1 iverses nouées en gerbe par le christianisme. Née dans un petit groupe de tribus du Proche-Orient et prolongeant ses courant

2 es, la révélation chrétienne se répand rapidement dans un monde où tout ce qui pense ne saurait le faire qu’en grec, j’enten

3 dent et à ce moment. L’Église va donc s’organiser dans les structures de l’Empire, comme sa doctrine s’est informée dans les

4 res de l’Empire, comme sa doctrine s’est informée dans les catégories de la dialectique grecque. La venue du Christ et son m

5 ibertés ». L’apport celte est sensible d’une part dans l’évangélisation de plusieurs régions de l’Europe centrale et septent

6 ona), d’autre part et d’une manière plus durable, dans la tradition littéraire commune à tous les Européens à partir du xiie

7 (citoyen défini par son rôle, sa fonction sociale dans l’État). La personne, au sens chrétien, c’est donc l’homme à la fois

8 qu’il reçoit d’un Dieu transcendant le distingue dans la masse, mais en même temps le relie à la communauté de ses prochain

9 escendre vers nous, pour se manifester aux hommes dans un corps matériel, ce dogme fondamental valorise la chair et la matiè

10 ts, donc à un temps circulaire, sans progressions dans l’ensemble, temps des mythes, pour lequel les dates ne comptent pas.

11 une personne, non comme une simple cellule prise dans la masse, il tend à former des communautés où sa liberté et sa respon

12 tre réelles. Le christianisme s’est d’abord moulé dans les structures de l’Empire romain, mais ensuite il les a fait éclater

13 Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes dans le domaine de la culture et de la civilisation, trouve ainsi un princ

14 ilisation, trouve ainsi un principe d’explication dans la diversité de ses composantes, synthétisées par le christianisme et

15 talitaires ont poussé plus loin l’absurdité, mais dans le même sens : c’est ainsi qu’on a parlé sous Hitler de « mathématiqu

16 ales ; elles naquirent au sud, se transplantèrent dans les Flandres et la Bourgogne, redescendirent changées vers l’Italie d

17 siècle, puis vers l’Amérique au xxe siècle. Rien dans tout cela qui corresponde de près ou de loin au découpage accidentel

18 de moins que l’Europe tout entière, non seulement dans l’espace, mais dans le temps, depuis bientôt trois millénaires. a.

19 e tout entière, non seulement dans l’espace, mais dans le temps, depuis bientôt trois millénaires. a. Rougemont Denis de,

20 c vraiment sérieuses, de prendre tel ou tel parti dans la profonde, longtemps sourde et tout d’un coup coléreuse délibératio

21 oblème jurassien » ? Essayons de situer le litige dans l’espace et le temps d’aujourd’hui, c’est-à-dire dans la problématiqu

22 l’espace et le temps d’aujourd’hui, c’est-à-dire dans la problématique du continent européen et de ce dernier tiers du xxe

23 er de leur souveraineté illimitée. Comment s’unir dans de telles conditions ? Vouloir fonder l’Europe des États, c’est préte

24 ès le xiiie siècle ; celles qu’il faut restaurer dans tous nos pays, si nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à

25 itantes de l’État-nation à souveraineté illimitée dans sa frontière omnivalente). Point de régions sans l’Europe, ni l’inv

26 régions ? Sinon qu’elles se révèlent nécessaires, dans tous nos pays, pour répondre aux besoins culturels, ethniques, économ

27 devenues sujettes à la fois d’études et d’action dans le même temps que la fédération continentale s’avérait nécessaire pou

28 ation progressive des frontières stato-nationales dans le Marché commun. (La première « Conférence sur les économies régiona

29 ù la personne trouve la possibilité de s’épanouir dans ses dimensions de liberté et de responsabilité — à la fois solitaire

30 aire — et peut donc manifester sa vocation unique dans la communauté, hors de laquelle elle ne saurait subsister bien longte

31 extrême, le peuple jurassien s’est vu quatre fois dans l’histoire légué, concédé, annexé, rattaché sans consultation à des p

32 nc l’affecter tôt ou tard et le rendre à lui-même dans un ensemble, garant de son autonomie. Et c’est bien cela qui s’est pr

33 n autonomie. Et c’est bien cela qui s’est produit dans l’espace d’une génération, de 1947 à 1977, tandis que simultanément,

34  » (C’est-à-dire l’instauration d’un nouvel ordre dans les relations civiques, sociales et politiques.) Or il advint que le

35 est désormais. La naissance du canton du Jura est dans le droit fil du fédéralisme suisse. Mais elle représente par rapport

36 propre loi, cette victoire ne sera confirmée que dans la mesure où elle permettra d’aller plus loin, et tout d’abord de reg

37 ment que nous avons dit plus haut mis en question dans le cadre européen par les nécessités de l’union politique, du libre e

38 finalement de la paix, et donc très concrètement, dans notre ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la

39 t une nécessité : il fallait rattraper l’Histoire dans l’ensemble confédéral. Voilà qui est fait, et qu’il serait insensé de

40 ’ensemble confédéral, et enfin vers l’Europe unie dans la richesse inégalée de ses diversités et dans son ouverture au Monde

41 ie dans la richesse inégalée de ses diversités et dans son ouverture au Monde. 1. Allemand, italien, rhéto-romanche (depu

42 )c d Que voulez-vous dire lorsque vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire  : « Il est donc clair qu’une Europe fédé

43 l’art de l’aménagement des relations elles-mêmes dans la cité grecque, dans la polis. C’est le même mot que civisme, qui es

44 t des relations elles-mêmes dans la cité grecque, dans la polis. C’est le même mot que civisme, qui est dérivé du latin et p

45 Alors, tout le monde doit faire de la politique, dans ce sens. C’est, par exemple, les choix. Quelles options est-ce qu’on

46 les choix. Quelles options est-ce qu’on se donne dans la vie ? À quoi doit servir une société, une communauté ? Quelle est

47 ire du pilotage, du gouvernement d’une communauté dans une certaine direction en tâchant de la rendre acceptable par le plus

48 il faut les y contraindre. C’est là que j’ai cité dans mon livre une phrase de Jouvenel qui disait que les rois de France n’

49 ouvenel qui me plaît beaucoup : quand il propose, dans Arcadie, qu’on prenne comme indicateurs devant des techniques nouvell

50 rie de Vilaine. e. Cette expression a été tracée dans la copie conservée par Rougemont, mais sans réécrire la phrase en fon

51 e méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que dans l’angoisse qui voudrait le nier. (Tout ce qu’il espère, c’est qu’on e

52 laissant entendre qu’il y a parfois de la censure dans ses colonnes. Tous ces cas, s’agissant du diable, sont bien trop « év

53 liée à New York en 1942 et plusieurs fois réédité dans les deux Amériques, à Paris et à Boudry), chacun sait que le diable n

54 ort nazis ou du Goulag, aujourd’hui de la torture dans plus de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de nous faire cro

55 onne d’autre. Mais voilà : L’aventure a pris fin dans la catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit

56 Reste le troisième tour : le diable va se cacher dans ce qu’il saura bien déguiser en nécessité pure et simple, passé maîtr

57 nécessité pure et simple, passé maître qu’il est dans l’art publicitaire qui consiste tout simplement à nous faire prendre

58 nucléaires était en vérité « un pacte de Faust ». Dans cette déclaration autorisée — s’il en fût —, notre opinion ne voulut

59 ésente la jeunesse éternelle. Qui serait Méphisto dans notre affaire ? Inutile de chercher personne. On ne trouvera jamais q

60 t la fin de l’énergie à bon marché, et la pénurie dans vingt ans du pétrole, puis de l’uranium censé le remplacer. Même en p

61 ême en portant de 4 % à 25 % la part du nucléaire dans la production d’électricité, il faut, prévoir pour la fin du siècle,

62 utre. Il est présent, actif et souverain, non pas dans une personne mais bien dans ses effets, dans le grand mythe collectif

63 et souverain, non pas dans une personne mais bien dans ses effets, dans le grand mythe collectif de la puissance et de la ri

64 pas dans une personne mais bien dans ses effets, dans le grand mythe collectif de la puissance et de la richesse, dont pas

65 trouver de femme. Il faisait sa demeure ordinaire dans les Enfers, et désirait, dit-on, la mort de tout le monde pour peuple

66 but ne serait plus la vitesse vers n’importe quoi dans le fracas, mais au contraire : la lenteur au sein du silence. C’est l

67 té dangereuse, par les moyens du terrorisme. Tant dans le cas des Palestiniens que dans celui de l’IRA, il n’a fait que pour

68 terrorisme. Tant dans le cas des Palestiniens que dans celui de l’IRA, il n’a fait que pourrir la situation. Que pensez-vous

69 llons donc ! La révolution prend certes sa source dans un mouvement original de révolte, mais elle débouche sur quelque chos

70 ike Meinhof et Andreas Baader, dont une citation, dans un bel article récent de Claude Julien4 donne un premier aperçu. Au n

71 nd ou italien. Voyez-vous, comme un Jean Daniel5, dans l’action de la Fraction armée rouge, un signe de la « régression de l

72 e manifeste comme un cri, mais un cri qui se perd dans le vide, car le nihilisme ne peut rien fonder. L’on a assisté récemme

73 icatif de notre société ? Oui, de toute évidence, dans la mesure où cette société n’a plus de finalité avouable, en dehors d

74 une société sans finalité engendre le désespoir. Dans l’entassement des grandes villes, les gens ne se sentent plus respons

75 s à la violence : on a calculé que la délinquance dans les HLM est directement proportionnelle au nombre d’étages des tours.

76 d’étages des tours. À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est notre affaire , une comparaison entre les procédés des

77 amis, fussent-ils des assassins, non « libérés » dans l’heure qui suit avec leur ticket de vol en première classe. Enfin,

78 r la racine du mal Ce qu’il y a de terrifiant, dans ce phénomène, c’est justement son illégalité systématique, son caract

79 comment ne pas se condamner soi-même, en entrant dans le cercle vicieux de la répression illégale ? Déjà, l’on peut considé

80 r que l’ordre établi n’est qu’un désordre établi. Dans cette perspective, l’initiative d’un Colcombet, ancien président du S

81 aute de public… C’est ce que j’essaie d’expliquer dans mon livre. Nous reviendrons longuement là-dessus… Auparavant, j’aimer

82 -vous ? Fils d’un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930-1931, qu’un certain nombre de critiques et d’historie

83 hez moi. Nous nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue du Moulin Vert pour des discussions « œcu

84 personne. Je la définissais à peu près comme ceci dans l’un de mes premiers articles. Tout être a reçu une vocation unique q

85 vocation qu’il ne peut accomplir concrètement que dans la cité, dans la communauté : on ne devient pas une personne tout seu

86 ne peut accomplir concrètement que dans la cité, dans la communauté : on ne devient pas une personne tout seul mais on ne l

87 vient pas non plus si l’on est totalement immergé dans la communauté et déterminé par elle. C’était aussi à quelques nuances

88 -nation ? Un redistribution du pouvoir de l’État. Dans les régions d’abord, organisées en un ensemble européen : la grande i

89 quelle je reste attaché. Une redistribution aussi dans la commune, dans l’entreprise et jusque dans les maisons… Cette redis

90 ttaché. Une redistribution aussi dans la commune, dans l’entreprise et jusque dans les maisons… Cette redistribution de l’Ét

91 ussi dans la commune, dans l’entreprise et jusque dans les maisons… Cette redistribution de l’État, autogestionnaire avant l

92 lyses que nous faisions avec trente ans d’avance. Dans les mouvements écologistes, les mouvements régionalistes… seuls capab

93 ent du boulet ! Ce que les écologistes répétaient dans le désert depuis des années est devenu brusquement évident à tous ceu

94 n des autoroutes. Personne ni au gouvernement, ni dans les partis politiques, ni dans les syndicats n’ose dire : « Messieurs

95 u gouvernement, ni dans les partis politiques, ni dans les syndicats n’ose dire : « Messieurs, vous êtes fous ! D’ici dix ou

96 la limite ! Quand je le dis, certains me confient dans le creux de l’oreille : « Ne vous affolez pas, la voiture électrique

97 conduisons l’humanité à la catastrophe ! Imaginez dans dix ou vingt ans… Le prix du pétrole ayant décuplé ou vingtuplé, il n

98 ! Nous ne le pouvons pas. La croissance indéfinie dans un monde fini est une aberration. Nous le savons désormais. Le club d

99 utiliser la démagogie. Ils disent par exemple : «  Dans une centrale nucléaire, les risques d’accident ne sont que de un pour

100 f ceux qui refusent de calculer ce qu’on va faire dans vingt ans, préférant laisser le public dans l’illusion qu’il peut ou

101 faire dans vingt ans, préférant laisser le public dans l’illusion qu’il peut ou même qu’il doit continuer à doubler sa conso

102 tent : « Et les ouvriers au SMIC ? » Et la misère dans les pays du tiers-monde ? J’entends très bien toutes ces hypocrisies.

103 res ! Si les deux tiers de l’humanité sont encore dans un état de sous-développement industriel, c’est peut-être leur chance

104 ables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine dans la misère. Pas facile tout de même pour un citoyen moyen de se faire

105 la plus importante de la fin du xxe siècle sera dans les économies que nous ferons sur le gaspillage ». On pourrait économ

106 seulement la logique du système des États-nations dans notre société industrielle. Qu’elle soit capitaliste ou socialiste. I

107 ipule et commande — à leur insu le plus souvent — dans leurs réflexes et finalement dans leurs pensées. Dans ce mythe du pro

108 plus souvent — dans leurs réflexes et finalement dans leurs pensées. Dans ce mythe du progrès défini en fonction de la puis

109 leurs réflexes et finalement dans leurs pensées. Dans ce mythe du progrès défini en fonction de la puissance, de la product

110 générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici quelques années

111 éclame la présence de la police et de l’armée, va dans le sens de l’État centralisateur. Le problème-clé aujourd’hui c’est d

112 ’est l’homme. Donc le contraire du totalitarisme. Dans ce sens je suis aussi subversif pour la gauche que pour la droite. À

113 enus qu’ils sont par leurs promesses de se lancer dans les mêmes histoires de courbe de croissance, d’augmentation de niveau

114 , sinon d’abord qu’il dure. Pour la première fois dans l’Histoire, cela dépend de nous. Nous en avons la liberté, donc la re

115 ations… Denis de Rougemont nous a longuement reçu dans la vieille ferme jurassienne qu’il a aménagée avec son épouse. Une co

116 ns. On y retrouve des thèmes esquissés aussi bien dans L’Amour et l’Occident publié avant la guerre, que dans votre Lettr

117 ’Amour et l’Occident publié avant la guerre, que dans votre Lettre ouverte aux Européens . Vous écrivez que l’avenir est «

118 et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons dans un milieu entièrement « humanisé », fai

119 t ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons dans un milieu entièrement « humanisé », fait de main d’homme et qu’au lie

120 nos désirs, dont la technique n’est que l’outil. Dans ce livre, je cherche surtout à démontrer que l’avenir ne se fait pas

121 i à les contrôler d’ici peu — je n’ai rien trouvé dans l’histoire des siècles passés qui soit le pur résultat du hasard ou d

122 nos responsabilités. Exactement comme Adam et Ève dans l’histoire de la Genèse ! Le soir, Dieu vient dans le jardin du parad

123 ans l’histoire de la Genèse ! Le soir, Dieu vient dans le jardin du paradis et demande qui a mangé la pomme. Après avoir cou

124 la passion amoureuse vulgarisée, dont j’ai parlé dans L’Amour et l’Occident . La passion qui devient une drogue, qui nous

125 libre » n’est pas nouvelle. Je l’ai déjà exprimée dans la Politique de la personne paru en 1934, où j’esquissais le cas d’

126 onscience de son unicité. J’ai contribué en 1932, dans la revue Esprit , avec Emmanuel Mounier, à la formation du mouvement

127 ins encore aujourd’hui un livre que j’avais écrit dans les années 1960 sur les mythes de l’amour et qui s’intitule Comme to

128 toi-même , car l’idée que l’on se fait de l’amour dans une société est fondamentale. C’est dans nos manières d’aimer que se

129 l’amour dans une société est fondamentale. C’est dans nos manières d’aimer que se trouve aussi la racine de mondes politiqu

130 er entre le couple, la personne, le fédéralisme7. Dans L’Amour et l’Occident , ouvrage considéré aujourd’hui comme un class

131 tique l’équivalent du totalitarisme ? En un sens, dans le couple, l’amour-passion joue le rôle de l’impérialisme et tend à l

132 quelque sorte un amour totalitaire : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la première cellule

133 n amour totalitaire : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la première cellule de ce que j’app

134 ue j’appelle le fédéralisme, c’est-à-dire l’union dans la diversité et non la subordination de l’un à l’autre ou la fusion d

135 u être prévus. J’ai d’ailleurs pressenti celui-ci dans un texte écrit dès 1928 contre Ford ; j’avais alors 20 ans. Ajoutez à

136 ains sont même purement fortuits (la localisation dans le monde arabe des principaux gisements pétrolifères). Ma conclusion

137 e de café, que nous ne trouvâmes jamais. Parfois, dans la 5e Avenue, Breton me signalait S. Dali et nous changions immédiate

138 s de ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les Ét

139 germé dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les États-Unis d’Europe, de combattre ce nationali

140 mique . Lui aussi était contre « l’État-nation ». Dans votre ouvrage, L’Avenir est notre affaire , vous dites que l’État mo

141 ion croissante et sans doute redoutable de l’État dans nos vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-nation, les

142  ? À mon avis, c’est une course contre la montre. Dans mes conférences, je dis toujours qu’il faut renoncer à cette idée rom

143 s à Denis de Rougemont (22 février 1978)r s 1. Dans toute votre œuvre et dans ce dernier ouvrage en particulier, vous fai

144 février 1978)r s 1. Dans toute votre œuvre et dans ce dernier ouvrage en particulier, vous faites confiance à l’homme, r

145 sonnalisme pourrait tout sauver, vous vous lancez dans une utopie. Mais vous vous défendez, je crois, d’être un utopiste ? J

146 , je crois, d’être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai besoin d’avoir un but, une image devant moi. Par co

147 une réalité vécue. 3. L’utopie, c’est le système dans lequel on vit ? La véritable utopie, justement, c’est la folie de la

148 fuite en avant qui aggrave la crise. On sait que, dans vingt ans, il ne sera plus guère possible d’acheter du pétrole. Parce

149 la droite, l’Est et l’Ouest, vous avez introduit dans votre livre la notion de l’État-nation. Cet État-nation — ils sont 17

150 dépendants quant à leurs ressources énergétiques. Dans le cas de la France, les vingt centrales nucléaires qu’elle construit

151 aucune chance qu’il devienne soudain raisonnable dans les dix à quinze ans à venir. La question n’est pas là. Nous avons ma

152 faitement capables de jeter l’économie européenne dans la faillite. Un certain état d’esprit s’en est trouvé complètement mo

153 oissance peut-elle durer toujours et sans limites dans un monde fini ? Et encore : les États qui achètent des centrales nucl

154 police et c’est toujours malsain. 13. Vous dites dans votre livre : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique pas que no

155 il m’avait offert un poste de lecteur de français dans son pays, pour que j’écrive ensuite mes impressions (il espérait que

156 t à l’époque, non ? Une qualité que l’on retrouve dans toute votre œuvre, l’insolence ! (Sourire.) Oui, j’ai eu quelques ins

157 nce ! (Sourire.) Oui, j’ai eu quelques insolences dans ma vie… 17. Vous avez aussi un merveilleux sens des formules. Le PNB

158 Vous êtes dur, quand vous constatez que l’on vit dans une société d’hommes creux. Il n’y a plus de véritable communauté et

159 . Il a été vérifié, avec des méthodes différentes dans plusieurs pays occidentaux, que la délinquance est très exactement pr

160 rès exactement proportionnelle au nombre d’étages dans les tours des grands ensembles. C’est tout de même significatif. La d

161 ’Europe. En Suisse, tout n’est pas toujours comme dans le meilleur des mondes… Bien sûr que non ! Mais c’est souvent moins m

162 , est sur la liste des best-sellers de cet hiver. Dans ce “manifeste de l’espoir du xxe siècle”, il s’attaque à la crise de

163 tout ce qui menace le milieu vital d’autre part. Dans son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’il

164 ar conséquent que le réseau routier est suffisant dans son état actuel ? J’en suis convaincu. D’autant plus qu’il y a de for

165 abrique deux ou trois types seulement de voitures dans le monde, et non pas des centaines de modèles, qui ne sont que l’expr

166 placement ? Et puis, encore une fois, nous vivons dans un monde aux ressources limitées : les métaux, eux aussi, s’épuisent.

167 tant, le Conseil fédéral a repris cette invention dans une brochure qu’il n’avait d’ailleurs pas le droit de publier : il es

168 le seul responsable. Il n’avait qu’à être prudent dans ses projets à partir d’août 1973, date du lancement de l’initiative.

169 forcer le gouvernement à une sorte de moratoire. Dans votre livre, vous liez souvent centrales nucléaires et routes. S’agit

170 iècle finissant ». Je me suis tout à fait reconnu dans une telle définition. Non, je ne suis pas apocalyptique ! Ou si je le

171 suis pas apocalyptique ! Ou si je le suis, c’est dans la mesure où j’affirme que, si l’on n’y remédie pas, la logique de no

172 vélation d’une fin dernière de l’humanité. Alors, dans ce cas, oui, je suis pessimiste, ultrapessimiste. Mais il n’y a pas d

173 d’impératifs économiques ou politiques. Le monde dans lequel nous vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre

174 gie de la fin du xxe siècle se puiserait d’abord dans l’arrêt du gaspillage. De là, nous pouvons gagner 20 % à 30 %. Les ce

175 fond, si j’ai tant parlé des centrales nucléaires dans mon livre, c’est parce que je les prends comme le symbole d’une socié

176 re et l’option solaire, peut se symboliser encore dans les dieux qui en sont les représentants. Le soleil, c’est Zeus et le

177 nte… Comment sortir de cette lutte ? Vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire que seules les communautés permettraient

178 e qu’un beau jour, on va se dresser tous ensemble dans la rue, tuer les gens au pouvoir, s’asseoir dans leurs fauteuils et d

179 dans la rue, tuer les gens au pouvoir, s’asseoir dans leurs fauteuils et donner des ordres dans leurs téléphones… En vérité

180 asseoir dans leurs fauteuils et donner des ordres dans leurs téléphones… En vérité, on n’a jamais vu une révolution consista

181 isait déjà le précédent pouvoir. Je l’ai expliqué dans mon livre. Le pouvoir dont on s’empare vous phagocyte séance tenante…

182 crois que nous devons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exe

183 pillage. Il n’y a pas assez de matières premières dans le monde pour cela. Alors nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de

184 pourtant devenu jaloux de nos maladies. Lorsque, dans les années 1930, vous développiez pour la première fois vos attaques

185 ous la forme de cette immense émergence, sensible dans tout l’Occident et peut-être plus en Amérique qu’en Europe, des group

186 es au cordeau par des types à manches de lustrine dans des bureaux parisiens ou londoniens, à la fin du xixe siècle, et qui

187 t divisent les tribus… » Mais il est possible que dans la jeunesse européenne, l’idée de frontière soit dévalorisée. Je l’es

188 tera bien vingt millions d’hommes qui survivront, dans les angles morts des rayonnements, mais ça ne veut pas dire qu’il y a

189 e de position ou de compromission, sans s’engager dans rien ? » J’ai aussi le sentiment, Denis de Rougemont, d’être en face

190 ? Je ne le crois pas. Il existe nombre d’esprits, dans le monde d’aujourd’hui, qui sont mus par les mêmes passions fondament

191 n sûr, j’ai eu droit aussi à des attaques féroces dans des revues automobiles, certains allant jusqu’à me reprocher de falsi

192 faire, là où ils étaient. Bref, j’ai été confirmé dans ce que j’avais découvert peu à peu en écrivant ce livre : qu’il était

193 vant : « Philosophe et historien, écrivain engagé dans la plupart des grands combats de son siècle (la lutte contre le nazis

194 que quelques mois suffisent pourtant à engloutir dans le silence ; ils n’ont cessé de demeurer, au contraire, des ouvrages

195 allez le voir. C’est l’alternance de grands élans dans l’enthousiasme créateur, et d’enlisements dans le marécage des intérê

196 ns dans l’enthousiasme créateur, et d’enlisements dans le marécage des intérêts à très court terme, c’est-à-dire dans le « r

197 age des intérêts à très court terme, c’est-à-dire dans le « réalisme » aux yeux des classes politiciennes. ⁂ Prenons pour po

198 ses politiciennes. ⁂ Prenons pour point de départ dans notre siècle l’année 1924. Cette année-là, à Vienne, le jeune comte C

199 resqu’île européenne, 25 États vivent côte à côte dans l’anarchie internationale sans qu’un pareil état de choses conduise à

200 peler des succès d’estime, cette idée a progressé dans les esprits par sa valeur propre. Elle a fini par apparaître comme ré

201 unis pour la répandre, la faire entrer plus avant dans l’esprit des nations, et j’avoue que je me suis trouvé parmi ces prop

202 éral […]. Évidemment, l’association agira surtout dans le domaine économique. C’est la question la plus pressante. Je crois

203 uite : non seulement parce que les États membres, dans leurs réponses, multipliaient à l’envi les objections et restrictions

204 ace de propagation en profondeur et en intensité, dans la lutte, dans le danger, et surtout dans l’espoir. Dès 1941, des int

205 ion en profondeur et en intensité, dans la lutte, dans le danger, et surtout dans l’espoir. Dès 1941, des internés politique

206 ensité, dans la lutte, dans le danger, et surtout dans l’espoir. Dès 1941, des internés politiques de l’île de Ventotene, pr

207 t un manifeste fédéraliste européen qui circulera dans toute l’Europe. Dès 1942, tous les journaux de la Résistance français

208 -il, pour en avoir recueilli maintes preuves, que dans chaque pays de l’Europe occupée, (ces hommes) ont une volonté et des

209 es et à se rencontrer à quatre reprises à Genève, dans la villa du secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, Wil

210 militants antinazis en Allemagne, se sont réunis dans une ville d’Europe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils

211 la souveraineté absolue des États en s’intégrant dans une unique organisation fédérale. La paix européenne est la clé de la

212 la clé de la voûte de la paix du monde. En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’Europe a été l’épicentre de deux c

213 absolue souveraineté nationale, 3° « l’Europe une dans un monde uni ». Ces vues sont justes mais trop vastes, en ce sens que

214 ance voisine, le moindre abandon de souveraineté. Dans cette situation quelque peu irréelle où se mêlent un sentiment d’urge

215 verain ? C’est de reformer la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’une stru

216 us les espèces du Congrès de l’Europe, réunissant dans la Salle des chevaliers, qui est la salle du trône de La Haye, près d

217 eur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin

218 pelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver n

219 t, déclarons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les résolutions adoptées par

220 congrès : 1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des

221 e foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos

222 e tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et synd

223 s, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes

224 et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouverneme

225 nération et celles qui la suivront. On a reconnu dans ce Message la convergence des motifs principaux qui animeront les mou

226 motif de la défense commune n’était pas mentionné dans le Message de La Haye, ou plus exactement : avait été barré de la ver

227 tique commune des pays membres ; on voit bien que dans ses publications, elle se nomme tranquillement « l’Europe », mais com

228 ues de l’Europe tout entière. J’en vois la preuve dans le récent Rapport annuel de la Communauté, qui exprime la crainte que

229 e la cause européenne et des espoirs fédéralistes dans la bureaucratie et la technocratie des eurocrates, depuis vingt ans,

230 arché commun s’est effectuée le 1er juillet 1977, dans l’inattention générale : c’était pourtant le premier achèvement du gr

231 , tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colonnes ? Ou plutôt que l’Europe qui intéresse au sens fort le

232 Voici quelques échantillons de gros titres parus dans les principaux journaux de France, de Suisse, de Belgique, d’Italie,

233 n avec un tel sang-froid, sans la moindre émotion dans la voix, le geste ou le style, et parfois même avec un je ne sais quo

234 rfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans la résignation, voire de sournoisement jubilant, annoncer et accepter

235 he ou de droite, européistes ou nationalistes ? ⁂ Dans cette situation plutôt décourageante est apparu voici deux ans un pro

236 us devons confesser l’échec total : il n’y a pas, dans aucun domaine fondamental, de politique commune des États de l’Europe

237 ois d’autre explication à tant d’impuissances que dans le fait, toujours plus évident, que le dogme de la souveraineté natio

238 veaux motifs de s’unir ? La situation de l’Europe dans le monde d’aujourd’hui est caractérisée par un contraste violent : Le

239 état d’explosion démographique, particulièrement dans le Sud-Est asiatique et dans certaines parties de l’Amérique latine,

240 ue, particulièrement dans le Sud-Est asiatique et dans certaines parties de l’Amérique latine, tandis que dans les pays indu

241 ertaines parties de l’Amérique latine, tandis que dans les pays industrialisés de l’Europe le taux de croissance est en bais

242 on soviétique : tandis que le taux des naissances dans la partie russe demeure bas, celui des parties asiatiques augmente sa

243 lui des parties asiatiques augmente sans relâche. Dans quelques décennies, l’URSS comptera une forte majorité de Turcs et d’

244 oître d’une manière inévitablement catastrophique dans plusieurs cas. Un exemple : les démographes du Bangladesh prévoient u

245 par famine se traduisant par plus de 20 millions dans les années 1980, jusqu’à ce que l’excès de population soit corrigé « 

246 le client le plus important pour le blé américain dans les années de mauvaises récoltes. Or, ces années vont être de plus en

247 nflits latents, menacent l’ensemble des Européens dans leurs conditions d’existence économique d’abord, puis d’indépendance

248 désastres désormais calculables si l’on continue dans le même sens et au même rythme — même l’addition de ces données est e

249 définition de ce que nous avons été les premiers dans le monde et pendant longtemps les seuls à nommer « le Progrès ». Le b

250 traper l’Amérique », laquelle continue de croire, dans sa majorité, que plus c’est grand et mieux cela vaut. Reste alors not

251 le de rectifier les conceptions qu’elle a lancées dans le monde entier et que les communautés les plus traditionnelles adopt

252 y en a deux. L’histoire nous montre la naissance dans la Grèce des cités autonomes, d’une Europe de la solidarité civique,

253 olérance socratique. Mais elle nous montre aussi, dans la Rome impériale la naissance de ce qui deviendra au cours des siècl

254 nourri les idées de liberté et de responsabilité dans la Communauté, de foi jurée et de pacte fédéral, puis d’international

255 ons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe dans la conjoncture mondiale, qu’en est-il de la situation à l’intérieur d

256 e nos représentations exagérément pessimistes, et dans l’attente d’une réunion des peuples européanisés depuis mille ans, qu

257 oductivisme indéfiniment accru au prix de famines dans le tiers-monde ; 2° réduire le gaspillage d’énergie payé au prix d’ag

258 -vie » du plutonium que l’on se prépare à stocker dans nos cavernes) ; 3° réduire ainsi au minimum la centralisation, qui t

259 toujours plus angoissante des relations humaines dans notre société : égoïsme de classe, délinquance, prises d’otages, terr

260 res et de la jeunesse la plus active de nos pays, dans toutes les classes, pas seulement chez les intellectuels. Or ce levie

261 ques années, un phénomène immense monte lentement dans les consciences et déjà, nous le voyons déterminer l’actualité europé

262 es européens, les trois étant organiquement liées dans leur genèse par une réaction identique contre un monde brutal de mass

263 bres naturels, et les petites communautés de base dans lesquelles seules le citoyen pourrait devenir une personne à la fois

264 nsable. Mouvement de base, spontané et pacifique, dans lequel on voit bien que les motifs écologiques, régionalistes, fédéra

265 régional et tantôt à l’échelle du continent, non dans le cadre d’un État-nation. Et les régions, souvent déterminées par de

266 ence va se manifester à l’occasion de l’élection, dans un an, du Parlement européen. Écologistes, régionalistes, fédéraliste

267 groupe créé par Alexandre Marc qui se réunissait dans un café situé près de la porte d’Orléans : le « Moulin Vert » et nous

268 n, partisans d’une Europe des régions rassemblées dans une grande fédération en reprenant un système prôné par Proudhon qui

269 que les démocraties de l’Ouest allaient s’engager dans une guerre contre le totalitarisme, que cette guerre, nous devrions l

270 versité de Francfort, je devais en 1938 consigner dans un livre, Journal d’Allemagne , mes impressions personnelles sur ce

271 N’êtes-vous pas trop déçu par le retard accumulé dans la construction européenne ? Il y a quelques années, j’étais à plat,

272 nous étions quelque cent-mille membres à militer dans l’Union européenne des fédéralistes. Cette association ne compte aujo

273 poids de l’indifférence des populations enlisées dans leurs habitudes et peu ouvertes aux idées nouvelles. Désormais le lev

274 e mettais vos idées en action, je serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à l

275 coup, mais elle jouera très certainement un rôle dans une Europe régionalisée. Vous êtes un régionaliste, mais n’estimez-vo

276 ec une certaine fonction à exercer. Je le précise dans mon dernier ouvrage. Le premier échelon de la région est la commune

277 avec moi que ce système qui se répand sans bruit dans toute l’Europe trouve son lieu et sa formule dans la région. Elle est

278 dans toute l’Europe trouve son lieu et sa formule dans la région. Elle est l’aire naturelle où les communes vont trouver les

279 lutte contre la pollution ne devient efficace que dans l’espace régional. À propos de pollution, la grande peur vient de la

280 e centrales nucléaires qui jetteront leur chaleur dans le Rhin. Sept réacteurs sont prévus en France, quatre en Allemagne, c

281 ont un élément de pouvoir. Je crois néanmoins que dans cette affaire, certains gouvernements cherchent désormais une porte d

282 entraîne une société de plus en plus centralisée dans un système policier qui finit par menacer la liberté. Vous venez de c

283 éalisation sur le terrain. On y travaille la main dans la main et à chaque réunion, la commission se donne un peu plus de co

284 al. Une dernière question : gardez-vous votre foi dans la construction européenne et pour reprendre une expression de Michel

285 égions ». Je crois aux jeunes pour faire l’Europe dans la mesure où on leur apprendra que l’histoire, la géographie et l’art

286 dit Denis de Rougemont après nous avoir accueilli dans l’ancienne écurie devenue un vaste cabinet de travail et où quelques

287 . Nous aurions eu quelque difficulté à l’imaginer dans un autre cadre, ce régionaliste impénitent qui a combattu toute sa vi

288 t que cousins et cousines se sont trouvés souvent dans des camps opposés au sein d’une Europe déchirée par les conflits ? Et

289 ecté “la traditionnelle neutralité suisse”. C’est dans le même esprit qu’il fut de 1942 à 1943 rédacteur des émissions franç

290 mp, c’est parce qu’il faisait une place à l’homme dans la société au lieu d’imposer la société à l’homme. Aujourd’hui Denis

291 dre. Mais survient le philosophe, qui met le pied dans la porte, et, doucement, dit : « Pardon, je voudrais savoir… » — « Sa

292 vous voulez et où vous mène ce que vous faites. » Dans une émission de la Télévision française consacrée à Concorde, l’avion

293 s guère que le taux — pourra-t-elle se poursuivre dans un monde fini ? » L’un des adages de la scolastique médiévale disait 

294 -de-Mars, en plein Paris, au lieu de les reléguer dans le Finistère ou le Haut-Rhin, d’où il est si cher de transporter le k

295 rmation, relative à l’état de l’injustice sociale dans la société capitaliste, produira des effets sans commune mesure avec

296 ls ou par déportations massives, par génocides ou dans les prisons et les camps du Goulag. On connaît la haine de Marx pour

297 nte de la population des villes qu’elle agglomère dans de grands centres, la production capitaliste, d’une part accumule la

298 iculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouille

299 ans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa

300 dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité temporaire, un progrès dans la ruine d

301 t d’accroître sa fertilité temporaire, un progrès dans la ruine des lois éternelles conditionnant sa durable fertilité. Plus

302 ogie politique — si lucidement anticipée par Marx dans cette page. Ils n’y veulent voir, comme le tiers-monde, qu’une « dern

303 t et par les marxistes, capitalistes à l’Ouest et dans Marx. Ce que Marx a bien vu, presque seul de son temps, c’est que le

304 on, ruinant les rapports entre l’homme et l’homme dans les villes, ruinant aussi « la circulation matérielle entre l’homme e

305 irculation matérielle entre l’homme et la terre » dans les campagnes. ⁂ L’arme de la critique ne saurait évidemment remplac

306 ries de conséquences : 1° ou bien la racine étant dans l’homme lui-même, elle n’est pas du tout dans les rapports de product

307 ant dans l’homme lui-même, elle n’est pas du tout dans les rapports de production. Et alors, si la théorie peut créer une fo

308 s économico-philosophiques de 1844, xxv.) Il y a dans ces trois lignes l’essentiel de ce que Mounier avait nommé, pour tout

309 individu qui assume sa vocation la manifeste — et dans ce mot, il y a main 11 — et donc l’actualise, la réalise, la matérial

310 ’actualise, la réalise, la matérialise au besoin, dans les rapports interhumains créateurs de la communauté. Entre le person

311 c les mains . 12. Alors que six mois auparavant, dans L’État et la Révolution, il défendait la thèse exactement contraire.

312 Dieu. Spinoza Quand on arrive chez C. F. Ramuz, dans une ample maison campagnarde en pierre rose, au tournant d’une rue en

313 les têtes que je connaisse : on la dirait taillée dans du bois par un sculpteur du xve siècle. Il sourit derrière sa mousta

314 rrière sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtres à barreaux de fer donnent su

315 r donnent sur les vignobles en terrasse et le lac dans sa coupe de lumière. Ramuz vous offre une cigarette de tabac noir — l

316 l est curieux de la manière de vivre des humains, dans le détail de leur existence. « Comment êtes-vous venu jusqu’ici ? À b

317 rcouru le Midi ? Avez-vous parlé avec les paysans dans la région de Nîmes ? Ils sont huguenots, dit-on, pour la plupart, mai

318 vu comme ils se tiennent immobiles et tout noirs dans leurs cuisines ? Jusqu’à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici, nous s

319 chansons pareilles, tout le long de cette chaîne, dans toutes les langues… » Et Ramuz s’empare d’un atlas. Nous ne parlerons

320 einture ni vernis). « Voyez-vous, rien ne se perd dans la nature. Ma fille se peigne chaque matin à sa fenêtre. Les oiseaux

321 ns suisses les plus connues. Ramuz est né en 1878 dans le canton de Vaud, en Suisse romande. Il y a vécu presque toute sa vi

322 d’un Alexandre Vinet, d’un Benjamin Constant, nés dans le même canton, Ramuz appartient davantage à la géographie qu’à l’his

323 ion et de civisme protestant ne jouent aucun rôle dans son œuvre. Il saisit la réalité de son pays à un autre niveau, plus d

324 ois et les circonstances de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que Ramuz nous fait voir. À travers le pays vaudois, c’est

325 uption d’un événement unique, ou d’un grand mythe dans l’existence d’une communauté. Le diable s’installe chez les habitants

326 n (Présence de la mort) ou ce qui la suivra (Joie dans le ciel). Et le roman n’a pas d’autre mouvement ni d’autre intrigue q

327 isse ne sont pas « sublimes », comme on le chante dans les écoles, mais ils sont « le mauvais pays », comme les appellent le

328 de flatteur, rien de facile, jamais de bel canto dans la prose de Ramuz ; mais son application à reproduire le geste intime

329 mais profondément efficace, et qui vous introduit dans la grandeur de la vie, de la mort, de la condition d’homme. Car il ne

330 en « suisse » plus qu’en français ; peu populaire dans son propre pays, qui le jugeait obscur et trop moderne, Ramuz s’avanç

331 uelque chose de moins tendu et de moins solitaire dans le ton de la voix. Désormais, Ramuz parle à un public qui l’aime, il

332 l le recrée — comme tout poète recrée sa langue — dans un mouvement qui évoque la lenteur du Vaudois, son sens du concret, s

333 ni leurs pasteurs. Mais on sent la Bible présente dans leur langage et dans leur vision même. La Bible, véritable « Antiquit

334 is on sent la Bible présente dans leur langage et dans leur vision même. La Bible, véritable « Antiquité » des peuples prote

335 t le confronte avec l’Invraisemblable. Il l’imite dans son esthétique. « Ne mettre rien que ce qu’on voit. » Il écrit comme

336 très vite que tout est vu avant d’être expliqué, dans ce livre. Certaines parties de l’épopée sont écrites comme un scénari

337 . Les personnages apparaissent, une tête, un bras dans la lumière, le corps entier, une main en close up… Mais dans ce monde

338 ière, le corps entier, une main en close up… Mais dans ce monde de la vue, voici les signes — et ils annoncent la présence i

339 coucher de l’astre, intérieur, intérieur à vous, dans une nouvelle couleur, une nouvelle espèce de lumière : sur les choses

340 si Dieu venait parler lui-même sur les places et dans les cafés, parmi les choses de tous les jours, celles qui rassurent…

341 Ainsi les catastrophes nous ont surpris, en 1939 dans notre Europe, un peu plus tard, ici, le soir de Pearl Harborad. On de

342 usé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos consciences. Et la vie s’est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas

343 ire, comme Ramuz, l’incarnation de la catastrophe dans le détail concret de la vie. Je ne connais pas d’autre écrivain qui a

344 s de la terre, à l’instant qu’elles vont s’abîmer dans l’amen de l’éternité. « Salut quand même ! Salut ! toutes les choses 

345 uvenez-vous ici encore de l’Évangile, ils montent dans le paysage de leur pays, « en ce tout dernier jour, ce tout dernier m

346 mont parue en 1944. ac. Rougemont en rend compte dans la NRF d’avril 1934. ad. Pour rappel, la version anglaise de cette p

347 ntrales nucléaires n’auront plus de raison d’être dans trente ans. D’ici là, et en attendant le déluge… l’énergie nucléaire

348 rise les économies « nationales » et les entraîne dans une dépendance obsédante et angoissée vis-à-vis d’une énergie incontr

349 de stocker (mais où ? pour l’instant on les jette dans les océans !) devront faire l’objet d’une surveillance constante pend

350 vent de plus en plus la nécessité de se retrouver dans des tâches communes. Ils en ont assez d’être muselés, exploités, trai

351 Déjà, s’amorcent partout des luttes autonomistes dans les bourgs et villages d’Europe. Des milliers de mouvements (groupes

352 ief des régions européennes fédérées que j’évoque dans mon projet : « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation ne doit pl

353 ligibles, pacifiques, solidaires et responsables, dans lesquelles les individus se sentent appartenir à un univers commun, e

354 and ils veulent vivre mieux ensemble. On retrouve dans cette proposition (qui n’est déjà plus une utopie dans la mesure où d

355 cette proposition (qui n’est déjà plus une utopie dans la mesure où des actions sont entreprises et où des résultats sont ob

356 érience fondamentale de la personne, est réprimée dans l’État-nation. Pour changer le monde et, en premier lieu, l’Europe, D

357 t pas subordonnés l’un à l’autre, mais conjuguent dans une totale égalité leurs différences pour créer une œuvre. Toutes les

358 en tout cas le vœu fervent de Denis de Rougemont. Dans son dernier livre : L’Avenir est notre affaire (ouvrage passionnant

359 ugemont a 72 ans. Il est Suisse. Il vit en France dans un village verdoyant, Pouilly-Saint-Genis, non loin de Genève et… de

360 le, etc. Maintenant, en analysant ce qui se passe dans les pays développés — nos États-nations — il sonne une nouvelle fois

361 es et suppose l’engagement civique de la personne dans la communauté, je n’ai jamais adhéré à aucun parti. Cette simple cons

362 mps des postes de directeurs ou d’administrateurs dans les principales sociétés productrices d’énergie nucléaire aux USA. Ne

363 très important que toute communauté linguistique dans le monde soit assurée du droit à son identité, du droit de parler — e

364 ce publique. Il s’en faut que ces droits existent dans la plupart de nos États-nationaux. Quelques exemples : le français es

365 ionaux. Quelques exemples : le français est brimé dans le Val d’Aoste, où l’Italie envoie des Napolitains pour enseigner leu

366 nt parlée par l’écrasante majorité des Alsaciens) dans les écoles primaires des départements du Rhin. Or, la langue est le m

367 exister. Et l’on ne peut s’exprimer vraiment que dans la langue de son origine, de sa région. En Suisse, nous savons cela.

368 igine, de sa région. En Suisse, nous savons cela. Dans le canton des Grisons, on ne parle pas seulement l’allemand et l’ital

369 femmes une fois qu’ils auront le droit de parler. Dans les cités gigantesques du xxe siècle, la voix d’un homme ne porte pa

370 voix d’un homme ne porte pas, qu’elle soit criée dans sa langue ou dans celle du pouvoir régnant. C’est la radio qui a la p

371 e porte pas, qu’elle soit criée dans sa langue ou dans celle du pouvoir régnant. C’est la radio qui a la parole. Le seul moy

372 de décider de leur destin. La démocratie commence dans la commune. Une grappe de communes réunies par un projet commun, c’es

373 s ou centrales nucléaires, sont destinées à finir dans des catastrophes. La formation du citoyen consiste à rendre conscient

374 complir sa vocation et responsable de l’accomplir dans la communauté. M. Denis de Rougemont, nous vous remercions. ai. Ro

375 e, libre développement des personnes responsables dans la communauté. Qui décidera ? 3. Qui va faire ce choix ? Si nou

376 ontres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de la femme auprès de laquelle nous dormons » (déclaration

377 publicité considérable : placards d’une 1/2 page dans les journaux, expositions (Nuklex à Bâle), films, distribution de bro

378 (Nuklex à Bâle), films, distribution de brochures dans les écoles à titre d’information — toute tentative de mise au point s

379 ul espoir, pour notre société occidentale, réside dans des réactions spontanées de ce type, démocratiques et fédéralistes, e

380 6. Parmi les arguments qui m’ont le plus frappé, dans le rapport qui nous est présenté — Jenseits der Sachzwange : Au-delà

381 ement un facteur d’aggravation rapide du chômage, dans le système actuel — 4000 emplois supprimés pour chaque centrale ouver

382 , la consommation des médicaments, les hôpitaux ?  Dans tous ces cas, le PNB s’accroît » (chap. 8.3). J’approuve totalement e

383 ration de la qualité de vie, idée qui est partout dans ce rapport, est de celles que je tiens pour décisives quant au sort p

384 e sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier dans l’organe des Nations unies, Forum de développement , cette même idée.

385 [préface] (1979)ak I. Émergence des régions dans la vie politique Lorsque parut, il y a onze ans, le premier numéro

386 ques centaines d’études, brochures et articles15. Dans les milieux scientifiques officiels, dispensateurs de subventions à l

387 olloques, séminaires, groupes d’études et congrès dans le monde entier, ou résultent de leurs travaux. Tout cela ne serait e

388 année le problème des régions au niveau national dans les pays les plus divers de notre Europe : agitation ethnique et réac

389 que ne sont vécus d’une manière plus concrète que dans les régions frontalières — ou plus exactement transfrontalières — com

390 Nice à Trieste, à cheval sur les Pyrénées, enfin dans le Grand Nord scandinave. Une quarantaine de régions brochant sur deu

391 au sens formel du terme. II. Une « première » dans l’histoire de l’Europe Dans la littérature surabondante qui a prép

392 . Une « première » dans l’histoire de l’Europe Dans la littérature surabondante qui a préparé et qui commente une évoluti

393 ’un début net comme il est rarissime d’en trouver dans l’histoire. La région franco-genevoise que ce recueil commence par si

394 anco-genevoise que ce recueil commence par situer dans les coordonnées espace-temps de l’Europe en la seconde moitié du xxe

395 ances. 2. La région franco-genevoise ici décrite, dans la complexité de ses problèmes et de ses virtualités, présente l’inté

396 principaux indicatifs de la souveraineté étatique dans l’ère moderne : celui de lever des impôts réguliers. Il s’agit là d’u

397 impôts réguliers. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue d

398 d’un long processus de renaissance communautaire dans une société occidentale qui se verrait enfin capable d’offrir à un ti

399 d’Arnhem, des districts néerlandais et allemands, dans l’intention clairement indiquée par son nom même, de « bâtir un morce

400 nt la région que nous appelions « lémano-alpine » dans sa plus grande extension, et qui allait devenir dans une définition p

401 s sa plus grande extension, et qui allait devenir dans une définition plus restreinte, le champ d’opération assigné à la Com

402 ssion franco-suisse et à ses comités de travail. Dans le même temps, la Conférence des pouvoirs locaux et régionaux, qui a

403 ule aussi neuve, ont joué un rôle non négligeable dans une évolution qui porte désormais les espoirs de l’Europe fédérale —

404 onc qui n’existe pas pour une seule discipline ou dans un seul secteur, mais qui est pluridisciplinaire en soi, par son appr

405 n des chercheurs, mais celle-ci ne saurait opérer dans le vide : elle a faim de réalités (chiffrées ou non) à déchiffrer, à

406  opérateur » ou directeur. Il faut tout inventer dans ce domaine : l’objet de la recherche autant que sa problématique, la

407 s régimes nationaux. b) Région virtuelle inscrite dans la géographie, l’histoire, l’écologie, l’ethnie, les possibilités éco

408 ciaux et culturels se multiplient et s’exacerbent dans toutes les régions frontalières de l’Europe, avec une intensité parti

409 t que les données du problème général des régions dans le cadre de l’État-nation (plus ou moins centralisé) se compliquent i

410 se veut souverain unique, indivisible et absolu, dans tous les domaines (sauf le religieux remplacé par l’idéologie nationa

411 x, des ondes et des tempêtes ; fiscalité prélevée dans la région, mais profitant d’abord aux bureaux de la capitale ; produc

412 drons). 3. L’État-nation à souveraineté illimitée dans ses frontières fixes apparaît donc l’obstacle décisif à la constructi

413 tous les nouveaux États au xxe siècle, consiste dans la prétention d’imposer une frontière physique et une seule à des réa

414 e : ou bien l’on persiste à vouloir faire rentrer dans le lit de Procuste des États-nations les réalités régionales, physiqu

415 et culturelles du xxe siècle qui se « déclare » dans les régions frontalières. C’est aussi et surtout l’impuissance des ci

416 citoyens à décider de leurs destins, à intervenir dans les processus de décision concernant leur existence quotidienne, déci

417 écisions dont les plus importantes sont décrétées dans les bureaux de la capitale, c’est-à-dire le plus loin possible des pr

418 les régions n’avaient que peu ou point d’utilité dans les différents domaines de l’économie, par exemple, elles se justifie

419 ise en fait qu’à augmenter l’efficacité du Centre dans les régions où il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notr

420 omme le sont en France les préfets. b) La CEE, et dans une moindre mesure le Conseil de l’Europe, se préoccupent de « réduir

421 non moins évident que le « mini-État souverain » dans ses frontières polyvalentes ou omnivalentes, présenterait des inconvé

422 erche d’une définition fonctionnelle des régions. Dans l’évaluation (plus ou moins subjective) des fonctions susceptibles de

423 s ethnicistes. Nous les avons renvoyées dos à dos dans les remarques précédentes. Partant de l’hypothèse de régions définies

424 s, c’est-à-dire des ouvriers et employés résidant dans l’Ain et la Haute-Savoie, mais travaillant à Genève, qui a éveillé ch

425 icultés créées par « les frontaliers » (notamment dans les « communes-dortoirs » du pays de Gex et de la Haute-Savoie) et de

426 tendant d’autres élargissements qui sont inscrits dans la logique des réalités de la région — et qui la définissent. Car les

427 erbois : nuisances et risques également ressentis dans le pays de Gex et le canton de Genève, et qui appellent d’urgence la

428 nsité des établissements d’enseignement supérieur dans la région lémano-alpine (16 pour le moment, en prolongeant la région

429 es franco-genevoises, avait écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots, les pa

430 lture de la région et laissé des traces profondes dans l’inconscient de ses habitants.) Ajoutons que cette « plus grande rég

431 èce de scandale, c’est quelque chose d’impensable dans le cadre stato-national auquel nous a formé l’École aux trois degrés.

432 au-delà même des « régionalisations » esquissées dans un cadre national rigide par l’Italie et par la France. Mais il faut

433 l du terme, de compétences locales, mais agissant dans le cadre d’informations, d’options indicatives, et beaucoup plus rare

434 de niveau supérieur, national, continental, voire dans certains cas mondial (pollution des mers, atteintes à la couche d’ozo

435 des intertitres, qui a disparu sans justification dans l’original.

436 écipitée, si curieusement liée à l’ère bourgeoise dans l’histoire de notre culture européenne qui avait été jusqu’alors cell

437 squ’alors celle des styles et de leur déploiement dans le temps et l’espace du continent. On parlait donc d’un genre qui ava

438 conventionnels : voir les descriptions de Tolstoï dans Qu’est-ce que l’Art ? qui date de 1905. C’est au cours des dernières

439 ction concertée. Et nous redécouvrons qu’il n’y a dans la culture rien de plus sérieux qu’une convention, en tant que condit

440 types, exerce son empire sur toutes nos créations dans les domaines de l’âme et de l’affectivité. Et ces créations à leur to

441 à Wagner. C’est par lui que la passion est entrée dans nos mœurs, envoûtante et parfois mortelle. Tous les grands opéras, to

442 ccueille et salue, cependant que se font entendre dans les profondeurs du palais les premières mesures du Menuet, sublime ac

443 ne cesserai pourtant pas de l’interroger, vivant dans ma mémoire, exigeant et confiant… L’évolution de l’idée européenne,

444 er sans eux ? Des régions se dessinent peu à peu dans la réalité continentale. Oblitérées depuis deux siècles par la méfian

445 ces « reconnaissances » sont en train de s’opérer dans l’Ouest européen. Or, la plupart des aires régionales ainsi reconnues

446 leur plaisir, et c’était leur devoir civique. Et dans l’euphorie qui émanait de cette vision d’un continent renaissant, je

447 ais… Rien n’empêchera — selon les lois en vigueur dans nos États démocratiques — toutes ces régions, si elles le désirent, d

448 ndent, de faire appel à des compétences reconnues dans les domaines économique, écologique, éducatif, scientifique… Rien n’e

449 chefs de ces agences dispersées sur le continent, dans des villes comme Bruxelles, Genève, Bonn25, Copenhague, Strasbourg, T

450 s équilibres entre l’homme, la cité et la nature, dans l’ensemble de nos pays. Dans le cadre de cette politique générale, ri

451 a cité et la nature, dans l’ensemble de nos pays. Dans le cadre de cette politique générale, rien n’empêchera, bien au contr

452 nouveler entre elles des liens plus particuliers, dans le cadre de l’État-nation qui les avait jadis « réunies » de gré ou d

453 s les tâches de dimension régionale ou communale, dans le cadre des plans continentaux.   Je me réveille, je me raconte mon

454 — et nous pourrons l’avoir —, c’est au village ou dans les communes de quartier qu’il nous faut exiger les moyens de la cons

455 rien de pareil, bien au contraire, ne menacerait dans le cas qui me fascine… Si le rêve des régions se réalise, lui aussi,

456 e rêve des régions se réalise, lui aussi, on dira dans dix ans, dans vingt ans, que c’était si facile à prévoir : tout ce qu

457 ions se réalise, lui aussi, on dira dans dix ans, dans vingt ans, que c’était si facile à prévoir : tout ce qui était raison

458 ndamental de tous, a consisté pendant des siècles dans la croyance, habituellement informulée, que les institutions ne suffi

459 idiennes, de recettes, de pratiques vitales — que dans sa lutte contre l’étatisme toujours plus systématique, centralisé, in

460 aire, n’est pas manque de rigueur, n’est pas flou dans le jugement, surtout n’est pas acceptation bonhomme ou lasse d’une er

461 orme ; qui ne soit pas alignement et mise au pas. Dans le fait que chacun est unique — non dans le fait que chacun a comme m

462 au pas. Dans le fait que chacun est unique — non dans le fait que chacun a comme moi deux yeux, un nez, une bouche, et quat

463 il a comme moi pour tâche essentielle d’être soi. Dans la mesure où j’ai senti ou pressenti que là réside son problème je le

464 nnais pour mon semblable. Cette solidarité fondée dans l’admission de l’unicité de chacun, cette solidarité des solitaires,

465 , ou de la nation. Elle veut la liberté de chacun dans la recherche d’un soi sans précédent, et non pas la conformité sécuri

466 : le courage, mais aussi le devoir, d’être soi Dans la tâche de devenir chacun soi-même réside notre commune condition. T

467 tandis que la volonté de simplifier qui s’exprime dans des expressions telles que « pour ou contre », choisir son camp, savo

468 ance selon le xxe siècle. Le réalisme véritable, dans les années 1980, va consister à se laisser guider par les conditions

469 l droit de « découper » les régions. Cela s’opère dans les bureaux de la capitale, dans l’ignorance délibérée des réalités r

470 ns. Cela s’opère dans les bureaux de la capitale, dans l’ignorance délibérée des réalités régionales. On met ensemble huit d

471 , idéologiques ou uniquement publicitaires. C’est dans ce sens que le meilleur géographe français du siècle dernier, Vidal d

472 seront les premiers élus. La force véritable est dans la non-violence, dans le refus des clichés de la Puissance, dans l’ab

473 lus. La force véritable est dans la non-violence, dans le refus des clichés de la Puissance, dans l’abandon au règne de l’am

474 lence, dans le refus des clichés de la Puissance, dans l’abandon au règne de l’amour, toujours à venir. Sixième vertu : l

475 nécessaire pour la bonne marche des institutions dans un ordre social presque entièrement profane… Prenez une démocratie qu

476 onque. Supprimez toute espèce d’humour aussi bien dans sa vie quotidienne — rouspétance du citoyen — que dans sa vie proprem

477 sa vie quotidienne — rouspétance du citoyen — que dans sa vie proprement politique — farce des partis — et vous obtiendrez a

478 elle est énergiquement menée, l’État totalitaire dans sa splendeur native.24 Tous les dictateurs sont centralisateurs par

479 68. Au début du xvie siècle, Érasme avait écrit dans sa Querela Pacis : « Le tyran cherche à inspirer la crainte, le roi l

480 ir que le déclin fatal de toute démocratie réelle dans un État de plus en plus centralisé, donc en dérive vers le régime tot

481 coordonner l’action simultanée d’éléments variés, dans le respect de leur diversité et à partir de leur autonomie. C’est féd

482 unité est une donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’union politique librement nouée entre les peupl

483 à travers les siècles, même si elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à to

484 toire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence féconde des contraires. La Grèce inve

485 La Grèce invente la cité (polis, d’où politique, dans toutes nos langues : Politik, policy, politica, etc.) et elle la fond

486 centralisées. Elle pousse l’ordre et la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’à l’irrémédiable Ennui, malgré plus de

487 nt du Tristan primitif de l’Anglo-Normand Béroul, dans la mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, im

488 récits oniriques du surréalisme, la part du rêve dans la culture occidentale. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe, l’une

489 différences, encore que l’École et les Tribunaux, dans les pays centralisés, s’y soient efforcés. 2° Que pour pittoresques e

490 cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, prétendant au contraire

491 impose le français comme seule langue officielle dans son royaume (contre le latin de l’Église et des traités, mais aussi c

492 langues différentes des nationalités conquises): dans les Allemagnes, la Bible traduite par Luther, en Grande-Bretagne, la

493 es nouvelles lois, rédigées en français de Paris, dans les langues usitées en Bretagne, Alsace, Corse, Roussillon et Pays ba

494 ynthétiques et ont parfois marqué certains succès dans cet effort éminemment impérialiste et radicalement antidémocratique o

495 a imposé un certain accent parisien à la culture dans l’Hexagoneaq. C’est au prix d’un appauvrissement très certain de la l

496 onien de la culture britannique et du Hochdeutsch dans les pays germanophones. À cela se borne la réalité des « cultures nat

497 de l’Europe, sans une seule exception, sont nées dans des foyers locaux, couvents, ateliers, conservatoires, universités, l

498 eler l’importance : ils caractérisent une époque. Dans le même temps, Paris produit Valéry, Gide, Claudel et Marcel Proust,

499 on lui promettait, oui, c’est bien tout un peuple dans sa profondeur qui vient de rejeter la modernisation que son souverain

500 s obtiennent du shah d’importants investissements dans les industries nucléaires française et allemande et la commande de vi

501 ont prévu. C’est qu’ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire que matériels et chiffrables ob

502 en l’occurrence le chiisme, qui domine largement dans les masses populaires et, en principe au moins, dans la classe dirige

503 s les masses populaires et, en principe au moins, dans la classe dirigeante. Qu’est-ce que le chiisme ? C’est la partie de

504 e branche de l’islam est le sunnisme, majoritaire dans les pays arabes. Ce qui distingue le mieux ces deux écoles, c’est le

505 ngue le mieux ces deux écoles, c’est le fait que, dans le chiisme, le fidèle n’est pas livré à lui-même, mais demeure en con

506 ogmes de la religion de la croissance matérielle, dans l’obédience de laquelle rivalisent capitalistes et communistes occide

507 t à manipuler les éléments antireligieux, surtout dans le Nord du pays, il pourra se produire de très graves affrontements,

508 a plus changé par rien, c’est que, pour une fois, dans l’Histoire, la religion a vaincu la Bourse, les états-majors et l’OPE

509 vité pour Le Nouvel Illustré, ce phénomène unique dans l’histoire moderne : le rejet de notre civilisation industrielle occi

510 ertaines époques ont vu naître un sens neuf, mais dans chacune, tous les sens précédents coexistent. Si bien que la question

511 suprême, l’accomplissement de la personne totale dans le don. Quand on loue notre époque d’avoir enfin « libéré l’amour » a

512 e qu’elle a encore un bel avenir — en URSS. Voyez dans quels termes les Soviétiques dénoncent la « morale déliquescente » de

513 exuels. En fait, je ne connais pas une seule loi, dans un seul pays ou un seul temps, qui ait jamais condamné l’amour comme

514 s condamné l’amour comme tel, ou l’ait même nommé dans un code. De quoi donc voudrait-on le libérer ? L’amour a toujours été

515 sexuel, c’est une tout autre affaire. La liberté dans la sexualité, nous en jouissons et en souffrons plus que toute autre

516 en débiles. D’une manière générale, les sanctions dans le domaine sexuel sont négligeables parmi nous, si on les compare à c

517 erser une frontière sans visa, le refus de servir dans l’armée, la fraude fiscale (dans les pays anglo-saxons), ou certaines

518 refus de servir dans l’armée, la fraude fiscale ( dans les pays anglo-saxons), ou certaines opinions politiques même non déc

519 iétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient dans le détail les mariages licites (exogamie, lévirat, sororat, etc.), fa

520 érale ne toléraient aucune fantaisie individuelle dans ce domaine. C’est précisément l’existence — et non l’absence de la li

521 ensation. (Paul Valéry) L’érotisme « déchaîné », dans le même temps, fut la fièvre, non l’antidote. Fièvre tombée : voir la

522 s deux derniers chiffres du millésime changeaient dans l’énoncé de la question. 27. La langue grecque classique utilisait v

523 faux. L’Europe, c’est une nécessité qui s’inscrit dans le cours normal de l’histoire en cette fin de xxe siècle : si l’Euro

524 devrait oser promettre un développement indéfini dans ce monde fini. Or, on continue. Simplement, parce que le raisonnement

525 peu près infinis du nucléaire par exemple… C’est dans ce contexte-là que se pose la question européenne : un contexte de ci

526 itaires… — se révèlent de plus en plus insolubles dans le cadre des souverainetés nationales et appellent donc des solutions

527 États-nations… Prenons le problème démographique. Dans les trente années qui viennent la population de l’Europe va rester st

528 table, elle va peut-être même reculer, tandis que dans le même temps la population du tiers-monde triplera. D’où une rupture

529 ppement que celui qu’elle a répandu, malgré elle, dans le monde entier. J’aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n’est p

530 siècles l’idée d’une union des pays d’Europe est dans l’air… À chaque génération des hommes l’ont rêvée : de Dante à Victor

531 des mers océanes. Ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier

532 gique et les régions sont pour Denis de Rougemont dans le droit fil de cette Europe fédérale qu’il n’a cessé de défendre : «

533 qui pèsera lourdement sur leur avenir, disait-il dans les jours qui précédèrent le scrutin à son secrétaire Jean Mauriac. M

534 e ! » Denis de Rougemont, cependant, ne verse pas dans l’utopie européenne. Il sait que l’Europe n’est pas la solution magiq

535 ilisation industrielle, née de nos œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique du Sud des besoi

536 ole nulle part d’ici dix ans. Essayez d’installer dans le tiers-monde des réseaux téléphoniques analogues aux nôtres, et le

537 iques analogues aux nôtres, et le cuivre manquera dans les trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de v

538 et d’abord contre l’Europe. La population blanche dans le monde est en état de croissance nulle, voire déjà de croissance né

539 ancs à haut niveau de vie diminue donc rapidement dans l’ensemble de l’humanité. Ce qui ne peut manquer d’entraîner des répe

540 la fois l’accroissement des besoins et la famine dans le tiers-monde, l’augmentation des prix du pétrole et l’épuisement de

541 de nos technologies : l’inflation et le chômage. Dans leur état actuel de division, nos soi-disant « souverainetés national

542 mers océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et la désertification. Ce qui revient à dir

543 ion et du chômage. Nécessité d’une Europe unie dans tous les domaines L’Europe unie n’aura peut-être pas réponse à tou

544 corresponde un accroissement sextuplé du chômage dans les pays de la Communauté ? Cette question me paraît fondamentale, dé

545 e, c’est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans notre cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à

546 ationales non plus, et c’est encore plus évident, dans le domaine de l’Environnement. Là, tous les problèmes qui se posent c

547 tions européennes — parfois même mondiales, comme dans le cas de la protection des océans — pourraient prévenir les catastro

548 devenu l’un des problèmes capitaux d’aujourd’hui dans la plupart des pays de l’Europe. La nouvelle constitution de l’Espagn

549 sera d’un usage follement dangereux et vulnérable dans un continent aussi dense par sa population, ses constructions, ses ré

550 ut de souffle. Depuis 1948, on a peu avancé, sauf dans le domaine économique de neuf pays. Le Marché commun prétend faire l’

551 avez lu le dossier de Jean Gaud paru ce week-end dans 24 HEURES ; mais alors, simultanément, vous vous serez sentis frustré

552 ctions, l’auteur de L’Avenir est notre affaire , dans un ouvrage qu’il vient de publier en collaboration avec le groupe Cad

553 il constate que seule une fédération européenne, dans laquelle les régions ont leur mot à dire, sera à même de résoudre ce

554 stes” qui se présentent aux élections européennes dans tous les pays de la CEE. Denis de Rougemont a d’ailleurs tenté, en Fr

555 ilisation industrielle, née de nos œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique du Sud des besoi

556 ulle part cinq ans plus tard. Essayez d’installer dans le tiers-monde des réseaux téléphoniques analogues aux nôtres, et le

557 iques analogues aux nôtres, et le cuivre manquera dans les trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de v

558 la partie la plus faible. ⁂ La population blanche dans le monde est en état de croissance nulle, voire déjà de croissance né

559 ancs à haut niveau de vie diminue donc rapidement dans l’ensemble de l’humanité : 18 % en 1900, 7 % en 2000. Mais surtout no

560 la fois l’accroissement des besoins et la famine dans le tiers-monde, l’augmentation des prix du pétrole et l’épuisement de

561 mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul. Dans leur état actuel de division, pas une seule de nos soi-disant « souve

562 mers océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et la désertification, causées par notre ci

563 corresponde un accroissement sextuplé du chômage dans les pays de la Communauté ? Cette question me paraît fondamentale, dé

564 t accéder à la notion de fédération continentale. Dans la lutte contre le chômage, par exemple, aucun pays n’osera jamais pr

565 e, c’est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans notre cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à

566 ationales non plus, et c’est encore plus évident, dans le domaine de l’Environnement. Là, tous les problèmes qui se posent c

567 ent industriel ; la destruction des forêts à 25 % dans le monde et du plancton des océans, qui fabriquent l’oxygène que nous

568 tions européennes — parfois même mondiales, comme dans le cas de la protection des océans — pourraient prévenir les catastro

569 devenu l’un des problèmes capitaux d’aujourd’hui dans la plupart des pays de l’Europe. La nouvelle constitution de l’Espagn

570 rée de jeu mes relations avec St Ex en Amérique : dans le journal de mes années new-yorkaises (fin 1940-1947), à la fin de l

571 et demie. L’équipe de nuit s’installe sans bruit dans les bureaux presque déserts. Il serait temps d’aller à ce dîner, n’ét

572 pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À 2 heures du matin, si tout a bien marché, je monterai chez

573 t les régions populeuses) pour retirer ses forces dans le Réduit national du Gothard, sauvant au risque de sa vie la « raiso

574 is côtés par des lagunes sinueuses qui s’avancent dans un paysage de forêts et d’îles tropicales. — Je voulais une cabane et

575 écrié Tonio bourru, en pénétrant le premier soir dans le hall. Maintenant, on ne saurait plus le faire sortir de Bevin Hous

576 qui me paraît ce qu’il a fait de plus beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New

577 n à neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer des cigarettes et discuter le coup avec une rigueur

578 Greta Garbo. Je ne connais rien de plus charmant dans tout New York : moquettes fauves, grands miroirs ternis, bibliothèque

579 endeurs sont encore ce qu’on trouve de moins cher dans une ville où personne n’en veut plus. (Trop d’entretien.) Les grandes

580 e d’autres.) St Ex a beaucoup pratiqué les échecs dans ses bases d’aviation en France et en Afrique, il est sans discussion

581 t décidé : St Ex a reçu l’assurance d’être engagé dans une unité combattante en Afrique du Nord. Son ami, le général Doolitt

582 rquoi ce passe-droit ? En date du 27 mars, je lis dans mon journal : « Téléphone de St Ex à propos de nos démarches pour qu’

583 r ma fatigue. » Passé plusieurs heures avec St Ex dans la nuit du 24 au 25 mars. Il m’a brillamment démontré, avec schémas e

584 ucaire à Beekman Place. Au moment où nous entrons dans la bibliothèque de velours vert du premier étage, nous voyons St Ex e

585 ois plus tard, d’Alger, Saint Ex écrit à Consuelo dans un style beaucoup plus détendu : New York, les divisions, les disput

586 l’allusion à nos parties « bien disputées » tard dans la nuit, mais c’est surtout par l’attitude qu’elles révèlent : celle

587 choses que j’aime ». Phrase immense et qui fonde dans l’intime de l’être la renaissance de ce que l’on va nommer l’Écologie

588 ? La vérité ce n’est point ce qui se démontre. Si dans ce terrain, et non dans un autre, les orangers développent de solides

589 nt ce qui se démontre. Si dans ce terrain, et non dans un autre, les orangers développent de solides racines et se chargent

590 forme d’activité et non telles autres, favorisent dans l’homme cette plénitude, délivrent en lui un grand seigneur qui s’ign

591 ure, granting privileges or recognizing rights. » Dans le cas présent, il est question d’un Acte écrit par lequel le Conseil

592 der » mais bien plutôt de garantir à la culture — dans les limites de leurs pouvoirs — les franchises, droits et privilèges

593 ers deux réalités qui sont l’Europe et la culture dans la mesure où elles sont conçues en relation indissociable, et nous le

594 t d’assurer le rayonnement de l’Europe culturelle dans son ensemble. D’une part donc, éliminer les barrières et chicanes pér

595 quelle « culture » ? Que signifie « culture » dans le titre de la charte projetée ? Il s’agit d’un concept à peu près in

596 près inconnu au siècle dernier, qui n’est accepté dans les dictionnaires, donc dans l’usage courant, qu’à partir du milieu d

597 r, qui n’est accepté dans les dictionnaires, donc dans l’usage courant, qu’à partir du milieu de notre siècle, et qui est en

598 siècle, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays et aux divers niveaux d’éducation intellectuelle dans

599 et aux divers niveaux d’éducation intellectuelle dans chacun d’eux. Comme en font foi les dictionnaires français, anglais e

600 ent un siècle après Littré — pour voir apparaître dans le Petit Larousse la double définition du terme culture acceptée depu

601  : « Ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines. » Côté anglais, l’Oxford Dictionary donne une

602 ortements sociaux que l’homme ajoute à la nature. Dans cette orientation des esprits, que l’on constate dans toute l’Europe

603 cette orientation des esprits, que l’on constate dans toute l’Europe et bien au-delà (Brésil33, États-Unis, Canada, Inde34,

604 i rend la vie digne d’être vécue, sans se classer dans le camp des totalitaires ? Force nous est de ne retenir que les défin

605 mondiale, le terme de culture commence à prendre dans le langage gouvernemental le sens qu’il avait pris depuis Spengler da

606 nemental le sens qu’il avait pris depuis Spengler dans les essais philosophiques et sociologiques, de phénomène global créat

607 . Cette évolution n’est pas encore bien accomplie dans le sigle UNESCO, qui signifie « Organisation des Nations unies pour l

608 mots sans lesquels aucun pacte n’est possible ». Dans les textes formulant la mission et le programme du Centre européen de

609 éfléchir ; et ce n’est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (religieuse, politique ou scientifique) m

610 dons-nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela revien

611 echnique. Car c’est ce contexte culturel qui agit dans les pays sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos technique

612 machines inventées par l’Occident et transportées dans les pays sous-développés sont les équivalents modernes du cheval de T

613 re action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans les indices de production, mais dans ce que je voudrais appeler l’ind

614 peut se lire dans les indices de production, mais dans ce que je voudrais appeler l’indice de l’équilibre humain. Il apparti

615 4. Relations entre « Europe » et « culture » Dans le Rapport culturel présenté au Congrès de l’Europe, à La Haye, en

616 essentiellement culturelle, si l’on prend le mot dans son sens le plus large. La culture véritable n’est pas un ornement, u

617 ectivisme, droits et devoirs, liberté et justice… Dans ce débat auquel chacun de nous participe plus ou moins consciemment,

618 as une seule que l’on puisse étudier sérieusement dans le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuell

619 et d’influences mutuelles qui s’appelle l’Europe dans l’histoire de l’esprit humain. Montrer cela sans relâche et en toute

620 iste des perspectives, c’est aussi faire l’Europe dans les jeunes esprits, et c’est montrer son unité fondamentale, base de

621 C’est donc là qu’il s’agit d’attaquer son virus, dans les esprits, dans les manuels d’histoire, dans les réflexes condition

622 il s’agit d’attaquer son virus, dans les esprits, dans les manuels d’histoire, dans les réflexes conditionnés de l’opinion,

623 s, dans les esprits, dans les manuels d’histoire, dans les réflexes conditionnés de l’opinion, acquis sur les bancs de l’éco

624 our qu’elle puisse exercer sa fonction spécifique dans le monde nouveau. Il faut qu’elle s’unisse pour que sa voix, demain,

625 iste, fondons-la sur sa force principale, qui est dans l’ordre de l’esprit… Europe, qui fut d’abord un mythe sémite et grec,

626 des Îles Trobriand. 2° Que la culture européenne, dans la diversité sans exemple de ses sources (égyptiennes, mésopotamienne

627 ultures nationales » qu’il y a d’États souverains dans l’Europe d’aujourd’hui. 3° Qu’il serait vain, en matière de culture,

628 e « d’européocentrisme ». Car tout ce qui existe, dans l’ordre culturel, est régional — au sens continental comme au sens lo

629 néral qu’en pratiquant notre culture particulière dans ses valeurs les plus hautes, celles qui convergent : non-violence, no

630 u d’intervention souhaitable des pouvoirs publics dans tel domaine, en marquant ses limites ; d) de traduire enfin ces const

631 e complexe armements-destructions-reconstructions dans ses rapports avec l’emploi et avec le renforcement totalitaire de l’É

632 a finalité dernière soit la liberté des personnes dans la communauté des responsables. Ces principes paraissent les plus apt

633 s plus aptes à guider les rédacteurs de la charte dans la formulation des articles définissant les privilèges ou priorités e

634 e la culture, et que ces contraintes prévaudront, dans les domaines définis par la charte, sur les « souverainetés nationale

635 rte, sur les « souverainetés nationales » ; — que dans la tradition européenne, la liberté consistant dans l’exercice des dr

636 ns la tradition européenne, la liberté consistant dans l’exercice des droits fondamentaux que possède tout homme en tant qu’

637 l, et de montrer en toute occasion que la culture dans chacun de nos pays s’est toujours nourrie de grands courants et d’éco

638 n des idées, des publications et des œuvres d’art dans toute l’Europe. Commentaire. Prétendre « organiser les échanges »,

639 échanges redeviennent ce qu’ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des échanges de découvertes

640 sonnes, des œuvres, et des instruments de travail dans toute l’étendue de l’Europe. III. Chacun de nos États garantira le dr

641 t aux mythologies nationalistes pour être replacé dans ses justes perspectives européennes. Tant il est vrai que les princip

642 ipaux obstacles à l’union de l’Europe ne sont pas dans les faits mais dans les esprits mal formés par les manuels d’histoire

643 union de l’Europe ne sont pas dans les faits mais dans les esprits mal formés par les manuels d’histoire de leur jeunesse. I

644 révision des manuels en vue de leur harmonisation dans la perspective globale de l’unité de culture qu’est l’Europe, et de l

645 soi. Mais on voit au contraire que, trop souvent, dans les comités d’aide aux arts et aux sciences, on mêle la stratégie de

646 aines peuvent donner une première idée à repenser dans le contexte européen. IX. La civilisation scientifico-technique née d

647 léter puis à traiter de manière à pouvoir passer, dans une seconde phase, à l’élaboration d’un certain nombre d’articles de

648 corde, par Raja Rao, trad. fr. Paris, 1950. 35. Dans Notes towards a definition of culture. 36. Motif invoqué par Churchi

649 tion of culture. 36. Motif invoqué par Churchill dans son discours de Zurich (1946) puis par Jean Monnet, Robert Schuman, K

650 a reprise d’un thème ancien, que l’on trouve déjà dans le Grand Dictionnaire de L. Moreri (Paris, 1974) : « Quoique l’Europe

651 . » En 1679, Robbe, géographe de Louis XIV, écrit dans Méthode pour apprendre facilement la géographie : « On ne peut pas ni

652 omposent l’Ancien Monde ; mais il faut avouer que dans sa petitesse, elle est la plus grande en qualité. » En 1816 Mantelle

653 us grande en qualité. » En 1816 Mantelle et Brun, dans leur Géographie universelle attribuent également au seul pouvoir de l

654 Énergie solaire et autonomie (1980)bo Dans cette même salle, à cette même place, au mois de juin 1958, il y a do

655 me à 180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette ville. Et c’est cela, précisément, qui m’autorise

656 dre la parole parmi vous. Il y avait deux erreurs dans mes propos d’alors : d’abord, une erreur sur l’énergie d’origine nucl

657 nnocence générale où nous étions à peu près tous. Dans la situation critique et à certains égards dramatique où nous sommes

658 r de rendre justice aux conditions psychologiques dans lesquelles se débattent les hommes de notre temps, dont dépendent leu

659 ont entre les types d’énergie qu’on leur propose. Dans les années 1950 à 1960, en Europe, le bruit se répand que le genre hu

660 le dernier cri de la technique. Ce sera rentable dans dix ans, vingt ans au plus. Et le combustible ? « Il y en a partout »

661 dité et à tout le moins la faculté de distinguer, dans le domaine du nucléaire, entre les intérêts de la science et ceux des

662 e allant de soi la croyance générale, à l’époque, dans l’augmentation nécessaire, illimitée, inévitable et souhaitable, de l

663 ie par l’humanité du xxe siècle. Elle consistait dans le refus de réfléchir sur les limites de tout processus de croissance

664 r sur les limites de tout processus de croissance dans notre monde matériel, qui est celui de la finitude. Le mérite histori

665 e moderne, l’idéologie de la croissance indéfinie dans le monde fini étant reléguée du même coup au décrochez-moi-ça des uto

666 la société d’aujourd’hui, de la personne humaine dans la société d’aujourd’hui. L’acteur-auteur comique américain Robert Be

667 lique la responsabilité de l’homme et de la femme dans la communauté. L’homme n’est pas libre s’il n’est pas responsable. Et

668 eux finalités maîtresses du genre humain (surtout dans sa partie occidentale), la puissance ou la liberté, le collectif ou l

669 availler toujours davantage et toujours plus vite dans l’espoir de travailler moins et de gagner du temps ! Nous consacrons

670 u pressé. Ainsi nous avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il était réellement inévitable qu’en s

671 peu nombreuses, donc de grande taille, implantées dans des sites ad hoc et exploitées de façon quasi militaire. Ayant cité

672 vait simplement supprimé les guillemets indiquant dans mon texte une citation, et elle avait supprimé aussi la référence au

673 que « l’énormité » (à leur point de vue) proférée dans un moment de sincérité ou de cynisme était de moi. Est-il pensable qu

674 éfendue par de tels moyens soit une bonne cause ? Dans un excellent petit livre intitulé Écologie et politique, Michel Bosqu

675 et la gestion des déchets radioactifs entreposés dans les centrales ; le transport des matières radioactives et la surveill

676 auteur, autrichien celui-là, Robert Jungk, écrit dans le même sens : Le choix de l’énergie nucléaire est la conséquence lo

677 un chemin qui mène à l’aliénation, à la froideur dans les relations humaines, à l’isolement et à l’hostilité. La convergenc

678 ne l’avait supposé : par l’adoption progressive, dans les États occidentaux, qui tendent plus que jamais à emprunter le che

679 ’ont pas hésité à tirer des grenades lacrymogènes dans la foule, faisant une dizaine de blessés. La démonstration est donc f

680 it est là) le nucléaire ne pourra fonctionner que dans un régime centralisé à l’extrême et d’une façon « quasi militaire ».

681 çon « quasi militaire ». Or vous le savez, c’est dans tous les journaux, l’ère de la centralisation comme celle des économi

682 du xxe siècle est celui de la décentralisation, dans l’industrie comme dans les structures politiques. Car il apparaît de

683 ui de la décentralisation, dans l’industrie comme dans les structures politiques. Car il apparaît de plus en plus clairement

684 s ». Le projet de constitution belge va très loin dans le sens des autonomies locales. L’Italie est déjà divisée en 21 provi

685 uvoir à Londres. Tout cela va vers les autonomies dans la solidarité, qui est le contraire de la dépendance d’une capitale d

686 est le contraire de la dépendance d’une capitale dans la discipline militaire. Tout cela va vers la prise de responsabilité

687 ettre à l’attaquant de paralyser toute une nation dans les dix premières minutes de la guerre, ou dix minutes avant qu’elle

688 pas. Voilà pourquoi les Communautés de Bruxelles dans leur budget 1978 prévoyaient 66 millions d’unités de compte pour la r

689 désirs réels, éduquons-les. Cela doit entraîner, dans la jeune génération, des modifications profondes de l’éthique du trav

690 on présente qui est de travailler de plus en plus dans l’espoir chimérique, toujours frustré, d’avoir à fournir de moins en

691 ontres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de la femme auprès de laquelle nous dormons »52. — que des

692 publicité considérable : placards d’une demi-page dans les journaux, expositions (Nuklex à Bâle), films, distribution de bro

693 (Nuklex à Bâle), films, distribution de brochures dans les écoles à titre d’information, toute tentative de mise au point se

694 , la consommation des médicaments, les hôpitaux ? Dans tous les cas, le PNB s’accroît ! » Le PNB, non le bien-être ! J’appro

695 e sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier dans l’organe des Nations unies cette même idée. Permettez-moi de citer ma

696 in ». 52. Le physicien Louis Leprince-Ringuet, dans une conférence récente. bo. Rougemont Denis de, « Énergie solaire e

697 Il avait une expression de malice et de moquerie dans le sourire et dans les yeux… » Si on ne l’aimait pas, on décrivait « 

698 ssion de malice et de moquerie dans le sourire et dans les yeux… » Si on ne l’aimait pas, on décrivait « ses jambes grêles e

699 si une idée morale ou politique surtout… vibrait dans son âme, sa belle physionomie revivait tout à coup sous l’influence d

700 Les femmes et le jeu furent pour lui tyranniques. Dans l’action politique et l’écriture, il rechercha en revanche l’exercice

701 choix. Mais il fut joueur en politique aussi, et dans l’amour, quêta la liberté, celle de l’aimée non moins que la sienne —

702  » (Mais le simple fait de les compter !) Voyons, dans le journal des années qui encadrent la conception, la rédaction et le

703 mmes, notes quasi quotidiennes, elles aussi, mais dans le registre sombre : « souvenirs déchirants » et attente anxieuse des

704 c le nouveau prince royal de Suède, qu’il appelle dans son journal « le Béarnais ». L’ambition d’une carrière politique revi

705 tre chose, mais l’idée n’en est pas encore claire dans ma tête. 11 novembre. Le Béarnais veut de moi. Je m’attache à lui… M

706 usqu’à la fin des Cent-Jours, un prénom reviendra dans toutes les notes quotidiennes : Juliette. Cette passion qui nous semb

707 lement empêché le retour en force de la politique dans la vie de Constant : elle aura plutôt contribué à en dramatiser les p

708 de l’entrée de Napoléon à Paris, Benjamin publie dans les Débats deux articles violents en faveur des Bourbons et contre le

709 up de théâtre dont je ne vois pas d’autre exemple dans l’histoire de la vie politique en Europe. 14 avril. Entrevue avec l

710 e. Agrandissons la petite phrase et cela donne — dans les Souvenirs de Victor de Broglie, futur gendre de Benjamin — ceci :

711 civilisation sont à son usage. V. Variations dans la constance Mais revenons au sérieux du drame dans lequel Benjami

712 la constance Mais revenons au sérieux du drame dans lequel Benjamin tout d’un coup, malgré lui, tient un rôle décisif. L’

713 n rôle décisif. L’empereur, notera-t-il plus tard dans son Mémoire sur les Cent-Jours, n’essaya pas de me tromper. Il ne vo

714 a liberté par inclination. Il examina froidement, dans son intérêt, avec une impartialité trop voisine de l’indifférence, ce

715 sprit de conquête ! Rien de moins probable. C’est dans l’espoir de sauver un peu de liberté réelle qu’il s’expose aux vertue

716 vise ironique : Inconstancia constans, « Constant dans l’inconstance ». Rien de plus injuste, on va le voir. 1°. Constant ne

717 u 14 avril. Je ne croyais point — écrit Constant dans son Mémoire sur les Cent-Jours — à la conversion subite d’un homme qu

718 ée qui a toujours motivé son action, nous l’avons dans les textes mêmes que Benjamin Constant n’a cessé de publier presque t

719 ui et la classe politique. Il a servi la liberté, dans un pays et un siècle où l’on servait de préférence une faction, au mi

720 out concourt à le rendre ambigu, et pas seulement dans le temps de son action. Il est remarquable que les palinodies ostenta

721 e à la France » — n’a jamais été appliqué. On lit dans la préface à la 3e édition de L’Esprit de conquête : L’auteur de cet

722 n permanence qui est donnée pour la première fois dans cet écrit. Voyons cela sur les thèmes majeurs de l’ouvrage. La critiq

723 erration : l’État-nation, né de la guerre, trouve dans la guerre la justification de sa tyrannie géométrique. « Un gouvernem

724 nous allons, vers quoi nous continuons d’aller.) Dans la critique constantienne de la guerre nationale, née de la Conventio

725 ou fasciste, national-socialiste ou communiste. «  Dans tous les temps, la guerre sera, pour les gouvernements, un moyen d’ac

726 20 avril 1792.) Pour le meilleur et pour le pire, dans sa genèse comme dans ses fins, l’État-nation est lié à la guerre, mie

727 le meilleur et pour le pire, dans sa genèse comme dans ses fins, l’État-nation est lié à la guerre, mieux : il est l’état de

728 t de conquête, poursuivra désormais les vaincus «  dans l’intérieur de leur existence… Jadis, les conquérants exigeaient que

729 usurpation le condamne à parler, elle le poursuit dans le sanctuaire intime de sa pensée, et, le forçant à mentir à sa consc

730 ils se défendent. Et le ton monte et se soutient dans la dénonciation précise et implacable des arguments de l’esprit de co

731 oits où ils ont mis le feu. Endroits qui ont été dans ce siècle Dantzig et le pays des Sudètes, puis Budapest et Prague, en

732 destinée à « prévenir toute ingérence militaire » dans ce pays, à « devancer des agressions méditées » non seulement en Amér

733 hui fédéralisme, et qu’il est le premier à nommer dans ses Principes de politique publiés à Paris pendant les Cent-Jours :

734 : Je n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration intérieure beaucoup de fédéralisme.49 Ce qu’il

735 ialogue se nouer sur l’agora. Des peuples placés dans des situations, élevés dans des coutumes, habitant des lieux dissembl

736 . Des peuples placés dans des situations, élevés dans des coutumes, habitant des lieux dissemblables, ne peuvent être ramen

737 lisme jacobin (on la retrouve en termes analogues dans trois écrits de Constant à cette époque) : Dans tous les États où l’

738 dans trois écrits de Constant à cette époque) : Dans tous les États où l’on détruit ainsi toute vie partielle, un petit Ét

739 vie partielle, un petit État se forme au centre : dans la capitale s’agglomèrent tous les intérêts ; là vont s’agiter toutes

740  ; le reste est immobile50. Les individus, perdus dans leur isolement contre nature… sans contact avec le passé… jetés comme

741 — municipale, régionale, fédérale, voire mondiale dans quelques cas — de dimensions correspondantes. Tout le secret du fédér

742 orrespondantes. Tout le secret du fédéralisme est dans cette clé de répartition des compétences. VII. Fédéralisme europé

743 isme européen En demandant que l’on introduise dans l’administration des États « beaucoup de fédéralisme », Benjamin Cons

744 e les séparer et de vouloir à tout prix conserver dans la fédération, à chaque nation, une indépendance absolue tout en refu

745 ralisme est compatible, tantôt avec le despotisme dans l’intérieur, et tantôt à l’extérieur avec l’anarchie. C’est ce pseud

746 plet : De l’esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne. Par Benjamin Constant

747 », nous l’avons dit, des manuscrits de 1806. 47. Dans le Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri publié en 1822. 48. Ces l

748 rtie du chap. XIII de L’Esprit de conquête figure dans le chap. XII des Principes, intitulé : Du pouvoir municipal, des auto

749 ant Benjamin, « Actualité de Benjamin Constant », dans L’Esprit de conquête, Lausanne, M. Favre, 1980, p. 7-24.

750 on culturelle (1980)bh bi Le Phénomène Europe, dans l’espace et le temps de la planète, oppose une réaction de rejet quas

751 ardivement. Ni de rapports sociaux qui ont changé dans cette région du monde, au cours du dernier millénaire, sur un rythme

752 an mal an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans ses hiérarchies romaines, puis évangélisées par des ordres irlandais,

753 sacrer à Rome, pour restaurer l’unité des esprits dans la diversité normale et nécessaire des coutumes et des lois locales.

754 cette paix que seule procure l’unité essentielle dans la diversité de l’existence, Dante la voit compromise par la montée d

755 Philippe le Bel a fait gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur

756 istianitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un ensemble humain et hi

757 hui : culturelles au sens large. Cette révolution dans la conception et l’approche du phénomène européen s’explique à l’évid

758 es paroles créatrices du sentiment de communauté. Dans son traité Sur la chute de Constantinople et la guerre contre les Tur

759 la guerre contre les Turcs, pour la première fois dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison 

760 : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous so

761 t en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tu

762 dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poèt

763 plus grand lyrique de l’idéal d’union européenne dans tous les congrès de la paix et de la fédération des peuples qu’il a t

764 ommunes », « marché commun »38 — qu’on retrouvera dans tous les traités européens, des Statuts de Conseil de l’Europe (1949b

765 peri, Jean Monnet et Paul-Henri Spaak. Mais c’est dans la généalogie des philosophes qu’on voit s’annoncer au xviiie siècle

766 erpétuelle (1795), texte fédéraliste s’il en fût, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États », comm

767 asse aux peuples. (C’est la doctrine rousseauiste dans sa pureté.) Le projet de fédération européenne est défini avec une gr

768 ion européenne est défini avec une grande rigueur dans ce traité, où le dogme de la souveraineté nationale absolue, constitu

769 ope, sur ses origines culturelles, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédérali

770 es personnalistes et de leurs camarades européens dans les deux camps, menant une lutte commune et clandestine, est-il à tou

771 à part les cinq « engagés », qui se retrouveront dans les futurs congrès européens, le reste se perd, non dans le silence,

772 s futurs congrès européens, le reste se perd, non dans le silence, hélas… Il en ira tout autrement du congrès fédéraliste de

773 de réalisation : proportion certainement inégalée dans l’histoire des congrès ; — tout au moins dans le monde des libertés «

774 lée dans l’histoire des congrès ; — tout au moins dans le monde des libertés « formelles », où les majorités ne dépassent pa

775 rence de Lausanne des fragments d’un long essai40 dans lequel il définissait les conditions d’une défense de nos diversités

776 e sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour réaliser une unité éc

777 s années plus tard, tout a changé diamétralement. Dans un écrit du même auteur41, on peut lire que l’Europe est « foutue »,

778 n générale des « intellectuels » face à l’Europe, dans les années 1950 et 1960. Ce que demandent aujourd’hui les fédéraliste

779 éralistes européens, c’est la coopération active, dans le détail, des actions doctrinales, pratiques et politiques, qu’on pe

780 que l’Europe porte la plus lourde responsabilité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’elle doit au monde de lui mo

781 « Marché commun » est déjà proposé par Nietzsche dans un de ses Fragments posthumes. Voir aussi Par-delà le bien et le mal,

782 lus haute. » 39. Sur l’action des personnalistes dans la Résistance européenne, voir L’Europe de demain, Éditions de la Bac

783 partout perceptible. 40. D’abord paru en entier dans Politique étrangère, 1948. 41. Préface aux Damnés de la Terre de Fra

784 e (« 1948 ») fautive. bl. La phrase est tronquée dans la version imprimée : « Il s’agit de la première… ». En l’absence de

785 « L’Europe comme invention de la culture », paru dans Cadmos en automne 1979, texte en de nombreux points identique. bm.

786 oints identique. bm. Rougemont critique ce écrit dans Les Chances de l’Europe .

787 sser comme elle est. » D’autres se sont exprimés, dans des sens divers. Mon tour venu, j’ai dit : « Voyez-vous moi, ce qui m

788 s, non pas une formule encore vide. Mais ensuite, dans le nouveau texte, on en vient à des jeux d’esprit qui me paraissent p

789 surtout aux pouvoirs de l’État-nation centralisé dans la seule capitale, tel qu’il existe chez nos voisins. Mais bien que l

790 cer au bénéfice de l’invoquer — afin de le mettre dans son jeu. Tous les chefs d’État, défendant n’importe quelle cause (fût

791 le Dieu « tout-puissant », ce n’est pas du tout, dans leur esprit, que cela pose une limite à leur pouvoir. C’est au contra

792 elles participent donc de sa Toute-puissance, et dans ces conditions, l’opposition est priée de se taire. Ce recoupement in

793 eux en Suisse, trouvent le moyen de traduire cela dans leur langage. Mais c’est à eux de le faire, je ne m’en chargerai pas.

794 on « à Dieu tout-puissant », qu’elle s’inscrivait dans la continuité des pactes qui ont servi de constitution aux Ligues sui

795  ! Reportons-nous aux tentations subies par Jésus dans le désert : elles reviennent toutes à la tentation de la Puissance. (

796 s les royaumes de la terre. Ou encore : jette-toi dans le vide du haut du temple et les anges te porteront ».) Il s’agit dan

797 du temple et les anges te porteront ».) Il s’agit dans les trois cas de la tentation par excellence, celle de la toute-puiss

798 rce qu’il n’en avait pas et n’en devait pas avoir dans « ce monde » — dont Satan est le Prince. ⁂ D’où vient alors l’appella

799 evient de plus en plus forte, voire envahissante, dans l’époque moderne ? Il semble bien qu’il s’agisse à l’origine sinon d’

800 sur une expression qui ne revient que peu de fois dans l’Ancien Testament, et qui n’est pas « le Dieu tout-puissant », mais

801 fication indiquerait qu’il s’agit d’une puissance dans le monde spirituel, non dans le monde des princes, empereurs ou prési

802 agit d’une puissance dans le monde spirituel, non dans le monde des princes, empereurs ou présidents de la République sur la

803 rt. La puissance de Dieu, évidemment totale, agit dans le monde de l’Esprit, dans la transcendance, non sur la terre en néga

804 videmment totale, agit dans le monde de l’Esprit, dans la transcendance, non sur la terre en négation de la liberté donnée à

805 age cette erreur et ne la confirme définitivement dans l’esprit de tous les fidèles ? Quant aux autres, aux non-croyants, il

806 nence. Je voudrais rappeler ceci, que j’ai trouvé dans mon Dictionnaire de la Bible, sous la signature du professeur Alexand

807 professeur Alexandre Westphal. Jéhovah n’est ni dans le feu ni dans la tempête ; c’est par un son doux et subtil qu’il man

808 xandre Westphal. Jéhovah n’est ni dans le feu ni dans la tempête ; c’est par un son doux et subtil qu’il manifeste sa puiss

809 baoth ou Tsebaoth) (qui apparaît près de 300 fois dans l’Ancien Testament mais une seule fois dans le Nouveau, Jacques 5. 4)

810 fois dans l’Ancien Testament mais une seule fois dans le Nouveau, Jacques 5. 4) c’est le Dieu des armées angéliques, spirit

811 ’elles posent à notre société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur ce problème vraiment « nucléaire » au d

812 donnait à L’Express de Paris, en septembre 1973. Dans la préface à un précieux recueil de ses écrits intitulé « Réflexions

813 actice… On retrouve la plupart de ces mêmes idées dans les politiques nucléaires annoncées par Carter en 1977 ; bien entendu

814 us, peut-être, un des premiers à mettre les pieds dans le plat à leur sujet. Dans l’interview, Lew Kowarski expose sa conce

815 rs à mettre les pieds dans le plat à leur sujet. Dans l’interview, Lew Kowarski expose sa conception des centrales à eau lo

816 aux philosophes. Je le rencontrais quelques fois dans l’avion de Genève à Paris : il y allait pour l’OCDE plutôt que pour l

817 vient de revenir aux propos qu’il tenait en 1972 ( dans cette salle où nous sommes aujourd’hui) sur la responsabilité des sci

818 ourd’hui) sur la responsabilité des scientifiques dans notre société. Il rappelle que l’énergie nucléaire était encore salué

819 ommençait à redouter que « l’équilibre de l’homme dans la nature et la survie de la civilisation, peut-être même de la race

820 décrivait avec quelques détails puis les résumait dans ces quelques lignes : « … Premièrement, ignorer les vents nouveaux et

821 ièrement, ignorer les vents nouveaux et continuer dans son métier comme avant ; deuxièmement, rejeter le métier ; troisièmem

822 ’information nécessairement lacunaire de l’autre. Dans cette conjoncture, le dialogue devenait littéralement vital. Et Kowar

823 iné. Nous sommes ici à discuter bien à l’abri et dans le vide et des jeunes se font tuer, ce n’est plus supportable. Il nou

824 point qu’il eut pu prendre place, à juste titre, dans le recueil des textes que j’ai cité et qui allait paraître quelques m

825 t l’essentiel : la position du problème nucléaire dans la perspective d’une crise de civilisation occidentale désormais prop

826 e qui en était résulté. Elles ont vu se produire, dans les domaines les plus divers de la société, des changements de climat

827 bien-être humain ; la montée de la contre-culture dans la jeunesse ; le mouvement général vers la reconnaissance des identit

828 s une nouvelle affirmation des droits de la femme dans tous les domaines de la vie sociale et civique ; le souci de conserve

829 voire à escamoter les arguments des adversaires. Dans cette cour de justice, il n’y a que des avocats. Les juges sont franc

830 Les juges sont franchement absents ou se trouvent dans l’impossibilité de déposer des conclusions valables, faute de compéte

831 s surgénérateurs ferait entrer l’humanité entière dans l’ère de l’économie du plutonium, avec des conséquences qui sont loin

832 es structures de la démocratie. On aura reconnu, dans ces dernières lignes, les questions que le Groupe de Bellerive posait

833 is de proche en proche qu’avait définis notre ami dans le texte d’une admirable concision que je vous lisais tout à l’heure 

834 ur du premier modèle d’État-nation et propagateur dans toute l’Europe d’une passion neuve et subversive à ses débuts : le na

835 erreur, le temps d’un « bout de chemin ensemble » dans le cas des surréalistes français des années 193053, puis d’André Gide

836 n créatrice sans précédent va développer sa gerbe dans tous nos pays et dans tous les domaines de leur culture, arts, lettre

837 dent va développer sa gerbe dans tous nos pays et dans tous les domaines de leur culture, arts, lettres, sciences, philosoph

838 l, Proust, Maeterlinck, Ramuz et le jeune Malraux dans le domaine français ; Stefan George, Tho­mas Mann, Rilke et Kafka dan

839 ais ; Stefan George, Tho­mas Mann, Rilke et Kafka dans le domaine germanique ; W. B. Yeats, James Joyce, D. H. Lawrence, T.

840 H. Lawrence, T. S. Eliot et le jeune Wystan Auden dans le domaine anglais ; et dans le reste de l’Europe, Unamuno, Croce, Si

841 e jeune Wystan Auden dans le domaine anglais ; et dans le reste de l’Europe, Unamuno, Croce, Silone, Pirandello, Hamsun, Sel

842 le génie européen n’avait produit plus de génies dans tous les ordres. C’est l’euphorie d’une seconde Renaissance : au reto

843 mps de l’esprit européen. Ce qui va se développer dans nos pays durant les vingt-deux années de la « reconstruction économiq

844 es » et le ton de fronde qu’André Breton adaptera dans un style noble aux manifestes du surréalisme, exaltant tour à tour Ma

845 iale, c’est-à-dire en France, aux États-Unis puis dans la plupart des pays « libres » de l’Europe de l’Ouest, la dernière gr

846 e l’art pour l’art ; la dénonciation de l’absurde dans la société d’aujourd’hui ; l’engagement politique de l’intellectuel e

847 onnaliste des années 1930-1939, laquelle prônait ( dans de petites revues et des groupuscules peu connus) l’engagement de l’é

848 nt pas les seuls à occuper les scènes parisiennes dans les années 1945 à 1960. Des auteurs qui ne se réclament d’aucune doct

849 n revanche, le théâtre de Bertolt Brecht s’impose dans la plupart des pays « libres » de l’Europe de l’Ouest : il sert la pr

850 devenir la sémiologie, science des significations dans tous les domaines du savoir humain, de la poésie à la technologie, et

851 intervention soudain généralisée du spectaculaire dans tous les domaines de la culture où des effets éclatants, aveuglants o

852 tc.), pourront être enregistrés et rendus publics dans les moindres délais. Pour essayer de saisir l’ère nouvelle dans ses c

853 res délais. Pour essayer de saisir l’ère nouvelle dans ses caractères les plus singuliers et sans précédent, je partirai d’u

854 quelque sorte irrécusable, que je viens de faire dans le domaine du théâtre. J’étais en train de me poser des questions lé

855 es sur mes facultés de présence au monde culturel dans lequel je vis : au seuil de cet article, et supputant son plan, je n’

856 — où les acteurs se mêlent aux spectateurs debout dans une halle sans décors.) Le théâtre se confondait ici avec un « libre 

857 e n’était pas responsable du blanc total provoqué dans mon esprit par la question : quels auteurs de théâtre après Mai 68 ?

858 Marguerite Duras ont poursuivi leur œuvre, chacun dans sa ligne ». Continuant ma recherche, je ne tardai pas à trouver deux

859 me repris par le metteur en scène Daniel Mesguich dans un théâtre de la banlieue parisienne : Daniel Mesguich est le seul m

860 nt, sautent de spasmes en épilepsies, s’appellent dans le désert. Que vient faire Claudel là-dedans ? Pas grand-chose de pro

861 des œuvres anciennes, ou de « mettre en pièces » ( dans les deux sens de l’expression) des événements contemporains, voilà sa

862 Ouest, et même de Prague. Elle peut être définie, dans son processus, comme la substitution de la manifestation au manifeste

863 un temps plus ou moins long. Pourquoi manifester dans la rue, occuper les usines, un théâtre, une ambassade, pourquoi la pr

864 en France, de 1968 à 1980. Ce que nous constatons dans les autres domaines de l’expression et de la recherche culturelle se

865 ion et de la recherche culturelle se trouve aller dans le même sens et au même rythme, pour les mêmes raisons générales. La

866 », au sens du mot devenu courant, voire obsédant, dans les écrits de l’intelligentsia parisienne, n’a pas vu naître en Franc

867 vi. La culture du spectacle est la seule efficace dans notre société occidentale. Elle bénéficie aujourd’hui, par un paradox

868 légénique » c’est-à-dire convaincant ! Autrefois, dans les années 1919-1939, un jeune écrivain français se sentait dignus in

869 pour que les auteurs d’aujourd’hui qui survivront dans la mémoire des hommes du prochain siècle — à supposer qu’il y en ait

870 55. Cf. notamment « Les communistes et la paix » dans la revue Les Temps modernes, juillet à novembre 1952, et « Le fantôme

871 nfirmé au-delà de tout ce qu’on pouvait craindre. Dans ses Mémoires, le shah déclare qu’il souhaitait « donner à son peuple

872 oire de civilisation a été ressenti comme un viol dans les profondeurs du pays, et les mollahs chiites l’ont crié par la voi

873 ble et quand l’autre menace de tuer des innocents dans une partie où se joue la paix, c’est-à-dire la survie du genre humain

874 ent de civilisation mais de loi internationale ? Dans le même temps, notre modèle industriel a subi deux échecs retentissan

875 lier d’Ixtoc II. Ce qu’il y a de plus inquiétant, dans les deux cas, c’est le mensonge sur l’un et le silence sur l’autre. T

876 ent de centaines de millions de tonnes de pétrole dans le golfe du Mexique. Ils coulent toujours, mais ce n’est plus une « n

877 foules fanatisées » au sujet des défilés monstres dans les rues de Téhéran ou de Tabriz. Mais parlant des voyages de Jean Pa

878 e de ferveur et de piété. Il s’agit, à vrai dire, dans les deux cas, d’un retour du religieux trop longtemps refoulé par le

879 ouble défi et tester la vitalité du christianisme dans les masses. On sait les résultats spectaculaires qu’il a obtenus dans

880 sait les résultats spectaculaires qu’il a obtenus dans tous les pays catholiques. La seule limite qu’il ait rencontrée étant

881 ce que la Centrafrique détient beaucoup d’uranium dans son sol. (D’où la chute de l’empereur, sitôt qu’il a traité avec le «

882 a mer contre argent comptant. Une lueur d’espoir dans tout cela : les 22 démocraties que compte l’Europe de l’Ouest — depui

883 Des mesures d’économie d’énergie ont été adoptées dans la plupart des pays européens ; — Le droit à l’autonomie des régions

884 , la tragédie cambodgienne : ces faits laisseront dans l’histoire une trace indélébile. L’actualité de 1979 fut le plus souv

885 réface à cette rétrospective, des lignes de force dans la trame complexe des faits ; et, fidèle à ses convictions européenne

886 nvictions européennes, il voit une lueur d’espoir dans l’action concertée de 22 démocraties pour résoudre les problèmes de l

887 ses conséquences, comme débrayée de toute action dans la cité. J’ai écrit la partie la plus importante de ce livre à 25 ans

888 a partie la plus importante de ce livre à 25 ans, dans toute la révolte de la jeunesse. Je demandais à l’écrivain d’assumer,

889 la jeunesse. Je demandais à l’écrivain d’assumer, dans sa vie concrète, la responsabilité de son œuvre, de ses idées, même s

890 actuel. Comment expliquez-vous cela ? C’est que, dans ses grandes lignes, la situation n’a guère changé. J’ai d’abord formu

891 mme Mussolini, Staline ou Hitler était inévitable dans une époque où les individus « atomisés » comme disait Marx, se voyaie

892 t-il ? En effet, mais ce n’était plus tout à fait dans le sens où Mounier et moi parlions dès 1935 de « pensée engagée ». À

893 t le sentiment d’être amoureux. Je me suis plongé dans cette analyse avec un enthousiasme très sensible ce qui a amené des c

894 nivers enchanté. Nous vous comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ai finalement opté, non sans drames, pour ce que j’a

895 ». Je vois tout de même une indication historique dans le lien qui existe entre le Tristan de Wagner et le nazisme, ce d’aut

896 venture s’achèverait comme les opéras de Wagner : dans une mort théâtrale et triomphale. Et j’ai longuement développé cette

897 ues, religieuses et littéraires, mais politiques, dans lesquelles se fonde ce qui deviendra, après la guerre, mon action eur

898 é ou mieux : l’arrangement des relations humaines dans la communauté, cette communauté que je veux régir par le même princip

899 celui du couple, à savoir l’union des deux êtres dans leur différence et non dans l’uniformité. Vous êtes un visionnaire, D

900 ’union des deux êtres dans leur différence et non dans l’uniformité. Vous êtes un visionnaire, Denis de Rougemont. Dans tous

901 té. Vous êtes un visionnaire, Denis de Rougemont. Dans tous vos livres, il y a une préfiguration de l’avenir, cet avenir qui

902 image en vous référant sans cesse à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous nous parlez des cathares et des Arabes,

903 te Europe-là ? On peut l’aimer, et je le démontre dans les deux premiers livres de L’Amour et l’Occident , qui est composé

904 à nouveau publié, puis une seconde fois, en 1972, dans ce que l’éditeur a appelé une « édition définitive » et qui, pour moi

905 r en 1946, ainsi que par la Baconnière en Suisse. Dans ce livre, vous mentionnez des écrivains qui vous ont marqué, des aute

906 Kierkegaard qui, lui, est la passion transportée dans le christianisme, au mépris de toute espèce d’action sociale ou polit

907 auteurs m’ont fortement influencé, non seulement dans mes écrits, dans ma vie, mais encore dans mes pensées les plus secrèt

908 rtement influencé, non seulement dans mes écrits, dans ma vie, mais encore dans mes pensées les plus secrètes. En fait, la v

909 ulement dans mes écrits, dans ma vie, mais encore dans mes pensées les plus secrètes. En fait, la valeur que j’attache à ces

910 drame » tient justement au fait que je décris là dans ce livre ce qu’il y a de plus difficile à assumer : mes contradiction

911 i m’a permis de me ressourcer, de me ré-enraciner dans la culture suisse, en Suisse romande particulièrement, en relation av

912 ’ai perdu sa lettre qui m’était très précieuse et dans laquelle il me disait : « Enfin on a dit ce qu’il fallait dire de mon

913 hilosophie de l’existence, et même de l’existence dans la communauté. Finalement, je me sentais très proche de lui dans mes

914 uté. Finalement, je me sentais très proche de lui dans mes réactions au totalitarisme, au capitalisme, à l’individualisme mo

915 gantisme, à la nécessité de manifester sa pensée. Dans son petit livre Une main bu, il montre qu’une pensée n’est réelle que

916 main bu, il montre qu’une pensée n’est réelle que dans la mesure où elle se manifeste. Et c’est exactement ce sens que j’ai

917 c’est exactement ce sens que j’ai voulu exprimer dans le raccourci : Penser avec les mains . Ainsi donc, en 1938, vous ave

918 qu’il fit avec les jeunes écrivains de l’époque, dans la NRF , dans les années 1930. Mais si son essai Penser avec les ma

919 les jeunes écrivains de l’époque, dans la NRF , dans les années 1930. Mais si son essai Penser avec les mains le révélai

920 mour et l’Occident . » bu. Recensé par Rougemont dans la NRF de juin 1933.

921 iques et moraux d’un individu humain d’âge moyen ( dans telle ou telle communauté) varient en quantité et en qualité selon le

922 nstruction d’automobile à un moment où, note-t-il dans Ma Vie : « il n’y avait pas de demande pour les automobiles » ; voire

923 ang le plus artificiel de tous et le dernier venu dans l’histoire. En 1909, il vend 18 000 voitures, en 1919, un million. Au

924 ance, Espagne, Italie, catholiques et romands, et dans les pays de l’islam (Algérie exceptée) ; comparez les 30 000 tonnes d

925 viande de bœuf importables en franchise de douane dans les pays de la CEE (selon les accords de Lomé II) avec le poste (théo

926 é II) avec le poste (théoriquement) correspondant dans le budget de l’Inde des vaches sacrées… Demandez-vous ce qui se passe

927 étermine les variations les plus impressionnantes dans l’échelle de mesure des « besoins ». J’en donnerai deux exemples cont

928 ant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine, beaucoup plus riche. Là, sur une place publique, o

929 libre de la Suisse primitive, avait été guerrier dans sa jeunesse, puis juge, puis riche paysan et père de dix enfants, mai

930 ts, mais à l’âge de 50 ans, il se retira du monde dans un ermitage des Alpes, pour se donner à la prière et à la vie contemp

931 duites d’effacement de soi au service du prochain dans la communauté, et les besoins deviennent pratiquement nuls, ou pour m

932 nts et concrets des besoins énergétiques (surtout dans le monde industrialisé, tant communiste que capitaliste) et des besoi

933 capitaliste) et des besoins alimentaires (surtout dans le tiers-monde… pour le moment). À ce « réalisme » de clichés, ignora

934 uterai : « C’est qu’ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire que matériels et chiffrables, o

935 en l’occurrence le chiisme, qui domine largement dans les masses populaires et, en principe au moins, dans la classe dirige

936 s les masses populaires et, en principe au moins, dans la classe dirigeante. 7. Le minimum vital. Si les besoins peuvent êtr

937 aints comme il s’en est trouvé croit-on au Tibet, dans les Andes ou dans les Alpes suisses, ont eu le secret de subsister sa

938 n est trouvé croit-on au Tibet, dans les Andes ou dans les Alpes suisses, ont eu le secret de subsister sans se nourrir, une

939 s’agisse de famine déclarée, de pénurie générale dans une région, ou seulement de menaces de pénurie, certaines erreurs doi

940 son PDG lui-même (voir l’interview de M. Boiteux dans Le Monde du 24-01-1975) que le « tout électrique » a été mis là selon

941 uvent partout sous-représentés ou non représentés dans les organismes décideurs, — pour la raison indiquée plus haut, que le

942 nécessité de renforcer les organismes existants, dans le cadre de l’International Organisation of Consumers Unions (IOCU).

943 ions (IOCU). L’arme principale des consommateurs, dans toutes les parties du monde, c’est l’Information. C’est d’une informa

944 de la lutte contre la famine en Afrique noire ou dans l’ex-Indochine. C’est d’une information honnête aux peuples de ces pa

945 tion du Léman découlant de l’usage des phosphates dans les lessives, usage qui devrait être interdit — les participants ont

946 sauvegarde du Léman, et se sont quittés confortés dans l’idée que leur action est utile, et l’espoir et la volonté de contin

947 ’espoir et la volonté de continuer leurs efforts. Dans son intervention, Denis de Rougemont a parlé des responsabilités de l

948 d’autres, des réserves d’hydrocarbures accumulées dans l’écorce terrestre par des dizaines de millions d’années de réactions

949 ino. — Elle a permis à quelques hommes enveloppés dans beaucoup de caoutchouc de faire quelques pas sur la lune, à 80 millio

950 ce cliché dérisoire, Gustave Flaubert le mettait dans la bouche des deux imbéciles sublimes qu’il a nommés Bouvard et Pécuc

951 tions en Europe, à travers elle, et par sa faute, dans le monde entier. Commençons donc chez nous ! Cela seul peut convaincr

952 elle : le Rhin, « poubelle de l’Europe », déverse dans la mer du Nord 60 000 tonnes de déchets par jour. 4. Les produits noc

953 onnes de déchets par jour. 4. Les produits nocifs dans l’alimentation, qui la dénaturent sous prétexte de la « conserver »,

954 dent encore la flore la plus riche d’Europe, mais dans ces deux régions, deux cents à trois cents espèces sont menacées d’ex

955 s maux, pourquoi n’arrive-t-on pas à les guérir ? Dans la très grande majorité des cas de pollution ou de gaspillage, les re

956 e série de résistances et d’obstacles organiques, dans nos sociétés de type européen, freinent leur application ou la renden

957 er dirigeants et machines, licences et pollutions dans des pays où la règlementation est moins sévère, voire inexistante — q

958 re, voire inexistante — quitte à créer du chômage dans le pays d’origine et des nuisances du type Seveso dans le pays d’accu

959 le pays d’origine et des nuisances du type Seveso dans le pays d’accueil. b) Résistance des États. Le jeu est le même, à cec

960 ancs français par an. Comment trouver cette somme dans un budget déjà si lourdement obéré par l’aide aux firmes polluantes,

961 tion industrielle ne pourront être surmontées que dans la seule mesure où seront surmontés les dogmes du profit financier pr

962 an européen de l’eau qui permettrait d’intervenir dans certains projets de gestion des eaux, d’intérêt commun pour plusieurs

963 contre l’accroissement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, qui pourrait entraîner la fonte des calottes polaires,

964 duits alimentaires qui circulent en import-export dans tous les pays ; interdiction des surgénérateurs par accord internatio

965 man, héros si grièvement blessé de cette journée. Dans bien des cas — régions côtières, fleuves, centrales nucléaires — , le

966 et les traités internationaux qu’ils ont signés. Dans le cas du Léman, ce sont bien moins les États prétendus souverains qu

967 qui se voit requis, — autant je suis certain que dans le cas du Léman, c’est de l’attitude, des choix, et de l’action des c

968 travesti ou passé sous silence : l’environnement dans le temps et l’espace, dans l’histoire et dans la culture, d’une avent

969 ence : l’environnement dans le temps et l’espace, dans l’histoire et dans la culture, d’une aventure personnelle qui se déta

970 ent dans le temps et l’espace, dans l’histoire et dans la culture, d’une aventure personnelle qui se détache sur ce fond. Ce

971 e famille qui commence par un réfugié venu à pied dans le Pays de Neuchâtel, d’où, en moins de deux siècles, elle va s’étend

972 va les briser l’une et l’autre, et par deux fois, dans notre siècle. L’aventure de l’Esprit Ce qui agit aux origines du

973 sant à l’arrière-plan l’histoire d’un réfugié qui dans un petit État fait naître et rayonner une grande famille, resserrons

974 est victime d’une des premières attaques aux gaz dans un hameau des Flandres dont il n’oubliera pas le nom : c’est là que s

975 hagrin causé par la mort de son fils. Ces trajets dans le temps et l’espace d’une famille, d’une personne et d’une œuvre son

976 puis en Allemagne, et c’est elles qu’on retrouve dans le dernier roman, sans doute le plus fidèle, en profondeur, à la biog

977 tresse, Montclar cg cependant demeure mon préféré dans la trilogie romanesque de Pourtalès, pour la densité de son style et

978 ualité pure et toujours sensible, alors bien rare dans les lettres françaises. L’épanouissement s’opère en Allemagne, par la

979 parfois les secrets de l’ordre et de la paix que dans l’amour transcendental de Bach. Et c’est tout le romantisme européen

980 omantisme européen que vont réveiller parmi nous, dans les années de l’entre-deux-guerres, les quatre Vies si fameuses de Fr

981 he en Italie, formant ensemble une œuvre inégalée dans la restitution d’une ère par l’évocation de ses génies. Ajoutons à to

982 lement européen des écrivains de langue française dans notre siècle. cf. Rougemont Denis de, « [Préface] Guy de Pourtalè

983 ranger, 1981, p. 7‑10. cg. Recensé par Rougemont dans la Revue de Genève de février 1927.

984 à la fois excessif et incomplet. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables

985 gie de l’œcuménisme subsiste et tombe avec la foi dans l’union des chrétiens en Christ, cette foi pouvant être connotée par

986 uvement œcuménique se propose de surmonter. C’est dans la mesure exacte où les Églises ont voulu transformer la foi à l’Una

987 de l’unité (d’organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’une union par essence incontrôl

988 me Père, ou doctrine de la pluralité des demeures dans un seul et même ciel, ou encore doctrine de la diversité des membres

989 ur que la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses appels à l’union, précisément, que Paul établit avec le plus de f

990 ommes un », qui établit le modèle même de l’union dans la distinction des personnes ? La théologie de l’œcuménisme considère

991 vise pas à démanteler les orthodoxies existantes dans les diverses Églises, mais au contraire, elle a pour premier effet de

992 iel à la droite de Dieu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prophète local. Certes,

993 eu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prophète local. Certes, aucune église ou sec

994 terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prophète local. Certes, aucune église ou secte n’a jamais été cap

995 me. D’où les schismes nombreux, dès cette époque, dans les Églises calvinistes. Une Église qui prétend se suffire et posséde

996 y a scandale, et c’est alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres. La vie normale du corps dépend de la vi

997 c’est alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres. La vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun

998 lérer » le cœur ! Il doit être un vrai poumon, et dans cette mesure même, il aidera le cœur à être un bon cœur. Notons aussi

999 mme. Au conflit qui oppose l’unité et la division dans le plan de l’Église, correspond terme à terme le conflit qui oppose l

1000 conflit qui oppose la collectivité et l’individu dans le plan de la société. Et de même que l’œcuménisme retrouve la positi

1001 a position spirituelle centrale qui fonde l’union dans la diversité, nous avons à chercher là position philosophique central

1002 osophique centrale qui fonde la communion humaine dans la liberté. Je l’appelle personnalisme. Cherchons à illustrer les not

1003 e de conduite entraînait l’exécration ou la mort. Dans la cité, au contraire, chacun cherche à se distinguer, à se singulari

1004 uté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’anarchie. Rome a triomphé de l’anarchie et sombre maintenant sous l

1005 lle société ? En ce point crucial de l’histoire — dans une situation qui rappelle étrangement la lutte présente entre démocr

1006 le de l’Église. Qu’est-ce que l’Église primitive, dans la perspective sociologique où nous nous plaçons ici ? Une communauté

1007 pas non plus le simple rouage, la simple fonction dans l’État qu’était le citoyen romain, puisqu’il possède une dignité indé

1008 hes chrétiens pour désigner la réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme est, lui aussi, à la fois autono

1009 mieux dire, des créations de l’Église chrétienne. Dans la personne ainsi définie se résout l’éternel conflit entre la libert

1010 mule : à chacun sa vocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures que dans la doctrine

1011 tte doctrine de l’homme, les mêmes structures que dans la doctrine de l’Église universelle esquissée plus haut ; la même pos

1012 deux autres termes ne désignent que des maladies. Dans le plan humain immanent, il n’y a pas d’équilibre possible entre l’an

1013 roisse, églises diverses, ordres). C’est en effet dans le groupe local que la personne peut se réaliser. Car les tâches civi

1014 à l’échelle de l’individu et l’engagement concret dans la communauté y devient donc possible. Dans la petite congrégation, o

1015 ncret dans la communauté y devient donc possible. Dans la petite congrégation, on se connaît, on sait à quels hommes et à qu

1016 donc pas isolé, comme l’individu se trouve isolé dans une grande ville moderne ou dans un vaste État centralisé. D’autre pa

1017 se trouve isolé dans une grande ville moderne ou dans un vaste État centralisé. D’autre part, on n’est pas non plus tyranni

1018 tyrannisé par une loi rigide et uniforme, puisque dans une fédération l’on peut toujours adhérer à divers groupes, l’un reli

1019 é d’appartenances — qui trouverait son équivalent dans l’œcuménisme ecclésiastique — est exclue par le régime totalitaire, q

1020 et non cette caricature de l’ordre qu’est l’unité dans l’uniformité. Au lieu de pétrifier les frontières extérieures des gro

1021 quant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans l’ordre économique la vitalité des syndicats ouvriers et patronaux, e

1022 trice de l’œcuménisme Et maintenant nous voici dans le drame de cette fin du xxe siècle. Nous constatons que le conflit e

1023 constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le totalitarisme triomphe définitivement des démocraties

1024 nt. Mais les deux termes ne se confondent-ils pas dans la réalité de la foi ? Certes ! Si les Églises sont fidèles à leur ch

1025 croient la possibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’état d’impuissance apparente où se voient aujourd’hui les Églises,

1026 ie d’une manière satisfaisante. Il en est résulté dans le peuple, le sentiment que l’Église et l’État formaient un tout, et

1027 uvoir qu’elle renverse, un Staline, un Hitler et, dans une mesure moindre, un Mussolini, se virent contraints par le sentime

1028 rité spirituelle, et devinrent donc totalitaires. Dans les pays calvinistes, au contraire, la séparation de l’Église et de l

1029 r politique. Lors donc que la loi s’est affaiblie dans ces pays, cette carence ne s’y est pas traduite par l’éclosion d’une

1030 agne ou luthérien en Scandinavie, s’est introduit dans les cadres et les rites anciens, jugés utilisables. Or, nous voyons c

1031 processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et social. Les c

1032 r de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et social. Les cadres traditionnels subsistent — ro

1033 ous apparaît ici-bas, selon ses propres termes, «  dans la diversité des Églises et des personnes particulières ». Elle doit

1034 siastiques devait trouver sa traduction politique dans un fédéralisme plus ou moins accentué selon les nations : Confédérati

1035 ue. (La forme de « l’individualisme par groupes » dans ce dernier pays, étant prédéterminée par le fait — d’ordre ecclésiast

1036 ue la connaissance intime des processus religieux dans un pays donné fournit une clé des processus politiques qui s’y manife

1037 que certains nous proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne soit la formule de la religion totalit

1038 ies. 4. La renaissance liturgique qui va de pair, dans toutes les Églises, avec l’effort œcuménique, est en train de recréer

1039 disjointes et tournées en erreurs, qui subsistent dans les démocraties et dans les mouvements totalitaires. Ceci résulte, th

1040 n erreurs, qui subsistent dans les démocraties et dans les mouvements totalitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que n

1041 en même temps qu’elle ré-axe les vérités égarées dans les deux camps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et d’autre,

1042 étais faible que parce que je me tendais immobile dans ma prudence. L’action risquée m’apporte les forces dont je manquais.

1043 tholicité réelle, d’une communauté humaine fondée dans la communion des saints. Cette communauté ne se révélera pas dans des

1044 n des saints. Cette communauté ne se révélera pas dans des congrès, mais se manifestera dans une action risquée. De même que

1045 évélera pas dans des congrès, mais se manifestera dans une action risquée. De même que nous avons vu les Églises nées des mi

1046 rrons l’œcuménisme se réaliser avec puissance que dans l’épreuve missionnaire universelle, qu’il doit affronter maintenant.

1047 s religions, unissez-vous (1981)ca cb Un jour, dans notre jardin de Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois, en ro

1048 thodoxie protestante, aussi paradoxale en soi que dans les polémiques qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre

1049 tion de notre mouvement était en somme inévitable dans la conjoncture de l’époque. Tout allait à marche forcée vers la radic

1050 nes, imposées par l’État et sa police à la nation dans tous ses ordres, mythique, politique, quotidien, triomphaient en Russ

1051 de toute réalité, et d’abord spirituelle. Ainsi, dans le premier numéro : Deux hommes se trompent insondablement : celui q

1052 ne question terriblement particulière. Remplacez dans cette phrase morale par orthodoxie, et vous saurez ce que nous pensio

1053 ous ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et nunc ». Nous disions encore : Il ne s’agit pas de

1054 lliement à quelque antidoctrine nouvelle élaborée dans l’entre-temps, mais une prise de conscience renouvelée de ce qui anim

1055 he, et que la vraie voie est unique. Pour entrer dans la dialectique de l’hérésie et de l’orthodoxie, considérons l’ambiguï

1056  ; — l’objectivité pure de la physique classique, dans laquelle la constitution de l’objet est indépendante de la manière do

1057 ar les pouvoirs totalitaires ne m’intéressent pas dans ce contexte. Note 2. Si, comme le veulent les dictionnaires, l’orthod

1058 aussi bien qualifier selon D. Suzuki « ce qui est dans la ligne authentique de transmission », i.e. la communication non des

1059 es moyens de découvrir personnellement la vérité. Dans ce second sens, le témoignage de l’esprit ne consiste nullement à réi

1060 encore moins à s’y conformer en s’y forçant comme dans un lit de Procuste, mais au contraire : à la découvrir (ou la ré-inve

1061 incomparables et par définition sans précédent. Dans le Post-scriptum non définitif et scientifico-polémique récemment aj

1062 . Et cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise technique favorise, — ô miracle — l’ouve

1063 Comment pourriez-vous, « hérétiques », vous unir dans vos unicités ? Cela ne se fera jamais dans aucun Siècle, mais seuleme

1064 s unir dans vos unicités ? Cela ne se fera jamais dans aucun Siècle, mais seulement en chemin vers le vrai but de tous, et e

1065 ici là, l’Église véritable ne saurait exister que dans l’attente ardente et dans cette anxieuse espérance commune à tous les

1066 ne saurait exister que dans l’attente ardente et dans cette anxieuse espérance commune à tous les « hérétiques » malgré eux

1067 us près d’une interprétation fidèle de sa pensée. Dans une longue lettre datée d’Istanbul le 20 avril 1940, répondant à mon

1068 tellement mieux qu’un livre sur l’islam ; puisque dans celui-ci je connais surtout les hérésies. Mais tout de même il faut m

1069 un métaphysicien. Ces deux alinéas me confirment dans la certitude que j’avais bien entendu l’exclamation dans mon jardin t

1070 certitude que j’avais bien entendu l’exclamation dans mon jardin telle que je la rapporte. Le « ou Rome ou Genève » ne saur

1071 que préférait Henry Corbin et auquel il se tient dans ses derniers écrits, quand il fait allusion au grand œuvre de recueil

1072 vre saint »66. Si les révélations du Livre saint ( dans les religions abrahamiques) n’avaient qu’un sens historique, légalist

1073 t on ne peut dissocier les kabbalistes juifs. Et dans « l’herméneutique spirituelle comparée » qui s’esquisse ici68, ces my

1074 a Communauté religieuse. » Je prends cette phrase dans un travail intitulé (ce qui dit tout) : « L’Attestation de l’Unique 6

1075 ci qu’elle n’est pas spatiale : le chemin se fait dans le temps de mon existence terrestre, va de naître à mourir non d’un l

1076 e d’Henry Corbin que j’ai depuis longtemps copiée dans mes tablettes, ne fût-ce que pour sa résonance présocratique, traduit

1077 Plus précisément, du luthéranisme. 68. Ainsi que dans Eranos Jahrbuch, XXXIII, 1965, p. 71-176. 69. Cf. H. Corbin, Sohrawa

1078 du texte publié sous le même titre en 1977. cc. Dans une lettre à Rougemont du 29 mars 1974, Corbin suggère aussi avoir di

1079 Quelques maximes de prospective (1981)bz Dans le monde universitaire européen, au cours de ces dernières décennies,

1080 : que puis-je faire ? Car la fonction de l’homme dans l’univers n’est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. ⁂ La prosp

1081 l nous faut atteindre. Bismarck Je traduis cela dans une seule petite phrase d’où je compte bien tirer au moins un livre :

1082 ue nous pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans nos rêves et que déclarent nos choix concrets, comme le vote d’un bud

1083 désirs, dont la technique n’est que l’outil. Car dans le monde où nous vivons, désormais tout est fait de main d’homme. Qu’

1084 a technique est l’agent principal des changements dans le cadre, dans le rythme, dans la qualité même de nos vies. Ce monde

1085 l’agent principal des changements dans le cadre, dans le rythme, dans la qualité même de nos vies. Ce monde humanisé ne cha

1086 al des changements dans le cadre, dans le rythme, dans la qualité même de nos vies. Ce monde humanisé ne change plus qu’au g

1087 os rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité définit l’obstacle majeur à toute espèce d’art de prévo

1088 ui seront faites demain, et de qui va les croire, dans quels délais, à quels taux d’efficacité… ⁂ L’obstacle méthodologique

1089 de la nécessité. Cependant méfions-nous : il y a dans ce scepticisme un merveilleux moyen d’éluder cette chose pesante, ce

1090 chnologique » (comme nous disions en 1933) résolu dans l’industrie par l’hypertrophie du tertiaire, montre avec quel soin vi

1091 sonnaliste intitulé Ordre nouveau 63 fut le seul, dans les années 1930, à poser la question cruciale : — Comment réaliser et

1092 effets libérateurs du progrès technologique, qui dans le régime actuel ne crée pas du loisir mais du chômage. Ce ne sont pa

1093 progrès technique en détruit des millions par an dans la mesure où il réussit. L’Ordre nouveau avait prévu de supprimer la

1094 que le PNB et le cancer, et l’inflation chronique dans tous les États de l’Occident. Nous n’avons d’espoir d’en sortir que d

1095 l’Occident. Nous n’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où nous oserons regarder en face pour la juger selon nos bu

1096 mbe, il n’en va pas mieux pour notre civilisation dans son ensemble que pour chacun des individus qui la composent. L’accroi

1097 ittéraire, politique et spirituelle. Je le revois dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’Est, démesurées, de

1098 au xxe siècle. Je le revois, souvent silencieux dans nos groupes, avec ses grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et

1099 sérieux quelque peu farfelu, souvent désarçonnant dans ses répliques, non du tout par malice, ni même pour se garder, simple

1100 rder, simplement par l’attrait d’un gag-sans-rire dans le style de Buster Keaton. Cette espèce de réserve polie jusque dans

1101 ster Keaton. Cette espèce de réserve polie jusque dans l’outrage délibéré, ce côté désinvolte ou distrait, comment savoir, o

1102 te ou distrait, comment savoir, on les retrouvera dans les Fragments d’une vie lorsqu’il relate ses premières initiatives en

1103 omme on le verra. Puis de lancer Gaston Gallimard dans la production de films — ce qui va l’amener, avec la Madame Bovary de

1104 out-Paris des générales et le groupe surréaliste, dans lequel André Breton s’est réservé le droit de fulminer les excommunic

1105 nu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège d’égaux que fut durant neuf ans le « Comité directeur » de

1106 quelles étaient les raisons de notre convergence dans cette communauté de pensée en vue de l’action ? « De toutes croyances

1107 ment à sa croyance, comme je le faisais moi-même, dans mes premiers ouvrages influencés par Kierkegaard et Barth, mais non p

1108 influencés par Kierkegaard et Barth, mais non pas dans la revue, où d’ailleurs aucun de nous ne se vit jamais amené à des dé

1109 on du socialisme proudhonien, qu’il avait trouvée dans sa famille, et que nous acceptions tous ; quant au nietzschéisme, qu’

1110 r l’historicisme et le racisme ; celui qui exalte dans la Généalogie de la morale « le privilège extraordinaire de la respon

1111 erté, de ce pouvoir sur soi-même… », phrase citée dans le n° 5 de L’ON et que je croyais inventer en écrivant quarante ans

1112 dre nouveau : elle a trouvé son sens le plus fort dans ce retour au véritable spirituel. Deuxième trait que nous avions en c

1113 en commun : l’analyse de la situation de l’Europe dans les années 1930. Ce ne sont pas le grand élan d’un mouvement de masse

1114 ine des fascismes et du national-socialisme était dans la dissolution des liens sociaux, et que l’« individu atomisé » pour

1115 isé » pour reprendre les termes de Marx, appelait dans son angoisse et créait à la fois les dictatures collectivistes et leu

1116 es qui sont passées », comme dit saint Paul, mais dans la liberté des personnes responsables. De là sans doute la qualité si

1117 peut sembler au moins paradoxal si l’on se tient dans l’optique politicienne. En vérité, nul d’entre nous, ni pour le group

1118 es applications sont de l’ordre de cinq à dix ans dans le monde de la technologie où l’inertie pourtant est tellement inféri

1119 ourtant est tellement inférieure à ce qu’elle est dans le monde social et politique… Autre facteur de la très lente pénétrat

1120 s d’aujourd’hui. Pas de virtuoses de la palinodie dans notre groupe. Plus d’idées neuves que de moyens de les communiquer au

1121 public : l’inverse prévaut aujourd’hui. Un jour, dans les années 1950, Ignazio Silone m’a dit : « Il y a chez vous quelque

1122 s la préside ; il a été ministre de l’Information dans le cabinet nommé par la reine Wilhelmine à la Libération, et dont le

1123 l’Ordre nouveau s’épanouissent tout naturellement dans les efforts d’union de l’Europe au-delà des États-nations — terme que

1124 lème que La Révolution nécessaire posait dès 1933 dans ces termes : « Le machinisme permettant de faire une économie de forc

1125 on correspondante. » Plus simple encore, ce titre dans le n° 1 de notre revue posait le dilemme fondamental des sociétés ind

1126 ans voir que cela n’autorisait ni l’embrigadement dans un parti — engagez-vous, rengagez-vous — ni l’adhésion même réticente

1127 « [Préface] Robert Aron, Fragments d’une vie  », dans Fragments d’une vie, Paris, Plon, 1981, p. I-VII. ce. Recensé par Ro

1128 Plon, 1981, p. I-VII. ce. Recensé par Rougemont dans les Cahiers du Sud de juin 1934.

1129 « de droite », tel apparut le phénomène régional dans les années soixante de ce siècle, et tel était-il hier encore aux yeu

1130 des préparent d’innombrables colloques et congrès dans le monde entier, ou résultent de leurs travaux. Tout cela ne serait e

1131 ions au niveau national et au niveau continental, dans les pays les plus divers de notre Europe : agitation ethnique en Fran

1132 que ne sont vécus d’une manière plus concrète que dans les régions transfrontalières comme celles qu’on trouve à cheval sur

1133 cheval sur les Pyrénées, le long de l’axe rhénan, dans le bassin du Léman, sur l’arc alpin qui va de Nice à Trieste par le V

1134 le Val d’Aoste, le Tessin, le Tyrol du Sud, enfin dans le Grand Nord scandinave : une bonne quarantaine de régions brochant

1135 bon train de se doter d’institutions sui generis. Dans la littérature déjà surabondante qui a préparé et qui commente une év

1136 à Genève gagner leur vie et qui rentrent le soir dans leur village français. Charles Ricq, chargé de recherches à l’Institu

1137 en quelque sorte par cette migration pendulaire. Dans le même temps, et non sans relation avec les études en cours, cette r

1138 un début net, comme il est rarissime d’en trouver dans l’histoire. La région franco-genevoise se trouve être en effet l’une

1139 principaux indicatifs de la souveraineté étatique dans l’ère moderne : celui de lever des impôts. Il s’agit là d’une « premi

1140 lever des impôts. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue d

1141 d’un long processus de renaissance communautaire dans une société occidentale qui se verrait enfin capable d’offrir à un ti

1142 ule aussi neuve, ont joué un rôle non négligeable dans une évolution qui porte désormais les espoirs de l’Europe fédérale, e

1143 Ricq, Les Travailleurs frontaliers en Europe  », dans Les Travailleurs frontaliers en Europe : essai de politique sociale e

1144 isterait à peu près vingt millions de vivants […] dans des angles morts. » Depuis lors, on a beaucoup perfectionné les moyen

1145 . Et tout cela prend une telle ampleur, se répand dans tant de domaines de l’industrie, même les plus éloignés apparemment d

1146 rtige ? Je la vois au contraire étroitement prise dans le tissu des préparatifs de guerre. Je n’ai pas besoin de mettre ici

1147 s i, chacun sait que nos industries sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de nous faire croire que le nucléaire milit

1148 lectricité, en installant le chauffage électrique dans les maisons, ce qui est le meilleur argument pour construire des cent

1149 firont pas à renverser le courant. La seule chose dans laquelle je place encore, si j’ose dire, quelque espoir, c’est ce que

1150 mmencent à s’y accoutumer. Ou bien, ça les plonge dans une espèce de prostration, ils ne veulent plus rien faire contre la g

1151 Il faut que les hommes se mettent une bonne fois dans la tête qu’il n’y a pas de parade à une guerre atomique pour ce qui c

1152 physiciens me disent que l’espoir de se protéger dans des abris antiatomiques est, hélas !, trompeur. Un bombardement atomi

1153 e que l’oxygène de l’air serait entièrement brûlé dans un rayon de plusieurs kilomètres à partir du point d’impact d’une bom

1154 une bombe. Les gens étoufferaient tout simplement dans leurs abris. En 1946, tout de suite après Hiroshima, toute l’Amérique

1155 en exporter plus qu’elle n’en importe. Bon, mais dans le cas d’une guerre classique, non nucléaire, que peut faire la Suiss

1156 Suisse ? Vous abordez-là un sujet tout différent. Dans une telle guerre, qui risque effectivement de se produire, je ne vois

1157 culier ? Je crois qu’il y a une réponse à trouver dans les chiffres de population. L’Europe, Pologne et autres « satellites 

1158 ssible qu’un ordre stalinien puisse être maintenu dans un continent où les Russes seraient à un contre 150, noyés dans une m

1159 ent où les Russes seraient à un contre 150, noyés dans une masse immense de citoyens qu’ils découvriraient radicalement diff

1160 ique, d’hommes et de femmes passionnément motivés dans la défense de leur ville, de leur village, de leur ferme, les jeunes

1161 es et politiques particulières, mais s’inscrirait dans la tradition du civisme helvétique, fondée sur des siècles d’autonomi

1162 vitesse sur les autoroutes on créerait du chômage dans la carrosserie ! Plutôt que de songer à acquérir d’éventuelles armes

1163 tion intensive des soldats en vue de la guérilla. Dans cet effort communautaire de défense en partie non violente, je ne voi

1164 fficace que celle de leurs camarades en uniforme, dans les conditions réelles de la guerre de demain. Voilà comment je conço

1165 s, à leur avenir ouvert ? Si la Suisse se lançait dans la bataille pour la paix, si elle suivait une politique cohérente, ra

1166 t, ne pas mettre son drapeau suisse — pacifique — dans sa poche, ne pas se cacher derrière la Croix-Rouge en estimant qu’on

1167 u’est-ce que ça fait qu’on perde quelques emplois dans les usines qui fabriquent des armements ou des machines qui serviront

1168 si on les laisse aller, elles iront très mal. Et, dans la mesure où nous sommes actifs, quelles que soient nos chances de su

1169 orce et sa jeunesse. A-t-il raison ? Est-il perdu dans les nuages ? Qui écouter ? À qui faire confiance ? À un Jörg Zumstein

1170 es médias). Mais il y a une très forte opposition dans la population. L’incident le plus dramatique est celui de Plogoff, en

1171 ’enquête d’utilité publique n’a pu avoir lieu que dans des « mairies annexes », installées par la police dans des caravanes,

1172 des « mairies annexes », installées par la police dans des caravanes, toutes les mairies ayant fait grève. Les habitants ont

1173 ndre qu’au baccalauréat français de juillet 1980, dans l’Académie d’Aquitaine, une des trois questions de dissertation était

1174 dée, l’idée principale de sa campagne électorale. Dans votre livre, vous nous donniez dix à quinze ans au plus pour décider

1175 espèce. Votre avertissement a-t-il été entendu ? Dans les trois cas que je viens de citer, oui. Mais dans d’autres, les cho

1176 ns les trois cas que je viens de citer, oui. Mais dans d’autres, les choses se sont aggravées. Une vingtaine de pays ont l’a

1177 e s’ajoute aujourd’hui à ceux que j’avais traités dans mon livre, parce que la situation politique s’est beaucoup dégradée (

1178 qu’on leur a faites. Loin de chez eux, dispersés dans chaque région occupée, ils seraient faciles à convertir. C’est pourqu

1179 pour les Européens, c’est d’apprendre le russe ! Dans mon livre, j’écrivais déjà que toute augmentation du budget militaire

1180 oute augmentation du budget militaire est inutile dans un pays qui n’a pas de santé civique. Les moyens de guerre psychologi

1181 e m’a pas contredit. Quelle est la part du diable dans la crise ? Il se cache. Il n’est jamais là, comme dans le récit de la

1182 la crise ? Il se cache. Il n’est jamais là, comme dans le récit de la Genèse : après avoir mangé le fruit défendu, Adam et È

1183 qu’il est libéré spirituellement, est responsable dans la société. Quelle différence y a-t-il entre la peur de l’an 1000 et

1184 ifférentes. La peur de l’an 1000 était magique, —  dans la mesure où elle a été réelle et non pas inventée par Michelet. Aujo

1185 ons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quotidienne, et en particulier en ce qui concerne le nucléaire

1186 Denis de Rougemont. Il habite une ancienne ferme dans le pays de Gex. Des œillets roses sur des marches de pierre, un jardi

1187 nés des récits de la Table ronde, ils sont entrés dans nos gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemon

1188 es, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vouga, dans son livre L’Europe à l’heure des Celtes (Galland) qui contient un hom

1189 nt un hommage à Denis de Rougemont. Quelles sont, dans ce contexte, les origines de la quête du Graal ? L’origine est comple

1190 tu de chasteté, le rôle de la Dame) se retrouvent dans ces romans, ainsi que dans la poésie des troubadours du midi de la Fr

1191 la Dame) se retrouvent dans ces romans, ainsi que dans la poésie des troubadours du midi de la France, dont on a reconnu l’i

1192 urt pas. D’une manière générale, le but spirituel dans la vie humaine. cm. Rougemont Denis de, « [Entretien] La ruée ver

1193 , sauf s’ils ont la certitude d’avoir la majorité dans une région donnée. J’ai donc plutôt écouté ce qu’on disait du côté de

1194 tout à fait réelle. J’ai travaillé avec Defferre dans une commission européenne à Londres ; nous nous sommes fort bien ente

1195 ntraliser » parce que c’est ce qui passe le mieux dans la France actuelle. Alors, va pour « décentraliser » si le fond y est

1196 définition, est plus solidariste que d’autres et, dans ce sens, les socialistes sont mieux placés que les technocrates qui d

1197 pas tout résoudre… Le régionalisme n’existera que dans la mesure où les communes prendront leurs affaires en main et où face

1198 ts intercommunaux. C’est une bonne chose. Cela va dans le bon sens, mais cela doit toujours partir du premier niveau, de la

1199 e régions. Le fédéralisme est un système complexe dans la mesure où il veut coller aux réalités. Mais le diplomate et sénate

1200 m a trouvé une définition simple que j’ai reprise dans mon Rapport sur l’état de l’union en Europe  : Ne confiez jamais à u

1201 des nécessités vitales qui peuvent être ethniques dans certains cas, mais le plus souvent écologiques ou économiques. Le chô

1202 e chômage, par exemple, ne peut être combattu que dans le cadre des régions. Denis de Rougemont prend un livre sur un rayon

1203 vant longtemps de vraies régions et va se vautrer dans la médiocrité. Et il emploie, au sujet de la réforme régionale des e

1204 vous qu’elle pourrait alors jouer un rôle nouveau dans la construction européenne ? Elle pourrait jouer un rôle considérable

1205  » J’ai conçu un plan qui commence à être adopté, dans un pays comme la France centralisé depuis Napoléon, on ne fera pas l’

1206 le sauvetage de la Méditerranée ou celui du Rhin. Dans ces conditions, on ne fera pas l’Europe, et si on ne fait pas l’Europ

1207 , il doit se faire à tous les échelons et d’abord dans la commune. Il faut que les gens soient conscients de leurs problèmes

1208 propos Une des raisons principales du désarroi dans lequel nous jettent les récents développements de la technologie et,

1209 ces physiques, chimiques et biologiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les p

1210 suggère d’envisager le problème de l’informatique dans des perspectives très différentes de celles des auteurs des articles

1211 ormatique, une révolution ? Une rumeur s’élève dans le siècle : l’informatique serait une révolution ! Prenons garde à la

1212 égarent davantage l’esprit de nos contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a connu qu’une seule r

1213 on devait amener l’ère des loisirs et nous sommes dans l’ère du chômage ; — la productivité sans cesse accrue de l’industrie

1214 pénuries multipliées en Occident, et des famines dans le tiers-monde ; — l’informatique nous propose aujourd’hui de « pense

1215 refuse d’envisager les transformations radicales, dans la répartition des profits notamment, qui seraient sans nul doute néc

1216 censément rationaliste, me paraissent s’en tenir dans leur ensemble à une conduite typiquement infantile : devant les nouve

1217 spécialistes de la futurologie dite scientifique dans leurs prévisions économiques et politiques. Qu’il s’agisse de l’auto,

1218 correctement prévu, tout nous a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décennie. Alors, devant cet a

1219 La situation ne paraît pas encore aussi sérieuse dans le cas de l’informatique. Mais la prévisibilité des conséquences à lo

1220 troisième désignant les résultats ou résultantes dans un individu de ces informations. Cela correspond plus ou moins, en fr

1221 it observées et les expériences vécues, intégrées dans la mémoire de l’individu. Le sens de « nouvelles du jour » qu’a pris

1222 nnaissances ponctuelles des informations stockées dans les ordinateurs ou dans les cerveaux ; d) je ferais volontiers entrer

1223 des informations stockées dans les ordinateurs ou dans les cerveaux ; d) je ferais volontiers entrer dans cette définition d

1224 ans les cerveaux ; d) je ferais volontiers entrer dans cette définition des mots tels que jugement, des expressions telles q

1225 le n’est pas l’histoire d’un individu enregistrée dans son cerveau, et encore moins celle de toute l’espèce, enregistrée dan

1226 encore moins celle de toute l’espèce, enregistrée dans ses gènes, mais un simple stockage d’informations ponctuelles et d’ar

1227 ar Proust à propos de la petite madeleine trempée dans du thé79, dont la saveur lui restitue dans une lente montée d’émotion

1228 rempée dans du thé79, dont la saveur lui restitue dans une lente montée d’émotion presque angoissée toute la magie sensuelle

1229 nsuelle, sensible et sentimentale, de son enfance dans le bourg de Combray. Proclamer que la « mémoire » d’un ordinateur a «

1230 ne n’eut l’idée de prévoir ce que serait l’avenir dans l’hypothèse — alors très peu probable — d’un succès total de cette ma

1231 fets ? Le recours à des critères moraux respectés dans tout l’Occident eût induit à rejeter le travail à la chaîne, qui rédu

1232 ux. Qui pourrait nier l’utilité de l’informatique dans les domaines sans cesse plus nombreux que peuvent traiter les ordinat

1233 ou de calcul dont les ordinateurs sont capables. Dans tous les domaines que je viens de citer, où l’informatique est sans c

1234 cité, à juste titre dans la plupart des cas. Mais dans tous les autres domaines : biologique, affectif, artistique, pédagogi

1235 is). (Je suppose que la réponse est connue, comme dans la plupart des problèmes psychologiques ou éthiques, la difficulté n’

1236 ièmes de seconde — d’un problème, n’est utile que dans les domaines où la durée n’est pas vécue, ne fait pas partie de la na

1237 roblème et du processus même de sa solution. Mais dans tous les domaines où la personne humaine est impliquée, par sa biolog

1238 imiler. « Cuire le dîner de famille en une minute dans un four à ondes courtes »82 peut dépanner une ménagère, mais mitonner

1239 anosecondes paraît absolument dépourvu d’intérêt. Dans la société entièrement informatisée qu’on nous prépare, c’est la save

1240  »83 La réduction au rationnel technique, entrée dans la vie quotidienne des Occidentaux aux débuts de ce siècle par l’élec

1241 es logiques et chiffrables, elle nous fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous res

1242 s les hommes, de tout ce qui peut donc s’exprimer dans ses « langages » d’informatique, mais de rien de ce qui serait nouvea

1243 est-à-dire du non-conformisme politique ou social dans certains régimes), mais aussi du lyrisme et de la poésie en général,

1244 si du lyrisme et de la poésie en général, le tout dans un langage que l’on aura rendu systématiquement incapable de communiq

1245 iquement incapable de communiquer l’inexprimable. Dans ce sens, une certaine « robotisation » des esprits est à redouter ; o

1246 l’école sans maîtres. C’est une idée qui a germé dans le cerveau du PDG de Control Data, qui l’a baptisée Plato. Il s’agira

1247 le de l’élève, s’il bénéficiait d’un terminal. Et dans ce cas, l’école sans maîtres ne serait même plus une école, et rappel

1248 du le manche84. Relevons tout de suite une erreur dans la définition du projet Plato : ce n’est pas une école sans maîtres,

1249 ion principale. Tout professeur — et je l’ai été dans différents pays et universités, pendant vingt ans — découvre un jour

1250 inution catastrophique de la production d’oxygène dans l’atmosphère. Les hommes adaptés depuis une ou deux décennies aux rés

1251 érable et facile à perturber. »85 Même prévision dans la Revue polytechnique 86 de Lausanne : — en cas de panne, les soluti

1252 détruire ou freiner la technique, l’informatique dans notre cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous no

1253 ple Pierre Drouin, Le Monde, 12 novembre 1980 : «  Dans certains secteurs — c’est le cas de l’électronique — les progrès de l

1254 981)cs Une des raisons principales du désarroi dans lequel nous jettent les récents développements de la technologie et e

1255 ces physiques, chimiques et biologiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les p

1256 Je me propose d’envisager l’informatique non pas dans sa problématique immédiate — utilité certaine, nuisances possibles, a

1257 omiques et sociaux à court ou moyen terme —, mais dans ses relations avec les processus de pensée, les valeurs éthiques et s

1258 des générations à venir. 1. Une rumeur s’élève dans le siècle L’informatique serait une révolution ! Prenons garde à l

1259 égarent davantage l’esprit de nos contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a connu qu’une seule r

1260 n devait amener l’ère des loisirs, et nous sommes dans l’ère du chômage. — La productivité de l’industrie annonçait l’abond

1261 pénuries croissantes en Occident, et des famines dans le tiers-monde. — L’informatique nous propose aujourd’hui de « penser

1262 refuse d’envisager les transformations radicales ( dans la répartition des profits notamment), lesquelles seraient sans nul d

1263 censément rationaliste, me paraissent s’en tenir dans leur ensemble à une conduite typiquement infantile : devant les nouve

1264 spécialistes de la futurologie dite scientifique, dans leurs prévisions économiques et politiques. Qu’il s’agisse de la cris

1265 n ou de Lech Walesa, tout nous a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décennie. Alors, devant cet a

1266 La situation ne paraît pas encore aussi sérieuse dans le cas de l’informatique. Mais la prévisibilité des conséquences à lo

1267 ations, le troisième les résultats ou résultantes dans un individu de ces informations. Cela correspond plus ou moins, en fr

1268 it observées et les expériences vécues, intégrées dans la mémoire de l’individu. Le sens de « nouvelles du jour » qu’a pris

1269 naissances ponctuelles, des informations stockées dans les ordinateurs ou dans les cerveaux. d. Je ferais volontiers entrer

1270 des informations stockées dans les ordinateurs ou dans les cerveaux. d. Je ferais volontiers entrer dans cette définition de

1271 dans les cerveaux. d. Je ferais volontiers entrer dans cette définition des mots comme jugement, des expressions telles que 

1272 le n’est pas l’histoire d’un individu enregistrée dans son cerveau, et encore moins celle de toute l’espèce, enregistrée dan

1273 encore moins celle de toute l’espèce, enregistrée dans ses gènes, mais un simple stockage d’informations ponctuelles et d’ar

1274 ar Proust à propos de la petite madeleine trempée dans du thé90 dont la saveur lui restitue dans une lente montée d’émotion

1275 trempée dans du thé90 dont la saveur lui restitue dans une lente montée d’émotion presque angoissée toute la magie sensuelle

1276 nsuelle, sensible et sentimentale, de son enfance dans le bourg de Combray. Proclamer que la « mémoire » d’un ordinateur a «

1277 ne n’eut l’idée de prévoir ce que serait l’avenir dans cette hypothèse — alors très peu probable — d’un succès total de cett

1278 s ? 2. Le recours à des critères moraux respectés dans tout l’Occident eût induit à rejeter le travail à la chaîne, qui rédu

1279 ux. Qui pourrait nier l’utilité de l’informatique dans les domaines sans cesse plus nombreux que peuvent traiter les ordinat

1280 ou de calcul dont les ordinateurs sont capables. Dans tous les domaines que je viens de citer, où l’informatique est sans c

1281 rmes de moindre coût et d’efficacité accrue. Mais dans tous les autres domaines : biologique, affectif, artistique, pédagogi

1282 is). (Je suppose que la réponse est connue, comme dans la plupart des problèmes psychologiques ou éthiques. La difficulté n’

1283 rdième de seconde — d’un problème n’est utile que dans les domaines où la durée n’est pas vécue, ne fait pas partie de la na

1284 roblème et du processus même de sa solution. Mais dans tous les domaines où la personne humaine est impliquée, par sa biolog

1285 imiler. Cuire « le dîner de famille en une minute dans un four à ondes courtes93 » peut dépanner une ménagère ; mais mitonne

1286 secondes me paraît absolument dépourvu d’intérêt. Dans la société entièrement informatisée qu’on nous prépare, c’est la save

1287 — La réduction au rationnel. La technique, entrée dans la vie quotidienne des Occidentaux aux débuts de ce siècle par l’élec

1288 es logiques et chiffrables, elle nous fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous res

1289 s les hommes, de tout ce qui peut donc s’exprimer dans les « langages » de l’informatique ; mais de rien de ce qui serait no

1290 est-à-dire du non-conformisme politique ou social dans certains régimes), mais aussi du lyrisme et de la poésie en général,

1291 si du lyrisme et de la poésie en général, le tout dans un langage que l’on aura rendu systématiquement incapable de communiq

1292 iquement incapable de communiquer l’inexprimable. Dans ce sens, une certaine « robotisation » des esprits est à redouter ; u

1293 opose aujourd’hui, avec une insistance croissante dans toute la presse, l’école sans maîtres. C’est une idée qui avait germé

1294 cole sans maîtres. C’est une idée qui avait germé dans le cerveau du PDG de Control Data, qui l’a baptisée Plato. Il s’agira

1295 le de l’élève, s’il bénéficiait d’un terminal. Et dans ce cas, l’école sans maîtres ne serait même plus une école, et rappel

1296 erdu le manche. Relevons tout de suite une erreur dans la définition du projet Plato : ce n’est pas une école sans maîtres,

1297 tion principale. Tout professeur — et je l’ai été dans différents pays et universités, pendant vingt ans — découvre un jour

1298 s hommes d’exercer leur mémoire, produira l’oubli dans l’âme de ceux qui en auront acquis la connaissance ; en tant que, con

1299 t acquis la connaissance ; en tant que, confiants dans l’écriture, ils chercheront au-dehors, grâce à des caractères étrange

1300 nts en une quantité de choses, alors qu’ils sont, dans la plupart, incompétents ; insupportables en outre dans leur commerce

1301 a plupart, incompétents ; insupportables en outre dans leur commerce, parce que, au lieu d’être savants, c’est savants d’ill

1302 inution catastrophique de la production d’oxygène dans l’atmosphère. Les hommes adaptés depuis une ou deux décennies aux rés

1303 s encore se débrouiller s’il y a des défaillances dans les réseaux ? De même qu’ils ne savent plus calculer sans calculette,

1304 nérable et facile à perturber96. » Même prévision dans la Revue polytechnique 97 : « En cas de panne, les solutions manuelle

1305 détruire ou stopper la technique, l’informatique dans notre cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous n

1306 emple Pierre Drouin, Le Monde, 12 novembre 1980 : dans certains secteurs — c’est le cas de l’électronique — les progrès de l

1307 à vos yeux un progrès ? L’informatique est utile dans plusieurs domaines ; elle évite une perte inconsidérée de temps dans

1308 ines ; elle évite une perte inconsidérée de temps dans des domaines où une masse énorme et fastidieuse de calculs intervient

1309 nale… L’informatique serait un progrès formidable dans la mesure où elle s’appliquerait à une société qui admettrait que le

1310 s épargné doit être redistribué. Malheureusement, dans la société actuelle, ceux qui devraient jouir du temps libre gagné pa

1311 et de ses mécanismes. Elle nous fait ainsi entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous res

1312 sme, de la poésie et de la créativité en général. Dans ce sens, une certaine robotisation des esprits est à redouter ; on pe

1313 e Platon, qui correspond exactement à ma pensée : dans la troisième partie du Phèdre, Theut, le dieu égyptien à tête d’ibis,

1314 er leur mémoire : mettant en effet leur confiance dans l’écrit, c’est du dehors, grâce à des empreintes étrangères, non du d

1315 sseur, donne sur cette technique un avis éclairé, dans une perspective d’écologie humaine. Il n’est pas opposé aux technique

1316 nt encourir à la société. Suite à un article paru dans La Revue économique et sociale , nous lui avons posé quelques questio