1
art, selon lequel Dieu a choisi de descendre vers
nous
, pour se manifester aux hommes dans un corps matériel, ce dogme fonda
2
les sources communes de la culture européenne, et
nous
en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce
3
opéenne, et nous en sommes tous tributaires — que
nous
soyons chrétiens ou non, parce que c’est d’elles que procède l’attitu
4
notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à
nos
structures sociales et politiques. Voici, très brièvement suggérée, l
5
e, la généalogie de ces caractères distinctifs de
notre
culture. Un premier fait : la science s’est développée en Europe, et
6
a Terre, en forme d’homme, qui marque le début de
notre
manière de compter les années, a introduit l’idée d’un progrès linéai
7
uis longtemps de grands bateaux bien supérieurs à
nos
pauvres petites caravelles du xvie siècle, mais c’est Christophe Col
8
ales ou paroisses) sont devenus les prototypes de
nos
parlements modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes
9
ou en tension : d’où les oscillations extrêmes de
nos
sociétés, tantôt vers l’individualisme anarchique (pôle grec), tantôt
10
monde est beaucoup plus profonde et décisive que
nous
ne le pensons d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vie
11
s d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de
nos
vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, l
12
stitutive de nos vies et de leur sens général que
nous
avons peine à la voir. Seule, la comparaison avec des cultures orient
13
raison avec des cultures orientales ou primitives
nous
en fait parfois prendre conscience. Rien de tel qu’un voyage aux Inde
14
tre part, cette communauté profonde est masquée à
nos
yeux depuis un siècle et demi par une estimation tout à fait exagérée
15
t demi par une estimation tout à fait exagérée de
nos
divisions, résultant du nationalisme. Obsédés par les différences de
16
différences de mœurs et de manière de penser que
nous
croyons exister entre Allemands et Français, Anglais et Italiens, voi
17
giens, ou mieux encore entre Vaudois et Genevois,
nous
en venons à oublier très sincèrement : 1° que ces différences, quoiqu
18
ielles si on les compare à l’importance de ce que
nous
avons en commun : 2° que ces oppositions, loin d’être éternelles ou m
19
st répandue. Inculquée à quatre générations, elle
nous
est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture fra
20
nérations, elle nous est devenue quasi naturelle.
Nous
parlons couramment de « culture française » (ou autrichienne, ou dano
21
us Staline de « biologie marxiste » ! En réalité,
nos
soi-disant « cultures nationales » sont des découpages arbitraires, o
22
nde de près ou de loin au découpage accidentel de
nos
frontières présentes. L’illusion nationale concernant la culture s’au
23
onale concernant la culture s’autorise surtout de
nos
diversités linguistiques. Mais là encore, quelles sont les réalités ?
24
ques. Mais là encore, quelles sont les réalités ?
Nos
langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et nos littératures on
25
langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et
nos
littératures ont toutes utilisé au cours des âges les mêmes procédés
26
e ou l’analyse psychologique, etc. Semblablement,
nos
arts utilisent les mêmes formes : la symphonie, le concerto, l’opéra,
27
iquement européen. Ainsi la vie et la vitalité de
notre
culture n’impliquent rien de moins que l’Europe tout entière, non seu
28
siècle. I. Le cadre européen L’évolution de
nos
pays vers une fédération européenne, depuis trente ans, ne cesse de d
29
e temps la croissance zéro. Depuis trente ans que
nos
chefs d’État proclament qu’elle est une question de vie ou de mort, n
30
ament qu’elle est une question de vie ou de mort,
notre
union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur place » déses
31
de plus en plus illusoire. En effet : — Aucun de
nos
pays ne peut assurer seul sa sécurité, sa défense sur ce continent le
32
e son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de
nos
pays ne peut assurer seul sa prospérité matérielle : l’économie de l’
33
lnérable aux caprices de quelques émirs. Aucun de
nos
pays n’a les matières premières nécessaires à son industrie : le tier
34
moins qu’elles soient pillées à l’épuisement par
nous
. Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une contradiction irréduc
35
à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref,
nous
voici devant une contradiction irréductible et qui définit en peu de
36
’imagination des Européens vers ce qu’il y a chez
nous
de plus complexe mais aussi de plus humain : les communautés locales
37
e siècle ; celles qu’il faut restaurer dans tous
nos
pays, si nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (si
38
elles qu’il faut restaurer dans tous nos pays, si
nous
voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous seron
39
ortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon
nous
serons colonisés par l’Est ou l’Ouest, ou les deux à la fois) — Europ
40
Sinon qu’elles se révèlent nécessaires, dans tous
nos
pays, pour répondre aux besoins culturels, ethniques, économiques, éc
41
pourra garantir l’autonomie des régions. Résumons-
nous
: il faut faire les régions parce qu’il faut faire l’Europe, et parce
42
1848. Mais c’est l’ère des régions qui s’ouvre à
nous
, Européens de la fin du xxe siècle. Se donner comme une tâche priori
43
t homogène et uniformisant, celui précisément que
nous
avons dit plus haut mis en question dans le cadre européen par les né
44
ement de la paix, et donc très concrètement, dans
notre
ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la chanc
45
vous dire lorsque vous écrivez dans L’Avenir est
notre
affaire : « Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le
46
flé, plus difficile à prendre sur le fait. Armons-
nous
donc de rigueur et de méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que
47
ttend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de
nous
faire croire qu’il n’existe pas. Rien de plus facile que d’en convain
48
de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de
nous
faire croire, à partir de 1933, puis durant la Seconde Guerre mondial
49
’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que
nous
nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était
50
e qui fit trembler tout l’univers, voici que nous
nous
écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit
51
ôle évident et trompeur du diable à l’œuvre parmi
nous
. Mais attention : Baader et les Palestiniens ne sont-ils pas plutôt v
52
l’art publicitaire qui consiste tout simplement à
nous
faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable prépare
53
t simplement à nous faire prendre ses désirs pour
nos
fatalités. Quand le diable prépare un gros coup, il s’arrange toujour
54
prépare un gros coup, il s’arrange toujours pour
nous
le faire savoir, par élégance autant que par cynisme, car il sait bie
55
ance autant que par cynisme, car il sait bien que
nous
ne le croirons pas ! C’est ainsi qu’à l’automne de 1974, le conseille
56
Dans cette déclaration autorisée — s’il en fût —,
notre
opinion ne voulut voir, bien sûr, qu’une plaisante allusion littérair
57
e la jeunesse éternelle. Qui serait Méphisto dans
notre
affaire ? Inutile de chercher personne. On ne trouvera jamais qu’un s
58
le consiste à vendre toujours plus d’énergie et à
nous
persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie est dé
59
et à nous persuader que la croissance sans fin de
nos
besoins en énergie est désormais inévitable. Alors que chacun voit —
60
, un manque de 50 % sur la quantité énergie qu’on
nous
annonce « nécessaire » à cette époque. Non, le diable n’est pas Monsi
61
de la puissance et de la richesse, dont pas un de
nous
ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son e
62
règne Pluton, dieu de la Richesse et des Enfers :
nous
y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’i
63
ichesse et des Enfers : nous y voilà ! « Ce dieu,
nous
dit la Fable, était si noir et si laid qu’il ne pouvait trouver de fe
64
n avenir qui désormais, dépend essentiellement de
nos
choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’éne
65
ement de nos choix présents. Face à la crise dont
nous
menacent les Vendeurs d’énergies infernales, et que leur plutonium n’
66
s, et que leur plutonium n’évitera pas, préparons-
nous
à vivre mieux grâce au Soleil, avec moins de gaspillage et moins d’em
67
ailleurs, que les régimes les plus répressifs de
notre
époque — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus
68
est-il, selon vous, un phénomène significatif de
notre
société ? Oui, de toute évidence, dans la mesure où cette société n’a
69
À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est
notre
affaire , une comparaison entre les procédés des terroristes et ceux
70
introduits par le chapeau suivant : « Scandale de
notre
temps : le terrorisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes. Il f
71
vant : « Scandale de notre temps : le terrorisme.
Notre
dossier s’est ouvert en ces termes. Il faut aujourd’hui conclure. Her
72
t, en écrivain soucieux d’éthique, Georges Haldas
nous
a invité à mieux comprendre, de l’intérieur, les mobiles profonds et
73
autre avenir pour la planète (février 1978)l m
Nous
allons tous vers une catastrophe ! Si nous ne choisissons pas libreme
74
l m Nous allons tous vers une catastrophe ! Si
nous
ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir h
75
atastrophe ! Si nous ne choisissons pas librement
notre
avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’un cataclysme inévi
76
C’est ce que j’essaie d’expliquer dans mon livre.
Nous
reviendrons longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais que nous par
77
longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais que
nous
parlions un peu de vous, Denis de Rougemont, de votre itinéraire. Dep
78
ibuaient m’était un jour tombé entre les mains. «
Nous
ne sommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personna
79
ne sommes ni individualistes, ni collectivistes,
nous
sommes personnalistes », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi
80
», y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi.
Nous
nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue
81
lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous
nous
rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue du Mo
82
que disaient les personnalistes dont vous étiez ?
Nous
disions qu’il fallait être à la fois contre le capitalisme, contre le
83
que ces trois systèmes, par leur logique interne,
nous
conduisaient droit à la guerre et au totalitarisme. Quarante ans plus
84
sonnaliste et communautaire. De cette conception,
nous
tirerons cette conséquence politique : un antiétatisme décidé et cons
85
dé et conséquent. Anarchistes ? Pas anarchistes :
nous
admettions la fonction étatique ; un minimum d’État est nécessaire à
86
aire à l’organisation de la société. En revanche,
nous
étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation
87
che, nous étions vigoureusement hostiles à ce que
nous
appelions l’État-nation qui en prenant la place du Roi lors de la Rév
88
française, s’en est attribué le côté sacré. Pour
nous
, l’État n’était qu’un service. Au service des citoyens et rien d’autr
89
des citoyens et rien d’autre ! Or, qu’observions-
nous
? L’État-nation qui, historiquement, est né de la guerre, a régulière
90
e, retrouvait l’intuition de Proudhon. Évidemment
nous
n’étions pas bien reçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui
91
eçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui
nous
ne voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour nous, l’une et l
92
voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour
nous
, l’une et l’autre n’étaient que variante de l’État-nation. Troublée,
93
de l’État-nation. Troublée, la droite disait que
nous
étions téléguidés par Moscou, tandis que la gauche répétait que nous
94
dés par Moscou, tandis que la gauche répétait que
nous
étions « manipulés » et que nous faisions « objectivement » le jeu de
95
che répétait que nous étions « manipulés » et que
nous
faisions « objectivement » le jeu de la droite et du fascisme. Quaran
96
Anglais — sont en train de faire les analyses que
nous
faisions avec trente ans d’avance. Dans les mouvements écologistes, l
97
t, librement… Justement, qu’est-ce qui se passe ?
Nous
revenons là à ce que nous disions en commençant… Qu’est-ce qui fait c
98
u’est-ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que
nous
disions en commençant… Qu’est-ce qui fait courir ces foules, ces jeun
99
ous évoquiez tout à l’heure ? La crise du pétrole
nous
a réveillés. Soudain nous avons senti le vent du boulet ! Ce que les
100
e ? La crise du pétrole nous a réveillés. Soudain
nous
avons senti le vent du boulet ! Ce que les écologistes répétaient dan
101
beaucoup d’autres événements de ce genre pour que
nos
pays prennent réellement conscience des catastrophes qui nous menacen
102
ennent réellement conscience des catastrophes qui
nous
menacent. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que ces avertissements n’arr
103
trop tard et qu’ils soient juste assez forts pour
nous
obliger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On
104
iger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas
nous
écraser… On ne prend guère le chemin de cette réflexion ! On continue
105
plus de voitures et de plus en plus d’autoroutes…
Nous
frisons la démence à force d’inconscience. Tout le monde sait que le
106
ns autre chose, tout de suite ! » Jusqu’où allons-
nous
aller comme ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis
107
e suite ! » Jusqu’où allons-nous aller comme ça ?
Nous
sommes très près de la limite ! Quand je le dis, certains me confient
108
pas le dire ouvertement et tout de suite afin que
nous
économisions du pétrole pour deux siècles ! » Bien sûr, mais il y a d
109
financiers en jeu ! Pour des intérêts financiers,
nous
conduisons l’humanité à la catastrophe ! Imaginez dans dix ou vingt a
110
roissance indéfinie par exemple. On s’en sortira,
nous
promettent-ils, les uns et les autres. Grâce au nucléaire… Mais vous,
111
é. Expliquez-moi. Avec le débat sur le nucléaire,
nous
sommes au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’il n’y a que
112
nous sommes au nœud du véritable choix. Quand on
nous
dit qu’il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’il
113
and on nous dit qu’il n’y a que le nucléaire pour
nous
tirer d’affaire lorsqu’il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend :
114
sous-entend : il n’y a que le nucléaire qui peut
nous
permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’
115
ui peut nous permettre de continuer à vivre comme
nous
vivons aujourd’hui. Mais c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire
116
is c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire !
Nous
ne le pouvons pas. La croissance indéfinie dans un monde fini est une
117
indéfinie dans un monde fini est une aberration.
Nous
le savons désormais. Le club de Rome a suffisamment popularisé cette
118
de et une spoliation généralisée. C’est parce que
nous
nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’
119
une spoliation généralisée. C’est parce que nous
nous
développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afriq
120
est parce que nous nous développons à l’excès que
nous
maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine
121
savants qui affirment qu’il n’en est rien et que
nous
allons à la catastrophe. Alors, qui croire ? Écoutez. Un prix Nobel a
122
le monsieur qui vous parle est un vendeur ? » On
nous
pousse au gaspillage pour démontrer ensuite que nous avons besoin de
123
s pousse au gaspillage pour démontrer ensuite que
nous
avons besoin de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas beso
124
la fin du xxe siècle sera dans les économies que
nous
ferons sur le gaspillage ». On pourrait économiser 30 % de la consomm
125
ment la logique du système des États-nations dans
notre
société industrielle. Qu’elle soit capitaliste ou socialiste. Il n’y
126
français. Il dit : « L’énergie nucléaire assurera
notre
indépendance énergétique. » Ça ne veut rien dire ! La France n’a pres
127
s là-dedans ? Reste une question. Supposons, pour
notre
bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller
128
ste une question. Supposons, pour notre bien, que
nous
devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller. Se posera qua
129
notre bien, que nous devenions raisonnables, que
nous
cessions de gaspiller. Se posera quand même le problème de nouvelles
130
le problème de nouvelles sources d’énergie. Pour
nous
, pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la d
131
es d’énergie. Pour nous, pour les générations qui
nous
suivront. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons
132
nous, pour les générations qui nous suivront. Si
nous
continuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici
133
t. Si nous continuons dans la direction actuelle,
nous
allons à l’impasse. D’ici quelques années. Même si l’on pousse très f
134
rs, puisqu’ils ne produiront au mieux que 30 % de
nos
besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole
135
30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or
nous
dépendons à 80 % du pétrole. Restera donc un déficit de 50 %. Autreme
136
t de 50 %. Autrement dit ce sera la crise totale.
Nous
sommes donc contraints de ne pas continuer. Alors que faire ? D’abord
137
ntinuer. Alors que faire ? D’abord économiser. En
nous
déplaçant moins, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous
138
miser. En nous déplaçant moins, en ne prenant pas
notre
voiture chaque fois que nous pouvons prendre le train, etc. Mais évid
139
, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que
nous
pouvons prendre le train, etc. Mais évidemment il ne s’agit là que de
140
émotrice… Et surtout de l’énergie solaire. Ce que
nos
gouvernements détestent. « L’énergie solaire ne sera pas compétitive
141
ne sera pas compétitive avant la fin du siècle »,
nous
répète-t-on. C’est faux. Des résultats sont déjà acquis et les recher
142
ions industrielles. Mais il faut des finances, et
nos
États sabotent, plus ou moins sournoisement, toutes les décisions de
143
un compteur, entre le soleil et les citoyens, ils
nous
diront qu’il faut encore vingt ans pour que l’énergie solaire soit co
144
ne toute-puissance illusoire d’ailleurs, mais qui
nous
conduit à la catastrophe. Finalement, vous êtes quelqu’un de très sub
145
je ne sortirai jamais des idées personnalistes de
notre
jeunesse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c
146
Dandieu. Mais c’est vrai qu’entre personnalistes
nous
l’utilisions souvent. Vous le pensez toujours ? Absolument. Cela a ét
147
ourd’hui, toute la question est de savoir comment
nous
allons changer de cap… Oui justement, comment changer de cap ? Plus j
148
us de pétrole et plus de centrales nucléaires qui
nous
tueront tous. Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’est pas fo
149
sion qu’il s’agit d’opérer au cœur de la crise où
nous
sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne
150
sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement.
Notre
génération ne recevra pas d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. So
151
la première fois dans l’Histoire, cela dépend de
nous
. Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confiance cep
152
emière fois dans l’Histoire, cela dépend de nous.
Nous
en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confiance cependant
153
e quarante ans ne cesse d’avertir des dangers qui
nous
menacent : la terre est pillée, le pétrole, les minerais, l’eau s’épu
154
talitarisme des États-nations… Denis de Rougemont
nous
a longuement reçu dans la vieille ferme jurassienne qu’il a aménagée
155
du xxe siècle. Parce qu’il indique l’avenir que
nous
avons à faire. » n. Sur l’original : « … interrogez toujours si vous
156
« Quel avenir voulons-
nous
? » (1er février 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est notre
157
ier 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est
notre
affaire paraît être la somme de vos réflexions depuis quarante ans.
158
e aux Européens . Vous écrivez que l’avenir est «
notre
enjeu et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure
159
. Vous écrivez que l’avenir est « notre enjeu et
notre
jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons
160
lus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où
nous
vivons dans un milieu entièrement « humanisé », fait de main d’homme
161
de le reconnaître, d’en assumer les conséquences,
nous
ne cessons de parler « d’impératifs technologiques », « d’impératifs
162
tionale, etc., autant de mythes derrière lesquels
nous
nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qu
163
le, etc., autant de mythes derrière lesquels nous
nous
retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fai
164
e mythes derrière lesquels nous nous retranchons,
nous
nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais
165
hes derrière lesquels nous nous retranchons, nous
nous
dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos
166
n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais
nos
désirs, dont la technique n’est que l’outil. Dans ce livre, je cherch
167
ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de
nos
dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis
168
tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de
nos
démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis les tremblement
169
lements de terre — et il n’est pas improbable que
nous
parvenions aussi à les contrôler d’ici peu — je n’ai rien trouvé dans
170
le pur résultat du hasard ou de la nature. Et si
nous
continuons sur la lancée actuelle, nous serons tous responsables des
171
re. Et si nous continuons sur la lancée actuelle,
nous
serons tous responsables des catastrophes futures — prévisibles et ca
172
rquoi il est très important de savoir quel avenir
nous
voulons. Mais précisément, n’a-t-on pas aujourd’hui développé la fut
173
mes. Mais c’est finalement toujours le même jeu :
nous
utilisons les calculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver nos
174
lculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver
nos
responsabilités. Exactement comme Adam et Ève dans l’histoire de la G
175
onnée. » Or le serpent, lui, il n’est plus là… De
nos
jours, c’est la même chose. Les « impératifs » que nous brandissons,
176
ours, c’est la même chose. Les « impératifs » que
nous
brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles.
177
que nous brandissons, ne sont que le résultat de
nos
démissions individuelles. Vous savez d’ailleurs qu’en 1942, j’ai écri
178
le où je montre que l’action du diable consiste à
nous
priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passio
179
que l’action du diable consiste à nous priver de
notre
responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulg
180
Occident . La passion qui devient une drogue, qui
nous
prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous re
181
passion qui devient une drogue, qui nous prive de
notre
libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsabl
182
ne drogue, qui nous prive de notre libre arbitre,
nous
aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est n
183
nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle,
nous
enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire
184
re libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et
nous
rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire peut se définir co
185
aîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est
notre
affaire peut se définir comme un essai de morale traitant de l’homme
186
our dans une société est fondamentale. C’est dans
nos
manières d’aimer que se trouve aussi la racine de mondes politiques d
187
mpossible d’espérer bâtir une communauté libre si
nous
commençons par « rater le couple ». Votre exemple de l’amour-passion
188
deux, l’uniformisation. Si une certaine idée que
nous
avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus cap
189
e certaine idée que nous avons de l’amour-passion
nous
conditionne au point de n’être plus capable d’aimer l’autre en tant q
190
re plus capable d’aimer l’autre en tant qu’autre,
nous
ne serons plus capables de devenir les éléments d’une cité, d’une com
191
ts d’une cité, d’une communauté libre. L’État, de
nos
jours, est comparable à la passion parce qu’il n’aime plus les gens,
192
roissant. Vous dites à la fois que « l’avenir est
notre
affaire » et que trop de facteurs interviennent pour que l’on puisse
193
st développé le pétrole, dont l’importance unique
nous
fait dépendre des pays producteurs du monde arabe et du Proche-Orient
194
t c’est la deuxième partie de mon livre — est que
nous
n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’une s
195
couvrir l’Europe ? À New York, pendant la guerre,
nous
nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible ! Max
196
ir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous
nous
retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible ! Max Erns
197
uvrement. Lévi-Strauss venait de temps en temps à
nos
réunions surréalistes, à l’École libre des hautes études, que nous av
198
réalistes, à l’École libre des hautes études, que
nous
avions créée là-bas. Avec André Breton, nous sillonnions New York à l
199
que nous avions créée là-bas. Avec André Breton,
nous
sillonnions New York à la recherche d’une terrasse de café, que nous
200
w York à la recherche d’une terrasse de café, que
nous
ne trouvâmes jamais. Parfois, dans la 5e Avenue, Breton me signalait
201
dans la 5e Avenue, Breton me signalait S. Dali et
nous
changions immédiatement de trottoir. Vous savez que Breton avait surn
202
rt l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de
nous
n’était vraiment certain de la revoir, ce qui suscitait un attachemen
203
qui suscitait un attachement dramatique à ce que
nous
risquions de ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas ma
204
’État-nation ». Dans votre ouvrage, L’Avenir est
notre
affaire , vous dites que l’État moderne, centralisé, n’a d’autres for
205
, centralisé, n’a d’autres forces que la somme de
nos
démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètemen
206
d’autres forces que la somme de nos démissions ?
Nous
avons pris l’habitude de nous décharger complètement sur l’État de ce
207
de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de
nous
décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore s
208
nous décharger complètement sur l’État de ce que
nous
n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui toujours plu
209
tions, de facilités, de garanties… alors que pour
nous
redonner bonne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’acca
210
s… alors que pour nous redonner bonne conscience,
nous
ne cessons de le maudire et de l’accabler. Cela ne lui fait d’ailleur
211
mplètement isolé de la population. Pourtant, tous
nos
maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce q
212
ourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de
notre
impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoyens re
213
sultat de notre impéritie et c’est bien parce que
nous
ne sommes plus des citoyens responsables que l’État devient de plus e
214
et le citoyen de plus en plus isolé. Aujourd’hui,
nos
démissions vont encore plus loin. Les centrales nucléaires sont des o
215
e la propagande, depuis dix ou quinze ans, tend à
nous
faire croire que ce sera concurrentiel, inoffensif et indispensable.
216
roissante et sans doute redoutable de l’État dans
nos
vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-nation, les dive
217
l pour revenir à un mode de vie communautaire qui
nous
soit propre en essayant de passer progressivement d’une technologie «
218
emont Denis de, « [Entretien] Quel avenir voulons-
nous
? », Magazine littéraire, Paris, 1 février 1978, p. 66-68. k. Propos
219
its par le chapeau suivant : « Avec L’Avenir est
notre
affaire (éd. Stock), Denis de Rougemont pose cette question cruciale
220
ougemont pose cette question cruciale : où allons-
nous
? et marque la nécessité de reformer les communautés à l’échelle huma
221
ire de l’énergie nucléaire ? Voyez-vous, quand on
nous
fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tout résoudre, on
222
ement couvrir d’ici la fin du siècle 20 à 30 % de
nos
besoins, alors que le pétrole couvre actuellement 80 %. Or, si on éco
223
à propos des multinationales. Ils ne doivent pas
nous
obnubiler. Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à la place
224
x pour autant qu’il soit responsable. Que voulons-
nous
? Un certain niveau de vie que d’autres ont calculé pour nous ? Ou un
225
rtain niveau de vie que d’autres ont calculé pour
nous
? Ou un mode de vie propre et particulier que chacun construit pour s
226
x à quinze ans à venir. La question n’est pas là.
Nous
avons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et
227
ons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi
nous
détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ?
228
avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et
nous
sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la to
229
quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de
nous
arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la toute petite crise du pétrole
230
ur cela, la toute petite crise du pétrole de 1973
nous
a appris beaucoup de choses. Cette crise n’a pas été grave, mais les
231
Vous dites dans votre livre : « Que l’avenir soit
notre
affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise
232
ue l’avenir soit notre affaire n’implique pas que
nous
soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’av
233
n’implique pas que nous soyons libres de faire à
notre
guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contraintes
234
illes, comme celle des déchets nucléaires, limite
nos
possibilités d’avenir. 14. Vous vous attaquez au Pouvoir, la croissan
235
umains, la plus vraie. 15. Vous êtes un témoin de
notre
temps et vous avez émis depuis que vous écrivez des opinions très cla
236
emps des cavernes, où l’on vous accuse de vouloir
nous
ramener et vous répondez : « On vous les laisse, elles sont pleines d
237
st également une belle formule. 18. L’Avenir est
notre
affaire est un best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’est pas p
238
mme dont l’œuvre a marqué, marque plus que jamais
notre
culture européenne, a atteint maintenant la septantaine. Il reste éto
239
, de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est
notre
Affaire (Stock), publié il y a quelques mois, est sur la liste des b
240
de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont
nous
n’osons parfois même plus imaginer l’existence. Il ne se contente pas
241
gions et les rapports personnels que l’on sauvera
notre
monde d’une crise qui le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, o
242
le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, on
nous
parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de
243
nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de
nos
responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes.
244
u cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de
notre
créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’uniq
245
sabilités, de notre créativité, à tous autant que
nous
sommes. L’homme devant être l’unique but de la société… C’est tonique
246
autre part. Dans son dernier livre, L’Avenir est
notre
affaire , il raconte ce qu’il appelle une histoire de fous : celle de
247
us permis aujourd’hui de raconter des bobards sur
nos
besoins, juste parce qu’on est payé pour le faire. Si on ne construit
248
celle du déplacement ? Et puis, encore une fois,
nous
vivons dans un monde aux ressources limitées : les métaux, eux aussi,
249
L’Avenir est
notre
affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1
250
. M. Cioran, je crois, qui a défini L’Avenir est
notre
affaire comme la « méditation apocalyptique d’un optimiste ». Je me
251
emporte : l’évidence de cette Apocalypse que vous
nous
décrivez, ou cette confiance obstinée en un avenir différent, un aven
252
avenir différent, un avenir qui deviendrait enfin
notre
affaire. Je vous répondrai très nettement. Ce que j’ai voulu écrire —
253
firme que, si l’on n’y remédie pas, la logique de
notre
civilisation scientifique, technique et industrielle nous mène tout d
254
ilisation scientifique, technique et industrielle
nous
mène tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons
255
ne tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que
nous
l’imaginons d’habitude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de
256
s économiques ou politiques. Le monde dans lequel
nous
vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos respons
257
litiques. Le monde dans lequel nous vivons, c’est
nous
qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas
258
c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre
nos
responsabilités et ne pas perpétuellement nous cacher derrière des pa
259
dre nos responsabilités et ne pas perpétuellement
nous
cacher derrière des paravents. C’est sur une telle résignation que jo
260
sur une telle résignation que jouent les gens qui
nous
vendent des centrales nucléaires. « L’humanité a besoin de doubler sa
261
des promoteurs ou des technocrates : ils veulent
nous
faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il
262
ils veulent nous faire prendre leurs désirs pour
nos
fatalités. Ils vous diront qu’il est vain de lutter contre le progrès
263
utter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si
nous
refusons les centrales nucléaires, nous allons tout droit vers l’âge
264
oin. « Si nous refusons les centrales nucléaires,
nous
allons tout droit vers l’âge des cavernes », affirment-ils. Affirmati
265
serait d’abord dans l’arrêt du gaspillage. De là,
nous
pouvons gagner 20 % à 30 %. Les centrales nucléaires n’en donneront m
266
les nucléaires n’en donneront même pas autant. On
nous
annonce qu’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’énergie,
267
vous l’un de ces points clés sur lesquels se joue
notre
avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai t
268
oue notre avenir et qui seront les révélateurs de
nos
choix… Au fond, si j’ai tant parlé des centrales nucléaires dans mon
269
de cette lutte ? Vous écrivez dans L’Avenir est
notre
affaire que seules les communautés permettraient à l’homme de repren
270
ste-t-il ? L’individu, la personne… Qu’est-ce qui
nous
empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous emp
271
u’est-ce qui nous empêche de créer la société que
nous
voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus im
272
créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne
nous
empêche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à de
273
que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de
nous
opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrophes p
274
êche de nous opposer aux prétendus impératifs qui
nous
mènent à des catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne nous em
275
catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne
nous
empêche de construire, chacun où nous sommes, une société meilleure q
276
es. Rien ne nous empêche de construire, chacun où
nous
sommes, une société meilleure qui réponde à d’autres finalités que ce
277
nes, l’épanouissement de l’individu. Je crois que
nous
devons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités,
278
vons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de
nos
possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exemple — et cela ne
279
d’énergie, par exemple — et cela ne dépend que de
nous
. Il faut refuser ainsi le tout-électrique de l’EDF, qui représente un
280
moyens beaucoup moins coûteux… C’est ainsi qu’il
nous
faut prendre position sur tous les domaines de la vie quotidienne et
281
faitement vain. Le tiers-monde a été persuadé par
nos
soins que notre mode de vie représente le progrès, il veut non seulem
282
. Le tiers-monde a été persuadé par nos soins que
notre
mode de vie représente le progrès, il veut non seulement nos autorout
283
vie représente le progrès, il veut non seulement
nos
autoroutes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes
284
rogrès, il veut non seulement nos autoroutes mais
nos
embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes en face d’une crise
285
tes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que
nous
sommes en face d’une crise absolument inévitable, et pourtant tout se
286
table, et pourtant tout semble continuer comme si
nous
avions du pétrole pour des siècles. C’est absurde. D’ici cinq ans, il
287
s-monde de rouler en auto, il s’agit de savoir si
nous
pourrons, nous, continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’au
288
er en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons,
nous
, continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’autre part, cela
289
ellement exclu que le tiers-monde rejoigne jamais
notre
niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matièr
290
matières premières dans le monde pour cela. Alors
nous
n’avons qu’une chose à faire, c’est de donner l’exemple. C’est de cré
291
faire l’économie de cette crise industrielle qui
nous
guette, en remplaçant la technique dure par la technique douce beauco
292
de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de
nos
maladies. Lorsque, dans les années 1930, vous développiez pour la pre
293
rait là des solutions possibles à cette crise que
nous
connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notre groupe personnalist
294
nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que
notre
groupe personnaliste rassemblé autour des revues Esprit et L’Ordre
295
sez bien prévu ce qui était en train de se faire.
Nous
pressentions les désastres auxquels la productivité sans limites deva
296
tres auxquels la productivité sans limites devait
nous
conduire, non seulement d’un point de vue économique mais aussi socia
297
int de vue économique mais aussi social et moral.
Nous
disions que si des gens comme Hitler, Staline ou Mussolini bénéficiai
298
andes villes, la destruction de toute solidarité.
Nous
préconisions des solutions comme le service civil… Mais nous sommes r
299
isions des solutions comme le service civil… Mais
nous
sommes restés des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’app
300
s nous sommes restés des groupuscules parce qu’il
nous
manquait ce que j’appellerais un levier. Or ce levier, chose extraord
301
s comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez
nous
se feraient tuer pour ces frontières qui scindent les anciens royaume
302
, en somme, à la possibilité d’une renaissance de
notre
civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de
303
e renaissance de notre civilisation. Je pense que
nous
sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation occidentale déco
304
rait la fin de l’humanité ? » Il m’a dit : « Non,
nous
avons essayé avec quelques amis de faire des calculs ; il restera bie
305
e ne veux pas préjuger de la chose. Sur la terre,
nous
ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une visi
306
Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs,
nous
sommes des acteurs. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : no
307
s. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie :
nous
sommes là pour faire quelque chose. J’imagine qu’un non-chrétien pour
308
de ces esprits humanistes ou encyclopédiques que
notre
siècle ivre de spécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est not
309
pécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est
notre
affaire relève en effet de disciplines aussi diverses que la science
310
que j’écrive ce qui allait devenir L’Avenir est
notre
affaire . J’étais plutôt réticent. Je multipliais les objections (j’a
311
. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Avenir est
notre
affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste », Hachette-Inf
312
e revenir — guides pour le passé et le devenir de
notre
civilisation. Il y a quelques mois, les Éditions Stock ont publié L’
313
mois, les Éditions Stock ont publié L’Avenir est
notre
affaire . Sous ce titre en forme de manifeste, Denis de Rougemont s’e
314
dégradation des relations humaines, caractérisent
notre
fin de siècle avec ses villes ingouvernables, ses ressources naturell
315
es. C’est à cette Apocalypse que tous les experts
nous
promettent, qu’il a opposé ses idées régionalistes et les expériences
316
Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est
notre
affaire , des thèmes qu’il aborde et des échos qu’il a suscités. »
317
ns, mais une nécessité qui sera subie par tous si
nous
ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; q
318
s si nous ne savons pas la choisir et la former à
notre
idée en temps utile ; qu’elle n’est donc pas un vague idéalisme, mais
319
oliticiennes. ⁂ Prenons pour point de départ dans
notre
siècle l’année 1924. Cette année-là, à Vienne, le jeune comte Coudenh
320
n respect religieux de la souveraineté absolue de
nos
États. Étonnante anticipation sur la formule du Marché commun, qui na
321
té et des espoirs qui concordent étrangement avec
les nôtres
. […] Que l’orgueil et l’égoïsme éventuels des gouvernements, les prin
322
tre de Gaulle et les fédéralistes européens. Mais
nous
ne sommes encore qu’en 1944. Un an plus tard, la guerre finie, que va
323
Union européenne des fédéralistes. Leurs motifs ?
Nous
venons de les voir. Ce sont 1° le refus de toute nouvelle guerre euro
324
er la famille européenne, dans toute la mesure où
nous
le pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquel
325
aquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité.
Nous
devons construire une sorte d’États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, d
326
circuler mais qui ne sauraient plus la protéger,
notre
Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
327
r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de
nos
pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
328
ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de
nos
pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
329
oderne. À défaut d’une union librement consentie,
notre
anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
330
nion librement consentie, notre anarchie présente
nous
exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
331
oit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain,
nous
pouvons édifier avec les peuples d’outremer associés à nos destinées,
332
ns édifier avec les peuples d’outremer associés à
nos
destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
333
politique et le plus vaste ensemble économique de
notre
temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
334
rce est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de
notre
lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en él
335
t l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver
nos
libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les
336
our en élargir le bénéfice à tous les hommes, que
nous
voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son
337
ce à tous les hommes, que nous voulons l’union de
notre
continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la pa
338
de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que
nous
, Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce
339
peuples de ce continent, déclarons solennellement
notre
commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les rés
340
ivants, qui résument les résolutions adoptées par
notre
congrès : 1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son éten
341
t les résolutions adoptées par notre congrès : 1)
Nous
voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre cir
342
irculation des hommes, des idées et des biens. 2)
Nous
voulons une Charte des droits de l’homme, garantissant les libertés d
343
le libre exercice d’une opposition politique. 3)
Nous
voulons une Cour de justice, capable d’appliquer les sanctions nécess
344
nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4)
Nous
voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les forces v
345
où soient représentées les forces vives de toutes
nos
nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de to
346
ées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et
nous
prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
347
enons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous
nos
efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos égli
348
l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
nos
foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos mili
349
s nos efforts, dans nos foyers et en public, dans
nos
partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicau
350
ns nos foyers et en public, dans nos partis, dans
nos
églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et
351
n public, dans nos partis, dans nos églises, dans
nos
milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements
352
au vrai génie européen et à la culture commune de
nos
peuples, donnera lieu, un an après le congrès de La Haye, à la créati
353
epuis plusieurs années la plupart des journaux de
nos
pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colo
354
s « unis » ou « confédérés » — dont les ministres
nous
répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous
355
s trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —,
nous
sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pa
356
cela soit perdu — comme si tout cela n’était pas
nous
? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs étra
357
d’union. Rétablir la productivité industrielle ?
Nous
n’y avons que trop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’ép
358
elle ? Nous n’y avons que trop bien réussi : voir
nos
indices de gaspillage, d’épuisement des ressources non renouvelables,
359
d’épuisement des ressources non renouvelables, et
nos
indices de chômage. Assurer la paix ? Nos États se préparent plutôt,
360
es, et nos indices de chômage. Assurer la paix ?
Nos
États se préparent plutôt, pour rétablir leur balance commerciale, à
361
t de se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici
nous
devons confesser l’échec total : il n’y a pas, dans aucun domaine fon
362
les premiers à lancer la révolution industrielle,
nous
avons déjà fortement entamé nos ressources non renouvelables et nous
363
on industrielle, nous avons déjà fortement entamé
nos
ressources non renouvelables et nous ne pouvons plus compter sur un a
364
tement entamé nos ressources non renouvelables et
nous
ne pouvons plus compter sur un accès automatique à la plupart de nos
365
compter sur un accès automatique à la plupart de
nos
sources extérieures d’approvisionnement. La crise du pétrole en 1973
366
ent. La crise du pétrole en 1973 a montré combien
notre
économie était devenue vulnérable à des événements politiques lointai
367
des événements politiques lointains sur lesquels
nous
n’exerçons aucun contrôle, et qui nous trouvent d’autant plus désarmé
368
r lesquels nous n’exerçons aucun contrôle, et qui
nous
trouvent d’autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premie
369
, et qui nous trouvent d’autant plus désarmés que
nous
n’avons aucun plan de premiers secours mutuels, ni aucune politique c
370
Europe. Tous les observateurs lucides de l’époque
nous
répètent qu’il s’agit désormais d’orienter autrement le « développeme
371
mais d’orienter autrement le « développement » de
notre
société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les prem
372
tre société, et de revoir la définition de ce que
nous
avons été les premiers dans le monde et pendant longtemps les seuls à
373
stes, socialistes et libéraux ? Mais si cela doit
nous
mener de crise en crise et de pénuries en famines au désastre final d
374
quelle ne peut pas être comptabilisée ? Demandons-
nous
alors qui peut imaginer, vouloir et réaliser ce changement de cap. Il
375
rd’hui de reproduire chez lui les causes mêmes de
notre
crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons
376
ire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il
nous
accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (I
377
; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que
nous
tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos e
378
s tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement
nos
autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole q
379
vertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais
nos
embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole qui exigent des c
380
t nos autos, mais nos embouteillages polluants et
nos
pénuries de pétrole qui exigent des centrales nucléaires, etc.) Il y
381
plus c’est grand et mieux cela vaut. Reste alors
notre
« vieille Europe » : elle a été la première à inventer le Progrès, pu
382
: quelle Europe ? Car il y en a deux. L’histoire
nous
montre la naissance dans la Grèce des cités autonomes, d’une Europe d
383
mesure, et de la tolérance socratique. Mais elle
nous
montre aussi, dans la Rome impériale la naissance de ce qui deviendra
384
euxième Europe qui s’oppose à l’union fédérale de
nos
peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est cet
385
l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui
nous
soit proposé. Et par malheur, c’est cette deuxième Europe que le tier
386
evant les grands défis mondiaux que j’ai évoqués,
nous
ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous
387
j’ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de
nous
en tirer que tous ensemble. Nous ne pourrons survivre aux crises inév
388
lques chances de nous en tirer que tous ensemble.
Nous
ne pourrons survivre aux crises inévitables en nous bornant à leur op
389
us ne pourrons survivre aux crises inévitables en
nous
bornant à leur opposer fermement nos prétendues « souverainetés natio
390
vitables en nous bornant à leur opposer fermement
nos
prétendues « souverainetés nationales », c’est-à-dire de la rhétoriqu
391
à-dire de la rhétorique. Le choix est simple : ou
nous
périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situatio
392
e choix est simple : ou nous périrons un à un, ou
nous
survivrons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe dans la conj
393
la réalité de l’état de division du continent. Si
nous
nous sentions Européens, membres d’une communauté fédérale d’environ
394
alité de l’état de division du continent. Si nous
nous
sentions Européens, membres d’une communauté fédérale d’environ 400 m
395
les 100 millions des satellites de l’Est puissent
nous
rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes excessives les 220 m
396
des satellites de l’Est puissent nous rejoindre,
nous
pourrions regarder sans craintes excessives les 220 millions d’Améric
397
Super-Grands additionnés n’atteindraient même pas
notre
taille ! Il est bien clair que le nombre des habitants ne dit pas tou
398
ou le bonheur d’un peuple, mais s’il est vrai que
nous
ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités, cet exemple i
399
es quantités, cet exemple illustre assez bien que
notre
défaitisme actuel n’est justifié que par notre état de division, par
400
ue notre défaitisme actuel n’est justifié que par
notre
état de division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représen
401
é que par notre état de division, par le refus de
nous
fédérer. Derrière nos représentations exagérément pessimistes, et dan
402
division, par le refus de nous fédérer. Derrière
nos
représentations exagérément pessimistes, et dans l’attente d’une réun
403
d’injustices intolérables. Il n’est pas sain que
notre
économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de l
404
lérables. Il n’est pas sain que notre économie et
nos
monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de la valeur d’échan
405
rs la guerre. Devant cette menace totale — née de
nos
œuvres, ne l’oublions pas —, la vocation de l’Europe est de donner au
406
ressions irréversibles contre la Nature et contre
nos
descendants durant vingt-quatre-mille ans (car telle est la « période
407
» du plutonium que l’on se prépare à stocker dans
nos
cavernes) ; 3° réduire ainsi au minimum la centralisation, qui toujo
408
ours plus angoissante des relations humaines dans
notre
société : égoïsme de classe, délinquance, prises d’otages, terrorisme
409
a formation progressive de fédérations de régions
nous
paraissent désormais évidents, les moyens d’amorcer la pratique des r
410
es populaires et de la jeunesse la plus active de
nos
pays, dans toutes les classes, pas seulement chez les intellectuels.
411
nse monte lentement dans les consciences et déjà,
nous
le voyons déterminer l’actualité européenne la plus brûlante : c’est
412
ant mais sans violence, et de croire de nouveau à
notre
avenir commun. Écologie – régions – Europe : même avenir ! ⁂ Cette t
413
eusement motivée : l’avenir de l’Europe est aussi
notre
affaire ! t. Rougemont Denis de, « De l’Europe des États coalisés
414
rès de la porte d’Orléans : le « Moulin Vert » et
nous
avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ai fait la connaissa
415
le « Moulin Vert » et nous avions donné ce nom à
notre
club. C’est là que j’ai fait la connaissance d’Emmanuel Mounier, Jacq
416
ur lorsque l’équivoque est entretenue à ce sujet.
Nous
voulions une évolution basée sur la liberté des personnes et non sur
417
des personnes et non sur la puissance collective.
Nous
étions communalistes, partisans de la libre entreprise gérée par l’au
418
udhon qui dénonçait déjà la folie des frontières.
Notre
cheval de bataille, c’était le service civil pour tous, afin de prend
419
Et pour démontrer que l’expérience était possible
nous
sommes allés travailler en usine pendant nos vacances universitaires
420
ble nous sommes allés travailler en usine pendant
nos
vacances universitaires afin que des ouvriers puissent bénéficier de
421
rois semaines de congés payés en leur abandonnant
nos
salaires. Quelques années plus tard, avec le Front populaire, les con
422
populaire, les congés payés se sont généralisés.
Notre
groupe a découvert très vite que les démocraties de l’Ouest allaient
423
guerre contre le totalitarisme, que cette guerre,
nous
devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre, mais celle des na
424
nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la
nôtre
, mais celle des nationalismes. Lecteur français à l’Université de Fra
425
libraires de Vichy. … La guerre est arrivée comme
nous
l’avions toujours su. J’ai été mobilisé en Suisse. Esprit a été int
426
rdit. L’Ordre nouveau a cessé de paraître. Mais
notre
mouvement de pensée s’est transmis à travers la Résistance et est res
427
rs la Résistance et est ressorti à Montreux quand
nous
nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaie
428
Résistance et est ressorti à Montreux quand nous
nous
sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient ét
429
nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de
nos
amis allemands avaient été décapités mais au cours du conflit nous ét
430
ds avaient été décapités mais au cours du conflit
nous
étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les fronti
431
s mais au cours du conflit nous étions parvenus à
nous
retrouver quatre fois en traversant les frontières en guerre. Il y av
432
ux pour préparer un manifeste européen par lequel
nos
idées survivaientx. Nous voulions que soit dépassé le dogme de la sou
433
feste européen par lequel nos idées survivaientx.
Nous
voulions que soit dépassé le dogme de la souveraineté nationale. Quan
434
’Europe par la culture. L’idée s’est concrétisée.
Nous
sommes en 1978. N’êtes-vous pas trop déçu par le retard accumulé dans
435
t s’effondrer. À l’époque du congrès de Montreux,
nous
étions quelque cent-mille membres à militer dans l’Union européenne d
436
ujourd’hui que quelques milliers de cotisants. Il
nous
a manifestement manqué un levier pour soulever le poids de l’indiffér
437
l’humanité jusqu’au seuil de l’an 2000 mais un de
nos
ministres a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais vos idées en
438
serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où
nous
en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont tro
439
dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes…
Nos
États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour c
440
un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard.
Nous
en profitons à l’Institut pour préparer un rapport sur l’état de l’un
441
méliorer les voies de communication sans détruire
nos
cultures ou nos rues. Comme le problème est le même pour les communes
442
es de communication sans détruire nos cultures ou
nos
rues. Comme le problème est le même pour les communes voisines, la so
443
est au niveau de la région qui est le mot-clé de
notre
avenir si nous le voulons démocratique. Sur un autre plan la lutte c
444
e la région qui est le mot-clé de notre avenir si
nous
le voulons démocratique. Sur un autre plan la lutte contre la pollut
445
au moins quarante-cinq régions transfrontalières.
Nous
avons un exemple de ce qui peut se faire avec la région genevoise. Vi
446
pour prendre des mesures à travers la frontière.
Nous
sommes passés là de la théorie à la réalisation sur le terrain. On y
447
législation sociale, d’enseignement, d’écologie (
nous
avons à assurer en commun la protection du lac Léman). C’est du bon t
448
x la définition de Jean Fourastié : « l’Europe va
nous
tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’auron
449
rastié : « l’Europe va nous tomber sur la tête et
nous
ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». J
450
sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que
nous
n’aurons pas fait les régions ». Je crois aux jeunes pour faire l’Eur
451
ne s’arrêtent pas aux frontières. C’est pourquoi
nous
avons lancé une campagne d’éducation civique européenne reprise par B
452
de moi-même à la remise en état de cette maison”,
nous
a dit Denis de Rougemont après nous avoir accueilli dans l’ancienne é
453
ette maison”, nous a dit Denis de Rougemont après
nous
avoir accueilli dans l’ancienne écurie devenue un vaste cabinet de tr
454
ause d’elle que son dernier ouvrage L’Avenir est
notre
affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté
455
venir est notre affaire a tant tardé à paraître.
Nous
aurions eu quelque difficulté à l’imaginer dans un autre cadre, ce ré
456
Denis de Rougemont s’interroge sur la finalité de
notre
civilisation et s’il affirme que “se gouverner vaut mieux qu’être bie
457
(un slogan des autonomistes écossais), c’est pour
nous
amener à la réflexion sur l’importance de l’autogestion politique. Il
458
n sur l’importance de l’autogestion politique. Il
nous
a également rappelé ce qu’écrivait Paul Valéry au lendemain de la der
459
i les concernent et qui ont été prises sans eux”.
Nous
pensions donc trouver à Ferney un observateur attentif mais distant d
460
eur attentif mais distant du monde d’aujourd’hui.
Nous
avons trouvé un vigoureux contestataire de la société actuelle et qui
461
que. Elle interpelle globalement tout l’effort de
notre
civilisation industrielle, scientifico-technique, quantitative, vouée
462
e : « Jusqu’à quand et jusqu’où la croissance que
nos
gouvernements sont unanimes à prôner — ils n’en discutent plus guère
463
l n’y croyait pas. Voilà qui est grave. Voilà qui
nous
amène à pousser plus durement notre interrogation fondamentale : « À
464
ave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement
notre
interrogation fondamentale : « À quelle date la croissance industriel
465
vont et refusent même de ralentir pour y penser :
nous
tous, je le crains. Mais attention : résoudre les problèmes que nous
466
ains. Mais attention : résoudre les problèmes que
nous
pose la croissance, au sens actuel, ce ne serait pas encore le bonheu
467
ou de gauche et, avec eux, l’immense majorité de
nos
contemporains. Et c’est ce que pourra faire sentir à quelques-uns cet
468
ignore généralement, c’est le Marx précurseur de
notre
écologie. Plus de cent ans avant la crise déclarée sous nos yeux, alo
469
ie. Plus de cent ans avant la crise déclarée sous
nos
yeux, alors que les villes, au sens actuel de la Chose, n’étaient enc
470
il n’y a pas seulement Staline, comme on a voulu
nous
le faire croire ; il n’y a pas seulement le Lénine de mars 1918, décl
471
au congrès du parti communiste : « En ce moment,
nous
sommes absolument pour l’État.12 » Il y a tout simplement le Marx du
472
caine] (24 septembre 1978)aa ab D’autant plus
nous
connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
473
nnaissons les choses particulières, d’autant plus
nous
connaissons Dieu. Spinoza Quand on arrive chez C. F. Ramuz, dans une
474
s ? Jusqu’à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici,
nous
sommes Savoyards. Les deux rives du Léman et la vallée du Rhône, c’es
475
t une même civilisation. De ce côté-ci du lac, on
nous
a fait devenir protestants, c’est-à-dire qu’on a voulu remplacer nos
476
protestants, c’est-à-dire qu’on a voulu remplacer
nos
verres de vin blancs par des tasses de thé, mais c’est superficiel… E
477
utes les langues… » Et Ramuz s’empare d’un atlas.
Nous
ne parlerons que de géographie, de races… Non, il avise un petit nid
478
de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que Ramuz
nous
fait voir. À travers le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanité. ⁂
479
e (Si le Soleil ne revenait pas, Les Signes parmi
nous
), sa réalisation (Présence de la mort) ou ce qui la suivra (Joie dans
480
e la poésie qu’avec l’antipoétique — écrit Ramuz.
Nos
vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme les a
481
les questions dernières : le voici dressé devant
nous
, comme si Dieu venait parler lui-même sur les places et dans les café
482
urs, celles qui rassurent… Ainsi les catastrophes
nous
ont surpris, en 1939 dans notre Europe, un peu plus tard, ici, le soi
483
i les catastrophes nous ont surpris, en 1939 dans
notre
Europe, un peu plus tard, ici, le soir de Pearl Harborad. On devait s
484
pas. C’était vrai et ce n’était pas possible. Et
nous
avons tous fait comme les paysans de Ramuz : nous avons refusé de voi
485
nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz :
nous
avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos c
486
e voir les signes. Ils sont entrés lentement dans
nos
consciences. Et la vie s’est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas d’a
487
ues les plus profondes que l’on puisse prendre de
notre
condition d’êtres condamnés en principe, faits pour aimer, destinés à
488
énéfices de l’armement Il n’y a pas d’issue si
nous
ne changeons pas profondément notre type de société. L’État-nation fo
489
pas d’issue si nous ne changeons pas profondément
notre
type de société. L’État-nation fonctionne pour la guerre. C’est sa vo
490
Doit-on encore le démontrer ? Avec les armes que
nous
possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit intern
491
le démontrer ? Avec les armes que nous possédons,
nous
ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit international qui, à c
492
les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas
nous
payer le luxe d’un conflit international qui, à coup sûr, éliminerait
493
ûr, éliminerait le genre humain. Tout ce que l’on
nous
raconte pour nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirige
494
genre humain. Tout ce que l’on nous raconte pour
nous
rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirigeants, les centrale
495
our nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de
nos
dirigeants, les centrales nucléaires n’auront plus de raison d’être d
496
attendant le déluge… l’énergie nucléaire devient
notre
principale source de revenus. Et l’on oublie, entre autres, les énerg
497
! nul ne souhaite la fin prématurée de l’espèce.
Nous
avons cependant atteint un seuil critique. Si le risque est mortel (t
498
uce, l’air, les sols. Les déchets radioactifs que
nous
sommes obligés de stocker (mais où ? pour l’instant on les jette dans
499
constante pendant… cent-mille ans ! Beau cadeau à
nos
descendants ! Halte aux pouvoirs anonymes « L’Amoco-Cadiz » ne
500
réoccupe pas seulement de cet aspect effrayant de
notre
« désolante civilisation qui dégrade tout et convertit en un slogan,“
501
un scénario, celui-ci infiniment plus optimiste.
Nous
avons les moyens de sauver in extremis « l’environnement », la nature
502
bitants. Mais ce sauvetage n’aurait aucun sens si
nous
ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore l
503
ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si
nous
sommes encore là mais aliénés, incapables de jouir de la vie. Les gen
504
ées que j’évoque dans mon projet : « L’avenir est
notre
affaire ». L’État-nation ne doit plus empêcher les régions de s’expri
505
foule solitaire. » Pour que le meilleur gagne en
nous
, ajoute-t-il, il nous faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se
506
ur que le meilleur gagne en nous, ajoute-t-il, il
nous
faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se demander : « Que puis
507
ibles à l’aspect « œuvre commune » du mariage que
nous
l’étions autrefois. Je vois là une espérance. Pour moi, le couple de
508
onsidérable. Tous ensemble, et quelles que soient
nos
tendances politiques, nous allons enfin tenter de réaliser, autrement
509
, et quelles que soient nos tendances politiques,
nous
allons enfin tenter de réaliser, autrement que par la force, un conti
510
Rougemont. Dans son dernier livre : L’Avenir est
notre
affaire (ouvrage passionnant pour qui veut comprendre les bouleverse
511
alisme européen évitera la catastrophe à laquelle
nous
condamnent inéluctablement les “États-nations”, comme il surnomme les
512
ont, l’État, tel qu’il s’est constitué, maître de
nos
vies et de nos destins, a étouffé les particularismes régionaux qui f
513
l qu’il s’est constitué, maître de nos vies et de
nos
destins, a étouffé les particularismes régionaux qui faisaient le gén
514
qui faisaient le génie de l’Europe. Il a réussi à
nous
convaincre que notre liberté personnelle se confondait avec la nation
515
ie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que
notre
liberté personnelle se confondait avec la nation. Le système, hérité
516
e l’organisme vivant qui le compose. C’est-à-dire
nous
tous. Sous menace de disparaître, le système doit tout contrôler de p
517
lysant ce qui se passe dans les pays développés —
nos
États-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu
518
ts-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme.
Nous
avons rendu visite à Denis de Rougemont. Nous lui avons demandé de ré
519
me. Nous avons rendu visite à Denis de Rougemont.
Nous
lui avons demandé de résumer ce qui le tourmentait et ce qu’il propos
520
us d’importance à l’avenir ? Les vrais acteurs de
notre
vie politique ne sont pas les partis socialistes mais les syndicats ;
521
sives (même si elles ne sont pas majoritaires) de
notre
vie politique. Ces formations ne sont ni de gauche, ni de droite ; el
522
écoute pas. » C’est donc eux qu’il faut suivre si
nous
voulons que la démocratie, non la technocratie, nous guide vers un av
523
s voulons que la démocratie, non la technocratie,
nous
guide vers un avenir vivable. Il faudrait pouvoir amener les gens à s
524
est la solution que vous proposez. Pourriez-vous
nous
préciser comment ce nouveau système s’articulerait ? Prenons garde to
525
n faut que ces droits existent dans la plupart de
nos
États-nationaux. Quelques exemples : le français est brimé dans le Va
526
a langue de son origine, de sa région. En Suisse,
nous
savons cela. Dans le canton des Grisons, on ne parle pas seulement l’
527
siècle les nationalismes stupides qui essaient de
nous
faire croire que l’Europe est l’addition de 25 cultures nationales, a
528
fants qui auront à affronter, demain, la crise de
notre
civilisation. Il faudra qu’ils apprennent que small is beautiful, que
529
omplir dans la communauté. M. Denis de Rougemont,
nous
vous remercions. ai. Rougemont Denis de, « [Entretien] Dialogue-in
530
ix se portera sur le nucléaire ou sur le solaire,
nous
aurons soit une société centralisée « exploitée de façon quasi milita
531
. Car il dépend essentiellement des finalités que
nous
voulons donner à notre vie : puissance collective et prestige de l’Ét
532
iellement des finalités que nous voulons donner à
notre
vie : puissance collective et prestige de l’État national — ou au con
533
Qui décidera ? 3. Qui va faire ce choix ? Si
nous
ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nou
534
hoix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour
nous
par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les
535
il sera fait pour nous par des experts, ceux qui
nous
expliquent depuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pa
536
pas plus radioactives que les cadrans lumineux de
nos
montres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de
537
le dans les veines de la femme auprès de laquelle
nous
dormons » (déclaration du physicien Louis Leprince-Ringuet lors d’une
538
jour ou l’autre, vu l’inépuisable ingéniosité de
nos
techniciens — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire
539
e ingéniosité de nos techniciens — qu’au surplus,
nous
n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de
540
être des hommes (ce qui n’est pas bien évident…),
nous
place devant le dilemme inévitable : centrales nucléaires ou chômage
541
ucléaire à peu près seule. Le seul espoir pour
notre
société occidentale 5. Nous sommes ici en présence d’une réaction
542
seul espoir pour notre société occidentale 5.
Nous
sommes ici en présence d’une réaction réellement démocratique et fédé
543
que économique avec l’image de l’homme à laquelle
nous
aspirons et les conditions politiques que nous souhaitons ». Le seul
544
le nous aspirons et les conditions politiques que
nous
souhaitons ». Le seul espoir, pour notre société occidentale, réside
545
iques que nous souhaitons ». Le seul espoir, pour
notre
société occidentale, réside dans des réactions spontanées de ce type,
546
nts qui m’ont le plus frappé, dans le rapport qui
nous
est présenté — Jenseits der Sachzwange : Au-delà des contraintes des
547
= moins d’emplois I. La pléthore d’énergie que
nous
vaudraient les centrales nucléaires serait nécessairement un facteur
548
n sur l’emploi ». À quelle croissance aspirons-
nous
? II. On présente les écologistes comme des ennemis du progrès. Il
549
comme des ennemis du progrès. Ils répondent avec
notre
document, que toute la question reste de savoir — « qu’est-ce qui doi
550
ion à la page 180 : « Par croissance qualitative,
nous
entendons une offre plus riche de ces biens qui rendent la vie plus d
551
je tiens pour décisives quant au sort prochain de
notre
espèce et de la vie sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier d
552
p. 5-6. ah. Présenté par la notice suivante : «
Nous
présentons ici le texte complet du discours de D. de Rougemont, prono
553
lors de la conférence de presse où fut présentée
notre
Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du ch
554
tée notre Conception globale de l’énergie suisse.
Nous
sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabo
555
Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour
nous
il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que ja
556
iècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire,
nous
voulons à l’avenir, plus que jamais, décider démocratiquement des aff
557
jamais, décider démocratiquement des affaires de
notre
pays. » Une note finale précise : « Les titres des paragraphes sont d
558
sque parut, il y a onze ans, le premier numéro de
notre
publication consacrée au problème régional : Naissance de l’Europe d
559
ement spéculatif, voire « trop nouveau » comme on
nous
le signifia, donc dépourvu de sérieux scientifique. Aujourd’hui c’est
560
niveau national dans les pays les plus divers de
notre
Europe : agitation ethnique et réaction jacobine en France, nouvelle
561
le rythme régulier de son progrès, le recueil que
nous
présentons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en
562
tons tient une place tout à fait particulière. Il
nous
parle en effet d’une région dont la formule se prête le mieux à la gé
563
s réguliers. Il s’agit là d’une « première » dans
notre
histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue de la g
564
formés pour étudier méthodiquement la région que
nous
appelions « lémano-alpine » dans sa plus grande extension, et qui all
565
n des régions frontalières » en 1972 — à laquelle
notre
Institut fut étroitement associé et dont notre bulletin publia les ra
566
le notre Institut fut étroitement associé et dont
notre
bulletin publia les rapports et les résolutions. D’autres manifestati
567
al suisse de la recherche scientifique (FNRS) que
nous
remercions ici une fois de plus. ak. Rougemont Denis de, « [Préface
568
t encore à construire et sur laquelle n’existe, à
notre
connaissance, aucune étude fondamentale et systématique, la région fr
569
États régnant de part et d’autre de la frontière.
Nous
ne parlerons ici que des régions du second type, celles qui ne cesser
570
disparaissait. I. Les données du problème 1.
Nous
constatons d’abord que les problèmes écologiques, économiques, énergé
571
égions frontalières (non ces régions elles-mêmes,
nous
y reviendrons). 3. L’État-nation à souveraineté illimitée dans ses fr
572
ation civique réelle. Ceci, qui est capital, doit
nous
conduire à éliminer les définitions technocratiques, voire étatiques
573
il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à
notre
avis, de partir des réalités locales et de constituer des pouvoirs lo
574
e, moyens de chantage sur les voisins). e) Enfin,
nous
devrons nous méfier d’expressions telles que « découpage des régions
575
chantage sur les voisins). e) Enfin, nous devrons
nous
méfier d’expressions telles que « découpage des régions », ou « taill
576
s intérêts du Pouvoir central. Ces considérations
nous
orientent toutes vers la recherche d’une définition fonctionnelle des
577
: celle des économistes et celle des ethnicistes.
Nous
les avons renvoyées dos à dos dans les remarques précédentes. Partant
578
isse, centrée sur la « cuvette genevoise » et que
nous
avons baptisée Région lémano-alpino. Les fonctions essentielles qui a
579
elle d’ailleurs. Car la région universitaire dont
nous
avions esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et p
580
ait écrit trois opuscules dans cette langue, dont
nous
ne connaissons plus que quelques mots, les paroles de Cé qu’è lainô p
581
sauraient être localisées de la même manière sur
notre
carte. Sans liens constants avec un territoire, elles définissent des
582
est normale. Elle était implicitement prévue par
nos
hypothèses de travail. Si l’on refuse la pseudo-solution unitaire, st
583
la pluralité des allégeances, pour la majorité de
nos
contemporains, c’est une espèce de scandale, c’est quelque chose d’im
584
d’impensable dans le cadre stato-national auquel
nous
a formé l’École aux trois degrés. (Mon pays bien clairement marqué «
585
esançon, Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds) ? Pour
nous
, la « vraie » région sera celle où se vérifieront des relations circu
586
n inégalement superposées ou contiguës. Telle est
notre
actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question c
587
lle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle
nous
amènera vite à la question cruciale de la politique régionale proprem
588
collecte d’informations qui est en cours, et que
nous
avons initiée avec l’appui très efficace des services français de la
589
le de région à la fois fonctionnel et systémique,
nous
avons entrepris une série d’enquêtes portant sur les flux commerciaux
590
ration, ne pourra pas être établi avant la fin de
nos
enquêtes sur les secteurs mentionnés. IV. Développements politique
591
te pour sauver le mode de vie cher aux Européens.
Nous
voyons là une raison de plus, et décisive, d’intensifier la recherche
592
ntensifier la recherche régionale. Convaincus que
nous
sommes que le salut de l’Europe et de l’Occident tout entier dépend d
593
Le mythe et l’opéra (1979)aj
Nous
sortons à peine d’une période où l’on disait l’opéra passé de mode, p
594
sement liée à l’ère bourgeoise dans l’histoire de
notre
culture européenne qui avait été jusqu’alors celle des styles et de l
595
a fois la communication et l’action concertée. Et
nous
redécouvrons qu’il n’y a dans la culture rien de plus sérieux qu’une
596
yal. Grâce aux études de Freud sur l’inconscient,
nous
entrevoyons la portée de ce que Baudelaire nommait « la rhétorique pr
597
Baudelaire nommait « la rhétorique profonde ». Et
nous
commençons à comprendre à la lumière des archétypes de C. G. Jung la
598
pes sont plus réels que les individus décrits par
nos
romans — pour ne rien dire de ceux que nous côtoyons —, c’est que le
599
ts par nos romans — pour ne rien dire de ceux que
nous
côtoyons —, c’est que le Mythe, à travers conventions, rhétorique pro
600
rofonde, archétypes, exerce son empire sur toutes
nos
créations dans les domaines de l’âme et de l’affectivité. Et ces créa
601
vité. Et ces créations à leur tour vont gouverner
nos
sensibilités. « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient ja
602
ner. C’est par lui que la passion est entrée dans
nos
mœurs, envoûtante et parfois mortelle. Tous les grands opéras, tous l
603
n un mythe nouveau. « La musique savante manque à
notre
désir » (Rimbaud). Mais l’opéra, impatiemment interrogé par la jeunes
604
i pouvait le porter à l’indulgence — d’autant que
nous
étions de la même année —, j’avais souhaité soumettre au jugement du
605
llustre la croissance zéro. Depuis trente ans que
nos
chefs d’État la disent urgente, notre union n’a cessé de ne pas avanc
606
rente ans que nos chefs d’État la disent urgente,
notre
union n’a cessé de ne pas avancer. J’y vois la preuve qu’on ne peut l
607
peu que ce soit les frontières que décrètent, sur
notre
péninsule, le hasard des guerres et le jeu des traités. « Une région
608
Je voyais les quarante régions qui naissent sur
notre
continent : du Schleswig à Bâle par la Frise et la vallée du Rhin ; d
609
Rien n’empêchera — selon les lois en vigueur dans
nos
États démocratiques — toutes ces régions, si elles le désirent, de se
610
l’homme, la cité et la nature, dans l’ensemble de
nos
pays. Dans le cadre de cette politique générale, rien n’empêchera, bi
611
t-être les besoins de l’État, mais assurément pas
les nôtres
. Rien n’empêchera, enfin, que les assemblées annuelles ne fonctionnen
612
etés, peut-être sans lendemain, même obtenues. Si
nous
voulons l’Europe — et nous pourrons l’avoir —, c’est au village ou da
613
ain, même obtenues. Si nous voulons l’Europe — et
nous
pourrons l’avoir —, c’est au village ou dans les communes de quartier
614
au village ou dans les communes de quartier qu’il
nous
faut exiger les moyens de la construire, qui sont très simples : le d
615
es raisons tout à fait claires : elle serait pour
notre
société déjà menacée par l’explosion démographique, une catastrophe s
616
979)an 1. L’un des lieux communs fondateurs de
notre
société européenne, et peut-être le plus fondamental de tous, a consi
617
à procèdent les vertus qui composent, à l’insu de
nos
contemporains, l’éthique du fédéralisme, c’est-à-dire de la seule soc
618
Dans la tâche de devenir chacun soi-même réside
notre
commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de
619
cun soi-même réside notre commune condition. Tous
nous
nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le bu
620
oi-même réside notre commune condition. Tous nous
nous
ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le but de
621
ous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de
nous
est un unique. Or le but de la société, en tant qu’humaine, est de pe
622
cependant, on s’aperçoit que les « réalistes » de
notre
société scientifico-technique sont en fait les victimes des clichés d
623
généraux, finaux, de la Société. Le « réalisme »
nous
conduit à la guerre, mais la survie du genre humain dépendra du respe
624
ment 92, trad. Simone Weil.) De ce temps jusqu’à
nous
, tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre
625
à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de
notre
histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversit
626
vente la cité (polis, d’où politique, dans toutes
nos
langues : Politik, policy, politica, etc.) et elle la fonde sur le pa
627
r, des passions et des volontés de l’esprit. Tous
nos
poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des
628
la cortezia des troubadours du xiie siècle. Tous
nos
romans dérivent du Tristan primitif de l’Anglo-Normand Béroul, dans l
629
aux institutions et aux coutumes civiques, qu’ils
nous
interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moin
630
tales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’enfin
nos
diversités sont si nombreuses, et si jalousement entretenues qu’on pe
631
hénomène stato-national. J’avais tort en ceci que
nos
États-nations tentent bel et bien de créer par décrets ces « cultures
632
ons, le rayonnement des foyers locaux, et rouvrir
nos
pays aux grands courants continentaux, foyers et grands courants qui
633
l’uniformité reste stérile. Vienne et Paris
Notre
époque a fourni deux illustrations mémorables à ces règles tout empir
634
le philosophe et théologien allemand Georg Picht
nous
rappelait que « si les exportateurs de centrales nucléaires avaient c
635
ant l’Histoire, bien plus que les péripéties dont
nous
allons être témoins. Si l’URSS parvient à manipuler les éléments anti
636
recouvrée menacera tout le sud de l’URSS… Ce que
nous
savons, et qui ne sera plus changé par rien, c’est que, pour une fois
637
mène unique dans l’histoire moderne : le rejet de
notre
civilisation industrielle occidentale par un peuple du tiers-monde qu
638
Cet amour qui
nous
rendrait la liberté (mars 1979)av « Tout change, sauf le cœur huma
639
le aux variations de temps et de latitude. Ce que
nous
nommons l’amour-passion est ignoré de l’Inde et de la Chine. On n’y c
640
n’y connaît pas de mot pour le traduire. « Quand
nous
éprouvons quelque chose qui ressemble à ce que décrivent vos romans,
641
os romans, me confiait un ami hindou, tout ce que
nous
pouvons dire, c’est It’s romance ! ». Les Grecs et les Romains ne nou
642
est It’s romance ! ». Les Grecs et les Romains ne
nous
ont rien laissé qui se puisse comparer à Tristan ni à Werther, à Nova
643
rs siècles du christianisme ? Définissons d’abord
nos
termes. La sexualité est l’instinct qui ordonne l’individu aux finali
644
de la personne totale dans le don. Quand on loue
notre
époque d’avoir enfin « libéré l’amour » autrefois enchaîné par « la c
645
réglementaient n’était jamais l’amour au sens où
nous
l’entendons et qu’ils ignoraient totalement, mais les rapports sexuel
646
e ?) Les seuls obstacles réels de l’amour sont en
nous
: sécheresse, blessures spirituelles, anxiété de l’orgueil tourné en
647
tout autre affaire. La liberté dans la sexualité,
nous
en jouissons et en souffrons plus que toute autre civilisation connue
648
ns dans le domaine sexuel sont négligeables parmi
nous
, si on les compare à celles qu’entraîne la simple tentative de traver
649
nions politiques même non déclarées publiquement.
Nous
sommes loin des sociétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient
650
e — et non l’absence de la liberté sexuelle parmi
nous
qui pose un problème sérieux. ⁂ La réaction nommée écologie à l’agres
651
[Ndlr]. av. Rougemont Denis de, « Cet amour qui
nous
rendrait la liberté », Le Sauvage, Paris, mars 1979, p. 8-9.
652
«
Nous
subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax
653
« Nous subsisterons unis, ou
nous
périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax J’entends dire que l’id
654
fin de xxe siècle : si l’Europe ne se fait pas,
nous
allons à la catastrophe, non seulement européenne, mais mondiale. Pou
655
ès simple. C’est l’Europe qui a créé le monde que
nous
connaissons, en ce sens qu’en créant la première civilisation industr
656
venu complètement utopique. Saint Thomas pourtant
nous
avait prévenus : « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais nous
657
: « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais
nous
avons perdu de vue cette vérité aussi fondamentale que deux et deux f
658
aussi fondamentale que deux et deux font quatre.
Nous
nous sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et qu
659
i fondamentale que deux et deux font quatre. Nous
nous
sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et que rie
660
otale ! Ça durera bien jusqu’à ma retraite !
Nous
le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, p
661
ontinue. Simplement, parce que le raisonnement de
nos
dirigeants c’est de se dire : « Après moi le déluge ! ». « Ça durera
662
industriel qui a été imité par le reste du monde
nous
conduit tous à l’impasse absolue, l’Europe se doit à nouveau de donne
663
ys de l’Est qui, un jour ou l’autre, finiront par
nous
rejoindre ; l’État soviétique ne pourra pas toujours les maintenir en
664
toujours les maintenir en état de servage… Tous,
nous
sommes tous faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périr
665
vage… Tous, nous sommes tous faits pour l’Europe.
Nous
subsisterons unis ou nous périrons séparés. Cette évidence saute aux
666
us faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou
nous
périrons séparés. Cette évidence saute aux yeux. La plupart des grand
667
ux yeux. La plupart des grands problèmes auxquels
nous
sommes confrontés — économiques, énergétiques, monétaires, militaires
668
droite, c’est une évidence à laquelle il faut que
nous
nous fassions. Du coup également, les besoins alimentaires du tiers-m
669
e, c’est une évidence à laquelle il faut que nous
nous
fassions. Du coup également, les besoins alimentaires du tiers-monde
670
uencer le comportement d’autrui, c’est le seul. »
Nous
n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’
671
e seul. » Nous n’en sortirons pas autrement. Mais
nos
chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombre
672
nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que
nous
sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujour
673
. D’abord parce que nous sommes plus nombreux que
nous
ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule
674
ue nous sommes plus nombreux que nous ne pensons.
Nous
nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule, cap de l’Asie é
675
us sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous
nous
imaginons toujours l’Europe comme une péninsule, cap de l’Asie écrasé
676
comptent que 220 et la Russie 250… Alors pourquoi
nous
sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que
677
220 et la Russie 250… Alors pourquoi nous sentons-
nous
écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations
678
rs pourquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que
nous
nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce
679
urquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous
nous
comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce soit
680
? Parce que nous nous comptons par nation et que
nos
nations sont trop petites. Que ce soit le Luxembourg ou que ce soit l
681
embourg ou que ce soit la France n’y change rien.
Nous
sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. «
682
Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que
nous
nous unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Depuis des siècle
683
sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous
nous
unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Depuis des siècles l’i
684
toutes couleurs : le matérialisme au fond domine
nos
sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn…
685
t, que les États-nations sont condamnés. Aucun de
nos
États désunis n’est en mesure de faire face correctement aux tâches q
686
e le gouvernement d’une nation est censé assurer.
Nos
souverainetés nationales ne peuvent résister ni à la colonisation éco
687
de copier et de s’approprier les causes mêmes de
notre
propre crise… Je le répète, les États-nations sont condamnés puisqu’i
688
pétant que l’État-nation est sacré. Alors, qu’ils
nous
démontrent que cet État-nation fonctionne ! » L’Europe politique e
689
’Europe ? Où sont les avantages qu’on ne cesse de
nous
promettre ? » Denis de Rougemont répond : Regardons ce qui est acquis
690
rnières années. « À force d’avoir dit : “unissons-
nous
, unissons-nous”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu
691
« À force d’avoir dit : “unissons-nous, unissons-
nous
”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu : « Des forces
692
Mais l’espoir est revenu : « Des forces nouvelles
nous
appuient du côté des écologistes, des régionalistes ! ! » Écologie
693
en effet ce n’est qu’une mode, si le bétonnage de
nos
campagnes en est une ! » Mais la région ? N’est-ce pas contradictoire
694
la solution magique à tous les problèmes auxquels
nous
nous trouvons confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est p
695
lution magique à tous les problèmes auxquels nous
nous
trouvons confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est pas la
696
à rien. aw. Rougemont Denis de, « [Entretien]
Nous
subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! », Panorama aujourd’hui
697
enis de, « [Entretien] Nous subsisterons unis, ou
nous
périrons séparés ! », Panorama aujourd’hui, Paris, avril–mai 1979, p.
698
te : “Au cours de cet échange, Denis de Rougemont
nous
a résumé l’essentiel d’un livre qu’il publie ces jours-ci, sous le ti
699
isseurs internationaux et européens. Un livre que
nous
ne saurions trop vous recommander de lire à la veille des élections e
700
mplement une nécessité, la condition de survie de
nos
peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie, un enjeu
701
l se trouve qu’à la veille d’une date capitale de
notre
histoire : la première élection au suffrage universel de l’Assemblée
702
stes et philosophes, venus d’une bonne dizaine de
nos
pays, ont voulu réfléchir ensemble sur la situation réelle de l’Europ
703
déclenchée. La civilisation industrielle, née de
nos
œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Améri
704
s trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre
notre
niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonh
705
joindre notre niveau de vie matériel, et pourtant
nous
lui avons appris que le bonheur dépend de l’augmentation indéfinie du
706
uer d’entraîner des répercussions très dures pour
nos
pays de l’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit
707
sions très dures pour nos pays de l’Europe. C’est
notre
civilisation technologique qui produit à la fois l’accroissement des
708
prix du pétrole et l’épuisement de ce pétrole par
nous
d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe par
709
’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est
notre
modèle d’État-nation centralisé qui triomphe partout et réclame parto
710
crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de
nos
pays ne peut répondre seul. De même qu’aucun ne peut se défendre seul
711
ter seul contre ces deux produits inéluctables de
nos
technologies : l’inflation et le chômage. Dans leur état actuel de di
712
et le chômage. Dans leur état actuel de division,
nos
soi-disant « souverainetés nationales » ne peuvent en fait : — ni rés
713
cation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de
nos
États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de t
714
s domaines clés de la réalité d’aujourd’hui. Tous
nos
États se donnent pour but suprême la croissance industrielle sans lim
715
a croissance industrielle sans limites, alors que
notre
terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’in
716
hard l’avait fait quelques semaines plus tôt chez
nous
, que renoncer au nucléaire équivaudrait à augmenter très fortement le
717
encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de
nos
gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre
718
sent. À une crise de civilisation comme celle que
nous
vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de cul
719
est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans
notre
cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypr
720
tes ou beaucoup plus locales que la superficie de
nos
États-nations. Le Rhin, pollué par cinq pays et transformé en poubell
721
ultraviolets ; le cancer causé à 60 % ou 90 % par
notre
environnement industriel ; la destruction des forêts et du plancton d
722
plancton des océans qui fabriquent l’oxygène que
nous
respirons ; la destruction des sols par la progression du béton et la
723
et végétales — tout cela s’opère à travers toutes
nos
frontières, mais la « Souveraineté absolue » de nos États empêche tou
724
s frontières, mais la « Souveraineté absolue » de
nos
États empêche toute mesure de défense efficace. Seules des solutions
725
e ne coïncident jamais avec le territoire d’un de
nos
États-nations, mais appellent toujours des entités plus grandes (cont
726
, voire locales). S’il est nécessaire de dépasser
nos
États-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de le
727
avenir ». Passons sur le problème de la Défense (
nous
proposons le modèle suisse de la défense « en hérisson », village par
728
défense « en hérisson », village par village, que
nous
opposons à l’armement nucléaire, lequel sera d’un usage follement dan
729
ctions, ses réseaux de communications) et bornons-
nous
à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-mond
730
mmunications) et bornons-nous à ce que l’aide que
nous
pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincèr
731
r au tiers-monde implique l’union sincère de tous
nos
pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de
732
-monde de copier les traits les plus dangereux de
notre
civilisation matérialiste. Pour lutter contre cette contagion, un seu
733
tagion, un seul moyen : instituer et réussir chez
nous
un modèle de fédération continentale à base de régions dépassant les
734
tato-nationaux. Rien d’autre que la fédération de
nos
peuples ne convaincra les peuples du tiers-monde, car, ainsi que le d
735
re, lorsqu’il écrivait il y a cent ans : Hors de
nous
les gouvernements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ils tâche
736
az ba « L’économie, ce n’est pas tout » «
Nous
avons voulu, en établissant ce rapport sur l’union à la manière améri
737
formation, ce parlement et ses futurs députés »,
nous
a expliqué Denis de Rougemont, que nous avons rencontré chez lui, à S
738
éputés », nous a expliqué Denis de Rougemont, que
nous
avons rencontré chez lui, à Saint-Genis-Pouilly près de Genève. Les m
739
s deux étapes d’une même construction. En Suisse,
nous
le savons bien. L’Europe, celle des marathons agricoles, constate Den
740
ope est menacée de mort. Aucune loi économique ne
nous
empêche de changer. Ce ne sont que nos désirs que l’on appelle ensuit
741
omique ne nous empêche de changer. Ce ne sont que
nos
désirs que l’on appelle ensuite nécessités. az. Rougemont Denis d
742
déraliste avec tous les Européens, et vite, sinon
nous
allons nous trouver en danger de mort. Ce cri d’alarme, qui se veut s
743
ec tous les Européens, et vite, sinon nous allons
nous
trouver en danger de mort. Ce cri d’alarme, qui se veut surtout un ap
744
a veille des élections, l’auteur de L’Avenir est
notre
affaire , dans un ouvrage qu’il vient de publier en collaboration ave
745
mplement une nécessité, la condition de survie de
nos
peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie : un enjeu
746
se trouve qu’au lendemain d’une date capitale de
notre
histoire : la première élection au suffrage universel de l’Assemblée
747
déclenchée. La civilisation industrielle, née de
nos
œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Améri
748
s trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre
notre
niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonh
749
joindre notre niveau de vie matériel, et pourtant
nous
lui avons appris que le bonheur dépend de l’augmentation indéfinie du
750
umanité : 18 % en 1900, 7 % en 2000. Mais surtout
nous
avons perdu l’accès facile que représentaient nos colonies aux ressou
751
ous avons perdu l’accès facile que représentaient
nos
colonies aux ressources naturelles non renouvelables comme le pétrole
752
le pétrole, l’uranium, le manganèse (sans lequel
notre
fer ne donnera pas d’acier). Ce qui ne peut manquer d’entraîner des r
753
uer d’entraîner des répercussions très dures pour
nos
pays d’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à l
754
cussions très dures pour nos pays d’Europe. C’est
notre
civilisation technologique qui produit à la fois l’accroissement des
755
prix du pétrole et l’épuisement de ce pétrole par
nous
d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe par
756
’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est
notre
modèle d’État-nation centralisé qui triomphe partout et réclame parto
757
crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de
nos
pays ne peut répondre seul. Dans leur état actuel de division, pas un
758
ns leur état actuel de division, pas une seule de
nos
soi-disant « souverainetés nationales » ne peut en fait : — ni résist
759
ntre la famine et la désertification, causées par
notre
civilisation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’e
760
sation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de
nos
États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de t
761
ontinentale et d’institutions fédérales, aucun de
nos
pays ne paraît capable d’échapper longtemps encore aux dangers de col
762
e Europe unie et diverse (27 août 1979)bc Tous
nos
États se donnent pour but suprême la croissance industrielle sans lim
763
a croissance industrielle sans limites, alors que
notre
terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’in
764
encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de
nos
gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre
765
sent. À une crise de civilisation comme celle que
nous
vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de cul
766
est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans
notre
cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypr
767
tes ou beaucoup plus locales que la superficie de
nos
États-nations. Le Rhin, pollué par cinq pays et transformé en poubell
768
ltraviolets ; le cancer causé à 60 %° ou 90 % par
notre
environnement industriel ; la destruction des forêts à 25 % dans le m
769
plancton des océans, qui fabriquent l’oxygène que
nous
respirons ; la destruction des sols par la progression du béton et de
770
et végétales — tout cela s’opère à travers toutes
nos
frontières, mais trop souvent la « Souveraineté absolue » de nos État
771
mais trop souvent la « Souveraineté absolue » de
nos
États s’oppose aux mesures de défense efficace. Seules, des solutions
772
océans — pourraient prévenir les catastrophes qui
nous
menacent à très court terme. ⁂ Les solutions possibles aux problèmes
773
e ne coïncident jamais avec le territoire d’un de
nos
États-nations, mais appellent toujours des entités plus grandes (cont
774
onales, locales). S’il est nécessaire de dépasser
nos
États-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de le
775
rais souligner surtout ce grand fait : l’aide que
nous
pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincèr
776
r au tiers-monde implique l’union sincère de tous
nos
pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de
777
-monde de copier les traits les plus dangereux de
notre
civilisation matérialiste. Pour lutter contre cette contagion, un seu
778
tagion, un seul moyen : instituer et réussir chez
nous
un modèle de fédération continentale à base de régions dépassant les
779
tato-nationaux. Rien d’autre que la fédération de
nos
peuples ne convaincra les peuples du tiers-monde, car, ainsi que le d
780
re, lorsqu’il écrivait il y a cent ans : Hors de
nous
les gouvernements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ils tâche
781
n film de 16 mm d’une leçon à Annibal et d’une de
nos
parties d’échecs sur la galerie. Je donnerais beaucoup pour le revoir
782
en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il
nous
lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais vous lire mon œuvre po
783
oles de l’âme que forment les châteaux au fond de
nos
mémoires. New York, fin février 1943 Depuis que nous habitons à
784
ires. New York, fin février 1943 Depuis que
nous
habitons à cent mètres les uns des autres, c’en est fait de mes nuits
785
. ⁂ Ce qui m’a souvent intrigué durant l’année de
notre
voisinage à Beekman Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été
786
l’année de notre voisinage à Beekman Place et de
nos
maisons louées en commun, ç’a été l’affaire nucléaire. St Ex est le p
787
is le plus célèbre aux USA. Avec Pierre Lazareff,
nous
avons tenté d’obtenir que sa traversée de l’Atlantique vers Alger soi
788
ns mon journal : « Téléphone de St Ex à propos de
nos
démarches pour qu’il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock (s
789
zareff et Beaucaire à Beekman Place. Au moment où
nous
entrons dans la bibliothèque de velours vert du premier étage, nous v
790
la bibliothèque de velours vert du premier étage,
nous
voyons St Ex en uniforme de capitaine aviateur — grande casquette et
791
au cœur, ce n’est pas seulement par l’allusion à
nos
parties « bien disputées » tard dans la nuit, mais c’est surtout par
792
n aimées », le contraignait à « mettre le cap sur
nos
buts lointains »30. C’est l’avion qui l’a éveillé au sens cosmique, c
793
ure, entre la liberté et les limites. Que savons-
nous
, sinon qu’il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où l
794
ous, sinon qu’il est des conditions inconnues qui
nous
fertilisent ? Où loge la vérité de l’homme ? La vérité ce n’est point
795
qu’une charte et quelle est sa fonction ? Littré
nous
dit que c’est un « acte concédant des franchises, des privilèges ». E
796
ion. Le titre même de l’opération sur laquelle on
nous
invite à réfléchir oriente donc l’esprit vers deux réalités qui sont
797
elles sont conçues en relation indissociable, et
nous
le verrons, en interaction créatrice. Les franchises, droits et privi
798
les barrières et chicanes périmées qui encombrent
notre
continent, pour favoriser les échanges et les opérations communes. D’
799
nc dans l’usage courant, qu’à partir du milieu de
notre
siècle, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays
800
le, et qui est encore très inégalement perçu dans
nos
divers pays et aux divers niveaux d’éducation intellectuelle dans cha
801
finitions sont de valeur extrêmement inégale pour
notre
objet, car certaines des plus lapidaires et par là même frappantes, n
802
se classer dans le camp des totalitaires ? Force
nous
est de ne retenir que les définitions de la culture susceptibles de l
803
n lui attribue des contenus assez divers. Mais si
nous
négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens co
804
omme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès
notre
Antiquité gréco-romaine, « cultiver » la terre ou l’esprit signifie :
805
c vers son risque personnel, en fin de compte. Si
nous
nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que
806
s son risque personnel, en fin de compte. Si nous
nous
demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa dé
807
s nous demandons maintenant ce qu’est la culture,
nous
allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Euro
808
ique, qui n’existerait pas sans elle : 1. Gardons-
nous
d’opposer théoriquement culture et technique, comme s’il s’agissait d
809
poétique au sens étymologique du mot. 2. Gardons-
nous
d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
810
nous d’opposer technique et culture générale dans
nos
programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendrai
811
ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de
nos
techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
812
turel » (au sens physique du mot « champ ») et si
nous
l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éd
813
champ ») et si nous l’ignorons, cela signifie que
nous
négligerons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort
814
rons de fournir l’effort éducatif correspondant à
notre
effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays
815
otre effort d’assistance matérielle et technique.
Nous
donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs, destructeurs
816
gers et les bienfaits virtuels, conditionnels, de
notre
apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
817
enfaits virtuels, conditionnels, de notre apport.
Nous
leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
818
leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et
nos
remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
819
deviendront des poisons. Il est donc temps, pour
nous
Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
820
tance éducatrice et culturelle sans laquelle tous
nos
dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
821
réatrice. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de
nos
dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre facu
822
d pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de
nos
salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harm
823
s immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de
notre
faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
824
té d’imaginer un développement plus harmonieux de
nos
rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans
825
développement plus harmonieux de nos rêves et de
notre
action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans les indices de pr
826
vais : S’il est vrai que les motifs immédiats de
notre
union sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certai
827
iberté et justice… Dans ce débat auquel chacun de
nous
participe plus ou moins consciemment, réside le secret du dynamisme o
828
vec le monde, avec l’État et la communauté. Toute
notre
histoire illustre ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est
829
oire illustre ce débat, qui se livre en chacun de
nous
. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les
830
clair que ce qui s’oppose à l’union nécessaire de
nos
peuples, et à la formation d’une conscience commune — condition préal
831
utes au départ, il n’est pas une seule branche de
notre
culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
832
le champ limité par les frontières d’une seule de
nos
nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de
833
Montrer cela sans relâche et en toute occasion à
nos
élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un
834
s meilleures justifications, sinon précisément de
notre
culture ? C’est donc là qu’il s’agit d’attaquer son virus, dans les e
835
la culture, et par elle, est donc la condition de
notre
sécurité et d’une possible paix future. L’union de l’Europe est appar
836
changeait, encore plus vite. Partout où l’une de
nos
nations se retirait d’une colonie, la civilisation européenne s’y voy
837
n’entend aujourd’hui que le concert discordant de
nos
« intérêts nationaux », et nomme cela « néo-colonialisme ». Mais que
838
C’est là qu’il faut chercher les vrais secrets de
notre
puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si mainten
839
s de notre puissance, même matérielle, et donc de
notre
indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une
840
lle, et donc de notre indépendance. Si maintenant
nous
voulons fonder l’Europe unie sur une base ferme et réaliste, fondons-
841
Sem, et l’Afrique celle de Cham —, l’Europe est à
nos
yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les a
842
et supérieure à tous les découpages successifs de
nos
frontières nationales, l’union économique et politique de nos peuples
843
es nationales, l’union économique et politique de
nos
peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons-nous : l’Europe,
844
ples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons-
nous
: l’Europe, c’est très peu de chose plus une culture. Ce qui peut s’e
845
la plus célèbre des temps modernes : E = mc2 que
nous
prendrons l’extrême liberté de lire ainsi : Europe (E) égale masse mé
846
e justifie en tant que rappel à la spécificité de
notre
concept de culture comparé à ce que nous appelons par exemple culture
847
cité de notre concept de culture comparé à ce que
nous
appelons par exemple culture congolaise, culture khmer, cultures préc
848
t les déclarations des « agences culturelles » de
nos
États-nations européens, qui opèrent sur la fiction (pour ne pas dire
849
ns continental comme au sens local, ou n’est pas.
Nous
ne pouvons servir l’humanité en général qu’en pratiquant notre cultur
850
ons servir l’humanité en général qu’en pratiquant
notre
culture particulière dans ses valeurs les plus hautes, celles qui con
851
lien n’est pas évident, il s’en faut. L’examen de
notre
catalogue d’aspects de plus en plus différenciés révèle au premier co
852
« la culture » qui se pose alors, par quoi sommes-
nous
attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque chose ?
853
, par quoi sommes-nous attirés, et à quoi tendons-
nous
quand nous inventons quelque chose ? Sommes-nous motivés, en dernière
854
sommes-nous attirés, et à quoi tendons-nous quand
nous
inventons quelque chose ? Sommes-nous motivés, en dernière analyse, p
855
-nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes-
nous
motivés, en dernière analyse, par une volonté de puissance personnell
856
damentales et finales, en conflit tout au long de
notre
histoire, vont fournir deux principes opposés — sinon toujours radica
857
gouvernement européen aux activités culturelles.
Nous
reportant à ce qui est dit supra, examinons rapidement quels sont les
858
r en toute occasion que la culture dans chacun de
nos
pays s’est toujours nourrie de grands courants et d’écoles qui ont tr
859
avaient-ils donc pas de culture ?) II. Chacun de
nos
États garantira sans restriction d’aucune sorte la libre circulation
860
n pas de simples déplacements de forts en thème —
nous
devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organ
861
dans toute l’étendue de l’Europe. III. Chacun de
nos
États garantira le droit à l’information, c’est-à-dire le droit qu’a
862
ue des rivalités nationales entre Européens. VII.
Nos
gouvernements doivent s’engager à soutenir systématiquement les reche
863
coloniser la terre entière, après avoir colonisé
nos
propres pays. Elle a produit d’autre part les plus graves menaces con
864
ens à leur gestion ; c) éviter tout ce qui pollue
notre
milieu social, urbain ou naturel ; d) éviter tout ce qui menace d’épu
865
besoins en énergie s’accroissent. La situation de
notre
continent et de l’humanité entière serait apparemment sans espoir si
866
pparemment sans espoir si la culture élaborée par
notre
Europe n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier
867
L’énergie nucléaire est la réponse, inventée par
notre
génie, par nos savants européens au défi d’une humanité dont notre sc
868
ire est la réponse, inventée par notre génie, par
nos
savants européens au défi d’une humanité dont notre science, notre hy
869
nos savants européens au défi d’une humanité dont
notre
science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître
870
opéens au défi d’une humanité dont notre science,
notre
hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du pos
871
une humanité dont notre science, notre hygiène et
nos
techniques étaient en train d’accroître au-delà du possible les besoi
872
erreur sur la nécessité d’accroître indéfiniment
notre
production, et donc notre consommation d’énergie. La première erreur
873
’accroître indéfiniment notre production, et donc
notre
consommation d’énergie. La première erreur était pardonnable à l’époq
874
ma description de l’état d’innocence générale où
nous
étions à peu près tous. Dans la situation critique et à certains égar
875
ation critique et à certains égards dramatique où
nous
sommes aujourd’hui, confrontés à des choix probablement irréversibles
876
ni de la vraie nature des éléments subjectifs de
nos
options, il me paraît nécessaire, plus que jamais, d’essayer de rendr
877
giques dans lesquelles se débattent les hommes de
notre
temps, dont dépendent leurs choix politiques et, conjointement, le ch
878
commence à parler sérieusement. C’est alors qu’on
nous
offre les centrales nucléaires. C’est propre, nous dit-on, pas une fu
879
ous offre les centrales nucléaires. C’est propre,
nous
dit-on, pas une fumée n’en sort, c’est le dernier cri de la technique
880
is, dit alors le Conseil fédéral. Aujourd’hui, il
nous
dit exactement le contraire, mais les scientifiques savent bien que l
881
les limites de tout processus de croissance dans
notre
monde matériel, qui est celui de la finitude. Le mérite historique du
882
historique du club de Rome restera d’avoir forcé
notre
attention sur les limites, comme fondement de la réalité et du réalis
883
-moi-ça des utopies. La réflexion sur les limites
nous
a conduits à nous poser des questions plus profondes et plus précises
884
s. La réflexion sur les limites nous a conduits à
nous
poser des questions plus profondes et plus précises sur l’utilité de
885
ibre en commettant tel ou tel acte. Si maintenant
nous
avons à choisir entre ces deux finalités maîtresses du genre humain (
886
u la liberté, le collectif ou le personnel, alors
nous
sommes amenés à choisir entre deux types d’énergie qui correspondent
887
ens, et qui les favorisent en conditionnement. Si
nous
décidons en faveur de la liberté des personnes, et non des mythes nat
888
(ou de sécurité à l’abri de la puissance), alors
nous
choisirons évidemment le modèle qui correspond à cette fin, celui qui
889
s de liberté, de loisir, d’autodétermination ? On
nous
raconte que nous disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’élec
890
loisir, d’autodétermination ? On nous raconte que
nous
disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos mo
891
Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à
nos
moteurs, de 50 esclaves mécaniques « par personne ». Question : sont-
892
mécaniques « par personne ». Question : sont-ils
nos
esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plu
893
r personne ». Question : sont-ils nos esclaves ou
nos
maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plus de loisir, pou
894
Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ?
Nous
les voulons pour quoi ? Pour avoir plus de loisir, pour travailler mo
895
. Or il se trouve que pour acquérir ces esclaves,
nous
devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer s
896
ous devons travailler huit à dix heures par jour,
nous
devons les payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous
897
s payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation).
Nous
nous condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite
898
er sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous
nous
condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite dans
899
spoir de travailler moins et de gagner du temps !
Nous
consacrons plusieurs heures par jour à gagner des loisirs dont nous n
900
usieurs heures par jour à gagner des loisirs dont
nous
ne jouissons pas, et à travailler dur pour gagner ces esclaves qui se
901
ner ces esclaves qui seraient censés travailler à
notre
place, mais le font-ils ? Je voudrais qu’un team de chercheurs calcul
902
n team de chercheurs calcule le rendement réel de
nos
esclaves mécaniques en se servant des mêmes mesures qu’Ivan Illich ap
903
qui est la vitesse d’un piéton peu pressé. Ainsi
nous
avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il é
904
d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons réussi à
nous
enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il était réellement inév
905
Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Si
nous
voulons la liberté, si nous voulons vraiment sortir du cercle vicieux
906
le quelque chose ? Si nous voulons la liberté, si
nous
voulons vraiment sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il nous
907
t sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il
nous
faut appeler, cultiver, promouvoir l’énergie du soleil. Voici pourquo
908
s. Le soleil est à tout le monde, voilà pourquoi
nos
États-nations ne l’aiment pas. Voilà pourquoi les Communautés de Brux
909
erposer un compteur entre le soleil et chacune de
nos
maisons, ils ne feront rien pour favoriser cette forme d’énergie. L
910
oriser cette forme d’énergie. L’énergie solaire
nous
atteint sans intermédiaire, pénètre en chacun de nous à la rencontre
911
atteint sans intermédiaire, pénètre en chacun de
nous
à la rencontre de l’énergie qui est en chaque personne et qui attend
912
chaque personne et qui attend d’être réveillée. «
Nos
cieux sont gris, me direz-vous. Le solaire pas facile à capter. » Eh
913
. Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous
nos
cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du solei
914
ien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à
nous
comporter vis-à-vis du soleil souvent voilé comme le timonier d’un vo
915
s, avançant contre les vents contraires. Adaptons-
nous
au ciel gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons-nous à donner pr
916
ciel gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons-
nous
à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiqu
917
nfer brûlant ! Habituons-nous à donner priorité à
nos
finalités sur les « impératifs » technologiques allégués par les prom
918
eur superstition de la croissance. Ils voudraient
nous
faire prendre leurs désirs pour nos fatalités : devenons conscients d
919
s voudraient nous faire prendre leurs désirs pour
nos
fatalités : devenons conscients de nos désirs réels, éduquons-les. Ce
920
ésirs pour nos fatalités : devenons conscients de
nos
désirs réels, éduquons-les. Cela doit entraîner, dans la jeune généra
921
ons profondes de l’éthique du travail. Au lieu de
notre
condition présente qui est de travailler de plus en plus dans l’espoi
922
’Encyclopédie, au lieu de tendre à ne rien faire,
nous
choisirons demain de travailler pour le plaisir de faire : peindre ou
923
édifier : réveiller l’énergie qui sommeillait en
nous
, et finalement nommer, qui est l’acte poétique, toutes choses que la
924
ses que la technologie du xxe siècle menaçait de
nous
désapprendre. Le solaire n’est pas, ne sera pas, la solution universe
925
’est pas, ne sera pas, la solution universelle de
nos
problèmes. Le solaire est fascination lente à travers les brumes et s
926
que le nucléaire rendait impossible, impensable.
Nous
irons désormais vers le soleil si nous échappons aux vertiges des plu
927
mpensable. Nous irons désormais vers le soleil si
nous
échappons aux vertiges des plutoniens abîmes et des cavernes au sombr
928
a fin de l’histoire humaine. Tel est le choix que
notre
génération doit faire maintenant pour toutes celles de demain. C’est
929
rogrès » digne du nom. Qui va faire ce choix ? Si
nous
ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nou
930
hoix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour
nous
par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les
931
il sera fait pour nous par des experts, ceux qui
nous
expliquent depuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pa
932
pas plus radioactives que les cadrans lumineux de
nos
montres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de
933
le dans les veines de la femme auprès de laquelle
nous
dormons »52. — que des « précautions sans précédent » ont été prises
934
our ou l’autre, vu « l’inépuisable ingéniosité de
nos
techniciens » ; — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléa
935
géniosité de nos techniciens » ; — qu’au surplus,
nous
n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de
936
-être des hommes (ce qui n’est pas bien évident),
nous
place devant le dilemme inévitable : centrales nucléaires ou chômage
937
rainte des faits » : Par croissance qualitative,
nous
entendons une offre plus riche de ces biens qui rendent la vie plus d
938
je tiens pour décisives quant au sort prochain de
notre
espèce et de la vie sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier d
939
tion et les retombées politiques de l’ouvrage qui
nous
occupe, comment ces passions se succèdent, se combinent ou se refoule
940
illé. L’imprimeur va plus vite que moi. Dépêchons-
nous
. 28 décembre. Travaillé. Peu avancé. Le temps presse pourtant. 30 d
941
ressource pour la liberté. Il n’y en a plus pour
notre
homme [le Béarnais]. Mon ouvrage fera bon effet, j’espère. Mais l’hor
942
que le typique du personnage : 16 avril. Comme
notre
pauvre ami [le Béarnais] est tombé !… Revu beaucoup de gens… Servons
943
aucoup de gens… Servons la bonne cause et servons-
nous
. 23 avril. Ce pays-ci n’ira pas. Ils sont tous fous et méchants. 25
944
notes quotidiennes : Juliette. Cette passion qui
nous
semble bien n’avoir été nourrie que des obstacles que Mme Récamier y
945
qu’il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de
nous
souvenir que la vie est ennuyeuse. Le lendemain 19 mars, Napoléon es
946
us absolue… Je voulais savoir par moi-même ce que
nous
pouvions espérer encore. Quelque incertaine que soit une chance pour
947
ce d’une pensée qui a toujours motivé son action,
nous
l’avons dans les textes mêmes que Benjamin Constant n’a cessé de publ
948
e manifeste de la liberté, déposé sur le seuil de
notre
ère, est resté sans effets sur les destins du siècle, sort qu’il part
949
vrer, ni par intérêt, ni par passion. » Tout cela
nous
paraît un peu fade parce que c’est devenu tellement plus évident au t
950
ielle pour des siècles. (C’est pourtant vers quoi
nous
allons, vers quoi nous continuons d’aller.) Dans la critique constant
951
(C’est pourtant vers quoi nous allons, vers quoi
nous
continuons d’aller.) Dans la critique constantienne de la guerre nati
952
venté que les moyens de la gagner pour un temps),
nous
découvrons en réalité une critique prospective de l’État totalitaire
953
s rouges, bruns ou noirs. Sans le savoir, c’est à
notre
siècle que parlait Benjamin Constant. Du mensonge comme méthode de
954
’Uniformité. Constant part d’une constatation que
notre
génération, hélas, ne saurait mettre en doute une seconde : Tout en
955
u monde. Elle lui répondrait d’une voix unanime :
Nous
ne voulons pas de la conquête du Monde. Mais il parlerait de l’indépe
956
sous ses yeux, et dont l’épanouissement attendra
notre
siècle, Constant propose un arrangement de la société qui correspond
957
la société qui correspond au sens exact de ce que
nous
appelons aujourd’hui fédéralisme, et qu’il est le premier à nommer da
958
n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans
notre
administration intérieure beaucoup de fédéralisme.49 Ce qu’il a for
959
mort. Le système fondé sur les patries locales —
nous
dirons les régions — que Constant préconise en ce point, c’est l’anti
960
e différent de celui qu’on a connu jusqu’ici.51
Nous
venons de voir comment il l’entendait pour l’intérieur. Or, il est tr
961
qu’il me semble utile et possible d’établir parmi
nous
. Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme pai
962
semble utile et possible d’établir parmi nous. Si
nous
n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et
963
’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas,
nous
n’aurons jamais un patriotisme paisible et durable. Quoi de plus act
964
t durable. Quoi de plus actuel qu’un message qui
nous
rappelle, avec une urgence croissante, les conditions vitales de tout
965
D. Berthoud, op. cit., p. 62. 46. « Extrait »,
nous
l’avons dit, des manuscrits de 1806. 47. Dans le Commentaire sur l’o
966
— si on ose dire — de la défection générale dont
nous
sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dante
967
iastiques et politiques, économiques et sociales,
nous
dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette révolution dan
968
prise de conscience de quelque chose de grand qui
nous
englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. E
969
qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de
nous
seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un
970
is dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à «
notre
patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé.
971
oire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie,
notre
maison », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : M
972
intenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans
notre
patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes a
973
Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans
notre
propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. L
974
dans notre patrie, dans notre propre maison, dans
notre
siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes cha
975
, dans notre propre maison, dans notre siège, que
nous
sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe,
976
Victor Hugo. Et au xxe siècle c’est encore un de
nos
plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Lége
977
Donoso Cortès, jusqu’aux « pères de l’Europe » de
notre
siècle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet et Paul-Henri Sp
978
u Duce et du Führer, les plus grands écrivains de
nos
pays (à l’exception de quelques cas de nationalisme flamboyant comme
979
refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de
nos
pays n’aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de
980
du congrès de Montreux, sera l’union fédérale de
nos
peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque cho
981
es conclusions. La deuxième solution est retenue.
Nous
discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Lond
982
temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye,
notre
commission est la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus,
983
el il définissait les conditions d’une défense de
nos
diversités culturelles : Peut-on défendre la culture française en ta
984
elle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons-
nous
donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette cultur
985
ne culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si
nous
voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée
986
t en visant à une unité de culture européenne que
nous
sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’aura a
987
est « au plus bas », que « c’est la fin » et que
nous
voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignons donc le
988
e faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et
nous
serons ainsi du bon côté.bm Plus tard, le même Sartre déclare que se
989
i proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que
nous
prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’une Ter
990
ous prenions conscience du fait fondamental que «
nous
n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est
991
préambule et l’invocation qui le précède. Lors de
notre
première réunion, le président a fait un tour de table pour connaître
992
Au nom de Dieu Tout-Puissant ». Il a commencé par
notre
collègue communiste, en lui disant à peu près : « Monsieur X, cette i
993
êne là-dedans, c’est justement que ça gêne si peu
notre
collègue communiste… » Ce que je voudrais vous dire ici ne sera guère
994
étatiques à tous les niveaux où ils existent chez
nous
— municipal, cantonal, fédéral — et surtout aux pouvoirs de l’État-na
995
isé dans la seule capitale, tel qu’il existe chez
nos
voisins. Mais bien que le préambule contienne ces mots : « Reconnaiss
996
ens de ce Monde-ci, bien au contraire ! Reportons-
nous
aux tentations subies par Jésus dans le désert : elles reviennent tou
997
qu’il a trouvé, et ce qui en est sorti. Tout cela
nous
conduit au problème qui l’a beaucoup préoccupé pendant la dernière pé
998
les nucléaires et des questions qu’elles posent à
notre
société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur ce pro
999
société. Une première étape dans la réflexion de
notre
ami sur ce problème vraiment « nucléaire » au double sens de l’expres
1000
ent « nucléaire » au double sens de l’expression,
nous
la trouvons marquée par l’interview que Kowarski donnait à L’Express
1001
les ordinateurs ne peuvent apporter de réponse.
Nous
nous connaissions certes depuis plusieurs années, mais c’est de là qu
1002
ordinateurs ne peuvent apporter de réponse. Nous
nous
connaissions certes depuis plusieurs années, mais c’est de là que je
1003
nées, mais c’est de là que je date, pour ma part,
notre
amitié. Je l’avais invité à titre d’expert scientifique à la table ro
1004
it pour l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà
nous
nous entendions le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je l
1005
ur l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà nous
nous
entendions le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je le rép
1006
pe de la réflexion de Kowarski sur l’évolution de
notre
civilisation occidentale, considérée à partir du problème de l’énergi
1007
propos qu’il tenait en 1972 (dans cette salle où
nous
sommes aujourd’hui) sur la responsabilité des scientifiques dans notr
1008
hui) sur la responsabilité des scientifiques dans
notre
société. Il rappelle que l’énergie nucléaire était encore saluée dix
1009
et à moi-même pour fonder le Groupe de Bellerive.
Nous
en parlions depuis des semaines, tandis que la fièvre montait avant l
1010
hez Lew, je le trouvai sombre, ému et déterminé.
Nous
sommes ici à discuter bien à l’abri et dans le vide et des jeunes se
1011
eunes se font tuer, ce n’est plus supportable. Il
nous
faut faire quelque chose. Dès le lendemain, décision prise, Kowarski
1012
la première esquisse d’une Déclaration commune ;
nous
la mettrons au point lui et moi et elle sera présentée à la presse le
1013
qui, d’ailleurs, explique seule la composition de
notre
Groupe. Permettez-moi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de
1014
oi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de
notre
ami, les quelques phrases qui posent à grands traits ce que je voudra
1015
s traits ce que je voudrais appeler le système de
notre
crise, c’est-à-dire : …les rapides et profonds bouleversements qui o
1016
ines élargis de proche en proche qu’avait définis
notre
ami dans le texte d’une admirable concision que je vous lisais tout à
1017
ucléaire n’est qu’un aspect. C’est maintenant que
nous
mesurons, et nous allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce
1018
un aspect. C’est maintenant que nous mesurons, et
nous
allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce que Lew Kowarski
1019
rains, tout ce que Lew Kowarski représentait pour
nous
, bien au-delà de son savoir de physicien. Adieu Lew ! Grand homme irr
1020
çable en sa maîtrise autant qu’en amitié. Vous ne
nous
rendiez pas toujours la vie facile, mais vous lui donniez plus de sav
1021
e sans précédent va développer sa gerbe dans tous
nos
pays et dans tous les domaines de leur culture, arts, lettres, scienc
1022
e l’esprit européen. Ce qui va se développer dans
nos
pays durant les vingt-deux années de la « reconstruction économique »
1023
elques mots de commentaires. La TV de beaucoup de
nos
pays nous expliquait à longueur de soirées, durant ce même mois de dé
1024
ts de commentaires. La TV de beaucoup de nos pays
nous
expliquait à longueur de soirées, durant ce même mois de décembre, qu
1025
cinq noms d’auteurs nouveaux, dont le plus doué,
nous
dit-on, serait Grumberg, à quoi l’on ajoute que « Dubillard, Obaldia,
1026
teur en scène Meyerhold (1874-1942), par exemple,
nous
est bien aussi présent que son contemporain, l’auteur dramatique Gira
1027
plus insolite qui marque la décennie écoulée : si
nous
voulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’il nous faut expliqu
1028
ulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’il
nous
faut expliquer. La décennie du « discours » La politisation de
1029
s (justement) à l’acte, à l’action et au travail.
Nous
venons de caractériser l’état du théâtre en France, de 1968 à 1980. C
1030
état du théâtre en France, de 1968 à 1980. Ce que
nous
constatons dans les autres domaines de l’expression et de la recherch
1031
a culture du spectacle est la seule efficace dans
notre
société occidentale. Elle bénéficie aujourd’hui, par un paradoxe inqu
1032
upposer qu’il y en ait un — soient de ceux-là que
nous
aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur nos écrans. Car leur v
1033
us aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur
nos
écrans. Car leur vraie vie était ailleurs. 53. La revue intitulée
1034
970-1980 », Das Theater, unser Welt = Le théâtre,
notre
monde, Luzern, Raeber Verlag, 1980, p. 40-46.
1035
n l’appelle aujourd’hui, n’a pas refusé seulement
nos
machines et nos armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollar
1036
urd’hui, n’a pas refusé seulement nos machines et
nos
armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollars qu’avait multi
1037
font du renseignement comme il s’en fait partout.
Nous
en sommes au moment tragique de l’affrontement sans merci entre une n
1038
mais de loi internationale ? Dans le même temps,
notre
modèle industriel a subi deux échecs retentissants : l’incident nuclé
1039
es récits lénifiants : c’est tellement mieux chez
nous
, rien de pareil n’arriverait, d’ailleurs il n’est rien arrivé. Tel es
1040
matiques à la TV, on a cessé très curieusement de
nous
renseigner sur le déversement de centaines de millions de tonnes de p
1041
ersonne n’en voit l’issue, ou n’oserait la dire.
Nos
journaux ne se sont pas interdit de parler de « foules fanatisées » a
1042
eurs, ne relèvent pas moins que ceux de l’Iran de
notre
responsabilité occidentale. Bokassa ier , ex-sergent-chef, copiait Na
1043
1979 fut le plus souvent sombre, dramatique (voir
notre
rétrospective en photos pages suivantes). Partout ou presque, on assi
1044
rant la montée du nazisme. Néanmoins, cet ouvrage
nous
paraît aujourd’hui très actuel. Comment expliquez-vous cela ? C’est q
1045
taient une réponse à l’appel angoisse des masses,
nos
démocraties libérales ne pourraient pas grand-chose, sinon de répéter
1046
plan historique et politique puisque cet ouvrage
nous
révèle la mentalité occidentale. C’est une prise de conscience. Alors
1047
la réalité, revient détruire l’univers enchanté.
Nous
vous comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ai finalement opté,
1048
re d’un ouvrage de mise en garde où vous fouillez
nos
origines et où, finalement, vous attaquez la guerre ? Certes, j’étais
1049
construisez l’image en vous référant sans cesse à
nos
origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous nous parlez des cathares
1050
à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous
nous
parlez des cathares et des Arabes, n’est-ce pas ? Alors comment aimer
1051
urs français comme Rimbaud, Claudel, Gide et même
notre
Ramuz… Tout auteur vit sur un certain nombre de contradictions qui so
1052
e d’une part, et d’autres auteurs plus proches de
nous
, d’autre part, comme Claudel par exemple. J’ai été assez heureux de l
1053
exemplaires, ceux qu’on imite ou qui déterminent
nos
aspirations. Je me bornerai à quelques exemples topiques de ces varia
1054
crit : « Les pommes de terre seraient un luxe sur
nos
tables si nos champs n’en produisaient pas, et qu’il fallût les faire
1055
ommes de terre seraient un luxe sur nos tables si
nos
champs n’en produisaient pas, et qu’il fallût les faire venir à grand
1056
point d’en faire le problème no 1 des années que
nous
vivons, est devenue le besoin n° 1 de l’homme occidental, que l’on vo
1057
? » Elle dit : « J’ai faim ». Ils lui dirent : «
Nous
t’avons donné toute la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand vous
1058
cela est très joli, me dira-t-on, mais ne va pas
nous
aider à résoudre les problèmes urgents et concrets des besoins énergé
1059
à-dire de l’élément véritablement concret de tous
nos
problèmes, la réalité contemporaine oppose l’exemple de la révolution
1060
le philosophe et théologien allemand Georg Picht
nous
rappelait que « si les exportateurs de centrales nucléaires avaient c
1061
t) doit tenir compte de ce préalable, et repenser
notre
politique à partir de ce seuil, de cette limite inférieure très peu m
1062
citaires des grandes et moyennes entreprises pour
nous
faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Toute la publicité, do
1063
eprises pour nous faire prendre leurs désirs pour
nos
fatalités. Toute la publicité, dont vit la presse d’une part et la Ra
1064
rt et la Radio-Télévision d’autre part, essaie de
nous
faire croire, à longueur de journée, que nous ne pouvons plus vivre s
1065
de nous faire croire, à longueur de journée, que
nous
ne pouvons plus vivre sans tel produit, sans telle machine, sans tel
1066
éaire au pétrole »59. Je réitère : ils voudraient
nous
faire prendre leurs désirs (de profit, de puissance, de mise au pas d
1067
de puissance, de mise au pas de la société) pour
nos
besoins, voire nos fatalités. Quand un gouvernement éprouve le besoin
1068
ise au pas de la société) pour nos besoins, voire
nos
fatalités. Quand un gouvernement éprouve le besoin de justifier par q
1069
ités industrielles qu’il fomente, il fait estimer
nos
besoins par ceux dont l’intérêt est de les majorer bien au-delà du ma
1070
s les moyens d’y remédier. J’en déduis qu’on veut
nous
faire prendre dès maintenant des risques proprement incalculables au
1071
umain comme s’il s’agissait de quelque chose dont
nous
ne serions pas responsables. 59. Faut-il mettre les points sur les
1072
. 206-214. bw. Précédé de la note suivante (dont
nous
traduisons une partie de l’italien) : « Du 21 au 23 janvier 1980, le
1073
Politique de l’emploi et Contrats de solidarité.
Nous
publions l’introduction aux débats de la commission sur “la maîtrise
1074
capitale pour l’histoire des civilisations : elle
nous
charge, nous Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayons de
1075
l’histoire des civilisations : elle nous charge,
nous
Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayons de la mesurer.
1076
tants, tout simplement. Progrès. Je sais bien que
nos
chefs d’État, hommes politiques, politiciens et chroniqueurs nous rép
1077
t, hommes politiques, politiciens et chroniqueurs
nous
répètent à l’envi « qu’on n’arrête pas le Progrès ». Ils paraissent o
1078
faute, dans le monde entier. Commençons donc chez
nous
! Cela seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons.
1079
seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas
nos
sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition que
1080
-monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que
notre
exemple, et encore : à condition que ce soit une réussite ! Parmi les
1081
d’hui reconnu comme résultant pour 60 % à 90 % de
notre
environnement industriel, pénétré par « un demi-million de substances
1082
s. La surface de terrain cultivée par habitant de
notre
globe aura diminué de moitié à la fin du siècle. Six cents millions d
1083
elle, pourtant, devrait se fonder la politique de
notre
génération. 3. La pénurie d’eau potable. Selon une étude de la Commis
1084
éjà insuffisante pour les besoins de plusieurs de
nos
pays. L’Allemagne et la Belgique sont déjà importatrices d’eau. Alors
1085
ie de résistances et d’obstacles organiques, dans
nos
sociétés de type européen, freinent leur application ou la rendent in
1086
« On exagère », « On fait le jeu des Soviets », «
Nos
experts ont démontré… ») ; à tourner les règlements édictés par les É
1087
mais qui travaillent pour la défense nationale ?
Nos
États réagissent comme un malade qui invoquerait l’habeas corpus pour
1088
és de la défense nationale » d’autre part. Ce qui
nous
conduit à la conclusion que les menaces accumulées contre la nature e
1089
s et économiques qui s’imposent sans discussion à
nos
populations, voici quelques exemples des tâches écologiques les plus
1090
utions régionales, plus petites que la plupart de
nos
États nationaux, et mieux adaptées aux réalités locales, dont la dive
1091
s question que tous les citoyens et citoyennes de
nos
pays se transforment en savants écologistes. Ce qui est requis par la
1092
sur L’Agonie surveillée du Léman, la pollution de
notre
lac n’est plus seulement le fait de grosses industries qui ont été co
1093
autre. La pollution du Léman, elle est le fait de
nos
comportements quotidiens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier
1094
e est le fait de nos comportements quotidiens, de
nos
modes de vie, du refus de sacrifier nos intérêts à courte vue à l’ind
1095
diens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier
nos
intérêts à courte vue à l’indispensable solidarité régionale, de notr
1096
te vue à l’indispensable solidarité régionale, de
notre
crédulité devant la publicité et de nos ignorances, certes, mais enco
1097
ale, de notre crédulité devant la publicité et de
nos
ignorances, certes, mais encore plus, de notre inertie civique. La vi
1098
t de nos ignorances, certes, mais encore plus, de
notre
inertie civique. La vie ou la mort du Léman, ce n’est pas de l’État q
1099
s bel et bien, et avant toute action concrète, de
notre
attitude intérieure et des finalités de notre vie. Ma conclusion sera
1100
de notre attitude intérieure et des finalités de
notre
vie. Ma conclusion sera donc à la fois un appel et une constatation q
1101
a donc à la fois un appel et une constatation qui
nous
engage : l’avenir du Léman, c’est notre affaire ! 61. État de l’
1102
tation qui nous engage : l’avenir du Léman, c’est
notre
affaire ! 61. État de l’environnement, 1977, publié chaque année
1103
ptent ce qu’ils ont reçu, et ce sont eux qui vont
nous
en donner le sens, nous l’expliquer. Nul doute que Guy de Pourtalès n
1104
, et ce sont eux qui vont nous en donner le sens,
nous
l’expliquer. Nul doute que Guy de Pourtalès n’ait été de ces derniers
1105
s briser l’une et l’autre, et par deux fois, dans
notre
siècle. L’aventure de l’Esprit Ce qui agit aux origines du desti
1106
ial, anglaise par l’éducation maternelle. Et cela
nous
vaudra d’abord Marins d’eau douce, dont les charmes n’ont pas cessé d
1107
t le romantisme européen que vont réveiller parmi
nous
, dans les années de l’entre-deux-guerres, les quatre Vies si fameuses
1108
itoëff, avec des musiques de scène d’Honegger, et
nous
aurons reconstitué à la fois l’histoire de l’œuvre, microcosme de cel
1109
t européen des écrivains de langue française dans
notre
siècle. cf. Rougemont Denis de, « [Préface] Guy de Pourtalès l’Eu
1110
sée et la contestation irresponsable, ont pris de
nos
jours un caractère de violence sans précédent, qu’on peut expliquer p
1111
r le fait même qu’il existe un effort œcuménique.
Nous
supposons d’ailleurs tous cette doctrine, dès lors que nous prononçon
1112
sons d’ailleurs tous cette doctrine, dès lors que
nous
prononçons : « Je crois la sainte Église universelle ». Et je me born
1113
mbres, assurée par l’appartenance à un même chef.
Nous
retrouverons plus loin, et à plusieurs reprises, ce thème de l’harmon
1114
e de la personne Les positions œcuméniques que
nous
venons d’esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qu
1115
lle centrale qui fonde l’union dans la diversité,
nous
avons à chercher là position philosophique centrale qui fonde la comm
1116
l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui
nous
donnera le symbole éternel de la réaction collective. La victoire de
1117
on sociale, un « soldat politique », dirait-on de
nos
jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce individualis
1118
se primitive, dans la perspective sociologique où
nous
nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés l
1119
imitive, dans la perspective sociologique où nous
nous
plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés locale
1120
même coup par la formule : à chacun sa vocation.
Nous
avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures
1121
liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il
nous
reste à développer maintenant les implications politiques de cette th
1122
te philosophie. 3. Politique du fédéralisme
Nous
en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’at
1123
nit la paix comme « l’harmonie des âmes fortes ».
Nous
pourrions pareillement définir l’œcuménisme et le fédéralisme en remp
1124
âmes » par « églises » et par « régions ». Enfin
nous
ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins
1125
s ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter
notre
tableau en indiquant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans
1126
sion fédératrice de l’œcuménisme Et maintenant
nous
voici dans le drame de cette fin du xxe siècle. Nous constatons que l
1127
s voici dans le drame de cette fin du xxe siècle.
Nous
constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le
1128
des volontés. 1. L’histoire du monde christianisé
nous
montre que les structures ecclésiastiques ont souvent précédé et préd
1129
dres et les rites anciens, jugés utilisables. Or,
nous
voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces m
1130
voyons ce processus ecclésiastique se répéter de
nos
jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et so
1131
es qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta
nous
apparaît ici-bas, selon ses propres termes, « dans la diversité des É
1132
u monde. (La « religion de l’homme » que certains
nous
proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne s
1133
d’éléments traditionnels, condensant tout ce que
nous
avons d’expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même
1134
pond exactement aux besoins les plus légitimes de
notre
temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, cel
1135
aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il
nous
rend les vraies formules de la communauté vivante, celle qui rassembl
1136
alitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que
nous
avons exposé au chapitre 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul e
1137
s avec une pathétique sincérité.) Le tableau que
nous
venons d’esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’
1138
manifestera dans une action risquée. De même que
nous
avons vu les Églises nées des missions en terre païenne se placer à l
1139
placer à l’avant-garde du mouvement vers l’union,
nous
ne verrons l’œcuménisme se réaliser avec puissance que dans l’épreuve
1140
igions, unissez-vous (1981)ca cb Un jour, dans
notre
jardin de Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois, en route ve
1141
édité sur cette phrase, depuis lors. Au temps de
nos
premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et
1142
mps de nos premières rencontres, vers 1935, quand
nous
fondions ensemble Hic et Nunc , petite revue de pensée religieuse qu
1143
r, « dialectique » et calviniste par Karl Barth —
nous
passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’un
1144
iniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de
nos
aînés pour les restaurateurs subversifs d’une orthodoxie protestante,
1145
paradoxale en soi que dans les polémiques qu’elle
nous
inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme iné
1146
s qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de
notre
mouvement était en somme inévitable dans la conjoncture de l’époque.
1147
ie fasciste en Allemagne nazie, et tout autour de
nous
, de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler n
1148
tout autour de nous, de plus en plus, fascinaient
nos
contemporains. Il pouvait sembler normal à quelque observateur superf
1149
e moins au marxisme invoqué par les staliniens de
nos
pays pour justifier les procès de Moscou et la persécution des église
1150
on des églises. Mais je relis les onze numéros de
notre
revue : il n’y est jamais question d’orthodoxie ! (Sauf une fois : po
1151
ion d’orthodoxie ! (Sauf une fois : pour nier que
nous
défendions une « orthodoxie calviniste ».) En revanche, les « hérésie
1152
non point comme « contraires au dogme » : ce que
nous
référons comme « hérétique », c’est tout choix exclusif d’un seul des
1153
rase morale par orthodoxie, et vous saurez ce que
nous
pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’
1154
nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à
nos
yeux quelque chose d’édicté, de codifié, d’enregistré une fois pour t
1155
on théorique ». Elle était quelque chose, disions-
nous
, « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même impl
1156
». Elle était quelque chose, disions-nous, « dont
nous
ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre ef
1157
as les auteurs, mais dont l’essence même implique
notre
effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie »
1158
e effort pour la réaliser ». Très paradoxalement,
notre
« orthodoxie » prétendue s’opposait à toute « transposition de l’évén
1159
e, en une vérité générale… » Et par « existence »
nous
ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et
1160
décision concrète… dans l’instant, hic et nunc ».
Nous
disions encore : Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos
1161
Il ne s’agit pas de la concordance littérale de
nos
propositions théologiques avec les énoncés de la Bible, mais de juger
1162
Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux
notre
attitude commune d’alors. Après les années de Hic et Nunc (1932-19
1163
. Après les années de Hic et Nunc (1932-1939),
nos
voies pour un temps se séparent. Henry Corbin part pour Byzance et le
1164
n de l’ami retrouvé ne marque aucune rupture avec
notre
passé, ni encore moins mon ralliement à quelque antidoctrine nouvelle
1165
cience renouvelée de ce qui animait en profondeur
nos
écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’occupait déjà des grands m
1166
it là que pour toi. Maintenant, il est trop tard,
nous
la fermons. » Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui q
1167
Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. »
Nous
pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui osera la franchi
1168
ndes confessions chrétiennes. Certes, peu d’entre
nous
choisissent leur confession, la plupart se contentent d’y être nés ;
1169
âme unique et de la vocation illuminante. Et cela
nous
vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise
1170
oubler. J’essaie aujourd’hui de comprendre qui de
nous
deux était le plus près d’une interprétation fidèle de sa pensée. Dan
1171
i le schéma si tu le juges utile. Les événements
nous
interdirent de donner suite à ces projets. Mais à la dernière page de
1172
ne nierai jamais, naturellement, le service qu’il
nous
a rendu. […] Au fond je suis de toujours et à jamais métaphysicien (l
1173
érique. […] Et c’est autour de ce Livre saint que
nous
voyons, partout et toujours, se regrouper des familles spirituelles a
1174
khart ou de J. Boehme, voire certains épisodes de
nos
légendes du saint Graal, semblaient bien parler à ces jeunes collègue
1175
anément le croyant. Dès là, rien ne saurait plus
nous
séparer. Nous avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois
1176
yant. Dès là, rien ne saurait plus nous séparer.
Nous
avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois aidant l’autr
1177
ous mes pas vers un but invisible à l’œil nu peut
nous
tromper, en ceci qu’elle n’est pas spatiale : le chemin se fait dans
1178
ar définition, de mes réflexions sur demain. ⁂ Je
nous
vois mal partis, en Occident. La plupart des lecteurs d’ouvrages de p
1179
rendre le pire seul certain. Dès maintenant, elle
nous
oblige à formuler cette première maxime en forme de loi : La décaden
1180
pas de la divination, mais des fins qui aimantent
notre
action. À partir de nos fins, calculons. Toute autre voie, méthode
1181
des fins qui aimantent notre action. À partir de
nos
fins, calculons. Toute autre voie, méthode ou martingale conduit néc
1182
es, les faims en Afrique et en Asie (bientôt chez
nous
?), le chômage partout en croissance et l’irrépressible inflation, di
1183
NB, objectif proprement délirant de la plupart de
nos
ministres — qui n’ont pas trouvé le temps d’y réfléchir. ⁂ Trois homm
1184
ne le tente pas. Charles Fourier Ne prenons pas
nos
mesures sur les buts que nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu
1185
rier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que
nous
pouvons atteindre, mais sur les buts qu’il nous faut atteindre. Bisma
1186
e nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu’il
nous
faut atteindre. Bismarck Je traduis cela dans une seule petite phra
1187
ses, domaine du prévisible, mais selon l’appel de
nos
finalités, domaine de la prophétie. ⁂ Nos finalités peuvent être — et
1188
ppel de nos finalités, domaine de la prophétie. ⁂
Nos
finalités peuvent être — et sont en réalité, successivement ou simult
1189
lité, successivement ou simultanément — celles de
nos
vrais désirs, ou parfois au contraire, celles de l’Esprit. Considéron
1190
ontraire, celles de l’Esprit. Considérons d’abord
nos
vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que nous pouvons avouer,
1191
s vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que
nous
pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans nos rêves et que décla
1192
us pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans
nos
rêves et que déclarent nos choix concrets, comme le vote d’un budget
1193
x qui s’annoncent dans nos rêves et que déclarent
nos
choix concrets, comme le vote d’un budget par exemple. ⁂ Ce n’est pas
1194
ire, comme on l’a cru au début de ce siècle, mais
nos
désirs, dont la technique n’est que l’outil. Car dans le monde où nou
1195
technique n’est que l’outil. Car dans le monde où
nous
vivons, désormais tout est fait de main d’homme. Qu’il s’agisse des p
1196
le cadre, dans le rythme, dans la qualité même de
nos
vies. Ce monde humanisé ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc
1197
es. Ce monde humanisé ne change plus qu’au gré de
nos
désirs, donc de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne
1198
é ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc de
nos
rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos
1199
c de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry :
Nous
ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale
1200
e l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir
nos
rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité déf
1201
Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni
nos
projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité définit l’obstacl
1202
t dissuasive, paraît insurmontable et de nature à
nous
réduire au scepticisme, au fatalisme, et aux fantasmes conjugués du h
1203
s du hasard et de la nécessité. Cependant méfions-
nous
: il y a dans ce scepticisme un merveilleux moyen d’éluder cette chos
1204
chose pesante, ce mot trop long : responsabilité.
Nous
ne sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons r
1205
nsabilité. Nous ne sommes que trop contents qu’on
nous
explique que nous ne pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il
1206
sommes que trop contents qu’on nous explique que
nous
ne pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il nous plaît de fai
1207
pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il
nous
plaît de faire tout de suite. Mais ce n’est pas vrai. Reprenons l’arg
1208
de l’humanité depuis plusieurs millions d’années
nous
sont connus par les mythes et les contes, et ce sont eux que l’homme
1209
action, devenue l’une des branches principales de
notre
économie. L’histoire du vol d’Icare est le récit d’un rêve que tous l
1210
ant et de grands oiseaux mécaniques répandant sur
nos
nuits brûlantes, au pire de l’été, de la neige. C’est ce rêve d’Icare
1211
idération utilitaire, économique. Et de même pour
nos
autres rêves constants. Agir à distance, parler ou tuer sans efforts
1212
tion. Or, cette réponse est au moins faible parmi
nous
, parfois nulle. Et cette faiblesse pourrait bien être le signe avant-
1213
squ’à l’angoisse l’exemple de l’automatisation de
nos
sociétés, qui a le don d’exciter le lyrisme des chroniqueurs « scient
1214
es, et tout à l’heure le Bureau sans secrétaires,
nous
permettent d’espérer pour demain la Guerre mondiale sans soldats, — c
1215
re. L’exemple du « chômage technologique » (comme
nous
disions en 1933) résolu dans l’industrie par l’hypertrophie du tertia
1216
l’automatisation croissante des tâches manuelles.
Nous
voulions que ces bénéfices, désormais assurés par la machine, soient
1217
on pour les ouvriers libérés. Mais que proposions-
nous
pour les nouveaux arrivants, les moins de 18 ans d’alors, et pour les
1218
succès, non la lenteur et encore moins l’échec de
nos
efforts techniques, qui a créé les problèmes insolubles du siècle : l
1219
tion chronique dans tous les États de l’Occident.
Nous
n’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où nous oserons regar
1220
’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où
nous
oserons regarder en face pour la juger selon nos buts ultimes la réus
1221
nous oserons regarder en face pour la juger selon
nos
buts ultimes la réussite, hélas probable, de nos efforts technico-ind
1222
nos buts ultimes la réussite, hélas probable, de
nos
efforts technico-industriels, en l’absence de toutes fins avouables o
1223
point, depuis la Bombe, il n’en va pas mieux pour
notre
civilisation dans son ensemble que pour chacun des individus qui la c
1224
précédent des moyens d’en finir avec la Terre et
nous
, d’un seul et même coup. L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est c
1225
L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est ce que
nous
saurons en faire, notre affaire. 62. « Les robots, enjeux économiqu
1226
qu’il était. Il est ce que nous saurons en faire,
notre
affaire. 62. « Les robots, enjeux économiques et sociaux », La Docu
1227
n° 9 de L’Ordre nouveau (mars 1934) intitulé :
Nous
voulons un ordre nouveau. bz. Rougemont Denis de, « Quelques maxime
1228
les ombres montaient à l’Est, démesurées, devant
nos
démocraties inconscientes de leur état de désuétude. Nous fondions le
1229
ocraties inconscientes de leur état de désuétude.
Nous
fondions les premiers groupuscules et les premières revues personnali
1230
xe siècle. Je le revois, souvent silencieux dans
nos
groupes, avec ses grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa
1231
’esprit politique. Il m’intriguait. Mais bien que
nous
ayons vécu ensemble l’aventure de l’Ordre nouveau pendant près de neu
1232
couvre en lisant ces Fragments d’une vie — hélas,
nous
ne pourrons plus en parler ensemble. Pourquoi ne l’avoir pas question
1233
le Robert Aron de l’Ordre nouveau que j’ai connu,
notre
aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège d’égaux que f
1234
au que j’ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais
notre
camarade dans ce collège d’égaux que fut durant neuf ans le « Comité
1235
les « groupes » furent épisodiques. Les Fragments
nous
apprennent d’où venait la famille de Robert, de même qu’ils m’ont app
1236
tait avant de fonder avec Dandieu les éléments de
notre
doctrine commune. Mais pour les autres, quelles étaient les raisons d
1237
s pour les autres, quelles étaient les raisons de
notre
convergence dans cette communauté de pensée en vue de l’action ? « De
1238
toutes incroyances », selon la formule de Péguy,
nous
ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la
1239
le de Péguy, nous ne différions pas seulement par
nos
origines religieuses, mais par la manière de les assumer. Sur les qua
1240
ais non pas dans la revue, où d’ailleurs aucun de
nous
ne se vit jamais amené à des déclarations incompatibles avec les conv
1241
nien, qu’il avait trouvée dans sa famille, et que
nous
acceptions tous ; quant au nietzschéisme, qu’il partageait d’ailleurs
1242
en écrivant quarante ans plus tard L’Avenir est
notre
affaire … Des deux juifs du groupe, l’un était agnostique — Robert Ar
1243
ées par Dandieu sur son lit de mort, en 1934. Que
notre
conception de la personne ait pu subsumer des définitions augustinien
1244
retour au véritable spirituel. Deuxième trait que
nous
avions en commun : l’analyse de la situation de l’Europe dans les ann
1245
ou de gauche, profascistes ou procommunistes, qui
nous
ont rapprochés au départ. Au cours des mêmes années de notre jeunesse
1246
approchés au départ. Au cours des mêmes années de
notre
jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à un
1247
art. Au cours des mêmes années de notre jeunesse,
nous
avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à une guerre qui ne
1248
ées de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on
nous
menait de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être notre guerre,
1249
de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être
notre
guerre, mais que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avio
1250
guerre qui ne pouvait être notre guerre, mais que
nous
aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos dé
1251
is que nous aurions à subir, bien pire : à faire.
Nous
avions constaté que nos démocraties n’avaient à opposer au mensonge t
1252
ir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que
nos
démocraties n’avaient à opposer au mensonge total des dictatures que
1253
s que la demi-vérité de l’État-nation centralisé.
Nous
avions constaté que l’origine des fascismes et du national-socialisme
1254
totalitarismes. D’où la recherche passionnée que
nous
menions tous, d’une formule de communauté qui ne fût ni de classe, ni
1255
sables. De là sans doute la qualité singulière de
notre
engagement (terme lancé par les personnalistes71) : c’était un engage
1256
ns l’optique politicienne. En vérité, nul d’entre
nous
, ni pour le groupe ni pour lui-même, ne rêvait d’une « prise de pouvo
1257
habituel, ni même au sens léniniste. Nul d’entre
nous
n’entendait « faire de la politique », et les rares qui se présentère
1258
ent aux élections se virent immédiatement exclus.
Nous
voulions tous la liberté de la personne, c’est-à-dire qu’elle fût res
1259
rsonne, c’est-à-dire qu’elle fût responsable ; et
nous
tirions de cet axiome les conséquences économiques et politiques : ab
1260
ion des régions au niveau national puis européen.
Nous
défendions une conception de la vie avec laquelle aucun des régimes e
1261
égimes existants, États-nations ou dictatures, ne
nous
paraissait compatible : nous étions condamnés à l’invention. Mais l’o
1262
ns ou dictatures, ne nous paraissait compatible :
nous
étions condamnés à l’invention. Mais l’on a calculé que les délais né
1263
ration des idées de l’Ordre nouveau : nul d’entre
nous
ne venait du stalinisme ou d’un autre fascisme ; aucun n’avait changé
1264
ujourd’hui. Pas de virtuoses de la palinodie dans
notre
groupe. Plus d’idées neuves que de moyens de les communiquer au grand
1265
niste, ni fasciste, et pourtant vous pensez comme
nous
! » Réponse : « J’étais depuis le début personnaliste, exempté de pal
1266
ran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut
le nôtre
avant l’ère des médias : je vois grandir sans cesse l’actualité de no
1267
édias : je vois grandir sans cesse l’actualité de
nos
« idées des années 1930 ». Survint la guerre prévue, qui va nous disp
1268
s années 1930 ». Survint la guerre prévue, qui va
nous
disperser. Robert est mobilisé en France, lieutenant d’artillerie, mo
1269
nces aux États-Unis où je serai moins gênant pour
notre
neutralité. En 1941, Robert est « victime de la première arrestation
1270
ération. C’est sous le signe de l’Europe unie que
nous
allons nous retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève
1271
st sous le signe de l’Europe unie que nous allons
nous
retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève, lors des p
1272
nnaliste » : première « accession au pouvoir » de
nos
idées ? Ce serait trop dire et ce fut éphémère, mais retenons le sign
1273
de l’Europe au-delà des États-nations — terme que
nous
avions forgé dès 1931, et qu’aujourd’hui le monde emploie. Depuis les
1274
rer, plus spécifiques de la doctrine élaborée par
notre
groupe, n’ont cessé de gagner en actualité, au point d’en occuper dep
1275
e. » Plus simple encore, ce titre dans le n° 1 de
notre
revue posait le dilemme fondamental des sociétés industrielles : « Li
1276
int où il ne peut plus esquiver ces questions que
nous
fûmes presque seuls à regarder en face, il y a près de cinquante ans.
1277
à regarder en face, il y a près de cinquante ans.
Nous
proposions des solutions telles que le service civil industriel et le
1278
causte nucléaire. Mais revenons à la personne de
notre
ami. Un dernier trait de son caractère et de son œuvre d’historien me
1279
Sartre, quinze ans plus tard, allait s’approprier
notre
définition de l’homme libre parce que responsable et réciproquement,
1280
eau continental, dans les pays les plus divers de
notre
Europe : agitation ethnique en France, Constitution espagnole introdu
1281
leur et la rapidité de son progrès, l’ouvrage que
nous
présentons tient une place à part et qu’il importe de situer. C’est u
1282
des impôts. Il s’agit là d’une « première » dans
notre
histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue de la g
1283
que j’ai eue avec Einstein en 1947 à Princeton où
nous
étions voisins. Je lui ai demandé ce qui se produirait en cas de guer
1284
vents dominants s’empresseraient de diriger vers
notre
plateau, Kowarski me disait : « Ça peut tuer tout le monde ou très pe
1285
u mieux, ne serviront à rien, sinon, comme chacun
nous
le dit, à empêcher les autres de faire la guerre. Je n’en crois pas m
1286
s puissances du tiers-monde. Parce que, là aussi,
nous
avons tout disposé, avec une inconscience quasi démente, pour que ça
1287
s médias, les mentalités, les politiques et toute
notre
industrie se mettent en place peu à peu, comme poussés par un mot d’o
1288
mettre ici les points sur les i, chacun sait que
nos
industries sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de nous faire
1289
s sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de
nous
faire croire que le nucléaire militaire et le nucléaire civil n’avaie
1290
ple de l’Inde. La seule question est de savoir si
nous
aurons le temps de faire prendre conscience aux populations du danger
1291
ne pas venir. D’ailleurs, tous les colloques que
nous
pouvons écrire, les émissions que nous pouvons faire, même multipliée
1292
loques que nous pouvons écrire, les émissions que
nous
pouvons faire, même multipliées par cent-mille, ne suffiront pas à re
1293
en de toute manière, buvons et fumons, car demain
nous
mourrons. Ou alors, ça développe chez eux, inconsciemment peut-être,
1294
utrons serait encore le moyen le plus maniable de
nous
défendre quand les Russes déferleront avec leurs milliers de chars. M
1295
d’abris antiatomiques. Je m’explique mal comment
nos
milieux gouvernementaux et militaires y croient encore. La guérill
1296
e beaucoup plus infranchissable que tous ceux que
nous
pourrions leur opposer. S’ils font la guerre, ce sera aussi pour s’em
1297
hoise. Et, à supposer même qu’ils veuillent raser
nos
villes et nos usines, ils pourraient se passer de bombes atomiques pu
1298
upposer même qu’ils veuillent raser nos villes et
nos
usines, ils pourraient se passer de bombes atomiques puisqu’il leur s
1299
tomiques puisqu’il leur suffirait de faire sauter
nos
propres centrales nucléaires (comme l’a dit le général Buis), ce qui
1300
e général Buis), ce qui paralyserait du même coup
notre
pays. Raison de plus, soit dit en passant, pour que la Suisse renonce
1301
s mal de voix contre Guisan en 1939. « Il faudra,
nous
disait-il, laisser pénétrer l’infanterie et les chars adverses, très
1302
ropéens est devenue pratiquement impensable. Cela
nous
laisse une seule hypothèse : celle d’un déferlement de l’immense armé
1303
es à la conquête de l’Europe. En admettant qu’ils
nous
submergent rapidement, comme le prévoit le général belge Close74, qu’
1304
l y a chez les Européens, et chez les Suisses qui
nous
intéressent plus particulièrement, une volonté de défense, une consci
1305
, « en hérisson », serait non seulement adaptée à
nos
conditions géographiques et politiques particulières, mais s’inscrira
1306
ant un temps. Ce n’est tout de même pas le but de
notre
défense nationale, n’est-ce pas, que d’enrichir un certain nombre de
1307
on, mais qui n’en seraient pas moins contraires à
notre
neutralité, puisqu’elles sont par nature offensives (le premier qui t
1308
premier qui tire a toutes les chances de gagner),
nous
devrions entraîner d’urgence notre population civile à cette défense
1309
ces de gagner), nous devrions entraîner d’urgence
notre
population civile à cette défense non violente. Cet entraînement s’in
1310
eignement du russe « colloquial » d’aujourd’hui à
nos
jeunes gens des deux sexes pourrait devenir une arme infiniment plus
1311
edoutable, quoique mille fois moins coûteuse, que
nos
achats d’avions vite démodés. Ces cours de défense civile, psychologi
1312
prenait une position en flèche, cela donnerait à
notre
jeunesse un idéal très puissant, un avenir véritablement attirant, vo
1313
ritablement attirant, voire fascinant. L’idée que
nous
ne serions plus les « profiteurs des guerres des autres », comme nous
1314
les « profiteurs des guerres des autres », comme
nous
en accuse l’Europe, mais que nous montrerions le chemin vers un futur
1315
autres », comme nous en accuse l’Europe, mais que
nous
montrerions le chemin vers un futur possible, vivable encore, je ne v
1316
ts, si on sauve ainsi toute une population ? Vous
nous
montrez les Suisses à la croisée des chemins. Oui. Et vous êtes optim
1317
ller, elles iront très mal. Et, dans la mesure où
nous
sommes actifs, quelles que soient nos chances de succès évaluables au
1318
mesure où nous sommes actifs, quelles que soient
nos
chances de succès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre
1319
ent nos chances de succès évaluables aujourd’hui,
nous
sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des
1320
cès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins
notre
dignité personnelle. Nous serons au moins des personnes qui auront es
1321
nous sauvons au moins notre dignité personnelle.
Nous
serons au moins des personnes qui auront essayé de faire quelque chos
1322
r Walter Weideli et intruidits par ce chapeau : «
Notre
enquête s’achève par une interview “pas comme les autres”. Plus diale
1323
L’Avenir est
notre
affaire (mai 1981)ck cl Comment la situation a-t-elle évolué depui
1324
grandes portes, il est écrit : « L’avenir, c’est
notre
affaire ». Le titre de votre livre a-t-il été utilisé ailleurs qu’à P
1325
du tout de mon livre. En revanche, L’Avenir est
notre
affaire a fait la couverture d’un numéro du Nouvel Observateur, au s
1326
es qui pourront rouler. Les laissera-t-on faire ?
Nous
sommes tellement habitués à nous déplacer en voiture qu’une telle sit
1327
era-t-on faire ? Nous sommes tellement habitués à
nous
déplacer en voiture qu’une telle situation créerait des troubles soci
1328
que c’est ça le Progrès ? Paul Valéry a écrit : «
Nous
ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout
1329
? Paul Valéry a écrit : « Nous ne pouvons prévoir
nos
rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout ce que la technologie a
1330
a écrit : « Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni
nos
projets. » L’avion, l’auto, tout ce que la technologie a réalisé, ce
1331
gie a réalisé, ce sont des rêves de l’homme, dont
nous
ne pouvions pas prévoir l’aboutissement. Les régions, enfin. C’est le
1332
de sa campagne électorale. Dans votre livre, vous
nous
donniez dix à quinze ans au plus pour décider de la survie de notre e
1333
à quinze ans au plus pour décider de la survie de
notre
espèce. Votre avertissement a-t-il été entendu ? Dans les trois cas q
1334
anistan, Pologne). Le seul ennemi à redouter pour
nous
Européens, ce sont les Russes. Et s’ils nous font un jour la guerre,
1335
pour nous Européens, ce sont les Russes. Et s’ils
nous
font un jour la guerre, ce sera une guerre classique, car ils voudron
1336
e guerre classique, car ils voudront s’emparer de
nos
industries. (En lançant des bombes atomiques, ils créeraient un déser
1337
oserait donc pas de la totalité de son armée pour
nous
envahir. S’ils occupaient nos territoires, les Russes seraient certai
1338
de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient
nos
territoires, les Russes seraient certainement surpris de voir que nou
1339
Russes seraient certainement surpris de voir que
nous
ne correspondons pas aux descriptions qu’on leur a faites. Loin de ch
1340
pent. » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi,
nous
nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous
1341
» Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, nous
nous
fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les a
1342
nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles
nous
nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques
1343
nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous
nous
cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques » ou
1344
s des lois derrière lesquelles nous nous cachons.
Nous
les appelons par exemple « impératifs économiques » ou « techniques »
1345
sible ! Votre livre appelle à la conversion. Vous
nous
appelez à faire passer le spirituel et l’affectif avant le matériel e
1346
différence y a-t-il entre la peur de l’an 1000 et
notre
peur de l’an 2000 ? Ce sont deux choses tout à fait différentes. La p
1347
le et non pas inventée par Michelet. Aujourd’hui,
nous
avons hélas de bonnes raisons rationnelles d’avoir peur. Tout cela va
1348
faut pas, sous des prétextes mondains, sacrifier
notre
vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénon
1349
rétextes mondains, sacrifier notre vie éternelle.
Nous
devons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quot
1350
dains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons
nous
indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quotidienne, et
1351
ie, le gaspillage et la dégradation de l’énergie.
Nous
allons vers la mort tiède de l’univers. Les erreurs sur l’avenir sont
1352
’avenir sont de plus en plus graves, à mesure que
nos
moyens sont plus grands. C’est une question de dimensions. Voilà pour
1353
. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir est
notre
affaire », Certitudes, Bevaix, mai 1981, p. 28-30. cl. Propos recuei
1354
ns à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)cm cn
Nous
sommes des Celtes, me dit Denis de Rougemont. Il habite une ancienne
1355
des marches de pierre, un jardin planté de haies,
nous
parlons du retour en force des légendes bretonnes qui ont inspiré en
1356
on livre L’Amour et l’Occident , publié en 1939.
Nous
sommes imprégnés des récits de la Table ronde, ils sont entrés dans n
1357
es récits de la Table ronde, ils sont entrés dans
nos
gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qu
1358
le ronde, ils sont entrés dans nos gènes, même si
nous
n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qui a écrit un jour :
1359
rofond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur
nous
, généralement à notre insu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance
1360
t le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à
notre
insu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance de notre histoire. Le
1361
nsu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance de
notre
histoire. Les Celtes ont occupé tout le territoire européen de Gibral
1362
les Romains. L’origine du Graal Réjouissons-
nous
donc : nous sommes Celtes, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vou
1363
. L’origine du Graal Réjouissons-nous donc :
nous
sommes Celtes, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vouga, dans son
1364
région. Savez-vous ce que les Lillois m’ont dit ?
Notre
ville devrait être une métropole régionale et ce n’est que le terminu
1365
me de « décentralisation » par exemple. Dès 1930,
notre
groupe le refusait, car la décentralisation, c’est ce qui est octroyé
1366
fferre dans une commission européenne à Londres ;
nous
nous sommes fort bien entendus. Il a compris la base du fédéralisme,
1367
e dans une commission européenne à Londres ; nous
nous
sommes fort bien entendus. Il a compris la base du fédéralisme, c’est
1368
Comment peut-on illustrer cela pour la région qui
nous
concerne ? Le Léman, c’est une affaire de région. Pour son sauvetage,
1369
e des raisons principales du désarroi dans lequel
nous
jettent les récents développements de la technologie et, en général,
1370
hysiques, chimiques et biologiques, consiste dans
notre
inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premier
1371
logiques, consiste dans notre inaptitude à relier
nos
moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds et à les é
1372
iste dans notre inaptitude à relier nos moyens et
nos
buts, à subordonner les premiers aux seconds et à les évaluer globale
1373
; il en est peu qui égarent davantage l’esprit de
nos
contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a
1374
informé, précisément. Sans doute, mais chacun de
nous
sait bien que toute innovation technique, qu’on la qualifie ou non de
1375
e vraiment d’être présentée comme une révolution,
nous
avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les gr
1376
t de responsabilité accrues de la personne. De là
notre
problème et le sujet que je souhaite aborder. 3. Ambivalence de la
1377
ppui de mes dires : un jour, qu’avec Louis Armand
nous
discutions des complexités effarantes auxquelles une politique fédéra
1378
ublions jamais l’ambivalence inévitable de toutes
nos
technologies : — la « révolution » technique de l’automation devait a
1379
e l’automation devait amener l’ère des loisirs et
nous
sommes dans l’ère du chômage ; — la productivité sans cesse accrue de
1380
e accrue de l’industrie annonçait l’abondance, et
nous
avons des pénuries multipliées en Occident, et des famines dans le ti
1381
es famines dans le tiers-monde ; — l’informatique
nous
propose aujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous, mais
1382
matique nous propose aujourd’hui de « penser pour
nous
», plus vite que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facul
1383
ujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que
nous
, mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jug
1384
te que nous, mais elle crée le risque d’atrophier
nos
facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1385
s tout de suite que ce n’est pas la technique que
nous
devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une
1386
s pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de
nos
problèmes présents de civilisation scientifico-technique, il y a, en
1387
e qu’ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous,
nous
nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux
1388
ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous, nous
nous
sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux cosmo
1389
Walesa, rien n’avait été correctement prévu, tout
nous
a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décen
1390
de leurs combinaisons, convergences ou conflits,
nous
inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même
1391
vergences ou conflits, nous inviterait à renoncer
nous
aussi à tout effort de prospective et même de réflexion sur l’avenir
1392
refuse cette invitation. J’ai toujours pensé que
nous
ne sommes pas sur la Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pou
1393
intaines sur l’homme, la société et la nature, de
nos
innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. comp
1394
eule une personne peut intégrer. L’information ne
nous
dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions
1395
e sagesse n’est pas encore Amour (cet « amour qui
nous
rendra la liberté », comme le dit une chanson populaire et sublime) ;
1396
; e) mais si l’information (data + news) augmente
nos
pouvoirs physiques, il devient impératif et vital d’augmenter simulta
1397
t vital d’augmenter simultanément et à proportion
notre
sagesse morale et spirituelle, qui est le sens des fins dernières aux
1398
des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner
nos
moyens. Principe de base : il est mortellement dangereux d’augmenter
1399
succès total de cette machine. Personne n’imagina
nos
villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnée
1400
os villes éclatées, embouteillées, irrespirables,
nos
campagnes bétonnées, les chars et l’aviation, les compagnies pétroliè
1401
ugmenter le profit aux dépens de la main-d’œuvre.
Notre
troisième critère sera le complément du second, comme la responsabili
1402
des citoyens à leur gestion. Le quatrième critère
nous
est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous command
1403
enu familier depuis quelques années seulement. Il
nous
commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou nat
1404
l nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer
notre
milieu social ou naturel, et de même tout ce qui menace d’épuiser à c
1405
nchaînement d’innovations techniques »). Ceci est
notre
cinquième critère. Quand une technique nouvelle s’avère capable de ch
1406
comme c’est évidemment le cas pour la musique. On
nous
apprend que l’homme peut absorber normalement 80 000 informations par
1407
ique. C’est un embouteillage de communication. On
nous
dit que l’ordinateur, interrogé sur un problème psychologique, « pens
1408
t. Dans la société entièrement informatisée qu’on
nous
prépare, c’est la saveur même de la vie que l’homme n’aura plus le te
1409
, l’auto, l’avion, le téléphone et la télévision,
nous
prépare certes à penser ou à imaginer selon des schémas déduits de la
1410
paraît pas encore avoir modifié substantiellement
nos
modes de penser, de sentir, ni de croire. L’informatique peut aller b
1411
ttant de calculer et combiner en lieu et place de
nos
cerveaux tout ce qui peut être exprimé en termes logiques et chiffrab
1412
e exprimé en termes logiques et chiffrables, elle
nous
fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos pr
1413
ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité »
nos
problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1414
les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes,
nous
restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, purifié
1415
mots l’essentiel de ce que je viens d’avancer. On
nous
propose aujourd’hui, avec une insistance croissante, l’école sans maî
1416
ratiques. » Les partisans de l’école sans maîtres
nous
assurent qu’elle pourra multiplier par 60 les possibilités du cerveau
1417
un muscle. « La mémoire se cultive par l’usage »,
nous
rappelle opportunément le Petit Larousse. Ivan Illich, à l’Université
1418
de la vulnérabilité d’une société informatisée ?
Nous
sommes au seuil d’une civilisation rendue fragile par quantité de fac
1419
té. Car la technique a pour fonction de faciliter
nos
efforts et d’en multiplier les effets. Or le mal est en général plus
1420
uire ou freiner la technique, l’informatique dans
notre
cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous rep
1421
Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si
nous
nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique sat
1422
t trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous
nous
reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfai
1423
e peut rien désinventer. Si nous nous reportons à
nos
critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux
1424
sinventer. Si nous nous reportons à nos critères,
nous
constatons que l’informatique satisfait très bien aux numéros 1 et 4
1425
re un équivalent des dangers du gigantisme). Mais
nous
constatons qu’en revanche, l’informatique fait mauvaise figure face a
1426
contre la personne, et surtout parce qu’elle rend
notre
société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’év
1427
le rend notre société terriblement vulnérable. Si
nous
pouvons encore agir sur l’évolution de l’informatique (laquelle, livr
1428
prise humaine), c’est sur ces derniers points que
nous
avons à le faire. Il faut refuser et réfuter activement l’approche im
1429
vérité sa définition scientifique et son utilité.
Nous
pouvons le faire encore, et nous le devons. C’est bien peu de choses,
1430
et son utilité. Nous pouvons le faire encore, et
nous
le devons. C’est bien peu de choses, me dira-t-on : un effort non mes
1431
que de ce peu, de ce très peu, dépende le sort de
notre
civilisation occidentale. 76. Simon Nora et Alain Minc, L’Informat
1432
e des raisons principales du désarroi dans lequel
nous
jettent les récents développements de la technologie et en général de
1433
hysiques, chimiques et biologiques, consiste dans
notre
inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premier
1434
logiques, consiste dans notre inaptitude à relier
nos
moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds, à vérifie
1435
iste dans notre inaptitude à relier nos moyens et
nos
buts, à subordonner les premiers aux seconds, à vérifier sans cesse l
1436
, il en est peu qui égarent davantage l’esprit de
nos
contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a
1437
informé, précisément. Sans doute, mais chacun de
nous
sait bien que toute innovation technique, qu’on la qualifie ou non de
1438
e vraiment d’être présentée comme une révolution,
nous
avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les gr
1439
appui de mes dires : un jour qu’avec Louis Armand
nous
discutions des complexités effarantes auxquelles une politique fédéra
1440
ublions jamais l’ambivalence inévitable de toutes
nos
technologies. — La « révolution » technique de l’automation devait am
1441
l’automation devait amener l’ère des loisirs, et
nous
sommes dans l’ère du chômage. — La productivité de l’industrie annon
1442
uctivité de l’industrie annonçait l’abondance. Et
nous
avons des pénuries croissantes en Occident, et des famines dans le ti
1443
des famines dans le tiers-monde. — L’informatique
nous
propose aujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous, mais
1444
matique nous propose aujourd’hui de « penser pour
nous
», plus vite que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facul
1445
ujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que
nous
, mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jug
1446
te que nous, mais elle crée le risque d’atrophier
nos
facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1447
inalités Certes, ce n’est pas la technique que
nous
devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une
1448
s pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de
nos
problèmes présents de civilisation scientifico-technique, il y a, en
1449
e qu’ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous,
nous
nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux
1450
ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous, nous
nous
sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux cosmo
1451
l’Iran, de l’Afghanistan ou de Lech Walesa, tout
nous
a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décen
1452
de leurs combinaisons, convergences ou conflits,
nous
inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même
1453
vergences ou conflits, nous inviterait à renoncer
nous
aussi à tout effort de prospective et même de réflexion sur l’avenir
1454
, je refuse l’invitation. J’ai toujours pensé que
nous
ne sommes pas sur Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pour l
1455
intaines sur l’homme, la société et la nature, de
nos
innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. Comp
1456
eule une personne peut intégrer. L’information ne
nous
dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions
1457
sagesse n’est pas encore amour. (Cet « amour qui
nous
rendra la liberté », comme le dit une chanson populaire et sublime.)
1458
. e. Mais si l’information (data + news) augmente
nos
pouvoirs physiques, il devient impératif et vital d’augmenter simulta
1459
vital d’augmenter simultanément et en proportion
notre
sagesse morale et spirituelle, qui est le sens des fins dernières aux
1460
des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner
nos
moyens. Principe de base : il est mortellement dangereux d’augmenter
1461
succès total de cette machine. Personne n’imagina
nos
villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnée
1462
os villes éclatées, embouteillées, irrespirables,
nos
campagnes bétonnées, les chars et l’aviation, les compagnies pétroliè
1463
ugmenter le profit aux dépens de la main-d’œuvre.
Notre
troisième critère sera le complément du deuxième, comme la responsabi
1464
citoyens à leur gestion. 4. Le quatrième critère
nous
est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous command
1465
enu familier depuis quelques années seulement. Il
nous
commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou nat
1466
l nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer
notre
milieu social ou naturel, et de même tout ce qui menace d’épuiser à c
1467
comme c’est évidemment le cas pour la musique. On
nous
apprend que l’homme peut absorber normalement 80 000 informations par
1468
que. C’est un embouteillage de communication. On
nous
dit que l’ordinateur, interrogé sur un problème psychologique, « pens
1469
t. Dans la société entièrement informatisée qu’on
nous
prépare, c’est la saveur même de la vie que l’homme n’aura plus le te
1470
to, l’avion, le téléphone et la Radio-Télévision,
nous
prépare certes à penser ou imaginer selon des schémas déduits de la s
1471
paraît pas encore avoir modifié substantiellement
nos
modes de penser, de sentir, ni de croire. L’informatique peut aller b
1472
tant de calculer et combiner, en lieu et place de
nos
cerveaux, tout ce qui peut être exprimé en termes logiques et chiffra
1473
e exprimé en termes logiques et chiffrables, elle
nous
fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos pr
1474
ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité »
nos
problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1475
les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes,
nous
restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, purifié
1476
n quelques mots l’essentiel de ce qui précède. On
nous
propose aujourd’hui, avec une insistance croissante dans toute la pre
1477
ratiques. » Les partisans de l’école sans maîtres
nous
assurent qu’elle pourra multiplier par soixante les possibilités du c
1478
n muscle : « La mémoire se cultive par l’usage »,
nous
rappelle opportunément le Petit Larousse. Ivan Illich, à l’Université
1479
de la vulnérabilité d’une société informatisée ?
Nous
sommes sur le seuil d’une civilisation rendue fragile par quantité de
1480
té. Car la technique a pour fonction de faciliter
nos
efforts et d’en multiplier les effets. Or le mal est en général plus
1481
uire ou stopper la technique, l’informatique dans
notre
cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous re
1482
l est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si
nous
nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique sat
1483
trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous
nous
reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfai
1484
peut rien désinventer. Si nous nous reportons à
nos
critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux
1485
inventer. Si nous nous reportons à nos critères,
nous
constatons que l’informatique satisfait très bien aux numéros 1 et 4
1486
es fabuleux puissent en être un équivalent). Mais
nous
constatons qu’en revanche l’informatique fait mauvaise figure face au
1487
ontre la personne ; et surtout parce qu’elle rend
notre
société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’év
1488
le rend notre société terriblement vulnérable. Si
nous
pouvons encore agir sur l’évolution de l’informatique (laquelle, livr
1489
te prise humaine), c’est sur ce dernier point que
nous
avons à le faire. Refuser, réfuter activement le point de vue impéria
1490
vérité sa définition scientifique et son utilité,
nous
pouvons le faire encore — et nous le devons. C’est bien peu de chose,
1491
et son utilité, nous pouvons le faire encore — et
nous
le devons. C’est bien peu de chose, me dira-t-on. Un effort non mesur
1492
que de ce peu, de ce très peu, dépend le sort de
notre
civilisation occidentale. 89. Simon Nora et Alain Minc, L’Informa
1493
tidienne des Occidentaux, l’informatique accentue
notre
tendance à penser ou à imaginer selon des schémas déduits de la seule
1494
seule réalité physique et de ses mécanismes. Elle
nous
fait ainsi entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité »
1495
ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité »
nos
problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1496
les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes,
nous
restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, déperso
1497
matique ou la télématique. En d’autres termes, en
nous
offrant de « penser pour nous » et plus vite que nous, « l’informatiq
1498
d’autres termes, en nous offrant de « penser pour
nous
» et plus vite que nous, « l’informatique crée le risque d’atrophier
1499
offrant de « penser pour nous » et plus vite que
nous
, « l’informatique crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire,
1500
nous, « l’informatique crée le risque d’atrophier
nos
facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1501
rticle paru dans La Revue économique et sociale ,
nous
lui avons posé quelques questions. »