1 1982, Articles divers (1982-1985). L’Europe une et diverse : la contribution des cultures nationales [commentaires] (1982)
1 contributions elles peuvent apporter de la sorte à l’Europe une et diverse. Ma première intervention relevait quelque pe
2 nationales », pour affirmer l’existence préalable à tous nos États nationaux, d’une culture commune des Européens, aux so
3 Mais je ne peux pas m’en tenir là. J’ai réfléchi à ce que vous avez dit ici, les uns et les autres. J’ai aperçu de nouve
4 contraire de préciser les choses, et de tourner, à certains égards, l’interdiction que j’avais posée au départ, en parla
5 ions européennes. Pourquoi est-ce qu’il nous faut à tout prix un dialogue ? C’est parce que la condition de survie de l’E
6 ase même de ses différences. Si elle n’arrive pas à se fédérer, c’est-à-dire à dépasser le tabou des États-nations à souv
7 . Si elle n’arrive pas à se fédérer, c’est-à-dire à dépasser le tabou des États-nations à souveraineté absolue, elle rest
8 ’est-à-dire à dépasser le tabou des États-nations à souveraineté absolue, elle reste incapable, par définition, de s’unir
9 ase pas une union sur cet obstacle par excellence à toute union qu’est l’État-nation d’aujourd’hui. Vouloir fonder l’unio
10 ouvons que dans l’existence d’une culture commune à tous les Européens, culture extraordinairement variée par ses sources
11 t on pourrait tout de même rendre un certain sens à l’expression de « culture nationale » dans certaines circonstances hi
12 la confluence des sources que j’ai énumérées tout à l’heure, alors que les plus anciens États que l’on trouve en Europe r
13 anciens États que l’on trouve en Europe remontent à l’an 1000, au plus tôt : la Pologne et la Hongrie. L’instauration de
14 nfédération suisse se forme en 1291, c’est-à-dire à la fin du xiiie siècle. Ensuite, vient la formation des États scandi
15 ome et de Jérusalem est authentiquement européen. À ces trois sources primitives — et dans Jérusalem, il y a la source hé
16 semble du continent, et les Germains qui viennent à la rencontre des Celtes, se mélangent avec eux et finissent par recou
17 partie de l’Europe. Voilà nos premières origines. À cela viendront s’ajouter, au Moyen Âge, l’apport des Arabes, et, à pa
18 s’ajouter, au Moyen Âge, l’apport des Arabes, et, à partir du xixe siècle, celui des Slaves de Russie, et on pourrait me
19 irs, dont les mélodies sont d’ailleurs empruntées à ceux des mouvements de réveil protestant dans le pays de Galles ! Cet
20 sa culture était sa raison d’être. Mais vous avez à l’extrême inverse la Suisse, qui n’a pas de culture nationale, mais u
21 ave de population, mais romanisé dans sa culture. À l’inverse, la Roumanie est l’exemple d’un État romanisé devenu orthod
22 Corral, a toujours eu une royauté unique, décidée à tout unifier par la force et par la ruse. C’est vraiment la royauté f
23 a pas parlé de sujets… Donc, en France, on arrive à une espèce de culture différente de toutes les autres en ceci qu’elle
24 t nationale dans la mesure où elle est politisée, à tel point qu’on a l’impression quelquefois, à entendre les discussion
25 ée, à tel point qu’on a l’impression quelquefois, à entendre les discussions entre la gauche et la droite, que chacun tie
26 chacun tient plus au triomphe de son idéologie qu’ à la santé de la nation réelle. À l’inverse, nous avons le cas de l’Esp
27 son idéologie qu’à la santé de la nation réelle. À l’inverse, nous avons le cas de l’Espagne. Nous avons vu qu’elle a eu
28 u’aurait-il fallu choisir comme culture nationale à imposer à toutes les autres ? C’était impensable. Aussi, ça n’a pas é
29 l fallu choisir comme culture nationale à imposer à toutes les autres ? C’était impensable. Aussi, ça n’a pas été fait, e
30 e vue État-nation, comme la Hongrie, indépendante à une époque, ensuite en relation quasi fédérale avec l’ensemble austro
31 i fédérale avec l’ensemble austro-hongrois. Grâce à ce fédéralisme sous-jacent, on a pu arriver à un développement cultur
32 âce à ce fédéralisme sous-jacent, on a pu arriver à un développement culturel merveilleux et vraiment très européen, qui
33 nnelle qu’une pareille culture qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à une pluralité de nations vivant et coopé
34 e qui n’est pas liée à un État, mais au contraire à une pluralité de nations vivant et coopérant librement les unes avec
35 onnent l’impression tout de suite, quand on pense à l’Europe comme culture, d’une culture symphonique, ou si vous voulez,
36 ôles soit neutralisé par l’autre. Ceci nous amène à l’idée que je voulais introduire, celle du dialogue. Du dialogue néce
37 és, c’est cette culture une et diverse qui permet à toutes sortes d’interlocuteurs de représenter telle partie de la cult
38 commune en se référant toujours au trésor commun, à l’héritage commun, qui permet un langage commun. Quel pourrait être l
39 mes des droits de l’homme en référence permanente à ce que nous avons tous en commun, à nos valeurs de base, d’où qu’elle
40 ce permanente à ce que nous avons tous en commun, à nos valeurs de base, d’où qu’elles viennent. Voilà simplement quelque
2 1982, Articles divers (1982-1985). De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)
41 De la personne à l’Europe des régions (25 mars 1982)b c Toute votre œuvre est sous-
42  ? Dans les années 1930, cette idée était commune à des gens de provenances très diverses et qui se retrouvaient dans les
43 t y avancer par la foi, dans la nuit, sans savoir à l’avance si son pied trouvera une terre ferme. La personne est l’expr
44 est libre. Mais comment passe-t-on de la personne à la fédération ? On ne devient pas une personne toute seule dans une c
45 nt leur taille et créer des régions ; ces régions à leur tour se fédèrent. À mesure que les choses à faire deviennent de
46 es régions ; ces régions à leur tour se fédèrent. À mesure que les choses à faire deviennent de plus en plus importantes
47 à leur tour se fédèrent. À mesure que les choses à faire deviennent de plus en plus importantes par leurs dimensions et
48 ent. Tout cela se tient. De la personne, on passe à la communauté, de la communauté à la région, de la région à la fédéra
49 sonne, on passe à la communauté, de la communauté à la région, de la région à la fédération de régions, à la fédération e
50 nauté, de la communauté à la région, de la région à la fédération de régions, à la fédération européenne, et même pour ce
51 région, de la région à la fédération de régions, à la fédération européenne, et même pour certains objets trop vastes co
52 bjets trop vastes comme la protection des océans, à la fédération mondiale. Le fédéralisme préconise donc de résoudre cha
53 ansposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce q
54 ntrale comme celle de Creys-Malville est destinée à produire du plutonium. La relation entre le nucléaire civil et le nuc
55 ailleurs démontrée. Bien entendu, tout cela sert à faire des bombes et tant pis si c’est dangereux, on mettra la police
56 cidentales ? C’est ce qu’on m’a répondu récemment à Paris, lorsque je demandais aux responsables de la production électri
57 uel serait l’accident majeur qui pourrait arriver à Creys-Malville. On a refusé de me répondre en me disant que la probab
58 trinquent. Si la France et l’Italie installaient à nos frontières de grands établissements où concentrer le haschisch po
59 Ortega y Gasset que je trouve superbement adaptée à votre question : « Être de gauche ou de droite, c’est choisir une des
60 oisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile. » Toutes deux en effet sont des formes d’
61 Rougemont Denis de, « [Entretien] De la personne à l’Europe des régions », La Suisse, Genève, 25 mars 1982, p. 13. c. P
62 mbrigadements et toutes les modes, de la personne à l’Europe des régions, cet esprit farouchement libre poursuit son chem
3 1982, Articles divers (1982-1985). Précisions de M. Denis de Rougemont (25 mai 1982)
63 s avez publiée le 25 mars et que j’avais accordée à Richard Labévière, il y a plusieurs mois, se sont glissées deux erreu
64 ire ? » » Les dix mots soulignés ont été omis. 2. À l’avant-dernière question concernant la menace pour la Suisse que con
65 ces, physicien renommé et ancien haut-commissaire à l’énergie atomique. Il m’a paru important de préciser qu’une révélati
4 1982, Articles divers (1982-1985). « Vous avez dit Rolling Stones ? » (28 mai 1982)
66 écrivain) Ce n’est pas mon domaine. Pas d’opinion à ce sujet. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Vous av
67 à ce sujet. i. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Vous avez dit Rolling Stones ? », L’Hebdo, Lausanne, 28
5 1982, Articles divers (1982-1985). « Des manifestations pacifistes encore plus grandes ! » (2 juillet 1982)
68 manifestations pacifistes de ces derniers mois ? À en croire certains journaux occidentaux, il s’agit simplement d’une r
69 ’ils érodent la volonté de défense de l’Occident. À tout cela, j’ai envie de répondre que cette campagne contre les pacif
70 Il y a beaucoup plus sérieux : si l’on se dispute à coup d’arguments idéologiques, on dissimule ainsi des réalités économ
71 arade ? Il n’y a aucune espèce de parade possible à la guerre nucléaire. Ce qu’il y a de plus inquiétant dans les débats
72 deux côtés, d’essayer ces armements qui ont coûté à l’humanité en 1981, 600 milliards de dollars. On n’avait encore jamai
73 ges nucléaires au champ de bataille — par exemple à l’Europe, comme l’a si aimablement dit le président Reagan. Eh bien,
74 lie ! Le groupe de Bellerive — que j’ai contribué à fonder et qui comprend des savants atomistes de premier ordre — a pub
75 de, l’Irak, le Pakistan — qui permettront bientôt à de nombreux pays de se procurer la bombe. Cela me paraît plus dangere
76 un moyen d’éviter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens et à celui de mes amis : l’élimination de toutes les armes a
77 ter la tempête nucléaire en Europe, à mon sens et à celui de mes amis : l’élimination de toutes les armes atomiques de no
78 és d’occuper l’Europe, ils n’auraient pas intérêt à se faire précéder par leurs bombes atomiques, qui leur interdiraient
79 es fusées de l’OTAN. Les peuples parviendront-ils à obtenir le retrait des armes atomiques d’Europe ? Ils l’obtiendront s
80 terribles épidémies se propageraient ainsi. Quant à l’Union soviétique, elle subirait des pertes très lourdes, mais pas d
81 ce ; la nôtre est dix fois plus dense. J’en viens à la Suisse. C’est sans doute le pays le mieux placé pour éviter une at
82 s atomiques. C’est aussi un pays particulièrement à même de résister ; une agression par des moyens conventionnels, grâce
83 s moyens conventionnels, grâce à sa géographie et à ce que nous appelions, déjà avant la dernière guerre, la défense en h
84 lla, ne suffisait pas, il faudrait aussi recourir à la défense civile. J’ai fait naguère une proposition qui est peut-êtr
85 qui est peut-être moins comique qu’il n’y paraît à première vue : au lieu de dépenser des sommes énormes pour acheter de
86 ’adversaire, comme au judo où tout l’art consiste à ne pas être là où nous attend l’autre et à utiliser son propre élan p
87 nsiste à ne pas être là où nous attend l’autre et à utiliser son propre élan pour le renverser. Pensez-vous que la non-vi
88 la non-violence puisse constituer une alternative à la défense armée ? Je suis persuadé que la non-violence est la seule
89 on-violence est la seule réponse vraiment humaine à la guerre. Faut-il dès lors renoncer à l’armée suisse ? Non, parce qu
90 nt humaine à la guerre. Faut-il dès lors renoncer à l’armée suisse ? Non, parce que je ne pense pas que notre défense mil
91 ire, la non-violence, soit correcte. J’irai jusqu’ à avancer ceci : les seuls qui soient sûrs d’avoir raison sont ceux qui
92 ait la seule position absolument tenable — quitte à ce qu’on en meure tout de suite, mais autant mourir pour une bonne ra
93 sera peut-être, comme dans le cas des Malouines, à l’origine d’une guerre. La guerre nucléaire, c’est bien plus fou, si
94 que les meilleurs esprits de ce temps se mettent à imaginer des procédés de résistance au mal. J’ai été frappé, depuis l
95 s des Proverbes (Prov. 26/4-5) : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur que tu ne lui ressembles toi-même »
96 que tu ne lui ressembles toi-même » et « Réponds à l’insensé selon sa folie, afin qu’il ne se regarde pas comme sage ».
97 regarde pas comme sage ». Alors, il faut répondre à la défense militaire et en même temps par la non-violence. C’est un c
98 Bavarel et introduits par le chapeau suivant : «  À des titres divers, l’écrivain Denis de Rougemont, Jean-Claude Favez,
99 Claude Favez, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Genève et François Chaudet s’intéressent aux question
6 1982, Articles divers (1982-1985). Denis de Rougemont devant l’Histoire (17 juillet 1982)
100 ° 911) écrit, à propos du procès que j’ai intenté à Dominique Grisoni : Le malentendu était à son comble. Rougemont et s
101 ntenté à Dominique Grisoni : Le malentendu était à son comble. Rougemont et ses amis voulaient — légitimement — qu’on le
102 comme officier, un article sur l’entrée de Hitler à Paris, qui me valut, le 20 juin, une condamnation à quinze jours de f
103 Paris, qui me valut, le 20 juin, une condamnation à quinze jours de forteresse, au secret, pour « insulte à chef d’État é
104 ze jours de forteresse, au secret, pour « insulte à chef d’État étranger mettant ainsi en danger la sécurité de la Suisse
105 itaires, noirs, rouges ou bruns, et le « fascisme à la française », expression créée par moi en 1936 dans la revue person
7 1982, Articles divers (1982-1985). Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)
106 Des régions à la paix pour l’union de l’Europe (juillet-août 1982)m 1. La formul
107 aineté absolue pose aujourd’hui l’obstacle majeur à toute espèce d’union de l’Europe, c’est-à-dire à la condition préalab
108 à toute espèce d’union de l’Europe, c’est-à-dire à la condition préalable de l’établissement d’une paix solide dans le m
109 ar les fanatiques jacobins, réalisée par Napoléon à la faveur de la guerre et en vue de la guerre. Copiée depuis lors par
110 e. Copiée depuis lors par tous les pays du monde ( à la seule exception, peut-être, de la Suisse), elle consiste en fait d
111 e, ces jours-ci, deux grands États n’hésitent pas à s’affronter par les armes, courant le risque non nul de déclencher le
112 xtinction du genre humain, plutôt que de renoncer à des droits théoriques sur un petit troupeau d’îles désertes. 2. Mais
113 ires quoiqu’en étroite interaction : l’un tendant à la fédération de nos peuples à l’échelle continentale, l’autre à la r
114 ion : l’un tendant à la fédération de nos peuples à l’échelle continentale, l’autre à la restauration ou à la création de
115 de nos peuples à l’échelle continentale, l’autre à la restauration ou à la création de communautés autonomes à l’échelle
116 chelle continentale, l’autre à la restauration ou à la création de communautés autonomes à l’échelle régionale. 3. L’État
117 uration ou à la création de communautés autonomes à l’échelle régionale. 3. L’État-nation est en crise partout. Il se voi
118 res, mais tous les autres sont toujours présents, à des degrés inégaux. La définition que je propose est peut-être la plu
119 tatiques, mais seulement celles qui correspondent à la dimension des problèmes qu’elle est le mieux en mesure de gérer. «
120 le mieux en mesure de gérer. « Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce q
121 on les fonctions qu’elle assure. Elle doit être «  à la taille de l’homme », de telle manière que chaque citoyen puisse y
122 n puisse y faire entendre sa voix ; mais aussi, «  à la taille de ses problèmes » — qui sont « à géométrie variable » comm
123 si, « à la taille de ses problèmes » — qui sont «  à géométrie variable » comme on vient de le voir, jamais délimités par
124 à travers les frontières nationales — les amener à constituer un sénat des régions d’Europe, telles sont les étapes obli
125 direz-vous ? — Il n’y a donc pas une seule minute à perdre. m. Rougemont Denis de, « Des régions à la paix pour l’unio
126 à perdre. m. Rougemont Denis de, « Des régions à la paix pour l’union de l’Europe », L’Humaniste, Genève, juillet–août
8 1982, Articles divers (1982-1985). La peur d’être libre… (printemps-été 1982)
127 des régions ? Ces dernières années, j’ai proposé à Ecoropa de s’occuper des régions, d’établir un réseau entre les diffé
128 blir un réseau entre les différentes associations à vocation régionale et régionaliste. Cette idée n’était pas nouvelle p
129 uvelle pour moi. En effet, lorsque je suis arrivé à Paris en 1931, j’ai fait la connaissance d’une trentaine de jeunes ge
130 t communautaire. Cette révolution devait se faire à partir du bas, en développant la personne, et non pas sur les ordres
131 rche jamais à long terme car ça ne correspond pas à la vie. Il n’y a pas deux individus qui se ressemblent : Albert Jacqu
132 erset d’un psaume dit : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier. » Cette vocation doit se mani
133 faire toutes seules. Vous en avez une vision tout à fait organique. Cela relève plus de l’horticulture que de la mécaniqu
134 ays auprès des Nations unies : Ne confiez jamais à la plus grande quantité ce que la plus petite peut faire, et mieux !
135 que la plus petite peut faire, et mieux ! Jamais à la commune ce que la famille peut faire ; jamais à la région ce que l
136 la commune ce que la famille peut faire ; jamais à la région ce que la commune peut faire, et jamais à l’État ce que la
137 la région ce que la commune peut faire, et jamais à l’État ce que la région peut faire. Mais, aujourd’hui, certains prob
138 e description de l’unité-région et de ses limites à une personne faisant partie de plusieurs associations, dites type 190
139 alité des allégeances. Je suis pour des régions «  à géométrie variable », suivant la fonction que la région est censée re
140 automatiquement citoyen suisse. Mais j’appartiens à la Suisse qui parle français et je fais partie de la communauté franc
141 in. Je suis protestant et j’appartiens donc aussi à une autre communauté qui est mondiale et n’a pas de frontière délimit
142 e et n’a pas de frontière délimitée. J’appartiens à l’école personnaliste et à diverses associations… Si un fou venait me
143 élimitée. J’appartiens à l’école personnaliste et à diverses associations… Si un fou venait me dire : tout cela ne peut p
144 t pas continuer, il faut donner la même frontière à toutes ces activités, là, je crierai « au fou ! » Mais ces fous exist
145 res qui veulent que la même frontière soit donnée à toutes ces dimensions normales de l’être humain ! C’est impossible… P
146 ions, une fédération continentale européenne qui, à son tour, peut se fédérer avec d’autres fédérations. Dans votre livr
147 ne parlent plus la langue originelle, ont du mal à communiquer entre elles parce que la colonisation leur a imposé l’ang
148 sation s’est faite, nos jeunes gens étaient prêts à se faire tuer pour cette frontière devenue leur « frontière à eux »,
149 uer pour cette frontière devenue leur « frontière à eux », le symbole de leur libération. Pourtant, elle tranchait pile d
150 a conception personnaliste de l’homme. Mais aussi à cause des conséquences de l’État-nation actuel qui est né des guerres
151 onc, toute la structure des États-nations conduit à la guerre comme on le voit aujourd’hui… Au contraire, comme les régio
152 ureusement aussi, c’est ce qui conduit tout droit à l’État totalitaire. J’ai écrit dans un de mes livres : « C’est avec l
153 nnes dans le carcan des frontières, et trop petit à l’échelle du monde. Vous avez écrit aussi « une région, comme telle,
154 mpétition relève de ce qui n’est pas la vocation. À ce sujet, il ne faut pas s’imaginer la vocation comme une force qui v
155 que des individus égoïstes qui sont des criminels à l’échelle mondiale, des gangsters… Il n’y a pas d’amour là-dedans. Ce
156 confusion a été la plus grave entre l’attachement à la patrie et l’obligation de servir l’État-nation. L’école personnali
157 s vient de l’extérieur. Et qui peut vous conduire à vous exiler. Les régions doivent se faire à travers les frontières. L
158 Allemagne, la maltraitent parce qu’elle se trouve à leurs confins. En réalité, c’est même le cœur géographique de l’Europ
159 on d’une centralité continentale, ce qui est vrai à tous points de vue. Dans votre livre, vous disiez qu’il faut aller à
160 la base des régions. C’est ce que j’avais proposé à Ecoropa : des régions qui se forment spontanément un peu partout. Spo
161 a va paraître énorme aux Français ! Vous avez dit à un journaliste suisse qu’il faudrait au moins trois générations à la
162 suisse qu’il faudrait au moins trois générations à la France pour se relever du centralisme de Monsieur Napoléon. Moi, j
163 Europe. Mais suffisamment pour que cela commence à devenir un réflexe. C’est le minimum requis pour effacer la résistanc
164 le, mais simplement possible. Quand j’ai commencé à reparler systématiquement des régions, cela a beaucoup énervé des gen
165 es gens comme Pompidou pour qui c’était le retour à la féodalité ; et cela représentait donc l’horreur complète pour le F
9 1982, Articles divers (1982-1985). Hommage à l’Alliance culturelle romande pour ses 20 ans (octobre 1982)
166 Hommage à l’Alliance culturelle romande pour ses 20 ans (octobre 1982)q À l
167 relle romande pour ses 20 ans (octobre 1982)q À l’occasion de notre 20e anniversaire, nous avons demandé à quelques p
168 ion de notre 20e anniversaire, nous avons demandé à quelques personnalités de notre pays, connaissant parfois notre activ
169 utant plus vive que leurs lignes nous encouragent à persévérer. En ce temps-là, la Suisse romande n’existait guère que
170 connaissance. q. Rougemont Denis de, « Hommage à l’Alliance culturelle romande pour ses 20 ans », Cahiers de l’Allianc
10 1982, Articles divers (1982-1985). Un écrivain au service de la cité (24 octobre 1982)
171 signifie toute vocation — et je suis très attaché à cette notion qui constitue, soit dit en passant, le thème du seul rom
172 , le thème du seul roman que j’aie jamais écrit — à mes années de formation, entre 15 et 25 ans. Dès mon adolescence, ce
173 mon adolescence, ce qui comptait essentiellement, à mes yeux, c’était la littérature. Auparavant, j’avais pensé, curieuse
174 e Neuchâtel, j’ai compris que ce n’était pas tout à fait ça… Donc je ne jurais que par la littérature, à commencer par la
175 ait ça… Donc je ne jurais que par la littérature, à commencer par la poésie. Dans les poèmes que j’écrivais alors, j’étai
176 vre les surréalistes. Mon premier article, publié à l’âge de 17 ans, dans la Semaine littéraire de Genève, était consacré
177 s la Semaine littéraire de Genève, était consacré à Montherlant et le football, comme j’étais moi-même un adepte entêté d
178 ntêté de ce sport. Puis je suis entré en lettres, à l’Université de Neuchâtel qui était, à mon sens, la meilleure du mond
179 n lettres, à l’Université de Neuchâtel qui était, à mon sens, la meilleure du monde, parce que la plus minuscule. On y av
180 sure. Ainsi, cinquante ans avant qu’elle n’arrive à la Sorbonne, nous découvrions la linguistique nouvelle. En outre, nou
181 s cours de psychologie et nous faisait participer à ses enquêtes, dans les écoles, sur le mensonge et la vérité chez l’en
182 ante Après cela, j’ai voyagé. J’ai passé un an à l’Université de Vienne, où l’on ne me voyait guère à vrai dire, tant
183 blâmais le « désordre cherché » de la littérature à la mode, où le surréalisme figurait en bonne place, estimant qu’il ét
184 u il en soit, il me semblait important d’en venir à une littérature fondée spirituellement, intellectuellement et politiq
185 rir, en France, des auteurs complètement nouveaux à l’époque, tels Kierkegaard, Karl Barth ou Berdiaev. Et puis, des dive
186 allaient sortir plusieurs revues — dont Esprit , à laquelle je collaborai très activement jusqu’à la guerre — et, surtou
187 , à laquelle je collaborai très activement jusqu’ à la guerre — et, surtout, les thèses du personnalisme et du fédéralism
188 te dernières années. Enfin, je travaille toujours à l’ouvrage que je considère comme la clef de voûte de mon œuvre : une
189 n précédé du chapeau et de la notes suivantes : «  À la veille de recevoir la haute distinction du Grand Prix Schiller (le
190 distinction du Grand Prix Schiller (le 26 octobre à Genève) couronnant, après celles de Ramuz, Dürrenmatt et Frisch, son
191 œuvre d’écrivain — une trentaine d’ouvrages parus à ce jour, dont quelques classiques, tels Le Paysan du Danube , Pense
192 e son époque aux intuitions souvent prophétiques, à concilier la défense d’un héritage culturel incessamment enrichissant
193 t d’homme libre et responsable, que Sartre reprit à son compte. Là-dessus, ne voyons pas en lui qu’un intellectuel de hau
11 1983, Articles divers (1982-1985). Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)
194 Réponses à des questions de Marcel Proust et de Michel Moret (1983)v Qui auri
195 sion ? Personne ne dispose des moyens de répondre à cette question. Si le Christ revenait sur terre et plus précisément e
196 evée des Églises chrétiennes, de Luther et Calvin à Vatican II : même combat ! La réforme qui vous causerait le plus gran
197 us aimeriez avoir ? Une santé qui puisse résister à pas mal d’excès. v. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
198 mal d’excès. v. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Questionnaire de Marcel Proust », Cent Suisses répondent
199 nnaire de Marcel Proust », Cent Suisses répondent à Marcel Proust, Lausanne, Éditions de l’Aire, 1983, p. 1.
12 1983, Articles divers (1982-1985). Bertrand de Launay, Le Poker nucléaire : comme brebis à l’abattoir [préface] (1983)
200 rand de Launay, Le Poker nucléaire : comme brebis à l’abattoir [préface] (1983)w I La montée vers la guerre nuclé
201 llence. Elle les domine depuis lors et les soumet à la même sophistique de dissuasion et aux mêmes enchaînements d’hypoth
202 la ne peut que mal finir si l’on ne se décide pas à tout changer tout de suite : je veux dire à détruire en même temps, d
203 e pas à tout changer tout de suite : je veux dire à détruire en même temps, des deux côtés, toutes les armes nucléaires e
204 attendant, il devient chaque jour plus évident qu’ à « l’équilibre de la terreur » correspond et répond en écho, à l’échel
205 bre de la terreur » correspond et répond en écho, à l’échelle internationale, le terrorisme déstabilisant. Que voulez-vou
206 eurs de guerre, dans la presse à peu près unanime à l’ouest du rideau de fer, de la droite traditionnelle à la gauche dès
207 est du rideau de fer, de la droite traditionnelle à la gauche dès qu’elle est au pouvoir. Il est donc entendu que ceux q
208 du système, sont de sinistres névrosés, acharnés à détruire, sans scrupules, la sacro-sainte stabilité dans l’erreur des
209 vrosé est celui qui réagit d’une manière anormale à la cause de son angoisse : il tente de nier sa réalité, ou de passer
210 ment partisans d’une guerre « gagnée » par Moscou à la faveur d’une démission de l’Occident. Et en effet, certains d’entr
211 plutôt rouge que mort) lancé par Bertrand Russell à l’Université de Berkeley (Californie) en 1961. Le philosophe Sidney H
212 Moscou ne saurait favoriser les antinucléaires qu’ à l’Ouest. Aussi bien, ces derniers ne s’y sont pas trompés : ils favor
213 e, où ils sont encore clandestins. Ils sont seuls à pouvoir le faire dans notre camp, où ils sont seuls aussi à n’être pa
214 le faire dans notre camp, où ils sont seuls aussi à n’être pas manipulés par Washington. — Ils sont mal informés. Ce livr
215 es armements — Moyen Âge et Renaissance : duel à l’épée, arrêt au premier sang. — xviiie -xxe siècles : pistolet — un
216 rts certaines au premier échange. Cela correspond à  : — guerre réglée, conventionnelle, jusqu’à la Révolution française ;
217 spond à : — guerre réglée, conventionnelle, jusqu’ à la Révolution française ; — guerre limitée aux armées : on n’essaie p
218 Histoire peut encore continuer. Cela suffira-t-il à faire admettre la seule solution raisonnable ? Tendance suicidaire
219 t soviétique) est absurde, et ne peut conduire qu’ à des conclusions probablement fausses dans le domaine militaire, et ru
220 conomique. Les totaux perdent toute signification à mesure qu’ils grandissent, puisque les premiers tirs peuvent être déc
221 s humains. Mais comme les Soviétiques en seraient à 38 000, il est clair, me dit-on, qu’un effort gigantesque doit être d
222 is si j’en ai 30 000 et toi 60 000, nous sommes «  à égalité » à toutes fins utiles, étant immergés l’un et l’autre dans l
223 i 30 000 et toi 60 000, nous sommes « à égalité » à toutes fins utiles, étant immergés l’un et l’autre dans l’incommensur
224 léaire  », dans Le Poker nucléaire : comme brebis à l’abattoir, Paris, Syros, 1983, p. 9-15.
13 1983, Articles divers (1982-1985). La Suisse et quelle Europe ? (1983)
225 teurs que sur ce thème je n’avais pas grand-chose à dire, sinon que son énoncé me paraissait boiteux. Il invite en effet
226 énoncé me paraissait boiteux. Il invite en effet à mettre en relation, il pose en face à face deux réalités non comparab
227 te en effet à mettre en relation, il pose en face à face deux réalités non comparables, car : 1° la Suisse est autre chos
228 ope Sur le premier titre, j’aurais tout de suite à observer ceci : que les réalités économiques qu’il désigne dépendent
229 thème primordial se ramène donc dans tous les cas à celui-ci : 1. Quelle Suisse et quelle union de l’Europe ? Il ne
230 er lieu l’illusion économiste, celle qui consiste à prendre pour « la Suisse » et pour « l’Europe » deux groupes de phéno
231 Or, je le répète, la Suisse n’est pas réductible à son économie, et prendre l’une pour l’autre n’est pas une simple faço
232 ope est bien autre chose que ce qu’on nomme ainsi à Bruxelles — où la CEE n’est en fait qu’un ensemble d’accords intergou
233 de l’économie dans la partie ouest du continent. À l’illusion économiste que favorise l’emploi du terme « Suisse » sans
234 ois en juin 1979, dont les compétences se bornent à ceci : contrôler 13 % du budget de la Commission chargée d’appliquer
235 vingt-deux. L’illusion politique consiste surtout à croire qu’à partir de ces mesures éco­nomiques, et par élargissements
236 es éco­nomiques, et par élargissements successifs à d’autres pays mais aussi à d’autres secteurs, on arrivera à une sorte
237 rgissements successifs à d’autres pays mais aussi à d’autres secteurs, on arrivera à une sorte de fédération continentale
238 pays mais aussi à d’autres secteurs, on arrivera à une sorte de fédération continentale. Voyons cela de plus près, et de
239 La question concrète est donc celle de savoir — à quel type d’Europe unie la Suisse pourrait-elle se joindre ? — et cel
240 rmellement : l’Europe de Bruxelles ou Communauté ( à 9, 10 ou 12), et l’Europe de Strasbourg ou Conseil de l’Europe (à 21)
241 et l’Europe de Strasbourg ou Conseil de l’Europe ( à 21). Trois autres sont faciles à imaginer, sinon à réaliser : un supe
242 eil de l’Europe (à 21). Trois autres sont faciles à imaginer, sinon à réaliser : un super-État européen, sur le modèle de
243 21). Trois autres sont faciles à imaginer, sinon à réaliser : un super-État européen, sur le modèle de l’État-nation fra
244 s’agit d’un élargissement des accords économiques à d’autres pays européens dans les cadres strictement délimités par le
245 mble pas que des obstacles de principe s’opposent à une participation suisse, pour autant que celle-ci s’avérerait profit
246 r autant que celle-ci s’avérerait profitable tant à la CEE qu’à l’économie suisse. Mais s’il s’agit d’élargir la Communau
247 celle-ci s’avérerait profitable tant à la CEE qu’ à l’économie suisse. Mais s’il s’agit d’élargir la Communauté économiqu
248 is s’il s’agit d’élargir la Communauté économique à d’autres secteurs, jusqu’à en faire une Communauté politique par exem
249 Communauté économique à d’autres secteurs, jusqu’ à en faire une Communauté politique par exemple, le problème change de
250 u de faire confiance aux seuls économistes réunis à Bruxelles pour légiférer sur le développement culturel, social, polit
251 t satellisés par Moscou. Si cet élargissement-là ( à des domaines autres qu’économiques) — souvent revendiqué par les parl
252 e verrait de moins en moins capable de se joindre à la fête, ne fût-ce qu’en vertu de sa neutralité, mais plus encore, et
253 age universel. Et doter de pouvoirs élargis jusqu’ à devenir fédéraux. À mon sens, c’est du côté du Conseil de l’Europe qu
254 ter de pouvoirs élargis jusqu’à devenir fédéraux. À mon sens, c’est du côté du Conseil de l’Europe que la Suisse devrait
255 trasbourg sert nos intérêts immédiats, nous avons à déterminer les conditions posées par l’identité suisse à toute partic
256 miner les conditions posées par l’identité suisse à toute participation active à une Europe unie. Ou encore : au lieu de
257 ar l’identité suisse à toute participation active à une Europe unie. Ou encore : au lieu de justifier nos refus ou nos re
258 us ou nos retards, attitude défensive, nous avons à formuler les conditions de notre acceptation éventuelle, c’est-à-dire
259 ons de notre acceptation éventuelle, c’est-à-dire à prendre l’initiative, à proposer et très probablement à innover. Les
260 éventuelle, c’est-à-dire à prendre l’initiative, à proposer et très probablement à innover. Les principales conditions d
261 dre l’initiative, à proposer et très probablement à innover. Les principales conditions de participation active de la Sui
262 s conditions de participation active de la Suisse à une union européenne sont faciles à formuler. Ce sont les trois suiva
263 de la Suisse à une union européenne sont faciles à formuler. Ce sont les trois suivantes : 1° la neutralité conçue comme
264 : 1° la neutralité conçue comme refus de recourir à la guerre pour régler aucun problème politique, social ou économique,
265 de la guerre. La Suisse ne pourrait participer qu’ à une union qui serait elle-même neutre, c’est-à-dire purement défensiv
266 imensions correspondent aux dimensions des tâches à accomplir, et ceci en partant non de l’État central qui voudrait « dé
267 ansposer en termes européens : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce q
268 le de leur pays. La Suisse ne pourrait adhérer qu’ à une union de type fédéral, ménageant la pleine autonomie des communau
269 depuis les débuts du xvie siècle, je me bornerai à rappeler quelques évidences : a) La défense locale (guérilla, défense
270 roupes les mieux armées du monde — au Vietnam. b) À stocks égaux d’armes nucléaires, les Russes gagneraient nécessairemen
271 sera contrainte de céder, c’est-à-dire d’adhérer à la CEE, doit prendre sans plus tarder des initiatives créatrices, ain
272 ction chercher ? Les deux obstacles principaux à l’union des peuples européens étant la souveraineté nationale absolue
273 e dispose désormais des accords d’Helsinki, seuls à rassembler pour des négociations officielles tous les gouvernements e
274 ons officielles tous les gouvernements européens ( à l’exception des trois États baltes). Pour ce qui est du dépassement p
275 voir recours au Conseil de l’Europe, je veux dire à sa Conférence des pouvoirs locaux et régionaux, qui a déjà organisé q
276 lway, Bordeaux. Les progrès ont été si rapides qu’ à Bordeaux, en 1978, on a discuté sérieusement la possibilité d’électio
277 uxelles deviendrait l’agence économique (conforme à sa vocation première) et le Conseil de l’Europe l’agence culturelle.
278 gence culturelle. On pourrait aboutir de la sorte à un exécutif européen doté de pouvoirs strictement limités mais très r
279 a toujours été, dès les débuts du xiiie siècle, à contre-courant des évolutions d’ensemble en Europe. On l’a écrit (not
280 l’Europe (seconde moitié du xixe siècle). Seule à cultiver ses minorités linguistiques quand ses voisins tendaient de l
281 survivance de l’antique unité et germe de l’union à venir, la Suisse est plus que jamais nécessaire à l’Europe à conditio
282 à venir, la Suisse est plus que jamais nécessaire à l’Europe à condition qu’elle reste suisse, qu’elle garde son identité
283 Suisse est plus que jamais nécessaire à l’Europe à condition qu’elle reste suisse, qu’elle garde son identité de fédérat
284 eut-être même bénéfique, qu’elle soit la dernière à rejoindre une union fédérale de nos peuples, dont elle aura été, dans
14 1983, Articles divers (1982-1985). Hitler, l’anti-prophète de notre siècle (10 février 1983)
285 elles élections en novembre font tomber ce nombre à 196, Hitler ayant perdu en quelques mois deux millions de voix, à la
286 ant perdu en quelques mois deux millions de voix, à la suite d’une entente avec les communistes le temps d’une grève à Be
287 entente avec les communistes le temps d’une grève à Berlin. Et Léon Blum écrit : « Hitler a perdu ses dernières chances d
288 pparition sont bien connus : on n’y retrouve pas, à l’analyse, la moindre trace de sa personne. Il fut ces effets, et rie
289 ophète du Néant collectif, où il a presque réussi à entraîner toute sa génération. C’est ainsi que je l’ai senti, éprouvé
290 tenue « dans un Francfort en proie au carnaval et à l’angoisse », je parlais du « dernier carnaval de cette bourgeoisie d
291 peut lire dans La Part du diable , que je publiai à New York en 1942, trois ans avant la mort du Führer : Hitler s’est t
292 iéné, prolétaire : ces mots reviennent sans cesse à son propos, et le plus souvent dits par lui. En juin 1939, au plus fo
293 zig, C. J. Burckhardt, haut-commissaire de la SDN à Dantzig, est reçu en audience par le Führer : il s’agit d’une ultime
294 ait coller chaque jour les articles parus sur lui à l’étranger. Il désigne une coupure du Courrier de Saint-Étienne intit
295 z, crie-t-il, il faut bien que je fasse la guerre à la Pologne puisqu’on écrit des choses pareilles sur moi. » C. J. Burc
296 le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à trois mètres de lui, marchant à la hauteur de la voiture, les mains d
297 au premier rang, à trois mètres de lui, marchant à la hauteur de la voiture, les mains dans les poches de mon pardessus.
298 oi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Le Führer déclarait un jour : « Je ne crains p
299 n’est que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies… On me demande sottement s’il est intelligent. Ne vo
300 adorateur du sang et de la guerre, s’est présenté à nous comme un malheur plus étendu et plus profond que l’histoire n’en
301 té. Hitler n’a fait que lui prêter figure et nom, à l’occasion de son éruption la plus violente jusqu’ici. Le Guide de
302 conscience collective. L’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le Guide de l’inconscient du peuple, est en mêm
303 arole » jetée dans les masses les trouvera prêtes à s’enflammer si « la cruelle déesse de la Misère » les a d’abord condi
304 t un peuple dans une masse passionnée, il le rend à l’état d’innocence première : pas de responsables dans une masse, don
305 s et subis en 1936, j’écris ceci : Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est l
306 ris ceci : Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Mais c’est leur culte qu’ils célèbre
307 der. Replaçons-nous dans la situation de l’Europe à la veille de sa grande catastrophe. La question qui se posait alors à
308 ande catastrophe. La question qui se posait alors à l’inquiétude de trop rares observateurs était la suivante : « Comment
309 t subitement de visage, se raidissent, se ferment à tout raisonnement, à toute discussion, à tout recours aux vérités fon
310 e, se raidissent, se ferment à tout raisonnement, à toute discussion, à tout recours aux vérités fondamentales sur lesque
311 ferment à tout raisonnement, à toute discussion, à tout recours aux vérités fondamentales sur lesquelles s’édifia la civ
312 e les communistes et les fascistes, a su répondre à la question centrale du siècle, qui est religieuse au sens élémentair
313 ment de puissance. Ce message que, de sa prison, à la veille de la guerre, m’avait fait passer un théologien anonyme don
314  » — le national-socialisme ne pouvait aboutir qu’ à la guerre, dès lors qu’il ne donnait à la communauté d’autre contenu
315 aboutir qu’à la guerre, dès lors qu’il ne donnait à la communauté d’autre contenu que la haine commune, d’autre contenant
316 ts entières. C’est que la formule totalitaire est à jamais inapplicable : une idée de fou. Il ne saurait y avoir toute-pu
317 iquement amputée de tout ce qui pourrait résister à la mise au pas étatique, et par là promise à sa perte. Choisir la nat
318 ster à la mise au pas étatique, et par là promise à sa perte. Choisir la nation autarcique et la Race contre l’humanité e
319 nnait la pire réponse possible, mais une réponse, à la question centrale de notre temps. Tel fut son vrai Pouvoir, et j’é
15 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : conclusions (1984)
320 ur la Fondation Veillon et je voudrais l’exprimer à celui des fils de Charles Veillon qui la représente parmi nous ce mat
321 te parmi nous ce matin. Ce colloque n’a ressemblé à rien de ce que j’ai connu jusqu’ici. Vous savez comment il est né : d
322 qu’ici. Vous savez comment il est né : de l’envoi à des centaines de personnes d’une circulaire exposant certaines des th
323 férent. Nous ne nous connaissions pas auparavant, à peu d’exceptions près, nous représentons toutes sortes de milieux, de
324 us sur la réalité. Je voudrais donc, en votre nom à tous, féliciter vivement la Fondation Veillon d’avoir pris cette init
325 sépare le bassin rhénan du bassin rhodanien. Lieu à tous égards privilégié, et je comprends que l’on ait eu l’idée d’y co
326 nsieur Veillon, puis-je vous prier de transmettre à vos frères ce vœu que ratifie ma profonde gratitude. Je voudrais main
327 rojet d’exécution de l’oratorio Nicolas de Flue à New York. J’ai publié là-bas un petit livre sur la Suisse, The Heart
328 la Suisse, The Heart of Europe , j’ai travaillé à l’Office of War Information, section « La voix de l’Amérique parle au
329 es fédéralistes européens, qui allait se dérouler à Montreux. Je me suis trouvé vraiment catapulté dans cette action. Com
330 suis senti « obligé », en quelque sorte. J’ai dit à mes amis : « Je suis prêt à donner deux ans de ma vie à la cause euro
331 amis : « Je suis prêt à donner deux ans de ma vie à la cause européenne, et tant pis pour mon œuvre littéraire… » Et me v
332 un peu, en marge de cette seule activité. De 1947 à 1979, sur une vingtaine d’ouvrages publiés, plus de la moitié parlent
333 neuchâteloise… Mais cela n’a pas été facile, car à la suite d’une série de grandes manifestations, telles que le Congrès
334 manifestations, telles que le Congrès de l’Europe à La Haye en 1948 et la Conférence européenne de la culture à Lausanne
335 en 1948 et la Conférence européenne de la culture à Lausanne en 1949, il a fallu mettre sur pied un certain nombre d’inst
336 peu d’argent, car les gouvernements s’intéressent à la culture dans les discours, en fin de banquet, mais rarement quand
337 n fin de banquet, mais rarement quand on en vient à voter le budget. Or, je vous le disais hier : seul le budget ne ment
338 t qui dépend de 12 gouvernements européens ; puis à la Fondation européenne de la culture, qui est aujourd’hui à Amsterda
339 ion européenne de la culture, qui est aujourd’hui à Amsterdam ; puis à une dizaine d’associations européennes. Celle, par
340 a culture, qui est aujourd’hui à Amsterdam ; puis à une dizaine d’associations européennes. Celle, par exemple, qui réuni
341 s bientôt les mouvements fédéralistes se sont mis à décliner. Ils n’avaient au fond plus grand-chose à se mettre sous la
342 décliner. Ils n’avaient au fond plus grand-chose à se mettre sous la dent. Ils continuaient de répéter : « Unissons-nous
343 a été élue ce printemps et qui vient de se réunir à Strasbourg. Elle n’est ni un parlement, ni européenne au sens plein d
344 a n’est pas leur affaire. Le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, serait de beaucoup un meilleur candidat à la fonction de
345 rasbourg, serait de beaucoup un meilleur candidat à la fonction de noyau de l’Europe future, puisqu’il compte 22 pays de
346 entrer.) S’il y avait un vrai Parlement européen à élire au suffrage universel, ce serait évidemment à celui du Conseil
347 élire au suffrage universel, ce serait évidemment à celui du Conseil de l’Europe qu’on devrait donner des pouvoirs législ
348 projet de vous expliquer comment j’ai été appelé à écrire L’Avenir est notre affaire . Au cours de la dernière décenni
349 ne a pris pour thème l’enseignement de l’écologie à l’école. J’ai senti qu’il y avait là un deuxième souffle pour les féd
350 r laquelle nous avions tenu de nombreux colloques à Genève dès 1962. De cette convergence est née dans mon esprit l’idée
351 ure d’une vingtaine de pages d’un rapport adressé à la commission d’urbanisme du Congrès américain par l’ingénieur Jay Fo
352 d’économie, d’éthique et de politique européenne, à résultante culturelle, devenue après quelques années de polémiques au
353 nt les catastrophes qui nous menaçaient d’un jour à l’autre, notamment la crise du pétrole. Pour faire sentir le danger q
354 que représentaient les 16 milliards de dollars — à l’époque c’était trois fois plus qu’aujourd’hui — détenus par les Ara
355 eau pendant une tempête : roulant d’un bastingage à l’autre, elle détruit absolument tout. C’était ce qui risquait de se
356 e d’un film de la télévision française, chez moi, à Ferney, le 22 août 1973. Le film n’a pu passer que six mois plus tard
357 e m’en plains pas trop, parce que cela m’a obligé à m’éloigner un peu de l’actualité et des chiffres qui font l’actualité
358 ps, d’autres événements, comme les manifestations à Creys-Malville, ont alerté l’opinion, et mon livre en a bénéficié, pa
359 ts avec l’économie sont réglés par la préparation à la guerre, ultima ratio de toutes les mesures de centralisation et de
360 nous n’en dirons pas plus ! » Mais cette guerre, à quoi peut-elle servir ? Ce sont les États-nations seuls qui auront le
361 s le faire. Et les États-nations n’ont de comptes à rendre à personne ! J’ai demandé à Einstein, le seul jour où je l’ai
362 e. Et les États-nations n’ont de comptes à rendre à personne ! J’ai demandé à Einstein, le seul jour où je l’ai vu — c’ét
363 ont de comptes à rendre à personne ! J’ai demandé à Einstein, le seul jour où je l’ai vu — c’était en 1947 (au moment de
364 lions de gens survivraient dans des angles morts, à l’abri des radiations ! » Mais, vous imaginez ce qu’ils seraient ? De
365 ls seraient ? De pauvres hères, qui chercheraient à se nourrir de choses pas trop irradiées, qui vivraient dans la terreu
366 maine des techniques dures comme je l’ai dit tout à l’heure. C’est la minéralisation de nos existences par la technique q
367 e tout, comme vient de nous le rappeler M. Birre. À tout cela, il faut opposer d’urgence une logique du vivant, des cellu
368 er palier, avant une fédération mondiale, requise à beaucoup d’égards, et sur laquelle aussi certains d’entre vous ont in
369 laquelle aussi certains d’entre vous ont insisté à très juste titre. Nécessité de concevoir la planète entière, l’humani
370 umanité entière. L’union de l’Europe serait donc, à mon sens et dans cette perspective, qui n’est pas celle des États, ma
371 — on ne disait pas encore l’État-nation — cherche à retrouver par la guerre au-dehors, la tranquillité qu’il n’a plus au-
372 ns ». L’Europe, unie — j’insiste — est impossible à concevoir à partir des États-nations ; c’est un cercle carré ! J’ai a
373 pe, unie — j’insiste — est impossible à concevoir à partir des États-nations ; c’est un cercle carré ! J’ai appelé, il y
374 é, il y a longtemps, la volonté de faire l’Europe à partir des États-nations, la volonté de créer une amicale des misanth
375 une formule viable. Nous n’avons pas, j’insiste, à le renverser. Je crois qu’il serait tout à fait illusoire de donner c
376 siste, à le renverser. Je crois qu’il serait tout à fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s’emparer du pouv
377 serait tout à fait illusoire de donner comme but à la jeunesse de s’emparer du pouvoir des États-nations parce qu’elle s
378 que nous avons bien fait de ne pas nous attarder à toutes les définitions que l’on peut donner de la région : régions et
379 s explosions, quand on refuse de prêter l’oreille à leurs demandes. Il y a certes des raisons à cette tactique, si c’est
380 eille à leurs demandes. Il y a certes des raisons à cette tactique, si c’est le seul moyen de forcer l’attention générale
381 lument pour la non-violence, sauf dans ce cas-là, à condition que ce ne soit pas dirigé contre des hommes, mais contre de
382 ons qui serait le même partout : cela reviendrait à un modèle réduit d’État-nation, à l’utopie parfaite, l’« u-topos », l
383 ela reviendrait à un modèle réduit d’État-nation, à l’utopie parfaite, l’« u-topos », le non-lieu, le lieu de nulle part,
384 réponses quant à la réalisation de ces « régions à géométrie variable », comme je les nomme, sur lesquelles nous avons b
385 nt du territoire en Suisse, en tant que chercheur à l’École polytechnique de Zurich, et donc à ce titre plus ou moins lié
386 rcheur à l’École polytechnique de Zurich, et donc à ce titre plus ou moins lié au plan du gouvernement suisse. Enfin, M.
387 rès ces deux jours de débats, qu’ils m’ont obligé à me poser des questions plus précises, plus concrètes sur bien des cas
388 e je vous avoue c’est que cette notion de régions à géométrie variable, à frontières multiples, à territoires différents,
389 que cette notion de régions à géométrie variable, à frontières multiples, à territoires différents, variables selon les f
390 ons à géométrie variable, à frontières multiples, à territoires différents, variables selon les fonctions et qui se regro
391 elire à propos des complexités que pose la région à géométrie variable. M. Norton écrit : « We need not fear that we cann
392 ompris : on ne peut pas poser d’avance la réponse à des questions aussi complexes, mais on peut trouver, on peut surmonte
393 n peut trouver, on peut surmonter ces complexités à mesure que l’on avance, donc « chemin faisant ». Chemin faisant est u
394 ée. « Chemin faisant » est une phrase qui va tout à fait au fond de la chose. Bien d’autres ont été dites ici, qui m’ont
395 dites ici, qui m’ont encouragé. Et quand je pense à vos travaux et à nos discussions, j’en tire pour ma part trois direct
396 ont encouragé. Et quand je pense à vos travaux et à nos discussions, j’en tire pour ma part trois directions de recherche
397 que citoyen de cette petite patrie, j’appartiens à la Confédération suisse qui me donne ma nationalité, mon passeport. C
398 mon passeport. Comme écrivain, mon allégeance va à l’ensemble de la francophonie, dont le territoire déborde immensément
399 vez tous, c’est très facile. Je sais parfaitement à quelles sociétés je cotise, lesquelles je préside peut-être, ou celle
400 « Où situer le pouvoir politique dans une région à géométrie variable ? » Si l’on dit que le pouvoir est d’abord aux com
401 Il existe en France, des syndicats intercommunaux à vocations multiples, qui donnent déjà une image de ce que pourrait êt
402 e, comme d’autres formeraient une écorégion. Tout à l’heure, en entendant parler M. Birre, il m’est venu une autre idée.
403 t M. Birre qu’il y aurait peut-être quelque chose à chercher dans ce sens ; noyau ferme et territorial de la région qui s
404 xe siècle et destructrice du sol, vers un retour à la terre et à la cité normale. Encore une fois, je m’en voudrais d’ap
405 destructrice du sol, vers un retour à la terre et à la cité normale. Encore une fois, je m’en voudrais d’apporter des rép
406 t doit rester complexe, parce qu’elle veut coller à la réalité physique, humaine, économique et culturelle. Mais il y a t
407 onomique et culturelle. Mais il y a tout de même, à la base du fédéralisme et quelle que soit l’infinie complexité de ses
408 llement aux États-Unis, mais elle est très facile à transposer en termes européens, voire suisses. La voici : Ne confiez
409 ens, voire suisses. La voici : Ne confiez jamais à une plus grande unité ce qui peut être fait par une plus petite. Ce q
410 nt dit, l’organisation fédéraliste, cela consiste à faire coïncider, dans chaque cas, les dimensions de la tâche à accomp
411 ider, dans chaque cas, les dimensions de la tâche à accomplir et les compétences des communautés. À la commune, les chemi
412 e à accomplir et les compétences des communautés. À la commune, les chemins vicinaux, à la région, les grandes routes, à
413 communautés. À la commune, les chemins vicinaux, à la région, les grandes routes, à la fédération (de régions ou nationa
414 hemins vicinaux, à la région, les grandes routes, à la fédération (de régions ou nationale), les autoroutes. On peut alle
415 ui auront un pouvoir clairement limité, mais tout à fait réel dans leur domaine. Je voudrais insister, car je crois que c
416 voir commun de défense qui était réel mais limité à cela, et les laissait libres pour le reste. Il s’agissait des commune
417 alité et de la vérité philosophiques. On n’arrive à l’universel que par l’extrême du particulier. Donc, s’occuper des com
418 rois que cela, c’est la philosophie qui doit être à la base de tout ce que nous imaginons de la région. Cela a été en tou
419 us imaginons de la région. Cela a été en tout cas à la base de ce qu’avec mes amis Mounier, Alexandre Marc, Aron et Dandi
420 mmes peut-être les seuls réalistes d’aujourd’hui. À ceux qui nous disent volontiers : « Vous savez, vos idées, je les tro
421 ds : « Tant pis pour vous, car cela vous condamne à l’immobilité ! » Si un homme veut marcher, il ne peut pas avoir plus
422 l, portait sur des choses culturelles. C’est tout à fait juste. La base de l’Europe, son unité, sans laquelle on ne pourr
423 les valeurs celtiques, qui sont aussi importantes à bien des égards, plus près de nous, et qui ont recouvert le tout. Mai
424 main : d’où les persécutions contre les chrétiens à Rome. Les libertés locales, c’est grec et c’est germanique, mais ce n
425 umilité. Or, ce sont ces antinomies qui ont donné à la culture européenne et à l’Europe dans le monde, son dynamisme extr
426 tinomies qui ont donné à la culture européenne et à l’Europe dans le monde, son dynamisme extraordinaire. Toutes les autr
427 ruction européenne. Je voudrais que l’on continue à faire une propagande quotidienne contre l’idée de bâtir l’Europe sur
428 l’Europe sur l’économie d’abord. Je me suis amusé à faire des petites études sur les rythmes de mobilité des principaux f
429 et est Belfort, et dont la base va du Val d’Aoste à Saint-Étienne en passant au sud de Grenoble : on y a parlé de l’an 90
430 ne langue différente, quoiqu’apparentée à la fois à la langue d’oc et à la langue d’oïl. Il en reste des traces dans nos
431 , quoiqu’apparentée à la fois à la langue d’oc et à la langue d’oïl. Il en reste des traces dans nos patois. Les mots de
432 is, que je sais de mon école primaire, je m’amuse à les échanger avec des gens du Mouvement Région Savoie qui les reconna
433 Il y en a un qui fait beaucoup monter la moyenne à lui seul, c’est le Portugal, de loin le plus ancien : six siècles san
434 ue douce, de technique de persuasion, de personne à personne, d’association à association. C’est la seule chose qui soit
435 persuasion, de personne à personne, d’association à association. C’est la seule chose qui soit à notre portée, qui n’entr
436 tion à association. C’est la seule chose qui soit à notre portée, qui n’entraîne pas de dépenses gigantesques comme la pr
437 . Et enfin, j’y reviens, il y a l’apport, capital à mon sens, de M. et Mme André Birre, avec ce qu’ils nous ont appris su
438 us, qui donne vraiment et symboliquement une base à tout cela. « Partir d’en bas », ont dit M. Juillet et beaucoup d’autr
439 tut mais d’une grande action qui serait à la fois à l’échelle régionale et à l’échelle planétaire, et qui devrait à mon s
440 ion qui serait à la fois à l’échelle régionale et à l’échelle planétaire, et qui devrait à mon sens partir d’une conféren
441 gionale et à l’échelle planétaire, et qui devrait à mon sens partir d’une conférence mondiale dont les thèmes seraient :
16 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : réponse à Raimondo Strassoldo (1984)
442 Autour de l’Avenir est notre affaire : réponse à Raimondo Strassoldo (1984)aa Dans la note liminaire de son texte,
443 do insiste amicalement sur le fait qu’il concorde à 95 % avec moi. Si vous ne gardez pas cela à l’esprit, vous aurez l’im
444 corde à 95 % avec moi. Si vous ne gardez pas cela à l’esprit, vous aurez l’impression que c’est une proportion inverse qu
445 ques que l’on pourrait faire, de manière, dit-il, à approfondir et clarifier la pensée de l’auteur sur quelques points. J
446 ouaniers le font de temps en temps. Cela consiste à appliquer le règlement à la lettre. Pour vérifier le contenu d’une va
447 en temps. Cela consiste à appliquer le règlement à la lettre. Pour vérifier le contenu d’une valise, on peut très bien m
448 raient venir sur tel ou tel point, qu’il se forme à lui-même avec une imperturbable intelligence, et que souvent je me fo
449 e intelligence, et que souvent je me forme encore à moi-même, et de les pousser à bout, jusqu’à montrer que finalement, r
450 je me forme encore à moi-même, et de les pousser à bout, jusqu’à montrer que finalement, rien n’est possible. C’est un j
451 ncore à moi-même, et de les pousser à bout, jusqu’ à montrer que finalement, rien n’est possible. C’est un jeu qui peut êt
452 Selon R. Strassoldo, les critiques que je fais à l’État-nation ne sont pas suffisantes, car c’est tout le système inte
453 . L’Europe est trop petite pour que l’on s’arrête à elle seule. Bien entendu, il a parfaitement raison, on peut toujours
454 topisme. Je réponds : « Commençons par ce qui est à notre portée. » II. Des implications logiques de la « petite échel
455 ctuelle, sans laquelle nous ne serions pas amenés à discuter ici le problème des régions. S’il y a crise, s’il faut absol
456 i est un grand succès pour notre mouvement. Quant à « exclure » la possibilité d’une société qui puisse jouir en même tem
457 e Rousseau a réfuté le sophisme, qui équivaudrait à exclure la possibilité d’existence de la Suisse. III. De l’inévita
458 ystème des régions éliminerait tous les conflits. À mon sens, il consiste plutôt à maintenir les conflits dans des dimens
459 tous les conflits. À mon sens, il consiste plutôt à maintenir les conflits dans des dimensions assez petites pour qu’elle
460 tout simplement anéantissants, comme ils le sont à l’échelle des grands États-nations. IV. De la nécessité des fondem
461 grands mythes. Ceux qui cherchent cela n’ont rien à trouver à Crêt-Bérard ! Vous vous doutez bien que ce n’est pas ici qu
462 hes. Ceux qui cherchent cela n’ont rien à trouver à Crêt-Bérard ! Vous vous doutez bien que ce n’est pas ici que nous tro
463 ce n’est pas ici que nous trouverons des réponses à ce genre de questions. D’ailleurs, certaines phrases de Strassoldo me
464 ndre quelque part que le personnalisme aboutirait à l’exclusion du sacré. Je ne vois pour ma part absolument aucun texte
465 éfinis par une vocation bel et bien transcendante à l’individu. S’il nous fallait absolument un mythe, s’il fallait défin
466 rre et se justifie entièrement par la préparation à la guerre. Chaque fois qu’il y a une guerre, il augmente ses prérogat
467 guerre, il augmente ses prérogatives : on arrive à l’État totalitaire par la guerre totale, ceci est tout à fait clair.
468 t totalitaire par la guerre totale, ceci est tout à fait clair. Si quelque chose s’oppose à ce mythe, c’est la volonté de
469 est tout à fait clair. Si quelque chose s’oppose à ce mythe, c’est la volonté de recréer des communautés réelles, donc d
470 e espèce d’incompatibilité entre les deux choses, à moins qu’on ne les caricature chacune dans son domaine, et une fois d
471 phrase : « Est-ce que la participation correspond à un besoin réel des citoyens ? » Non ! Elle correspond à une nécessité
472 esoin réel des citoyens ? » Non ! Elle correspond à une nécessité absolue, sans laquelle il n’y a aucune société possible
473 a aucune société possible. On ne va pas demander à chacun s’il a besoin de participer. C’est une évidence qui saute aux
474 les autres, de sauter du 50e étage d’un building à New York, en disant : « Après tout, vivre, c’est-prendre-des-risques 
475 c’est-prendre-des-risques ! » Certains sont tout à fait inutiles. Il dit aussi par exemple, que les vastes surfaces de p
476 a me rappelle un débat que j’ai eu une fois, tout à fait improvisé, après la fin d’un congrès fédéraliste avec Paul Delou
477 en disant : « Mais attention, cela ne répond pas à tous les problèmes de l’humanité ! » Ensuite, il commet une erreur en
478 communauté comme celle de Longo Maï est un retour à la nature. C’est un profond malentendu. Jamais les jeunes gens qui fo
479 ui font partie de Longo Maï n’ont parlé de retour à la nature, ils disent simplement : « Nourrir l’humanité va être le gr
480 ons, les famines, etc. Nous, nous nous consacrons à l’agriculture. » Faire de l’agriculture ne veut absolument pas dire «
481 ’agriculture ne veut absolument pas dire « retour à la nature », dans le sens de Rousseau, dans le sens de Marie-Antoinet
482 inspiré du modèle suisse, mais pour en faire tout à fait autre chose, pour en tirer certaines leçons positives ou négativ
483 dial ; quelles forces externes pourront l’imposer à cette échelle ? Seules la faim, les épidémies et les catastrophes nat
484 phes naturelles pourraient imposer le fédéralisme à l’échelle mondiale ; ni même la faim, ni même les épidémies. Les fédé
485 es, mais par la nécessité de s’unir pour résister à une attaque venue de l’extérieur, le temps de la repousser, sans pour
486 as plus. J’entends : assez de force pour résister à l’extérieur, pas assez pour unifier complètement. Pour le dire d’une
487 anière un peu paradoxale, le fédéralisme consiste à créer une union tout juste suffisante pour préserver les autonomies e
488 rocessus politique et des obstacles y relatifs À ce sujet, une note que je ne peux qu’approuver : « L’ennemi du fédéra
489 st le marxisme, plus l’électricité », de déclarer à cet ami : « Pour moi, le fédéralisme, c’est la philosophie personnali
490 de l’avoir dite avant moi ! » XI. Des régions à géométrie variable Je pense avoir toujours dit et décrit le contra
491 d’autres récents travaux d’anthropologues. Quant à la théorie de l’enracinement territorial, local, prônée par Maurice B
492 Autour de L’Avenir est notre affaire II : Réponse à Raimondo Strassoldo », Autour de l’Avenir est notre affaire. Entretie
17 1984, Articles divers (1982-1985). Autour de l’Avenir est notre affaire : remarques sur la note de Stanley Maron (1984)
493 que l’homme n’est libre (dans une communauté) qu’ à la mesure où il est en fait responsable, et vice versa (tous les juri
494 ns responsabilité correspondante, ma liberté joue à vide, reste donc irréelle. 2. Le kibboutz, selon M. Maron, trouve sa
495 ron, trouve sa stabilité dans la famille, opposée à « l’individu ». La famille kibboutzique, nous dit-il, s’oppose à la m
496 ». La famille kibboutzique, nous dit-il, s’oppose à la mobilité et favorise l’enracinement. Le kibboutz serait un retour
497 rise l’enracinement. Le kibboutz serait un retour à la structure patriarcale. Je trouve cela parfait pour ceux qui choisi
498 uvement me paraît aussi nécessaire que ce « droit à l’enracinement » sur lequel Ortega y Gasset a écrit de belles choses.
18 1984, Articles divers (1982-1985). Les Rougemont de Saint-Aubin [préface] (1984)
499 ents, 4 grands-parents, 8 arrière-grands-parents… À la sixième génération, cela fait 64 ancêtres ; à la dixième, 1024 ; à
500 À la sixième génération, cela fait 64 ancêtres ; à la dixième, 1024 ; à la vingtième, plus d’un million ; à la trente et
501 ion, cela fait 64 ancêtres ; à la dixième, 1024 ; à la vingtième, plus d’un million ; à la trente et unième, on dépasse l
502 xième, 1024 ; à la vingtième, plus d’un million ; à la trente et unième, on dépasse le milliard. Cela nous mène de fils e
503 re, en petit-fils, en arrière-petite-fille, etc., à Charlemagne, premier empereur d’Occident. Mais Pierre-Arnold ne s’en
504 n tient pas là : il nous signale avec sobriété qu’ à la trente-troisième génération, il y aurait 8,5 milliards d’ancêtres 
505 ux noms imprononçables, deux sorcières décapitées à Neuchâtel, une Élisabeth de Hongrie qui par malheur n’est pas la sain
506 n grand-duc de Pologne. Voilà qui est pittoresque à souhait, pourtant l’essentiel manque : les liens vivants, la traditio
507 e, « impossibles », bien qu’exactement calculés : à l’époque de notre ancêtre Charlemagne, la Terre entière ne devait com
508 si fréquents dans notre pays. Si l’on s’en tient à nos ancêtres du xviiie au xve siècle, on y trouve tant de Chambrier
509 une seconde conclusion, plus imprévue : c’est qu’ à chaque génération d’ancêtres, dans bien des familles de ce pays, on t
510 s ancêtres d’Henri sont nordiques, de la Bretagne à la Pologne en passant par la Normandie, la Flandre, le Hainaut, les A
511 riette de Pourtalès-Guibert, nous voilà rattachés à de nombreuses lignées issues du Gard, de la Provence, du Bordelais, d
512 ng, ses humeurs « gringes » et son humour, alliés à un sens politique qui a permis que nous devenions Suisses. L’arrière-
513 e l’on possède », c’est-à-dire « dont on est venu à chef ». (Je propose une nouvelle recherche à Pierre-Arnold, dans la d
514 venu à chef ». (Je propose une nouvelle recherche à Pierre-Arnold, dans la direction de Besançon. J’ai quelques pièces to
515 direction de Besançon. J’ai quelques pièces tout à fait inédites à lui montrer.) D’autres récits de mes parents et de me
516 sançon. J’ai quelques pièces tout à fait inédites à lui montrer.) D’autres récits de mes parents et de mes tantes (voir i
517 ousins Wesdehlen, dont les alliances le reliaient à la Bretagne, à la Prusse-Orientale, à Vienne et à Turin. … Toute l’Eu
518 n, dont les alliances le reliaient à la Bretagne, à la Prusse-Orientale, à Vienne et à Turin. … Toute l’Europe était là,
519 e reliaient à la Bretagne, à la Prusse-Orientale, à Vienne et à Turin. … Toute l’Europe était là, et c’était la famille…
520 à la Bretagne, à la Prusse-Orientale, à Vienne et à Turin. … Toute l’Europe était là, et c’était la famille… Denis de Ro
19 1984, Articles divers (1982-1985). L’Europe et les intellectuels (1984)
521 militant » ? Il me semble que tout m’y a conduit, à commencer par ma naissance. Dès mon enfance, j’ai entendu parler chez
522 tant d’autres Suisses, passer de la petite patrie à la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race, à mon clos natal. C
523 e patrie à la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race, à mon clos natal. C’est aimer plus loin, dans le même sens.
524 la plus vaste, ce n’est pas infidélité à ma race, à mon clos natal. C’est aimer plus loin, dans le même sens. Mais la fa
525 endant ces années d’adolescence, je ne croyais qu’ à la poésie, puis j’ai découvert la théologie avec Karl Barth, dans la
526 la littérature européenne. C’est en somme surtout à ces trois dernières sources que je dois d’en être venu à découvrir, d
527 rois dernières sources que je dois d’en être venu à découvrir, dans les années 1930, que l’Europe était la vraie patrie d
528 toutes les autres grandes cultures de l’humanité, à la seule exception de quelques œuvres japonaises, comme le Roman de G
529 , qui a joué au Moyen Âge un rôle un peu analogue à celui du Roman de Tristan pour l’Europe. Cette découverte éblouie m’a
530 n titre qui peut servir d’épigraphe non seulement à mon œuvre littéraire, mais sans doute aussi à mon action pour l’Occid
531 ent à mon œuvre littéraire, mais sans doute aussi à mon action pour l’Occident, pour l’Europe d’abord. Ce livre, très vit
532 T. S. Eliot, et aux États-Unis, m’a beaucoup aidé à gagner l’intérêt des éditeurs et l’amitié des critiques américains, p
533 ndant les années que j’ai passées là-bas, de 1941 à 1947. Vous avez dit et écrit à plusieurs reprises que c’est en Amériq
534 es là-bas, de 1941 à 1947. Vous avez dit et écrit à plusieurs reprises que c’est en Amérique que vous avez découvert l’Eu
535 sé ? De deux manières. D’une part, j’ai retrouvé à New York beaucoup d’écrivains, d’intellectuels et d’artistes, que je
536 istes, que je fréquentais ou aurais pu fréquenter à Paris dans les années 1930, et avec lesquels je me suis lié, tels Sai
537 re dans un milieu, pour eux foncièrement étranger à tant d’égards, me donnait comme une sensation de la différence, de l’
538 les meilleurs auspices possibles : une invitation à venir parler de « l’Esprit européen » lors des premières Rencontres i
539 e l’homme que nous appelions la personne, opposée à l’individu sans attaches, comme au milicien collectiviste sans libert
540 es premiers chapitres de mon premier livre publié à Paris en 1934, et qui s’intitulait Politique de la personne . En 193
541 te s’ensuit : la personne ne se prouvant libre qu’ à la mesure de ses prises de responsabilités dans la communauté, cela n
542 ans de petites communautés d’abord, les communes. À mesure que les dimensions des tâches sociales s’accroissent, les comm
543 ons, fédérations continentales… Et nous arrivions à l’Europe, « terre des hommes » et « patrie de la personne ». Il y ava
544 se, mais aussi allemande et italienne, et décidés à s’occuper entre eux de leurs affaires. Quand je suis rentré une premi
545 les de l’Europe, dont j’opposais les idéaux réels à ceux des Soviétiques d’un côté, des capitalistes américains de l’autr
546 s des fédéralistes européens, qui allait se tenir à Montreux au début de septembre 1947. J’ai retrouvé là de vieux amis d
547 i laissé le mot, et j’ai gardé la chose. J’ai dit à mes amis fédéralistes que j’étais prêt à consacrer à leur campagne de
548 es amis fédéralistes que j’étais prêt à consacrer à leur campagne deux ans de ma vie, aux dépens de mon œuvre d’écrivain.
549 édérée. Il y a eu d’abord le Congrès de l’Europe, à La Haye, en mai 1948, présidé par Winston Churchill, et dont j’ai ass
550 et dont j’ai assumé la partie culturelle présidée à La Haye par Salvador de Madariaga, Paul van Zeeland et Lord Layton se
551 Dans une série de réunions que j’avais convoquées à Paris, à Genève, à Royaumont, à la Chambre des communes, la commissio
552 série de réunions que j’avais convoquées à Paris, à Genève, à Royaumont, à la Chambre des communes, la commission culture
553 éunions que j’avais convoquées à Paris, à Genève, à Royaumont, à la Chambre des communes, la commission culturelle du con
554 ’avais convoquées à Paris, à Genève, à Royaumont, à la Chambre des communes, la commission culturelle du congrès a mis au
555 la commission ou parmi ceux qui avaient contribué à ses travaux préparatoires des hommes tels que Bertrand Russell, Étien
556 ntreprises culturelles susceptibles de contribuer à la formation d’une opinion européenne. Avec l’appui du Mouvement euro
557 t européen, né du congrès de La Haye, j’ai ouvert à Genève un « Bureau d’études pour un Centre européen de la culture »,
558 péenne des fédéralistes, qui m’avait déjà secondé à La Haye. Ensemble, nous avons préparé une Conférence européenne de la
559 , la pédagogie, les médias… La conférence se tint à Lausanne, dans le palais du Tribunal fédéral, et réunit plus de 200 p
560 nationaux du Mouvement européen. Le même team qu’ à La Haye, c’est-à-dire Madariaga président, Rougemont rapporteur génér
561 ellor d’Oxford, de Raoul Dautry, haut-commissaire à l’énergie atomique, qui donna lecture d’un message de Louis de Brogli
562 artre. Sur les 23 résolutions qui furent adoptées à la séance de clôture, 21 ont été suivies de réalisations, chiffre, je
563 Centre va être inauguré au début d’octobre 1950, à Genève, sous les auspices du Mouvement européen, et salué par un mess
564 jet bien ambitieux, et qu’on n’imagine pas confié à un écrivain. Qu’avez-vous pu réaliser, ou essayé de réaliser pendant
565 pendant les trente-trois ans que vous avez passés à la tête du Centre, soit comme son directeur, soit depuis 1978, comme
566 et les possibles applications de leurs résultats à la vie civile. Le CERN a été un succès exemplaire, retentissant, mais
567 ériodiques, revue Cadmos , collection de volumes à La Baconnière ; et enfin des colloques, séminaires et congrès, qui on
568 lloques, séminaires et congrès, qui ont rassemblé à la Villa Moynier, siège genevois du CEC, des centaines d’intellectuel
569 e à titre de professeur honoraire, j’ai été amené à publier une dizaine d’ouvrages sur l’Europe et ses problèmes spécifiq
570 elle des grands aînés que vous avez cités. Est-ce à vos yeux décourageant ? Il est certain que les écrivains, les philoso
571 étachés de l’Europe et de sa cause, c’est-à-dire, à mon sens, détachés des réalités culturelles fondamentales de notre te
572 mais que la culture européenne ne serait sauvée, à son tour, que par l’union politique et économique de l’Europe. Bien,
573 artre loue sans réserve la proposition de « tirer à vue » sur tout Européen qui se présenterait encore dans le tiers-mond
574 quant des esclaves et des monstres ». Il va jusqu’ à dire que les Européens n’ont édifié leurs cathédrales (sic) que grâce
575 e droite-gauche, totalitaires-démocrates, destiné à la consommation des mass médias et à rien d’autre. Ce qu’on prépare a
576 tes, destiné à la consommation des mass médias et à rien d’autre. Ce qu’on prépare avec méthode, c’est la guerre nucléair
577 couvert le continent (sauf Rome et Delphes, mises à sac par jalousie ou dépit amoureux). Il y a du travail et du jeu pour
578 sont ses chances de succès, allez-vous me dire ? À cette question, je réponds depuis que j’agis, et au nom de l’Europe f
579 en 18 langues, Denis de Rougemont a fondé en 1949 à Genève le Centre européen de la culture. Il en a été le directeur de
580 n de la culture. Il en a été le directeur de 1949 à 1978 et en reste le président. Il a également présidé le Congrès pour
581 ). Cette conversation a été enregistrée chez lui, à Saint-Genis-Pouilly, en juin 1982. »
20 1984, Articles divers (1982-1985). Informatique, société, sagesse (1984)
582 dans le monde entier. Moins de bien : car Orwell, à mon sens, n’a pas été le vrai prophète que l’on célèbre à l’unisson.
583 e commentaire, il abandonne l’Europe tout entière à Staline, en mai 1948 se tient à La Haye, sous la présidence de Church
584 rope tout entière à Staline, en mai 1948 se tient à La Haye, sous la présidence de Churchill, le premier Congrès de l’Eur
585 ens Premiers ministres, 45 ministres, 250 députés à nos divers parlements nationaux, de grands intellectuels, des chefs s
586 « les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, suprême chance de la paix et gage d’un g
587 l’esprit, devant des menaces qu’il contribuerait à rendre fatales en les décrivant telles. Chez Orwell, je sens au contr
588 je n’en dirai pas moins l’admiration que je porte à la prescience de George Orwell quand il s’agit de nous faire sentir l
589 ti l’avenir effrayant qu’allaient rendre possible à bref délai deux développements des sciences physiques et de leurs tec
590 mais sensorielle nuit et jour, envahissant jusqu’ à notre inconscient. Voici les phrases capitales dans lesquelles Orwell
591 s totalitaires3, car il faut être deux pour jouer à ce jeu-là, celui de l’Équilibre de la terreur, garant de la paix, nou
592 « fusées chargées de bombes atomiques amoncelées à tous les points stratégiques ». Si elles étaient toutes allumées simu
593 possible que cette guerre soit jamais décisive ». À cette fin, « les forces sont également partagées » et leur équilibre
594 ttre aux trois Pouvoirs continentaux de continuer à régir toute l’économie mondiale en vue d’une guerre jamais livrée mai
595 tiers-monde interposés. La préparation permanente à cette guerre justifie l’oppression toujours plus raffinée, non seulem
596 ggéré l’idée maîtresse du livre : l’omniprésence, à tous les moments de notre vie, de la volonté et de l’image du Pouvoir
597 roman). En avons-nous conscience ? Sans relâche, à toutes les heures du jour et de la nuit, où que nous allions, dans no
598 Nous sommes manipulés par les Pouvoirs. Je tiens à le dire ici : le vrai danger n’est pas là où on le dénonce trop facil
599 ctes criminels déjà commis, ce simple fait suffit à attester la tendance totalitaire d’un gouvernement, si « démocratique
600 rs aux yeux du peuple. Bien sûr, le minimum légal à obtenir — c’est déjà fait dans la plupart des États européens — est d
601 tats européens — est d’établir le droit de chacun à consulter les fiches qui le concernent et à les corriger en cas de be
602 hacun à consulter les fiches qui le concernent et à les corriger en cas de besoin. Mais la meilleure défense étant l’atta
603 e aux USA. Pourquoi ne pas appliquer ces procédés à la pénétration des fichiers personnels détenus par l’État ? Voire à l
604 es fichiers personnels détenus par l’État ? Voire à leur modification qui en annulerait très vite la valeur et par voie d
605 é Lettres sur la bombe atomique , publié d’abord à New York, j’avais écrit le Post-scriptum que voici : Un dernier mo
606 . C’est lui qui a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer. Le contrôle de la Bombe est une absurdité. On nomme des C
607 égions telles que je les souhaitais, c’est-à-dire à « géométrie variable » selon les fonctions à assurer. Comment faire f
608 dire à « géométrie variable » selon les fonctions à assurer. Comment faire face à pareille complexité ? Je dis à Louis Ar
609 selon les fonctions à assurer. Comment faire face à pareille complexité ? Je dis à Louis Armand : « Pour moi, le fédérali
610 Comment faire face à pareille complexité ? Je dis à Louis Armand : « Pour moi, le fédéralisme, c’est l’autonomie des régi
611 ours décisif que les ordinateurs peuvent apporter à la cause du fédéralisme européen, considéré comme l’union spontanée e
612 éen, considéré comme l’union spontanée et limitée à des fonctions jalousement définies, de régions constituées par des gr
613 re comme le défi tragique que pose l’informatique à l’ensemble de nos industries : création ou destruction d’emplois ? Il
614 ile : « le syndicat de l’automobile, un des rares à avoir essayé de mesurer les conséquences de l’automatisation, prévoit
615 rents va décliner entre 1978 et 1990 de 1 million à 800 000, bien que l’on ait retenu comme hypothèse une croissance de 1
616 r tertiaire, 38 millions risquent d’être affectés à plus ou moins long terme par l’automatisation ». Mêmes observations
617 ant que deux autres rapports portaient ce chiffre à 31 % pour la Grande-Bretagne et à 40 % pour la République fédérale d’
618 ient ce chiffre à 31 % pour la Grande-Bretagne et à 40 % pour la République fédérale d’Allemagne. Ce qui inquiète le plus
619 ante de la production d’ordinateurs a correspondu à une baisse marquée dans la main-d’œuvre qui les fabrique ! On me dira
620 plète de ce qu’on appelait hier encore le travail à la chaîne — souvenez-vous du film de Chaplin Les Temps modernes — fou
621 s’est aperçu que leur créativité diminuait de 30 à 40 % pendant la première heure et de 80 % durant la deuxième. Le Bure
622 . L’économiste anglais, Mike Cooley, n’hésite pas à parler des relations entre l’opérateur et l’ordinateur comme d’un « t
623 l’opérateur et l’ordinateur comme d’un « travail à la chaîne mental ». Tout cela dit, demeure ma question centrale, form
624 rgent et dramatique le problème, toujours renvoyé à des lendemains qui ronronnent, d’une productivité indéfiniment accrue
625 e et dramatique la nécessité vitale d’une réponse à ma question. Nous sommes mis au défi d’inventer une nouvelle concepti
626 n du travail qui ne soit plus nécessairement liée à un emploi salarié — qui ne soit plus le contraire du loisir créateur,
627 é et intellect. Des études vont être entreprises à cette fin, dès cette année 1984, non seulement dans notre Centre euro
628 eulement dans notre Centre européen de la culture à Genève, mais en coopération étroite avec plusieurs fondations suisses
629 fondations suisses et européennes. ⁂ Il me reste à vous présenter, avant de conclure, quelques remarques sur un sujet bi
630 entent de nous réduire en esclavage. Tout va donc à personnifier l’ordinateur : tout y concourt, y compris la crainte qu’
631 des travailleurs industriels, éducation pour tous à domicile et nos enfants et petits-enfants initiés sans douleur aux my
632 our étudier la psychologie humaine ». Il va jusqu’ à suggérer que la machine pourrait avoir quelques rapports avec l’affec
633 er des émotions, il répond qu’il travaille au MIT à réaliser « un inconscient artificiel ». Ce qui ne l’empêche pas d’aff
634 aires de la psychanalyse » pourraient s’appliquer à l’ordinateur et prouver de la sorte qu’il possède une affectivité, il
635 s par Marcel Proust. Et je voudrais enfin opposer à Papert cette phrase si belle d’un des plus grands experts actuels de
636 communication : « qui dit quoi ? par quel canal ? à qui ? et dans quelle intention ? » À quoi il serait bon d’ajouter : «
637 quel canal ? à qui ? et dans quelle intention ? » À quoi il serait bon d’ajouter : « au bénéfice de qui ? et pour quel bu
638 a « révolution de l’informatique », « le tournant à ne pas rater » « les retards à combler à tout prix » et les « investi
639 e », « le tournant à ne pas rater » « les retards à combler à tout prix » et les « investissements énormes » déjà faits :
640 tournant à ne pas rater » « les retards à combler à tout prix » et les « investissements énormes » déjà faits : car tout
641 matisation générale de nos industries. Je demande à savoir pourquoi l’on prend ce risque, de dimension sans précédent dan
642 ns toute l’histoire des civilisations. Je demande à réfléchir sur les voies et moyens d’une invention de la synthèse trav
643 nthèse travail-loisir, sans laquelle nous courons à des désastres trop exactement calculables. Je renouvelle ma propositi
644 on de créer dans chacun de nos pays, mais surtout à l’échelle européenne, des conseils de réflexion sur la recherche, réu
21 1984, Articles divers (1982-1985). Trois manières de considérer le nucléaire (1984)
645 les cathédrales, la télévision nous montrait tout à l’heure la répartition géographique de ces monuments en France : une
646 onomique, et il est encore moins énergétique, car à ces trois niveaux la cause est entendue : elle est perdue, comme le f
647 solaire, signifierait en revanche le renoncement à la centralisation autoritaire et l’avènement des régions autonomes, g
22 1984, Articles divers (1982-1985). Le Patrimoine européen [conclusion] (1984)
648 ar en laissant les choses aller, il les a livrées à une logique qui s’est imposée à nous tous, celle du concept même de p
649 il les a livrées à une logique qui s’est imposée à nous tous, celle du concept même de patrimoine culturel européen, sel
650 au patrimoine, c’est dans le souci d’un héritage à transmettre vivant ; et si nous nous intéressons à l’histoire, plus q
651 transmettre vivant ; et si nous nous intéressons à l’histoire, plus que toutes les générations précédentes, c’est pour m
652 és que nous sommes — même quand nous l’oublions — à la double possibilité ouverte pour la première fois depuis que l’homm
653 uples de la planète, d’abord par continents, puis à l’échelle mondiale ; — ou de la destruction du genre humain comme de
654 aine sur l’évolution des civilisations, venons-en à notre objet spécifique. Le patrimoine européen s’est constitué du mêm
655 et de sa fille nordique, la Russie, et même plus à l’est de cette contrée qu’on nomme aujourd’hui le Liban, pour remonte
656 ienne au crépuscule de la double monarchie, jusqu’ à rejoindre l’Europe de l’Ouest et ses problèmes actuels de dépassement
657 e le centralisme démocratique, tel qu’il se nomme à l’Est, et les démocraties libérales telles qu’elles se veulent à l’Ou
658 démocraties libérales telles qu’elles se veulent à l’Ouest. ⁂ Resserrons-nous maintenant sur ce que j’ai appelé la logiq
659 ent ; — le particulier considéré comme initiation à l’universel ; — la sécurité garantie par le courage d’affronter les r
660 égarer. Les racines appartiennent au sens propre à la vie végétale. Et certes, cela correspond aux débuts de la vie huma
661 cela correspond aux débuts de la vie humaine, et à la formation de l’enfant dans un milieu naturel et humain où l’on dit
662 vaise réputation en littérature : c’est le navet. À l’idée de régions purement ethniques, j’oppose donc les régions défin
663 aujourd’hui pour faire coopérer les intellectuels à la grande tâche de fédérer les Européens. Je cite : Grâce aux divisi
664 re les peuples de l’Europe, grâce aux politiciens à la vue courte et aux mains promptes qui règnent aujourd’hui à l’aide
665 rte et aux mains promptes qui règnent aujourd’hui à l’aide du patriotisme sans soupçonner à quel point leur politique de
666 jourd’hui à l’aide du patriotisme sans soupçonner à quel point leur politique de désunion est fatalement une simple polit
667 de ce siècle, l’œuvre commune de l’âme a consisté à préparer, à supputer et à anticiper cette nouvelle synthèse, l’Europé
668 , l’œuvre commune de l’âme a consisté à préparer, à supputer et à anticiper cette nouvelle synthèse, l’Européen de l’aven
669 une de l’âme a consisté à préparer, à supputer et à anticiper cette nouvelle synthèse, l’Européen de l’avenir. Ce ne fut
670 rent patriotes. Nietzsche ajoute qu’il pense ici à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, Schopenhauer,
671 ui, c’est donc un certain sentiment d’urgence lié à l’imminence mondiale du chaos. Toute pensée désormais doit devenir ac
672 les philosophies, les arts et les sciences, jusqu’ à la technique et aux problèmes économiques presque insolubles qu’elle
673 en. Mais on ne se connaît bien qu’en se comparant à ce qui n’est pas soi. C’est dans cette idée de comparaison active, pr
674 ogue des cultures. Et pour que cela ne tourne pas à un vaste exercice académique de comparatisme à grande échelle, mais s
675 as à un vaste exercice académique de comparatisme à grande échelle, mais sans action, je propose que ce Dialogue des cult
676 s techniques ? Serait-il raisonnable de proposer à ce colloque qu’il prenne en compte cette approche multiple, contribua
677 compte cette approche multiple, contribuant ainsi à l’exercice du génie même de l’Europe et de sa vocation mondialisante 
678 es Freymond trouve dans cette proposition matière à examen, et s’en souvienne quand il établira les thèmes de nos prochai
679 tres. Je terminerai en le remerciant en votre nom à tous pour le très beau colloque qui se clôt ce matin, l’un des plus f
23 1984, Articles divers (1982-1985). Club-Énergie de l’Est vaudois : avec Denis de Rougemont (19 juin 1984)
680 déclarent en cette fin du xxe siècle se ramènent à l’opposition entre deux formes d’énergie, le nucléaire et le solaire.
681 ts en interdépendance inéluctable, et qui tendent à composer deux modèles de société théoriquement contradictoires et de
682 t-à-dire, pratiquement, d’abandon de leurs droits à l’État, au parti ou au chef qui s’en est emparé. Quant à ceux qui opt
683 t, au parti ou au chef qui s’en est emparé. Quant à ceux qui optent pour la liberté, certains pensent y être conduits par
684 s croire pourtant qu’entre le besoin de puissance à tout prix et le besoin de liberté à tous risques, l’humanité se divis
685 de puissance à tout prix et le besoin de liberté à tous risques, l’humanité se divise en deux camps bien tranchés : c’es
686 proprement politique est le choix d’une priorité, à laquelle les moyens ont pour devoir de concourir. Choisir les central
687 et la suprématie d’un personnel spécialisé jusqu’ à l’infaillibilité (indémontrable !) et ceci pendant les cent-mille ans
688 tit quart de siècle qui nous sépare de l’an 2000. À l’inverse, le choix de l’énergie solaire implique et favorise la form
689 le but de la société n’est pas du tout d’assurer à quelques-uns la rentabilité de leur entreprise, mais de permettre au
690 conomique, et il est encore moins financier : car à ces trois niveaux, la cause est entendue : elle est perdue. Quand les
691 t les pièces principales d’un système qui conduit à renforcer l’emprise universelle des États-nations, c’est-à-dire les r
692 s vient d’adresser un texte de Denis de Rougemont à tous ses membres et sympathisants, texte qu’il nous a semblé utile de
693 ion et de travail pour le lundi 25 juin prochain, à 20 h, à l’hôtel Touring-Gare, à Vevey. »
694 e travail pour le lundi 25 juin prochain, à 20 h, à l’hôtel Touring-Gare, à Vevey. »
695 25 juin prochain, à 20 h, à l’hôtel Touring-Gare, à Vevey. »
24 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage I] (1985)
696 Europe, affrontement si mal compris aujourd’hui. À l’Est, trois dictatures d’un type nouveau, qu’on commençait à définir
697 is dictatures d’un type nouveau, qu’on commençait à définir par le terme générique d’État totalitaire, c’est-à-dire, par
698 ascisme italien, le national-socialisme allemand. À l’Ouest, les démocraties parlementaires, altérées de nationalisme, et
699 s, altérées de nationalisme, et centralisatrices, à dominance capitaliste. Et, entre les deux, une zone d’États intermédi
700 re totale, guerre que notre âge nous condamnerait à faire, mais qui ne serait pas notre guerre, car nous sentions déjà — 
701 ne serait que la guerre entre un mensonge total — à l’Est — et une demi-vérité, à l’Ouest. Telle était la situation peu t
702 un mensonge total — à l’Est — et une demi-vérité, à l’Ouest. Telle était la situation peu tenable dans laquelle l’histoir
703 sme, contre la politique des partis et des trusts à l’Ouest. Mais aussi contre toutes les formes d’État totalitaire, quel
704 prétextes, prolétarien, nationaliste ou raciste, à l’Est. Mais alors, nous étions pour quoi ? Un jour, ce devait être en
705 , chez le critique Charles Du Bos, un jeune homme à l’accent nettement russe me remit une feuille de papier intitulée Man
706 nalistes Ce fut le trait de lumière. J’en serai à tout jamais reconnaissant à mon ami Alexandre Marc, le même qui allai
707 e lumière. J’en serai à tout jamais reconnaissant à mon ami Alexandre Marc, le même qui allait me mettre en relations — d
708 lution individualiste de toute communauté vivante à l’Ouest et les ersatz de communauté totalitaire qui triomphaient à l’
709 ersatz de communauté totalitaire qui triomphaient à l’Est, nous refusions tous de choisir. Il nous restait à inventer un
710 , nous refusions tous de choisir. Il nous restait à inventer un ordre humain, et à refaire une vraie communauté. Ce fut
711 r. Il nous restait à inventer un ordre humain, et à refaire une vraie communauté. Ce fut l’ordre que catholiques et prot
712 ssant réciproquement, qui devait servir de mesure à notre conception de la société. À cette tentative globale de situer n
713 ervir de mesure à notre conception de la société. À cette tentative globale de situer notre projet existentiel — comme on
714 munauté, de régions et de leurs fédérations jusqu’ à l’échelle d’une fédération européenne — ou encore l’idée d’un service
715 qu’elles ne pouvaient l’être dans les années 1932 à 1939. Et là-dessus, deux précisions d’actualité. 1. On a dit que nous
716 lère contre tout ce qui nous paraissait de nature à compromettre la volonté et la capacité de résistance de l’Ouest et de
717 us contre Munich.) Mais il est ridicule de parler à ce propos de complexe d’infériorité, au sens journalistique du terme,
718 ne anti-société d’asservissement total du citoyen à l’appareil d’un Parti-État. Je ne voudrais pas affirmer ici un seul i
719 assez diverses selon les groupes et les individus à l’intérieur du « mouvement personnaliste ». Je voudrais seulement rap
25 1985, Articles divers (1982-1985). Le personnalisme d’Emmanuel Mounier [témoignage II] (1985)
720 té en tant que Troisième force un curieux centre, à mi-chemin entre le fascisme et l’extrême gauche, tandis que Paul Niza
721 ent l’annonce d’un fascisme français. Voilà donc, à en croire Hellman, comment notre mouvement était « perçu » dans les a
722 re mouvement était « perçu » dans les années 1932 à 1940. Mais il ne faudrait tout de même pas confondre le « perçu » et
723 manquait le plus) on courrait le risque d’aboutir à un « fascisme à la française ». Préconiser une chose, ou la dénoncer
724 ) on courrait le risque d’aboutir à un « fascisme à la française ». Préconiser une chose, ou la dénoncer d’avance, c’est
725 était sérieux. Beaucoup craignaient que résister à Hitler par des moyens de lutte comparables aux siens, ce fût courir l
726 La Part du diable . Les voici : Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie De peur que tu ne lui ressembles toi-même.
727 e peur que tu ne lui ressembles toi-même. Réponds à l’insensé selon sa folie Afin qu’il ne se regarde pas comme sage.
728 e. Je reviens au cas de Nizan, que je citais tout à l’heure, parce qu’il est le plus éclairant et le plus pathétique sans
729 ement, dans une lettre adressée par Jean Guéhenno à Romain Rolland, au sujet d’un « Cahier de revendications » des jeunes
730 t Jean Paulhan qui m’avait proposé ce « Cahier », à la suite d’un petit article paru dans une revue suisse et intitulé « 
731 de Nizan et Lefebvre pour les communistes, jusqu’ à Thierry Maulnier, en passant par Mounier et Izard pour Esprit, Robert
732 7, insista pour obtenir les garanties nécessaires à sa collaboration. Il vint chez moi, rue Saint-Placide, dans l’apparte
733 on petit carnet qu’il tenait de côté, comme cela, à gauche, les douze noms, suivis de l’indication du groupe ou de la ten
734 ite, Nizan m’écrivit qu’il avait remis son papier à Paulhan, et qu’il allait nous envoyer des « propositions de lutte com
735 e, dirigée par Jean Guéhenno (dont j’ai cité tout à l’heure la lettre à Romain Rolland qui nous qualifie de fascistes), E
736 Guéhenno (dont j’ai cité tout à l’heure la lettre à Romain Rolland qui nous qualifie de fascistes), Europe donc publie un
737 chant l’identité des participants non communistes à mon enquête. S’il avait su, il n’eût jamais accepté de collaborer. Et
738 ié humaine directe et spontanée. Je voudrais dire à John Hellman, en terminant, qu’il est faux d’écrire aujourd’hui que P
739 totalitaire, c’était lui. Voilà qui peut ramener à de justes mesures la notion de « perçu », telle qu’on a tenté de l’op
740 on de « perçu », telle qu’on a tenté de l’opposer à celle du vécu, — ce vécu dont il nous appartient d’être encore aujour
26 1985, Articles divers (1982-1985). Quelques-uns de mes écrivains : anecdotes (1985)
741 longue et vraiment belle, se tient Michaux, tout à fait immobile. Je m’arrête auprès, je me tais. Après quelques moments
742 a mythologie, « lieu propice aux surprises, piège à l’insolite intellectuel, quelque peu comparable à ce qu’on nommera pl
743 à l’insolite intellectuel, quelque peu comparable à ce qu’on nommera plus tard en physique atomique une chambre à bulles 
744 ommera plus tard en physique atomique une chambre à bulles », ai-je écrit ailleurs8. J’avais rencontré là plusieurs des d
745 demi-dieux de mon adolescence littéraire, de Gide à Fargue et à Malraux. Intimidé cela va sans dire, et c’est banal, mais
746 e mon adolescence littéraire, de Gide à Fargue et à Malraux. Intimidé cela va sans dire, et c’est banal, mais bientôt dav
747 sérieuses, impertinentes, et sans doute obscures à leurs yeux. J’avais fini par m’en accommoder, m’en amuser, en dépit d
748 ises, une petite table où Germaine Paulhan tapait à la machine, et un gros meuble à tiroirs derrière lequel siégeait Paul
749 ne Paulhan tapait à la machine, et un gros meuble à tiroirs derrière lequel siégeait Paulhan. Il déployait sa stature hau
750 t Paulhan. Il déployait sa stature haute et large à chaque entrée d’un visiteur, qu’il accueillait avec des gentillesses
751 désormais Commerce et industrie. » Nous passâmes à un autre sujet. J’en étais arrivé à penser que diriger la NRF était
752 Nous passâmes à un autre sujet. J’en étais arrivé à penser que diriger la NRF était sans doute une tâche si complexe, e
753 NRF était sans doute une tâche si complexe, et à tant d’égards périlleuse, que ces petites bouffées de non-sens étaien
754 tites bouffées de non-sens étaient indispensables à l’hygiène mentale de notre ami. Cet humour bref était peut-être aussi
755 r des demi-pages au monogramme de la NRF . Trois à dix lignes suffisaient sur deux ou trois sujets en discussion. Quelqu
756 te. 21.VIII.1949 Mon cher ami ah j’aurais tout à fait besoin du Saint-John Perse avant le 10 septembre. Est-ce trop vo
757 . Et moi, je serais plus tranquille si vous étiez à Strasbourg, à la place de ces 87 parlementaires. affectueusement à vo
758 a place de ces 87 parlementaires. affectueusement à vous Jean P. « Jean P. » envoyait chaque jour une bonne vingtaine de
759 énie, c’est cela : être partout présent, toujours à temps, maintenir tout son monde en alerte, susciter dix pages en deux
760 s, derrière la gare Montparnasse. Nous remontons à pied la rue de Rennes, contournons la gare, et longeons un terrain de
761 errain de démolition mal éclairé, au bout duquel, à une centaine de mètres, je vois luire une très grosse lanterne ornée
762 c Artaud, Paulhan et Michaux marchant côte à côte à une dizaine de mètres devant nous. Tout d’un coup, Artaud s’arrête, p
763 lme. Nous voici bientôt tous les quatre installés à une table, discutant les menus, et contents. Je n’ai revu Artaud qu’u
764 d qu’une seule fois, après mon retour d’Amérique, à l’automne de 1946. C’était au Café de Flore. Il était assis seul sur
765 fé de Flore. Il était assis seul sur la banquette à droite du tourniquet d’entrée. Mes amis m’ayant quitté, j’ai été m’as
766 trée. Mes amis m’ayant quitté, j’ai été m’asseoir à son côté. Je le salue. Il me prend la main. Moment de silence. Puis i
767 ne veux pas… Je souffre trop ! » André Breton à New York Notre première rencontre se produisit à New York, en 1941
768 New York Notre première rencontre se produisit à New York, en 1941, et pour ajouter à l’incongruité de l’occasion, ell
769 se produisit à New York, en 1941, et pour ajouter à l’incongruité de l’occasion, elle eut lieu dans les bureaux de l’Offi
770 s présente. « Dire que nous avons vécu des années à Paris sans nous rencontrer ! » s’écrie-t-il, et il ajoute, théâtral :
771 par ses jeunes amis du groupe surréaliste reformé à New York. Cela lui pose un problème très sérieux. Nous en parlons, di
772 il a trouvé la solution : « Nous allons demander à Marcel de trancher le différend. » Rendez-vous est fixé aussitôt pour
773 nd. » Rendez-vous est fixé aussitôt pour un dîner à trois, dans un bistrot français de la 54e Rue, demain soir, 20 heures
774 s de la 54e Rue, demain soir, 20 heures. J’y suis à 20 h 03. Duchamp est là, sur la terrasse, « toujours un peu plus qu’e
775 r votre dernier livre. Trop chrétien, sans doute, à ses yeux. Moi, vous savez… Je crois que vous croyez ?… Remarquez l’am
776 rréalisme et la peinture, avec cette dédicace : «  À Denis de Rougemont, mon ami très cher et très écouté. » Dimanche mat
777 licane très high church, dont j’aime la liturgie. À vingt mètres devant moi, sur le large trottoir, un homme seul s’avanc
778 . Il s’arrête devant moi et me dit : « Je pensais à une religion qu’il s’agirait de fonder sur le culte d’une pierre bleu
779 ira pour cette fois. Mais la mort a fait un nœud à son mouchoir… » La valise Lettre de Charles-Albert Cingria, san
780 e du printemps de 1940 : Cher ami N’écrivez pas à Cully. Je n’y suis plus et pour cause, et si de la correspondance m’y
781 adresse. Et vous me direz alors si vous consentez à donner quelques pages à cette jeune revue de mes amis de Grandson. Cr
782 z alors si vous consentez à donner quelques pages à cette jeune revue de mes amis de Grandson. Croyez à ma vive amitié Ch
783 cette jeune revue de mes amis de Grandson. Croyez à ma vive amitié Ch. A. Cingria Je le revois, quelques jours plus tard
784 dez-vous. Il arrive, lentement, poussant son vélo à la main, louvoyant dans la foule des voyageurs, et nous allons dîner
785 dernière lettre. Comme vous le savez, j’habitais à Cully, chez Budry. Il estimait que j’abusais de son téléphone. J’atte
786 une heure. Le téléphone sonne enfin dans la pièce à côté. Je me précipite. Mais l’appareil est invisible. Je cherche. Je
787 je le suis ! Il aboutit dans une valise ! Fermée à clé ! Le téléphone sonne toujours, là-dedans ! Je prends la valise, j
788 », De l’ordre et de l’aventure : mélanges offerts à Pierre‑Olivier Walzer, Neuchâtel, La Baconnière, 1985, p. 187‑193. a
27 1985, Articles divers (1982-1985). Éloge de Jean Starobinski (1985)
789 lui que nous allions couronner se trouvait être — à tout le moins par ses vertus, exactement le contraire de moi, de ce q
790 , de ce que je fus dans ma jeunesse et suis resté à tant d’égards. Je m’explique par quelques exemples. Jean Starobinski,
791 son comportement, autant il m’est arrivé de céder à la rabies theologica, ou simplement à mes humeurs. Il se veut équitab
792 vé de céder à la rabies theologica, ou simplement à mes humeurs. Il se veut équitable en tout, soucieux de ne pas manquer
793 soucieux de ne pas manquer ni du devoir social ni à cette « amitié que chacun se doit », comme le dit si joliment Montaig
794 ment, ce maître livre, dont je vous parlerai tout à l’heure. Voir plus large, c’est chercher ce qui englobe les antinomie
795 nomies apparentes. Le simple fait que nous ayons, à partir d’origines si différentes, choisi Genève pour y vivre et trava
796 , qui avaient de quoi nous tenter l’un et l’autre à la fin de la dernière guerre ; ce choix apparemment fortuit mais secr
797 ments américains. Voyez plutôt les bibliographies à la fin des ouvrages de Staro : vous y trouverez autant de poètes, de
798 tte formule européenne : le sens de ce qui est dû à la cité. En dépit de sa méfiance justifiée à l’endroit de l’engagemen
799 aussi, parfois ingrate, mais sans conteste utile à la cité — dont elle illustre et renouvelle en notre temps la vocation
800 Enfin, au choix du lieu de Suisse le plus ouvert à l’Europe et au Monde, à l’exercice d’une culture non seulement plurin
801 de Suisse le plus ouvert à l’Europe et au Monde, à l’exercice d’une culture non seulement plurinationale mais transdisci
802 on le moins significatif : quel que soit le sujet à traiter, nous le faisons l’un et l’autre en écrivains d’abord, qui se
803 ai donc ambitieusement défini ma tâche : conférer à l’essai littéraire, à la critique, à l’histoire elle-même, le caractè
804 défini ma tâche : conférer à l’essai littéraire, à la critique, à l’histoire elle-même, le caractère musical et la pléni
805 e : conférer à l’essai littéraire, à la critique, à l’histoire elle-même, le caractère musical et la plénitude d’une créa
806 té de sa visée. Belle langue aussi, ductile jusqu’ à la virtuosité dans la manière encore classique, mais déjà proche du b
807 l’importante préface qu’il a donnée aux Noces et à Sueur de sang de Pierre-Jean Jouve ; mais aussi, les textes si purs q
808 e, mais qu’il est aujourd’hui l’un des très rares à mériter : il n’a jamais cédé à la mode jargonnante qui tyrannise nos
809 ’un des très rares à mériter : il n’a jamais cédé à la mode jargonnante qui tyrannise nos soi-disant sciences humaines, r
810 os soi-disant sciences humaines, refus qui touche à l’héroïsme quand on publie, précisément, dans les revues de linguisti
811 vement de l’œuvre même de son auteur, nous invite à l’anticiper… Ce thème central, comme il l’indique lui-même, n’est aut
812 prend pour sujet : « Je me suis présenté moi-même à moi, pour argument et pour sujet. » Il s’agit d’un réflexe de défense
813 inces pour l’accroissement de leur pouvoir (avec, à l’horizon, la création des grands États européens) ; les questions re
814 … ; la violence partout répandue, le danger couru à tout instant ; ce sont autant d’incitations pressantes à la feinte et
815 instant ; ce sont autant d’incitations pressantes à la feinte et à la dissimulation… Le monde qu’accuse Montaigne est un
816 nt autant d’incitations pressantes à la feinte et à la dissimulation… Le monde qu’accuse Montaigne est un labyrinthe où l
817 lement reçue ». Dans une telle crise — qui évoque à s’y méprendre celle de nos polémiques sur le nucléaire et de nos guer
818 va redécouvrir la vertu décisive de la « relation à autruy ». Il va redécouvrir les vertus du paraître, en tant que manif
819 mort, la liberté, le corps, l’amour, la relation à autrui, le langage et la chose publique, c’est ce qu’il nomme la dial
820 a seule mesure où elles sont maîtrisées, soumises à l’être, à la personne libre et responsable, et non pas au mensonge of
821 sure où elles sont maîtrisées, soumises à l’être, à la personne libre et responsable, et non pas au mensonge officiel imp
822 au mensonge officiel impersonnel et encore moins à des « impératifs du futur » qui ne sont que publicité pour des intérê
823 uverte de l’autre ensuite « Qui ne vit aucunement à autrui ne vit guère à soi », dit Montaigne ; enfin de la nécessité de
824 ite « Qui ne vit aucunement à autrui ne vit guère à soi », dit Montaigne ; enfin de la nécessité de dépasser l’antinomie,
825 l’antinomie, non pas dans une synthèse théorique à la Hegel mais dans la reconnaissance de la mise en tension vivante de
826 me et de ses prolongements politiques, je le dois à ce livre de Staro. Mais il y a plus. Dans les vingt dernières pages d
827 ixe siècle : « L’illusion, nous dit-il, consiste à croire que l’on a quitté le domaine incertain de la décision éthique
828 le triomphe est de faire oublier qu’il est exercé à partir du présent par des hommes qui se trouvent enchaînés à traiter
829 présent par des hommes qui se trouvent enchaînés à traiter d’autres hommes en objets, en les dédommageant par l’annonce
830 ommageant par l’annonce des projets ou du bonheur à réaliser. » Ainsi, dit-il plus loin, « l’impératif de la croissance s
831 ire qu’elle nous est extérieure, pour n’avoir pas à s’avouer nôtre… Tout cela prolonge les analyses de Montaigne, et ress
832 alyses de Montaigne, et ressemble de plus en plus à l’auteur même de ces analyses. Chacun sait que les portraits peints p
833 livre sur Montaigne : c’est le meilleur portrait à ce jour de Jean Starobinski. Après ce livre, je ne serais pas trop su
834 de le voir céder — s’en rendant compte à peine — à la tentation montagnesque de se peindre à son tour à propos de ce qui
835 peine — à la tentation montagnesque de se peindre à son tour à propos de ce qui se passe, qui est pire encore qu’au xvie
28 1985, Articles divers (1982-1985). L’agora, condition première de la démocratie réelle (décembre 1984-janvier 1985)
836 faut pas être trop ni trop peu. Il y a un optimum à trouver. Trop peu ce serait une famille ou un complot. Trop nombreux,
837 est donc le fondement historique de la démocratie à l’européenne, en tant que lieu où n’importe quel homme libre peut pre
838 ré, « foyer » par excellence de la communauté, et à côté le bouleutérion où siègent les magistrats, que l’on nomme curie
839 on peut suivre de la polis grecque avec son agora à la civitas romaine avec son forum, puis aux communes italiennes avec
840 lon les pays du continent. Les règles impératives à respecter si l’on veut que l’agora fonctionne ont été formulées par A
841 lle de la dimension, que nous avons signalée tout à l’heure : il s’agit de trouver un optimum entre trop petit et trop gr
842 e ou État — ne doit pas dépasser celle qui permet à la communauté politique tout entière (donc aux hommes libres, nous di
843 ’assemblée des hommes libres et se faire entendre à l’échelle nationale, n’ayant que sa voix naturelle ? Il est évident q
844 e je veux dire. C’est l’expérience que j’ai subie à Francfort en 1936, à l’occasion d’un discours d’Hitler, qui m’a révél
845 l’expérience que j’ai subie à Francfort en 1936, à l’occasion d’un discours d’Hitler, qui m’a révélé d’un seul coup, dra
846 ’une époque en 1968. Ce jour-là, j’ai vécu jusqu’ à l’horreur sacrée la réalité de l’anti-agora, de la dimension monstrue
847 de la dimension monstrueuse, massifiante, opposée à la dimension communautaire, qui permet à l’homme de s’exprimer librem
848 opposée à la dimension communautaire, qui permet à l’homme de s’exprimer librement et donc de prendre publiquement ses r
849 rmule que Sartre m’a empruntée sans jamais songer à me la rendre, vous le savez, c’est ma définition de la personne, par
850 dit tel inconnu avec qui j’échange quelques mots, à la douane, au bistrot, dans l’autobus — « de toute façon, ça n’y chan
851 tions de la liberté politique. L’agora reste donc à mes yeux le symbole et même la définition du lieu où chacun a le droi
852 encent lorsqu’il s’agit d’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’elles sont devenues : démesurées en fait, qu’o
853 rgées et dont elles abandonnent la responsabilité à l’État, c’est-à-dire aux corps des technocrates, bureaucrates et empl
854 er des équivalents de la formule agora transposés à l’échelle des échanges électroniques. On peut imaginer une agora réun
855 voir et se parler… Mais non pas se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qui manquerait d’humainement essentiel à d
856 nt tout ce qui manquerait d’humainement essentiel à de tels assemblages de reflets, comparés aux vraies assemblées d’homm
857 rofessionnel, municipal ou régional, proportionné à la taille du groupe dont il veut être le lieu de rencontre. Un substi
858 ce sens, un substitut virtuellement très valable à l’agora d’une municipalité, ici, d’une université. Puis-je vous rappe
859 té, ici, d’une université. Puis-je vous rappeler, à ce propos, que le pacte du « Grütli », déjà cité, unissait des commun
29 1985, Articles divers (1982-1985). Vocation culturelle de la Suisse en Europe (septembre 1985)
860 e de la Suisse en Europe (septembre 1985)ap aq À deux titres au moins, la Suisse tient en Europe un rôle d’exception r
861 mais dont la première Constitution ne remonte qu’ à 1848. La Suisse est donc le seul État d’Europe intégralement fédérali
862 qui n’a pas de culture nationale — et cela tient à sa structure fédéraliste non moins qu’à la pluralité de ses origines.
863 ela tient à sa structure fédéraliste non moins qu’ à la pluralité de ses origines. C’est une culture composite, formée d’a
864 ravers l’Église et ses clercs ; plus tard encore, à la Renaissance, apports bibliques : « La Bible est notre Antiquité »,
865  : « La Bible est notre Antiquité », écrit Ramuz. À quoi s’ajoute — si même il n’en résulte pas — le fait paradoxal aux y
866 aux yeux des modernes, que non pas en dépit mais à cause même de ces données originelles, la Suisse est devenue le pays
867 ontinent, si l’on en juge aux indices de lecture, à l’intensité de la vie musicale et artistique, à la quantité des inven
868 , à l’intensité de la vie musicale et artistique, à la quantité des inventions techniques, au nombre des universités et à
869 ventions techniques, au nombre des universités et à celui des prix Nobel de sciences par million d’habitants12. Quelle es
870 use de A. Toynbee13. Microcosme des combinaisons à doses variables de nos sources multiples à l’échelle continentale, la
871 aisons à doses variables de nos sources multiples à l’échelle continentale, la Suisse l’est aussi des formules d’évolutio
872 la création culturelle de l’Europe : du Moyen Âge à nos jours, elle n’a cessé d’illustrer la structure spécifiquement eur
873 qui s’allument ici ou là, deviennent d’un siècle à l’autre plus rayonnants, brillent soudain d’un vif éclat, puis se met
874 ent en veilleuse pour un temps, laissant la place à d’autres foyers proches ou lointains — comme il advint à l’échelle de
875 res foyers proches ou lointains — comme il advint à l’échelle de l’Europe. Dès le haut Moyen Âge et jusqu’au xxe siècle,
876 e siècle, des cités de la Toscane et de l’Ombrie à celles des Flandres et du Rhin, de Bologne à Oxford, de Tolède à Brug
877 brie à celles des Flandres et du Rhin, de Bologne à Oxford, de Tolède à Bruges, de Montpellier à Heidelberg ou de Leyden
878 andres et du Rhin, de Bologne à Oxford, de Tolède à Bruges, de Montpellier à Heidelberg ou de Leyden à Prague. Plus tard,
879 ogne à Oxford, de Tolède à Bruges, de Montpellier à Heidelberg ou de Leyden à Prague. Plus tard, Venise, Genève, Iéna, We
880 Bruges, de Montpellier à Heidelberg ou de Leyden à Prague. Plus tard, Venise, Genève, Iéna, Weimar… Vienne et Paris : ce
881 telle sur documents irréfutables, tout s’épanouit à l’occasion de la Réforme ; Bâle, par son université fondée en 1460 —
882 et les peintres de l’École rhénane, de Grünewald à Urs Graf, enfin les grands éditeurs humanistes, dont Frobenius ; Bern
883 ermanique, qu’elle va dominer sans conteste jusqu’ à la fin du siècle, et qu’elle a contribué plus que toute autre circons
884 lle a contribué plus que toute autre circonstance à faire entrer dans la littérature universelle : Herder et Goethe vont
885 l’alpinisme, développe des banques, prête Necker à la France, et prépare l’idéologie qu’adoptera la Révolution française
886 de Genève et de Zurich se rallument brièvement : à Bâle, Bachofen inaugure par son célèbre Matriarchat la conception soc
887 nt que Jakob Burckhardt, non content de restituer à la conscience de ses contemporains la virtù de la Civilisation de la
888 zsche, son jeune disciple, qui enseigne lui aussi à Bâle, restera jusqu’au bout marqué par la pensée sereine et dominatri
889 qui domine aujourd’hui les « sciences humaines » à Yale, Harvard et Berkeley autant qu’à la Sorbonne et dans la plupart
890 humaines » à Yale, Harvard et Berkeley autant qu’ à la Sorbonne et dans la plupart des universités européennes. Dans le m
891 l’Institut et son plus grand continuateur. Quant à Zurich, son nom restera lié aux deux plus grandes nouveautés intellec
892 guère pensables hors du complexe suisse. Et c’est à eux que la Suisse, en retour, doit une densité de conscience communau
893 historien de la culture, écrivait dans sa préface à un petit livre de moi sur la Suisse 14 : Pays de gens moyens, oui, e
894 dire et de le répéter. Mais quand ils réussissent à se dégager de leur canton — alors pas de milieu, ils atteignent l’uni
895 tal de Schwyz, Euler vécut dans les Allemagnes et à la cour de Russie, Jean de Müller à Vienne et à Berlin, Jean-Jacques,
896 Allemagnes et à la cour de Russie, Jean de Müller à Vienne et à Berlin, Jean-Jacques, Madame de Staël et Constant à Paris
897 t à la cour de Russie, Jean de Müller à Vienne et à Berlin, Jean-Jacques, Madame de Staël et Constant à Paris. Quant à un
898 Berlin, Jean-Jacques, Madame de Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz, à un Barth, qui, après de longs s
899 cques, Madame de Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz, à un Barth, qui, après de longs séjours loin du
900 me de Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz, à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont f
901 et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz, à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le princ
902 inentaux ; parfois pour les déterminer. Condamnés à l’Europe en quelque sorte ? Non, bien plutôt libres pour elle… 12.
903 ns qui vont du premier prix Nobel décerné en 1901 à ceux décernés en 1961, le nombre de prix reçus par million d’habitant
904 puis fondateur du Centre européen de la culture, à Genève. Essayiste célèbre de L’Amour et l’Occident (1939), préconis
30 1986, Articles divers (1982-1985). Interview avec Denis de Rougemont (1986)
905 la faiblesse, disait-il, les rendait impuissantes à résister aux tendances totalitaires. Contre cet individualisme négati
906 isme négatif, il proclamait l’urgence d’un retour à la « commune mesure »17, par le biais d’une révolution personnaliste.
907 dements du totalitarisme. Ces idées lui valurent, à l’époque, des attaques de gauche et de droite, ce qui ne saurait surp
908 d’aujourd’hui19. Dans ce contexte, ce qui frappe à la lecture de ces écrits des années 1930, c’est leur caractère souven
909 uel20. Il n’était donc pas inopportun de demander à Denis de Rougemont de préciser certaines prises de position de l’époq
910 nc, et aussi du marxisme. Je ne me suis pas borné à condamner ; j’ai proposé les principes d’une société personnaliste à
911 proposé les principes d’une société personnaliste à créer. Quant à mes « condamnations », elles portaient beaucoup moins
912 ncipes d’une société personnaliste à créer. Quant à mes « condamnations », elles portaient beaucoup moins sur le marxisme
913 la doctrine du « dépérissement de l’État », chère à Marx. Il y a notamment beaucoup à prendre dans les écrits du jeune Ma
914 l’État », chère à Marx. Il y a notamment beaucoup à prendre dans les écrits du jeune Marx, que nous avait révélés Arnaud
915 aduits en français : il s’agit des écrits de 1842 à 1844 qui sont souvent admirables, surtout ceux d’avant sa brouille av
916 bizarre). Ce qui me frappe c’est que vous faisiez à l’époque déjà ce qu’on n’a vraiment commencé à faire ouvertement en F
917 ez à l’époque déjà ce qu’on n’a vraiment commencé à faire ouvertement en France que beaucoup plus tard, au début des anné
918 lchévisme et ils étaient expressément socialistes à l’origine. Ensuite il a pu y avoir des conflits entre Hitler, Mussoli
919 nne par son troisième. Et c’est cela qui est tout à fait contraire à votre mouvement de pensée. Tout à fait l’inverse. On
920 ième. Et c’est cela qui est tout à fait contraire à votre mouvement de pensée. Tout à fait l’inverse. On ne pouvait pas d
921 fait contraire à votre mouvement de pensée. Tout à fait l’inverse. On ne pouvait pas dire plus simplement le contraire d
922 , qui était le fédéralisme intégral, poussé jusqu’ à la commune, jusqu’à l’atelier. Nous voulions recréer dans la société
923 alisme intégral, poussé jusqu’à la commune, jusqu’ à l’atelier. Nous voulions recréer dans la société actuelle des cellule
924 et, actif, c’est-à-dire où le citoyen soit appelé à se prononcer continuellement, pas seulement lorsqu’il vote, sur des c
925 e, il se développe des « syndicats intercommunaux à vocation multiple » (j’aime beaucoup cette expression typique de l’ad
926 considérions l’État comme une fonction nécessaire à tous les étages de la société. Ainsi, l’État existe déjà dans le coup
927 être serviteur de la communauté, ce qui est tout à fait différent. Ce terme de « communauté » est chez vous un terme clé
928 idéré comme valeur suprême de la société. C’était à ses yeux l’achèvement suprême de l’Histoire. L’homme était au service
929 si ceux qui étaient nietzschéens, comme on disait à l’époque. Cela voulait dire qu’ils se réclamaient de la tradition de
930 s lu les premiers textes énergiquement favorables à l’union de l’Europe au-delà des nationalismes. On ignore trop souvent
931 certains étaient antichrétiens. Moi, c’était tout à fait différent puisque j’étais de tradition protestante, fils de past
932 rs ce que je croyais, j’aurais dit que je croyais à n’importe quoi sauf au protestantisme traditionnel que j’entendais pr
933 ors que j’ai découvert Kierkegaard. J’ai commencé à lire quelques fragments de lui — intitulés Diapsalmata — publiés dans
934 i lu pour la première fois le nom de Kierkegaard. À quelle époque est-ce que cela remonte ? Ça remonte aux années 1927 à
935 -ce que cela remonte ? Ça remonte aux années 1927 à 1930. Je devais donc avoir 21 à 24 ans. Je me suis mis à chercher ce
936 e aux années 1927 à 1930. Je devais donc avoir 21 à 24 ans. Je me suis mis à chercher ce qui était traduit de Kierkegaard
937 Je devais donc avoir 21 à 24 ans. Je me suis mis à chercher ce qui était traduit de Kierkegaard en français : il n’y ava
938 eaucoup entendu parler de Kierkegaard, professeur à Copenhague où il avait été le premier à donner des cours sur lui. Il
939 rofesseur à Copenhague où il avait été le premier à donner des cours sur lui. Il écrivait souvent à Nietzsche, et il lui
940 r à donner des cours sur lui. Il écrivait souvent à Nietzsche, et il lui dit dans une lettre qu’il y avait deux hommes qu
941 radical et révolutionnaire, tandis qu’en revenant à Calvin, peu après, je découvrais ce que la Réforme avait apporté de p
942 pplication du message de l’Évangile pas seulement à l’individu ni aux masses, mais à la personne, comme nous nous sommes
943 le pas seulement à l’individu ni aux masses, mais à la personne, comme nous nous sommes mis à dire très vite, et aussi à
944 s, mais à la personne, comme nous nous sommes mis à dire très vite, et aussi à la communauté. Votre première définition
945 e nous nous sommes mis à dire très vite, et aussi à la communauté. Votre première définition de la personne remonte à dé
946 Votre première définition de la personne remonte à décembre 1934 ?23 Celle que j’ai publiée, mais ça résultait déjà de
947  ? Ce fut le grand problème des pères de l’Église à partir du concile de Nicée, et cela a finalement été résolu cent-ving
948 talitaires, eux, proposent une réponse au besoin, à la soif de l’esprit communautaire. C’est une réponse qui ne vaut rien
949 « nolonté ». Ça c’est l’individu qui ne se réfère à rien dans la communauté (les rapports entre les gens), qui dit simple
950 vous l’entendez, il y a une composante difficile à cerner, c’est la foi. Vous insistez beaucoup sur l’importance de la f
951 s être un idéal. Absolument pas. Cela peut prêter à confusion. Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par foi ? Cela
952 que je développerai dans un livre qui doit être, à mon sens, le plus important de ceux que j’aurai écrits, mais qui n’es
953 r des sociologues français que j’avais rencontrés à New York24. Ils trouvaient cela insensé. Ma thèse était que seul le b
954 ujours triché avec cette phrase. On l’a appliquée à Ravaillac, à qui les jésuites avaient demandé de tuer Henri IV « pour
955 avec cette phrase. On l’a appliquée à Ravaillac, à qui les jésuites avaient demandé de tuer Henri IV « pour la plus gran
956 as nécessairement. On peut passer une vie entière à la deviner ! Je ne sais pas ma vocation comme je sais comment aller d
957 pas ma vocation comme je sais comment aller d’ici à Grasse25. La manifestation de la vocation se produit souvent sous des
958 s gens, par des circonstances, qui sont tentantes à bien des égards, et tout d’un coup quelque chose en moi dit non, ce n
959 s je dis qu’il faut aller vers l’Absolu, répondre à son appel, aller vers la fin qui seule va dicter les moyens de la rej
960 st la raison pour laquelle vous êtes aussi opposé à l’idée de révolution matérialiste. Dès vos premiers écrits vous en at
961 i m’a toujours frappé : « Ta parole est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon sentier », qui exprime d’une manière i
962 une manière imagée exactement ce que je cherchais à dire. C’est une lumière qui n’éclaire mon sentier que dans la mesure
963 courage d’avancer, puisqu’elle est comme attachée à mon pied : elle n’éclaire rien, sauf si j’avance. J’avance par la foi
964 nais les routes nationales, j’arriverais au mieux à la capitale, avec un peu de chance. Donc je resterais dans le même pl
965 resterais dans le même plan. Je n’arriverais pas à moi. Mon chemin, je le répète, c’est mon moyen. Là j’ai retrouvé des
966 la communauté… Tout de suite après, je me mettrai à La Morale du But , ou plutôt, je reprendrai l’invention de cet ouvra
967 les démonstrations intellectuelles. Pour revenir à ma remarque précédente, on peut dire que vous faisiez un peu figure d
968 n matérialiste, fasciste ou communiste, est vouée à l’échec. Cela est très important, et on le redit maintenant, depuis p
969 sens marxiste comme au sens romantique, est vouée à l’échec structurellement et systémiquement. Elle ne peut pas réussir,
970 lité des gens. C’est une autre chose qui est tout à fait essentielle dans tout ce que nous disions26, mais peut-être plus
971 ion de rigueur — doit avoir une valeur littéraire à mes yeux. Vous disiez que chez vous plus que chez les autres personna
972 e formulation et de communication. J’ai été amené à discuter ces choses avec des gens qui étaient surtout des intellectue
973 rtout des intellectuels. Peu à peu je me suis mis à connaître des hommes politiques, mais je ne les ai jamais admirés ou
974 Et Caillois ? Caillois, lui, c’était un ami, tout à fait. Vous avez dû échanger beaucoup d’idées. Je pense en particulier
975 changer beaucoup d’idées. Je pense en particulier à la notion de sacré qui revient à plusieurs reprises dans vos écrits.
976 e en particulier à la notion de sacré qui revient à plusieurs reprises dans vos écrits. Caillois m’a beaucoup apporté, su
977 rtains écrivains personnalistes ? Il se trouve qu’ à mon âge — j’aurai 78 ans dans un mois — eh bien, je ne me sens pas du
978 0), où l’imprécision de la plupart des références à Rougemont ainsi que les erreurs d’interprétation sont patentes. 21.
979 ts du siècle Nietzsche dit : « S’ils appartinrent à une patrie, ce ne fut jamais que par les régions superficielles de le
980 ent d’eux-mêmes en devenant “patriotes”. Je songe à des hommes comme Napoléon, Goethe, Beethoven, Stendhal, Henri Heine,
981 enis de Rougemont séjourna aux États-Unis de 1940 à 1946. Alors qu’il était lieutenant dans l’armée suisse, il écrivit un
982 ar les autorités allemandes sur l’entrée d’Hitler à Paris (il parut le 17 juin 1940 dans La Gazette de Lausanne ). Cela s
983 mis en danger la sécurité du pays pour « insulte à chef d’État étranger », fut condamné à 15 jours de forteresse. La pei
984 « insulte à chef d’État étranger », fut condamné à 15 jours de forteresse. La peine lui fut épargnée, mais on préféra al
985 La Voix de l’Amérique » en 1942 et 1943, enseigna à l’École libre des hautes études (New School for Social Research, New
31 1986, Articles divers (1982-1985). L’Europe des consciences (1986)
986 it synonyme de fiction. Voilà qui est méconnaître à tout le moins l’histoire de la littérature française. Les chefs-d’œuv
987 an Paulhan et Roger Caillois… Voilà ce qui compte à mes yeux, plus que tout, dans ma bibliothèque française. Seul Benjami
988 vain, sa maîtrise de la langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons leur place
989 langue, non, ce n’est pas à ses romans mais bien à ses essais qu’on le jugera. Rendons leur place aux essayistes dans to
990 çaise. ⁂ Ceci dit sur un plan général, j’en viens à mon cas personnel, pour la première fois en public. On s’étonne souve
991 clair de mes journées, depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est-ce à dire ? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, f
992 depuis plus de trente ans, à l’action. Qu’est-ce à dire ? Action pour l’Europe fédérée dès 1946, fondation et direction
993 ndant trente ans du Centre européen de la culture à Genève ; présidence pendant seize ans du Congrès pour la liberté de l
994 ize ans du Congrès pour la liberté de la culture, à Paris ; de l’Institut universitaire d’études européennes, à Genève en
995 de l’Institut universitaire d’études européennes, à Genève encore ; sans parler de l’Association européenne des festivals
996 es, je le crains. D’où le propos d’André Malraux, à moi transmis par l’un de ses amis espagnols : « C’est un de nos meill
997 une précaution la question que beaucoup se posent à mon sujet : — Pourquoi s’occupe-t-il tant d’Europe unie, de régions,
998 is de l’Histoire auxquels toute ma génération eut à faire face, et d’autre part l’évolution intérieure qui fut la mienne
999 le même temps, je veux dire dans les années 1930 à 1940. Durant cette décennie tout s’est joué, à la fois hors de moi et
1000 i d’abord la nature du défi que ma génération eut à relever. Arthur Koestler l’a fort bien dit : ce fut l’affrontement en
1001 ent entre un mensonge total, celui des dictatures à l’Est, et une demi-vérité à l’Ouest, celle des États-nations démocrat
1002 celui des dictatures à l’Est, et une demi-vérité à l’Ouest, celle des États-nations démocratiques. La guerre entre eux d
1003 uerre entre eux devenait inévitable. Nous aurions à la faire, vu notre âge, mais ce ne serait pas notre guerre. Entre les
1004 tralisme étatique et par la soumission de l’homme à ses machines, tout en nous refusait le choix. Nous étions condamnés à
1005 en nous refusait le choix. Nous étions condamnés à inventer, dans un temps ridiculement bref, une troisième voie. Ce fut
1006 on-conformistes des années 1930 », bientôt reliés à d’autres groupes anglais, belges, hollandais et suisses, mais aussi d
1007 omme Esprit , L’Ordre nouveau et Hic et Nunc à Paris, à la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement assoc
1008 rit , L’Ordre nouveau et Hic et Nunc à Paris, à la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement associé dès 19
1009 veau et Hic et Nunc à Paris, à la fondation et à la vie desquelles je fus étroitement associé dès 1931 jusqu’à la guer
1010 quelles je fus étroitement associé dès 1931 jusqu’ à la guerre. Car la guerre arriva, comme prévu, nous dispersant dans no
1011 u service Armée et Foyer de l’état-major général, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne
1012 al, à Berne. C’est de là que j’envoyai le 15 juin à la Gazette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler à Paris, qui
1013 ette de Lausanne un article sur l’entrée d’Hitler à Paris, qui parut le 17 juin, lendemain de l’arrivée au pouvoir de Pét
1014 e Pétain et veille de l’appel lancé par de Gaulle à Londres. Cet article me valut une condamnation à quinze jours de fort
1015 à Londres. Cet article me valut une condamnation à quinze jours de forteresse « au pain et à l’eau, sans visites ni cour
1016 mnation à quinze jours de forteresse « au pain et à l’eau, sans visites ni courrier », pour « insultes à chef d’État étra
1017 ’eau, sans visites ni courrier », pour « insultes à chef d’État étranger risquant de mettre en danger la sécurité de la S
1018 isa. En suite de quoi, je me vis gentiment poussé à partir pour New York, chargé d’une mission de conférences sur la Suis
1019 utte militante pour la fédération de nos peuples. À mes amis fédéralistes, dont beaucoup avaient milité avant la guerre d
1020 la Résistance, j’ai dit que j’étais prêt à donner à leur cause deux ans de ma vie, et tant pis pour mon œuvre littéraire.
1021 ndividu chargé d’une vocation unique qui le relie à la communauté. Paul Valéry nous avait convaincus de ce que « toute po
1022 l’impérialisme de l’État ou de la Race substitué à celui de la Classe ; mais qu’en revanche un type d’homme qui serait à
1023 librement (les juristes connaissent bien cela) et à l’inverse, personne n’est vraiment libre de ses décisions si celles-c
1024 âches qui dépassent leur compétence ; ces régions à leur tour se fédérant, et ainsi de suite jusqu’au niveau continental
1025 chacune des régions fédérées : le modèle suisse ! À la base de cette construction nullement utopique — voir la Suisse jus
1026 able de l’exercer dans la cité, par là même relié à la communauté, et même plus : créateur de cette communauté. Voilà po
1027 e cet article — déjà cité — sur l’entrée d’Hitler à Paris, écrit en une demi-heure après que mon ordonnance m’eut annoncé
1028 donnance m’eut annoncé ce qu’on venait d’entendre à la radio. Ces deux pages ont changé ma vie en m’expédiant en Amérique
1029 ’expédiant en Amérique pour plus de six ans. Mais à l’inverse, un texte discuté pendant trois mois au sein d’une commissi
1030 ant trois mois au sein d’une commission houleuse, à Paris, à Londres, à La Haye, et que je lus en conclusion du grand Con
1031 mois au sein d’une commission houleuse, à Paris, à Londres, à La Haye, et que je lus en conclusion du grand Congrès de l
1032 in d’une commission houleuse, à Paris, à Londres, à La Haye, et que je lus en conclusion du grand Congrès de l’Europe réu
1033 en conclusion du grand Congrès de l’Europe réuni à La Haye en 1948 sous la présidence de Churchill, ce texte de trois pa
1034 de cette Europe qui me tient au cœur, au corps et à l’âme. Un mot domine sa situation, un petit mot méchant comme une mor
1035 , mais économiquement et moralement — ou détruits à jamais comme en passant, par une troisième guerre mondiale qui, cette
1036 le Terrorisme universel. Quelles issues possibles à cette crise ? Laissons de côté les plus probables, qui sont, comme il
1037 ion universelle des conflits internationaux jusqu’ à la guerre nucléaire : fin de l’Histoire ; ou la survie et la dominati
1038 e ; ou la survie et la domination d’un des Grands à la faveur d’une dégradation morale et matérielle sans précédent de l’
1039 — qui dépend de l’Europe et de son union réalisée à temps : la fédération de nos peuples. À cette union s’oppose le dogme
1040 réalisée à temps : la fédération de nos peuples. À cette union s’oppose le dogme de la souveraineté absolue des États-na
1041 des cultures non européennes. Il appartient donc à l’Europe de proposer le modèle d’une société respectueuse des valeurs
1042 uction des forêts, productrices de notre oxygène, à 40 % déjà détruites sur toute la Terre, sans retour ; et le très minc
1043 qu’on puisse attendre est qu’elle ne serve jamais à rien : nous sommes fous. Pourquoi notre avenir vaudrait-il mieux que
1044 te. Plusieurs signes, d’ailleurs, sont de nature à réveiller un peu d’espoir : notre action de fédéralistes, de régional
1045 i j’ai pu contribuer par mes écrits et mon action à une prise de conscience dont dépend notre avenir : car il sera ce que
1046 ci le texte inédit de l’allocution qu’il prononça à Genève en octobre 1982, après qu’on lui eut remis le Grand Prix de la
32 1994, Articles divers (1982-1985). Agora (1994)
1047 est donc le fondement historique de la démocratie à l’européenne, en tant que lieu où n’importe quel homme libre peut pre
1048 mences de ce qui formera la Confédération suisse. À ce propos, on sait aujourd’hui que le Pacte de 1291, dit du « Grütli 
1049 on peut suivre de la polis grecque avec son agora à la civitas romaine avec son forum, puis aux communes italiennes avec
1050 lon les pays du continent. Les règles impératives à respecter, si l’on veut que l’agora fonctionne, ont été formulées par
1051 e ou État — ne doit pas dépasser celle qui permet à la communauté politique tout entière (donc aux hommes libres, nous di
1052 encent lorsqu’il s’agit d’appliquer ces principes à nos sociétés telles qu’elles sont devenues : démesurées en fait, qu’o
1053 rgées et dont elles abandonnent la responsabilité à l’État, c’est-à-dire aux corps des technocrates, bureaucrates et empl
1054 er des équivalents de la formule agora transposés à l’échelle des échanges électroniques. On peut imaginer une agora réun
1055 voir et se parler… Mais non pas se serrer la main à l’arrivée. On sent tout ce qu’il manquerait d’humainement essentiel à
1056 tout ce qu’il manquerait d’humainement essentiel à de tels assemblages de reflets, comparés aux vraies assemblées d’homm
33 1994, Articles divers (1982-1985). URSS (1994)
1057 s étapes prévues par Marx, elle donne la primauté à la révolution politique sur l’économique. Elle organise « la Républiq
1058 le congrès des soviets de Russie. Ce dernier élit à son tour le Comité central exécutif, qui élit le Conseil des commissa
1059 ne dans un pouvoir absolu et centralisé, résidant à Moscou. La Constitution de 1924 Elle traduit la formation de l’
1060 fédération de peuples égaux en droits », ouvert «  à toutes les républiques soviétiques qui pourront naître ». Elle est fo
1061 uissance personnelle d’un petit terrain [attenant à la maison] et sur ce terrain il possède en propre une maison d’habita
1062 matériel agricole ». Selon l’art. 10, « le droit à la propriété personnelle des revenus et de l’épargne, […] de l’économ
1063 rsement : tout appartient au peuple, c’est-à-dire à l’État. De même, « tout le pouvoir appartient aux travailleurs » mais
1064 ratiquement, ces députés ne peuvent être proposés à l’élection que par le Parti. Le chapitre II sur l’Organisation de l’É
1065 s qui constituaient la Russie des derniers tsars, à quoi s’ajouteront en 1940 et 1941 les provinces occupées puis annexée
1066 (indépendants depuis 1918) et la Moldavie, prise à la Roumanie. Les art. 22 à 29 détaillent les subdivisions de plusieur
1067 et la Moldavie, prise à la Roumanie. Les art. 22 à 29 détaillent les subdivisions de plusieurs républiques fédératives e
1068 ion du travail, lois sur la citoyenneté fédérale, à quoi s’ajoutent dans le cas de l’URSS « la sécurité de l’État », l’ét
1069 ique, et compte tenu du rôle omniprésent du Parti à tous les échelons de l’organisation et du mode d’élection des pouvoir
1070 uprême de l’URSS exerce tous les droits attribués à l’Union » (art. 14) et qui « ne sont pas de la compétence des organes
1071 a Suisse, notamment. Mais voici qui est nouveau : à l’art. 48 apparaît le Présidium du Soviet suprême de l’URSS, composé
1072 les représentants diplomatiques. Ce qui revient à donner tout le pouvoir réel en URSS au Présidium du Soviet suprême. L
1073 res de l’URSS et des républiques fédérées » donné à la Cour suprême de l’URSS. Plus original est le chapitre X qui traite
1074 assurés par l’État des droits suivants (art. 118 à 126) : — droit au travail (assuré « par la croissance continue des fo
1075 roit au repos (assuré par la réduction du travail à 7 h par jour) ; — droit d’être assurés (vieillesse, maladie, perte de
1076 maladie, perte de capacité de travail) ; — droit à l’instruction (gratuit à tous les degrés, supérieur compris, donné da
1077 té de travail) ; — droit à l’instruction (gratuit à tous les degrés, supérieur compris, donné dans la langue maternelle) 
1078 ans la rue. Ces droits sont assurés par « la mise à la disposition des travailleurs » des imprimeries, des stocks de papi
1079 tion et autres conditions matérielles nécessaires à la réalisation de ces droits. L’inviolabilité de la personne et l’inv
1080 autres droits. Quant aux devoirs, ils se ramènent à celui de « service militaire général » qui est une loi mais aussi « u
1081  ». Ce qui revient en fait (voir supra, art. 126) à subordonner toute proposition de candidats à l’aval du Parti communis
1082 126) à subordonner toute proposition de candidats à l’aval du Parti communiste, « noyau dirigeant de toutes les organisat
1083 ions opérationnelles. Quelques exemples suffiront à illustrer ces deux principes. Lors des discussions publiques organisé
1084 0 propositions de rectifications ont été envoyées à la presse, 650 000 meetings d’entreprises ont eu lieu réunissant plus
1085 novation réside dans l’abandon de toute référence à la « dictature du prolétariat ». L’art. 1 proclame que « l’URSS est u
1086 entralisme démocratique allie la direction unique à l’initiative et à l’activité créatrice locale, à la responsabilité de
1087 tique allie la direction unique à l’initiative et à l’activité créatrice locale, à la responsabilité de chaque organe d’É
1088 à l’initiative et à l’activité créatrice locale, à la responsabilité de chaque organe d’État et de chaque fonctionnaire
1089 e les droits garantis aux citoyens, il est soumis à la restriction fondamentale posée par l’art. 39 : « L’exercice des dr
1090 nier ressort des vrais intérêts de l’État, suffit à vider de toute substance cet article et tous ceux qui réaffirment les
1091 ite. Les personnes qui s’en rendent coupables ont à en répondre ». Pouvait-on déduire de ces articles que les dissidents
34 1996, Articles divers (1982-1985). « Plaise aux dieux que je sois un faux prophète » (automne 1996)
1092 faux prophète » (utinam vates falsus sim). Je dis à mes contemporains, faites autre chose et vous éviterez les désastres 
1093 là, l’homme aujourd’hui a une curieuse propension à nier sa responsabilité. Devant tout ce qui arrive de mauvais dans le
1094 de la Genèse. Ève a mangé la pomme et en a donné à Adam. Yahvé se fâche. Il vient en Eden, vers le soir, et appelle l’ho
1095 je ne suis pas là ! » Yahvé les trouve et demande à l’homme : « Qu’as-tu fait ? » Adam dit : « Ce n’est pas moi, c’est Èv
1096 « nécessités de défense nationale ». Nous mentons à nos vrais désirs. Nous disons tous que nous voulons la liberté. En vé
1097 tie de leur sécurité : avoir un État fort, quitte à s’en plaindre sans arrêt, avoir un roi — fût-il de Gaulle — quitte à
1098 s arrêt, avoir un roi — fût-il de Gaulle — quitte à lui couper la tête quand cela se présente. Je ne suis pas pessimiste
1099 ne suis pas pessimiste parce que je ne crois pas à ces fatalités. Je ne suis pas optimiste non plus parce que je ne croi
1100 ous liberté ? Se réaliser soi-même, pouvoir obéir à sa vocation. Il n’y a pas deux hommes semblables. Chaque homme doit s
1101 ir est notre affaire que deux finalités s’offrent à l’homme d’aujourd’hui, la puissance et la liberté. Comment voulez-vou
1102 problème de dimensions et de choix des outils mis à notre disposition. Par exemple, on a donné à l’homme d’aujourd’hui l’
1103 mis à notre disposition. Par exemple, on a donné à l’homme d’aujourd’hui l’énergie atomique, la bombe H et les États-nat
1104 ins, tous nés de la guerre et préparant la guerre à toujours plus grande échelle. Les petits États, les petites communaut
1105 comme on est sportif parce qu’on regarde un match à la TV. Être un citoyen, c’est être responsable de la vie de la cité.
1106 portée de la voix d’un homme criant sur l’agora. À Manhattan, vous pouvez toujours crier, personne ne vous entendra. On
1107 ne peut être responsable que dans une communauté à la taille de l’homme, où chacun peut juger des problèmes à résoudre.
1108 le de l’homme, où chacun peut juger des problèmes à résoudre. Mon système fédéraliste est en somme très simple. Il consis
1109 fédéraliste est en somme très simple. Il consiste à faire correspondre la taille des tâches à accomplir avec celles des c
1110 onsiste à faire correspondre la taille des tâches à accomplir avec celles des communautés qui peuvent s’en charger. À la
1111 celles des communautés qui peuvent s’en charger. À la commune, les chemins vicinaux ; à la région, les grandes routes ;
1112 ’en charger. À la commune, les chemins vicinaux ; à la région, les grandes routes ; à la fédération, les routes continent
1113 mins vicinaux ; à la région, les grandes routes ; à la fédération, les routes continentales. Autre exemple : le sauvetage
1114 uprême » que chante l’Isolde de Wagner. Tout cela à partir d’analyses rigoureuses de l’amour courtois chanté par les trou
1115 nes écrivains m’ont confié qu’ils avaient renoncé à écrire tel roman déjà commencé, parce que m’ayant lu, ils savaient tr
1116 gé si soudainement. Cela me ferait presque croire à la providence. Mais dites-moi, mon cher Rougemont, quand on saura que
1117 aître qui interdit de la posséder. Il ne reste qu’ à la diviniser. Mais on risque par la suite d’assimiler toute femme aim
1118 risque par la suite d’assimiler toute femme aimée à la mère, c’est-à-dire à l’amour sexuellement interdit. Restent, pour
1119 similer toute femme aimée à la mère, c’est-à-dire à l’amour sexuellement interdit. Restent, pour l’érotisme, les garçons.
1120 . Restent, pour l’érotisme, les garçons. Revenons à votre préoccupation majeure : croyez-vous à la victoire des écologist
1121 enons à votre préoccupation majeure : croyez-vous à la victoire des écologistes sur les promoteurs du nucléaire ? Attenti
1122 istes sur les promoteurs du nucléaire ? Attention à ce genre de question. Nous ne sommes pas là pour prévoir l’avenir, ma
1123 arriver. Formulons nos finalités et jugeons tout à partir d’elles. En ce qui concerne les centrales nucléaires, je me su
1124 et policier. D’ailleurs, je doute qu’on continue à en construire et qu’elles fonctionnent. Je lutte surtout pour qu’on c
1125 hange de cap… Mais n’avez-vous pas été le premier à plaider en faveur du CERN ? Oui bien sûr et je m’en honore. Le CERN e
1126 onstitution de la matière, ce n’est pas une usine à bombes atomiques. Mais puisque vous revenez irrésistiblement aux prob
1127 te résistance des États ? Parce que le soleil est à tout le monde et que demain vous pourrez avoir un four solaire sur vo
1128 our solaire sur votre maison qui ne devra rien ni à l’EDF, ni à l’État. Il y a là de quoi encourager les autonomies régio
1129 sur votre maison qui ne devra rien ni à l’EDF, ni à l’État. Il y a là de quoi encourager les autonomies régionales et loc
1130 e ? Je ne le pense pas. L’utopie majeure consiste à croire qu’on peut continuer comme ça. Je me tiens pour un réaliste qu
1131 85, la journaliste Jacqueline Baron l’a rencontré à plusieurs reprises, dans sa maison de Ferney-Voltaire. Ces entretiens