1 L’Europe est une culture commune (1978)a L’Europe, qui a dominé le monde pendan

2 ope, qui a dominé le monde pendant des siècles, n’ est pas le produit d’une terre assez ingrate, encore couverte de forêts q

3 Sumer illustraient toute la civilisation. Elle n’ est pas le produit démontrable d’un climat, d’une pression démographique,

4 upart de ces points, d’avantages décisifs. Elle n’ est pas fille de la Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produit de t

5 pas fille de la Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produit de traditions diverses nouées en gerbe par le christianism

6 s les structures de l’Empire, comme sa doctrine s’ est informée dans les catégories de la dialectique grecque. La venue du C

7 e cité, de mesure et de philosophie, et ses dieux sont en forme d’hommes, conquête majeure (quoique ridiculisée par les Gaul

8 de citoyen (un responsable pourvu de droits), qui était ignorée de l’Égypte et niée par l’Asie. Tradition sémitique : elle es

9 te et niée par l’Asie. Tradition sémitique : elle est double : les Phéniciens, « Hébreux de la Mer », colonisent tout d’abo

10 l’Empire, nulle convergence préétablie ne saurait être décelée, annonciatrice de la synthèse européenne, combien instable et

11 , combien instable et malaisée, et qui pourtant s’ est révélée capable d’intégrer par la suite des apports germaniques et ce

12 t communautaires, ou « libertés ». L’apport celte est sensible d’une part dans l’évangélisation de plusieurs régions de l’E

13 la Table ronde, mythe de Tristan). L’apport arabe est triple : éléments de chimie et de mathématiques, philosophie, poésie.

14 adours, ancêtres de toute la poésie européenne, s’ est formé au contact du lyrisme andalou (analogie des thèmes et des forme

15 s siècles, d’ailleurs modifié et parfois enrichi. Est -il besoin de rappeler, au surplus, les échanges culturels et spiritue

16 Palerme ? Enfin, les apports slaves ne sauraient être négligés, quoique très récents (roman russe, dès la fin du xixe sièc

17 ou huit traditions à tant d’égards incompatibles, est née de décisions métaphysiques. Ce sont les premiers grands conciles

18 mpatibles, est née de décisions métaphysiques. Ce sont les premiers grands conciles œcuméniques du ive au vie siècle, et e

19 re, le Fils et le Saint-Esprit en un seul Dieu, a été appliqué presque aussitôt à l’homme par saint Augustin, puis par Boèc

20 usoires et irréelles aux yeux de l’esprit. Telles sont donc les sources communes de la culture européenne, et nous en sommes

21 ces communes de la culture européenne, et nous en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce que c’est

22 ne, et nous en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce que c’est d’elles que procède l’attitude part

23 de notre culture. Un premier fait : la science s’ est développée en Europe, et non pas en Asie. Parce que les Européens ava

24 nt dès Nicée) que le corps, la matière, le cosmos étaient des œuvres de Dieu, et méritaient donc d’être étudiés par les meilleu

25 étaient des œuvres de Dieu, et méritaient donc d’ être étudiés par les meilleurs esprits. Si l’on croit au contraire que le

26 u contraire que le corps, la matière et le cosmos sont autant de prisons et ne représentent en réalité que le voile de Maya,

27 les dates ne comptent pas. Un troisième fait : ce sont les Européens qui ont exploré la planète et qui ont « découvert » les

28 tions, non l’inverse. Parce que la foi chrétienne est universaliste et missionnaire, non pas magique et folklorique. Parce

29 : la structure sociale et politique de l’Occident est la seule qui repose sur les communes fédérées et les parlements délég

30 et au régime des castes. Parce que là où l’homme est conçu comme une personne, non comme une simple cellule prise dans la

31 autés où sa liberté et sa responsabilité puissent être réelles. Le christianisme s’est d’abord moulé dans les structures de

32 abilité puissent être réelles. Le christianisme s’ est d’abord moulé dans les structures de l’Empire romain, mais ensuite il

33 es élus par les communautés locales ou paroisses) sont devenus les prototypes de nos parlements modernes. Toute l’histoire d

34 conceptions fondamentales de l’homme et du monde est beaucoup plus profonde et décisive que nous ne le pensons d’ordinaire

35 décisive que nous ne le pensons d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens général que nous a

36 ’Europe ! D’autre part, cette communauté profonde est masquée à nos yeux depuis un siècle et demi par une estimation tout à

37 avons en commun : 2° que ces oppositions, loin d’ être éternelles ou même traditionnelles, ne datent souvent sous leur forme

38 l’idée (hégélienne) de « cultures nationales » s’ est répandue. Inculquée à quatre générations, elle nous est devenue quasi

39 pandue. Inculquée à quatre générations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture françai

40 n réalité, nos soi-disant « cultures nationales » sont des découpages arbitraires, opérés sur l’héritage commun des Européen

41 pport à l’ensemble. La culture vivante a toujours été le résultat d’échanges libres et d’influences fécondantes, non pas en

42 u), inventions typiques de l’Europe, n’ont jamais été nationales ; elles naquirent au sud, se transplantèrent dans les Flan

43 diversités linguistiques. Mais là encore, quelles sont les réalités ? Nos langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et

44 à encore, quelles sont les réalités ? Nos langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et nos littératures ont toutes util

45 Quant à la science, on sait assez que son langage est universel : encore convient-il de marquer que c’est le rayonnement de

46 libre à l’heure des régions (1978)b Si l’on n’ est pas né Jurassien, si l’on n’a pas de raisons déraisonnables, intéress

47 rente ans que nos chefs d’État proclament qu’elle est une question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avanc

48 avancer. La cause de ce « sur place » désespérant est très facile à définir : c’est la prétention des États à ne rien aband

49 des misanthropes. D’ailleurs, cette souveraineté est de plus en plus illusoire. En effet : — Aucun de nos pays ne peut ass

50 a défense sur ce continent le plus vulnérable qui soit à une guerre atomique, à cause de la densité de son peuplement, de so

51 de l’Europe, suspendue tout entière au pétrole, s’ est rendue absurdement vulnérable aux caprices de quelques émirs. Aucun d

52 que toutes et supporte de moins en moins qu’elles soient pillées à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref, nous voici

53 ots la situation présente du Vieux Continent : il est vital de faire l’Europe, mais il est impossible de la faire sur la ba

54 ntinent : il est vital de faire l’Europe, mais il est impossible de la faire sur la base des États souverains. On demandait

55 ommunautés locales et régionales : celles qui ont été les bases du fédéralisme suisse dès le xiiie siècle ; celles qu’il f

56 du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous serons colonisés par l’Est ou l’Ouest, ou les deux à la fois) — Europe impos

57 Europe à faire (sinon nous serons colonisés par l’ Est ou l’Ouest, ou les deux à la fois) — Europe impossible à faire (à cau

58 uropéen, en cette fin du xxe siècle. Et qu’elles sont devenues sujettes à la fois d’études et d’action dans le même temps q

59 peuvent se développer qu’en interaction. Car s’il est impossible de baser la fédération européenne sur les États-nations ce

60 tés de la région En effet, les régions doivent être définies comme des espaces de participation civique où la personne tr

61 ellement. Mais si la fin suprême de toute société est la liberté des personnes, non la puissance d’une collectivité, il dev

62 tales au xxe siècle, elle ne vaut pas la peine d’ être faite, et au surplus, elle ne sera jamais faite. II. Nécessité fé

63 pas la peine d’être faite, et au surplus, elle ne sera jamais faite. II. Nécessité fédéraliste du Jura La dialectique

64 lement l’État-nation par en haut et par en bas, s’ est déclarée un peu partout en Europe au lendemain de la Seconde Guerre m

65 pe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il était à prévoir qu’elle affecterait les « unités » politiques constituées a

66 édérale. À l’autre extrême, le peuple jurassien s’ est vu quatre fois dans l’histoire légué, concédé, annexé, rattaché sans

67 garant de son autonomie. Et c’est bien cela qui s’ est produit dans l’espace d’une génération, de 1947 à 1977, tandis que si

68 r les quelque vingt régions transfrontalières qui sont en train de se constituer, du Schleswig-Holstein par la Frise et le R

69 qu’à Bâle, et de Genève à Nice. « Non, Sire, ce n’ est pas une émeute ! C’est une Révolution ! » (C’est-à-dire l’instauratio

70 vorce, puis au fait, désormais accompli. Ce qui n’ était pas conforme à la loi organique de libre formation des Ligues suisses

71 libre formation des Ligues suisses, ce qui devait être rectifié en vertu d’une loi organique, l’est désormais. La naissance

72 ait être rectifié en vertu d’une loi organique, l’ est désormais. La naissance du canton du Jura est dans le droit fil du fé

73 , l’est désormais. La naissance du canton du Jura est dans le droit fil du fédéralisme suisse. Mais elle représente par rap

74 imposer à autrui sa propre loi, cette victoire ne sera confirmée que dans la mesure où elle permettra d’aller plus loin, et

75 delà de cette étape, enfin gagnée. Certes, il eût été vain de parler de dépassement d’un régime si longtemps désiré, tant q

76 éalisé. Mais une fois cela fait, s’y arrêter trop serait en perdre le bénéfice. Car en comblant un retard sur l’Histoire de pl

77 ats souverains où la plupart des autres Suisses s’ étaient installés depuis longtemps, et au plus tard depuis 1848. Mais c’est l

78 emps2 tend au contraire à les rendre insensibles, serait commettre en bonne doctrine fédéraliste, une double erreur. Ce serait

79 bonne doctrine fédéraliste, une double erreur. Ce serait d’abord tenter de fixer l’évolution de la nouvelle entité jurassienne

80 tre ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la chance nouvelle d’inventer un modèle d’avenir : celui d’un

81 ges imprévus… La séparation, au niveau cantonal, était une nécessité : il fallait rattraper l’Histoire dans l’ensemble confé

82 l’Histoire dans l’ensemble confédéral. Voilà qui est fait, et qu’il serait insensé de ne pas reconnaître et proclamer par

83 ensemble confédéral. Voilà qui est fait, et qu’il serait insensé de ne pas reconnaître et proclamer par un vote unanime du peu

84 allégeances, par-delà les frontières (quand elles sont arbitraires) vers de plus grandes régions (qui pourraient englober, s

85 . Allemand, italien, rhéto-romanche (depuis 1938) sont les trois langues officielles. Mais la troisième se subdivise en idio

86 lez-vous dire lorsque vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire  : « Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, se

87 écrivez dans L’Avenir est notre affaire  : « Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le sens courant du ter

88 aire  : « Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait , selon le sens courant du terme “politique”, radicalement dépolitisée

89 moi « qui ne croit pas que c’est très important d’ être de gauche ou de droite, d’être du centre gauche ou du centre droit, d

90 t très important d’être de gauche ou de droite, d’ être du centre gauche ou du centre droit, d’être giscardien ou chiraquien 

91 te, d’être du centre gauche ou du centre droit, d’ être giscardien ou chiraquien ». Les gens ont tort de prendre cela pour de

92 Quand les gens vous disent : « Mais ce problème a été politisé » (ça veut dire récupéré par un parti ou par un autre, n’est

93 eut dire récupéré par un parti ou par un autre, n’ est -ce pas ?), il faut absolument leur apprendre que la politique, c’est

94 dans la polis. C’est le même mot que civisme, qui est dérivé du latin et pas du grec. Polis, civitas, c’est l’État, c’est l

95 s. C’est, par exemple, les choix. Quelles options est -ce qu’on se donne dans la vie ? À quoi doit servir une société, une c

96 doit servir une société, une communauté ? Quelle est sa fin ? Est-ce que c’est la puissance ou est-ce que c’est la liberté

97 une société, une communauté ? Quelle est sa fin ? Est -ce que c’est la puissance ou est-ce que c’est la liberté des personne

98 lle est sa fin ? Est-ce que c’est la puissance ou est -ce que c’est la liberté des personnes par exemple ? Ça, c’est la ques

99 e ? Ça, c’est la question politique fondamentale. Est -ce que c’est la puissance collective ou est-ce que c’est la liberté d

100 tale. Est-ce que c’est la puissance collective ou est -ce que c’est la liberté des personnes ? Ou l’égalité ? N’importe quoi

101 ouvernement de la France, mais pas d’impôts, ce n’ était pas possible, et pas de service militaire obligatoire. Ça vient du xi

102 et obligatoire… Ne pensez-vous pas que l’écologie est un langage que les femmes peuvent mieux comprendre, un mouvement au s

103 vers la politique de partis traditionnelle ? J’en suis persuadé. Les femmes, ayant pour fonction de donner la vie, sont beau

104 Les femmes, ayant pour fonction de donner la vie, sont beaucoup plus sensibles que les hommes aux conditions de la vie. Pour

105 on fasse très attention à leurs réactions, que ce soit euxf qu’on suive, un peu comme du papier. c. Rougemont Denis de, «

106 par Anne-Marie de Vilaine. e. Cette expression a été tracée dans la copie conservée par Rougemont, mais sans réécrire la p

107 gemont corrige le journal, qui a imprimé « que ce soit ça qu’on suive » ; la dernière phrase semble avoir également souffert

108 nvier 1978)g Titre-piège, bien sûr, mais qui n’ est pas de moi. C’est Lui sans aucun doute qui l’a soufflé aux rédacteurs

109 e ne sache pas au monde un seul pays où le diable soit plus improbable, ou en tout cas mieux camouflé, plus difficile à pren

110 i feraient dire à l’homme de droite que le diable est , bien sûr, Jean Ziegler ; à l’homme de gauche, que c’est au contraire

111 ses colonnes. Tous ces cas, s’agissant du diable, sont bien trop « évidents » pour n’être pas trompeurs. Depuis La Part du

112 ant du diable, sont bien trop « évidents » pour n’ être pas trompeurs. Depuis La Part du diable (publiée à New York en 1942

113 à Paris et à Boudry), chacun sait que le diable n’ est jamais où on l’attend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de nou

114 on l’attend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Rien de plus facile que d’en

115 ère plutôt comme exagération. « Trop affreux pour être vrai ! », a-t-il pensé d’abord quand on lui parlait des camps de la m

116 s plus de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de nous faire croire, à partir de 1933, puis durant la Seconde Guerre

117 33, puis durant la Seconde Guerre mondiale, qu’il était simplement Adolf Hitler, et personne d’autre. Mais voilà : L’aventur

118 avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit ! » … En Hitler, le diable avait trouvé l’alibi le plus populai

119 s. Mais attention : Baader et les Palestiniens ne sont -ils pas plutôt victimes du diable que diaboliques eux-mêmes ? L’exemp

120 venait de haut : l’« équilibre de la terreur », n’ est -ce pas le modèle même du chantage à la bombe, qui sera le terrorisme

121 ce pas le modèle même du chantage à la bombe, qui sera le terrorisme de demain ? N’est-il pas le fait des États, qui ne se c

122 à la bombe, qui sera le terrorisme de demain ? N’ est -il pas le fait des États, qui ne se contentent pas de prendre en otag

123 r en nécessité pure et simple, passé maître qu’il est dans l’art publicitaire qui consiste tout simplement à nous faire pre

124 a décision de construire des centrales nucléaires était en vérité « un pacte de Faust ». Dans cette déclaration autorisée — s

125 ust ». Dans cette déclaration autorisée — s’il en fût —, notre opinion ne voulut voir, bien sûr, qu’une plaisante allusion

126 itre consacré au péril des centrales nucléaires y était intitulé : Un pacte de Faust. On se souvient que le Faust de Goethe p

127 énergie que représente la jeunesse éternelle. Qui serait Méphisto dans notre affaire ? Inutile de chercher personne. On ne tro

128 la croissance sans fin de nos besoins en énergie est désormais inévitable. Alors que chacun voit — ou pourrait voir — que

129 s que chacun voit — ou pourrait voir — que ce qui est inévitable c’est la fin de l’énergie à bon marché, et la pénurie dans

130 e « nécessaire » à cette époque. Non, le diable n’ est pas Monsieur X ou tel autre. Il est présent, actif et souverain, non

131 , le diable n’est pas Monsieur X ou tel autre. Il est présent, actif et souverain, non pas dans une personne mais bien dans

132 rs : nous y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’il ne pouvait trouver de femme. Il faisait sa d

133 s charmes profonds d’une existence dont le but ne serait plus la vitesse vers n’importe quoi dans le fracas, mais au contraire

134 ient et en Irlande notamment. En d’autres termes, est -il possible de distinguer un « bon » et un « mauvais » terrorisme ?

135 ceux qui le condamnent au nom du droit qu’ils se sont attribué de l’exercer exclusivement, je veux dire les États-nations q

136 nais pas une seule forme de terrorisme qui puisse être justifiée. Reprenons vos exemples… Et précisons d’abord qu’il y a deu

137 n représenter ce « succès ». Parce que détruire n’ est pas innover, cela va de soi. Pour ce qui concerne les premiers cités,

138 r en lui le modèle du nouvel homme : cela peut-il être un assassin ? Parlons alors des résistants français, sous l’Occupatio

139 ue de la continuation de la guerre. Notez qu’il s’ est trouvé des gens pour arguer, à l’époque, qu’il ne fallait pas lutter

140 llemands par les armes. Mais ce genre d’arguments fut le plus souvent, il faut bien le dire, le fait de sympathisants du fa

141 pense pas non plus qu’ils aient gagné quoi que ce soit , hors d’une publicité dangereuse, par les moyens du terrorisme. Tant

142 loyer cette expression. La plupart du temps, ce n’ est qu’une idée d’adolescent ne recouvrant qu’une insatisfaction latente

143 s. Mai 68, c’était le contraire du terrorisme. Ce fut la découverte, éblouissante, de la possibilité de l’échange et de la

144 d’expression, du débat et de l’invention. Il ne s’ est pas agi là, comme on a pu le dire, d’une révolution, mais d’une effus

145 une révolution, mais d’une effusion festive. Cela étant l’on peut se demander pourquoi le terrorisme a commencé à se manifest

146 semble qu’on a un peu gommé le fait que Schleyer était un ancien SS, qui avait été chargé de l’épuration de l’Université de

147 e fait que Schleyer était un ancien SS, qui avait été chargé de l’épuration de l’Université de Prague. D’autre part, il ser

148 ation de l’Université de Prague. D’autre part, il sera intéressant d’étudier, sous peu, le contenu du texte3 rédigé en priso

149 en », c’est le principe même de la démocratie qui est visé. Alors… Mais il ne faut pas, non plus, faire preuve d’hypocrisie

150 in de la jeunesse ? C’est probable. Le terrorisme est fait d’actes désespérés. C’est, tout au plus, le signe d’une angoisse

151 isse déplorer l’influence sur les terroristes. Je suis convaincu qu’aucun de ceux-ci n’a lu sérieusement Marcuse, non plus d

152 ion, dont les cours du soir de violence organisée sont suivis avec assiduité. Le terrorisme des États Par des récits d

153 , l’on sait en outre à quel point les terroristes sont préoccupés d’enregistrer les effets de leurs actes sur les foules, am

154 aine proféré par les gouvernements dictatoriaux n’ est pas fait pour encourager les prises d’otages. Le chantage n’a aucune

155 . Revenons-en au fond du problème : le terrorisme est -il, selon vous, un phénomène significatif de notre société ? Oui, de

156 ce : on a calculé que la délinquance dans les HLM est directement proportionnelle au nombre d’étages des tours. À ce propos

157 urs. À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est notre affaire , une comparaison entre les procédés des terroristes et

158 et tuant vingt enfants pour chacun de leurs amis, fussent -ils des assassins, non « libérés » dans l’heure qui suit avec leur ti

159 dent avec une docilité dont j’ai cru voir qu’elle est directement proportionnelle au degré d’autoritarisme de leur coutume 

160 Ce genre de crispation de la part des gouvernants est exactement ce qui peut déboucher sur le recours au terrorisme. Parlon

161 de la répression du terrorisme. Celui-ci peut-il être combattu par des moyens respectueux de la légalité ? Il n’y a pas d’a

162 n peut considérer l’expulsion de Klaus Croissant, fût -il coupable, comme une procédure expéditive à la limite de l’illégali

163 de l’illégalité. Ce que l’on risque, alors, ce n’ est pas le retour au fascisme6 mais c’est l’établissement d’un État polic

164 enter la pression de l’autorité étatique, il faut tenir ouvertes les voies légales de l’opposition et de la critique, et sauv

165 s, y compris celui de penser que l’ordre établi n’ est qu’un désordre établi. Dans cette perspective, l’initiative d’un Colc

166 magistrature, qui demande que les terroristes ne soient pas jugés par leur pays d’origine mais par une cour pénale européenne

167 ne, m’apparaît comme un exemple raisonnable. Ce n’ est jamais, à l’abri des pressions de tel ou tel État, par le mal qu’on v

168 e de notre temps : le terrorisme. Notre dossier s’ est ouvert en ces termes. Il faut aujourd’hui conclure. Herbert Marcuse,

169 pseudo-libéralisme occidental, Denis de Rougemont est le premier écrivain de langue française à avoir parlé de l’engagement

170 s formes de vie communautaire, Denis de Rougemont est de ces pessimistes actifs dont la voix aimerait néanmoins porter l’es

171 t, de votre itinéraire. Depuis quelques mois vous êtes à la une de l’actualité où vous apparaissez tour à tour comme un sage

172 n prophète de malheur, un gourou… Finalement, qui êtes -vous ? Fils d’un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930

173 Finalement, qui êtes-vous ? Fils d’un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930-1931, qu’un certain nombre de cri

174 âge, dont l’un des tracts qu’ils distribuaient m’ était un jour tombé entre les mains. « Nous ne sommes ni individualistes, n

175 m’était un jour tombé entre les mains. « Nous ne sommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personnalistes »,

176 ommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personnalistes », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous

177 es, nous sommes personnalistes », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous nous rencontrions une fois par mois da

178 Finalement, c’est ce « club du Moulin Vert » qui fut le berceau du personnalisme. Précisément, que disaient les personnali

179 sément, que disaient les personnalistes dont vous étiez  ? Nous disions qu’il fallait être à la fois contre le capitalisme, co

180 stes dont vous étiez ? Nous disions qu’il fallait être à la fois contre le capitalisme, contre le fascisme et contre le comm

181 , voire des staliniens, les personnalistes dont j’ étais opposaient la conception de la personne. Je la définissais à peu près

182 mme ceci dans l’un de mes premiers articles. Tout être a reçu une vocation unique qui le distingue de tout autre être au mon

183 ne vocation unique qui le distingue de tout autre être au monde. Une vocation qu’il ne peut accomplir concrètement que dans

184 t seul mais on ne le devient pas non plus si l’on est totalement immergé dans la communauté et déterminé par elle. C’était

185 mettions la fonction étatique ; un minimum d’État est nécessaire à l’organisation de la société. En revanche, nous étions v

186 à l’organisation de la société. En revanche, nous étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation qui en

187 lace du Roi lors de la Révolution française, s’en est attribué le côté sacré. Pour nous, l’État n’était qu’un service. Au s

188 n est attribué le côté sacré. Pour nous, l’État n’ était qu’un service. Au service des citoyens et rien d’autre ! Or, qu’obser

189 ervions-nous ? L’État-nation qui, historiquement, est né de la guerre, a régulièrement augmenté son pouvoir par la guerre à

190 libertés, de prendre des mesures d’exception qui sont rarement rapportées une fois la paix rétablie. Si bien que chaque gue

191 ouvait l’intuition de Proudhon. Évidemment nous n’ étions pas bien reçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui nous ne v

192 férence « sacrée ». Pour nous, l’une et l’autre n’ étaient que variante de l’État-nation. Troublée, la droite disait que nous ét

193 ’État-nation. Troublée, la droite disait que nous étions téléguidés par Moscou, tandis que la gauche répétait que nous étions

194 ar Moscou, tandis que la gauche répétait que nous étions « manipulés » et que nous faisions « objectivement » le jeu de la dro

195 fascisme. Quarante ans après les arguments ne se sont pas beaucoup renouvelés ! Ils ne peuvent pas se renouveler : il y a u

196 rler des Italiens, des Allemands ou des Anglais — sont en train de faire les analyses que nous faisions avec trente ans d’av

197 , en particulier les jeunes. À Creys-Malville cet été , il y avait à peu près 80 000 personnes pour protester contre Superph

198 basques, après une marche de 2000 kilomètres, se sont retrouvés à 350 000 devant Pampelune. Aucune autre cause au monde n’e

199 0 devant Pampelune. Aucune autre cause au monde n’ est capable de réunir autant de gens. Spontanément, librement… Justement,

200 t de gens. Spontanément, librement… Justement, qu’ est -ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que nous disions en commençan

201 venons là à ce que nous disions en commençant… Qu’ est -ce qui fait courir ces foules, ces jeunes ? La peur du cataclysme que

202 istes répétaient dans le désert depuis des années est devenu brusquement évident à tous ceux qui voulaient bien voir clair.

203 e ressource énergétique, le pétrole. Hélas, ce ne sera pas suffisant ! Il faudra encore beaucoup d’autres événements de ce g

204 avertissements n’arrivent pas trop tard et qu’ils soient juste assez forts pour nous obliger à réfléchir, juste assez faibles

205 éflexion ! On continue à faire comme si de rien n’ était  : les constructeurs d’automobiles, soutenus par les gouvernements, co

206 toutes les sources de pétrole faciles à exploiter seront taries. Ce qui signifie qu’il n’y a de pétrole à un prix abordable qu

207 bordable que pour dix ou vingt ans ! Qu’après, il sera devenu hors de prix et qu’il faudra le réserver strictement à certain

208 dans les syndicats n’ose dire : « Messieurs, vous êtes fous ! D’ici dix ou vingt ans il n’y aura plus sur vos autoroutes que

209 te ! » Jusqu’où allons-nous aller comme ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis, certains me confient dans l

210 le : « Ne vous affolez pas, la voiture électrique est presque au point ! » Je réponds : « Si c’est vrai — ce n’est pas vrai

211 au point ! » Je réponds : « Si c’est vrai — ce n’ est pas vrai, naturellement ! — vous êtes des criminels de ne pas le dire

212 vrai — ce n’est pas vrai, naturellement ! — vous êtes des criminels de ne pas le dire ouvertement et tout de suite afin que

213 s’aveugler ? Parce qu’ils ont surtout le souci de tenir jusqu’aux prochaines élections ! Et que les oppositions qui les rempl

214 sitions qui les remplaceront peut-être au pouvoir seront prisonnières de leurs promesses et d’ailleurs partagent leurs superst

215 cléaire… Mais vous, vous n’y croyez pas. Vous lui êtes même farouchement opposé. Expliquez-moi. Avec le débat sur le nucléai

216 pliquez-moi. Avec le débat sur le nucléaire, nous sommes au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’il n’y a que le nucl

217 s pas. La croissance indéfinie dans un monde fini est une aberration. Nous le savons désormais. Le club de Rome a suffisamm

218 une centrale nucléaire, les risques d’accident ne sont que de un pour cent-mille ! » Les gens qui lisent ça se disent : « Do

219 n’aie fini ma phrase. Trois des accidents qui se sont déjà produits n’avaient une probabilité que d’un sur trois milliards.

220 probabilité que d’un sur trois milliards. Et ils sont arrivés. L’année dernière ! À la vérité, tous les arguments sont bons

221 ’année dernière ! À la vérité, tous les arguments sont bons pour ceux qui ont encore la puissance industrielle et financière

222 ustrielle et financière et qui ont décidé qu’il n’ est pas question de remettre en cause la croissance infinie, le gaspillag

223 ales nucléaires ! Si les deux tiers de l’humanité sont encore dans un état de sous-développement industriel, c’est peut-être

224 é des savants qui lui disent que tous les risques sont maîtrisés, de l’autre autant de savants qui affirment qu’il n’en est

225 ’autre autant de savants qui affirment qu’il n’en est rien et que nous allons à la catastrophe. Alors, qui croire ? Écoutez

226 ce qu’ils disent ! » Kowarski me dit toujours : «  Est -ce que le monsieur qui vous parle est un vendeur ? » On nous pousse a

227 oujours : « Est-ce que le monsieur qui vous parle est un vendeur ? » On nous pousse au gaspillage pour démontrer ensuite qu

228 ergie la plus importante de la fin du xxe siècle sera dans les économies que nous ferons sur le gaspillage ». On pourrait é

229 part des physiciens que j’ai rencontrés récemment sont pessimistes : — Ça ne pourra pas se faire ! Pour des raisons à la foi

230 l en coûterait à peu près la moitié de toutes les sommes disponibles à travers le monde. Uniquement pour avoir un peu plus d’é

231 -nations dans notre société industrielle. Qu’elle soit capitaliste ou socialiste. Il n’y a à cet égard aucune différence. Ce

232 ’y a à cet égard aucune différence. Cette logique est plus forte que tous les hommes d’État, que tous les servants de l’Éta

233 aires des États-Unis et de l’Union soviétique. Où est l’indépendance ? La société Framatome est chargée de construire les c

234 que. Où est l’indépendance ? La société Framatome est chargée de construire les centrales nucléaires. Société française thé

235 ghouse, multinationale américaine, et son capital est constitué avec seulement 30 % des fonds provenant du Commissariat de

236 mique. Pas même une minorité de blocage. Le reste étant apporté par Westinghouse (actuellement tenté de reprendre ses billes)

237 iemens, multinationale allemande. Et le président est le baron belge Empain. Qu’y a-t-il de français là-dedans ? Reste une

238 Restera donc un déficit de 50 %. Autrement dit ce sera la crise totale. Nous sommes donc contraints de ne pas continuer. Alo

239 50 %. Autrement dit ce sera la crise totale. Nous sommes donc contraints de ne pas continuer. Alors que faire ? D’abord économ

240 s gouvernements détestent. « L’énergie solaire ne sera pas compétitive avant la fin du siècle », nous répète-t-on. C’est fau

241 le », nous répète-t-on. C’est faux. Des résultats sont déjà acquis et les recherches pourraient se concentrer désormais sur

242 erche sur l’énergie solaire ? Parce que le soleil est à tout le monde et que demain vous pourriez avoir un petit four solai

243 faut encore vingt ans pour que l’énergie solaire soit compétitive ! Vous comprenez, l’énergie solaire ça va avec le reste :

244 i nous conduit à la catastrophe. Finalement, vous êtes quelqu’un de très subversif ! J’espère bien. Je suis subversif en ce

245 s quelqu’un de très subversif ! J’espère bien. Je suis subversif en ce sens que je suis contre le désordre établi. Mounier a

246 ’espère bien. Je suis subversif en ce sens que je suis contre le désordre établi. Mounier a dit exactement les choses et je

247 nc le contraire du totalitarisme. Dans ce sens je suis aussi subversif pour la gauche que pour la droite. À ce propos, juste

248 acrilèges ». Celle-ci par exemple : « le marxisme est l’opium de la révolution ». La formule n’est pas de moi, mais de mes

249 isme est l’opium de la révolution ». La formule n’ est pas de moi, mais de mes amis Robert Aron et Arnaud Dandieu. Mais c’es

250 ent. Vous le pensez toujours ? Absolument. Cela a été démontré abondamment depuis à travers le monde. Ceux qui avaient des

251 ors, votre espérance ? Des milliers de mouvements sont à l’œuvre. Au premier rang ceux des écologistes. Tous ne sont pas for

252 re. Au premier rang ceux des écologistes. Tous ne sont pas forcément sympathiques à chacun, mais l’avenir est incontestablem

253 as forcément sympathiques à chacun, mais l’avenir est incontestablement de leur côté… Je vois d’autres signes aussi. Des so

254 à dire que le gigantisme c’est fini, que l’avenir est « aux petites unités intelligibles », « aux petites cellules urbaines

255 tes… » Finalement, aujourd’hui, toute la question est de savoir comment nous allons changer de cap… Oui justement, comment

256 ons à la liberté, à une vie plus saine où l’on ne sera pas sans cesse pourchassé par le temps… Avec la nécessité, pour aller

257 ous. Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’ est pas forcément aller prendre le pouvoir, là où d’ailleurs il n’existe

258 re. Car ceux-ci feront la même chose que ceux-là, tenus qu’ils sont par leurs promesses de se lancer dans les mêmes histoires

259 ci feront la même chose que ceux-là, tenus qu’ils sont par leurs promesses de se lancer dans les mêmes histoires de courbe d

260 amais existé, comme si les ressources de la terre étaient illimitées, comme s’il y avait de l’aluminium, du pétrole, de l’urani

261 étrole, de l’uranium pour mille ans ! Au fond, qu’ est -ce que le progrès ? C’est le progrès spirituel. L’idée du progrès mat

262 rogrès spirituel. L’idée du progrès matériel n’en est qu’une dérivation, qu’une sécularisation. Une déviation du christiani

263 christianisme. Tout comme l’idée de révolution n’ est qu’une sécularisation de la conversion : seule une personne, à son pl

264 qu’il s’agit d’opérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne recevra

265 us pouvez toujours courir. La sentinelle que vous êtes aujourd’hui, Denis de Rougemont, qu’attend-elle de l’avenir ? Qu’atte

266 la responsabilité… J’ai confiance cependant. Ce n’ est pas de l’optimisme. Non, je suis comme Martin Luther : même si j’appr

267 e cependant. Ce n’est pas de l’optimisme. Non, je suis comme Martin Luther : même si j’apprenais que la fin du monde est pou

268 Luther : même si j’apprenais que la fin du monde est pour demain, je planterai quand même un petit pommier ! C’est une sor

269 constamment engagé sur les fronts où la liberté s’ est trouvée menacée… Un veilleur qui depuis plus de quarante ans ne cesse

270 ’avertir des dangers qui nous menacent : la terre est pillée, le pétrole, les minerais, l’eau s’épuisent, le nucléaire mena

271 versation, où l’on éprouve soudain le sentiment d’ être un peu plus intelligent. Et l’envie de lire ou de relire son dernier

272 si vous ne vous convertissez pas… » La correction est de Rougemont, en marge sur l’exemplaire.

273 février 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est notre affaire paraît être la somme de vos réflexions depuis quarante

274 dernier livre L’Avenir est notre affaire paraît être la somme de vos réflexions depuis quarante ans. On y retrouve des thè

275 ouverte aux Européens . Vous écrivez que l’avenir est « notre enjeu et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans l

276 ous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’ est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos désirs, dont la techni

277 l’Histoire, mais nos désirs, dont la technique n’ est que l’outil. Dans ce livre, je cherche surtout à démontrer que l’aven

278 trer que l’avenir ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « f

279 ité ». Hormis les tremblements de terre — et il n’ est pas improbable que nous parvenions aussi à les contrôler d’ici peu —

280 ien trouvé dans l’histoire des siècles passés qui soit le pur résultat du hasard ou de la nature. Et si nous continuons sur

281 t si nous continuons sur la lancée actuelle, nous serons tous responsables des catastrophes futures — prévisibles et calculabl

282 s — prévisibles et calculables. Ce qui va arriver sera entièrement le fait des hommes. C’est pourquoi il est très important

283 entièrement le fait des hommes. C’est pourquoi il est très important de savoir quel avenir nous voulons. Mais précisément,

284 prospective ? En feignant de croire que l’avenir était davantage l’affaire de l’ordinateur que celles des hommes. Mais c’est

285 acher derrière les buissons, Adam répond : « Ce n’ est pas moi, c’est Ève qui me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui

286 ent qui me l’a donnée. » Or le serpent, lui, il n’ est plus là… De nos jours, c’est la même chose. Les « impératifs » que no

287 hose. Les « impératifs » que nous brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles. Vous savez d’ailleur

288 enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire peut se définir comme un essai de morale traitant de l

289 onsable ? Cette conception de l’homme « libre » n’ est pas nouvelle. Je l’ai déjà exprimée dans la Politique de la personne

290 ux totalitarismes. Dès que vous cédez quoi que ce soit sur la personne, tout est perdu : l’homme, le couple, la cité, la soc

291 vous cédez quoi que ce soit sur la personne, tout est perdu : l’homme, le couple, la cité, la société. Et vous aboutissez i

292 idée que l’on se fait de l’amour dans une société est fondamentale. C’est dans nos manières d’aimer que se trouve aussi la

293 philosophie de l’amour, vous concluez même qu’il est impossible d’espérer bâtir une communauté libre si nous commençons pa

294 n l’union de deux libertés, ne vous paraît-il pas être en politique l’équivalent du totalitarisme ? En un sens, dans le coup

295 me et tend à la destruction de l’autre. Mon livre était une description de l’amour-passion dont l’archétype reste Tristan et

296 istan n’aime pas Iseut ; il aime seulement aimer, être amoureux et il projette sur elle son propre état. Mais chaque fois qu

297 séparation, car il n’aime pas vraiment ce qu’elle est comme « personne ». Or, c’est grave. Tristan vit en quelque sorte un

298 an vit en quelque sorte un amour totalitaire : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la premiè

299 ans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la première cellule de ce que j’appelle le fédéralisme, c’est-à-dire

300 de l’amour-passion nous conditionne au point de n’ être plus capable d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus ca

301 capable d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus capables de devenir les éléments d’une cité, d’une communauté li

302 té, d’une communauté libre. L’État, de nos jours, est comparable à la passion parce qu’il n’aime plus les gens, il exige si

303 va croissant. Vous dites à la fois que « l’avenir est notre affaire » et que trop de facteurs interviennent pour que l’on p

304 exemple, à la conclusion que la guerre du Kippour était née du croisement de la « série automobile » et de la « série hitléri

305 hevaux, les enfants, et dont personne ne voulait, est à l’heure actuelle la première industrie mondiale. Avec elle s’est dé

306 uelle la première industrie mondiale. Avec elle s’ est développé le pétrole, dont l’importance unique nous fait dépendre des

307 création de l’État d’Israël — qui n’aurait jamais été possible autrement. Or, la guerre du Kippour est pour ainsi dire née

308 été possible autrement. Or, la guerre du Kippour est pour ainsi dire née du croisement du pétrole arabe et de l’État d’Isr

309 développement de l’automobile, seuls auraient pu être prévus. J’ai d’ailleurs pressenti celui-ci dans un texte écrit dès 19

310  ? Cet exemple, parmi d’autres, montre bien qu’il est vain de croire que l’avenir puisse être prévu scientifiquement. Trop

311 bien qu’il est vain de croire que l’avenir puisse être prévu scientifiquement. Trop de facteurs entrent effectivement en jeu

312 p de facteurs entrent effectivement en jeu qui ne sont pas tous prédéterminés (le pétrole n’est pas l’unique combustible) et

313 qui ne sont pas tous prédéterminés (le pétrole n’ est pas l’unique combustible) et dont certains sont même purement fortuit

314 n’est pas l’unique combustible) et dont certains sont même purement fortuits (la localisation dans le monde arabe des princ

315 sion — et c’est la deuxième partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadenc

316 dent ce qui va arriver, au lieu de se dire : « Qu’ est -ce que je peux faire pour ceci ou contre cela ? » En 1940, le gouvern

317 hamp, André Breton, Jules Romains, Saint-Exupéry, étaient là. Il y avait aussi Schönberg et Béla Bartók qui vivait d’ailleurs t

318 emplaire à New York. Il aurait pu très facilement être le « big man » (les Américains adorent ça), mais ils devaient se cont

319 ils devaient se contenter de Dali, car Breton les tenait tous à distance. Je ne l’ai jamais entendu prononcer un seul mot d’an

320 effet, que j’ai découvert l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la revoir, ce qui

321 rope et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’ était vraiment certain de la revoir, ce qui suscitait un attachement dramat

322 livre Lettres sur la bombe atomique . Lui aussi était contre « l’État-nation ». Dans votre ouvrage, L’Avenir est notre aff

323 « l’État-nation ». Dans votre ouvrage, L’Avenir est notre affaire , vous dites que l’État moderne, centralisé, n’a d’autr

324 cabler. Cela ne lui fait d’ailleurs aucun mal, il est complètement isolé de la population. Pourtant, tous nos maux ne sont

325 solé de la population. Pourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce que nous ne so

326 e notre impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoyens responsables que l’État devient de plus en plus env

327 s vont encore plus loin. Les centrales nucléaires sont des objets énormes, dangereux, extrêmement chers, très probablement n

328 ix ou quinze ans, tend à nous faire croire que ce sera concurrentiel, inoffensif et indispensable. Là encore, c’est la porte

329 les pas fait figure de réaction ? En mai 1968, se sont exprimées des réactions spontanées — souvent sans analyse préalable —

330 Elle permettait de se retrouver, de recréer — ne fût -ce que quelques jours — un sentiment de communauté. À l’heure actuell

331 isant à ce que tout le monde fasse la même chose, soit traité de la même manière et au même moment, monte une immense vague

332 même avec le mouvement de libération de la femme, sont l’expression. Peut-être cette vague de fond parviendra-t-elle à trans

333 romantique de la prise du pouvoir. D’ailleurs, qu’ est -ce que le pouvoir aujourd’hui ? Sinon le fait de jeter les gens en pr

334 r revenir à un mode de vie communautaire qui nous soit propre en essayant de passer progressivement d’une technologie « dure

335 roduits par le chapeau suivant : « Avec L’Avenir est notre affaire (éd. Stock), Denis de Rougemont pose cette question cr

336 les communautés à l’échelle humaine où le citoyen serait libre, parce que responsable. »

337 fonde aussi sur l’expérience de toute ma vie, je suis un enseignant et c’est une chose que j’ai apprise avec mes étudiants8

338 une utopie. Mais vous vous défendez, je crois, d’ être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai besoin d’avoir

339 vous défendez, je crois, d’être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai besoin d’avoir un but, une image deva

340 ons réalistes. La société à l’échelle des régions est une réalité vécue. 3. L’utopie, c’est le système dans lequel on vit ?

341 rave la crise. On sait que, dans vingt ans, il ne sera plus guère possible d’acheter du pétrole. Parce qu’il coûtera trop ch

342 s problèmes avec l’énergie nucléaire, l’uranium n’ étant pas non plus à disposition de manière illimitée. Et pourtant, on cont

343 la religion de la croissance. Quand je dis qu’il est urgent de concevoir autre chose, j’invoque des faits extrêmement conn

344 , j’invoque des faits extrêmement connus. 4. Vous êtes un adversaire de l’énergie nucléaire ? Voyez-vous, quand on nous fait

345 quand on nous fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tout résoudre, on ne met pas en évidence certains chiffres 

346 réalisé 20 % d’économie sur l’énergie. 5. Vous ne tenez pas en grande estime les mouvements politiques, qu’ils soient de droi

347 n grande estime les mouvements politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche… Ils ont prouvé que, pour l’essentiel, ils veu

348 compétitive au niveau économique. C’est cela qui est mauvais. 6. En ne faisant plus la différence entre la gauche et la dr

349 lus la différence entre la gauche et la droite, l’ Est et l’Ouest, vous avez introduit dans votre livre la notion de l’État-

350 la notion de l’État-nation. Cet État-nation — ils sont 175 à se partager la planète — qui ne cherche qu’à servir son prestig

351 ut le genre humain… Oui. Ce qu’il faut maintenant tenir en considération, c’est le pouvoir réel de ces États-nations. Or, que

352 st le pouvoir réel de ces États-nations. Or, quel est -il ? Pour l’essentiel, ils dépendent de quelques multinationales. Rev

353 Revenons à l’exemple de l’énergie nucléaire, qui est censée rendre les pays indépendants quant à leurs ressources énergéti

354 centrales nucléaires qu’elle construit (et dont, soit dit en passant, pas une seule ne fonctionne correctement pour l’insta

355 ranium). Mais parlons d’autre chose, parce que je suis intarissable sur ce sujet-là ! 7. J’aimerais pourtant revenir à vos É

356 enir à vos États-nations. Comment imaginer qu’ils seront un jour détrônés ? Les États-nations, c’est une illusion d’optique. I

357 États-nations, c’est une illusion d’optique. Ils sont très menacés, ne serait-ce qu’à cause de ce que je viens de vous décr

358 une illusion d’optique. Ils sont très menacés, ne serait -ce qu’à cause de ce que je viens de vous décrire à propos des multina

359 in. Et il a la faculté de choix pour autant qu’il soit responsable. Que voulons-nous ? Un certain niveau de vie que d’autres

360 autres, et qui détient le sens de la vie ? Cela n’ est réalisable qu’au niveau des régions. Les gens se sentent plus concern

361 régions. Les gens se sentent plus concernés et ne sont capables de chercher à sauver leur autonomie que lorsqu’il s’agit de

362 la guerre. Au terrorisme. Mais voyez-vous, ce qui est indispensable, ce n’est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. Et

363 . Mais voyez-vous, ce qui est indispensable, ce n’ est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. Et on finira bien par y ar

364 hes ». Je ne crois pas comme Rousseau que l’homme est naturellement bon. Non, comme il est plutôt bête et méchant, il n’y a

365 que l’homme est naturellement bon. Non, comme il est plutôt bête et méchant, il n’y a effectivement aucune chance qu’il de

366 dans les dix à quinze ans à venir. La question n’ est pas là. Nous avons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous

367 la bombe atomique — de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la toute pet

368 a appris beaucoup de choses. Cette crise n’a pas été grave, mais les gens se sont soudain rendu compte que l’on s’était li

369 . Cette crise n’a pas été grave, mais les gens se sont soudain rendu compte que l’on s’était livré pieds et poings à quelque

370 les gens se sont soudain rendu compte que l’on s’ était livré pieds et poings à quelques émirs qui sont parfaitement capables

371 ’était livré pieds et poings à quelques émirs qui sont parfaitement capables de jeter l’économie européenne dans la faillite

372 e dans la faillite. Un certain état d’esprit s’en est trouvé complètement modifié. Vous savez, quand on sent passer le vent

373 : les États qui achètent des centrales nucléaires sont capables de produire du plutonium, est-ce vraiment pour ne pas s’en s

374 ucléaires sont capables de produire du plutonium, est -ce vraiment pour ne pas s’en servir ? 12. À propos de « vent du boule

375 propos de « vent du boulet », l’opinion publique est très sensibilisée en ce moment par le phénomène du terrorisme ; pense

376 13. Vous dites dans votre livre : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre

377 avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir es

378 notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contraintes et de dommages déjà causés »… Il existe en angl

379 , on abandonnera toutes ces grandes villes qui ne sont plus rentables — vous connaissez l’exemple de New York, qui ne se rel

380 taquez au Pouvoir, la croissance économique, vous êtes à votre manière un révolutionnaire. Vos idées sont très subversives…

381 tes à votre manière un révolutionnaire. Vos idées sont très subversives… Révolutionnaire, oui. Mais avec des idées construct

382 et des échanges humains, la plus vraie. 15. Vous êtes un témoin de notre temps et vous avez émis depuis que vous écrivez de

383 ’aller observer en Allemagne ce qui se passait. J’ étais chômeur et il m’avait offert un poste de lecteur de français dans son

384 er et vous répondez : « On vous les laisse, elles sont pleines de déchets radioactifs. » Et il y en a d’autres ! J’ai un ami

385 C’est également une belle formule. 18. L’Avenir est notre affaire est un best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’est

386 e belle formule. 18. L’Avenir est notre affaire est un best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’est pas particulièreme

387 st un best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’ est pas particulièrement facile. On me dit assez fréquemment que j’écris

388 emment que j’écris les choses comme elles doivent être dites, sans prendre les gens pour des imbéciles. En fait, je dis ce q

389 dire. Notez que ceux qui prétendent que mon livre est trop compliqué sont en général des gens qui ne sont pas d’accord. 19.

390 x qui prétendent que mon livre est trop compliqué sont en général des gens qui ne sont pas d’accord. 19. Vous êtes dur, quan

391 st trop compliqué sont en général des gens qui ne sont pas d’accord. 19. Vous êtes dur, quand vous constatez que l’on vit da

392 néral des gens qui ne sont pas d’accord. 19. Vous êtes dur, quand vous constatez que l’on vit dans une société d’hommes creu

393 é et cela favorise notamment la délinquance. Il a été vérifié, avec des méthodes différentes dans plusieurs pays occidentau

394 ns plusieurs pays occidentaux, que la délinquance est très exactement proportionnelle au nombre d’étages dans les tours des

395 « helvétisation » de l’Europe. En Suisse, tout n’ est pas toujours comme dans le meilleur des mondes… Bien sûr que non ! Ma

396 y fait de moins grandes bêtises. Non parce qu’on est meilleur, mais parce qu’on est plus petit. 8. Denis de Rougemont es

397 s. Non parce qu’on est meilleur, mais parce qu’on est plus petit. 8. Denis de Rougemont est depuis 1950 directeur du Cent

398 rce qu’on est plus petit. 8. Denis de Rougemont est depuis 1950 directeur du Centre européen de la culture et depuis 1963

399 Rougemont surprend au premier abord, parce qu’il est justement le contraire. Non pas imposant, mais forçant naturellement

400 ni petit, mais moyen. Jamais hautain, pourquoi le serait -il ? C’est d’ailleurs et avant tout un excellent pédagogue, sachant p

401 lent, de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est notre Affaire (Stock), publié il y a quelques mois, est sur la liste

402 re Affaire (Stock), publié il y a quelques mois, est sur la liste des best-sellers de cet hiver. Dans ce “manifeste de l’e

403 logistes, mais propose des solutions. Parce qu’il est aussi depuis 1947 l’une des têtes pensantes de l’action fédéraliste e

404 ités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes . L’homme devant être l’unique but de la société… C’est tonique et ple

405 té, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’unique but de la société… C’est tonique et plein d’intelligence. Et

406 in d’intelligence. Et, en refermant son livre, il est difficile de ne pas croire avec Denis de Rougemont que “tout est poss

407 e ne pas croire avec Denis de Rougemont que “tout est possible encore et même plus que jamais : tout est possible, mais il

408 st possible encore et même plus que jamais : tout est possible, mais il faut choisir”. »

409 itre ? » (22 février 1978)q Denis de Rougemont est un ennemi invétéré de tout ce qui porte atteinte à la démocratie d’un

410 l d’autre part. Dans son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’il appelle une histoire de fous : ce

411 le une histoire de fous : celle de l’auto. Quelle est alors son opinion sur l’initiative Franz Weber ? Je suis tout à fait

412 ors son opinion sur l’initiative Franz Weber ? Je suis tout à fait favorable à cette initiative. La considérez-vous d’abord

413 oi sert le référendum facultatif. Ce référendum n’ est -il pas illusoire comme moyen de préserver l’environnement ? Il semble

414 ent ? Il semble en effet que la majorité des gens soient plus attachés à leur voiture que séduits par vos thèses… Ils ne s’opp

415 dées par l’Assemblée fédérale. Bien sûr. Mais ils sont inconscients. Ils préfèrent un avantage immédiat à une réflexion appr

416 léchir, activité peu prônée par les autorités. Qu’ est -ce qui prouve la nécessité absolue du développement du réseau routier

417 une vaste mythologie de la croissance indéfinie ? Tenez , le but des autoroutes était bien, à l’origine, d’accroître la fluidi

418 oissance indéfinie ? Tenez, le but des autoroutes était bien, à l’origine, d’accroître la fluidité du trafic ? Or, des heures

419 eures et des heures d’antenne à la radio et la TV sont maintenant consacrées à supplier les automobilistes d’éviter les gran

420 sidérez-vous par conséquent que le réseau routier est suffisant dans son état actuel ? J’en suis convaincu. D’autant plus q

421 routier est suffisant dans son état actuel ? J’en suis convaincu. D’autant plus qu’il y a de fortes chances qu’il ne serve p

422 ion, le TCS ne répond pas. Pourtant la croissance est très vulnérable, puisqu’elle dépend du pétrole, et que celui-ci n’est

423 puisqu’elle dépend du pétrole, et que celui-ci n’ est pas, quoi qu’on en dise, inépuisable. Non, il n’est plus permis aujou

424 t pas, quoi qu’on en dise, inépuisable. Non, il n’ est plus permis aujourd’hui de raconter des bobards sur nos besoins, just

425 er des bobards sur nos besoins, juste parce qu’on est payé pour le faire. Si on ne construit plus de quoi les utiliser, fau

426 onde, et non pas des centaines de modèles, qui ne sont que l’expression d’un statut social. Pourquoi la voiture servirait-el

427 de l’initiative, de la disposition transitoire. N’ est -ce pas en effet risquer des démolitions que de soumettre au référendu

428 l n’avait d’ailleurs pas le droit de publier : il est en effet anticonstitutionnel de la part des autorités d’influencer le

429 upposer qu’il y ait risque, le Conseil fédéral en est le seul responsable. Il n’avait qu’à être prudent dans ses projets à

430 déral en est le seul responsable. Il n’avait qu’à être prudent dans ses projets à partir d’août 1973, date du lancement de l

431 nt de l’initiative. Cette disposition transitoire était un moyen pour Franz Weber de forcer le gouvernement à une sorte de mo

432 Bien que la construction de centrales nucléaires soit encore pire que celle de routes, il s’agit effectivement du même type

433 effectivement du même type de catastrophes. Elles sont toutes deux en contradiction avec un avenir respirable et représenten

434 L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-

435 he E. M. Cioran, je crois, qui a défini L’Avenir est notre affaire comme la « méditation apocalyptique d’un optimiste ».

436 me demande, après avoir achevé votre livre, quel est le sentiment qui l’emporte : l’évidence de cette Apocalypse que vous

437 ste de l’espoir du xxe siècle finissant ». Je me suis tout à fait reconnu dans une telle définition. Non, je ne suis pas ap

438 ait reconnu dans une telle définition. Non, je ne suis pas apocalyptique ! Ou si je le suis, c’est dans la mesure où j’affir

439 . Non, je ne suis pas apocalyptique ! Ou si je le suis , c’est dans la mesure où j’affirme que, si l’on n’y remédie pas, la l

440 ins telle que nous l’imaginons d’habitude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de la Bible, révélation d’une fin der

441 rnière de l’humanité. Alors, dans ce cas, oui, je suis pessimiste, ultrapessimiste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il ne fa

442 désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il est vain de lutter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si nous refus

443 a vécu cent-mille ans sans centrales nucléaires — serait -on ramené à l’âge des cavernes ? Je leur réponds : « Les cavernes, je

444 rmique. Et il ne cessera de grimper… Le nucléaire est pour vous l’un de ces points clés sur lesquels se joue notre avenir e

445 nts clés sur lesquels se joue notre avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai tant parlé des central

446 symbole d’une société, et d’un état d’esprit qui est exactement le contraire de ce pour quoi je me suis toujours battu dep

447 est exactement le contraire de ce pour quoi je me suis toujours battu depuis ma jeunesse. Les centrales nucléaires témoignen

448 idablement chers et formidablement dangereux, que sont les centrales nucléaires. L’État contrôle, dès lors, les investisseme

449 s de lobby solaire auprès du gouvernement. L’État est contre le solaire, car il ne peut pas faire main basse sur le soleil.

450 , peut se symboliser encore dans les dieux qui en sont les représentants. Le soleil, c’est Zeus et le nucléaire, c’est Pluto

451 chesse enfouie sous la terre, cachée et honteuse, était en même temps le dieu aveugle, aveugle comme une taupe. Et que font l

452 plus de monde possible. Il voulait des morts. Tel est le monde de l’État, de la richesse, de la puissance anonyme et meurtr

453 règne Zeus. L’une des épithètes de Zeus, en grec, était Europos, c’est-à-dire celui qui voit loin, celui à la large vision. C

454 rtir de cette lutte ? Vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire que seules les communautés permettraient à l’homme de

455 Je n’y crois pas. La Révolution, avec un grand R, est un mythe populaire qui consiste à croire qu’un beau jour, on va se dr

456 je ne vois aucune différence essentielle entre l’ Est et l’Ouest aujourd’hui. Le communisme comme le capitalisme partagent

457 lon le nombre d’objets mis à leur disposition. Ce sont des sectes à peine différentes. Disons-le autrement : si vous ne croy

458 , que me reste-t-il ? L’individu, la personne… Qu’ est -ce qui nous empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien

459 ien ne nous empêche de construire, chacun où nous sommes , une société meilleure qui réponde à d’autres finalités que celle de

460 technicien un peu sérieux vous le confirmera. Il est absolument indéfendable de se chauffer à l’électricité, cette forme n

461 et de la transformer en cette forme ordinaire qu’ est la chaleur, dernier stade avant la non-énergie. Il faut faire de la c

462 n plaint ? Contrairement à ce qu’on dit, les gens sont prêts à faire des sacrifices, volontairement, pour se libérer de ce s

463 mmuniste aux tenants d’une croissance limitée : n’ est -il pas injuste, disent-ils, que certains privilégiés demandent, à l’é

464 rsonne n’a jamais rien demandé au tiers-monde, ce serait du reste parfaitement vain. Le tiers-monde a été persuadé par nos soi

465 rait du reste parfaitement vain. Le tiers-monde a été persuadé par nos soins que notre mode de vie représente le progrès, i

466 ais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes en face d’une crise absolument inévitable, et pourtant tout semble co

467 ur des siècles. C’est absurde. D’ici cinq ans, il est très possible que le pétrole coûte trois à quatre fois plus cher qu’a

468 pendant vingt ans ou moins… D’autre part, cela a été très bien calculé par le club de Rome, il est matériellement exclu qu

469 a a été très bien calculé par le club de Rome, il est matériellement exclu que le tiers-monde rejoigne jamais notre niveau

470 e, moins dévoratrice de matière première. Oui, ce serait là un exemple pour le tiers-monde qui est à deux doigts de la santé,

471 , ce serait là un exemple pour le tiers-monde qui est à deux doigts de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos m

472 s-monde qui est à deux doigts de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos maladies. Lorsque, dans les années 1930

473 « personnalistes », aviez-vous conscience que ce serait là des solutions possibles à cette crise que nous connaissons aujourd

474 t L’Ordre nouveau avait assez bien prévu ce qui était en train de se faire. Nous pressentions les désastres auxquels la pro

475 s des solutions comme le service civil… Mais nous sommes restés des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’appellerai

476 réducteur de l’État-nation ! La notion de région est pour vous essentielle. Mais n’est-elle pas bien difficile à détermine

477 otion de région est pour vous essentielle. Mais n’ est -elle pas bien difficile à déterminer ? La région ne relève pas d’une

478 participation civique dont les dimensions peuvent être absolument variables selon la fonction considérée. Les régions écolog

479 s mêmes délimitations. En fait, elles n’ont pas à être délimitées, elles doivent se reconnaître, comme si on tâtait aveuglém

480 tés. Au fond, c’est la forme de l’État-nation qui est utopique, littéralement. Cadre abstrait plaqué sur n’importe quelle r

481 dans la jeunesse européenne, l’idée de frontière soit dévalorisée. Je l’espère. Les enfants de l’école primaire savent très

482 cole primaire savent très bien que la pollution n’ est pas arrêtée par les douaniers. Vous croyez, en somme, à la possibilit

483 aissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation occidentale découvrant

484 x pas préjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une vision, disons

485 a terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : nous somm

486 ai une vision, disons chrétienne de la vie : nous sommes là pour faire quelque chose. J’imagine qu’un non-chrétien pourrait di

487  » J’ai aussi le sentiment, Denis de Rougemont, d’ être en face de vous comme devant l’un de ces esprits humanistes ou encycl

488 de spécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est notre affaire relève en effet de disciplines aussi diverses que la s

489 , la sociologie, la futurologie et j’en passe… On est un peu écrasé par la somme de travail qu’il représente. Comment peut

490 ésente. Comment peut s’écrire un tel livre ? Il s’ est écrit avec passion, il représente une passion et un pouvoir d’indigna

491 mais pu absorber ce que j’ai dû absorber. Et ce n’ est pas tout. Il y a eu ensuite le temps des vérifications, des contrôles

492 première génération des grands physiciens qui se sont penchés sur le nucléaire, Lew Kowarski, l’un des trois à avoir découv

493 voir découvert la fission de l’atome… Bref, je me suis informé auprès de nombreux spécialistes comme les physiciens du CERN

494 uropéen de recherche nucléaire) et bien d’autres… Suis -je pour autant une exception ? Je ne le crois pas. Il existe nombre d

495 ombre d’esprits, dans le monde d’aujourd’hui, qui sont mus par les mêmes passions fondamentales que moi et qui sont, par con

496 r les mêmes passions fondamentales que moi et qui sont , par conséquent obligés de dépasser le cadre étroit d’une spécialité.

497 ement réunir ces conférences en volume. Mais ce n’ est pas ce qu’il voulait. Il voulait que j’écrive ce qui allait devenir

498 lait que j’écrive ce qui allait devenir L’Avenir est notre affaire . J’étais plutôt réticent. Je multipliais les objection

499 ui allait devenir L’Avenir est notre affaire . J’ étais plutôt réticent. Je multipliais les objections (j’avais tant d’autres

500 n, il m’avait convaincu. C’est rare qu’un éditeur tienne à ce point à un livre, à un sujet. J’en ai été touché… Et j’y ai cons

501 tienne à ce point à un livre, à un sujet. J’en ai été touché… Et j’y ai consacré ensuite quatre années d’efforts… Je dois p

502 Je dois préciser encore que mon éditeur habituel est Gallimard, qui regroupe peu à peu mes anciens livres publiés autrefoi

503 steriori votre propos ? Ah oui, complètement ! Je suis très content de ces réactions. Il n’y a pas eu de critiques vraiment

504 ce qu’ils pouvaient et devaient faire, là où ils étaient . Bref, j’ai été confirmé dans ce que j’avais découvert peu à peu en é

505 et devaient faire, là où ils étaient. Bref, j’ai été confirmé dans ce que j’avais découvert peu à peu en écrivant ce livre

506 découvert peu à peu en écrivant ce livre : qu’il était en somme un manifeste de la convergence et de l’émergence de tous ces

507 , comme une germination qui vient d’en bas et qui est irrésistible, qui est universelle, qui peut faire sauter des rochers,

508 n qui vient d’en bas et qui est irrésistible, qui est universelle, qui peut faire sauter des rochers, et qui n’est pas vuln

509 elle, qui peut faire sauter des rochers, et qui n’ est pas vulnérable, car elle n’est pas centralisée. o. Rougemont Denis

510 rochers, et qui n’est pas vulnérable, car elle n’ est pas centralisée. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Avenir est

511 o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste », Hachet

512 bre : L’Amour et l’Occident , Denis de Rougemont est de ces rares esprits qui sont la conscience d’une époque. Ses livres

513 , Denis de Rougemont est de ces rares esprits qui sont la conscience d’une époque. Ses livres n’ont jamais été de ces best-s

514 conscience d’une époque. Ses livres n’ont jamais été de ces best-sellers frivoles et bruyants que quelques mois suffisent

515 ues mois, les Éditions Stock ont publié L’Avenir est notre affaire . Sous ce titre en forme de manifeste, Denis de Rougemo

516 titre en forme de manifeste, Denis de Rougemont s’ est attaché à l’examen des agressions techniciennes contre la nature tout

517 sinon tout à fait inattendu ? Rarement livre aura été accueilli avec autant de chaleur par la presse. Mais surtout rarement

518 ur par la presse. Mais surtout rarement aura-t-il été ressenti comme aussi fondamental. « Livre important », « synthèse néc

519  événement »… — ces épithètes interchangeables se sont retrouvées sous la plume des critiques. La tentation était grande, on

520 rouvées sous la plume des critiques. La tentation était grande, on le comprend, de rencontrer Denis de Rougemont et de parler

521 s de Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est notre affaire , des thèmes qu’il aborde et des échos qu’il a suscités

522 voir, ce soir, que l’idée d’une Europe fédérée n’ est nullement la lubie de quelques-uns, mais une nécessité qui sera subie

523 la lubie de quelques-uns, mais une nécessité qui sera subie par tous si nous ne savons pas la choisir et la former à notre

524 la former à notre idée en temps utile ; qu’elle n’ est donc pas un vague idéalisme, mais le seul réalisme digne aujourd’hui

525 digne aujourd’hui de ce nom ; et enfin, qu’elle n’ est pas seulement conservation mais invention, pas seulement sauvetage ma

526 celle-ci : La question européenne, la voici : — Est -il possible que sur la petite presqu’île européenne, 25 États vivent

527 es plus tard, parlant au nom de la France dont il est président du Conseil, devant l’assemblée de la Société des Nations à

528 ’union préconisée par Coudenhove-Kalergi : Je me suis associé pendant ces dernières années, déclare-t-il, à une propagande

529 répondant à une nécessité. Des propagandistes se sont réunis pour la répandre, la faire entrer plus avant dans l’esprit des

530 t dans l’esprit des nations, et j’avoue que je me suis trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qu

531 agandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qui sont géographiquement groupés, comme les peuples d’Europe, il doit exister

532 crois que l’on peut y obtenir des succès. Mais je suis sûr aussi qu’au point de vue politique, au point de vue social, le li

533 raient faire partie d’une telle association, peut être bienfaisant. Briand préconise donc l’union des intérêts économiques

534 anisation d’un régime d’union fédérale européenne sera présenté en 1930 à la Société des Nations, rédigé par le directeur de

535 t sur le plan de la souveraineté absolue que doit être réalisée l’entente entre Nations européennes… » On sait que la propos

536 succès électoral (14 septembre 1930). Le sort en était jeté : l’Europe désunie glissait vers le désastre, la Deuxième Guerre

537 la Deuxième Guerre mondiale devenait inévitable. Était -ce la fin des espérances unionistes et fédéralistes ? Ce fut tout au

538 in des espérances unionistes et fédéralistes ? Ce fut tout au contraire le banc d’essai de leurs forces de résistance et le

539 es de résistance et le terme s’impose, puisque ce fut précisément l’ensemble des réseaux de la Résistance à l’hitlérisme et

540 un groupe de militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7

541 t que la vie des peuples qu’ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice sociale

542 autonome de la vie nationale. Ces buts ne peuvent être atteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dog

543 unique organisation fédérale. La paix européenne est la clé de la voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une

544 dans l’espace d’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux conflits mondiaux qui ont eu avant tout pour orig

545 ouveraineté absolue des États ». C’est que Briand est au pouvoir, et les résistants au combat ! L’un espérait encore « apai

546 les autres subissent leurs guerres. L’opposition est aussi fondamentale qu’inévitable. On la retrouvera bientôt entre de G

547 aulle et les fédéralistes européens. Mais nous ne sommes encore qu’en 1944. Un an plus tard, la guerre finie, que va-t-on fair

548 istes. Leurs motifs ? Nous venons de les voir. Ce sont 1° le refus de toute nouvelle guerre européenne, 2° la fédération au-

549 , 3° « l’Europe une dans un monde uni ». Ces vues sont justes mais trop vastes, en ce sens que les moyens de leur réalisatio

550 en ce sens que les moyens de leur réalisation ne sont pas encore imaginés, ni même sérieusement envisagés. Il est clair que

551 core imaginés, ni même sérieusement envisagés. Il est clair que les gouvernements n’accepteront jamais, sauf s’ils y sont c

552 gouvernements n’accepteront jamais, sauf s’ils y sont contraints par une superpuissance voisine, le moindre abandon de souv

553 , le seul motif immédiat et concret qui se trouve être vraiment commun à l’entreprise des militants fédéralistes et à la cla

554 sérable de l’Europe il existe un remède qui, s’il était adopté partout et spontanément, transformerait comme par miracle tout

555 ureuse que celle de la Suisse d’aujourd’hui. Quel est ce remède souverain ? C’est de reformer la famille européenne, dans t

556 lement, des centaines de millions de travailleurs seront capables de retrouver les simples joies et les espoirs qui rendent la

557 s joies et les espoirs qui rendent la vie digne d’ être vécue. Je vais vous dire maintenant quelque chose qui vous étonnera.

558 ire les États-Unis d’Europe, leur structure devra être conçue de telle sorte que la puissance matérielle de chaque État perd

559 ope, réunissant dans la Salle des chevaliers, qui est la salle du trône de La Haye, près de 800 délégués parmi lesquels 16

560 aux Européens qui conclut ce congrès historique, est adopté par acclamations lors de la séance de clôture. Il résume l’ens

561 Haye, ayant eu la charge de l’écrire : L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d

562 rge de l’écrire : L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e

563 ente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un

564 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend

565 it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous

566 . L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av

567 . Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand pér

568 vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi

569 est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son

570 rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche

571 il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr

572 s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau

573 ’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises

574 ope joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v

575 le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soi

576 rte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous preno

577 r le retour d’une conflagration franco-allemande, était au cœur du discours de Zurich, et il va inspirer le traité de la CECA

578 rospérité à rétablir par l’intégration économique est celui qui donnera lieu à l’ouverture du Marché commun dès 1957. Le tr

579 e. On notera que le motif de la défense commune n’ était pas mentionné dans le Message de La Haye, ou plus exactement : avait

580 le Message de La Haye, ou plus exactement : avait été barré de la version finale. Quatre ans plus tard, ce motif allait se

581 rale de l’Assemblée du Conseil de l’Europe, qui n’ était que consultative (première et grave déception), le député anglais Mac

582 ouvoirs réels. Vingt-huit ans ont passé, et il n’ est que trop clair que le Conseil de l’Europe non seulement n’a pas attei

583 es pouvoirs purement économiques de sa Commission soient élargis aux domaines du social, de la culture, et finalement de la po

584 étention ? L’Europe de l’Ouest, déjà amputée de l’ Est satellisé, c’est encore vingt pays et non pas neuf ! Et c’est tout de

585 européenne » ! Autrement dit, cette construction serait d’autant plus faible qu’elle deviendrait plus européenne ! Drôle de m

586 ’Autriche, et même la Suisse, si coupable qu’elle soit d’avoir su depuis des siècles que la prospérité, la paix sociale, les

587 de douane entre les neuf pays du Marché commun s’ est effectuée le 1er juillet 1977, dans l’inattention générale : c’était

588 éresse au sens fort les Européens d’aujourd’hui n’ est pas celle de l’économie, du libre-échange commercial, mais bien celle

589 question : de quelle Europe parlent-ils ? Quelle est l’Europe qui selon eux « agonise » ? Si c’est « l’Europe des Neuf »,

590 ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous sommes en présence d’une fausse nouvell

591 nte ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pas « ago

592 ment jubilant, annoncer et accepter que tout cela soit perdu — comme si tout cela n’était pas nous ? Ils parlent de l’Europe

593 r que tout cela soit perdu — comme si tout cela n’ était pas nous ? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malh

594 étrangers, de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Sont -ils conscients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort de l’Europ

595 subiront le sort de l’Europe, peu importe qu’ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationalistes 

596 tes ? ⁂ Dans cette situation plutôt décourageante est apparu voici deux ans un projet qui, précisément, concerne par sa nat

597 otifs nouveaux. Les principaux motifs anciens, ce sera vite vu. Empêcher la France et l’Allemagne de se faire la guerre : v

598 et l’Allemagne de se faire la guerre : voilà qui est acquis, par bonheur, mais disparaît donc, du même coup, en tant que m

599 s centrales de retraitement dont l’unique intérêt sera de fournir au tiers-monde le plutonium des armes nucléaires, s’il pro

600 e de la souveraineté nationale absolue n’a jamais été dépassé, comme le demandaient les résistants. Seuls les États s’arrog

601 oit de faire, ou de ne pas faire l’Europe. Or, il est clair qu’ils ne la feront jamais, étant eux-mêmes les obstacles à l’u

602 ope. Or, il est clair qu’ils ne la feront jamais, étant eux-mêmes les obstacles à l’union, s’il n’y sont pas contraints par d

603 étant eux-mêmes les obstacles à l’union, s’il n’y sont pas contraints par des forces extérieures, ou poussés par la volonté

604 s, ou poussés par la volonté des peuples. Quelles sont les forces extérieures qui peuvent constituer pour l’Europe de nouvea

605 situation de l’Europe dans le monde d’aujourd’hui est caractérisée par un contraste violent : Le tiers-monde est en état d’

606 térisée par un contraste violent : Le tiers-monde est en état d’explosion démographique, particulièrement dans le Sud-Est a

607 industrialisés de l’Europe le taux de croissance est en baisse, approchant parfois de la croissance zéro. (Le phénomène se

608 rte majorité de Turcs et d’Asiatiques.) Voilà qui est propre à modifier d’une manière dramatique les équilibres dits « trad

609 années 1980, jusqu’à ce que l’excès de population soit corrigé « par la Nature » — à moins que des quantités énormes de nour

610 e des quantités énormes de nourriture ne puissent être procurées de l’extérieur. Une partie de cette alimentation pourrait ê

611 érieur. Une partie de cette alimentation pourrait être fournie par les États-Unis, et par eux seuls, mais au prix d’une expa

612 rapide de leur production agricole, qui se trouve être particulièrement vorace en énergie. Le monopole américain quant à l’a

613 onopole américain quant à l’alimentation du monde sera comparable au monopole arabe quant au pétrole. Il ne sera pas facile

614 parable au monopole arabe quant au pétrole. Il ne sera pas facile pour les USA et le Canada, de ne jamais abuser de cet avan

615 années de mauvaises récoltes. Or, ces années vont être de plus en plus fréquentes si les climatologistes ont raison. Il faut

616 par rapport au tiers-monde, et leur moyenne d’âge sera plus élevée. Cet accroissement de la population du tiers-monde et de

617 ensemble des peuples de l’Europe. En effet, ayant été les premiers à lancer la révolution industrielle, nous avons déjà for

618 u pétrole en 1973 a montré combien notre économie était devenue vulnérable à des événements politiques lointains sur lesquels

619 t au même rythme — même l’addition de ces données est encore loin de rendre compte de toute la réalité que doivent affronte

620 , et de revoir la définition de ce que nous avons été les premiers dans le monde et pendant longtemps les seuls à nommer « 

621  le Progrès ». Le bonheur, le salut de l’humanité sont -ils vraiment liés à la croissance du PNB et de la consommation d’éner

622 ines au désastre final de la guerre nucléaire, ne serait -il pas temps de changer de cap ? De réviser les dogmes du progrès mat

623 ité au mépris de la qualité, laquelle ne peut pas être comptabilisée ? Demandons-nous alors qui peut imaginer, vouloir et ré

624 e changement de cap. Il y a peu de chances que ce soit le tiers-monde : sa passion dominante paraît être aujourd’hui de repr

625 soit le tiers-monde : sa passion dominante paraît être aujourd’hui de reproduire chez lui les causes mêmes de notre crise ;

626 es nucléaires, etc.) Il y a peu de chances que ce soit l’URSS, qui veut « rattraper l’Amérique », laquelle continue de croir

627 ut. Reste alors notre « vieille Europe » : elle a été la première à inventer le Progrès, puis la première à prendre conscie

628 l’État-nation. Il semblerait donc naturel qu’elle soit aussi la première capable de rectifier les conceptions qu’elle a lanc

629 mondiale ? Le peut-elle sans trahir ses raisons d’ être et abdiquer, avec ses responsabilités, ses libertés ? ⁂ Ici se pose l

630 toujours plus d’obéissance passive. Cette Europe est celle des nationalismes étatisés, de leurs guerres « glorieuses » et

631 ion fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est cette deuxième Europe que le tiers-mon

632 gie, fabrication de la bombe atomique » ? Le fait est qu’il est plus facile de copier les caricatures que les modèles, les

633 cation de la bombe atomique » ? Le fait est qu’il est plus facile de copier les caricatures que les modèles, les vices que

634 es armes de guerre que les procédures de paix. Il est plus facile de s’approprier les recettes du nationalisme arrogant que

635 solidaire. Une bonne centaine d’États nouveaux se sont proclamés souverains depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Du

636 qu’à une guerre générale, qui pourrait très bien être la dernière parce qu’elle détruirait les bases mêmes de toute guerre 

637 onales », c’est-à-dire de la rhétorique. Le choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle

638 rirons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe dans la conjoncture mondiale, qu’en est-il d

639 n de l’Europe dans la conjoncture mondiale, qu’en est -il de la situation à l’intérieur de l’Occident ? La plupart des Europ

640 rt des Européens ont l’impression décourageante d’ être « écrasés » entre les Super-Grands de l’Est et de l’Ouest. Ce sentime

641 te d’être « écrasés » entre les Super-Grands de l’ Est et de l’Ouest. Ce sentiment que les chiffres et les faits ne justifie

642 ttendant que les 100 millions des satellites de l’ Est puissent nous rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes excess

643 ionnés n’atteindraient même pas notre taille ! Il est bien clair que le nombre des habitants ne dit pas tout sur la puissan

644 la puissance ou le bonheur d’un peuple, mais s’il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités,

645 nheur d’un peuple, mais s’il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités, cet exemple illustre as

646 illustre assez bien que notre défaitisme actuel n’ est justifié que par notre état de division, par le refus de nous fédérer

647 es peuples européanisés depuis mille ans, quelles sont les réalités présentes ? Entre les USA et l’URSS, la situation de l’E

648 alsaine et grevée d’injustices intolérables. Il n’ est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’un

649 e américaine, suite à la guerre du Vietnam. Il n’ est pas sain que ce qu’on appelle la sécurité de l’Europe paraisse être a

650 ce qu’on appelle la sécurité de l’Europe paraisse être assurée par la présence de quelques divisions américaines en Républiq

651 gne, non par l’union des forces européennes. Il n’ est pas sain que la survie abusive (en Europe comme en Amérique latine) d

652 de « l’aide américaine ». Mais d’autre part, il n’ est pas juste que six pays européens à l’Est soient privés du droit de ch

653 rt, il n’est pas juste que six pays européens à l’ Est soient privés du droit de choisir leur éventuelle fédération avec l’O

654 il n’est pas juste que six pays européens à l’Est soient privés du droit de choisir leur éventuelle fédération avec l’Ouest du

655 tuelle fédération avec l’Ouest du continent. Il n’ est pas juste qu’aussitôt qu’ils manifestent un goût, même timide, pour l

656 ent un goût, même timide, pour la démocratie, ils soient envahis par les Russes. Il n’est pas juste qu’à Yalta, les peuples de

657 mocratie, ils soient envahis par les Russes. Il n’ est pas juste qu’à Yalta, les peuples de l’Europe du Sud-Est aient été « 

658 à Yalta, les peuples de l’Europe du Sud-Est aient été « répartis » et « partagés » entre les Super-Grands en protectorats,

659 c., comme les tribus de l’Afrique noire l’avaient été par la conférence de Berlin en 1885. Ce qui est juste, urgent et huma

660 t été par la conférence de Berlin en 1885. Ce qui est juste, urgent et humain, c’est de promouvoir et de vouloir la fédérat

661 à la catastrophe finale. Voici comment. La guerre est le produit — comme elle fut l’origine, cela n’est plus à démontrer —

662 ci comment. La guerre est le produit — comme elle fut l’origine, cela n’est plus à démontrer — des grands États centralisés

663 est le produit — comme elle fut l’origine, cela n’ est plus à démontrer — des grands États centralisés. Or la croissance ill

664 ingt ans, des surgénérateurs. Qui à leur tour, ne fût -ce que par leur prix, leurs dangers, et les résistances qu’ils provoq

665 policière préventive. Or on sait que plus un État est centralisé, moins il accepte les formules fédératives, plus il est po

666 oins il accepte les formules fédératives, plus il est poussé vers la guerre. Devant cette menace totale — née de nos œuvres

667 res, ne l’oublions pas —, la vocation de l’Europe est de donner au monde l’exemple d’une désescalade. Si les grands États s

668 l’exemple d’une désescalade. Si les grands États sont responsables des grandes guerres, il faut diminuer à la fois leur tai

669 i que l’écrit Bertrand de Jouvenel : « Le Pouvoir est lié à la guerre, et si une Société veut borner les ravages de la guer

670 été veut borner les ravages de la guerre, il n’en est d’autre moyen que de borner les facultés du Pouvoir. » L’Europe seule

671 nt de la tendance, dont les conditions pourraient être  : 1° guérir de l’obsession d’un productivisme indéfiniment accru au p

672 cendants durant vingt-quatre-mille ans (car telle est la « période de demi-vie » du plutonium que l’on se prépare à stocker

673 tions, nationales d’abord, puis continentales. Ce serait du même coup se soustraire aux mécanismes de la guerre et permettre l

674 e la guerre et permettre l’union de l’Europe. Tel était bien le sens du slogan qui ouvrait le Message final de la conférence

675 1949 à l’Europe de la culture, slogan qui m’avait été dicté par Carlo Schmid, alors vice-président du Bundestag : « Il faut

676 Mais si ces enchaînements de causes et d’effets, soit vers la guerre par la logique des souverainetés absolues, soit vers l

677 guerre par la logique des souverainetés absolues, soit vers la paix par la formation progressive de fédérations de régions n

678 , les moyens d’amorcer la pratique des régions le sont beaucoup moins. La plus claire vision du danger ne suffit pas toujour

679 ergence partout des deux motivations majeures que sont devenues en peu d’années les régions et l’écologie. Je n’en ai pas co

680 européen, de plus largement mobilisatrices. Elles sont effectivement les seules, en Europe, à pouvoir rassembler des foules

681 e mouvement des fédéralistes européens, les trois étant organiquement liées dans leur genèse par une réaction identique contr

682 s motifs écologiques, régionalistes, fédéralistes sont intimement entrelacés et se conditionnent mutuellement. L’écologie tr

683 ouvent déterminées par des problèmes écologiques, sont à leur tour les unités de base de toute fédération continentale. Mouv

684 qui pour la première fois, depuis des siècles qu’ est apparue cette « vieille idée neuve » qu’est la fédération de l’Europe

685 es qu’est apparue cette « vieille idée neuve » qu’ est la fédération de l’Europe, permet d’envisager son avènement puissant

686 ur leur plaire : phénomène sans précédent ! Et il est clair que le Parlement européen une fois doté de la légitimité que do

687 oté de la légitimité que donne le peuple, ne s’en tiendra pas au vote du budget de Bruxelles. Il voudra, il devra traduire au p

688 n de l’Europe concernent la Suisse, vitalement. N’ est -il pas temps que les Suisses se réveillent aux réalités continentales

689 usion sérieusement motivée : l’avenir de l’Europe est aussi notre affaire ! t. Rougemont Denis de, « De l’Europe des Éta

690 sitaire d’études européennes de Genève. Vous avez été à l’origine de la création du CERN (Centre européen de la recherche n

691 n d’autres organismes dont le dénominateur commun est l’Europe. Quel a été le point de départ de cette action ? Cela remont

692 dont le dénominateur commun est l’Europe. Quel a été le point de départ de cette action ? Cela remonte aux années 1930. À

693 tler et cela me met en fureur lorsque l’équivoque est entretenue à ce sujet. Nous voulions une évolution basée sur la liber

694 ersonnes et non sur la puissance collective. Nous étions communalistes, partisans de la libre entreprise gérée par l’autogesti

695 congés payés. Et pour démontrer que l’expérience était possible nous sommes allés travailler en usine pendant nos vacances u

696 ur démontrer que l’expérience était possible nous sommes allés travailler en usine pendant nos vacances universitaires afin qu

697 ard, avec le Front populaire, les congés payés se sont généralisés. Notre groupe a découvert très vite que les démocraties d

698 te guerre, nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre, mais celle des nationalismes. Lecteur français à l’Univ

699 nelles sur ce que j’avais vu outre-Rhin. Ce livre fut détruit par les Allemands en zone occupée et par le syndicat des libr

700 r le syndicat des libraires de Vichy. … La guerre est arrivée comme nous l’avions toujours su. J’ai été mobilisé en Suisse.

701 est arrivée comme nous l’avions toujours su. J’ai été mobilisé en Suisse. Esprit a été interdit. L’Ordre nouveau a cess

702 jours su. J’ai été mobilisé en Suisse. Esprit a été interdit. L’Ordre nouveau a cessé de paraître. Mais notre mouvement

703 ssé de paraître. Mais notre mouvement de pensée s’ est transmis à travers la Résistance et est ressorti à Montreux quand nou

704 pensée s’est transmis à travers la Résistance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plup

705 stance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient été décap

706 en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient été décapités mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrou

707 aient été décapités mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les frontières en

708 euf pays d’Europe. Spinelli libéré par les Alliés était aussi à Montreux pour préparer un manifeste européen par lequel nos i

709 lequel nos idées survivaientx. Nous voulions que soit dépassé le dogme de la souveraineté nationale. Quant au Centre europé

710 onale. Quant au Centre européen de la culture, il est né en mai 1948, lors du premier congrès européen de La Haye que prési

711 s européen de La Haye que présida Churchill. J’en étais le rapporteur et j’ai proposé de faire l’Europe par la culture. L’idé

712 roposé de faire l’Europe par la culture. L’idée s’ est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’êtes-vous pas trop déçu par le re

713 pe par la culture. L’idée s’est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’êtes-vous pas trop déçu par le retard accumulé dans la con

714 L’idée s’est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’ êtes -vous pas trop déçu par le retard accumulé dans la construction europé

715 nstruction européenne ? Il y a quelques années, j’ étais à plat, tout semblait s’effondrer. À l’époque du congrès de Montreux,

716 ffondrer. À l’époque du congrès de Montreux, nous étions quelque cent-mille membres à militer dans l’Union européenne des fédé

717 ec les mouvements régionalistes et écologistes. L’ été dernier, il y a eu plus de 50 000 jeunes à Malville…Quelle cause peut

718 cause peut faire bouger autant de monde ? Tout se tient … Écologie – régions – Europe fédérée : même avenir. J’aime cette form

719 ts-nations qui constituent l’Europe d’aujourd’hui sont des façades et ils perdent progressivement leur pouvoir. Examinez leu

720 membres : « Si je mettais vos idées en action, je serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États n

721 renversé dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes … Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits p

722 t jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour conduire les af

723 Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour conduire les affaires du monde et ne se tirent d’aff

724 nt d’affaire en Europe que ceux dont la dimension est à une échelle régionale comme la Suisse ou les Pays-Bas… Les élection

725 t européen devaient avoir lieu en 1978. Elles ont été reculées d’une année. Pour vous est-ce un échec ? Je suis assez satis

726 78. Elles ont été reculées d’une année. Pour vous est -ce un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard. Nous en profitons

727 ulées d’une année. Pour vous est-ce un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard. Nous en profitons à l’Institut pour pré

728 rt sur l’état de l’union des Européens. Ce retard est une occasion inespérée de reprendre la propagande sur les réalités eu

729 re la propagande sur les réalités européennes. Je suis navré que la Suisse soit en dehors du coup, mais elle jouera très cer

730 réalités européennes. Je suis navré que la Suisse soit en dehors du coup, mais elle jouera très certainement un rôle dans un

731 nement un rôle dans une Europe régionalisée. Vous êtes un régionaliste, mais n’estimez-vous pas qu’un progrès a déjà été acc

732 ste, mais n’estimez-vous pas qu’un progrès a déjà été accompli en France avec la création d’un certain nombre de régions ?

733 ur qui bouge tout le temps. La mienne (de région) est basée sur la participation civique avec une certaine fonction à exerc

734 dernier ouvrage. Le premier échelon de la région est la commune qui doit savoir se rendre autonome, qu’il s’agisse de bâti

735 ruire nos cultures ou nos rues. Comme le problème est le même pour les communes voisines, la solution qui s’impose est le s

736 r les communes voisines, la solution qui s’impose est le syndicat intercommunal. Constatez avec moi que ce système qui se r

737 rouve son lieu et sa formule dans la région. Elle est l’aire naturelle où les communes vont trouver les moyens qui leur man

738 effectivement de leurs affaires. Leur efficacité est au niveau de la région qui est le mot-clé de notre avenir si nous le

739 s. Leur efficacité est au niveau de la région qui est le mot-clé de notre avenir si nous le voulons démocratique. Sur un a

740 le le même dialecte germanique et les problèmes y sont communs, mais cette région est actuellement partagée entre trois pays

741 t les problèmes y sont communs, mais cette région est actuellement partagée entre trois pays. Chaque gouvernement entend gé

742 tteront leur chaleur dans le Rhin. Sept réacteurs sont prévus en France, quatre en Allemagne, cinq en Suisse. Seize en tout,

743 s nucléaires intéressent les États parce qu’elles sont un élément de pouvoir. Je crois néanmoins que dans cette affaire, cer

744 e si on me démontrait que désormais, le nucléaire est rentable et sans danger, je resterais contre, parce que cela entraîne

745 e les gens du Nord voisins de la Belgique… Vous n’ êtes pas les seuls ; il existe en Europe au moins quarante-cinq régions tr

746 nevoise. Vingt-cinq-mille travailleurs français y sont employés. Ils paient leurs impôts en Suisse et cela crée des problème

747 égional. Les représentants suisses, au contraire, étaient en majorité des responsables de la vie publique genevoise. Rien d’éto

748 prendre des mesures à travers la frontière. Nous sommes passés là de la théorie à la réalisation sur le terrain. On y travail

749 « l’Europe va nous tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». Je crois au

750 1978, p. 19. w. Les coquilles de cet article ont été corrigées sur la base de l’exemplaire annoté par Rougemont et un erra

751 ations (sur sa généalogie et ses occupations) ont été maintenues. Propos introduits par le chapeau suivant : « Ferney… c’es

752 du Bourget la pensée romantique ? La géographie y est pour beaucoup, sans aucun doute. La région genevoise n’est-elle pas l

753 beaucoup, sans aucun doute. La région genevoise n’ est -elle pas le carrefour de l’Europe occidentale où les grands organisme

754 s épais et aux ouvertures limitées car les hivers sont rudes en pays franc-comtois. Il y règne confort et aimable harmonie p

755 énérés par le maître de céans et son épouse qui a été la décoratrice de la maison. C’est important de pouvoir découvrir le

756 pouvoir découvrir le cadre de vie d’un homme ; il est révélateur surtout lorsqu’il s’agit d’un ouvrage tel que L’Amour et

757 à cause d’elle que son dernier ouvrage L’Avenir est notre affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque diffi

758 régions contre les capitales. Denis de Rougemont est suisse et il voue à son pays de naissance un culte profond et raisonn

759 e branche allemande et que cousins et cousines se sont trouvés souvent dans des camps opposés au sein d’une Europe déchirée

760 ope déchirée par les conflits ? Et toute sa vie a été imprégnée par ce déchirement. Rédacteur en chef à Paris mais tout aut

761 oment du nazisme et officier de l’armée suisse il fut contraint de faire quinze jours de forteresse pour s’être permis d’éc

762 traint de faire quinze jours de forteresse pour s’ être permis d’écrire un article déplaisant sur l’entrée de Hitler à Paris.

763 utralité suisse”. C’est dans le même esprit qu’il fut de 1942 à 1943 rédacteur des émissions françaises de La Voix de l’Amé

764 n et s’il affirme que “se gouverner vaut mieux qu’ être bien gouvernés” (un slogan des autonomistes écossais), c’est pour nou

765 u lendemain de la dernière guerre : “la politique fut d’abord l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.

766 stion les décisions qui les concernent et qui ont été prises sans eux”. Nous pensions donc trouver à Ferney un observateur

767 (26 juillet 1978)y Les seules questions utiles sont les questions gênantes. Par malheur, ce sont celles qu’on ne pose jam

768 iles sont les questions gênantes. Par malheur, ce sont celles qu’on ne pose jamais, parce qu’on craint de ne pouvoir y répon

769 ant que philosophe, et je répondis : « Philosophe est celui qui pose des questions simples. Je demande donc : Concorde, à q

770 tions simples. Je demande donc : Concorde, à quoi est -ce que ça sert ? » La consternation se peignit sur les visages des PD

771 illions d’invisibles téléspectateurs. Ma question est en somme métaphysique. Elle interpelle globalement tout l’effort de n

772 d et jusqu’où la croissance que nos gouvernements sont unanimes à prôner — ils n’en discutent plus guère que le taux — pourr

773 le disait : finitus non capax infiniti, le fini n’ est pas capable de l’infini (c’est-à-dire ne peut le contenir). Et cette

774 entier agit comme s’il n’y croyait pas. Voilà qui est grave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement notre interrogati

775 s ne présentent réellement aucun danger qui n’ait été dûment prévu et maîtrisé, pourquoi ne pas les construire sur le Champ

776 léguer dans le Finistère ou le Haut-Rhin, d’où il est si cher de transporter le kilowattheure ? » Question sur la politique

777 vice de presse auquel le Touring-Club ne doit pas être étranger, il m’a été répondu triomphalement que « personne ne le sait

778 le Touring-Club ne doit pas être étranger, il m’a été répondu triomphalement que « personne ne le sait ! » C’était ce que j

779 j’attendais de ma question : l’aveu qu’on ne se l’ était jamais posée. C’est là le fait de gens qui ne savent pas où ils vont

780 ue nous pose la croissance, au sens actuel, ce ne serait pas encore le bonheur, comme le croient tous les technocrates de droi

781 d à un autre bourgeois, également allemand, ce qu’ est le sort des ouvriers anglais. Cette information, relative à l’état de

782 ors que les villes, au sens actuel de la Chose, n’ étaient encore que des faubourgs ouvriers, et que les sols n’avaient pas enco

783 s de fertilité, des ingrédients chimiques qui lui sont enlevés et usés sous forme d’aliments, de vêtements, etc. … Chaque p

784 c. … Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais

785 illeur.10 Une fois de plus, le prophète n’a pas été suivi par les partis qui se réclament de lui au xxe siècle. Je vois

786 l’arme par excellence du Progrès, qui ne saurait être que matérialiste, quantitatif d’abord, sans vains scrupules de belle

787 et nécessaire, dès lors que le Progrès ne saurait être défini que selon les intérêts de l’État qui le gère. D’où la similitu

788 résultant de la production industrielle, qu’elle soit dite socialiste à l’Est et par les marxistes, capitalistes à l’Ouest

789 on industrielle, qu’elle soit dite socialiste à l’ Est et par les marxistes, capitalistes à l’Ouest et dans Marx. Ce que Mar

790 itique des armes ; la force matérielle ne saurait être abattue que par la force matérielle ; mais la théorie se change, elle

791 ielle, dès qu’elle pénètre les masses. La théorie est capable de pénétrer les masses dès qu’elle procède par des démonstrat

792 lles démonstrations dès qu’elle devient radicale. Être radical, c’est prendre les choses par la racine. Or, pour l’homme, la

793 choses par la racine. Or, pour l’homme, la racine est l’homme lui-même. (Contribution à la critique de la philosophie du dr

794 eux séries de conséquences : 1° ou bien la racine étant dans l’homme lui-même, elle n’est pas du tout dans les rapports de pr

795 ien la racine étant dans l’homme lui-même, elle n’ est pas du tout dans les rapports de production. Et alors, si la théorie

796 u sens de Lénine et du « marxisme vulgaire », qui est évacué ; 2° ou bien la théorie ne devient force matérielle, c’est-à-

797 ses » qu’en se faisant polémique. Mais alors ce n’ est pas assez dire : elle se mue en « l’impératif catégorique » et devien

798 communautaire ». Toute la doctrine de la personne est là, qui veut que l’individu qui assume sa vocation la manifeste — et

799 ongrès du parti communiste : « En ce moment, nous sommes absolument pour l’État.12 » Il y a tout simplement le Marx du Capital

800 philosophe, c’est-à-dire en l’interprétant. ⁂ Il est rare que celui qui voit et celui qui fait se confondent. Marx n’avait

801 pensée de Marx que la prédiction de Tocqueville s’ est vérifiée. Ainsi Marx est devenu responsable de ce qu’il n’avait pas s

802 diction de Tocqueville s’est vérifiée. Ainsi Marx est devenu responsable de ce qu’il n’avait pas su prévoir. Et Tocqueville

803 s le lac — c’est un village près de Lausanne — on est reçu par un homme grand et maigre qui a l’une des plus belles têtes q

804 possible, en renversant les rôles, et parce qu’il est curieux de la manière de vivre des humains, dans le détail de leur ex

805 ains, dans le détail de leur existence. « Comment êtes -vous venu jusqu’ici ? À bicyclette ? Quelle marque ? Avez-vous un cha

806 lé avec les paysans dans la région de Nîmes ? Ils sont huguenots, dit-on, pour la plupart, mais en réalité ce sont des Sarra

807 nots, dit-on, pour la plupart, mais en réalité ce sont des Sarrasins, avec ce sens de la fatalité… Vous avez vu comme ils se

808 ce sens de la fatalité… Vous avez vu comme ils se tiennent immobiles et tout noirs dans leurs cuisines ? Jusqu’à Bordeaux, ce so

809 noirs dans leurs cuisines ? Jusqu’à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici, nous sommes Savoyards. Les deux rives du Léman et

810 usqu’à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici, nous sommes Savoyards. Les deux rives du Léman et la vallée du Rhône, c’est une m

811 e thé, mais c’est superficiel… Et vous-même, d’où êtes -vous ? Ah ! vous êtes du Jura ! Savez-vous une chose très curieuse ?

812 rficiel… Et vous-même, d’où êtes-vous ? Ah ! vous êtes du Jura ! Savez-vous une chose très curieuse ? La chaîne du Jura est

813 -vous une chose très curieuse ? La chaîne du Jura est le début d’un long plissement de la terre qui va jusqu’au Tibet, oui,

814 de la terre qui va jusqu’au Tibet, oui, oui ! ce sont les mêmes hauts plateaux avec des lacs perdus et des sapins, et l’on

815 s brins de paille seulement.) On quitte Ramuz, on est content, on a parlé d’une foule de choses — je ne dis pas de problème

816 n s’aperçoit aussi qu’il n’a rien dit de lui. Qui est Ramuz ? Le plus grand écrivain suisse d’aujourd’hui, auteur d’une tre

817 e diront les journalistes et les manuels. Ramuz n’ est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu’il es

818 n’est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu’il est le plus célèbre écrivain suisse vivant, il fau

819 tiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu’il est le plus célèbre écrivain suisse vivant, il faut ajouter aussitôt qu’i

820 n suisse vivant, il faut ajouter aussitôt qu’il n’ est nullement représentatif de son pays et des traditions suisses les plu

821 et des traditions suisses les plus connues. Ramuz est né en 1878 dans le canton de Vaud, en Suisse romande. Il y a vécu pre

822 es à Paris, avant la guerre de 1914. Il se trouve être Suisse de nationalité, parce que le canton de Vaud est l’une des 22 r

823 uisse de nationalité, parce que le canton de Vaud est l’une des 22 républiques qui forment la Confédération helvétique, mai

824 qui forment la Confédération helvétique, mais il est d’abord Vaudois, et disons plus : il est d’abord de la terre et de la

825 mais il est d’abord Vaudois, et disons plus : il est d’abord de la terre et de la race, du peuple de la terre vaudoise. À

826 tite patrie locale. La Confédération helvétique a été l’œuvre des familles patriciennes gouvernant les cantons, et Ramuz ne

827 rie. L’esprit suisse — et surtout suisse romand — est à la fois analytique et comparateur, introspectif et cosmopolite ; ma

828 arateur, introspectif et cosmopolite ; mais Ramuz est synthétique et se dit volontiers « raciste », c’est-à-dire qu’il veut

829 niveau, plus difficile à exprimer parce que ce n’ est pas le niveau des échanges de formules. C’est le niveau de la terre,

830 en prose, des descriptions épiques. L’intrigue en est absente ou réduite à sa plus élémentaire simplicité, car le sujet d’u

831 u charme, à de la fantaisie. La poésie de Ramuz n’ est jamais obtenue par l’idéalisation, le rêve ou la belle phrase musical

832 avec l’antipoétique — écrit Ramuz. Nos vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme les artistes. » Je vo

833 marteau ». Pour lui, les glaciers de la Suisse ne sont pas « sublimes », comme on le chante dans les écoles, mais ils sont «

834 s », comme on le chante dans les écoles, mais ils sont « le mauvais pays », comme les appellent les paysans. Rien de flatteu

835 me. Car il ne s’agit de rien d’autre, et le reste est littérature quand vous sortez d’un livre de Ramuz. ⁂ Présence de la

836 de poèmes. Puis, durant son séjour à Paris, il s’ était patiemment fait un style où réalisme et poésie se mêlaient indistinct

837 , et son actualité. On a dit, et Ramuz lui-même s’ est expliqué sur ce sujet, qu’il écrivait comme parlent les paysans vaudo

838 ons modèles » du français imprimé de France, il s’ est inspiré du langage de son pays. Il le recrée — comme tout poète recré

839 résence de la mort s’apercevra très vite que tout est vu avant d’être expliqué, dans ce livre. Certaines parties de l’épopé

840 ort s’apercevra très vite que tout est vu avant d’ être expliqué, dans ce livre. Certaines parties de l’épopée sont écrites c

841 qué, dans ce livre. Certaines parties de l’épopée sont écrites comme un scénario de cinéma. Les personnages apparaissent, un

842 dre et l’on n’y croyait pas. C’était vrai et ce n’ était pas possible. Et nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz : no

843 Ramuz : nous avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos consciences. Et la vie s’est trouvée changé

844 ntrés lentement dans nos consciences. Et la vie s’ est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas d’autre écrivain qui ait su trad

845 ndes que l’on puisse prendre de notre condition d’ êtres condamnés en principe, faits pour aimer, destinés à mourir, mais qui

846 pe, faits pour aimer, destinés à mourir, mais qui seront sauvés par l’amour. Aux dernières pages, « ayant quitté la grande val

847 voici que la cloche a sonné, celles de la terre s’ étaient tues. « Il leur a été dit : vous venez ? » Ils sont allés comme des e

848 é, celles de la terre s’étaient tues. « Il leur a été dit : vous venez ? » Ils sont allés comme des enfants. L’amour ne les

849 nt tues. « Il leur a été dit : vous venez ? » Ils sont allés comme des enfants. L’amour ne les a pas trompés : le ciel qui s

850 ’amour ne les a pas trompés : le ciel qui s’ouvre est fidèle à la terre. 13. De leur collaboration naquit L’Histoire du s

851 e créé par Ramuz, non pas les Vaudois tels qu’ils sont . aa. Rougemont Denis de, « [Préface] C. F. Ramuz, Présence de la mo

852 Books. Titre anglais : The End of all Men. » Ceci est la version française, inédite, de la préface de Rougemont parue en 19

853 observant la ligne bleue des Vosges. Plus l’État est grand, plus l’industrie se développe, plus la guerre risque d’être un

854 l’industrie se développe, plus la guerre risque d’ être un holocauste général. Doit-on encore le démontrer ? Avec les armes q

855 Tout ce que l’on nous raconte pour nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirigeants, les centrales nucléaires

856 es centrales nucléaires n’auront plus de raison d’ être dans trente ans. D’ici là, et en attendant le déluge… l’énergie nuclé

857 que, par exemple, les plans de Creys-Malville ont été deux fois recommencés, car la sécurité du surgénérateur est défaillan

858 ois recommencés, car la sécurité du surgénérateur est défaillante. Un seuil critique Qui peut affirmer que la constru

859 Qui peut affirmer que la construction définitive sera parfaite ? Personne ! Si l’usine explosait (« entrait en excursion »,

860 t demie du plutonium, Grenoble, Lausanne, Genève, seraient rasées et — pensent la plupart des spécialistes, comme l’un des inven

861 cependant atteint un seuil critique. Si le risque est mortel (tous les rapports sérieux le répètent), pourquoi le prendre ?

862 l’air, les sols. Les déchets radioactifs que nous sommes obligés de stocker (mais où ? pour l’instant on les jette dans les oc

863 ymes « L’Amoco-Cadiz » ne devait pas couler, n’ est -ce pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à la leçon des f

864 Mais ce sauvetage n’aurait aucun sens si nous ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore là mais ali

865 ommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore là mais aliénés, incapables de jouir de la vie. Les gens éprou

866 uver dans des tâches communes. Ils en ont assez d’ être muselés, exploités, traités en robots. Déjà, s’amorcent partout des l

867 tions féminines, fédéralistes, écologistes, etc.) sont à l’œuvre, ébauchent le relief des régions européennes fédérées que j

868 édérées que j’évoque dans mon projet : « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation ne doit plus empêcher les régions de s

869 iédestal à hauteur des communes. Quand le pouvoir est divisé, il est moins offensif et dangereux. Quand on est plus petit,

870 eur des communes. Quand le pouvoir est divisé, il est moins offensif et dangereux. Quand on est plus petit, on n’est pas ob

871 isé, il est moins offensif et dangereux. Quand on est plus petit, on n’est pas obligatoirement plus gentil, mais on fait mo

872 ensif et dangereux. Quand on est plus petit, on n’ est pas obligatoirement plus gentil, mais on fait moins de mal ! Il ne s’

873 ntent appartenir à un univers commun, et non plus être esclaves d’un ordre sur lequel ils n’ont aucune influence. Le fédéral

874 yant des lois différentes, mais qui peuvent mieux être eux-mêmes quand ils veulent vivre mieux ensemble. On retrouve dans ce

875 semble. On retrouve dans cette proposition (qui n’ est déjà plus une utopie dans la mesure où des actions sont entreprises e

876 éjà plus une utopie dans la mesure où des actions sont entreprises et où des résultats sont obtenus) l’originalité généreuse

877 des actions sont entreprises et où des résultats sont obtenus) l’originalité généreuse du « personnalisme », mouvement phil

878 ier (1905-1950). Pour les personnalistes, l’homme est « tout entier corps et tout entier esprit ». Alors que l’individualis

879 tout entier esprit ». Alors que l’individualisme est isolement et défense, le personnalisme est au contraire ouverture, ac

880 alisme est isolement et défense, le personnalisme est au contraire ouverture, acte d’amour. Un système fondé sur la soli

881 solidarité J’aime, donc la vie vaut la peine d’ être vécue. Or, la communication, la relation à autrui, expérience fondame

882 à autrui, expérience fondamentale de la personne, est réprimée dans l’État-nation. Pour changer le monde et, en premier lie

883 se la solidarité. Cette solidarité peut très vite être mise à l’épreuve. Le couple de 1980 n’est plus soumis à un choix déte

884 s vite être mise à l’épreuve. Le couple de 1980 n’ est plus soumis à un choix déterminé par les familles ou par l’intérêt. V

885 rêt. Vouloir se marier, avoir ou non des enfants, est devenu un acte responsable autant que libre, dont les partenaires ne

886 libre, dont les partenaires ne fusionnent pas, ne sont pas subordonnés l’un à l’autre, mais conjuguent dans une totale égali

887 e. Toutes les enquêtes le confirment : les jeunes sont plus sensibles à l’aspect « œuvre commune » du mariage que nous l’éti

888 l’aspect « œuvre commune » du mariage que nous l’ étions autrefois. Je vois là une espérance. Pour moi, le couple de demain es

889 s là une espérance. Pour moi, le couple de demain est une image claire du système fédéraliste auquel je rêve. ae. Rouge

890 eprendre en main la barre du navire sur lequel il est embarqué ? La semaine dernière, Philippe Saint-Marc disait ici la men

891 bientôt élire son premier Parlement. L’événement est considérable. Tous ensemble, et quelles que soient nos tendances poli

892 t est considérable. Tous ensemble, et quelles que soient nos tendances politiques, nous allons enfin tenter de réaliser, autre

893 de Rougemont. Dans son dernier livre : L’Avenir est notre affaire (ouvrage passionnant pour qui veut comprendre les boul

894 aux. Pour Denis de Rougemont, l’État, tel qu’il s’ est constitué, maître de nos vies et de nos destins, a étouffé les partic

895 e, les individus. Denis de Rougemont a 72 ans. Il est Suisse. Il vit en France dans un village verdoyant, Pouilly-Saint-Gen

896 vers les signes du présent. Il se défend certes d’ être un “prophète de l’Apocalypse”, mais on est contraint de prêter attent

897 tes d’être un “prophète de l’Apocalypse”, mais on est contraint de prêter attention à ses commentaires. Car il s’est rareme

898 de prêter attention à ses commentaires. Car il s’ est rarement trompé. Ainsi, longtemps à l’avance, il a prévu la congestio

899 nir ? Les vrais acteurs de notre vie politique ne sont pas les partis socialistes mais les syndicats ; ne sont pas les parti

900 as les partis socialistes mais les syndicats ; ne sont pas les partis libéraux ou conservateurs mais le Vorort ; ne sont pas

901 tis libéraux ou conservateurs mais le Vorort ; ne sont pas les partis radicaux ou paysans, mais l’Union suisse des arts et m

902 de pression les ont remplacés au xxe siècle. Je suis convaincu que les mouvements écologiques, les associations de consomm

903 forces directrices et décisives (même si elles ne sont pas majoritaires) de notre vie politique. Ces formations ne sont ni d

904 taires) de notre vie politique. Ces formations ne sont ni de gauche, ni de droite ; elles sont tournées vers l’avenir. Elles

905 ations ne sont ni de gauche, ni de droite ; elles sont tournées vers l’avenir. Elles ne disent pas « gauche-droite, gauche-d

906 tés de participation directe offertes au citoyen, soit touchée par l’abstentionnisme ? Le citoyen suisse, à la différence du

907 ossibilités de participation directe ». Mais il n’ est pas toujours tenté d’en faire usage, voilà l’ennui. Cette constatatio

908 prétendent que la limite de la démocratie directe est atteinte, le citoyen étant appelé à se prononcer sur des sujets qui m

909 de la démocratie directe est atteinte, le citoyen étant appelé à se prononcer sur des sujets qui mettent en désaccord même le

910 e de nouvelles centrales tant que leur sécurité n’ est pas mieux assurée ? Le biologiste George Wald, prix Nobel de médecine

911 étés productrices d’énergie nucléaire aux USA. Ne sont -ils pas amenés à se prononcer comme des avocats plutôt que comme des

912  ? On ne peut le dire en toute certitude. Mais il est utile de savoir que ceux qui s’opposent à la puissance nucléaire n’on

913 n à y gagner, sauf pour le bien public, et qu’ils sont au contraire prêts à payer le privilège de dire librement ce qu’ils p

914 leur destin. L’autogestion politique des régions est la solution que vous proposez. Pourriez-vous nous préciser comment ce

915 la Corse, le Sud-Tyrol, le Jura bernois, etc. Il est certes très important que toute communauté linguistique dans le monde

916 t que toute communauté linguistique dans le monde soit assurée du droit à son identité, du droit de parler — et donc d’abord

917 États-nationaux. Quelques exemples : le français est brimé dans le Val d’Aoste, où l’Italie envoie des Napolitains pour en

918 le aux petits Valdotains — pas dupes ! L’allemand est brimé en Alsace, où une loi de 1946 interdit l’enseignement de cette

919 primaires des départements du Rhin. Or, la langue est le moyen primordial d’affirmation de soi que possèdent les hommes. S’

920 ndre à toutes les régions de l’Europe, celle de l’ Est comme celle de l’Ouest, le droit humain fondamental qui est celui de

921 celle de l’Ouest, le droit humain fondamental qui est celui de parler sa langue nationale. Mais la question sérieuse est ce

922 er sa langue nationale. Mais la question sérieuse est celle de savoir ce que vont dire les hommes et les femmes une fois qu

923 siècle, la voix d’un homme ne porte pas, qu’elle soit criée dans sa langue ou dans celle du pouvoir régnant. C’est la radio

924 e forme, et où les citoyens, enfin dignes du nom, soient à même de discuter, de discourir, de décider de leur destin. La démoc

925 qui excèdent leurs ressources, leurs dimensions, sont des fédérations dont la fédération aboutit à l’Europe unie. J’imagine

926 urope se fera, non pas sur les États actuels, qui sont en fait les principaux obstacles à toute union. Quel devrait être sel

927 principaux obstacles à toute union. Quel devrait être selon vous le rôle de la formation civique à l’école ? C’est l’École,

928 es qui essaient de nous faire croire que l’Europe est l’addition de 25 cultures nationales, alors qu’elle est la résultante

929 addition de 25 cultures nationales, alors qu’elle est la résultante millénaire des influences combinées d’Athènes, de Rome

930 prennent que small is beautiful, que plus grand n’ est pas nécessairement mieux, et que les espèces géantes, dinosaures ou c

931 èces géantes, dinosaures ou centrales nucléaires, sont destinées à finir dans des catastrophes. La formation du citoyen cons

932 responsabilités envers la communauté. Tout homme est unique. Tout homme doit donc inventer sa voie vers le But absolu de t

933 t de divers côtés : le choix des formes d’énergie est un choix politique par excellence. Je le tiens même pour le choix du

934 rgie est un choix politique par excellence. Je le tiens même pour le choix du siècle. Car selon que ce choix se portera sur l

935 a sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soit une société centralisée « exploitée de façon quasi militaire » (selon

936 la construction des réacteurs à eau pressurisée), soit une fédération de petites communautés autonomes. Importance de l’É

937 i va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix a

938 epuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que

939 8) ; — que des « précautions sans précédent » ont été prises contre les risques « pratiquement négligeables » que les centr

940 en sans risques ; — que le problème des déchets a été résolu, puis qu’il va l’être demain, puisqu’il ne peut manquer de l’ê

941 roblème des déchets a été résolu, puis qu’il va l’ être demain, puisqu’il ne peut manquer de l’être un jour ou l’autre, vu l’

942 va l’être demain, puisqu’il ne peut manquer de l’ être un jour ou l’autre, vu l’inépuisable ingéniosité de nos techniciens —

943 surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de remplacer le pétrole qui va manquer vers

944 -même condition du bien-être des hommes (ce qui n’ est pas bien évident…), nous place devant le dilemme inévitable : central

945 entrales nucléaires ou chômage généralisé, lequel serait fauteur de communisme, ou de fascisme, ou des deux à la fois, cela s’

946 me, ou de fascisme, ou des deux à la fois, cela s’ est vu. Chacun peut constater qu’un tel système de persuasion (ou plutôt

947 nom de la « neutralité scolaire ». Montrer où est la vérité 4. Dénoncer cet ensemble de procédés (en eux-mêmes bien

948 ien révélateurs d’une cause difficile à défendre) est resté jusqu’ici sans effets. Aux objections, si fortes soient-elles,

949 jusqu’ici sans effets. Aux objections, si fortes soient -elles, présentées par les mouvements écologiques et par des milliers

950 triez-vous à la place ? Cette riposte à vrai dire est bien faible en logique, puisque c’est aux fauteurs d’une situation da

951 plutôt qu’à leurs victimes, mais l’argument n’en est pas moins efficace sur un public mal ou pas informé. Le grand mérite

952 tions qui ont convoqué cette conférence de presse est d’avoir apporté une réponse positive et très solidement étayée à la q

953 espoir pour notre société occidentale 5. Nous sommes ici en présence d’une réaction réellement démocratique et fédéraliste

954 urces mêmes de toute communauté digne du nom, qui sont le refus de la violence, le souci de répartir les responsabilités com

955 ui m’ont le plus frappé, dans le rapport qui nous est présenté — Jenseits der Sachzwange : Au-delà des contraintes des fait

956 rgie que nous vaudraient les centrales nucléaires serait nécessairement un facteur d’aggravation rapide du chômage, dans le sy

957 emplois nouveaux. Cet argument qui a l’avantage d’ être vrai et sérieux, devrait être répété sans relâche et avec tous les ch

958 qui a l’avantage d’être vrai et sérieux, devrait être répété sans relâche et avec tous les chiffres nécessaires à l’appui,

959 poids en faveur des centrales, il y a vingt ans, était précisément qu’elles supprimeraient des dizaines de milliers d’emploi

960 ent, que toute la question reste de savoir — « qu’ est -ce qui doit croître au fait ? Les tours de refroidissement, les voies

961 nne l’amélioration de la qualité de vie, idée qui est partout dans ce rapport, est de celles que je tiens pour décisives qu

962 ité de vie, idée qui est partout dans ce rapport, est de celles que je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre

963 est partout dans ce rapport, est de celles que je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la vie su

964 clusion : Le problème des centrales nucléaires n’ est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financ

965 est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est entend

966 ins financier : car à ces trois niveaux, la cause est entendue, elle est perdue. Quand les centrales nucléaires ne présente

967 à ces trois niveaux, la cause est entendue, elle est perdue. Quand les centrales nucléaires ne présenteraient aucun danger

968 er, quand elles s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que la consommation d’énergie double tous le

969 onsommation d’énergie double tous les dix ans, je serais contre, parce qu’elles sont les pièces principales d’un système qui c

970 ous les dix ans, je serais contre, parce qu’elles sont les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’emprise

971 tions, c’est-à-dire les risques de guerre. Pluton est maître des enfers, il est aveugle comme les taupes. Mais le soleil vi

972 sques de guerre. Pluton est maître des enfers, il est aveugle comme les taupes. Mais le soleil vient du ciel, vient de Zeus

973 ononcé à Berne lors de la conférence de presse où fut présentée notre Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à

974 otre Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nuclé

975 ote finale précise : « Les titres des paragraphes sont de la rédaction ».

976 Naissance de l’Europe des régions , l’expression était inédite et la bibliographie du sujet se réduisait à quelques dizaines

977 tier, ou résultent de leurs travaux. Tout cela ne serait encore que littérature si l’on ne voyait émerger, s’affirmer et s’amp

978 d’ailleurs ces problèmes et cette dialectique ne sont vécus d’une manière plus concrète que dans les régions frontalières —

979 ux et parfois trois États, et dont plusieurs déjà sont en bon train de se constituer au sens formel du terme. II. Une « p

980 er de son progrès, le recueil que nous présentons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en effet d’une régi

981 e se prête le mieux à la généralisation, et qui a été le lieu et l’occasion d’une origine clairement repérable et entièreme

982 alysable en ses facteurs, d’un début net comme il est rarissime d’en trouver dans l’histoire. La région franco-genevoise qu

983 ois raisons suivantes : 1. Cette région se trouve être une des rares, à ce jour, qui ne se définisse pas en termes d’ethnie,

984 striel contrarié, ni de libération de quoi que ce soit , sinon de la seule frontière stato-nationale, — frontière qui ne corr

985 irtualités, présente l’intérêt historique d’avoir été la première en Europe à se faire doter par convention entre les gouve

986 réelles. Bien plus, la région franco-genevoise a été la première, et demeure la seule jusqu’ici, à passer outre à l’un des

987 accidentelle, qu’on ne peut plus nier mais qu’il est difficile de résoudre, au sens de « comment s’en débarrasser » ; et n

988 et non pas du tout, ou pas encore, comme ce qu’il est en vérité, à savoir l’ouverture d’un long processus de renaissance co

989 ord de la Regio (naguère Regio basiliensis) qui s’ est formée autour du coude du Rhin à Bâle, et qui englobe le Haut-Rhin fr

990 es de Bâle-Ville et Bâle-Campagne. Cette région s’ est dotée d’une commission tripartite établie par convention entre la RFA

991 xembourg, elle n’attend plus que sa forme légale, soit une convention tripartite définissant les compétences de sa commissio

992 rnementale. Que tout cela ait commencé à Genève n’ est peut-être pas sans relation avec les recherches entreprises depuis do

993 uropéennes. Sur la base de cours et de séminaires tenus à l’IUEE dès 1966, plusieurs groupes de recherches sociologiques, éco

994 es, économiques, écologiques et historiques16 ont été formés pour étudier méthodiquement la région que nous appelions « lém

995 rontalières » en 1972 — à laquelle notre Institut fut étroitement associé et dont notre bulletin publia les rapports et les

996 220. Objet nouveau pour la recherche, qui ne peut être repéré d’abord, puis éventuellement défini, qu’au carrefour de la géo

997 eule discipline ou dans un seul secteur, mais qui est pluridisciplinaire en soi, par son approche même et sa définition ; r

998 son approche même et sa définition ; réalité qui est encore à construire et sur laquelle n’existe, à notre connaissance, a

999 on-Ventimiglia, et des Grisons à Trieste. Et cela tient au fait que les données du problème général des régions dans le cadre

1000 les solutions aux problèmes qu’on vient de citer sont rendues difficiles ou impossibles du simple fait que l’État-nation se

1001 militaire. S’il se trouvait qu’un jour — qui ne s’ est jamais trouvé — ces réalités coïncident, le miracle ne pourrait pas d

1002 ndiquer ici que le rythme de mobilité des langues est en moyenne millénaire, celui des frontières politiques centenaires21,

1003 ommune à des réalités aussi diversement mouvantes est un projet théoriquement indéfendable et qui ne s’est réalisé qu’à la

1004 un projet théoriquement indéfendable et qui ne s’ est réalisé qu’à la faveur des guerres modernes et de leurs « levées en m

1005 s (au nom de la raison d’État dont l’ultima ratio est la guerre). Et les réalités se vengent, d’où les crises actuelles. 4.

1006 tés se vengent, d’où les crises actuelles. 4. Tel étant le conflit, l’alternative est simple : ou bien l’on persiste à vouloi

1007 actuelles. 4. Tel étant le conflit, l’alternative est simple : ou bien l’on persiste à vouloir faire rentrer dans le lit de

1008 es nouveaux de communauté. La seconde possibilité étant ouverte ou suggérée par les difficultés croissantes que rencontre la

1009 le qu’il conviendra d’abord d’explorer. Mais ce n’ est pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réalit

1010 quotidienne, décisions dont les plus importantes sont décrétées dans les bureaux de la capitale, c’est-à-dire le plus loin

1011 spaces de participation civique réelle. Ceci, qui est capital, doit nous conduire à éliminer les définitions technocratique

1012 . Mais la décentralisation décrétée par le Centre est un leurre. Elle ne vise en fait qu’à augmenter l’efficacité du Centre

1013 constituer des pouvoirs locaux, autonomes, qui ne soient pas « délégués » par le Centre, comme le sont en France les préfets.

1014 e soient pas « délégués » par le Centre, comme le sont en France les préfets. b) La CEE, et dans une moindre mesure le Conse

1015 faudrait une intuition globale, un génie, qu’on n’ est pas en droit d’attendre des nombreux fonctionnaires chargés de l’amén

1016 ménagement du territoire. De plus, si les régions sont définies par leur sous-développement, elles disparaîtront une fois le

1017 raîtront une fois les niveaux de vie égalisés. Où sera alors le cadre de participation civique ? Ceci ne signifie pas — bien

1018 entendu — que les inégalités économiques doivent être maintenues à tout prix, mais seulement que la définition d’une région

1019 nition d’une région par ses problèmes économiques est insuffisante. c) La grande presse s’occupe de temps à autre, à l’occa

1020 -Tyrol, de la Catalogne, du Jura bernois, etc.) n’ est guère plus soutenable que le projet initial de la CEE de fonder les r

1021 nt à revendiquer des villes et territoires qui ne sont pas (ou qui ne sont plus) de leur ethnie, pour des raisons d’équilibr

1022 villes et territoires qui ne sont pas (ou qui ne sont plus) de leur ethnie, pour des raisons d’équilibre économique. (Ainsi

1023 arlent pas ou plus breton…) d) Il ne saurait donc être question de régions qui reproduiraient à une échelle réduite les absu

1024 ore que la supériorité du petit État sur le grand soit aisément vérifiable aux niveaux les plus variés de l’existence europé

1025 n, celui de pouvoir mener de grandes guerres — il est non moins évident que le « mini-État souverain » dans ses frontières

1026 découpage territorial, cherchons d’abord quelles sont , parmi les fonctions nécessaires à la vie d’une communauté de type eu

1027 raissent lésées ou paralysées par la frontière ne sont pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à-dire

1028 s-jacente, qui ne demanderait, pour exister, qu’à être libérée de cette frontière dont on voit de moins en moins la raison e

1029 ranco-suisses qu’elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commission régionale transfrontalière r

1030 enève. Dès ses premières séances, la Commission s’ est donné un programme qui déborde le problème des frontaliers et s’étend

1031 onnelle, en attendant d’autres élargissements qui sont inscrits dans la logique des réalités de la région — et qui la défini

1032 ue a empêché jusqu’ici de traiter convenablement, sont plus graves à long terme que les problèmes de l’emploi. Le Léman, au

1033 i. Le Léman, au milieu duquel passe la frontière, est mortellement menacé par un ensemble de pollutions qui appellent un en

1034 es par les campagnes pour sauver l’environnement, sont en train de prendre conscience de la réalité possible et vivement sou

1035 d’une région écologique d’un seul tenant, qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutions et les

1036 itaire, déjà difficile entre les cantons romands, est plus que ténue entre universités suisses et françaises. Les professeu

1037 s et françaises. Les professeurs français peuvent être nommés en Suisse, mais non l’inverse. La mobilité des étudiants, un p

1038 r les diplômés d’une université « étrangère », il est quasi nul. Pourtant, l’extraordinaire densité des établissements d’en

1039 nt-Étienne à l’ouest, Besançon au nord, Aoste à l’ est )22 invite à imaginer la richesse des possibilités de coopération qu’o

1040 art des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’ est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous av

1041 l’aire du franco-provençal (ou burgondien) qui y fut parlé, écrit et chanté du ixe siècle jusqu’aux débuts du xixe . (Pic

1042 tants.) Ajoutons que cette « plus grande région » est aussi celle de l’horlogerie européenne, et celle de la clientèle prin

1043 ui voit et comprend les réalités locales la leçon est claire : il faut susciter la région pour que la vie continue, tout si

1044 s, qui a ses fondements ethniques et historiques, serait de la taille d’un Land allemand moyen. Tandis que la région écologiqu

1045 ant aux fonctions économiques et commerciales, il est clair qu’elles ne sauraient être localisées de la même manière sur no

1046 commerciales, il est clair qu’elles ne sauraient être localisées de la même manière sur notre carte. Sans liens constants a

1047 disparité territoriale des régions fonctionnelles est normale. Elle était implicitement prévue par nos hypothèses de travai

1048 iale des régions fonctionnelles est normale. Elle était implicitement prévue par nos hypothèses de travail. Si l’on refuse la

1049 unitaire, stato-nationale du lit de Procuste, on est conduit à reconnaître que chaque région doit avoir pour extension spa

1050 mment savoir qui fait partie de quoi ? La réponse est en fait des plus simples. Le territoire d’une région fonctionnelle se

1051 simples. Le territoire d’une région fonctionnelle sera défini par celui des communes qui choisiront de faire partie de cet e

1052 ble. Mais encore, pense le citoyen moyen, quelle est la vraie région à laquelle je me rattache ? Les notions et concepts l

1053 bistre, vert pâle ou violet.) La « vraie » région sera-t -elle la plus grande possible ? (Ici, la région ethno-universitaire et

1054 Chaux-de-Fonds) ? Pour nous, la « vraie » région sera celle où se vérifieront des relations circulaires, de système, entre

1055 ction inégalement superposées ou contiguës. Telle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la ques

1056 D. Meadows (1972) et Mesarovic-Pestel (1974). Il est évident que la pollution du Léman dépend principalement des industrie

1057 duction d’énergie et de la pollution, ne pourront être évaluées et mesurées qu’au terme d’une collecte d’informations qui es

1058 ées qu’au terme d’une collecte d’informations qui est en cours, et que nous avons initiée avec l’appui très efficace des se

1059 es, et sur les régimes de l’emploi. Le modèle qui est le but de toute l’opération, ne pourra pas être établi avant la fin d

1060 ui est le but de toute l’opération, ne pourra pas être établi avant la fin de nos enquêtes sur les secteurs mentionnés. I

1061 IV. Développements politiques ultérieurs S’il est vrai que le problème des régions ne s’est posé qu’à partir du moment

1062 S’il est vrai que le problème des régions ne s’ est posé qu’à partir du moment où s’est ouvert un horizon européen — le C

1063 régions ne s’est posé qu’à partir du moment où s’ est ouvert un horizon européen — le Conseil de l’Europe, la CECA puis la

1064 de recherches scientifiques, d’université, etc.) soit exercée par une agence régionale compétente, comment arbitrer et répa

1065 ement, satellites…). Le schéma qui s’impose alors est celui d’une fédération continentale, gérée par une série d’agences fé

1066 ifier la recherche régionale. Convaincus que nous sommes que le salut de l’Europe et de l’Occident tout entier dépend du dépas

1067 28 États-nations européens — URSS non comprise — est de 89 à 93 ans, selon que l’on tient compte ou non, négativement, de

1068 La création à Aoste d’une université régionale a été votée par le parlement italien en 1972. Mais rien encore n’est réalis

1069 le parlement italien en 1972. Mais rien encore n’ est réalisé. al. Rougemont Denis de, « Hypothèses directrices pour la r

1070 l’histoire de notre culture européenne qui avait été jusqu’alors celle des styles et de leur déploiement dans le temps et

1071 onnels : voir les descriptions de Tolstoï dans Qu’ est -ce que l’Art ? qui date de 1905. C’est au cours des dernières décenni

1072 e signifiant. La rhétorique, naguère si décriée n’ est plus « vide » ni « superficielle » : elle est de nouveau cet « art de

1073 e n’est plus « vide » ni « superficielle » : elle est de nouveau cet « art de persuader » qu’enseignait la Logique de Port-

1074 nant de l’esthétique moderne : si les conventions sont sérieuses, si la rhétorique est liée aux profondeurs de l’inconscient

1075 les conventions sont sérieuses, si la rhétorique est liée aux profondeurs de l’inconscient, et si les archétypes sont plus

1076 rofondeurs de l’inconscient, et si les archétypes sont plus réels que les individus décrits par nos romans — pour ne rien di

1077 nt gouverner nos sensibilités. « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour » se demandait

1078 eton jusqu’à Wagner. C’est par lui que la passion est entrée dans nos mœurs, envoûtante et parfois mortelle. Tous les grand

1079 nds opéras, tous les « vrais », voudrais-je dire, sont des émergences du Mythe, qu’il s’agisse d’abord des mythes grecs, dès

1080 egfried, le Crépuscule des Dieux. Entre-temps, se sont révélés les deux grands mythes annonciateurs des mouvements profonds

1081 ocation devant la mort. Don Juan autant que Faust sera son héros tragique. Reflet inversé de Tristan, homme de mille et troi

1082 n, homme de mille et trois femmes quand Tristan l’ est d’une seule, il occupe la scène d’un bond quand Tristan s’y avance av

1083 elui qu’hypnotise un objet merveilleux : Don Juan est l’anti-Tristan. Parce qu’il est l’autre pôle du mythe de la passion —

1084 illeux : Don Juan est l’anti-Tristan. Parce qu’il est l’autre pôle du mythe de la passion — il est l’autre sommet de l’opér

1085 u’il est l’autre pôle du mythe de la passion — il est l’autre sommet de l’opéra. À la chanson d’aube de Brangaine qui du ha

1086 cht ! » on ne peut opposer que cette autre nuit d’ été où s’avancent les « beaux masques » vengeurs, vêtus de noir. Don Juan

1087 endre et de la mort déjà présente. Ici le mythe s’ est donné ses moyens d’expression les plus complets. La musique dit ce qu

1088 eur prétexte d’aller les voir à peu près tous, ne fût -ce que pour savoir si ma clé joue… L’opéra : une école de l’âme, s’il

1089 i ma clé joue… L’opéra : une école de l’âme, s’il est vrai, selon les gnostiques, que l’âme désigne cette part de l’humain

1090 ect, ou mieux, entre la chair et l’esprit, et qui est la part du cœur, de l’affectivité, de l’amour, de la danse et du rêve

1091 droits fondamentaux de l’homme, le droit au rêve est l’un des plus souvent négligés… par ses ayants droit. Saisissant l’oc

1092 vait le porter à l’indulgence — d’autant que nous étions de la même année —, j’avais souhaité soumettre au jugement du grand j

1093 topie fédéraliste, dont il n’eût pas ignoré que j’ étais l’auteur. Le destin ne lui a pas permis de me répondre. Je ne cessera

1094 ntralisée, elles reprennent du relief sitôt qu’il est question de dévaloriser si peu que ce soit les frontières que décrète

1095 t qu’il est question de dévaloriser si peu que ce soit les frontières que décrètent, sur notre péninsule, le hasard des guer

1096 lache. Une quarantaine de ces « reconnaissances » sont en train de s’opérer dans l’Ouest européen. Or, la plupart des aires

1097 des aires régionales ainsi reconnues se trouvent être transfrontalières. Et l’on est amené à constater que, confrontés aux

1098 nnues se trouvent être transfrontalières. Et l’on est amené à constater que, confrontés aux problèmes qui s’y posent, les É

1099 , — distantes en moyenne d’une heure d’avion — ne tiennent des réunions hebdomadaires, afin de concerter les options politiques

1100 les directives émises par chacune des agences ne soient reçues par les régions de la même manière que les ordonnances du méde

1101 térielles, bien vite classées, parfois sans avoir été lues, puisqu’on ne les avait pas sollicitées et qu’elles servent peut

1102 n beau jour, on s’apercevra que l’Europe fédérale est virtuellement faite. (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’elle

1103 . (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’elle sera faite à l’image de la Suisse, avec ses départements fédéraux dont les

1104 gions, le tissu des relations nouées entre elles, sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et abstra

1105 nationale — ce jour-là, la révolution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses n

1106 dence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’ être , dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérative et peut même

1107 n et de se battre pour ses compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimension europé

1108 ourrait s’opposer à ce qu’il devienne vrai ? Ce n’ est pas trop difficile à préciser. Supposons des régions organisées, et d

1109 quelles pas de régions ni de fédération, mais qui sont beaucoup plus faciles à conquérir que les grandes décisions d’abandon

1110 nous faut exiger les moyens de la construire, qui sont très simples : le droit de la commune à cotiser au syndicat régional

1111 euple. La différence entre le rêve et la réalité est avant tout chronologique. La plupart des rêves de l’homme se sont réa

1112 chronologique. La plupart des rêves de l’homme se sont réalisés au cours des âges — voler très haut, aller sous l’eau et sur

1113 ance, tuer de même et sans risques, voir ce qui n’ est pas là, entendre Mozart ou Bach ou la voix de ses parents morts en to

1114 core, pour des raisons tout à fait claires : elle serait pour notre société déjà menacée par l’explosion démographique, une ca

1115 ns, que c’était si facile à prévoir : tout ce qui était raisonnable y conduisait… (décembre 1976) 25. Des agences fédérales

1116 déjà à Bruxelles (CEE) et à Genève (CERN). Elles sont intergouvernementales. Des agences privées sont en voie de formation 

1117 s sont intergouvernementales. Des agences privées sont en voie de formation : Instituts européens de l’éducation (Paris) et

1118 , fondé sur le seul consentement des parties, n’a été rompu que par l’avènement des premiers États totalitaires. On peut mê

1119 enne ensuite, totalitaire enfin, le fédéralisme n’ est devenu « doctrine » — c’est-à-dire mise en forme après coup d’expérie

1120 lus systématique, centralisé, intolérant. Mais il est par nature le contraire d’un système, d’une doctrine, d’une géométrie

1121 d’un système, d’une doctrine, d’une géométrie. Il est une praxis, une éthique. 3. Qu’est-ce que l’éthique ? L’ensemble des

1122 géométrie. Il est une praxis, une éthique. 3. Qu’ est -ce que l’éthique ? L’ensemble des moyens que dicte une fin pour que l

1123 e la fin justifie les moyens, pour autant qu’elle est juste en soi, et qu’ils sont des moyens qui vraiment y conduisent. (I

1124 , pour autant qu’elle est juste en soi, et qu’ils sont des moyens qui vraiment y conduisent. (If the end doesn’t justify the

1125 icain. Cette question m’a beaucoup aidé.) Quelles sont alors les fins du fédéralisme — comme doctrine ou plutôt comme attitu

1126 érance Érasme le premier en fit l’éloge, et il est ainsi devenu le vrai père d’une éthique du fédéralisme. Sa tolérance

1127 père d’une éthique du fédéralisme. Sa tolérance n’ est pas ce que l’on croit d’ordinaire, n’est pas manque de rigueur, n’est

1128 érance n’est pas ce que l’on croit d’ordinaire, n’ est pas manque de rigueur, n’est pas flou dans le jugement, surtout n’est

1129 croit d’ordinaire, n’est pas manque de rigueur, n’ est pas flou dans le jugement, surtout n’est pas acceptation bonhomme ou

1130 gueur, n’est pas flou dans le jugement, surtout n’ est pas acceptation bonhomme ou lasse d’une erreur. La tolérance est au c

1131 tion bonhomme ou lasse d’une erreur. La tolérance est au contraire affirmation du bon droit absolu de la différence ; de l’

1132 on seulement des individus (nulle chance que deux soient jamais identiques23) mais des personnes en tant que vocations uniques

1133 ltérité, c’est accepter non seulement que l’autre soit plus grand ou plus petit, d’un sexe différent, plus intelligent ou mo

1134 e à vivre, tandis que j’ai la mienne à vivre pour être moi, pour le devenir. C’est à partir de cette acceptation, mais à par

1135 ement, que peut s’instituer une solidarité qui ne soit pas réduction forcée à l’uniforme ; qui ne soit pas alignement et mis

1136 e soit pas réduction forcée à l’uniforme ; qui ne soit pas alignement et mise au pas. Dans le fait que chacun est unique — n

1137 lignement et mise au pas. Dans le fait que chacun est unique — non dans le fait que chacun a comme moi deux yeux, un nez, u

1138 e à ce qu’il a comme moi pour tâche essentielle d’ être soi. Dans la mesure où j’ai senti ou pressenti que là réside son prob

1139 ante de la banalité, ce vrai nom de la mode. Elle est donc proprement fédéraliste. Deuxième vertu : le courage, mais aus

1140 xième vertu : le courage, mais aussi le devoir, d’ être soi Dans la tâche de devenir chacun soi-même réside notre commune

1141 ous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le but de la société, en tant qu’humaine, est de permet

1142 que. Or le but de la société, en tant qu’humaine, est de permettre à chacun de devenir soi-même, c’est-à-dire de passer de

1143 ne peut pas ne pas exister, dès lors que l’homme est animal conscient. Ce chemin commence à mes pas et ce sentier n’existe

1144 cher : c’est la définition de la foi. « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » (Ps. CXIX, 105)

1145  ! me dit-il, je vous en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça ! » Relevons que la complexité et l’amour de la c

1146 ons que la complexité et l’amour de la complexité sont des moyens de la paix et de la non-violence, tandis que la volonté de

1147 an Bodin, Hobbes, Saint-Simon, Fourier et Marx en sont les exemples connus. Une grande exception : Althusius. À vrai dire, c

1148 xception : Althusius. À vrai dire, ces idéologies sont réalistes à leur manière, en ce sens qu’elles prônent toutes la prédo

1149 éalistes » de notre société scientifico-technique sont en fait les victimes des clichés du Progrès selon le xixe siècle et

1150 é qui favorisent le mieux les fins de la personne sont les formes et les formules de communauté fédéraliste. Car ces formes

1151 ormules de communauté fédéraliste. Car ces formes sont celles des unités locales, où la voix de l’homme en tant que citoyen

1152 e citoyen peut se faire entendre. Et ces formules sont celles de la participation au débat politique par excellence, celui q

1153 rofit » et de la raison d’État. Cette possibilité tient en deux mots : la participation civique. Les conditions concrètes d’u

1154 nts et cela donne Rhône-Alpes, par exemple. Ainsi furent « faits » dix États africains : voir les frontières de 100 ou 300 km

1155 de la Blache écrivait : « Une région ne doit pas être découpée mais reconnue. » Cinquième vertu : le sens du paradoxe

1156 autiful » : ce titre du livre de E. M. Schumacher est sans doute la meilleure formule polémique du fédéralisme actuel, anti

1157 ationalisme centralisé et gigantique. Fédéraliste est celui qui a compris que le plus petit est le moins vulnérable, mais a

1158 raliste est celui qui a compris que le plus petit est le moins vulnérable, mais aussi le plus efficace, et que le plus rare

1159 mais aussi le plus efficace, et que le plus rare est le plus respecté ; que les forces morales, sociales et politiques ne

1160 que les forces morales, sociales et politiques ne sont nullement proportionnelles aux masses ; et que le respect de la diver

1161 es aux masses ; et que le respect de la diversité est la condition même de toute Union réelle. L’Évangile donne le modèle d

1162 modèle de ce genre-là de paradoxes : les premiers seront les derniers, heureux les pauvres, si vous êtes giflé sur une joue te

1163 seront les derniers, heureux les pauvres, si vous êtes giflé sur une joue tendez l’autre, les plus persécutés seront les pre

1164 sur une joue tendez l’autre, les plus persécutés seront les premiers élus. La force véritable est dans la non-violence, dans

1165 utés seront les premiers élus. La force véritable est dans la non-violence, dans le refus des clichés de la Puissance, dans

1166 ours à venir. Sixième vertu : l’humour Il m’ est arrivé d’écrire, en pleine guerre contre Hitler : Il faut se moquer

1167 se moquer de la démocratie. D’abord parce qu’elle est le seul régime qui tolère une critique railleuse. Ensuite, parce que

1168 e critique railleuse. Ensuite, parce que l’humour est nécessaire pour la bonne marche des institutions dans un ordre social

1169 vous obtiendrez au terme de l’opération, si elle est énergiquement menée, l’État totalitaire dans sa splendeur native.24

1170 dans sa splendeur native.24 Tous les dictateurs sont centralisateurs par définition. Tous sont antifédéralistes avec fureu

1171 tateurs sont centralisateurs par définition. Tous sont antifédéralistes avec fureur. (C’est même à cela qu’on peut juger de

1172 peut juger de leur qualité de dictateur.) Or tous sont dépourvus, radicalement, et de notoriété publique, du moindre sens de

1173 e souligner, à ce propos, que le sens de l’humour est une forme de cet esprit de tolérance qui est la première vertu fédéra

1174 mour est une forme de cet esprit de tolérance qui est la première vertu fédéraliste, en ceci qu’il tend à désarmer la viole

1175 Félix Bovet, publiée au début du siècle : « Je ne serai pleinement satisfait que quand j’aurai pleinement compris la raison d

1176 que quand j’aurai pleinement compris la raison d’ être de la tendance contraire. » L’antinomie éclate ici entre l’impérialis

1177 inomie éclate ici entre l’impérialisme quel qu’il soit (nationaliste, militaire, partisan, idéologique) et le fédéralisme po

1178 militaire obligatoire. Ils gouvernaient pourtant. Était -ce par la contrainte ? Mais de quelle nature ? Et s’exerçant à quel n

1179 le régime totalitaire. Mais Érasme, en son temps, tenait à contraster la tyrannie nécessairement païenne, avec « la souveraine

1180 païenne, avec « la souveraineté chrétienne qui n’ est rien d’autre qu’administration, que bienfaisance et que gestion fidèl

1181 égaux) sait que la condition de tout pouvoir réel est sa faculté de convaincre. Et cela seul peut être dit « chrétien » : S

1182 l est sa faculté de convaincre. Et cela seul peut être dit « chrétien » : Si Principum ethnicorum est dominari, non est igit

1183 t être dit « chrétien » : Si Principum ethnicorum est dominari, non est igitur cbristianorum dominium. Il n’y a plus aujour

1184 ien » : Si Principum ethnicorum est dominari, non est igitur cbristianorum dominium. Il n’y a plus aujourd’hui de vrai pouv

1185 Il n’y a plus aujourd’hui de vrai pouvoir s’il n’ est compris et assumé par le citoyen, surtout jeune. La maxime de contrai

1186 s unités autonomes, — ces fins pouvant d’ailleurs être à court ou long terme, mais devant être orientées constamment vers ce

1187 ’ailleurs être à court ou long terme, mais devant être orientées constamment vers cette fin dernière de l’État séculier, qui

1188 t vers cette fin dernière de l’État séculier, qui est la liberté des personnes. 23. Une chance sur 250 milliards que les

1189 ns. L’union se fait, l’unité se constate. L’union est une opération. On la veut, on la réussit ou non. L’unité est une donn

1190 ration. On la veut, on la réussit ou non. L’unité est une donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’un

1191 et spécifique à travers les siècles, même si elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la cultur

1192 st multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous les Européens d’aujourd’hui. D’É

1193 de sur le paradoxe du citoyen : libre parce qu’il est responsable, et réciproquement. Elle invente aussi l’analyse, et la p

1194 cès, le sacrifice pour ceux qu’on aime. Mais ce n’ est pas tout. Avec les trois sources classiques, Athènes, Rome, Jérusalem

1195 de l’Anglo-Normand Béroul, dans la mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà et de

1196 onflits permanents qu’ils entretiennent, beaucoup sont tentés d’en conclure à la nécessité d’une unification culturelle impo

1197 es et Continentaux, Scandinaves et Méditerranéens sont tels, quant aux modes de vie, aux confessions religieuses, aux instit

1198 et les Tribunaux, dans les pays centralisés, s’y soient efforcés. 2° Que pour pittoresques et voyants que soient les contrast

1199 efforcés. 2° Que pour pittoresques et voyants que soient les contrastes entre Suédois et Grecs, par exemple, il n’en reste pas

1200 iques de l’Europe. 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses, et si jalousement entretenues qu’on peut y voir, préci

1201 chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’ être . L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme

1202 é, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait -il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesu

1203 opéen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit , prétendant au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, so

1204 ’il le soit, prétendant au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation du grand

1205 ntraire s’identifier soit avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation du grand complexe continental dont il

1206 des peuples de ce continent n’a pris conscience d’ être européenne et non plus universelle qu’à partir de la chute de Constan

1207 ovinciales. Cet équilibre entre l’Un et le Divers sera brusquement rompu par la Révolution française. Voici les faits. Le 14

1208 is comme langue administrative de l’Ancien Régime est une conséquence du despotisme, et que l’esprit révolutionnaire doit t

1209 , le 27 janvier 1794 : « La langue française doit être le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une comme la

1210 ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une comme la République. » Quant aux 13 millions d’individus qui, sel

1211 cette imposition d’uniformité par la force — qui est ici Bonaparte — ne tarderont pas à se manifester : tout ce qui porte

1212 nale. Les cultures nationales La fédération est la forme d’union qui par définition respecte les diversités, garantit

1213 Belgique. Quant aux « cultures nationales », il m’ est arrivé plus d’une fois de nier purement et simplement leur existence,

1214 eignées. Si elles s’évaporent, rien qui compte ne sera perdu. Foyers locaux et courants continentaux En revanche, la f

1215 ntaux, foyers et grands courants qui ont toujours été les deux éléments dynamiques de la culture en Europe. Toutes les créa

1216 ulturelles de l’Europe, sans une seule exception, sont nées dans des foyers locaux, couvents, ateliers, conservatoires, univ

1217 e, du sud au nord par l’axe rhénan, du Centre à l’ Est , et à l’Ouest ibérique, comme l’ont fait l’art roman, le gothique, le

1218 anime l’Empire austro-hongrois, la culture peut y être à la fois régionale et cosmopolite. Il en résulte à Vienne une florai

1219 dération au-delà des cadres stato-nationaux : tel est le seul avenir concevable, mais il est grand, de ce cap de l’Asie don

1220 naux : tel est le seul avenir concevable, mais il est grand, de ce cap de l’Asie dont dépend le sort du monde. ap. Roug

1221 (21 février 1979)ar as Ce qui se passe en Iran est un tournant de l’histoire des temps modernes. Il s’agit du premier ex

1222 Phénomène d’autant plus remarquable que l’Iran n’ est pas un de ces pays récemment libéré d’un joug colonisateur et qui vou

1223 t un jeune homme un peu timide et renfermé, qui a été élevé en Suisse, à l’École du Roseyat. L’Europe et l’Amérique sont po

1224 sse, à l’École du Roseyat. L’Europe et l’Amérique sont pour lui le modèle indiscuté de tout progrès. L’Iran, comme on appell

1225 nistres européens se précipitent à Téhéran, où se sont installés déjà des centaines d’hommes d’affaires et de conseillers te

1226 ent la plus large part du pétrole mondial. Telles sont les données économiques, politiques et militaires du problème aux yeu

1227 aux yeux des dirigeants occidentaux. Tout cela se tient , tout est bien cohérent, et l’on ne voit pas ce qui pourrait empêcher

1228 dirigeants occidentaux. Tout cela se tient, tout est bien cohérent, et l’on ne voit pas ce qui pourrait empêcher que tout

1229 e veux dire religieuse. Lors d’un colloque qui se tenait , le week-end dernier, à Genève, le philosophe et théologien allemand

1230 ent probablement hésité à prendre les risques qui sont devenus manifestes au cours de ces dernières semaines ». Les événemen

1231 principe au moins, dans la classe dirigeante. Qu’ est -ce que le chiisme ? C’est la partie de l’islam qui considère que la s

1232 t par lui aux 11 imams ou chefs spirituels qui se sont succédé jusqu’à l’époque moderne — mais le douzième imam est l’imam c

1233 jusqu’à l’époque moderne — mais le douzième imam est l’imam caché, non encore révélé, comme un messie à venir. Le chiisme,

1234 essie à venir. Le chiisme, majoritaire en Iran, l’ est aussi en Irak et joue un rôle important en Syrie, au Liban, au Pakist

1235 n Syrie, au Liban, au Pakistan, en Inde. De lui s’ est détaché, à partir du septième imam, l’ismaélisme dont Karim Aga Khan

1236 u septième imam, l’ismaélisme dont Karim Aga Khan est le chef actuel, en tant que 49e au imam, en descendance directe du pr

1237 l’Iran à l’Indonésie.) L’autre branche de l’islam est le sunnisme, majoritaire dans les pays arabes. Ce qui distingue le mi

1238 , c’est le fait que, dans le chiisme, le fidèle n’ est pas livré à lui-même, mais demeure en contact étroit avec les mollahs

1239 r de l’identité nationale. Ici, le rôle des Turcs est tenu par les industriels occidentaux, par le shah et la classe dirige

1240 l’identité nationale. Ici, le rôle des Turcs est tenu par les industriels occidentaux, par le shah et la classe dirigeante

1241 nant les décisions de l’ayatollah, n’a-t-elle pas été de dénoncer les contrats nucléaires signés par le shah ? La profondeu

1242 s. Le roi des rois, détenant tous les pouvoirs, a été renversé par un religieux qui n’avait rien pour lui que son autorité.

1243 re, bien plus que les péripéties dont nous allons être témoins. Si l’URSS parvient à manipuler les éléments antireligieux, s

1244 s pétroliers. Si l’influence américano-européenne est évincée par l’influence soviétique, c’est le modèle occidental en pir

1245 t le sud de l’URSS… Ce que nous savons, et qui ne sera plus changé par rien, c’est que, pour une fois, dans l’Histoire, la r

1246 de latitude. Ce que nous nommons l’amour-passion est ignoré de l’Inde et de la Chine. On n’y connaît pas de mot pour le tr

1247 passionnel, du conjugal ? Les langues européennes sont les seules qui aient compris toutes ces réalités sous un même vocable

1248 is toutes ces réalités sous un même vocable. Ce n’ est pas seulement par l’invention de l’amour-passion au xiie siècle, ni

1249 me ? Définissons d’abord nos termes. La sexualité est l’instinct qui ordonne l’individu aux finalités de l’espèce. L’érotis

1250 l’individu aux finalités de l’espèce. L’érotisme est le plaisir sexuel pris pour fin en soi, non comme moyen de l’acte pro

1251 moyen de l’acte procréateur. La passion amoureuse est le désir infini qui prend pour objet ou prétexte un individu fini et

1252 u prétexte un individu fini et mortel. Et l’amour est la fin suprême, l’accomplissement de la personne totale dans le don.

1253 fondements du mariage et de la famille ». Mais il est hasardeux de parler de la « conception chrétienne de l’amour » comme

1254 t qui va de soi. Avant de la déclarer périmée, il serait normal d’en prendre connaissance, de la distinguer des conceptions bo

1255 rait au moins distinguer amour et sexualité. Il n’ est pas exact de répéter, par exemple, après les surréalistes que « l’hom

1256 que… ». Car ce que les primitifs réglementaient n’ était jamais l’amour au sens où nous l’entendons et qu’ils ignoraient total

1257 donc voudrait-on le libérer ? L’amour a toujours été libre. Bien plus, l’amour est le principe actif de toute libération h

1258 L’amour a toujours été libre. Bien plus, l’amour est le principe actif de toute libération humaine. Il est la liberté même

1259 le principe actif de toute libération humaine. Il est la liberté même. (Et quand à ceux qui croient que c’est la haine qui

1260 e l’ordre ?) Les seuls obstacles réels de l’amour sont en nous : sécheresse, blessures spirituelles, anxiété de l’orgueil to

1261 re générale, les sanctions dans le domaine sexuel sont négligeables parmi nous, si on les compare à celles qu’entraîne la si

1262 politiques même non déclarées publiquement. Nous sommes loin des sociétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient dans le

1263 hnologique contre la vie et l’affectivité : telle fut la nouveauté des années 1970. On ne cultivait plus que l’algèbre et

1264 ry) L’érotisme « déchaîné », dans le même temps, fut la fièvre, non l’antidote. Fièvre tombée : voir la chute du tirage de

1265 79)aw ax J’entends dire que l’idée de l’Europe serait seulement une invention de technocrates, de financiers, d’industriels

1266 industriel, fondé sur un développement indéfini, est devenu complètement utopique. Saint Thomas pourtant nous avait préven

1267 homas pourtant nous avait prévenus : « Le fini, n’ est pas capable d’infini » ; mais nous avons perdu de vue cette vérité au

1268 damentale que deux et deux font quatre. Nous nous sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et que rien au mo

1269 e. Nous nous sommes imaginés que la terre, loin d’ être une sphère finie et que rien au monde ne pourra rendre plus grande qu

1270 re plus grande qu’elle-même, pouvait au contraire être exploitée indéfiniment et en progression constante. Une utopie totale

1271 e l’humanité. Puisque son modèle industriel qui a été imité par le reste du monde nous conduit tous à l’impasse absolue, l’

1272 proposant un autre modèle de civilisation qui ne soit plus seulement axé sur la perspective d’un développement indéfini.

1273 l’Europe des neuf… Neuf pays sur vingt-deux, ce n’ est pas l’Europe ! Je m’élève contre cette prétention du Marché commun de

1274 ntendre l’Europe entière. Y compris les pays de l’ Est qui, un jour ou l’autre, finiront par nous rejoindre ; l’État soviéti

1275 ours les maintenir en état de servage… Tous, nous sommes tous faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périrons sép

1276 ux. La plupart des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés — économiques, énergétiques, monétaires, militaires… — se

1277 nant. Ceci « Jusqu’à ce que l’excès de population soit corrigé par la nature ». (Voyez l’horreur à laquelle on arrive !) Ou,

1278 que des quantités énormes de nourriture puissent être apportées par l’extérieur. Or, qui peut les procurer ? Sinon les État

1279 alent à celui des pays arabes pour le pétrole. Il sera tentant pour les Américains d’user de cet avantage à des fins politiq

1280 r. J’aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n’ est pas le meilleur moyen d’influencer le comportement d’autrui, c’est le

1281 n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne p

1282 hances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Eur

1283 Asie écrasé entre les deux Grands ; or la réalité est inverse : l’Europe de l’Ouest, c’est plus de 400 millions d’habitants

1284 nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce soit le Luxembourg ou que ce soit la France n’y

1285 tion et que nos nations sont trop petites. Que ce soit le Luxembourg ou que ce soit la France n’y change rien. Nous sommes t

1286 trop petites. Que ce soit le Luxembourg ou que ce soit la France n’y change rien. Nous sommes tous trop petits ! Donc, il fa

1287 rg ou que ce soit la France n’y change rien. Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. « L’illu

1288 des siècles l’idée d’une union des pays d’Europe est dans l’air… À chaque génération des hommes l’ont rêvée : de Dante à V

1289 sa réalisation, dit Denis de Rougemont. Le moment est venu où il faut dépasser le dogme des souverainetés nationales, cette

1290 nouant des accords industriels et économiques… Ce fut l’idée de Jean Monnet, dont je salue la mémoire, qui imaginait qu’en

1291 hommes par les institutions matérielles on les «  tiendrait  » aussi pour le reste. Une illusion finalement ! une illusion de « ma

1292 e pour l’Europe ? Quel modèle dont le tiers-monde serait tenté de s’inspirer ? D’abord faire admettre l’évidence, souligne Den

1293 ouligne Denis de Rougemont, que les États-nations sont condamnés. Aucun de nos États désunis n’est en mesure de faire face c

1294 ions sont condamnés. Aucun de nos États désunis n’ est en mesure de faire face correctement aux tâches que le gouvernement d

1295 ement aux tâches que le gouvernement d’une nation est censé assurer. Nos souverainetés nationales ne peuvent résister ni à

1296 tre une intervention militaire qui viendrait de l’ Est … Ni lutter contre l’inflation sans augmenter le chômage qui progresse

1297 tre propre crise… Je le répète, les États-nations sont condamnés puisqu’ils ne peuvent plus jouer leur rôle. Je veux bien qu

1298 es continuent d’aller, répétant que l’État-nation est sacré. Alors, qu’ils nous démontrent que cet État-nation fonctionne !

1299 État-nation fonctionne ! » L’Europe politique est déjà en marche Ceux-là, précisément, rétorquent : « Et l’Europe ?

1300 -là, précisément, rétorquent : « Et l’Europe ? Où sont les avantages qu’on ne cesse de nous promettre ? » Denis de Rougemont

1301 ? » Denis de Rougemont répond : Regardons ce qui est acquis. Ce n’est peut-être pas énorme, mais ce n’est pas rien non plu

1302 gemont répond : Regardons ce qui est acquis. Ce n’ est peut-être pas énorme, mais ce n’est pas rien non plus. Pas rien ce qu

1303 acquis. Ce n’est peut-être pas énorme, mais ce n’ est pas rien non plus. Pas rien ce qu’a fait le Conseil de l’Europe. Pas

1304 tique. Sur ce point non plus, il n’y a pas lieu d’ être tellement pessimiste quand on observe sereinement ce qui a déjà été a

1305 imiste quand on observe sereinement ce qui a déjà été acquis tout au long de ces dernières années. Trois signes si vous vou

1306 guerre entre les nations de la nouvelle Europe n’ est plus possible. Certes, il est encore des hommes politiques pour préte

1307 a nouvelle Europe n’est plus possible. Certes, il est encore des hommes politiques pour prétendre que l’Allemagne pourrait

1308 nouvelle Europe ne le peuvent qu’à la condition d’ être des démocraties. Le jour où la Grèce, le Portugal et l’Espagne ont re

1309 sang, leurs trois dictatures, ces trois pays ont été candidats à l’Europe. Automatiquement. Avec toutes les nuances qu’il

1310 e leurs économies nationales. C’est loin encore d’ être totalement réalisé mais de grands pas ont été faits. Ainsi il y a deu

1311 d’être totalement réalisé mais de grands pas ont été faits. Ainsi il y a deux ans sont tombées les dernières barrières dou

1312 e grands pas ont été faits. Ainsi il y a deux ans sont tombées les dernières barrières douanières. Presque personne n’y a fa

1313 ntion. Or c’était précisément l’un des buts que s’ était fixés Jean Monnet. Sur ce point précis et limité il avait donc pleine

1314 s-nous”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu : « Des forces nouvelles nous appuient du côté des écologistes

1315 me avenir ! Le souci écologique et les régions sont pour Denis de Rougemont dans le droit fil de cette Europe fédérale qu

1316 Un même avenir, précise-t-il… Le souci écologique est une nécessité absolue face à l’agression industrielle. Quand des gens

1317 d des gens sourient en me disant que l’écologie n’ est qu’une mode je leur réponds qu’en effet ce n’est qu’une mode, si le b

1318 ’est qu’une mode je leur réponds qu’en effet ce n’ est qu’une mode, si le bétonnage de nos campagnes en est une ! » Mais la

1319 qu’une mode, si le bétonnage de nos campagnes en est une ! » Mais la région ? N’est-ce pas contradictoire de vouloir en mê

1320 e nos campagnes en est une ! » Mais la région ? N’ est -ce pas contradictoire de vouloir en même temps faire l’Europe et susc

1321 des régions ? Pas du tout, s’exclame-t-il. L’une est condition de l’autre : On s’est mis à parler de régions en Europe à p

1322 clame-t-il. L’une est condition de l’autre : On s’ est mis à parler de régions en Europe à partir du moment où l’on a évoqué

1323 l’idée d’une grande fédération européenne. Et je suis persuadé que les régions se développeront réellement à partir du mome

1324 chose de plus grand qu’eux. Sur ce point aussi je suis optimiste. On est beaucoup plus avancé qu’on ne croit sur le chemin d

1325 qu’eux. Sur ce point aussi je suis optimiste. On est beaucoup plus avancé qu’on ne croit sur le chemin de la régionalisati

1326 sation en Europe. La constitution espagnole qui a été votée il y a quelques mois va très loin. Et la constitution belge qui

1327 mois va très loin. Et la constitution belge qui n’ est pas encore acceptée va encore au-delà. L’Allemagne est déjà divisée e

1328 as encore acceptée va encore au-delà. L’Allemagne est déjà divisée en länder, l’Italie en vingt-deux régions dont cinq auto

1329 égions dont cinq autonomes… Des régions anglaises sont en train de se former… Et le mouvement va s’amplifier. Fatalement. La

1330 s’amplifier. Fatalement. La société d’aujourd’hui est trop complexe pour être administrée, correctement et humainement, à p

1331 . La société d’aujourd’hui est trop complexe pour être administrée, correctement et humainement, à partir d’un seul centre.

1332 dans l’utopie européenne. Il sait que l’Europe n’ est pas la solution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouv

1333 confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’ est pas la solution magique, mais c’est la seule solution possible, ajout

1334 )ay J’entends dire que l’idée d’Europe unie ne serait qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’elle ne soit au contraire un

1335 t qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’elle ne soit au contraire un projet de réalistes cyniques, technocrates, financier

1336 de gouvernements dominés par les multinationales… Soyons sérieux : l’union de l’Europe est simplement une nécessité, la condit

1337 inationales… Soyons sérieux : l’union de l’Europe est simplement une nécessité, la condition de survie de nos peuples et pa

1338 ire des neuf pays de la Communauté, personne ne s’ est encore soucié d’informer le peuple européen sur l’enjeu de cette opér

1339 is aussi sur les solutions que l’union européenne serait seule capable d’apporter. J’ai tenu la plume pour le groupe, et le pe

1340 européenne serait seule capable d’apporter. J’ai tenu la plume pour le groupe, et le petit volume qui en est résulté paraît

1341 a plume pour le groupe, et le petit volume qui en est résulté paraît ces jours-ci en France, en Italie, en Grande-Bretagne,

1342 ’introduction, le Rapport montre que l’Europe n’ est plus la reine incontestée et « la perle de la planète et le cerveau d

1343 mme on l’écrivait au xviiie siècle, mais qu’elle est au contraire mise en question, d’une manière virulente et souvent dra

1344 t de l’Amérique du Sud des besoins qui ne peuvent être satisfaits, parce qu’ils excèdent les ressources matérielles de la pl

1345 tre l’Europe. La population blanche dans le monde est en état de croissance nulle, voire déjà de croissance négative. Mais

1346  ; — ni repousser une intervention militaire de l’ Est  ; — ni lutter contre l’inflation sans augmenter le chômage ou réduire

1347 ui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’ est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de tout État. Fa

1348 nomique par l’Ouest ou d’invasion militaire par l’ Est , de ruine financière et de chaos social par les effets accumulés de l

1349 limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’inflation et le chômage. Tous p

1350 étendent exporter plus qu’ils n’importent, ce qui est rigoureusement impossible à l’échelle mondiale et simultanément. Tous

1351 t. Tous croient que le « développement » matériel est synonyme de « progrès », alors qu’il se traduit en réalité par des in

1352 rès fortement le chômage. Ces hommes d’État ne se seraient -ils jamais demandé comment il se fait qu’à une consommation d’énergie

1353 raît fondamentale, décisive. Personne encore ne s’ est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudra

1354 de civilisation comme celle que nous vivons, il n’ est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de culture, c’est-à-dir

1355 es réalités qui ne connaissent pas de frontières, étant beaucoup plus vastes ou beaucoup plus locales que la superficie de no

1356 ou plus petites (régionales, voire locales). S’il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération eur

1357 s-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de les dépasser également par le bas : régions autonomes. D’ail

1358 régions autonomes. D’ailleurs les deux mouvements sont en interdépendance étroite : on s’est mis à parler de régions tôt apr

1359 mouvements sont en interdépendance étroite : on s’ est mis à parler de régions tôt après l’inauguration de la Communauté eur

1360 en Grande-Bretagne. La RFA, l’Autriche, la Suisse sont déjà fédéralisées, l’Italie est déjà divisée en régions autonomes et

1361 riche, la Suisse sont déjà fédéralisées, l’Italie est déjà divisée en régions autonomes et semi-autonomes. Et tout cela s’e

1362 que nous opposons à l’armement nucléaire, lequel sera d’un usage follement dangereux et vulnérable dans un continent aussi

1363 union sincère de tous nos pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de copier les traits les plus d

1364 si que le disait Albert Schweitzer, « l’exemple n’ est pas le meilleur moyen d’agir sur autrui. C’est le seul ». On demande

1365 mière fois, au nom du peuple européen. Aussi bien est -ce au peuple européen que s’adresse aujourd’hui le rapport dont je vi

1366 rapport dont je viens de vous exposer les vues. N’ est -ce pas à elle que s’adressait Hugo le visionnaire, lorsqu’il écrivait

1367 r, quelquefois avec un sourire. Le suprême avenir est en vous. Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule

1368 c un sourire. Le suprême avenir est en vous. Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule chose : la Paix. (

1369 Europe (30 mai 1979)az ba « L’économie, ce n’ est pas tout » « Nous avons voulu, en établissant ce rapport sur l’uni

1370 l’union à la manière américaine, agir sur ce qui est actuellement en formation, ce parlement et ses futurs députés », nous

1371 de Genève. Les mouvements fédéralistes européens sont à bout de souffle. Depuis 1948, on a peu avancé, sauf dans le domaine

1372 conomie ne peut constituer une fin en soi, elle n’ est qu’un moyen. Au contraire il faut adapter l’économie aux finalités de

1373 ux finalités des Européens. L’idée de Jean Monnet fut d’unir étroitement les économies, pensant que le reste allait suivre.

1374 onomies, pensant que le reste allait suivre. Il s’ est trompé. Aucun des véritables problèmes que l’Europe doit résoudre de

1375 l’inflation, l’emploi, la régionalisation — n’ont été abordés par le Marché commun, ni par l’assemblée du Conseil de l’Euro

1376 les ne peuvent plus avoir réponse à rien », telle est la conviction des européistes régionalistes, qui constatent que de no

1377 d’un seul et même mouvement dont l’ennemi commun est l’État-nation. En France, tout ce qui est plus grand que la France ou

1378 commun est l’État-nation. En France, tout ce qui est plus grand que la France ou plus petit est qualifié de trahison, c’es

1379 ce qui est plus grand que la France ou plus petit est qualifié de trahison, c’est absurde. Aucun des problèmes actuels impo

1380 . Aucun des problèmes actuels importants — qu’ils soient énergétiques ou écologiques, comme la pollution du Rhin par exemple,

1381 el) — n’a une dimension nationale. Ils concernent soit des collectivités locales ou régionales, soit plusieurs pays à la foi

1382 ent soit des collectivités locales ou régionales, soit plusieurs pays à la fois. Région et fédération constituent les deux é

1383 hanger Mais cette Europe-là, dont le moteur ne serait plus le profit mais davantage une qualité de vie, les dirigeants la v

1384 j’appelle la pédagogie des catastrophes. L’Europe est en danger : en 1900, elle représentait 18 % de la population mondiale

1385 ne cesse pas de gaspiller son énergie (l’uranium sera épuisé en même temps que le pétrole), l’Europe est menacée de mort. A

1386 ra épuisé en même temps que le pétrole), l’Europe est menacée de mort. Aucune loi économique ne nous empêche de changer. Ce

1387 loi économique ne nous empêche de changer. Ce ne sont que nos désirs que l’on appelle ensuite nécessités. az. Rougemont

1388 24 HEURES ; mais alors, simultanément, vous vous serez sentis frustrés, tout comme les Autrichiens, sans doute, les Espagnol

1389 À la veille des élections, l’auteur de L’Avenir est notre affaire , dans un ouvrage qu’il vient de publier en collaborati

1390 e des problèmes urgents auxquels l’Europe entière est confrontée. Et il constate que seule une fédération européenne, dans

1391 e, dans laquelle les régions ont leur mot à dire, sera à même de résoudre ce que les Etats-nations ne peuvent plus maîtriser

1392 liste, écologique qu’il contient, a immédiatement été adopté par les candidats des “petites listes” qui se présentent aux é

1393 )bb J’entends dire que l’idée d’Europe unie ne serait qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’elle ne soit au contraire un

1394 t qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’elle ne soit au contraire un projet de réalistes cyniques, technocrates, financier

1395 de gouvernements dominés par les multinationales… Soyons sérieux : l’union de l’Europe est simplement une nécessité, la condit

1396 inationales… Soyons sérieux : l’union de l’Europe est simplement une nécessité, la condition de survie de nos peuples et pa

1397 ire des neuf pays de la Communauté, personne ne s’ est encore soucié d’informer le peuple européen sur l’enjeu de cette opér

1398 is aussi sur les solutions que l’union européenne serait seule capable d’apporter. J’ai tenu la plume pour le groupe, et le pe

1399 européenne serait seule capable d’apporter. J’ai tenu la plume pour le groupe, et le petit volume qui en est résulté est pa

1400 a plume pour le groupe, et le petit volume qui en est résulté est paru en mai en France, en Italie et aux Pays-Bas. Il va p

1401 le groupe, et le petit volume qui en est résulté est paru en mai en France, en Italie et aux Pays-Bas. Il va paraître en G

1402 t de l’union de l’Europe . Et tout d’abord : quel est l’état réel de l’Europe désunie ? L’Europe n’est plus la reine incont

1403 est l’état réel de l’Europe désunie ? L’Europe n’ est plus la reine incontestée, « la perle de la planète et le cerveau du

1404 comme on l’écrivait au xviiie siècle, mais elle est au contraire mise en question, d’une manière virulente et souvent dra

1405 t de l’Amérique du Sud des besoins qui ne peuvent être satisfaits, parce qu’ils excèdent les ressources matérielles de la pl

1406 re l’Occident, et d’abord contre l’Europe, qui en est la partie la plus faible. ⁂ La population blanche dans le monde est e

1407 lus faible. ⁂ La population blanche dans le monde est en état de croissance nulle, voire déjà de croissance négative. Mais

1408 i repousser seule une intervention militaire de l’ Est  : — ni lutter seule contre l’inflation sans augmenter le chômage ou

1409 ui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’ est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de tout État. L’

1410 nomique par l’Ouest ou d’invasion militaire par l’ Est , de ruine financière et de chaos social par les effets accumulés de l

1411 limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’inflation et le chômage. Tous p

1412 étendent exporter plus qu’ils n’importent, ce qui est rigoureusement impossible à l’échelle mondiale et simultanément. Tous

1413 t. Tous croient que le « développement » matériel est synonyme de « Progrès », alors qu’il se traduit en réalité par des in

1414 rait à augmenter très fortement le chômage. Ne se seraient -ils jamais demandé comment il se fait qu’à une consommation d’énergie

1415 raît fondamentale, décisive. Personne encore ne s’ est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudra

1416 de civilisation comme celle que nous vivons, il n’ est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de culture, c’est-à-dir

1417 es réalités qui ne connaissent pas de frontières, étant beaucoup plus vastes ou beaucoup plus locales que la superficie de no

1418 ales) ou plus petites (régionales, locales). S’il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération eur

1419 s-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de les dépasser également par le bas : régions autonomes. D’ail

1420 régions autonomes. D’ailleurs les deux mouvements sont en interdépendance étroite : on s’est mis à parler de régions tôt apr

1421 mouvements sont en interdépendance étroite : on s’ est mis à parler de régions tôt après l’inauguration de la Communauté eur

1422 en Grande-Bretagne. La RFA, l’Autriche, la Suisse sont déjà fédéralisées, l’Italie est déjà divisée en régions autonomes et

1423 riche, la Suisse sont déjà fédéralisées, l’Italie est déjà divisée en régions autonomes et semi-autonomes. Et tout cela s’e

1424 union sincère de tous nos pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de copier les traits les plus d

1425 si que le disait Albert Schweitzer, « l’exemple n’ est pas le meilleur moyen d’agir sur autrui. C’est le seul ». On demande

1426 mière fois, au nom du peuple européen. Aussi bien est -ce au peuple européen que s’adresse aujourd’hui le rapport dont je vi

1427 rapport dont je viens de vous exposer les vues. N’ est -ce pas à lui que s’adressait Victor Hugo, le visionnaire, lorsqu’il é

1428 r, quelquefois avec un sourire. Le suprême avenir est en vous… Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule

1429 c un sourire. Le suprême avenir est en vous… Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule chose, la Paix.

1430 e sans bruit dans les bureaux presque déserts. Il serait temps d’aller à ce dîner, n’était-ce pas pour huit heures ? Quitte à

1431 ue déserts. Il serait temps d’aller à ce dîner, n’ était -ce pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À 2

1432 çais du Waldorf ou le chef du Ritz qui a refusé d’ être à leur faction et qu’ils tiennent donc pour un traître. Je lui ai rép

1433 Ritz qui a refusé d’être à leur faction et qu’ils tiennent donc pour un traître. Je lui ai répondu que la Suisse a fait une opti

1434 itae perdere causas…28 Au reste, ni lui ni moi ne sommes sur place. C’est bien cela qui lui est le plus amer. Westport (Con

1435 moi ne sommes sur place. C’est bien cela qui lui est le plus amer. Westport (Connecticut), 15 août 1942 Huit jours d

1436 paquet depuis son accident au Guatemala, où il s’ est brisé « tous les os ».) Sur le porche de la maison, ouverture de la b

1437 s une cabane et c’est le Palais de Versailles ! s’ est écrié Tonio bourru, en pénétrant le premier soir dans le hall. Mainte

1438 saurait plus le faire sortir de Bevin House. Il s’ est remis à écrire un conte d’enfants qu’il illustre lui-même à l’aquarel

1439 u. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambr

1440 étages, étroits mais très hauts et profonds, qui furent naguère meublés pour Greta Garbo. Je ne connais rien de plus charmant

1441 es vitrées comme au ras des tapis. Ces splendeurs sont encore ce qu’on trouve de moins cher dans une ville où personne n’en

1442 s habitons à cent mètres les uns des autres, c’en est fait de mes nuits. Téléphones de Consuelo ou de Tonio à n’importe que

1443 aux échecs ! » (Je leur ai dit un soir : « Vous n’ êtes pas un couple, mais une espèce de complot permanent contre le sommeil

1444 le monde le sait à New York. Il se trouve que je suis un nocturne et m’en accommode mieux que d’autres.) St Ex a beaucoup p

1445 ses bases d’aviation en France et en Afrique, il est sans discussion beaucoup plus fort que moi. Mais ce serait peu : il c

1446 ns discussion beaucoup plus fort que moi. Mais ce serait peu : il chantonne sans arrêt pendant le jeu, quelquefois un peu faux

1447 jeu, quelquefois un peu faux — exprès ? — ce qui est exaspérant et me fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à s

1448 ant et me fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à siffloter en jouant, et j’ai gagné : — « Naturellement, avec vo

1449 né : — « Naturellement, avec votre sifflet ! Vous êtes un abominable tricheur ! » a-t-il conclu. ⁂ Ce qui m’a souvent intrig

1450 man Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été l’affaire nucléaire. St Ex est le premier qui m’ait expliqué les poss

1451 ées en commun, ç’a été l’affaire nucléaire. St Ex est le premier qui m’ait expliqué les possibilités de la fission atomique

1452 a veille de la guerre, mais dont les promoteurs n’ étaient pas sans redouter qu’elles échappent à leur contrôle et fassent, par

1453 5 mars, c’est décidé : St Ex a reçu l’assurance d’ être engagé dans une unité combattante en Afrique du Nord. Son ami, le gén

1454 ucoup appuyé. Il veut se battre : il a 42 ans, il est « trop vieux » pour piloter un Lightning, mais il en veut, et les aut

1455 tenir que sa traversée de l’Atlantique vers Alger soit au moins aérienne, c’est-à-dire bien plus courte et bien plus sûre qu

1456 en plus courte et bien plus sûre qu’en bateau. Il est furieux. Pourquoi ce passe-droit ? En date du 27 mars, je lis dans mo

1457 ré, avec schémas et « graphs » à l’appui, qu’il n’ est que deux systèmes économiques et sociaux possibles — scientifiquement

1458 ant — à savoir le stalinisme et la féodalité. (Je serais bien incapable de refaire la démonstration.) La perspective de retour

1459 onsuelo m’appelle ce matin pour me dire que Tonio sera chez lui à l’heure du déjeuner et que je pourrai venir lui dire au re

1460 est très drôle ce que dit Denis ! » En fait, ce n’ est pas drôle du tout. Plutôt tragique. Il l’a senti. Il sait que c’est v

1461 s. Je pars pour la guerre. Je ne puis supporter d’ être loin de ceux qui ont faim, je ne connais qu’un moyen d’être en paix a

1462 de ceux qui ont faim, je ne connais qu’un moyen d’ être en paix avec ma conscience et c’est de souffrir le plus possible. De

1463 rechercher le plus de souffrance possible. Ça me sera généreusement accordé à moi qui ne peux, sans souffrir physiquement,

1464 i ne peux, sans souffrir physiquement, tel que je suis , porter un paquet de deux kilos, me relever d’un lit ou ramasser un m

1465 ord puis à Londres, Simone Weil décidée — elle en est morte — à s’imposer le sort (notamment les privations alimentaires) q

1466 ment les privations alimentaires) qu’elle croyait être celui des plus privés des Français sous l’occupation. ⁂ « La quali

1467 ires A.B. m’ont définitivement dégoûté. Peut-être est -ce ça. Ils sont fatigants. Ce n’est pas ça, être homme. C’est de la f

1468 définitivement dégoûté. Peut-être est-ce ça. Ils sont fatigants. Ce n’est pas ça, être homme. C’est de la fausse algèbre… E

1469 té. Peut-être est-ce ça. Ils sont fatigants. Ce n’ est pas ça, être homme. C’est de la fausse algèbre… Et tous un peu ils so

1470 e est-ce ça. Ils sont fatigants. Ce n’est pas ça, être homme. C’est de la fausse algèbre… Et tous un peu ils sont ainsi. Ce

1471 e. C’est de la fausse algèbre… Et tous un peu ils sont ainsi. Ce n’est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pour pro

1472 usse algèbre… Et tous un peu ils sont ainsi. Ce n’ est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pour protéger la paix d’

1473 is cuire d’ailleurs tout de travers car la peau n’ est pas bien craquante) pour protéger des « qualités ». La qualité des ch

1474 implicité. Les parties d’échecs avec R. (celui-là est un brave type), la fidélité, le travail tendre, non le jeu de la véri

1475 ines… Si ces phrases me vont droit au cœur, ce n’ est pas seulement par l’allusion à nos parties « bien disputées » tard da

1476 ». Phrase immense et qui fonde dans l’intime de l’ être la renaissance de ce que l’on va nommer l’Écologie — seul espoir pour

1477 vrai métier de sa vie, disait-il quelquefois, eût été celui de jardiner. Son métier de pilote, tout en l’affranchissant des

1478 rté et les limites. Que savons-nous, sinon qu’il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où loge la vérité de

1479 t ? Où loge la vérité de l’homme ? La vérité ce n’ est point ce qui se démontre. Si dans ce terrain, et non dans un autre, l

1480 s valeurs, cette culture, cette forme d’activité, sont la vérité de l’homme.31 Un « grand seigneur », qu’est-ce à dire ? J

1481 vérité de l’homme.31 Un « grand seigneur », qu’ est -ce à dire ? J’entends : un frère aîné de ce « Petit Prince » qui s’es

1482 ends : un frère aîné de ce « Petit Prince » qui s’ est voulu tout justement, le Jardinier de sa planète. 28. « Pour sauve

1483 79)be 1. Objectif général de la charte Qu’ est -ce qu’une charte et quelle est sa fonction ? Littré nous dit que c’es

1484 de la charte Qu’est-ce qu’une charte et quelle est sa fonction ? Littré nous dit que c’est un « acte concédant des franc

1485 or recognizing rights. » Dans le cas présent, il est question d’un Acte écrit par lequel le Conseil de l’Europe s’adresse

1486 chir oriente donc l’esprit vers deux réalités qui sont l’Europe et la culture dans la mesure où elles sont conçues en relati

1487 nt l’Europe et la culture dans la mesure où elles sont conçues en relation indissociable, et nous le verrons, en interaction

1488 et privilèges qu’on demande aux États de garantir sont comme toujours en tel domaine doublement motivés et orientés : d’une

1489 ncept à peu près inconnu au siècle dernier, qui n’ est accepté dans les dictionnaires, donc dans l’usage courant, qu’à parti

1490 nt, qu’à partir du milieu de notre siècle, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays et aux divers nive

1491 définit la culture au sens figuré (le sens propre étant l’agriculture) soit comme culture des lettres, des sciences, des beau

1492 sens figuré (le sens propre étant l’agriculture) soit comme culture des lettres, des sciences, des beaux-arts, soit comme i

1493 ulture des lettres, des sciences, des beaux-arts, soit comme instruction, éducation. Sur la première acception, une citation

1494 de J.‑J. Rousseau : « Si la culture des sciences est nuisible aux qualités guerrières, elle l’est encore plus aux qualités

1495 nces est nuisible aux qualités guerrières, elle l’ est encore plus aux qualités morales32. » Sur la seconde acception, une c

1496 ompu la nature. » Le Petit Larousse en 1948 s’en tient à la définition du Littré : « (fig.) Se dit des arts des sciences, de

1497 « Kultur » à la « civilisation » dont les Latins étaient les représentants les plus fins et subtils. Et en effet, si l’on se r

1498 , on y trouve trois définitions de la culture qui sont à la fois conformes à l’idée française de civilisation, et aux notion

1499 sables et boutades d’hommes politiques.) Mais ce sont là phénomènes d’inertie de la masse qui retarde toujours, et c’est no

1500 oir, de la recherche et de la création. Celles-ci sont en accord complet sur la notion de culture comme désignant l’ensemble

1501 1939), se manifeste un consensus. Ces définitions sont de valeur extrêmement inégale pour notre objet, car certaines des plu

1502 é. » Et T. S. Eliot a écrit35 : « La culture peut être définie simplement comme ce qui rend la vie digne d’être vécue. » C’e

1503 finie simplement comme ce qui rend la vie digne d’ être vécue. » C’est profond, c’est subtil, c’est sûrement vrai. Mais que p

1504 droit déciderait-il de ce qui rend la vie digne d’ être vécue, sans se classer dans le camp des totalitaires ? Force nous est

1505 lasser dans le camp des totalitaires ? Force nous est de ne retenir que les définitions de la culture susceptibles de légit

1506 Brockhaus et du Petit Larousse. Cette évolution n’ est pas encore bien accomplie dans le sigle UNESCO, qui signifie « Organi

1507 ’impose très vite. Le Congrès de l’Europe, qui se tient à La Haye en mai 1948 et qui réunit quelque huit-cents délégués de to

1508 juste valeur des mots sans lesquels aucun pacte n’ est possible ». Dans les textes formulant la mission et le programme du C

1509 Centre européen de la culture dont la création a été proposée par ce congrès, puis décidée par la Conférence européenne de

1510 ureuses et opérationnelles de la culture : « Elle est ce qui donne un sens à l’existence, au travail comme aux loisirs, et

1511 oisirs, et aux relations entre les hommes. Elle n’ est pas seulement un héritage à conserver mais une commune manière de viv

1512 plus tard, le Centre européen de la culture (CEC) étant en pleine opération, une brochure intitulée Trois initiales donne cet

1513 atique de la culture : Culture a la réputation d’ être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez di

1514 ulture a la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négli

1515 Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme. La

1516 résultent d’actes culturels artificiels. L’homme est cet animal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeur

1517 imal qui tire de la Nature tout ce qui, sans lui, serait demeuré virtuel, et qui par lui devient le domaine de l’humain ; doma

1518 ture, en somme, égale nature plus homme. Ce qui est une autre manière de dire que la culture est une affaire d’acquisitio

1519 qui est une autre manière de dire que la culture est une affaire d’acquisition et donc d’éducation, mais aussi de création

1520 Europe. Éduquer un enfant, au sens européen, ce n’ est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas s

1521 ent conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’ est pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir 

1522 réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’ est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (religieu

1523 e compte. Si nous nous demandons maintenant ce qu’ est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étr

1524 s créateur. La culture, ainsi définie, ne saurait être opposée à la technique, qui n’existerait pas sans elle : 1. Gardons-n

1525 ndépendantes et au surplus rivales. Leurs sources sont communes, elles jaillissent du même fonds et s’alimentent aux mêmes n

1526 ent et transportées dans les pays sous-développés sont les équivalents modernes du cheval de Troie. Elles transportent un « 

1527 mploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance techniq

1528 urope, à La Haye, en mai 1948, j’écrivais : S’il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique

1529 est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’uni

1530 union sont d’ordre économique et politique, il n’ est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culture

1531 l n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culturelle, si l’on prend le mot dans son sens le plu

1532 ns son sens le plus large. La culture véritable n’ est pas un ornement, un simple luxe, ni un ensemble de spécialités qui ne

1533 de vue de la géographie, le continent européen n’ est qu’une péninsule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en est pas mo

1534 ninsule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en est pas moins, depuis plus de deux-mille ans, le foyer d’une puissance d’

1535 ssion et l’élaboration de la culture n’ont jamais été , en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca

1536 re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d

1537 s écueils du désordre et de la tyrannie. Mais il est clair que ce qui s’oppose à l’union nécessaire de nos peuples, et à l

1538 tionalisme ; et chacun sait que le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe siècle.

1539 tinctes, autonomes et rivales. Cette conception n’ est pas seulement responsable de guerres absurdes, justifiées aux yeux de

1540 a religion qui les inspira toutes au départ, il n’ est pas une seule branche de notre culture qui ne résulte de mille échang

1541 s relâche et en toute occasion à nos élèves, ce n’ est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de falsifi

1542 ncs de l’école. Agir sur la culture, et par elle, est donc la condition de notre sécurité et d’une possible paix future. L’

1543 t d’une possible paix future. L’union de l’Europe est apparue indispensable au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pou

1544 perçut que la supériorité technique d’une société est à base de culture vivante et générale. Mais pendant que ces deux moti

1545 les sagesses d’outre-mer se réservent le droit de tenir pour dérisoire ou pour néfaste, non sans justes raisons peut-être, — 

1546 te, non sans justes raisons peut-être, — l’Europe est mise en crise par le monde qu’elle a fait, qui est né de ses œuvres.

1547 st mise en crise par le monde qu’elle a fait, qui est né de ses œuvres. Cette crise est de nature foncièrement culturelle,

1548 lle a fait, qui est né de ses œuvres. Cette crise est de nature foncièrement culturelle, pour ne pas dire spirituelle, méta

1549 qui a fait de l’Europe autre chose que ce qu’elle est physiquement, autre chose qu’un cap de l’Asie37 (4 % des terres émerg

1550 réaliste, fondons-la sur sa force principale, qui est dans l’ordre de l’esprit… Europe, qui fut d’abord un mythe sémite et

1551 le, qui est dans l’ordre de l’esprit… Europe, qui fut d’abord un mythe sémite et grec, plus une définition géographique — l

1552 e pays du couchant, part de Japhet — comme l’Asie fut celle de Sem, et l’Afrique celle de Cham —, l’Europe est à nos yeux u

1553 le de Sem, et l’Afrique celle de Cham —, l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant

1554 e le titre de « charte européenne de la culture » est au regard de l’histoire des idées redondant ; mais que le pléonasme c

1555 ns de propagande) d’une culture européenne qui ne serait qu’une manière de parler, désignant l’addition d’autant de « cultures

1556 souverains dans l’Europe d’aujourd’hui. 3° Qu’il serait vain, en matière de culture, de vouloir poser à l’universalisme et de

1557 ». Car tout ce qui existe, dans l’ordre culturel, est régional — au sens continental comme au sens local, ou n’est pas. Nou

1558 l — au sens continental comme au sens local, ou n’ est pas. Nous ne pouvons servir l’humanité en général qu’en pratiquant no

1559 ts de la culture européenne, aujourd’hui Telle étant aujourd’hui la culture au sens le plus généralement accepté par ceux

1560 tre temps ; b) d’examiner lesquels de ces aspects sont par nature hors d’atteinte des pouvoirs publics et lesquels en revanc

1561 pouvoirs publics et lesquels en revanche peuvent être influencés, favorisés ou lésés par l’action d’un gouvernement ; c) d

1562 réateur que manifeste l’homme européen, le lien n’ est pas évident, il s’en faut. L’examen de notre catalogue d’aspects de p

1563 res de « la culture » qui se pose alors, par quoi sommes -nous attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque cho

1564 tendons-nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes -nous motivés, en dernière analyse, par une volonté de puissance perso

1565 collective (primer, commander, devenir riche, ou être commandé, encadré, déterminé, donc délivré de sa responsabilité) ou p

1566 s les plus diverses : la volonté de puissance qui est collective, collectivisante, et le désir de liberté-responsabilité, q

1567 sante, et le désir de liberté-responsabilité, qui est personnel et personnalisant. La première option conduit à la guerre,

1568 r à l’objet principal de la charte projetée, s’il est vrai que l’union de l’Europe n’est concevable qu’au titre de facteur

1569 projetée, s’il est vrai que l’union de l’Europe n’ est concevable qu’au titre de facteur de paix, et sur la base d’une unité

1570 d’une unité de culture dont la finalité dernière soit la liberté des personnes dans la communauté des responsables. Ces pri

1571 x activités culturelles. Nous reportant à ce qui est dit supra, examinons rapidement quels sont les aspects de la culture

1572 ce qui est dit supra, examinons rapidement quels sont les aspects de la culture hors d’atteinte des pouvoirs publics, et le

1573 inte des pouvoirs publics, et lesquels pourraient être favorisés ou lésés par des interventions gouvernementales. Hors d’at