1
lle : — Devant un problème sans issue, que faites-
vous
? Il répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer l
2
iser la politique (janvier 1978)c d Que voulez-
vous
dire lorsque vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire : « Il es
3
(janvier 1978)c d Que voulez-vous dire lorsque
vous
écrivez dans L’Avenir est notre affaire : « Il est donc clair qu’un
4
est le spectacle, et rien d’autre… Quand les gens
vous
disent : « Mais ce problème a été politisé » (ça veut dire récupéré p
5
comme l’école publique et obligatoire… Ne pensez-
vous
pas que l’écologie est un langage que les femmes peuvent mieux compre
6
lenteur au sein du silence. C’est la grâce que je
vous
souhaite pour l’an qui vient. g. Rougemont Denis de, « Le diable e
7
e terrorisme qui puisse être justifiée. Reprenons
vos
exemples… Et précisons d’abord qu’il y a deux types d’anarchistes, au
8
il n’a fait que pourrir la situation. Que pensez-
vous
, plus précisément, de l’attitude d’un Frantz Fanon, qui prétend que l
9
n de Mai 68 et le terrorisme actuel. Qu’en pensez-
vous
? C’est une erreur monumentale que de voir une relation entre ces deu
10
énomène spécifiquement allemand ou italien. Voyez-
vous
, comme un Jean Daniel5, dans l’action de la Fraction armée rouge, un
11
les théories de certains d’entre eux. Que pensez-
vous
de cela ? Quant à moi, je ne vois aucun théoricien dont on puisse dép
12
yens de communication de masse. Comment expliquez-
vous
, par ailleurs, que les régimes les plus répressifs de notre époque —
13
au fond du problème : le terrorisme est-il, selon
vous
, un phénomène significatif de notre société ? Oui, de toute évidence,
14
nnelle au nombre d’étages des tours. À ce propos,
vous
établissez, dans L’Avenir est notre affaire , une comparaison entre
15
re les procédés des terroristes et ceux de ce que
vous
appelez les « États-nations ». Je vous cite : Au terrorisme que les
16
de ce que vous appelez les « États-nations ». Je
vous
cite : Au terrorisme que les États se « réservent » d’exercer, répon
17
ec leur ticket de vol en première classe. Enfin,
vous
ajoutez : Les États cèdent avec une docilité dont j’ai cru voir qu’e
18
tyle et savent trop bien à quoi s’attendre. Pour
vous
donner un exemple plus précis de ce type de relations, pensez aux aff
19
r sur le recours au terrorisme. Parlons enfin, si
vous
le voulez bien, de la répression du terrorisme. Celui-ci peut-il être
20
uparavant, j’aimerais que nous parlions un peu de
vous
, Denis de Rougemont, de votre itinéraire. Depuis quelques mois vous ê
21
s parlions un peu de vous, Denis de Rougemont, de
votre
itinéraire. Depuis quelques mois vous êtes à la une de l’actualité où
22
gemont, de votre itinéraire. Depuis quelques mois
vous
êtes à la une de l’actualité où vous apparaissez tour à tour comme un
23
uelques mois vous êtes à la une de l’actualité où
vous
apparaissez tour à tour comme un sage, un prophète de malheur, un gou
24
phète de malheur, un gourou… Finalement, qui êtes-
vous
? Fils d’un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930-1931
25
Précisément, que disaient les personnalistes dont
vous
étiez ? Nous disions qu’il fallait être à la fois contre le capitalis
26
jours la guerre finit par l’amener. Que proposiez-
vous
à la place de l’État-nation ? Un redistribution du pouvoir de l’État.
27
es foules, ces jeunes ? La peur du cataclysme que
vous
évoquiez tout à l’heure ? La crise du pétrole nous a réveillés. Souda
28
, ni dans les syndicats n’ose dire : « Messieurs,
vous
êtes fous ! D’ici dix ou vingt ans il n’y aura plus sur vos autoroute
29
ous ! D’ici dix ou vingt ans il n’y aura plus sur
vos
autoroutes que quelques milliardaires. Alors, marquons une pause, réf
30
ins me confient dans le creux de l’oreille : « Ne
vous
affolez pas, la voiture électrique est presque au point ! » Je répond
31
c’est vrai — ce n’est pas vrai, naturellement ! —
vous
êtes des criminels de ne pas le dire ouvertement et tout de suite afi
32
, les uns et les autres. Grâce au nucléaire… Mais
vous
, vous n’y croyez pas. Vous lui êtes même farouchement opposé. Expliqu
33
uns et les autres. Grâce au nucléaire… Mais vous,
vous
n’y croyez pas. Vous lui êtes même farouchement opposé. Expliquez-moi
34
âce au nucléaire… Mais vous, vous n’y croyez pas.
Vous
lui êtes même farouchement opposé. Expliquez-moi. Avec le débat sur l
35
ergie tous les dix ans. Mais, Denis de Rougemont,
vous
entendez ces protestations qui montent : « Et les ouvriers au SMIC ?
36
ki me dit toujours : « Est-ce que le monsieur qui
vous
parle est un vendeur ? » On nous pousse au gaspillage pour démontrer
37
e que le soleil est à tout le monde et que demain
vous
pourriez avoir un petit four solaire pour votre maison. Sans demander
38
in vous pourriez avoir un petit four solaire pour
votre
maison. Sans demander plus rien à l’EDF et à l’État ! Tant que les Ét
39
ans pour que l’énergie solaire soit compétitive !
Vous
comprenez, l’énergie solaire ça va avec le reste : la redistribution
40
is qui nous conduit à la catastrophe. Finalement,
vous
êtes quelqu’un de très subversif ! J’espère bien. Je suis subversif e
41
es idées personnalistes de notre jeunesse dont je
vous
ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c’est l’homme. Donc le
42
auche que pour la droite. À ce propos, justement,
vous
dites des choses un peu « sacrilèges ». Celle-ci par exemple : « le m
43
u’entre personnalistes nous l’utilisions souvent.
Vous
le pensez toujours ? Absolument. Cela a été démontré abondamment depu
44
nouveaux philosophes » pour le découvrir… Alors,
votre
espérance ? Des milliers de mouvements sont à l’œuvre. Au premier ran
45
d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. Souvenez-
vous
: « De Séir une voix crie au prophète : — Sentinelle, que dis-tu de l
46
e a répondu : Le matin vient et la nuit aussi. Si
vous
voulez interroger, interrogez ! Convertissez-vous et revenez. » Autre
47
vous voulez interroger, interrogez ! Convertissez-
vous
et revenez. » Autrement dit : interrogez tant que vous voudrez ! Sin
48
et revenez. » Autrement dit : interrogez tant que
vous
voudrez ! Sin vous ne vous convertissez pas, vous pouvez toujours cou
49
ment dit : interrogez tant que vous voudrez ! Sin
vous
ne vous convertissez pas, vous pouvez toujours courir. La sentinelle
50
: interrogez tant que vous voudrez ! Sin vous ne
vous
convertissez pas, vous pouvez toujours courir. La sentinelle que vous
51
vous voudrez ! Sin vous ne vous convertissez pas,
vous
pouvez toujours courir. La sentinelle que vous êtes aujourd’hui, Deni
52
s, vous pouvez toujours courir. La sentinelle que
vous
êtes aujourd’hui, Denis de Rougemont, qu’attend-elle de l’avenir ? Qu
53
» n. Sur l’original : « … interrogez toujours si
vous
ne vous convertissez pas… » La correction est de Rougemont, en marge
54
r l’original : « … interrogez toujours si vous ne
vous
convertissez pas… » La correction est de Rougemont, en marge sur l’ex
55
avenir voulons-nous ? » (1er février 1978)j k
Votre
dernier livre L’Avenir est notre affaire paraît être la somme de vo
56
Avenir est notre affaire paraît être la somme de
vos
réflexions depuis quarante ans. On y retrouve des thèmes esquissés au
57
r et l’Occident publié avant la guerre, que dans
votre
Lettre ouverte aux Européens . Vous écrivez que l’avenir est « notre
58
e, que dans votre Lettre ouverte aux Européens .
Vous
écrivez que l’avenir est « notre enjeu et notre jeu le plus fascinant
59
que le résultat de nos démissions individuelles.
Vous
savez d’ailleurs qu’en 1942, j’ai écrit un ouvrage sur le diable où j
60
aliste qui s’opposait aux totalitarismes. Dès que
vous
cédez quoi que ce soit sur la personne, tout est perdu : l’homme, le
61
rdu : l’homme, le couple, la cité, la société. Et
vous
aboutissez inévitablement à la dictature. Moi, au contraire, c’est su
62
comme un classique de la philosophie de l’amour,
vous
concluez même qu’il est impossible d’espérer bâtir une communauté lib
63
libre si nous commençons par « rater le couple ».
Votre
exemple de l’amour-passion qui empêche de voir l’autre, qui veut la f
64
, l’esclavage et non l’union de deux libertés, ne
vous
paraît-il pas être en politique l’équivalent du totalitarisme ? En un
65
mise en ordre. Et son impérialisme va croissant.
Vous
dites à la fois que « l’avenir est notre affaire » et que trop de fac
66
u contre cela ? » En 1940, le gouvernement suisse
vous
a envoyé aux États-Unis à la suite d’un article que vous aviez écrit
67
envoyé aux États-Unis à la suite d’un article que
vous
aviez écrit sur l’entrée de Hitler à Paris et qui avait irrité l’amba
68
irrité l’ambassadeur d’Allemagne. Pourquoi dites-
vous
que c’est votre séjour aux États-Unis qui a contribué à vous faire dé
69
sadeur d’Allemagne. Pourquoi dites-vous que c’est
votre
séjour aux États-Unis qui a contribué à vous faire découvrir l’Europe
70
est votre séjour aux États-Unis qui a contribué à
vous
faire découvrir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous nous r
71
Dali et nous changions immédiatement de trottoir.
Vous
savez que Breton avait surnommé Dali « Avida Dollars », ce qui avait
72
. Lui aussi était contre « l’État-nation ». Dans
votre
ouvrage, L’Avenir est notre affaire , vous dites que l’État moderne,
73
Dans votre ouvrage, L’Avenir est notre affaire ,
vous
dites que l’État moderne, centralisé, n’a d’autres forces que la somm
74
e Rougemont (22 février 1978)r s 1. Dans toute
votre
œuvre et dans ce dernier ouvrage en particulier, vous faites confianc
75
œuvre et dans ce dernier ouvrage en particulier,
vous
faites confiance à l’homme, rien qu’à l’homme, c’est bien optimiste,
76
régions et du personnalisme pourrait tout sauver,
vous
vous lancez dans une utopie. Mais vous vous défendez, je crois, d’êtr
77
ns et du personnalisme pourrait tout sauver, vous
vous
lancez dans une utopie. Mais vous vous défendez, je crois, d’être un
78
ut sauver, vous vous lancez dans une utopie. Mais
vous
vous défendez, je crois, d’être un utopiste ? Je suis utopiste dans l
79
uver, vous vous lancez dans une utopie. Mais vous
vous
défendez, je crois, d’être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mes
80
chose, j’invoque des faits extrêmement connus. 4.
Vous
êtes un adversaire de l’énergie nucléaire ? Voyez-vous, quand on nous
81
êtes un adversaire de l’énergie nucléaire ? Voyez-
vous
, quand on nous fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tou
82
e avait réalisé 20 % d’économie sur l’énergie. 5.
Vous
ne tenez pas en grande estime les mouvements politiques, qu’ils soien
83
e entre la gauche et la droite, l’Est et l’Ouest,
vous
avez introduit dans votre livre la notion de l’État-nation. Cet État-
84
roite, l’Est et l’Ouest, vous avez introduit dans
votre
livre la notion de l’État-nation. Cet État-nation — ils sont 175 à se
85
ur ce sujet-là ! 7. J’aimerais pourtant revenir à
vos
États-nations. Comment imaginer qu’ils seront un jour détrônés ? Les
86
és, ne serait-ce qu’à cause de ce que je viens de
vous
décrire à propos des multinationales. Ils ne doivent pas nous obnubil
87
tastrophe. À la guerre. Au terrorisme. Mais voyez-
vous
, ce qui est indispensable, ce n’est pas de deviner l’avenir, mais de
88
at d’esprit s’en est trouvé complètement modifié.
Vous
savez, quand on sent passer le vent du boulet, il ne suffit pas de di
89
uffit pas de dire : c’est du vent ! 11. Et croyez-
vous
que l’on pourra s’en sortir ? Oui, on peut s’en sortir en se posant d
90
ce moment par le phénomène du terrorisme ; pensez-
vous
que cela puisse jouer un tel rôle ? Le terrorisme… c’est difficile à
91
ment de la police et c’est toujours malsain. 13.
Vous
dites dans votre livre : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique
92
e et c’est toujours malsain. 13. Vous dites dans
votre
livre : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soy
93
s ces grandes villes qui ne sont plus rentables —
vous
connaissez l’exemple de New York, qui ne se relève pas de la faillite
94
nucléaires, limite nos possibilités d’avenir. 14.
Vous
vous attaquez au Pouvoir, la croissance économique, vous êtes à votre
95
aires, limite nos possibilités d’avenir. 14. Vous
vous
attaquez au Pouvoir, la croissance économique, vous êtes à votre mani
96
us attaquez au Pouvoir, la croissance économique,
vous
êtes à votre manière un révolutionnaire. Vos idées sont très subversi
97
au Pouvoir, la croissance économique, vous êtes à
votre
manière un révolutionnaire. Vos idées sont très subversives… Révoluti
98
ue, vous êtes à votre manière un révolutionnaire.
Vos
idées sont très subversives… Révolutionnaire, oui. Mais avec des idée
99
lture et des échanges humains, la plus vraie. 15.
Vous
êtes un témoin de notre temps et vous avez émis depuis que vous écriv
100
vraie. 15. Vous êtes un témoin de notre temps et
vous
avez émis depuis que vous écrivez des opinions très clairvoyantes sur
101
émoin de notre temps et vous avez émis depuis que
vous
écrivez des opinions très clairvoyantes sur divers phénomènes de soci
102
e, non ? Une qualité que l’on retrouve dans toute
votre
œuvre, l’insolence ! (Sourire.) Oui, j’ai eu quelques insolences dans
103
Oui, j’ai eu quelques insolences dans ma vie… 17.
Vous
avez aussi un merveilleux sens des formules. Le PNB (produit national
104
des formules. Le PNB (produit national brut) que
vous
transformez en « prestige national brutal », le temps des cavernes, o
105
national brutal », le temps des cavernes, où l’on
vous
accuse de vouloir nous ramener et vous répondez : « On vous les laiss
106
s, où l’on vous accuse de vouloir nous ramener et
vous
répondez : « On vous les laisse, elles sont pleines de déchets radioa
107
e de vouloir nous ramener et vous répondez : « On
vous
les laisse, elles sont pleines de déchets radioactifs. » Et il y en a
108
en général des gens qui ne sont pas d’accord. 19.
Vous
êtes dur, quand vous constatez que l’on vit dans une société d’hommes
109
ui ne sont pas d’accord. 19. Vous êtes dur, quand
vous
constatez que l’on vit dans une société d’hommes creux. Il n’y a plus
110
. En préconisant une Europe des régions fédérées,
vous
voulez donc une « helvétisation » de l’Europe. En Suisse, tout n’est
111
fait favorable à cette initiative. La considérez-
vous
d’abord comme une démarche écologiste ou visant à un élargissement de
112
ient plus attachés à leur voiture que séduits par
vos
thèses… Ils ne s’opposeront donc pas aux constructions décidées par l
113
antesques ! Cela dépasse le grotesque. Considérez-
vous
par conséquent que le réseau routier est suffisant dans son état actu
114
er le gouvernement à une sorte de moratoire. Dans
votre
livre, vous liez souvent centrales nucléaires et routes. S’agit-il d’
115
ement à une sorte de moratoire. Dans votre livre,
vous
liez souvent centrales nucléaires et routes. S’agit-il d’aberrations
116
un optimiste ». Je me demande, après avoir achevé
votre
livre, quel est le sentiment qui l’emporte : l’évidence de cette Apoc
117
ui l’emporte : l’évidence de cette Apocalypse que
vous
nous décrivez, ou cette confiance obstinée en un avenir différent, un
118
un avenir qui deviendrait enfin notre affaire. Je
vous
répondrai très nettement. Ce que j’ai voulu écrire — encore que je n’
119
aire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils
vous
diront qu’il est vain de lutter contre le progrès… Ils vont plus loin
120
s cavernes ? Je leur réponds : « Les cavernes, je
vous
les laisse, car vous allez y entreposer les déchets radioactifs des c
121
réponds : « Les cavernes, je vous les laisse, car
vous
allez y entreposer les déchets radioactifs des centrales atomiques. »
122
t il ne cessera de grimper… Le nucléaire est pour
vous
l’un de ces points clés sur lesquels se joue notre avenir et qui sero
123
tuel où l’État fait tout dépendre d’une centrale.
Vous
l’avez écrit : on n’interpose pas de compteur entre le soleil et la m
124
e bien émouvante… Comment sortir de cette lutte ?
Vous
écrivez dans L’Avenir est notre affaire que seules les communautés
125
t à l’homme de reprendre en main ses pouvoirs, et
vous
montrez aussi comment l’État-nation détruit les bases de toute commun
126
liqué dans mon livre. Le pouvoir dont on s’empare
vous
phagocyte séance tenante… Et c’est pourquoi je ne vois aucune différe
127
tes à peine différentes. Disons-le autrement : si
vous
ne croyez pas aux gouvernements, aux partis politiques, à la jeunesse
128
lle, ni aux masses au sens marxiste du terme, que
vous
reste-t-il ? N’oubliez pas : ni à la révolution en tant que prise du
129
énergie, n’importe quel technicien un peu sérieux
vous
le confirmera. Il est absolument indéfendable de se chauffer à l’élec
130
fois plus cher qu’aujourd’hui — et comment voulez-
vous
alors que l’ouvrier défendu par Marchais puisse continuer à rouler en
131
x de nos maladies. Lorsque, dans les années 1930,
vous
développiez pour la première fois vos attaques contre l’État-nation e
132
nées 1930, vous développiez pour la première fois
vos
attaques contre l’État-nation et adoptiez des thèses « personnalistes
133
et adoptiez des thèses « personnalistes », aviez-
vous
conscience que ce serait là des solutions possibles à cette crise que
134
r de l’État-nation ! La notion de région est pour
vous
essentielle. Mais n’est-elle pas bien difficile à déterminer ? La rég
135
alité ! Un ministre de la Haute-Volta m’a dit : «
Vous
comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez nous se feraient tuer
136
la pollution n’est pas arrêtée par les douaniers.
Vous
croyez, en somme, à la possibilité d’une renaissance de notre civilis
137
c Einstein. Je lui ai posé la question : « Pensez-
vous
qu’une guerre atomique signifierait la fin de l’humanité ? » Il m’a d
138
sentiment, Denis de Rougemont, d’être en face de
vous
comme devant l’un de ces esprits humanistes ou encyclopédiques que no
139
ialité. Il y a une question que j’aimerais encore
vous
poser, une question un peu anecdotique peut-être : pourquoi avoir cho
140
ite et à gauche. Pour finir, j’aimerais connaître
votre
sentiment sur les réactions que ce livre a suscitées. Ont-elles justi
141
ivre a suscitées. Ont-elles justifié a posteriori
votre
propos ? Ah oui, complètement ! Je suis très content de ces réactions
142
et de l’émergence de tous ces mouvements dont je
vous
ai parlé. Ces mouvements qui montent, comme une germination qui vient
143
des peuples fédérés (mai 1978)t u Je voudrais
vous
faire voir, ce soir, que l’idée d’une Europe fédérée n’est nullement
144
e de vie. J’ai donc choisi de m’interroger devant
vous
sur les motifs d’unir l’Europe et sur l’évolution de ces motifs depui
145
. C’est une histoire assez intense et dramatique,
vous
allez le voir. C’est l’alternance de grands élans dans l’enthousiasme
146
ie à la paix, à la prospérité. Sauvez l’Europe et
vos
enfants ! Quelques années plus tard, parlant au nom de la France don
147
’une union fédérale entre les peuples européens.
Vous
l’aurez remarqué : autant le Mémorandum Briand s’appliquait à rassure
148
rs qui rendent la vie digne d’être vécue. Je vais
vous
dire maintenant quelque chose qui vous étonnera. Le premier pas consi
149
e. Je vais vous dire maintenant quelque chose qui
vous
étonnera. Le premier pas consistera à faire de la France et de l’Alle
150
» qui en sortira quelques semaines plus tard. Je
vous
demanderai la permission de le lire comme j’eus l’honneur de le faire
151
et mondiales dont ils dépendent ? Je voudrais que
vous
gardiez de ma conférence cette conclusion sérieusement motivée : l’av
152
gemont (14-15 mai 1978)v w Denis de Rougemont,
vous
dirigez l’Institut universitaire d’études européennes de Genève. Vous
153
tut universitaire d’études européennes de Genève.
Vous
avez été à l’origine de la création du CERN (Centre européen de la re
154
CERN (Centre européen de la recherche nucléaire).
Vous
avez également créé la Communauté des guildes et clubs du livre europ
155
ommunauté des guildes et clubs du livre européen.
Vous
présidez l’Association européenne des festivals de musique et bien d’
156
ée s’est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’êtes-
vous
pas trop déçu par le retard accumulé dans la construction européenne
157
res a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais
vos
idées en action, je serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où
158
en 1978. Elles ont été reculées d’une année. Pour
vous
est-ce un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard. Nous en profi
159
ertainement un rôle dans une Europe régionalisée.
Vous
êtes un régionaliste, mais n’estimez-vous pas qu’un progrès a déjà ét
160
alisée. Vous êtes un régionaliste, mais n’estimez-
vous
pas qu’un progrès a déjà été accompli en France avec la création d’un
161
ystème policier qui finit par menacer la liberté.
Vous
venez de citer l’exemple d’une région frontalière qui rencontre des d
162
ntéresse les gens du Nord voisins de la Belgique…
Vous
n’êtes pas les seuls ; il existe en Europe au moins quarante-cinq rég
163
travail régional. Une dernière question : gardez-
vous
votre foi dans la construction européenne et pour reprendre une expre
164
ail régional. Une dernière question : gardez-vous
votre
foi dans la construction européenne et pour reprendre une expression
165
drais savoir… » — « Savoir quoi ? » — « Savoir si
vous
savez ce que vous voulez et où vous mène ce que vous faites. » Dans u
166
« Savoir quoi ? » — « Savoir si vous savez ce que
vous
voulez et où vous mène ce que vous faites. » Dans une émission de la
167
— « Savoir si vous savez ce que vous voulez et où
vous
mène ce que vous faites. » Dans une émission de la Télévision françai
168
s savez ce que vous voulez et où vous mène ce que
vous
faites. » Dans une émission de la Télévision française consacrée à Co
169
d l’essence coûtera 25 francs le litre, que ferez-
vous
de votre auto ? » Accessoirement : « Quand il n’y aura plus d’autos,
170
nce coûtera 25 francs le litre, que ferez-vous de
votre
auto ? » Accessoirement : « Quand il n’y aura plus d’autos, que ferez
171
ent : « Quand il n’y aura plus d’autos, que ferez-
vous
de vos autoroutes ? » J’ai posé cette question publiquement à la Télé
172
Quand il n’y aura plus d’autos, que ferez-vous de
vos
autoroutes ? » J’ai posé cette question publiquement à la Télévision
173
question, la plus « gênante » de toutes : « Quand
vous
aurez gagné le monde au prix de votre âme, que vous restera-t-il à ai
174
es : « Quand vous aurez gagné le monde au prix de
votre
âme, que vous restera-t-il à aimer ? » y. Rougemont Denis de, « Qu
175
us aurez gagné le monde au prix de votre âme, que
vous
restera-t-il à aimer ? » y. Rougemont Denis de, « Questions gênant
176
xve siècle. Il sourit derrière sa moustache. Il
vous
conduit à grands pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtres à
177
errasse et le lac dans sa coupe de lumière. Ramuz
vous
offre une cigarette de tabac noir — le blond lui fait mal au cœur, di
178
dans le détail de leur existence. « Comment êtes-
vous
venu jusqu’ici ? À bicyclette ? Quelle marque ? Avez-vous un changeme
179
u jusqu’ici ? À bicyclette ? Quelle marque ? Avez-
vous
un changement de vitesse ? Avez-vous pu grimper la côte sans descendr
180
arque ? Avez-vous un changement de vitesse ? Avez-
vous
pu grimper la côte sans descendre de vélo ? Ah ! vous faites des voya
181
pu grimper la côte sans descendre de vélo ? Ah !
vous
faites des voyages à bicyclette ? Comme c’est bien ! Vous avez parcou
182
tes des voyages à bicyclette ? Comme c’est bien !
Vous
avez parcouru le Midi ? Avez-vous parlé avec les paysans dans la régi
183
me c’est bien ! Vous avez parcouru le Midi ? Avez-
vous
parlé avec les paysans dans la région de Nîmes ? Ils sont huguenots,
184
sont des Sarrasins, avec ce sens de la fatalité…
Vous
avez vu comme ils se tiennent immobiles et tout noirs dans leurs cuis
185
, mais c’est superficiel… Et vous-même, d’où êtes-
vous
? Ah ! vous êtes du Jura ! Savez-vous une chose très curieuse ? La ch
186
superficiel… Et vous-même, d’où êtes-vous ? Ah !
vous
êtes du Jura ! Savez-vous une chose très curieuse ? La chaîne du Jura
187
, d’où êtes-vous ? Ah ! vous êtes du Jura ! Savez-
vous
une chose très curieuse ? La chaîne du Jura est le début d’un long pl
188
en sapin blanc, sans peinture ni vernis). « Voyez-
vous
, rien ne se perd dans la nature. Ma fille se peigne chaque matin à sa
189
, lent à agir, mais profondément efficace, et qui
vous
introduit dans la grandeur de la vie, de la mort, de la condition d’h
190
e rien d’autre, et le reste est littérature quand
vous
sortez d’un livre de Ramuz. ⁂ Présence de la mort figure un des mome
191
uelquefois de refaire son pas, parce que la pente
vous
porte en arrière, parce qu’on l’a mal calculé et il faut d’abord qu’o
192
mme un coucher de l’astre, intérieur, intérieur à
vous
, dans une nouvelle couleur, une nouvelle espèce de lumière : sur les
193
ges, « ayant quitté la grande vallée » — souvenez-
vous
ici encore de l’Évangile, ils montent dans le paysage de leur pays, «
194
de la terre s’étaient tues. « Il leur a été dit :
vous
venez ? » Ils sont allés comme des enfants. L’amour ne les a pas trom
195
rs du système démocratique suisse ; ont-ils selon
vous
rempli leur rôle et le remplissent-ils encore actuellement ? Quoique
196
à aucun parti. Cette simple constatation répond à
votre
question. Les partis traditionnels, en Suisse comme ailleurs, me para
197
dépassés par les problèmes du xxe siècle. Pensez-
vous
que les groupements hors partis (par exemple les mouvements écologiqu
198
s sergents, mais « en avant ! » Comment expliquez-
vous
que la Suisse, malgré les larges possibilités de participation direct
199
n désaccord même les grands experts. Qu’en pensez-
vous
? Certes, les « experts » se contredisent sur tous les grands sujets
200
gestion politique des régions est la solution que
vous
proposez. Pourriez-vous nous préciser comment ce nouveau système s’ar
201
gions est la solution que vous proposez. Pourriez-
vous
nous préciser comment ce nouveau système s’articulerait ? Prenons gar
202
obstacles à toute union. Quel devrait être selon
vous
le rôle de la formation civique à l’école ? C’est l’École, en ses tro
203
r dans la communauté. M. Denis de Rougemont, nous
vous
remercions. ai. Rougemont Denis de, « [Entretien] Dialogue-intervi
204
rnements, ont beau jeu de demander : que mettriez-
vous
à la place ? Cette riposte à vrai dire est bien faible en logique, pu
205
sme plus les ordinateurs. « Ah là ! me dit-il, je
vous
en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça ! » Relevons que
206
iers seront les derniers, heureux les pauvres, si
vous
êtes giflé sur une joue tendez l’autre, les plus persécutés seront le
207
vie proprement politique — farce des partis — et
vous
obtiendrez au terme de l’opération, si elle est énergiquement menée,
208
olo, si jubeo, sit pro ratione voluntas. Que cela
vous
plaise ou non, j’ordonne. On ne peut donc prévoir que le déclin fatal
209
ns quelque chose qui ressemble à ce que décrivent
vos
romans, me confiait un ami hindou, tout ce que nous pouvons dire, c’e
210
au long de ces dernières années. Trois signes si
vous
voulez… • Un : une guerre entre les nations de la nouvelle Europe n’e
211
et européens. Un livre que nous ne saurions trop
vous
recommander de lire à la veille des élections européennes. Aux éditio
212
s’adresse aujourd’hui le rapport dont je viens de
vous
exposer les vues. N’est-ce pas à elle que s’adressait Hugo le visionn
213
de ce qu’ils tâchent de faire ne réussira contre
votre
décision, contre votre liberté, contre votre souveraineté. Regardez-l
214
e faire ne réussira contre votre décision, contre
votre
liberté, contre votre souveraineté. Regardez-les faire sans inquiétud
215
ntre votre décision, contre votre liberté, contre
votre
souveraineté. Regardez-les faire sans inquiétude, toujours avec douce
216
quefois avec un sourire. Le suprême avenir est en
vous
. Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule chose :
217
s avec un sourire. Le suprême avenir est en vous.
Vous
êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule chose : la Pa
218
t en vous. Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et
vous
voulez une seule chose : la Paix. (1878) ay. Rougemont Denis de,
219
chapeau suivant : « Les élections européennes, ça
vous
dit quelque chose ? Oui, peut-être, si vous avez lu le dossier de Jea
220
s, ça vous dit quelque chose ? Oui, peut-être, si
vous
avez lu le dossier de Jean Gaud paru ce week-end dans 24 HEURES ; mai
221
k-end dans 24 HEURES ; mais alors, simultanément,
vous
vous serez sentis frustrés, tout comme les Autrichiens, sans doute, l
222
dans 24 HEURES ; mais alors, simultanément, vous
vous
serez sentis frustrés, tout comme les Autrichiens, sans doute, les Es
223
s’adresse aujourd’hui le rapport dont je viens de
vous
exposer les vues. N’est-ce pas à lui que s’adressait Victor Hugo, le
224
de ce qu’ils tâchent de faire ne réussira contre
votre
décision, contre votre liberté, contre votre souveraineté. Regardez-l
225
e faire ne réussira contre votre décision, contre
votre
liberté, contre votre souveraineté. Regardez-les faire sans inquiétud
226
ntre votre décision, contre votre liberté, contre
votre
souveraineté. Regardez-les faire sans inquiétude, toujours avec douce
227
quefois avec un sourire. Le suprême avenir est en
vous
… Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule chose,
228
s avec un sourire. Le suprême avenir est en vous…
Vous
êtes un seul peuple, l’Europe, et vous voulez une seule chose, la Pai
229
t en vous… Vous êtes un seul peuple, l’Europe, et
vous
voulez une seule chose, la Paix. bc. Rougemont Denis de, « Une Eu
230
relevant les jambes. Tonio rit comme un gosse : «
Vous
direz plus tard en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il nou
231
us lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais
vous
lire mon œuvre posthume ») et qui me paraît ce qu’il a fait de plus b
232
c X ou Y, ou avec Consuelo : « Venez donc, que je
vous
batte aux échecs ! » (Je leur ai dit un soir : « Vous n’êtes pas un c
233
batte aux échecs ! » (Je leur ai dit un soir : «
Vous
n’êtes pas un couple, mais une espèce de complot permanent contre le
234
espèce de complot permanent contre le sommeil de
vos
amis. » (Tout le monde le sait à New York. Il se trouve que je suis u
235
n jouant, et j’ai gagné : — « Naturellement, avec
votre
sifflet ! Vous êtes un abominable tricheur ! » a-t-il conclu. ⁂ Ce qu
236
i gagné : — « Naturellement, avec votre sifflet !
Vous
êtes un abominable tricheur ! » a-t-il conclu. ⁂ Ce qui m’a souvent i
237
entrée, je m’entends dire : « C’est merveilleux !
Vous
ressemblez déjà à vos photos ! » Il me regarde sans trop d’aménité. S
238
re : « C’est merveilleux ! Vous ressemblez déjà à
vos
photos ! » Il me regarde sans trop d’aménité. Sur quoi Pierre Lazaref
239
six (ou quatre) jours avant son départ ». Voyez-
vous
, Consuelo, j’ai quarante-deux ans. J’ai subi des tas d’accidents. Je
240
tains penseront que cela me préparait mal à venir
vous
parler ce matin. J’irai plus loin qu’eux. Je pense que ces déclaratio
241
isément, qui m’autorise à prendre la parole parmi
vous
. Il y avait deux erreurs dans mes propos d’alors : d’abord, une erreu
242
ier, portant une assez grosse valise. — Comment !
Vous
PDG de la Société nationale des chemins de fer français, vous portez
243
la Société nationale des chemins de fer français,
vous
portez vos bagages ? — Oui, bien sûr, me dit-il avec un fin sourire,
244
ationale des chemins de fer français, vous portez
vos
bagages ? — Oui, bien sûr, me dit-il avec un fin sourire, car avant t
245
re des Enfers, j’ai nommé Pluton. Est-ce que cela
vous
rappelle quelque chose ? Si nous voulons la liberté, si nous voulons
246
cyniques, ont pris soin de très bien définir. Je
vous
en donnerai un exemple qui vaut, je crois, pour tout le débat sur le
247
l’extrême et d’une façon « quasi militaire ». Or
vous
le savez, c’est dans tous les journaux, l’ère de la centralisation co
248
d’être réveillée. « Nos cieux sont gris, me direz-
vous
. Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous nos cieux gris, appr
249
faut le faire arrêter ! s’écrie-t-il. — Y pensez-
vous
? réplique le Maréchal. À quoi bon ? Laissez-le partir, ou plutôt… vo
250
bon ? Laissez-le partir, ou plutôt… voyez-le ! —
Vous
avez raison, faites-le venir.45 De là, l’invitation du 14 avril. J
251
ils avaient le temps et la force de lui résister,
vous
le voyez, s’écrierait-il, ils voulaient la guerre puisqu’ils se défen
252
Kaboul. Essayez d’illustrer chaque proposition :
vous
aurez tous les arguments invoqués récemment par les maîtres de l’URSS
253
« Monsieur X, cette invocation doit probablement
vous
déplaire ou en tout cas ne vous fait guère plaisir ? » — « Oh moi, vo
254
doit probablement vous déplaire ou en tout cas ne
vous
fait guère plaisir ? » — « Oh moi, vous savez a répondu le communiste
255
ut cas ne vous fait guère plaisir ? » — « Oh moi,
vous
savez a répondu le communiste, je ne l’aurais évidemment pas choisie,
256
es sens divers. Mon tour venu, j’ai dit : « Voyez-
vous
moi, ce qui me gêne là-dedans, c’est justement que ça gêne si peu not
257
u notre collègue communiste… » Ce que je voudrais
vous
dire ici ne sera guère qu’un développement de cette réaction initiale
258
pour en participer — au sens magique du terme. Si
vous
les poussez un peu, ils ont tôt fait de vous citer saint Paul sur le
259
. Si vous les poussez un peu, ils ont tôt fait de
vous
citer saint Paul sur le respect que le citoyen ou mieux : le sujet, d
260
ire des gorges chaudes en disant : « Que fait-il,
votre
Tout-Puissant ? Il n’a visiblement pas la puissance de donner la vict
261
la composition de notre Groupe. Permettez-moi de
vous
citer ici, en hommage à la lucidité de notre ami, les quelques phrase
262
mi dans le texte d’une admirable concision que je
vous
lisais tout à l’heure : il énumère des problèmes capitaux dont le nuc
263
irremplaçable en sa maîtrise autant qu’en amitié.
Vous
ne nous rendiez pas toujours la vie facile, mais vous lui donniez plu
264
ne nous rendiez pas toujours la vie facile, mais
vous
lui donniez plus de saveur et plus de sens. Et c’est ce qu’il y a de
265
itique (1er mai 1980)bs bt Denis de Rougemont,
votre
assertion que « l’homme est à la fois libre et responsable » constitu
266
et responsable » constitue le fondement de toute
votre
œuvre, en particulier de votre ouvrage Penser avec les mains ; peut
267
fondement de toute votre œuvre, en particulier de
votre
ouvrage Penser avec les mains ; peut-on alors conclure qu’il s’agit
268
formerait, d’où monterait l’appel aux dictateurs…
Votre
livre a été publié en 1936, c’est-à-dire durant la montée du nazisme.
269
paraît aujourd’hui très actuel. Comment expliquez-
vous
cela ? C’est que, dans ses grandes lignes, la situation n’a guère cha
270
dois dire tout de suite, Denis de Rougemont, que
vos
idées ont été reprises par d’autres, tout de suite après la guerre, c
271
des manifestes à gauche ou à droite. Je puis même
vous
citer le cas d’un philosophe très connu à l’époque qui avait signé de
272
s épuisé à cette époque. Il y a un autre livre de
vous
que plusieurs générations ont lu : L’Amour et l’Occident et il s’ag
273
tion ». Oui, mais cet « amour-action », il est en
vous
, car il y a chez vous un croyant, un protestant, et entre l’amour des
274
« amour-action », il est en vous, car il y a chez
vous
un croyant, un protestant, et entre l’amour des évangiles, votre « am
275
t, un protestant, et entre l’amour des évangiles,
votre
« amour-action » et l’« amour-passion », il y a mille ans. Et sans do
276
éalité, revient détruire l’univers enchanté. Nous
vous
comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ai finalement opté, non
277
tan de Wagner et le nazisme, ce d’autant plus que
votre
livre a été écrit en 1938. Il s’agit donc encore d’un ouvrage de mise
278
agit donc encore d’un ouvrage de mise en garde où
vous
fouillez nos origines et où, finalement, vous attaquez la guerre ? Ce
279
où vous fouillez nos origines et où, finalement,
vous
attaquez la guerre ? Certes, j’étais pleinement conscient du parallèl
280
es dans leur différence et non dans l’uniformité.
Vous
êtes un visionnaire, Denis de Rougemont. Dans tous vos livres, il y a
281
tes un visionnaire, Denis de Rougemont. Dans tous
vos
livres, il y a une préfiguration de l’avenir, cet avenir qui vous a t
282
y a une préfiguration de l’avenir, cet avenir qui
vous
a toujours préoccupé et dont vous construisez l’image en vous référan
283
cet avenir qui vous a toujours préoccupé et dont
vous
construisez l’image en vous référant sans cesse à nos origines. Dans
284
urs préoccupé et dont vous construisez l’image en
vous
référant sans cesse à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous
285
esse à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,
vous
nous parlez des cathares et des Arabes, n’est-ce pas ? Alors comment
286
t du tragique d’aimer l’amour et non pas l’autre…
Vous
avez influencé — et combien fortement — de nombreux écrivains. Alors
287
s sont les écrivains qui ont eu une influence sur
vous
. Et j’aimerais, à ce propos, évoquer un livre qui a pour titre : Les
288
i a pour titre : Les Personnes du drame . L’avez-
vous
écrit en Amérique ? Non, il a été publié à New York « par accident »,
289
i que par la Baconnière en Suisse. Dans ce livre,
vous
mentionnez des écrivains qui vous ont marqué, des auteurs allemands c
290
Dans ce livre, vous mentionnez des écrivains qui
vous
ont marqué, des auteurs allemands comme Goethe, le danois Kierkegaard
291
emands comme Goethe, le danois Kierkegaard auquel
vous
consacrez plusieurs chapitres, mais il y a aussi des auteurs français
292
i : Penser avec les mains . Ainsi donc, en 1938,
vous
avez écrit trois ouvrages ? Non, cinq. En mars, j’ai rédigé d’après l
293
le budget de l’Inde des vaches sacrées… Demandez-
vous
ce qui se passerait aux USA quant aux prévisions de vente des autos s
294
toute la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand
vous
m’aurez donné cent fois et mille fois plus, j’aurai encore faim. » Il
295
temps et celui du congrès de Dakar en proposant à
votre
réflexion un texte qui se résume à demander trois choses : — qu’on ne
296
Hérétiques de toutes les religions, unissez-
vous
(1981)ca cb Un jour, dans notre jardin de Ferney, où les Corbin s’
297
lacez dans cette phrase morale par orthodoxie, et
vous
saurez ce que nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos ye
298
se ou règlements de la société. Comment pourriez-
vous
, « hérétiques », vous unir dans vos unicités ? Cela ne se fera jamais
299
société. Comment pourriez-vous, « hérétiques »,
vous
unir dans vos unicités ? Cela ne se fera jamais dans aucun Siècle, ma
300
ent pourriez-vous, « hérétiques », vous unir dans
vos
unicités ? Cela ne se fera jamais dans aucun Siècle, mais seulement e
301
de, « Hérétiques de toutes les religions, unissez-
vous
! », Henry Corbin, Paris, L’Herne, 1981, p. 298-303. cb. Nouvelle éd
302
nées 1950, Ignazio Silone m’a dit : « Il y a chez
vous
quelque chose d’inexplicable : vous n’avez jamais été communiste, ni
303
« Il y a chez vous quelque chose d’inexplicable :
vous
n’avez jamais été communiste, ni fasciste, et pourtant vous pensez co
304
z jamais été communiste, ni fasciste, et pourtant
vous
pensez comme nous ! » Réponse : « J’étais depuis le début personnalis
305
raît se révéler finalement comme essentiel. Quand
vous
aurez lu ces Fragments, reprenez L’Histoire de Vichy, L’Histoire de l
306
du chapitre sur « la Trahison et les Traîtres »,
vous
verrez mieux à quel point l’habitaient le sens du respect absolu de l
307
risait ni l’embrigadement dans un parti — engagez-
vous
, rengagez-vous — ni l’adhésion même réticente au stalinisme. cd. Ro
308
rigadement dans un parti — engagez-vous, rengagez-
vous
— ni l’adhésion même réticente au stalinisme. cd. Rougemont Denis d
309
concerne les populations. Mais c’est grave ce que
vous
dites-là ! Ça signifierait qu’on trompe la population en lui faisant
310
en lui faisant croire qu’elle est protégée. Oui.
Vous
allez jusque-là ? Absolument. Des amis physiciens me disent que l’esp
311
on me faisait de vifs reproches : « À quoi pensez-
vous
en Europe, vous ne faites rien pour vous défendre, vous ne creusez pa
312
vifs reproches : « À quoi pensez-vous en Europe,
vous
ne faites rien pour vous défendre, vous ne creusez pas d’abris ! Ici,
313
i pensez-vous en Europe, vous ne faites rien pour
vous
défendre, vous ne creusez pas d’abris ! Ici, tout le monde s’y met, c
314
n Europe, vous ne faites rien pour vous défendre,
vous
ne creusez pas d’abris ! Ici, tout le monde s’y met, c’est un devoir
315
celles que me transmettent les physiciens que je
vous
citais. Les États-Unis ont donc abandonné la construction d’abris ant
316
ssique, non nucléaire, que peut faire la Suisse ?
Vous
abordez-là un sujet tout différent. Dans une telle guerre, qui risque
317
gnait en 1928 déjà, lors de mon école d’officier,
vous
voyez que ce n’est pas d’hier, le colonel divisionnaire Borel, offici
318
de budget militaire et non pas de santé civique.
Vous
croyez que les jeunes, sceptiques comme ils sont, se laisseraient mob
319
se laisseraient mobiliser ? Je puis tout de suite
vous
donner une réponse. Ce qui manque aux jeunes aujourd’hui, c’est un av
320
une possibilité d’avenir, d’avenir encore ouvert.
Vous
y croyez, vous, à leur avenir ouvert ? Si la Suisse se lançait dans l
321
d’avenir, d’avenir encore ouvert. Vous y croyez,
vous
, à leur avenir ouvert ? Si la Suisse se lançait dans la bataille pour
322
mements, si on sauve ainsi toute une population ?
Vous
nous montrez les Suisses à la croisée des chemins. Oui. Et vous êtes
323
rez les Suisses à la croisée des chemins. Oui. Et
vous
êtes optimiste quant à leur choix ? Je n’ai jamais été optimiste. J’a
324
a situation a-t-elle évolué depuis la parution de
votre
livre ? Bien des choses ont changé. Prenons trois exemples : je parla
325
: « L’avenir, c’est notre affaire ». Le titre de
votre
livre a-t-il été utilisé ailleurs qu’à Plogoff ? Mon titre a été beau
326
par Ivan Illich, avec qui je m’entends très bien.
Vous
vouliez parler de l’auto. Oui. J’ai été confronté à la Télévision sui
327
l’idée principale de sa campagne électorale. Dans
votre
livre, vous nous donniez dix à quinze ans au plus pour décider de la
328
pale de sa campagne électorale. Dans votre livre,
vous
nous donniez dix à quinze ans au plus pour décider de la survie de no
329
u plus pour décider de la survie de notre espèce.
Votre
avertissement a-t-il été entendu ? Dans les trois cas que je viens de
330
lle du monde, il est clair que c’est impossible !
Votre
livre appelle à la conversion. Vous nous appelez à faire passer le sp
331
impossible ! Votre livre appelle à la conversion.
Vous
nous appelez à faire passer le spirituel et l’affectif avant le matér
332
ille, c’est vraiment un problème de région. Savez-
vous
ce que les Lillois m’ont dit ? Notre ville devrait être une métropole
333
e la campagne, y compris la réforme régionale. Et
vous
avez vu comment les choses se sont précipitées. Mais, concrètement, c
334
rètement, comment cela va-t-il se traduire ? Avez-
vous
lu les projets de réforme ? J’ai lu des déclarations, des interviews
335
te, sans aucune concertation sur place. Et ce que
vous
avez lu des propos de M. Defferre vous paraît prometteur ? Sa volonté
336
Et ce que vous avez lu des propos de M. Defferre
vous
paraît prometteur ? Sa volonté de décentraliser me paraît tout à fait
337
sans solliciter d’autorisation préalable. Pensez-
vous
qu’elles soient capables de faire face à leurs nouvelles responsabili
338
de Jean Mauriac Mort du général de Gaulle : Savez-
vous
que de Gaulle a choisi de se faire renverser sur l’affaire des région
339
iblement vers une décentralisation réelle, pensez-
vous
qu’elle pourrait alors jouer un rôle nouveau dans la construction eur
340
t, la dernière fois que je l’ai rencontré : « Ah,
vous
savez, la souveraineté des nations, moi je ne veux pas y renoncer, je
341
veux pas y renoncer, je suis fait comme ça, mais
vous
, votre génération, vous pourrez, vous devrez dépasser cette idée. » J
342
pas y renoncer, je suis fait comme ça, mais vous,
votre
génération, vous pourrez, vous devrez dépasser cette idée. » J’ai con
343
suis fait comme ça, mais vous, votre génération,
vous
pourrez, vous devrez dépasser cette idée. » J’ai conçu un plan qui co
344
me ça, mais vous, votre génération, vous pourrez,
vous
devrez dépasser cette idée. » J’ai conçu un plan qui commence à être
345
ment facile de s’en remettre toujours aux autres.
Vous
savez, en général, les gens redoutent la liberté. Ils en ont plus peu
346
il me répondit, j’en suis très fier : « Celle-là,
vous
me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » En premier lieu, n’ou
347
ersuade qu’ils doivent s’enorgueillir — « grâce à
vous
, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reaga
348
me répondit, j’en suis très fier : « Ah celle-là,
vous
me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » Mais n’oublions jamais
349
ersuade qu’ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à
vous
, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reaga
350
décembre 1981)cq cr L’informatique est-elle à
vos
yeux un progrès ? L’informatique est utile dans plusieurs domaines ;
351
à des perturbations d’autant plus fréquentes. Je
vous
cite Joël de Rosnay, directeur de la recherche à l’Institut Pasteur à
352
l’essentiel de la formation par l’école. Pourriez-
vous
, en conclusion, résumer votre sentiment sur l’informatique ? Après av
353
ar l’école. Pourriez-vous, en conclusion, résumer
votre
sentiment sur l’informatique ? Après avoir donné mon exposé à La Revu