1 1982, Articles divers (1982-1985). L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales [commentaires] (1982)
1 gue si on nie l’existence de ses interlocuteurs ? C’est la première question. Or, il faut dialoguer, j’en suis convaincu depu
2 est-ce qu’il nous faut à tout prix un dialogue ? C’est parce que la condition de survie de l’Europe est dans son union, dans
3 fonder l’union de l’Europe sur ses États-nations, c’est vouloir faire un cercle carré ou c’est vouloir, comme je l’ai dit sou
4 s-nations, c’est vouloir faire un cercle carré ou c’est vouloir, comme je l’ai dit souvent, fonder une amicale des misanthrop
5 eule unité existante, qui est l’unité de culture, c’est une condition sine qua non de quelque chose de plus important que l’E
6 es premiers États que j’ai appelés États-nations. C’est la France de Philippe le Bel, l’Espagne des rois de Castille et d’Ara
7 siècles de notre ère, tout le monde les connaît. C’est ce que Valéry a résumé dans la formule : Tout ce qui descend d’Athène
8 nt formateur. Ce qui a été son élément formateur, c’est une sorte de philosophie politique qui est le fédéralisme. La décisio
9 es. Peut-on parler d’une culture politique ? Oui, c’est sans doute la seule manière de parler d’une culture nationale pour le
10 cidée à tout unifier par la force et par la ruse. C’est vraiment la royauté française qui a fait la France, sans jamais obten
11 a beaucoup parlé de culture nationale en France. C’est le seul pays au monde où la culture puisse être appelée non pas natio
12 e appelée non pas nationale mais stato-nationale. C’est une culture d’État-nation, faite pour et par l’État-nation. Cela me r
13 aise est faite pour former des citoyens français. C’est tout juste s’il n’a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à
14 t not least, la psychanalyse avec Freud et Adler. C’est une chose absolument sensationnelle qu’une pareille culture qui n’est
15 s parties de pays qui sont de culture germanique. C’est donc simplement un ferment communautaire. Ces quelques exemples pourr
16 ens du dialogue, je crois que je les ai indiqués, c’est cette culture une et diverse qui permet à toutes sortes d’interlocute
17 que j’ai énumérées, avec toutes leurs diversités, c’est la reconnaissance du fait qu’elles ne pourront s’unir que sur une bas
18 , et non pas sur l’économie, ni sur la politique. C’est cela seul qui permettra le langage commun, condition de tout dialogue
19 tionalismes fauteurs de guerres. Il me semble que c’est un terrain sur lequel la responsabilité de la culture est la plus eng
2 1982, Articles divers (1982-1985). De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)
20 ut et marche vers ce but en inventant son chemin. C’est un chemin unique et sans précédent, un sentier qu’il doit inventer et
21 t d’en bas, c’est-à-dire des plus petites unités. C’est ce que le diplomate américain D. Moynihan formulait naguère à propos
22 ar tout le monde. Je l’ai dit il y a longtemps, «  c’est avec la poussière des individus que les États totalitaires font leur
23 t, on ne décide rien. Ce qui fonctionne toujours, c’est la relation entre la guerre et les États et aussi entre le nucléaire
24 tout cela sert à faire des bombes et tant pis si c’est dangereux, on mettra la police pour surveiller… Ce sont ces multiples
25 les SS20 soviétiques et les fusées occidentales ? C’est ce qu’on m’a répondu récemment à Paris, lorsque je demandais aux resp
26 à votre question : « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être
3 1982, Articles divers (1982-1985). « Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! » (2 juillet 1982)
27 l y a de plus inquiétant dans les débats actuels, c’est qu’on sent une impatience, complètement inconsciente mais réelle, des
28 si aimablement dit le président Reagan. Eh bien, c’est de la folie ! Le groupe de Bellerive — que j’ai contribué à fonder et
29 llusion d’une limitation de l’escalade nucléaire. C’est exclu par les militaires eux-mêmes. Les seuls qui répandent cette idé
30 nt manipulés, jusque dans leur manière de penser. C’est ça le danger et non pas le pacifisme ! Quelle peut être la réponse de
31 la réponse des pacifistes ? La première réponse, c’est la diffusion, dans le monde entier, d’informations sur la réalité de
32 e. Soyons sérieux. Ce qui est réel, indiscutable, c’est une économie fondée sur la production d’armements dont il n’est guère
33 il n’est guère imaginable qu’on se serve jamais, c’est la multiplication des armes nucléaires, notamment par le détour des c
34 est dix fois plus dense. J’en viens à la Suisse. C’est sans doute le pays le mieux placé pour éviter une attaque nucléaire,
35 puisque nous ne possédons pas d’armes atomiques. C’est aussi un pays particulièrement à même de résister ; une agression par
36 s, à l’origine d’une guerre. La guerre nucléaire, c’est bien plus fou, si l’on y pense, que de dire désarmons-nous et offrons
37 e militaire et en même temps par la non-violence. C’est un compromis, sans nul doute, mais pour le moment je ne peux pas alle
4 1982, Articles divers (1982-1985). Denis de Rougemont devant l’Histoire (17 juillet 1982)
38 r mon action personnelle en juin 1940. Juin 1940, c’est « pendant la guerre ». C’est même après la guerre pour la France de P
39 uin 1940. Juin 1940, c’est « pendant la guerre ». C’est même après la guerre pour la France de Pétain. Le 17 juin 1940, entre
5 1982, Articles divers (1982-1985). Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)
40 te souveraineté nationale absolue et indivisible. C’est en son nom que, ces jours-ci, deux grands États n’hésitent pas à s’af
41 ion de l’Europe sur les États-nations souverains, c’est vouloir un cercle carré. Ce serait tenter de fonder une amicale des m
42 courci génial, le sénateur américain D. Moynihan. C’est dire que la région doit être et demeurer « de dimensions médiocres »
43 es de l’avènement d’une fédération continentale : c’est autant dire, de la paix de l’Europe, condition de la paix du monde. Œ
6 1982, Articles divers (1982-1985). La peur d’être libre… (printemps-été 1982)
44 sidéré comme personne, et non pas comme individu. C’est donc vous, en quelque sorte, que l’on peut considérer comme le père d
45  : Albert Jacquard l’a démontré. La « personne », c’est l’individu qui cherche quelle est sa vocation. Vocation veut dire « a
46 nique pour chacun. On ne sait pas toujours ce que c’est  ; il faut le découvrir. Le but est très loin en avant, dans l’infini,
47 anifester et elle se manifeste parmi les autres ; c’est cela qui crée des liens communautaires. Une communauté commence et ne
48 on beaucoup mieux que par des liens économiques. C’est sans doute aussi en ce sens que l’on dit que les liens avec une famil
49 omme des personnes, même si cela n’est pas clair. C’est souvent par les symboles, les mythes, les archétypes (dont on se sert
50 est votre définition de la région ? Tout d’abord, c’est une grappe de communes qui se réunissent pour faire ensemble certaine
51 sur Terre est ou bien mondial, ou bien régional. C’est la vision des « Verts » ! Les régions, naissant d’une communauté, n’o
52 veut dire « plus près », de « propes », « près ». C’est donc ce que l’on peut s’approprier du point de vue des besoins quotid
53 pproprier du point de vue des besoins quotidiens. C’est la seule justification d’une barrière, ou d’une limite quelconque et
54 t la France. Avec des cordons de douane alors que c’est le même pays d’un seul tenant, le même sol, la même culture, le même
55 n. Et ce lac est en train d’en crever. Mais cela, c’est ma femme qui s’en occupe ! Il me semble, parfois, que cette frontière
56 ue la frontière entre Berlin-Ouest et Berlin-Est… C’est le même type d’absurdité ! Les frontières sont les signes physiques
57 usieurs associations, dites type 1901 en France ? C’est pour cette raison que j’appelle cela et je suis pour la pluralité des
58 nada, de l’Afrique et quelques îles de l’Océanie. C’est ma communauté en tant qu’écrivain. Je suis protestant et j’appartiens
59 toutes ces dimensions normales de l’être humain ! C’est impossible… Pour l’Europe, je vois donc une fédération de régions, un
60 quatre royaumes et beaucoup de tribus. Au fond, c’est exactement le même réflexe qui a dû se produire sous les jacobins et
61 ion de l’État avec sa « souveraineté absolue » et c’est ainsi que l’on voit une guerre imbécile comme celle des Malouines, po
62 leusement chère… La vraie raison de cette guerre, c’est que la souveraineté nationale a été atteinte. L’honneur de l’État-nat
63 erté marche de pair avec celle de responsabilité. C’est fondamental. Au contraire, les individualistes s’imaginent qu’ils ser
64 est d’un de mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce qu’il a nommé « le libéralisme ». Pour lui, la politique devait êt
65 la, comme des domestiques. Malheureusement aussi, c’est ce qui conduit tout droit à l’État totalitaire. J’ai écrit dans un de
66 totalitaire. J’ai écrit dans un de mes livres : «  C’est avec la poussière des individus que l’État fera son ciment ». Si chac
67 rit de compétition entre les États-nations ? Oui, c’est exactement ce que je pense. La compétition relève de ce qui n’est pas
68 Nous ne sommes pas « aimantés », mais « aimés ». C’est complètement différent. Il n’y a pas déterminisme, mais responsabilit
69 ilité. Cette notion d’amour est très importante ; c’est l’amour qui unit les personnes. L’État-nation ne déclenche pas d’amou
70  État », du moins dans la langue française ? Oui, c’est exact et c’est en français que la confusion a été la plus grave entre
71 ns dans la langue française ? Oui, c’est exact et c’est en français que la confusion a été la plus grave entre l’attachement
72 iste est constamment revenue sur cela. La patrie, c’est quelque chose qui vous vient de l’intérieur tandis que l’État-nation,
73 us vient de l’intérieur tandis que l’État-nation, c’est un truc qui vous encadre de force, qui vous vient de l’extérieur. Et
74 ce qu’elle se trouve à leurs confins. En réalité, c’est même le cœur géographique de l’Europe. Ils veulent se mettre ensemble
75 is l’Europe possible que sur la base des régions. C’est ce que j’avais proposé à Ecoropa : des régions qui se forment spontan
76 orment spontanément un peu partout. Spontanément, c’est très important. Elles ont envie de se connaître. Elles nomment des dé
77 un peu confiance dans le nouveau régime français c’est que les deux hommes qui s’en occupent, Defferre et Rocard, sont d’ori
78 r Napoléon. Moi, je trouve que trois générations, c’est être très optimiste car, de nos jours cela fait 20 ans x 3 = 60 ans.
79 car, de nos jours cela fait 20 ans x 3 = 60 ans. C’est très court pour une durée moyenne de vie de 75 ans en Europe. Mais su
80 ment pour que cela commence à devenir un réflexe. C’est le minimum requis pour effacer la résistance formidable qu’il y a dan
81 a dans les esprits français, formés par l’école. C’est le minimum non pas pour que la situation redevienne normale, mais sim
82 i écrite et que j’aime beaucoup : « la puissance, c’est le pouvoir que l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir q
83 e pouvoir que l’on prend sur autrui ; la liberté, c’est le pouvoir que l’on prend sur soi-même. » Vous avez aussi parlé de « 
84 ous avez aussi parlé de « la peur d’être libre »… C’est la maladie de notre société actuelle. C’est de cette peur que sont né
85 re »… C’est la maladie de notre société actuelle. C’est de cette peur que sont nés les États-nations et les États totalitaire
86 épéter que la seule force des États totalitaires, c’est la somme de nos faiblesses. d. Rougemont Denis de, « [Entretien]
87 ation pour la sauvegarde écologique du lac Léman. C’est là que Claudine Brelet l’a rencontré pour CoÉvolution. » f.  L’origi
7 1983, Articles divers (1982-1985). Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)
88 le de progrès moral ? Je ne sais. Je le souhaite. C’est le vrai sens de toute vie. Estimez-vous que, dans le monde, les liber
8 1983, Articles divers (1982-1985). Bertrand de Launay, Le Poker nucléaire : comme brebis à l’abattoir [préface] (1983)
89 ines conférences de Genève. Vous me répondrez que c’est impossible, car cela désorganiserait l’économie mondiale et ferait au
9 1983, Articles divers (1982-1985). La Suisse et quelle Europe ? (1983)
90 i m’importe et m’intéresse au sens fort du terme, c’est la Suisse et l’union européenne. Car je suis (depuis trente-cinq ans
91 en fin de compte, non des peuples par leurs élus. C’est lui qu’il eût fallu élire au suffrage universel. Et doter de pouvoirs
92 irs élargis jusqu’à devenir fédéraux. À mon sens, c’est du côté du Conseil de l’Europe que la Suisse devrait dès maintenant p
93 fets d’une fusion éventuelle de la CEE et du CE ? C’est impensable ! me dit-on de toutes parts. Essayons de voir pourquoi — e
10 1983, Articles divers (1982-1985). Hitler, l’anti-prophète de notre siècle (10 février 1983)
94 tiprovidentielle, du Chaos et d’un fils du Chaos. C’est donc d’Hitler qu’il faut parler. Individu quelconque et quasi nul en
95 a presque réussi à entraîner toute sa génération. C’est ainsi que je l’ai senti, éprouvé de tout l’être, enregistré au radar
96 directeur d’inconscience collective. L’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le Guide de l’inconscient du peuple,
97 es. Sous toutes ses formes, privées et publiques, c’est le Malheur qui va donc devenir la matière première de son œuvre et le
98 e masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’ils célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, l
99 ique. Mais c’est leur culte qu’ils célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie sacrale d’une religi
100 filés et des tambours pendant des nuits entières. C’est que la formule totalitaire est à jamais inapplicable : une idée de fo
11 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : conclusions (1984)
101 lusion que je tire de ce colloque de trois jours, c’est notre reconnaissance unanime pour la Fondation Veillon et je voudrais
102 uelques mots la préhistoire de mon livre, puisque c’est lui qui est l’occasion de notre colloque. J’avais passé la première a
103 exaltent la culture et que le budget la néglige, c’est le budget qui dit la vérité ! Le Centre européen de la culture a donn
104 parlement, ni européenne au sens plein du terme : c’est une assemblée qui contrôle 13 % seulement du budget de la Commission
105 plus simple de dire : le Parlement européen. Mais c’est une usurpation de terme, et qui peut être dangereuse, parce qu’elle l
106 çais, et qui est en somme un résumé de mon livre, c’est  : « Écologie – régions – Europe fédérée : même avenir ! » J’insiste s
107 echniques dures comme je l’ai dit tout à l’heure. C’est la minéralisation de nos existences par la technique qui fait que nou
108 centre que l’on pourrait détruire avec une bombe. C’est la région qui me paraît symboliser cette nouvelle tendance. Ceci a ét
109 possible à concevoir à partir des États-nations ; c’est un cercle carré ! J’ai appelé, il y a longtemps, la volonté de faire
110 a volonté de créer une amicale des misanthropes : c’est une chose que l’on peut écrire mais que l’on ne peut pas faire, car o
111 ontraire construire, créer le pouvoir. Là encore, c’est un processus biologique que je propose, un processus de germination,
112 s. Il y a certes des raisons à cette tactique, si c’est le seul moyen de forcer l’attention générale. Je suis résolument pour
113 îne pas mal de choses, cela veut dire d’abord que c’est petit, car autrement il n’y a pas de participation possible, qu’elle
114 nicipal de Neuchâtel, est persuadé que la région, c’est une bonne chose, mais il se pose des questions auxquelles il n’a pas
115 en des cas ; mais ce qu’il faut que je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométrie variable, à frontières multip
116 i évoque quelque chose de très profond pour moi : c’est que le chemin se fait dans la mesure où l’on y marche. C’est en march
117 e chemin se fait dans la mesure où l’on y marche. C’est en marchant sur mon chemin que je le crée. « Chemin faisant » est une
118 ons possibles dans trois directions. La première, c’est ce que j’appelle la pluralité des allégeances. J’ai l’habitude, je m’
119 âtel, qui n’est devenue canton suisse qu’en 1848. C’est ma patrie, c’est là que ma famille s’est développée, que j’ai passé m
120 evenue canton suisse qu’en 1848. C’est ma patrie, c’est là que ma famille s’est développée, que j’ai passé mes vingt première
121 , mais quand on le vit, comme vous la vivez tous, c’est très facile. Je sais parfaitement à quelles sociétés je cotise, lesqu
122 re ou un Saint-Just venait me dire : « Tout cela, c’est très joli, mais désormais, tu n’auras plus qu’une seule allégeance :
123 ormais, tu n’auras plus qu’une seule allégeance : c’est mon État, et tu vas faire rentrer dans ses frontières toutes tes allé
124 ais au fou ! Vous crieriez tous au fou ! Eh bien, c’est ce que l’État-nation exige de nous, quand il va jusqu’au bout de sa l
125 u une certaine variété d’humus qui vont ensemble. C’est peut-être une troisième direction dans laquelle nous pourrions aller.
126 la fin du xixe le « principe de subsidiarité ». C’est un mot savant dont on pourrait se passer en répétant simplement la rè
127 e, le gouvernement fédéral ne doit pas le faire. C’est un miracle de simplicité et cela résout des milliers de cas extrêmeme
128 es. Beaucoup de gens voient là une contradiction. C’est qu’ils ont l’esprit mal formé par Descartes ! Il n’y a aucune contrad
129 utonomies et le pouvoir des grandes fédérations : c’est un seul et même mouvement qui crée les deux. Une seule chose serait d
130 la revient dans toutes les pages de mon livre. Et c’est d’une importance particulière pour nous, Suisses, parce que la Suisse
131 ce n’est pas du tout s’enfermer dans son clocher, c’est au contraire, par la pointe du clocher, rejoindre l’universel. Je cro
132 locher, rejoindre l’universel. Je crois que cela, c’est la philosophie qui doit être à la base de tout ce que nous imaginons
133 i de M. Hell, portait sur des choses culturelles. C’est tout à fait juste. La base de l’Europe, son unité, sans laquelle on n
134 énorme différence entre ces deux mots : l’unité, c’est une donnée de base, l’union, c’est une chose que l’on fait, que l’on
135 ots : l’unité, c’est une donnée de base, l’union, c’est une chose que l’on fait, que l’on bâtit, volontairement — l’unité don
136 lle nous pouvons bâtir une fédération européenne, c’est l’unité de culture. Nous avons une culture commune, nous les Européen
137 i rend la culture européenne tellement créatrice, c’est qu’elle est tissée d’antinomies. La foi qui sauve, c’est chrétien, ma
138 u’elle est tissée d’antinomies. La foi qui sauve, c’est chrétien, mais la raison d’État, c’est romain : d’où les persécutions
139 qui sauve, c’est chrétien, mais la raison d’État, c’est romain : d’où les persécutions contre les chrétiens à Rome. Les liber
140 ontre les chrétiens à Rome. Les libertés locales, c’est grec et c’est germanique, mais ce n’est pas romain. L’aventure, la qu
141 tiens à Rome. Les libertés locales, c’est grec et c’est germanique, mais ce n’est pas romain. L’aventure, la quête spirituell
142 est pas romain. L’aventure, la quête spirituelle, c’est celtique. Les valeurs d’honneur germaniques contredisent les valeurs
143 de l’Europe, y compris les huit États de l’Est : c’est 89 ans. Il y en a un qui fait beaucoup monter la moyenne à lui seul,
144 n qui fait beaucoup monter la moyenne à lui seul, c’est le Portugal, de loin le plus ancien : six siècles sans modifications.
145 lus ancien : six siècles sans modifications. Mais c’est le seul, les autres ont varié dans des proportions inouïes. La France
146 personne à personne, d’association à association. C’est la seule chose qui soit à notre portée, qui n’entraîne pas de dépense
147 gantesques comme la propagande et les armements : c’est une propagation d’informations réelles, la propagande étant exactemen
12 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : réponse à Raimondo Strassoldo (1984)
148 pas cela à l’esprit, vous aurez l’impression que c’est une proportion inverse qu’évoque la lecture de son texte et qu’il n’e
149 ’une valise, on peut très bien mettre des heures… C’est un exercice comparable auquel Strassoldo s’est livré. Sa formule géné
150 quel Strassoldo s’est livré. Sa formule générale, c’est de présenter les objections qui pourraient venir sur tel ou tel point
151 qu’à montrer que finalement, rien n’est possible. C’est un jeu qui peut être instructif pour tous, mais le sera certainement
152 fais à l’État-nation ne sont pas suffisantes, car c’est tout le système international qu’il faudrait réformer en même temps.
153 si l’on est sûr qu’elle est réalisable partout ! C’est la première démarche de l’utopisme. Je réponds : « Commençons par ce
154 systèmes permettent seuls le haut niveau de vie. C’est simplement nier l’existence de la crise actuelle, sans laquelle nous
155 ver une autre formule que celle de l’État-nation, c’est parce que l’État-nation n’est justement plus capable de maintenir ce
156 ne le demandent-ils pas, ils s’en gardent bien ! C’est précisément contre ces entraînements religieux, qui ont donné les rés
157 fait clair. Si quelque chose s’oppose à ce mythe, c’est la volonté de recréer des communautés réelles, donc de petites commun
158 mondiale. Quel est le but général de tout cela ? C’est la paix. Si vous voulez absolument un mythe, c’est le seul que je pui
159 ’est la paix. Si vous voulez absolument un mythe, c’est le seul que je puisse proposer. V. Des contradictions entre région
160 iculer. VI. De la participation Il demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce que la participation correspond à un b
161 as demander à chacun s’il a besoin de participer. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’il n’y a pas de participation des
162 nte de sa part, il répète cette phrase : « Vivre, c’est prendre des risques ! » Il s’agit de savoir quels risques on prend. N
163 ants fédéralistes, ont répliqué : « Qu’est-ce que c’est que cette obsession des grandes centrales ? L’intérêt de l’énergie so
164 randes centrales ? L’intérêt de l’énergie solaire c’est justement qu’elle nous dispense des grandes centrales et qu’elle peut
165 e jusqu’aux maisons, jusqu’aux individus. » Donc, c’est une absurdité d’essayer d’opposer les deux choses, sans compter que s
166 e jeunes Strassoldo dit, ce qui est juste, que c’est un phénomène important. Il cite Longo Maï que j’ai cité dans mon livr
167 mme celle de Longo Maï est un retour à la nature. C’est un profond malentendu. Jamais les jeunes gens qui font partie de Long
168 araphrasant la boutade de Lénine : « Les soviets, c’est le marxisme, plus l’électricité », de déclarer à cet ami : « Pour moi
169 déclarer à cet ami : « Pour moi, le fédéralisme, c’est la philosophie personnaliste plus les ordinateurs. » Il m’a répondu :
170 dante littérature, elle n’oubliait qu’une chose : c’est que l’homme est un animal et non pas un légume ! Il existe d’ailleurs
171 rs un légume qui est presque entièrement racine ; c’est celui qui a la plus mauvaise réputation en littérature, c’est le nave
172 qui a la plus mauvaise réputation en littérature, c’est le navet. L’homme est un animal caractérisé par sa mobilité, et plus
13 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : remarques sur la note de Stanley Maron (1984)
173 comprennent que 3 % de la population d’Israël, et c’est très bien ainsi. Cependant, il faut bien imaginer d’autres modèles de
14 1984, Articles divers (1982-1985). Les Rougemont de Saint-Aubin [préface] (1984)
174 s propose une seconde conclusion, plus imprévue : c’est qu’à chaque génération d’ancêtres, dans bien des familles de ce pays,
175 re, le Hainaut, les Allemagnes et la Scandinavie. C’est à peine si l’on trouve, en remontant très haut, deux ou trois Piémont
15 1984, Articles divers (1982-1985). L’Europe et les intellectuels (1984)
176 partout chez moi dans l’Europe franco-germanique, c’est que d’abord je l’ai trouvée dans ma famille, où tant de traditions se
177 n’est pas infidélité à ma race, à mon clos natal. C’est aimer plus loin, dans le même sens. Mais la famille, c’est générique
178 r plus loin, dans le même sens. Mais la famille, c’est générique et général. Après elle, et souvent contre elle, il y a eu l
179 restent capitales pour la littérature européenne. C’est en somme surtout à ces trois dernières sources que je dois d’en être
180 . Vous avez dit et écrit à plusieurs reprises que c’est en Amérique que vous avez découvert l’Europe. Comment cela s’est-il p
181 -vous encore trouvé le moyen d’écrire pour vous ? C’est le problème de la compatibilité entre l’œuvre et l’engagement qui se
182 ns qui se donnent couramment pour antieuropéens — c’est bien vu, chez les éditeurs comme dans les revues — étant accaparés pa
183 et à rien d’autre. Ce qu’on prépare avec méthode, c’est la guerre nucléaire — la fin de l’humanité peut-être mais la solution
184 lé dans les années 1950 et 1960 font du surplace, c’est évident. Mais depuis une dizaine d’années, une nouvelle génération, d
16 1984, Articles divers (1982-1985). Informatique, société, sagesse (1984)
185 chrétienne ». Or rien de tel ne s’est produit et c’est même le contraire qui est en train de se réaliser. Orwell écrit son l
186 e elle aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est elle, et c’est elle seule, qui s’est dressée contre la grande puissan
187 t sans plus de regrets apparents ? C’est elle, et c’est elle seule, qui s’est dressée contre la grande puissance totalitaire
188 ui qui annonce les catastrophes et s’en tient là. C’est au contraire celui qui dit, selon l’adage latin « Utinam vates falsus
189 oies qui conduisent au désastre. Ce qu’il prêche, c’est la voie nouvelle du salut, la conversion, qui est le retournement de
190 bles toutes représailles ». Mais il est entendu — c’est même la convention fondamentale de toute l’affaire — qu’il est « impo
191 e devise adoptée par le Parti unique : la Guerre, c’est la Paix. Voilà donc le premier grand But atteint. Quant au second, q
192 éalité vécue de la TV dans tous les ménages. Mais c’est cela qui lui a suggéré l’idée maîtresse du livre : l’omniprésence, à
193 sé par le portrait de Big Brother le moustachu et c’est le côté un peu Tintin de ce roman). En avons-nous conscience ? Sans r
194 es, proposant les mêmes choix, mais imposant — et c’est ce qui compte en fin de compte — les mêmes angles de vision. Et c’est
195 en fin de compte — les mêmes angles de vision. Et c’est tout cela qui prend la place principale dans nos conversations, discu
196 « démocratique » qu’il se prétende par ailleurs. C’est là que réside le vrai danger, non dans l’ordinateur, qui n’est qu’un
197 s sont seuls responsables. Ce qui me fait peur, — c’est moins le stockage de données sur mon compte et même sur mes opinions,
198 que la volonté de « programmer » ces opinions ; — c’est moins un B. B. qui sait tout sur moi, qu’un B. B. qui entend manipule
199 ma liberté en m’imposant son angle de vision ; — c’est moins la transparence de ma vie aux yeux des Pouvoirs, que l’opacité
200 du peuple. Bien sûr, le minimum légal à obtenir — c’est déjà fait dans la plupart des États européens — est d’établir le droi
201 oublier ! La Bombe n’est pas dangereuse du tout : c’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux c’est l’homme. C’est lui
202 c’est un objet. Ce qui est horriblement dangereux c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer
203 Ce qui est horriblement dangereux c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer. Le contrôle d
204 absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si tout d’un coup on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d
205 on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous racon
206 raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une correction me paraît aujourd’hui nécessa
207 dis à Louis Armand : « Pour moi, le fédéralisme, c’est l’autonomie des régions plus les ordinateurs ». « Ah, celle-là, dit m
208 ’Allemagne. Ce qui inquiète le plus en tout cela, c’est l’attitude du patronat et des syndicats, aux USA plus encore qu’en Eu
209 r Freud, porte sur la mémoire individuelle et que c’est simplement par un abus de langage qu’on peut parler de la « mémoire »
210 ’État et des pouvoirs économiques et militaires ; c’est donc la Guerre ; — ou bien le but est la liberté des personnes à la f
17 1984, Articles divers (1982-1985). Le Patrimoine européen [conclusion] (1984)
211 le feignait, peut-être non : ce qui est certain, c’est qu’il peut se féliciter des résultats atteints ! Car en laissant les
212 ux temps. Si nous nous intéressons au patrimoine, c’est dans le souci d’un héritage à transmettre vivant ; et si nous nous in
213 ire, plus que toutes les générations précédentes, c’est pour mieux voir vers quoi nous allons et ce qu’il nous faut faire pou
214 jusqu’aux rivages de l’Atlantique et au-delà, et c’est le mouvement qui va du Proche-Orient vers l’Occident lointain, comme
215 loque, tant de l’Est que de l’Ouest ou du Centre. C’est une des leçons réconfortantes que je retiendrai de cette rencontre. M
216 ines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, et quand il devient adulte, ce n’est plus l’enracinement m
217 oden des nazis… Mais l’homme n’est pas un légume, c’est un animal, en dépit de l’imagerie des poètes terriens, qui oublient q
218 ui a la plus mauvaise réputation en littérature : c’est le navet. À l’idée de régions purement ethniques, j’oppose donc les r
219 dans celui-ci, comme dans celui de l’an dernier, c’est peut-être ce que Nietzsche appelait de ses vœux. Laissez-moi vous cit
220 rolonge ces phrases, je cite : Ce qui m’importe, c’est l’Europe une, et je la vois se préparer lentement d’une manière hésit
221 en. Cet avenir se fait aujourd’hui dans la crise, c’est le mot dominant, crise que l’Europe a fomentée en répandant imprudemm
222 qui doit dominer nos préoccupations aujourd’hui, c’est donc un certain sentiment d’urgence lié à l’imminence mondiale du cha
223 t bien qu’en se comparant à ce qui n’est pas soi. C’est dans cette idée de comparaison active, prospective, que j’ai proposé
18 1984, Articles divers (1982-1985). Club-Énergie de l’Est vaudois : avec Denis de Rougemont (19 juin 1984)
224 ’humanité se divise en deux camps bien tranchés : c’est en chacun de nous que le conflit se poursuit. Les deux pulsions contr
225 tés locales, voire familiales, d’énergie solaire, c’est restaurer la possibilité, pour des centaines de milliers de foyers da
226 tion civique. L’autonomie énergétique d’un foyer, c’est la définition de l’autonomie civique. « Small is beautiful », disait
227 a confiance dans le prochain. Ce qu’il faut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assurer à quelques-uns l
19 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage I] (1985)
228 a dit que nous étions « totalement négatifs ». Et c’est un fait que, face à nos « démocraties », nous étions inquiets, agacés
229 uest et des libertés qu’il était censé défendre. ( C’est ainsi que nous fûmes tous contre Munich.) Mais il est ridicule de par
230 iècle découvre aujourd’hui. Ce que j’affirme ici, c’est que nous n’avons pas fini de nous battre pour une société des personn
20 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage II] (1985)
231 ». Préconiser une chose, ou la dénoncer d’avance, c’est tout de même un peu différent, n’est-ce pas ? Au reste, le problème é
232 scisme français étaient définies dans ce livre ». C’est ainsi que les communistes m’avaient sinon « perçu », du moins avaient
233 posé pour le numéro de décembre 1932 de la NRF . C’est Jean Paulhan qui m’avait proposé ce « Cahier », à la suite d’un petit
21 1985, Articles divers (1982-1985). Quelques-uns de mes écrivains : anecdotes (1985)
234 rgue et à Malraux. Intimidé cela va sans dire, et c’est banal, mais bientôt davantage surpris de les voir si curieux des avis
235 vous voir. Mais est-ce vrai ce que l’on dit, que c’est vous qui avez écrit le dernier recueil d’essais de Daniel Halévy ? »
236 l’espoir de le trouver surréaliste… Eh bien non ! C’est vraiment très ennuyeux… » Je le trouve un jour en conversation avec
237 it être reprise par vos Éditions “Je sers”… » — «  C’est vrai, dis-je sans hésiter, mais la revue s’appellera désormais Commer
238 ine de ces billets. Diriger une revue avec génie, c’est cela : être partout présent, toujours à temps, maintenir tout son mon
239 n presque mécanique de nous revoir chaque jour ». C’est ce que nous permettra mon engagement un mois plus tard comme « senior
240 s’avance, veste en daim, flottante, visage levé… C’est Breton. Il s’arrête devant moi et me dit : « Je pensais à une religio
241 pleurer dans les ministères. J’ai pas su dire : “ C’est pas pour moi, c’est pour ma mère ! La pauvre, elle est morte il y a d
242 nistères. J’ai pas su dire : “C’est pas pour moi, c’est pour ma mère ! La pauvre, elle est morte il y a douze ans…” » Ce mati
243 m’y parvient, elle sera probablement exterminée. C’est moi qui vous écrirai plutôt dans quelques jours, dès que j’aurai une
22 1985, Articles divers (1982-1985). Éloge de Jean Starobinski (1985)
244 je vous parlerai tout à l’heure. Voir plus large, c’est chercher ce qui englobe les antinomies apparentes. Le simple fait que
245 lein de sens et de conséquences : à cause de lui, c’est du même lieu de Suisse que nous voyons l’Europe, que nous sentons le
246 es plus subtils du complexe d’idées qu’elle crée. C’est peut-être dans la rencontre de l’essayiste avec le phénomène poétique
247 ’il publie et sur quelque sujet qu’il ait choisi. C’est ici l’occasion de lui adresser un éloge accessoire sans doute, mais q
248 ury couronne ce soir du Prix européen de l’essai. C’est en effet le thème central de la recherche de Starobinski qui constitu
249 igne en mouvement qui vient d’ouvrir sa carrière. C’est le dernier paru qui me retiendra ce soir. L’essentiel en est annoncé
250 lation à autrui, le langage et la chose publique, c’est ce qu’il nomme la dialectique ternaire de Montaigne : premier temps,
251 de notre lauréat, lisez son livre sur Montaigne : c’est le meilleur portrait à ce jour de Jean Starobinski. Après ce livre, j
23 1985, Articles divers (1982-1985). L’agora, condition première de la démocratie réelle (décembre 1984-janvier 1985)
252 e et symbolique de toute démocratie digne du nom. C’est le lieu de rencontre d’une communauté, j’entends d’un groupe humain a
253 serait une famille ou un complot. Trop nombreux, c’est le brouhaha. La foule étouffe toute possibilité d’échange qui ne soit
254 demain — et vous comprendrez ce que je veux dire. C’est l’expérience que j’ai subie à Francfort en 1936, à l’occasion d’un di
255 sans jamais songer à me la rendre, vous le savez, c’est ma définition de la personne, par opposition à l’individu irresponsab
256 , même en Suisse ! — d’une communauté, d’un État. C’est d’ailleurs un Suisse, Jean-Jacques Rousseau, qui dès le milieu du xvi
257 es frontières de Schwyz, Uri et Unterwald, et que c’est par le mot « universitates » qu’elles y sont désignées ? 5. L’histo
24 1985, Articles divers (1982-1985). Vocation culturelle de la Suisse en Europe (septembre 1985)
258 iste non moins qu’à la pluralité de ses origines. C’est une culture composite, formée d’apports alémaniques, romantsch, ladin
259 nationale ? Une seule réponse demeure possible : c’est la culture européenne — seule « unité intelligible » non seulement de
260 ie, la Pologne et la Hongrie… Du côté catholique, c’est l’abbaye d’Einsiedeln, fleuron de la civilisation bénédictine, qui va
261 ité qu’une charge mineure de scrutateur du Sénat. C’est de Zurich que l’« École suisse » initiée par le doyen Jean-Jacques Bo
262 ay et Reybaud ? Mais au tournant du xixe siècle, c’est par la fameuse Trouée de Coppet, du nom du château de Necker où Germa
263 aient guère pensables hors du complexe suisse. Et c’est à eux que la Suisse, en retour, doit une densité de conscience commun
264 hommes s’illustrèrent et apprirent à voir grand, c’est en s’expatriant pour se réaliser au sein d’une unité beaucoup plus va
265 i a découvert et propagé leur nom dans le monde ; c’est au contraire de l’étranger, des grands pays voisins ou de l’Amérique,
266 ue, comme importée. « Son canton — ou l’Europe », c’est la formule parfaite. Ainsi, pour l’homme de culture en tant que tel,
267 oit leur petite patrie locale, s’ils la dépassent c’est pour rejoindre immédiatement les grands courants continentaux ; parfo
25 1986, Articles divers (1982-1985). Interview avec Denis de Rougemont (1986)
268 rappe à la lecture de ces écrits des années 1930, c’est leur caractère souvent prophétique et indiscutablement actuel20. Il n
269 que je trouve au moins bizarre). Ce qui me frappe c’est que vous faisiez à l’époque déjà ce qu’on n’a vraiment commencé à fai
270 rs termes, et napoléonienne par son troisième. Et c’est cela qui est tout à fait contraire à votre mouvement de pensée. Tout
271 s dimensions des tâches dont on est responsable ; c’est d’après cela qu’on doit organiser la société. D’où votre haine du gig
272 votre haine du gigantisme et de l’étatisme ? Cela c’est très important. Mais on s’est souvent trompé sur ce que nous appelion
273 ciété. Ainsi, l’État existe déjà dans le couple — c’est une théorie qui m’est un peu particulière. Dans le couple, celui qui
274 ance : « Il a été un grand serviteur de l’État ». C’est l’État qui est un service ; on n’est pas serviteur de l’État. On peut
275 auté » est chez vous un terme clé. La communauté, c’est une réalité. L’État est une mesure, une fonction convenue. La communa
276 aggravé par Mussolini : l’État au-dessus de tout. C’est Mussolini qui a inventé l’expression d’État totalitaire, considéré co
277 « au marteau », qui peut être très constructive. C’est d’ailleurs dans Nietzsche que nous avons lu les premiers textes énerg
278 jours été le rêve et l’idéal des grands esprits : c’est seulement quand ils deviennent vieux et gâteux qu’ils deviennent nati
279 traditionnel que j’entendais prêcher le dimanche. C’est alors que j’ai découvert Kierkegaard. J’ai commencé à lire quelques f
280 uelque chose de plus exaltant que cette revue. Or c’est là que j’ai lu pour la première fois le nom de Kierkegaard. À quelle
281 e travail, « chacun pour soi, l’État pour tous ». C’est encore le vice majeur de la démocratie française. Et c’est de là que
282 ore le vice majeur de la démocratie française. Et c’est de là que nous disions que, dans la démocratie individualiste, il n’y
283 e au besoin, à la soif de l’esprit communautaire. C’est une réponse qui ne vaut rien, je l’ai largement montré dans Penser a
284 rgement montré dans Penser avec les mains , mais c’est une réponse. Et ça explique leur triomphe passager. La faiblesse cong
285 ne volonté purement négative, une « nolonté ». Ça c’est l’individu qui ne se réfère à rien dans la communauté (les rapports e
286 par rien », l’égoïste. La personne, au contraire, c’est l’être en relation, qui est non seulement assuré de sa vocation, de s
287 tendez, il y a une composante difficile à cerner, c’est la foi. Vous insistez beaucoup sur l’importance de la foi tout en aff
288 r foi ? Cela est absolument fondamental pour moi. C’est ce que je développerai dans un livre qui doit être, à mon sens, le pl
289 yens, qui ne sont que les moyens de le rejoindre. C’est lui qui les crée. C’est-à-dire que la seule phrase valable du point d
290 que la seule phrase valable du point de vue moral c’est  : la fin justifie les moyens, dans la mesure où elle crée les moyens
291 e de Kant est une morale des moyens. Eh bien non, c’est la fin qui importe. Mais la fin on ne la connaît pas nécessairement.
292 le connaisse ou non, il est là. Et il m’appelle. C’est cet appel qui crée la personne. Alors je dis qu’il faut aller vers l’
293 n qui seule va dicter les moyens de la rejoindre. C’est la raison pour laquelle vous êtes aussi opposé à l’idée de révolution
294 ère imagée exactement ce que je cherchais à dire. C’est une lumière qui n’éclaire mon sentier que dans la mesure où j’ai le c
295 n’arriverais pas à moi. Mon chemin, je le répète, c’est mon moyen. Là j’ai retrouvé des choses qui sont dans Nietzsche, la cr
296 n’es pas fait pour faire cela, tu dois refuser). C’est plus fréquent que le contraire, un appel direct et parfaitement clair
297 on But, non par mon passé, mes gènes, mon milieu… C’est téléologique pour chacun, qu’il le sache ou non. Mais il vaut mieux l
298 rait la liberté, donc la responsabilité des gens. C’est une autre chose qui est tout à fait essentielle dans tout ce que nous
299 damentale. Ce qui m’a fait découvrir Kierkegaard, c’est la littérature. Et tout ce que j’écris — c’est pour moi une question
300 d, c’est la littérature. Et tout ce que j’écris — c’est pour moi une question de rigueur — doit avoir une valeur littéraire à
26 1986, Articles divers (1982-1985). L’Europe des consciences (1986)
301 des critiques semblent penser que la littérature c’est poésie, roman, théâtre, et que création littéraire serait synonyme de
302 à moi transmis par l’un de ses amis espagnols : «  C’est un de nos meilleurs écrivains, mais il se perd dans les comités »… Co
303 fois hors de moi et en moi. Ce qui m’importe ici, c’est de vous faire entrevoir l’interaction de ces deux séries de motifs da
304 Armée et Foyer de l’état-major général, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article su
305 De mon action européenne, j’ai tiré huit volumes, c’est près d’un quart de ce que j’ai publié jusqu’ici. Mais je ne voudrais
306 ner par un appel. Changer le monde d’aujourd’hui, c’est d’abord changer l’homme, ses pulsions, ses désirs inavoués, les plus
27 1994, Articles divers (1982-1985). URSS (1994)
307 s des mois qui suivirent la révolution d’Octobre, c’est une constitution de combat, expressément prévue « pour une période tr
308 out le pouvoir appartient aux travailleurs » mais c’est « en la personne des soviets de députés des travailleurs », dont on v
309 loi d’une république fédérée et la loi fédérale, c’est la loi fédérale qui joue ». Ici encore, dans la pratique, et compte t
310 orce qui dirige et oriente la société soviétique, c’est l’élément central de son système politique ». Certes, le droit de « q
28 1996, Articles divers (1982-1985). « Plaise aux dieux que je sois un faux prophète » (automne 1996)
311 ngloss. Pourquoi cet éternel pessimisme ? Éternel c’est beaucoup dire. Pessimiste, optimiste, cela n’a pas de sens. Je ne ces
312 est bon. Qu’est-ce qui fait la force de l’État ? C’est la somme des démissions des citoyens. C’est une très vieille histoire
313 tat ? C’est la somme des démissions des citoyens. C’est une très vieille histoire. Elle est déjà racontée au chapitre III de
314 u ? » Adam et Ève se sont cachés dans les arbres. C’est tout juste s’ils ne disent pas : « je ne suis pas là ! » Yahvé les tr
315  Qu’as-tu fait ? » Adam dit : « Ce n’est pas moi, c’est Ève qui m’a forcé ». Ève dit : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent q
316 ve qui m’a forcé ». Ève dit : « Ce n’est pas moi, c’est le serpent qui m’a séduite ». Et le serpent, bien sûr, n’est plus là.
317 Les problèmes quelles seraient censées résoudre, c’est nous qui les avons créés, tout comme le plutonium. C’est nous qui le
318 ous qui les avons créés, tout comme le plutonium. C’est nous qui le fabriquons. Tous nos « problèmes » économiques expriment
319 seau que l’homme est bon. Il est bête et méchant, c’est dans ses chromosomes. Tout le problème politique est de l’empêcher de
320 ns le sens de mon désir profond. Il se trouve que c’est le désir de la liberté, non de la puissance. Qu’appelez-vous liberté 
321 qu’on regarde un match à la TV. Être un citoyen, c’est être responsable de la vie de la cité. C’est se gouverner soi-même. J
322 yen, c’est être responsable de la vie de la cité. C’est se gouverner soi-même. J’aime beaucoup ce slogan irlandais ou gallois
323 que, ou une unité économique ? Dans certains cas, c’est une ethnie, dans d’autres surtout une entité économique, mais c’est d
324 dans d’autres surtout une entité économique, mais c’est d’abord un espace de participation civique. Je veux dire une communau
325 l’homme puisse s’y faire entendre. Vous savez que c’est le plus vieil idéal politique de l’Europe. Aristote voulait que la vi
326 livre : Écologie, régions, Europe : même avenir. C’est la devise que j’ai proposée aux mouvements écologiques français et il
327 nouveau au débat des idées politiques du siècle, c’est bien cela : une synthèse des trois thèmes les plus mobilisateurs de l
328 hèses pour le moins hardies… Une thèse centrale : c’est que l’amour-passion est l’invention du xiie siècle européen, que la
329 u besoin et que l’obstacle suprême étant la mort, c’est dans la mort que les amants légendaires, Tristan et Iseut, trouveront
330 n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce qu’il aime, c’est aimer, être aimé, être intoxiqué de la passion d’amour. Le fameux phi
331 ment une drogue. Or, passion signifie souffrance, c’est ce que l’on subit, c’est le contraire de l’acte d’amour vrai. J’ai mo
332 ion signifie souffrance, c’est ce que l’on subit, c’est le contraire de l’acte d’amour vrai. J’ai montré les conséquences inf
333 . Finalement il jette en riant : « on va dire que c’est un complot protestant ! » Chaque matin qui suivit, il vint entrouvrir
334 n jour ces phrases qui m’émurent profondément : «  C’est dans L’Amour et l’Occident et non pas dans Freud que j’ai découvert
335 cidaires et le savent. L’avenir que nous voulons, c’est le solaire. Mais les États freinent la recherche dans ce domaine. Tan
336 soleil et les citoyens, ils nous répéteront — et c’est un mensonge — qu’il faut vingt ans encore pour que l’énergie solaire
337 , exige la protection de la police et de l’armée. C’est en quelque sorte Pluton, Dieu des enfers et de la richesse contre Zeu