1 st le monde romain qui existe seul en Occident et à ce moment. L’Église va donc s’organiser dans les structures de l’Empi

2 ine : c’est l’État, né du forum municipal, étendu à l’empire hiérarchisé ; la loi commune ; les grandes routes de l’Europ

3 lus durable, dans la tradition littéraire commune à tous les Européens à partir du xiie siècle (romans de la Table ronde

4 tradition littéraire commune à tous les Européens à partir du xiie siècle (romans de la Table ronde, mythe de Tristan).

5 s par les croisades et par la cour de Frédéric II à Palerme ? Enfin, les apports slaves ne sauraient être négligés, quoiq

6 ècle). L’Europe comme telle, création de l’esprit à partir d’un cap de l’Asie (4 % des terres émergées de la planète) et

7 gées de la planète) et de sept ou huit traditions à tant d’égards incompatibles, est née de décisions métaphysiques. Ce s

8 en un seul Dieu, a été appliqué presque aussitôt à l’homme par saint Augustin, puis par Boèce. Il a permis d’opérer la s

9 tingue dans la masse, mais en même temps le relie à la communauté de ses prochains. Le dogme de l’Incarnation, d’autre pa

10 ui devait donner naissance, au cours des siècles, à la technique, à la notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à n

11 naissance, au cours des siècles, à la technique, à la notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures so

12 iècles, à la technique, à la notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures sociales et politiques. Voic

13 la notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures sociales et politiques. Voici, très brièvement suggéré

14 ésentent en réalité que le voile de Maya, destiné à se dissiper au terme de l’ascension métaphysique, il n’y a aucune rai

15 sique, il n’y a aucune raison de perdre son temps à explorer leurs mystères. Un second fait : l’Europe seule a conçu l’im

16 ur éternel et cyclique des mêmes événements, donc à un temps circulaire, sans progressions dans l’ensemble, temps des myt

17 epuis longtemps de grands bateaux bien supérieurs à nos pauvres petites caravelles du xvie siècle, mais c’est Christophe

18 e une simple cellule prise dans la masse, il tend à former des communautés où sa liberté et sa responsabilité puissent êt

19 n), avec certains moments de retour ou de passage à l’axe chrétien, personnaliste. Cette communauté des conceptions fonda

20 vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, la comparaison avec des cultures orientales ou primit

21 autre part, cette communauté profonde est masquée à nos yeux depuis un siècle et demi par une estimation tout à fait exag

22 depuis un siècle et demi par une estimation tout à fait exagérée de nos divisions, résultant du nationalisme. Obsédés pa

23 encore entre Vaudois et Genevois, nous en venons à oublier très sincèrement : 1° que ces différences, quoique réelles et

24 ssantes, restent superficielles si on les compare à l’importance de ce que nous avons en commun : 2° que ces oppositions,

25 « cultures nationales » s’est répandue. Inculquée à quatre générations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlo

26 ures sacrées de l’Asie et du Proche-Orient. Quant à la science, on sait assez que son langage est universel : encore conv

27 Le Jura libre à l’heure des régions (1978)b Si l’on n’est pas né Jurassien, si l’o

28 e de ce « sur place » désespérant est très facile à définir : c’est la prétention des États à ne rien abandonner de leur

29 facile à définir : c’est la prétention des États à ne rien abandonner de leur souveraineté illimitée. Comment s’unir dan

30 prétendre fonder l’union sur les obstacles mêmes à toute espèce d’union. C’est tenter de fédérer des facteurs de divisio

31 ense sur ce continent le plus vulnérable qui soit à une guerre atomique, à cause de la densité de son peuplement, de son

32 e nos pays n’a les matières premières nécessaires à son industrie : le tiers-monde les détient presque toutes et supporte

33 upporte de moins en moins qu’elles soient pillées à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une

34 re sur la base des États souverains. On demandait à l’un des hommes politiques les plus adroits de la France actuelle : —

35 s ? Il répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer le problème de l’union européenne, c’est d’orienter

36 nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous serons colonisés par l’Est ou l’Ouest, ou les deux

37 Ouest, ou les deux à la fois) — Europe impossible à faire (à cause des prétentions exorbitantes de l’État-nation à souver

38 les deux à la fois) — Europe impossible à faire ( à cause des prétentions exorbitantes de l’État-nation à souveraineté il

39 use des prétentions exorbitantes de l’État-nation à souveraineté illimitée dans sa frontière omnivalente). Point de rég

40 érence sur les économies régionales » s’est tenue à Bruxelles en 1960.) Régions et fédération continentale naissent d’un

41 devient clair que la région conduit plus sûrement à cette fin que la fédération continentale, qui en reste cependant le m

42 lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il était à prévoir qu’elle affecterait les « unités » politiques constituées aux

43 ce temps de problèmes majeurs de vie confédérale. À l’autre extrême, le peuple jurassien s’est vu quatre fois dans l’hist

44 égué, concédé, annexé, rattaché sans consultation à des pouvoirs extérieurs à son domaine territorial ou linguistique. La

45 taché sans consultation à des pouvoirs extérieurs à son domaine territorial ou linguistique. La dialectique fédération-ré

46 n devait donc l’affecter tôt ou tard et le rendre à lui-même dans un ensemble, garant de son autonomie. Et c’est bien cel

47 t produit dans l’espace d’une génération, de 1947 à 1977, tandis que simultanément, à la faveur des premiers accords (si

48 ration, de 1947 à 1977, tandis que simultanément, à la faveur des premiers accords (si prometteurs) du Marché commun, nai

49 revendication des régions ethniques, de l’Écosse à la Catalogne par le pays de Galles, la Bretagne et l’Euskadi ; et de

50 uskadi ; et de l’« Alpazur » (Nice-Cunéo-Imperia) à la région de Trieste-Gorizia-Ljubljana par l’Arc alpin, le Val d’Aost

51 Schleswig-Holstein par la Frise et le Rhin jusqu’ à Bâle, et de Genève à Nice. « Non, Sire, ce n’est pas une émeute ! C’e

52 ar la Frise et le Rhin jusqu’à Bâle, et de Genève à Nice. « Non, Sire, ce n’est pas une émeute ! C’est une Révolution ! »

53 , désormais accompli. Ce qui n’était pas conforme à la loi organique de libre formation des Ligues suisses, ce qui devait

54 t anachronique. III. Au-delà du séparatisme À la création du canton du Jura, chaque Suisse se doit d’applaudir de t

55 umière que politique) et sur la volonté d’imposer à autrui sa propre loi, cette victoire ne sera confirmée que dans la me

56 mps désiré, tant que l’on restait parmi les seuls à ne l’avoir point encore réalisé. Mais une fois cela fait, s’y arrêter

57 is 1848. Mais c’est l’ère des régions qui s’ouvre à nous, Européens de la fin du xxe siècle. Se donner comme une tâche p

58 l’évolution profonde du temps2 tend au contraire à les rendre insensibles, serait commettre en bonne doctrine fédéralist

59 ’attacher ni trop passionnément ni trop longtemps à une formule d’État cantonal unitaire qui risquerait de faire prendre

60 ui risquerait de faire prendre au jeune canton un nouveau retard sur l’évolution générale, cette fois-ci sur l’Europe des régio

61 de 1848. b. Rougemont Denis de, « Le Jura libre à l’heure des régions », Oui au canton du Jura, Berne, Nouvelle Société

62 mme les gens qui regardent les matchs de football à la télé et se considèrent comme des sportifs, c’est-à-dire d’une mani

63 elles options est-ce qu’on se donne dans la vie ? À quoi doit servir une société, une communauté ? Quelle est sa fin ? Es

64 nt les rois ont essayé. En vain. C’est très utile à rappeler aujourd’hui. Il y avait pourtant un gouvernement de la Franc

65 r les hommes. Les hommes, on leur apprend surtout à tuer. Il faut restaurer les valeurs féminines. Et comment ! Il y a un

66 on prenne comme indicateurs devant des techniques nouvelles ou des remèdes nouveaux les hommes les plus sensibles, au lieu de les

67 rs devant des techniques nouvelles ou des remèdes nouveaux les hommes les plus sensibles, au lieu de les traiter d’efféminés ; q

68 traiter d’efféminés ; qu’on fasse très attention à leurs réactions, que ce soit euxf qu’on suive, un peu comme du papier

69 le, ou en tout cas mieux camouflé, plus difficile à prendre sur le fait. Armons-nous donc de rigueur et de méthode pour p

70 ne pirouette, une plaisanterie « traditionnelle » à son égard…) Et d’abord, il faudra résister très fermement aux tentati

71 ntations de la facilité, celles qui feraient dire à l’homme de droite que le diable est, bien sûr, Jean Ziegler ; à l’hom

72 roite que le diable est, bien sûr, Jean Ziegler ; à l’homme de gauche, que c’est au contraire Schwarzenbach ; ou à l’homm

73 gauche, que c’est au contraire Schwarzenbach ; ou à l’homme du centre, que c’est plutôt le directeur d’un journal, phrase

74 as trompeurs. Depuis La Part du diable (publiée à New York en 1942 et plusieurs fois réédité dans les deux Amériques, à

75 t plusieurs fois réédité dans les deux Amériques, à Paris et à Boudry), chacun sait que le diable n’est jamais où on l’at

76 fois réédité dans les deux Amériques, à Paris et à Boudry), chacun sait que le diable n’est jamais où on l’attend. Son p

77 s cela n’en reste pas moins vrai : c’est la bande à Baader, aujourd’hui, qui a repris le rôle évident et trompeur du diab

78 ui a repris le rôle évident et trompeur du diable à l’œuvre parmi nous. Mais attention : Baader et les Palestiniens ne so

79 erreur », n’est-ce pas le modèle même du chantage à la bombe, qui sera le terrorisme de demain ? N’est-il pas le fait des

80 s l’art publicitaire qui consiste tout simplement à nous faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable pré

81 bien que nous ne le croirons pas ! C’est ainsi qu’ à l’automne de 1974, le conseiller fédéral Willy Ritschard, à trois rep

82 e de 1974, le conseiller fédéral Willy Ritschard, à trois reprises et publiquement, exprima l’opinion que la décision de

83 s pour les besoins de la cause, laquelle consiste à vendre toujours plus d’énergie et à nous persuader que la croissance

84 elle consiste à vendre toujours plus d’énergie et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie e

85 e ce qui est inévitable c’est la fin de l’énergie à bon marché, et la pénurie dans vingt ans du pétrole, puis de l’uraniu

86 ranium censé le remplacer. Même en portant de 4 % à 25 % la part du nucléaire dans la production d’électricité, il faut,

87 uantité énergie qu’on nous annonce « nécessaire » à cette époque. Non, le diable n’est pas Monsieur X ou tel autre. Il es

88 nous ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son empire, même inconscient. C’est l’empire de ce

89 jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son empire, même inconscient. C’est l’empire de ce mythe qui peut seu

90 épend essentiellement de nos choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’énergies infernales, et qu

91 que leur plutonium n’évitera pas, préparons-nous à vivre mieux grâce au Soleil, avec moins de gaspillage et moins d’embo

92 Réfléchir à ce que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)h i D’un point de vu

93 fie (4 janvier 1978)h i D’un point de vue tout à fait général, Denis de Rougemont, y a-t-il une forme de terrorisme qu

94 respectivement, aux anarchistes russes du xixe , à la Résistance française et à la stratégie violente des mouvements de

95 tes russes du xixe , à la Résistance française et à la stratégie violente des mouvements de libération ou de sécession, a

96 « mauvais » terrorisme ? Rien ne peut justifier à mes yeux le terrorisme des Palestiniens et de la Fraction armée rouge

97 ités, je ne sache pas qu’ils aient jamais recouru à la terreur. Quant à Netchaïev, s’il avait eu une idée claire de la so

98 s qu’ils aient jamais recouru à la terreur. Quant à Netchaïev, s’il avait eu une idée claire de la société à établir, il

99 aïev, s’il avait eu une idée claire de la société à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le révolutionna

100 ciété à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le révolutionnaire doit porter en lui le modèle du nouvel h

101 e. Notez qu’il s’est trouvé des gens pour arguer, à l’époque, qu’il ne fallait pas lutter contre les Allemands par les ar

102 ue la violence se justifie en tant que « réaction à la violence première du colonialiste ? » Eh ! bien, voyez le résultat

103 monde se retourne contre eux. En revanche, songez à un Gandhi, qui a libéré l’Inde par la non-violence… Ceux qui prétende

104 programme et la vision claire d’un ordre nouveau à instituer. À cet égard, l’on pourrait dire que le terrorisme représen

105 ste de l’élan révolutionnaire, lorsqu’on a enlevé à celui-ci tout ce qu’il contenait de virtualités positives. D’aucuns é

106 eut se demander pourquoi le terrorisme a commencé à se manifester, sur le continent, en Allemagne et en Italie. Probablem

107 n fonder. L’on a assisté récemment, en Allemagne, à une campagne de presse visant à discréditer les intellectuels. Ce qu’

108 nt, en Allemagne, à une campagne de presse visant à discréditer les intellectuels. Ce qu’on reproche à ceux-ci, c’est une

109 discréditer les intellectuels. Ce qu’on reproche à ceux-ci, c’est une espèce de terrorisme platonique, les activistes ne

110 ue, les activistes ne faisant au fond que pousser à bout les théories de certains d’entre eux. Que pensez-vous de cela ?

111 ains d’entre eux. Que pensez-vous de cela ? Quant à moi, je ne vois aucun théoricien dont on puisse déplorer l’influence

112 ats Par des récits directs, l’on sait en outre à quel point les terroristes sont préoccupés d’enregistrer les effets d

113 es les plus répressifs de notre époque — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus d’actes de terroris

114 s suscité plus d’actes de terrorisme ? Cela reste à vérifier, tout d’abord, car l’on n’a évidemment guère d’informations

115 ord, car l’on n’a évidemment guère d’informations à ce sujet. Pourtant, si l’on songe à la psychologie des terroristes à

116 ’informations à ce sujet. Pourtant, si l’on songe à la psychologie des terroristes à l’occidentale, il paraît clair que l

117 t, si l’on songe à la psychologie des terroristes à l’occidentale, il paraît clair que le mépris de la vie humaine profér

118 es. L’architecture elle-même détermine ces appels à la violence : on a calculé que la délinquance dans les HLM est direct

119 ent proportionnelle au nombre d’étages des tours. À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est notre affaire , une co

120 ont reconnu leur propre style et savent trop bien à quoi s’attendre. Pour vous donner un exemple plus précis de ce type

121 à propos de la centrale de Superphénix, revenant à couper court à tout débat. Ce genre de crispation de la part des gouv

122 centrale de Superphénix, revenant à couper court à tout débat. Ce genre de crispation de la part des gouvernants est exa

123 , fût-il coupable, comme une procédure expéditive à la limite de l’illégalité. Ce que l’on risque, alors, ce n’est pas le

124 de l’opposition et de la critique, et sauvegarder à tout prix les droits constitutionnels, y compris celui de penser que

125 ît comme un exemple raisonnable. Ce n’est jamais, à l’abri des pressions de tel ou tel État, par le mal qu’on vaincra le

126 un déni de justice l’illégalité militante. 3. À paraître chez Maspéro. 4. Le Monde diplomatique, n° 184, novembre 1

127 eur, n° 677, octobre-novembre, 1977. 6. Cf. « Un nouveau fascisme », par Jean d’Ormesson, Le Figaro du 15 octobre 1977. h.

128 h. Rougemont Denis de, « [Entretien] Réfléchir à ce que le terrorisme signifie », Construire, Paris, 4 janvier 1978, p

129 soucieux d’éthique, Georges Haldas nous a invité à mieux comprendre, de l’intérieur, les mobiles profonds et contradicto

130 ctoires amenant un homme, par impatience infinie, à tuer au nom même d’une vie plus juste. Après les exposés factuels qui

131 emont est le premier écrivain de langue française à avoir parlé de l’engagement de l’intellectuel. Proposant, avec son de

132 dernier livre, un “plan de survie pour l’Europe”, à la triple enseigne de la défense de l’environnement, des régions et d

133 la défense de l’environnement, des régions et de nouvelles formes de vie communautaire, Denis de Rougemont est de ces pessimiste

134 votre itinéraire. Depuis quelques mois vous êtes à la une de l’actualité où vous apparaissez tour à tour comme un sage,

135 qui êtes-vous ? Fils d’un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930-1931, qu’un certain nombre de critiques et

136 Suisse natale, après des années d’études passées à Genève, en Autriche, en Allemagne… Sans argent, sans relations. Mais,

137 Moulin Vert pour des discussions « œcuméniques ». À une cinquantaine, croyants de différentes confessions ou agnostiques.

138 par leur logique interne, nous conduisaient droit à la guerre et au totalitarisme. Quarante ans plus tard, « les nouveaux

139 t au totalitarisme. Quarante ans plus tard, « les nouveaux philosophes » ne diront donc rien de très nouveau. À l’individualisme

140 ouveaux philosophes » ne diront donc rien de très nouveau . À l’individualisme bourgeois — « l’individualisme atomisé » comme a

141 hilosophes » ne diront donc rien de très nouveau. À l’individualisme bourgeois — « l’individualisme atomisé » comme a écr

142 ’individualisme atomisé » comme a écrit Marx — et à la conception du soldat politique comme on disait du côté des nazis,

143 a communauté et déterminé par elle. C’était aussi à quelques nuances philosophiques près, la pensée d’Emmanuel Mounier qu

144 ction étatique ; un minimum d’État est nécessaire à l’organisation de la société. En revanche, nous étions vigoureusement

145 En revanche, nous étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation qui en prenant la place du Roi lo

146 régulièrement augmenté son pouvoir par la guerre à l’extérieur qui lui permet de trouver la tranquillité qu’il n’a plus

147 ’a plus au-dedans. La guerre donne la possibilité à l’État-nation de décréter l’union sacrée, de gommer les différences d

148 opéen : la grande idée des fédéralistes européens à laquelle je reste attaché. Une redistribution aussi dans la commune,

149 ser la jeunesse. Pas les « masses » qui obéissent à des mots d’ordre, mais la foule des citoyens responsables, en particu

150 citoyens responsables, en particulier les jeunes. À Creys-Malville cet été, il y avait à peu près 80 000 personnes pour p

151 une marche de 2000 kilomètres, se sont retrouvés à 350 000 devant Pampelune. Aucune autre cause au monde n’est capable d

152 tement, qu’est-ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que nous disions en commençant… Qu’est-ce qui fait courir ces foul

153 es ? La peur du cataclysme que vous évoquiez tout à l’heure ? La crise du pétrole nous a réveillés. Soudain nous avons se

154 depuis des années est devenu brusquement évident à tous ceux qui voulaient bien voir clair. Ceux-là ont découvert la réa

155 rême de l’énorme industrie occidentale, suspendue à une seule ressource énergétique, le pétrole. Hélas, ce ne sera pas su

156 qu’ils soient juste assez forts pour nous obliger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On ne prend

157 guère le chemin de cette réflexion ! On continue à faire comme si de rien n’était : les constructeurs d’automobiles, sou

158 biles, soutenus par les gouvernements, continuent à fabriquer de plus en plus de voitures et de plus en plus d’autoroutes

159 lus en plus d’autoroutes… Nous frisons la démence à force d’inconscience. Tout le monde sait que le pétrole va s’épuiser.

160 i l’an 2000 toutes les sources de pétrole faciles à exploiter seront taries. Ce qui signifie qu’il n’y a de pétrole à un

161 nt taries. Ce qui signifie qu’il n’y a de pétrole à un prix abordable que pour dix ou vingt ans ! Qu’après, il sera deven

162 s de prix et qu’il faudra le réserver strictement à certains usages. Ça, personne ne peut le nier. Or, je ne vois pas qu’

163 s intérêts financiers, nous conduisons l’humanité à la catastrophe ! Imaginez dans dix ou vingt ans… Le prix du pétrole a

164 gtuplé, il n’y aura plus que des gens très riches à pouvoir circuler en voiture. Mais ces gens-là se feront lyncher ! Là,

165 pitié. Pourquoi les gouvernements continuent-ils à s’aveugler ? Parce qu’ils ont surtout le souci de tenir jusqu’aux pro

166 le nucléaire qui peut nous permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’est précisément ce qu’il

167 er de pousser ça, on verra bien. » N’hésitant pas à utiliser la démagogie. Ils disent par exemple : « Dans une centrale n

168 illiards. Et ils sont arrivés. L’année dernière ! À la vérité, tous les arguments sont bons pour ceux qui ont encore la p

169 ’illusion qu’il peut ou même qu’il doit continuer à doubler sa consommation d’énergie tous les dix ans. Mais, Denis de Ro

170 deux tiers souffrent de famine, c’est précisément à cause du type de croissance que les pays riches ont choisi pour eux.

171 énéralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou

172 affirment qu’il n’en est rien et que nous allons à la catastrophe. Alors, qui croire ? Écoutez. Un prix Nobel américain,

173 e : « Il faut croire ceux qui n’ont aucun intérêt à dire ce qu’ils disent ! » Kowarski me dit toujours : « Est-ce que le

174 États-Unis on a calculé que si l’on devait passer à la réalisation de tous les programmes nucléaires, théoriquement accep

175 rvants de l’État. Elle les manipule et commande — à leur insu le plus souvent — dans leurs réflexes et finalement dans le

176 n fait, elle a acheté des brevets de construction à Westinghouse, multinationale américaine, et son capital est constitué

177 de gaspiller. Se posera quand même le problème de nouvelles sources d’énergie. Pour nous, pour les générations qui nous suivront.

178 ontinuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici quelques années. Même si l’on pousse très fort la co

179 produiront au mieux que 30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole. Restera donc u

180 soins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole. Restera donc un déficit de 50 %. Autrement dit ce se

181 urope, le budget de la recherche solaire équivaut à 0,5 % du budget des recherches nucléaires ! Pourquoi freine-t-on ains

182 e sur l’énergie solaire ? Parce que le soleil est à tout le monde et que demain vous pourriez avoir un petit four solaire

183 olaire pour votre maison. Sans demander plus rien à l’EDF et à l’État ! Tant que les États-nations n’auront pas trouvé le

184 votre maison. Sans demander plus rien à l’EDF et à l’État ! Tant que les États-nations n’auront pas trouvé le moyen d’in

185 sance illusoire d’ailleurs, mais qui nous conduit à la catastrophe. Finalement, vous êtes quelqu’un de très subversif ! J

186 stes de notre jeunesse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c’est l’homme. Donc le contraire du tot

187 ussi subversif pour la gauche que pour la droite. À ce propos, justement, vous dites des choses un peu « sacrilèges ». Ce

188 es oreilles pour entendre n’ont pas attendu « les nouveaux philosophes » pour le découvrir… Alors, votre espérance ? Des millier

189 votre espérance ? Des milliers de mouvements sont à l’œuvre. Au premier rang ceux des écologistes. Tous ne sont pas forcé

190 logistes. Tous ne sont pas forcément sympathiques à chacun, mais l’avenir est incontestablement de leur côté… Je vois d’a

191 ues, des économistes, des politologues commencent à dire que le gigantisme c’est fini, que l’avenir est « aux petites uni

192 telligibles », « aux petites cellules urbaines », à de « petites régions autonomes, fédérées en ensembles plus vastes… »

193 plus sobrement, changer de cap. Au lieu de viser à toujours plus de puissance collective, à toujours plus de croissance

194 de viser à toujours plus de puissance collective, à toujours plus de croissance et de richesse, visons à la liberté, à un

195 oujours plus de croissance et de richesse, visons à la liberté, à une vie plus saine où l’on ne sera pas sans cesse pourc

196 e croissance et de richesse, visons à la liberté, à une vie plus saine où l’on ne sera pas sans cesse pourchassé par le t

197 t de manière négative. Moi, je ne pousse personne à aller renverser Valéry Giscard d’Estaing ou Raymond Barre, pour mettr

198 y Giscard d’Estaing ou Raymond Barre, pour mettre à la place Georges Marchais, François Mitterrand, ou n’importe qui d’au

199 larisation de la conversion : seule une personne, à son plus intime, peut subir cette transformation totale. Or c’est bie

200 n ne recevra pas d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. Souvenez-vous : « De Séir une voix crie au prophète : — Sentine

201 ècle. Parce qu’il indique l’avenir que nous avons à faire. » n. Sur l’original : « … interrogez toujours si vous ne vous

202 st que l’outil. Dans ce livre, je cherche surtout à démontrer que l’avenir ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image

203 que l’avenir ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fat

204 il n’est pas improbable que nous parvenions aussi à les contrôler d’ici peu — je n’ai rien trouvé dans l’histoire des siè

205 as moi, c’est Ève qui me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui, j’ai mangé la pomme, mais c’est le serpent qui me l

206 able où je montre que l’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la p

207 2, dans la revue Esprit , avec Emmanuel Mounier, à la formation du mouvement personnaliste qui s’opposait aux totalitari

208 té, la société. Et vous aboutissez inévitablement à la dictature. Moi, au contraire, c’est sur la notion « d’homme respon

209 ur-passion joue le rôle de l’impérialisme et tend à la destruction de l’autre. Mon livre était une description de l’amour

210 dans la diversité et non la subordination de l’un à l’autre ou la fusion des deux, l’uniformisation. Si une certaine idée

211 nauté libre. L’État, de nos jours, est comparable à la passion parce qu’il n’aime plus les gens, il exige simplement une

212 Mais alors, comment l’appréhender ? En me livrant à des études très sérieuses sur le développement de l’automobile et sur

213 pement de l’hitlérisme, j’ai abouti, par exemple, à la conclusion que la guerre du Kippour était née du croisement de la

214 ux, les enfants, et dont personne ne voulait, est à l’heure actuelle la première industrie mondiale. Avec elle s’est déve

215 1928 contre Ford ; j’avais alors 20 ans. Ajoutez à cela que les Arabes ont pris au sérieux les prévisions du club de Rom

216 nonçant une pénurie des réserves de pétrole d’ici à trente ans et qu’ils ont agi en conséquence, alors que les gouverneme

217 me partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’une société commenc

218 est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’une société commence lorsque ses membres se

219 gouvernement suisse vous a envoyé aux États-Unis à la suite d’un article que vous aviez écrit sur l’entrée de Hitler à P

220 ticle que vous aviez écrit sur l’entrée de Hitler à Paris et qui avait irrité l’ambassadeur d’Allemagne. Pourquoi dites-v

221 c’est votre séjour aux États-Unis qui a contribué à vous faire découvrir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous n

222 qui a contribué à vous faire découvrir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous nous retrouvions toujours entre Eur

223 pauvrement. Lévi-Strauss venait de temps en temps à nos réunions surréalistes, à l’École libre des hautes études, que nou

224 it de temps en temps à nos réunions surréalistes, à l’École libre des hautes études, que nous avions créée là-bas. Avec A

225 bas. Avec André Breton, nous sillonnions New York à la recherche d’une terrasse de café, que nous ne trouvâmes jamais. Pa

226 celui-ci. André Breton a mené une vie exemplaire à New York. Il aurait pu très facilement être le « big man » (les Améri

227 se contenter de Dali, car Breton les tenait tous à distance. Je ne l’ai jamais entendu prononcer un seul mot d’anglais !

228 evoir, ce qui suscitait un attachement dramatique à ce que nous risquions de ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé

229 -nation, le nationalisme fauteur de guerre. C’est à New York également que j’ai rencontré Einstein peu de temps après la

230 l’État de ce que nous n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui toujours plus de subventions, de facilités

231 ute la propagande, depuis dix ou quinze ans, tend à nous faire croire que ce sera concurrentiel, inoffensif et indispensa

232 indispensable. Là encore, c’est la porte ouverte à une intervention croissante et sans doute redoutable de l’État dans n

233 able de l’État dans nos vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-nation, les diverses formes de contestation

234 que quelques jours — un sentiment de communauté. À l’heure actuelle, face à ce laminage des États centralisés conduisant

235 ce à ce laminage des États centralisés conduisant à ce que tout le monde fasse la même chose, soit traité de la même mani

236 . Peut-être cette vague de fond parviendra-t-elle à transformer la société avant l’explosion d’une guerre atomique ? À mo

237 société avant l’explosion d’une guerre atomique ? À mon avis, c’est une course contre la montre. Dans mes conférences, je

238 conférences, je dis toujours qu’il faut renoncer à cette idée romantique de la prise du pouvoir. D’ailleurs, qu’est-ce q

239 le renverser, mais le créer par en bas : revenir à des communautés de petites tailles, à des municipalités, à des entrep

240 s : revenir à des communautés de petites tailles, à des municipalités, à des entreprises, à des régions avec au-dessus la

241 munautés de petites tailles, à des municipalités, à des entreprises, à des régions avec au-dessus la fédération européenn

242 tailles, à des municipalités, à des entreprises, à des régions avec au-dessus la fédération européenne. Il faut dépasser

243 États-nations et leur carcan actuel pour revenir à un mode de vie communautaire qui nous soit propre en essayant de pass

244 passer progressivement d’une technologie « dure » à une technologie douce…, etc. Depuis quarante ans, je le redis : la pu

245 t marque la nécessité de reformer les communautés à l’échelle humaine où le citoyen serait libre, parce que responsable. 

246 20 questions à Denis de Rougemont (22 février 1978)r s 1. Dans toute votre œuvre

247 ier ouvrage en particulier, vous faites confiance à l’homme, rien qu’à l’homme, c’est bien optimiste, non ? C’est un opti

248 iculier, vous faites confiance à l’homme, rien qu’ à l’homme, c’est bien optimiste, non ? C’est un optimisme éducatif. Et

249 me éducatif. Et puis, c’est la première condition à tout. Si on ne lui fait pas confiance, on n’obtient rien de toute man

250 ès préoccupé des conditions réalistes. La société à l’échelle des régions est une réalité vécue. 3. L’utopie, c’est le sy

251 énergie nucléaire, l’uranium n’étant pas non plus à disposition de manière illimitée. Et pourtant, on continue à pratique

252 on de manière illimitée. Et pourtant, on continue à pratiquer la religion de la croissance. Quand je dis qu’il est urgent

253 on nous fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tout résoudre, on ne met pas en évidence certains chiffres :

254 t théoriquement couvrir d’ici la fin du siècle 20 à 30 % de nos besoins, alors que le pétrole couvre actuellement 80 %. O

255 lement 80 %. Or, si on économise simplement de 20 à 50 %, selon les pays, on n’a plus besoin de centrales nucléaires. Il

256 de l’État-nation. Cet État-nation — ils sont 175 à se partager la planète — qui ne cherche qu’à servir son prestige et p

257 175 à se partager la planète — qui ne cherche qu’ à servir son prestige et pas du tout le genre humain… Oui. Ce qu’il fau

258 t pour l’instant) appartiennent en fait pour 38 % à Westinghouse (la société américaine qui en a la licence) et à Creusot

259 se (la société américaine qui en a la licence) et à Creusot-Loire (qui représente des capitaux belges), pour 32 % à Sieme

260 e (qui représente des capitaux belges), pour 32 % à Siemens (RFA) et enfin pour 30 % au CEA (Commissariat français pour l

261 issariat français pour l’énergie atomique). Donc, à l’ère atomique, la France dépendrait de deux multinationales et, en p

262 sur ce sujet-là ! 7. J’aimerais pourtant revenir à vos États-nations. Comment imaginer qu’ils seront un jour détrônés ?

263 . Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à la place, comment faire une société nouvelle. 8. C’est là qu’intervie

264 nt plus concernés et ne sont capables de chercher à sauver leur autonomie que lorsqu’il s’agit de leur communauté. 9. San

265 -nations, où va-t-on ? Si l’on continue comme ça, à la catastrophe. À la guerre. Au terrorisme. Mais voyez-vous, ce qui e

266 on ? Si l’on continue comme ça, à la catastrophe. À la guerre. Au terrorisme. Mais voyez-vous, ce qui est indispensable,

267 is de le faire. Et on finira bien par y arriver ! À la fin de mon livre, je parle de ce que j’appelle la « pédagogie des

268 e qu’il devienne soudain raisonnable dans les dix à quinze ans à venir. La question n’est pas là. Nous avons maintenant —

269 nne soudain raisonnable dans les dix à quinze ans à venir. La question n’est pas là. Nous avons maintenant — avec la bomb

270 ndu compte que l’on s’était livré pieds et poings à quelques émirs qui sont parfaitement capables de jeter l’économie eur

271 ouer un tel rôle ? Le terrorisme… c’est difficile à dire ! Il pourrait arriver que cela conduise au totalitarisme. En tou

272 re n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contra

273 ues ? On peut imaginer Chicago désertée et livrée à des clochards-pilleurs et aux rats ! Évidemment, l’existence même des

274 z au Pouvoir, la croissance économique, vous êtes à votre manière un révolutionnaire. Vos idées sont très subversives… Ré

275 crois ? J’ai étudié le nazisme in vivo, parce qu’ à l’époque un jeune responsable nazi que j’avais rencontré à Paris m’av

276 e un jeune responsable nazi que j’avais rencontré à Paris m’avait mis au défi d’aller observer en Allemagne ce qui se pas

277 d’Allemagne . 16. C’était courageux et… insolent à l’époque, non ? Une qualité que l’on retrouve dans toute votre œuvre,

278 européen de la culture et depuis 1963 professeur à l’Institut universitaire d’études européennes, à Genève. Auparavant,

279 à l’Institut universitaire d’études européennes, à Genève. Auparavant, il avait enseigné à l’Université de Francfort, pu

280 opéennes, à Genève. Auparavant, il avait enseigné à l’Université de Francfort, puis à l’École des hautes études de New Yo

281 avait enseigné à l’Université de Francfort, puis à l’École des hautes études de New York [Ndlr]. r. Rougemont Denis de

282 . Rougemont Denis de, « [Entretien] 20 questions à Denis de Rougemont », Femina, Lausanne, 8 février 1978, p. 8-9. s. P

283 nifeste de l’espoir du xxe siècle”, il s’attaque à la crise de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont nous n’oson

284 lui aucun doute : c’est en refaisant une société à l’échelle de l’homme, c’est-à-dire basée sur les communautés, les rég

285 ra notre monde d’une crise qui le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, on nous parle de l’homme, du cœur, de la lib

286 rté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’unique but de la s

287 un ennemi invétéré de tout ce qui porte atteinte à la démocratie d’une part, et de tout ce qui menace le milieu vital d’

288 inion sur l’initiative Franz Weber ? Je suis tout à fait favorable à cette initiative. La considérez-vous d’abord comme u

289 ative Franz Weber ? Je suis tout à fait favorable à cette initiative. La considérez-vous d’abord comme une démarche écolo

290 s d’abord comme une démarche écologiste ou visant à un élargissement de la démocratie ? Il s’agit avant tout d’imposer au

291 itoyens et citoyennes la possibilité de s’opposer à la construction de nouvelles routes. C’est à quoi sert le référendum

292 la possibilité de s’opposer à la construction de nouvelles routes. C’est à quoi sert le référendum facultatif. Ce référendum n’e

293 oser à la construction de nouvelles routes. C’est à quoi sert le référendum facultatif. Ce référendum n’est-il pas illuso

294 fet que la majorité des gens soient plus attachés à leur voiture que séduits par vos thèses… Ils ne s’opposeront donc pas

295 inconscients. Ils préfèrent un avantage immédiat à une réflexion approfondie. Alors à quoi sert cette initiative ? Son g

296 ntage immédiat à une réflexion approfondie. Alors à quoi sert cette initiative ? Son grand mérite, c’est qu’elle force la

297 qu’elle force la prise de conscience, elle oblige à réfléchir, activité peu prônée par les autorités. Qu’est-ce qui prouv

298 er ? Celui-ci ne se contente-t-il pas de répondre à certains gros intérêts exerçant une pression sur le gouvernement, au

299 éfinie ? Tenez, le but des autoroutes était bien, à l’origine, d’accroître la fluidité du trafic ? Or, des heures et des

300 u trafic ? Or, des heures et des heures d’antenne à la radio et la TV sont maintenant consacrées à supplier les automobil

301 ne à la radio et la TV sont maintenant consacrées à supplier les automobilistes d’éviter les grands axes pour ne pas renf

302 s qu’il y a de fortes chances qu’il ne serve plus à rien d’ici dix à quarante ans. Eh oui ! Car que fera-t-on quand l’ess

303 rtes chances qu’il ne serve plus à rien d’ici dix à quarante ans. Eh oui ! Car que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 f

304 ra-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre ? À cette question, le TCS ne répond pas. Pourtant la croissance est très

305 de la part des autorités d’influencer le citoyen à la veille d’un scrutin. Pour revenir aux démolitions, à supposer qu’i

306 eille d’un scrutin. Pour revenir aux démolitions, à supposer qu’il y ait risque, le Conseil fédéral en est le seul respon

307 fédéral en est le seul responsable. Il n’avait qu’ à être prudent dans ses projets à partir d’août 1973, date du lancement

308 le. Il n’avait qu’à être prudent dans ses projets à partir d’août 1973, date du lancement de l’initiative. Cette disposit

309 moyen pour Franz Weber de forcer le gouvernement à une sorte de moratoire. Dans votre livre, vous liez souvent centrales

310 rer les attentions sur la recherche de substituts à la circulation routière, qui épuise le pétrole, et pollue l’atmosphèr

311 spoir du xxe siècle finissant ». Je me suis tout à fait reconnu dans une telle définition. Non, je ne suis pas apocalypt

312 e, technique et industrielle nous mène tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons d’habitude, et qui

313 es », affirment-ils. Affirmation plutôt difficile à démontrer. Pourquoi, si l’on ne fait pas de centrales nucléaires — et

314 ans sans centrales nucléaires — serait-on ramené à l’âge des cavernes ? Je leur réponds : « Les cavernes, je vous les la

315 êt du gaspillage. De là, nous pouvons gagner 20 % à 30 %. Les centrales nucléaires n’en donneront même pas autant. On nou

316 On nous annonce qu’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’énergie, si tout va bien. Or, rien ne va bien avec

317 s annonce qu’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’énergie, si tout va bien. Or, rien ne va bien avec les cen

318 inct de puissance collective abstraite des États. À cette direction extrêmement nette, j’oppose l’autre direction symboli

319 ne maison bénéficie de son autonomie énergétique, à plus forte raison un village, des régions et ainsi de suite… et l’on

320 Europos, c’est-à-dire celui qui voit loin, celui à la large vision. C’est une des étymologies du mot Europe, qui me semb

321 affaire que seules les communautés permettraient à l’homme de reprendre en main ses pouvoirs, et vous montrez aussi comm

322 c un grand R, est un mythe populaire qui consiste à croire qu’un beau jour, on va se dresser tous ensemble dans la rue, t

323 érité, on n’a jamais vu une révolution consistant à prendre le pouvoir et qui fasse autre chose, l’ayant pris, que ce que

324 des hommes envisagé selon le nombre d’objets mis à leur disposition. Ce sont des sectes à peine différentes. Disons-le a

325 yez pas aux gouvernements, aux partis politiques, à la jeunesse en tant que telle, ni aux masses au sens marxiste du term

326 u terme, que vous reste-t-il ? N’oubliez pas : ni à la révolution en tant que prise du pouvoir… Alors, que me reste-t-il 

327 opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne nous empêche de

328 où nous sommes, une société meilleure qui réponde à d’autres finalités que celle de la puissance. J’oppose à la puissance

329 res finalités que celle de la puissance. J’oppose à la puissance la liberté des personnes, l’épanouissement de l’individu

330 favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exemple — et cela ne dépend que de nous. Il fau

331 ra. Il est absolument indéfendable de se chauffer à l’électricité, cette forme noble de l’énergie, et de la transformer e

332 toires de nécessité, de fatalité. On se chauffait à 23° avant la crise du pétrole, on se chauffe à 20° aujourd’hui. Qui s

333 it à 23° avant la crise du pétrole, on se chauffe à 20° aujourd’hui. Qui s’en plaint ? Contrairement à ce qu’on dit, les

334 Contrairement à ce qu’on dit, les gens sont prêts à faire des sacrifices, volontairement, pour se libérer de ce système q

335 r se libérer de ce système qui conduit finalement à la guerre… On connaît cette objection des partis de gauche et princip

336 , disent-ils, que certains privilégiés demandent, à l’échelon du pays comme de la planète, aux quatre cinquièmes de la po

337 ux quatre cinquièmes de la population de renoncer à la jouissance de ces biens de consommation qu’ils n’ont jamais posséd

338 ls n’ont jamais possédés ; pourquoi leur demander à eux des sacrifices ? L’argument ne résiste pas à l’analyse. Personne

339 à eux des sacrifices ? L’argument ne résiste pas à l’analyse. Personne n’a jamais rien demandé au tiers-monde, ce serait

340 e l’ouvrier défendu par Marchais puisse continuer à rouler en auto ? Il ne s’agit donc pas d’interdire aux gens du tiers-

341 ’agit de savoir si nous pourrons, nous, continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’autre part, cela a été très bi

342 monde pour cela. Alors nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de donner l’exemple. C’est de créer une Europe fédérée d

343 serait là un exemple pour le tiers-monde qui est à deux doigts de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos mal

344 nscience que ce serait là des solutions possibles à cette crise que nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notr

345 portaient une réponse — terrifiante, effroyable — à cette soif communautaire créée par la civilisation industrielle, les

346 s essentielle. Mais n’est-elle pas bien difficile à déterminer ? La région ne relève pas d’une espèce de lubie ou d’obses

347 les mêmes délimitations. En fait, elles n’ont pas à être délimitées, elles doivent se reconnaître, comme si on tâtait ave

348 lisme, ces lignes tirées au cordeau par des types à manches de lustrine dans des bureaux parisiens ou londoniens, à la fi

349 ustrine dans des bureaux parisiens ou londoniens, à la fin du xixe siècle, et qui ne tiennent compte d’aucune réalité !

350 e-Volta m’a dit : « Vous comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez nous se feraient tuer pour ces frontières qui sc

351 arrêtée par les douaniers. Vous croyez, en somme, à la possibilité d’une renaissance de notre civilisation. Je pense que

352 e de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation occidentale découvrant le

353 itres sur l’énergie atomique, je les ai revus mot à mot avec l’un de mes amis, l’un des derniers survivants de la premièr

354 és sur le nucléaire, Lew Kowarski, l’un des trois à avoir découvert la fission de l’atome… Bref, je me suis informé auprè

355 de Bartillat qui m’a persuadé d’écrire ce livre. À l’origine, il voulait publier, je croyais, un livre sur l’Europe de l

356 iais les objections (j’avais tant d’autres livres à écrire !) et les exigences (il les acceptait toutes). Après deux heur

357 ’avait convaincu. C’est rare qu’un éditeur tienne à ce point à un livre, à un sujet. J’en ai été touché… Et j’y ai consac

358 aincu. C’est rare qu’un éditeur tienne à ce point à un livre, à un sujet. J’en ai été touché… Et j’y ai consacré ensuite

359 rare qu’un éditeur tienne à ce point à un livre, à un sujet. J’en ai été touché… Et j’y ai consacré ensuite quatre année

360 pe peu à peu mes anciens livres publiés autrefois à droite et à gauche. Pour finir, j’aimerais connaître votre sentiment

361 mes anciens livres publiés autrefois à droite et à gauche. Pour finir, j’aimerais connaître votre sentiment sur les réac

362 x et enthousiastes. Bien sûr, j’ai eu droit aussi à des attaques féroces dans des revues automobiles, certains allant jus

363 ans des revues automobiles, certains allant jusqu’ à me reprocher de falsifier des citations. Je pourrais leur faire un pr

364 et bruyants que quelques mois suffisent pourtant à engloutir dans le silence ; ils n’ont cessé de demeurer, au contraire

365 me de manifeste, Denis de Rougemont s’est attaché à l’examen des agressions techniciennes contre la nature tout entière q

366 iennes contre la nature tout entière qui, jointes à une terrible dégradation des relations humaines, caractérisent notre

367 lopante et ses pollutions de toutes sortes. C’est à cette Apocalypse que tous les experts nous promettent, qu’il a opposé

368 Rougemont un allié des plus précieux, sinon tout à fait inattendu ? Rarement livre aura été accueilli avec autant de cha

369 hèse nécessaire », « salutaire avertissement », «  nouveau Contrat social », « ouvrage qui fera date », « événement »… — ces épi

370 De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)t u Je voudrais vous faire

371 ous si nous ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; qu’elle n’est donc pas un vague idéalisme

372 tion mais invention, pas seulement sauvetage mais nouveau mode de vie. J’ai donc choisi de m’interroger devant vous sur les mot

373 s la veille de la dernière guerre mondiale, jusqu’ à cette veille de l’année qui verra la première élection par les peuple

374 r, et d’enlisements dans le marécage des intérêts à très court terme, c’est-à-dire dans le « réalisme » aux yeux des clas

375 t dans notre siècle l’année 1924. Cette année-là, à Vienne, le jeune comte Coudenhove-Kalergi, né à Tokyo, vingt-sept ans

376 , à Vienne, le jeune comte Coudenhove-Kalergi, né à Tokyo, vingt-sept ans auparavant, d’une Japonaise et d’un diplomate a

377 tionale sans qu’un pareil état de choses conduise à la plus terrible catastrophe politique, économique et culturelle ?… S

378 lasser de le répéter : une Europe divisée conduit à la guerre, à l’oppression, à la misère ; une Europe unie à la paix, à

379 répéter : une Europe divisée conduit à la guerre, à l’oppression, à la misère ; une Europe unie à la paix, à la prospérit

380 rope divisée conduit à la guerre, à l’oppression, à la misère ; une Europe unie à la paix, à la prospérité. Sauvez l’Euro

381 re, à l’oppression, à la misère ; une Europe unie à la paix, à la prospérité. Sauvez l’Europe et vos enfants ! Quelques

382 ression, à la misère ; une Europe unie à la paix, à la prospérité. Sauvez l’Europe et vos enfants ! Quelques années plus

383 eil, devant l’assemblée de la Société des Nations à Genève, Aristide Briand prononce un discours retentissant appelant le

384 nce un discours retentissant appelant les peuples à l’union préconisée par Coudenhove-Kalergi : Je me suis associé penda

385 socié pendant ces dernières années, déclare-t-il, à une propagande active en faveur d’une idée qu’on a bien voulu qualifi

386 ropre. Elle a fini par apparaître comme répondant à une nécessité. Des propagandistes se sont réunis pour la répandre, la

387 oint de vue social, le lien fédéral, sans toucher à la souveraineté d’aucune des nations qui pourraient faire partie d’un

388 d’union fédérale européenne sera présenté en 1930 à la Société des Nations, rédigé par le directeur de cabinet de Briand,

389 écisément l’ensemble des réseaux de la Résistance à l’hitlérisme et au fascisme qui fournit à l’idée européenne son milie

390 istance à l’hitlérisme et au fascisme qui fournit à l’idée européenne son milieu le plus efficace de propagation en profo

391 y, chef du mouvement « Combat », lance un appel «  à tous les hommes de la Résistance européenne ». Je sais, dit-il, pour

392 é souvent illusoire, n’entravent pas cette marche à l’unité. ! Et des voix fraternelles sourdement lui répondent, du fon

393 litants de la Résistance de neuf pays réussissent à passer les frontières et à se rencontrer à quatre reprises à Genève,

394 neuf pays réussissent à passer les frontières et à se rencontrer à quatre reprises à Genève, dans la villa du secrétaire

395 issent à passer les frontières et à se rencontrer à quatre reprises à Genève, dans la villa du secrétaire général du Cons

396 s frontières et à se rencontrer à quatre reprises à Genève, dans la villa du secrétaire général du Conseil œcuménique des

397 rojet de déclaration ci-dessous qu’ils ont soumis à la discussion et à l’approbation de leurs mouvements respectifs et de

398 n ci-dessous qu’ils ont soumis à la discussion et à l’approbation de leurs mouvements respectifs et de l’ensemble des mou

399 e trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par la création d’une union fédérale entre les peuples

400 marqué : autant le Mémorandum Briand s’appliquait à rassurer les États quant au respect de leur souveraineté absolue, aut

401 ésistance ont répondu d’avance ! faire l’Europe ! À Hertenstein, en Suisse, dès 1945, puis en Hollande, à Luxembourg, fin

402 rtenstein, en Suisse, dès 1945, puis en Hollande, à Luxembourg, finalement lors du grand congrès fédéraliste de Montreux

403 ’on pourra faire, éclate le discours de Churchill à l’Université de Zurich, le 19 septembre 1946. D’un trait génial, Chur

404 er la conjoncture la plus complexe et angoissante à une seule mesure, la plus simple, et il va formuler par là même, en q

405 iat et concret qui se trouve être vraiment commun à l’entreprise des militants fédéralistes et à la classe politique au p

406 mmun à l’entreprise des militants fédéralistes et à la classe politique au pouvoir. Voici ces phrases capitales : Au sor

407 e pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous dev

408 hose qui vous étonnera. Le premier pas consistera à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. Si l’on veut me

409 e l’Allemagne des partenaires. Si l’on veut mener à bien l’œuvre de construire les États-Unis d’Europe, leur structure de

410 t de toute contrée. De cette œuvre urgente, c’est à la France et à l’Allemagne qu’il appartient de prendre conjointement

411 rée. De cette œuvre urgente, c’est à la France et à l’Allemagne qu’il appartient de prendre conjointement l’initiative… D

412 l’initiative… Debout l’Europe ! Un an plus tard, à Montreux, naîtra l’idée d’une collaboration, théoriquement paradoxale

413 sion de le lire comme j’eus l’honneur de le faire à La Haye, ayant eu la charge de l’écrire : L’Europe est menacée, l’Eu

414 ent plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense séri

415 a fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut r

416 l, les problèmes que lui pose l’économie moderne. À défaut d’une union librement consentie, notre anarchie présente nous

417 tie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors,

418 eure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec

419 vons édifier avec les peuples d’outremer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste en

420 acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cet

421 n et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les

422 nous, Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce continent, déclarons solennellement notre comm

423 ns une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens. 2) Nous voul

424 , les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un g

425 ennemis d’hier. Le deuxième motif : la prospérité à rétablir par l’intégration économique est celui qui donnera lieu à l’

426 intégration économique est celui qui donnera lieu à l’ouverture du Marché commun dès 1957. Le troisième motif, celui de l

427 nion politique conforme au vrai génie européen et à la culture commune de nos peuples, donnera lieu, un an après le congr

428 donnera lieu, un an après le congrès de La Haye, à la création du Conseil de l’Europe et de la Cour de justice de Luxemb

429 justice de Luxembourg, d’une part ; d’autre part à de nombreux instituts culturels, dont le premier en date, le Centre e

430 en date, le Centre européen de la culture, fondé à Genève en 1950, a donné naissance notamment au projet initial du CERN

431 né naissance notamment au projet initial du CERN, à la Fondation européenne de la culture, ainsi qu’à une douzaine d’asso

432 à la Fondation européenne de la culture, ainsi qu’ à une douzaine d’associations européennes d’enseignants, d’éditeurs, d’

433 1954, devait inaugurer la série des échecs qu’eut à subir l’idée européenne au cours des deux dernières décennies. Du côt

434 uf pays ne prépare pas la Commission de Bruxelles à décider des grandes options morales et politiques de l’Europe tout en

435 xprime la crainte que l’élargissement de celle-ci à trois pays nouveaux n’« affaiblisse la construction européenne » ! Au

436 inte que l’élargissement de celle-ci à trois pays nouveaux n’« affaiblisse la construction européenne » ! Autrement dit, cette c

437 nocratie des eurocrates, depuis vingt ans, suffit à expliquer l’amère désaffection de tant de militants de la première he

438 ent qu’il ne faut pas s’attendre que la jeunesse, à leur propos, s’exalte. Un seul exemple peut suffire pour évaluer les

439 i », dit la Presse. Du moins le disait-elle jusqu’ à l’année dernière. Voici quelques échantillons de gros titres parus da

440 talie, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, de 1974 à 1976 : Sur l’Europe en général : « L’Europe à la dérive » — « L’Europ

441 974 à 1976 : Sur l’Europe en général : « L’Europe à la dérive » — « L’Europe agonise » — « L’Europe c’est fini ». Et sur

442 ction du Parlement européen au suffrage universel à l’automne de 1978. Le débat général sur l’Europe, qui ne va pas manqu

443 s antérieurs et la prise de conscience des motifs nouveaux . Les principaux motifs anciens, ce sera vite vu. Empêcher la France

444 t plutôt, pour rétablir leur balance commerciale, à vendre des centrales de retraitement dont l’unique intérêt sera de fo

445 à la fois de se défendre et de se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici nous devons confesser l’échec total : il n’y

446 raver l’inflation… Je ne vois d’autre explication à tant d’impuissances que dans le fait, toujours plus évident, que le d

447 e la feront jamais, étant eux-mêmes les obstacles à l’union, s’il n’y sont pas contraints par des forces extérieures, ou

448 térieures qui peuvent constituer pour l’Europe de nouveaux motifs de s’unir ? La situation de l’Europe dans le monde d’aujourd’h

449 é de Turcs et d’Asiatiques.) Voilà qui est propre à modifier d’une manière dramatique les équilibres dits « traditionnels

450 r plus de 20 millions dans les années 1980, jusqu’ à ce que l’excès de population soit corrigé « par la Nature » — à moins

451 ès de population soit corrigé « par la Nature » — à moins que des quantités énormes de nourriture ne puissent être procur

452 et le Canada, de ne jamais abuser de cet avantage à des fins politiques, d’autant que l’URSS restera le client le plus im

453 nant. Mais d’autre part, la proportion des Blancs à haut niveau de vie va diminuer rapidement par rapport au tiers-monde,

454 les de l’Europe. En effet, ayant été les premiers à lancer la révolution industrielle, nous avons déjà fortement entamé n

455 ne pouvons plus compter sur un accès automatique à la plupart de nos sources extérieures d’approvisionnement. La crise d

456 é combien notre économie était devenue vulnérable à des événements politiques lointains sur lesquels nous n’exerçons aucu

457 iers secours mutuels, ni aucune politique commune à moyen et à long terme. Toutes ces tensions, lourdes de conflits laten

458 nuries et famines, monopoles étrangers conduisant à des formes diverses d’asservissement économique, puis politique, cris

459 iers dans le monde et pendant longtemps les seuls à nommer « le Progrès ». Le bonheur, le salut de l’humanité sont-ils vr

460 ur, le salut de l’humanité sont-ils vraiment liés à la croissance du PNB et de la consommation d’énergie, comme l’ont cru

461 notre « vieille Europe » : elle a été la première à inventer le Progrès, puis la première à prendre conscience de ses err

462 première à inventer le Progrès, puis la première à prendre conscience de ses erreurs d’orientation, la première à créer

463 science de ses erreurs d’orientation, la première à créer l’État-nation. Il semblerait donc naturel qu’elle soit aussi la

464 subissent aujourd’hui. L’Europe va-t-elle faillir à sa mission mondiale ? Le peut-elle sans trahir ses raisons d’être et

465 s, de la « raison d’État » généralement contraire à la raison, et de la « juste place » réservée selon Lénine à l’opposit

466 n, et de la « juste place » réservée selon Lénine à l’opposition politique, à savoir la prison. La première Europe a créé

467 » réservée selon Lénine à l’opposition politique, à savoir la prison. La première Europe a créé et nourri les idées de li

468 urd’hui, c’est cette deuxième Europe qui s’oppose à l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. E

469 fédéralisme solidaire. Une bonne centaine d’États nouveaux se sont proclamés souverains depuis la fin de la Deuxième Guerre mond

470 euxième Guerre mondiale. Du fait que tous veulent à tout prix les structures de l’État napoléonien et les armements de l’

471 aire, cette division du monde ne peut conduire qu’ à une guerre générale, qui pourrait très bien être la dernière parce qu

472 s survivre aux crises inévitables en nous bornant à leur opposer fermement nos prétendues « souverainetés nationales », c

473 orique. Le choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe

474 nauté fédérale d’environ 400 millions d’habitants à l’Ouest, en attendant que les 100 millions des satellites de l’Est pu

475 s’il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités, cet exemple illustre assez bien que notre

476 sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de la valeur d’échange du dollar, ou de l

477 e part, il n’est pas juste que six pays européens à l’Est soient privés du droit de choisir leur éventuelle fédération av

478 ent envahis par les Russes. Il n’est pas juste qu’ à Yalta, les peuples de l’Europe du Sud-Est aient été « répartis » et «

479 s Super-Grands en protectorats, satellites, zones à souveraineté limitée, etc., comme les tribus de l’Afrique noire l’ava

480 la fédération de l’Europe, seul moyen de résister à l’emprise économique ou politique des Super-Grands, mais plus encore 

481 Grands, mais plus encore : seul moyen de résister à la catastrophe finale. Voici comment. La guerre est le produit — comm

482 oduit — comme elle fut l’origine, cela n’est plus à démontrer — des grands États centralisés. Or la croissance illimitée

483 et même, d’ici vingt ans, des surgénérateurs. Qui à leur tour, ne fût-ce que par leur prix, leurs dangers, et les résista

484 écrit Bertrand de Jouvenel : « Le Pouvoir est lié à la guerre, et si une Société veut borner les ravages de la guerre, il

485 de de demi-vie » du plutonium que l’on se prépare à stocker dans nos cavernes) ; 3° réduire ainsi au minimum la centrali

486 al de la conférence de Lausanne consacrée en 1949 à l’Europe de la culture, slogan qui m’avait été dicté par Carlo Schmid

487 us claire vision du danger ne suffit pas toujours à fournir l’impulsion décisive. Ce qui a fait défaut, jusqu’ici, aux ef

488 chez les intellectuels. Or ce levier, tout porte à croire que le fédéralisme européen vient de le trouver, du côté où on

489 . Elles sont effectivement les seules, en Europe, à pouvoir rassembler des foules de dizaines ou de centaines de milliers

490 l mois d’août de cette année : 80 000 écologistes à Creys-Malville, et 300 000 régionalistes devant Pampelune, militants

491 ses solutions tantôt au niveau régional et tantôt à l’échelle du continent, non dans le cadre d’un État-nation. Et les ré

492 t déterminées par des problèmes écologiques, sont à leur tour les unités de base de toute fédération continentale. Mouvem

493 ssant mais sans violence, et de croire de nouveau à notre avenir commun. Écologie – régions – Europe : même avenir ! ⁂ C

494 venir ! ⁂ Cette triple émergence va se manifester à l’occasion de l’élection, dans un an, du Parlement européen. Écologis

495 il devra traduire au plan de l’Europe les motifs nouveaux qui l’auront fait élire : écologie, énergie, régions, politique à l’é

496 que à l’égard du tiers-monde, et défense locale «  à la suisse »… Mais la Suisse, justement, n’y participera pas. Ici écla

497 gemont Denis de, « De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés », Schweizer Monatshefte, Zurich, mai 19

498 e, Zurich, mai 1978, p. 1-16. u. Avec cette note à la conclusion : « Onzième conférence Winston Churchill prononcée à l’

499 « Onzième conférence Winston Churchill prononcée à l’Université de Fribourg, le 21 novembre 1977. »

500 ire d’études européennes de Genève. Vous avez été à l’origine de la création du CERN (Centre européen de la recherche nuc

501 t de cette action ? Cela remonte aux années 1930. À l’époque, j’appartenais à un petit groupe créé par Alexandre Marc qui

502 emonte aux années 1930. À l’époque, j’appartenais à un petit groupe créé par Alexandre Marc qui se réunissait dans un caf

503  : le « Moulin Vert » et nous avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ai fait la connaissance d’Emmanuel Mounier

504 nt rien à voir avec le tristement célèbre « Ordre nouveau  » d’Hitler et cela me met en fureur lorsque l’équivoque est entretenu

505 met en fureur lorsque l’équivoque est entretenue à ce sujet. Nous voulions une évolution basée sur la liberté des person

506 e, mais celle des nationalismes. Lecteur français à l’Université de Francfort, je devais en 1938 consigner dans un livre,

507 transmis à travers la Résistance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos

508 tés mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les frontières en guerre. Il

509 urope. Spinelli libéré par les Alliés était aussi à Montreux pour préparer un manifeste européen par lequel nos idées sur

510 tion européenne ? Il y a quelques années, j’étais à plat, tout semblait s’effondrer. À l’époque du congrès de Montreux, n

511 nnées, j’étais à plat, tout semblait s’effondrer. À l’époque du congrès de Montreux, nous étions quelque cent-mille membr

512 Montreux, nous étions quelque cent-mille membres à militer dans l’Union européenne des fédéralistes. Cette association n

513 es dans leurs habitudes et peu ouvertes aux idées nouvelles . Désormais le levier existe avec les mouvements régionalistes et écol

514 s. L’été dernier, il y a eu plus de 50 000 jeunes à Malville…Quelle cause peut faire bouger autant de monde ? Tout se tie

515 vernements expédient les affaires courantes jusqu’ à la fin de leurs mandats. Pourtant le club de Rome a mis en évidence l

516 seuil de l’an 2000 mais un de nos ministres a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais vos idées en action, je serais

517  » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour conduire les affaires

518 ’affaire en Europe que ceux dont la dimension est à une échelle régionale comme la Suisse ou les Pays-Bas… Les élections

519 s assez satisfait de ce retard. Nous en profitons à l’Institut pour préparer un rapport sur l’état de l’union des Europée

520 participation civique avec une certaine fonction à exercer. Je le précise dans mon dernier ouvrage. Le premier échelon

521 ntre trois pays. Chaque gouvernement entend gérer à sa façon ce secteur et a décrété la construction de centrales nucléai

522 ficultés, parce que chaque État entend les régler à sa manière. C’est une question qui intéresse les gens du Nord voisins

523 rançais venaient de six ministères parisiens avec à leur tête le préfet régional. Les représentants suisses, au contraire

524 la frontière. Nous sommes passés là de la théorie à la réalisation sur le terrain. On y travaille la main dans la main et

525 e terrain. On y travaille la main dans la main et à chaque réunion, la commission se donne un peu plus de compétence en m

526 n sociale, d’enseignement, d’écologie (nous avons à assurer en commun la protection du lac Léman). C’est du bon travail r

527 e… c’est Rousseau. Y a-t-il des lieux prédestinés à l’évolution de l’esprit et cette région d’équilibre mi-française mi-s

528 et l’Occident . “J’ai donné beaucoup de moi-même à la remise en état de cette maison”, nous a dit Denis de Rougemont apr

529 ques milliers de livres cachent les parois. C’est à cause d’elle que son dernier ouvrage L’Avenir est notre affaire a t

530 ouvrage L’Avenir est notre affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté à l’imaginer dans un aut

531 dé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté à l’imaginer dans un autre cadre, ce régionaliste impénitent qui a comb

532 pitales. Denis de Rougemont est suisse et il voue à son pays de naissance un culte profond et raisonné, mais peut-on vrai

533 é imprégnée par ce déchirement. Rédacteur en chef à Paris mais tout autant lecteur universitaire à Francfort, il n’a pris

534 ef à Paris mais tout autant lecteur universitaire à Francfort, il n’a pris position qu’au moment du nazisme et officier d

535 rire un article déplaisant sur l’entrée de Hitler à Paris. L’ambassadeur du Reich avait demandé des sanctions à Berne, De

536 ’ambassadeur du Reich avait demandé des sanctions à Berne, Denis de Rougemont n’ayant pas respecté “la traditionnelle neu

537 sse”. C’est dans le même esprit qu’il fut de 1942 à 1943 rédacteur des émissions françaises de La Voix de l’Amérique. Mai

538 oisi un camp, c’est parce qu’il faisait une place à l’homme dans la société au lieu d’imposer la société à l’homme. Aujou

539 omme dans la société au lieu d’imposer la société à l’homme. Aujourd’hui Denis de Rougemont s’interroge sur la finalité d

540 es autonomistes écossais), c’est pour nous amener à la réflexion sur l’importance de l’autogestion politique. Il nous a é

541 êcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. À une époque suivante, on y adjoignit l’art de contraindre les gens à d

542 nte, on y adjoignit l’art de contraindre les gens à décider sur ce qu’ils n’entendent pas”. Et lui d’ajouter : “Il convie

543 outer : “Il convient désormais d’inciter les gens à se mêler de ce qui les regarde pour en arriver à remettre en question

544 à se mêler de ce qui les regarde pour en arriver à remettre en question les décisions qui les concernent et qui ont été

545 été prises sans eux”. Nous pensions donc trouver à Ferney un observateur attentif mais distant du monde d’aujourd’hui. N

546 une émission de la Télévision française consacrée à Concorde, l’avion supersonique, on voulut bien m’interroger en tant q

547 es questions simples. Je demande donc : Concorde, à quoi est-ce que ça sert ? » La consternation se peignit sur les visag

548 ielle, scientifico-technique, quantitative, vouée à l’idéal (mais qui tourne au cauchemar) de la croissance illimitée. Ma

549 imitée. Mais voici la question décisive : « Jusqu’ à quand et jusqu’où la croissance que nos gouvernements sont unanimes à

550 la croissance que nos gouvernements sont unanimes à prôner — ils n’en discutent plus guère que le taux — pourra-t-elle se

551 it pas. Voilà qui est grave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement notre interrogation fondamentale : « À quelle d

552 lus durement notre interrogation fondamentale : «  À quelle date la croissance industrielle aura-t-elle épuisé la totalité

553 oroutes ? » J’ai posé cette question publiquement à la Télévision romande, et, par les soins d’un service de presse auque

554 ontemporains. Et c’est ce que pourra faire sentir à quelques-uns cette dernière question, la plus « gênante » de toutes :

555 monde au prix de votre âme, que vous restera-t-il à aimer ? » y. Rougemont Denis de, « Questions gênantes mais féconde

556 ’est un patron allemand de Manchester qui apprend à un autre bourgeois, également allemand, ce qu’est le sort des ouvrier

557 des ouvriers anglais. Cette information, relative à l’état de l’injustice sociale dans la société capitaliste, produira d

558 ur la coder et la transmettre de Friedrich Engels à Karl Marx. Car il en sortira les Internationales, une révolution, deu

559 Marx pour les paysans, les louanges qu’il adresse à la bourgeoisie pour avoir « soumis la campagne à la ville » et sauvé

560 à la bourgeoisie pour avoir « soumis la campagne à la ville » et sauvé une grande partie de la population de « l’idiotie

561 gie dure (hardware) agressive et polluante, reste à leurs yeux l’arme par excellence du Progrès, qui ne saurait être que

562 re. D’où la similitude des réactions (hargneuses) à la critique écologique, chez les responsables socialistes ou capitali

563 uction industrielle, qu’elle soit dite socialiste à l’Est et par les marxistes, capitalistes à l’Ouest et dans Marx. Ce q

564 aliste à l’Est et par les marxistes, capitalistes à l’Ouest et dans Marx. Ce que Marx a bien vu, presque seul de son temp

565 ue seul de son temps, c’est que le mal qu’on fait à l’homme des villes, on le fait aussi nécessairement à l’agriculteur e

566 homme des villes, on le fait aussi nécessairement à l’agriculteur et à sa terre, par une seule et même procédure d’exploi

567 n le fait aussi nécessairement à l’agriculteur et à sa terre, par une seule et même procédure d’exploitation, ruinant les

568 me, la racine est l’homme lui-même. (Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844.) Texte ambigu

569 partisans organisés. Il ne tardera pas d’ailleurs à se nommer lui-même maréchal. ⁂ Le rapport de l’homme avec lui-même n

570 uteur de cette phrase, n’a transformé le monde qu’ à la mesure de ses moyens de philosophe, c’est-à-dire en l’interprétant

571 Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)aa ab D’autant plus

572 Il sourit derrière sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtres à barreaux d

573 pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtres à barreaux de fer donnent sur les vignobles en terrasse et le lac dans

574 ond lui fait mal au cœur, dit-il – et il commence à poser des questions. Peut-être par une sorte de timidité, peut-être a

575 r existence. « Comment êtes-vous venu jusqu’ici ? À bicyclette ? Quelle marque ? Avez-vous un changement de vitesse ? Ave

576 descendre de vélo ? Ah ! vous faites des voyages à bicyclette ? Comme c’est bien ! Vous avez parcouru le Midi ? Avez-vou

577 mobiles et tout noirs dans leurs cuisines ? Jusqu’ à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici, nous sommes Savoyards. Les deux

578 d dans la nature. Ma fille se peigne chaque matin à sa fenêtre. Les oiseaux ramassent ses cheveux blonds, et ils ont fait

579 angage particulier, lent, pesant, paysan, stylisé à l’extrême ? C’est ce que diront les journalistes et les manuels. Ramu

580 alistes et les manuels. Ramuz n’est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu’il est le plus célèbr

581 Suisse romande. Il y a vécu presque toute sa vie, à l’exception de quelques années à Paris, avant la guerre de 1914. Il s

582 ue toute sa vie, à l’exception de quelques années à Paris, avant la guerre de 1914. Il se trouve être Suisse de nationali

583 re et de la race, du peuple de la terre vaudoise. À l’inverse d’un Alexandre Vinet, d’un Benjamin Constant, nés dans le m

584 s dans le même canton, Ramuz appartient davantage à la géographie qu’à l’histoire de sa petite patrie locale. La Confédér

585 on, Ramuz appartient davantage à la géographie qu’ à l’histoire de sa petite patrie locale. La Confédération helvétique a

586 dans son œuvre. Il saisit la réalité de son pays à un autre niveau, plus difficile à exprimer parce que ce n’est pas le

587 ité de son pays à un autre niveau, plus difficile à exprimer parce que ce n’est pas le niveau des échanges de formules. C

588 ons épiques. L’intrigue en est absente ou réduite à sa plus élémentaire simplicité, car le sujet d’un « roman » de Ramuz,

589 du mythe. Cependant, que l’on ne s’attende point à de faciles amplifications lyriques, à la poésie éloquente ou sentimen

590 tende point à de faciles amplifications lyriques, à la poésie éloquente ou sentimentale, à du charme, à de la fantaisie.

591 lyriques, à la poésie éloquente ou sentimentale, à du charme, à de la fantaisie. La poésie de Ramuz n’est jamais obtenue

592 la poésie éloquente ou sentimentale, à du charme, à de la fantaisie. La poésie de Ramuz n’est jamais obtenue par l’idéali

593 n bruit de vitres cassées, de grincements pareils à ceux d’un clou sur un caillou, un mélange de toux sèches ou rauques e

594 nto dans la prose de Ramuz ; mais son application à reproduire le geste intime d’un homme en communion avec les forces él

595 on avec les forces élémentaires ; son application à décrire les outils qui prolongent le bras de cet homme ; à rendre pré

596 les outils qui prolongent le bras de cet homme ; à rendre présent et pesant le cadre matériel de sa vie ; à suivre enfin

597 e présent et pesant le cadre matériel de sa vie ; à suivre enfin, comme en les recréant, les images qui viennent à ses ye

598 n, comme en les recréant, les images qui viennent à ses yeux, qui le submergent soudain, le soulèvent ou l’anéantissent —

599 nt — tout cela compose un art têtu, rugueux, lent à agir, mais profondément efficace, et qui vous introduit dans la grand

600 etits recueils de poèmes. Puis, durant son séjour à Paris, il s’était patiemment fait un style où réalisme et poésie se m

601 re dans le ton de la voix. Désormais, Ramuz parle à un public qui l’aime, il engage avec lui un dialogue et l’on découvre

602 oise. Maintenant, c’est l’époque qu’il interroge, à sa manière socratique. Les trois titres de ses essais décrivent en ra

603 l’homme ac et Besoin de grandeur. ⁂ Pour revenir à Présence de la mort, trois remarques encore : sur sa langue, sa visio

604 ersonne ne peut écrire réellement comme on parle, à moins de recopier un rouleau de dictaphone — et je parie qu’on retouc

605 r celle des pentes de ses vignes ou de ses champs à la montagne. « D’où cette démarche qu’ils ont ; d’où la nécessité que

606 nfluence du style biblique, si fortement inculqué à ce peuple. Par une lacune étrange, Ramuz ne montre jamais ses paysans

607 acune étrange, Ramuz ne montre jamais ses paysans à l’église du village, ni leurs pasteurs. Mais on sent la Bible présent

608 t un peuple « nuque raide » qui ne veut croire qu’ à ce qu’il touche et voit et qui se ferme avec méfiance à l’invisible.

609 u’il touche et voit et qui se ferme avec méfiance à l’invisible. Jusqu’à un certain point, Ramuz l’imite, mais tout d’un

610 t qui se ferme avec méfiance à l’invisible. Jusqu’ à un certain point, Ramuz l’imite, mais tout d’un coup il le dépasse et

611 ènes d’où surgit un geste. On l’a souvent comparé à Cézanne. Le lecteur de Présence de la mort s’apercevra très vite que

612 comme un coucher de l’astre, intérieur, intérieur à vous, dans une nouvelle couleur, une nouvelle espèce de lumière : sur

613 condamnés en principe, faits pour aimer, destinés à mourir, mais qui seront sauvés par l’amour. Aux dernières pages, « ay

614 es a pas trompés : le ciel qui s’ouvre est fidèle à la terre. 13. De leur collaboration naquit L’Histoire du soldat (pa

615 e suivante : « Présence de la mort a paru en 1944 à New York grâce à l’éditeur allemand Kurt Wolff qui venait de fonder P

616 autres, les énergies douces. Le soleil appartient à tout le monde ; les fours solaires ne représentent aucun bénéfice pou

617 ns qu’il y a eu de nombreux incidents, dissimulés à l’opinion parce que peu spectaculaires ; ils savent que, par exemple,

618 e constante pendant… cent-mille ans ! Beau cadeau à nos descendants ! Halte aux pouvoirs anonymes « L’Amoco-Cadiz »

619 devait pas couler, n’est-ce pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à la leçon des faits : seule une catastroph

620 pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à la leçon des faits : seule une catastrophe (tôt ou tard une centrale

621 féminines, fédéralistes, écologistes, etc.) sont à l’œuvre, ébauchent le relief des régions européennes fédérées que j’é

622 réer, d’inventer… mais descendre de son piédestal à hauteur des communes. Quand le pouvoir est divisé, il est moins offen

623 ns lesquelles les individus se sentent appartenir à un univers commun, et non plus être esclaves d’un ordre sur lequel il

624 e d’être vécue. Or, la communication, la relation à autrui, expérience fondamentale de la personne, est réprimée dans l’É

625 remier lieu, l’Europe, Denis de Rougemont appelle à la responsabilité qui engendre la liberté. Au mot de Jean-Paul Sartre

626 darité. Cette solidarité peut très vite être mise à l’épreuve. Le couple de 1980 n’est plus soumis à un choix déterminé p

627 à l’épreuve. Le couple de 1980 n’est plus soumis à un choix déterminé par les familles ou par l’intérêt. Vouloir se mari

628 s ne fusionnent pas, ne sont pas subordonnés l’un à l’autre, mais conjuguent dans une totale égalité leurs différences po

629 es le confirment : les jeunes sont plus sensibles à l’aspect « œuvre commune » du mariage que nous l’étions autrefois. Je

630 autrement que par la force, un continent unifié. À cette occasion, “le bureaucratisme tentaculaire et centralisateur de

631 oi le fédéralisme européen évitera la catastrophe à laquelle nous condamnent inéluctablement les “États-nations”, comme i

632 x qui faisaient le génie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que notre liberté personnelle se confondait avec la n

633 lypse”, mais on est contraint de prêter attention à ses commentaires. Car il s’est rarement trompé. Ainsi, longtemps à l’

634 s. Car il s’est rarement trompé. Ainsi, longtemps à l’avance, il a prévu la congestion des métropoles industrielles, la S

635 e nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu visite à Denis de Rougemont. Nous lui avons demandé de résumer ce qui le tourm

636 ersonne dans la communauté, je n’ai jamais adhéré à aucun parti. Cette simple constatation répond à votre question. Les p

637 é à aucun parti. Cette simple constatation répond à votre question. Les partis traditionnels, en Suisse comme ailleurs, m

638 uvements écologiques) prendront plus d’importance à l’avenir ? Les vrais acteurs de notre vie politique ne sont pas les p

639 ouchée par l’abstentionnisme ? Le citoyen suisse, à la différence du citoyen français, dispose en effet de « larges possi

640 s, mais seulement des doutes quant à la nature et à l’intérêt humain des questions posées, et parfois même quant à la sin

641 sé par un problème — et qui pourrait s’intéresser à tout ? — il me paraît plus sain de s’abstenir que de suivre aveugléme

642 tie directe est atteinte, le citoyen étant appelé à se prononcer sur des sujets qui mettent en désaccord même les grands

643 nze prix Nobel, signent une déclaration favorable à l’expansion rapide des centrales nucléaires aux USA, cependant que de

644 andant que les USA s’abstiennent de construire de nouvelles centrales tant que leur sécurité n’est pas mieux assurée ? Le biologi

645 prix Nobel de médecine et de physiologie, apporte à cette question la réponse la plus réaliste. Il observe que sur les vi

646 énergie nucléaire aux USA. Ne sont-ils pas amenés à se prononcer comme des avocats plutôt que comme des juges ? Et il con

647 is il est utile de savoir que ceux qui s’opposent à la puissance nucléaire n’ont rien à y gagner, sauf pour le bien publi

648 ui s’opposent à la puissance nucléaire n’ont rien à y gagner, sauf pour le bien public, et qu’ils sont au contraire prêts

649 le bien public, et qu’ils sont au contraire prêts à payer le privilège de dire librement ce qu’ils pensent. » Lors d’un

650 Isère (déc. 1976) au sujet du surgénérateur prévu à Creys-Malville, le physicien Lew Kowarski, déclarait : « Les gouverne

651 enir vivable. Il faudrait pouvoir amener les gens à se sentir plus responsables de leur destin. L’autogestion politique d

652 proposez. Pourriez-vous nous préciser comment ce nouveau système s’articulerait ? Prenons garde tout d’abord de ne pas confond

653 linguistique dans le monde soit assurée du droit à son identité, du droit de parler — et donc d’abord du droit d’apprend

654 rd du droit d’apprendre sa langue maternelle tant à l’école que sur la place publique. Il s’en faut que ces droits existe

655 utsilvan, surmiran et deux ladins. Il faut rendre à toutes les régions de l’Europe, celle de l’Est comme celle de l’Ouest

656 , et où les citoyens, enfin dignes du nom, soient à même de discuter, de discourir, de décider de leur destin. La démocra

657 , sont des fédérations dont la fédération aboutit à l’Europe unie. J’imagine des régions de toutes tailles et de toutes d

658 ctuels, qui sont en fait les principaux obstacles à toute union. Quel devrait être selon vous le rôle de la formation civ

659 t être selon vous le rôle de la formation civique à l’école ? C’est l’École, en ses trois degrés, la primaire, la seconda

660 le nouvelle doit apprendre aux enfants qui auront à affronter, demain, la crise de notre civilisation. Il faudra qu’ils a

661 inosaures ou centrales nucléaires, sont destinées à finir dans des catastrophes. La formation du citoyen consiste à rendr

662 es catastrophes. La formation du citoyen consiste à rendre conscient de ses devoirs envers lui-même et de ses responsabil

663 Dialogue : revue d’information politique destinée à la jeunesse, Lutry, novembre 1978, p. 22-23.

664 ui assure en France la construction des réacteurs à eau pressurisée), soit une fédération de petites communautés autonome

665 ntiellement des finalités que nous voulons donner à notre vie : puissance collective et prestige de l’État national — ou

666 cien Louis Leprince-Ringuet lors d’une conférence à Genève le 5 octobre 1978) ; — que des « précautions sans précédent »

667 e 1/2 page dans les journaux, expositions (Nuklex à Bâle), films, distribution de brochures dans les écoles à titre d’inf

668 films, distribution de brochures dans les écoles à titre d’information — toute tentative de mise au point se voyant auss

669 eux-mêmes bien révélateurs d’une cause difficile à défendre) est resté jusqu’ici sans effets. Aux objections, si fortes

670 nts, ont beau jeu de demander : que mettriez-vous à la place ? Cette riposte à vrai dire est bien faible en logique, puis

671 ient de trouver les moyens d’en sortir, plutôt qu’ à leurs victimes, mais l’argument n’en est pas moins efficace sur un pu

672 té une réponse positive et très solidement étayée à la question du remplacement du pétrole par l’énergie nucléaire à peu

673 r la politique économique avec l’image de l’homme à laquelle nous aspirons et les conditions politiques que nous souhaito

674 raiment libres non point parce qu’elles appellent à la révolte mais parce qu’elles se veulent responsables et qu’elles ou

675 aire, créerait des dizaines de milliers d’emplois nouveaux . Cet argument qui a l’avantage d’être vrai et sérieux, devrait être r

676 ans relâche et avec tous les chiffres nécessaires à l’appui, d’ici la votation populaire sur l’initiative confiant les dé

677 lles résoudraient la « tension sur l’emploi ». À quelle croissance aspirons-nous ? II. On présente les écologistes

678 pprouve totalement et avec joie la réponse donnée à cette question à la page 180 : « Par croissance qualitative, nous ent

679 t et avec joie la réponse donnée à cette question à la page 180 : « Par croissance qualitative, nous entendons une offre

680 conomique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est entendue, elle est perdue. Quand les

681 t les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’emprise universelle des États-nations, c’est-à-dire les r

682 Rougemont Denis de, « Le choix du siècle », Panda nouvelles , Genève, novembre 1978, p. 5-6. ah. Présenté par la notice suivante 

683 complet du discours de D. de Rougemont, prononcé à Berne lors de la conférence de presse où fut présentée notre Concepti

684 nception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléai

685 ous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que jamais, décider démocratiquement des affaires de n

686 inédite et la bibliographie du sujet se réduisait à quelques dizaines de volumes et à quelques centaines d’études, brochu

687 et se réduisait à quelques dizaines de volumes et à quelques centaines d’études, brochures et articles15. Dans les milieu

688 ntifiques officiels, dispensateurs de subventions à la recherche, on estimait le sujet purement spéculatif, voire « trop

689 timait le sujet purement spéculatif, voire « trop nouveau  » comme on nous le signifia, donc dépourvu de sérieux scientifique. A

690 scientifique. Aujourd’hui c’est le raz-de-marée, à tous égards : des centaines de volumes et des milliers d’études prépa

691 puis de l’axe rhodanien, sur l’arc alpin de Nice à Trieste, à cheval sur les Pyrénées, enfin dans le Grand Nord scandina

692 axe rhodanien, sur l’arc alpin de Nice à Trieste, à cheval sur les Pyrénées, enfin dans le Grand Nord scandinave. Une qua

693 recueil que nous présentons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en effet d’une région dont la formul

694 et d’une région dont la formule se prête le mieux à la généralisation, et qui a été le lieu et l’occasion d’une origine c

695 s : 1. Cette région se trouve être une des rares, à ce jour, qui ne se définisse pas en termes d’ethnie, de conflit de la

696 ato-nationale, — frontière qui ne correspond plus à rien d’utile mais qui gêne tout, sauf la libre circulation des nuisan

697 érêt historique d’avoir été la première en Europe à se faire doter par convention entre les gouvernements intéressés d’un

698 a été la première, et demeure la seule jusqu’ici, à passer outre à l’un des tabous de la souveraineté nationale absolue.

699 re, et demeure la seule jusqu’ici, à passer outre à l’un des tabous de la souveraineté nationale absolue. C’est en effet

700 la souveraineté nationale absolue. C’est en effet à l’initiative du gouvernement de la République et canton de Genève qu’

701 de Genève qu’une part importante des impôts payés à Genève par les quelque 24 000 travailleurs frontaliers venant chaque

702 dence par l’État de Genève — lequel renonce ainsi à exercer l’un des droits principaux indicatifs de la souveraineté état

703 out, ou pas encore, comme ce qu’il est en vérité, à savoir l’ouverture d’un long processus de renaissance communautaire d

704 occidentale qui se verrait enfin capable d’offrir à un tiers-monde jusqu’ici fasciné par la seule croissance industrielle

705 liensis) qui s’est formée autour du coude du Rhin à Bâle, et qui englobe le Haut-Rhin français, une partie du pays de Bad

706 de l’Euregio qui unit de part et d’autre du Rhin, à la hauteur d’Arnhem, des districts néerlandais et allemands, dans l’i

707 ême, de « bâtir un morceau d’Europe unie ». Quant à la région Sarre-Lorraine-Luxembourg, elle n’attend plus que sa forme

708 onale gouvernementale. Que tout cela ait commencé à Genève n’est peut-être pas sans relation avec les recherches entrepri

709 nnes. Sur la base de cours et de séminaires tenus à l’IUEE dès 1966, plusieurs groupes de recherches sociologiques, écono

710 ion plus restreinte, le champ d’opération assigné à la Commission franco-suisse et à ses comités de travail. Dans le mêm

711 pération assigné à la Commission franco-suisse et à ses comités de travail. Dans le même temps, la Conférence des pouvoi

712 régionaux, qui a son siège au Conseil de l’Europe à Strasbourg, convoquait la première « Confrontation des régions fronta

713 onfrontation des régions frontalières » en 1972 — à laquelle notre Institut fut étroitement associé et dont notre bulleti

714 ports et les résolutions. D’autres manifestations à Salzbourg, Galway et Bordeaux n’ont cessé d’élargir le champ d’action

715 e des régions. J’ose croire que les travaux menés à Genève sous la conduite quotidienne de Charles Ricq, avec la rigueur,

716 udes européennes. L’aperçu bibliographique (p. 69 à 78) mentionne 80 titres de volumes, une centaine d’études, mais cinq

717 organisée par la CEE et a donné lieu depuis lors à une très abondante littérature, il n’en va pas de même pour le problè

718 ologie internationale de Gorizia en 197220. Objet nouveau pour la recherche, qui ne peut être repéré d’abord, puis éventuelleme

719 he même et sa définition ; réalité qui est encore à construire et sur laquelle n’existe, à notre connaissance, aucune étu

720 est encore à construire et sur laquelle n’existe, à notre connaissance, aucune étude fondamentale et systématique, la rég

721 vide : elle a faim de réalités (chiffrées ou non) à déchiffrer, à brasser et réordonner, et finalement à composer en un m

722 faim de réalités (chiffrées ou non) à déchiffrer, à brasser et réordonner, et finalement à composer en un modèle virtuell

723 échiffrer, à brasser et réordonner, et finalement à composer en un modèle virtuellement « opérateur » ou directeur. Il f

724 e, la Belgique, le Luxembourg, l’axe rhénan jusqu’ à Bâle ; mais aussi le long des Alpes, de Genève à Menton-Ventimiglia,

725 ’à Bâle ; mais aussi le long des Alpes, de Genève à Menton-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait q

726 s, de Genève à Menton-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait que les données du problème général de

727 els ; obstacles multipliés, légaux et financiers, à l’éducation scolaire aux trois degrés et à la formation professionnel

728 ciers, à l’éducation scolaire aux trois degrés et à la formation professionnelle ; tout cela définit le problème des régi

729 lles-mêmes, nous y reviendrons). 3. L’État-nation à souveraineté illimitée dans ses frontières fixes apparaît donc l’obst

730 frontières fixes apparaît donc l’obstacle décisif à la construction des régions destinées à lui succéder. Or, cet État-na

731 e décisif à la construction des régions destinées à lui succéder. Or, cet État-nation ne correspond plus aux réalités du

732 is trop petit pour jouer un rôle au plan mondial ( à deux exceptions près sur 160 États), et trop grand pour animer la vie

733 ie réelle de ses communes ou même de ses régions ( à l’exception du Luxembourg, de Malte, d’Andorre, du Liechtenstein et d

734 États européens sauf la Suisse, puis par tous les nouveaux États au xxe siècle, consiste dans la prétention d’imposer une front

735 ion d’imposer une frontière physique et une seule à des réalités aussi hétérogènes en substance, en étendue et en qualité

736 al. Vouloir imposer une frontière fixe et commune à des réalités aussi diversement mouvantes est un projet théoriquement

737 riquement indéfendable et qui ne s’est réalisé qu’ à la faveur des guerres modernes et de leurs « levées en masse », dès l

738 sation générale de toutes les forces de la nation à partir d’un centre unique, capable de tout uniformiser et mettre en u

739 l’alternative est simple : ou bien l’on persiste à vouloir faire rentrer dans le lit de Procuste des États-nations les r

740 ionales, physiques et humaines ; ou au contraire, à partir des régions, on tente d’élaborer des modèles nouveaux de commu

741 rtir des régions, on tente d’élaborer des modèles nouveaux de communauté. La seconde possibilité étant ouverte ou suggérée par l

742 C’est aussi et surtout l’impuissance des citoyens à décider de leurs destins, à intervenir dans les processus de décision

743 uissance des citoyens à décider de leurs destins, à intervenir dans les processus de décision concernant leur existence q

744 réelle. Ceci, qui est capital, doit nous conduire à éliminer les définitions technocratiques, voire étatiques de la régio

745 le Centre est un leurre. Elle ne vise en fait qu’ à augmenter l’efficacité du Centre dans les régions où il implante ses

746 ù il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notre avis, de partir des réalités locales et de constituer des pouvo

747 t la Lombardie) et ont pu sembler parfois réduire à cela le problème régional. Mais qui jugera de « l’égalité » (ou équiv

748 es inégalités économiques doivent être maintenues à tout prix, mais seulement que la définition d’une région par ses prob

749 suffisante. c) La grande presse s’occupe de temps à autre, à l’occasion d’attentats, de plasticages, d’occupations de pré

750 e. c) La grande presse s’occupe de temps à autre, à l’occasion d’attentats, de plasticages, d’occupations de préfectures,

751 . Les partis ethniques en viennent nécessairement à revendiquer des villes et territoires qui ne sont pas (ou qui ne sont

752 donc être question de régions qui reproduiraient à une échelle réduite les absurdités de l’État-nation, de régions qui t

753 dités de l’État-nation, de régions qui tendraient à se constituer en mini-États-nations souverains et dotés, qui sait, de

754 iés de l’existence européenne, du revenu par tête à la vitalité culturelle en passant par le nombre de téléphones, d’auto

755 lle des ethnicistes. Nous les avons renvoyées dos à dos dans les remarques précédentes. Partant de l’hypothèse de régions

756 ord quelles sont, parmi les fonctions nécessaires à la vie d’une communauté de type européen, celles qui souffrent le plu

757 ui souffrent le plus du fait de la frontière, ou, à plus proprement parler, du fait de la bi- ou tripartition d’un virtue

758 t dans l’Ain et la Haute-Savoie, mais travaillant à Genève, qui a éveillé chez les Genevois comme chez leurs voisins la c

759 ous-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’ à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la rai

760 e plus en plus la nuisance. Paradoxalement, c’est à partir des difficultés créées par « les frontaliers » (notamment dans

761 sses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission régionale transfrontalière reconnue

762 ternationale qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs isolés, r

763 e qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs isolés, risquent bie

764 hercheurs isolés, risquent bien de ne pas suffire à enrayer le mal avant le point de non-retour. Les mêmes considérations

765 16 pour le moment, en prolongeant la région jusqu’ à Saint-Étienne à l’ouest, Besançon au nord, Aoste à l’est)22 invite à

766 t, en prolongeant la région jusqu’à Saint-Étienne à l’ouest, Besançon au nord, Aoste à l’est)22 invite à imaginer la rich

767 Saint-Étienne à l’ouest, Besançon au nord, Aoste à l’est)22 invite à imaginer la richesse des possibilités de coopératio

768 ’ouest, Besançon au nord, Aoste à l’est)22 invite à imaginer la richesse des possibilités de coopération qu’ouvrirait l’o

769 cette nouvelle région fonctionnelle contribuerait à former la conscience d’une entité transfrontalière réunissant la Fran

770 eigne la région, convainc de sa nécessité, répond à la question du pourquoi des régions, en partant de ce que tout un cha

771 tato-nationale du lit de Procuste, on est conduit à reconnaître que chaque région doit avoir pour extension spatiale le t

772 t ensemble, qui « s’abonneront » en quelque sorte à la fonction (de main-d’œuvre, d’échanges agricoles, d’enseignement, d

773 ense le citoyen moyen, quelle est la vraie région à laquelle je me rattache ? Les notions et concepts les plus simples on

774 ) et les plans d’architectes visionnaires (Ledoux à Besançon, Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds) ? Pour nous, la « vraie »

775 tes visionnaires (Ledoux à Besançon, Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds) ? Pour nous, la « vraie » région sera celle où se

776 elle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question cruciale de la politique régionale proprement dite, à cel

777 uciale de la politique régionale proprement dite, à celle des arbitrages, des orientations globales, des attributions et

778 oblème vraiment neuf du gouvernement d’une région à territoire variable selon les fonctions sollicitées. III.am Systèm

779 vrai que le problème des régions ne s’est posé qu’ à partir du moment où s’est ouvert un horizon européen — le Conseil de

780 es (Direction générale de la politique régionale, à la CEE, Commission des pouvoirs locaux et régionaux au Conseil de l’E

781 rtains cas mondial (pollution des mers, atteintes à la couche d’ozone, matières premières en voie d’épuisement, satellite

782 nations européens — URSS non comprise — est de 89 à 93 ans, selon que l’on tient compte ou non, négativement, de la suppr

783 pression des trois États baltes. 22. La création à Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien

784 es en succession précipitée, si curieusement liée à l’ère bourgeoise dans l’histoire de notre culture européenne qui avai

785 it « la rhétorique profonde ». Et nous commençons à comprendre à la lumière des archétypes de C. G. Jung la réalité des «

786 es de l’âme et de l’affectivité. Et ces créations à leur tour vont gouverner nos sensibilités. « Combien d’hommes seraien

787 mythe médiéval de Tristan qui a « parlé d’amour » à l’Europe puis à l’Occident tout entier, du xiie siècle des troubadou

788 e Tristan qui a « parlé d’amour » à l’Europe puis à l’Occident tout entier, du xiie siècle des troubadours et du Roman b

789 siècle des troubadours et du Roman breton jusqu’ à Wagner. C’est par lui que la passion est entrée dans nos mœurs, envoû

790 cs, dès la Renaissance : de l’Orfeo de Monteverdi à l’Orphée de Gluck, en passant par toutes les Médée, les Ariane et les

791 ôt des mythes celtiques du King Arthur de Purcell à Parsifal. Et plus tard renaîtront les mythes germaniques, Siegfried,

792 lacer le sacré par la science, rationaliste jusqu’ à la profanation, hédoniste jusqu’à la provocation devant la mort. Don

793 ionaliste jusqu’à la profanation, hédoniste jusqu’ à la provocation devant la mort. Don Juan autant que Faust sera son hér

794 de la passion — il est l’autre sommet de l’opéra. À la chanson d’aube de Brangaine qui du haut de la tour avertit les ama

795 ent des pouvoirs mythiques par la vertu du genre, à l’insu de leurs auteurs ? Beau sujet de recherches, et le meilleur pr

796 mour, de la danse et du rêve. Tout ce qui échappe à la technologie, et qu’elle tend à éliminer. Le xxe siècle n’a pas su

797 ce qui échappe à la technologie, et qu’elle tend à éliminer. Le xxe siècle n’a pas su produire à l’expression un mythe

798 nd à éliminer. Le xxe siècle n’a pas su produire à l’expression un mythe nouveau. « La musique savante manque à notre dé

799 iècle n’a pas su produire à l’expression un mythe nouveau . « La musique savante manque à notre désir » (Rimbaud). Mais l’opéra,

800 ion un mythe nouveau. « La musique savante manque à notre désir » (Rimbaud). Mais l’opéra, impatiemment interrogé par la

801 (1979)ao « Mes désirs construisent et tendent à me faire ce qui me plaît exactement. » Paul Valéry Parmi les droits

802 sant l’occasion d’un jubilé qui pouvait le porter à l’indulgence — d’autant que nous étions de la même année —, j’avais s

803 rouvent être transfrontalières. Et l’on est amené à constater que, confrontés aux problèmes qui s’y posent, les États-nat

804 s aux problèmes qui s’y posent, les États-nations à tout coup bloquent les solutions de bon sens. C’est qu’il s’agit, pou

805 et de leur problématique commune. Elles demandent à s’autogérer, et voient bien qu’elles devraient se fédérer à cette fin

806 rer, et voient bien qu’elles devraient se fédérer à cette fin. Qui pourrait les retenir de le faire ? Les États-nations s

807 totalitaires, comme aucun, jusqu’ici, ne l’a osé à l’Ouest. Le problème reste donc de savoir à quel moment et sous quell

808 a osé à l’Ouest. Le problème reste donc de savoir à quel moment et sous quelle forme l’État-nation pourrait se voir contr

809 s qui naissent sur notre continent : du Schleswig à Bâle par la Frise et la vallée du Rhin ; du Léman à la Méditerranée e

810 Bâle par la Frise et la vallée du Rhin ; du Léman à la Méditerranée et de Munich à Gorizia sur l’arc alpin. Et je voyais

811 du Rhin ; du Léman à la Méditerranée et de Munich à Gorizia sur l’arc alpin. Et je voyais plus loin le pays de Galles, la

812 assemblées, si elles s’entendent, de faire appel à des compétences reconnues dans les domaines économique, écologique, é

813 afin de concerter les options politiques propres à sauvegarder les mouvants équilibres entre l’homme, la cité et la natu

814 ne saura peut-être pas, c’est qu’elle sera faite à l’image de la Suisse, avec ses départements fédéraux dont les chefs,

815 orte.) Et je me demande ce qui pourrait s’opposer à ce qu’il devienne vrai ? Ce n’est pas trop difficile à préciser. Supp

816 qu’il devienne vrai ? Ce n’est pas trop difficile à préciser. Supposons des régions organisées, et des agences fédérales,

817 pouvoirs locaux et la population se disent prêts à les appliquer. Mais les préfets d’un côté, les ministères de l’autre

818 e fédération, mais qui sont beaucoup plus faciles à conquérir que les grandes décisions d’abandons de souverainetés, peut

819 e, qui sont très simples : le droit de la commune à cotiser au syndicat régional de l’environnement, des transports ou de

820 rès haut, aller sous l’eau et sur la lune, parler à grande distance, tuer de même et sans risques, voir ce qui n’est pas

821 té physique résiste encore, pour des raisons tout à fait claires : elle serait pour notre société déjà menacée par l’expl

822 ns dix ans, dans vingt ans, que c’était si facile à prévoir : tout ce qui était raisonnable y conduisait… (décembre 1976)

823 nomie et pour la recherche atomique existent déjà à Bruxelles (CEE) et à Genève (CERN). Elles sont intergouvernementales.

824 erche atomique existent déjà à Bruxelles (CEE) et à Genève (CERN). Elles sont intergouvernementales. Des agences privées

825 ucation (Paris) et de l’environnement (Bonn), dus à l’initiative de la Fondation européenne de la culture. ao. Rougemon

826 éciproquement. Ce consensus, cet accord préalable à tout contrat sincère, fondé sur le seul consentement des parties, n’a

827 — et comment vont-elles orienter les moyens aptes à les rejoindre ? Ceci pose la question des vertus civiques. 4. Le fédé

828 lières. De là procèdent les vertus qui composent, à l’insu de nos contemporains, l’éthique du fédéralisme, c’est-à-dire d

829 au-delà de toute comparaison il ait sa vie unique à vivre, tandis que j’ai la mienne à vivre pour être moi, pour le deven

830 sa vie unique à vivre, tandis que j’ai la mienne à vivre pour être moi, pour le devenir. C’est à partir de cette accepta

831 evenir. C’est à partir de cette acceptation, mais à partir d’elle seulement, que peut s’instituer une solidarité qui ne s

832 r une solidarité qui ne soit pas réduction forcée à l’uniforme ; qui ne soit pas alignement et mise au pas. Dans le fait

833 mes de toute l’Humanité. Je connais mon semblable à ce qu’il a comme moi pour tâche essentielle d’être soi. Dans la mesur

834 la société, en tant qu’humaine, est de permettre à chacun de devenir soi-même, c’est-à-dire de passer de l’état naturel

835 e la personne isolée par sa vocation, mais reliée à la communauté par les conditions mêmes de l’exercice concret de cette

836 min vers le Réel, c’est-à-dire vers le But commun à tous les hommes de tous les temps : « Dieu », l’Absolu, le Sens, la F

837 l’homme est animal conscient. Ce chemin commence à mes pas et ce sentier n’existe, en fait, que pour autant que j’ai le

838 a définition de la foi. « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » (Ps. CXIX, 105). Troisiè

839 ecter les différences et pousser ce respect jusqu’ à la reconnaissance du droit à la différence de chaque personne, c’est

840 ser ce respect jusqu’à la reconnaissance du droit à la différence de chaque personne, c’est pratiquement exiger des Pouvo

841 est pratiquement exiger des Pouvoirs l’adaptation à chaque cas personnel des lois et règlements de l’État : angoisse pure

842 onnaît pas encore l’ordinateur. Je disais un jour à Louis Armand, grand ingénieur, grand humaniste, directeur des chemins

843 e fer français et premier président d’Euratom, qu’ à mon sens le fédéralisme c’était le personnalisme plus les ordinateurs

844 e dit-il, je vous en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça ! » Relevons que la complexité et l’amour de la com

845 voir ce qu’on veut, pas de compromis ! etc., mène à la guerre par une logique inévitable. Quatrième vertu : le respect

846 se proclament réalistes et ne tendent en fait qu’ à imposer leur schéma au réel : Machiavel, Jean Bodin, Hobbes, Saint-Si

847 usius. À vrai dire, ces idéologies sont réalistes à leur manière, en ce sens qu’elles prônent toutes la prédominance de l

848 ur l’homme et qu’elles en indiquent les recettes. À y regarder de près, cependant, on s’aperçoit que les « réalistes » de

849 sme véritable, dans les années 1980, va consister à se laisser guider par les conditions concrètes de survie de l’humanit

850 naux, de la Société. Le « réalisme » nous conduit à la guerre, mais la survie du genre humain dépendra du respect du réel

851 ns : voir les frontières de 100 ou 300 km tracées à la règle au travers des déserts mais aussi d’anciens empires et royau

852 congrès internationaux, de celui d’Utrecht (1715) à celui d’Helsinki (1976) décident emphatiquement de déclarer intouchab

853 rés, éternels… Le véritable réalisme consisterait à se laisser guider par le relief des choses et non par la logique des

854 nce, dans l’abandon au règne de l’amour, toujours à venir. Sixième vertu : l’humour Il m’est arrivé d’écrire, en pl

855 us sont antifédéralistes avec fureur. (C’est même à cela qu’on peut juger de leur qualité de dictateur.) Or tous sont dép

856 indre sens de l’humour. Il y a lieu de souligner, à ce propos, que le sens de l’humour est une forme de cet esprit de tol

857 la première vertu fédéraliste, en ceci qu’il tend à désarmer la violence, à ralentir les réflexes instinctifs de rejet, à

858 liste, en ceci qu’il tend à désarmer la violence, à ralentir les réflexes instinctifs de rejet, à substituer le regard am

859 ce, à ralentir les réflexes instinctifs de rejet, à substituer le regard amusé au regard qui voudrait fusiller l’adversai

860 , n’eurent pas le pouvoir de lever l’impôt, sinon à titre exceptionnel pour contribuer à couvrir les frais d’une campagne

861 impôt, sinon à titre exceptionnel pour contribuer à couvrir les frais d’une campagne ; et qu’ils ne purent jamais institu

862 ontrainte ? Mais de quelle nature ? Et s’exerçant à quel niveau ? Rien de comparable en tout cas aux pouvoirs policiers o

863 écrit dans sa Querela Pacis : « Le tyran cherche à inspirer la crainte, le roi l’affection. » La maxime de Pompidou, lue

864 heureusement qu’une seule forme de gouvernement, à savoir la tyrannie. Le tyran dit, sans équivoque : sic volo, si jubeo

865 me totalitaire. Mais Érasme, en son temps, tenait à contraster la tyrannie nécessairement païenne, avec « la souveraineté

866 eune. La maxime de contrainte ne peut conduire qu’ à la dissolution de toute communauté, parce qu’elle exclut en fait et p

867 fédérer, c’est-à-dire indiquer des fins communes à des unités autonomes, — ces fins pouvant d’ailleurs être à court ou l

868 tés autonomes, — ces fins pouvant d’ailleurs être à court ou long terme, mais devant être orientées constamment vers cett

869 tte unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’hui. D’Éphèse à la forêt de Brocéliand

870 ne à tous les Européens d’aujourd’hui. D’Éphèse à la forêt de Brocéliande Dès l’aube de la philosophie qui définit l

871 agment 92, trad. Simone Weil.) De ce temps jusqu’ à nous, tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de

872 e Weil.) De ce temps jusqu’à nous, tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre histoire : l’ant

873 social qui appelle les tyrans. Rome, en réponse à ce défi, invente l’État (status : le stable) et ses institutions cent

874 la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’ à l’irrémédiable Ennui, malgré plus de deux-cents jours fériés sous Dio

875 isme apporte alors un troisième monde de valeurs. À la morale de la mesure comme à celle de la raison utilitaire, l’Évang

876 monde de valeurs. À la morale de la mesure comme à celle de la raison utilitaire, l’Évangile oppose les élans de l’amour

877 la Table ronde, joue dès lors un rôle comparable à celui de la tragédie grecque et de la Bible judéo-chrétienne : grands

878 e l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des troubadours du xiie siècle. T

879 entretiennent, beaucoup sont tentés d’en conclure à la nécessité d’une unification culturelle imposée, comme préalable à

880 e unification culturelle imposée, comme préalable à toute union politique. Formés par les manuels scolaires et leurs stér

881 mes civiques, qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moins assez consistante pour s

882 moins assez consistante pour servir de fondement à une éventuelle union politique. Sur quoi, tout en restant sur le plan

883 mière définition de l’Europe. Rien de plus commun à tous les Européens que leur goût de différer les uns des autres, de s

884 voisin, de cultiver chacun sa singularité, jusqu’ à y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait-il pas cet homme étrang

885 rant les siècles de l’Absolutisme — de la Réforme à la Révolution — les phénomènes de diversifications nationales : en 15

886 790, la Constituante décide de faire traduire les nouvelles lois, rédigées en français de Paris, dans les langues usitées en Bret

887 . Quatre ans plus tard, la commune de Paris règne à la place du roi qu’elle a tué. Barère déclare à la Convention, le 27

888 e à la place du roi qu’elle a tué. Barère déclare à la Convention, le 27 janvier 1794 : « La langue française doit être l

889 plus de la moitié de la population) ils n’ont qu’ à retourner à l’école. Les résultats culturels de cette imposition d’un

890 moitié de la population) ils n’ont qu’à retourner à l’école. Les résultats culturels de cette imposition d’uniformité par

891 force — qui est ici Bonaparte — ne tarderont pas à se manifester : tout ce qui porte encore un nom de créateur quitte la

892 aujourd’hui redoutent qu’une Europe fédérée fasse à leur France et à sa culture nationale ce que celle-ci fit jadis à ces

893 tent qu’une Europe fédérée fasse à leur France et à sa culture nationale ce que celle-ci fit jadis à ces propres national

894 à sa culture nationale ce que celle-ci fit jadis à ces propres nationalités. Mais ils se trompent doublement : sur le se

895 aison que la culture en Europe a précédé de mille à deux-mille ans le phénomène stato-national. J’avais tort en ceci que

896 tion français a imposé un certain accent parisien à la culture dans l’Hexagoneaq. C’est au prix d’un appauvrissement très

897 ue et du Hochdeutsch dans les pays germanophones. À cela se borne la réalité des « cultures nationales ». Elles n’existen

898 an, puis les cités rhénanes et flamandes, de Bâle à Bruges, mais aussi Tolède et Poitiers, Oxford et Prague ; plus tard G

899 urope, du sud au nord par l’axe rhénan, du Centre à l’Est, et à l’Ouest ibérique, comme l’ont fait l’art roman, le gothiq

900 d au nord par l’axe rhénan, du Centre à l’Est, et à l’Ouest ibérique, comme l’ont fait l’art roman, le gothique, le class

901 e, l’art abstrait… Tous ces mouvements illustrent à l’évidence l’irréalité des frontières mais la réalité des foyers régi

902 tre époque a fourni deux illustrations mémorables à ces règles tout empiriques. Je veux parler de Vienne et de Paris, foy

903 rands courants de pensée et d’art du xxe siècle. À la faveur de la coutume fédéraliste qui anime l’Empire austro-hongroi

904 à la fois régionale et cosmopolite. Il en résulte à Vienne une floraison d’écoles qui influencera et transformera le sièc

905 ont les seuls noms de Kafka et de Rilke suffisent à rappeler l’importance : ils caractérisent une époque. Dans le même te

906 ds peintres et sculpteurs venus de toute l’Europe à Montmartre puis à Montparnasse : Picasso et Miro, Chirico et Modiglia

907 lpteurs venus de toute l’Europe à Montmartre puis à Montparnasse : Picasso et Miro, Chirico et Modigliani, Max Ernst et H

908 ersion imprimée sur la base du manuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel.

909 t son souverain lui-même qui tentait de le forcer à adopter le modèle occidental, donc en fait à s’autocoloniser. En 1925

910 rcer à adopter le modèle occidental, donc en fait à s’autocoloniser. En 1925, le général Riza Shah renverse la dynastie d

911 eu timide et renfermé, qui a été élevé en Suisse, à l’École du Roseyat. L’Europe et l’Amérique sont pour lui le modèle in

912 urs de pétrole. La politique du shah va consister à négocier des milliards de barils contre l’industrialisation de son pa

913 son pays. Les ministres européens se précipitent à Téhéran, où se sont installés déjà des centaines d’hommes d’affaires

914 lui beaucoup de pétrole, mais surtout une digue ( à surveiller sans relâche) contre l’expansion russe vers le golfe Persi

915 inent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire que matériels et chiffrables obéissant aux calculs de la p

916 d’un colloque qui se tenait, le week-end dernier, à Genève, le philosophe et théologien allemand Georg Picht nous rappela

917 use de la Perse, ils auraient probablement hésité à prendre les risques qui sont devenus manifestes au cours de ces derni

918 que la succession du prophète a passé en réalité à son gendre Ali, mari de sa fille Fatima, et par lui aux 11 imams ou c

919 ams ou chefs spirituels qui se sont succédé jusqu’ à l’époque moderne — mais le douzième imam est l’imam caché, non encore

920 l’imam caché, non encore révélé, comme un messie à venir. Le chiisme, majoritaire en Iran, l’est aussi en Irak et joue u

921 iban, au Pakistan, en Inde. De lui s’est détaché, à partir du septième imam, l’ismaélisme dont Karim Aga Khan est le chef

922 compte environ 12 millions de fidèles, de l’Iran à l’Indonésie.) L’autre branche de l’islam est le sunnisme, majoritaire

923 t que, dans le chiisme, le fidèle n’est pas livré à lui-même, mais demeure en contact étroit avec les mollahs, desservant

924 et politiques et jouent ainsi un rôle comparable à celui du clergé orthodoxe en Grèce occupée par les Turcs : mainteneur

925 vie siècle, condamne et rejette comme contraires à la vérité coranique. La première mesure prise par le gouvernement Bak

926 dont nous allons être témoins. Si l’URSS parvient à manipuler les éléments antireligieux, surtout dans le Nord du pays, i

927 dentale par un peuple du tiers-monde qui retourne à l’islam traditionnel. » at. On a corrigé l’original (« Rosay ») faut

928  Quand nous éprouvons quelque chose qui ressemble à ce que décrivent vos romans, me confiait un ami hindou, tout ce que n

929 ns ne nous ont rien laissé qui se puisse comparer à Tristan ni à Werther, à Novalis, ni aux chefs-d’œuvre des Brontë, de

930 t rien laissé qui se puisse comparer à Tristan ni à Werther, à Novalis, ni aux chefs-d’œuvre des Brontë, de Thomas Hardy,

931 sé qui se puisse comparer à Tristan ni à Werther, à Novalis, ni aux chefs-d’œuvre des Brontë, de Thomas Hardy, de Tolstoï

932 vérifiables et contradictoires selon la personne à qui l’on s’adresse, les réalités que l’on choisit d’observer, et la d

933 ration humaine. Il est la liberté même. (Et quand à ceux qui croient que c’est la haine qui libère, ils croient aussi san

934 ion connue. Les tabous inviolables ont fait place à des préjugés bien débiles. D’une manière générale, les sanctions dans

935 l sont négligeables parmi nous, si on les compare à celles qu’entraîne la simple tentative de traverser une frontière san

936 n problème sérieux. ⁂ La réaction nommée écologie à l’agression technologique contre la vie et l’affectivité : telle fut

937 y a exactement quarante ans (mars 1939), j’ai eu à répondre à une bonne douzaine d’interviews sur ce thème précis : seul

938 ment quarante ans (mars 1939), j’ai eu à répondre à une bonne douzaine d’interviews sur ce thème précis : seuls les deux

939 ysique, Agapè pour l’amour qui veut faire du bien à l’autre. En chinois, le mot amour n’existe pas. Deux idéogrammes supe

940 siècle : si l’Europe ne se fait pas, nous allons à la catastrophe, non seulement européenne, mais mondiale. Pour cette r

941 res peuples de la terre qu’ils devaient l’imiter. À tort… Car, ce modèle de civilisation européen et industriel, fondé su

942 tante. Une utopie totale ! Ça durera bien jusqu’ à ma retraite ! Nous le savons, il n’y aura pas assez de magnésium,

943 « Après moi le déluge ! ». « Ça durera bien jusqu’ à ma retraite ! » comme a dit un jour un fonctionnaire du Conseil fédér

944 Ou alors ils disent « qu’il faut faire confiance à l’infinie ingéniosité de l’homme ». Mais c’est un constat de démissio

945 nger pressant, se contenterait de faire confiance à l’infinie ingéniosité de l’esprit humain ? Devant les risques à peu p

946 éenne : un contexte de civilisation devenu commun à toute l’humanité. Puisque son modèle industriel qui a été imité par l

947 été imité par le reste du monde nous conduit tous à l’impasse absolue, l’Europe se doit à nouveau de donner l’exemple. En

948 ur la perspective d’un développement indéfini. À l’image de ce qui attend les Russes blancs ! Quand il parle de l’E

949 re cette prétention du Marché commun de Bruxelles à s’appeler l’Europe. Lorsqu’on parle de l’Europe, il faut entendre l’E

950 triplera. D’où une rupture d’équilibre complète. À l’image de ce qui attend l’Union soviétique ou la proportion des Russ

951 s Russes blancs va diminuer très rapidement d’ici à l’an 2000 par rapport aux populations des républiques islamiques dont

952 Inévitablement donc, la proportion des blancs à haut niveau de vie va diminuer rapidement par rapport aux populations

953 e dise de gauche ou de droite, c’est une évidence à laquelle il faut que nous nous fassions. Du coup également, les besoi

954 1980, autrement dit dès maintenant. Ceci « Jusqu’ à ce que l’excès de population soit corrigé par la nature ». (Voyez l’h

955 on soit corrigé par la nature ». (Voyez l’horreur à laquelle on arrive !) Ou, à moins que des quantités énormes de nourri

956 e ». (Voyez l’horreur à laquelle on arrive !) Ou, à moins que des quantités énormes de nourriture puissent être apportées

957 e l’alimentation du monde. Un monopole équivalent à celui des pays arabes pour le pétrole. Il sera tentant pour les Améri

958 entant pour les Américains d’user de cet avantage à des fins politiques, d’autant plus que l’URSS restera leur client le

959 ut qu’elle le fasse. Le tiers-monde ne commencera à la croire que si elle montre l’exemple réalisé d’une autre société, à

960 lle montre l’exemple réalisé d’une autre société, à partir d’un autre modèle de développement que celui qu’elle a répandu

961 dée d’une union des pays d’Europe est dans l’air… À chaque génération des hommes l’ont rêvée : de Dante à Victor Hugo… Il

962 aque génération des hommes l’ont rêvée : de Dante à Victor Hugo… Il faut maintenant passer à sa réalisation, dit Denis de

963 de Dante à Victor Hugo… Il faut maintenant passer à sa réalisation, dit Denis de Rougemont. Le moment est venu où il faut

964 onde ! Fatal, finalement, que cela ne conduise qu’ à des guerres. Çà et là, on a essayé de dépasser ces souverainetés nati

965 rs : le matérialisme au fond domine nos sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn… Les États

966 rialisme au fond domine nos sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn… Les États-nations con

967 nd domine nos sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn… Les États-nations condamnés ! Al

968 os sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn… Les États-nations condamnés ! Alors, quel m

969 Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn… Les États-nations condamnés ! Alors, quel modèle pour l’E

970 s souverainetés nationales ne peuvent résister ni à la colonisation économique des États-Unis, ni lutter contre une inter

971 maintenir la valeur de la monnaie… Ni faire face à leurs besoins allégués en énergie sans menacer l’environnement et s’o

972 menacer l’environnement et s’opposer par la force à l’exercice des droits démocratiques. Ni prévenir, ni guérir la pollut

973 européens… Mais, j’en conviens, l’essentiel reste à faire… C’est-à-dire l’Europe politique. Sur ce point non plus, il n’y

974 ricide ! • Deux : les pays qui veulent s’associer à la nouvelle Europe ne le peuvent qu’à la condition d’être des démocra

975 s’associer à la nouvelle Europe ne le peuvent qu’ à la condition d’être des démocraties. Le jour où la Grèce, le Portugal

976 rois dictatures, ces trois pays ont été candidats à l’Europe. Automatiquement. Avec toutes les nuances qu’il faudrait int

977 uragement tout au long de ces dernières années. « À force d’avoir dit : “unissons-nous, unissons-nous”, on finissait par

978 douter… » Mais l’espoir est revenu : « Des forces nouvelles nous appuient du côté des écologistes, des régionalistes ! ! » Éco

979 il. L’une est condition de l’autre : On s’est mis à parler de régions en Europe à partir du moment où l’on a évoqué l’idé

980 utre : On s’est mis à parler de régions en Europe à partir du moment où l’on a évoqué l’idée d’une grande fédération euro

981 suadé que les régions se développeront réellement à partir du moment où les États-nations auront accepté quelque chose de

982 ur être administrée, correctement et humainement, à partir d’un seul centre. De Gaulle, je pense, l’avait parfaitement co

983 sait-il dans les jours qui précédèrent le scrutin à son secrétaire Jean Mauriac. Mais moi, ajoutait-il, j’aurai au regard

984 l sait que l’Europe n’est pas la solution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés en cette fi

985 ajoute-t-il… L’Europe unie ne peut avoir réponse à tout, mais les souverainetés nationales ne peuvent plus avoir réponse

986 rainetés nationales ne peuvent plus avoir réponse à rien. aw. Rougemont Denis de, « [Entretien] Nous subsisterons uni

987 ue nous ne saurions trop vous recommander de lire à la veille des élections européennes. Aux éditions Stock..

988 urope unie ne serait qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’elle ne soit au contraire un projet de réalistes cyniques, t

989 l’Asie », comme disait Valéry. Or il se trouve qu’ à la veille d’une date capitale de notre histoire : la première électio

990 que incroyable, le Centre européen de la culture, à Genève, a formé un groupe de travail où sociologues, éducateurs, écon

991 augmente de 3 % par an. La proportion des Blancs à haut niveau de vie diminue donc rapidement dans l’ensemble de l’human

992 e. Tout conduit donc l’humanité, inéluctablement, à la guerre nucléaire, après une brève période de crises violentes, éco

993 iques, sociales ou politiques, voire religieuses. À ces crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut

994 ou politiques, voire religieuses. À ces crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul.

995 s nationales » ne peuvent en fait : — ni résister à la colonisation économique par les USA ; — ni repousser une intervent

996 tenir la valeur de leur monnaie ; — ni faire face à leurs besoins allégués en énergie sans menacer des centaines de milli

997 e la famine et la désertification. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’est plus en mesure d’accomplir l

998 traditionnels de tout État. Faute de concertation à l’échelle continentale et d’institutions fédérales, aucun d’entre eux

999 nes L’Europe unie n’aura peut-être pas réponse à tout, mais les souverainetés nationales n’ont sûrement plus réponse à

1000 verainetés nationales n’ont sûrement plus réponse à rien. Comme le fait voir tout examen honnête des domaines clés de la

1001 n’importent, ce qui est rigoureusement impossible à l’échelle mondiale et simultanément. Tous croient que le « développem

1002 Le chef de l’État français déclarait l’autre jour à la TV, tout comme M. Ritschard l’avait fait quelques semaines plus tô

1003 chez nous, que renoncer au nucléaire équivaudrait à augmenter très fortement le chômage. Ces hommes d’État ne se seraient

1004 seraient-ils jamais demandé comment il se fait qu’ à une consommation d’énergie quintuplée depuis dix ans corresponde un a

1005 entale, décisive. Personne encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour

1006 y répondre, dépasser le cadre national et accéder à la notion de fédération continentale. Aucun pays n’osera jamais prend

1007 s que ses voisins n’en profitent et n’en abusent. À une crise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de so

1008 me celle que nous vivons, il n’est de solution qu’ à l’échelle d’une grande unité de culture, c’est-à-dire d’un continent

1009 ui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypre ; celle, surtout, qui pendant près de trois millénaires, à par

1010 contre les rayons ultraviolets ; le cancer causé à 60 % ou 90 % par notre environnement industriel ; la destruction des

1011 prévenir les catastrophes qui menacent l’humanité à très court terme. Les solutions possibles En ce point, observon

1012 ts sont en interdépendance étroite : on s’est mis à parler de régions tôt après l’inauguration de la Communauté européenn

1013 arantit l’autonomie des communautés existantes ou à créer. Le projet de constitution belge suppose des communes autonomes

1014 évolution » du pouvoir central au pays de Galles, à l’Écosse, à d’autres régions même anglaises, provoque des remous prof

1015 du pouvoir central au pays de Galles, à l’Écosse, à d’autres régions même anglaises, provoque des remous profonds en Gran

1016 érisson », village par village, que nous opposons à l’armement nucléaire, lequel sera d’un usage follement dangereux et v

1017 s, ses réseaux de communications) et bornons-nous à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde

1018 le budget de la Communauté. Voilà qui suffit bien à décider d’une politique, car le budget, contrairement aux discours, d

1019 t je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à elle que s’adressait Hugo le visionnaire, lorsqu’il écrivait il y a c

1020 vons voulu, en établissant ce rapport sur l’union à la manière américaine, agir sur ce qui est actuellement en formation,

1021 de Rougemont, que nous avons rencontré chez lui, à Saint-Genis-Pouilly près de Genève. Les mouvements fédéralistes europ

1022 ançais notamment, que l’on entend jour après jour à la TV, ne touchent aucune de ces questions cruciales. « L’Europe unie

1023 cruciales. « L’Europe unie ne peut avoir réponse à tout, mais les souverainetés nationales ne peuvent plus avoir réponse

1024 rainetés nationales ne peuvent plus avoir réponse à rien », telle est la conviction des européistes régionalistes, qui co

1025 , qui constatent que de nombreux projets élaborés à Bruxelles se heurtent aux frontières des États-nations. Voyez les me

1026 ères des États-nations. Voyez les mesures visant à la sauvegarde des mers, poursuit Denis de Rougemont, la France a acce

1027 adiction Mais n’y a-t-il pas une contradiction à vouloir donner à la fois plus de poids aux régions et simultanément c

1028 rtout pas les jeunes qui s’intéressent par contre à l’écologie, aux problèmes soulevés par l’énergie nucléaire qui mobili

1029 c’est Denis de Rougemont qui vient de le lancer. À la veille des élections, l’auteur de L’Avenir est notre affaire , da

1030 uropéenne, dans laquelle les régions ont leur mot à dire, sera à même de résoudre ce que les Etats-nations ne peuvent plu

1031 ns laquelle les régions ont leur mot à dire, sera à même de résoudre ce que les Etats-nations ne peuvent plus maîtriser.

1032 urope unie ne serait qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’elle ne soit au contraire un projet de réalistes cyniques, t

1033 que incroyable, le Centre européen de la culture, à Genève, a formé un groupe de travail où sociologues, éducateurs, écon

1034 ler en vingt-quatre ans. La proportion des Blancs à haut niveau de vie diminue donc rapidement dans l’ensemble de l’human

1035 e. Tout conduit donc l’humanité, inéluctablement, à la guerre nucléaire, après une brève période de crises violentes, éco

1036 ues, sociales ou politiques, voire religieuses. ⁂ À ces crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut

1037 politiques, voire religieuses. ⁂ À ces crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul.

1038 ationales » ne peut en fait : — ni résister seule à la colonisation économique par les USA ; — ni repousser seule une int

1039 r seule la valeur de sa monnaie ; — ni faire face à ses besoins allégués en énergie sans menacer des millions de vie ; —

1040 n, causées par notre civilisation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’est plus en mesure d’accomplir l

1041 État. L’Europe unie n’aura peut-être pas réponse à tout, mais les « souverainetés nationales » n’ont sûrement plus répon

1042 rainetés nationales » n’ont sûrement plus réponse à rien. Faute de concertation à l’échelle continentale et d’institution

1043 rement plus réponse à rien. Faute de concertation à l’échelle continentale et d’institutions fédérales, aucun de nos pays

1044 n’importent, ce qui est rigoureusement impossible à l’échelle mondiale et simultanément. Tous croient que le « développem

1045 hefs d’État et les ministres déclarent sans cesse à la TV que renoncer au nucléaire équivaudrait à augmenter très forteme

1046 se à la TV que renoncer au nucléaire équivaudrait à augmenter très fortement le chômage. Ne se seraient-ils jamais demand

1047 seraient-ils jamais demandé comment il se fait qu’ à une consommation d’énergie quintuplée depuis dix ans corresponde un a

1048 entale, décisive. Personne encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour

1049 y répondre, dépasser le cadre national et accéder à la notion de fédération continentale. Dans la lutte contre le chômage

1050 s que ses voisins n’en profitent et n’en abusent. À une crise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de so

1051 me celle que nous vivons, il n’est de solution qu’ à l’échelle d’une grande unité de culture, c’est-à-dire d’un continent

1052 ui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypre ; celle, surtout, qui pendant près de trois millénaires, à par

1053 contre les rayons ultraviolets ; le cancer causé à 60 %° ou 90 % par notre environnement industriel ; la destruction des

1054 ironnement industriel ; la destruction des forêts à 25 % dans le monde et du plancton des océans, qui fabriquent l’oxygèn

1055 aient prévenir les catastrophes qui nous menacent à très court terme. ⁂ Les solutions possibles aux problèmes économiques

1056 ts sont en interdépendance étroite : on s’est mis à parler de régions tôt après l’inauguration de la Communauté européenn

1057 es droits des communautés autonomes existantes ou à créer. Le projet de constitution belge suppose des communes autonomes

1058 évolution » du pouvoir central au pays de Galles, à l’Écosse, à d’autres régions même anglaises, provoque des remous prof

1059 du pouvoir central au pays de Galles, à l’Écosse, à d’autres régions même anglaises, provoque des remous profonds en Gran

1060 le budget de la Communauté. Voilà qui suffit bien à décider d’une politique, car le budget, contrairement aux discours, d

1061 t je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à lui que s’adressait Victor Hugo, le visionnaire, lorsqu’il écrivait i

1062 rnal de mes années new-yorkaises (fin 1940-1947), à la fin de la description d’une journée à l’Office of War Information

1063 0-1947), à la fin de la description d’une journée à l’Office of War Information (où j’écrivais chaque jour le texte des d

1064 bureaux presque déserts. Il serait temps d’aller à ce dîner, n’était-ce pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer

1065 e dîner, n’était-ce pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À 2 heures du matin, si tout a bien ma

1066 heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À 2 heures du matin, si tout a bien marché, je monterai chez St Ex fair

1067 évoltait ouvertement, les Allemands n’auraient qu’ à supprimer les boites de graisse, ce qui empêcherait les trains de rou

1068 du Waldorf ou le chef du Ritz qui a refusé d’être à leur faction et qu’ils tiennent donc pour un traître. Je lui ai répon

1069 necticut), 15 août 1942 Huit jours de vacances à la mer. Je partage cette maison de bois sur pilotis, au bord du Sound

1070 . Parties d’échecs sur la galerie, après le bain, à toutes les heures du jour et de la nuit. Tonio, rentré hier à New Yor

1071 heures du jour et de la nuit. Tonio, rentré hier à New York, m’avait prié de l’attendre à la gare. Il paraît, maintenant

1072 entré hier à New York, m’avait prié de l’attendre à la gare. Il paraît, maintenant gauchement sous le bras une grosse boi

1073 hiot tout tremblant. C’est un boxer qui ressemble à Bismarck et qu’il a baptisé Annibal. Je lui apprends à marcher en lai

1074 marck et qu’il a baptisé Annibal. Je lui apprends à marcher en laisse sur la plage. (Robert Tenger a fait un film de 16 m

1075 Robert Tenger a fait un film de 16 mm d’une leçon à Annibal et d’une de nos parties d’échecs sur la galerie. Je donnerais

1076 septembre 1942 Bevin House. — Nouvelle maison à la campagne, à deux heures de New York, avec les Saint Exupéry. J’y p

1077 Bevin House. — Nouvelle maison à la campagne, à deux heures de New York, avec les Saint Exupéry. J’y passe mes trente

1078 us le faire sortir de Bevin House. Il s’est remis à écrire un conte d’enfants qu’il illustre lui-même à l’aquarelle. Géan

1079 écrire un conte d’enfants qu’il illustre lui-même à l’aquarelle. Géant chauve, aux yeux ronds d’oiseau des hauts parages,

1080 s, aux doigts précis de mécanicien, il s’applique à manier de petits pinceaux puérils et tire la langue pour ne pas « dép

1081 la nuit je me retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer d

1082 retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer des cigarettes

1083 mal à l’aise, parce qu’ils pensent tout de suite à leur usage physique, non point à ces symboles de l’âme que forment le

1084 nt tout de suite à leur usage physique, non point à ces symboles de l’âme que forment les châteaux au fond de nos mémoire

1085 ork, fin février 1943 Depuis que nous habitons à cent mètres les uns des autres, c’en est fait de mes nuits. Téléphone

1086 de mes nuits. Téléphones de Consuelo ou de Tonio à n’importe quelle heure de la nuit. Quelque drame vient de survenir av

1087 le sommeil de vos amis. » (Tout le monde le sait à New York. Il se trouve que je suis un nocturne et m’en accommode mieu

1088 xprès ? — ce qui est exaspérant et me fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à siffloter en jouant, et j’ai gag

1089 fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à siffloter en jouant, et j’ai gagné : — « Naturellement, avec votre si

1090 ouvent intrigué durant l’année de notre voisinage à Beekman Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été l’affaire n

1091 42, il me parlait d’expériences prévues au Sahara à la veille de la guerre, mais dont les promoteurs n’étaient pas sans r

1092 rs n’étaient pas sans redouter qu’elles échappent à leur contrôle et fassent, par une réaction en chaîne, sauter la Terre

1093 Terre. Durant son séjour aux USA, il a rencontré à plusieurs reprises un général qui fait partie du très petit nombre de

1094 brillamment démontré, avec schémas et « graphs » à l’appui, qu’il n’est que deux systèmes économiques et sociaux possibl

1095 et sociaux possibles — scientifiquement parlant —  à savoir le stalinisme et la féodalité. (Je serais bien incapable de re

1096 lle ce matin pour me dire que Tonio sera chez lui à l’heure du déjeuner et que je pourrai venir lui dire au revoir. Matin

1097 bureau de l’OWI, puis avec Lazareff et Beaucaire à Beekman Place. Au moment où nous entrons dans la bibliothèque de velo

1098 dire : « C’est merveilleux ! Vous ressemblez déjà à vos photos ! » Il me regarde sans trop d’aménité. Sur quoi Pierre Laz

1099 , un jour sur deux le mal de mer. Une oreille qui à la suite d’une fracture au Guatemala bourdonne nuit et jour. Des souc

1100 es angoisses non épargnées rendent plus difficile à réussir que le déplacement d’une montagne. Je me sens tellement, tell

1101 france possible. Ça me sera généreusement accordé à moi qui ne peux, sans souffrir physiquement, tel que je suis, porter

1102 t s’impose avec ce qu’écrivait aux mêmes moments, à New York d’abord puis à Londres, Simone Weil décidée — elle en est mo

1103 rivait aux mêmes moments, à New York d’abord puis à Londres, Simone Weil décidée — elle en est morte — à s’imposer le sor

1104 ondres, Simone Weil décidée — elle en est morte —  à s’imposer le sort (notamment les privations alimentaires) qu’elle cro

1105 Quelques mois plus tard, d’Alger, Saint Ex écrit à Consuelo dans un style beaucoup plus détendu : New York, les divisio

1106 it au cœur, ce n’est pas seulement par l’allusion à nos parties « bien disputées » tard dans la nuit, mais c’est surtout

1107 t des « servitudes bien aimées », le contraignait à « mettre le cap sur nos buts lointains »30. C’est l’avion qui l’a éve

1108 de l’homme.31 Un « grand seigneur », qu’est-ce à dire ? J’entends : un frère aîné de ce « Petit Prince » qui s’est vou

1109  » ni « d’accorder » mais bien plutôt de garantir à la culture — dans les limites de leurs pouvoirs — les franchises, dro

1110 e même de l’opération sur laquelle on nous invite à réfléchir oriente donc l’esprit vers deux réalités qui sont l’Europe

1111 et les opérations communes. D’autre part, donner à l’ensemble ses meilleures chances d’agir comme un tout à l’échelle pl

1112 emble ses meilleures chances d’agir comme un tout à l’échelle planétaire. Harmoniser à l’intérieur pour mieux représenter

1113 comme un tout à l’échelle planétaire. Harmoniser à l’intérieur pour mieux représenter à l’extérieur. 2. Des privilège

1114 . Harmoniser à l’intérieur pour mieux représenter à l’extérieur. 2. Des privilèges pour quelle « culture » ? Que si

1115 les dictionnaires, donc dans l’usage courant, qu’ à partir du milieu de notre siècle, et qui est encore très inégalement

1116 a nature. » Le Petit Larousse en 1948 s’en tient à la définition du Littré : « (fig.) Se dit des arts des sciences, des

1117 de l’esprit ». Suit un seul exemple : « Se livrer à la culture des lettres. » Il faut attendre 1965 — exactement un siècl

1118 ’Oxford Dictionary donne une définition remontant à 1510 : « Improvement and refinement by education or training » qui va

1119 hat has been known and said in the world. » Quant à l’Allemagne, on sait qu’elle a passé longtemps aux yeux des Français

1120 aux yeux des Français pour opposer la « Kultur » à la « civilisation » dont les Latins étaient les représentants les plu

1121 itions de la culture qui sont à la fois conformes à l’idée française de civilisation, et aux notions contemporaines influ

1122 que la culture, pour le Français moyen, consiste à cultiver les lettres ; pour l’Anglais, à assimiler individuellement l

1123 consiste à cultiver les lettres ; pour l’Anglais, à assimiler individuellement le savoir acquis pour affiner son esprit e

1124 affiner son esprit et son goût ; pour l’Allemand, à assurer la bonne marche de l’économie et des institutions sociales, t

1125 peu : pour le Français moyen la culture consiste à lire des romans ; pour l’Anglais, à s’occuper des beaux-arts ; pour l

1126 ture consiste à lire des romans ; pour l’Anglais, à s’occuper des beaux-arts ; pour l’Allemand, à faire marcher la techni

1127 is, à s’occuper des beaux-arts ; pour l’Allemand, à faire marcher la technique. (À l’appui de ces trois descriptions, je

1128 hniques, comportements sociaux que l’homme ajoute à la nature. Dans cette orientation des esprits, que l’on constate dans

1129 ème Guerre mondiale, le terme de culture commence à prendre dans le langage gouvernemental le sens qu’il avait pris depui

1130 a culture », et qui réduirait donc cette dernière à la production littéraire et artistique ou à leur consommation si on l

1131 nière à la production littéraire et artistique ou à leur consommation si on le prenait à la lettre. Hors des Nations unie

1132 rtistique ou à leur consommation si on le prenait à la lettre. Hors des Nations unies, c’est-à-dire des gouvernements et

1133 e très vite. Le Congrès de l’Europe, qui se tient à La Haye en mai 1948 et qui réunit quelque huit-cents délégués de tous

1134 s de la culture : « Elle est ce qui donne un sens à l’existence, au travail comme aux loisirs, et aux relations entre les

1135 les hommes. Elle n’est pas seulement un héritage à conserver mais une commune manière de vivre et de créer, en accord av

1136 pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La culture a toujours désigné l’actio

1137 ents précis sur la double opération d’initiation ( à l’acquis de la communauté) et d’initiative individuelle, tournée vers

1138 d’initiative individuelle, tournée vers l’avenir à créer, qui caractérise l’éducation en Europe. Éduquer un enfant, au s

1139 lement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’est pas seulement l’introduire dans la sécurité d

1140 nition formelle ressemble étrangement, en Europe, à celle que l’on vient de donner du civisme. En effet, la culture pour

1141 a culture, ainsi définie, ne saurait être opposée à la technique, qui n’existerait pas sans elle : 1. Gardons-nous d’oppo

1142 n scolaire et universitaire. Car cela reviendrait à opposer l’arbre et le fruit. 3. Ne perdons jamais de vue le contexte

1143 culturel qui agit dans les pays sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos techniques, mais alors d’une manière

1144 gerons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux

1145 st donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde parle, et que tout le monde

1146 ler l’indice de l’équilibre humain. Il appartient à la culture de concevoir cet équilibre éco-social, d’en formuler les c

1147 co-social, d’en formuler les conditions morales ; à la technique de le servir, d’en fournir les moyens matériels. Et Robe

1148 eut que la recherche scientifique n’aboutisse pas à des monstruosités. 4. Relations entre « Europe » et « culture »

1149 apport culturel présenté au Congrès de l’Europe, à La Haye, en mai 1948, j’écrivais : S’il est vrai que les motifs immé

1150 égale et qui rayonne sur toute la planète, c’est à l’esprit de ses habitants, c’est à sa culture qu’il le doit. La créat

1151 planète, c’est à l’esprit de ses habitants, c’est à sa culture qu’il le doit. La création, la transmission et l’élaborati

1152 tendances antagonistes qui, toutes, ont contribué à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme : antiquité

1153 es qui, toutes, ont contribué à faire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’homme : antiquité et christianisme, Ég

1154 t de l’inquiétude créatrice qui pousse l’Européen à remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, av

1155 tyrannie. Mais il est clair que ce qui s’oppose à l’union nécessaire de nos peuples, et à la formation d’une conscience

1156 s’oppose à l’union nécessaire de nos peuples, et à la formation d’une conscience commune — condition préalable de tout c

1157 n. Montrer cela sans relâche et en toute occasion à nos élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après

1158 n unité fondamentale, base de l’union qu’il reste à faire. Mais ce nationalisme, d’où a-t-il reçu ses meilleures justific

1159 deux motifs agissaient et que l’Europe commençait à s’unir le monde changeait, encore plus vite. Partout où l’une de nos

1160 s’y voyait aussitôt aspirée et avidement copiée, à commencer par ses aspects les plus douteux. On retournait contre l’Eu

1161 isse exercer sa fonction spécifique dans le monde nouveau . Il faut qu’elle s’unisse pour que sa voix, demain, puisse se faire e

1162 lisme ». Mais que dira cette voix, si elle arrive à parler ? C’est la question qu’auront à se poser les rédacteurs de la

1163 lle arrive à parler ? C’est la question qu’auront à se poser les rédacteurs de la charte envisagée. D’une manière pragmat

1164 e Sem, et l’Afrique celle de Cham —, l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant l

1165 cours des siècles, mais antérieure et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union

1166 culture européenne se justifie en tant que rappel à la spécificité de notre concept de culture comparé à ce que nous appe

1167 a spécificité de notre concept de culture comparé à ce que nous appelons par exemple culture congolaise, culture khmer, c

1168 ction (pour ne pas dire la fabrication délibérée, à fins de propagande) d’une culture européenne qui ne serait qu’une man

1169 ait vain, en matière de culture, de vouloir poser à l’universalisme et de nier les spécificités continentales (Europe, Af

1170 absolu, ou amour actif du prochain, allant jusqu’ à « donner sa vie pour ceux qu’on aime »… Ueber allen Gipfeln ist Ruh d

1171 s biens entre foyers locaux et régions autonomes, à l’échelle d’une fédération continentale aux frontières ouvertes, et s

1172 fléchi, qui en vivent, et surtout qui contribuent à sa vie et à son évolution, il s’agit maintenant : a) d’énumérer les a

1173 en vivent, et surtout qui contribuent à sa vie et à son évolution, il s’agit maintenant : a) d’énumérer les aspects varié

1174 tous ordres que les pouvoirs publics garantiront à des activités culturelles bien définies. Suggestions pour un catalo

1175 se (quotidienne, hebdos, magazines, chroniques et nouvelles RTV). 22. Sciences exactes, logique, mathématique, astronomie, physiq

1176 en Occident sur les autres cultures, recherche de nouveaux équilibres). Principe de cohérence de ces éléments Entre les ex

1177 i se pose alors, par quoi sommes-nous attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes-nous mo

1178 r un désir de se réaliser, d’assumer sa liberté ? À l’échelle de la société européenne, ces deux motivations fondamentale

1179 nel et personnalisant. La première option conduit à la guerre, la seconde exige et crée la paix. C’est dire que la second

1180 x. C’est dire que la seconde seule peut concourir à l’objet principal de la charte projetée, s’il est vrai que l’union de

1181 onsables. Ces principes paraissent les plus aptes à guider les rédacteurs de la charte dans la formulation des articles d

1182 nissant les privilèges ou priorités et les droits à garantir par chaque gouvernement européen aux activités culturelles.

1183 ropéen aux activités culturelles. Nous reportant à ce qui est dit supra, examinons rapidement quels sont les aspects de

1184 37. Cette deuxième classe seule peut donner lieu à des articles de la charte définissant les droits et les devoirs des p

1185 stacles légaux ou les gênes partisanes s’opposant à son libre développement, c’est-à-dire à la liberté d’expression des c

1186 ’opposant à son libre développement, c’est-à-dire à la liberté d’expression des créateurs et porteurs de la culture ou en

1187 is ; — que les garanties et subventions accordées à la culture doivent en principe avoir priorité sur les aides à l’écono

1188 doivent en principe avoir priorité sur les aides à l’économie, celle-ci devant à celle-là les secrets de son développeme

1189 orité sur les aides à l’économie, celle-ci devant à celle-là les secrets de son développement. Un des premiers articles d

1190 a culture européenne est antérieure et supérieure à tous les découpages « nationaux » de l’Europe d’aujourd’hui. L’École

1191 d’élever ou d’abaisser des obstacles arbitraires à la circulation normale des idées, des personnes, et des œuvres ; c’es

1192 ’âme naturellement officielle. On en arrive ainsi à faire représenter un peuple, à l’étranger, de préférence par des médi

1193 On en arrive ainsi à faire représenter un peuple, à l’étranger, de préférence par des médiocres. Si l’on veut que les éch

1194 alité de la culture — des échanges de découvertes à l’état naissant, de produits originaux, de curiosités avides, d’expre

1195 2° exiger la suppression immédiate des obstacles à la libre circulation des personnes, des œuvres, et des instruments de

1196 rope. III. Chacun de nos États garantira le droit à l’information, c’est-à-dire le droit qu’a tout citoyen de connaître l

1197 d’émetteurs de Radio-TV privés. Ils seront soumis à une législation spéciale prévenant la diffusion de fausses nouvelles,

1198 lation spéciale prévenant la diffusion de fausses nouvelles , d’informations calomnieuses, etc. IV. La charte doit engager chaque

1199 charte doit engager chaque gouvernement européen à garantir aux universités leur pleine indépendance par rapport à l’Éta

1200 ion au savoir existant, et préparation de l’élève à sa prise d’initiative personnelle, à sa liberté assumée de personne e

1201 n de l’élève à sa prise d’initiative personnelle, à sa liberté assumée de personne et de citoyen responsable, à la fois a

1202 citoyen responsable, à la fois autonome et relié à la communauté. VI. L’enseignement de l’histoire doit être soustrait

1203 es. Tant il est vrai que les principaux obstacles à l’union de l’Europe ne sont pas dans les faits mais dans les esprits

1204 ropéens. VII. Nos gouvernements doivent s’engager à soutenir systématiquement les recherches scientifiques tendant à favo

1205 ématiquement les recherches scientifiques tendant à favoriser la vie et non sa destruction, c’est-à-dire la paix et non l

1206 guerre. Certes, ce n’est pas aux gouvernements ni à leurs experts d’en juger, mais à des conseils dont les membres, indép

1207 gouvernements ni à leurs experts d’en juger, mais à des conseils dont les membres, indépendants à la fois de l’État et de

1208 s théologiens. Ces conseils nationaux donneraient à l’État des avis que celui-ci s’engagerait à suivre, après recours éve

1209 aient à l’État des avis que celui-ci s’engagerait à suivre, après recours éventuels au Conseil européen de la recherche d

1210 ux sciences, on mêle la stratégie de la recherche à la tactique du financement, si bien que la seconde paralyse la premiè

1211 ions américaines peuvent donner une première idée à repenser dans le contexte européen. IX. La civilisation scientifico-t

1212 éans, mers, lacs, fleuves), des forêts (détruites à 40 %) et des sols (humus). Tout cela, par l’exploitation anarchique,

1213 niques aux conséquences non prévues. La question à poser devant une innovation technique est désormais : en cas de succè

1214 t les conseils nationaux de la recherche auraient à appliquer à toute invention nouvelle les critères suivants : a) écart

1215 ls nationaux de la recherche auraient à appliquer à toute invention nouvelle les critères suivants : a) écarter toute inv

1216 et régionales et de la participation des citoyens à leur gestion ; c) éviter tout ce qui pollue notre milieu social, urba

1217 naturel ; d) éviter tout ce qui menace d’épuiser à court ou moyen terme les ressources naturelles non renouvelables, en

1218 tend apporter que quelques matériaux, qu’il reste à compléter puis à traiter de manière à pouvoir passer, dans une second

1219 quelques matériaux, qu’il reste à compléter puis à traiter de manière à pouvoir passer, dans une seconde phase, à l’élab

1220 manière à pouvoir passer, dans une seconde phase, à l’élaboration d’un certain nombre d’articles de la charte. Ce qui ser

1221 tablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. 33. Cf. Introdução a Cultura, par Guerreiro Ramos,

1222 e et autonomie (1980)bo Dans cette même salle, à cette même place, au mois de juin 1958, il y a donc un peu plus de vi

1223 moi. Certains penseront que cela me préparait mal à venir vous parler ce matin. J’irai plus loin qu’eux. Je pense que ces

1224 s, alors oui, ces déclarations seraient de nature à me disqualifier radicalement pour traiter le sujet de l’énergie en gé

1225 lier. Mais j’ai changé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette

1226 ville. Et c’est cela, précisément, qui m’autorise à prendre la parole parmi vous. Il y avait deux erreurs dans mes propos

1227 n d’énergie. La première erreur était pardonnable à l’époque, je souligne ces deux derniers mots. Quelques-uns de ceux qu

1228 t ici ce matin, et non des moindres, partageaient à l’époque mes illusions, et je les retrouve aujourd’hui au premier ran

1229 ns à peu près tous. Dans la situation critique et à certains égards dramatique où nous sommes aujourd’hui, confrontés à d

1230 dramatique où nous sommes aujourd’hui, confrontés à des choix probablement irréversibles, sans pouvoir être entièrement a

1231 ’énergie qu’on leur propose. Dans les années 1950 à 1960, en Europe, le bruit se répand que le genre humain désormais va

1232 trente ans. La production industrielle progresse à des taux parfois exponentiels. Le suremploi et la surchauffe créent d

1233 r 3 en Suisse. Des pénuries d’énergie sont en vue à cause des effets combinés du boom industriel, de la démographie galop

1234 visible des réserves de pétrole, dont on commence à parler sérieusement. C’est alors qu’on nous offre les centrales nuclé

1235 éduire les postes de travail, qu’on a tant de mal à pourvoir à ce moment-là. Voter pour les centrales, c’est économiser p

1236 postes de travail, qu’on a tant de mal à pourvoir à ce moment-là. Voter pour les centrales, c’est économiser plusieurs di

1237 les scientifiques savent bien que l’énergie tend à réduire l’emploi, voir Leontieff, Amory Lovins, les travaux de Hambou

1238 les travaux de Hambourg… Beaucoup en sont restés à ce stade archaïque de l’innocence nucléaire. Je ne pense pas avoir à

1239 e de l’innocence nucléaire. Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré

1240 avoir tiré les conséquences. En passant, je tiens à relever que ceux qui me font reproche d’avoir changé d’avis, me repro

1241  ». Car eux, semble-t-il, sont restés insensibles à cet incident : Zurich, Baden, voyons, ce n’est pas le Japon !… Je leu

1242 moi devant la Conférence européenne de la culture à Lausanne, en décembre 1949, contient la première proposition de créer

1243 st là l’origine du CERN, dont il advint que j’eus à présider la première réunion préparatoire, à Genève, le 12 décembre 1

1244 ’eus à présider la première réunion préparatoire, à Genève, le 12 décembre 1950. On admettra que le traumatisme hiroshimi

1245 me hiroshimien m’avait laissé quelque lucidité et à tout le moins la faculté de distinguer, dans le domaine du nucléaire,

1246 mégawatts. Voilà pour ma première erreur, qui fut à mon avis pardonnable en son temps. Mais la seconde était, reste, beau

1247 tait, reste, beaucoup plus grave. Elle consistait à accepter comme allant de soi la croyance générale, à l’époque, dans l

1248 ccepter comme allant de soi la croyance générale, à l’époque, dans l’augmentation nécessaire, illimitée, inévitable et so

1249 ies. La réflexion sur les limites nous a conduits à nous poser des questions plus profondes et plus précises sur l’utilit

1250 ux qui ne le font pas. » J’avoue que j’appartiens à la première de ces classes. Je pense que les hommes ont le choix entr

1251 re, non pas comme une obligation de régner. Quant à la liberté, conçue comme la formule du libre développement non pas de

1252 mettant tel ou tel acte. Si maintenant nous avons à choisir entre ces deux finalités maîtresses du genre humain (surtout

1253 llectif ou le personnel, alors nous sommes amenés à choisir entre deux types d’énergie qui correspondent à ces finalités,

1254 isir entre deux types d’énergie qui correspondent à ces finalités, qui en sont les moyens, et qui les favorisent en condi

1255 ux ou de la volonté de puissance, (ou de sécurité à l’abri de la puissance), alors nous choisirons évidemment le modèle q

1256 us choisirons évidemment le modèle qui correspond à cette fin, celui qui conduit à l’autonomie des personnes et des group

1257 èle qui correspond à cette fin, celui qui conduit à l’autonomie des personnes et des groupes. Que signifie autonomie ? Ét

1258 utogestion. Signifie aussi : qui peut se déplacer à sa guise selon la quantité d’énergie dont il dispose. Exemple : lors

1259 Exemple : lors d’un congrès que j’avais organisé à Bâle, et dont j’avais prié Louis Armand d’accepter la présidence, je

1260 ié Louis Armand d’accepter la présidence, je vais à la gare l’accueillir et je le trouve au bas d’un escalier, portant un

1261 nous disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos moteurs, de 50 esclaves mécaniques « par personn

1262 en Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos moteurs, de 50 esclaves mécaniques « par personne ». Question : s

1263 cquérir ces esclaves, nous devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer sans cesse plus cher (c’es

1264 us cher (c’est l’inflation). Nous nous condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite dans l’espoir de

1265 temps ! Nous consacrons plusieurs heures par jour à gagner des loisirs dont nous ne jouissons pas, et à travailler dur po

1266 gagner des loisirs dont nous ne jouissons pas, et à travailler dur pour gagner ces esclaves qui seraient censés travaille

1267 agner ces esclaves qui seraient censés travailler à notre place, mais le font-ils ? Je voudrais qu’un team de chercheurs

1268 servant des mêmes mesures qu’Ivan Illich applique à l’automobile, et qui l’amènent à démontrer que tous comptes faits, co

1269 Illich applique à l’automobile, et qui l’amènent à démontrer que tous comptes faits, compté le nombre d’heures de travai

1270 eures de travail qu’un ouvrier américain consacre à gagner de quoi se payer sa voiture et l’entretenir, il fait du 5 km à

1271 payer sa voiture et l’entretenir, il fait du 5 km à l’heure, qui est la vitesse d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons

1272 e d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il était réellement

1273 ourquoi. La liberté et l’autonomie correspondent à la décentralisation la plus poussée, cependant que la volonté de puis

1274 cependant que la volonté de puissance correspond à la centralisation la plus rigide. Faut-il vraiment perdre du temps à

1275 la plus rigide. Faut-il vraiment perdre du temps à le démontrer ? Oui, répondrai-je, quand je vois l’inconscience de ceu

1276 oix énergétique. Il s’agit d’une interview donnée à une revue économique, en 1975, par le PDG de Novatome (organisme char

1277 nstruction pour toute la France des centrales PWR à eau pressurisée (licence Westinghouse). Voici ce que dit M. Jean-Clau

1278 installations nucléaires ne sont pas dangereuses à condition qu’elles soient exploitées et contrôlées par des équipes co

1279 t cité ce passage lors d’une conférence de presse à Berne qui présentait un plan national d’énergie élaboré par les mouve

1280 de l’industrie nucléaire française, donnant ainsi à croire que « l’énormité » (à leur point de vue) proférée dans un mome

1281 çaise, donnant ainsi à croire que « l’énormité » ( à leur point de vue) proférée dans un moment de sincérité ou de cynisme

1282 éissant, à la manière de la chevalerie médiévale, à son propre code et à sa propre hiérarchie interne, soustraite à la lo

1283 de la chevalerie médiévale, à son propre code et à sa propre hiérarchie interne, soustraite à la loi commune et investie

1284 ode et à sa propre hiérarchie interne, soustraite à la loi commune et investie de pouvoirs étendus de contrôle, de survei

1285 libertés démocratiques et le droit des personnes à disposer d’elles-mêmes. » Tant la bourgeoisie industrielle que la tec

1286 strielle que la technocratie publique ont intérêt à ce que l’emprise centralisatrice de l’État soit aussi forte que possi

1287 récédent de l’État central. Elle rend possible un nouveau despotisme. Un autre auteur, autrichien celui-là, Robert Jungk, écri

1288 res intérêts l’humanité. C’est un chemin qui mène à l’aliénation, à la froideur dans les relations humaines, à l’isolemen

1289 umanité. C’est un chemin qui mène à l’aliénation, à la froideur dans les relations humaines, à l’isolement et à l’hostili

1290 ation, à la froideur dans les relations humaines, à l’isolement et à l’hostilité. La convergence des systèmes, dont on a

1291 eur dans les relations humaines, à l’isolement et à l’hostilité. La convergence des systèmes, dont on a tant parlé à l’Ou

1292 La convergence des systèmes, dont on a tant parlé à l’Ouest, se réalisera peut-être tout autrement qu’on ne l’avait suppo

1293 es États occidentaux, qui tendent plus que jamais à emprunter le chemin « dur » depuis l’expansion de l’énergie nucléaire

1294 thodes coercitives qui ont depuis longtemps cours à l’Est. L’on entend de plus en plus souvent les partisans de l’atome e

1295 ler ce qui vient de se passer au début de janvier à Cherbourg : l’arrivée du premier bateau apportant à l’usine de La Hag

1296 Cherbourg : l’arrivée du premier bateau apportant à l’usine de La Hague des déchets nucléaires du Japon a provoqué une ma

1297 éaires du Japon a provoqué une manifestation tout à fait pacifique de milliers d’habitants du Cotentin, conduits par nomb

1298 policiers casqués et armés, qui n’ont pas hésité à tirer des grenades lacrymogènes dans la foule, faisant une dizaine de

1299 ine de blessés. La démonstration est donc faite : à tort ou à raison, par la faute des écologistes ou par celle des promo

1300 ssés. La démonstration est donc faite : à tort ou à raison, par la faute des écologistes ou par celle des promoteurs (peu

1301 pourra fonctionner que dans un régime centralisé à l’extrême et d’une façon « quasi militaire ». Or vous le savez, c’es

1302 iques. Car il apparaît de plus en plus clairement à tous les responsables de la société occidentale que la centralisation

1303 pays de l’Europe de l’Ouest est celui des régions à reformer selon divers types et diverses fonctions, bien souvent à che

1304 divers types et diverses fonctions, bien souvent à cheval sur des frontières nationales : je pourrais en citer une quara

1305 menacent en permanence le gouvernement au pouvoir à Londres. Tout cela va vers les autonomies dans la solidarité, qui est

1306 concentration de sources d’énergie peut permettre à l’attaquant de paralyser toute une nation dans les dix premières minu

1307 solaire rend la nation pratiquement invulnérable à toute attaque massive nucléaire évidemment non rentable. Ici encore,

1308 lnérabilité maximum, tandis que l’énergie solaire à capteurs innombrables implique d’innombrables îlots de résistance, où

1309 attaquants beaucoup moins motivés. Le soleil est à tout le monde, voilà pourquoi nos États-nations ne l’aiment pas. Voil

1310 int sans intermédiaire, pénètre en chacun de nous à la rencontre de l’énergie qui est en chaque personne et qui attend d’

1311 x sont gris, me direz-vous. Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous

1312 capter. » Eh bien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du soleil souvent voilé comme le

1313 bien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du soleil souvent voilé comme le timonier d’

1314 contraires. Adaptons-nous au ciel gris plutôt qu’ à l’enfer brûlant ! Habituons-nous à donner priorité à nos finalités su

1315 gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons-nous à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiques

1316 ’enfer brûlant ! Habituons-nous à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiques allégués par les

1317 ns l’espoir chimérique, toujours frustré, d’avoir à fournir de moins en moins d’effort, et, grâce aux machines et à l’aut

1318 oins en moins d’effort, et, grâce aux machines et à l’automation, de gagner des loisirs accrus du « temps vide » comme di

1319  » comme disait l’Encyclopédie, au lieu de tendre à ne rien faire, nous choisirons demain de travailler pour le plaisir d

1320 demi-page dans les journaux, expositions (Nuklex à Bâle), films, distribution de brochures dans les écoles à titre d’inf

1321 films, distribution de brochures dans les écoles à titre d’information, toute tentative de mise au point se voyant aussi

1322 pprouve totalement et avec joie la réponse donnée à cette question à la page 180 de l’étude des écologistes sur l’énergie

1323 t et avec joie la réponse donnée à cette question à la page 180 de l’étude des écologistes sur l’énergie intitulée « Au-d

1324 conomique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est entendue, elle est perdue. Quand les

1325 t les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’emprise universelle des États-nations c’est-à-dire les ri

1326 blond, un peu pâle, avec de longs cheveux tombant à boucles soyeuses sur ses oreilles et sur son cou. Il avait une expres

1327 battement ; mais si une sympathie profonde venait à l’émouvoir, si une voix animée par la poésie retentissait à ses oreil

1328 ir, si une voix animée par la poésie retentissait à ses oreilles, si une idée morale ou politique surtout… vibrait dans s

1329 dans son âme, sa belle physionomie revivait tout à coup sous l’influence d’une inspiration soudaine, des torrents d’éloq

1330 he, et on prévoyait sans peine qu’il était appelé à remplir l’avenir qu’il a rempli. II. Le personnage tel qu’il s’es

1331 de rompre pour la dernière fois avec Mme de Staël à Lausanne, le 10 mai.) Sur ces 231 jours, le mot « travaillé » revient

1332 rand ouvrage « sur la religion ») ; les allusions à l’humeur de sa femme, Charlotte de Hardenberg, aux mauvaises nouvelle

1333 sa femme, Charlotte de Hardenberg, aux mauvaises nouvelles de Mme de Staël, au souvenir ou aux rencontres d’autres amies, 50 foi

1334 ois, une troisième « en pensée » seulement. Quant à la politique, elle revient en force, solidement alliée au travail, dè

1335 e, en Allemagne puis en Belgique, jusqu’au retour à Paris en avril. Travail intermittent sur des écrits politiques. Mais,

1336 ste aux progrès du détachement de Mme de Staël et à la passion subite pour Mme Récamier, en contrepoint avec l’aventure d

1337 core moins de l’auteur d’Adolphe, qui ne sera mis à sa place qu’au xxe siècle. III. Les circonstances de l’ouvrage

1338 nui de cet exil. En octobre 1813, parviennent des nouvelles de la défaite de Leipzig. On annonce la venue de Bernadotte à Götting

1339 ite de Leipzig. On annonce la venue de Bernadotte à Göttingen. Benjamin a plusieurs entrevues avec le nouveau prince roya

1340 Göttingen. Benjamin a plusieurs entrevues avec le nouveau prince royal de Suède, qu’il appelle dans son journal « le Béarnais »

1341 1 novembre. Le Béarnais veut de moi. Je m’attache à lui… Mais son propre terrain est mouvant. 15 novembre. Je vais à tât

1342 propre terrain est mouvant. 15 novembre. Je vais à tâtons. Je ne suis content ni de moi, ni des autres. Et soudain :

1343 récriminations sur Germaine et Charlotte — et un nouveau déménagement. Citons quelques-unes de ces notes sur « l’œuvre en trai

1344 sion monte rapidement, que « Buonaparte », rentré à Paris, semble reprendre en main la situation, et que grandissent les

1345 politique telle quelle. 6 décembre. Travaillons à ma brochure pour laisser au moins cette trace. 10 décembre. Bien tra

1346 llé, mais encore un retard. Remis le commencement à l’imprimeur. L. v. d. D. s. f. [La volonté de Dieu soit faite !] 23

1347 Grande délibération, si je mettrai mon nom ou non à la brochure. À décider demain. 1814. 1er janvier. L’impression de la

1348 tion, si je mettrai mon nom ou non à la brochure. À décider demain. 1814. 1er janvier. L’impression de la première partie

1349 e joue plus. 14 janvier. Travaillé. Je me décide à envoyer la première partie à Alexandre [le tsar] et au Béarnais. 18

1350 vaillé. Je me décide à envoyer la première partie à Alexandre [le tsar] et au Béarnais. 18 janvier. Travaillé. Les événe

1351 t beau. 28 janvier. Il n’y a plus qu’une feuille à corriger. Quel sera l’effet ? La volonté de Dieu soit faite. 30 janv

1352 f. L’ouvrage en deux parties43 paraît ce jour-là à Hanovre. C’est une déclaration de guerre idéologique, non seulement à

1353 déclaration de guerre idéologique, non seulement à Napoléon, mais à tout ce qui prétend justifier la guerre au nom des v

1354 uerre idéologique, non seulement à Napoléon, mais à tout ce qui prétend justifier la guerre au nom des vertus viriles et

1355 Pendant tout le mois de février, Benjamin cherche à se libérer de Charlotte pour suivre le Béarnais et tenter avec lui sa

1356 se, elle imagine une régence que Paris confierait à Bernadotte… Courant après le prince et le succès de son livre, réédit

1357 près le prince et le succès de son livre, réédité à Londres en février, comme il va l’être à Paris en avril, Constant est

1358 réédité à Londres en février, comme il va l’être à Paris en avril, Constant est à Liège, puis à Bruxelles, où il apprend

1359 comme il va l’être à Paris en avril, Constant est à Liège, puis à Bruxelles, où il apprend l’abdication de l’empereur le

1360 être à Paris en avril, Constant est à Liège, puis à Bruxelles, où il apprend l’abdication de l’empereur le 9 avril. Et to

1361 coup, le soir du 15 avril, il note, rapide et sec à sa coutume : Arrivée à Paris… Il y a de la ressource pour la liberté

1362 l, il note, rapide et sec à sa coutume : Arrivée à Paris… Il y a de la ressource pour la liberté. Il n’y en a plus pour

1363 ges inouïs de mon livre. Cela ne mènera-t-il donc à rien ? 30 avril. Toutes mes relations à Paris sont brisées. Je ne cr

1364 -il donc à rien ? 30 avril. Toutes mes relations à Paris sont brisées. Je ne crois pas qu’il y ait rien à faire. 5 mai.

1365 is sont brisées. Je ne crois pas qu’il y ait rien à faire. 5 mai. Visites sans fin chez moi. (Les 9 et 24 mai, le Journ

1366 il connaissait depuis près de vingt ans, et jusqu’ à la fin des Cent-Jours, un prénom reviendra dans toutes les notes quot

1367 s la vie de Constant : elle aura plutôt contribué à en dramatiser les péripéties. Il paraît probable, en effet, que l’inf

1368 Elbe, puis la veille même de l’entrée de Napoléon à Paris, Benjamin publie dans les Débats deux articles violents en fave

1369 uit vers Nantes, mais cette ville vient de passer à l’empereur. Retour à Paris le 28 mars, à la faveur d’une amnistie. Jo

1370 cette ville vient de passer à l’empereur. Retour à Paris le 28 mars, à la faveur d’une amnistie. Journées de trouble pro

1371 e passer à l’empereur. Retour à Paris le 28 mars, à la faveur d’une amnistie. Journées de trouble profond, Benjamin renco

1372 Fouché. Si ma nomination a lieu, je me lance tout à fait, sans abjurer aucun principe. Ces sept lignes, au lieu des deux

1373 dre de Benjamin — ceci : L’auteur était fatigué, à mesure qu’il s’approchait du dénouement, son émotion augmentait et sa

1374 augmentait et sa fatigue augmentait son émotion. À la fin, il ne put la contenir et il éclata en sanglots ; la contagion

1375 ce ne fut que pleurs et gémissements, puis, tout à coup, par une péripétie physiologique qui n’est pas rare, au dire des

1376 le nom de Constant ; mais cela n’est qu’anecdote à ses yeux, comparé aux « idées constitutionnelles adoptées » le matin,

1377 x « idées constitutionnelles adoptées » le matin, à la nomination au Conseil d’État, au dîner chez Juliette, et à la déci

1378 ion au Conseil d’État, au dîner chez Juliette, et à la décision de « se lancer » aux côtés de celui dont il avait écrit u

1379 parce que les ressources de la civilisation sont à son usage. V. Variations dans la constance Mais revenons au sé

1380 Il ne voulut point se donner le mérite de revenir à la liberté par inclination. Il examina froidement, dans son intérêt,

1381 tant n’ont changé. Nul n’est dupe, nul ne cherche à duper l’autre. L’un veut régner et s’il y faut absolument de la liber

1382 plicité, chacun des interlocuteurs restant fidèle à sa passion maîtresse, la puissance ou la liberté. « La nation exigera

1383 a liberté ? Elle en aura. » Voilà qui est cynique à souhait. Mais Constant l’est-il beaucoup moins quand il accepte de ré

1384 Constitutions de l’Empire ? Il y propose en fait à la signature du despote quelques-unes des propositions les plus subve

1385 s des politiciens de son bord, ceux dont il parle à la fin des Cent-Jours : 21 juin 1815. L’empereur m’a fait demander.

1386 ophe ennuyeuse », note Benjamin, et il se dispose à écrire un mémoire apologétique sur son action durant les Cent-Jours.

1387 publicains, se rallie aux Bourbons dès son retour à Paris ; qu’il soit le dernier à les défendre quand Louis XVIII et les

1388 ns dès son retour à Paris ; qu’il soit le dernier à les défendre quand Louis XVIII et les siens ont déjà fui devant Napol

1389 ste, on va le voir. 1°. Constant ne se rallie pas à la royauté mais à la Charte, quelque peu libérale, publiée tôt après

1390 . 1°. Constant ne se rallie pas à la royauté mais à la Charte, quelque peu libérale, publiée tôt après le retour en Franc

1391 iée tôt après le retour en France de Louis XVIII. À ceux qui l’accusent de palinodie, il répond tranquillement qu’il ne s

1392 it disparu et que la France restait encore. » 3°. À ceux qui l’accusent d’une troisième palinodie lorsqu’il accepte l’inv

1393 est pas Constant, c’est l’empereur. De Golfe-Juan à Lyon, jusqu’à Paris, Napoléon a été accueilli aux cris de « Vive l’em

1394 nt, c’est l’empereur. De Golfe-Juan à Lyon, jusqu’ à Paris, Napoléon a été accueilli aux cris de « Vive l’empereur ! » mai

1395 d par Sébastiani la présence de Benjamin Constant à Paris : Il faut le faire arrêter ! s’écrie-t-il. — Y pensez-vous ? r

1396 it Constant dans son Mémoire sur les Cent-Jours — à la conversion subite d’un homme qui si longtemps avait exercé l’autor

1397 -Jours, comportent de nombreuses pages identiques à quelques mots près, aussi hostiles à la réaction royaliste qu’au desp

1398 s identiques à quelques mots près, aussi hostiles à la réaction royaliste qu’au despotisme et à l’« usurpation » napoléon

1399 tiles à la réaction royaliste qu’au despotisme et à l’« usurpation » napoléoniennes : or, il se trouve que ces trois ouvr

1400 tirés de manuscrits restés inédits qui remontent à 1806, et que leurs dates de publication semblent avoir été choisies d

1401 -même, on ne peut plus indépendant, tout concourt à le rendre ambigu, et pas seulement dans le temps de son action. Il es

1402 ies ostentatoires d’un Talleyrand aient contribué à sa réputation de grand homme d’État, alors que le jeu subtil des vari

1403 rtisans du pouvoir, quel qu’il soit, s’il réussit à s’imposer. VI. Un manifeste de la liberté Mais revenons au peti

1404 ges inouïs de mon livre. Cela ne mènera-t-il donc à rien ? Réponse de l’événement : à rien, ni pour lui-même ni pour la

1405 nera-t-il donc à rien ? Réponse de l’événement : à rien, ni pour lui-même ni pour la société. Car il ne sera pas fusillé

1406 t désirable, n’avait été plus complètement donnée à la France » — n’a jamais été appliqué. On lit dans la préface à la 3e

1407 — n’a jamais été appliqué. On lit dans la préface à la 3e édition de L’Esprit de conquête : L’auteur de cet ouvrage a cr

1408 ru que les circonstances n’étaient pas favorables à l’examen d’une foule de questions abstraites. Il a extrait46 seulemen

1409 sentiment, il ira du même trait de l’intime vécu à l’universel objectif. La théorie de l’état de guerre L’actualité

1410 s premiers chapitres. Elle peut paraître démodée, à première vue. Elle traduit en fait l’intuition d’une réalité neuve do

1411 e d’atteindre ce but… L’homme n’est plus entraîné à s’y livrer, ni par intérêt, ni par passion. » Tout cela nous paraît u

1412 ne critique prospective de l’État totalitaire lié à la guerre totale, à l’idée que celle-ci peut être payante, et au déve

1413 ive de l’État totalitaire lié à la guerre totale, à l’idée que celle-ci peut être payante, et au développement de l’indus

1414 hine de guerre date de la déclaration de guerre «  à tous les rois d’Europe » faite par la Convention le 20 avril 1792.) P

1415 genèse comme dans ses fins, l’État-nation est lié à la guerre, mieux : il est l’état de guerre en permanence. D’où la néc

1416 nence. D’où la nécessité de la discipline étendue à tous les domaines de l’existence — de la « mise au pas » des hitlérie

1417 ’existence — de la « mise au pas » des hitlériens à l’autocritique sous Staline. « Le même code, les mêmes mesures, les m

1418 périalisme stato-national, identifié par Constant à l’esprit de conquête, poursuivra désormais les vaincus « dans l’intér

1419 t que les députés des nations conquises parussent à genoux en leur présence. Aujourd’hui, c’est le moral de l’homme qu’on

1420 : Le despotisme règne par le silence, et laisse à l’homme le droit de se taire ; l’usurpation le condamne à parler, ell

1421 e le droit de se taire ; l’usurpation le condamne à parler, elle le poursuit dans le sanctuaire intime de sa pensée, et,

1422 le sanctuaire intime de sa pensée, et, le forçant à mentir à sa conscience, elle lui ravit la dernière consolation qui re

1423 aire intime de sa pensée, et, le forçant à mentir à sa conscience, elle lui ravit la dernière consolation qui reste encor

1424 ui ravit la dernière consolation qui reste encore à l’opprimé.48 Le despotisme laissait une chance au peuple qui se rév

1425 res rouges, bruns ou noirs. Sans le savoir, c’est à notre siècle que parlait Benjamin Constant. Du mensonge comme méth

1426 tre en doute une seconde : Tout en s’abandonnant à ses projets gigantesques, le gouvernement n’oserait dire à la nation 

1427 jets gigantesques, le gouvernement n’oserait dire à la nation : Marchons à la conquête du monde. Elle lui répondrait d’un

1428 ouvernement n’oserait dire à la nation : Marchons à la conquête du monde. Elle lui répondrait d’une voix unanime : Nous n

1429 ements quand ils envoient leurs légions d’un pôle à l’autre, parlent encore de la défense de leurs foyers ; on dirait qu’

1430 anistan par une armée de 100 000 hommes, destinée à « prévenir toute ingérence militaire » dans ce pays, à « devancer des

1431 révenir toute ingérence militaire » dans ce pays, à « devancer des agressions méditées » non seulement en Amérique mais «

1432 par le fait que les Afghans se défendent… D’un nouveau genre de fédéralisme Contre tout cela, qui ne fait encore que germ

1433 aujourd’hui fédéralisme, et qu’il est le premier à nommer dans ses Principes de politique publiés à Paris pendant les Ce

1434 à nommer dans ses Principes de politique publiés à Paris pendant les Cent-Jours : Je n’hésite pas à le dire : il faut i

1435 à Paris pendant les Cent-Jours : Je n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration intérieure bea

1436 n vu d’entrée de jeu, c’est qu’un fédéralisme lié à la paix comme l’État-nation l’est à la guerre, doit partir d’en bas,

1437 déralisme lié à la paix comme l’État-nation l’est à la guerre, doit partir d’en bas, des racines, des groupes de base que

1438 des lieux dissemblables, ne peuvent être ramenés à des formes, à des usages, à des pratiques, à des lois absolument pare

1439 semblables, ne peuvent être ramenés à des formes, à des usages, à des pratiques, à des lois absolument pareilles, sans un

1440 peuvent être ramenés à des formes, à des usages, à des pratiques, à des lois absolument pareilles, sans une contrainte q

1441 enés à des formes, à des usages, à des pratiques, à des lois absolument pareilles, sans une contrainte qui leur coûte bea

1442 … Les habitants d’une commune trouvent du plaisir à tout ce qui leur donne l’apparence d’être constitués en corps de nati

1443 rses, aux Tyroliens du Sud, aux Catalans naguère, à cent autres régions en Europe, dont la plupart d’ailleurs ne sont pas

1444 en termes analogues dans trois écrits de Constant à cette époque) : Dans tous les États où l’on détruit ainsi toute vie

1445 ’antithèse parfaite du centralisme jacobin poussé à l’extrême par les nécessités de la guerre napoléonienne et de la mise

1446 système fédéraliste par excellence, qui consiste à confier telle tâche donnée à la communauté — municipale, régionale, f

1447 llence, qui consiste à confier telle tâche donnée à la communauté — municipale, régionale, fédérale, voire mondiale dans

1448 ». Il serait absurde de les séparer et de vouloir à tout prix conserver dans la fédération, à chaque nation, une indépend

1449 vouloir à tout prix conserver dans la fédération, à chaque nation, une indépendance absolue tout en refusant à chaque rég

1450 nation, une indépendance absolue tout en refusant à chaque région une autonomie relative. Constant dénonce ici, par avanc

1451 au xxe siècle, sous le nom de « confédération », à toute fédération sincère : L’on a nommé fédéralisme une association

1452 ôt avec le despotisme dans l’intérieur, et tantôt à l’extérieur avec l’anarchie. C’est ce pseudo-fédéralisme très « vici

1453 pouvoir municipal, des autorités locales, et d’un nouveau genre de fédéralisme. Il semble bien que les Principes formaient le p

1454 e, oppose une réaction de rejet quasi instantanée à toute tentative d’explication économiste ou réductionniste de modèle

1455 es ordres irlandais, italiens et burgondes, jusqu’ à la résurgence hellénistique, puis grecque classique et hébraïque, de

1456 composée contre toute vraisemblance, irréductible à tout système d’explication fondé sur quelque infrastructure « matérie

1457 présente. Parmi eux des poètes d’abord, de Dante à Saint-John Perse en passant par Hugo ; des politiques imaginatifs, du

1458 politiques imaginatifs, du roi Georges Podiebrad à William Penn et du duc de Sully à Aristide Briand ; enfin des intelle

1459 orges Podiebrad à William Penn et du duc de Sully à Aristide Briand ; enfin des intellectuels au sens moderne, de Vico, M

1460 opéen, philosophique et politique. C’est un appel à l’empereur Henri VII, qui vient se faire sacrer à Rome, pour restaure

1461 à l’empereur Henri VII, qui vient se faire sacrer à Rome, pour restaurer l’unité des esprits dans la diversité normale et

1462 t, en 1303 Philippe le Bel a fait gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’est fait proclamer par ses légiste

1463 olomini, devenu pape sous le nom de Pie II, donne à ce continent, naguère encore désigné comme le domaine de la chrétient

1464 on et l’approche du phénomène européen s’explique à l’évidence par le fait dominant du xve siècle : la chute de Byzance,

1465 e fois dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin

1466 fédérale en Europe, présenté par Aristide Briand à la SDN en 1930. Ce texte va fixer le vocabulaire et les formules de b

1467 iie siècle les intellectuels soient les premiers à concevoir la possibilité et la nécessité de son union. Je ne rappelle

1468 de fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États et les conduire à la paix perpétuelle, peut se concevo

1469 progressivement à tous les États et les conduire à la paix perpétuelle, peut se concevoir. « Aux yeux de la raison, il n

1470 déclarées, que de renoncer, comme les individus, à leur liberté sauvage (anarchique), pour s’accommoder de la contrainte

1471 ) croissant sans cesse librement, qui s’étendrait à la fin à tous les peuples de la terre ». Pour Hegel, une génération p

1472 nt sans cesse librement, qui s’étendrait à la fin à tous les peuples de la terre ». Pour Hegel, une génération plus tard,

1473 legel, dont l’européocentrisme ne le cède en rien à celui de Hegel ; puis à leur suite, Auguste Comte, qui attribue à l’E

1474 trisme ne le cède en rien à celui de Hegel ; puis à leur suite, Auguste Comte, qui attribue à l’Europe le rôle « d’agent

1475  ; puis à leur suite, Auguste Comte, qui attribue à l’Europe le rôle « d’agent et de théâtre de la révolution sociale la

1476 nt, durant le premier tiers du xxe siècle, jusqu’ à l’irruption des régimes totalitaires du Père des peuples, du Duce et

1477 du Führer, les plus grands écrivains de nos pays ( à l’exception de quelques cas de nationalisme flamboyant comme Kipling,

1478 vocation fédéraliste d’union pour les diversités à sauvegarder et la fascination mortelle de nationalismes stupidement v

1479 ni mieux consciente de ses raisons de l’être, qu’ à la veille de l’agression totalitaire : son impuissance à orienter ou

1480 ille de l’agression totalitaire : son impuissance à orienter ou seulement à influencer si peu que ce soit la politique de

1481 litaire : son impuissance à orienter ou seulement à influencer si peu que ce soit la politique des États-nations n’en app

1482 litzkrieg, l’occupation du continent des Pyrénées à la Volga et d’Oslo à Athènes. L’anti-Europe va-t-elle tout écraser ?

1483 on du continent des Pyrénées à la Volga et d’Oslo à Athènes. L’anti-Europe va-t-elle tout écraser ? L’effort des groupes

1484 , menant une lutte commune et clandestine, est-il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse, dur

1485 , durant mes années d’exil américain, de fin 1940 à 1946. Mais à mon premier retour en Europe, en 1946, ce que je découvr

1486 années d’exil américain, de fin 1940 à 1946. Mais à mon premier retour en Europe, en 1946, ce que je découvre, c’est que

1487 e problème intellectuel prioritaire que proposent à leurs invités les Rencontres internationales de Genève est justement

1488 e Montreux, sera l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque chose qu’on n’

1489 re confrontation des intellectuels et de l’Europe à sauverbl. Beaucoup de choses significatives ont été dites sur le prob

1490 nes des miennes par Malraux, deux mois plus tard, à la Sorbonne sous les auspices de l’Unesco). Mais à part les cinq « en

1491 rès de l’Europe qui se tient au début de mai 1948 à La Haye, sous la présidence d’honneur de Churchill, d’ailleurs présen

1492 ou final du congrès, en formule les finalités, ou à tout le moins les conclusions. La deuxième solution est retenue. Nous

1493 est retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Londres, finalement à La Haye, à la v

1494 nue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Londres, finalement à La Haye, à la veille du

1495 discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Londres, finalement à La Haye, à la veille du congrès, c

1496 endant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Londres, finalement à La Haye, à la veille du congrès, chaque virgule

1497 ris, à Genève, à Royaumont, à Londres, finalement à La Haye, à la veille du congrès, chaque virgule du Message aux Europ

1498 ve, à Royaumont, à Londres, finalement à La Haye, à la veille du congrès, chaque virgule du Message aux Européens , et c

1499 un et l’autre seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent encore et n’ont cessé de manifes

1500 e seront inaugurés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent encore et n’ont cessé de manifester, depuis

1501 our composer la commission culturelle, j’ai écrit à une centaine « d’intellectuels » d’Europe, jeunes et vieux. T. S. Eli

1502 Salvador de Madariaga : « Je donnerai volontiers ( à la commission) un temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, no

1503 nnerai volontiers (à la commission) un temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nom

1504 mission) un temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du congrès (150 pers

1505 nce européenne de la culture. Ici tout se précise à l’évidence : par « culture », les Européens et les européistes d’aujo

1506 arts », ni comme en France, la lecture des romans à la mode, ni comme en Allemagne la philosophie, mais ce que représente

1507 e effectivement la liste des 16 délégués français à la conférence : Raoul Dautry, Ancien ministre, haut-commissaire à l’é

1508 : Raoul Dautry, Ancien ministre, haut-commissaire à l’énergie atomique, Michel Debré, Sénateur, membre du Mouvement europ

1509 uvement européen Français, Jean Bayet, Professeur à la Sorbonne, membre de l’Institut, Mark Boegner, Pasteur, président d

1510 t, Écrivain politique, Louis Salleron, Professeur à l’Institut catholique de Paris, président des « Amitiés européennes »

1511 de J.-P. Sartre. Sur ma demande, il avait envoyé à la conférence de Lausanne des fragments d’un long essai40 dans lequel

1512 défendre la culture française en tant que telle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons-nous donc un autre moyen de

1513 d’une grande culture européenne. C’est en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture françai

1514 N des Angolais et autres Balubas « qui massacrent à vue les Européens ». Car, ce faisant, « ils font l’histoire de l’homm

1515 ue celui de la croissance industrielle conduisant à la guerre atomique, exporté sous le nom de Progrès. Les vrais Europée

1516 ui ne sont pas ceux qui recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se présentent en Afrique, mais bien plutôt c

1517 eut en offrir le modèle, si d’abord elle parvient à le vivre. Autrement, on ne la croira pas. Car ainsi que le disait le

1518 re les peuples de l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes qui règnent aujourd’hui avec l’ai

1519 d’hui avec l’aide du patriotisme, sans soupçonner à quel point leur politique de désunion est fatalement une simple polit

1520 rence excellente, riche en précisions. Il aboutit à approuver l’invocation et le préambule que pour ma part je désapprouv

1521 tre discutés. Sur un ou deux points, je trouve le nouveau préambule meilleur que l’ancien (j’entends celui de la constitution e

1522 « le peuple et les cantons de la Suisse, résolus à renouveler l’alliance des confédérés » (ont adopté la Constitution su

1523 as une formule encore vide. Mais ensuite, dans le nouveau texte, on en vient à des jeux d’esprit qui me paraissent peu convainc

1524 Mais ensuite, dans le nouveau texte, on en vient à des jeux d’esprit qui me paraissent peu convaincants. Ainsi la phrase

1525 ui use de sa liberté », ne me paraît pas évidente à première lecture, et surtout — mais j’ai l’esprit très mal fait — me

1526 urde. Évidemment, les auteurs voulaient dire tout à fait autre chose — que ne l’ont-ils dit clairement ! ⁂ Tout cela donc

1527 voir de l’État. Je suis on ne peut plus favorable à ce que l’on assigne des limites aux pouvoirs étatiques à tous les niv

1528 e l’on assigne des limites aux pouvoirs étatiques à tous les niveaux où ils existent chez nous — municipal, cantonal, féd

1529 pouvoir étatique. J’ai les doutes les plus graves à ce sujet. Les hommes d’État qui éprouvent le besoin de solenniser leu

1530 tenter de justifier leur cause. S’ils se mettent à invoquer le Dieu « tout-puissant », ce n’est pas du tout, dans leur e

1531 tout, dans leur esprit, que cela pose une limite à leur pouvoir. C’est au contraire qu’ils se prévalent de la Toute-puis

1532 e de se taire. Ce recoupement indique et confirme à mes yeux que l’invocation au « Dieu tout-puissant » n’est qu’une mani

1533 en de traduire cela dans leur langage. Mais c’est à eux de le faire, je ne m’en chargerai pas. De telle sorte que, si je

1534 ue, si je laisse la porte légèrement entr’ouverte à une invocation au divin, je pose en même temps un problème qui me par

1535 près insoluble. On a dit enfin, de l’invocation «  à Dieu tout-puissant », qu’elle s’inscrivait dans la continuité des pac

1536 bi la puissance de l’État (l’Empire romain) jusqu’ à la mort. Le Dieu qui n’a jamais voulu manifester aucune puissance au

1537 ar Jésus dans le désert : elles reviennent toutes à la tentation de la Puissance. (« Change ces pierres en pain ! Ou : si

1538 l’époque moderne ? Il semble bien qu’il s’agisse à l’origine sinon d’une erreur de traduction de saint Jérôme, à tout le

1539 sinon d’une erreur de traduction de saint Jérôme, à tout le moins d’un accent trop fort mis sur une expression qui ne rev

1540 non sur la terre en négation de la liberté donnée à l’homme par Celui qui l’a fait. Comment veut-on que les gens qui lise

1541 conscience et ne commettent donc pas l’erreur due à la traduction latine de saint Jérôme — deus omnipotens — ou à la vers

1542 ion latine de saint Jérôme — deus omnipotens — ou à la version grecque des Septante — Pantokrator ? Comment veut-on que l

1543 isiblement pas la puissance de donner la victoire à chacune des armées qui se réclament de lui : il faut bien qu’il y en

1544 une erreur qui va très loin, puisqu’elle consiste à confondre la transcendance et l’immanence. Je voudrais rappeler ceci,

1545 s’impose pas par la force mais qui pénètre l’âme à l’heure où elle se réveille et qui fait sentir à la personne humaine

1546 à l’heure où elle se réveille et qui fait sentir à la personne humaine prosternée qu’une personne divine lui parle, la d

1547 e du « Dieu des armées » qu’on appelle si souvent à la rescousse, et pas seulement au début des guerres, car l’expression

1548 ment au début des guerres, car l’expression plaît à beaucoup quoique pour de très mauvaises raisons. Pour moi, le Dieu de

1549 ns l’Ancien Testament mais une seule fois dans le Nouveau , Jacques 5. 4) c’est le Dieu des armées angéliques, spirituelles, non

1550 ous les articles de la constitution satisferaient à l’exigence ainsi posée et supporteraient l’épreuve d’être formulés au

1551 nt pas là des choses qu’un peuple puisse accepter à la majorité. bf. Rougemont Denis de, «  Invocation du nom de Dieu

1552 rales nucléaires et des questions qu’elles posent à notre société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur

1553 vons marquée par l’interview que Kowarski donnait à L’Express de Paris, en septembre 1973. Dans la préface à un précieux

1554 ress de Paris, en septembre 1973. Dans la préface à un précieux recueil de ses écrits intitulé « Réflexions sur la scienc

1555 sme : En ce début de septembre 1973, j’annonçais à court terme l’imminence de la triple jonction entre le renchérissemen

1556 onflit israélien et, à long terme, la disparition à tout jamais de l’énergie quasi gratuite. Je dénonçais — déjà — les ég

1557 monopole mais je fus, peut-être, un des premiers à mettre les pieds dans le plat à leur sujet. Dans l’interview, Lew Ko

1558 , un des premiers à mettre les pieds dans le plat à leur sujet. Dans l’interview, Lew Kowarski expose sa conception des

1559 , Lew Kowarski expose sa conception des centrales à eau lourde ou à eau légère, qu’il considère comme un « mal nécessaire

1560 xpose sa conception des centrales à eau lourde ou à eau légère, qu’il considère comme un « mal nécessaire », mais aussi d

1561 étaire auquel un être humain est prêt à vendre ou à acheter… La notion de prix passe nécessairement par le sentiment et l

1562 ompagnie américaine vient de livrer « un réacteur à des prix qui frôlent les 100 dollars au kilowatt installé. C’est une

1563 onclut sur ce paragraphe inoubliable que je tiens à citer en entier, parce qu’il démontre que Lew Kowarski savait que le

1564 e, a écrit que la grande question qui se poserait à la fin du siècle est de savoir s’il y a quelque chose que l’homme pui

1565 i, la réponse n’était pas évidente. Il me semble, à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à toutes les

1566 à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’ à penser à toutes les choses sérieuses de la vie. Par exemple, bien man

1567 u’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à toutes les choses sérieuses de la vie. Par exemple, bien manger, la p

1568 te, pour ma part, notre amitié. Je l’avais invité à titre d’expert scientifique à la table ronde du Conseil de l’Europe e

1569 . Je l’avais invité à titre d’expert scientifique à la table ronde du Conseil de l’Europe en 1965, à Strasbourg, et il av