1 1978, Articles divers (1978-1981). L’Europe est une culture commune (1978)
1 art, selon lequel Dieu a choisi de descendre vers nous , pour se manifester aux hommes dans un corps matériel, ce dogme fonda
2 les sources communes de la culture européenne, et nous en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce
3 opéenne, et nous en sommes tous tributaires — que nous soyons chrétiens ou non, parce que c’est d’elles que procède l’attitu
4 notion d’histoire et à celle de progrès, enfin à nos structures sociales et politiques. Voici, très brièvement suggérée, l
5 e, la généalogie de ces caractères distinctifs de notre culture. Un premier fait : la science s’est développée en Europe, et
6 a Terre, en forme d’homme, qui marque le début de notre manière de compter les années, a introduit l’idée d’un progrès linéai
7 uis longtemps de grands bateaux bien supérieurs à nos pauvres petites caravelles du xvie siècle, mais c’est Christophe Col
8 ales ou paroisses) sont devenus les prototypes de nos parlements modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes
9 ou en tension : d’où les oscillations extrêmes de nos sociétés, tantôt vers l’individualisme anarchique (pôle grec), tantôt
10 monde est beaucoup plus profonde et décisive que nous ne le pensons d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vie
11 s d’ordinaire. Elle est tellement constitutive de nos vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, l
12 stitutive de nos vies et de leur sens général que nous avons peine à la voir. Seule, la comparaison avec des cultures orient
13 raison avec des cultures orientales ou primitives nous en fait parfois prendre conscience. Rien de tel qu’un voyage aux Inde
14 tre part, cette communauté profonde est masquée à nos yeux depuis un siècle et demi par une estimation tout à fait exagérée
15 t demi par une estimation tout à fait exagérée de nos divisions, résultant du nationalisme. Obsédés par les différences de
16 différences de mœurs et de manière de penser que nous croyons exister entre Allemands et Français, Anglais et Italiens, voi
17 giens, ou mieux encore entre Vaudois et Genevois, nous en venons à oublier très sincèrement : 1° que ces différences, quoiqu
18 ielles si on les compare à l’importance de ce que nous avons en commun : 2° que ces oppositions, loin d’être éternelles ou m
19 st répandue. Inculquée à quatre générations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture fra
20 nérations, elle nous est devenue quasi naturelle. Nous parlons couramment de « culture française » (ou autrichienne, ou dano
21 us Staline de « biologie marxiste » ! En réalité, nos soi-disant « cultures nationales » sont des découpages arbitraires, o
22 nde de près ou de loin au découpage accidentel de nos frontières présentes. L’illusion nationale concernant la culture s’au
23 onale concernant la culture s’autorise surtout de nos diversités linguistiques. Mais là encore, quelles sont les réalités ?
24 ques. Mais là encore, quelles sont les réalités ? Nos langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et nos littératures on
25 langues sont presque toutes sœurs ou cousines, et nos littératures ont toutes utilisé au cours des âges les mêmes procédés
26 e ou l’analyse psychologique, etc. Semblablement, nos arts utilisent les mêmes formes : la symphonie, le concerto, l’opéra,
27 iquement européen. Ainsi la vie et la vitalité de notre culture n’impliquent rien de moins que l’Europe tout entière, non seu
2 1978, Articles divers (1978-1981). Le Jura libre à l’heure des régions (1978)
28 siècle. I. Le cadre européen L’évolution de nos pays vers une fédération européenne, depuis trente ans, ne cesse de d
29 e temps la croissance zéro. Depuis trente ans que nos chefs d’État proclament qu’elle est une question de vie ou de mort, n
30 ament qu’elle est une question de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur place » déses
31 de plus en plus illusoire. En effet : — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa sécurité, sa défense sur ce continent le
32 e son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa prospérité matérielle : l’économie de l’
33 lnérable aux caprices de quelques émirs. Aucun de nos pays n’a les matières premières nécessaires à son industrie : le tier
34 moins qu’elles soient pillées à l’épuisement par nous . Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une contradiction irréduc
35 à l’épuisement par nous. Et ainsi de suite. Bref, nous voici devant une contradiction irréductible et qui définit en peu de
36 ’imagination des Européens vers ce qu’il y a chez nous de plus complexe mais aussi de plus humain : les communautés locales
37 e siècle ; celles qu’il faut restaurer dans tous nos pays, si nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (si
38 elles qu’il faut restaurer dans tous nos pays, si nous voulons sortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous seron
39 ortir du dilemme tragique : Europe à faire (sinon nous serons colonisés par l’Est ou l’Ouest, ou les deux à la fois) — Europ
40 Sinon qu’elles se révèlent nécessaires, dans tous nos pays, pour répondre aux besoins culturels, ethniques, économiques, éc
41 pourra garantir l’autonomie des régions. Résumons- nous  : il faut faire les régions parce qu’il faut faire l’Europe, et parce
42 1848. Mais c’est l’ère des régions qui s’ouvre à nous , Européens de la fin du xxe siècle. Se donner comme une tâche priori
43 t homogène et uniformisant, celui précisément que nous avons dit plus haut mis en question dans le cadre européen par les né
44 ement de la paix, et donc très concrètement, dans notre ère atomique, de la survie de l’espèce. Et ce serait manquer la chanc
3 1978, Articles divers (1978-1981). Dépolitiser la politique (janvier 1978)
45 vous dire lorsque vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire  : « Il est donc clair qu’une Europe fédérée serait, selon le
4 1978, Articles divers (1978-1981). Le diable en Suisse (1er janvier 1978)
46 flé, plus difficile à prendre sur le fait. Armons- nous donc de rigueur et de méthode pour parler de ce Rien qui n’existe que
47 ttend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Rien de plus facile que d’en convain
48 de cent pays… Le deuxième tour du diable a été de nous faire croire, à partir de 1933, puis durant la Seconde Guerre mondial
49 ’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était
50 e qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme il était petit
51 ôle évident et trompeur du diable à l’œuvre parmi nous . Mais attention : Baader et les Palestiniens ne sont-ils pas plutôt v
52 l’art publicitaire qui consiste tout simplement à nous faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable prépare
53 t simplement à nous faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable prépare un gros coup, il s’arrange toujour
54 prépare un gros coup, il s’arrange toujours pour nous le faire savoir, par élégance autant que par cynisme, car il sait bie
55 ance autant que par cynisme, car il sait bien que nous ne le croirons pas ! C’est ainsi qu’à l’automne de 1974, le conseille
56 Dans cette déclaration autorisée — s’il en fût —, notre opinion ne voulut voir, bien sûr, qu’une plaisante allusion littérair
57 e la jeunesse éternelle. Qui serait Méphisto dans notre affaire ? Inutile de chercher personne. On ne trouvera jamais qu’un s
58 le consiste à vendre toujours plus d’énergie et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie est dé
59 et à nous persuader que la croissance sans fin de nos besoins en énergie est désormais inévitable. Alors que chacun voit —
60 , un manque de 50 % sur la quantité énergie qu’on nous annonce « nécessaire » à cette époque. Non, le diable n’est pas Monsi
61 de la puissance et de la richesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son e
62 règne Pluton, dieu de la Richesse et des Enfers : nous y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’i
63 ichesse et des Enfers : nous y voilà ! « Ce dieu, nous dit la Fable, était si noir et si laid qu’il ne pouvait trouver de fe
64 n avenir qui désormais, dépend essentiellement de nos choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’éne
65 ement de nos choix présents. Face à la crise dont nous menacent les Vendeurs d’énergies infernales, et que leur plutonium n’
66 s, et que leur plutonium n’évitera pas, préparons- nous à vivre mieux grâce au Soleil, avec moins de gaspillage et moins d’em
5 1978, Articles divers (1978-1981). Réfléchir à ce que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)
67 ailleurs, que les régimes les plus répressifs de notre époque — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus
68 est-il, selon vous, un phénomène significatif de notre société ? Oui, de toute évidence, dans la mesure où cette société n’a
69 À ce propos, vous établissez, dans L’Avenir est notre affaire , une comparaison entre les procédés des terroristes et ceux
70 introduits par le chapeau suivant : « Scandale de notre temps : le terrorisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes. Il f
71 vant : « Scandale de notre temps : le terrorisme. Notre dossier s’est ouvert en ces termes. Il faut aujourd’hui conclure. Her
72 t, en écrivain soucieux d’éthique, Georges Haldas nous a invité à mieux comprendre, de l’intérieur, les mobiles profonds et
6 1978, Articles divers (1978-1981). Un autre avenir pour la planète (février 1978)
73 autre avenir pour la planète (février 1978)l m Nous allons tous vers une catastrophe ! Si nous ne choisissons pas libreme
74 l m Nous allons tous vers une catastrophe ! Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir h
75 atastrophe ! Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’un cataclysme inévi
76 C’est ce que j’essaie d’expliquer dans mon livre. Nous reviendrons longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais que nous par
77 longuement là-dessus… Auparavant, j’aimerais que nous parlions un peu de vous, Denis de Rougemont, de votre itinéraire. Dep
78 ibuaient m’était un jour tombé entre les mains. «  Nous ne sommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personna
79 ne sommes ni individualistes, ni collectivistes, nous sommes personnalistes », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi
80  », y lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue
81 lisais-je. Ce fut comme un déclic chez moi. Nous nous rencontrions une fois par mois dans une salle de café de la rue du Mo
82 que disaient les personnalistes dont vous étiez ? Nous disions qu’il fallait être à la fois contre le capitalisme, contre le
83 que ces trois systèmes, par leur logique interne, nous conduisaient droit à la guerre et au totalitarisme. Quarante ans plus
84 sonnaliste et communautaire. De cette conception, nous tirerons cette conséquence politique : un antiétatisme décidé et cons
85 dé et conséquent. Anarchistes ? Pas anarchistes : nous admettions la fonction étatique ; un minimum d’État est nécessaire à
86 aire à l’organisation de la société. En revanche, nous étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation
87 che, nous étions vigoureusement hostiles à ce que nous appelions l’État-nation qui en prenant la place du Roi lors de la Rév
88 française, s’en est attribué le côté sacré. Pour nous , l’État n’était qu’un service. Au service des citoyens et rien d’autr
89 des citoyens et rien d’autre ! Or, qu’observions- nous  ? L’État-nation qui, historiquement, est né de la guerre, a régulière
90 e, retrouvait l’intuition de Proudhon. Évidemment nous n’étions pas bien reçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui
91 eçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui nous ne voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour nous, l’une et l
92 voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour nous , l’une et l’autre n’étaient que variante de l’État-nation. Troublée,
93 de l’État-nation. Troublée, la droite disait que nous étions téléguidés par Moscou, tandis que la gauche répétait que nous
94 dés par Moscou, tandis que la gauche répétait que nous étions « manipulés » et que nous faisions « objectivement » le jeu de
95 che répétait que nous étions « manipulés » et que nous faisions « objectivement » le jeu de la droite et du fascisme. Quaran
96 Anglais — sont en train de faire les analyses que nous faisions avec trente ans d’avance. Dans les mouvements écologistes, l
97 t, librement… Justement, qu’est-ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que nous disions en commençant… Qu’est-ce qui fait c
98 u’est-ce qui se passe ? Nous revenons là à ce que nous disions en commençant… Qu’est-ce qui fait courir ces foules, ces jeun
99 ous évoquiez tout à l’heure ? La crise du pétrole nous a réveillés. Soudain nous avons senti le vent du boulet ! Ce que les
100 e ? La crise du pétrole nous a réveillés. Soudain nous avons senti le vent du boulet ! Ce que les écologistes répétaient dan
101 beaucoup d’autres événements de ce genre pour que nos pays prennent réellement conscience des catastrophes qui nous menacen
102 ennent réellement conscience des catastrophes qui nous menacent. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que ces avertissements n’arr
103 trop tard et qu’ils soient juste assez forts pour nous obliger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On
104 iger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On ne prend guère le chemin de cette réflexion ! On continue
105 plus de voitures et de plus en plus d’autoroutes… Nous frisons la démence à force d’inconscience. Tout le monde sait que le
106 ns autre chose, tout de suite ! » Jusqu’où allons- nous aller comme ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis
107 e suite ! » Jusqu’où allons-nous aller comme ça ? Nous sommes très près de la limite ! Quand je le dis, certains me confient
108 pas le dire ouvertement et tout de suite afin que nous économisions du pétrole pour deux siècles ! » Bien sûr, mais il y a d
109 financiers en jeu ! Pour des intérêts financiers, nous conduisons l’humanité à la catastrophe ! Imaginez dans dix ou vingt a
110 roissance indéfinie par exemple. On s’en sortira, nous promettent-ils, les uns et les autres. Grâce au nucléaire… Mais vous,
111 é. Expliquez-moi. Avec le débat sur le nucléaire, nous sommes au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’il n’y a que
112 nous sommes au nœud du véritable choix. Quand on nous dit qu’il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’il
113 and on nous dit qu’il n’y a que le nucléaire pour nous tirer d’affaire lorsqu’il n’y aura plus de pétrole, on sous-entend :
114 sous-entend : il n’y a que le nucléaire qui peut nous permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’
115 ui peut nous permettre de continuer à vivre comme nous vivons aujourd’hui. Mais c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire
116 is c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire ! Nous ne le pouvons pas. La croissance indéfinie dans un monde fini est une
117 indéfinie dans un monde fini est une aberration. Nous le savons désormais. Le club de Rome a suffisamment popularisé cette
118 de et une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’
119 une spoliation généralisée. C’est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afriq
120 est parce que nous nous développons à l’excès que nous maintenons d’innombrables pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine
121 savants qui affirment qu’il n’en est rien et que nous allons à la catastrophe. Alors, qui croire ? Écoutez. Un prix Nobel a
122 le monsieur qui vous parle est un vendeur ? » On nous pousse au gaspillage pour démontrer ensuite que nous avons besoin de
123 s pousse au gaspillage pour démontrer ensuite que nous avons besoin de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas beso
124 la fin du xxe siècle sera dans les économies que nous ferons sur le gaspillage ». On pourrait économiser 30 % de la consomm
125 ment la logique du système des États-nations dans notre société industrielle. Qu’elle soit capitaliste ou socialiste. Il n’y
126 français. Il dit : « L’énergie nucléaire assurera notre indépendance énergétique. » Ça ne veut rien dire ! La France n’a pres
127 s là-dedans ? Reste une question. Supposons, pour notre bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller
128 ste une question. Supposons, pour notre bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller. Se posera qua
129 notre bien, que nous devenions raisonnables, que nous cessions de gaspiller. Se posera quand même le problème de nouvelles
130 le problème de nouvelles sources d’énergie. Pour nous , pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la d
131 es d’énergie. Pour nous, pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons
132 nous, pour les générations qui nous suivront. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici
133 t. Si nous continuons dans la direction actuelle, nous allons à l’impasse. D’ici quelques années. Même si l’on pousse très f
134 rs, puisqu’ils ne produiront au mieux que 30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole
135 30 % de nos besoins d’ici à la fin du siècle. Or nous dépendons à 80 % du pétrole. Restera donc un déficit de 50 %. Autreme
136 t de 50 %. Autrement dit ce sera la crise totale. Nous sommes donc contraints de ne pas continuer. Alors que faire ? D’abord
137 ntinuer. Alors que faire ? D’abord économiser. En nous déplaçant moins, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous
138 miser. En nous déplaçant moins, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous pouvons prendre le train, etc. Mais évid
139 , en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous pouvons prendre le train, etc. Mais évidemment il ne s’agit là que de
140 émotrice… Et surtout de l’énergie solaire. Ce que nos gouvernements détestent. « L’énergie solaire ne sera pas compétitive
141 ne sera pas compétitive avant la fin du siècle », nous répète-t-on. C’est faux. Des résultats sont déjà acquis et les recher
142 ions industrielles. Mais il faut des finances, et nos États sabotent, plus ou moins sournoisement, toutes les décisions de
143 un compteur, entre le soleil et les citoyens, ils nous diront qu’il faut encore vingt ans pour que l’énergie solaire soit co
144 ne toute-puissance illusoire d’ailleurs, mais qui nous conduit à la catastrophe. Finalement, vous êtes quelqu’un de très sub
145 je ne sortirai jamais des idées personnalistes de notre jeunesse dont je vous ai parlé tout à l’heure. Le but de la société c
146 Dandieu. Mais c’est vrai qu’entre personnalistes nous l’utilisions souvent. Vous le pensez toujours ? Absolument. Cela a ét
147 ourd’hui, toute la question est de savoir comment nous allons changer de cap… Oui justement, comment changer de cap ? Plus j
148 us de pétrole et plus de centrales nucléaires qui nous tueront tous. Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’est pas fo
149 sion qu’il s’agit d’opérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne
150 sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne recevra pas d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. So
151 la première fois dans l’Histoire, cela dépend de nous . Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confiance cep
152 emière fois dans l’Histoire, cela dépend de nous. Nous en avons la liberté, donc la responsabilité… J’ai confiance cependant
153 e quarante ans ne cesse d’avertir des dangers qui nous menacent : la terre est pillée, le pétrole, les minerais, l’eau s’épu
154 talitarisme des États-nations… Denis de Rougemont nous a longuement reçu dans la vieille ferme jurassienne qu’il a aménagée
155 du xxe siècle. Parce qu’il indique l’avenir que nous avons à faire. » n. Sur l’original : « … interrogez toujours si vous
7 1978, Articles divers (1978-1981). « Quel avenir voulons-nous ? » (1er février 1978)
156 « Quel avenir voulons- nous  ? » (1er février 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est notre
157 ier 1978)j k Votre dernier livre L’Avenir est notre affaire paraît être la somme de vos réflexions depuis quarante ans.
158 e aux Européens . Vous écrivez que l’avenir est «  notre enjeu et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure
159 . Vous écrivez que l’avenir est « notre enjeu et notre jeu le plus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons
160 lus fascinant ». En quel sens ? Dans la mesure où nous vivons dans un milieu entièrement « humanisé », fait de main d’homme
161 de le reconnaître, d’en assumer les conséquences, nous ne cessons de parler « d’impératifs technologiques », « d’impératifs
162 tionale, etc., autant de mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qu
163 le, etc., autant de mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fai
164 e mythes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais
165 hes derrière lesquels nous nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos
166 n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos désirs, dont la technique n’est que l’outil. Dans ce livre, je cherch
167 ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis
168 tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il ne recèle aucune « fatalité ». Hormis les tremblement
169 lements de terre — et il n’est pas improbable que nous parvenions aussi à les contrôler d’ici peu — je n’ai rien trouvé dans
170 le pur résultat du hasard ou de la nature. Et si nous continuons sur la lancée actuelle, nous serons tous responsables des
171 re. Et si nous continuons sur la lancée actuelle, nous serons tous responsables des catastrophes futures — prévisibles et ca
172 rquoi il est très important de savoir quel avenir nous voulons. Mais précisément, n’a-t-on pas aujourd’hui développé la fut
173 mes. Mais c’est finalement toujours le même jeu : nous utilisons les calculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver nos
174 lculs rapides de l’ordinateur pour mieux esquiver nos responsabilités. Exactement comme Adam et Ève dans l’histoire de la G
175 onnée. » Or le serpent, lui, il n’est plus là… De nos jours, c’est la même chose. Les « impératifs » que nous brandissons,
176 ours, c’est la même chose. Les « impératifs » que nous brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles.
177 que nous brandissons, ne sont que le résultat de nos démissions individuelles. Vous savez d’ailleurs qu’en 1942, j’ai écri
178 le où je montre que l’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passio
179 que l’action du diable consiste à nous priver de notre responsabilité personnelle. C’est le cas de la passion amoureuse vulg
180 Occident . La passion qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous re
181 passion qui devient une drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsabl
182 ne drogue, qui nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est n
183 nous prive de notre libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire
184 re libre arbitre, nous aveugle, nous enchaîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire peut se définir co
185 aîne, et nous rend irresponsables. L’Avenir est notre affaire peut se définir comme un essai de morale traitant de l’homme
186 our dans une société est fondamentale. C’est dans nos manières d’aimer que se trouve aussi la racine de mondes politiques d
187 mpossible d’espérer bâtir une communauté libre si nous commençons par « rater le couple ». Votre exemple de l’amour-passion
188 deux, l’uniformisation. Si une certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus cap
189 e certaine idée que nous avons de l’amour-passion nous conditionne au point de n’être plus capable d’aimer l’autre en tant q
190 re plus capable d’aimer l’autre en tant qu’autre, nous ne serons plus capables de devenir les éléments d’une cité, d’une com
191 ts d’une cité, d’une communauté libre. L’État, de nos jours, est comparable à la passion parce qu’il n’aime plus les gens,
192 roissant. Vous dites à la fois que « l’avenir est notre affaire » et que trop de facteurs interviennent pour que l’on puisse
193 st développé le pétrole, dont l’importance unique nous fait dépendre des pays producteurs du monde arabe et du Proche-Orient
194 t c’est la deuxième partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’une s
195 couvrir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible ! Max
196 ir l’Europe ? À New York, pendant la guerre, nous nous retrouvions toujours entre Européens, c’était irrésistible ! Max Erns
197 uvrement. Lévi-Strauss venait de temps en temps à nos réunions surréalistes, à l’École libre des hautes études, que nous av
198 réalistes, à l’École libre des hautes études, que nous avions créée là-bas. Avec André Breton, nous sillonnions New York à l
199 que nous avions créée là-bas. Avec André Breton, nous sillonnions New York à la recherche d’une terrasse de café, que nous
200 w York à la recherche d’une terrasse de café, que nous ne trouvâmes jamais. Parfois, dans la 5e Avenue, Breton me signalait
201 dans la 5e Avenue, Breton me signalait S. Dali et nous changions immédiatement de trottoir. Vous savez que Breton avait surn
202 rt l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la revoir, ce qui suscitait un attachemen
203 qui suscitait un attachement dramatique à ce que nous risquions de ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas ma
204 ’État-nation ». Dans votre ouvrage, L’Avenir est notre affaire , vous dites que l’État moderne, centralisé, n’a d’autres for
205 , centralisé, n’a d’autres forces que la somme de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètemen
206 d’autres forces que la somme de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètement sur l’État de ce
207 de nos démissions ? Nous avons pris l’habitude de nous décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore s
208 nous décharger complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui toujours plu
209 tions, de facilités, de garanties… alors que pour nous redonner bonne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’acca
210 s… alors que pour nous redonner bonne conscience, nous ne cessons de le maudire et de l’accabler. Cela ne lui fait d’ailleur
211 mplètement isolé de la population. Pourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce q
212 ourtant, tous nos maux ne sont que le résultat de notre impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoyens re
213 sultat de notre impéritie et c’est bien parce que nous ne sommes plus des citoyens responsables que l’État devient de plus e
214 et le citoyen de plus en plus isolé. Aujourd’hui, nos démissions vont encore plus loin. Les centrales nucléaires sont des o
215 e la propagande, depuis dix ou quinze ans, tend à nous faire croire que ce sera concurrentiel, inoffensif et indispensable.
216 roissante et sans doute redoutable de l’État dans nos vies individuelles ! Face à cette mainmise de l’État-nation, les dive
217 l pour revenir à un mode de vie communautaire qui nous soit propre en essayant de passer progressivement d’une technologie «
218 emont Denis de, « [Entretien] Quel avenir voulons- nous ? », Magazine littéraire, Paris, 1 février 1978, p. 66-68. k. Propos
219 its par le chapeau suivant : « Avec L’Avenir est notre affaire (éd. Stock), Denis de Rougemont pose cette question cruciale
220 ougemont pose cette question cruciale : où allons- nous  ? et marque la nécessité de reformer les communautés à l’échelle huma
8 1978, Articles divers (1978-1981). 20 questions à Denis de Rougemont (22 février 1978)
221 ire de l’énergie nucléaire ? Voyez-vous, quand on nous fait croire que l’énergie nucléaire sera à même de tout résoudre, on
222 ement couvrir d’ici la fin du siècle 20 à 30 % de nos besoins, alors que le pétrole couvre actuellement 80 %. Or, si on éco
223 à propos des multinationales. Ils ne doivent pas nous obnubiler. Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à la place
224 x pour autant qu’il soit responsable. Que voulons- nous  ? Un certain niveau de vie que d’autres ont calculé pour nous ? Ou un
225 rtain niveau de vie que d’autres ont calculé pour nous  ? Ou un mode de vie propre et particulier que chacun construit pour s
226 x à quinze ans à venir. La question n’est pas là. Nous avons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et
227 ons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ?
228 avec la bombe atomique — de quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la to
229 quoi nous détruire et nous sommes donc forcés de nous arrêter. 10. Et comment ? Pour cela, la toute petite crise du pétrole
230 ur cela, la toute petite crise du pétrole de 1973 nous a appris beaucoup de choses. Cette crise n’a pas été grave, mais les
231 Vous dites dans votre livre : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise
232 ue l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’av
233 n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en fait l’avenir est peuplé de contraintes
234 illes, comme celle des déchets nucléaires, limite nos possibilités d’avenir. 14. Vous vous attaquez au Pouvoir, la croissan
235 umains, la plus vraie. 15. Vous êtes un témoin de notre temps et vous avez émis depuis que vous écrivez des opinions très cla
236 emps des cavernes, où l’on vous accuse de vouloir nous ramener et vous répondez : « On vous les laisse, elles sont pleines d
237 st également une belle formule. 18. L’Avenir est notre affaire est un best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’est pas p
238 mme dont l’œuvre a marqué, marque plus que jamais notre culture européenne, a atteint maintenant la septantaine. Il reste éto
239 , de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est notre Affaire (Stock), publié il y a quelques mois, est sur la liste des b
240 de l’Avenir, de cet avenir avec un grand A, dont nous n’osons parfois même plus imaginer l’existence. Il ne se contente pas
241 gions et les rapports personnels que l’on sauvera notre monde d’une crise qui le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, o
242 le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, on nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de
243 nous parle de l’homme, du cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes.
244 u cœur, de la liberté, de nos responsabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’uniq
245 sabilités, de notre créativité, à tous autant que nous sommes. L’homme devant être l’unique but de la société… C’est tonique
9 1978, Articles divers (1978-1981). « Que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre ? » (22 février 1978)
246 autre part. Dans son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’il appelle une histoire de fous : celle de
247 us permis aujourd’hui de raconter des bobards sur nos besoins, juste parce qu’on est payé pour le faire. Si on ne construit
248 celle du déplacement ? Et puis, encore une fois, nous vivons dans un monde aux ressources limitées : les métaux, eux aussi,
10 1978, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1978)
249 L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1
250 . M. Cioran, je crois, qui a défini L’Avenir est notre affaire comme la « méditation apocalyptique d’un optimiste ». Je me
251 emporte : l’évidence de cette Apocalypse que vous nous décrivez, ou cette confiance obstinée en un avenir différent, un aven
252 avenir différent, un avenir qui deviendrait enfin notre affaire. Je vous répondrai très nettement. Ce que j’ai voulu écrire —
253 firme que, si l’on n’y remédie pas, la logique de notre civilisation scientifique, technique et industrielle nous mène tout d
254 ilisation scientifique, technique et industrielle nous mène tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons
255 ne tout droit à l’Apocalypse — du moins telle que nous l’imaginons d’habitude, et qui est bien différente de l’Apocalypse de
256 s économiques ou politiques. Le monde dans lequel nous vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos respons
257 litiques. Le monde dans lequel nous vivons, c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas
258 c’est nous qui l’avons fait. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas perpétuellement nous cacher derrière des pa
259 dre nos responsabilités et ne pas perpétuellement nous cacher derrière des paravents. C’est sur une telle résignation que jo
260 sur une telle résignation que jouent les gens qui nous vendent des centrales nucléaires. « L’humanité a besoin de doubler sa
261 des promoteurs ou des technocrates : ils veulent nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il
262 ils veulent nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Ils vous diront qu’il est vain de lutter contre le progrès
263 utter contre le progrès… Ils vont plus loin. « Si nous refusons les centrales nucléaires, nous allons tout droit vers l’âge
264 oin. « Si nous refusons les centrales nucléaires, nous allons tout droit vers l’âge des cavernes », affirment-ils. Affirmati
265 serait d’abord dans l’arrêt du gaspillage. De là, nous pouvons gagner 20 % à 30 %. Les centrales nucléaires n’en donneront m
266 les nucléaires n’en donneront même pas autant. On nous annonce qu’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’apport d’énergie,
267 vous l’un de ces points clés sur lesquels se joue notre avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai t
268 oue notre avenir et qui seront les révélateurs de nos choix… Au fond, si j’ai tant parlé des centrales nucléaires dans mon
269 de cette lutte ? Vous écrivez dans L’Avenir est notre affaire que seules les communautés permettraient à l’homme de repren
270 ste-t-il ? L’individu, la personne… Qu’est-ce qui nous empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous emp
271 u’est-ce qui nous empêche de créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus im
272 créer la société que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à de
273 que nous voulons ? Rien. Rien ne nous empêche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrophes p
274 êche de nous opposer aux prétendus impératifs qui nous mènent à des catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne nous em
275 catastrophes prévisibles et calculables. Rien ne nous empêche de construire, chacun où nous sommes, une société meilleure q
276 es. Rien ne nous empêche de construire, chacun où nous sommes, une société meilleure qui réponde à d’autres finalités que ce
277 nes, l’épanouissement de l’individu. Je crois que nous devons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités,
278 vons, tout de suite, favoriser, dans la mesure de nos possibilités, de nouvelles formes d’énergie, par exemple — et cela ne
279 d’énergie, par exemple — et cela ne dépend que de nous . Il faut refuser ainsi le tout-électrique de l’EDF, qui représente un
280 moyens beaucoup moins coûteux… C’est ainsi qu’il nous faut prendre position sur tous les domaines de la vie quotidienne et
281 faitement vain. Le tiers-monde a été persuadé par nos soins que notre mode de vie représente le progrès, il veut non seulem
282 . Le tiers-monde a été persuadé par nos soins que notre mode de vie représente le progrès, il veut non seulement nos autorout
283 vie représente le progrès, il veut non seulement nos autoroutes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes
284 rogrès, il veut non seulement nos autoroutes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes en face d’une crise
285 tes mais nos embouteillages… La vérité, c’est que nous sommes en face d’une crise absolument inévitable, et pourtant tout se
286 table, et pourtant tout semble continuer comme si nous avions du pétrole pour des siècles. C’est absurde. D’ici cinq ans, il
287 s-monde de rouler en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous, continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’au
288 er en auto, il s’agit de savoir si nous pourrons, nous , continuer à le faire pendant vingt ans ou moins… D’autre part, cela
289 ellement exclu que le tiers-monde rejoigne jamais notre niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matièr
290 matières premières dans le monde pour cela. Alors nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de donner l’exemple. C’est de cré
291 faire l’économie de cette crise industrielle qui nous guette, en remplaçant la technique dure par la technique douce beauco
292 de la santé, et qui est pourtant devenu jaloux de nos maladies. Lorsque, dans les années 1930, vous développiez pour la pre
293 rait là des solutions possibles à cette crise que nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notre groupe personnalist
294 nous connaissons aujourd’hui ? Oui, je crois que notre groupe personnaliste rassemblé autour des revues Esprit et L’Ordre
295 sez bien prévu ce qui était en train de se faire. Nous pressentions les désastres auxquels la productivité sans limites deva
296 tres auxquels la productivité sans limites devait nous conduire, non seulement d’un point de vue économique mais aussi socia
297 int de vue économique mais aussi social et moral. Nous disions que si des gens comme Hitler, Staline ou Mussolini bénéficiai
298 andes villes, la destruction de toute solidarité. Nous préconisions des solutions comme le service civil… Mais nous sommes r
299 isions des solutions comme le service civil… Mais nous sommes restés des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’app
300 s nous sommes restés des groupuscules parce qu’il nous manquait ce que j’appellerais un levier. Or ce levier, chose extraord
301 s comprenez, il n’y a rien à faire, les gens chez nous se feraient tuer pour ces frontières qui scindent les anciens royaume
302 , en somme, à la possibilité d’une renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de
303 e renaissance de notre civilisation. Je pense que nous sommes à l’aube d’un nouvel essor de la civilisation occidentale déco
304 rait la fin de l’humanité ? » Il m’a dit : « Non, nous avons essayé avec quelques amis de faire des calculs ; il restera bie
305 e ne veux pas préjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une visi
306 Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : no
307 s. J’ai une vision, disons chrétienne de la vie : nous sommes là pour faire quelque chose. J’imagine qu’un non-chrétien pour
308 de ces esprits humanistes ou encyclopédiques que notre siècle ivre de spécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est not
309 pécialistes semblait avoir chassés. L’Avenir est notre affaire relève en effet de disciplines aussi diverses que la science
310 que j’écrive ce qui allait devenir L’Avenir est notre affaire . J’étais plutôt réticent. Je multipliais les objections (j’a
311 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste », Hachette-Inf
312 e revenir — guides pour le passé et le devenir de notre civilisation. Il y a quelques mois, les Éditions Stock ont publié L’
313 mois, les Éditions Stock ont publié L’Avenir est notre affaire . Sous ce titre en forme de manifeste, Denis de Rougemont s’e
314 dégradation des relations humaines, caractérisent notre fin de siècle avec ses villes ingouvernables, ses ressources naturell
315 es. C’est à cette Apocalypse que tous les experts nous promettent, qu’il a opposé ses idées régionalistes et les expériences
316 Rougemont et de parler avec lui de L’Avenir est notre affaire , des thèmes qu’il aborde et des échos qu’il a suscités. »
11 1978, Articles divers (1978-1981). De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)
317 ns, mais une nécessité qui sera subie par tous si nous ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; q
318 s si nous ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; qu’elle n’est donc pas un vague idéalisme, mais
319 oliticiennes. ⁂ Prenons pour point de départ dans notre siècle l’année 1924. Cette année-là, à Vienne, le jeune comte Coudenh
320 n respect religieux de la souveraineté absolue de nos États. Étonnante anticipation sur la formule du Marché commun, qui na
321 té et des espoirs qui concordent étrangement avec les nôtres . […] Que l’orgueil et l’égoïsme éventuels des gouvernements, les prin
322 tre de Gaulle et les fédéralistes européens. Mais nous ne sommes encore qu’en 1944. Un an plus tard, la guerre finie, que va
323 Union européenne des fédéralistes. Leurs motifs ? Nous venons de les voir. Ce sont 1° le refus de toute nouvelle guerre euro
324 er la famille européenne, dans toute la mesure où nous le pouvons encore, et de l’assurer d’une structure à l’abri de laquel
325 aquelle elle puisse vivre en paix et en sécurité. Nous devons construire une sorte d’États-Unis d’Europe. Ainsi seulement, d
326 circuler mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre,
327 r, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
328 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
329 oderne. À défaut d’une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
330 nion librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
331 oit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’outremer associés à nos destinées,
332 ns édifier avec les peuples d’outremer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
333 politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
334 rce est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en él
335 t l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les
336 our en élargir le bénéfice à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son
337 ce à tous les hommes, que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la pa
338 de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous , Européens, rassemblés pour donner une voix à tous les peuples de ce
339 peuples de ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans les cinq articles suivants, qui résument les rés
340 ivants, qui résument les résolutions adoptées par notre congrès : 1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son éten
341 t les résolutions adoptées par notre congrès : 1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre cir
342 irculation des hommes, des idées et des biens. 2) Nous voulons une Charte des droits de l’homme, garantissant les libertés d
343 le libre exercice d’une opposition politique. 3) Nous voulons une Cour de justice, capable d’appliquer les sanctions nécess
344 nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les forces v
345 où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de to
346 ées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous prenons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans
347 enons de bonne foi l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos égli
348 l’engagement d’appuyer de tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos mili
349 s nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicau
350 ns nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et
351 n public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements
352 au vrai génie européen et à la culture commune de nos peuples, donnera lieu, un an après le congrès de La Haye, à la créati
353 epuis plusieurs années la plupart des journaux de nos pays, tout en lui consacrant de plus en plus de place dans leurs colo
354 s « unis » ou « confédérés » — dont les ministres nous répètent depuis trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous
355 s trente ans qu’elle est nécessaire et urgente —, nous sommes en présence d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pa
356 cela soit perdu — comme si tout cela n’était pas nous  ? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs étra
357 d’union. Rétablir la productivité industrielle ? Nous n’y avons que trop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’ép
358 elle ? Nous n’y avons que trop bien réussi : voir nos indices de gaspillage, d’épuisement des ressources non renouvelables,
359 d’épuisement des ressources non renouvelables, et nos indices de chômage. Assurer la paix ? Nos États se préparent plutôt,
360 es, et nos indices de chômage. Assurer la paix ? Nos États se préparent plutôt, pour rétablir leur balance commerciale, à
361 t de se faire entendre à l’échelle mondiale ? Ici nous devons confesser l’échec total : il n’y a pas, dans aucun domaine fon
362 les premiers à lancer la révolution industrielle, nous avons déjà fortement entamé nos ressources non renouvelables et nous
363 on industrielle, nous avons déjà fortement entamé nos ressources non renouvelables et nous ne pouvons plus compter sur un a
364 tement entamé nos ressources non renouvelables et nous ne pouvons plus compter sur un accès automatique à la plupart de nos
365 compter sur un accès automatique à la plupart de nos sources extérieures d’approvisionnement. La crise du pétrole en 1973
366 ent. La crise du pétrole en 1973 a montré combien notre économie était devenue vulnérable à des événements politiques lointai
367 des événements politiques lointains sur lesquels nous n’exerçons aucun contrôle, et qui nous trouvent d’autant plus désarmé
368 r lesquels nous n’exerçons aucun contrôle, et qui nous trouvent d’autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premie
369 , et qui nous trouvent d’autant plus désarmés que nous n’avons aucun plan de premiers secours mutuels, ni aucune politique c
370 Europe. Tous les observateurs lucides de l’époque nous répètent qu’il s’agit désormais d’orienter autrement le « développeme
371 mais d’orienter autrement le « développement » de notre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les prem
372 tre société, et de revoir la définition de ce que nous avons été les premiers dans le monde et pendant longtemps les seuls à
373 stes, socialistes et libéraux ? Mais si cela doit nous mener de crise en crise et de pénuries en famines au désastre final d
374 quelle ne peut pas être comptabilisée ? Demandons- nous alors qui peut imaginer, vouloir et réaliser ce changement de cap. Il
375 rd’hui de reproduire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons
376 ire chez lui les causes mêmes de notre crise ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (I
377 ; il nous accuse de vouloir l’en frustrer dès que nous tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos e
378 s tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole q
379 vertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole qui exigent des c
380 t nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénuries de pétrole qui exigent des centrales nucléaires, etc.) Il y
381 plus c’est grand et mieux cela vaut. Reste alors notre « vieille Europe » : elle a été la première à inventer le Progrès, pu
382  : quelle Europe ? Car il y en a deux. L’histoire nous montre la naissance dans la Grèce des cités autonomes, d’une Europe d
383 mesure, et de la tolérance socratique. Mais elle nous montre aussi, dans la Rome impériale la naissance de ce qui deviendra
384 euxième Europe qui s’oppose à l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est cet
385 l’union fédérale de nos peuples, seul espoir qui nous soit proposé. Et par malheur, c’est cette deuxième Europe que le tier
386 evant les grands défis mondiaux que j’ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous
387 j’ai évoqués, nous ne gardons quelques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous ne pourrons survivre aux crises inév
388 lques chances de nous en tirer que tous ensemble. Nous ne pourrons survivre aux crises inévitables en nous bornant à leur op
389 us ne pourrons survivre aux crises inévitables en nous bornant à leur opposer fermement nos prétendues « souverainetés natio
390 vitables en nous bornant à leur opposer fermement nos prétendues « souverainetés nationales », c’est-à-dire de la rhétoriqu
391 à-dire de la rhétorique. Le choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situatio
392 e choix est simple : ou nous périrons un à un, ou nous survivrons fédérés. Telle étant la situation de l’Europe dans la conj
393 la réalité de l’état de division du continent. Si nous nous sentions Européens, membres d’une communauté fédérale d’environ
394 alité de l’état de division du continent. Si nous nous sentions Européens, membres d’une communauté fédérale d’environ 400 m
395 les 100 millions des satellites de l’Est puissent nous rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes excessives les 220 m
396 des satellites de l’Est puissent nous rejoindre, nous pourrions regarder sans craintes excessives les 220 millions d’Améric
397 Super-Grands additionnés n’atteindraient même pas notre taille ! Il est bien clair que le nombre des habitants ne dit pas tou
398 ou le bonheur d’un peuple, mais s’il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités, cet exemple i
399 es quantités, cet exemple illustre assez bien que notre défaitisme actuel n’est justifié que par notre état de division, par
400 ue notre défaitisme actuel n’est justifié que par notre état de division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représen
401 é que par notre état de division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représentations exagérément pessimistes, et dan
402 division, par le refus de nous fédérer. Derrière nos représentations exagérément pessimistes, et dans l’attente d’une réun
403 d’injustices intolérables. Il n’est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de l
404 lérables. Il n’est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une manipulation de la valeur d’échan
405 rs la guerre. Devant cette menace totale — née de nos œuvres, ne l’oublions pas —, la vocation de l’Europe est de donner au
406 ressions irréversibles contre la Nature et contre nos descendants durant vingt-quatre-mille ans (car telle est la « période
407 » du plutonium que l’on se prépare à stocker dans nos cavernes) ; 3° réduire ainsi au minimum la centralisation, qui toujo
408 ours plus angoissante des relations humaines dans notre société : égoïsme de classe, délinquance, prises d’otages, terrorisme
409 a formation progressive de fédérations de régions nous paraissent désormais évidents, les moyens d’amorcer la pratique des r
410 es populaires et de la jeunesse la plus active de nos pays, dans toutes les classes, pas seulement chez les intellectuels.
411 nse monte lentement dans les consciences et déjà, nous le voyons déterminer l’actualité européenne la plus brûlante : c’est
412 ant mais sans violence, et de croire de nouveau à notre avenir commun. Écologie – régions – Europe : même avenir ! ⁂ Cette t
413 eusement motivée : l’avenir de l’Europe est aussi notre affaire ! t. Rougemont Denis de, « De l’Europe des États coalisés
12 1978, Articles divers (1978-1981). Pleine page sur Denis de Rougemont (14-15 mai 1978)
414 rès de la porte d’Orléans : le « Moulin Vert » et nous avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ai fait la connaissa
415 le « Moulin Vert » et nous avions donné ce nom à notre club. C’est là que j’ai fait la connaissance d’Emmanuel Mounier, Jacq
416 ur lorsque l’équivoque est entretenue à ce sujet. Nous voulions une évolution basée sur la liberté des personnes et non sur
417 des personnes et non sur la puissance collective. Nous étions communalistes, partisans de la libre entreprise gérée par l’au
418 udhon qui dénonçait déjà la folie des frontières. Notre cheval de bataille, c’était le service civil pour tous, afin de prend
419 Et pour démontrer que l’expérience était possible nous sommes allés travailler en usine pendant nos vacances universitaires
420 ble nous sommes allés travailler en usine pendant nos vacances universitaires afin que des ouvriers puissent bénéficier de
421 rois semaines de congés payés en leur abandonnant nos salaires. Quelques années plus tard, avec le Front populaire, les con
422 populaire, les congés payés se sont généralisés. Notre groupe a découvert très vite que les démocraties de l’Ouest allaient
423 guerre contre le totalitarisme, que cette guerre, nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre, mais celle des na
424 nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre , mais celle des nationalismes. Lecteur français à l’Université de Fra
425 libraires de Vichy. … La guerre est arrivée comme nous l’avions toujours su. J’ai été mobilisé en Suisse. Esprit a été int
426 rdit. L’Ordre nouveau a cessé de paraître. Mais notre mouvement de pensée s’est transmis à travers la Résistance et est res
427 rs la Résistance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaie
428 Résistance et est ressorti à Montreux quand nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient ét
429 nous nous sommes retrouvés en 1947. La plupart de nos amis allemands avaient été décapités mais au cours du conflit nous ét
430 ds avaient été décapités mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les fronti
431 s mais au cours du conflit nous étions parvenus à nous retrouver quatre fois en traversant les frontières en guerre. Il y av
432 ux pour préparer un manifeste européen par lequel nos idées survivaientx. Nous voulions que soit dépassé le dogme de la sou
433 feste européen par lequel nos idées survivaientx. Nous voulions que soit dépassé le dogme de la souveraineté nationale. Quan
434 ’Europe par la culture. L’idée s’est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’êtes-vous pas trop déçu par le retard accumulé dans
435 t s’effondrer. À l’époque du congrès de Montreux, nous étions quelque cent-mille membres à militer dans l’Union européenne d
436 ujourd’hui que quelques milliers de cotisants. Il nous a manifestement manqué un levier pour soulever le poids de l’indiffér
437 l’humanité jusqu’au seuil de l’an 2000 mais un de nos ministres a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais vos idées en
438 serais renversé dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont tro
439 dans les huit jours ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour c
440 un échec ? Je suis assez satisfait de ce retard. Nous en profitons à l’Institut pour préparer un rapport sur l’état de l’un
441 méliorer les voies de communication sans détruire nos cultures ou nos rues. Comme le problème est le même pour les communes
442 es de communication sans détruire nos cultures ou nos rues. Comme le problème est le même pour les communes voisines, la so
443 est au niveau de la région qui est le mot-clé de notre avenir si nous le voulons démocratique. Sur un autre plan la lutte c
444 e la région qui est le mot-clé de notre avenir si nous le voulons démocratique. Sur un autre plan la lutte contre la pollut
445 au moins quarante-cinq régions transfrontalières. Nous avons un exemple de ce qui peut se faire avec la région genevoise. Vi
446 pour prendre des mesures à travers la frontière. Nous sommes passés là de la théorie à la réalisation sur le terrain. On y
447 législation sociale, d’enseignement, d’écologie ( nous avons à assurer en commun la protection du lac Léman). C’est du bon t
448 x la définition de Jean Fourastié : « l’Europe va nous tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’auron
449 rastié : « l’Europe va nous tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». J
450 sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». Je crois aux jeunes pour faire l’Eur
451 ne s’arrêtent pas aux frontières. C’est pourquoi nous avons lancé une campagne d’éducation civique européenne reprise par B
452 de moi-même à la remise en état de cette maison”, nous a dit Denis de Rougemont après nous avoir accueilli dans l’ancienne é
453 ette maison”, nous a dit Denis de Rougemont après nous avoir accueilli dans l’ancienne écurie devenue un vaste cabinet de tr
454 ause d’elle que son dernier ouvrage L’Avenir est notre affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté
455 venir est notre affaire a tant tardé à paraître. Nous aurions eu quelque difficulté à l’imaginer dans un autre cadre, ce ré
456 Denis de Rougemont s’interroge sur la finalité de notre civilisation et s’il affirme que “se gouverner vaut mieux qu’être bie
457 (un slogan des autonomistes écossais), c’est pour nous amener à la réflexion sur l’importance de l’autogestion politique. Il
458 n sur l’importance de l’autogestion politique. Il nous a également rappelé ce qu’écrivait Paul Valéry au lendemain de la der
459 i les concernent et qui ont été prises sans eux”. Nous pensions donc trouver à Ferney un observateur attentif mais distant d
460 eur attentif mais distant du monde d’aujourd’hui. Nous avons trouvé un vigoureux contestataire de la société actuelle et qui
13 1978, Articles divers (1978-1981). Questions gênantes mais fécondes (26 juillet 1978)
461 que. Elle interpelle globalement tout l’effort de notre civilisation industrielle, scientifico-technique, quantitative, vouée
462 e : « Jusqu’à quand et jusqu’où la croissance que nos gouvernements sont unanimes à prôner — ils n’en discutent plus guère
463 l n’y croyait pas. Voilà qui est grave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement notre interrogation fondamentale : « À
464 ave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement notre interrogation fondamentale : « À quelle date la croissance industriel
465 vont et refusent même de ralentir pour y penser : nous tous, je le crains. Mais attention : résoudre les problèmes que nous
466 ains. Mais attention : résoudre les problèmes que nous pose la croissance, au sens actuel, ce ne serait pas encore le bonheu
467 ou de gauche et, avec eux, l’immense majorité de nos contemporains. Et c’est ce que pourra faire sentir à quelques-uns cet
14 1978, Articles divers (1978-1981). Paradoxes marxiens (septembre 1978)
468 ignore généralement, c’est le Marx précurseur de notre écologie. Plus de cent ans avant la crise déclarée sous nos yeux, alo
469 ie. Plus de cent ans avant la crise déclarée sous nos yeux, alors que les villes, au sens actuel de la Chose, n’étaient enc
470 il n’y a pas seulement Staline, comme on a voulu nous le faire croire ; il n’y a pas seulement le Lénine de mars 1918, décl
471 au congrès du parti communiste : « En ce moment, nous sommes absolument pour l’État.12 » Il y a tout simplement le Marx du
15 1978, Articles divers (1978-1981). Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)
472 caine] (24 septembre 1978)aa ab D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
473 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. Spinoza Quand on arrive chez C. F. Ramuz, dans une
474 s ? Jusqu’à Bordeaux, ce sont des musulmans… Ici, nous sommes Savoyards. Les deux rives du Léman et la vallée du Rhône, c’es
475 t une même civilisation. De ce côté-ci du lac, on nous a fait devenir protestants, c’est-à-dire qu’on a voulu remplacer nos
476 protestants, c’est-à-dire qu’on a voulu remplacer nos verres de vin blancs par des tasses de thé, mais c’est superficiel… E
477 utes les langues… » Et Ramuz s’empare d’un atlas. Nous ne parlerons que de géographie, de races… Non, il avise un petit nid
478 de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que Ramuz nous fait voir. À travers le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanité. ⁂
479 e (Si le Soleil ne revenait pas, Les Signes parmi nous ), sa réalisation (Présence de la mort) ou ce qui la suivra (Joie dans
480 e la poésie qu’avec l’antipoétique — écrit Ramuz. Nos vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme les a
481 les questions dernières : le voici dressé devant nous , comme si Dieu venait parler lui-même sur les places et dans les café
482 urs, celles qui rassurent… Ainsi les catastrophes nous ont surpris, en 1939 dans notre Europe, un peu plus tard, ici, le soi
483 i les catastrophes nous ont surpris, en 1939 dans notre Europe, un peu plus tard, ici, le soir de Pearl Harborad. On devait s
484 pas. C’était vrai et ce n’était pas possible. Et nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz : nous avons refusé de voi
485 nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz : nous avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos c
486 e voir les signes. Ils sont entrés lentement dans nos consciences. Et la vie s’est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas d’a
487 ues les plus profondes que l’on puisse prendre de notre condition d’êtres condamnés en principe, faits pour aimer, destinés à
16 1978, Articles divers (1978-1981). L’amour, pas la guerre (19-25 octobre 1978)
488 énéfices de l’armement Il n’y a pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de société. L’État-nation fo
489 pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de société. L’État-nation fonctionne pour la guerre. C’est sa vo
490 Doit-on encore le démontrer ? Avec les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit intern
491 le démontrer ? Avec les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit international qui, à c
492 les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit international qui, à coup sûr, éliminerait
493 ûr, éliminerait le genre humain. Tout ce que l’on nous raconte pour nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirige
494 genre humain. Tout ce que l’on nous raconte pour nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirigeants, les centrale
495 our nous rassurer est mensonge. De l’aveu même de nos dirigeants, les centrales nucléaires n’auront plus de raison d’être d
496 attendant le déluge… l’énergie nucléaire devient notre principale source de revenus. Et l’on oublie, entre autres, les énerg
497  ! nul ne souhaite la fin prématurée de l’espèce. Nous avons cependant atteint un seuil critique. Si le risque est mortel (t
498 uce, l’air, les sols. Les déchets radioactifs que nous sommes obligés de stocker (mais où ? pour l’instant on les jette dans
499 constante pendant… cent-mille ans ! Beau cadeau à nos descendants ! Halte aux pouvoirs anonymes « L’Amoco-Cadiz » ne
500 réoccupe pas seulement de cet aspect effrayant de notre « désolante civilisation qui dégrade tout et convertit en un slogan,“
501 un scénario, celui-ci infiniment plus optimiste. Nous avons les moyens de sauver in extremis « l’environnement », la nature
502 bitants. Mais ce sauvetage n’aurait aucun sens si nous ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore l
503 ne sommes plus là ou, ce qui revient au même, si nous sommes encore là mais aliénés, incapables de jouir de la vie. Les gen
504 ées que j’évoque dans mon projet : « L’avenir est notre affaire ». L’État-nation ne doit plus empêcher les régions de s’expri
505 foule solitaire. » Pour que le meilleur gagne en nous , ajoute-t-il, il nous faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se
506 ur que le meilleur gagne en nous, ajoute-t-il, il nous faut d’abord le rendre présent, l’anticiper, se demander : « Que puis
507 ibles à l’aspect « œuvre commune » du mariage que nous l’étions autrefois. Je vois là une espérance. Pour moi, le couple de
508 onsidérable. Tous ensemble, et quelles que soient nos tendances politiques, nous allons enfin tenter de réaliser, autrement
509 , et quelles que soient nos tendances politiques, nous allons enfin tenter de réaliser, autrement que par la force, un conti
510 Rougemont. Dans son dernier livre : L’Avenir est notre affaire (ouvrage passionnant pour qui veut comprendre les bouleverse
511 alisme européen évitera la catastrophe à laquelle nous condamnent inéluctablement les “États-nations”, comme il surnomme les
512 ont, l’État, tel qu’il s’est constitué, maître de nos vies et de nos destins, a étouffé les particularismes régionaux qui f
513 l qu’il s’est constitué, maître de nos vies et de nos destins, a étouffé les particularismes régionaux qui faisaient le gén
514 qui faisaient le génie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que notre liberté personnelle se confondait avec la nation
515 ie de l’Europe. Il a réussi à nous convaincre que notre liberté personnelle se confondait avec la nation. Le système, hérité
516 e l’organisme vivant qui le compose. C’est-à-dire nous tous. Sous menace de disparaître, le système doit tout contrôler de p
517 lysant ce qui se passe dans les pays développés — nos États-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu
518 ts-nations — il sonne une nouvelle fois l’alarme. Nous avons rendu visite à Denis de Rougemont. Nous lui avons demandé de ré
519 me. Nous avons rendu visite à Denis de Rougemont. Nous lui avons demandé de résumer ce qui le tourmentait et ce qu’il propos
17 1978, Articles divers (1978-1981). Dialogue-interview avec Denis de Rougemont (novembre 1978)
520 us d’importance à l’avenir ? Les vrais acteurs de notre vie politique ne sont pas les partis socialistes mais les syndicats ;
521 sives (même si elles ne sont pas majoritaires) de notre vie politique. Ces formations ne sont ni de gauche, ni de droite ; el
522 écoute pas. » C’est donc eux qu’il faut suivre si nous voulons que la démocratie, non la technocratie, nous guide vers un av
523 s voulons que la démocratie, non la technocratie, nous guide vers un avenir vivable. Il faudrait pouvoir amener les gens à s
524 est la solution que vous proposez. Pourriez-vous nous préciser comment ce nouveau système s’articulerait ? Prenons garde to
525 n faut que ces droits existent dans la plupart de nos États-nationaux. Quelques exemples : le français est brimé dans le Va
526 a langue de son origine, de sa région. En Suisse, nous savons cela. Dans le canton des Grisons, on ne parle pas seulement l’
527 siècle les nationalismes stupides qui essaient de nous faire croire que l’Europe est l’addition de 25 cultures nationales, a
528 fants qui auront à affronter, demain, la crise de notre civilisation. Il faudra qu’ils apprennent que small is beautiful, que
529 omplir dans la communauté. M. Denis de Rougemont, nous vous remercions. ai. Rougemont Denis de, « [Entretien] Dialogue-in
18 1978, Articles divers (1978-1981). Le choix du siècle (novembre 1978)
530 ix se portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soit une société centralisée « exploitée de façon quasi milita
531 . Car il dépend essentiellement des finalités que nous voulons donner à notre vie : puissance collective et prestige de l’Ét
532 iellement des finalités que nous voulons donner à notre vie : puissance collective et prestige de l’État national — ou au con
533 Qui décidera ? 3. Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nou
534 hoix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les
535 il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pa
536 pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de
537 le dans les veines de la femme auprès de laquelle nous dormons » (déclaration du physicien Louis Leprince-Ringuet lors d’une
538 jour ou l’autre, vu l’inépuisable ingéniosité de nos techniciens — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire
539 e ingéniosité de nos techniciens — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de
540 être des hommes (ce qui n’est pas bien évident…), nous place devant le dilemme inévitable : centrales nucléaires ou chômage
541 ucléaire à peu près seule. Le seul espoir pour notre société occidentale 5. Nous sommes ici en présence d’une réaction
542 seul espoir pour notre société occidentale 5. Nous sommes ici en présence d’une réaction réellement démocratique et fédé
543 que économique avec l’image de l’homme à laquelle nous aspirons et les conditions politiques que nous souhaitons ». Le seul
544 le nous aspirons et les conditions politiques que nous souhaitons ». Le seul espoir, pour notre société occidentale, réside
545 iques que nous souhaitons ». Le seul espoir, pour notre société occidentale, réside dans des réactions spontanées de ce type,
546 nts qui m’ont le plus frappé, dans le rapport qui nous est présenté — Jenseits der Sachzwange : Au-delà des contraintes des
547 = moins d’emplois I. La pléthore d’énergie que nous vaudraient les centrales nucléaires serait nécessairement un facteur
548 n sur l’emploi ». À quelle croissance aspirons- nous  ? II. On présente les écologistes comme des ennemis du progrès. Il
549 comme des ennemis du progrès. Ils répondent avec notre document, que toute la question reste de savoir — « qu’est-ce qui doi
550 ion à la page 180 : « Par croissance qualitative, nous entendons une offre plus riche de ces biens qui rendent la vie plus d
551 je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la vie sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier d
552 p. 5-6. ah. Présenté par la notice suivante : «  Nous présentons ici le texte complet du discours de D. de Rougemont, prono
553 lors de la conférence de presse où fut présentée notre Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du ch
554 tée notre Conception globale de l’énergie suisse. Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabo
555 Nous sommes à la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que ja
556 iècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que jamais, décider démocratiquement des aff
557 jamais, décider démocratiquement des affaires de notre pays. » Une note finale précise : « Les titres des paragraphes sont d
19 1979, Articles divers (1978-1981). Genève et l’Europe : un exemple de coopération transfrontalière [préface] (1979)
558 sque parut, il y a onze ans, le premier numéro de notre publication consacrée au problème régional : Naissance de l’Europe d
559 ement spéculatif, voire « trop nouveau » comme on nous le signifia, donc dépourvu de sérieux scientifique. Aujourd’hui c’est
560 niveau national dans les pays les plus divers de notre Europe : agitation ethnique et réaction jacobine en France, nouvelle
561 le rythme régulier de son progrès, le recueil que nous présentons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en
562 tons tient une place tout à fait particulière. Il nous parle en effet d’une région dont la formule se prête le mieux à la gé
563 s réguliers. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue de la g
564 formés pour étudier méthodiquement la région que nous appelions « lémano-alpine » dans sa plus grande extension, et qui all
565 n des régions frontalières » en 1972 — à laquelle notre Institut fut étroitement associé et dont notre bulletin publia les ra
566 le notre Institut fut étroitement associé et dont notre bulletin publia les rapports et les résolutions. D’autres manifestati
567 al suisse de la recherche scientifique (FNRS) que nous remercions ici une fois de plus. ak. Rougemont Denis de, « [Préface
20 1979, Articles divers (1978-1981). Hypothèses directrices pour la recherche d’un modèle de région transfrontalière (1979)
568 t encore à construire et sur laquelle n’existe, à notre connaissance, aucune étude fondamentale et systématique, la région fr
569 États régnant de part et d’autre de la frontière. Nous ne parlerons ici que des régions du second type, celles qui ne cesser
570 disparaissait. I. Les données du problème 1. Nous constatons d’abord que les problèmes écologiques, économiques, énergé
571 égions frontalières (non ces régions elles-mêmes, nous y reviendrons). 3. L’État-nation à souveraineté illimitée dans ses fr
572 ation civique réelle. Ceci, qui est capital, doit nous conduire à éliminer les définitions technocratiques, voire étatiques
573 il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notre avis, de partir des réalités locales et de constituer des pouvoirs lo
574 e, moyens de chantage sur les voisins). e) Enfin, nous devrons nous méfier d’expressions telles que « découpage des régions 
575 chantage sur les voisins). e) Enfin, nous devrons nous méfier d’expressions telles que « découpage des régions », ou « taill
576 s intérêts du Pouvoir central. Ces considérations nous orientent toutes vers la recherche d’une définition fonctionnelle des
577 : celle des économistes et celle des ethnicistes. Nous les avons renvoyées dos à dos dans les remarques précédentes. Partant
578 isse, centrée sur la « cuvette genevoise » et que nous avons baptisée Région lémano-alpino. Les fonctions essentielles qui a
579 elle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous avions esquissé la possibilité devant plusieurs recteurs suisses et p
580 ait écrit trois opuscules dans cette langue, dont nous ne connaissons plus que quelques mots, les paroles de Cé qu’è lainô p
581 sauraient être localisées de la même manière sur notre carte. Sans liens constants avec un territoire, elles définissent des
582 est normale. Elle était implicitement prévue par nos hypothèses de travail. Si l’on refuse la pseudo-solution unitaire, st
583 la pluralité des allégeances, pour la majorité de nos contemporains, c’est une espèce de scandale, c’est quelque chose d’im
584 d’impensable dans le cadre stato-national auquel nous a formé l’École aux trois degrés. (Mon pays bien clairement marqué « 
585 esançon, Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds) ? Pour nous , la « vraie » région sera celle où se vérifieront des relations circu
586 n inégalement superposées ou contiguës. Telle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question c
587 lle est notre actuelle hypothèse de travail. Elle nous amènera vite à la question cruciale de la politique régionale proprem
588 collecte d’informations qui est en cours, et que nous avons initiée avec l’appui très efficace des services français de la
589 le de région à la fois fonctionnel et systémique, nous avons entrepris une série d’enquêtes portant sur les flux commerciaux
590 ration, ne pourra pas être établi avant la fin de nos enquêtes sur les secteurs mentionnés. IV. Développements politique
591 te pour sauver le mode de vie cher aux Européens. Nous voyons là une raison de plus, et décisive, d’intensifier la recherche
592 ntensifier la recherche régionale. Convaincus que nous sommes que le salut de l’Europe et de l’Occident tout entier dépend d
21 1979, Articles divers (1978-1981). Le mythe et l’opéra (1979)
593 Le mythe et l’opéra (1979)aj Nous sortons à peine d’une période où l’on disait l’opéra passé de mode, p
594 sement liée à l’ère bourgeoise dans l’histoire de notre culture européenne qui avait été jusqu’alors celle des styles et de l
595 a fois la communication et l’action concertée. Et nous redécouvrons qu’il n’y a dans la culture rien de plus sérieux qu’une
596 yal. Grâce aux études de Freud sur l’inconscient, nous entrevoyons la portée de ce que Baudelaire nommait « la rhétorique pr
597 Baudelaire nommait « la rhétorique profonde ». Et nous commençons à comprendre à la lumière des archétypes de C. G. Jung la
598 pes sont plus réels que les individus décrits par nos romans — pour ne rien dire de ceux que nous côtoyons —, c’est que le
599 ts par nos romans — pour ne rien dire de ceux que nous côtoyons —, c’est que le Mythe, à travers conventions, rhétorique pro
600 rofonde, archétypes, exerce son empire sur toutes nos créations dans les domaines de l’âme et de l’affectivité. Et ces créa
601 vité. Et ces créations à leur tour vont gouverner nos sensibilités. « Combien d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient ja
602 ner. C’est par lui que la passion est entrée dans nos mœurs, envoûtante et parfois mortelle. Tous les grands opéras, tous l
603 n un mythe nouveau. « La musique savante manque à notre désir » (Rimbaud). Mais l’opéra, impatiemment interrogé par la jeunes
22 1979, Articles divers (1978-1981). Formule d’une Europe parallèle ou rêverie d’un fédéraliste libertaire (1979)
604 i pouvait le porter à l’indulgence — d’autant que nous étions de la même année —, j’avais souhaité soumettre au jugement du
605 llustre la croissance zéro. Depuis trente ans que nos chefs d’État la disent urgente, notre union n’a cessé de ne pas avanc
606 rente ans que nos chefs d’État la disent urgente, notre union n’a cessé de ne pas avancer. J’y vois la preuve qu’on ne peut l
607 peu que ce soit les frontières que décrètent, sur notre péninsule, le hasard des guerres et le jeu des traités. « Une région
608 Je voyais les quarante régions qui naissent sur notre continent : du Schleswig à Bâle par la Frise et la vallée du Rhin ; d
609 Rien n’empêchera — selon les lois en vigueur dans nos États démocratiques — toutes ces régions, si elles le désirent, de se
610 l’homme, la cité et la nature, dans l’ensemble de nos pays. Dans le cadre de cette politique générale, rien n’empêchera, bi
611 t-être les besoins de l’État, mais assurément pas les nôtres . Rien n’empêchera, enfin, que les assemblées annuelles ne fonctionnen
612 etés, peut-être sans lendemain, même obtenues. Si nous voulons l’Europe — et nous pourrons l’avoir —, c’est au village ou da
613 ain, même obtenues. Si nous voulons l’Europe — et nous pourrons l’avoir —, c’est au village ou dans les communes de quartier
614 au village ou dans les communes de quartier qu’il nous faut exiger les moyens de la construire, qui sont très simples : le d
615 es raisons tout à fait claires : elle serait pour notre société déjà menacée par l’explosion démographique, une catastrophe s
23 1979, Articles divers (1978-1981). Notes pour une éthique du fédéralisme (1979)
616 979)an 1. L’un des lieux communs fondateurs de notre société européenne, et peut-être le plus fondamental de tous, a consi
617 à procèdent les vertus qui composent, à l’insu de nos contemporains, l’éthique du fédéralisme, c’est-à-dire de la seule soc
618 Dans la tâche de devenir chacun soi-même réside notre commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de
619 cun soi-même réside notre commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le bu
620 oi-même réside notre commune condition. Tous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le but de
621 ous nous nous ressemblons en ceci : que chacun de nous est un unique. Or le but de la société, en tant qu’humaine, est de pe
622 cependant, on s’aperçoit que les « réalistes » de notre société scientifico-technique sont en fait les victimes des clichés d
623 généraux, finaux, de la Société. Le « réalisme » nous conduit à la guerre, mais la survie du genre humain dépendra du respe
24 1979, Articles divers (1978-1981). Un foyer de culture (janvier 1979)
624 ment 92, trad. Simone Weil.) De ce temps jusqu’à nous , tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre
625 à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive de notre histoire : l’antinomie de l’Un et du Divers, l’unité dans la diversit
626 vente la cité (polis, d’où politique, dans toutes nos langues : Politik, policy, politica, etc.) et elle la fonde sur le pa
627 r, des passions et des volontés de l’esprit. Tous nos poèmes d’amour, de l’Espagne à la Russie, dérivent de la cortezia des
628 la cortezia des troubadours du xiie siècle. Tous nos romans dérivent du Tristan primitif de l’Anglo-Normand Béroul, dans l
629 aux institutions et aux coutumes civiques, qu’ils nous interdiraient de croire à l’existence d’une unité de culture, du moin
630 tales et spécifiques de l’Europe. 3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses, et si jalousement entretenues qu’on pe
631 hénomène stato-national. J’avais tort en ceci que nos États-nations tentent bel et bien de créer par décrets ces « cultures
632 ons, le rayonnement des foyers locaux, et rouvrir nos pays aux grands courants continentaux, foyers et grands courants qui
633 l’uniformité reste stérile. Vienne et Paris Notre époque a fourni deux illustrations mémorables à ces règles tout empir
25 1979, Articles divers (1978-1981). Quand la Perse renverse l’Iran (21 février 1979)
634 le philosophe et théologien allemand Georg Picht nous rappelait que « si les exportateurs de centrales nucléaires avaient c
635 ant l’Histoire, bien plus que les péripéties dont nous allons être témoins. Si l’URSS parvient à manipuler les éléments anti
636 recouvrée menacera tout le sud de l’URSS… Ce que nous savons, et qui ne sera plus changé par rien, c’est que, pour une fois
637 mène unique dans l’histoire moderne : le rejet de notre civilisation industrielle occidentale par un peuple du tiers-monde qu
26 1979, Articles divers (1978-1981). Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)
638 Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)av « Tout change, sauf le cœur huma
639 le aux variations de temps et de latitude. Ce que nous nommons l’amour-passion est ignoré de l’Inde et de la Chine. On n’y c
640 n’y connaît pas de mot pour le traduire. « Quand nous éprouvons quelque chose qui ressemble à ce que décrivent vos romans,
641 os romans, me confiait un ami hindou, tout ce que nous pouvons dire, c’est It’s romance ! ». Les Grecs et les Romains ne nou
642 est It’s romance ! ». Les Grecs et les Romains ne nous ont rien laissé qui se puisse comparer à Tristan ni à Werther, à Nova
643 rs siècles du christianisme ? Définissons d’abord nos termes. La sexualité est l’instinct qui ordonne l’individu aux finali
644 de la personne totale dans le don. Quand on loue notre époque d’avoir enfin « libéré l’amour » autrefois enchaîné par « la c
645 réglementaient n’était jamais l’amour au sens où nous l’entendons et qu’ils ignoraient totalement, mais les rapports sexuel
646 e ?) Les seuls obstacles réels de l’amour sont en nous  : sécheresse, blessures spirituelles, anxiété de l’orgueil tourné en
647 tout autre affaire. La liberté dans la sexualité, nous en jouissons et en souffrons plus que toute autre civilisation connue
648 ns dans le domaine sexuel sont négligeables parmi nous , si on les compare à celles qu’entraîne la simple tentative de traver
649 nions politiques même non déclarées publiquement. Nous sommes loin des sociétés qui lapidaient les adultères, prescrivaient
650 e — et non l’absence de la liberté sexuelle parmi nous qui pose un problème sérieux. ⁂ La réaction nommée écologie à l’agres
651 [Ndlr]. av. Rougemont Denis de, « Cet amour qui nous rendrait la liberté », Le Sauvage, Paris, mars 1979, p. 8-9.
27 1979, Articles divers (1978-1981). « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)
652 «  Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax
653 « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)aw ax J’entends dire que l’id
654 fin de xxe siècle : si l’Europe ne se fait pas, nous allons à la catastrophe, non seulement européenne, mais mondiale. Pou
655 ès simple. C’est l’Europe qui a créé le monde que nous connaissons, en ce sens qu’en créant la première civilisation industr
656 venu complètement utopique. Saint Thomas pourtant nous avait prévenus : « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais nous
657  : « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais nous avons perdu de vue cette vérité aussi fondamentale que deux et deux f
658 aussi fondamentale que deux et deux font quatre. Nous nous sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et qu
659 i fondamentale que deux et deux font quatre. Nous nous sommes imaginés que la terre, loin d’être une sphère finie et que rie
660 otale ! Ça durera bien jusqu’à ma retraite ! Nous le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, p
661 ontinue. Simplement, parce que le raisonnement de nos dirigeants c’est de se dire : « Après moi le déluge ! ». « Ça durera
662 industriel qui a été imité par le reste du monde nous conduit tous à l’impasse absolue, l’Europe se doit à nouveau de donne
663 ys de l’Est qui, un jour ou l’autre, finiront par nous rejoindre ; l’État soviétique ne pourra pas toujours les maintenir en
664 toujours les maintenir en état de servage… Tous, nous sommes tous faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périr
665 vage… Tous, nous sommes tous faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périrons séparés. Cette évidence saute aux
666 us faits pour l’Europe. Nous subsisterons unis ou nous périrons séparés. Cette évidence saute aux yeux. La plupart des grand
667 ux yeux. La plupart des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés — économiques, énergétiques, monétaires, militaires
668 droite, c’est une évidence à laquelle il faut que nous nous fassions. Du coup également, les besoins alimentaires du tiers-m
669 e, c’est une évidence à laquelle il faut que nous nous fassions. Du coup également, les besoins alimentaires du tiers-monde
670 uencer le comportement d’autrui, c’est le seul. » Nous n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’
671 e seul. » Nous n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombre
672 nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujour
673 . D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule
674 ue nous sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule, cap de l’Asie é
675 us sommes plus nombreux que nous ne pensons. Nous nous imaginons toujours l’Europe comme une péninsule, cap de l’Asie écrasé
676 comptent que 220 et la Russie 250… Alors pourquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que
677 220 et la Russie 250… Alors pourquoi nous sentons- nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations
678 rs pourquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce
679 urquoi nous sentons-nous écrasés ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce soit
680  ? Parce que nous nous comptons par nation et que nos nations sont trop petites. Que ce soit le Luxembourg ou que ce soit l
681 embourg ou que ce soit la France n’y change rien. Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. «
682 Nous sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Depuis des siècle
683 sommes tous trop petits ! Donc, il faut que nous nous unissions. « L’illusion » de Jean Monnet Depuis des siècles l’i
684 toutes couleurs : le matérialisme au fond domine nos sociétés, à Moscou ou à Washington, à Paris ou à Londres, ou à Bonn…
685 t, que les États-nations sont condamnés. Aucun de nos États désunis n’est en mesure de faire face correctement aux tâches q
686 e le gouvernement d’une nation est censé assurer. Nos souverainetés nationales ne peuvent résister ni à la colonisation éco
687 de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre propre crise… Je le répète, les États-nations sont condamnés puisqu’i
688 pétant que l’État-nation est sacré. Alors, qu’ils nous démontrent que cet État-nation fonctionne ! » L’Europe politique e
689 ’Europe ? Où sont les avantages qu’on ne cesse de nous promettre ? » Denis de Rougemont répond : Regardons ce qui est acquis
690 rnières années. « À force d’avoir dit : “unissons- nous , unissons-nous”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu
691 « À force d’avoir dit : “unissons-nous, unissons- nous ”, on finissait par douter… » Mais l’espoir est revenu : « Des forces
692 Mais l’espoir est revenu : « Des forces nouvelles nous appuient du côté des écologistes, des régionalistes ! ! » Écologie
693 en effet ce n’est qu’une mode, si le bétonnage de nos campagnes en est une ! » Mais la région ? N’est-ce pas contradictoire
694 la solution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est p
695 lution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouvons confrontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est pas la
696 à rien. aw. Rougemont Denis de, « [Entretien] Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! », Panorama aujourd’hui
697 enis de, « [Entretien] Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! », Panorama aujourd’hui, Paris, avril–mai 1979, p.
698 te : “Au cours de cet échange, Denis de Rougemont nous a résumé l’essentiel d’un livre qu’il publie ces jours-ci, sous le ti
699 isseurs internationaux et européens. Un livre que nous ne saurions trop vous recommander de lire à la veille des élections e
28 1979, Articles divers (1978-1981). Rapport au peuple européen (9 mai 1979)
700 mplement une nécessité, la condition de survie de nos peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie, un enjeu
701 l se trouve qu’à la veille d’une date capitale de notre histoire : la première élection au suffrage universel de l’Assemblée
702 stes et philosophes, venus d’une bonne dizaine de nos pays, ont voulu réfléchir ensemble sur la situation réelle de l’Europ
703 déclenchée. La civilisation industrielle, née de nos œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Améri
704 s trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonh
705 joindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonheur dépend de l’augmentation indéfinie du
706 uer d’entraîner des répercussions très dures pour nos pays de l’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit
707 sions très dures pour nos pays de l’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à la fois l’accroissement des
708 prix du pétrole et l’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe par
709 ’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe partout et réclame parto
710 crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul. De même qu’aucun ne peut se défendre seul
711 ter seul contre ces deux produits inéluctables de nos technologies : l’inflation et le chômage. Dans leur état actuel de di
712 et le chômage. Dans leur état actuel de division, nos soi-disant « souverainetés nationales » ne peuvent en fait : — ni rés
713 cation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de t
714 s domaines clés de la réalité d’aujourd’hui. Tous nos États se donnent pour but suprême la croissance industrielle sans lim
715 a croissance industrielle sans limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’in
716 hard l’avait fait quelques semaines plus tôt chez nous , que renoncer au nucléaire équivaudrait à augmenter très fortement le
717 encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre
718 sent. À une crise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de cul
719 est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans notre cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypr
720 tes ou beaucoup plus locales que la superficie de nos États-nations. Le Rhin, pollué par cinq pays et transformé en poubell
721 ultraviolets ; le cancer causé à 60 % ou 90 % par notre environnement industriel ; la destruction des forêts et du plancton d
722 plancton des océans qui fabriquent l’oxygène que nous respirons ; la destruction des sols par la progression du béton et la
723 et végétales — tout cela s’opère à travers toutes nos frontières, mais la « Souveraineté absolue » de nos États empêche tou
724 s frontières, mais la « Souveraineté absolue » de nos États empêche toute mesure de défense efficace. Seules des solutions
725 e ne coïncident jamais avec le territoire d’un de nos États-nations, mais appellent toujours des entités plus grandes (cont
726 , voire locales). S’il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de le
727 avenir ». Passons sur le problème de la Défense ( nous proposons le modèle suisse de la défense « en hérisson », village par
728 défense « en hérisson », village par village, que nous opposons à l’armement nucléaire, lequel sera d’un usage follement dan
729 ctions, ses réseaux de communications) et bornons- nous à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-mond
730 mmunications) et bornons-nous à ce que l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincèr
731 r au tiers-monde implique l’union sincère de tous nos pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de
732 -monde de copier les traits les plus dangereux de notre civilisation matérialiste. Pour lutter contre cette contagion, un seu
733 tagion, un seul moyen : instituer et réussir chez nous un modèle de fédération continentale à base de régions dépassant les
734 tato-nationaux. Rien d’autre que la fédération de nos peuples ne convaincra les peuples du tiers-monde, car, ainsi que le d
735 re, lorsqu’il écrivait il y a cent ans : Hors de nous les gouvernements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ils tâche
29 1979, Articles divers (1978-1981). Denis de Rougemont, ou l’Europe contre l’Europe (30 mai 1979)
736 az ba « L’économie, ce n’est pas tout » « Nous avons voulu, en établissant ce rapport sur l’union à la manière améri
737 formation, ce parlement et ses futurs députés », nous a expliqué Denis de Rougemont, que nous avons rencontré chez lui, à S
738 éputés », nous a expliqué Denis de Rougemont, que nous avons rencontré chez lui, à Saint-Genis-Pouilly près de Genève. Les m
739 s deux étapes d’une même construction. En Suisse, nous le savons bien. L’Europe, celle des marathons agricoles, constate Den
740 ope est menacée de mort. Aucune loi économique ne nous empêche de changer. Ce ne sont que nos désirs que l’on appelle ensuit
741 omique ne nous empêche de changer. Ce ne sont que nos désirs que l’on appelle ensuite nécessités. az. Rougemont Denis d
742 déraliste avec tous les Européens, et vite, sinon nous allons nous trouver en danger de mort. Ce cri d’alarme, qui se veut s
743 ec tous les Européens, et vite, sinon nous allons nous trouver en danger de mort. Ce cri d’alarme, qui se veut surtout un ap
744 a veille des élections, l’auteur de L’Avenir est notre affaire , dans un ouvrage qu’il vient de publier en collaboration ave
30 1979, Articles divers (1978-1981). L’Europe : idéal… et moyen de survie (3 août 1979)
745 mplement une nécessité, la condition de survie de nos peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie : un enjeu
746 se trouve qu’au lendemain d’une date capitale de notre histoire : la première élection au suffrage universel de l’Assemblée
747 déclenchée. La civilisation industrielle, née de nos œuvres, a créé dans les peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Améri
748 s trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonh
749 joindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons appris que le bonheur dépend de l’augmentation indéfinie du
750 umanité : 18 % en 1900, 7 % en 2000. Mais surtout nous avons perdu l’accès facile que représentaient nos colonies aux ressou
751 ous avons perdu l’accès facile que représentaient nos colonies aux ressources naturelles non renouvelables comme le pétrole
752 le pétrole, l’uranium, le manganèse (sans lequel notre fer ne donnera pas d’acier). Ce qui ne peut manquer d’entraîner des r
753 uer d’entraîner des répercussions très dures pour nos pays d’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à l
754 cussions très dures pour nos pays d’Europe. C’est notre civilisation technologique qui produit à la fois l’accroissement des
755 prix du pétrole et l’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe par
756 ’épuisement de ce pétrole par nous d’abord. C’est notre modèle d’État-nation centralisé qui triomphe partout et réclame parto
757 crises et à ces défis, parfois mortels, aucun de nos pays ne peut répondre seul. Dans leur état actuel de division, pas un
758 ns leur état actuel de division, pas une seule de nos soi-disant « souverainetés nationales » ne peut en fait : — ni résist
759 ntre la famine et la désertification, causées par notre civilisation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’e
760 sation. Ce qui revient à dire qu’en fait aucun de nos États n’est plus en mesure d’accomplir les devoirs traditionnels de t
761 ontinentale et d’institutions fédérales, aucun de nos pays ne paraît capable d’échapper longtemps encore aux dangers de col
31 1979, Articles divers (1978-1981). Une Europe unie et diverse (27 août 1979)
762 e Europe unie et diverse (27 août 1979)bc Tous nos États se donnent pour but suprême la croissance industrielle sans lim
763 a croissance industrielle sans limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’in
764 encore ne s’est risqué à y faire face, du côté de nos gouvernants. C’est qu’il faudrait, pour y répondre, dépasser le cadre
765 sent. À une crise de civilisation comme celle que nous vivons, il n’est de solution qu’à l’échelle d’une grande unité de cul
766 est-à-dire d’un continent au moins, l’Europe dans notre cas, celle qui va de Gibraltar aux pays baltes et de l’Écosse à Chypr
767 tes ou beaucoup plus locales que la superficie de nos États-nations. Le Rhin, pollué par cinq pays et transformé en poubell
768 ltraviolets ; le cancer causé à 60 %° ou 90 % par notre environnement industriel ; la destruction des forêts à 25 % dans le m
769 plancton des océans, qui fabriquent l’oxygène que nous respirons ; la destruction des sols par la progression du béton et de
770 et végétales — tout cela s’opère à travers toutes nos frontières, mais trop souvent la « Souveraineté absolue » de nos État
771 mais trop souvent la « Souveraineté absolue » de nos États s’oppose aux mesures de défense efficace. Seules, des solutions
772 océans — pourraient prévenir les catastrophes qui nous menacent à très court terme. ⁂ Les solutions possibles aux problèmes
773 e ne coïncident jamais avec le territoire d’un de nos États-nations, mais appellent toujours des entités plus grandes (cont
774 onales, locales). S’il est nécessaire de dépasser nos États-nations par le haut : fédération européenne, il est vital de le
775 rais souligner surtout ce grand fait : l’aide que nous pourrions et devrions apporter au tiers-monde implique l’union sincèr
776 r au tiers-monde implique l’union sincère de tous nos pays. La crise mondiale est née de la passion qu’a le tiers-monde de
777 -monde de copier les traits les plus dangereux de notre civilisation matérialiste. Pour lutter contre cette contagion, un seu
778 tagion, un seul moyen : instituer et réussir chez nous un modèle de fédération continentale à base de régions dépassant les
779 tato-nationaux. Rien d’autre que la fédération de nos peuples ne convaincra les peuples du tiers-monde, car, ainsi que le d
780 re, lorsqu’il écrivait il y a cent ans : Hors de nous les gouvernements tentent quelque chose, mais rien de ce qu’ils tâche
32 1979, Articles divers (1978-1981). « La qualité des choses que j’aime » (18 octobre 1979)
781 n film de 16 mm d’une leçon à Annibal et d’une de nos parties d’échecs sur la galerie. Je donnerais beaucoup pour le revoir
782 en montrant ce dessin : c’est moi ! » Le soir, il nous lit les fragments d’un livre énorme (« Je vais vous lire mon œuvre po
783 oles de l’âme que forment les châteaux au fond de nos mémoires. New York, fin février 1943 Depuis que nous habitons à
784 ires. New York, fin février 1943 Depuis que nous habitons à cent mètres les uns des autres, c’en est fait de mes nuits
785 . ⁂ Ce qui m’a souvent intrigué durant l’année de notre voisinage à Beekman Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été
786 l’année de notre voisinage à Beekman Place et de nos maisons louées en commun, ç’a été l’affaire nucléaire. St Ex est le p
787 is le plus célèbre aux USA. Avec Pierre Lazareff, nous avons tenté d’obtenir que sa traversée de l’Atlantique vers Alger soi
788 ns mon journal : « Téléphone de St Ex à propos de nos démarches pour qu’il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock (s
789 zareff et Beaucaire à Beekman Place. Au moment où nous entrons dans la bibliothèque de velours vert du premier étage, nous v
790 la bibliothèque de velours vert du premier étage, nous voyons St Ex en uniforme de capitaine aviateur — grande casquette et
791 au cœur, ce n’est pas seulement par l’allusion à nos parties « bien disputées » tard dans la nuit, mais c’est surtout par
792 n aimées », le contraignait à « mettre le cap sur nos buts lointains »30. C’est l’avion qui l’a éveillé au sens cosmique, c
793 ure, entre la liberté et les limites. Que savons- nous , sinon qu’il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où l
794 ous, sinon qu’il est des conditions inconnues qui nous fertilisent ? Où loge la vérité de l’homme ? La vérité ce n’est point
33 1979, Articles divers (1978-1981). Considérations sur une charte culturelle européenne : mémorandum (17 décembre 1979)
795 qu’une charte et quelle est sa fonction ? Littré nous dit que c’est un « acte concédant des franchises, des privilèges ». E
796 ion. Le titre même de l’opération sur laquelle on nous invite à réfléchir oriente donc l’esprit vers deux réalités qui sont
797 elles sont conçues en relation indissociable, et nous le verrons, en interaction créatrice. Les franchises, droits et privi
798 les barrières et chicanes périmées qui encombrent notre continent, pour favoriser les échanges et les opérations communes. D’
799 nc dans l’usage courant, qu’à partir du milieu de notre siècle, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays
800 le, et qui est encore très inégalement perçu dans nos divers pays et aux divers niveaux d’éducation intellectuelle dans cha
801 finitions sont de valeur extrêmement inégale pour notre objet, car certaines des plus lapidaires et par là même frappantes, n
802 se classer dans le camp des totalitaires ? Force nous est de ne retenir que les définitions de la culture susceptibles de l
803 n lui attribue des contenus assez divers. Mais si nous négligeons les disputes pédantes, il est facile de définir un sens co
804 omme, sur les choses ou sur l’homme lui-même. Dès notre Antiquité gréco-romaine, « cultiver » la terre ou l’esprit signifie :
805 c vers son risque personnel, en fin de compte. Si nous nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que
806 s son risque personnel, en fin de compte. Si nous nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa dé
807 s nous demandons maintenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Euro
808 ique, qui n’existerait pas sans elle : 1. Gardons- nous d’opposer théoriquement culture et technique, comme s’il s’agissait d
809 poétique au sens étymologique du mot. 2. Gardons- nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducati
810 nous d’opposer technique et culture générale dans nos programmes d’éducation scolaire et universitaire. Car cela reviendrai
811 ys sous-développés, à l’insu des bénéficiaires de nos techniques, mais alors d’une manière anarchique, souvent néfaste. Les
812 turel » (au sens physique du mot « champ ») et si nous l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éd
813 champ ») et si nous l’ignorons, cela signifie que nous négligerons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort
814 rons de fournir l’effort éducatif correspondant à notre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays
815 otre effort d’assistance matérielle et technique. Nous donnerons aux pays sous-développés des objets explosifs, destructeurs
816 gers et les bienfaits virtuels, conditionnels, de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos re
817 enfaits virtuels, conditionnels, de notre apport. Nous leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviend
818 leur donnerons des drogues sans mode d’emploi, et nos remèdes deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occiden
819 deviendront des poisons. Il est donc temps, pour nous Occidentaux, d’adjoindre à l’assistance technique dont tout le monde
820 tance éducatrice et culturelle sans laquelle tous nos dons, même désintéressés, ne créeront outre-mer que le chaos, et n’en
821 réatrice. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre facu
822 d pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harm
823 s immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de notre faculté d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et d
824 té d’imaginer un développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans
825 développement plus harmonieux de nos rêves et de notre action. L’avenir de l’Occident ne peut se lire dans les indices de pr
826 vais : S’il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certai
827 iberté et justice… Dans ce débat auquel chacun de nous participe plus ou moins consciemment, réside le secret du dynamisme o
828 vec le monde, avec l’État et la communauté. Toute notre histoire illustre ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est
829 oire illustre ce débat, qui se livre en chacun de nous . Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les
830 clair que ce qui s’oppose à l’union nécessaire de nos peuples, et à la formation d’une conscience commune — condition préal
831 utes au départ, il n’est pas une seule branche de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des
832 le champ limité par les frontières d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de
833 Montrer cela sans relâche et en toute occasion à nos élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un
834 s meilleures justifications, sinon précisément de notre culture ? C’est donc là qu’il s’agit d’attaquer son virus, dans les e
835 la culture, et par elle, est donc la condition de notre sécurité et d’une possible paix future. L’union de l’Europe est appar
836 changeait, encore plus vite. Partout où l’une de nos nations se retirait d’une colonie, la civilisation européenne s’y voy
837 n’entend aujourd’hui que le concert discordant de nos « intérêts nationaux », et nomme cela « néo-colonialisme ». Mais que
838 C’est là qu’il faut chercher les vrais secrets de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si mainten
839 s de notre puissance, même matérielle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une
840 lle, et donc de notre indépendance. Si maintenant nous voulons fonder l’Europe unie sur une base ferme et réaliste, fondons-
841 Sem, et l’Afrique celle de Cham —, l’Europe est à nos yeux une unité de culture. Sur la base de cette unité intégrant les a
842 et supérieure à tous les découpages successifs de nos frontières nationales, l’union économique et politique de nos peuples
843 es nationales, l’union économique et politique de nos peuples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons-nous : l’Europe,
844 ples peut et doit aujourd’hui s’édifier. Résumons- nous  : l’Europe, c’est très peu de chose plus une culture. Ce qui peut s’e
845 la plus célèbre des temps modernes : E = mc2 que nous prendrons l’extrême liberté de lire ainsi : Europe (E) égale masse mé
846 e justifie en tant que rappel à la spécificité de notre concept de culture comparé à ce que nous appelons par exemple culture
847 cité de notre concept de culture comparé à ce que nous appelons par exemple culture congolaise, culture khmer, cultures préc
848 t les déclarations des « agences culturelles » de nos États-nations européens, qui opèrent sur la fiction (pour ne pas dire
849 ns continental comme au sens local, ou n’est pas. Nous ne pouvons servir l’humanité en général qu’en pratiquant notre cultur
850 ons servir l’humanité en général qu’en pratiquant notre culture particulière dans ses valeurs les plus hautes, celles qui con
851 lien n’est pas évident, il s’en faut. L’examen de notre catalogue d’aspects de plus en plus différenciés révèle au premier co
852 « la culture » qui se pose alors, par quoi sommes- nous attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque chose ?
853 , par quoi sommes-nous attirés, et à quoi tendons- nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes-nous motivés, en dernière
854 sommes-nous attirés, et à quoi tendons-nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes-nous motivés, en dernière analyse, p
855 -nous quand nous inventons quelque chose ? Sommes- nous motivés, en dernière analyse, par une volonté de puissance personnell
856 damentales et finales, en conflit tout au long de notre histoire, vont fournir deux principes opposés — sinon toujours radica
857 gouvernement européen aux activités culturelles. Nous reportant à ce qui est dit supra, examinons rapidement quels sont les
858 r en toute occasion que la culture dans chacun de nos pays s’est toujours nourrie de grands courants et d’écoles qui ont tr
859 avaient-ils donc pas de culture ?) II. Chacun de nos États garantira sans restriction d’aucune sorte la libre circulation
860 n pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’organ
861 dans toute l’étendue de l’Europe. III. Chacun de nos États garantira le droit à l’information, c’est-à-dire le droit qu’a
862 ue des rivalités nationales entre Européens. VII. Nos gouvernements doivent s’engager à soutenir systématiquement les reche
863 coloniser la terre entière, après avoir colonisé nos propres pays. Elle a produit d’autre part les plus graves menaces con
864 ens à leur gestion ; c) éviter tout ce qui pollue notre milieu social, urbain ou naturel ; d) éviter tout ce qui menace d’épu
34 1980, Articles divers (1978-1981). Énergie solaire et autonomie (1980)
865 besoins en énergie s’accroissent. La situation de notre continent et de l’humanité entière serait apparemment sans espoir si
866 pparemment sans espoir si la culture élaborée par notre Europe n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier
867 L’énergie nucléaire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens au défi d’une humanité dont notre sc
868 ire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens au défi d’une humanité dont notre science, notre hy
869 nos savants européens au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître
870 opéens au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du pos
871 une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du possible les besoi
872 erreur sur la nécessité d’accroître indéfiniment notre production, et donc notre consommation d’énergie. La première erreur
873 ’accroître indéfiniment notre production, et donc notre consommation d’énergie. La première erreur était pardonnable à l’époq
874 ma description de l’état d’innocence générale où nous étions à peu près tous. Dans la situation critique et à certains égar
875 ation critique et à certains égards dramatique où nous sommes aujourd’hui, confrontés à des choix probablement irréversibles
876 ni de la vraie nature des éléments subjectifs de nos options, il me paraît nécessaire, plus que jamais, d’essayer de rendr
877 giques dans lesquelles se débattent les hommes de notre temps, dont dépendent leurs choix politiques et, conjointement, le ch
878 commence à parler sérieusement. C’est alors qu’on nous offre les centrales nucléaires. C’est propre, nous dit-on, pas une fu
879 ous offre les centrales nucléaires. C’est propre, nous dit-on, pas une fumée n’en sort, c’est le dernier cri de la technique
880 is, dit alors le Conseil fédéral. Aujourd’hui, il nous dit exactement le contraire, mais les scientifiques savent bien que l
881 les limites de tout processus de croissance dans notre monde matériel, qui est celui de la finitude. Le mérite historique du
882 historique du club de Rome restera d’avoir forcé notre attention sur les limites, comme fondement de la réalité et du réalis
883 -moi-ça des utopies. La réflexion sur les limites nous a conduits à nous poser des questions plus profondes et plus précises
884 s. La réflexion sur les limites nous a conduits à nous poser des questions plus profondes et plus précises sur l’utilité de
885 ibre en commettant tel ou tel acte. Si maintenant nous avons à choisir entre ces deux finalités maîtresses du genre humain (
886 u la liberté, le collectif ou le personnel, alors nous sommes amenés à choisir entre deux types d’énergie qui correspondent
887 ens, et qui les favorisent en conditionnement. Si nous décidons en faveur de la liberté des personnes, et non des mythes nat
888 (ou de sécurité à l’abri de la puissance), alors nous choisirons évidemment le modèle qui correspond à cette fin, celui qui
889 s de liberté, de loisir, d’autodétermination ? On nous raconte que nous disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’élec
890 loisir, d’autodétermination ? On nous raconte que nous disposons, en Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos mo
891 Occident, grâce aux machines, à l’électricité, à nos moteurs, de 50 esclaves mécaniques « par personne ». Question : sont-
892 mécaniques « par personne ». Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plu
893 r personne ». Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plus de loisir, pou
894 Question : sont-ils nos esclaves ou nos maîtres ? Nous les voulons pour quoi ? Pour avoir plus de loisir, pour travailler mo
895 . Or il se trouve que pour acquérir ces esclaves, nous devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer s
896 ous devons travailler huit à dix heures par jour, nous devons les payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous
897 s payer sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite
898 er sans cesse plus cher (c’est l’inflation). Nous nous condamnons à travailler toujours davantage et toujours plus vite dans
899 spoir de travailler moins et de gagner du temps ! Nous consacrons plusieurs heures par jour à gagner des loisirs dont nous n
900 usieurs heures par jour à gagner des loisirs dont nous ne jouissons pas, et à travailler dur pour gagner ces esclaves qui se
901 ner ces esclaves qui seraient censés travailler à notre place, mais le font-ils ? Je voudrais qu’un team de chercheurs calcul
902 n team de chercheurs calcule le rendement réel de nos esclaves mécaniques en se servant des mêmes mesures qu’Ivan Illich ap
903 qui est la vitesse d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il é
904 d’un piéton peu pressé. Ainsi nous avons réussi à nous enfermer dans un cercle tellement vicieux qu’il était réellement inév
905 Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Si nous voulons la liberté, si nous voulons vraiment sortir du cercle vicieux
906 le quelque chose ? Si nous voulons la liberté, si nous voulons vraiment sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il nous
907 t sortir du cercle vicieux que j’ai dit, alors il nous faut appeler, cultiver, promouvoir l’énergie du soleil. Voici pourquo
908 s. Le soleil est à tout le monde, voilà pourquoi nos États-nations ne l’aiment pas. Voilà pourquoi les Communautés de Brux
909 erposer un compteur entre le soleil et chacune de nos maisons, ils ne feront rien pour favoriser cette forme d’énergie. L
910 oriser cette forme d’énergie. L’énergie solaire nous atteint sans intermédiaire, pénètre en chacun de nous à la rencontre
911 atteint sans intermédiaire, pénètre en chacun de nous à la rencontre de l’énergie qui est en chaque personne et qui attend
912 chaque personne et qui attend d’être réveillée. «  Nos cieux sont gris, me direz-vous. Le solaire pas facile à capter. » Eh
913 . Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du solei
914 ien, sous nos cieux gris, apprenons à composer, à nous comporter vis-à-vis du soleil souvent voilé comme le timonier d’un vo
915 s, avançant contre les vents contraires. Adaptons- nous au ciel gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons-nous à donner pr
916 ciel gris plutôt qu’à l’enfer brûlant ! Habituons- nous à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiqu
917 nfer brûlant ! Habituons-nous à donner priorité à nos finalités sur les « impératifs » technologiques allégués par les prom
918 eur superstition de la croissance. Ils voudraient nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités : devenons conscients d
919 s voudraient nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités : devenons conscients de nos désirs réels, éduquons-les. Ce
920 ésirs pour nos fatalités : devenons conscients de nos désirs réels, éduquons-les. Cela doit entraîner, dans la jeune généra
921 ons profondes de l’éthique du travail. Au lieu de notre condition présente qui est de travailler de plus en plus dans l’espoi
922 ’Encyclopédie, au lieu de tendre à ne rien faire, nous choisirons demain de travailler pour le plaisir de faire : peindre ou
923 édifier : réveiller l’énergie qui sommeillait en nous , et finalement nommer, qui est l’acte poétique, toutes choses que la
924 ses que la technologie du xxe siècle menaçait de nous désapprendre. Le solaire n’est pas, ne sera pas, la solution universe
925 ’est pas, ne sera pas, la solution universelle de nos problèmes. Le solaire est fascination lente à travers les brumes et s
926 que le nucléaire rendait impossible, impensable. Nous irons désormais vers le soleil si nous échappons aux vertiges des plu
927 mpensable. Nous irons désormais vers le soleil si nous échappons aux vertiges des plutoniens abîmes et des cavernes au sombr
928 a fin de l’histoire humaine. Tel est le choix que notre génération doit faire maintenant pour toutes celles de demain. C’est
929 rogrès » digne du nom. Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nou
930 hoix ? Si nous ne bougeons pas, il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les
931 il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent depuis dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pa
932 pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que « la dose de potassium 40 qui coule dans les veines de
933 le dans les veines de la femme auprès de laquelle nous dormons »52. — que des « précautions sans précédent » ont été prises
934 our ou l’autre, vu « l’inépuisable ingéniosité de nos techniciens » ; — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléa
935 géniosité de nos techniciens » ; — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de
936 -être des hommes (ce qui n’est pas bien évident), nous place devant le dilemme inévitable : centrales nucléaires ou chômage
937 rainte des faits » : Par croissance qualitative, nous entendons une offre plus riche de ces biens qui rendent la vie plus d
938 je tiens pour décisives quant au sort prochain de notre espèce et de la vie sur la planète Terre. J’exprimais l’an dernier d
35 1980, Articles divers (1978-1981). Actualité de Benjamin Constant (1980)
939 tion et les retombées politiques de l’ouvrage qui nous occupe, comment ces passions se succèdent, se combinent ou se refoule
940 illé. L’imprimeur va plus vite que moi. Dépêchons- nous . 28 décembre. Travaillé. Peu avancé. Le temps presse pourtant. 30 d
941 ressource pour la liberté. Il n’y en a plus pour notre homme [le Béarnais]. Mon ouvrage fera bon effet, j’espère. Mais l’hor
942 que le typique du personnage : 16 avril. Comme notre pauvre ami [le Béarnais] est tombé !… Revu beaucoup de gens… Servons
943 aucoup de gens… Servons la bonne cause et servons- nous . 23 avril. Ce pays-ci n’ira pas. Ils sont tous fous et méchants. 25
944 notes quotidiennes : Juliette. Cette passion qui nous semble bien n’avoir été nourrie que des obstacles que Mme Récamier y
945 qu’il me prenne, je péris. N’importe. Tâchons de nous souvenir que la vie est ennuyeuse. Le lendemain 19 mars, Napoléon es
946 us absolue… Je voulais savoir par moi-même ce que nous pouvions espérer encore. Quelque incertaine que soit une chance pour
947 ce d’une pensée qui a toujours motivé son action, nous l’avons dans les textes mêmes que Benjamin Constant n’a cessé de publ
948 e manifeste de la liberté, déposé sur le seuil de notre ère, est resté sans effets sur les destins du siècle, sort qu’il part
949 vrer, ni par intérêt, ni par passion. » Tout cela nous paraît un peu fade parce que c’est devenu tellement plus évident au t
950 ielle pour des siècles. (C’est pourtant vers quoi nous allons, vers quoi nous continuons d’aller.) Dans la critique constant
951 (C’est pourtant vers quoi nous allons, vers quoi nous continuons d’aller.) Dans la critique constantienne de la guerre nati
952 venté que les moyens de la gagner pour un temps), nous découvrons en réalité une critique prospective de l’État totalitaire
953 s rouges, bruns ou noirs. Sans le savoir, c’est à notre siècle que parlait Benjamin Constant. Du mensonge comme méthode de
954 ’Uniformité. Constant part d’une constatation que notre génération, hélas, ne saurait mettre en doute une seconde : Tout en
955 u monde. Elle lui répondrait d’une voix unanime : Nous ne voulons pas de la conquête du Monde. Mais il parlerait de l’indépe
956 sous ses yeux, et dont l’épanouissement attendra notre siècle, Constant propose un arrangement de la société qui correspond
957 la société qui correspond au sens exact de ce que nous appelons aujourd’hui fédéralisme, et qu’il est le premier à nommer da
958 n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration intérieure beaucoup de fédéralisme.49 Ce qu’il a for
959 mort. Le système fondé sur les patries locales — nous dirons les régions — que Constant préconise en ce point, c’est l’anti
960 e différent de celui qu’on a connu jusqu’ici.51 Nous venons de voir comment il l’entendait pour l’intérieur. Or, il est tr
961 qu’il me semble utile et possible d’établir parmi nous . Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme pai
962 semble utile et possible d’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et
963 ’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et durable. Quoi de plus act
964 t durable. Quoi de plus actuel qu’un message qui nous rappelle, avec une urgence croissante, les conditions vitales de tout
965 D. Berthoud, op. cit., p. 62. 46. « Extrait », nous l’avons dit, des manuscrits de 1806. 47. Dans le Commentaire sur l’o
36 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe, invention culturelle (1980)
966 — si on ose dire — de la défection générale dont nous sommes aujourd’hui les témoins. Je considère le De Monarchia de Dante
967 iastiques et politiques, économiques et sociales, nous dirions aujourd’hui : culturelles au sens large. Cette révolution dan
968 prise de conscience de quelque chose de grand qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. E
969 qui nous englobe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un
970 is dans l’Histoire, Pie II identifie l’Europe à «  notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé.
971 oire, Pie II identifie l’Europe à « notre patrie, notre maison », car tout y participe d’un même destin menacé. Il écrit : M
972 intenant, c’est en Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes a
973 Europe même, c’est-à-dire dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. L
974 dans notre patrie, dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes cha
975 , dans notre propre maison, dans notre siège, que nous sommes attaqués et tués. La tradition des poètes chantant l’Europe,
976 Victor Hugo. Et au xxe siècle c’est encore un de nos plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Lége
977 Donoso Cortès, jusqu’aux « pères de l’Europe » de notre siècle, les Briand, Schuman, de Gasperi, Jean Monnet et Paul-Henri Sp
978 u Duce et du Führer, les plus grands écrivains de nos pays (à l’exception de quelques cas de nationalisme flamboyant comme
979 refus de la fatalité. Jamais l’intelligentsia de nos pays n’aura été plus naturellement européenne, ni mieux consciente de
980 du congrès de Montreux, sera l’union fédérale de nos peuples. À Genève, au début de septembre 1946, se produit quelque cho
981 es conclusions. La deuxième solution est retenue. Nous discuterons pendant trois mois à Paris, à Genève, à Royaumont, à Lond
982 temps qui, à dire vrai, me manque ! » À La Haye, notre commission est la moins nombreuse du congrès (150 personnes au plus,
983 el il définissait les conditions d’une défense de nos diversités culturelles : Peut-on défendre la culture française en ta
984 elle ? À cela, je réponds simplement : non… Avons- nous donc un autre moyen de sauver les éléments essentiels de cette cultur
985 ne culture hollandaise ou suisse ou allemande. Si nous voulons que la culture française reste, il faut qu’elle soit intégrée
986 t en visant à une unité de culture européenne que nous sauverons la culture française ; mais cette unité de culture n’aura a
987 est « au plus bas », que « c’est la fin » et que nous voici tous « enchaînés, humiliés, malades de peur ». Joignons donc le
988 e faisant, « ils font l’histoire de l’homme ». Et nous serons ainsi du bon côté.bm Plus tard, le même Sartre déclare que se
989 i proposent, avec Barbara Ward et René Dubos, que nous prenions conscience du fait fondamental que « nous n’avons qu’une Ter
990 ous prenions conscience du fait fondamental que «  nous n’avons qu’une Terre ». Et que le seul problème sérieux du siècle est
37 1980, Articles divers (1978-1981). L’avis de Denis de Rougemont [sur Invocation du nom de Dieu et Constitution fédérale] (1980)
991 préambule et l’invocation qui le précède. Lors de notre première réunion, le président a fait un tour de table pour connaître
992 Au nom de Dieu Tout-Puissant ». Il a commencé par notre collègue communiste, en lui disant à peu près : « Monsieur X, cette i
993 êne là-dedans, c’est justement que ça gêne si peu notre collègue communiste… » Ce que je voudrais vous dire ici ne sera guère
994 étatiques à tous les niveaux où ils existent chez nous — municipal, cantonal, fédéral — et surtout aux pouvoirs de l’État-na
995 isé dans la seule capitale, tel qu’il existe chez nos voisins. Mais bien que le préambule contienne ces mots : « Reconnaiss
996 ens de ce Monde-ci, bien au contraire ! Reportons- nous aux tentations subies par Jésus dans le désert : elles reviennent tou
38 1980, Articles divers (1978-1981). Lew Kowarski et la responsabilité sociale du scientifique (1980)
997 qu’il a trouvé, et ce qui en est sorti. Tout cela nous conduit au problème qui l’a beaucoup préoccupé pendant la dernière pé
998 les nucléaires et des questions qu’elles posent à notre société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur ce pro
999 société. Une première étape dans la réflexion de notre ami sur ce problème vraiment « nucléaire » au double sens de l’expres
1000 ent « nucléaire » au double sens de l’expression, nous la trouvons marquée par l’interview que Kowarski donnait à L’Express
1001 les ordinateurs ne peuvent apporter de réponse. Nous nous connaissions certes depuis plusieurs années, mais c’est de là qu
1002 ordinateurs ne peuvent apporter de réponse. Nous nous connaissions certes depuis plusieurs années, mais c’est de là que je
1003 nées, mais c’est de là que je date, pour ma part, notre amitié. Je l’avais invité à titre d’expert scientifique à la table ro
1004 it pour l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà nous nous entendions le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je l
1005 ur l’OCDE plutôt que pour l’EURATOM, et déjà nous nous entendions le mieux du monde sur le plan intellectuel, mais je le rép
1006 pe de la réflexion de Kowarski sur l’évolution de notre civilisation occidentale, considérée à partir du problème de l’énergi
1007 propos qu’il tenait en 1972 (dans cette salle où nous sommes aujourd’hui) sur la responsabilité des scientifiques dans notr
1008 hui) sur la responsabilité des scientifiques dans notre société. Il rappelle que l’énergie nucléaire était encore saluée dix
1009 et à moi-même pour fonder le Groupe de Bellerive. Nous en parlions depuis des semaines, tandis que la fièvre montait avant l
1010 hez Lew, je le trouvai sombre, ému et déterminé. Nous sommes ici à discuter bien à l’abri et dans le vide et des jeunes se
1011 eunes se font tuer, ce n’est plus supportable. Il nous faut faire quelque chose. Dès le lendemain, décision prise, Kowarski
1012 la première esquisse d’une Déclaration commune ; nous la mettrons au point lui et moi et elle sera présentée à la presse le
1013 qui, d’ailleurs, explique seule la composition de notre Groupe. Permettez-moi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de
1014 oi de vous citer ici, en hommage à la lucidité de notre ami, les quelques phrases qui posent à grands traits ce que je voudra
1015 s traits ce que je voudrais appeler le système de notre crise, c’est-à-dire : …les rapides et profonds bouleversements qui o
1016 ines élargis de proche en proche qu’avait définis notre ami dans le texte d’une admirable concision que je vous lisais tout à
1017 ucléaire n’est qu’un aspect. C’est maintenant que nous mesurons, et nous allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce
1018 un aspect. C’est maintenant que nous mesurons, et nous allons mesurer toujours plus, je le crains, tout ce que Lew Kowarski
1019 rains, tout ce que Lew Kowarski représentait pour nous , bien au-delà de son savoir de physicien. Adieu Lew ! Grand homme irr
1020 çable en sa maîtrise autant qu’en amitié. Vous ne nous rendiez pas toujours la vie facile, mais vous lui donniez plus de sav
39 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
1021 e sans précédent va développer sa gerbe dans tous nos pays et dans tous les domaines de leur culture, arts, lettres, scienc
1022 e l’esprit européen. Ce qui va se développer dans nos pays durant les vingt-deux années de la « reconstruction économique »
1023 elques mots de commentaires. La TV de beaucoup de nos pays nous expliquait à longueur de soirées, durant ce même mois de dé
1024 ts de commentaires. La TV de beaucoup de nos pays nous expliquait à longueur de soirées, durant ce même mois de décembre, qu
1025 cinq noms d’auteurs nouveaux, dont le plus doué, nous dit-on, serait Grumberg, à quoi l’on ajoute que « Dubillard, Obaldia,
1026 teur en scène Meyerhold (1874-1942), par exemple, nous est bien aussi présent que son contemporain, l’auteur dramatique Gira
1027 plus insolite qui marque la décennie écoulée : si nous voulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’il nous faut expliqu
1028 ulons en faire le bilan, c’est cela d’abord qu’il nous faut expliquer. La décennie du « discours » La politisation de
1029 s (justement) à l’acte, à l’action et au travail. Nous venons de caractériser l’état du théâtre en France, de 1968 à 1980. C
1030 état du théâtre en France, de 1968 à 1980. Ce que nous constatons dans les autres domaines de l’expression et de la recherch
1031 a culture du spectacle est la seule efficace dans notre société occidentale. Elle bénéficie aujourd’hui, par un paradoxe inqu
1032 upposer qu’il y en ait un — soient de ceux-là que nous aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur nos écrans. Car leur v
1033 us aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur nos écrans. Car leur vraie vie était ailleurs. 53. La revue intitulée
1034 970-1980 », Das Theater, unser Welt = Le théâtre, notre monde, Luzern, Raeber Verlag, 1980, p. 40-46.
40 1980, Articles divers (1978-1981). 1979 [Iran, Three Mile Island, Cambodge…] (2 janvier 1980)
1035 n l’appelle aujourd’hui, n’a pas refusé seulement nos machines et nos armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollar
1036 urd’hui, n’a pas refusé seulement nos machines et nos armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollars qu’avait multi
1037 font du renseignement comme il s’en fait partout. Nous en sommes au moment tragique de l’affrontement sans merci entre une n
1038 mais de loi internationale ? Dans le même temps, notre modèle industriel a subi deux échecs retentissants : l’incident nuclé
1039 es récits lénifiants : c’est tellement mieux chez nous , rien de pareil n’arriverait, d’ailleurs il n’est rien arrivé. Tel es
1040 matiques à la TV, on a cessé très curieusement de nous renseigner sur le déversement de centaines de millions de tonnes de p
1041 ersonne n’en voit l’issue, ou n’oserait la dire. Nos journaux ne se sont pas interdit de parler de « foules fanatisées » a
1042 eurs, ne relèvent pas moins que ceux de l’Iran de notre responsabilité occidentale. Bokassa ier , ex-sergent-chef, copiait Na
1043 1979 fut le plus souvent sombre, dramatique (voir notre rétrospective en photos pages suivantes). Partout ou presque, on assi
41 1980, Articles divers (1978-1981). Un précurseur de l’engagement politique (1er mai 1980)
1044 rant la montée du nazisme. Néanmoins, cet ouvrage nous paraît aujourd’hui très actuel. Comment expliquez-vous cela ? C’est q
1045 taient une réponse à l’appel angoisse des masses, nos démocraties libérales ne pourraient pas grand-chose, sinon de répéter
1046 plan historique et politique puisque cet ouvrage nous révèle la mentalité occidentale. C’est une prise de conscience. Alors
1047 la réalité, revient détruire l’univers enchanté. Nous vous comprenons… Néanmoins, dans ma vie réelle, j’ai finalement opté,
1048 re d’un ouvrage de mise en garde où vous fouillez nos origines et où, finalement, vous attaquez la guerre ? Certes, j’étais
1049 construisez l’image en vous référant sans cesse à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous nous parlez des cathares
1050 à nos origines. Dans L’Amour et l’Occident ,vous nous parlez des cathares et des Arabes, n’est-ce pas ? Alors comment aimer
1051 urs français comme Rimbaud, Claudel, Gide et même notre Ramuz… Tout auteur vit sur un certain nombre de contradictions qui so
1052 e d’une part, et d’autres auteurs plus proches de nous , d’autre part, comme Claudel par exemple. J’ai été assez heureux de l
42 1980, Articles divers (1978-1981). La maîtrise sociale des besoins (avril-juin 1980)
1053 exemplaires, ceux qu’on imite ou qui déterminent nos aspirations. Je me bornerai à quelques exemples topiques de ces varia
1054 crit : « Les pommes de terre seraient un luxe sur nos tables si nos champs n’en produisaient pas, et qu’il fallût les faire
1055 ommes de terre seraient un luxe sur nos tables si nos champs n’en produisaient pas, et qu’il fallût les faire venir à grand
1056 point d’en faire le problème no 1 des années que nous vivons, est devenue le besoin n° 1 de l’homme occidental, que l’on vo
1057  ? » Elle dit : « J’ai faim ». Ils lui dirent : «  Nous t’avons donné toute la nourriture du pays. » Elle dit : « Quand vous
1058 cela est très joli, me dira-t-on, mais ne va pas nous aider à résoudre les problèmes urgents et concrets des besoins énergé
1059 à-dire de l’élément véritablement concret de tous nos problèmes, la réalité contemporaine oppose l’exemple de la révolution
1060 le philosophe et théologien allemand Georg Picht nous rappelait que « si les exportateurs de centrales nucléaires avaient c
1061 t) doit tenir compte de ce préalable, et repenser notre politique à partir de ce seuil, de cette limite inférieure très peu m
1062 citaires des grandes et moyennes entreprises pour nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Toute la publicité, do
1063 eprises pour nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Toute la publicité, dont vit la presse d’une part et la Ra
1064 rt et la Radio-Télévision d’autre part, essaie de nous faire croire, à longueur de journée, que nous ne pouvons plus vivre s
1065 de nous faire croire, à longueur de journée, que nous ne pouvons plus vivre sans tel produit, sans telle machine, sans tel
1066 éaire au pétrole »59. Je réitère : ils voudraient nous faire prendre leurs désirs (de profit, de puissance, de mise au pas d
1067 de puissance, de mise au pas de la société) pour nos besoins, voire nos fatalités. Quand un gouvernement éprouve le besoin
1068 ise au pas de la société) pour nos besoins, voire nos fatalités. Quand un gouvernement éprouve le besoin de justifier par q
1069 ités industrielles qu’il fomente, il fait estimer nos besoins par ceux dont l’intérêt est de les majorer bien au-delà du ma
1070 s les moyens d’y remédier. J’en déduis qu’on veut nous faire prendre dès maintenant des risques proprement incalculables au
1071 umain comme s’il s’agissait de quelque chose dont nous ne serions pas responsables. 59. Faut-il mettre les points sur les
1072 . 206-214. bw. Précédé de la note suivante (dont nous traduisons une partie de l’italien) : « Du 21 au 23 janvier 1980, le
1073 Politique de l’emploi et Contrats de solidarité. Nous publions l’introduction aux débats de la commission sur “la maîtrise
43 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe et l’environnement (28 juin 1980)
1074 capitale pour l’histoire des civilisations : elle nous charge, nous Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayons de
1075 l’histoire des civilisations : elle nous charge, nous Européens, d’une responsabilité planétaire. Essayons de la mesurer.
1076 tants, tout simplement. Progrès. Je sais bien que nos chefs d’État, hommes politiques, politiciens et chroniqueurs nous rép
1077 t, hommes politiques, politiciens et chroniqueurs nous répètent à l’envi « qu’on n’arrête pas le Progrès ». Ils paraissent o
1078 faute, dans le monde entier. Commençons donc chez nous  ! Cela seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons.
1079 seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition que
1080 -monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition que ce soit une réussite ! Parmi les
1081 d’hui reconnu comme résultant pour 60 % à 90 % de notre environnement industriel, pénétré par « un demi-million de substances
1082 s. La surface de terrain cultivée par habitant de notre globe aura diminué de moitié à la fin du siècle. Six cents millions d
1083 elle, pourtant, devrait se fonder la politique de notre génération. 3. La pénurie d’eau potable. Selon une étude de la Commis
1084 éjà insuffisante pour les besoins de plusieurs de nos pays. L’Allemagne et la Belgique sont déjà importatrices d’eau. Alors
1085 ie de résistances et d’obstacles organiques, dans nos sociétés de type européen, freinent leur application ou la rendent in
1086 « On exagère », « On fait le jeu des Soviets », «  Nos experts ont démontré… ») ; à tourner les règlements édictés par les É
1087 mais qui travaillent pour la défense nationale ? Nos États réagissent comme un malade qui invoquerait l’habeas corpus pour
1088 és de la défense nationale » d’autre part. Ce qui nous conduit à la conclusion que les menaces accumulées contre la nature e
1089 s et économiques qui s’imposent sans discussion à nos populations, voici quelques exemples des tâches écologiques les plus
1090 utions régionales, plus petites que la plupart de nos États nationaux, et mieux adaptées aux réalités locales, dont la dive
1091 s question que tous les citoyens et citoyennes de nos pays se transforment en savants écologistes. Ce qui est requis par la
1092 sur L’Agonie surveillée du Léman, la pollution de notre lac n’est plus seulement le fait de grosses industries qui ont été co
1093 autre. La pollution du Léman, elle est le fait de nos comportements quotidiens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier
1094 e est le fait de nos comportements quotidiens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier nos intérêts à courte vue à l’ind
1095 diens, de nos modes de vie, du refus de sacrifier nos intérêts à courte vue à l’indispensable solidarité régionale, de notr
1096 te vue à l’indispensable solidarité régionale, de notre crédulité devant la publicité et de nos ignorances, certes, mais enco
1097 ale, de notre crédulité devant la publicité et de nos ignorances, certes, mais encore plus, de notre inertie civique. La vi
1098 t de nos ignorances, certes, mais encore plus, de notre inertie civique. La vie ou la mort du Léman, ce n’est pas de l’État q
1099 s bel et bien, et avant toute action concrète, de notre attitude intérieure et des finalités de notre vie. Ma conclusion sera
1100 de notre attitude intérieure et des finalités de notre vie. Ma conclusion sera donc à la fois un appel et une constatation q
1101 a donc à la fois un appel et une constatation qui nous engage : l’avenir du Léman, c’est notre affaire ! 61. État de l’
1102 tation qui nous engage : l’avenir du Léman, c’est notre affaire ! 61. État de l’environnement, 1977, publié chaque année
44 1981, Articles divers (1978-1981). Guy de Pourtalès l’Européen [préface] (1981)
1103 ptent ce qu’ils ont reçu, et ce sont eux qui vont nous en donner le sens, nous l’expliquer. Nul doute que Guy de Pourtalès n
1104 , et ce sont eux qui vont nous en donner le sens, nous l’expliquer. Nul doute que Guy de Pourtalès n’ait été de ces derniers
1105 s briser l’une et l’autre, et par deux fois, dans notre siècle. L’aventure de l’Esprit Ce qui agit aux origines du desti
1106 ial, anglaise par l’éducation maternelle. Et cela nous vaudra d’abord Marins d’eau douce, dont les charmes n’ont pas cessé d
1107 t le romantisme européen que vont réveiller parmi nous , dans les années de l’entre-deux-guerres, les quatre Vies si fameuses
1108 itoëff, avec des musiques de scène d’Honegger, et nous aurons reconstitué à la fois l’histoire de l’œuvre, microcosme de cel
1109 t européen des écrivains de langue française dans notre siècle. cf. Rougemont Denis de, « [Préface] Guy de Pourtalès l’Eu
45 1981, Articles divers (1978-1981). Fédéralisme, personnalisme, œcuménisme (1981)
1110 sée et la contestation irresponsable, ont pris de nos jours un caractère de violence sans précédent, qu’on peut expliquer p
1111 r le fait même qu’il existe un effort œcuménique. Nous supposons d’ailleurs tous cette doctrine, dès lors que nous prononçon
1112 sons d’ailleurs tous cette doctrine, dès lors que nous prononçons : « Je crois la sainte Église universelle ». Et je me born
1113 mbres, assurée par l’appartenance à un même chef. Nous retrouverons plus loin, et à plusieurs reprises, ce thème de l’harmon
1114 e de la personne Les positions œcuméniques que nous venons d’esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qu
1115 lle centrale qui fonde l’union dans la diversité, nous avons à chercher là position philosophique centrale qui fonde la comm
1116 l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui nous donnera le symbole éternel de la réaction collective. La victoire de
1117 on sociale, un « soldat politique », dirait-on de nos jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce individualis
1118 se primitive, dans la perspective sociologique où nous nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés l
1119 imitive, dans la perspective sociologique où nous nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés locale
1120 même coup par la formule : à chacun sa vocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures
1121 liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il nous reste à développer maintenant les implications politiques de cette th
1122 te philosophie. 3. Politique du fédéralisme Nous en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’at
1123 nit la paix comme « l’harmonie des âmes fortes ». Nous pourrions pareillement définir l’œcuménisme et le fédéralisme en remp
1124  âmes » par « églises » et par « régions ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins
1125 s ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans
1126 sion fédératrice de l’œcuménisme Et maintenant nous voici dans le drame de cette fin du xxe siècle. Nous constatons que l
1127 s voici dans le drame de cette fin du xxe siècle. Nous constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le
1128 des volontés. 1. L’histoire du monde christianisé nous montre que les structures ecclésiastiques ont souvent précédé et préd
1129 dres et les rites anciens, jugés utilisables. Or, nous voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces m
1130 voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et so
1131 es qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, selon ses propres termes, « dans la diversité des É
1132 u monde. (La « religion de l’homme » que certains nous proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne s
1133 d’éléments traditionnels, condensant tout ce que nous avons d’expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même
1134 pond exactement aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, cel
1135 aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, celle qui rassembl
1136 alitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que nous avons exposé au chapitre 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul e
1137 s avec une pathétique sincérité.) Le tableau que nous venons d’esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’
1138 manifestera dans une action risquée. De même que nous avons vu les Églises nées des missions en terre païenne se placer à l
1139 placer à l’avant-garde du mouvement vers l’union, nous ne verrons l’œcuménisme se réaliser avec puissance que dans l’épreuve
46 1981, Articles divers (1978-1981). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous (1981)
1140 igions, unissez-vous (1981)ca cb Un jour, dans notre jardin de Ferney, où les Corbin s’arrêtaient quelquefois, en route ve
1141 édité sur cette phrase, depuis lors. Au temps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et
1142 mps de nos premières rencontres, vers 1935, quand nous fondions ensemble Hic et Nunc , petite revue de pensée religieuse qu
1143 r, « dialectique » et calviniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’un
1144 iniste par Karl Barth — nous passions aux yeux de nos aînés pour les restaurateurs subversifs d’une orthodoxie protestante,
1145 paradoxale en soi que dans les polémiques qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme iné
1146 s qu’elle nous inspirait. Cette interprétation de notre mouvement était en somme inévitable dans la conjoncture de l’époque.
1147 ie fasciste en Allemagne nazie, et tout autour de nous , de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler n
1148 tout autour de nous, de plus en plus, fascinaient nos contemporains. Il pouvait sembler normal à quelque observateur superf
1149 e moins au marxisme invoqué par les staliniens de nos pays pour justifier les procès de Moscou et la persécution des église
1150 on des églises. Mais je relis les onze numéros de notre revue : il n’y est jamais question d’orthodoxie ! (Sauf une fois : po
1151 ion d’orthodoxie ! (Sauf une fois : pour nier que nous défendions une « orthodoxie calviniste ».) En revanche, les « hérésie
1152 non point comme « contraires au dogme » : ce que nous référons comme « hérétique », c’est tout choix exclusif d’un seul des
1153 rase morale par orthodoxie, et vous saurez ce que nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’
1154 nous pensions alors. La vérité ne pouvait être à nos yeux quelque chose d’édicté, de codifié, d’enregistré une fois pour t
1155 on théorique ». Elle était quelque chose, disions- nous , « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même impl
1156 ». Elle était quelque chose, disions-nous, « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre ef
1157 as les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie »
1158 e effort pour la réaliser ». Très paradoxalement, notre « orthodoxie » prétendue s’opposait à toute « transposition de l’évén
1159 e, en une vérité générale… » Et par « existence » nous ne pouvions entendre que « décision concrète… dans l’instant, hic et
1160 décision concrète… dans l’instant, hic et nunc ». Nous disions encore : Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos
1161 Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos propositions théologiques avec les énoncés de la Bible, mais de juger
1162 Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors. Après les années de Hic et Nunc (1932-19
1163 . Après les années de Hic et Nunc (1932-1939), nos voies pour un temps se séparent. Henry Corbin part pour Byzance et le
1164 n de l’ami retrouvé ne marque aucune rupture avec notre passé, ni encore moins mon ralliement à quelque antidoctrine nouvelle
1165 cience renouvelée de ce qui animait en profondeur nos écrits de l’époque de Hic et Nunc . Lui s’occupait déjà des grands m
1166 it là que pour toi. Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. » Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui q
1167 Maintenant, il est trop tard, nous la fermons. » Nous pressentions qu’il n’y a de porte que pour celui qui osera la franchi
1168 ndes confessions chrétiennes. Certes, peu d’entre nous choisissent leur confession, la plupart se contentent d’y être nés ;
1169 âme unique et de la vocation illuminante. Et cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise
1170 oubler. J’essaie aujourd’hui de comprendre qui de nous deux était le plus près d’une interprétation fidèle de sa pensée. Dan
1171 i le schéma si tu le juges utile. Les événements nous interdirent de donner suite à ces projets. Mais à la dernière page de
1172 ne nierai jamais, naturellement, le service qu’il nous a rendu. […] Au fond je suis de toujours et à jamais métaphysicien (l
1173 érique. […] Et c’est autour de ce Livre saint que nous voyons, partout et toujours, se regrouper des familles spirituelles a
1174 khart ou de J. Boehme, voire certains épisodes de nos légendes du saint Graal, semblaient bien parler à ces jeunes collègue
1175 anément le croyant. Dès là, rien ne saurait plus nous séparer. Nous avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois
1176 yant. Dès là, rien ne saurait plus nous séparer. Nous avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois aidant l’autr
1177 ous mes pas vers un but invisible à l’œil nu peut nous tromper, en ceci qu’elle n’est pas spatiale : le chemin se fait dans
47 1981, Articles divers (1978-1981). Quelques maximes de prospective (1981)
1178 ar définition, de mes réflexions sur demain. ⁂ Je nous vois mal partis, en Occident. La plupart des lecteurs d’ouvrages de p
1179 rendre le pire seul certain. Dès maintenant, elle nous oblige à formuler cette première maxime en forme de loi : La décaden
1180 pas de la divination, mais des fins qui aimantent notre action. À partir de nos fins, calculons. Toute autre voie, méthode
1181 des fins qui aimantent notre action. À partir de nos fins, calculons. Toute autre voie, méthode ou martingale conduit néc
1182 es, les faims en Afrique et en Asie (bientôt chez nous  ?), le chômage partout en croissance et l’irrépressible inflation, di
1183 NB, objectif proprement délirant de la plupart de nos ministres — qui n’ont pas trouvé le temps d’y réfléchir. ⁂ Trois homm
1184 ne le tente pas. Charles Fourier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu
1185 rier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu’il nous faut atteindre. Bisma
1186 e nous pouvons atteindre, mais sur les buts qu’il nous faut atteindre. Bismarck Je traduis cela dans une seule petite phra
1187 ses, domaine du prévisible, mais selon l’appel de nos finalités, domaine de la prophétie. ⁂ Nos finalités peuvent être — et
1188 ppel de nos finalités, domaine de la prophétie. ⁂ Nos finalités peuvent être — et sont en réalité, successivement ou simult
1189 lité, successivement ou simultanément — celles de nos vrais désirs, ou parfois au contraire, celles de l’Esprit. Considéron
1190 ontraire, celles de l’Esprit. Considérons d’abord nos vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que nous pouvons avouer,
1191 s vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que nous pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans nos rêves et que décla
1192 us pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans nos rêves et que déclarent nos choix concrets, comme le vote d’un budget
1193 x qui s’annoncent dans nos rêves et que déclarent nos choix concrets, comme le vote d’un budget par exemple. ⁂ Ce n’est pas
1194 ire, comme on l’a cru au début de ce siècle, mais nos désirs, dont la technique n’est que l’outil. Car dans le monde où nou
1195 technique n’est que l’outil. Car dans le monde où nous vivons, désormais tout est fait de main d’homme. Qu’il s’agisse des p
1196 le cadre, dans le rythme, dans la qualité même de nos vies. Ce monde humanisé ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc
1197 es. Ce monde humanisé ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne
1198 é ne change plus qu’au gré de nos désirs, donc de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos
1199 c de nos rêves. Or, comme l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale
1200 e l’écrit Paul Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité déf
1201 Valéry : Nous ne pouvons prévoir nos rêves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité définit l’obstacl
1202 t dissuasive, paraît insurmontable et de nature à nous réduire au scepticisme, au fatalisme, et aux fantasmes conjugués du h
1203 s du hasard et de la nécessité. Cependant méfions- nous  : il y a dans ce scepticisme un merveilleux moyen d’éluder cette chos
1204 chose pesante, ce mot trop long : responsabilité. Nous ne sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons r
1205 nsabilité. Nous ne sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il
1206 sommes que trop contents qu’on nous explique que nous ne pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il nous plaît de fai
1207 pouvons rien savoir des conséquences de ce qu’il nous plaît de faire tout de suite. Mais ce n’est pas vrai. Reprenons l’arg
1208 de l’humanité depuis plusieurs millions d’années nous sont connus par les mythes et les contes, et ce sont eux que l’homme
1209 action, devenue l’une des branches principales de notre économie. L’histoire du vol d’Icare est le récit d’un rêve que tous l
1210 ant et de grands oiseaux mécaniques répandant sur nos nuits brûlantes, au pire de l’été, de la neige. C’est ce rêve d’Icare
1211 idération utilitaire, économique. Et de même pour nos autres rêves constants. Agir à distance, parler ou tuer sans efforts
1212 tion. Or, cette réponse est au moins faible parmi nous , parfois nulle. Et cette faiblesse pourrait bien être le signe avant-
1213 squ’à l’angoisse l’exemple de l’automatisation de nos sociétés, qui a le don d’exciter le lyrisme des chroniqueurs « scient
1214 es, et tout à l’heure le Bureau sans secrétaires, nous permettent d’espérer pour demain la Guerre mondiale sans soldats, — c
1215 re. L’exemple du « chômage technologique » (comme nous disions en 1933) résolu dans l’industrie par l’hypertrophie du tertia
1216 l’automatisation croissante des tâches manuelles. Nous voulions que ces bénéfices, désormais assurés par la machine, soient
1217 on pour les ouvriers libérés. Mais que proposions- nous pour les nouveaux arrivants, les moins de 18 ans d’alors, et pour les
1218 succès, non la lenteur et encore moins l’échec de nos efforts techniques, qui a créé les problèmes insolubles du siècle : l
1219 tion chronique dans tous les États de l’Occident. Nous n’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où nous oserons regar
1220 ’avons d’espoir d’en sortir que dans la mesure où nous oserons regarder en face pour la juger selon nos buts ultimes la réus
1221 nous oserons regarder en face pour la juger selon nos buts ultimes la réussite, hélas probable, de nos efforts technico-ind
1222 nos buts ultimes la réussite, hélas probable, de nos efforts technico-industriels, en l’absence de toutes fins avouables o
1223 point, depuis la Bombe, il n’en va pas mieux pour notre civilisation dans son ensemble que pour chacun des individus qui la c
1224 précédent des moyens d’en finir avec la Terre et nous , d’un seul et même coup. L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est c
1225 L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est ce que nous saurons en faire, notre affaire. 62. « Les robots, enjeux économiqu
1226 qu’il était. Il est ce que nous saurons en faire, notre affaire. 62. « Les robots, enjeux économiques et sociaux », La Docu
1227 n° 9 de L’Ordre nouveau (mars 1934) intitulé : Nous voulons un ordre nouveau. bz. Rougemont Denis de, « Quelques maxime
48 1981, Articles divers (1978-1981). Robert Aron, Fragments d’une vie [préface] (1981)
1228 les ombres montaient à l’Est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes de leur état de désuétude. Nous fondions le
1229 ocraties inconscientes de leur état de désuétude. Nous fondions les premiers groupuscules et les premières revues personnali
1230 xe siècle. Je le revois, souvent silencieux dans nos groupes, avec ses grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa
1231 ’esprit politique. Il m’intriguait. Mais bien que nous ayons vécu ensemble l’aventure de l’Ordre nouveau pendant près de neu
1232 couvre en lisant ces Fragments d’une vie — hélas, nous ne pourrons plus en parler ensemble. Pourquoi ne l’avoir pas question
1233 le Robert Aron de l’Ordre nouveau que j’ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège d’égaux que f
1234 au que j’ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège d’égaux que fut durant neuf ans le « Comité
1235 les « groupes » furent épisodiques. Les Fragments nous apprennent d’où venait la famille de Robert, de même qu’ils m’ont app
1236 tait avant de fonder avec Dandieu les éléments de notre doctrine commune. Mais pour les autres, quelles étaient les raisons d
1237 s pour les autres, quelles étaient les raisons de notre convergence dans cette communauté de pensée en vue de l’action ? « De
1238 toutes incroyances », selon la formule de Péguy, nous ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la
1239 le de Péguy, nous ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la manière de les assumer. Sur les qua
1240 ais non pas dans la revue, où d’ailleurs aucun de nous ne se vit jamais amené à des déclarations incompatibles avec les conv
1241 nien, qu’il avait trouvée dans sa famille, et que nous acceptions tous ; quant au nietzschéisme, qu’il partageait d’ailleurs
1242 en écrivant quarante ans plus tard L’Avenir est notre affaire … Des deux juifs du groupe, l’un était agnostique — Robert Ar
1243 ées par Dandieu sur son lit de mort, en 1934. Que notre conception de la personne ait pu subsumer des définitions augustinien
1244 retour au véritable spirituel. Deuxième trait que nous avions en commun : l’analyse de la situation de l’Europe dans les ann
1245 ou de gauche, profascistes ou procommunistes, qui nous ont rapprochés au départ. Au cours des mêmes années de notre jeunesse
1246 approchés au départ. Au cours des mêmes années de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à un
1247 art. Au cours des mêmes années de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à une guerre qui ne
1248 ées de notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être notre guerre,
1249 de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être notre guerre, mais que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avio
1250 guerre qui ne pouvait être notre guerre, mais que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos dé
1251 is que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos démocraties n’avaient à opposer au mensonge t
1252 ir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos démocraties n’avaient à opposer au mensonge total des dictatures que
1253 s que la demi-vérité de l’État-nation centralisé. Nous avions constaté que l’origine des fascismes et du national-socialisme
1254 totalitarismes. D’où la recherche passionnée que nous menions tous, d’une formule de communauté qui ne fût ni de classe, ni
1255 sables. De là sans doute la qualité singulière de notre engagement (terme lancé par les personnalistes71) : c’était un engage
1256 ns l’optique politicienne. En vérité, nul d’entre nous , ni pour le groupe ni pour lui-même, ne rêvait d’une « prise de pouvo
1257 habituel, ni même au sens léniniste. Nul d’entre nous n’entendait « faire de la politique », et les rares qui se présentère
1258 ent aux élections se virent immédiatement exclus. Nous voulions tous la liberté de la personne, c’est-à-dire qu’elle fût res
1259 rsonne, c’est-à-dire qu’elle fût responsable ; et nous tirions de cet axiome les conséquences économiques et politiques : ab
1260 ion des régions au niveau national puis européen. Nous défendions une conception de la vie avec laquelle aucun des régimes e
1261 égimes existants, États-nations ou dictatures, ne nous paraissait compatible : nous étions condamnés à l’invention. Mais l’o
1262 ns ou dictatures, ne nous paraissait compatible : nous étions condamnés à l’invention. Mais l’on a calculé que les délais né
1263 ration des idées de l’Ordre nouveau : nul d’entre nous ne venait du stalinisme ou d’un autre fascisme ; aucun n’avait changé
1264 ujourd’hui. Pas de virtuoses de la palinodie dans notre groupe. Plus d’idées neuves que de moyens de les communiquer au grand
1265 niste, ni fasciste, et pourtant vous pensez comme nous  ! » Réponse : « J’étais depuis le début personnaliste, exempté de pal
1266 ran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut le nôtre avant l’ère des médias : je vois grandir sans cesse l’actualité de no
1267 édias : je vois grandir sans cesse l’actualité de nos « idées des années 1930 ». Survint la guerre prévue, qui va nous disp
1268 s années 1930 ». Survint la guerre prévue, qui va nous disperser. Robert est mobilisé en France, lieutenant d’artillerie, mo
1269 nces aux États-Unis où je serai moins gênant pour notre neutralité. En 1941, Robert est « victime de la première arrestation
1270 ération. C’est sous le signe de l’Europe unie que nous allons nous retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève
1271 st sous le signe de l’Europe unie que nous allons nous retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève, lors des p
1272 nnaliste » : première « accession au pouvoir » de nos idées ? Ce serait trop dire et ce fut éphémère, mais retenons le sign
1273 de l’Europe au-delà des États-nations — terme que nous avions forgé dès 1931, et qu’aujourd’hui le monde emploie. Depuis les
1274 rer, plus spécifiques de la doctrine élaborée par notre groupe, n’ont cessé de gagner en actualité, au point d’en occuper dep
1275 e. » Plus simple encore, ce titre dans le n° 1 de notre revue posait le dilemme fondamental des sociétés industrielles : « Li
1276 int où il ne peut plus esquiver ces questions que nous fûmes presque seuls à regarder en face, il y a près de cinquante ans.
1277 à regarder en face, il y a près de cinquante ans. Nous proposions des solutions telles que le service civil industriel et le
1278 causte nucléaire. Mais revenons à la personne de notre ami. Un dernier trait de son caractère et de son œuvre d’historien me
1279 Sartre, quinze ans plus tard, allait s’approprier notre définition de l’homme libre parce que responsable et réciproquement,
49 1981, Articles divers (1978-1981). Charles Ricq, Les Travailleurs frontaliers en Europe [préface] (1981)
1280 eau continental, dans les pays les plus divers de notre Europe : agitation ethnique en France, Constitution espagnole introdu
1281 leur et la rapidité de son progrès, l’ouvrage que nous présentons tient une place à part et qu’il importe de situer. C’est u
1282 des impôts. Il s’agit là d’une « première » dans notre histoire européenne. Qu’elle ait passé pratiquement inaperçue de la g
50 1981, Articles divers (1978-1981). La Suisse face au danger de guerre : « Je suis un pessimiste actif » (4 mars 1981)
1283 que j’ai eue avec Einstein en 1947 à Princeton où nous étions voisins. Je lui ai demandé ce qui se produirait en cas de guer
1284 vents dominants s’empresseraient de diriger vers notre plateau, Kowarski me disait : « Ça peut tuer tout le monde ou très pe
1285 u mieux, ne serviront à rien, sinon, comme chacun nous le dit, à empêcher les autres de faire la guerre. Je n’en crois pas m
1286 s puissances du tiers-monde. Parce que, là aussi, nous avons tout disposé, avec une inconscience quasi démente, pour que ça
1287 s médias, les mentalités, les politiques et toute notre industrie se mettent en place peu à peu, comme poussés par un mot d’o
1288 mettre ici les points sur les i, chacun sait que nos industries sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de nous faire
1289 s sont engagées dans le nucléaire. On a essayé de nous faire croire que le nucléaire militaire et le nucléaire civil n’avaie
1290 ple de l’Inde. La seule question est de savoir si nous aurons le temps de faire prendre conscience aux populations du danger
1291 ne pas venir. D’ailleurs, tous les colloques que nous pouvons écrire, les émissions que nous pouvons faire, même multipliée
1292 loques que nous pouvons écrire, les émissions que nous pouvons faire, même multipliées par cent-mille, ne suffiront pas à re
1293 en de toute manière, buvons et fumons, car demain nous mourrons. Ou alors, ça développe chez eux, inconsciemment peut-être,
1294 utrons serait encore le moyen le plus maniable de nous défendre quand les Russes déferleront avec leurs milliers de chars. M
1295 d’abris antiatomiques. Je m’explique mal comment nos milieux gouvernementaux et militaires y croient encore. La guérill
1296 e beaucoup plus infranchissable que tous ceux que nous pourrions leur opposer. S’ils font la guerre, ce sera aussi pour s’em
1297 hoise. Et, à supposer même qu’ils veuillent raser nos villes et nos usines, ils pourraient se passer de bombes atomiques pu
1298 upposer même qu’ils veuillent raser nos villes et nos usines, ils pourraient se passer de bombes atomiques puisqu’il leur s
1299 tomiques puisqu’il leur suffirait de faire sauter nos propres centrales nucléaires (comme l’a dit le général Buis), ce qui
1300 e général Buis), ce qui paralyserait du même coup notre pays. Raison de plus, soit dit en passant, pour que la Suisse renonce
1301 s mal de voix contre Guisan en 1939. « Il faudra, nous disait-il, laisser pénétrer l’infanterie et les chars adverses, très
1302 ropéens est devenue pratiquement impensable. Cela nous laisse une seule hypothèse : celle d’un déferlement de l’immense armé
1303 es à la conquête de l’Europe. En admettant qu’ils nous submergent rapidement, comme le prévoit le général belge Close74, qu’
1304 l y a chez les Européens, et chez les Suisses qui nous intéressent plus particulièrement, une volonté de défense, une consci
1305 , « en hérisson », serait non seulement adaptée à nos conditions géographiques et politiques particulières, mais s’inscrira
1306 ant un temps. Ce n’est tout de même pas le but de notre défense nationale, n’est-ce pas, que d’enrichir un certain nombre de
1307 on, mais qui n’en seraient pas moins contraires à notre neutralité, puisqu’elles sont par nature offensives (le premier qui t
1308 premier qui tire a toutes les chances de gagner), nous devrions entraîner d’urgence notre population civile à cette défense
1309 ces de gagner), nous devrions entraîner d’urgence notre population civile à cette défense non violente. Cet entraînement s’in
1310 eignement du russe « colloquial » d’aujourd’hui à nos jeunes gens des deux sexes pourrait devenir une arme infiniment plus
1311 edoutable, quoique mille fois moins coûteuse, que nos achats d’avions vite démodés. Ces cours de défense civile, psychologi
1312 prenait une position en flèche, cela donnerait à notre jeunesse un idéal très puissant, un avenir véritablement attirant, vo
1313 ritablement attirant, voire fascinant. L’idée que nous ne serions plus les « profiteurs des guerres des autres », comme nous
1314 les « profiteurs des guerres des autres », comme nous en accuse l’Europe, mais que nous montrerions le chemin vers un futur
1315 autres », comme nous en accuse l’Europe, mais que nous montrerions le chemin vers un futur possible, vivable encore, je ne v
1316 ts, si on sauve ainsi toute une population ? Vous nous montrez les Suisses à la croisée des chemins. Oui. Et vous êtes optim
1317 ller, elles iront très mal. Et, dans la mesure où nous sommes actifs, quelles que soient nos chances de succès évaluables au
1318 mesure où nous sommes actifs, quelles que soient nos chances de succès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre
1319 ent nos chances de succès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des
1320 cès évaluables aujourd’hui, nous sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des personnes qui auront es
1321 nous sauvons au moins notre dignité personnelle. Nous serons au moins des personnes qui auront essayé de faire quelque chos
1322 r Walter Weideli et intruidits par ce chapeau : «  Notre enquête s’achève par une interview “pas comme les autres”. Plus diale
51 1981, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire (mai 1981)
1323 L’Avenir est notre affaire (mai 1981)ck cl Comment la situation a-t-elle évolué depui
1324 grandes portes, il est écrit : « L’avenir, c’est notre affaire ». Le titre de votre livre a-t-il été utilisé ailleurs qu’à P
1325 du tout de mon livre. En revanche, L’Avenir est notre affaire a fait la couverture d’un numéro du Nouvel Observateur, au s
1326 es qui pourront rouler. Les laissera-t-on faire ? Nous sommes tellement habitués à nous déplacer en voiture qu’une telle sit
1327 era-t-on faire ? Nous sommes tellement habitués à nous déplacer en voiture qu’une telle situation créerait des troubles soci
1328 que c’est ça le Progrès ? Paul Valéry a écrit : «  Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout
1329 ? Paul Valéry a écrit : « Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout ce que la technologie a
1330 a écrit : « Nous ne pouvons prévoir nos rêves ni nos projets. » L’avion, l’auto, tout ce que la technologie a réalisé, ce
1331 gie a réalisé, ce sont des rêves de l’homme, dont nous ne pouvions pas prévoir l’aboutissement. Les régions, enfin. C’est le
1332 de sa campagne électorale. Dans votre livre, vous nous donniez dix à quinze ans au plus pour décider de la survie de notre e
1333 à quinze ans au plus pour décider de la survie de notre espèce. Votre avertissement a-t-il été entendu ? Dans les trois cas q
1334 anistan, Pologne). Le seul ennemi à redouter pour nous Européens, ce sont les Russes. Et s’ils nous font un jour la guerre,
1335 pour nous Européens, ce sont les Russes. Et s’ils nous font un jour la guerre, ce sera une guerre classique, car ils voudron
1336 e guerre classique, car ils voudront s’emparer de nos industries. (En lançant des bombes atomiques, ils créeraient un déser
1337 oserait donc pas de la totalité de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient nos territoires, les Russes seraient certai
1338 de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient nos territoires, les Russes seraient certainement surpris de voir que nou
1339 Russes seraient certainement surpris de voir que nous ne correspondons pas aux descriptions qu’on leur a faites. Loin de ch
1340 pent. » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous
1341  » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les a
1342 nous nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques 
1343 nous fabriquons des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques » ou
1344 s des lois derrière lesquelles nous nous cachons. Nous les appelons par exemple « impératifs économiques » ou « techniques »
1345 sible ! Votre livre appelle à la conversion. Vous nous appelez à faire passer le spirituel et l’affectif avant le matériel e
1346 différence y a-t-il entre la peur de l’an 1000 et notre peur de l’an 2000 ? Ce sont deux choses tout à fait différentes. La p
1347 le et non pas inventée par Michelet. Aujourd’hui, nous avons hélas de bonnes raisons rationnelles d’avoir peur. Tout cela va
1348 faut pas, sous des prétextes mondains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénon
1349 rétextes mondains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quot
1350 dains, sacrifier notre vie éternelle. Nous devons nous indigner contre le mensonge, le dénoncer dans la vie quotidienne, et
1351 ie, le gaspillage et la dégradation de l’énergie. Nous allons vers la mort tiède de l’univers. Les erreurs sur l’avenir sont
1352 ’avenir sont de plus en plus graves, à mesure que nos moyens sont plus grands. C’est une question de dimensions. Voilà pour
1353 . Rougemont Denis de, « [Entretien] L’avenir est notre affaire », Certitudes, Bevaix, mai 1981, p. 28-30. cl. Propos recuei
52 1981, Articles divers (1978-1981). La ruée vers le Graal : questions à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)
1354 ns à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)cm cn Nous sommes des Celtes, me dit Denis de Rougemont. Il habite une ancienne
1355 des marches de pierre, un jardin planté de haies, nous parlons du retour en force des légendes bretonnes qui ont inspiré en
1356 on livre L’Amour et l’Occident , publié en 1939. Nous sommes imprégnés des récits de la Table ronde, ils sont entrés dans n
1357 es récits de la Table ronde, ils sont entrés dans nos gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qu
1358 le ronde, ils sont entrés dans nos gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qui a écrit un jour :
1359 rofond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous , généralement à notre insu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance
1360 t le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance de notre histoire. Le
1361 nsu. » Pourquoi cet oubli ? Par méconnaissance de notre histoire. Les Celtes ont occupé tout le territoire européen de Gibral
1362 les Romains. L’origine du Graal Réjouissons- nous donc : nous sommes Celtes, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vou
1363 . L’origine du Graal Réjouissons-nous donc : nous sommes Celtes, comme l’affirme avec force Jean-Pierre Vouga, dans son
53 1981, Articles divers (1978-1981). « Les socialistes sont la chance de la France pour réaliser la réforme des régions » (5 août 1981)
1364 région. Savez-vous ce que les Lillois m’ont dit ? Notre ville devrait être une métropole régionale et ce n’est que le terminu
1365 me de « décentralisation » par exemple. Dès 1930, notre groupe le refusait, car la décentralisation, c’est ce qui est octroyé
1366 fferre dans une commission européenne à Londres ; nous nous sommes fort bien entendus. Il a compris la base du fédéralisme,
1367 e dans une commission européenne à Londres ; nous nous sommes fort bien entendus. Il a compris la base du fédéralisme, c’est
1368 Comment peut-on illustrer cela pour la région qui nous concerne ? Le Léman, c’est une affaire de région. Pour son sauvetage,
54 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre 1981)
1369 e des raisons principales du désarroi dans lequel nous jettent les récents développements de la technologie et, en général,
1370 hysiques, chimiques et biologiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premier
1371 logiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds et à les é
1372 iste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds et à les évaluer globale
1373 ; il en est peu qui égarent davantage l’esprit de nos contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a
1374 informé, précisément. Sans doute, mais chacun de nous sait bien que toute innovation technique, qu’on la qualifie ou non de
1375 e vraiment d’être présentée comme une révolution, nous avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les gr
1376 t de responsabilité accrues de la personne. De là notre problème et le sujet que je souhaite aborder. 3. Ambivalence de la
1377 ppui de mes dires : un jour, qu’avec Louis Armand nous discutions des complexités effarantes auxquelles une politique fédéra
1378 ublions jamais l’ambivalence inévitable de toutes nos technologies : — la « révolution » technique de l’automation devait a
1379 e l’automation devait amener l’ère des loisirs et nous sommes dans l’ère du chômage ; — la productivité sans cesse accrue de
1380 e accrue de l’industrie annonçait l’abondance, et nous avons des pénuries multipliées en Occident, et des famines dans le ti
1381 es famines dans le tiers-monde ; — l’informatique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous, mais
1382 matique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous  », plus vite que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facul
1383 ujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous , mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jug
1384 te que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1385 s tout de suite que ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une
1386 s pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de nos problèmes présents de civilisation scientifico-technique, il y a, en
1387 e qu’ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux
1388 ils doivent s’enorgueillir — « grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux cosmo
1389 Walesa, rien n’avait été correctement prévu, tout nous a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décen
1390 de leurs combinaisons, convergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même
1391 vergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même de réflexion sur l’avenir
1392 refuse cette invitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur la Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pou
1393 intaines sur l’homme, la société et la nature, de nos innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. comp
1394 eule une personne peut intégrer. L’information ne nous dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions
1395 e sagesse n’est pas encore Amour (cet « amour qui nous rendra la liberté », comme le dit une chanson populaire et sublime) ;
1396 ; e) mais si l’information (data + news) augmente nos pouvoirs physiques, il devient impératif et vital d’augmenter simulta
1397 t vital d’augmenter simultanément et à proportion notre sagesse morale et spirituelle, qui est le sens des fins dernières aux
1398 des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner nos moyens. Principe de base : il est mortellement dangereux d’augmenter
1399 succès total de cette machine. Personne n’imagina nos villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnée
1400 os villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnées, les chars et l’aviation, les compagnies pétroliè
1401 ugmenter le profit aux dépens de la main-d’œuvre. Notre troisième critère sera le complément du second, comme la responsabili
1402 des citoyens à leur gestion. Le quatrième critère nous est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous command
1403 enu familier depuis quelques années seulement. Il nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou nat
1404 l nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou naturel, et de même tout ce qui menace d’épuiser à c
1405 nchaînement d’innovations techniques »). Ceci est notre cinquième critère. Quand une technique nouvelle s’avère capable de ch
1406 comme c’est évidemment le cas pour la musique. On nous apprend que l’homme peut absorber normalement 80 000 informations par
1407 ique. C’est un embouteillage de communication. On nous dit que l’ordinateur, interrogé sur un problème psychologique, « pens
1408 t. Dans la société entièrement informatisée qu’on nous prépare, c’est la saveur même de la vie que l’homme n’aura plus le te
1409 , l’auto, l’avion, le téléphone et la télévision, nous prépare certes à penser ou à imaginer selon des schémas déduits de la
1410 paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser, de sentir, ni de croire. L’informatique peut aller b
1411 ttant de calculer et combiner en lieu et place de nos cerveaux tout ce qui peut être exprimé en termes logiques et chiffrab
1412 e exprimé en termes logiques et chiffrables, elle nous fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos pr
1413 ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1414 les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, purifié
1415 mots l’essentiel de ce que je viens d’avancer. On nous propose aujourd’hui, avec une insistance croissante, l’école sans maî
1416 ratiques. » Les partisans de l’école sans maîtres nous assurent qu’elle pourra multiplier par 60 les possibilités du cerveau
1417 un muscle. « La mémoire se cultive par l’usage », nous rappelle opportunément le Petit Larousse. Ivan Illich, à l’Université
1418 de la vulnérabilité d’une société informatisée ? Nous sommes au seuil d’une civilisation rendue fragile par quantité de fac
1419 té. Car la technique a pour fonction de faciliter nos efforts et d’en multiplier les effets. Or le mal est en général plus
1420 uire ou freiner la technique, l’informatique dans notre cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous rep
1421 Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique sat
1422 t trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfai
1423 e peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux
1424 sinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux numéros 1 et 4
1425 re un équivalent des dangers du gigantisme). Mais nous constatons qu’en revanche, l’informatique fait mauvaise figure face a
1426 contre la personne, et surtout parce qu’elle rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’év
1427 le rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’évolution de l’informatique (laquelle, livr
1428 prise humaine), c’est sur ces derniers points que nous avons à le faire. Il faut refuser et réfuter activement l’approche im
1429 vérité sa définition scientifique et son utilité. Nous pouvons le faire encore, et nous le devons. C’est bien peu de choses,
1430 et son utilité. Nous pouvons le faire encore, et nous le devons. C’est bien peu de choses, me dira-t-on : un effort non mes
1431 que de ce peu, de ce très peu, dépende le sort de notre civilisation occidentale. 76. Simon Nora et Alain Minc, L’Informat
55 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre-décembre 1981)
1432 e des raisons principales du désarroi dans lequel nous jettent les récents développements de la technologie et en général de
1433 hysiques, chimiques et biologiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premier
1434 logiques, consiste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds, à vérifie
1435 iste dans notre inaptitude à relier nos moyens et nos buts, à subordonner les premiers aux seconds, à vérifier sans cesse l
1436 , il en est peu qui égarent davantage l’esprit de nos contemporains. Dans le domaine proprement scientifique, l’Europe n’a
1437 informé, précisément. Sans doute, mais chacun de nous sait bien que toute innovation technique, qu’on la qualifie ou non de
1438 e vraiment d’être présentée comme une révolution, nous avons le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les gr
1439 appui de mes dires : un jour qu’avec Louis Armand nous discutions des complexités effarantes auxquelles une politique fédéra
1440 ublions jamais l’ambivalence inévitable de toutes nos technologies. — La « révolution » technique de l’automation devait am
1441 l’automation devait amener l’ère des loisirs, et nous sommes dans l’ère du chômage. — La productivité de l’industrie annon
1442 uctivité de l’industrie annonçait l’abondance. Et nous avons des pénuries croissantes en Occident, et des famines dans le ti
1443 des famines dans le tiers-monde. — L’informatique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous, mais
1444 matique nous propose aujourd’hui de « penser pour nous  », plus vite que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facul
1445 ujourd’hui de « penser pour nous », plus vite que nous , mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jug
1446 te que nous, mais elle crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1447 inalités Certes, ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à contre-fins, mais bien une
1448 s pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de nos problèmes présents de civilisation scientifico-technique, il y a, en
1449 e qu’ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux
1450 ils doivent s’enorgueillir — « Grâce à vous, nous nous sentons de nouveau des géants », disait le président Reagan aux cosmo
1451 l’Iran, de l’Afghanistan ou de Lech Walesa, tout nous a pris au dépourvu dans les événements marquants de la dernière décen
1452 de leurs combinaisons, convergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même
1453 vergences ou conflits, nous inviterait à renoncer nous aussi à tout effort de prospective et même de réflexion sur l’avenir
1454 , je refuse l’invitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pour l
1455 intaines sur l’homme, la société et la nature, de nos innovations technologiques, je propose donc le plan suivant : 1. Comp
1456 eule une personne peut intégrer. L’information ne nous dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions
1457 sagesse n’est pas encore amour. (Cet « amour qui nous rendra la liberté », comme le dit une chanson populaire et sublime.)
1458 . e. Mais si l’information (data + news) augmente nos pouvoirs physiques, il devient impératif et vital d’augmenter simulta
1459 vital d’augmenter simultanément et en proportion notre sagesse morale et spirituelle, qui est le sens des fins dernières aux
1460 des fins dernières auxquelles doivent s’ordonner nos moyens. Principe de base : il est mortellement dangereux d’augmenter
1461 succès total de cette machine. Personne n’imagina nos villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnée
1462 os villes éclatées, embouteillées, irrespirables, nos campagnes bétonnées, les chars et l’aviation, les compagnies pétroliè
1463 ugmenter le profit aux dépens de la main-d’œuvre. Notre troisième critère sera le complément du deuxième, comme la responsabi
1464 citoyens à leur gestion. 4. Le quatrième critère nous est devenu familier depuis quelques années seulement. Il nous command
1465 enu familier depuis quelques années seulement. Il nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou nat
1466 l nous commande d’éviter tout ce qui peut polluer notre milieu social ou naturel, et de même tout ce qui menace d’épuiser à c
1467 comme c’est évidemment le cas pour la musique. On nous apprend que l’homme peut absorber normalement 80 000 informations par
1468 que. C’est un embouteillage de communication. On nous dit que l’ordinateur, interrogé sur un problème psychologique, « pens
1469 t. Dans la société entièrement informatisée qu’on nous prépare, c’est la saveur même de la vie que l’homme n’aura plus le te
1470 to, l’avion, le téléphone et la Radio-Télévision, nous prépare certes à penser ou imaginer selon des schémas déduits de la s
1471 paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser, de sentir, ni de croire. L’informatique peut aller b
1472 tant de calculer et combiner, en lieu et place de nos cerveaux, tout ce qui peut être exprimé en termes logiques et chiffra
1473 e exprimé en termes logiques et chiffrables, elle nous fait entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos pr
1474 ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1475 les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, purifié
1476 n quelques mots l’essentiel de ce qui précède. On nous propose aujourd’hui, avec une insistance croissante dans toute la pre
1477 ratiques. » Les partisans de l’école sans maîtres nous assurent qu’elle pourra multiplier par soixante les possibilités du c
1478 n muscle : « La mémoire se cultive par l’usage », nous rappelle opportunément le Petit Larousse. Ivan Illich, à l’Université
1479 de la vulnérabilité d’une société informatisée ? Nous sommes sur le seuil d’une civilisation rendue fragile par quantité de
1480 té. Car la technique a pour fonction de faciliter nos efforts et d’en multiplier les effets. Or le mal est en général plus
1481 uire ou stopper la technique, l’informatique dans notre cas ? Il est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous re
1482 l est trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique sat
1483 trop tard. On ne peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfai
1484 peut rien désinventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux
1485 inventer. Si nous nous reportons à nos critères, nous constatons que l’informatique satisfait très bien aux numéros 1 et 4
1486 es fabuleux puissent en être un équivalent). Mais nous constatons qu’en revanche l’informatique fait mauvaise figure face au
1487 ontre la personne ; et surtout parce qu’elle rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’év
1488 le rend notre société terriblement vulnérable. Si nous pouvons encore agir sur l’évolution de l’informatique (laquelle, livr
1489 te prise humaine), c’est sur ce dernier point que nous avons à le faire. Refuser, réfuter activement le point de vue impéria
1490 vérité sa définition scientifique et son utilité, nous pouvons le faire encore — et nous le devons. C’est bien peu de chose,
1491 et son utilité, nous pouvons le faire encore — et nous le devons. C’est bien peu de chose, me dira-t-on. Un effort non mesur
1492 que de ce peu, de ce très peu, dépend le sort de notre civilisation occidentale. 89. Simon Nora et Alain Minc, L’Informa
56 1981, Articles divers (1978-1981). L’informatique vue par Denis de Rougemont (2 décembre 1981)
1493 tidienne des Occidentaux, l’informatique accentue notre tendance à penser ou à imaginer selon des schémas déduits de la seule
1494 seule réalité physique et de ses mécanismes. Elle nous fait ainsi entrer dans un monde où les ordinateurs, ayant « traité »
1495 ans un monde où les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au ra
1496 les ordinateurs, ayant « traité » nos problèmes, nous restitueront une réalité toujours mieux réduite au rationnel, déperso
1497 matique ou la télématique. En d’autres termes, en nous offrant de « penser pour nous » et plus vite que nous, « l’informatiq
1498 d’autres termes, en nous offrant de « penser pour nous  » et plus vite que nous, « l’informatique crée le risque d’atrophier
1499 offrant de « penser pour nous » et plus vite que nous , « l’informatique crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire,
1500 nous, « l’informatique crée le risque d’atrophier nos facultés de mémoire, de jugement et de création, tout en multipliant
1501 rticle paru dans La Revue économique et sociale , nous lui avons posé quelques questions. »