1
loque était d’examiner pourquoi certaines nations
durent
, grâce à leur culture, et quelles contributions elles peuvent apporte
2
t, grâce à leur culture, et quelles contributions
elles
peuvent apporter de la sorte à l’Europe une et diverse. Ma première i
3
ervention relevait quelque peu de la provocation.
Elle
risquait en effet de vider d’avance un tel colloque de son contenu :
4
interlocuteurs ? C’est la première question. Or,
il
faut dialoguer, j’en suis convaincu depuis une cinquantaine d’années
5
sur des questions européennes. Pourquoi est-ce qu’
il
nous faut à tout prix un dialogue ? C’est parce que la condition de s
6
dération, sur la base même de ses différences. Si
elle
n’arrive pas à se fédérer, c’est-à-dire à dépasser le tabou des États
7
e tabou des États-nations à souveraineté absolue,
elle
reste incapable, par définition, de s’unir : on ne base pas une union
8
on peut les dire, on ne peut pas les faire. Donc,
il
nous faut établir le dialogue sur nos différences, et pour que ce dia
9
différences, et pour que ce dialogue soit utile,
il
faut qu’il y ait un langage commun. Ce langage commun, nous ne le tro
10
ssion de culture nationale : l’Europe a existé et
elle
a été cultivée bien avant l’existence de nos premiers États. Il ne fa
11
vée bien avant l’existence de nos premiers États.
Il
ne faut pas voir la culture européenne comme l’addition de vingt-quat
12
confond avec l’identité nationale. Et plus tard,
il
faut sauter jusqu’au xiiie siècle pour voir se former les premiers É
13
il y a la source hébraïque et le christianisme —,
il
faut ajouter les populations préexistantes en Europe, c’est-à-dire le
14
s de Galles ! Cet héritage est tellement varié qu’
il
va créer des variantes importantes dans le dosage des éléments. Ce so
15
toriques. La Suisse n’a pas de culture nationale.
Elle
a pourtant vécu sans faille, depuis le xiiie siècle. La culture n’a
16
pes du fédéralisme, sur l’éthique du fédéralisme,
devrais
-je dire. Il y a aussi la Pologne et la Roumanie, qu’il faut citer par
17
dire. Il y a aussi la Pologne et la Roumanie, qu’
il
faut citer parmi les anciens États. Là, je vois de nouveau deux cas i
18
e une phrase souvent répétée par Michel Debré, qu’
il
a encore utilisée dernièrement dans Le Monde, et selon laquelle l’éco
19
former des citoyens français. C’est tout juste s’
il
n’a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de c
20
ulture différente de toutes les autres en ceci qu’
elle
est entièrement politisée, comme nous l’a très bien montré hier Stanl
21
culture française est nationale dans la mesure où
elle
est politisée, à tel point qu’on a l’impression quelquefois, à entend
22
nous avons le cas de l’Espagne. Nous avons vu qu’
elle
a eu plusieurs monarchies, que la « monarchie espagnole » est multipl
23
gnole » est multiple, pluraliste, c’est-à-dire qu’
elle
comporte déjà les bases d’un fédéralisme possible, depuis ses origine
24
ssible, depuis ses origines, depuis le Moyen Âge.
Il
n’y a jamais eu volonté d’effacer les différences. Et encore plus di
25
a bonne raison, comme on l’a rappelé ce matin, qu’
il
réunissait douze nationalités. Qu’aurait-il fallu choisir comme cultu
26
n, qu’il réunissait douze nationalités. Qu’aurait-
il
fallu choisir comme culture nationale à imposer à toutes les autres ?
27
ion et de la culture européennes de ce moment-là.
Il
suffit de mentionner l’école des logiciens de Wittgenstein, Hilbert,
28
remarquable exposé de M. Romano sur l’Italie, où
il
nous a fait remarquer que la culture en Italie, quand l’Italie a fait
29
reconquérir l’unité culturelle du pays, alors qu’
ils
ne faisaient que reproduire une unité, restaurée, certes, mais au sen
30
rraient être développés, nuancés, complétés, mais
ils
donnent l’impression tout de suite, quand on pense à l’Europe comme c
31
t s’exprimer que par des instruments différents.
Il
s’agit maintenant de les composer pour qu’ils ne jouent pas faux, pou
32
ts. Il s’agit maintenant de les composer pour qu’
ils
ne jouent pas faux, pour qu’ils ne jouent pas les uns contre les autr
33
composer pour qu’ils ne jouent pas faux, pour qu’
ils
ne jouent pas les uns contre les autres, mais ensemble, chacun tenant
34
s, mais ensemble, chacun tenant sa partie propre.
Il
s’agit de cette harmonie dont parlait ce que j’oserai appeler le prem
35
rs diversités, c’est la reconnaissance du fait qu’
elles
ne pourront s’unir que sur une base véritablement commune, la culture
36
omiques étaient secondaires : comme l’intendance,
ils
devaient suivre. Suivre quoi ? Je réponds : les finalités les plus ha
37
ues étaient secondaires : comme l’intendance, ils
devaient
suivre. Suivre quoi ? Je réponds : les finalités les plus hautes de l
38
tte contre les nationalismes fauteurs de guerres.
Il
me semble que c’est un terrain sur lequel la responsabilité de la cul
39
té de la culture est la plus engagée aujourd’hui.
Il
nous faut une culture pour la paix, donc une culture de dialogue, et
40
nts. Comment lutter contre le nationalisme tel qu’
il
est enseigné, plus ou moins délibérément, dans toutes nos écoles ? —
41
ns tous en commun, à nos valeurs de base, d’où qu’
elles
viennent. Voilà simplement quelques pistes. Pourquoi pas un colloque
42
es pistes. Pourquoi pas un colloque sur chacune d’
elles
? a. Rougemont Denis de, « [Commentaires] L’Europe une et diverse
43
un chemin unique et sans précédent, un sentier qu’
il
doit inventer et qui n’a été foulé par personne avant lui. Il doit y
44
chemin unique et sans précédent, un sentier qu’il
doit
inventer et qui n’a été foulé par personne avant lui. Il doit y avanc
45
nter et qui n’a été foulé par personne avant lui.
Il
doit y avancer par la foi, dans la nuit, sans savoir à l’avance si so
46
r et qui n’a été foulé par personne avant lui. Il
doit
y avancer par la foi, dans la nuit, sans savoir à l’avance si son pie
47
me à la fois libre et responsable, libre parce qu’
il
est responsable et responsable dans la mesure où il est libre. Mais c
48
est responsable et responsable dans la mesure où
il
est libre. Mais comment passe-t-on de la personne à la fédération ? O
49
me peut s’y faire entendre. Aussi ces communautés
doivent
se grouper pour accomplir les tâches qui dépassent leur taille et cré
50
onc de résoudre chaque problème au niveau même où
il
se pose ? Oui, le fédéralisme part d’en bas, c’est-à-dire des plus pe
51
ynihan formulait naguère à propos des USA mais qu’
il
est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
52
Ce que la famille peut faire, la municipalité ne
doit
pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent
53
. Ce que la municipalité peut faire, les États ne
doivent
pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
54
s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
doit
pas le faire. Le fédéralisme postule donc toujours une action au niv
55
ement de l’État est devenu tellement démentiel qu’
il
ne fonctionne plus. On ne peut pas faire marcher un pays en décidant
56
endrait la Suisse inhabitable pour des décennies.
Il
existe pourtant une menace bien plus importante avec les SS20 soviéti
57
me disant que la probabilité était faible, et qu’
il
existait une menace bien plus dangereuse : les fusées des 26 silos du
58
liberté et du fédéralisme. Depuis cinquante ans,
il
nous rappelle que l’État-nation vient de la guerre et va vers elle. E
59
e que l’État-nation vient de la guerre et va vers
elle
. En 1934, dans un de ses premiers livres, il lance le mot d’ordre de
60
rs elle. En 1934, dans un de ses premiers livres,
il
lance le mot d’ordre de “l’engagement de l’écrivain”. Dans le dernier
61
de “l’engagement de l’écrivain”. Dans le dernier,
il
nous rappelle que L’Avenir est notre affaire , parce que “la décaden
62
plusieurs mois, se sont glissées deux erreurs qu’
il
me paraît absolument nécessaire de rectifier : 1. Dans la présentatio
63
ai dit et souvent écrit. Voici la phrase telle qu’
elle
doit être lue : « La décadence d’une société commence quand l’homme s
64
t et souvent écrit. Voici la phrase telle qu’elle
doit
être lue : « La décadence d’une société commence quand l’homme se dem
65
té commence quand l’homme se demande : « Que va-t-
il
arriver ? » au lieu de se demander : « Que puis-je faire ? » » Les di
66
ue constitue le surgénérateur de Creys-Malville :
il
est exact que j’ai mentionné le refus de réponse que m’ont opposé les
67
probabilité d’accident était trop faible pour qu’
ils
en tiennent compte. Mais ce ne sont pas les mêmes qui m’ont opposé le
68
et ancien haut-commissaire à l’énergie atomique.
Il
m’a paru important de préciser qu’une révélation aussi sensationnelle
69
mois ? À en croire certains journaux occidentaux,
il
s’agit simplement d’une réussite de la propagande et de la manipulati
70
s — serait constitué par les pacifistes, parce qu’
ils
érodent la volonté de défense de l’Occident. À tout cela, j’ai envie
71
ues, on dissimule ainsi des réalités économiques.
Il
existe en fait, sur ce plan-là, une profonde complicité entre les Éta
72
e complicité entre les États-Unis et l’URSS. Faut-
il
parler d’un complot des grands, des puissants contre les peuples ? Je
73
nts contre les peuples ? Je ne dirai jamais cela.
Il
n’existe pas de complot conscient, cynique. Je suis persuadé que les
74
ndre leur peuple et leur idée de la civilisation.
Ils
ne se rendent même pas compte de la contradiction démentielle dans la
75
pte de la contradiction démentielle dans laquelle
ils
vivent. Leur action réelle est parfaitement définie par leurs intérêt
76
nté pour anéantir toute l’humanité. Sans parade ?
Il
n’y a aucune espèce de parade possible à la guerre nucléaire. Ce qu’i
77
on a trouvé récemment les bombes dites tactiques.
Il
s’agit de l’idée, qui a l’air raisonnable au premier abord mais qui e
78
r, d’informations sur la réalité de la situation.
Il
existe malheureusement [sic] plusieurs institutions capables de nous
79
s pacifistes représentent une force gigantesque :
elles
témoignent d’une profonde et croissante conviction des populations. I
80
rofonde et croissante conviction des populations.
Il
faudrait qu’elles deviennent encore plus grandes, plus puissantes. Je
81
ssante conviction des populations. Il faudrait qu’
elles
deviennent encore plus grandes, plus puissantes. Je ne nie pas qu’il
82
es pacifistes de mon espèce sont conscients et qu’
ils
dénoncent, mais l’idée que ces manifestations sont uniquement le frui
83
s ne tient pas — en particulier devant le fait qu’
elles
apparaissent maintenant dans les pays communistes comme l’Allemagne d
84
conomie fondée sur la production d’armements dont
il
n’est guère imaginable qu’on se serve jamais, c’est la multiplication
85
us dangereux que le pacifisme. Alors, que faire ?
Il
n’y a qu’un moyen d’éviter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens
86
étiques étaient jamais tentés d’occuper l’Europe,
ils
n’auraient pas intérêt à se faire précéder par leurs bombes atomiques
87
nétrer beaucoup mieux que toutes nos armées. Donc
ils
n’utiliseraient pas l’arme nucléaire les premiers, sans l’existence d
88
ns les fusées de l’OTAN. Les peuples parviendront-
ils
à obtenir le retrait des armes atomiques d’Europe ? Ils l’obtiendront
89
obtenir le retrait des armes atomiques d’Europe ?
Ils
l’obtiendront sûrement, s’ils prennent conscience de l’ampleur du dan
90
tomiques d’Europe ? Ils l’obtiendront sûrement, s’
ils
prennent conscience de l’ampleur du danger. On ne peut plus se leurre
91
propageraient ainsi. Quant à l’Union soviétique,
elle
subirait des pertes très lourdes, mais pas définitives, car sa popula
92
défense, proche de la guérilla, ne suffisait pas,
il
faudrait aussi recourir à la défense civile. J’ai fait naguère une pr
93
ne proposition qui est peut-être moins comique qu’
il
n’y paraît à première vue : au lieu de dépenser des sommes énormes po
94
us puissions causer avec eux, leur demander ce qu’
ils
font là, si loin de chez eux, les démoraliser par l’amitié… Bien d’au
95
seule réponse vraiment humaine à la guerre. Faut-
il
dès lors renoncer à l’armée suisse ? Non, parce que je ne pense pas q
96
tre considérée comme un danger par un autre pays.
Il
n’empêche que devant le risque d’une guerre nucléaire, devant cette p
97
re, devant cette possibilité parfaitement réelle,
il
me semble que seule l’attitude radicalement contraire, la non-violenc
98
e dissuasion formidable. Cependant, si un conflit
devait
éclater dans deux mois, ou dans deux ans, je me demande si nous aurio
99
echniquement cette défense non violente. Parce qu’
il
ne faut pas que ce soit une démission. Vous voudriez donc qu’on organ
100
et « Réponds à l’insensé selon sa folie, afin qu’
il
ne se regarde pas comme sage ». Alors, il faut répondre à la défense
101
afin qu’il ne se regarde pas comme sage ». Alors,
il
faut répondre à la défense militaire et en même temps par la non-viol
102
fait n’était donc pas celui « des années 1930 ».
Il
portait sur mon action personnelle en juin 1940. Juin 1940, c’est « p
103
ix solide dans le monde de la fin du xxe siècle.
Il
faut donc dépasser cette formule, inventée voici près de deux-cents a
104
(à la seule exception, peut-être, de la Suisse),
elle
consiste en fait dans la mainmise d’un lourd appareil étatique — fonc
105
régionale. 3. L’État-nation est en crise partout.
Il
se voit incapable d’assurer les fonctions qu’il s’était arrogées : dé
106
. Il se voit incapable d’assurer les fonctions qu’
il
s’était arrogées : défense du territoire et des libertés populaires,
107
nationale absolue et indivisible, est le premier
devoir
de tous les citoyens qui se veulent libres et responsables — l’un n’a
108
le répète depuis un peu plus d’un demi-siècle. 4.
Il
existe une demi-douzaine de définitions de la région : ethnique (Bret
109
e la plus compréhensive ou englobante : la région
doit
être avant tout et après tout, un espace de participation civique, fa
110
t d’une communauté réelle et capable d’autonomie.
Elle
ne doit pas être un mini-État-nation, ni revendiquer toutes les compé
111
communauté réelle et capable d’autonomie. Elle ne
doit
pas être un mini-État-nation, ni revendiquer toutes les compétences é
112
qui correspondent à la dimension des problèmes qu’
elle
est le mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamais à une plus grand
113
Ce que la famille peut faire, la municipalité ne
doit
pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent
114
. Ce que la municipalité peut faire, les États ne
doivent
pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
115
s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
doit
pas le faire »n, écrivait dans un raccourci génial, le sénateur améri
116
r américain D. Moynihan. C’est dire que la région
doit
être et demeurer « de dimensions médiocres » comme le voulait Roussea
117
u, ou en tout cas variable selon les fonctions qu’
elle
assure. Elle doit être « à la taille de l’homme », de telle manière q
118
cas variable selon les fonctions qu’elle assure.
Elle
doit être « à la taille de l’homme », de telle manière que chaque cit
119
variable selon les fonctions qu’elle assure. Elle
doit
être « à la taille de l’homme », de telle manière que chaque citoyen
120
e sa population. « Une région ne se délimite pas,
elle
se reconnaît », écrivait au xixe siècle le géographe français Vidal
121
du monde. Œuvre de longue haleine, direz-vous ? —
Il
n’y a donc pas une seule minute à perdre. m. Rougemont Denis de, «
122
» et nous sommes devenus les « personnalistes ».
Il
en est sorti deux revues : Esprit , qui dure encore, et L’Ordre nou
123
i nous a été volé par qui vous savez ! Pour nous,
il
s’agissait de « l’ordre véritable » par rapport au désordre établi. U
124
la rupture avec le désordre établi ». Pour nous,
il
s’agissait aussi d’une vraie « révolution » partant de l’homme consid
125
personnaliste et communautaire. Cette révolution
devait
se faire à partir du bas, en développant la personne, et non pas sur
126
s à long terme car ça ne correspond pas à la vie.
Il
n’y a pas deux individus qui se ressemblent : Albert Jacquard l’a dém
127
ur chacun. On ne sait pas toujours ce que c’est ;
il
faut le découvrir. Le but est très loin en avant, dans l’infini, l’Ab
128
solu, Dieu, comme on veut l’appeler. Chaque homme
doit
inventer son chemin puisque chacun part d’un endroit qui est unique.
129
puisque chacun part d’un endroit qui est unique.
Il
faut trouver son sentier : il n’y a pas de route nationale ! Il faut
130
oit qui est unique. Il faut trouver son sentier :
il
n’y a pas de route nationale ! Il faut donc avoir une certaine foi po
131
r son sentier : il n’y a pas de route nationale !
Il
faut donc avoir une certaine foi pour poser le pied là où nul autre n
132
ds, une lumière sur mon sentier. » Cette vocation
doit
se manifester et elle se manifeste parmi les autres ; c’est cela qui
133
n sentier. » Cette vocation doit se manifester et
elle
se manifeste parmi les autres ; c’est cela qui crée des liens communa
134
et ne se fait que par les liens interpersonnels.
Il
n’existe pas de communautés d’individus. Une communauté se distingue
135
e. Toutefois, pour que la communauté soit réelle,
elle
ne doit pas être trop grande mais de dimension « médiocre », disait R
136
fois, pour que la communauté soit réelle, elle ne
doit
pas être trop grande mais de dimension « médiocre », disait Rousseau.
137
on ne puisse plus la réunir sur l’agora où chacun
doit
pouvoir entendre les autres. De ce type de communauté naît la région.
138
éunissent pour faire ensemble certaines choses qu’
elles
ne peuvent pas faire toutes seules. Vous en avez une vision tout à fa
139
frontière est une chose complètement condamnable.
Elle
n’a pas une seule utilité : les frontières empêchent de passer tout c
140
: les frontières empêchent de passer tout ce qui
devrait
passer : les hommes, les vivres ; mais elles n’interdisent pas le pas
141
ui devrait passer : les hommes, les vivres ; mais
elles
n’interdisent pas le passage de ce qu’il faudrait arrêter : les épidé
142
mais elles n’interdisent pas le passage de ce qu’
il
faudrait arrêter : les épidémies, les maladies, les pollutions… On en
143
ever. Mais cela, c’est ma femme qui s’en occupe !
Il
me semble, parfois, que cette frontière franco-suisse autour de Genèv
144
es idéologies, ou des mythes, qui s’affrontent. S’
il
doit y avoir des « fermetures », ce devrait être comme des membranes
145
idéologies, ou des mythes, qui s’affrontent. S’il
doit
y avoir des « fermetures », ce devrait être comme des membranes entre
146
rontent. S’il doit y avoir des « fermetures », ce
devrait
être comme des membranes entre les cellules qui laissent passer tout
147
ntre les cellules qui laissent passer tout ce qui
doit
le faire. On pourrait peut-être comparer votre description de l’unité
148
en que leurs rapports puissent être très proches.
Il
faut distinguer deux choses : la fonction écologique et la fonction c
149
on linguistique, ethnique : l’Alsace. Les régions
doivent
se superposer de toutes sortes de manières, librement, — la question
150
venait me dire : tout cela ne peut pas continuer,
il
faut donner la même frontière à toutes ces activités, là, je crierai
151
rique n’est plus vraiment une fédération parce qu’
elle
est beaucoup trop grande. Toutefois, les Américains ont gardé un plus
152
e pays qui divisent des familles entières qui, si
elles
ne parlent plus la langue originelle, ont du mal à communiquer entre
153
langue originelle, ont du mal à communiquer entre
elles
parce que la colonisation leur a imposé l’anglais ou le français… Ou
154
j’en parlais avec un ministre de la Haute-Volta,
il
me dit : Vous ne connaissez pas le pire. Quand la décolonisation s’e
155
à eux », le symbole de leur libération. Pourtant,
elle
tranchait pile deux empires traditionnels, trois ou quatre royaumes e
156
Au fond, c’est exactement le même réflexe qui a
dû
se produire sous les jacobins et faire si facilement de la France un
157
bserver, sous nos yeux, le phénomène vivant qui a
dû
se déclencher avec 1789. Paul Valéry disait déjà que toute politique
158
, est la cause de toutes les guerres aujourd’hui.
Il
s’y est ajouté la divinisation de l’État avec sa « souveraineté absol
159
contraire, comme les régions divisent le pouvoir,
elles
empêchent la création de puissances, de superpuissances. Les régions
160
Au contraire, les individualistes s’imaginent qu’
ils
seront libres s’ils n’ont pas de responsabilités. Malheureusement, ce
161
ndividualistes s’imaginent qu’ils seront libres s’
ils
n’ont pas de responsabilités. Malheureusement, cette idée est d’un de
162
mes compatriotes, Benjamin Constant. C’est ce qu’
il
a nommé « le libéralisme ». Pour lui, la politique devait être faite
163
nommé « le libéralisme ». Pour lui, la politique
devait
être faite par des gens payés pour cela, comme des domestiques. Malhe
164
ersonne, impossible d’en faire du ciment ! Alors,
il
est très clair qu’à partir de la notion de personne, on peut tout rec
165
de l’individu, sans doute, et pas de la personne.
Il
se traduit donc aussi directement par un esprit de compétition entre
166
lève de ce qui n’est pas la vocation. À ce sujet,
il
ne faut pas s’imaginer la vocation comme une force qui vient vers nou
167
», mais « aimés ». C’est complètement différent.
Il
n’y a pas déterminisme, mais responsabilité. Cette notion d’amour est
168
es criminels à l’échelle mondiale, des gangsters…
Il
n’y a pas d’amour là-dedans. Ce n’est pas comme la patrie. Ne pensez-
169
qui peut vous conduire à vous exiler. Les régions
doivent
se faire à travers les frontières. La région de Bâle-Wurtemberg-Alsac
170
eux, France et Allemagne, la maltraitent parce qu’
elle
se trouve à leurs confins. En réalité, c’est même le cœur géographiqu
171
ité, c’est même le cœur géographique de l’Europe.
Ils
veulent se mettre ensemble car ils ont l’impression d’une centralité
172
e de l’Europe. Ils veulent se mettre ensemble car
ils
ont l’impression d’une centralité continentale, ce qui est vrai à tou
173
s points de vue. Dans votre livre, vous disiez qu’
il
faut aller à la fois vite et lentement pour constituer cette Europe d
174
peu partout. Spontanément, c’est très important.
Elles
ont envie de se connaître. Elles nomment des délégués pour un congrès
175
très important. Elles ont envie de se connaître.
Elles
nomment des délégués pour un congrès annuel des régions : régions éco
176
ançais ! Vous avez dit à un journaliste suisse qu’
il
faudrait au moins trois générations à la France pour se relever du ce
177
Dans L’Avenir est notre affaire (Stock, 1977),
il
brossait un bilan des crises actuelles et en cherchait les causes dan
178
s petites communautés et les régions. Depuis 1947
il
habite une ferme du pays de Gex, avec sa femme qui s’occupe activemen
179
même géographiques mais linguistiques — encore qu’
elle
englobât deux cantons mixtes et que le petit dernier ne fût pas encor
180
, dans quelles circonstances votre vocation s’est-
elle
décidée ? Je crois qu’il faut remonter, pour distinguer l’appel que s
181
s votre vocation s’est-elle décidée ? Je crois qu’
il
faut remonter, pour distinguer l’appel que signifie toute vocation —
182
dinand de Saussure. Ainsi, cinquante ans avant qu’
elle
n’arrive à la Sorbonne, nous découvrions la linguistique nouvelle. En
183
surréalisme figurait en bonne place, estimant qu’
il
était du devoir des écrivains d’affronter les problèmes de la crise n
184
figurait en bonne place, estimant qu’il était du
devoir
des écrivains d’affronter les problèmes de la crise naissante. Ce qui
185
Les Méfaits de l’instruction publique . Quoi ou
il
en soit, il me semblait important d’en venir à une littérature fondée
186
s de l’instruction publique . Quoi ou il en soit,
il
me semblait important d’en venir à une littérature fondée spirituelle
187
antier. À la suite de mon Journal d’une époque ,
devrait
bientôt paraître le Journal d’un Européen, portant sur ces trente der
188
Dans la tradition des grands moralistes suisses,
il
est parvenu, en témoin clairvoyant de son époque aux intuitions souve
189
usement d’avoir flirté avec le fascisme, alors qu’
il
fut, et ses livres en témoignent clairement, un antinazi de la premiè
190
ux exhortations stimulantes. Le premier, ainsi qu’
il
le rappelle avec une insistance frisant la coquetterie, il fonda les
191
pelle avec une insistance frisant la coquetterie,
il
fonda les notions d’engagement et d’homme libre et responsable, que S
192
cité d’amitié. Croyez-vous au hasard ? Oui, quand
il
fait bien les choses. Croyez-vous, comme Rousseau, que l’homme naît b
193
l’homme ? Sa liberté, c’est-à-dire le pouvoir qu’
il
prend non sur autrui mais sur soi-même. La réforme que vous admirez l
194
historique préféré ? Je dirais Guillaume Tell, s’
il
était « historique ». Vos musiciens préférés ? Monteverdi, Bach, Moza
195
bombe atomique, arme totalitaire par excellence.
Elle
les domine depuis lors et les soumet à la même sophistique de dissuas
196
nce. L’équilibre de la terreur, tel est le nom qu’
ils
ont inventé pour la paix. Nous disons que cet équilibre ne saurait êt
197
au poker » la survie de l’humanité. En attendant,
il
devient chaque jour plus évident qu’à « l’équilibre de la terreur » c
198
ujours fut tenue pour responsable des malheurs qu’
elle
annonçait. Ainsi va-t-il de ceux qui tentent encore de prévenir cette
199
nsable des malheurs qu’elle annonçait. Ainsi va-t-
il
de ceux qui tentent encore de prévenir cette « solution finale » que
200
r, de la droite traditionnelle à la gauche dès qu’
elle
est au pouvoir. Il est donc entendu que ceux qui mettent en garde co
201
ionnelle à la gauche dès qu’elle est au pouvoir.
Il
est donc entendu que ceux qui mettent en garde contre le nucléaire, s
202
u désarmement nucléaire intégral, dont je suis. —
Ils
ont été traumatisés par la bombe d’Hiroshima. Vous non, sans doute ?
203
une manière anormale à la cause de son angoisse :
il
tente de nier sa réalité, ou de passer avec elle « un compromis dont
204
: il tente de nier sa réalité, ou de passer avec
elle
« un compromis dont il tire, dans sa position névrotique, un certain
205
alité, ou de passer avec elle « un compromis dont
il
tire, dans sa position névrotique, un certain profit2 ». On a reconnu
206
n général, et de la dissuasion en particulier. —
Ils
sont manipulés par Moscou. Cette hypothèse suppose que les « pacifist
207
s finirions par être à la fois rouges et morts. »
Il
est clair que Moscou ne saurait favoriser les antinucléaires qu’à l’O
208
ussi bien, ces derniers ne s’y sont pas trompés :
ils
favorisent les mouvements pacifistes en RDA, en Pologne, en URSS même
209
s pacifistes en RDA, en Pologne, en URSS même, où
ils
sont encore clandestins. Ils sont seuls à pouvoir le faire dans notre
210
ne, en URSS même, où ils sont encore clandestins.
Ils
sont seuls à pouvoir le faire dans notre camp, où ils sont seuls auss
211
sont seuls à pouvoir le faire dans notre camp, où
ils
sont seuls aussi à n’être pas manipulés par Washington. — Ils sont ma
212
ls aussi à n’être pas manipulés par Washington. —
Ils
sont mal informés. Ce livre suffit pour répondre. (La désinformation
213
lus des millions de chômeurs. Votre devise serait-
elle
: « plutôt la fin de l’Humanité que la ruine de ma société » ? Ou sim
214
ur tous les continents et les humains étant ce qu’
ils
sont, les chances d’éviter dans les années qui viennent accidents et
215
l’Histoire peut encore continuer. Cela suffira-t-
il
à faire admettre la seule solution raisonnable ? Tendance suicidair
216
ucléaire est évitable, et nous faisons tout ce qu’
il
faut pour qu’elle arrive. Les calculs imbéciles de « l’overkill »
217
table, et nous faisons tout ce qu’il faut pour qu’
elle
arrive. Les calculs imbéciles de « l’overkill » Vouloir compare
218
es totaux perdent toute signification à mesure qu’
ils
grandissent, puisque les premiers tirs peuvent être décisifs. Mettons
219
Mais comme les Soviétiques en seraient à 38 000,
il
est clair, me dit-on, qu’un effort gigantesque doit être demandé aux
220
il est clair, me dit-on, qu’un effort gigantesque
doit
être demandé aux industries d’armes américaines to stop the gap, pour
221
ns l’incommensurable et le non-sens. Que faudra-t-
il
encore pour que les Grands comprennent cette évidence arithmétique :
222
e convenait sans doute, j’avais cru comprendre qu’
il
s’agirait du problème global de la Suisse et de l’union de l’Europe.
223
dire, sinon que son énoncé me paraissait boiteux.
Il
invite en effet à mettre en relation, il pose en face à face deux réa
224
boiteux. Il invite en effet à mettre en relation,
il
pose en face à face deux réalités non comparables, car : 1° la Suisse
225
comparables, car : 1° la Suisse est autre chose —
elle
est beaucoup plus — que l’économie suisse ; 2° la Communauté économiq
226
que européenne — même élargie — est autre chose —
elle
est beaucoup moins — que l’Europe unie. Les deux titres qui me semble
227
à observer ceci : que les réalités économiques qu’
il
désigne dépendent — quant à leur évaluation tout au moins — des défin
228
la Suisse et de l’Europe unie, et leur sont — ou
devraient
leur être — subordonnées. Le thème primordial se ramène donc dans tou
229
1. Quelle Suisse et quelle union de l’Europe ?
Il
ne s’agit nullement dans tout cela de « simples questions de mots »,
230
sans qualificatif, répond l’illusion politique :
elle
explique que l’on puisse nommer « Parlement européen » l’assemblée él
231
ir — à quel type d’Europe unie la Suisse pourrait-
elle
se joindre ? — et cela non seulement sans y perdre son identité, mais
232
interdire d’innover dans ce domaine aussi, comme
il
est si bien vu de le faire dans le domaine des sciences physiques, da
233
gie, en biologie et même en génétique, mais comme
il
semble à peu près exclu de le proposer dans le domaine des formes pol
234
L’Europe de Bruxelles ou la Communauté élargie. S’
il
s’agit d’un élargissement des accords économiques à d’autres pays eur
235
dres strictement délimités par le traité de Rome,
il
ne me semble pas que des obstacles de principe s’opposent à une parti
236
able tant à la CEE qu’à l’économie suisse. Mais s’
il
s’agit d’élargir la Communauté économique à d’autres secteurs, jusqu’
237
, le problème change de nature, radicalement. Car
il
serait dangereux de prétendre fonder et développer l’union sociale, é
238
é. Mais le Conseil de l’Europe est sans pouvoirs.
Il
ne réunit que des ministres, en fin de compte, non des peuples par le
239
pte, non des peuples par leurs élus. C’est lui qu’
il
eût fallu élire au suffrage universel. Et doter de pouvoirs élargis j
240
’est du côté du Conseil de l’Europe que la Suisse
devrait
dès maintenant produire un effort d’imagination, d’invention, d’innov
241
le de super-État européen, dont personne ne veut (
il
ne sert que de punching-ball pour Michel Debré) et sur le modèle de l
242
de la Ligue défensive des nations souveraines, où
il
n’y aurait de sérieux que les USA d’une part, l’URSS de l’autre. Rest
243
ormulait naguère à propos des États-Unis, mais qu’
il
est facile de transposer en termes européens : Ne confiez jamais à u
244
Ce que la famille peut faire, la municipalité ne
doit
pas le faire. Ce que la municipalité peut faire, les États ne doivent
245
. Ce que la municipalité peut faire, les États ne
doivent
pas le faire. Et ce que les États peuvent faire, le gouvernement fédé
246
s États peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
doit
pas le faire. Dans le même sens se prononcent aujourd’hui la plupart
247
ropéens ne feraient qu’égratigner la Russie, mais
elles
dévasteraient les villes de l’Allemagne envahie sans faire beaucoup d
248
e, et l’adjectif « dissuasive » n’y change rien.
Il
me paraît que la Suisse, au lieu de mener un combat en retraite, et d
249
n retraite, et d’accepter l’idée que, finalement,
elle
sera contrainte de céder, c’est-à-dire d’adhérer à la CEE, doit prend
250
rainte de céder, c’est-à-dire d’adhérer à la CEE,
doit
prendre sans plus tarder des initiatives créatrices, ainsi que l’a pr
251
ecte que « la Suisse ne fait pas le poids », « qu’
elle
est trop petite », etc. Mais dans ma longue carrière d’historien des
252
par le rideau de fer d’autre part, les solutions
doivent
être cherchées dans ce qui permettrait de dépasser simultanément par
253
l’a écrit (notamment l’historien E. Gagliardi) :
elle
est demeurée jusqu’en notre siècle le seul témoin du mouvement des co
254
s que jamais nécessaire à l’Europe à condition qu’
elle
reste suisse, qu’elle garde son identité de fédération fondée sur l’a
255
e à l’Europe à condition qu’elle reste suisse, qu’
elle
garde son identité de fédération fondée sur l’autonomie des communaut
256
se, communes et plus tard cantons. Voilà pourquoi
il
ne serait pas du tout anormal, et peut-être même bénéfique, qu’elle s
257
du tout anormal, et peut-être même bénéfique, qu’
elle
soit la dernière à rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont
258
rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont
elle
aura été, dans le même temps, la première figuration et la promesse.
259
aos et d’un fils du Chaos. C’est donc d’Hitler qu’
il
faut parler. Individu quelconque et quasi nul en soi, phénomène d’env
260
as, à l’analyse, la moindre trace de sa personne.
Il
fut ces effets, et rien d’autre. Démontrer qu’il n’a pas existé serai
261
Il fut ces effets, et rien d’autre. Démontrer qu’
il
n’a pas existé serait un jeu : père inconnu, cadavre disparu, témoign
262
h, a écrit : « Le prophète n’a pas de biographie.
Il
se lève et tombe avec sa mission. » Ainsi d’Hitler, l’antiprophète de
263
e, d’un passé mort, d’une catastrophe totale dont
il
allait devenir l’agent. Avec son insondable vulgarité, sa mégalomanie
264
tragique a été le prophète du Néant collectif, où
il
a presque réussi à entraîner toute sa génération. C’est ainsi que je
265
rophétisé : « Le 15 juin j’entrerai dans Paris ».
Il
y entre en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle est sa défaite i
266
jourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde :
il
ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades… La confr
267
émouvantes du monde : il ne les connaîtra jamais.
Il
ne verra que d’aveugles façades… La confrontation stupéfiante de cet
268
cessaire pour faire comprendre au monde entier qu’
il
est des victoires impossibles… Enfin, on peut lire dans La Part du d
269
ns avec une stupéfaction mêlée de honte : « Comme
il
était petit ! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grand
270
faction mêlée de honte : « Comme il était petit !
Il
n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misère
271
N à Dantzig, est reçu en audience par le Führer :
il
s’agit d’une ultime tentative pour sauver la paix. Hitler ouvre l’alb
272
tive pour sauver la paix. Hitler ouvre l’album où
il
fait coller chaque jour les articles parus sur lui à l’étranger. Il d
273
que jour les articles parus sur lui à l’étranger.
Il
désigne une coupure du Courrier de Saint-Étienne intitulée : « Le Füh
274
ulée : « Le Führer a perdu la guerre des nerfs. »
Il
entre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-il, il faut bien que
275
l entre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-
il
, il faut bien que je fasse la guerre à la Pologne puisqu’on écrit des
276
tre dans une rage folle. « Vous voyez, crie-t-il,
il
faut bien que je fasse la guerre à la Pologne puisqu’on écrit des cho
277
sur moi. » C. J. Burckhardt lui demande pourquoi
il
attache tant d’importance aux propos d’une feuille de province : « Po
278
t et empesé autour d’un Führer silencieux, non qu’
il
veuille garder secrets ses grands desseins, mais parce qu’il ne sait
279
garder secrets ses grands desseins, mais parce qu’
il
ne sait pas de quoi parler. Ce vide du personnage est essentiel : il
280
uoi parler. Ce vide du personnage est essentiel :
il
est la condition de sa « mission » satanique. Certes, Hitler n’était
281
n sa présence par un frisson d’horreur sacrée, qu’
il
était le siège d’une « domination », d’un « trône », d’un « génie » o
282
les Ravaillac, parce que ma mission me protège. »
Il
faut croire un homme qui dit cela… D’où lui vient le pouvoir surhumai
283
dit cela… D’où lui vient le pouvoir surhumain qu’
il
développe pendant un discours ? Une énergie de cette nature, on sent
284
Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’
elle
ne saurait se manifester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’e
285
ppe à nos psychologies… On me demande sottement s’
il
est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, si cela comp
286
lligent, si cela compte en lui le moins du monde,
il
ne vaut rien pour un destin pareil. En ce sens démoniaque du terme, u
287
» n’est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent.
Il
ne s’appartient pas, n’a pas de qualités propres, de vices ou de vert
288
me de compte en banque, et à peine un état civil.
Il
est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces
289
nds de langue et de race. Pour recréer ces liens,
il
faudra faire appel aux forces irrationnelles de l’inconscient. Pour r
290
Serpent de la Genèse. Dans Mein Kampf, dès 1923,
il
décrit avec une surprenante précision le réveil des puissances souter
291
récision le réveil des puissances souterraines qu’
il
se propose d’opérer : Tous les grands mouvements de l’Histoire sont
292
le regard de ces milliers d’yeux » (Mein Kampf),
il
supprime le Juge, et la faute. En fondant tout un peuple dans une mas
293
fondant tout un peuple dans une masse passionnée,
il
le rend à l’état d’innocence première : pas de responsables dans une
294
manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’
ils
célèbrent ! Et c’est une liturgie qui se déroule, la grande cérémonie
295
us ces corps horriblement tendus. Je suis seul et
ils
sont tous ensemble. Un désastre mondial Dès avant la guerre de
296
Pourtant, on ne l’a pas arrêté. Voilà le point qu’
il
faut élucider. Replaçons-nous dans la situation de l’Europe à la veil
297
bservateurs était la suivante : « Comment se peut-
il
que des individus ‟normaux” deviennent subitement nazis ? Que des pop
298
énéralement perdu la Foi, l’Espérance et l’Amour,
il
a fondé le culte de la masse déifiée, animée par les trois antivertus
299
sser un théologien anonyme dont j’ignore encore s’
il
était chrétien ou juif, dévoilait le mystère profond de l’hitlérisme,
300
mystère profond de l’hitlérisme, en même temps qu’
il
annonçait les hautes tours des crématoires d’Auschwitz et l’Holocaust
301
de la critique tant libérale que marxiste, dès qu’
elle
essaie d’analyser le phénomène nazi, provient de l’obsession économis
302
de l’aventure hitlérienne. Fondée sur le Malheur,
elle
allait au Néant. « Das Nichts nichtet (le néant néantit) », venait d’
303
me ne pouvait aboutir qu’à la guerre, dès lors qu’
il
ne donnait à la communauté d’autre contenu que la haine commune, d’au
304
aire est à jamais inapplicable : une idée de fou.
Il
ne saurait y avoir toute-puissance d’une partie sur un tout humain. I
305
toute-puissance d’une partie sur un tout humain.
Il
n’y a en fait que la puissance d’un parti sur sa propre nation, systé
306
ialisme. L’Occident n’a pas eu de pire ennemi, et
il
est loin d’être certain qu’il ait été vaincu ailleurs que dans les ru
307
de pire ennemi, et il est loin d’être certain qu’
il
ait été vaincu ailleurs que dans les ruines de Berlin. Hitler donnait
308
e ce que j’ai connu jusqu’ici. Vous savez comment
il
est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’une circulaire exp
309
lement de son initiative, mais de la manière dont
elle
l’a réalisée, dans une atmosphère à la fois détendue et attentive, da
310
vais bien connu dans le mouvement personnaliste :
ils
m’ont jeté bon gré mal gré dans l’action fédéraliste européenne, en m
311
oilà : j’y suis encore après trente-trois ans. Je
dois
avouer, cependant, que je me suis arrangé pour écrire un peu, en marg
312
ence européenne de la culture à Lausanne en 1949,
il
a fallu mettre sur pied un certain nombre d’institutions, dont le Cen
313
son directeur-fondateur à partir de 1949. Tout a
dû
être créé à partir de zéro, et avec très peu d’argent, car les gouver
314
s mouvements fédéralistes se sont mis à décliner.
Ils
n’avaient au fond plus grand-chose à se mettre sous la dent. Ils cont
315
u fond plus grand-chose à se mettre sous la dent.
Ils
continuaient de répéter : « Unissons-nous, unissons-nous ! » Mais ce
316
printemps et qui vient de se réunir à Strasbourg.
Elle
n’est ni un parlement, ni européenne au sens plein du terme : c’est u
317
as le dire comme cela chaque fois qu’on en parle,
il
est plus simple de dire : le Parlement européen. Mais c’est une usurp
318
n de terme, et qui peut être dangereuse, parce qu’
elle
laisse entendre que cette assemblée, à partir de ses prérogatives trè
319
mblée, à partir de ses prérogatives très réduites
devrait
s’attribuer des compétences générales, non seulement économiques, mai
320
à la fonction de noyau de l’Europe future, puisqu’
il
compte 22 pays de l’Europe de l’Ouest. (Seule la Finlande, pour des r
321
t évidemment à celui du Conseil de l’Europe qu’on
devrait
donner des pouvoirs législatifs. Tout ceci n’est pas seulement une es
322
otre affaire . Au cours de la dernière décennie,
il
s’est passé deux choses : d’une part, la décadence accélérée du mouve
323
ui, car un combat, cela peut se perdre, tandis qu’
il
est évident que ni l’écologie, ni les régions, ni la fédération europ
324
xxie siècle. De ce premier travail de Forrester
devait
sortir un an plus tard, en 1971, le fameux Rapport au club de Rome su
325
lus qu’aujourd’hui — détenus par les Arabes et qu’
ils
pouvaient jeter sur le marché occidental — de telle manière que toute
326
une tempête : roulant d’un bastingage à l’autre,
elle
détruit absolument tout. C’était ce qui risquait de se passer. Je l’a
327
confirmation concrète de ce que j’annonçais. J’ai
dû
réécrire toute cette partie de mon livre, que je n’ai pu achever qu’e
328
e. À cause de ce délai imposé par les événements,
il
s’est trouvé que mon livre, pour une fois, n’arrivait pas trop tôt !
329
l’opinion, et mon livre en a bénéficié, parce qu’
il
a paru deux mois après. L’éditeur m’a dit : « S’il avait paru en juin
330
l a paru deux mois après. L’éditeur m’a dit : « S’
il
avait paru en juin, peut-être que cela n’aurait pas marché ! » Pour u
331
erre. J’entends la guerre nucléaire. Aujourd’hui,
il
n’est pas question d’autre chose. Tous nos États-nations préparent la
332
États-nations préparent la guerre. Non seulement
ils
sont nés de la guerre, il y a soixante ans (les traités de « banlieue
333
t-cinquante ans, ou deux-cents ans (1789 !), mais
ils
sont entretenus par la guerre ; tous leurs rapports avec l’économie s
334
irons pas plus ! » Mais cette guerre, à quoi peut-
elle
servir ? Ce sont les États-nations seuls qui auront le droit de peser
335
t 3,5 milliards d’humains) : « Que pensez-vous qu’
il
resterait de l’humanité en cas de guerre atomique ? » Il m’a dit : «
336
erait de l’humanité en cas de guerre atomique ? »
Il
m’a dit : « Eh bien, d’après mes calculs, environ 20 millions de gens
337
abri des radiations ! » Mais, vous imaginez ce qu’
ils
seraient ? De pauvres hères, qui chercheraient à se nourrir de choses
338
vient de nous le rappeler M. Birre. À tout cela,
il
faut opposer d’urgence une logique du vivant, des cellules, de ce qui
339
surer des rochers, qui est irrésistible, parce qu’
elle
sort de partout, et non d’un centre que l’on pourrait détruire avec u
340
l de Jacques Juillet, qui n’a pu être des nôtres.
Il
s’agit de l’opposition entre ce qui vient d’en haut, de l’État, qui d
341
mais des régions, le moyen de restaurer la paix.
Elle
serait aussi le seul moyen de lutter contre les menaces de guerre qui
342
fera que le danger s’éloignera probablement. Mais
il
nous faut travailler vite, il nous faut créer vite cette Europe en ta
343
probablement. Mais il nous faut travailler vite,
il
nous faut créer vite cette Europe en tant que facteur de paix qui emp
344
ouver par la guerre au-dehors, la tranquillité qu’
il
n’a plus au-dedans ». L’Europe, unie — j’insiste — est impossible à c
345
ces misanthropes veulent une amicale, mais alors
ils
ne sont plus misanthropes, ou bien ils restent misanthropes, mais alo
346
mais alors ils ne sont plus misanthropes, ou bien
ils
restent misanthropes, mais alors ils n’ont pas l’idée de faire une am
347
pes, ou bien ils restent misanthropes, mais alors
ils
n’ont pas l’idée de faire une amicale, ou seulement pour tromper le m
348
avons pas, j’insiste, à le renverser. Je crois qu’
il
serait tout à fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s’e
349
e s’emparer du pouvoir des États-nations parce qu’
elle
s’emparerait de très peu de choses : de bureaux, de téléphones, d’uni
350
Révolution de 1917 ont très vite changé de mains.
Il
nous faut au contraire construire, créer le pouvoir. Là encore, c’est
351
veut dire d’abord que c’est petit, car autrement
il
n’y a pas de participation possible, qu’elle soit civique, économique
352
rement il n’y a pas de participation possible, qu’
elle
soit civique, économique ou politique. Il ne faut donc pas vouloir im
353
e, qu’elle soit civique, économique ou politique.
Il
ne faut donc pas vouloir imposer un modèle de régions qui serait le m
354
rsuadé que la région, c’est une bonne chose, mais
il
se pose des questions auxquelles il n’a pas trouvé de réponses quant
355
e chose, mais il se pose des questions auxquelles
il
n’a pas trouvé de réponses quant à la réalisation de ces « régions à
356
ariable, ainsi que M. Naef, qui malheureusement a
dû
nous quitter hier et dont l’avis m’importait beaucoup, car il est l’u
357
ter hier et dont l’avis m’importait beaucoup, car
il
est l’un des responsables de la planification et de l’aménagement du
358
! Je constate, après ces deux jours de débats, qu’
ils
m’ont obligé à me poser des questions plus précises, plus concrètes s
359
ses, plus concrètes sur bien des cas ; mais ce qu’
il
faut que je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométrie
360
z des ensembles topologiques en intersections, et
il
s’agit de voir quel est le plus dense ensemble d’intersections, qui s
361
je ne dis pas encore des réponses — peut-être qu’
il
ne faut pas tout résoudre… J’entrevois des solutions possibles dans t
362
ément celui de mon canton et de la Suisse, puisqu’
il
comprend, outre la Romandie, les trois quarts de la France, une moiti
363
tre, ou celles dont je vais démissionner parce qu’
elles
ne m’intéressent plus ! Mais alors, si maintenant un jacobin, un Robe
364
, c’est ce que l’État-nation exige de nous, quand
il
va jusqu’au bout de sa logique. Je pars donc de cette idée de la plur
365
soin des forêts, de transports, de main-d’œuvre.
Il
existe en France, des syndicats intercommunaux à vocations multiples,
366
on. Tout à l’heure, en entendant parler M. Birre,
il
m’est venu une autre idée. Dans la grande discussion sur les régions
367
ancienne approche, l’économique d’abord, que nous
devons
dépasser. Car, comme on l’a dit ce matin, les villes, au fond, elles
368
, comme on l’a dit ce matin, les villes, au fond,
elles
sont « nulle part », elles ont détruit souvent leur relief, et toujou
369
, les villes, au fond, elles sont « nulle part »,
elles
ont détruit souvent leur relief, et toujours leur humus. Elles sont d
370
ruit souvent leur relief, et toujours leur humus.
Elles
sont donc dans l’utopie. Il faut fonder des régions sur la réalité. A
371
ujours leur humus. Elles sont donc dans l’utopie.
Il
faut fonder des régions sur la réalité. Alors, je pense en écoutant M
372
ème direction dans laquelle nous pourrions aller.
Elle
ferait passer le centre régional de la ville, c’est-à-dire de l’indus
373
udrais d’apporter des réponses toutes faites, car
elles
tomberaient sous ma propre critique de l’utopie. Toute fédération, to
374
fédération, toute organisation fédérative est et
doit
rester complexe, parce qu’elle veut coller à la réalité physique, hum
375
fédérative est et doit rester complexe, parce qu’
elle
veut coller à la réalité physique, humaine, économique et culturelle.
376
ion s’applique naturellement aux États-Unis, mais
elle
est très facile à transposer en termes européens, voire suisses. La v
377
Ce que la famille peut faire, la municipalité ne
doit
pas le faire, ce que la municipalité peut faire, les États — (je dira
378
t faire, les États — (je dirais les régions) — ne
doivent
pas le faire, et ce que les États — (les régions) — peuvent faire, le
379
ions) — peuvent faire, le gouvernement fédéral ne
doit
pas le faire. C’est un miracle de simplicité et cela résout des mill
380
par la fédération européenne, et pour celles-là,
il
faut des agences mondiales. Je rappellerai notamment le problème de l
381
demain. Il y a aussi le problème des eaux douces.
Il
faut donc un certain minimum d’agences fédérales mondiales, qui ne fe
382
spécificités locales, les différences quelles qu’
elles
soient, et la volonté de se fédérer en ensembles toujours plus vastes
383
oup de gens voient là une contradiction. C’est qu’
ils
ont l’esprit mal formé par Descartes ! Il n’y a aucune contradiction
384
est qu’ils ont l’esprit mal formé par Descartes !
Il
n’y a aucune contradiction entre le pouvoir des petites autonomies et
385
re de s’autogérer malgré les menaces extérieures.
Elles
ont créé un pouvoir commun de défense qui était réel mais limité à ce
386
ité à cela, et les laissait libres pour le reste.
Il
s’agissait des communes d’Uri, de Schwyz et de Nidwald. On ne parlait
387
iculier. Donc, s’occuper des communes, vouloir qu’
elles
soient libres et responsables d’elles-mêmes, ce n’est pas du tout s’e
388
rsel. Je crois que cela, c’est la philosophie qui
doit
être à la base de tout ce que nous imaginons de la région. Cela a été
389
ion personnaliste et communautaire. Dès le début,
il
n’était pas question de séparer la personne de la communauté, c’est-à
390
amne à l’immobilité ! » Si un homme veut marcher,
il
ne peut pas avoir plus d’un pied à la fois sur la terre ! Et s’il fai
391
voir plus d’un pied à la fois sur la terre ! Et s’
il
fait un grand bond, il n’a plus aucun pied sur la terre, mais il va t
392
a fois sur la terre ! Et s’il fait un grand bond,
il
n’a plus aucun pied sur la terre, mais il va très loin ! Je vais con
393
d bond, il n’a plus aucun pied sur la terre, mais
il
va très loin ! Je vais conclure sur l’Europe. Il me paraît significa
394
il va très loin ! Je vais conclure sur l’Europe.
Il
me paraît significatif que dans ce colloque, il se soit trouvé que le
395
. Il me paraît significatif que dans ce colloque,
il
se soit trouvé que le premier rapport, celui de M. Hell, portait sur
396
elle ce que Paul Valéry a écrit là-dessus (et qui
devrait
être complété) : « Est Européen tout homme qui a subi profondément le
397
que de la cité, Écritures judéo-chrétiennes. Mais
il
faut y ajouter les valeurs germaniques et les valeurs celtiques, qui
398
culture européenne tellement créatrice, c’est qu’
elle
est tissée d’antinomies. La foi qui sauve, c’est chrétien, mais la ra
399
à la fois à la langue d’oc et à la langue d’oïl.
Il
en reste des traces dans nos patois. Les mots de patois neuchâtelois,
400
le « Tu n’as pas peur de t’encoubler ? » Eh bien,
ils
savent très bien que cela veut dire « trébucher », sur des racines ou
401
t collectif. Il y a donc des rythmes millénaires,
il
y en a d’autres comme la mobilité de nos frontières, qui sont à peine
402
y compris les huit États de l’Est : c’est 89 ans.
Il
y en a un qui fait beaucoup monter la moyenne à lui seul, c’est le Po
403
grandie par annexions et conquêtes jusqu’en 1861.
Elle
a très peu varié au xxe siècle. Mais on est étonné de voir que ce ry
404
ques. Quant au rythme des variations économiques,
il
n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans. Il suffit que vous imp
405
il n’est même pas de dix ans, plutôt de cinq ans.
Il
suffit que vous implantiez une usine dans une région pour changer com
406
son potentiel et ses relations économiques. Donc,
il
serait faux de baser l’Europe, cette immense construction, sur ce qu’
407
us variable, et qui peut être ruiné : l’économie.
Il
faut la fonder sur l’humus, l’humus de l’histoire, au sens symbolique
408
à mon sens, de M. et Mme André Birre, avec ce qu’
ils
nous ont appris sur l’humus, qui donne vraiment et symboliquement une
409
sommes tous d’accord là-dessus. Je crois aussi qu’
il
faudrait élargir les applications de ce principe, et je vois là la po
410
helle régionale et à l’échelle planétaire, et qui
devrait
à mon sens partir d’une conférence mondiale dont les thèmes seraient
411
ndo Strassoldo insiste amicalement sur le fait qu’
il
concorde à 95 % avec moi. Si vous ne gardez pas cela à l’esprit, vous
412
n inverse qu’évoque la lecture de son texte et qu’
il
n’est d’accord avec moi sur à peu près rien ! En réalité, je le conna
413
, sans je crois lui faire tort, que tout d’abord,
il
est italien et qu’il aime s’amuser ; que son papier, comme il le dit,
414
aire tort, que tout d’abord, il est italien et qu’
il
aime s’amuser ; que son papier, comme il le dit, ne pourra pas apport
415
en et qu’il aime s’amuser ; que son papier, comme
il
le dit, ne pourra pas apporter uniquement des louanges et des applaud
416
ritiques que l’on pourrait faire, de manière, dit-
il
, à approfondir et clarifier la pensée de l’auteur sur quelques points
417
ons qui pourraient venir sur tel ou tel point, qu’
il
se forme à lui-même avec une imperturbable intelligence, et que souve
418
astucieux et tenter de clarifier ma pensée, comme
il
m’y invite. I. Des causes de la nocivité de l’État Selon R. Stra
419
antes, car c’est tout le système international qu’
il
faudrait réformer en même temps. L’Europe est trop petite pour que l’
420
L’Europe est trop petite pour que l’on s’arrête à
elle
seule. Bien entendu, il a parfaitement raison, on peut toujours dire
421
our que l’on s’arrête à elle seule. Bien entendu,
il
a parfaitement raison, on peut toujours dire cela, seulement on ne ré
422
t entreprendre une réforme que si l’on est sûr qu’
elle
est réalisable partout ! C’est la première démarche de l’utopisme. Je
423
logiques de la « petite échelle » des sociétés
Il
pose au départ que les grands systèmes permettent seuls le haut nivea
424
er ici le problème des régions. S’il y a crise, s’
il
faut absolument trouver une autre formule que celle de l’État-nation,
425
n n’est justement plus capable de maintenir ce qu’
il
promettait : ces hauts niveaux de vie, cet emploi général, ce maintie
426
naie, cette défense indépendante du territoire. S’
il
était capable de faire tout cela, on lui dirait : « Bon, continue, ce
427
égions éliminerait tous les conflits. À mon sens,
il
consiste plutôt à maintenir les conflits dans des dimensions assez pe
428
onflits dans des dimensions assez petites pour qu’
elles
soient maîtrisables et que les conflits puissent devenir productifs a
429
lieu d’être tout simplement anéantissants, comme
ils
le sont à l’échelle des grands États-nations. IV. De la nécessité
430
. IV. De la nécessité des fondements sacrés
Il
a raison : ni le personnalisme, ni les régions, ni même le fédéralism
431
sement des masses immenses, aussi ne le demandent-
ils
pas, ils s’en gardent bien ! C’est précisément contre ces entraînemen
432
s masses immenses, aussi ne le demandent-ils pas,
ils
s’en gardent bien ! C’est précisément contre ces entraînements religi
433
hrases de Strassoldo me paraissent fort ambiguës.
Il
laisse entendre quelque part que le personnalisme aboutirait à l’excl
434
ocation bel et bien transcendante à l’individu. S’
il
nous fallait absolument un mythe, s’il fallait définir en un mot l’am
435
ndividu. S’il nous fallait absolument un mythe, s’
il
fallait définir en un mot l’ambition, l’idéal, les visées du fédérali
436
on à la guerre. Chaque fois qu’il y a une guerre,
il
augmente ses prérogatives : on arrive à l’État totalitaire par la gue
437
R. Strassoldo voit des contradictions, ou plutôt
il
imagine que l’on pourrait en voir, entre les régions économiques comp
438
st heureusement un pur et simple jeu de l’esprit.
Il
n’y a aucune espèce d’incompatibilité entre les deux choses, à moins
439
qu’on les « absolutise », après quoi, évidemment,
il
ne reste plus aucun moyen de les articuler. VI. De la participatio
440
n de les articuler. VI. De la participation
Il
demande, c’est une forme de phrase : « Est-ce que la participation co
441
orrespond à un besoin réel des citoyens ? » Non !
Elle
correspond à une nécessité absolue, sans laquelle il n’y a aucune soc
442
correspond à une nécessité absolue, sans laquelle
il
n’y a aucune société possible. On ne va pas demander à chacun s’il a
443
ociété possible. On ne va pas demander à chacun s’
il
a besoin de participer. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’il
444
iciper. C’est une évidence qui saute aux yeux : s’
il
n’y a pas de participation des citoyens, il n’y a pas de société, en
445
x : s’il n’y a pas de participation des citoyens,
il
n’y a pas de société, en tout cas pas démocratique. VII. Du choix
446
ique. VII. Du choix électronucléaire « Faut-
il
être aussi radicalement opposé au nucléaire ? » demande-t-il avec un
447
si radicalement opposé au nucléaire ? » demande-t-
il
avec un peu d’ironie dans le ton. D’une manière que je crois être pur
448
que je crois être purement provocante de sa part,
il
répète cette phrase : « Vivre, c’est prendre des risques ! » Il s’agi
449
e phrase : « Vivre, c’est prendre des risques ! »
Il
s’agit de savoir quels risques on prend. Nous ne prendrions pas le ri
450
s-risques ! » Certains sont tout à fait inutiles.
Il
dit aussi par exemple, que les vastes surfaces de panneaux producteur
451
ui disait : « Mais savez-vous que les surfaces qu’
il
faudrait pour créer l’équivalent en énergie solaire d’une grande cent
452
L’intérêt de l’énergie solaire c’est justement qu’
elle
nous dispense des grandes centrales et qu’elle peut être dispersée ch
453
qu’elle nous dispense des grandes centrales et qu’
elle
peut être dispersée chez tout le monde, même jusqu’aux maisons, jusqu
454
re couvrirait 3 départements français. Lesquels ?
Ils
sont très inégaux. VIII. Des communautés écologiques de jeunes
455
qui est juste, que c’est un phénomène important.
Il
cite Longo Maï que j’ai cité dans mon livre. Il ajoute : « Mais je ne
456
. Il cite Longo Maï que j’ai cité dans mon livre.
Il
ajoute : « Mais je ne crois pas qu’il y ait là une solution définitiv
457
s à tous les problèmes de l’humanité ! » Ensuite,
il
commet une erreur en disant qu’une communauté comme celle de Longo Ma
458
e de Longo Maï n’ont parlé de retour à la nature,
ils
disent simplement : « Nourrir l’humanité va être le grand problème da
459
pensé une seconde au modèle yougoslave — si même
il
y en a un ! — en écrivant mon livre. Je me suis inspiré du modèle sui
460
e je parle de région et de participation civique,
il
est bien entendu qu’il ne s’agit de rien de comparable aux cantons su
461
de participation civique, il est bien entendu qu’
il
ne s’agit de rien de comparable aux cantons suisses, qui sont les cré
462
e n’est pas la technocratie, mais la politique. »
Il
m’est arrivé un jour, au cours d’une conversation avec Louis Armand,
463
philosophie personnaliste plus les ordinateurs. »
Il
m’a répondu : « Ah, celle-là, je vous en veux de l’avoir dite avant m
464
voir toujours dit et décrit le contraire de ce qu’
il
m’est ici reproché d’avoir défendu ou attaqué. Je crois que Strassold
465
début du siècle, dans une abondante littérature,
elle
n’oubliait qu’une chose : c’est que l’homme est un animal et non pas
466
que l’homme est un animal et non pas un légume !
Il
existe d’ailleurs un légume qui est presque entièrement racine ; c’es
467
st un animal caractérisé par sa mobilité, et plus
il
s’élève dans l’ordre spirituel, plus il se reconnaît « errant et voya
468
, et plus il s’élève dans l’ordre spirituel, plus
il
se reconnaît « errant et voyageur sur la terre ». aa. Rougemont D
469
très brièvement formulées. 1. La communauté, dit-
il
, ne peut être fondée sur une base libertaire. Je suis d’accord. « Lib
470
rein, qui pour moi n’est pas vraie liberté puisqu’
elle
se dissocie de toute responsabilité. Je crois que l’homme n’est libre
471
est libre (dans une communauté) qu’à la mesure où
il
est en fait responsable, et vice versa (tous les juristes le savent).
472
« l’individu ». La famille kibboutzique, nous dit-
il
, s’oppose à la mobilité et favorise l’enracinement. Le kibboutz serai
473
lequel Ortega y Gasset a écrit de belles choses.
Il
est un temps pour vivre de ses racines dans le milieu natal, et un te
474
on d’Israël, et c’est très bien ainsi. Cependant,
il
faut bien imaginer d’autres modèles de communauté pour le 97 % restan
475
cident. Mais Pierre-Arnold ne s’en tient pas là :
il
nous signale avec sobriété qu’à la trente-troisième génération, il y
476
de notre ancêtre Charlemagne, la Terre entière ne
devait
compter qu’une ou deux-centaines de millions d’habitants, et l’Europe
477
tants, et l’Europe, moins de quinze millions. Or,
il
est sûr que nos ancêtres furent tous des Européens, non des nègres ni
478
rope. Comment quinze millions d’Européens eussent-
ils
pu nous fournir plus de 2 milliards d’ancêtres ? La seule explication
479
ion qui compte 32 ancêtres d’Henri de Rougemont :
elle
se compose de 14 Neuchâtelois, de 2 Genevois et de 16 étrangers. Or,
480
rire un Flamand d’avant Napoléon en lui disant qu’
il
serait « Belge » et l’on eût scandalisé un Bavarois ou un Saxon en le
481
tuels que j’ai interrogés jusqu’ici sur l’idée qu’
ils
se font de l’Europe, vous êtes celui qui s’affirme le plus comme « Eu
482
devenu et restez-vous un « Européen militant » ?
Il
me semble que tout m’y a conduit, à commencer par ma naissance. Dès m
483
hilippe le peintre de la Cour de Suède… L’Europe,
elle
allait de soi comme la famille, et ce n’était pas un cas exceptionnel
484
tre la terre des pères et le continent des rêves,
il
n’y avait aucune opposition : je l’ai écrit dans un petit ouvrage int
485
s invisibles, on nous dit que tout les oppose, qu’
il
faut choisir l’un contre l’autre, et qu’entre ces amours il n’est que
486
oisir l’un contre l’autre, et qu’entre ces amours
il
n’est que de la haine. Comment un Suisse le croirait-il ? Si je me se
487
st que de la haine. Comment un Suisse le croirait-
il
? Si je me sens presque partout chez moi dans l’Europe franco-germani
488
ais la famille, c’est générique et général. Après
elle
, et souvent contre elle, il y a eu la littérature, beaucoup plus préc
489
nérique et général. Après elle, et souvent contre
elle
, il y a eu la littérature, beaucoup plus précisément déterminante dan
490
différent de celui que lui donnait Valéry, quand
il
affirmait qu’est européen tout ce qui a été marqué par Athènes, Rome
491
etiens surtout la grecque et l’évangélique — mais
il
faut leur ajouter deux autres sources : la germanique et la celtique,
492
omme surtout à ces trois dernières sources que je
dois
d’en être venu à découvrir, dans les années 1930, que l’Europe était
493
vous avez découvert l’Europe. Comment cela s’est-
il
passé ? De deux manières. D’une part, j’ai retrouvé à New York beauc
494
ais nous pouvions retourner en Europe, le premier
devoir
serait de fédérer nos peuples. Et ce retour s’est fait pour moi au pr
495
science et votre engagement européen ne remontent-
ils
pas, avant les États-Unis, aux années 1930, au mouvement personnalist
496
es étant indissociables. La liberté était vide si
elle
ne comportait pas de responsabilités civiques concrètes, et la respon
497
n qui prétend parler de son époque est engagé, qu’
il
le sache ou non. Tel était le sujet des premiers chapitres de mon pre
498
Esprit une rubrique de la « Pensée engagée », où
il
rendit compte de mon livre, et dont j’assumais la responsabilité. Tou
499
leur sympathie européenne, et sur la méfiance qu’
ils
ont ressentie après la guerre à l’égard d’une Europe qui leur semblai
500
plus que cela : « Le Message aux Européens », qui
devait
clôturer le congrès, et dont j’avais exigé et obtenu qu’il fût rédigé
501
er le congrès, et dont j’avais exigé et obtenu qu’
il
fût rédigé par moi au nom de ma commission. J’étais embarqué. Avez-vo
502
, Ignazio Silone ayant décliné cet honneur — mais
il
devait être par la suite l’un des intellectuels les plus « engagés »
503
gnazio Silone ayant décliné cet honneur — mais il
devait
être par la suite l’un des intellectuels les plus « engagés » pour no
504
éparé une Conférence européenne de la culture qui
devait
définir les objectifs et les méthodes de l’action pour l’Europe dans
505
stivals du continent, de l’Est comme de l’Ouest —
il
vaut la peine de souligner ce cas que je crois unique ; l’Association
506
vous avez cités. Est-ce à vos yeux décourageant ?
Il
est certain que les écrivains, les philosophes et les sociologues — s
507
ion successives de J.-P. Sartre. Dans le texte qu’
il
m’avait envoyé pour la conférence de Lausanne, Sartre expliquait que
508
erait sauvée qu’avec la culture européenne et par
elle
, mais que la culture européenne ne serait sauvée, à son tour, que par
509
qu’en fabriquant des esclaves et des monstres ».
Il
va jusqu’à dire que les Européens n’ont édifié leurs cathédrales (sic
510
discours au niveau du nombril. Aujourd’hui, vous
devez
vous sentir moins entouré, moins soutenu que ce n’était le cas dans l
511
ens solidaire, a relancé le combat pour l’avenir.
Elle
fait sienne, dans sa majorité, le mot d’ordre que je lui ai proposé :
512
n 1949 à Genève le Centre européen de la culture.
Il
en a été le directeur de 1949 à 1978 et en reste le président. Il a é
513
irecteur de 1949 à 1978 et en reste le président.
Il
a également présidé le Congrès pour la liberté de la culture (1952-19
514
d’ordres très différents : tout d’abord parce qu’
il
s’est trompé quant à deux événements de première importance. Il nous
515
é quant à deux événements de première importance.
Il
nous apprend en effet, page 223 de l’édition française, qu’au moment
516
tique et la Grande-Bretagne par les Amériques. Et
il
écrit en novembre 1939 que « la guerre qui vient de commencer va marq
517
aliser. Orwell écrit son livre en 1948. Que s’est-
il
passé cette année-là ? Au moment même où, sans le moindre commentaire
518
? Au moment même où, sans le moindre commentaire,
il
abandonne l’Europe tout entière à Staline, en mai 1948 se tient à La
519
pe sacrifiée sans combat par Orwell. Et qu’en est-
il
du christianisme, de cette « culture chrétienne libérale » qu’il aban
520
isme, de cette « culture chrétienne libérale » qu’
il
abandonne elle aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est elle,
521
e « culture chrétienne libérale » qu’il abandonne
elle
aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est elle, et c’est elle
522
aussi, et sans plus de regrets apparents ? C’est
elle
, et c’est elle seule, qui s’est dressée contre la grande puissance to
523
plus de regrets apparents ? C’est elle, et c’est
elle
seule, qui s’est dressée contre la grande puissance totalitaire de l’
524
euple des voies qui conduisent au désastre. Ce qu’
il
prêche, c’est la voie nouvelle du salut, la conversion, qui est le re
525
e la démission de l’esprit, devant des menaces qu’
il
contribuerait à rendre fatales en les décrivant telles. Chez Orwell,
526
de l’âme, un masochisme irrépressible. Et jamais
il
ne tente de réveiller en nous le courage de réagir, jamais il n’a mon
527
de réveiller en nous le courage de réagir, jamais
il
n’a montré les buts d’une action libératrice, ni les finalités de l’e
528
e je porte à la prescience de George Orwell quand
il
s’agit de nous faire sentir les forces clandestines qui vont détermin
529
sociétés occidentales, dans la mesure précise où
elles
tentent d’organiser les exigences de leur vocation de liberté. Orwel
530
hysiques et de leurs technologies de pointe, dont
il
n’a pu connaître en 1948 que les balbutiements : je veux parler des a
531
ère moins que dans les régimes totalitaires3, car
il
faut être deux pour jouer à ce jeu-là, celui de l’Équilibre de la ter
532
sée indépendante ». Pour réaliser le premier but,
il
faut trouver « le moyen de tuer plusieurs centaines de millions de ge
533
sible, en 1984, par l’accumulation, dûment prévue
elle
aussi par Orwell, de « fusées chargées de bombes atomiques amoncelées
534
s amoncelées à tous les points stratégiques ». Si
elles
étaient toutes allumées simultanément, dit-il, « leurs effets seraien
535
elles étaient toutes allumées simultanément, dit-
il
, « leurs effets seraient si dévastateurs qu’ils rendraient impossible
536
it-il, « leurs effets seraient si dévastateurs qu’
ils
rendraient impossibles toutes représailles ». Mais il est entendu — c
537
endraient impossibles toutes représailles ». Mais
il
est entendu — c’est même la convention fondamentale de toute l’affair
538
a convention fondamentale de toute l’affaire — qu’
il
est « impossible que cette guerre soit jamais décisive ». À cette fin
539
et leur équilibre perpétuellement rajusté : cela
doit
permettre aux trois Pouvoirs continentaux de continuer à régir toute
540
Pouvoir, soit contre lui, mais sur les thèmes qu’
il
a choisis. Il y a là, beaucoup plus qu’on ne le croit, une entreprise
541
t on accuse l’ordinateur d’être l’agent, alors qu’
il
n’en est que l’outil. Soyons bien clairs. Le simple fait de mettre e
542
litaire d’un gouvernement, si « démocratique » qu’
il
se prétende par ailleurs. C’est là que réside le vrai danger, non dan
543
s, mais que les Pouvoirs seuls ont établi et dont
ils
sont seuls responsables. Ce qui me fait peur, — c’est moins le stocka
544
ulnérabilité du secret des réseaux d’information.
Il
ne se passe pas de semaine sans que les journaux nous apprennent que
545
vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille,
elle
ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra bien coite dans sa caisse.
546
Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair.
Elle
se tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas
547
Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’
il
nous faut c’est un contrôle de l’homme. Une correction me paraît auj
548
mploi bénéfique pour l’homme, ni pour sa liberté.
Il
n’en va pas de même de l’ordinateur qui, lui, peut être employé pour
549
bien autant que pour le mal. On a beaucoup dit qu’
il
favoriserait non seulement la surveillance policière des opinions pri
550
veillance policière des opinions privées, mais qu’
il
serait l’outil idéal de la centralisation étatique, économique autant
551
ogrès technique crée au moins autant d’emplois qu’
il
en supprime et ceux qui le nient sont des faibles d’esprit. Or le chô
552
cessé d’augmenter depuis ce temps-là. Qu’en est-
il
aujourd’hui de ce problème crucial des progrès indissociables de la t
553
quera pas de créer « au moins autant d’emplois qu’
elle
en touchera ». — On dit « toucher » ou « affecter », mais jamais « su
554
ec plusieurs fondations suisses et européennes. ⁂
Il
me reste à vous présenter, avant de conclure, quelques remarques sur
555
nateur : tout y concourt, y compris la crainte qu’
il
inspire et les espoirs insensés qu’il éveille : libération des travai
556
crainte qu’il inspire et les espoirs insensés qu’
il
éveille : libération des travailleurs industriels, éducation pour tou
557
us lyrique de tous sur l’avenir des ordinateurs :
il
s’agit de Seymour Papert, professeur au Laboratoire d’intelligence ar
558
ormatiques pour étudier la psychologie humaine ».
Il
va jusqu’à suggérer que la machine pourrait avoir quelques rapports a
559
demande si la machine peut éprouver des émotions,
il
répond qu’il travaille au MIT à réaliser « un inconscient artificiel
560
machine peut éprouver des émotions, il répond qu’
il
travaille au MIT à réaliser « un inconscient artificiel ». Ce qui ne
561
scientifiques ». Et comme on lui fait observer qu’
il
remet ainsi en question la nature humaine, il répond qu’en effet, « c
562
qu’il remet ainsi en question la nature humaine,
il
répond qu’en effet, « comme l’a fait la religion dans le passé, l’ord
563
ppliquer à l’ordinateur et prouver de la sorte qu’
il
possède une affectivité, il oublie que le mécanisme du refoulement, p
564
rouver de la sorte qu’il possède une affectivité,
il
oublie que le mécanisme du refoulement, pourtant fondamental pour Fre
565
’on peut parler de la « mémoire » d’une machine :
il
ne s’agit en réalité que d’un stockage de données chiffrées, nullemen
566
actuels de l’informatique, Joseph Welzenbaum : «
Il
est difficile d’imaginer ce que cela pourrait signifier de dire qu’un
567
nal ? à qui ? et dans quelle intention ? » À quoi
il
serait bon d’ajouter : « au bénéfice de qui ? et pour quel but final
568
hure, pendant une fraction de seconde j’ai cru qu’
il
s’agissait de la répartition des centrales nucléaires, et la similitu
569
ité pour se détruire elle-même, et toute vie avec
elle
. ⁂ II. Du point de vue qu’on appelle réaliste aujourd’hui Le pr
570
n’est pas technologique, n’est pas économique, et
il
est encore moins énergétique, car à ces trois niveaux la cause est en
571
, car à ces trois niveaux la cause est entendue :
elle
est perdue, comme le font voir les pages qui suivent. ⁂ III. Du po
572
ent les choses allaient se dérouler. Peut-être qu’
il
le feignait, peut-être non : ce qui est certain, c’est qu’il peut se
573
ait, peut-être non : ce qui est certain, c’est qu’
il
peut se féliciter des résultats atteints ! Car en laissant les choses
574
tats atteints ! Car en laissant les choses aller,
il
les a livrées à une logique qui s’est imposée à nous tous, celle du c
575
st pour mieux voir vers quoi nous allons et ce qu’
il
nous faut faire pour éviter le pire, confrontés que nous sommes — mêm
576
remarques sur ce trajet géographico-historique :
il
me semble avoir curieusement contourné l’Empire romain, et par là mêm
577
de l’Europe. Tout au long de ces trois journées,
il
me semble que nous avons fourni un effort unanime et, je crois, réuss
578
gonisme entre le centralisme démocratique, tel qu’
il
se nomme à l’Est, et les démocraties libérales telles qu’elles se veu
579
e à l’Est, et les démocraties libérales telles qu’
elles
se veulent à l’Ouest. ⁂ Resserrons-nous maintenant sur ce que j’ai ap
580
out autre chose que de le transformer en routine.
Il
s’agit de retrouver constamment, par des voies et moyens qui apparais
581
e que nous serons tous d’accord pour constater qu’
il
s’agit là d’un processus dialectique, dont le principe m’apparaît êtr
582
leurs oppositions, contradictions, antinomies qu’
il
s’agit de rendre créatrices. « Tenir ensemble les deux bouts de la ch
583
ble les deux bouts de la chaîne », disait Pascal.
Il
y voyait la condition d’une pensée réaliste, tout englobante. Cela pe
584
dans un milieu naturel et humain où l’on dit « qu’
il
a ses racines ». Mais en fait l’homme n’est pas un légume, c’est un a
585
me n’est pas un légume, c’est un animal, et quand
il
devient adulte, ce n’est plus l’enracinement mais la mobilité qui le
586
bien et le mal, le second des Papiers posthumes.
Il
me semble que ces phrases caractérisent assez bien l’effort qui est f
587
e fois devenus vieux, aux heures de faiblesse, qu’
ils
retombèrent dans l’étroitesse nationale et devinrent patriotes. Niet
588
nale et devinrent patriotes. Nietzsche ajoute qu’
il
pense ici à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, S
589
de plus en plus nationalistes en vieillissant, et
il
y voit un signe de sénilité. ⁂ Ma seconde remarque générale va porter
590
ter sur l’avenir de ce colloque, dont je pense qu’
il
devra se modeler sur l’avenir européen. Cet avenir se fait aujourd’hu
591
sur l’avenir de ce colloque, dont je pense qu’il
devra
se modeler sur l’avenir européen. Cet avenir se fait aujourd’hui dans
592
s cultures les moins faites pour l’accueillir, qu’
elle
a profondément déstabilisées, et dont le désarroi peut être exploité
593
s ce que notre culture a créé de meilleur. Ce qui
doit
dominer nos préoccupations aujourd’hui, c’est donc un certain sentime
594
minence mondiale du chaos. Toute pensée désormais
doit
devenir action, sinon elle court le risque de n’être bientôt plus qu’
595
Toute pensée désormais doit devenir action, sinon
elle
court le risque de n’être bientôt plus qu’une note en bas de page d’u
596
te en bas de page d’une chronique de ce temps, qu’
il
n’y aura plus personne pour lire. Nous avons rappelé et défini les p
597
t aux problèmes économiques presque insolubles qu’
elle
est en train de créer dans toutes les sociétés qu’elle touche. Nous a
598
est en train de créer dans toutes les sociétés qu’
elle
touche. Nous avons fait beaucoup pour nous connaître mieux, nous les
599
ail, chômage, loisirs. Comment ces réalités sont-
elles
vues et vécues dans les grandes cultures qui se partagent notre monde
600
sé par le succès même de nos techniques ? Serait-
il
raisonnable de proposer à ce colloque qu’il prenne en compte cette ap
601
erait-il raisonnable de proposer à ce colloque qu’
il
prenne en compte cette approche multiple, contribuant ainsi à l’exerc
602
osition matière à examen, et s’en souvienne quand
il
établira les thèmes de nos prochaines rencontres. Je terminerai en le
603
l’un des plus fructueux et encourageants auxquels
il
m’ait été donné de prendre part au cours de ces dernières années. a
604
gions, qui entendent tout simplement et autant qu’
ils
le peuvent, rester maîtres de leur propre destin. Or, parmi ceux qui
605
nne n’est jamais ni tout l’un ni tout l’autre. Et
il
n’existe pas non plus de liberté réelle sans nulle puissance, ni de p
606
e plus large du mot, est le choix d’une finalité.
Il
désigne l’aménagement des relations humaines dans la communauté et l’
607
ix d’une priorité, à laquelle les moyens ont pour
devoir
de concourir. Choisir les centrales nucléaires — quelle que soit leur
608
et si dangereuses que nos pays, tout en jurant qu’
elles
sont inoffensives, ne les bâtissent qu’aussi loin que possible de leu
609
ues, trop chères et trop dangereuses, ignorent qu’
ils
dénoncent là les raisons mêmes qui font que nos États les adoptent. C
610
reintes de déclencher et d’entretenir une guerre.
Il
est clair comme le jour que le choix des centrales nucléaires et des
611
ue, c’est-à-dire de la fin de l’histoire humaine.
Il
est non moins clair que le choix solaire est la condition même de la
612
ix solaire est la condition même de la paix : car
il
signifie du même coup la fin de la centralisation autoritaire et mili
613
e nécessité, la confiance dans le prochain. Ce qu’
il
faut voir, c’est que le but de la société n’est pas du tout d’assurer
614
n’est pas technologique, même pas économique, et
il
est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est en
615
car à ces trois niveaux, la cause est entendue :
elle
est perdue. Quand les centrales nucléaires ne représenteraient aucun
616
ucléaires ne représenteraient aucun danger, quand
elles
s’avéreraient rentables, quand il serait réellement « impératif » que
617
anger, quand elles s’avéreraient rentables, quand
il
serait réellement « impératif » que la consommation d’énergie double
618
uble tous les dix ans, je serais contre, parce qu’
elles
sont les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’em
619
risques de guerre. Pluton est maître des Enfers,
il
est aveugle comme les taupes. Mais le soleil vient du ciel, vient de
620
ont à tous ses membres et sympathisants, texte qu’
il
nous a semblé utile de reproduire ici. Par ailleurs, le même Club-Éne
621
er le dira si bien quelques années plus tard — qu’
elle
ne serait que la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et une de
622
. Mais alors, nous étions pour quoi ? Un jour, ce
devait
être en 1931, chez le critique Charles Du Bos, un jeune homme à l’acc
623
mphaient à l’Est, nous refusions tous de choisir.
Il
nous restait à inventer un ordre humain, et à refaire une vraie commu
624
s deux termes se garantissant réciproquement, qui
devait
servir de mesure à notre conception de la société. À cette tentative
625
d’hui plus fécondantes et plus urgentes encore qu’
elles
ne pouvaient l’être dans les années 1932 à 1939. Et là-dessus, deux p
626
le seul programme constructif des années 1930. Et
il
l’est encore plus aujourd’hui. Mais dans le cas des régimes totalitai
627
s leur suppression totale, dans la mesure même où
ils
étaient totalitaires. 2. On a dit que nous étions « fascinés » par le
628
acité de résistance de l’Ouest et des libertés qu’
il
était censé défendre. (C’est ainsi que nous fûmes tous contre Munich.
629
st ainsi que nous fûmes tous contre Munich.) Mais
il
est ridicule de parler à ce propos de complexe d’infériorité, au sens
630
nt inopérantes dans le cas des trois dictatures :
il
faut rappeler ici, tout de même ! que l’expression d’« État totalitai
631
t de créer un mouvement socialiste-national et qu’
il
ne cesserait pas de se qualifier lui-même de « prolétaire » ennemi de
632
us avons vécu notre époque, dans les années 1930.
Il
me semble que nous étions d’à peu près cinquante ans en avance sur l’
633
du début d’Esprit. On vient de nous dire comment
il
avait été perçu. Si les notes que j’ai prises pendant qu’il parlait s
634
té perçu. Si les notes que j’ai prises pendant qu’
il
parlait sont exactes, John Hellman voit dans le personnalisme, dans c
635
était « perçu » dans les années 1932 à 1940. Mais
il
ne faudrait tout de même pas confondre le « perçu » et la réalité ! L
636
, mal-vu, mal-senti, et par suite mal-interprété.
Il
peut être aussi un acte de mauvaise foi délibéré, comme le montrent c
637
tifasciste ». L’erreur de lecture est évidente et
elle
est aussi grave que possible. J’ai souvent mis en garde, en effet, co
638
propter vitam, etc.) Le problème est très vieux.
Il
est traité déjà dans le livre biblique des Proverbes 6 en deux verset
639
ême. Réponds à l’insensé selon sa folie Afin qu’
il
ne se regarde pas comme sage. Inutile de dire qu’en fait j’avais cho
640
de Nizan, que je citais tout à l’heure, parce qu’
il
est le plus éclairant et le plus pathétique sans nul doute. Quand j’a
641
aient sinon « perçu », du moins avaient décidé qu’
il
fallait me percevoir. Cette phrase se trouve préfigurée, presque lit
642
nir les garanties nécessaires à sa collaboration.
Il
vint chez moi, rue Saint-Placide, dans l’appartement que me louait Ge
643
e demanda la liste exacte des auteurs sollicités.
Il
sortit son agenda et j’allais lui donner les noms quand il y eut à l’
644
y eut à l’instant précis une panne d’électricité.
Il
nous fallut sortir sur le balcon, seul éclairé par un réverbère proch
645
ouchait fortement, écrire sur son petit carnet qu’
il
tenait de côté, comme cela, à gauche, les douze noms, suivis de l’ind
646
ne semaine après cette visite, Nizan m’écrivit qu’
il
avait remis son papier à Paulhan, et qu’il allait nous envoyer des «
647
vit qu’il avait remis son papier à Paulhan, et qu’
il
allait nous envoyer des « propositions de lutte commune sur des objec
648
re 1932, dans la NRF , et fait pas mal de bruit.
Il
constitue en quelque sorte l’acte de naissance d’une nouvelle générat
649
e extrême violence : je l’avais trompé, affirme-t-
il
, en lui cachant l’identité des participants non communistes à mon enq
650
des participants non communistes à mon enquête. S’
il
avait su, il n’eût jamais accepté de collaborer. Et il me traite de «
651
nts non communistes à mon enquête. S’il avait su,
il
n’eût jamais accepté de collaborer. Et il me traite de « sergent recr
652
ait su, il n’eût jamais accepté de collaborer. Et
il
me traite de « sergent recruteur du fascisme français ». Le mensonge
653
Je voudrais dire à John Hellman, en terminant, qu’
il
est faux d’écrire aujourd’hui que Paul Nizan a « perçu » le personnal
654
connaissance de cause, par un mensonge délibéré,
il
nous a dénoncés comme fascistes sur ordre du Parti. Le totalitaire, c
655
enté de l’opposer à celle du vécu, — ce vécu dont
il
nous appartient d’être encore aujourd’hui les témoins au sens le plus
656
i qui mène au bureau de la NRF — Henri Michaux.
Il
m’arrête d’un geste : « Est-ce que vous sentez toujours des battement
657
bureau en bas, non, vraiment… » — « Eh bien, fait-
il
, le jour où je ne sentirai plus mon cœur battre avant de passer ce se
658
me ferai honte. » Malices de Jean Paulhan
Il
est vrai que « le bureau de Paulhan » était un lieu sacré de ma mytho
659
user, en dépit des malices de Paulhan, ou grâce à
elles
. Le bureau où se composait la Nouvelle Revue française (Gide, Claud
660
euble à tiroirs derrière lequel siégeait Paulhan.
Il
déployait sa stature haute et large à chaque entrée d’un visiteur, qu
661
haute et large à chaque entrée d’un visiteur, qu’
il
accueillait avec des gentillesses parfois un rien perfides. Ainsi, un
662
suis responsable depuis un an. Une autre fois : «
Il
vient de m’arriver quelque chose de bien décevant. J’ai essayé de rel
663
andis que je les salue : « Ah ! Rougemont, me dit-
il
, justement nous parlions de Commerce 9. On m’a dit que la revue allai
664
court aux confidences, plaintes ou intrigues qui
devaient
l’assiéger en permanence. Concision, précision, densité, vivacité dan
665
sont pas seulement assommants (depuis qq. temps).
Ils
ont je ne sais quoi d’empêché, de contraint. Pourquoi ? Je voudrais b
666
brillante. Le visage convulsé, la bouche tordue,
il
articule difficilement en grinçant des dents : « Lequel… des deux… es
667
st très mince… » Je lui prends le bras doucement.
Il
est haletant, sa bouche écume. « Comment allez-vous faire ? Lancer le
668
e, à l’automne de 1946. C’était au Café de Flore.
Il
était assis seul sur la banquette à droite du tourniquet d’entrée. Me
669
itté, j’ai été m’asseoir à son côté. Je le salue.
Il
me prend la main. Moment de silence. Puis il dit, devant lui, sur un
670
lue. Il me prend la main. Moment de silence. Puis
il
dit, devant lui, sur un ton crispé : « Excusez-moi… Je ne peux pas vo
671
1, et pour ajouter à l’incongruité de l’occasion,
elle
eut lieu dans les bureaux de l’Office of War Information, où il avait
672
ns les bureaux de l’Office of War Information, où
il
avait un job, et où j’en cherchais un. On nous présente. « Dire que n
673
années à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t-
il
, et il ajoute, théâtral : « Ce sont de ces conneries… (haussant le to
674
à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t-il, et
il
ajoute, théâtral : « Ce sont de ces conneries… (haussant le ton)… et
675
nneries… (haussant le ton)… et que l’on expie ! »
Il
dit ensuite que nous devrions trouver « un moyen presque mécanique de
676
n)… et que l’on expie ! » Il dit ensuite que nous
devrions
trouver « un moyen presque mécanique de nous revoir chaque jour ». C’
677
e de vénération de la part d’André. Mais un jour…
Il
vient vers moi l’air sombre et me dit d’entrée de jeu : « Votre derni
678
ar les réactions d’Elisa ! » (sa nouvelle femme).
Il
s’agit évidemment des Personnes du Drame , que Schiffrin vient de pu
679
ques allemands. Des propos quelque peu obscurs qu’
il
me tient ensuite, il apparaît que l’approche théologique des auteurs
680
ropos quelque peu obscurs qu’il me tient ensuite,
il
apparaît que l’approche théologique des auteurs dont je parle est tro
681
ent… Son désir de ne pas rompre est évident, mais
il
faut bien sauver la face… L’athéisme flamboyant a toujours été l’un d
682
s dogmes de la secte surréaliste. Tout d’un coup,
il
a trouvé la solution : « Nous allons demander à Marcel de trancher le
683
rrasse, « toujours un peu plus qu’exact », me dit-
il
, comme pour s’excuser. Aussitôt assis : « Il semble que Breton soit t
684
dit-il, comme pour s’excuser. Aussitôt assis : «
Il
semble que Breton soit très gêné par votre dernier livre. Trop chréti
685
’est-ce que cela peut bien lui faire ? Avec ça qu’
il
n’a pas fait une religion de son surréalisme ! » Ce sera tout. Comman
686
rs 20 h 15 arrive Breton, avec un retard calculé.
Il
voit que tout se passe le mieux du monde entre Duchamp, arbitre désig
687
du monde entre Duchamp, arbitre désigné, et moi.
Il
ne reviendra pas sur le litige. Je lui ferai même un brin de conduite
688
te en daim, flottante, visage levé… C’est Breton.
Il
s’arrête devant moi et me dit : « Je pensais à une religion qu’il s’a
689
nt moi et me dit : « Je pensais à une religion qu’
il
s’agirait de fonder sur le culte d’une pierre bleue… » Puis il poursu
690
de fonder sur le culte d’une pierre bleue… » Puis
il
poursuit sa route, et moi la mienne. Curieux croisement. Mots de L
691
nt paraître Léon-Paul Fargue. Depuis une semaine,
il
se plaint chez Paulhan de n’être pas sur la liste des nouveaux comman
692
est pas pour moi, c’est pour ma mère ! La pauvre,
elle
est morte il y a douze ans…” » Ce matin même, j’ai lu dans un journal
693
ans…” » Ce matin même, j’ai lu dans un journal qu’
il
l’avait enfin, sa cravate ! Et le voilà. Je lui dis : « Léon-Paul, je
694
in ! J’ai peur d’être Don Juan au dernier acte… »
Il
s’arrête. « June homme ! Moi, je vais vous en dire une ! Avant, j’ava
695
ent, j’ai la candeur de la Comment-ça-vat !… » Et
il
ajoute, après avoir enregistré ma réaction : « Hein ! Comme contrepèt
696
la table. On le relève après quelques minutes et
il
dit : « Ça ira pour cette fois. Mais la mort a fait un nœud à son mou
697
r cause, et si de la correspondance m’y parvient,
elle
sera probablement exterminée. C’est moi qui vous écrirai plutôt dans
698
la gare de Berne, où nous avons pris rendez-vous.
Il
arrive, lentement, poussant son vélo à la main, louvoyant dans la fou
699
, et nous allons dîner au Buffet. « Voilà, me dit-
il
dès que nous sommes installés, l’explication de ma dernière lettre. C
700
me vous le savez, j’habitais à Cully, chez Budry.
Il
estimait que j’abusais de son téléphone. J’attendais un appel de Pari
701
rche. Je vois un fil sur le parquet, je le suis !
Il
aboutit dans une valise ! Fermée à clé ! Le téléphone sonne toujours,
702
xclusive des revues littéraires de ces années-là.
Elle
portait sur la page de garde : « Cahiers trimestriels publiés par les
703
it de décider d’interrompre son financement. 10.
Il
s’agit de la chronique « L’ère des religions » (sur l’hitlérisme), pa
704
tais-je vraiment l’homme de la circonstance ? Car
il
me semblait, tout d’un coup, que de tous mes amis, celui que nous all
705
’expression, et moi contestateur par indignation.
Il
est prudent et circonspect en tous domaines, je ne l’ai jamais été, h
706
maines, je ne l’ai jamais été, hélas, dans aucun.
Il
est analytique et méthodique, moi plutôt polémique et passionné. Auta
707
odique, moi plutôt polémique et passionné. Autant
il
a su préserver l’irénisme du philosophe dans ses écrits et son compor
708
sophe dans ses écrits et son comportement, autant
il
m’est arrivé de céder à la rabies theologica, ou simplement à mes hum
709
a rabies theologica, ou simplement à mes humeurs.
Il
se veut équitable en tout, soucieux de ne pas manquer ni du devoir so
710
uitable en tout, soucieux de ne pas manquer ni du
devoir
social ni à cette « amitié que chacun se doit », comme le dit si joli
711
u devoir social ni à cette « amitié que chacun se
doit
», comme le dit si joliment Montaigne, alors que je n’ai jamais cessé
712
r des causes, et tant pis pour moi. Ceci encore :
il
a tout lu et se souvient de tout, à l’instant où il le faut ; moi j’e
713
a tout lu et se souvient de tout, à l’instant où
il
le faut ; moi j’essaie de masquer des lacunes trop certaines. Enfin,
714
voyez heureux, tous scrupules apaisés : Que s’est-
il
donc passé dans l’entretemps ? Deux choses. D’abord, comme chaque foi
715
cette formule européenne : le sens de ce qui est
dû
à la cité. En dépit de sa méfiance justifiée à l’endroit de l’engagem
716
qu’on le parle, Starobinski n’a jamais négligé le
devoir
civique : c’en était un pour lui que de présider quinze ans durant le
717
ngrate, mais sans conteste utile à la cité — dont
elle
illustre et renouvelle en notre temps la vocation. Enfin, au choix du
718
s limpides, je cherche la simplicité. La critique
doit
pouvoir être rigoureuse sans être aride, elle peut satisfaire aux exi
719
que doit pouvoir être rigoureuse sans être aride,
elle
peut satisfaire aux exigences de la science sans offenser la clarté.
720
core classique, mais déjà proche du baroque, dont
elle
épouse, telle une souple chlamyde, les formes et mouvements les plus
721
ouvements les plus subtils du complexe d’idées qu’
elle
crée. C’est peut-être dans la rencontre de l’essayiste avec le phénom
722
: qu’on lise à cet égard l’importante préface qu’
il
a donnée aux Noces et à Sueur de sang de Pierre-Jean Jouve ; mais aus
723
grands albums de Skira, ces images du xviiie qu’
il
a choisies pour illustrer L’Invention de la liberté. On n’a pas mieux
724
n comme peu d’autres, ici et aujourd’hui, quoi qu’
il
publie et sur quelque sujet qu’il ait choisi. C’est ici l’occasion de
725
rd’hui, quoi qu’il publie et sur quelque sujet qu’
il
ait choisi. C’est ici l’occasion de lui adresser un éloge accessoire
726
adresser un éloge accessoire sans doute, mais qu’
il
est aujourd’hui l’un des très rares à mériter : il n’a jamais cédé à
727
l est aujourd’hui l’un des très rares à mériter :
il
n’a jamais cédé à la mode jargonnante qui tyrannise nos soi-disant sc
728
revues de linguistique et de psychanalyse ! Mais
il
est temps d’en venir au grand essai sur l’inventeur des Essais qui co
729
ous invite à l’anticiper… Ce thème central, comme
il
l’indique lui-même, n’est autre que l’antithèse traditionnelle de l’ê
730
retrouve dans tous les livres de Starobinski, qu’
il
s’agisse de littérature, d’esthétique, ou d’analyse des maladies de l
731
soir. L’essentiel en est annoncé dans le titre.
Il
ne s’agit nullement de biographie ni de critique proprement littérair
732
biographie ni de critique proprement littéraire.
Il
s’agit du mouvement créateur de la personne d’un écrivain, mouvement
733
té moi-même à moi, pour argument et pour sujet. »
Il
s’agit d’un réflexe de défense : il se sent menacé dans son identité
734
pour sujet. » Il s’agit d’un réflexe de défense :
il
se sent menacé dans son identité par les désordres de l’époque. Oyez
735
es de l’époque. Oyez plutôt, en vous souvenant qu’
il
s’agit du xvie siècle, et non du nôtre ! « Tournons les yeux partout
736
es yeux partout ; tout croule autour de nous. […]
Il
semble que les astres mêmes ordonnent que nous avons assez duré… Le p
737
asse entière… mais sa dissipation »… On dirait qu’
il
décrit l’ère atomique ! Que se passe-t-il en réalité en cette fin du
738
rait qu’il décrit l’ère atomique ! Que se passe-t-
il
en réalité en cette fin du xvie siècle ? Il se passe, et je cite ici
739
se-t-il en réalité en cette fin du xvie siècle ?
Il
se passe, et je cite ici Starobinski : « des luttes de princes pour l
740
dire, cours légal… Le mensonge se cache si peu qu’
il
prend figure de convention universellement reçue ». Dans une telle cr
741
cière aux prises avec le mensonge universel. Mais
il
ne la connaît d’abord que par la force du refus instinctif des menson
742
s mensonges officiels, du « paraître ». Pourtant,
il
a bien vu l’insuffisance d’une attitude de refus pur et simple et de
743
long des « essais » qui couvrent son expérience,
il
va redécouvrir la vertu décisive de la « relation à autruy ». Il va r
744
ir la vertu décisive de la « relation à autruy ».
Il
va redécouvrir les vertus du paraître, en tant que manifestation sinc
745
rui, le langage et la chose publique, c’est ce qu’
il
nomme la dialectique ternaire de Montaigne : premier temps, le refus
746
ielle, dirions-nous, mais dans la seule mesure où
elles
sont maîtrisées, soumises à l’être, à la personne libre et responsabl
747
nalisme et de ses prolongements politiques, je le
dois
à ce livre de Staro. Mais il y a plus. Dans les vingt dernières pages
748
itico-religieux n’est pas de son ressort, mais qu’
il
doit néanmoins avoir lieu. » Suivent des pages où il dénonce le proje
749
co-religieux n’est pas de son ressort, mais qu’il
doit
néanmoins avoir lieu. » Suivent des pages où il dénonce le projet sci
750
doit néanmoins avoir lieu. » Suivent des pages où
il
dénonce le projet scientiste hérité du xixe siècle : « L’illusion, n
751
e hérité du xixe siècle : « L’illusion, nous dit-
il
, consiste à croire que l’on a quitté le domaine incertain de la décis
752
ui de l’application infaillible d’un savoir. » Et
il
dénonce la perversité de nos prévisions sur l’avenir. Je cite encore
753
Je cite encore : « Le malaise de notre siècle est
dû
pour une large part au poids excessif des impératifs d’avenir, au pou
754
un futur dont le triomphe est de faire oublier qu’
il
est exercé à partir du présent par des hommes qui se trouvent enchaîn
755
es projets ou du bonheur à réaliser. » Ainsi, dit-
il
plus loin, « l’impératif de la croissance subordonne la vie actuelle
756
vie actuelle aux calculs de résultats futurs ».
Il
nous montre par là le « paraître » mensonger d’un avenir-robot qui no
757
e dissimule de la sorte pour nous faire croire qu’
elle
nous est extérieure, pour n’avoir pas à s’avouer nôtre… Tout cela pro
758
air de ressemblance, qui est le sien. Ainsi va-t-
il
de Montaigne copiant les Anciens, de Starobinski interprétant Montaig
759
se veloutée, dans lequel nous parlant du monde qu’
il
vit, et non plus d’un auteur-prétexte, il nous ferait voir son vrai m
760
onde qu’il vit, et non plus d’un auteur-prétexte,
il
nous ferait voir son vrai moi. Ce serait, j’en suis sûr, son chef-d’œ
761
ues et des idéaux communs. Pour former un groupe,
il
ne faut pas être trop ni trop peu. Il y a un optimum à trouver. Trop
762
citoyens peuvent échanger leurs vues, dialoguer.
Elle
est donc le fondement historique de la démocratie à l’européenne, en
763
ses responsabilités, d’abord en paroles, puis, s’
il
convainc, si un groupe le choisit pour le représenter, par l’action p
764
dispensable de l’agora dans la vie d’une cité, et
il
a décrit les dispositions architecturales typiques de la place publiq
765
leurs liens jurés, leurs « foederationes »5, puis
ils
ont poursuivi leur voyage vers le nord, appelés par les villes rhénan
766
mension, que nous avons signalée tout à l’heure :
il
s’agit de trouver un optimum entre trop petit et trop grand. La dimen
767
nd. La dimension d’une polis — ville ou État — ne
doit
pas dépasser celle qui permet à la communauté politique tout entière
768
chelle nationale, n’ayant que sa voix naturelle ?
Il
est évident qu’un Mussolini en 1922 ou surtout un Hitler dix ans plus
769
auraient jamais pu prendre ou garder le pouvoir s’
ils
n’avaient pas disposé — et eux seuls — des haut-parleurs, c’est-à-dir
770
gne et aussi dans son Gouvernement de la Pologne,
il
ne cesse de rappeler l’idéal politique que représente pour lui le peu
771
ssemblé dans le « Temple de Saint-Pierre », comme
il
appelle la cathédrale jouant le rôle d’agora. Il ne cesse de désigner
772
il appelle la cathédrale jouant le rôle d’agora.
Il
ne cesse de désigner comme l’origine de la plupart des maux publics e
773
n’est assurée que par les petites dimensions, car
elles
seules permettent au citoyen de se faire entendre et de jouer un rôle
774
t aux hommes d’être libres dans la mesure même où
ils
peuvent assumer leur responsabilité civique. Voilà qui est simple et
775
is bien. Les vraies difficultés commencent lorsqu’
il
s’agit d’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’elles sont
776
’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’
elles
sont devenues : démesurées en fait, qu’on le veuille ou non, par les
777
lus en plus vastes, lourdes et dispendieuses dont
elles
se sont chargées et dont elles abandonnent la responsabilité à l’État
778
dispendieuses dont elles se sont chargées et dont
elles
abandonnent la responsabilité à l’État, c’est-à-dire aux corps des te
779
régional, proportionné à la taille du groupe dont
il
veut être le lieu de rencontre. Un substitut écrit aux échanges vocau
780
ald, et que c’est par le mot « universitates » qu’
elles
y sont désignées ? 5. L’historien E. Gagliardi estime que la Suisse
781
n radicale, par là même peut-être exemplaire : I.
Elle
est le modèle encore inégalé d’une communauté politique née de la lib
782
développement et ses institutions actuelles. II.
Elle
est aussi le seul pays d’Europe qui n’a pas de culture nationale — et
783
tiquité », écrit Ramuz. À quoi s’ajoute — si même
il
n’en résulte pas — le fait paradoxal aux yeux des modernes, que non p
784
ulturelle de l’Europe : du Moyen Âge à nos jours,
elle
n’a cessé d’illustrer la structure spécifiquement européenne de la fo
785
ce à d’autres foyers proches ou lointains — comme
il
advint à l’échelle de l’Europe. Dès le haut Moyen Âge et jusqu’au xxe
786
baroque dans l’Europe du Nord. Au xviiie siècle,
il
semble que de grands coups de vent européens raniment simultanément t
787
sur toute la littérature de langue germanique, qu’
elle
va dominer sans conteste jusqu’à la fin du siècle, et qu’elle a contr
788
ner sans conteste jusqu’à la fin du siècle, et qu’
elle
a contribué plus que toute autre circonstance à faire entrer dans la
789
rselle : Herder et Goethe vont découvrir, grâce à
elle
, Homère, Dante et Shakespeare — d’où les traductions de Lessing — tan
790
are — d’où les traductions de Lessing — tandis qu’
elle
révélera aux romantiques les Nibelungen, les minnesänger et leurs maî
791
ur époque. Et Genève, oubliée depuis la Réforme ?
Elle
assiste aux combats homériques entre celui qui signe ses lettres « le
792
gne ses livres : « Rousseau, citoyen de Genève ».
Elle
fait des sciences physiques et naturelles, invente avec H. B. de Saus
793
ctable selon lui, de l’Europe des États-nations :
il
annonce la montée au pouvoir des « terribles simplificateurs » et déc
794
la pensée sereine et dominatrice de celui auquel
il
adressera, déjà en proie à sa démence inguérissable, un ultime appel
795
suisse. Et c’est à eux que la Suisse, en retour,
doit
une densité de conscience communautaire, mais aussi d’efficacité tran
796
pas faute de le dire et de le répéter. Mais quand
ils
réussissent à se dégager de leur canton — alors pas de milieu, ils at
797
se dégager de leur canton — alors pas de milieu,
ils
atteignent l’universel. Au fond de son trou l’homme de Disentis, de G
798
ège, entre les hautes parois de sa prison. Mais s’
il
monte sur la montagne… Alors cette ivresse des sommets. L’intuition d
799
vant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques.
Il
s’appelle Germaine de Staël. Il s’appelle Jakob Burckhardt ou, dans u
800
lle Jean-Jacques. Il s’appelle Germaine de Staël.
Il
s’appelle Jakob Burckhardt ou, dans un autre domaine, Karl Barth. Son
801
omaine, Karl Barth. Son canton — ou l’Europe. Et
il
est vrai que nos meilleurs esprits, hors du compartiment natal, iront
802
es : quelle que soit leur petite patrie locale, s’
ils
la dépassent c’est pour rejoindre immédiatement les grands courants c
803
e en quelque sorte ? Non, bien plutôt libres pour
elle
… 12. Selon le tableau établi par le sociologue belge Léo Moulin (Ca
804
gemont est un écrivain personnaliste et chrétien.
Il
n’est sans doute pas inutile de le rappeler, car l’immense succès de
805
pagnait, l’erreur des doctrines révolutionnaires.
Il
rejetait en bloc fascisme et communisme, mais s’en prenait aussi aux
806
’en prenait aussi aux démocraties occidentales qu’
il
jugeait rongées de l’intérieur par un individualisme délétère et dont
807
ividualisme délétère et dont la faiblesse, disait-
il
, les rendait impuissantes à résister aux tendances totalitaires. Cont
808
totalitaires. Contre cet individualisme négatif,
il
proclamait l’urgence d’un retour à la « commune mesure »17, par le bi
809
ution personnaliste. Les sociétés individualistes
devaient
, pour survivre, retrouver le sens de la communauté. Rougemont condamn
810
souvent prophétique et indiscutablement actuel20.
Il
n’était donc pas inopportun de demander à Denis de Rougemont de préci
811
onnaliste à créer. Quant à mes « condamnations »,
elles
portaient beaucoup moins sur le marxisme que sur le stalinisme totali
812
, que nous avait révélés Arnaud Dandieu, alors qu’
ils
n’étaient qu’à peine connus et pas encore traduits en français : il s
813
peine connus et pas encore traduits en français :
il
s’agit des écrits de 1842 à 1844 qui sont souvent admirables, surtout
814
de droite » contre les communistes. Au contraire,
ils
s’étaient beaucoup inspirés du bolchévisme et ils étaient expressémen
815
ils s’étaient beaucoup inspirés du bolchévisme et
ils
étaient expressément socialistes à l’origine. Ensuite il a pu y avoir
816
ent expressément socialistes à l’origine. Ensuite
il
a pu y avoir des conflits entre Hitler, Mussolini et Staline, mais ce
817
mais ce n’étaient pas des conflits fondamentaux.
Ils
étaient tous pour l’État d’abord, unitaire et centralisé : « Ein Volk
818
e prononcer continuellement, pas seulement lorsqu’
il
vote, sur des choses qu’il connaît, qui intéressent directement sa vi
819
, pas seulement lorsqu’il vote, sur des choses qu’
il
connaît, qui intéressent directement sa vie, celle de sa famille et,
820
ultra centralisée, modèle de l’État centraliste,
il
se développe des « syndicats intercommunaux à vocation multiple » (j’
821
ont on est responsable ; c’est d’après cela qu’on
doit
organiser la société. D’où votre haine du gigantisme et de l’étatisme
822
que l’on voit tout le temps revenir en France : «
Il
a été un grand serviteur de l’État ». C’est l’État qui est un service
823
; on n’est pas serviteur de l’État. On peut et on
doit
être serviteur de la communauté, ce qui est tout à fait différent. Ce
824
munauté est une vérité vivante : les gens tels qu’
ils
sont, en chair, en os et en esprit, qui doivent normalement partager
825
ls qu’ils sont, en chair, en os et en esprit, qui
doivent
normalement partager un sentiment de commune appartenance (cela comme
826
enance (cela commence déjà dans le règne animal).
Ils
sont du même pays, ils sont de la même langue, ils ont des liens de p
827
éjà dans le règne animal). Ils sont du même pays,
ils
sont de la même langue, ils ont des liens de parenté, ils ont des tra
828
ls sont du même pays, ils sont de la même langue,
ils
ont des liens de parenté, ils ont des traditions communes et des idéa
829
de la même langue, ils ont des liens de parenté,
ils
ont des traditions communes et des idéaux communs, ils forment un tis
830
nt des traditions communes et des idéaux communs,
ils
forment un tissu social, donc une communauté. Ils ne sont plus des in
831
ils forment un tissu social, donc une communauté.
Ils
ne sont plus des individus isolés, séparés. Ils sont « reliés ». Ils
832
. Ils ne sont plus des individus isolés, séparés.
Ils
sont « reliés ». Ils ont des prochains, non plus seulement des « vois
833
s individus isolés, séparés. Ils sont « reliés ».
Ils
ont des prochains, non plus seulement des « voisins inévitables », co
834
é beaucoup plus sur les éléments de communauté qu’
il
présentait, des éléments pris par malheur au plus bas, par exemple da
835
comme on disait à l’époque. Cela voulait dire qu’
ils
se réclamaient de la tradition de critique nietzschéenne, d’une criti
836
mun se trouve dans Par-delà le bien et le mal, où
il
est dit que tout va vers l’union de l’Europe, que les meilleurs espri
837
jà compris. Tout indique, dit Nietzsche, que nous
devons
dépasser cette idée stupide de nations fermées, pour aller vers un ma
838
’idéal des grands esprits : c’est seulement quand
ils
deviennent vieux et gâteux qu’ils deviennent nationalistes21. Parce q
839
seulement quand ils deviennent vieux et gâteux qu’
ils
deviennent nationalistes21. Parce que nietzschéens, certains étaient
840
ue je considérais comme la meilleure de l’époque.
Elle
était dirigée par Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud. Po
841
a remonte ? Ça remonte aux années 1927 à 1930. Je
devais
donc avoir 21 à 24 ans. Je me suis mis à chercher ce qui était tradui
842
ce qui était traduit de Kierkegaard en français :
il
n’y avait à peu près rien. Mais j’ai trouvé une belle anthologie en a
843
ne lettre (je donne ce détail en passant parce qu’
il
est amusant) de Georg Brandes, un philosophe danois, grand interprète
844
parler de Kierkegaard, professeur à Copenhague où
il
avait été le premier à donner des cours sur lui. Il écrivait souvent
845
avait été le premier à donner des cours sur lui.
Il
écrivait souvent à Nietzsche, et il lui dit dans une lettre qu’il y a
846
ours sur lui. Il écrivait souvent à Nietzsche, et
il
lui dit dans une lettre qu’il y avait deux hommes qu’il devait absolu
847
dit dans une lettre qu’il y avait deux hommes qu’
il
devait absolument lire, l’un était Dostoïevski, l’autre Kierkegaard.
848
t dans une lettre qu’il y avait deux hommes qu’il
devait
absolument lire, l’un était Dostoïevski, l’autre Kierkegaard. Que ser
849
tait Dostoïevski, l’autre Kierkegaard. Que serait-
il
arrivé si Nietzsche n’était pas devenu fou juste un mois après avoir
850
onc avec Kierkegaard le protestantisme dans ce qu’
il
avait de plus radical et révolutionnaire, tandis qu’en revenant à Cal
851
aut en couleur, qui s’appelait l’abbé Plaquevent.
Il
avait publié deux ou trois articles sensationnels dans Esprit dans
852
rticles sensationnels dans Esprit dans lesquels
il
montrait comment le mot personne a été conçu, a été imaginé, pour dés
853
Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit.
Il
n’y avait pas de terme grec qui convenait. Le Père, le Fils et le Sai
854
s et le Saint-Esprit étaient de même nature, mais
il
fallait les distinguer. Ils étaient un en trois. Comment dire cela ?
855
t de même nature, mais il fallait les distinguer.
Ils
étaient un en trois. Comment dire cela ? Ce fut le grand problème des
856
ngt-cinq ans plus tard au concile de Chalcédoine.
Ils
ont adopté le mot latin persona, qui désignait d’abord le rôle d’un a
857
sonne. L’esclave ne peut être une personne puisqu’
il
n’est pas autonome. Cela indiquait très bien ce que nous cherchions,
858
s disions que, dans la démocratie individualiste,
il
n’y a plus rien pour résister aux tendances totalitaires, parce que l
859
prestidigitation. Un magicien hypnotise les gens.
Il
est sur la scène et il les appelle dans la salle. Il leur ordonne de
860
gicien hypnotise les gens. Il est sur la scène et
il
les appelle dans la salle. Il leur ordonne de faire des choses extrav
861
est sur la scène et il les appelle dans la salle.
Il
leur ordonne de faire des choses extravagantes, et ils les font devan
862
eur ordonne de faire des choses extravagantes, et
ils
les font devant tout le monde. Mais quelqu’un se lève dans la salle e
863
e. Mais quelqu’un se lève dans la salle et dit qu’
il
est scandalisé de voir qu’on prive les hommes de leur volonté. Lui, o
864
s hommes de leur volonté. Lui, on ne l’aura pas !
Il
dira non jusqu’au bout. Mais il est hypnotisé comme les autres. Le na
865
n ne l’aura pas ! Il dira non jusqu’au bout. Mais
il
est hypnotisé comme les autres. Le narrateur donne alors l’explicatio
866
l’explication : l’homme n’a pu résister parce qu’
il
n’avait pas d’autre idée en tête que de dire non, ce qui fait qu’il n
867
utre idée en tête que de dire non, ce qui fait qu’
il
n’avait plus aucune volonté, ou une volonté purement négative, une «
868
foi tout en affirmant que ce n’est pas, que ce ne
doit
pas être un idéal. Absolument pas. Cela peut prêter à confusion. Pour
869
i. C’est ce que je développerai dans un livre qui
doit
être, à mon sens, le plus important de ceux que j’aurai écrits, mais
870
te en 1945-1946, mais qui n’a jamais été publiée.
Elle
n’a que 120 pages, et depuis lors j’ai accumulé au moins 400 pages de
871
t : la fin justifie les moyens, dans la mesure où
elle
crée les moyens qui sont déterminés pour la rejoindre, elle seule. On
872
les moyens qui sont déterminés pour la rejoindre,
elle
seule. On a toujours triché avec cette phrase. On l’a appliquée à Rav
873
plus grande gloire de Dieu ». C’était mentir, car
il
tuait, en fait, pour la plus grande gloire des Guises. Mais cela n’at
874
pendant la guerre, qui évitait de parler de Dieu.
Il
avait peur de tomber dans le langage pieux et il parlait plutôt de l’
875
Il avait peur de tomber dans le langage pieux et
il
parlait plutôt de l’Absolu, ce qui l’avait rendu très populaire. L’Ab
876
si l’on ne sait pas exactement le définir), et ce
doit
être le même but pour tous les hommes. Moi, ça m’allait très bien d’a
877
. Moi, ça m’allait très bien d’appeler cela Dieu.
Il
n’y a qu’un Dieu pour tous les hommes. Qu’on le connaisse ou non, il
878
pour tous les hommes. Qu’on le connaisse ou non,
il
est là. Et il m’appelle. C’est cet appel qui crée la personne. Alors
879
hommes. Qu’on le connaisse ou non, il est là. Et
il
m’appelle. C’est cet appel qui crée la personne. Alors je dis qu’il f
880
t cet appel qui crée la personne. Alors je dis qu’
il
faut aller vers l’Absolu, répondre à son appel, aller vers la fin qui
881
ans ce sens oui : radicalement anticollectiviste.
Il
n’existe pas deux hommes qui doivent faire le même chemin pour aller
882
nticollectiviste. Il n’existe pas deux hommes qui
doivent
faire le même chemin pour aller vers le même but, qui est l’Absolu, p
883
ais enfin cela change beaucoup de choses). Chacun
doit
inventer son chemin. Je retrouvais beaucoup de métaphores qui sont dé
884
ns la mesure où j’ai le courage d’avancer, puisqu’
elle
est comme attachée à mon pied : elle n’éclaire rien, sauf si j’avance
885
ncer, puisqu’elle est comme attachée à mon pied :
elle
n’éclaire rien, sauf si j’avance. J’avance par la foi, et voilà le rô
886
de que mon pied ne va pas tomber dans le vide. Je
dois
inventer mon sentier. Si je prenais les routes nationales, j’arrivera
887
’une fin qui est encore indicible, mais qui agit.
Il
est bon qu’elle agisse, sans ça qu’est-ce qui me donnerait le courage
888
st encore indicible, mais qui agit. Il est bon qu’
elle
agisse, sans ça qu’est-ce qui me donnerait le courage d’inventer mon
889
et négatifs (tu n’es pas fait pour faire cela, tu
dois
refuser). C’est plus fréquent que le contraire, un appel direct et pa
890
vide, je la réalise donc parmi les hommes, puisqu’
elle
doit être tout acte. La personne est prise dans le mouvement même de
891
je la réalise donc parmi les hommes, puisqu’elle
doit
être tout acte. La personne est prise dans le mouvement même de cette
892
s, mon milieu… C’est téléologique pour chacun, qu’
il
le sache ou non. Mais il vaut mieux le savoir, parce qu’alors on devi
893
ologique pour chacun, qu’il le sache ou non. Mais
il
vaut mieux le savoir, parce qu’alors on devient responsable, non seul
894
uée à l’échec structurellement et systémiquement.
Elle
ne peut pas réussir, puisque la seule révolution valable serait une r
895
’écris — c’est pour moi une question de rigueur —
doit
avoir une valeur littéraire à mes yeux. Vous disiez que chez vous plu
896
rqué est Paul Valéry, que j’ai à peine rencontré.
Il
y en a d’autres que j’ai beaucoup mieux connus. Georges Bataille ? Ba
897
fait. Je l’ai connu au Collège de sociologie, qu’
il
avait fondé avec Roger Caillois. On y faisait des communications auto
898
lois, lui, c’était un ami, tout à fait. Vous avez
dû
échanger beaucoup d’idées. Je pense en particulier à la notion de sac
899
out pour mon étude des Règles du jeu, ouvrage qui
devait
introduire La Morale du But , mais pour le moment, j’y ai renoncé… Ê
900
rapport avec certains écrivains personnalistes ?
Il
se trouve qu’à mon âge — j’aurai 78 ans dans un mois — eh bien, je ne
901
istian Jambet, qui se disent métaphysiciens. 20.
Il
convient pourtant de signaler les attaques de Bernard-Henri Lévy dans
902
21. Le passage de Par-delà le bien et le mal dont
il
est question est intégralement cité dans Vingt-huit siècles d’Europe
903
des grands esprits du siècle Nietzsche dit : « S’
ils
appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par les régions super
904
ce, ou aux heures de défaillance, ou l’âge venu :
ils
se reposaient d’eux-mêmes en devenant “patriotes”. Je songe à des hom
905
séjourna aux États-Unis de 1940 à 1946. Alors qu’
il
était lieutenant dans l’armée suisse, il écrivit un article jugé inju
906
Alors qu’il était lieutenant dans l’armée suisse,
il
écrivit un article jugé injurieux par les autorités allemandes sur l’
907
torités allemandes sur l’entrée d’Hitler à Paris (
il
parut le 17 juin 1940 dans La Gazette de Lausanne ). Cela suscita de
908
mais on préféra alors l’envoyer aux États-Unis où
il
travailla pour « La Voix de l’Amérique » en 1942 et 1943, enseigna à
909
ols : « C’est un de nos meilleurs écrivains, mais
il
se perd dans les comités »… Combien d’autres ont dit ou écrit que mes
910
’expliquer là-dessus, m’en fait même peut-être un
devoir
. J’oserai donc aborder sans aucune précaution la question que beaucou
911
oup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-
il
tant d’Europe unie, de régions, d’écologie, ou même, horribile dictu,
912
e dictu, de pacifisme ? Je passe donc aux aveux :
ils
ne seront pas complets, faute de temps, mais candides. Deux séries de
913
ute, dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.
Ils
allaient lancer des revues comme Esprit , L’Ordre nouveau et Hic
914
ien, pour les raisons tout intérieures auxquelles
il
est temps que je vienne. Vers ma vingt-quatrième année, j’avais décou
915
Stentor. Nous retrouvions l’idéal d’Aristote, qu’
il
décrit dans sa Politique, l’idéal de Calvin du même coup, et le modèl
916
me coup, et le modèle de cité idéale que Rousseau
devait
reprendre en l’appliquant aux citoyens de Genève réunis dans la cathé
917
là pour la doctrine. J’ai dit les conséquences qu’
elle
a entraînées dans ma vie. M’ont-elles « perdu pour la littérature » ?
918
séquences qu’elle a entraînées dans ma vie. M’ont-
elles
« perdu pour la littérature » ? J’ose dire que non. De mon action eur
919
l’existence du Centre européen de la culture. Or
il
se trouve que ces deux petits écrits sont ceux dont, en les relisant,
920
ais aussi de la décolonisation au milieu du xxe ,
ils
courent le risque d’être occupés demain, non seulement militairement,
921
l’Europe, qui a répandu sur toute la Terre ce qu’
elle
nomme le Progrès, c’est-à-dire une civilisation technico-industrielle
922
ssons de côté les plus probables, qui sont, comme
il
est trop facile de l’imaginer, l’aggravation universelle des conflits
923
tériel. Et quelles sont les issues souhaitables ?
Il
en est une au moins — la seule peut-être — qui dépend de l’Europe et
924
gme de la souveraineté absolue des États-nations.
Il
est devenu parfaitement clair qu’on ne peut pas fonder l’union de l’E
925
s a été responsable de deux guerres mondialisées.
Elle
a été aussi l’agent mondialisant d’une forme de culture technico-scie
926
vec le génie propre des cultures non européennes.
Il
appartient donc à l’Europe de proposer le modèle d’une société respec
927
ste et dont le mieux qu’on puisse attendre est qu’
elle
ne serve jamais à rien : nous sommes fous. Pourquoi notre avenir vaud
928
nous sommes fous. Pourquoi notre avenir vaudrait-
il
mieux que ce que nous sommes, nous qui le laissons faire, nous qui le
929
rise de conscience dont dépend notre avenir : car
il
sera ce que nous voulons au fond de nous-mêmes. Ce n’est qu’en chacun
930
d de nous-mêmes. Ce n’est qu’en chacun de nous qu’
il
peut être sauvé. Denis de Rougemont 26 octobre 1982 ar. Rougemont
931
de Rougemont nous a quittés le 6 décembre 1985 ;
il
avait 79 ans. Pour saluer sa mémoire, voici le texte inédit de l’allo
932
mémoire, voici le texte inédit de l’allocution qu’
il
prononça à Genève en octobre 1982, après qu’on lui eut remis le Grand
933
citoyens puissent échanger leurs vues, dialoguer.
Elle
est donc le fondement historique de la démocratie à l’européenne, en
934
ses responsabilités, d’abord en paroles, puis, s’
il
convainc, si un groupe le choisit pour le représenter, par l’action p
935
dispensable de l’agora dans la vie d’une cité, et
il
a décrit les dispositions architecturales typiques de la place publiq
936
imer leurs liens jurés, leurs foederationes, puis
ils
ont poursuivi leur voyage vers le Nord, appelés par les villes rhénan
937
que. La première règle est celle de la dimension.
Il
s’agit de trouver un optimum entre trop petit et trop grand. La dimen
938
nd. La dimension d’une polis — ville ou État — ne
doit
pas dépasser celle qui permet à la communauté politique tout entière
939
t aux hommes d’être libres dans la mesure même où
ils
peuvent assumer leur responsabilité civique. Les vraies difficultés c
940
civique. Les vraies difficultés commencent lorsqu’
il
s’agit d’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’elles sont
941
’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’
elles
sont devenues : démesurées en fait, qu’on le veuille ou non, par les
942
lus en plus vastes, lourdes et dispendieuses dont
elles
se sont chargées et dont elles abandonnent la responsabilité à l’État
943
dispendieuses dont elles se sont chargées et dont
elles
abandonnent la responsabilité à l’État, c’est-à-dire aux corps des te
944
se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qu’
il
manquerait d’humainement essentiel à de tels assemblages de reflets,
945
essément prévue « pour une période transitoire ».
Elle
veut « établir sous forme d’un gouvernement fort, la dictature des tr
946
». Inversant l’ordre des étapes prévues par Marx,
elle
donne la primauté à la révolution politique sur l’économique. Elle or
947
mauté à la révolution politique sur l’économique.
Elle
organise « la République des soviets de députés ouvriers, paysans et
948
résidant à Moscou. La Constitution de 1924
Elle
traduit la formation de l’Union des républiques socialistes soviétiqu
949
ialistes soviétiques, ou URSS, proclamée en 1922.
Elle
définit l’État soviétique comme un régime de « libre fédération de pe
950
es républiques soviétiques qui pourront naître ».
Elle
est formée au départ de quatre républiques : Russie, Ukraine, Biéloru
951
comprend l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Géorgie).
Elle
comptera 6 républiques en 1924, 7 en 1929, 12 en 1936 et 15 ensuite.
952
t couramment appelée « Constitution de Staline ».
Elle
va durer quarante-et-un ans. Elle résulte d’une ambiguïté d’intention
953
n de Staline ». Elle va durer quarante-et-un ans.
Elle
résulte d’une ambiguïté d’intentions soigneusement maintenue tout au
954
ratique, observé sans réserve », et d’autre part,
il
dit « considérer comme son mérite de maintenir le régime de dictature
955
le fait voir l’analyse des principaux chapitres (
il
y en a XIII) du texte officiel. Le chapitre Ier sur l’Organisation so
956
terrain [attenant à la maison] et sur ce terrain
il
possède en propre une maison d’habitation, le bétail productif, la vo
957
intervalles des sessions, devant le Présidium. »
Il
s’agit en fait du Conseil des ministres qui exerce (art. 77) toutes l
958
iginal est le chapitre X qui traite des Droits et
devoirs
fondamentaux des citoyens. Les citoyens de l’URSS bénéficient et sont
959
vailleurs, tant sociales que d’État » (art. 126).
Il
paraît évident que ce privilège de noyau dirigeant accordé au Parti r
960
pour dire le moins, les autres droits. Quant aux
devoirs
, ils se ramènent à celui de « service militaire général » qui est une
961
e le moins, les autres droits. Quant aux devoirs,
ils
se ramènent à celui de « service militaire général » qui est une loi
962
litaire général » qui est une loi mais aussi « un
devoir
d’honneur pour les citoyens de l’URSS ». Le trahir serait « le pire f
963
ne révision de la Constitution « de Staline », qu’
elle
modifie sur une centaine de points d’importance très inégale. Les pri
964
aines de millions de travailleurs, et quant au PC
il
a organisé 180 000 meetings de ses adhérents. Il est intéressant de r
965
il a organisé 180 000 meetings de ses adhérents.
Il
est intéressant de relever qu’au cours de ces débats, selon la presse
966
ouvoir d’État, de la base au sommet, sont élus et
doivent
rendre compte de leur activité au peuple. Les décisions des organes s
967
ctionnaire pour la tâche qui leur est assignée ».
Il
est certain — sinon clairement dit — que l’équilibre entre centralisa
968
mais tout comme les droits garantis aux citoyens,
il
est soumis à la restriction fondamentale posée par l’art. 39 : « L’ex
969
’art. 39 : « L’exercice des droits et libertés ne
doit
pas porter atteinte aux intérêts de la société et de l’État ». Or le
970
crises dont tout le monde parle sont notre fait.
Elles
ne sont pas tombées du ciel. Mais voilà, l’homme aujourd’hui a une cu
971
vant tout ce qui arrive de mauvais dans le monde,
il
dit : « qu’est-ce qu’ils ont encore fait ? » « Ils » ou l’État ou les
972
de mauvais dans le monde, il dit : « qu’est-ce qu’
ils
ont encore fait ? » « Ils » ou l’État ou les lois économiques, tout n
973
il dit : « qu’est-ce qu’ils ont encore fait ? » «
Ils
» ou l’État ou les lois économiques, tout nous est bon. Qu’est-ce qui
974
ns des citoyens. C’est une très vieille histoire.
Elle
est déjà racontée au chapitre III de la Genèse. Ève a mangé la pomme
975
gé la pomme et en a donné à Adam. Yahvé se fâche.
Il
vient en Eden, vers le soir, et appelle l’homme : « où es-tu ? » Adam
976
e sont cachés dans les arbres. C’est tout juste s’
ils
ne disent pas : « je ne suis pas là ! » Yahvé les trouve et demande à
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éduite ». Et le serpent, bien sûr, n’est plus là.
Il
n’est pas vrai de dire, aujourd’hui, que les centrales nucléaires « q
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ment simplement les contradictions de nos désirs.
Ils
ne viennent que de là, que de nous ! Nous n’osons pas avouer nos vrai
979
te à s’en plaindre sans arrêt, avoir un roi — fût-
il
de Gaulle — quitte à lui couper la tête quand cela se présente. Je ne
980
e ne crois pas avec Rousseau que l’homme est bon.
Il
est bête et méchant, c’est dans ses chromosomes. Tout le problème pol
981
monde, je vais dans le sens de mon désir profond.
Il
se trouve que c’est le désir de la liberté, non de la puissance. Qu’a
982
e réaliser soi-même, pouvoir obéir à sa vocation.
Il
n’y a pas deux hommes semblables. Chaque homme doit se réaliser comme
983
Il n’y a pas deux hommes semblables. Chaque homme
doit
se réaliser comme lui seul peut le faire. Chacun est un cas sans préc
984
e faire. Chacun est un cas sans précédent. Chacun
doit
donc inventer son chemin vers Dieu, c’est-à-dire vers le but commun,
985
ique, la bombe H et les États-nations souverains.
Il
va pouvoir faire avec cela de gigantesques folies. Un seul moyen de l
986
s communautés ont tous les avantages des grands :
il
suffit de voir les statistiques des Nations unies. Ils sont les premi
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uffit de voir les statistiques des Nations unies.
Ils
sont les premiers pour le revenu par tête, le nombre de téléphones, d
988
ains, d’hôpitaux, d’écoles. Le seul désavantage :
ils
ne peuvent pas faire de grandes bêtises, donc de grandes guerres. Les
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erres. Les hommes y sont plus heureux. Et surtout
ils
peuvent s’occuper de leurs affaires, prendre en main leur destin, ce
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i est exclu dans les grands États. Autrement dit,
ils
peuvent faire de la politique, c’est-à-dire aménager eux-mêmes les re
991
Mon système fédéraliste est en somme très simple.
Il
consiste à faire correspondre la taille des tâches à accomplir avec c
992
i proposée aux mouvements écologiques français et
il
semble bien qu’ils l’aient adoptée. Si mon livre a apporté quelque ch
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vements écologiques français et il semble bien qu’
ils
l’aient adoptée. Si mon livre a apporté quelque chose de nouveau au d
994
e Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce qu’
il
aime, c’est aimer, être aimé, être intoxiqué de la passion d’amour. L
995
Auden. Certains jeunes écrivains m’ont confié qu’
ils
avaient renoncé à écrire tel roman déjà commencé, parce que m’ayant l
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re tel roman déjà commencé, parce que m’ayant lu,
ils
savaient trop bien ce qu’ils faisaient. Dois-je me le reprocher ? Tou
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arce que m’ayant lu, ils savaient trop bien ce qu’
ils
faisaient. Dois-je me le reprocher ? Toute prise de conscience n’est-
998
t lu, ils savaient trop bien ce qu’ils faisaient.
Dois
-je me le reprocher ? Toute prise de conscience n’est-elle pas un prog
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me le reprocher ? Toute prise de conscience n’est-
elle
pas un progrès ? Ainsi le cas d’André Gide. Apprenant que je cherchai
1000
s de toute urgence un studio et ne trouvais rien,
il
m’avait offert à l’improviste d’habiter avec ma femme, pour quelques
1001
tibétain. Au milieu de la pièce pend un trapèze,
il
s’y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises et dit
1002
habitez chez moi, qu’est-ce qu’on va dire ? » Et
il
répète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce qu’on va dire ? » Je
1003
rde bien de répondre, je m’amuse trop. Finalement
il
jette en riant : « on va dire que c’est un complot protestant ! » Cha
1004
n complot protestant ! » Chaque matin qui suivit,
il
vint entrouvrir la porte capitonnée me demandant de passer chez lui p
1005
nnée me demandant de passer chez lui pour causer.
Il
s’annonçait d’un profond « allô allô ». Il me dit un jour ces phrases
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auser. Il s’annonçait d’un profond « allô allô ».
Il
me dit un jour ces phrases qui m’émurent profondément : « C’est dans
1007
ent l’avoir été que cela n’a rien de surprenant :
ils
mettaient la femme, la Dame sur un piédestal, ils la voulaient inacce
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ils mettaient la femme, la Dame sur un piédestal,
ils
la voulaient inaccessible, intouchable, divine ! Voilà un trait assez
1009
e père est le maître qui interdit de la posséder.
Il
ne reste qu’à la diviniser. Mais on risque par la suite d’assimiler t
1010
ormulons nos finalités et jugeons tout à partir d’
elles
. En ce qui concerne les centrales nucléaires, je me suis exprimé on n
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démontrait — ce qui est rigoureusement exclu — qu’
elles
sont inoffensives, rentables et nécessaires, je serais contre parce q
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ntables et nécessaires, je serais contre parce qu’
elles
impliquent un État de plus en plus centralisé et policier. D’ailleurs
1013
rs, je doute qu’on continue à en construire et qu’
elles
fonctionnent. Je lutte surtout pour qu’on cherche autre chose, qu’on
1014
ts freinent la recherche dans ce domaine. Tant qu’
ils
n’auront pas trouvé le moyen d’intercaler un compteur entre le soleil
1015
aler un compteur entre le soleil et les citoyens,
ils
nous répéteront — et c’est un mensonge — qu’il faut vingt ans encore
1016
, ils nous répéteront — et c’est un mensonge — qu’
il
faut vingt ans encore pour que l’énergie solaire soit compétitive. Pe
1017
rez avoir un four solaire sur votre maison qui ne
devra
rien ni à l’EDF, ni à l’État. Il y a là de quoi encourager les autono
1018
veugle comme une taupe et s’ennuyait tellement qu’
il
voulait voir mourir les hommes afin de lui tenir compagnie. Zeus qu’H
1019
cs le litre d’ici 1990 ? Comme dit Max Frisch : «
il
ne suffit pas de ne pas avoir d’idées pour être réaliste ». ax. Ro