1 1978, Articles divers (1978-1981). L’Europe est une culture commune (1978)
1 tout ce qui pense ne saurait le faire qu’en grec, j’ entends en termes et en concepts élaborés par l’hellénisme. La foi chr
2 prophètes d’Israël. Combinaison imprévisible, ai- je dit. Car aucune dialectique historique n’en saurait rendre compte qu’
2 1978, Articles divers (1978-1981). Le Jura libre à l’heure des régions (1978)
3 me sans issue, que faites-vous ? Il répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer le problème de l’union
4 faites-vous ? Il répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer le problème de l’union européenne, c’est
5 ? Il répondait : — Je le complique ! Ma manière à moi de compliquer le problème de l’union européenne, c’est d’orienter l’e
6 xtrême jamais atteint du fédéralisme authentique, je veux dire du respect des différences en tant que telles. La Ligue de
3 1978, Articles divers (1978-1981). Dépolitiser la politique (janvier 1978)
7 alement dépolitisée » ? Dépolitisé veut dire pour moi « qui ne croit pas que c’est très important d’être de gauche ou de dr
8 de consensus autant que possible. Gouverner pour moi , c’est piloter, c’est orienter, et orienter vers une direction qui a
9 robation des citoyens, de leur plus grand nombre. Je dis ça contre la phrase de Pompidou que je cite : « Gouverner, c’est
10 ombre. Je dis ça contre la phrase de Pompidou que je cite : « Gouverner, c’est contraindre. » Quelle phrase affreuse ! C’e
11 t pas ça, il faut les y contraindre. C’est là que j’ ai cité dans mon livre une phrase de Jouvenel qui disait que les rois
12 ut les y contraindre. C’est là que j’ai cité dans mon livre une phrase de Jouvenel qui disait que les rois de France n’avai
13 à travers la politique de partis traditionnelle ? J’ en suis persuadé. Les femmes, ayant pour fonction de donner la vie, so
14 utre passage du livre de Bertrand de Jouvenel qui me plaît beaucoup : quand il propose, dans Arcadie, qu’on prenne comme i
4 1978, Articles divers (1978-1981). Le diable en Suisse (1er janvier 1978)
15 g Titre-piège, bien sûr, mais qui n’est pas de moi . C’est Lui sans aucun doute qui l’a soufflé aux rédacteurs de ce jour
16 qui l’a soufflé aux rédacteurs de ce journal. Car je ne sache pas au monde un seul pays où le diable soit plus improbable,
17 l a le temps pour lui, si Dieu garde l’éternité. J’ écrivais trois ans avant que la chose n’arrive, mais cela n’en reste p
18 la lenteur au sein du silence. C’est la grâce que je vous souhaite pour l’an qui vient. g. Rougemont Denis de, « Le dia
5 1978, Articles divers (1978-1981). Réfléchir à ce que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)
19 ustifier par le « projet » orientant son action ? Je pense, respectivement, aux anarchistes russes du xixe , à la Résistan
20  mauvais » terrorisme ? Rien ne peut justifier à mes yeux le terrorisme des Palestiniens et de la Fraction armée rouge ; r
21 ’ils se sont attribué de l’exercer exclusivement, je veux dire les États-nations qui pratiquent « l’équilibre de la Terreu
22 rises d’otages collectives, par nations entières. Je ne connais pas une seule forme de terrorisme qui puisse être justifié
23 de soi. Pour ce qui concerne les premiers cités, je ne sache pas qu’ils aient jamais recouru à la terreur. Quant à Netcha
24 été à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le révolutionnaire doit porter en lui le modèle du nouvel homme
25 du fascisme… Quant aux mouvements de libération, je ne pense pas non plus qu’ils aient gagné quoi que ce soit, hors d’une
26 lution ? » Certainement pas comme ça. D’ailleurs, je n’aime guère employer cette expression. La plupart du temps, ce n’est
27 -ils laissé des traces profondes. À cet égard, il me semble qu’on a un peu gommé le fait que Schleyer était un ancien SS,
28 ns d’entre eux. Que pensez-vous de cela ? Quant à moi , je ne vois aucun théoricien dont on puisse déplorer l’influence sur
29 entre eux. Que pensez-vous de cela ? Quant à moi, je ne vois aucun théoricien dont on puisse déplorer l’influence sur les
30 puisse déplorer l’influence sur les terroristes. Je suis convaincu qu’aucun de ceux-ci n’a lu sérieusement Marcuse, non p
31 s de Böll ou Grass, ni même de Marx. En revanche, je vois la télévision, dont les cours du soir de violence organisée sont
32 les régimes les plus répressifs de notre époque — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus d’actes de
33 eux de ce que vous appelez les « États-nations ». Je vous cite : Au terrorisme que les États se « réservent » d’exercer,
34 ues et des gangs, de plus en plus indiscernables, je sens monter de toutes parts une contamination d’allure épidémique des
35 joutez : Les États cèdent avec une docilité dont j’ ai cru voir qu’elle est directement proportionnelle au degré d’autorit
36 st l’établissement d’un État policier. On a tort, me semble-t-il, d’entreprendre de vastes programmes de répression ne vis
37 ys d’origine mais par une cour pénale européenne, m’ apparaît comme un exemple raisonnable. Ce n’est jamais, à l’abri des p
6 1978, Articles divers (1978-1981). Un autre avenir pour la planète (février 1978)
38 ne raconteront pas, faute de public… C’est ce que j’ essaie d’expliquer dans mon livre. Nous reviendrons longuement là-dess
39 de public… C’est ce que j’essaie d’expliquer dans mon livre. Nous reviendrons longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais
40 ous reviendrons longuement là-dessus… Auparavant, j’ aimerais que nous parlions un peu de vous, Denis de Rougemont, de votr
41 u… Finalement, qui êtes-vous ? Fils d’un pasteur, je suis arrivé à Paris dans ces années 1930-1931, qu’un certain nombre d
42 nt comme les premières années de la contestation. Je venais de ma Suisse natale, après des années d’études passées à Genèv
43 premières années de la contestation. Je venais de ma Suisse natale, après des années d’études passées à Genève, en Autrich
44 Sans argent, sans relations. Mais, tout de suite j’ ai fait la connaissance de jeunes gens de mon âge, dont l’un des tract
45 suite j’ai fait la connaissance de jeunes gens de mon âge, dont l’un des tracts qu’ils distribuaient m’était un jour tombé
46 on âge, dont l’un des tracts qu’ils distribuaient m’ était un jour tombé entre les mains. « Nous ne sommes ni individualist
47 ctivistes, nous sommes personnalistes », y lisais- je . Ce fut comme un déclic chez moi. Nous nous rencontrions une fois par
48 istes », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi . Nous nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de l
49 ns, voire des staliniens, les personnalistes dont j’ étais opposaient la conception de la personne. Je la définissais à peu
50 j’étais opposaient la conception de la personne. Je la définissais à peu près comme ceci dans l’un de mes premiers articl
51 la définissais à peu près comme ceci dans l’un de mes premiers articles. Tout être a reçu une vocation unique qui le distin
52 grande idée des fédéralistes européens à laquelle je reste attaché. Une redistribution aussi dans la commune, dans l’entre
53 ertains usages. Ça, personne ne peut le nier. Or, je ne vois pas qu’on construise une voiture de moins ou qu’on ralentisse
54 e ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis, certains me confient dans le creux de l’oreille : « Ne vous a
55 rès près de la limite ! Quand je le dis, certains me confient dans le creux de l’oreille : « Ne vous affolez pas, la voitu
56 s, la voiture électrique est presque au point ! » Je réponds : « Si c’est vrai — ce n’est pas vrai, naturellement ! — vous
57 Vous lui êtes même farouchement opposé. Expliquez- moi . Avec le débat sur le nucléaire, nous sommes au nœud du véritable cho
58 en se disant : ça durera bien aussi longtemps que moi  ! C’est aussi le réflexe des tenants du nucléaire : « On va essayer d
59 er que l’accident pourrait arriver avant même que je n’aie fini ma phrase. Trois des accidents qui se sont déjà produits n
60 ent pourrait arriver avant même que je n’aie fini ma phrase. Trois des accidents qui se sont déjà produits n’avaient une p
61 C ? » Et la misère dans les pays du tiers-monde ? J’ entends très bien toutes ces hypocrisies. Allons donc, c’est évidemmen
62 ucun intérêt à dire ce qu’ils disent ! » Kowarski me dit toujours : « Est-ce que le monsieur qui vous parle est un vendeur
63 ruction a commencé, la plupart des physiciens que j’ ai rencontrés récemment sont pessimistes : — Ça ne pourra pas se faire
64 financiers, les politiciens, les fonctionnaires… Je ne désigne personne nommément, je dénonce seulement la logique du sys
65 fonctionnaires… Je ne désigne personne nommément, je dénonce seulement la logique du système des États-nations dans notre
66 uctivité, de la grandeur… C’est cette logique que je réprouve, pas les hommes. L’État finalement, suit comme il peut. Ça m
67 nalement, vous êtes quelqu’un de très subversif ! J’ espère bien. Je suis subversif en ce sens que je suis contre le désord
68 êtes quelqu’un de très subversif ! J’espère bien. Je suis subversif en ce sens que je suis contre le désordre établi. Moun
69 ! J’espère bien. Je suis subversif en ce sens que je suis contre le désordre établi. Mounier a dit exactement les choses e
70 re établi. Mounier a dit exactement les choses et je ne sortirai jamais des idées personnalistes de notre jeunesse dont je
71 s des idées personnalistes de notre jeunesse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c’est l’homme. Don
72 Donc le contraire du totalitarisme. Dans ce sens je suis aussi subversif pour la gauche que pour la droite. À ce propos,
73 opium de la révolution ». La formule n’est pas de moi , mais de mes amis Robert Aron et Arnaud Dandieu. Mais c’est vrai qu’e
74 évolution ». La formule n’est pas de moi, mais de mes amis Robert Aron et Arnaud Dandieu. Mais c’est vrai qu’entre personna
75 mais l’avenir est incontestablement de leur côté… Je vois d’autres signes aussi. Des sociologues, des économistes, des pol
76 i justement, comment changer de cap ? Plus jeune, je disais, comme d’autres, qu’il faudrait une révolution. Maintenant, ex
77 Maintenant, expérience faite et maturation venue, je pense comme Lénine — avant qu’il n’ait pris le pouvoir ! — : « Toutes
78 et la police ! » Donc il faut autre chose… Ce que j’ appelle plus sobrement, changer de cap. Au lieu de viser à toujours pl
79 e presque plus, ou seulement de manière négative. Moi , je ne pousse personne à aller renverser Valéry Giscard d’Estaing ou
80 sque plus, ou seulement de manière négative. Moi, je ne pousse personne à aller renverser Valéry Giscard d’Estaing ou Raym
81 Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ ai confiance cependant. Ce n’est pas de l’optimisme. Non, je suis comm
82 ance cependant. Ce n’est pas de l’optimisme. Non, je suis comme Martin Luther : même si j’apprenais que la fin du monde es
83 misme. Non, je suis comme Martin Luther : même si j’ apprenais que la fin du monde est pour demain, je planterai quand même
84 j’apprenais que la fin du monde est pour demain, je planterai quand même un petit pommier ! C’est une sorte de vitalité,
7 1978, Articles divers (1978-1981). « Quel avenir voulons-nous ? » (1er février 1978)
85 nt la technique n’est que l’outil. Dans ce livre, je cherche surtout à démontrer que l’avenir ne se fait pas tout seul, qu
86 nous parvenions aussi à les contrôler d’ici peu — je n’ai rien trouvé dans l’histoire des siècles passés qui soit le pur r
87 rrière les buissons, Adam répond : « Ce n’est pas moi , c’est Ève qui me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui, j’ai m
88 , Adam répond : « Ce n’est pas moi, c’est Ève qui me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui, j’ai mangé la pomme, mai
89 i me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui, j’ ai mangé la pomme, mais c’est le serpent qui me l’a donnée. » Or le se
90 i, j’ai mangé la pomme, mais c’est le serpent qui me l’a donnée. » Or le serpent, lui, il n’est plus là… De nos jours, c’e
91 individuelles. Vous savez d’ailleurs qu’en 1942, j’ ai écrit un ouvrage sur le diable où je montre que l’action du diable
92 u’en 1942, j’ai écrit un ouvrage sur le diable où je montre que l’action du diable consiste à nous priver de notre respons
93 t le cas de la passion amoureuse vulgarisée, dont j’ ai parlé dans L’Amour et l’Occident . La passion qui devient une drog
94 nception de l’homme « libre » n’est pas nouvelle. Je l’ai déjà exprimée dans la Politique de la personne paru en 1934, o
95 ns la Politique de la personne paru en 1934, où j’ esquissais le cas d’une société politique fondée sur une certaine idée
96 tique fondée sur une certaine idée de l’homme que j’ appelle la « personne » : un individu chargé d’une vocation unique et
97 on unique et qui prend conscience de son unicité. J’ ai contribué en 1932, dans la revue Esprit , avec Emmanuel Mounier, à
98 Et vous aboutissez inévitablement à la dictature. Moi , au contraire, c’est sur la notion « d’homme responsable » que je pro
99 , c’est sur la notion « d’homme responsable » que je propose de fonder la société. Cela permet de pondérer ou d’éliminer i
100 e, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je rejoins encore aujourd’hui un livre que j’avais écrit dans les années
101 ilité. Je rejoins encore aujourd’hui un livre que j’ avais écrit dans les années 1960 sur les mythes de l’amour et qui s’in
102 aussi la racine de mondes politiques différents. J’ ai d’ailleurs souvent insisté sur le principe de cohérence qui me para
103 souvent insisté sur le principe de cohérence qui me paraît exister entre le couple, la personne, le fédéralisme7. Dans L
104 impérialisme et tend à la destruction de l’autre. Mon livre était une description de l’amour-passion dont l’archétype reste
105 : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi , le couple est la première cellule de ce que j’appelle le fédéralisme
106 moi, le couple est la première cellule de ce que j’ appelle le fédéralisme, c’est-à-dire l’union dans la diversité et non
107 l’avenir. Mais alors, comment l’appréhender ? En me livrant à des études très sérieuses sur le développement de l’automob
108 tomobile et sur le développement de l’hitlérisme, j’ ai abouti, par exemple, à la conclusion que la guerre du Kippour était
109 érie automobile » et de la « série hitlérienne ». Je m’explique en simplifiant : en un demi-siècle, l’automobile, cette ch
110 e automobile » et de la « série hitlérienne ». Je m’ explique en simplifiant : en un demi-siècle, l’automobile, cette chose
111 t de l’automobile, seuls auraient pu être prévus. J’ ai d’ailleurs pressenti celui-ci dans un texte écrit dès 1928 contre F
112 lui-ci dans un texte écrit dès 1928 contre Ford ; j’ avais alors 20 ans. Ajoutez à cela que les Arabes ont pris au sérieux
113 nde arabe des principaux gisements pétrolifères). Ma conclusion — et c’est la deuxième partie de mon livre — est que nous
114 ). Ma conclusion — et c’est la deuxième partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire.
115 va arriver, au lieu de se dire : « Qu’est-ce que je peux faire pour ceci ou contre cela ? » En 1940, le gouvernement suis
116 uvâmes jamais. Parfois, dans la 5e Avenue, Breton me signalait S. Dali et nous changions immédiatement de trottoir. Vous s
117 r de Dali, car Breton les tenait tous à distance. Je ne l’ai jamais entendu prononcer un seul mot d’anglais ! Il gagnait t
118 i vivre comme speaker et il lisait les textes que j’ écrivais pour « La Voix de l’Amérique parle aux Français ». C’est en A
119 aux Français ». C’est en Amérique, en effet, que j’ ai découvert l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’éta
120 mérique, en effet, que j’ai découvert l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la r
121 dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les États-Unis d’Europe, de combattre ce nationalisme qu’a
122 fauteur de guerre. C’est à New York également que j’ ai rencontré Einstein peu de temps après la parution de mon livre Let
123 contré Einstein peu de temps après la parution de mon livre Lettres sur la bombe atomique . Lui aussi était contre « l’Éta
124 ologique couplé avec le mouvement régionaliste et je dirais même avec le mouvement de libération de la femme, sont l’expre
125 ciété avant l’explosion d’une guerre atomique ? À mon avis, c’est une course contre la montre. Dans mes conférences, je dis
126 mon avis, c’est une course contre la montre. Dans mes conférences, je dis toujours qu’il faut renoncer à cette idée romanti
127 ne course contre la montre. Dans mes conférences, je dis toujours qu’il faut renoncer à cette idée romantique de la prise
128 une technologie douce…, etc. Depuis quarante ans, je le redis : la puissance, c’est la prise de pouvoir sur autrui, la lib
8 1978, Articles divers (1978-1981). 20 questions à Denis de Rougemont (22 février 1978)
129 n’obtient rien de toute manière. En disant cela, je me fonde aussi sur l’expérience de toute ma vie, je suis un enseignan
130 obtient rien de toute manière. En disant cela, je me fonde aussi sur l’expérience de toute ma vie, je suis un enseignant e
131 cela, je me fonde aussi sur l’expérience de toute ma vie, je suis un enseignant et c’est une chose que j’ai apprise avec m
132 me fonde aussi sur l’expérience de toute ma vie, je suis un enseignant et c’est une chose que j’ai apprise avec mes étudi
133 vie, je suis un enseignant et c’est une chose que j’ ai apprise avec mes étudiants8. 2. En affirmant qu’une politique globa
134 seignant et c’est une chose que j’ai apprise avec mes étudiants8. 2. En affirmant qu’une politique globale partant de l’aut
135 lancez dans une utopie. Mais vous vous défendez, je crois, d’être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai b
136 ous vous défendez, je crois, d’être un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ai besoin d’avoir un but, une image
137 un utopiste ? Je suis utopiste dans la mesure où j’ ai besoin d’avoir un but, une image devant moi. Par contre, je reste t
138 e où j’ai besoin d’avoir un but, une image devant moi . Par contre, je reste très préoccupé des conditions réalistes. La soc
139 d’avoir un but, une image devant moi. Par contre, je reste très préoccupé des conditions réalistes. La société à l’échelle
140 e à pratiquer la religion de la croissance. Quand je dis qu’il est urgent de concevoir autre chose, j’invoque des faits ex
141 je dis qu’il est urgent de concevoir autre chose, j’ invoque des faits extrêmement connus. 4. Vous êtes un adversaire de l’
142 d’uranium). Mais parlons d’autre chose, parce que je suis intarissable sur ce sujet-là ! 7. J’aimerais pourtant revenir à
143 rce que je suis intarissable sur ce sujet-là ! 7. J’ aimerais pourtant revenir à vos États-nations. Comment imaginer qu’ils
144 t très menacés, ne serait-ce qu’à cause de ce que je viens de vous décrire à propos des multinationales. Ils ne doivent pa
145 re. Et on finira bien par y arriver ! À la fin de mon livre, je parle de ce que j’appelle la « pédagogie des catastrophes »
146 inira bien par y arriver ! À la fin de mon livre, je parle de ce que j’appelle la « pédagogie des catastrophes ». Je ne cr
147 river ! À la fin de mon livre, je parle de ce que j’ appelle la « pédagogie des catastrophes ». Je ne crois pas comme Rouss
148 que j’appelle la « pédagogie des catastrophes ». Je ne crois pas comme Rousseau que l’homme est naturellement bon. Non, c
149 , oui. Mais avec des idées constructives ! Ce que je préconise, c’est de créer des régions, des communautés, de refaire su
150 phénomènes de société. Dès la montée du nazisme, je crois ? J’ai étudié le nazisme in vivo, parce qu’à l’époque un jeune
151 de société. Dès la montée du nazisme, je crois ? J’ ai étudié le nazisme in vivo, parce qu’à l’époque un jeune responsable
152 parce qu’à l’époque un jeune responsable nazi que j’ avais rencontré à Paris m’avait mis au défi d’aller observer en Allema
153 ne responsable nazi que j’avais rencontré à Paris m’ avait mis au défi d’aller observer en Allemagne ce qui se passait. J’é
154 d’aller observer en Allemagne ce qui se passait. J’ étais chômeur et il m’avait offert un poste de lecteur de français dan
155 llemagne ce qui se passait. J’étais chômeur et il m’ avait offert un poste de lecteur de français dans son pays, pour que j
156 te de lecteur de français dans son pays, pour que j’ écrive ensuite mes impressions (il espérait que je changerais d’opinio
157 français dans son pays, pour que j’écrive ensuite mes impressions (il espérait que je changerais d’opinion et que j’émettra
158 j’écrive ensuite mes impressions (il espérait que je changerais d’opinion et que j’émettrais un avis favorable). Cela a do
159 s (il espérait que je changerais d’opinion et que j’ émettrais un avis favorable). Cela a donné le Journal d’Allemagne . 1
160 toute votre œuvre, l’insolence ! (Sourire.) Oui, j’ ai eu quelques insolences dans ma vie… 17. Vous avez aussi un merveill
161 (Sourire.) Oui, j’ai eu quelques insolences dans ma vie… 17. Vous avez aussi un merveilleux sens des formules. Le PNB (pr
162 de déchets radioactifs. » Et il y en a d’autres ! J’ ai un ami qui a dit de mon livre que c’était la « méditation apocalypt
163 Et il y en a d’autres ! J’ai un ami qui a dit de mon livre que c’était la « méditation apocalyptique d’un optimiste ». C’e
164 n livre qui n’est pas particulièrement facile. On me dit assez fréquemment que j’écris les choses comme elles doivent être
165 lièrement facile. On me dit assez fréquemment que j’ écris les choses comme elles doivent être dites, sans prendre les gens
166 ans prendre les gens pour des imbéciles. En fait, je dis ce que j’ai envie de dire. Notez que ceux qui prétendent que mon
167 s gens pour des imbéciles. En fait, je dis ce que j’ ai envie de dire. Notez que ceux qui prétendent que mon livre est trop
168 envie de dire. Notez que ceux qui prétendent que mon livre est trop compliqué sont en général des gens qui ne sont pas d’a
9 1978, Articles divers (1978-1981). « Que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre ? » (22 février 1978)
169 alors son opinion sur l’initiative Franz Weber ? Je suis tout à fait favorable à cette initiative. La considérez-vous d’a
170 seau routier est suffisant dans son état actuel ? J’ en suis convaincu. D’autant plus qu’il y a de fortes chances qu’il ne
171 remettre en question la production de voitures ? J’ imagine fort bien qu’on fabrique deux ou trois types seulement de voit
10 1978, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1978)
172 ars 1978)o p C’est le philosophe E. M. Cioran, je crois, qui a défini L’Avenir est notre affaire comme la « méditatio
173 e la « méditation apocalyptique d’un optimiste ». Je me demande, après avoir achevé votre livre, quel est le sentiment qui
174 a « méditation apocalyptique d’un optimiste ». Je me demande, après avoir achevé votre livre, quel est le sentiment qui l’
175 t, un avenir qui deviendrait enfin notre affaire. Je vous répondrai très nettement. Ce que j’ai voulu écrire — encore que
176 affaire. Je vous répondrai très nettement. Ce que j’ ai voulu écrire — encore que je n’en aie pris conscience qu’en cours d
177 nettement. Ce que j’ai voulu écrire — encore que je n’en aie pris conscience qu’en cours de route —, c’est un manifeste.
178 anifeste. Un manifeste de ce grand mouvement dont je sens, dont j’éprouve déjà le soulèvement et qui s’appelle tantôt écol
179 anifeste de ce grand mouvement dont je sens, dont j’ éprouve déjà le soulèvement et qui s’appelle tantôt écologiste et tant
180 t tantôt communautaire. Un journaliste a parlé de mon livre comme d’un « manifeste de l’espoir du xxe siècle finissant ».
181 manifeste de l’espoir du xxe siècle finissant ». Je me suis tout à fait reconnu dans une telle définition. Non, je ne sui
182 ifeste de l’espoir du xxe siècle finissant ». Je me suis tout à fait reconnu dans une telle définition. Non, je ne suis p
183 ut à fait reconnu dans une telle définition. Non, je ne suis pas apocalyptique ! Ou si je le suis, c’est dans la mesure où
184 nition. Non, je ne suis pas apocalyptique ! Ou si je le suis, c’est dans la mesure où j’affirme que, si l’on n’y remédie p
185 tique ! Ou si je le suis, c’est dans la mesure où j’ affirme que, si l’on n’y remédie pas, la logique de notre civilisation
186 dernière de l’humanité. Alors, dans ce cas, oui, je suis pessimiste, ultrapessimiste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il
187 léaires — serait-on ramené à l’âge des cavernes ? Je leur réponds : « Les cavernes, je vous les laisse, car vous allez y e
188 des cavernes ? Je leur réponds : « Les cavernes, je vous les laisse, car vous allez y entreposer les déchets radioactifs
189 seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ ai tant parlé des centrales nucléaires dans mon livre, c’est parce que
190 si j’ai tant parlé des centrales nucléaires dans mon livre, c’est parce que je les prends comme le symbole d’une société,
191 trales nucléaires dans mon livre, c’est parce que je les prends comme le symbole d’une société, et d’un état d’esprit qui
192 t qui est exactement le contraire de ce pour quoi je me suis toujours battu depuis ma jeunesse. Les centrales nucléaires t
193 ui est exactement le contraire de ce pour quoi je me suis toujours battu depuis ma jeunesse. Les centrales nucléaires témo
194 de ce pour quoi je me suis toujours battu depuis ma jeunesse. Les centrales nucléaires témoignent d’une société de puissa
195 e des États. À cette direction extrêmement nette, j’ oppose l’autre direction symbolisée par l’énergie solaire qui, elle, p
196 ion. C’est une des étymologies du mot Europe, qui me semble bien émouvante… Comment sortir de cette lutte ? Vous écrivez d
197 er ? Certains disent : « Faites la révolution ! » Je n’y crois pas. La Révolution, avec un grand R, est un mythe populaire
198 is, que ce que faisait déjà le précédent pouvoir. Je l’ai expliqué dans mon livre. Le pouvoir dont on s’empare vous phagoc
199 déjà le précédent pouvoir. Je l’ai expliqué dans mon livre. Le pouvoir dont on s’empare vous phagocyte séance tenante… Et
200 vous phagocyte séance tenante… Et c’est pourquoi je ne vois aucune différence essentielle entre l’Est et l’Ouest aujourd’
201 volution en tant que prise du pouvoir… Alors, que me reste-t-il ? L’individu, la personne… Qu’est-ce qui nous empêche de c
202 e à d’autres finalités que celle de la puissance. J’ oppose à la puissance la liberté des personnes, l’épanouissement de l’
203 té des personnes, l’épanouissement de l’individu. Je crois que nous devons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de no
204 tte crise que nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notre groupe personnaliste rassemblé autour des revues Esp
205 des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’ appellerais un levier. Or ce levier, chose extraordinaire, miraculeuse
206 lubie ou d’obsession ethnicienne ou linguistique. Je la définis comme un espace de participation civique dont les dimensio
207 d’aucune réalité ! Un ministre de la Haute-Volta m’ a dit : « Vous comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez nous se
208 européenne, l’idée de frontière soit dévalorisée. Je l’espère. Les enfants de l’école primaire savent très bien que la pol
209 sibilité d’une renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation o
210 ivilisation. Avant de quitter l’Amérique en 1947, j’ ai eu un soir une longue conversation avec Einstein. Je lui ai posé la
211 eu un soir une longue conversation avec Einstein. Je lui ai posé la question : « Pensez-vous qu’une guerre atomique signif
212 atomique signifierait la fin de l’humanité ? » Il m’ a dit : « Non, nous avons essayé avec quelques amis de faire des calcu
213 pas dire qu’il y aura encore une civilisation ». Je ne veux pas préjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas de
214 mes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ ai une vision, disons chrétienne de la vie : nous sommes là pour faire
215 la vie : nous sommes là pour faire quelque chose. J’ imagine qu’un non-chrétien pourrait dire : « Pourquoi ne pas vivre san
216 ou de compromission, sans s’engager dans rien ? » J’ ai aussi le sentiment, Denis de Rougemont, d’être en face de vous comm
217 que, l’histoire, la sociologie, la futurologie et j’ en passe… On est un peu écrasé par la somme de travail qu’il représent
218 e passion et un pouvoir d’indignation sans lequel je n’aurais jamais pu absorber ce que j’ai dû absorber. Et ce n’est pas
219 sans lequel je n’aurais jamais pu absorber ce que j’ ai dû absorber. Et ce n’est pas tout. Il y a eu ensuite le temps des v
220 ite le temps des vérifications, des contrôles que j’ ai opérés avec beaucoup de gens. Par exemple, les chapitres sur l’éner
221 ar exemple, les chapitres sur l’énergie atomique, je les ai revus mot à mot avec l’un de mes amis, l’un des derniers survi
222 atomique, je les ai revus mot à mot avec l’un de mes amis, l’un des derniers survivants de la première génération des gran
223 is à avoir découvert la fission de l’atome… Bref, je me suis informé auprès de nombreux spécialistes comme les physiciens
224 à avoir découvert la fission de l’atome… Bref, je me suis informé auprès de nombreux spécialistes comme les physiciens du
225 en de recherche nucléaire) et bien d’autres… Suis- je pour autant une exception ? Je ne le crois pas. Il existe nombre d’es
226 ien d’autres… Suis-je pour autant une exception ? Je ne le crois pas. Il existe nombre d’esprits, dans le monde d’aujourd’
227 sont mus par les mêmes passions fondamentales que moi et qui sont, par conséquent obligés de dépasser le cadre étroit d’une
228 étroit d’une spécialité. Il y a une question que j’ aimerais encore vous poser, une question un peu anecdotique peut-être 
229 lement parce que c’est Christian de Bartillat qui m’ a persuadé d’écrire ce livre. À l’origine, il voulait publier, je croy
230 écrire ce livre. À l’origine, il voulait publier, je croyais, un livre sur l’Europe de l’an 2000. J’avais donné, peu aupar
231 , je croyais, un livre sur l’Europe de l’an 2000. J’ avais donné, peu auparavant, une série de conférences sur l’avenir de
232 ucation, du christianisme, de ceci et de cela… et je pensais tout simplement réunir ces conférences en volume. Mais ce n’e
233 ais ce n’est pas ce qu’il voulait. Il voulait que j’ écrive ce qui allait devenir L’Avenir est notre affaire . J’étais plu
234 qui allait devenir L’Avenir est notre affaire . J’ étais plutôt réticent. Je multipliais les objections (j’avais tant d’a
235 enir est notre affaire . J’étais plutôt réticent. Je multipliais les objections (j’avais tant d’autres livres à écrire !)
236 s plutôt réticent. Je multipliais les objections ( j’ avais tant d’autres livres à écrire !) et les exigences (il les accept
237 tait toutes). Après deux heures de discussion, il m’ avait convaincu. C’est rare qu’un éditeur tienne à ce point à un livre
238 éditeur tienne à ce point à un livre, à un sujet. J’ en ai été touché… Et j’y ai consacré ensuite quatre années d’efforts…
239 nt à un livre, à un sujet. J’en ai été touché… Et j’ y ai consacré ensuite quatre années d’efforts… Je dois préciser encore
240 j’y ai consacré ensuite quatre années d’efforts… Je dois préciser encore que mon éditeur habituel est Gallimard, qui regr
241 tre années d’efforts… Je dois préciser encore que mon éditeur habituel est Gallimard, qui regroupe peu à peu mes anciens li
242 ur habituel est Gallimard, qui regroupe peu à peu mes anciens livres publiés autrefois à droite et à gauche. Pour finir, j’
243 bliés autrefois à droite et à gauche. Pour finir, j’ aimerais connaître votre sentiment sur les réactions que ce livre a su
244 posteriori votre propos ? Ah oui, complètement ! Je suis très content de ces réactions. Il n’y a pas eu de critiques vrai
245 d’articles chaleureux et enthousiastes. Bien sûr, j’ ai eu droit aussi à des attaques féroces dans des revues automobiles,
246 s des revues automobiles, certains allant jusqu’à me reprocher de falsifier des citations. Je pourrais leur faire un procè
247 jusqu’à me reprocher de falsifier des citations. Je pourrais leur faire un procès d’ailleurs mais je n’ai pas de temps à
248 Je pourrais leur faire un procès d’ailleurs mais je n’ai pas de temps à perdre… J’ai eu surtout le sentiment de toucher a
249 ès d’ailleurs mais je n’ai pas de temps à perdre… J’ ai eu surtout le sentiment de toucher aussi un public jeune ou parfois
250 ic jeune ou parfois très éloigné de l’université. J’ ai reçu des lettres émouvantes de gens qui me demandaient ce qu’ils po
251 ité. J’ai reçu des lettres émouvantes de gens qui me demandaient ce qu’ils pouvaient et devaient faire, là où ils étaient.
252 aient et devaient faire, là où ils étaient. Bref, j’ ai été confirmé dans ce que j’avais découvert peu à peu en écrivant ce
253 ils étaient. Bref, j’ai été confirmé dans ce que j’ avais découvert peu à peu en écrivant ce livre : qu’il était en somme
254 nce et de l’émergence de tous ces mouvements dont je vous ai parlé. Ces mouvements qui montent, comme une germination qui
11 1978, Articles divers (1978-1981). De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)
255 s à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)t u Je voudrais vous faire voir, ce soir, que l’idée d’une Europe fédérée n’
256 pas seulement sauvetage mais nouveau mode de vie. J’ ai donc choisi de m’interroger devant vous sur les motifs d’unir l’Eur
257 age mais nouveau mode de vie. J’ai donc choisi de m’ interroger devant vous sur les motifs d’unir l’Europe et sur l’évoluti
258 es à l’union préconisée par Coudenhove-Kalergi : Je me suis associé pendant ces dernières années, déclare-t-il, à une pro
259 à l’union préconisée par Coudenhove-Kalergi : Je me suis associé pendant ces dernières années, déclare-t-il, à une propag
260 e entrer plus avant dans l’esprit des nations, et j’ avoue que je me suis trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’
261 s avant dans l’esprit des nations, et j’avoue que je me suis trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’entre des pe
262 vant dans l’esprit des nations, et j’avoue que je me suis trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’entre des peupl
263 e je me suis trouvé parmi ces propagandistes […]. Je pense qu’entre des peuples qui sont géographiquement groupés, comme l
264 économique. C’est la question la plus pressante. Je crois que l’on peut y obtenir des succès. Mais je suis sûr aussi qu’a
265 Je crois que l’on peut y obtenir des succès. Mais je suis sûr aussi qu’au point de vue politique, au point de vue social,
266 à tous les hommes de la Résistance européenne ». Je sais, dit-il, pour en avoir recueilli maintes preuves, que dans chaqu
267 es espoirs qui rendent la vie digne d’être vécue. Je vais vous dire maintenant quelque chose qui vous étonnera. Le premier
268 éen » qui en sortira quelques semaines plus tard. Je vous demanderai la permission de le lire comme j’eus l’honneur de le
269 Je vous demanderai la permission de le lire comme j’ eus l’honneur de le faire à La Haye, ayant eu la charge de l’écrire :
270 ackay avait fait voter l’important amendement que je cite : L’Assemblée considère comme le but et l’objectif du Conseil d
271 s morales et politiques de l’Europe tout entière. J’ en vois la preuve dans le récent Rapport annuel de la Communauté, qui
272 éens ou le prix de la betterave communautaire. Et je ne dis pas que les vins et la betterave n’ont aucune importance, loin
273 a betterave n’ont aucune importance, loin de là : je dis seulement qu’il ne faut pas s’attendre que la jeunesse, à leur pr
274 ix, le geste ou le style, et parfois même avec un je ne sais quoi de complaisant dans la résignation, voire de sournoiseme
275 , ou contre le chômage sans aggraver l’inflation… Je ne vois d’autre explication à tant d’impuissances que dans le fait, t
276 és humaines. Devant les grands défis mondiaux que j’ ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous
277 borner les facultés du Pouvoir. » L’Europe seule, je l’ai dit, semble aujourd’hui capable d’amorcer ce renversement de la
278 crée en 1949 à l’Europe de la culture, slogan qui m’ avait été dicté par Carlo Schmid, alors vice-président du Bundestag :
279 venues en peu d’années les régions et l’écologie. Je n’en ai pas connues, depuis plus de quarante ans que je milite pour l
280 n ai pas connues, depuis plus de quarante ans que je milite pour le fédéralisme européen, de plus largement mobilisatrices
281 s continentales et mondiales dont ils dépendent ? Je voudrais que vous gardiez de ma conférence cette conclusion sérieusem
282 t ils dépendent ? Je voudrais que vous gardiez de ma conférence cette conclusion sérieusement motivée : l’avenir de l’Euro
12 1978, Articles divers (1978-1981). Pleine page sur Denis de Rougemont (14-15 mai 1978)
283 ction ? Cela remonte aux années 1930. À l’époque, j’ appartenais à un petit groupe créé par Alexandre Marc qui se réunissai
284 us avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ ai fait la connaissance d’Emmanuel Mounier, Jacques Maritain, Robert A
285 tement célèbre « Ordre nouveau » d’Hitler et cela me met en fureur lorsque l’équivoque est entretenue à ce sujet. Nous vou
286 es. Lecteur français à l’Université de Francfort, je devais en 1938 consigner dans un livre, Journal d’Allemagne , mes im
287 8 consigner dans un livre, Journal d’Allemagne , mes impressions personnelles sur ce que j’avais vu outre-Rhin. Ce livre f
288 lemagne , mes impressions personnelles sur ce que j’ avais vu outre-Rhin. Ce livre fut détruit par les Allemands en zone oc
289 erre est arrivée comme nous l’avions toujours su. J’ ai été mobilisé en Suisse. Esprit a été interdit. L’Ordre nouveau
290 ongrès européen de La Haye que présida Churchill. J’ en étais le rapporteur et j’ai proposé de faire l’Europe par la cultur
291 ue présida Churchill. J’en étais le rapporteur et j’ ai proposé de faire l’Europe par la culture. L’idée s’est concrétisée.
292 construction européenne ? Il y a quelques années, j’ étais à plat, tout semblait s’effondrer. À l’époque du congrès de Mont
293 cologie – régions – Europe fédérée : même avenir. J’ aime cette formule. Les États-nations qui constituent l’Europe d’aujou
294 nos ministres a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais vos idées en action, je serais renversé dans les huit jours !
295 es membres : « Si je mettais vos idées en action, je serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos
296 reculées d’une année. Pour vous est-ce un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard. Nous en profitons à l’Institut pou
297 endre la propagande sur les réalités européennes. Je suis navré que la Suisse soit en dehors du coup, mais elle jouera trè
298 ion civique avec une certaine fonction à exercer. Je le précise dans mon dernier ouvrage. Le premier échelon de la région
299 e certaine fonction à exercer. Je le précise dans mon dernier ouvrage. Le premier échelon de la région est la commune qui
300 ose est le syndicat intercommunal. Constatez avec moi que ce système qui se répand sans bruit dans toute l’Europe trouve so
301 Qu’en pense le régionaliste Denis de Rougemont ? Je vais prendre un exemple, celui de la région autour de Bâle qui compre
302 États parce qu’elles sont un élément de pouvoir. Je crois néanmoins que dans cette affaire, certains gouvernements cherch
303 ais une porte de sortie, pas tous. Or, même si on me démontrait que désormais, le nucléaire est rentable et sans danger, j
304 ormais, le nucléaire est rentable et sans danger, je resterais contre, parce que cela entraîne une société de plus en plus
305 -il « la faire avec des bottes de sept lieues » ? J’ aime mieux la définition de Jean Fourastié : « l’Europe va nous tomber
306 s parce que nous n’aurons pas fait les régions ». Je crois aux jeunes pour faire l’Europe dans la mesure où on leur appren
307 it d’un ouvrage tel que L’Amour et l’Occident . “ J’ ai donné beaucoup de moi-même à la remise en état de cette maison”, no
308 l arriver ?” mais se pose la question : “Que puis- je faire ?” » x. Rougemont note en marge de son exemplaire : « 3 erreur
13 1978, Articles divers (1978-1981). Questions gênantes mais fécondes (26 juillet 1978)
309 ied dans la porte, et, doucement, dit : « Pardon, je voudrais savoir… » — « Savoir quoi ? » — « Savoir si vous savez ce qu
310 à Concorde, l’avion supersonique, on voulut bien m’ interroger en tant que philosophe, et je répondis : « Philosophe est c
311 ulut bien m’interroger en tant que philosophe, et je répondis : « Philosophe est celui qui pose des questions simples. Je
312 losophe est celui qui pose des questions simples. Je demande donc : Concorde, à quoi est-ce que ça sert ? » La consternati
313 à quelques millions d’invisibles téléspectateurs. Ma question est en somme métaphysique. Elle interpelle globalement tout
314 lus d’autos, que ferez-vous de vos autoroutes ? » J’ ai posé cette question publiquement à la Télévision romande, et, par l
315 uel le Touring-Club ne doit pas être étranger, il m’ a été répondu triomphalement que « personne ne le sait ! » C’était ce
316 ment que « personne ne le sait ! » C’était ce que j’ attendais de ma question : l’aveu qu’on ne se l’était jamais posée. C’
317 onne ne le sait ! » C’était ce que j’attendais de ma question : l’aveu qu’on ne se l’était jamais posée. C’est là le fait
318 usent même de ralentir pour y penser : nous tous, je le crains. Mais attention : résoudre les problèmes que nous pose la c
14 1978, Articles divers (1978-1981). Paradoxes marxiens (septembre 1978)
319 es partis qui se réclament de lui au xxe siècle. Je vois des responsables communistes animés d’une profonde méfiance à l’
320 p. 13, p. 528 et 529-530 (Berlin, 1971). 11. Cf. mon titre de 1936 : Penser avec les mains . 12. Alors que six mois aupa
15 1978, Articles divers (1978-1981). Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)
321 d et maigre qui a l’une des plus belles têtes que je connaisse : on la dirait taillée dans du bois par un sculpteur du xve
322 s). « Voyez-vous, rien ne se perd dans la nature. Ma fille se peigne chaque matin à sa fenêtre. Les oiseaux ramassent ses
323 veux blonds, et ils ont fait ce nid en cheveux de ma fille… » (En effet, c’est un nid soyeux et blond, avec quelques brins
324 n est content, on a parlé d’une foule de choses — je ne dis pas de problèmes, mais de choses — on s’aperçoit aussi qu’il n
325 tier, et non pas ceux qu’on nomme les artistes. » Je voudrais définir l’esthétique de Ramuz comme l’anti-glamour absolu. L
326 tre d’un ouvrage collectif publié en 1926). Et il me semble que les romans et les essais composés à partir de 1925 ont que
327 qu’il écrivait comme parlent les paysans vaudois. Je ne le crois pas. Personne ne peut écrire réellement comme on parle, à
328 à moins de recopier un rouleau de dictaphone — et je parie qu’on retouchera le texte. Ramuz n’écrit pas en Vaudois, mais a
329 et il faut d’abord qu’on le corrige. C’est comme moi … » C’est comme Ramuz quand il écrit. Notons aussi l’influence du styl
330 s consciences. Et la vie s’est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas d’autre écrivain qui ait su traduire, comme Ramuz, l’i
331 la catastrophe dans le détail concret de la vie. Je ne connais pas d’autre écrivain qui ait su poser les grandes question
332 ntaires, de petites phrases de tous les jours. Et je ne connais pas d’autre écrivain qui ait jeté pareil cri d’amour aux c
333 istoire du soldat (parlée, jouée et dansée). 14. Je dis bien le peuple créé par Ramuz, non pas les Vaudois tels qu’ils so
16 1978, Articles divers (1978-1981). L’amour, pas la guerre (19-25 octobre 1978)
334 moco-Cadiz » ne devait pas couler, n’est-ce pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à la leçon des faits : seule
335 nt le relief des régions européennes fédérées que j’ évoque dans mon projet : « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation
336 es régions européennes fédérées que j’évoque dans mon projet : « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation ne doit plus e
337 d’amour. Un système fondé sur la solidarité J’ aime, donc la vie vaut la peine d’être vécue. Or, la communication, la
338 re présent, l’anticiper, se demander : « Que puis- je faire ? » avant « Que va-t-il arriver ? » Une seule réponse : « Toi-m
339 commune » du mariage que nous l’étions autrefois. Je vois là une espérance. Pour moi, le couple de demain est une image cl
340 ’étions autrefois. Je vois là une espérance. Pour moi , le couple de demain est une image claire du système fédéraliste auqu
341 st une image claire du système fédéraliste auquel je rêve. ae. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour, pas la guerr
17 1978, Articles divers (1978-1981). Dialogue-interview avec Denis de Rougemont (novembre 1978)
342 mplissent-ils encore actuellement ? Quoique toute mon œuvre débouche sur des choix proprement politiques et suppose l’engag
343 gement civique de la personne dans la communauté, je n’ai jamais adhéré à aucun parti. Cette simple constatation répond à
344 s partis traditionnels, en Suisse comme ailleurs, me paraissent tous dépassés par les problèmes du xxe siècle. Pensez-vou
345 pes de pression les ont remplacés au xxe siècle. Je suis convaincu que les mouvements écologiques, les associations de co
346 lème — et qui pourrait s’intéresser à tout ? — il me paraît plus sain de s’abstenir que de suivre aveuglément les consigne
347 l’homme d’aujourd’hui de reconquérir sa liberté, j’ entends le pouvoir de se faire entendre, c’est la recréation de petite
348 tions dont la fédération aboutit à l’Europe unie. J’ imagine des régions de toutes tailles et de toutes définitions : lingu
18 1978, Articles divers (1978-1981). Le choix du siècle (novembre 1978)
349 d’énergie est un choix politique par excellence. Je le tiens même pour le choix du siècle. Car selon que ce choix se port
350 e gages de liberté de la personne, et la volonté, je cite : « d’harmoniser la politique économique avec l’image de l’homme
351 solutions meilleures. 6. Parmi les arguments qui m’ ont le plus frappé, dans le rapport qui nous est présenté — Jenseits d
352 chzwange : Au-delà des contraintes des faits — il m’ importe de relever plus particulièrement les trois suivants, pour leur
353 ans tous ces cas, le PNB s’accroît » (chap. 8.3). J’ approuve totalement et avec joie la réponse donnée à cette question à
354 ui est partout dans ce rapport, est de celles que je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la
355 notre espèce et de la vie sur la planète Terre. J’ exprimais l’an dernier dans l’organe des Nations unies, Forum de dével
356 rum de développement , cette même idée. Permettez- moi de citer ma conclusion : Le problème des centrales nucléaires n’est
357 ppement , cette même idée. Permettez-moi de citer ma conclusion : Le problème des centrales nucléaires n’est pas technolo
358 a consommation d’énergie double tous les dix ans, je serais contre, parce qu’elles sont les pièces principales d’un systèm
19 1979, Articles divers (1978-1981). Genève et l’Europe : un exemple de coopération transfrontalière [préface] (1979)
359 es ont suivi récemment le modèle franco-genevois. Je veux parler d’abord de la Regio (naguère Regio basiliensis) qui s’est
360 République française et la Confédération suisse. Je veux parler ensuite de l’Euregio qui unit de part et d’autre du Rhin,
361 es efforts convergents vers l’Europe des régions. J’ ose croire que les travaux menés à Genève sous la conduite quotidienne
20 1979, Articles divers (1978-1981). Hypothèses directrices pour la recherche d’un modèle de région transfrontalière (1979)
362 oyen moyen, quelle est la vraie région à laquelle je me rattache ? Les notions et concepts les plus simples ont seuls chan
363 n moyen, quelle est la vraie région à laquelle je me rattache ? Les notions et concepts les plus simples ont seuls chance
364 al auquel nous a formé l’École aux trois degrés. ( Mon pays bien clairement marqué « sur la carte » en rose, bistre, vert pâ
21 1979, Articles divers (1978-1981). Le mythe et l’opéra (1979)
365 s les grands opéras, tous les « vrais », voudrais- je dire, sont des émergences du Mythe, qu’il s’agisse d’abord des mythes
366 oir à peu près tous, ne fût-ce que pour savoir si ma clé joue… L’opéra : une école de l’âme, s’il est vrai, selon les gnos
22 1979, Articles divers (1978-1981). Formule d’une Europe parallèle ou rêverie d’un fédéraliste libertaire (1979)
367 êverie d’un fédéraliste libertaire (1979)ao «  Mes désirs construisent et tendent à me faire ce qui me plaît exactement.
368 979)ao « Mes désirs construisent et tendent à me faire ce qui me plaît exactement. » Paul Valéry Parmi les droits fo
369 désirs construisent et tendent à me faire ce qui me plaît exactement. » Paul Valéry Parmi les droits fondamentaux de l’
370 ce — d’autant que nous étions de la même année —, j’ avais souhaité soumettre au jugement du grand juriste Fernand Dehousse
371 ’utopie fédéraliste, dont il n’eût pas ignoré que j’ étais l’auteur. Le destin ne lui a pas permis de me répondre. Je ne ce
372 ’étais l’auteur. Le destin ne lui a pas permis de me répondre. Je ne cesserai pourtant pas de l’interroger, vivant dans ma
373 ur. Le destin ne lui a pas permis de me répondre. Je ne cesserai pourtant pas de l’interroger, vivant dans ma mémoire, exi
374 esserai pourtant pas de l’interroger, vivant dans ma mémoire, exigeant et confiant… L’évolution de l’idée européenne, du
375 urgente, notre union n’a cessé de ne pas avancer. J’ y vois la preuve qu’on ne peut la faire sur la base de ces États-natio
376 énario qui suit. En aurait-il encore les moyens ? J’ en viens au récit de mon rêve. Je voyais les quarante régions qui nai
377 ait-il encore les moyens ? J’en viens au récit de mon rêve. Je voyais les quarante régions qui naissent sur notre continen
378 re les moyens ? J’en viens au récit de mon rêve. Je voyais les quarante régions qui naissent sur notre continent : du Sch
379 rranée et de Munich à Gorizia sur l’arc alpin. Et je voyais plus loin le pays de Galles, la Bretagne, Euskadi, les Catalan
380 ys de Galles, la Bretagne, Euskadi, les Catalans… Je voyais des régions décrétées par la capitale nationale (comme Rhône-A
381 ethniques brimées, ou transfrontalières divisées. Je les voyais en train de se compter, de se nommer, de se lier et jumele
382 manait de cette vision d’un continent renaissant, je me disais… Rien n’empêchera — selon les lois en vigueur dans nos État
383 ait de cette vision d’un continent renaissant, je me disais… Rien n’empêchera — selon les lois en vigueur dans nos États d
384 s avait jadis « réunies » de gré ou de force — et je pense aux régions françaises, espagnoles ou britanniques — rien ne le
385 ommunale, dans le cadre des plans continentaux.   Je me réveille, je me raconte mon rêve. (Et peut-être que je le reconstr
386 unale, dans le cadre des plans continentaux.   Je me réveille, je me raconte mon rêve. (Et peut-être que je le reconstruis
387 e cadre des plans continentaux.   Je me réveille, je me raconte mon rêve. (Et peut-être que je le reconstruis, mais il n’i
388 adre des plans continentaux.   Je me réveille, je me raconte mon rêve. (Et peut-être que je le reconstruis, mais il n’impo
389 ans continentaux.   Je me réveille, je me raconte mon rêve. (Et peut-être que je le reconstruis, mais il n’importe.) Et je
390 veille, je me raconte mon rêve. (Et peut-être que je le reconstruis, mais il n’importe.) Et je me demande ce qui pourrait
391 tre que je le reconstruis, mais il n’importe.) Et je me demande ce qui pourrait s’opposer à ce qu’il devienne vrai ? Ce n’
392 que je le reconstruis, mais il n’importe.) Et je me demande ce qui pourrait s’opposer à ce qu’il devienne vrai ? Ce n’est
393 bien au contraire, ne menacerait dans le cas qui me fascine… Si le rêve des régions se réalise, lui aussi, on dira dans d
23 1979, Articles divers (1978-1981). Notes pour une éthique du fédéralisme (1979)
394 e end doesn’t justify the means, then what does ? me disait un jour Max Lerner, philosophe et Américain. Cette question m’
395 x Lerner, philosophe et Américain. Cette question m’ a beaucoup aidé.) Quelles sont alors les fins du fédéralisme — comme d
396 paraison il ait sa vie unique à vivre, tandis que j’ ai la mienne à vivre pour être moi, pour le devenir. C’est à partir de
397 ivre, tandis que j’ai la mienne à vivre pour être moi , pour le devenir. C’est à partir de cette acceptation, mais à partir
398 est unique — non dans le fait que chacun a comme moi deux yeux, un nez, une bouche, et quatre membres, ce qui ne m’apprend
399 un nez, une bouche, et quatre membres, ce qui ne m’ apprend rien sur sa personne — gît la similitude la plus profonde entr
400 us profonde entre les hommes de toute l’Humanité. Je connais mon semblable à ce qu’il a comme moi pour tâche essentielle d
401 entre les hommes de toute l’Humanité. Je connais mon semblable à ce qu’il a comme moi pour tâche essentielle d’être soi. D
402 nité. Je connais mon semblable à ce qu’il a comme moi pour tâche essentielle d’être soi. Dans la mesure où j’ai senti ou pr
403 r tâche essentielle d’être soi. Dans la mesure où j’ ai senti ou pressenti que là réside son problème je le reconnais pour
404 ’ai senti ou pressenti que là réside son problème je le reconnais pour mon semblable. Cette solidarité fondée dans l’admis
405 i que là réside son problème je le reconnais pour mon semblable. Cette solidarité fondée dans l’admission de l’unicité de c
406 ’homme est animal conscient. Ce chemin commence à mes pas et ce sentier n’existe, en fait, que pour autant que j’ai le cour
407 ce sentier n’existe, en fait, que pour autant que j’ ai le courage d’y marcher : c’est la définition de la foi. « Ta parole
408 définition de la foi. « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » (Ps. CXIX, 105). Troisième v
409 parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » (Ps. CXIX, 105). Troisième vertu : l’amour de la comple
410 reaucrate qui ne connaît pas encore l’ordinateur. Je disais un jour à Louis Armand, grand ingénieur, grand humaniste, dire
411 fer français et premier président d’Euratom, qu’à mon sens le fédéralisme c’était le personnalisme plus les ordinateurs. « 
412 le personnalisme plus les ordinateurs. « Ah là ! me dit-il, je vous en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça !
413 alisme plus les ordinateurs. « Ah là ! me dit-il, je vous en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça ! » Relevons
414 dit-il, je vous en veux vraiment, car c’eût été à moi de trouver ça ! » Relevons que la complexité et l’amour de la complex
415 ujours à venir. Sixième vertu : l’humour Il m’ est arrivé d’écrire, en pleine guerre contre Hitler : Il faut se moqu
416 ifs de l’erreur qu’on croit déceler chez l’autre. Je ne puis guère imaginer plus belle déclaration de tolérance que cette
417 elois Félix Bovet, publiée au début du siècle : «  Je ne serai pleinement satisfait que quand j’aurai pleinement compris la
418 le : « Je ne serai pleinement satisfait que quand j’ aurai pleinement compris la raison d’être de la tendance contraire. »
419 ro ratione voluntas. Que cela vous plaise ou non, j’ ordonne. On ne peut donc prévoir que le déclin fatal de toute démocrat
420 que les mêmes parents aient deux enfants pareils, me dit un biologiste ; toute probabilité s’évanouit quand il s’agit de c
24 1979, Articles divers (1978-1981). Un foyer de culture (janvier 1979)
421 Un foyer de culture (janvier 1979)ap Je partirai de quatre observations qui auront valeur de définitions. L’u
422 a Belgique. Quant aux « cultures nationales », il m’ est arrivé plus d’une fois de nier purement et simplement leur existen
423 lle à deux-mille ans le phénomène stato-national. J’ avais tort en ceci que nos États-nations tentent bel et bien de créer
424 trations mémorables à ces règles tout empiriques. Je veux parler de Vienne et de Paris, foyers locaux des grands courants
25 1979, Articles divers (1978-1981). Quand la Perse renverse l’Iran (21 février 1979)
425 istance purement humaine, spécifiquement humaine, je veux dire religieuse. Lors d’un colloque qui se tenait, le week-end d
26 1979, Articles divers (1978-1981). Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)
426 hose qui ressemble à ce que décrivent vos romans, me confiait un ami hindou, tout ce que nous pouvons dire, c’est It’s rom
427 y, de Tolstoï, voire au Partage de Midi. Quand on me demande : Le mot amour en 19… recouvre-t-il les mêmes réalités qu’aut
428 recouvre-t-il les mêmes réalités qu’autrefois ?26 je réponds — quel Amour, quelles réalités, quel autrefois ? S’agit-il de
429 ce domaine. La conception chrétienne de l’amour ? Je demande à voir ce qu’on entend par là. Si on la confond, comme il arr
430 e, avec le légalisme institué par la bourgeoisie, je pense qu’elle a encore un bel avenir — en URSS. Voyez dans quels term
431 t totalement, mais les rapports sexuels. En fait, je ne connais pas une seule loi, dans un seul pays ou un seul temps, qui
432 pouvoir sur soi, non sur autrui. 26. Depuis que j’ ai publié L’Amour et l’Occident , il y a exactement quarante ans (mar
433 ent , il y a exactement quarante ans (mars 1939), j’ ai eu à répondre à une bonne douzaine d’interviews sur ce thème précis
27 1979, Articles divers (1978-1981). « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)
434 ous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax J’ entends dire que l’idée de l’Europe serait seulement une invention de
435 nte. Une utopie totale ! Ça durera bien jusqu’à ma retraite ! Nous le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas
436 ment de nos dirigeants c’est de se dire : « Après moi le déluge ! ». « Ça durera bien jusqu’à ma retraite ! » comme a dit u
437 Après moi le déluge ! ». « Ça durera bien jusqu’à ma retraite ! » comme a dit un jour un fonctionnaire du Conseil fédéral
438 Neuf pays sur vingt-deux, ce n’est pas l’Europe ! Je m’élève contre cette prétention du Marché commun de Bruxelles à s’app
439 f pays sur vingt-deux, ce n’est pas l’Europe ! Je m’ élève contre cette prétention du Marché commun de Bruxelles à s’appele
440 lle a répandu, malgré elle, dans le monde entier. J’ aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n’est pas le meilleur moyen
441 t économiques… Ce fut l’idée de Jean Monnet, dont je salue la mémoire, qui imaginait qu’en « tenant » les hommes par les i
442 pproprier les causes mêmes de notre propre crise… Je le répète, les États-nations sont condamnés puisqu’ils ne peuvent plu
443 amnés puisqu’ils ne peuvent plus jouer leur rôle. Je veux bien que des hommes politiques continuent d’aller, répétant que
444 u’ont fait les divers organismes européens… Mais, j’ en conviens, l’essentiel reste à faire… C’est-à-dire l’Europe politiqu
445 gression industrielle. Quand des gens sourient en me disant que l’écologie n’est qu’une mode je leur réponds qu’en effet c
446 ent en me disant que l’écologie n’est qu’une mode je leur réponds qu’en effet ce n’est qu’une mode, si le bétonnage de nos
447 qué l’idée d’une grande fédération européenne. Et je suis persuadé que les régions se développeront réellement à partir du
448 ue chose de plus grand qu’eux. Sur ce point aussi je suis optimiste. On est beaucoup plus avancé qu’on ne croit sur le che
449 umainement, à partir d’un seul centre. De Gaulle, je pense, l’avait parfaitement compris lorsqu’il choisit d’organiser le
450 nt le scrutin à son secrétaire Jean Mauriac. Mais moi , ajoutait-il, j’aurai au regard de l’histoire fait la bonne sortie !
451 n secrétaire Jean Mauriac. Mais moi, ajoutait-il, j’ aurai au regard de l’histoire fait la bonne sortie ! » Denis de Rougem
28 1979, Articles divers (1978-1981). Rapport au peuple européen (9 mai 1979)
452 Rapport au peuple européen (9 mai 1979)ay J’ entends dire que l’idée d’Europe unie ne serait qu’une rêverie d’idéal
453 union européenne serait seule capable d’apporter. J’ ai tenu la plume pour le groupe, et le petit volume qui en est résulté
454 talie, en Grande-Bretagne, en RFA et en Hollande. J’ essaierai de donner ici une idée du contenu de ce Rapport au peuple e
455 e dans les pays de la Communauté ? Cette question me paraît fondamentale, décisive. Personne encore ne s’est risqué à y fa
456 de pouvoir législatif mérite un sérieux intérêt. Je répondrai que le Parlement des Neuf possède d’ores et déjà la compéte
457 uropéen que s’adresse aujourd’hui le rapport dont je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à elle que s’adressait H
29 1979, Articles divers (1978-1981). Denis de Rougemont, ou l’Europe contre l’Europe (30 mai 1979)
458 y arriveront par la force des choses, par ce que j’ appelle la pédagogie des catastrophes. L’Europe est en danger : en 190
30 1979, Articles divers (1978-1981). L’Europe : idéal… et moyen de survie (3 août 1979)
459 pe : idéal… et moyen de survie (3 août 1979)bb J’ entends dire que l’idée d’Europe unie ne serait qu’une rêverie d’idéal
460 union européenne serait seule capable d’apporter. J’ ai tenu la plume pour le groupe, et le petit volume qui en est résulté
31 1979, Articles divers (1978-1981). Une Europe unie et diverse (27 août 1979)
461 e dans les pays de la Communauté ? Cette question me paraît fondamentale, décisive. Personne encore ne s’est risqué à y fa
462 ’explique par la même dynamique fondamentale dont j’ ai proposé la formule : « Écologie, régions, Europe fédérée : même ave
463 logie, régions, Europe fédérée : même avenir ». ⁂ Je voudrais souligner surtout ce grand fait : l’aide que nous pourrions
464 de pouvoir législatif mérite un sérieux intérêt. Je répondrai que le Parlement des Neuf possède d’ores et déjà la compéte
465 uropéen que s’adresse aujourd’hui le rapport dont je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à lui que s’adressait Vi
32 1979, Articles divers (1978-1981). « La qualité des choses que j’aime » (18 octobre 1979)
466 « La qualité des choses que j’ aime » (18 octobre 1979)bd Voici qui peut situer d’entrée de jeu me
467 1979)bd Voici qui peut situer d’entrée de jeu mes relations avec St Ex en Amérique : dans le journal de mes années new-
468 tions avec St Ex en Amérique : dans le journal de mes années new-yorkaises (fin 1940-1947), à la fin de la description d’un
469 n d’une journée à l’Office of War Information (où j’ écrivais chaque jour le texte des deux émissions de la « Voix de l’Amé
470 de la « Voix de l’Amérique parle aux Français »), je trouve la première mention de « St Ex » en date de fin mai 1942. « Hu
471 nuit. À 2 heures du matin, si tout a bien marché, je monterai chez St Ex faire une partie d’échecs et l’écouter parler des
472 sa France… » New York, 10 juillet 1942 … Il m’ explique que le Maréchal sauve la « substance » de la France, en accep
473 faction et qu’ils tiennent donc pour un traître. Je lui ai répondu que la Suisse a fait une option inverse de celle de Vi
474 vitam vitae perdere causas…28 Au reste, ni lui ni moi ne sommes sur place. C’est bien cela qui lui est le plus amer. Wes
475 15 août 1942 Huit jours de vacances à la mer. Je partage cette maison de bois sur pilotis, au bord du Sound, avec les
476 our et de la nuit. Tonio, rentré hier à New York, m’ avait prié de l’attendre à la gare. Il paraît, maintenant gauchement s
477 nt gauchement sous le bras une grosse boite qu’il me tend aussitôt qu’il me voit. (Je sais qu’il ne peut plus porter de pa
478 ras une grosse boite qu’il me tend aussitôt qu’il me voit. (Je sais qu’il ne peut plus porter de paquet depuis son acciden
479 osse boite qu’il me tend aussitôt qu’il me voit. ( Je sais qu’il ne peut plus porter de paquet depuis son accident au Guate
480 ressemble à Bismarck et qu’il a baptisé Annibal. Je lui apprends à marcher en laisse sur la plage. (Robert Tenger a fait
481 et d’une de nos parties d’échecs sur la galerie. Je donnerais beaucoup pour le revoir.) Northport, Long Island, fin se
482 deux heures de New York, avec les Saint Exupéry. J’ y passe mes trente-six heures de congé, chaque semaine. C’est Consuelo
483 es de New York, avec les Saint Exupéry. J’y passe mes trente-six heures de congé, chaque semaine. C’est Consuelo qui l’a tr
484 dans un paysage de forêts et d’îles tropicales. —  Je voulais une cabane et c’est le Palais de Versailles ! s’est écrié Ton
485 érils et tire la langue pour ne pas « dépasser ». Je pose pour le Petit Prince couché sur le ventre et relevant les jambes
486 ous direz plus tard en montrant ce dessin : c’est moi  ! » Le soir, il nous lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais v
487 r, il nous lit les fragments d’un livre énorme («  Je vais vous lire mon œuvre posthume ») et qui me paraît ce qu’il a fait
488 fragments d’un livre énorme (« Je vais vous lire mon œuvre posthume ») et qui me paraît ce qu’il a fait de plus beau. Tard
489 (« Je vais vous lire mon œuvre posthume ») et qui me paraît ce qu’il a fait de plus beau. Tard dans la nuit je me retire é
490 t ce qu’il a fait de plus beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New York), mais
491 e qu’il a fait de plus beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé (je dois être demain à neuf heures à New York), mais il
492 plus beau. Tard dans la nuit je me retire épuisé ( je dois être demain à neuf heures à New York), mais il vient encore dans
493 euf heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer des cigarettes et discuter le coup avec une rigueur inf
494 discuter le coup avec une rigueur inflexible. Il me donne l’impression d’un cerveau qui ne peut plus s’arrêter de penser.
495 eekman Place et de la Cinquante-et-unième rue. De ma terrasse vertigineuse, je domine, toute proche, la maison des Max Ern
496 uante-et-unième rue. De ma terrasse vertigineuse, je domine, toute proche, la maison des Max Ernst dont l’atelier s’avance
497 nds, qui furent naguère meublés pour Greta Garbo. Je ne connais rien de plus charmant dans tout New York : moquettes fauve
498 cent mètres les uns des autres, c’en est fait de mes nuits. Téléphones de Consuelo ou de Tonio à n’importe quelle heure de
499 avec X ou Y, ou avec Consuelo : « Venez donc, que je vous batte aux échecs ! » (Je leur ai dit un soir : « Vous n’êtes pas
500 : « Venez donc, que je vous batte aux échecs ! » ( Je leur ai dit un soir : « Vous n’êtes pas un couple, mais une espèce de
501 out le monde le sait à New York. Il se trouve que je suis un nocturne et m’en accommode mieux que d’autres.) St Ex a beauc
502 New York. Il se trouve que je suis un nocturne et m’ en accommode mieux que d’autres.) St Ex a beaucoup pratiqué les échecs
503 ue, il est sans discussion beaucoup plus fort que moi . Mais ce serait peu : il chantonne sans arrêt pendant le jeu, quelque
504 un peu faux — exprès ? — ce qui est exaspérant et me fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à siffloter en jouan
505 xaspérant et me fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à siffloter en jouant, et j’ai gagné : — « Naturellement,
506 pérant et me fait perdre à tout coup. Un soir, je me suis mis à siffloter en jouant, et j’ai gagné : — « Naturellement, av
507 Un soir, je me suis mis à siffloter en jouant, et j’ ai gagné : — « Naturellement, avec votre sifflet ! Vous êtes un abomin
508 n abominable tricheur ! » a-t-il conclu. ⁂ Ce qui m’ a souvent intrigué durant l’année de notre voisinage à Beekman Place e
509 été l’affaire nucléaire. St Ex est le premier qui m’ ait expliqué les possibilités de la fission atomique que lui avait rév
510 que lui avait révélées Joliot-Curie. Dès 1942, il me parlait d’expériences prévues au Sahara à la veille de la guerre, mai
511 es initiés au Manhattan Project. Il lui arrive de m’ en parler par allusions assez précises, toujours données d’ailleurs po
512 s suppositions, mais très possibles, tandis qu’il me prend ma seconde tour, vers 3 ou 4 h. du matin. ⁂ Depuis le 15 mars,
513 tions, mais très possibles, tandis qu’il me prend ma seconde tour, vers 3 ou 4 h. du matin. ⁂ Depuis le 15 mars, c’est déc
514 ux. Pourquoi ce passe-droit ? En date du 27 mars, je lis dans mon journal : « Téléphone de St Ex à propos de nos démarches
515 ce passe-droit ? En date du 27 mars, je lis dans mon journal : « Téléphone de St Ex à propos de nos démarches pour qu’il p
516 os de nos démarches pour qu’il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock (son éditeur) avec lequel j’ai une conversati
517 passe Curtice Hitchcock (son éditeur) avec lequel j’ ai une conversation sans conclusion en un anglais rendu pire que jamai
518 onclusion en un anglais rendu pire que jamais par ma fatigue. » Passé plusieurs heures avec St Ex dans la nuit du 24 au 25
519 ures avec St Ex dans la nuit du 24 au 25 mars. Il m’ a brillamment démontré, avec schémas et « graphs » à l’appui, qu’il n’
520 arlant — à savoir le stalinisme et la féodalité. ( Je serais bien incapable de refaire la démonstration.) La perspective de
521 York, explique son euphorie intellectuelle, mais je ne puis m’empêcher de l’entendre et de le voir comme sur le fond de d
522 ique son euphorie intellectuelle, mais je ne puis m’ empêcher de l’entendre et de le voir comme sur le fond de destin tragi
523 , choisi. New York, 1er avril 1943 Consuelo m’ appelle ce matin pour me dire que Tonio sera chez lui à l’heure du déj
524 er avril 1943 Consuelo m’appelle ce matin pour me dire que Tonio sera chez lui à l’heure du déjeuner et que je pourrai
525 Tonio sera chez lui à l’heure du déjeuner et que je pourrai venir lui dire au revoir. Matinée au bureau de l’OWI, puis av
526 osant pour les photographes de Life. De l’entrée, je m’entends dire : « C’est merveilleux ! Vous ressemblez déjà à vos pho
527 nt pour les photographes de Life. De l’entrée, je m’ entends dire : « C’est merveilleux ! Vous ressemblez déjà à vos photos
528 illeux ! Vous ressemblez déjà à vos photos ! » Il me regarde sans trop d’aménité. Sur quoi Pierre Lazareff : « Mais voyons
529 disparition « en mission » de St Exupéry. ⁂ «  Je me sens tellement, tellement las. » J’ai conservé précieusement la
530 sparition « en mission » de St Exupéry. ⁂ « Je me sens tellement, tellement las. » J’ai conservé précieusement la co
531 ⁂ « Je me sens tellement, tellement las. » J’ ai conservé précieusement la copie de quelques phrases lourdes de sens
532 jours avant son départ ». Voyez-vous, Consuelo, j’ ai quarante-deux ans. J’ai subi des tas d’accidents. Je ne puis même p
533 ». Voyez-vous, Consuelo, j’ai quarante-deux ans. J’ ai subi des tas d’accidents. Je ne puis même pas me jeter en parachute
534 quarante-deux ans. J’ai subi des tas d’accidents. Je ne puis même pas me jeter en parachute. J’ai deux jours sur trois le
535 ’ai subi des tas d’accidents. Je ne puis même pas me jeter en parachute. J’ai deux jours sur trois le foie bloqué, un jour
536 dents. Je ne puis même pas me jeter en parachute. J’ ai deux jours sur trois le foie bloqué, un jour sur deux le mal de mer
537 cile à réussir que le déplacement d’une montagne. Je me sens tellement, tellement las ! Et je pars quand même, moi qui ai
538 e à réussir que le déplacement d’une montagne. Je me sens tellement, tellement las ! Et je pars quand même, moi qui ai tou
539 ontagne. Je me sens tellement, tellement las ! Et je pars quand même, moi qui ai toutes les raisons de rester, qui ai dix
540 tellement, tellement las ! Et je pars quand même, moi qui ai toutes les raisons de rester, qui ai dix mobiles de réforme, q
541 iles de réforme, qui ai déjà — et durement — fait ma guerre. Je pars. (…) J’ai les engagements nécessaires là-dessus. Je p
542 orme, qui ai déjà — et durement — fait ma guerre. Je pars. (…) J’ai les engagements nécessaires là-dessus. Je pars pour la
543 déjà — et durement — fait ma guerre. Je pars. (…) J’ ai les engagements nécessaires là-dessus. Je pars pour la guerre. Je n
544 . (…) J’ai les engagements nécessaires là-dessus. Je pars pour la guerre. Je ne puis supporter d’être loin de ceux qui ont
545 ts nécessaires là-dessus. Je pars pour la guerre. Je ne puis supporter d’être loin de ceux qui ont faim, je ne connais qu’
546 puis supporter d’être loin de ceux qui ont faim, je ne connais qu’un moyen d’être en paix avec ma conscience et c’est de
547 im, je ne connais qu’un moyen d’être en paix avec ma conscience et c’est de souffrir le plus possible. De rechercher le pl
548 De rechercher le plus de souffrance possible. Ça me sera généreusement accordé à moi qui ne peux, sans souffrir physiquem
549 ance possible. Ça me sera généreusement accordé à moi qui ne peux, sans souffrir physiquement, tel que je suis, porter un p
550 qui ne peux, sans souffrir physiquement, tel que je suis, porter un paquet de deux kilos, me relever d’un lit ou ramasser
551 tel que je suis, porter un paquet de deux kilos, me relever d’un lit ou ramasser un mouchoir par terre. (…) Je ne pars pa
552 r d’un lit ou ramasser un mouchoir par terre. (…) Je ne pars pas pour mourir. Je pars pour souffrir et ainsi communier ave
553 uchoir par terre. (…) Je ne pars pas pour mourir. Je pars pour souffrir et ainsi communier avec les miens (…) Je ne désire
554 ir. Je pars pour souffrir et ainsi communier avec les miens (…) Je ne désire pas me faire tuer, mais j’accepte bien volontiers de
555 ur souffrir et ainsi communier avec les miens (…) Je ne désire pas me faire tuer, mais j’accepte bien volontiers de m’endo
556 nsi communier avec les miens (…) Je ne désire pas me faire tuer, mais j’accepte bien volontiers de m’endormir ainsi. Anto
557 es miens (…) Je ne désire pas me faire tuer, mais j’ accepte bien volontiers de m’endormir ainsi. Antoine « Je ne pars p
558 me faire tuer, mais j’accepte bien volontiers de m’ endormir ainsi. Antoine « Je ne pars pas pour mourir » : la négatio
559 bien volontiers de m’endormir ainsi. Antoine «  Je ne pars pas pour mourir » : la négation, bien sûr, révèle la présence
560 , les disputes, les calomnies, les histoires A.B. m’ ont définitivement dégoûté. Peut-être est-ce ça. Ils sont fatigants. C
561 èbre… Et tous un peu ils sont ainsi. Ce n’est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pour protéger la paix d’Agay ou
562 us un peu ils sont ainsi. Ce n’est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pour protéger la paix d’Agay ou les dîners
563 u ils sont ainsi. Ce n’est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pour protéger la paix d’Agay ou les dîners avec L.
564 téger des « qualités ». La qualité des choses que j’ aime. La loyauté. La simplicité. Les parties d’échecs avec R. (celui-l
565 l loin de toutes choses humaines… Si ces phrases me vont droit au cœur, ce n’est pas seulement par l’allusion à nos parti
566 en simplicité grande « la qualité des choses que j’ aime ». Phrase immense et qui fonde dans l’intime de l’être la renaiss
567 me.31 Un « grand seigneur », qu’est-ce à dire ? J’ entends : un frère aîné de ce « Petit Prince » qui s’est voulu tout ju
568 Rougemont Denis de, « “La qualité des choses que j’ aime” », Icare, Paris, décembre 1979, p. 20-22.
33 1979, Articles divers (1978-1981). Considérations sur une charte culturelle européenne : mémorandum (17 décembre 1979)
569 technique. (À l’appui de ces trois descriptions, je dispose de nombreuses citations, anecdotes, confidences de responsabl
570 quement rien par rapport à la recherche présente. Je n’en donnerai que deux exemples. Édouard Herriot a dit un jour : « La
571 vilisation : sens très proche des définitions que je viens de citer du Brockhaus et du Petit Larousse. Cette évolution n’e
572 dans les indices de production, mais dans ce que je voudrais appeler l’indice de l’équilibre humain. Il appartient à la c
573 é au Congrès de l’Europe, à La Haye, en mai 1948, j’ écrivais : S’il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont
574 depuis le milieu du xixe siècle. Les manuels de mon enfance — histoire et géographie, mais histoire de l’art aussi — prés
575 (m) multipliée par culture intensive (c2). D’où je conclus : 1° Que le titre de « charte européenne de la culture » est
34 1980, Articles divers (1978-1981). Énergie solaire et autonomie (1980)
576 et les revendications. Ce conférencier, c’était moi . Certains penseront que cela me préparait mal à venir vous parler ce
577 rencier, c’était moi. Certains penseront que cela me préparait mal à venir vous parler ce matin. J’irai plus loin qu’eux.
578 la me préparait mal à venir vous parler ce matin. J’ irai plus loin qu’eux. Je pense que ces déclarations, si je les répéta
579 ir vous parler ce matin. J’irai plus loin qu’eux. Je pense que ces déclarations, si je les répétais aujourd’hui, comme le
580 us loin qu’eux. Je pense que ces déclarations, si je les répétais aujourd’hui, comme le font la plupart des survivants de
581 d’hui, comme le font la plupart des survivants de mon auditoire d’alors, devenus PDG pour la plupart et qui n’ont rien appr
582 alors oui, ces déclarations seraient de nature à me disqualifier radicalement pour traiter le sujet de l’énergie en génér
583 es rapports avec l’autonomie en particulier. Mais j’ ai changé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me
584 e rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette ville. Et c’est cela, précisémen
585 e de cette ville. Et c’est cela, précisément, qui m’ autorise à prendre la parole parmi vous. Il y avait deux erreurs dans
586 a parole parmi vous. Il y avait deux erreurs dans mes propos d’alors : d’abord, une erreur sur l’énergie d’origine nucléair
587 La première erreur était pardonnable à l’époque, je souligne ces deux derniers mots. Quelques-uns de ceux qui sont ici ce
588 tin, et non des moindres, partageaient à l’époque mes illusions, et je les retrouve aujourd’hui au premier rang de l’opposi
589 indres, partageaient à l’époque mes illusions, et je les retrouve aujourd’hui au premier rang de l’opposition au nucléaire
590 l’opposition au nucléaire. Ils pourront confirmer ma description de l’état d’innocence générale où nous étions à peu près
591 nature des éléments subjectifs de nos options, il me paraît nécessaire, plus que jamais, d’essayer de rendre justice aux c
592 és à ce stade archaïque de l’innocence nucléaire. Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depui
593 de l’innocence nucléaire. Je ne pense pas avoir à m’ excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré le
594 et d’en avoir tiré les conséquences. En passant, je tiens à relever que ceux qui me font reproche d’avoir changé d’avis,
595 nces. En passant, je tiens à relever que ceux qui me font reproche d’avoir changé d’avis, me reprochent aussi d’être antin
596 ceux qui me font reproche d’avoir changé d’avis, me reprochent aussi d’être antinucléaire parce que j’aurais été « trauma
597 e reprochent aussi d’être antinucléaire parce que j’ aurais été « traumatisé par Hiroshima ». Car eux, semble-t-il, sont re
598 : Zurich, Baden, voyons, ce n’est pas le Japon !… Je leur fais observer que 1958 était beaucoup plus près d’Hiroshima que
599 que 1958 était beaucoup plus près d’Hiroshima que mes prises de position contre Superphénix, vingt ans plus tard. Je saisis
600 position contre Superphénix, vingt ans plus tard. Je saisis l’occasion pour leur rappeler aussi que le rapport présenté pa
601 r leur rappeler aussi que le rapport présenté par moi devant la Conférence européenne de la culture à Lausanne, en décembre
602 ue c’est là l’origine du CERN, dont il advint que j’ eus à présider la première réunion préparatoire, à Genève, le 12 décem
603 1950. On admettra que le traumatisme hiroshimien m’ avait laissé quelque lucidité et à tout le moins la faculté de disting
604 ce et ceux des marchands de mégawatts. Voilà pour ma première erreur, qui fut à mon avis pardonnable en son temps. Mais la
605 gawatts. Voilà pour ma première erreur, qui fut à mon avis pardonnable en son temps. Mais la seconde était, reste, beaucoup
606 mes en deux classes et ceux qui ne le font pas. » J’ avoue que j’appartiens à la première de ces classes. Je pense que les
607 classes et ceux qui ne le font pas. » J’avoue que j’ appartiens à la première de ces classes. Je pense que les hommes ont l
608 ue que j’appartiens à la première de ces classes. Je pense que les hommes ont le choix entre deux grandes finalités : la p
609 x grandes finalités : la puissance et la liberté. J’ entends d’une part : la puissance collective, mythique, nationale, éta
610 dont il dispose. Exemple : lors d’un congrès que j’ avais organisé à Bâle, et dont j’avais prié Louis Armand d’accepter la
611 d’un congrès que j’avais organisé à Bâle, et dont j’ avais prié Louis Armand d’accepter la présidence, je vais à la gare l’
612 avais prié Louis Armand d’accepter la présidence, je vais à la gare l’accueillir et je le trouve au bas d’un escalier, por
613 la présidence, je vais à la gare l’accueillir et je le trouve au bas d’un escalier, portant une assez grosse valise. — Co
614 nçais, vous portez vos bagages ? — Oui, bien sûr, me dit-il avec un fin sourire, car avant tout, je dois défendre mon auto
615 r, me dit-il avec un fin sourire, car avant tout, je dois défendre mon autonomie. Autre sens admirable du terme : celui qu
616 un fin sourire, car avant tout, je dois défendre mon autonomie. Autre sens admirable du terme : celui qu’indique le slogan
617 nsés travailler à notre place, mais le font-ils ? Je voudrais qu’un team de chercheurs calcule le rendement réel de nos es
618 , on finisse par rencontrer le maître des Enfers, j’ ai nommé Pluton. Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Si nous
619 ous voulons vraiment sortir du cercle vicieux que j’ ai dit, alors il nous faut appeler, cultiver, promouvoir l’énergie du
620 t perdre du temps à le démontrer ? Oui, répondrai- je , quand je vois l’inconscience de ceux qui acceptent sans discussion l
621 u temps à le démontrer ? Oui, répondrai-je, quand je vois l’inconscience de ceux qui acceptent sans discussion le nucléair
622 peu cyniques, ont pris soin de très bien définir. Je vous en donnerai un exemple qui vaut, je crois, pour tout le débat su
623 définir. Je vous en donnerai un exemple qui vaut, je crois, pour tout le débat sur le choix énergétique. Il s’agit d’une i
624 et avec un grand sens de la responsabilité… Pour moi , il est essentiel que les centrales nucléaires soient peu nombreuses,
625 d’énergie élaboré par les mouvements écologiques, j’ ai été attaqué par une douzaine de petits journaux reproduisant le com
626 simplement supprimé les guillemets indiquant dans mon texte une citation, et elle avait supprimé aussi la référence au gran
627 ans un moment de sincérité ou de cynisme était de moi . Est-il pensable qu’une cause défendue par de tels moyens soit une bo
628 ulé Écologie et politique, Michel Bosquet, auquel j’ emprunte cette citation, ou plutôt cet aveu capital, en donne le comme
629 souvent à cheval sur des frontières nationales : je pourrais en citer une quarantaine de cas, en Grande-Bretagne, Espagne
630 i attend d’être réveillée. « Nos cieux sont gris, me direz-vous. Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous nos cieux
631 , le PNB s’accroît ! » Le PNB, non le bien-être ! J’ approuve totalement et avec joie la réponse donnée à cette question à
632 élioration de la qualité de vie est de celles que je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la
633 notre espèce et de la vie sur la planète Terre. J’ exprimais l’an dernier dans l’organe des Nations unies cette même idée
634 gane des Nations unies cette même idée. Permettez- moi de citer ma conclusion : Le problème des centrales nucléaires n’est
635 ons unies cette même idée. Permettez-moi de citer ma conclusion : Le problème des centrales nucléaires n’est pas technolo
636 a consommation d’énergie double tous les dix ans, je serais contre, parce qu’elles sont les pièces principales d’un systèm
35 1980, Articles divers (1978-1981). Actualité de Benjamin Constant (1980)
637 te, le travail prime. Note de 1805, sans date : «  Je travaille peu depuis deux ans. Sur 714 jours, j’en ai passé 259 sans
638  Je travaille peu depuis deux ans. Sur 714 jours, j’ en ai passé 259 sans rien faire. » (Mais le simple fait de les compter
639 e fin d’année 1813 : 13 octobre. Quelques vers. Je voudrais écrire quelque autre chose, mais l’idée n’en est pas encore
640 hose, mais l’idée n’en est pas encore claire dans ma tête. 11 novembre. Le Béarnais veut de moi. Je m’attache à lui… Mais
641 e dans ma tête. 11 novembre. Le Béarnais veut de moi . Je m’attache à lui… Mais son propre terrain est mouvant. 15 novembr
642 s ma tête. 11 novembre. Le Béarnais veut de moi. Je m’attache à lui… Mais son propre terrain est mouvant. 15 novembre. J
643 a tête. 11 novembre. Le Béarnais veut de moi. Je m’ attache à lui… Mais son propre terrain est mouvant. 15 novembre. Je v
644 ais son propre terrain est mouvant. 15 novembre. Je vais à tâtons. Je ne suis content ni de moi, ni des autres. Et soud
645 rain est mouvant. 15 novembre. Je vais à tâtons. Je ne suis content ni de moi, ni des autres. Et soudain : 22 novembr
646 embre. Je vais à tâtons. Je ne suis content ni de moi , ni des autres. Et soudain : 22 novembre. Repris un ouvrage de po
647 Plan d’ouvrage politique meilleur que les autres. Je m’y tiens. Il est rare que l’on puisse surprendre l’éclosion de l’id
648 n d’ouvrage politique meilleur que les autres. Je m’ y tiens. Il est rare que l’on puisse surprendre l’éclosion de l’idée
649 amélioré le plan du petit ouvrage. 28 novembre. Mon ouvrage politique prend figure. Soirée chez le Duc. 29 novembre. Pas
650 ée chez le Duc. 29 novembre. Pas bien travaillé. J’ espère pourtant que cela ira. 2 décembre. Je risquerai ma brochure po
651 llé. J’espère pourtant que cela ira. 2 décembre. Je risquerai ma brochure politique telle quelle. 6 décembre. Travaillon
652 pourtant que cela ira. 2 décembre. Je risquerai ma brochure politique telle quelle. 6 décembre. Travaillons à ma brochu
653 olitique telle quelle. 6 décembre. Travaillons à ma brochure pour laisser au moins cette trace. 10 décembre. Bien travai
654 moins cette trace. 10 décembre. Bien travaillé. Je commence demain la rédaction. 13 décembre. Bien travaillé, mais enco
655 décembre. Travaillé. L’imprimeur va plus vite que moi . Dépêchons-nous. 28 décembre. Travaillé. Peu avancé. Le temps presse
656 écembre. Corrigé les dernières feuilles. La chose me paraît superbe. Voyons le succès… Grande délibération, si je mettrai
657 uperbe. Voyons le succès… Grande délibération, si je mettrai mon nom ou non à la brochure. À décider demain. 1814. 1er jan
658 ons le succès… Grande délibération, si je mettrai mon nom ou non à la brochure. À décider demain. 1814. 1er janvier. L’impr
659 achevée. Vogue la galère. 6 janvier. Travaillé. Je crois que je devancerai mon imprimeur, pourvu que les événements ne m
660 ue la galère. 6 janvier. Travaillé. Je crois que je devancerai mon imprimeur, pourvu que les événements ne me devancent p
661 6 janvier. Travaillé. Je crois que je devancerai mon imprimeur, pourvu que les événements ne me devancent pas. L. v. d. D.
662 cerai mon imprimeur, pourvu que les événements ne me devancent pas. L. v. d. D. s. f. 7 janvier. Travaillé. Décidément je
663 . v. d. D. s. f. 7 janvier. Travaillé. Décidément je ne joue plus. 14 janvier. Travaillé. Je me décide à envoyer la premi
664 cidément je ne joue plus. 14 janvier. Travaillé. Je me décide à envoyer la première partie à Alexandre [le tsar] et au Bé
665 ément je ne joue plus. 14 janvier. Travaillé. Je me décide à envoyer la première partie à Alexandre [le tsar] et au Béarn
666 nvier. Travaillé. Les événements vont si vite que mon livre n’aura plus le mérite de l’audace. 25 janvier. J’y mets mon no
667 e n’aura plus le mérite de l’audace. 25 janvier. J’ y mets mon nom. Vogue la galère. L’ouvrage est beau. 28 janvier. Il n
668 plus le mérite de l’audace. 25 janvier. J’y mets mon nom. Vogue la galère. L’ouvrage est beau. 28 janvier. Il n’y a plus
669 Il n’y en a plus pour notre homme [le Béarnais]. Mon ouvrage fera bon effet, j’espère. Mais l’horizon n’est pas bien clair
670 homme [le Béarnais]. Mon ouvrage fera bon effet, j’ espère. Mais l’horizon n’est pas bien clair. Des jours suivants, je n
671 orizon n’est pas bien clair. Des jours suivants, je ne retiendrai que le typique du personnage : 16 avril. Comme notre
672 ous fous et méchants. 25 avril. Éloges inouïs de mon livre. Cela ne mènera-t-il donc à rien ? 30 avril. Toutes mes relati
673 la ne mènera-t-il donc à rien ? 30 avril. Toutes mes relations à Paris sont brisées. Je ne crois pas qu’il y ait rien à fa
674 avril. Toutes mes relations à Paris sont brisées. Je ne crois pas qu’il y ait rien à faire. 5 mai. Visites sans fin chez
675 y ait rien à faire. 5 mai. Visites sans fin chez moi . (Les 9 et 24 mai, le Journal des débats publie deux articles extrêm
676 it de conquête !) 31 mai. Folies d’imagination. Je me crois dédaigné de tout le monde et personne n’y pense. C’est moi q
677 de conquête !) 31 mai. Folies d’imagination. Je me crois dédaigné de tout le monde et personne n’y pense. C’est moi qui
678 gné de tout le monde et personne n’y pense. C’est moi qui ne prends pas ma place, et je crois qu’on me la refuse. 12 août.
679 t personne n’y pense. C’est moi qui ne prends pas ma place, et je crois qu’on me la refuse. 12 août. Dispute avec Guizot.
680 y pense. C’est moi qui ne prends pas ma place, et je crois qu’on me la refuse. 12 août. Dispute avec Guizot. Le plus peti
681 moi qui ne prends pas ma place, et je crois qu’on me la refuse. 12 août. Dispute avec Guizot. Le plus petit pouvoir est u
682 ût. Dîné au Cercle. Mme Récamier. Ah ça ! deviens- je fou ? Dès cette soirée où naît son « amour fou » pour une personne q
683 Journal du 10 mars 1815. La débâcle est affreuse. Mon article de demain met ma vie en danger. Vogue la galère. S’il faut pé
684 a débâcle est affreuse. Mon article de demain met ma vie en danger. Vogue la galère. S’il faut périr, périssons bien. 11
685 n article pour les Débats. S’il triomphe et qu’il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de nous souvenir que la vie est
686 our les Débats. S’il triomphe et qu’il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de nous souvenir que la vie est ennuyeuse.
687 tre plus sobre à propos d’un coup de théâtre dont je ne vois pas d’autre exemple dans l’histoire de la vie politique en Eu
688 gue conversation. C’est un homme étonnant. Demain je lui porte un projet de constitution… L. v. d. D. s. f. Dîné chez la d
689 z la duchesse de Raguse avec Juliette. 15 avril. Mon projet de constitution a eu peu de succès. Ce n’est pas précisément d
690 erté qu’on veut. 18 avril. Entrevue de 2 heures. Ma constitution corrigée a mieux réussi… L’opinion me blâme assez, mais
691 a constitution corrigée a mieux réussi… L’opinion me blâme assez, mais je fais du bien… 19 avril. Longue entrevue. Beauco
692 ée a mieux réussi… L’opinion me blâme assez, mais je fais du bien… 19 avril. Longue entrevue. Beaucoup de mes idées const
693 du bien… 19 avril. Longue entrevue. Beaucoup de mes idées constitutionnelles adoptées. Conversation sur d’autres sujets.
694 onversation sur d’autres sujets. Il est clair que ma conversation lui plaît. Annonce de ma nomination au Conseil d’État. L
695 t clair que ma conversation lui plaît. Annonce de ma nomination au Conseil d’État. Lu mon roman, fou rire. Dîné chez Julie
696 t. Annonce de ma nomination au Conseil d’État. Lu mon roman, fou rire. Dîné chez Juliette. Soirée chez Fouché. Si ma nomina
697 rire. Dîné chez Juliette. Soirée chez Fouché. Si ma nomination a lieu, je me lance tout à fait, sans abjurer aucun princi
698 tte. Soirée chez Fouché. Si ma nomination a lieu, je me lance tout à fait, sans abjurer aucun principe. Ces sept lignes,
699 . Soirée chez Fouché. Si ma nomination a lieu, je me lance tout à fait, sans abjurer aucun principe. Ces sept lignes, au
700 Prenons une des indications télégraphiques : Lu mon roman, fou rire. Agrandissons la petite phrase et cela donne — dans
701 son Mémoire sur les Cent-Jours, n’essaya pas de me tromper. Il ne voulut point se donner le mérite de revenir à la liber
702 possible et ce qui était préférable. En bref : Je prévois, dit-il, une lutte difficile et une guerre longue. Pour la so
703 e longue. Pour la soutenir, il faut que la nation m’ appuie, mais en récompense, je le crois, elle exigera la liberté. Elle
704 faut que la nation m’appuie, mais en récompense, je le crois, elle exigera la liberté. Elle en aura. Ni l’empereur ni Co
705 a fin des Cent-Jours : 21 juin 1815. L’empereur m’ a fait demander. Il est toujours calme et spirituel. Il abdiquera dema
706 toujours calme et spirituel. Il abdiquera demain, je pense. Les misérables, ils l’ont servi avec enthousiasme quand il écr
707 logétique sur son action durant les Cent-Jours. «  Je le publierai sous forme de lettres. Il faut qu’il soit européen. » Qu
708 iri, lui seul, quand le roi a quitté Paris ? « On m’ a reproché de ne pas m’être fait tuer auprès du trône que, le 19 mars,
709 roi a quitté Paris ? « On m’a reproché de ne pas m’ être fait tuer auprès du trône que, le 19 mars, j’avais défendu : c’es
710 m’être fait tuer auprès du trône que, le 19 mars, j’ avais défendu : c’est que le 20 j’ai levé les yeux, j’ai vu que le trô
711 ue, le 19 mars, j’avais défendu : c’est que le 20 j’ ai levé les yeux, j’ai vu que le trône avait disparu et que la France
712 ais défendu : c’est que le 20 j’ai levé les yeux, j’ ai vu que le trône avait disparu et que la France restait encore. » 3°
713 s-le venir.45 De là, l’invitation du 14 avril. Je ne croyais point — écrit Constant dans son Mémoire sur les Cent-Jours
714 ongtemps avait exercé l’autorité la plus absolue… Je voulais savoir par moi-même ce que nous pouvions espérer encore. Quel
715 ges, et pourtant note en 1814 : Éloges inouïs de mon livre. Cela ne mènera-t-il donc à rien ? Réponse de l’événement : à
716 de guerre L’actualité de L’Esprit de conquête me paraît plus vive aujourd’hui qu’elle ne put l’être en 1814. C’est bel
717 litique publiés à Paris pendant les Cent-Jours : Je n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration
718 es. Et il conclut : Tel est le fédéralisme qu’il me semble utile et possible d’établir parmi nous. Si nous n’y réussisson
36 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe, invention culturelle (1980)
719 s européens de la première moitié du xxe siècle. Je retracerai les étapes principales de cette aventure culturelle. Puis
720 es principales de cette aventure culturelle. Puis j’ essaierai de comprendre les raisons — si on ose dire — de la défection
721 énérale dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dante, 1308, comme le premier manifeste
722 voir la possibilité et la nécessité de son union. Je ne rappelle que pour mémoire une autre généalogie des relations entre
723 mune et clandestine, est-il à tout jamais perdu ? J’ ai pu le craindre, par bouffées d’angoisse, durant mes années d’exil a
724 i pu le craindre, par bouffées d’angoisse, durant mes années d’exil américain, de fin 1940 à 1946. Mais à mon premier retou
725 nées d’exil américain, de fin 1940 à 1946. Mais à mon premier retour en Europe, en 1946, ce que je découvre, c’est que le p
726 s à mon premier retour en Europe, en 1946, ce que je découvre, c’est que le problème intellectuel prioritaire que proposen
727 les suites ? Peu de participants se sont engagés. Je les compte sur les doigts d’une main : 5 ou 6 sur 36 orateurs, je cro
728 r les doigts d’une main : 5 ou 6 sur 36 orateurs, je crois bien. Certes, leurs thèses principales ont été reprises un peu
729 ill, d’ailleurs présent et très souvent actif. On m’ a chargé d’organiser la commission culturelle du congrès, à côté de se
730 autres commissions, la politique et l’économique. J’ ai demandé qu’on me donne une preuve que l’on prend la culture au séri
731 la politique et l’économique. J’ai demandé qu’on me donne une preuve que l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n’est
732 au sérieux, qu’elle n’est pas un simple ornement. J’ ai proposé que la commission que je formerai rédige le message initial
733 mple ornement. J’ai proposé que la commission que je formerai rédige le message initial ou final du congrès, en formule le
734 réatrice. Pour composer la commission culturelle, j’ ai écrit à une centaine « d’intellectuels » d’Europe, jeunes et vieux.
735 lectuels » d’Europe, jeunes et vieux. T. S. Eliot m’ a répondu : « I feel that at the present time one ought to do what one
736 erate the attempt. » Et Salvador de Madariaga : «  Je donnerai volontiers (à la commission) un temps qui, à dire vrai, me m
737 iers (à la commission) un temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du cong
738 i étaient engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se trouvent désormais mobilisés
739 . Cette involution de l’intelligentsia européenne me paraît résumée d’une manière exemplaire par les prises de position su
740 ises de position successives de J.-P. Sartre. Sur ma demande, il avait envoyé à la conférence de Lausanne des fragments d’
741 la culture française en tant que telle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons-nous donc un autre moyen de sauver le
37 1980, Articles divers (1978-1981). L’avis de Denis de Rougemont [sur Invocation du nom de Dieu et Constitution fédérale] (1980)
742 er voix aux réactions de la population genevoise. J’ ai fait partie de la sous-commission chargée d’examiner le préambule e
743 en tout cas ne vous fait guère plaisir ? » — « Oh moi , vous savez a répondu le communiste, je ne l’aurais évidemment pas ch
744 » — « Oh moi, vous savez a répondu le communiste, je ne l’aurais évidemment pas choisie, mais telle qu’elle est, ça ne me
745 emment pas choisie, mais telle qu’elle est, ça ne me gêne pas et si certains y insistent, on peut très bien la laisser com
746 D’autres se sont exprimés, dans des sens divers. Mon tour venu, j’ai dit : « Voyez-vous moi, ce qui me gêne là-dedans, c’e
747 nt exprimés, dans des sens divers. Mon tour venu, j’ ai dit : « Voyez-vous moi, ce qui me gêne là-dedans, c’est justement q
748 ns divers. Mon tour venu, j’ai dit : « Voyez-vous moi , ce qui me gêne là-dedans, c’est justement que ça gêne si peu notre c
749 on tour venu, j’ai dit : « Voyez-vous moi, ce qui me gêne là-dedans, c’est justement que ça gêne si peu notre collègue com
750 a gêne si peu notre collègue communiste… » Ce que je voudrais vous dire ici ne sera guère qu’un développement de cette réa
751 ver l’invocation et le préambule que pour ma part je désapprouve, mais ses arguments restent très dignes d’être discutés.
752 ès dignes d’être discutés. Sur un ou deux points, je trouve le nouveau préambule meilleur que l’ancien (j’entends celui de
753 rouve le nouveau préambule meilleur que l’ancien ( j’ entends celui de la constitution en vigueur) mais sur plusieurs points
754 nstitution en vigueur) mais sur plusieurs points, je voudrais le rejeter très nettement. L’ancien disait : « La Confédérat
755 dérés » (ont adopté la Constitution suivante). Et je trouve cela bien meilleur, car : « La Confédération », on ne sait pas
756 ouveau texte, on en vient à des jeux d’esprit qui me paraissent peu convaincants. Ainsi la phrase : « Conscients que seul
757 l restera libre celui qui use de sa liberté », ne me paraît pas évidente à première lecture, et surtout — mais j’ai l’espr
758 as évidente à première lecture, et surtout — mais j’ ai l’esprit très mal fait — me rappelle irrésistiblement un slogan pub
759 , et surtout — mais j’ai l’esprit très mal fait — me rappelle irrésistiblement un slogan publicitaire bien connu sur une c
760 ectrique) qui « ne s’use que si l’on s’en sert ». Je ne vois pas très bien ce que l’homme de la rue peut tirer de ça. Ce n
761 qu’elle poserait une limite au pouvoir de l’État. Je suis on ne peut plus favorable à ce que l’on assigne des limites aux
762  Reconnaissant les limites du pouvoir de l’État » je ne vois rien, ni là ni ailleurs, qui définisse et assure ces limites.
763 ailleurs, qui définisse et assure ces limites. On me dit alors, d’une manière assez vague, que reconnaître et invoquer la
764 nc pour effet de relativiser le pouvoir étatique. J’ ai les doutes les plus graves à ce sujet. Les hommes d’État qui éprouv
765 Dieu » sous le nom de Providence. Chaque fois que j’ entends ce nom je me dis : — Voilà encore un démagogue, et qui probabl
766 m de Providence. Chaque fois que j’entends ce nom je me dis : — Voilà encore un démagogue, et qui probablement ne croit pa
767 e Providence. Chaque fois que j’entends ce nom je me dis : — Voilà encore un démagogue, et qui probablement ne croit pas e
768 de se taire. Ce recoupement indique et confirme à mes yeux que l’invocation au « Dieu tout-puissant » n’est qu’une manière
769 re de garantir, voire d’absolutiser leur pouvoir. Je ne vois donc pas comment, ni surtout pourquoi, je pourrais accepter c
770 Je ne vois donc pas comment, ni surtout pourquoi, je pourrais accepter cette invocation. Sauf si l’on changeait l’adjectif
771 dans leur langage. Mais c’est à eux de le faire, je ne m’en chargerai pas. De telle sorte que, si je laisse la porte légè
772 leur langage. Mais c’est à eux de le faire, je ne m’ en chargerai pas. De telle sorte que, si je laisse la porte légèrement
773 je ne m’en chargerai pas. De telle sorte que, si je laisse la porte légèrement entr’ouverte à une invocation au divin, je
774 égèrement entr’ouverte à une invocation au divin, je pose en même temps un problème qui me paraît à peu près insoluble. On
775 n au divin, je pose en même temps un problème qui me paraît à peu près insoluble. On a dit enfin, de l’invocation « à Dieu
776 pierres en pain ! Ou : si tu te prosternes devant moi , je te donnerai puissance sur tous les royaumes de la terre. Ou encor
777 es en pain ! Ou : si tu te prosternes devant moi, je te donnerai puissance sur tous les royaumes de la terre. Ou encore :
778 iste à confondre la transcendance et l’immanence. Je voudrais rappeler ceci, que j’ai trouvé dans mon Dictionnaire de la B
779 ce et l’immanence. Je voudrais rappeler ceci, que j’ ai trouvé dans mon Dictionnaire de la Bible, sous la signature du prof
780 . Je voudrais rappeler ceci, que j’ai trouvé dans mon Dictionnaire de la Bible, sous la signature du professeur Alexandre W
781 coup quoique pour de très mauvaises raisons. Pour moi , le Dieu des armées (Jahveh Sabaoth ou Tsebaoth) (qui apparaît près d
38 1980, Articles divers (1978-1981). Lew Kowarski et la responsabilité sociale du scientifique (1980)
782 ccable réalisme : En ce début de septembre 1973, j’ annonçais à court terme l’imminence de la triple jonction entre le ren
783 rition à tout jamais de l’énergie quasi gratuite. Je dénonçais — déjà — les égarements de la grande politique nucléaire su
784 t la marche vers le néfaste recours au plutonium. J’ attirais l’attention sur les abus d’une économétrie factice… On retrou
785 res annoncées par Carter en 1977 ; bien entendu…, je n’en avais nullement le monopole mais je fus, peut-être, un des premi
786 ntendu…, je n’en avais nullement le monopole mais je fus, peut-être, un des premiers à mettre les pieds dans le plat à leu
787 des prix de revient du kilowatt, il se déchaîne. Je cite : L’économie est une science dont la notion fondamentale est le
788 ’est une percée fantastique ! » Or, dit Kowarski, je viens de constater qu’on compte aujourd’hui le kilowatt installé au d
789 view se conclut sur ce paragraphe inoubliable que je tiens à citer en entier, parce qu’il démontre que Lew Kowarski savait
790 ur. Pour lui, la réponse n’était pas évidente. Il me semble, à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à t
791 la réponse n’était pas évidente. Il me semble, à moi , qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à toutes les chos
792 tes depuis plusieurs années, mais c’est de là que je date, pour ma part, notre amitié. Je l’avais invité à titre d’expert
793 st de là que je date, pour ma part, notre amitié. Je l’avais invité à titre d’expert scientifique à la table ronde du Cons
794 ’y donner des leçons d’humanisme aux philosophes. Je le rencontrais quelques fois dans l’avion de Genève à Paris : il y al
795 le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je le répète, ce qui m’a le mieux révélé l’homme, ça a été — symboliquem
796 r le plan intellectuel, mais je le répète, ce qui m’ a le mieux révélé l’homme, ça a été — symboliquement — ses déclaration
797 ué par une grenade, beaucoup de blessés, et quand je retournai, quelques jours plus tard chez Lew, je le trouvai sombre, é
798 je retournai, quelques jours plus tard chez Lew, je le trouvai sombre, ému et déterminé. Nous sommes ici à discuter bien
799 ration commune ; nous la mettrons au point lui et moi et elle sera présentée à la presse le 3 octobre. Bien que la rédactio
800 e la rédaction définitive soit en bonne partie de mon écriture, il est certain que pour le contenu, ce document doit être a
801 ce, à juste titre, dans le recueil des textes que j’ ai cité et qui allait paraître quelques mois plus tard. Et surtout, il
802 e seule la composition de notre Groupe. Permettez- moi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de notre ami, les quelque
803 uelques phrases qui posent à grands traits ce que je voudrais appeler le système de notre crise, c’est-à-dire : …les rapi
804 e ami dans le texte d’une admirable concision que je vous lisais tout à l’heure : il énumère des problèmes capitaux dont l
805 s mesurons, et nous allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce que Lew Kowarski représentait pour nous, bien au-d
39 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
806 e la décennie qui forme le sujet de ce volume, il me paraît indispensable de retracer d’abord les grandes étapes culturell
807 (Seule absente de la fête : la musique à laquelle j’ ai pu vérifier que Breton demeurait curieusement insensible, voire hos
808 lturelle de cette deuxième période du xxe siècle me paraissent être : la fin de la « gratuité » et de l’art pour l’art ;
809 au contraire une occasion d’exalter sa grandeur — je veux parler de Jean Anouilh et d’André Roussin, par exemple, mais aus
810 caractères les plus singuliers et sans précédent, je partirai d’une constatation sur l’état présent de la culture européen
811 fait précise et en quelque sorte irrécusable, que je viens de faire dans le domaine du théâtre. J’étais en train de me po
812 ue je viens de faire dans le domaine du théâtre. J’ étais en train de me poser des questions légèrement anxieuses sur mes
813 dans le domaine du théâtre. J’étais en train de me poser des questions légèrement anxieuses sur mes facultés de présence
814 e me poser des questions légèrement anxieuses sur mes facultés de présence au monde culturel dans lequel je vis : au seuil
815 acultés de présence au monde culturel dans lequel je vis : au seuil de cet article, et supputant son plan, je n’arrivais p
816 : au seuil de cet article, et supputant son plan, je n’arrivais plus à trouver un seul nom d’écrivain de théâtre qui se fû
817 é reconnu durant la décennie qui se terminait. Il me semblait que les pièces des plus diverses dont avait parlé la critiqu
818 , mais seulement le nom de leur metteur en scène. Je me mis à lire ou à relire quantité de journaux et de magazines récent
819 ais seulement le nom de leur metteur en scène. Je me mis à lire ou à relire quantité de journaux et de magazines récents,
820 aux retours en arrière : ils allaient rafraîchir ma mémoire défaillante. Mais je ne trouvai d’abord que des titres du gen
821 allaient rafraîchir ma mémoire défaillante. Mais je ne trouvai d’abord que des titres du genre : Le Don Giovanni de Lose
822 nni avait un faciès de vampire, si peu séduisant ( me semblait-il) qu’on ne comprenait plus rien à la « liste » fameuse des
823 n scène Les noms de Mozart et de Bertolazzi ne me paraissant pas bien utiles pour mon bilan du « nouveau » théâtre, je
824 Bertolazzi ne me paraissant pas bien utiles pour mon bilan du « nouveau » théâtre, je me procurai certains des magazines e
825 ien utiles pour mon bilan du « nouveau » théâtre, je me procurai certains des magazines et grands hebdomadaires français q
826 utiles pour mon bilan du « nouveau » théâtre, je me procurai certains des magazines et grands hebdomadaires français qui
827 culturel de la décennie écoulée. C’est ainsi que je tombai sur le numéro des Nouvelles littéraires du 20 décembre 1979,
828 suffiront à prouver au lecteur que l’amnésie que j’ avais un instant redoutée n’était pas responsable du blanc total provo
829 tait pas responsable du blanc total provoqué dans mon esprit par la question : quels auteurs de théâtre après Mai 68 ? La
830 vi leur œuvre, chacun dans sa ligne ». Continuant ma recherche, je ne tardai pas à trouver deux confirmations supplémentai
831 chacun dans sa ligne ». Continuant ma recherche, je ne tardai pas à trouver deux confirmations supplémentaires dont la pr
832 ioran n’est jamais apparu sur un petit écran, que je sache ; Lévy et Garaudy s’y montrent à l’envi. La culture du spectacl
833 généralisé au cours de la décennie qui s’achève. Je n’hésite pas à le rattacher à l’action de la télévision. Le petit écr
834 ire — que des « poses » prises devant le public — j’ entends des attitudes d’acteur. C’est la nouvelle « trahison des clerc
835 démagogie intellectuelle au xxe siècle. Il y a, je crois, les plus grandes chances pour que les auteurs d’aujourd’hui qu
836 ré Gide, Retour de l’URSS, 1936, puis Retouches à mon Retour de l’URSS, 1938. 55. Cf. notamment « Les communistes et la pa
837 en 119 pages Sartre attaque les anticommunistes, moi le premier, qui ont condamné l’écrasement de la révolution de Budapes
40 1980, Articles divers (1978-1981). 1979 [Iran, Three Mile Island, Cambodge…] (2 janvier 1980)
838 980)bq br « Ce qui se passe en Iran — écrivais- je ici même en février de cette année — est un tournant de l’histoire :
41 1980, Articles divers (1978-1981). Un précurseur de l’engagement politique (1er mai 1980)
839 attitude ? Certainement. Penser avec les mains , mon premier ouvrage à la fois philosophique et applicable à la vie publiq
840 énérale de la culture au xxe siècle, culture que je qualifiais d’irresponsable en ce sens qu’elle se voulait désintéressé
841 ces, comme débrayée de toute action dans la cité. J’ ai écrit la partie la plus importante de ce livre à 25 ans, dans toute
842 e à 25 ans, dans toute la révolte de la jeunesse. Je demandais à l’écrivain d’assumer, dans sa vie concrète, la responsabi
843 es idées, même si cela devait le mener en prison. Je lui rappelais que penser n’est pas seulement soupeser, mais « peser s
844 bre, mais bien plutôt libératrice. En même temps, je le disais responsable de maintenir vivants les lieux communs, communs
845 es grandes lignes, la situation n’a guère changé. J’ ai d’abord formulé une critique — aussi sympathique que je pouvais m’y
846 bord formulé une critique — aussi sympathique que je pouvais m’y obliger par souci de justice — de ce que j’appelais « la
847 é une critique — aussi sympathique que je pouvais m’ y obliger par souci de justice — de ce que j’appelais « la commune mes
848 vais m’y obliger par souci de justice — de ce que j’ appelais « la commune mesure restaurée » des communistes russes, des n
849 ut le dire, mais à partir de besoins profonds que je pouvais comprendre, de recréer une « commune mesure » pour l’intellec
850 e, l’actualisation d’un idéal de communauté. Pour moi , le succès d’hommes comme Mussolini, Staline ou Hitler était inévitab
851 d’alors n’opposa qu’une forte page de rhétorique. Je dois dire tout de suite, Denis de Rougemont, que vos idées ont été re
852 onsabilité, furent des thèmes à la mode des 1946, me semble-t-il ? En effet, mais ce n’était plus tout à fait dans le sens
853 était plus tout à fait dans le sens où Mounier et moi parlions dès 1935 de « pensée engagée ». À la veille de la guerre, en
854 rivain rencontrait déjà un succès un peu suspect, j’ avais été amené à écrire un article intitulé : « Trop d’irresponsables
855 intitulé : « Trop d’irresponsables s’engagent ». Je visais ceux qui confondaient l’engagement avec le simple fait de sign
856 ait de signe des manifestes à gauche ou à droite. Je puis même vous citer le cas d’un philosophe très connu à l’époque qui
857 voir ! Bien sûr, on en avait un peu ri, mais pour moi , l’incident dénotait un fait grave : il trahissait l’irresponsabilité
858 nsabilité générale de la classe intellectuelle. À mon retour d’Amérique, après la guerre, j’ai constaté que le thème de l’e
859 tuelle. À mon retour d’Amérique, après la guerre, j’ ai constaté que le thème de l’engagement de l’écrivain était très à la
860 ntale. C’est une prise de conscience. Alors dites- moi , Denis de Rougemont, cette œuvre a-t-elle été écrite avant la guerre 
861 cette œuvre a-t-elle été écrite avant la guerre ? Je l’ai écrite en 1938, année extrêmement productive pour moi. En effet,
862 écrite en 1938, année extrêmement productive pour moi . En effet, pendant les deux premiers mois j’ai écrit un ouvrage de de
863 our moi. En effet, pendant les deux premiers mois j’ ai écrit un ouvrage de deux-cents pages intitulé La Vision physiognom
864 intitulé La Vision physiognomique du monde que je n’ai jamais publié. J’étais censé livrer à ce moment-là à un éditeur,
865 ysiognomique du monde que je n’ai jamais publié. J’ étais censé livrer à ce moment-là à un éditeur, L’Amour et l’Occident
866 nt-là à un éditeur, L’Amour et l’Occident , dont je n’avais pas encore écrit première ligne. Je l’ai commencé le jour où
867 dont je n’avais pas encore écrit première ligne. Je l’ai commencé le jour où j’aurais dû le remettre, et je l’ai terminé
868 écrit première ligne. Je l’ai commencé le jour où j’ aurais dû le remettre, et je l’ai terminé en trois mois, par je ne sai
869 i commencé le jour où j’aurais dû le remettre, et je l’ai terminé en trois mois, par je ne sais quel miracle ! J’étais en
870 e remettre, et je l’ai terminé en trois mois, par je ne sais quel miracle ! J’étais en état de transe. Quatre-cents pages
871 miné en trois mois, par je ne sais quel miracle ! J’ étais en état de transe. Quatre-cents pages en trois mois, je serais b
872 état de transe. Quatre-cents pages en trois mois, je serais bien incapable de le refaire aujourd’hui ! Tout le livre est
873 ristan et Iseut. L’amour qui unit ces deux héros, je l’ai défini comme se nourrissant d’obstacle, lesquels font figure de
874 tre, mais seulement le sentiment d’être amoureux. Je me suis plongé dans cette analyse avec un enthousiasme très sensible
875 , mais seulement le sentiment d’être amoureux. Je me suis plongé dans cette analyse avec un enthousiasme très sensible ce
876 amené des critiques à prétendre que, finalement, j’ étais plus ému par « l’amour-passion » que par « l’amour-action ». Oui
877  ? Disons qu’il y avait une très forte tension en moi , une tension qui a duré tout au long de ma vie. Les critiques qui sen
878 on en moi, une tension qui a duré tout au long de ma vie. Les critiques qui sentaient que j’avais parlé avec plus de chale
879 u long de ma vie. Les critiques qui sentaient que j’ avais parlé avec plus de chaleur de Tristan que du mariage n’avaient p
880 avaient pas tout à fait tort. Aujourd’hui encore, je me ferai honte le jour où je ne pleurerai pas au grand duo d’amour du
881 ient pas tout à fait tort. Aujourd’hui encore, je me ferai honte le jour où je ne pleurerai pas au grand duo d’amour du de
882 Aujourd’hui encore, je me ferai honte le jour où je ne pleurerai pas au grand duo d’amour du deuxième acte de Tristan, su
883 s enchanté. Nous vous comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ai finalement opté, non sans drames, pour ce que j’ai a
884 s vous comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ ai finalement opté, non sans drames, pour ce que j’ai appelé « l’amour
885 ’ai finalement opté, non sans drames, pour ce que j’ ai appelé « l’amour-action ». Je vois tout de même une indication hist
886 ames, pour ce que j’ai appelé « l’amour-action ». Je vois tout de même une indication historique dans le lien qui existe e
887 où, finalement, vous attaquez la guerre ? Certes, j’ étais pleinement conscient du parallèle entre les grandes passions tot
888 agner : dans une mort théâtrale et triomphale. Et j’ ai longuement développé cette relation entre « l’amour-passion » et la
889 ’actualité profonde qui a progressivement éveillé mon intérêt pour la culture européenne en tant que telle. Le résultat de
890 ture européenne en tant que telle. Le résultat de mes recherches historiques m’a permis de conclure que « l’amour-passion »
891 telle. Le résultat de mes recherches historiques m’ a permis de conclure que « l’amour-passion » était en fait une créatio
892 nde de Tristan et la poésie des troubadours. Ceci m’ a amené à formuler des considérations générales sur le développement d
893 elles se fonde ce qui deviendra, après la guerre, mon action européenne. Donc une réflexion qui a pour point de départ l’in
894 humaines dans la communauté, cette communauté que je veux régir par le même principe que celui du couple, à savoir l’union
895 mment aimer cette Europe-là ? On peut l’aimer, et je le démontre dans les deux premiers livres de L’Amour et l’Occident ,
896 re à l’origine d’un travail de trois-cents pages. J’ ai écrit cet ouvrage très rapidement, si rapidement que j’ai dû le con
897 it cet ouvrage très rapidement, si rapidement que j’ ai dû le condenser. J’ai souvent ressenti la sensation très nette de m
898 pidement, si rapidement que j’ai dû le condenser. J’ ai souvent ressenti la sensation très nette de mon ignorance devant ce
899 J’ai souvent ressenti la sensation très nette de mon ignorance devant certains des thèmes que j’abordais avec la hardiesse
900 e de mon ignorance devant certains des thèmes que j’ abordais avec la hardiesse du jeune homme horrifié qui ne recule devan
901 t la plupart des auteurs considérés comme sérieux m’ ont démoli à qui mieux mieux. Mais ces critiques ont été rapidement in
902 alidés par d’indiscutables découvertes confirmant mes thèses comme celle du chanoine Dondaine, trouvant par hasard à la Bib
903 t l’Inquisition. D’autres découvertes ultérieures m’ ont également donné raison et les quelques erreurs que j’avais effecti
904 galement donné raison et les quelques erreurs que j’ avais effectivement commises, je les ai corrigées en 1956, une premièr
905 lques erreurs que j’avais effectivement commises, je les ai corrigées en 1956, une première fois, lorsque mon livre a été
906 ai corrigées en 1956, une première fois, lorsque mon livre a été à nouveau publié, puis une seconde fois, en 1972, dans ce
907 a appelé une « édition définitive » et qui, pour moi , ne l’est pas forcément. Ceci m’a permis de répondre de manière exhau
908  » et qui, pour moi, ne l’est pas forcément. Ceci m’ a permis de répondre de manière exhaustive à mes détracteurs et, à mon
909 ci m’a permis de répondre de manière exhaustive à mes détracteurs et, à mon tour, de mettre en évidence leurs erreurs et le
910 dre de manière exhaustive à mes détracteurs et, à mon tour, de mettre en évidence leurs erreurs et leurs partis pris ration
911 mbien fortement — de nombreux écrivains. Alors il m’ intéresserait de savoir quels sont les écrivains qui ont eu une influe
912 s écrivains qui ont eu une influence sur vous. Et j’ aimerais, à ce propos, évoquer un livre qui a pour titre : Les Person
913 , il a été publié à New York « par accident », si je puis dire. En réalité, il était terminé en 1938, lui aussi. Gallimard
914 t terminé en 1938, lui aussi. Gallimard venait de m’ envoyer un premier jeu d’épreuves lorsque la guerre a éclaté. Une prov
915 e nord de la France, en mai-juin de l’année 1940. Je suis arrivé en Amérique avec le seul jeu d’épreuves subsistant ! Je n
916 Amérique avec le seul jeu d’épreuves subsistant ! Je n’avais même plus de manuscrit. J’ai donc retravaille ce texte et Jac
917 s subsistant ! Je n’avais même plus de manuscrit. J’ ai donc retravaille ce texte et Jacques Schiffrin l’a publié, en franç
918 çais, à New York. Il a été repris par Gallimard à mon retour en 1946, ainsi que par la Baconnière en Suisse. Dans ce livre,
919 -tendent son œuvre. Et la grande contradiction de ma vie pourrait être symbolisée par l’évocation simultanée de Goethe, et
920 Dieu. Le fou opposé au sage. Et ces deux auteurs m’ ont fortement influencé, non seulement dans mes écrits, dans ma vie, m
921 urs m’ont fortement influencé, non seulement dans mes écrits, dans ma vie, mais encore dans mes pensées les plus secrètes.
922 nt influencé, non seulement dans mes écrits, dans ma vie, mais encore dans mes pensées les plus secrètes. En fait, la vale
923 nt dans mes écrits, dans ma vie, mais encore dans mes pensées les plus secrètes. En fait, la valeur que j’attache à ces « p
924 pensées les plus secrètes. En fait, la valeur que j’ attache à ces « personnes du drame » tient justement au fait que je dé
925  personnes du drame » tient justement au fait que je décris là dans ce livre ce qu’il y a de plus difficile à assumer : me
926 livre ce qu’il y a de plus difficile à assumer : mes contradictions. Les autres chapitres sont peut-être moins importants,
927 ins importants, hormis celui concernant Ramuz qui m’ a permis de me ressourcer, de me ré-enraciner dans la culture suisse,
928 , hormis celui concernant Ramuz qui m’a permis de me ressourcer, de me ré-enraciner dans la culture suisse, en Suisse roma
929 cernant Ramuz qui m’a permis de me ressourcer, de me ré-enraciner dans la culture suisse, en Suisse romande particulièreme
930 de nous, d’autre part, comme Claudel par exemple. J’ ai été assez heureux de la manière dont Ramuz a réagi à cet écrit. Mal
931 dont Ramuz a réagi à cet écrit. Malheureusement, j’ ai perdu sa lettre qui m’était très précieuse et dans laquelle il me d
932 écrit. Malheureusement, j’ai perdu sa lettre qui m’ était très précieuse et dans laquelle il me disait : « Enfin on a dit
933 re qui m’était très précieuse et dans laquelle il me disait : « Enfin on a dit ce qu’il fallait dire de mon œuvre. » Et en
934 isait : « Enfin on a dit ce qu’il fallait dire de mon œuvre. » Et enfin, le lecteur découvre un Ramuz tel qu’il l’imagine,
935 me de l’existence dans la communauté. Finalement, je me sentais très proche de lui dans mes réactions au totalitarisme, au
936 de l’existence dans la communauté. Finalement, je me sentais très proche de lui dans mes réactions au totalitarisme, au ca
937 Finalement, je me sentais très proche de lui dans mes réactions au totalitarisme, au capitalisme, à l’individualisme modern
938 lle se manifeste. Et c’est exactement ce sens que j’ ai voulu exprimer dans le raccourci : Penser avec les mains . Ainsi d
939 s avez écrit trois ouvrages ? Non, cinq. En mars, j’ ai rédigé d’après les notes prises à Francfort, mon Journal d’Allemag
940 j’ai rédigé d’après les notes prises à Francfort, mon Journal d’Allemagne qui a paru à l’automne chez Gallimard. En décem
941 i a paru à l’automne chez Gallimard. En décembre, j’ ai écrit une pièce de théâtre dont Arthur Honegger a composé la musiqu
942 : Nicolas de Flue . Tout au long de cette année, je m’en souviens, j’ai regretté profondément que les jours n’aient que 2
943 Nicolas de Flue . Tout au long de cette année, je m’ en souviens, j’ai regretté profondément que les jours n’aient que 24 h
944 . Tout au long de cette année, je m’en souviens, j’ ai regretté profondément que les jours n’aient que 24 heures et qu’il
42 1980, Articles divers (1978-1981). La maîtrise sociale des besoins (avril-juin 1980)
945 x qu’on imite ou qui déterminent nos aspirations. Je me bornerai à quelques exemples topiques de ces variations. 3. Exempl
946 u’on imite ou qui déterminent nos aspirations. Je me bornerai à quelques exemples topiques de ces variations. 3. Exemples
947 ction d’automobile à un moment où, note-t-il dans Ma Vie : « il n’y avait pas de demande pour les automobiles » ; voire « 
948 nnantes dans l’échelle de mesure des « besoins ». J’ en donnerai deux exemples contrastés, l’un illustrant l’extrême de la
949 ste, ou au contraire, comme oblation altruiste du moi . J’emprunterai le premier exemple à une légende de l’ancienne Russie
950 ou au contraire, comme oblation altruiste du moi. J’ emprunterai le premier exemple à une légende de l’ancienne Russie que
951 er exemple à une légende de l’ancienne Russie que me raconta un jour l’écrivain exilé Alexis Remizov : la légende de la Gr
952 ils lui demandèrent : « Qu’as-tu ? » Elle dit : «  J’ ai faim ». Ils lui dirent : « Nous t’avons donné toute la nourriture d
953 la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand vous m’ aurez donné cent fois et mille fois plus, j’aurai encore faim. » Ils l
954 vous m’aurez donné cent fois et mille fois plus, j’ aurai encore faim. » Ils lui dirent : « Que veux-tu donc ? » et elle d
955 nt : « Que veux-tu donc ? » et elle dit enfin : «  Je veux Dieu ! » À cette légende de la faim inextinguible j’opposerai l’
956 Dieu ! » À cette légende de la faim inextinguible j’ opposerai l’histoire véridique d’une sobriété miraculeuse du seul sain
957 : changent de nature. 6. Tout cela est très joli, me dira-t-on, mais ne va pas nous aider à résoudre les problèmes urgents
958 poraine oppose l’exemple de la révolution chiite. Je l’écrivais en février 1979 : Ce qui vient de se passer en Iran est u
959 identaux devant cette conduite « irrationnelle », j’ ajouterai : « C’est qu’ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’au
960 istance purement humaine, spécifiquement humaine, je veux dire religieuse. Lors d’un colloque qui vient de se tenir à Genè
961 tution de l’électricité nucléaire au pétrole »59. Je réitère : ils voudraient nous faire prendre leurs désirs (de profit,
962 ts) et par le gouvernement lui-même d’autre part. J’ écrivais en 1975 : Pour faire face à la demande en électricité dont on
963 dangers, et encore plus les moyens d’y remédier. J’ en déduis qu’on veut nous faire prendre dès maintenant des risques pro
964 nationales. (Aller plus loin serait se condamner, je le crains, à ne plus trouver de membres « sérieux ».) Les commissions
965 les bornes de la plus insolente naïveté, rien ne me retiendra plus de proposer que, dorénavant, toutes les distributions
966 ques bleus, non par des fonctionnaires nationaux, je ne penserai pourtant pas avoir absolument perdu mon temps et celui du
967 e ne penserai pourtant pas avoir absolument perdu mon temps et celui du congrès de Dakar en proposant à votre réflexion un
43 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe et l’environnement (28 juin 1980)
968 s faute de combattants, tout simplement. Progrès. Je sais bien que nos chefs d’État, hommes politiques, politiciens et chr
969 a créés et dont elle fut la première à souffrir, j’ en nommerai six seulement — il y en a des centaines. 1. Le cancer par
970 rétendus souverains que les peuples riverains qui me paraissent responsables. Autant je suis persuadé que, pour résoudre l
971 riverains qui me paraissent responsables. Autant je suis persuadé que, pour résoudre les problèmes que posent le Rhin, la
972 ons ou entre régions qui se voit requis, — autant je suis certain que dans le cas du Léman, c’est de l’attitude, des choix
973 ttitude intérieure et des finalités de notre vie. Ma conclusion sera donc à la fois un appel et une constatation qui nous
44 1981, Articles divers (1978-1981). Guy de Pourtalès l’Européen [préface] (1981)
974 s huguenots, les Suisses romands et les Anglais. ( Je trouve parmi mes ascendants, dès la Réforme, des Jonas, des Jacob, de
975 Suisses romands et les Anglais. (Je trouve parmi mes ascendants, dès la Réforme, des Jonas, des Jacob, des Abram ou Abraha
976 me Jérémie Pourtalès, arrière-grand-père d’une de mes arrière-grand-mères. L’Ancien Testament, comme l’a dit Ramuz, n’est-i
977 politique et des mouvances de dynasties amenèrent ma famille et plusieurs autres du vieux terroir neuchâtelois à une sorte
978 centre du monde ne souffre pas le moindre doute à mes yeux. L’Europe est en effet le continent qui a seul découvert tous le
979 le, en profondeur, à la biographie de son auteur, je veux parler de La Pêche miraculeuse. Première esquisse de cette œuvre
980 te œuvre maîtresse, Montclar cg cependant demeure mon préféré dans la trilogie romanesque de Pourtalès, pour la densité de
45 1981, Articles divers (1978-1981). Fédéralisme, personnalisme, œcuménisme (1981)
981 rd le malentendu que pourrait suggérer ce titre : je ne vais pas parler ici d’une « théologie œcuménique », synthèse utopi
982 ble avec aucune des théologies existantes. Ce qui m’ intéresse, c’est la doctrine concernant l’Église universelle, implicit
983 cette doctrine, dès lors que nous prononçons : «  Je crois la sainte Église universelle ». Et je me bornerai ici à en soul
984 s : « Je crois la sainte Église universelle ». Et je me bornerai ici à en souligner quelques traits qui importent à mon en
985 « Je crois la sainte Église universelle ». Et je me bornerai ici à en souligner quelques traits qui importent à mon entre
986 ci à en souligner quelques traits qui importent à mon entreprise. Le principal est celui-ci : la théologie de l’œcuménisme
987 ondements bibliques indiscutables. (Pour ma part, je n’en vois pas de meilleur que la première Épître aux Corinthiens : c’
988 ange ? Ou à la parole « Soyez un comme le Père et moi sommes un », qui établit le modèle même de l’union dans la distinctio
989 hode n’est compatible qu’avec des orthodoxies que j’ appellerai ouvertes. Elle ne peut embrasser une orthodoxie qui céderai
990 sera déformée à rebours, au lieu d’être réformée. Je n’épiloguerai pas ici sur l’unité d’organisation romaine, considérée
991 maine, considérée comme nécessaire au salut. Mais je rappellerai les critiques que Karl Barth adressait à l’orthodoxie pro
992 e qui fonde la communion humaine dans la liberté. Je l’appelle personnalisme. Cherchons à illustrer les notions d’individu
993 ce serait ne pas accepter vraiment l’œcuménisme, j’ entends avec toutes ses conséquences. Car la foi sans les œuvres n’est
994 les Églises n’y répondent pas, personne d’autre, je le crains, ne répondra. Avant même de se demander si les Églises peuv
995 ons de croire que l’Église peut agir, raisons que je vais énumérer, sont-elles moins destinées à combattre des doutes qu’à
996 déterminé les structures politiques d’une nation. J’ indiquerai trois groupes d’exemples de cette précédence des facteurs r
997 uer ce fait ? À défaut d’une étude nuancée — dont je ne puis donner ici le thème —, je dirai ceci : en Russie, en Allemagn
998 nuancée — dont je ne puis donner ici le thème —, je dirai ceci : en Russie, en Allemagne, la relation Église-État n’a jam
999 er, de nuancer et de multiplier de tels exemples. Je ne les indique ici que pour montrer : 1° que la connaissance intime d
1000 réalité, ce n’est qu’une réponse. Une fois parti, je m’aperçois bientôt que je n’étais faible que parce que je me tendais
1001 lité, ce n’est qu’une réponse. Une fois parti, je m’ aperçois bientôt que je n’étais faible que parce que je me tendais imm
1002 éponse. Une fois parti, je m’aperçois bientôt que je n’étais faible que parce que je me tendais immobile dans ma prudence.
1003 rçois bientôt que je n’étais faible que parce que je me tendais immobile dans ma prudence. L’action risquée m’apporte les
1004 is bientôt que je n’étais faible que parce que je me tendais immobile dans ma prudence. L’action risquée m’apporte les for
1005 faible que parce que je me tendais immobile dans ma prudence. L’action risquée m’apporte les forces dont je manquais. De
1006 ndais immobile dans ma prudence. L’action risquée m’ apporte les forces dont je manquais. De toute part, un appel est resse
1007 dence. L’action risquée m’apporte les forces dont je manquais. De toute part, un appel est ressenti : je le nommerai la no
1008 manquais. De toute part, un appel est ressenti : je le nommerai la nostalgie fédéraliste. Des auteurs isolés l’ont fait e
46 1981, Articles divers (1978-1981). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous (1981)
1009 érétiques de toutes les religions, unissez-vous ! J’ ai souvent médité sur cette phrase, depuis lors. Au temps de nos prem
1010 cès de Moscou et la persécution des églises. Mais je relis les onze numéros de notre revue : il n’y est jamais question d’
1011 passages cités sont justement d’Henry Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors.
1012 e Proche-Orient ; puis ce sera la guerre, et pour moi , plus de six années d’exil américain. Et pourtant, le bravo silencieu
1013 cain. Et pourtant, le bravo silencieux par lequel j’ accueille à Ferney l’exclamation de l’ami retrouvé ne marque aucune ru
1014 aucune rupture avec notre passé, ni encore moins mon ralliement à quelque antidoctrine nouvelle élaborée dans l’entre-temp
1015 urtout de Sohrawardi, dès 1931. Cette même année, je publiais divers essais parmi les tout premiers parus en France sur Ki
1016 n’est jamais entré ni sorti, depuis des mois que j’ attends ici ! À quoi le gardien répond : — Elle n’était là que pour to
1017 ment secret qui conduit seul à l’intégration d’un moi distinct… La « voie unique » peut donc désigner aussi bien l’orthodox
1018 matiques imposés par les pouvoirs totalitaires ne m’ intéressent pas dans ce contexte. Note 2. Si, comme le veulent les dic
1019 émique récemment ajouté à L’Amour et l’Occident , je parle « d’hérésies libératrices des âmes et d’orthodoxie conservatric
1020 e la cité ». Une attitude personnaliste cohérente m’ incite à tenir balance égale entre communauté et vocation, entre unive
1021 stique, et qui possède une vertu de contagion que je voudrais dire convertissante. (Pour moi, s’il faut en croire les test
1022 tagion que je voudrais dire convertissante. (Pour moi , s’il faut en croire les tests que j’ai passés, je me verrais plutôt
1023 nte. (Pour moi, s’il faut en croire les tests que j’ ai passés, je me verrais plutôt entre deux pentes, soit sur le chemin
1024 i, s’il faut en croire les tests que j’ai passés, je me verrais plutôt entre deux pentes, soit sur le chemin de crête, ten
1025 s’il faut en croire les tests que j’ai passés, je me verrais plutôt entre deux pentes, soit sur le chemin de crête, tenté
1026 s, soit au fond de la vallée, et tout effort pour m’ élever d’un côté ou de l’autre aggraverait la séparation. Reste une se
1027 nvente en y marchant. « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psalmiste. La lampe n’éc
1028 parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », dit le psalmiste. La lampe n’éclaire que le terrain où je
1029 e psalmiste. La lampe n’éclaire que le terrain où je m’avance, ce chemin qui commence à mes pas. L’homme de la foi ne suit
1030 salmiste. La lampe n’éclaire que le terrain où je m’ avance, ce chemin qui commence à mes pas. L’homme de la foi ne suit sa
1031 terrain où je m’avance, ce chemin qui commence à mes pas. L’homme de la foi ne suit sa voie qu’en la frayant, « sentier ét
1032 es les religions », plutôt que cet hérétiques qui m’ avait frappé et dont j’eusse été fier d’avoir pu l’inventercc. Tout a
1033 tôt que cet hérétiques qui m’avait frappé et dont j’ eusse été fier d’avoir pu l’inventercc. Tout amicale qu’elle fût, cet
1034 lle fût, cette réticence marquée n’a pas cessé de me troubler. J’essaie aujourd’hui de comprendre qui de nous deux était l
1035 e réticence marquée n’a pas cessé de me troubler. J’ essaie aujourd’hui de comprendre qui de nous deux était le plus près d
1036 re datée d’Istanbul le 20 avril 1940, répondant à mon offre de collaborer à un ouvrage sur l’orthodoxie, ou de se charger d
1037 ’un volume sur l’islam, pour une collection qu’on m’ avait offert de diriger chez un éditeur parisien, Henry Corbin m’écriv
1038 de diriger chez un éditeur parisien, Henry Corbin m’ écrivait : L’an dernier, je n’osais pas encore prendre part au volume
1039 arisien, Henry Corbin m’écrivait : L’an dernier, je n’osais pas encore prendre part au volume sur l’orthodoxie. Maintenan
1040 endre part au volume sur l’orthodoxie. Maintenant je n’hésite plus ; ça me va tellement mieux qu’un livre sur l’islam ; pu
1041 ur l’orthodoxie. Maintenant je n’hésite plus ; ça me va tellement mieux qu’un livre sur l’islam ; puisque dans celui-ci je
1042 x qu’un livre sur l’islam ; puisque dans celui-ci je connais surtout les hérésies. Mais tout de même il faut maintenir le
1043 un livre sur la Religion d’Hermès ; mieux encore, je voudrais appeler ça : Les prophètes grecs. Je t’enverrai le schéma si
1044 re, je voudrais appeler ça : Les prophètes grecs. Je t’enverrai le schéma si tu le juges utile. Les événements nous inter
1045 it ceci : Ravi que tu sois raccommodé par Barth. Moi , j’attends encore. Mais je ne nierai jamais, naturellement, le servic
1046 ci : Ravi que tu sois raccommodé par Barth. Moi, j’ attends encore. Mais je ne nierai jamais, naturellement, le service qu
1047 raccommodé par Barth. Moi, j’attends encore. Mais je ne nierai jamais, naturellement, le service qu’il nous a rendu. […] A
1048 ement, le service qu’il nous a rendu. […] Au fond je suis de toujours et à jamais métaphysicien (les calvinistes appellent
1049 suite un « gnostique », Mais tant pis pour eux). J’ ai toujours creusé là-dedans, soit comme une taupe, soit comme un sîmo
1050 comme une taupe, soit comme un sîmorgh. Quand on m’ a barré la route — « on », que ce fût Rome ou Genève — ça a toujours f
1051 inement aussi un métaphysicien. Ces deux alinéas me confirment dans la certitude que j’avais bien entendu l’exclamation d
1052 deux alinéas me confirment dans la certitude que j’ avais bien entendu l’exclamation dans mon jardin telle que je la rappo
1053 itude que j’avais bien entendu l’exclamation dans mon jardin telle que je la rapporte. Le « ou Rome ou Genève » ne saurait
1054 n entendu l’exclamation dans mon jardin telle que je la rapporte. Le « ou Rome ou Genève » ne saurait désigner ici que l’o
1055 débarrasser. Mais le besoin (anxieux) persiste en moi , bien moins de vérifier l’exactitude matérielle de l’exclamation pris
1056 i importe ici, et qui répond enfin en plénitude à ma question, ce sont les noms des auteurs invoqués, « les Spirituels du
1057 abi à Molla Sadra Chirazi et à l’école shaykhie. J’ ai pu remarquer, à maintes reprises, combien certains textes traduits
1058 lture traditionnelle la même langue que la leur. Je n’ai pas voulu recourir à d’autres « arguments » que ceux que me prop
1059 lu recourir à d’autres « arguments » que ceux que me proposaient ces textes d’Henry Corbin lui-même. Il ne saurait s’agir
1060 le bien fondement de la Communauté religieuse. » Je prends cette phrase dans un travail intitulé (ce qui dit tout) : « L’
1061 le, tant que tout cela ne devient pas message qui m’ est adressé à moi seul, et dont le sens dépend d’une « vérification i
1062 t cela ne devient pas message qui m’est adressé à moi seul, et dont le sens dépend d’une « vérification intérieure ». D’où
1063 ue possède seule la Subjectivité divine de dire «  Je  » et d’en investir momentanément le croyant. Dès là, rien ne saurait
1064 unique. Mais l’image du sentier qui se crée sous mes pas vers un but invisible à l’œil nu peut nous tromper, en ceci qu’el
1065 pas spatiale : le chemin se fait dans le temps de mon existence terrestre, va de naître à mourir non d’un lieu à un autre,
1066 -delà de l’horizon. Une phrase d’Henry Corbin que j’ ai depuis longtemps copiée dans mes tablettes, ne fût-ce que pour sa r
1067 enry Corbin que j’ai depuis longtemps copiée dans mes tablettes, ne fût-ce que pour sa résonance présocratique, traduit ce
1068 ussi avoir dit « “joachimites” de tous les pays ? Je ne sais plus. Peu importe. »
47 1981, Articles divers (1978-1981). Quelques maximes de prospective (1981)
1069 udes — de mieux imaginer le problème de l’avenir, je lui dédie cette mise au point, provisoire par définition, de mes réfl
1070 ette mise au point, provisoire par définition, de mes réflexions sur demain. ⁂ Je nous vois mal partis, en Occident. La plu
1071 e par définition, de mes réflexions sur demain. ⁂ Je nous vois mal partis, en Occident. La plupart des lecteurs d’ouvrages
1072 -t-il arriver ? au lieu de se demander : que puis- je faire ? Car la fonction de l’homme dans l’univers n’est pas de devin
1073 ur les buts qu’il nous faut atteindre. Bismarck Je traduis cela dans une seule petite phrase d’où je compte bien tirer a
1074 Je traduis cela dans une seule petite phrase d’où je compte bien tirer au moins un livre : Avant toute chose, il faut con
1075 ai. Reprenons l’argument de Valéry : amendons-le. Mes rêves des nuits prochaines me sont imprévisibles. Mais les rêves de l
1076 éry : amendons-le. Mes rêves des nuits prochaines me sont imprévisibles. Mais les rêves de l’humanité depuis plusieurs mil
1077 ent, ou de l’humanité « civilisée ». C’est ce que me suggère jusqu’à l’angoisse l’exemple de l’automatisation de nos socié
1078 otal actuel de vingt-cinq-millions62. Mais ce qui me paraît plus stupéfiant encore, c’est le refus général, par les hommes
1079 nséquences de ce « progrès technologique ». Quand j’ observais dès 1933 que l’essor du machinisme « au lieu de créer de la
1080 de créer de la liberté, crée du chômage » ; quand je demandais en 1956 ce que vont faire les ouvriers « libérés » par l’au
1081 les ouvriers « libérés » par l’automation ; quand je réitère ma question à propos de l’informatique, la réponse invariable
1082 s « libérés » par l’automation ; quand je réitère ma question à propos de l’informatique, la réponse invariable est : le t
1083 enfin jouir des bienfaits du progrès technique. Je relis cela aujourd’hui et je me dis : voilà qui est bel et bon pour l
1084 progrès technique. Je relis cela aujourd’hui et je me dis : voilà qui est bel et bon pour les ouvriers libérés. Mais que
1085 ogrès technique. Je relis cela aujourd’hui et je me dis : voilà qui est bel et bon pour les ouvriers libérés. Mais que pr
1086 entupler l’impact de la technique sur le chômage. Je réitère : jusqu’ici, c’est le succès, non la lenteur et encore moins
1087 maginées. ⁂ L’Avenir n’est plus ce qu’il était. Je l’ai écrit un soir de demi-brume en moi. Je vois bien que cela signif
1088 il était. Je l’ai écrit un soir de demi-brume en moi . Je vois bien que cela signifiait : à 20 ans, l’avenir est immense ;
1089 ait. Je l’ai écrit un soir de demi-brume en moi. Je vois bien que cela signifiait : à 20 ans, l’avenir est immense ; pass
48 1981, Articles divers (1978-1981). Robert Aron, Fragments d’une vie [préface] (1981)
1090 d’une vie [préface] (1981)cd Robert Aron, pour moi , fut l’un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrai
1091 un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrais au seuil des années 1930, et où j’allais vivre ma jeunesse
1092 que je découvrais au seuil des années 1930, et où j’ allais vivre ma jeunesse littéraire, politique et spirituelle. Je le r
1093 is au seuil des années 1930, et où j’allais vivre ma jeunesse littéraire, politique et spirituelle. Je le revois dans ces
1094 ma jeunesse littéraire, politique et spirituelle. Je le revois dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’Est,
1095 it du surréalisme, disait-on, ce qui lui valait à mes yeux une sorte d’aura d’aventure, s’était occupé de cinéma, et dispos
1096 lhan, seul avec sa femme, faisait la NRF — pour moi , tel que j’étais alors, centre absolu de la littérature au xxe siècl
1097 ec sa femme, faisait la NRF — pour moi, tel que j’ étais alors, centre absolu de la littérature au xxe siècle. Je le rev
1098 , centre absolu de la littérature au xxe siècle. Je le revois, souvent silencieux dans nos groupes, avec ses grands yeux
1099 e, et beaucoup de présence d’esprit politique. Il m’ intriguait. Mais bien que nous ayons vécu ensemble l’aventure de l’Ord
1100 au pendant près de neuf années de l’avant-guerre, je ne savais que peu de choses de lui, de son passé : je les découvre en
1101 e savais que peu de choses de lui, de son passé : je les découvre en lisant ces Fragments d’une vie — hélas, nous ne pourr
1102 l’avoir pas questionné en ce temps-là ? Il était mon aîné de huit ans, et cela peut compter quand on en a vingt-cinq. Il é
1103 ion non autorisée par Claudel du Partage de midi, j’ imagine assez bien un Aron maîtrisé, impénétrable, mais éclatant souda
1104 eau. C’est le Robert Aron de l’Ordre nouveau que j’ ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collèg
1105 d’où venait la famille de Robert, de même qu’ils m’ ont appris où il était avant de fonder avec Dandieu les éléments de no
1106 ier se référait expressément à sa croyance, comme je le faisais moi-même, dans mes premiers ouvrages influencés par Kierke
1107 à sa croyance, comme je le faisais moi-même, dans mes premiers ouvrages influencés par Kierkegaard et Barth, mais non pas d
1108 me… », phrase citée dans le n° 5 de L’ON et que je croyais inventer en écrivant quarante ans plus tard L’Avenir est not
1109 ui. Un jour, dans les années 1950, Ignazio Silone m’ a dit : « Il y a chez vous quelque chose d’inexplicable : vous n’avez
1110 t pourtant vous pensez comme nous ! » Réponse : «  J’ étais depuis le début personnaliste, exempté de palinodie. » Bien peu
1111 e d’un auteur, mais de sa « présence » à l’écran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut le nôtre avant l’ère des mé
1112 le sort qui fut le nôtre avant l’ère des médias : je vois grandir sans cesse l’actualité de nos « idées des années 1930 ».
1113 est mobilisé en France, lieutenant d’artillerie, moi en Suisse, lieutenant d’infanterie. En juin 1940, je suis condamné à
1114 en Suisse, lieutenant d’infanterie. En juin 1940, je suis condamné à quinze jours de prison militaire en forteresse pour a
1115 ulte à chef d’État étranger ». Après quoi l’on va m’ expédier en mission de conférences aux États-Unis où je serai moins gê
1116 édier en mission de conférences aux États-Unis où je serai moins gênant pour notre neutralité. En 1941, Robert est « victi
1117 stoire de Dieu, 1963. Cette année-là, à New York, je compose chaque jour les textes de l’émission intitulée La Voix de l’A
1118 Français. Un jour, parmi les dernières dépêches, je lis que mon ami le pasteur Roland de Pury vient d’être arrêté par les
1119 Un jour, parmi les dernières dépêches, je lis que mon ami le pasteur Roland de Pury vient d’être arrêté par les SS à Lyon,
1120 rait de son caractère et de son œuvre d’historien me paraît se révéler finalement comme essentiel. Quand vous aurez lu ces
1121 gement, mais justice rendue à l’unique en chacun. Je rejoins ici Jean Guitton, lorsqu’il écrit de son ami : « … fermant le
1122 un seul mot pour le définir, le soir de sa mort, je ne trouve que ce que l’Évangile dit de Joseph : ‟C’était un Juste” ».
49 1981, Articles divers (1978-1981). Charles Ricq, Les Travailleurs frontaliers en Europe [préface] (1981)
1123 ce industrielle, un modèle neuf de développement. J’ ose croire que les travaux menés à Genève par Charles Ricq, avec la ri
50 1981, Articles divers (1978-1981). La Suisse face au danger de guerre : « Je suis un pessimiste actif » (4 mars 1981)
1124 La Suisse face au danger de guerre : «  Je suis un pessimiste actif » (4 mars 1981)ci cj Il y a eu l’Iran, il
1125 encore la guerre, c’est qu’on a peur de la faire. Je me rappelle une conversation que j’ai eue avec Einstein en 1947 à Pri
1126 ore la guerre, c’est qu’on a peur de la faire. Je me rappelle une conversation que j’ai eue avec Einstein en 1947 à Prince
1127 de la faire. Je me rappelle une conversation que j’ ai eue avec Einstein en 1947 à Princeton où nous étions voisins. Je lu
1128 stein en 1947 à Princeton où nous étions voisins. Je lui ai demandé ce qui se produirait en cas de guerre atomique. Il m’a
1129 e qui se produirait en cas de guerre atomique. Il m’ a répondu, après un moment de réflexion : « Je pense qu’il subsisterai
1130 Il m’a répondu, après un moment de réflexion : «  Je pense qu’il subsisterait à peu près vingt millions de vivants […] dan
1131 it des millions ou des milliards. Kowarski72, que j’ interrogeais sur les dangers que pourrait représenter pour la Suisse l
1132 sseraient de diriger vers notre plateau, Kowarski me disait : « Ça peut tuer tout le monde ou très peu de gens, personne n
1133 e ne peut rien dire, il n’y a pas de précédent. » Je crois que les hommes ont obscurément conscience qu’une guerre atomiqu
1134 le dit, à empêcher les autres de faire la guerre. Je n’en crois pas moins qu’un accident est fatal. Ou que certaines « rai
1135 le n’aurait plus au-dedans ». Vers la guerre Je constate, d’autre part, que l’industrie occidentale, qui pendant long
1136 ar accident, soit pour des motifs comme celui que j’ évoquais à propos de la Russie, mais il peut en surgir bien d’autres.
1137 peu à peu, comme poussés par un mot d’ordre qui, je crois, n’existe pas, mais qui correspondrait à une certaine attitude
1138 t la Suisse pourrait-elle échapper à ce vertige ? Je la vois au contraire étroitement prise dans le tissu des préparatifs
1139 nt prise dans le tissu des préparatifs de guerre. Je n’ai pas besoin de mettre ici les points sur les i, chacun sait que n
1140 anité de la surface de la Terre. Des groupes dont je fais partie ont publié des manifestes, ont essayé d’atteindre les gou
1141 enverser le courant. La seule chose dans laquelle je place encore, si j’ose dire, quelque espoir, c’est ce que j’ai appelé
1142 La seule chose dans laquelle je place encore, si j’ ose dire, quelque espoir, c’est ce que j’ai appelé la « pédagogie des
1143 core, si j’ose dire, quelque espoir, c’est ce que j’ ai appelé la « pédagogie des catastrophes ». C’est-à-dire ? Des catast
1144 nclusions, informer le public. Mais, disant cela, je sens déjà poindre un autre danger. À force de voir peindre le diable
1145 guerre atomique se laisserait contrôler, limiter, je dirais presque apprivoiser. J’avoue avoir moi-même hésité à un moment
1146 ontrôler, limiter, je dirais presque apprivoiser. J’ avoue avoir moi-même hésité à un moment donné, me disant : après tout,
1147 J’avoue avoir moi-même hésité à un moment donné, me disant : après tout, la bombe à neutrons serait encore le moyen le pl
1148 es déferleront avec leurs milliers de chars. Mais je me reprends : les armes à neutrons, cela fait partie du jeu général d
1149 déferleront avec leurs milliers de chars. Mais je me reprends : les armes à neutrons, cela fait partie du jeu général de l
1150 allez jusque-là ? Absolument. Des amis physiciens me disent que l’espoir de se protéger dans des abris antiatomiques est,
1151 nseurs. Au début des années 1960, aux États-Unis, j’ ai assisté au boom des abris antiatomiques. On mettait tout New York s
1152 iques. On mettait tout New York sous abris. Et on me faisait de vifs reproches : « À quoi pensez-vous en Europe, vous ne f
1153 es conclusions tout à fait analogues à celles que me transmettent les physiciens que je vous citais. Les États-Unis ont do
1154 s à celles que me transmettent les physiciens que je vous citais. Les États-Unis ont donc abandonné la construction d’abri
1155 abandonné la construction d’abris antiatomiques. Je m’explique mal comment nos milieux gouvernementaux et militaires y cr
1156 andonné la construction d’abris antiatomiques. Je m’ explique mal comment nos milieux gouvernementaux et militaires y croie
1157 croient encore. La guérilla organisée Mais je voudrais insister ici sur un tout autre aspect de la question. On se
1158 guerre, qui risque effectivement de se produire, je ne vois qu’une défense plausible : la guérilla organisée, non pas « s
1159 e l’EMG ou du gouvernement. C’est la doctrine que m’ enseignait en 1928 déjà, lors de mon école d’officier, vous voyez que
1160 a doctrine que m’enseignait en 1928 déjà, lors de mon école d’officier, vous voyez que ce n’est pas d’hier, le colonel divi
1161 ensable Essayons d’imaginer une attaque russe. Je ne vois pas quel autre agresseur on pourrait imaginer aujourd’hui en
1162 n général et de la petite Suisse en particulier ? Je crois qu’il y a une réponse à trouver dans les chiffres de population
1163 i est supprimé ou n’a jamais existé en Russie, il me paraît absolument impossible qu’un ordre stalinien puisse être mainte
1164 . Éducation ! Il s’agit d’un effort immense, mais je le répète et ne le répéterai jamais assez, ce n’est pas plus difficil
1165 communautaire de défense en partie non violente, je ne vois pas seulement le moyen le plus efficace de protéger la Suisse
1166 ons réelles de la guerre de demain. Voilà comment je conçois une défense non seulement « de la Suisse » mais « à la suisse
1167 ulement « de la Suisse » mais « à la suisse ». Et je voudrais la voir s’étendre à tous les pays d’Europe. Cela les amènera
1168 être, sur leurs libertés concrètes. Tout le reste me paraît dangereusement démodé. Cela fait rêver, mais n’est-ce pas fina
1169 iques comme ils sont, se laisseraient mobiliser ? Je puis tout de suite vous donner une réponse. Ce qui manque aux jeunes
1170 le chemin vers un futur possible, vivable encore, je ne vois pas de cause plus enthousiasmante pour des jeunes. Mais encor
1171 Oui. Et vous êtes optimiste quant à leur choix ? Je n’ai jamais été optimiste. J’ai toujours été, depuis mes tout premier
1172 uant à leur choix ? Je n’ai jamais été optimiste. J’ ai toujours été, depuis mes tout premiers écrits sur des questions pol
1173 i jamais été optimiste. J’ai toujours été, depuis mes tout premiers écrits sur des questions politiques, un pessimiste acti
1174 ur des questions politiques, un pessimiste actif. Je ne pense pas que les choses soient disposées de manière à aller bien
1175 disposées de manière à aller bien toutes seules. Je pense que si on les laisse aller, elles iront très mal. Et, dans la m
1176 ssayé de faire quelque chose. Et après tout, pour moi , le but de la société, ce n’est pas la puissance collective, c’est la
1177 ’est la liberté. Et quel meilleur emploi pourrais- je en faire que de me battre pour la volonté de liberté des personnes, c
1178 quel meilleur emploi pourrais-je en faire que de me battre pour la volonté de liberté des personnes, contre la volonté de
51 1981, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire (mai 1981)
1179 n des choses ont changé. Prenons trois exemples : je parlais beaucoup des centrales nucléaires, de l’auto et des régions.
1180 n flèche (ce qui a entraîné des conséquences pour mon livre, les milieux officiels s’étant opposés à sa diffusion par les m
1181 livre a-t-il été utilisé ailleurs qu’à Plogoff ? Mon titre a été beaucoup exploité. Je suis très content qu’il soit sur le
1182 qu’à Plogoff ? Mon titre a été beaucoup exploité. Je suis très content qu’il soit sur les portes de la bergerie de Plogoff
1183 il soit sur les portes de la bergerie de Plogoff. J’ ai été ravi d’apprendre qu’au baccalauréat français de juillet 1980, d
1184 ions de dissertation était une longue citation de mon livre. Mais mon titre a aussi été utilisé lors des élections français
1185 tion était une longue citation de mon livre. Mais mon titre a aussi été utilisé lors des élections françaises de 1978 par l
1186 que leur programme ne s’inspirait pas du tout de mon livre. En revanche, L’Avenir est notre affaire a fait la couverture
1187 jet d’un colloque animé par Ivan Illich, avec qui je m’entends très bien. Vous vouliez parler de l’auto. Oui. J’ai été con
1188 d’un colloque animé par Ivan Illich, avec qui je m’ entends très bien. Vous vouliez parler de l’auto. Oui. J’ai été confro
1189 ds très bien. Vous vouliez parler de l’auto. Oui. J’ ai été confronté à la Télévision suisse romande avec un ingénieur de c
1190 vec le président du Salon de l’Auto de Genève, et je leur ai demandé ce qu’ils feraient de leurs voitures et de leurs auto
1191 rgence des régions s’est développée plus vite que je ne le pensais. En France, Chirac vient de déclarer que ce serait la n
1192 ement a-t-il été entendu ? Dans les trois cas que je viens de citer, oui. Mais dans d’autres, les choses se sont aggravées
1193 jet de la défense s’ajoute aujourd’hui à ceux que j’ avais traités dans mon livre, parce que la situation politique s’est b
1194 joute aujourd’hui à ceux que j’avais traités dans mon livre, parce que la situation politique s’est beaucoup dégradée (Afgh
1195 ils seraient faciles à convertir. C’est pourquoi je dis que la meilleure défense pour les Européens, c’est d’apprendre le
1196 les Européens, c’est d’apprendre le russe ! Dans mon livre, j’écrivais déjà que toute augmentation du budget militaire est
1197 ens, c’est d’apprendre le russe ! Dans mon livre, j’ écrivais déjà que toute augmentation du budget militaire est inutile d
1198 . Ce qui s’est passé ces cinq dernières années ne m’ a pas contredit. Quelle est la part du diable dans la crise ? Il se ca
1199 « Qu’as-tu fait ? » Adam répond : « Ce n’est pas moi , c’est Ève. » Et Ève : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent. » Et le
1200 est pas moi, c’est Ève. » Et Ève : « Ce n’est pas moi , c’est le serpent. » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, nous n
1201 t en particulier en ce qui concerne le nucléaire. Je suis optimiste comme tout croyant. Mais la terre finira, comme les au
1202 C’est une question de dimensions. Voilà pourquoi je parle tant des régions, c’est-à-dire de petites sociétés, les seules
52 1981, Articles divers (1978-1981). La ruée vers le Graal : questions à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)
1203 (13-14 juin 1981)cm cn Nous sommes des Celtes, me dit Denis de Rougemont. Il habite une ancienne ferme dans le pays de
1204 et les Germains manquent à cette définition. Or, je crois que la vie de l’esprit, chez les Celtes, leur sensibilité, leur
1205 l’influence sur Tristan et la quête du Graal. Or, je l’avais dit avant la guerre et l’on m’a insulté pour cela, la poésie
1206 Graal. Or, je l’avais dit avant la guerre et l’on m’ a insulté pour cela, la poésie des troubadours était influencée par la
53 1981, Articles divers (1978-1981). « Les socialistes sont la chance de la France pour réaliser la réforme des régions » (5 août 1981)
1207 lors des journées électorales de mai et de juin. Je ne suis guère passionné par la politique des partis. Je répète volont
1208 suis guère passionné par la politique des partis. Je répète volontiers : ni droite, ni gauche mais plutôt en avant ! Mit
1209 ortance qu’il ne le dit à la campagne électorale. J’ ai été surpris de voir que le thème de la régionalisation refaisait su
1210 orme régionale est l’une des pièces maîtresses de mon programme. » En fait, il voulait simplement se différencier de Giscar
1211 er de Giscard qui est nettement antirégionaliste. J’ ai eu l’occasion de lui parler des régions et j’ai bien vu qu’il ne vo
1212 . J’ai eu l’occasion de lui parler des régions et j’ ai bien vu qu’il ne voulait pas s’engager sur ce terrain. Les communis
1213 itude d’avoir la majorité dans une région donnée. J’ ai donc plutôt écouté ce qu’on disait du côté des socialistes. Mitterr
1214 istes. Mitterrand s’est engagé assez loin, ce qui m’ a surpris, car je le croyais plutôt tiède. Rocard est tout à fait régi
1215 s’est engagé assez loin, ce qui m’a surpris, car je le croyais plutôt tiède. Rocard est tout à fait régionaliste. C’est u
1216 problème de région. Savez-vous ce que les Lillois m’ ont dit ? Notre ville devrait être une métropole régionale et ce n’est
1217 chose, mais que deviennent-elles aujourd’hui ? À ma grande joie, je vois qu’on n’en reste pas aux promesses. Mitterrand a
1218 deviennent-elles aujourd’hui ? À ma grande joie, je vois qu’on n’en reste pas aux promesses. Mitterrand a déclaré spontan
1219 traduire ? Avez-vous lu les projets de réforme ? J’ ai lu des déclarations, des interviews et notamment les propos tenus r
1220 s paraît prometteur ? Sa volonté de décentraliser me paraît tout à fait réelle. J’ai travaillé avec Defferre dans une comm
1221 té de décentraliser me paraît tout à fait réelle. J’ ai travaillé avec Defferre dans une commission européenne à Londres ;
1222 ésident du premier Conseil des communes d’Europe. Je le crois tout à fait sincère. Il emploie le terme « décentraliser » p
1223 peut-être pas prendre cela au pied de la lettre. Je me dis : Patience ! sans doute veut-on éviter de dresser des résistan
1224 ut-être pas prendre cela au pied de la lettre. Je me dis : Patience ! sans doute veut-on éviter de dresser des résistances
1225 efferre, Rocard disent : On va faire des régions. Je suis de plus en plus optimiste. L’exemple de la Suisse La réfor
1226 aniel Moyniham a trouvé une définition simple que j’ ai reprise dans mon Rapport sur l’état de l’union en Europe  : Ne con
1227 rouvé une définition simple que j’ai reprise dans mon Rapport sur l’état de l’union en Europe  : Ne confiez jamais à une p
1228 s regroupements ne seront pas toujours les mêmes. J’ ai lancé l’idée de régions « à géométrie variable ». Elle fait son che
1229 variable ». Elle fait son chemin. De Gaulle : J’ ai été renversé sur un problème qui était essentiel pour le pays En
1230 curieuse façon. Écoutez cela : L’avenir dira que j’ ai été renversé sur un problème qui était essentiel pour le pays… La r
1231 forme des régions, c’était le dernier service que je pouvais rendre à la France… La France ne connaîtra pas avant longtemp
1232 urope sans passer par les régions. Robert Schuman m’ a dit, la dernière fois que je l’ai rencontré : « Ah, vous savez, la s
1233 ons. Robert Schuman m’a dit, la dernière fois que je l’ai rencontré : « Ah, vous savez, la souveraineté des nations, moi j
1234  : « Ah, vous savez, la souveraineté des nations, moi je ne veux pas y renoncer, je suis fait comme ça, mais vous, votre gé
1235  Ah, vous savez, la souveraineté des nations, moi je ne veux pas y renoncer, je suis fait comme ça, mais vous, votre génér
1236 ineté des nations, moi je ne veux pas y renoncer, je suis fait comme ça, mais vous, votre génération, vous pourrez, vous d
1237 vous pourrez, vous devrez dépasser cette idée. » J’ ai conçu un plan qui commence à être adopté, dans un pays comme la Fra
1238 ssiers comme celui-ci, il en a de pleins cartons. Je ne suis pas capable de donner le moindre conseil technique, bien ente
1239 onner le moindre conseil technique, bien entendu. Je ne peux que leur rappeler les lignes générales, le cadre et les condi
54 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre 1981)
1240 ort aux fins dernières de l’homme. C’est pourquoi je suggère d’envisager le problème de l’informatique dans des perspectiv
1241 de celles des auteurs des articles qui précèdent. Je ne ferai pas référence à leur problématique immédiate — utilité certa
1242 -à-dire la mise en fiche de tous les citoyens. On me dira que le grand public n’y entend rien, qu’il est mal informé, préc
1243  ? What do they do for the soul ? » Plus modeste, je dirai que ma question sur l’informatique n’est que celle-ci : « En qu
1244 ey do for the soul ? » Plus modeste, je dirai que ma question sur l’informatique n’est que celle-ci : « En quoi favorise-t
1245 la personne. De là notre problème et le sujet que je souhaite aborder. 3. Ambivalence de la technologie Il m’importe
1246 border. 3. Ambivalence de la technologie Il m’ importe d’insister tout d’abord sur ce point : je ne suis pas et n’ai
1247 m’importe d’insister tout d’abord sur ce point : je ne suis pas et n’ai jamais été pour des raisons ou préjugés quelconqu
1248 ous les iques qu’on en tire à la mode américaine. Je suis bien décidé à les utiliser au maximum pour mes recherches person
1249 e suis bien décidé à les utiliser au maximum pour mes recherches personnelles ; j’entends partout où cela me paraît « possi
1250 ser au maximum pour mes recherches personnelles ; j’ entends partout où cela me paraît « possible ». Un exemple à l’appui d
1251 cherches personnelles ; j’entends partout où cela me paraît « possible ». Un exemple à l’appui de mes dires : un jour, qu’
1252 a me paraît « possible ». Un exemple à l’appui de mes dires : un jour, qu’avec Louis Armand nous discutions des complexités
1253 à faire face — au niveau national ou paneuropéen, je lui dis (paraphrasant le mot célèbre de Lénine sur « les soviets plus
1254 énine sur « les soviets plus l’électricité ») : «  J’ ai la solution : le fédéralisme, c’est l’autonomie des régions, plus l
1255 onomie des régions, plus les ordinateurs. » Et il me répondit, j’en suis très fier : « Celle-là, vous me rendez jaloux de
1256 gions, plus les ordinateurs. » Et il me répondit, j’ en suis très fier : « Celle-là, vous me rendez jaloux de ne pas l’avoi
1257 répondit, j’en suis très fier : « Celle-là, vous me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » En premier lieu, n’oubli
1258 uleversantes, au hasard et aux dépens de l’homme. Je constate, par exemple, quelque chose comme un refus d’imaginer, de su
1259 l’esprit plutôt qu’en armements. Mais il faut que je le précise ici très soigneusement : quand je parle d’un refus, je ne
1260 que je le précise ici très soigneusement : quand je parle d’un refus, je ne suppose pas le moins du monde qu’après concer
1261 i très soigneusement : quand je parle d’un refus, je ne suppose pas le moins du monde qu’après concertation entre philosop
1262 scientifico-technique et censément rationaliste, me paraissent s’en tenir dans leur ensemble à une conduite typiquement i
1263 ve et même de réflexion sur l’avenir informatisé. Je refuse cette invitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas s
1264 l’avenir informatisé. Je refuse cette invitation. J’ ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur la Terre pour essayer de
1265 , mais pour le faire. Voici le moment d’appliquer ma formule. Faute de pouvoir connaître les conséquences lointaines sur l
1266 et la nature, de nos innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. comprendre la vraie nature de l’inn
1267 venir. Ce plan sera celui de la seconde partie de ma communication. 5. Un peu de sémantique Pour une définition des
1268 en général et à l’informatique en particulier, il me semble que l’anglais se prête mieux que le français à un premier tri
1269 opulaire et sublime) ; b) quand quelqu’un dit : «  Je sais maintenant ce que c’est que la peur ! » ou « Je sais maintenant
1270 sais maintenant ce que c’est que la peur ! » ou «  Je sais maintenant ce que c’est que l’amour » il ne parle pas d’une info
1271 es dans les ordinateurs ou dans les cerveaux ; d) je ferais volontiers entrer dans cette définition des mots tels que juge
1272 ent humaines comme mémoire, pensée, intelligence. Je me bornerai ici au mot mémoire. La prétendue mémoire d’un ordinateur
1273 humaines comme mémoire, pensée, intelligence. Je me bornerai ici au mot mémoire. La prétendue mémoire d’un ordinateur se
1274 ion pour toutes les défenses nationales du monde. Je n’allonge pas. La cause est entendue et d’autres sont mieux placés qu
1275 se est entendue et d’autres sont mieux placés que moi pour l’illustrer et la défendre. Je serai un peu plus long sur les da
1276 x placés que moi pour l’illustrer et la défendre. Je serai un peu plus long sur les dangers, ou plutôt sur les risques pro
1277 dangers, ou plutôt sur les risques probables que j’ imagine et sur lesquels il me paraît encore possible d’alerter l’atten
1278 isques probables que j’imagine et sur lesquels il me paraît encore possible d’alerter l’attention des responsables. 8.
1279 invoqué en faveur de l’informatique est celui qui me paraît le plus inquiétant dès que l’on sort du numéral et du quantita
1280 nateurs sont capables. Dans tous les domaines que je viens de citer, où l’informatique est sans conteste avantageuse, la d
1281 ent qui permet de la réaliser (au sens anglais). ( Je suppose que la réponse est connue, comme dans la plupart des problème
1282 alité physique et de ses mécanismes, mais elle ne me paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser
1283 ou le gourou ? L’exemple de l’école à venir va me permettre d’illustrer en quelques mots l’essentiel de ce que je viens
1284 ’illustrer en quelques mots l’essentiel de ce que je viens d’avancer. On nous propose aujourd’hui, avec une insistance cro
1285 t leur fonction principale. Tout professeur — et je l’ai été dans différents pays et universités, pendant vingt ans — déc
1286 es meilleurs étudiants. Jaurès l’a très bien dit ( je viens de le lire après l’avoir vécu) : « On n’enseigne pas ce que l’o
1287 te des personnes — et du passé ! Au projet Plato, j’ opposerai la formule de l’ashram hindouiste, où tout dépend de l’ensei
1288 r de méditation et médiateur de la transcendance. Je donnerai pour titre au problème de l’éducation de demain : Plato ou l
1289 e l’éducation de demain : Plato ou le Gourou ? Et je conclus sur ce point de l’école par une déclaration de Georges Elgozy
1290 plus s’en servir. » 10. Vulnérabilité Ceci m’ amène à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’el
1291 servir. » 10. Vulnérabilité Ceci m’amène à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’elles ne son
1292 amène à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’elles ne sont guère qu’introductives à des débats futu
1293 par les monopoles d’État ou de grandes sociétés. Je citerai là-dessus Joël de Rosnay : « Il est un fait que la complexité
1294 rnier exemple illustre opportunément le point que je voulais relever en conclusion. La technique en soi est neutre, outill
1295 ore, et nous le devons. C’est bien peu de choses, me dira-t-on : un effort non mesurable, une décision tout invisible de l
55 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre-décembre 1981)
1296 lement par rapport aux fins dernières de l’homme. Je me propose d’envisager l’informatique non pas dans sa problématique i
1297 ent par rapport aux fins dernières de l’homme. Je me propose d’envisager l’informatique non pas dans sa problématique immé
1298 -à-dire la mise en fiche de tous les citoyens. On me dira que le grand public n’y entend rien, qu’il est mal informé, préc
1299 cette phrase : « Pour préparer cette conférence, j’ ai commencé par me demander pourquoi les gens allaient au cinéma, ce q
1300 Pour préparer cette conférence, j’ai commencé par me demander pourquoi les gens allaient au cinéma, ce qu’ils en tiraient
1301 e qu’ils en tiraient au point de vue spirituel. » Ma question sur l’informatique est plus modeste : « En quoi favorise-t-e
1302 personne. 3. Ambivalence de la technologie Je ne suis pas et n’ai jamais été, pour des raisons ou préjugés quelconq
1303 ous les iques qu’on en tire à la mode américaine. Je suis bien décidé à les utiliser au maximum pour mes recherches person
1304 e suis bien décidé à les utiliser au maximum pour mes recherches personnelles, j’entends partout où cela me paraît « possib
1305 iser au maximum pour mes recherches personnelles, j’ entends partout où cela me paraît « possible ». Un exemple à l’appui d
1306 echerches personnelles, j’entends partout où cela me paraît « possible ». Un exemple à l’appui de mes dires : un jour qu’a
1307 a me paraît « possible ». Un exemple à l’appui de mes dires : un jour qu’avec Louis Armand nous discutions des complexités
1308 à faire face — au niveau national ou paneuropéen, je lui dis (paraphrasant le mot célèbre de Lénine sur « les Soviets plus
1309 tonomie des régions plus les ordinateurs. » Et il me répondit, j’en suis très fier : « Ah celle-là, vous me rendez jaloux
1310 égions plus les ordinateurs. » Et il me répondit, j’ en suis très fier : « Ah celle-là, vous me rendez jaloux de ne pas l’a
1311 pondit, j’en suis très fier : « Ah celle-là, vous me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » Mais n’oublions jamais l’
1312 ouleversantes au hasard et aux dépens de l’homme. Je constate, par exemple, quelque chose comme un refus général d’imagine
1313 le corps et l’esprit plutôt qu’en armements. Mais je le précise ici très soigneusement : quand je parle d’un refus général
1314 Mais je le précise ici très soigneusement : quand je parle d’un refus général, je ne suppose pas le moins du monde qu’aprè
1315 oigneusement : quand je parle d’un refus général, je ne suppose pas le moins du monde qu’après concertation entre philosop
1316 scientifico-technique et censément rationaliste, me paraissent s’en tenir dans leur ensemble à une conduite typiquement i
1317 éflexion sur l’avenir informatique. Pour ma part, je refuse l’invitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur T
1318 formatique. Pour ma part, je refuse l’invitation. J’ ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur Terre pour essayer de dev
1319 , mais pour le faire. Voici le moment d’appliquer ma formule. Faute de pouvoir connaître les conséquences lointaines sur
1320 et la nature, de nos innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. Comprendre la vraie nature de l’inn
1321 en général et à l’informatique en particulier, il me semble que l’anglais se prête mieux que le français à un premier tri
1322 populaire et sublime.) b. Quand quelqu’un dit : «  Je sais maintenant ce que c’est que la peur ! » ou « Je sais maintenant
1323 sais maintenant ce que c’est que la peur ! » ou «  Je sais maintenant ce que c’est que l’amour ! », il ne parle pas d’une i
1324 ées dans les ordinateurs ou dans les cerveaux. d. Je ferais volontiers entrer dans cette définition des mots comme jugemen
1325 comme « mémoire », « pensée », « intelligence ». Je me bornerai ici au mot « mémoire ». La prétendue mémoire d’un ordina
1326 mme « mémoire », « pensée », « intelligence ». Je me bornerai ici au mot « mémoire ». La prétendue mémoire d’un ordinateu
1327 pour toutes les « défenses nationales » du monde. Je n’allonge pas. La cause est entendue, et plusieurs milliers d’ingénie
1328 ieurs milliers d’ingénieurs sont mieux placés que moi pour la défendre et l’illustrer. Je serai un peu plus long sur les da
1329 x placés que moi pour la défendre et l’illustrer. Je serai un peu plus long sur les dangers, ou plutôt sur les risques pos
1330 dangers, ou plutôt sur les risques possibles que j’ imagine et sur lesquels il me paraît encore possible d’alerter l’atten
1331 isques possibles que j’imagine et sur lesquels il me paraît encore possible d’alerter l’attention des responsables. 8.
1332 invoqué en faveur de l’informatique est celui qui me paraît le plus inquiétant dès que l’on sort du numéral et du quantita
1333 nateurs sont capables. Dans tous les domaines que je viens de citer, où l’informatique est sans conteste avantageuse, le g
1334 ent qui permet de la réaliser (au sens anglais). ( Je suppose que la réponse est connue, comme dans la plupart des problème
1335 ucun sens ; et faire l’amour en deux nanosecondes me paraît absolument dépourvu d’intérêt. Dans la société entièrement inf
1336 lité physique et de ses mécaniciens, mais elle ne me paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser
1337 ou le gourou ? L’exemple de l’école à venir va me permettre d’illustrer en quelques mots l’essentiel de ce qui précède.
1338 nt leur fonction principale. Tout professeur — et je l’ai été dans différents pays et universités, pendant vingt ans — déc
1339 es meilleurs étudiants. Jaurès l’a très bien dit ( je viens de le lire après l’avoir vécu) : On n’enseigne pas ce que l’on
1340 nte des personnes — et du passé ! Au projet Plato j’ opposerai la formule de l’ashram hindou, où tout dépend de l’enseignem
1341 r de méditation et médiateur de la transcendance. Je donnerai pour titre au problème de l’éducation de demain : « Plato »
1342 apprendre à ne plus s’en servir. G. Elgozy Ceci m’ amène à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’el
1343 à ne plus s’en servir. G. Elgozy Ceci m’amène à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’elles ne son
1344 amène à ma dernière remarque — ces remarques dont je dois avouer qu’elles ne sont guère qu’introductives à des débats futu
1345 pable d’autonomie, d’autogestion en cas de crise. Je citerai là-dessus Joël de Rosnay : « Il est un fait que la complexité
1346 rnier exemple illustre opportunément le point que je voulais relever en conclusion. La technique en soi est neutre, outill
1347 ore — et nous le devons. C’est bien peu de chose, me dira-t-on. Un effort non mesurable, une décision tout invisible de l’
56 1981, Articles divers (1978-1981). L’informatique vue par Denis de Rougemont (2 décembre 1981)
1348 jet à des perturbations d’autant plus fréquentes. Je vous cite Joël de Rosnay, directeur de la recherche à l’Institut Past
1349 lus en plus vulnérable et facile à perturber.87 » J’ ajoute les prévisions de la Revue polytechnique 88 de Lausanne : — en
1350 sentiment sur l’informatique ? Après avoir donné mon exposé à La Revue économique et sociale , j’ai découvert un texte de
1351 nné mon exposé à La Revue économique et sociale , j’ ai découvert un texte de Platon, qui correspond exactement à ma pensée
1352 t un texte de Platon, qui correspond exactement à ma pensée : dans la troisième partie du Phèdre, Theut, le dieu égyptien
1353 ruits. Ce texte est suffisamment clair et résume mon point de vue sur l’informatique. 87. Le Monde, 29 mars 1981. 88.