1 e monde pendant des siècles, n’est pas le produit d’ une terre assez ingrate, encore couverte de forêts quand l’Égypte et S

2 roduit d’une terre assez ingrate, encore couverte de forêts quand l’Égypte et Sumer illustraient toute la civilisation. El

3 vilisation. Elle n’est pas le produit démontrable d’ un climat, d’une pression démographique, d’une aire géographique, ni d

4 lle n’est pas le produit démontrable d’un climat, d’ une pression démographique, d’une aire géographique, ni d’un sous-sol

5 trable d’un climat, d’une pression démographique, d’ une aire géographique, ni d’un sous-sol riche : tout autre continent p

6 ession démographique, d’une aire géographique, ni d’ un sous-sol riche : tout autre continent pourrait se réclamer, sur la

7 urrait se réclamer, sur la plupart de ces points, d’ avantages décisifs. Elle n’est pas fille de la Nature, mais de l’Homme

8 oints, d’avantages décisifs. Elle n’est pas fille de la Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produit de traditions div

9 décisifs. Elle n’est pas fille de la Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produit de traditions diverses nouées en ger

10 Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produit de traditions diverses nouées en gerbe par le christianisme. Née dans un

11 be par le christianisme. Née dans un petit groupe de tribus du Proche-Orient et prolongeant ses courants prophétiques, la

12 elle aussi. Mais son discours assemble un peuple de fidèles et suscite une communauté. Celle-ci réclame un cadre et des i

13 L’Église va donc s’organiser dans les structures de l’Empire, comme sa doctrine s’est informée dans les catégories de la

14 me sa doctrine s’est informée dans les catégories de la dialectique grecque. La venue du Christ et son message ont ainsi p

15 ge ont ainsi provoqué la combinaison imprévisible de trois traditions inégales : Athènes, Rome et Jérusalem. Tradition hel

16 em. Tradition hellénique : la Grèce de Delphes et de Délos, d’Athènes, de Thèbes et de Lacédémone, mais aussi de l’Archipe

17 ion hellénique : la Grèce de Delphes et de Délos, d’ Athènes, de Thèbes et de Lacédémone, mais aussi de l’Archipel et de l’

18 que : la Grèce de Delphes et de Délos, d’Athènes, de Thèbes et de Lacédémone, mais aussi de l’Archipel et de l’Ionie d’abo

19 e de Delphes et de Délos, d’Athènes, de Thèbes et de Lacédémone, mais aussi de l’Archipel et de l’Ionie d’abord, crée les

20 d’Athènes, de Thèbes et de Lacédémone, mais aussi de l’Archipel et de l’Ionie d’abord, crée les notions d’individu et de c

21 bes et de Lacédémone, mais aussi de l’Archipel et de l’Ionie d’abord, crée les notions d’individu et de cité, de mesure et

22 ’Archipel et de l’Ionie d’abord, crée les notions d’ individu et de cité, de mesure et de philosophie, et ses dieux sont en

23 e l’Ionie d’abord, crée les notions d’individu et de cité, de mesure et de philosophie, et ses dieux sont en forme d’homme

24 d’abord, crée les notions d’individu et de cité, de mesure et de philosophie, et ses dieux sont en forme d’hommes, conquê

25 e les notions d’individu et de cité, de mesure et de philosophie, et ses dieux sont en forme d’hommes, conquête majeure (q

26 ure et de philosophie, et ses dieux sont en forme d’ hommes, conquête majeure (quoique ridiculisée par les Gaulois lorsqu’i

27 hiérarchisé ; la loi commune ; les grandes routes de l’Europe ; et la notion de citoyen (un responsable pourvu de droits),

28 e ; les grandes routes de l’Europe ; et la notion de citoyen (un responsable pourvu de droits), qui était ignorée de l’Égy

29  ; et la notion de citoyen (un responsable pourvu de droits), qui était ignorée de l’Égypte et niée par l’Asie. Tradition

30 responsable pourvu de droits), qui était ignorée de l’Égypte et niée par l’Asie. Tradition sémitique : elle est double :

31 que : elle est double : les Phéniciens, « Hébreux de la Mer », colonisent tout d’abord la Méditerranée, Grèce comprise, fr

32 a Méditerranée, Grèce comprise, frayant les voies de la civilisation du Proche-Orient — et c’est ce qu’exprime avec une gr

33 ce qu’exprime avec une grande précision le mythe de l’Enlèvement d’Europe, princesse de Tyr en Palestine, que Zeus fait r

34 vec une grande précision le mythe de l’Enlèvement d’ Europe, princesse de Tyr en Palestine, que Zeus fait reine en Crète, c

35 era Thèbes en Béotie. Puis apparaît Jésus, « fils de David », qui se réclame de la tradition des prophètes d’Israël. Combi

36 apparaît Jésus, « fils de David », qui se réclame de la tradition des prophètes d’Israël. Combinaison imprévisible, ai-je

37 d », qui se réclame de la tradition des prophètes d’ Israël. Combinaison imprévisible, ai-je dit. Car aucune dialectique hi

38 lus grossiers anachronismes. Entre le monothéisme d’ Israël, le polythéisme grec, l’État divinisé des Romains ; entre le sa

39 ique et les structures collectivistes et profanes de l’Empire, nulle convergence préétablie ne saurait être décelée, annon

40 préétablie ne saurait être décelée, annonciatrice de la synthèse européenne, combien instable et malaisée, et qui pourtant

41 t malaisée, et qui pourtant s’est révélée capable d’ intégrer par la suite des apports germaniques et celtes, mais aussi sl

42 rents des premiers. L’apport germanique résultant de la fusion du Barbaricum et de la Romania a consisté surtout en coutum

43 ermanique résultant de la fusion du Barbaricum et de la Romania a consisté surtout en coutumes politiques et sociales, féd

44 lte est sensible d’une part dans l’évangélisation de plusieurs régions de l’Europe centrale et septentrionale (missions de

45 e part dans l’évangélisation de plusieurs régions de l’Europe centrale et septentrionale (missions de Colomban et Gall, ra

46 de l’Europe centrale et septentrionale (missions de Colomban et Gall, rayonnement du foyer spirituel de Iona), d’autre pa

47 Colomban et Gall, rayonnement du foyer spirituel de Iona), d’autre part et d’une manière plus durable, dans la tradition

48 ment du foyer spirituel de Iona), d’autre part et d’ une manière plus durable, dans la tradition littéraire commune à tous

49 us les Européens à partir du xiie siècle (romans de la Table ronde, mythe de Tristan). L’apport arabe est triple : élémen

50 du xiie siècle (romans de la Table ronde, mythe de Tristan). L’apport arabe est triple : éléments de chimie et de mathém

51 de Tristan). L’apport arabe est triple : éléments de chimie et de mathématiques, philosophie, poésie. Le lyrisme des troub

52 L’apport arabe est triple : éléments de chimie et de mathématiques, philosophie, poésie. Le lyrisme des troubadours, ancêt

53 hie, poésie. Le lyrisme des troubadours, ancêtres de toute la poésie européenne, s’est formé au contact du lyrisme andalou

54 s rhétoriques). Quant aux influences bien connues d’ un Avicenne et d’un Averroès, on sait qu’elles ont convoyé vers l’Euro

55 uant aux influences bien connues d’un Avicenne et d’ un Averroès, on sait qu’elles ont convoyé vers l’Europe l’aristotélism

56 illeurs modifié et parfois enrichi. Est-il besoin de rappeler, au surplus, les échanges culturels et spirituels ménagés pa

57 irituels ménagés par les croisades et par la cour de Frédéric II à Palerme ? Enfin, les apports slaves ne sauraient être n

58 e au xxe siècle). L’Europe comme telle, création de l’esprit à partir d’un cap de l’Asie (4 % des terres émergées de la p

59 Europe comme telle, création de l’esprit à partir d’ un cap de l’Asie (4 % des terres émergées de la planète) et de sept ou

60 artir d’un cap de l’Asie (4 % des terres émergées de la planète) et de sept ou huit traditions à tant d’égards incompatibl

61 l’Asie (4 % des terres émergées de la planète) et de sept ou huit traditions à tant d’égards incompatibles, est née de déc

62 la planète) et de sept ou huit traditions à tant d’ égards incompatibles, est née de décisions métaphysiques. Ce sont les

63 traditions à tant d’égards incompatibles, est née de décisions métaphysiques. Ce sont les premiers grands conciles œcuméni

64 doine, qui ont défini les caractères fondamentaux de la conception européenne de l’homme et du monde, en définissant la pe

65 ractères fondamentaux de la conception européenne de l’homme et du monde, en définissant la personne et le dogme de l’Inca

66 du monde, en définissant la personne et le dogme de l’Incarnation. Le concept de personne, élaboré en vue de rendre compt

67 personne et le dogme de l’Incarnation. Le concept de personne, élaboré en vue de rendre compte à la fois de l’unité et de

68 rsonne, élaboré en vue de rendre compte à la fois de l’unité et de la distinction des fonctions entre le Père, le Fils et

69 é en vue de rendre compte à la fois de l’unité et de la distinction des fonctions entre le Père, le Fils et le Saint-Espri

70 e par saint Augustin, puis par Boèce. Il a permis d’ opérer la synthèse entre l’individu des Grecs (atome raisonnable, mais

71 t responsable. En effet, la vocation qu’il reçoit d’ un Dieu transcendant le distingue dans la masse, mais en même temps le

72 asse, mais en même temps le relie à la communauté de ses prochains. Le dogme de l’Incarnation, d’autre part, selon lequel

73 relie à la communauté de ses prochains. Le dogme de l’Incarnation, d’autre part, selon lequel Dieu a choisi de descendre

74 rnation, d’autre part, selon lequel Dieu a choisi de descendre vers nous, pour se manifester aux hommes dans un corps maté

75 portance et leur réalité, alors que les religions de l’Orient considéraient la chair et la matière comme illusoires et irr

76 e l’esprit. Telles sont donc les sources communes de la culture européenne, et nous en sommes tous tributaires — que nous

77 que nous soyons chrétiens ou non, parce que c’est d’ elles que procède l’attitude particulière de l’esprit humain qui devai

78 c’est d’elles que procède l’attitude particulière de l’esprit humain qui devait donner naissance, au cours des siècles, à

79 au cours des siècles, à la technique, à la notion d’ histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures sociales et pol

80 à la technique, à la notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures sociales et politiques. Voici, très b

81 s. Voici, très brièvement suggérée, la généalogie de ces caractères distinctifs de notre culture. Un premier fait : la sci

82 érée, la généalogie de ces caractères distinctifs de notre culture. Un premier fait : la science s’est développée en Europ

83 e corps, la matière, le cosmos étaient des œuvres de Dieu, et méritaient donc d’être étudiés par les meilleurs esprits. Si

84 os étaient des œuvres de Dieu, et méritaient donc d’ être étudiés par les meilleurs esprits. Si l’on croit au contraire que

85 que le corps, la matière et le cosmos sont autant de prisons et ne représentent en réalité que le voile de Maya, destiné à

86 risons et ne représentent en réalité que le voile de Maya, destiné à se dissiper au terme de l’ascension métaphysique, il

87 le voile de Maya, destiné à se dissiper au terme de l’ascension métaphysique, il n’y a aucune raison de perdre son temps

88 l’ascension métaphysique, il n’y a aucune raison de perdre son temps à explorer leurs mystères. Un second fait : l’Europe

89 second fait : l’Europe seule a conçu l’importance de l’histoire, et développé une conception historique de l’humanité. Par

90 ’histoire, et développé une conception historique de l’humanité. Parce que l’événement de la venue de Dieu sur la Terre, e

91 n historique de l’humanité. Parce que l’événement de la venue de Dieu sur la Terre, en forme d’homme, qui marque le début

92 nement de la venue de Dieu sur la Terre, en forme d’ homme, qui marque le début de notre manière de compter les années, a i

93 r la Terre, en forme d’homme, qui marque le début de notre manière de compter les années, a introduit l’idée d’un progrès

94 rme d’homme, qui marque le début de notre manière de compter les années, a introduit l’idée d’un progrès linéaire du temps

95 manière de compter les années, a introduit l’idée d’ un progrès linéaire du temps, allant des origines du monde jusqu’au Ch

96 llant des origines du monde jusqu’au Christ, puis de la mort du Christ au Jugement dernier. D’où résulte que le temps a un

97 t, puis de la mort du Christ au Jugement dernier. D’ où résulte que le temps a un sens. Alors que toutes les autres civilis

98 e qu’elle libère en l’homme des énergies, un sens de la liberté et de l’aventure, une inquiétude fondamentale, que les rel

99 en l’homme des énergies, un sens de la liberté et de l’aventure, une inquiétude fondamentale, que les religions tribales,

100 inois et les Hindous possédaient depuis longtemps de grands bateaux bien supérieurs à nos pauvres petites caravelles du xv

101 dernier fait : la structure sociale et politique de l’Occident est la seule qui repose sur les communes fédérées et les p

102 stianisme s’est d’abord moulé dans les structures de l’Empire romain, mais ensuite il les a fait éclater. C’est ainsi que

103 Moyen Âge, et les synodes calvinistes (assemblées de notables élus par les communautés locales ou paroisses) sont devenus

104 locales ou paroisses) sont devenus les prototypes de nos parlements modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conqu

105 ypes de nos parlements modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes dans le domaine de la culture et de la c

106 lements modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes dans le domaine de la culture et de la civilisation, tr

107 e de l’Europe et de ses conquêtes dans le domaine de la culture et de la civilisation, trouve ainsi un principe d’explicat

108 de ses conquêtes dans le domaine de la culture et de la civilisation, trouve ainsi un principe d’explication dans la diver

109 e et de la civilisation, trouve ainsi un principe d’ explication dans la diversité de ses composantes, synthétisées par le

110 ainsi un principe d’explication dans la diversité de ses composantes, synthétisées par le christianisme et cependant toujo

111 me et cependant toujours en lutte ou en tension : d’ où les oscillations extrêmes de nos sociétés, tantôt vers l’individual

112 te ou en tension : d’où les oscillations extrêmes de nos sociétés, tantôt vers l’individualisme anarchique (pôle grec), ta

113 sme étatique (pôle romain), avec certains moments de retour ou de passage à l’axe chrétien, personnaliste. Cette communaut

114 (pôle romain), avec certains moments de retour ou de passage à l’axe chrétien, personnaliste. Cette communauté des concept

115 e. Cette communauté des conceptions fondamentales de l’homme et du monde est beaucoup plus profonde et décisive que nous n

116 plus profonde et décisive que nous ne le pensons d’ ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens

117 sons d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seul

118 e. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, la comparais

119 ves nous en fait parfois prendre conscience. Rien de tel qu’un voyage aux Indes ou en Afrique pour réveiller chez un Europ

120 n Afrique pour réveiller chez un Européen le sens de l’Europe ! D’autre part, cette communauté profonde est masquée à nos

121 e et demi par une estimation tout à fait exagérée de nos divisions, résultant du nationalisme. Obsédés par les différences

122 tant du nationalisme. Obsédés par les différences de mœurs et de manière de penser que nous croyons exister entre Allemand

123 onalisme. Obsédés par les différences de mœurs et de manière de penser que nous croyons exister entre Allemands et Françai

124 bsédés par les différences de mœurs et de manière de penser que nous croyons exister entre Allemands et Français, Anglais

125 t superficielles si on les compare à l’importance de ce que nous avons en commun : 2° que ces oppositions, loin d’être éte

126 us avons en commun : 2° que ces oppositions, loin d’ être éternelles ou même traditionnelles, ne datent souvent sous leur f

127 écoles régies par l’État que l’idée (hégélienne) de « cultures nationales » s’est répandue. Inculquée à quatre génération

128 devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture française » (ou autrichienne, ou danoise), de « science all

129 ulture française » (ou autrichienne, ou danoise), de « science allemande » (ou anglaise, ou italienne), non pas comme on p

130 se, ou italienne), non pas comme on parlait jadis de musique flamande ou bourguignonne, de peinture rhénane ou siennoise,

131 rlait jadis de musique flamande ou bourguignonne, de peinture rhénane ou siennoise, ou aujourd’hui de l’École de Paris, dé

132 de peinture rhénane ou siennoise, ou aujourd’hui de l’École de Paris, désignant par là des styles ou des modes, mais comm

133 e rhénane ou siennoise, ou aujourd’hui de l’École de Paris, désignant par là des styles ou des modes, mais comme s’il s’ag

134 s styles ou des modes, mais comme s’il s’agissait d’ entités permanentes délimitées par les frontières politiques et admini

135 par les frontières politiques et administratives de tel ou tel État-nation. Les États totalitaires ont poussé plus loin l

136 même sens : c’est ainsi qu’on a parlé sous Hitler de « mathématiques nationales-socialistes » et sous Staline de « biologi

137 matiques nationales-socialistes » et sous Staline de « biologie marxiste » ! En réalité, nos soi-disant « cultures nationa

138 le. La culture vivante a toujours été le résultat d’ échanges libres et d’influences fécondantes, non pas entre nations com

139 e a toujours été le résultat d’échanges libres et d’ influences fécondantes, non pas entre nations comme telles, mais entre

140 ux, écoles régionales, individus créateurs, cités d’ art, etc. Ni la musique pour elle-même (concert), ni la peinture comme

141 e comme fin en soi (tableau), inventions typiques de l’Europe, n’ont jamais été nationales ; elles naquirent au sud, se tr

142 xxe siècle. Rien dans tout cela qui corresponde de près ou de loin au découpage accidentel de nos frontières présentes.

143 e. Rien dans tout cela qui corresponde de près ou de loin au découpage accidentel de nos frontières présentes. L’illusion

144 sponde de près ou de loin au découpage accidentel de nos frontières présentes. L’illusion nationale concernant la culture

145 ationale concernant la culture s’autorise surtout de nos diversités linguistiques. Mais là encore, quelles sont les réalit

146  : la symphonie, le concerto, l’opéra, le tableau de chevalet, le portrait, etc., ignorés ou proscrits par les cultures sa

147 c., ignorés ou proscrits par les cultures sacrées de l’Asie et du Proche-Orient. Quant à la science, on sait assez que son

148 ue son langage est universel : encore convient-il de marquer que c’est le rayonnement de l’Europe qui l’a rendu tel, et qu

149 e convient-il de marquer que c’est le rayonnement de l’Europe qui l’a rendu tel, et qu’il exprime l’une des ambitions les

150 l exprime l’une des ambitions les plus constantes de l’esprit de recherche profane, spécifiquement européen. Ainsi la vie

151 une des ambitions les plus constantes de l’esprit de recherche profane, spécifiquement européen. Ainsi la vie et la vitali

152 cifiquement européen. Ainsi la vie et la vitalité de notre culture n’impliquent rien de moins que l’Europe tout entière, n

153 et la vitalité de notre culture n’impliquent rien de moins que l’Europe tout entière, non seulement dans l’espace, mais da

154 bientôt trois millénaires. a. Rougemont Denis de , « L’Europe culturelle », L’Europe et ses populations, La Haye, M. Ni

155 Si l’on n’est pas né Jurassien, si l’on n’a pas de raisons déraisonnables, intéressées au sens vital, émotives, indicibl

156 émotives, indicibles et donc vraiment sérieuses, de prendre tel ou tel parti dans la profonde, longtemps sourde et tout d

157 parti dans la profonde, longtemps sourde et tout d’ un coup coléreuse délibération en cours chez les habitants des vallées

158 rs chez les habitants des vallées et des plateaux de ce pays, comment se former un jugement sain sur « le problème jurassi

159 ent sain sur « le problème jurassien » ? Essayons de situer le litige dans l’espace et le temps d’aujourd’hui, c’est-à-dir

160 ons de situer le litige dans l’espace et le temps d’ aujourd’hui, c’est-à-dire dans la problématique du continent européen

161 re dans la problématique du continent européen et de ce dernier tiers du xxe siècle. I. Le cadre européen L’évolutio

162 xe siècle. I. Le cadre européen L’évolution de nos pays vers une fédération européenne, depuis trente ans, ne cesse

163 édération européenne, depuis trente ans, ne cesse de devenir plus urgente, mais illustre en même temps la croissance zéro.

164 chefs d’État proclament qu’elle est une question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de

165 tat proclament qu’elle est une question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur p

166 question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur place » désespérant est très fac

167 notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur place » désespérant est très facile à définir : c’est la pré

168 ’est la prétention des États à ne rien abandonner de leur souveraineté illimitée. Comment s’unir dans de telles conditions

169 leur souveraineté illimitée. Comment s’unir dans de telles conditions ? Vouloir fonder l’Europe des États, c’est prétendr

170 er l’union sur les obstacles mêmes à toute espèce d’ union. C’est tenter de fédérer des facteurs de division. C’est le type

171 tacles mêmes à toute espèce d’union. C’est tenter de fédérer des facteurs de division. C’est le type même de l’énoncé cont

172 èce d’union. C’est tenter de fédérer des facteurs de division. C’est le type même de l’énoncé contradictoire, comme disent

173 érer des facteurs de division. C’est le type même de l’énoncé contradictoire, comme disent les logiciens. Autant parler d’

174 ctoire, comme disent les logiciens. Autant parler d’ un cercle carré, ou d’une amicale des misanthropes. D’ailleurs, cette

175 es logiciens. Autant parler d’un cercle carré, ou d’ une amicale des misanthropes. D’ailleurs, cette souveraineté est de pl

176 est de plus en plus illusoire. En effet : — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa sécurité, sa défense sur ce continen

177 soit à une guerre atomique, à cause de la densité de son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assu

178 tomique, à cause de la densité de son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa prospér

179 é de son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa prospérité matérielle : l’économie d

180 ssurer seul sa prospérité matérielle : l’économie de l’Europe, suspendue tout entière au pétrole, s’est rendue absurdement

181 s’est rendue absurdement vulnérable aux caprices de quelques émirs. Aucun de nos pays n’a les matières premières nécessai

182 vulnérable aux caprices de quelques émirs. Aucun de nos pays n’a les matières premières nécessaires à son industrie : le

183 iers-monde les détient presque toutes et supporte de moins en moins qu’elles soient pillées à l’épuisement par nous. Et ai

184 soient pillées à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une contradiction irréductible et qui

185 uation présente du Vieux Continent : il est vital de faire l’Europe, mais il est impossible de la faire sur la base des Ét

186 t vital de faire l’Europe, mais il est impossible de la faire sur la base des États souverains. On demandait à l’un des ho

187 ait à l’un des hommes politiques les plus adroits de la France actuelle : — Devant un problème sans issue, que faites-vous

188 répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer le problème de l’union européenne, c’est d’orienter l’effo

189 ique ! Ma manière à moi de compliquer le problème de l’union européenne, c’est d’orienter l’effort de création et d’imagin

190 mpliquer le problème de l’union européenne, c’est d’ orienter l’effort de création et d’imagination des Européens vers ce q

191 de l’union européenne, c’est d’orienter l’effort de création et d’imagination des Européens vers ce qu’il y a chez nous d

192 opéenne, c’est d’orienter l’effort de création et d’ imagination des Européens vers ce qu’il y a chez nous de plus complexe

193 ble à faire (à cause des prétentions exorbitantes de l’État-nation à souveraineté illimitée dans sa frontière omnivalente)

194 illimitée dans sa frontière omnivalente). Point de régions sans l’Europe, ni l’inverse Que dire en quelques phrases d

195 s, ethniques, économiques, écologiques et sociaux de l’Européen, en cette fin du xxe siècle. Et qu’elles sont devenues su

196 cle. Et qu’elles sont devenues sujettes à la fois d’ études et d’action dans le même temps que la fédération continentale s

197 lles sont devenues sujettes à la fois d’études et d’ action dans le même temps que la fédération continentale s’avérait néc

198 continentale s’avérait nécessaire pour la survie de l’Europe. C’est un fait facilement vérifiable que le concept de régio

199 ’est un fait facilement vérifiable que le concept de régions autonomes a pris consistance en même temps que le programme d

200 a pris consistance en même temps que le programme de dévalorisation progressive des frontières stato-nationales dans le Ma

201 960.) Régions et fédération continentale naissent d’ un même mouvement, répondent aux mêmes défis, et ne peuvent se dévelop

202 lopper qu’en interaction. Car s’il est impossible de baser la fédération européenne sur les États-nations centralisés qui

203 fois par en haut et par en bas, l’obstacle majeur de l’État-nation. Mais en retour, il faut faire l’Europe parce qu’il fau

204 parce qu’il faut faire les régions. Finalités de la région En effet, les régions doivent être définies comme des es

205 s régions doivent être définies comme des espaces de participation civique où la personne trouve la possibilité de s’épano

206 tion civique où la personne trouve la possibilité de s’épanouir dans ses dimensions de liberté et de responsabilité — à la

207 la possibilité de s’épanouir dans ses dimensions de liberté et de responsabilité — à la fois solitaire et solidaire — et

208 é de s’épanouir dans ses dimensions de liberté et de responsabilité — à la fois solitaire et solidaire — et peut donc mani

209 quement ni culturellement. Mais si la fin suprême de toute société est la liberté des personnes, non la puissance d’une co

210 té est la liberté des personnes, non la puissance d’ une collectivité, il devient clair que la région conduit plus sûrement

211 entales au xxe siècle, elle ne vaut pas la peine d’ être faite, et au surplus, elle ne sera jamais faite. II. Nécessit

212 st déclarée un peu partout en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il était à prévoir qu’elle affecterait le

213 nts non point par libre adhésion et confédération de leurs habitants, mais par le moyen de traités ou de conquêtes militai

214 nfédération de leurs habitants, mais par le moyen de traités ou de conquêtes militaires, de donations globales ou d’annexi

215 leurs habitants, mais par le moyen de traités ou de conquêtes militaires, de donations globales ou d’annexion pure et sim

216 r le moyen de traités ou de conquêtes militaires, de donations globales ou d’annexion pure et simple. Les Ligues grisonnes

217 de conquêtes militaires, de donations globales ou d’ annexion pure et simple. Les Ligues grisonnes, avec leurs diversités i

218 Ligues grisonnes, avec leurs diversités inégalées de langues1, de coutumes, et plus encore : avec leurs 219 autonomies com

219 nes, avec leurs diversités inégalées de langues1, de coutumes, et plus encore : avec leurs 219 autonomies communales, exem

220 pect des différences en tant que telles. La Ligue de la Maison-Dieu, la Ligue grise et la Ligue des Dix-Juridictions s’uni

221 ibrement en 1471, et n’ont pas eu depuis ce temps de problèmes majeurs de vie confédérale. À l’autre extrême, le peuple ju

222 n’ont pas eu depuis ce temps de problèmes majeurs de vie confédérale. À l’autre extrême, le peuple jurassien s’est vu quat

223 et le rendre à lui-même dans un ensemble, garant de son autonomie. Et c’est bien cela qui s’est produit dans l’espace d’u

224 t c’est bien cela qui s’est produit dans l’espace d’ une génération, de 1947 à 1977, tandis que simultanément, à la faveur

225 qui s’est produit dans l’espace d’une génération, de 1947 à 1977, tandis que simultanément, à la faveur des premiers accor

226 naissait la problématique des régions économiques de l’Europe des Six, puis des Neuf, et s’annonçait par quelques plastica

227 asticages la revendication des régions ethniques, de l’Écosse à la Catalogne par le pays de Galles, la Bretagne et l’Euska

228 le pays de Galles, la Bretagne et l’Euskadi ; et de l’« Alpazur » (Nice-Cunéo-Imperia) à la région de Trieste-Gorizia-Lju

229 de l’« Alpazur » (Nice-Cunéo-Imperia) à la région de Trieste-Gorizia-Ljubljana par l’Arc alpin, le Val d’Aoste, le Tyrol d

230 Trieste-Gorizia-Ljubljana par l’Arc alpin, le Val d’ Aoste, le Tyrol du Sud. Sans compter les quelque vingt régions transfr

231 Holstein par la Frise et le Rhin jusqu’à Bâle, et de Genève à Nice. « Non, Sire, ce n’est pas une émeute ! C’est une Révol

232 t une Révolution ! » (C’est-à-dire l’instauration d’ un nouvel ordre dans les relations civiques, sociales et politiques.)

233 r il advint que le mariage « arrangé » du Jura et de Berne s’aigrit. Des escarmouches accidentelles puis quotidiennes, des

234 passagers puis chroniques, on en vint aux menaces de divorce, puis au fait, désormais accompli. Ce qui n’était pas conform

235 i. Ce qui n’était pas conforme à la loi organique de libre formation des Ligues suisses, ce qui devait être rectifié en ve

236 l’évolution sociale, politique et même économique de cette fin du xxe siècle, quelque chose de relativement anachronique.

237 omique de cette fin du xxe siècle, quelque chose de relativement anachronique. III. Au-delà du séparatisme À la cré

238 création du canton du Jura, chaque Suisse se doit d’ applaudir de tout cœur, en tant que citoyen d’une Confédération garant

239 canton du Jura, chaque Suisse se doit d’applaudir de tout cœur, en tant que citoyen d’une Confédération garante des libert

240 oit d’applaudir de tout cœur, en tant que citoyen d’ une Confédération garante des libertés, donc des autonomies. Mais cett

241 ictoire, si typiquement fédéraliste, sur l’esprit d’ uniformité (tant culturelle et coutumière que politique) et sur la vol

242 le et coutumière que politique) et sur la volonté d’ imposer à autrui sa propre loi, cette victoire ne sera confirmée que d

243 ra confirmée que dans la mesure où elle permettra d’ aller plus loin, et tout d’abord de regarder au-delà de cette étape, e

244 elle permettra d’aller plus loin, et tout d’abord de regarder au-delà de cette étape, enfin gagnée. Certes, il eût été vai

245 er plus loin, et tout d’abord de regarder au-delà de cette étape, enfin gagnée. Certes, il eût été vain de parler de dépas

246 ette étape, enfin gagnée. Certes, il eût été vain de parler de dépassement d’un régime si longtemps désiré, tant que l’on

247 , enfin gagnée. Certes, il eût été vain de parler de dépassement d’un régime si longtemps désiré, tant que l’on restait pa

248 Certes, il eût été vain de parler de dépassement d’ un régime si longtemps désiré, tant que l’on restait parmi les seuls à

249 t l’ère des régions qui s’ouvre à nous, Européens de la fin du xxe siècle. Se donner comme une tâche prioritaire de « com

250 xe siècle. Se donner comme une tâche prioritaire de « compléter » — par une espèce d’irrédentisme — le processus de forma

251 che prioritaire de « compléter » — par une espèce d’ irrédentisme — le processus de formation de l’État territorial souvera

252  » — par une espèce d’irrédentisme — le processus de formation de l’État territorial souverain qu’on vient de fonder, et p

253 espèce d’irrédentisme — le processus de formation de l’État territorial souverain qu’on vient de fonder, et poser d’entrée

254 itorial souverain qu’on vient de fonder, et poser d’ entrée de jeu le problème de ses frontières, par là même les durcir et

255 ouverain qu’on vient de fonder, et poser d’entrée de jeu le problème de ses frontières, par là même les durcir et en exalt

256 t de fonder, et poser d’entrée de jeu le problème de ses frontières, par là même les durcir et en exalter l’importance, qu

257 iste, une double erreur. Ce serait d’abord tenter de fixer l’évolution de la nouvelle entité jurassienne au stade d’ores e

258 ur. Ce serait d’abord tenter de fixer l’évolution de la nouvelle entité jurassienne au stade d’ores et déjà anachronique d

259 jurassienne au stade d’ores et déjà anachronique de l’État souverain tout homogène et uniformisant, celui précisément que

260 uestion dans le cadre européen par les nécessités de l’union politique, du libre essor culturel des régions, de l’économie

261 n politique, du libre essor culturel des régions, de l’économie industrielle en pleine crise, finalement de la paix, et do

262 économie industrielle en pleine crise, finalement de la paix, et donc très concrètement, dans notre ère atomique, de la su

263 donc très concrètement, dans notre ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la chance nouvelle d’inve

264 ncrètement, dans notre ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la chance nouvelle d’inventer un modèl

265 l’espèce. Et ce serait manquer la chance nouvelle d’ inventer un modèle d’avenir : celui d’une communauté non étatique et p

266 t manquer la chance nouvelle d’inventer un modèle d’ avenir : celui d’une communauté non étatique et pluraliste ; non défin

267 ce nouvelle d’inventer un modèle d’avenir : celui d’ une communauté non étatique et pluraliste ; non définie par ses contou

268 és mais bien par ses contenus variés ; et faisant de ses différences non des causes de conflits et de ruptures, mais bien

269 és ; et faisant de ses différences non des causes de conflits et de ruptures, mais bien des occasions de tensions créatric

270 de ses différences non des causes de conflits et de ruptures, mais bien des occasions de tensions créatrices, d’émulation

271 conflits et de ruptures, mais bien des occasions de tensions créatrices, d’émulation, d’échanges imprévus… La séparation

272 , mais bien des occasions de tensions créatrices, d’ émulation, d’échanges imprévus… La séparation, au niveau cantonal, ét

273 es occasions de tensions créatrices, d’émulation, d’ échanges imprévus… La séparation, au niveau cantonal, était une néces

274 éral. Voilà qui est fait, et qu’il serait insensé de ne pas reconnaître et proclamer par un vote unanime du peuple et des

275 anime du peuple et des cantons. Il s’agira demain de ne s’attacher ni trop passionnément ni trop longtemps à une formule d

276 rop passionnément ni trop longtemps à une formule d’ État cantonal unitaire qui risquerait de faire prendre au jeune canton

277 e formule d’État cantonal unitaire qui risquerait de faire prendre au jeune canton un nouveau retard sur l’évolution génér

278 qui s’ouvre désormais aux deux Jura, c’est celle d’ une expérience passionnante de fédéralisme intégral et de pluralité de

279 x Jura, c’est celle d’une expérience passionnante de fédéralisme intégral et de pluralité des allégeances, par-delà les fr

280 xpérience passionnante de fédéralisme intégral et de pluralité des allégeances, par-delà les frontières (quand elles sont

281 nfin vers l’Europe unie dans la richesse inégalée de ses diversités et dans son ouverture au Monde. 1. Allemand, italie

282 1848 ; voir là-dessus W. Rappard, La Constitution de 1848. b. Rougemont Denis de, « Le Jura libre à l’heure des régions 

283 rd, La Constitution de 1848. b. Rougemont Denis de , « Le Jura libre à l’heure des régions », Oui au canton du Jura, Bern

284 r moi « qui ne croit pas que c’est très important d’ être de gauche ou de droite, d’être du centre gauche ou du centre droi

285  qui ne croit pas que c’est très important d’être de gauche ou de droite, d’être du centre gauche ou du centre droit, d’êt

286 pas que c’est très important d’être de gauche ou de droite, d’être du centre gauche ou du centre droit, d’être giscardien

287 est très important d’être de gauche ou de droite, d’ être du centre gauche ou du centre droit, d’être giscardien ou chiraqu

288 oite, d’être du centre gauche ou du centre droit, d’ être giscardien ou chiraquien ». Les gens ont tort de prendre cela pou

289 tre giscardien ou chiraquien ». Les gens ont tort de prendre cela pour de l’activité politique ; c’est faire de la politiq

290 raquien ». Les gens ont tort de prendre cela pour de l’activité politique ; c’est faire de la politique comme les gens qui

291 e cela pour de l’activité politique ; c’est faire de la politique comme les gens qui regardent les matchs de football à la

292 politique comme les gens qui regardent les matchs de football à la télé et se considèrent comme des sportifs, c’est-à-dire

293 t se considèrent comme des sportifs, c’est-à-dire d’ une manière purement passive. C’est le spectacle, et rien d’autre… Qua

294 ère purement passive. C’est le spectacle, et rien d’ autre… Quand les gens vous disent : « Mais ce problème a été politisé 

295 ment leur apprendre que la politique, c’est l’art de l’aménagement des relations elles-mêmes dans la cité grecque, dans la

296 e, c’est la cité. Alors, tout le monde doit faire de la politique, dans ce sens. C’est, par exemple, les choix. Quelles op

297 grandes options qu’on peut avoir. Ça, c’est faire de la politique, c’est-à-dire du pilotage, du gouvernement d’une communa

298 itique, c’est-à-dire du pilotage, du gouvernement d’ une communauté dans une certaine direction en tâchant de la rendre acc

299 communauté dans une certaine direction en tâchant de la rendre acceptable par le plus grand nombre de citoyens, de créer u

300 de la rendre acceptable par le plus grand nombre de citoyens, de créer une espèce de consensus autant que possible. Gouve

301 acceptable par le plus grand nombre de citoyens, de créer une espèce de consensus autant que possible. Gouverner pour moi

302 lus grand nombre de citoyens, de créer une espèce de consensus autant que possible. Gouverner pour moi, c’est piloter, c’e

303 s une direction qui a l’approbation des citoyens, de leur plus grand nombre. Je dis ça contre la phrase de Pompidou que je

304 eur plus grand nombre. Je dis ça contre la phrase de Pompidou que je cite : « Gouverner, c’est contraindre. » Quelle phras

305 Quelle phrase affreuse ! C’est la première phrase de son livre posthume, Le Nœud gordien. La toute première phrase, les pr

306 C’est là que j’ai cité dans mon livre une phrase de Jouvenel qui disait que les rois de France n’avaient jamais pu lever

307 re une phrase de Jouvenel qui disait que les rois de France n’avaient jamais pu lever d’impôts, ni obliger leurs sujets au

308 que les rois de France n’avaient jamais pu lever d’ impôts, ni obliger leurs sujets au service militaire. C’est très curie

309 aujourd’hui. Il y avait pourtant un gouvernement de la France, mais pas d’impôts, ce n’était pas possible, et pas de serv

310 t pourtant un gouvernement de la France, mais pas d’ impôts, ce n’était pas possible, et pas de service militaire obligatoi

311 ais pas d’impôts, ce n’était pas possible, et pas de service militaire obligatoire. Ça vient du xixe siècle, le service m

312 urront s’exprimer mieux qu’à travers la politique de partis traditionnelle ? J’en suis persuadé. Les femmes, ayant pour fo

313 en suis persuadé. Les femmes, ayant pour fonction de donner la vie, sont beaucoup plus sensibles que les hommes aux condit

314 coup plus sensibles que les hommes aux conditions de la vie. Pour elles, c’est plus sérieux que pour les hommes. Les homme

315 es. Et comment ! Il y a un autre passage du livre de Bertrand de Jouvenel qui me plaît beaucoup : quand il propose, dans A

316 hommes les plus sensibles, au lieu de les traiter d’ efféminés ; qu’on fasse très attention à leurs réactions, que ce soit

317 ve, un peu comme du papier. c. Rougemont Denis de , « [Entretien] Dépolitiser la politique », Le Sauvage, Paris, janvier

318 a dernière phrase semble avoir également souffert d’ une erreur de transcription, ce que Rougemont signale en entourant le

319 rase semble avoir également souffert d’une erreur de transcription, ce que Rougemont signale en entourant le mot « papier 

320 n entourant le mot « papier », mais sans proposer de correction.

321 78)g Titre-piège, bien sûr, mais qui n’est pas de moi. C’est Lui sans aucun doute qui l’a soufflé aux rédacteurs de ce

322 i sans aucun doute qui l’a soufflé aux rédacteurs de ce journal. Car je ne sache pas au monde un seul pays où le diable so

323 difficile à prendre sur le fait. Armons-nous donc de rigueur et de méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que dans l’

324 endre sur le fait. Armons-nous donc de rigueur et de méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que dans l’angoisse qui v

325 ns-nous donc de rigueur et de méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que dans l’angoisse qui voudrait le nier. (Tout

326 e nier. (Tout ce qu’il espère, c’est qu’on essaie de s’en tirer par une pirouette, une plaisanterie « traditionnelle » à s

327 il faudra résister très fermement aux tentations de la facilité, celles qui feraient dire à l’homme de droite que le diab

328 e la facilité, celles qui feraient dire à l’homme de droite que le diable est, bien sûr, Jean Ziegler ; à l’homme de gauch

329 le diable est, bien sûr, Jean Ziegler ; à l’homme de gauche, que c’est au contraire Schwarzenbach ; ou à l’homme du centre

330 l’homme du centre, que c’est plutôt le directeur d’ un journal, phrase laissant entendre qu’il y a parfois de la censure d

331 urnal, phrase laissant entendre qu’il y a parfois de la censure dans ses colonnes. Tous ces cas, s’agissant du diable, son

332 l’attend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Rien de plus facile que d’en co

333 roire qu’il n’existe pas. Rien de plus facile que d’ en convaincre un peuple qui ne croit pas tellement au tragique, et le

334 t-il pensé d’abord quand on lui parlait des camps de la mort nazis ou du Goulag, aujourd’hui de la torture dans plus de ce

335 camps de la mort nazis ou du Goulag, aujourd’hui de la torture dans plus de cent pays… Le deuxième tour du diable a été d

336 ou du Goulag, aujourd’hui de la torture dans plus de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de nous faire croire, à p

337 us de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de nous faire croire, à partir de 1933, puis durant la Seconde Guerre mo

338 qu’il était simplement Adolf Hitler, et personne d’ autre. Mais voilà : L’aventure a pris fin dans la catastrophe prévue.

339 a catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions

340 que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit ! » … En Hitler, le diable avait trouv

341 s ? L’exemple leur venait de haut : l’« équilibre de la terreur », n’est-ce pas le modèle même du chantage à la bombe, qui

342 me du chantage à la bombe, qui sera le terrorisme de demain ? N’est-il pas le fait des États, qui ne se contentent pas de

343 l pas le fait des États, qui ne se contentent pas de prendre en otage les passagers d’un seul Boeing, mais des pays entier

344 contentent pas de prendre en otage les passagers d’ un seul Boeing, mais des pays entiers, des millions d’habitants ? Rest

345 seul Boeing, mais des pays entiers, des millions d’ habitants ? Reste le troisième tour : le diable va se cacher dans ce q

346 s ne le croirons pas ! C’est ainsi qu’à l’automne de 1974, le conseiller fédéral Willy Ritschard, à trois reprises et publ

347 t publiquement, exprima l’opinion que la décision de construire des centrales nucléaires était en vérité « un pacte de Fau

348 s centrales nucléaires était en vérité « un pacte de Faust ». Dans cette déclaration autorisée — s’il en fût —, notre opin

349 centrales nucléaires y était intitulé : Un pacte de Faust. On se souvient que le Faust de Goethe promet son âme au diable

350 ust de Goethe promet son âme au diable en échange de cette source d’énergie que représente la jeunesse éternelle. Qui sera

351 omet son âme au diable en échange de cette source d’ énergie que représente la jeunesse éternelle. Qui serait Méphisto dans

352 Qui serait Méphisto dans notre affaire ? Inutile de chercher personne. On ne trouvera jamais qu’un système et des société

353 anonymes. Chacun se cache derrière un grand arroi de nécessités économiques, d’impératifs technologiques calculés pour les

354 errière un grand arroi de nécessités économiques, d’ impératifs technologiques calculés pour les besoins de la cause, laque

355 pératifs technologiques calculés pour les besoins de la cause, laquelle consiste à vendre toujours plus d’énergie et à nou

356 a cause, laquelle consiste à vendre toujours plus d’ énergie et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins

357 ie et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie est désormais inévitable. Alors que chacun voi

358 ait voir — que ce qui est inévitable c’est la fin de l’énergie à bon marché, et la pénurie dans vingt ans du pétrole, puis

359 hé, et la pénurie dans vingt ans du pétrole, puis de l’uranium censé le remplacer. Même en portant de 4 % à 25 % la part d

360 de l’uranium censé le remplacer. Même en portant de 4 % à 25 % la part du nucléaire dans la production d’électricité, il

361  % à 25 % la part du nucléaire dans la production d’ électricité, il faut, prévoir pour la fin du siècle, faute de pétrole,

362 our la fin du siècle, faute de pétrole, un manque de 50 % sur la quantité énergie qu’on nous annonce « nécessaire » à cett

363 en dans ses effets, dans le grand mythe collectif de la puissance et de la richesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer

364 dans le grand mythe collectif de la puissance et de la richesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer qu’il échappe enti

365 if de la puissance et de la richesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à

366 n, à son empire, même inconscient. C’est l’empire de ce mythe qui peut seul expliquer tant de mensonges officiels quant au

367 offensives », « rentables », « progressistes » et de surcroît « inéluctables ». Sur cet empire, qu’on nomme aussi la socié

368 aussi la société du plutonium, règne Pluton, dieu de la Richesse et des Enfers : nous y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fab

369 était si noir et si laid qu’il ne pouvait trouver de femme. Il faisait sa demeure ordinaire dans les Enfers, et désirait,

370 ire dans les Enfers, et désirait, dit-on, la mort de tout le monde pour peupler son royaume. » Avec cela, aveugle comme le

371 r un avenir qui désormais, dépend essentiellement de nos choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d

372 . Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’ énergies infernales, et que leur plutonium n’évitera pas, préparons-no

373 ns-nous à vivre mieux grâce au Soleil, avec moins de gaspillage et moins d’embouteillages, moins de laideur bruyante et d’

374 râce au Soleil, avec moins de gaspillage et moins d’ embouteillages, moins de laideur bruyante et d’armes annihilantes. Ten

375 ns de gaspillage et moins d’embouteillages, moins de laideur bruyante et d’armes annihilantes. Tentons plutôt de retrouver

376 ns d’embouteillages, moins de laideur bruyante et d’ armes annihilantes. Tentons plutôt de retrouver le secret spirituel et

377 bruyante et d’armes annihilantes. Tentons plutôt de retrouver le secret spirituel et les charmes profonds d’une existence

378 ouver le secret spirituel et les charmes profonds d’ une existence dont le but ne serait plus la vitesse vers n’importe quo

379 uhaite pour l’an qui vient. g. Rougemont Denis de , « Le diable en Suisse », La Suisse, Genève, 1 janvier 1978, p. 15.

380 que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)h i D’ un point de vue tout à fait général, Denis de Rougemont, y a-t-il une

381 t général, Denis de Rougemont, y a-t-il une forme de terrorisme qui puisse se justifier par le « projet » orientant son ac

382 ançaise et à la stratégie violente des mouvements de libération ou de sécession, au Proche-Orient et en Irlande notamment.

383 tratégie violente des mouvements de libération ou de sécession, au Proche-Orient et en Irlande notamment. En d’autres term

384 de notamment. En d’autres termes, est-il possible de distinguer un « bon » et un « mauvais » terrorisme ? Rien ne peut ju

385 fier à mes yeux le terrorisme des Palestiniens et de la Fraction armée rouge ; rien, pas même l’arrogance de ceux qui le c

386 Fraction armée rouge ; rien, pas même l’arrogance de ceux qui le condamnent au nom du droit qu’ils se sont attribué de l’e

387 ondamnent au nom du droit qu’ils se sont attribué de l’exercer exclusivement, je veux dire les États-nations qui pratiquen

388 re les États-nations qui pratiquent « l’équilibre de la Terreur », ce régime de chantage mutuel permanent et de prises d’o

389 atiquent « l’équilibre de la Terreur », ce régime de chantage mutuel permanent et de prises d’otages collectives, par nati

390 reur », ce régime de chantage mutuel permanent et de prises d’otages collectives, par nations entières. Je ne connais pas

391 régime de chantage mutuel permanent et de prises d’ otages collectives, par nations entières. Je ne connais pas une seule

392 tions entières. Je ne connais pas une seule forme de terrorisme qui puisse être justifiée. Reprenons vos exemples… Et préc

393 emples… Et précisons d’abord qu’il y a deux types d’ anarchistes, au xixe  : ceux qui, tels Bakounine ou Kropotkine, entend

394 ev, lequel prônait la violence au nom du « succès de la révolution ». L’ennui, c’est qu’on n’a jamais su ce que pouvait bi

395 Quant à Netchaïev, s’il avait eu une idée claire de la société à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le

396 aire de la société à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le révolutionnaire doit porter en lui le modèle

397 sous l’Occupation… En fait, il ne faut pas parler de mouvement terroriste à propos de la Résistance. Il ne s’agissait là q

398 propos de la Résistance. Il ne s’agissait là que de la continuation de la guerre. Notez qu’il s’est trouvé des gens pour

399 tance. Il ne s’agissait là que de la continuation de la guerre. Notez qu’il s’est trouvé des gens pour arguer, à l’époque,

400 contre les Allemands par les armes. Mais ce genre d’ arguments fut le plus souvent, il faut bien le dire, le fait de sympat

401 ut le plus souvent, il faut bien le dire, le fait de sympathisants du fascisme… Quant aux mouvements de libération, je ne

402 e sympathisants du fascisme… Quant aux mouvements de libération, je ne pense pas non plus qu’ils aient gagné quoi que ce s

403 on plus qu’ils aient gagné quoi que ce soit, hors d’ une publicité dangereuse, par les moyens du terrorisme. Tant dans le c

404 Tant dans le cas des Palestiniens que dans celui de l’IRA, il n’a fait que pourrir la situation. Que pensez-vous, plus pr

405 la situation. Que pensez-vous, plus précisément, de l’attitude d’un Frantz Fanon, qui prétend que la violence se justifie

406 Que pensez-vous, plus précisément, de l’attitude d’ un Frantz Fanon, qui prétend que la violence se justifie en tant que «

407  ! bien, voyez le résultat : pas un seul des pays d’ Afrique n’a obtenu ce qu’il revendiquait par ces moyens-là. Les Palest

408 iolence justifient telle opposition par l’urgence de la révolution. Or peut-on « faire la révolution ? » Certainement pas

409 ession. La plupart du temps, ce n’est qu’une idée d’ adolescent ne recouvrant qu’une insatisfaction latente ou des accès de

410 uvrant qu’une insatisfaction latente ou des accès de colère. Une révolte brute « Faire la révolution » en lançant des

411 prend certes sa source dans un mouvement original de révolte, mais elle débouche sur quelque chose. Elle suppose un progra

412 se. Elle suppose un programme et la vision claire d’ un ordre nouveau à instituer. À cet égard, l’on pourrait dire que le t

413 ire que le terrorisme représente la manifestation de ce qui reste de l’élan révolutionnaire, lorsqu’on a enlevé à celui-ci

414 risme représente la manifestation de ce qui reste de l’élan révolutionnaire, lorsqu’on a enlevé à celui-ci tout ce qu’il c

415 qu’on a enlevé à celui-ci tout ce qu’il contenait de virtualités positives. D’aucuns établissent un lien entre le mouvemen

416 tout ce qu’il contenait de virtualités positives. D’ aucuns établissent un lien entre le mouvement de contestation de Mai 6

417 . D’aucuns établissent un lien entre le mouvement de contestation de Mai 68 et le terrorisme actuel. Qu’en pensez-vous ? C

418 issent un lien entre le mouvement de contestation de Mai 68 et le terrorisme actuel. Qu’en pensez-vous ? C’est une erreur

419 en pensez-vous ? C’est une erreur monumentale que de voir une relation entre ces deux phénomènes. Mai 68, c’était le contr

420 u terrorisme. Ce fut la découverte, éblouissante, de la possibilité de l’échange et de la liberté d’expression, du débat e

421 ut la découverte, éblouissante, de la possibilité de l’échange et de la liberté d’expression, du débat et de l’invention.

422 , éblouissante, de la possibilité de l’échange et de la liberté d’expression, du débat et de l’invention. Il ne s’est pas

423 , de la possibilité de l’échange et de la liberté d’ expression, du débat et de l’invention. Il ne s’est pas agi là, comme

424 change et de la liberté d’expression, du débat et de l’invention. Il ne s’est pas agi là, comme on a pu le dire, d’une rév

425 n. Il ne s’est pas agi là, comme on a pu le dire, d’ une révolution, mais d’une effusion festive. Cela étant l’on peut se d

426 là, comme on a pu le dire, d’une révolution, mais d’ une effusion festive. Cela étant l’on peut se demander pourquoi le ter

427 Schleyer était un ancien SS, qui avait été chargé de l’épuration de l’Université de Prague. D’autre part, il sera intéress

428 un ancien SS, qui avait été chargé de l’épuration de l’Université de Prague. D’autre part, il sera intéressant d’étudier,

429 i avait été chargé de l’épuration de l’Université de Prague. D’autre part, il sera intéressant d’étudier, sous peu, le con

430 sité de Prague. D’autre part, il sera intéressant d’ étudier, sous peu, le contenu du texte3 rédigé en prison par Ulrike Me

431 er, dont une citation, dans un bel article récent de Claude Julien4 donne un premier aperçu. Au nom de l’« internationalis

432 ationalisme prolétarien », c’est le principe même de la démocratie qui est visé. Alors… Mais il ne faut pas, non plus, fai

433 lors… Mais il ne faut pas, non plus, faire preuve d’ hypocrisie : il n’y a pas, là, de phénomène spécifiquement allemand ou

434 us, faire preuve d’hypocrisie : il n’y a pas, là, de phénomène spécifiquement allemand ou italien. Voyez-vous, comme un Je

435 Voyez-vous, comme un Jean Daniel5, dans l’action de la Fraction armée rouge, un signe de la « régression de la significat

436 ans l’action de la Fraction armée rouge, un signe de la « régression de la signification de la révolte », au sein de la je

437 Fraction armée rouge, un signe de la « régression de la signification de la révolte », au sein de la jeunesse ? C’est prob

438 , un signe de la « régression de la signification de la révolte », au sein de la jeunesse ? C’est probable. Le terrorisme

439 jeunesse ? C’est probable. Le terrorisme est fait d’ actes désespérés. C’est, tout au plus, le signe d’une angoisse qui se

440 d’actes désespérés. C’est, tout au plus, le signe d’ une angoisse qui se manifeste comme un cri, mais un cri qui se perd da

441 a assisté récemment, en Allemagne, à une campagne de presse visant à discréditer les intellectuels. Ce qu’on reproche à ce

442 ls. Ce qu’on reproche à ceux-ci, c’est une espèce de terrorisme platonique, les activistes ne faisant au fond que pousser

443 e faisant au fond que pousser à bout les théories de certains d’entre eux. Que pensez-vous de cela ? Quant à moi, je ne vo

444 théories de certains d’entre eux. Que pensez-vous de cela ? Quant à moi, je ne vois aucun théoricien dont on puisse déplor

445 e sur les terroristes. Je suis convaincu qu’aucun de ceux-ci n’a lu sérieusement Marcuse, non plus d’ailleurs que les œuvr

446 ement Marcuse, non plus d’ailleurs que les œuvres de Böll ou Grass, ni même de Marx. En revanche, je vois la télévision, d

447 ailleurs que les œuvres de Böll ou Grass, ni même de Marx. En revanche, je vois la télévision, dont les cours du soir de v

448 he, je vois la télévision, dont les cours du soir de violence organisée sont suivis avec assiduité. Le terrorisme des É

449 utre à quel point les terroristes sont préoccupés d’ enregistrer les effets de leurs actes sur les foules, amplifiés par la

450 roristes sont préoccupés d’enregistrer les effets de leurs actes sur les foules, amplifiés par la médiation spectaculaire

451 plifiés par la médiation spectaculaire des moyens de communication de masse. Comment expliquez-vous, par ailleurs, que les

452 diation spectaculaire des moyens de communication de masse. Comment expliquez-vous, par ailleurs, que les régimes les plus

453 par ailleurs, que les régimes les plus répressifs de notre époque — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscit

454 l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus d’ actes de terrorisme ? Cela reste à vérifier, tout d’abord, car l’on n’

455 en particulier — n’aient pas suscité plus d’actes de terrorisme ? Cela reste à vérifier, tout d’abord, car l’on n’a évidem

456 fier, tout d’abord, car l’on n’a évidemment guère d’ informations à ce sujet. Pourtant, si l’on songe à la psychologie des

457 es à l’occidentale, il paraît clair que le mépris de la vie humaine proféré par les gouvernements dictatoriaux n’est pas f

458 toriaux n’est pas fait pour encourager les prises d’ otages. Le chantage n’a aucune prise, et les opposants le savent d’exp

459 tage n’a aucune prise, et les opposants le savent d’ expérience. Revenons-en au fond du problème : le terrorisme est-il, se

460 sme est-il, selon vous, un phénomène significatif de notre société ? Oui, de toute évidence, dans la mesure où cette socié

461 un phénomène significatif de notre société ? Oui, de toute évidence, dans la mesure où cette société n’a plus de finalité

462 vidence, dans la mesure où cette société n’a plus de finalité avouable, en dehors des impératifs du profit, du besoin de p

463 le, en dehors des impératifs du profit, du besoin de puissance et de visées d’ordre essentiellement quantitatif. Or, une s

464 s impératifs du profit, du besoin de puissance et de visées d’ordre essentiellement quantitatif. Or, une société sans fina

465 fs du profit, du besoin de puissance et de visées d’ ordre essentiellement quantitatif. Or, une société sans finalité engen

466 les HLM est directement proportionnelle au nombre d’ étages des tours. À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est not

467 raison entre les procédés des terroristes et ceux de ce que vous appelez les « États-nations ». Je vous cite : Au terrori

468 e : Au terrorisme que les États se « réservent » d’ exercer, répond déjà le terrorisme des groupes qui se disent politique

469 je sens monter de toutes parts une contamination d’ allure épidémique des politiques de chantage collectif, traduites en s

470 contamination d’allure épidémique des politiques de chantage collectif, traduites en style californien ou sicilien, pales

471 mouvements qui se prévalent bruyamment des vertus de l’État-nation. Gangsters, groupuscules ou partis, au nom des principe

472 roupuscules ou partis, au nom des principes mêmes de la raison d’État, défendent leurs intérêts sacrés, leurs idéologies i

473 u partis, au nom des principes mêmes de la raison d’ État, défendent leurs intérêts sacrés, leurs idéologies intransigeante

474 ant des otages et tuant vingt enfants pour chacun de leurs amis, fussent-ils des assassins, non « libérés » dans l’heure q

475  libérés » dans l’heure qui suit avec leur ticket de vol en première classe. Enfin, vous ajoutez : Les États cèdent avec

476 qu’elle est directement proportionnelle au degré d’ autoritarisme de leur coutume : c’est qu’ils ont reconnu leur propre s

477 ectement proportionnelle au degré d’autoritarisme de leur coutume : c’est qu’ils ont reconnu leur propre style et savent t

478 ttendre. Pour vous donner un exemple plus précis de ce type de relations, pensez aux affirmations péremptoires du préside

479 our vous donner un exemple plus précis de ce type de relations, pensez aux affirmations péremptoires du président de la Ré

480 pensez aux affirmations péremptoires du président de la République française, à propos de la centrale de Superphénix, reve

481 la République française, à propos de la centrale de Superphénix, revenant à couper court à tout débat. Ce genre de crispa

482 x, revenant à couper court à tout débat. Ce genre de crispation de la part des gouvernants est exactement ce qui peut débo

483 errorisme. Parlons enfin, si vous le voulez bien, de la répression du terrorisme. Celui-ci peut-il être combattu par des m

484 peut-il être combattu par des moyens respectueux de la légalité ? Il n’y a pas d’autres moyens de lutter contre le terror

485 eux de la légalité ? Il n’y a pas d’autres moyens de lutter contre le terrorisme que ceux de la légalité. Extirper la r

486 es moyens de lutter contre le terrorisme que ceux de la légalité. Extirper la racine du mal Ce qu’il y a de terrifia

487 ité. Extirper la racine du mal Ce qu’il y a de terrifiant, dans ce phénomène, c’est justement son illégalité systéma

488 amner soi-même, en entrant dans le cercle vicieux de la répression illégale ? Déjà, l’on peut considérer l’expulsion de Kl

489 illégale ? Déjà, l’on peut considérer l’expulsion de Klaus Croissant, fût-il coupable, comme une procédure expéditive à la

490 pable, comme une procédure expéditive à la limite de l’illégalité. Ce que l’on risque, alors, ce n’est pas le retour au fa

491 le retour au fascisme6 mais c’est l’établissement d’ un État policier. On a tort, me semble-t-il, d’entreprendre de vastes

492 nt d’un État policier. On a tort, me semble-t-il, d’ entreprendre de vastes programmes de répression ne visant que les effe

493 licier. On a tort, me semble-t-il, d’entreprendre de vastes programmes de répression ne visant que les effets du mal. Là e

494 semble-t-il, d’entreprendre de vastes programmes de répression ne visant que les effets du mal. Là encore, il y a hypocri

495 e la part des États. Tout au contraire, il s’agit de s’attaquer aux causes du terrorisme. Au lieu d’augmenter la pression

496 es du terrorisme. Au lieu d’augmenter la pression de l’autorité étatique, il faut tenir ouvertes les voies légales de l’op

497 tatique, il faut tenir ouvertes les voies légales de l’opposition et de la critique, et sauvegarder à tout prix les droits

498 nir ouvertes les voies légales de l’opposition et de la critique, et sauvegarder à tout prix les droits constitutionnels,

499 prix les droits constitutionnels, y compris celui de penser que l’ordre établi n’est qu’un désordre établi. Dans cette per

500 rdre établi. Dans cette perspective, l’initiative d’ un Colcombet, ancien président du Syndicat français de la magistrature

501 Colcombet, ancien président du Syndicat français de la magistrature, qui demande que les terroristes ne soient pas jugés

502 les terroristes ne soient pas jugés par leur pays d’ origine mais par une cour pénale européenne, m’apparaît comme un exemp

503 sonnable. Ce n’est jamais, à l’abri des pressions de tel ou tel État, par le mal qu’on vaincra le mal, ni par un déni de j

504 , par le mal qu’on vaincra le mal, ni par un déni de justice l’illégalité militante. 3. À paraître chez Maspéro. 4. L

505 Figaro du 15 octobre 1977. h. Rougemont Denis de , « [Entretien] Réfléchir à ce que le terrorisme signifie », Construir

506 et introduits par le chapeau suivant : « Scandale de notre temps : le terrorisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes

507 que représente l’action terroriste pour le combat de la gauche. Pour sa part, en écrivain soucieux d’éthique, Georges Hald

508 de la gauche. Pour sa part, en écrivain soucieux d’ éthique, Georges Haldas nous a invité à mieux comprendre, de l’intérie

509 Georges Haldas nous a invité à mieux comprendre, de l’intérieur, les mobiles profonds et contradictoires amenant un homme

510 homme, par impatience infinie, à tuer au nom même d’ une vie plus juste. Après les exposés factuels qui ont suivi, voici la

511 exposés factuels qui ont suivi, voici la synthèse d’ un homme qui, depuis plus de quarante ans, lutte pour la défense d’une

512 vi, voici la synthèse d’un homme qui, depuis plus de quarante ans, lutte pour la défense d’une certaine idée de la liberté

513 epuis plus de quarante ans, lutte pour la défense d’ une certaine idée de la liberté : Denis de Rougemont. Personnaliste, é

514 te ans, lutte pour la défense d’une certaine idée de la liberté : Denis de Rougemont. Personnaliste, également distant du

515 ental, Denis de Rougemont est le premier écrivain de langue française à avoir parlé de l’engagement de l’intellectuel. Pro

516 remier écrivain de langue française à avoir parlé de l’engagement de l’intellectuel. Proposant, avec son dernier livre, un

517 de langue française à avoir parlé de l’engagement de l’intellectuel. Proposant, avec son dernier livre, un “plan de survie

518 tuel. Proposant, avec son dernier livre, un “plan de survie pour l’Europe”, à la triple enseigne de la défense de l’enviro

519 an de survie pour l’Europe”, à la triple enseigne de la défense de l’environnement, des régions et de nouvelles formes de

520 de la défense de l’environnement, des régions et de nouvelles formes de vie communautaire, Denis de Rougemont est de ces

521 environnement, des régions et de nouvelles formes de vie communautaire, Denis de Rougemont est de ces pessimistes actifs d

522 rmes de vie communautaire, Denis de Rougemont est de ces pessimistes actifs dont la voix aimerait néanmoins porter l’espoi

523 ssons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’ avenir humain au-delà d’un cataclysme inévitable que les rares surviva

524 e avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’ un cataclysme inévitable que les rares survivants ne raconteront pas,

525 eront pas, faute de public… C’est ce que j’essaie d’ expliquer dans mon livre. Nous reviendrons longuement là-dessus… Aupar

526 nous parlions un peu de vous, Denis de Rougemont, de votre itinéraire. Depuis quelques mois vous êtes à la une de l’actual

527 inéraire. Depuis quelques mois vous êtes à la une de l’actualité où vous apparaissez tour à tour comme un sage, un prophèt

528 pparaissez tour à tour comme un sage, un prophète de malheur, un gourou… Finalement, qui êtes-vous ? Fils d’un pasteur, je

529 heur, un gourou… Finalement, qui êtes-vous ? Fils d’ un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930-1931, qu’un ce

530 s dans ces années 1930-1931, qu’un certain nombre de critiques et d’historiens considèrent comme les premières années de l

531 s 1930-1931, qu’un certain nombre de critiques et d’ historiens considèrent comme les premières années de la contestation.

532 historiens considèrent comme les premières années de la contestation. Je venais de ma Suisse natale, après des années d’ét

533 . Je venais de ma Suisse natale, après des années d’ études passées à Genève, en Autriche, en Allemagne… Sans argent, sans

534 ns. Mais, tout de suite j’ai fait la connaissance de jeunes gens de mon âge, dont l’un des tracts qu’ils distribuaient m’é

535 de suite j’ai fait la connaissance de jeunes gens de mon âge, dont l’un des tracts qu’ils distribuaient m’était un jour to

536 ous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue du Moulin Vert pour des discussions « œcuméniques ». À

537 ontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue du Moulin Vert pour des discussions « œcuméniques ». À une cin

538 ons « œcuméniques ». À une cinquantaine, croyants de différentes confessions ou agnostiques. Parmi eux : Jacques Maritain,

539 « les nouveaux philosophes » ne diront donc rien de très nouveau. À l’individualisme bourgeois — « l’individualisme atomi

540 sonnalistes dont j’étais opposaient la conception de la personne. Je la définissais à peu près comme ceci dans l’un de mes

541 Je la définissais à peu près comme ceci dans l’un de mes premiers articles. Tout être a reçu une vocation unique qui le di

542 être a reçu une vocation unique qui le distingue de tout autre être au monde. Une vocation qu’il ne peut accomplir concrè

543 à quelques nuances philosophiques près, la pensée d’ Emmanuel Mounier qui publiera un an plus tard son manifeste : Révoluti

544 este : Révolution personnaliste et communautaire. De cette conception, nous tirerons cette conséquence politique : un anti

545 nous admettions la fonction étatique ; un minimum d’ État est nécessaire à l’organisation de la société. En revanche, nous

546 un minimum d’État est nécessaire à l’organisation de la société. En revanche, nous étions vigoureusement hostiles à ce que

547 it qu’un service. Au service des citoyens et rien d’ autre ! Or, qu’observions-nous ? L’État-nation qui, historiquement, es

548 -nous ? L’État-nation qui, historiquement, est né de la guerre, a régulièrement augmenté son pouvoir par la guerre à l’ext

549 ouvoir par la guerre à l’extérieur qui lui permet de trouver la tranquillité qu’il n’a plus au-dedans. La guerre donne la

550 s. La guerre donne la possibilité à l’État-nation de décréter l’union sacrée, de gommer les différences de culture, de rég

551 ilité à l’État-nation de décréter l’union sacrée, de gommer les différences de culture, de région et de classe, de limiter

552 écréter l’union sacrée, de gommer les différences de culture, de région et de classe, de limiter les libertés, de prendre

553 ion sacrée, de gommer les différences de culture, de région et de classe, de limiter les libertés, de prendre des mesures

554 e gommer les différences de culture, de région et de classe, de limiter les libertés, de prendre des mesures d’exception q

555 s différences de culture, de région et de classe, de limiter les libertés, de prendre des mesures d’exception qui sont rar

556 de région et de classe, de limiter les libertés, de prendre des mesures d’exception qui sont rarement rapportées une fois

557 , de limiter les libertés, de prendre des mesures d’ exception qui sont rarement rapportées une fois la paix rétablie. Si b

558 . Si bien que chaque guerre amène le renforcement de l’État central. Et l’État central prévoyant toujours la guerre finit

559 e de l’État-nation ? Un redistribution du pouvoir de l’État. Dans les régions d’abord, organisées en un ensemble européen 

560 et jusque dans les maisons… Cette redistribution de l’État, autogestionnaire avant la lettre, retrouvait l’intuition de P

561 tionnaire avant la lettre, retrouvait l’intuition de Proudhon. Évidemment nous n’étions pas bien reçus. Ni par la droite n

562 our nous, l’une et l’autre n’étaient que variante de l’État-nation. Troublée, la droite disait que nous étions téléguidés

563 s » et que nous faisions « objectivement » le jeu de la droite et du fascisme. Quarante ans après les arguments ne se sont

564 nce cependant par rapport à hier. Un grand nombre de Français — pour ne pas parler des Italiens, des Allemands ou des Angl

565 re les analyses que nous faisions avec trente ans d’ avance. Dans les mouvements écologistes, les mouvements régionalistes…

566 vements régionalistes… seuls capables aujourd’hui de mobiliser la jeunesse. Pas les « masses » qui obéissent à des mots d’

567 ster contre Superphénix, parmi eux 70 000 « moins de 35 ans ». Quelque temps après il y a eu une manifestation beaucoup pl

568 gne : des régionalistes basques, après une marche de 2000 kilomètres, se sont retrouvés à 350 000 devant Pampelune. Aucune

569 pelune. Aucune autre cause au monde n’est capable de réunir autant de gens. Spontanément, librement… Justement, qu’est-ce

570 tre cause au monde n’est capable de réunir autant de gens. Spontanément, librement… Justement, qu’est-ce qui se passe ? No

571 moderne, en particulier la vulnérabilité extrême de l’énorme industrie occidentale, suspendue à une seule ressource énerg

572 t ! Il faudra encore beaucoup d’autres événements de ce genre pour que nos pays prennent réellement conscience des catastr

573 ne pas nous écraser… On ne prend guère le chemin de cette réflexion ! On continue à faire comme si de rien n’était : les

574 de cette réflexion ! On continue à faire comme si de rien n’était : les constructeurs d’automobiles, soutenus par les gouv

575 aire comme si de rien n’était : les constructeurs d’ automobiles, soutenus par les gouvernements, continuent à fabriquer de

576 ernements, continuent à fabriquer de plus en plus de voitures et de plus en plus d’autoroutes… Nous frisons la démence à f

577 er de plus en plus de voitures et de plus en plus d’ autoroutes… Nous frisons la démence à force d’inconscience. Tout le mo

578 lus d’autoroutes… Nous frisons la démence à force d’ inconscience. Tout le monde sait que le pétrole va s’épuiser. D’ici l’

579 va s’épuiser. D’ici l’an 2000 toutes les sources de pétrole faciles à exploiter seront taries. Ce qui signifie qu’il n’y

580 loiter seront taries. Ce qui signifie qu’il n’y a de pétrole à un prix abordable que pour dix ou vingt ans ! Qu’après, il

581 . Or, je ne vois pas qu’on construise une voiture de moins ou qu’on ralentisse la construction des autoroutes. Personne ni

582 and je le dis, certains me confient dans le creux de l’oreille : « Ne vous affolez pas, la voiture électrique est presque

583 s vrai, naturellement ! — vous êtes des criminels de ne pas le dire ouvertement et tout de suite afin que nous économision

584 trole pour deux siècles ! » Bien sûr, mais il y a de si grands intérêts financiers en jeu ! Pour des intérêts financiers,

585 à s’aveugler ? Parce qu’ils ont surtout le souci de tenir jusqu’aux prochaines élections ! Et que les oppositions qui les

586 laceront peut-être au pouvoir seront prisonnières de leurs promesses et d’ailleurs partagent leurs superstitions, la crois

587 dit qu’il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’ affaire lorsqu’il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend : il n’y a

588 pour nous tirer d’affaire lorsqu’il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend : il n’y a que le nucléaire qui peut nous per

589 il n’y a que le nucléaire qui peut nous permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’est préciséme

590 éflexe des tenants du nucléaire : « On va essayer de pousser ça, on verra bien. » N’hésitant pas à utiliser la démagogie.

591 mple : « Dans une centrale nucléaire, les risques d’ accident ne sont que de un pour cent-mille ! » Les gens qui lisent ça

592 ale nucléaire, les risques d’accident ne sont que de un pour cent-mille ! » Les gens qui lisent ça se disent : « Donc il n

593 qui lisent ça se disent : « Donc il n’y aura pas d’ accident avant cent-mille ans ! » Sans s’imaginer que l’accident pourr

594 sont déjà produits n’avaient une probabilité que d’ un sur trois milliards. Et ils sont arrivés. L’année dernière ! À la v

595 ncière et qui ont décidé qu’il n’est pas question de remettre en cause la croissance infinie, le gaspillage des ressources

596 sources non renouvelables, bref ceux qui refusent de calculer ce qu’on va faire dans vingt ans, préférant laisser le publi

597 me qu’il doit continuer à doubler sa consommation d’ énergie tous les dix ans. Mais, Denis de Rougemont, vous entendez ces

598 isies. Allons donc, c’est évidemment pour envoyer de l’électricité en Inde ou au Niger qu’on construit des centrales nuclé

599 ruit des centrales nucléaires ! Si les deux tiers de l’humanité sont encore dans un état de sous-développement industriel,

600 deux tiers de l’humanité sont encore dans un état de sous-développement industriel, c’est peut-être leur chance ! Mais si

601 re leur chance ! Mais si ces deux tiers souffrent de famine, c’est précisément à cause du type de croissance que les pays

602 rent de famine, c’est précisément à cause du type de croissance que les pays riches ont choisi pour eux. Car ce type de cr

603 les pays riches ont choisi pour eux. Car ce type de croissance suppose nécessairement un pillage du tiers-monde et une sp

604 us nous développons à l’excès que nous maintenons d’ innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine dans la misèr

605 à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’ Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine dans la misère. Pas facile tout d

606 ue nous maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’ Asie ou d’Amérique latine dans la misère. Pas facile tout de même pour

607 intenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’ Amérique latine dans la misère. Pas facile tout de même pour un citoye

608 re. Pas facile tout de même pour un citoyen moyen de se faire une opinion définitive par rapport au nucléaire. D’un côté d

609 une opinion définitive par rapport au nucléaire. D’ un côté des savants qui lui disent que tous les risques sont maîtrisés

610 i lui disent que tous les risques sont maîtrisés, de l’autre autant de savants qui affirment qu’il n’en est rien et que no

611 ous les risques sont maîtrisés, de l’autre autant de savants qui affirment qu’il n’en est rien et que nous allons à la cat

612 ge Wald, et Lew Kowarski, un des trois inventeurs de la fission nucléaire, font tous les deux cette réponse simple : « Il

613 lage pour démontrer ensuite que nous avons besoin de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas besoin d’autant en t

614 émontrer ensuite que nous avons besoin de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas besoin d’autant en tous cas. Il

615 u de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas besoin d’ autant en tous cas. Il y a quelque temps, le directeur de l’agence nuc

616 t en tous cas. Il y a quelque temps, le directeur de l’agence nucléaire des Nations unies disait à peu près ceci : « la so

617 ations unies disait à peu près ceci : « la source d’ énergie la plus importante de la fin du xxe siècle sera dans les écon

618 s ceci : « la source d’énergie la plus importante de la fin du xxe siècle sera dans les économies que nous ferons sur le

619 sur le gaspillage ». On pourrait économiser 30 % de la consommation actuelle d’énergie en Occident et vivre aussi bien. O

620 rrait économiser 30 % de la consommation actuelle d’ énergie en Occident et vivre aussi bien. Or 30 % c’est plus que les ce

621 alculé que si l’on devait passer à la réalisation de tous les programmes nucléaires, théoriquement acceptés par les gouver

622 uvernements, il en coûterait à peu près la moitié de toutes les sommes disponibles à travers le monde. Uniquement pour avo

623 avers le monde. Uniquement pour avoir un peu plus d’ électricité. C’est suicidaire ! En un sens c’est criminel quand on dét

624 aire ! En un sens c’est criminel quand on détient de tels pouvoirs. Derrière ce « on », qui ? Les financiers, les politici

625 que tous les hommes d’État, que tous les servants de l’État. Elle les manipule et commande — à leur insu le plus souvent —

626 he du progrès défini en fonction de la puissance, de la productivité, de la grandeur… C’est cette logique que je réprouve,

627 en fonction de la puissance, de la productivité, de la grandeur… C’est cette logique que je réprouve, pas les hommes. L’É

628 Ça ne veut rien dire ! La France n’a presque pas d’ uranium. Elle dépendra pour le combustible de ses centrales nucléaires

629 pas d’uranium. Elle dépendra pour le combustible de ses centrales nucléaires des États-Unis et de l’Union soviétique. Où

630 ble de ses centrales nucléaires des États-Unis et de l’Union soviétique. Où est l’indépendance ? La société Framatome est

631 l’indépendance ? La société Framatome est chargée de construire les centrales nucléaires. Société française théoriquement.

632 théoriquement. En fait, elle a acheté des brevets de construction à Westinghouse, multinationale américaine, et son capita

633 eulement 30 % des fonds provenant du Commissariat de l’énergie atomique. Pas même une minorité de blocage. Le reste étant

634 riat de l’énergie atomique. Pas même une minorité de blocage. Le reste étant apporté par Westinghouse (actuellement tenté

635 tant apporté par Westinghouse (actuellement tenté de reprendre ses billes) — et par Siemens, multinationale allemande. Et

636 président est le baron belge Empain. Qu’y a-t-il de français là-dedans ? Reste une question. Supposons, pour notre bien,

637 ue nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller. Se posera quand même le problème de nouvelles sources d’én

638 ns de gaspiller. Se posera quand même le problème de nouvelles sources d’énergie. Pour nous, pour les générations qui nous

639 osera quand même le problème de nouvelles sources d’ énergie. Pour nous, pour les générations qui nous suivront. Si nous co

640 es. Même si l’on pousse très fort la construction de centrales nucléaires et de surgénérateurs, puisqu’ils ne produiront a

641 s fort la construction de centrales nucléaires et de surgénérateurs, puisqu’ils ne produiront au mieux que 30 % de nos bes

642 teurs, puisqu’ils ne produiront au mieux que 30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pét

643 endons à 80 % du pétrole. Restera donc un déficit de 50 %. Autrement dit ce sera la crise totale. Nous sommes donc contrai

644 sera la crise totale. Nous sommes donc contraints de ne pas continuer. Alors que faire ? D’abord économiser. En nous dépla

645 e train, etc. Mais évidemment il ne s’agit là que de « réformettes ». Il faut aller beaucoup plus loin. Vers le développem

646 : éolienne, géothermique, marémotrice… Et surtout de l’énergie solaire. Ce que nos gouvernements détestent. « L’énergie so

647 plus ou moins sournoisement, toutes les décisions de principe prises en ce sens. En Europe, le budget de la recherche sola

648 principe prises en ce sens. En Europe, le budget de la recherche solaire équivaut à 0,5 % du budget des recherches nucléa

649 ue les États-nations n’auront pas trouvé le moyen d’ intercaler un compteur, entre le soleil et les citoyens, ils nous diro

650 a va avec le reste : la redistribution du pouvoir de l’État, les régions, l’autonomie des communes, le fédéralisme… Tandis

651 ité, son prix, son danger qui réclame la présence de la police et de l’armée, va dans le sens de l’État centralisateur. Le

652 on danger qui réclame la présence de la police et de l’armée, va dans le sens de l’État centralisateur. Le problème-clé au

653 sence de la police et de l’armée, va dans le sens de l’État centralisateur. Le problème-clé aujourd’hui c’est donc de cass

654 alisateur. Le problème-clé aujourd’hui c’est donc de casser cette toute-puissance de l’État ? Absolument. Une toute-puissa

655 rd’hui c’est donc de casser cette toute-puissance de l’État ? Absolument. Une toute-puissance illusoire d’ailleurs, mais q

656 à la catastrophe. Finalement, vous êtes quelqu’un de très subversif ! J’espère bien. Je suis subversif en ce sens que je s

657 et je ne sortirai jamais des idées personnalistes de notre jeunesse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la soc

658 esse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c’est l’homme. Donc le contraire du totalitarisme. Dans ce

659 Celle-ci par exemple : « le marxisme est l’opium de la révolution ». La formule n’est pas de moi, mais de mes amis Robert

660 l’opium de la révolution ». La formule n’est pas de moi, mais de mes amis Robert Aron et Arnaud Dandieu. Mais c’est vrai

661 a révolution ». La formule n’est pas de moi, mais de mes amis Robert Aron et Arnaud Dandieu. Mais c’est vrai qu’entre pers

662 découvrir… Alors, votre espérance ? Des milliers de mouvements sont à l’œuvre. Au premier rang ceux des écologistes. Tous

663 ues à chacun, mais l’avenir est incontestablement de leur côté… Je vois d’autres signes aussi. Des sociologues, des économ

664 lligibles », « aux petites cellules urbaines », à de « petites régions autonomes, fédérées en ensembles plus vastes… » Fin

665  » Finalement, aujourd’hui, toute la question est de savoir comment nous allons changer de cap… Oui justement, comment cha

666 uestion est de savoir comment nous allons changer de cap… Oui justement, comment changer de cap ? Plus jeune, je disais, c

667 ns changer de cap… Oui justement, comment changer de cap ? Plus jeune, je disais, comme d’autres, qu’il faudrait une révol

668 e chose… Ce que j’appelle plus sobrement, changer de cap. Au lieu de viser à toujours plus de puissance collective, à touj

669 changer de cap. Au lieu de viser à toujours plus de puissance collective, à toujours plus de croissance et de richesse, v

670 urs plus de puissance collective, à toujours plus de croissance et de richesse, visons à la liberté, à une vie plus saine

671 ance collective, à toujours plus de croissance et de richesse, visons à la liberté, à une vie plus saine où l’on ne sera p

672 par le temps… Avec la nécessité, pour aller vite, d’ utiliser plus de pétrole et plus de centrales nucléaires qui nous tuer

673 ec la nécessité, pour aller vite, d’utiliser plus de pétrole et plus de centrales nucléaires qui nous tueront tous. Il fau

674 ur aller vite, d’utiliser plus de pétrole et plus de centrales nucléaires qui nous tueront tous. Il faut sortir de ce cerc

675 nucléaires qui nous tueront tous. Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’est pas forcément aller prendre le pouvoir

676 d’ailleurs il n’existe presque plus, ou seulement de manière négative. Moi, je ne pousse personne à aller renverser Valéry

677 s Marchais, François Mitterrand, ou n’importe qui d’ autre. Car ceux-ci feront la même chose que ceux-là, tenus qu’ils sont

678 ue ceux-là, tenus qu’ils sont par leurs promesses de se lancer dans les mêmes histoires de courbe de croissance, d’augment

679 s promesses de se lancer dans les mêmes histoires de courbe de croissance, d’augmentation de niveau de vie… Comme si le cl

680 s de se lancer dans les mêmes histoires de courbe de croissance, d’augmentation de niveau de vie… Comme si le club de Rome

681 dans les mêmes histoires de courbe de croissance, d’ augmentation de niveau de vie… Comme si le club de Rome n’avait jamais

682 histoires de courbe de croissance, d’augmentation de niveau de vie… Comme si le club de Rome n’avait jamais existé, comme

683 me n’avait jamais existé, comme si les ressources de la terre étaient illimitées, comme s’il y avait de l’aluminium, du pé

684 e la terre étaient illimitées, comme s’il y avait de l’aluminium, du pétrole, de l’uranium pour mille ans ! Au fond, qu’es

685 s, comme s’il y avait de l’aluminium, du pétrole, de l’uranium pour mille ans ! Au fond, qu’est-ce que le progrès ? C’est

686 Une déviation du christianisme. Tout comme l’idée de révolution n’est qu’une sécularisation de la conversion : seule une p

687 l’idée de révolution n’est qu’une sécularisation de la conversion : seule une personne, à son plus intime, peut subir cet

688 totale. Or c’est bien une conversion qu’il s’agit d’ opérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’en sort

689 bien une conversion qu’il s’agit d’opérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Not

690 œur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’ en sortir autrement. Notre génération ne recevra pas d’autre oracle qu

691 sortir autrement. Notre génération ne recevra pas d’ autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. Souvenez-vous : « De Séir une v

692 énération ne recevra pas d’autre oracle que celui d’ Isaïe à Séir. Souvenez-vous : « De Séir une voix crie au prophète : —

693 racle que celui d’Isaïe à Séir. Souvenez-vous : «  De Séir une voix crie au prophète : — Sentinelle, que dis-tu de la nuit 

694 voix crie au prophète : — Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? La sentinelle a répondu : Le matin vient et la nuit aussi.

695 s aujourd’hui, Denis de Rougemont, qu’attend-elle de l’avenir ? Qu’attendre de l’avenir, sinon d’abord qu’il dure. Pour la

696 ugemont, qu’attend-elle de l’avenir ? Qu’attendre de l’avenir, sinon d’abord qu’il dure. Pour la première fois dans l’Hist

697 our la première fois dans l’Histoire, cela dépend de nous. Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confianc

698 nsabilité… J’ai confiance cependant. Ce n’est pas de l’optimisme. Non, je suis comme Martin Luther : même si j’apprenais q

699 rai quand même un petit pommier ! C’est une sorte de vitalité, de foi, de confiance profondes sans laquelle on ne peut agi

700 e un petit pommier ! C’est une sorte de vitalité, de foi, de confiance profondes sans laquelle on ne peut agir. l. Roug

701 it pommier ! C’est une sorte de vitalité, de foi, de confiance profondes sans laquelle on ne peut agir. l. Rougemont De

702 s laquelle on ne peut agir. l. Rougemont Denis de , « [Entretien] Un autre avenir pour la planète », Panorama aujourd’hu

703 cet homme… L’un des penseurs les plus importants de l’époque, constamment engagé sur les fronts où la liberté s’est trouv

704 ’est trouvée menacée… Un veilleur qui depuis plus de quarante ans ne cesse d’avertir des dangers qui nous menacent : la te

705 veilleur qui depuis plus de quarante ans ne cesse d’ avertir des dangers qui nous menacent : la terre est pillée, le pétrol

706 onversation, où l’on éprouve soudain le sentiment d’ être un peu plus intelligent. Et l’envie de lire ou de relire son dern

707 timent d’être un peu plus intelligent. Et l’envie de lire ou de relire son dernier ouvrage. Le livre le plus important peu

708 re un peu plus intelligent. Et l’envie de lire ou de relire son dernier ouvrage. Le livre le plus important peut-être de c

709 ier ouvrage. Le livre le plus important peut-être de cette fin du xxe siècle. Parce qu’il indique l’avenir que nous avons

710 L’Avenir est notre affaire paraît être la somme de vos réflexions depuis quarante ans. On y retrouve des thèmes esquissé

711 ons dans un milieu entièrement « humanisé », fait de main d’homme et qu’au lieu de le reconnaître, d’en assumer les conséq

712 un milieu entièrement « humanisé », fait de main d’ homme et qu’au lieu de le reconnaître, d’en assumer les conséquences,

713 de main d’homme et qu’au lieu de le reconnaître, d’ en assumer les conséquences, nous ne cessons de parler « d’impératifs

714 e, d’en assumer les conséquences, nous ne cessons de parler « d’impératifs technologiques », « d’impératifs économiques »,

715 mer les conséquences, nous ne cessons de parler «  d’ impératifs technologiques », « d’impératifs économiques », de nécessit

716 sons de parler « d’impératifs technologiques », «  d’ impératifs économiques », de nécessités de défense nationale, etc., au

717 s technologiques », « d’impératifs économiques », de nécessités de défense nationale, etc., autant de mythes derrière lesq

718 es », « d’impératifs économiques », de nécessités de défense nationale, etc., autant de mythes derrière lesquels nous nous

719 de nécessités de défense nationale, etc., autant de mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons

720 nir ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Ho

721 as tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis les tremble

722 cèle aucune « fatalité ». Hormis les tremblements de terre — et il n’est pas improbable que nous parvenions aussi à les co

723 cles passés qui soit le pur résultat du hasard ou de la nature. Et si nous continuons sur la lancée actuelle, nous serons

724 des hommes. C’est pourquoi il est très important de savoir quel avenir nous voulons. Mais précisément, n’a-t-on pas aujo

725 oppé la futurologie, la prospective ? En feignant de croire que l’avenir était davantage l’affaire de l’ordinateur que cel

726 de croire que l’avenir était davantage l’affaire de l’ordinateur que celles des hommes. Mais c’est finalement toujours le

727 le même jeu : nous utilisons les calculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver nos responsabilités. Exactement comm

728 tés. Exactement comme Adam et Ève dans l’histoire de la Genèse ! Le soir, Dieu vient dans le jardin du paradis et demande

729 a donnée. » Or le serpent, lui, il n’est plus là… De nos jours, c’est la même chose. Les « impératifs » que nous brandisso

730 s » que nous brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles. Vous savez d’ailleurs qu’en 1942, j’ai

731 tre que l’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureus

732 de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulgarisée, dont j’ai parlé dans L’Amour et l’O

733 La passion qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresp

734 est notre affaire peut se définir comme un essai de morale traitant de l’homme « libre » et responsable ? Cette conceptio

735 peut se définir comme un essai de morale traitant de l’homme « libre » et responsable ? Cette conception de l’homme « libr

736 homme « libre » et responsable ? Cette conception de l’homme « libre » n’est pas nouvelle. Je l’ai déjà exprimée dans la

737 ouvelle. Je l’ai déjà exprimée dans la Politique de la personne paru en 1934, où j’esquissais le cas d’une société polit

738 la personne paru en 1934, où j’esquissais le cas d’ une société politique fondée sur une certaine idée de l’homme que j’ap

739 ne société politique fondée sur une certaine idée de l’homme que j’appelle la « personne » : un individu chargé d’une voca

740 ue j’appelle la « personne » : un individu chargé d’ une vocation unique et qui prend conscience de son unicité. J’ai contr

741 rgé d’une vocation unique et qui prend conscience de son unicité. J’ai contribué en 1932, dans la revue Esprit , avec Emm

742 ctature. Moi, au contraire, c’est sur la notion «  d’ homme responsable » que je propose de fonder la société. Cela permet d

743 la notion « d’homme responsable » que je propose de fonder la société. Cela permet de pondérer ou d’éliminer immédiatemen

744 que je propose de fonder la société. Cela permet de pondérer ou d’éliminer immédiatement toute forme de pensée totalitair

745 de fonder la société. Cela permet de pondérer ou d’ éliminer immédiatement toute forme de pensée totalitaire qui voudrait

746 pondérer ou d’éliminer immédiatement toute forme de pensée totalitaire qui voudrait imposer les mêmes règles pour tous, a

747 les pour tous, autrement dit : détourner l’esprit de l’homme de sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa respons

748 us, autrement dit : détourner l’esprit de l’homme de sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je

749 r l’esprit de l’homme de sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je rejoins encore aujourd’hui

750 e de sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je rejoins encore aujourd’hui un livre que j’avais

751 j’avais écrit dans les années 1960 sur les mythes de l’amour et qui s’intitule Comme toi-même , car l’idée que l’on se fa

752 ule Comme toi-même , car l’idée que l’on se fait de l’amour dans une société est fondamentale. C’est dans nos manières d’

753 société est fondamentale. C’est dans nos manières d’ aimer que se trouve aussi la racine de mondes politiques différents. J

754 os manières d’aimer que se trouve aussi la racine de mondes politiques différents. J’ai d’ailleurs souvent insisté sur le

755 . J’ai d’ailleurs souvent insisté sur le principe de cohérence qui me paraît exister entre le couple, la personne, le fédé

756 ouvrage considéré aujourd’hui comme un classique de la philosophie de l’amour, vous concluez même qu’il est impossible d’

757 aujourd’hui comme un classique de la philosophie de l’amour, vous concluez même qu’il est impossible d’espérer bâtir une

758 l’amour, vous concluez même qu’il est impossible d’ espérer bâtir une communauté libre si nous commençons par « rater le c

759 commençons par « rater le couple ». Votre exemple de l’amour-passion qui empêche de voir l’autre, qui veut la fusion, l’ab

760 e ». Votre exemple de l’amour-passion qui empêche de voir l’autre, qui veut la fusion, l’absorption, l’esclavage et non l’

761 fusion, l’absorption, l’esclavage et non l’union de deux libertés, ne vous paraît-il pas être en politique l’équivalent d

762 e rôle de l’impérialisme et tend à la destruction de l’autre. Mon livre était une description de l’amour-passion dont l’ar

763 ction de l’autre. Mon livre était une description de l’amour-passion dont l’archétype reste Tristan et Iseut. En lisant le

764 opre état. Mais chaque fois qu’il trouve le moyen de la rejoindre par toutes sortes de ruses, il trouve également le moyen

765 trouve le moyen de la rejoindre par toutes sortes de ruses, il trouve également le moyen de créer une nouvelle séparation,

766 tes sortes de ruses, il trouve également le moyen de créer une nouvelle séparation, car il n’aime pas vraiment ce qu’elle

767 ulle. Pour moi, le couple est la première cellule de ce que j’appelle le fédéralisme, c’est-à-dire l’union dans la diversi

768 l’union dans la diversité et non la subordination de l’un à l’autre ou la fusion des deux, l’uniformisation. Si une certai

769 iformisation. Si une certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus capable d’ai

770 vons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus capable d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons

771 nous conditionne au point de n’être plus capable d’ aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus capables de deveni

772 re en tant qu’autre, nous ne serons plus capables de devenir les éléments d’une cité, d’une communauté libre. L’État, de n

773 s ne serons plus capables de devenir les éléments d’ une cité, d’une communauté libre. L’État, de nos jours, est comparable

774 plus capables de devenir les éléments d’une cité, d’ une communauté libre. L’État, de nos jours, est comparable à la passio

775 ments d’une cité, d’une communauté libre. L’État, de nos jours, est comparable à la passion parce qu’il n’aime plus les ge

776 is que « l’avenir est notre affaire » et que trop de facteurs interviennent pour que l’on puisse prévoir scientifiquement

777 à des études très sérieuses sur le développement de l’automobile et sur le développement de l’hitlérisme, j’ai abouti, pa

778 loppement de l’automobile et sur le développement de l’hitlérisme, j’ai abouti, par exemple, à la conclusion que la guerre

779 que la guerre du Kippour était née du croisement de la « série automobile » et de la « série hitlérienne ». Je m’explique

780 t née du croisement de la « série automobile » et de la « série hitlérienne ». Je m’explique en simplifiant : en un demi-s

781 on soulevée en Europe par la révélation des camps de la mort, permit la création de l’État d’Israël — qui n’aurait jamais

782 vélation des camps de la mort, permit la création de l’État d’Israël — qui n’aurait jamais été possible autrement. Or, la

783 ainsi dire née du croisement du pétrole arabe et de l’État d’Israël. Personne n’aurait pu le prévoir, les futurologues le

784 Hitler pris isolément ainsi que le développement de l’automobile, seuls auraient pu être prévus. J’ai d’ailleurs pressent

785 u club de Rome annonçant une pénurie des réserves de pétrole d’ici à trente ans et qu’ils ont agi en conséquence, alors qu

786 emple, parmi d’autres, montre bien qu’il est vain de croire que l’avenir puisse être prévu scientifiquement. Trop de facte

787 l’avenir puisse être prévu scientifiquement. Trop de facteurs entrent effectivement en jeu qui ne sont pas tous prédétermi

788 res). Ma conclusion — et c’est la deuxième partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le fa

789 à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’ une société commence lorsque ses membres se demandent ce qui va arrive

790 nt suisse vous a envoyé aux États-Unis à la suite d’ un article que vous aviez écrit sur l’entrée de Hitler à Paris et qui

791 te d’un article que vous aviez écrit sur l’entrée de Hitler à Paris et qui avait irrité l’ambassadeur d’Allemagne. Pourquo

792 Hitler à Paris et qui avait irrité l’ambassadeur d’ Allemagne. Pourquoi dites-vous que c’est votre séjour aux États-Unis q

793 Breton, nous sillonnions New York à la recherche d’ une terrasse de café, que nous ne trouvâmes jamais. Parfois, dans la 5

794 illonnions New York à la recherche d’une terrasse de café, que nous ne trouvâmes jamais. Parfois, dans la 5e Avenue, Breto

795 signalait S. Dali et nous changions immédiatement de trottoir. Vous savez que Breton avait surnommé Dali « Avida Dollars »

796 cains adorent ça), mais ils devaient se contenter de Dali, car Breton les tenait tous à distance. Je ne l’ai jamais entend

797 . Je ne l’ai jamais entendu prononcer un seul mot d’ anglais ! Il gagnait tout juste de quoi vivre comme speaker et il lisa

798 cer un seul mot d’anglais ! Il gagnait tout juste de quoi vivre comme speaker et il lisait les textes que j’écrivais pour

799 l lisait les textes que j’écrivais pour « La Voix de l’Amérique parle aux Français ». C’est en Amérique, en effet, que j’a

800 uvert l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la revoir, ce qui suscitait un attac

801 le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la revoir, ce qui suscitait un attachement dramatique à ce que nous r

802 un attachement dramatique à ce que nous risquions de ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas mal de cerveaux

803 e à ce que nous risquions de ne jamais retrouver. D’ où l’idée qui a germé dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans

804 s retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les États-Unis d’

805 mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les États-Unis d’Europe, de combattre ce nationalisme qu’avaien

806 dans le mien — de faire les États-Unis d’Europe, de combattre ce nationalisme qu’avaient créé les guerres, d’abattre non

807 ttre ce nationalisme qu’avaient créé les guerres, d’ abattre non seulement Hitler mais ce qui avait permis Hitler : l’État-

808 s Hitler : l’État-nation, le nationalisme fauteur de guerre. C’est à New York également que j’ai rencontré Einstein peu de

809 rencontré Einstein peu de temps après la parution de mon livre Lettres sur la bombe atomique . Lui aussi était contre « l

810 rne, centralisé, n’a d’autres forces que la somme de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complèt

811 me de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas enc

812 abitude de nous décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui

813 n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui toujours plus de subventions, de facilités, de garanties… alors q

814 faire à temps, en attendant de lui toujours plus de subventions, de facilités, de garanties… alors que pour nous redonner

815 en attendant de lui toujours plus de subventions, de facilités, de garanties… alors que pour nous redonner bonne conscienc

816 e lui toujours plus de subventions, de facilités, de garanties… alors que pour nous redonner bonne conscience, nous ne ces

817 r nous redonner bonne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’accabler. Cela ne lui fait d’ailleurs aucun mal, i

818 onne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’accabler. Cela ne lui fait d’ailleurs aucun mal, il est complètemen

819 t d’ailleurs aucun mal, il est complètement isolé de la population. Pourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de not

820 . Pourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoy

821 intervention croissante et sans doute redoutable de l’État dans nos vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-

822 ns nos vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-nation, les diverses formes de contestation depuis Mai 68 n’on

823 te mainmise de l’État-nation, les diverses formes de contestation depuis Mai 68 n’ont-elles pas fait figure de réaction ?

824 station depuis Mai 68 n’ont-elles pas fait figure de réaction ? En mai 1968, se sont exprimées des réactions spontanées —

825 alyse préalable — contre cette emprise croissante de l’État, cette dépersonnalisation des rapports humains. C’était une fê

826 pports humains. C’était une fête. Elle permettait de se retrouver, de recréer — ne fût-ce que quelques jours — un sentimen

827 ’était une fête. Elle permettait de se retrouver, de recréer — ne fût-ce que quelques jours — un sentiment de communauté.

828 éer — ne fût-ce que quelques jours — un sentiment de communauté. À l’heure actuelle, face à ce laminage des États centrali

829 ue tout le monde fasse la même chose, soit traité de la même manière et au même moment, monte une immense vague de fond do

830 anière et au même moment, monte une immense vague de fond dont le mouvement écologique couplé avec le mouvement régionalis

831 régionaliste et je dirais même avec le mouvement de libération de la femme, sont l’expression. Peut-être cette vague de f

832 et je dirais même avec le mouvement de libération de la femme, sont l’expression. Peut-être cette vague de fond parviendra

833 a femme, sont l’expression. Peut-être cette vague de fond parviendra-t-elle à transformer la société avant l’explosion d’u

834 t-elle à transformer la société avant l’explosion d’ une guerre atomique ? À mon avis, c’est une course contre la montre. D

835 jours qu’il faut renoncer à cette idée romantique de la prise du pouvoir. D’ailleurs, qu’est-ce que le pouvoir aujourd’hui

836 est-ce que le pouvoir aujourd’hui ? Sinon le fait de jeter les gens en prison ou de refuser de signer les accords européen

837 ui ? Sinon le fait de jeter les gens en prison ou de refuser de signer les accords européens ? Il ne faut pas prendre le p

838 le fait de jeter les gens en prison ou de refuser de signer les accords européens ? Il ne faut pas prendre le pouvoir, ni

839 s le créer par en bas : revenir à des communautés de petites tailles, à des municipalités, à des entreprises, à des région

840 ie communautaire qui nous soit propre en essayant de passer progressivement d’une technologie « dure » à une technologie d

841 soit propre en essayant de passer progressivement d’ une technologie « dure » à une technologie douce…, etc. Depuis quarant

842 e ans, je le redis : la puissance, c’est la prise de pouvoir sur autrui, la liberté, c’est la prise de pouvoir sur soi-mêm

843 de pouvoir sur autrui, la liberté, c’est la prise de pouvoir sur soi-même. 7. « L’Express va plus loin », entretien ave

844 avec F de Towarnicki, 1971. j. Rougemont Denis de , « [Entretien] Quel avenir voulons-nous ? », Magazine littéraire, Par

845 ruciale : où allons-nous ? et marque la nécessité de reformer les communautés à l’échelle humaine où le citoyen serait lib

846 i on ne lui fait pas confiance, on n’obtient rien de toute manière. En disant cela, je me fonde aussi sur l’expérience de

847 n disant cela, je me fonde aussi sur l’expérience de toute ma vie, je suis un enseignant et c’est une chose que j’ai appri

848 2. En affirmant qu’une politique globale partant de l’autogestion politique des régions et du personnalisme pourrait tout

849 ns une utopie. Mais vous vous défendez, je crois, d’ être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai besoin d’av

850  ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai besoin d’ avoir un but, une image devant moi. Par contre, je reste très préoccup

851  ? La véritable utopie, justement, c’est la folie de la croissance industrielle ! Cette fuite en avant qui aggrave la cris

852 e, dans vingt ans, il ne sera plus guère possible d’ acheter du pétrole. Parce qu’il coûtera trop cher. On aura également d

853 ire, l’uranium n’étant pas non plus à disposition de manière illimitée. Et pourtant, on continue à pratiquer la religion d

854 Et pourtant, on continue à pratiquer la religion de la croissance. Quand je dis qu’il est urgent de concevoir autre chose

855 n de la croissance. Quand je dis qu’il est urgent de concevoir autre chose, j’invoque des faits extrêmement connus. 4. Vou

856 ts extrêmement connus. 4. Vous êtes un adversaire de l’énergie nucléaire ? Voyez-vous, quand on nous fait croire que l’éne

857 s fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tout résoudre, on ne met pas en évidence certains chiffres : cette én

858 iquement couvrir d’ici la fin du siècle 20 à 30 % de nos besoins, alors que le pétrole couvre actuellement 80 %. Or, si on

859 actuellement 80 %. Or, si on économise simplement de 20 à 50 %, selon les pays, on n’a plus besoin de centrales nucléaires

860 de 20 à 50 %, selon les pays, on n’a plus besoin de centrales nucléaires. Il y a un exemple typique : au lendemain de la

861 léaires. Il y a un exemple typique : au lendemain de la crise du pétrole de 1973, le conseiller fédéral Brugger déclarait

862 ple typique : au lendemain de la crise du pétrole de 1973, le conseiller fédéral Brugger déclarait que le peuple suisse av

863 déclarait que le peuple suisse avait réalisé 20 % d’ économie sur l’énergie. 5. Vous ne tenez pas en grande estime les mouv

864 e estime les mouvements politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche… Ils ont prouvé que, pour l’essentiel, ils veulen

865 mouvements politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche… Ils ont prouvé que, pour l’essentiel, ils veulent la même cho

866 ée et le prestige national. Ils ont perdu le sens de l’homme au profit d’une prétention compétitive au niveau économique.

867 ional. Ils ont perdu le sens de l’homme au profit d’ une prétention compétitive au niveau économique. C’est cela qui est ma

868 t, vous avez introduit dans votre livre la notion de l’État-nation. Cet État-nation — ils sont 175 à se partager la planèt

869 ant tenir en considération, c’est le pouvoir réel de ces États-nations. Or, quel est-il ? Pour l’essentiel, ils dépendent

870 Or, quel est-il ? Pour l’essentiel, ils dépendent de quelques multinationales. Revenons à l’exemple de l’énergie nucléaire

871 uant à leurs ressources énergétiques. Dans le cas de la France, les vingt centrales nucléaires qu’elle construit (et dont,

872 ue). Donc, à l’ère atomique, la France dépendrait de deux multinationales et, en plus, des USA et de l’URSS pour le combus

873 t de deux multinationales et, en plus, des USA et de l’URSS pour le combustible (puisqu’elle possède peu ou pas d’uranium)

874 ur le combustible (puisqu’elle possède peu ou pas d’ uranium). Mais parlons d’autre chose, parce que je suis intarissable s

875 ’elle possède peu ou pas d’uranium). Mais parlons d’ autre chose, parce que je suis intarissable sur ce sujet-là ! 7. J’aim

876 détrônés ? Les États-nations, c’est une illusion d’ optique. Ils sont très menacés, ne serait-ce qu’à cause de ce que je v

877 là qu’interviennent le choix et la responsabilité de l’homme, de la personne ? L’homme ne peut pas vivre sans prendre son

878 iennent le choix et la responsabilité de l’homme, de la personne ? L’homme ne peut pas vivre sans prendre son destin en ma

879 ns prendre son destin en main. Et il a la faculté de choix pour autant qu’il soit responsable. Que voulons-nous ? Un certa

880 pour soi parmi les autres, et qui détient le sens de la vie ? Cela n’est réalisable qu’au niveau des régions. Les gens se

881 ens se sentent plus concernés et ne sont capables de chercher à sauver leur autonomie que lorsqu’il s’agit de leur communa

882 cher à sauver leur autonomie que lorsqu’il s’agit de leur communauté. 9. Sans parler de la fin de ces fameux États-nations

883 rsqu’il s’agit de leur communauté. 9. Sans parler de la fin de ces fameux États-nations, où va-t-on ? Si l’on continue com

884 agit de leur communauté. 9. Sans parler de la fin de ces fameux États-nations, où va-t-on ? Si l’on continue comme ça, à l

885 oyez-vous, ce qui est indispensable, ce n’est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. Et on finira bien par y arriver !

886 spensable, ce n’est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. Et on finira bien par y arriver ! À la fin de mon livre, je

887 faire. Et on finira bien par y arriver ! À la fin de mon livre, je parle de ce que j’appelle la « pédagogie des catastroph

888 n par y arriver ! À la fin de mon livre, je parle de ce que j’appelle la « pédagogie des catastrophes ». Je ne crois pas c

889 Nous avons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et

890 de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la toute petite crise du pé

891 ent ? Pour cela, la toute petite crise du pétrole de 1973 nous a appris beaucoup de choses. Cette crise n’a pas été grave,

892 s à quelques émirs qui sont parfaitement capables de jeter l’économie européenne dans la faillite. Un certain état d’espri

893 n sent passer le vent du boulet, il ne suffit pas de dire : c’est du vent ! 11. Et croyez-vous que l’on pourra s’en sortir

894 i achètent des centrales nucléaires sont capables de produire du plutonium, est-ce vraiment pour ne pas s’en servir ? 12.

895 tout cas, le terrorisme engendre un renforcement de la police et c’est toujours malsain. 13. Vous dites dans votre livre

896 tre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé d

897 e n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contraintes et de dommages déjà causés »… Il existe en anglais une ex

898 car en fait l’avenir est peuplé de contraintes et de dommages déjà causés »… Il existe en anglais une expression qui veut

899 e sont plus rentables — vous connaissez l’exemple de New York, qui ne se relève pas de la faillite —, mais que fera-t-on d

900 issez l’exemple de New York, qui ne se relève pas de la faillite —, mais que fera-t-on de ces espaces gigantesques ? On pe

901 e relève pas de la faillite —, mais que fera-t-on de ces espaces gigantesques ? On peut imaginer Chicago désertée et livré

902 e des déchets nucléaires, limite nos possibilités d’ avenir. 14. Vous vous attaquez au Pouvoir, la croissance économique, v

903 idées constructives ! Ce que je préconise, c’est de créer des régions, des communautés, de refaire sur leur base une Euro

904 ise, c’est de créer des régions, des communautés, de refaire sur leur base une Europe, celle de la culture et des échanges

905 autés, de refaire sur leur base une Europe, celle de la culture et des échanges humains, la plus vraie. 15. Vous êtes un t

906 s humains, la plus vraie. 15. Vous êtes un témoin de notre temps et vous avez émis depuis que vous écrivez des opinions tr

907 opinions très clairvoyantes sur divers phénomènes de société. Dès la montée du nazisme, je crois ? J’ai étudié le nazisme

908 que j’avais rencontré à Paris m’avait mis au défi d’ aller observer en Allemagne ce qui se passait. J’étais chômeur et il m

909 it. J’étais chômeur et il m’avait offert un poste de lecteur de français dans son pays, pour que j’écrive ensuite mes impr

910 chômeur et il m’avait offert un poste de lecteur de français dans son pays, pour que j’écrive ensuite mes impressions (il

911 te mes impressions (il espérait que je changerais d’ opinion et que j’émettrais un avis favorable). Cela a donné le Journa

912 rais un avis favorable). Cela a donné le Journal d’ Allemagne . 16. C’était courageux et… insolent à l’époque, non ? Une q

913 tal », le temps des cavernes, où l’on vous accuse de vouloir nous ramener et vous répondez : « On vous les laisse, elles s

914 pondez : « On vous les laisse, elles sont pleines de déchets radioactifs. » Et il y en a d’autres ! J’ai un ami qui a dit

915 . » Et il y en a d’autres ! J’ai un ami qui a dit de mon livre que c’était la « méditation apocalyptique d’un optimiste ».

916 n livre que c’était la « méditation apocalyptique d’ un optimiste ». C’est également une belle formule. 18. L’Avenir est n

917 des imbéciles. En fait, je dis ce que j’ai envie de dire. Notez que ceux qui prétendent que mon livre est trop compliqué

918 uand vous constatez que l’on vit dans une société d’ hommes creux. Il n’y a plus de véritable communauté et cela favorise n

919 it dans une société d’hommes creux. Il n’y a plus de véritable communauté et cela favorise notamment la délinquance. Il a

920 nce est très exactement proportionnelle au nombre d’ étages dans les tours des grands ensembles. C’est tout de même signifi

921 fédérées, vous voulez donc une « helvétisation » de l’Europe. En Suisse, tout n’est pas toujours comme dans le meilleur d

922 ’est souvent moins mal qu’ailleurs et l’on y fait de moins grandes bêtises. Non parce qu’on est meilleur, mais parce qu’on

923 depuis 1963 professeur à l’Institut universitaire d’ études européennes, à Genève. Auparavant, il avait enseigné à l’Univer

924 ève. Auparavant, il avait enseigné à l’Université de Francfort, puis à l’École des hautes études de New York [Ndlr]. r.

925 té de Francfort, puis à l’École des hautes études de New York [Ndlr]. r. Rougemont Denis de, « [Entretien] 20 questions

926 s études de New York [Ndlr]. r. Rougemont Denis de , « [Entretien] 20 questions à Denis de Rougemont », Femina, Lausanne,

927 passionner son auditeur dès les premières minutes d’ une conversation. Il s’exprime avec une extrême précision, plaçant ici

928 e extrême précision, plaçant ici et là une pointe d’ humour, avec l’air de quelqu’un qui n’a pu y résister. Cet homme dont

929 plaçant ici et là une pointe d’humour, avec l’air de quelqu’un qui n’a pu y résister. Cet homme dont l’œuvre a marqué, mar

930 eint maintenant la septantaine. Il reste étonnant de jeunesse, de talent, de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est

931 nt la septantaine. Il reste étonnant de jeunesse, de talent, de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est notre Affaire

932 ntaine. Il reste étonnant de jeunesse, de talent, de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est notre Affaire (Stock),

933 quelques mois, est sur la liste des best-sellers de cet hiver. Dans ce “manifeste de l’espoir du xxe siècle”, il s’attaq

934 des best-sellers de cet hiver. Dans ce “manifeste de l’espoir du xxe siècle”, il s’attaque à la crise de l’Avenir, de cet

935 l’espoir du xxe siècle”, il s’attaque à la crise de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont nous n’osons parfois mê

936 xe siècle”, il s’attaque à la crise de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont nous n’osons parfois même plus imagi

937 plus imaginer l’existence. Il ne se contente pas d’ apporter de l’eau au moulin des écologistes, mais propose des solution

938 ner l’existence. Il ne se contente pas d’apporter de l’eau au moulin des écologistes, mais propose des solutions. Parce qu

939 l est aussi depuis 1947 l’une des têtes pensantes de l’action fédéraliste européenne, il n’y a pour lui aucun doute : c’es

940 oute : c’est en refaisant une société à l’échelle de l’homme, c’est-à-dire basée sur les communautés, les régions et les r

941 rapports personnels que l’on sauvera notre monde d’ une crise qui le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, on nous pa

942 ut droit à sa perte. Pour une fois, on nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre cré

943 Pour une fois, on nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autan

944 on nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous somm

945 , du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être

946 que nous sommes. L’homme devant être l’unique but de la société… C’est tonique et plein d’intelligence. Et, en refermant s

947 ’unique but de la société… C’est tonique et plein d’ intelligence. Et, en refermant son livre, il est difficile de ne pas c

948 nce. Et, en refermant son livre, il est difficile de ne pas croire avec Denis de Rougemont que “tout est possible encore e

949 78)q Denis de Rougemont est un ennemi invétéré de tout ce qui porte atteinte à la démocratie d’une part, et de tout ce

950 qui porte atteinte à la démocratie d’une part, et de tout ce qui menace le milieu vital d’autre part. Dans son dernier liv

951 ffaire , il raconte ce qu’il appelle une histoire de fous : celle de l’auto. Quelle est alors son opinion sur l’initiative

952 nte ce qu’il appelle une histoire de fous : celle de l’auto. Quelle est alors son opinion sur l’initiative Franz Weber ? J

953 démarche écologiste ou visant à un élargissement de la démocratie ? Il s’agit avant tout d’imposer au pouvoir fédéral un

954 gissement de la démocratie ? Il s’agit avant tout d’ imposer au pouvoir fédéral un plus grand respect des réalités régional

955 donnant aux citoyens et citoyennes la possibilité de s’opposer à la construction de nouvelles routes. C’est à quoi sert le

956 nes la possibilité de s’opposer à la construction de nouvelles routes. C’est à quoi sert le référendum facultatif. Ce réfé

957 Ce référendum n’est-il pas illusoire comme moyen de préserver l’environnement ? Il semble en effet que la majorité des ge

958 réseau routier ? Celui-ci ne se contente-t-il pas de répondre à certains gros intérêts exerçant une pression sur le gouver

959 ur le gouvernement, au nom d’une vaste mythologie de la croissance indéfinie ? Tenez, le but des autoroutes était bien, à

960 z, le but des autoroutes était bien, à l’origine, d’ accroître la fluidité du trafic ? Or, des heures et des heures d’anten

961 fluidité du trafic ? Or, des heures et des heures d’ antenne à la radio et la TV sont maintenant consacrées à supplier les

962 intenant consacrées à supplier les automobilistes d’ éviter les grands axes pour ne pas renforcer encore des bouchons déjà

963 isant dans son état actuel ? J’en suis convaincu. D’ autant plus qu’il y a de fortes chances qu’il ne serve plus à rien d’i

964 el ? J’en suis convaincu. D’autant plus qu’il y a de fortes chances qu’il ne serve plus à rien d’ici dix à quarante ans. E

965 népuisable. Non, il n’est plus permis aujourd’hui de raconter des bobards sur nos besoins, juste parce qu’on est payé pour

966 n est payé pour le faire. Si on ne construit plus de quoi les utiliser, faut-il aussi remettre en question la production d

967 faut-il aussi remettre en question la production de voitures ? J’imagine fort bien qu’on fabrique deux ou trois types seu

968 bien qu’on fabrique deux ou trois types seulement de voitures dans le monde, et non pas des centaines de modèles, qui ne s

969 voitures dans le monde, et non pas des centaines de modèles, qui ne sont que l’expression d’un statut social. Pourquoi la

970 entaines de modèles, qui ne sont que l’expression d’ un statut social. Pourquoi la voiture servirait-elle d’autres fins que

971 , s’épuisent. On parle beaucoup à propos du texte de l’initiative, de la disposition transitoire. N’est-ce pas en effet ri

972 parle beaucoup à propos du texte de l’initiative, de la disposition transitoire. N’est-ce pas en effet risquer des démolit

973 N’est-ce pas en effet risquer des démolitions que de soumettre au référendum facultatif tous les réseaux non encore constr

974 ne brochure qu’il n’avait d’ailleurs pas le droit de publier : il est en effet anticonstitutionnel de la part des autorité

975 ffet anticonstitutionnel de la part des autorités d’ influencer le citoyen à la veille d’un scrutin. Pour revenir aux démol

976 des autorités d’influencer le citoyen à la veille d’ un scrutin. Pour revenir aux démolitions, à supposer qu’il y ait risqu

977 avait qu’à être prudent dans ses projets à partir d’ août 1973, date du lancement de l’initiative. Cette disposition transi

978 s projets à partir d’août 1973, date du lancement de l’initiative. Cette disposition transitoire était un moyen pour Franz

979 ition transitoire était un moyen pour Franz Weber de forcer le gouvernement à une sorte de moratoire. Dans votre livre, vo

980 Franz Weber de forcer le gouvernement à une sorte de moratoire. Dans votre livre, vous liez souvent centrales nucléaires e

981 souvent centrales nucléaires et routes. S’agit-il d’ aberrations ou de dangers comparables ? Bien que la construction de ce

982 nucléaires et routes. S’agit-il d’aberrations ou de dangers comparables ? Bien que la construction de centrales nucléaire

983 de dangers comparables ? Bien que la construction de centrales nucléaires soit encore pire que celle de routes, il s’agit

984 e centrales nucléaires soit encore pire que celle de routes, il s’agit effectivement du même type de catastrophes. Elles s

985 e de routes, il s’agit effectivement du même type de catastrophes. Elles sont toutes deux en contradiction avec un avenir

986 mieux concentrer les attentions sur la recherche de substituts à la circulation routière, qui épuise le pétrole, et pollu

987 s c’est une vaste histoire… q. Rougemont Denis de , « [Entretien] Que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre 

988 est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’ un optimiste (février-mars 1978)o p C’est le philosophe E. M. Ciora

989 otre affaire comme la « méditation apocalyptique d’ un optimiste ». Je me demande, après avoir achevé votre livre, quel es

990 quel est le sentiment qui l’emporte : l’évidence de cette Apocalypse que vous nous décrivez, ou cette confiance obstinée

991 ncore que je n’en aie pris conscience qu’en cours de route —, c’est un manifeste. Un manifeste de ce grand mouvement dont

992 ours de route —, c’est un manifeste. Un manifeste de ce grand mouvement dont je sens, dont j’éprouve déjà le soulèvement e

993 e et tantôt communautaire. Un journaliste a parlé de mon livre comme d’un « manifeste de l’espoir du xxe siècle finissant

994 utaire. Un journaliste a parlé de mon livre comme d’ un « manifeste de l’espoir du xxe siècle finissant ». Je me suis tout

995 liste a parlé de mon livre comme d’un « manifeste de l’espoir du xxe siècle finissant ». Je me suis tout à fait reconnu d

996 ’affirme que, si l’on n’y remédie pas, la logique de notre civilisation scientifique, technique et industrielle nous mène

997 ’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons d’ habitude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de la Bible, révé

998 ’imaginons d’habitude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de la Bible, révélation d’une fin dernière de l’humanité

999 itude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de la Bible, révélation d’une fin dernière de l’humanité. Alors, dans ce

1000 ifférente de l’Apocalypse de la Bible, révélation d’ une fin dernière de l’humanité. Alors, dans ce cas, oui, je suis pessi

1001 alypse de la Bible, révélation d’une fin dernière de l’humanité. Alors, dans ce cas, oui, je suis pessimiste, ultrapessimi

1002 is pessimiste, ultrapessimiste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il ne faut pas se laisser berner par ces fariboles d’impér

1003 l ne faut pas se laisser berner par ces fariboles d’ impératifs économiques ou politiques. Le monde dans lequel nous vivons

1004 t des centrales nucléaires. « L’humanité a besoin de doubler sa consommation d’énergie tous les dix ans », affirment-ils.

1005 « L’humanité a besoin de doubler sa consommation d’ énergie tous les dix ans », affirment-ils. C’est de la démence pure. I

1006 ’énergie tous les dix ans », affirment-ils. C’est de la démence pure. Il suffit de faire un petit calcul pour se rendre co

1007 ffirment-ils. C’est de la démence pure. Il suffit de faire un petit calcul pour se rendre compte que c’est absolument irré

1008 our nos fatalités. Ils vous diront qu’il est vain de lutter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si nous refusons les

1009 ficile à démontrer. Pourquoi, si l’on ne fait pas de centrales nucléaires — et l’homme a vécu cent-mille ans sans centrale

1010 dioactifs des centrales atomiques. » Le directeur de l’Agence atomique des Nations unies a déclaré, il y a deux ou trois m

1011 y a deux ou trois mois, que la principale source d’ énergie de la fin du xxe siècle se puiserait d’abord dans l’arrêt du

1012 ou trois mois, que la principale source d’énergie de la fin du xxe siècle se puiserait d’abord dans l’arrêt du gaspillage

1013 se puiserait d’abord dans l’arrêt du gaspillage. De là, nous pouvons gagner 20 % à 30 %. Les centrales nucléaires n’en do

1014 u’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’ énergie, si tout va bien. Or, rien ne va bien avec les centrales nuclé

1015 ntrales nucléaires ! D’après les derniers calculs d’ économistes, le kilowatt nucléaire va devenir bien plus cher que le ki

1016 e le kilowatt au fuel thermique. Et il ne cessera de grimper… Le nucléaire est pour vous l’un de ces points clés sur lesqu

1017 ssera de grimper… Le nucléaire est pour vous l’un de ces points clés sur lesquels se joue notre avenir et qui seront les r

1018 e joue notre avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai tant parlé des centrales nucléaires dans

1019 e, c’est parce que je les prends comme le symbole d’ une société, et d’un état d’esprit qui est exactement le contraire de

1020 je les prends comme le symbole d’une société, et d’ un état d’esprit qui est exactement le contraire de ce pour quoi je me

1021 ’un état d’esprit qui est exactement le contraire de ce pour quoi je me suis toujours battu depuis ma jeunesse. Les centra

1022 ma jeunesse. Les centrales nucléaires témoignent d’ une société de puissance qui vise uniquement au pouvoir de l’État-nati

1023 Les centrales nucléaires témoignent d’une société de puissance qui vise uniquement au pouvoir de l’État-nation et qui impl

1024 ciété de puissance qui vise uniquement au pouvoir de l’État-nation et qui implique une mainmise de l’appareil étatique sur

1025 oir de l’État-nation et qui implique une mainmise de l’appareil étatique sur la vie complète, la vie économique, la vie qu

1026 conomique, la vie quotidienne, la vie personnelle de chaque individu. Cette mainmise suppose une centralisation toujours p

1027 e centralisation toujours plus poussée, disposant de ces outils énormes, formidablement chers et formidablement dangereux,

1028 sa police, car on ne peut laisser sans protection de telles usines… Oui, tout cela flatte l’instinct de puissance collecti

1029 e telles usines… Oui, tout cela flatte l’instinct de puissance collective abstraite des États. À cette direction extrêmeme

1030 ale. Avec l’énergie solaire, une maison bénéficie de son autonomie énergétique, à plus forte raison un village, des région

1031 lus forte raison un village, des régions et ainsi de suite… et l’on débouche sur une décentralisation totale de l’énergie,

1032 et l’on débouche sur une décentralisation totale de l’énergie, le contraire du système actuel où l’État fait tout dépendr

1033 re du système actuel où l’État fait tout dépendre d’ une centrale. Vous l’avez écrit : on n’interpose pas de compteur entre

1034 centrale. Vous l’avez écrit : on n’interpose pas de compteur entre le soleil et la maison. Et c’est pourquoi il n’y a pas

1035 leil et la maison. Et c’est pourquoi il n’y a pas de lobby solaire auprès du gouvernement. L’État est contre le solaire, c

1036 Zeus et le nucléaire, c’est Pluton. Pluton, dieu de la richesse, de la richesse enfouie sous la terre, cachée et honteuse

1037 éaire, c’est Pluton. Pluton, dieu de la richesse, de la richesse enfouie sous la terre, cachée et honteuse, était en même

1038 leries sans savoir où elles vont, elles n’ont pas de points de repère. Pluton s’ennuyait aux enfers et voulait y rabattre

1039 s savoir où elles vont, elles n’ont pas de points de repère. Pluton s’ennuyait aux enfers et voulait y rabattre le plus de

1040 ennuyait aux enfers et voulait y rabattre le plus de monde possible. Il voulait des morts. Tel est le monde de l’État, de

1041 possible. Il voulait des morts. Tel est le monde de l’État, de la richesse, de la puissance anonyme et meurtrière… L’autr

1042 Il voulait des morts. Tel est le monde de l’État, de la richesse, de la puissance anonyme et meurtrière… L’autre monde, c’

1043 orts. Tel est le monde de l’État, de la richesse, de la puissance anonyme et meurtrière… L’autre monde, c’est le monde de

1044 nyme et meurtrière… L’autre monde, c’est le monde de l’énergie solaire décentralisé, celui sur lequel règne Zeus. L’une de

1045 celui sur lequel règne Zeus. L’une des épithètes de Zeus, en grec, était Europos, c’est-à-dire celui qui voit loin, celui

1046 ope, qui me semble bien émouvante… Comment sortir de cette lutte ? Vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire que seul

1047 ue seules les communautés permettraient à l’homme de reprendre en main ses pouvoirs, et vous montrez aussi comment l’État-

1048 rez aussi comment l’État-nation détruit les bases de toute communauté vivante. C’est un cercle vicieux. Comment lutter ? C

1049 pitalisme partagent la même religion fondamentale de la croissance, de la productivité, du bonheur des hommes envisagé sel

1050 t la même religion fondamentale de la croissance, de la productivité, du bonheur des hommes envisagé selon le nombre d’obj

1051 é, du bonheur des hommes envisagé selon le nombre d’ objets mis à leur disposition. Ce sont des sectes à peine différentes.

1052 individu, la personne… Qu’est-ce qui nous empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nou

1053 été que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrop

1054 prévisibles et calculables. Rien ne nous empêche de construire, chacun où nous sommes, une société meilleure qui réponde

1055 lleure qui réponde à d’autres finalités que celle de la puissance. J’oppose à la puissance la liberté des personnes, l’épa

1056 ssance la liberté des personnes, l’épanouissement de l’individu. Je crois que nous devons, tout de suite, favoriser, dans

1057 devons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exemple — et cel

1058 e, favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exemple — et cela ne dépend que de no

1059 a mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’ énergie, par exemple — et cela ne dépend que de nous. Il faut refuser

1060 es d’énergie, par exemple — et cela ne dépend que de nous. Il faut refuser ainsi le tout-électrique de l’EDF, qui représen

1061 de nous. Il faut refuser ainsi le tout-électrique de l’EDF, qui représente une très mauvaise utilisation de l’énergie, n’i

1062 EDF, qui représente une très mauvaise utilisation de l’énergie, n’importe quel technicien un peu sérieux vous le confirmer

1063 ous le confirmera. Il est absolument indéfendable de se chauffer à l’électricité, cette forme noble de l’énergie, et de la

1064 de se chauffer à l’électricité, cette forme noble de l’énergie, et de la transformer en cette forme ordinaire qu’est la ch

1065 l’électricité, cette forme noble de l’énergie, et de la transformer en cette forme ordinaire qu’est la chaleur, dernier st

1066 dernier stade avant la non-énergie. Il faut faire de la chaleur avec des moyens beaucoup moins coûteux… C’est ainsi qu’il

1067 nous faut prendre position sur tous les domaines de la vie quotidienne et ne pas laisser s’accréditer ces histoires de né

1068 enne et ne pas laisser s’accréditer ces histoires de nécessité, de fatalité. On se chauffait à 23° avant la crise du pétro

1069 laisser s’accréditer ces histoires de nécessité, de fatalité. On se chauffait à 23° avant la crise du pétrole, on se chau

1070 e des sacrifices, volontairement, pour se libérer de ce système qui conduit finalement à la guerre… On connaît cette objec

1071 la guerre… On connaît cette objection des partis de gauche et principalement du Parti communiste aux tenants d’une croiss

1072 et principalement du Parti communiste aux tenants d’ une croissance limitée : n’est-il pas injuste, disent-ils, que certain

1073 privilégiés demandent, à l’échelon du pays comme de la planète, aux quatre cinquièmes de la population de renoncer à la j

1074 u pays comme de la planète, aux quatre cinquièmes de la population de renoncer à la jouissance de ces biens de consommatio

1075 a planète, aux quatre cinquièmes de la population de renoncer à la jouissance de ces biens de consommation qu’ils n’ont ja

1076 èmes de la population de renoncer à la jouissance de ces biens de consommation qu’ils n’ont jamais possédés ; pourquoi leu

1077 pulation de renoncer à la jouissance de ces biens de consommation qu’ils n’ont jamais possédés ; pourquoi leur demander à

1078 ontinuer à rouler en auto ? Il ne s’agit donc pas d’ interdire aux gens du tiers-monde de rouler en auto, il s’agit de savo

1079 agit donc pas d’interdire aux gens du tiers-monde de rouler en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous, continuer

1080 gens du tiers-monde de rouler en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous, continuer à le faire pendant vingt ans

1081 u que le tiers-monde rejoigne jamais notre niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matières premièr

1082 e rejoigne jamais notre niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matières premières dans le monde po

1083 consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matières premières dans le monde pour cela. Alors nous n’avons qu’une

1084 a. Alors nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de donner l’exemple. C’est de créer une Europe fédérée des régions, qui

1085 e chose à faire, c’est de donner l’exemple. C’est de créer une Europe fédérée des régions, qui tenterait de faire l’économ

1086 éer une Europe fédérée des régions, qui tenterait de faire l’économie de cette crise industrielle qui nous guette, en remp

1087 ée des régions, qui tenterait de faire l’économie de cette crise industrielle qui nous guette, en remplaçant la technique

1088 uce beaucoup plus progressiste, moins dévoratrice de matière première. Oui, ce serait là un exemple pour le tiers-monde qu

1089 exemple pour le tiers-monde qui est à deux doigts de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos maladies. Lorsque,

1090 ts de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos maladies. Lorsque, dans les années 1930, vous développiez pour la

1091 sans limites devait nous conduire, non seulement d’ un point de vue économique mais aussi social et moral. Nous disions qu

1092 comme Hitler, Staline ou Mussolini bénéficiaient d’ un tel prestige, d’une telle puissance, c’est parce qu’ils apportaient

1093 ine ou Mussolini bénéficiaient d’un tel prestige, d’ une telle puissance, c’est parce qu’ils apportaient une réponse — terr

1094 industrielle, les grandes villes, la destruction de toute solidarité. Nous préconisions des solutions comme le service ci

1095 , il s’offre depuis cinq ou six ans sous la forme de cette immense émergence, sensible dans tout l’Occident et peut-être p

1096 e irrésistible. Regardez la France, les exigences d’ autonomie des régions contre le centralisme réducteur de l’État-nation

1097 nomie des régions contre le centralisme réducteur de l’État-nation ! La notion de région est pour vous essentielle. Mais n

1098 entralisme réducteur de l’État-nation ! La notion de région est pour vous essentielle. Mais n’est-elle pas bien difficile

1099 difficile à déterminer ? La région ne relève pas d’ une espèce de lubie ou d’obsession ethnicienne ou linguistique. Je la

1100 déterminer ? La région ne relève pas d’une espèce de lubie ou d’obsession ethnicienne ou linguistique. Je la définis comme

1101 La région ne relève pas d’une espèce de lubie ou d’ obsession ethnicienne ou linguistique. Je la définis comme un espace d

1102 ne ou linguistique. Je la définis comme un espace de participation civique dont les dimensions peuvent être absolument var

1103 on tâtait aveuglément le terrain. Tout cela colle de très près aux réalités. Au fond, c’est la forme de l’État-nation qui

1104 e très près aux réalités. Au fond, c’est la forme de l’État-nation qui est utopique, littéralement. Cadre abstrait plaqué

1105 lignes tirées au cordeau par des types à manches de lustrine dans des bureaux parisiens ou londoniens, à la fin du xixe

1106 la fin du xixe siècle, et qui ne tiennent compte d’ aucune réalité ! Un ministre de la Haute-Volta m’a dit : « Vous compre

1107 ne tiennent compte d’aucune réalité ! Un ministre de la Haute-Volta m’a dit : « Vous comprenez, il n’y a rien à faire, les

1108 possible que dans la jeunesse européenne, l’idée de frontière soit dévalorisée. Je l’espère. Les enfants de l’école prima

1109 ntière soit dévalorisée. Je l’espère. Les enfants de l’école primaire savent très bien que la pollution n’est pas arrêtée

1110 ouaniers. Vous croyez, en somme, à la possibilité d’ une renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’au

1111 yez, en somme, à la possibilité d’une renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel ess

1112 e civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’ un nouvel essor de la civilisation occidentale découvrant le solaire c

1113 pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation occidentale découvrant le solaire contre le nucléaire

1114 non, il n’y aura rien du tout. Simplement une fin de la civilisation. Avant de quitter l’Amérique en 1947, j’ai eu un soir

1115 z-vous qu’une guerre atomique signifierait la fin de l’humanité ? » Il m’a dit : « Non, nous avons essayé avec quelques am

1116 dit : « Non, nous avons essayé avec quelques amis de faire des calculs ; il restera bien vingt millions d’hommes qui survi

1117 aire des calculs ; il restera bien vingt millions d’ hommes qui survivront, dans les angles morts des rayonnements, mais ça

1118 ncore une civilisation ». Je ne veux pas préjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous somm

1119 s des acteurs. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : nous sommes là pour faire quelque chose. J’imagine qu’un non

1120 dire : « Pourquoi ne pas vivre sans aucune espèce de prise de position ou de compromission, sans s’engager dans rien ? » J

1121 Pourquoi ne pas vivre sans aucune espèce de prise de position ou de compromission, sans s’engager dans rien ? » J’ai aussi

1122 vivre sans aucune espèce de prise de position ou de compromission, sans s’engager dans rien ? » J’ai aussi le sentiment,

1123  ? » J’ai aussi le sentiment, Denis de Rougemont, d’ être en face de vous comme devant l’un de ces esprits humanistes ou en

1124 ugemont, d’être en face de vous comme devant l’un de ces esprits humanistes ou encyclopédiques que notre siècle ivre de sp

1125 manistes ou encyclopédiques que notre siècle ivre de spécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est notre affaire rel

1126 sés. L’Avenir est notre affaire relève en effet de disciplines aussi diverses que la science, l’économie, la politique,

1127 et j’en passe… On est un peu écrasé par la somme de travail qu’il représente. Comment peut s’écrire un tel livre ? Il s’e

1128 passion, il représente une passion et un pouvoir d’ indignation sans lequel je n’aurais jamais pu absorber ce que j’ai dû

1129 gie atomique, je les ai revus mot à mot avec l’un de mes amis, l’un des derniers survivants de la première génération des

1130 ec l’un de mes amis, l’un des derniers survivants de la première génération des grands physiciens qui se sont penchés sur

1131 rski, l’un des trois à avoir découvert la fission de l’atome… Bref, je me suis informé auprès de nombreux spécialistes com

1132 tes comme les physiciens du CERN (Centre européen de recherche nucléaire) et bien d’autres… Suis-je pour autant une except

1133 exception ? Je ne le crois pas. Il existe nombre d’ esprits, dans le monde d’aujourd’hui, qui sont mus par les mêmes passi

1134 is pas. Il existe nombre d’esprits, dans le monde d’ aujourd’hui, qui sont mus par les mêmes passions fondamentales que moi

1135 tales que moi et qui sont, par conséquent obligés de dépasser le cadre étroit d’une spécialité. Il y a une question que j’

1136 ar conséquent obligés de dépasser le cadre étroit d’ une spécialité. Il y a une question que j’aimerais encore vous poser,

1137 que c’est Christian de Bartillat qui m’a persuadé d’ écrire ce livre. À l’origine, il voulait publier, je croyais, un livre

1138 oulait publier, je croyais, un livre sur l’Europe de l’an 2000. J’avais donné, peu auparavant, une série de conférences su

1139 an 2000. J’avais donné, peu auparavant, une série de conférences sur l’avenir de l’architecture, de l’éducation, du christ

1140 auparavant, une série de conférences sur l’avenir de l’architecture, de l’éducation, du christianisme, de ceci et de cela…

1141 ie de conférences sur l’avenir de l’architecture, de l’éducation, du christianisme, de ceci et de cela… et je pensais tout

1142 l’architecture, de l’éducation, du christianisme, de ceci et de cela… et je pensais tout simplement réunir ces conférences

1143 ure, de l’éducation, du christianisme, de ceci et de cela… et je pensais tout simplement réunir ces conférences en volume.

1144 nces (il les acceptait toutes). Après deux heures de discussion, il m’avait convaincu. C’est rare qu’un éditeur tienne à c

1145 touché… Et j’y ai consacré ensuite quatre années d’ efforts… Je dois préciser encore que mon éditeur habituel est Gallimar

1146 pos ? Ah oui, complètement ! Je suis très content de ces réactions. Il n’y a pas eu de critiques vraiment mauvaises et bea

1147 is très content de ces réactions. Il n’y a pas eu de critiques vraiment mauvaises et beaucoup d’articles chaleureux et ent

1148 as eu de critiques vraiment mauvaises et beaucoup d’ articles chaleureux et enthousiastes. Bien sûr, j’ai eu droit aussi à

1149 automobiles, certains allant jusqu’à me reprocher de falsifier des citations. Je pourrais leur faire un procès d’ailleurs

1150 leur faire un procès d’ailleurs mais je n’ai pas de temps à perdre… J’ai eu surtout le sentiment de toucher aussi un publ

1151 s de temps à perdre… J’ai eu surtout le sentiment de toucher aussi un public jeune ou parfois très éloigné de l’université

1152 her aussi un public jeune ou parfois très éloigné de l’université. J’ai reçu des lettres émouvantes de gens qui me demanda

1153 de l’université. J’ai reçu des lettres émouvantes de gens qui me demandaient ce qu’ils pouvaient et devaient faire, là où

1154 vant ce livre : qu’il était en somme un manifeste de la convergence et de l’émergence de tous ces mouvements dont je vous

1155 était en somme un manifeste de la convergence et de l’émergence de tous ces mouvements dont je vous ai parlé. Ces mouveme

1156 un manifeste de la convergence et de l’émergence de tous ces mouvements dont je vous ai parlé. Ces mouvements qui montent

1157 ents qui montent, comme une germination qui vient d’ en bas et qui est irrésistible, qui est universelle, qui peut faire sa

1158 elle n’est pas centralisée. o. Rougemont Denis de , « [Entretien] L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalypti

1159 est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’ un optimiste », Hachette-Informations, Paris, mars 1978, p. 21-24. p.

1160 crivain engagé dans la plupart des grands combats de son siècle (la lutte contre le nazisme, l’unité européenne) et auteur

1161 contre le nazisme, l’unité européenne) et auteur d’ un essai mondialement célèbre : L’Amour et l’Occident , Denis de Roug

1162 : L’Amour et l’Occident , Denis de Rougemont est de ces rares esprits qui sont la conscience d’une époque. Ses livres n’o

1163 t est de ces rares esprits qui sont la conscience d’ une époque. Ses livres n’ont jamais été de ces best-sellers frivoles e

1164 science d’une époque. Ses livres n’ont jamais été de ces best-sellers frivoles et bruyants que quelques mois suffisent pou

1165 ant à engloutir dans le silence ; ils n’ont cessé de demeurer, au contraire, des ouvrages de référence, des études sur les

1166 ont cessé de demeurer, au contraire, des ouvrages de référence, des études sur lesquelles on ne se lasse pas de revenir —

1167 nce, des études sur lesquelles on ne se lasse pas de revenir — guides pour le passé et le devenir de notre civilisation. I

1168 s de revenir — guides pour le passé et le devenir de notre civilisation. Il y a quelques mois, les Éditions Stock ont publ

1169 n des relations humaines, caractérisent notre fin de siècle avec ses villes ingouvernables, ses ressources naturelles qui

1170 aires, sa démographie galopante et ses pollutions de toutes sortes. C’est à cette Apocalypse que tous les experts nous pro

1171 ces et l’autogestion politique… Comment s’étonner de ce que les écologistes aient salué en Denis de Rougemont un allié des

1172 u ? Rarement livre aura été accueilli avec autant de chaleur par la presse. Mais surtout rarement aura-t-il été ressenti c

1173 iques. La tentation était grande, on le comprend, de rencontrer Denis de Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est

1174 le comprend, de rencontrer Denis de Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est notre affaire , des thèmes qu’il abo

1175 ncontrer Denis de Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est notre affaire , des thèmes qu’il aborde et des échos qu

1176 De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)

1177 Je voudrais vous faire voir, ce soir, que l’idée d’ une Europe fédérée n’est nullement la lubie de quelques-uns, mais une

1178 dée d’une Europe fédérée n’est nullement la lubie de quelques-uns, mais une nécessité qui sera subie par tous si nous ne s

1179 déalisme, mais le seul réalisme digne aujourd’hui de ce nom ; et enfin, qu’elle n’est pas seulement conservation mais inve

1180 vetage mais nouveau mode de vie. J’ai donc choisi de m’interroger devant vous sur les motifs d’unir l’Europe et sur l’évol

1181 choisi de m’interroger devant vous sur les motifs d’ unir l’Europe et sur l’évolution de ces motifs depuis la veille de la

1182 sur les motifs d’unir l’Europe et sur l’évolution de ces motifs depuis la veille de la dernière guerre mondiale, jusqu’à c

1183 et sur l’évolution de ces motifs depuis la veille de la dernière guerre mondiale, jusqu’à cette veille de l’année qui verr

1184 la dernière guerre mondiale, jusqu’à cette veille de l’année qui verra la première élection par les peuples d’un Parlement

1185 ée qui verra la première élection par les peuples d’ un Parlement européen. C’est une histoire assez intense et dramatique,

1186 ramatique, vous allez le voir. C’est l’alternance de grands élans dans l’enthousiasme créateur, et d’enlisements dans le m

1187 de grands élans dans l’enthousiasme créateur, et d’ enlisements dans le marécage des intérêts à très court terme, c’est-à-

1188 x des classes politiciennes. ⁂ Prenons pour point de départ dans notre siècle l’année 1924. Cette année-là, à Vienne, le j

1189 e-Kalergi, né à Tokyo, vingt-sept ans auparavant, d’ une Japonaise et d’un diplomate autrichien d’origine hollando-grecque,

1190 yo, vingt-sept ans auparavant, d’une Japonaise et d’ un diplomate autrichien d’origine hollando-grecque, publie un bref ouv

1191 ant, d’une Japonaise et d’un diplomate autrichien d’ origine hollando-grecque, publie un bref ouvrage intitulé Manifeste pa

1192 tique, économique et culturelle ?… Si les peuples de l’Europe le veulent, la Paneurope se réalisera… Il ne faut pas se las

1193 Paneurope se réalisera… Il ne faut pas se lasser de le répéter : une Europe divisée conduit à la guerre, à l’oppression,

1194 t il est président du Conseil, devant l’assemblée de la Société des Nations à Genève, Aristide Briand prononce un discours

1195 en faveur d’une idée qu’on a bien voulu qualifier de généreuse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’imprudente.

1196 alifier de généreuse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’imprudente. Cette idée, qui a hanté l’imagination des

1197 euse, peut-être pour se dispenser de la qualifier d’ imprudente. Cette idée, qui a hanté l’imagination des philosophes et d

1198 qui leur a valu ce qu’on peut appeler des succès d’ estime, cette idée a progressé dans les esprits par sa valeur propre.

1199 sont géographiquement groupés, comme les peuples d’ Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. Évidemment, l’a

1200 e les peuples d’Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. Évidemment, l’association agira surtout dans le dom

1201 , le lien fédéral, sans toucher à la souveraineté d’ aucune des nations qui pourraient faire partie d’une telle association

1202 d’aucune des nations qui pourraient faire partie d’ une telle association, peut être bienfaisant. Briand préconise donc l

1203 ion des intérêts économiques d’abord, sur la base d’ un respect religieux de la souveraineté absolue de nos États. Étonnant

1204 iques d’abord, sur la base d’un respect religieux de la souveraineté absolue de nos États. Étonnante anticipation sur la f

1205 d’un respect religieux de la souveraineté absolue de nos États. Étonnante anticipation sur la formule du Marché commun, qu

1206 d, mais aussi sur les limitations les plus graves de cette formule… Un Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’union f

1207 e cette formule… Un Mémorandum sur l’organisation d’ un régime d’union fédérale européenne sera présenté en 1930 à la Socié

1208 ule… Un Mémorandum sur l’organisation d’un régime d’ union fédérale européenne sera présenté en 1930 à la Société des Natio

1209 à la Société des Nations, rédigé par le directeur de cabinet de Briand, Alexis Léger (futur prix Nobel de poésie sous le p

1210 é des Nations, rédigé par le directeur de cabinet de Briand, Alexis Léger (futur prix Nobel de poésie sous le pseudonyme d

1211 cabinet de Briand, Alexis Léger (futur prix Nobel de poésie sous le pseudonyme de Saint-John Perse). Ce beau texte répète

1212 er (futur prix Nobel de poésie sous le pseudonyme de Saint-John Perse). Ce beau texte répète avec insistance : « C’est sur

1213 exte répète avec insistance : « C’est sur le plan de la souveraineté absolue que doit être réalisée l’entente entre Nation

1214 t fédéralistes ? Ce fut tout au contraire le banc d’ essai de leurs forces de résistance et le terme s’impose, puisque ce f

1215 listes ? Ce fut tout au contraire le banc d’essai de leurs forces de résistance et le terme s’impose, puisque ce fut préci

1216 tout au contraire le banc d’essai de leurs forces de résistance et le terme s’impose, puisque ce fut précisément l’ensembl

1217 puisque ce fut précisément l’ensemble des réseaux de la Résistance à l’hitlérisme et au fascisme qui fournit à l’idée euro

1218 t à l’idée européenne son milieu le plus efficace de propagation en profondeur et en intensité, dans la lutte, dans le dan

1219 dans l’espoir. Dès 1941, des internés politiques de l’île de Ventotene, près des côtes italiennes, rédigent un manifeste

1220 dans toute l’Europe. Dès 1942, tous les journaux de la Résistance française affirment qu’ils luttent pour instaurer une v

1221 nt « Combat », lance un appel « à tous les hommes de la Résistance européenne ». Je sais, dit-il, pour en avoir recueilli

1222 r recueilli maintes preuves, que dans chaque pays de l’Europe occupée, (ces hommes) ont une volonté et des espoirs qui con

1223 goïsme éventuels des gouvernements, les principes d’ une souveraineté souvent illusoire, n’entravent pas cette marche à l’u

1224 elles sourdement lui répondent, du fond des camps d’ otages de la Hollande, des ténèbres où déjà l’Allemagne chancelle, voi

1225 rdement lui répondent, du fond des camps d’otages de la Hollande, des ténèbres où déjà l’Allemagne chancelle, voix des rar

1226 l’Allemagne chancelle, voix des rares survivants de l’Orchestre rouge, ou du groupe de la Rose blanche. Enfin, en juillet

1227 res survivants de l’Orchestre rouge, ou du groupe de la Rose blanche. Enfin, en juillet de cette même année 1944, tandis q

1228 u du groupe de la Rose blanche. Enfin, en juillet de cette même année 1944, tandis que la guerre sévit encore sur l’Europe

1229 a guerre sévit encore sur l’Europe, des militants de la Résistance de neuf pays réussissent à passer les frontières et à s

1230 core sur l’Europe, des militants de la Résistance de neuf pays réussissent à passer les frontières et à se rencontrer à qu

1231 l œcuménique des Églises, Willem Visser ’t Hooft. De ces rencontres clandestines sortira un document d’une clairvoyance sa

1232 e ces rencontres clandestines sortira un document d’ une clairvoyance sans défaut. Citons : Quelques militants des mouveme

1233 faut. Citons : Quelques militants des mouvements de résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas

1234 litants des mouvements de résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslov

1235 mouvements de résistance du Danemark, de France, d’ Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de

1236 s de résistance du Danemark, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslav

1237 k, de France, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’u

1238 , d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de

1239 , des Pays-Bas, de Pologne, de Tchécoslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de militants antinazis en

1240 coslovaquie et de Yougoslavie, et le représentant d’ un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une

1241 et de Yougoslavie, et le représentant d’un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Eur

1242 nazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’ Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré

1243 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le projet de déclaration ci-dessous qu’ils ont soumis à la discussion et à l’appro

1244 ils ont soumis à la discussion et à l’approbation de leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résist

1245 à l’approbation de leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résistance européens. Ils affirment que

1246 ements respectifs et de l’ensemble des mouvements de résistance européens. Ils affirment que la vie des peuples qu’ils rep

1247 ’ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice sociale, l’utilisation intégrale

1248 ctivité tout entière et l’épanouissement autonome de la vie nationale. Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers

1249 tteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant

1250 vers pays du monde acceptent de dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant dans une unique orga

1251 anisation fédérale. La paix européenne est la clé de la voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule gén

1252 dérale. La paix européenne est la clé de la voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’E

1253 oûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’ une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mond

1254 ’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour origine l’existence

1255 nt tout pour origine l’existence sur ce continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par

1256 continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par la création d’une union fédérale entre

1257 orte de remédier à cette anarchie par la création d’ une union fédérale entre les peuples européens. Vous l’aurez remarqué

1258 ’appliquait à rassurer les États quant au respect de leur souveraineté absolue, autant la déclaration des Résistances euro

1259 éennes souligne la nécessité littéralement vitale de « dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États ». C’est que

1260 ssité littéralement vitale de « dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États ». C’est que Briand est au pouvoir,

1261 finie, que va-t-on faire ? Tous ceux qui sortent de la Résistance ont répondu d’avance ! faire l’Europe ! À Hertenstein,

1262 ous ceux qui sortent de la Résistance ont répondu d’ avance ! faire l’Europe ! À Hertenstein, en Suisse, dès 1945, puis en

1263 urg, finalement lors du grand congrès fédéraliste de Montreux (1947), les résistants d’hier fondent l’Europe de demain : 1

1264 ès fédéraliste de Montreux (1947), les résistants d’ hier fondent l’Europe de demain : 100 000 membres cotisants, venus de

1265 ux (1947), les résistants d’hier fondent l’Europe de demain : 100 000 membres cotisants, venus de la gauche ou de la droit

1266 100 000 membres cotisants, venus de la gauche ou de la droite, mais surtout de la Résistance, se regroupent sous l’égide

1267 venus de la gauche ou de la droite, mais surtout de la Résistance, se regroupent sous l’égide de l’Union européenne des f

1268 tout de la Résistance, se regroupent sous l’égide de l’Union européenne des fédéralistes. Leurs motifs ? Nous venons de le

1269 fs ? Nous venons de les voir. Ce sont 1° le refus de toute nouvelle guerre européenne, 2° la fédération au-delà des formul

1270 européenne, 2° la fédération au-delà des formules d’ absolue souveraineté nationale, 3° « l’Europe une dans un monde uni ».

1271 ustes mais trop vastes, en ce sens que les moyens de leur réalisation ne sont pas encore imaginés, ni même sérieusement en

1272 ar une superpuissance voisine, le moindre abandon de souveraineté. Dans cette situation quelque peu irréelle où se mêlent

1273 on quelque peu irréelle où se mêlent un sentiment d’ urgence très intensément motivé et une étrange incertitude quant aux p

1274 ins pas que l’on pourra faire, éclate le discours de Churchill à l’Université de Zurich, le 19 septembre 1946. D’un trait

1275 e, éclate le discours de Churchill à l’Université de Zurich, le 19 septembre 1946. D’un trait génial, Churchill va ramener

1276 l à l’Université de Zurich, le 19 septembre 1946. D’ un trait génial, Churchill va ramener la conjoncture la plus complexe

1277 Voici ces phrases capitales : Au sort misérable de l’Europe il existe un remède qui, s’il était adopté partout et sponta

1278 erait comme par miracle toute la scène, et ferait de l’Europe, en peu d’années, une terre aussi libre et heureuse que cell

1279 cle toute la scène, et ferait de l’Europe, en peu d’ années, une terre aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’auj

1280 nées, une terre aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de refo

1281 re aussi libre et heureuse que celle de la Suisse d’ aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famil

1282 aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvo

1283 ans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en p

1284 mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’ une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en séc

1285 encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons constr

1286 et en sécurité. Nous devons construire une sorte d’ États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines de millions de tra

1287 ats-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des centaines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joi

1288 urope. Ainsi seulement, des centaines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les es

1289 aines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la vie digne d

1290 les joies et les espoirs qui rendent la vie digne d’ être vécue. Je vais vous dire maintenant quelque chose qui vous étonne

1291 vous étonnera. Le premier pas consistera à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. Si l’on veut mener à bie

1292 Le premier pas consistera à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. Si l’on veut mener à bien l’œuvre de con

1293 es partenaires. Si l’on veut mener à bien l’œuvre de construire les États-Unis d’Europe, leur structure devra être conçue

1294 s-Unis d’Europe, leur structure devra être conçue de telle sorte que la puissance matérielle de chaque État perde son impo

1295 conçue de telle sorte que la puissance matérielle de chaque État perde son importance. Les petites nations y compteront au

1296 t autant que les grandes et tireront leur honneur de leur contribution au bien commun… Il s’agit aujourd’hui d’affranchir

1297 ontribution au bien commun… Il s’agit aujourd’hui d’ affranchir de la guerre et de la servitude les populations de toute ra

1298 u bien commun… Il s’agit aujourd’hui d’affranchir de la guerre et de la servitude les populations de toute race et de tout

1299 l s’agit aujourd’hui d’affranchir de la guerre et de la servitude les populations de toute race et de toute contrée. De ce

1300 r de la guerre et de la servitude les populations de toute race et de toute contrée. De cette œuvre urgente, c’est à la Fr

1301 de la servitude les populations de toute race et de toute contrée. De cette œuvre urgente, c’est à la France et à l’Allem

1302 es populations de toute race et de toute contrée. De cette œuvre urgente, c’est à la France et à l’Allemagne qu’il apparti

1303 est à la France et à l’Allemagne qu’il appartient de prendre conjointement l’initiative… Debout l’Europe ! Un an plus tar

1304 ope ! Un an plus tard, à Montreux, naîtra l’idée d’ une collaboration, théoriquement paradoxale mais peut-être en fait pra

1305 able, entre le mouvement fédéraliste et les clubs de notables politiques et industriels patronnés par Churchill. Et c’est

1306 ompromis historique » qui va se réaliser au début de mai 1948 sous les espèces du Congrès de l’Europe, réunissant dans la

1307 au début de mai 1948 sous les espèces du Congrès de l’Europe, réunissant dans la Salle des chevaliers, qui est la salle d

1308 a Salle des chevaliers, qui est la salle du trône de La Haye, près de 800 délégués parmi lesquels 16 anciens présidents du

1309 acmillan, Carlo Schmid, 250 députés, une centaine de syndicalistes, des évêques anglicans ou romains côtoyant Bertrand Rus

1310 ue, est adopté par acclamations lors de la séance de clôture. Il résume l’ensemble des motifs du congrès et du « Mouvement

1311 aines plus tard. Je vous demanderai la permission de le lire comme j’eus l’honneur de le faire à La Haye, ayant eu la char

1312 ai la permission de le lire comme j’eus l’honneur de le faire à La Haye, ayant eu la charge de l’écrire : L’Europe est me

1313 honneur de le faire à La Haye, ayant eu la charge de l’écrire : L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus gr

1314 nace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler mais qui ne sauraient p

1315 e, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie

1316 éger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indép

1317 s ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les probl

1318 à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économi

1319 oblèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut d’ une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera d

1320 n à l’unification forcée, soit par l’intervention d’ un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heu

1321 tion d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’ un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui so

1322 surpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’ entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble,

1323 le, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’ outremer associés à nos destinées, la plus grande formation politique

1324 on politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant r

1325 u monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’ hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mis

1326 grand péril et cette grande espérance la vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leu

1327 ation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’ unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité,

1328 ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles

1329 ns les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie

1330 herche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustrati

1331 rtés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’ invention pour la défense et pour l’illustration des droits et des dev

1332 et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont malgré toutes ses infidélités, l’Europe dem

1333 eux du monde le grand témoin. La conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans l

1334 conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final

1335 force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour

1336 éfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de

1337 Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rasse

1338 assemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les

1339 des droits de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une

1340 de l’homme, garantissant les libertés de pensée, de réunion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition

1341 arantissant les libertés de pensée, de réunion et d’ expression, ainsi que le libre exercice d’une opposition politique. 3)

1342 nion et d’expression, ainsi que le libre exercice d’ une opposition politique. 3) Nous voulons une Cour de justice, capable

1343 ne opposition politique. 3) Nous voulons une Cour de justice, capable d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit

1344 que. 3) Nous voulons une Cour de justice, capable d’ appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte.

1345 ropéenne, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ap

1346 s vives de toutes nos nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers

1347 ons. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’ appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos pa

1348 nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans

1349 t les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, po

1350 ent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un grand avenir, pour cette génération et celles qu

1351 e salut public, suprême chance de la paix et gage d’ un grand avenir, pour cette génération et celles qui la suivront. On

1352 taculaires. Le premier motif : empêcher le retour d’ une conflagration franco-allemande, était au cœur du discours de Zuric

1353 ation franco-allemande, était au cœur du discours de Zurich, et il va inspirer le traité de la CECA, cette mise en commun

1354 u discours de Zurich, et il va inspirer le traité de la CECA, cette mise en commun du charbon et de l’acier dont on fait l

1355 té de la CECA, cette mise en commun du charbon et de l’acier dont on fait les canons, qui lie symboliquement et concrèteme

1356 ui lie symboliquement et concrètement les ennemis d’ hier. Le deuxième motif : la prospérité à rétablir par l’intégration é

1357 Marché commun dès 1957. Le troisième motif, celui de la défense des libertés et des droits de l’homme, seul fondement d’un

1358 libertés et des droits de l’homme, seul fondement d’ une union politique conforme au vrai génie européen et à la culture co

1359 me au vrai génie européen et à la culture commune de nos peuples, donnera lieu, un an après le congrès de La Haye, à la cr

1360 nos peuples, donnera lieu, un an après le congrès de La Haye, à la création du Conseil de l’Europe et de la Cour de justic

1361 La Haye, à la création du Conseil de l’Europe et de la Cour de justice de Luxembourg, d’une part ; d’autre part à de nomb

1362 la création du Conseil de l’Europe et de la Cour de justice de Luxembourg, d’une part ; d’autre part à de nombreux instit

1363 n du Conseil de l’Europe et de la Cour de justice de Luxembourg, d’une part ; d’autre part à de nombreux instituts culture

1364 ustice de Luxembourg, d’une part ; d’autre part à de nombreux instituts culturels, dont le premier en date, le Centre euro

1365 projet initial du CERN, à la Fondation européenne de la culture, ainsi qu’à une douzaine d’associations européennes d’ense

1366 européenne de la culture, ainsi qu’à une douzaine d’ associations européennes d’enseignants, d’éditeurs, d’historiens, de s

1367 insi qu’à une douzaine d’associations européennes d’ enseignants, d’éditeurs, d’historiens, de sociologues, de politologues

1368 ouzaine d’associations européennes d’enseignants, d’ éditeurs, d’historiens, de sociologues, de politologues, d’instituts u

1369 sociations européennes d’enseignants, d’éditeurs, d’ historiens, de sociologues, de politologues, d’instituts universitaire

1370 opéennes d’enseignants, d’éditeurs, d’historiens, de sociologues, de politologues, d’instituts universitaires et même de f

1371 gnants, d’éditeurs, d’historiens, de sociologues, de politologues, d’instituts universitaires et même de festivals de musi

1372 s, d’historiens, de sociologues, de politologues, d’ instituts universitaires et même de festivals de musique. On notera qu

1373 politologues, d’instituts universitaires et même de festivals de musique. On notera que le motif de la défense commune n’

1374 , d’instituts universitaires et même de festivals de musique. On notera que le motif de la défense commune n’était pas men

1375 e de festivals de musique. On notera que le motif de la défense commune n’était pas mentionné dans le Message de La Haye,

1376 nse commune n’était pas mentionné dans le Message de La Haye, ou plus exactement : avait été barré de la version finale. Q

1377 de La Haye, ou plus exactement : avait été barré de la version finale. Quatre ans plus tard, ce motif allait se déclarer

1378 lus tard, ce motif allait se déclarer sous le nom de Communauté européenne de défense, ou CED. On sait que le traité rejet

1379 trasbourg, d’abord. Pendant la session inaugurale de l’Assemblée du Conseil de l’Europe, qui n’était que consultative (pre

1380 comme le but et l’objectif du Conseil de l’Europe de créer une autorité politique européenne dotée de fonctions limitées m

1381 de créer une autorité politique européenne dotée de fonctions limitées mais de pouvoirs réels. Vingt-huit ans ont passé,

1382 tique européenne dotée de fonctions limitées mais de pouvoirs réels. Vingt-huit ans ont passé, et il n’est que trop clair

1383 a perdu tout espoir et peut-être même tout désir d’ y conduire les Européens. Dira-t-on que la Communauté de Bruxelles a r

1384 nduire les Européens. Dira-t-on que la Communauté de Bruxelles a repris le flambeau ? On voit bien qu’elle en a quelquefoi

1385 le souhaite que les pouvoirs purement économiques de sa Commission soient élargis aux domaines du social, de la culture, e

1386 Commission soient élargis aux domaines du social, de la culture, et finalement de la politique commune des pays membres ;

1387 domaines du social, de la culture, et finalement de la politique commune des pays membres ; on voit bien que dans ses pub

1388 te prétention ? L’Europe de l’Ouest, déjà amputée de l’Est satellisé, c’est encore vingt pays et non pas neuf ! Et c’est t

1389 out de même autre chose qu’un marché ! La gestion d’ une partie de l’économie partiellement intégrée de neuf pays ne prépar

1390 utre chose qu’un marché ! La gestion d’une partie de l’économie partiellement intégrée de neuf pays ne prépare pas la Comm

1391 d’une partie de l’économie partiellement intégrée de neuf pays ne prépare pas la Commission de Bruxelles à décider des gra

1392 ntégrée de neuf pays ne prépare pas la Commission de Bruxelles à décider des grandes options morales et politiques de l’Eu

1393 décider des grandes options morales et politiques de l’Europe tout entière. J’en vois la preuve dans le récent Rapport ann

1394 J’en vois la preuve dans le récent Rapport annuel de la Communauté, qui exprime la crainte que l’élargissement de celle-ci

1395 nauté, qui exprime la crainte que l’élargissement de celle-ci à trois pays nouveaux n’« affaiblisse la construction europé

1396 enne » ! Autrement dit, cette construction serait d’ autant plus faible qu’elle deviendrait plus européenne ! Drôle de mani

1397 aible qu’elle deviendrait plus européenne ! Drôle de manière de reformer la « famille » dont parlait Churchill, que d’en e

1398 le deviendrait plus européenne ! Drôle de manière de reformer la « famille » dont parlait Churchill, que d’en exclure pour

1399 former la « famille » dont parlait Churchill, que d’ en exclure pour des motifs purement économiques, les pays scandinaves

1400 iche, et même la Suisse, si coupable qu’elle soit d’ avoir su depuis des siècles que la prospérité, la paix sociale, les li

1401 ime fédéral, autogéré et décentralisé. Une espèce d’ enlisement de la cause européenne et des espoirs fédéralistes dans la

1402 autogéré et décentralisé. Une espèce d’enlisement de la cause européenne et des espoirs fédéralistes dans la bureaucratie

1403 ingt ans, suffit à expliquer l’amère désaffection de tant de militants de la première heure et l’indifférence des jeunes g

1404 pliquer l’amère désaffection de tant de militants de la première heure et l’indifférence des jeunes gens à l’égard d’une «

1405 ionales mais au contraire les marathons nocturnes de Bruxelles sur la surproduction des vins méditerranéens ou le prix de

1406 surproduction des vins méditerranéens ou le prix de la betterave communautaire. Et je ne dis pas que les vins et la bette

1407 eul exemple peut suffire pour évaluer les progrès de cette indifférence : l’élimination des derniers droits de douane entr

1408 indifférence : l’élimination des derniers droits de douane entre les neuf pays du Marché commun s’est effectuée le 1er ju

1409 t pourtant le premier achèvement du grand dessein de Jean Monnet, son premier objectif pleinement atteint. Faut-il en conc

1410 t depuis plusieurs années la plupart des journaux de nos pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs

1411 nos pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colonnes ? Ou plutôt que l’Europe qui intéresse au s

1412 l’Europe qui intéresse au sens fort les Européens d’ aujourd’hui n’est pas celle de l’économie, du libre-échange commercial

1413 fort les Européens d’aujourd’hui n’est pas celle de l’économie, du libre-échange commercial, mais bien celle des chances

1414 e-échange commercial, mais bien celle des chances de la vie, c’est-à-dire des chances de la paix, et du maintien des liber

1415 e des chances de la vie, c’est-à-dire des chances de la paix, et du maintien des libertés, donc du progrès des responsabil

1416 u’à l’année dernière. Voici quelques échantillons de gros titres parus dans les principaux journaux de France, de Suisse,

1417 de gros titres parus dans les principaux journaux de France, de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne et de Grande-Br

1418 res parus dans les principaux journaux de France, de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de

1419 ans les principaux journaux de France, de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976

1420 ipaux journaux de France, de Suisse, de Belgique, d’ Italie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Euro

1421 naux de France, de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’ Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Europe en géné

1422 de Suisse, de Belgique, d’Italie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Europe en général : « L’Europ

1423 que, d’Italie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Europe en général : « L’Europe à la dérive » — « 

1424 t » — « Les Neuf ont étalé divergences et absence de volonté politique » — « Europa auf der Flucht ». La lecture de ces ti

1425 litique » — « Europa auf der Flucht ». La lecture de ces titres pose une question : de quelle Europe parlent-ils ? Quelle

1426 t ». La lecture de ces titres pose une question : de quelle Europe parlent-ils ? Quelle est l’Europe qui selon eux « agoni

1427 om : c’est un Marché commun partiel. S’il s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou « confédérés » — dont le

1428 le jour aussi longtemps que les États refuseront de rien céder sur leur souveraineté nationale. S’agirait-il enfin de l’E

1429 r leur souveraineté nationale. S’agirait-il enfin de l’Europe réelle, celle des Européens vivants, de leurs cultures et de

1430 de l’Europe réelle, celle des Européens vivants, de leurs cultures et de leurs espoirs ? Mais alors comment pourrait-on a

1431 celle des Européens vivants, de leurs cultures et de leurs espoirs ? Mais alors comment pourrait-on avec un tel sang-froid

1432 le style, et parfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans la résignation, voire de sournoisement jubilant, ann

1433 is quoi de complaisant dans la résignation, voire de sournoisement jubilant, annoncer et accepter que tout cela soit perdu

1434 comme si tout cela n’était pas nous ? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs étrangers, de la mort

1435 ls parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs étrangers, de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Sont-ils c

1436 qui agonise comme on parle de malheurs étrangers, de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Sont-ils conscients du fait inélu

1437 ients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort de l’Europe, peu importe qu’ils soient pour ou contre, de gauche ou de d

1438 Europe, peu importe qu’ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationalistes ? ⁂ Dans cette situ

1439 mporte qu’ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationalistes ? ⁂ Dans cette situation plutôt

1440 (même limité provisoirement aux Neuf) — le projet d’ élection du Parlement européen au suffrage universel à l’automne de 19

1441 lement européen au suffrage universel à l’automne de 1978. Le débat général sur l’Europe, qui ne va pas manquer de déclenc

1442 débat général sur l’Europe, qui ne va pas manquer de déclencher la campagne électorale, aura pour effet de reposer le prob

1443 éclencher la campagne électorale, aura pour effet de reposer le problème des « vrais » motifs de l’union de l’Europe, qu’i

1444 effet de reposer le problème des « vrais » motifs de l’union de l’Europe, qu’il s’agisse de celle des bureaux, ou de celle

1445 poser le problème des « vrais » motifs de l’union de l’Europe, qu’il s’agisse de celle des bureaux, ou de celle des multin

1446 s » motifs de l’union de l’Europe, qu’il s’agisse de celle des bureaux, ou de celle des multinationales, ou de celle des e

1447 l’Europe, qu’il s’agisse de celle des bureaux, ou de celle des multinationales, ou de celle des esprits et des cœurs, de c

1448 des bureaux, ou de celle des multinationales, ou de celle des esprits et des cœurs, de celle des peuples. Et voilà qui ex

1449 nationales, ou de celle des esprits et des cœurs, de celle des peuples. Et voilà qui exigera, de toute nécessité, l’examen

1450 œurs, de celle des peuples. Et voilà qui exigera, de toute nécessité, l’examen objectif des motifs antérieurs et la prise

1451 sera vite vu. Empêcher la France et l’Allemagne de se faire la guerre : voilà qui est acquis, par bonheur, mais disparaî

1452 t donc, du même coup, en tant que motif dynamique d’ union. Rétablir la productivité industrielle ? Nous n’y avons que tro

1453 n’y avons que trop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’épuisement des ressources non renouvelables, et nos ind

1454 rop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’ épuisement des ressources non renouvelables, et nos indices de chômage

1455 des ressources non renouvelables, et nos indices de chômage. Assurer la paix ? Nos États se préparent plutôt, pour rétab

1456 leur balance commerciale, à vendre des centrales de retraitement dont l’unique intérêt sera de fournir au tiers-monde le

1457 trales de retraitement dont l’unique intérêt sera de fournir au tiers-monde le plutonium des armes nucléaires, s’il promet

1458 nium des armes nucléaires, s’il promet, bien sûr, de ne jamais s’en servir… Enfin, former un corps politique capable à la

1459 nfin, former un corps politique capable à la fois de se défendre et de se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici nous d

1460 rps politique capable à la fois de se défendre et de se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici nous devons confesser l’

1461 l : il n’y a pas, dans aucun domaine fondamental, de politique commune des États de l’Europe : non, pas même pour les Neuf

1462 s États de l’Europe : non, pas même pour les Neuf de la Communauté. Ni Parlement européen élu, légitimé, législatif ; ni S

1463 ur faire face aux crises énergétiques comme celle de 1973 ; ni politique commune contre l’inflation sans augmenter le chôm

1464 le chômage sans aggraver l’inflation… Je ne vois d’ autre explication à tant d’impuissances que dans le fait, toujours plu

1465 ’inflation… Je ne vois d’autre explication à tant d’ impuissances que dans le fait, toujours plus évident, que le dogme de

1466 dans le fait, toujours plus évident, que le dogme de la souveraineté nationale absolue n’a jamais été dépassé, comme le de

1467 s résistants. Seuls les États s’arrogent le droit de faire, ou de ne pas faire l’Europe. Or, il est clair qu’ils ne la fer

1468 Seuls les États s’arrogent le droit de faire, ou de ne pas faire l’Europe. Or, il est clair qu’ils ne la feront jamais, é

1469 extérieures qui peuvent constituer pour l’Europe de nouveaux motifs de s’unir ? La situation de l’Europe dans le monde d’

1470 uvent constituer pour l’Europe de nouveaux motifs de s’unir ? La situation de l’Europe dans le monde d’aujourd’hui est car

1471 urope de nouveaux motifs de s’unir ? La situation de l’Europe dans le monde d’aujourd’hui est caractérisée par un contrast

1472 e s’unir ? La situation de l’Europe dans le monde d’ aujourd’hui est caractérisée par un contraste violent : Le tiers-monde

1473 un contraste violent : Le tiers-monde est en état d’ explosion démographique, particulièrement dans le Sud-Est asiatique et

1474 ns le Sud-Est asiatique et dans certaines parties de l’Amérique latine, tandis que dans les pays industrialisés de l’Europ

1475 e latine, tandis que dans les pays industrialisés de l’Europe le taux de croissance est en baisse, approchant parfois de l

1476 dans les pays industrialisés de l’Europe le taux de croissance est en baisse, approchant parfois de la croissance zéro. (

1477 x de croissance est en baisse, approchant parfois de la croissance zéro. (Le phénomène se reproduit au sein de l’Union sov

1478 ues décennies, l’URSS comptera une forte majorité de Turcs et d’Asiatiques.) Voilà qui est propre à modifier d’une manière

1479 s, l’URSS comptera une forte majorité de Turcs et d’ Asiatiques.) Voilà qui est propre à modifier d’une manière dramatique

1480 et d’Asiatiques.) Voilà qui est propre à modifier d’ une manière dramatique les équilibres dits « traditionnels » entre l’E

1481 besoins alimentaires du tiers-monde vont croître d’ une manière inévitablement catastrophique dans plusieurs cas. Un exemp

1482 émographes du Bangladesh prévoient un taux annuel de morts par famine se traduisant par plus de 20 millions dans les année

1483 annuel de morts par famine se traduisant par plus de 20 millions dans les années 1980, jusqu’à ce que l’excès de populatio

1484 ions dans les années 1980, jusqu’à ce que l’excès de population soit corrigé « par la Nature » — à moins que des quantités

1485 r la Nature » — à moins que des quantités énormes de nourriture ne puissent être procurées de l’extérieur. Une partie de c

1486 énormes de nourriture ne puissent être procurées de l’extérieur. Une partie de cette alimentation pourrait être fournie p

1487 uissent être procurées de l’extérieur. Une partie de cette alimentation pourrait être fournie par les États-Unis, et par e

1488 ar les États-Unis, et par eux seuls, mais au prix d’ une expansion rapide de leur production agricole, qui se trouve être p

1489 ar eux seuls, mais au prix d’une expansion rapide de leur production agricole, qui se trouve être particulièrement vorace

1490 Il ne sera pas facile pour les USA et le Canada, de ne jamais abuser de cet avantage à des fins politiques, d’autant que

1491 le pour les USA et le Canada, de ne jamais abuser de cet avantage à des fins politiques, d’autant que l’URSS restera le cl

1492 s important pour le blé américain dans les années de mauvaises récoltes. Or, ces années vont être de plus en plus fréquent

1493 ement par rapport au tiers-monde, et leur moyenne d’ âge sera plus élevée. Cet accroissement de la population du tiers-mond

1494 moyenne d’âge sera plus élevée. Cet accroissement de la population du tiers-monde et de ses besoins par tête en énergie et

1495 accroissement de la population du tiers-monde et de ses besoins par tête en énergie et en matières premières ne peut manq

1496 énergie et en matières premières ne peut manquer d’ entraîner des répercussions très dures pour l’ensemble des peuples de

1497 ercussions très dures pour l’ensemble des peuples de l’Europe. En effet, ayant été les premiers à lancer la révolution ind

1498 tomatique à la plupart de nos sources extérieures d’ approvisionnement. La crise du pétrole en 1973 a montré combien notre

1499 s n’exerçons aucun contrôle, et qui nous trouvent d’ autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premiers secours m

1500 ’autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premiers secours mutuels, ni aucune politique commune à moyen et à lo

1501 yen et à long terme. Toutes ces tensions, lourdes de conflits latents, menacent l’ensemble des Européens dans leurs condit

1502 nt l’ensemble des Européens dans leurs conditions d’ existence économique d’abord, puis d’indépendance politique, et finale

1503 s conditions d’existence économique d’abord, puis d’ indépendance politique, et finalement de survie pure et simple. Déséqu

1504 ord, puis d’indépendance politique, et finalement de survie pure et simple. Déséquilibres démographiques, pénuries et fami

1505 opoles étrangers conduisant à des formes diverses d’ asservissement économique, puis politique, crise de civilisation laiss

1506 ’asservissement économique, puis politique, crise de civilisation laissant prévoir des désastres désormais calculables si

1507 le même sens et au même rythme — même l’addition de ces données est encore loin de rendre compte de toute la réalité que

1508 n de ces données est encore loin de rendre compte de toute la réalité que doivent affronter aujourd’hui les habitants de l

1509 é que doivent affronter aujourd’hui les habitants de la péninsule Europe. Tous les observateurs lucides de l’époque nous r

1510 a péninsule Europe. Tous les observateurs lucides de l’époque nous répètent qu’il s’agit désormais d’orienter autrement le

1511 de l’époque nous répètent qu’il s’agit désormais d’ orienter autrement le « développement » de notre société, et de revoir

1512 sormais d’orienter autrement le « développement » de notre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été le

1513 trement le « développement » de notre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les premiers dans le mo

1514 nt » de notre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les premiers dans le monde et pendant longtemps

1515 uls à nommer « le Progrès ». Le bonheur, le salut de l’humanité sont-ils vraiment liés à la croissance du PNB et de la con

1516 sont-ils vraiment liés à la croissance du PNB et de la consommation d’énergie, comme l’ont cru depuis le siècle dernier,

1517 liés à la croissance du PNB et de la consommation d’ énergie, comme l’ont cru depuis le siècle dernier, identiquement, capi

1518 listes et libéraux ? Mais si cela doit nous mener de crise en crise et de pénuries en famines au désastre final de la guer

1519 Mais si cela doit nous mener de crise en crise et de pénuries en famines au désastre final de la guerre nucléaire, ne sera

1520 crise et de pénuries en famines au désastre final de la guerre nucléaire, ne serait-il pas temps de changer de cap ? De ré

1521 al de la guerre nucléaire, ne serait-il pas temps de changer de cap ? De réviser les dogmes du progrès matériel, de la cro

1522 erre nucléaire, ne serait-il pas temps de changer de cap ? De réviser les dogmes du progrès matériel, de la croissance ill

1523 éaire, ne serait-il pas temps de changer de cap ? De réviser les dogmes du progrès matériel, de la croissance illimitée de

1524 cap ? De réviser les dogmes du progrès matériel, de la croissance illimitée de tout et de n’importe quoi, du salut par la

1525 s du progrès matériel, de la croissance illimitée de tout et de n’importe quoi, du salut par la quantité au mépris de la q

1526 s matériel, de la croissance illimitée de tout et de n’importe quoi, du salut par la quantité au mépris de la qualité, laq

1527 ’importe quoi, du salut par la quantité au mépris de la qualité, laquelle ne peut pas être comptabilisée ? Demandons-nous

1528 peut imaginer, vouloir et réaliser ce changement de cap. Il y a peu de chances que ce soit le tiers-monde : sa passion do

1529 de : sa passion dominante paraît être aujourd’hui de reproduire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse

1530 jourd’hui de reproduire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous te

1531 les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (Il ne veut

1532 use de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillag

1533 mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole qui exigent des centrales nucléaires, etc.) Il y a peu de cha

1534 veut « rattraper l’Amérique », laquelle continue de croire, dans sa majorité, que plus c’est grand et mieux cela vaut. Re

1535 le Progrès, puis la première à prendre conscience de ses erreurs d’orientation, la première à créer l’État-nation. Il semb

1536 s la première à prendre conscience de ses erreurs d’ orientation, la première à créer l’État-nation. Il semblerait donc nat

1537 nc naturel qu’elle soit aussi la première capable de rectifier les conceptions qu’elle a lancées dans le monde entier et q

1538 n mondiale ? Le peut-elle sans trahir ses raisons d’ être et abdiquer, avec ses responsabilités, ses libertés ? ⁂ Ici se po

1539 e la naissance dans la Grèce des cités autonomes, d’ une Europe de la solidarité civique, de la mesure, et de la tolérance

1540 e dans la Grèce des cités autonomes, d’une Europe de la solidarité civique, de la mesure, et de la tolérance socratique. M

1541 autonomes, d’une Europe de la solidarité civique, de la mesure, et de la tolérance socratique. Mais elle nous montre aussi

1542 Europe de la solidarité civique, de la mesure, et de la tolérance socratique. Mais elle nous montre aussi, dans la Rome im

1543 montre aussi, dans la Rome impériale la naissance de ce qui deviendra au cours des siècles l’Europe des dictatures, des rè

1544 res, des règlements collectivistes uniformisants, de la « raison d’État » généralement contraire à la raison, et de la « j

1545 ents collectivistes uniformisants, de la « raison d’ État » généralement contraire à la raison, et de la « juste place » ré

1546 n d’État » généralement contraire à la raison, et de la « juste place » réservée selon Lénine à l’opposition politique, à

1547 on. La première Europe a créé et nourri les idées de liberté et de responsabilité dans la Communauté, de foi jurée et de p

1548 e Europe a créé et nourri les idées de liberté et de responsabilité dans la Communauté, de foi jurée et de pacte fédéral,

1549 liberté et de responsabilité dans la Communauté, de foi jurée et de pacte fédéral, puis d’internationalisme et d’arbitrag

1550 esponsabilité dans la Communauté, de foi jurée et de pacte fédéral, puis d’internationalisme et d’arbitrage, enfin de fédé

1551 ommunauté, de foi jurée et de pacte fédéral, puis d’ internationalisme et d’arbitrage, enfin de fédération européenne. La d

1552 et de pacte fédéral, puis d’internationalisme et d’ arbitrage, enfin de fédération européenne. La deuxième Europe a formé

1553 l, puis d’internationalisme et d’arbitrage, enfin de fédération européenne. La deuxième Europe a formé des sujets passifs.

1554 s passifs. Elle a repris l’idée romaine du réseau d’ institutions centralisées encadrant toujours plus étroitement toujours

1555 encadrant toujours plus étroitement toujours plus de réalités de la vie publique et privée d’une nation, afin d’en obtenir

1556 ujours plus étroitement toujours plus de réalités de la vie publique et privée d’une nation, afin d’en obtenir plus facile

1557 urs plus de réalités de la vie publique et privée d’ une nation, afin d’en obtenir plus facilement toujours plus d’obéissan

1558 , afin d’en obtenir plus facilement toujours plus d’ obéissance passive. Cette Europe est celle des nationalismes étatisés,

1559 ette Europe est celle des nationalismes étatisés, de leurs guerres « glorieuses » et de leurs révolutions, des fascismes d

1560 smes étatisés, de leurs guerres « glorieuses » et de leurs révolutions, des fascismes de gauche puis de droite et des « im

1561 orieuses » et de leurs révolutions, des fascismes de gauche puis de droite et des « impératifs technologiques » au service

1562 e leurs révolutions, des fascismes de gauche puis de droite et des « impératifs technologiques » au service de « la souver

1563 e et des « impératifs technologiques » au service de « la souveraineté nationale absolue ». Or, aujourd’hui, c’est cette d

1564 e deuxième Europe qui s’oppose à l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est

1565 prétendue dé-colonisation. Mais comment qualifier de « décolonisation » un processus qui perpétue les superstitions les pl

1566 Progrès matériel et surtout l’équation « bonheur de l’homme égale accroissement des dépenses nationales (ou PNB), gaspill

1567 ment des dépenses nationales (ou PNB), gaspillage d’ énergie, fabrication de la bombe atomique » ? Le fait est qu’il est pl

1568 nales (ou PNB), gaspillage d’énergie, fabrication de la bombe atomique » ? Le fait est qu’il est plus facile de copier les

1569 be atomique » ? Le fait est qu’il est plus facile de copier les caricatures que les modèles, les vices que les vertus, les

1570 les modèles, les vices que les vertus, les armes de guerre que les procédures de paix. Il est plus facile de s’approprier

1571 es vertus, les armes de guerre que les procédures de paix. Il est plus facile de s’approprier les recettes du nationalisme

1572 re que les procédures de paix. Il est plus facile de s’approprier les recettes du nationalisme arrogant que celles du fédé

1573 lles du fédéralisme solidaire. Une bonne centaine d’ États nouveaux se sont proclamés souverains depuis la fin de la Deuxiè

1574 uveaux se sont proclamés souverains depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Du fait que tous veulent à tout prix les

1575 fait que tous veulent à tout prix les structures de l’État napoléonien et les armements de l’impérialisme nucléaire, cett

1576 structures de l’État napoléonien et les armements de l’impérialisme nucléaire, cette division du monde ne peut conduire qu

1577 dernière parce qu’elle détruirait les bases mêmes de toute guerre : les communautés humaines. Devant les grands défis mond

1578 ue j’ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous ne pourrons survivre aux crises

1579 endues « souverainetés nationales », c’est-à-dire de la rhétorique. Le choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nou

1580 nous survivrons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe dans la conjoncture mondiale, qu’en est-il de la situation à

1581 Europe dans la conjoncture mondiale, qu’en est-il de la situation à l’intérieur de l’Occident ? La plupart des Européens o

1582 part des Européens ont l’impression décourageante d’ être « écrasés » entre les Super-Grands de l’Est et de l’Ouest. Ce sen

1583 ageante d’être « écrasés » entre les Super-Grands de l’Est et de l’Ouest. Ce sentiment que les chiffres et les faits ne ju

1584 re « écrasés » entre les Super-Grands de l’Est et de l’Ouest. Ce sentiment que les chiffres et les faits ne justifient pas

1585 s ne justifient pas, traduit cependant la réalité de l’état de division du continent. Si nous nous sentions Européens, mem

1586 fient pas, traduit cependant la réalité de l’état de division du continent. Si nous nous sentions Européens, membres d’une

1587 ntinent. Si nous nous sentions Européens, membres d’ une communauté fédérale d’environ 400 millions d’habitants à l’Ouest,

1588 ions Européens, membres d’une communauté fédérale d’ environ 400 millions d’habitants à l’Ouest, en attendant que les 100 m

1589 d’une communauté fédérale d’environ 400 millions d’ habitants à l’Ouest, en attendant que les 100 millions des satellites

1590 en attendant que les 100 millions des satellites de l’Est puissent nous rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes

1591 egarder sans craintes excessives les 220 millions d’ Américains et les 250 millions de Russes : ces Super-Grands additionné