1 ypte et Sumer illustraient toute la civilisation. Elle n’est pas le produit démontrable d’un climat, d’une pression démograp

2 r la plupart de ces points, d’avantages décisifs. Elle n’est pas fille de la Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produi

3 ellénisme. La foi chrétienne va donc parler grec, elle aussi. Mais son discours assemble un peuple de fidèles et suscite une

4 jeure (quoique ridiculisée par les Gaulois lorsqu’ ils virent l’Apollon Pythien). Tradition romaine : c’est l’État, né du fo

5 ’Égypte et niée par l’Asie. Tradition sémitique : elle est double : les Phéniciens, « Hébreux de la Mer », colonisent tout d

6 onnues d’un Avicenne et d’un Averroès, on sait qu’ elles ont convoyé vers l’Europe l’aristotélisme oublié depuis des siècles,

7 ècles, d’ailleurs modifié et parfois enrichi. Est- il besoin de rappeler, au surplus, les échanges culturels et spirituels

8 tôt à l’homme par saint Augustin, puis par Boèce. Il a permis d’opérer la synthèse entre l’individu des Grecs (atome raiso

9 is libre et responsable. En effet, la vocation qu’ il reçoit d’un Dieu transcendant le distingue dans la masse, mais en mêm

10 e nous soyons chrétiens ou non, parce que c’est d’ elles que procède l’attitude particulière de l’esprit humain qui devait don

11 se dissiper au terme de l’ascension métaphysique, il n’y a aucune raison de perdre son temps à explorer leurs mystères. Un

12 onnaire, non pas magique et folklorique. Parce qu’ elle libère en l’homme des énergies, un sens de la liberté et de l’aventur

13 non comme une simple cellule prise dans la masse, il tend à former des communautés où sa liberté et sa responsabilité puis

14 s les structures de l’Empire romain, mais ensuite il les a fait éclater. C’est ainsi que les constitutions des ordres reli

15 e et décisive que nous ne le pensons d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens général que no

16 » s’est répandue. Inculquée à quatre générations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « cultur

17 nant par là des styles ou des modes, mais comme s’ il s’agissait d’entités permanentes délimitées par les frontières politi

18 piques de l’Europe, n’ont jamais été nationales ; elles naquirent au sud, se transplantèrent dans les Flandres et la Bourgogn

19 z que son langage est universel : encore convient- il de marquer que c’est le rayonnement de l’Europe qui l’a rendu tel, et

20 rayonnement de l’Europe qui l’a rendu tel, et qu’ il exprime l’une des ambitions les plus constantes de l’esprit de recher

21 uis trente ans que nos chefs d’État proclament qu’ elle est une question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas a

22 t presque toutes et supporte de moins en moins qu’ elles soient pillées à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref, nous

23 e mots la situation présente du Vieux Continent : il est vital de faire l’Europe, mais il est impossible de la faire sur l

24 Continent : il est vital de faire l’Europe, mais il est impossible de la faire sur la base des États souverains. On deman

25 Devant un problème sans issue, que faites-vous ? Il répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer le pro

26 déralisme suisse dès le xiiie siècle ; celles qu’ il faut restaurer dans tous nos pays, si nous voulons sortir du dilemme

27 e dire en quelques phrases des régions ? Sinon qu’ elles se révèlent nécessaires, dans tous nos pays, pour répondre aux besoin

28 de l’Européen, en cette fin du xxe siècle. Et qu’ elles sont devenues sujettes à la fois d’études et d’action dans le même te

29 ne peuvent se développer qu’en interaction. Car s’ il est impossible de baser la fédération européenne sur les États-nation

30 ui la refusent au nom de leur souveraineté, comme ils refusent les régions et pour les mêmes raisons, c’est sur les régions

31 garantir l’autonomie des régions. Résumons-nous : il faut faire les régions parce qu’il faut faire l’Europe, et parce qu’o

32 ésumons-nous : il faut faire les régions parce qu’ il faut faire l’Europe, et parce qu’on ne pourra faire l’Europe qu’en dé

33 obstacle majeur de l’État-nation. Mais en retour, il faut faire l’Europe parce qu’il faut faire les régions. Finalités

34 . Mais en retour, il faut faire l’Europe parce qu’ il faut faire les régions. Finalités de la région En effet, les ré

35 ation unique dans la communauté, hors de laquelle elle ne saurait subsister bien longtemps, ni physiquement ni culturellemen

36 s personnes, non la puissance d’une collectivité, il devient clair que la région conduit plus sûrement à cette fin que la

37 ses comme des élites occidentales au xxe siècle, elle ne vaut pas la peine d’être faite, et au surplus, elle ne sera jamais

38 ne vaut pas la peine d’être faite, et au surplus, elle ne sera jamais faite. II. Nécessité fédéraliste du Jura La dia

39 urope au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il était à prévoir qu’elle affecterait les « unités » politiques constit

40 la Seconde Guerre mondiale. Il était à prévoir qu’ elle affecterait les « unités » politiques constituées aux siècles précéde

41 s relations civiques, sociales et politiques.) Or il advint que le mariage « arrangé » du Jura et de Berne s’aigrit. Des e

42 est dans le droit fil du fédéralisme suisse. Mais elle représente par rapport à l’évolution sociale, politique et même écono

43 victoire ne sera confirmée que dans la mesure où elle permettra d’aller plus loin, et tout d’abord de regarder au-delà de c

44 der au-delà de cette étape, enfin gagnée. Certes, il eût été vain de parler de dépassement d’un régime si longtemps désiré

45 ration, au niveau cantonal, était une nécessité : il fallait rattraper l’Histoire dans l’ensemble confédéral. Voilà qui es

46 l’ensemble confédéral. Voilà qui est fait, et qu’ il serait insensé de ne pas reconnaître et proclamer par un vote unanime

47 mer par un vote unanime du peuple et des cantons. Il s’agira demain de ne s’attacher ni trop passionnément ni trop longtem

48 é des allégeances, par-delà les frontières (quand elles sont arbitraires) vers de plus grandes régions (qui pourraient englob

49 ous écrivez dans L’Avenir est notre affaire  : «  Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le sens courant du

50 ré par un parti ou par un autre, n’est-ce pas ?), il faut absolument leur apprendre que la politique, c’est l’art de l’amé

51 ers mots. Gouverner, c’est contraindre, point. Et il donne comme exemples le service militaire et l’impôt ; les gens n’aim

52 militaire et l’impôt ; les gens n’aiment pas ça, il faut les y contraindre. C’est là que j’ai cité dans mon livre une phr

53 sujets au service militaire. C’est très curieux. Il donne des dates. Il montre à partir de quel moment les rois ont essay

54 ilitaire. C’est très curieux. Il donne des dates. Il montre à partir de quel moment les rois ont essayé. En vain. C’est tr

55 ent mieux comprendre, un mouvement au sein duquel elles pourront s’exprimer mieux qu’à travers la politique de partis traditi

56 les que les hommes aux conditions de la vie. Pour elles , c’est plus sérieux que pour les hommes. Les hommes, on leur apprend

57 mmes. Les hommes, on leur apprend surtout à tuer. Il faut restaurer les valeurs féminines. Et comment ! Il y a un autre pa

58 ertrand de Jouvenel qui me plaît beaucoup : quand il propose, dans Arcadie, qu’on prenne comme indicateurs devant des tech

59 dans l’angoisse qui voudrait le nier. (Tout ce qu’ il espère, c’est qu’on essaie de s’en tirer par une pirouette, une plais

60 erie « traditionnelle » à son égard…) Et d’abord, il faudra résister très fermement aux tentations de la facilité, celles

61 ur, selon Baudelaire, est de nous faire croire qu’ il n’existe pas. Rien de plus facile que d’en convaincre un peuple qui n

62 agération. « Trop affreux pour être vrai ! », a-t- il pensé d’abord quand on lui parlait des camps de la mort nazis ou du G

63 1933, puis durant la Seconde Guerre mondiale, qu’ il était simplement Adolf Hitler, et personne d’autre. Mais voilà : L’a

64 ns avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit ! » … En Hitler, le diable avait trouvé l’alibi le plus p

65 diable avait trouvé l’alibi le plus populaire qu’ il eût jamais imaginé. C’est une partie perdue, mais que lui importe ? I

66 . C’est une partie perdue, mais que lui importe ? Il sait qu’il a le temps pour lui, si Dieu garde l’éternité. J’écrivais

67 partie perdue, mais que lui importe ? Il sait qu’ il a le temps pour lui, si Dieu garde l’éternité. J’écrivais trois ans

68 is attention : Baader et les Palestiniens ne sont- ils pas plutôt victimes du diable que diaboliques eux-mêmes ? L’exemple l

69 a bombe, qui sera le terrorisme de demain ? N’est- il pas le fait des États, qui ne se contentent pas de prendre en otage l

70 roisième tour : le diable va se cacher dans ce qu’ il saura bien déguiser en nécessité pure et simple, passé maître qu’il e

71 iser en nécessité pure et simple, passé maître qu’ il est dans l’art publicitaire qui consiste tout simplement à nous faire

72 fatalités. Quand le diable prépare un gros coup, il s’arrange toujours pour nous le faire savoir, par élégance autant que

73 savoir, par élégance autant que par cynisme, car il sait bien que nous ne le croirons pas ! C’est ainsi qu’à l’automne de

74 de Faust ». Dans cette déclaration autorisée — s’ il en fût —, notre opinion ne voulut voir, bien sûr, qu’une plaisante al

75 rt du nucléaire dans la production d’électricité, il faut, prévoir pour la fin du siècle, faute de pétrole, un manque de 5

76 Non, le diable n’est pas Monsieur X ou tel autre. Il est présent, actif et souverain, non pas dans une personne mais bien

77 ichesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer qu’ il échappe entièrement à sa fascination, à son empire, même inconscient.

78 u, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’ il ne pouvait trouver de femme. Il faisait sa demeure ordinaire dans les

79 oir et si laid qu’il ne pouvait trouver de femme. Il faisait sa demeure ordinaire dans les Enfers, et désirait, dit-on, la

80 ue tout à fait général, Denis de Rougemont, y a-t- il une forme de terrorisme qui puisse se justifier par le « projet » ori

81 et en Irlande notamment. En d’autres termes, est- il possible de distinguer un « bon » et un « mauvais » terrorisme ? Rie

82 ance de ceux qui le condamnent au nom du droit qu’ ils se sont attribué de l’exercer exclusivement, je veux dire les États-n

83 i concerne les premiers cités, je ne sache pas qu’ ils aient jamais recouru à la terreur. Quant à Netchaïev, s’il avait eu u

84 jamais recouru à la terreur. Quant à Netchaïev, s’ il avait eu une idée claire de la société à établir, il n’aurait pas agi

85 avait eu une idée claire de la société à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le révolutionnaire doit por

86 rter en lui le modèle du nouvel homme : cela peut- il être un assassin ? Parlons alors des résistants français, sous l’Occu

87 résistants français, sous l’Occupation… En fait, il ne faut pas parler de mouvement terroriste à propos de la Résistance.

88 e mouvement terroriste à propos de la Résistance. Il ne s’agissait là que de la continuation de la guerre. Notez qu’il s’e

89 là que de la continuation de la guerre. Notez qu’ il s’est trouvé des gens pour arguer, à l’époque, qu’il ne fallait pas l

90 s’est trouvé des gens pour arguer, à l’époque, qu’ il ne fallait pas lutter contre les Allemands par les armes. Mais ce gen

91 s. Mais ce genre d’arguments fut le plus souvent, il faut bien le dire, le fait de sympathisants du fascisme… Quant aux mo

92 ements de libération, je ne pense pas non plus qu’ ils aient gagné quoi que ce soit, hors d’une publicité dangereuse, par le

93 le cas des Palestiniens que dans celui de l’IRA, il n’a fait que pourrir la situation. Que pensez-vous, plus précisément,

94 : pas un seul des pays d’Afrique n’a obtenu ce qu’ il revendiquait par ces moyens-là. Les Palestiniens voient la situation

95 qui prétendent hâter la destruction du système qu’ ils réprouvent par la violence justifient telle opposition par l’urgence

96 ource dans un mouvement original de révolte, mais elle débouche sur quelque chose. Elle suppose un programme et la vision cl

97 de révolte, mais elle débouche sur quelque chose. Elle suppose un programme et la vision claire d’un ordre nouveau à institu

98 onnaire, lorsqu’on a enlevé à celui-ci tout ce qu’ il contenait de virtualités positives. D’aucuns établissent un lien entr

99 liberté d’expression, du débat et de l’invention. Il ne s’est pas agi là, comme on a pu le dire, d’une révolution, mais d’

100 alie. Probablement, le nazisme et le fascisme ont- ils laissé des traces profondes. À cet égard, il me semble qu’on a un peu

101 ont-ils laissé des traces profondes. À cet égard, il me semble qu’on a un peu gommé le fait que Schleyer était un ancien S

102 puration de l’Université de Prague. D’autre part, il sera intéressant d’étudier, sous peu, le contenu du texte3 rédigé en

103 e même de la démocratie qui est visé. Alors… Mais il ne faut pas, non plus, faire preuve d’hypocrisie : il n’y a pas, là,

104 e faut pas, non plus, faire preuve d’hypocrisie : il n’y a pas, là, de phénomène spécifiquement allemand ou italien. Voyez

105 à la psychologie des terroristes à l’occidentale, il paraît clair que le mépris de la vie humaine proféré par les gouverne

106 venons-en au fond du problème : le terrorisme est- il , selon vous, un phénomène significatif de notre société ? Oui, de tou

107 se sentent plus responsables et, par conséquent, ils se sentent moins libres. L’architecture elle-même détermine ces appel

108 vingt enfants pour chacun de leurs amis, fussent- ils des assassins, non « libérés » dans l’heure qui suit avec leur ticket

109 ts cèdent avec une docilité dont j’ai cru voir qu’ elle est directement proportionnelle au degré d’autoritarisme de leur cout

110 degré d’autoritarisme de leur coutume : c’est qu’ ils ont reconnu leur propre style et savent trop bien à quoi s’attendre.

111 en, de la répression du terrorisme. Celui-ci peut- il être combattu par des moyens respectueux de la légalité ? Il n’y a pa

112 battu par des moyens respectueux de la légalité ? Il n’y a pas d’autres moyens de lutter contre le terrorisme que ceux de

113 ut considérer l’expulsion de Klaus Croissant, fût- il coupable, comme une procédure expéditive à la limite de l’illégalité.

114 sement d’un État policier. On a tort, me semble-t- il , d’entreprendre de vastes programmes de répression ne visant que les

115 ocrisie, de la part des États. Tout au contraire, il s’agit de s’attaquer aux causes du terrorisme. Au lieu d’augmenter la

116 u d’augmenter la pression de l’autorité étatique, il faut tenir ouvertes les voies légales de l’opposition et de la critiq

117 orisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes. Il faut aujourd’hui conclure. Herbert Marcuse, en analyste politique, y

118 i nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’un cataclysme inévitable que l

119 e jeunes gens de mon âge, dont l’un des tracts qu’ ils distribuaient m’était un jour tombé entre les mains. « Nous ne sommes

120 personnalistes dont vous étiez ? Nous disions qu’ il fallait être à la fois contre le capitalisme, contre le fascisme et c

121 ngue de tout autre être au monde. Une vocation qu’ il ne peut accomplir concrètement que dans la cité, dans la communauté :

122 ement immergé dans la communauté et déterminé par elle . C’était aussi à quelques nuances philosophiques près, la pensée d’Em

123 ieur qui lui permet de trouver la tranquillité qu’ il n’a plus au-dedans. La guerre donne la possibilité à l’État-nation de

124 es arguments ne se sont pas beaucoup renouvelés ! Ils ne peuvent pas se renouveler : il y a une différence cependant par ra

125 ue, le pétrole. Hélas, ce ne sera pas suffisant ! Il faudra encore beaucoup d’autres événements de ce genre pour que nos p

126 science des catastrophes qui nous menacent. Ce qu’ il faut souhaiter, c’est que ces avertissements n’arrivent pas trop tard

127 ces avertissements n’arrivent pas trop tard et qu’ ils soient juste assez forts pour nous obliger à réfléchir, juste assez f

128 les à exploiter seront taries. Ce qui signifie qu’ il n’y a de pétrole à un prix abordable que pour dix ou vingt ans ! Qu’a

129 x abordable que pour dix ou vingt ans ! Qu’après, il sera devenu hors de prix et qu’il faudra le réserver strictement à ce

130 ans ! Qu’après, il sera devenu hors de prix et qu’ il faudra le réserver strictement à certains usages. Ça, personne ne peu

131 essieurs, vous êtes fous ! D’ici dix ou vingt ans il n’y aura plus sur vos autoroutes que quelques milliardaires. Alors, m

132 s… Le prix du pétrole ayant décuplé ou vingtuplé, il n’y aura plus que des gens très riches à pouvoir circuler en voiture.

133 sans pitié. Pourquoi les gouvernements continuent- ils à s’aveugler ? Parce qu’ils ont surtout le souci de tenir jusqu’aux p

134 vernements continuent-ils à s’aveugler ? Parce qu’ ils ont surtout le souci de tenir jusqu’aux prochaines élections ! Et que

135 nie par exemple. On s’en sortira, nous promettent- ils , les uns et les autres. Grâce au nucléaire… Mais vous, vous n’y croye

136 au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’ il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’il n’y aura p

137 que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’ il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend : il n’y a que le nucléaire

138 squ’il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend : il n’y a que le nucléaire qui peut nous permettre de continuer à vivre c

139 vivons aujourd’hui. Mais c’est précisément ce qu’ il ne faut pas faire ! Nous ne le pouvons pas. La croissance indéfinie d

140 a bien. » N’hésitant pas à utiliser la démagogie. Ils disent par exemple : « Dans une centrale nucléaire, les risques d’acc

141 lle ! » Les gens qui lisent ça se disent : « Donc il n’y aura pas d’accident avant cent-mille ans ! » Sans s’imaginer que

142 une probabilité que d’un sur trois milliards. Et ils sont arrivés. L’année dernière ! À la vérité, tous les arguments sont

143 e industrielle et financière et qui ont décidé qu’ il n’est pas question de remettre en cause la croissance infinie, le gas

144 s, préférant laisser le public dans l’illusion qu’ il peut ou même qu’il doit continuer à doubler sa consommation d’énergie

145 r le public dans l’illusion qu’il peut ou même qu’ il doit continuer à doubler sa consommation d’énergie tous les dix ans.

146 és, de l’autre autant de savants qui affirment qu’ il n’en est rien et que nous allons à la catastrophe. Alors, qui croire 

147 aire, font tous les deux cette réponse simple : «  Il faut croire ceux qui n’ont aucun intérêt à dire ce qu’ils disent ! »

148 croire ceux qui n’ont aucun intérêt à dire ce qu’ ils disent ! » Kowarski me dit toujours : « Est-ce que le monsieur qui vo

149 es, théoriquement acceptés par les gouvernements, il en coûterait à peu près la moitié de toutes les sommes disponibles à

150 États-nations dans notre société industrielle. Qu’ elle soit capitaliste ou socialiste. Il n’y a à cet égard aucune différenc

151 strielle. Qu’elle soit capitaliste ou socialiste. Il n’y a à cet égard aucune différence. Cette logique est plus forte que

152 s hommes d’État, que tous les servants de l’État. Elle les manipule et commande — à leur insu le plus souvent — dans leurs r

153 ve, pas les hommes. L’État finalement, suit comme il peut. Ça montre d’ailleurs sa vulnérabilité. Prenons l’État français.

154 lleurs sa vulnérabilité. Prenons l’État français. Il dit : « L’énergie nucléaire assurera notre indépendance énergétique. 

155 rien dire ! La France n’a presque pas d’uranium. Elle dépendra pour le combustible de ses centrales nucléaires des États-Un

156 éaires. Société française théoriquement. En fait, elle a acheté des brevets de construction à Westinghouse, multinationale a

157 le président est le baron belge Empain. Qu’y a-t- il de français là-dedans ? Reste une question. Supposons, pour notre bie

158 centrales nucléaires et de surgénérateurs, puisqu’ ils ne produiront au mieux que 30 % de nos besoins d’ici à la fin du sièc

159 us pouvons prendre le train, etc. Mais évidemment il ne s’agit là que de « réformettes ». Il faut aller beaucoup plus loin

160 videmment il ne s’agit là que de « réformettes ». Il faut aller beaucoup plus loin. Vers le développement d’autres énergie

161 ésormais sur des applications industrielles. Mais il faut des finances, et nos États sabotent, plus ou moins sournoisement

162 ler un compteur, entre le soleil et les citoyens, ils nous diront qu’il faut encore vingt ans pour que l’énergie solaire so

163 tre le soleil et les citoyens, ils nous diront qu’ il faut encore vingt ans pour que l’énergie solaire soit compétitive ! V

164 e cap ? Plus jeune, je disais, comme d’autres, qu’ il faudrait une révolution. Maintenant, expérience faite et maturation v

165 aturation venue, je pense comme Lénine — avant qu’ il n’ait pris le pouvoir ! — : « Toutes les révolutions n’ont fait que r

166 t fait que renforcer l’État et la police ! » Donc il faut autre chose… Ce que j’appelle plus sobrement, changer de cap. Au

167 us de centrales nucléaires qui nous tueront tous. Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’est pas forcément aller pre

168 cément aller prendre le pouvoir, là où d’ailleurs il n’existe presque plus, ou seulement de manière négative. Moi, je ne p

169 eux-ci feront la même chose que ceux-là, tenus qu’ ils sont par leurs promesses de se lancer dans les mêmes histoires de cou

170 formation totale. Or c’est bien une conversion qu’ il s’agit d’opérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen

171 s êtes aujourd’hui, Denis de Rougemont, qu’attend- elle de l’avenir ? Qu’attendre de l’avenir, sinon d’abord qu’il dure. Pour

172 venir ? Qu’attendre de l’avenir, sinon d’abord qu’ il dure. Pour la première fois dans l’Histoire, cela dépend de nous. Nou

173 guement reçu dans la vieille ferme jurassienne qu’ il a aménagée avec son épouse. Une conversation, où l’on éprouve soudain

174 t peut-être de cette fin du xxe siècle. Parce qu’ il indique l’avenir que nous avons à faire. » n. Sur l’original : « … i

175 montrer que l’avenir ne se fait pas tout seul, qu’ il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune

176 est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’ il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis les tremblements de terre — et

177 fatalité ». Hormis les tremblements de terre — et il n’est pas improbable que nous parvenions aussi à les contrôler d’ici

178 ra entièrement le fait des hommes. C’est pourquoi il est très important de savoir quel avenir nous voulons. Mais précisém

179 serpent qui me l’a donnée. » Or le serpent, lui, il n’est plus là… De nos jours, c’est la même chose. Les « impératifs »

180 la philosophie de l’amour, vous concluez même qu’ il est impossible d’espérer bâtir une communauté libre si nous commençon

181 e et non l’union de deux libertés, ne vous paraît- il pas être en politique l’équivalent du totalitarisme ? En un sens, dan

182 ement, on constate que Tristan n’aime pas Iseut ; il aime seulement aimer, être amoureux et il projette sur elle son propr

183 Iseut ; il aime seulement aimer, être amoureux et il projette sur elle son propre état. Mais chaque fois qu’il trouve le m

184 seulement aimer, être amoureux et il projette sur elle son propre état. Mais chaque fois qu’il trouve le moyen de la rejoind

185 tte sur elle son propre état. Mais chaque fois qu’ il trouve le moyen de la rejoindre par toutes sortes de ruses, il trouve

186 moyen de la rejoindre par toutes sortes de ruses, il trouve également le moyen de créer une nouvelle séparation, car il n’

187 nt le moyen de créer une nouvelle séparation, car il n’aime pas vraiment ce qu’elle est comme « personne ». Or, c’est grav

188 elle séparation, car il n’aime pas vraiment ce qu’ elle est comme « personne ». Or, c’est grave. Tristan vit en quelque sorte

189 istan vit en quelque sorte un amour totalitaire : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la pr

190 e nos jours, est comparable à la passion parce qu’ il n’aime plus les gens, il exige simplement une certaine rationalité, u

191 le à la passion parce qu’il n’aime plus les gens, il exige simplement une certaine rationalité, une mise en ordre. Et son

192 ure actuelle la première industrie mondiale. Avec elle s’est développé le pétrole, dont l’importance unique nous fait dépend

193 des réserves de pétrole d’ici à trente ans et qu’ ils ont agi en conséquence, alors que les gouvernements européens, eux, n

194 ent ? Cet exemple, parmi d’autres, montre bien qu’ il est vain de croire que l’avenir puisse être prévu scientifiquement. T

195 ndré Breton a mené une vie exemplaire à New York. Il aurait pu très facilement être le « big man » (les Américains adorent

196 le « big man » (les Américains adorent ça), mais ils devaient se contenter de Dali, car Breton les tenait tous à distance.

197 jamais entendu prononcer un seul mot d’anglais ! Il gagnait tout juste de quoi vivre comme speaker et il lisait les texte

198 gagnait tout juste de quoi vivre comme speaker et il lisait les textes que j’écrivais pour « La Voix de l’Amérique parle a

199 ’accabler. Cela ne lui fait d’ailleurs aucun mal, il est complètement isolé de la population. Pourtant, tous nos maux ne s

200 verses formes de contestation depuis Mai 68 n’ont- elles pas fait figure de réaction ? En mai 1968, se sont exprimées des réac

201 alisation des rapports humains. C’était une fête. Elle permettait de se retrouver, de recréer — ne fût-ce que quelques jours

202 ssion. Peut-être cette vague de fond parviendra-t- elle à transformer la société avant l’explosion d’une guerre atomique ? À

203 montre. Dans mes conférences, je dis toujours qu’ il faut renoncer à cette idée romantique de la prise du pouvoir. D’aille

204 n ou de refuser de signer les accords européens ? Il ne faut pas prendre le pouvoir, ni le renverser, mais le créer par en

205 régions avec au-dessus la fédération européenne. Il faut dépasser les États-nations et leur carcan actuel pour revenir à

206 ui aggrave la crise. On sait que, dans vingt ans, il ne sera plus guère possible d’acheter du pétrole. Parce qu’il coûtera

207 lus guère possible d’acheter du pétrole. Parce qu’ il coûtera trop cher. On aura également des problèmes avec l’énergie nuc

208 uer la religion de la croissance. Quand je dis qu’ il est urgent de concevoir autre chose, j’invoque des faits extrêmement

209 as en grande estime les mouvements politiques, qu’ ils soient de droite ou de gauche… Ils ont prouvé que, pour l’essentiel,

210 politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche… Ils ont prouvé que, pour l’essentiel, ils veulent la même chose : la croi

211 de gauche… Ils ont prouvé que, pour l’essentiel, ils veulent la même chose : la croissance illimitée et le prestige nation

212 la croissance illimitée et le prestige national. Ils ont perdu le sens de l’homme au profit d’une prétention compétitive a

213 vre la notion de l’État-nation. Cet État-nation — ils sont 175 à se partager la planète — qui ne cherche qu’à servir son pr

214 estige et pas du tout le genre humain… Oui. Ce qu’ il faut maintenant tenir en considération, c’est le pouvoir réel de ces

215 e pouvoir réel de ces États-nations. Or, quel est- il  ? Pour l’essentiel, ils dépendent de quelques multinationales. Reveno

216 tats-nations. Or, quel est-il ? Pour l’essentiel, ils dépendent de quelques multinationales. Revenons à l’exemple de l’éner

217 s de la France, les vingt centrales nucléaires qu’ elle construit (et dont, soit dit en passant, pas une seule ne fonctionne

218 des USA et de l’URSS pour le combustible (puisqu’ elle possède peu ou pas d’uranium). Mais parlons d’autre chose, parce que

219 revenir à vos États-nations. Comment imaginer qu’ ils seront un jour détrônés ? Les États-nations, c’est une illusion d’opt

220 Les États-nations, c’est une illusion d’optique. Ils sont très menacés, ne serait-ce qu’à cause de ce que je viens de vous

221 ens de vous décrire à propos des multinationales. Ils ne doivent pas nous obnubiler. Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on

222 ionales. Ils ne doivent pas nous obnubiler. Ce qu’ il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à la place, comment faire une

223 eut pas vivre sans prendre son destin en main. Et il a la faculté de choix pour autant qu’il soit responsable. Que voulons

224 main. Et il a la faculté de choix pour autant qu’ il soit responsable. Que voulons-nous ? Un certain niveau de vie que d’a

225 es de chercher à sauver leur autonomie que lorsqu’ il s’agit de leur communauté. 9. Sans parler de la fin de ces fameux Éta

226 eau que l’homme est naturellement bon. Non, comme il est plutôt bête et méchant, il n’y a effectivement aucune chance qu’i

227 nt bon. Non, comme il est plutôt bête et méchant, il n’y a effectivement aucune chance qu’il devienne soudain raisonnable

228 méchant, il n’y a effectivement aucune chance qu’ il devienne soudain raisonnable dans les dix à quinze ans à venir. La qu

229 us savez, quand on sent passer le vent du boulet, il ne suffit pas de dire : c’est du vent ! 11. Et croyez-vous que l’on p

230 estions simples. Par exemple : la croissance peut- elle durer toujours et sans limites dans un monde fini ? Et encore : les É

231 el rôle ? Le terrorisme… c’est difficile à dire ! Il pourrait arriver que cela conduise au totalitarisme. En tout cas, le

232 uplé de contraintes et de dommages déjà causés »… Il existe en anglais une expression qui veut dire en gros : « on ne peut

233 n Allemagne ce qui se passait. J’étais chômeur et il m’avait offert un poste de lecteur de français dans son pays, pour qu

234 pays, pour que j’écrive ensuite mes impressions ( il espérait que je changerais d’opinion et que j’émettrais un avis favor

235 ramener et vous répondez : « On vous les laisse, elles sont pleines de déchets radioactifs. » Et il y en a d’autres ! J’ai u

236 , elles sont pleines de déchets radioactifs. » Et il y en a d’autres ! J’ai un ami qui a dit de mon livre que c’était la «

237 it assez fréquemment que j’écris les choses comme elles doivent être dites, sans prendre les gens pour des imbéciles. En fait

238 tez que l’on vit dans une société d’hommes creux. Il n’y a plus de véritable communauté et cela favorise notamment la déli

239 unauté et cela favorise notamment la délinquance. Il a été vérifié, avec des méthodes différentes dans plusieurs pays occi

240 taire d’études européennes, à Genève. Auparavant, il avait enseigné à l’Université de Francfort, puis à l’École des hautes

241 de Rougemont surprend au premier abord, parce qu’ il est justement le contraire. Non pas imposant, mais forçant naturellem

242 t, mais moyen. Jamais hautain, pourquoi le serait- il  ? C’est d’ailleurs et avant tout un excellent pédagogue, sachant pass

243 eur dès les premières minutes d’une conversation. Il s’exprime avec une extrême précision, plaçant ici et là une pointe d’

244 européenne, a atteint maintenant la septantaine. Il reste étonnant de jeunesse, de talent, de bon sens. Son dernier ouvra

245 . Dans ce “manifeste de l’espoir du xxe siècle”, il s’attaque à la crise de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont

246 s n’osons parfois même plus imaginer l’existence. Il ne se contente pas d’apporter de l’eau au moulin des écologistes, mai

247 écologistes, mais propose des solutions. Parce qu’ il est aussi depuis 1947 l’une des têtes pensantes de l’action fédéralis

248 tes pensantes de l’action fédéraliste européenne, il n’y a pour lui aucun doute : c’est en refaisant une société à l’échel

249 plein d’intelligence. Et, en refermant son livre, il est difficile de ne pas croire avec Denis de Rougemont que “tout est

250 et même plus que jamais : tout est possible, mais il faut choisir”. »

251 son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’il appelle une histoire de fous : celle de l’auto. Quel

252 e, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’ il appelle une histoire de fous : celle de l’auto. Quelle est alors son

253 e ou visant à un élargissement de la démocratie ? Il s’agit avant tout d’imposer au pouvoir fédéral un plus grand respect

254 ert le référendum facultatif. Ce référendum n’est- il pas illusoire comme moyen de préserver l’environnement ? Il semble en

255 usoire comme moyen de préserver l’environnement ? Il semble en effet que la majorité des gens soient plus attachés à leur

256 tachés à leur voiture que séduits par vos thèses… Ils ne s’opposeront donc pas aux constructions décidées par l’Assemblée f

257 décidées par l’Assemblée fédérale. Bien sûr. Mais ils sont inconscients. Ils préfèrent un avantage immédiat à une réflexion

258 e fédérale. Bien sûr. Mais ils sont inconscients. Ils préfèrent un avantage immédiat à une réflexion approfondie. Alors à q

259 ert cette initiative ? Son grand mérite, c’est qu’ elle force la prise de conscience, elle oblige à réfléchir, activité peu p

260 rite, c’est qu’elle force la prise de conscience, elle oblige à réfléchir, activité peu prônée par les autorités. Qu’est-ce

261 ent du réseau routier ? Celui-ci ne se contente-t- il pas de répondre à certains gros intérêts exerçant une pression sur le

262 ncu. D’autant plus qu’il y a de fortes chances qu’ il ne serve plus à rien d’ici dix à quarante ans. Eh oui ! Car que fera-

263 ourtant la croissance est très vulnérable, puisqu’ elle dépend du pétrole, et que celui-ci n’est pas, quoi qu’on en dise, iné

264 n’est pas, quoi qu’on en dise, inépuisable. Non, il n’est plus permis aujourd’hui de raconter des bobards sur nos besoins

265 i on ne construit plus de quoi les utiliser, faut- il aussi remettre en question la production de voitures ? J’imagine fort

266 d’un statut social. Pourquoi la voiture servirait- elle d’autres fins que celle du déplacement ? Et puis, encore une fois, no

267 ral a repris cette invention dans une brochure qu’ il n’avait d’ailleurs pas le droit de publier : il est en effet anticons

268 u’il n’avait d’ailleurs pas le droit de publier : il est en effet anticonstitutionnel de la part des autorités d’influence

269 e, le Conseil fédéral en est le seul responsable. Il n’avait qu’à être prudent dans ses projets à partir d’août 1973, date

270 ez souvent centrales nucléaires et routes. S’agit- il d’aberrations ou de dangers comparables ? Bien que la construction de

271 nucléaires soit encore pire que celle de routes, il s’agit effectivement du même type de catastrophes. Elles sont toutes

272 ’agit effectivement du même type de catastrophes. Elles sont toutes deux en contradiction avec un avenir respirable et représ

273 entent un effort gigantesque et inutile, parce qu’ il devra cesser très prochainement. Il vaudrait mieux concentrer les att

274 ile, parce qu’il devra cesser très prochainement. Il vaudrait mieux concentrer les attentions sur la recherche de substitu

275 s, oui, je suis pessimiste, ultrapessimiste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il ne faut pas se laisser berner par ces fari

276 ultrapessimiste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il ne faut pas se laisser berner par ces fariboles d’impératifs économiq

277 lequel nous vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas perpétuellement nous

278 sommation d’énergie tous les dix ans », affirment- ils . C’est de la démence pure. Il suffit de faire un petit calcul pour se

279 x ans », affirment-ils. C’est de la démence pure. Il suffit de faire un petit calcul pour se rendre compte que c’est absol

280 rendre compte que c’est absolument irréalisable. Il ne faut surtout pas se laisser convaincre par les artifices des promo

281 es artifices des promoteurs ou des technocrates : ils veulent nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous

282 us faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il est vain de lutter contre le progrès… Ils vont plus

283 urs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’ il est vain de lutter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si nous r

284 iront qu’il est vain de lutter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si nous refusons les centrales nucléaires, nous all

285 s tout droit vers l’âge des cavernes », affirment- ils . Affirmation plutôt difficile à démontrer. Pourquoi, si l’on ne fait

286 ’en donneront même pas autant. On nous annonce qu’ elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’énergie, si tout va bien.

287 n plus cher que le kilowatt au fuel thermique. Et il ne cessera de grimper… Le nucléaire est pour vous l’un de ces points

288 e direction symbolisée par l’énergie solaire qui, elle , permet une décentralisation maximale. Avec l’énergie solaire, une ma

289 r entre le soleil et la maison. Et c’est pourquoi il n’y a pas de lobby solaire auprès du gouvernement. L’État est contre

290 u gouvernement. L’État est contre le solaire, car il ne peut pas faire main basse sur le soleil. Ce grand combat entre ces

291 aveugle comme une taupe. Et que font les taupes ? Elles creusent leurs galeries sans savoir où elles vont, elles n’ont pas de

292 es ? Elles creusent leurs galeries sans savoir où elles vont, elles n’ont pas de points de repère. Pluton s’ennuyait aux enfe

293 reusent leurs galeries sans savoir où elles vont, elles n’ont pas de points de repère. Pluton s’ennuyait aux enfers et voulai

294 et voulait y rabattre le plus de monde possible. Il voulait des morts. Tel est le monde de l’État, de la richesse, de la

295 asses au sens marxiste du terme, que vous reste-t- il  ? N’oubliez pas : ni à la révolution en tant que prise du pouvoir… Al

296 tant que prise du pouvoir… Alors, que me reste-t- il  ? L’individu, la personne… Qu’est-ce qui nous empêche de créer la soc

297 gie, par exemple — et cela ne dépend que de nous. Il faut refuser ainsi le tout-électrique de l’EDF, qui représente une tr

298 uel technicien un peu sérieux vous le confirmera. Il est absolument indéfendable de se chauffer à l’électricité, cette for

299 t la chaleur, dernier stade avant la non-énergie. Il faut faire de la chaleur avec des moyens beaucoup moins coûteux… C’es

300 des moyens beaucoup moins coûteux… C’est ainsi qu’ il nous faut prendre position sur tous les domaines de la vie quotidienn

301 iste aux tenants d’une croissance limitée : n’est- il pas injuste, disent-ils, que certains privilégiés demandent, à l’éche

302 croissance limitée : n’est-il pas injuste, disent- ils , que certains privilégiés demandent, à l’échelon du pays comme de la

303 r à la jouissance de ces biens de consommation qu’ ils n’ont jamais possédés ; pourquoi leur demander à eux des sacrifices ?

304 oins que notre mode de vie représente le progrès, il veut non seulement nos autoroutes mais nos embouteillages… La vérité,

305 pour des siècles. C’est absurde. D’ici cinq ans, il est très possible que le pétrole coûte trois à quatre fois plus cher

306 par Marchais puisse continuer à rouler en auto ? Il ne s’agit donc pas d’interdire aux gens du tiers-monde de rouler en a

307 erdire aux gens du tiers-monde de rouler en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous, continuer à le faire pendant

308 cela a été très bien calculé par le club de Rome, il est matériellement exclu que le tiers-monde rejoigne jamais notre niv

309 is notre niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matières premières dans le monde pour cela. Alors

310 l prestige, d’une telle puissance, c’est parce qu’ ils apportaient une réponse — terrifiante, effroyable — à cette soif comm

311 Mais nous sommes restés des groupuscules parce qu’ il nous manquait ce que j’appellerais un levier. Or ce levier, chose ext

312 Or ce levier, chose extraordinaire, miraculeuse, il s’offre depuis cinq ou six ans sous la forme de cette immense émergen

313 n de région est pour vous essentielle. Mais n’est- elle pas bien difficile à déterminer ? La région ne relève pas d’une espèc

314 nécessairement les mêmes délimitations. En fait, elles n’ont pas à être délimitées, elles doivent se reconnaître, comme si o

315 ions. En fait, elles n’ont pas à être délimitées, elles doivent se reconnaître, comme si on tâtait aveuglément le terrain. To

316 tre de la Haute-Volta m’a dit : « Vous comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez nous se feraient tuer pour ces fron

317 e, le pluralisme contre la simplification. Sinon, il n’y aura rien du tout. Simplement une fin de la civilisation. Avant d

318 re atomique signifierait la fin de l’humanité ? » Il m’a dit : « Non, nous avons essayé avec quelques amis de faire des ca

319 essayé avec quelques amis de faire des calculs ; il restera bien vingt millions d’hommes qui survivront, dans les angles

320 … On est un peu écrasé par la somme de travail qu’ il représente. Comment peut s’écrire un tel livre ? Il s’est écrit avec

321 représente. Comment peut s’écrire un tel livre ? Il s’est écrit avec passion, il représente une passion et un pouvoir d’i

322 crire un tel livre ? Il s’est écrit avec passion, il représente une passion et un pouvoir d’indignation sans lequel je n’a

323 e pour autant une exception ? Je ne le crois pas. Il existe nombre d’esprits, dans le monde d’aujourd’hui, qui sont mus pa

324 qui m’a persuadé d’écrire ce livre. À l’origine, il voulait publier, je croyais, un livre sur l’Europe de l’an 2000. J’av

325 es conférences en volume. Mais ce n’est pas ce qu’ il voulait. Il voulait que j’écrive ce qui allait devenir L’Avenir est

326 es en volume. Mais ce n’est pas ce qu’il voulait. Il voulait que j’écrive ce qui allait devenir L’Avenir est notre affair

327 ant d’autres livres à écrire !) et les exigences ( il les acceptait toutes). Après deux heures de discussion, il m’avait co

328 ceptait toutes). Après deux heures de discussion, il m’avait convaincu. C’est rare qu’un éditeur tienne à ce point à un li

329 t sur les réactions que ce livre a suscitées. Ont- elles justifié a posteriori votre propos ? Ah oui, complètement ! Je suis t

330 lètement ! Je suis très content de ces réactions. Il n’y a pas eu de critiques vraiment mauvaises et beaucoup d’articles c

331 ttres émouvantes de gens qui me demandaient ce qu’ ils pouvaient et devaient faire, là où ils étaient. Bref, j’ai été confir

332 ient ce qu’ils pouvaient et devaient faire, là où ils étaient. Bref, j’ai été confirmé dans ce que j’avais découvert peu à

333 ais découvert peu à peu en écrivant ce livre : qu’ il était en somme un manifeste de la convergence et de l’émergence de to

334 ter des rochers, et qui n’est pas vulnérable, car elle n’est pas centralisée. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Aven

335 suffisent pourtant à engloutir dans le silence ; ils n’ont cessé de demeurer, au contraire, des ouvrages de référence, des

336 ocalypse que tous les experts nous promettent, qu’ il a opposé ses idées régionalistes et les expériences communautaires, l

337 aleur par la presse. Mais surtout rarement aura-t- il été ressenti comme aussi fondamental. « Livre important », « synthèse

338 ui de L’Avenir est notre affaire , des thèmes qu’ il aborde et des échos qu’il a suscités. »

339 affaire , des thèmes qu’il aborde et des échos qu’ il a suscités. »

340 sir et la former à notre idée en temps utile ; qu’ elle n’est donc pas un vague idéalisme, mais le seul réalisme digne aujour

341 alisme digne aujourd’hui de ce nom ; et enfin, qu’ elle n’est pas seulement conservation mais invention, pas seulement sauvet

342 le-ci : La question européenne, la voici : — Est- il possible que sur la petite presqu’île européenne, 25 États vivent côt

343 e l’Europe le veulent, la Paneurope se réalisera… Il ne faut pas se lasser de le répéter : une Europe divisée conduit à la

344 nnées plus tard, parlant au nom de la France dont il est président du Conseil, devant l’assemblée de la Société des Nation

345 s associé pendant ces dernières années, déclare-t- il , à une propagande active en faveur d’une idée qu’on a bien voulu qual

346 progressé dans les esprits par sa valeur propre. Elle a fini par apparaître comme répondant à une nécessité. Des propagandi

347 raphiquement groupés, comme les peuples d’Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral […]. Évidemment, l’association

348 journaux de la Résistance française affirment qu’ ils luttent pour instaurer une vraie fédération européenne. En mars 1944,

349 mmes de la Résistance européenne ». Je sais, dit- il , pour en avoir recueilli maintes preuves, que dans chaque pays de l’E

350 pe les 31 mars, 29 avril, 20 mai, 6 et 7 juillet. Ils ont élaboré le projet de déclaration ci-dessous qu’ils ont soumis à l

351 nt élaboré le projet de déclaration ci-dessous qu’ ils ont soumis à la discussion et à l’approbation de leurs mouvements res

352 ’ensemble des mouvements de résistance européens. Ils affirment que la vie des peuples qu’ils représentent doit être fondée

353 uropéens. Ils affirment que la vie des peuples qu’ ils représentent doit être fondée sur le respect de la personne, la sécur

354 ence sur ce continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par la création d’une union fédé

355 encore imaginés, ni même sérieusement envisagés. Il est clair que les gouvernements n’accepteront jamais, sauf s’ils y so

356 ue les gouvernements n’accepteront jamais, sauf s’ ils y sont contraints par une superpuissance voisine, le moindre abandon

357 ngoissante à une seule mesure, la plus simple, et il va formuler par là même, en quelques phrases, le seul motif immédiat

358 hrases capitales : Au sort misérable de l’Europe il existe un remède qui, s’il était adopté partout et spontanément, tran

359 misérable de l’Europe il existe un remède qui, s’ il était adopté partout et spontanément, transformerait comme par miracl

360 de l’assurer d’une structure à l’abri de laquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons construire une sorte

361 leur honneur de leur contribution au bien commun… Il s’agit aujourd’hui d’affranchir de la guerre et de la servitude les p

362 re urgente, c’est à la France et à l’Allemagne qu’ il appartient de prendre conjointement l’initiative… Debout l’Europe !

363 té par acclamations lors de la séance de clôture. Il résume l’ensemble des motifs du congrès et du « Mouvement européen »

364 ce la vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la div

365 la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’ il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pou

366 e qu’il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’ill

367 llemande, était au cœur du discours de Zurich, et il va inspirer le traité de la CECA, cette mise en commun du charbon et

368 de pouvoirs réels. Vingt-huit ans ont passé, et il n’est que trop clair que le Conseil de l’Europe non seulement n’a pas

369 t « le but et l’objectif » ainsi définis, mais qu’ il a perdu tout espoir et peut-être même tout désir d’y conduire les Eur

370 Bruxelles a repris le flambeau ? On voit bien qu’ elle en a quelquefois l’ambition, qu’elle souhaite que les pouvoirs pureme

371 voit bien qu’elle en a quelquefois l’ambition, qu’ elle souhaite que les pouvoirs purement économiques de sa Commission soien

372 membres ; on voit bien que dans ses publications, elle se nomme tranquillement « l’Europe », mais comment soutenir cette pré

373 cette construction serait d’autant plus faible qu’ elle deviendrait plus européenne ! Drôle de manière de reformer la « famil

374 et l’Autriche, et même la Suisse, si coupable qu’ elle soit d’avoir su depuis des siècles que la prospérité, la paix sociale

375 cune importance, loin de là : je dis seulement qu’ il ne faut pas s’attendre que la jeunesse, à leur propos, s’exalte. Un s

376 et, son premier objectif pleinement atteint. Faut- il en conclure que « L’Europe n’intéresse plus », comme le répètent depu

377 e c’est fini », dit la Presse. Du moins le disait- elle jusqu’à l’année dernière. Voici quelques échantillons de gros titres

378 tres pose une question : de quelle Europe parlent- ils  ? Quelle est l’Europe qui selon eux « agonise » ? Si c’est « l’Europe

379 par son nom : c’est un Marché commun partiel. S’ il s’agit de l’Europe des États plus ou moins « unis » ou « confédérés »

380 les ministres nous répètent depuis trente ans qu’ elle est nécessaire et urgente —, nous sommes en présence d’une fausse nou

381 : cette Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’ elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’elle voie le jour aussi lon

382 qu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’ elle voie le jour aussi longtemps que les États refuseront de rien céder s

383 céder sur leur souveraineté nationale. S’agirait- il enfin de l’Europe réelle, celle des Européens vivants, de leurs cultu

384 oit perdu — comme si tout cela n’était pas nous ? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs étrangers,

385 gers, de la mort qui n’arrive qu’aux autres. Sont- ils conscients du fait inéluctable qu’ils subiront le sort de l’Europe, p

386 utres. Sont-ils conscients du fait inéluctable qu’ ils subiront le sort de l’Europe, peu importe qu’ils soient pour ou contr

387 ’ils subiront le sort de l’Europe, peu importe qu’ ils soient pour ou contre, de gauche ou de droite, européistes ou nationa

388 e des « vrais » motifs de l’union de l’Europe, qu’ il s’agisse de celle des bureaux, ou de celle des multinationales, ou de

389 tiers-monde le plutonium des armes nucléaires, s’ il promet, bien sûr, de ne jamais s’en servir… Enfin, former un corps po

390 diale ? Ici nous devons confesser l’échec total : il n’y a pas, dans aucun domaine fondamental, de politique commune des É

391 droit de faire, ou de ne pas faire l’Europe. Or, il est clair qu’ils ne la feront jamais, étant eux-mêmes les obstacles à

392 ou de ne pas faire l’Europe. Or, il est clair qu’ ils ne la feront jamais, étant eux-mêmes les obstacles à l’union, s’il n’

393 amais, étant eux-mêmes les obstacles à l’union, s’ il n’y sont pas contraints par des forces extérieures, ou poussés par la

394 ra comparable au monopole arabe quant au pétrole. Il ne sera pas facile pour les USA et le Canada, de ne jamais abuser de

395 lus fréquentes si les climatologistes ont raison. Il faut donc s’attendre que le pouvoir économique et politique des USA d

396 observateurs lucides de l’époque nous répètent qu’ il s’agit désormais d’orienter autrement le « développement » de notre s

397 rogrès ». Le bonheur, le salut de l’humanité sont- ils vraiment liés à la croissance du PNB et de la consommation d’énergie,

398 désastre final de la guerre nucléaire, ne serait- il pas temps de changer de cap ? De réviser les dogmes du progrès matéri

399 oduire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’averti

400 l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. ( Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillages polluants et

401 cela vaut. Reste alors notre « vieille Europe » : elle a été la première à inventer le Progrès, puis la première à prendre c

402 d’orientation, la première à créer l’État-nation. Il semblerait donc naturel qu’elle soit aussi la première capable de rec

403 réer l’État-nation. Il semblerait donc naturel qu’ elle soit aussi la première capable de rectifier les conceptions qu’elle a

404 première capable de rectifier les conceptions qu’ elle a lancées dans le monde entier et que les communautés les plus tradit

405 adoptent ou subissent aujourd’hui. L’Europe va-t- elle faillir à sa mission mondiale ? Le peut-elle sans trahir ses raisons

406 va-t-elle faillir à sa mission mondiale ? Le peut- elle sans trahir ses raisons d’être et abdiquer, avec ses responsabilités,

407 se la question fondamentale : quelle Europe ? Car il y en a deux. L’histoire nous montre la naissance dans la Grèce des ci

408 de la mesure, et de la tolérance socratique. Mais elle nous montre aussi, dans la Rome impériale la naissance de ce qui devi

409 e. La deuxième Europe a formé des sujets passifs. Elle a repris l’idée romaine du réseau d’institutions centralisées encadra

410 brication de la bombe atomique » ? Le fait est qu’ il est plus facile de copier les caricatures que les modèles, les vices

411 , les armes de guerre que les procédures de paix. Il est plus facile de s’approprier les recettes du nationalisme arrogant

412 qui pourrait très bien être la dernière parce qu’ elle détruirait les bases mêmes de toute guerre : les communautés humaines

413 l’Europe dans la conjoncture mondiale, qu’en est- il de la situation à l’intérieur de l’Occident ? La plupart des Européen

414 ditionnés n’atteindraient même pas notre taille ! Il est bien clair que le nombre des habitants ne dit pas tout sur la pui

415 ur la puissance ou le bonheur d’un peuple, mais s’ il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quanti

416 rès malsaine et grevée d’injustices intolérables. Il n’est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merc

417 ustrie américaine, suite à la guerre du Vietnam. Il n’est pas sain que ce qu’on appelle la sécurité de l’Europe paraisse

418 llemagne, non par l’union des forces européennes. Il n’est pas sain que la survie abusive (en Europe comme en Amérique lat

419 ndre de « l’aide américaine ». Mais d’autre part, il n’est pas juste que six pays européens à l’Est soient privés du droit

420 éventuelle fédération avec l’Ouest du continent. Il n’est pas juste qu’aussitôt qu’ils manifestent un goût, même timide,

421 t du continent. Il n’est pas juste qu’aussitôt qu’ ils manifestent un goût, même timide, pour la démocratie, ils soient enva

422 festent un goût, même timide, pour la démocratie, ils soient envahis par les Russes. Il n’est pas juste qu’à Yalta, les peu

423 la démocratie, ils soient envahis par les Russes. Il n’est pas juste qu’à Yalta, les peuples de l’Europe du Sud-Est aient

424 . Voici comment. La guerre est le produit — comme elle fut l’origine, cela n’est plus à démontrer — des grands États central

425 r leur prix, leurs dangers, et les résistances qu’ ils provoquent, augmenteront nécessairement la centralisation, l’emprise

426 Or on sait que plus un État est centralisé, moins il accepte les formules fédératives, plus il est poussé vers la guerre.

427 , moins il accepte les formules fédératives, plus il est poussé vers la guerre. Devant cette menace totale — née de nos œu

428 ands États sont responsables des grandes guerres, il faut diminuer à la fois leur taille et leurs pouvoirs d’agression. Ca

429 une Société veut borner les ravages de la guerre, il n’en est d’autre moyen que de borner les facultés du Pouvoir. » L’Eur

430 rlo Schmid, alors vice-président du Bundestag : «  Il faut faire l’Europe, ou il faut faire la guerre ! » Mais si ces encha

431 ident du Bundestag : « Il faut faire l’Europe, ou il faut faire la guerre ! » Mais si ces enchaînements de causes et d’eff

432 lisme européen, de plus largement mobilisatrices. Elles sont effectivement les seules, en Europe, à pouvoir rassembler des fo

433 ux clichés de la contestation et du gauchisme. Or elles rejoignent irrésistiblement le mouvement des fédéralistes européens,

434 pour leur plaire : phénomène sans précédent ! Et il est clair que le Parlement européen une fois doté de la légitimité qu

435 s’en tiendra pas au vote du budget de Bruxelles. Il voudra, il devra traduire au plan de l’Europe les motifs nouveaux qui

436 ra pas au vote du budget de Bruxelles. Il voudra, il devra traduire au plan de l’Europe les motifs nouveaux qui l’auront f

437 l’Europe concernent la Suisse, vitalement. N’est- il pas temps que les Suisses se réveillent aux réalités continentales et

438 lent aux réalités continentales et mondiales dont ils dépendent ? Je voudrais que vous gardiez de ma conférence cette concl

439 que cette guerre, nous devrions la faire bien qu’ elle ne fût pas la nôtre, mais celle des nationalismes. Lecteur français à

440 ationale. Quant au Centre européen de la culture, il est né en mai 1948, lors du premier congrès européen de La Haye que p

441 e aujourd’hui que quelques milliers de cotisants. Il nous a manifestement manqué un levier pour soulever le poids de l’ind

442 ituent l’Europe d’aujourd’hui sont des façades et ils perdent progressivement leur pouvoir. Examinez leur action… Les gouve

443 es… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour conduire les affaires du monde et ne se tirent

444 u Parlement européen devaient avoir lieu en 1978. Elles ont été reculées d’une année. Pour vous est-ce un échec ? Je suis ass

445 navré que la Suisse soit en dehors du coup, mais elle jouera très certainement un rôle dans une Europe régionalisée. Vous ê

446 la commune qui doit savoir se rendre autonome, qu’ il s’agisse de bâtir une école, de lutter contre spéculateurs et pollueu

447 ope trouve son lieu et sa formule dans la région. Elle est l’aire naturelle où les communes vont trouver les moyens qui leur

448 ntrales nucléaires intéressent les États parce qu’ elles sont un élément de pouvoir. Je crois néanmoins que dans cette affaire

449 isins de la Belgique… Vous n’êtes pas les seuls ; il existe en Europe au moins quarante-cinq régions transfrontalières. No

450 cinq-mille travailleurs français y sont employés. Ils paient leurs impôts en Suisse et cela crée des problèmes pour les mun

451 uteurs français ne savaient pas très bien de quoi il s’agissait. Mais dès la seconde réunion, les représentants français a

452 nion, les représentants français avaient changé ; ils avaient étudié leurs dossiers. Cette commission, la première du genre

453 r reprendre une expression de Michel Debré : faut- il « la faire avec des bottes de sept lieues » ? J’aime mieux la définit

454 des stages pour les enseignants du second degré… Il existe une Association européenne des enseignants, une Journée europé

455 ey… c’est Voltaire, Genève… c’est Rousseau. Y a-t- il des lieux prédestinés à l’évolution de l’esprit et cette région d’équ

456 tre les pentes du Jura et le Léman, ne favorise-t- elle pas la pensée philosophique comme le lac du Bourget la pensée romanti

457 coup, sans aucun doute. La région genevoise n’est- elle pas le carrefour de l’Europe occidentale où les grands organismes int

458 ionaux ont trouvé tout naturellement leur place ? Il n’y a que quelques kilomètres entre Genève où l’écrivain Denis de Rou

459 péen de la culture et ce hameau près de Ferney où il habite une ancienne métairie. C’est une de ces bâtisses aux murs épai

460 car les hivers sont rudes en pays franc-comtois. Il y règne confort et aimable harmonie parmi des meubles vénérables et c

461 de pouvoir découvrir le cadre de vie d’un homme ; il est révélateur surtout lorsqu’il s’agit d’un ouvrage tel que L’Amour

462 vie d’un homme ; il est révélateur surtout lorsqu’ il s’agit d’un ouvrage tel que L’Amour et l’Occident . “J’ai donné beau

463 ers de livres cachent les parois. C’est à cause d’ elle que son dernier ouvrage L’Avenir est notre affaire a tant tardé à p

464 e les capitales. Denis de Rougemont est suisse et il voue à son pays de naissance un culte profond et raisonné, mais peut-

465 is tout autant lecteur universitaire à Francfort, il n’a pris position qu’au moment du nazisme et officier de l’armée suis

466 u moment du nazisme et officier de l’armée suisse il fut contraint de faire quinze jours de forteresse pour s’être permis

467 neutralité suisse”. C’est dans le même esprit qu’ il fut de 1942 à 1943 rédacteur des émissions françaises de La Voix de l

468 sions françaises de La Voix de l’Amérique. Mais s’ il avait choisi un camp, c’est parce qu’il faisait une place à l’homme d

469 e. Mais s’il avait choisi un camp, c’est parce qu’ il faisait une place à l’homme dans la société au lieu d’imposer la soci

470 erroge sur la finalité de notre civilisation et s’ il affirme que “se gouverner vaut mieux qu’être bien gouvernés” (un slog

471 xion sur l’importance de l’autogestion politique. Il nous a également rappelé ce qu’écrivait Paul Valéry au lendemain de l

472 l’art de contraindre les gens à décider sur ce qu’ ils n’entendent pas”. Et lui d’ajouter : “Il convient désormais d’inciter

473 r ce qu’ils n’entendent pas”. Et lui d’ajouter : “ Il convient désormais d’inciter les gens à se mêler de ce qui les regard

474 e, s’estime engagé et ne se demande pas “Que va-t- il arriver ?” mais se pose la question : “Que puis-je faire ?” » x. Rou

475 ouvoir y répondre ou, plutôt, parce qu’on sent qu’ elles remettent en question un état de choses dont on ne peut plus répondre

476 ectateurs. Ma question est en somme métaphysique. Elle interpelle globalement tout l’effort de notre civilisation industriel

477 ce que nos gouvernements sont unanimes à prôner — ils n’en discutent plus guère que le taux — pourra-t-elle se poursuivre d

478 n’en discutent plus guère que le taux — pourra-t- elle se poursuivre dans un monde fini ? » L’un des adages de la scolastiqu

479 t. Mais le monde moderne tout entier agit comme s’ il n’y croyait pas. Voilà qui est grave. Voilà qui nous amène à pousser

480 « À quelle date la croissance industrielle aura-t- elle épuisé la totalité des ressources terrestres non renouvelables — hydr

481 au xxie et la suite) : « Quelle différence y a-t- il entre une chaîne de montage communiste et une chaîne de montage capit

482 reléguer dans le Finistère ou le Haut-Rhin, d’où il est si cher de transporter le kilowattheure ? » Question sur la polit

483 z-vous de votre auto ? » Accessoirement : « Quand il n’y aura plus d’autos, que ferez-vous de vos autoroutes ? » J’ai posé

484 auquel le Touring-Club ne doit pas être étranger, il m’a été répondu triomphalement que « personne ne le sait ! » C’était

485 ée. C’est là le fait de gens qui ne savent pas où ils vont et refusent même de ralentir pour y penser : nous tous, je le cr

486 le monde au prix de votre âme, que vous restera-t- il à aimer ? » y. Rougemont Denis de, « Questions gênantes mais fécon

487 transmettre de Friedrich Engels à Karl Marx. Car il en sortira les Internationales, une révolution, deux empires, des diz

488 a haine de Marx pour les paysans, les louanges qu’ il adresse à la bourgeoisie pour avoir « soumis la campagne à la ville »

489 oujours croissante de la population des villes qu’ elle agglomère dans de grands centres, la production capitaliste, d’une pa

490 si lucidement anticipée par Marx dans cette page. Ils n’y veulent voir, comme le tiers-monde, qu’une « dernière défense des

491 ution résultant de la production industrielle, qu’ elle soit dite socialiste à l’Est et par les marxistes, capitalistes à l’O

492 la force matérielle ; mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu’elle pénètre les masses. La théori

493 e change, elle aussi, en force matérielle, dès qu’ elle pénètre les masses. La théorie est capable de pénétrer les masses dès

494 théorie est capable de pénétrer les masses dès qu’ elle procède par des démonstrations ad hominem et elle fait de telles démo

495 elle procède par des démonstrations ad hominem et elle fait de telles démonstrations dès qu’elle devient radicale. Être radi

496 inem et elle fait de telles démonstrations dès qu’ elle devient radicale. Être radical, c’est prendre les choses par la racin

497 1° ou bien la racine étant dans l’homme lui-même, elle n’est pas du tout dans les rapports de production. Et alors, si la th

498 t polémique. Mais alors ce n’est pas assez dire : elle se mue en « l’impératif catégorique » et devient dogme, tandis que la

499 Parti donnant ses ordres aux partisans organisés. Il ne tardera pas d’ailleurs à se nommer lui-même maréchal. ⁂ Le rappor

500 ntre le personnalisme du jeune Marx et le Goulag, il n’y a pas seulement Staline, comme on a voulu nous le faire croire ;

501 Staline, comme on a voulu nous le faire croire ; il n’y a pas seulement le Lénine de mars 1918, déclarant au congrès du p

502 r. » Voilà bien l’action de l’esprit, la seule qu’ il puisse revendiquer sans nier les conditions de son libre exercice. Et

503 jusqu’ici n’ont fait qu’interpréter le monde, or il s’agit de le transformer ? Marx auteur de cette phrase, n’a transform

504 de philosophe, c’est-à-dire en l’interprétant. ⁂ Il est rare que celui qui voit et celui qui fait se confondent. Marx n’a

505 ifiée. Ainsi Marx est devenu responsable de ce qu’ il n’avait pas su prévoir. Et Tocqueville n’a rien fait — et ne pouvait

506 — et ne pouvait rien faire — pour modifier ce qu’ il avait exactement prévu. 9. Cf. Kostas Papaioannou, Marx et les marx

507 ix mois auparavant, dans L’État et la Révolution, il défendait la thèse exactement contraire. z. Rougemont Denis de, « P

508 lée dans du bois par un sculpteur du xve siècle. Il sourit derrière sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa ch

509 du xve siècle. Il sourit derrière sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtr

510 e tabac noir — le blond lui fait mal au cœur, dit- il – et il commence à poser des questions. Peut-être par une sorte de ti

511 noir — le blond lui fait mal au cœur, dit-il – et il commence à poser des questions. Peut-être par une sorte de timidité,

512 er possible, en renversant les rôles, et parce qu’ il est curieux de la manière de vivre des humains, dans le détail de leu

513 parlé avec les paysans dans la région de Nîmes ? Ils sont huguenots, dit-on, pour la plupart, mais en réalité ce sont des

514 , avec ce sens de la fatalité… Vous avez vu comme ils se tiennent immobiles et tout noirs dans leurs cuisines ? Jusqu’à Bor

515 us ne parlerons que de géographie, de races… Non, il avise un petit nid d’oiseau sur sa grande table de travail (en sapin

516 tre. Les oiseaux ramassent ses cheveux blonds, et ils ont fait ce nid en cheveux de ma fille… » (En effet, c’est un nid soy

517 roblèmes, mais de choses — on s’aperçoit aussi qu’ il n’a rien dit de lui. Qui est Ramuz ? Le plus grand écrivain suisse d’

518 uz n’est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’ il est vrai de dire qu’il est le plus célèbre écrivain suisse vivant, il

519 à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu’ il est le plus célèbre écrivain suisse vivant, il faut ajouter aussitôt

520 qu’il est le plus célèbre écrivain suisse vivant, il faut ajouter aussitôt qu’il n’est nullement représentatif de son pays

521 rivain suisse vivant, il faut ajouter aussitôt qu’ il n’est nullement représentatif de son pays et des traditions suisses l

522 quelques années à Paris, avant la guerre de 1914. Il se trouve être Suisse de nationalité, parce que le canton de Vaud est

523 ues qui forment la Confédération helvétique, mais il est d’abord Vaudois, et disons plus : il est d’abord de la terre et d

524 ue, mais il est d’abord Vaudois, et disons plus : il est d’abord de la terre et de la race, du peuple de la terre vaudoise

525 et se dit volontiers « raciste », c’est-à-dire qu’ il veut exprimer les réalités non intellectuelles et permanentes de sa r

526 e protestant ne jouent aucun rôle dans son œuvre. Il saisit la réalité de son pays à un autre niveau, plus difficile à exp

527 e rêve ou la belle phrase musicale. Au contraire, elle surgit lentement, difficilement, comme malgré lui, d’une prise étroit

528 limes », comme on le chante dans les écoles, mais ils sont « le mauvais pays », comme les appellent les paysans. Rien de fl

529 la vie, de la mort, de la condition d’homme. Car il ne s’agit de rien d’autre, et le reste est littérature quand vous sor

530 ueils de poèmes. Puis, durant son séjour à Paris, il s’était patiemment fait un style où réalisme et poésie se mêlaient in

531 titre d’un ouvrage collectif publié en 1926). Et il me semble que les romans et les essais composés à partir de 1925 ont

532 x. Désormais, Ramuz parle à un public qui l’aime, il engage avec lui un dialogue et l’on découvre un homme curieux de tout

533 retraite vaudoise. Maintenant, c’est l’époque qu’ il interroge, à sa manière socratique. Les trois titres de ses essais dé

534 et Ramuz lui-même s’est expliqué sur ce sujet, qu’ il écrivait comme parlent les paysans vaudois. Je ne le crois pas. Perso

535 s « bons modèles » du français imprimé de France, il s’est inspiré du langage de son pays. Il le recrée — comme tout poète

536 France, il s’est inspiré du langage de son pays. Il le recrée — comme tout poète recrée sa langue — dans un mouvement qui

537 es champs à la montagne. « D’où cette démarche qu’ ils ont ; d’où la nécessité quelquefois de refaire son pas, parce que la

538 porte en arrière, parce qu’on l’a mal calculé et il faut d’abord qu’on le corrige. C’est comme moi… » C’est comme Ramuz q

539 rrige. C’est comme moi… » C’est comme Ramuz quand il écrit. Notons aussi l’influence du style biblique, si fortement incul

540 protestants, comme l’observait un jour Ramuz, car elle remplace pour eux la mythologie grecque et romaine. Et malgré cela un

541 ple « nuque raide » qui ne veut croire qu’à ce qu’ il touche et voit et qui se ferme avec méfiance à l’invisible. Jusqu’à u

542 certain point, Ramuz l’imite, mais tout d’un coup il le dépasse et le confronte avec l’Invraisemblable. Il l’imite dans so

543 e dépasse et le confronte avec l’Invraisemblable. Il l’imite dans son esthétique. « Ne mettre rien que ce qu’on voit. » Il

544 esthétique. « Ne mettre rien que ce qu’on voit. » Il écrit comme un peintre, en formes, en volumes, cernant fortement le d

545 is dans ce monde de la vue, voici les signes — et ils annoncent la présence incroyable, pourtant vraie, d’une menace invisi

546 de Ramuz : nous avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos consciences. Et la vie s’est trouvée c

547 aysages, aux coutumes de la terre, à l’instant qu’ elles vont s’abîmer dans l’amen de l’éternité. « Salut quand même ! Salut !

548 allée » — souvenez-vous ici encore de l’Évangile, ils montent dans le paysage de leur pays, « en ce tout dernier jour, ce t

549 t dernier moment ». Et voici que le vent se lève, il n’y en avait plus sur la terre, c’est le souffle d’une autre vie. Et

550 che a sonné, celles de la terre s’étaient tues. «  Il leur a été dit : vous venez ? » Ils sont allés comme des enfants. L’a

551 taient tues. « Il leur a été dit : vous venez ? » Ils sont allés comme des enfants. L’amour ne les a pas trompés : le ciel

552 euple créé par Ramuz, non pas les Vaudois tels qu’ ils sont. aa. Rougemont Denis de, « [Préface] C. F. Ramuz, Présence de

553 re 1978)ae af Les bénéfices de l’armement Il n’y a pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de

554 ion fonctionne pour la guerre. C’est sa vocation. Il fabrique, il vend, il achète des armes, portées par des vecteurs inte

555 e pour la guerre. C’est sa vocation. Il fabrique, il vend, il achète des armes, portées par des vecteurs intercontinentaux

556 guerre. C’est sa vocation. Il fabrique, il vend, il achète des armes, portées par des vecteurs intercontinentaux et non p

557 ripostent que l’on « ne fait rien sans risques ». Ils savent néanmoins qu’il y a eu de nombreux incidents, dissimulés à l’o

558 imulés à l’opinion parce que peu spectaculaires ; ils savent que, par exemple, les plans de Creys-Malville ont été deux foi

559 ports sérieux le répètent), pourquoi le prendre ? Il faut s’abstenir. Un point, c’est tout ! Mais voilà… La préparation de

560 t-dodo”, les aspirations naturelles de l’homme ». Il ne lui suffit pas, comme tant d’autres, de clamer son inquiétude. Il

561 s, comme tant d’autres, de clamer son inquiétude. Il propose un scénario, celui-ci infiniment plus optimiste. Nous avons l

562 cessité de se retrouver dans des tâches communes. Ils en ont assez d’être muselés, exploités, traités en robots. Déjà, s’am

563 auteur des communes. Quand le pouvoir est divisé, il est moins offensif et dangereux. Quand on est plus petit, on n’est pa

564 oirement plus gentil, mais on fait moins de mal ! Il ne s’agit pas de transformer l’Europe en super-État, mais d’assembler

565 , et non plus être esclaves d’un ordre sur lequel ils n’ont aucune influence. Le fédéralisme, c’est l’art de faire coexiste

566 ntes, mais qui peuvent mieux être eux-mêmes quand ils veulent vivre mieux ensemble. On retrouve dans cette proposition (qui

567 Jean-Paul Sartre : « L’enfer c’est les autres », il réplique : « L’enfer c’est l’absence des autres, c’est la foule solit

568 Pour que le meilleur gagne en nous, ajoute-t-il, il nous faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se demander : « Que

569 mander : « Que puis-je faire ? » avant « Que va-t- il arriver ? » Une seule réponse : « Toi-même ». On ne devient libre que

570 au et de l’introduction suivants : « L’homme peut- il encore reprendre en main la barre du navire sur lequel il est embarqu

571 e reprendre en main la barre du navire sur lequel il est embarqué ? La semaine dernière, Philippe Saint-Marc disait ici la

572 comprendre les bouleversements du monde actuel), il explique pourquoi le fédéralisme européen évitera la catastrophe à la

573 amnent inéluctablement les “États-nations”, comme il surnomme les pays occidentaux. Pour Denis de Rougemont, l’État, tel q

574 identaux. Pour Denis de Rougemont, l’État, tel qu’ il s’est constitué, maître de nos vies et de nos destins, a étouffé les

575 mes régionaux qui faisaient le génie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que notre liberté personnelle se confondai

576 ence, les individus. Denis de Rougemont a 72 ans. Il est Suisse. Il vit en France dans un village verdoyant, Pouilly-Saint

577 idus. Denis de Rougemont a 72 ans. Il est Suisse. Il vit en France dans un village verdoyant, Pouilly-Saint-Genis, non loi

578 scerner le futur à travers les signes du présent. Il se défend certes d’être un “prophète de l’Apocalypse”, mais on est co

579 raint de prêter attention à ses commentaires. Car il s’est rarement trompé. Ainsi, longtemps à l’avance, il a prévu la con

580 est rarement trompé. Ainsi, longtemps à l’avance, il a prévu la congestion des métropoles industrielles, la Seconde Guerre

581 se dans les pays développés — nos États-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu visite à Denis de

582 demandé de résumer ce qui le tourmentait et ce qu’ il proposait comme solution de rechange. »

583 des piliers du système démocratique suisse ; ont- ils selon vous rempli leur rôle et le remplissent-ils encore actuellement

584 ils selon vous rempli leur rôle et le remplissent- ils encore actuellement ? Quoique toute mon œuvre débouche sur des choix

585 lus, les forces directrices et décisives (même si elles ne sont pas majoritaires) de notre vie politique. Ces formations ne s

586 s formations ne sont ni de gauche, ni de droite ; elles sont tournées vers l’avenir. Elles ne disent pas « gauche-droite, gau

587 ni de droite ; elles sont tournées vers l’avenir. Elles ne disent pas « gauche-droite, gauche-droite » comme les sergents, ma

588 ges possibilités de participation directe ». Mais il n’est pas toujours tenté d’en faire usage, voilà l’ennui. Cette const

589 roblème — et qui pourrait s’intéresser à tout ? —  il me paraît plus sain de s’abstenir que de suivre aveuglément les consi

590 ée « d’inéluctable ». Comment le citoyen pourrait- il choisir avec quelque certitude et en toute bonne conscience entre ceu

591 rte à cette question la réponse la plus réaliste. Il observe que sur les vingt-six universitaires qui ont signé la déclara

592 productrices d’énergie nucléaire aux USA. Ne sont- ils pas amenés à se prononcer comme des avocats plutôt que comme des juge

593 comme des avocats plutôt que comme des juges ? Et il conclut : « Qui croire ? On ne peut le dire en toute certitude. Mais

594 ire ? On ne peut le dire en toute certitude. Mais il est utile de savoir que ceux qui s’opposent à la puissance nucléaire

595 rien à y gagner, sauf pour le bien public, et qu’ ils sont au contraire prêts à payer le privilège de dire librement ce qu’

596 rêts à payer le privilège de dire librement ce qu’ ils pensent. » Lors d’un débat au Conseil général de l’Isère (déc. 1976)

597 es des lignes suivies par les organismes auxquels ils appartiennent. Les autres (les 4000 savants groupés en France contre

598 léaire) on ne les écoute pas. » C’est donc eux qu’ il faut suivre si nous voulons que la démocratie, non la technocratie, n

599 technocratie, nous guide vers un avenir vivable. Il faudrait pouvoir amener les gens à se sentir plus responsables de leu

600 di, la Corse, le Sud-Tyrol, le Jura bernois, etc. Il est certes très important que toute communauté linguistique dans le m

601 ernelle tant à l’école que sur la place publique. Il s’en faut que ces droits existent dans la plupart de nos États-nation

602 en sursilvan, sutsilvan, surmiran et deux ladins. Il faut rendre à toutes les régions de l’Europe, celle de l’Est comme ce

603 ue vont dire les hommes et les femmes une fois qu’ ils auront le droit de parler. Dans les cités gigantesques du xxe siècle

604 xxe siècle, la voix d’un homme ne porte pas, qu’ elle soit criée dans sa langue ou dans celle du pouvoir régnant. C’est la

605 conomiques, écologiques, géographiques. C’est sur elles que l’Europe se fera, non pas sur les États actuels, qui sont en fait

606 st l’addition de 25 cultures nationales, alors qu’ elle est la résultante millénaire des influences combinées d’Athènes, de R

607 ffronter, demain, la crise de notre civilisation. Il faudra qu’ils apprennent que small is beautiful, que plus grand n’est

608 ain, la crise de notre civilisation. Il faudra qu’ ils apprennent que small is beautiful, que plus grand n’est pas nécessair

609 endre chaque individu conscient de la personne qu’ il peut devenir, à la fois libre d’accomplir sa vocation et responsable

610 ologiques », ou de « contraintes des faits ». Car il dépend essentiellement des finalités que nous voulons donner à notre

611 Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis

612 que le problème des déchets a été résolu, puis qu’ il va l’être demain, puisqu’il ne peut manquer de l’être un jour ou l’au

613 a été résolu, puis qu’il va l’être demain, puisqu’ il ne peut manquer de l’être un jour ou l’autre, vu l’inépuisable ingéni

614 ici sans effets. Aux objections, si fortes soient- elles , présentées par les mouvements écologiques et par des milliers de sci

615 c’est aux fauteurs d’une situation dangereuse qu’ il appartient de trouver les moyens d’en sortir, plutôt qu’à leurs victi

616 on réellement démocratique et fédéraliste, puisqu’ elle vient d’en bas, des sources mêmes de toute communauté digne du nom, q

617 déralistes, et vraiment libres non point parce qu’ elles appellent à la révolte mais parce qu’elles se veulent responsables et

618 rce qu’elles appellent à la révolte mais parce qu’ elles se veulent responsables et qu’elles ouvrent la voie de solutions meil

619 mais parce qu’elles se veulent responsables et qu’ elles ouvrent la voie de solutions meilleures. 6. Parmi les arguments qui m

620 Sachzwange : Au-delà des contraintes des faits — il m’importe de relever plus particulièrement les trois suivants, pour l

621 centrales, il y a vingt ans, était précisément qu’ elles supprimeraient des dizaines de milliers d’emplois, qu’elles résoudrai

622 rimeraient des dizaines de milliers d’emplois, qu’ elles résoudraient la « tension sur l’emploi ». À quelle croissance aspi

623 nte les écologistes comme des ennemis du progrès. Ils répondent avec notre document, que toute la question reste de savoir

624 n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est en

625 : car à ces trois niveaux, la cause est entendue, elle est perdue. Quand les centrales nucléaires ne présenteraient aucun da

626 nucléaires ne présenteraient aucun danger, quand elles s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que

627 anger, quand elles s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que la consommation d’énergie double

628 uble tous les dix ans, je serais contre, parce qu’ elles sont les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’em

629 risques de guerre. Pluton est maître des enfers, il est aveugle comme les taupes. Mais le soleil vient du ciel, vient de

630 sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que jamai

631 t déjà dépassé le stade du débat théorique « faut- il ou non » et vivent les problèmes du « comment » — la dialectique de l

632 sentons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en effet d’une région dont la formule se prête le mieux à

633 analysable en ses facteurs, d’un début net comme il est rarissime d’en trouver dans l’histoire. La région franco-genevois

634 re moderne : celui de lever des impôts réguliers. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle

635 e « première » dans notre histoire européenne. Qu’ elle ait passé pratiquement inaperçue de la grande presse et de la RTV des

636 ue, accidentelle, qu’on ne peut plus nier mais qu’ il est difficile de résoudre, au sens de « comment s’en débarrasser » ;

637  ; et non pas du tout, ou pas encore, comme ce qu’ il est en vérité, à savoir l’ouverture d’un long processus de renaissanc

638 e ». Quant à la région Sarre-Lorraine-Luxembourg, elle n’attend plus que sa forme légale, soit une convention tripartite déf

639 ieu depuis lors à une très abondante littérature, il n’en va pas de même pour le problème particulier des régions transfro

640 s, mais celle-ci ne saurait opérer dans le vide : elle a faim de réalités (chiffrées ou non) à déchiffrer, à brasser et réor

641 modèle virtuellement « opérateur » ou directeur. Il faut tout inventer dans ce domaine : l’objet de la recherche autant q

642 spond plus aux réalités du xxe siècle finissant. Il se révèle à la fois trop petit pour jouer un rôle au plan mondial (à

643 convénients qu’on vient de citer varient selon qu’ il s’agit d’un grand ou d’un petit État, d’un État centralisé ou d’un Ét

644 , l’ethnie, la culture et la défense militaire. S’ il se trouvait qu’un jour — qui ne s’est jamais trouvé — ces réalités co

645 rythmes de variation absolument incomparables. Qu’ il suffise d’indiquer ici que le rythme de mobilité des langues est en m

646 ltés croissantes que rencontre la première, c’est elle qu’il conviendra d’abord d’explorer. Mais ce n’est pas seulement l’in

647 issantes que rencontre la première, c’est elle qu’ il conviendra d’abord d’explorer. Mais ce n’est pas seulement l’inadéqua

648 s différents domaines de l’économie, par exemple, elles se justifieraient pleinement comme espaces de participation civique r

649 tralisation décrétée par le Centre est un leurre. Elle ne vise en fait qu’à augmenter l’efficacité du Centre dans les région

650 menter l’efficacité du Centre dans les régions où il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notre avis, de partir

651 entre dans les régions où il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notre avis, de partir des réalités locales et

652 ancestraux, ou déterminés par l’environnement) ? Il y faudrait une intuition globale, un génie, qu’on n’est pas en droit

653 égions sont définies par leur sous-développement, elles disparaîtront une fois les niveaux de vie égalisés. Où sera alors le

654 et Nantes, qui ne parlent pas ou plus breton…) d) Il ne saurait donc être question de régions qui reproduiraient à une éch

655 tain, celui de pouvoir mener de grandes guerres — il est non moins évident que le « mini-État souverain » dans ses frontiè

656 éristiques du mode de penser stato-national, dont il s’agit précisément de se libérer si l’on veut se mettre en état d’ima

657 ute-Savoie) et des négociations franco-suisses qu’ elles ont occasionnées, qu’on en est venu à constituer la première Commissi

658 pour les diplômés d’une université « étrangère », il est quasi nul. Pourtant, l’extraordinaire densité des établissements

659 mprend les réalités locales la leçon est claire : il faut susciter la région pour que la vie continue, tout simplement. La

660 Quant aux fonctions économiques et commerciales, il est clair qu’elles ne sauraient être localisées de la même manière su

661 ions économiques et commerciales, il est clair qu’ elles ne sauraient être localisées de la même manière sur notre carte. Sans

662 e carte. Sans liens constants avec un territoire, elles définissent des « régions abstraites », composées de flux, de réseaux

663 ritoriale des régions fonctionnelles est normale. Elle était implicitement prévue par nos hypothèses de travail. Si l’on ref

664 vert pâle ou violet.) La « vraie » région sera-t- elle la plus grande possible ? (Ici, la région ethno-universitaire et hist

665 s. Telle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question cruciale de la politique régionale pr

666 1), D. Meadows (1972) et Mesarovic-Pestel (1974). Il est évident que la pollution du Léman dépend principalement des indus

667 IV. Développements politiques ultérieurs S’ il est vrai que le problème des régions ne s’est posé qu’à partir du mom

668 n — le Conseil de l’Europe, la CECA puis la CEE — il apparaît aussi que les autorités européennes constituées (Direction g

669 tional rigide par l’Italie et par la France. Mais il faut voir clairement que cette prise au sérieux posera des problèmes

670 riculture, de l’enseignement, et des transports ? Il y faudra une instance politique, au sens originel du terme, de compét

671 sera que ces processus prendront plus de temps qu’ il n’en reste pour sauver le mode de vie cher aux Européens. Nous voyons

672 ntion » a changé de valeur, sinon de sens précis. Il évoquait le conformisme, les routines, les principes arbitraires ou b

673 on et l’action concertée. Et nous redécouvrons qu’ il n’y a dans la culture rien de plus sérieux qu’une convention, en tant

674 écriée n’est plus « vide » ni « superficielle » : elle est de nouveau cet « art de persuader » qu’enseignait la Logique de P

675 sibilités. « Combien d’hommes seraient amoureux s’ ils n’avaient jamais entendu parler d’amour » se demandait La Rochefoucau

676 oudrais-je dire, sont des émergences du Mythe, qu’ il s’agisse d’abord des mythes grecs, dès la Renaissance : de l’Orfeo de

677 ne une civilisation contestataire et subversive : elle se voudra négatrice des tabous et croira remplacer le sacré par la sc

678 et trois femmes quand Tristan l’est d’une seule, il occupe la scène d’un bond quand Tristan s’y avance avec toute la lent

679 rveilleux : Don Juan est l’anti-Tristan. Parce qu’ il est l’autre pôle du mythe de la passion — il est l’autre sommet de l’

680 e qu’il est l’autre pôle du mythe de la passion — il est l’autre sommet de l’opéra. À la chanson d’aube de Brangaine qui d

681 ue dit ce que nulle parole ne peut traduire. Faut- il penser que les autres opéras, composés sur des thèmes d’histoire comm

682 r si ma clé joue… L’opéra : une école de l’âme, s’ il est vrai, selon les gnostiques, que l’âme désigne cette part de l’hum

683 rêve. Tout ce qui échappe à la technologie, et qu’ elle tend à éliminer. Le xxe siècle n’a pas su produire à l’expression un

684 mpatiemment interrogé par la jeunesse, lui dira-t- il peut-être un jour : vois ton image et reconnais ton rêve ? aj. Rou

685 housse un cas pendable d’utopie fédéraliste, dont il n’eût pas ignoré que j’étais l’auteur. Le destin ne lui a pas permis

686 haine vigilantes de l’administration centralisée, elles reprennent du relief sitôt qu’il est question de dévaloriser si peu q

687 centralisée, elles reprennent du relief sitôt qu’ il est question de dévaloriser si peu que ce soit les frontières que déc

688 jeu des traités. « Une région ne se délimite pas, elle se reconnaît », écrivait Vidal de la Blache. Une quarantaine de ces «

689 coup bloquent les solutions de bon sens. C’est qu’ il s’agit, pour la capitale, de sauver l’idée de souveraineté, et non pa

690 é particulière, et de leur problématique commune. Elles demandent à s’autogérer, et voient bien qu’elles devraient se fédérer

691 Elles demandent à s’autogérer, et voient bien qu’ elles devraient se fédérer à cette fin. Qui pourrait les retenir de le fair

692 tenir de le faire ? Les États-nations seuls. Mais ils devraient alors s’avouer franchement totalitaires, comme aucun, jusqu

693 oser par la force au scénario qui suit. En aurait- il encore les moyens ? J’en viens au récit de mon rêve. Je voyais les q

694 nos États démocratiques — toutes ces régions, si elles le désirent, de se retrouver une fois par an au cours d’assises europ

695 et libérale. Rien n’empêchera ces assemblées, si elles s’entendent, de faire appel à des compétences reconnues dans les doma

696 ues, puisqu’on ne les avait pas sollicitées et qu’ elles servent peut-être les besoins de l’État, mais assurément pas les nôtr

697 faite. (Ce qu’on ne saura peut-être pas, c’est qu’ elle sera faite à l’image de la Suisse, avec ses départements fédéraux don

698 les régions, le tissu des relations nouées entre elles , sont devenus plus solides que les liens juridiques traditionnels et

699 volution européenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses ni de mouvement séparatiste p

700 s choisissent de conserver ou de renouveler entre elles des liens plus particuliers, dans le cadre de l’État-nation qui les a

701 a dernière étape vers la fédération continentale, il suffira sans doute d’élire alors un véritable Parlement européen et d

702 uropéen et de se battre pour ses compétences : qu’ elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimension

703 s compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler des tâches de dimension européenne — mais là seulem

704 n rêve. (Et peut-être que je le reconstruis, mais il n’importe.) Et je me demande ce qui pourrait s’opposer à ce qu’il dev

705 t je me demande ce qui pourrait s’opposer à ce qu’ il devienne vrai ? Ce n’est pas trop difficile à préciser. Supposons des

706 organisées, et des agences fédérales, fondées par elles , leur envoyant des directives au sujet de l’énergie nucléaire, au suj

707 ommune, dans la plupart des cas. C’est donc là qu’ il s’agit de lutter : pour les autonomies municipales, sans lesquelles p

708 st au village ou dans les communes de quartier qu’ il nous faut exiger les moyens de la construire, qui sont très simples :

709 te encore, pour des raisons tout à fait claires : elle serait pour notre société déjà menacée par l’explosion démographique,

710 istent déjà à Bruxelles (CEE) et à Genève (CERN). Elles sont intergouvernementales. Des agences privées sont en voie de forma

711 e de ce processus d’interaction créatrice, auquel il entend substituer la seule contrainte exercée par l’État, c’est-à-dir

712 s plus systématique, centralisé, intolérant. Mais il est par nature le contraire d’un système, d’une doctrine, d’une géomé

713 re d’un système, d’une doctrine, d’une géométrie. Il est une praxis, une éthique. 3. Qu’est-ce que l’éthique ? L’ensemble

714 Seule la fin justifie les moyens, pour autant qu’ elle est juste en soi, et qu’ils sont des moyens qui vraiment y conduisent

715 yens, pour autant qu’elle est juste en soi, et qu’ ils sont des moyens qui vraiment y conduisent. (If the end doesn’t justif

716 ctrine ou plutôt comme attitude — et comment vont- elles orienter les moyens aptes à les rejoindre ? Ceci pose la question des

717 étrique et la centralisation physique et morale. Il a pour fin, tout au contraire, la liberté des personnes et la réalisa

718 tolérance Érasme le premier en fit l’éloge, et il est ainsi devenu le vrai père d’une éthique du fédéralisme. Sa toléra

719 nt ou moins, mais qu’au-delà de toute comparaison il ait sa vie unique à vivre, tandis que j’ai la mienne à vivre pour êtr

720 st à partir de cette acceptation, mais à partir d’ elle seulement, que peut s’instituer une solidarité qui ne soit pas réduct

721 oute l’Humanité. Je connais mon semblable à ce qu’ il a comme moi pour tâche essentielle d’être soi. Dans la mesure où j’ai

722 troupeau, du clan, de la classe, ou de la nation. Elle veut la liberté de chacun dans la recherche d’un soi sans précédent,

723 curisante de la banalité, ce vrai nom de la mode. Elle est donc proprement fédéraliste. Deuxième vertu : le courage, mais

724 sonnalisme plus les ordinateurs. « Ah là ! me dit- il , je vous en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça ! » Rele

725 gies sont réalistes à leur manière, en ce sens qu’ elles prônent toutes la prédominance de la Société sur l’homme et qu’elles

726 s la prédominance de la Société sur l’homme et qu’ elles en indiquent les recettes. À y regarder de près, cependant, on s’aper

727 toujours à venir. Sixième vertu : l’humour Il m’est arrivé d’écrire, en pleine guerre contre Hitler : Il faut se m

728 rrivé d’écrire, en pleine guerre contre Hitler : Il faut se moquer de la démocratie. D’abord parce qu’elle est le seul ré

729 faut se moquer de la démocratie. D’abord parce qu’ elle est le seul régime qui tolère une critique railleuse. Ensuite, parce

730 — et vous obtiendrez au terme de l’opération, si elle est énergiquement menée, l’État totalitaire dans sa splendeur native.

731 qui est la première vertu fédéraliste, en ceci qu’ il tend à désarmer la violence, à ralentir les réflexes instinctifs de r

732 regard qui voudrait fusiller l’adversaire, et qu’ il permet aussi de mieux pénétrer les motifs de l’erreur qu’on croit déc

733 antinomie éclate ici entre l’impérialisme quel qu’ il soit (nationaliste, militaire, partisan, idéologique) et le fédéralis

734 tisan, idéologique) et le fédéralisme pour lequel il ne s’agit plus de vaincre mais de convaincre. « Gouverner, c’est cont

735 s la levée des impôts et le service militaire. Or il se trouve que de nombreuses études historiques parues au cours des de

736 ribuer à couvrir les frais d’une campagne ; et qu’ ils ne purent jamais instituer le service militaire obligatoire. Ils gouv

737 amais instituer le service militaire obligatoire. Ils gouvernaient pourtant. Était-ce par la contrainte ? Mais de quelle na

738 dominari, non est igitur cbristianorum dominium. Il n’y a plus aujourd’hui de vrai pouvoir s’il n’est compris et assumé p

739 nium. Il n’y a plus aujourd’hui de vrai pouvoir s’ il n’est compris et assumé par le citoyen, surtout jeune. La maxime de c

740 qu’à la dissolution de toute communauté, parce qu’ elle exclut en fait et par avance l’idée de concertation et le libre débat

741 n biologiste ; toute probabilité s’évanouit quand il s’agit de couples différents. 24. La Part du diable , 1944, New Yo

742 a réussit ou non. L’unité est une donnée de base. Elle existe ou non. Dans le cas de l’Europe, l’union politique librement n

743 ible et spécifique à travers les siècles, même si elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la cu

744 nos langues : Politik, policy, politica, etc.) et elle la fonde sur le paradoxe du citoyen : libre parce qu’il est responsab

745 fonde sur le paradoxe du citoyen : libre parce qu’ il est responsable, et réciproquement. Elle invente aussi l’analyse, et

746 e parce qu’il est responsable, et réciproquement. Elle invente aussi l’analyse, et la poursuit jusqu’aux notions de l’atome

747 us : le stable) et ses institutions centralisées. Elle pousse l’ordre et la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’à

748 itif de l’Anglo-Normand Béroul, dans la mesure où ils sont de vrais romans. Et la forêt de Brocéliande, image de l’au-delà

749 la part du rêve dans la culture occidentale. Faut- il enfin rappeler l’apport arabe, l’une des sources principales de la ly

750 rts divers, mais aussi des conflits permanents qu’ ils entretiennent, beaucoup sont tentés d’en conclure à la nécessité d’un

751 es, aux institutions et aux coutumes civiques, qu’ ils nous interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du

752 s contrastes entre Suédois et Grecs, par exemple, il n’en reste pas moins qu’un Suédois lisant Kazantzakis, un Grec lisant

753 dront très probablement le même plaisir, parce qu’ ils y reconnaîtront les mêmes passions, les mêmes espoirs et les mêmes do

754 u’à y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait- il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure

755 anifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, prétendant au contraire s’identifier soit avec l

756 me Européen dans la mesure précise où il doute qu’ il le soit, prétendant au contraire s’identifier soit avec l’homme unive

757 e seule nation du grand complexe continental dont il révèle ainsi qu’il fait partie, par le seul fait qu’il le conteste ?

758 rand complexe continental dont il révèle ainsi qu’ il fait partie, par le seul fait qu’il le conteste ? La culture une et d

759 vèle ainsi qu’il fait partie, par le seul fait qu’ il le conteste ? La culture une et diverse des peuples de ce continent n

760 etagne, Alsace, Corse, Roussillon et Pays basque. Elle considère que « l’emploi du français comme langue administrative de l

761 d, la commune de Paris règne à la place du roi qu’ elle a tué. Barère déclare à la Convention, le 27 janvier 1794 : « La lang

762 it être le ciment de la nouvelle unité nationale. Elle doit être une comme la République. » Quant aux 13 millions d’individu

763 ançais (c’est plus de la moitié de la population) ils n’ont qu’à retourner à l’école. Les résultats culturels de cette impo

764 lle-ci fit jadis à ces propres nationalités. Mais ils se trompent doublement : sur le sens du fédéralisme et sur la réalité

765 e la Belgique. Quant aux « cultures nationales », il m’est arrivé plus d’une fois de nier purement et simplement leur exis

766 vocabulaire de Montaigne avec celui de Voltaire. Il en va de même — mais c’est beaucoup moins grave — de l’accent oxonien

767 se borne la réalité des « cultures nationales ». Elles n’existent qu’en tant qu’enseignées. Si elles s’évaporent, rien qui c

768  ». Elles n’existent qu’en tant qu’enseignées. Si elles s’évaporent, rien qui compte ne sera perdu. Foyers locaux et coura

769 usique, de mystique, de peinture, de philosophie. Elles vont traverser toute l’Europe, du sud au nord par l’axe rhénan, du Ce

770 e peut y être à la fois régionale et cosmopolite. Il en résulte à Vienne une floraison d’écoles qui influencera et transfo

771 a et de Rilke suffisent à rappeler l’importance : ils caractérisent une époque. Dans le même temps, Paris produit Valéry, G

772 les réalités créatrices de leur culture commune, elle ne pourra que traduire en formes et en institutions la double postula

773 tionaux : tel est le seul avenir concevable, mais il est grand, de ce cap de l’Asie dont dépend le sort du monde. ap.

774 est un tournant de l’histoire des temps modernes. Il s’agit du premier exemple d’un rejet, au sens médical, de la civilisa

775 d’un joug colonisateur et qui voudrait prouver qu’ il peut se débrouiller sans ses anciens maîtres — en les imitant ! C’est

776 affaires et de conseillers techniques américains. Ils obtiennent du shah d’importants investissements dans les industries n

777 as ce qui pourrait empêcher que tout marche comme ils l’ont prévu. C’est qu’ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’au

778 r que tout marche comme ils l’ont prévu. C’est qu’ ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire

779 les colonisateurs européens) leur font croire qu’ ils désirent, en Iran se manifeste d’emblée une résistance totalement imp

780 d des experts en histoire religieuse de la Perse, ils auraient probablement hésité à prendre les risques qui sont devenus m

781 49e au imam, en descendance directe du prophète. ( Il compte environ 12 millions de fidèles, de l’Iran à l’Indonésie.) L’au

782 ar, prévenant les décisions de l’ayatollah, n’a-t- elle pas été de dénoncer les contrats nucléaires signés par le shah ? La p

783 ents antireligieux, surtout dans le Nord du pays, il pourra se produire de très graves affrontements, au sujet de la domin

784 uf le cœur humain ! », disent les vieux sages, et ils se trompent. Le cœur humain, au sens métaphorique, se montre étrangem

785 nd on me demande : Le mot amour en 19… recouvre-t- il les mêmes réalités qu’autrefois ?26 je réponds — quel Amour, quelles

786 Amour, quelles réalités, quel autrefois ? S’agit- il de l’amour chrétien, de l’érotique, du passionnel, du conjugal ? Les

787 tes les autres cultures, mais par la confusion qu’ elle entretient entre les notions d’Éros, d’Agapè 27, de sexualité, d’érot

788 r ce qu’on entend par là. Si on la confond, comme il arrive, avec le légalisme institué par la bourgeoisie, je pense qu’el

789 égalisme institué par la bourgeoisie, je pense qu’ elle a encore un bel avenir — en URSS. Voyez dans quels termes les Soviéti

790 es fondements du mariage et de la famille ». Mais il est hasardeux de parler de la « conception chrétienne de l’amour » co

791 e et qui va de soi. Avant de la déclarer périmée, il serait normal d’en prendre connaissance, de la distinguer des concept

792 e par les troubadours et par le roman de Tristan. Il faudrait au moins distinguer amour et sexualité. Il n’est pas exact d

793 faudrait au moins distinguer amour et sexualité. Il n’est pas exact de répéter, par exemple, après les surréalistes que «

794 jamais l’amour au sens où nous l’entendons et qu’ ils ignoraient totalement, mais les rapports sexuels. En fait, je ne conn

795 st le principe actif de toute libération humaine. Il est la liberté même. (Et quand à ceux qui croient que c’est la haine

796 à ceux qui croient que c’est la haine qui libère, ils croient aussi sans doute que la police crée l’ordre ?) Les seuls obst

797 ge des magazines de nus féminins, puis masculins. Il semble qu’une vision écologique et conviviale de la communauté renais

798 u’en créant la première civilisation industrielle elle a convaincu tous les autres peuples de la terre qu’ils devaient l’imi

799 convaincu tous les autres peuples de la terre qu’ ils devaient l’imiter. À tort… Car, ce modèle de civilisation européen et

800 era bien jusqu’à ma retraite ! Nous le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, pas assez d’ura

801 n d’une centrale nucléaire sur le Rhône. Ou alors ils disent « qu’il faut faire confiance à l’infinie ingéniosité de l’homm

802 nucléaire sur le Rhône. Ou alors ils disent « qu’ il faut faire confiance à l’infinie ingéniosité de l’homme ». Mais c’est

803 age de ce qui attend les Russes blancs ! Quand il parle de l’Europe, Denis de Rougemont ne parle pas seulement de l’Eur

804 s’appeler l’Europe. Lorsqu’on parle de l’Europe, il faut entendre l’Europe entière. Y compris les pays de l’Est qui, un j

805 nnent la population de l’Europe va rester stable, elle va peut-être même reculer, tandis que dans le même temps la populatio

806 auche ou de droite, c’est une évidence à laquelle il faut que nous nous fassions. Du coup également, les besoins alimentai

807 uivalent à celui des pays arabes pour le pétrole. Il sera tentant pour les Américains d’user de cet avantage à des fins po

808 de mauvaise récolte… Denis de Rougemont insiste : Il faut changer de cap. Et il faut que l’Europe donne l’exemple de ce ch

809 de Rougemont insiste : Il faut changer de cap. Et il faut que l’Europe donne l’exemple de ce changement. Mais il ne suffit

810 e l’Europe donne l’exemple de ce changement. Mais il ne suffit pas qu’elle dise qu’elle va faire autre chose, il faut qu’e

811 xemple de ce changement. Mais il ne suffit pas qu’ elle dise qu’elle va faire autre chose, il faut qu’elle le fasse. Le tiers

812 changement. Mais il ne suffit pas qu’elle dise qu’ elle va faire autre chose, il faut qu’elle le fasse. Le tiers-monde ne com

813 it pas qu’elle dise qu’elle va faire autre chose, il faut qu’elle le fasse. Le tiers-monde ne commencera à la croire que s

814 lle dise qu’elle va faire autre chose, il faut qu’ elle le fasse. Le tiers-monde ne commencera à la croire que si elle montre

815 . Le tiers-monde ne commencera à la croire que si elle montre l’exemple réalisé d’une autre société, à partir d’un autre mod

816 r d’un autre modèle de développement que celui qu’ elle a répandu, malgré elle, dans le monde entier. J’aime ce mot du Dr Sch

817 développement que celui qu’elle a répandu, malgré elle , dans le monde entier. J’aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n

818 change rien. Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Dep

819 des hommes l’ont rêvée : de Dante à Victor Hugo… Il faut maintenant passer à sa réalisation, dit Denis de Rougemont. Le m

820 on, dit Denis de Rougemont. Le moment est venu où il faut dépasser le dogme des souverainetés nationales, cette hérésie ch

821 e répète, les États-nations sont condamnés puisqu’ ils ne peuvent plus jouer leur rôle. Je veux bien que des hommes politiqu

822 , répétant que l’État-nation est sacré. Alors, qu’ ils nous démontrent que cet État-nation fonctionne ! » L’Europe politi

823 à-dire l’Europe politique. Sur ce point non plus, il n’y a pas lieu d’être tellement pessimiste quand on observe sereineme

824 e la nouvelle Europe n’est plus possible. Certes, il est encore des hommes politiques pour prétendre que l’Allemagne pourr

825 rope. Automatiquement. Avec toutes les nuances qu’ il faudrait introduire ici ou là, on peut donc dire que l’Europe se cons

826 fixés Jean Monnet. Sur ce point précis et limité il avait donc pleinement réussi. Comme bien d’autres militants européens

827 ont dans le droit fil de cette Europe fédérale qu’ il n’a cessé de défendre : « Un même avenir, précise-t-il… Le souci écol

828 a cessé de défendre : « Un même avenir, précise-t- il … Le souci écologique est une nécessité absolue face à l’agression ind

829 ’émergence des régions ? Pas du tout, s’exclame-t- il . L’une est condition de l’autre : On s’est mis à parler de régions en

830 le, je pense, l’avait parfaitement compris lorsqu’ il choisit d’organiser le référendum qui allait provoquer son départ. Su

831 ation précisément : « Si les Français la refusent ils commettront une faute qui pèsera lourdement sur leur avenir, disait-i

832 ute qui pèsera lourdement sur leur avenir, disait- il dans les jours qui précédèrent le scrutin à son secrétaire Jean Mauri

833 à son secrétaire Jean Mauriac. Mais moi, ajoutait- il , j’aurai au regard de l’histoire fait la bonne sortie ! » Denis de Ro

834 cependant, ne verse pas dans l’utopie européenne. Il sait que l’Europe n’est pas la solution magique à tous les problèmes

835 , mais c’est la seule solution possible, ajoute-t- il … L’Europe unie ne peut avoir réponse à tout, mais les souverainetés n

836 Rougemont nous a résumé l’essentiel d’un livre qu’ il publie ces jours-ci, sous le titre : Rapport sur l’état de l’union d

837 t sur l’état de l’union de l’Europe . Un livre qu’ il a rédigé lui-même en collaboration avec un groupe d’une trentaine des

838 ne serait qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’ elle ne soit au contraire un projet de réalistes cyniques, technocrates, f

839 de ce « cap de l’Asie », comme disait Valéry. Or il se trouve qu’à la veille d’une date capitale de notre histoire : la p

840 », comme on l’écrivait au xviiie siècle, mais qu’ elle est au contraire mise en question, d’une manière virulente et souvent

841 besoins qui ne peuvent être satisfaits, parce qu’ ils excèdent les ressources matérielles de la planète. Donnez au tiers-mo

842 planète. Donnez au tiers-monde autant d’autos qu’ il en demande, et personne n’aura plus de pétrole nulle part d’ici dix a

843 e notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’inflation et le chômage. Tous prétendent exporte

844 n et le chômage. Tous prétendent exporter plus qu’ ils n’importent, ce qui est rigoureusement impossible à l’échelle mondial

845  » matériel est synonyme de « progrès », alors qu’ il se traduit en réalité par des inégalités toujours plus grandes et une

846 ment le chômage. Ces hommes d’État ne se seraient- ils jamais demandé comment il se fait qu’à une consommation d’énergie qui

847 d’État ne se seraient-ils jamais demandé comment il se fait qu’à une consommation d’énergie quintuplée depuis dix ans cor

848 faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’ il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre national et accéder à la

849 jamais prendre seul les mesures qui s’imposent : il craindra toujours que ses voisins n’en profitent et n’en abusent. À u

850 rise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de culture, c’est

851 s) ou plus petites (régionales, voire locales). S’ il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération

852 tats-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de les dépasser également par le bas : régions autonomes. D

853 ne pourra se prévaloir de la volonté des peuples. Elle pourra même parler, pour la première fois, au nom du peuple européen.

854 je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à elle que s’adressait Hugo le visionnaire, lorsqu’il écrivait il y a cent a

855 elle que s’adressait Hugo le visionnaire, lorsqu’ il écrivait il y a cent ans : Hors de nous les gouvernements tentent qu

856 nements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ ils tâchent de faire ne réussira contre votre décision, contre votre libe

857 ais l’économie ne peut constituer une fin en soi, elle n’est qu’un moyen. Au contraire il faut adapter l’économie aux finali

858 fin en soi, elle n’est qu’un moyen. Au contraire il faut adapter l’économie aux finalités des Européens. L’idée de Jean M

859 es économies, pensant que le reste allait suivre. Il s’est trompé. Aucun des véritables problèmes que l’Europe doit résoud

860 ance a accepté d’entrer en matière pour autant qu’ il n’y ait pas violation des souverainetés nationales. Pas de contrad

861 tionales. Pas de contradiction Mais n’y a-t- il pas une contradiction à vouloir donner à la fois plus de poids aux ré

862 ément construire une Europe supranationale ? Non, il s’agit d’un seul et même mouvement dont l’ennemi commun est l’État-na

863 urde. Aucun des problèmes actuels importants — qu’ ils soient énergétiques ou écologiques, comme la pollution du Rhin par ex

864 grès » industriel) — n’a une dimension nationale. Ils concernent soit des collectivités locales ou régionales, soit plusieu

865 age une qualité de vie, les dirigeants la veulent- ils ? Ils y arriveront par la force des choses, par ce que j’appelle la p

866 e qualité de vie, les dirigeants la veulent-ils ? Ils y arriveront par la force des choses, par ce que j’appelle la pédagog

867 s catastrophes. L’Europe est en danger : en 1900, elle représentait 18 % de la population mondiale, en 2000, elle n’en repré

868 ésentait 18 % de la population mondiale, en 2000, elle n’en représentera plus que 7 %. Avec ses colonies, elle détenait tout

869 ’en représentera plus que 7 %. Avec ses colonies, elle détenait toutes les ressources non renouvelables de la planète. Elle

870 s les ressources non renouvelables de la planète. Elle les a perdues. Si elle ne change pas, si elle ne cesse pas de gaspill

871 nouvelables de la planète. Elle les a perdues. Si elle ne change pas, si elle ne cesse pas de gaspiller son énergie (l’urani

872 te. Elle les a perdues. Si elle ne change pas, si elle ne cesse pas de gaspiller son énergie (l’uranium sera épuisé en même

873 munauté économique européenne (CEE) s’approprient- ils le droit de parler au nom de l’Europe ? Il faut protester, faire une

874 rient-ils le droit de parler au nom de l’Europe ? Il faut protester, faire une Europe fédéraliste avec tous les Européens,

875 L’Avenir est notre affaire , dans un ouvrage qu’ il vient de publier en collaboration avec le groupe Cadmos, dresse une l

876 ents auxquels l’Europe entière est confrontée. Et il constate que seule une fédération européenne, dans laquelle les régio

877 ne Europe fédéraliste régionaliste, écologique qu’ il contient, a immédiatement été adopté par les candidats des “petites l

878 cques Servan-Schreiber et Françoise Giroud), mais il n’a pas réussi. En Allemagne, la liste des “verts” regroupe tous les

879 ne serait qu’une rêverie d’idéalistes, à moins qu’ elle ne soit au contraire un projet de réalistes cyniques, technocrates, f

880 proprement vital pour chacun de ses habitants. Or il se trouve qu’au lendemain d’une date capitale de notre histoire : la

881 paru en mai en France, en Italie et aux Pays-Bas. Il va paraître en Grande-Bretagne et en RFA sous le titre suivant : Rap

882 in », comme on l’écrivait au xviiie siècle, mais elle est au contraire mise en question, d’une manière virulente et souvent

883 besoins qui ne peuvent être satisfaits, parce qu’ ils excèdent les ressources matérielles de la planète. Mettez le tiers-mo

884 acheter ou de produire lui-même autant d’autos qu’ il en demande, et personne n’aura plus de pétrole nulle part cinq ans pl

885 e notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’inflation et le chômage. Tous prétendent exporte

886 n et le chômage. Tous prétendent exporter plus qu’ ils n’importent, ce qui est rigoureusement impossible à l’échelle mondial

887  » matériel est synonyme de « Progrès », alors qu’ il se traduit en réalité par des inégalités toujours plus grandes et une

888 gmenter très fortement le chômage. Ne se seraient- ils jamais demandé comment il se fait qu’à une consommation d’énergie qui

889 hômage. Ne se seraient-ils jamais demandé comment il se fait qu’à une consommation d’énergie quintuplée depuis dix ans cor

890 faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’ il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre national et accéder à la

891 les mesures qui s’imposent, comme les 35 heures : il craindra toujours que ses voisins n’en profitent et n’en abusent. À u

892 rise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de culture, c’est

893 ndiales) ou plus petites (régionales, locales). S’ il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération

894 tats-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de les dépasser également par le bas : régions autonomes. D

895 ne pourra se prévaloir de la volonté des peuples. Elle pourra même parler, pour la première fois, au nom du peuple européen.

896 e s’adressait Victor Hugo, le visionnaire, lorsqu’ il écrivait il y a cent ans : Hors de nous les gouvernements tentent qu

897 nements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ ils tâchent de faire ne réussira contre votre décision, contre votre libe

898 alle sans bruit dans les bureaux presque déserts. Il serait temps d’aller à ce dîner, n’était-ce pas pour huit heures ? Qu

899 de sa France… » New York, 10 juillet 1942 … Il m’explique que le Maréchal sauve la « substance » de la France, en ac

900 e » de la France, en acceptant de composer, car s’ il se révoltait ouvertement, les Allemands n’auraient qu’à supprimer les

901 illement des Français. Quant aux gaullistes, ici, ils ne font pas la guerre contre les nazis, mais contre le liftier frança

902 du Ritz qui a refusé d’être à leur faction et qu’ ils tiennent donc pour un traître. Je lui ai répondu que la Suisse a fait

903 Histoire ne tranchera pas, malgré le cliché : car il s’agit de l’éternel problème du propter vitam vitae perdere causas…28

904 à New York, m’avait prié de l’attendre à la gare. Il paraît, maintenant gauchement sous le bras une grosse boite qu’il me

905 enant gauchement sous le bras une grosse boite qu’ il me tend aussitôt qu’il me voit. (Je sais qu’il ne peut plus porter de

906 e bras une grosse boite qu’il me tend aussitôt qu’ il me voit. (Je sais qu’il ne peut plus porter de paquet depuis son acci

907 qu’il me tend aussitôt qu’il me voit. (Je sais qu’ il ne peut plus porter de paquet depuis son accident au Guatemala, où il

908 er de paquet depuis son accident au Guatemala, où il s’est brisé « tous les os ».) Sur le porche de la maison, ouverture d

909 r le porche de la maison, ouverture de la boite : il en sort un chiot tout tremblant. C’est un boxer qui ressemble à Bisma

910 nt. C’est un boxer qui ressemble à Bismarck et qu’ il a baptisé Annibal. Je lui apprends à marcher en laisse sur la plage.

911 ’est Consuelo qui l’a trouvée et l’on croirait qu’ elle l’a même inventée : c’est immense, sur un promontoire emplumé d’arbre

912 n ne saurait plus le faire sortir de Bevin House. Il s’est remis à écrire un conte d’enfants qu’il illustre lui-même à l’a

913 se. Il s’est remis à écrire un conte d’enfants qu’ il illustre lui-même à l’aquarelle. Géant chauve, aux yeux ronds d’oisea

914 s hauts parages, aux doigts précis de mécanicien, il s’applique à manier de petits pinceaux puérils et tire la langue pour

915 rd en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il nous lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais vous lire mon œuv

916 lire mon œuvre posthume ») et qui me paraît ce qu’ il a fait de plus beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je dois ê

917 dois être demain à neuf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer des cigarettes et discuter le coup

918 et discuter le coup avec une rigueur inflexible. Il me donne l’impression d’un cerveau qui ne peut plus s’arrêter de pens

919 randes maisons les mettent mal à l’aise, parce qu’ ils pensent tout de suite à leur usage physique, non point à ces symboles

920 de vos amis. » (Tout le monde le sait à New York. Il se trouve que je suis un nocturne et m’en accommode mieux que d’autre

921 ans ses bases d’aviation en France et en Afrique, il est sans discussion beaucoup plus fort que moi. Mais ce serait peu :

922 beaucoup plus fort que moi. Mais ce serait peu : il chantonne sans arrêt pendant le jeu, quelquefois un peu faux — exprès

923 ifflet ! Vous êtes un abominable tricheur ! » a-t- il conclu. ⁂ Ce qui m’a souvent intrigué durant l’année de notre voisina

924 ue que lui avait révélées Joliot-Curie. Dès 1942, il me parlait d’expériences prévues au Sahara à la veille de la guerre,

925 ont les promoteurs n’étaient pas sans redouter qu’ elles échappent à leur contrôle et fassent, par une réaction en chaîne, sau

926 aîne, sauter la Terre. Durant son séjour aux USA, il a rencontré à plusieurs reprises un général qui fait partie du très p

927 ès petit nombre des initiés au Manhattan Project. Il lui arrive de m’en parler par allusions assez précises, toujours donn

928 ples suppositions, mais très possibles, tandis qu’ il me prend ma seconde tour, vers 3 ou 4 h. du matin. ⁂ Depuis le 15 mar

929 n ami, le général Doolittle, l’a beaucoup appuyé. Il veut se battre : il a 42 ans, il est « trop vieux » pour piloter un L

930 olittle, l’a beaucoup appuyé. Il veut se battre : il a 42 ans, il est « trop vieux » pour piloter un Lightning, mais il en

931 beaucoup appuyé. Il veut se battre : il a 42 ans, il est « trop vieux » pour piloter un Lightning, mais il en veut, et les

932 st « trop vieux » pour piloter un Lightning, mais il en veut, et les autorités américaines finiront par céder : prestige d

933 bien plus courte et bien plus sûre qu’en bateau. Il est furieux. Pourquoi ce passe-droit ? En date du 27 mars, je lis dan

934 éphone de St Ex à propos de nos démarches pour qu’ il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock (son éditeur) avec lequ

935 ropos de nos démarches pour qu’il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock (son éditeur) avec lequel j’ai une convers

936 heures avec St Ex dans la nuit du 24 au 25 mars. Il m’a brillamment démontré, avec schémas et « graphs » à l’appui, qu’il

937 émontré, avec schémas et « graphs » à l’appui, qu’ il n’est que deux systèmes économiques et sociaux possibles — scientifiq

938 e le voir comme sur le fond de destin tragique qu’ il a sans doute, obscurément, choisi. New York, 1er avril 1943 Con

939 rveilleux ! Vous ressemblez déjà à vos photos ! » Il me regarde sans trop d’aménité. Sur quoi Pierre Lazareff : « Mais voy

940 ait, ce n’est pas drôle du tout. Plutôt tragique. Il l’a senti. Il sait que c’est vrai. C’est l’une des photos prises ce j

941 pas drôle du tout. Plutôt tragique. Il l’a senti. Il sait que c’est vrai. C’est l’une des photos prises ce jour-là qui fig

942 s lourdes de sens d’une lettre non datée, mais qu’ il dit écrire « cinq ou six (ou quatre) jours avant son départ ». Voyez

943 a négation, bien sûr, révèle la présence de ce qu’ elle nie, tandis que le soulignement du pour dit que le lien entre départ

944 ork d’abord puis à Londres, Simone Weil décidée —  elle en est morte — à s’imposer le sort (notamment les privations alimenta

945 e sort (notamment les privations alimentaires) qu’ elle croyait être celui des plus privés des Français sous l’occupation. ⁂

946 ’ont définitivement dégoûté. Peut-être est-ce ça. Ils sont fatigants. Ce n’est pas ça, être homme. C’est de la fausse algèb

947 homme. C’est de la fausse algèbre… Et tous un peu ils sont ainsi. Ce n’est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pou

948 ans la nuit, mais c’est surtout par l’attitude qu’ elles révèlent : celle d’un homme qui accepte de donner sa vie non pour un

949 national, ni pour une idéologie, mais pour ce qu’ il appelle en simplicité grande « la qualité des choses que j’aime ». Ph

950 re des hommes ». Le vrai métier de sa vie, disait- il quelquefois, eût été celui de jardiner. Son métier de pilote, tout en

951 iberté et les limites. Que savons-nous, sinon qu’ il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où loge la vérité

952 ges or recognizing rights. » Dans le cas présent, il est question d’un Acte écrit par lequel le Conseil de l’Europe s’adre

953 pe s’adresse aux gouvernements des États membres. Il leur demande non pas de « concéder » ni « d’accorder » mais bien plut

954 privilèges définis par la charte européenne dont il préconise l’adoption. Le titre même de l’opération sur laquelle on no

955 qui sont l’Europe et la culture dans la mesure où elles sont conçues en relation indissociable, et nous le verrons, en intera

956 maine doublement motivés et orientés : d’une part il s’agit de libérer les diversités créatrices de la culture en Europe,

957 créatrices de la culture en Europe, d’autre part, il s’agit d’assurer le rayonnement de l’Europe culturelle dans son ensem

958 « culture » dans le titre de la charte projetée ? Il s’agit d’un concept à peu près inconnu au siècle dernier, qui n’est a

959 es sciences est nuisible aux qualités guerrières, elle l’est encore plus aux qualités morales32. » Sur la seconde acception,

960 exemple : « Se livrer à la culture des lettres. » Il faut attendre 1965 — exactement un siècle après Littré — pour voir ap

961 celle de Littré trois siècles et demi plus tard ; il y ajoute une version modernisée de la même notion : « The training an

962 d in the world. » Quant à l’Allemagne, on sait qu’ elle a passé longtemps aux yeux des Français pour opposer la « Kultur » à

963 arte envisagée ? Comment un gouvernement pourrait- il encourager ce « reste » laissé par l’oubli ? Et de quel droit décider

964 laissé par l’oubli ? Et de quel droit déciderait- il de ce qui rend la vie digne d’être vécue, sans se classer dans le cam

965 prendre dans le langage gouvernemental le sens qu’ il avait pris depuis Spengler dans les essais philosophiques et sociolog

966 rigoureuses et opérationnelles de la culture : «  Elle est ce qui donne un sens à l’existence, au travail comme aux loisirs,

967 e aux loisirs, et aux relations entre les hommes. Elle n’est pas seulement un héritage à conserver mais une commune manière

968 Culture a la réputation d’être un mot vague. Et il est vrai qu’on lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous n

969 s. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens commun à toutes les acceptions du terme

970 opposée à la technique, qui n’existerait pas sans elle  : 1. Gardons-nous d’opposer théoriquement culture et technique, comme

971 poser théoriquement culture et technique, comme s’ il s’agissait de deux entités indépendantes et au surplus rivales. Leurs

972 au surplus rivales. Leurs sources sont communes, elles jaillissent du même fonds et s’alimentent aux mêmes nappes profondes

973 sont les équivalents modernes du cheval de Troie. Elles transportent un « champ culturel » (au sens physique du mot « champ »

974 d’emploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance tec

975 aine. 4. L’économie occidentale, qui sait bien qu’ elle dépend de la technique, doit comprendre aussi que la technique dépend

976 voudrais appeler l’indice de l’équilibre humain. Il appartient à la culture de concevoir cet équilibre éco-social, d’en f

977 l’Europe, à La Haye, en mai 1948, j’écrivais : S’ il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économi

978 notre union sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement c

979 cialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. Elle naît d’une prise de conscience de la vie, d’un besoin perpétuel d’app

980 d’augmenter le pouvoir de l’homme sur les choses. Elle a fait la grandeur de l’Europe. Car, du point de vue de la géographie

981 l’esprit de ses habitants, c’est à sa culture qu’ il le doit. La création, la transmission et l’élaboration de la culture

982 rine unique, d’une nation ou d’une caste choisie. Elles résultent au contraire d’un dialogue permanent (bien souvent dramatiq

983 llustre ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écuei

984 les écueils du désordre et de la tyrannie. Mais il est clair que ce qui s’oppose à l’union nécessaire de nos peuples, et

985 es Allemands qui croyaient défendre leur Kultur — elle se dissipe comme brume au soleil à la lumière de l’histoire, et très

986 ire des arts, de la peinture et de la musique. Qu’ il s’agisse de musique, de peinture, d’architecture, de philosophie ou d

987 de la religion qui les inspira toutes au départ, il n’est pas une seule branche de notre culture qui ne résulte de mille

988 frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande »

989 ontrer son unité fondamentale, base de l’union qu’ il reste à faire. Mais ce nationalisme, d’où a-t-il reçu ses meilleures

990 ’il reste à faire. Mais ce nationalisme, d’où a-t- il reçu ses meilleures justifications, sinon précisément de notre cultur

991 n précisément de notre culture ? C’est donc là qu’ il s’agit d’attaquer son virus, dans les esprits, dans les manuels d’his

992 les bancs de l’école. Agir sur la culture, et par elle , est donc la condition de notre sécurité et d’une possible paix futur

993 nait contre l’Europe ses principes mal compris qu’ elle avait si mal illustrés. Politiquement minorisée, parce qu’elle ne for

994 mal illustrés. Politiquement minorisée, parce qu’ elle ne forme pas encore une unité réelle, mais encore accusée d’impériali

995 tre, — l’Europe est mise en crise par le monde qu’ elle a fait, qui est né de ses œuvres. Cette crise est de nature foncièrem

996 e, métaphysique. Ici paraît le troisième motif : il faut que l’Europe s’unisse pour qu’elle puisse exercer sa fonction sp

997 ème motif : il faut que l’Europe s’unisse pour qu’ elle puisse exercer sa fonction spécifique dans le monde nouveau. Il faut

998 cer sa fonction spécifique dans le monde nouveau. Il faut qu’elle s’unisse pour que sa voix, demain, puisse se faire enten

999 tion spécifique dans le monde nouveau. Il faut qu’ elle s’unisse pour que sa voix, demain, puisse se faire entendre au tiers-

1000  néo-colonialisme ». Mais que dira cette voix, si elle arrive à parler ? C’est la question qu’auront à se poser les rédacteu

1001 » ce qui a fait de l’Europe autre chose que ce qu’ elle est physiquement, autre chose qu’un cap de l’Asie37 (4 % des terres é

1002 cœur et le cerveau du monde moderne. C’est là qu’ il faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même matérielle,

1003 ats souverains dans l’Europe d’aujourd’hui. 3° Qu’ il serait vain, en matière de culture, de vouloir poser à l’universalism

1004 tout qui contribuent à sa vie et à son évolution, il s’agit maintenant : a) d’énumérer les aspects variés de cette réalité

1005 este l’homme européen, le lien n’est pas évident, il s’en faut. L’examen de notre catalogue d’aspects de plus en plus diff

1006 urir à l’objet principal de la charte projetée, s’ il est vrai que l’union de l’Europe n’est concevable qu’au titre de fact

1007 État ne peut ni donner ni renier ces droits, mais il doit les servir et les aménager ; — que les gouvernements ne sauraien

1008 jourd’hui n’existaient pas avant 1919 : n’avaient- ils donc pas de culture ?) II. Chacun de nos États garantira sans restri

1009 Si l’on veut que les échanges redeviennent ce qu’ ils ont toujours été dans les périodes de vitalité de la culture — des éc

1010 iciels, et de toute pression de quelque nature qu’ elle soit. Ce qui implique l’existence d’émetteurs de Radio-TV privés. Ils

1011 lique l’existence d’émetteurs de Radio-TV privés. Ils seront soumis à une législation spéciale prévenant la diffusion de fa

1012 cé dans ses justes perspectives européennes. Tant il est vrai que les principaux obstacles à l’union de l’Europe ne sont p

1013 rtu de leur possible utilisation pour la guerre). Il est grand temps d’établir en Europe une politique de la culture et de

1014 e entière, après avoir colonisé nos propres pays. Elle a produit d’autre part les plus graves menaces contre la survie de l’

1015 cède n’entend apporter que quelques matériaux, qu’ il reste à compléter puis à traiter de manière à pouvoir passer, dans un

1016 ours cité de Paul Valéry : « L’Europe deviendra-t- elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asi

1017 e Paul Valéry : « L’Europe deviendra-t-elle ce qu’ elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou

1018 continent asiatique ? Ou bien l’Europe restera-t- elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire la partie précieuse de l’univers terr

1019 asiatique ? Ou bien l’Europe restera-t-elle ce qu’ elle paraît, c’est-à-dire la partie précieuse de l’univers terrestre, la p

1020 s du continent [le continuum Asie-Afrique-Europe] elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préférer aux autres… le

1021 trois parties qui composent l’Ancien Monde ; mais il faut avouer que dans sa petitesse, elle est la plus grande en qualité

1022 onde ; mais il faut avouer que dans sa petitesse, elle est la plus grande en qualité. » En 1816 Mantelle et Brun, dans leur

1023 hui au premier rang de l’opposition au nucléaire. Ils pourront confirmer ma description de l’état d’innocence générale où n

1024 ie nature des éléments subjectifs de nos options, il me paraît nécessaire, plus que jamais, d’essayer de rendre justice au

1025 s choix politiques et, conjointement, le choix qu’ ils font entre les types d’énergie qu’on leur propose. Dans les années 19

1026 dix ans, vingt ans au plus. Et le combustible ? «  Il y en a partout », assurent les experts des gouvernements et tous les

1027 al pour la construction des centrales nucléaires. Il faut dire qu’on lui a bien expliqué que ces centrales permettront de

1028 plois, dit alors le Conseil fédéral. Aujourd’hui, il nous dit exactement le contraire, mais les scientifiques savent bien

1029 é « traumatisé par Hiroshima ». Car eux, semble-t- il , sont restés insensibles à cet incident : Zurich, Baden, voyons, ce n

1030 cléaires, et que c’est là l’origine du CERN, dont il advint que j’eus à présider la première réunion préparatoire, à Genèv

1031 ais la seconde était, reste, beaucoup plus grave. Elle consistait à accepter comme allant de soi la croyance générale, à l’é

1032 ommation d’énergie par l’humanité du xxe siècle. Elle consistait dans le refus de réfléchir sur les limites de tout process

1033 la plupart veulent être gouvernés, sécurisés, et ils aiment la puissance comme un toit, comme un père, non pas comme une o

1034 collectivités ou des nations, mais des personnes, elle suppose, elle implique la responsabilité de l’homme et de la femme da

1035 ou des nations, mais des personnes, elle suppose, elle implique la responsabilité de l’homme et de la femme dans la communau

1036 mme dans la communauté. L’homme n’est pas libre s’ il n’est pas responsable. Et il n’est pas tenu pour responsable, devant

1037 me n’est pas libre s’il n’est pas responsable. Et il n’est pas tenu pour responsable, devant un tribunal, si l’on peut dém

1038 le, devant un tribunal, si l’on peut démontrer qu’ il n’était pas libre en commettant tel ou tel acte. Si maintenant nous a

1039 lacer à sa guise selon la quantité d’énergie dont il dispose. Exemple : lors d’un congrès que j’avais organisé à Bâle, et

1040 vous portez vos bagages ? — Oui, bien sûr, me dit- il avec un fin sourire, car avant tout, je dois défendre mon autonomie.

1041 és). Quel est le rapport énergie-autonomie ? Est- il vrai qu’un surcroît d’énergie permette plus de liberté, de loisir, d’

1042 aves mécaniques « par personne ». Question : sont- ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir

1043 our une moindre dépense d’énergie personnelle. Or il se trouve que pour acquérir ces esclaves, nous devons travailler huit

1044 ent censés travailler à notre place, mais le font- ils  ? Je voudrais qu’un team de chercheurs calcule le rendement réel de n

1045 gner de quoi se payer sa voiture et l’entretenir, il fait du 5 km à l’heure, qui est la vitesse d’un piéton peu pressé. Ai

1046 nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’ il était réellement inévitable qu’en son centre, on finisse par rencontr

1047 ment sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il nous faut appeler, cultiver, promouvoir l’énergie du soleil. Voici po

1048 rrespond à la centralisation la plus rigide. Faut- il vraiment perdre du temps à le démontrer ? Oui, répondrai-je, quand je

1049 ne sera jamais possible — les choses étant ce qu’ elles sont — que sous certaines conditions que certains patrons lucides, et

1050 ois, pour tout le débat sur le choix énergétique. Il s’agit d’une interview donnée à une revue économique, en 1975, par le

1051 nucléaires ne sont pas dangereuses à condition qu’ elles soient exploitées et contrôlées par des équipes compétentes, organisé

1052 vec un grand sens de la responsabilité… Pour moi, il est essentiel que les centrales nucléaires soient peu nombreuses, don

1053 llemets indiquant dans mon texte une citation, et elle avait supprimé aussi la référence au grand PDG de l’industrie nucléai

1054 ment de sincérité ou de cynisme était de moi. Est- il pensable qu’une cause défendue par de tels moyens soit une bonne caus

1055 tion et la programmation du nombre des centrales… Elle comprendra donc des dizaines de milliers de membres et elle contrôler

1056 endra donc des dizaines de milliers de membres et elle contrôlera et régira des centaines de milliers de civils. Appareil mi

1057 taines de milliers de civils. Appareil militaire, elle exercera sa domination au nom des impératifs techniques de la mégamac

1058 un renforcement sans précédent de l’État central. Elle rend possible un nouveau despotisme. Un autre auteur, autrichien cel

1059 n pour « la discipline qui règne en face ». Faut- il enfin rappeler ce qui vient de se passer au début de janvier à Cherbo

1060 dustrie comme dans les structures politiques. Car il apparaît de plus en plus clairement à tous les responsables de la soc

1061 onsabilité locale. Du point de vue de la défense, il est bien évident que l’extrême concentration de sources d’énergie peu

1062 res minutes de la guerre, ou dix minutes avant qu’ elle soit déclarée, cependant que l’extrême dispersion des sources d’énerg

1063 mpteur entre le soleil et chacune de nos maisons, ils ne feront rien pour favoriser cette forme d’énergie. L’énergie sola

1064 omoteurs, sur leur superstition de la croissance. Ils voudraient nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités : deven

1065 e vers l’épanouissement, conquête de l’autonomie. Il n’a pas cet aspect massif, écrasant, inéluctable et menaçant du nuclé

1066 Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis

1067 que le problème des déchets a été résolu, puis qu’ il va l’être demain, puis qu’il ne peut manquer de l’être un jour ou l’a

1068 été résolu, puis qu’il va l’être demain, puis qu’ il ne peut manquer de l’être un jour ou l’autre, vu « l’inépuisable ingé

1069 nte les écologistes comme des ennemis du progrès. Ils répondent que toute la question reste de savoir : « Qu’est-ce qui doi

1070 n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est en

1071 : car à ces trois niveaux, la cause est entendue, elle est perdue. Quand les centrales nucléaires ne présenteraient aucun da

1072 nucléaires ne présenteraient aucun danger, quand elles s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que

1073 anger, quand elles s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que la consommation d’énergie double

1074 uble tous les dix ans, je serais contre, parce qu’ elles sont les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’em

1075 risques de guerre. Pluton est maître des Enfers, il est aveugle comme les taupes. Mais le Soleil vient du ciel, vient de

1076 rains Comment le voyait-on ? Si on l’admirait, il était « un grand homme, droit, bien fait, blond, un peu pâle, avec de

1077 boucles soyeuses sur ses oreilles et sur son cou. Il avait une expression de malice et de moquerie dans le sourire et dans

1078 l’autre : « Sa prononciation n’est pas pure, mais elle a du charme et une excessive élégance… » Un troisième, un ami celui-l

1079 aient de sa bouche, et on prévoyait sans peine qu’ il était appelé à remplir l’avenir qu’il a rempli. II. Le personnage

1080 ns peine qu’il était appelé à remplir l’avenir qu’ il a rempli. II. Le personnage tel qu’il s’est vu Quatre passions

1081 enir qu’il a rempli. II. Le personnage tel qu’ il s’est vu Quatre passions maîtresses ont animé ce grand corps mince

1082 ranniques. Dans l’action politique et l’écriture, il rechercha en revanche l’exercice de son libre choix. Mais il fut joue

1083 a en revanche l’exercice de son libre choix. Mais il fut joueur en politique aussi, et dans l’amour, quêta la liberté, cel

1084 231 jours, le mot « travaillé » revient 149 fois ( il s’agit d’un grand ouvrage « sur la religion ») ; les allusions à l’hu

1085 ements. Sur les femmes, notes quasi quotidiennes, elles aussi, mais dans le registre sombre : « souvenirs déchirants » et att

1086 me « en pensée » seulement. Quant à la politique, elle revient en force, solidement alliée au travail, dès la fin de 1813, a

1087 trevues avec le nouveau prince royal de Suède, qu’ il appelle dans son journal « le Béarnais ». L’ambition d’une carrière p

1088 politique meilleur que les autres. Je m’y tiens. Il est rare que l’on puisse surprendre l’éclosion de l’idée première d’u

1089 Vogue la galère. L’ouvrage est beau. 28 janvier. Il n’y a plus qu’une feuille à corriger. Quel sera l’effet ? La volonté

1090 En publiant cette « brochure », Benjamin sait qu’ il joue sa vie : Napoléon n’est pas encore vaincu, et le ferait fusiller

1091 beaucoup moins. « L. v. d. D. s. f. », murmure-t- il , non toutefois comme on prie, mais plutôt comme on pose sur sa tempe

1092 ui sa chance politique : Mme de Staël l’y pousse, elle imagine une régence que Paris confierait à Bernadotte… Courant après

1093 de son livre, réédité à Londres en février, comme il va l’être à Paris en avril, Constant est à Liège, puis à Bruxelles, o

1094 avril, Constant est à Liège, puis à Bruxelles, où il apprend l’abdication de l’empereur le 9 avril. Et tout d’un coup, le

1095 9 avril. Et tout d’un coup, le soir du 15 avril, il note, rapide et sec à sa coutume : Arrivée à Paris… Il y a de la res

1096 à Paris… Il y a de la ressource pour la liberté. Il n’y en a plus pour notre homme [le Béarnais]. Mon ouvrage fera bon ef

1097 et servons-nous. 23 avril. Ce pays-ci n’ira pas. Ils sont tous fous et méchants. 25 avril. Éloges inouïs de mon livre. Ce

1098 ril. Éloges inouïs de mon livre. Cela ne mènera-t- il donc à rien ? 30 avril. Toutes mes relations à Paris sont brisées. J

1099 ée où naît son « amour fou » pour une personne qu’ il connaissait depuis près de vingt ans, et jusqu’à la fin des Cent-Jour

1100 n force de la politique dans la vie de Constant : elle aura plutôt contribué à en dramatiser les péripéties. Il paraît proba

1101 plutôt contribué à en dramatiser les péripéties. Il paraît probable, en effet, que l’influence de Juliette ait été décisi

1102 e demain met ma vie en danger. Vogue la galère. S’ il faut périr, périssons bien. 11 mars. Tout est perdu par cela même qu

1103 rdu. 18 mars. Fait un article pour les Débats. S’ il triomphe et qu’il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de nous sou

1104 t un article pour les Débats. S’il triomphe et qu’ il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de nous souvenir que la vie e

1105 e Joseph Bonaparte le 31 mars et note : Y aurait- il vraiment des chances de liberté ? Et le 14 avril, au matin, l’imposs

1106 elles adoptées. Conversation sur d’autres sujets. Il est clair que ma conversation lui plaît. Annonce de ma nomination au

1107 min — ceci : L’auteur était fatigué, à mesure qu’ il s’approchait du dénouement, son émotion augmentait et sa fatigue augm

1108 t et sa fatigue augmentait son émotion. À la fin, il ne put la contenir et il éclata en sanglots ; la contagion gagna la r

1109 t son émotion. À la fin, il ne put la contenir et il éclata en sanglots ; la contagion gagna la réunion tout entière, elle

1110 ent en éclats de rire nerveux et insurmontables… Il s’agissait, on l’a compris, d’Adolphe, par quoi seul le public d’aujo

1111 décision de « se lancer » aux côtés de celui dont il avait écrit un mois plus tôt : C’est Attila, c’est Gengiskhan, plus

1112 lui, tient un rôle décisif. L’empereur, notera-t- il plus tard dans son Mémoire sur les Cent-Jours, n’essaya pas de me tr

1113 sur les Cent-Jours, n’essaya pas de me tromper. Il ne voulut point se donner le mérite de revenir à la liberté par incli

1114 e mérite de revenir à la liberté par inclination. Il examina froidement, dans son intérêt, avec une impartialité trop vois

1115 qui était préférable. En bref : Je prévois, dit- il , une lutte difficile et une guerre longue. Pour la soutenir, il faut

1116 difficile et une guerre longue. Pour la soutenir, il faut que la nation m’appuie, mais en récompense, je le crois, elle ex

1117 nation m’appuie, mais en récompense, je le crois, elle exigera la liberté. Elle en aura. Ni l’empereur ni Constant n’ont ch

1118 récompense, je le crois, elle exigera la liberté. Elle en aura. Ni l’empereur ni Constant n’ont changé. Nul n’est dupe, nul

1119 ne cherche à duper l’autre. L’un veut régner et s’ il y faut absolument de la liberté, accordons-en. L’autre veut être libr

1120 e ou la liberté. « La nation exigera la liberté ? Elle en aura. » Voilà qui est cynique à souhait. Mais Constant l’est-il be

1121 là qui est cynique à souhait. Mais Constant l’est- il beaucoup moins quand il accepte de rédiger ce qu’on appellera les Act

1122 hait. Mais Constant l’est-il beaucoup moins quand il accepte de rédiger ce qu’on appellera les Actes additionnels aux Cons

1123 ctes additionnels aux Constitutions de l’Empire ? Il y propose en fait à la signature du despote quelques-unes des proposi

1124 les plus subversives de L’Esprit de conquête, et il y ajoute un projet précis de fédération de l’Europe. A-t-il pu croire

1125 e un projet précis de fédération de l’Europe. A-t- il pu croire un seul instant que la France napoléonienne, « réparant ses

1126 ns l’espoir de sauver un peu de liberté réelle qu’ il s’expose aux vertueuses indignations des politiciens de son bord, ceu

1127 dignations des politiciens de son bord, ceux dont il parle à la fin des Cent-Jours : 21 juin 1815. L’empereur m’a fait d

1128 s : 21 juin 1815. L’empereur m’a fait demander. Il est toujours calme et spirituel. Il abdiquera demain, je pense. Les m

1129 ait demander. Il est toujours calme et spirituel. Il abdiquera demain, je pense. Les misérables, ils l’ont servi avec enth

1130 l. Il abdiquera demain, je pense. Les misérables, ils l’ont servi avec enthousiasme quand il écrasait la liberté, ils l’aba

1131 sérables, ils l’ont servi avec enthousiasme quand il écrasait la liberté, ils l’abandonnent quand il l’établit. Dès le le

1132 i avec enthousiasme quand il écrasait la liberté, ils l’abandonnent quand il l’établit. Dès le lendemain du départ de l’em

1133 d il écrasait la liberté, ils l’abandonnent quand il l’établit. Dès le lendemain du départ de l’empereur pour Rochefort p

1134 st une catastrophe ennuyeuse », note Benjamin, et il se dispose à écrire un mémoire apologétique sur son action durant les

1135 t-Jours. « Je le publierai sous forme de lettres. Il faut qu’il soit européen. » Que celui qui vient de défier le Tyran au

1136 Je le publierai sous forme de lettres. Il faut qu’ il soit européen. » Que celui qui vient de défier le Tyran au nom de ses

1137 e rallie aux Bourbons dès son retour à Paris ; qu’ il soit le dernier à les défendre quand Louis XVIII et les siens ont déj

1138 II et les siens ont déjà fui devant Napoléon ; qu’ il accepte deux semaines plus tard de rédiger pour l’empereur une consti

1139 contemporains ont décidé de ne pas comprendre, et ils répètent en ricanant sa devise ironique : Inconstancia constans, « Co

1140 Louis XVIII. À ceux qui l’accusent de palinodie, il répond tranquillement qu’il ne sert pas un régime mais la liberté44.

1141 ccusent de palinodie, il répond tranquillement qu’ il ne sert pas un régime mais la liberté44. Certes, il déteste que la Ch

1142 ne sert pas un régime mais la liberté44. Certes, il déteste que la Charte prétende « octroyer » au peuple des droits qui

1143 i lui appartiennent, mais c’est assez pour lui qu’ elle apparaisse compatible avec la liberté. 2°. Aurait-il dû se faire hara

1144 apparaisse compatible avec la liberté. 2°. Aurait- il dû se faire harakiri, lui seul, quand le roi a quitté Paris ? « On m’

1145 x qui l’accusent d’une troisième palinodie lorsqu’ il accepte l’invitation de Napoléon, il faut rappeler que l’opportuniste

1146 nodie lorsqu’il accepte l’invitation de Napoléon, il faut rappeler que l’opportuniste en l’occurrence, ce n’est pas Consta

1147 empereur ! » mais aussi de « Vive la liberté ! ». Il sait qu’il doit compter avec les libéraux. Lorsqu’il apprend par Séba

1148 » mais aussi de « Vive la liberté ! ». Il sait qu’ il doit compter avec les libéraux. Lorsqu’il apprend par Sébastiani la p

1149 sait qu’il doit compter avec les libéraux. Lorsqu’ il apprend par Sébastiani la présence de Benjamin Constant à Paris : Il

1150 tiani la présence de Benjamin Constant à Paris : Il faut le faire arrêter ! s’écrie-t-il. — Y pensez-vous ? réplique le M

1151 t à Paris : Il faut le faire arrêter ! s’écrie-t- il . — Y pensez-vous ? réplique le Maréchal. À quoi bon ? Laissez-le part

1152 que soit une chance pour la liberté d’un peuple, il n’est pas permis de la repousser. 4°. Et enfin, et surtout, la preuv

1153 u péril de sa vie, sous les régimes successifs qu’ elle contestait. L’Esprit de conquête (troisième édition) ainsi que les Ré

1154 otisme et à l’« usurpation » napoléoniennes : or, il se trouve que ces trois ouvrages ont été tirés de manuscrits restés i

1155 vi que la liberté. La sienne très mal, esclave qu’ il fut de ses amours ; mais la liberté politique mieux que personne de s

1156 entendu profond entre lui et la classe politique. Il a servi la liberté, dans un pays et un siècle où l’on servait de préf

1157 éférence une faction, au mieux un parti. Et comme il est un cas bien rare d’individu distancié de lui-même, on ne peut plu

1158 gu, et pas seulement dans le temps de son action. Il est remarquable que les palinodies ostentatoires d’un Talleyrand aien

1159 lâme très moral des partisans du pouvoir, quel qu’ il soit, s’il réussit à s’imposer. VI. Un manifeste de la liberté

1160 oral des partisans du pouvoir, quel qu’il soit, s’ il réussit à s’imposer. VI. Un manifeste de la liberté Mais reveno

1161 té sans effets sur les destins du siècle, sort qu’ il partage avec la plupart des écrits politiques ; mais, cas plus rare,

1162 part des écrits politiques ; mais, cas plus rare, il n’a pas affecté la vie de son auteur, qui croyait tout risquer sur ce

1163 4 : Éloges inouïs de mon livre. Cela ne mènera-t- il donc à rien ? Réponse de l’événement : à rien, ni pour lui-même ni p

1164 à rien, ni pour lui-même ni pour la société. Car il ne sera pas fusillé, ne sera pas non plus ministre, et l’Acte additio

1165 s à l’examen d’une foule de questions abstraites. Il a extrait46 seulement ce qui lui a paru d’un intérêt immédiat… Mais i

1166 ent ce qui lui a paru d’un intérêt immédiat… Mais il a voulu conserver avec scrupule ce qu’un profond sentiment lui avait

1167 c’est cela qui assure la durée d’un ouvrage : qu’ il ait été au cœur, au plus chaud de l’actuel éprouvé par le sentiment,

1168 plus chaud de l’actuel éprouvé par le sentiment, il ira du même trait de l’intime vécu à l’universel objectif. La théor

1169 it de conquête me paraît plus vive aujourd’hui qu’ elle ne put l’être en 1814. C’est bel et bien la théorie de l’État-nation

1170 erre développerait occupe les premiers chapitres. Elle peut paraître démodée, à première vue. Elle traduit en fait l’intuiti

1171 tres. Elle peut paraître démodée, à première vue. Elle traduit en fait l’intuition d’une réalité neuve dont Benjamin Constan

1172 (en russe Pravda), toute autre gazette interdite. Il instaure le règne de l’uniformité des curiosités mêmes de l’esprit, c

1173 i s’arroge le droit de représenter la nation — qu’ il soit d’ailleurs jacobin ou fasciste, national-socialiste ou communist

1174 fins, l’État-nation est lié à la guerre, mieux : il est l’état de guerre en permanence. D’où la nécessité de la disciplin

1175 de se taire ; l’usurpation le condamne à parler, elle le poursuit dans le sanctuaire intime de sa pensée, et, le forçant à

1176 pensée, et, le forçant à mentir à sa conscience, elle lui ravit la dernière consolation qui reste encore à l’opprimé.48 L

1177 rait, mais l’usurpation l’avilit en même temps qu’ elle l’opprime. Elle rend, même après sa chute, toute liberté, toute améli

1178 rpation l’avilit en même temps qu’elle l’opprime. Elle rend, même après sa chute, toute liberté, toute amélioration impossib

1179 re à la nation : Marchons à la conquête du monde. Elle lui répondrait d’une voix unanime : Nous ne voulons pas de la conquêt

1180 Nous ne voulons pas de la conquête du Monde. Mais il parlerait de l’indépendance nationale, de l’arrondissement des fronti

1181 ts de ses calomnies étaient facilement subjugués, il se vanterait de les avoir prévenus : s’ils avaient le temps et la for

1182 jugués, il se vanterait de les avoir prévenus : s’ ils avaient le temps et la force de lui résister, vous le voyez, s’écrier

1183 force de lui résister, vous le voyez, s’écrierait- il , ils voulaient la guerre puisqu’ils se défendent. Et le ton monte et

1184 e de lui résister, vous le voyez, s’écrierait-il, ils voulaient la guerre puisqu’ils se défendent. Et le ton monte et se s

1185 z, s’écrierait-il, ils voulaient la guerre puisqu’ ils se défendent. Et le ton monte et se soutient dans la dénonciation pr

1186 prit de conquête : Certains gouvernements quand ils envoient leurs légions d’un pôle à l’autre, parlent encore de la défe

1187 core de la défense de leurs foyers ; on dirait qu’ ils appellent leurs foyers tous les endroits où ils ont mis le feu. Endr

1188 u’ils appellent leurs foyers tous les endroits où ils ont mis le feu. Endroits qui ont été dans ce siècle Dantzig et le pa

1189 que nous appelons aujourd’hui fédéralisme, et qu’ il est le premier à nommer dans ses Principes de politique publiés à Par

1190 ant les Cent-Jours : Je n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration intérieure beaucoup de fédé

1191 ion intérieure beaucoup de fédéralisme.49 Ce qu’ il a fort bien vu d’entrée de jeu, c’est qu’un fédéralisme lié à la paix

1192 ns une contrainte qui leur coûte beaucoup plus qu’ elle ne leur vaut. […] On voit le patriotisme qui naît des variétés locale

1193 immense et nivelée, se détachent d’une patrie qu’ ils n’aperçoivent nulle part, et dont l’ensemble leur devient indifférent

1194 connu jusqu’ici.51 Nous venons de voir comment il l’entendait pour l’intérieur. Or, il est très certain que « la consti

1195 voir comment il l’entendait pour l’intérieur. Or, il est très certain que « la constitution intérieure d’un État et ses re

1196 es relations extérieures sont intimement liées ». Il serait absurde de les séparer et de vouloir à tout prix conserver dan

1197 es portions de leur territoire une juridiction qu’ ils ne devraient point avoir, et de l’autre, ils prétendent conserver à l

1198 n qu’ils ne devraient point avoir, et de l’autre, ils prétendent conserver à l’égard du pouvoir central une indépendance qu

1199 fédéralisme très « vicieux » que récuse Constant. Il veut le contraire : la fédération bien liée d’États formés eux-mêmes

1200 d’États formés eux-mêmes de régions autonomes. Et il conclut : Tel est le fédéralisme qu’il me semble utile et possible d

1201 nomes. Et il conclut : Tel est le fédéralisme qu’ il me semble utile et possible d’établir parmi nous. Si nous n’y réussis

1202 e, les conditions vitales de tout avenir ? 42. Il s’agit de De l’esprit de conquête écrit et composé entre le 25 novemb

1203 és locales, et d’un nouveau genre de fédéralisme. Il semble bien que les Principes formaient le principal des écrits de 18

1204 économiste ou réductionniste de modèle marxiste. Il n’est pas né d’une économie originale, qui devait au contraire en naî

1205 l’héritage de Sem et l’Afrique celui de Cham.bj Il n’est pas né d’une économie originale, qui devait au contraire en naî

1206 rent l’immobilité. Du point de vue de l’histoire, il n’apparaît nullement comme le développement d’une unité originelle, e

1207 ictoires, venus de l’est et du sud, puis du nord. Il n’est pas né de l’Empire romain mais plutôt de la nostalgie de son âg

1208 e conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes,

1209 aissance et de la Réforme. Création culturelle s’ il en fût, unité composée contre toute vraisemblance, irréductible à tou

1210 t gifler le pape, à Anagni, dans le même temps qu’ il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume, … ne

1211 es, au nom du Saint-Esprit, annoncent : « combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être f

1212 Esprit, annoncent : « combien il est bon, combien il est agréable de vivre avec des frères et d’être fondu en un. » Deux

1213 et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un ensemble humain et historique, non plus seulement

1214 historique, non plus seulement géographique, dont il détaille les conditions ecclésiastiques et politiques, économiques et

1215  », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : Maintenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre pa

1216 rès de la paix et de la fédération des peuples qu’ il a traversés pendant vingt ans, environné d’un long tonnerre d’acclama

1217 pe étant à proprement parler une vue de l’esprit, il était naturel que les clercs, les poètes, et ceux qu’on nomme depuis

1218 rope : celle des penseurs politiques imaginatifs. Elle va du roi de Bohême Georges Podiebrad, contemporain et rival de Pie I

1219 t de paix perpétuelle (1795), texte fédéraliste s’ il en fût, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des

1220 1795), texte fédéraliste s’il en fût, dans lequel il démontre que les « tendances antisociales des États », comme la conqu

1221  source de guerres ». La possibilité de réaliser ( il s’agit de réalité objective) cette idée de fédération, qui doit s’éte

1222 elle, peut se concevoir. « Aux yeux de la raison, il n’y a pas, pour des États entretenant des relations réciproques, d’au

1223 de l’Histoire dont l’Asie est le commencement ». Elle est le lieu où se couche le soleil physique « et où se lève le soleil

1224 de soi » (Leçons de philosophie de l’histoire). Il faudrait citer ici tous les philosophes romantiques allemands, Fichte

1225 deur et de l’universalité de l’idée européenne qu’ ils illustrent — en vain d’ailleurs, car déjà l’État nationaliste, par se

1226 ’une guerre générale que personne ne veut, paraît- il , que tout prépare et qui éclatera le 1er août 1914. Et pourtant, dura

1227 , sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à

1228 upidement vaniteux mais non moins suicidaires. Qu’ il suffise de citer les noms allemands de Spengler, Thomas Mann et Keyse

1229 tellectuels » encore peu connus — et pour cause : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront

1230 s fascistes et des nazis39. Mais pour original qu’ il soit, pour efficace qu’il aille se révéler à travers la Résistance de

1231 . Mais pour original qu’il soit, pour efficace qu’ il aille se révéler à travers la Résistance de neuf pays le mouvement pe

1232 la Volga et d’Oslo à Athènes. L’anti-Europe va-t- elle tout écraser ? L’effort des groupes personnalistes et de leurs camara

1233 mps, menant une lutte commune et clandestine, est- il à tout jamais perdu ? J’ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse, d

1234 , Ernest Ansermet, Jean Wahl et Jean Starobinski. Il s’agit de la première confrontation des intellectuels et de l’Europe

1235 ns, le reste se perd, non dans le silence, hélas… Il en ira tout autrement du congrès fédéraliste de Montreux, un an plus

1236 et des camarades résistants des pays de l’Axe, qu’ ils ne connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinelli,

1237 e preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’ elle n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je f

1238 urés deux ans plus tard à Bruges et à Genève — où ils existent encore et n’ont cessé de manifester, depuis trente ans, leur

1239 300 et 400 aux deux autres) et c’est normal. Mais elle compte quelques-unes des gloires de la pensée du xxe siècle, comme B

1240 ns exceptés. Mais quelques noms si prestigieux qu’ ils soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des

1241 ion civique européenne. Sur les 23 résolutions qu’ elle a votées, 21 ont été suivies de réalisation : proportion certainement

1242 u soutien de causes lointaines, comme le Vietnam. Ils abandonnent les problèmes prochains (et du prochain) aux soins — tour

1243 tion successives de J.-P. Sartre. Sur ma demande, il avait envoyé à la conférence de Lausanne des fragments d’un long essa

1244 sanne des fragments d’un long essai40 dans lequel il définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelle

1245 rement différente et de comprendre qu’aujourd’hui il ne peut plus être question d’une culture française, pas plus que d’un

1246 . Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne

1247 oulons que la culture française reste, il faut qu’ elle soit intégrée aux cadres d’une grande culture européenne. C’est en vi

1248 ’aura aucun sens et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour

1249 r41, on peut lire que l’Europe est « foutue », qu’ elle est « en grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’elle « fai

1250  », qu’elle est « en grand danger de crever », qu’ elle « agonise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au p

1251 grand danger de crever », qu’elle « agonise », qu’ elle « fait eau de toutes parts », qu’elle est « au plus bas », que « c’es

1252 onise », qu’elle « fait eau de toutes parts », qu’ elle est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « en

1253 sacrent à vue les Européens ». Car, ce faisant, «  ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté.bm Pl

1254 ité dans la crise actuelle de civilisation, et qu’ elle doit au monde de lui montrer un autre modèle de civilisation que celu

1255 recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ ils se présentent en Afrique, mais bien plutôt ceux qui proposent, avec B

1256 Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abord elle parvient à le vivre. Autrement, on ne la croira pas. Car ainsi que l

1257 vers ce but unique le travail secret de leur âme… Ils ont en commun les mêmes aspirations les plus hautes et les plus profo

1258 phrase est tronquée dans la version imprimée : «  Il s’agit de la première… ». En l’absence de version manuscrite, on a co

1259 à l’invocation « Au nom de Dieu Tout-Puissant ». Il a commencé par notre collègue communiste, en lui disant à peu près :

1260 ne l’aurais évidemment pas choisie, mais telle qu’ elle est, ça ne me gêne pas et si certains y insistent, on peut très bien

1261 s y insistent, on peut très bien la laisser comme elle est. » D’autres se sont exprimés, dans des sens divers. Mon tour venu

1262 e on l’a proposé, le texte même du préambule. Est- il justifié ou non ? Le prof. J.-M. Chappuis a donné là-dessus une confé

1263 s une conférence excellente, riche en précisions. Il aboutit à approuver l’invocation et le préambule que pour ma part je

1264 uple et les cantons », tout le monde voit de quoi il s’agit, cela engage des réalités, non pas une formule encore vide. Ma

1265 aient dire tout à fait autre chose — que ne l’ont- ils dit clairement ! ⁂ Tout cela donc est placé sous l’invocation de Dieu

1266 rincipaux arguments en faveur de l’invocation, qu’ elle poserait une limite au pouvoir de l’État. Je suis on ne peut plus fav

1267 ites aux pouvoirs étatiques à tous les niveaux où ils existent chez nous — municipal, cantonal, fédéral — et surtout aux po

1268 -nation centralisé dans la seule capitale, tel qu’ il existe chez nos voisins. Mais bien que le préambule contienne ces mot

1269 efs d’État, défendant n’importe quelle cause (fût- elle celle de l’athéisme militant) ont toujours invoqué la Providence (Bre

1270 élateur !) pour tenter de justifier leur cause. S’ ils se mettent à invoquer le Dieu « tout-puissant », ce n’est pas du tout

1271 une limite à leur pouvoir. C’est au contraire qu’ ils se prévalent de la Toute-puissance divine pour en participer — au sen

1272 ens magique du terme. Si vous les poussez un peu, ils ont tôt fait de vous citer saint Paul sur le respect que le citoyen o

1273 és constituées : c’est Dieu qui les a instituées, elles participent donc de sa Toute-puissance, et dans ces conditions, l’opp

1274 hangeait l’adjectif qui suit le nom de Dieu, et s’ il était bien entendu que les non-chrétiens, qui sont tout de même nombr

1275 fin, de l’invocation « à Dieu tout-puissant », qu’ elle s’inscrivait dans la continuité des pactes qui ont servi de constitut

1276 stitution aux Ligues suisses pendant des siècles. Il s’agit là d’une erreur. Le premier Pacte, celui de 1291 (repris d’un

1277 Jéhova ou le El de l’Ancien Testament, un nom qu’ il est interdit de prononcer. Or le Seigneur Jésus est le Dieu sans puis

1278 aux tentations subies par Jésus dans le désert : elles reviennent toutes à la tentation de la Puissance. (« Change ces pierr

1279 e du haut du temple et les anges te porteront ».) Il s’agit dans les trois cas de la tentation par excellence, celle de la

1280 e la toute-puissance, trois fois repoussée, comme elle le sera encore une quatrième fois — et radicalement — sur la Croix. J

1281 a repoussé la tentation de la puissance parce qu’ il n’en avait pas et n’en devait pas avoir dans « ce monde » — dont Sata

1282 orte, voire envahissante, dans l’époque moderne ? Il semble bien qu’il s’agisse à l’origine sinon d’une erreur de traducti

1283 ssante, dans l’époque moderne ? Il semble bien qu’ il s’agisse à l’origine sinon d’une erreur de traduction de saint Jérôme

1284 im ». Cette dernière signification indiquerait qu’ il s’agit d’une puissance dans le monde spirituel, non dans le monde des

1285 les fidèles ? Quant aux autres, aux non-croyants, ils pourront en faire des gorges chaudes en disant : « Que fait-il, votre

1286 n faire des gorges chaudes en disant : « Que fait- il , votre Tout-Puissant ? Il n’a visiblement pas la puissance de donner

1287 en disant : « Que fait-il, votre Tout-Puissant ? Il n’a visiblement pas la puissance de donner la victoire à chacune des

1288 re à chacune des armées qui se réclament de lui : il faut bien qu’il y en ait une qui perde. » Le Dieu « puissant », c’est

1289 armées qui se réclament de lui : il faut bien qu’ il y en ait une qui perde. » Le Dieu « puissant », c’est le « Gott mit u

1290 et implanter une erreur qui va très loin, puisqu’ elle consiste à confondre la transcendance et l’immanence. Je voudrais rap

1291 s la tempête ; c’est par un son doux et subtil qu’ il manifeste sa puissance, par la « voix du silence » qui ne s’impose pa

1292 par la force mais qui pénètre l’âme à l’heure où elle se réveille et qui fait sentir à la personne humaine prosternée qu’un

1293 définition évangélique de Dieu ? Que se passerait- il si l’on ouvrait une constitution par ces mots : « Au nom du Dieu d’am

1294 ution par ces mots : « Au nom du Dieu d’amour ? » Il faudrait s’assurer que tous les articles de la constitution satisfera

1295 is ouvrait tous les actes publics de l’époque. Où il n’était question ni de la toute-puissance de Dieu, ni d’un Dieu des a

1296 de rappeler ses travaux, ses recherches, et ce qu’ il a trouvé, et ce qui en est sorti. Tout cela nous conduit au problème

1297 elui des centrales nucléaires et des questions qu’ elles posent à notre société. Une première étape dans la réflexion de notre

1298 es écrits intitulé « Réflexions sur la science », il présente lui-même cette interview et il en évalue l’importance avec u

1299 cience », il présente lui-même cette interview et il en évalue l’importance avec un impeccable réalisme : En ce début de

1300 on des centrales à eau lourde ou à eau légère, qu’ il considère comme un « mal nécessaire », mais aussi des « breeders » ou

1301 mais aussi des « breeders » ou surgénérateurs qu’ il considère comme « la pire de toutes les solutions ». Et quand L’Expre

1302 terroge au sujet des prix de revient du kilowatt, il se déchaîne. Je cite : L’économie est une science dont la notion fon

1303 timents humains. C’est une branche de la poésie. Il se souvient qu’une dizaine d’années plus tôt, son ami Alvin Weinberg

1304 ments fondés sur l’épluchage des décimales, quand il s’agit de savoir ce qu’on en fera en 1980, en 1985, en l’an 2000 ? »

1305 ubliable que je tiens à citer en entier, parce qu’ il démontre que Lew Kowarski savait que le sérieux de la vie se sent mai

1306 ateur. Pour lui, la réponse n’était pas évidente. Il me semble, à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser

1307 nse n’était pas évidente. Il me semble, à moi, qu’ elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à toutes les choses sérieu

1308 l me semble, à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à toutes les choses sérieuses de la vie. Par exempl

1309 du Conseil de l’Europe en 1965, à Strasbourg, et il avait trouvé l’occasion d’y donner des leçons d’humanisme aux philoso

1310 is quelques fois dans l’avion de Genève à Paris : il y allait pour l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà nous nous ent

1311 qui marqua dès ce moment l’attitude de Kowarski, il convient de revenir aux propos qu’il tenait en 1972 (dans cette salle

1312 de Kowarski, il convient de revenir aux propos qu’ il tenait en 1972 (dans cette salle où nous sommes aujourd’hui) sur la r

1313 ponsabilité des scientifiques dans notre société. Il rappelle que l’énergie nucléaire était encore saluée dix ans plus tôt

1314 e pris entre son métier et la méfiance du public. Il les décrivait avec quelques détails puis les résumait dans ces quelqu

1315 sorte compensent le côté douteux du métier (ici, il citait les exemples de Linus Pauling aux États-Unis et de Sakharov en

1316 tait, bien entendu, à cette quatrième attitude qu’ il se ralliait. C’est bien en conformité avec cette quatrième attitude q

1317 r une conscience plus aiguë de la contribution qu’ il était l’un des rares à pouvoir apporter à la connaissance objective d

1318 pposés à la diffusion de cette connaissance. Mais il n’était, hélas, pas moins conscient des limitations que son état de s

1319 ions que son état de santé imposait à son action. Il hésitait encore fin juillet. Puis il y eut l’affrontement du 31 juill

1320 s jeunes se font tuer, ce n’est plus supportable. Il nous faut faire quelque chose. Dès le lendemain, décision prise, Kow

1321 commune ; nous la mettrons au point lui et moi et elle sera présentée à la presse le 3 octobre. Bien que la rédaction défini

1322 définitive soit en bonne partie de mon écriture, il est certain que pour le contenu, ce document doit être attribué princ

1323 ttribué principalement à Kowarski, à tel point qu’ il eut pu prendre place, à juste titre, dans le recueil des textes que j

1324 ait paraître quelques mois plus tard. Et surtout, il lui doit l’essentiel : la position du problème nucléaire dans la pers

1325 on, et de l’élan économique qui en était résulté. Elles ont vu se produire, dans les domaines les plus divers de la société,

1326 Plus un tournant de cet ordre est brusque et plus il met en évidence l’inévitable conflit entre détenteurs du pouvoir, ten

1327 ents des adversaires. Dans cette cour de justice, il n’y a que des avocats. Les juges sont franchement absents ou se trouv

1328 Au lieu de trancher d’office entre tout et rien, elle posera la question plus complète : combien ? La question : comment ?

1329 tique, non seulement scientifique mais sociétale. Il reste au Groupe de Bellerive à développer son action aux domaines éla

1330 ble concision que je vous lisais tout à l’heure : il énumère des problèmes capitaux dont le nucléaire n’est qu’un aspect.

1331 ndre la décennie qui forme le sujet de ce volume, il me paraît indispensable de retracer d’abord les grandes étapes cultur

1332 s étapes culturelles du xxe siècle, jusqu’ici. S’ il est vrai qu’il commence à la fin du xixe , il faut donc situer sa nai

1333 elles du xxe siècle, jusqu’ici. S’il est vrai qu’ il commence à la fin du xixe , il faut donc situer sa naissance entre 19

1334 . S’il est vrai qu’il commence à la fin du xixe , il faut donc situer sa naissance entre 1914 et 1918. Le xixe siècle en

1335 sique, et qui se bornent à montrer l’homme tel qu’ ils le voient pour qu’on en rie, qu’on en ricane, ou pour qu’on y trouve

1336 les salles françaises mais on ne saurait dire qu’ ils influencent le mouvement des idées ni les comportements de la jeuness

1337 part des pays « libres » de l’Europe de l’Ouest : il sert la propagande d’un système politique qui s’affirme lui-même comm

1338 dit à peu près également ces deux tendances, dont elle semble ne pas remarquer qu’elles sont antinomiques. Quant à la jeunes

1339 x tendances, dont elle semble ne pas remarquer qu’ elles sont antinomiques. Quant à la jeunesse des pays de l’Est et de l’URSS

1340 ant à la jeunesse des pays de l’Est et de l’URSS, elle ignore tout de ces auteurs, comme elle ignore leurs problèmes et que

1341 de l’URSS, elle ignore tout de ces auteurs, comme elle ignore leurs problèmes et que ce seraient aussi les siens si elle pou

1342 s problèmes et que ce seraient aussi les siens si elle pouvait en prendre conscience — mais pour cela, les mots lui manquent

1343 été reconnu durant la décennie qui se terminait. Il me semblait que les pièces des plus diverses dont avait parlé la crit

1344 ier mois de 1979 propice aux retours en arrière : ils allaient rafraîchir ma mémoire défaillante. Mais je ne trouvai d’abor

1345 faciès de vampire, si peu séduisant (me semblait- il ) qu’on ne comprenait plus rien à la « liste » fameuse des mille e tre

1346 et dictatorial ‟créateur” aux dépens de celui qu’ il prétend servir… Le metteur en scène est roi ». Il faut attendre les d

1347 il prétend servir… Le metteur en scène est roi ». Il faut attendre les derniers alinéas de ce long article pour apprendre

1348 le le triomphe du spectaculaire sur le texte, fût- il génial. Voici d’abord le professeur et critique Bernard Dort : Demai

1349 voulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’ il nous faut expliquer. La décennie du « discours » La politisatio

1350 de Berkeley, de Berlin-Ouest, et même de Prague. Elle peut être définie, dans son processus, comme la substitution de la ma

1351 ssage étant le spectacle lui-même : c’est cela qu’ il s’agit de « faire passer ». Dès 1968 à Paris, ce nouveau style trouve

1352 J.-P. Sartre, se font traiter de « pépés » quand ils essaient de séduire la jeunesse par leur « discours » — mot qui va re

1353 rd’hui, entre en conflit ouvert avec le Nord dont il ne parvient pas à égaler les résultats industriels, parce qu’il a pré

1354 pas à égaler les résultats industriels, parce qu’ il a préféré de tout temps le discours (justement) à l’acte, à l’action

1355 la seule efficace dans notre société occidentale. Elle bénéficie aujourd’hui, par un paradoxe inquiétant, du succès des diss

1356 enseur, qui était censé servir la vérité, rien qu’ elle , il se voit sommé de paraître « télégénique » c’est-à-dire convaincan

1357 , qui était censé servir la vérité, rien qu’elle, il se voit sommé de paraître « télégénique » c’est-à-dire convaincant !

1358 une écrivain français se sentait dignus intrare s’ il était enfin publié par la Nouvelle Revue française. Aujourd’hui, tout

1359 aise. Aujourd’hui, tout dépend de la manière dont il « passe » à telle ou telle émission « littéraire » à la TV. On retrou

1360 dent, pour l’écrivain, étant qu’avide d’audience, il en vienne inconsciemment ou cyniquement, à des « prises de position »

1361 ire des hommes du prochain siècle — à supposer qu’ il y en ait un — soient de ceux-là que nous aurons vus le moins souvent

1362 t où Breton rompt avec Aragon et Éluard, parce qu’ ils choisissent le stalinisme militant. 54. Cf. André Gide, Retour de l’

1363 t craindre. Dans ses Mémoires, le shah déclare qu’ il souhaitait « donner à son peuple ce qu’il y avait de meilleur au mond

1364 pliés le shah : tricher ne l’intéresse pas, ce qu’ il rejette, c’est le principe même des règles du jeu imposées depuis le

1365 toute vraisemblance, font du renseignement comme il s’en fait partout. Nous en sommes au moment tragique de l’affrontemen

1366 nt de livrer le shah et de prendre des otages, qu’ ils soient reconnus coupables ou non, l’un comme les autres, par un tribu

1367 s autres, par un tribunal compétent. Pour l’imam, il s’agit tout crument d’échanger un criminel contre des espions. Carter

1368 hanger un criminel contre des espions. Carter est- il fidèle à l’Évangile et l’imam fidèle au Coran, quand l’un protège un

1369 umain ? L’accusé véritable en cette affaire n’est- il pas le modèle occidental, non seulement de civilisation mais de loi i

1370 hez nous, rien de pareil n’arriverait, d’ailleurs il n’est rien arrivé. Tel est le résumé des rapports officiels sur un si

1371 ns de tonnes de pétrole dans le golfe du Mexique. Ils coulent toujours, mais ce n’est plus une « nouvelle ». C’est simpleme

1372 I en Pologne, en Irlande, au Mexique, à New York, ils n’ont parlé que de ferveur et de piété. Il s’agit, à vrai dire, dans

1373 York, ils n’ont parlé que de ferveur et de piété. Il s’agit, à vrai dire, dans les deux cas, d’un retour du religieux trop

1374 s masses. On sait les résultats spectaculaires qu’ il a obtenus dans tous les pays catholiques. La seule limite qu’il ait r

1375 ans tous les pays catholiques. La seule limite qu’ il ait rencontrée étant bien sûr celle que l’islam ne pouvait pas manque

1376 sa ier , ex-sergent-chef, copiait Napoléon lorsqu’ il s’est fait sacrer, et la France le soutenait parce que la Centrafriqu

1377 s son sol. (D’où la chute de l’empereur, sitôt qu’ il a traité avec le « fou d’Allah » qu’est Kadhafi.) Somoza était souten

1378 peuple s’est inversé. Quant au drame du Cambodge, il s’agit, si l’on veut en juger moralement, de se rappeler ses origines

1379 s a été reconnu par la Constitution espagnole, et il est au centre des débats sur la constitution fédéraliste du Royaume d

1380 aliste du Royaume de Belgique. Ainsi l’Europe a-t- elle entrepris de donner au tiers-monde la seule chose qu’il accepte : un

1381 repris de donner au tiers-monde la seule chose qu’ il accepte : un exemple. bq. Rougemont Denis de, « 1979 », L’Illustré

1382 Denis de Rougemont, en philosophe, va plus loin. Il dégage, en guise de préface à cette rétrospective, des lignes de forc

1383 faits ; et, fidèle à ses convictions européennes, il voit une lueur d’espoir dans l’action concertée de 22 démocraties pou

1384 enser avec les mains  ; peut-on alors conclure qu’ il s’agit là d’une attitude ? Certainement. Penser avec les mains , mon

1385 e que je qualifiais d’irresponsable en ce sens qu’ elle se voulait désintéressée, dessaisie de ses conséquences, comme débray

1386 s en général, qui tentaient assez maladroitement, il faut le dire, mais à partir de besoins profonds que je pouvais compre

1387 furent des thèmes à la mode des 1946, me semble-t- il  ? En effet, mais ce n’était plus tout à fait dans le sens où Mounier

1388 ais pour moi, l’incident dénotait un fait grave : il trahissait l’irresponsabilité générale de la classe intellectuelle. À

1389 s générations ont lu : L’Amour et l’Occident et il s’agit là d’un livre clé non seulement sur le plan des idées, mais ég

1390 rs dites-moi, Denis de Rougemont, cette œuvre a-t- elle été écrite avant la guerre ? Je l’ai écrite en 1938, année extrêmemen

1391 l’amour-action ». Oui, mais cet « amour-action », il est en vous, car il y a chez vous un croyant, un protestant, et entre

1392 sion », il y a mille ans. Et sans doute là, y a-t- il une notion d’histoire que l’on pourrait lire ? Disons qu’il y avait u

1393 ’autant plus que votre livre a été écrit en 1938. Il s’agit donc encore d’un ouvrage de mise en garde où vous fouillez nos

1394 r les personnages et les thèmes wagnériens, et qu’ il pressentait que son aventure s’achèverait comme les opéras de Wagner 

1395 combien fortement — de nombreux écrivains. Alors il m’intéresserait de savoir quels sont les écrivains qui ont eu une inf

1396 s du drame . L’avez-vous écrit en Amérique ? Non, il a été publié à New York « par accident », si je puis dire. En réalité

1397 rk « par accident », si je puis dire. En réalité, il était terminé en 1938, lui aussi. Gallimard venait de m’envoyer un pr

1398 es Schiffrin l’a publié, en français, à New York. Il a été repris par Gallimard à mon retour en 1946, ainsi que par la Bac

1399 l’action. « Au commencement était l’action », a-t- il écrit. Et puis Kierkegaard qui, lui, est la passion transportée dans

1400 ettre qui m’était très précieuse et dans laquelle il me disait : « Enfin on a dit ce qu’il fallait dire de mon œuvre. » Et

1401 ns laquelle il me disait : « Enfin on a dit ce qu’ il fallait dire de mon œuvre. » Et enfin, le lecteur découvre un Ramuz t

1402 . » Et enfin, le lecteur découvre un Ramuz tel qu’ il l’imagine, un Ramuz débarrassé de l’officialité helvétique ! Débarras

1403 sait en écrivain régionaliste et paysan, alors qu’ il était à l’avant-garde du modernisme : un écrivain d’idées dont tous l

1404 ster sa pensée. Dans son petit livre Une main bu, il montre qu’une pensée n’est réelle que dans la mesure où elle se manif

1405 qu’une pensée n’est réelle que dans la mesure où elle se manifeste. Et c’est exactement ce sens que j’ai voulu exprimer dan

1406 ndément que les jours n’aient que 24 heures et qu’ il soit nécessaire d’un peu dormir… bs. Rougemont Denis de, « [Entret

1407 Europe était d’ailleurs le thème d’une enquête qu’ il fit avec les jeunes écrivains de l’époque, dans la NRF , dans les an

1408 nt la guerre comme un précurseur de l’engagement, il est aussi très célèbre pour son essai sur L’Amour et l’Occident . »

1409 1. Toute tentative de maîtrise des besoins — qu’ elle se veuille sociale, ou scientifique, économique ou politique, impliqu

1410 mps et les lieux : depuis quand les Européens ont- ils besoin de pommes de terre ? de café ? de tabac ? de tomates ? de soja

1411 camp ! » le premier lycéen français venu sait qu’ il ne s’agit pas de Saint Louis ni d’Henry IV, mais du xviiie siècle. (

1412 tables si nos champs n’en produisaient pas, et qu’ il fallût les faire venir à grands frais de l’Amérique septentrionale, d

1413 à grands frais de l’Amérique septentrionale, d’où elles viennent originairement. » Parmentier venait de faire accepter par la

1414 construction d’automobile à un moment où, note-t- il dans Ma Vie : « il n’y avait pas de demande pour les automobiles » ;

1415 omobile à un moment où, note-t-il dans Ma Vie : «  il n’y avait pas de demande pour les automobiles » ; voire « une répugna

1416 tous et le dernier venu dans l’histoire. En 1909, il vend 18 000 voitures, en 1919, un million. Aujourd’hui les USA en pro

1417 sent l’usage des autos, devenaient soudain, comme il arrive, la dernière mode from coast to coast. C’est évidemment la rel

1418 auxquels peut mener le besoin spirituel, selon qu’ il est conçu comme divinisation impérialiste, ou au contraire, comme obl

1419 bitants d’un village avaient prise vivante, et qu’ ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’il

1420 aient prise vivante, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, ell

1421 te, et qu’ils aimaient beaucoup. Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, elle mangea tout, e

1422 . Elle avait faim. Ils lui apportèrent tout ce qu’ ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim

1423 lui apportèrent tout ce qu’ils pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lu

1424 ls pouvaient trouver, elle mangea tout, et dit qu’ elle avait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèr

1425 vait encore faim. N’ayant plus rien à lui donner, ils la transportèrent dans une ville voisine, beaucoup plus riche. Là, su

1426 lui apporta des quantités énormes de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’av

1427 normes de nourriture, elle mangea tout, et dit qu’ elle avait encore faim, aussi grand-faim qu’avant et encore plus. Les gens

1428 encore plus. Les gens voulaient la garder en vie, ils aimaient leur baleine, mais ils ne savaient plus comment la satisfair

1429 la garder en vie, ils aimaient leur baleine, mais ils ne savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent

1430 ne savaient plus comment la satisfaire. À la fin, ils lui demandèrent : « Qu’as-tu ? » Elle dit : « J’ai faim ». Ils lui di

1431 e. À la fin, ils lui demandèrent : « Qu’as-tu ? » Elle dit : « J’ai faim ». Ils lui dirent : « Nous t’avons donné toute la n

1432 dèrent : « Qu’as-tu ? » Elle dit : « J’ai faim ». Ils lui dirent : « Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. » Elle

1433 Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand vous m’aurez donné cent fois et mille fois plus, j’aura

1434 t fois et mille fois plus, j’aurai encore faim. » Ils lui dirent : « Que veux-tu donc ? » et elle dit enfin : « Je veux Die

1435 aim. » Ils lui dirent : « Que veux-tu donc ? » et elle dit enfin : « Je veux Dieu ! » À cette légende de la faim inextinguib

1436 n et père de dix enfants, mais à l’âge de 50 ans, il se retira du monde dans un ermitage des Alpes, pour se donner à la pr

1437 e donner à la prière et à la vie contemplative et il cessa de manger pendant vingt ans, jusqu’à sa mort. Les espions envoy

1438 es racines. Par son immense autorité spirituelle, il sut prévenir la guerre civile et il devint ainsi le père et le saint

1439 spirituelle, il sut prévenir la guerre civile et il devint ainsi le père et le saint protecteur de l’actuelle Confédérati

1440 est un tournant de l’histoire des temps modernes. Il s’agit du premier exemple d’un rejet, au sens médical, du modèle indu

1441 duite « irrationnelle », j’ajouterai : « C’est qu’ ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire

1442 urs européens ou soviétiques) leur font croire qu’ ils désirent, en Iran se manifeste d’emblée une résistance totalement imp

1443 d des experts en histoire religieuse de la Perse, ils auraient probablement hésité à prendre les risques qui sont devenus m

1444 e possibilité matérielle de les satisfaire ; et s’ ils peuvent être exaltés théoriquement, vers l’infini sur le plan collect

1445 inie du PNB… Si à l’inverse quelques saints comme il s’en est trouvé croit-on au Tibet, dans les Andes ou dans les Alpes s

1446 qui affament cette population. Cf. Cambodge.) Qu’ il s’agisse de famine déclarée, de pénurie générale dans une région, ou

1447 ans telle machine, sans tel type de consommation. Il n’y a d’impératifs que de la Nature, de la physiologie (à de rares ex

1448 plutôt que sur la base d’enquêtes scientifiques. Elle tend à faire coïncider les « besoins » provoqués chez les consommateu

1449 ateurs avec les désirs de profit des producteurs. Elle relève donc principalement du marketing, de ses stratégies et de ses

1450 cité de France (EDF) désire augmenter ses ventes, elle lance le slogan du « tout électrique » destiné à créer le besoin quit

1451 lectricité nucléaire au pétrole »59. Je réitère : ils voudraient nous faire prendre leurs désirs (de profit, de puissance,

1452 ever davantage sur les activités industrielles qu’ il fomente, il fait estimer nos besoins par ceux dont l’intérêt est de l

1453 ge sur les activités industrielles qu’il fomente, il fait estimer nos besoins par ceux dont l’intérêt est de les majorer b

1454 de les majorer bien au-delà du maximum probable. Il s’agit des experts désignés par les producteurs d’une part (patronat

1455 nt on assure, sans nul souci de vraisemblance, qu’ elle va sans fin doubler tous les sept ou dix ans, on déclare nécessaires

1456 double ignorance que l’on déduit la certitude qu’ il faut des centrales nucléaires. Un moyen de résister à des procédures

1457 effets du commerce des produits « exotiques » (qu’ ils croient devoir exiger selon leur TV spot) que dépendra l’issue de la

1458 s » comme si l’on savait ce que c’est, ou comme s’ il s’agissait de projets de vente ; — qu’on ne parle plus de famines com

1459 vente ; — qu’on ne parle plus de famines comme s’ il s’agissait de fatalités ; — et qu’enfin qu’on ne parle plus de l’aven

1460 in qu’on ne parle plus de l’avenir humain comme s’ il s’agissait de quelque chose dont nous ne serions pas responsables.

1461 dont nous ne serions pas responsables. 59. Faut- il mettre les points sur les i ? Le chauffage électrique, « ce crime éne

1462 ue par la diffusion de sa culture et l’exemple qu’ elle propose au monde. Arcadie a le privilège de publier ce texte, et en r

1463 ment capitale pour l’histoire des civilisations : elle nous charge, nous Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayon

1464 d’un seul coup vingt fois mieux que Solférino. —  Elle a permis à quelques hommes enveloppés dans beaucoup de caoutchouc de

1465 que c’est plutôt triste, — mais quel Progrès ! —  Elle a provoqué un développement du tiers-monde qu’on a pu mesurer l’an de

1466 t qui n’a pas dépassé 400 milliards de $ en 1979, il est possible d’affirmer désormais que la prochaine guerre mondiale se

1467 ètent à l’envi « qu’on n’arrête pas le Progrès ». Ils paraissent oublier que ce cliché dérisoire, Gustave Flaubert le metta

1468 ait dans la bouche des deux imbéciles sublimes qu’ il a nommés Bouvard et Pécuchet. Voilà pour la sagesse des peuples et de

1469 Voilà pour la sagesse des peuples et des chefs qu’ ils se sont choisis. II Eh bien, le problème majeur, pour l’homme d

1470 plus récentes manifestations en Europe, à travers elle , et par sa faute, dans le monde entier. Commençons donc chez nous ! C

1471 vaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition que ce soit une

1472 ite ! Parmi les maux que l’Europe a créés et dont elle fut la première à souffrir, j’en nommerai six seulement — il y en a d

1473 remière à souffrir, j’en nommerai six seulement —  il y en a des centaines. 1. Le cancer par l’environnement. Le cancer est

1474 cun doute cancérigènes, surtout en combinaison qu’ il est impossible d’expérimenter toutes. »61 2. La perte des sols. La

1475 le du siècle, a passé pratiquement inaperçue. Sur elle , pourtant, devrait se fonder la politique de notre génération. 3. La

1476 rs que les réserves diminuent, la demande croît : il faudra recourir à l’eau salée pour refroidir les centrales nucléaires

1477 les contribuables, plutôt que par ses auteurs, qu’ il ne faudrait pas indisposer… Au reste, les frais de récupération de la

1478 n du Rhin, de Strasbourg à Rotterdam par exemple, il faudrait un milliard de francs français par an. Comment trouver cette

1479 riée ou qu’on lui impose une quarantaine avant qu’ il aille porter sa contagion chez le voisin. Les motifs de la non-applic

1480 de la souveraineté absolue des États, en tant qu’ ils sont considérés comme les critères ultimes de toute action politique,

1481 ue rien au monde ne peut accélérer d’une seconde. Il est trop clair qu’aucun gouvernement existant ne saurait s’engager à

1482 alières ou régionales.   Changer de cap Certes, il n’est pas question que tous les citoyens et citoyennes de nos pays se

1483 ale » à la paix, l’énergie aux buts du travail qu’ elle est censée servir ; et les mythes nationalistes aux réalités quotidie

1484 s qui en résultent sont les États, pour autant qu’ ils couvrent les grandes compagnies polluantes, ou négligent d’appliquer

1485 ou négligent d’appliquer les règlements auxquels ils sont tenus et les traités internationaux qu’ils ont signés. Dans le c

1486 s ils sont tenus et les traités internationaux qu’ ils ont signés. Dans le cas du Léman, ce sont bien moins les États préten

1487 e des mesures drastiques de protection des eaux ; elle est bien davantage le fait de la population tout entière du « bassin

1488 ôté, Savoyards de l’autre. La pollution du Léman, elle est le fait de nos comportements quotidiens, de nos modes de vie, du

1489 xposition sur la carrière d’un écrivain, sinon qu’ elle donne à voir ce que ses livres ont décrit parfois sans le vouloir, ro

1490 re — origines, milieu familial et culturel — dont ils refusent qu’elle les « explique ». D’autres, sous bénéfice d’inventai

1491 ilieu familial et culturel — dont ils refusent qu’ elle les « explique ». D’autres, sous bénéfice d’inventaire, acceptent ce

1492 tres, sous bénéfice d’inventaire, acceptent ce qu’ ils ont reçu, et ce sont eux qui vont nous en donner le sens, nous l’expl

1493 ays de Neuchâtel, d’où, en moins de deux siècles, elle va s’étendre aux dimensions de la société et de la culture européenne

1494 happer aux dragonnades et garder sa foi réformée. Il porte un prénom biblique : Jérémie. C’est fréquent chez les huguenots

1495 s. L’Ancien Testament, comme l’a dit Ramuz, n’est- il pas la véritable Antiquité des protestants ?) Jérémie va d’abord à Ge

1496 Rome protestante. Mais pour des raisons inconnues il ne s’y arrête que peu, poursuit vers Neuchâtel où il va s’établir en

1497 ne s’y arrête que peu, poursuit vers Neuchâtel où il va s’établir en 1717. Il en acquiert la bourgeoisie, il s’y marie et

1498 ursuit vers Neuchâtel où il va s’établir en 1717. Il en acquiert la bourgeoisie, il s’y marie et y fonde une maison de com

1499 s’établir en 1717. Il en acquiert la bourgeoisie, il s’y marie et y fonde une maison de commerce. Une vingtaine d’années p

1500 carte — est située au cœur même de cette Europe. Elle participe également par la langue à la culture française, et par de f

1501 ançaise auprès des pays protestants. Un beau jour il est appelé au ministère de l’Intérieur, où M. Steeg exige sa démissio

1502 Intérieur, où M. Steeg exige sa démission : n’est- il pas le beau-frère d’un comte Bernstorff, le cousin d’un ambassadeur a

1503 Allemagnes, puis s’installe dès 1905 à Paris, où il commence à publier. Ayant recouvré la nationalité française deux ans

1504 ouvré la nationalité française deux ans plus tôt, il est mobilisé en 1914, et nommé officier de liaison avec l’armée angla

1505 nommé officier de liaison avec l’armée anglaise. Il est victime d’une des premières attaques aux gaz dans un hameau des F

1506 attaques aux gaz dans un hameau des Flandres dont il n’oubliera pas le nom : c’est là que son fils unique Raymond sera tué

1507 re littéraire commence à s’épanouir en France, où elle ne cessera de monter vers une célébrité du meilleur aloi, jusqu’à sa

1508 on sentimentale vont se passer à Neuchâtel — dont il écrira qu’elle reste « la part secrète et persistante de (sa) patrie

1509 le vont se passer à Neuchâtel — dont il écrira qu’ elle reste « la part secrète et persistante de (sa) patrie helvétique » pu

1510 ) patrie helvétique » puis en Allemagne, et c’est elles qu’on retrouve dans le dernier roman, sans doute le plus fidèle, en p

1511 oi, c’est-à-dire à la fois excessif et incomplet. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils s

1512 sif et incomplet. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables parce que, de

1513 ans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables parce que, de la combinaison de deux erreurs, on

1514 pliés. Pour résoudre l’opposition unité-division, il serait vain de rechercher une solution intermédiaire ou « libérale »,

1515 ibérale », à mi-chemin des deux erreurs en lutte. Il faut changer de plan, et retrouver l’attitude centrale dont ces deux

1516 éviations morbides. Entre la peste et le choléra, il n’y a ni « juste milieu » ni synthèse possible. Il faut revenir à la

1517 l n’y a ni « juste milieu » ni synthèse possible. Il faut revenir à la santé. Et tout d’abord, il faut se la représenter.

1518 ble. Il faut revenir à la santé. Et tout d’abord, il faut se la représenter. La santé politique et économique s’appelle fé

1519 glise universelle, implicitée par le fait même qu’ il existe un effort œcuménique. Nous supposons d’ailleurs tous cette doc

1520 notée par le rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas de pire menace pour le mouvement œcuménique que l’utopie et

1521 n ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’une union par essence incontrôlable, qu’elles ont perdu l

1522 t douté d’une union par essence incontrôlable, qu’ elles ont perdu leur communion réelle. Rappelons ici l’histoire de la tour

1523 ommes, conduisit à la division de leurs langages. Il convient de laisser aux théologiens le soin de définir la doctrine po

1524 uel que soit le nom qu’on lui donne, en aucun cas elle ne manquera de fondements bibliques indiscutables. (Pour ma part, je

1525 plus de force la légitimité des diversités). Est- il permis d’en appeler aussi au précédent des sept Églises d’Asie, possé

1526 tes dans les diverses Églises, mais au contraire, elle a pour premier effet de les renforcer en les rendant plus conscientes

1527 entiques, et c’est par ce détour, précisément, qu’ elle espère atteindre une communion d’esprit en profondeur. En d’autres te

1528 u’avec des orthodoxies que j’appellerai ouvertes. Elle ne peut embrasser une orthodoxie qui céderait consciemment à la tenta

1529 réel fût au ciel, mais plusieurs ont agi comme s’ il était sur la terre, c’est-à-dire à leur disposition. Plusieurs ont id

1530 mais pratiquement puis théoriquement absolutisé, il n’y a pas de recours ou d’appel possible de la part du fidèle. Il doi

1531 recours ou d’appel possible de la part du fidèle. Il doit se soumettre ou sortir. S’il se soumet, il court le risque d’obé

1532 part du fidèle. Il doit se soumettre ou sortir. S’ il se soumet, il court le risque d’obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu. S’

1533 . Il doit se soumettre ou sortir. S’il se soumet, il court le risque d’obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu. S’il sort, c’est

1534 le risque d’obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu. S’ il sort, c’est avec amertume, et l’Église qu’il fondera peut-être sera o

1535 u. S’il sort, c’est avec amertume, et l’Église qu’ il fondera peut-être sera opposée à l’ancienne, au lieu d’être seulement

1536 être seulement plus vraie, donc plus universelle. Elle sera déformée à rebours, au lieu d’être réformée. Je n’épiloguerai pa

1537 cuménique. Sa volonté d’unité s’oppose à l’union. Elle transforme la diversité en division. Alors il y a scandale, et c’est

1538 pposé au thème de l’unité systématique. Notons qu’ il n’entraîne aucunement un éloge de la « tolérance » libérale à base d’

1539 vitale. Le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur ! Il doit être un vrai poumon, et dans cette mesure même, il aidera le cœu

1540 t être un vrai poumon, et dans cette mesure même, il aidera le cœur à être un bon cœur. Notons aussi que les Églises qui n

1541 ntrifuge par rapport à la communauté d’origine, s’ il se confond d’abord avec l’intelligence et la raison, ne tarde pas à a

1542 raison, ne tarde pas à affaiblir le lien social. Il s’oriente vers l’anarchie. À ce moment se crée un sentiment de vide s

1543 osition n’est pas aussi profonde qu’on l’imagine. Il s’agit plutôt d’une succession inévitable. L’individu ne s’oppose à l

1544 us de dissolution commencé par l’individualisme : il liquide les groupes existants pour mieux accomplir son unification, s

1545 ’admettant pas de recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’est plus qu’une fo

1546 de la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’anarchie. Rome a triomphé de l’anarchie et sombre mai

1547 e produit l’événement unique de l’incarnation. Et il apporte à la question des temps la réponse éternelle de l’Église. Qu’

1548 pas sur le passé ni sur des origines communes : «  Il n’y a plus ni Juif ni Grec ». Elles ne se fondent pas sur la classe o

1549 nes communes : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec ». Elles ne se fondent pas sur la classe ou la race, ni sur quelque autre réal

1550 lien n’est pas terrestre d’abord, ni leur chef : il s’est assis au ciel à la droite de Dieu. Leur ambition non plus n’est

1551 ieu. Leur ambition non plus n’est pas terrestre : elles attendent la fin des temps. Et cependant, elles constituent bel et bi

1552 : elles attendent la fin des temps. Et cependant, elles constituent bel et bien les germes d’une société véritable. Elles ont

1553 t bel et bien les germes d’une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chefs locaux, leurs hiérarchies,

1554 ères » et le sauve de la solitude ; d’autre part, il revêt une dignité humaine nouvelle, puisqu’il a été racheté, et qu’il

1555 rt, il revêt une dignité humaine nouvelle, puisqu’ il a été racheté, et qu’il a reçu la promesse de sa résurrection individ

1556 humaine nouvelle, puisqu’il a été racheté, et qu’ il a reçu la promesse de sa résurrection individuelle. Il est donc à la

1557 reçu la promesse de sa résurrection individuelle. Il est donc à la fois engagé et libéré, et ceci en vertu d’un seul et mê

1558 en vertu d’un seul et même fait : la vocation qu’ il a reçue de l’Éternel. Cet homme d’un type nouveau n’est pas l’individ

1559 un type nouveau n’est pas l’individu grec, puisqu’ il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Il n’est pas non

1560 soucie davantage de servir que de se distinguer. Il n’est pas non plus le simple rouage, la simple fonction dans l’État q

1561 on dans l’État qu’était le citoyen romain, puisqu’ il possède une dignité indépendante de son rôle social. Comment le bapti

1562 endante de son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plutôt, on va prendre un mot déjà connu, mais

1563 e avec son sens nouveau, et la réalité sociale qu’ il désigne, sont bel et bien des créations chrétiennes, ou pour mieux di