1 1978, Articles divers (1978-1981). L’Europe est une culture commune (1978)
1 groupe de tribus du Proche-Orient et prolongeant ses courants prophétiques, la révélation chrétienne se répand rapidement
2 chrétienne va donc parler grec, elle aussi. Mais son discours assemble un peuple de fidèles et suscite une communauté. Cel
3 ’organiser dans les structures de l’Empire, comme sa doctrine s’est informée dans les catégories de la dialectique grecque
4 de la dialectique grecque. La venue du Christ et son message ont ainsi provoqué la combinaison imprévisible de trois tradi
5 ividu et de cité, de mesure et de philosophie, et ses dieux sont en forme d’hommes, conquête majeure (quoique ridiculisée p
6 tine, que Zeus fait reine en Crète, cependant que son frère Cadmus fondera Thèbes en Béotie. Puis apparaît Jésus, « fils de
7 lé) et la persona des Romains (citoyen défini par son rôle, sa fonction sociale dans l’État). La personne, au sens chrétien
8 persona des Romains (citoyen défini par son rôle, sa fonction sociale dans l’État). La personne, au sens chrétien, c’est d
9 e, mais en même temps le relie à la communauté de ses prochains. Le dogme de l’Incarnation, d’autre part, selon lequel Dieu
10 on métaphysique, il n’y a aucune raison de perdre son temps à explorer leurs mystères. Un second fait : l’Europe seule a co
11 ans la masse, il tend à former des communautés où sa liberté et sa responsabilité puissent être réelles. Le christianisme
12 il tend à former des communautés où sa liberté et sa responsabilité puissent être réelles. Le christianisme s’est d’abord
13 ents modernes. Toute l’histoire de l’Europe et de ses conquêtes dans le domaine de la culture et de la civilisation, trouve
14 si un principe d’explication dans la diversité de ses composantes, synthétisées par le christianisme et cependant toujours
15 che-Orient. Quant à la science, on sait assez que son langage est universel : encore convient-il de marquer que c’est le ra
16 nt Denis de, « L’Europe culturelle », L’Europe et ses populations, La Haye, M. Nijhoff, 1978, p. 29-32.
2 1978, Articles divers (1978-1981). Le Jura libre à l’heure des régions (1978)
17 effet : — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa sécurité, sa défense sur ce continent le plus vulnérable qui soit à u
18 cun de nos pays ne peut assurer seul sa sécurité, sa défense sur ce continent le plus vulnérable qui soit à une guerre ato
19 t à une guerre atomique, à cause de la densité de son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assurer
20 ique, à cause de la densité de son peuplement, de son urbanisation. — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa prospérité
21 isation. — Aucun de nos pays ne peut assurer seul sa prospérité matérielle : l’économie de l’Europe, suspendue tout entièr
22 nos pays n’a les matières premières nécessaires à son industrie : le tiers-monde les détient presque toutes et supporte de
23 es de l’État-nation à souveraineté illimitée dans sa frontière omnivalente). Point de régions sans l’Europe, ni l’invers
24 personne trouve la possibilité de s’épanouir dans ses dimensions de liberté et de responsabilité — à la fois solitaire et s
25 solitaire et solidaire — et peut donc manifester sa vocation unique dans la communauté, hors de laquelle elle ne saurait
26 ché sans consultation à des pouvoirs extérieurs à son domaine territorial ou linguistique. La dialectique fédération-région
27 le rendre à lui-même dans un ensemble, garant de son autonomie. Et c’est bien cela qui s’est produit dans l’espace d’une g
28 e politique) et sur la volonté d’imposer à autrui sa propre loi, cette victoire ne sera confirmée que dans la mesure où el
29 e fonder, et poser d’entrée de jeu le problème de ses frontières, par là même les durcir et en exalter l’importance, quand
30 auté non étatique et pluraliste ; non définie par ses contours bornés mais bien par ses contenus variés ; et faisant de ses
31 non définie par ses contours bornés mais bien par ses contenus variés ; et faisant de ses différences non des causes de con
32 mais bien par ses contenus variés ; et faisant de ses différences non des causes de conflits et de ruptures, mais bien des
33 n vers l’Europe unie dans la richesse inégalée de ses diversités et dans son ouverture au Monde. 1. Allemand, italien, r
34 ns la richesse inégalée de ses diversités et dans son ouverture au Monde. 1. Allemand, italien, rhéto-romanche (depuis 1
3 1978, Articles divers (1978-1981). Dépolitiser la politique (janvier 1978)
35 t servir une société, une communauté ? Quelle est sa fin ? Est-ce que c’est la puissance ou est-ce que c’est la liberté de
36 lle phrase affreuse ! C’est la première phrase de son livre posthume, Le Nœud gordien. La toute première phrase, les premie
4 1978, Articles divers (1978-1981). Le diable en Suisse (1er janvier 1978)
37 pirouette, une plaisanterie « traditionnelle » à son égard…) Et d’abord, il faudra résister très fermement aux tentations
38 ant entendre qu’il y a parfois de la censure dans ses colonnes. Tous ces cas, s’agissant du diable, sont bien trop « éviden
39 n sait que le diable n’est jamais où on l’attend. Son premier tour, selon Baudelaire, est de nous faire croire qu’il n’exis
40 qui consiste tout simplement à nous faire prendre ses désirs pour nos fatalités. Quand le diable prépare un gros coup, il s
41 ust. On se souvient que le Faust de Goethe promet son âme au diable en échange de cette source d’énergie que représente la
42 uverain, non pas dans une personne mais bien dans ses effets, dans le grand mythe collectif de la puissance et de la riches
43 ous ne pourrait jurer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son empire, même inconscient. C’est l’empire de ce myt
44 rer qu’il échappe entièrement à sa fascination, à son empire, même inconscient. C’est l’empire de ce mythe qui peut seul ex
45 aid qu’il ne pouvait trouver de femme. Il faisait sa demeure ordinaire dans les Enfers, et désirait, dit-on, la mort de to
46 it, dit-on, la mort de tout le monde pour peupler son royaume. » Avec cela, aveugle comme les taupes ! L’œuvre du diable ai
5 1978, Articles divers (1978-1981). Réfléchir à ce que le terrorisme signifie (4 janvier 1978)
47 i puisse se justifier par le « projet » orientant son action ? Je pense, respectivement, aux anarchistes russes du xixe , à
48 bombes ? Allons donc ! La révolution prend certes sa source dans un mouvement original de révolte, mais elle débouche sur
49 de terrifiant, dans ce phénomène, c’est justement son illégalité systématique, son caractère suicidaire, incontrôlable. Mai
50 ène, c’est justement son illégalité systématique, son caractère suicidaire, incontrôlable. Mais comment ne pas se condamner
51 e l’engagement de l’intellectuel. Proposant, avec son dernier livre, un “plan de survie pour l’Europe”, à la triple enseign
6 1978, Articles divers (1978-1981). Un autre avenir pour la planète (février 1978)
52 e d’Emmanuel Mounier qui publiera un an plus tard son manifeste : Révolution personnaliste et communautaire. De cette conce
53 nt, est né de la guerre, a régulièrement augmenté son pouvoir par la guerre à l’extérieur qui lui permet de trouver la tran
54 qu’il peut ou même qu’il doit continuer à doubler sa consommation d’énergie tous les dix ans. Mais, Denis de Rougemont, vo
55 alement, suit comme il peut. Ça montre d’ailleurs sa vulnérabilité. Prenons l’État français. Il dit : « L’énergie nucléair
56 s d’uranium. Elle dépendra pour le combustible de ses centrales nucléaires des États-Unis et de l’Union soviétique. Où est
57 ion à Westinghouse, multinationale américaine, et son capital est constitué avec seulement 30 % des fonds provenant du Comm
58 par Westinghouse (actuellement tenté de reprendre ses billes) — et par Siemens, multinationale allemande. Et le président e
59 nes, le fédéralisme… Tandis que le nucléaire, par son énormité, son prix, son danger qui réclame la présence de la police e
60 lisme… Tandis que le nucléaire, par son énormité, son prix, son danger qui réclame la présence de la police et de l’armée,
61 dis que le nucléaire, par son énormité, son prix, son danger qui réclame la présence de la police et de l’armée, va dans le
62 risation de la conversion : seule une personne, à son plus intime, peut subir cette transformation totale. Or c’est bien un
63 a vieille ferme jurassienne qu’il a aménagée avec son épouse. Une conversation, où l’on éprouve soudain le sentiment d’être
64 plus intelligent. Et l’envie de lire ou de relire son dernier ouvrage. Le livre le plus important peut-être de cette fin du
7 1978, Articles divers (1978-1981). « Quel avenir voulons-nous ? » (1er février 1978)
65 moi, c’est Ève qui me l’a donnée. » Ève répond à son tour : « Oui, j’ai mangé la pomme, mais c’est le serpent qui me l’a d
66 d’une vocation unique et qui prend conscience de son unicité. J’ai contribué en 1932, dans la revue Esprit , avec Emmanue
67 autrement dit : détourner l’esprit de l’homme de sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je re
68 ’esprit de l’homme de sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je rejoins encore aujourd’hui un
69 e sa vocation unique, donc de sa liberté, donc de sa responsabilité. Je rejoins encore aujourd’hui un livre que j’avais éc
70 ment aimer, être amoureux et il projette sur elle son propre état. Mais chaque fois qu’il trouve le moyen de la rejoindre p
71 que sorte un amour totalitaire : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la première cellule de
72 ur totalitaire : il est seul dans son monde, dans sa bulle. Pour moi, le couple est la première cellule de ce que j’appell
73 t une certaine rationalité, une mise en ordre. Et son impérialisme va croissant. Vous dites à la fois que « l’avenir est no
74 aire. La décadence d’une société commence lorsque ses membres se demandent ce qui va arriver, au lieu de se dire : « Qu’est
8 1978, Articles divers (1978-1981). 20 questions à Denis de Rougemont (22 février 1978)
75 partager la planète — qui ne cherche qu’à servir son prestige et pas du tout le genre humain… Oui. Ce qu’il faut maintenan
76 personne ? L’homme ne peut pas vivre sans prendre son destin en main. Et il a la faculté de choix pour autant qu’il soit re
77 avait offert un poste de lecteur de français dans son pays, pour que j’écrive ensuite mes impressions (il espérait que je c
78 t tout un excellent pédagogue, sachant passionner son auditeur dès les premières minutes d’une conversation. Il s’exprime a
79 ste étonnant de jeunesse, de talent, de bon sens. Son dernier ouvrage, L’Avenir est notre Affaire (Stock), publié il y a
80 notre monde d’une crise qui le mène tout droit à sa perte. Pour une fois, on nous parle de l’homme, du cœur, de la libert
81 tonique et plein d’intelligence. Et, en refermant son livre, il est difficile de ne pas croire avec Denis de Rougemont que
9 1978, Articles divers (1978-1981). « Que fera-t-on quand l’essence coûtera 25 fr. le litre ? » (22 février 1978)
82 ce qui menace le milieu vital d’autre part. Dans son dernier livre, L’Avenir est notre affaire , il raconte ce qu’il appe
83 toire de fous : celle de l’auto. Quelle est alors son opinion sur l’initiative Franz Weber ? Je suis tout à fait favorable
84 approfondie. Alors à quoi sert cette initiative ? Son grand mérite, c’est qu’elle force la prise de conscience, elle oblige
85 nséquent que le réseau routier est suffisant dans son état actuel ? J’en suis convaincu. D’autant plus qu’il y a de fortes
86 ul responsable. Il n’avait qu’à être prudent dans ses projets à partir d’août 1973, date du lancement de l’initiative. Cett
10 1978, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire ou la méditation apocalyptique d’un optimiste (février-mars 1978)
87 ales nucléaires. « L’humanité a besoin de doubler sa consommation d’énergie tous les dix ans », affirment-ils. C’est de la
88 contrôle, dès lors, les investissements, augmente ses pouvoirs, augmente sa police, car on ne peut laisser sans protection
89 investissements, augmente ses pouvoirs, augmente sa police, car on ne peut laisser sans protection de telles usines… Oui,
90 . Avec l’énergie solaire, une maison bénéficie de son autonomie énergétique, à plus forte raison un village, des régions et
91 utés permettraient à l’homme de reprendre en main ses pouvoirs, et vous montrez aussi comment l’État-nation détruit les bas
92 vain engagé dans la plupart des grands combats de son siècle (la lutte contre le nazisme, l’unité européenne) et auteur d’u
93 ares esprits qui sont la conscience d’une époque. Ses livres n’ont jamais été de ces best-sellers frivoles et bruyants que
94 humaines, caractérisent notre fin de siècle avec ses villes ingouvernables, ses ressources naturelles qui s’épuisent, ses
95 tre fin de siècle avec ses villes ingouvernables, ses ressources naturelles qui s’épuisent, ses menaces nucléaires, sa démo
96 nables, ses ressources naturelles qui s’épuisent, ses menaces nucléaires, sa démographie galopante et ses pollutions de tou
97 aturelles qui s’épuisent, ses menaces nucléaires, sa démographie galopante et ses pollutions de toutes sortes. C’est à cet
98 s menaces nucléaires, sa démographie galopante et ses pollutions de toutes sortes. C’est à cette Apocalypse que tous les ex
99 tous les experts nous promettent, qu’il a opposé ses idées régionalistes et les expériences communautaires, l’emploi des é
11 1978, Articles divers (1978-1981). De l’Europe des États coalisés à l’Europe des peuples fédérés (mai 1978)
100 time, cette idée a progressé dans les esprits par sa valeur propre. Elle a fini par apparaître comme répondant à une néces
101 mais surtout parce que Hitler venait de remporter son premier grand succès électoral (14 septembre 1930). Le sort en était
102 me et au fascisme qui fournit à l’idée européenne son milieu le plus efficace de propagation en profondeur et en intensité,
103 que la puissance matérielle de chaque État perde son importance. Les petites nations y compteront autant que les grandes e
104 ope est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens
105 . Appauvrie, encombrée de barrières qui empêchent ses biens de circuler mais qui ne sauraient plus la protéger, notre Europ
106 t plus la protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieus
107 e peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes
108 e l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans
109 voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustration des droit
110 evoirs de la personne humaine, dont malgré toutes ses infidélités, l’Europe demeure aux yeux du monde le grand témoin. La c
111 me de l’Europe s’appelle la dignité de l’homme et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte
112 de notre continent. Sur cette union l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nou
113 ) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à la libre circulation des hommes, des idées et des biens. 2)
114 souhaite que les pouvoirs purement économiques de sa Commission soient élargis aux domaines du social, de la culture, et f
115 commune des pays membres ; on voit bien que dans ses publications, elle se nomme tranquillement « l’Europe », mais comment
116 emier achèvement du grand dessein de Jean Monnet, son premier objectif pleinement atteint. Faut-il en conclure que « L’Euro
117 c’est « l’Europe des Neuf », qu’on l’appelle par son nom : c’est un Marché commun partiel. S’il s’agit de l’Europe des Ét
118 deux ans un projet qui, précisément, concerne par sa nature même l’ensemble des Européens (même limité provisoirement aux
119 croissement de la population du tiers-monde et de ses besoins par tête en énergie et en matières premières ne peut manquer
120 l y a peu de chances que ce soit le tiers-monde : sa passion dominante paraît être aujourd’hui de reproduire chez lui les
121 r l’Amérique », laquelle continue de croire, dans sa majorité, que plus c’est grand et mieux cela vaut. Reste alors notre
122 Progrès, puis la première à prendre conscience de ses erreurs d’orientation, la première à créer l’État-nation. Il semblera
123 bissent aujourd’hui. L’Europe va-t-elle faillir à sa mission mondiale ? Le peut-elle sans trahir ses raisons d’être et abd
124 à sa mission mondiale ? Le peut-elle sans trahir ses raisons d’être et abdiquer, avec ses responsabilités, ses libertés ?
125 sans trahir ses raisons d’être et abdiquer, avec ses responsabilités, ses libertés ? ⁂ Ici se pose la question fondamental
126 ons d’être et abdiquer, avec ses responsabilités, ses libertés ? ⁂ Ici se pose la question fondamentale : quelle Europe ? C
127 se conditionnent mutuellement. L’écologie trouve ses solutions tantôt au niveau régional et tantôt à l’échelle du continen
128 est la fédération de l’Europe, permet d’envisager son avènement puissant mais sans violence, et de croire de nouveau à notr
12 1978, Articles divers (1978-1981). Pleine page sur Denis de Rougemont (14-15 mai 1978)
129 ’an 2000 mais un de nos ministres a dit à l’un de ses membres : « Si je mettais vos idées en action, je serais renversé dan
130 i se répand sans bruit dans toute l’Europe trouve son lieu et sa formule dans la région. Elle est l’aire naturelle où les c
131 sans bruit dans toute l’Europe trouve son lieu et sa formule dans la région. Elle est l’aire naturelle où les communes von
132 re trois pays. Chaque gouvernement entend gérer à sa façon ce secteur et a décrété la construction de centrales nucléaires
133 cultés, parce que chaque État entend les régler à sa manière. C’est une question qui intéresse les gens du Nord voisins de
134 t) publié par le journal. Les approximations (sur sa généalogie et ses occupations) ont été maintenues. Propos introduits
135 journal. Les approximations (sur sa généalogie et ses occupations) ont été maintenues. Propos introduits par le chapeau sui
136 et certainement vénérés par le maître de céans et son épouse qui a été la décoratrice de la maison. C’est important de pouv
137 vres cachent les parois. C’est à cause d’elle que son dernier ouvrage L’Avenir est notre affaire a tant tardé à paraître.
138 , ce régionaliste impénitent qui a combattu toute sa vie le centralisme des États, et défendu les régions contre les capit
139 tales. Denis de Rougemont est suisse et il voue à son pays de naissance un culte profond et raisonné, mais peut-on vraiment
140 lui attribuer une nationalité lorsqu’on sait que sa famille originaire de Lausanne compte une branche française et une br
141 d’une Europe déchirée par les conflits ? Et toute sa vie a été imprégnée par ce déchirement. Rédacteur en chef à Paris mai
142 ntestataire de la société actuelle et qui, malgré son âge, s’estime engagé et ne se demande pas “Que va-t-il arriver ?” mai
143 puis-je faire ?” » x. Rougemont note en marge de son exemplaire : « 3 erreurs » pour ces deux dernières phrases.
13 1978, Articles divers (1978-1981). Paradoxes marxiens (septembre 1978)
144 ndant de plus en plus difficile la restitution de ses éléments de fertilité, des ingrédients chimiques qui lui sont enlevés
145 er le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité temporaire, un progrès dans la ruine des lois éternelles co
146 s dans la ruine des lois éternelles conditionnant sa durable fertilité. Plus un pays, les États-Unis du Nord de l’Amérique
147 dans Marx. Ce que Marx a bien vu, presque seul de son temps, c’est que le mal qu’on fait à l’homme des villes, on le fait a
148 le fait aussi nécessairement à l’agriculteur et à sa terre, par une seule et même procédure d’exploitation, ruinant les ra
149 ce au premier secrétaire général du Parti donnant ses ordres aux partisans organisés. Il ne tardera pas d’ailleurs à se nom
150 même ne devient pour lui objectif et réel que par ses rapports avec les autres hommes. (Manuscrits économico-philosophiques
151 rsonne est là, qui veut que l’individu qui assume sa vocation la manifeste — et dans ce mot, il y a main 11 — et donc l’ac
152 il puisse revendiquer sans nier les conditions de son libre exercice. Et que veut dire la phrase célèbre des Thèses sur Feu
153 phrase, n’a transformé le monde qu’à la mesure de ses moyens de philosophe, c’est-à-dire en l’interprétant. ⁂ Il est rare q
14 1978, Articles divers (1978-1981). Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)
154 r un sculpteur du xve siècle. Il sourit derrière sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa chambre de travail, d
155 e sa moustache. Il vous conduit à grands pas dans sa chambre de travail, dont les fenêtres à barreaux de fer donnent sur l
156 nent sur les vignobles en terrasse et le lac dans sa coupe de lumière. Ramuz vous offre une cigarette de tabac noir — le b
157 de races… Non, il avise un petit nid d’oiseau sur sa grande table de travail (en sapin blanc, sans peinture ni vernis). « 
158 dans la nature. Ma fille se peigne chaque matin à sa fenêtre. Les oiseaux ramassent ses cheveux blonds, et ils ont fait ce
159 chaque matin à sa fenêtre. Les oiseaux ramassent ses cheveux blonds, et ils ont fait ce nid en cheveux de ma fille… » (En
160 r aussitôt qu’il n’est nullement représentatif de son pays et des traditions suisses les plus connues. Ramuz est né en 1878
161 aud, en Suisse romande. Il y a vécu presque toute sa vie, à l’exception de quelques années à Paris, avant la guerre de 191
162 ient davantage à la géographie qu’à l’histoire de sa petite patrie locale. La Confédération helvétique a été l’œuvre des f
163 es réalités non intellectuelles et permanentes de sa race latine, vaudoise et savoyarde. Les idéaux proprement suisses de
164 t de civisme protestant ne jouent aucun rôle dans son œuvre. Il saisit la réalité de son pays à un autre niveau, plus diffi
165 ucun rôle dans son œuvre. Il saisit la réalité de son pays à un autre niveau, plus difficile à exprimer parce que ce n’est
166 veut rejoindre par là — c’est tout le paradoxe de son œuvre — quelque chose de plus généralement humain que l’ensemble poli
167 travers le paysan vaudois et les circonstances de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que Ramuz nous fait voir. À travers
168 s épiques. L’intrigue en est absente ou réduite à sa plus élémentaire simplicité, car le sujet d’un « roman » de Ramuz, c’
169 ion des races), une servante d’auberge affole par sa beauté tout un village (La Beauté sur la terre), ou bien c’est l’ouve
170 e Soleil ne revenait pas, Les Signes parmi nous), sa réalisation (Présence de la mort) ou ce qui la suivra (Joie dans le c
171 décrit la rumeur des moineaux et des merles sous ses fenêtres comme « un bruit de vitres cassées, de grincements pareils à
172 jamais de bel canto dans la prose de Ramuz ; mais son application à reproduire le geste intime d’un homme en communion avec
173 homme en communion avec les forces élémentaires ; son application à décrire les outils qui prolongent le bras de cet homme 
174 ; à rendre présent et pesant le cadre matériel de sa vie ; à suivre enfin, comme en les recréant, les images qui viennent
175 comme en les recréant, les images qui viennent à ses yeux, qui le submergent soudain, le soulèvent ou l’anéantissent — tou
176 s de l’œuvre de Ramuz, celui de l’exaspération de son style le plus volontaire. Ramuz avait débuté vers 1900 par des romans
177 s et deux petits recueils de poèmes. Puis, durant son séjour à Paris, il s’était patiemment fait un style où réalisme et po
178 suisse » plus qu’en français ; peu populaire dans son propre pays, qui le jugeait obscur et trop moderne, Ramuz s’avançait
179 sistance des lecteurs, Ramuz réagit en accentuant son originalité, en faisant du Ramuz encore plus pur : et c’est Présence
180 près, Paris le découvrait, le publiait, rééditait ses œuvres anciennes, se passionnait pour ou contre Ramuz (c’est le titre
181 , qui perçoit tous les bruits du monde du fond de sa retraite vaudoise. Maintenant, c’est l’époque qu’il interroge, à sa m
182 se. Maintenant, c’est l’époque qu’il interroge, à sa manière socratique. Les trois titres de ses essais décrivent en racco
183 oge, à sa manière socratique. Les trois titres de ses essais décrivent en raccourci le monde ramuzien : Questions, Taille d
184 Présence de la mort, trois remarques encore : sur sa langue, sa vision, et son actualité. On a dit, et Ramuz lui-même s’es
185 la mort, trois remarques encore : sur sa langue, sa vision, et son actualité. On a dit, et Ramuz lui-même s’est expliqué
186 s remarques encore : sur sa langue, sa vision, et son actualité. On a dit, et Ramuz lui-même s’est expliqué sur ce sujet, q
187 imprimé de France, il s’est inspiré du langage de son pays. Il le recrée — comme tout poète recrée sa langue — dans un mouv
188 son pays. Il le recrée — comme tout poète recrée sa langue — dans un mouvement qui évoque la lenteur du Vaudois, son sens
189 ns un mouvement qui évoque la lenteur du Vaudois, son sens du concret, sa conscience scrupuleuse. C’est un homme, par exemp
190 voque la lenteur du Vaudois, son sens du concret, sa conscience scrupuleuse. C’est un homme, par exemple, qui règle son al
191 rupuleuse. C’est un homme, par exemple, qui règle son allure sur celle des pentes de ses vignes ou de ses champs à la monta
192 ple, qui règle son allure sur celle des pentes de ses vignes ou de ses champs à la montagne. « D’où cette démarche qu’ils o
193 n allure sur celle des pentes de ses vignes ou de ses champs à la montagne. « D’où cette démarche qu’ils ont ; d’où la néce
194 ls ont ; d’où la nécessité quelquefois de refaire son pas, parce que la pente vous porte en arrière, parce qu’on l’a mal ca
195 e. Par une lacune étrange, Ramuz ne montre jamais ses paysans à l’église du village, ni leurs pasteurs. Mais on sent la Bib
196 confronte avec l’Invraisemblable. Il l’imite dans son esthétique. « Ne mettre rien que ce qu’on voit. » Il écrit comme un p
15 1978, Articles divers (1978-1981). L’amour, pas la guerre (19-25 octobre 1978)
197 é. L’État-nation fonctionne pour la guerre. C’est sa vocation. Il fabrique, il vend, il achète des armes, portées par des
198 ssée vis-à-vis d’une énergie incontrôlable. Déjà, ses retombées investissent la mer, l’eau douce, l’air, les sols. Les déch
199 ne lui suffit pas, comme tant d’autres, de clamer son inquiétude. Il propose un scénario, celui-ci infiniment plus optimist
200 ver in extremis « l’environnement », la nature et ses habitants. Mais ce sauvetage n’aurait aucun sens si nous ne sommes pl
201 exprimer, de créer, d’inventer… mais descendre de son piédestal à hauteur des communes. Quand le pouvoir est divisé, il est
202 e : « Toi-même ». On ne devient libre que si, par sa propre responsabilité, on se donne consistance. Sinon, point de commu
203 ois-cents-millions d’habitants — va bientôt élire son premier Parlement. L’événement est considérable. Tous ensemble, et qu
204 ut cas le vœu fervent de Denis de Rougemont. Dans son dernier livre : L’Avenir est notre affaire (ouvrage passionnant pou
205 eurt comme un monstre cancéreux qui se nourrit de sa propre substance au détriment de l’organisme vivant qui le compose. C
206 pse”, mais on est contraint de prêter attention à ses commentaires. Car il s’est rarement trompé. Ainsi, longtemps à l’avan
16 1978, Articles divers (1978-1981). Dialogue-interview avec Denis de Rougemont (novembre 1978)
207 inguistique dans le monde soit assurée du droit à son identité, du droit de parler — et donc d’abord du droit d’apprendre s
208 de parler — et donc d’abord du droit d’apprendre sa langue maternelle tant à l’école que sur la place publique. Il s’en f
209 ne peut s’exprimer vraiment que dans la langue de son origine, de sa région. En Suisse, nous savons cela. Dans le canton de
210 er vraiment que dans la langue de son origine, de sa région. En Suisse, nous savons cela. Dans le canton des Grisons, on n
211 droit humain fondamental qui est celui de parler sa langue nationale. Mais la question sérieuse est celle de savoir ce qu
212 d’un homme ne porte pas, qu’elle soit criée dans sa langue ou dans celle du pouvoir régnant. C’est la radio qui a la paro
213 l moyen pour l’homme d’aujourd’hui de reconquérir sa liberté, j’entends le pouvoir de se faire entendre, c’est la recréati
214 a formation civique à l’école ? C’est l’École, en ses trois degrés, la primaire, la secondaire et l’universitaire, qui a fo
215 rmation du citoyen consiste à rendre conscient de ses devoirs envers lui-même et de ses responsabilités envers la communaut
216 re conscient de ses devoirs envers lui-même et de ses responsabilités envers la communauté. Tout homme est unique. Tout hom
217 t homme est unique. Tout homme doit donc inventer sa voie vers le But absolu de toute vie — le même pour tous. La formatio
218 e qu’il peut devenir, à la fois libre d’accomplir sa vocation et responsable de l’accomplir dans la communauté. M. Denis d
17 1978, Articles divers (1978-1981). Le choix du siècle (novembre 1978)
219 et qui s’expriment par la santé d’un peuple, par son sens de la communauté, et par son niveau d’éducation. » Vers la vr
220 ’un peuple, par son sens de la communauté, et par son niveau d’éducation. » Vers la vraie qualité de la vie III. Enfi
18 1979, Articles divers (1978-1981). Genève et l’Europe : un exemple de coopération transfrontalière [préface] (1979)
221 et qui commente une évolution si remarquable par son ampleur et par le rythme régulier de son progrès, le recueil que nous
222 able par son ampleur et par le rythme régulier de son progrès, le recueil que nous présentons tient une place tout à fait p
223 clairement repérable et entièrement analysable en ses facteurs, d’un début net comme il est rarissime d’en trouver dans l’h
224 anco-genevoise ici décrite, dans la complexité de ses problèmes et de ses virtualités, présente l’intérêt historique d’avoi
225 écrite, dans la complexité de ses problèmes et de ses virtualités, présente l’intérêt historique d’avoir été la première en
226 lemands, dans l’intention clairement indiquée par son nom même, de « bâtir un morceau d’Europe unie ». Quant à la région Sa
227 Sarre-Lorraine-Luxembourg, elle n’attend plus que sa forme légale, soit une convention tripartite définissant les compéten
228 vention tripartite définissant les compétences de sa commission régionale gouvernementale. Que tout cela ait commencé à Ge
229 région que nous appelions « lémano-alpine » dans sa plus grande extension, et qui allait devenir dans une définition plus
230 ration assigné à la Commission franco-suisse et à ses comités de travail. Dans le même temps, la Conférence des pouvoirs l
231 onférence des pouvoirs locaux et régionaux, qui a son siège au Conseil de l’Europe à Strasbourg, convoquait la première « C
19 1979, Articles divers (1978-1981). Hypothèses directrices pour la recherche d’un modèle de région transfrontalière (1979)
232 teur, mais qui est pluridisciplinaire en soi, par son approche même et sa définition ; réalité qui est encore à construire
233 uridisciplinaire en soi, par son approche même et sa définition ; réalité qui est encore à construire et sur laquelle n’ex
234 s ce domaine : l’objet de la recherche autant que sa problématique, la définition des problèmes autant que leurs solutions
235 e ; production agricole arbitrairement séparée de ses marchés naturels ; obstacles multipliés, légaux et financiers, à l’éd
236 ). 3. L’État-nation à souveraineté illimitée dans ses frontières fixes apparaît donc l’obstacle décisif à la construction d
237 tats), et trop grand pour animer la vie réelle de ses communes ou même de ses régions (à l’exception du Luxembourg, de Malt
238 r animer la vie réelle de ses communes ou même de ses régions (à l’exception du Luxembourg, de Malte, d’Andorre, du Liechte
239 icacité du Centre dans les régions où il implante ses agents. Il s’agit au contraire, à notre avis, de partir des réalités
240 mais seulement que la définition d’une région par ses problèmes économiques est insuffisante. c) La grande presse s’occupe
241 moins évident que le « mini-État souverain » dans ses frontières polyvalentes ou omnivalentes, présenterait des inconvénien
242 l’occurrence ceux de Paris, Berne et Genève. Dès ses premières séances, la Commission s’est donné un programme qui déborde
243 ission internationale qui ne peut que transmettre ses vœux à Berne et à Paris, d’instituts sans pouvoir et de chercheurs is
244 laissé des traces profondes dans l’inconscient de ses habitants.) Ajoutons que cette « plus grande région » est aussi celle
245 lubles, voici qui enseigne la région, convainc de sa nécessité, répond à la question du pourquoi des régions, en partant d
246 ève. La plus grande, celle des universités, qui a ses fondements ethniques et historiques, serait de la taille d’un Land al
247 actement définie par le bassin du Léman — le lac, ses affluents au sud, et les villes polluantes au nord — et se prolonge v
248 it avoir pour extension spatiale le territoire de sa réalité. Mais « pratiquement », dira l’homme de la rue, comment savo
249 exactement au Conseil fédéral suisse, qui a fait ses preuves. On pensera que ces processus prendront plus de temps qu’il n
20 1979, Articles divers (1978-1981). Le mythe et l’opéra (1979)
250 tinent. On parlait donc d’un genre qui avait fait son temps, impur, hybride, plus méli-mélo dramatique que musical ou vraim
251 raiment théâtral. Par-dessus tout le condamnaient ses caractères ouvertement, outrageusement conventionnels : voir les desc
252 ventions, rhétorique profonde, archétypes, exerce son empire sur toutes nos créations dans les domaines de l’âme et de l’af
253 on devant la mort. Don Juan autant que Faust sera son héros tragique. Reflet inversé de Tristan, homme de mille et trois fe
254 e la mort déjà présente. Ici le mythe s’est donné ses moyens d’expression les plus complets. La musique dit ce que nulle pa
21 1979, Articles divers (1978-1981). Formule d’une Europe parallèle ou rêverie d’un fédéraliste libertaire (1979)
255 t au rêve est l’un des plus souvent négligés… par ses ayants droit. Saisissant l’occasion d’un jubilé qui pouvait le porter
256 t qu’elle sera faite à l’image de la Suisse, avec ses départements fédéraux dont les chefs, élus par les Chambres et ne rel
257 omposent un Conseil fédéral ou exécutif — et avec ses délégués des régions administratives, correspondant aux cantons, et d
258 ls et abstraits subsistant entre chaque région et sa capitale nationale — ce jour-là, la révolution européenne sera virtue
259 c’est l’évidence. Pourquoi détruire ce qui garde sa raison d’être, dès lors que cela ne bloque plus l’évolution fédérativ
260 véritable Parlement européen et de se battre pour ses compétences : qu’elles soient très fortes quand il s’agira de régler
261 e l’éducation, sur un budget autonome et voté par son peuple. La différence entre le rêve et la réalité est avant tout chr
262 est pas là, entendre Mozart ou Bach ou la voix de ses parents morts en touchant simplement un bouton. Seule l’immortalité p
22 1979, Articles divers (1978-1981). Notes pour une éthique du fédéralisme (1979)
263 nes, de recettes, de pratiques vitales — que dans sa lutte contre l’étatisme toujours plus systématique, centralisé, intol
264 qui dicterait comme vertus cardinales favorisant son avènement : l’alignement, l’uniformisation, la loi du plus fort, la s
265 devenu le vrai père d’une éthique du fédéralisme. Sa tolérance n’est pas ce que l’on croit d’ordinaire, n’est pas manque d
266 oins, mais qu’au-delà de toute comparaison il ait sa vie unique à vivre, tandis que j’ai la mienne à vivre pour être moi,
267 , et quatre membres, ce qui ne m’apprend rien sur sa personne — gît la similitude la plus profonde entre les hommes de tou
268 a mesure où j’ai senti ou pressenti que là réside son problème je le reconnais pour mon semblable. Cette solidarité fondée
269 ue, au régime spirituel de la personne isolée par sa vocation, mais reliée à la communauté par les conditions mêmes de l’e
270 e nulle part, d’un non-lieu) chacun doit inventer son chemin vers le Réel, c’est-à-dire vers le But commun à tous les homme
271 xpressions telles que « pour ou contre », choisir son camp, savoir ce qu’on veut, pas de compromis ! etc., mène à la guerre
272 . Supprimez toute espèce d’humour aussi bien dans sa vie quotidienne — rouspétance du citoyen — que dans sa vie proprement
273 e quotidienne — rouspétance du citoyen — que dans sa vie proprement politique — farce des partis — et vous obtiendrez au t
274 est énergiquement menée, l’État totalitaire dans sa splendeur native.24 Tous les dictateurs sont centralisateurs par dé
275 traindre », écrivait Georges Pompidou au seuil de son recueil posthume, Le Nœud gordien. Et d’en donner aussitôt comme exem
276 Au début du xvie siècle, Érasme avait écrit dans sa Querela Pacis : « Le tyran cherche à inspirer la crainte, le roi l’af
277 érive vers le régime totalitaire. Mais Érasme, en son temps, tenait à contraster la tyrannie nécessairement païenne, avec «
278 x) sait que la condition de tout pouvoir réel est sa faculté de convaincre. Et cela seul peut être dit « chrétien » : Si P
23 1979, Articles divers (1978-1981). Un foyer de culture (janvier 1979)
279 avers les siècles, même si elle est multiple dans ses sources. Cette unité de base est celle de la culture commune à tous l
280 à ce défi, invente l’État (status : le stable) et ses institutions centralisées. Elle pousse l’ordre et la stabilité dans l
281 s, de se distinguer du voisin, de cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait-il
282 de cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison d’être. L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se m
283 plus encore au lendemain des grandes découvertes. Ses facteurs d’unité fondamentale, puissamment confirmés par la redécouve
284 se le français comme seule langue officielle dans son royaume (contre le latin de l’Église et des traités, mais aussi contr
285 nt qu’une Europe fédérée fasse à leur France et à sa culture nationale ce que celle-ci fit jadis à ces propres nationalité
286 on culturelle. Voir la Confédération suisse, avec ses 26 États souverains, où l’on parle en toute liberté quatre langues et
287 sous le nom de logical positivism que lui donnera son autre père, Bertrand Russell ; — la musique dodécaphonique et sériell
24 1979, Articles divers (1978-1981). Quand la Perse renverse l’Iran (21 février 1979)
288 e par tout un peuple du tiers-monde. Au mépris de ses intérêts matériels immédiats et du « niveau de vie » qu’on lui promet
289 i promettait, oui, c’est bien tout un peuple dans sa profondeur qui vient de rejeter la modernisation que son souverain en
290 fondeur qui vient de rejeter la modernisation que son souverain entendait lui imposer « pour son bien » et par pur amour du
291 on que son souverain entendait lui imposer « pour son bien » et par pur amour du progrès. Phénomène d’autant plus remarquab
292 i voudrait prouver qu’il peut se débrouiller sans ses anciens maîtres — en les imitant ! C’est un royaume indépendant depui
293 royaume indépendant depuis des siècles, et c’est son souverain lui-même qui tentait de le forcer à adopter le modèle occid
294 xviiie siècle, et fonde la dynastie des Pahlavi. Son fils lui succède en 1941, sous la pression des Alliés. C’est un jeune
295 milliards de barils contre l’industrialisation de son pays. Les ministres européens se précipitent à Téhéran, où se sont in
296 ue la succession du prophète a passé en réalité à son gendre Ali, mari de sa fille Fatima, et par lui aux 11 imams ou chefs
297 hète a passé en réalité à son gendre Ali, mari de sa fille Fatima, et par lui aux 11 imams ou chefs spirituels qui se sont
298 sé par un religieux qui n’avait rien pour lui que son autorité. Voilà qui va compter devant l’Histoire, bien plus que les p
299 ements, au sujet de la domination sur le golfe et ses émirats pétroliers. Si l’influence américano-européenne est évincée p
300 ance religieuse a renversé, par la seule force de son autorité, un souverain qui détenait tous les pouvoirs. Philosophe et
25 1979, Articles divers (1978-1981). Cet amour qui nous rendrait la liberté (mars 1979)
301 a conception judéo-chrétienne de l’amour » et par ses interdits, ou quand on se lamente sur le « déchaînement d’une sexuali
302 mots différents pour désigner l’amour sous toutes ses formes. Éros pour l’amour physique, Agapè pour l’amour qui veut faire
303 mes superposés signifiant l’amour de la mère pour son enfant représentent la notion la plus proche [Ndlr]. av. Rougemont
26 1979, Articles divers (1978-1981). « Nous subsisterons unis, ou nous périrons séparés ! » (avril-mai 1979)
304 isation devenu commun à toute l’humanité. Puisque son modèle industriel qui a été imité par le reste du monde nous conduit
305 Dante à Victor Hugo… Il faut maintenant passer à sa réalisation, dit Denis de Rougemont. Le moment est venu où il faut dé
306 ers océanes. Ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier les
307 au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et sa passion de copier et de s’approprier les causes mêmes de notre propre
308 it d’organiser le référendum qui allait provoquer son départ. Sur la régionalisation précisément : « Si les Français la ref
309 it-il dans les jours qui précédèrent le scrutin à son secrétaire Jean Mauriac. Mais moi, ajoutait-il, j’aurai au regard de
27 1979, Articles divers (1978-1981). Rapport au peuple européen (9 mai 1979)
310 éelle de l’Europe d’aujourd’hui, sur la nature de sa crise, mais aussi sur les solutions que l’union européenne serait seu
311 océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et la désertification. Ce qui revient à dire q
312 dustrielle sans limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’inflation et le
313 mesures qui s’imposent : il craindra toujours que ses voisins n’en profitent et n’en abusent. À une crise de civilisation c
314 x et vulnérable dans un continent aussi dense par sa population, ses constructions, ses réseaux de communications) et born
315 dans un continent aussi dense par sa population, ses constructions, ses réseaux de communications) et bornons-nous à ce qu
316 aussi dense par sa population, ses constructions, ses réseaux de communications) et bornons-nous à ce que l’aide que nous p
28 1979, Articles divers (1978-1981). Denis de Rougemont, ou l’Europe contre l’Europe (30 mai 1979)
317 ui est actuellement en formation, ce parlement et ses futurs députés », nous a expliqué Denis de Rougemont, que nous avons
318 n 2000, elle n’en représentera plus que 7 %. Avec ses colonies, elle détenait toutes les ressources non renouvelables de la
319 ne change pas, si elle ne cesse pas de gaspiller son énergie (l’uranium sera épuisé en même temps que le pétrole), l’Europ
29 1979, Articles divers (1978-1981). L’Europe : idéal… et moyen de survie (3 août 1979)
320 de vie : un enjeu proprement vital pour chacun de ses habitants. Or il se trouve qu’au lendemain d’une date capitale de not
321 éelle de l’Europe d’aujourd’hui, sur la nature de sa crise, mais aussi sur les solutions que l’union européenne serait seu
322 r l’inflation ; — ni maintenir seule la valeur de sa monnaie ; — ni faire face à ses besoins allégués en énergie sans mena
323 seule la valeur de sa monnaie ; — ni faire face à ses besoins allégués en énergie sans menacer des millions de vie ; — ni p
324 océanes ; — ni venir en aide au tiers-monde dans sa lutte contre la famine et la désertification, causées par notre civil
30 1979, Articles divers (1978-1981). Une Europe unie et diverse (27 août 1979)
325 dustrielle sans limites, alors que notre terre et ses ressources sont limitées, et ils obtiennent en fait l’inflation et le
326 t, comme les 35 heures : il craindra toujours que ses voisins n’en profitent et n’en abusent. À une crise de civilisation c
31 1979, Articles divers (1978-1981). « La qualité des choses que j’aime » (18 octobre 1979)
327 rtie d’échecs et l’écouter parler des malheurs de sa France… » New York, 10 juillet 1942 … Il m’explique que le Maréc
328 es villes et les régions populeuses) pour retirer ses forces dans le Réduit national du Gothard, sauvant au risque de sa vi
329 Réduit national du Gothard, sauvant au risque de sa vie la « raison de vivre » d’une Suisse libre. Débat sans fin et que
330 e sais qu’il ne peut plus porter de paquet depuis son accident au Guatemala, où il s’est brisé « tous les os ».) Sur le por
331 utres.) St Ex a beaucoup pratiqué les échecs dans ses bases d’aviation en France et en Afrique, il est sans discussion beau
332 r une réaction en chaîne, sauter la Terre. Durant son séjour aux USA, il a rencontré à plusieurs reprises un général qui fa
333 gé dans une unité combattante en Afrique du Nord. Son ami, le général Doolittle, l’a beaucoup appuyé. Il veut se battre : i
334 c Pierre Lazareff, nous avons tenté d’obtenir que sa traversée de l’Atlantique vers Alger soit au moins aérienne, c’est-à-
335 il parte en avion. Il me passe Curtice Hitchcock ( son éditeur) avec lequel j’ai une conversation sans conclusion en un angl
336 tes de clans entre Français de New York, explique son euphorie intellectuelle, mais je ne puis m’empêcher de l’entendre et
337 dit écrire « cinq ou six (ou quatre) jours avant son départ ». Voyez-vous, Consuelo, j’ai quarante-deux ans. J’ai subi de
338 révèlent : celle d’un homme qui accepte de donner sa vie non pour un mythe national, ni pour une idéologie, mais pour ce q
339 d pour la « Terre des hommes ». Le vrai métier de sa vie, disait-il quelquefois, eût été celui de jardiner. Son métier de
340 disait-il quelquefois, eût été celui de jardiner. Son métier de pilote, tout en l’affranchissant des « servitudes bien aimé
341 » qui s’est voulu tout justement, le Jardinier de sa planète. 28. « Pour sauver sa vie, perdre ses raisons de vivre ».
342 le Jardinier de sa planète. 28. « Pour sauver sa vie, perdre ses raisons de vivre ». 29. C’est-à-dire deux étages au
343 e sa planète. 28. « Pour sauver sa vie, perdre ses raisons de vivre ». 29. C’est-à-dire deux étages au sommet d’un buil
32 1979, Articles divers (1978-1981). Considérations sur une charte culturelle européenne : mémorandum (17 décembre 1979)
344 a charte Qu’est-ce qu’une charte et quelle est sa fonction ? Littré nous dit que c’est un « acte concédant des franchis
345 ssurer le rayonnement de l’Europe culturelle dans son ensemble. D’une part donc, éliminer les barrières et chicanes périmée
346 tions communes. D’autre part, donner à l’ensemble ses meilleures chances d’agir comme un tout à l’échelle planétaire. Harmo
347 la culture inca ; la culture hellénistique. » De son côté, le Petit Robert cite des définitions fort analogues mais y ajou
348 er individuellement le savoir acquis pour affiner son esprit et son goût ; pour l’Allemand, à assurer la bonne marche de l’
349 ement le savoir acquis pour affiner son esprit et son goût ; pour l’Allemand, à assurer la bonne marche de l’économie et de
350 ccord avec une conception générale de l’homme, de sa dignité et de sa destinée. » Quelques années plus tard, le Centre eur
351 nception générale de l’homme, de sa dignité et de sa destinée. » Quelques années plus tard, le Centre européen de la cultu
352 ens européen, ce n’est pas seulement conditionner son esprit mais l’alerter ; ce n’est pas seulement lui donner des réflexe
353 politique ou scientifique) mais le conduire vers son autonomie, vers le libre exercice de ses responsabilités au sein de l
354 ire vers son autonomie, vers le libre exercice de ses responsabilités au sein de la société — donc vers son risque personne
355 responsabilités au sein de la société — donc vers son risque personnel, en fin de compte. Si nous nous demandons maintenant
356 tenant ce qu’est la culture, nous allons voir que sa définition formelle ressemble étrangement, en Europe, à celle que l’o
357 sme. En effet, la culture pour un Européen, c’est sa participation au trésor commun des œuvres créées depuis des siècles p
358 ntiellement culturelle, si l’on prend le mot dans son sens le plus large. La culture véritable n’est pas un ornement, un si
359 rayonne sur toute la planète, c’est à l’esprit de ses habitants, c’est à sa culture qu’il le doit. La création, la transmis
360 anète, c’est à l’esprit de ses habitants, c’est à sa culture qu’il le doit. La création, la transmission et l’élaboration
361 péen à remettre en question, de siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde, avec l’État et la communauté. Tout
362 que le nationalisme a été propagé par l’École et ses manuels depuis le milieu du xixe siècle. Les manuels de mon enfance
363 sentaient l’Europe comme un puzzle de nations, et sa culture comme l’addition d’une vingtaine de « cultures nationales » b
364 ’Europe dans les jeunes esprits, et c’est montrer son unité fondamentale, base de l’union qu’il reste à faire. Mais ce nati
365 e à faire. Mais ce nationalisme, d’où a-t-il reçu ses meilleures justifications, sinon précisément de notre culture ? C’est
366 e culture ? C’est donc là qu’il s’agit d’attaquer son virus, dans les esprits, dans les manuels d’histoire, dans les réflex
367 itôt aspirée et avidement copiée, à commencer par ses aspects les plus douteux. On retournait contre l’Europe ses principes
368 s les plus douteux. On retournait contre l’Europe ses principes mal compris qu’elle avait si mal illustrés. Politiquement m
369 , donc accusée de matérialisme ; sommée au nom de ses principes d’offrir une aide au-dessus des moyens de ses petites natio
370 incipes d’offrir une aide au-dessus des moyens de ses petites nations divisées, et qu’au surplus les sagesses d’outre-mer s
371 crise par le monde qu’elle a fait, qui est né de ses œuvres. Cette crise est de nature foncièrement culturelle, pour ne pa
372 que l’Europe s’unisse pour qu’elle puisse exercer sa fonction spécifique dans le monde nouveau. Il faut qu’elle s’unisse p
373 monde nouveau. Il faut qu’elle s’unisse pour que sa voix, demain, puisse se faire entendre au tiers-monde — qui n’entend
374 ie sur une base ferme et réaliste, fondons-la sur sa force principale, qui est dans l’ordre de l’esprit… Europe, qui fut d
375 ure européenne, dans la diversité sans exemple de ses sources (égyptiennes, mésopotamiennes, indo-européennes, perses, grec
376 qu’en pratiquant notre culture particulière dans ses valeurs les plus hautes, celles qui convergent : non-violence, non-ég
377 amour actif du prochain, allant jusqu’à « donner sa vie pour ceux qu’on aime »… Ueber allen Gipfeln ist Ruh dit Goethe :
378 able sans l’apport créateur toujours renouvelé de sa culture. Mais pas de culture créatrice sans le libre dialogue entre p
379 échi, qui en vivent, et surtout qui contribuent à sa vie et à son évolution, il s’agit maintenant : a) d’énumérer les aspe
380 vivent, et surtout qui contribuent à sa vie et à son évolution, il s’agit maintenant : a) d’énumérer les aspects variés de
381 es pouvoirs publics dans tel domaine, en marquant ses limites ; d) de traduire enfin ces constatations, vœux et décisions e
382 plexe armements-destructions-reconstructions dans ses rapports avec l’emploi et avec le renforcement totalitaire de l’État
383 tre commandé, encadré, déterminé, donc délivré de sa responsabilité) ou par un désir de se réaliser, d’assumer sa liberté 
384 bilité) ou par un désir de se réaliser, d’assumer sa liberté ? À l’échelle de la société européenne, ces deux motivations
385 et les devoirs des pouvoirs publics à l’égard de ses composantes. 6. Suggestions pour la charte I. Les premiers art
386 acles légaux ou les gênes partisanes s’opposant à son libre développement, c’est-à-dire à la liberté d’expression des créat
387 onomie, celle-ci devant à celle-là les secrets de son développement. Un des premiers articles devrait rappeler que la cultu
388 n au savoir existant, et préparation de l’élève à sa prise d’initiative personnelle, à sa liberté assumée de personne et d
389 de l’élève à sa prise d’initiative personnelle, à sa liberté assumée de personne et de citoyen responsable, à la fois auto
390 mythologies nationalistes pour être replacé dans ses justes perspectives européennes. Tant il est vrai que les principaux
391 s scientifiques tendant à favoriser la vie et non sa destruction, c’est-à-dire la paix et non la guerre. Certes, ce n’est
392 en de la recherche se justifierait avant tout par sa volonté de maintenir un certain équilibre, conforme au génie européen
393 ésormais : en cas de succès total, quels seraient ses effets ? Le Conseil européen et les conseils nationaux de la recherch
394 i entraînerait nécessairement ou favoriserait par sa nature des entreprises de taille monstrueuse, et des concentrations t
395 of culture. 36. Motif invoqué par Churchill dans son discours de Zurich (1946) puis par Jean Monnet, Robert Schuman, Konra
396 ent l’Ancien Monde ; mais il faut avouer que dans sa petitesse, elle est la plus grande en qualité. » En 1816 Mantelle et
33 1980, Articles divers (1978-1981). Énergie solaire et autonomie (1980)
397 t. Et pendant ce temps l’humanité se multiplie et ses besoins en énergie s’accroissent. La situation de notre continent et
398 r traiter le sujet de l’énergie en général, et de ses rapports avec l’autonomie en particulier. Mais j’ai changé, qu’on se
399 remière erreur, qui fut à mon avis pardonnable en son temps. Mais la seconde était, reste, beaucoup plus grave. Elle consis
400 prestigieuse et en même temps sécurisante. Parmi ses adeptes, quelques-uns seulement veulent régner, gouverner. Mais la pl
401 inalités maîtresses du genre humain (surtout dans sa partie occidentale), la puissance ou la liberté, le collectif ou le p
402 ogestion. Signifie aussi : qui peut se déplacer à sa guise selon la quantité d’énergie dont il dispose. Exemple : lors d’u
403 rier américain consacre à gagner de quoi se payer sa voiture et l’entretenir, il fait du 5 km à l’heure, qui est la vitess
404 t vicieux qu’il était réellement inévitable qu’en son centre, on finisse par rencontrer le maître des Enfers, j’ai nommé Pl
405 ssant, à la manière de la chevalerie médiévale, à son propre code et à sa propre hiérarchie interne, soustraite à la loi co
406 e la chevalerie médiévale, à son propre code et à sa propre hiérarchie interne, soustraite à la loi commune et investie de
407 e contrôle, de surveillance et de réglementation. Ses missions comprendront notamment : l’exploitation de cinquante groupes
408 iers de civils. Appareil militaire, elle exercera sa domination au nom des impératifs techniques de la mégamachine nucléai
409 es îlots de résistance, où la volonté de défendre ses proches, sa terre, ses biens, son paysage a le maximum de chances de
410 ésistance, où la volonté de défendre ses proches, sa terre, ses biens, son paysage a le maximum de chances de l’emporter s
411 où la volonté de défendre ses proches, sa terre, ses biens, son paysage a le maximum de chances de l’emporter sur des atta
412 nté de défendre ses proches, sa terre, ses biens, son paysage a le maximum de chances de l’emporter sur des attaquants beau
413 et qui s’expriment par la santé d’un peuple, par son sens de la communauté, et par son niveau d’éducation. L’idée que le
414 ’un peuple, par son sens de la communauté, et par son niveau d’éducation. L’idée que le renforcement des structures décent
34 1980, Articles divers (1978-1981). Actualité de Benjamin Constant (1980)
415 min Constant (1980)bn I. Le personnage, pour ses contemporains Comment le voyait-on ? Si on l’admirait, il était « 
416 c de longs cheveux tombant à boucles soyeuses sur ses oreilles et sur son cou. Il avait une expression de malice et de moqu
417 ombant à boucles soyeuses sur ses oreilles et sur son cou. Il avait une expression de malice et de moquerie dans le sourire
418 les yeux… » Si on ne l’aimait pas, on décrivait «  ses jambes grêles et son dos voûté », ou « ce mélange de vénérable et de
419 l’aimait pas, on décrivait « ses jambes grêles et son dos voûté », ou « ce mélange de vénérable et de bouffon, de touchant
420 ble et de bouffon, de touchant et d’ironique, que ses cheveux longs, son sourire faux et ses yeux de chat produisaient ». «
421 de touchant et d’ironique, que ses cheveux longs, son sourire faux et ses yeux de chat produisaient ». « Rien de plus piqua
422 nique, que ses cheveux longs, son sourire faux et ses yeux de chat produisaient ». « Rien de plus piquant que sa conversati
423 e chat produisaient ». « Rien de plus piquant que sa conversation, toujours en état d’épigramme », notait l’un ; mais l’au
424 tat d’épigramme », notait l’un ; mais l’autre : «  Sa prononciation n’est pas pure, mais elle a du charme et une excessive
425 ami celui-là, Charles Nodier, fait la synthèse : Ses cheveux blonds restaient légèrement bouclés et flottants, comme le de
426 mme le dernier attribut de la jeunesse évanouie ; son teint sans couleur, ses cils pâles, ses yeux d’un bleu presque éteint
427 de la jeunesse évanouie ; son teint sans couleur, ses cils pâles, ses yeux d’un bleu presque éteint, sa prononciation molle
428 vanouie ; son teint sans couleur, ses cils pâles, ses yeux d’un bleu presque éteint, sa prononciation molle et quelquefois
429 es cils pâles, ses yeux d’un bleu presque éteint, sa prononciation molle et quelquefois un peu embarrassée, traduisaient a
430 , si une voix animée par la poésie retentissait à ses oreilles, si une idée morale ou politique surtout… vibrait dans son â
431 ne idée morale ou politique surtout… vibrait dans son âme, sa belle physionomie revivait tout à coup sous l’influence d’une
432 orale ou politique surtout… vibrait dans son âme, sa belle physionomie revivait tout à coup sous l’influence d’une inspira
433 n soudaine, des torrents d’éloquence coulaient de sa bouche, et on prévoyait sans peine qu’il était appelé à remplir l’ave
434 vail », entendons la préparation et l’écriture de ses ouvrages de philosophie politique, d’histoire des religions, et de fi
435 ’écriture, il rechercha en revanche l’exercice de son libre choix. Mais il fut joueur en politique aussi, et dans l’amour,
436  sur la religion ») ; les allusions à l’humeur de sa femme, Charlotte de Hardenberg, aux mauvaises nouvelles de Mme de Sta
437 re moins de l’auteur d’Adolphe, qui ne sera mis à sa place qu’au xxe siècle. III. Les circonstances de l’ouvrage De
438 nouveau prince royal de Suède, qu’il appelle dans son journal « le Béarnais ». L’ambition d’une carrière politique revient
439 Le Béarnais veut de moi. Je m’attache à lui… Mais son propre terrain est mouvant. 15 novembre. Je vais à tâtons. Je ne sui
440 e encore que l’on soit informé quotidiennement de sa croissance et de son achèvement. Sur les 69 jours que va durer la ges
441 it informé quotidiennement de sa croissance et de son achèvement. Sur les 69 jours que va durer la gestation de L’Esprit de
442 iant cette « brochure », Benjamin sait qu’il joue sa vie : Napoléon n’est pas encore vaincu, et le ferait fusiller pour be
443 fois comme on prie, mais plutôt comme on pose sur sa tempe le pistolet de la roulette russe. Joueur encore ! IV. Tragéd
444 rlotte pour suivre le Béarnais et tenter avec lui sa chance politique : Mme de Staël l’y pousse, elle imagine une régence
445 rnadotte… Courant après le prince et le succès de son livre, réédité à Londres en février, comme il va l’être à Paris en av
446 up, le soir du 15 avril, il note, rapide et sec à sa coutume : Arrivée à Paris… Il y a de la ressource pour la liberté. I
447 h ça ! deviens-je fou ? Dès cette soirée où naît son « amour fou » pour une personne qu’il connaissait depuis près de ving
448 tigué, à mesure qu’il s’approchait du dénouement, son émotion augmentait et sa fatigue augmentait son émotion. À la fin, il
449 prochait du dénouement, son émotion augmentait et sa fatigue augmentait son émotion. À la fin, il ne put la contenir et il
450 , son émotion augmentait et sa fatigue augmentait son émotion. À la fin, il ne put la contenir et il éclata en sanglots ; l
451 e nom de Constant ; mais cela n’est qu’anecdote à ses yeux, comparé aux « idées constitutionnelles adoptées » le matin, à l
452 arce que les ressources de la civilisation sont à son usage. V. Variations dans la constance Mais revenons au sérieu
453 e décisif. L’empereur, notera-t-il plus tard dans son Mémoire sur les Cent-Jours, n’essaya pas de me tromper. Il ne voulut
454 erté par inclination. Il examina froidement, dans son intérêt, avec une impartialité trop voisine de l’indifférence, ce qui
455 icité, chacun des interlocuteurs restant fidèle à sa passion maîtresse, la puissance ou la liberté. « La nation exigera la
456 l instant que la France napoléonienne, « réparant ses longues erreurs », pourrait enfin se replacer au premier rang des pui
457 se aux vertueuses indignations des politiciens de son bord, ceux dont il parle à la fin des Cent-Jours : 21 juin 1815. L’
458 l se dispose à écrire un mémoire apologétique sur son action durant les Cent-Jours. « Je le publierai sous forme de lettres
459 Que celui qui vient de défier le Tyran au nom de ses principes républicains, se rallie aux Bourbons dès son retour à Paris
460 rincipes républicains, se rallie aux Bourbons dès son retour à Paris ; qu’il soit le dernier à les défendre quand Louis XVI
461 ’empereur une constitution libérale, voilà ce que ses contemporains ont décidé de ne pas comprendre, et ils répètent en ric
462 de ne pas comprendre, et ils répètent en ricanant sa devise ironique : Inconstancia constans, « Constant dans l’inconstanc
463 avril. Je ne croyais point — écrit Constant dans son Mémoire sur les Cent-Jours — à la conversion subite d’un homme qui si
464 e la constance d’une pensée qui a toujours motivé son action, nous l’avons dans les textes mêmes que Benjamin Constant n’a
465 tant n’a cessé de publier presque toujours contre ses intérêts et plus d’une fois au péril de sa vie, sous les régimes succ
466 ontre ses intérêts et plus d’une fois au péril de sa vie, sous les régimes successifs qu’elle contestait. L’Esprit de conq
467 liberté. La sienne très mal, esclave qu’il fut de ses amours ; mais la liberté politique mieux que personne de son temps. D
468 ; mais la liberté politique mieux que personne de son temps. D’où le malentendu profond entre lui et la classe politique. I
469 rendre ambigu, et pas seulement dans le temps de son action. Il est remarquable que les palinodies ostentatoires d’un Tall
470 s ostentatoires d’un Talleyrand aient contribué à sa réputation de grand homme d’État, alors que le jeu subtil des variati
471 variations de Benjamin au service de la Liberté, son thème constant, ne lui aient valu que le blâme très moral des partisa
472 evenons au petit livre sur lequel Benjamin a joué sa tête et accessoirement sa carrière. Ce manifeste de la liberté, dépos
473 lequel Benjamin a joué sa tête et accessoirement sa carrière. Ce manifeste de la liberté, déposé sur le seuil de notre èr
474 mais, cas plus rare, il n’a pas affecté la vie de son auteur, qui croyait tout risquer sur cette centaine de pages, et pour
475 guerre, trouve dans la guerre la justification de sa tyrannie géométrique. « Un gouvernement qui parlerait de la gloire mi
476 la mise en uniforme d’une nation tout entière par son État, c’est-à-dire par la dictature du Parti qui s’est emparé de l’Ét
477 ril 1792.) Pour le meilleur et pour le pire, dans sa genèse comme dans ses fins, l’État-nation est lié à la guerre, mieux 
478 illeur et pour le pire, dans sa genèse comme dans ses fins, l’État-nation est lié à la guerre, mieux : il est l’état de gue
479 er, elle le poursuit dans le sanctuaire intime de sa pensée, et, le forçant à mentir à sa conscience, elle lui ravit la de
480 re intime de sa pensée, et, le forçant à mentir à sa conscience, elle lui ravit la dernière consolation qui reste encore à
481 me temps qu’elle l’opprime. Elle rend, même après sa chute, toute liberté, toute amélioration impossible… Et l’on comprend
482 e en doute une seconde : Tout en s’abandonnant à ses projets gigantesques, le gouvernement n’oserait dire à la nation : Ma
483 es par la prévoyance, ce gouvernement attaquerait ses voisins les plus paisibles, ses plus humbles alliés, en leur supposan
484 ement attaquerait ses voisins les plus paisibles, ses plus humbles alliés, en leur supposant des projets hostiles, et comme
485 agressions méditées. Si les malheureux objets de ses calomnies étaient facilement subjugués, il se vanterait de les avoir
486 tre tout cela, qui ne fait encore que germer sous ses yeux, et dont l’épanouissement attendra notre siècle, Constant propos
487 édéralisme, et qu’il est le premier à nommer dans ses Principes de politique publiés à Paris pendant les Cent-Jours : Je n
488 genre de patriotisme véritable, renaître comme de ses cendres, dès que la main du pouvoir allège un instant son action… Les
489 res, dès que la main du pouvoir allège un instant son action… Les habitants d’une commune trouvent du plaisir à tout ce qui
490 e leur affection ne peut se reposer sur aucune de ses parties. La variété, c’est de l’organisation ; l’uniformité, c’est du
491 ain que « la constitution intérieure d’un État et ses relations extérieures sont intimement liées ». Il serait absurde de l
35 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe, invention culturelle (1980)
492 de l’Empire romain mais plutôt de la nostalgie de son âge d’or et d’une prise de conscience diffuse et très tardive de sa c
493 ne prise de conscience diffuse et très tardive de sa chute. Il n’est pas né, non plus, de quelque convergence miraculeuse
494 al an sous l’égide de l’Église d’Occident et dans ses hiérarchies romaines, puis évangélisées par des ordres irlandais, ita
495 dans le même temps qu’il s’est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume, … ne reconnaissant aucun supérieu
496 est fait proclamer par ses légistes « empereur en son royaume, … ne reconnaissant aucun supérieur sur ses terres », c’est-à
497 n royaume, … ne reconnaissant aucun supérieur sur ses terres », c’est-à-dire récusant toute allégeance envers l’Empire comm
498 comme le domaine de la chrétienté (christianitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il l
499 nitas) son nom légendaire et païen d’Europe. Dans sa Cosmographie générale, il le décrit comme un ensemble humain et histo
500 globe, qui peut périr et qui attend de nous seuls sa renaissance. Et de nouveau, c’est un grand clerc, mieux, un homme de
501 roles créatrices du sentiment de communauté. Dans son traité Sur la chute de Constantinople et la guerre contre les Turcs,
502 tués. La tradition des poètes chantant l’Europe, ses merveilleuses diversités et sa passion de la liberté, se poursuit jus
503 hantant l’Europe, ses merveilleuses diversités et sa passion de la liberté, se poursuit jusqu’au xixe siècle romantique d
504 s plus grands poètes, Saint-John Perse, qui, sous son nom d’Alexis Léger, écrira le Mémorandum sur l’organisation d’un régi
505 ers à concevoir la possibilité et la nécessité de son union. Je ne rappelle que pour mémoire une autre généalogie des relat
506 aux peuples. (C’est la doctrine rousseauiste dans sa pureté.) Le projet de fédération européenne est défini avec une grand
507 stitué sous Philippe le Bel et qui allait prendre sa forme la plus radicale lors de la substitution de l’État au Roi en 17
508 ain d’ailleurs, car déjà l’État nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner
509 rs, car déjà l’État nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner les esprits
510 tat nationaliste, par ses écoles, ses casernes et ses journaux est en bon train de conditionner les esprits, les corps, et
511 ès et d’Annunzio) écrivent tous sur l’Europe, sur ses origines culturelles, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où
512 s sur l’Europe, sur ses origines culturelles, sur sa mission dans le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa voca
513 le monde, sur le dilemme où elle est prise entre sa vocation fédéraliste d’union pour les diversités à sauvegarder et la
514 — tous auteurs d’essais majestueux sur l’Europe, son génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universal
515 majestueux sur l’Europe, son génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nati
516 n génie spécifique et ses névroses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nationalistes ; et surtout, sur
517 roses matérialistes, sa vocation universaliste et ses délires nationalistes ; et surtout, sur l’Europe comme patrie des hom
518 naturellement européenne, ni mieux consciente de ses raisons de l’être, qu’à la veille de l’agression totalitaire : son im
519 être, qu’à la veille de l’agression totalitaire : son impuissance à orienter ou seulement à influencer si peu que ce soit l
520 er la commission culturelle du congrès, à côté de ses deux autres commissions, la politique et l’économique. J’ai demandé q
521 e le seul problème sérieux du siècle est celui de son aménagement. Et que l’Europe seule peut en offrir le modèle, si d’abo
522 ommun » est déjà proposé par Nietzsche dans un de ses Fragments posthumes. Voir aussi Par-delà le bien et le mal, 256 : « G
36 1980, Articles divers (1978-1981). L’avis de Denis de Rougemont [sur Invocation du nom de Dieu et Constitution fédérale] (1980)
523 e préambule que pour ma part je désapprouve, mais ses arguments restent très dignes d’être discutés. Sur un ou deux points,
524 onscients que seul restera libre celui qui use de sa liberté », ne me paraît pas évidente à première lecture, et surtout —
525 mmunauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. » Mais qu’est-ce que « la force d’une communauté ? » Qu’est-
526  » Qu’est-ce que « le bien-être du plus faible de ses membres ? » C’est bien obscur. On pourrait faire de cette phrase des
527 communauté de l’URSS ? La force du plus faible de ses membres, c’est-à-dire l’un des 5 millions d’esclaves du Goulag ? » Al
528 u bénéfice de l’invoquer — afin de le mettre dans son jeu. Tous les chefs d’État, défendant n’importe quelle cause (fût-ell
529 u qui les a instituées, elles participent donc de sa Toute-puissance, et dans ces conditions, l’opposition est priée de se
530  puissant », c’est le « Gott mit uns ». Maintenir son invocation en tête de la constitution projetée, ce serait propager et
531 ni dans le feu ni dans la tempête ; c’est par un son doux et subtil qu’il manifeste sa puissance, par la « voix du silence
532 ; c’est par un son doux et subtil qu’il manifeste sa puissance, par la « voix du silence » qui ne s’impose pas par la forc
533 e qu’une personne divine lui parle, la domine par son ascendant et l’étreint de son amour créateur. On est très loin de la
534 arle, la domine par son ascendant et l’étreint de son amour créateur. On est très loin de la toute-puissance du « Dieu des
535 du Seigneur Jésus, du Seigneur de l’Église, avec son exigence d’amour actif et de non-violence absolue. Ce ne sont pas là
37 1980, Articles divers (1978-1981). Lew Kowarski et la responsabilité sociale du scientifique (1980)
536 du scientifique (1980)bg On vient de rappeler ses travaux, ses recherches, et ce qu’il a trouvé, et ce qui en est sorti
537 que (1980)bg On vient de rappeler ses travaux, ses recherches, et ce qu’il a trouvé, et ce qui en est sorti. Tout cela n
538 beaucoup préoccupé pendant la dernière période de sa vie : celui des centrales nucléaires et des questions qu’elles posent
539 re 1973. Dans la préface à un précieux recueil de ses écrits intitulé « Réflexions sur la science », il présente lui-même c
540 eur sujet. Dans l’interview, Lew Kowarski expose sa conception des centrales à eau lourde ou à eau légère, qu’il considèr
541 Il se souvient qu’une dizaine d’années plus tôt, son ami Alvin Weinberg lui a déclaré « la voix tremblante d’enthousiasme 
542 mieux révélé l’homme, ça a été — symboliquement — ses déclarations au sujet d’Hermann Kahn, cet être dont la confrontation
543 blaient possibles pour le scientifique pris entre son métier et la méfiance du public. Il les décrivait avec quelques détai
544 ent, ignorer les vents nouveaux et continuer dans son métier comme avant ; deuxièmement, rejeter le métier ; troisièmement,
545 t, hélas, pas moins conscient des limitations que son état de santé imposait à son action. Il hésitait encore fin juillet.
546 des limitations que son état de santé imposait à son action. Il hésitait encore fin juillet. Puis il y eut l’affrontement
547 Groupe de Bellerive posait au colloque réuni par ses soins en février 1979. Lew Kowarski a pu le suivre encore d’un bout à
548 utre, après avoir été le principal formulateur de sa problématique, non seulement scientifique mais sociétale. Il reste au
549 ale. Il reste au Groupe de Bellerive à développer son action aux domaines élargis de proche en proche qu’avait définis notr
550 Kowarski représentait pour nous, bien au-delà de son savoir de physicien. Adieu Lew ! Grand homme irremplaçable en sa maît
551 ysicien. Adieu Lew ! Grand homme irremplaçable en sa maîtrise autant qu’en amitié. Vous ne nous rendiez pas toujours la vi
38 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
552 l commence à la fin du xixe , il faut donc situer sa naissance entre 1914 et 1918. Le xixe siècle en effet, né avec l’Emp
553 oute l’Europe d’une passion neuve et subversive à ses débuts : le nationalisme, se termine avec la Première Guerre mondiale
554 explosion créatrice sans précédent va développer sa gerbe dans tous nos pays et dans tous les domaines de leur culture, a
555 sponsable » La philosophie de l’absurde trouve son théoricien avec J.-P. Sartre, puis s’inspire (parfois littéralement)
556 et deviennent les « leitmotive » non seulement de son principal ouvrage philosophique, L’Être et le Néant, 1943 (inspiré de
557 é de Sein und Zeit de Heidegger), mais surtout de son théâtre : Huis-Clos, Les Mains sales, Le Diable et le Bon Dieu. Simul
558 Camus porte à la scène le thème de l’absurde avec ses pièces Caligula, L’État de siège, Les Justes, parallèles à ses romans
559 ligula, L’État de siège, Les Justes, parallèles à ses romans L’Étranger, La Peste, et à ses essais, comme L’Homme révolté.
560 arallèles à ses romans L’Étranger, La Peste, et à ses essais, comme L’Homme révolté. Mais le théâtre de l’absurde, libre de
561 u’on y trouve au contraire une occasion d’exalter sa grandeur — je veux parler de Jean Anouilh et d’André Roussin, par exe
562 ècle sera marquée non seulement par « Mai 68 » et sa révolte contre les idéologies, mais plus encore par l’intervention so
563 élais. Pour essayer de saisir l’ère nouvelle dans ses caractères les plus singuliers et sans précédent, je partirai d’une c
564 el je vis : au seuil de cet article, et supputant son plan, je n’arrivais plus à trouver un seul nom d’écrivain de théâtre
565 erite Duras ont poursuivi leur œuvre, chacun dans sa ligne ». Continuant ma recherche, je ne tardai pas à trouver deux con
566 42), par exemple, nous est bien aussi présent que son contemporain, l’auteur dramatique Giraudoux (1888-1944) ; leurs trace
567 qui, d’une œuvre à l’autre, ne change pas du tout son fusil d’épaule. Quel que soit l’auteur, quelle que soit la pièce, c’e
568 l Mesguich comme pour tant d’hommes de théâtre de son âge, c’est Dieu le père, c’est le père tout court, le père tout-puiss
569 , et même de Prague. Elle peut être définie, dans son processus, comme la substitution de la manifestation au manifeste en
570 sser ». Dès 1968 à Paris, ce nouveau style trouve ses lois : la philosophie gestuelle de l’étudiant Cohn-Bendit soulève des
571 Michel Tournier, 45 ans lorsque paraît — en 1969 son premier livre, qui reçoit le Grand prix de l’Académie française, son
572 qui reçoit le Grand prix de l’Académie française, son deuxième recevant un an plus tard le prix Goncourt. Reste ce genre li
573 u sort de la cité mais non moins de la cadence de ses phrases, et que Nietzsche portait aux nues. Chose étrange, ce sont de
39 1980, Articles divers (1978-1981). 1979 [Iran, Three Mile Island, Cambodge…] (2 janvier 1980)
574 é au-delà de tout ce qu’on pouvait craindre. Dans ses Mémoires, le shah déclare qu’il souhaitait « donner à son peuple ce q
575 ires, le shah déclare qu’il souhaitait « donner à son peuple ce qu’il y avait de meilleur au monde », c’est-à-dire la civil
576 tion industrielle introduite à marche forcée avec ses rythmes inhumains, ses pollutions et ses centrales nucléaires. Avant
577 duite à marche forcée avec ses rythmes inhumains, ses pollutions et ses centrales nucléaires. Avant la fin du siècle, l’Ira
578 cée avec ses rythmes inhumains, ses pollutions et ses centrales nucléaires. Avant la fin du siècle, l’Iran devait devenir l
579 e la Centrafrique détient beaucoup d’uranium dans son sol. (D’où la chute de l’empereur, sitôt qu’il a traité avec le « fou
580 si l’on veut en juger moralement, de se rappeler ses origines : la colonisation de l’Indochine par la France, la guerre pe
581 e dans la trame complexe des faits ; et, fidèle à ses convictions européennes, il voit une lueur d’espoir dans l’action con
40 1980, Articles divers (1978-1981). Un précurseur de l’engagement politique (1er mai 1980)
582 ns qu’elle se voulait désintéressée, dessaisie de ses conséquences, comme débrayée de toute action dans la cité. J’ai écrit
583 unesse. Je demandais à l’écrivain d’assumer, dans sa vie concrète, la responsabilité de son œuvre, de ses idées, même si c
584 sumer, dans sa vie concrète, la responsabilité de son œuvre, de ses idées, même si cela devait le mener en prison. Je lui r
585 vie concrète, la responsabilité de son œuvre, de ses idées, même si cela devait le mener en prison. Je lui rappelais que p
586 el. Comment expliquez-vous cela ? C’est que, dans ses grandes lignes, la situation n’a guère changé. J’ai d’abord formulé u
587 après la guerre, car l’engagement de l’écrivain, sa liberté liée à sa responsabilité, furent des thèmes à la mode des 194
588 car l’engagement de l’écrivain, sa liberté liée à sa responsabilité, furent des thèmes à la mode des 1946, me semble-t-il 
589 t les thèmes wagnériens, et qu’il pressentait que son aventure s’achèverait comme les opéras de Wagner : dans une mort théâ
590 certain nombre de contradictions qui sous-tendent son œuvre. Et la grande contradiction de ma vie pourrait être symbolisée
591 simultanée de Goethe, et de Kierkegaard. Goethe, son influence, l’exemple de sa vie, sa personnalité fascinante tendue ver
592 Kierkegaard. Goethe, son influence, l’exemple de sa vie, sa personnalité fascinante tendue vers un équilibre durement con
593 aard. Goethe, son influence, l’exemple de sa vie, sa personnalité fascinante tendue vers un équilibre durement conquis et
594 a réagi à cet écrit. Malheureusement, j’ai perdu sa lettre qui m’était très précieuse et dans laquelle il me disait : « E
595 erne, au gigantisme, à la nécessité de manifester sa pensée. Dans son petit livre Une main bu, il montre qu’une pensée n’e
596 sme, à la nécessité de manifester sa pensée. Dans son petit livre Une main bu, il montre qu’une pensée n’est réelle que dan
597 que, dans la NRF , dans les années 1930. Mais si son essai Penser avec les mains le révélait dès avant la guerre comme u
598 r de l’engagement, il est aussi très célèbre pour son essai sur L’Amour et l’Occident . » bu. Recensé par Rougemont dans
41 1980, Articles divers (1978-1981). La maîtrise sociale des besoins (avril-juin 1980)
599 ar an, l’industrie automobile (General Motors) et ses annexes, les multinationales pétrolières (Exxon), déterminent la conj
600 e de la Suisse primitive, avait été guerrier dans sa jeunesse, puis juge, puis riche paysan et père de dix enfants, mais à
601 et il cessa de manger pendant vingt ans, jusqu’à sa mort. Les espions envoyés par un évêque méfiant ne purent jamais le s
602 des baies sauvages ni de ronger des racines. Par son immense autorité spirituelle, il sut prévenir la guerre civile et il
603 l par tout un peuple du tiers-monde, au mépris de ses intérêts immédiats et du « niveau de vie » qu’on lui promettait, du r
604 lui promettait, du rejet de la modernisation que son souverain entendait lui imposer « pour son bien » et par pur amour du
605 on que son souverain entendait lui imposer « pour son bien » et par pur amour du progrès.  Évoquant le désarroi des minist
606 Elle relève donc principalement du marketing, de ses stratégies et de ses tactiques bien connues. Ainsi quand une grande c
607 ncipalement du marketing, de ses stratégies et de ses tactiques bien connues. Ainsi quand une grande compagnie nationale co
608 omme Électricité de France (EDF) désire augmenter ses ventes, elle lance le slogan du « tout électrique » destiné à créer l
609 e » destiné à créer le besoin quitte à avouer par son PDG lui-même (voir l’interview de M. Boiteux dans Le Monde du 24-01-1
610 ouve le besoin de justifier par quelques chiffres son besoin de prélever davantage sur les activités industrielles qu’il fo
611 t pas limitative), chacun ayant fait la preuve de son indépendance à l’égard des gouvernements et des sociétés nationales o
612 ique, « ce crime énergétique » a-t-on écrit — car son rendement n’est que de 6 % — peut justifier aux yeux du public ignora
42 1980, Articles divers (1978-1981). L’Europe et l’environnement (28 juin 1980)
613 la protection des cours d’eau et des lacs, a tenu son assemblée générale le 28 juin 1980 à Lausanne ; le Léman a été au cœu
614 ir et la volonté de continuer leurs efforts. Dans son intervention, Denis de Rougemont a parlé des responsabilités de l’Eur
615 a parlé des responsabilités de l’Europe, tant sur son propre territoire que par la diffusion de sa culture et l’exemple qu’
616 sur son propre territoire que par la diffusion de sa culture et l’exemple qu’elle propose au monde. Arcadie a le privilège
617 le privilège de publier ce texte, et en remercie son auteur.   « Tout est venu à l’Europe, et tout en est venu, ou presqu
618 ogrès-là et toutes affaires cessantes, de stopper ses plus récentes manifestations en Europe, à travers elle, et par sa fau
619 manifestations en Europe, à travers elle, et par sa faute, dans le monde entier. Commençons donc chez nous ! Cela seul pe
620 lution, l’État, qui ne peut plus la nier, prend à sa charge les indemnisations, puis les mesures de prévention, puis le co
621 le contrôle des règles « strictes » édictées par son ministre de l’Environnement après dix ou quinze ans d’abus devenus in
622 t à faire supporter les frais de la pollution par ses victimes réelles ou potentielles, c’est-à-dire les contribuables, plu
623 s, c’est-à-dire les contribuables, plutôt que par ses auteurs, qu’il ne faudrait pas indisposer… Au reste, les frais de réc
624 i impose une quarantaine avant qu’il aille porter sa contagion chez le voisin. Les motifs de la non-application des mesure
625 es : 1. La Commission des communautés a demandé à ses services d’établir un plan européen de l’eau qui permettrait d’interv
43 1981, Articles divers (1978-1981). Guy de Pourtalès l’Européen [préface] (1981)
626 d’un écrivain, sinon qu’elle donne à voir ce que ses livres ont décrit parfois sans le vouloir, romancé, travesti ou passé
627 ourtalès n’ait été de ces derniers. On dirait que sa vie et son œuvre retracent et recomposent librement la suite des aven
628 ’ait été de ces derniers. On dirait que sa vie et son œuvre retracent et recomposent librement la suite des aventures, la s
629 e nation. Vers 1715, un adolescent cévenol quitte sa patrie, où ses ancêtres ont été paysans, marchands ou magistrats muni
630 1715, un adolescent cévenol quitte sa patrie, où ses ancêtres ont été paysans, marchands ou magistrats municipaux, et déci
631 la Suisse pour échapper aux dragonnades et garder sa foi réformée. Il porte un prénom biblique : Jérémie. C’est fréquent c
632 der la branche allemande de la famille tandis que ses deux frères, qui reçoivent également des titres de comtes lorsque le
633 itres de comtes lorsque le roi de Prusse recouvre sa Principauté en 1814, fonderont la branche française et la branche neu
634 le : les uns envers le grand empereur français et sa descendance, les autres envers la monarchie prussienne. (Chaque mouch
635 envers la monarchie prussienne. (Chaque mouche a son ombre, p. 21.) Or la France et l’Allemagne, en ce début du XIXe sièc
636 on soit devenue universelle. Or Neuchâtel — voyez son histoire et la carte — est située au cœur même de cette Europe. Elle
637 talès préside le Jockey Club de Paris, tandis que son cousin Frédéric, ambassadeur à Pétersbourg, remet au tsar la déclarat
638 lé au ministère de l’Intérieur, où M. Steeg exige sa démission : n’est-il pas le beau-frère d’un comte Bernstorff, le cous
639 l’écrivain qui en résulte, la résume et lui donne son sens. Né à Berlin, d’un officier neuchâtelois au service de l’empereu
640 ise mais élevée à Londres, Guy de Pourtalès passe son enfance à Genève (premier refuge de l’ancêtre Jérémie), fait ses étud
641 enève (premier refuge de l’ancêtre Jérémie), fait ses études à Neuchâtel (où Jérémie s’était fixé pour fonder une famille n
642 dres dont il n’oubliera pas le nom : c’est là que son fils unique Raymond sera tué au combat, lors de la grande offensive h
643 offensive hitlérienne… Au lendemain de la guerre, son œuvre littéraire commence à s’épanouir en France, où elle ne cessera
644 nter vers une célébrité du meilleur aloi, jusqu’à sa mort en Suisse, en 1941, des suites de ses blessures anciennes et du
645 jusqu’à sa mort en Suisse, en 1941, des suites de ses blessures anciennes et du chagrin causé par la mort de son fils. Ces
646 ures anciennes et du chagrin causé par la mort de son fils. Ces trajets dans le temps et l’espace d’une famille, d’une pers
647 u’elle reste « la part secrète et persistante de ( sa ) patrie helvétique » puis en Allemagne, et c’est elles qu’on retrouve
648 le plus fidèle, en profondeur, à la biographie de son auteur, je veux parler de La Pêche miraculeuse. Première esquisse de
649 logie romanesque de Pourtalès, pour la densité de son style et les élans d’une sensualité pure et toujours sensible, alors
650 dans la restitution d’une ère par l’évocation de ses génies. Ajoutons à tout cela la dimension anglaise : les remarquables
651 le d’une famille, et l’histoire la plus intime de son auteur. L’exposition du centenaire va le faire voir : avec une élégan
652 te et modeste, Guy de Pourtalès prend aujourd’hui sa juste place, celle du plus naturellement européen des écrivains de la
44 1981, Articles divers (1978-1981). Fédéralisme, personnalisme, œcuménisme (1981)
653 ndividu sans foi ni loi au-delà des frontières de sa souveraineté ; de même les sectes se donnent un pape et opposent à l’
654 e la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses appels à l’union, précisément, que Paul établit avec le plus de force
655 vines n’est pas une imperfection de l’union, mais sa vie même. Un deuxième trait, complémentaire d’ailleurs, doit être au
656 Esprit. Aucune Église ou secte n’a jamais nié que son chef réel fût au ciel, mais plusieurs ont agi comme s’il était sur la
657 es. Une Église qui prétend se suffire et posséder son principe d’unité, une Église qui tend à se fermer par le haut pour mi
658 i tend à se fermer par le haut pour mieux assurer sa cohésion humaine, devient à la fois isolée et génératrice de schismes
659 ient à la fois isolée et génératrice de schismes. Son attitude est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté d’unité s’opp
660 Son attitude est donc doublement antiœcuménique. Sa volonté d’unité s’oppose à l’union. Elle transforme la diversité en d
661 candale, et c’est alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres. La vie normale du corps dépend de la vitali
662 alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres. La vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun de s
663 rmale du corps dépend de la vitalité de chacun de ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie avec les autres
664 n de ses membres, et la vie d’un membre dépend de son harmonie avec les autres membres, assurée par l’appartenance à un mêm
665 e image. L’individu est une invention grecque, et sa naissance signale la naissance même de l’hellénisme. C’est l’homme de
666 l’homme de la tribu qui se met à réfléchir « pour son compte », et qui, de ce fait même, se distingue et s’isole. Raisonner
667 ontraintes qui le rassurent, et où l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui nous donnera le symbole éternel de la
668 iquide les groupes existants pour mieux accomplir son unification, sa « mise au pas ». C’est avec la poussière des individu
669 s existants pour mieux accomplir son unification, sa « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fai
670 t avec la poussière des individus que l’État fait son ciment. Mais cet État centralisé, cette unité rigide et trop contrôlé
671 ividuelles. N’admettant pas de recours au-delà de son pouvoir, il se prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’est pl
672 l’anarchie et sombre maintenant sous le poids de son appareil collectiviste. De nouveau se recrée le vide social. Quelle s
673 d’autre part une activité sociale qui le relie à ses « frères » et le sauve de la solitude ; d’autre part, il revêt une di
674 ’il a été racheté, et qu’il a reçu la promesse de sa résurrection individuelle. Il est donc à la fois engagé et libéré, et
675 in, puisqu’il possède une dignité indépendante de son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plutôt,
676 onome et en relation. Ainsi, le mot personne avec son sens nouveau, et la réalité sociale qu’il désigne, sont bel et bien d
677 es autres et le remet en relations concrètes avec ses semblables. La liberté est assurée par la possibilité constante de re
678 s de la communauté. Et la communauté est liée par sa fidélité à l’Éternel. Ainsi les droits et les devoirs du particulier
679 présent se réclame du slogan utopique : à chacun sa chance. Mais la liberté et l’engagement de la personne chrétienne se
680 éfinissent du même coup par la formule : à chacun sa vocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mê
681 sse d’être un homme intégral dès qu’il absolutise sa liberté. Le fédéralisme part des groupes locaux (commune, entreprise,
682 on a la possibilité matérielle d’y faire entendre sa voix. Si cela ne suffit pas, on peut changer de groupe. L’on n’est do
683 Cette pluralité d’appartenances — qui trouverait son équivalent dans l’œcuménisme ecclésiastique — est exclue par le régim
684 rs locaux. Il cherche la coopération organique de ses membres et non cette caricature de l’ordre qu’est l’unité dans l’unif
685 sme, ce serait priver l’organisation politique de ses fondements spirituels. Mais accepter l’œcuménisme sans vouloir égalem
686 pter vraiment l’œcuménisme, j’entends avec toutes ses conséquences. Car la foi sans les œuvres n’est pas la foi. 4. Miss
687 tatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le totalitarisme triomphe définitivement des démocraties, ce
688 t pour les diverses Églises qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, selon ses propres termes
689 éforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, selon ses propres termes, « dans la diversité des Églises et des personnes part
690 type de relations ecclésiastiques devait trouver sa traduction politique dans un fédéralisme plus ou moins accentué selon
691 oyaume, cependant que Sully, leur chef, concevait son « Grand Dessein », c’est-à-dire le premier plan d’une Europe confédér
45 1981, Articles divers (1978-1981). Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous (1981)
692 religieuse qui se réclamait de Kierkegaard et de sa double descendance — « existentielle » et nietzschéenne par Heidegger
693 es orthodoxies partisanes, imposées par l’État et sa police à la nation dans tous ses ordres, mythique, politique, quotidi
694 ées par l’État et sa police à la nation dans tous ses ordres, mythique, politique, quotidien, triomphaient en Russie soviét
695 n au contraire si l’homme se les approprie, comme sa chose et son bien, qu’il possèderait sans l’actualité de cette Parole
696 re si l’homme se les approprie, comme sa chose et son bien, qu’il possèderait sans l’actualité de cette Parole et avant ell
697 d’un événement qui dépend de l’observateur et de sa position hic et nunc ; — Le way of life qui canalise les aspirations,
698 l’orthologie et l’autologie, la première — selon sa mission — ayant provoqué la seconde à éveiller des vocations incompar
699 cela nous vaut une œuvre vaste et passionnée dans sa rigueur, dont la maîtrise technique favorise, — ô miracle — l’ouvertu
700 le solution, qui est de longer la rivière jusqu’à sa source, là où les deux pentes se rejoignent — seul moyen de les remon
701 qui commence à mes pas. L’homme de la foi ne suit sa voie qu’en la frayant, « sentier étroit », dit le Bouddha, et l’Évang
702 ient de lire fut envoyé à Téhéran longtemps avant sa publication, et Henry Corbin l’ayant lu s’en montra quelque peu perpl
703 a quelque peu perplexe, à cause du titre. Lors de son dernier passage à Genève, il suggéra qu’il avait probablement dû dire
704 était le plus près d’une interprétation fidèle de sa pensée. Dans une longue lettre datée d’Istanbul le 20 avril 1940, rép
705 r suite à ces projets. Mais à la dernière page de sa lettre, il dit ceci : Ravi que tu sois raccommodé par Barth. Moi, j’
706 préférait Henry Corbin et auquel il se tient dans ses derniers écrits, quand il fait allusion au grand œuvre de recueillir
707 a de naître à mourir non d’un lieu à un autre, et son but est toujours au-delà de l’horizon. Une phrase d’Henry Corbin que
708 mps copiée dans mes tablettes, ne fût-ce que pour sa résonance présocratique, traduit ce qu’il faut dire ici en termes d’e
46 1981, Articles divers (1978-1981). Quelques maximes de prospective (1981)
709 uvelle, la prospective, et l’importance d’évaluer ses limites. En témoignage de gratitude pour tant d’occasions par lui off
710 u’on a fait erreur sur l’essentiel : sur l’homme, ses besoins et ses fins, qui ne sont pas du tout le profit des États, le
711 eur sur l’essentiel : sur l’homme, ses besoins et ses fins, qui ne sont pas du tout le profit des États, le prestige nation
712 ves, ni nos projets. Cette remarque géniale dans sa simplicité définit l’obstacle majeur à toute espèce d’art de prévoir.
713 st aussi le génie de la Prospective, comme le dit son nom même : « Celui qui regarde en avant ». Il serait juste et nécessa
714 montre avec quel soin vigilant l’establishment et ses économistes refoulent comme pas sérieuse ou aberrante toute tentative
715 du « Progrès » que l’on n’a pas su prévoir, mais ses effets potentiellement bénéfiques, et c’est encore plus grave. On ava
716 il n’en va pas mieux pour notre civilisation dans son ensemble que pour chacun des individus qui la composent. L’accroissem
47 1981, Articles divers (1978-1981). Robert Aron, Fragments d’une vie [préface] (1981)
717 contigu à la mansarde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF — pour moi, tel que j’étais alors, centre abs
718 revois, souvent silencieux dans nos groupes, avec ses grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa distraction prover
719 s grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa distraction proverbiale — il était, disait-il, le seul officier franç
720 fficier français qui eût réussi à se blesser avec son propre sabre —, ses soudaines reparties d’un humour déroutant et rapi
721 eût réussi à se blesser avec son propre sabre —, ses soudaines reparties d’un humour déroutant et rapide, et beaucoup de p
722 guerre, je ne savais que peu de choses de lui, de son passé : je les découvre en lisant ces Fragments d’une vie — hélas, no
723 ux quelque peu farfelu, souvent désarçonnant dans ses répliques, non du tout par malice, ni même pour se garder, simplement
724 era dans les Fragments d’une vie lorsqu’il relate ses premières initiatives en faveur de la modernité la plus provocante à
725 u lycée Condorcet, va décider du nouveau cours de sa vie. Trois années de recherches silencieuses conduisent à la publicat
726 upuis, seul le premier se référait expressément à sa croyance, comme je le faisais moi-même, dans mes premiers ouvrages in
727 socialisme proudhonien, qu’il avait trouvée dans sa famille, et que nous acceptions tous ; quant au nietzschéisme, qu’il
728 clarations chrétiennes prononcées par Dandieu sur son lit de mort, en 1934. Que notre conception de la personne ait pu subs
729 mières devises de l’Ordre nouveau : elle a trouvé son sens le plus fort dans ce retour au véritable spirituel. Deuxième tra
730 pour reprendre les termes de Marx, appelait dans son angoisse et créait à la fois les dictatures collectivistes et leurs r
731 ssaires entre la mise au point d’une invention et ses premières applications sont de l’ordre de cinq à dix ans dans le mond
732 que l’actuelle génération paraisse vouée à fonder ses croyances sur les taux d’écoute à la TV, et sur ce que la presse va d
733 non de la justesse de pensée d’un auteur, mais de sa « présence » à l’écran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut
734 la foi biblique et d’une partie toute nouvelle de son œuvre, celle qui va de Retour à l’Éternel, 1946, au très beau recueil
735 s à la personne de notre ami. Un dernier trait de son caractère et de son œuvre d’historien me paraît se révéler finalement
736 otre ami. Un dernier trait de son caractère et de son œuvre d’historien me paraît se révéler finalement comme essentiel. Qu
737 personnalisme, de l’éthique du fédéralisme et de sa vertu la plus profonde : la tolérance rigoureuse, — celle qui n’est p
738 . Je rejoins ici Jean Guitton, lorsqu’il écrit de son ami : « … fermant les yeux, cherchant un seul mot pour le définir, le
739 cherchant un seul mot pour le définir, le soir de sa mort, je ne trouve que ce que l’Évangile dit de Joseph : ‟C’était un
48 1981, Articles divers (1978-1981). Charles Ricq, Les Travailleurs frontaliers en Europe [préface] (1981)
740 et qui commente une évolution si remarquable par son ampleur et la rapidité de son progrès, l’ouvrage que nous présentons
741 si remarquable par son ampleur et la rapidité de son progrès, l’ouvrage que nous présentons tient une place à part et qu’i
742 e moins de mythes nationaux. Avant de généraliser ses analyses à tout l’ensemble européen, il est né de l’étude minutieuse
743 s clairement repérable et entièrement analysée en ses facteurs, d’un début net, comme il est rarissime d’en trouver dans l’
49 1981, Articles divers (1978-1981). La Suisse face au danger de guerre : « Je suis un pessimiste actif » (4 mars 1981)
744 rfaitement se passer, premièrement en économisant son électricité, secondement en renonçant à en exporter plus qu’elle n’en
745 moralisation de l’occupant, et pourrait aboutir à sa mise hors de combat sans combat. La défense locale, village par villa
746 d’un peuple, c’est d’abord, disons même surtout, sa volonté de se défendre, comme on l’a vu au Vietnam et comme on le ver
747 re là où il l’attend, et à lui faire perdre ainsi son équilibre, psychologique et militaire. L’enseignement du russe « coll
748 core faudrait-il y aller carrément, ne pas mettre son drapeau suisse — pacifique — dans sa poche, ne pas se cacher derrière
749 pas mettre son drapeau suisse — pacifique — dans sa poche, ne pas se cacher derrière la Croix-Rouge en estimant qu’on a h
750 es et des prophètes. Il inquiète et choque. C’est sa force et sa jeunesse. A-t-il raison ? Est-il perdu dans les nuages ?
751 ophètes. Il inquiète et choque. C’est sa force et sa jeunesse. A-t-il raison ? Est-il perdu dans les nuages ? Qui écouter 
50 1981, Articles divers (1978-1981). L’Avenir est notre affaire (mai 1981)
752 on livre, les milieux officiels s’étant opposés à sa diffusion par les médias). Mais il y a une très forte opposition dans
753 que. L’Italie a appliqué avec vingt ans de retard sa constitution, qui prévoit des régions, dont certaines sont autonomes.
754 ce serait la nouvelle idée, l’idée principale de sa campagne électorale. Dans votre livre, vous nous donniez dix à quinze
755 r. Elle ne disposerait donc pas de la totalité de son armée pour nous envahir. S’ils occupaient nos territoires, les Russes
756 chniques ». Chaque pays s’évertue à expliquer que sa balance des paiements sera en équilibre lorsque ses exportations l’em
757 a balance des paiements sera en équilibre lorsque ses exportations l’emporteront sur ses importations. Or, à l’échelle du m
758 ilibre lorsque ses exportations l’emporteront sur ses importations. Or, à l’échelle du monde, il est clair que c’est imposs
51 1981, Articles divers (1978-1981). La ruée vers le Graal : questions à Denis de Rougemont (13-14 juin 1981)
759 des légendes bretonnes qui ont inspiré en partie son livre L’Amour et l’Occident , publié en 1939. Nous sommes imprégnés
760 omme l’affirme avec force Jean-Pierre Vouga, dans son livre L’Europe à l’heure des Celtes (Galland) qui contient un hommage
52 1981, Articles divers (1978-1981). « Les socialistes sont la chance de la France pour réaliser la réforme des régions » (5 août 1981)
761 aux revues Esprit et L’Ordre nouveau 75 avec ses amis qu’on nomme aujourd’hui les « non-conformistes des années 1930 »
762 e communes dotées d’une large autonomie. En 1981, sa pensée a conservé les mêmes lignes de force comme le montrent ses écr
763 servé les mêmes lignes de force comme le montrent ses écrits, ses conférences, et les travaux qu’il conduit au Centre europ
764 mes lignes de force comme le montrent ses écrits, ses conférences, et les travaux qu’il conduit au Centre européen de la cu
765 . Edgar Faure l’a bien compris quand il a proposé sa loi de réforme des universités. Elle leur accordait à chacune une cer
766 es propos de M. Defferre vous paraît prometteur ? Sa volonté de décentraliser me paraît tout à fait réelle. J’ai travaillé
767 a Suisse La réforme régionale va être mise sur ses rails en France. Les communes en seront l’unité de base. Désormais, e
768 . C’est comme cela que s’est faite la Suisse, dès ses débuts, au xiiie siècle. Il y aura aussi des régions riches et des r
769 rne ? Le Léman, c’est une affaire de région. Pour son sauvetage, il faut que se constitue un mouvement à la base avec les c
770 a permission à Berne ou à Paris. Il fera lui-même sa propagande, expliquera aux gens pourquoi le Léman est pollué, ce qu’i
771 nucléaires. Chacune de ces tâches, en fonction de ses dimensions, indique la nécessité de créer une communauté. Les regroup
772 ée de régions « à géométrie variable ». Elle fait son chemin. De Gaulle : J’ai été renversé sur un problème qui était es
773 Denis de Rougemont prend un livre sur un rayon de sa bibliothèque, le livre de Jean Mauriac Mort du général de Gaulle : Sa
774 à combattre. Denis de Rougemont vient de passer à son bureau genevois et il en a rapporté une épaisse enveloppe. Elle lui a
775 e aussi responsabilité. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. 75. La revue L’Ordre nouveau n’a évidemment rie
53 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre 1981)
776 comme il allait le prouver dès octobre 1917, par sa propre révolution dite « prolétarienne ». Voilà qui ne manquera pas d
777 e » : les pouvoirs accrus de l’État central et de sa police, et par ce que le Conseil de l’Europe nomme « le traitement au
778 tes accrues, à doses variables selon l’ampleur de ses effets et leur correspondance ou non avec telle pente générale de l’e
779 ns le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les grandes questions, et notamment la question des finalités r
780 en, à lire cette phrase, qu’à aucun des stades de son développement, l’informatique n’ait répondu à l’appel d’une finalité,
781 doute nécessaires pour que l’innovation développe ses effets bénéfiques pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de nos
782 tion industrielle et commerciale d’une invention, ses conséquences trop facilement qualifiées de « révolutionnaires », alor
783 ntent de l’effarante complexité du problème et de ses aspects possiblement sinistres. Les Occidentaux de l’ère industrielle
784 1. comprendre la vraie nature de l’innovation et ses visées, en vérifiant la définition de ses termes de base ; 2. soumett
785 tion et ses visées, en vérifiant la définition de ses termes de base ; 2. soumettre à un certain nombre de critères d’usage
786 e l’homme, qu’il va mettre bien sûr au service de ses passions de puissance sur autrui et de destruction, si l’on n’augment
787 ervice des fins dernières de la personne, donc de sa liberté d’obéir à sa vocation particulière : f) il faut se garder de
788 ères de la personne, donc de sa liberté d’obéir à sa vocation particulière : f) il faut se garder de céder à la tentation
789 est pas l’histoire d’un individu enregistrée dans son cerveau, et encore moins celle de toute l’espèce, enregistrée dans se
790 e moins celle de toute l’espèce, enregistrée dans ses gènes, mais un simple stockage d’informations ponctuelles et d’archiv
791 la magie sensuelle, sensible et sentimentale, de son enfance dans le bourg de Combray. Proclamer que la « mémoire » d’un o
792 rien dire, pour peu que l’on pense à Proust ou à sa propre enfance. 6. Quelques critères d’usage de toute innovation t
793 onc : en cas de succès total, quels pourront être ses effets ? Le recours à des critères moraux respectés dans tout l’Occid
794 i entraînerait nécessairement ou favoriserait par sa nature des entreprises de taille monstrueuse et des concentrations to
795 ut-être d’une agression contre l’espèce ou contre ses élites créatrices. Ainsi, sixième critère, on doit s’abstenir d’appli
796 de la nature du problème et du processus même de sa solution. Mais dans tous les domaines où la personne humaine est impl
797 omaines où la personne humaine est impliquée, par sa biologie, sa psychologie ou son affectivité, la vitesse indéfiniment
798 personne humaine est impliquée, par sa biologie, sa psychologie ou son affectivité, la vitesse indéfiniment multipliée de
799 est impliquée, par sa biologie, sa psychologie ou son affectivité, la vitesse indéfiniment multipliée devient un facteur de
800 chémas déduits de la seule réalité physique et de ses mécanismes, mais elle ne me paraît pas encore avoir modifié substanti
801 ssant à connaître. En bref, la technique tend par sa nature même à favoriser et propager une forme de communication de ce
802 hommes, de tout ce qui peut donc s’exprimer dans ses « langages » d’informatique, mais de rien de ce qui serait nouveauté
803 iversités, pendant vingt ans — découvre un jour à sa plus grande surprise que ce qui reste de son enseignement, c’est ce q
804 our à sa plus grande surprise que ce qui reste de son enseignement, c’est ce qui n’était pas au « programme » ; c’est ce qu
805 au « programme » ; c’est ce qu’il a communiqué à son insu à ses meilleurs étudiants. Jaurès l’a très bien dit (je viens de
806 amme » ; c’est ce qu’il a communiqué à son insu à ses meilleurs étudiants. Jaurès l’a très bien dit (je viens de le lire ap
807 se. Ivan Illich, à l’Université de Kassel, oblige ses étudiants à apprendre par cœur des tranches d’écrits historiques. C’e
808 pointe du vrai progrès, non pas l’ordinateur avec sa prétendue mémoire indépendante des personnes — et du passé ! Au proje
809 l’évolution de l’informatique (laquelle, livrée à son mouvement d’accélération paraît déjà hors de toute prise humaine), c’
810 informatique les limites que lui posent en vérité sa définition scientifique et son utilité. Nous pouvons le faire encore,
811 ui posent en vérité sa définition scientifique et son utilité. Nous pouvons le faire encore, et nous le devons. C’est bien
54 1981, Articles divers (1978-1981). Information n’est pas savoir (octobre-décembre 1981)
812 e propose d’envisager l’informatique non pas dans sa problématique immédiate — utilité certaine, nuisances possibles, aspe
813 es et sociaux à court ou moyen terme —, mais dans ses relations avec les processus de pensée, les valeurs éthiques et spiri
814 n, comme il allait le prouver dès octobre 17, par sa propre révolution dite « prolétarienne ». Voilà qui ne manquera pas d
815 e » : les pouvoirs accrus de l’État central et de sa police, par ce que le Conseil de l’Europe nomme « le traitement autom
816 tes accrues, à doses variables selon l’ampleur de ses effets et leur correspondance (ou non) avec telle pente générale de l
817 ns le devoir absolu, et donc le droit, de poser à son sujet les grandes questions, et notamment la question des finalités r
818 en, à lire cette phrase, qu’à aucun des stades de son développement, l’informatique n’ait répondu à l’appel d’une finalité,
819 doute nécessaires pour que l’innovation développe ses effets bénéfiques pour l’ensemble du genre humain. À l’origine de nos
820 tion industrielle et commerciale d’une invention, ses conséquences trop facilement qualifiées de « révolutionnaires », alor
821 ntent de l’effarante complexité du problème et de ses aspects possiblement sinistres. Les Occidentaux de l’ère industrielle
822 1. Comprendre la vraie nature de l’innovation et ses visées, en vérifiant la définition de ses termes de base ; 2. Soumett
823 tion et ses visées, en vérifiant la définition de ses termes de base ; 2. Soumettre à un certain nombre de critères d’usage
824 e l’homme, qu’il va mettre bien sûr au service de ses passions de puissance sur autrui et de destruction, si l’on n’augment
825 ervice des fins dernières de la personne, donc de sa liberté d’obéir à sa vocation particulière. f. Il faudra se garder de
826 ères de la personne, donc de sa liberté d’obéir à sa vocation particulière. f. Il faudra se garder de céder à la tentation
827 est pas l’histoire d’un individu enregistrée dans son cerveau, et encore moins celle de toute l’espèce, enregistrée dans se
828 e moins celle de toute l’espèce, enregistrée dans ses gènes, mais un simple stockage d’informations ponctuelles et d’archiv
829 la magie sensuelle, sensible et sentimentale, de son enfance dans le bourg de Combray. Proclamer que la « mémoire » d’un o
830 rien dire, pour peu que l’on pense à Proust, ou à sa propre enfance. 6. Quelques critères d’usage de toute innovation
831 onc : en cas de succès total, quels pourront être ses effets ? 2. Le recours à des critères moraux respectés dans tout l’Oc
832 entraînerait nécessairement, ou favoriserait par sa nature, des entreprises de taille monstrueuse, et des concentrations
833 ut-être d’une agression contre l’espèce ou contre ses élites créatrices. S’abstenir d’appliquer cette technique tant que le
834 de la nature du problème et du processus même de sa solution. Mais dans tous les domaines où la personne humaine est impl
835 omaines où la personne humaine est impliquée, par sa biologie, sa psychologie ou son affectivité, la vitesse indéfiniment
836 personne humaine est impliquée, par sa biologie, sa psychologie ou son affectivité, la vitesse indéfiniment multipliée de
837 est impliquée, par sa biologie, sa psychologie ou son affectivité, la vitesse indéfiniment multipliée devient un facteur de
838 chémas déduits de la seule réalité physique et de ses mécaniciens, mais elle ne me paraît pas encore avoir modifié substant
839 ssant à connaître. En bref, la technique tend par sa nature même à favoriser et propager une forme de communication de ce
840 iversités, pendant vingt ans — découvre un jour à sa plus grande surprise que ce qui reste de son enseignement, c’est ce q
841 our à sa plus grande surprise que ce qui reste de son enseignement, c’est ce qui n’était pas « au programme », c’est ce qu’
842 s « au programme », c’est ce qu’il a communiqué à son insu à ses meilleurs étudiants. Jaurès l’a très bien dit (je viens de
843 ramme », c’est ce qu’il a communiqué à son insu à ses meilleurs étudiants. Jaurès l’a très bien dit (je viens de le lire ap
844 se. Ivan Illich, à l’Université de Kassel, oblige ses étudiants à apprendre par cœur des tranches d’écrits historiques. C’e
845 pointe du vrai progrès, non pas l’ordinateur avec sa prétendue « mémoire » indépendante des personnes — et du passé ! Au p
846 oi Thamous qui résidait à Thèbes, et lui présenta ses inventions. « Le roi l’interrogea sur l’utilité que chacune d’elles p
847 u’ils seront devenus !” » Qu’ajouter à Platon que son Socrate n’ait dit, et qui ne condamne à tout jamais Plato ? 10. Vu
848 l’évolution de l’informatique (laquelle, livrée à son mouvement d’accélération paraît déjà hors de toute prise humaine), c’
849 informatique les limites que lui posent en vérité sa définition scientifique et son utilité, nous pouvons le faire encore
850 ui posent en vérité sa définition scientifique et son utilité, nous pouvons le faire encore — et nous le devons. C’est bien
55 1981, Articles divers (1978-1981). L’informatique vue par Denis de Rougemont (2 décembre 1981)
851 orce de tout confier à l’ordinateur, l’homme vide sa mémoire, ne l’entretient pas et alors, comme un muscle non entraîné,
852 ordinateur, on en devient dépendant et l’on place sa confiance en un système qui est très vulnérable. Vulnérabilité cro
853 chémas déduits de la seule réalité physique et de ses mécanismes. Elle nous fait ainsi entrer dans un monde où les ordinate
854 des lettres, présente au roi Thamous l’écriture, son invention, comme « une connaissance qui aura pour effet de rendre les
855 et est bien décidé à les utiliser au maximum pour ses recherches personnelles ; mais il veut attirer l’attention de leurs p