrès ce
qui
est favorable à un meilleur épanouissement des personnes. Comment les
1106
celles où seront enfouis les déchets radioactifs
qui
auront, auparavant, ruiné l’humanité. Denis de Rougemont est reparti
1107
e FIN, mais À SUIVRE au bas de la longue histoire
qui
s’écrit depuis des siècles. bz. Rougemont Denis de, « [Entretien]
1108
’il appelle la « religion de la croissance : ceux
qui
croient qu’on peut continuer ce qu’on a fait depuis vingt-cinq ans, s
1109
mauvais sens du terme ». Les différents éléments
qui
font marcher le système industriel depuis le xixe siècle et qui inte
1110
r le système industriel depuis le xixe siècle et
qui
interagissent entre eux sont aujourd’hui bloqués : que ce soit l’éner
1111
plus. Ils effectuent quotidiennement des travaux
qui
ne les intéressent pas, des travaux ingrats au sens exact du terme, c
1112
vaux ingrats au sens exact du terme, c’est-à-dire
qui
ne leur apportent aucune gratification. Ils ne sont pas heureux et il
1113
ni le chômage ni l’inflation. C’est saint Thomas
qui
disait que « le fini n’est pas capable d’infini ». N’en est-il pas de
1114
urelles ? Et les hommes politiques le savent bien
qui
l’avouent en privé et qui, en public, prêchent la croissance sans fin
1115
litiques le savent bien qui l’avouent en privé et
qui
, en public, prêchent la croissance sans fin. Après moi le déluge, sem
1116
s ont été marqués par les « économies d’échelle »
qui
ont conduit à une concentration toujours de plus en plus grande et à
1117
ait plus de mal après que pendant la colonisation
qui
n’a duré en fin de compte que quatre-vingts ans. Le fossé s’est accru
1118
tout. Et particulièrement de l’État-nation, celui
qui
dit : Le roi, c’est moi. Alors qu’en Suisse quand on dit le souverain
1119
on parle. Ce sont les États-nations et eux seuls,
qui
ont géré la terre. Ils ont géré et détruit les ressources en vue de l
1120
et la lutte contre la pollution. C’est l’Amérique
qui
a exporté l’inflation, née de la guerre du Vietnam, en Europe : seule
1121
sont les caractéristiques de la droite, qu’est-ce
qui
la différencie du Parti communiste français ? Il y a un véritable cha