1 1978, Articles divers (1978-1981). L’Europe est une culture commune (1978)
1 qui a dominé le monde pendant des siècles, n’est pas le produit d’une terre assez ingrate, encore couverte de forêts quand
2 er illustraient toute la civilisation. Elle n’est pas le produit démontrable d’un climat, d’une pression démographique, d’u
3 t de ces points, d’avantages décisifs. Elle n’est pas fille de la Nature, mais de l’Homme. L’Europe est le produit de tradi
4 t : la science s’est développée en Europe, et non pas en Asie. Parce que les Européens avaient décidé (et déclaré au moins
5 mps des mythes, pour lequel les dates ne comptent pas . Un troisième fait : ce sont les Européens qui ont exploré la planète
6 chrétienne est universaliste et missionnaire, non pas magique et folklorique. Parce qu’elle libère en l’homme des énergies,
7 ence allemande » (ou anglaise, ou italienne), non pas comme on parlait jadis de musique flamande ou bourguignonne, de peint
8 ’échanges libres et d’influences fécondantes, non pas entre nations comme telles, mais entre foyers locaux, écoles régional
2 1978, Articles divers (1978-1981). Le Jura libre à l’heure des régions (1978)
9 re à l’heure des régions (1978)b Si l’on n’est pas né Jurassien, si l’on n’a pas de raisons déraisonnables, intéressées
10 )b Si l’on n’est pas né Jurassien, si l’on n’a pas de raisons déraisonnables, intéressées au sens vital, émotives, indic
11 on de vie ou de mort, notre union n’a cessé de ne pas avancer. La cause de ce « sur place » désespérant est très facile à d
12 nécessaire. Et si l’Europe fédérée ne représente pas la réponse au grand appel communautaire qui s’élève des masses comme
13 élites occidentales au xxe siècle, elle ne vaut pas la peine d’être faite, et au surplus, elle ne sera jamais faite.
14 uridictions s’unirent librement en 1471, et n’ont pas eu depuis ce temps de problèmes majeurs de vie confédérale. À l’autre
15 Bâle, et de Genève à Nice. « Non, Sire, ce n’est pas une émeute ! C’est une Révolution ! » (C’est-à-dire l’instauration d’
16 puis au fait, désormais accompli. Ce qui n’était pas conforme à la loi organique de libre formation des Ligues suisses, ce
17 Voilà qui est fait, et qu’il serait insensé de ne pas reconnaître et proclamer par un vote unanime du peuple et des cantons
3 1978, Articles divers (1978-1981). Dépolitiser la politique (janvier 1978)
18  » ? Dépolitisé veut dire pour moi « qui ne croit pas que c’est très important d’être de gauche ou de droite, d’être du cen
19 e récupéré par un parti ou par un autre, n’est-ce pas  ?), il faut absolument leur apprendre que la politique, c’est l’art d
20 même mot que civisme, qui est dérivé du latin et pas du grec. Polis, civitas, c’est l’État, c’est la même chose, c’est la
21 service militaire et l’impôt ; les gens n’aiment pas ça, il faut les y contraindre. C’est là que j’ai cité dans mon livre
22 avait pourtant un gouvernement de la France, mais pas d’impôts, ce n’était pas possible, et pas de service militaire obliga
23 ement de la France, mais pas d’impôts, ce n’était pas possible, et pas de service militaire obligatoire. Ça vient du xixe
24 e, mais pas d’impôts, ce n’était pas possible, et pas de service militaire obligatoire. Ça vient du xixe siècle, le servic
25 e l’école publique et obligatoire… Ne pensez-vous pas que l’écologie est un langage que les femmes peuvent mieux comprendre
4 1978, Articles divers (1978-1981). Le diable en Suisse (1er janvier 1978)
26 r 1978)g Titre-piège, bien sûr, mais qui n’est pas de moi. C’est Lui sans aucun doute qui l’a soufflé aux rédacteurs de
27 flé aux rédacteurs de ce journal. Car je ne sache pas au monde un seul pays où le diable soit plus improbable, ou en tout c
28 u diable, sont bien trop « évidents » pour n’être pas trompeurs. Depuis La Part du diable (publiée à New York en 1942 et
29 udelaire, est de nous faire croire qu’il n’existe pas . Rien de plus facile que d’en convaincre un peuple qui ne croit pas t
30 facile que d’en convaincre un peuple qui ne croit pas tellement au tragique, et le considère plutôt comme exagération. « Tr
31 avant que la chose n’arrive, mais cela n’en reste pas moins vrai : c’est la bande à Baader, aujourd’hui, qui a repris le rô
32 ttention : Baader et les Palestiniens ne sont-ils pas plutôt victimes du diable que diaboliques eux-mêmes ? L’exemple leur
33 de haut : l’« équilibre de la terreur », n’est-ce pas le modèle même du chantage à la bombe, qui sera le terrorisme de dema
34 ombe, qui sera le terrorisme de demain ? N’est-il pas le fait des États, qui ne se contentent pas de prendre en otage les p
35 st-il pas le fait des États, qui ne se contentent pas de prendre en otage les passagers d’un seul Boeing, mais des pays ent
36 cynisme, car il sait bien que nous ne le croirons pas  ! C’est ainsi qu’à l’automne de 1974, le conseiller fédéral Willy Rit
37 nécessaire » à cette époque. Non, le diable n’est pas Monsieur X ou tel autre. Il est présent, actif et souverain, non pas
38 el autre. Il est présent, actif et souverain, non pas dans une personne mais bien dans ses effets, dans le grand mythe coll
39 collectif de la puissance et de la richesse, dont pas un de nous ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascinati
40 rgies infernales, et que leur plutonium n’évitera pas , préparons-nous à vivre mieux grâce au Soleil, avec moins de gaspilla
5 1978, Articles divers (1978-1981). Réfléchir à ce que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)
41 alestiniens et de la Fraction armée rouge ; rien, pas même l’arrogance de ceux qui le condamnent au nom du droit qu’ils se
42 collectives, par nations entières. Je ne connais pas une seule forme de terrorisme qui puisse être justifiée. Reprenons vo
43 présenter ce « succès ». Parce que détruire n’est pas innover, cela va de soi. Pour ce qui concerne les premiers cités, je
44 r ce qui concerne les premiers cités, je ne sache pas qu’ils aient jamais recouru à la terreur. Quant à Netchaïev, s’il ava
45 idée claire de la société à établir, il n’aurait pas agi de la sorte. À mon avis, le révolutionnaire doit porter en lui le
46 français, sous l’Occupation… En fait, il ne faut pas parler de mouvement terroriste à propos de la Résistance. Il ne s’agi
47 es gens pour arguer, à l’époque, qu’il ne fallait pas lutter contre les Allemands par les armes. Mais ce genre d’arguments
48 … Quant aux mouvements de libération, je ne pense pas non plus qu’ils aient gagné quoi que ce soit, hors d’une publicité da
49 u colonialiste ? » Eh ! bien, voyez le résultat : pas un seul des pays d’Afrique n’a obtenu ce qu’il revendiquait par ces m
50 Or peut-on « faire la révolution ? » Certainement pas comme ça. D’ailleurs, je n’aime guère employer cette expression. La p
51 pression, du débat et de l’invention. Il ne s’est pas agi là, comme on a pu le dire, d’une révolution, mais d’une effusion
52 a démocratie qui est visé. Alors… Mais il ne faut pas , non plus, faire preuve d’hypocrisie : il n’y a pas, là, de phénomène
53 s, non plus, faire preuve d’hypocrisie : il n’y a pas , là, de phénomène spécifiquement allemand ou italien. Voyez-vous, com
54 que — je pense à l’URSS, en particulier — n’aient pas suscité plus d’actes de terrorisme ? Cela reste à vérifier, tout d’ab
55 proféré par les gouvernements dictatoriaux n’est pas fait pour encourager les prises d’otages. Le chantage n’a aucune pris
56 des moyens respectueux de la légalité ? Il n’y a pas d’autres moyens de lutter contre le terrorisme que ceux de la légalit
57 actère suicidaire, incontrôlable. Mais comment ne pas se condamner soi-même, en entrant dans le cercle vicieux de la répres
58 l’illégalité. Ce que l’on risque, alors, ce n’est pas le retour au fascisme6 mais c’est l’établissement d’un État policier.
59 rature, qui demande que les terroristes ne soient pas jugés par leur pays d’origine mais par une cour pénale européenne, m’
6 1978, Articles divers (1978-1981). Un autre avenir pour la planète (février 1978)
60 ous vers une catastrophe ! Si nous ne choisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’un
61 oisissons pas librement notre avenir, il n’y aura pas d’avenir humain au-delà d’un cataclysme inévitable que les rares surv
62 névitable que les rares survivants ne raconteront pas , faute de public… C’est ce que j’essaie d’expliquer dans mon livre. N
63 dans la cité, dans la communauté : on ne devient pas une personne tout seul mais on ne le devient pas non plus si l’on est
64 pas une personne tout seul mais on ne le devient pas non plus si l’on est totalement immergé dans la communauté et détermi
65 antiétatisme décidé et conséquent. Anarchistes ? Pas anarchistes : nous admettions la fonction étatique ; un minimum d’Éta
66 l’intuition de Proudhon. Évidemment nous n’étions pas bien reçus. Ni par la droite ni par la gauche entre qui nous ne vouli
67 roite ni par la gauche entre qui nous ne voulions pas faire la différence « sacrée ». Pour nous, l’une et l’autre n’étaient
68 isme. Quarante ans après les arguments ne se sont pas beaucoup renouvelés ! Ils ne peuvent pas se renouveler : il y a une d
69 se sont pas beaucoup renouvelés ! Ils ne peuvent pas se renouveler : il y a une différence cependant par rapport à hier. U
70 ort à hier. Un grand nombre de Français — pour ne pas parler des Italiens, des Allemands ou des Anglais — sont en train de
71 ls capables aujourd’hui de mobiliser la jeunesse. Pas les « masses » qui obéissent à des mots d’ordre, mais la foule des ci
72 source énergétique, le pétrole. Hélas, ce ne sera pas suffisant ! Il faudra encore beaucoup d’autres événements de ce genre
73 ouhaiter, c’est que ces avertissements n’arrivent pas trop tard et qu’ils soient juste assez forts pour nous obliger à réfl
74 obliger à réfléchir, juste assez faibles pour ne pas nous écraser… On ne prend guère le chemin de cette réflexion ! On con
75 ges. Ça, personne ne peut le nier. Or, je ne vois pas qu’on construise une voiture de moins ou qu’on ralentisse la construc
76 nt dans le creux de l’oreille : « Ne vous affolez pas , la voiture électrique est presque au point ! » Je réponds : « Si c’e
77 point ! » Je réponds : « Si c’est vrai — ce n’est pas vrai, naturellement ! — vous êtes des criminels de ne pas le dire ouv
78 , naturellement ! — vous êtes des criminels de ne pas le dire ouvertement et tout de suite afin que nous économisions du pé
79 s. Grâce au nucléaire… Mais vous, vous n’y croyez pas . Vous lui êtes même farouchement opposé. Expliquez-moi. Avec le débat
80 ourd’hui. Mais c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire ! Nous ne le pouvons pas. La croissance indéfinie dans un monde
81 t ce qu’il ne faut pas faire ! Nous ne le pouvons pas . La croissance indéfinie dans un monde fini est une aberration. Nous
82 ssayer de pousser ça, on verra bien. » N’hésitant pas à utiliser la démagogie. Ils disent par exemple : « Dans une centrale
83 gens qui lisent ça se disent : « Donc il n’y aura pas d’accident avant cent-mille ans ! » Sans s’imaginer que l’accident po
84 ielle et financière et qui ont décidé qu’il n’est pas question de remettre en cause la croissance infinie, le gaspillage de
85 ique, d’Asie ou d’Amérique latine dans la misère. Pas facile tout de même pour un citoyen moyen de se faire une opinion déf
86 s avons besoin de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas besoin d’autant en tous cas. Il y a quelque temps, le di
87 n de ceci ou de cela. Mais on n’en a pas besoin ! Pas besoin d’autant en tous cas. Il y a quelque temps, le directeur de l’
88 t jamais fournir. Si tout va bien… Or, cela n’ira pas bien ! Pour Superphénix, par exemple, dont la construction a commencé
89 ntrés récemment sont pessimistes : — Ça ne pourra pas se faire ! Pour des raisons à la fois techniques et financières. Pers
90 la grandeur… C’est cette logique que je réprouve, pas les hommes. L’État finalement, suit comme il peut. Ça montre d’ailleu
91 e. » Ça ne veut rien dire ! La France n’a presque pas d’uranium. Elle dépendra pour le combustible de ses centrales nucléai
92 provenant du Commissariat de l’énergie atomique. Pas même une minorité de blocage. Le reste étant apporté par Westinghouse
93 a crise totale. Nous sommes donc contraints de ne pas continuer. Alors que faire ? D’abord économiser. En nous déplaçant mo
94 conomiser. En nous déplaçant moins, en ne prenant pas notre voiture chaque fois que nous pouvons prendre le train, etc. Mai
95 vernements détestent. « L’énergie solaire ne sera pas compétitive avant la fin du siècle », nous répète-t-on. C’est faux. D
96 et à l’État ! Tant que les États-nations n’auront pas trouvé le moyen d’intercaler un compteur, entre le soleil et les cito
97 est l’opium de la révolution ». La formule n’est pas de moi, mais de mes amis Robert Aron et Arnaud Dandieu. Mais c’est vr
98 eux pour voir et des oreilles pour entendre n’ont pas attendu « les nouveaux philosophes » pour le découvrir… Alors, votre
99 u premier rang ceux des écologistes. Tous ne sont pas forcément sympathiques à chacun, mais l’avenir est incontestablement
100 la liberté, à une vie plus saine où l’on ne sera pas sans cesse pourchassé par le temps… Avec la nécessité, pour aller vit
101 Il faut sortir de ce cercle. En sortir, ce n’est pas forcément aller prendre le pouvoir, là où d’ailleurs il n’existe pres
102 pérer au cœur de la crise où nous sommes plongés. Pas moyen d’en sortir autrement. Notre génération ne recevra pas d’autre
103 ’en sortir autrement. Notre génération ne recevra pas d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir. Souvenez-vous : « De Séir un
104 que vous voudrez ! Sin vous ne vous convertissez pas , vous pouvez toujours courir. La sentinelle que vous êtes aujourd’hui
105 esponsabilité… J’ai confiance cependant. Ce n’est pas de l’optimisme. Non, je suis comme Martin Luther : même si j’apprenai
106 interrogez toujours si vous ne vous convertissez pas … » La correction est de Rougemont, en marge sur l’exemplaire.
7 1978, Articles divers (1978-1981). « Quel avenir voulons-nous ? » (1er février 1978)
107 nous retranchons, nous nous dissimulons. Ce n’est pas la technique qui fait l’Histoire, mais nos désirs, dont la technique
108 erche surtout à démontrer que l’avenir ne se fait pas tout seul, qu’il est à l’image de nos dieux et de nos démons et qu’il
109 ». Hormis les tremblements de terre — et il n’est pas improbable que nous parvenions aussi à les contrôler d’ici peu — je n
110 avenir nous voulons. Mais précisément, n’a-t-on pas aujourd’hui développé la futurologie, la prospective ? En feignant de
111 r derrière les buissons, Adam répond : « Ce n’est pas moi, c’est Ève qui me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui, j’
112 ble ? Cette conception de l’homme « libre » n’est pas nouvelle. Je l’ai déjà exprimée dans la Politique de la personne pa
113 t non l’union de deux libertés, ne vous paraît-il pas être en politique l’équivalent du totalitarisme ? En un sens, dans le
114 ire attentivement, on constate que Tristan n’aime pas Iseut ; il aime seulement aimer, être amoureux et il projette sur ell
115 n de créer une nouvelle séparation, car il n’aime pas vraiment ce qu’elle est comme « personne ». Or, c’est grave. Tristan
116 ors que les gouvernements européens, eux, n’y ont pas cru. Qui aurait pu prévoir que le club de Rome ferait ces prévisions
117 facteurs entrent effectivement en jeu qui ne sont pas tous prédéterminés (le pétrole n’est pas l’unique combustible) et don
118 ne sont pas tous prédéterminés (le pétrole n’est pas l’unique combustible) et dont certains sont même purement fortuits (l
119 uxième partie de mon livre — est que nous n’avons pas à prévoir l’avenir, mais à le faire. La décadence d’une société comme
120 en effet, que j’ai découvert l’Europe et je n’ai pas été le seul : aucun de nous n’était vraiment certain de la revoir, ce
121 ne jamais retrouver. D’où l’idée qui a germé dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les États-
122 l’idée qui a germé dans pas mal de cerveaux — et pas seulement dans le mien — de faire les États-Unis d’Europe, de combatt
123 er complètement sur l’État de ce que nous n’avons pas encore su faire à temps, en attendant de lui toujours plus de subvent
124 formes de contestation depuis Mai 68 n’ont-elles pas fait figure de réaction ? En mai 1968, se sont exprimées des réaction
125 user de signer les accords européens ? Il ne faut pas prendre le pouvoir, ni le renverser, mais le créer par en bas : reven
8 1978, Articles divers (1978-1981). 20 questions à Denis de Rougemont (22 février 1978)
126 t la première condition à tout. Si on ne lui fait pas confiance, on n’obtient rien de toute manière. En disant cela, je me
127 lèmes avec l’énergie nucléaire, l’uranium n’étant pas non plus à disposition de manière illimitée. Et pourtant, on continue
128 nucléaire sera à même de tout résoudre, on ne met pas en évidence certains chiffres : cette énergie devrait théoriquement c
129 é 20 % d’économie sur l’énergie. 5. Vous ne tenez pas en grande estime les mouvements politiques, qu’ils soient de droite o
130 nète — qui ne cherche qu’à servir son prestige et pas du tout le genre humain… Oui. Ce qu’il faut maintenant tenir en consi
131 qu’elle construit (et dont, soit dit en passant, pas une seule ne fonctionne correctement pour l’instant) appartiennent en
132 S pour le combustible (puisqu’elle possède peu ou pas d’uranium). Mais parlons d’autre chose, parce que je suis intarissabl
133 rire à propos des multinationales. Ils ne doivent pas nous obnubiler. Ce qu’il faut définir, c’est ce qu’on va mettre à la
134 lité de l’homme, de la personne ? L’homme ne peut pas vivre sans prendre son destin en main. Et il a la faculté de choix po
135 is voyez-vous, ce qui est indispensable, ce n’est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. Et on finira bien par y arrive
136 le la « pédagogie des catastrophes ». Je ne crois pas comme Rousseau que l’homme est naturellement bon. Non, comme il est p
137 s les dix à quinze ans à venir. La question n’est pas là. Nous avons maintenant — avec la bombe atomique — de quoi nous dét
138 nous a appris beaucoup de choses. Cette crise n’a pas été grave, mais les gens se sont soudain rendu compte que l’on s’étai
139 nd on sent passer le vent du boulet, il ne suffit pas de dire : c’est du vent ! 11. Et croyez-vous que l’on pourra s’en sor
140 de produire du plutonium, est-ce vraiment pour ne pas s’en servir ? 12. À propos de « vent du boulet », l’opinion publique
141 re : « Que l’avenir soit notre affaire n’implique pas que nous soyons libres de faire à notre guise n’importe quoi, car en
142 e expression qui veut dire en gros : « on ne peut pas décuire un œuf dur ». On recréera des communautés, on abandonnera tou
143 onnaissez l’exemple de New York, qui ne se relève pas de la faillite —, mais que fera-t-on de ces espaces gigantesques ? On
144 n best-seller. Pourtant, c’est un livre qui n’est pas particulièrement facile. On me dit assez fréquemment que j’écris les
145 op compliqué sont en général des gens qui ne sont pas d’accord. 19. Vous êtes dur, quand vous constatez que l’on vit dans u
146 elvétisation » de l’Europe. En Suisse, tout n’est pas toujours comme dans le meilleur des mondes… Bien sûr que non ! Mais c
147 bord, parce qu’il est justement le contraire. Non pas imposant, mais forçant naturellement le respect. Ni grand ni petit, m
148 même plus imaginer l’existence. Il ne se contente pas d’apporter de l’eau au moulin des écologistes, mais propose des solut
149 t, en refermant son livre, il est difficile de ne pas croire avec Denis de Rougemont que “tout est possible encore et même
9 1978, Articles divers (1978-1981). « Que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre ? » (22 février 1978)
150 le référendum facultatif. Ce référendum n’est-il pas illusoire comme moyen de préserver l’environnement ? Il semble en eff
151 séduits par vos thèses… Ils ne s’opposeront donc pas aux constructions décidées par l’Assemblée fédérale. Bien sûr. Mais i
152 du réseau routier ? Celui-ci ne se contente-t-il pas de répondre à certains gros intérêts exerçant une pression sur le gou
153 s automobilistes d’éviter les grands axes pour ne pas renforcer encore des bouchons déjà gigantesques ! Cela dépasse le gro
154 fr. le litre ? À cette question, le TCS ne répond pas . Pourtant la croissance est très vulnérable, puisqu’elle dépend du pé
155 squ’elle dépend du pétrole, et que celui-ci n’est pas , quoi qu’on en dise, inépuisable. Non, il n’est plus permis aujourd’h
156 types seulement de voitures dans le monde, et non pas des centaines de modèles, qui ne sont que l’expression d’un statut so
157 itiative, de la disposition transitoire. N’est-ce pas en effet risquer des démolitions que de soumettre au référendum facul
158 ou mis en chantier le 1er août 1973 ? Absolument pas . Le danger n’existe pas. Pourtant, le Conseil fédéral a repris cette
159 er août 1973 ? Absolument pas. Le danger n’existe pas . Pourtant, le Conseil fédéral a repris cette invention dans une broch
160 ention dans une brochure qu’il n’avait d’ailleurs pas le droit de publier : il est en effet anticonstitutionnel de la part
10 1978, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1978)
161 econnu dans une telle définition. Non, je ne suis pas apocalyptique ! Ou si je le suis, c’est dans la mesure où j’affirme q
162 s la mesure où j’affirme que, si l’on n’y remédie pas , la logique de notre civilisation scientifique, technique et industri
163 e suis pessimiste, ultrapessimiste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il ne faut pas se laisser berner par ces fariboles d’im
164 miste. Mais il n’y a pas de fatalités. Il ne faut pas se laisser berner par ces fariboles d’impératifs économiques ou polit
165 t. Il faut oser prendre nos responsabilités et ne pas perpétuellement nous cacher derrière des paravents. C’est sur une tel
166 c’est absolument irréalisable. Il ne faut surtout pas se laisser convaincre par les artifices des promoteurs ou des technoc
167 difficile à démontrer. Pourquoi, si l’on ne fait pas de centrales nucléaires — et l’homme a vécu cent-mille ans sans centr
168 0 %. Les centrales nucléaires n’en donneront même pas autant. On nous annonce qu’elles contribueront pour 15 % à 20 % à l’a
169 ’une centrale. Vous l’avez écrit : on n’interpose pas de compteur entre le soleil et la maison. Et c’est pourquoi il n’y a
170 e soleil et la maison. Et c’est pourquoi il n’y a pas de lobby solaire auprès du gouvernement. L’État est contre le solaire
171 ent. L’État est contre le solaire, car il ne peut pas faire main basse sur le soleil. Ce grand combat entre ces deux systèm
172 s galeries sans savoir où elles vont, elles n’ont pas de points de repère. Pluton s’ennuyait aux enfers et voulait y rabatt
173 disent : « Faites la révolution ! » Je n’y crois pas . La Révolution, avec un grand R, est un mythe populaire qui consiste
174 férentes. Disons-le autrement : si vous ne croyez pas aux gouvernements, aux partis politiques, à la jeunesse en tant que t
175 arxiste du terme, que vous reste-t-il ? N’oubliez pas  : ni à la révolution en tant que prise du pouvoir… Alors, que me rest
176 sur tous les domaines de la vie quotidienne et ne pas laisser s’accréditer ces histoires de nécessité, de fatalité. On se c
177 e aux tenants d’une croissance limitée : n’est-il pas injuste, disent-ils, que certains privilégiés demandent, à l’échelon
178 nder à eux des sacrifices ? L’argument ne résiste pas à l’analyse. Personne n’a jamais rien demandé au tiers-monde, ce sera
179 se continuer à rouler en auto ? Il ne s’agit donc pas d’interdire aux gens du tiers-monde de rouler en auto, il s’agit de s
180 niveau de consommation et de gaspillage. Il n’y a pas assez de matières premières dans le monde pour cela. Alors nous n’avo
181 région est pour vous essentielle. Mais n’est-elle pas bien difficile à déterminer ? La région ne relève pas d’une espèce de
182 bien difficile à déterminer ? La région ne relève pas d’une espèce de lubie ou d’obsession ethnicienne ou linguistique. Je
183 s, les régions culturelles ou linguistiques n’ont pas nécessairement les mêmes délimitations. En fait, elles n’ont pas à êt
184 ent les mêmes délimitations. En fait, elles n’ont pas à être délimitées, elles doivent se reconnaître, comme si on tâtait a
185 primaire savent très bien que la pollution n’est pas arrêtée par les douaniers. Vous croyez, en somme, à la possibilité d’
186 u’il y aura encore une civilisation ». Je ne veux pas préjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateur
187 réjuger de la chose. Sur la terre, nous ne sommes pas des spectateurs, nous sommes des acteurs. J’ai une vision, disons chr
188 qu’un non-chrétien pourrait dire : « Pourquoi ne pas vivre sans aucune espèce de prise de position ou de compromission, sa
189 pu absorber ce que j’ai dû absorber. Et ce n’est pas tout. Il y a eu ensuite le temps des vérifications, des contrôles que
190 uis-je pour autant une exception ? Je ne le crois pas . Il existe nombre d’esprits, dans le monde d’aujourd’hui, qui sont mu
191 t réunir ces conférences en volume. Mais ce n’est pas ce qu’il voulait. Il voulait que j’écrive ce qui allait devenir L’Av
192 ! Je suis très content de ces réactions. Il n’y a pas eu de critiques vraiment mauvaises et beaucoup d’articles chaleureux
193 rais leur faire un procès d’ailleurs mais je n’ai pas de temps à perdre… J’ai eu surtout le sentiment de toucher aussi un p
194 , qui peut faire sauter des rochers, et qui n’est pas vulnérable, car elle n’est pas centralisée. o. Rougemont Denis de,
195 hers, et qui n’est pas vulnérable, car elle n’est pas centralisée. o. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’Avenir est not
196 férence, des études sur lesquelles on ne se lasse pas de revenir — guides pour le passé et le devenir de notre civilisation
11 1978, Articles divers (1978-1981). De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)
197 cessité qui sera subie par tous si nous ne savons pas la choisir et la former à notre idée en temps utile ; qu’elle n’est d
198 à notre idée en temps utile ; qu’elle n’est donc pas un vague idéalisme, mais le seul réalisme digne aujourd’hui de ce nom
199 e aujourd’hui de ce nom ; et enfin, qu’elle n’est pas seulement conservation mais invention, pas seulement sauvetage mais n
200 n’est pas seulement conservation mais invention, pas seulement sauvetage mais nouveau mode de vie. J’ai donc choisi de m’i
201 le veulent, la Paneurope se réalisera… Il ne faut pas se lasser de le répéter : une Europe divisée conduit à la guerre, à l
202 d’une souveraineté souvent illusoire, n’entravent pas cette marche à l’unité. ! Et des voix fraternelles sourdement lui ré
203 e sens que les moyens de leur réalisation ne sont pas encore imaginés, ni même sérieusement envisagés. Il est clair que les
204 vé et une étrange incertitude quant aux prochains pas que l’on pourra faire, éclate le discours de Churchill à l’Université
205 enant quelque chose qui vous étonnera. Le premier pas consistera à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. Si
206 notera que le motif de la défense commune n’était pas mentionné dans le Message de La Haye, ou plus exactement : avait été
207 lair que le Conseil de l’Europe non seulement n’a pas atteint « le but et l’objectif » ainsi définis, mais qu’il a perdu to
208 e l’Est satellisé, c’est encore vingt pays et non pas neuf ! Et c’est tout de même autre chose qu’un marché ! La gestion d’
209 ie partiellement intégrée de neuf pays ne prépare pas la Commission de Bruxelles à décider des grandes options morales et p
210 prix de la betterave communautaire. Et je ne dis pas que les vins et la betterave n’ont aucune importance, loin de là : je
211 ance, loin de là : je dis seulement qu’il ne faut pas s’attendre que la jeunesse, à leur propos, s’exalte. Un seul exemple
212 se au sens fort les Européens d’aujourd’hui n’est pas celle de l’économie, du libre-échange commercial, mais bien celle des
213 e d’une fausse nouvelle : cette Europe-là ne peut pas « agoniser » puisqu’elle n’a jamais existé, et l’on peut douter qu’el
214 tout cela soit perdu — comme si tout cela n’était pas nous ? Ils parlent de l’Europe qui agonise comme on parle de malheurs
215 de 1978. Le débat général sur l’Europe, qui ne va pas manquer de déclencher la campagne électorale, aura pour effet de repo
216 ci nous devons confesser l’échec total : il n’y a pas , dans aucun domaine fondamental, de politique commune des États de l’
217 de politique commune des États de l’Europe : non, pas même pour les Neuf de la Communauté. Ni Parlement européen élu, légit
218 les États s’arrogent le droit de faire, ou de ne pas faire l’Europe. Or, il est clair qu’ils ne la feront jamais, étant eu
219 eux-mêmes les obstacles à l’union, s’il n’y sont pas contraints par des forces extérieures, ou poussés par la volonté des
220 le au monopole arabe quant au pétrole. Il ne sera pas facile pour les USA et le Canada, de ne jamais abuser de cet avantage
221 sastre final de la guerre nucléaire, ne serait-il pas temps de changer de cap ? De réviser les dogmes du progrès matériel,
222 uantité au mépris de la qualité, laquelle ne peut pas être comptabilisée ? Demandons-nous alors qui peut imaginer, vouloir
223 er dès que nous tentons de l’avertir. (Il ne veut pas seulement nos autos, mais nos embouteillages polluants et nos pénurie
224 iment que les chiffres et les faits ne justifient pas , traduit cependant la réalité de l’état de division du continent. Si
225 ces Super-Grands additionnés n’atteindraient même pas notre taille ! Il est bien clair que le nombre des habitants ne dit p
226 est bien clair que le nombre des habitants ne dit pas tout sur la puissance ou le bonheur d’un peuple, mais s’il est vrai q
227 ’un peuple, mais s’il est vrai que nous ne sommes pas trop enclins à juger selon les quantités, cet exemple illustre assez
228 ine et grevée d’injustices intolérables. Il n’est pas sain que notre économie et nos monnaies demeurent à la merci d’une ma
229 éricaine, suite à la guerre du Vietnam. Il n’est pas sain que ce qu’on appelle la sécurité de l’Europe paraisse être assur
230 non par l’union des forces européennes. Il n’est pas sain que la survie abusive (en Europe comme en Amérique latine) de ré
231  l’aide américaine ». Mais d’autre part, il n’est pas juste que six pays européens à l’Est soient privés du droit de choisi
232 le fédération avec l’Ouest du continent. Il n’est pas juste qu’aussitôt qu’ils manifestent un goût, même timide, pour la dé
233 atie, ils soient envahis par les Russes. Il n’est pas juste qu’à Yalta, les peuples de l’Europe du Sud-Est aient été « répa
234 menace totale — née de nos œuvres, ne l’oublions pas —, la vocation de l’Europe est de donner au monde l’exemple d’une dés
235 moins. La plus claire vision du danger ne suffit pas toujours à fournir l’impulsion décisive. Ce qui a fait défaut, jusqu’
236 plus active de nos pays, dans toutes les classes, pas seulement chez les intellectuels. Or ce levier, tout porte à croire q
237 eu d’années les régions et l’écologie. Je n’en ai pas connues, depuis plus de quarante ans que je milite pour le fédéralism
238 régionalistes, fédéralistes, enfin unis, ne vont pas manquer d’exercer une influence multiforme et profonde sur les partis
239 a légitimité que donne le peuple, ne s’en tiendra pas au vote du budget de Bruxelles. Il voudra, il devra traduire au plan
240 sse »… Mais la Suisse, justement, n’y participera pas . Ici éclate le scandale de la confusion entretenue entre les Neuf et
241 Europe concernent la Suisse, vitalement. N’est-il pas temps que les Suisses se réveillent aux réalités continentales et mon
12 1978, Articles divers (1978-1981). Pleine page sur Denis de Rougemont (14-15 mai 1978)
242 uerre, nous devrions la faire bien qu’elle ne fût pas la nôtre, mais celle des nationalismes. Lecteur français à l’Universi
243 est concrétisée. Nous sommes en 1978. N’êtes-vous pas trop déçu par le retard accumulé dans la construction européenne ? Il
244 rs ! » Voilà où nous en sommes… Nos États ne sont pas à la mesure du siècle ; ils sont trop petits pour conduire les affair
245 e. Vous êtes un régionaliste, mais n’estimez-vous pas qu’un progrès a déjà été accompli en France avec la création d’un cer
246 rnements cherchent désormais une porte de sortie, pas tous. Or, même si on me démontrait que désormais, le nucléaire est re
247 gens du Nord voisins de la Belgique… Vous n’êtes pas les seuls ; il existe en Europe au moins quarante-cinq régions transf
248 até que leurs interlocuteurs français ne savaient pas très bien de quoi il s’agissait. Mais dès la seconde réunion, les rep
249 rope va nous tomber sur la tête et nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». Je crois aux je
250 nous ne serons pas prêts parce que nous n’aurons pas fait les régions ». Je crois aux jeunes pour faire l’Europe dans la m
251 ie et l’art, tout comme les fleuves ne s’arrêtent pas aux frontières. C’est pourquoi nous avons lancé une campagne d’éducat
252 es pentes du Jura et le Léman, ne favorise-t-elle pas la pensée philosophique comme le lac du Bourget la pensée romantique 
253 sans aucun doute. La région genevoise n’est-elle pas le carrefour de l’Europe occidentale où les grands organismes interna
254 des sanctions à Berne, Denis de Rougemont n’ayant pas respecté “la traditionnelle neutralité suisse”. C’est dans le même es
255 ndre les gens à décider sur ce qu’ils n’entendent pas ”. Et lui d’ajouter : “Il convient désormais d’inciter les gens à se m
256 malgré son âge, s’estime engagé et ne se demande pas “Que va-t-il arriver ?” mais se pose la question : “Que puis-je faire
13 1978, Articles divers (1978-1981). Questions gênantes mais fécondes (26 juillet 1978)
257 isait : finitus non capax infiniti, le fini n’est pas capable de l’infini (c’est-à-dire ne peut le contenir). Et cette prop
258 e moderne tout entier agit comme s’il n’y croyait pas . Voilà qui est grave. Voilà qui nous amène à pousser plus durement no
259 i n’ait été dûment prévu et maîtrisé, pourquoi ne pas les construire sur le Champ-de-Mars, en plein Paris, au lieu de les r
260 service de presse auquel le Touring-Club ne doit pas être étranger, il m’a été répondu triomphalement que « personne ne le
261 ais posée. C’est là le fait de gens qui ne savent pas où ils vont et refusent même de ralentir pour y penser : nous tous, j
262 pose la croissance, au sens actuel, ce ne serait pas encore le bonheur, comme le croient tous les technocrates de droite o
14 1978, Articles divers (1978-1981). Paradoxes marxiens (septembre 1978)
263 des faubourgs ouvriers, et que les sols n’avaient pas encore subi l’agression massive du béton, des pesticides et des engra
264 ravailleur.10 Une fois de plus, le prophète n’a pas été suivi par les partis qui se réclament de lui au xxe siècle. Je v
265 la racine étant dans l’homme lui-même, elle n’est pas du tout dans les rapports de production. Et alors, si la théorie peut
266 » qu’en se faisant polémique. Mais alors ce n’est pas assez dire : elle se mue en « l’impératif catégorique » et devient do
267 ses ordres aux partisans organisés. Il ne tardera pas d’ailleurs à se nommer lui-même maréchal. ⁂ Le rapport de l’homme av
268 ersonnalisme du jeune Marx et le Goulag, il n’y a pas seulement Staline, comme on a voulu nous le faire croire ; il n’y a p
269 comme on a voulu nous le faire croire ; il n’y a pas seulement le Lénine de mars 1918, déclarant au congrès du parti commu
270 celui qui fait se confondent. Marx n’avait certes pas prévu l’ascension de la Russie au xxe siècle jusqu’au rang de deuxiè
271 i Marx est devenu responsable de ce qu’il n’avait pas su prévoir. Et Tocqueville n’a rien fait — et ne pouvait rien faire —
15 1978, Articles divers (1978-1981). Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)
272 t derrière sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtres à barreaux de fer donne
273 ent, on a parlé d’une foule de choses — je ne dis pas de problèmes, mais de choses — on s’aperçoit aussi qu’il n’a rien dit
274 ront les journalistes et les manuels. Ramuz n’est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu’il est le
275 eau, plus difficile à exprimer parce que ce n’est pas le niveau des échanges de formules. C’est le niveau de la terre, du c
276 ois, c’est le Pays de l’humanité. ⁂ Ramuz n’écrit pas des romans, au sens habituel du terme, mais des poèmes en prose, des
277 oche de la fin du monde (Si le Soleil ne revenait pas , Les Signes parmi nous), sa réalisation (Présence de la mort) ou ce q
278 ui la suivra (Joie dans le ciel). Et le roman n’a pas d’autre mouvement ni d’autre intrigue que le mouvement même des image
279 z. Nos vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme les artistes. » Je voudrais définir l’esthétique de
280 au ». Pour lui, les glaciers de la Suisse ne sont pas « sublimes », comme on le chante dans les écoles, mais ils sont « le
281 ur et trop moderne, Ramuz s’avançait lentement du pas têtu et régulier des montagnards. Un groupe d’amis se réunit autour d
282 on. Mais un groupe de disciples et d’amis ne fait pas encore un public. Devant la résistance des lecteurs, Ramuz réagit en
283 comme parlent les paysans vaudois. Je ne le crois pas . Personne ne peut écrire réellement comme on parle, à moins de recopi
284 je parie qu’on retouchera le texte. Ramuz n’écrit pas en Vaudois, mais au lieu de s’inspirer, comme la plupart des écrivain
285 nt ; d’où la nécessité quelquefois de refaire son pas , parce que la pente vous porte en arrière, parce qu’on l’a mal calcul
286 ouche et voit — qui va finir. Ce qu’on ne pouvait pas croire, et qu’on savait pourtant inévitable — comme la mort — mais pl
287 borad. On devait s’y attendre et l’on n’y croyait pas . C’était vrai et ce n’était pas possible. Et nous avons tous fait com
288 l’on n’y croyait pas. C’était vrai et ce n’était pas possible. Et nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz : nous a
289 Et la vie s’est trouvée changée… ⁂ Je ne connais pas d’autre écrivain qui ait su traduire, comme Ramuz, l’incarnation de l
290 e dans le détail concret de la vie. Je ne connais pas d’autre écrivain qui ait su poser les grandes questions métaphysiques
291 tites phrases de tous les jours. Et je ne connais pas d’autre écrivain qui ait jeté pareil cri d’amour aux choses, aux pays
292 ls sont allés comme des enfants. L’amour ne les a pas trompés : le ciel qui s’ouvre est fidèle à la terre. 13. De leur co
293 ). 14. Je dis bien le peuple créé par Ramuz, non pas les Vaudois tels qu’ils sont. aa. Rougemont Denis de, « [Préface] C
16 1978, Articles divers (1978-1981). L’amour, pas la guerre (19-25 octobre 1978)
294 L’amour, pas la guerre (19-25 octobre 1978)ae af Les bénéfices de l’armement
295 e af Les bénéfices de l’armement Il n’y a pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de société.
296 ment Il n’y a pas d’issue si nous ne changeons pas profondément notre type de société. L’État-nation fonctionne pour la
297 vec les armes que nous possédons, nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un conflit international qui, à coup sûr, élimin
298 pouvoirs anonymes « L’Amoco-Cadiz » ne devait pas couler, n’est-ce pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à
299 « L’Amoco-Cadiz » ne devait pas couler, n’est-ce pas  ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à la leçon des faits :
300 ne devait pas couler, n’est-ce pas ? Je ne crois pas à la vertu du discours mais à la leçon des faits : seule une catastro
301 au nucléaire. Denis de Rougemont ne se préoccupe pas seulement de cet aspect effrayant de notre « désolante civilisation q
302 rations naturelles de l’homme ». Il ne lui suffit pas , comme tant d’autres, de clamer son inquiétude. Il propose un scénari
303 f et dangereux. Quand on est plus petit, on n’est pas obligatoirement plus gentil, mais on fait moins de mal ! Il ne s’agit
304 gentil, mais on fait moins de mal ! Il ne s’agit pas de transformer l’Europe en super-État, mais d’assembler harmonieuseme
305 ant que libre, dont les partenaires ne fusionnent pas , ne sont pas subordonnés l’un à l’autre, mais conjuguent dans une tot
306 , dont les partenaires ne fusionnent pas, ne sont pas subordonnés l’un à l’autre, mais conjuguent dans une totale égalité l
307 ae. Rougemont Denis de, « [Entretien] L’amour, pas la guerre », La Vie, Paris, 19–25 octobre 1978, p. 63-64. af. Propos
17 1978, Articles divers (1978-1981). Dialogue-interview avec Denis de Rougemont (novembre 1978)
308 Les vrais acteurs de notre vie politique ne sont pas les partis socialistes mais les syndicats ; ne sont pas les partis li
309 s partis socialistes mais les syndicats ; ne sont pas les partis libéraux ou conservateurs mais le Vorort ; ne sont pas les
310 ibéraux ou conservateurs mais le Vorort ; ne sont pas les partis radicaux ou paysans, mais l’Union suisse des arts et métie
311 s directrices et décisives (même si elles ne sont pas majoritaires) de notre vie politique. Ces formations ne sont ni de ga
312 lles sont tournées vers l’avenir. Elles ne disent pas « gauche-droite, gauche-droite » comme les sergents, mais « en avant 
313 bilités de participation directe ». Mais il n’est pas toujours tenté d’en faire usage, voilà l’ennui. Cette constatation, h
314 e leur formulation. Au reste, quand on ne se sent pas réellement intéressé par un problème — et qui pourrait s’intéresser à
315 nouvelles centrales tant que leur sécurité n’est pas mieux assurée ? Le biologiste George Wald, prix Nobel de médecine et
316 uctrices d’énergie nucléaire aux USA. Ne sont-ils pas amenés à se prononcer comme des avocats plutôt que comme des juges ?
317 s en France contre le nucléaire) on ne les écoute pas . » C’est donc eux qu’il faut suivre si nous voulons que la démocratie
318 s’articulerait ? Prenons garde tout d’abord de ne pas confondre la région avec l’ethnie, avec la langue parlée sur un certa
319 er leur langue maternelle aux petits Valdotains — pas dupes ! L’allemand est brimé en Alsace, où une loi de 1946 interdit l
320 ons cela. Dans le canton des Grisons, on ne parle pas seulement l’allemand et l’italien, mais le romanche, qui se divise en
321 sques du xxe siècle, la voix d’un homme ne porte pas , qu’elle soit criée dans sa langue ou dans celle du pouvoir régnant.
322 hiques. C’est sur elles que l’Europe se fera, non pas sur les États actuels, qui sont en fait les principaux obstacles à to
323 nent que small is beautiful, que plus grand n’est pas nécessairement mieux, et que les espèces géantes, dinosaures ou centr
18 1978, Articles divers (1978-1981). Le choix du siècle (novembre 1978)
324 ’importance de l’Homme ? 2. Ce choix ne dépend pas de « nécessités objectives », « d’impératifs technologiques », ou de
325 3. Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas , il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent dep
326 dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que « la
327 de nos techniciens — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de remplacer l
328 e condition du bien-être des hommes (ce qui n’est pas bien évident…), nous place devant le dilemme inévitable : centrales n
329 tôt qu’à leurs victimes, mais l’argument n’en est pas moins efficace sur un public mal ou pas informé. Le grand mérite des
330 n’en est pas moins efficace sur un public mal ou pas informé. Le grand mérite des organisations qui ont convoqué cette con
331 ion : Le problème des centrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier 
332 entrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveau
333 la veille du choix du siècle. Pour nous il n’y a pas de tabou nucléaire, nous voulons à l’avenir, plus que jamais, décider
19 1979, Articles divers (1978-1981). Genève et l’Europe : un exemple de coopération transfrontalière [préface] (1979)
334 tre une des rares, à ce jour, qui ne se définisse pas en termes d’ethnie, de conflit de langues, de développement industrie
335 au sens de « comment s’en débarrasser » ; et non pas du tout, ou pas encore, comme ce qu’il est en vérité, à savoir l’ouve
336 mment s’en débarrasser » ; et non pas du tout, ou pas encore, comme ce qu’il est en vérité, à savoir l’ouverture d’un long
337 e tout cela ait commencé à Genève n’est peut-être pas sans relation avec les recherches entreprises depuis douze ans par l’
20 1979, Articles divers (1978-1981). Hypothèses directrices pour la recherche d’un modèle de région transfrontalière (1979)
338 lors à une très abondante littérature, il n’en va pas de même pour le problème particulier des régions transfrontalières :
339 logiques et culturelles ; objet donc qui n’existe pas pour une seule discipline ou dans un seul secteur, mais qui est pluri
340 régions du second type, celles qui ne cesseraient pas d’exister en tant que régions — bien au contraire — si la frontière d
341 — ces réalités coïncident, le miracle ne pourrait pas durer, car les phénomènes collectifs ont des rythmes de variation abs
342 u’il conviendra d’abord d’explorer. Mais ce n’est pas seulement l’inadéquation de la formule stato-nationale aux réalités é
343 uer des pouvoirs locaux, autonomes, qui ne soient pas « délégués » par le Centre, comme le sont en France les préfets. b) L
344 rait une intuition globale, un génie, qu’on n’est pas en droit d’attendre des nombreux fonctionnaires chargés de l’aménagem
345 cadre de participation civique ? Ceci ne signifie pas — bien entendu — que les inégalités économiques doivent être maintenu
346 revendiquer des villes et territoires qui ne sont pas (ou qui ne sont plus) de leur ethnie, pour des raisons d’équilibre éc
347 ifs économiques, Rennes et Nantes, qui ne parlent pas ou plus breton…) d) Il ne saurait donc être question de régions qui r
348 ent lésées ou paralysées par la frontière ne sont pas seulement ni même principalement les plus évidentes, c’est-à-dire les
349 voir et de chercheurs isolés, risquent bien de ne pas suffire à enrayer le mal avant le point de non-retour. Les mêmes cons
350 ion écologique d’un seul tenant, qui ne tiendrait pas plus compte de la frontière que ne le font les pollutions et les nuis
351 des départements de Rhône-Alpes. Entité qui n’est pas accidentelle d’ailleurs. Car la région universitaire dont nous avions
352 x, et chiffrées en puissance ou en intensité, non pas en km2. La disparité territoriale des régions fonctionnelles est norm
353 le qui est le but de toute l’opération, ne pourra pas être établi avant la fin de nos enquêtes sur les secteurs mentionnés.
21 1979, Articles divers (1978-1981). Le mythe et l’opéra (1979)
354 e, et qu’elle tend à éliminer. Le xxe siècle n’a pas su produire à l’expression un mythe nouveau. « La musique savante man
22 1979, Articles divers (1978-1981). Formule d’une Europe parallèle ou rêverie d’un fédéraliste libertaire (1979)
355 cas pendable d’utopie fédéraliste, dont il n’eût pas ignoré que j’étais l’auteur. Le destin ne lui a pas permis de me répo
356 s ignoré que j’étais l’auteur. Le destin ne lui a pas permis de me répondre. Je ne cesserai pourtant pas de l’interroger, v
357 as permis de me répondre. Je ne cesserai pourtant pas de l’interroger, vivant dans ma mémoire, exigeant et confiant… L’évo
358 at la disent urgente, notre union n’a cessé de ne pas avancer. J’y vois la preuve qu’on ne peut la faire sur la base de ces
359 ent-cinquante compartiments. Mais si l’on ne peut pas la faire avec eux, peut-on l’imaginer sans eux ? Des régions se dess
360 t le jeu des traités. « Une région ne se délimite pas , elle se reconnaît », écrivait Vidal de la Blache. Une quarantaine de
361 apitale, de sauver l’idée de souveraineté, et non pas de résoudre telle ou telle crise concrète. Mais à cause de cela même,
362 rfois sans avoir été lues, puisqu’on ne les avait pas sollicitées et qu’elles servent peut-être les besoins de l’État, mais
363 peut-être les besoins de l’État, mais assurément pas les nôtres. Rien n’empêchera, enfin, que les assemblées annuelles ne
364 virtuellement faite. (Ce qu’on ne saura peut-être pas , c’est qu’elle sera faite à l’image de la Suisse, avec ses départemen
365 t les chefs, élus par les Chambres et ne relevant pas des États membres, composent un Conseil fédéral ou exécutif — et avec
366 opéenne sera virtuellement accomplie. Il n’y aura pas besoin de fortes secousses ni de mouvement séparatiste pour rompre le
367 ait s’opposer à ce qu’il devienne vrai ? Ce n’est pas trop difficile à préciser. Supposons des régions organisées, et des a
368 pour les autonomies municipales, sans lesquelles pas de régions ni de fédération, mais qui sont beaucoup plus faciles à co
369 , tuer de même et sans risques, voir ce qui n’est pas là, entendre Mozart ou Bach ou la voix de ses parents morts en toucha
23 1979, Articles divers (1978-1981). Notes pour une éthique du fédéralisme (1979)
370 ent informulée, que les institutions ne suffisent pas sans les mœurs, ni les lois sans l’esprit des lois — et réciproquemen
371 estion des vertus civiques. 4. Le fédéralisme n’a pas pour fin la puissance collective, celle des États, qui dicterait comm
372 d’une éthique du fédéralisme. Sa tolérance n’est pas ce que l’on croit d’ordinaire, n’est pas manque de rigueur, n’est pas
373 ce n’est pas ce que l’on croit d’ordinaire, n’est pas manque de rigueur, n’est pas flou dans le jugement, surtout n’est pas
374 t d’ordinaire, n’est pas manque de rigueur, n’est pas flou dans le jugement, surtout n’est pas acceptation bonhomme ou lass
375 r, n’est pas flou dans le jugement, surtout n’est pas acceptation bonhomme ou lasse d’une erreur. La tolérance est au contr
376 , que peut s’instituer une solidarité qui ne soit pas réduction forcée à l’uniforme ; qui ne soit pas alignement et mise au
377 t pas réduction forcée à l’uniforme ; qui ne soit pas alignement et mise au pas. Dans le fait que chacun est unique — non d
378 ’uniforme ; qui ne soit pas alignement et mise au pas . Dans le fait que chacun est unique — non dans le fait que chacun a c
379 es solitaires, c’est celle des hommes libres, non pas du troupeau, du clan, de la classe, ou de la nation. Elle veut la lib
380 dans la recherche d’un soi sans précédent, et non pas la conformité sécurisante de la banalité, ce vrai nom de la mode. Ell
381 l’Absolu, le Sens, la Fin dernière — qui ne peut pas ne pas exister, dès lors que l’homme est animal conscient. Ce chemin
382 lu, le Sens, la Fin dernière — qui ne peut pas ne pas exister, dès lors que l’homme est animal conscient. Ce chemin commenc
383 me est animal conscient. Ce chemin commence à mes pas et ce sentier n’existe, en fait, que pour autant que j’ai le courage
384 angoisse pure pour le bureaucrate qui ne connaît pas encore l’ordinateur. Je disais un jour à Louis Armand, grand ingénieu
385 contre », choisir son camp, savoir ce qu’on veut, pas de compromis ! etc., mène à la guerre par une logique inévitable.
386 idal de la Blache écrivait : « Une région ne doit pas être découpée mais reconnue. » Cinquième vertu : le sens du parado
387 les rois de France, pendant des siècles, n’eurent pas le pouvoir de lever l’impôt, sinon à titre exceptionnel pour contribu
24 1979, Articles divers (1978-1981). Un foyer de culture (janvier 1979)
388 le sacrifice pour ceux qu’on aime. Mais ce n’est pas tout. Avec les trois sources classiques, Athènes, Rome, Jérusalem, vi
389 ppenzell et banquiers protestants de Genève n’ont pas empêché l’unification de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, ni l
390 ntre Suédois et Grecs, par exemple, il n’en reste pas moins qu’un Suédois lisant Kazantzakis, un Grec lisant Selma Lagerlöf
391 y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure préc
392 ividus qui, selon l’abbé Grégoire, ne comprennent pas le français (c’est plus de la moitié de la population) ils n’ont qu’à
393 r la force — qui est ici Bonaparte — ne tarderont pas à se manifester : tout ce qui porte encore un nom de créateur quitte
25 1979, Articles divers (1978-1981). Quand la Perse renverse l’Iran (21 février 1979)
394 nomène d’autant plus remarquable que l’Iran n’est pas un de ces pays récemment libéré d’un joug colonisateur et qui voudrai
395 se tient, tout est bien cohérent, et l’on ne voit pas ce qui pourrait empêcher que tout marche comme ils l’ont prévu. C’est
396 e comme ils l’ont prévu. C’est qu’ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire que matériels et
397 est le fait que, dans le chiisme, le fidèle n’est pas livré à lui-même, mais demeure en contact étroit avec les mollahs, de
398 révenant les décisions de l’ayatollah, n’a-t-elle pas été de dénoncer les contrats nucléaires signés par le shah ? La profo
26 1979, Articles divers (1978-1981). Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)
399 t ignoré de l’Inde et de la Chine. On n’y connaît pas de mot pour le traduire. « Quand nous éprouvons quelque chose qui res
400 outes ces réalités sous un même vocable. Ce n’est pas seulement par l’invention de l’amour-passion au xiie siècle, ni par
401 au moins distinguer amour et sexualité. Il n’est pas exact de répéter, par exemple, après les surréalistes que « l’homme p
402 mais les rapports sexuels. En fait, je ne connais pas une seule loi, dans un seul pays ou un seul temps, qui ait jamais con
403 bien à l’autre. En chinois, le mot amour n’existe pas . Deux idéogrammes superposés signifiant l’amour de la mère pour son e
27 1979, Articles divers (1978-1981). « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)
404 cette fin de xxe siècle : si l’Europe ne se fait pas , nous allons à la catastrophe, non seulement européenne, mais mondial
405 s pourtant nous avait prévenus : « Le fini, n’est pas capable d’infini » ; mais nous avons perdu de vue cette vérité aussi
406 qu’à ma retraite ! Nous le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, pas assez d’uranium… Et surt
407 us le savons, il n’y aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, pas assez d’uranium… Et surtout, pas assez de pétrol
408 aura pas assez de magnésium, pas assez de cuivre, pas assez d’uranium… Et surtout, pas assez de pétrole. Donc, plus personn
409 assez de cuivre, pas assez d’uranium… Et surtout, pas assez de pétrole. Donc, plus personne ne devrait oser promettre un dé
410 il parle de l’Europe, Denis de Rougemont ne parle pas seulement de l’Europe des neuf… Neuf pays sur vingt-deux, ce n’est pa
411 rope des neuf… Neuf pays sur vingt-deux, ce n’est pas l’Europe ! Je m’élève contre cette prétention du Marché commun de Bru
412 par nous rejoindre ; l’État soviétique ne pourra pas toujours les maintenir en état de servage… Tous, nous sommes tous fai
413 nne l’exemple de ce changement. Mais il ne suffit pas qu’elle dise qu’elle va faire autre chose, il faut qu’elle le fasse.
414 ’aime ce mot du Dr Schweitzer : « L’exemple n’est pas le meilleur moyen d’influencer le comportement d’autrui, c’est le seu
415 nt d’autrui, c’est le seul. » Nous n’en sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nou
416 sortirons pas autrement. Mais nos chances ne sont pas minces. D’abord parce que nous sommes plus nombreux que nous ne penso
417 : Regardons ce qui est acquis. Ce n’est peut-être pas énorme, mais ce n’est pas rien non plus. Pas rien ce qu’a fait le Con
418 uis. Ce n’est peut-être pas énorme, mais ce n’est pas rien non plus. Pas rien ce qu’a fait le Conseil de l’Europe. Pas rien
419 être pas énorme, mais ce n’est pas rien non plus. Pas rien ce qu’a fait le Conseil de l’Europe. Pas rien ce qu’ont fait les
420 us. Pas rien ce qu’a fait le Conseil de l’Europe. Pas rien ce qu’ont fait les divers organismes européens… Mais, j’en convi
421 n encore d’être totalement réalisé mais de grands pas ont été faits. Ainsi il y a deux ans sont tombées les dernières barri
422 ampagnes en est une ! » Mais la région ? N’est-ce pas contradictoire de vouloir en même temps faire l’Europe et susciter l’
423 re l’Europe et susciter l’émergence des régions ? Pas du tout, s’exclame-t-il. L’une est condition de l’autre : On s’est mi
424 va très loin. Et la constitution belge qui n’est pas encore acceptée va encore au-delà. L’Allemagne est déjà divisée en lä
425 ortie ! » Denis de Rougemont, cependant, ne verse pas dans l’utopie européenne. Il sait que l’Europe n’est pas la solution
426 s l’utopie européenne. Il sait que l’Europe n’est pas la solution magique à tous les problèmes auxquels nous nous trouvons
427 rontés en cette fin de vingtième siècle. Ce n’est pas la solution magique, mais c’est la seule solution possible, ajoute-t-
28 1979, Articles divers (1978-1981). Rapport au peuple européen (9 mai 1979)
428 cessité, la condition de survie de nos peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie, un enjeu proprement vita
429 nquera dans les trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons ap
430 us les domaines L’Europe unie n’aura peut-être pas réponse à tout, mais les souverainetés nationales n’ont sûrement plus
431 posent concernent des réalités qui ne connaissent pas de frontières, étant beaucoup plus vastes ou beaucoup plus locales qu
432 ue le disait Albert Schweitzer, « l’exemple n’est pas le meilleur moyen d’agir sur autrui. C’est le seul ». On demande souv
433 dont je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à elle que s’adressait Hugo le visionnaire, lorsqu’il écrivait il y a
29 1979, Articles divers (1978-1981). Denis de Rougemont, ou l’Europe contre l’Europe (30 mai 1979)
434 pe (30 mai 1979)az ba « L’économie, ce n’est pas tout » « Nous avons voulu, en établissant ce rapport sur l’union à
435 pté d’entrer en matière pour autant qu’il n’y ait pas violation des souverainetés nationales. Pas de contradiction Ma
436 it pas violation des souverainetés nationales. Pas de contradiction Mais n’y a-t-il pas une contradiction à vouloir d
437 nales. Pas de contradiction Mais n’y a-t-il pas une contradiction à vouloir donner à la fois plus de poids aux région
438 icoles, constate Denis de Rougemont, ne passionne pas les foules, et surtout pas les jeunes qui s’intéressent par contre à
439 ougemont, ne passionne pas les foules, et surtout pas les jeunes qui s’intéressent par contre à l’écologie, aux problèmes s
440 la planète. Elle les a perdues. Si elle ne change pas , si elle ne cesse pas de gaspiller son énergie (l’uranium sera épuisé
441 perdues. Si elle ne change pas, si elle ne cesse pas de gaspiller son énergie (l’uranium sera épuisé en même temps que le
442 ervan-Schreiber et Françoise Giroud), mais il n’a pas réussi. En Allemagne, la liste des “verts” regroupe tous les candidat
30 1979, Articles divers (1978-1981). L’Europe : idéal… et moyen de survie (3 août 1979)
443 cessité, la condition de survie de nos peuples et pas seulement du maintien de leur niveau de vie : un enjeu proprement vit
444 nquera dans les trois ans. Le tiers-monde ne peut pas rejoindre notre niveau de vie matériel, et pourtant nous lui avons ap
445 m, le manganèse (sans lequel notre fer ne donnera pas d’acier). Ce qui ne peut manquer d’entraîner des répercussions très d
446 répondre seul. Dans leur état actuel de division, pas une seule de nos soi-disant « souverainetés nationales » ne peut en f
447 nels de tout État. L’Europe unie n’aura peut-être pas réponse à tout, mais les « souverainetés nationales » n’ont sûrement
31 1979, Articles divers (1978-1981). Une Europe unie et diverse (27 août 1979)
448 posent concernent des réalités qui ne connaissent pas de frontières, étant beaucoup plus vastes ou beaucoup plus locales qu
449 ue le disait Albert Schweitzer, « l’exemple n’est pas le meilleur moyen d’agir sur autrui. C’est le seul ». On demande souv
450 dont je viens de vous exposer les vues. N’est-ce pas à lui que s’adressait Victor Hugo, le visionnaire, lorsqu’il écrivait
32 1979, Articles divers (1978-1981). « La qualité des choses que j’aime » (18 octobre 1979)
451 s. Il serait temps d’aller à ce dîner, n’était-ce pas pour huit heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À 2 heures
452 Français. Quant aux gaullistes, ici, ils ne font pas la guerre contre les nazis, mais contre le liftier français du Waldor
453 re. Débat sans fin et que l’Histoire ne tranchera pas , malgré le cliché : car il s’agit de l’éternel problème du propter vi
454 petits pinceaux puérils et tire la langue pour ne pas « dépasser ». Je pose pour le Petit Prince couché sur le ventre et re
455 checs ! » (Je leur ai dit un soir : « Vous n’êtes pas un couple, mais une espèce de complot permanent contre le sommeil de
456 de la guerre, mais dont les promoteurs n’étaient pas sans redouter qu’elles échappent à leur contrôle et fassent, par une
457 très drôle ce que dit Denis ! » En fait, ce n’est pas drôle du tout. Plutôt tragique. Il l’a senti. Il sait que c’est vrai.
458 s. J’ai subi des tas d’accidents. Je ne puis même pas me jeter en parachute. J’ai deux jours sur trois le foie bloqué, un j
459 ou ramasser un mouchoir par terre. (…) Je ne pars pas pour mourir. Je pars pour souffrir et ainsi communier avec les miens
460 t ainsi communier avec les miens (…) Je ne désire pas me faire tuer, mais j’accepte bien volontiers de m’endormir ainsi. A
461 iers de m’endormir ainsi. Antoine « Je ne pars pas pour mourir » : la négation, bien sûr, révèle la présence de ce qu’el
462 Peut-être est-ce ça. Ils sont fatigants. Ce n’est pas ça, être homme. C’est de la fausse algèbre… Et tous un peu ils sont a
463 algèbre… Et tous un peu ils sont ainsi. Ce n’est pas ma patrie. Je vais me faire tirer dessus pour protéger la paix d’Agay
464 uire d’ailleurs tout de travers car la peau n’est pas bien craquante) pour protéger des « qualités ». La qualité des choses
465 … Si ces phrases me vont droit au cœur, ce n’est pas seulement par l’allusion à nos parties « bien disputées » tard dans l
33 1979, Articles divers (1978-1981). Considérations sur une charte culturelle européenne : mémorandum (17 décembre 1979)
466 vernements des États membres. Il leur demande non pas de « concéder » ni « d’accorder » mais bien plutôt de garantir à la c
467 khaus et du Petit Larousse. Cette évolution n’est pas encore bien accomplie dans le sigle UNESCO, qui signifie « Organisati
468 rs, et aux relations entre les hommes. Elle n’est pas seulement un héritage à conserver mais une commune manière de vivre e
469 pe. Éduquer un enfant, au sens européen, ce n’est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas seule
470 conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas seulement lui donner des réflexes mais lui apprendre à réfléchir ; et
471 exes mais lui apprendre à réfléchir ; et ce n’est pas seulement l’introduire dans la sécurité de l’orthodoxie (religieuse,
472 ait être opposée à la technique, qui n’existerait pas sans elle : 1. Gardons-nous d’opposer théoriquement culture et techni
473 lture créatrice. L’avenir de l’Occident ne dépend pas de nos dividendes immédiats ni du niveau de nos salaires, mais de not
474 on veut que la recherche scientifique n’aboutisse pas à des monstruosités. 4. Relations entre « Europe » et « culture »
475 on sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culturelle,
476 on sens le plus large. La culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe, ni un ensemble de spécialités qui ne con
477 , ni un ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’homme de la rue. Elle naît d’une prise de conscience de la vie, d’u
478 ule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en est pas moins, depuis plus de deux-mille ans, le foyer d’une puissance d’inve
479 tes, autonomes et rivales. Cette conception n’est pas seulement responsable de guerres absurdes, justifiées aux yeux des ma
480 ligion qui les inspira toutes au départ, il n’est pas une seule branche de notre culture qui ne résulte de mille échanges,
481 échanges, tissant l’œuvre commune des Européens, pas une seule que l’on puisse étudier sérieusement dans le champ limité p
482 es d’une seule de nos nations actuelles. Il n’y a pas plus de « peinture française » que de « chimie allemande » ou de « ma
483 lâche et en toute occasion à nos élèves, ce n’est pas seulement faire de l’histoire honnête, après un siècle de falsificati
484 . Politiquement minorisée, parce qu’elle ne forme pas encore une unité réelle, mais encore accusée d’impérialisme : matérie
485 se est de nature foncièrement culturelle, pour ne pas dire spirituelle, métaphysique. Ici paraît le troisième motif : il f
486 ixe siècle, afro-américaines au xxe siècle) n’a pas le moindre rapport avec l’image qu’en donnent les manuels scolaires e
487 ns européens, qui opèrent sur la fiction (pour ne pas dire la fabrication délibérée, à fins de propagande) d’une culture eu
488 au sens continental comme au sens local, ou n’est pas . Nous ne pouvons servir l’humanité en général qu’en pratiquant notre
489 t Goethe : sur tous les sommets règne la paix. 4° Pas d’Europe indépendante et viable sans l’apport créateur toujours renou
490 t créateur toujours renouvelé de sa culture. Mais pas de culture créatrice sans le libre dialogue entre personnes et commun
491 eur que manifeste l’homme européen, le lien n’est pas évident, il s’en faut. L’examen de notre catalogue d’aspects de plus
492 tats-nations européens d’aujourd’hui n’existaient pas avant 1919 : n’avaient-ils donc pas de culture ?) II. Chacun de nos
493 n’existaient pas avant 1919 : n’avaient-ils donc pas de culture ?) II. Chacun de nos États garantira sans restriction d’a
494 ques de la sensibilité, de passions mêmes, et non pas de simples déplacements de forts en thème — nous devons : 1° abandonn
495 rincipaux obstacles à l’union de l’Europe ne sont pas dans les faits mais dans les esprits mal formés par les manuels d’his
496 à-dire la paix et non la guerre. Certes, ce n’est pas aux gouvernements ni à leurs experts d’en juger, mais à des conseils
497 apprendre facilement la géographie : « On ne peut pas nier que l’Europe ne soit la moins étendue des trois parties qui comp
34 1980, Articles divers (1978-1981). Énergie solaire et autonomie (1980)
498 r si la culture élaborée par notre Europe n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, une nouvel
499 centrales nucléaires. C’est propre, nous dit-on, pas une fumée n’en sort, c’est le dernier cri de la technique. Ce sera re
500 e archaïque de l’innocence nucléaire. Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en av
501 Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré les conséquences. En passant
502 à cet incident : Zurich, Baden, voyons, ce n’est pas le Japon !… Je leur fais observer que 1958 était beaucoup plus près d
503 les hommes en deux classes et ceux qui ne le font pas . » J’avoue que j’appartiens à la première de ces classes. Je pense qu
504 nt la puissance comme un toit, comme un père, non pas comme une obligation de régner. Quant à la liberté, conçue comme la f
505 onçue comme la formule du libre développement non pas des collectivités ou des nations, mais des personnes, elle suppose, e
506 et de la femme dans la communauté. L’homme n’est pas libre s’il n’est pas responsable. Et il n’est pas tenu pour responsab
507 la communauté. L’homme n’est pas libre s’il n’est pas responsable. Et il n’est pas tenu pour responsable, devant un tribuna
508 pas libre s’il n’est pas responsable. Et il n’est pas tenu pour responsable, devant un tribunal, si l’on peut démontrer qu’
509 un tribunal, si l’on peut démontrer qu’il n’était pas libre en commettant tel ou tel acte. Si maintenant nous avons à chois
510 jour à gagner des loisirs dont nous ne jouissons pas , et à travailler dur pour gagner ces esclaves qui seraient censés tra
511 aude Leny : Les installations nucléaires ne sont pas dangereuses à condition qu’elles soient exploitées et contrôlées par
512 tion de 600 policiers casqués et armés, qui n’ont pas hésité à tirer des grenades lacrymogènes dans la foule, faisant une d
513 nde, voilà pourquoi nos États-nations ne l’aiment pas . Voilà pourquoi les Communautés de Bruxelles dans leur budget 1978 pr
514 e la Terre : Tant que les gouvernements n’auront pas trouvé le moyen d’interposer un compteur entre le soleil et chacune d
515 « Nos cieux sont gris, me direz-vous. Le solaire pas facile à capter. » Eh bien, sous nos cieux gris, apprenons à composer
516 e menaçait de nous désapprendre. Le solaire n’est pas , ne sera pas, la solution universelle de nos problèmes. Le solaire es
517 nous désapprendre. Le solaire n’est pas, ne sera pas , la solution universelle de nos problèmes. Le solaire est fascination
518 l’épanouissement, conquête de l’autonomie. Il n’a pas cet aspect massif, écrasant, inéluctable et menaçant du nucléaire. Il
519 nom. Qui va faire ce choix ? Si nous ne bougeons pas , il sera fait pour nous par des experts, ceux qui nous expliquent dep
520 dix ans : — que les centrales nucléaires ne sont pas plus radioactives que les cadrans lumineux de nos montres ou que « la
521 nos techniciens » ; — qu’au surplus, nous n’avons pas le choix, le nucléaire étant seul capable actuellement de remplacer l
522 e condition du bien-être des hommes (ce qui n’est pas bien évident), nous place devant le dilemme inévitable : centrales nu
523 ion : Le problème des centrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier 
524 entrales nucléaires n’est pas technologique, même pas économique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveau
35 1980, Articles divers (1978-1981). Actualité de Benjamin Constant (1980)
525 le sourire et dans les yeux… » Si on ne l’aimait pas , on décrivait « ses jambes grêles et son dos voûté », ou « ce mélange
526 it l’un ; mais l’autre : « Sa prononciation n’est pas pure, mais elle a du charme et une excessive élégance… » Un troisième
527 écrire quelque autre chose, mais l’idée n’en est pas encore claire dans ma tête. 11 novembre. Le Béarnais veut de moi. Je
528 e prend figure. Soirée chez le Duc. 29 novembre. Pas bien travaillé. J’espère pourtant que cela ira. 2 décembre. Je risqu
529 rimeur, pourvu que les événements ne me devancent pas . L. v. d. D. s. f. 7 janvier. Travaillé. Décidément je ne joue plus.
530 Benjamin sait qu’il joue sa vie : Napoléon n’est pas encore vaincu, et le ferait fusiller pour beaucoup moins. « L. v. d.
531 ge fera bon effet, j’espère. Mais l’horizon n’est pas bien clair. Des jours suivants, je ne retiendrai que le typique du p
532 ause et servons-nous. 23 avril. Ce pays-ci n’ira pas . Ils sont tous fous et méchants. 25 avril. Éloges inouïs de mon livr
533 s mes relations à Paris sont brisées. Je ne crois pas qu’il y ait rien à faire. 5 mai. Visites sans fin chez moi. (Les 9
534 de et personne n’y pense. C’est moi qui ne prends pas ma place, et je crois qu’on me la refuse. 12 août. Dispute avec Guiz
535 bre à propos d’un coup de théâtre dont je ne vois pas d’autre exemple dans l’histoire de la vie politique en Europe. 14 a
536 ojet de constitution a eu peu de succès. Ce n’est pas précisément de la liberté qu’on veut. 18 avril. Entrevue de 2 heures
537 à coup, par une péripétie physiologique qui n’est pas rare, au dire des médecins, les sanglots devenus convulsifs tournèren
538 rd dans son Mémoire sur les Cent-Jours, n’essaya pas de me tromper. Il ne voulut point se donner le mérite de revenir à la
539 , voilà ce que ses contemporains ont décidé de ne pas comprendre, et ils répètent en ricanant sa devise ironique : Inconsta
540 injuste, on va le voir. 1°. Constant ne se rallie pas à la royauté mais à la Charte, quelque peu libérale, publiée tôt aprè
541 palinodie, il répond tranquillement qu’il ne sert pas un régime mais la liberté44. Certes, il déteste que la Charte prétend
542 d le roi a quitté Paris ? « On m’a reproché de ne pas m’être fait tuer auprès du trône que, le 19 mars, j’avais défendu : c
543 eler que l’opportuniste en l’occurrence, ce n’est pas Constant, c’est l’empereur. De Golfe-Juan à Lyon, jusqu’à Paris, Napo
544 une chance pour la liberté d’un peuple, il n’est pas permis de la repousser. 4°. Et enfin, et surtout, la preuve irréfuta
545 indépendant, tout concourt à le rendre ambigu, et pas seulement dans le temps de son action. Il est remarquable que les pal
546 s écrits politiques ; mais, cas plus rare, il n’a pas affecté la vie de son auteur, qui croyait tout risquer sur cette cent
547 pour lui-même ni pour la société. Car il ne sera pas fusillé, ne sera pas non plus ministre, et l’Acte additionnel — dont
548 r la société. Car il ne sera pas fusillé, ne sera pas non plus ministre, et l’Acte additionnel — dont Thiers a pu écrire qu
549 cet ouvrage a cru que les circonstances n’étaient pas favorables à l’examen d’une foule de questions abstraites. Il a extra
550 réalité neuve dont Benjamin Constant, qui n’en a pas encore une conscience claire, ressent déjà l’aberration : l’État-nati
551 ous les domaines de l’existence — de la « mise au pas  » des hitlériens à l’autocritique sous Staline. « Le même code, les m
552 ie nature du régime de « l’Usurpateur ». Ce n’est pas la dictature classique, bien connue de l’Antiquité, c’est infiniment
553 i répondrait d’une voix unanime : Nous ne voulons pas de la conquête du Monde. Mais il parlerait de l’indépendance national
554 iés à Paris pendant les Cent-Jours : Je n’hésite pas à le dire : il faut introduire dans notre administration intérieure b
555 ons en Europe, dont la plupart d’ailleurs ne sont pas des ethnies, mais des communautés culturelles et civiques, liées par
556 d du pouvoir central une indépendance qui ne doit pas exister. Ainsi le fédéralisme est compatible, tantôt avec le despotis
557 ble d’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas , nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et durable. Quoi de pl
558 ge du sociologue Jean-François Gravier, qu’on n’a pas encore réfuté. 51. Principes de politique, op. cit., p. 1191. bn.
36 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe, invention culturelle (1980)
559 te ou réductionniste de modèle marxiste. Il n’est pas né d’une économie originale, qui devait au contraire en naître en fai
560 ge de Sem et l’Afrique celui de Cham.bj Il n’est pas né d’une économie originale, qui devait au contraire en naître tardiv
561 venus de l’est et du sud, puis du nord. Il n’est pas né de l’Empire romain mais plutôt de la nostalgie de son âge d’or et
562 nce diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse d’Athènes, de Rome e
563 intellects, et aussi en ta sensibilité ; tu n’as pas souci de nourrir l’intellect supérieur par des raisons irréfragables 
564 t se concevoir. « Aux yeux de la raison, il n’y a pas , pour des États entretenant des relations réciproques, d’autre moyen
565 se : ils ont en moyenne 27 ans, et la TV n’existe pas — auxquels se joindront généreusement parmi les aînés Jacques Maritai
566 mbre 1946, se produit quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis treize ans : non seulement Allemands et Français, Italiens
567 stants des pays de l’Axe, qu’ils ne connaissaient pas encore, comme Ignazio Silone, Altiero Spinelli, Henri Brugmans, Eugen
568 e l’on prend la culture au sérieux, qu’elle n’est pas un simple ornement. J’ai proposé que la commission que je formerai ré
569 uelques noms si prestigieux qu’ils soient ne font pas une génération ni un mouvement. Dernière étape des congrès fondateurs
570 rtés « formelles », où les majorités ne dépassent pas 100 %. Mais l’effet de Lausanne sur les « intellectuels européens »
571 n même négatif. Ceux qui étaient engagés là n’ont pas été remplacés, que je sache, par des plus jeunes. Lesquels se trouven
572 et ne sera faite que de mots, si elle ne se place pas dans le cadre d’un effort beaucoup plus profond pour réaliser une uni
573 uyer la cause de la fédération européenne ne sont pas ceux qui se prévalent de la supériorité culturelle de l’Europe ; mais
574 rogrès. Les vrais Européens d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui recommandent qu’on « tire à vue » sur eux dès qu’ils se prés
575 parvient à le vivre. Autrement, on ne la croira pas . Car ainsi que le disait le bon Dr Schweitzer, « l’exemple n’est pas
576 le disait le bon Dr Schweitzer, « l’exemple n’est pas le meilleur moyen d’agir sur les hommes, c’est le seul ». 38. « Mar
577 version publiée contient des coquilles, qu’on n’a pas pu toutes corrigées en l’absence de version manuscrite. bj. Phrase t
37 1980, Articles divers (1978-1981). L’avis de Denis de Rougemont [sur Invocation du nom de Dieu et Constitution fédérale] (1980)
578 répondu le communiste, je ne l’aurais évidemment pas choisie, mais telle qu’elle est, ça ne me gêne pas et si certains y i
579 as choisie, mais telle qu’elle est, ça ne me gêne pas et si certains y insistent, on peut très bien la laisser comme elle e
580 meilleur, car : « La Confédération », on ne sait pas encore ce que c’est, tandis que « le peuple et les cantons », tout le
581 de quoi il s’agit, cela engage des réalités, non pas une formule encore vide. Mais ensuite, dans le nouveau texte, on en v
582 libre celui qui use de sa liberté », ne me paraît pas évidente à première lecture, et surtout — mais j’ai l’esprit très mal
583 ui « ne s’use que si l’on s’en sert ». Je ne vois pas très bien ce que l’homme de la rue peut tirer de ça. Ce n’est en tout
584 de la rue peut tirer de ça. Ce n’est en tout cas pas univoque. La formule suivante est encore plus attaquable. « Sachant q
585 ignifie reconnaître du même coup que l’État n’est pas tout-puissant. L’invocation aurait donc pour effet de relativiser le
586 encore un démagogue, et qui probablement ne croit pas en Dieu, mais ne veut pas renoncer au bénéfice de l’invoquer — afin d
587 i probablement ne croit pas en Dieu, mais ne veut pas renoncer au bénéfice de l’invoquer — afin de le mettre dans son jeu.
588 nt à invoquer le Dieu « tout-puissant », ce n’est pas du tout, dans leur esprit, que cela pose une limite à leur pouvoir. C
589 voire d’absolutiser leur pouvoir. Je ne vois donc pas comment, ni surtout pourquoi, je pourrais accepter cette invocation.
590 ais c’est à eux de le faire, je ne m’en chargerai pas . De telle sorte que, si je laisse la porte légèrement entr’ouverte à
591 lement par : Au nom du Seigneur, amen. N’oublions pas que dans la plupart des cas, le « Seigneur » invoqué par les églises
592 rétiennes, c’est Jésus, c’est le Christ, ce n’est pas le Jéhova ou le El de l’Ancien Testament, un nom qu’il est interdit d
593 tentation de la puissance parce qu’il n’en avait pas et n’en devait pas avoir dans « ce monde » — dont Satan est le Prince
594 issance parce qu’il n’en avait pas et n’en devait pas avoir dans « ce monde » — dont Satan est le Prince. ⁂ D’où vient alor
595 peu de fois dans l’Ancien Testament, et qui n’est pas « le Dieu tout-puissant », mais « le Dieu très-puissant » c’est-à-dir
596 a, en aient pris conscience et ne commettent donc pas l’erreur due à la traduction latine de saint Jérôme — deus omnipotens
597 fait-il, votre Tout-Puissant ? Il n’a visiblement pas la puissance de donner la victoire à chacune des armées qui se réclam
598 sance, par la « voix du silence » qui ne s’impose pas par la force mais qui pénètre l’âme à l’heure où elle se réveille et
599 ées » qu’on appelle si souvent à la rescousse, et pas seulement au début des guerres, car l’expression plaît à beaucoup quo
600 ur… Exigence exorbitante pour un peuple qui n’est pas composé seulement de chrétiens éprouvés… Finalement, que pourrait-on
601 le médiévale « in nomme domini ». Laquelle ne fut pas seulement utilisée par les trois « communes » signataires du Pacte de
602 mour actif et de non-violence absolue. Ce ne sont pas là des choses qu’un peuple puisse accepter à la majorité. bf. Roug
38 1980, Articles divers (1978-1981). Lew Kowarski et la responsabilité sociale du scientifique (1980)
603 ue le sérieux de la vie se sent mais ne se mesure pas  : Hermann Kahn, qui est un personnage pittoresque, a écrit que la gr
604 ’il y a quelque chose que l’homme puisse faire et pas l’ordinateur. Pour lui, la réponse n’était pas évidente. Il me semble
605 et pas l’ordinateur. Pour lui, la réponse n’était pas évidente. Il me semble, à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a
606 as évidente. Il me semble, à moi, qu’elle ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à penser à toutes les choses sérieuses de la vi
607 on de cette connaissance. Mais il n’était, hélas, pas moins conscient des limitations que son état de santé imposait à son
608 les problèmes d’une centrale à eau légère ne sont pas les mêmes que ceux de Creys-Malville. En effet, le choix des surgénér
609 aîtrise autant qu’en amitié. Vous ne nous rendiez pas toujours la vie facile, mais vous lui donniez plus de saveur et plus
39 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
610 rtes, Sartre et Camus, Ionesco et Beckett ne sont pas les seuls à occuper les scènes parisiennes dans les années 1945 à 196
611 également ces deux tendances, dont elle semble ne pas remarquer qu’elles sont antinomiques. Quant à la jeunesse des pays de
612 gue qu’on annonçait pour le 19 décembre ne serait pas une pièce nouvelle mais la mise en scène par Ariane Mnouchkine des se
613 noms de Mozart et de Bertolazzi ne me paraissant pas bien utiles pour mon bilan du « nouveau » théâtre, je me procurai cer
614 l’amnésie que j’avais un instant redoutée n’était pas responsable du blanc total provoqué dans mon esprit par la question :
615 sa ligne ». Continuant ma recherche, je ne tardai pas à trouver deux confirmations supplémentaires dont la première a toute
616 ur en scène qui, d’une œuvre à l’autre, ne change pas du tout son fusil d’épaule. Quel que soit l’auteur, quelle que soit l
617 ns le désert. Que vient faire Claudel là-dedans ? Pas grand-chose de propre, forcément. Parce que Claudel, pour Daniel Mesg
618 omment protection de l’ordre. La jeunesse qui n’a pas accès à la TV (bientôt rejointe par les intellectuels « interdits d’a
619 n conflit ouvert avec le Nord dont il ne parvient pas à égaler les résultats industriels, parce qu’il a préféré de tout tem
620 ns les écrits de l’intelligentsia parisienne, n’a pas vu naître en France, depuis douze ans, un seul grand texte mémorable.
621 , n’ont guère ajouté à leur œuvre antérieure ; et pas un seul nom nouveau ne s’est imposé. Le roman n’a connu qu’une seule
622 Goulag, et n’ont rien ajouté à leur témoignage — pas même celui de leur repentir d’avoir été d’abord du côté des bourreaux
623 au cours de la décennie qui s’achève. Je n’hésite pas à le rattacher à l’action de la télévision. Le petit écran apporte le
624 e ceux-là que nous aurons vus le moins souvent ou pas du tout sur nos écrans. Car leur vraie vie était ailleurs. 53. La
40 1980, Articles divers (1978-1981). 1979 [Iran, Three Mile Island, Cambodge…] (2 janvier 1980)
625 t qu’un prétexte, on l’a vu, les justiciers n’ont pas fait mieux. L’imam, comme on l’appelle aujourd’hui, n’a pas refusé se
626 ieux. L’imam, comme on l’appelle aujourd’hui, n’a pas refusé seulement nos machines et nos armes, n’a pas rompu seulement l
627 s refusé seulement nos machines et nos armes, n’a pas rompu seulement les contrats en dollars qu’avait multipliés le shah :
628 avait multipliés le shah : tricher ne l’intéresse pas , ce qu’il rejette, c’est le principe même des règles du jeu imposées
629 in ? L’accusé véritable en cette affaire n’est-il pas le modèle occidental, non seulement de civilisation mais de loi inter
630 dent » qui eut pu faire 100 000 morts mais n’en a pas fait un, soyez donc rassurés. Les rapports publiés aux USA et les let
631 e, ou n’oserait la dire. Nos journaux ne se sont pas interdit de parler de « foules fanatisées » au sujet des défilés mons
632 ntrée étant bien sûr celle que l’islam ne pouvait pas manquer de lui poser en Turquie. Ce qui demeure certain, c’est le ret
633 eople » et chute de trois dictateurs, ne relèvent pas moins que ceux de l’Iran de notre responsabilité occidentale. Bokassa
41 1980, Articles divers (1978-1981). Un précurseur de l’engagement politique (1er mai 1980)
634 ener en prison. Je lui rappelais que penser n’est pas seulement soupeser, mais « peser sur » et que la pensée qui agit n’es
635 ais « peser sur » et que la pensée qui agit n’est pas libre, mais bien plutôt libératrice. En même temps, je le disais resp
636 s masses, nos démocraties libérales ne pourraient pas grand-chose, sinon de répéter que force doit rester au droit. C’est a
637 éditeur, L’Amour et l’Occident , dont je n’avais pas encore écrit première ligne. Je l’ai commencé le jour où j’aurais dû
638 , de principe dynamique. Cette passion n’implique pas , comme finalité, le bien de l’autre, mais seulement le sentiment d’êt
639 us de chaleur de Tristan que du mariage n’avaient pas tout à fait tort. Aujourd’hui encore, je me ferai honte le jour où je
640 ore, je me ferai honte le jour où je ne pleurerai pas au grand duo d’amour du deuxième acte de Tristan, surtout au moment s
641 oppement de la culture européenne, considérations pas seulement morales, philosophiques, religieuses et littéraires, mais p
642 nous parlez des cathares et des Arabes, n’est-ce pas  ? Alors comment aimer cette Europe-là ? On peut l’aimer, et je le dém
643 « édition définitive » et qui, pour moi, ne l’est pas forcément. Ceci m’a permis de répondre de manière exhaustive à mes dé
644 tout dire, et du tragique d’aimer l’amour et non pas l’autre… Vous avez influencé — et combien fortement — de nombreux écr
42 1980, Articles divers (1978-1981). La maîtrise sociale des besoins (avril-juin 1980)
645 premier lycéen français venu sait qu’il ne s’agit pas de Saint Louis ni d’Henry IV, mais du xviiie siècle. (Le café ne fut
646 xe sur nos tables si nos champs n’en produisaient pas , et qu’il fallût les faire venir à grands frais de l’Amérique septent
647 moment où, note-t-il dans Ma Vie : « il n’y avait pas de demande pour les automobiles » ; voire « une répugnance du public
648 Tout cela est très joli, me dira-t-on, mais ne va pas nous aider à résoudre les problèmes urgents et concrets des besoins é
649 nelle », j’ajouterai : « C’est qu’ils n’imaginent pas qu’il y a dans l’homme d’autres besoins à satisfaire que matériels et
650 rieure très peu modifiable pour les individus, et pas du tout pour une collectivité. Les mesures prises jusqu’ici contre le
651 leurs désirs (de profit, de puissance, de mise au pas de la société) pour nos besoins, voire nos fatalités. Quand un gouver
652 ygiénistes et de sociologues (cette liste n’étant pas limitative), chacun ayant fait la preuve de son indépendance à l’égar
653 fonctionnaires nationaux, je ne penserai pourtant pas avoir absolument perdu mon temps et celui du congrès de Dakar en prop
654 s’agissait de quelque chose dont nous ne serions pas responsables. 59. Faut-il mettre les points sur les i ? Le chauffag
43 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe et l’environnement (28 juin 1980)
655 e tout », a écrit Paul Valéry. Cette phrase n’est pas seulement capitale pour l’histoire des civilisations : elle nous char
656 pés dans beaucoup de caoutchouc de faire quelques pas sur la lune, à 80 millions de $ le pas, pour s’assurer que c’est plut
657 e quelques pas sur la lune, à 80 millions de $ le pas , pour s’assurer que c’est plutôt triste, — mais quel Progrès ! — Ell
658 armes de guerre que, moyennant un budget qui n’a pas dépassé 400 milliards de $ en 1979, il est possible d’affirmer désorm
659 mondiale sera vraiment la dernière, — et cela non pas faute de patriotisme, mais faute de combattants, tout simplement. Pro
660 oniqueurs nous répètent à l’envi « qu’on n’arrête pas le Progrès ». Ils paraissent oublier que ce cliché dérisoire, Gustave
661 ela seul peut convaincre. Le tiers-monde ne croit pas nos sermons. Il ne croira que notre exemple, et encore : à condition
662 connaît si bien les maux, pourquoi n’arrive-t-on pas à les guérir ? Dans la très grande majorité des cas de pollution ou d
663 es, plutôt que par ses auteurs, qu’il ne faudrait pas indisposer… Au reste, les frais de récupération de lacs, de fleuves,
664 sociale ou militaire. Si les Européens n’arrivent pas très vite à comprendre que le réalisme consiste à prévenir les écocat
665 te à prévenir les écocatastrophes imminentes, non pas à flatter les vanités nationales, la crise actuelle est sans issue.
666 es (du genre DDT ou plutonium) dont on ne saurait pas démontrer expérimentalement qu’on maîtrise les moyens de les éliminer
667 u régionales.   Changer de cap Certes, il n’est pas question que tous les citoyens et citoyennes de nos pays se transform
668 tie civique. La vie ou la mort du Léman, ce n’est pas de l’État que cela dépend, mais bel et bien, et avant toute action co
44 1981, Articles divers (1978-1981). Guy de Pourtalès l’Européen [préface] (1981)
669 acinement pour cause de fidélité à une foi et non pas à une terre, à un milieu natal, à une nation. Vers 1715, un adolescen
670 L’Ancien Testament, comme l’a dit Ramuz, n’est-il pas la véritable Antiquité des protestants ?) Jérémie va d’abord à Genève
671 Que Neuchâtel soit le centre du monde ne souffre pas le moindre doute à mes yeux. L’Europe est en effet le continent qui a
672 érieur, où M. Steeg exige sa démission : n’est-il pas le beau-frère d’un comte Bernstorff, le cousin d’un ambassadeur allem
673 s que l’état des alliances familiales ne coïncide pas avec les alliances militaires des États. L’aventure personnelle d’
674 az dans un hameau des Flandres dont il n’oubliera pas le nom : c’est là que son fils unique Raymond sera tué au combat, lor
675 ’abord Marins d’eau douce, dont les charmes n’ont pas cessé d’agir sur les adolescents, même d’aujourd’hui. Les années de f
45 1981, Articles divers (1978-1981). Fédéralisme, personnalisme, œcuménisme (1981)
676 complet. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables parce que, de la combin
677 une erreur aggravée. De même l’orthodoxie ne sera pas retrouvée en faisant une somme d’hérésies. Du conflit politique et éc
678 t idéologique et religieux résultent des mises au pas de plus en plus indiscrètes et des schismes multipliés. Pour résoudre
679 tendu que pourrait suggérer ce titre : je ne vais pas parler ici d’une « théologie œcuménique », synthèse utopique des théo
680 le rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pas de pire menace pour le mouvement œcuménique que l’utopie et la tentat
681 liques indiscutables. (Pour ma part, je n’en vois pas de meilleur que la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses a
682 dère que la diversité des vocations divines n’est pas une imperfection de l’union, mais sa vie même. Un deuxième trait, com
683 appelé ici : La théologie de l’œcuménisme ne vise pas à démanteler les orthodoxies existantes dans les diverses Églises, ma
684 n d’autres termes, l’appel à l’union ne s’adresse pas aux dissidents virtuels de chaque Église, mais à leurs membres les pl
685 e, lequel est au ciel à la droite de Dieu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prop
686 tiquement puis théoriquement absolutisé, il n’y a pas de recours ou d’appel possible de la part du fidèle. Il doit se soume
687 ebours, au lieu d’être réformée. Je n’épiloguerai pas ici sur l’unité d’organisation romaine, considérée comme nécessaire a
688 ence dogmatique. Car l’harmonie des membres n’est pas une tolérance, mais une nécessité vitale. Le poumon n’a pas à « tolér
689 lérance, mais une nécessité vitale. Le poumon n’a pas à « tolérer » le cœur ! Il doit être un vrai poumon, et dans cette me
690 Notons aussi que les Églises qui ne représentent pas spirituellement une fonction distincte, mais seulement la division ou
691 ’abord avec l’intelligence et la raison, ne tarde pas à affaiblir le lien social. Il s’oriente vers l’anarchie. À ce moment
692 e individualisme et dictature, l’opposition n’est pas aussi profonde qu’on l’imagine. Il s’agit plutôt d’une succession iné
693 our mieux accomplir son unification, sa « mise au pas  ». C’est avec la poussière des individus que l’État fait son ciment.
694 toutes les initiatives individuelles. N’admettant pas de recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration c
695 locales ou « cellules ». Celles-ci ne se fondent pas sur le passé ni sur des origines communes : « Il n’y a plus ni Juif n
696 n’y a plus ni Juif ni Grec ». Elles ne se fondent pas sur la classe ou la race, ni sur quelque autre réalité collective. Le
697 quelque autre réalité collective. Leur lien n’est pas terrestre d’abord, ni leur chef : il s’est assis au ciel à la droite
698 à la droite de Dieu. Leur ambition non plus n’est pas terrestre : elles attendent la fin des temps. Et cependant, elles con
699 e de l’Éternel. Cet homme d’un type nouveau n’est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se di
700 avantage de servir que de se distinguer. Il n’est pas non plus le simple rouage, la simple fonction dans l’État qu’était le
701 ncore, insistons sur ce point : la personne n’est pas un moyen-terme, entre l’individu trop flottant et le soldat politique
702 maladies. Dans le plan humain immanent, il n’y a pas d’équilibre possible entre l’anarchie et l’unité forcée, l’individu e
703 lle d’y faire entendre sa voix. Si cela ne suffit pas , on peut changer de groupe. L’on n’est donc pas isolé, comme l’indivi
704 t pas, on peut changer de groupe. L’on n’est donc pas isolé, comme l’individu se trouve isolé dans une grande ville moderne
705 un vaste État centralisé. D’autre part, on n’est pas non plus tyrannisé par une loi rigide et uniforme, puisque dans une f
706 glises » et par « régions ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins ceci : que le
707 ns vouloir également le fédéralisme, ce serait ne pas accepter vraiment l’œcuménisme, j’entends avec toutes ses conséquence
708 es conséquences. Car la foi sans les œuvres n’est pas la foi. 4. Mission fédératrice de l’œcuménisme Et maintenant no
709 e autorité nouvelle. Si les Églises n’y répondent pas , personne d’autre, je le crains, ne répondra. Avant même de se demand
710 oivent. Mais les deux termes ne se confondent-ils pas dans la réalité de la foi ? Certes ! Si les Églises sont fidèles à le
711 a toujours été réelle — même lorsqu’elle n’était pas strictement établie par la loi. De même les devoirs de la vocation pe
712 affaiblie dans ces pays, cette carence ne s’y est pas traduite par l’éclosion d’une anti-religion totalitaire, mais par un
713 ivante, celle qui rassemble les personnes, et non pas celle qui font, en une masse informe et grossièrement encadrée, les i
714 ciliation des adversaires actuels. Il ne se fonde pas sur un compromis entre des erreurs opposées, mais sur une attitude ce
715 vérités égarées dans les deux camps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et d’autre, sans grand espoir mais avec une
716 union des saints. Cette communauté ne se révélera pas dans des congrès, mais se manifestera dans une action risquée. De mêm
46 1981, Articles divers (1978-1981). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous (1981)
717 uelque chose, disions-nous, « dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour la r
718 ic et nunc ». Nous disions encore : Il ne s’agit pas de la concordance littérale de nos propositions théologiques avec les
719 sont justement d’Henry Corbin. Et je n’en trouve pas qui expriment mieux notre attitude commune d’alors. Après les années
720 és par les pouvoirs totalitaires ne m’intéressent pas dans ce contexte. Note 2. Si, comme le veulent les dictionnaires, l’o
721 onnel » est un sentier imprévisible ; et ce n’est pas aux Ponts et Chaussées ni à la police de la route qu’il faut s’adress
722 rain où je m’avance, ce chemin qui commence à mes pas . L’homme de la foi ne suit sa voie qu’en la frayant, « sentier étroit
723 n sorte que toi seul puisses y passer. Elle n’est pas ouverte à l’avance : tu l’ouvres en osant la franchir tel que tu es e
724 amicale qu’elle fût, cette réticence marquée n’a pas cessé de me troubler. J’essaie aujourd’hui de comprendre qui de nous
725 nry Corbin m’écrivait : L’an dernier, je n’osais pas encore prendre part au volume sur l’orthodoxie. Maintenant je n’hésit
726 événements bien réels mais qui ne s’accomplissent pas sur le plan physique de l’existence. C’est cela le sens ésotérique. [
727 aditionnelle la même langue que la leur. Je n’ai pas voulu recourir à d’autres « arguments » que ceux que me proposaient c
728 peur, invérifiable, tant que tout cela ne devient pas message qui m’est adressé à moi seul, et dont le sens dépend d’une «
729 s nous séparer. Nous avons fait ensemble quelques pas décisifs. L’un parfois aidant l’autre sans doute. Car les sentiers co
730 ue. Mais l’image du sentier qui se crée sous mes pas vers un but invisible à l’œil nu peut nous tromper, en ceci qu’elle n
731 l’œil nu peut nous tromper, en ceci qu’elle n’est pas spatiale : le chemin se fait dans le temps de mon existence terrestre
732 re est partout où le centre est atteint.70 (Non pas où il est licite, ou commandé de l’atteindre.) Au-delà de toute appar
733 urtant à leur manière, les grands mystiques n’ont pas dit autre chose. 64. W. Pauli, « Wahrscheinlichkeit und Physik »,
47 1981, Articles divers (1978-1981). Quelques maximes de prospective (1981)
734 ive, de futurologie, de futuribles, n’y cherchent pas des objectifs d’action, mais au contraire, ils espèrent y trouver des
735 Car la fonction de l’homme dans l’univers n’est pas de deviner l’avenir, mais de le faire. ⁂ La prospective elle-même ne
736 de le faire. ⁂ La prospective elle-même ne relève pas de la divination, mais des fins qui aimantent notre action. À partir
737 sur l’homme, ses besoins et ses fins, qui ne sont pas du tout le profit des États, le prestige national, la supériorité en
738 lirant de la plupart de nos ministres — qui n’ont pas trouvé le temps d’y réfléchir. ⁂ Trois hommes séparés non seulement p
739 tes, ont dit à peu près la même chose : Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles qu’on ne les essaie pas, mais c’
740 ue les choses sont difficiles qu’on ne les essaie pas , mais c’est parce qu’on ne les essaie pas qu’elles sont difficiles. S
741 essaie pas, mais c’est parce qu’on ne les essaie pas qu’elles sont difficiles. Sénèque On commence par dire : cela est im
742 ient impossible en effet, parce qu’on ne le tente pas . Charles Fourier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que nous po
743 u’on ne le tente pas. Charles Fourier Ne prenons pas nos mesures sur les buts que nous pouvons atteindre, mais sur les but
744 t considérer la fin. Car la technologie n’innove pas selon la loi des choses, domaine du prévisible, mais selon l’appel de
745 Considérons d’abord nos vrais désirs, qui ne sont pas toujours ceux que nous pouvons avouer, mais ceux qui s’annoncent dans
746 comme le vote d’un budget par exemple. ⁂ Ce n’est pas l’innovation technique qui fait l’Histoire, comme on l’a cru au début
747 nous plaît de faire tout de suite. Mais ce n’est pas vrai. Reprenons l’argument de Valéry : amendons-le. Mes rêves des nui
748 C’est du rêve de voler qu’est né l’avion, et non pas de la prévision des avantages commerciaux, touristiques et militaires
749 uer au fond des mers, aller sur la Lune… Il n’est pas jusqu’à l’informatique qui ne soit l’expression d’un mythe, celui de
750 que, que feront-ils ? Déplacer un problème n’est pas toujours le résoudre. L’exemple du « chômage technologique » (comme n
751 ’establishment et ses économistes refoulent comme pas sérieuse ou aberrante toute tentative de prévision qui dépasserait le
752 technologique, qui dans le régime actuel ne crée pas du loisir mais du chômage. Ce ne sont pas seulement les effets évidem
753 ne crée pas du loisir mais du chômage. Ce ne sont pas seulement les effets évidemment nocifs du « Progrès » que l’on n’a pa
754 ets évidemment nocifs du « Progrès » que l’on n’a pas su prévoir, mais ses effets potentiellement bénéfiques, et c’est enco
755 nge au dernier point, depuis la Bombe, il n’en va pas mieux pour notre civilisation dans son ensemble que pour chacun des i
48 1981, Articles divers (1978-1981). Robert Aron, Fragments d’une vie [préface] (1981)
756 rons plus en parler ensemble. Pourquoi ne l’avoir pas questionné en ce temps-là ? Il était mon aîné de huit ans, et cela pe
757 briété qu’Artaud et les surréalistes « ne donnent pas aux événements qu’ils viennent de vivre ensemble la même significatio
758  », selon la formule de Péguy, nous ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la manière de les as
759 ges influencés par Kierkegaard et Barth, mais non pas dans la revue, où d’ailleurs aucun de nous ne se vit jamais amené à d
760 avec la plupart des membres du Comité, ce n’était pas celui de la polémique antichrétienne mais celui de l’adversaire des g
761 tion de l’Europe dans les années 1930. Ce ne sont pas le grand élan d’un mouvement de masse ni les fureurs de droite ou de
762 und Boden des nazis), d’une communauté qui ne fût pas fondée sur « les vieilles choses qui sont passées », comme dit saint
763 les « philosophes » publicitaires d’aujourd’hui. Pas de virtuoses de la palinodie dans notre groupe. Plus d’idées neuves q
764 mais de sa « présence » à l’écran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut le nôtre avant l’ère des médias : je vois
765 ne d’autres juifs de la région. Mais il ne semble pas qu’il y reste longtemps. Et c’est là qu’en 1942, avec un courage exem
766 Thème du fédéralisme, au-delà de l’État-nation : pas d’autres solutions possibles aux problèmes du lien social et du civis
767 onde : la tolérance rigoureuse, — celle qui n’est pas facilitée, ni mollesse du jugement, mais justice rendue à l’unique en
49 1981, Articles divers (1978-1981). Charles Ricq, Les Travailleurs frontaliers en Europe [préface] (1981)
768 part d’en bas, des relations quotidiennes, et non pas d’idéologies, encore moins de mythes nationaux. Avant de généraliser
769 fet l’une des rares, à ce jour, qui ne se définit pas en termes d’ethnie, de conflit de langues, de « libération » de quoi
50 1981, Articles divers (1978-1981). La Suisse face au danger de guerre : « Je suis un pessimiste actif » (4 mars 1981)
770 s ont renoncé à appuyer sur le bouton. S’il n’y a pas encore la guerre, c’est qu’on a peur de la faire. Je me rappelle une
771 la construction de Creys-Malville73 qui, n’est-ce pas , peut éclater comme une bombe atomique et produire un aérosol de quat
772 peu de gens, personne ne peut rien dire, il n’y a pas de précédent. » Je crois que les hommes ont obscurément conscience qu
773 cher les autres de faire la guerre. Je n’en crois pas moins qu’un accident est fatal. Ou que certaines « raisons », si l’on
774 elon l’imbécile adage latin qui affirme, n’est-ce pas , que préparer la guerre est le sûr moyen d’avoir la paix. Non ! Quand
775 ’hui, rien ne dit qu’un peu plus tard il n’y aura pas choc avec les puissances du tiers-monde. Parce que, là aussi, nous av
776 oussés par un mot d’ordre qui, je crois, n’existe pas , mais qui correspondrait à une certaine attitude mentale de l’être hu
777 dans le tissu des préparatifs de guerre. Je n’ai pas besoin de mettre ici les points sur les i, chacun sait que nos indust
778 u de leurs collègues suisses le mot d’ordre de ne pas venir. D’ailleurs, tous les colloques que nous pouvons écrire, les ém
779 re, même multipliées par cent-mille, ne suffiront pas à renverser le courant. La seule chose dans laquelle je place encore,
780 e mettent une bonne fois dans la tête qu’il n’y a pas de parade à une guerre atomique pour ce qui concerne les populations.
781 e faites rien pour vous défendre, vous ne creusez pas d’abris ! Ici, tout le monde s’y met, c’est un devoir national ! » Eh
782 éennes dont ils ont grand besoin. On ne voit donc pas pourquoi ils anéantiraient la Ruhr ou l’agglomération zurichoise. Et,
783 ne défense plausible : la guérilla organisée, non pas « sauvage » comme on le dit des grèves, mais au contraire obéissant a
784 de mon école d’officier, vous voyez que ce n’est pas d’hier, le colonel divisionnaire Borel, officier très brillant qui al
785 re Borel, officier très brillant qui allait faire pas mal de voix contre Guisan en 1939. « Il faudra, nous disait-il, laiss
786 Essayons d’imaginer une attaque russe. Je ne vois pas quel autre agresseur on pourrait imaginer aujourd’hui en Europe, car
787 obtenues, même si beaucoup de gens n’en prennent pas clairement conscience, c’est que l’idée d’une guerre entre deux pays
788 ils se trouveraient terriblement dilués, n’est-ce pas  ? Si, à ce moment-là, il y a chez les Européens, et chez les Suisses
789 répète et ne le répéterai jamais assez, ce n’est pas plus difficile à faire que tous ces abris et ces gadgets d’armements
790 du moins pendant un temps. Ce n’est tout de même pas le but de notre défense nationale, n’est-ce pas, que d’enrichir un ce
791 e pas le but de notre défense nationale, n’est-ce pas , que d’enrichir un certain nombre de gens, ni même que de donner du t
792 ctiques » pour l’occasion, mais qui n’en seraient pas moins contraires à notre neutralité, puisqu’elles sont par nature off
793 du principe essentiel du judo, qui consiste à ne pas opposer de résistance à l’adversaire là où il l’attend, et à lui fair
794 ire de défense en partie non violente, je ne vois pas seulement le moyen le plus efficace de protéger la Suisse, mais du mê
795 ereusement démodé. Cela fait rêver, mais n’est-ce pas finalement utopique ? La pire des utopies est celle du prétendu « réa
796 ie d’un pays en termes de budget militaire et non pas de santé civique. Vous croyez que les jeunes, sceptiques comme ils so
797 ourd’hui, c’est un avenir. L’angoisse qu’ils ont, pas toujours consciente, mais certainement présente, c’est de n’avoir pas
798 nte, mais certainement présente, c’est de n’avoir pas d’avenir, parce que tout est barré par l’idée d’une guerre atomique q
799 ers un futur possible, vivable encore, je ne vois pas de cause plus enthousiasmante pour des jeunes. Mais encore faudrait-i
800 es. Mais encore faudrait-il y aller carrément, ne pas mettre son drapeau suisse — pacifique — dans sa poche, ne pas se cach
801 on drapeau suisse — pacifique — dans sa poche, ne pas se cacher derrière la Croix-Rouge en estimant qu’on a humanisé la gue
802 est assez. Faire quelque chose Cela n’irait pas sans sacrifices. Cela n’irait pas sans sacrifices, mais qui seraient
803 Cela n’irait pas sans sacrifices. Cela n’irait pas sans sacrifices, mais qui seraient peu de choses au regard de l’enjeu
804 ions politiques, un pessimiste actif. Je ne pense pas que les choses soient disposées de manière à aller bien toutes seules
805 ès tout, pour moi, le but de la société, ce n’est pas la puissance collective, c’est la liberté. Et quel meilleur emploi po
806 Auteur d’un livre célèbre intitulé L’Europe n’est pas défendue, où il soutient que l’Armée rouge ne mettrait pas deux jours
807 due, où il soutient que l’Armée rouge ne mettrait pas deux jours pour atteindre le Rhin. ci. Rougemont Denis de, « [Entre
808 eau : « Notre enquête s’achève par une interview “ pas comme les autres”. Plus dialecticien qu’homme de dialogue, Denis de R
809 e Rougemont ? L’enquête s’achève, mais ne conclut pas (voir Construire des 4, 11, 18 et 25 février). Conclure est l’affaire
51 1981, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire (mai 1981)
810 affiches, alors que leur programme ne s’inspirait pas du tout de mon livre. En revanche, L’Avenir est notre affaire a fai
811 l’essence sera à 15 francs le litre. On n’en est pas encore là, mais le prix ne cesse d’augmenter, et il n’y a pas de rais
812 à, mais le prix ne cesse d’augmenter, et il n’y a pas de raison pour que cela s’arrête. Alors, il n’y aura plus que les mil
813 sont des rêves de l’homme, dont nous ne pouvions pas prévoir l’aboutissement. Les régions, enfin. C’est le problème numéro
814 un problème vital pour la Belgique, qui n’arrive pas à s’en sortir ; pour l’Espagne, qui a mieux réussi : la nouvelle cons
815 nde-Bretagne, c’est une question très importante, pas seulement pour l’Écosse, le pays de Galles, mais même pour l’Angleter
816 créeraient un désert sur lequel ils ne pourraient pas s’aventurer avant trente ans.) Or les Russes sont 260 millions, les E
817 qu’elle devrait garder. Elle ne disposerait donc pas de la totalité de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient nos t
818 inement surpris de voir que nous ne correspondons pas aux descriptions qu’on leur a faites. Loin de chez eux, dispersés dan
819 budget militaire est inutile dans un pays qui n’a pas de santé civique. Les moyens de guerre psychologique et de paix seron
820 qui s’est passé ces cinq dernières années ne m’a pas contredit. Quelle est la part du diable dans la crise ? Il se cache.
821 am : « Qu’as-tu fait ? » Adam répond : « Ce n’est pas moi, c’est Ève. » Et Ève : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent. » Et
822 e n’est pas moi, c’est Ève. » Et Ève : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent. » Et le serpent, lui, n’est plus là. Ainsi, no
823 se ce qu’il doit faire sur terre. Mais on ne peut pas séparer le travail que l’on fait sur soi-même du travail que l’on fai
824 es. Sous l’angle spirituel, il n’y a pratiquement pas de différence : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur,
825 que, — dans la mesure où elle a été réelle et non pas inventée par Michelet. Aujourd’hui, nous avons hélas de bonnes raison
826 durer cinquante ou cent ans. Mais on n’y coupera pas . Cela n’a d’ailleurs pas une importance capitale. Et il ne faut pas,
827 ans. Mais on n’y coupera pas. Cela n’a d’ailleurs pas une importance capitale. Et il ne faut pas, sous des prétextes mondai
828 lleurs pas une importance capitale. Et il ne faut pas , sous des prétextes mondains, sacrifier notre vie éternelle. Nous dev
52 1981, Articles divers (1978-1981). La ruée vers le Graal : questions à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)
829 nt entrés dans nos gènes, même si nous n’en avons pas conscience, ajoute de Rougemont qui a écrit un jour : « Le caractère
830 ctoire sur le mal, le signe que l’esprit ne meurt pas . D’une manière générale, le but spirituel dans la vie humaine. cm.
53 1981, Articles divers (1978-1981). « Les socialistes sont la chance de la France pour réaliser la réforme des régions » (5 août 1981)
831 nce ne pouvait le laisser indifférent. Oh, il n’a pas particulièrement vibré lors des journées électorales de mai et de jui
832 rler des régions et j’ai bien vu qu’il ne voulait pas s’engager sur ce terrain. Les communistes ne sont pas régionalistes,
833 s’engager sur ce terrain. Les communistes ne sont pas régionalistes, sauf s’ils ont la certitude d’avoir la majorité dans u
834 ’hui ? À ma grande joie, je vois qu’on n’en reste pas aux promesses. Mitterrand a déclaré spontanément qu’il appliquerait t
835 mment par Gaston Defferre. C’est prometteur, mais pas toujours très clair. Le terme de « décentralisation » par exemple. Dè
836 , mais il corrige aussitôt : Il ne faut peut-être pas prendre cela au pied de la lettre. Je me dis : Patience ! sans doute
837 tes. Ce qui compte, c’est qu’on a fait le premier pas , c’est qu’on a donné le feu vert. Officiellement, en France, Mitterra
838 ne seront jamais capables si elles ne commencent pas tout de suite à prendre leurs responsabilités. Mais c’est une affaire
839 traide, de solidarité, de coopération. Ça ne doit pas devenir une affaire de bureaucrates, d’administration qui décide à di
840 prit régionaliste Mais les communes ne peuvent pas tout résoudre… Le régionalisme n’existera que dans la mesure où les c
841 ue la famille peut faire, la municipalité ne doit pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États (les régions)
842 té peut faire, les États (les régions) ne doivent pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédéral
843 ts peuvent faire, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. L’idée des régions « à géométrie variable » L’esprit
844 eurs, les syndicats. Et ce mouvement ne demandera pas la permission à Berne ou à Paris. Il fera lui-même sa propagande, exp
845 oi le Léman est pollué, ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour le sauver. Tenez, si on construit le LEP et si on atteint
846 créer une communauté. Les regroupements ne seront pas toujours les mêmes. J’ai lancé l’idée de régions « à géométrie variab
847 rmer les thèmes qui lui sont chers : On ne créera pas les régions à Paris. Elles ne se feront pas au nom d’une doctrine mai
848 réera pas les régions à Paris. Elles ne se feront pas au nom d’une doctrine mais pour répondre à des nécessités vitales qui
849 ouvais rendre à la France… La France ne connaîtra pas avant longtemps de vraies régions et va se vautrer dans la médiocrité
850 able, car elle serait revenue de loin. On ne fera pas l’Europe sans passer par les régions. Robert Schuman m’a dit, la dern
851 avez, la souveraineté des nations, moi je ne veux pas y renoncer, je suis fait comme ça, mais vous, votre génération, vous
852 la France centralisé depuis Napoléon, on ne fera pas l’Europe. Les États-nations ne voudront jamais céder une partie de le
853 , même pour exécuter des tâches qu’ils ne peuvent pas accomplir seuls comme le sauvetage de la Méditerranée ou celui du Rhi
854 ou celui du Rhin. Dans ces conditions, on ne fera pas l’Europe, et si on ne fait pas l’Europe, on aura la guerre. Mais pour
855 itions, on ne fera pas l’Europe, et si on ne fait pas l’Europe, on aura la guerre. Mais pour en arriver à un véritable espr
856 e celui-ci, il en a de pleins cartons. Je ne suis pas capable de donner le moindre conseil technique, bien entendu. Je ne p
857 ns civiques de l’action régionaliste. Il n’y aura pas de régions s’il n’y a pas un réveil du civisme et ce réveil du civism
858 gionaliste. Il n’y aura pas de régions s’il n’y a pas un réveil du civisme et ce réveil du civisme, il doit se faire à tous
54 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre 1981)
859 Information n’est pas savoir (octobre 1981)cp Avant-propos Une des raisons principa
860 s auteurs des articles qui précèdent. Je ne ferai pas référence à leur problématique immédiate — utilité certaine, nuisance
861 s chambardements soudains de la société, mais non pas du tout un retour à la position de départ, comme le disait le terme p
862 ion dite « prolétarienne ». Voilà qui ne manquera pas d’évoquer les deux dangers majeurs qui semblent avoir frappé le grand
863 ques de l’armée américaine. Cette technique n’est pas née en vue de la sagesse, ni pour satisfaire un besoin humain. Elle e
864 d’insister tout d’abord sur ce point : je ne suis pas et n’ai jamais été pour des raisons ou préjugés quelconques contre ce
865 ès fier : « Celle-là, vous me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » En premier lieu, n’oublions jamais l’ambivalence
866 es finalités Disons tout de suite que ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à cont
867 sement : quand je parle d’un refus, je ne suppose pas le moins du monde qu’après concertation entre philosophes, scientifiq
868 décision négative, du type « la question ne sera pas posée », ait été prise en toute conscience. Bien plus que d’un refus
869 leurs déchets radioactifs. On ne le sait toujours pas , et même de moins en moins, s’il faut en croire le rapport américain
870 politiques que techniques. La situation ne paraît pas encore aussi sérieuse dans le cas de l’informatique. Mais la prévisib
871 nvitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur la Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pour le faire. Vo
872 s suivants : a) l’information (data + news) n’est pas du tout synonyme de savoir ou de connaissance, que seule une personne
873 personne peut intégrer. L’information ne nous dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions assignen
874 Informer au sens d’aujourd’hui (des médias) n’est pas former l’esprit, mais peut-être même le déformer. Information n’est p
875 ais peut-être même le déformer. Information n’est pas savoir ; savoir n’est pas encore sagesse ; de même que sagesse n’est
876 rmer. Information n’est pas savoir ; savoir n’est pas encore sagesse ; de même que sagesse n’est pas encore Amour (cet « am
877 st pas encore sagesse ; de même que sagesse n’est pas encore Amour (cet « amour qui nous rendra la liberté », comme le dit
878 maintenant ce que c’est que l’amour » il ne parle pas d’une information qu’il viendrait de recevoir, mais d’une expérience
879 sur autrui et de destruction, si l’on n’augmente pas en même temps les pouvoirs de l’esprit au service des fins dernières
880 alement de celle de l’homme en ceci qu’elle n’est pas l’histoire d’un individu enregistrée dans son cerveau, et encore moin
881 arqué qu’il serait sage que l’industrie parte non pas des possibilités de la technologie, mais des besoins existants (contr
882 e la vie et de la création humaines, il ne s’agit pas nécessairement d’un progrès, mais peut-être d’une agression contre l’
883 appliquer cette technique tant que le doute n’est pas levé par une expérimentation très poussée. Enfin, septième critère,
884 ources naturelles épuisables que l’on ne contrôle pas (pétrole et uranium dès aujourd’hui, mais demain eaux, forêts, alimen
885 es les défenses nationales du monde. Je n’allonge pas . La cause est entendue et d’autres sont mieux placés que moi pour l’i
886 plus vite que le cerveau humain. Mais cela n’est pas utile pour la personne qui interroge, car il lui faudra le même temps
887 psychologiques ou éthiques, la difficulté n’étant pas de la connaître, mais de la vivre, jusqu’à la solution réelle.) La so
888 est utile que dans les domaines où la durée n’est pas vécue, ne fait pas partie de la nature du problème et du processus mê
889 ique et de ses mécanismes, mais elle ne me paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser, de sentir
890 igoureusement pareil pour tous et en tous, et non pas de ce qui révélerait l’unicité d’une personne, de ce qui serait donc
891 eur dans la définition du projet Plato : ce n’est pas une école sans maîtres, puisque ce sont en fait des maîtres qui ont p
892 rogrammé les ordinateurs. Simplement, ils ne sont pas là, c’est-à-dire qu’ils trahissent leur fonction principale. Tout pr
893 i reste de son enseignement, c’est ce qui n’était pas au « programme » ; c’est ce qu’il a communiqué à son insu à ses meill
894 de le lire après l’avoir vécu) : « On n’enseigne pas ce que l’on sait, mais ce que l’on est. » L’ordinateur sait beaucoup
895 e choses, il peut même tout savoir, mais il n’est pas . Il est incapable de former les esprits, n’ayant pas de finalités à l
896 . Il est incapable de former les esprits, n’ayant pas de finalités à leur proposer. Par contre, il est très capable de les
897 ’est lui qui est à la pointe du vrai progrès, non pas l’ordinateur avec sa prétendue mémoire indépendante des personnes — e
898 nir irréversibles, donc mortels (ce qui ne serait pas le cas de l’irréversibilité du bien, si elle existait). Faudra-t-il d
899 atisfait très bien aux numéros 1 et 4 (elle n’est pas polluante, elle ne contribue pas au gaspillage des ressources terrest
900 et 4 (elle n’est pas polluante, elle ne contribue pas au gaspillage des ressources terrestres et de l’énergie) ; elle peut
901 80. cp. Rougemont Denis de, « Information n’est pas savoir », Revue économique et sociale, Lausanne, octobre 1981, p. 310
55 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre-décembre 1981)
902 Information n’est pas savoir (octobre-décembre 1981)cs Une des raisons principales du dé
903 mme. Je me propose d’envisager l’informatique non pas dans sa problématique immédiate — utilité certaine, nuisances possibl
904 s chambardements soudains de la société. Mais non pas du tout un retour à la position de départ, comme le disait le terme p
905 ion dite « prolétarienne ». Voilà qui ne manquera pas d’évoquer les deux dangers majeurs qui semblent avoir frappé le grand
906 ques de l’armée américaine. Cette technique n’est pas née en vue de la sagesse, ni pour satisfaire un besoin généralement h
907 3. Ambivalence de la technologie Je ne suis pas et n’ai jamais été, pour des raisons ou préjugés quelconques, contre
908 fier : « Ah celle-là, vous me rendez jaloux de ne pas l’avoir trouvée ! » Mais n’oublions jamais l’ambivalence inévitable d
909 ent du problème des finalités Certes, ce n’est pas la technique que nous devons rendre responsable de ces progrès à cont
910 quand je parle d’un refus général, je ne suppose pas le moins du monde qu’après concertation entre philosophes, scientifiq
911 décision négative, du type « la question ne sera pas posée », ait été prise en toute conscience. Bien plus que d’un refus
912 leurs déchets radioactifs. On ne le sait toujours pas , et même de moins en moins, s’il faut en croire le rapport Globe 2000
913 olitiques que techniques.) La situation ne paraît pas encore aussi sérieuse dans le cas de l’informatique. Mais la prévisib
914 nvitation. J’ai toujours pensé que nous ne sommes pas sur Terre pour essayer de deviner l’avenir, mais pour le faire. Voici
915 de l’être. a. L’information (data + news) n’est pas du tout synonyme du savoir (ou de la connaissance) que seule une pers
916 personne peut intégrer. L’information ne nous dit pas ce qui est conforme ou non aux grands buts que les religions assignen
917 Informer au sens d’aujourd’hui (des médias) n’est pas former l’esprit, peut même le déformer. Information n’est pas savoir.
918 ’esprit, peut même le déformer. Information n’est pas savoir. Savoir n’est pas encore sagesse ; tout de même que sagesse n’
919 ormer. Information n’est pas savoir. Savoir n’est pas encore sagesse ; tout de même que sagesse n’est pas encore amour. (Ce
920 s encore sagesse ; tout de même que sagesse n’est pas encore amour. (Cet « amour qui nous rendra la liberté », comme le dit
921 ntenant ce que c’est que l’amour ! », il ne parle pas d’une information qu’il viendrait de recevoir, mais d’une expérience
922 sur autrui et de destruction, si l’on n’augmente pas en même temps les pouvoirs de l’esprit au service des fins dernières
923 ement de celle de l’homme en ceci : qu’elle n’est pas l’histoire d’un individu enregistrée dans son cerveau, et encore moin
924 arqué qu’il serait sage que l’industrie parte non pas des possibilités de la technologie, mais des besoins existants (contr
925 e la vie et de la création humaines, il ne s’agit pas nécessairement d’un progrès, mais peut-être d’une agression contre l’
926 appliquer cette technique tant que le doute n’est pas levé par une expérimentation très poussée. 7. Éviter tout ce qui ris
927 ources naturelles épuisables que l’on ne contrôle pas (pétrole et uranium dès aujourd’hui, mais demain eaux, forêts, alimen
928 es « défenses nationales » du monde. Je n’allonge pas . La cause est entendue, et plusieurs milliers d’ingénieurs sont mieux
929 plus vite que le cerveau humain. Mais cela n’est pas utile pour la personne qui interroge, car il lui faudra le même temps
930 psychologiques ou éthiques. La difficulté n’étant pas de la connaître, mais de la vivre, jusqu’à la solution réelle.) La so
931 est utile que dans les domaines où la durée n’est pas vécue, ne fait pas partie de la nature du problème et du processus mê
932 que et de ses mécaniciens, mais elle ne me paraît pas encore avoir modifié substantiellement nos modes de penser, de sentir
933 oureusement pareil pour tous et pour tout. Et non pas de ce qui révélerait l’unicité d’une personne, de ce qui serait donc
934 eur dans la définition du projet Plato : ce n’est pas une école sans maîtres, puisque ce sont en fait des maîtres qui ont p
935 rogrammé les ordinateurs. Simplement, ils ne sont pas là, c’est-à-dire qu’ils trahissent leur fonction principale. Tout pro
936 i reste de son enseignement, c’est ce qui n’était pas « au programme », c’est ce qu’il a communiqué à son insu à ses meille
937 ns de le lire après l’avoir vécu) : On n’enseigne pas ce que l’on sait, mais ce que l’on est. L’ordinateur sait beaucoup de
938 e choses, il peut même tout savoir, mais il n’est pas . Il est incapable de former les esprits, n’ayant pas de finalités à l
939 . Il est incapable de former les esprits, n’ayant pas de finalités à leur proposer. Mais il est très capable de les réduire
940 ’est lui qui est à la pointe du vrai progrès, non pas l’ordinateur avec sa prétendue « mémoire » indépendante des personnes
941 oyen de se ressouvenir ; en conséquence, ce n’est pas pour la mémoire, c’est plutôt pour la procédure du ressouvenir que tu
942 ir irréversibles, donc mortels. (Ce qui ne serait pas le cas, notons-le, de l’irréversibilité du bien, si elle existait.) F
943 atisfait très bien aux numéros 1 et 4 (elle n’est pas polluante, elle ne contribue pas au gaspillage des ressources terrest
944 et 4 (elle n’est pas polluante, elle ne contribue pas au gaspillage des ressources terrestres et de l’énergie) ; et qu’elle
945 80. cs. Rougemont Denis de, « Information n’est pas savoir », Diogène, Paris, octobre–décembre 1981, p. 3-19.
56 1981, Articles divers (1978-1981). L’informatique vue par Denis de Rougemont (2 décembre 1981)
946 inateur, l’homme vide sa mémoire, ne l’entretient pas et alors, comme un muscle non entraîné, elle s’atrophie. De plus, si
947 Vulnérabilité croissante Ne peut-on pourtant pas attendre de l’informatique un plus grand contrôle, donc une plus gran
948 mentaux efficaces L’ordinateur ne risque-t-il pas de modifier le comportement de celui qui s’en sert ? Oui, de même que
949 s cette définition contient une erreur : ce n’est pas une école sans maîtres, puisque ce sont en fait les maîtres qui progr
950 gramment les ordinateurs. Simplement, ils ne sont pas là, c’est-à-dire qu’ils trahissent leur fonction principale, car comm
951 comme l’a très bien dit Jaurès : « On n’enseigne pas ce que l’on sait, mais ce que l’on est. » L’ordinateur sait beaucoup
952 ordinateur sait beaucoup de choses, mais il n’est pas . Il est incapable de former les esprits, n’ayant pas de finalité à le
953 . Il est incapable de former les esprits, n’ayant pas de finalité à leur proposer. Par contre, il est très capable de les r
954 qu’ils se remémoreront les choses. Ce n’est donc pas pour la mémoire, c’est pour la remémoration que tu as découvert un re
955 dans une perspective d’écologie humaine. Il n’est pas opposé aux techniques de pointe (informatique, télématique) et est bi