1 1978, Articles divers (1978-1981). L’Europe est une culture commune (1978)
1 art, selon lequel Dieu a choisi de descendre vers nous , pour se manifester aux hommes dans un corps matériel, ce dogme fonda
2 les sources communes de la culture européenne, et nous en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce
3 opéenne, et nous en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce que c’est d’elles que procède l’attitu
4 de l’attitude particulière de l’esprit humain qui devait donner naissance, au cours des siècles, à la technique, à la notion d
5 notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures sociales et politiques. Voici, très brièvement suggérée, l
6 e, la généalogie de ces caractères distinctifs de notre culture. Un premier fait : la science s’est développée en Europe, et
7 a Terre, en forme d’homme, qui marque le début de notre manière de compter les années, a introduit l’idée d’un progrès linéai
8 uis longtemps de grands bateaux bien supérieurs à nos pauvres petites caravelles du xvie siècle, mais c’est Christophe Col
9 ales ou paroisses) sont devenus les prototypes de nos parlements modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes
10 ou en tension : d’où les oscillations extrêmes de nos sociétés, tantôt vers l’individualisme anarchique (pôle grec), tantôt
11 monde est beaucoup plus profonde et décisive que nous ne le pensons d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vie
12 s d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, l
13 stitutive de nos vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, la comparaison avec des cultures orient
14 raison avec des cultures orientales ou primitives nous en fait parfois prendre conscience. Rien de tel qu’un voyage aux Inde
15 tre part, cette communauté profonde est masquée à nos yeux depuis un siècle et demi par une estimation tout à fait exagérée
16 t demi par une estimation tout à fait exagérée de nos divisions, résultant du nationalisme. Obsédés par les différences de
17 différences de mœurs et de manière de penser que nous croyons exister entre Allemands et Français, Anglais et Italiens, voi
18 giens, ou mieux encore entre Vaudois et Genevois, nous en venons à oublier très sincèrement : 1° que ces différences, quoiqu
19 ielles si on les compare à l’importance de ce que nous avons en commun : 2° que ces oppositions, loin d’être éternelles ou m
20 st répandue. Inculquée à quatre générations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture fra
21 nérations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture française » (ou autrichienne, ou dano
22 us Staline de « biologie marxiste » ! En réalité, nos soi-disant « cultures nationales » sont des découpages arbitraires, o
23 nde de près ou de loin au découpage accidentel de nos frontières présentes. L’illusion nationale concernant la culture s’au
24 onale concernant la culture s’autorise surtout de nos diversités linguistiques. Mais là encore, quelles sont les réalités ?
25 ques. Mais là encore, quelles sont les réalités ? Nos langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et nos littératures on
26 langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et nos littératures ont toutes utilisé au cours des âges les mêmes procédés
27 e ou l’analyse psychologique, etc. Semblablement, nos arts utilisent les mêmes formes : la symphonie, le concerto, l’opéra,
28 iquement européen. Ainsi la vie et la vitalité de notre culture n’impliquent rien de moins que l’Europe tout entière, non seu
2 1978, Articles divers (1978-1981). Le Jura libre à l’heure des régions (1978)
29 siècle. I. Le cadre européen L’évolution de nos pays vers une fédération européenne, depuis trente ans, ne cesse de d
30 e temps la croissance zéro. Depuis trente ans que nos chefs d’État proclament qu’elle est une question de vie ou de mort, n
31 ament qu’elle est une question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur place » déses
32 de plus en plus illusoire. En effet : — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa sécurité, sa défense sur ce continent le
33 e son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa prospérité matérielle : l’économie de l’
34 lnérable aux caprices de quelques émirs. Aucun de nos pays n’a les matières premières nécessaires à son industrie : le tier
35 moins qu’elles soient pillées à l’épuisement par nous . Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une contradiction irréduc
36 à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une contradiction irréductible et qui définit en peu de
37 ’imagination des Européens vers ce qu’il y a chez nous de plus complexe mais aussi de plus humain : les communautés locales
38 e siècle ; celles qu’il faut restaurer dans tous nos pays, si nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (si
39 elles qu’il faut restaurer dans tous nos pays, si nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous seron
40 ortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous serons colonisés par l’Est ou l’Ouest, ou les deux à la fois) — Europ
41 Sinon qu’elles se révèlent nécessaires, dans tous nos pays, pour répondre aux besoins culturels, ethniques, économiques, éc
42 pourra garantir l’autonomie des régions. Résumons- nous  : il faut faire les régions parce qu’il faut faire l’Europe, et parce
43 Finalités de la région En effet, les régions doivent être définies comme des espaces de participation civique où la person
44 ou linguistique. La dialectique fédération-région devait donc l’affecter tôt ou tard et le rendre à lui-même dans un ensemble,
45 que de libre formation des Ligues suisses, ce qui devait être rectifié en vertu d’une loi organique, l’est désormais. La naiss
46 À la création du canton du Jura, chaque Suisse se doit d’applaudir de tout cœur, en tant que citoyen d’une Confédération gar
47 1848. Mais c’est l’ère des régions qui s’ouvre à nous , Européens de la fin du xxe siècle. Se donner comme une tâche priori
48 t homogène et uniformisant, celui précisément que nous avons dit plus haut mis en question dans le cadre européen par les né
49 ement de la paix, et donc très concrètement, dans notre ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la chanc
50 me se subdivise en idiomes, si bien que le canton doit éditer certains manuels scolaires en 7 langues : allemand, italien, s
3 1978, Articles divers (1978-1981). Dépolitiser la politique (janvier 1978)
51 vous dire lorsque vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire  : « Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le
52 est la ville, c’est la cité. Alors, tout le monde doit faire de la politique, dans ce sens. C’est, par exemple, les choix. Q
53 ptions est-ce qu’on se donne dans la vie ? À quoi doit servir une société, une communauté ? Quelle est sa fin ? Est-ce que c
4 1978, Articles divers (1978-1981). Le diable en Suisse (1er janvier 1978)
54 flé, plus difficile à prendre sur le fait. Armons- nous donc de rigueur et de méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que
55 ttend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Rien de plus facile que d’en convain
56 de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de nous faire croire, à partir de 1933, puis durant la Seconde Guerre mondial
57 ’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était
58 e qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit
59 ôle évident et trompeur du diable à l’œuvre parmi nous . Mais attention : Baader et les Palestiniens ne sont-ils pas plutôt v
60 l’art publicitaire qui consiste tout simplement à nous faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable prépare
61 t simplement à nous faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable prépare un gros coup, il s’arrange toujour
62 prépare un gros coup, il s’arrange toujours pour nous le faire savoir, par élégance autant que par cynisme, car il sait bie
63 ance autant que par cynisme, car il sait bien que nous ne le croirons pas ! C’est ainsi qu’à l’automne de 1974, le conseille
64 Dans cette déclaration autorisée — s’il en fût —, notre opinion ne voulut voir, bien sûr, qu’une plaisante allusion littérair
65 e la jeunesse éternelle. Qui serait Méphisto dans notre affaire ? Inutile de chercher personne. On ne trouvera jamais qu’un s
66 le consiste à vendre toujours plus d’énergie et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie est dé
67 et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie est désormais inévitable. Alors que chacun voit —
68 , un manque de 50 % sur la quantité énergie qu’on nous annonce « nécessaire » à cette époque. Non, le diable n’est pas Monsi
69 de la puissance et de la richesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son e
70 règne Pluton, dieu de la Richesse et des Enfers : nous y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’i
71 ichesse et des Enfers : nous y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’il ne pouvait trouver de fe
72 n avenir qui désormais, dépend essentiellement de nos choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’éne
73 ement de nos choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’énergies infernales, et que leur plutonium n’
74 s, et que leur plutonium n’évitera pas, préparons- nous à vivre mieux grâce au Soleil, avec moins de gaspillage et moins d’em
5 1978, Articles divers (1978-1981). Réfléchir à ce que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)
75 s agi de la sorte. À mon avis, le révolutionnaire doit porter en lui le modèle du nouvel homme : cela peut-il être un assass
76 ailleurs, que les régimes les plus répressifs de notre époque — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus
77 est-il, selon vous, un phénomène significatif de notre société ? Oui, de toute évidence, dans la mesure où cette société n’a
78 À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est notre affaire , une comparaison entre les procédés des terroristes et ceux
79 introduits par le chapeau suivant : « Scandale de notre temps : le terrorisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes. Il f
80 vant : « Scandale de notre temps : le terrorisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes. Il faut aujourd’hui conclure. Her
81 t, en écrivain soucieux d’éthique, Georges Haldas nous a invité à mieux comprendre, de l’intérieur, les mobiles profonds et
6 1978, Articles divers (1978-1981). Un autre avenir pour la planète (février 1978)
82 autre avenir pour la planète (février 1978)l m Nous allons tous vers une catastrophe ! Si nous ne choisissons pas libreme
83 l m Nous allons tous vers une catastrophe ! Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir h
84 atastrophe ! Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’un cataclysme inévi
85 C’est ce que j’essaie d’expliquer dans mon livre. Nous reviendrons longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais que nous par
86 longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais que nous parlions un peu de vous, Denis de Rougemont, de votre itinéraire. Dep
87 ibuaient m’était un jour tombé entre les mains. «  Nous ne sommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personna
88 ne sommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personnalistes », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi
89  », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue
90 lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue du Mo
91 que disaient les personnalistes dont vous étiez ? Nous disions qu’il fallait être à la fois contre le capitalisme, contre le
92 que ces trois systèmes, par leur logique interne, nous conduisaient droit à la guerre et au totalitarisme. Quarante ans plus
93 sonnaliste et communautaire. De cette conception, nous tirerons cette conséquence politique : un antiétatisme décidé et cons
94 dé et conséquent. Anarchistes ? Pas anarchistes : nous admettions la fonction étatique ; un minimum d’État est nécessaire à
95 aire à l’organisation de la société. En revanche, nous étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation
96 che, nous étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation qui en prenant la place du Roi lors de la Rév
97 française, s’en est attribué le côté sacré. Pour nous , l’État n’était qu’un service. Au service des citoyens et rien d’autr
98 des citoyens et rien d’autre ! Or, qu’observions- nous  ? L’État-nation qui, historiquement, est né de la guerre, a régulière
99 e, retrouvait l’intuition de Proudhon. Évidemment nous n’étions pas bien reçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui
100 eçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui nous ne voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour nous, l’une et l
101 voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour nous , l’une et l’autre n’étaient que variante de l’État-nation. Troublée,
102 de l’État-nation. Troublée, la droite disait que nous étions téléguidés par Moscou, tandis que la gauche répétait que nous
103 dés par Moscou, tandis que la gauche répétait que nous étions « manipulés » et que nous faisions « objectivement » le jeu de
104 che répétait que nous étions « manipulés » et que nous faisions « objectivement » le jeu de la droite et du fascisme. Quaran
105 Anglais — sont en train de faire les analyses que nous faisions avec trente ans d’avance. Dans les mouvements écologistes, l
106 t, librement… Justement, qu’est-ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que nous disions en commençant… Qu’est-ce qui fait c
107 u’est-ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que nous disions en commençant… Qu’est-ce qui fait courir ces foules, ces jeun
108 ous évoquiez tout à l’heure ? La crise du pétrole nous a réveillés. Soudain nous avons senti le vent du boulet ! Ce que les
109 e ? La crise du pétrole nous a réveillés. Soudain nous avons senti le vent du boulet ! Ce que les écologistes répétaient dan
110 beaucoup d’autres événements de ce genre pour que nos pays prennent réellement conscience des catastrophes qui nous menacen
111 ennent réellement conscience des catastrophes qui nous menacent. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que ces avertissements n’arr
112 trop tard et qu’ils soient juste assez forts pour nous obliger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On
113 iger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On ne prend guère le chemin de cette réflexion ! On continue
114 plus de voitures et de plus en plus d’autoroutes… Nous frisons la démence à force d’inconscience. Tout le monde sait que le
115 ns autre chose, tout de suite ! » Jusqu’où allons- nous aller comme ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis
116 e suite ! » Jusqu’où allons-nous aller comme ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis, certains me confient
117 pas le dire ouvertement et tout de suite afin que nous économisions du pétrole pour deux siècles ! » Bien sûr, mais il y a d
118 financiers en jeu ! Pour des intérêts financiers, nous conduisons l’humanité à la catastrophe ! Imaginez dans dix ou vingt a
119 roissance indéfinie par exemple. On s’en sortira, nous promettent-ils, les uns et les autres. Grâce au nucléaire… Mais vous,
120 é. Expliquez-moi. Avec le débat sur le nucléaire, nous sommes au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’il n’y a que
121 nous sommes au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’il
122 and on nous dit qu’il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend :
123 sous-entend : il n’y a que le nucléaire qui peut nous permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’
124 ui peut nous permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire
125 is c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire ! Nous ne le pouvons pas. La croissance indéfinie dans un monde fini est une
126 indéfinie dans un monde fini est une aberration. Nous le savons désormais. Le club de Rome a suffisamment popularisé cette
127 e public dans l’illusion qu’il peut ou même qu’il doit continuer à doubler sa consommation d’énergie tous les dix ans. Mais,
128 de et une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’
129 une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afriq
130 est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine
131 savants qui affirment qu’il n’en est rien et que nous allons à la catastrophe. Alors, qui croire ? Écoutez. Un prix Nobel a
132 le monsieur qui vous parle est un vendeur ? » On nous pousse au gaspillage pour démontrer ensuite que nous avons besoin de
133 s pousse au gaspillage pour démontrer ensuite que nous avons besoin de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas beso
134 la fin du xxe siècle sera dans les économies que nous ferons sur le gaspillage ». On pourrait économiser 30 % de la consomm
135 ailleurs. Aux États-Unis on a calculé que si l’on devait passer à la réalisation de tous les programmes nucléaires, théoriquem
136 ment la logique du système des États-nations dans notre société industrielle. Qu’elle soit capitaliste ou socialiste. Il n’y
137 français. Il dit : « L’énergie nucléaire assurera notre indépendance énergétique. » Ça ne veut rien dire ! La France n’a pres
138 s là-dedans ? Reste une question. Supposons, pour notre bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller
139 ste une question. Supposons, pour notre bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller. Se posera qua
140 notre bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller. Se posera quand même le problème de nouvelles
141 le problème de nouvelles sources d’énergie. Pour nous , pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la d
142 es d’énergie. Pour nous, pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons
143 nous, pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici
144 t. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici quelques années. Même si l’on pousse très f
145 rs, puisqu’ils ne produiront au mieux que 30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole
146 30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole. Restera donc un déficit de 50 %. Autreme
147 t de 50 %. Autrement dit ce sera la crise totale. Nous sommes donc contraints de ne pas continuer. Alors que faire ? D’abord
148 ntinuer. Alors que faire ? D’abord économiser. En nous déplaçant moins, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous
149 miser. En nous déplaçant moins, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous pouvons prendre le train, etc. Mais évid
150 , en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous pouvons prendre le train, etc. Mais évidemment il ne s’agit là que de
151 émotrice… Et surtout de l’énergie solaire. Ce que nos gouvernements détestent. « L’énergie solaire ne sera pas compétitive
152 ne sera pas compétitive avant la fin du siècle », nous répète-t-on. C’est faux. Des résultats sont déjà acquis et les recher
153 ions industrielles. Mais il faut des finances, et nos États sabotent, plus ou moins sournoisement, toutes les décisions de
154 un compteur, entre le soleil et les citoyens, ils nous diront qu’il faut encore vingt ans pour que l’énergie solaire soit co
155 ne toute-puissance illusoire d’ailleurs, mais qui nous conduit à la catastrophe. Finalement, vous êtes quelqu’un de très sub
156 je ne sortirai jamais des idées personnalistes de notre jeunesse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c
157 Dandieu. Mais c’est vrai qu’entre personnalistes nous l’utilisions souvent. Vous le pensez toujours ? Absolument. Cela a ét
158 ourd’hui, toute la question est de savoir comment nous allons changer de cap… Oui justement, comment changer de cap ? Plus j
159 us de pétrole et plus de centrales nucléaires qui nous tueront tous. Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’est pas fo
160 sion qu’il s’agit d’opérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne
161 sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne recevra pas d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. So
162 la première fois dans l’Histoire, cela dépend de nous . Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confiance cep
163 emière fois dans l’Histoire, cela dépend de nous. Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confiance cependant
164 e quarante ans ne cesse d’avertir des dangers qui nous menacent : la terre est pillée, le pétrole, les minerais, l’eau s’épu
165 talitarisme des États-nations… Denis de Rougemont nous a longuement reçu dans la vieille ferme jurassienne qu’il a aménagée
166 du xxe siècle. Parce qu’il indique l’avenir que nous avons à faire. » n. Sur l’original : « … interrogez toujours si vous
7 1978, Articles divers (1978-1981). « Quel avenir voulons-nous ? » (1er février 1978)
167 « Quel avenir voulons- nous  ? » (1er février 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est notre
168 ier 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est notre affaire paraît être la somme de vos réflexions depuis quarante ans.
169 e aux Européens . Vous écrivez que l’avenir est «  notre enjeu et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure
170 . Vous écrivez que l’avenir est « notre enjeu et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons
171 lus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons dans un milieu entièrement « humanisé », fait de main d’homme
172 de le reconnaître, d’en assumer les conséquences, nous ne cessons de parler « d’impératifs technologiques », « d’impératifs
173 tionale, etc., autant de mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qu
174 le, etc., autant de mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fai
175 e mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais
176 hes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos
177 n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos désirs, dont la technique n’est que l’outil. Dans ce livre, je cherch
178 ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis
179 tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis les tremblement
180 lements de terre — et il n’est pas improbable que nous parvenions aussi à les contrôler d’ici peu — je n’ai rien trouvé dans
181 le pur résultat du hasard ou de la nature. Et si nous continuons sur la lancée actuelle, nous serons tous responsables des
182 re. Et si nous continuons sur la lancée actuelle, nous serons tous responsables des catastrophes futures — prévisibles et ca
183 rquoi il est très important de savoir quel avenir nous voulons. Mais précisément, n’a-t-on pas aujourd’hui développé la fut
184 mes. Mais c’est finalement toujours le même jeu : nous utilisons les calculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver nos
185 lculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver nos responsabilités. Exactement comme Adam et Ève dans l’histoire de la G
186 onnée. » Or le serpent, lui, il n’est plus là… De nos jours, c’est la même chose. Les « impératifs » que nous brandissons,
187 ours, c’est la même chose. Les « impératifs » que nous brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles.
188 que nous brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles. Vous savez d’ailleurs qu’en 1942, j’ai écri
189 le où je montre que l’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passio
190 que l’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulg
191 Occident . La passion qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous re
192 passion qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsabl
193 ne drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est n
194 nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire
195 re libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire peut se définir co
196 aîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire peut se définir comme un essai de morale traitant de l’homme
197 our dans une société est fondamentale. C’est dans nos manières d’aimer que se trouve aussi la racine de mondes politiques d
198 mpossible d’espérer bâtir une communauté libre si nous commençons par « rater le couple ». Votre exemple de l’amour-passion
199 deux, l’uniformisation. Si une certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus cap
200 e certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus capable d’aimer l’autre en tant q
201 re plus capable d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus capables de devenir les éléments d’une cité, d’une com
202 ts d’une cité, d’une communauté libre. L’État, de nos jours, est comparable à la passion parce qu’il n’aime plus les gens,
203 roissant. Vous dites à la fois que « l’avenir est notre affaire » et que trop de facteurs interviennent pour que l’on puisse
204 st développé le pétrole, dont l’importance unique nous fait dépendre des pays producteurs du monde arabe et du Proche-Orient
205 t c’est la deuxième partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’une s
206 couvrir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible ! Max
207 ir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible ! Max Erns
208 uvrement. Lévi-Strauss venait de temps en temps à nos réunions surréalistes, à l’École libre des hautes études, que nous av
209 réalistes, à l’École libre des hautes études, que nous avions créée là-bas. Avec André Breton, nous sillonnions New York à l
210 que nous avions créée là-bas. Avec André Breton, nous sillonnions New York à la recherche d’une terrasse de café, que nous
211 w York à la recherche d’une terrasse de café, que nous ne trouvâmes jamais. Parfois, dans la 5e Avenue, Breton me signalait
212 dans la 5e Avenue, Breton me signalait S. Dali et nous changions immédiatement de trottoir. Vous savez que Breton avait surn
213 « big man » (les Américains adorent ça), mais ils devaient se contenter de Dali, car Breton les tenait tous à distance. Je ne l’
214 rt l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la revoir, ce qui suscitait un attachemen
215 qui suscitait un attachement dramatique à ce que nous risquions de ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas ma
216 ’État-nation ». Dans votre ouvrage, L’Avenir est notre affaire , vous dites que l’État moderne, centralisé, n’a d’autres for
217 , centralisé, n’a d’autres forces que la somme de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètemen
218 d’autres forces que la somme de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètement sur l’État de ce
219 de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore s
220 nous décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui toujours plu
221 tions, de facilités, de garanties… alors que pour nous redonner bonne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’acca
222 s… alors que pour nous redonner bonne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’accabler. Cela ne lui fait d’ailleur
223 mplètement isolé de la population. Pourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce q
224 ourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoyens re
225 sultat de notre impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoyens responsables que l’État devient de plus e
226 et le citoyen de plus en plus isolé. Aujourd’hui, nos démissions vont encore plus loin. Les centrales nucléaires sont des o
227 e la propagande, depuis dix ou quinze ans, tend à nous faire croire que ce sera concurrentiel, inoffensif et indispensable.
228 roissante et sans doute redoutable de l’État dans nos vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-nation, les dive
229 l pour revenir à un mode de vie communautaire qui nous soit propre en essayant de passer progressivement d’une technologie «
230 emont Denis de, « [Entretien] Quel avenir voulons- nous ? », Magazine littéraire, Paris, 1 février 1978, p. 66-68. k. Propos
231 its par le chapeau suivant : « Avec L’Avenir est notre affaire (éd. Stock), Denis de Rougemont pose cette question cruciale
232 ougemont pose cette question cruciale : où allons- nous  ? et marque la nécessité de reformer les communautés à l’échelle huma
8 1978, Articles divers (1978-1981). 20 questions à Denis de Rougemont (22 février 1978)
233 ire de l’énergie nucléaire ? Voyez-vous, quand on nous fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tout résoudre, on
234 pas en évidence certains chiffres : cette énergie devrait théoriquement couvrir d’ici la fin du siècle 20 à 30 % de nos besoins
235 ement couvrir d’ici la fin du siècle 20 à 30 % de nos besoins, alors que le pétrole couvre actuellement 80 %. Or, si on éco
236 vous décrire à propos des multinationales. Ils ne doivent pas nous obnubiler. Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à
237 à propos des multinationales. Ils ne doivent pas nous obnubiler. Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à la place
238 x pour autant qu’il soit responsable. Que voulons- nous  ? Un certain niveau de vie que d’autres ont calculé pour nous ? Ou un
239 rtain niveau de vie que d’autres ont calculé pour nous  ? Ou un mode de vie propre et particulier que chacun construit pour s
240 x à quinze ans à venir. La question n’est pas là. Nous avons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et
241 ons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ?
242 avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la to
243 quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la toute petite crise du pétrole
244 ur cela, la toute petite crise du pétrole de 1973 nous a appris beaucoup de choses. Cette crise n’a pas été grave, mais les
245 Vous dites dans votre livre : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise
246 ue l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’av
247 n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contraintes
248 illes, comme celle des déchets nucléaires, limite nos possibilités d’avenir. 14. Vous vous attaquez au Pouvoir, la croissan
249 umains, la plus vraie. 15. Vous êtes un témoin de notre temps et vous avez émis depuis que vous écrivez des opinions très cla
250 emps des cavernes, où l’on vous accuse de vouloir nous ramener et vous répondez : « On vous les laisse, elles sont pleines d
251 st également une belle formule. 18. L’Avenir est notre affaire est un best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’est pas p
252 ez fréquemment que j’écris les choses comme elles doivent être dites, sans prendre les gens pour des imbéciles. En fait, je dis
253 mme dont l’œuvre a marqué, marque plus que jamais notre culture européenne, a atteint maintenant la septantaine. Il reste éto
254 , de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est notre Affaire (Stock), publié il y a quelques mois, est sur la liste des b
255 de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont nous n’osons parfois même plus imaginer l’existence. Il ne se contente pas
256 gions et les rapports personnels que l’on sauvera notre monde d’une crise qui le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, o
257 le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, on nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de
258 nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes.
259 u cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’uniq
260 sabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’unique but de la société… C’est tonique
9 1978, Articles divers (1978-1981). « Que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre ? » (22 février 1978)
261 autre part. Dans son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’il appelle une histoire de fous : celle de
262 us permis aujourd’hui de raconter des bobards sur nos besoins, juste parce qu’on est payé pour le faire. Si on ne construit
263 celle du déplacement ? Et puis, encore une fois, nous vivons dans un monde aux ressources limitées : les métaux, eux aussi,
264 ent un effort gigantesque et inutile, parce qu’il devra cesser très prochainement. Il vaudrait mieux concentrer les attention
10 1978, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1978)
265 L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1
266 . M. Cioran, je crois, qui a défini L’Avenir est notre affaire comme la « méditation apocalyptique d’un optimiste ». Je me
267 emporte : l’évidence de cette Apocalypse que vous nous décrivez, ou cette confiance obstinée en un avenir différent, un aven
268 avenir différent, un avenir qui deviendrait enfin notre affaire. Je vous répondrai très nettement. Ce que j’ai voulu écrire —
269 firme que, si l’on n’y remédie pas, la logique de notre civilisation scientifique, technique et industrielle nous mène tout d
270 ilisation scientifique, technique et industrielle nous mène tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons
271 ne tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons d’habitude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de
272 s économiques ou politiques. Le monde dans lequel nous vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos respons
273 litiques. Le monde dans lequel nous vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas
274 c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas perpétuellement nous cacher derrière des pa
275 dre nos responsabilités et ne pas perpétuellement nous cacher derrière des paravents. C’est sur une telle résignation que jo
276 sur une telle résignation que jouent les gens qui nous vendent des centrales nucléaires. « L’humanité a besoin de doubler sa
277 des promoteurs ou des technocrates : ils veulent nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il
278 ils veulent nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il est vain de lutter contre le progrès
279 utter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si nous refusons les centrales nucléaires, nous allons tout droit vers l’âge
280 oin. « Si nous refusons les centrales nucléaires, nous allons tout droit vers l’âge des cavernes », affirment-ils. Affirmati
281 serait d’abord dans l’arrêt du gaspillage. De là, nous pouvons gagner 20 % à 30 %. Les centrales nucléaires n’en donneront m
282 les nucléaires n’en donneront même pas autant. On nous annonce qu’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’énergie,
283 vous l’un de ces points clés sur lesquels se joue notre avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai t
284 oue notre avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai tant parlé des centrales nucléaires dans mon
285 de cette lutte ? Vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire que seules les communautés permettraient à l’homme de repren
286 ste-t-il ? L’individu, la personne… Qu’est-ce qui nous empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous emp
287 u’est-ce qui nous empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus im
288 créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à de
289 que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrophes p
290 êche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne nous em
291 catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne nous empêche de construire, chacun où nous sommes, une société meilleure q
292 es. Rien ne nous empêche de construire, chacun où nous sommes, une société meilleure qui réponde à d’autres finalités que ce
293 nes, l’épanouissement de l’individu. Je crois que nous devons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités,
294 l’épanouissement de l’individu. Je crois que nous devons , tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nou
295 vons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exemple — et cela ne
296 d’énergie, par exemple — et cela ne dépend que de nous . Il faut refuser ainsi le tout-électrique de l’EDF, qui représente un
297 moyens beaucoup moins coûteux… C’est ainsi qu’il nous faut prendre position sur tous les domaines de la vie quotidienne et
298 faitement vain. Le tiers-monde a été persuadé par nos soins que notre mode de vie représente le progrès, il veut non seulem
299 . Le tiers-monde a été persuadé par nos soins que notre mode de vie représente le progrès, il veut non seulement nos autorout
300 vie représente le progrès, il veut non seulement nos autoroutes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes
301 rogrès, il veut non seulement nos autoroutes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes en face d’une crise
302 tes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes en face d’une crise absolument inévitable, et pourtant tout se
303 table, et pourtant tout semble continuer comme si nous avions du pétrole pour des siècles. C’est absurde. D’ici cinq ans, il
304 s-monde de rouler en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous, continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’au
305 er en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous , continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’autre part, cela
306 ellement exclu que le tiers-monde rejoigne jamais notre niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matièr
307 matières premières dans le monde pour cela. Alors nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de donner l’exemple. C’est de cré
308 faire l’économie de cette crise industrielle qui nous guette, en remplaçant la technique dure par la technique douce beauco
309 de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos maladies. Lorsque, dans les années 1930, vous développiez pour la pre
310 rait là des solutions possibles à cette crise que nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notre groupe personnalist
311 nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notre groupe personnaliste rassemblé autour des revues Esprit et L’Ordre
312 sez bien prévu ce qui était en train de se faire. Nous pressentions les désastres auxquels la productivité sans limites deva
313 s désastres auxquels la productivité sans limites devait nous conduire, non seulement d’un point de vue économique mais aussi
314 tres auxquels la productivité sans limites devait nous conduire, non seulement d’un point de vue économique mais aussi socia
315 int de vue économique mais aussi social et moral. Nous disions que si des gens comme Hitler, Staline ou Mussolini bénéficiai
316 andes villes, la destruction de toute solidarité. Nous préconisions des solutions comme le service civil… Mais nous sommes r
317 isions des solutions comme le service civil… Mais nous sommes restés des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’app
318 s nous sommes restés des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’appellerais un levier. Or ce levier, chose extraord
319 En fait, elles n’ont pas à être délimitées, elles doivent se reconnaître, comme si on tâtait aveuglément le terrain. Tout cela
320 s comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez nous se feraient tuer pour ces frontières qui scindent les anciens royaume
321 , en somme, à la possibilité d’une renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de
322 e renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation occidentale déco
323 rait la fin de l’humanité ? » Il m’a dit : « Non, nous avons essayé avec quelques amis de faire des calculs ; il restera bie
324 e ne veux pas préjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une visi
325 Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : no
326 s. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : nous sommes là pour faire quelque chose. J’imagine qu’un non-chrétien pour
327 de ces esprits humanistes ou encyclopédiques que notre siècle ivre de spécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est not
328 pécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est notre affaire relève en effet de disciplines aussi diverses que la science
329 lequel je n’aurais jamais pu absorber ce que j’ai absorber. Et ce n’est pas tout. Il y a eu ensuite le temps des vérifi
330 que j’écrive ce qui allait devenir L’Avenir est notre affaire . J’étais plutôt réticent. Je multipliais les objections (j’a
331 y ai consacré ensuite quatre années d’efforts… Je dois préciser encore que mon éditeur habituel est Gallimard, qui regroupe
332 de gens qui me demandaient ce qu’ils pouvaient et devaient faire, là où ils étaient. Bref, j’ai été confirmé dans ce que j’avais
333 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste », Hachette-Inf
334 e revenir — guides pour le passé et le devenir de notre civilisation. Il y a quelques mois, les Éditions Stock ont publié L’
335 mois, les Éditions Stock ont publié L’Avenir est notre affaire . Sous ce titre en forme de manifeste, Denis de Rougemont s’e
336 dégradation des relations humaines, caractérisent notre fin de siècle avec ses villes ingouvernables, ses ressources naturell
337 es. C’est à cette Apocalypse que tous les experts nous promettent, qu’il a opposé ses idées régionalistes et les expériences
338 Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est notre affaire , des thèmes qu’il aborde et des échos qu’il a suscités. »
11 1978, Articles divers (1978-1981). De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)
339 ns, mais une nécessité qui sera subie par tous si nous ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; q
340 s si nous ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; qu’elle n’est donc pas un vague idéalisme, mais
341 oliticiennes. ⁂ Prenons pour point de départ dans notre siècle l’année 1924. Cette année-là, à Vienne, le jeune comte Coudenh
342 hiquement groupés, comme les peuples d’Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. Évidemment, l’association agir
343 n respect religieux de la souveraineté absolue de nos États. Étonnante anticipation sur la formule du Marché commun, qui na
344  C’est sur le plan de la souveraineté absolue que doit être réalisée l’entente entre Nations européennes… » On sait que la p
345 européennes… » On sait que la proposition Briand devait rester sans suite : non seulement parce que les États membres, dans l
346 té et des espoirs qui concordent étrangement avec les nôtres . […] Que l’orgueil et l’égoïsme éventuels des gouvernements, les prin
347 irment que la vie des peuples qu’ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécurité, la justice so
348 tre de Gaulle et les fédéralistes européens. Mais nous ne sommes encore qu’en 1944. Un an plus tard, la guerre finie, que va
349 Union européenne des fédéralistes. Leurs motifs ? Nous venons de les voir. Ce sont 1° le refus de toute nouvelle guerre euro
350 er la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquel
351 aquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons construire une sorte d’États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, d
352 le elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons construire une sorte d’États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, des cent
353 onstruire les États-Unis d’Europe, leur structure devra être conçue de telle sorte que la puissance matérielle de chaque État
354 circuler mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
355 r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
356 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
357 oderne. À défaut d’une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
358 nion librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
359 oit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’outremer associés à nos destinées,
360 ns édifier avec les peuples d’outremer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
361 politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
362 défense et pour l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont malgré toutes ses infidélités, l’Europe
363 rce est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en él
364 t l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les
365 our en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son
366 ce à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la pa
367 de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous , Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce
368 peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les rés
369 ivants, qui résument les résolutions adoptées par notre congrès : 1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son éten
370 t les résolutions adoptées par notre congrès : 1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre cir
371 irculation des hommes, des idées et des biens. 2) Nous voulons une Charte des droits de l’homme, garantissant les libertés d
372 le libre exercice d’une opposition politique. 3) Nous voulons une Cour de justice, capable d’appliquer les sanctions nécess
373 nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les forces v
374 où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de to
375 ées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
376 enons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos égli
377 l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos mili
378 s nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicau
379 ns nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et
380 n public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements
381 au vrai génie européen et à la culture commune de nos peuples, donnera lieu, un an après le congrès de La Haye, à la créati
382 que le traité rejeté par la France en août 1954, devait inaugurer la série des échecs qu’eut à subir l’idée européenne au cou
383 epuis plusieurs années la plupart des journaux de nos pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colo
384 s « unis » ou « confédérés » — dont les ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous
385 s trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pa
386 cela soit perdu — comme si tout cela n’était pas nous  ? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs étra
387 d’union. Rétablir la productivité industrielle ? Nous n’y avons que trop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’ép
388 elle ? Nous n’y avons que trop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’épuisement des ressources non renouvelables,
389 d’épuisement des ressources non renouvelables, et nos indices de chômage. Assurer la paix ? Nos États se préparent plutôt,
390 es, et nos indices de chômage. Assurer la paix ? Nos États se préparent plutôt, pour rétablir leur balance commerciale, à
391 t de se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici nous devons confesser l’échec total : il n’y a pas, dans aucun domaine fon
392 se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici nous devons confesser l’échec total : il n’y a pas, dans aucun domaine fondamenta
393 les premiers à lancer la révolution industrielle, nous avons déjà fortement entamé nos ressources non renouvelables et nous
394 on industrielle, nous avons déjà fortement entamé nos ressources non renouvelables et nous ne pouvons plus compter sur un a
395 tement entamé nos ressources non renouvelables et nous ne pouvons plus compter sur un accès automatique à la plupart de nos
396 compter sur un accès automatique à la plupart de nos sources extérieures d’approvisionnement. La crise du pétrole en 1973
397 ent. La crise du pétrole en 1973 a montré combien notre économie était devenue vulnérable à des événements politiques lointai
398 des événements politiques lointains sur lesquels nous n’exerçons aucun contrôle, et qui nous trouvent d’autant plus désarmé
399 r lesquels nous n’exerçons aucun contrôle, et qui nous trouvent d’autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premie
400 , et qui nous trouvent d’autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premiers secours mutuels, ni aucune politique c
401 ore loin de rendre compte de toute la réalité que doivent affronter aujourd’hui les habitants de la péninsule Europe. Tous les
402 Europe. Tous les observateurs lucides de l’époque nous répètent qu’il s’agit désormais d’orienter autrement le « développeme
403 mais d’orienter autrement le « développement » de notre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les prem
404 tre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les premiers dans le monde et pendant longtemps les seuls à
405 mmunistes, socialistes et libéraux ? Mais si cela doit nous mener de crise en crise et de pénuries en famines au désastre fi
406 stes, socialistes et libéraux ? Mais si cela doit nous mener de crise en crise et de pénuries en famines au désastre final d
407 quelle ne peut pas être comptabilisée ? Demandons- nous alors qui peut imaginer, vouloir et réaliser ce changement de cap. Il
408 rd’hui de reproduire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons
409 ire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (I
410 ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos e
411 s tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole q
412 vertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole qui exigent des c
413 t nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole qui exigent des centrales nucléaires, etc.) Il y
414 plus c’est grand et mieux cela vaut. Reste alors notre « vieille Europe » : elle a été la première à inventer le Progrès, pu
415  : quelle Europe ? Car il y en a deux. L’histoire nous montre la naissance dans la Grèce des cités autonomes, d’une Europe d
416 mesure, et de la tolérance socratique. Mais elle nous montre aussi, dans la Rome impériale la naissance de ce qui deviendra
417 euxième Europe qui s’oppose à l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est cet
418 l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est cette deuxième Europe que le tier
419 evant les grands défis mondiaux que j’ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous
420 j’ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous ne pourrons survivre aux crises inév
421 lques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous ne pourrons survivre aux crises inévitables en nous bornant à leur op
422 us ne pourrons survivre aux crises inévitables en nous bornant à leur opposer fermement nos prétendues « souverainetés natio
423 vitables en nous bornant à leur opposer fermement nos prétendues « souverainetés nationales », c’est-à-dire de la rhétoriqu
424 à-dire de la rhétorique. Le choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situatio
425 e choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe dans la conj
426 la réalité de l’état de division du continent. Si nous nous sentions Européens, membres d’une communauté fédérale d’environ
427 alité de l’état de division du continent. Si nous nous sentions Européens, membres d’une communauté fédérale d’environ 400 m
428 les 100 millions des satellites de l’Est puissent nous rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes excessives les 220 m
429 des satellites de l’Est puissent nous rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes excessives les 220 millions d’Améric
430 Super-Grands additionnés n’atteindraient même pas notre taille ! Il est bien clair que le nombre des habitants ne dit pas tou
431 ou le bonheur d’un peuple, mais s’il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités, cet exemple i
432 es quantités, cet exemple illustre assez bien que notre défaitisme actuel n’est justifié que par notre état de division, par
433 ue notre défaitisme actuel n’est justifié que par notre état de division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représen
434 é que par notre état de division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représentations exagérément pessimistes, et dan
435 division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représentations exagérément pessimistes, et dans l’attente d’une réun
436 d’injustices intolérables. Il n’est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de l
437 lérables. Il n’est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de la valeur d’échan
438 rs la guerre. Devant cette menace totale — née de nos œuvres, ne l’oublions pas —, la vocation de l’Europe est de donner au
439 ressions irréversibles contre la Nature et contre nos descendants durant vingt-quatre-mille ans (car telle est la « période
440 » du plutonium que l’on se prépare à stocker dans nos cavernes) ; 3° réduire ainsi au minimum la centralisation, qui toujo
441 ours plus angoissante des relations humaines dans notre société : égoïsme de classe, délinquance, prises d’otages, terrorisme
442 a formation progressive de fédérations de régions nous paraissent désormais évidents, les moyens d’amorcer la pratique des r
443 es populaires et de la jeunesse la plus active de nos pays, dans toutes les classes, pas seulement chez les intellectuels.
444 nse monte lentement dans les consciences et déjà, nous le voyons déterminer l’actualité européenne la plus brûlante : c’est
445 ant mais sans violence, et de croire de nouveau à notre avenir commun. Écologie – régions – Europe : même avenir ! ⁂ Cette t
446 pas au vote du budget de Bruxelles. Il voudra, il devra traduire au plan de l’Europe les motifs nouveaux qui l’auront fait él
447 eusement motivée : l’avenir de l’Europe est aussi notre affaire ! t. Rougemont Denis de, « De l’Europe des États coalisés
12 1978, Articles divers (1978-1981). Pleine page sur Denis de Rougemont (14-15 mai 1978)
448 rès de la porte d’Orléans : le « Moulin Vert » et nous avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ai fait la connaissa
449 le « Moulin Vert » et nous avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ai fait la connaissance d’Emmanuel Mounier, Jacq
450 es pasteurs, des religieux. C’était le creuset où devaient naître les mouvements personnalistes Esprit et l’Ordre nouveau, ce de
451 ur lorsque l’équivoque est entretenue à ce sujet. Nous voulions une évolution basée sur la liberté des personnes et non sur
452 des personnes et non sur la puissance collective. Nous étions communalistes, partisans de la libre entreprise gérée par l’au
453 udhon qui dénonçait déjà la folie des frontières. Notre cheval de bataille, c’était le service civil pour tous, afin de prend
454 Et pour démontrer que l’expérience était possible nous sommes allés travailler en usine pendant nos vacances universitaires
455 ble nous sommes allés travailler en usine pendant nos vacances universitaires afin que des ouvriers puissent bénéficier de
456 rois semaines de congés payés en leur abandonnant nos salaires. Quelques années plus tard, avec le Front populaire, les con
457 populaire, les congés payés se sont généralisés. Notre groupe a découvert très vite que les démocraties de l’Ouest allaient
458 guerre contre le totalitarisme, que cette guerre, nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre, mais celle des na
459 e contre le totalitarisme, que cette guerre, nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre, mais celle des nationalism
460 nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre , mais celle des nationalismes. Lecteur français à l’Université de Fra
461 Lecteur français à l’Université de Francfort, je devais en 1938 consigner dans un livre, Journal d’Allemagne , mes impressio
462 libraires de Vichy. … La guerre est arrivée comme nous l’avions toujours su. J’ai été mobilisé en Suisse. Esprit a été int
463 rdit. L’Ordre nouveau a cessé de paraître. Mais notre mouvement de pensée s’est transmis à travers la Résistance et est res
464 rs la Résistance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaie
465 Résistance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient ét
466 nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient été décapités mais au cours du conflit nous ét
467 ds avaient été décapités mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les fronti
468 s mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les frontières en guerre. Il y av
469 ux pour préparer un manifeste européen par lequel nos idées survivaientx. Nous voulions que soit dépassé le dogme de la sou
470 feste européen par lequel nos idées survivaientx. Nous voulions que soit dépassé le dogme de la souveraineté nationale. Quan
471 ’Europe par la culture. L’idée s’est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’êtes-vous pas trop déçu par le retard accumulé dans
472 t s’effondrer. À l’époque du congrès de Montreux, nous étions quelque cent-mille membres à militer dans l’Union européenne d
473 ujourd’hui que quelques milliers de cotisants. Il nous a manifestement manqué un levier pour soulever le poids de l’indiffér
474 Rome a mis en évidence les grandes directives qui devraient conduire l’humanité jusqu’au seuil de l’an 2000 mais un de nos minist
475 l’humanité jusqu’au seuil de l’an 2000 mais un de nos ministres a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais vos idées en
476 serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont tro
477 dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour c
478 les Pays-Bas… Les élections au Parlement européen devaient avoir lieu en 1978. Elles ont été reculées d’une année. Pour vous est
479 un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard. Nous en profitons à l’Institut pour préparer un rapport sur l’état de l’un
480 e premier échelon de la région est la commune qui doit savoir se rendre autonome, qu’il s’agisse de bâtir une école, de lutt
481 méliorer les voies de communication sans détruire nos cultures ou nos rues. Comme le problème est le même pour les communes
482 es de communication sans détruire nos cultures ou nos rues. Comme le problème est le même pour les communes voisines, la so
483 est au niveau de la région qui est le mot-clé de notre avenir si nous le voulons démocratique. Sur un autre plan la lutte c
484 e la région qui est le mot-clé de notre avenir si nous le voulons démocratique. Sur un autre plan la lutte contre la pollut
485 au moins quarante-cinq régions transfrontalières. Nous avons un exemple de ce qui peut se faire avec la région genevoise. Vi
486 pour prendre des mesures à travers la frontière. Nous sommes passés là de la théorie à la réalisation sur le terrain. On y
487 législation sociale, d’enseignement, d’écologie ( nous avons à assurer en commun la protection du lac Léman). C’est du bon t
488 x la définition de Jean Fourastié : « l’Europe va nous tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’auron
489 rastié : « l’Europe va nous tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». J
490 sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». Je crois aux jeunes pour faire l’Eur
491 ne s’arrêtent pas aux frontières. C’est pourquoi nous avons lancé une campagne d’éducation civique européenne reprise par B
492 de moi-même à la remise en état de cette maison”, nous a dit Denis de Rougemont après nous avoir accueilli dans l’ancienne é
493 ette maison”, nous a dit Denis de Rougemont après nous avoir accueilli dans l’ancienne écurie devenue un vaste cabinet de tr
494 ause d’elle que son dernier ouvrage L’Avenir est notre affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté
495 venir est notre affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté à l’imaginer dans un autre cadre, ce ré
496 Denis de Rougemont s’interroge sur la finalité de notre civilisation et s’il affirme que “se gouverner vaut mieux qu’être bie
497 (un slogan des autonomistes écossais), c’est pour nous amener à la réflexion sur l’importance de l’autogestion politique. Il
498 n sur l’importance de l’autogestion politique. Il nous a également rappelé ce qu’écrivait Paul Valéry au lendemain de la der
499 i les concernent et qui ont été prises sans eux”. Nous pensions donc trouver à Ferney un observateur attentif mais distant d
500 eur attentif mais distant du monde d’aujourd’hui. Nous avons trouvé un vigoureux contestataire de la société actuelle et qui
13 1978, Articles divers (1978-1981). Questions gênantes mais fécondes (26 juillet 1978)
501 que. Elle interpelle globalement tout l’effort de notre civilisation industrielle, scientifico-technique, quantitative, vouée
502 e : « Jusqu’à quand et jusqu’où la croissance que nos gouvernements sont unanimes à prôner — ils n’en discutent plus guère
503 l n’y croyait pas. Voilà qui est grave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement notre interrogation fondamentale : « À
504 ave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement notre interrogation fondamentale : « À quelle date la croissance industriel
505 d’un service de presse auquel le Touring-Club ne doit pas être étranger, il m’a été répondu triomphalement que « personne n
506 vont et refusent même de ralentir pour y penser : nous tous, je le crains. Mais attention : résoudre les problèmes que nous
507 ains. Mais attention : résoudre les problèmes que nous pose la croissance, au sens actuel, ce ne serait pas encore le bonheu
508 ou de gauche et, avec eux, l’immense majorité de nos contemporains. Et c’est ce que pourra faire sentir à quelques-uns cet
14 1978, Articles divers (1978-1981). Paradoxes marxiens (septembre 1978)
509 ignore généralement, c’est le Marx précurseur de notre écologie. Plus de cent ans avant la crise déclarée sous nos yeux, alo
510 ie. Plus de cent ans avant la crise déclarée sous nos yeux, alors que les villes, au sens actuel de la Chose, n’étaient enc
511 il n’y a pas seulement Staline, comme on a voulu nous le faire croire ; il n’y a pas seulement le Lénine de mars 1918, décl
512 au congrès du parti communiste : « En ce moment, nous sommes absolument pour l’État.12 » Il y a tout simplement le Marx du
15 1978, Articles divers (1978-1981). Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)
513 caine] (24 septembre 1978)aa ab D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
514 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. Spinoza Quand on arrive chez C. F. Ramuz, dans une
515 s ? Jusqu’à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici, nous sommes Savoyards. Les deux rives du Léman et la vallée du Rhône, c’es
516 t une même civilisation. De ce côté-ci du lac, on nous a fait devenir protestants, c’est-à-dire qu’on a voulu remplacer nos
517 protestants, c’est-à-dire qu’on a voulu remplacer nos verres de vin blancs par des tasses de thé, mais c’est superficiel… E
518 utes les langues… » Et Ramuz s’empare d’un atlas. Nous ne parlerons que de géographie, de races… Non, il avise un petit nid
519 de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que Ramuz nous fait voir. À travers le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanité. ⁂
520 e (Si le Soleil ne revenait pas, Les Signes parmi nous ), sa réalisation (Présence de la mort) ou ce qui la suivra (Joie dans
521 e la poésie qu’avec l’antipoétique — écrit Ramuz. Nos vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme les a
522 les questions dernières : le voici dressé devant nous , comme si Dieu venait parler lui-même sur les places et dans les café
523 urs, celles qui rassurent… Ainsi les catastrophes nous ont surpris, en 1939 dans notre Europe, un peu plus tard, ici, le soi
524 i les catastrophes nous ont surpris, en 1939 dans notre Europe, un peu plus tard, ici, le soir de Pearl Harborad. On devait s
525 peu plus tard, ici, le soir de Pearl Harborad. On devait s’y attendre et l’on n’y croyait pas. C’était vrai et ce n’était pas
526 pas. C’était vrai et ce n’était pas possible. Et nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz : nous avons refusé de voi
527 nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz : nous avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos c
528 e voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos consciences. Et la vie s’est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas d’a
529 ues les plus profondes que l’on puisse prendre de notre condition d’êtres condamnés en principe, faits pour aimer, destinés à
16 1978, Articles divers (1978-1981). L’amour, pas la guerre (19-25 octobre 1978)
530 énéfices de l’armement Il n’y a pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de société. L’État-nation fo
531 pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de société. L’État-nation fonctionne pour la guerre. C’est sa vo
532 us la guerre risque d’être un holocauste général. Doit -on encore le démontrer ? Avec les armes que nous possédons, nous ne p
533 Doit-on encore le démontrer ? Avec les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit intern
534 le démontrer ? Avec les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit international qui, à c
535 les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit international qui, à coup sûr, éliminerait
536 ûr, éliminerait le genre humain. Tout ce que l’on nous raconte pour nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirige
537 genre humain. Tout ce que l’on nous raconte pour nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirigeants, les centrale
538 our nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirigeants, les centrales nucléaires n’auront plus de raison d’être d
539 attendant le déluge… l’énergie nucléaire devient notre principale source de revenus. Et l’on oublie, entre autres, les énerg
540  ! nul ne souhaite la fin prématurée de l’espèce. Nous avons cependant atteint un seuil critique. Si le risque est mortel (t
541 uce, l’air, les sols. Les déchets radioactifs que nous sommes obligés de stocker (mais où ? pour l’instant on les jette dans
542  ? pour l’instant on les jette dans les océans !) devront faire l’objet d’une surveillance constante pendant… cent-mille ans !
543 constante pendant… cent-mille ans ! Beau cadeau à nos descendants ! Halte aux pouvoirs anonymes « L’Amoco-Cadiz » ne
544 lte aux pouvoirs anonymes « L’Amoco-Cadiz » ne devait pas couler, n’est-ce pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mai
545 réoccupe pas seulement de cet aspect effrayant de notre « désolante civilisation qui dégrade tout et convertit en un slogan,“
546 un scénario, celui-ci infiniment plus optimiste. Nous avons les moyens de sauver in extremis « l’environnement », la nature
547 bitants. Mais ce sauvetage n’aurait aucun sens si nous ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore l
548 ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore là mais aliénés, incapables de jouir de la vie. Les gen
549 ées que j’évoque dans mon projet : « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation ne doit plus empêcher les régions de s’expri
550 « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation ne doit plus empêcher les régions de s’exprimer, de créer, d’inventer… mais d
551 foule solitaire. » Pour que le meilleur gagne en nous , ajoute-t-il, il nous faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se
552 ur que le meilleur gagne en nous, ajoute-t-il, il nous faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se demander : « Que puis
553 ibles à l’aspect « œuvre commune » du mariage que nous l’étions autrefois. Je vois là une espérance. Pour moi, le couple de
554 onsidérable. Tous ensemble, et quelles que soient nos tendances politiques, nous allons enfin tenter de réaliser, autrement
555 , et quelles que soient nos tendances politiques, nous allons enfin tenter de réaliser, autrement que par la force, un conti
556 cratisme tentaculaire et centralisateur de l’État doit disparaître. La diversité des régions et des provinces doit s’épanoui
557 raître. La diversité des régions et des provinces doit s’épanouir”. C’est en tout cas le vœu fervent de Denis de Rougemont.
558 Rougemont. Dans son dernier livre : L’Avenir est notre affaire (ouvrage passionnant pour qui veut comprendre les bouleverse
559 alisme européen évitera la catastrophe à laquelle nous condamnent inéluctablement les “États-nations”, comme il surnomme les
560 ont, l’État, tel qu’il s’est constitué, maître de nos vies et de nos destins, a étouffé les particularismes régionaux qui f
561 l qu’il s’est constitué, maître de nos vies et de nos destins, a étouffé les particularismes régionaux qui faisaient le gén
562 qui faisaient le génie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que notre liberté personnelle se confondait avec la nation
563 ie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que notre liberté personnelle se confondait avec la nation. Le système, hérité
564 e l’organisme vivant qui le compose. C’est-à-dire nous tous. Sous menace de disparaître, le système doit tout contrôler de p
565 nous tous. Sous menace de disparaître, le système doit tout contrôler de plus en plus fermement (capitaliste ou communiste,
566 lysant ce qui se passe dans les pays développés — nos États-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu
567 ts-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu visite à Denis de Rougemont. Nous lui avons demandé de ré
568 me. Nous avons rendu visite à Denis de Rougemont. Nous lui avons demandé de résumer ce qui le tourmentait et ce qu’il propos
17 1978, Articles divers (1978-1981). Dialogue-interview avec Denis de Rougemont (novembre 1978)
569 us d’importance à l’avenir ? Les vrais acteurs de notre vie politique ne sont pas les partis socialistes mais les syndicats ;
570 sives (même si elles ne sont pas majoritaires) de notre vie politique. Ces formations ne sont ni de gauche, ni de droite ; el
571 écoute pas. » C’est donc eux qu’il faut suivre si nous voulons que la démocratie, non la technocratie, nous guide vers un av
572 s voulons que la démocratie, non la technocratie, nous guide vers un avenir vivable. Il faudrait pouvoir amener les gens à s
573 est la solution que vous proposez. Pourriez-vous nous préciser comment ce nouveau système s’articulerait ? Prenons garde to
574 n faut que ces droits existent dans la plupart de nos États-nationaux. Quelques exemples : le français est brimé dans le Va
575 a langue de son origine, de sa région. En Suisse, nous savons cela. Dans le canton des Grisons, on ne parle pas seulement l’
576 fait les principaux obstacles à toute union. Quel devrait être selon vous le rôle de la formation civique à l’école ? C’est l’É
577 siècle les nationalismes stupides qui essaient de nous faire croire que l’Europe est l’addition de 25 cultures nationales, a
578 au xixe siècle. C’est cela que l’École nouvelle doit apprendre aux enfants qui auront à affronter, demain, la crise de not
579 fants qui auront à affronter, demain, la crise de notre civilisation. Il faudra qu’ils apprennent que small is beautiful, que
580 ion du citoyen consiste à rendre conscient de ses devoirs envers lui-même et de ses responsabilités envers la communauté. Tout
581 la communauté. Tout homme est unique. Tout homme doit donc inventer sa voie vers le But absolu de toute vie — le même pour
582 omplir dans la communauté. M. Denis de Rougemont, nous vous remercions. ai. Rougemont Denis de, « [Entretien] Dialogue-in
18 1978, Articles divers (1978-1981). Le choix du siècle (novembre 1978)
583 ix se portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soit une société centralisée « exploitée de façon quasi milita
584 . Car il dépend essentiellement des finalités que nous voulons donner à notre vie : puissance collective et prestige de l’Ét
585 iellement des finalités que nous voulons donner à notre vie : puissance collective et prestige de l’État national — ou au con
586 Qui décidera ? 3. Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nou
587 hoix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les
588 il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pa
589 pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de
590 le dans les veines de la femme auprès de laquelle nous dormons » (déclaration du physicien Louis Leprince-Ringuet lors d’une
591 jour ou l’autre, vu l’inépuisable ingéniosité de nos techniciens — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire
592 e ingéniosité de nos techniciens — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de
593 être des hommes (ce qui n’est pas bien évident…), nous place devant le dilemme inévitable : centrales nucléaires ou chômage
594 ucléaire à peu près seule. Le seul espoir pour notre société occidentale 5. Nous sommes ici en présence d’une réaction
595 seul espoir pour notre société occidentale 5. Nous sommes ici en présence d’une réaction réellement démocratique et fédé
596 que économique avec l’image de l’homme à laquelle nous aspirons et les conditions politiques que nous souhaitons ». Le seul
597 le nous aspirons et les conditions politiques que nous souhaitons ». Le seul espoir, pour notre société occidentale, réside
598 iques que nous souhaitons ». Le seul espoir, pour notre société occidentale, réside dans des réactions spontanées de ce type,
599 nts qui m’ont le plus frappé, dans le rapport qui nous est présenté — Jenseits der Sachzwange : Au-delà des contraintes des
600 = moins d’emplois I. La pléthore d’énergie que nous vaudraient les centrales nucléaires serait nécessairement un facteur
601 argument qui a l’avantage d’être vrai et sérieux, devrait être répété sans relâche et avec tous les chiffres nécessaires à l’ap
602 n sur l’emploi ». À quelle croissance aspirons- nous  ? II. On présente les écologistes comme des ennemis du progrès. Il
603 comme des ennemis du progrès. Ils répondent avec notre document, que toute la question reste de savoir — « qu’est-ce qui doi
604 ute la question reste de savoir — « qu’est-ce qui doit croître au fait ? Les tours de refroidissement, les voies de transpor
605 ion à la page 180 : « Par croissance qualitative, nous entendons une offre plus riche de ces biens qui rendent la vie plus d
606 je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la vie sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier d
607 p. 5-6. ah. Présenté par la notice suivante : «  Nous présentons ici le texte complet du discours de D. de Rougemont, prono
608 lors de la conférence de presse où fut présentée notre Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du ch
609 tée notre Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabo
610 Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que ja
611 iècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que jamais, décider démocratiquement des aff
612 jamais, décider démocratiquement des affaires de notre pays. » Une note finale précise : « Les titres des paragraphes sont d
19 1979, Articles divers (1978-1981). Genève et l’Europe : un exemple de coopération transfrontalière [préface] (1979)
613 sque parut, il y a onze ans, le premier numéro de notre publication consacrée au problème régional : Naissance de l’Europe d
614 ement spéculatif, voire « trop nouveau » comme on nous le signifia, donc dépourvu de sérieux scientifique. Aujourd’hui c’est
615 niveau national dans les pays les plus divers de notre Europe : agitation ethnique et réaction jacobine en France, nouvelle
616 le rythme régulier de son progrès, le recueil que nous présentons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en
617 tons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en effet d’une région dont la formule se prête le mieux à la gé
618 s réguliers. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue de la g
619 formés pour étudier méthodiquement la région que nous appelions « lémano-alpine » dans sa plus grande extension, et qui all
620 n des régions frontalières » en 1972 — à laquelle notre Institut fut étroitement associé et dont notre bulletin publia les ra
621 le notre Institut fut étroitement associé et dont notre bulletin publia les rapports et les résolutions. D’autres manifestati
622 al suisse de la recherche scientifique (FNRS) que nous remercions ici une fois de plus. ak. Rougemont Denis de, « [Préface
20 1979, Articles divers (1978-1981). Hypothèses directrices pour la recherche d’un modèle de région transfrontalière (1979)
623 t encore à construire et sur laquelle n’existe, à notre connaissance, aucune étude fondamentale et systématique, la région fr
624 États régnant de part et d’autre de la frontière. Nous ne parlerons ici que des régions du second type, celles qui ne cesser
625 disparaissait. I. Les données du problème 1. Nous constatons d’abord que les problèmes écologiques, économiques, énergé
626 égions frontalières (non ces régions elles-mêmes, nous y reviendrons). 3. L’État-nation à souveraineté illimitée dans ses fr
627 ticipation civique réelle. Ceci, qui est capital, doit nous conduire à éliminer les définitions technocratiques, voire étati
628 ation civique réelle. Ceci, qui est capital, doit nous conduire à éliminer les définitions technocratiques, voire étatiques
629 il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notre avis, de partir des réalités locales et de constituer des pouvoirs lo
630 s — bien entendu — que les inégalités économiques doivent être maintenues à tout prix, mais seulement que la définition d’une r
631 e, moyens de chantage sur les voisins). e) Enfin, nous devrons nous méfier d’expressions telles que « découpage des régions 
632 yens de chantage sur les voisins). e) Enfin, nous devrons nous méfier d’expressions telles que « découpage des régions », ou « 
633 chantage sur les voisins). e) Enfin, nous devrons nous méfier d’expressions telles que « découpage des régions », ou « taill
634 s intérêts du Pouvoir central. Ces considérations nous orientent toutes vers la recherche d’une définition fonctionnelle des
635 : celle des économistes et celle des ethnicistes. Nous les avons renvoyées dos à dos dans les remarques précédentes. Partant
636 isse, centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous avons baptisée Région lémano-alpino. Les fonctions essentielles qui a
637 elle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous avions esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et p
638 ait écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots, les paroles de Cé qu’è lainô p
639 sauraient être localisées de la même manière sur notre carte. Sans liens constants avec un territoire, elles définissent des
640 est normale. Elle était implicitement prévue par nos hypothèses de travail. Si l’on refuse la pseudo-solution unitaire, st
641 e, on est conduit à reconnaître que chaque région doit avoir pour extension spatiale le territoire de sa réalité. Mais « pr
642 la pluralité des allégeances, pour la majorité de nos contemporains, c’est une espèce de scandale, c’est quelque chose d’im
643 d’impensable dans le cadre stato-national auquel nous a formé l’École aux trois degrés. (Mon pays bien clairement marqué « 
644 esançon, Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds) ? Pour nous , la « vraie » région sera celle où se vérifieront des relations circu
645 n inégalement superposées ou contiguës. Telle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question c
646 lle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question cruciale de la politique régionale proprem
647 collecte d’informations qui est en cours, et que nous avons initiée avec l’appui très efficace des services français de la
648 le de région à la fois fonctionnel et systémique, nous avons entrepris une série d’enquêtes portant sur les flux commerciaux
649 ration, ne pourra pas être établi avant la fin de nos enquêtes sur les secteurs mentionnés. IV. Développements politique
650 te pour sauver le mode de vie cher aux Européens. Nous voyons là une raison de plus, et décisive, d’intensifier la recherche
651 ntensifier la recherche régionale. Convaincus que nous sommes que le salut de l’Europe et de l’Occident tout entier dépend d
21 1979, Articles divers (1978-1981). Le mythe et l’opéra (1979)
652 Le mythe et l’opéra (1979)aj Nous sortons à peine d’une période où l’on disait l’opéra passé de mode, p
653 sement liée à l’ère bourgeoise dans l’histoire de notre culture européenne qui avait été jusqu’alors celle des styles et de l
654 a fois la communication et l’action concertée. Et nous redécouvrons qu’il n’y a dans la culture rien de plus sérieux qu’une
655 yal. Grâce aux études de Freud sur l’inconscient, nous entrevoyons la portée de ce que Baudelaire nommait « la rhétorique pr
656 Baudelaire nommait « la rhétorique profonde ». Et nous commençons à comprendre à la lumière des archétypes de C. G. Jung la
657 pes sont plus réels que les individus décrits par nos romans — pour ne rien dire de ceux que nous côtoyons —, c’est que le
658 ts par nos romans — pour ne rien dire de ceux que nous côtoyons —, c’est que le Mythe, à travers conventions, rhétorique pro
659 rofonde, archétypes, exerce son empire sur toutes nos créations dans les domaines de l’âme et de l’affectivité. Et ces créa
660 vité. Et ces créations à leur tour vont gouverner nos sensibilités. « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient ja
661 ner. C’est par lui que la passion est entrée dans nos mœurs, envoûtante et parfois mortelle. Tous les grands opéras, tous l
662 n un mythe nouveau. « La musique savante manque à notre désir » (Rimbaud). Mais l’opéra, impatiemment interrogé par la jeunes
22 1979, Articles divers (1978-1981). Formule d’une Europe parallèle ou rêverie d’un fédéraliste libertaire (1979)
663 i pouvait le porter à l’indulgence — d’autant que nous étions de la même année —, j’avais souhaité soumettre au jugement du
664 llustre la croissance zéro. Depuis trente ans que nos chefs d’État la disent urgente, notre union n’a cessé de ne pas avanc
665 rente ans que nos chefs d’État la disent urgente, notre union n’a cessé de ne pas avancer. J’y vois la preuve qu’on ne peut l
666 peu que ce soit les frontières que décrètent, sur notre péninsule, le hasard des guerres et le jeu des traités. « Une région
667 demandent à s’autogérer, et voient bien qu’elles devraient se fédérer à cette fin. Qui pourrait les retenir de le faire ? Les Ét
668 r de le faire ? Les États-nations seuls. Mais ils devraient alors s’avouer franchement totalitaires, comme aucun, jusqu’ici, ne l
669 Je voyais les quarante régions qui naissent sur notre continent : du Schleswig à Bâle par la Frise et la vallée du Rhin ; d
670 était leur droit et leur plaisir, et c’était leur devoir civique. Et dans l’euphorie qui émanait de cette vision d’un continen
671 Rien n’empêchera — selon les lois en vigueur dans nos États démocratiques — toutes ces régions, si elles le désirent, de se
672 l’homme, la cité et la nature, dans l’ensemble de nos pays. Dans le cadre de cette politique générale, rien n’empêchera, bi
673 t-être les besoins de l’État, mais assurément pas les nôtres . Rien n’empêchera, enfin, que les assemblées annuelles ne fonctionnen
674 etés, peut-être sans lendemain, même obtenues. Si nous voulons l’Europe — et nous pourrons l’avoir —, c’est au village ou da
675 ain, même obtenues. Si nous voulons l’Europe — et nous pourrons l’avoir —, c’est au village ou dans les communes de quartier
676 au village ou dans les communes de quartier qu’il nous faut exiger les moyens de la construire, qui sont très simples : le d
677 es raisons tout à fait claires : elle serait pour notre société déjà menacée par l’explosion démographique, une catastrophe s
678 l’éducation (Paris) et de l’environnement (Bonn), dus à l’initiative de la Fondation européenne de la culture. ao. Rougem
23 1979, Articles divers (1978-1981). Notes pour une éthique du fédéralisme (1979)
679 979)an 1. L’un des lieux communs fondateurs de notre société européenne, et peut-être le plus fondamental de tous, a consi
680 à procèdent les vertus qui composent, à l’insu de nos contemporains, l’éthique du fédéralisme, c’est-à-dire de la seule soc
681 te. Deuxième vertu : le courage, mais aussi le devoir , d’être soi Dans la tâche de devenir chacun soi-même réside notre
682 Dans la tâche de devenir chacun soi-même réside notre commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de
683 cun soi-même réside notre commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le bu
684 oi-même réside notre commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le but de
685 ous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le but de la société, en tant qu’humaine, est de pe
686 e, d’un lieu de nulle part, d’un non-lieu) chacun doit inventer son chemin vers le Réel, c’est-à-dire vers le But commun à t
687 cependant, on s’aperçoit que les « réalistes » de notre société scientifico-technique sont en fait les victimes des clichés d
688 généraux, finaux, de la Société. Le « réalisme » nous conduit à la guerre, mais la survie du genre humain dépendra du respe
689 er, Vidal de la Blache écrivait : « Une région ne doit pas être découpée mais reconnue. » Cinquième vertu : le sens du pa
24 1979, Articles divers (1978-1981). Un foyer de culture (janvier 1979)
690 ment 92, trad. Simone Weil.) De ce temps jusqu’à nous , tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre
691 à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversit
692 vente la cité (polis, d’où politique, dans toutes nos langues : Politik, policy, politica, etc.) et elle la fonde sur le pa
693 r, des passions et des volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des
694 la cortezia des troubadours du xiie siècle. Tous nos romans dérivent du Tristan primitif de l’Anglo-Normand Béroul, dans l
695 aux institutions et aux coutumes civiques, qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moin
696 tales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses, et si jalousement entretenues qu’on pe
697 ce du despotisme, et que l’esprit révolutionnaire doit trouver les moyens de tempérer cette espèce d’aristocratie du langage
698 ntion, le 27 janvier 1794 : « La langue française doit être le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une com
699 re le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une comme la République. » Quant aux 13 millions d’individus qui
700 hénomène stato-national. J’avais tort en ceci que nos États-nations tentent bel et bien de créer par décrets ces « cultures
701 ons, le rayonnement des foyers locaux, et rouvrir nos pays aux grands courants continentaux, foyers et grands courants qui
702 l’uniformité reste stérile. Vienne et Paris Notre époque a fourni deux illustrations mémorables à ces règles tout empir
703 e, Braque, Derain… Si la fédération des Européens doit exprimer demain les réalités créatrices de leur culture commune, elle
25 1979, Articles divers (1978-1981). Quand la Perse renverse l’Iran (21 février 1979)
704 le philosophe et théologien allemand Georg Picht nous rappelait que « si les exportateurs de centrales nucléaires avaient c
705 ant l’Histoire, bien plus que les péripéties dont nous allons être témoins. Si l’URSS parvient à manipuler les éléments anti
706 recouvrée menacera tout le sud de l’URSS… Ce que nous savons, et qui ne sera plus changé par rien, c’est que, pour une fois
707 mène unique dans l’histoire moderne : le rejet de notre civilisation industrielle occidentale par un peuple du tiers-monde qu
26 1979, Articles divers (1978-1981). Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)
708 Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)av « Tout change, sauf le cœur huma
709 le aux variations de temps et de latitude. Ce que nous nommons l’amour-passion est ignoré de l’Inde et de la Chine. On n’y c
710 n’y connaît pas de mot pour le traduire. « Quand nous éprouvons quelque chose qui ressemble à ce que décrivent vos romans,
711 os romans, me confiait un ami hindou, tout ce que nous pouvons dire, c’est It’s romance ! ». Les Grecs et les Romains ne nou
712 est It’s romance ! ». Les Grecs et les Romains ne nous ont rien laissé qui se puisse comparer à Tristan ni à Werther, à Nova
713 rs siècles du christianisme ? Définissons d’abord nos termes. La sexualité est l’instinct qui ordonne l’individu aux finali
714 de la personne totale dans le don. Quand on loue notre époque d’avoir enfin « libéré l’amour » autrefois enchaîné par « la c
715 réglementaient n’était jamais l’amour au sens où nous l’entendons et qu’ils ignoraient totalement, mais les rapports sexuel
716 e ?) Les seuls obstacles réels de l’amour sont en nous  : sécheresse, blessures spirituelles, anxiété de l’orgueil tourné en
717 tout autre affaire. La liberté dans la sexualité, nous en jouissons et en souffrons plus que toute autre civilisation connue
718 ns dans le domaine sexuel sont négligeables parmi nous , si on les compare à celles qu’entraîne la simple tentative de traver
719 nions politiques même non déclarées publiquement. Nous sommes loin des sociétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient
720 e — et non l’absence de la liberté sexuelle parmi nous qui pose un problème sérieux. ⁂ La réaction nommée écologie à l’agres
721 [Ndlr]. av. Rougemont Denis de, « Cet amour qui nous rendrait la liberté », Le Sauvage, Paris, mars 1979, p. 8-9.
27 1979, Articles divers (1978-1981). « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)
722 «  Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax
723 « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax J’entends dire que l’id
724 fin de xxe siècle : si l’Europe ne se fait pas, nous allons à la catastrophe, non seulement européenne, mais mondiale. Pou
725 ès simple. C’est l’Europe qui a créé le monde que nous connaissons, en ce sens qu’en créant la première civilisation industr
726 vaincu tous les autres peuples de la terre qu’ils devaient l’imiter. À tort… Car, ce modèle de civilisation européen et industri
727 venu complètement utopique. Saint Thomas pourtant nous avait prévenus : « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais nous
728  : « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais nous avons perdu de vue cette vérité aussi fondamentale que deux et deux f
729 aussi fondamentale que deux et deux font quatre. Nous nous sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et qu
730 i fondamentale que deux et deux font quatre. Nous nous sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et que rie
731 otale ! Ça durera bien jusqu’à ma retraite ! Nous le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, p
732 out, pas assez de pétrole. Donc, plus personne ne devrait oser promettre un développement indéfini dans ce monde fini. Or, on c
733 ontinue. Simplement, parce que le raisonnement de nos dirigeants c’est de se dire : « Après moi le déluge ! ». « Ça durera
734 industriel qui a été imité par le reste du monde nous conduit tous à l’impasse absolue, l’Europe se doit à nouveau de donne
735 ous conduit tous à l’impasse absolue, l’Europe se doit à nouveau de donner l’exemple. En changeant de cap. En proposant un a
736 ys de l’Est qui, un jour ou l’autre, finiront par nous rejoindre ; l’État soviétique ne pourra pas toujours les maintenir en
737 toujours les maintenir en état de servage… Tous, nous sommes tous faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périr
738 vage… Tous, nous sommes tous faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périrons séparés. Cette évidence saute aux
739 us faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périrons séparés. Cette évidence saute aux yeux. La plupart des grand
740 ux yeux. La plupart des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés — économiques, énergétiques, monétaires, militaires
741 droite, c’est une évidence à laquelle il faut que nous nous fassions. Du coup également, les besoins alimentaires du tiers-m
742 e, c’est une évidence à laquelle il faut que nous nous fassions. Du coup également, les besoins alimentaires du tiers-monde
743 uencer le comportement d’autrui, c’est le seul. » Nous n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’
744 e seul. » Nous n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombre
745 nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujour
746 . D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule
747 ue nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule, cap de l’Asie é
748 us sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule, cap de l’Asie écrasé
749 comptent que 220 et la Russie 250… Alors pourquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que
750 220 et la Russie 250… Alors pourquoi nous sentons- nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations
751 rs pourquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce
752 urquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce soit
753  ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce soit le Luxembourg ou que ce soit l
754 embourg ou que ce soit la France n’y change rien. Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. «
755 Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Depuis des siècle
756 sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Depuis des siècles l’i
757 toutes couleurs : le matérialisme au fond domine nos sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn…
758 t, que les États-nations sont condamnés. Aucun de nos États désunis n’est en mesure de faire face correctement aux tâches q
759 e le gouvernement d’une nation est censé assurer. Nos souverainetés nationales ne peuvent résister ni à la colonisation éco
760 de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre propre crise… Je le répète, les États-nations sont condamnés puisqu’i
761 pétant que l’État-nation est sacré. Alors, qu’ils nous démontrent que cet État-nation fonctionne ! » L’Europe politique e
762 ’Europe ? Où sont les avantages qu’on ne cesse de nous promettre ? » Denis de Rougemont répond : Regardons ce qui est acquis
763 rnières années. « À force d’avoir dit : “unissons- nous , unissons-nous”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu
764 « À force d’avoir dit : “unissons-nous, unissons- nous ”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu : « Des forces
765 Mais l’espoir est revenu : « Des forces nouvelles nous appuient du côté des écologistes, des régionalistes ! ! » Écologie
766 en effet ce n’est qu’une mode, si le bétonnage de nos campagnes en est une ! » Mais la région ? N’est-ce pas contradictoire
767 la solution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est p
768 lution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est pas la
769 à rien. aw. Rougemont Denis de, « [Entretien] Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! », Panorama aujourd’hui
770 enis de, « [Entretien] Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! », Panorama aujourd’hui, Paris, avril–mai 1979, p.
771 te : “Au cours de cet échange, Denis de Rougemont nous a résumé l’essentiel d’un livre qu’il publie ces jours-ci, sous le ti
772 isseurs internationaux et européens. Un livre que nous ne saurions trop vous recommander de lire à la veille des élections e
28 1979, Articles divers (1978-1981). Rapport au peuple européen (9 mai 1979)
773 mplement une nécessité, la condition de survie de nos peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie, un enjeu
774 l se trouve qu’à la veille d’une date capitale de notre histoire : la première élection au suffrage universel de l’Assemblée
775 stes et philosophes, venus d’une bonne dizaine de nos pays, ont voulu réfléchir ensemble sur la situation réelle de l’Europ
776 déclenchée. La civilisation industrielle, née de nos œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Améri
777 s trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonh
778 joindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonheur dépend de l’augmentation indéfinie du
779 uer d’entraîner des répercussions très dures pour nos pays de l’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit
780 sions très dures pour nos pays de l’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à la fois l’accroissement des
781 prix du pétrole et l’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe par
782 ’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe partout et réclame parto
783 crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul. De même qu’aucun ne peut se défendre seul
784 ter seul contre ces deux produits inéluctables de nos technologies : l’inflation et le chômage. Dans leur état actuel de di
785 et le chômage. Dans leur état actuel de division, nos soi-disant « souverainetés nationales » ne peuvent en fait : — ni rés
786 cation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de t
787 de nos États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de tout État. Faute de concertation à l’échelle contine
788 s domaines clés de la réalité d’aujourd’hui. Tous nos États se donnent pour but suprême la croissance industrielle sans lim
789 a croissance industrielle sans limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’in
790 hard l’avait fait quelques semaines plus tôt chez nous , que renoncer au nucléaire équivaudrait à augmenter très fortement le
791 encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre
792 sent. À une crise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de cul
793 est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans notre cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypr
794 tes ou beaucoup plus locales que la superficie de nos États-nations. Le Rhin, pollué par cinq pays et transformé en poubell
795 ultraviolets ; le cancer causé à 60 % ou 90 % par notre environnement industriel ; la destruction des forêts et du plancton d
796 plancton des océans qui fabriquent l’oxygène que nous respirons ; la destruction des sols par la progression du béton et la
797 et végétales — tout cela s’opère à travers toutes nos frontières, mais la « Souveraineté absolue » de nos États empêche tou
798 s frontières, mais la « Souveraineté absolue » de nos États empêche toute mesure de défense efficace. Seules des solutions
799 e ne coïncident jamais avec le territoire d’un de nos États-nations, mais appellent toujours des entités plus grandes (cont
800 , voire locales). S’il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de le
801 avenir ». Passons sur le problème de la Défense ( nous proposons le modèle suisse de la défense « en hérisson », village par
802 défense « en hérisson », village par village, que nous opposons à l’armement nucléaire, lequel sera d’un usage follement dan
803 ctions, ses réseaux de communications) et bornons- nous à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-mond
804 mmunications) et bornons-nous à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincèr
805 ornons-nous à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincère de tous nos pays. La
806 r au tiers-monde implique l’union sincère de tous nos pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de
807 -monde de copier les traits les plus dangereux de notre civilisation matérialiste. Pour lutter contre cette contagion, un seu
808 tagion, un seul moyen : instituer et réussir chez nous un modèle de fédération continentale à base de régions dépassant les
809 tato-nationaux. Rien d’autre que la fédération de nos peuples ne convaincra les peuples du tiers-monde, car, ainsi que le d
810 re, lorsqu’il écrivait il y a cent ans : Hors de nous les gouvernements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ils tâche
29 1979, Articles divers (1978-1981). Denis de Rougemont, ou l’Europe contre l’Europe (30 mai 1979)
811 az ba « L’économie, ce n’est pas tout » « Nous avons voulu, en établissant ce rapport sur l’union à la manière améri
812 formation, ce parlement et ses futurs députés », nous a expliqué Denis de Rougemont, que nous avons rencontré chez lui, à S
813 éputés », nous a expliqué Denis de Rougemont, que nous avons rencontré chez lui, à Saint-Genis-Pouilly près de Genève. Les m
814 ompé. Aucun des véritables problèmes que l’Europe doit résoudre de manière urgente — l’énergie, l’inflation, l’emploi, la ré
815 s deux étapes d’une même construction. En Suisse, nous le savons bien. L’Europe, celle des marathons agricoles, constate Den
816 ope est menacée de mort. Aucune loi économique ne nous empêche de changer. Ce ne sont que nos désirs que l’on appelle ensuit
817 omique ne nous empêche de changer. Ce ne sont que nos désirs que l’on appelle ensuite nécessités. az. Rougemont Denis d
818 déraliste avec tous les Européens, et vite, sinon nous allons nous trouver en danger de mort. Ce cri d’alarme, qui se veut s
819 ec tous les Européens, et vite, sinon nous allons nous trouver en danger de mort. Ce cri d’alarme, qui se veut surtout un ap
820 a veille des élections, l’auteur de L’Avenir est notre affaire , dans un ouvrage qu’il vient de publier en collaboration ave
30 1979, Articles divers (1978-1981). L’Europe : idéal… et moyen de survie (3 août 1979)
821 mplement une nécessité, la condition de survie de nos peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie : un enjeu
822 se trouve qu’au lendemain d’une date capitale de notre histoire : la première élection au suffrage universel de l’Assemblée
823 déclenchée. La civilisation industrielle, née de nos œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Améri
824 s trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonh
825 joindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonheur dépend de l’augmentation indéfinie du
826 umanité : 18 % en 1900, 7 % en 2000. Mais surtout nous avons perdu l’accès facile que représentaient nos colonies aux ressou
827 ous avons perdu l’accès facile que représentaient nos colonies aux ressources naturelles non renouvelables comme le pétrole
828 le pétrole, l’uranium, le manganèse (sans lequel notre fer ne donnera pas d’acier). Ce qui ne peut manquer d’entraîner des r
829 uer d’entraîner des répercussions très dures pour nos pays d’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à l
830 cussions très dures pour nos pays d’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à la fois l’accroissement des
831 prix du pétrole et l’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe par
832 ’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe partout et réclame parto
833 crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul. Dans leur état actuel de division, pas un
834 ns leur état actuel de division, pas une seule de nos soi-disant « souverainetés nationales » ne peut en fait : — ni résist
835 ntre la famine et la désertification, causées par notre civilisation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’e
836 sation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de t
837 de nos États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de tout État. L’Europe unie n’aura peut-être pas répons
838 ontinentale et d’institutions fédérales, aucun de nos pays ne paraît capable d’échapper longtemps encore aux dangers de col
31 1979, Articles divers (1978-1981). Une Europe unie et diverse (27 août 1979)
839 e Europe unie et diverse (27 août 1979)bc Tous nos États se donnent pour but suprême la croissance industrielle sans lim
840 a croissance industrielle sans limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’in
841 encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre
842 sent. À une crise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de cul
843 est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans notre cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypr
844 tes ou beaucoup plus locales que la superficie de nos États-nations. Le Rhin, pollué par cinq pays et transformé en poubell
845 ltraviolets ; le cancer causé à 60 %° ou 90 % par notre environnement industriel ; la destruction des forêts à 25 % dans le m
846 plancton des océans, qui fabriquent l’oxygène que nous respirons ; la destruction des sols par la progression du béton et de
847 et végétales — tout cela s’opère à travers toutes nos frontières, mais trop souvent la « Souveraineté absolue » de nos État
848 mais trop souvent la « Souveraineté absolue » de nos États s’oppose aux mesures de défense efficace. Seules, des solutions
849 océans — pourraient prévenir les catastrophes qui nous menacent à très court terme. ⁂ Les solutions possibles aux problèmes
850 e ne coïncident jamais avec le territoire d’un de nos États-nations, mais appellent toujours des entités plus grandes (cont
851 onales, locales). S’il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de le
852 rais souligner surtout ce grand fait : l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincèr
853 tout ce grand fait : l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincère de tous nos pays. La
854 r au tiers-monde implique l’union sincère de tous nos pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de
855 -monde de copier les traits les plus dangereux de notre civilisation matérialiste. Pour lutter contre cette contagion, un seu
856 tagion, un seul moyen : instituer et réussir chez nous un modèle de fédération continentale à base de régions dépassant les
857 tato-nationaux. Rien d’autre que la fédération de nos peuples ne convaincra les peuples du tiers-monde, car, ainsi que le d
858 re, lorsqu’il écrivait il y a cent ans : Hors de nous les gouvernements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ils tâche
32 1979, Articles divers (1978-1981). « La qualité des choses que j’aime » (18 octobre 1979)
859 n film de 16 mm d’une leçon à Annibal et d’une de nos parties d’échecs sur la galerie. Je donnerais beaucoup pour le revoir
860 en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il nous lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais vous lire mon œuvre po
861 s beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma c
862 oles de l’âme que forment les châteaux au fond de nos mémoires. New York, fin février 1943 Depuis que nous habitons à
863 ires. New York, fin février 1943 Depuis que nous habitons à cent mètres les uns des autres, c’en est fait de mes nuits
864 . ⁂ Ce qui m’a souvent intrigué durant l’année de notre voisinage à Beekman Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été
865 l’année de notre voisinage à Beekman Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été l’affaire nucléaire. St Ex est le p
866 is le plus célèbre aux USA. Avec Pierre Lazareff, nous avons tenté d’obtenir que sa traversée de l’Atlantique vers Alger soi
867 ns mon journal : « Téléphone de St Ex à propos de nos démarches pour qu’il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock (s
868 zareff et Beaucaire à Beekman Place. Au moment où nous entrons dans la bibliothèque de velours vert du premier étage, nous v
869 la bibliothèque de velours vert du premier étage, nous voyons St Ex en uniforme de capitaine aviateur — grande casquette et
870 au cœur, ce n’est pas seulement par l’allusion à nos parties « bien disputées » tard dans la nuit, mais c’est surtout par
871 n aimées », le contraignait à « mettre le cap sur nos buts lointains »30. C’est l’avion qui l’a éveillé au sens cosmique, c
872 ure, entre la liberté et les limites. Que savons- nous , sinon qu’il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où l
873 ous, sinon qu’il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où loge la vérité de l’homme ? La vérité ce n’est point
33 1979, Articles divers (1978-1981). Considérations sur une charte culturelle européenne : mémorandum (17 décembre 1979)
874 qu’une charte et quelle est sa fonction ? Littré nous dit que c’est un « acte concédant des franchises, des privilèges ». E
875 ion. Le titre même de l’opération sur laquelle on nous invite à réfléchir oriente donc l’esprit vers deux réalités qui sont
876 elles sont conçues en relation indissociable, et nous le verrons, en interaction créatrice. Les franchises, droits et privi
877 les barrières et chicanes périmées qui encombrent notre continent, pour favoriser les échanges et les opérations communes. D’
878 nc dans l’usage courant, qu’à partir du milieu de notre siècle, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays
879 le, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays et aux divers niveaux d’éducation intellectuelle dans cha
880 finitions sont de valeur extrêmement inégale pour notre objet, car certaines des plus lapidaires et par là même frappantes, n
881 se classer dans le camp des totalitaires ? Force nous est de ne retenir que les définitions de la culture susceptibles de l
882 n lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens co
883 omme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès notre Antiquité gréco-romaine, « cultiver » la terre ou l’esprit signifie :
884 c vers son risque personnel, en fin de compte. Si nous nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que
885 s son risque personnel, en fin de compte. Si nous nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa dé
886 s nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Euro
887 ique, qui n’existerait pas sans elle : 1. Gardons- nous d’opposer théoriquement culture et technique, comme s’il s’agissait d
888 poétique au sens étymologique du mot. 2. Gardons- nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
889 nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendrai
890 ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
891 turel » (au sens physique du mot « champ ») et si nous l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éd
892 champ ») et si nous l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort
893 rons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays
894 otre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs, destructeurs
895 gers et les bienfaits virtuels, conditionnels, de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
896 enfaits virtuels, conditionnels, de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
897 leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
898 deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
899 tance éducatrice et culturelle sans laquelle tous nos dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
900 le, qui sait bien qu’elle dépend de la technique, doit comprendre aussi que la technique dépend de la culture créatrice. L’a
901 réatrice. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre facu
902 d pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harm
903 s immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
904 té d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans
905 développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans les indices de pr
906 vais : S’il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certai
907 rit de ses habitants, c’est à sa culture qu’il le doit . La création, la transmission et l’élaboration de la culture n’ont ja
908 inité, individualisme et collectivisme, droits et devoirs , liberté et justice… Dans ce débat auquel chacun de nous participe pl
909 iberté et justice… Dans ce débat auquel chacun de nous participe plus ou moins consciemment, réside le secret du dynamisme o
910 vec le monde, avec l’État et la communauté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est
911 oire illustre ce débat, qui se livre en chacun de nous . Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les
912 clair que ce qui s’oppose à l’union nécessaire de nos peuples, et à la formation d’une conscience commune — condition préal
913 utes au départ, il n’est pas une seule branche de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
914 le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de
915 Montrer cela sans relâche et en toute occasion à nos élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un
916 s meilleures justifications, sinon précisément de notre culture ? C’est donc là qu’il s’agit d’attaquer son virus, dans les e
917 la culture, et par elle, est donc la condition de notre sécurité et d’une possible paix future. L’union de l’Europe est appar
918 changeait, encore plus vite. Partout où l’une de nos nations se retirait d’une colonie, la civilisation européenne s’y voy
919 n’entend aujourd’hui que le concert discordant de nos « intérêts nationaux », et nomme cela « néo-colonialisme ». Mais que
920 C’est là qu’il faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si mainten
921 s de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une
922 lle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une base ferme et réaliste, fondons-
923 Sem, et l’Afrique celle de Cham —, l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les a
924 et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union économique et politique de nos peuples
925 es nationales, l’union économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons-nous : l’Europe,
926 on économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons-nous : l’Europe, c’est très peu de ch
927 ples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons- nous  : l’Europe, c’est très peu de chose plus une culture. Ce qui peut s’e
928 la plus célèbre des temps modernes : E = mc2 que nous prendrons l’extrême liberté de lire ainsi : Europe (E) égale masse mé
929 e justifie en tant que rappel à la spécificité de notre concept de culture comparé à ce que nous appelons par exemple culture
930 cité de notre concept de culture comparé à ce que nous appelons par exemple culture congolaise, culture khmer, cultures préc
931 t les déclarations des « agences culturelles » de nos États-nations européens, qui opèrent sur la fiction (pour ne pas dire
932 ns continental comme au sens local, ou n’est pas. Nous ne pouvons servir l’humanité en général qu’en pratiquant notre cultur
933 ons servir l’humanité en général qu’en pratiquant notre culture particulière dans ses valeurs les plus hautes, celles qui con
934 part ; et d’autre part les privilèges, droits et devoirs , priorités, aides de tous ordres que les pouvoirs publics garantiront
935 lien n’est pas évident, il s’en faut. L’examen de notre catalogue d’aspects de plus en plus différenciés révèle au premier co
936 « la culture » qui se pose alors, par quoi sommes- nous attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque chose ?
937 , par quoi sommes-nous attirés, et à quoi tendons- nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes-nous motivés, en dernière
938 sommes-nous attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes-nous motivés, en dernière analyse, p
939 -nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes- nous motivés, en dernière analyse, par une volonté de puissance personnell
940 damentales et finales, en conflit tout au long de notre histoire, vont fournir deux principes opposés — sinon toujours radica
941 gouvernement européen aux activités culturelles. Nous reportant à ce qui est dit supra, examinons rapidement quels sont les
942 ticles de la charte définissant les droits et les devoirs des pouvoirs publics à l’égard de ses composantes. 6. Suggestions
943 stions pour la charte I. Les premiers articles devront affirmer : — la nature contraignante des engagements pris par les gou
944 t ne peut ni donner ni renier ces droits, mais il doit les servir et les aménager ; — que les gouvernements ne sauraient aid
945 s garanties et subventions accordées à la culture doivent en principe avoir priorité sur les aides à l’économie, celle-ci devan
946 ts de son développement. Un des premiers articles devrait rappeler que la culture européenne est antérieure et supérieure à tou
947 nationaux » de l’Europe d’aujourd’hui. L’École se doit de rappeler sans cesse cette vérité élémentaire, de s’interdire absol
948 r en toute occasion que la culture dans chacun de nos pays s’est toujours nourrie de grands courants et d’écoles qui ont tr
949 avaient-ils donc pas de culture ?) II. Chacun de nos États garantira sans restriction d’aucune sorte la libre circulation
950 n pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organ
951 de simples déplacements de forts en thème — nous devons  : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organisation
952 dans toute l’étendue de l’Europe. III. Chacun de nos États garantira le droit à l’information, c’est-à-dire le droit qu’a
953 , d’informations calomnieuses, etc. IV. La charte doit engager chaque gouvernement européen à garantir aux universités leur
954 e quelle université européenne (effectus civilis) doivent également être instaurés et garantis par des accords bi- ou multilaté
955 fessionnelles, techniques, d’art et d’artisanat…) doit être à la fois initiation au savoir existant, et préparation de l’élè
956 la communauté. VI. L’enseignement de l’histoire doit être soustrait aux mythologies nationalistes pour être replacé dans s
957 ue des rivalités nationales entre Européens. VII. Nos gouvernements doivent s’engager à soutenir systématiquement les reche
958 ationales entre Européens. VII. Nos gouvernements doivent s’engager à soutenir systématiquement les recherches scientifiques te
959 » suit. VIII. Le Conseil européen de la recherche devrait grouper essentiellement des représentants qualifiés (créateurs plutôt
960 coloniser la terre entière, après avoir colonisé nos propres pays. Elle a produit d’autre part les plus graves menaces con
961 ens à leur gestion ; c) éviter tout ce qui pollue notre milieu social, urbain ou naturel ; d) éviter tout ce qui menace d’épu
962 ique-Europe] elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préférer aux autres… les peuples y sont ordinairement doux, hon
34 1980, Articles divers (1978-1981). Énergie solaire et autonomie (1980)
963 besoins en énergie s’accroissent. La situation de notre continent et de l’humanité entière serait apparemment sans espoir si
964 pparemment sans espoir si la culture élaborée par notre Europe n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier
965 L’énergie nucléaire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens au défi d’une humanité dont notre sc
966 ire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens au défi d’une humanité dont notre science, notre hy
967 nos savants européens au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître
968 opéens au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du pos
969 une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du possible les besoi
970 erreur sur la nécessité d’accroître indéfiniment notre production, et donc notre consommation d’énergie. La première erreur
971 ’accroître indéfiniment notre production, et donc notre consommation d’énergie. La première erreur était pardonnable à l’époq
972 ma description de l’état d’innocence générale où nous étions à peu près tous. Dans la situation critique et à certains égar
973 ation critique et à certains égards dramatique où nous sommes aujourd’hui, confrontés à des choix probablement irréversibles
974 ni de la vraie nature des éléments subjectifs de nos options, il me paraît nécessaire, plus que jamais, d’essayer de rendr
975 giques dans lesquelles se débattent les hommes de notre temps, dont dépendent leurs choix politiques et, conjointement, le ch
976 commence à parler sérieusement. C’est alors qu’on nous offre les centrales nucléaires. C’est propre, nous dit-on, pas une fu
977 ous offre les centrales nucléaires. C’est propre, nous dit-on, pas une fumée n’en sort, c’est le dernier cri de la technique
978 is, dit alors le Conseil fédéral. Aujourd’hui, il nous dit exactement le contraire, mais les scientifiques savent bien que l
979 les limites de tout processus de croissance dans notre monde matériel, qui est celui de la finitude. Le mérite historique du
980 historique du club de Rome restera d’avoir forcé notre attention sur les limites, comme fondement de la réalité et du réalis
981 -moi-ça des utopies. La réflexion sur les limites nous a conduits à nous poser des questions plus profondes et plus précises
982 s. La réflexion sur les limites nous a conduits à nous poser des questions plus profondes et plus précises sur l’utilité de
983 ibre en commettant tel ou tel acte. Si maintenant nous avons à choisir entre ces deux finalités maîtresses du genre humain (
984 u la liberté, le collectif ou le personnel, alors nous sommes amenés à choisir entre deux types d’énergie qui correspondent
985 ens, et qui les favorisent en conditionnement. Si nous décidons en faveur de la liberté des personnes, et non des mythes nat
986 (ou de sécurité à l’abri de la puissance), alors nous choisirons évidemment le modèle qui correspond à cette fin, celui qui
987 me dit-il avec un fin sourire, car avant tout, je dois défendre mon autonomie. Autre sens admirable du terme : celui qu’indi
988 s de liberté, de loisir, d’autodétermination ? On nous raconte que nous disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’élec
989 loisir, d’autodétermination ? On nous raconte que nous disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos mo
990 Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos moteurs, de 50 esclaves mécaniques « par personne ». Question : sont-
991 mécaniques « par personne ». Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plu
992 r personne ». Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plus de loisir, pou
993 Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plus de loisir, pour travailler mo
994 . Or il se trouve que pour acquérir ces esclaves, nous devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer s
995 il se trouve que pour acquérir ces esclaves, nous devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer sans ces
996 ous devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous
997 evons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous condamn
998 s payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite
999 er sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite dans
1000 spoir de travailler moins et de gagner du temps ! Nous consacrons plusieurs heures par jour à gagner des loisirs dont nous n
1001 usieurs heures par jour à gagner des loisirs dont nous ne jouissons pas, et à travailler dur pour gagner ces esclaves qui se
1002 ner ces esclaves qui seraient censés travailler à notre place, mais le font-ils ? Je voudrais qu’un team de chercheurs calcul
1003 n team de chercheurs calcule le rendement réel de nos esclaves mécaniques en se servant des mêmes mesures qu’Ivan Illich ap
1004 qui est la vitesse d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il é
1005 d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il était réellement inév
1006 Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Si nous voulons la liberté, si nous voulons vraiment sortir du cercle vicieux
1007 le quelque chose ? Si nous voulons la liberté, si nous voulons vraiment sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il nous
1008 t sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il nous faut appeler, cultiver, promouvoir l’énergie du soleil. Voici pourquo
1009 s. Le soleil est à tout le monde, voilà pourquoi nos États-nations ne l’aiment pas. Voilà pourquoi les Communautés de Brux
1010 erposer un compteur entre le soleil et chacune de nos maisons, ils ne feront rien pour favoriser cette forme d’énergie. L
1011 oriser cette forme d’énergie. L’énergie solaire nous atteint sans intermédiaire, pénètre en chacun de nous à la rencontre
1012 atteint sans intermédiaire, pénètre en chacun de nous à la rencontre de l’énergie qui est en chaque personne et qui attend
1013 chaque personne et qui attend d’être réveillée. «  Nos cieux sont gris, me direz-vous. Le solaire pas facile à capter. » Eh
1014 . Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du solei
1015 ien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du soleil souvent voilé comme le timonier d’un vo
1016 s, avançant contre les vents contraires. Adaptons- nous au ciel gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons-nous à donner pr
1017 ciel gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons- nous à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiqu
1018 nfer brûlant ! Habituons-nous à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiques allégués par les prom
1019 eur superstition de la croissance. Ils voudraient nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités : devenons conscients d
1020 s voudraient nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités : devenons conscients de nos désirs réels, éduquons-les. Ce
1021 ésirs pour nos fatalités : devenons conscients de nos désirs réels, éduquons-les. Cela doit entraîner, dans la jeune généra
1022 onscients de nos désirs réels, éduquons-les. Cela doit entraîner, dans la jeune génération, des modifications profondes de l
1023 ons profondes de l’éthique du travail. Au lieu de notre condition présente qui est de travailler de plus en plus dans l’espoi
1024 ’Encyclopédie, au lieu de tendre à ne rien faire, nous choisirons demain de travailler pour le plaisir de faire : peindre ou
1025 édifier : réveiller l’énergie qui sommeillait en nous , et finalement nommer, qui est l’acte poétique, toutes choses que la
1026 ses que la technologie du xxe siècle menaçait de nous désapprendre. Le solaire n’est pas, ne sera pas, la solution universe
1027 ’est pas, ne sera pas, la solution universelle de nos problèmes. Le solaire est fascination lente à travers les brumes et s
1028 que le nucléaire rendait impossible, impensable. Nous irons désormais vers le soleil si nous échappons aux vertiges des plu
1029 mpensable. Nous irons désormais vers le soleil si nous échappons aux vertiges des plutoniens abîmes et des cavernes au sombr
1030 a fin de l’histoire humaine. Tel est le choix que notre génération doit faire maintenant pour toutes celles de demain. C’est
1031 re humaine. Tel est le choix que notre génération doit faire maintenant pour toutes celles de demain. C’est le choix même de
1032 rogrès » digne du nom. Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nou
1033 hoix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les
1034 il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pa
1035 pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de
1036 le dans les veines de la femme auprès de laquelle nous dormons »52. — que des « précautions sans précédent » ont été prises
1037 our ou l’autre, vu « l’inépuisable ingéniosité de nos techniciens » ; — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléa
1038 géniosité de nos techniciens » ; — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de
1039 -être des hommes (ce qui n’est pas bien évident), nous place devant le dilemme inévitable : centrales nucléaires ou chômage
1040 ute la question reste de savoir : « Qu’est-ce qui doit croître en fait pour être vrai ? Le progrès ? Les tours de refroidiss
1041 rainte des faits » : Par croissance qualitative, nous entendons une offre plus riche de ces biens qui rendent la vie plus d
1042 je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la vie sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier d
35 1980, Articles divers (1978-1981). Actualité de Benjamin Constant (1980)
1043 tion et les retombées politiques de l’ouvrage qui nous occupe, comment ces passions se succèdent, se combinent ou se refoule
1044 illé. L’imprimeur va plus vite que moi. Dépêchons- nous . 28 décembre. Travaillé. Peu avancé. Le temps presse pourtant. 30 d
1045 ressource pour la liberté. Il n’y en a plus pour notre homme [le Béarnais]. Mon ouvrage fera bon effet, j’espère. Mais l’hor
1046 que le typique du personnage : 16 avril. Comme notre pauvre ami [le Béarnais] est tombé !… Revu beaucoup de gens… Servons
1047 aucoup de gens… Servons la bonne cause et servons- nous . 23 avril. Ce pays-ci n’ira pas. Ils sont tous fous et méchants. 25
1048 notes quotidiennes : Juliette. Cette passion qui nous semble bien n’avoir été nourrie que des obstacles que Mme Récamier y
1049 qu’il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de nous souvenir que la vie est ennuyeuse. Le lendemain 19 mars, Napoléon es
1050 araisse compatible avec la liberté. 2°. Aurait-il se faire harakiri, lui seul, quand le roi a quitté Paris ? « On m’a r
1051 ais aussi de « Vive la liberté ! ». Il sait qu’il doit compter avec les libéraux. Lorsqu’il apprend par Sébastiani la présen
1052 us absolue… Je voulais savoir par moi-même ce que nous pouvions espérer encore. Quelque incertaine que soit une chance pour
1053 ce d’une pensée qui a toujours motivé son action, nous l’avons dans les textes mêmes que Benjamin Constant n’a cessé de publ
1054 e manifeste de la liberté, déposé sur le seuil de notre ère, est resté sans effets sur les destins du siècle, sort qu’il part
1055 vrer, ni par intérêt, ni par passion. » Tout cela nous paraît un peu fade parce que c’est devenu tellement plus évident au t
1056 ielle pour des siècles. (C’est pourtant vers quoi nous allons, vers quoi nous continuons d’aller.) Dans la critique constant
1057 (C’est pourtant vers quoi nous allons, vers quoi nous continuons d’aller.) Dans la critique constantienne de la guerre nati
1058 venté que les moyens de la gagner pour un temps), nous découvrons en réalité une critique prospective de l’État totalitaire
1059 s rouges, bruns ou noirs. Sans le savoir, c’est à notre siècle que parlait Benjamin Constant. Du mensonge comme méthode de
1060 ’Uniformité. Constant part d’une constatation que notre génération, hélas, ne saurait mettre en doute une seconde : Tout en
1061 u monde. Elle lui répondrait d’une voix unanime : Nous ne voulons pas de la conquête du Monde. Mais il parlerait de l’indépe
1062 sous ses yeux, et dont l’épanouissement attendra notre siècle, Constant propose un arrangement de la société qui correspond
1063 la société qui correspond au sens exact de ce que nous appelons aujourd’hui fédéralisme, et qu’il est le premier à nommer da
1064 n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration intérieure beaucoup de fédéralisme.49 Ce qu’il a for
1065 à la paix comme l’État-nation l’est à la guerre, doit partir d’en bas, des racines, des groupes de base que sont familles,
1066 mort. Le système fondé sur les patries locales — nous dirons les régions — que Constant préconise en ce point, c’est l’anti
1067 e différent de celui qu’on a connu jusqu’ici.51 Nous venons de voir comment il l’entendait pour l’intérieur. Or, il est tr
1068 ions de leur territoire une juridiction qu’ils ne devraient point avoir, et de l’autre, ils prétendent conserver à l’égard du pou
1069 ’égard du pouvoir central une indépendance qui ne doit pas exister. Ainsi le fédéralisme est compatible, tantôt avec le desp
1070 qu’il me semble utile et possible d’établir parmi nous . Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme pai
1071 semble utile et possible d’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et
1072 ’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et durable. Quoi de plus act
1073 t durable. Quoi de plus actuel qu’un message qui nous rappelle, avec une urgence croissante, les conditions vitales de tout
1074 D. Berthoud, op. cit., p. 62. 46. « Extrait », nous l’avons dit, des manuscrits de 1806. 47. Dans le Commentaire sur l’o
36 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe, invention culturelle (1980)
1075 te. Il n’est pas né d’une économie originale, qui devait au contraire en naître en faisait simplement l’une des trois parties
1076 bj Il n’est pas né d’une économie originale, qui devait au contraire en naître tardivement. Ni de rapports sociaux qui ont ch
1077 — si on ose dire — de la défection générale dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dante
1078 e quelles luttes et querelles, de quels naufrages dois -tu être agité ! Tu es devenu un monstre aux multiples têtes, et tu te
1079 iastiques et politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette révolution dan
1080 prise de conscience de quelque chose de grand qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. E
1081 qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un
1082 is dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à «  notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé.
1083 oire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : M
1084 intenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes a
1085 Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. L
1086 dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes cha
1087 , dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe,
1088 Victor Hugo. Et au xxe siècle c’est encore un de nos plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Lége
1089 Donoso Cortès, jusqu’aux « pères de l’Europe » de notre siècle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet et Paul-Henri Sp
1090 réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’étendre progressivement à tous les États et les conduire à la paix
1091 u Duce et du Führer, les plus grands écrivains de nos pays (à l’exception de quelques cas de nationalisme flamboyant comme
1092 refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de
1093 du congrès de Montreux, sera l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque cho
1094 es conclusions. La deuxième solution est retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Lond
1095 temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus,
1096 el il définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelles : Peut-on défendre la culture française en ta
1097 elle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons- nous donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette cultur
1098 ne culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée
1099 t en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’aura a
1100 est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignons donc le
1101 e faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté.bm Plus tard, le même Sartre déclare que se
1102 ans la crise actuelle de civilisation, et qu’elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que celui de
1103 i proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’une Ter
1104 ous prenions conscience du fait fondamental que «  nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est
37 1980, Articles divers (1978-1981). L’avis de Denis de Rougemont [sur Invocation du nom de Dieu et Constitution fédérale] (1980)
1105 préambule et l’invocation qui le précède. Lors de notre première réunion, le président a fait un tour de table pour connaître
1106 Au nom de Dieu Tout-Puissant ». Il a commencé par notre collègue communiste, en lui disant à peu près : « Monsieur X, cette i
1107 isant à peu près : « Monsieur X, cette invocation doit probablement vous déplaire ou en tout cas ne vous fait guère plaisir 
1108 êne là-dedans, c’est justement que ça gêne si peu notre collègue communiste… » Ce que je voudrais vous dire ici ne sera guère
1109 étatiques à tous les niveaux où ils existent chez nous — municipal, cantonal, fédéral — et surtout aux pouvoirs de l’État-na
1110 isé dans la seule capitale, tel qu’il existe chez nos voisins. Mais bien que le préambule contienne ces mots : « Reconnaiss
1111 ur le respect que le citoyen ou mieux : le sujet, doit aux autorités constituées : c’est Dieu qui les a instituées, elles pa
1112 ens de ce Monde-ci, bien au contraire ! Reportons- nous aux tentations subies par Jésus dans le désert : elles reviennent tou
1113 e la puissance parce qu’il n’en avait pas et n’en devait pas avoir dans « ce monde » — dont Satan est le Prince. ⁂ D’où vient
1114 ris conscience et ne commettent donc pas l’erreur due à la traduction latine de saint Jérôme — deus omnipotens — ou à la ve
38 1980, Articles divers (1978-1981). Lew Kowarski et la responsabilité sociale du scientifique (1980)
1115 qu’il a trouvé, et ce qui en est sorti. Tout cela nous conduit au problème qui l’a beaucoup préoccupé pendant la dernière pé
1116 les nucléaires et des questions qu’elles posent à notre société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur ce pro
1117 société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur ce problème vraiment « nucléaire » au double sens de l’expres
1118 ent « nucléaire » au double sens de l’expression, nous la trouvons marquée par l’interview que Kowarski donnait à L’Express
1119 les ordinateurs ne peuvent apporter de réponse. Nous nous connaissions certes depuis plusieurs années, mais c’est de là qu
1120 ordinateurs ne peuvent apporter de réponse. Nous nous connaissions certes depuis plusieurs années, mais c’est de là que je
1121 nées, mais c’est de là que je date, pour ma part, notre amitié. Je l’avais invité à titre d’expert scientifique à la table ro
1122 it pour l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà nous nous entendions le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je l
1123 ur l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà nous nous entendions le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je le rép
1124 pe de la réflexion de Kowarski sur l’évolution de notre civilisation occidentale, considérée à partir du problème de l’énergi
1125 propos qu’il tenait en 1972 (dans cette salle où nous sommes aujourd’hui) sur la responsabilité des scientifiques dans notr
1126 hui) sur la responsabilité des scientifiques dans notre société. Il rappelle que l’énergie nucléaire était encore saluée dix
1127 t-à-dire « prendre part à l’action que l’humanité devra entreprendre pour échapper à tous ces périls ». Et c’était, bien ente
1128 et à moi-même pour fonder le Groupe de Bellerive. Nous en parlions depuis des semaines, tandis que la fièvre montait avant l
1129 hez Lew, je le trouvai sombre, ému et déterminé. Nous sommes ici à discuter bien à l’abri et dans le vide et des jeunes se
1130 eunes se font tuer, ce n’est plus supportable. Il nous faut faire quelque chose. Dès le lendemain, décision prise, Kowarski
1131 la première esquisse d’une Déclaration commune ; nous la mettrons au point lui et moi et elle sera présentée à la presse le
1132 , il est certain que pour le contenu, ce document doit être attribué principalement à Kowarski, à tel point qu’il eut pu pre
1133 aître quelques mois plus tard. Et surtout, il lui doit l’essentiel : la position du problème nucléaire dans la perspective d
1134 qui, d’ailleurs, explique seule la composition de notre Groupe. Permettez-moi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de
1135 oi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de notre ami, les quelques phrases qui posent à grands traits ce que je voudra
1136 s traits ce que je voudrais appeler le système de notre crise, c’est-à-dire : …les rapides et profonds bouleversements qui o
1137 ce à détourner l’attention. Une analyse objective devra , au contraire, mettre en lumière ces solutions intermédiaires. Au lie
1138 ines élargis de proche en proche qu’avait définis notre ami dans le texte d’une admirable concision que je vous lisais tout à
1139 ucléaire n’est qu’un aspect. C’est maintenant que nous mesurons, et nous allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce
1140 un aspect. C’est maintenant que nous mesurons, et nous allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce que Lew Kowarski
1141 rains, tout ce que Lew Kowarski représentait pour nous , bien au-delà de son savoir de physicien. Adieu Lew ! Grand homme irr
1142 çable en sa maîtrise autant qu’en amitié. Vous ne nous rendiez pas toujours la vie facile, mais vous lui donniez plus de sav
39 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
1143 e sans précédent va développer sa gerbe dans tous nos pays et dans tous les domaines de leur culture, arts, lettres, scienc
1144 e l’esprit européen. Ce qui va se développer dans nos pays durant les vingt-deux années de la « reconstruction économique »
1145 vement proches des préoccupations du grand public dues aux dramaturges suisses Dürrenmatt et Frisch. De même, en Grande-Bret
1146 elques mots de commentaires. La TV de beaucoup de nos pays nous expliquait à longueur de soirées, durant ce même mois de dé
1147 ts de commentaires. La TV de beaucoup de nos pays nous expliquait à longueur de soirées, durant ce même mois de décembre, qu
1148 cinq noms d’auteurs nouveaux, dont le plus doué, nous dit-on, serait Grumberg, à quoi l’on ajoute que « Dubillard, Obaldia,
1149 teur en scène Meyerhold (1874-1942), par exemple, nous est bien aussi présent que son contemporain, l’auteur dramatique Gira
1150 plus insolite qui marque la décennie écoulée : si nous voulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’il nous faut expliqu
1151 ulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’il nous faut expliquer. La décennie du « discours » La politisation de
1152 s (justement) à l’acte, à l’action et au travail. Nous venons de caractériser l’état du théâtre en France, de 1968 à 1980. C
1153 état du théâtre en France, de 1968 à 1980. Ce que nous constatons dans les autres domaines de l’expression et de la recherch
1154 a culture du spectacle est la seule efficace dans notre société occidentale. Elle bénéficie aujourd’hui, par un paradoxe inqu
1155 upposer qu’il y en ait un — soient de ceux-là que nous aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur nos écrans. Car leur v
1156 us aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur nos écrans. Car leur vraie vie était ailleurs. 53. La revue intitulée
1157 970-1980 », Das Theater, unser Welt = Le théâtre, notre monde, Luzern, Raeber Verlag, 1980, p. 40-46.
40 1980, Articles divers (1978-1981). 1979 [Iran, Three Mile Island, Cambodge…] (2 janvier 1980)
1158 trales nucléaires. Avant la fin du siècle, l’Iran devait devenir la cinquième puissance industrielle du monde. Ce procédé pére
1159 n l’appelle aujourd’hui, n’a pas refusé seulement nos machines et nos armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollar
1160 urd’hui, n’a pas refusé seulement nos machines et nos armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollars qu’avait multi
1161 font du renseignement comme il s’en fait partout. Nous en sommes au moment tragique de l’affrontement sans merci entre une n
1162 mais de loi internationale ? Dans le même temps, notre modèle industriel a subi deux échecs retentissants : l’incident nuclé
1163 es récits lénifiants : c’est tellement mieux chez nous , rien de pareil n’arriverait, d’ailleurs il n’est rien arrivé. Tel es
1164 matiques à la TV, on a cessé très curieusement de nous renseigner sur le déversement de centaines de millions de tonnes de p
1165 ersonne n’en voit l’issue, ou n’oserait la dire. Nos journaux ne se sont pas interdit de parler de « foules fanatisées » a
1166 eurs, ne relèvent pas moins que ceux de l’Iran de notre responsabilité occidentale. Bokassa ier , ex-sergent-chef, copiait Na
1167 1979 fut le plus souvent sombre, dramatique (voir notre rétrospective en photos pages suivantes). Partout ou presque, on assi
41 1980, Articles divers (1978-1981). Un précurseur de l’engagement politique (1er mai 1980)
1168 sabilité de son œuvre, de ses idées, même si cela devait le mener en prison. Je lui rappelais que penser n’est pas seulement s
1169 rant la montée du nazisme. Néanmoins, cet ouvrage nous paraît aujourd’hui très actuel. Comment expliquez-vous cela ? C’est q
1170 taient une réponse à l’appel angoisse des masses, nos démocraties libérales ne pourraient pas grand-chose, sinon de répéter
1171 aient pas grand-chose, sinon de répéter que force doit rester au droit. C’est ainsi qu’aux Panzerdivisionen qui venaient de
1172 plan historique et politique puisque cet ouvrage nous révèle la mentalité occidentale. C’est une prise de conscience. Alors
1173 mière ligne. Je l’ai commencé le jour où j’aurais le remettre, et je l’ai terminé en trois mois, par je ne sais quel mi
1174 la réalité, revient détruire l’univers enchanté. Nous vous comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ai finalement opté,
1175 re d’un ouvrage de mise en garde où vous fouillez nos origines et où, finalement, vous attaquez la guerre ? Certes, j’étais
1176 construisez l’image en vous référant sans cesse à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous nous parlez des cathares
1177 à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous nous parlez des cathares et des Arabes, n’est-ce pas ? Alors comment aimer
1178 t ouvrage très rapidement, si rapidement que j’ai le condenser. J’ai souvent ressenti la sensation très nette de mon ig
1179 urs français comme Rimbaud, Claudel, Gide et même notre Ramuz… Tout auteur vit sur un certain nombre de contradictions qui so
1180 e d’une part, et d’autres auteurs plus proches de nous , d’autre part, comme Claudel par exemple. J’ai été assez heureux de l
42 1980, Articles divers (1978-1981). La maîtrise sociale des besoins (avril-juin 1980)
1181 exemplaires, ceux qu’on imite ou qui déterminent nos aspirations. Je me bornerai à quelques exemples topiques de ces varia
1182 crit : « Les pommes de terre seraient un luxe sur nos tables si nos champs n’en produisaient pas, et qu’il fallût les faire
1183 ommes de terre seraient un luxe sur nos tables si nos champs n’en produisaient pas, et qu’il fallût les faire venir à grand
1184 point d’en faire le problème no 1 des années que nous vivons, est devenue le besoin n° 1 de l’homme occidental, que l’on vo
1185  ? » Elle dit : « J’ai faim ». Ils lui dirent : «  Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand vous
1186 cela est très joli, me dira-t-on, mais ne va pas nous aider à résoudre les problèmes urgents et concrets des besoins énergé
1187 à-dire de l’élément véritablement concret de tous nos problèmes, la réalité contemporaine oppose l’exemple de la révolution
1188 le philosophe et théologien allemand Georg Picht nous rappelait que « si les exportateurs de centrales nucléaires avaient c
1189 saurait dire « nouveau », puisque sans précédent) doit tenir compte de ce préalable, et repenser notre politique à partir de
1190 t) doit tenir compte de ce préalable, et repenser notre politique à partir de ce seuil, de cette limite inférieure très peu m
1191 eulement de menaces de pénurie, certaines erreurs doivent être évitées désormais, et certaines stratégies ou tactiques adoptées
1192 citaires des grandes et moyennes entreprises pour nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Toute la publicité, do
1193 eprises pour nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Toute la publicité, dont vit la presse d’une part et la Ra
1194 rt et la Radio-Télévision d’autre part, essaie de nous faire croire, à longueur de journée, que nous ne pouvons plus vivre s
1195 de nous faire croire, à longueur de journée, que nous ne pouvons plus vivre sans tel produit, sans telle machine, sans tel
1196 éaire au pétrole »59. Je réitère : ils voudraient nous faire prendre leurs désirs (de profit, de puissance, de mise au pas d
1197 de puissance, de mise au pas de la société) pour nos besoins, voire nos fatalités. Quand un gouvernement éprouve le besoin
1198 ise au pas de la société) pour nos besoins, voire nos fatalités. Quand un gouvernement éprouve le besoin de justifier par q
1199 ités industrielles qu’il fomente, il fait estimer nos besoins par ceux dont l’intérêt est de les majorer bien au-delà du ma
1200 s les moyens d’y remédier. J’en déduis qu’on veut nous faire prendre dès maintenant des risques proprement incalculables au
1201 , formation professionnelle, etc. Ces commissions devraient se composer non seulement d’agronomes, d’ingénieurs, d’économistes et
1202 mmerce des produits « exotiques » (qu’ils croient devoir exiger selon leur TV spot) que dépendra l’issue de la lutte contre la
1203 umain comme s’il s’agissait de quelque chose dont nous ne serions pas responsables. 59. Faut-il mettre les points sur les
1204 . 206-214. bw. Précédé de la note suivante (dont nous traduisons une partie de l’italien) : « Du 21 au 23 janvier 1980, le
1205 Politique de l’emploi et Contrats de solidarité. Nous publions l’introduction aux débats de la commission sur “la maîtrise
43 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe et l’environnement (28 juin 1980)
1206 usage des phosphates dans les lessives, usage qui devrait être interdit — les participants ont eu un tableau complet de la dive
1207 capitale pour l’histoire des civilisations : elle nous charge, nous Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayons de
1208 l’histoire des civilisations : elle nous charge, nous Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayons de la mesurer.
1209 tants, tout simplement. Progrès. Je sais bien que nos chefs d’État, hommes politiques, politiciens et chroniqueurs nous rép
1210 t, hommes politiques, politiciens et chroniqueurs nous répètent à l’envi « qu’on n’arrête pas le Progrès ». Ils paraissent o
1211 faute, dans le monde entier. Commençons donc chez nous  ! Cela seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons.
1212 seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition que
1213 -monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition que ce soit une réussite ! Parmi les
1214 d’hui reconnu comme résultant pour 60 % à 90 % de notre environnement industriel, pénétré par « un demi-million de substances
1215 s. La surface de terrain cultivée par habitant de notre globe aura diminué de moitié à la fin du siècle. Six cents millions d
1216 passé pratiquement inaperçue. Sur elle, pourtant, devrait se fonder la politique de notre génération. 3. La pénurie d’eau potab
1217 elle, pourtant, devrait se fonder la politique de notre génération. 3. La pénurie d’eau potable. Selon une étude de la Commis
1218 éjà insuffisante pour les besoins de plusieurs de nos pays. L’Allemagne et la Belgique sont déjà importatrices d’eau. Alors
1219 ie de résistances et d’obstacles organiques, dans nos sociétés de type européen, freinent leur application ou la rendent in
1220 « On exagère », « On fait le jeu des Soviets », «  Nos experts ont démontré… ») ; à tourner les règlements édictés par les É
1221 mais qui travaillent pour la défense nationale ? Nos États réagissent comme un malade qui invoquerait l’habeas corpus pour
1222 és de la défense nationale » d’autre part. Ce qui nous conduit à la conclusion que les menaces accumulées contre la nature e
1223 s et économiques qui s’imposent sans discussion à nos populations, voici quelques exemples des tâches écologiques les plus
1224 à l’auto (et par suite peut-être aux autoroutes) devrait être une des tâches prioritaires d’une autorité fédérale européenne.
1225 utions régionales, plus petites que la plupart de nos États nationaux, et mieux adaptées aux réalités locales, dont la dive
1226 s question que tous les citoyens et citoyennes de nos pays se transforment en savants écologistes. Ce qui est requis par la
1227 les hommes d’Europe, les plus conscients de leur devoir civique, s’habituent à subordonner le « progrès » matériel au bien-êt
1228 sur L’Agonie surveillée du Léman, la pollution de notre lac n’est plus seulement le fait de grosses industries qui ont été co
1229 autre. La pollution du Léman, elle est le fait de nos comportements quotidiens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier
1230 e est le fait de nos comportements quotidiens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier nos intérêts à courte vue à l’ind
1231 diens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier nos intérêts à courte vue à l’indispensable solidarité régionale, de notr
1232 te vue à l’indispensable solidarité régionale, de notre crédulité devant la publicité et de nos ignorances, certes, mais enco
1233 ale, de notre crédulité devant la publicité et de nos ignorances, certes, mais encore plus, de notre inertie civique. La vi
1234 t de nos ignorances, certes, mais encore plus, de notre inertie civique. La vie ou la mort du Léman, ce n’est pas de l’État q
1235 s bel et bien, et avant toute action concrète, de notre attitude intérieure et des finalités de notre vie. Ma conclusion sera
1236 de notre attitude intérieure et des finalités de notre vie. Ma conclusion sera donc à la fois un appel et une constatation q
1237 a donc à la fois un appel et une constatation qui nous engage : l’avenir du Léman, c’est notre affaire ! 61. État de l’
1238 tation qui nous engage : l’avenir du Léman, c’est notre affaire ! 61. État de l’environnement, 1977, publié chaque année
44 1981, Articles divers (1978-1981). Guy de Pourtalès l’Européen [préface] (1981)
1239 ptent ce qu’ils ont reçu, et ce sont eux qui vont nous en donner le sens, nous l’expliquer. Nul doute que Guy de Pourtalès n
1240 , et ce sont eux qui vont nous en donner le sens, nous l’expliquer. Nul doute que Guy de Pourtalès n’ait été de ces derniers
1241 s briser l’une et l’autre, et par deux fois, dans notre siècle. L’aventure de l’Esprit Ce qui agit aux origines du desti
1242 ial, anglaise par l’éducation maternelle. Et cela nous vaudra d’abord Marins d’eau douce, dont les charmes n’ont pas cessé d
1243 t le romantisme européen que vont réveiller parmi nous , dans les années de l’entre-deux-guerres, les quatre Vies si fameuses
1244 itoëff, avec des musiques de scène d’Honegger, et nous aurons reconstitué à la fois l’histoire de l’œuvre, microcosme de cel
1245 t européen des écrivains de langue française dans notre siècle. cf. Rougemont Denis de, « [Préface] Guy de Pourtalès l’Eu
45 1981, Articles divers (1978-1981). Fédéralisme, personnalisme, œcuménisme (1981)
1246 sée et la contestation irresponsable, ont pris de nos jours un caractère de violence sans précédent, qu’on peut expliquer p
1247 r le fait même qu’il existe un effort œcuménique. Nous supposons d’ailleurs tous cette doctrine, dès lors que nous prononçon
1248 sons d’ailleurs tous cette doctrine, dès lors que nous prononçons : « Je crois la sainte Église universelle ». Et je me born
1249 a doctrine positive de l’union au nom de laquelle doit être condamnée l’hérésie unitaire. Doctrine de la multiplicité des do
1250 me. Un deuxième trait, complémentaire d’ailleurs, doit être au moins rappelé ici : La théologie de l’œcuménisme ne vise pas
1251 ours ou d’appel possible de la part du fidèle. Il doit se soumettre ou sortir. S’il se soumet, il court le risque d’obéir au
1252 mbres, assurée par l’appartenance à un même chef. Nous retrouverons plus loin, et à plusieurs reprises, ce thème de l’harmon
1253 ale. Le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur ! Il doit être un vrai poumon, et dans cette mesure même, il aidera le cœur à ê
1254 e de la personne Les positions œcuméniques que nous venons d’esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qu
1255 lle centrale qui fonde l’union dans la diversité, nous avons à chercher là position philosophique centrale qui fonde la comm
1256 mun et les contrats. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière, minutieusement prescrite par les usages, et
1257 l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui nous donnera le symbole éternel de la réaction collective. La victoire de
1258 on sociale, un « soldat politique », dirait-on de nos jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce individualis
1259 se primitive, dans la perspective sociologique où nous nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés l
1260 imitive, dans la perspective sociologique où nous nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés locale
1261 rnel conflit entre la liberté individuelle et les devoirs vis-à-vis de la collectivité. C’est le même Dieu, qui, par la vocatio
1262 sa fidélité à l’Éternel. Ainsi les droits et les devoirs du particulier ont le même fondement que les droits et les devoirs de
1263 ulier ont le même fondement que les droits et les devoirs de l’ensemble. Ils ne sont plus contradictoires. Ce qui libère un hom
1264 même coup par la formule : à chacun sa vocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures
1265 liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il nous reste à développer maintenant les implications politiques de cette th
1266 te philosophie. 3. Politique du fédéralisme Nous en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’at
1267 nit la paix comme « l’harmonie des âmes fortes ». Nous pourrions pareillement définir l’œcuménisme et le fédéralisme en remp
1268  âmes » par « églises » et par « régions ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins
1269 par « églises » et par « régions ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins ceci : qu
1270 s ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans
1271 sion fédératrice de l’œcuménisme Et maintenant nous voici dans le drame de cette fin du xxe siècle. Nous constatons que l
1272 s voici dans le drame de cette fin du xxe siècle. Nous constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le
1273 épondre, il faut qu’elles comprennent qu’elles le doivent . Mais les deux termes ne se confondent-ils pas dans la réalité de la
1274 des volontés. 1. L’histoire du monde christianisé nous montre que les structures ecclésiastiques ont souvent précédé et préd
1275 t pas strictement établie par la loi. De même les devoirs de la vocation personnelle ont toujours été mis au-dessus des devoirs
1276 on personnelle ont toujours été mis au-dessus des devoirs envers le Pouvoir politique. Lors donc que la loi s’est affaiblie dan
1277 dres et les rites anciens, jugés utilisables. Or, nous voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces m
1278 voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et so
1279 es qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, selon ses propres termes, « dans la diversité des É
1280 es Églises et des personnes particulières ». Elle doit donc s’organiser en fédération de paroisses et de provinces, de synod
1281 de synodes. Ce type de relations ecclésiastiques devait trouver sa traduction politique dans un fédéralisme plus ou moins acc
1282 que l’action que le mouvement œcuménique peut et doit exercer sur ces processus religieux, préparera le terrain pour une ac
1283 u monde. (La « religion de l’homme » que certains nous proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne s
1284 d’éléments traditionnels, condensant tout ce que nous avons d’expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même
1285 pond exactement aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, cel
1286 aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, celle qui rassembl
1287 alitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que nous avons exposé au chapitre 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul e
1288 s avec une pathétique sincérité.) Le tableau que nous venons d’esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’
1289 uisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’être. L’action du chrétien n’est jamais partie de la prudente consi
1290 manifestera dans une action risquée. De même que nous avons vu les Églises nées des missions en terre païenne se placer à l
1291 placer à l’avant-garde du mouvement vers l’union, nous ne verrons l’œcuménisme se réaliser avec puissance que dans l’épreuve
1292 ue dans l’épreuve missionnaire universelle, qu’il doit affronter maintenant. by. Rougemont Denis de, « Fédéralisme, pers
46 1981, Articles divers (1978-1981). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous (1981)
1293 igions, unissez-vous (1981)ca cb Un jour, dans notre jardin de Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois, en route ve
1294 édité sur cette phrase, depuis lors. Au temps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et
1295 mps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et Nunc , petite revue de pensée religieuse qu
1296 r, « dialectique » et calviniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’un
1297 iniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’une orthodoxie protestante,
1298 paradoxale en soi que dans les polémiques qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme iné
1299 s qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme inévitable dans la conjoncture de l’époque.
1300 ie fasciste en Allemagne nazie, et tout autour de nous , de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler n
1301 tout autour de nous, de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler normal à quelque observateur superf
1302 e moins au marxisme invoqué par les staliniens de nos pays pour justifier les procès de Moscou et la persécution des église
1303 on des églises. Mais je relis les onze numéros de notre revue : il n’y est jamais question d’orthodoxie ! (Sauf une fois : po
1304 ion d’orthodoxie ! (Sauf une fois : pour nier que nous défendions une « orthodoxie calviniste ».) En revanche, les « hérésie
1305 non point comme « contraires au dogme » : ce que nous référons comme « hérétique », c’est tout choix exclusif d’un seul des
1306 rase morale par orthodoxie, et vous saurez ce que nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’
1307 nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’édicté, de codifié, d’enregistré une fois pour t
1308 on théorique ». Elle était quelque chose, disions- nous , « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même impl
1309 ». Elle était quelque chose, disions-nous, « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre ef
1310 as les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie »
1311 e effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie » prétendue s’opposait à toute « transposition de l’évén
1312 e, en une vérité générale… » Et par « existence » nous ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et
1313 décision concrète… dans l’instant, hic et nunc ». Nous disions encore : Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos
1314 Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos propositions théologiques avec les énoncés de la Bible, mais de juger
1315 Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors. Après les années de Hic et Nunc (1932-19
1316 . Après les années de Hic et Nunc (1932-1939), nos voies pour un temps se séparent. Henry Corbin part pour Byzance et le
1317 n de l’ami retrouvé ne marque aucune rupture avec notre passé, ni encore moins mon ralliement à quelque antidoctrine nouvelle
1318 cience renouvelée de ce qui animait en profondeur nos écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’occupait déjà des grands m
1319 on propre cas. » Kierkegaard écrit : « L’Évangile doit être lu comme une lettre personnelle, adressée à toi seul. » Et Kafka
1320 it là que pour toi. Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. » Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui q
1321 Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. » Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui osera la franchi
1322 ndes confessions chrétiennes. Certes, peu d’entre nous choisissent leur confession, la plupart se contentent d’y être nés ;
1323 âme unique et de la vocation illuminante. Et cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise
1324 oubler. J’essaie aujourd’hui de comprendre qui de nous deux était le plus près d’une interprétation fidèle de sa pensée. Dan
1325 i le schéma si tu le juges utile. Les événements nous interdirent de donner suite à ces projets. Mais à la dernière page de
1326 ne nierai jamais, naturellement, le service qu’il nous a rendu. […] Au fond je suis de toujours et à jamais métaphysicien (l
1327 érique. […] Et c’est autour de ce Livre saint que nous voyons, partout et toujours, se regrouper des familles spirituelles a
1328 khart ou de J. Boehme, voire certains épisodes de nos légendes du saint Graal, semblaient bien parler à ces jeunes collègue
1329 anément le croyant. Dès là, rien ne saurait plus nous séparer. Nous avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois
1330 yant. Dès là, rien ne saurait plus nous séparer. Nous avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois aidant l’autr
1331 ous mes pas vers un but invisible à l’œil nu peut nous tromper, en ceci qu’elle n’est pas spatiale : le chemin se fait dans
47 1981, Articles divers (1978-1981). Quelques maximes de prospective (1981)
1332 ar définition, de mes réflexions sur demain. ⁂ Je nous vois mal partis, en Occident. La plupart des lecteurs d’ouvrages de p
1333 rendre le pire seul certain. Dès maintenant, elle nous oblige à formuler cette première maxime en forme de loi : La décaden
1334 pas de la divination, mais des fins qui aimantent notre action. À partir de nos fins, calculons. Toute autre voie, méthode
1335 des fins qui aimantent notre action. À partir de nos fins, calculons. Toute autre voie, méthode ou martingale conduit néc
1336 es, les faims en Afrique et en Asie (bientôt chez nous  ?), le chômage partout en croissance et l’irrépressible inflation, di
1337 NB, objectif proprement délirant de la plupart de nos ministres — qui n’ont pas trouvé le temps d’y réfléchir. ⁂ Trois homm
1338 ne le tente pas. Charles Fourier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu
1339 rier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu’il nous faut atteindre. Bisma
1340 e nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu’il nous faut atteindre. Bismarck Je traduis cela dans une seule petite phra
1341 ses, domaine du prévisible, mais selon l’appel de nos finalités, domaine de la prophétie. ⁂ Nos finalités peuvent être — et
1342 ppel de nos finalités, domaine de la prophétie. ⁂ Nos finalités peuvent être — et sont en réalité, successivement ou simult
1343 lité, successivement ou simultanément — celles de nos vrais désirs, ou parfois au contraire, celles de l’Esprit. Considéron
1344 ontraire, celles de l’Esprit. Considérons d’abord nos vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que nous pouvons avouer,
1345 s vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que nous pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans nos rêves et que décla
1346 us pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans nos rêves et que déclarent nos choix concrets, comme le vote d’un budget
1347 x qui s’annoncent dans nos rêves et que déclarent nos choix concrets, comme le vote d’un budget par exemple. ⁂ Ce n’est pas
1348 ire, comme on l’a cru au début de ce siècle, mais nos désirs, dont la technique n’est que l’outil. Car dans le monde où nou
1349 technique n’est que l’outil. Car dans le monde où nous vivons, désormais tout est fait de main d’homme. Qu’il s’agisse des p
1350 le cadre, dans le rythme, dans la qualité même de nos vies. Ce monde humanisé ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc
1351 es. Ce monde humanisé ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne
1352 é ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos
1353 c de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale
1354 e l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité déf
1355 Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité définit l’obstacl
1356 t dissuasive, paraît insurmontable et de nature à nous réduire au scepticisme, au fatalisme, et aux fantasmes conjugués du h
1357 s du hasard et de la nécessité. Cependant méfions- nous  : il y a dans ce scepticisme un merveilleux moyen d’éluder cette chos
1358 chose pesante, ce mot trop long : responsabilité. Nous ne sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons r
1359 nsabilité. Nous ne sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il
1360 sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il nous plaît de fai
1361 pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il nous plaît de faire tout de suite. Mais ce n’est pas vrai. Reprenons l’arg
1362 de l’humanité depuis plusieurs millions d’années nous sont connus par les mythes et les contes, et ce sont eux que l’homme
1363 action, devenue l’une des branches principales de notre économie. L’histoire du vol d’Icare est le récit d’un rêve que tous l
1364 ant et de grands oiseaux mécaniques répandant sur nos nuits brûlantes, au pire de l’été, de la neige. C’est ce rêve d’Icare
1365 idération utilitaire, économique. Et de même pour nos autres rêves constants. Agir à distance, parler ou tuer sans efforts
1366 tion. Or, cette réponse est au moins faible parmi nous , parfois nulle. Et cette faiblesse pourrait bien être le signe avant-
1367 squ’à l’angoisse l’exemple de l’automatisation de nos sociétés, qui a le don d’exciter le lyrisme des chroniqueurs « scient
1368 es, et tout à l’heure le Bureau sans secrétaires, nous permettent d’espérer pour demain la Guerre mondiale sans soldats, — c
1369 re. L’exemple du « chômage technologique » (comme nous disions en 1933) résolu dans l’industrie par l’hypertrophie du tertia
1370 l’automatisation croissante des tâches manuelles. Nous voulions que ces bénéfices, désormais assurés par la machine, soient
1371 on pour les ouvriers libérés. Mais que proposions- nous pour les nouveaux arrivants, les moins de 18 ans d’alors, et pour les
1372 succès, non la lenteur et encore moins l’échec de nos efforts techniques, qui a créé les problèmes insolubles du siècle : l
1373 tion chronique dans tous les États de l’Occident. Nous n’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où nous oserons regar
1374 ’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où nous oserons regarder en face pour la juger selon nos buts ultimes la réus
1375 nous oserons regarder en face pour la juger selon nos buts ultimes la réussite, hélas probable, de nos efforts technico-ind
1376 nos buts ultimes la réussite, hélas probable, de nos efforts technico-industriels, en l’absence de toutes fins avouables o
1377 point, depuis la Bombe, il n’en va pas mieux pour notre civilisation dans son ensemble que pour chacun des individus qui la c
1378 précédent des moyens d’en finir avec la Terre et nous , d’un seul et même coup. L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est c
1379 L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est ce que nous saurons en faire, notre affaire. 62. « Les robots, enjeux économiqu
1380 qu’il était. Il est ce que nous saurons en faire, notre affaire. 62. « Les robots, enjeux économiques et sociaux », La Docu
1381 n° 9 de L’Ordre nouveau (mars 1934) intitulé : Nous voulons un ordre nouveau. bz. Rougemont Denis de, « Quelques maxime
48 1981, Articles divers (1978-1981). Robert Aron, Fragments d’une vie [préface] (1981)
1382 les ombres montaient à l’Est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes de leur état de désuétude. Nous fondions le
1383 ocraties inconscientes de leur état de désuétude. Nous fondions les premiers groupuscules et les premières revues personnali
1384 xe siècle. Je le revois, souvent silencieux dans nos groupes, avec ses grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa
1385 ’esprit politique. Il m’intriguait. Mais bien que nous ayons vécu ensemble l’aventure de l’Ordre nouveau pendant près de neu
1386 couvre en lisant ces Fragments d’une vie — hélas, nous ne pourrons plus en parler ensemble. Pourquoi ne l’avoir pas question
1387 le Robert Aron de l’Ordre nouveau que j’ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège d’égaux que f
1388 au que j’ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège d’égaux que fut durant neuf ans le « Comité
1389 les « groupes » furent épisodiques. Les Fragments nous apprennent d’où venait la famille de Robert, de même qu’ils m’ont app
1390 tait avant de fonder avec Dandieu les éléments de notre doctrine commune. Mais pour les autres, quelles étaient les raisons d
1391 s pour les autres, quelles étaient les raisons de notre convergence dans cette communauté de pensée en vue de l’action ? « De
1392 toutes incroyances », selon la formule de Péguy, nous ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la
1393 le de Péguy, nous ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la manière de les assumer. Sur les qua
1394 ais non pas dans la revue, où d’ailleurs aucun de nous ne se vit jamais amené à des déclarations incompatibles avec les conv
1395 nien, qu’il avait trouvée dans sa famille, et que nous acceptions tous ; quant au nietzschéisme, qu’il partageait d’ailleurs
1396 en écrivant quarante ans plus tard L’Avenir est notre affaire … Des deux juifs du groupe, l’un était agnostique — Robert Ar
1397 ées par Dandieu sur son lit de mort, en 1934. Que notre conception de la personne ait pu subsumer des définitions augustinien
1398 retour au véritable spirituel. Deuxième trait que nous avions en commun : l’analyse de la situation de l’Europe dans les ann
1399 ou de gauche, profascistes ou procommunistes, qui nous ont rapprochés au départ. Au cours des mêmes années de notre jeunesse
1400 approchés au départ. Au cours des mêmes années de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à un
1401 art. Au cours des mêmes années de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à une guerre qui ne
1402 ées de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être notre guerre,
1403 de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être notre guerre, mais que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avio
1404 guerre qui ne pouvait être notre guerre, mais que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos dé
1405 is que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos démocraties n’avaient à opposer au mensonge t
1406 ir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos démocraties n’avaient à opposer au mensonge total des dictatures que
1407 s que la demi-vérité de l’État-nation centralisé. Nous avions constaté que l’origine des fascismes et du national-socialisme
1408 totalitarismes. D’où la recherche passionnée que nous menions tous, d’une formule de communauté qui ne fût ni de classe, ni
1409 sables. De là sans doute la qualité singulière de notre engagement (terme lancé par les personnalistes71) : c’était un engage
1410 ns l’optique politicienne. En vérité, nul d’entre nous , ni pour le groupe ni pour lui-même, ne rêvait d’une « prise de pouvo
1411 habituel, ni même au sens léniniste. Nul d’entre nous n’entendait « faire de la politique », et les rares qui se présentère
1412 ent aux élections se virent immédiatement exclus. Nous voulions tous la liberté de la personne, c’est-à-dire qu’elle fût res
1413 rsonne, c’est-à-dire qu’elle fût responsable ; et nous tirions de cet axiome les conséquences économiques et politiques : ab
1414 ion des régions au niveau national puis européen. Nous défendions une conception de la vie avec laquelle aucun des régimes e
1415 égimes existants, États-nations ou dictatures, ne nous paraissait compatible : nous étions condamnés à l’invention. Mais l’o
1416 ns ou dictatures, ne nous paraissait compatible : nous étions condamnés à l’invention. Mais l’on a calculé que les délais né
1417 ration des idées de l’Ordre nouveau : nul d’entre nous ne venait du stalinisme ou d’un autre fascisme ; aucun n’avait changé
1418 ujourd’hui. Pas de virtuoses de la palinodie dans notre groupe. Plus d’idées neuves que de moyens de les communiquer au grand
1419 niste, ni fasciste, et pourtant vous pensez comme nous  ! » Réponse : « J’étais depuis le début personnaliste, exempté de pal
1420 ran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut le nôtre avant l’ère des médias : je vois grandir sans cesse l’actualité de no
1421 édias : je vois grandir sans cesse l’actualité de nos « idées des années 1930 ». Survint la guerre prévue, qui va nous disp
1422 s années 1930 ». Survint la guerre prévue, qui va nous disperser. Robert est mobilisé en France, lieutenant d’artillerie, mo
1423 nces aux États-Unis où je serai moins gênant pour notre neutralité. En 1941, Robert est « victime de la première arrestation
1424 ération. C’est sous le signe de l’Europe unie que nous allons nous retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève
1425 st sous le signe de l’Europe unie que nous allons nous retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève, lors des p
1426 nnaliste » : première « accession au pouvoir » de nos idées ? Ce serait trop dire et ce fut éphémère, mais retenons le sign
1427 de l’Europe au-delà des États-nations — terme que nous avions forgé dès 1931, et qu’aujourd’hui le monde emploie. Depuis les
1428 rer, plus spécifiques de la doctrine élaborée par notre groupe, n’ont cessé de gagner en actualité, au point d’en occuper dep
1429 e. » Plus simple encore, ce titre dans le n° 1 de notre revue posait le dilemme fondamental des sociétés industrielles : « Li
1430 int où il ne peut plus esquiver ces questions que nous fûmes presque seuls à regarder en face, il y a près de cinquante ans.
1431 à regarder en face, il y a près de cinquante ans. Nous proposions des solutions telles que le service civil industriel et le
1432 causte nucléaire. Mais revenons à la personne de notre ami. Un dernier trait de son caractère et de son œuvre d’historien me
1433 Sartre, quinze ans plus tard, allait s’approprier notre définition de l’homme libre parce que responsable et réciproquement,
49 1981, Articles divers (1978-1981). Charles Ricq, Les Travailleurs frontaliers en Europe [préface] (1981)
1434 eau continental, dans les pays les plus divers de notre Europe : agitation ethnique en France, Constitution espagnole introdu
1435 leur et la rapidité de son progrès, l’ouvrage que nous présentons tient une place à part et qu’il importe de situer. C’est u
1436 des impôts. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue de la g
50 1981, Articles divers (1978-1981). La Suisse face au danger de guerre : « Je suis un pessimiste actif » (4 mars 1981)
1437 que j’ai eue avec Einstein en 1947 à Princeton où nous étions voisins. Je lui ai demandé ce qui se produirait en cas de guer
1438 vents dominants s’empresseraient de diriger vers notre plateau, Kowarski me disait : « Ça peut tuer tout le monde ou très pe
1439 u mieux, ne serviront à rien, sinon, comme chacun nous le dit, à empêcher les autres de faire la guerre. Je n’en crois pas m
1440 s puissances du tiers-monde. Parce que, là aussi, nous avons tout disposé, avec une inconscience quasi démente, pour que ça
1441 s médias, les mentalités, les politiques et toute notre industrie se mettent en place peu à peu, comme poussés par un mot d’o
1442 mettre ici les points sur les i, chacun sait que nos industries sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de nous faire
1443 s sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de nous faire croire que le nucléaire militaire et le nucléaire civil n’avaie
1444 ple de l’Inde. La seule question est de savoir si nous aurons le temps de faire prendre conscience aux populations du danger
1445 ne pas venir. D’ailleurs, tous les colloques que nous pouvons écrire, les émissions que nous pouvons faire, même multipliée
1446 loques que nous pouvons écrire, les émissions que nous pouvons faire, même multipliées par cent-mille, ne suffiront pas à re
1447 en de toute manière, buvons et fumons, car demain nous mourrons. Ou alors, ça développe chez eux, inconsciemment peut-être,
1448 utrons serait encore le moyen le plus maniable de nous défendre quand les Russes déferleront avec leurs milliers de chars. M
1449 as d’abris ! Ici, tout le monde s’y met, c’est un devoir national ! » Eh bien, cette fièvre n’a duré que quatre ans. On a fait
1450 d’abris antiatomiques. Je m’explique mal comment nos milieux gouvernementaux et militaires y croient encore. La guérill
1451 e beaucoup plus infranchissable que tous ceux que nous pourrions leur opposer. S’ils font la guerre, ce sera aussi pour s’em
1452 hoise. Et, à supposer même qu’ils veuillent raser nos villes et nos usines, ils pourraient se passer de bombes atomiques pu
1453 upposer même qu’ils veuillent raser nos villes et nos usines, ils pourraient se passer de bombes atomiques puisqu’il leur s
1454 tomiques puisqu’il leur suffirait de faire sauter nos propres centrales nucléaires (comme l’a dit le général Buis), ce qui
1455 e général Buis), ce qui paralyserait du même coup notre pays. Raison de plus, soit dit en passant, pour que la Suisse renonce
1456 s mal de voix contre Guisan en 1939. « Il faudra, nous disait-il, laisser pénétrer l’infanterie et les chars adverses, très
1457 ropéens est devenue pratiquement impensable. Cela nous laisse une seule hypothèse : celle d’un déferlement de l’immense armé
1458 es à la conquête de l’Europe. En admettant qu’ils nous submergent rapidement, comme le prévoit le général belge Close74, qu’
1459 l y a chez les Européens, et chez les Suisses qui nous intéressent plus particulièrement, une volonté de défense, une consci
1460 , « en hérisson », serait non seulement adaptée à nos conditions géographiques et politiques particulières, mais s’inscrira
1461 ant un temps. Ce n’est tout de même pas le but de notre défense nationale, n’est-ce pas, que d’enrichir un certain nombre de
1462 on, mais qui n’en seraient pas moins contraires à notre neutralité, puisqu’elles sont par nature offensives (le premier qui t
1463 premier qui tire a toutes les chances de gagner), nous devrions entraîner d’urgence notre population civile à cette défense
1464 er qui tire a toutes les chances de gagner), nous devrions entraîner d’urgence notre population civile à cette défense non viole
1465 ces de gagner), nous devrions entraîner d’urgence notre population civile à cette défense non violente. Cet entraînement s’in
1466 eignement du russe « colloquial » d’aujourd’hui à nos jeunes gens des deux sexes pourrait devenir une arme infiniment plus
1467 edoutable, quoique mille fois moins coûteuse, que nos achats d’avions vite démodés. Ces cours de défense civile, psychologi
1468 odés. Ces cours de défense civile, psychologique, devraient être menés de pair avec la préparation intensive des soldats en vue d
1469 prenait une position en flèche, cela donnerait à notre jeunesse un idéal très puissant, un avenir véritablement attirant, vo
1470 ritablement attirant, voire fascinant. L’idée que nous ne serions plus les « profiteurs des guerres des autres », comme nous
1471 les « profiteurs des guerres des autres », comme nous en accuse l’Europe, mais que nous montrerions le chemin vers un futur
1472 autres », comme nous en accuse l’Europe, mais que nous montrerions le chemin vers un futur possible, vivable encore, je ne v
1473 ts, si on sauve ainsi toute une population ? Vous nous montrez les Suisses à la croisée des chemins. Oui. Et vous êtes optim
1474 ller, elles iront très mal. Et, dans la mesure où nous sommes actifs, quelles que soient nos chances de succès évaluables au
1475 mesure où nous sommes actifs, quelles que soient nos chances de succès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre
1476 ent nos chances de succès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des
1477 cès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des personnes qui auront es
1478 nous sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des personnes qui auront essayé de faire quelque chos
1479 r Walter Weideli et intruidits par ce chapeau : «  Notre enquête s’achève par une interview “pas comme les autres”. Plus diale
51 1981, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire (mai 1981)
1480 L’Avenir est notre affaire (mai 1981)ck cl Comment la situation a-t-elle évolué depui
1481 ils ont acheté des morceaux du terrain sur lequel devaient être construites les centrales et ont édifié sur l’un d’entre eux, en
1482 grandes portes, il est écrit : « L’avenir, c’est notre affaire ». Le titre de votre livre a-t-il été utilisé ailleurs qu’à P
1483 du tout de mon livre. En revanche, L’Avenir est notre affaire a fait la couverture d’un numéro du Nouvel Observateur, au s
1484 es qui pourront rouler. Les laissera-t-on faire ? Nous sommes tellement habitués à nous déplacer en voiture qu’une telle sit
1485 era-t-on faire ? Nous sommes tellement habitués à nous déplacer en voiture qu’une telle situation créerait des troubles soci
1486 que c’est ça le Progrès ? Paul Valéry a écrit : «  Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout
1487 ? Paul Valéry a écrit : « Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout ce que la technologie a
1488 a écrit : « Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout ce que la technologie a réalisé, ce
1489 gie a réalisé, ce sont des rêves de l’homme, dont nous ne pouvions pas prévoir l’aboutissement. Les régions, enfin. C’est le
1490 de sa campagne électorale. Dans votre livre, vous nous donniez dix à quinze ans au plus pour décider de la survie de notre e
1491 à quinze ans au plus pour décider de la survie de notre espèce. Votre avertissement a-t-il été entendu ? Dans les trois cas q
1492 anistan, Pologne). Le seul ennemi à redouter pour nous Européens, ce sont les Russes. Et s’ils nous font un jour la guerre,
1493 pour nous Européens, ce sont les Russes. Et s’ils nous font un jour la guerre, ce sera une guerre classique, car ils voudron
1494 e guerre classique, car ils voudront s’emparer de nos industries. (En lançant des bombes atomiques, ils créeraient un déser
1495 ilomètres de frontières à l’est et au sud qu’elle devrait garder. Elle ne disposerait donc pas de la totalité de son armée pour
1496 oserait donc pas de la totalité de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient nos territoires, les Russes seraient certai
1497 de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient nos territoires, les Russes seraient certainement surpris de voir que nou
1498 Russes seraient certainement surpris de voir que nous ne correspondons pas aux descriptions qu’on leur a faites. Loin de ch
1499 pent. » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous
1500  » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les a
1501 nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques 
1502 nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques » ou
1503 s des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques » ou « techniques »
1504 sible ! Votre livre appelle à la conversion. Vous nous appelez à faire passer le spirituel et l’affectif avant le matériel e
1505 t le technique. Quand les temps sont proches, que doit faire le converti ? Changer de valeurs, c’est déjà l’essentiel. Si l’
1506 teint la liberté spirituelle, il réalise ce qu’il doit faire sur terre. Mais on ne peut pas séparer le travail que l’on fait
1507 différence y a-t-il entre la peur de l’an 1000 et notre peur de l’an 2000 ? Ce sont deux choses tout à fait différentes. La p
1508 le et non pas inventée par Michelet. Aujourd’hui, nous avons hélas de bonnes raisons rationnelles d’avoir peur. Tout cela va
1509 faut pas, sous des prétextes mondains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénon
1510 rétextes mondains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quot
1511 tes mondains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quotidienne
1512 dains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quotidienne, et
1513 ie, le gaspillage et la dégradation de l’énergie. Nous allons vers la mort tiède de l’univers. Les erreurs sur l’avenir sont
1514 ’avenir sont de plus en plus graves, à mesure que nos moyens sont plus grands. C’est une question de dimensions. Voilà pour
1515 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir est notre affaire », Certitudes, Bevaix, mai 1981, p. 28-30. cl. Propos recuei
52 1981, Articles divers (1978-1981). La ruée vers le Graal : questions à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)
1516 ns à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)cm cn Nous sommes des Celtes, me dit Denis de Rougemont. Il habite une ancienne
1517 des marches de pierre, un jardin planté de haies, nous parlons du retour en force des légendes bretonnes qui ont inspiré en
1518 on livre L’Amour et l’Occident , publié en 1939. Nous sommes imprégnés des récits de la Table ronde, ils sont entrés dans n
1519 es récits de la Table ronde, ils sont entrés dans nos gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qu
1520 le ronde, ils sont entrés dans nos gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qui a écrit un jour :
1521 rofond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous , généralement à notre insu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance
1522 t le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance de notre histoire. Le
1523 nsu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance de notre histoire. Les Celtes ont occupé tout le territoire européen de Gibral
1524 les Romains. L’origine du Graal Réjouissons- nous donc : nous sommes Celtes, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vou
1525 . L’origine du Graal Réjouissons-nous donc : nous sommes Celtes, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vouga, dans son
53 1981, Articles divers (1978-1981). « Les socialistes sont la chance de la France pour réaliser la réforme des régions » (5 août 1981)
1526 région. Savez-vous ce que les Lillois m’ont dit ? Notre ville devrait être une métropole régionale et ce n’est que le terminu
1527 z-vous ce que les Lillois m’ont dit ? Notre ville devrait être une métropole régionale et ce n’est que le terminus d’une ligne
1528 me de « décentralisation » par exemple. Dès 1930, notre groupe le refusait, car la décentralisation, c’est ce qui est octroyé
1529 fferre dans une commission européenne à Londres ; nous nous sommes fort bien entendus. Il a compris la base du fédéralisme,
1530 e dans une commission européenne à Londres ; nous nous sommes fort bien entendus. Il a compris la base du fédéralisme, c’est
1531 Pour accomplir leur nouvelle tâche, les communes devront disposer d’une certaine autonomie financière. Comment la concevoir ?
1532 d’entraide, de solidarité, de coopération. Ça ne doit pas devenir une affaire de bureaucrates, d’administration qui décide
1533 bonne chose. Cela va dans le bon sens, mais cela doit toujours partir du premier niveau, de la commune. Aménager un chemin
1534 Ce que la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (les régio
1535 nicipalité peut faire, les États (les régions) ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
1536 s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. L’idée des régions « à géométrie variable » L’esp
1537 Comment peut-on illustrer cela pour la région qui nous concerne ? Le Léman, c’est une affaire de région. Pour son sauvetage,
1538 honon, d’Évian, de Morges ou de Genève. Tout cela doit inciter à créer une région. Il faut fonder des unités capables de rés
1539 , mais vous, votre génération, vous pourrez, vous devrez dépasser cette idée. » J’ai conçu un plan qui commence à être adopté,
1540 un réveil du civisme et ce réveil du civisme, il doit se faire à tous les échelons et d’abord dans la commune. Il faut que
54 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre 1981)
1541 e des raisons principales du désarroi dans lequel nous jettent les récents développements de la technologie et, en général,
1542 hysiques, chimiques et biologiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premier
1543 logiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds et à les é
1544 iste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds et à les évaluer globale
1545 ; il en est peu qui égarent davantage l’esprit de nos contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a
1546 informé, précisément. Sans doute, mais chacun de nous sait bien que toute innovation technique, qu’on la qualifie ou non de
1547 e vraiment d’être présentée comme une révolution, nous avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les gr
1548 tre présentée comme une révolution, nous avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les grandes questions,
1549 t de responsabilité accrues de la personne. De là notre problème et le sujet que je souhaite aborder. 3. Ambivalence de la
1550 ppui de mes dires : un jour, qu’avec Louis Armand nous discutions des complexités effarantes auxquelles une politique fédéra
1551 ublions jamais l’ambivalence inévitable de toutes nos technologies : — la « révolution » technique de l’automation devait a
1552 s : — la « révolution » technique de l’automation devait amener l’ère des loisirs et nous sommes dans l’ère du chômage ; — la
1553 e l’automation devait amener l’ère des loisirs et nous sommes dans l’ère du chômage ; — la productivité sans cesse accrue de
1554 e accrue de l’industrie annonçait l’abondance, et nous avons des pénuries multipliées en Occident, et des famines dans le ti
1555 es famines dans le tiers-monde ; — l’informatique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous, mais
1556 matique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous  », plus vite que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facul
1557 ujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous , mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jug
1558 te que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1559 s tout de suite que ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une
1560 t de suite que ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une sociét
1561 s pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de nos problèmes présents de civilisation scientifico-technique, il y a, en
1562 qu’on leur propose et dont on les persuade qu’ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géa
1563 e qu’ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux
1564 ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux cosmo
1565 Walesa, rien n’avait été correctement prévu, tout nous a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décen
1566 de leurs combinaisons, convergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même
1567 vergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même de réflexion sur l’avenir
1568 refuse cette invitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur la Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pou
1569 intaines sur l’homme, la société et la nature, de nos innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. comp
1570 eule une personne peut intégrer. L’information ne nous dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions
1571 e sagesse n’est pas encore Amour (cet « amour qui nous rendra la liberté », comme le dit une chanson populaire et sublime) ;
1572 ; e) mais si l’information (data + news) augmente nos pouvoirs physiques, il devient impératif et vital d’augmenter simulta
1573 t vital d’augmenter simultanément et à proportion notre sagesse morale et spirituelle, qui est le sens des fins dernières aux
1574 le, qui est le sens des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner nos moyens. Principe de base : il est mortellement dangere
1575 des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner nos moyens. Principe de base : il est mortellement dangereux d’augmenter
1576 succès total de cette machine. Personne n’imagina nos villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnée
1577 os villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnées, les chars et l’aviation, les compagnies pétroliè
1578 ugmenter le profit aux dépens de la main-d’œuvre. Notre troisième critère sera le complément du second, comme la responsabili
1579 des citoyens à leur gestion. Le quatrième critère nous est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous command
1580 enu familier depuis quelques années seulement. Il nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou nat
1581 l nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou naturel, et de même tout ce qui menace d’épuiser à c
1582 nchaînement d’innovations techniques »). Ceci est notre cinquième critère. Quand une technique nouvelle s’avère capable de ch
1583 ses élites créatrices. Ainsi, sixième critère, on doit s’abstenir d’appliquer cette technique tant que le doute n’est pas le
1584 comme c’est évidemment le cas pour la musique. On nous apprend que l’homme peut absorber normalement 80 000 informations par
1585 ique. C’est un embouteillage de communication. On nous dit que l’ordinateur, interrogé sur un problème psychologique, « pens
1586 t. Dans la société entièrement informatisée qu’on nous prépare, c’est la saveur même de la vie que l’homme n’aura plus le te
1587 , l’auto, l’avion, le téléphone et la télévision, nous prépare certes à penser ou à imaginer selon des schémas déduits de la
1588 paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser, de sentir, ni de croire. L’informatique peut aller b
1589 ttant de calculer et combiner en lieu et place de nos cerveaux tout ce qui peut être exprimé en termes logiques et chiffrab
1590 e exprimé en termes logiques et chiffrables, elle nous fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos pr
1591 ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1592 les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, purifié
1593 mots l’essentiel de ce que je viens d’avancer. On nous propose aujourd’hui, avec une insistance croissante, l’école sans maî
1594 ratiques. » Les partisans de l’école sans maîtres nous assurent qu’elle pourra multiplier par 60 les possibilités du cerveau
1595 un muscle. « La mémoire se cultive par l’usage », nous rappelle opportunément le Petit Larousse. Ivan Illich, à l’Université
1596 ne à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’elles ne sont guère qu’introductives à des débats futurs et
1597 de la vulnérabilité d’une société informatisée ? Nous sommes au seuil d’une civilisation rendue fragile par quantité de fac
1598 ions de bits, un cinquième de ce que l’ordinateur devait enregistrer. D’autres jeunes gens mettent des ordinateurs hors d’usag
1599 té. Car la technique a pour fonction de faciliter nos efforts et d’en multiplier les effets. Or le mal est en général plus
1600 uire ou freiner la technique, l’informatique dans notre cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous rep
1601 Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique sat
1602 t trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfai
1603 e peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux
1604 sinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux numéros 1 et 4
1605 re un équivalent des dangers du gigantisme). Mais nous constatons qu’en revanche, l’informatique fait mauvaise figure face a
1606 contre la personne, et surtout parce qu’elle rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’év
1607 le rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’évolution de l’informatique (laquelle, livr
1608 prise humaine), c’est sur ces derniers points que nous avons à le faire. Il faut refuser et réfuter activement l’approche im
1609 vérité sa définition scientifique et son utilité. Nous pouvons le faire encore, et nous le devons. C’est bien peu de choses,
1610 et son utilité. Nous pouvons le faire encore, et nous le devons. C’est bien peu de choses, me dira-t-on : un effort non mes
1611 utilité. Nous pouvons le faire encore, et nous le devons . C’est bien peu de choses, me dira-t-on : un effort non mesurable, un
1612 que de ce peu, de ce très peu, dépende le sort de notre civilisation occidentale. 76. Simon Nora et Alain Minc, L’Informat
55 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre-décembre 1981)
1613 e des raisons principales du désarroi dans lequel nous jettent les récents développements de la technologie et en général de
1614 hysiques, chimiques et biologiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premier
1615 logiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds, à vérifie
1616 iste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds, à vérifier sans cesse l
1617 , il en est peu qui égarent davantage l’esprit de nos contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a
1618 informé, précisément. Sans doute, mais chacun de nous sait bien que toute innovation technique, qu’on la qualifie ou non de
1619 e vraiment d’être présentée comme une révolution, nous avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les gr
1620 tre présentée comme une révolution, nous avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les grandes questions,
1621 appui de mes dires : un jour qu’avec Louis Armand nous discutions des complexités effarantes auxquelles une politique fédéra
1622 ublions jamais l’ambivalence inévitable de toutes nos technologies. — La « révolution » technique de l’automation devait am
1623 es. — La « révolution » technique de l’automation devait amener l’ère des loisirs, et nous sommes dans l’ère du chômage. — La
1624 l’automation devait amener l’ère des loisirs, et nous sommes dans l’ère du chômage. — La productivité de l’industrie annon
1625 uctivité de l’industrie annonçait l’abondance. Et nous avons des pénuries croissantes en Occident, et des famines dans le ti
1626 des famines dans le tiers-monde. — L’informatique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous, mais
1627 matique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous  », plus vite que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facul
1628 ujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous , mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jug
1629 te que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1630 inalités Certes, ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une
1631 tés Certes, ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une sociét
1632 s pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de nos problèmes présents de civilisation scientifico-technique, il y a, en
1633 qu’on leur propose et dont on les persuade qu’ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géa
1634 e qu’ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux
1635 ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux cosmo
1636 l’Iran, de l’Afghanistan ou de Lech Walesa, tout nous a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décen
1637 de leurs combinaisons, convergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même
1638 vergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même de réflexion sur l’avenir
1639 , je refuse l’invitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pour l
1640 intaines sur l’homme, la société et la nature, de nos innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. Comp
1641 eule une personne peut intégrer. L’information ne nous dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions
1642 sagesse n’est pas encore amour. (Cet « amour qui nous rendra la liberté », comme le dit une chanson populaire et sublime.)
1643 . e. Mais si l’information (data + news) augmente nos pouvoirs physiques, il devient impératif et vital d’augmenter simulta
1644 vital d’augmenter simultanément et en proportion notre sagesse morale et spirituelle, qui est le sens des fins dernières aux
1645 le, qui est le sens des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner nos moyens. Principe de base : il est mortellement dangere
1646 des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner nos moyens. Principe de base : il est mortellement dangereux d’augmenter
1647 succès total de cette machine. Personne n’imagina nos villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnée
1648 os villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnées, les chars et l’aviation, les compagnies pétroliè
1649 ugmenter le profit aux dépens de la main-d’œuvre. Notre troisième critère sera le complément du deuxième, comme la responsabi
1650 citoyens à leur gestion. 4. Le quatrième critère nous est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous command
1651 enu familier depuis quelques années seulement. Il nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou nat
1652 l nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou naturel, et de même tout ce qui menace d’épuiser à c
1653 comme c’est évidemment le cas pour la musique. On nous apprend que l’homme peut absorber normalement 80 000 informations par
1654 que. C’est un embouteillage de communication. On nous dit que l’ordinateur, interrogé sur un problème psychologique, « pens
1655 t. Dans la société entièrement informatisée qu’on nous prépare, c’est la saveur même de la vie que l’homme n’aura plus le te
1656 to, l’avion, le téléphone et la Radio-Télévision, nous prépare certes à penser ou imaginer selon des schémas déduits de la s
1657 paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser, de sentir, ni de croire. L’informatique peut aller b
1658 tant de calculer et combiner, en lieu et place de nos cerveaux, tout ce qui peut être exprimé en termes logiques et chiffra
1659 e exprimé en termes logiques et chiffrables, elle nous fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos pr
1660 ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1661 les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, purifié
1662 n quelques mots l’essentiel de ce qui précède. On nous propose aujourd’hui, avec une insistance croissante dans toute la pre
1663 ratiques. » Les partisans de l’école sans maîtres nous assurent qu’elle pourra multiplier par soixante les possibilités du c
1664 n muscle : « La mémoire se cultive par l’usage », nous rappelle opportunément le Petit Larousse. Ivan Illich, à l’Université
1665 ne à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’elles ne sont guère qu’introductives à des débats futurs, d
1666 de la vulnérabilité d’une société informatisée ? Nous sommes sur le seuil d’une civilisation rendue fragile par quantité de
1667 ions de bits, un cinquième de ce que l’ordinateur devait enregistrer. D’autres jeunes gens mettent des ordinateurs hors d’usag
1668 té. Car la technique a pour fonction de faciliter nos efforts et d’en multiplier les effets. Or le mal est en général plus
1669 uire ou stopper la technique, l’informatique dans notre cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous re
1670 l est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique sat
1671 trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfai
1672 peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux
1673 inventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux numéros 1 et 4
1674 es fabuleux puissent en être un équivalent). Mais nous constatons qu’en revanche l’informatique fait mauvaise figure face au
1675 ontre la personne ; et surtout parce qu’elle rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’év
1676 le rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’évolution de l’informatique (laquelle, livr
1677 te prise humaine), c’est sur ce dernier point que nous avons à le faire. Refuser, réfuter activement le point de vue impéria
1678 vérité sa définition scientifique et son utilité, nous pouvons le faire encore — et nous le devons. C’est bien peu de chose,
1679 et son utilité, nous pouvons le faire encore — et nous le devons. C’est bien peu de chose, me dira-t-on. Un effort non mesur
1680 tilité, nous pouvons le faire encore — et nous le devons . C’est bien peu de chose, me dira-t-on. Un effort non mesurable, une
1681 que de ce peu, de ce très peu, dépend le sort de notre civilisation occidentale. 89. Simon Nora et Alain Minc, L’Informa
56 1981, Articles divers (1978-1981). L’informatique vue par Denis de Rougemont (2 décembre 1981)
1682 sérieux et qui reconnaîtrait que le temps épargné doit être redistribué. Malheureusement, dans la société actuelle, ceux qui
1683 lheureusement, dans la société actuelle, ceux qui devraient jouir du temps libre gagné par la machine, ne voient que le côté néfa
1684 tidienne des Occidentaux, l’informatique accentue notre tendance à penser ou à imaginer selon des schémas déduits de la seule
1685 seule réalité physique et de ses mécanismes. Elle nous fait ainsi entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité »
1686 ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1687 les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, déperso
1688 matique ou la télématique. En d’autres termes, en nous offrant de « penser pour nous » et plus vite que nous, « l’informatiq
1689 d’autres termes, en nous offrant de « penser pour nous  » et plus vite que nous, « l’informatique crée le risque d’atrophier
1690 offrant de « penser pour nous » et plus vite que nous , « l’informatique crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire,
1691 nous, « l’informatique crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1692 rticle paru dans La Revue économique et sociale , nous lui avons posé quelques questions. »