1
, et sur quelles bases d’unité culturelle édifier
son
union politique ? La deuxième table ronde, que nous inaugurons, se de
2
n ne le pense : c’est celle du peuple juif devant
ses
grands prophètes !) Pour tout dire d’un mot : entre la première table
3
rises avec une question simple tout au moins dans
son
énoncé : quelle société rénovée voulons-nous, nous autres « bons Euro
4
liquement, et puis de déposer nos conclusions sur
son
bureau, le Conseil de l’Europe a fait un acte qui mérite d’être quali
5
puisqu’elle n’est plus une communauté ? Que vaut
son
fameux niveau de vie ? Vers quoi nous conduit-elle ? Elle ne le sait
6
vèrement la société matérialiste et qu’il dénonce
son
anarchie profonde, mais il est anormal qu’il se voie pour autant trai
7
erser des voitures dans la rue, un dictateur dans
son
palais, mais on ne peut renverser ce qui ne tient pas debout, ce qui
8
nce serait bien pire que vain car ce serait faire
son
jeu. Cette crise morale affecte l’Occident tout entier, et par lui to
9
nique, quantitative. Elle est née de l’Europe, de
ses
valeurs et de leurs conflits ; et des guerres aussi, dans lesquelles
10
able ronde : pour sortir de la Crise mondiale, de
ses
contradictions et de ses impasses, il faut des choix. Il faut savoir
11
de la Crise mondiale, de ses contradictions et de
ses
impasses, il faut des choix. Il faut savoir ce que l’on est prêt à sa
12
arx : on a relevé que cet auteur semble bannir de
son
vocabulaire le terme de justice, décidé qu’il est à ne décrire que de
13
persona, terme juridique définissant l’homme par
son
rôle dans la cité, après avoir désigné le masque porté par un acteur
14
né le masque porté par un acteur et caractérisant
son
rôle dans l’action. Pour définir les trois fonctions ou relations div
15
vre essentielle de chacun, qui consiste à trouver
sa
voie et à courir son aventure sans précédent. Car chacun naît de quel
16
hacun, qui consiste à trouver sa voie et à courir
son
aventure sans précédent. Car chacun naît de quelque chose qui n’a jam
17
pour tous mais chacun pour le joindre doit créer
sa
propre voie, et frayer son propre sentier. Partant de moi, individu s
18
r le joindre doit créer sa propre voie, et frayer
son
propre sentier. Partant de moi, individu sans précédent historique ni
19
e activité jamais achevée et qui sans fin cherche
sa
fin, et qui la reconnaît lorsqu’elle éprouve un sentiment de convenan
20
squ’elle éprouve un sentiment de convenance entre
ses
démarches et cette fin. Je conçois que l’on puisse n’y pas croire. Qu
21
l’homme, et qui nécessairement entraînerait dans
sa
perte l’espèce humaine. Car l’homme ne peut rien contre Dieu, tout co
22
leurs, témoignait en faveur de la personne, et en
son
nom. L’aliénation de l’homme ne saurait désigner que ce qui compromet
23
l’homme ne saurait désigner que ce qui compromet
sa
possibilité de se mouvoir, librement, à la fois selon le naturel et s
24
ropre, ne pourrait que l’altérer, le détourner de
sa
vocation — et c’est cela que j’appelle le péché. Le problème de l’ali
25
s complet du terme, c’est-à-dire non seulement de
ses
émotions ou de ses mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de
26
c’est-à-dire non seulement de ses émotions ou de
ses
mouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de se
27
ouvements d’humeur, de colère ou de peur, mais de
ses
pensées, de ses désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirit
28
ur, de colère ou de peur, mais de ses pensées, de
ses
désirs, de sa vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cel
29
u de peur, mais de ses pensées, de ses désirs, de
sa
vision, comme de la connaissance spirituelle, c’est cela la Liberté,
30
e. Une petite phrase de Simone Weil, géniale dans
sa
simplicité, dit là-dessus tout l’essentiel : « L’orgueil national est
31
vingt siècles d’Europe nous dit qu’il faut aimer
son
prochain comme soi-même, et cela fonde la communauté ! Non sur un sen
32
lamente 12 heures par jour à la radio. Car aimer
son
prochain comme soi-même est un commandement de la Bible. Puisque les
33
. J’ai dit que la liberté de la personne implique
sa
responsabilité, et que la réciproque n’est pas moins vraie. La vocati
34
nt de la structure bipolaire de la personne et de
ses
exigences antinomiques, mais en réalité inséparables, de liberté et d
35
enu une fois de plus, ici, parler de l’Europe, de
son
union, et de la création des régions qui rendra seule possible cette
36
ons-nous accéder à notre mode de vie propre, avec
ses
exigences exaltantes, celles de construire jour après jour notre pers
37
[un grand coup de pied] et fiche-moi le camp ! »)
Sa
famille avait fui en Allemagne. À Fribourg-en-Brisgau, il avait suivi
38
nouveau , et tout d’abord avec Philippe Lamour et
sa
revue Plans, à laquelle je collabore en 1931. Une seule chose sûre et
39
léments fondamentaux d’une « cause commune » dans
sa
double opposition aux fascismes montants et au capitalisme en crise.
40
be — fasciné par le surréalisme tout en dénonçant
ses
faiblesses métaphysiques et politiques1, moralement « libéré » comme
41
retrouve aujourd’hui inchangé dans les données de
sa
personne morale, et confirmé dans sa carrure morale. Pour l’apparence
42
s données de sa personne morale, et confirmé dans
sa
carrure morale. Pour l’apparence et le comportement, je l’ai un peu d
43
était banal à l’époque pour peu qu’on surveillât
sa
mise, mais je le mentionne pour attester ma bonne mémoire ; et que, s
44
s, ou laissait un sourire un peu lointain plisser
ses
yeux, il n’en donnait pas moins une impression de sérieux profond et
45
e à tant d’expériences traumatisantes subies dans
son
adolescence — la mort plusieurs fois vue de près, les déracinements r
46
droit et Sciences Po, il nous apportait à la fois
ses
connaissances, puisées aux sources de la phénoménologie de Husserl ou
47
ne faisaient que la théorie. Il nous communiquait
sa
passion pour Proudhon, mais aussi pour Lénine, celui de Que faire ? e
48
lutionnaire, pas d’action révolutionnaire » était
son
slogan préféré. Nous allions bientôt découvrir sa constante préoccupa
49
on slogan préféré. Nous allions bientôt découvrir
sa
constante préoccupation de la tactique des petits groupes subversifs,
50
la, motivant tout, une recherche de l’homme et de
ses
fins dernières, qui « passent infiniment l’homme » selon Pascal, rech
51
ssiste et péguyste qu’annoncent, d’entrée de jeu,
ses
premiers directeurs. La rencontre avec Dandieu a mal tourné, comme on
52
pages 100 à 102 de l’ouvrage intitulé Mounier et
sa
génération. Dans ses carnets intimes, Mounier se révèle allergique à
53
l’ouvrage intitulé Mounier et sa génération. Dans
ses
carnets intimes, Mounier se révèle allergique à Dandieu (« Cheveux lo
54
sait bien que Marc et moi, qui faisons partie de
sa
première équipe de rédacteurs, appartenons avant tout à l’Ordre nouve
55
principales du mouvement personnaliste. Marc aura
son
bureau à Esprit de 1932 à 1934. Je m’occuperai ensuite, dès 1936, d
56
us haut (conversation avec Maritain). Débordé sur
sa
gauche par l’ON, « entraîné » comme il l’écrit, et très soucieux de s
57
« fasciste » ?) Quelle qu’ait été l’importance de
ses
apports à Plans et à Esprit , c’est dans L’Ordre nouveau que Marc
58
Marc allait trouver le climat le plus favorable à
son
génie d’initiateur. Dandieu leader intellectuel incontesté, Aron le p
59
mait en fait le groupe en tant que tel, moins par
ses
conceptions tactiques (tirées de Lénine) que par son action personnel
60
conceptions tactiques (tirées de Lénine) que par
son
action personnelle et quotidienne. « Rien ne vaut le contact d’homme
61
ns avec chacun des membres du groupe que l’ON dut
sa
cohésion de 1930 la guerre. Car jamais unité ne fut achevée à partir
62
eu formait avec Georges Bataille et Henry Corbin,
ses
collègues, un trio d’une extrême densité intellectuelle et spirituell
63
ière littéraire, qu’il abandonnera plus tard pour
sa
fameuse Histoire du christianisme. Il est le seul d’entre nous à touc
64
e. Sous l’impulsion de Marc — et c’est typique de
sa
tactique et de ses méthodes — dès le premier numéro de L’Ordre nouve
65
n de Marc — et c’est typique de sa tactique et de
ses
méthodes — dès le premier numéro de L’Ordre nouveau , beaucoup d’art
66
politique à hauteur d’homme », et en 1948 paraît
son
livre intitulé À hauteur d’homme 7. La poésie sera faite par tous ré
67
t simplement. Mais nous savions qu’une société et
ses
mesures sont affaire de personnes, donc de coopération et de propriét
68
ie n’est ni petite, ni grande : elle est humaine.
Ses
limites — si limites il y a — ne peuvent être indéfiniment distendues
69
t de l’économie, dont « la zone planée trouverait
sa
justification ultime dans le fait de libérer l’homme (création des au
70
nséparablement par la situation de l’homme et par
son
attitude. Là-dessus, une page (en collaboration avec Claude Chevalle
71
sang n’est pas seulement « lui-même », il « est »
sa
famille, sa race, sa patrie, son milieu social, son métier, sa nation
72
as seulement « lui-même », il « est » sa famille,
sa
race, sa patrie, son milieu social, son métier, sa nation… Il est sa
73
ent « lui-même », il « est » sa famille, sa race,
sa
patrie, son milieu social, son métier, sa nation… Il est sa propre si
74
ême », il « est » sa famille, sa race, sa patrie,
son
milieu social, son métier, sa nation… Il est sa propre situation. Mai
75
a famille, sa race, sa patrie, son milieu social,
son
métier, sa nation… Il est sa propre situation. Mais il n’est pas que
76
a race, sa patrie, son milieu social, son métier,
sa
nation… Il est sa propre situation. Mais il n’est pas que cela. Tel e
77
son milieu social, son métier, sa nation… Il est
sa
propre situation. Mais il n’est pas que cela. Tel est le paradoxe féc
78
oniste tourne à l’absurde. Si l’homme n’était que
sa
situation, celle-ci serait à son tour un pur possible, et non une réa
79
homme n’était que sa situation, celle-ci serait à
son
tour un pur possible, et non une réalité. Une situation n’est réelle,
80
ce que l’homme est en quelque manière extérieur à
sa
situation, parce qu’il connaît l’avantage immense du recul. C’est pou
81
r de la situation de l’homme sans tenir compte de
son
attitude. Il n’en est peut-être pas ainsi de l’animal dont la situati
82
de l’homme. (ON 38) Le Plan sans contrainte et
son
dynamisme « libérateur ». La « perfection » du « plan » réside — rés
83
niste projetée sur le plan de la vie en société. (
Son
caractère monstrueux) manifeste la persistance des conflits, refoulés
84
iques que l’on essaie de lui faire prendre pour «
sa
patrie » : ils sont beaucoup trop grands… ou trop petits pour lui. Tr
85
tits pour lui. Trop petits si l’on prétend borner
son
horizon spirituel aux frontières de l’État-nation ; trop grands si l’
86
tonomie de la région doit être développée jusqu’à
sa
limite extrême : cette limite, c’est l’intérêt suprême de la Révoluti
87
la vocation mondialisante qui fut la sienne dans
ses
plus hauts moments, et des menaces de colonisation qui pèsent aujourd
88
ut aussi partir d’une conception de l’homme et de
sa
vocation personnelle, d’une attitude de l’homme qui assume et transfo
89
rs 1926 par la Revue de Genève . 2. Mounier et
sa
génération, Paris, Le Seuil, 1956, p. 103-104. 3. Ibid., p. 174. 4
90
e sur les positions de l’ON, et Jean Lacroix loue
son
nouvel ouvrage, Dictature de la liberté. Je donne pour ma part cinq g
91
aternité réelle » de ces groupes… 5. Mounier et
sa
génération, op. cit., p. 188. 6. Dans le numéro d’ Esprit de févrie
92
bert de Traz, qui mentionne en passant la mort de
sa
belle-mère, survenue il y a quelques jours. La lettre bleue est de Pi
93
rse ; et cela fait, chacun lit à haute voix, l’un
ses
questions, et l’autre ses réponses. De cette soirée, je retiens trois
94
lit à haute voix, l’un ses questions, et l’autre
ses
réponses. De cette soirée, je retiens trois échanges remarquables. Il
95
re européen de la culture, que j’ai appelé, après
sa
mort prématurée en 1957, « le seul grand poète luthérien de langue fr
96
le entrait dans cette pièce ? » Le partenaire lut
sa
réponse : « Toutes les lumières s’éteindraient. » Et toutes les lumiè
97
isse est un petit pays qui doit savoir se tenir à
sa
place. En proposant de grandes idées pour l’avenir du continent, elle
98
te assez forte pour permettre à chacun de vivre à
sa
façon, mais non pour dominer sur les voisins : voilà le fédéralisme s
99
r les voisins : voilà le fédéralisme suisse, dans
sa
réalité vécue, du xiiie au xixe siècle. Mais le mot n’est jamais pr
100
une tâche nouvelle se voit attribuée, en vertu de
ses
dimensions, à la Confédération et non plus aux cantons — conformément
101
le mérite de demeurer classique, tant en vertu de
ses
motivations que de son succès. Le problème spécifique de la Suisse na
102
lassique, tant en vertu de ses motivations que de
son
succès. Le problème spécifique de la Suisse naît du fait qu’à l’insta
103
e se considérer comme un État fermé et limité par
ses
frontières, non seulement quant à l’état civil de ses habitants, mais
104
frontières, non seulement quant à l’état civil de
ses
habitants, mais aussi quant à l’économie, à l’énergie, à l’éducation
105
cologie. Or, dans la mesure où la Suisse bloque à
ses
frontières le processus fédéraliste, c’est-à-dire l’attribution des d
106
tion centralisé, et ne diffère des autres que par
ses
prétentions à représenter un « Sonderfall ». (Or son cas, justement,
107
prétentions à représenter un « Sonderfall ». (Or
son
cas, justement, ne serait « exceptionnel » que si la Suisse se montra
108
x réflexes stato-nationalistes qui sont communs à
ses
voisins.) Pour tout dire en une phrase qui rappelle la thèse de Trots
109
et d’autre part faire de notre pays, à l’égard de
ses
voisins, un État-nation centralisé comme les autres ; simplement plus
110
implement plus petit. Le fédéralisme suisse, dans
sa
santé primitive — fondé sur les communes et non sur les cantons, sur
111
odèle européen que s’il accepte de ne pas arrêter
son
processus aux frontières nationales et va même jusqu’à revendiquer so
112
ntières nationales et va même jusqu’à revendiquer
son
extension à l’échelle continentale. Troisième erreur. Sur quoi le S
113
ule chance de durée de notre fédéralisme est dans
son
extension à toute l’Europe — de proche en proche. (Et l’on peut espér
114
. C’est là le but dernier du progrès politique et
sa
mesure la moins trompeuse. 10. Richard Feller, Rektoratsrede, Berne
115
aris, qui a toujours peine à croire qu’au-delà de
ses
Portes il existe autre chose que des relais vers les résidences secon
116
ché de Weimar, le Coppet de Madame de Staël et de
sa
cour, Bayreuth, Salzbourg… Toute la grande culture de l’Europe est né
117
ue Théodore Strawinsky, lui, fait de la peinture.
Ses
huiles, pastels, portraits, dessins, fragments ou grandes œuvres mura
118
out comme un écrivain fait des images de mots, où
sons
et sens deviennent inséparables… Cet art nous parle, et dans une lang
119
uis vingt ans au moins toute une critique propage
ses
gémissements sur la difficulté, que dis-je, sur l’essentielle impossi
120
itions plutôt, aux yeux de l’artiste pour peu que
son
regard accorde foi et que sa main d’un geste donne un sens aux propos
121
rtiste pour peu que son regard accorde foi et que
sa
main d’un geste donne un sens aux propositions de la nature. Et c’est
122
ré, il n’en est pas non plus qui ne tire du sacré
sa
raison d’être indiscutable, j’entends bien : de n’être pas discuté, d
123
même de Théodore ne sont pas plus indépendants de
son
respect du sens premier, du référentiel absolu, qui est le sacré dans
124
ier, du référentiel absolu, qui est le sacré dans
son
action indéfiniment créatrice, que ne le sont l’art et la technique d
125
la meilleure définition des fins qu’entend servir
son
art. c. Rougemont Denis de, « [Préface] À propos de Théodore Straw
126
s de mon titre. J’emploie le terme de modèle dans
son
sens scientifique et pas du tout moral. Chercher à composer un modèle
127
uvraient aux Européens : — ou bien l’Europe prend
sa
retraite et tente de vivre sur son passé culturel ; — ou bien l’Europ
128
l’Europe prend sa retraite et tente de vivre sur
son
passé culturel ; — ou bien l’Europe s’efforce de s’assurer une positi
129
ujourd’hui se voit contraint de choisir librement
son
avenir et celui de l’espèce humaine ; et il y est contraint du seul f
130
plus forts, aux plus féconds, aux plus habiles de
ses
ancêtres. Aujourd’hui, c’est le succès même de l’effort civilisateur
131
emet ou met tout en question. ⁂ Choisir librement
son
avenir veut dire : élaborer une politique, une conduite de gouverneme
132
s avantages économiques d’un projet, pour établir
son
coût réel, tantôt de promoteurs qui n’invoquent que les besoins suppo
133
notre modèle de croissance, mais au contraire de
ses
succès. Et c’est là ce qui doit nous retenir. Je ne vais pas résumer
134
ulement que la crise mondiale — et c’est je crois
sa
formule la plus simple — est née de la volonté typiquement occidental
135
iard de milliards d’âmes dans mille ans d’ici, et
sa
densité serait de deux-mille habitants au mètre carré du sol émergé e
136
r un optimum, de définir une politique, d’évaluer
ses
répercussions… Car le même processus se répète dans tous les autres d
137
ivilisation contemporaine où la croissance a fait
ses
percées au xxe siècle et menace de devenir exponentielle. La croissa
138
ny J. Wiener, d’un ouvrage célèbre sur L’An 2000.
Son
système de prévision est le plus simple qu’on ait jamais imaginé : il
139
iné : il repose entièrement sur la technologie et
son
évolution la plus probable au cours des vingt à trente années qui vie
140
reille méthode, je me contenterai de citer ce que
ses
auteurs eux-mêmes en disent. À la page 54 de la traduction française
141
e du moral de l’Europe (et de la démocratie et de
son
prestige). Montée du communisme et de l’Union soviétique. Grande cr
142
s faits déterminants du xxe siècle, de l’aveu de
son
propre auteur, elle les aurait ratés. Ils étaient en effet, comme il
143
ns quand Dieu rappelle, plutôt que de reconnaître
ses
responsabilités. Si utiles que puissent être ceux qui calculent nos r
144
rochain, soit parce qu’ils ne veulent pas choisir
ses
buts, soit parce qu’ils réduisent tout à la technologie. Ni les uns n
145
instant où il aperçut cette « machine de route »,
sa
grande et constante ambition fut d’en construire une semblable pour p
146
ie. À 19 ans, le petit Henry construit et conduit
sa
première « machine de roule ». (À ce moment, la Grande-Bretagne inter
147
pour les automobiles », écrit-il simplement dans
ses
mémoires. Il parle même d’une « répugnance pour la machine » dans le
148
ccès, fonde la Société des automobiles Ford. Dans
sa
première publicité, il écrit que l’auto « peut vous mener n’importe o
149
e atmosphère salubre ». En 1910, Ford introduisit
son
fameux « Modèle T », robuste, utile et laid, mais bon marché et desti
150
estiné à la masse. Il ne cessera de faire baisser
son
prix au fur et à mesure de l’accroissement des ventes. (C’est l’idée
151
estées, sur une machine de roule n’obéissant qu’à
ses
humeurs. L’auto ne répondait alors à aucun besoin du public, bien au
152
Illich a calculé que l’Américain moyen qui roule
ses
10 000 km par an, doit consacrer pour payer sa voiture, son essence,
153
e ses 10 000 km par an, doit consacrer pour payer
sa
voiture, son essence, ses impôts, son garage, etc., tant de journées
154
km par an, doit consacrer pour payer sa voiture,
son
essence, ses impôts, son garage, etc., tant de journées de travail, q
155
oit consacrer pour payer sa voiture, son essence,
ses
impôts, son garage, etc., tant de journées de travail, qu’au total se
156
r pour payer sa voiture, son essence, ses impôts,
son
garage, etc., tant de journées de travail, qu’au total ses 10 000 km
157
e, etc., tant de journées de travail, qu’au total
ses
10 000 km lui auront pris environ 1700 heures de son temps, et cela f
158
10 000 km lui auront pris environ 1700 heures de
son
temps, et cela fait du 6 à l’heure — l’allure d’un piéton. Mais là ne
159
l’ai dit. Et seul peut-être un fou eût pu prévoir
son
déroulement — ou alors un homme très sensible, qui au premier contact
160
notre histoire ! Herman Kahn vient d’avouer qu’à
ses
yeux, Hitler était méthodiquement imprévisible. Pourtant d’autres mét
161
u xxe siècle. Dans le même temps, Nietzsche crie
son
mépris pour le chauvinisme, le « nationalisme de bêtes à cornes », et
162
me pas vu le problème, et ne soupçonnent même pas
son
importance fondamentale. Mais l’État-nation n’est pas seulement respo
163
d’une très mauvaise gestion de notre terre et de
ses
ressources. Mais qui était le Gérant responsable ? La réponse est dan
164
ez ce qu’ils en ont fait. Ils ont géré et détruit
ses
ressources en vue de leur seule puissance et de leur seul prestige ;
165
verain sur toutes choses et gens dans le cadre de
ses
frontières, l’État-nation tel que nous l’avons fait, nous les Europée
166
t annoncé, sur la recherche que je propose et sur
ses
directions majeures : nous voyons maintenant ce qu’il s’agit de chang
167
ésente une recherche, je ne saurais anticiper sur
ses
résultats, ni donc les décrire en détail ; mais vous restez en droit
168
e l’État-nation est bien malade. Et tout d’abord,
sa
souveraineté prétendue est de plus en plus illusoire. Selon Jean Bodi
169
ndamentale, basique, de l’État-nation réside dans
sa
définition même, dans sa prétention intenable à imposer les mêmes fro
170
’État-nation réside dans sa définition même, dans
sa
prétention intenable à imposer les mêmes frontières et la même admini
171
e extrême diversité, due aux sources multiples de
sa
culture, et aux valeurs souvent contradictoires qu’elle a héritées de
172
ù il démontre que plus une cité s’agrandit, moins
ses
citoyens ont de prise sur ses réalités, moins nombreux donc y sont le
173
é s’agrandit, moins ses citoyens ont de prise sur
ses
réalités, moins nombreux donc y sont les responsables de tout ordre,
174
rer 21 minutes. L’orateur poursuivit en éclairant
ses
notes d’une torche. 14. Sur ces mots, les lumières se rallument dans
175
qui s’oppose aux régions et propose contre elles
sa
« régionalisation » autoritaire. Quant à la simultanéité des deux phé
176
’avait bien vu le général de Gaulle lorsque, dans
son
discours de Lyon, il passait en revue les relations que devaient entr
177
peuple se met à rendre les rênes à un autre pour
son
sort quotidien, pour ce qu’il doit penser, pour ce qu’il doit acheter
178
, militaires, techniques, et à tous les degrés de
sa
vie. Il se trouve pris dans un réseau de nécessités techniques, écono
179
oussière d’individus, l’État totalitaire va faire
son
ciment. Cela appelle la tyrannie, l’inconsistance des relations civiq
180
toutes les démesures, comme ferait un corps sans
son
programme de vie : l’individu humain passerait ainsi de 30 cm à 1,75
181
n’y a plus qu’un homme sur trois qui habite dans
sa
commune d’origine. Presque tous sont déplacés. Prenez la ville de Gen
182
t avec la poussière des individus que l’État fait
son
ciment. Cela n’est pas un phénomène nouveau, cela existait à la fin d
183
ment le désir d’être responsable, d’être digne, à
ses
propres yeux de vivre et valoir quelque chose. C’est beaucoup plus im
184
s mégalopolis. Le désir de devenir responsable de
son
destin doit amener au désir d’autogestion dans tous les ordres d’acti
185
s. C’est cela le fédéralisme : que chacun fasse à
son
niveau, ce qu’il est capable de faire et que, pour ce qui dépasse son
186
est capable de faire et que, pour ce qui dépasse
son
niveau, il s’unisse à d’autres. Qu’il ne se fédère que pour cela, et
187
erre mondiale, a contribué “à mettre l’Europe sur
ses
rails” en organisant notamment la conférence de La Haye en 1948, d’où
188
re destin. C’est ce qu’il dira prochainement dans
son
ouvrage intitulé L’Avenir est notre affaire . »
189
n’ai jamais fait partie de ce groupe, ni partagé
son
idéologie, ce qui m’a évité d’être excommunié tôt ou tard. C’était en
190
t trahit quelque chose chez lui. Il a passé toute
sa
vie à une religion [sic] qui n’aurait pas été le christianisme et don
191
Le surréalisme a cinquante ans, si l’on admet que
sa
naissance coïncide avec la publication du Manifeste d’André Breton, e
192
s avons demandé à Denis de Rougemont de parler de
son
séjour à New York pendant la dernière guerre, au cours duquel il renc
193
du monde, et bien digne d’être approuvé par tous
ses
citoyens. Mais quand on dit en Suisse (romande surtout) : « Ça, c’est
194
s que le Suisse inquiet met en cause, mais plutôt
ses
concitoyens. Sont-ils à la hauteur de leurs institutions ? Méritent-i
195
ce versa. C’est alors que Carl Spitteler prononça
son
fameux discours sur « Notre point de vue suisse », dont voici un pass
196
e de cœur a besoin qu’on lui pardonne de jouir de
son
bien-être pendant que d’autres souffrent. Culpabilité irraisonnée de
197
gique : Le péché des Suisses pourrait bien avoir
son
expression particulière dans la neutralité suisse. Les Suisses, depui
198
nt pas comme les autres. Le Suisse est assis dans
sa
petite maison, et il regarde par sa petite fenêtre, et se réjouit de
199
st assis dans sa petite maison, et il regarde par
sa
petite fenêtre, et se réjouit de voir les étrangers venir chez lui po
200
sse est un bourgeois qui place au premier rang de
ses
préoccupations son repos et sa sécurité. Tel pourrait être, à peu prè
201
s qui place au premier rang de ses préoccupations
son
repos et sa sécurité. Tel pourrait être, à peu près, le péché propre
202
u premier rang de ses préoccupations son repos et
sa
sécurité. Tel pourrait être, à peu près, le péché propre des Suisses.
203
justement où Barth, vingt ans plus tôt, accusait
ses
compatriotes d’être « spectateurs de l’Histoire » ! S’il s’avère au c
204
« bien suisse » — à juger d’un problème moins sur
son
mérite propre (ou contenu) que sur les mérites moraux de ceux qui ont
205
communicables, et qu’il faut assumer dans toutes
ses
dimensions non seulement morales mais politiques, et non seulement éc
206
nous dit-on ? Rien de tel pour tirer un homme de
ses
doutes brumeux et de son anxiété qu’un défi bien concret, venant de l
207
l pour tirer un homme de ses doutes brumeux et de
son
anxiété qu’un défi bien concret, venant de l’extérieur. Et de même qu
208
enser que la Suisse a mieux à faire qu’à cultiver
ses
inquiétudes locales. Qu’elle prenne conscience de l’avenir qu’elle re
209
rien encore ! Je ne conçois pas d’autre remède à
ses
névroses de prospérité. C’est dans une modestie trop commode, un peu
210
e modestie trop commode, un peu lâche, que réside
sa
pire tentation et vraiment son péché virtuel — qui est la peur d’assu
211
u lâche, que réside sa pire tentation et vraiment
son
péché virtuel — qui est la peur d’assumer sa vocation. 16. Karl Bar
212
ent son péché virtuel — qui est la peur d’assumer
sa
vocation. 16. Karl Barth : Gottes Gnadenwahl, conférence sur les ra
213
nt vous de la « société post-industrielle » et de
ses
valeurs, mon premier mouvement a été de recul devant un sujet qui me
214
l’individu humain, croissance qui, elle, comporte
son
programme génétique, ses propres lois d’épanouissement, de maturité,
215
ance qui, elle, comporte son programme génétique,
ses
propres lois d’épanouissement, de maturité, de déclin et de mort, en
216
ne pas consacrer une part exagérée du produit de
son
travail à payer ses trajets vers son travail, c’est-à-dire à dépenser
217
e part exagérée du produit de son travail à payer
ses
trajets vers son travail, c’est-à-dire à dépenser pour être payé, ou
218
u produit de son travail à payer ses trajets vers
son
travail, c’est-à-dire à dépenser pour être payé, ou à payer pour pouv
219
a jamais cessé de fomenter, de susciter en vue de
son
profit des besoins neufs, artificiels, quitte à s’en prévaloir ensuit
220
omotive routière ». Il a vécu ce jour-là, dit-il,
son
« chemin de Damas » : « Dès l’instant où je l’aperçus, jusqu’au jour
221
re une bonne machine routière », écrira-t-il dans
son
autobiographie. En 1892, il construit sa première voiture. « On la co
222
il dans son autobiographie. En 1892, il construit
sa
première voiture. « On la considérait plutôt comme une peste, écrit-i
223
rait plutôt comme une peste, écrit-il, à cause de
son
vacarme qui effrayait les chevaux. » Elle restera longtemps unique. C
224
ues. » Deux ans plus tard, Clemenceau écrira dans
son
journal : « Dangereuse, puante, inconfortable, ridicule assurément, v
225
» (Il sentait juste, mais l’avenir donnera tort à
son
pronostic.) Le gouvernement anglais interdit le nouveau moyen de tran
226
euvent donner aux ambitions d’un petit campagnard
son
ignorance du reste du monde, son puritanisme naïf et le soutien de la
227
petit campagnard son ignorance du reste du monde,
son
puritanisme naïf et le soutien de la morale utilitaire qui règne sans
228
la discipline forcenée qu’il imposera plus tard à
ses
ouvriers, afin de les détourner du vice, fils des loisirs. En 1899, i
229
ase inouïe, constat vertigineux, aveu du siècle à
son
tournant ! En quelques décennies, par la publicité et par elle seule
230
dental, et surtout la conscience que l’homme a de
ses
besoins, en faisant passer au premier rang le plus artificiel et le d
231
au hasard sur les routes de campagne, l’auto voit
sa
fonction primitive inversée dès qu’on la multiplie par des millions.
232
nt bétonnés — déjà 18 % du territoire hollandais.
Ses
vapeurs obscurcissent, en plein midi, le ciel de nos grandes villes.
233
sé, et par l’embouteillage crée l’immobilité sous
sa
forme la plus exaspérante. Tout cela n’empêche nullement le petit-fil
234
ociété nouvelle, en nous d’abord. Et pour décrire
ses
caractéristiques, il nous suffira donc maintenant d’inverser la plupa
235
ers le souci d’être utile plutôt que redoutable à
ses
voisins, qu’il s’agisse de personnes ou d’États. La société industrie
236
bêtises » comme aimait à le dire Einstein, citant
son
ami hollandais le physicien Hendrijk Lorentz ? J’aurais dû vous parle
237
s mêlés de soulagement (elle n’a pas été occupée,
son
armée et sa résolution morale l’ont protégée) mais aussi de culpabili
238
ulagement (elle n’a pas été occupée, son armée et
sa
résolution morale l’ont protégée) mais aussi de culpabilité, presque
239
e de cœur a besoin qu’on lui pardonne de jouir de
son
bien-être pendant que d’autres souffrent. » Ainsi parlait le grand po
240
minelle — mais simplement l’unir pour le salut de
ses
peuples, le maintien de leurs libertés et de leurs coutumes particuli
241
tâche appellent normalement. Ainsi l’Europe prend
ses
racines dans le terreau de l’authentique fédéralisme suisse. De cette
242
lle du fédéralisme helvétique, ne saurait arrêter
ses
effets aux frontières historiques de nos cantons confédérés. Si le fé
243
e, celle-ci deviendrait du même coup, aux yeux de
ses
voisins, un État-nation, comme les autres ; plus grave : elle se verr
244
er à l’intérieur la centralisation autoritaire de
ses
voisins. Il est donc évident que notre fédéralisme ne peut se mainten
245
stitué en 1848. Si la Suisse veut rester fidèle à
sa
vocation séculaire, elle se doit donc de devenir, de proche en proche
246
les. Mais cela ne saurait la dispenser de choisir
sa
politique mondiale, et ce choix se pose entre la solidarité et l’égoï
247
se, en adhérant, ne risquerait-elle pas de perdre
son
originalité, sa formule politique spécifique, et sans nul doute, les
248
ne risquerait-elle pas de perdre son originalité,
sa
formule politique spécifique, et sans nul doute, les bénéfices moraux
249
fique, et sans nul doute, les bénéfices moraux de
sa
neutralité ? En revanche, en persistant dans son abstention, ne manqu
250
e sa neutralité ? En revanche, en persistant dans
son
abstention, ne manquerait-elle pas de belles occasions de faire enten
251
it-elle pas de belles occasions de faire entendre
sa
voix en faveur des formules qu’elle illustre de toute son histoire :
252
en faveur des formules qu’elle illustre de toute
son
histoire : la fédération, les communes, le vrai civisme, le refus du
253
Face aux défis de l’Europe et du monde, c’est sur
sa
propre raison d’être que la Suisse d’aujourd’hui se voit amenée à s’i
254
t amenée à s’interroger. Et ce n’est qu’au nom de
ses
buts humains en tant qu’État fédératif qu’elle peut dorénavant justif
255
’État fédératif qu’elle peut dorénavant justifier
ses
options. n. Rougemont Denis de, « Suisse 1975 », Encyclopédie de
256
Suisses eux-mêmes commettent de graves erreurs à
son
sujet. C’est l’École, une fois de plus, qui a répandu ces erreurs. On
257
que sur l’ensemble d’une nation.) Cependant, dans
ses
structures, la Suisse a toujours été à contre-courant de ce qui se pa
258
t respectueux de la légalité. Tous les moments de
son
histoire sont en rupture de légalité ! Aujourd’hui, Guillaume Tell au
259
Il faut donc que la Suisse retrouve ce qui était
son
attitude et sa mentalité originelles, celles qui ont créé les institu
260
e la Suisse retrouve ce qui était son attitude et
sa
mentalité originelles, celles qui ont créé les institutions de la pre
261
vécu dans les autres cultures, se trouve lié dans
sa
genèse permanente à l’expression, premièrement littéraire et musicale
262
es psychiques peuvent être étudiées au mieux dans
ses
expressions littéraires et artistiques en général, il nous faudra d’a
263
ulsion que tout être éprouve à un moment donné de
son
développement, même sans avoir jamais rien lu ni même entendu dire à
264
sans avoir jamais rien lu ni même entendu dire à
son
sujet. Fonction de l’espèce, fatalité pour l’individu, tropisme, mais
265
assion, forme d’amour liée plus que toute autre à
ses
expressions littéraires (au « discours amoureux » comme on disait nag
266
t « se déclare ». C’est l’amour qui se prend pour
son
objet, qui aime sa propre intensité et non pas l’Autre. C’est l’auto-
267
est l’amour qui se prend pour son objet, qui aime
sa
propre intensité et non pas l’Autre. C’est l’auto-intoxication, favor
268
périence amoureuse » en Occident. Selon Platon et
son
maître Socrate, Éros est l’agent de tout progrès moral et spirituel,
269
emporain de Plutarque, saint Paul, avait écrit de
son
côté que le mariage est « un grand mystère (mystérion méga) ». Rencon
270
iles aient été rédigés, ne cesse de dénoncer dans
ses
épîtres le sacré tant juif que païen (hellénistico-romain surtout), q
271
’amour (« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné
son
Fils unique… »), et dont toute la loi se résume dans le commandement
272
uiète des choses du monde, des moyens de plaire à
sa
femme » (I Cor. vii, 32). Ainsi donc, exalté d’une part comme image d
273
un principe révolutionnaire — foi contre loi — et
sa
réalisation sociale, il y a toute l’épaisseur, la lourdeur, l’inertie
274
» ne donne encore que de malingres témoignages de
son
existence en Europe, parmi lesquels on peut citer les Carmina de l’év
275
déjà citées, des poésies dues à des clercs… Avec
ses
formes fixes et raffinées et sa doctrine absolument nouvelle, la cort
276
des clercs… Avec ses formes fixes et raffinées et
sa
doctrine absolument nouvelle, la cortezia (amour à la manière des cou
277
t d’Arbrissel (né vers 1050), rendu populaire par
ses
diatribes passionnées contre le luxe et la luxure, fonde en 1101 à Fo
278
hilosophe, théologien et le plus grand docteur de
son
époque, devient le premier héros historique de l’amour-passion, c’est
279
ésir exaspéré par les obstacles de toute nature à
sa
conservation (liens parentaux, allégeance féodale, mariage, séparatio
280
laquelle l’homme sacrifie tout (Tristan renonce à
son
rang à la cour, faillit à l’honneur du chevalier et à la fidélité env
281
t assumés. L’amour, dès lors, sera toujours lié à
son
« aveu », à sa « déclaration ». Le contenu affectif de la passion va
282
ur, dès lors, sera toujours lié à son « aveu », à
sa
« déclaration ». Le contenu affectif de la passion va trouver mainten
283
’Europe christianisée, le mythe révélera-t-il par
ses
structures mêmes le secret du pouvoir immodéré qu’il exerce depuis de
284
mentionnent même pas, n’a jamais cessé d’exercer
son
empire sur nos sociétés, de la Grèce primitive à l’Occident moderne,
285
me. Robert le Pieux se voit contraint de répudier
sa
première femme, qu’il aime, parce qu’elle est sa cousine au quatrième
286
sa première femme, qu’il aime, parce qu’elle est
sa
cousine au quatrième degré et qu’elle a tenu avec lui un enfant sur l
287
ère-père. Tristan naît dans le malheur parental :
son
père vient de mourir et sa mère, Blanchefleur, ne survit pas à sa nai
288
le malheur parental : son père vient de mourir et
sa
mère, Blanchefleur, ne survit pas à sa naissance, d’où le nom même du
289
mourir et sa mère, Blanchefleur, ne survit pas à
sa
naissance, d’où le nom même du héros. Le roi Marc de Cornouailles, fr
290
e du héros. Le roi Marc de Cornouailles, frère de
sa
mère, prend l’orphelin à sa cour et l’éduque. Or, chez les Celtes, co
291
ornouailles, frère de sa mère, prend l’orphelin à
sa
cour et l’éduque. Or, chez les Celtes, comme chez bien d’autres peupl
292
e dernier de la « quête » d’Iseut, c’est ainsi de
sa
future « mère » légale qu’il tombe passionnément amoureux. La condamn
293
fait rien, ce n’est pas seulement par respect de
son
suzerain (déjà trompé en fait), mais parce qu’à la force des lois et
294
en fait), mais parce qu’à la force des lois et de
sa
fidélité au roi s’ajoute celle, bien plus contraignante, du dernier t
295
raduisant et de communiquer sans l’expliquer, car
son
contenu demeure inavouable même s’il est fascinant comme une drogue.
296
sible du grand roman de Proust, il perd peu à peu
son
allure de somnambule fasciné par le rêve de la « femme impossible ».
297
celui qui affronte la mort d’amour, celui auquel
son
amour interdit « donne l’audace de négocier avec la mort » (Pétrarque
298
ans, que la passion ne s’approfondit et ne dégage
ses
énergies qu’à la mesure des résistances qu’elle rencontre. Déjà, dans
299
e distingue du simple désir par le raffinement de
ses
expressions, la culture du sentiment, le respect quasi religieux de l
300
plus dramatique lorsque l’amour courtois trouvera
son
expression romanesque dans la France du Nord et l’Angleterre celtique
301
’histoire de l’amour passionné sera donc celle de
ses
traverses, de ses malheurs, que les lecteurs comme les amants préfère
302
ur passionné sera donc celle de ses traverses, de
ses
malheurs, que les lecteurs comme les amants préfèrent au bonheur « sa
303
e de nouveaux moyens de s’exprimer et de répandre
sa
contagion, par le poème d’abord et le roman, puis le théâtre et, enfi
304
rature, elle le perd en sincérité, en virulence ;
son
drame vécu devient spectacle passionnant, ses péripéties durement sub
305
e ; son drame vécu devient spectacle passionnant,
ses
péripéties durement subies deviennent intrigue, suspense et plaisir d
306
a houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de
sa
bergère. Il est peu de romans mieux écrits que L’Astrée. Mais, si le
307
nesque, faut-il incriminer la société du temps et
ses
coutumes, ou la littérature elle-même, qui ne serait qu’un sous-produ
308
n fait, ce fut assez d’un décret de Boileau, dans
son
Dialogue sur les héros de roman, pour réduire à l’oubli la féerie rom
309
ce à la vertu, qui conclut en faveur du monde, de
sa
morale. Cependant, le mythe garde sa virulence dans le théâtre de la
310
du monde, de sa morale. Cependant, le mythe garde
sa
virulence dans le théâtre de la même époque. Roméo et Juliette est pe
311
lus seulement métaphorique. Elle est appelée dans
sa
réalité à la fois charnelle et mystique comme l’amour même. Deux géné
312
ations plus tard, le théâtre français introduit à
son
tour, sous les formes les plus policées, « cette tristesse majestueus
313
n imagine des formes qui vont l’avouer dans toute
sa
force, à la Cour même, par le théâtre. Andromaque, Bérénice et Phèdre
314
ui est la fille et la sœur des ennemis mortels de
son
père ». Aricie sera donc pour Hippolyte l’amour que le Père interdit,
315
’amour incestueux pour la Mère. « Dois-je épouser
ses
droits contre un père irrité ? » se demande le jeune homme. (La psych
316
amnables, et Racine les condamne, mais il en fait
son
œuvre ! L’autre moyen qu’il a trouvé pour nous parler voluptueusement
317
pour nous parler voluptueusement de la passion de
ses
personnages, donc de la sienne, c’est l’argument à toute épreuve du p
318
angaine à Iseut : Vous aimez. On ne peut vaincre
sa
destinée : Par un charme fatal vous fûtes entraînée. Racine est-il
319
s entraînée. Racine est-il vraiment sincère dans
sa
préface lorsqu’il écrit : Ce que je puis assurer, c’est que je n’en
320
e à Mozart, c’est Don Juan qui occupe la scène de
sa
présence insolente, bondissante, mais secrètement anxieuse. Or, Don J
321
nxieuse. Or, Don Juan est l’antithèse de Tristan,
son
négatif parfait : infidèle par définition, homme des rencontres sans
322
armi toutes les femmes celle qui pourrait retenir
son
amour, quand Tristan était l’homme d’un seul amour fatal mais dans le
323
onheur, quoi qu’en dise Dona Anna. Casanova, dans
ses
Mémoires, se vante de n’avoir laissé derrière lui que des femmes émue
324
e aux sévices corporels. Le marquis de Sade écrit
ses
œuvres en prison : il ne peut donc s’agir que de fantasmes, mais qui
325
rque (Laure de Noves) trouve dans la tradition de
sa
famille le modèle de l’amour idéal, cette cortezia que, pour se venge
326
le prochain (Sacher-Masoch se choisira lui-même).
Ses
livres ont la monotonie de l’obsession. Quant à ses valeurs, on ne sa
327
s livres ont la monotonie de l’obsession. Quant à
ses
valeurs, on ne saurait trop souligner qu’elles sont celles de la nobl
328
de la Régence à la Révolution. Ce serait oublier
son
plus grand écrivain, Rousseau le gêneur, qui d’ailleurs vient de Genè
329
: La passion de l’amour suprême ne trouve jamais
son
accomplissement ici-bas ! Mourir ensemble ! voilà le seul accomplisse
330
e ! voilà le seul accomplissement. Novalis, dans
son
journal intime : Notre engagement n’était pas pris pour ce monde. E
331
riand paraphrasant le Cantique des cantiques dans
son
invocation célèbre : Levez-vous vite, orages désirés qui devez empor
332
listes. Car l’amour passionné, répétons-le, prend
sa
source dans cet élan qui par ailleurs fait naître le langage. Et l’in
333
oureux suivent de près la littérature, celle-ci à
son
tour n’est jamais indépendante de la société et de ses structures de
334
our n’est jamais indépendante de la société et de
ses
structures de contrainte. Si le romantisme est un retour en force de
335
sexuel, dans les œuvres de Charles Fourier et de
ses
disciples socialistes et communautaires, puis chez Kierkegaard, c’est
336
itiques les plus radicaux de la bourgeoisie et de
son
système de valeurs jugées incompatibles soit avec la justice sociale,
337
udelaire, profond révélateur de la sensibilité de
son
époque, compose dans ses poèmes une érotique secrète et douloureuse,
338
eur de la sensibilité de son époque, compose dans
ses
poèmes une érotique secrète et douloureuse, en défense contre la civi
339
e évasion psychodramatique vers la passion rêvée,
son
épanouissement dans la mort, au-delà de la prison des corps, dans l’e
340
e public, par ouï-dire, la certitude soudaine que
sa
doctrine « expliquait tout », cela tient au fait qu’il expliquait les
341
ystifier, par une réduction impitoyable de toutes
ses
motivations (mystiques, ethniques ou poétiques) à la seule libido ou
342
responsable, et auquel Freud n’a voulu que donner
ses
vrais noms. Le Vocabulaire de la psychanalyse de J. Laplanche et J.-B
343
e, placé entre guillemets comme pour s’excuser de
son
incongruité, est défini comme une attitude envers autrui qui perpétu
344
st ce qu’a fort bien relevé Georges Bataille dans
ses
ouvrages sur Éros et l’érotisme, si fort en vogue dans l’avant-garde
345
sion » les éléments d’une érotique moderne. Toute
son
œuvre illustre les liens nécessaires entre érotisme et religion, dési
346
La morale bourgeoise est en pleine décadence.
Ses
tabous ne tiennent plus. Freud et tous les psychanalystes ont accrédi
347
ui amène quelqu’un dont on lui dit qu’il est fou.
Sa
première réaction va consister à lui laver le cerveau. Pour ce magist
348
e l’homme et la femme est un élément important de
ses
mœurs. Or cette façon n’a pas été modifiée par les grands de l’époque
349
ment où on lui dirait ce qu’il doit écrire. C’est
sa
nature même qui s’y oppose. Il sera donc toujours un opposant, un « a
350
ssi proches du pouvoir. Chacun de ces artistes, à
sa
manière, était donneur de mesures morales dans lesquelles leurs conte
351
ce que je crois à cette liberté de l’homme liée à
sa
responsabilité que j’oppose à tous les États-nations l’idée de commun
352
ans une « mesure » où l’homme peut faire entendre
sa
voix. Pour vous il n’y a pas de nécessité à ce qu’un État moderne soi
353
le de tout y compris de ce qui ne le regarde pas.
Son
rêve — et ce qui se passe en Union soviétique de façon scandaleuse pr
354
influencer les gens. Partout l’État veut imposer
sa
norme. Ces défauts sont peut-être moins évidents dans de petits pays,
355
rit au président de la Confédération pour obtenir
sa
libération. Il m’a fait répondre par le Département de justice et pol
356
turelles — d’écrire à Leonid Brejnev en demandant
sa
libération. Au premier rang de ceux qui se sont engagés dans ce comba
357
ns de cet engagement sont bien dans la logique de
son
œuvre et de ses actes. On n’a pas oublié qu’il avait pris publiquemen
358
ment sont bien dans la logique de son œuvre et de
ses
actes. On n’a pas oublié qu’il avait pris publiquement la défense de
359
’il avait pris publiquement la défense de l’un de
ses
anciens étudiants, objecteur de conscience, et on sait que dans une a
360
ent aussi en faveur de cet engagement. C’est dans
sa
belle et solide maison de Pouilly qu’il nous les a apportées. »
361
e Rome a prévu le désastre, mais n’a rien dit sur
ses
fauteurs. Or, le principe de la crise mondiale réside, à l’évidence,
362
crudité gênante. Ou bien l’État-nation maintient
ses
prétentions au pouvoir exclusif de gestion de la terre — et, dès lors
363
enverser l’État-nation : nous péririons tous dans
ses
ruines. Au niveau des pouvoirs concrets, je vois très peu à renverser
364
l’obsession de la puissance est l’ultima ratio de
ses
décisions. Mais d’où tient-il sa puissance actuelle, sinon du vide ci
365
ultima ratio de ses décisions. Mais d’où tient-il
sa
puissance actuelle, sinon du vide civique créé par l’urbanisation sau
366
s — chacune ayant pour extension le territoire de
sa
réalité — ne naîtront pas de nos modèles, mais bien de la nécessité d
367
cle vicieux dont il s’agit de sortir. Il faut que
ses
auteurs commencent. 2) L’État-nation peut faire autant et plus de mal
368
peu dire ! Il est grand temps de le dépouiller de
son
prestige, d’en dénoncer l’absurdité et d’inciter chacune des grandes
369
chacune des grandes régions du globe à rechercher
sa
propre voie vers des formes nouvelles de communauté. Pour l’Europe de
370
us et mieux pour le tiers-monde qu’en lui prêtant
son
« assistance technique », c’est-à-dire des experts en armements, en g
371
éelle et qui, loin d’être marginale par rapport à
son
œuvre politique, pourrait bien en être la source. Personnellement, je
372
textes Pour l’Europe, réunis par lui à la fin de
sa
vie, je trouve ces mots qu’on ne saurait souhaiter plus éclairants et
373
uhaiter plus éclairants et qui servent de titre à
son
deuxième chapitre : L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou
374
Schuman n’a jamais eu en réalité à « interrompre
sa
méditation pour passer à l’action » (comme l’a écrit Jean Monnet) pui
375
Jean Monnet) puisque c’est tout naturellement que
sa
méditation s’est poursuivie en création et n’a cessé de soutenir son
376
t poursuivie en création et n’a cessé de soutenir
son
action. Voilà pourquoi cet homme d’État d’allure volontairement mode
377
dallées de marbre de Dubrovnik dans l’enceinte de
ses
remparts, de Lisbonne sur l’Atlantique à Venise sur l’Adriatique, don
378
é vibre et chante, danse ou déploie les fastes de
ses
opéras dans les plus beaux décors du monde : ceux d’une nature humani
379
Bath, le plus ancien festival connu (il a célébré
son
centenaire en 1961) et Varsovie, le plus délibérément novateur (on n’
380
rande ou moyenne, n’a-t-elle pas essayé de lancer
son
festival, de pousser sa petite note séductrice dans la grande rumeur
381
lle pas essayé de lancer son festival, de pousser
sa
petite note séductrice dans la grande rumeur musicale de nos étés eur
382
tinent ruiné et disloqué essayait de reconstruire
ses
villes et une économie de paix, on vit aussi renaître dans tous nos p
383
uropéen » ? En fait, chacun tentait de vivre pour
son
compte. Quelques-uns cherchaient les moyens de sortir de leur isoleme
384
voir. Je lui avais écrit tôt après la lecture de
son
article sur la coopération dans le domaine musical. Ce jeune chef pre
385
se concerter — terme éminemment musical… Il avait
son
idée là-dessus. Pour ma part, je venais de fonder le Centre européen
386
iée à l’Europe non seulement historiquement, dans
sa
genèse, mais encore essentiellement dans sa nature, étant née du comp
387
dans sa genèse, mais encore essentiellement dans
sa
nature, étant née du complexe physico-spirituel qui a formé l’homme e
388
art, que s’occuper de l’Europe et spécialement de
sa
culture, suppose que l’on s’occupe de la musique ; et, d’autre part,
389
historiens de prendre note d’un petit fait qui a
son
importance symbolique : l’Association des festivals européens a précé
390
isqu’elle englobe déjà seize pays d’Europe et que
ses
plus grands axes joignent Athènes à Édimbourg, Grenade à Helsinki. À
391
ne trouverez l’équivalent de cette formule et de
ses
surprises, calculées ou non, pas plus que vous ne trouverez l’équival
392
sage, l’esprit d’une cité, l’intérêt collectif de
ses
habitants, et la tradition culturelle d’une région. Soumise à l’exam
393
Mais n’est-ce pas le fait de toute définition, et
son
utilité majeure ?) De plus, on a fait observer qu’elle ne tenait pas
394
ects sociaux du phénomène festival considéré dans
sa
totalité et dans ses conditions matérielles d’existence. 3. C’est en
395
omène festival considéré dans sa totalité et dans
ses
conditions matérielles d’existence. 3. C’est en effet de la rencontre
396
les nombreuses ressources dont elle dispose pour
sa
propre saison d’hiver, est tout à fait différent, mais plus rare.) La
397
es Myrtes à l’Alhambra. Ce retour de la musique à
son
milieu d’origine et d’usage, à la communauté dont elle fut l’expressi
398
dans les esprits chaque fois qu’elle est jouée en
son
lieu, annonce et préfigure une évolution très profonde de la société
399
’exprimer un genius loci, non point en produisant
ses
propres œuvres, son dialecte musical particulier, mais bien par une c
400
loci, non point en produisant ses propres œuvres,
son
dialecte musical particulier, mais bien par une certaine manière qui
401
se, de l’identité de l’Europe et de ce qui motive
son
étude aujourd’hui. Tout le reste en dépendra, et d’abord mes réponses
402
à l’idée d’une recherche théorique, gratuite dans
ses
motivations, c’est-à-dire sans souci d’applications immédiates. C’est
403
e manière aussi de faire vivre l’Europe en vivant
sa
culture, qui est, à mes yeux, sa profonde identité. Cette culture a p
404
Europe en vivant sa culture, qui est, à mes yeux,
sa
profonde identité. Cette culture a produit — comme déchets, selon Spe
405
s Européens ne la vivent plus, perdent le sens de
ses
valeurs créatrices. Nos grands journaux non sans Schaden Freude, titr
406
it pas à la transmission d’un savoir, s’il y voit
son
premier devoir. Il consiste surtout à éveiller dans l’esprit de l’étu
407
citez, c’est-à-dire ramènent tout à l’Europe et à
ses
intérêts, dont ils font le centre de leur monde. Or à mon sens, c’est
408
oupçonner le caractère spécifiquement européen de
sa
discipline. Or s’il est naïvement européen, il est fatal qu’il se com
409
Je venais d’entendre, à Venise, Honegger diriger
son
Nocturne et je m’étais dit : Voilà celui pour qui je voudrais écrire
410
ystique, naïf, au bord de l’hérésie, exerçant, de
son
ermitage dans les Alpes, un empire étendu et profond sur l’esprit de
411
lpes, un empire étendu et profond sur l’esprit de
ses
compatriotes, s’il a prévenu in extremis la guerre entre les cantons
412
tre les cantons suisses, c’est par l’autorité que
sa
vie d’ascète donne au message secret qu’il envoie à la Diète, et dont
413
nte au bord du gouffre, cette minute où, retenant
son
souffle, le peuple attend l’annonce fatidique, et tout d’un coup, à g
414
re par excellence ! Revenir au théâtre grec, avec
son
chœur ? Ce serait la solution formelle ; encore faudrait-il l’adapter
415
rire Jeanne au bûcher avec Claudel. De quinze ans
son
cadet, inconnu du grand public, je ne lui apporte rien qu’une command
416
ue, pour aboutir à notre oratorio, puis en 1945 à
son
exécution au Vatican, lors des fêtes de la canonisation (combien tard
417
s de Flüe : « Honegger a touché là les sommets de
son
lyrisme. » 30. Note à l’usage des jeunes générations : Denis de Ro
418
r la Terre sainte, rédigé en 1306. Pierre Dubois,
son
auteur, est un juriste de Philippe le Bel et d’Édouard d’Angleterre.
419
s 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi lance
son
appel à la Paneurope. Coudenhove réussit à convaincre Aristide Briand
420
xister une sorte de lien fédéral ». Briand charge
son
plus proche collaborateur, Alexis Léger24, de rédiger un mémorandum s
421
eux, l’Union européenne des fédéralistes convoque
son
premier grand congrès. Cette association des militants européens grou
422
nistres français décidait de « donner à ce projet
son
concours actif », bientôt suivi par les quatre autres signataires du
423
s La Haye. La construction européenne connaissait
son
premier succès spectaculaire, et le plus vivement enlevé. Mais dès la
424
nts entre dirigeants du Mouvement européen, ou de
ses
organisations membres, hommes politiques et intellectuels, hauts fonc
425
de la sorte, après quelques années, à concentrer
ses
efforts créateurs sur les domaines que les souverainetés politiques s
426
e de Jean Monnet allait se mettre à travailler de
son
côté dès le début de mai27. En décembre de la même année, à Lausanne,
427
octobre de l’année suivante. Et il se trouva que
sa
première opération fut de définir la nature de la mission du CERN, ai
428
on du CERN, ainsi que de programmer les étapes de
sa
réalisation par les États européens, via l’Unesco. Le CERN fut inaugu
429
missaire général au Plan français, Jean Monnet et
ses
proches collaborateurs, Étienne Hirsch, Pierre Uri et le professeur P
430
a nouveauté, dans l’approche de Jean Monnet et de
ses
collaborateurs — dont aucun jusqu’alors n’avait participé aux mouveme
431
e union sérieuse qu’est l’État-nation, obsédé par
ses
droits souverains, d’ailleurs de plus en plus fictifs. Peu d’idées ne
432
e rend à la chaire » et qu’il « pesait longuement
ses
arguments comme un vieux pharmacien ses pilules », c’est bien le même
433
onguement ses arguments comme un vieux pharmacien
ses
pilules », c’est bien le même qui, selon les mêmes auteurs, a accompl
434
it le cours de l’Histoire ». André Philip parle à
son
propos « des possibilités révolutionnaires du terne », mais Konrad Ad
435
de la frontière ». En 1914, il est allemand selon
son
passeport. Inapte au service militaire, il ne sera mobilisé qu’au tit
436
, remontant de la mer du Nord jusqu’à Bâle. Toute
sa
carrière européenne paraît préfigurée dans ces données historiques et
437
sociales et religieuses de la ville où il exerce
son
métier d’avocat, Metz, Schuman, sur les instances de ses amis catholi
438
ier d’avocat, Metz, Schuman, sur les instances de
ses
amis catholiques, se laisse porter à la députation dès 1919, par sens
439
amment réélu à la Chambre, il s’y cantonnera dans
son
rôle de président de la Commission d’Alsace-Lorraine ; mais s’il adhè
440
ptation grâce à Schuman du projet de Jean Monnet,
sa
mise en place rapide, et l’ampleur de ses suites, s’expliquent seulem
441
Monnet, sa mise en place rapide, et l’ampleur de
ses
suites, s’expliquent seulement si l’on rapporte l’attitude de Schuman
442
human lors du 9 mai 1950 aux motivations mêmes de
sa
personne et notamment à l’équation : Moselle / Europe chrétienne = R
443
nt acquise de l’homme de la frontière, autant que
ses
méditations historiques et ses finalités spirituelles. Elle est insép
444
ntière, autant que ses méditations historiques et
ses
finalités spirituelles. Elle est inséparable de la personne même de R
445
l est non moins certain qu’en faisant du projet «
son
affaire » et en engageant sur lui le sort de sa propre politique euro
446
son affaire » et en engageant sur lui le sort de
sa
propre politique européenne, Robert Schuman a transformé un texte en
447
ntre le dramaturge et l’acteur qui fait triompher
sa
pièce, la coopération créatrice entre l’auteur du scénario d’un film
448
créatrice entre l’auteur du scénario d’un film et
son
cinéaste. Plus précisément, il y aurait lieu d’examiner quatre ou cin
449
Schuman fut réellement l’homme du Plan qui porte
son
nom, parce que ce plan résultait du problème dans lequel s’était noué
450
an résultait du problème dans lequel s’était noué
son
drame personnel, et parce que ce plan figurait le dénouement possible
451
Schuman me paraît avoir été déterminée moins par
ses
souvenirs du passé qui eussent pu au contraire l’aveugler, que par sa
452
é qui eussent pu au contraire l’aveugler, que par
sa
vision lucide de l’avenir des pays de l’Europe. Il avait beaucoup réf
453
le moyen de commencer se présenta, il sut arrêter
sa
méditation pour accepter de passer à l’action. Oui, mais placé devan
454
, homme de méditation et de culture, au milieu de
ses
huit-mille volumes de collectionneur passionné. Et c’est pourquoi il
455
textes Pour l’Europe, réunis par lui à la fin de
sa
vie, je trouve ces mots qu’on ne saurait souhaiter plus éclairants, e
456
haiter plus éclairants, et qui servent de titre à
son
deuxième chapitre : L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou
457
chuman n’a jamais eu, en réalité, à « interrompre
sa
méditation pour passer à l’action » puisque c’est tout naturellement
458
à l’action » puisque c’est tout naturellement que
sa
méditation s’est poursuivie en création et n’a cessé de soutenir son
459
t poursuivie en création et n’a cessé de soutenir
son
action. Voilà pourquoi cet homme d’État, d’allure volontairement mode
460
religieuse qui se réclamait de Kierkegaard et de
sa
double descendance — « existentielle » et nietzschéenne par Heidegger
461
es orthodoxies partisanes, imposées par l’État et
sa
police à la nation dans tous ses ordres, mythique, politique, quotidi
462
ées par l’État et sa police à la nation dans tous
ses
ordres, mythique, politique, quotidien, triomphaient en Russie soviét
463
n au contraire si l’homme se les approprie, comme
sa
chose et son bien, qu’il posséderait sans l’actualité de cette Parole
464
re si l’homme se les approprie, comme sa chose et
son
bien, qu’il posséderait sans l’actualité de cette Parole et avant ell
465
d’un événement qui dépend de l’observateur et de
sa
position hic et nunc ; — Le way of life qui canalise les aspirations,
466
l’orthologie et l’autologie, la première — selon
sa
mission — ayant provoqué la seconde à éveiller des vocations incompar
467
cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans
sa
rigueur, dont la maîtrise technique favorise — ô miracle — l’ouvertur
468
le solution, qui est de longer la rivière jusqu’à
sa
source, là où les deux pentes se rejoignent — seul moyen de les remon
469
qui commence à mes pas. L’homme de la foi ne suit
sa
voie qu’en la frayant, « sentier étroit », dit le Bouddha, et l’Évang
470
rès jolie épigraphe que Jean Cocteau avait mise à
son
Secret professionnel. C’est un petit dialogue ainsi conçu : « Et les
471
guerre, et trouvant l’« ultima ratio » de toutes
ses
contraintes dans cette préparation à la guerre — je vous renvoie, là-
472
le souverain lui a fait, une fois pour toutes, de
sa
souveraineté. Ce n’est donc ni l’anarchie, ni la révolution à la mode
473
bien mise en valeur par Bertrand de Jouvenel dans
son
livre Du Pouvoir, dont je ne me lasse pas de citer cette phrase : « L
474
serait-on responsable si l’on n’est pas libre de
ses
actes ? N’allons pas croire pourtant qu’entre le besoin de puissance
475
régions autonomes, grâce à l’appui du Ciel et de
ses
longs regards sur notre terre. Choisir les unités locales, voire fami
476
entimentaux qui devraient toujours unir l’homme à
son
environnement. Pour Denis de Rougemont, le pire est encore à venir pu
477
st l’Escalade de 1602). Les Bernois, déjà venus à
son
secours en 1535, ont annexé au passage le Pays de Vaud, naguère encor
478
es, mais restera longtemps à l’écart de la vie de
ses
voisins francophones : les uns (Vaudois) passés à la Réforme, les aut
479
siècles des liens étroits avec la Franche-Comté (
sa
charte de franchises, 1214, était copiée sur celle de Besançon), se t
480
Refuge, s’ouvre au monde mais tend à se fermer à
ses
proches voisins du Faucigny et du Genevois, certes fort mêlés à sa po
481
s du Faucigny et du Genevois, certes fort mêlés à
sa
population par mariages ou par immigration, mais sujets catholiques d
482
’avenir. Elle va constituer en quelques décennies
son
identité culturelle, spirituelle, et même économique. Certes, les tro
483
nde bien : je ne limite pas « l’esprit romand » à
ses
expressions littéraires, philosophiques ou théologiques. Il s’agit bi
484
able de penser qu’elle va se figer désormais dans
son
image du xixe siècle. Elle va changer, cela seul est certain. À la l
485
a changer, cela seul est certain. À la lumière de
son
histoire, essayons de conjecturer dans quels délais, dans quelles dir
486
sement de relations plus étroites entre Genève et
ses
voisins gessiens et savoyards. (On sait que la crainte de recevoir tr
487
ue devient pendant ce temps « l’esprit romand » ?
Sa
dominante protestante — Benjamin Constant, Alexandre Vinet, H.-F. Ami
488
de la Communauté économique de Bruxelles, puis de
sa
contrepartie, l’AELE, dont la Suisse est le siège comme elle fut la m
489
ulture du pays de Gex. Le Valais tend à resserrer
ses
liens traditionnels avec le Val d’Aoste. Les problèmes horlogers reno
490
ardes non épurées. Avec l’aéroport de Cointrin et
ses
nuisances, les menaces de Verbois nucléaire et de Creys-Malville géné
491
dans le royaume de Bourgogne transjurane : c’est
sa
plus ancienne unité. Sur cette aire, certes plus historique que géogr
492
r de cap, c’est littéralement se convertir, faire
sa
révolution. Chacun de nous peut opérer pour lui-même cette révolution
493
nnier de l’idée européenne, s’adresse à nous dans
son
dernier livre qui vient de paraître. L’Avenir est notre affaire . Un
494
ien des illusions sur notre monde mais pas encore
sa
confiance dans les hommes. Tout dans cet écrivain, grand, robuste, au
495
te maison, ancienne ferme retapée, imposante dans
sa
simplicité, dans laquelle il passe ses vacances, à quelques kilomètre
496
osante dans sa simplicité, dans laquelle il passe
ses
vacances, à quelques kilomètres de Grasse. En l’an 2000 ni pain, ni
497
2000 ni pain, ni eau, peut-être ! Il parle de
son
livre d’une voix lente, pèse ses mots comme il jauge le poids des cho
498
! Il parle de son livre d’une voix lente, pèse
ses
mots comme il jauge le poids des choses, explique, cite Platon, Arist
499
avons perdu cette mesure : alors, tout au long de
son
livre, il nous houspille, nous provoque, nous met au pied du mur. Nou
500
monde. Denis de Rougemont n’est pas un prophète.
Son
livre ne raconte pas une fiction. Il constate. Sévérité du moraliste,
501
faut choisir. » Ce n’est pas un homme à renoncer.
Son
acharnement à défendre l’Europe, et à travers elle l’homme, le prouve
502
titut d’études européennes. L’Europe fut et reste
sa
passion parce qu’elle lui apparaît comme l’aboutissement de ce person
503
mmunautaire, fondamental, qui fut la recherche de
sa
vie. Recherche de la personne, de la vocation d’homme. On la retrouve
504
de la vocation d’homme. On la retrouve dans tous
ses
livres, dans ses articles, dans toutes ses activités. Le sens de l
505
’homme. On la retrouve dans tous ses livres, dans
ses
articles, dans toutes ses activités. Le sens de la communauté huma
506
s tous ses livres, dans ses articles, dans toutes
ses
activités. Le sens de la communauté humaine doit renaître Et po
507
les occasions ne lui ont pas manqué de renoncer à
sa
foi dans l’humanité. En 1936, il a vu de près l’Allemagne d’Hitler, a
508
des sociologues, des urbanistes, des physiciens.
Son
livre en est le résultat. À la fois cri d’alarme et désespérance. L’e
509
si elle renonce à intervenir, alors elle signera
sa
mort. Or, maintenant que nous avons les moyens de surmonter les défis
510
emière fois dans l’histoire, l’homme peut choisir
son
avenir, grâce à la technique. Les catastrophes ne tombent plus du cie
511
à l’homme le sentiment de responsabilité et donc
sa
liberté. Villes trop vastes, trop peuplées, inhumaines. Nous sommes l
512
us les urbanistes avancés, est arrivé à la fin de
sa
vie à la conclusion que la ville idéale ne doit pas dépasser 50 000 h
513
t toucher. Parlons-lui de l’histoire naturelle de
sa
région, de ses coutumes, de ses produits, et montrons-lui progressive
514
lons-lui de l’histoire naturelle de sa région, de
ses
coutumes, de ses produits, et montrons-lui progressivement comment la
515
toire naturelle de sa région, de ses coutumes, de
ses
produits, et montrons-lui progressivement comment la région dépend d’
516
e s’incliner, non ? … Denis de Rougemont a choisi
sa
révolution. Pas de grands chambardements, pas de déclarations fracass
517
ou bien notre mode de développement continue sur
sa
lancée productiviste et c’est la catastrophe à brève échéance. Ou bie
518
premiers à formuler concerne l’État-nation. Avec
sa
volonté de puissance et son égoïsme sacré, il serait le grand respons
519
ne l’État-nation. Avec sa volonté de puissance et
son
égoïsme sacré, il serait le grand responsable de l’apocalypse qui se
520
atique. Or personne ne se décide à intervenir car
son
administration relève de deux souverainetés nationales. Les frontière
521
c’est, pour l’État, le moyen idéal de parvenir à
ses
fins ; dès que la patrie est en danger, il n’y a plus ni catholiques,
522
nce, le fortifie puisqu’elle lui permet d’imposer
sa
loi et son autorité sur une population disciplinée. Toutes les instit
523
rtifie puisqu’elle lui permet d’imposer sa loi et
son
autorité sur une population disciplinée. Toutes les institutions stat
524
nc non pas par une destruction de l’État mais par
sa
redistribution. Les régions, les collectivités humaines ou profession
525
aindre. L’Europe des marchands ne se fera pas car
son
principe repose sur une idée empruntée au marxisme vulgaire, et d’ail
526
omie commande tout. Jean Monnet, quels que soient
ses
mérites, ne raisonnait pas autrement. En gros, cela voulait dire : si
527
, l’antieuropéanisme devient un article de foi de
son
nouveau credo. Il alla même jusqu’à écrire une préface fort célèbre p
528
péenne. Le dénoncer, comme ça, en se crispant sur
son
État-nation, ce n’est pas une façon de le conjurer, au contraire… C’e
529
que Gramsci, dans les années 1920, avait intitulé
sa
revue Ordine nuovo. De plus, personne ne pouvait alors prévoir que Hi
530
que j’ai pu voir de près l’horreur hitlérienne à
ses
commencements. Bien sûr, en m’offrant ce poste à Francfort, il s’imag
531
riori, rien de commun. Pourtant… Le premier, avec
son
obstination géniale, impose à notre civilisation un type de transport
532
la création de l’État d’Israël. Or cet État, par
son
implantation géographique, provoque des conflits incessants avec les
533
. Même si le but est commun, chacun doit inventer
son
chemin, car, si l’on prend les routes nationales, on arrive toujoursb
534
ment comme une fédération de groupes ayant chacun
ses
lois propres. Ce type de contrat exclut, par définition, l’uniformisa
535
de Strasbourg, décrivent les effets dévastateurs.
Sa
passion devient donc une passion subie, au nom, de laquelle il détrui
536
c Philippe le Bel, qui s’est laissé persuader par
ses
légistes que « le roi de France est empereur en son royaume ». C’est
537
s légistes que « le roi de France est empereur en
son
royaume ». C’est pour cela que, lorsque de Gaulle est mort, vous avez
538
Il le dit d’ailleurs dès les premières lignes de
ses
Mémoires : « De tout temps, la France ne fut pour moi qu’une princess
539
çais pour n’adorer que la France. Pensez encore à
sa
haine des « barons félons » (qui jouent un si grand rôle dans toutes
540
qui risquaient de s’interposer entre lui-même et
sa
passion ? Tout cela pour dire que l’État-nation accomplit dans l’ordr
541
Bref, depuis quarante ans, Denis de Rougemont, de
sa
retraite dorée du bord du lac Léman, prêche dans le désert. On pardon
542
out aux prophètes, sauf d’avoir raison… Il fallut
son
dernier livre, L’Avenir est notre affaire , paru le mois dernier che
543
soixante-dix ans, est tout étonné de reconnaître
sa
propre voix dans le chœur indigné de tous ses cadets en colère. » On
544
ître sa propre voix dans le chœur indigné de tous
ses
cadets en colère. » On précise en notes les commentaires de Rougemont
545
susceptible de la retenir ou de la détourner dans
sa
chute, on sait exactement à quel moment elle touchera le sol… En somm
546
auto avec un carburant dont chaque gramme vaudra
son
pesant de platine… Alors qu’est-ce qu’on va faire ? Eh bien, personne
547
us, qui affirment le contraire. Qui croire ? » Et
sa
réponse a été : « C’est très simple, il faut croire ceux qui n’ont ri
548
ns exception, pays du rideau de fer compris, voit
sa
population stagner et même, parfois, décroître. Alors je dis : « Est-
549
s plus facile. Ce qu’ils poursuivent, chacun dans
sa
sphère — et même parfois inconsciemment — c’est le mythe de la puissa
550
efitte l’a très bien montré dans Le Mal français.
Sa
thèse m’aide plus qu’elle ne me contrarie ; car il a très bien montré
551
e, l’homme se voit contraint de choisir librement
son
avenir, du seul fait qu’il en a pour la première fois la liberté, don
552
a, changer de fins. La fin de l’État-nation étant
sa
propre puissance, c’est en mettant fin à ce mythe de la puissance qu’
553
0 000 habitants, elle tomberait dans la tyrannie.
Son
gouvernement, alors, ne pourrait plus être l’affaire des citoyens réu
554
ait plus aucune possibilité matérielle de prendre
son
destin en main. Il y aurait donc, si je vous entends, une taille à ne
555
e, une maladie, de la Confédération, ce n’est pas
son
fonctionnement normal. Pour donner de l’actualité à ces propos un peu
556
mondial plus tard. Le règne de l’État-nation dans
ses
dimensions européennes actuelles me paraît terminé ; ce n’est pas une
557
rgent du beurre. Les Américains disent : « Manger
son
gâteau et l’avoir encore. » Ils veulent tout à la fois. Ils épousent
558
7)bs bt J’ai rencontré Denis de Rougemont dans
sa
maison de Pouilly, tout près de la petite église où saint Bernard de
559
es plus hautes valeurs humaines. S’il adopte dans
son
livre le ton du prophète, c’est que notre espèce se trouve dans une s
560
cela, pourquoi ne démissionne-t-il pas en donnant
ses
raisons ? Pourquoi reste-t-il au pouvoir, alors qu’il a pris conscien
561
andes idées que Denis de Rougemont développe dans
son
livre est précisément que l’homme contemporain, piégé par la techniqu
562
technique et ceux qui en vivent, s’est trompé sur
ses
vrais besoins. « Il n’y a d’impératifs que de la nature » et nous dev
563
i s’articulera aux « conceptions de l’homme et de
son
rôle sur la terre qui nous animent en vérité ». Un exemple particuliè
564
omobile. Denis de Rougemont rappelle et cite dans
son
livre un article qu’il écrivit en 1928 déjà et dont le titre à lui se
565
ndre l’automobile « nécessaire » dans l’esprit de
ses
compatriotes. Quand on lance une nouvelle technique, un nouveau procé
566
e Concorde, « le mensonge qui va plus vite que le
son
», comme il dit, ce somptueux gadget de seize milliards dont les cont
567
nis de Rougemont est également un homme d’espoir.
Son
très beau livre est tout entier animé par la grande et généreuse idée
568
idément un homme étonnant. Il a fêté l’an dernier
son
soixante-douzième anniversaire, il est un écrivain de notoriété inter
569
sible : celui qui verra l’homme prendre en charge
sa
propre destinée, projeter et assumer des finalités qui ne seront plus
570
garde le calme suisse (il est né à Neuchâtel) et
son
livre qui vient de paraître aux éditions Stock a un beau titre : L’A
571
it Charles de Gaulle et qui publiait La France et
son
armée. Entre L’Amour et l’Occident qui est une méditation sur le my
572
n trouve dans une tribu africaine. Le marié dit à
sa
femme : « Je te vois », et réciproquement. Cela veut dire : je te voi
573
s avancées. Il rappelle à chacun que l’avenir est
son
affaire, et non celle d’une vague fatalité. Il en appelle à la libert
574
public. Nous en avons parlé avec l’écrivain dans
sa
demeure de Pouilly, en France : « Le pays dont je préfère me plaindre
575
de la contrainte. Assis près de la cheminée, dans
sa
pièce de travail, Denis de Rougemont forge prudemment ses phrases, co
576
e de travail, Denis de Rougemont forge prudemment
ses
phrases, comme on se fraie un chemin dans la forêt. Pas de formules t
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traînent toujours un renforcement de l’État et de
sa
police. Il s’est chargé très rapidement de confirmer lui-même ce diag
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ann et introduits par le chapeau suivant : « Dans
son
dernier livre, le célèbre essayiste qui, depuis plus de quarante ans,
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tamment que l’actualité a fini par coïncider avec
son
combat et lance un cri d’alarme. »
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0 ans d’âge : de Jéricho à Manhattan et Brasilia,
son
développement a été celui de la civilisation elle-même. Le Paradis ét
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re : cela limite le nombre des habitants. Quant à
son
étendue : le rayon de la cité ne devrait pas excéder la portée de la
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st de savoir si l’on va repartir de l’homme et de
ses
besoins fondamentaux, ou continuer à partir de la technique et de ses
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taux, ou continuer à partir de la technique et de
ses
« impératifs » allégués par les promoteurs et les ministres dont ils
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ent : 1. Dans les rues de la polis grecque et sur
son
agora se formait l’opinion, se discutaient les lois. En toutes provin
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ypse sont des mots épouvantails qu’il plante dans
ses
pages pour qu’ils effraient la peur et l’éloignent. Quand il affirme
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? On ne ferait jamais rien si chacun n’avait pas
sa
petite utopie. Depuis mon plus jeune âge, je crois à une forme de soc
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divine ce qui nous échappe. Que peut l’homme sur
son
destin ? Par sa science et son invention technique, il a en main des
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us échappe. Que peut l’homme sur son destin ? Par
sa
science et son invention technique, il a en main des moyens tels qu’i
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e peut l’homme sur son destin ? Par sa science et
son
invention technique, il a en main des moyens tels qu’il ne peut plus
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er. Le désastre était inscrit dans les données de
son
aventure. Si Hitler revient souvent dans la conversation de Denis de
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Histoire ont dépassé la Deuxième Guerre mondiale,
ses
ruines, ses massacres ses exterminations. Si j’ai bien compris la dém
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dépassé la Deuxième Guerre mondiale, ses ruines,
ses
massacres ses exterminations. Si j’ai bien compris la démonstration q
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uxième Guerre mondiale, ses ruines, ses massacres
ses
exterminations. Si j’ai bien compris la démonstration que m’a faite D
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t que les Américains n’ont pas tellement envie de
ses
voitures. Par la force de la publicité, il les persuade qu’ils ne pou
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roit de parler d’un problème qui est le centre de
ses
préoccupations. Voilà des années qu’il étudie, lit, compare, interrog
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dieu des Enfers, dieu aveugle. On s’est servi de
son
nom pour baptiser le plutonium, ce n’est pas par hasard. Selon la myt
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ogie, Pluton s’enfouit sous la terre au milieu de
ses
immenses richesses, il s’ennuie tellement dans ses enfers qu’il voudr
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es immenses richesses, il s’ennuie tellement dans
ses
enfers qu’il voudrait tuer le plus grand nombre de gens possible pour
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branchée sur le monde Déjà nous lui préparons
ses
cavernes, celles où seront enfouis les déchets radioactifs qui auront
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é l’humanité. Denis de Rougemont est reparti vers
sa
Suisse paisible. Il a encore à réfléchir et à chercher. Là-bas, proté
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et à chercher. Là-bas, protégé par le rempart de
ses
livres, il pourrait se laisser aller à l’égoïsme de l’intellectuel, m
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laisser aller à l’égoïsme de l’intellectuel, mais
sa
conscience reste branchée sur le monde. Ses connaissances, son intell
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, mais sa conscience reste branchée sur le monde.
Ses
connaissances, son intelligence, lui permettent de voir plus loin que
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e reste branchée sur le monde. Ses connaissances,
son
intelligence, lui permettent de voir plus loin que nous, alors il ave
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plus loin que nous, alors il avertit des dangers.
Son
cri est d’espoir et non pas de sauve-qui-peut, puisqu’il dit « l’aven
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e nos lendemains comme le Petit Prince l’était de
sa
rose, Noël est proche. C’est le temps des enfants. Pour eux, il faut
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industrielle. Déjà la croissance démographique et
son
corollaire, la croissance urbaine ont ralenti en Europe, après tout d
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t être qu’un service public, un point c’est tout.
Ses
propositions développées en 160 pages partent de l’homme (il fut l’un